180 20 97MB
French Pages 1467 [1460] Year 1999
Benjamin Constant Œuvres complètes Œuvres
11,1
Benjamin Constant Œuvres complètes Série Œuvres 11,1 Comité directeur Président: Paul Delbouille Jean-Daniel Candaux, C. P. Courtney, Alain Dubois, Étienne Hofmann, Norman King, Kurt Kloocke, Lucia Omacini, Claude Reymond et Dennis Wood
Conseil scientifique Président: Alain Dubois - Secrétaire: Étienne Hofmann Membres d'honneur: Jean-Charles Biaudet, Roland Mortier, Claude Reymond, f Patrice Thompson Membres : Simone Balayé, André Cabanis, Maurice Déchery, Pierre Deguise, Michel Delon, Françoise Fornerod, Doris Jakubec, Béatrice Jasinski, François Jequier, Mario Matucci, François Rosset, Corrado Rosso, Martine de Rougemont, Lionello Sozzi, Arnaud Tripet, Markus Winkler ainsi que les membres du Comité directeur Ce tome II appartient à la première période (1774-1799) dirigée par Jean-Daniel Candaux La révision en a été assurée par Claude Reymond La supervision du traitement informatique a été prise en charge par Kurt Kloocke
Benjamin Constant De la justice politique (1798-1800) d'après P«Enquiry Concerning Political Justice» de William Godwin Volume dirigé par Lucia Omacini et Étienne Hofmann Textes établis et annotés par Laura Saggiorato Introductions de Mauro Barberis et Laura Saggiorato
Max Niemeyer Verlag Tübingen 1998
Die Deutsche Bibliothek - CIP-Einheitsaufnahme Constant de Rebecque, Benjamin de: Œuvres complètes / Benjamin Constant. - Tübingen : Niemeyer Sér. Œuvres. 2. De la justice politique (1798-1800) : d'après l'»Enquiry conceming political justice« de William Godwin / vol. dir. par Lucia Omacini et Étienne Hofmann. Textes établis et annot. par Laura Saggiorato. Introd. de Mauro Barberis et Laura Saggiorato 1. - (1998) ISBN 3-484-50402-1 © Max Niemeyer Verlag GmbH, Tübingen 1998 Das Werk einschließlich aller seiner Teile ist urheberrechtlich geschützt. Jede Verwertung außerhalb der engen Grenzen des Urheberrechtsgesetzes ist ohne Zustimmung des Verlages unzulässig und strafbar. Das gilt insbesondere für Vervielfältigungen, Übersetzungen, Mikroverfilmungen und die Einspeicherung und Verarbeitung in elektronischen Systemen. Printed in Germany. Satz: pagina GmbH, Tübingen Druck: AZ Druck und Datentechnik, Kempten Einband: Norbert Klotz, Jettingen-Scheppach
Table des matières
Pour des raisons de clarté, les titres qui figurent dans cette table ont été modernisés et uniformisés. Ils sont ainsi parfois légèrement différents des titres qui apparaissent dans les volumes. PREMIER VOLUME
Table des illustrations Principes d'édition Sigles utilisés dans la description des sources et dans les variantes Chronologie Introduction générale au tome il Sources Manuscrits Imprimés Introduction par Mauro Barberis
13 15 19 21 29 31 31 32 33
1. D E LA JUSTICE POLITIQUE PAR W . GODWIN. TRADUCTION TRÈS ABRÉGÉE
texte établi et annoté par Laura Saggiorato Préface de l'auteur anglais Préface de la seconde édition
57 61
LIVRE I - CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES
63
Chap. I - Exposition du sujet Chap, il - Histoire de la société politique Chap. Ill - De l'importance des institutions politiques . . Chap, iv - Que les inventions humaines sont toujours susceptibles de perfectionnement Chap, v - Considérations sur les trois causes principales du perfectionnement moral Chap. VI - De la tendance de l'homme vers la vérité . . Chap, vu - Objections tirées de l'influence du climat . . Chap, vin - Des objections tirées de l'influence du luxe .
63 66 76 78 82 90 92 98
2
Table des matières LIVRE II - PRINCIPES DE LA SOCIÉTÉ
101
Chap. Chap. Chap, Chap.
101 102 104 108
I - Introduction H - De l'égalité m - Des droits de l'homme IV - De la justice
LIVRE III - PRINCIPES DU GOUVERNEMENT
111
Chap. Chap. Chap, Chap. Chap, Chap. Chap,
111 119 121 125 129 130 134
I - De l'exercice du jugement individuel IL - Systèmes des écrivains politiques m - Du contrat social IV - De l'autorité politique v - De la législation VI - De l'obéissance vil - Des formes du gouvernement
LIVRE IV - DES POUVOIRS LÉGISLATIF ET EXÉCUTIF
. . .
Chap. I - Introduction Chap. Il - De l'éducation d'un prince Chap, m - Vie privée d'un prince Chap, iv - Du despotisme d'un prince vertueux . . . . Chap, v - Des cours et des ministres Chap, vi - Que la monarchie est fondée sur l'imposture Chap, vu - De la monarchie élective Chap, vin - De la monarchie limitée Chap. IX - D'un président avec des prérogatives royales Chap. X - Des distinctions héréditaires Chap, xi - Des effets moraux de l'aristocratie Chap, xii - Des titres Chap, xill - Du caractère de l'aristocratie Chap, xiv - Des idées générales de la démocratie . . . . Chap. XV - De l'imposture politique Chap, xvi - Des causes de la guerre Chap, xvil - De l'objet de la guerre Chap, xviii - De la conduite de la guerre Chap, xix - Des établissements militaires et des traités d'alliance Chap. XX - De la démocratie, relativement aux transactions de la guerre Chap, xxi - De la composition du gouvernement . . . . Chap. XXII - De l'histoire future des sociétés politiques Chap, xxiii - Des assemblées nationales Chap, xxiv - De la dissolution du gouvernement . . . .
139
139 142 147 152 155 158 163 165 172 176 179 182 184 189 195 201 206 208 213 217 221 225 230 234
Table des matières
3
LIVRE V - DE L'OPINION CONSIDÉRÉE COMME LE SUJET D'UNE INSTITUTION POLITIQUE
237
Chap. I - Effets généraux de la surveillance politique de l'opinion Chap. IL - Des établissements religieux Chap, m - De la suppression des erreurs religieuses et politiques Chap. IV - Des tests Chap. V - Des serments en général Chap, vi - Des libelles Chap, vu - Des constitutions Chap, vin - De l'éducation nationale Chap. IX - Des pensions et salaires Chap, x - Des modes des décisions collectives LIVRE VI - DES CRIMES ET DE LEURS CHÂTIMENTS
. .
Chap. I - Des bornes imposées par la morale à la doctrine des châtiments Chap, il - Des inconvénients généraux des moyens de contrainte Chap. ILL - De l'objet de la contrainte Chap, iv - De l'application de la contrainte Chap, v - De la contrainte, considérée comme un moyen temporaire Chap, vi - De la proportion des peines Chap, vu - Du droit de faire grâce Chap, vin - Des lois LIVRE VII - DES CHANGEMENTS DANS LES INSTITUTIONS POLITIQUES
Chap, i - De la résistance Chap, il - Des devoirs d'un citoyen, relativement aux révolutions Chap, m - De la manière d'opérer les révolutions . . . . Chap. IV - Des associations politiques Chap, v - De l'espèce de réforme désirable Chap. VI - Du tyrannicide Chap, vil - Des rapports de la vérité avec la vertu et les talents Chap, vin - Des devoirs de l'homme relativement à la vérité Chap, ix - De la possibilité de faire des privilégiés euxmêmes des amis de l'égalité
237 247 250 255 259 262 267 274 278 282 .
285
285 287 291 293 299 306 312 315 323
323 327 329 331 336 339 341 343 349
4
Table des matières LIVRE v m - ESSAIS DÉTACHÉS
353
Chap. Chap, Chap, Chap. Chap. Chap,
353 355 357 359 363 365
I - Du suicide il - Du duel IH - Du devoir IV - Des promesses V - De la manière d'exclure les importuns vi - De la liberté métaphysique
. . . .
2 . A N ENQUIRY CONCERNING POLITICAL JUSTICE AND ITS INFLUENCE ON GENERAL VIRTUE AND HAPPINESS [ 1 7 9 3 ]
Preface
371
BOOK I - O F THE IMPORTANCE OF POLITICAL INSTITUTIONS
375
Chap. I - Introduction Chap. II - History of Political Society Chap, m - The Moral Characters of Men Originate in their Perceptions Chap. IV - Three Principal Causes of Moral Improvement Considered I. Literature n. Education in. Political Justice Chap, v - Influence of Political Institutions Exemplified Chap. VI - Human Inventions Capable of Perpetual Improvement Chap, vu - Of the Objection to these Principles from the Influence of Climate Part I - Of Moral and Physical Causes Part lì - Of National Characters Chap. VILI - Of the Objection to these Principles from the Influence of Luxury
375 377 381 385 385 387 389 392 397 401 401 405 410
BOOK II - PRINCIPLES OF SOCIETY
413
Chap. I - Introduction Chap. II - Of Justice Appendix I - Of Suicide Appendix II - Of Duelling Chap, ill - Of Duty Chap. IV - Of the Equality of Mankind Chap, v - Rights of Man Chap. VI - Of the Exercise of the Private Judgement
413 415 421 422 424 428 431 436
. .
Table des matières
5
BOOK HI - PRINCIPLES OF GOVERNMENT
445
Chap. I - Systems of Political Writers Chap. II - Of the Social Contract Chap. Ill - Of Promises Chap, iv - Of Political Authority Chap. V - Of Legislation Chap, vi - Of Obedience Appendix Chap, vii - Of Forms of Government
445 447 450 454 458 459 463 465
BOOK i v - MISCELLANEOUS PRINCIPLES
471
Chap. I - Of Resistance Chap. II - Of Revolutions Section I - Duties of a Citizen Section II - Mode of Effecting Revolutions Section ill - Of Political Associations Section iv - Of the Species of Reform to Be Desired . Chap. Ill - Of Tyrannicide Chap, rv - Of the Cultivation of Truth Section I - Of Abstract or General Truth Section II - Of Sincerity Appendix I - Of the Connexion Between Understanding and Virtue Appendix II - Of the Mode of Excluding Visitors . . Appendix III - Subject of Sincerity Resumed . . . . Chap, v - Of Free Will and Necessity Chap. VI - Inferences from the Doctrine of Necessity . . Chap, VII - Of the Mechanism of the Human Mind . . . Chap, vili - Of the Principle of Virtue Chap. IX - Of the Tendency of Truth
471 475 475 477 479 486 489 491 492 496
BOOK V - O F LEGISLATIVE AND EXECUTIVE POWER
Chap. Chap. Chap. Chap, Chap, Chap, Chap, Chap, Chap, Chap,
.
.
.
I - Introduction II - Of Education, the Education of a Prince . . . ILL - Private Life of a Prince iv - Of a Virtuous Despotism v - Of Courts and Ministers vi - Of Subjects VII - Of Elective Monarchy vm - Of Limited Monarchy ix - Of a President with Regal Powers . . . . . x - Of Hereditary Distinction
503 509 512 517 527 533 544 554 563
563 566 573 578 581 585 591 594 600 604
6
Table des matières
Chap. XI - Moral Effects of Aristocracy Chap. XII - Of Titles Chap. XIII - Of the Aristocratical Character Chap, xiv - General Features of Democracy Chap. XV - Of Political Imposture Chap, xvi - Of the Causes of War Chap, xvn - Of the Object of War Chap. XVIII - Of the Conduct of War Chap, xix - Of Military Establishments and Treaties . . . Chap. XX - Of Democracy as Connected with the Transactions of War Chap. XXI - Of the Composition of Government . . . . Chap. XXII - Of the Future History of Political Societies Chap, xxni - Of National Assemblies Chap. XXIV - Of the Dissolution of Government . . . . BOOK VI - O F OPINION CONSIDERED AS A SUBJECT OF POLITICAL INSTITUTION
Chap. I - General Effects of the Political Superintendence of Opinion Chap. II - Of Religious Establishments Chap, ill - Of the Suppression of Erroneous Opinion in Religion and Government Chap. IV - Of Tests Chap, v - Of Oaths Chap, vi - Of Libels Chap, vii - Of Constitutions Chap, vm - Of National Education Chap. IX - Of Pensions and Salaries Chap. X - Of the Modes of Deciding a Question on the Part of the Community BOOK - v ì i - OF CRIMES AND PUNISHMENTS
Chap. I - Limitations of the Doctrine of Punishment which Results from the Principles of Morality Chap. II - General Disadvantages of Coercion Chap, ill - Of the Purposes of Coercion Chap, iv - Of the Application of Coercion Chap. V - Of Coercion Considered as a Temporary Expedient Chap, vi - Scale of Coercion Chap. VII - Of Evidence
608 611 613 618 623 629 634 637 641 645 649 653 658 662 665
665 675 678 684 688 691 698 704 708 713 715
715 719 723 728 734 743 751
Table des matières
Chap. VIII - Of Law Chap. IX - Of Pardons
1
753 761
BOOK VIII - O F PROPERTY
765
Chap. I - Genuine System of Property Delineated . . . . Chap. II - Benefits Arising from the Genuine System of Property Chap. Ill - Of the Objection to this System from the Admirable Effects of Luxury Chap. IV - Of the Objection to this System from the Allurements of Sloth Chap. V - Of the Objection to this System from the Impossibility of its Being Rendered Permanent Chap. VI - Of the Objection to this System from the Inflexibility of its Restrictions Chap. VII - Of the Objection to this System from the Principle of Population Chap, VIII - Of the Means of Introducing the Genuine System of Property Errata
765 771 778 780 785 790 800 806 817
2 . 1 . ENQUIRY CONCERNING POLITICAL JUSTICE, AND ITS INFLUENCE ON MORALS AND HAPPINESS [ 1 7 9 6 ]
Preface Preface to the Second Edition
821 825
BOOK I - O F THE POWERS OF M A N CONSIDERED IN HIS SOCIAL CAPACITY
827
Chap. I - Introduction Chap. II - History of Political Society
827 830
SECOND VOLUME
Introduction par Laura Saggiorato 3 . RECHERCHES SUR LA JUSTICE POLITIQUE
Texte établi et annoté par Laura Saggiorato
835
8
Table des matières
Préface
929
LIVRE I - D E L'IMPORTANCE DES INSTITUTIONS POLITIQUES
931
Chap. I - Introduction Chap, il - Histoire de la société politique Chap. ILL - Les sensations déterminent le caractère moral de l'homme Chap, iv - Considérations sur les trois causes principales de perfectionnement moral i. La littérature II. L'éducation m. La justice politique Chap. V - L'influence des institutions politiques prouvée par des exemples Chap. VI - Que les inventions humaines sont toujours susceptibles de perfectionnement Chap, vu - Des objections tirées de l'influence du climat . Partie I - Des causes physiques et morales Partie II - Des caractères nationaux Chap, vm - Objections tirées de l'influence du luxe . . .
931 935
LIVRE II - PRINCIPES DE LA SOCIÉTÉ
Chap, i - Systèmes des écrivains politiques Chap. Il - Du contrat social Chap, m - Des promesses Chap. IV - De l'autorité politique Chap, v - De la législation . . . Chap, vi - De l'obéissance Appendice Chap, vu - Des formes de gouvernement
941 942 945 948 952 962 968 968 975 984 991
Chap. I - Introduction Chap. Il - De la justice Appendice i - Du suicide Appendice II - Du duel Chap, m - Du devoir Chap, iv - De l'égalité des hommes Chap, v - Des droits de l'homme Chap, vi - De l'exercice du jugement individuel LIVRE III - PRINCIPES DU GOUVERNEMENT
940
. . .
. . . . . .
991 992 1002 1004 1006 1009 1014 1026 1043
1043 1047 1054 1059 1067 1069 1076 1079
LIVRE IV - PRINCIPES DIVERS
1087
Chap, i - De la résistance
1087
Table des matières
9
Chap, il - Des révolutions Section I - Devoirs d'un citoyen Section il - Manière d'opérer les révolutions . . . Section m - Des associations politiques Section iv - De l'espèce de réforme désirable . . . Chap, ill - Du tyrannicide Chap. IV - De la culture de la vérité Section I - De la vérité abstraite ou générale . . . Appendice il - De la manière d'exclure les importuns Chap, x - De la possibilité de faire des privilégiés euxmêmes des amis de l'égalité LIVRE V - DES POUVOIRS LÉGISLATIF ET EXÉCUTIF
.
.
Chap. I - Introduction Chap. IL - De l'éducation d'un prince Chap. Ill - Vie privée d'un prince Chap, iv - Du despotisme d'un prince vertueux . . . Chap, v - Des cours et des ministres Chap, vi - Que la monarchie est fondée sur l'imposture Chap, vu - De la monarchie élective Chap, vm - De la monarchie limitée Chap. IX - D'un président avec des prérogatives royales Chap, x - Des distinctions héréditaires Chap. XI - Des effets moraux de l'aristocratie . . . . Chap, xii - Des titres Chap. XLLL - Du caractère de l'aristocratie Chap. XIV - Idées générales de la démocratie . . . . Chap, xv - De l'imposture politique Chap. XVI - Des causes de la guerre Chap, xvii - De l'objet de la guerre Chap, xviii - De la conduite de la guerre Chap. XIX - Des établissements militaires et des traités Chap. XX - De la démocratie, relativement aux transactions de la guerre Chap. XXI - De la composition d'un gouvernement . . Chap. XXII - De l'histoire future des sociétés politiques Chap, xxiil - Des assemblées nationales Chap, xxrv - De la dissolution du gouvernement . . .
1094 1094 1097 1100 1110 1116 1120 1122 1129 1133 1137
1137 1141 1150 1157 1164 1169 1179 1183 1192 1198 1204 1209 1212 1220 1228 1236 1242 1245 1250 1255 1260 1265 1271 1276
10
Table des matières LIVRE VI - D E L'OPINION CONSIDÉRÉE COMME LE SUJET D'UNE INSTITUTION POLITIQUE
1279
Chap. I - Effets généraux de la surveillance politique de l'opinion Chap. IL - Des établissements religieux Chap. ILL - De la suppression des erreurs religieuses et politiques Chap. IV - Des tests Chap. V - Des serments en général Chap. VI - Des libelles Chap, vu - Des constitutions Chap. VIII - De l'éducation nationale Chap. IX - Des pensions et salaires Chap, x - Des modes des décisions collectives . . . .
1294 1300 1305 1308 1315 1323 1328 1332
LIVRE VII - DES CRIMES ET DE LEURS CHÂTIMENTS
1335
.
.
Chap. I - Des bornes imposées par la morale à la doctrine des châtiments Chap, il - Des inconvénients généraux des moyens de contrainte Chap. Ill - De l'objet de la contrainte Chap, iv - De l'application de la contrainte Chap, v - De la contrainte, considérée comme un moyen temporaire Chap. VI - De la proportion des peines Chap, vu - Des lois Chap, vil - Du droit de faire grâce
1279 1290
1335 1337 1343 1346 1351 1359 1366 1373
LIVRE VIII - ESSAIS DÉTACHÉS
1377
Chap. V - De la liberté métaphysique
1377
3.1 Recherches sur la justice politique - Dernière version Préface de l'auteur anglais Préface de la seconde édition
1381 1385
LIVRE I - DES FACULTÉS DE L'HOMME, CONSIDÉRÉ DANS SA CAPACITÉ SOCIALE
1387
Chap. I - Introduction Chap, il - Du degré de bonheur dont l'espèce humaine a joui jusqu'à nos jours
1387 1391
11
Table des matières LIVRE II - PRINCIPES DE LA SOCIÉTÉ
1395
Chap, i - Introduction Chap, vi - De l'exercice du jugement individuel
1395 1397
. . .
LIVRE IV - PRINCIPES DIVERS
1401
Chap, vin - Des devoirs de l'homme relativement à la vérité
1401
LIVRE VU - DES CRIMES ET DE LEURS CHÂTIMENTS
. .
Chap, rv - De l'application de la contrainte
1409
1409
4. Annexes - Essais sur Godwin Introduction De Godwin, de ses principes, et de son ouvrage sur la justice politique [1810] De Godwin, de ses principes, et de son ouvrage sur la justice politique [1817] De Godwin, et de son ouvrage sur la justice politique [1829]
1413 1415 1421 1429
5. Instruments bibliographiques Abréviations Bibliographie Ouvrages cités par William Godwin et Benjamin Constant . . .
1437 1441 1445
6. Index Index des noms propres
1451
Table des illustrations
1. La première page du manuscrit de Paris de la main d'Audouin Bibliothèque nationale de France, Paris N.a.fr. 14360, f 68r° 2. Une page du manuscrit de Paris avec des corrections autographes Bibliothèque nationale de France, Paris N.a.fr. 14362, f° 7r°
56
345
3. Godwin, âgé de 38 ans, par Thomas Kearsley en 1794, gravure par P. Roberts National Portrait Gallery, London
367
4. Page de titre de An Enquiry Concerning Political Justice, première édition de 1793 Bibliothèque cantonale et universitaire, Lausanne
368
5. Page de titre de Enquiry Concerning Political Justice, deuxième édition de 1796 The British Library, London
818
6. Une page autographe du manuscrit de Lausanne Bibliothèque cantonale et universitaire, Lausanne Fonds Constant II 34/7, f 29r°
849
7. Une page autographe du manuscrit de Lausanne Bibliothèque cantonale et universitaire, Lausanne Fonds Constant II 34/7, f 33v°, détail
865
8. Une page du manuscrit de Lausanne de la main du copiste A avec des corrections autographes Bibliothèque cantonale et universitaire, Lausanne Fonds Constant II 34/7, F 98r° 9. Une page autographe du manuscrit de Lausanne Bibliothèque cantonale et universitaire, Lausanne Fonds Constant II 34/7, f 19v°
887
953
14
Table des
illustrations
10. Une page du manuscrit de Lausanne de la main du copiste A avec des corrections autographes Bibliothèque cantonale et universitaire, Lausanne Fonds Constant n 34/7, f° 104r° 11. Une page du manuscrit de Lausanne de la main du copiste A avec des corrections autographes Bibliothèque cantonale et universitaire, Lausanne Fonds Constant II 34/7, f 136r° 12. Une page du manuscrit de Lausanne de la main du copiste B avec des corrections autographes Bibliothèque cantonale et universitaire, Lausanne Fonds Constant II 34/7, f 200r° 13. Une page autographe avec une partie de la note 46 Bibliothèque cantonale et universitaire, Lausanne Co 3422bis v° 14. Une page du manuscrit de Lausanne de la main du copiste C avec des corrections autographes Bibliothèque cantonale et universitaire, Lausanne Fonds Constant II 34/7, P 472v° 15. Une page autographe du manuscrit de Lausanne Bibliothèque cantonale et universitaire, Lausanne Fonds Constant il 34/7, f lr°
1020
1042
1161
1175
1340
1378
Principes d'édition
15
Principes d'édition
La présente édition a pour règle de reproduire tous les textes connus, publiés ou non, de Benjamin Constant. Elle donne, pour chacun, toutes les variantes. On a maintenu l'orthographe et la ponctuation des originaux. On a préservé la diversité des usages, selon qu'on avait affaire à un autographe de Constant ou à une copie. Dans le cas des imprimés, on n'a corrigé dans le texte, avec mention en note, que les seules fautes d'impression évidentes. Pour les manuscrits, la règle est celle du respect maximal. Les cédilles n'ont pas été rétablies. Les accents n'ont été ni rétablis ni corrigés sauf sur les e à la fin des mots (ex. «tombé» et non «tombe»). Les tildes et les traits horizontaux placés sur certaines consonnes pour en indiquer le redoublement ont été conservés. En revanche, les capitales qui apparaissent parfois, dans l'écriture de Constant, à l'intérieur des noms communs, ont été considérées comme de «grandes lettres», non comme de vraies majuscules, et ont dès lors été normalisées. Les capitales n'ont pas été rétablies en tête des noms propres, ni en tête des phrases. Elles ont été respectées à l'intérieur des noms propres (ex. «M. DeSaussure»). Les apostrophes et les traits d'union n'ont pas été rétablis. Les mots liés ont été respectés («peutetre» pour «peut-être»), mais quand cela prête à confusion, on les a détachés par un blanc (ex. «qu elle» et non «quelle»). Les réclames n'ont pas été reproduites. On n'ajoute aucun signe de ponctuation. En cas d'absence des parenthèses ou des guillemets fermants, une note signale le fait. On a respecté les tirets longs, mais non les traits qui, souvent chez Constant, achèvent la ligne. On a respecté également les deux points employés selon l'usage ancien. Les accents circonflexes et les trémas abusifs ont été maintenus. L'italique représente les soulignés simples ; l'italique souligné les soulignés doubles. Lorsqu'il y avait doute dans l'interprétation d'une lettre, d'un accent ou d'une graphie quelconque, on a tranché en faveur de l'usage actuel. Lorsqu'il y avait hésitation entre apostrophe et accent (exemple : «1 été» ou l'été), ou entre l'un de ces signes et la ponctuation de la ligne précédente, on a privilégié le signe de ponctuation par rapport à l'apostrophe et à l'accent, l'apostrophe par rapport à l'accent.
16
De la justice
politique
Les abréviations ont été résolues quand le signe n'existe pas en typographie. On explique en note celles qui feraient difficulté pour le lecteur. Les mots abrégés ont été transcrits tels quels, avec une éventuelle explication en note. Pour la sténographie, une transcription en clair vient doubler la transcription en abrégé. En revanche, les terminaisons de mots simplifiées, sauf s'il s'agit d'une évidente volonté d'abréviation, ont été restituées complètement, même si les dernières lettres étaient mal formées. Les fautes de syntaxe ont été transcrites telles quelles. On a évidemment maintenu la graphie des mots grecs isolés ou des citations. Dans le texte, les crochets carrés [ ] indiquent les restitutions textuelles. A l'intérieur d'une restitution, le point (la suite de points) indique la (les) lettre(s) illisible(s). Dans la transcription des variantes, le mot ou le passage en cause est suivi d'un crochet carré fermant ], lui-même suivi de la variante. Si le passage en cause est relativement long, il est désigné par son début et sa fin, séparés par trois points. Les crochets pointus () encadrent les mots ou les passages biffés. Les barres obliques à droites / / encadrent le(s) mot(s) biffé(s) à l'intérieur d'une variante biffée. Chacun des volumes des Œuvres complètes, aussi bien dans la série Œuvres que dans la série Correspondance, est soumis à l'attention d'un réviseur désigné par le Comité directeur, dont la tâche consiste à contrôler l'adéquation du travail aux principes d'édition qui viennent d'être succinctement énoncés. On voudra bien noter que l'accord donné par ce réviseur à l'issue de son examen n'implique nullement, de sa part, une adhésion aux opinions exprimées et aux jugements portés par les collaborateurs de l'édition.
Principes spécifiques à ce volume L a complexité du manuscrit de Lausanne (L), reproduit dans le deuxième volume, nous a obligée à reconsidérer certains principes et à en adopter d'autres. Dans les parties écrites par les copistes, nous corrigeons sans les signaler les fautes de lecture et d'orthographe, les oublis, les sauts du même au même et les blancs remplis par Constant. Des trois copistes, désignés A, B et C, seul le copiste C écrit «a-t'il» pour «a-t-il»: nous avons donc rectifié cet usage sans le signaler. Par contre, nous avons respecté les accents circonflexes et les trémas abusifs, ainsi que l'emploi variable des doubles lettres. Les copistes étant très peu soucieux de la ponctuation et de l'ac-
Príncipes
d'édition
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centuation, ajoutées par Constant lors de la première relecture et avant toute correction, nous les avons intégrées au texte sans les signaler. Parfois Constant change l'ordre des mots d'une phrase en plaçant un numéro au-dessus de chaque mot ; dans les variantes, nous transcrivons la phrase selon le nouvel ordre tout en indiquant à côté de chaque mot le numéro mis entre parenthèses. Dans la rédaction des variantes longues, où il s'agit de passages corrigés mais ensuite supprimés, nous indiquons d'abord la suppression, puis les variantes ponctuelles qui l'ont précédée. La mise en page du texte anglais comporte, au début de chaque paragraphe, des titres infratextuels (intertitres) placés dans la marge externe de la page sans que ceux-ci engendrent forcément de nouveaux paragraphes. La mise en page que nous avons adoptée ne nous permet pas de distinguer les différents cas. C'est pourquoi, dans la mesure du possible nous avons groupé les titres n'engendrant pas de nouveaux paragraphes, mais dans le cas contraire nous avons introduit des paragraphes abusifs. Cela concerne la transcription de G ainsi que l'édition de L, où Constant suit de près le texte anglais. Dans les notes, plus particulièrement dans l'indication des sources au début de chaque chapitre, nous nous rapportons toujours, pour G, L ou P, à leur pagination ou foliotation originale. En revanche, si ces derniers ne sont pas mentionnés, nous renvoyons aux pages de l'édition. Nous rappelons ici que L a été folioté selon l'ordre de P, mais du fait que notre édition reproduit l'ordre chronologique de la rédaction, sa foliotation ne correspond plus à celle de P, mais à l'ordre que nous avons établi dans l'introduction au second volume, au «Tableau n° 2 - Ordre première étape», dans la colonne «Première rédaction». Pour cette raison, afin de se retrouver dans la foliotation de L, il faut d'abord consulter ce tableau. Le sigle qui précède les sources définit l'unité rédactionnelle par rapport à L et à P, respectivement première et dernière étapes de la traduction. Par exemple 1/1-1/3 signifie qu'il s'agit du chap. i du livre I, qui devient chap. I du livre m. Pour une meilleure compréhension de l'emploi de ces codes, nous renvoyons encore une fois à l'introduction du second volume, au «Tableau n° 1 - Concordance des titres». Dans l'apparat des variantes de L, nous indiquons les corrections autographes successives à la première rédaction. Dans l'apparat des variantes de P, reproduit dans le premier volume, nous signalons les corrections autographes et les variantes par rapport à sa source directe L. Nous ne signalons pas les repentirs du copiste. L. S.
Sigles
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Sigles utilisés dans la description des sources et dans les variantes
[-] ]
: restitutions textuelles ; le point (la suite de points) indique la (les) lettre(s) illisible(s) : signe qui, dans la transcription des variantes, suit le mot ou le passage en cause, et est suivi de la variante : encadrent le(s) mot(s) ou le(s) passage(s) biffé(s)
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G2
ill. interl. L L2 mm ms n. N.a.fr. OCBC P
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London, G. G. J. and J. Robinson, Paternoster-Row, 1793, 2 vol. : William Godwin, Enquiry Concerning Political Justice, and its Influence on Morals and Happiness, 2nd ed., London, G. G. and J. Robinson, Paternoster-Row, 1796, 2 vol. : illisible(s) : interligne : Benjamin Constant, Recherches sur la justice politique, BCU Fonds Constant II, 34/7 : Benjamin Constant, Recherches sur la justice politique, note 46, BCU, Fonds Constant Co 3422bis : millimètre(s) : manuscrit : note(s) : Nouvelle acquisition française : Œuvres complètes de Benjamin Constant : Benjamin Constant, De la justice politique par W. Godwin. Traduction très abrégée, BN, N.a.fr. 14360, 14361, 14362, t. III-V
PI P2 P3 p. pp. partiell. r° supp. t. v° vol.
: Benjamin Constant, De Traduction très abrégée, : Benjamin Constant, De Traduction très abrégée, : Benjamin Constant, De Traduction très abrégée, : page : pages : partiellement : recto : supprimé : tome(s) : verso : volume(s)
la justice politique par W. Godwin. BN, N.a.fr. 14360, t. III, f 67-145 la justice politique par W. Godwin. BN, N.a.fr. 14361, t. IV, f° 2-188 la justice politique par W. Godwin. BN, N.a.fr. 14362, t. v, f° 2-23
Chronologie
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1767-1797 1767 - Naissance de Benjamin Constant à Lausanne, le 25 octobre, de Louis-Arnold-Juste Constant de Rebecque et d'Henriette-Pauline de Chandieu. Le 10 novembre, sa mère meurt en couches. 1772-1778 - Le jeune Benjamin vit alternativement à Lausanne, dans sa famille, et à Bruxelles ou en Hollande, auprès de son père. Il rédige, à partir de 1774, ses premiers ouvrages connus : Prière au créateur du monde, Sur l'homme Juste ; un dialogue, Frugalité et Bombance et Didon. Fragment de tragédie. 1778-1779 - Datent de cette époque un Couplet pour Rosalie et une Petite Epître ; un poème en alexandrins, Le dévouement de Décius ; un roman héroïque, Les Chevaliers. 1780-1782 - Séjours en Angleterre, en Hollande, à Lausanne, puis à Erlangen, où il fréquente l'Université. 1783-1785 - Séjour en Ecosse. Etudes à l'Université d'Edimbourg. Participe aux travaux de la Spéculative Society. Se lie d'amitié notamment avec James Mackintosh et John Wilde. 1785 - Séjour à Paris chez Jean-Baptiste Suard, puis à Bruxelles et à Lausanne. Songe à écrire une histoire du polythéisme. 1786 - Rédige un essai sur La discipline militaire des Romains. 1787 - Rencontre Isabelle de Charrière. Parution de VEssai sur les mœurs des temps héroïques de la Grèce, tiré de l'Histoire grecque de M. Gillies Escapade en Angleterre et en Ecosse. Songe à écrire un roman qu'il remplace par les Lettres écrites de Patterdale à Paris. Début des démêlés de son père avec la justice bernoise. Séjour à Colombier, chez les Charrière. Travaille sur le polythéisme grec et rédige des feuilles d'actualité.
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1788 - Départ de Lausanne pour Brunswick où il va revêtir la charge de Gentilhomme de la Chambre. Travaille à une histoire de la civilisation graduelle des Grecs et songe à commenter l'ouvrage de Necker, De l'importance des opinions religieuses. Envoie à Isabelle de Charrière un extrait de ses Lettres sur l'Histoire. Devient membre du Grosser Club zu Braunschweig, fréquenté par le philosophe Jakob Mauvillon. Est nommé conseiller de Légation à la Cour de Brunswick. 1789 - Mariage avec Wilhelmine Luise Johanne (dite Minna) von Cramm, à Brunswick. Séjourne à Lausanne avec sa femme. 1790 - Retour à Brunswick. Rédige une étude Sur la révolution du Brabant en 1790. Entreprend une réfutation des Reflections on the Revolution in France de Burke. 1791 - Sentence définitive contre Juste de Constant. Se rend à Lausanne pour la liquidation des biens de son père. Regagne Brunswick après un bref séjour à Colombier. Mésentente conjugale. 1793 - Liaison avec Charlotte de Marenholz, née Hardenberg. Entreprend un récit autobiographique. Séparation entre les époux. Rédige un «Narré» sur ses vicissitudes conjugales ; un Dialogue entre Louis XVI, Brissot et Marat et continue de travailler à son essai sur la religion. 1794 - Dernier séjour à Brunswick. Son ouvrage sur la religion est très avancé, il en prévoit la publication. Retour en Suisse. Rencontre Germaine de Staël. Ses rapports avec Isabelle de Charrière commencent à se détériorer. 1795 - Arrive à Paris avec Germaine de Staël quelques jours après l'insurrection du 1er prairial an m. Rencontre Barras et Sieyès. Constant entre en politique : publie les trois Lettres à un député de la Convention ; l'article A Charles His, rédacteur du Républicain français, collabore avec Louvet aux Trois discours et rédige la Motion sur la nécessité de laisser au peuple l'élection libre de la totalité du prochain Corps législatif, par Saladin. Divorce d'avec Minna von Cramm. Repart avec Germaine de Staël pour la Suisse et séjourne tantôt à Lausanne, tantôt à Coppet. 1796 - Réhabilitation de Juste de Constant. Publie sa première brochure politique d'envergure, De la force du gouvernement actuel de la France et de la nécessité de s'y rallier. Duel avec Bertin de Vaux à la suite d'un
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article malveillant de ce dernier sur son ouvrage. Rédige une mise au point de la question sous forme d'une Lettre à Bertin de Vaux, rédacteur de la Feuille du jour. Adresse une pétition au Conseil des Cinq-Cents pour obtenir la reconnaissance de la citoyenneté française. Parution De la restitution des droits politiques aux descendants des religionnaires fugitifs. Rédige un mémoire sur la question de la nationalité française de Germaine de Staël et un compte rendu de De l'Influence des passions sur le bonheur des individus et des nations. Achète le domaine d'Hérivaux dans la commune de Luzarches. 1797 - Constant obtient la citoyenneté française. Est nommé agent municipal de la commune de Luzarches, nomination contestée par le Directoire. Parution de la brochure, Des réactions politiques et de la seconde édition de son ouvrage augmentée d'un nouvel essai, Des effets de la Terreur. Naissance d'Albertine de Staël. Fondation du Cercle Constitutionnel ou Club de Salm. L'élection de Constant au canton de Luzarches est annulée. Rédige la nécrologie de J.-B. Louvet. Coup d'Etat du 18 fructidor. Discours au Cercle constitutionnel pour la plantation de l'arbre de la liberté. Est nommé par le Directoire président de l'administration de la Commune de Luzarches. Discours d'installation. 1798-1800 1798 - entre le 6 et le 8 janvier : Benjamin Constant quitte Paris pour accompagner Germaine de Staël en Suisse. 28 janvier : Entrés des troupes françaises dans le Pays de Vaud. 27 février : Prononce un discours au Cercle constitutionnel. 22 mars : Choisi comme électeur, lors de l'Assemblée primaire du canton de Luzarches. 4 avril : Rédige la Lettre au citoyen G., au sujet de sa candidature dans le département de l'Eure. 10 avril : Rédige un discours à ses collègues de l'Assemblée électorale du département de Seine-et Oise. Ne sera pas élu. 21 avril : Duel avec Georges Sibuet l'ayant pris à parti dans un article calomniateur publié par L'Ami des lois au sujet des élections. 15 mai : Sa liaison avec Germaine de Staël montre quelques signes de lassitude. 24 mai : Des difficultés financières l'obligent à vendre son domaine de Vaux.
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28 juin : Partage sa vie entre sa propriété et celle de Germaine de Staël à Saint-Ouen. octobre : Entreprend sa traduction de YEnquiry Concerning Political Justice de W. Godwin. Y travaille jusqu'au mois de janvier 1800. Germaine de Staël, de son côté, rédige Des circonstances actuelles. 29-30 octobre : Départ pour la Suisse avec Germaine de Staël. 5 novembre-peu après le 5 février 1799 - Séjour en Suisse : à Lausanne, Coppet et Genève. Croit pouvoir achever rapidement sa traduction, suivie d'un commentaire. Prend des engagements avec un éditeur : publication prévue dans les trois mois. autour des 20-21 novembre : Passe deux jours auprès d'Isabelle de Charrière. S'entretient avec elle de son travail sur Godwin. 27 novembre : Demande à L. F. Huber de s'informer au sujet d'une traduction allemande de Godwin, annoncée en 1796. Le prie de ne pas mentionner la sienne afin d'éviter toute concurrence. 6 décembre : Veut prolonger son séjour à Coppet dans le but de terminer sa traduction et de la rapporter en France. 1799 - 25 janvier : Son origine genevoise est officiellement reconnue. 5 février : Prétend avoir achevé sa traduction mais veut la peaufiner. Repart à Paris. 14 mars : Annonce à son oncle Samuel de Constant l'envoi prochain de sa traduction en deux volumes. 19 mars : Lettre aux Citoyens administrateurs du Département de Seineet-Oise. avril : Echoue aux élections de Genève pour le Conseil des Cinq-Cents. 16 mai : Sieyès est élu directeur à la place de Rewbell. 17 mai : Essaie d'obtenir sans succès la place de Commissaire auprès de l'administration centrale de Genève. 31 mai : Promet un exemplaire de sa traduction à Samuel de Constant, dès sa parution. du 20 juin au 5 novembre : Rencontre fréquemment Sieyès. entre le 8 juillet et le 2 septembre : Parution de la première et de la deuxième édition Des suites de la contre-révolution de 1660 en Angleterre. Dans une note, la traduction de Godwin avec le commentaire est annoncée comme devant paraître incessamment. de la mi-juillet à début octobre : Séjourne à Hérivaux mais se rend fré-
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quemment à Paris. 3 septembre : Se dit très occupé par l'impression de son ouvrage politique (traduction de Godwin ?) ralentie par les circonstances politiques. 17 et 18 octobre : Parution de deux notices nécrologiques sur P. Baudin. 9 novembre : Arrive à Paris avec Germaine de Staël le soir du coup d'Etat du 18 brumaire. 24 décembre : Est nommé au Tribunat. 1800 - 5 janvier : Prononce au Tribunat son premier discours d'opposition sur des questions de procédure législative. 20 janvier : Travaille encore à sa traduction de Godwin, dont une nouvelle édition anglaise vient de paraître l'obligeant à certains remaniements. début janvier - mois d'avril : Entreprend un «grand traité de politique» qu'il achève en avril 1803. En 1806, il reprend cet ouvrage, en développe vraisemblablement l'introduction, qui devient un nouveau livre (les Principes de politique), tandis que le reste prend le titre de Fragments d'un ouvrage abandonné sur la possibilité d'une constitution républicaine dans un grand pays. Les deux traités demeurent inédits. Séjour d'été en Suisse, chez Germaine de Staël. Retour à Paris et passion pour Anna Lindsay. 1801-1830 1801 - Combat le projet de loi contre les tribunaux spéciaux. Se partage entre Paris, Hérivaux et la Suisse auprès de Germaine de Staël. Rencontre avec E. Dumont et J.-Ch. de Sismondi. 1802 - Elimination du Tribunat. Vend Hérivaux et achète les Herbages. Mort du baron de Staël. Germaine de Staël publie Delphine. 1803 - Projet de mariage avec une genevoise Amélie Fabri. Rédige Amélie et Germaine. Disputes avec Germaine de Staël. Installation aux Herbages. Voyage en Allemagne avec Germaine de Staël, exilée : Metz, où il rencontre Villers, Francfort et Weimar. 1804 - Rencontre à Weimar avec Goethe, Wieland et Schiller. Début du «Journal intime». Travaille à son ouvrage sur les religions. Rentre en Suisse et apprend la mort de Necker. Rejoint Germaine de Staël à Wei-
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mar et la ramène à Coppet. Germaine de Staël part seule pour l'Italie. A Paris, nouvelle rencontre avec Charlotte de Hardenberg : l'amour renaît. 1805 - Recommence sa liaison avec Anna Lindsay et voit fréquemment Charlotte. Partage son temps entre les Herbages et Paris. Se lie avec Prosper de Barante. Mort de Julie Talma. Séjours à Lausanne et à Coppet. Mort d'Isabelle de Charrière. 1806 - Séjours en Suisse puis en France avec Germaine de Staël. Reconquiert Charlotte. Se partage entre Paris et le château d'Acosta, où réside Germaine de Staël. Début de la rédaction d'Adolphe. 1807 - Germaine de Staël publie Corinne. Charlotte part pour l'Allemagne. Voyage en Suisse et fréquentation des piétistes. Retour à Coppet et scène violente avec Germaine de Staël. Fin du «Journal intime». Commence une adaptation du Wallenstein de Schiller. 1808 - Se partage, en compagnie de Charlotte, entre Paris et Brévans où réside son père. Il l'épouse secrètement. Retour à Coppet. 1809 - Publication de Wallstein. Charlotte révèle le mariage à Germaine de Staël, qui impose le secret. Querelles diverses. Se partage entre les deux femmes. La nouvelle du mariage se répand. 1810 - Continue à faire des allers et retours entre Coppet et Paris où habite sa femme. Mise au pilon du livre De l'Allemagne. Fait recopier ses «Œuvres manuscrites». Grosses pertes de jeu et vente des Herbages. Vit à l'hôtel. 1811 - Départ pour la Suisse avec Charlotte. Différends entre père et fils. Adieux à Germaine de Staël. Il reprend la rédaction de son «Journal intime». Départ pour l'Allemagne avec Charlotte. Les époux s'installent à Gôttingue. Reprise du travail sur les religions, son Polythéisme. 1812 - Vie studieuse à Gôttingue. Querelles fréquentes avec Charlotte. Mort de Juste de Constant. Séjours à Brunswick et à Cassel. Apprend le départ de Germaine de Staël pour la Russie. Le souvenir de son amie le hante. 1813 - Séjours à Cassel et à Brunswick. Commence son poème épique Le siège de Soissons. Reprend son Polythéisme. Rencontre Bernadotte à Hanovre.
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1814 - Publie à Hanovre son pamphlet De l'esprit de conquête et de l'usurpation. Hésitation sur le parti à prendre. Prise de Paris par les Alliés. Abdication de Napoléon et proclamation de Louis XVIII. Quitte enfin Bernadotte et fait retour à Paris. Rencontre Talleyrand et l'empereur Alexandre. Revoit Germaine de Staël de retour à Paris. Publie ses Reflexions sur les constitutions, la distribution des pouvoirs et les garanties dans une monarchie constitutionnelle. Promulgation de la Charte. Mort de Mme de Nassau. Mise en vente de De la liberté des brochures, des pamphlets et des journaux. Sortie de presse des Observations sur les discours de S. E. le Ministre de l'Intérieur en faveur du projet de loi sur la liberté de la presse. Coup de foudre pour Juliette Récamier. Rencontre avec Mme de Kriidener. Commence son ouvrage sur La responsabilité des ministres. 1815 - Rédige les «Mémoires de Mme Récamier». Sortie de presse de la brochure De la responsabilité des ministres. Candidature à l'Institut. Mort de Charles Villers. Débarquement de Napoléon au golfe Juan. Violent article contre Napoléon dans Le Journal des Débats. Fuite jusqu'en Vendée et retour à Paris. Reprend son ouvrage politique sur Les principes politiques applicables à tous les gouvernements, achevé en dix jours. Entrevues avec Napoléon. Accepte de rédiger l'Acte additionnel aux Constitutions de l'Empire et est nommé au Conseil d'Etat. Nouvelle de la débâcle de Waterloo. Fait partie, en qualité de secrétaire, d'une commission chargée de négocier avec les Alliés. Retour à Paris. Ordre d'exil. Soumet au Roi un mémoire apologétique. Exil révoqué. Quitte Paris pour Bruxelles où Charlotte vient le rejoindre. 1816 - Départ pour Londres avec Charlotte. Mariage d'Albertine de Staël avec Victor de Broglie, à Pise. Publication d'Adolphe. Retour à Paris. Interrompt son «Journal intime». Succès de la brochure De la doctrine politique qui peut réunir les partis en France. 1817 - Reprend l'ancien Mercure de France. Mort de Germaine de Staël. Echoue deux fois à l'Académie française. Publication de la brochure Des élections prochaines. 1818 - Le Mercure de France est supprimé et remplacé par La Minerve française. Grande activité journalistique. Echec aux élections dans la circonscription de la Seine. Commence la publication de Collection complète des ouvrages publiés sur le gouvernement représentatif... formant une espèce de Cours de politique constitutionnelle.
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1819 - Est élu député de la Sarthe. Début de la carrière parlamentaire du théoricien du libéralisme politique. Cours à l'Athénée royal : entre autres De la liberté des Anciens et des Modernes. Important article dans La Minerve française sur La responsabilité des ministres. 1820-1822 - Assassinat du duc de Berry. Deux grands discours : Sur la loi d'exception contre la liberté individuelle et Sur la loi d'exception contre la liberté de la presse. Suppression de la Minerve française par mesure de police. Commence la publication des Mémoires des Cent Jours. Echec lors du renouvellement partiel de la Chambre. Villèle le fait impliquer de complicité morale dans le complot dirigé contre les Bourbons. Jugé en Cour d'Assises et condamné. 1822-1824 - Publie un Commentaire sur l'ouvrage de Filangieri. Rentre à la Chambre comme député de Paris. Publication de De la religion considérée dans sa source, ses formes et ses développements, 1.1. 1825 - Mort de Louis XVIII. Publie son Appel aux nations chrétiennes en faveur des Grecs et De la religion, t. II. Discours d'ouverture à l'Athénée royal : Coup d'œil sur la tendance générale des esprits aux XIXe siècle. 1827-1828 - Grand discours Sur le projet de loi relatif à la police de presse. Publication de De la religion, t. m. Est élu député du Bas-Rhin. Publication des Discours de M. Benjamin Constant à la Chambre des députés, 1.1 et II. Echoue de nouveau à l'Académie. 1829 - Publication des Mélanges de littérature et de politique et dans la Revue de Paris de ses Reflexions sur la tragédie. 1830 - Publication dans la Revue de Paris de ses Souvenirs historiques à l'occasion de l'ouvrage de M. Bignon. Victoire de la gauche aux nouvelles élections. Réélu à Strasbourg. Participation aux journées de juillet. Président de section au Conseil d'Etat. Echoue encore à l'Académie. Meurt le 8 décembre. Funérailles nationales.
Introduction générale au tome II
Ce tome est consacré à une seule œuvre, restée inédite du vivant de Benjamin Constant : la traduction qu'il a faite entre 1798 et 1800 de l'ouvrage de William Godwin, Enquiry Concerning Political Justice, qui est aujourd'hui encore la seule traduction française de cet ouvrage. Avant 1974, on ne connaissait que la version définitive : De la justice politique, par W. Godwin, traduction très abrégée, contenue dans les «Œuvres manuscrites» de 1810 conservées à la Bibliothèque nationale de Paris. Celle-ci avait même fait l'objet d'une édition, mais on ignorait l'existence de sa source directe, qui se trouve à la Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne. Ce manuscrit est un brouillon très travaillé par Constant ; il témoigne de plusieurs conceptions différentes, qui ont tour à tour présidé à la manière de traduire cet ouvrage. Au départ de notre travail, des problèmes scientifiques aussi bien que pratiques se sont posés. Il nous a paru vite impossible d'éditer le manuscrit définitif avec les variantes de la version de Lausanne (beaucoup plus longue) en apparat ; nous avons alors choisi la solution inverse. Toutefois, pour privilégier la lisibilité du texte définitif, qui aurait été compromise dans l'apparat, nous avons décidé d'éditer séparément le manuscrit de Paris avec les seules variantes entre la version définitive du manuscrit de Lausanne et sa mise au net. L'intérêt matériel et scientifique du manuscrit de Lausanne nous a ainsi amenée a entreprendre une édition génétique. En même temps, pour que le lecteur puisse comprendre les démarches de ce traducteur singulier, il nous a para nécessaire de reproduire aussi le texte anglais Enquiry Concerning Political Justice dont l'édition de 1793, utilisée par Constant, n'a pas été rééditée. Le premier volume comprend une introduction par Mauro Barberis, qui situe la traduction dans la biographie de Benjamin Constant et en étudie les rapports qu'elle entretient avec les circonstances historiques, ainsi que l'édition de la version définitive de la traduction : De la justice politique, par W. Godwin, traduction très abrégée et la reproduction du texte anglais. Le second volume se compose de notre introduction matérielle, qui reconstitue la genèse du manuscrit de Lausanne, et de l'édition génétique de ce dernier : Recherches sur la justice politique. En annexe, afin de grouper l'ensemble des écrits sur ce sujet, nous avons reproduit intégralement les trois essais que Constant a rédigés à différentes époques (en 1810, 1817 et 1829), sur Godwin et sa traduction. Ces trois textes feront ultérieurement l'objet d'une édition et d'un commentaire dans les Œuvres complètes.
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Ce tome II voit le jour grâce aux efforts conjoints de Jean-Daniel Candaux, Etienne Hofmann, Lucia Omacini et Laura Saggiorato qui ont participé aux choix scientifiques présidant à l'édition. Etienne Hofmann a eu la bienveillance de réviser une partie de l'édition de L, Lucia Omacini s'est occupée de la coordination de l'ouvrage, de la révision des éditions et de la rédaction des sections Chronologie, Sources et Sigles. Laura Saggiorato s'est chargée de l'Iconographie, de la Bibliographie, des Abréviations, de l'Index, des parties annexes. La traduction de l'introduction de Mauro Barberis a été assurée par Aline Delacrétaz et Daniel Maggetti. Ce tome II a été mis au point grâce à l'aide financière de la Société académique vaudoise, de l'Institut Benjamin Constant, de l'Association Benjamin Constant et du Consiglio Nazionale délia Ricerca italien. La saisie du texte anglais a été prise en charge par le Centre Informatique de la Faculté de Philosophie et Lettres de l'Université de Liège. La mise au point informatique a été scrupuleusement assurée par Kurt Kloocke de l'Université de Tübingen et, pour les corrections, nous avons pu recourir à la compétence et à l'amitié de Sandra Laib et de Moritz Geisel. A la BCU de Lausanne, nous avons pu compter sur la collaboration amicale et efficace de Danielle Mincio, conservatrice du Département des manuscrits, qui, avec toute son équipe, nous a soutenue tout au long du travail, et de Bernard Delessert, responsable du service photographique. Nous n'oublions pas l'appui et les conseils attentifs que Nelly Jaquenod et Anne-Lise Delacrétaz nous ont toujours généreusement prodigués. L. S.
Sources
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Sources
Manuscrits A. Bibliothèque cantonale et universitaire (BCU) - Lausanne Al.
Fds Ct il, 34/7 De la justice politique [Recherches sur la justice politique] Une liasse formée de cahiers et de feuilles, 613 f° a. et de la main de trois copistes, 210 x 170 mm en moyenne. Pagination multiple et non continue. Grande marge sur la moitié gauche de la page, sauf aux f° 1-15, 588-591, 613 où la marge est étroite. Hofmann, Catalogue, 1/41
A2.
Co 3422bis Note 46 du manuscrit Ct II, 34/7 1 f , 2 p. a., 200 x 155 mm, paginées 57 et 58, marge de 45 mm à gauche. La fin de la note précédente est biffée. Sur la p. 58, nombreux calculs et deux petits dessins de visage. Hofmann, Catalogue, 11/51
B. Bibliothèque nationale (BN) - Paris Bl.
N.a.fr. 14360-14362 De la justice politique par W. Godwin. Traduction très abrégée 287 f , 573 p. de la main d'Audouin, 265 x 200 mm. Cette copie appartient aux t. m ( f 67-145), iv ( f 2-188) et v (f° 2-23) des «Œuvres manuscrites» de 1810. Hofmann, Catalogue, 1/42
B2.
N.a.fr. 14362, f 24-30 De Godwin, de ses principes, et de son ouvrage sur la justice politique 7 f , 13 p. de la main d'Audouin, 265 x 200 mm. Cette copie appartient au t. V des «Œuvres manuscrites» de 1810. Hofmann, Catalogue, 11/45
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Imprimés 1.
AN | ENQUIRY | CONCERNING | POLITICAL JUSTICE, | AND | ITS INFLUENCE | ON | GENERAL VIRTUE AND HAPPINESS. | BY | WILLIAM GODWIN. | IN TWO VOLUMES. | VOL. I. [II] | LONDON : | PRINTED FOR G. G. J. | AND J. ROBINSON, PATER NOSTER-ROW. | M.DCC.XCIII. 4° pp. xiv, [20], 378 + [iv], [24], 379-895, [3]
2.
ENQUIRY | CONCERNING | POLITICAL JUSTICE, | AND | ITS INFLUENCE | ON | MORALS AND HAPPINESS. | BY | WILLIAM GODWIN. I THE SECOND EDITION CORRECTED. | IN TWO VOLUMES. I VOL. I. [II] | LONDON : | PRINTED FOR G. G. AND J. ROBINSON, PATERNOSTER-ROW. | 1796 8° pp. xxii, [2], 464 + x, 545, [1]
3.
De Godwin, et de son ouvrage sur la justice politique, Mercure de France, N.S., t. Il, avril 1817, pp. 161-173.
4.
De Godwin, et de son ouvrage sur la justice politique, Mélanges de littérature et de politique, chap. IX, Paris, Pichon et Didier, 1829, pp. 211-224.
Introduction
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Introduction
Parmi les «Œuvres manuscrites de 1810» conservées à la Bibliothèque nationale de Paris, à côté de grands textes politiques tels que les Fragments sur la possibilité d'une constitution républicaine et les (premiers) Principes de politique, se trouve aussi la traduction de YEnquiry Concerning Political Justice (1793) de William Godwin, réalisée entre 1798 et 1800 et restée inédite jusqu'à nos jours. Le manuscrit en a été publié en 1972 par Burton R. Pollin1 ; plus récemment, une version antérieure et plus étoffée du même texte, découverte à la Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne, a été reconstituée par Laura Saggiorato à l'occasion d'une thèse de doctorat2. A la différence des autres grands inédits de cette époque, dont les vicissitudes sont désormais relativement connues, ce texte pose encore bon nombre de problèmes pour ceux qui se consacreraient à sa présentation : par certains côtés, il constitue même une véritable énigme. Bien entendu, le fait que Constant ait lu YEnquiry Concerning Political Justice de Godwin et en ait été marqué au point d'en arriver à le traduire ne soulève pas de problème majeur, du moins du point de vue culturel et philosophique : on connaît très bien, en effet - quoiqu'ils soient moins étudiés qu'ils ne le mériteraient - les rapports de Constant avec la culture britannique (anglaise, et surtout écossaise) datant de ses études à Edimbourg au cours de sa jeunesse et se poursuivant par la suite grâce à la fréquentation d'auteurs comme Locke, Hume et Smith3. C'est du point de vue strictement politique, en revanche, que le texte reste mystérieux. Par exemple, quel intérêt pouvait avoir le jeune publiciste, mal vu des monarchistes en tant que partisan de la République et suspect aux yeux des républicains en tant qu'ami de Madame de Staël, à associer son propre nom à celui du libertaire Godwin ? Quelle présentation constituait donc pour sa carrière politique la traduction d'une œuvre hostile au gouvernement aussi bien qu'à la propriété ? De façon plus générale, quelle position pouvait être plus
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B. Constant, Justice politique. B. Constant, Recherches sur la justice politique, édition, présentation et notes par L. Saggiorato. Au sujet de tels rapports, voir au moins Annales BC, n° 7, 1987, numéro consacré à «Constant in Britain/Constant et la Grande-Bretagne».
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éloignée du vague anarchisme de Godwin que le libéralisme déclaré de Constant ? Du point de vue politique, en effet, il n'y a pas que les anomalies jalonnant l'opération elle-même qui étonnent : par exemple que le texte, commencé comme une traduction, se soit transformé en une réécriture où risquent de se confondre les rôles de l'auteur et du traducteur ; ou bien que le texte soit finalement resté inédit, alors que sera publié sous la Restauration un article sur Godwin confinant parfois plus à l'éreintement qu'à l'apologie 1 . Le plus étrange, c'est que Constant ait songé sérieusement à publier une œuvre de ce genre, annonçant même à plusieurs reprises sa parution. Ou encore, y aurait-il des raisons plus profondes, des motifs cachés, des faits dont nous n'avons pas connaissance ? Comme cela arrive souvent, les réponses à toutes ces questions - et une possible solution de l'énigme - ne sont pas hors de portée : il suffit d'aller les chercher en différents endroits. Il est au premier chef nécessaire d'établir les données spatio-temporelles de la rédaction de l'œuvre, en recourant avant tout à la biographie et à la correspondance constantiennes ; il faut ensuite reconstruire le contexte politique où la traduction a été projetée, réalisée et, finalement, abandonnée ; il s'agit également de suivre les diverses fortunes du texte, de la formation du manuscrit de Lausanne à celle du manuscrit de Paris ; enfin, il importe de regarder le contenu même de l'œuvre, en se demandant quels liens se tissent entre les philosophies politiques de Godwin et de Constant, et quel rôle le texte en question joue dans la pensée du second. L'examen de ces éléments, à chacun desquels est consacrée une des quatre sections qui vont suivre, permettra de proposer une solution de l'énigme, que nous donnons dans la conclusion : quoi qu'il en soit, si cette solution ne se révélait pas convaincante, nous aurons au moins fourni une présentation relativement exhaustive de ce qui est, et restera peut-être, le plus mystérieux des inédits constantiens.
1. Le contexte biographique La traduction de YEnquiry
Concerning
Political
Justice embrasse une pé-
riode relativement longue de la vie de Constant - de l'automne 1798 à janvier 1800 - et se déroule dans quelques-uns des lieux constantiens les plus typiques : à Hérivaux, la résidence adoptée en France depuis février 1797, ainsi qu'à Coppet, Genève et Lausanne, où il séjourne de l'automne 1
II s'agit, on le verra, de B. Constant, Godwin (1817), puis réimprimé avec des modifications dans Godwin (1829) et également dans OCBC, t. n,2.
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1798 à l'hiver 1799 et où il accomplit vraisemblablement la majeure partie du travail. La rédaction de cette œuvre coïncide avec nombre d'autres événements, publics comme privés : entre autres la composition par Madame de Staël des Circonstances actuelles, où Godwin est mentionné aux côtés de Condorcet, de Sieyès et de Constant lui-même 1 ; les élections de germinal an vu (avril 1799), remportées par les (néo)jacobins et suivies de l'entrée de Sieyès au Directoire; le coup d'Etat du 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799) et la nomination consécutive de Constant au Tribunat. Il s'agit pour ce dernier d'une période marquée par une double désillusion, face au régime directorial d'une part, qui se révèle toujours plus incapable d'assurer la légalité constitutionnelle, et face à ses propres aspirations politiques d'autre part, déçues par l'échec de sa candidature au poste de député lors des élections de 1798. Si sa déception vis-à-vis du Directoire est exprimée en toutes lettres, on le verra, dans Des suites de la contrerévolution de 1660 en Angleterre, la frustration des ambitions politiques trouve un témoignage avant tout dans la correspondance avec ses parents et ses amis. Une lettre de sa cousine Rosalie à Belle de Charrière, en novembre 1798, restitue de façon particulièrement fidèle l'humeur de Constant à cette époque, le décrivant comme «assez froid sur ce qui se passe, tournant ses vues et l'activité de son esprit plutôt vers la carrière littéraire que vers les places» : non sans ajouter que «ces deux objets ne sont cependant jamais séparés, et ses travaux auront toujours pour but l'éternel sujet des spéculations et des malheurs des hommes, la politique»2. La première référence à Godwin, dans la correspondance de Constant, se trouve par contre dans une lettre que l'on peut faire remonter au début de l'automne 1798 : il s'agit d'ailleurs - pour entrer immédiatement dans le climat qui caractérise l'étrange relation entre les deux auteurs - d'une critique implicite. Ecrivant à sa tante Anne de Nassau, Constant fait en effet allusion à «un auteur anglais [qui] dit que la propriété appartient toujours de droit à celui qui en a le plus grand besoin» 3 . Or, dans le premier chapitre du livre VIII de YEnquiry Concerning Political Justice, Godwin se demande justement «to whom does any article of property, suppose a loaf of bread, 1
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Voir Germaine de Staël, Des circonstances actuelles, pp. 281-282. Sur la collaboration de Constant à cette œuvre, voir en dernier lieu L. Omacini, «Madame de Staël : dalle 'circostanze attuali' al 'regno dei principi', ovvero come terminare la Rivoluzione e fondare la Repubblica in Francia». On trouvera cette lettre dans Charrière, Œuvres, v, p. 502. Ce passage, extrait d'une lettre conservée à la BCU (Fds Constant, Co 3322), est cité dans Hofmann, Genèse, p. 170, n. 224, qui, sur une allusion faite au «mois prochain de brumaire», fonde l'hypothèse d'une datation comprise entre le 22 septembre et le 21 octobre 1798.
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justly belong ?», pour répondre ensuite «to him who most wants it, or to whom the possession of it will be most beneficial» 1 . Il faut souligner là que Constant mentionne à cette occasion la thèse godwinienne qui devait le plus heurter le sens commun de son propre milieu, et qui l'embarrassera encore plus par la suite : la critique de la propriété. Bien que rien ne permette d'affirmer que la traduction était alors déjà entamée, il faut retenir deux faits. Le premier est que peu après, le 27 novembre 1798, Constant la mentionnera explicitement - et dans des termes qui font imaginer un travail déjà très avancé - dans une lettre à son ami allemand Ludwig Ferdinand Huber : «Je m'[...] occupe surtout d'achever une traduction que je me suis engagé avec un libraire de publier dans trois mois, accompagnée d'un commentaire. C'est la traduction d'un ouvrage anglais [...] An Enquiry on political justice and its influence on general virtue and happiness, by William Godwin»2. Le second fait à retenir est une lettre de Madame de Charrière adressée elle aussi à Huber, en date du 1er décembre 1798, où la traduction est non seulement mentionnée, mais encore caractérisée en des termes qui laissent supposer un rapide désenchantement du traducteur vis-à-vis de l'œuvre : «frappé d'abord de quelques beautés du livre, il l'a trouvé en le traduisant médiocre, c'est-à-dire plein de lieux communs» 3 . Le 6 décembre suivant, Constant écrit encore à Anne de Nassau qu'il est «retenu ici [à Coppet] par le désir de finir la traduction [qu'il a] entreprise et [qu'il] voudrai[t] rapporter en France toute faite» 4 ; et, le 5 décembre, à la veille de son retour à Hérivaux, il lui communique ceci : «J'ai achevé ma traduction et je vais y mettre la dernière main à la campagne où je passerai sans interruption trois mois pendant que tout le monde se remuera pour les élections» 5 . Cette dernière allusion témoigne de l'intention persistante, chez Constant, de se tenir hors de la mêlée électorale et de se consacrer à
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W. Godwin, Enquiry (1793), dans OCBC, t. 11,1, p. 766. Voir E. Hofmann, «Lettres à Louis-Ferdinand et à Thérèse Huber (1798-1806)», pp. 93-94. Dans la même lettre, il est affirmé que la traduction et le commentaire y relatif ont été vendus à une librairie pour six mille francs, et il est demandé à Huber de s'informer, avec la plus grande discrétion, sur la possibilité que le livre ait déjà été traduit en allemand. On trouvera la lettre dans Charrière, Œuvres, t. v, pp. 503-504. Constant avait rendu visite à son amie entre le 20 et le 21 novembre (voir Chronologie, p. 317), et il est vraisemblable qu'il lui avait parlé de l'œuvre de Godwin en des termes peu enthousiastes, même en considération des opinions politiques de Madame de Charrière. Voir Melegari (1928), pp. 328-329. La lettre, non datée mais datable du 17 pluviôse an vil (5 février 1799), se trouve à la BCU, Co 3325 ; on peut la lire dans Melegari (1928), p. 331.
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l'étude 1 : même si, peu après, il briguera à nouveau, sans succès, un poste de député à Genève d'abord, une nomination en tant que Commissaire auprès de l'Administration centrale du Léman ensuite. Commence alors, sous le signe du énième échec politique, la série des annonces de la publication de l'œuvre. En mars 1799 déjà, remerciant son oncle Samuel de Constant pour l'envoi de ses Instructions de morale, Constant lui écrit : «Je vous offrirai bientôt un échange qui sera tout à mon avantage. Car au lieu d'un ouvrage original, je ne vous donnerai qu'une pauvre traduction, en deux gros volumes, que personne vraisemblablement n'aura la patience de lire» 2 . En mai, dans une lettre au même destinataire, Benjamin Constant affirme encore incidemment être sur le point de publier la traduction3 ; et, peut-être à la même époque, est insérée dans les colonnes du Journal général de la littérature de France une annonce ainsi formulée : «Il paraît sous peu une Traduction de la Justice politique de Godwin, accompagnée d'un commentaire et des notes par B. Constant. Le Traducteur a rectifié dans ses observations les idées exagérées ou bizarres qui déparent l'original anglais. Cet ouvrage en 2 vol. in-8° de 5 à 600 pages paraîtra chez Buisson» 4 . En juillet sortira par contre chez le même éditeur Des suites de la contrerévolution de 1660 en Angleterre, dont une note annonce : «On trouvera dans le commentaire joint à la traduction de l'ouvrage de Godwin, qui va paraître incessamment, un examen approfondi de tous les principes d'une constitution républicaine. J'ai tâché d'y établir le système qui me paraît seul propre à consolider la liberté, et à l'entourer des moyens d'application qui lui manquent parmi nous» 5 . Il est à noter que Constant semble ici insister plus sur le commentaire que sur la traduction de Godwin ; et il est probable que, au cours de cette phase, le commentaire - présenté en des termes qui font songer à quelque ébauche des futurs Fragments sur la constitution républicaine6 - ait fini par assumer une importance supérieure à celle de la traduction elle-même.
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Comme l'écrit la cousine Rosalie à Ninette de Constant le même 5 février, Benjamin «ne sera pour rien dans les élections» (BPU, Ms Constant 18/2, transcription de Simone Balayé). Lettre datée de Paris, 24 ventôse an vu (14 mars 1799) ; BPU, Ms Constant 34, F 58. Lettre datée de Paris, prairial an vu (31 mai 1799) ; BPU, Ms Constant 34. Voir Journal général de la littérature en France, pp. 119-120. Le mois sous lequel est classée l'annonce est germinal. Des suites de la contre-révolution de 1660 en Angleterre, pp. 86-87, n. 1, et OCBC, 1.1. Voir Kloocke, Biographie, pp. 87-88.
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A la fin de l'été 1799 encore, dans une autre lettre à son oncle Samuel, Constant affirme être «fort occupé de l'impression de l'ouvrage politique annoncé depuis si longtemps» ; il y fait aussi allusion à des «circonstances actuelles qui influent le commerce de la librairie [et qui] rendent le matériel de cette publication plus lent et plus difficile [qu'il] ne pouvai[t s]'y attendre». La lettre se poursuit en traitant du seul commentaire, d'une manière qui semble confirmer la valeur prépondérante qui lui est attribuée à ce moment-là : «J'ai cherché dans cet ouvrage à porter dans les questions politiques toute l'impartialité possible [...] si cette revue de toutes les opinions soi-disant populaires n'a fait que me confirmer dans mon inclination pour le gouvernement républicain, elle m'a confirmé dans mon aversion contre la plupart des mesures que l'on prend, sous le prétexte de consolider la République» 1 . En janvier 1800, répondant à l'oncle Samuel qui attendait l'œuvre longuement annoncée, Constant déclare : «J'y travaille encore, parce que l'auteur a publié une édition nouvelle qui m'oblige à plusieurs changements. J'y emploie à peu près deux heures par jour, et j'espère que la publication ne tardera pas» 2 . Mais deux grands faits nouveaux avaient entre-temps marqué la vie politique française et l'existence même de l'auteur : le coup d'Etat de brumaire et la nomination consécutive de Constant au Tribunat. Ses nouvelles fonctions publiques, bien que de plus en plus pressantes, ne le sont pas au point d'empêcher Constant de travailler à sa traduction, ainsi qu'en témoigne précisément la lettre à son oncle Samuel : et pourtant - sauf peutêtre une allusion en octobre de la même année 3 - , la correspondance ne parlera plus désormais que du «grand traité de politique», d'où seront extraits les Fragments et les premiers Principes de politique4. Mais, pour comprendre jusqu'où les événements de brumaire et la nomination de Constant au Tribunat ont compté dans sa décision d'abandonner la traduction, il faut considérer le contexte spécifiquement politique de l'œuvre.
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Lettre datée de Hérivaux, 17 fructidor an VII (3 septembre 1799) ; BPU, Ms Constant 34, fP 61-62, et également dans Menos, pp. 160-161. Lettre datée de Paris, 30 nivôse an vm (20 janvier 1800) ; BPU, Ms Constant 34, ff" 63-64, et également dans Menos, pp. 161-163. Voir l'allusion à «deux gros volumes» à publier contenue dans une lettre à la cousine Rosalie datée du 17 vendémiaire an IX (19 octobre 1800) et se trouvant dans Corr. Rosalie, p. 25 ; il n'y a là cependant aucune preuve que ces volumes correspondent à la traduction. Voir encore Hofmann, Genèse, p. 178. Des trois éditions dont l'œuvre de Godwin avait fait l'objet en Angleterre (respectivement de 1793, 1796 et 1798), Constant utilisera seulement la première (comme texte de base) et la seconde (pour les préfaces) : il est donc probable que le terme d'«édition nouvelle» se réfère en réalité à la seconde édition.
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2. Le contexte politique L'histoire de la traduction de Godwin coïncide en grande partie, on l'a vu, avec la période politique que les historiens appellent le Second Directoire et qui va de fructidor a n v (4 septembre 1797) à brumaire a n v m (10 novembre 1799). S'ouvrant sur un coup d'Etat philo-républicain, ou mieux, pro-gouvernemental, destiné à balayer l'opposition de droite, cette période est marquée au sceau d'un événement que l'on ne mentionne pas souvent lorsqu'on traite de la traduction de Godwin, mais qui a dû avoir une certaine influence sur celle-ci : la renaissance d'une opposition de gauche - jacobine, ou plutôt néo-jacobine1 - à même non seulement de conditionner le Directoire, mais encore de dévoiler sa véritable nature de régime révolutionnaire, à peine cachée sous des formes constitutionnelles. Après fructidor, en effet, la lutte politique ne se déroule plus entre une gauche républicaine et une droite (crypto)monarchiste ; celle-ci ayant été mise hors-jeu, la nouvelle ligne de séparation entre la droite et la gauche passe désormais à l'intérieur du camp républicain, entre les partisans du Directoire «fructidorisé» et l'opposition néo-jacobine. Puissants à l'intérieur de l'armée et en mesure d'utiliser, tout particulièrement en province, le réseau des Cercles constitutionnels, les néo-jacobins, même s'ils ne sont déjà plus en état de mobiliser les foules, acquièrent un poids politique croissant, et conditionnent le gouvernement au point de le pousser, en été 1799, à adopter des mesures de salut public rappelant la Terreur. De fait, ce sont précisément les néo-jacobins qui seront les cibles et les victimes du coup d'Etat de brumaire suivant : celui-ci mettra un point final à la période en question et, par la même occasion, à l'existence de la république directoriale. Or, vis-à-vis du retour des jacobins, l'attitude de Constant est un peu plus nuancée qu'on ne le pense habituellement. Dans les écrits constantiens persiste certes, tout au long de ces mois, une hostilité de principe à l'idéologie et à la pratique politique néo-jacobine ; cependant, la façon qu'a l'auteur de se référer aux néo-jacobins diffère sensiblement avant et après les élections de germinal an vi (avril 1798). Avant cette date, de même que dans les écrits du premier Directoire, Constant manifeste souvent un anti-jacobinisme sans réserve : anti-jacobinisme qui, s'il n'a presque pas l'occasion de se manifester dans le Discours pour la plantation de l'arbre de la liberté prononcé le lendemain de fructidor, frôle l'insulte et la provocation dans le Discours du 9 ventôse an 6 (27 février 1798)2. 1 2
Au sujet du néo-jacobinisme, voir Soboul, Suratteau et Gendron, p. 587. Discours prononcé au Cercle constitutionnel le 9 ventôse an 6, OCBC, 1.1.
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Dans le pamphlet A ses collègues de l'assemblée électorale du Département de Seine-et-Oise, diffusé le 10 avril 1798 pour soutenir sa propre candidature au poste de député lors des élections de l'an vi, Constant se présentera encore comme également hostile aux jacobins et aux monarchistes, allant jusqu'à attribuer aux premiers l'intention d'égorger les propriétaires 1 . Même l'insuccès de sa candidature - en comparaison du succès rencontré par de nombreuses candidatures jacobines - montre du reste combien une telle stratégie est devenue nuisible. Attaquer de front les jacobins, après fructidor, ne permet plus de gagner les voix des monarchistes, qui tendent à déserter les élections, et peut susciter en plus les antipathies de nombre de républicains. Après l'échec de la candidature de l'an VI, dû également au manque de soutien ou à l'hostilité ouverte de certains membres du Directoire, comme Barras et Rewbell, qui sont en bons termes avec les néo-jacobins, l'attitude publique de Constant vis-à-vis de ces derniers semble changer sensiblement. Au cours de cette période où Sieyès lui-même - l'homme politique qui constituera son principal point de référence dans les années qui suivront, et qui est alors ambassadeur à Berlin - juge convenable de ne pas se mettre à dos les jacobins afin de préparer sa propre rentrée politique, Constant cesse à son tour ses attaques. Ce n'est certainement pas par un hasard si, après l'échec de sa candidature aux élections de l'an vu et l'entrée de Sieyès au Directoire grâce au vote déterminant des jacobins, Constant publie une œuvre - Des suites de la contre-révolution de 1660 en Angleterre dont le but déclaré est d'attirer l'attention sur le danger monarchiste, contrebalançant de la gauche la dénonciation du péril jacobin formulée par Boulay de la Meurthe, lui aussi proche de Sieyès 2 . Tout cela, naturellement, ne saurait accréditer l'hypothèse que Constant se rapproche des positions (néo)jacobines : au-delà des fluctuations tactiques, son objectif stratégique - comme le montrent les critiques de la constitution de l'an ni et du Directoire contenues dans l'œuvre que nous venons de citer - était précisément une réforme constitutionnelle qui délivrerait le gouvernement républicain de la lourde tutelle des jacobins. Mais la modération inhabituelle manifestée à l'endroit du néo-jacobinisme au cours de cette période - qui est encore la même période pendant laquelle est mise en
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A ses collègues de l'assemblée électorale du Département de Seine-et-Oise, OCBC, 1.1 : «La République a deux espèces d'ennemis. Les uns, conspirant contre la propriété, veulent égorger les propriétaires ; les autres, regrettant la monarchie, veulent proscrire les républicains». Des suites de la contre-révolution, OCBC, 1.1, ainsi que l'Introduction au texte, ibid.
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chantier, et en grande partie réalisée, la traduction de Godwin - doit nous amener à nuancer un jugement critique qui fait autorité, selon lequel «la traduction et son commentaire étaient [...] prévus comme une machine de guerre contre les jacobins» 1 . Il n'est pas improbable, par contre, que le choix même de Godwin comme auteur à traduire ait été une sorte de signal de non-belligérance adressé aux jacobins, conformément à l'attitude assumée à leur égard après l'échec de la candidature de l'an vi. On peut émettre l'hypothèse, en d'autres termes, que le choix même de traduire un auteur connu pour ses tendances anarchiques et anti-propriétaires s'insérait dans une opération de maquillage de l'image politique constantienne, image qui, après fructidor et, surtout, après les élections des ans vi et vu pouvait donner l'impression d'une dérive vers la droite. Ce n'est certes pas par hasard, encore une fois, que Constant emploie à plusieurs reprises, au sujet des opinions politiques de Godwin, l'adjectif «exagéré», le même qu'il avait employé pour qualifier les positions néo-jacobines 2 : toujours est-il que, bien que prenant ses distances par rapport à de telles idées, Constant paraît maintenant les considérer dignes d'une réplique doctrinale. Une chose est sûre : une fois que l'on a admis ce changement d'attitude face aux jacobins, on s'explique plus aisément - ou moins difficilement pourquoi Constant a pu songer à associer son nom à celui de Godwin. Constant lui-même, du reste, ne justifie pas de façon très différente sa décision d'entreprendre la traduction dans un passage de l'inédit «De Godwin, de ses principes et de son ouvrage sur la justice politique», article remontant à la période napoléonienne et constituant la première version de celui sur Godwin publié par la suite, sous la Restauration. Bien qu'il s'agisse d'un morceau très connu, et même, souvent invoqué par les spécialistes comme pièce à l'appui pour prouver le caractère anti-jacobin de l'opération, il convient de le citer en entier pour en saisir toutes les implications. Constant écrit donc, dans une période à cheval entre le Consulat et l'Empire : «A une époque où l'état de la France était très différent de celui dans lequel elle se trouve aujourd'hui, j'avais entrepris la traduction de cet ou-
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Hofmann, Genèse, p. 173. Le même auteur, tout de suite après (idem, p. 174), se demande par ailleurs si Godwin n'«aurait pu servir, au lieu de gêner, la propagande des républicains extrémistes». L'adjectif est employé à propos de Godwin tant dans l'annonce du Journal général de la littérature mentionnée ci-dessus que dans l'inédit Godwin (1810), que l'on peut lire en annexe à OCBC, t. il,2, p. 1418. Pour un usage du même adjectif servant en revanche à se référer aux jacobins, voir l'allusion aux «hommes qui de nouveau se disent exagérés» dans le Discours prononcé au Cercle constitutionnel le 9 ventôse an 6, OCBC, 1.1.
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vrage. En me livrant à ce travail, j'avais un but que je croyais utile. Dans un moment où des hommes, dont il serait déplacé maintenant de censurer les intentions, puisqu'ils ne sont plus dans la puissance, mais dont assurément les mesures n'étaient pas bien réfléchies, jetaient de la défaveur sur les principes de la liberté, en exerçant au nom de ces principes beaucoup de vexations tyranniques, je voulais prouver que ce n'était pas à la liberté même qu'il fallait reprocher cette tyrannie, mais à ses prétendus sectateurs. J'avais en conséquence choisi un écrivain assez exagéré dans ses opinions, mais ennemi néanmoins de tout système de violence et de toute mesure persécutrice. Sa désapprobation sur ce point me paraissait acquérir plus de poids par l'exagération même dont il se rendait coupable à d'autres égards. Ceux dont l'administration se serait trouvée indirectement critiquée dans son ouvrage, n'auraient pu repousser ses attaques, comme partant d'un homme attaché à des préjugés anciens, ou indifférent à l'affranchissement de l'espèce humaine : et les réclamations de Godwin, en faveur de l'humanité et de la justice contre l'arbitraire et les proscriptions, auraient eu d'autant plus de force que, ses intentions n'étant pas méconnaissables, l'on n'aurait pu révoquer en doute son amour ardent, quelquefois inconsidéré, pour la liberté» 1 . Constant avait donc voulu se servir d'un auteur tel que Godwin, «assez exagéré» et, en tout cas, impossible à prendre pour un (crypto)monarchiste, afin de critiquer les mesures prises par les républicains de l'époque. Mais quelles sont ces mesures, et qui sont ces républicains que, dans le texte inédit, Constant ne nomme pas ? L'on songerait spontanément aux mesures de salut publique prises par les Conseils à majorité jacobine en été 1799 : par exemple, aux lois de messidor sur l'emprunt forcé et sur les otages, que Constant jugera en effet exécrables, bien que toujours préférables à une restauration monarchique 2 . Toutefois, si l'on pense que la traduction avait été commencée presque une année auparavant, il apparaît évident que Constant avait à l'esprit des mesures différentes, du moins à l'origine : par exemple, l'ostracisme des nobles proposé par Boulay de la Meurthe à l'automne 1797, auquel ferait d'ailleurs songer l'emploi du terme «proscriptions» 3 . De telles propositions recherchaient certainement, et pouvaient en 1 2
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Godwin (1810), OCBC, 1.11,2, pp. 1418-1419. Voir la lettre à son oncle Samuel du 9 vendémiaire an VII (30 septembre 1799), Menos, p. 157, dans laquelle les suites d'une éventuelle contre-révolution sont considérées «plus horribles que la loi des otages et l'emprunt forcé». Voir également la lettre au même destinataire datée du 3 septembre et citée ci-dessus, pp. 160-161. Constant avait déjà critiqué cette proposition comme étant une «doctrine délirante de tyrannie régularisée, d'arbitraire légal», dans un passage du Discours prononcé au Cercle constitutionnel le 9 ventôse an VI, OCBC, 1.1.
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tout état de cause avoir obtenu, le soutien des jacobins : mais, encore une fois, il est évident que, au début en tout cas, ceux-ci ne pouvaient être la cible principale, et encore moins la cible unique, de l'opération. Le passage en question semble donc confirmer lui aussi que Constant avait projeté la traduction de Godwin pour critiquer le Directoire, et pour le critiquer de la gauche, bien qu'il ne veuille pas être confondu avec les néo-jacobins. Or, si telle était bien sa position dans le contexte directorial, on comprend pourquoi brumaire, en transformant radicalement le climat politique, a rendu impubliable la traduction, du moins sous sa forme première. Parue au crépuscule du Directoire, elle aurait passé pour l'œuvre d'un républicain de gauche, quoique non jacobin ; publiée dans la France du Consulat, elle aurait en revanche pu valoir à Constant, déjà suspect par son opposition au Premier Consul, la réputation d'être un nostalgique du camp jacobin. Il convient de lire à ce propos le passage de l'essai sur Godwin qui suit immédiatement celui que l'on vient de commenter : si l'un laissait deviner pourquoi Constant avait entrepris la traduction, l'autre permet d'imaginer pourquoi il l'a abandonnée. «Les temps ont changé - peut-on y lire - la disposition des esprits n'est plus la même. Ce que l'on remarquerait aujourd'hui dans la Justice politique, ce ne seraient point des considérations dirigées contre des excès qu'on ne commet plus au nom de la liberté des peuples. Ce seraient les inconséquences de l'auteur anglais [...], les attaques contre la propriété, et un certain nombre d'opinions antisociales [...]». Ces considérations, cela soit dit en passant, seront encore les mêmes sous la Restauration, où on les retrouve dans une note de l'essai sur Godwin 1 . Comme on le voit, une reconstitution même schématique du contexte politique où Constant décide d'entreprendre la traduction, et où celle-ci aurait dû paraître, éclaircit bon nombre des mystères qui nimbent cette œuvre, jetant quelque lumière sur les raisons qui ont déterminé le choix de l'auteur anglais comme sur celles qui ont provoqué l'abandon de la tâche. Cela ne suffit pas cependant à lever tous les doutes : après tout, on aura l'occasion de le voir, Constant nourrira quelque temps encore le projet de publier l'œuvre même après brumaire, alors que le climat politique a déjà changé. Plus généralement, si la traduction de Godwin devait également répondre à des objectifs de tactique politique, elle ne pouvait certes pas obéir à eux seuls 2 . Il y a vraisemblablement d'autres raisons à la décision de poursuivre ce travail, aussi bien que de l'abandonner : ces dernières ne doivent plus être cherchées dans le contexte, mais bien dans le texte luimême. 1 2
Voir encore Godwin (1810), (1817), OCBC, t. il,2, pp. 1419 et 1427. C'est également l'opinion de Hofmann, Genèse, p. 174 in fine.
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3. Le texte Telle qu'elle a été restituée par Laura Saggiorato, l'évolution de l'œuvre fournit des éléments qui permettent de saisir, sinon les motifs qui ont poussé Constant à entreprendre la traduction, du moins ceux qui l'ont amené à ne pas la publier. Selon cette reconstitution1, la rédaction est passée par au moins sept phases distinctes, les plus importantes d'entre elles étant la première et la deuxième, qui ont donné lieu à la version dite de Lausanne, et la septième, qui a donné lieu à celle dite de Paris : les phases intermédiaires ne concernent qu'une partie bien délimitée de l'œuvre. On cherchera donc ici à suivre schématiquement l'évolution du texte sur la base de cette reconstitution, en tentant cependant d'en relier les diverses phases aux événements du contexte biographique et politique. La première phase du travail - probablement déjà achevée en 1798, durant le séjour en Suisse avec Madame de Staël - est la seule qui puisse être qualifiée de traduction au sens strict du terme : la seule, en fait, où Constant se borne à traduire en français le texte de YEnquiry, en respectant la structure que l'auteur anglais lui avait donnée. Du reste, après avoir traduit intégralement les trois premiers livres ainsi qu'une bonne partie du quatrième, jusqu'à l'appendice il du chapitre IV intitulé «Of the mode of excluding visitors», Constant s'arrête pour se consacrer au remaniement des parties déjà traduites, entamant ainsi ce qui sera la seconde phase du travail. A la question de savoir ce qui a bien pu l'interrompre à ce point précis de la traduction intégrale, l'on peut répondre en avançant qu'il s'est peut-être refusé à traduire les chapitres restants du quatrième livre, ceux-ci renfermant une métaphysique - une gnoséologie, dirions-nous - empiriste, qu'il considère comme «fausse et commune» 2 . De façon plus générale, on peut tout aussi bien comprendre les raisons qui ont déterminé Constant à renoncer à la traduction intégrale, renoncement devenu définitif à ce point-ci du travail. Vingt ans plus tard encore, dans l'essai sur Godwin publié sous la Restauration, Constant critiquera tant la structure originale de l'Enquiry, qui comporterait des répétitions et des confusions, que l'espace réservé au sein de celle-ci aux divers arguments, espace insuffisant ou au contraire excessif selon les cas 3 . Il est très probable, d'ailleurs, que l'insatisfaction engendrée par la structure de l'œuvre godwinienne ait été ressentie très tôt au cours du travail : peut-être déjà au
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Une reconstitution partiellement différente se trouve chez Hofmann, Catalogue, pp. 34-37. Voir encore Godwin (1810), OCBC, t. Il,2, p. 1415. Dans le même sens, voir L. Saggiorato, OCBC, t. n,2, p. 915. Voir encore Godwin (1817), OCBC, 1.11,2, en particulier pp. 1421-1425.
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temps de la lettre de Madame de Charrière à Huber citée plus haut, ou bien encore en 1798. En tout cas, dans la seconde phase du travail, qui semble déjà achevée en février 1799, lorsque Constant fait savoir à son oncle Samuel qu'il a terminé la traduction, les quatre livres déjà traduits ont été remaniés et les quatre livres restants traduits de façon beaucoup plus libre. Tandis que certaines parties - en particulier le livre vin tout entier, consacré à la propriété n'étaient peut-être jamais entrées dans les projets de traduction de Constant, certaines ont été déplacées, d'autres encore réécrites ex novo, bien que sur la base de matériaux godwiniens. En d'autres termes, à partir de la seconde phase, Constant semble appliquer au texte de Godwin ces mêmes procédés de réélaboration qu'il appliquait normalement dans ses propres écrits 1 . Les troisième, quatrième, cinquième et sixième phases du travail - qui peuvent être considérées globalement, dans la mesure où elles ne concernent que les trois premiers chapitres du premier livre - semblent marquées par la découverte d'une seconde édition de l'œuvre (en réalité, Godwin en avait déjà publié une troisième entre-temps) qui contraint Constant à d'autres remaniements. Nous avons vu plus haut que la correspondance mentionne cette seconde édition le 20 janvier 1800 seulement : à supposer que Constant soit entré en possession de cette édition quelque temps auparavant, cela confirmerait l'hypothèse selon laquelle, après brumaire, il entendait encore publier la traduction, même au risque de se défaire d'un commentaire désormais dépassé depuis la fin de la constitution de l'an III. La seconde édition de YEnquiry présente en effet beaucoup de changements par rapport à la première, imprimée au fur et à mesure que l'auteur en rédigeait les diverses parties et contenant de ce fait un grand nombre de contradictions internes ; d'ailleurs, dans sa Préface à la seconde édition, Godwin déclare avoir pratiquement réécrit les quatre premiers livres ainsi que le dernier 2 . Constant aurait pu ignorer les changements apportés au huitième livre, qu'il n'avait jamais pris en considération, mais aurait dû quoi qu'il en soit revenir sur les quatre premiers livres ; il se borne, de fait, à remanier plusieurs fois les premiers chapitres du premier livre, finissant par traduire aussi bien la Préface à la seconde édition que celle à la première (qu'il a néanmoins traduite à partir de la version modifiée par Godwin en 1796).
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Selon les procédés de composition reconstitués - pour toute l'œuvre politique de Constant par Hofmann, Genèse, pp. 247-260. «At last, out of eight books of which the work consists, the four first and the last may, without impropriety, be said to be rewritten», Enquiry (1796), OCBC, t. n,l, p. 826.
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La septième phase est celle qui comporte les plus importantes modifications, et celle où apparaît le titre De la justice politique par W. Godwin. Traduction très abrégée, qui remplace les précédents Recherches sur la justice politique et Dissertation sur la justice politique, titres figurant sur le manuscrit de Lausanne. Cette phase pourrait avoir suivi immédiatement les précédentes, et donc être placée déjà en 1800, comme le donneraient à penser, d'une part, le silence de la correspondance et des Journaux intimes après la dernière allusion en octobre de la même année, et, d'autre part, Yincipit de l'essai sur Godwin écrit entre le Consulat et l'Empire, qui parle déjà de «traduction depuis longtemps achevée»1. Au cours de cette septième phase, telle que nous la restitue la copie de Paris, Constant semble désormais à ce point distant du texte original qu'il prend toute liberté à son endroit : il change le titre du livre premier, réduit inexorablement le livre second, intitule de façon différente le quatrième et le transforme en livre septième, modifiant ainsi également la numérotation des suivants, constitue enfin avec des morceaux empruntés aux précédents un livre huitième entièrement nouveau, intitulé «Essais détachés». Pour donner une plus juste idée de la portée des changements intervenus, il suffit de signaler que le fameux exemple de la chambrière de Fénelon, qui occupait deux pages de 1'Enquiry et avait été intégralement traduit dans la première phase, disparaît dans la septième : il est remplacé par le principe, retracé en quelques lignes alors que, à l'origine, il était amplement illustré 2 . En résumé, après avoir commencé par entreprendre une traduction intégrale, Constant s'est rapidement trouvé confronté à une œuvre dont la forme originale devait lui apparaître impubliable. En plus de tous les problèmes extrinsèques sur lesquels nous avons mis l'accent au cours de la section précédente, le texte lui pose encore des problèmes intrinsèques, tant de structure que de contenu. Constant décide alors d'abandonner la traduction intégrale, estimant peut-être que, s'il arrivait à résoudre les problèmes de structure, il viendrait également à bout de ceux qui sont relatifs au contenu : par exemple, en restructurant le livre quatrième et en supprimant le huitième, il éviterait les opinions godwiniennes les plus embarrassantes 1
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Voir Godwin (1810), OCBC, 1.11,2, pp. 1415. Il reste cependant la possibilité théorique que le dernier remaniement soit intervenu à un moment quelconque entre 1800 et 1810, année au cours de laquelle Constant fait recopier la traduction dans le cadre des Œuvres manuscrites de 1810. Voir Enquiry (1793), OCBC, 1.11,1, pp. 415-417, et Justice politique, OCBC, 1.11,1, p. 108, lignes 15-21. La chose semble encore plus significative si l'on pense que, comme l'a fait observer D.H. Monro (Godwin's Moral Philosophy, p. 9), il s'agit de l'unique passage de Godwin qui puisse être considéré comme célèbre même aux yeux de qui ne sait rien de l'auteur.
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sur le plan philosophique (la gnoséologie empiriste) et politique (la critique de la propriété). Voilà donc que se pose le problème suivant : dès que le traducteur s'éloigne du texte original, ce qu'il fait dans les deux premières phases déjà, il commence à se rendre compte qu'il est en train de changer de rôle, de devenir en quelque sorte le co-auteur de l'œuvre, ce qui le contraint à assumer quelques-unes des responsabilités revenant à l'auteur. C'est ainsi que Constant s'acharne à découvrir la meilleure structure du texte, tout comme si ce dernier était de lui, sans pour autant pouvoir «substituer [s]on ouvrage à celui de l'auteur» 1 , comme il sera très souvent tenté de le faire. Il dispose, depuis le début, de divers instruments lui permettant de prendre ses distances par rapport aux opinions de Godwin, parmi lesquels le commentaire et les notes du traducteur, véritable contrepoint critique au texte 2 : brumaire le prive cependant du premier. Lorsque, à cause du coup d'Etat, son commentaire consacré en grande partie à la critique de la constitution de l'an m est désormais dépassé, Constant ne se résigne probablement pas tout de suite à abandonner une œuvre qui lui a coûté plus d'une année de travail : il n'est pas impossible que le dernier et le plus radical des remaniements (celui qui intervient dans la septième phase) constitue précisément son ultime tentative pour sauver un texte qu'il perçoit de plus en plus impubliable dans la France du Consulat. D'autre part, la version à laquelle il aboutit - celle de Paris publiée par Pollin - , sans être beaucoup moins embarrassante que les précédentes, le fait apparaître d'une façon beaucoup plus marquante dans le rôle de l'auteur, et entretient par là cette confusion qui aurait pu être fort nuisible à son image publique. Il ne restait à ce point qu'une seule solution pour sortir de l'impasse : ne pas publier l'œuvre. Ce n'est peut-être que dans le contexte du débat politique du second Directoire, où même des positions extrémistes avaient droit de cité, que Constant aurait pu publier la traduction de YEnquiry : sous le Consulat et sous l'Empire, pour ne pas parler de la Restauration - au cours de laquelle il publiera d'autres textes tirés des Œuvres manuscrites de 1810 - , celle-ci aurait de quelque manière fini par lui causer du tort. De fait, quand il sentira le besoin de justifier son abandon de la traduction, Constant en appellera surtout à l'accueil qu'auraient reçu en France les attaques contre le gouvernement et la propriété contenues dans sa traduction3 : même s'il est évident 1 2 3
Voir Justice politique, OCBC, t. II, 1, p. 104, note (du traducteur). Sur ce point, voir encore L. Saggiorato, OCBC, t. il,2, pp. 921-924. «Lorsqu'un auteur sans discernement enveloppe dans ses proscriptions confuses, et les abus des institutions politiques, et les droits sacrés de la propriété, n'entendez-vous pas mille voix intéressées qui s'empressent de consacrer cette réunion contre nature, heureuses d'avoir à défendre ce qui est nuisible et ce qui est nécessaire [...] !», Godwin (1810), OCBC, t. ll,2, p. 1415 ; voir également Godwin (1817), OCBC, t. ii,2, p. 1427.
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qu'il pouvait d'autant plus craindre un tel accueil, que le lecteur ordinaire ne pouvait plus distinguer nettement l'auteur du traducteur. Preuve de la confusion croissante entre les rôles joués conjointement par Constant, l'évolution du texte contribue donc à expliquer pourquoi ce dernier a renoncé à publier une traduction qui - n'en étant plus véritablement une au sens propre du terme - aurait pu jeter plus d'un soupçon sur ses positions politiques effectives. Si les convictions de Constant étaient, depuis le début, à ce point éloignées de celles de Godwin, l'on pourrait par ailleurs se demander quel élément a bien pu pousser néanmoins le jeune publiciste, d'abord à entreprendre cette traduction, puis à essayer de la publier. Nous avons déjà vu, dans la section précédente, quelles étaient les raisons praticopolitiques de ce choix. Il s'agit maintenant de considérer encore quelles en furent les raisons philosophico-politiques, en les cherchant, cette fois-ci, dans le contenu même de l'œuvre.
4. Le fond Après avoir abandonné la traduction de l'Enquiry, Constant est revenu au moins trois fois à Godwin : dans les deux essais intitulés «De Godwin, de ses principes et de son ouvrage sur la justice politique» et «Fragments d'un essai sur la perfectibilité», faisant eux aussi partie des «Œuvres manuscrites de 1810», ainsi que dans l'article «De Godwin, et de son ouvrage sur la justice politique», publié sous la Restauration, d'abord dans le Mercure de France puis dans les Mélanges de littérature et de politique, dont il constitue le neuvième chapitre. Or, dans tous ces écrits - et probablement pour les mêmes raisons qui ont présidé à l'abandon de la traduction - , Constant insiste plus sur ce qui le sépare de Godwin que sur ce qui l'en rapproche, ne contribuant ainsi nullement à répondre à nos questions. Mais par ailleurs, si on lit les critiques constantiennes en filigrane, en remontant au-delà du point où les opinions des deux auteurs divergent, il est tout à fait possible de mettre en évidence des idées qui leur sont communes ; dès lors, toujours à partir de Y Enquiry, il n'est pas trop difficile de reconstruire les motifs philosophico-politiques qui doivent avoir attiré l'attention de Constant. Ce n'est pas ici que nous allons approfondir de tels motifs en développant des interprétations personnelles de Godwin, de Constant ou de tous les deux ; mais pour éclairer nos doutes, ou même seulement pour situer comme il se doit l'œuvre en question au sein de la production
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constantienne, il suffira de beaucoup moins : à savoir de rappeler, à propos des positions respectives des deux auteurs, quelques notions très générales, largement connues et partagées par tous les spécialistes. Ce qui rapproche avant tout Constant de Godwin, c'est probablement cette vision individualiste du social - cette conception de la société comme simple somme des individus qui la composent - qui avait déjà une longue histoire des deux côtés de la Manche. Cette conception - selon laquelle, comme on le lit aussi dans la traduction, «la société n'est autre chose qu'une agrégation d'individus» 1 - a pour corollaire la distinction entre société civile et Etat qui sera thématisée au xix e siècle par Hegel, mais qui avait fait son chemin dans la littérature politique des grandes révolutions occidentales, de la révolution anglaise de 1688 à celles américaine et française de la fin du XVIII e siècle2. Godwin, en effet, déclare qu'il est «indispensable [...] de distinguer soigneusement la société du gouvernement» 3 ; et il renvoie tout de suite après, ce qui est révélateur, à Thomas Paine, le révolutionnaire anglo-américain, ancien député à la Convention qui, au début de son Common Sense (1776), écrit : «Society and government are different in themselves, and have different origins. Society is produced by our wants, and government by our wickedness. Society is in every state a blessing ; government even in its best state but a necessary evil» 4 . Le même passage, soit dit en passant, sera rappelé dans les premiers Principes de politique constantiens ; et par la suite également Constant utilisera, mais sans citer l'auteur, le célèbre exemple de Paine relatif à l'auto-gouvernement des colons américains pendant la guerre d'indépendance 5 .
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Recherches sur la justice politique, OCBC, 1.11,2, pp. 1000 et 992-993 ; Justice politique, OCBC, 1.11,1, p. 108. Voir aussi Enquiry (1793), OCBC, 1.11,1, p. 419 : «Society is nothing more than an agrégation of individuals». Sur l'émergence de cette idée chez Hobbes et Locke, voir au moins P. Manent, Histoire intellectuelle du libéralisme. Dix leçons, pp. 65 et 100-101. Justice politique, OCBC, t. 11,1, p. 101, et Enquiry (1793), OCBC, t. II,1, pp. 413 : «It is [...] necessary [...] carefully to distinguish between society and government». Le passage, cité dans Enquiry (1793), OCBC, 1.11,1, p. 414, et traduit littéralement par B. Constant, Justice politique, OCBC, t. II,1, p. 101, et Recherches sur la justice politique, OCBC, 1.11,2, p. 1396, se trouve chez T. Paine, Common Sense (1776), in Id., Political Writings, p. 3. B. Constant, Principes de politique, pp. 28-29, et Principes de politique applicables à tous les gouvernements représentatifs (1815), dans Cours de politique constitutionnelle, t. I, p. 101. L'exemple américain est manifestement repris de T. Paine, Rights of Man (17911792), p. 158, que le Constant de la Restauration, par ailleurs, se garde bien de citer.
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Le Constant directorial - si ce n'est celui des années suivantes1 - paraît donc accepter, comme Godwin, ces prémisses individualistes et cettedistinction entre société et Etat qui avaient trouvé une énonciation paradigmatique dans l'œuvre de Paine. Constant et Godwin semblent donc partager l'idée, issue de la doctrine du contrat social, de ne voir dans la société qu'un agrégat d'individus antérieur à l'Etat et - au moins partiellement - autonome par rapport à lui. Ils envisagent, l'un aussi bien que l'autre, l'Etat comme un instrument artificiel au service de cette réalité naturelle qu'est la société, sauf à se diviser quant aux usages qui doivent en être faits. Libertaire, Godwin pose en principe que la société des individus pourra un jour se passer de l'Etat ; libéral, Constant pense que l'Etat exercera toujours une fonction de garantie individuelle. Dans l'essai rédigé entre le Consulat et l'Empire, Constant écrira en effet que Godwin «part d'un principe faux. Le gouvernement, dit-il, est un mal nécessaire», alors qu'il «a une sphère qui lui est propre. Elle lui est assignée par la nature. Aussi longtemps que le gouvernement reste dans sa sphère, il ne pèse sur les citoyens que lorsqu'ils se nuisent mutuellement. Il n'est donc pas un mal [...]. Dès que le gouvernement sort de sa sphère, il devient un mal, et un mal incalculable : mais ce n'est point alors comme gouvernement, c'est comme usurpation qu'il est un mal»2. L'on ne peut donc concevoir la disparition de l'Etat : même réduit à ses fonctions minimales - celles qui assurent une protection contre les agressions intérieures et extérieures il continuera à être indispensable à la défense des droits individuels. On entrevoit donc déjà les raisons de l'attirance exercée sur le libéralisme de Constant par les idées libertaires de Godwin : ils procèdent, l'un et l'autre, de présupposés individualistes et antiétatiques, même s'ils parviennent à des conclusions différentes. Mais il y a encore au moins deux autres prémisses communes qui expliquent pourquoi les thèses de l'anarchiste constituaient un véritable défi théorique pour le libéral : la perfectibilité et l'intellectualisme. Constant et Godwin partagent la foi du xviii® siècle en la perfectibilité de l'espèce humaine, en une amélioration de l'homme qui le porterait à s'approcher indéfiniment de la liberté et de l'égalité : thèse qui a d'ordinaire des implications intellectualistes évidentes, car ce sont la croissance et la diffusion des connaissances qui constituent le facteur décisif du perfectionnement. Au sujet de l'idée de progrès illimité, la traduction met en relief que «le trait le plus caractéristique de l'homme, et celui qui doit avoir la plus grande 1
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A propos de ce dernier, cependant, voir M. Winkler, «Benjamin Constant et la métaphore de la poussière», pp. 1-15. Voir Godwin (1810), OCBC, 1.11,2, p. 1416.
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influence sur toutes les branches de la science morale, est sans contredit la perfectibilité»1 ; au sujet de l'intellectualisme, on y retrouve (une version de) la position connue sous les termes d'intellectualisme éthique, selon laquelle l'amélioration morale de l'homme dépend de l'augmentation et de la diffusion des connaissances2. L'intellectualisme éthique, à son tour, renvoie à ce que nous pourrions appeler l'intellectualisme politique, en raison duquel le progrès spécifiquement politique dépend également des mêmes conditions : position évoquée, de façon significative, dans le passage des Circonstances actuelles où Madame de Staël rapproche Godwin et Constant3. Or, tout cela concourt à réduire la distance entre les positions de Godwin et celles de Constant, ainsi qu'à rendre de plus en plus plausible l'idée que ce dernier - comme Madame de Staël, de loin la plus modérée4 - a pu prendre au sérieux la perspective d'un dépassement de l'Etat déterminé par le perfectionnement intellectuel et moral de l'homme. Après tout, on l'a vu, Constant réduisait déjà d'une façon draconienne les fonctions de l'Etat : au nom de quoi se serait-il interdit de faire un pas de plus et d'énoncer ce dépérissement de l'Etat qui, au XIXe siècle, ne sera pas rêvé que par les anarchistes et les communistes, mais également par les saint-simoniens et les industrialistes ?
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Voir W. Godwin, Enquiry (1793), OCBC, t.11,1, p. 397 ; Justice politique, OCBC, t. II,1, p. 78 (où la traduction est abrégée) ; et Recherches sur la justice politique, OCBC, 1.11,2, p. 962 (où la traduction est en revanche intégrale). Voir le chapitre IV du livre I dans Enquiry (1793), OCBC, 1.11,1, pp. 385-391, qui est traduit intégralement dans Recherches sur la justice politique, OCBC, 1.11,2, pp. 941-951, et dans Justice politique, OCBC, t. n,l, pp. 82-89, où il devient en revanche le chapitre v. L'affirmation la plus claire de l'intellectualisme éthique de Godwin se trouve peut-être dans l'appendice I du livre iv, intitulé «Of the connection beetween understanding and virtue», dans Enquiry (1793), OCBC, t. [1,1, pp. 503-508, que Constant, par ailleurs, n'utilise pas complètement : il le traduit d'abord, puis s'en défait, puis choisit de le réutiliser, mais seulement en partie. Voir encore Madame de Staël, Des circonstances actuelles, pp. 281-282 : «Quelques hommes [...] avancent l'époque où la certitude s'emparera de la science politique. Condorcet, Sieyès, Roederer, Godwin dans la génération qui nous précède, dans la nôtre un homme dont chaque année grandira la réputation, Benjamin Constant». Qu'il me soit permis de renvoyer, à ce sujet, à M. Barberis, «Madame de Staël, o dell'intellettualismo politico», repris dans Sette studi sul liberalismo rivoluzionario, en particulier pp. 141-143. Voir encore Madame de Staël, Des circonstances actuelles, p. 177 : «quand l'instruction publique fera de tous les hommes, si cela est possible, des amis sages et éclairés de la liberté, non seulement alors vous pourrez tout élire, mais presque, pour ainsi dire, vous passer de gouvernement» (je dois à l'amitié de Lucia Omacini de m'avoir signalé ce passage).
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Face à cette perspective - qui laisserait les droits individuels sans la protection de l'Etat, à la merci d'une société «perfectionnée» - , Constant se rétracte, on l'a vu, se retranchant derrière l'affirmation quelque peu apodictique que «le gouvernement a une sphère qui lui est propre», bien plus, «qui lui est assignée par la nature»1. Une fois que l'on est parvenu à ce point, d'ailleurs, l'on saisit mieux pourquoi Constant a ressenti le besoin de se confronter à Godwin, et de s'y confronter au point de vouloir en entreprendre la traduction : entre autres choses, il s'agissait pour lui de régler définitivement ses comptes avec une perspective - l'extinction de l'Etat qui n'était pas trop éloignée de ses vues.
5. Conclusion En tirant les conclusions de tous les éléments que nous venons d'examiner, nous sommes peut-être en mesure de proposer une solution à l'énigme exposée au début de ces lignes. S'il est vrai que l'on ne fait jamais rien sans raison - et encore plus que l'on ne fait jamais rien pour une seule raison - , Constant en a eu de nombreuses de traduire Godwin d'abord, d'abandonner cette traduction ensuite. Après l'échec de sa candidature aux élections de l'an vi, qui impliquait la nécessité de prendre un peu de recul vis-à-vis de la politique active et, également, de repenser sa propre image publique, il a songé à se confronter à une œuvre aussi radicale que YEnquiry de Godwin : au niveau de la pratique politique, une telle publication aurait montré qu'il était prêt à se mesurer aux positions les plus extrêmes, tandis que, au niveau de la philosophie politique, elle lui aurait permis de s'éloigner des issues les plus radicales du discours révolutionnaire. Mais en mettant en route ce projet, Constant s'est achoppé à un texte qui, sous sa forme originelle, s'est révélé impubliable, tant par ses défauts de structure que par son contenu. On ne peut certes pas dire qu'il n'ait pas essayé de corriger ces défauts : notamment, pour rendre les thèses de Godwin susceptibles d'être mieux acceptées par les lecteurs présumés, il les a raccourcies, remaniées et réécrites, tout en se servant du commentaire et des notes du traducteur comme d'autant de moyens pour s'en détourner. Cependant, plus le traducteur multipliait ses interventions sur le texte, plus il finissait par devenir le co-auteur d'une œuvre dont le contenu ne cessait pas pour autant de l'embarrasser. Le coup d'Etat de brumaire, enfin, a produit un tel changement de climat politique qu'il devenait impossible d'envisager la publication d'une œuvre 1
Voir encore Godwin (1810), OCBC, t. Il,2, p. 1416.
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où le lecteur du Consulat et de l'Empire aurait surtout perçu les attaques contre le gouvernement et la propriété. Constant, en vérité, ne se rend pas tout de suite à l'évidence et, à cause aussi de la découverte de la seconde édition de YEnquiry, il procède à de nouveaux remaniements, qu'il finit par consigner dans le manuscrit de Paris. Toutefois, même cette ultime tentative pour sauver l'œuvre s'avère inutile : non seulement il est contraint d'abandonner la traduction, mais il ne tentera plus jamais de la publier. Cependant, malgré les apparences, l'opération n'a pas été menée en pure perte. La confrontation avec les thèses de Godwin a permis à Constant de régler leur compte à certains lieux communs de la pensée révolutionnaire et de fonder son propre libéralisme sur des bases plus solides. Cette confrontation, en effet, n'a pas eu comme conséquence que des réactions de rejet, telle que l'exclusion de l'hypothèse de l'extinction de l'Etat (et son expulsion définitive de la doctrine libérale), mais elle a également produit des résultats positifs telle que la cristallisation de ces caractères relevant de l'individualisme, de la perfectibilité et de l'intellectualisme, qui resteront depuis les traits distinctifs du libéralisme constantien.
Etablissement du texte Manuscrit : De la justice politique par W. Godwin. Traduction très abrégée 287 f , 573 p. de la main d'Audouin, 265 x 200 mm. Cette copie appartient aux t. m ( f 67-145), iv (f 2-188) et v (f° 2-23) des «Œuvres manuscrites» de 1810. N.a.fr. 14360-14362 Hofmann, Catalogue, 1/42 MB.
De la justice politique par W. Godwin. Traduction très abrégée.
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La première page du manuscrit de Paris de la main d'Audouin. Bibliothèque nationale de France, Paris. N.a.fr. 14360, f 68r°.
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Préface de l'auteur anglais P 68r°
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Préface de l'auteur anglais
Peu d'ouvrages de littérature, de philosophie ou de politique, sont d'une utilité plus générale, que ceux qui traitent d'une manière méthodique et élémentaire des principes de ces diverses sciences. Mais l'esprit humain, dans les siècles éclairés, suit une marche progressive ; et les meilleurs livres élémentaires perdent de leur prix, après un certain espace de tems, par l'effet inévitable des découvertes subséquentes. Delà le désir commun à tous les amis des lumières, de voir paraître, de tems à autre, de nouveaux traités de ce genre, renfermant les améliorations non encor contenues dans les écrits antérieurs. On aurait lieu de s'étonner, si le besoin d'un travail de cette espèce sur la science de la politique ne se fesait pas sentir, après le choc que les esprits ont reçu et les matériaux qui ont été fournis par les expériences récentes de l'Amérique et de la France. Le sentiment de la valeur d'un pareil ouvrage, exécuté avec succès, a été le motif de l'auteur de ces recherches. f 68v° Les écrivains qui forment le projet de surpasser leurs | prédécesseurs, doivent, sous peine de rester honteusement au dessous de la tâche qu'ils s'imposent, non seulement rassembler toutes les connaissances éparses qui ont quelque rapport avec leur sujet, mais enrichir de leurs propres méditations la science qu'ils traitent. Dans l'ouvrage actuel, l'on trouvera plusieurs principes, qu'il ne serait pas juste de rejetter sans examen, uniquement, parcequ'ils sont nouveaux. Il est impossible de réfléchir avec quelque suite sur une science aussi féconde que la politique, sur une science qu'on peut considérer encore comme dans l'enfance, sans être conduit à des résultats plus ou moins extraordinaires.
Etablissement du texte : Manuscrits : BCU, Fonds Constant il, Co 34/7 [L] ; Co 3422bis [L2] ; BN, N.a.fr. 14360 [PI] ; 14361 [P2] ; 16362 [P3] ; (accord de PI, P2 et P3 = P). Imprimés : William Godwin, An Enquiry Concerning Political Justice, and its Influence on General Virtue and Happiness..., London, G. G. J. and J. Robinson, Patemoster-Row, 1793, 2 vol. [G] ; Enquiry Concerning Political Justice, and its Influence on Morals and Happiness..., 2nd edition, London, G. G. and J. Robinson, Paternoster-Row, 1796, 2 vol. [G2]. 0/ab-0/ab, L P lr°-5v°, PI P 68r°-71i", G2 pp. v-xil. 1 Préface de l'auteur anglais ] Au-dessus du titre de la préface, on trouve de nouveau le titre de l'ouvrage : De la Justice politique 7 des ] de L
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C'est principalement sous le rapport de la morale, que l'auteur de l'ouvrage a considéré la politique. Elle lui a paru la seule baze véritable d'une moralité libérale. Cette espèce de morale qui se borne à d'étroits détails et aux devoirs de la vie privée, au lieu d'apprendre aux hommes à considérer principalement leurs rapports avec le corps entier de l'espèce humaine, n'est dans le fond que d'un intérêt subordonné. Un traité de politique, indépendamment de son utilité directe, peut être un moyen efficace de perfectionnement moral. En conséquence l'auteur de cet ouvrage a conçu le désir | d'écrire un livre, qu'aucun homme désintéressé ne put parcourir, sans se trouver affermi dans ses habitudes de sincérité, de courage et de justice. Après avoir exposé les considérations qui l'ont dirigé dans le plan de son travail, il est à propos de retracer quelques circonstances qui en ont accompagné l'exécution. Il en conçut l'idée au mois de May 1791. Il le commença au mois de septembre suivant, et il l'acheva dans un espace de seize mois. Tout ce tems y fut consacré avec une ardeur infatigable : il aurait désiré y employer plus de tems encore : mais l'état de l'esprit public et les interets généraux de l'espèce humaine le déterminèrent à en accélérer la publication. L'impression de ce traité fut dirigée par le même motif que sa composition, c'est à dire, par le désir de réunir toute la célérité possible à toute la réflexion nécessaire. Pour cette raison, l'impression fut commencée longtems avant que l'ouvrage ne fut fini. Cette circonstance n'a pas été sans inconvéniens. Les idées de l'auteur sont devenues plus claires et mieux digérées à mesure qu'il a avancé dans ses recherches. Plus il a considéré son sujet, mieux il a cru le comprendre. Delà quelques inexactitudes de raisonnement et de langage, surtout dans la première partie de son livre, relativement à l'utilité et aux effets du gouvernement. Ce n'est pas qu'il eut commencé son ouvrage sans être convaincu que le | gouvernement, par sa nature même, contrarie le perfectionnement de l'intelligence humaine. Mais comme ses idées sur cette matière sont hors de la ligne commune, il n'est pas étonnant qu'en avançant il eut toujours mieux compris cette proposition et apperçu plus clairement le remède. Ces inexactitudes et quelques autres défauts auraient pu être évités par un autre mode de travail. Mais le lecteur judicieux ne lui refusera pas une équitable indulgence : et l'auteur, après un mur examen, se flatte que les défauts que la rapidité de sa publication a e n t r a î n é s n e nuisent pas essentiellement au fond de l'ouvrage, et qu'il a plus gagné que perdu par la conduite qu'il a tenue.
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L'auteur a essayé de corriger ces défauts dans une seconde édition.
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70v°
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Quant aux opinions que ce traité renferme, elles ne sont point le produit de l'effervescence subite d'une imagination exaltée. Les recherches politiques ont de tout tems attiré l'attention principale de l'auteur. Il y a douze ans qu'il a acquis la conviction que la monarchie était un genre de gouvernement essentiellement corrompu. Il avait puisé cette conviction dans les ouvrages politiques de Swift et dans les historiens latins. Vers le même tems à peu près, les écrivains français les plus distingués qui aient traité | de la nature de l'homme, l'ont éclairé de leurs lumières. Il les a lus dans l'ordre suivant, le système de la nature, Rousseau et Helvetius. Longtems avant de songer à la composition de cet ouvrage, il s'était familiarisé avec les opinions qu'il contient sur la justice, sur la reconnaissance, les droits de l'homme, les promesses, les sermens et la toute puissance de la vérité. Mais la révolution française a achevé de le convaincre que le gouvernement le plus simple était nécessairement le meilleur. Cette même révolution l'a déterminé à la publication actuelle. Ce traité parait à une époque assez remarquable. Le peuple anglais a été vivement et assidûment excité à témoigner son attachement pour la constitution établie, et à marquer de réprobation quiconque ne s'empresserait pas de signer sans réserve le symbole de cette constitution. On a rassemblé par des souscriptions volontaires des fonds destinés à poursuivre juridiquement les hommes qui auraient manifesté des opinions hérétiques, et l'on a ainsi organisé contr'eux à la fois une oppression légale et une persécution individuelle. Il était impossible de prévoir cet état de choses, lorsque cet ouvrage fut commencé, et l'on sentira facilement que cette considération n'a pu changer en rien le système, ni le dessin de l'auteur. La | rumeur publique nous annonce la mise en jugement de tout homme qui en appellerait au peuple par la publication d'un pamphlet, ou d'une brochure anticonstitutionnelle. L'on ajoute que des poursuites seront dirigées contre ceux mêmes qui se permettraient des expressions hazardées dans la chaleur de la conversation, ou de la dispute". Il ne reste plus qu'à essayer, si pour mettre le comble à cette invasion allarmante de toutes nos libertés, la puissance civile s'arrogera aussi le jugement d'un livre, dont le principal objet est de dissuader de toute tentative tumultueuse ou violente, et qui par sa nature est un appel aux hommes d'étude et de réflexion. Il faut savoir enfin s'il y a un projet formé pour étouffer l'activité de l'esprit, et pour mettre un terme à " L'auteur ne s'attendait pas en écrivant ces paroles, que sa prédiction serait réalisée le lendemain même. Le 8e Janvier 1793, un artisan fut mis en jugement, pour s'être servi contre la royauté d'une expression peu respectueuse, en contemplant à la tour de Londres les diamans de la couronne. 29 permettraient ] permettront L
60
De la justice politique
toutes les recherches de la science. Quant au danger personnel qui pourrait menacer l'auteur, sa résolution est prise. Quelque soit la conduite de ses concitoyens envers lui, ils n'ont pas le pouvoir de troubler son repos. Le f 7ii° devoir le plus sacré qu'il ait à remplir, c'est de travailler | à l'avancement de la vérité ; et s'il était victime de l'accomplissement de ce devoir, aucun 5 événement de sa vie ne serait accompagné de plus de motifs de consolation. Mais, indépendamment de cette considération étroite et passagère, le but de cet ouvrage est d'être soumis à un public frappé de terreurs paniques, et rempli des défiances les plus exagérées contre les principes qui s'y trouvent exposés. Tous les préjugés de l'esprit humain sont en armes contre ces 10 principes. Cette circonstance peut paraitre plus importante que la première. Mais c'est le caractère de la vérité d'être intrépide et de devenir enfin victorieuse : et il n'est pas besoin d'un haut dégré de courage pour contempler avec indifférence l'explosion factice d'une erreur momentanée, et pour attacher ses regards sur la période de calme et de raison qui doit suivre. 15 Londres, le 7.e Janvier 1793.
Préface de la seconde édition
71v°
P72f
61
Préface de la seconde édition.
L'accueil qu'on a fait à cet ouvrage, a surpassé l'attente de l'auteur. Les principes et les raisonnemens qu'il renferme ont obtenu du public une attention distinguée. L'auteur a pensé que cette circonstance lui imposait le devoir d'un nouvel et sévère examen de toutes ses opinions. Il en a trouvé plusieurs qui ne lui ont pas paru suffisamment réfléchies, et qu'il s'est repenti d'avoir présenté trop précipitamment au lecteur. Il s'est empressé de les retrancher. Son vœu le plus ardent est que cet ouvrage ne contienne rien qui puisse nuire à la cause qu'il voudrait servir. Mais, quoiqu'il ait fait beaucoup dans ce but, beaucoup reste encore à faire. Malgré les nombreuses corrections, l'œuil perçant d'un homme habitué à reconnaître l'erreur, découvrira bien des choses qui auraient eu besoin d'être améliorées. Plusieurs de ses opinions sont obscures, plusieurs manquent de preuves : mais il se serait regardé comme coupable s'il s'était rétracté, sans être convaincu qu'il avait eu tort. C'est un ménagement trop pusillanime pour les préjugés, que de retrancher ce qui les contrarie. Il a toujours désiré que le caractère distinctif de son ouvrage fut une sincérité et une candeur parfaite. Lors même que | cette intention paraîtrait blamable, il n'est plus à tems d'en changer. Désavouer des principes qu'il a professés comme véritables, tandis qu'aujourd'hui encor leur évidence lui parait complette, serait une action incompatible avec toutes ses prétentions à l'intégrité. Peut-être lui reprochera-t-on d'avoir varié sur beaucoup de sujets, et ses changemens d'opinion seront-ils un objet de blâme. Il répond en premier lieu, que l'esprit et les grandes bazes de l'ouvrage sont restées les mêmes à ce qu'il lui semble, et que ses raisonnemens additionnels n'ont fait qu'ajouter à l'exactitude de ses propositions primitives. Secondement, ses variations tiennent à ses efforts conscientieux pour s'améliorer et pour s'instruire. Il a découvert plusieurs de ses erreurs, et loin d'être humilié par de pareilles découvertes, il se flatte, grâces à l'activité et à l'impartialité qu'il apportera toujours dans ses recherches, de parvenir à beaucoup de vérités, dont il n'a pas actuellement la notion la plus légère. Ce traité sur la justice politique a été représenté par quelques personnes, comme une production séditieuse et incendiaire. C'est probablement une calomnie. Si les principes que cet ouvrage est destiné à défendre, n'ont Etablissement du texte : 0/b-0/b, L P 6r°-8r", PI P 71v°-72v°, G2 pp. XV-XVIII.
62
De la justice
politique
aucun fondement solide, ils n'auront qu'une vogue passagère ; et cet ouvrage n'est pas une brochure qu'il soit facile de distribuer pour un but F 72v° momentané. Si ces principes | reposent au contraire sur l'immuable vérité, il est probable que tôt ou tard ils triompheront. Dans ce cas, des recherches préalables rendront la route plus unie, les secousses moins violentes, et 5 prépareront les hommes éclairés à sympathiser avec la classe opprimée et avilie. Nul homme ne déteste plus que l'auteur de cet ouvrage toute espèce de tumulte et de désordre. Nul n'éviterait plus soigneusement que lui, de preter son assistance, de la manière la plus éloignée, aux fureurs de la haine et à l'effusion du sang. Mais il se flatte, quelque soit l'issue de la crise 10 actuelle de l'espèce humaine, que ses écrits, aussi long tems qu'il en restera quelque trace, n'auront que des effets favorables à l'accroissement de la bienveillance et de la philantropie universelle. 29 Octobre 1795.
Livre I, Chapitre 1
p 73r°
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Livre 1 ,er Considérations préliminaires
Chap. l. er Exposition du sujet.
f° 73v°
Nous nous proposons d'examiner dans cet ouvrage, la forme de société politique, c'est à dire le système de communication et d'action réciproque entre les hommes, qui nous paraîtra favoriser davantage le bonheur universel. Par quels moyens pouvons nous assurer, dans l'état social, à l'action particulière de chaque individu, l'indépendance qui lui est due ? Comment parviendrons-nous à défendre avec certitude de toute invasion illégitime la sécurité que tout homme a droit de reclamer, relativement à sa vie, et la liberté qu'il doit avoir d'employer ses facultés, à son choix et d'après les lumières de son propre jugement ? Enfin comment rendrons-nous les individus de l'espèce humaine le plus utiles au perfectionnement et à la félicité générale ? Telles sont les questions intéressantes que nos recherches ont pour | objet de résoudre. En commençant cet examen, rien n'est plus nécessaire que de préciser nos idées sur l'étendue qu'il faut attribuer à l'influence des institutions politiques, en d'autres mots sur les modifications que l'Etat social apporte, ou peut apporter aux facultés de l'homme. Les opinions sont partagées sur cet important sujet. Dans l'hypothèse le plus généralement reçue, les effets du gouvernement ou des institutions sociales, sont considérés, comme n'étant que négatifs. Sans doute le but du gouvernement est d'une nature négative : c'est d'empecher que le repos extérieur et intérieur de la société ne soit troublé. Mais l'influence du gouvernement s'arrête-t-elle à ce terme, auquel elle devait s'arrêter pour le bonheur de l'espèce humaine ? Ceux qui ont adopté l'affirmative, et dans ce nombre l'on peut ranger les meilleurs patriotes et les écrivains les plus amis de la liberté, regardent le gouvernement comme d'un intérêt secondaire. Ils considèrent l'homme comme indépendant de toute Etablissement du texte : 1 / l b - l / l , L f°9r°-12i", PI f° 73r"-75i°, G2 pp. 1-6. 1 Livre 1er ] Au-dessus du titre du livre, on trouve de nouveau le titre de l'ouvrage : De la justice politique 26 devait ] devrait L 29 comme d'un intérêt ] comme un objet d'un intérêt L
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De la justice
politique
institution politique, dans son caractère individuel, dans ses relations domestiques, dans ses attachemens, dans ses goûts, dans ses passions. Seulef° 74r° ment ils conçoivent que la vertu ne peut se | développer, ni le bonheur être durable sans la sécurité et la garantie que les institutions politiques peuvent seules donner ; et ils avertissent sans cesse les hommes de ne pas oublier, dans les jouissances du moment, les précautions prudentes, et la surveillance généreuse qui doivent préserver cette salutaire garantie des empiêtemens de la tyrannie et des ruses de la corruption". En reconnaissant que nous devons des actions de grâces à ces écrivains pour leurs travaux, et plus encore, à ces patriotes pour leur langage et leur conduite intrépide, nous sommes enclins à croire, qu'ils ne soupçonnent pas toute l'importance, toute l'étendue de la cause qu'ils se chargent de défendre. Le gouvernement n'étendrait-il pas, à notre insçu, sa jurisdiction plus loin que notre existence extérieure et légale ? Ne serait-il pas souvent autre chose que le défenseur ou l'ennemi des vertus domestiques ? Ne s'insinuerait-il pas jusques dans nos dispositions personnelles, et ne communiquerait-il pas insensiblement son esprit aux plus individuelles de nos transactions ? Les habitans de la Grèce et de Rome ne devaient-ils pas à leur p 74v° liberté politique, leur supériorité dans les arts, et leurs | découvertes en morale ? Les constitutions de l'Europe moderne ne sont elles pas responsables de la lenteur et de l'inégalité de nos progrès littéraires, ainsi que de notre indigne et lache égoïsme ? Nous tromperions-nous en attribuant aux gouvernemens de l'Orient la nuit épaisse dans laquelle est enveloppée l'intelligence des habitans de cette partie du monde ? Ces questions une fois posées, nous ne nous contenterons pas de les examiner. Un champ plus vaste s'ouvrira devant nous. Si le gouvernement pénètre ainsi dans les replis les plus reculés de notre existence, qui assignera des bornes à son action ? S'il faut lui attribuer une si grande partie de ce que nous sommes, qui osera dire qu'il ne faut pas lui tout attribuer ? Ses défauts ne seraient-ils pas la source de toutes les grandes calamités morales qui existent sur la terre, de ces calamités dont nous souffrons si cruellement, et dont nous accusons tant d'autres causes ? L'entreprise de corriger l'homme, individuellement et en détail, ne serait-elle pas infructueuse et futile ? Le seul moyen de perfectionnement praticable ne se trouverait-il pas dans la régénération de nos institutions politiques ? Pour nous améliorer, ne faut-il P 75 r° pas changer l'influence qui nous modifie actuellement ? Prouver l'affirmative est le but du premier livre de cet ouvrage. " Ces remarques s'appliquent surtout aux écrivains anglais sur la politique depuis Sidney et Locke jusqu'à l'auteur des droits de l'homme. Rousseau et Helvétius ont considéré cette matière sous un point de vue plus étendu. Note de l'auteur anglais. 3 3 et ] ou L
Livre /, Chapitre /
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Nous commencerons pas examiner rapidement les maux qui existent dans la société. Nous prouverons ensuite que ces maux sont le résultat des institutions politiques et non le lot immuable de notre existence, et nous démontrerons enfin que la nature de l'homme permet d'espérer qu'un jour il en sera complettement délivré. 5
66
De la justice politique
Chap.e 2.e Histoire de la société politique.
f° 75v°
L a société se présente, c o m m e subvenant à nos besoins, et favorisant notre b o n h e u r . C e r t e s , si tel est s o n but, e l l e le r e m p l i t a u m o i n s d ' u n e
manière
imparfaite. N o u s s o m m e s exposés e n c o r e à des calamités et à des souffrances d e tous les genres, aux infirmités, a u x maladies, à la mort. L a n o u s détruit p a r milliers, la peste p a r millions. L e m a l h e u r n o u s
5
famine poursuit
sous toutes les f o r m e s . J o u r après j o u r s ' é c o u l e d a n s la d o u l e u r et l ' e n n u i . L e plaisir, rare et court, colore à p e i n e , à d ' i m m e n s e s intervalles, la nuit d e 10
notre existence. Tels sont les m a u x qui résultent pour nous de la structure de
l'univers
m a t é r i e l . M a i s il e n e s t u n , p l u s t e r r i b l e q u ' e u x t o u s , q u i r é s u l t e d e
nos
institutions politiques, c ' e s t la guerre. R a s s a s s i é de s o u f f r a n c e s isolées et d e c r i m e s de détail, l ' h o m m e social s e lève, m é d i t a n t d e s destructions
natio-
nales, et d ' u n c o u p éclaircit la p o p u l a t i o n d u m o n d e . S a m a i n dirige l'inst r u m e n t m e u r t r i e r c o n t r e la vie de s o n frère. S a p e r s é v e r a n c e
f 76r" i n v e n t e c h a q u e j o u r d e s r a f i n e m e n s d e m o r t . Il m a r c h e a v e c | p o m p e splendeur à l'exécution du massacre. D e s rangs entiers d'êtres
15
infatigable et
sensibles,
d o u é s d e s f a c u l t é s l e s p l u s a d m i r a b l e s , s o n t m o i s s o n n é s e n u n instant. Ils t o m b e n t , m a i s p o u r périr lentement, d a n s toutes les horreurs d ' u n e a g o n i e convulsive, négligés,
sans secours,
sans espoir, sans consolation,
20
isolés,
inapperçus. Epouvantable
spectacle ! Nous
consolerons-nous
du
moins
par
l'idée
qu'il se répété rarement, ou par l'importance des griefs qui poussent
les
h o m m e s à cet a f f r e u x et dernier a p p e l ? C o n s i d é r o n s l ' u n et l ' a u t r e d e ces
25
motifs de résignation. L e s annales des p r e m i e r s tems n e contiennent q u e les exploits d e s c o n q u é r a n s et des héros, tels que Bacchus, Sésostris, Sémiramis, C y r u s princes rassemblèrent des millions d ' h o m m e s
Ces
sous leurs étendarts, et
ra-
v a g è r e n t d ' i n n o m b r a b l e s p r o v i n c e s . Il n ' y e u t q u ' u n e t r è s p e t i t e p a r t i e d e leurs a r m é e s qui revit j a m a i s ses foyers, le reste a y a n t péri d e m a l a d i e s , d e f a t i g u e et d e m i s è r e . A ces m a u x q u ' i l s attirèrent sur leurs p r o p r e s
com-
Etablissement du texte : 1/2-1/2, L f 12v°-18v°, 31r*-32v°; PI f° 75v°-79r°, 84r°-v° ; G pp. 5-9, 10-11 ; G2 pp. 6-8, 12-13. 31 maladies ] maladie L
30
Livre I, Chapitre II
67
patriotes, il faut ajouter les dévastations et les ravages des pays contre lesquels ils dirigèrent leurs expéditions. f>76v° A peine l'histoire devient-elle plus positive, que | nous appercevons les quatre grandes monarchies, c'est à dire, quatre usurpations heureuses, quatre projets d'esclavage et d'oppression, exécutés avec succès, au moyen des meurtres, des massacres et de la violence. Les expéditions de Cambyse contre l'Egypte, de Darius contre la Scythie, de Xerxès contre la Grèce, semblent dépasser toute croyance par les conséquences funestes dont elles furent accompagnées. Les conquêtes d'Alexandre coûtèrent la vie à une foule de ses semblables, et l'immoralité de César fut achetée par la mort de douze cent mille hommes. Les Romains par la longue durée de leurs guerres, et leur persévérance inflexible dans leurs projets d'envahissement, doivent être mis au rang des principaux destructeurs de l'espèce humaine. Leurs guerres d'Italie se prolongèrent pendant quatre siècles, et leur lutte avec les Carthaginois, pour l'empire du monde, dura deux cens ans. La guerre de Mithridate commença par le massacre de cent cinquante mille Romains, et seulement dans trois batailles ce monarque perdit environ cinq cent mille hommes. Sylla, son féroce vainqueur, tourna ensuite ses armes contre sa propre patrie, et sa querelle avec Marius amena des assassinats et des proscriptions qu'aucuns P77r° sentimens de pudeur, ni | d'humanité ne put arrêter, Les Romains portèrent enfin la peine de tant de crimes, et le monde fut ravagé pendant trois cens ans par les irruptions des Goths, des Vandales, des Ostroghots, des Huns et d'autres barbares. Je n'entrerai pas dans le détail de la marche victorieuse de Mahomet, ou des pieuses expéditions de Charlemagne. Je ne raconterai pas les croisades des chrétiens contre les infidèles, les exploits d'Aurengzeb, de Gengis, de Tamerlan, ou les innombrables meurtres commis par les Espagnols dans le nouveau monde. Mais arrêtons nous sur la partie la plus civilisée de la terre, sur l'Europe, et choisissons même en Europe, les pays que l'on regarde comme particulièrement éclairés. La question de la loi salique et les prétentions des Plantagenets, déchirèrent sans interruption la france pendant un siècle. A peine cette querelle fut-elle appaisée, que les guerres religieuses s'allumèrent. Le siège de la Rochelle peut nous donner quelqu' idée de ce genre de guerres : de quinze mille personnes renfermées dans cette ville, onze mille périrent de misère et de faim. Les victimes de la saint Barthélémy passent le nombre de quarante mille. Aux guerres religieuses, terminées par Henry IV, succéda la guerre
19 ses ] les L
22 cens ] cent L
32 Plantagenets ] Plantagenets L Plantagenet P
s
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68 f 77v°
f 78r°
De la justice
politique
de trente ans en Allemagne, et bientôt après | vinrent les entreprises militaires de Louis XIV. En Angleterre la guerre de Crecy & d'Azincourt ne s'éteignit que pour faire place aux discordes civiles des Maisons de York et de Lancaster, discordes qui ne furent séparées que par un intervalle assez court, de celles de Charles 1er et du Parlement. La Révolution de 1688 donna une constitution à l'Angleterre, mais cette contrée fut aussi tôt plongée dans un état de guerre perpétuel avec le continent, par Guillaume III, le duc de Marlborough, puis Marie Thérèse et le Roi de Prusse. Et pourquoi toutes ces guerres ? Qu'importait à un être raisonnable, lequel d'Henry VI, ou d'Edouard IV régnerait sur l'Angleterre ? Quel Anglais aurait volontairement tiré l'épée pour rendre sa patrie une dépendance secondaire de la France, ce qui ne pouvait manquer d'arriver, si l'ambition d'Henry V eut été couronnée par le succès ? Quoi de plus déplorable que de voir ce peuple soutenant d'abord huit années de guerres pour empêcher la souveraineté de Marie Thérese d'être diminuée, ou cette princesse d'être chassée du thrône, et huit années ensuite contre cette même impératrice pour défendre l'aventurier couronné qui avait profité de sa faiblesse. Les causes ordinaires de la guerre sont parfaitement décrites par Swift. Quelquefois, dit-il, il s'agit de décider entre deux princes, lequel s'emparera des états d'un troisième, que, ni l'un ni l'autre ne prétendent | avoir le droit de dépouiller. D'autres fois un prince en attaque un autre, de peur d'être attaqué par lui. Ici l'on commence une guerre parceque l'ennemi est trop fort : là, parcequ'il est trop faible. Quelquefois nos voisins ont besoin de ce que nous possédons, ou possèdent ce dont nous avons besoin, et nous nous battons jusqu'à ce qu'ils aient pris ce qui est à nous, ou nous ce qui est à eux. Rien n'est plus légitime que d'envahir un païs, lorsque le nombre de ses habitans a été diminué par la famine, la peste, ou des divisions intestines. Rien de plus légitime encore que de commencer une guerre contre notre allié le plus fidèle, lorsqu'une de ses villes est à notre convenance, ou qu'une de ses provinces arrondirait nos possessions. Si un prince envoye des troupes dans un pays habité par un peuple pauvre et ignorant, il peut en toute justice en faire mourir une moitié, et réduire l'autre en esclavage, pour la civiliser et l'arracher à ses usages barbares. C'est une pratique royale, honorable et usitée que lorsqu'un prince en appèle un autre à son secours pour se garantir d'une invasion, ce dernier, après avoir chassé l'aggresseur, s'empare lui même de la souveraineté de celui qu'il était venu secourir, et le tue, l'emprisonne ou le bannisse". " Voyages de Gulliver Part. IV. ch. 5. 18 faiblesse. ] faiblesse ? L
21 avoir le droit ] avoir droit L
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P 78v°
f
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Si nous passons, des relations étrangères des Etats l'un avec l'autre, aux principes de leur politique intérieure, nous n'aurons guères sujet d'être plus contens. Une partie nombreuse de l'espèce humaine est précipitée dans la pénurie la plus abjecte, et poussée sans cesse par le malheur et par le besoin à des attentats et des violences contre la classe la plus fortunée. Pour contenir cette caste dégradée et pour préserver l'ordre et la paix dans la société, l'on n'employe que les châtimens. Les fouets, les haches et les gibets, les cachots, les chaînes et les roues sont les moyens de persuasion les plus généralement établis pour graver dans l'ame des hommes les préceptes de la raison. L'esprit humain ne s'est exercé sur aucun sujet avec plus de rafinement que sur l'invention des tortures. Le fouet déchirant le dos ensanglanté de la victime sans défense, la dislocation des membres, la fracture des os, le bûcher, la croix, le pal forment une petite partie de l'exécrable catalogue. Lorsque Damiens, un insensé, fit une légère blessure à Louis XV, un conseil d'anatomiciens fut convoqué pour déterminer solemnellement de quelle manière on prolongerait, le plus possible, l'agonie d'un être humain. De la sorte des milliers des victimes tombent annuellement devant l'autel des loix positives et des institutions politiques. Ajoutez à cela l'espèce de gouvernement établi dans les neuf dixièmes de notre globe, le despotisme : un gouvernement, comme dit M. Locke, vil, misérable, et qui ne diffère de l'anarchie, que par cette funeste différence, que ce qu'on | nomme l'ordre social enchaîne l'opprimé sans le protéger 1 . Nos considérations sur les inconvéniens des institutions politiques acquerront un dégré d'évidence additionnelle, si nous réfléchissons plus attentivement encore à ce qu'on peut appeler leur histoire domestique et intérieure. Deux des plus grands abus qui puissent exister dans la police intérieure des nations, consistent sans contredit dans le transport irrégulier de la propriété, soit par la force, soit par la fraude. Si parmi les habitans d'un pays, aucun individu n'éprouvait le désir de s'approprier ce qui appartient à un autre, ou si jamais ce désir par sa violence n'entrainait des actions incompatibles avec l'ordre et la justice, ce pays serait exempt de presque toutes
Etablissement du texte : A partir de la ligne 24 : Nos considérations..., l/2infra, L f° 19i"-30v°, PI f° 79r°-84r°, G pp. 3 3 ^ 2 .
BC utilise 1/5—
23 l'ordre ] surchargé sur mot ill. 1
Godwin précise la source : J. Locke, Two Treatises on government, Voir G2, p. 13 et L, f° 18v°.
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De la justice
politique
les causes de crime. Si tout homme se voyait assuré du nécessaire, et si, content de cette assurance, il renonçait au superflu, il n'y aurait guères de tentations. L'interet particulier serait d'accord avec le bien général, et la société deviendrait telle que les poètes nous représentent l'âge d'or. Recherchons maintenant quels maux s'opposent à cet état de société, et quel est le principe de ces maux ? Observons d'abord, que dans les contrées les plus civilisées de l'Europe, l'inégalité des propriétés est portée au dégré le plus alarmant. Le plus grand P 79v° nombre de leurs habitans est privé de tout ce qui rend la vie tolérable, | ou même de ce qui en assure la durée. L'industrie la plus active leur procure à peine une subsistance insuffisante. La femme et les enfans reposent uniquement sur les efforts continuels du mari, de manière qu'une famille nombreuse est devenue dans les classes inférieures une expression proverbiale pour indiquer l'excès de la pauvreté et du malheur. Si à ces difficultés habituelles viennent se joindre les maladies ou quelques-uns de ces accidens, communs dans une vie laborieuse, le dénuement est bientôt absolu et sans ressource. Il parait généralement reconnu qu'il y a en Angleterre moins de misère, que dans les états du continent. Cependant la taxe des pauvres y est portée annuellement à deux millions sterling, (quarante huit millions de livres de france) et l'on a calculé, que sur sept personnes, il y en avait une qui dans le cours de sa vie, se trouvait forcée à reclamer ce secours. Si à ce septième de la population anglaise, nous ajoutons les individus qui, dans le même état de malheur, sont néammoins privés de cette ressource, soit parcequ'un sentiment de fierté les empêche d'y avoir recours, soit faute d'un établissement f° 80r° légal qui leur en donne le droit, la proportion ci dessus sera | considérablement augmentée. Je ne mets pas au reste une grande importance à l'exactitude de ce calcul : le fait général suffit pour nous donner une idée de la grandeur de l'abus. Les conséquences qui en résultent ne peuvent être révoquées en doute. Une lutte perpétuelle et souvent infructueuse contre les maux de la pauvreté, doit nécessairement produire le désespoir. Le sentiment douloureux d'un dénuement excessif finit par oter la force de s'en délivrer. Le riche qui se prévaut sans ménagemens de ses avantages, s'expose à d'inévitables représailles, et le pauvre est tenté de regarder un pareil état de société comme un état de guerre, comme une combinaison injuste, destinée, non à protéger les droits de chacun, et à favoriser ses moyens d'existence, mais à accumuler sur un petit nombre d'usurpateurs, tous les genres d'avantages et de privilèges, en ne laissant en partage au reste que le besoin, la misère et l'oppression. 6 maux ? ] maux. L
20 à ] oublié par le copiste et ajouté dans
l'interi.
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Une seconde source de passions destructives qui troublent la paix de la société, se trouve dans la pompe, l'ostentation, la magnificence, compagnes ordinaires de l'opulence excessive. Les hommes sont capables de supporter sans murmure les privations et les fatigues les plus pénibles, lorsque ces fatigues et ces privations sont reparties également sur la société entière, et f° 80v° que ceux qui s'y | soumettent, ne sont pas humiliés par le spectacle insultant de l'indolence et de la mollesse, dans une classe qui n'a sur eux aucune véritable supériorité. Mais les poursuivre sans cesse d'un pareil spectacle, forcer leurs regards à se fixer sur des privilèges oppressifs et sur des exemptions injustes, tandis qu'ils s'épuisent en efforts inutiles pour assurer à leur famille un misérable nécessaire, leur montrer tous les fruits de leurs travaux dévorés par quelques hommes, c'est aggraver amèrement leurs souffrances. Or les institutions politiques de nos jours semblent s'être proposées ce but. Il existe parmi les riches, une classe (et elle est nombreuse) qui n'a ni talens supérieurs, ni vertus sublimes ; elle vante son éducation, son affabilité, le rafinement de sa politesse, et l'élégance de ses mœurs ; mais elle a le sentiment intime et secret que sa distinction principale, et sa véritable prééminence réside dans la splendeur de ses équipages, dans la magnificence de sa suite, dans la somptuosité de ses festins. Le pauvre est frappé de cette ostentation qui le blesse. Elle double à ses yeux son malheur. Il sait par quels travaux sans relâche, il achète une faible partie de ce que dissipe avec dédain l'insolente prodigalité. Tous ses maux naissent du besoin : il ne peut f 8lr° imaginer que le bonheur ne soit pas dans l'opulence. Il y a plus. Quand le pauvre chercherait le repos dans une résignation philosophique, quand il se convaincrait, ce qu'on ne peut espérer de lui, puisque les mêmes causes qui le retiennent dans l'abjection éloignent de lui les lumières, quand il se convaincrait, disons-nous, qu'il possède tout ce qui peut véritablement honorer l'espèce humaine, et que le reste est indigne d'être désiré, le riche ne lui laisserait pas la ressource de cette résignation. Sa plus douce jouissance est d'humilier les autres par le spectacle de ses vastes possessions : cette indifférence que pourrait inspirer à l'indigent le sentiment de sa valeur réelle, le riche en abuse pour exercer contre lui son injustice et sa tyrannie. Dans un grand nombre de pais la justice est devenue manifestement un objet de crédit et de faveur. C'est le rang le plus élevé, ce sont les relations les plus brillantes qui toujours l'emportent sur l'équité. Dans les contrées qui n'ont point adopté ce honteux usage, la justice est encore une acquisition dispendieuse. Lors même que le plus riche n'achete pas la victoire, il la remporte par cela seul, qu'il peut soutenir plus long tems la lutte. La certitude de cet abus doit inévitablement lui inspirer un insolent mépris pour le pauvre et lui donner une disposition arrogante, dictatoriale et tyrannique. Il réduit le despotisme en système et dépouille
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f 8iv° successivement le pauvre | de cette communauté de droits naturels, dont il aurait pû, dans son abaissement, conserver la jouissance, bienque précaire et insuffisante. Les opinions des individus, et par conséquent leurs désirs, car le désir n'est que le passage de l'opinion à l'action, sont toujours influencées, en grande partie, par les opinions de la société. Or1 les mœurs dans plusieurs pays, semblent avoir été soigneusement calculées, pour démontrer que l'intégrité, que la vertu, que l'intelligence, que l'industrie ne sont rien, et que l'opulence est tout. Un homme dont l'extérieur indique l'indigence, peut-il espérer d'être reçu honorablement dans la société, particulièrement par ceux qui ont la prétention de la dominer ? a-t-il besoin de leur assistance ou de leur faveur ? Ils lui apprendront bientôt qu'aucun mérite ne peut faire excuser les apparences de la misère. Allez, lui diront-ils, par leurs gestes et par leur conduite, allez vous enrichir, n'importe comment, parvenez à la possession de ce superflu qui seul mérite la considération, et vous pourrez compter sur une réception plus favorable. Ainsi rien n'est plus avili que la pauvreté. On lui échappe avec un empressement qui impose silence à tous f 82r° les scrupules : on la cache | comme une opprobre ; tandis que l'un, par d'infâmes moyens, accumule des richesses, l'autre par de folles prodigalités, achète la réputation de l'opulence. Pour éviter l'apparence de la pauvreté, il se réduit bientôt à la réalité de la misère ; il sacrifie, avec sa fortune, son intégrité, sa véracité, et ce sentiment intime et fier, consolation de tous les malheurs. Telles sont les causes qui, dans les divers gouvernemens, invitent plus ou moins les hommes à porter atteinte à leurs propriétés réciproques. Examinons à quel point les institutions politiques peuvent aggraver ou diminuer ces abus. Tout ce qui tend à adoucir les inconvéniens de la pauvreté, affaiblit en même tems le désir desordonné d'une excessive opulence. L'homme n'accumule pas les richesses pour elles mêmes, ni même uniquement pour se procurer des jouissances sensuelles et grossières. S'il veut s'enrichir, c'est par le même motif pour lequel il veut s'instruire, perfectionner son éloquence, développer ses talens, c'est par la crainte du mépris et l'amour de la gloire. Combien peu d'individus mettraient du prix aux richesses, s'ils étaient condamnés à jouir solitairement de leurs équipages, de leurs palais et de leurs festins, sans témoins étonnés de leur magnificence et passant de
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La phrase Or les mœurs ... est tout, est mise en évidence par une parenthèse marquée au crayon sur la marge gauche du feuillet, à côté de laquelle on lit, d'une écriture inconnue, helas!
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f° 82v° l'admiration sordide des propriétés à la servile | adulation du propriétaire ? Si1 la considération n'était pas réservée exclusivement à l'opulence, si le mépris n'était pas l'inséparable compagnon de la pauvreté, l'amour du gain cesserait d'être la passion universelle. Considérons comment cette passion est excitée par les institutions politiques. En premier lieu, la législation, presque partout, favorise grossièrement le riche aux dépens du pauvre. Tel est l'esprit des loix relatives à la chasse, lors qu'elles défendent au laborieux paysan de tuer le gibier qui dévore l'espoir de sa subsistance. Tel était l'esprit des anciennes loix fiscales de France, qui frappaient exclusivement sur la classe humble et industrieuse, tandis qu'elles exemptaient de l'imposition ceux qui étaient le plus en état de la supporter. C'est ainsi qu'en Angleterre, la taxe territoriale est d'un demi million au dessous de ce qu'elle était, il y a un siècle, tandis que les impots sur les consommations ont éprouvé une augmentation de treize millions par an, durant le même espace de tems. Cette différence, quelques soient les résultats réels, n'est autre chose qu'une tentative, bien ou mal entendue, pour faire peser sur le pauvre le fardeau que devrait porter le f 83i" riche, et sert à faire | connaître l'esprit du système législatif. C'est d'après le même principe que le vol et les autres délits que les riches ne sont jamais tentés de commettre, sont punis comme des crimes capitaux, et par les peines les plus rigoureuses, souvent les plus barbares. On encourage les riches à s'associer pour l'exécution des loix les plus tyranniques et les plus partiales ; on prodigue les privilèges et les patentes à ceux qui sont en état de les payer, tandis que la police la plus vigilante est employée à prévenir l'association du pauvre pour fixer le prix de son travail, et à lui ravir la liberté de choisir le lieu le plus propre au développement de son industrie. En second lieu, l'administration de la loi n'est pas plus équitable que l'esprit qui a présidé à sa formation. Sous l'ancien Gouvernement de France, les offices de judicature étaient des objets d'achat, pour lesquels l'acquéreur payait à la couronne un prix avoué, et fesait au ministre un présent secret. L'homme le plus capable de faire de la justice un commerce de détail avantageux donnait de la place de juge le prix le plus considérable. Devenue de la sorte pour les magistrats une source de spéculations mercantiles, la justice devenait pour les cliens une affaire de sollicitations personnelles. En Angleterre, la justice criminelle est administrée assez impartialement, en ce qui concerne l'instruction du procès : mais le nombre 23 on ] l'on L 1
Godwin précise la source : E. Burke, Reflections on the Revolution in France. Voir G, p. 507, L, f> 303r°.
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des actions érigées par les loix en crimes capitaux, et en conséquence la f 83v° multiplicité des pardons, ont introduit même | dans cette partie l'influence du caprice et de la faveur. Dans les causes relatives aux propriétés, les pratiques de la chicane rendent toute espèce de justice impossible à obtenir, la longueur des procès pendant à la chancellerie, les appels d'une cour à l'autre, les énormes honoraires des avocats, des procureurs, des sécrétaires, des greffiers, les expéditions, les procès verbaux, les répliques, les dupliques, en un mot ce que l'on a appelé la glorieuse incertitude de la loi, rendent souvent plus profitable d'abandonner sa propriété que de la défendre, et otent au plaideur épuisé, toute espérance de recours. Enfin l'inégalité des conditions, consacrée par les institutions politiques, est une des principales sources de la considération qu'on accorde aux richesses. Dans les anciennes monarchies de l'Orient, comme aujourd'hui encore en Turquie, un poste éminent commandait une soumission implicite. Les mêmes principes prévalurent sous le régime féodal. Le vassal considéré comme une dépendance animée du domaine où il était né, et ne connaissant aucun recours contre la volonté de son maitre, osait à peine se croire une créature de la même espèce. Cette situation, toutefois, était violente et contre nature. Aujourd'hui quelques bornes ont été posées à l'insolence de la richesse : mais combien elles sont insuffisantes. Si portée aux derniers f° 84r" excès, l'inégalité, jadis, dégradait | le genre humain, nous avons lieu de croire, qu'adoucie et mitigée, comme elle parait l'être parmi nous, elle entraine encore les conséquences les plus déplorables. Ce tableau de l'histoire et de la situation de l'homme n'est pas une déclamation. L'on peut en appeler aux faits. Il est impossible, après avoir contemplé ces calamités, de considérer les recherches politiques comme frivoles, et le gouvernement comme un objet d'une importance secondaire. Je n'exige point que le lecteur admette implicitement que tous les maux qu'il occasionne, soient susceptibles d'être prévenus ou diminués et que le monde puisse être délivré du triple fléau des guerres, des supplices et du despotisme. Mais nul ne pourra nier que cette question ne mérite d'être approfondie, et qu'ainsi la législation et la politique ne soient des sujets qui réclament notre plus sérieuse attention. Si la science du gouvernement, comme celle des mathématiques, de la physique et de la morale, est susceptible de discussions et de preuves, nous pouvons espérer raisonnablement que tôt ou tard, les hommes tomberont d'accord sur quelques points fondamentaux de cette science. Si elle renferme tout ce qui est important et intéressant pour l'homme, il est probable que lors que la théorie sera considérablement avancée, la pratique deviendra meilleure. Les hommes sentiront un jour qu'ils ont une nature commune, et
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qu'une liberté véritable et une équité parfaite, sont comme l'air et la nourf 84v° riture, nécessaires et bienfaisantes pour toutes les | constitutions. S'il existe la moindre espérance, que tel à une époque quelconque sera le résultat définitif de semblables recherches, aucun sujet ne peut remplir l'ame d'un plus noble enthousiasme, d'une ardeur plus éclairée, et d'une persévérance 5 plus invincible.
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Chapitre 3.e De l'importance des institutions politiques.
La question qui se présente la première dans un ouvrage sur les institutions politiques, c'est l'importance du sujet. Personne ne met en doute que le bonheur de l'espèce humaine ne soit le but essentiel de toute science. Pour 5 parvenir à ce but l'on a proposé diverses méthodes. Si l'on prouvait que de toutes ces méthodes une bonne institution politique est la plus efficace, et qu'un système erronné et corrompu de gouvernement est l'obstacle le plus insurmontable au perfectionnement de notre espèce, il s'ensuivrait que la politique est l'objet le plus important des méditations humaines. 10 Cependant les opinions ont été divisées à ce sujet. Plusieurs ont affirmé que les différens dégrés d'excellence attribués aux différentes formes de gouvernement étaient plutôt imaginaires que réels : que tous les gouvernemens étaient suffisamment bons pour les grands objets d'administration générale ; et que ce n'était ni un devoir ni un signe de prudence dans un 15 individu, que de s'occuper d'interets si étrangers à sa sphère naturelle. Une seconde classe d'hommes en adoptant les mêmes principes, a cru devoir en varier la forme. | Regardant tous les gouvernemens comme à peu près égaux en mérite, elle a considéré l'anarchie comme le seul fléau politique qui dut exciter nos allarmes, et s'est déclarée sans distinction l'ennemie zélée et 20 l'implacable adversaire de toute innovation quelconque. Les partisans de ce que l'on a appelé liberté politique, forment la troisième classe. Ils ont toujours été nombreux. Ils placent cette liberté dans deux articles, la sûreté de la personne, et la sûreté de la propriété. Ils pensent que ces avantages ne peuvent être garantis que par l'administration 25 impartiale de loix générales, et que pour donner à une pareille administration la stabilité nécessaire, il faut placer dans le peuple entier les moyens de la préserver de toute atteinte. Ils reclament tous un dégré plus ou moins grand d'égalité entre les membres de l'association, et ils regardent cette égalité comme enfreinte ou menacée par les prérogatives et les privilèges de 30 la Royauté ou de l'Aristocratie. Toutefois quelque zèle qu'ils mettent dans leurs réclamations, ou quelqu'étendue qu'ils donnent à leurs demandes, ils paraissent se rapprocher des deux premières classes, en n'attachant à la politique qu'une importance secondaire, et en ne lui attribuant qu'une influence indirecte sur le perfec- 35 Etablissement du texte : 1/1-1/3, L f 33r°-36v°, PI f 85i"-86v°, G pp. l^t.
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f 86r° tionnement moral. Leurs | efforts semblent être motivés, bien plus par l'instinct de la justice et l'indignation contre la servitude, que par une persuasion réfléchie de la liaison intime de toutes les parties de l'ordre social, soit dans ses rapports les plus simples, comme le commerce des individus entr'eux, soit dans ses relations les plus compliquées, comme les institutions des s corps politiques. Il est cependant raisonnable peut être d'examiner si cette science d'organisation sociale n'est pas un peu plus importante que ne l'ont soupçonné tous ces raisonneurs. L'on peut sans absurdité, mettre en question, si le gouvernement n'a pas des effets involontaires et accidentels, plus décisifs 10 pour le bonheur de l'homme que son action directe et préméditée. Le vice, par exemple, ne se multiplie que par la fréquence des tentations. Un mauvais gouvernement ne doit-il pas tendre à augmenter leur nombre ? un gouvernement sage à les écarter ? l'erreur aussi est une source de vice. Un bon gouvernement, en renversant toutes les barrières qui s'opposent au dévelop- 15 pement de nos facultés, tend à la destruction des erreurs : un mauvais gouvernement, en les protégeant, prolonge leur durée. Considérons notre sujet f° 86v° sous ce point de vue. Si nous | parvenons à démontrer l'importance première et illimitée de la politique, Les avocats de la liberté auront acquis un nouveau droit à se faire entendre, et ses adorateurs se livreront avec d'autant 20 plus d'ardeur à la recherche de ses principes.
6 politiques ] au bas de la page, la note suivante est biffée Ces remarques s'appliquent à tous les auteurs anglais, sur la politique, depuis Sydney & Locke jusqu'à l'auteur des Droits de l'homme. Rousseau & Helvétius ont considéré cette matière sous un point de vue plus étendu. La même note se trouve auf 74r" p. 64. Voir aussi OCBC, 1.11,2, n. 2, p. 933 et n. 1, p.1389. 14 Un bon ] avant, trois mots caviardés
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Chapitre 4.e Que les inventions humaines sont toujours susceptibles de perfectionnement.
Pour nous former des idées exactes sur la politique ou sur toute autre science, nous ne devons pas nous renfermer dans les bornes étroites de ce qui se passe sous nos yeux, et prononcer légèrement l'impossibilité de tout ce que nous n'avons pas vu. Le trait le plus caractéristique de l'homme et celui qui doit avoir la plus grande influence sur toutes les branches de la science morale, est sans contredit la perfectibilité. Considérons le d'abord dans son état primitif, comme un être doué de la faculté indéfinie de recevoir des impressions, et d'acquérir des connaissances, mais n'ayant encor ni recû les unes, ni conséquemment cultivé les autres. Comparons cet être à l'homme en possession des sciences, des arts et de toutes les créations du génie. Ce contraste nous donnera quelqu'idée de ce que peut la nature humaine. N'oublions pas que dans l'état où nous plaçons l'homme, il ne trouvait pas comme aujourd'hui des secours dans le commerce de ses semblables ; que l'expérience d'une suite de siècles ne venait point à l'appui de ses faibles et grossières conceptions, et que l'ignorance de tous était également profonde. La carrière du perfectionnement était ouverte devant eux : mais chacun n'avait pour guide que ses propres essais et ses observations f 87v° isolées. Peu | importe que l'esprit humain ait avancé de lui même, ou qu'il ait, comme quelques uns l'enseignent, été porté jusqu'à la moitié de la carrière par l'action immédiate de l'auteur de la nature. Dans l'un et l'autre cas, il est légitime et instructif de considérer les ressources qui appartiennent à l'homme essentiellement, et de rechercher qu'elle aurait pu être sa marche, si dès le premier instant de son existence, il eut été livré uniquement à l'action des loix universelles dont l'influence nous est connue.
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Le langage était évidemment une des inventions préliminaires les plus indispensables pour parvenir à nos connaissances actuelles : mais il est impossible d'imaginer une découverte plus différente dans son origine de ce 30 qu'elle est aujourd'hui, et promettant moins à cette époque le dégré de fécondité et de perfectionnement auquel elle est parvenue. Lorsque nous aurons considéré ce sujet d'un peu plus près, et suivi ce travail dans ses différentes gradations, son immensité nous frappera davantage, de même que celui qui a compté un millier d'unités l'une après l'autre, concoit de ce 35 nombre une plus vaste idée que celui qui n'en a fait le calcul qu'en masse. Etablissement du texte : 1/6-1/4, L P 37i°-44v°, PI P 87r°-90r°, G pp. 43-50.
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Les premiers essais du langage furent probablement | une imitation des cris involontaires que poussent les enfans, sans avoir encore l'idée d'implorer du secours, ou d'interesser la pitié. Ces cris sont produits machinalement par l'impression de la douleur physique. L'enfant appercoit bientôt qu'ils excitent chez les auditeurs l'idée de l'impression qu'il éprouve. La répétition de ces cris devient alors un résultat volontaire du désir ou du besoin de secours. L'envie de communiquer à d'autres une sensation, ou la connaissance d'un fait peut aussi faire articuler des sons dans le simple but d'attirer l'attention. Ces sons souvent répétés par des organes non encore accoutumés à les diversifier, deviennent à la longue une sorte de convention, pour désigner ce que l'on a ainsi exprimé plusieurs fois de suite : Mais entre cette méthode insuffisante de communication imparfaite, méthode qui nous est commune avec plusieurs animaux, et l'analyse abstraite qu'exigent les langues, la distance est prodigieuse. Sans doute, l'abstraction, bien qu'une des opérations les plus sublimes de l'esprit humain, lui est pour ainsi dire, inhérente. Aussitôt après la simple perception, vient la comparaison des idées et l'observation de leurs analogies ou de leurs différences. Sans la comparaison, point de préférence et sans la préférence point d'action. Il faut toute fois convenir que l'esprit peut faire cette comparaison, sans en discerner la nature, et que l'animal ou le P 88v° sauvage | n'ont aucune notion de ces différens dégrés des progrès intellectuels. La comparaison produit immédiatement une abstraction imparfaite. La sensation d'aujourd'hui, si elle est analogue à celle de hier, se classe avec cette dernière, et il en résulte une règle de conduite pour l'avenir. Sans ce dégré d'abstraction, les plus faibles essais du langage n'auraient pu jamais exister. L'abstraction indispensable à la formation de la première langue a été ensuite aidée dans ses opérations par cette langue nouvelle. La faculté de généraliser, (et le mot de pensée présuppose cette faculté) acquiert par le langage un corps et devient en quelque sorte palpable. L'esprit commence à connaître ses forces et marche avec ardeur à de nouveaux progrès. Mais, quoiqu'il ne soit pas impossible de remonter ainsi aux premières causes qui ont concouru à la formation des langues, et de prouver que ces causes étaient de nature à produire les effets qui les ont suivies, il n'en est pas moins vrai que les hommes n'ont du acquérir que très lentement cette P 89r° faculté inappréciable. Leur marche a du | être tellement compliquée et tellement longue, qu'elle se refuse à toute description. L'imagination ne peut mesurer l'intervalle qui sépare trois ou quatre sons vagues et inarticulés qu'on observe chez les animaux, de l'abondance de nos expressions et de la 4 appercoit ] s'appercoit L
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précision de nos règles. Les dénominations générales et particulières dont on se sert pour réunir d'abord les idées, et pour les séparer ensuite, celles qui distinguent les attributs des substances, et les forces des attributs, la nombreuse distribution des parties du discours, les verbes, les adjectifs et les particules, la prononciation des mots dont la signification est changée par la différence des terminaisons, leur concordance, leur arrangement, et mille autres nuances diversifiées présentent un tel ensemble de connaissances, que celui qui ignorerait, que cette tâche immense est remplie, et qui ne connaîtrait pas la perfectibilité de l'esprit humain, prononcerait, sans hésiter, que la création d'un langage, tel que le plus imparfait des nôtres, est une entreprise inexécutable. L'écriture Alphabétique est une seconde découverte, bien propre à démontrer la nature progressive de nos facultés. Il parait que les hiéroglyphes ou l'écriture en images ont été quelque tems d'un usage universel, et le passage de ces espèces de | tableaux à l'écriture alphabétique, est tellement difficile à concevoir que, pour l'expliquer, l'un de nos plus ingénieux philosophes, Hartley, a cru devoir recourir à une intervention miraculeuse. Il est impossible en effet d'imaginer une opération plus étonnante que la décomposition de tous les sons en vingt quatre signes élémentaires qui suffisent ensuite pour recomposer tous les sons. La formation d'un alphabet complet est peut-être de toutes les inventions humaines, celle qui a du exiger la réflexion la plus persévérante, le plus heureux concours de circonstances et la patience la plus éprouvée. Supposons maintenant l'homme en possession des deux premiers élémens des sciences, le langage et l'écriture, suivons le dans ses développemens progressifs, à travers la distance immense qui sépare Newton du grossier paysan, ou à travers une distance plus grande encore, car le paysan le plus ignorant d'une société civilisée est fort au dessus de ce qu'il serait, s'il n'avait profité, sans s'en appercevoir lui même, des bienfaits de la littérature et des arts. Contemplons la terre couverte des travaux de l'homme, de maisons, d'enclos, de | moissons, de manufactures, d'instrumens et de machines, et la société enrichie de tous les prodiges de la pœsie, de la peinture, de la philosophie et de l'éloquence. Quelle distance de l'homme dans cette situation, à l'homme dans son état primitif. Qui pourrait contempler ce qu'il a déjà fait sans être vivement frappé de ce qu'il peut faire ? Toutes les sciences sont susceptibles d'accroissement, tous les arts d'amélioration. Pourquoi la morale seule seraitelle exceptée ? pourquoi de tous les arts, l'art social serait-il condamné seul à demeurer imparfait ? qui ne se sent enflammé par cette idée ? Si un 16 l'un ... philosophes ] l'un de plus ingénieux de nos philosophes L
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examen approfondi vient la fortifier, nous redoublerons de confiance et d'espoir. Tel est l'esprit qui doit nous animer dans la recherche des vérités politiques. Regardons en arrière pour profiter de l'expérience acquise ; mais ne regardons pas en arrière comme si la sagesse de nos ancêtres avait rendu impossible tout perfectionnement futur. 5
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Chap.e 5 . e Considérations sur les trois causes principales du perfectionnement moral.
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Le perfectionnement de l'espèce humaine peut être hâté dans ses progrès par trois grandes causes, Premièrement la diffusion des lumières, par le s moyen des discussions soit verbales, soit écrites ; en second lieu, l'action de graver dans des ames encore exemptes d'erreur les principes de la raison ; troisièmement enfin l'adoption des règles de la morale et de la vérité, en qualité de loix générales. J'appelle la première de ces causes la littérature, la seconde l'éducation, la troisième la justice politique. Examinons les sépa- 10 rément et successivement.
1 L a littérature. Il y a peu de moyens plus puissans à la fois et plus salutaires que la littérature et les lumières. Sans rechercher maintenant les causes de l'erreur, f°9ir° on peut poser en fait, que les préjugés ont jetté | dans l'esprit humain de 15 profondes racines. Les opinions diverses des différens pays et des différentes castes sont presqu'innombrables, et néammoins, entre toutes ces opinions, il n'en existe qu'une qui soit conforme à la vérité. Le moyen de rectifier celles qui sont erronées, c'est la diffusion des lumières. La littérature a ramené au vrai toute la partie cultivée du monde sur les 20 grandes questions du système de l'univers ; à cet égard elle a dissipé les rêves de l'imagination et les dogmes du fanatisme. La littérature a dévoilé les secrets de la nature humaine. Locke et ses successeurs ont établi sur la métaphysique de l'homme, comme Newton, sur la physique du monde, de certains principes que nul ne révoque aujourd'hui en doute. Des discussions 25 courageuses ont démontré l'excellence de la liberté, comparée au despotisme. Les Mainwaring, les Sibthorpe, les Filmer", cette race de raisonneurs "
Ecrivains anglais qui ont soutenu la sainteté de la monarchie et le droit divin des Rois. (Note du traducteur.) Etablissement du texte : 1/4-1/5, L f 45r°-59v°, PI f 90v°-98r°, G pp. 19-32.
9 J'appelle ... politique ] ce passage, qui dans L est ajouté dans la moitié vide du feuillet, est erronément écrit par le copiste après la phrase Examinons ... successivement, la faute n'est pas corrigée par BC
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spéculatifs en faveur de la servitude, est presqu'éteinte de nos jours. Des erreurs locales avaient introduit des privilèges et des prohibitions innombrables dans différentes branches du commerce. Le raisonnement a prouvé que f° 91 v° la liberté parfaite et entière était seule | complettement favorable aux progrès de l'industrie. Si, dans certains cas, le développement de l'évidence n'a pas s été suivi de la conviction universelle, les preuves qui tôt ou tard parviendront à la produire, ne s'en trouvent pas moins rassemblées, et l'erreur ne résiste et ne se prolonge que parce qu'elle est défendue et protégée par l'autorité des gouvernemens. En effet, si la vérité existe, elle doit jaillir du frottement des esprits et des 10 idées. L'activité de l'imagination peut sans doute momentanément s'égarer dans des paradoxes et se livrer à des erreurs : mais les erreurs ne sont que des plantes éphémères, tandis que les vérités plus tardives, mais plus vigoureuses défient la rigueur des saisons et des climats. Chaque homme doué de la faculté de raisonner, en comparant ses résultats avec ceux des autres, 15 appercoit les côtés faibles de son système, rejette les principes qu'il s'était trop pressé d'adopter, et ne s'attache qu'aux jugemens qui peuvent soutenir un examen rigoureux. Tout ce qui est nécessaire, pour que la discussion soit utile, c'est une liberté illimitée, une garantie égale pour les systèmes et les opinions diverses. Lorsque nous sommes forcés de respecter des bazes 20 f 9 2 r ° essentiellement fautives, nous nous trouvons ne disputant plus qu'au profit de l'erreur, et l'avantage qu'une discussion pareille peut apporter à la vérité, est indirect et frivole : mais si nous reconnaissons une fois que rien n'est trop sacré pour être examiné librement, la science marchera d'un pas sur et rapide. Les hommes qui fixent leurs regards sur la carrière immense que 25 nous avons à parcourir, et qui se retracent les caprices innombrables de notre esprit, et les erreurs multiformes de nos jugemens, sont tentés de croire que nos espérances sont chimériques et nos efforts infructueux. Mais si la vérité a une existence réelle, cette crainte est mal fondée. Pendant la longue durée de leur règne, les erreurs se combattront. Des préjugés, révérés 30 pendant des siècles arriveront au terme de leur empire ; et si nous découvrons une seule vérité, elle bravera, bien qu'isolée, toutes les tentatives qui pourraient être essayées pour la replonger dans le néant.
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Tel sont les avantages des lumières. Néammoins en les admettant dans toute leur force, en rendant hommage à la toute puissance de la vérité, en 35 reconnaissant qu'elle seule peut nous servir de règle durable, il ne s'ensuit pas que les lumières nous offrent | des ressources suffisantes pour le perfectionnement de l'espèce humaine. La littérature, et surtout cette littérature qui se consacre aux lumières, qui combat les préjugés, qui fortifie et élève l'ame n'est encor, pour ainsi dire, que la propriété d'un petit nombre. L'état 40 actuel de la société en interdit la jouissance à la multitude. Pour donner à
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son action tout le développement dont elle est susceptible, il faudrait que le système général de Gouvernement assurât à chaque individu, le loisir nécessaire pour cultiver sa raison, et surtout qu'aucune institution sociale ne reposât sur l'erreur, et n'eut conséquemment un intérêt contraire à l'avancement de la vérité. Mais cet état de la société ne peut précéder la diffusion générale des lumières : il ne peut en être que le résultat. Par ce mot nous n'entendons pas le résultat dernier et définitif, mais un résultat immédiat et momentané. Le résultat définitif de la découverte de la vérité ne peut encor être connu. C'est un champ d'une si vaste étendue, que nous ne pouvons en discerner les limites. Ces grandes lignes qui maintenant nous paraissent de f° 93r° loin marquer l'enceinte de | l'intelligence humaine, reculeront toujours à mesure que nous en approcherons. Tout ce qui nous est donné de savoir, c'est qu'une certaine quantité de lumières suffit pour opérer le renversement de la tyrannie, et que ce renversement par une réaction bienfaisante, nous facilitera l'acquisition de lumières nouvelles. Si l'on ne peut fixer avec précision la portion exacte de vérité qui doit précéder nécessairement l'amélioration de la politique, l'on peut affirmer du moins, que, plus nous nous éclairerons par des recherches approfondies sur cette matière, plus nous abrégerons la durée de l'oppression et de l'injustice. Lorsque la partie la plus instruite ou la plus nombreuse d'une nation, est intimément convaincue de l'absurdité de ses institutions, la totalité se trouve bientôt disposée à leur en substituer d'autres, d'un commun accord et sans violence.
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II.0 L'éducation.
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Si la littérature, dépourvue du secours des institutions politiques, ne suffit 25 pas pour le perfectionnement de l'espèce humaine, on imaginera peut-être qu'on peut suppléer à ce qui lui manque, par les ressources de l'éducation, dans le sens ordinaire de ce mot. L'éducation, sans doute a l'avantage de s'emparer de l'esprit, dans son état primitif : elle trouve une terre neuve encore propre à la | culture, et exempte d'herbes parasites et de plantes 30 venimeuses : et c'est une opinion commune et fondée qu'il est plus facile de faire germer dans une ame sans préjugés, des dispositions vertueuses, que de déraciner des vices ou des erreurs, devenues en quelque sorte, une partie de nous mêmes. Si, comme nous l'avons démontré, une éducation pleine de défauts est la source de tous les genres de dépravation, une éducation qui en 35 serait exempte, produirait nécessairement un effet contraire. 2 3 accord et sans violence. ] accord sans effort et sans violence. L
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Je suppose un élève qui n'ait jamais été ni la victime de la tyrannie, ni l'esclave de l'humeur. Jamais son obstination, son importunité ne furent encouragées par les succès ; en conséquence il n'est devenu ni inquiet, ni inconstant, ni capricieux, ni injuste. Il a été nourri des idées d'égalité et d'indépendance : il n'est donc ni violent, ni hautain, ni impérieux. Il n'a vu dans ceux qui l'ont entouré, qu'une conduite toujours modérée et des opinions toujours raisonnables. Il n'est aveuglé par aucun préjugé ; aucune appréciation fausse des choses ne l'égaré : aucun désir immodéré de richesse, de splendeur, de luxe ne le domine. La vertu lui a toujours été présentée sous les formes les plus attrayantes, comme le plus sur moyen de f° 94r° succès dans | toute entreprise honorable, comme une consolation certaine dans tous les revers, comme d'un prix infiniment supérieur à tous les autres avantages. Nul doute qu'une éducation pareille ne soit de nature à produire les effets les plus heureux. Le monde, il est vrai, offrira au jeune homme un spectacle très différent de celui auquel ses idées de vertu l'auront préparé. Mais supposons son ame à l'épreuve de l'influence de l'exemple des séductions du vice. En dépit de toutes ces suppositions que nous avons si complaisamment accordées l'insuffisance de l'éducation sera bientôt démontrée. Le plan que nous venons de décrire exige des lumières pour être conçu, du courage pour être entrepris, de la suite pour être exécuté. Espérerons nous fréquemment une réunion si rare ? Où trouverons nous le maitre capable d'élever ainsi son disciple au dessus de toutes les erreurs de l'humanité ? Quelle éducation ce maitre lui-même ne devrait-il pas avoir reçtte ? Si le monde lui enseigne une déférence implicite pour la naissance, pour les richesses, pour toutes les distinctions accidentelles, d'où tirera-t-il la force nécessaire pour s'affranchir de cette déférence ? Si le monde est rempli d'intrigue, de rivalités, et d'égoïsme, qui préservera son désintéressement de la contagion ? Si la grande majorité a réduit la fausseté en système, si ce système est recommandé par ceux qui se piquent de prudence, s'il est orf°94v° donné par les magistrats" justifié par les moralistes et mis | en pratique de ° Le passage suivant est extrait des ouvrages de Lord Kaimes, l'un des juges du Royaume d'Ecosse. Les sermens qu'on prête aux douanes ne sont comptés aujourd'hui pour rien. Ce n'est pas que le monde devienne plus corrompu, mais c'est que personne n'y attache aucune importance. Les droits sur les vins de France, par exemple, sont en Ecosse les même qu'en Angleterre. Mais comme nous (les Ecossais) sommes hors d'état de payer des droits si considérables, on trouve plus avantageux au revenu public de donner sous main la permission de payer pour les vins de france le même droit que pour les vins d'Espagne, que si l'on 3 encouragées ] encouragées L encouragés P
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f' 95r" mille et mille manières, un individu | aura-t-il toujours la simplicité d'être sincère, ou le courage d'être véridique ? Si les préjugés ont usurpé la place de la science, si les loix, la religion, la métaphysique, le gouvernement, sont entourés de mystère et d'artifice, il ne connaîtra pas la vérité : il ne pourra donc pas l'enseigner : il ne possédera pas la règle infaillible, comment la communiquerait-il ? Enfin, si par miracle, l'on rencontrait un homme tellement éclairé, tellement accompli, tellement incomparable, consentirions nous à rétrécir l'usage de facultés si supérieures, et à les borner à l'éducation d'un enfant, tandis qu'elles seraient destinées à l'instruction de l'univers. L'éducation, dans le sens vulgaire, bien que sous un point de vue elle ait une influence infinie, n'est nullement suffisante pour atteindre le grand but de l'amélioration de l'espèce humaine. Son action est faible, interrompue, isolée. Ce qui caractérise les grands principes de la méchanique ou de la philosophie, c'est de produire ou d'expliquer par une cause très simple une foule d'événemens. L'éducation est précisément l'inverse. Elle employe P 95v° une | immense combinaison, une chaîne infinie de causes, pour opérer un seul effet. Aucune tâche n'est plus difficile que de mettre une digue à l'erreur universelle, et de préserver la jeunesse de la contagion de l'exemple général. L'ame la plus forte, se proposant un pareil but, ne pourrait se flatter de succès répétés, et la réunion presqu'impossible de tant de qualités distinguées n'aboutirait qu'à l'amélioration d'un petit nombre d'élèves. Quel remède apporter à cet inconvénient fondamental ? La justice politique seule, dont l'influence est infinie, qui, en même tems qu'elle fournit les moyens de perfectionnement, écarte les obstacles de tout genre, qui agit à la fois sur des millions d'hommes, et forme dans la même école les instituteurs et les élèves. exécutait la loi dans toute sa rigueur. En même tems pour profiter de cette indulgence, il faut preter serment que les vins importés sont espagnols. Un pareil serment eut autrefois été très criminel ; c'eut été une véritable fraude contre le public. Mais aujourd'hui, qu'on ne l'exige que pour la forme, sans que celui qui le prête ait la prétention d'être cru, ni celui qui le reçoit, la simplicité d'y croire, il n'y a pas plus d'immoralité dans cette action que dans ces formes usitées de civilité commune : je suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur. Idées détachées sur l'éducation. Appendix. p. 302. Edimburgh. 1781. L'archi diacre Paley, dans un livre dont j'ai sous les jeux la septième édition, et qui sert de texte à un cours de morale, dans l'université de Cambridge, s'exprime ainsi. Il y a des faussetés qui ne sont pas des mensonges, c'est à dire qui ne sont pas criminelles, par exemple : un domestique refusant la porte de son maitre, un accusé se prétendant innocent, un avocat affirmant la justice ou son opinion de la justice de sa cause. Dans des cas pareils, la bonne foi n'est pas violée, la confiance n'est pas déçue, parcequ'on ne s'attendait à aucune bonne fois, et qu'on n'accordait aucune confiance. Principes de philosophie morale et politique. Liv. III. part. I. ch. 15. Londres 1790. Note de l'Auteur Anglais.
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III. La justice politique. Pour apprécier sainement les avantages de la justice politique, il faut considérer la société sous le point de vue le plus étendu, et faire entrer dans nos calculs, d'un coté, les institutions erronées qui ont trop souvent mis des entraves au développement des facultés humaines, et de l'autre, ces opinions fondées en raison, et conformes à l'intérêt public et particulier qui f° 96r° n'ont peut être besoin que d'être | expliquées clairement, pour être généralement reçues. Les institutions politiques ont précisément le genre d'efficacité qui manque à l'éducation, l'uniformité et l'étendue. Leur influence ne peut être niée. Qui doute qu'un gouvernement despotique ne rende les hommes souples et serviles, et qu'un gouvernement libre ne leur inspire de l'indépendance et de l'intrépidité ? Les effets de tout principe, adopté en commun par une société, reçoivent de leur universalité même, une force additionnelle. Ils donnent une même direction, une impulsion uniforme à la masse entière. Leur action, loin d'avoir à combattre des obstacles sans nombre, se trouve au contraire de toutes parts, appuyée et soutenue. La vertu, lorsqu'elle est le résultat de principes d'un effet si général, n'est plus un objet continuel de lutte et d'opposition. L'intérêt, l'exemple, la vanité, auparavant ses ennemis les plus formidables, deviennent ses garans, ses appuis, ses confédérés les plus fidèles. Doutez vous de l'efficacité des institutions politiques ? Contemplez l'influence incroyable de certains principes erronés, introduits chez les hommes par l'imperfection du système social. La superstition, une crainte immodéP96v° rée de la honte, un faux calcul d'interets | sont des erreurs qui ont toujours été suivies des conséquences les plus étendues. Nous avons aujourd'hui peine a concevoir les effets de la superstition dans le moyen âge, l'horreur qu'excitait l'excommunication et l'interdit, l'humiliation des plus grands monarques aux pieds d'un Pontife. Quoi de plus contraire aux usages de l'Europe, que cet effroi de l'infamie qui pousse les veuves indiennes à se brûler sur le bûcher d'un époux ? Quoi de plus immoral que cette opinion répandue dans les contrées commerçantes, que les système mercantile doit reposer sur la ruse, le mensonge et la duplicité ! Mais quelques puissantes que soient ces erreurs, l'empire de la vérité une fois établi, serait bien plus puissant encore. Si même dans l'état actuel des choses, l'homme enchaîné par la crainte de la honte, dominé par la superstition, perverti par la fraude, est néanmoins toujours exposé aux reproches de son sentiment intime ; s'il 34 quelque ] quelque L, quelques P
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désapprouve par une censure involontaire la conduite que l'exemple et la faiblesse lui persuadent d'adopter : si aucun esprit n'est tellement étranger à la vérité, qu'au milieu de sa dégénération il n'ait de fréquens retours à des f 97r" principes moins corrompus : si aucun système | de société n'est tellement défectueux, qu'il ne contienne en détail des parties de vertu, de liberté et de justice : combien harmonieuse dans toutes ses branches, conséquente dans tous ses résultats, ne serait pas la vérité toute entière, et quel pouvoir victorieux ne lui donneraient pas cette conséquence et cette harmonie ! Ce pouvoir irrésistible aurait dès long tems suffi pour extirper l'erreur, si elle ne se fut toujours appuyée de l'assistance des gouvernemens. L'esprit qui reçoit des perceptions, qui combine leurs rapports, et discerne leurs différences, tend de sa nature à la vérité. Les perceptions partielles peuvent seules le conduire à des erreurs. Mais ces perceptions se corrigent l'une par l'autre : elles deviennent sans cesse plus positives et plus exactes, et les erreurs qu'elles causent, ne seraient que momentanées, si une puissance étrangère ne les éternisait. La doctrine de la transubstantiation aurait-elle si long tems maintenu son empire, si elle n'eut été appuyée par l'autorité civile ? Les hommes auraient-ils cru pendant des siècles, qu'un vieillard, choisi par des Cardinaux, dans les intrigues d'un conclave, devenait infaillible par l'effet d'une pareille élection, si cette opinion n'eut été payée par f 97v° des revenus, des dignités, des | palais ? Un système de gouvernement qui ne sanctionnerait aucune idée de fanatisme, ou d'hypocrisie, accoutumerait bientôt les gouvernés à une appréciation saine de toutes les règles de la morale. Un Etat qui n'imposerait point à ses membres des sermens contradictoires et impraticables, et qui ne les exciterait pas ainsi à la dissimulation et au parjure, verrait bientôt ses habitans distingués par leur véracité et par leur franchise. Un pays, ou les dignités élevées, les places de confiance ne seraient pas à la disposition des factions, de la faveur et de l'intérêt, ne servirait pas longtems de théâtre à la servilité et à l'imposture. Ces observations répondent d'avance à une objection rebattue, que l'on ne manquera pas d'opposer à nos principes. Un gouvernement erronné, dira-t-on, ne peut être regardé comme la première cause de l'existence de l'erreur et de la corruption des hommes, puisque le gouvernement lui même, étant la production de l'intelligence humaine, doit ses défauts, s'il en a, à f 98r° quelqu'imperfection antérieure dans | l'intelligence qui l'a produit. La proposition sur laquelle ce raisonnement repose, est d'une évidence incontestable. Tout défaut, dans les institutions, comme dans les individus, n'est qu'une erreur ou une méprise mise en pratique, et adoptée pour principe de notre conduite. Mais cette méprise ou cette erreur tend sans cesse à 2 9 servirait ] surchargé sur mot ill.
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se faire reconnaître, ses suites désastreuses sont bientôt senties, et toute injustice en conséquence est passagère par essence. C'est le gouvernement qui met la main sur le ressort de la société, qui arrête son mouvement 1 . Il donne à l'erreur un corps et une durée. Il déjoue la tendance naturelle de nos facultés, et au lieu de nous permettre d'aller en avant, il nous force de 5 regarder en arrière, et de demander au passé la perfection que nous destinait l'avenir. Ce n'est point dans des innovations raisonnées, dans une amélioration progressive, qu'il place le salut public, mais dans un respect timide pour les décisions de nos ancêtres, comme s'il était de la nature de l'homme, de dégénérer toujours, et de ne se perfectionner jamais. 10
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Godwin précise la source : J. Logan, Elements of the Philosophy of History. Voir G, p. 31.
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Chap.e 6.e De la tendance de l'homme vers la vérité.
M a l g r é les efforts q u ' o n a faits p o u r ensevelir certaines vérités d a n s
les
ténèbres, o n voit d e t e m s e n tems q u e l q u e s r a y o n s p e r c e r le voile d o n t o n s ' e s t e f f o r c é d e les c o u v r i r . A p e i n e l ' e s p r i t h u m a i n est-il a r r i v é à la d é m o n s t r a t i o n d ' u n e vérité nouvelle, surtout d a n s la science d e la
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morale,
qu'il se rappelle une foule d ' a p p e r ç u s qui s'étaient présentés d ' e u x m ê m e s , e t il s ' é t o n n e d ' a v o i r si l o n g t e m s r e p o u s s é d e s p r i n c i p e s t o u j o u r s s u r l e point d'être découverts. C e q u e n o u s d e v o n s à l ' i n d é p e n d a n c e d e n o t r e j u g e m e n t et à la voix d e
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notre conscience, a été senti par l'instinct, a v a n t d ' a v o i r été r e c o n n u clair e m e n t par la raison. C e s innombrables passages des poètes, des théologiens et des p h i l o s o p h e s , qui f e s a i e n t contraster a v e c f o r c e la sainteté inviolable du devoir et l'autorité précaire d'un maitre, ont toujours été applaudis avec e n t h o u s i a s m e , par les a m e s pures bienqu'inéclairées. F99f
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P a r m i l e s p a s s a g e s r e l a t i f s à ce sujet, n o u s c i t e r o n s l ' e n d r o i t d e la trag é d i e d e D o u g l a s , o ù le j e u n e N o r v a l , s o m m é d e c o m p a r a î t r e d e v a n t L o r d R a n d o l f f , p o u r l u i e x p l i q u e r l e s m o t i f s d ' u n e q u e r e l l e d a n s l a q u e l l e il é t a i t e n g a g é , l u i r é p o n d : « S e i g n e u r , j e v o u s r é v è r e , m a i s j e n e v i e n s ici, n i p o u r p l a i d e r m a c a u s e , n i p o u r d e m a n d e r v o t r e j u g e m e n t . J e r e n d s a u m a i t r e d e 20 m a patrie l ' h o m m a g e q u ' u n sujet lui doit, m a i s j e n ' a c c e p t e point son sup e r b e arbitrage. L ' h o n n e u r seul régne dans m o n sein ; l ' h o n n e u r seul prononcera d a n s m a cause.» R i e n n'est plus précis, plus exact que la philosophie de c e passage. L e m o t d ' h o n n e u r sans d o u t e est trop v a g u e p o u r e x p r i m e r l e p r i n c i p e q u i d o i t s e r v i r d e r è g l e à t o u t e s l e s a c t i o n s d ' u n e t r e 25 i n t e l l e c t u e l . C e p r i n c i p e , c ' e s t la d é c i s i o n d e n o t r e j u g e m e n t i n t i m e ; e t l e m ê m e raisonnement qui faisait regretter à N o r v a l l'arbitrage de son seigneur p o u r u n e q u e r e l l e particulière, devait é g a l e m e n t le d é t e r m i n e r à n e
l'ad-
m e t t r e c o m m e la règle d ' a u c u n e d e ses actions, et à se r e f u s e r p a r c o n s é q u e n t à l ' h o m m a g e q u ' i l r e c o n n a î t lui d e v o i r . L ' h o m m e d e bien ne doit p r e n d r e p o u r m e s u r e d e s a vertu, n i le j u g e m e n t , ni la v o l o n t é d ' u n autre. M a i s cette i n e x a c t i t u d e tenait au t e m s , et les a p p l a u d i s s e m e n s réitérés q u e P 99v° c e p a s s a g e a r r a c h a i t a u x a u d i t e u r s p r o u v a i t q u e l e u r i n s t i n c t | r e c o n n o i s s a i t
Etablissement du texte : 3/6a-l/6, L P 60r°-62r°, PI f° 98v°-99v°, G pp. 176-178. 8 et il s'étonne ] et s'étonne L
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la vérité du principe, lors même que leur raison n'en discernait pas les conséquences.
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Chap.e 7.e Objections tirées de l'influence du climat.
On peut diviser en deux classes les causes qui semblent agir sur l'esprit humain. Je range dans la lère les impressions qui deviennent un sujet de raisonnement, et un motif immédiat d'action, et dans la seconde celles qui n'agissant qu'indirectement, impriment à l'ame une disposition générale, soit dans le sens de la force, du courage et de l'activité, soit au contraire dans celui de la faiblesse, de l'indolence et de l'apathie. Conformément au système précédemment établi, les impressions qui agissent d'une manière immédiate, doivent seules être comptées pour quelque chose : les autres étant comparativement si impuissantes et si subordonnées, qu'elles ne méritent aucune attention. Quelques raisonneurs néammoins ne les ont pas regardées comme aussi peu importantes ; et il n'est pas inutile d'examiner leurs idées à ce sujet, et les motifs qu'ils ont allégués pour accorder tant d'influence à la partie la plus inférieure de notre nature. Les impressions qui affectent nos sens peuvent agir comme causes physiques, ou comme causes morales. L'indisposition du corps agit sur l'ame comme une cause phyf° lOOv" sique. Elle y | répand la tristesse et la langueur, sans que notre esprit y ait aucune part. Les châtimens corporels agissent principalement comme une cause morale, car, quoiqu'ils excitent immédiatement un sentiment douloureux, ils n'influent sur notre conduite, que conformément aux réflexions de l'esprit, converties en motifs d'action. C'est une recherche curieuse que d'examiner jusqu'à quel point ces deux espèces de causes sont distinctes l'une de l'autre. On ne peut nier que la sensation n'ait beaucoup d'influence. Elle est en possession de l'initiative ; c'est en elle que toutes les opérations intellectuelles dont nous avons connaissance, prennent leur origine et leur date, ses effets immédiats sur l'esprit précédent, le plus souvent le choix de la réfléxion. Dans quelques occasions nous pouvons prévoir l'impression qui doit se faire sur nos sens, et par conséquent y résister : mais il y aurait contradiction à soutenir que cette prévoyance est toujours possible, car la prévoyance est le fruit de la réflexion. Cependant, bien qu'on ne puisse prévoir les sensations, et par conséquent prévenir complètement leur effet, que dans quelques circonstances particulières, cet effet est toujours en grande partie le produit de la f l0lr° réflexion | et du choix. J'éprouve une sensation douloureuse, et je me perEtablissement du texte : l/7pi-l/7, L f° 63r°-73v°, PI f° 100i"-102v°, G pp. 5 1 - 6 0 .
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suade, qu'il est plus prudent de me soumettre, que de résister. Un concours d'événemens fâcheux m'accable et me rend triste, soucieux et mélancolique. Il me semble que tous mes efforts ne changeraient rien à ma situation, et ne seraient qu'un supplément de peine inutile : je reste dans l'apathie et l'inaction. Ma situation ne serait-elle pas fort différente, si j'étais animé par des sentimens d'activité, d'industrie, et de courage ? Lorsque le corps subit une opération pénible, et que l'ame conserve toute sa fermeté, qui peut fixer le dégré de la souffrance éprouvée ? Le langage d'Anaxarque n'était-il qu'une fanfaronade philosophique, lorsqu'il s'écriait : frappe, tyran, tu peux briser l'enveloppe d'Anaxarque, mais tu ne peux toucher Anaxarque même. Qui peut apprécier la souffrance réelle de Mutius Scaevola, ou de l'Archevêque Cranmer, lorsqu'ils tenaient leur main étendue sur un brasier dévorant ? qui sait ce qu'endure le sauvage Indien, lorsqu'il chante au milieu des tortures, et que ses sarcasmes amers provoquent ses bourreaux à des rafinemens de barbarie ? f 101 v° Il semble résulter de ces considérations que l'indisposition et la souffrance corporelle ne sont redoutables que du consentement de l'ame ; que nos relations avec l'univers matériel sont subordonnées à notre choix, que l'incapacité accidentelle de notre intelligence est principalement le produit de considérations morales, et qu'elle n'existe qu'en proportion que nous nous y prêtons volontairement. Ces observations nous fournissent une réponse facile aux inférences qu'on voudrait tirer de l'influence des causes physiques sur les animaux. Les races, par exemple, semblent être d'une très grande importance pour les chevaux et les chiens. Pourquoi produiraient-elles un moindre effet sur les hommes ? Comment se fait-il que les mêmes qualités se perpétuent dans les mêmes races, pourvu qu'on les cultive avec soin, tandis que la sagesse des pères ne se transmet point aux enfans ? Je répondrai que l'influence des causes physiques est incontestable, mais que dans l'espèce humaine, elle est surmontée par l'influence supérieure de f I02r° la | méditation et de la science, tandis que chez les animaux, rien ne sert à la balancer. Si l'on élevait séparément un certain nombre de Nègres, en ne leur laissant de communication que celle qui serait indispensable pour la propagation de leur espèce, ou même si les enfants, vivant ensemble, étaient privés de la connaissance des réflexions et des idées de leurs pères, l'influence des races se ferait sentir chez eux, aussi fortement que chez les chevaux et les chiens. Mais si l'on négligeait les précautions nécessaires pour assurer leur isolement, ils recevraient, en communiquant avec leurs 37 fortement ] surchargé sur mot ill.
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parens et leurs voisins plus ou moins civilisés, un nombre infini d'idées différentes et le parallèle n'existerait plus. Deux espèces de causes extérieures agissent sur l'homme. Les unes, immédiatement, en produisant des effets indépendans de l'exercice de la raison ; les autres, médiatement, en fournissant à sa réflexion, des matériaux qui servent ensuite de motifs à sa volonté. Ces dernières sont les seules puissantes chez l'homme civilisé. Celui qui voudrait changer le caractère d'un individu, se perdrait en efforts inutiles, s'il prétendait y réussir par l'influence du chaud et du froid, de l'humidité ou de la sécheresse. Les véritables agens de l'influence morale sont le désir et l'aversion, le châtiment et la récompense, la démonstration des vérités générales, et | surtout le développement des peines et des plaisirs que la sagesse ou l'erreur entraînent après elles par la nature même des choses. L'influence des causes physiques est démentie par l'expérience la plus évidente. Nous ne trouvons chez les peuples aucune des conformités qui devraient en résulter. Les Gascons sont les hommes les plus gais de la france ; les Espagnols qui habitent le revers des Pyrénées sont sérieux et phlegmatiques ; les Athéniens étaient vifs, ingénieux, et pénétrans ; leurs voisins de la Béotie étaient au contraire lourds, grossiers et taciturnes. Les différentes races d'hommes vivans dans le même pays, mais sous des loix différentes, présentent un contraste remarquable. Les Turcs sont braves, francs et sincères, les Grecs sont vils, lâches et trompeurs. Les tribus que des opinions religieuses ou d'autres causes séparent des naturels du pays, ont entr'elles une grande ressemblance. Leur situation qui les soumet à une surveillance particulière et fait rejaillir sur la masse les fautes de l'individu, rend leur conduite reservée, recommandable et modeste, à moins que | les préjugés en les flétrissant, ne leur otent l'espoir d'acquérir une réputation méritée. Ainsi les Arméniens dans l'Orient, les Juifs en Europe, sont universellement distingués des peuples chez lesquels ils résident. Mais les Arméniens sont aussi renommés pour la probité, que les Juifs pour la fourberie. Quelle ressemblance peut-on trouver entre les anciens Grecs, et les Grecs modernes, entre les Romains et les Italiens de nos jours, entre les Gaulois et les habitans de la France ? Diodore de Sicile représente les Gaulois comme singulièrement taciturnes, et Aristote prétend qu'entre tous les peuples belliqueux, ils sont seuls indifférents à l'amour. Suppose-t-on qu'un climat brûlant rend les hommes vifs, ingénieux, et d'une imagination exal-
Etablissement du texte : A partir de la ligne 13 : L'influence des causes..., BC utilise l/7pii1/7, L P 74r°-83v°, PI P 102v°-105v°, G pp. 62-70. 2 0 vivans ] vivant L
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tée ? Les Persans, les Grecs, les français ont été remarquables par leur gaîté, les Espagnols, les Turcs et les Chinois par leur phlegme et leur apathie. Les anciens considéraient les peuples du nord comme incapables de civilisation et de science : les anglais modernes ont prouvé qu'ils ne le cédaient en talens littéraires à aucune nation du monde. Soutient-on que les peuples septentrionaux sont les plus entreprennans et les plus courageux, et que c'est toujours du nord au midi, que s'étendent les P I03v° conquêtes ? | On aurait pu dire avec plus de vérité qu'elles ont presque toujours été faites par la pauvreté sur la richesse. Les Turcs sortis des déserts de la Tartarie envahirent les fertiles provinces de l'empire romain, et rencontrèrent au milieu du trajet les sarrazins que les mêmes motifs avaient chassés des déserts non moins arides de l'Arabie. Les extrêmes sans doute ne sont pas sans influence. L'excès de la chaleur peut avoir causé l'infériorité des Nègres, celui du froid la stupidité des Lapons : encore doit on compter pour beaucoup la stérilité insurmontable du sol ou sa fécondité spontanée et surtout l'absence de tout moyen d'amélioration morale, car les causes physiques ont incontestablement une grande puissance jusqu'au moment où l'action des causes morales commence. Le résultat de ces raisonnemens est de la plus grande importance, pour qui veut perfectionner la science du gouvernement. Quelques puissent être les découvertes humaines en morale ou en politique, elles seront toujours f I04r° inutiles, si après avoir constaté les principes | éternels de la sagesse et de la vertu, nous souffrons que toutes leurs conséquences soient défigurées par une erreur grossière et absurde. Quelques auteurs en traitant des institutions sociales ont proclamé les bienfaits de la liberté, et reconnu les droits égaux de tous les homes ; et ces mêmes écrivains n'en ont pas moins affirmé, que l'établissement du despotisme ou de l'aristocratie convenaient à des certains siècles, et à quelques parties du monde. Mais quelles circonstances peuvent donc rendre l'espèce humaine incapable de se servir de sa raison ? Quelle époque peut la condamner à se mettre, pour ainsi dire, en tutèle ? Dès que les hommes savent remplir les premiers devoirs de l'humanité, pourvoir à leur nourriture et se défendre de la rigueur des saisons, leur intelligence suffit pour tous les autres soins nécessaires à leur sûreté et à leur bien être. Donnez leur une méthode simple et facile de veiller à leurs intérêts, de terminer leurs différens, de conserver intact un sentiment convenable d'égalité, de fierté, d'indépendance, et pour résultat d'une institution pareille, vous aurez bientôt les lumières, la prospérité, la vertu. Que faut-il pour établir la liberté chez un peuple ? lui démontrer qu'elle a f° I04v° sur l'esclavage des avantages réels. | Or pour arriver à cette démonstration, le même chemin nous est ouvert, que pour arriver à toute autre. 6 entreprennans ] entreprenans L
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Si nous voulions persuader à quelqu'un de nos amis, d'accepter une grande fortune, en supposant que la possession d'une grande fortune doit être considérée comme un bien, si nous voulions l'engager à faire choix d'un amis sage à préférer la tranquillité à l'inquiétude et la jouissance à la douleur, que faudrait-il de plus que lui présenter ces choses sous leur véritable point de vue ? Et ne regarderions nous pas comme un insensé celui qui prétendrait qu'un climat quelconque s'oppose à ce que l'évidence produise la conviction ? Il en est de même de la liberté. Tous les hommes en ont une idée confuse : mais on les a façonnés à croire qu'ils s'entredéchireraient, s'ils n'avaient des prêtres pour diriger leurs consciences, des maitres pour veiller à leurs besoins, et des rois pour les préserver des orages politiques. Cependant, quelques soient les préjugés et les terreurs qui les déterminent à se laisser lier les mains, et à se prosterner devant la tyrannie, le raisonf I05r° nement n'en doit pas moins décider la question. | La vérité, présentée dans tout son éclat, et par des gradations convenables, détruit peu à peu les préventions les plus enracinées. Que l'imprimerie s'introduise dans la Perse ou dans l'Indostan, que les vérités politiques découvertes par les sages de l'Europe soient traduites dans la langue de ces contrées asservies, elles feront inévitablement quelques prosélytes. Le propre de la vérité est de se répandre : le nombre de ses apôtres s'accroit successivement dans chaque siècle, même sans le secours des grandes convulsions nationales ; et les causes qui retardent ses progrès ne dépendent point du climat, mais de la surveillance intolérante et jalouse des usurpateurs. Supposons donc la majorité d'une nation parvenue à sentir les avantages de la liberté, ou, ce qui revient au même, à concevoir la possibilité de l'établir. La situation de ce peuple serait à peu prés celle de dix à douze mille hommes jouissant de leur raison, et qu'auraient renfermés trois ou quatre gardiens, sous le prétexte qu'ils sont en démence. Ils ont cru jusqu'à ce jour, (et quelle absurdité fut trop forte pour l'intelligence humaine) leur jugement aliéné et leur détention indispensable pour leur propre sûreté. Ils s'étaient résignés en conséquence à supporter les traitemens les plus rigouP I05v° reux, et bénissaient la main tyrannique qui leur infligeait | ces traitemens. Mais quelques-uns d'entr'eux soupçonnent l'imposture ; cette idée se propage ; ils réfléchissent, ils raisonnent, ils se communiquent leurs découvertes, à travers les fentes de leurs loges, et dans les momens où leurs surveillans leur permettent de se réunir. Enfin la majorité des détenus est convaincue de la fraude dont ils sont victimes.
12 leurs besoins ] leur besoin L
Livre I, Chapitre VII
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Quelle doit être naturellement la suite de cette découverte ? L'influence du climat empêchera-t-elle les prisonniers de travailler à leur délivrance ? Les chaînes tombent d'elles mêmes, lorsque le talisman de l'opinion est rompu. La difficulté n'est pas d'obéir à la raison, lorsqu'elle est connue ; elle serait de lui résister. Les détenus sont rassemblés dans leur salle com- 5 mune : les gardiens viennent les avertir qu'il est l'heure de regagner chacun leur cellule. Mais il ne leur est plus possible de se soumettre. Ils voyent l'impuissance de leurs anciens tyrans : ils sourient de leur présomption, et sortant paisiblement de la prison qui les renfermait, ils vont jouir des biens communs à l'espèce humaine, le soleil et la liberté. 10
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Chapitre VIII.6 Des objections tirées de l'influence du luxe.
On oppose encore aux principes que nous venons d'établir, une objection qu'on peut considérer comme une branche de celle que nous avons discutée. «Les nations, dit-on, sont assujetties, comme les individus, à la succession de l'enfance et de la caducité ; et lorsqu'un peuple est parvenu par la corruption ou par le luxe à la décrépitude morale, il est impossible aux institutions humaines de lui rendre de la pureté ou de la vigueur.» Cette idée repose en grande partie sur les notions romanesques de la vie pastorale et de l'âge d'or. L'innocence n'est pas la vertu. La vertu consiste en un zèle ardent et soutenu pour le bien général. Les vues étroites de la vie sauvage ne sont pas moins éloignées de la vertu, que la vanité, le luxe et la molesse, bien que peut-être les premières soient moins malfaisantes. Quelques individus dont l'ombrageuse sensibilité souffrait vivement de la dépravation de leur siècle et de leur patrie, ont supposé qu'une race plus pure existait dans les bois de la Norwège, ou dans les montagnes de l'Ecosse. Ils I06v° suivaient, dans cette hypothèse, l'impulsion de la misanthropie, et | non le raisonnement. Tout au plus auroient-ils pu dire que l'ignorance parvient à la sagesse avec moins de peine que le préjugé, et que la présence du vice est une situation plus fâcheuse que l'absence de la vertu. Toute comparaison d'une nation avec un individu est nécessairement inexacte. Les opinions d'un peuple ne ressemblent nullement à celles d'un homme : elles sont moins fixes : elles opposent à des efforts constans pour les rectifier, une résistance moins obstinée. Les membres d'une une nation ne sont pas tous également affermis dans l'erreur. Il en est qui n'ont que peu de répugnance pour la vérité. Ce nombre s'accroit sans cesse. Chaque converti travaille à des conversions nouvelles. La manière d'attaquer les préjugés se varie à mesure que la proportion des disciples de la vérité devient plus forte, et bientôt il existe pour tous les caractères, des moyens de persuasion, et contre toutes les préventions, des modes d'attaque.
Etablissement du texte : 1/8-1/8, L f° 84r"-89r", PI f> 106r°-108r°, G pp. 71-76. 19 la présence ... la vertu. ] corr. de l'absence de la vertu est une situation plus fâcheuse que la présence du vice, partiell, biffé, faute du copiste
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Ajoutez que les générations disparaissent, et que celles qui les remplacent f° 1071" ont moins de préjugés à détruire. Supposez qu'une nation gouvernée | despotiquement soit remise par une révolution en possession de sa liberté. Les enfans de la génération existante recevront des principes plus affermis de courage et d'indépendance. Ils remplaceront par la rectitude du jugement et l'intrépidité du caractère la souplesse, la timidité, la déxtérité vicieuse de la servitude, et ce changement de mœurs, d'abord imparfait et partiel, sera le siecle suivant, complet et sans mélange. L'influence des institutions sociales agit plus fortement sur le caractère national, que tous les moyens d'amélioration sur les caractères individuels. Des hommes en masse une fois éclairés et persuadés sont remplis d'une vigueur que n'aurait pas chacun isolé. Ils s'animent mutuellement ; la force de l'exemple et la crainte de la honte assurent leur persévérance. Ce n'est plus une de ces circonstances ordinaires, où l'on emploie pour dissiper l'erreur d'un individu, les simples armes de la raison. L'individu se trouve placé dans une situation nouvelle. Ses vieilles habitudes sont rompues, ses motifs d'action changés. Au lieu d'être ramené toujours au vice par l'influence de ses relations anciennes, il reçoit de la société l'impulsion commune de la vertu. P I07v° Si l'intelligence humaine est capable de discerner | la vérité, s'il existe un moyen de faire comprendre aux hommes leurs interets, la question n'est plus douteuse. Tout ce qui est politiquement juste ou injuste, influe sur le bonheur de notre espèce. Lorsque la justice lui est connue, elle ne peut donc hésiter. Tous les hommes conviendront, par exemple, que la monarchie a de grands désavantages. Elle agit d'après des informations incomplettes et insuffisantes : elle produit l'intrigue, la corruption, la flatterie, la servilité. Si l'on prouvait que ses avantages ne balancent point ses inconvéniens, et que l'abolir n'entrenerait ni désordre, ni violence, quelle nation voudrait rester soumise à la monarchie ? quel peuple sur la surface du globe supporterait les vexations abusives de son administration, les guerres qu'elle occasionne, les dépenses qu'elle exige, s'il la regardait comme une superfluité, comme une maladie même de l'ordre social ! Mais on à prétendu qu'une nation corrompue, quand le hazard ou des maux intolérables la pousseraient vers la liberté, serait incapable de la conserver, que ses vices la replaceraient bientôt sous le joug, et qu'à l'énerf° I08r° gie momentanée qui aurait renversé le tyran, | succéderait une lâche indifférence qui faciliterait le rétablissement de la tyrannie. Je concois mal, je l'avoue, par quel prodige bizarre, après s'être réveillée de sa honteuse stupeur, après avoir su revetir un caractère nouveau, et conformer sa conduite à sa conviction profonde, elle retomberait soudain dans sa dégradation passée, et redeviendrait insensible à l'influence de la vérité.
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Les hommes sont conduits dans toutes leurs actions par l'idée de la préférence. Toutes leurs erreurs viennent du point de vue sous lequel les objets leur sont offerts. Ils préfèrent quelquefois la jouissance du moment à l'avantage futur. Mais ils ne choisiront jamais le mal avec connaissance de cause. Présentez leur l'idée juste avec une clarté suffisante, cette idée sera la 5 règle de leur conduite. Lorsqu'ils ont fait un pas vers la vérité, ils n'ont aucun motif pour rétrograder. Une masse d'hommes qui a long tems gémi sous le joug, et qui est parvenue à s'y soustraire, ne consentira pas facilement à le subir de nouveau. Pour la ramener à l'erreur, il faudrait que la vérité disparut, il faudrait effacer de sa mémoire le souvenir de tous les faits 10 et bouleverser dans son intelligence tous les calculs du raisonnement.
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Livre II.e Principes de la société.
Chapitre l. er Introduction. Il y a deux manières de remonter à la naissance des sociétés et des institu- s tions politiques, historiquement, c'est à dire en examinant comme M. Locke, quelle fut, ou quelle dut être leur origine ; ou philosophiquement, en considérant les principes moraux sur lesquels elles reposent. La première de ces méthodes a son utilité : mais l'autre est d'une nature supérieure et plus importante. Elle tient au fond de la question, la première à sa forme. Il serait 10 assez indifférent de connaître d'où vient tel mode d'association, et de savoir comment ce mode fut originairement sanctionné, s'il était évidemment conforme aux règles de la justice et de la vertu. Il est de plus indispensable, avant d'entamer ce sujet, de distinguer soif I09r° gneusement la société du gouvernement. | En s'associant, les hommes ont eu 15 pour but, de s'assister mutuellement. Ils n'ont nullement prévu qu'il faudrait recourir à la contrainte pour régler la conduite publique et particulière des membres de la société. La nécessité de cette contrainte eut pour origine les erreurs et la corruption d'un petit nombre. Un écrivain ingénieux a exprimé cette idée d'une manière singulièrement heureuse. La société et le 20 gouvernement, dit-il, sont différens l'un de l'autre et ont une origine différente. La société est le résultat de nos besoins, le gouvernement de nos vices. La société est toujours un bien : et le gouvernement, même le meilleur, est tout au plus un mal nécessaire 1 .
Etablissement du texte : 2/1-2/1, L F 90r°-91r°, PI P 108v°-109i*, G pp. 78-79. 1
Godwin précise la source : T. Paine, Common sens, voir G, p. 79.
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Chap.e 2.e De l'égalité.
L'égalité de l'espèce humaine est ou physique, ou morale". On peut considérer l'égalité physique sous le rapport de la force du corps, ou sous celui des facultés de l'esprit. L'on a poussé, même de nos jours, le sophisme et la controverse jusqu'à f 110r° contester l'existence de l'égalité | physique. L'on a voulu prouver qu'elle n'était qu'une fiction chimérique, et l'on s'est appuyé des faits et de l'expérience. Parmi les individus de notre espèce, a-t-on dit, il est impossible d'en trouver deux qui soient égaux sous tous les rapports. «L'un est fort, et l'autre est faible. L'un est sage, l'autre est stupide. La source de l'inégalité des conditions est dans la nature. L'homme vigoureux a soif de puissance : l'homme faible a besoin de protection. La conséquence est inévitable ; l'égalité des conditions est une hypothèse illusoire, impossible dans l'exécution, et dont l'exécution, si elle était possible, ne serait nullement à désirer. Les premiers pas de l'espèce humaine vers la civilisation ont du sans doute entraîner de grandes inégalités que la sagesse des générations successives fera graduellement disparaître. Néammoins, malgré les usurpations dont l'homme a de tout tems été victime, un genre essentiel d'égalité n'a jamais cessé d'exister. Aucun mortel n'est tellement supérieur à ses semblables, qu'il les puisse asservir, s'il n'y donnent leur consentement. Tous les gouvernemens ont l'opinion pour baze, les sujets ne s'y soumettent, que parce qu'ils pensent y trouver leur avantage. Une partie d'un État peut être f ilOv° retenue dans la servitude par la force, mais non par la force personnelle | du despote. Ce doit être celle d'une autre partie de l'état qui se croit intéressée à protéger l'autorité du tyran. Détruisez cette opinion qui seule soutient ° L'auteur ne s'est pas exprimé ici avec une exactitude suffisante. Les deux espèces d'égalité qu'il va décrire, ne devaient pas être designées, l'une sous le nom d'égalité physique, l'autre sous celui d'égalité morale. Ce qu'il appelle égalité physique est, à proprement parler, l'égalité individuelle, ou d'homme à homme ; car il comprend sous le nom d'inégalité physique, l'inégalité des facultés de l'esprit. Ce qu'il entend par égalité morale, c'est l'égalité légale, ou le droit égal de tous à être jugés par les mêmes loix. Je ne me suis pas cru autorisé à changer une terminologie qui se prolonge dans le reste de l'ouvrage, et j'ai pensé qu'il suffirait d'avertir le lecteur de cette confusion de mots. (Note du traducteur.) Etablissement du texte : 2/4-2/2, L P 92v°-96v°, PI f 109v°-l 1 lr". G pp. 104-108.
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l'édifice, l'édifice s'écroulera. Tous les hommes sont donc essentiellement indépendans l'un de l'autre. L'égalité morale est encore moins susceptible d'objections raisonnables. Par égalité morale, j'entends l'application impartiale d'une règle invariable de justice, à toutes les occasions qui se présentent. Nous participons tous à la même nature. Nous avons les mêmes organes et les mêmes facultés, nous devons avoir par conséquent les mêmes plaisirs et les mêmes peines. Nous sommes tous doués de raison, capables de comparer, de juger, de tirer des conséquences. L'amélioration desirable pour l'un d'entre nous est desirable aussi pour l'autre. A mesure que nous nous élèverons au dessus des préjugés, nous connaîtrons mieux nos interets, et nous nous donnerons des secours mutuels. Nous marcherons tous d'un pas à peu près égal vers le perfectionnement, lorsque nous serons tous également libres, indépendans de toutes les entraves qui arrêtent l'essor de notre intellllr° ligence, ou nous empechent de dire dans toutes les | occasions ce qui nous semble raisonnable et vrai. Il y a de certaines circonstances, de certaines situations avantageuses à tous les hommes, il est juste qu'ils y participent tous, au moins autant que cela peut se concilier avec l'économie générale. Il existe, à la vérité, une sorte d'inégalité morale ; les hommes n'ont de valeur qu'en raison de leurs talens et de leurs vertus. Le pays où le bienfaiteur du genre humain serait traité de même que son ennemi, donnerait une preuve de folie, autant que d'ingratitude. Mais, loin de nuire à l'égalité, cette distinction la favorise, et c'est pour cette raison qu'elle est designée sous la dénomination d'équité, terme qui a la même origine. Elle concourt avec l'égalité à assurer les avantages qui en font toute la valeur : elle remplit tous les cœurs d'une émulation généreuse. Gardons nous de toucher à cette distinction éternelle et sacrée. Mais détruisons les distinctions arbitraires, pour laisser à l'essor des talens et de la vertu, une liberté illimitée. Donnons à tous les hommes les mêmes moyens, et les mêmes encouragemens, et fesons de la justice et de la morale l'intérêt et le choix universel.
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Chap.e 3 . Des droits de l'homme".
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La question des droits de l'homme a été discutée avec chaleur et obstination, et l'avantage semble être resté à ceux qui ont soutenu la négative. Rien n'a été plus funeste à la cause de la vérité, que la manière imprudente dont ses partisans l'ont quelquefois défendue ; et l'on conviendra qu'il a fallu un malheur particulier, pour que ceux qui ont adopté l'opinion la plus approchante du vrai, aient laissé à leurs adversaires les expressions les plus conformes à la raison et à la nature des choses. P 1121" Pour réunir des êtres intelligens, il faut | nécessairement leur prescrire, comme un devoir obligatoire, une règle de conduite, adaptée à leur nature, et à l'objet de leur réunion. Les hommes n'auraient jamais formé de sociétés, s'ils n'avaient espéré qu'en se rassemblant, ils contribueraient davantage au bonheur les uns des autres : et la société n'atteint sont but qu'en réalisant cette espérance. Quelque soit le sens qu'on attache au terme de droit, il est évident que les hommes ne peuvent avoir des droits contraires au but de la société. Les droits d'un individu ne peuvent ni détruire ni heurter les droits d'un autre ; car alors, les questions de droit, au lieu d'être une branche importante de la morale et de la vérité seraient les objets de disputes inintelligibles, qui ne finiraient que par la violence. Si un homme a le droit d'être libre, un autre homme n'a pas le droit d'en faire son esclave. Si un homme a le droit de m'infliger un châtiment, je n'ai pas le droit de m'y soustraire ; si un indigent a droit à une somme que je possède, je n'ai pas le droit de la lui refuser. Mais il résulte de ces principes, que les hommes n'ont point de droit, car par ce mot on a toujours entendu un pouvoir discrétionnaire, c'est a dire une liberté complette de faire ou de ne pas faire une chose sans "
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Il règne dans toute la suite d e ce chapitre, une espèce d'équivoque, qui vient de ce que l'auteur a négligé de distinguer dans le mot de droit, ce qu'on a le droit de faire soi même, et ce q u ' o n a le droit d'exiger des autres. J'ai taché dans ma traduction de rendre fidèlement 30 son idée, et pour cet effet, j ' a i resserré quelques-uns de ses raisonnemens. Mais je n'ai pu, ni voulu remédier à l'erreur fondamentale, que j e n'aurais pu faire disparaître, sans substituer mon ouvrage à celui de l'auteur. (Note du traducteur.) Etablissement du texte : 2/5-2/3, L f° 98r°-107v o , PI P 11 lv°-115r°, G pp. 109-119.
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f° 112v° mériter, dans l'un ou dans l'autre cas, le blâme ou le ressentiment, et sans se rendre en aucune manière coupable. Or j'affirme, d'après ce que nous venons d'établir, que nous n'avons dans ce sens ni droit, ni pouvoir discrétionnaire. On dit communément, que nous avons le droit de disposer de notre fortune, le droit d'employer notre tems, le droit de choisir nos occupations. Mais cette assertion n'est admissible que si l'on prouve qu'aucun devoir ne restreint pour ces objets la liberté de notre conduite. Un homme a tout autant le droit d'arracher la vie à un autre, que de lui refuser le secours pécuniaire, faute duquel il périrait de misère, ou l'instruction sans laquelle il ne peut parvenir à son perfectionnement moral. Si les hommes ont des droits et un pouvoir discrétionnaire, ce n'est peut être que dans les choses absolument indifférentes. Mais ces droits sont en bien plus petit nombre qu'on ne pourrait l'imaginer ; car, pour les établir complettement, il faudra toujours prouver que le choix entre deux alternatives n'est accompagné de conséquences ni avantageuses ni nuisibles. Or, des droits essentiellement frivoles et inutiles valent-ils la peine d'être réclamés ? f l I3r° Ce sont dans la réalité deux idées incompatibles, que celle de l'homme, et celle de ce qu'on a nommé droits. L'une est destructive de l'autre. L'homme est un être doué d'intelligence, capable de discerner les différences et le but des choses. Mais un être, doué de ces facultés, est un être moral : un être moral a des devoirs à remplir, et nous avons déjà prouvé que le devoir exclut le droit. Les champions zélés de la liberté prétendent que les Rois et les Magistrats n'ont point de droits, et la vérité de cette proposition semble incontestable. Car dans tous les instants de leur vie, ils ont des devoirs, et la puissance qu'on leur confie ne doit être exercée que pour l'utilité générale. Mais comment n'en serait-il pas de même des sujets et des simples citoyens ? L'immoralité de la doctrine des droits n'est pas moins palpable que sa fausseté. L'avare s'appuye de ses droits illusoires pour entasser l'or, dont la circulation contribuerait au bien être de plusieurs milliers d'individus. Le prodigue s'autorise du même raisonnement pour employer son immense fortune à satisfaire ses caprices et ses fantaisies, tandis qu'il refuse des secours aux malheureux dont il est environné. Ils vous diront hardiment, F ll3v° tous deux, que leur fortune leur appartient légitimement, qu'ils | ne doivent rien à personne, et que personne par conséquent n'a le droit de s'immiscer dans leur conduite particulière. La grande majorité des hommes sent qu'elle a besoin de cette autorisation, et se coalise contre les observateurs insolents qui osent se mêler de ce qui ne les regarde pas. Ils oublient que l'homme sage, l'homme de bien, l'ami de son pays et de ses semblables s'occupe de
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tout ce qui peut les intéresser, et qu'il est porteur d'un diplôme qui le constitue inspecteur général de la conduite des hommes, et lui impose le devoir de les rappeller à la vertu, par tous les conseils que la vérité peut lui inspirer, et par toutes les douleurs morales que peut infliger la censure la plus sévère. La doctrine des droits de l'homme est en effet de la nature de nos gouvernemens actuels. Les loix n'ont point de surveillance sur une infinité d'actions que nous prescrivent ou nous interdisent impérieusement les principes de la morale. Les hommes sur lesquels les règles de la justice n'ont aucun empire, se livrent à tous les excès de l'intempérance, sont intéressés, corrompus et cruels, et réclament le droit de se plonger dans tous ces vices, f 114r° parceque les réglemens | positifs gardent à cet égard le silence. Des philosophes et écrivains politiques ont trop souvent adopté les mêmes principes avec quelques adoucissemens. Aucune modification cependant ne rend l'erreur légitime. Si nos formes sociales laissent impunies les irrégularités des relations personnelles, des formes moins imparfaites, sans soumettre les coupables à la surveillance des loix, leur réserveraient dans la censure publique un châtiment assez sévère, pour leur démontrer que jamais on n'a le droit de manquer à ses devoirs. Mais la liberté des opinions, la liberté de la presse, ne sont-ce pas là des droits sacrés ? sans doute ces libertés doivent être sans limites ; mais ce n'est point, parcequ'un homme a le droit de s'écarter de la ligne que son devoir lui trace, c'est parceque la société ou la masse des individus n'a pas le droit de prétendre à la prérogative de juge infaillible, ni de prescrire impérieusement des loix à ses membres, en matière de pure spéculation". Cette restriction des pouvoirs de la société ne constitue point un droit positif et discrétionnaire pour l'individu. Un homme n'en serait pas plus excusable, s'il publiait sciemment ce qu'il croit faux et dangereux. f> l I4v° L'impossibilité de ramener tous les hommes à la même opinion par des moyens de contrainte, motive cette restriction des fonctions sociales. Les jugemens que nous formons sur des sujets de vérité générale sont, ou nous paraissent fondés sur l'évidence, et quoiqu'il soit possible de nous ébranler par la séduction, les moyens de force produisent ordinairement l'effet contraire. La persécution n'a aucune prise sur le jugement, lors même qu'elle abat le caractère. Elle fait des hypocrites, mais ne produit point de 0
Ce que la société n'a pas droit de faire vis à vis d'un individu, cet individu a le droit d'exiger que la société ne le fasse pas. Dans tous ces raisonnemens, il y a inexactitude d'expression. Note du traducteur.
8 prescrivent ... impérieusement ] corr. de prescrivent impérieusement ou nous interdisent L
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conversions, et plus un gouvernement a pour but principal de rendre ses sujets vertueux et intègres, moins il entreprendra de mettre des restrictions à l'expression franche de leurs opinions. Une autre considération d'un ordre plus élevé vient encore à l'appui de ce système. L'homme n'est point un être parfait, mais un être perfectible. Aucun gouvernement n'est sans défaut, et de longtems, je pense, il n'en existera de semblable. Aucun gouvernement ne doit donc résister avec opinatreté à des modifications soumises à la discussion philosophique : aucun ne doit essayer de mettre des entraves à l'essor de la pensée. Ce n'est qu'en f 115r° favorisant cet essor, qu'on a facilité le dégré de perfection ou la science, | la philosophie et la morale sont parvenues, et qu'on peut espérer de les voir s'élever à une hauteur, d'où tout ce que nous avons fait jusqu'aprésent nous paraitra puérile. La condition la plus indispensable pour atteindre à ce but est la libre communication des découvertes et des idées. Si tous les hommes sont réduits à partir du même point, les efforts seront inutiles, et se perdront dans un cercle qu'ils ne pourront jamais franchir. Rien ne contribue plus à l'énergie intellectuelle de l'homme, que l'habitude de suivre sans inquiétude ses spéculations hardies, et d'en déclarer sans crainte les résultats. Mais ce serait une étrange erreur que de conclure, parceque chaque homme doit chercher de son mieux et librement ce que c'est que la vérité et la vertu, et parcequ'il y a des objets sur lesquels la société n'a point de jurisdiction, que les hommes ont le droit de faire autre chose que des actions vertueuses, ou de dire autre chose que la vérité. Lors même que la loi se tait, la justice éternelle parle, et le devoir s'applique à tout ce qui concerne les actions humaines.
2 vertueux et intègres ] intégrés et vertueux L
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Chap.e 4.e De la Justice.
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Ce que nous avons établi dans le chapitre précédent a du faire pressentir à nos lecteurs, que nous regardions la morale comme la baze de la politique. En effet la société n'est autre chose qu'une aggrégation d'individus. Les devoirs et les droits de la société doivent donc être l'aggrégation des devoirs et des droits de tous ses membres. Pourquoi l'arbitraire se glisserait-il dans les devoirs collectifs plutôt que dans les devoirs individuels ? La politique repose encore sur la morale, et la morale elle même repose sur la justice. Pour nous en convaincre, il ne faut qu'examiner un moment la nature de nos différens devoirs, de la pitié, de la modération ou de la reconnaissance. C'est toujours la justice qui constitue leur essence. Toutes les fois qu'ils s'en écartent, ils cessent d'être des devoirs, et peuvent devenir, suivant le dégré de cette déviation, soit des fautes, soit des crimes. La reconnaissance, par exemple, ce principe si généralement vanté par les moralistes, ne fait en lui même partie ni de la vertu, ni de la justice. Ce qui f 116r° doit nous engager à préférer tel homme à tel autre, c'est sa susceptibilité de perfectionnement, et le bien qu'il peut faire à la grande famille de l'espèce humaine. Tout autre motif nous rend injustes et par conséquent coupables. Il en est de même des liens du sang. Les relations particulières d'un être avec nous ne peuvent rien changer aux décisions de l'éternelle vérité. Toutes les fois que j e motive ma préférence pour un individu sur une autre considération que celle de son utilité supérieure, j e renverse la nature des choses. J'adopte comme vraie à mon égard une proposition fausse à l'égard des autres hommes, et qui par conséquent n'est pas vraie par elle même. Quelques moralistes ont cru devoir à l'imperfection de la nature humaine, de distinguer soigneusement l'erreur de l'injustice. Il existe, disent-ils, deux espèces de vertu : l'une tient à la nature des choses et est immuable : l'autre dépend de notre jugement. Le sectateur scrupuleux et fidèle d'une religion même erronnée peut mériter nos éloges. Le juge qui condamne un innocent dans la conviction qu'il est coupable, ne peut être regardé comme criminel. Les hommes ont commis souvent par des motifs de conscience des actions Etablissement du texte : 2/2-2/4, L f 108r°-118v°. PI P 115v°-117r°, G pp. 8 0 - 9 1 . 9 encore ] en conséquence L
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aussi | funestes à l'humanité que contraires à la justice. Clément, Gérard, Damiens, Ravaillac étaient profondément occupés du bonheur de leurs semblables dans un autre monde : ils bravèrent, pour y contribuer, les tortures et la mort. Ce fut peut-être un sentiment de bienveillance qui alluma les flammes de Smithfields, et qui aiguisa les poignards de la S. Barthélémy. Les principaux agens de la conjuration des poudres étaient remarquables par la sainteté de leur vie et l'austérité de leurs mœurs. Cette théorie ne doit être admise qu'avec une grande défiance. L'esprit humain n'est que trop fertile en justifications de tout ce que ses penchans lui suggèrent. Rien n'est si rare qu'une perversité complette et sans mélange. Aucune de nos actions ne resterait sans excuse si l'insouciance et la paresse ne nous détournaient souvent d'une peine que nous déclarons superflue, pour ne pas la prendre, et nous sommes prêts à nous contenter nous mêmes de la plupart des apologies que nous cherchons à faire recevoir aux autres. Un crime commis avec des intentions pures peut être moins inexcusable, mais ne participe jamais à la nature de la vertu. Une partie essentielle de la vertu consiste à travailler sans relâche à l'acquisition d'idées saines sur la f 117r° justice et l'utilité. | Rien n'est plus ordinaire que d'entendre dire à des individus et à des corps, qu'ils se sont conduits d'après leur jugement et leur conscience, qu'ils ont par conséquent rempli leur devoir et sont à l'abri de tout reproche, même en supposant qu'ils se soient trompés. C'est se décharger trop légèrement d'une responsabilité terrible ; l'erreur ne change rien à la nature des choses, et des erreurs graves ou fréquentes qui compromettent le bonheur de nos semblables, indiquent une insouciance, une personnalité, une apathie que l'on cherche vainement à excuser.
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12 d'une peine ... nous sommes ] corr. avec des ajouts dans l'interi, d'une peine superflue, et nous sommes tandis que la leçon de L est d'une peine superflue. Et nous sommes
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Livre III.e 1.° Principes du Gouvernement.
Chapitre l. er De l'exercice du jugement individuel. Il y a deux sortes de tendance qui peuvent appartenir à tous les genres d'actions : l'une leur est inhérente par les loix nécessaires et universelles de la nature des choses ; l'autre leur est donnée par l'entremise des êtres intelligens ; c'est cette dernière qu'on appèle institution positive. Il est dans la nature des choses, indépendamment de toute institution, que le bonheur soit un bien, le malheur un mal. La justice n'ayant pour but que le bonheur universel, il est de même dans la nature des choses, indépendamment de toute institution, que la justice et toutes ses branches, la vertu, la vérité, soient des biens, f 118r° Toutes les actions des hommes sont ou contraires, ou conformes à la justice, par conséquent toutes les actions des hommes ont une valeur morale par la nature des choses, indépendamment de toute institution positive. La justice doit donc servir de règle à tout être raisonnable. Le seul moyen de discerner la justice est l'exercice du jugement individuel. Dans toutes les circonstances où l'homme n'est que l'instrument passif et, pour ainsi dire, méchanique de la violence, sa conduite n'est ni bonne, ni mauvaise. Mais lorsque n'étant pas physiquement contraint par la force, il se laisse entraîner par des considérations que l'on désigne souvent ainsi, lors qu'il cède à la crainte du châtiment, ou à l'espoir des récompenses, sa conduite devient réellement criminelle. Il convient toutefois d'admettre une distinction. Un homme est une portion du grand tout, et son bonheur une portion de l'ensemble pour l'intérêt duquel la justice existe. Il peut donc, sans manquer à ses devoirs, faire entrer dans ses calculs, et mettre au nombre de ses motifs la crainte du châtiment et l'espoir des récompenses, pourvu qu'il ne leur attache pas une f ll8v° importance exagérée. C'est en rapprochant de ces principes simples et évidens les effets des institutions positives, que nous pourrons juger si leur influence est utile ou dangereuse. Etablissement du texte : 2/6-3/1, L P 119r"-134v°, PI f 117v°-126v°, G pp. 120-137. 2 Principes du Gouvernement ] titre absent dans L, ajouté dans
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Leur tendance avouée est de deux espèces. Elles prétendent nous fournir un nouveau motif de faire le bien et de pratiquer la vertu : et elles se chargent de nous instruire de ce qui est bien et de ce qui est mal. En considérant ce double objet avec attention, nous verrons peut être qu'elles ne remplissent aucun de ces buts d'une maniéré bien satisfaisante. Nous demanderons d'abord quels motifs nouveaux elles nous fournissent de pratiquer la vertu. Supposons que je puisse, sans inconveniens pour la société, contribuer essentiellement au bien être de trente de mes semblables, mon devoir me commande de saisir cette occasion. Mais si l'institution positive vient me présenter quelque récompense, la nature de l'action n'est plus la même. Je n'étais d'abord déterminé que par le plaisir de bien faire. L'effet de l'institution positive est de motiver ma détermination par l'interet personnel. Or la f 119r° vertu, considérée | comme la qualité d'un être doué d'intelligence, dépend moins de l'action que de l'intention qui nous y porte. Sous une institution positive, une action, bien que vertueuse par sa nature, peut devenir vicieuse, relativement à son agent. L'homme vicieux aurait négligé l'avantage de ces trente individus, pour éviter un certain dégré de peine. Ce même homme, avec la même disposition, les servira de tout son zèle, parcequ'il y sera personnellement intéressé : mais il aurait dû lui suffire, que, toutes choses égales, trente fussent préférables à un seul. Quiconque n'est pas guidé par cette arithmétique morale, ou agit par une impulsion contraire à cette arithmétique, est essentiellement injuste. En d'autres mots, la morale exige que nous ne considérions dans une action, que la tendance qui lui appartient par les loix invariables de sa nature. Tel est le sens du principe qui nous invite à faire le bien, sans en calculer les conséquences, et qui nous défend de faire le mal, lors même qu'il pourrait en résulter du bien par la suite : nous aurions rendu l'exemple plus frappant, si, nous avions parlé de plusieurs milliers d'hommes au lieu de trente individus. Mais, c'est une erreur de notre imagination, la disparité, plus ou moins considérable, donne toujours le même résultat moral. L'institution positive dénature et dégrade par conséquent nos motifs. p 119V" Le second objet de l'institution positive est de nous instruire de ce qui est mal et de ce qui est bien. Arrêtons nous un instant sur le sens véritable du mot instruction. Affirmer n'est pas instruire. Vous me dites qu'Euclide assure que les trois angles d'un triangle sont égaux à deux angles droits. Cette assertion ne me fait point connaître la vérité de cette proposition. Il y a deux mille ans, ajoutez vous, qu'Euclide l'a démontrée, et depuis cette époque, tous ceux 5 bien ] oublié par le copiste et ajouté dans
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qui ont compris sa démonstration en ont été pleinement satisfaits. Il n'en est pas moins vrai, que ce que vous me dites, ne me procure aucune instruction. La connaissance de la vérité consiste dans la perception de la consonnance ou de la dissonnance des termes d'une proposition. Aussi longtems que je ne connaîtrai point le moyen dont je dois me servir pour les comparer, aussi longtems que mon intelligence n'aura point une mesure pour faire cette opération, je pourrai bien tirer des conséquences du principe que vous aurez établi, mais il sera toujours exact de dire, que je ne connais pas la vérité du principe. P I20r° Toute proposition a son évidence intrinsèque ; | toute conséquence a ses prémices dont elle découle, et c'est de ces prémisses que sa justesse dépend. Aucune affirmation ne remplace ces prémisses, ni cette évidence. Un miracle même ne les remplacerait pas. Si vous opériez un miracle pour prouver que les trois angles d'un triangle sont égaux à deux angles droits, je n'en saurais pas moins, qu'antérieurement à ce miracle, cette proposition ne devait être vraie ou fausse, et qu'il n'existe de relation nécessaire entre aucun de ces termes, et le miracle que vous auriez opéré. Ce miracle détournerait mon attention de la véritable question et la porterait sur une autre d'une nature fort différente, c'est à dire sur une question d'autorité. L'autorité pourrait me faire accorder à la proposition mon assentiment ; mais cet assentiment serait irrégulier, et strictement parlant, je ne connaîtrais point la vérité d'une proposition ainsi adoptée. L'on s'exprime donc d'une manière défectueuse, lorsqu'on dit que les institutions positives nous instruisent de ce qui est bien et de ce qui est mal. Elles nous le déclarent, mais elles ne le prouvent pas : or l'instruction n'existe pas sans la preuve. P120v° Ce n'est pas tout. Si elles se bornaient à nous | recommander l'adoption de certains principes en faveur du témoignage imposant, dont ils sont revêtus par elles, nous y verrions de simple conseils venant d'une autorité respectable, et que néammoins nous pourrions rejetter s'ils ne s'accordaient pas avec le résultat de notre examen particulier. Mais la nature même des institutions positives suppose qu'elles ont sanctionné ce qu'elles enseignent, et qu'elles ont à leur disposition des récompenses et des chatimens pour nous forcer à l'obéissance. On dit assez communément que les institutions positives doivent nous laisser une liberté illimitée, relativement aux cas de conscience, mais qu'elles peuvent légitimement surveiller notre conduite dans nos relations civiles. Que signifie cette distinction ? quels sont donc ces moralistes qui pensent que nos transactions sociales n'intéressent point notre conscience ? Une distinction de cette espèce n'a pu s'établir que, parcequ'on attache une grande importance aux choses les plus futiles. Saluer le soleil levant ou le soleil couchant, donner à l'objet de son culte le nom d'Alla ou de Jehovah
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sont des objets sur lesquels on a trouvé jusqu'ici qu'un homme de bien devait être d'une inflexible rigidité parcequ'ils intéressaient sa conscience. Mais qu'il soit tyran, esclave, ou citoyen libre, qu'il se lie par une profusion de sermens impossibles à observer, ou qu'il soit l'invariable apotre de la vérité, qu'il jure fidélité à un Roi de droit, à un Roi de fait, au meilleur des gouvernemens, ou au plus mauvais, rien n ' a paru plus indifférent, et l'on a pensé qu'il pouvait à cet égard soumettre sa conscience à l'autorité civile. Nous croyons au contraire, que tout ce qui a des rapports avec un être doué de raison, est plus ou moins du ressort de la morale, et par conséquent de la conscience. Eclaircissons maintenant par des exemples la tendance de l'institutions positive. Je me suppose obligé par mon devoir à la discrétion la plus scrupuleuse sur les secrets qui m'ont été confiés. Il existe, me dites vous, des cas particuliers ou l'on doit déroger à cette règle générale. Il est possible que je n'admette point cette restriction, ou que j e ne l'applique pas aux mêmes circonstances que vous. Comment la loi me traite-t-elle pour avoir rempli le devoir qui m'est imposé par ma conscience ? J'ai refusé de dénoncer mon f° I2iv° ami, la | loi m'accuse de misprision de trahison", de félonie ou de meurtre, et j e suis menacé d'une mort ignominieuse. Il me parait certain que tel homme est un scélérat dangereux pour la société. Ma conscience me dit que je dois le démasquer aux yeux du public. J'affirme une vérité qui m'est connue, et la loi me déclare libelliste, convaincu d'un scandalum magnatumb, et d'une infinité de crimes, sous je ne sais quelles dénominations compliquées. Encore, si le mal s'arrêtait à l'individu qu'il frappe, il serait supportable. L'homme doit savoir se résigner à l'injustice, même à la mort. La mort fut jusqu'ici le lot commun de l'espèce humaine. Mais le châtiment qu'un seul éprouve, agit au loin sur tous ses compatriotes, sur tous ses contemporains. f5122r° Tous avaient peut-être la même opinion. L'exécuteur des loix positives leur montre un échaffaud : la voix de la justice et de la conscience est étouffée. Quelle espèce de conversion se promettre de cette logique barbare ? Une pareille influence ne dégrade-t-elle pas le caractère ? N'exclut elle pas néf I2\f
" Misprision de trahison est une loi inventée en Angleterre sous le règne d'Henry VIII. Elle condamnait à mort tous ceux qui étaient convaincus d'avoir eu connaissance d'un complot contre le Roi ou contre l'Etat, et de ne l'avoir point révélé. Cette loi était infiniment commode pour inculper tous ceux qu'on voulait proscrire. On en fit grand usage sous le régne de son inventeur. Note du traducteur. b Le scandalum magnatum est une loi qui défend d'attaquer la réputation des Magistrats & des Pairs, et qui punit la calomnie dirigée contr'eux, beaucoup plus sévèrement que celle qui n'est dirigée que contre les simples citoyens. Note du traducteur. 3 5 tous ceux ] ceux L
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cessairement l'impartialité de la recherche, le courage de la persévérance et tous les sentimens de fierté ? Dans les pays où les décrets tiennent en toute occasion, lieu de raisonnemens, on ne voit que des ombres d'hommes, et rien n'annonce ce qu'ils seraient si leur conscience étant un tribunal sans appel, ils osaient agir et parler d'après sa libre impulsion. 5 La majorité de mes lecteurs juge peut-être d'abord, que les loix contraires à la voix de la conscience, sont en petit nombre ; mais ils en appercevront une infinité dans le cours de cet ouvrage, et une recherche plus longue nous en découvrirait encore. Les loix positives ont tant d'influence sur les hommes, qu'elles en font des espèces de perroquets qui ne savent que se répéter. 10 L'uniformité des opinions peut provenir de deux causes, d'une égalité de f I22v° lumières, ou d'une égalité d'asservissement. Il est aisé de décider à | laquelle de ces deux causes nous devons attribuer l'uniformité d'aujourd'hui. Le devoir de tout homme est de consacrer ses facultés dans toute leur étendue, à découvrir les règles de la justice, et à mettre en action toutes 15 celles de ces règles qu'il a découvertes. Il semblerait commode sans doute de le dispenser de ce travail, en lui fournissant une règle infaillible et immuable pour juger de ce qui est juste. Mais pour donner à cette règle une utilité réelle, il faudrait qu'elle servit à raisonner, comme à décider, et qu'elle eut le pouvoir de persuader autant que le droit de contraindre. Si elle 20 ne commandait qu'aux actions, sans éclairer l'esprit, elle serait un moyen de force, mais nullement d'amélioration. Il faudrait de plus qu'elle fut applicable à toutes les circonstances. Car pour peu qu'il en restât dans lesquelles un homme ne put se conduire que d'après son jugement individuel, il faudrait pour distinguer ces circonstances de celles où il doit suivre la règle 25 adoptée, qu'il les examinât toutes. Car l'on ne distingue qu'en comparant. Or l'examen suppose l'exercice de l'intelligence, l'exercice de l'intelligence f® I23r° mène à la | connaissance de la justice, et la connaissance de la justice implique la nécessité et le devoir de ne se soumettre à aucune institution qui contredise ses loix éternelles et sacrées. 30 Tel sont les véritables principes de l'association des hommes, tel serait aussi le sentiment universel si tous les individus obéissaient à la voix de la raison. Ce ne sera point sans douleur, qu'en considérant la diversité présente des caractères humains, nous nous verrons forcés de déroger partiellement à un principe si grand et si simple. Le libre exercice du jugement individuel 35 est une doctrine si belle et si imposante, que le politique éclairé ne se permettra de la contrarier que le plus rarement possible. Examinons les circonstances qui peuvent néammoins exiger des restrictions ; nous ne les citerons ici que sommairement, parceque dans la suite de cet ouvrage, nous serons conduits à les approfondir en détail. 40 37 permettra ] après pas biffé, absent dans L
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En premier lieu la force est nécessaire contre les violences des individus, lorsque l'urgence du danger rend la ressource du raisonnement trop lente et trop incertaine. Il est probable que le meurtrier qui a | franchi toutes les barrières que respectent les autres hommes, renouvellera le crime avec lequel il s'est familiarisé. Il est naturel de considérer comme légitime la contrainte imposée au libre exercice du jugement individuel, lorsqu'il suggère des actions atroces. Ne nous déguisons pas cependant les difficultés qui se présentent. La première aura pour objet l'évidence qui doit amener la conviction, ou la décharge de la personne accusée. Il n'existe point à cet égard de principes infaillibles. Presque toutes les affaires humaines se décident par des probabilités. Le témoin qui doit reconnaître la personne du malfaiteur, peut se tromper dans l'identité. L'intention n'est jamais démontrée. Des conjectures douteuses n'y suppléent qu'imparfaitement. Souvent pour le fait même on n'a que des présomptions. La conséquence est inévitable, et ce n'est pas un léger inconvénient que d'exposer un innocent à un jugement public et à la punition réservée au crime, En second lieu, des actions qui sont extérieure|ment les mêmes admettent toutes les nuances du vice et de la vertu. Un homme commet un meurtre pour se délivrer de l'importunité d'un censeur, un autre par un sentiment d'envie, contre le mérite auquel il ne peut atteindre, un troisième, parcequ'informé d'un projet funeste au bonheur de son païs, il ne connait, pour le prévenir, de moyen que la mort de celui qui le médite, un quatrième pour défendre la vie de son père ou la chasteté sa sœur, tous ont des motifs différents. Chacune de ces actions porte un autre caractère. De quel droit les punirez-vous de même ? Comment déterminerez-vous leur degré de crime ? Jamais deux hommes ne furent coupables également. Cependant la loi positive comme le lit de Procruste les condamne au même supplice et foule aux pieds les distinctions. En troisième lieu les châtimens ne sont nullement propres à corriger les erreurs humaines. Les hommes ne commettent des fautes, que parcequ'ils ne les regardent pas comme telles, ou parceque leur conviction de l'irrégularité de leur conduite n'est pas assez forte pour repousser une tentation. Dans la première supposition, | le meilleur moyen de les corriger, c'est de leur faire connaître la vérité. Dans la seconde, c'est de les en pénétrer profondément. Or la colère, les menaces, les supplices ne produisent point cet effet. Toutes ces violences obscurcissent le jugement, au lieu de l'instruire. C'est à la raison qu'il faut parler, avec cette bienveillance qui captive l'attention, et cette clarté qui éloigne le doute. 3 3 une tentation. ] une tentation trop séduisante. L
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Le châtiment au contraire excite chez celui qui en est l'objet, le sentiment d'une injustice. Est-il question de me faire connaitre une vérité que j'ignore ? le châtiment ne participant point à la nature du raisonnement, ne peut en amener la conviction. S'agit-il de me confirmer dans la persuasion d'une vérité dont je ne suis pas pénétré suffisamment ? Si c'est réellement une vérité, elle est accompagnée de preuves. Ces preuves sont vos moyens légitimes : vous n'avez pas besoin de secours étrangers. Si ces preuves vous paraissent équivoques, quelle obscure insolence vous porte à suppléer par la F I25r" force de votre bras à la faiblesse de votre logique ? Le | châtiment, sous une dénomination spécieuse, n'est que l'action du plus fort sur le plus faible : et celui que cette action ne remplit pas de ressentiment, a l'ame dégradée par l'esclavage et le sens moral affaibli par une longue habitude de plier sous l'oppression. Mais l'objet du châtiment, dira-t-on, n'est pas de corriger le coupable : son but principal est de servir d'exemple et de prévenir des crimes futurs. Cette hypothèse présente une nouvelle difficulté : est-il juste de faire souffrir un individu pour épurer les dispositions ou déraciner les vice des autres ? Observez que la souffrance étant involontaire, le coupable est relativement à la souffrance dans le même cas que l'innocent". Il offre le spectacle de la contrainte, et non du remords. Tous les raisonnemens que nous avons allégués contre le châtiment employé comme moyen de correction, s'appliquent avec une force égale, au f® I25v° châtiment destiné à servir d'exemple. C'est toujours | un argument d'une nature odieuse et suspecte ; c'est toujours une méthode violente, qui peut servir également la vérité et l'erreur, une méthode insuffisante pour éclairer l'esprit, efficace seulement pour avilir l'ame. Malgré toutes ces objections, il serait difficile de nommer un pays où l'on put sans danger supprimer les chatimens. Les caractères des hommes sont un composé si bizarre, leurs égaremens sont si incalculables, leurs erreurs si désastreuses, qu'il faut quelque chose de plus que des argumens pour les contenir ; ils sont de tels apprentis dans l'art de raisonner, que souvent le plus habile échoue, lorsqu'il faut produire un effet immédiat. La suppression des chatimens ne serait avantageuse, que si l'on détruisait en même tems les tentations qui les nécessitent. Mais il n'en est pas moins vrai que les chatimens sont toujours un mal, et que l'on ne doit y recourir que dans le cas de nécessités urgentes. " Note de l'Auteur Anglais. Observons, pour prévenir toute obscurité, qu'il ne faut pas confondre l'innocence avec la vertu. L'innocence est seulement l'absence du crime : c'est un caractère neutre entre le bien et le mal. 4 en ] absent dans L vérité L
24 qui... l'erreur ] une méthode qui peut servir également l'erreur & la
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Indépendamment des délits privés, il est deux circonstances dans lesquelles le vœu général de la société doit être consulté sans égard pour l'opinion f° I26r° individuelle, ce sont les entreprises d'un ennemi intérieur, | et l'invasion d'une nation étrangère. Néammoins l'on retrouve encore ici le désavantage inséparable de tout empiétement sur l'opinion particulière. Il est inique de forcer un homme à contribuer pour une guerre qui lui parait illégitime, soit de sa personne, soit de ses biens. Comment donner la mort â ceux qui, dans notre opinion, ne font que repousser une attaque injuste ? Comment consacrer le fruit de nos travaux au soutien d'une cause que notre conscience trouve mauvaise ? Ce dernier abus est presqu'autorisé par l'usage. Mais, outre son immoralité, une considération politique non moins importante nous invite à le réformer. Cet abus est la cause principale de ces guerres longues et fréquentes qui désolent la race humaine, et qui seraient bientôt extirpées si l'on ne pouvait les alimenter que par les contributions volontaires de ceux qui en approuvent les motifs0. Résumons. Les institutions positives, comme nous fournissant des motifs de conduite, faussent, dénaturent et corrompent les affections primitives de f I26v° notre ame. Comme offrant à notre esprit des | moyens d'instruction, elles l'accoutument à prendre un autre guide que le raisonnement, à reconnaître une autre autorité que l'évidence. Il en résulte la dégradation du caractère, le relâchement des principes, et un tel avilissement du genre humain, qu'il n'est donné à aucun de nous de deviner ce que serait notre espèce infortunée sans la désastreuse influence de pareilles institutions.
° Voyez à ce sujet les chapitres sur la guerre dans le cinquième livre de cet ouvrage. (Note du traducteur.)
3 entreprises ] entreprises hostiles L
7 de ses biens. ] de ses biens ? L
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Chap.e 2.® Systèmes des écrivains politiques.
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Nous avons trouvé dans le cours de nos recherches, que certaines circonstances rendent nécessaire de subordonner au bien public l'exercice du jugement individuel et de restreindre les actions des particuliers par des actes de la volonté générale. Il est donc intéressant d'examiner, quelle doit être l'origine de ces actes, ou pour nous expliquer plus clairement, quelles doivent être les bases du gouvernement politique. L'on a établi sur ce sujet trois hypothèses différentes. 1.° le système de la force. Selon ce système il est indispensable de retenir dans l'assujettissement la grande masse du peuple. L'unique sanction de cet assujettissement se trouve dans la puissance des individus revêtus de l'autorité ; et cette puissance n'a pour baze que l'inégale distribution des forces physiques et des facultés intellectuelles, f 127v° Une seconde hypothèse établit le gouvernement | sur le droit divin : elle nous enseigne que l'être suprême qui créa l'univers, le dirige encore, et que les nations doivent obéir à leurs magistrats, comme aux instrumens de la providence. Le troisième sistême est celui qu'ont adopté le plus communément les amis de la justice et de l'égalité. Ils supposent entre les gouvernans et les gouvernés un contrat volontaire, au moyen duquel l'autorité du gouvernement repose sur le consentement général". 0
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Note du traducteur. L'histoire de la marche de l'espèce humaine nous semble conduire à une conclusion différente de celle où sont arrivés la plupart des auteurs qui se sont occupés du contrat social. Frappés du spectacle que leur offraient les contrats habituels dans la vie 25 commune, contrats qui précédent leurs effets, et regardant la société comme l'effet d'un contrat, ils ont du supposer ce contrat antérieur à l'association. Au contraire le contrat social est, sinon la dernière époque de la société, du moins l'une des plus tardives. La société a reposé successivement sur la théocracie, sur la conquête, sur l'hérédité, c'est à dire sur des bazes prises hors de la nature humaine. Les hommes ont découvert la nullité de chacune de 30 ces bazes, et ont senti qu'il fallait en prendre une tirée de leur nature : et l'idée d'un contrat leur est venue. Cette idée leur a été suggérée par ce qui se passait chaque jour sous leurs yeux dans les transactions particulières. Cette idée était incompatible avec toute baze différente de gouvernement, et aussi long tems qu'il a existé une autre baze de gouvernement, l'idée d'un contrat social a été inapplicable. Il ne faut donc jamais parler d'un contrat tacite, 35 antérieur à la société. Les hommes n'ont pu stipuler des conditions pour un état de choses Etablissement du texte : 3/1-3/2, L f° 136i"-138r°, PI f 127r" -128v°, G pp. 139-142.
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Les deux premières hypothèses sont faciles à renverser. Le sistême de la force n'étant autre chose que la violation notoire et l'oubli scandaleux de toute justice. Il consacre tout gouvernement qui peut maintenir sa tyrannie. Il arrête par la violence tous les progrès de la science politique. Il tend à contraindre les hommes à supporter leurs maux en silence, et leur défend 5 d'y chercher remède. La seconde hypothèse est équivoque de sa nature. Tantôt, d'accord avec la précédente, elle considère tous les gouvernemens comme émanés de l'autorité divine : tantôt elle distingue les gouvernemens émanés de la providence, de ceux qui sont privés de cette sanction. Mais elle ne nous donne 10 aucun moyen de les reconnaître, et par cela seul demeure a jamais inapplicable. f" I28v° La troisième hypothèse demande un examen plus attentif. Il est essentiel de séparer de la vérité les erreurs que l'on a voulu faire servir à sa défense. Elles nuisent toujours à sa cause. Loin de perdre à la dissolution d'une 15 honteuse alliance, la vérité, lorsqu'elle est abandonnée à ses propres forces, prend un nouvel éclat et un ascendant plus irrésistible.
qu'ils ne connaissaient pas. Le contrat social est une découverte, une application faite par la société.
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Chap.e 3.e Du contrat social
Au premier regard que nous portons sur le système d'un contrat social, plusieurs difficultés se présentent. Quelles sont les parties contractantes ? consentent-elles pour elles seules, ou pour d'autres ? Durant combien de tems ce contrat reste-t-il en force ? Le consentement de tous les individus est-il indispensable ? Comment doit on s'assurer de ce consentement ? peutil être tacite, ou doit-il être formel ? La cause de la justice et de l'égalité tirerait peu d'avantages de ce système, si l'on supposait que nos ancêtres ont eu le droit de choisir la forme du gouvernement sous lequel ils voulaient vivre, mais qu'en même tems ils ont pu dépouiller leur descendans de cette prérogative inestimable, et transiger du jugement et de l'indépendance de leur dernière postérité. Mais si le contrat doit se renouveller à chaque génération, quel intervalle convient-il de fixer pour ces renouvellemens ? Si je suis obligé de me soumettre au gouvernement établi jusqu'à l'Epoque où j'aurai le droit de déclarer | mon vœu pour ou contre, quel est le principe de cette obligation ? Ce n'est pas certes la transaction prétendue faite par mon père, antérieurement à ma naissance. En seconde lieu, de quelle nature est l'engagement qui me rend le sujet d'un gouvernement quelconque ? Suffit-il d'un acquiescement tacite, et suis-je supposé donner cet acquiescement en vivant en paix sous la protection des loix générales ? Cette doctrine ne semble-t-elle pas exclure aussi complettement que le plus rigoureux système de tyrannie, toute espèce de discussion et d'amélioration politique ? Une soumission paisible légitimerait donc l'usurpation de Cromwell ou le despotisme de Caligula ! L'acquiescement de l'individu n'est souvent que le choix du moindre mal. D'autre fois ce n'est pas même ce choix. Quelque mécontent que le laboureur ou l'artisan puissent être du gouvernement de leur pays, ils sont forcés d'y demeurer, faute des moyens de se transporter et de subsister ailleurs. Le système de l'acquiescement tacite s'accorde | mal avec le reste des opinions généralement reçues. Ce qu'on appelle la loi des nations exige avec plus de rigueur la fidélité des naturels d'un pays envers leur gouvernement, que celle des étrangers qui viennent y fixer leur résidence. Cependant l'étranger qui choisit librement sa demeure, fait un acte d'acquiesceEtablissement du texte : 3/2-3/3, L F 138v°-143v°, PI P 129i*-132v°, G pp. 143-149.
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ment bien plus positif, que l'homme qui reste aux lieux où le hazard l'a fait naitre. Cette même loi des nations prétend que la mére-patrie conserve ses droits sur les citoyens qui vont fonder des colonies, ou habiter chez des nations voisines, et, bien que leur départ soit le contraire de l'acquiescement, si, se regardant comme affranchis par cet acte, ils portaient les armes pour leur nouvelle patrie contre leurs anciens compatriotes, on les condamnerait à mort. Qu'est-ce donc que cet acquiescement qu'on explique de tant de manières opposées et qu'on veut rendre obligatoires en cachant aux intéressés les clauses mêmes qu'il contient ? Cette difficulté n'a pas échappé à M. Locke, champion zélé de la doctrine d'un contrat originel. Il observe en conséquence, que le consentement tacite f° I30v° impose à l'individu l'obligation d'obéir aux lois d'un | gouvernement, tandis qu'il habite dans le pays où ce gouvernement est établi, mais qu'il ne peut devenir un membre de la cité, que par une adhérence positive et par un engagement formel. Il résulterait de cette singulière distinction, que le simple acquiescement suffirait pour assujettir un homme aux entraves et aux loix pénales d'une société, mais que son consentement exprès serait nécessaire pour le faire participer à ses avantages. Une troisième objection se présentera si nous entreprenons de fixer la durée de l'engagement contracté, lors même que nous le supposions accepté de la manière la plus solemnelle par les membres de la société. A l'époque de ma majorité, par exemple, on me requiert de déclarer mon vœu pour ou contre un système d'opinions, ou un code d'institutions établies. Pour combien de tems serai-je lié par ma déclaration ? M'est-il défendu de rectifier mes opinions durant le reste de ma vie ? si je ne suis pas engagé pour ma vie entière, pourquoi le serais-je pour un an, pour une semaine, pour une f° I3lr* heure ? Si, au contraire, mon opinion réfléchie, | mon jugement approfondi sont comptés pour rien, dans quel sens prétend-on que la légitimité du gouvernement se fonde sur le consentement des gouvernés ? Mais ce n'est pas seulement dans la durée légitime de l'engagement, que la difficulté consiste, pourque je puisse donner mon consentement à une proposition, il faut qu'elle soit simplement et clairement exposée. Les variations de l'esprit humain sont si nombreuses que toutes les fois qu'il conserve son indépendance et son intégrité, il est à peu près impossible, que deux hommes demeurent d'accord sur dix propositions successives. Quoi de plus absurde que de me présenter les lois d'Angleterre en cinquante volumes in folio, et d'exiger que je déclare mon opinion sur ce que ces volumes contiennent en masse ? 11 champion zélé ] le champion zélé L
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Ceux qui considèrent le contrat social comme la baze du gouvernement, portent leurs prétentions plus loin encore. Je suis non seulement tenu d'approuver toutes les lois existantes, mais encore toutes celles qui seront promulguées à l'avenir. C'est en considérant ce sujet sous ce point de vue, que Rousseau dit dans son contrat social. «La souveraineté ne peut être repré- 5 f° I3lv° sentée par la même raison qu'elle ne peut être | aliénée. Elle consiste dans la volonté générale, et la volonté ne se représente point. Elle est la même, ou elle est autre : il n'y a point de milieu. Les députés du peuple ne sont point ses représentans, ils ne sont que ses commissaires. Ils ne peuvent rien conclure définitivement. Toute loi que le peuple en personne n'a pas rati- 10 fiée, est nulle. Ce n'est point une loi.» Quelques amis de la liberté se sont flattés de répondre à la difficulté que nous venons d'exposer au moyen des adresses d'adhésion. Remède insuffisant et trompeur. Les adresses envoyées par les différens districts ou départemens d'un pays sont pour la plupart une acceptation ou un refus sans 15 observations ultérieures. Or la différence est grande entre une opposition tardive, et la première délibération. Celle-ci constitue véritablement le pouvoir, l'autre n'en est que la vaine image. Les adresses sont d'ailleurs une méthode équivoque de connaître le vœu public. On recueille le plus souvent les suffrages en hâte et en désordre. L'esprit de parti les entraine, l'intrigue 20 f I32r° profite de la confusion pour obtenir des | signatures, tandis que le plus grand nombre des intéressés ne prend aucune part à la transaction et ignore souvent ce dont il s'agit. Enfin si le gouvernement est fondé sur le consentement général, il ne peut obliger l'individu qui a refusé d'y consentir. Si le consentement tacite est 25 insuffisant, que ne dirons-nous pas à plus forte raison, d'un refus exprimé formellement ? Dans quel principe le pouvoir que nous accordons à la majorité, a-t-il pris son origine ? Les règles qui dirigent la conduite des hommes ne sont-elles pas une affaire de considération totalement personnelle ? Peuvent-ils transférer à d'autres les soins de leur conscience et le jugement 30 de leur devoir ? Leur consentement peut-il les dépouiller de leur faculté morale ? Non sans doute. Aucun contrat ne peut engager, ni aliéner ce genre de propriété, et de là résulte que l'Autorité du gouvernement doit reposer sur une autre baze que le contrat primitif. Nous ajouterons que le principe fondamental du contrat primitif repose sur une erreur c'est à dire sur l'obli- 35 gation présupposée d'être fidèles à nos promesses. Puisque nous avons promis obéissance au gouvernement, nous sommes, nous dit-on, tenus d'y resf I32v° ter soumis. Examinons la | nature de ce prétendu devoir.
22 ignore souvent ] souvent ignore L
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Nous avons établi que la justice était la véritable mesure de tous les devoirs moraux et politiques. Or la justice étant immuable, tant qu'il existera des hommes, leurs devoirs respectifs resteront les mêmes. En quoi donc une promesse peut-elle être une obligation ? J'ai promis une chose juste. Il est évident que je dois m'en acquitter. Mais ce n'est nullement 5 parceque j'ai promis, c'est que la justice me l'ordonne. Ce que j ' a i promis au contraire est une injustice. Je dois m'en abstenir, quelque solemnellement que j'aie pu m'engager. J'étais égaré, j'étais coupable quand j'ai contracté cet engagement. Mais ce n'est pas une raison, je le pense, pour persévérer dans l'erreur ou dans le crime. 10
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Chapitre 4.e De l'Autorité politique.
Après avoir rejetté les rafinemens systématiques et les fictions légales, à l'aide desquelles on a voulu concilier l'origine du gouvernement et les principes de la justice, nous nous proposons d'essayer si nous ne pourrons pas atteindre à ce but par le simple exposé des causes évidentes qui ont nécessité l'institution politique. Le gouvernement n'est qu'une transaction pour l'avantage de tous les individus qui s'y soumettent. En conséquence chacun d'eux doit avoir part à son administration. Un grand nombre de raisonnemens viennent à l'appui de ce système. Aucune marque distinctive n'indique l'homme ou la race d'hommes qui doit commander aux autres. Tous sont doués d'une faculté commune, de la raison. Il existe pour nous une perception commune, plus ou moins pure et plus ou moins claire, la perception de la vérité. Lors qu'il s'agit de l'intérêt général, toutes les chances de lumière doivent être admises, et nul ne peut juger avant l'expérience, jusqu'à quel point tel individu deviendra capable de diriger ses semblables, ou de délibérer pour eux. Le gouvernement étant la garantie de la sûreté des individus, il parait juste que chaque individu participe au soin de sa sûreté, et le concours de tous est le seul moyen de paralyser l'égoïsme et la partialité de chacun. Enfin le droit de suffrage accordé à tous dans les transactions publiques, s'éloigne le moins possible, du principe admirable, que jamais il ne faut perdre de vue le libre exercice du jugement individuel. Si tous les hommes étaient revetus de cette importante prérogative, ils s'affranchiraient de toute crainte et se pénétreraient du sentiment de leur dignité. Nous posons donc pour première baze, que la direction des affaires de tous appartient à tous. Dans un grand Etat, les citoyens ont à choisir des représentans. Dans un Etat peu considérable, ils procèdent à la nomination de leurs administrateurs. Ces deux opérations exigent | qu'ils déléguent à ces fonctionnaires une portion de pouvoir, et qu'ils consentent tacitement, ou, pour mieux dire, qu'ils reconnaissent que toutes les discussions doivent se décider à la pluralité des suffrages. Ce système de délégation parait d'abord en butte à l'objection de Rousseau, que nous avons rapportée précédemment. Si chaque individu doit Etablissement du texte : 3/4-3/4, L f° 145r">-151v°, PI P 133r°-136v°, G pp. 157-165.
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exercer par lui même son jugement personnel, aucune circonstance ne lui permet de se faire remplacer dans l'exercice de ce droit inaliénable. Cette objection n'est fondée que sur une équivoque. L'on ne peut comparer l'exercice du jugement d'un individu, dans une circonstance qui le concerne personnellement avec l'exercice de ce jugement dans une affaire d'interet public, pour laquelle la nécessité du gouvernement et de son intervention a déjà été admise. Qui dit gouvernement, dit volonté supérieure à la volonté des individus. Il serait absurde d'espérer l'accord unanime et durable de tous les membres d'une société sur toutes les questions qui pourraient se présenter. L'établissement d'une force qui réprime l'injustice du petit F I34v° nombre exige que cette force soit dirigée par l'opinion | de la majorité, et que la minorité attende ou se retire. La délégation d'ailleurs n'est point, comme elle le parait au premier coup d'œuil, l'action de confier à un autre une fonction que l'on devrait exercer soi même. Dans tous les cas où la délégation s'accorde avec la justice, elle a pour but le bien général. Les individus qui sont ainsi délégués sont en raison de leurs talens ou de leur loisir, plus capables que d'autres, de bien remplir les emplois dont on les charge, ou quelque motif d'intérêt public invite la masse des citoyens à remettre ces emplois dans les mains du petit nombre. Le pouvoir de la majorité n'est dans le fait qu'une délégation de ce genre. La majorité, soit dans l'élection des représentans, soit dans la nomination d'autres fonctionnaires, est réellement déléguée pour agir au nom de tous. Toute contestation relative à la personne qui doit occuper une place, ou à la délégation qui la lui confie, devient absurde et frivole dès que l'on a découvert la manière la plus avantageuse dont cette place peut être occupée. F I35r° C'est une erreur de supposer que le droit de réprimer ma conduite, lorsqu'elle est nuisible, ait pour baze l'autorité que j'ai déléguée. La légitimité de recourir à la force, lorsque toute autre méthode est insuffisante, est d'une date antérieure, même à l'existence des sociétés. L'on ne doit employer la force que dans le cas de nécessité absolue. Mais dans ces occasions, tout homme a le devoir de repousser la violence injuste. Il n'est pas nécessaire que la délégation du coupable ait investi la société du droit de punir le crime. Dans la répression qu'elle exerce, elle représente l'offensé.
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La doctrine de la délégation ou de la délibération commune n'a qu'une ressemblance apparente avec celle du contrat social. Cette dernière s'ap- 35 plique indifféremment au passé comme à l'avenir. La délibération commune ne s'applique qu'à l'avenir sans rapport avec le passé. Est-il question d'une mesure relative à nos interets futurs ? la délibération commune est la meilleure manière de prononcer sur cette mesure. Mais est-il question d'obéissance à un règlement déjà promulgué ? Nous 40 n'avons point à considérer quelle est l'origine de ce règlement, à moins que
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f I35v° nous n'ayons consacré la délibération commune, comme un | principe fondamental, alors nous aurons pour objet de prévenir toute modification de ce principe. En supposant, par exemple, sous le régne de Charles 1er l'utilité de la taxe des vaisseaux, les Anglais eurent peut-être raison de repousser cette taxe, parcequ'elle était imposée par une autorité illégale. Mais à l'exception de cette circonstance, l'on ne doit jamais rejetter une mesure parcequ'elle découle d'une source irrégulière. Si cette mesure est juste, nous devons la soutenir. Si elle est injuste, nous devons y résister. L'organisation du gouvernement ne change point nos rapports moraux. La justice a toujours des droits à notre amour, l'injustice à notre haine ; et nos sentimens sur ce point doivent subsister aussi long tems que les caractères distinctifs de la justice et de l'injustice ne seront pas confondus. Le dégré seul de notre opposition est subordonné aux circonstances, mais cet article exigera dans la suite un examen particulier. Il ne nous reste qu'à appliquer à la délibération commune ce que nous avons dit plus haut de l'exercice du jugement individuel. C'est la conformité de l'un et de l'autre avec la justice qui constitue leur mérite. Sans f° I36r" doute il y a déjà un | degré de justice en faveur de l'exercice de ces facultés individuelles ou collectives, indépendamment de leurs résultats. Un individu ne parvient que par l'indépendance de son jugement personnel à quelque perfection intellectuelle ou morale. Un Etat ne peut être équitablement administré que par la constante réunion des lumières de tous ses membres, c'est à dire par la délibération commune. Mais bien que l'usage général de ces facultés soit fondé sur l'immuable justice, elle n'en approuve pas cependant toutes les applications. Le jugement particulier et la délibération commune ne constituent pas le bien ou le mal. Ce ne sont que des moyens de les discerner et de comparer chaque proposition incidente avec l'éternelle vérité. Une nation rassemblée pour délibérer en commun sur une grande mesure publique, et ses premiers magistrats cédant respectueusement à l'opinion générale, présentent sans contredit un spectacle imposant. Mais notre admiration, bien que fondée, ne doit point nous faire oublier que la sagesse de la délibération en constitue exclusivement la valeur. Le nombre des votans n'ajoute rien à la vérité, ni à l'évidence. Un individu, soutenant seul les principes de la justice, malgré les clameurs d'une multitude abusée ne préf I36v° sente pas un spectacle moins intéressant. Il est | beau cependant de voir une nation revendiquer ses droits à la délibération commune. C'est un grand pas vers l'amélioration du caractère individuel. La réunion des hommes en faveur de ce qu'ils regardent comme la vérité est déjà une preuve de vertu. Enfin l'exemple d'un individu descendant de son élévation chimérique, et courbant ses prétentions personnelles devant l'opinion de ses égaux, tend à
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De la justice
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confirmer le grand principe qui préféré le bien général à toutes les considérations particulières.
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Chapitre 5. e De la Législation.
Nous avons examiné la nature des fonctions politiques ; mais il nous reste quelques difficultés à résoudre sur la législation, c'est à dire sur le droit de faire des loix. Quelles sont les marques caractéristiques qui distinguent 5 l'individu ou la corporation revetue de l'autorité législatrice ? La législation, dans l'acception rigoureuse de ce mot, est au dessus de la compétence humaine. La raison est le législateur unique ; ses décrets sont irrévocables et uniformes. Les fonctions de la société ne s'étendent point à la formation, mais à l'interprétation de la loi. Elle ne peut décréter, mais 10 seulement déclarer ce que la nature des choses a décrété d'avance, et en appliquer convenablement le sens général aux circonstances particulières. Montesquieu dit que «dans un Etat libre, tout homme qui est cencé avoir une ame libre, doit être gouverné par lui-mêmeV Cette proposition n'est vraie que dans un sens limité. Elle est vraie, si nous entendons par elle, que 15 f i37v° tout homme doit concourir à la promulgation des principes par lesquels | il est gouverné. Elle est fausse si nous prétendons qu'il existe une autorité, un concours, une forme quelconque qui rende légitimes des révolutions contraires à la justice. Notre conscience sans doute, doit nous diriger, mais non comme un tyran capricieux qui suit l'aveugle impulsion de ses fantai- 20 sies désordonnées, mais comme un juge impassible et scrupuleux, interprète fidèle de la loi qu'il trouve écrite. La loi de notre conscience, c'est la justice. Toutes les fois que nous nous en écartons, nous ne fesons pas des loix, nous tombons dans des erreurs, ou nous commettons des crimes. Il en est de même de l'autorité politique. Strictement parlant, tout pouvoir 25 est exécutif. La force est nécessaire pour réprimer l'injustice. Cette force doit être, autant que possible, entre les mains de la société. Mais elle n'en a pas davantage le droit de s'écarter de la ligne de la justice. Lorsqu'elle s'en écarte toute ce qu'elle avait de légitime, disparait aussitôt : la société, lorsqu'elle est injuste, retombe au niveau du plus obscur des individus, et tous 30 les hommes sont également obligés de lui résister.
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Esp. des loix. liv. XI. ch. VI.
Etablissement du texte : 3/5-3/5, L C 152r°-153v°, PI P 137r°-137v°, G pp. 166-167.
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Chapitre 6.e De l'obéissance".
La question de l'autorité nous mène naturellement à celle de l'obéissance. Cette matière n'a jamais été suffisamment éclaircie, soit que l'on considère l'étendue de l'obéissance, ou que l'on recherche la nature des motifs qui nous en font un devoir. L'on trouvera peut-être la solution du problème, en observant que l'obéissance et l'autorité ne sont nullement corrélatives. L'objet du gouvernement est l'exercice de la force. Mais la force ne peut jamais être considérée comme un appel à la raison ; conséquemment l'obéissance qui n'est autre chose qu'un acte du jugement ou de la volonté, ne peut avoir aucune relation légitime avec la force. Je dois me soumettre à la justice et à la 138v° vérité, parceque ma raison les approuve, et je dois concourir avec le | gouvernement, lorsqu'il s'accorde avec leurs principes. Mais je me soumets au Gouvernement, lors même que je désapprouve ses mesures parce que je ne possède aucun moyen pour m'en dispenser. Le devoir d'un homme n'est dans aucun cas, d'obéir à un autre homme, ni à une société d'hommes quelconques. Aucune vérité n'est plus simple, bien qu'aucune n'ait été plus obscurcie par les sophismes de l'intérêt. Il existe une règle unique, à laquelle nous devons universellement nous conformer, c'est la justice. Nous devons traiter les individus exactement, selon leur mérite ; nous devons agir dans toutes les occasions, de la manière la plus avantageuse au bien général. Lorsqu'on suit invariablement cette conduite, quelle latitude peut-il rester à l'obéissance ? Le magistrat de mon pays m'ordonne de comparaitre à son tribunal, pour me justifier d'un libelle ou de telle autre action, que la loi positive a nommée crime, mais sur laquelle, selon ma conscience, elle n'a point de jurisdiction. Je parais au jour indiqué. Je me soumets, peut-être, parce que je considère les raisonnemens que j'alléguerai, comme le meilleur moyen de I39r° repousser l'injustice, peut-être aussi, | parce que je concois que ma résis" L'auteur employe le mot d'obéissance dans un sens plus étendu que celui qu'on lui donne d'ordinaire. Il entend par obéissance le consentement volontaire et l'approbation du jugement, et désigne par soumission, résignation, et non-résistance, toute espèce d'obéissance passive. Il est indispensable de se rappeller cette terminologie pour l'intelligence de tout ce chapitre. (Note du traducteur.) Etablissement du texte : 3/6-3/6, L f 154r°-160v°, PI f> 138r°-141r°, G pp. 168-175.
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tance troublerait sans utilité la tranquillité publique. C'est de la soumission, non de l'obéissance. Un quaker refuse de payer la dixme, mais il la laisse prendre sur ses biens : c'est une subtilité frivole. Je puis, sans offenser les principes de la morale, donner moi même ce qu'on m'oterait par la violence. Il est facile de distinguer l'obéissance à la justice de la résignation à l'injustice : je me conforme aux principes de la justice, parcequ'ils me paraissent intrinsèquement et invariablement équitables. Je cède à l'injustice pour diminuer autant que possible un mal que je ne puis éviter. Il en est de la volonté comme du jugement. Nous avons prouvé dans un chapitre antérieur, qu'adopter par déférence pour l'autorité une proposition dont l'évidence ne nous est pas démontrée, n'est point croire réellement à cette proposition. Je puis de même me conformer à des loix dont je n'appercois pas la justice, ainsi qu'à des loix dont l'injustice m'est évidente. Mais ce n'est point là de l'obéissance ; l'obéissance implique le choix volontaire de l'esp I39v° prit et l'approbation du jugement, tandis qu'en me | conformant aux mesures d'un gouvernement, sans les approuver, je me conforme à la volonté d'une bête féroce qui me force à fuir vers le nord, quoique mon intention fut d'aller vers le midi. Il ne faut pas confondre deux objets qui n'ont entr'eux qu'une analogie apparente. Rien n'est plus utile que l'influence que les hommes exercent les uns sur les autres par le moyen des lumières et des relations sociales : mais cette influence n'est aucunement de la même nature que celle de l'autorité. Il n'existe pas d'hommes dont le commerce ne puisse accidentellement ajouter à nos connaissances et rectifier notre conduite. Mais gardons nous de croire que ce genre d'utilité nous vienne plus fréquemment des hommes revetus d'une magistrature particulière. La supériorité de sagesse ou d'instruction diffère essentiellement de la supériorité de puissance : et les principes de la plus saine morale rejettent toute idée de suprématie d'un individu sur son égal. Un homme habile peut nous être utile de deux manières ; en nous fesant connaître la série des raisonnemens qui l'ont convaincu de la vérité de ses opinions, ou en nous communiquant simplement ses opinions mêmes. Cette P I40r° dernière méthode qui ne | supplée qu'imparfaitement à la première, n'est excusable que lorsque les forces de notre intelligence ou le défaut de tems mettent des obstacles à l'instruction. N'ayant pas eu l'occasion d'acquérir une science, je m'en remets aux connaissances d'un autre. Je me sers d'un 2 non de l'obéissance. ] mais non de l'obéissance. L plement ] simplement en nous communiquant L
34 ou en nous communiquant sim-
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architecte pour me construire une maison. Je choisis, d'après mon propre jugement, le but que je me propose, et j'en confie l'exécution à des mains plus instruites ou plus exercées. Ne serait il pas absurde d'appeler obéissance une délégation pareille ? Si nous ne désignons pas sous ce nom la relation d'un homme avec son chargé d'affaires, pourquoi nommer ainsi les rapports des citoyens avec les dépositaires de leurs interets ? La confiance que je dois au général d'une armée ressemble à celle que j'accorde à l'ouvrier habile. Je pèse d'abord les motifs de la guerre, j'examine sa justice, je m'instruis, autant qu'il est en moi, de toutes les circonstances qui s'y rapportent, et je m'en remets ensuite pour le plan de la campagne, pour l'ordre du combat, pour les opérations militaires dont je suis incapable de juger, à la direction d'un officier plus expérimenté que moi. f I40v° Cependant cette doctrine d'obéissance ou plutôt de | confiance et de délégation, dans quelques bornes étroites que nous l'ayons resserrée, doit être mise en pratique le plus rarement possible. Il convient que chacun remplisse par lui même les devoirs de sa situation. Nul n'est sur que de ses intentions propres, et celui qui se fait remplacer par humilité ou par faiblesse, perd d'ordinaire en probité et en zèle ce qu'il croit gagner en talens. De toutes les erreurs de l'esprit humain, la doctrine abusive de la confiance implicite, est celle qui a produit le plus de désordres et entrainé le plus de calamités. Le vice aurait fait peu de progrès, si chacun ne consultant dans toutes les occasions que son jugement, avait agi d'après sa conscience. Les plus grands désastres ont eu pour cause, dans tous les tems, la confiance illimitée de la multitude, devenue l'instrument de quelques hommes avides, ambitieux, ou pervers. Lorsque l'homme n'écoute que sa raison, il est l'ornement et le maitre du monde. Lorsqu'il renonce à son jugement et devient l'apotre de la foi implicite et de l'obéissance passive, il est le plus dangereux des animaux. Il n'examine plus les principes qui doivent diriger sa f I4ir° conduite, il n'est plus | susceptible d'amélioration morale. Il est l'agent aveugle et coupable du tyran qui l'égaré, et si quelque hazard rompt ses chaînes, rien ne le préserve du joug des passions les plus honteuses et les plus féroces. A la suite de ces considérations, l'explication du mot sujet ne nous parait point déplacée. Si l'on entend par sujet d'un gouvernement, un individu que le gouvernement est obligé de protéger, et qu'il a droit de contenir, lorsque l'irrégularité de sa conduite nécessite l'usage des moyens de force confiés à ce gouvernement pour la préservation de la paix publique, ce terme sera sans doute admissible. Mais si, au contraire, l'on entend par sujet d'un 22 ne consultant ... occasions ] dans toutes les occasions ne consultant L
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gouvernement un individu dont le devoir est d'obéir, aucun gouvernement ne peut avoir de sujets, puisque l'homme n'obéit qu'à ce qui lui parait juste et raisonnable, et que céder à la force n'est pas obéir, mais se résigner et se soumettre.
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Chap.e 7. e
Des formes du Gouvernement.
Plusieurs écrivains politiques ont prétendu que la différence du caractère, des habitudes, des préjugés des nations exigeait une égale diversité de systèmes de gouvernement. La constitution mixte des Anglais est adaptée, disent-ils, à leur caractère ombrageux et réfléchi. Le fédéralisme compliqué des provinces unies plait au phlegmatique hollandais, le faste monarchique éblouit la frivolité française, quoi de plus conforme à l'impétuosité des Athéniens que la démocratie pure ? quoi de plus convenable au Spartiate intrépide et farouche que l'inflexibilité des loix de Lycurgue ? L'art du législateur est d'adapter les institutions au caractère de chaque peuple. Je ne prétend nullement, pourrait dire un Anglais, que la constitution britannique soit la plus sublime conception de l'esprit humain. Je ne calcule point le plus ou moins d'excellence du gouvernement sous lequel la france s'est f I42r° illustrée durant des siècles. Je contemple avec | enthousiasme les admirables républiques de la Grèce et de Rome, mais je suis loin d'approuver ceux qui, voulant confondre tous les pays de tous les climats, prétendent substituer leurs rêveries absurdes à la sagesse de nos ancêtres, et je regarde avec horreur le donquichotisme qui veut réduire la grandeur irrégulière et diversifiée des nations à la froide et impraticable uniformité d'une exactitude métaphysique. Une pareille doctrine est ennemie de l'activité de l'esprit humain : elle enlève à l'homme le seul moyen qu'il possède d'ajouter à ses lumières. Persuadé que l'erreur et la vérité sont deux choses indifférentes, il cherchera faiblement à les distinguer, et plus faiblement encore à les faire distinguer à ses semblables. La vérité néanmoins est invariable, éternelle. Parmi les formes de gouvernement, il doit en exister une préférable à toutes les autres, et que l'esprit humain serait forcé d'adopter sans l'ignorance qui lui cache les objets, ou les préventions qui les défigurent. Ce qui est bon par essence, doit l'être pour tous, pour vous, pour moi, pour toute la race humaine. Le despotisme peut retenir les hommes dans les ténèbres, mais il ne peut jamais les conduire à la sagesse, au bonheur, à la vertu. Or, si sa nature
Etablissement du texte : 3/7-3/7, L f° 62v°, 161^-169^ ; PI f> 141v°-145r° ; G pp. 179189. 2 du Gouvernement ] de Gouvernement L préjugés L
4 habitudes, des préjugés ] habitudes & des
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Livre III, Chapitre VII
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générale est pernicieuse, toutes ses modifications doivent se ressentir de f° I42v° cette nature. L'immuable vérité ne change point en | traversant un lac, un bras de mer, une ligne idéale. Elle est la même dans tous les tems & dans tous les lieux. L'homme est partout l'objet de la législation. Les rapports sous lesquels les individus se ressemblent, sont bien plus nombreux que ceux par lesquels ils diffèrent. Nous sommes doués des mêmes sens, des mêmes organes pour le plaisir et pour la douleur, de la même faculté de réfléchir, de juger et de conclure. Les causes ordinaires de bonheur pour un homme seraient des causes de bonheur pour tous, si les opinions ou les désirs semblent différer entre les individus, cette différence fondée sur des préjugés, n'est nullement invincible. Un administrateur habile marchera toujours vers l'utilité sans s'effrayer du mécontentement passager qui doit cesser avec les erreurs qui le font naitre. Existe-t-il un pays où les soins d'un instituteur ne tendent pas à rendre ses élèves sobres, modestes et vertueux ? Peut-on citer un climat qui exige que ses habitans se livrent à l'intempérance ou à d'autres passions désordonnées ? Est-il un coin du monde où l'ami de la justice et de la vérité ne f I43r° trouve aucun moyen de servir ses | semblables ? Non sans doute. D e même la liberté est partout préférable à l'esclavage, partout un gouvernement impartial et juste vaut mieux que la tyrannie du caprice et les vexations de l'arbitraire. Tous les hommes, a-t-on dit, ne sont pas murs pour la liberté. Ce don, quelque précieux qu'il puisse être, demande des esprits qui sachent en faire usage. Tout est progressif dans l'homme, et c'est agir en sens inverse de l'expérience, que vouloir porter tout d'un coup l'espèce humaine à la perfection. C'était par des raisons à peu près pareilles que le législateur d'Athènes excusait ses loix fautives. Il n'avait point, disait-il, cherché les meilleures loix possibles, mais les meilleures que ses concitoyens pussent supporter. Solon tirait de principes vrais des conclusions erronées. Son code renfermait des moyens de durée, et n'en contenait aucun d'amélioration. Il avait négligé dans ses calculs les progrès graduels que nous avons décrit cy dessus. Il n'avait pas su démêler dans les Athéniens de son tems le germe du perfectionnement possible à des Athéniens futurs. Ses institutions étaient destinées à maintenir plutôt qu'à développer. P I43v° Les mœurs d'une nation sont toujours en rapport direct avec son gouvernement. Les partisans des constitutions locales ont voulu tourner ce fait à leur avantage. Ils ont méprisé les règles de la logique. Ils ont confondu l'effet et la cause, et considéré le gouvernement comme la suite des mœurs, tandis que les mœurs sont le produit du gouvernement. L e hazard ou la violence composent d'ordinaire les institutions politiques. Dans la plupart
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De la justice politique
des révolutions qui les établissent, l'on ne consulte guères l'inclination ni le vœu des peuples 1 , et dans les révolutions mêmes où ce vœu parait consulté, le nouveau gouvernement se hâte de se former une masse d'opinions et de sentimens qu'il se consacre à maintenir. Ce travail est en sens inverse du principe du perfectionnement graduel. L'homme est dans un état de variation perpétuelle. Il faut qu'il s'améliore ou se pervertisse, qu'il corrige ou confirme ses erreurs. Le gouvernement par sa nature comprime l'élasticité de l'esprit. Tout ce qui donne un corps à l'imperfection, est essentiellement funeste. L'amélioration d'aujourd'hui si elle est rendue stationnaire, sera un défaut demain. Il serait à desirer pour le développement des facultés humaines, que l'on put retrancher toute espèce f° I44r° de | contrainte. Le gouvernement le meilleur est toujours un mal, et, puisque nous ne pouvons nous en passer, restreignons le du moins autant que la sécurité générale peut le permettre. Le grand moyen de perfectionnement, c'est la publication de la vérité. Mais cette publication ne doit point partir du gouvernement. La vérité est une conquête difficile. Le gouvernement se trompe, comme les individus. Il est même plus exposé à l'erreur. Ses agens par un intérêt discret appellent au secours de l'ordre établi la foi implicite et l'ignorance. Ce n'est que par la discussion que la vérité peut se répandre. Les erreurs des uns sont relevées par les observations des autres. Il suffit que les gouvernans gardent la neutralité, du moins en leur qualité d'hommes publics. Sur un sujet qui admet le raisonnement et la démonstration, l'intervention du pouvoir ne peut qu'être déplorable. S'il se déclare pour la vérité, il lui enlève la confiance, et y substitue des considérations étrangères, si au contraire il appuyé l'erreur, bien qu'il ne fasse pas tout le mal qu'il voudrait faire, il trouble la paix de la discussion et change la recherche de la vérité en une lutte violente et passionnée. C'est aux individus que sont réservés les travaux de la recherche et les jouissances de la découverte. Mais pour les individus mêmes, de nouvelles questions se présentent, p i44v° Quel est le meilleur mode de communiquer la vérité ? faut-il l'offrir dans toute son évidence, ou n'en découvrir qu'une partie ? En adoptant cette dernière méthode, nous nous résignons à la défense de quelques portion d'erreur, nous affaiblissons nos moyens. Nos principes n'ont pas la moitié de la force que nous aurions pu leur donner. Les objections de nos adversaires en deviennent plus pressantes. Ils se prévalent du mélange d'erreur et de vérité que nous nous sommes condamnés à soutenir. Donnons la vérité toute entière revêtue de tout son éclat, et forte de tout son ensemble.
1
Godwin précise la source : J. Hume, Essays and treatises on several subjects. Voir G, p. 184.
Livre 111, Chapitre VU
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Mais il n'en est pas des changemens à introduire, comme des vérités à proclamer. C'est d'après le dégré d'instruction répandue dans un pays, que nous devons fixer l'époque et la quantité de ces changemens. Il faut considérer si l'esprit public est préparé suffisamment aux innovations qui sont désirables. Cette préparation est moins difficile que l'on ne s'efforce de 5 nous le persuader. Dès qu'une vérité importante est établie dans l'esprit des hommes courageux et sages, l'on peut, sans danger, en faire une partie du système général, car la multitude pauvre et ignorante, qui a un intérêt évif° 145r° dent à | l'introduction de la justice et de la vérité, n'entreprendra point de maintenir des systèmes qui servent à l'opprimer. Un principe utile établi 10 prépare l'établissement d'un autre. Chaque vérité découverte est un point de repos pour l'esprit humain, qui, encouragé par ses progrès dans son immense carrière reprend bientôt son essor avec un courage nouveau.
Livre IV, Chapitre I.
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Livre IV. e Du pouvoir législatif et exécutif.
Chapitre l. er Introduction Dans les divisions précédentes de cet ouvrage, nous avons suffisamment éclairci le fond de la question qui nous occupe pour passer maintenant aux détails de l'institution politique. Nous avons démontré que l'examen des principes et de la conduite des hommes dans leurs relations sociales était le sujet le plus important qui pût fixer notre attention, que les vertus et les vices des individus dépendaient de ces principes bien ou mal conçus, et de la manière dont ils y conforment leur conduite, qu'une institution politique ne peut être bonne, qu'autant qu'elle n'a pour baze unique que les règles de la justice, et que ces règles d'une nature toujours uniforme sont également applicables à toute la race humaine, f 2v° Pour répandre plus de clarté sur les différentes questions relatives à l'institution politique, nous en formerons trois parties auxquelles nous donnerons les dénominations suivantes - 1.° Administration générale. 2.° Progrès intellectuels ou moraux des individus. 3.° Administration de la justice criminelle. En traitant successivement ces différentes matières, conformément aux grands principes que nous avons établis, nous aurons plus d'abus à détruire, que d'améliorations positives à proposer, et nous chercherons moins à compliquer, qu'à simplifier les systhêmes. Nous n'oublions surtout jamais qu'un gouvernement quelconque est toujours un mal, une usurpation sur le jugement particulier et sur la conscience individuelle de l'espèce humaine. Nous sommes forcés de nous y soumettre, comme à un mal nécessaire : mais en notre qualité d'amis de la raison et des hommes, nous devons lui accorder le moins de latitude possible, et examiner avec attention, si le progrès graduel des lumières ne nous donnera pas dans la suite le moyen de réduire encore ce que nous croyons aujourd'hui devoir tolérer. Nous examinerons d'abord les différens systèmes d'administration géf 3r° nérale, et nous comprendrons sous | cette dénomination toutes les dépendances du pouvoir législatif et du pouvoir executif, que l'on a jugées nécessaires à l'institution sociale. Nous avons déjà reconnu que le terme de Etablissement du texte : 5/1^/1, L P 170r°-173v°, P2 P
G pp. 379-382.
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législation n'est point applicable aux associations humaines. Les hommes ne peuvent que proclamer et interpreter la loi. Il n'existe point d'autorité qui ait le droit d'ériger en loi ce que les règles immuables de la justice n'avaient point d'avance reconnu comme telle. Il peut toutefois être nécessaire de créer une autorité qui déclare les principes généraux, devant servir de règle commune à l'association, dans les questions particulières qu'elle est appellée à décider, et ce ne sera que dans une autre division de notre ouvrage, que nous examinerons l'étendue de cette nécessité. Le pouvoir exécutif se divise en deux parties très distinctes. La première comprend les résolutions que nécessitent les circonstances, c'est à dire le droit de paix et de guerre, le mode d'impositions", le choix des époques pour la convocation des assemblées délibératives. Ces fonctions peuvent f 3v° être confiées, suivant qu'on le juge | convenable, à un seul individu, ou à un nombre quelconque d'individus. La seconde partie du pouvoir exécutif comprend les détails de finances et les mesures de police qui ne peuvent être le département que d'un seul homme ou d'un très petit nombre de personnes. Pour passer en revue les différentes branches de l'autorité, et pour décider en quelles mains il est raisonnable de les confier, nous adopterons la distinction ordinaire des formes de gouvernement, en Monarchie, Aristocratie et Démocratie. Nous en examinerons successivement les principes, 1.° d'une manière absolue et dans la supposition qu'une seule de ces formes constitue le gouvernement, c'est à dire qu'il soit purement monarchique, Aristocratique ou démocratique : 2.° d'une manière relative, en considérant chacune de ces formes comme une branche particulière d'un système compliqué. Quant aux détails inférieurs de la partie exécutive, nous en parlerons avec moins de détails, parcequ'il est d'usage dans tous les gouvernemens de les confier à des agens subalternes. Nous considérerons les avantages de ces trois différentes formes de gouvernement d'une manière négative. Les devoirs imposés aux hommes f 4r° comme associés sont le résultat des irrégularités de leur | conduite comme individus. S'ils n'avaient point d'imperfections, s'ils étaient constitués de manière à pouvoir être assez tot et suffisamment corrigés par la persuasion seule, les fonctions de la société cesseraient. En conséquence celle des trois formes de gouvernement qui mettra le moins d'entraves à l'activité et à l'exercice de nos facultés intellectuelles sera évidemment reconnue pour la meilleure. La conviction de cette vérité m'a fait préférer le terme d'institu" Note de l'Auteur Anglais. Je considère les impositions comme une branche du pouvoir exécutif, parcequ'elles ne sont pas comme les loix, une promulgation de certains principes généraux, mais des règlemens temporaires pour des incidens particuliers. 37 La conviction ] avant La conviction de cette vérité sera évidemment reconnue pour la meilleure biffé, faute du copiste 40 incidens ] corr. de individus biffé, faute du copiste
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tion politique à celui de gouvernement, le premier m'ayant paru suffisamment exprimer la forme d'association que des individus pourraient adopter, lors même que la contrainte ne serait plus nécessaire pour les diriger ou pour les punir, tandis que le mot gouvernement semble donner une durée à des formes coërcitives, nécessairement passagères, puisqu'elles ne sont au- 5 torisées que par des erreurs qui doivent passer.
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Chap.e 2.e De l'éducation d'un prince".
Nous commencerons par la monarchie, et nous la supposerons héréditaire. Nous aurons ainsi l'avantage additionel de contempler dès sa naissance le mortel privilégié qu'on éléve au dessus de tous les êtres de son espèce. L'idée abstraite d'un Roi est d'une nature prodigieuse et extraordinaire ; et quoique l'habitude nous l'ait rendue familière depuis notre enfance, le plus grand nombre de nos lecteurs pourra se rappeller une époque où cette idée le frappait d'étonnement et confondait son intelligence. Après avoir reconnu qu'une forme de gouvernement était nécessaire, et que les individus devaient renoncer en partie au droit important et sacré qui constitue f° 5r° chaque homme seul | juge de ses paroles et de ses actions, il fallut rechercher quel expédient pourrait tenir lieu de ce tribunal individuel et primitif. L'un de ces expédients fut la monarchie. Il était de l'intérêt de chaque individu, que son individualité ne fut envahie que le plus rarement possible, qu'aucune restriction inutile ne lui fut imposée par l'insolence du caprice, par la partialité de la haine, ou par les calculs de l'usurpation, enfin que le poids de cet impôt rigoureux, mis sur la liberté de tous les membres de la société ne fut pas aggravé sans cesse par les prétentions d'un despotisme insatiable. Ce fut, certes, une mesure hardie que de s'en remettre à un seul homme sur un point tellement important pour tous. Si nous contemplons les facultés humaines, soit intellectuelles, soit corporelles, nous les trouverons beaucoup plus proportionnées à la sphère étroite des interets individuels, ou à l'effort passager d'un secours accidentel pour les autres, qu'à la fonction constante et positive de comprimer les écarts et de veiller au bonheur de plusieurs millions d'individus. Lorsqu'on se rappèle l'égalité physique et morale de l'espèce humaine, on ne peut se défendre de considérer l'élévation d'un homme si fort au dessus de tous ses semblables, comme une étrange violation de ce principe. Examinons donc si l'éducation de ces êtres privilégiés les prépare du moins aux fonctions illustres qu'on leur confie.
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" La distribution de l'ouvrage devient ici singulièrement fautive. Au lieu d'approfondir les principes des divers gouvememens, l'auteur se perd dans des observations souvent triviales sur l'éducation des princes et la corruption des cours. Je n'ai pas cru, néammoins, devoir retrancher les cinq ou six chapitres qui suivent, parcequ'au milieu des lieux communs qu'ils contiennent, se trouvent plusieurs idées neuves et plusieurs apperçus heureux. Note du 35 traducteur. Etablissement du texte : 5/2-4/2, L f 174r°-183v°, P2 f 4v°-8v°, G pp. 383-396.
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La connaissance de la vérité produit seule les actions utiles. Mais elle ne peut être communiquée à l'esprit de l'homme, qu'à l'aide de l'observation. Notre intelligence ne se perfectionne que de deux manières, par la lecture et la conversation, ou en remontant à la source même et en étudiant les hommes et les choses. Le perfectionnement qu'on acquiert par la lecture, illimité dans son étendue est insuffisant par sa nature. Pour comprendre les livres, il faut s'être familiarisé avec les objets dont ils traitent. Celui qui veut connaître l'esprit humain, doit l'avoir observé lui même. Celui qui veut le connaître intimement doit l'avoir observé dans la plus grande variété de situations possibles. Il doit l'avoir vû sans déguisement, lorsqu'aucune considération extérieure ne comprimait les passions, et n'imposait à l'homme un caractère emprunté. Il doit avoir contemplé ses semblables dans les momens où ils n'étaient plus sur leurs gardes, lorsque la violence d'une colère instantanée enflammait leurs discours rapides, lorsqu'ils étaient animés, entraînés par l'espérance, ou déchirés par le désespoir, enfin lorsque leur ame oppressée épanchait jusqu'à ses secrets les plus intimes dans le sein d'un égal et d'un ami. L'observateur lui même doit avoir été acteur sur la scène, avoir eu ses propres passions agitées, avoir éprouvé l'anxiété de l'attente et le transport du succès ; ou il n'appréciera pas mieux f° 6r° les êtres qui l'environnent, | que les habitans glacés de Mercure, ou les salamandres du soleil. A cette éducation pour ainsi dire, expérimentale, et qui seule peut former le vrai philosophe, le sage politique, l'ami et le bienfaiteur de l'humanité, opposons l'éducation commune d'un prince.
Voyez le préservé dès ses premières années, de toute atteinte extérieure, de tout choc étranger, de toute contradiction blessante, tous ses besoins prévenus, tous ses désirs dévancés. Son oreille ne doit pas entendre la voix austère de la censure, le vent du ciel ne doit pas souffler sur lui. Sa santé délicate lui interdit toute activité intellectuelle et corporelle. Dans toutes les circonstances, ce dont on se souvient surtout, c'est qu'il est un prince, c'est à dire une créature rare et précieuse, et non pas un être humain. Comme il est l'héritier d'un thrône, ceux qui l'entourent n'oublient jamais que sa faveur et sa disgrâce sont pour eux de la plus grande importance. En conséquence, ils ne s'expriment jamais avec franchise sur lui, ni sur eux : ils jouent un rôle, ils portent un masque. Leur fortune, leur ambition sont leur unique pensée, lors même qu'ils s'efforcent de paraître généreux, désintéressés et sincères : Ils satisfont tous ses caprices, ils étudient toutes ses inclinations. Ils jugent de ses goûts et de ses facultés par les leurs, ils lui supposent d'avance une ame sordide et basse, et les jouissances qu'ils lui f 6v° recommandent, le plongent | chaque jour plus profondément dans la corruption et dans l'imbécillité.
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Quel est le résultat d'une éducation pareille ? N'ayant jamais éprouvé de contradiction, le jeune prince est arrogant et présomptueux. Entouré d'esclaves forcés, ou d'esclaves volontaires, il ne comprend pas même le sens du mot liberté. Sa disposition est insolente ; il est impatient de la réprimande. Ignorant tout, il se prétend instruit ; il se précipite dans les dangers, non par un sentiment de courage, mais par vanité et par caprice. S'il était séparé de son cortège, s'il s'exposait seul hors de son palais, il courrait risque comme les Pyrrhoniens de l'antiquité, d'être écrasé par le premier char, ou englouti dans le premier précipice. La violence de sa présomption contraste avec la timidité de son caractère. Le moindre obstacle l'effraie : la moindre difficulté lui parait insurmontable. Il s'épouvante d'un fantôme : l'ombre même de l'adversité lui arrache des larmes, et sa faiblesse toujours croissante et toujours encouragée le rend bientôt le plus superstitieux des mortels. L'une des principales branches de la vertu est sans contredit la force de l'ame. Diogène avait un esclave nommé Menade. Cet esclave prit un jour la fuite. Eh quoi, dit le philosophe, Ménade peut vivre sans Diogène, et Diof 7r° gène ne peut vivre sans Menade ! L'homme qui | ne se sent point indépendant des autres, et prêt à supporter courageusement toutes les vicissitudes de la fortune, est incapable d'une vertu véritable et constante. La fermeté d'ame est donc une qualité essentielle à l'homme qui se voit honoré de la confiance de ses semblables. Mais comment la fermeté d'ame serait-elle jamais le partage des Rois ? Toute adversité leur parait insupportable. Ils deviendraient parfaitement nuls, s'ils fallait renoncer au caractère factice dont le sort les a revetus. Quoi de plus méprisable que l'être pusillanime qui se désespère de se voir réduit à la simple condition humaine, et forcé de devoir sa subsistance à l'emploi de ses facultés. Celui que l'idée d'un pareil changement épouvante, est évidemment un homme faible, énervé. Quoi de plus insensé que de lui confier des fonctions dont l'exercice peut décider de notre bonheur ! En même temps que les princes sont livrés aux dangers sans nombre d'une prospérité enyvrante, d'une prospérité qui, les privant de toutes les relations fondées sur l'égalité, les rend en quelque sorte prisonniers d'Etat, et leur interdit les communications sociales, l'expérience leur refuse son secours. Si par hazard la vérité se présente, un accueil froid et sévère repousse bientôt cet hôte inattendu. L'élève privilégié, habitué dès longtems à la voix doucereuse de l'imposture, ne peut supporter celle d'une franchise f° 7v° blessante. Ses goûts le captivent ; ses vils favoris l'enchainent. | Si quelque circonstance découvre à ses yeux leur bassesse ou leur infidélité, il en conclut que tous les hommes sont également corrompus. Il devient indifférent pour la race humaine, sourd à ses plaintes, insensible à ses souffran-
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ces. Il ne voit dans la vertu qu'une plus adroite hypocrisie. Telle est l'éducation de l'individu destiné à surveiller les interets et à assurer le bonheur de plusieurs millions d'hommes. Ce tableau contient tous les traits ordinaires à l'éducation d'un prince, lorsque le hazard n'a pas introduit un homme ferme et vertueux parmi ses 5 instituteurs. Sans doute, dans la vie réelle, ce tableau sera modifié : mais, à moins d'exceptions bien rares, les principaux traits resteront les mêmes. L'éducation d'un homme au dessus de l'atteinte du malheur, des leçons de l'égalité et des préceptes de l'expérience sera nécessairement spéculative, et par cela seul fautive et insuffisante. 10 La cause est facile à découvrir. Dans des circonstances pareilles, le plus sage instituteur rencontrera d'insurmontables obstacles. La situation d'un prince étant contre nature, peut à peine être conçue par lui même, et le retient irrésistiblement dans l'erreur. Les premières idées qu'elle lui suggère sont d'une espèce tranquillisante et soporifique ; elle lui persuade qu'il est 15 doué de quelque avantage supérieur au reste de son espèce, qu'il est formé f 8r° pour commander, et les autres pour obéir. Si vous l'assurez du contraire, vous n'aurez sur lui qu'un crédit imparfait et momentané. Les faits déposeront contre vous, et parleront un langage plus persuasif et plus énergique. S'il n'était pas au dessus de tout ce qui l'entoure pourquoi de toutes parts 20 cet empressement à le servir ? Il ne découvre qu'à la longue les motifs sordides qui anime ses courtisans ; et l'on peut douter que celui qui n'a jamais été à même d'éprouver les autres par ses besoins réels, puisse apprécier complettement le peu de confiance que méritent leurs protestations. On lui prodigue les louanges et l'adoration, long tems avant qu'il en soit 25 digne. Par quel argument lui persuaderez vous de prendre une peine superflue pour mériter ce qui lui parait acquis ? Comment l'engagerez vous à se défier de lui même, quand tant d'autres l'assurent que ses connaissances sont admirables, et son esprit un prodige de sagacité ? Comment déterminerez vous à des entreprises difficiles un homme dont on a toujours flatté 30 les caprices et dévancé les désirs ? Lors même que vous réussiriez à réveiller en lui quelqu'activité, qui vous dit que cette activité ne sera pas inutile, et peut-être dangereuse ? Son jugement est faussé. La baze de toute morale est détruite. Il se croit d'une nature supérieure au reste des hommes, que pouvez-vous en attendre de 35 généreux ni d'humain ? L'infortuné ! Sa situation le pousse sans cesse au f" 8v° vice. Elle | étouffe les germes de la vertu, avant qu'ils soient développés. Commence-t-il à montrer de la sensibilité ? Le vent brûlant de la flatterie vient aussitôt la flétrir. L'amusement et la sensualité élèvent leur voix im11 La cause est ] La cause en est L
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périeuse et ne lui laissent pas le tems de sentir. Dans le rôle factice qu'il joue, s'il aspire à la renommée, ce sera par les moyens artificiels d'une civilisation corruptrice, ou par des tentatives barbares de conquête et d'usurpation, non par la route simple et directe de la bienfaisance et de la vertu.
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Chapitre III.e Vie privée d'un prince.
Si telle est la culture, l'on peut facilement prévoir quels seront les fruits. L'impression que l'esprit reçoit durant la jeunesse, s'étend d'ordinaire sur le reste de la vie. Qu'importent ici quelques exceptions ? Que parmi les Rois, comme parmi les autres hommes, des causes particulières l'emportent quelquefois sur les causes générales, ces exemples en petit nombre ne prouvent rien en faveur de la monarchie. La nature n'a point jetté dans un moule à part l'intelligence des princes ; la monarchie n'est pas de fondation divine, et en conséquence quelque système que nous adoptions sur l'origine des talens ou du génie, le vulgaire des Rois n'aura que les facultés communes au vulgaire des mortels. Dans ce que nous avons dit, et dans ce qui nous reste à dire, nous n'arrêterons pas nos regards sur des prodiges, mais sur l'espèce en général, telle qu'elle est aujourd'hui. L'éducation, sans doute, détermine le caractère futur de l'individu. Mais, si, dans un sens ordinaire, l'éducation finit avec la jeunesse, dans un sens f° 9v° plus exact, on peut dire que l'éducation d'un être intellectuel | n'a d'autre terme que sa vie. Tout ce qui nous arrive, produit une impression qui confirme ou modifie notre manière d'etre antérieure. Les mêmes causes qui agissent sur les Rois dans leur enfance, les influencent dans l'âge mur. L'on éloigne d'eux tout ce qui peut leur rappeler qu'ils sont hommes. L'on employe tous les moyens pour leur persuader qu'ils sont d'une espèce différente, indépendans des loix communes. Un Roi, telle est du moins la maxime des monarchies absolues, bien qu'assujetti à des devoirs qu'il est strictement tenu de remplir, n'est responsable de l'accomplissement de ces devoirs qu'à Dieu seul, c'est à dire, qu'exposé à cent fois plus de séductions que les autres hommes, il n'a point comme eux le frein salutaire des relations naturelles et des conventions légales. On lui apprend à se croire affranchi de toutes le entraves sociales, et soumis à une régie créée particulièrement pour lui seul. L'on s'en remet pour toutes les questions, à des motifs tirés d'un monde invisible. Mais, quelque puisse être la valeur de ces motifs, aux yeux de la philosophie, nous n'en sommes pas à apprendre qu'ils ne sont que faiblement écoutés par des hommes plongés P I0r° dans le tourbillon des affaires, et qu'ils soutiennent | une lutte inégale contre les impressions des sens ou les séductions des objets visibles. Etablissement du texte : 5 / 3 ^ / 3 , L
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C'est une maxime généralement reçue, qu'un Roi est despote dans le cœur ; et cette maxime ne peut guères manquer d'être confirmée par l'expérience. Un monarque limité et un monarque absolu, bien que différents sous quelques rapports, se ressemblent sous beaucoup d'autres. Un monarque absolu, dans toute l'étendue de cette expression, est un phénomène qui n'a peut-être jamais existé. Tous les peuples se sont efforcés de tracer au despotisme de certaines bornes, que leur imagination trompée regardait comme une garantie suffisante de leur indépendance. Mais, au milieu de ces précautions illusoires, ils ont accordé tous à leurs Rois une telle profusion de richesse, c'est à dire de moyens de luxe et de corruption, ils les ont tellement entourés de servilité et d'impostures, tellement affranchis de toute responsabilité personnelle, que dans l'espèce des Rois, s'est, pour ainsi dire, anéantie la nature de l'esprit humain. Placés si haut, ils ne voyent plus qu'un dégré entr'eux et le faite de l'autorité sociale. Pourraient-ils ne pas aspirer à le franchir ? Ayant des occasions si fréquentes de voir leurs ordres obéis implicitement, accoutumés à une si longue scène d'adulation et de f° lOv° servitude, il est | impossible qu'ils n'éprouvent pas quelqu'indignation contre l'intégrité courageuse qui veut limiter leur toute puissance. Or, dire qu'un Roi est despote dans le cœur, c'est dire, et nous le prouverons bientôt, qu'un Roi est inévitablement l'ennemi de toute la race humaine. La principale source des vertus est le souvenir des choses absentes. Celui qui ne fait entrer dans ses calculs que les choses présentes exclusivement, sera l'esclave éternel de la sensualité et de l'égoïsme, il n'aura aucun motif de réprimer ses passions. La voix de la vertu et de l'innocence, quelqu'évidente que soit sa cause, cessera de l'émouvoir, aussitôt que de parler. Rien n'est donc plus favorable au perfectionnement moral, que la méditation. Rien n'est plus destructif de ce perfectionnement qu'une succession de jouissances non interrompues. Il serait absurde d'attendre des Rois, qu'ils se souviennent de la vertu, dans la défaveur ou l'exil. L'on a observé généralement qu'ils se consolaient sans peine, même de la perte d'un flatteur ou d'un favori. Les images succèdent si rapidement aux images, les sensations aux sensations, qu'aucunes d'elles ne laissent en eux une impression durable. Une circonstance qui vient aggraver cette insensibilité, c'est le relaf° l lr° chement moral qui résulte de plaisirs | continuels. Leur ame recule devant des idées pénibles, devant des questions qui exigeraient quelqu'examen, devant des doutes qui demanderaient quelques réflexions. Quelle situation plus misérable que celle d'un étranger qui ne sait pas parler notre langue, qui ne connait rien à nos usages et à nos mœurs, et qui 3 et un monarque... ressemblent ] est corr. en et un monarque absolu, bien que différent sous quelques rapports, se ressemblant P
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se voit forcé de se mêler à nos interets et à nos affaires, sans un seul ami qui puisse le conseiller ou le seconder ? Si ce malheureux a quelque chose à perdre, nous le verrons bientôt entouré de fourbes, d'usuriers et de brigands. Ils lui raconteront les plus absurdes mensonges, ils le tromperont dans chacune de ses transactions les plus indispensables. Il fuira enfin de cette contrée, non moins ignorant, non moins isolé, que lorsqu'il y était venu. Cet étranger, c'est un Roi, mais avec cette différence que l'étranger, s'il est doué de quelque discernement, se fera jour à travers cette foule intrigante, et découvrira une société d'hommes dignes de sa confiance. Un Roi n'y parviendra jamais. Il est placé dans un tourbillon qui lui est particulier, il est entouré d'un atmosphère qui lui dérobe la véritable couleur, la véritable figure des choses. Ceux qui l'approchent sont dans une conspiration permanente pour empêcher la vérité de pénétrer jusqu'à lui. Quiconque n'est f l lv° pas accessible à tous les hommes, quiconque donne sa personne | en garde à un autre, et se résigne à être privé de ce qui lui importe le plus de savoir, quelque nom qu'il porte, n'est en réalité qu'un captif. Quelque puissent être les prétentions arbitraires des institutions humaines, les institutions plus puissantes de la nature défendent à un homme de se charger des interets et de pourvoir au bonheur de plusieurs millions d'individus. Un Roi se trouve bientôt contraint d'abandonner à des ministres l'exercice de ses fonctions. Il prend l'habitude de voir par leurs yeux, et d'agir par leurs mains. Il est forcé de s'en remettre implicitement à leur douteuse fidélité. Tel qu'un homme longtems renfermé dans un cachot, ses organes ne sont pas assez forts pour supporter la lumière de la vérité. Il emprunte d'un tiers ses notions des sentimens et des opinions humaines. Il ne converse jamais directement avec les passions des hommes, et les difficultés des choses. Ebranler sa confiance dans le favori du moment, lui demander un examen nouveau des principes et des faits qui dirigent sa conduite, c'est lui imposer une tâche trop pénible. Il quitte à peine l'accusateur, qu'il se hâte de consulter l'accusé ; et la même voix qui l'a si souvent délivré du doute et déchargé du poids des affaires, impose silence à f I2r° d'incommodes soupçons. Il | fuit devant l'anxiété et l'incertitude, et cherche un azyle dans ses amusemens accoutumés : ou si quelque velléité de travail s'élève, l'amusement se présente de lui même, revient à la charge avec des attraits nouveaux, et l'emporte bientôt sur une volonté passagère qui est elle même un pénible effort. Les Rois, dit Fénélon sont les plus malheureux et les plus aveugles de tous les hommes 1 . Mais quand ils ne seraient pas la proie de l'erreur et du mensonge, ils en tireraient peu d'avantages. La roy1
Godwin précise la source : F. Fenélon, Les Aventures de Télémaque, fils d'Ulisse. Voir G, p. 403 et L, f> 189v°.
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auté est inévitablement l'alliée du vice. La vertu par sa nature est juste, conséquente et sincère. Les Rois corrompus par l'éducation qu'ils reçoivent, par le poste qu'ils occupent, ne peuvent tolérer ces austères qualités. La sincérité leur découvrirait leurs faiblesses et leurs vices, la justice méprisant leur pompe, les apprécierait à leur valeur : l'impartialité repousserait tous 5 les moyens qu'ils employent pour faire fléchir les principes. Ils ont besoin de caractères plians et souples, qui flattent leurs erreurs, excusent leurs fautes, s'empressent de les servir sans scrupules bizarres, et sans remords importuns. Aucune inflexibilité ne peut résister aux complaisances d'une adulation perpétuelle. Les vertus ne se développent que sur le sol de l'éga- 10 lité, fortifiées qu'elles sont en luttant contre le vent des orages, et l'intempérie des hivers. Que de talens, objets des plus justes espérances, n'avonsf° I2v° nous pas vu s'énerver sans autre cause | qu'une carrière trop facile, où nul choc ne les réveillait, ou nulle calamité ne les appelait au combat et n'exerçait leur énergie ? 15 La monarchie est réellement une institution si peu naturelle, que les hommes l'ont de tous tems soupçonnée d'être funeste à leur bonheur : il est plus aisé d'obscurcir que d'effacer les vérités importantes, et il reste toujours à l'imposture, quels que soient ses succès, un puissant adversaire dans le cœur même de ses prosélites. L'homme qui se procure avec effort une misérable 20 subsistance ne peut contempler le faste d'un Roi sans éprouver confusément le sentiment d'une injustice. Il révoque nécessairement en doute l'utilité d'un fonctionnaire dont les services s'achètent si chèrement, et bientôt il s'indigne, lorsqu'il s'appercoit avec surprise, qu'un Roi n'est qu'un homme ordinaire, surpassé par plusieurs, et égalé par beaucoup d'autres en force, en 25 talens et en vertus. Ces réflexions sont si évidentes que les Rois eux mêmes soupçonnent de tems à autre les dangers qui menacent leur bonheur imaginaire. Tantôt ils s'allarment des progrès de la pensée, tantôt l'aisance et la prospérité de leurs sujets leur paraissent une source de terreurs. Ils considèrent avec rai- 30 son leurs fonctions comme une sorte de représentation publique, dont le f I3r° succès dépend de la | crédulité des spectateurs, et à laquelle un peu de courage et de raison mettraient bientôt un terme. Delà les maximes connues du gouvernement monarchique, que l'aisance est mère de la révolte, qu'il faut tenir le peuple dans un état de malheur et de pauvreté pour assurer son 35 obéissance, qu'une nation riche est indocile et rebelle, et que la faiblesse et la misère des gouvernés sont les plus surs appuis de l'autorité des gouvernans. Rien n'est plus inique et plus barbare que d'imposer à un seul individu les fonctions contre nature d'un Roi, et l'injustice est égale envers celui AO qu'on revet de cette dignité déplorable, et ceux qu'on soumet à ce pouvoir
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dangereux. La conduite des Rois est l'objet de la censure la plus sévère, tandis que leur situation même les condamne à la mériter. Mille choses se font en leur nom, sans qu'ils y participent. Mille mensonges se pressent autour d'eux pour leur dérober la vérité. Ils sont la victime expiatoire, chargée des crimes de tous. Pourquoi donc les antagonistes du gouverne- 5 ment monarchique sont-ils considérés comme les ennemis des Rois. Ils les délivreraient du plus pesant des fardeaux, du fardeau d'une puissance sans bornes. Ils les élèveraient à la désirable situation d'individus indépendans. Les Rois, s'ils concevaient leurs véritables interets, seraient les premiers à f I3v° adopter ces principes, les plus zélés à les | répandre, et les plus ardens dans 10 leur estime envers les hommes qui développent à la race humaine ces importantes vérités.
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Chapitre 4.e Du despotisme d'un prince vertueux.
L'on a établi sur le sujet que nous traitons une opinion qui mérite d'être discutée impartialement. Ceux qui défendent la monarchie absolue, conviennent que l'imperfection des Rois et des ministres peut en faire le plus mauvais des gouvememens, mais ils prétendent qu'elle est la meilleure des institutions sous un prince vertueux. La monarchie, disent-ils, subit le sort commun à ce qu'il y a de plus excellent dans la nature. Pervertie, elle devient ce qu'il y a de plus mauvais. Cette assertion ne décide en rien la question générale, et n'invalide nullement nos réflexions sur le caractère et la disposition inhérentes à l'état de prince. Cependant, comme elle tend à nous inspirer une prévention favorable à une espèce de despotisme quelconque, il importe de la détruire pour rendre nos raisonnemens contre la monarchie plus complets et plus décisifs. L'on ne niera pas, que, pour donner à la bienveillance et à la vertu une utilité réelle, deux conditions ne soient nécessaires, le discernement et le pouvoir. Un homme peut faire le P 14v° bonheur d'un petit | nombre d'individus, parcequ'il peut connaître suffisamment leur situation et leurs circonstances. Il peut même faire le bonheur d'un assez grand nombre d'hommes sous certains rapports généraux, pour lesquels il suffit d'avoir étudié la nature de l'esprit humain, sans entrer dans la situation personnelle des individus intéressés ; mais qu'un seul homme prétende administrer les affaires de plusieurs millions de ses semblables, et non seulement leur fournir des principes généraux, mais les guider dans l'application particulière de ces principes, et choisir les mesures de circonstances pour les nécessités du moment, c'est de toutes les entreprises la plus extravagante et la plus absurde.
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Ce qu'il y a de plus raisonnable à la fois et de plus simple, est que chacun soit l'arbitre souverain de ses interets privés. Lorsque nos imperfections, nos vues étroites et nos erreurs rendent ce mode de conduite dangereux ou impraticable, la seule ressource qui se présente est le recours à l'opinion de 30 nos égaux. Eux seuls peuvent être supposés avoir une connaissance générale du sujet, dont il est question, et posséder le loisir et les moyens de l'examiner attentivement. Pourquoi les hommes n'employeraient-ils pas pour la p 15P répartition des taxes, pour les relations de commerce, pour toutes ] les branches de l'intérêt commun, l'expédient auquel ils ont recours dans leurs 35 Etablissement du texte : 5/4-4/4, L P 194P-200v°, P2 P 14r°-16v°, G pp. 4 0 8 ^ 1 3 .
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affaires civiles et criminelles ? Le mode de délibération seul pourrait varier en raison de la nature, de l'étendue et de la complication des questions. Mais la monarchie, au lieu de soumettre chaque objet aux personnes intéressées ou à leurs égaux, les soûmet à un seul individu, placé à la plus grande distance possible des membres ordinaires de la société, au lieu de distribuer les sujets à discuter en autant de divisions, que cela serait nécessaire pour les examiner à loisir, La monarchie les attire tous vers un centre unique, et rend la recherche et l'examen impossibles. Un Roi, quelqu'instruit qu'il puisse être, est obligé d'agir dans les ténébres, d'emprunter ses connaissances des rapports d'un autre, et de confier à d'autres encore l'exécution de ses ordres. La monarchie est une forme de gouvernement que proscrit la nature humaine, et ceux qui accordent à leur despote l'intégrité et la vertu, oublient d'y joindre la toute puissance et la science universelle, qualités non moins indispensables pour remplir la tâche qu'ils lui confient. Ces observations s'appliquent surtout au gouvernement monarchique dans les empires étendus : et l'on voit par là combien est absurde l'opinion qu'une République n'est admissible que dans les Etats bornés, et que dans les grands pays, la monarchie est nécessaire. Dans tous, elle est misérablement fautive, I5v° mais si l'on s'obstine à l'admettre, que ce soit au moins dans des états resserrés, où l'on puisse sans extravagance, exiger du monarque, qu'il connaisse les interets qu'il est chargé d'administrer. Supposons un moment que ce despote honnête et incorruptible ait des ministres avides, hypocrites et intéressés, quel avantage résultera-t-il pour le peuple des bonnes institutions du monarque qui ne connaîtra ni sa situation, ni ses besoins, ni son caractère ? car les informations qu'il recevra sur ces objets, seront l'inverse de la vérité. On lui présentera comme un digne objet de faveur et de confiance, l'homme vil et cruel dont tout le mérite consiste à exécuter sans pitié les vexations du gouvernement. Celui dont l'intrépide vertu aura contrarié les vues ténébreuses d'une administration corrompue, sera peint comme le fléau de la société et l'artisan de la discorde. Le monarque souhaiterait le plus grand bien de son peuple, mais lorsqu'il donnera quelques ordres pour son avantage, ses ministres en contrarieront l'exécution avec toutes les formes de l'obéissance. Rien ne sera si dangereux que de l'éclairer sur ces coupables manœuvres. Le téméraire qui l'entreprendrait, serait bientôt l'objet d'une haine implacable : quelque puisse être la rigoureuse équité du prince, sa vigilance s'endormira quelquefois, mais la I6r° vengeance veille toujours. Dans les prisons d'Etat seront détenus au nom du Roi, des hommes dont il n'a jamais connu les crimes, dont il ignorait jusqu'à l'existence, ou dont peut-être il croyait avoir récompensé les vertus. 24 du ] d'un L
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Partout où le despotisme existe, il est toujours accompagné des maux inséparables du despotisme, le caprice, l'inconséquence, l'arbitraire et l'oppression. Supposerez vous qu'un Roi bien intentionné trouvera des ministres vertueux ? Mais comment vaincra-t-il l'éternelle nature des choses ? Comment fera-t-il que tous ses agens soient des hommes d'un génie élevé et d'une vertu sans tâche ? La moindre erreur dans ses choix renversera toutes les digues opposées à la corruption. Un seul homme faible ou pervers sera la source de maux sans nombre. Sous toutes ses formes, la monarchie est à la merci des individus : elle n'offre aucune garantie, elle ne présente aucun moyen de répandre et de maintenir l'esprit de justice. Tout repose sur la permanence et sur l'étendue de la vertu personnelle. Sous le meilleur des despotes, la faveur et l'intrigue, des préférences et des disgrâces injustes décourageront l'homme de bien. Sous le meilleur des despotes, le principal ressort de l'ame, l'espoir d'un succès mérité | sera brisé sans retour et remplacé par de vils calculs et d'ignobles espérances. Le mérite d'un individu peut être connu de quelques hommes obscurs qui n'ont pas le pouvoir de le récompenser ? Mais comment parviendra-t-il jusqu'au monarque enfermé dans son palais ? Cet homme environné de prestiges saura-t-il ce qui se passe dans quelque partie lointaine de son royaume ? Distinguera-t-il les premiers efforts du génie et de la vertu ? Le peuple lui même, fatigué de prodiguer au mérite de stériles applaudissemens, renonce bientôt à des démonstrations sans effet. Les talens et les facultés naissantes sont immolées par hécatombes devant l'autel de la monarchie. Sous ce climat pestilentiel languissent et meurent les germes de la vérité et de la raison. L'exemple qui nous est présenté sans cesse du triomphe de la richesse et de la ruse sur les talens et l'intégrité, étend sa corruptrice influence sur cette masse même d'hommes du peuple auxquels l'ambition parait d'abord devoir toujours rester étrangère. C'est particulièrement sous un bon Roi, que la monarchie est pernicieuse. Il séduit notre jugement, tandis qu'un tyran le comprime. Pallier la difformité de choses essentiellement vicieuses, est le plus impardonnable des crimes envers la cause de l'humanité.
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Chapitre 5.e Des Cours et des Ministres.
Quelques réflexions sur un autre inconvénient du gouvernement monarchique nous feront juger mieux encor de la manière dont la vérité parvient au monarque, et dont ses ordres sont exécutés. Je veux parler de l'existence et de la corruption des cours. L'institution des cours, comme toutes les institutions humaines, porte le caractère des circonstances qui l'environnent. Les ministres et les favoris forment une classe d'hommes qui ont sous leur garde un prisonnier d'Etat, dont ils égarent l'intelligence et dont ils dirigent les actions. Le prince faible et crédule est complettement leur esclave, et le prince sage et défiant ne leur échappe pas toujours. Leur premier mobile est le désir de conserver la disposition de l'autorité royale, soit que les richesses, l'amour du pouvoir ou des motifs plus généreux les animent. La confiance du monarque est le plus sûr garant de la durée de leur influence, et pour mettre cette confiance à l'abri de tout danger, l'éloignement des contradicteurs est l'expédient le P I7v° plus infaillible. Les plus sages des | hommes sont sujets à l'erreur, les plans les plus judicieux sont exposés à des objections superficielles, mais spécieuses, et l'intérêt d'un ministre est toujours d'éloigner de son maitre des conseillers adroits, dont la pénétration s'accroit encore du désir d'occuper sa place. Ceux qui forment la cour du monarque, après l'avoir de la sorte isolé, songent à se composer pour eux mêmes une cour pareille à la sienne : ils ont des ministres secondaires, de subalternes adulateurs, et l'on voit descendre jusqu'à l'infini l'enchainement compliqué de la servitude. Chacun de ces instrumens subordonnés vit du sourire du ministre, comme celui-ci du sourire du prince. Chacun a ses petits interets à conduire, son petit empire à exercer sous les livrées de l'esclavage. Chacun imite les vices de ses supérieurs, et exige de ses dépendans l'adulation qu'il est condamné à prodiguer. Nous avons déjà vu qu'un Roi est nécessairement un despote au fond du cœur. Il a contracté l'habitude de n'entendre que ce qui le flatte, comment supporterait-il des observations franches et hardies ? Il n'a rencontré que l'empressement de l'obéissance, comment ne serait-il pas irrité du retard et impatient de l'opposition ? quoi de plus impropre à le servir qu'un caractère f° 18r° ferme et vertueux, et des principes clairs et précis ! Il lui faut des | hommes Etablissement du texte : 5/5-1/5, L P 201r°-208r°, P2 P 17r°-20i", G pp. 414-422.
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qui sachent concilier adroitement leurs principes et sa volonté. Ces hommes exigeront la même souplesse de leurs agens et des scrupules importuns ou déplacés leur paraîtront le plus impardonnable des crimes. Cette obéissance deviendra bientôt la vertu suprême. On ne voudra plus que des hommes propres au service secret du gouvernement, c'est à dire s disposés à vendre au gouvernement des services qu'il n'oserait pas avouer. A ce titre les plus pervers seront préférés, les plus intègres repoussés avec mépris. L'on ne parviendra pas sans doute à renverser la règle éternelle de la vertu, mais cette règle paraîtra renversée, et la réalité ne serait guères plus funeste que cette apparence. Pour atteindre aux honneurs, il faudra ramper 10 aux pieds des ministres, supporter avec une patience inaltérable leurs dédains et leurs outrages, flatter leurs vices et favorises leurs vues ; pour atteindre aux honneurs, il faudra se faire des partisans à force d'intrigues, plaire aux grands, captiver des femmes perdues et courtiser des commis ; pour atteindre aux honneurs, il faudra mériter la honte. Sur cette scène tout 15 est illusion, duplicité, imposture. Le ministre caresse celui qu'il méprise, et l'esclave égoïste vante son désintéressement. Sans doute, il serait absurde de nier, que sous les plus mauvais gouvernemens, les abus que nous venons f I8v° de décrire, ne se trouvent quelquefois palliés par des déviations | accidentelles, mais il serait insensé de prétendre qu'ils ne forment pas le carac- 20 tère distinctif de tout pays où l'on rencontre une cour et un monarque. Partout où les distinctions héréditaires existent, l'esprit humain ne peut se fixer sur sa véritable base. Une lutte éternelle s'établit entre le sentiment naturel qui nous crie que tout cet échaffaudage est imposture, et la voix impérieuse du gouvernement qui exige de nous l'obéissance et le respect. 25 Pendant cette lutte inégale, ceux qui ont usurpé l'autorité sont poursuivis sans cesse par le remords et par l'effroi. Dans cette situation factice, des moyens terribles sont nécessaires pour empêcher la race humaine de regagner son niveau. C'est le metier des gouvernans de persuader aux gouvernés qu'il est de leur intérêt d'être esclaves. Pour créer ce fantôme d'intérêt 30 artificiel, il faut pervertir le jugement de la multitude, et dépouiller la masse du peuple d'une forte partie de ses biens, qu'on distribue ensuite aux partisans qu'on achète, en titres, en salaires, en cordons ; Delà ce système de corruption universelle, unique appui de la monarchie. L'on a quelquefois prétendu que la corruption était inévitable dans les 35 gouvernemens mixtes. Dans ces sortes de gouvernemens, a-t-on dit, le f I9i" peuple possède un certain dégré de liberté. D'une part existent ses | privilèges, de l'autre la prérogative royale. Deux routes conduisent aux dignités, la faveur populaire et le patronage de la cour. Le despotisme pur chasse devant lui le peuple comme un troupeau ; quelque déplorable que puisse 40 être la situation des gouvernés, ils n'en connaissent aucune autre, et s'y
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soumettent en silence, immobiles qu'ils sont dans la perte profonde de toutes leurs facultés. Mais dans un pays qui se prétend libre, l'imagination s'agite, les vents soufflent, les flots se soulèvent et des moyens extraordinaires sont indispensables pour calmer l'orage. Ces raisonnemens ont conduit des hommes honnêtes, frappés de la corruption pécuniaire comme s du dernier dégré d'avilissement, à préférer le despotisme complet à l'illusion d'une liberté trompeuse. Mais ce tableau exact relativement aux gouvernemens mixtes, est beaucoup trop favorable au despotisme pur. Les droits du peuple, garantis ou non par la constitution établie, ne seront jamais un secret pour la nation. Il n'en exista jamais d'assez stupide pour croire 10 que le nom de Roi rendait un individu égal de fait à des millions d'hommes. Chez tous les peuples monarchiques, il y aura des nobles et des paysans, des riches et des pauvres. Il se formera bientôt par la combinaison de la naissance, des richesses et des talens, une classe intermédiaire entre le monarque et le peuple : l'influence de cette classe allarmera l'autorité. Il faudra 15 l'acheter ou la soûmettre. La crainte et l'inquiétude sont les compagnes f 19v° inséparables | de la tyrannie ; delà ces armées d'espions, ces prisons innombrables qu'on voyait jadis en france. L'œil d'un despote n'est jamais fermé. Que de précautions, que de défiance ! On surveille le citoyen lorsqu'il sort de son pays, on le surveille lorsqu'il y rentre. La presse ne publie rien sans 20 l'approbation du pouvoir ; les caffés, les spectacles, tous les lieux publics sont des objets d'anxiété. Vingt individus se rassemblent-ils ? Le soupçon les entoure ; on les accuse de regretter les droits qu'ils ont perdus et d'en méditer la conquête. Qui doute qu'au moyen de la défiance, le despotisme ne joigne les ressources de la corruption ; et s'il méprisait assez ses esclaves 25 pour dédaigner de les séduire, en seraient-ils donc plus heureux ! Aucun spectacle n'est plus repoussant, aucune situation plus dégradée que celle d'une nation toute entière retenue dans l'obéissance par la seule opération de la peur. Les hommes les plus éclairés, ceux qui devraient diriger les autres, sont condamnés à dissimuler. La pensée s'use dans le 30 silence, et s'efface bientôt de l'esprit même qui l'avait conçue : mais ce n'est jamais à la terreur seule que les tyrans ont recours ; ils ont tous des complices, des agens, des confédérés dans le crime. Leur monstrueux édiF20r° fice est toujours soutenu par les divers instrumens de la corruption | humaine. La sévérité, les menaces, la flatterie, les promesses et les récompen- 35 ses, c'est ce qui rend la monarchie un établissement si cher ? Le monarque s'efforce par tous les moyens d'augmenter le nombre des lots, dans sa loterie de vénalité. Dans cette théorie de bassesse politique, l'on suppose bientôt que tous les individus sont à vendre. Tel parait patriote, qui n'est dans le fait qu'un mercenaire. La vertu perd son influence : elle passe pour 40 un donquichotisme absurde, ou pour une hypocrisie profonde qui rend les vices qu'elle couvre plus méprisables et plus odieux.
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Chapitre 6.e Que la monarchie est fondée sur l'imposture.
Considérons maintenant les effets moraux que l'institution du gouvernement monarchique doit naturellem.' produire. Il faut poser pour premier principe que la monarchie est fondée sur l'imposture. Il est faux que les Rois aient droit à la suprématie qu'on leur accorde. Aucune supériorité intrinsèque ne les distingue de leurs sujets. La différence qu'on suppose entre ces deux classes d'hommes, est une différence imaginaire, une méthode indirecte de parvenir à un certain but, et non l'expression de la vérité. L'institution monarchique foule aux pieds la nature réelle des choses, et ne s'appuye que sur un prétendu besoin d'erreur qu'attribuent à l'espèce humaine ceux qui gagnent à la tromper. Il est faux en second lieu, que les Rois puissent s'acquitter des fonctions qu'on leur confie. Ils exigent que des millions d'hommes leur remettent le soin de leurs interets les plus chers, et ces interets leur sont inconnus. La nature n'a doué les rois d'aucune faculté surnaturelle. Ils ne peuvent ni voir ni entendre se qui se passe lorsqu'ils sont absents. Ils ne peuvent agir à distance. Ils ne sont | rien de ce qu'ils prétendent être. Ils ignorent souvent ce que savent les plus obscurs de leurs sujets. Ils déléguent à d'autres leurs prérogatives ; le dernier commis est quelquefois plus souverain que le monarque, idole imbécille qui ne s'informe pas même de ce qui se fait en son nom. Pour prolonger la durée de cette inconcevable imposture, il est nécessaire de séduire nos oreilles et nos yeux. En conséquence les Rois ne se montrent jamais qu'en pompe. Leur suite est brillante, leur dépense est excessive, et c'est moins par orgueil ou par sensualité, que par politique. Ils seraient perdus, si l'on reconnaissait en eux des hommes : ils évitent, autant qu'ils le peuvent, les regards profanes, et lorsqu'ils se montrent, c'est avec le faste qui frappe nos sens et trouble notre raison. Ils nous ruinent pour nous tromper. Delà encore le style ampoulé des proclamations royales. Le nom de Roi nous poursuit partout : on serait tenté de croire que tout dans le pays, les terres, les maisons, les meubles, les habitans lui appartiennent. Nos domaines sont ses Etats, nos corps et nos ames ses sujets ; nos représentans son parlement, nos tribunaux ses délégués ; les magistrats de toute espèce sont Etablissement du texte : 5/6-4/6, L f 21 lr°-221 v° ; P2 P 20v°-25v° ; G pp. 423-434.
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les officiers du Roi, son nom est en tête de toutes les loix, de toutes les ordonnances ; en son nom l'on poursuit les criminels, en son nom l'on rend P 2iv° la justice, il est notre souverain seigneur | le Roi. S'il était possible qu'il mourut, la fontaine de notre sang, la source de notre vie s'arreterait aussitôt : toute espèce de fonction politique serait suspendue. Aussi est-ce un des principes fondamentaux de la monarchie que le Roi ne peut mourir. On trouve le même bon sens dans la morale monarchique, la somme de nos devoirs politiques, les plus importans de nos devoirs c'est la loyauté : c'est d'être fidèle au Roi, c'est à dire d'honorer un homme que nous devrions mépriser peut-être ; de lui obéir, c'est à dire de ne reconnaitre aucune règle immuable de justice ou d'iniquité. Quels effets ces illusions doivent-elles produire sur nos principes ? Croiton se jouer impunément de la morale et de la vérité ? Avec quelque complaisance que nous nous prêtions à l'imposture, il est impossible qu'on ne la soupçonne pas. L'homme, dans un Etat de société où de pareils mensonges n'ont pas perverti sa raison, se trompe rarement sur la nature du mérite. Il sait que la supériorité des mortels est en raison de leurs talens, ou de leurs vertus : en conséquence, c'est à ces distinctions qu'il aspire, ce sont ces qualités qu'il honore et qu'il applaudit ; mais quelle révolution n'est pas P 22f introduite dans ces sentimens primitifs, par les | distinctions arbitraires de la monarchie ? L'idée du mérite survit quelque tems dans le souvenir, mais elle s'affaiblit tous les jours ; nous nous persuadons bientôt que la vérité n'est plus d'usage, et nous la repoussons comme une erreur surannée. Les prétentions excessives de la monarchie entraînent des suites non moins funestes. Il y a dans la vérité quelque chose de simple qui rejette l'alliance de cette mysticité ridicule. Tous les hommes ont quelques notions de la nature des hommes. Sans doute, ils peuvent attribuer à quelques êtres privilégiés des facultés au dessus des leurs. Mais la stupidité humaine ne va pas jusqu'à croire qu'un seul individu puisse penser et agir pour une nation entière. L'homme ne se prete pas donc à cette illusion, qu'en la reconnaissant pour une imposture. Quel renversement dans les idées ! Qui vous dit qu'une fois persuadé de l'utilité du mensonge, il ne voudra pas l'introduire dans ses affaires privées ? Il traitera la sincérité de préjugé antique et absurde, et s'autorisera de vos raisonnemens pour considérer la vérité comme le fléau de l'espèce humaine. Ce besoin qu'ont les Rois de s'entourer de prestiges a fait du luxe et de l'opulence les caractères de l'honneur. Les richesses sont devenues des objets d'avidité générale. Ce sentiment, le plus subversif de toute morale, le P 22v° plus | contraire à tout bonheur, est un de ceux qu'entretient avec soin le 22 vérité ] vertu L
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gouvernement monarchique. Le premier principe de la vertu est l'amour de l'indépendance. Etre juste, c'est estimer toutes choses d'après leur valeur réelle. Le principe des Etats monarchiques est de vous représenter votre père comme le plus sage des hommes, parcequ'il est votre père, votre Roi 1 , comme le plus éminent de l'espèce humaine, parcequ'il est votre Roi. Ainsi, ce n'est plus au nom de la vérité, mais au nom du hazard, qu'on exige nos hommages. Etre trainé par huit chevaux blancs est le premier des droits à notre vénération. Ce principe se perpétue à travers tous les ordres de l'Etat, et sous le gouvernement monarchique, tous convoitent les richesses par les mêmes motifs qui, dans d'autres circonstances, les auraient excités à la vertu. Croit-on que l'artisan, dont les travaux sans relâche lui procurent une chétive subsistance, lorsqu'il compare à sa misère le cortège insolent d'un Roi, ne se demande pas en secret quel immense intervalle sépare de lui ce mortel privilégié ? si son ame reste fermée à l'indignation, c'est que déjà les institutions d'une société corrompue ont émoussé en lui le sens primitif de P 23r° la justice. Plus il sera près de la nature, plus la blessure sera | profonde, et que lui répondrons nous ? Que le bien être de la société veut une règle d'appréciation différente du mérite personnel des hommes. Qu'il se contente ou non de cette réponse, son résultat infaillible sera d'allumer dans son ame le désir de cette opulence à laquelle la politique attache de si grandes distinctions. Il ne se pénétrera de respect pour les conventions sociales, qu'autant que toutes ses notions du juste et de l'injuste seront renversées. Qu'ils conviennent donc, les partisans du système monarchique, que leur première baze est la subversion de tous les principes de la justice, de la morale et de la vérité. Considérons encore sous ce point de vue, la maxime adoptée dans les contrées monarchiques, que le Roi ne peut mourir. Ainsi, dans nos acclamations, nous nous livrons à toute l'extravagance orientale : O Roi, crions nous à ce mortel imbécille, puisse tu vivre toujours ! Pourquoi cette exclamation ? Parceque l'existence de l'Etat dépend de l'existence d'un homme. En son nom les tribunaux sont ouverts. Si sa capacité politique était suspendue un instant, le centre de toutes les affaires publiques serait détruit. Dans les pays monarchiques, tout n'est que fiction, P23v° tout n'est | que forme. Le fond n'existe nulle part. Lors des émeutes de
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1780, l'on proposa d'envoyer en procession, partout où la foule était assem- 35 blée, la masse d'armes des Pairs, pour ramener le peuple à la soumission. Mais l'on observa que, si les insurgés s'emparaient de cette masse, l'anarchie serait sans remède, les affaires publiques arrêtées, et les fonctions Godwin précise la source : S. F. de Genlis, Leçons d'une gouvernante à ses élèves. Voir G, pp. 427^128 et L, f 215r°.
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délibératives et législatives des Pairs suspendues. Quelle fermeté, quelle énergie attend-on d'un pays où tout est fondé non sur la justice, la raison, l'intérêt public, mais sur une vaine formalité ? Quelle dignité, quelle vertu peut-on espérer chez un peuple qui, privé de la direction chimérique d'un homme ordinaire, se croit dépouillé de toutes ses facultés, de toutes ses forces ? Enfin le principal attribut d'un caractère vertueux est la fermeté. L'esprit monarchique la déteste et la détruit. La vertu nous dit : ne craignez aucun homme. La constitution, craignez le Roi. La première leçon de la vertu est de n'obéir à aucun homme, la première leçon de la monarchie, d'obéir au Roi. L'interet général exige la suppression de toutes les distinctions factices et imaginaires. La monarchie les appèle, les incorpore, les sanctionne et les légalise. Celui qui craint de parler au plus orgueilleux des P 24r° despotes, comme un homme libre | à un autre homme, celui qui n'a pas l'inébranlable résolution de ne reconnaître de supériorité que celle des qualités personnelles, est tout à fait incapable de vertu. Qui oserait dire que l'éducation monarchique tend à former de tels hommes ! Ou que chez un peuple imbu de ces opinions, la monarchie serait de longue durée ? La vertu n'a jamais été honorée dans les monarchies. Les Rois et les courtisans ont interet à la rendre suspecte, et ils ne réussissent que trop dans cette entreprise. La vertu, disent-ils, est arrogante, importune, indocile et présomptueuse. C'est une spécieuse apparence à l'aide de laquelle se déployé en liberté l'apreté du caractère ou se déguisent des vues ambitieuses. Ainsi dans le cercle de la monarchie, la vertu gémit sous le poids d'une incrédulité flétrissante. C'est dans les monarchies qu'on a inventé la système philosophique qui considère l'amour propre comme le principal mobile de nos actions1, et toutes les vertus humaines, comme des vices déguisés. Pourquoi le patriotisme et l'intégrité passent-elles généralement parmi nous pour le masque de l'hypocrisie ? Cette opinion n'a pas toujours existé ; elle ne s'est introduite qu'après l'usurpation de César, à l'époque où le tyran et ses satellites composèrent des livres pour prouver que Caton P 24v° n'était qu'un censeur | envieux, et dévoré d'ambition lui même 2 . N'oublions pas une considération dont l'importance a jusqu'à présent été méconnue. D'après notre définition de la justice, nous avons conclu que nos devoirs envers nos semblables comprenaient tous les efforts que nous pouvions faire pour leur bonheur, et tous les secours que nous pouvions accorder à leurs besoins. Il n'y a pas une de nos facultés, pas un moment de notre 1
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Godwin précise la source : F. de La Rochefoucauld, Maximes et réflexions morales. Voir G, p. 431. Godwin précise les sources : Plutarque, Lives et Cicéron, «Epistolarum Atticum». Voir G, p. 431.
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vie, pas un schelling de notre fortune dont nous ne soyons pas responsables au tribunal du public, et que nous ni soyons obligés de consacrer à l'avantage commun. Il existe pour chacun de nos moyens un emploi qui mérite la préférence ; et la justice nous ordonne de le choisir. Appliquons ces principes au luxe, à l'ostentation, à la mollesse. Est-il aucune de ces choses que s nous puissions justifier sous le rapport décisif de l'utilité publique ? Demande-t-elle que des milliers d'individus se livrent sans relâche à des travaux rigoureux, afin qu'un seul homme dissipe dans l'insouciance, des sommes qui répandraient sur la masse entière, l'aisance, le loisir et par conséquent l'instruction ? 10 f° 25r°
Quiconque fréquente la demeure du riche, | contracte bientôt les vices compagnons de la richesse. Les ministres et les courtisans des souverains, habitués à l'éclat de la magnificence, écartent avec dédain le mérite flétri par l'adversité. En vain la vertu plaide, le génie sollicite en vain, si l'un ou l'autre sont accompagnés des dehors repoussans de l'indigence. De l'or est 15 le cri général qui retentit dans les monarchies. Le manque d'or est un crime que rien ne peut excuser ; l'estime, les hommages ne se méritent pas, ils s'achètent. Le riche n'a pas besoin de les appeller, ils accourent et s'offrent d'eux mêmes. Il n'est aucun crime que l'or n'expie, aucune bassesse qu'il ne relève, c'est le seul objet qui mérite d'être désiré ; et pourvu qu'on en 20 acquière, il n'importe par quels moyens sinistres ou méprisables. Sans doute les talens, et les lumières n'ont pas besoin de la faveur des grands. Cette classe orgueilleuse ne mérite que de la pitié. Mais les hommes éclairés ignorent souvent leur propre valeur et adoptent les erreurs universellement adoptées. 25 Les maux de l'avarice, de l'avidité et d'une admiration servile et désordonnée pour les richesses ont été le sujet de plaintes continuelles. Notre objet ici est de considérer combien ces maux sont aggravés et multipliés par le gouvernement monarchique, c'est à dire par une constitution dont l'essence est d'accumuler sur une seule tête des propriétés énormes, et de 30 rendre le faste et l'ostentation le plus sur moyen de commander le respect. f° 25v° Notre objet est | d'examiner jusqu'à quel dégré le luxe des cours, la mollesse des favoris, la corruption systématique inséparable de la monarchie et la vénalité réciproque des individus qui achètent la faveur du gouvernement, et du gouvernement qui achète les opinions des individus, jusqu'à quel 35 dégré, disons-nous, toutes ces choses sont destructives du perfectionnement moral de l'espèce humaine. Aussi longtems que l'intrigue sera l'invariable pratique des cours, aussi longtems que le mépris du talent, le découragement de la vertu, le triomphe de la ruse, la servilité du caractère, la flexibilité de la morale, et l'avidité des places seront les effets invariables de 40 l'intrigue, aussi longtems le système monarchique sera le plus cruel et le plus puissant des fléaux de l'humanité.
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Chapitre 7.e De la Monarchie élective.
Après avoir considéré la nature de la monarchie en général, il convient d'examiner à quel point ses inconvéniens peuvent être tempérés, en la rendant élective. La première objection qui se présente, c'est la difficulté de conduire une élection de cette espèce. Il y a des ressorts trop puissans pour la main des hommes. Il y a des opérations trop gigantesques pour être dirigées par les institutions humaines. La distance qui sépare un monarque de son peuple, est tellement incommensurable, le dépôt qu'on lui confie est d'un si grand prix, la possession d'un pouvoir semblable est si séduisante, que, lorsqu'une chance pareille se présente, toutes les passions se lèvent tumultueuses et désordonnées. En conséquence, si l'élection ne dégénère pas bientôt en forme illusoire, si ce n'est pas une permission d'élire un candidat désigné d'avance, tiré toujours de la même famille, peut-être même dans l'ordre invariable de la primogéniture, c'est le signal de toutes les calamités, des dissentions intestines et des guerres extérieures. Ces inconvéniens généralement sentis ont détaché tous les politiques, de la | monarchie élective proprement dite. Mais on a mis en question, s'il n'était pas possible de la combiner avec la monarchie héréditaire, et l'on a cité la constitution anglaise, comme une preuve de cette possibilité. Rien n'est plus différent, néammoins, de l'élection d'un individu, que l'acte par lequel en 1688, le Parlement plaça sur le thrône la maison d'Hanovre et appela une nouvelle famille pour gouverner les royaumes britanniques. Il prouva par le fait, qu'il avait le pouvoir de changer l'ordre de la succession, dans des circonstances extraordinaires. Mais en exerçant ce pouvoir, il renonça formellement à ce droit. Il employa les plus fortes expressions de la langue, pour lier le peuple anglais, ses héritiers et sa postérité la plus reculée envers le nouvel établissement. Il considéra la crise d'alors comme une nécessité, qui vu les précautions qu'il venait de prendre, et les restrictions qu'il venait de stipuler, ne pourrait jamais se renouveller. En effet que veut-on dire par cette souveraineté en partie héréditaire, et en partie élective ? Toutes les familles qui occupent des thrônes y furent appelées par une sorte d'élection quelconque, tous les gouvernemens reposent sur l'opinion. Tous les nouveaux établissemens furent Etablissement du texte : 5/7-4/7,
L f 222r°-227v°, P2 f> 26r°-27r°, G pp. 435-440.
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formés par des électeurs en plus ou moins grand nombre. Mais dans ce gouvernement amphibie à qui la souveraineté appartient-elle, après la mort du premier possesseur ? à ses héritiers. Or qu'est-ce que l'élection d'un homme, un demi siècle avant sa naissance ? à quel titre succède-t-il ? à titre d'hérédité sans contredit. Un Roi d'Angleterre tient donc sa couronne d'une 5 manière indépendante, et comme l'a éloquemment et énergiquement exprimé Mr Burke, au mépris de tout choix et de toute volonté populaire1.
Godwin précise la source : E. Burke, Reflections p. 440.
on the Revolution
in France. Voir G,
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Chapitre 8.e
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De la monarchie limitée.
Nous allons maintenant examiner la monarchie, non telle qu'elle existe dans les contrées où elle est despotique et sans limites, mais telle qu'elle a paru dans certains pays, une simple branche de la constitution générale. 5 Il ne faut que se rappeler les objections qui militent contre la monarchie absolue, pour s'appercevoir qu'elles s'appliquent, sinon dans toute leur force, du moins dans toute leur étendue, à toutes les modifications possibles de la monarchie. Dans toutes ces modifications le gouvernement repose sur une fausseté fondamentale, sur la supposition qu'un certain individu est 10 éminemment qualifié pour une situation importante, tandis que cet individu peut n'être supérieur à aucun des membres les moins considérés de l'association commune. Le gouvernem.' repose sur une injustice, parcequ'il élève d'une manière durable un homme au dessus de tous les autres, non que cet homme possédé aucune distinction morale, mais arbitrairement in- 15 dépendamment de toute valeur individuelle. f° 28r° Le gouvernement donne au peuple une leçon perpétuelle et un puissant exemple d'immoralité, en mettant la pompe, l'éclat, la magnificence à la place de la vertu, comme des titres à la vénération et à l'estime générale. L'individu privilégié n'est pas moins que dans une monarchie absolue, ren- 20 du par son éducation incapable de devenir ou respectable ou utile. Il est injustement et cruellement placé dans une situation qui produit l'ignorance, la faiblesse et la présomption, après avoir été dépouillé dès son enfance, de toutes les ressources d'énergie qui auraient pu le garantir des séductions de ces ennemis intérieurs. Enfin son existence nécessite celle d'une troupe de 25 courtisans, et une suite d'intrigue, de servilité, d'influence secrète, de partialités capricieuses, et de corruptions pécuniaires. Tant est fondée l'assertion de Montesquieu qu'on ne peut espérer dans une monarchie, que le peuple soit vertueux1. Mais si nous examinons la question de plus près, nous trouverons peut- 30 être que la monarchie limitée a d'autres absurdités et d'autres vices qui lui sont particuliers. Dans une monarchie absolue, le Roi peut, s'il le veut, être Etablissement du texte : 5/8-^/8, L f 229r°-243v°, P2 f 27v°-34r°, G pp. 441^53. 7 toute leur force ] corr. de toutes leurs forces L 1
27 corruptions ] surchargé sur co[... Jption
Godwin précise la source : C.L. de Montesquieu, De l'esprit des loix. Voir G, p. 442.
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son propre ministre : mais dans une monarchie limitée, un ministre et un conseil sont des parties essentielles de la constitution. Dans la première, les princes sont reconnus, comme n'étant responsables qu'à | Dieu seul. Dans la seconde, il y a une responsabilité d'une nature bien différente. Dans une monarchie limitée, il y a des bornes tracées au pouvoir royal ; une branche s du gouvernement est destinée à arrêter les empiêtemens de l'autre : Or des bornes sans responsabilité pour qui les franchit, c'est la plus évidente des contradictions.
Il n'y a donc aucun sujet qui mérite d'être approfondi que la responsabilité. Etre responsable, c'est être exposé à être traduit devant un tribunal public, où l'accusateur et l'accusé produisent leurs assertions et leurs preuves avec une égalité parfaite. Toute autre chose est une dérision. Tout ce qui tend à donner à l'une ou l'autre des parties toute autre influence que celle de la vérité et de la vertu, est subversif du grand but de la justice. C'est sur ce terrain égal pour tous, que doit descendre comme un simple individu celui qui est accusé d'un crime quelconque. S'il peut influencer les sentimens ou les opinions de ses juges pour la possession actuelle du pouvoir, ou par un arrangement antérieur à sa résignation, ou par la sympathie naturelle qu'éprouvent pour lui ses successeurs, qui ne voudront pas user à son égard P 29P d'une sévérité menaçante pour eux mêmes, | cet individu ne peut être regardé comme véritablement responsable. La franche insolence du despotisme nous promet de meilleurs résultats que l'hypocrite renonciation d'un gouvernement limité. Rien n'est plus pernicieux que la fausseté ; et jamais fausseté ne fut plus palpable que celle qui prétend confier aux défenseurs de l'intérêt général une arme, par sa nature, toujours émoussée et sans force, dans l'instant où ils voudront frapper.
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Le sentiment confus de ces vérités a introduit dans les monarchies limitées l'axiome que le Roi ne peut mal faire, mais observez la singulière inconséquence de ce raisonnement. Un individu est d'abord nommé, il est revetu des plus immenses prérogatives, et l'on prétend ensuite que ce n'est 30 pas lui, mais que ce sont d'autres hommes qui sont responsables s'il en abuse. Cette assertion peut paraître tolérable à des hommes nourris dans les mensonges des loix : mais la justice, la vérité et la vertu la repoussent indignées. Après avoir inventé une fiction pareille, le premier effort de ces consti- 35 tutions doit être de réaliser cette fiction. Un ministère doit être régulièrement formé : ses membres doivent se concerter, et les mesures qu'ils embrassent, doivent pouvoir être attribuées à leur volonté, car ils en sont responsables. Le Roi doit etre réduit à zéro, ou en approcher le plus possible. Tout ce qui s'en éloigne | est un défaut de la constitution. « 1 ministre ] Ministère L
29 nommé ] ajouté dans un blanc laissé par le copiste
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Quel rôle on fait ainsi jouer à ce malheureux dans le monde. Tout se fait en son nom avec un grand appareil. Mais être inactif est le principal de ses devoirs. On lui paye un revenu immense, simplement pour se montrer, pour porter une robe d'écarlatte et une couronne. Il ne peut décider d'aucune de ses mesures. Il faut qu'il écoute avec docilité les déterminations de ses ministres, et qu'il s'empresse de les revêtir de la sanction. Il ne doit écouter aucun autre conseil, car ils sont ses seuls conseillers constitutionnels. Il ne doit confier son opinion à personne, car ce serait une intimité inconstitutionnelle et sinistre. Enfin la perfection pour lui est de n'avoir aucune opinion, mais de réfléchir comme un miroir transparent et sans couleur celle de ses ministres. Il parle, car ils lui ont enseigné ce qu'il doit dire. Il signe, car ils l'avertissent quant il est convenable de tracer son nom. Une monarchie limitée, telle que je viens de la décrire s'exécuterait sans doute avec une grande facilité et un grand succès, si un Roi pouvait devenir en effet ce qu'une pareille constitution exige, une simple machine, mise en 30r" mouvement par des | ressorts. Mais de toutes les erreurs politiques, la plus évidente et la plus complette est peut-être l'idée que nous puissions réduire un être humain à cet état de neutralité et d'apathie. Nous le priverons bien de toute activité utile et bienfaisante ; mais il sera loin d'être totalement inactif. Plus il sera dépouillé de cette énergie qui caractérise la sagesse et la vertu, plus il sera dépravé et déraisonnable dans ses caprices. Nous attendrons-nous, que lorsqu'il y aura une place vacante, il ne la donnera jamais à un favori, et ne cherchera pas à prouver par un choix qu'on ne puisse attribuer qu'à lui seul, qu'il a une existence réelle et indépendante ? Ce choix peut être de la plus grande importance pour le salut public, et quand il ne le serait pas, toute promotion non méritée a une influence pernicieuse pour la Moralité nationale. Croirons-nous qu'entendant sans cesse vanter sa prérogative et sa puissance, il ne voudra pas quelque fois les mettre à l'épreuve, et se convaincre de leur réalité en commençant une guerre inutile contre un peuple étranger, ou une guerre criminelle contre ses concitoyens ? Imaginer qu'un Roi et ses ministres seront pendant une longue suite d'années toujours et sincèrement d'accord sur les affaires publiques, est une 30v° supposition que dément la nature humaine. C'est attribuer au Roi des | talens égaux à ceux des hommes d'état les plus éclairés, ou du moins le supposer capable de comprendre tous leurs projets et de saisir toutes leurs vues. C'est imaginer que l'éducation ne l'aura pas gâté, que son rang ne l'aura pas corrompu, et que malgré ce rang qui l'enyvre, et cette éducation qui l'a 10 un ] corr. de au faute du copiste 27 Moralité ] Mor surchargé sur lettres ili. Croirons-nous ] ajouté dans un blanc laissé par le copiste 30 criminelle ] ajouté dans l'interi.
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dégradé, son ame sera toujours pure et disposée à recevoir les leçons importantes de la vérité. Mais, si le Roi et ses ministres ne sont pas d'accord, il peut choisir d'autres ministres. Nous examinerons tout à l'heure l'effet général de cette prérogative. Considérons pour le moment son application particulière aux dissentimens qui peuvent s'élever entre le Monarque et ceux qu'il employe. C'est une épée toujours suspendue sur la tête de ceux-ci : c'est pour eux une invitation perpétuelle à s'écarter de la rigueur de l'intégrité. La première complaisance qu'exige d'eux leur maitre est peut-être peu importante, et le ministre vivement pressé,, préféré le sacrifice de son opinion dans une chose presqu'indifférente au sacrifice de sa place. Une condescendance de cette espèce mène bientôt à | une autre, et celui qui a commencé par souscrire à la nomination d'un candidat indigne, finit par se rendre l'instrument de tous les attentats politiques. Plus nous considérerons ce sujet, plus nous serons frappés de son importance. L'existence du ministre est d'ordinaire plus dépendante du Roi, que celle du Roi ne peut l'être du Ministre. Dans le cas contraire il y aura une complaisance réciproque, et l'un et l'autre tour à tour s'immoleront tout ce qu'il y a d'élevé, de généreux, d'indépendant et d'honorable dans l'homme. Que devient cependant la responsabilité ? Les mesures du gouvernement sont mêlées et confondues dans leur source, de manière à défier toute la pénétration humaine. La responsabilité devient de fait impossible. Loin de là, disent les partisans du gouvernement monarchique : Il est vrai que les mesures sont en partie celles du Roi, en partie celles des ministres. Mais les ministres répondent du tout. Où est la justice de ce système ? Il vaudrait mieux laisser le crime impuni, que de punir un homme pour ce dont il est innocent. Ici le principal coupable échappe, et la sévérité de la loi ne touche que sur ses instrumens. Ces instrumens sont traités d'une manière qui est le complément d'une | politique défectueuse. Ils sont poussés vers le vice par des tentations irrésistibles, par l'amour du pouvoir et le désir de le conserver, et l'on déployé ensuite contr'eux une rigueur entièrement disproportionnée avec leurs délits. La baze fondamentale de la société est corrompue par l'injustice, et cette injustice, cette partialité en faveur de l'un et contre les autres a des conséquences qui s'étendent sur toutes les parties de l'ensemble. La nomination des fonctionnaires publics est une autre prérogative inséparable de toute monarchie limitée, quelques soient d'ailleurs les restrictions ou ses formes. Si quelque chose est important, c'est assurément qu'une pareille nomination se fasse avec sagesse et intégrité, que les hom1 - 2 importantes ] impartiales L
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mes les plus capables soient investis des fonctions les plus élevées, qu'une ambition honnête et généreuse soit entretenue, et que ceux qui savent le mieux mériter d'être chargés des interets sociaux, aient la certitude d'avoir la plus grande part à la direction de ces interets. Cette nomination est par conséquent une tâche difficile, et exige la cir- 5 conspection la plus scrupuleuse. Elle en exige d'autant plus qu'elle est f> 32r° nécessairement plus qu'aucune autre partie du | système politique, abandonnée à la direction de celui auquel elle est confiée. Dans tous les autres cas la ligne du devoir est précise et distincte. La justice dans les disputes des individus, dans l'application des loix ou dans les questions plus générales 10 de la guerre ou de la paix, ne se dérobera pas longtems à des recherches impartiales et sincères. Mais juger des différentes portions de talent disséminées dans une nation, décider scrupuleusement entre la capacité de prétendans innombrables, restera toujours quelqu'exactitude et quelque bonne foi qu'on y mette, un objet de doute et d'incertitude. 15 La première difficulté qui se présente est de découvrir ceux que leurs facultés et leur génie rendent les candidats les plus recommandables. De tous les hommes, un Roi peut-être est le dernier auquel cette découverte soit possible. Entravé par les formes, il ne peut se mêler librement à ses semblables. Il est trop absorbé par la succession des circonstances ou 20 des affaires, pour se livrer à l'observation des caractères divers. Choisir au milieu des prétentions et des brigues des dépositaires dignes de la confiance publique, est une tâche trop forte pour un individu, quelqu'il soit. Le peuple seul, par une élection libre a le droit et le moyen de parvenir à ce but. f 32v° Il serait inutile de récapituler ici les autres | désavantages inséparables de 25 cette prérogative royale. Si ce que nous avons dit n'a pas été suffisant pour démontrer que le caractère d'un monarque sera toujours le résultat des fonctions qui lui sont si improprement confiées, et pour indiquer quel sera ce caractère, une répétition de nos raisonnemens serait inutile et ennuyeuse. Si l'on peut calculer l'opération des causes morales, un Roi sera, dans 30 presque toutes les occasions, l'homme le plus incapable de discernement, le plus exposé à être trompé, le moins éclairé dans ses vues, et le plus intéressé dans ses motifs Telle est la peinture exacte et incontestable d'une monarchie limitée. Un individu placé au sommet de l'édifice, le centre et la source de tous les 35 honneurs, et qui est neutre, ou doit paraître neutre dans toutes les transactions du gouvernement. C'est la première leçon de véracité qu'une telle monarchie donne à ses sujets. Après le Roi, viennent ses ministres, et la
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tourbe se ses courtisans, hommes qu'une nécessité fatale pousse à la corruption, à l'intrigue et à la vénalité ; choisis pour les emplois qui leur sont confiés par le plus ignorant et le moins éclairé de leurs compatriotes, responsables seuls des mesures dont ils ne sont pas les seuls auteurs : menacés, f 33r° s'ils sont malhonnêtes, | de la vengeance d'un peuple offensé; menacés, s'ils sont honnêtes, de la vengeance plus assurée de leur maitre mécontent. Le reste de la nation, les sujets en général, les sujets ! y-eut-il jamais un nom plus frappé de dépravation et de bassesse : Il parait donc que, par le seul lieu de ma naissance, je suis devenu un sujet de qui, ou de quoi ? Un homme peut-il se regarder comme le sujet d'autre chose que des loix de la justice ? peut-il reconnaître un supérieur, ou s'avouer obligé de soumettre son jugement aux volontés d'un autre, exposé comme lui aux préjugés et à l'erreur. Telle est l'idole dont la monarchie substitue le culte à celui de la vérité, du devoir et du bien public. Peu importe que nous jurions fidélité au Roi et à la nation, ou que nous la jurions à la nation et au Roi, aussi long tems que le Roi s'y glisse pour corrompre la simplicité primitive de nos institutions politiques. Le nom seul de Roi fait du mal. Les noms ne sont pas indifférents. Ils ont sur l'ame une grande influence. Nous ne pouvons sans danger plier le genou devant la vanité et la folie. Les idées ont leur source dans les sensations, et l'association des idées dépend des mots et des symboles. L'honnête homme ne doit pas seulement avoir un cœur intrépide, mais porter la tête haute. Nous ne pouvons pratiquer l'abjection, l'hypocrisie, et la bassesse, sans nous dégrader aux yeux des autres f° 33v° et à nos propres yeux. | Celui qui baisse le front dans le temple des idoles, apostasie et abjure en quelque sorte le culte de la vérité. Celui qui appèle un Roi un homme, s'avertit sans cesse par ce seul mot, que cet homme est indigne de la confiance qui lui est accordée. Celui qui donne à un Roi un titre plus élevé, se précipite dans les erreurs les plus dangereuses et les plus grossières. Mais peut-être le genre humain est-il tellement faible et imbécille, qu'il est insensé d'espérer une amélioration morale d'un changement d'institutions. Qui nous a rendus faibles et imbécilles ? Avant les institutions politiques, nous n'avions certainement aucun de ces défauts. L'home considéré en lui même n'est qu'un être susceptible de recevoir des impressions et de les combiner en idées. Qu'y a-t-il dans ce caractère abstrait qui s'oppose à son perfectionnement ? Quelques individus nous offrent un exemple incomplet de ce dont notre nature est capable. Pourquoi les individus pourraientils s'élever si haut, et l'espèce humaine serait elle condamnée à rester si bas ? y a-t-il quelque chose dans la situation de notre globe, dans la nature 4 des mesures ] de mesures L
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des choses, qui nous interdise d'être vertueux ? Si cela n'est pas, si au contraire toutes nos impressions de bien et de mal naissent de nos relations f° 34i" l'un avec | l'autre, pourquoi ces relations ne seraient elles pas susceptibles d'être modifiées et améliorées ? C'est le plus lâche de tous les systèmes qui s'efforce de représenter la découverte de la vérité comme inutile, et qui 5 enseigne à ceux d'entre nous qui pourraient la découvrir, que c'est un acte de sagesse de laisser le grand nombre dans l'erreur. Il n'y a dans la réalité aucune raison de révoquer en doute la toute puissance de la vérité. La vérité est le caillou qui tombe dans le lac. Quelque lentement que les cercles se succèdent, ils s'étendront infaillible- 10 ment jusqu'à l'une et l'autre rive. Aucune classe d'hommes ne peut rester éternellement dans l'ignorance des principes de la justice, de l'égalité et du bien public. A peine auront-ils appris à les connaître qu'ils appercevront la coïncidence de l'intérêt général avec leur interet particulier : et aucune institution erronée ne pourra se soutenir contre l'opinion. Dans cette lutte l'on 15 verra disparaître les sophismes, et s'abymer les institutions malfaisantes. La vérité amènera toutes ses forces, le genre humain sera son armée, et l'oppression, l'injustice, la monarchie et le crime se confondront dans une ruine commune.
10 cercles ] ajouté dans un blanc laissé par le copiste
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Chapitre 9 . e D'un Président avec des prérogatives royales.
La Monarchie parait avoir encor un réfuge. Nous ne voulons pas, disent quelques hommes, une monarchie héréditaire, nous convenons que c'est une injustice intolérable. Nous ne voulons ni une monarchie élective, ni une monarchie limitée. Nous considérons comme un fléau, la puissance royale, quelque resserrée qu'elle soit, dès qu'elle est à vie : mais pourquoi ne pas avoir des Rois, comme nous avons des magistrats et des assemblées législatives, pour un tems fixé, après lequel on ait recours à une élection nouvelle ? Nous pourrions alors changer à notre gré le dépositaire de la puissance. Ne nous laissons pas séduire par de simples phrases spécieuses, et gardons d'employer des mots dont nous n'aurions pas défini le sens. Qu'entendons-nous par un Roi ? Cette appellation ne peut désigner qu'un homme qui a le privilège ou de nommer à discrétion à de certains emplois, ou de faire grâce, ou de convoquer et de dissoudre les assemblées populaip 35r° res, ou d'accorder et de refuser sa sanction aux | décrets de ces assemblées. Nous avons un exemple de la réunion du plus grand nombre de ces privilèges dans la prérogative du Président des Etats-unis de l'Amerique. Appliquons maintenant le raisonnement à chacune de ces idées. Rien ne parait plus aventuré que de confier à moins du cas très rare d'une nécessité évidente, la décision d'une affaire publique de quelque importance, à la volonté d'un seul homme. Mais cette nécessité ne peut être alléguée dans aucun des articles cy dessus. Quels avantages un homme possède-t-il sur une société ou sur une assemblée, pour que l'on suppose ses choix plus sages, ses vues plus droites, ses déterminations plus prudentes ? Il peut au contraire être plus facilement corrompu, plus aisément égaré. Il n'a pas autant de moyens de se procurer des informations exactes. Il est plus susceptible de passions, de caprices, d'antipathies, ou de partialités également mal fondées, de haine injuste ou d'idolâtrie aveugle. Il ne peut toujours être sur ses gardes. Il y aura des momens où sa vigilance la plus active sera en défaut. Observez que nous le considérons même sous un point de vue beaucoup trop favorable. Nous supposons que ses intentions seront constamment pures et intègres : tandis que nous devrions d'ordinaire supposer l'inverse. Etablissement du texte : 5/9-4/9, L P 244r°-252i", P2 P 34v°-37v°, G pp. 454-460.
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Une puissance au delà des facultés humaines engendre des vices au dessous f 35v° de l'humanité. Ajoutez que les mêmes raisons qui démontrent que le gouvernement, sous quelque forme qu'il existe, doit être dirigé par l'opinion du peuple, démontrent également que, partout où des officiers publics sont nécessaires, l'opinion du peuple, ou d'une assemblée d'hommes animée du même esprit, doit en déterminer le choix. Ces objections s'appliquent à celui des privilèges indiqués ci dessus, qui parait le moins dangereux, celui de nommer à de certaines fonctions. Enfin Elles acquièrent plus de force encore, lorsqu'il est question des autres privilèges. Nous examinerons dans la suite la convenance du droit de faire grâce, considéré indépendamment des individus auxquels il peut être confié. Ici nous nous bornerons à dire, que lors qu'un tribunal a prononcé solemnellement, d'après un examen public et scrupuleux, renverser ses décisions, sans alléguer de motifs, ou en alléguant des motifs que personne n'a la faculté de discuter, est, dans un individu quelconque, une présomption insupportable. Y a-t-il rien de plus injuste encore que de confier à un seul individu la fonction d'informer tout un peuple du moment où il lui est permis de délibérer, et de celui où sa délibération doit être interrompue. Le dernier de ces privilèges est d'une nature trop révoltante pour pouvoir f 36r° être l'objet d'une inquiétude | fondée. Il n'est pas dans la vraisemblance de supposer qu'une nation resterait paisible spectatrice, si un seul homme opposait ouvertement et sans pudeur son opinion à celle des représentans assemblés, et si cette résistance individuelle était suffisante pour arrêter l'effet des volontés nationales. Deux ou trois exemples de l'exercice d'une pareille négative suffiraient pour l'anéantir à jamais. Aussi partout où l'existence de ce privilège est constitutionnellement admise, nous le trouvons accompagné et adouci par la séduction pécuniaire. Il devient d'avance inutile par l'achat de plusieurs représentans corrompus, ou il est suivi par un appel immédiat et efficace à la vénalité individuelle. Si cependant l'exercice direct de ce privilège est quelquefois toléré, ce ne peut être que dans les pays où les réprésentans dégénérés n'ont plus aucune sympathie avec le peuple, et où des préjugés nobiliaires ou superstitieux entourent de leur auréole le despote, adoré sous le nom de Président. Un homme ordinaire, nommé périodiquement par ses concitoyens pour veiller sur leurs interets, ne peut jamais etre revêtu d'une faculté si monstrueuse. S'il y a quelque vérité dans ces raisonnemens, il s'en suit qu'aucune fonction supérieure, aucune partie importante du gouvernement général ne doit être confiée à un seul individu. Si l'emploi du Président est nécessaire
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soit dans une assemblée délibérante, soit dans un conseil administratif, ou admettant l'existence d'un pareil conseil, | cet emploi sera relatif à l'ordre des délibérations, et n'emportera nullement la faculté de préférer & de faire exécuter arbitrairement une décision individuelle. Un Roi, si un usage invariable sert à fixer le sens des mots, signifie un homme auquel est confié un pouvoir discrétionnaire sur quelque partie de la chose publique. Quelle peut être l'utilité d'un tel homme dans un Etat bien ordonné et non encore perverti ? Cette utilité est nulle au moins quant aux affaires intérieurs. Nous examinerons bientôt si ce pouvoir discrétionnaire peut avoir quelqu'avantage dans les transactions d'un peuple avec les gouvernemens étrangers. Prenons garde de ne pas confondre toutes les idées par un abus inexcusable des mots. Celui de Roi est la désignation ordinaire et constante d'un pouvoir, qui, si nos raisonnemens antérieurs ont quelque force, a été la perte et le tombeau de toute vertu humaine. Pourquoi vouloir purifier, et en quelque sorte exorciser, ce qui n'a droit qu'à l'exécration ? Pourquoi ne pas permettre que cette désignation, bien comprise, soit aussi cordialement détestée, que le devient parmi les Grecs, celle de tyran, d'abord honorable ? Pourquoi ne pas en faire un monument perpétuel de la folie, de la lâcheté et du malheur de notre espèce ? F 37r° En passant de l'examen des gouvernemens monarchiques à celui des gouvernemens aristocratiques, il est impossible de ne pas remarquer qu'il y a plusieurs inconvéniens communs à ces deux institutions. L'un de ces inconvéniens est la création d'interets séparés. L'avantage des gouvernés est d'un coté, celui des gouvernans de l'autre. Envain dira-t-on que l'intérêt individuel, bien apprécié est toujours d'accord avec l'intérêt général. L'expérience nous apprend que les opinions et les erreurs des hommes séparent et mettent sans cesse en opposition ces deux espèces d'interets. Plus les gouvernans sont placés dans une sphère distincte et éloignée des gouvernés, plus ces erreurs se compliquent et se multiplient. La théorie, pour produire un effet suffisant sur ses esprit, doit être appuyée et non pas contrebalancée par la pratique. Qui ne convient que l'amourpropre est le principe le plus universel dans la nature de l'homme ? Or l'amourpropre est la tendance à considérer individuellement son intérêt personnel, à séparer et à isoler des objets que les loix de l'univers avaient unis d'une manière indissoluble. L'esprit de corps, moins ardent que l'amour propre, est plus vigilant encore et n'est pas exposé aux accidens du sommeil, de la maladie et de la mort. Il en résulte que de tous les encouragemens donnés aux passions étroites et égoïstes, ceux que fournissent la monarchie et l'aristocratie sont les plus puissans.
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D'ailleurs avant d'admettre implicitement et comme une vérité reconnue, P 37v° que l'interet véritable des individus | coincide toujours avec l'interet général, il faut établir une distinction nécessaire. Appliqué aux individus comme hommes, ce principe est incontestable. Mais il devient faux, si vous l'appliquez aux individus comme nobles ou comme Roi. L'homme gagne sans 5 doute en immolant ses petits interets à l'intérêt général, mais le noble et le Roi perdent à ce sacrifice tout ce qui constituait leur importance. L'interet public ordonne la dissémination laborieuse de la vérité et l'administration impartiale de la justice. L'interet particulier des Rois et des nobles demande la conservation des préjugés, la perpétuité de l'oppression, le bouleverse- 10 ment des idées saines, le mépris enfin et la proscription des lumières qui dissiperaient le prestige, appui de leur autorité.
3 Appliqué ] surchargé sur appliquer faute du copiste idées saines L
11 des idées saines ] de toutes les
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C h a p i t r e 10. e
Des distinctions héréditaires.
Un principe qui fait une partie essentielle de la monarchie et de l'Aristocratie, mais surtout de la seconde, c'est celui de l'hérédité. Aucun principe ne peut outrager plus insolemment la raison et la justice. Ce n'est pas sans étonnement que l'ont voit l'espèce humaine admettre pendant tant de siècles que le ciel l'avait divisée en deux classes, dont l'une devait produire le mérite et la vertu, et dont l'autre était condamnée au crime et à la bassesse Tel est néammoins le fondement de l'institution de la noblesse. Le mot qui désigne le gouvernement des nobles indique seul cette persuasion. L'on appèle ce gouvernement aristocratie ou l'empire des meilleurs, apioxoi. Dans les écrits de Cicéron et dans les discours des sénateurs Romains, l'ordre de la noblesse est toujours nommé celui des optimates, des hommes vertueux, libéraux, incorruptibles. L'on regarde comme démontré que la multitude est une espèce de monstre dénué de tout sentiment d'honneur et de tout principe de morale, uniquement guidé par de vils interets ou par des passions grossières, envieux, tyrannique, inconstant & injuste. Sur cette baze, l'on établit la nécessité de conserver une classe d'hommes d'une f° 38v° éducation | libérale et de sentimens élevés qui se chargent exclusivement de gouverner la tourbe incapable de se gouverner elle même, ou qui du moins surveillans sévères des excès de cette foule stupide, soient revetus d'un pouvoir suffisant pour la punir ou la comprimer. Nous examinerons la plus grande partie de ces raisonnemens, lorsque nous traiterons des désavantages de la démocratie. Discutons seulement ici ceux qui se rapportent à l'institution aristocratique. Tout repose sur cette supposition que si la noblesse n'est pas originairement et par essence supérieure à la classe ordinaire des mortels, elle est rendue telle au moins par la puissance de l'éducation. Des hommes qui naissent et se développent dans l'ignorance et la grossièreté, et dont toutes les facultés sont abatardies par l'indigence, doivent être inévitablement exposés à mille motifs particuliers d'avilissement et de corruption, et ne peu-
Etablissement du texte : 5/10-4/10, L f 254r°-261v°, P2 f> 38r°-39v°, G pp. 4 6 1 ^ 6 7 . 12 apiaxoi ] ajouté dans un blanc laissé par le copiste
14 ordre ] surchargé sur mot ill.
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Livre IV, Chapitre X.
vent avoir ce sens délicat d'honneur et de rectitude que forment et perfectionnent la possession des lumières, les rafinemens des arts et l'habitude de l'élévation. C'est au sein du bonheur et de l'aisance que l'homme arrive aux plus hauts dégrés de la civilisation morale. Quelques exceptions peuvent se présenter, mais elles ne seront pas nombreuses, et c'est à tort qu'on chercherait une grande hauteur d'ame, ou une vaste étendue de pensées chez des p 39r° hommes forcés à | pourvoir par des travaux méchaniques aux besoins de chaque jour. Une portion de ce système est incontestable. Aucun philosophe ne révoquera en doute l'influence de l'éducation. Il est donc nécessaire ou de découvrir des institutions qui assurent du loisir et de la prospérité à chaque membre de la société, ou d'accorder à la classe éclairée et libérale une autorité décisive sur la classe ignorante et dégradée. Mais en supposant pour le moment que le premier de ces moyens soit totalement impraticable, il reste encore à examiner si l'aristocratie est la route la plus directe pour atteindre ce dernier but. Ce que nous avons dit sur l'éducation en traitant de la monarchie, a du nous donner déjà quelques apperçus à ce sujet. De quelque perfection que l'esprit humain soit capable, il a besoin, dans toutes les circonstances qui exigent des efforts extraordinaires, de motifs pressans et individuels. Le plébéien a sa fortune à faire. Celle du noble est toute faite. Le plébéien doit s'attendre à être négligé et méprisé s'il ne sait mériter l'estime. Le noble est toujours environné d'esclaves et de flatteurs. Le noble n'a donc aucun motif d'industrie ou d'activité, aucun aiguillon qui le sorte de cette indifférence et de cette léthargie qui est le point de départ de tous les esprits. L'on n'offense pas impunément les grands principes du bonheur universel. Celui qui de ses jouissances, de ses titres, et de ses richesses, fait un P 39v° monopole oppressif pour | tous, se dégrade de la dignité de l'homme. Elever des hommes au rang de nobles, c'est les placer à un poste de danger moral, et les entourer de motifs de dépravation. Faire des nobles héréditaires, c'est éloigner d'eux tout ce qui les porterait aux talens et aux vertus. L'éducation peut sans doute inspirer au jeune élève une émulation généreuse et enthousiaste, et sous ce rapport il est difficile d'assigner des bornes à sa puissance. Mais la richesse vient paralyser tous ses efforts, et frapper de mort toutes nos espérances. Jadis il existait une sorte de vertu guerrière qui s'emparant des sens d'une manière irrésistible communiquait aux jeunes rejettons d'illustres familles les vaines et équivoques perfections de l'esprit chevaleresque. Mais depuis 30 de nobles ] corr. de de la noblesse faute du copiste
31 Faire ] En faire L
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que le tems des exploits est passé, que l'émulation s'est transportée de la force physique à l'énergie intellectuelle, depuis surtout que la carrière a été ouverte à un plus grand nombre de concurrens, la supériorité a presque toujours été du coté de ceux dont les circonstances étroites stimulaient l'ambition, ou dont les habitudes simples et la situation peu relevée, les 5 mettaient à l'abri de la flatterie complice et de l'indulgence efféminée.
6 mettaient ] mettoit L
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Chapitre ll. e Des effets moraux de l'Aristocratie
La chose la plus importante pour le bonheur de l'espèce humaine, c'est la justice. Toute injustice est un mal, cent fois plus grand encore, parcequ'il fausse notre intelligence et bouleverse tous nos calculs, que par son effet immédiat et particulier. Toute la science de la morale peut être réduite à ce seul point, le calcul de l'avenir. Nous ne pourrons raisonnablement exiger quelque vertu de la multitude, si la perversité des hommes qui sont à la tête des affaires, lui persuade que la vertu n'est pas compatible avec son intérêt. Sans doute les institutions humaines, quelqu'absurdes, quelque désastreuses qu'elles soient, ne changeront jamais la nature éternelle de la justice. La vertu sera toujours l'interet de l'individu comme celui de la société. Son effet sera toujours immédiatement avantageux dans le moment présent, comme dans les siècles à venir. Mais quoique la dépravation de l'ordre social ne puisse aller jusqu'au renversement de toutes les idées de justice, elle peut être suffisante pour égarer l'esprit et pour imprimer aux actions une direction fausse. f°40v° De tous les principes de justice, aucun n'influe plus sur la rectitude de nos jugemens moraux que celui qui nous enseigne qu'un homme ne doit être distingué que par son mérite personnel. Pourquoi ne pas essayer de mettre en pratique une si simple et si sublime leçon ? Lorsqu'un homme s'est rendu le bienfaiteur de ses concitoyens, lorsqu'il a par une louable perséverance cultivé des talens qu'il ne faut qu'encourager pour les rendre utiles, rien n'est plus juste que de l'honorer ; et dans un état de société où les distinctions factices sont inconnues, cette récompense lui est assurée. Mais accorder à un homme l'hommage servile d'une vénération non méritée, parceque le Roi l'a désigné sous un nom qui ne lui appartenait pas, ou l'a décoré d'un ruban, souffrir qu'un autre se plonge dans toutes les jouissances de la mollesse, parceque ses ancêtres combattirent il y a trois siècles, dans les querelles de Lancaster et d'York, c'est un système d'iniquité qui ne peut avoir que des résultats funestes. Etablissement du texte : 5/11-4/11, L f 262i"-268i*, P2 f>
G pp. 468^73.
8 pourrons ] pouvons L 16 jusqu'au ] jus surchargé sur mot ill. 28 désigné sous un nom ] désigné sous surchargé sur designer sans faute du copiste et nom ajouté dans un blanc
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Que ceux qui sont imbus de cette opinion contemplent de plus près les classes inférieures de la société. Ils trouveront que le malheureux qu'un F 4lr° travail sans relâche met à peine en état de procurer | à sa famille une subsistance insuffisante, porte dans son cœur un sentiment amer et profond de cette injustice. «Celui que la misère dévore, et dont la souffrance a rempli le cœur de haine et d'amertume, est celui que les génies tentateurs choisissent pour le séduire. Les hommes plus heureux s'étonnent de ses crimes, lèvent les mains au ciel et jurent qu'ils auraient cru de tels forfaits impossibles.» Douglas. Acte 3.e Telle est l'éducation de l'espèce humaine. Telle est la structure des sociétés politiques. Mais supposons un instant que ce sentiment de l'injustice soit moins vif et moins douloureux, quelle conséquence plus favorable prétendez vous en tirer ? L'injustice n'est elle pas réelle ? Et en représentant l'ame de l'opprimé comme tellement flétrie et dégradée par la continuité de l'oppression qu'elle ait perdu jusqu'à la force de s'en indigner, croyez vous diminuer l'horreur du tableau ? Quel serait au contraire le sort de l'espèce humaine si la justice devenait le principe général et dominant ? Nos sensations morales acquerraient un nouveau dégré de consistance et d'élévation, elles ne seraient pas comprimées sans cesse par les exemples qui affaiblissent leur énergie et obscurcissent leur clarté. Les hommes seraient confians, parcequ'ils n'auraient pas à craindre que les loix mêmes ne leur tendissent des F 4iv° pièges. Ils seraient courageux parcequ'aucun d'entr'eux ne serait courbé jusqu'à terre pour faire ressortir davantage l'élévation factice d'un autre. Ils seraient amis de l'ordre, parceque chacun serait assuré de la juste récompense de son industrie et du prix de ses efforts. La jalousie et la haine n'auraient plus d'empire, parcequ'elles ne sont que le résultat de l'injustice. La vérité serait sacrée pour tous, parceque nul n'aurait intérêt à l'avilir par l'imposture. Les lumières feraient d'immenses progrès, parceque l'esprit deviendrait une véritable puissance. Nul ne s'efforcerait d'étouffer la louange due à un autre, parceque l'opinion publique libre et indépendante déjouerait tous les efforts de l'envie. Nul ne craindrait de dévoiler les faiblesses ou les vices de l'homme puissant, car aucune loi ne travestirait en libelle l'expression franche d'un conviction profonde. C'est à ce but qu'il faut arriver. La philosophie et la raison ont déclaré la guerre aux institutions aristocratiques. Leur injustice est égale, soit que nous les considérions dans les castes de l'Inde, dans le servage du système féodal, ou dans le despotisme des Patriciens de Rome. L'espèce humaine ne sera fortunée ou verF 42F tueuse, que lorsque chacun possédera | la portion de supériorité à laquelle 34 libelle ] libelles L
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son mérite personnel lui donne droit. Il faut délivrer l'immense majorité de l'abrutissement de la servitude. Il faut délivrer la minorité privilégiée de l'oisiveté corruptrice de la tyrannie. L e renversement de l'Aristocratie est également l'intérêt des opprimés et des oppresseurs.
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Chapitre 12.e Des titres
Si l'institution des titres n'était pour l'espèce humaine l'occasion des malheurs les plus sérieux, l'on serait tenté de n'employer contr'elle que le ridicule. L'usurpation des brigands du Nord, odieuse sans doute, n'était du moins pas absurde. Lorsque les chefs féodaux adoptaient une dénomination géographique, ils l'empruntaient de quelque lieu soumis à leur autorité. Le commandant en chef ou le souverain ne leur conférait point un titre vide de sens. Il leur donnait un comté, une baronnie, une portion réelle de territoire, avec les hommes qui le cultivaient et les revenus qu'il pouvait produire. Le monarque accorde aujourd'hui des dénominations empruntées de lieux que les titulaires n'ont jamais vu, de pays où ils ne furent jamais. Le style est resté le même. Nous sommes toujours comtes et barons, gouverneurs de Provinces et commandans de forts, avec tout autant de réalité, que l'électeur d'Hanovre et l'archi-trésorier de l'empire s'intitule Roi de France. f°43r° N'est-il pas véritablement lisible que l'homme | qui sous le nom de S.1 John était hier le plus éloquent orateur de la chambre des communes, le penseur le plus profond, l'arbitre des différens partis, le pacificateur de l'Europe, s'appelle aujourd'hui Lord Bolinbroke ? En quoi donc est-il devenu plus grand et plus respectable ? En ce qu'il a forcé une femme faible et stupide, (La Reine Anne) qui eut toujours pour lui l'aversion que lui inspiraient généralement les talens et les vertus, à feindre par intérêt personnel des sentimens qu'elle n'avait pas ! La première semaine d'un nouveau titre est une lutte perpétuelle entre le bon sens des spectateurs et l'absurdité des institutions sociales. Pour rendre cette comédie plus ridicule, ces titres sont sujets à des variations continuelles. Celui qu'aujourd'hui nous nommons le comte de Kensington est prêt à sacrifier ce qui lui reste d'honneur et de probité à l'appellation plus distinguée de Marquis de Kew. L'histoire se perd dans ce jargon féodal. Aucune patience humaine ne peut lier ensemble les différentes histoires d'un homme, aujourd'hui Lord Kimbolton, demain comte de Manchester, aujourd'hui comte de Mulgrave, demain Marquis de Normanby, et Duc de Buckingham-shire. Etablissement du texte : 5/12-4/12, L P 269r°-273r°, P2 f 42v°^t4r", G pp. 474-477. 29 Kew ] surchargé sur mot ill.
L'histoire ] L'historien L
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L'absurdité de ces titres frappe d'autant plus qu'ils sont d'ordinaire le prix de la corruption et de l'intrigue : mais quand ils seraient à l'abri de ce dernier reproche, ils n'en seraient pas moins des récompenses indignes d'un véritable ami de la justice et de la raison. Quand nous parlons de M. S.1 John, comme de l'homme, qui par son éloquence modérait les partis divers, à qui l'Europe dût la paix, les sciences 40 années de loisirs, l'espèce humaine par conséquent des progrès immenses, nous parlons d'un homme d'un mérite supérieur. Quel titre nous en donnerait cette grande idée ? la vérité n'est-elle pas l'interprète unique et sacrée de la justice ? La pure et simple vérité ne vaut-elle pas mille fois mieux que les suppositions factices de l'art ? Une guirlande de chêne ou un coronet doré ajouteront-ils quelque chose à la véritable grandeur ? Les coronets et les guirlandes s'accordent à la ruse, ou se prostituent au vice. Aussi longtemps que les hommes ne se contenteront point du simple exposé de ce qui est, aussi longtems qu'ils ne reconnaîtront pas que la simplicité est la parure de la vertu, ils n'arriveront jamais à ce sentiment f 44r° mâle et fier de la justice | auquel ils sont destinés à parvenir. Dans le système de la vérité, la vertu fera tous les jours de nouveaux progrès. Chaque observateur successif en sentira mieux l'inestimable valeur, et le vice privé du vernis trompeur qui déguisait ses actions, de ce vernis que chacun peut imiter et qui défigure tous les objets, ne résistera pas longtems au mépris universel.
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Chap.e 13.e Du caractère de l'Aristocratie
L'Aristocratie, dans son sens littéral, n'est autre chose qu'un moyen de rendre l'inégalité des hommes plus permanente et plus visible par l'entremise des institutions politiques. L'Aristocratie, comme la Monarchie, est fondée sur l'imposture : elle est le résultat d'un art opposé à la nature des choses, et doit par conséquent être soutenue comme la monarchie par l'artifice et la fausseté. Son empire est appuyé sur des principes plus sombres encore et plus insociables que ceux de la monarchie. Le Monarque juge quelque fois prudent d'employer l'affabilité et la courtoisie avec ses barons et ses officiers. L'Aristocrate croit une verge de fer suffisante pour ses vassaux. La durée de la Monarchie et de l'Aristocratie dépend de celle de l'ignorance. Si les partisans de ces institutions pouvaient, ainsi qu'Omar, détruire les ouvrages d'une raison téméraire et persuader au genre humain que l'Alcoran contient tout ce qui lui importe de savoir, ils pourraient renouveller le f°45r° bail de | l'usurpation. La monarchie permet à ses sujets un certain dégré d'érudition superficielle. L'Aristocratie est plus prudente. Si les dernières classes de la société parvenaient un jour à savoir lire et écrire, l'empire aristocratique s'écroulerait bientôt. Pour faire d'une nation des vilains et des serfs, il faut d'abord la rabaisser au rang des brutes. Aussi les partisans intrépides de l'ancien système se sont opposés à la diffusion des lumières avec un acharnement qui fait honneur à leur prévoyance. Ils étaient éclairés par toute la pénétration de l'égoïsme, ces raisonneurs qui prirent 1'aliarme, il y a deux siècles, lors que, pour la première fois, s'introduisit dans la politique le principe que le gouvernement n'était institué que pour l'avantage des gouvernés, et que tout autre but dans les dépositaires de la puissance était une usurpation coupable. Ces adversaires constans de toute innovation, discrédités comme fanatiques et timides, étaient des hommes d'un discernement plus qu'ordinaire. Ils voyaient dans le principe la longue chaine des conséquences. Mais leurs efforts furent inutiles. La question maintenant est proposée. Il ne reste plus qu'à choisir. Que les hommes capables de réflexion se décident, qu'ils retournent franchement et sans réserve aux principes primitifs de la tyrannie ; ou s'ils f° 45v° adoptent | quelqu'un des axiomes opposés, quelqu'insignifiant qu'il paEtablissement du texte : 5/13-4/13, L f> 273i"-284r", P2 f 44v°-49r", G pp. 478-488.
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raisse, qu'ils n'espèrent plus par une contradiction pusillanime, en éluder les incalculables résultats. Il n'est pas nécessaire d'entrer ici dans la discussion méthodique des différentes sortes d'aristocratie. Si les argumens que nous avons présentés, ont quelque force, ils s'appliquent également à toutes ces institutions, quelle que soit leur forme. L'Aristocratie peut placer ses prérogatives principalement dans l'individu, comme en Pologne, ou les restreindre à la noblesse réunie en corps comme à Venise. La première forme est plus déréglée, plus tumultueuse, l'autre plus jalouse, plus intolérante et plus sévère. Les magistrats peuvent completter leur nombre, soit en choisissant eux mêmes leurs nouveaux membres comme en hollande, soit en confiant ce choix au peuple comme dans l'ancienne Rome. L'Aristocratie de l'ancienne Rome est incontestablement la plus vénérable et la plus illustre qui ait jamais existé sur la surface du globe. C'est en elle par conséquent qu'il convient de chercher le degré d'excellence auquel cette institution peut arriver. Les Romains y introduisirent quelques-uns des avantages de la Démocratie. Les membres des assemblées aristocratiques de nos tems modernes, tenant leurs privilèges de la primogéniture et non du f 46r° choix, l'on y chercherait | envain des talens, si ce n'est dans quelques roturiers, nouvellement revetus de la noblesse. Il n'en était pas de même du sénat Romain. Pour être admis dans cette corporation, il fallait en général avoir été porté par les suffrages du peuple aux Magistratures supérieures. L ' o n pouvait donc espérer raisonnablement que la majorité des gouvernans serait composée d'hommes de quelque capacité. En même tems, comme les plébéiens étaient tenus de choisir leurs candidats parmi les Patriciens, c'est à dire dans les familles sénatoriales, la classe privilégiée devait présenter la plus grande réunion probable d'experience et d'habileté. La difficulté générale de se procurer une éducation libérale, ajoutait à la supériorité de cette classe. Les lumières étaient une sorte de monopole et sont restées telles jusqu'à la découverte de l'imprimerie. En conséquence tous les hommes éclairés de Rome appartinrent à l'ordre des Patriciens, à celui des chevaliers ou à leurs cliens. Les plébéiens, bien que considérés collectivement, ils aient déployé durant plusieurs siècles les vertus de la franchise, de la valeur, du patriotisme, n'ont jamais possédé dans leur parti aucun de ces caractères qui honorent l'espèce humaine. Les Gracques seuls méritent une exception. L'ordre des Patriciens, au contraire, peut se vanter de Publicola, de Coriolan, de Cincinnatus, de Camille, de Fabricius, de Régulus, de Décius, de Brutus, de Lucullus, de Marcellus, de Caton, de Ciceron et d'une P46v° infinité d'autres. Ces souvenirs imposans, ces | noms fameux disposeraient 5 ces ] surchargé sur les faute du copiste
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presqu'à l'indulgence pour les préjugés aristocratiques des citoyens illustres de l'ancienne Rome et des derniers martyrs de cette République de héros. Considérons toutefois impartialement cette aristocratie si supérieure à toutes celles des siècles anciens et des tems modernes. Lors de l'institution de la république, le peuple ne possédait guères d'autre autorité que celle d'élire ses magistrats. Ce privilège était encore éludé par la manière dont il s'assemblait pour les élire. Le mode de recueillir les suffrages remettait dans le fait les décisions entre les mains des classes favorisées. Tous les magistrats étaient tirés de ces classes, toutes les causes étaient jugées par les Patriciens. Leurs jugemens étaient sans appel. Ils ne se mariaient qu'entr'eux et formaient ainsi une république resserrée au milieu de la république nominale qu'ils tenaient dans la plus humiliante servitude. Aussi, bien que les Patriciens, l'on ne peut le nier, fussent animés d'un zèle ardent pour le bien public et d'un enthousiasme sincère pour la vertu, de cela seul qu'ils avaient envahi les droits les plus sacrés de l'humanité, il en résultait les conséquences les plus funestes. Appius Claudius lui même déployait le courage le plus élevé et la grandeur d'ame la plus sublime, mais c'était en faveur de la plus étroite et barbare intolérance. Rien n'est plus affligeant que de voir tant de vertus consacrées, durant tant de siècles, à combattre les réclamations | les plus évidemment justes. Et quelle fut l'issue de cette odieuse et coupable lutte ? Malgré l'immense supériorité de leurs talens et de leur puissance, les patriciens furent forcés de céder, l'un après l'autre, tous les privilèges exclusifs qu'ils avaient défendus avec tant d'acharnement. Dans l'intervalle ils avaient eu recours aux moyens les plus odieux, ils avaient applaudi avec transport au meurtre infâme des Gracques. Si les Romains déployèrent tant de vertus sous une constitution si fautive, que n'auraient-ils pas fait, sans l'injustice de l'usurpation aristocratique ? La tâche indélébile de leur histoire, leur insatiable avidité des conquêtes n'a de source que dans cette usurpation. La guerre, à toutes les époques, fut le moyen que les nobles mirent en usage pour détourner leurs compatriotes des premières idées de l'égalité, en fixant leurs regards sur des scènes de carnage et de victoire. Ils connurent cet art commun à tous les gouvernemens de bouleverser le jugement de la multitude et de lui faire considérer les hostilités les plus gratuites comme des précautions d'une défense légitime et nécessaire. Le principe de l'Aristocratie est fondé sur l'extrême inégalité des conditions. Aucun individu ne peut être un membre utile de la société, qu'autant que ses talens sont employés d'une manière conforme à l'intérêt général. 1 pour ] corr. de par biffé les L
S d'autre autorité ] d'autres autorités L
38 ses ] surchargé sur
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Dans chaque société les moyens de contribuer aux besoins et aux commodités de ses membres forment un produit qui a ses bornes. Dans chaque p 47v° société la masse des membres qui la composent, | contribue à la création de ce produit par ses efforts personnels. Il est donc juste que ce produit soit partagé entre tous les membres avec une sorte d'égalité, et rien n'est plus injuste que de réduire la multitude à manquer du nécessaire, en entassant sur un petit nombre tous les genres de luxe et de jouissances superflues. On pourrait calculer que le Roi même d'une monarchie limitée reçoit annuellem.' pour le salaire de son office l'équivalent du travail de cinquante mille de ses sujets". Ajoutons à cette somme les émolumens de ses conseillers, les revenus de ses nobles, les propriétés des familles opulentes qui rivalisent avec la noblesse, et les pensions destinées à maintenir dans l'oisiveté leur insatiable et nombreuse clientelle. Est-il surprenant que dans un pareil pays, les dernières classes de la société soient épuisées par toutes les souffrances de la misère et par les fatigues d'un travail immodéré ? En contemplant toutes les productions d'une province étalées sur la table de quelques riches et de quelques grands, qui peut s'étonner si les indigens qui les entourent, manquent de pain pour leur subsistance ? Et c'est une situation semblable qu'on nous représente comme le dernier perfectionnement de la sagesse politique ! C'est au contraire le renversement de toutes les idées, et ce doit F 48r* être là même la perte | de toutes les vertus. Les premières et les dernières classes sont également corrompues par leur situation contre nature. Sans parler maintenant des premières classes, rien n'est plus évident que la tendance directe de la pauvreté à rétrécir les facultés intellectuelles. L'état désirable pour le sage est une alternative de travail et de loisir, d'un travail assez modéré pour ne point entraîner l'épuisement, d'un loisir assez court pour ne point dégénérer en indolence. Ce n'est que par cet heureux mélange que l'industrie et l'activité peuvent être utilement cultivées, le corps rester dans une santé parfaite, et l'esprit s'habituer à la méditation et à la pensée. Telle serait la situation de toute la race humaine, si les choses nécessaires à la vie étaient également distribuées. Quel système mérite davantage l'indignation de l'ami des hommes, que celui qui convertissant en bêtes de somme les dix neuf vingtièmes de notre espèce, anéantit tant de pensées, détruit tant de bonheur, rend impossibles tant de vertus ? On objectera sans doute que ces reproches ne s'appliquent pas spécialement à l'Aristocratie, l'inégalité des conditions étant un effet inévitable de l'institution de la propriété. Mais on ne niera pas non plus que cette inégalité ne soit considérablement aggravée par l'Aristocratie. L'Aristocratie détourne le cours naturel des propriétés et favorise leur réunion dans les mains "
En fixant le travail d'un homme à un Schelling par jour.
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du petit nombre. Dans ce but elle consacre la doctrine de la primogéniture, le système des substitutions et ces loix innombrables sur les transports et les héritages, fléaux de toutes les parties de l'Europe, f 48v°
Par une combinaison bizarre, l'aristocratie qui rend l'acquisition des propriétés plus difficile, en rend le désir plus ardent. Tous les hommes ont soif s des distinctions et de la prééminence, mais ils ne placent pas tous la distinction dans les richesses. La beauté, les arts, les sciences, les talens, la sagesse, la vertu sont autant de moyens de gloire ; et le lettré, l'artiste, le guerrier, le philosophe n'ont pas moins d'ardeur que l'avare à poursuivre l'objet de leur ambition. Les richesses seraient loin d'être l'objet général 10 des hommes, si l'institution politique bien plus que leur influence naturelle n'en faisait la route la plus sure, vers le pouvoir, le respect et les hommes. De toutes les erreurs la plus déplorable à la fois et la plus avilissante est celle de ces hommes qui pourvus abondamment de toutes les commodités de la vie, déclarent que tout est au mieux, et s'indignent contre tous les 15 projets de réforme, comme contre les plans chimériques d'esprits visionnaires, séditieux et mécontens. Tout est au mieux, et la plus grande portion de la race humaine est épuisée de misère, hideuse de vice, et stupide d'ignorance, dépouillée par l'injustice, poussée au crime par le besoin, punie par la férocité ! Et c'est une entreprise illégale d'examiner si un tel ordre de cho- 20 ses ne pourrait pas être amélioré ! Et dans notre honteux égoïsme, parceque
f 49r° nous seuls ne manquons de rien, nous proclamons que tout | est au mieux, entourés que nous sommes de corruption, de souffrances, de dégradations et de douleurs. Un dernier refuge reste aux apôtres de la Monarchie et de l'Aristocratie, 25 lorsque tout autre prétexte leur est enlevé, c'est le danger inhérent aux institutions démocratiques. Quelqu'imparfait que puisse paraître le gouvernement d'un seul ou celui d'un petit nombre, l'un ou l'autre est nécessaire, vu, nous disent-ils, les défauts incorrigibles de notre nature. L e lecteur qui a pesé les considérations contenues dans les chapitres précédens, décidera s'il 30 peut exister des circonstances assez impérieuses pour rendre tolérable ou nécessaire cette complication de misère et d'infâmie. Quoiqu'il en soit, nous passons maintenant à l'examen de cette démocratie, que la presqu'unanimité des écrivains politiques nous a présentée sous des couleurs si sombres et des traits si révoltans.
10 l'objet ] le but L
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Chapitre 14.e Idées générales de la démocratie.
La démocratie est un système de gouvernement qui ne considère chaque membre de la société, que dans sa qualité d'homme. Les talens et les richesses y possèdent sans doute un certain dégré d'influence. Mais cette influence n'est appuyée que sur la nature des choses, et nullement sur l'institution positive. Dans la démocracie, l'institution positive, si l'on peut donner ce nom à l'admission du plus simple de tous les principes, regarde tous les hommes comme égaux. Il y a de certains désavantages qui paraissent le résultat nécessaire de l'égalité démocratique. L'on peut supposer raisonnablement que, dans la société politique, le nombre des hommes bornés l'emporte sur celui des sages, et l'on est tenté d'en conclure, que les interets de l'ensemble seront à la merci de l'aveuglement et de la folie. Lors même que les ignorans voudraient appeler à leur secours les hommes éclairés, leur ignorance les rendrait incapables de discerner le mérite de leurs guides. Le f°50r° turbulent et artificieux démagogue a une | ressource assurée dans l'imperfection de la nature humaine, qui préféré toujours le présent à l'avenir. En appuyant ce calcul désordonné, il est certain d'attirer à lui toutes les passions. La vérité politique est encore un mystère qui défie tous les efforts de l'esprit humain. Est-il présumable que la multitude grossière résistera constamment aux sophismes adroits et à l'éloquence séduisante employés pour l'égarer ? N'arrivera-t-il pas souvent que les propositions du perturbateur ambitieux auront un attrait funeste que ne pourront contrebalancer les projets prudens, mais sévères de l'homme d'état éclairé ? Une des sources les plus abondantes de la félicité publique se trouve dans l'observation constante et uniforme de règles invariables, mais le caractère de la Démocratie est l'incertitude et la versatilité. Le philosophe seul, qui a profondément médité ses principes leur demeure inviolablement fidèle. La masse d'hommes qui ne systématise point ses réflexions, est à la merci de toutes les impulsions momentanées, et ces changemens perpétuels détruisent complettement toute idée de justice politique.
Etablissement du texte : 5/14-4/14, L f 284v°-294v°, P2 f 49v°-54v°, G pp. 489-498. 30 d'hommes ] des hommes L
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Ce n'est pas tout ; la démocratie est un navire immense et ingouvernable, lancé sans lest sur l'océan des passions humaines. La liberté revetue de formes illimitées, court risque de se perdre au moment où l'on vient de l'obtenir. L'ambitieux ne trouve dans ce système aucune digue à ses désirs ; 50v° pour atteindre au faite de la | puissance, il lui suffit d'éblouir la sottise et de tromper la crédulité. Il résulte de l'inconstance de la multitude un nouvel inconvénient. Elle s'apperçoit de sa faiblesse, et devient ombrageuse et défiante en raison de son zèle pour la liberté. Un individu a-t-il déployé des vertus remarquables, ou rendu des services éminens à sa patrie ? Bientôt il est accusé d'ambitionner le pouvoir suprême. Une foule de motifs divers viennent appuyer cette accusation, le gout général de la nouveauté, l'envie d'un mérite supérieur, l'imbécillité du vulgaire, incapable de juger les hommes qui le surpassent. Tous peuples ressemblent à celui d'Athènes que fatigua le surnom de juste décerné par lui même à Aristide. Ainsi le mérite sera fréquemment la victime de la sottise et de l'envie. Tout ce qui est libéral, élevé, délicat, tout ce que peut concevoir l'esprit humain dans son plus haut degré de perfectionnement, sera foulé aux pieds par la turbulence des passions effrénées, ou repoussé par le dédain de la grossière ignorance. Si cet effrayant tableau devait se réaliser partout où sont établis les principes démocratiques, la situation du genre humain serait véritablement déplorable. Tout gouverne0 Sir ment doit ressembler plus ou moins | à la monarchie, à l'aristocratie ou à la démocratie. Nous avons approfondi la nature des deux premières, il nous paraîtrait difficile d'imaginer des institutions plus fertiles en calamités et en injustices. Si donc nous étions forcés de rabaisser la démocratie jusqu'au niveau de ces monstrueux systèmes, privés également de raison, de sagesse et d'équité, toutes nos espérances de bonheur futur s'evanouiraient dans une nuit éternelle, heureusement nous ne sommes pas réduits à cette extremité douloureuse. La démocratie, avec tous les inconvéniens qu'on a représenté comme ses effets inévitables, en supposant de plus que ces inconvéniens soient sans remède, serait encore préférable à tous les systèmes d'inégalité, de privilèges et d'exclusions. Prenons comme exemple Athènes avec toute sa turbulence et son instabilité, avec les usurpations populaires de Pisistrate et de Périclés, avec le monstrueux ostracisme qui bannissait périodiquement, sans même se couvrir d'un prétexte de justice, des citoyens auxquels aucun crime ne pouvait être reproché, avec l'emprisonnement de Miltiade, l'exil d'Aristide et le meurtre de Phocion, Malgré toutes ces erreurs et tous ces 14 Tous peuples ] Tous les peuples L d'exclusion L
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vices, il est incontestable qu'Athènes présente un spectacle plus grand, plus digne d'admiration, que toutes les monarchies et les Aristocraties qui ont jamais opprimé la race humaine. Et qui donc voudrait rejetter l'amour géf° 5iv° néreux de l'indépendance et de la vertu, parcequ'il | est accompagné d'irrégularités accidentelles. Qui oserait condamner en masse les Athéniens et prononcer une sentence grossièrement rigoureuse contre leur esprit pénétrant, leur discernement rapide et leur exquise sensibilité, parceque ces qualités quelque fois étaient impétueuses et immodérées. Compareronsnous un peuple illustre par tant d'exploits, distingué par une civilisation si parfaite, gai sans insensibilité, voluptueux sans intempérance, au milieu duquel se formèrent les poètes les plus sublimes, les artistes les plus habiles, les orateurs les plus accomplis, les politiques les plus profonds, les philosophes les plus austères, comparerons-nous ce peuple favorisé des arts et de la nature, ce modèle du patriotisme, de l'indépendance, de toutes les vertus brillantes et généreuses, avec les esclaves sombres et mornes de la monarchie et de l'aristocratie. L'apparence du repos n'est pas toujours une preuve de bonheur. L'agitation, l'inquiétude, les secousses valent mieux que le calme malfaisant qui dégrade tout héroïsme et qui corrompt toute liberté", f 52i° Nous nous égarons sans cesse dans nos jugemens sur la démocracie, parceque nous prenons les hommes tels que nous les voyons sous la monarchie et sous l'aristocratie, et que nous partons de cet état d'avilissement pour les déclarer incapables de se gouverner eux mêmes. Le vice le plus funeste de la monarchie et de l'Aristocratie, c'est leur tendance à détruire
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° Note du traducteur. Les inconvéniens de la démocracie trouvent leur remède dans le caractère du peuple, au lieu que les inconvéniens de l'Aristocratie se fortifient du caractère 25 aristocratique. Ce qu'on reproche à la démocratie, n'a été souvent que l'effet de la portion d'Aristocratie qui s'y était mêlée. Souvent lors qu'on se plaint d'une constitution et qu'on accuse l'excès de démocracie qu'elle contient, on est en sens inverse du vrai, et c'est à son Aristocracie qu'il faudrait s'en prendre. Gillies, dans l'histoire de l'ancienne Grèce a prouvé que l'ambition des riches qui voulaient éloigner du gouvernement les citoyens pauvres et les 30 traiter comme leurs sujets, a été la véritable cause de la perte de la liberté grecque. L'histoire Romaine prouverait aussi que l'ambition du sénat a seule causé les malheurs du peuple et la chute de la République. V. Condorcet de l'Instruction publique IV.c mémoire, p. 56 et suiv. La défiance et la fureur populaires ne sont dangereuses, la plupart du tems, que parce que 35 la force du gouvernement vient les seconder. Le peuple est facile à ramener, lorsqu'une autre puissance que la sienne ne transforme pas ses premiers soupçons en arrêtés et en loix. Ce qu'on reproche à la liberté est le plus souvent l'effet d'une restriction mise à la liberté. Pourquoi la défiance et les persécutions populaires furent elles si terribles sous le régime de la terreur ? C'est qu'une assemblée, qui certes n'était pas le peuple, tenait registre de ses 40 fureurs les plus passagères pour en former un code de sang. Encore voit-on sans cesse des sociétés populaires exprimer des sentimens de pitié que repoussait le gouvernement d'alors : et Robespierre se plaignait souvent de la difficulté qu'on rencontrait à colérer les sansculottes. 35 les ] surchargé sur la faute du copiste
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les vertus et à fasciner l'intelligence de leurs sujets. Les obstacles qu'il importe le plus d'écarter sont ceux qui entravent l'esprit humain dans son essor naturel. La foi implicite, la soumission aveugle à des décisions étrangères, la crainte pusillanime, la méfiance de nos propres facultés, l'oubli de f° 52v° notre propre | importance et du bien que nous sommes en état de faire, telles 5 sont les causes qui retardent notre perfectionnement moral. La démocracie rend à l'homme le sentiment de sa propre valeur. Elle lui enseigne à s'affranchir d'une déférence timide, à résister à l'oppression et à ne s'attacher qu'à la vérité. Il ne voit plus dans les autres hommes, que des êtres pareils à lui, non des ennemis contre lesquels il doive être en garde, mais des frères 10 qu'il doit secourir. Le citoyen d'un état démocratique, lors qu'il contemple l'injustice et la tyrannie qui régnent dans les pays dont il est environné, se sent pénétré de plus en plus des avantages dont il jouît, et de plus en plus déterminé à les défendre au prix de sa vie ; l'influence de la démocracie sur les sentimens de ses membres est d'une nature négative, c'est à dire elle les 15 délivre des préjugés, des erreurs, de la contrainte que leur imposent les autres institutions, et c'est par là même que son utilité est inappréciable. Rien n'est plus absurde que de vouloir appliquer les défauts des hommes tels que nous les voyons aujourd'hui, aux hommes tels qu'ils pourront devenir un jour. Si nous raisonnions d'une manière juste et conséquente, nous 20 ne nous donnerions point des grandes actions des athéniens, mais des imperfections et des vices qui se mêlèrent à leurs vertus, et nous trouverions f 53r° dans un mélange d'institutions et de souvenirs aristocratiques la cause de ces vices et de ces imperfections. La route de l'amélioration de l'espèce humaine est singulièrement 25 simple. Il suffit de rester fidèle à la vérité dans ses actions et dans ses discours. Un attachement plus inviolable à la vérité aurait préservé les athéniens de toutes les erreurs qu'on leur reproche. Dire la vérité dans toutes les occasions sans réserve, administrer la justice sans partialité sont les principes qui rigoureusement suivis ont les conséquences les plus étendues. Ils 30 éclairent l'esprit, donnent de l'énergie au jugement en dépouillant les préjugés de leur apparence trompeuse et plausible. Les athéniens se laissaient éblouir par la splendeur et la magnificence. Si l'on peut découvrir qu'un défaut dans leur constitution politique les conduisit à ce défaut dans leurs appréciations morales, si l'on peut inventer une forme de société qui exerce 35 les hommes à une simplicité constante dans leurs jugemens, dans leurs actions, dans toutes leurs habitudes, la démocracie, dans cette société, sera préservée de la turbulence de l'instabilité des convulsions qui l'ont trop souvent caractérisée. Rien n'est plus démontré que la toute puissance de la 12 se sent ] surchargé sur le sent faute du copiste
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vérité, c'est à dire la liaison intime entre le jugement et l'action. Si les sciences sont susceptibles d'un perfectionnement perpétuel, les hommes sont aussi susceptibles d'avancer perpétuellement dans la pratique de la f 53v° sagesse et de la justice. Admettez une fois la | perfectibilité de l'espèce humaine, il s'en suivra qu'elle marche vers un état dans lequel la vérité sera trop bien connue, pour qu'on puisse s'y méprendre et la justice trop habituellement pratiquée pour qu'on puisse la violer. En y réfléchissant mûrement, nous n'appercevrons nul motif de croire que cette heureuse époque soit aussi éloignée qu'on pourrait l'imaginer. La durée des erreurs a sa principale source dans les institutions sociales. Si nous abandonnions les individus aux progrès naturels de leur intelligence, sans leur prescrire des règles publiques et uniformes, l'espèce humaine, dans un période assez court, se convertirait à la vérité. La lutte de la vérité contre l'imposture est en elle-même trop inégale pour que la première ait besoin de l'appui d'aucun allié. Plus la vérité sera connue, celle surtout qui se rapporte à l'homme en société, plus elle paraitra simple et évidente, et l'on ne pourra bientôt expliquer par quel désastreux prodige, elle a si long tems été cachée, qu'en remontant à l'influence pernicieuse des institutions positives qui comprimèrent le genre humain. Une autre considération sert à expliquer les inconvéniens des démocraties anciennes, et mérite de fixer notre attention. Le système représentatif n'était pas connu de l'antiquité. Des questions imporP 54r° tantes qui produiraient beaucoup de | troubles et de confusion, si elles étaient soumises à la discussion personnelle de tous les citoyens, peuvent se traiter avec ordre & régularité dans des assemblées représentatives peu nombreuses. Cet heureux expédient réunit quelques-uns des prétendus avantages des institutions aristocratiques aux avantages réels de la démocratie. La discussion des affaires publiques est confiée à des hommes d'une éducation et d'une sagesse supérieure. Nous pouvons les considérer non seulement comme les organes des opinions de leurs constituans, mais comme autorisés par eux à les remplacer dans certaines circonstances. C'est ainsi qu'un père ignorant remet son autorité sur son fils à un précepteur qui le surpasse en talens et en lumières. Cette mesure peut donc mériter l'assentiment du philosophe, pourvu qu'on ne la sorte jamais de ses bornes légitimes. Le citoyen qui a fait choix d'un mandataire, ne doit jamais négliger l'exercice de son propre jugement dans tous ses interets politiques ; il doit être investi du droit de censure sur son représentant, et pouvoir, si leurs opinions respectives ne s'accordent pas après une explication complette, transférer à un autre la faculté d'agir en son nom.
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Le système représentatif répond à toutes les objections alléguées contre la démocratie. Il serait à désirer sans doute que la masse du genre humain fut 40 capable de discuter personnellement toutes les questions qui l'interessent ;
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et le philosophe ami de l'humanité ne renoncera jamais à l'espérance | de voir ce système de gouvernement, le plus simple de tous, s'établir sans inconvéniens et sans désordres, aussitôt que les erreurs et les vices des institutions politiques cesseront d'y mettre obstacle. Mais il est possible néammoins que le mode le plus raisonnable de décider les affaires générales des associations nombreuses soit la représentation. Tous les désavantages qui jusqu'à présent ont paru inhérents à la démocracie, ne doivent être regardés que comme le résultat nécessaire d'une première erreur ; c'est parcequ'on a méconnu la nécessité de la représentation, que l'on est tombé dans une foule de méprises, et qu'on a essuyé une suite de calamités. Il est dans la nature, qu'un seul faux pas en entraine une multitude d'autres. Mais avec l'explication que nous venons d'en donner, ces erreurs et ces méprises ne tourneront point au profit de l'établissement oppressif de la monarchie et de l'aristocratie, et l'homme éclairé par l'expérience ne conclura point de ce qu'il a pu se tromper, qu'il doit à jamais demeurer esclave. Le jugement que nous portons sur la démocratie, est d'une trop grande importance et aura sur nos résultats futurs une influence trop étendue pour que nous nous contentions du tableau général que nous avons tracé de cette forme de gouvernement. Il faut examiner avec scrupule tout ce qui peut rendre notre appréciation plus exacte, et ne laisser aucune objection sans réfutation satisfaisante.
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Tous les argumens dont on s'est servi pour attaquer la démocracie partent du même principe, de la nécessité supposée d'employer les illusions et les préjugés pour contenir l'impétuosité des passions humaines, sans l'admis- 5 sion de ce principe, tous ces raisonnemens tomberaient. Il suffirait pour les réfuter, de demander si les Rois et les nobles sont intrinsèquement plus sages ou plus vertueux que leurs sujets, s'il peut exister un autre motif de distinction raisonnable, que celui qui est fondé sur le mérite, si tous les hommes ne doivent pas être réellement et strictement considérés comme 10 égaux, avec la seule différence qu'établissent entr'eux leurs qualités ou leurs défauts personnels. A ces questions une seule réponse est possible. Tel serait sans doute l'ordre de la raison et de la vérité absolue, mais les distinctions artificielles sont nécessaires au bonheur du genre humain. Sans le secours des préjugés et des illusions, l'impétuosité des passions serait in- 15 domptable. Examinons cette théorie en l'appliquant à quelques exemples. Des théologiens et des politiques, tout en regardant la doctrine des peines éternelles, comme déraisonnable et comme absurde, ont prétendu qu'elle était nécessaire pour en imposer | aux hommes. Ne voyons-nous pas, disentils, que, malgré cette perspective effrayante, le vice régne parmi nous. Que 20 serait-ce si les passions fougueuses des hommes, dégagées de ce frein salutaire, n'étaient plus balancées par la crainte d'un Dieu vengeur. Ce raisonnement annonce une grande ignorance de l'histoire, un grand dédain pour l'expérience, un grand mépris pour la raison. Les Grecs et les Romains n'avaient dans leurs dogmes rien qui ressemblât à cette fable grossière et 25 barbare de tortures éternelles. Leur religion était moins individuelle que politique. Ils considéraient les Dieux comme les protecteurs de l'Etat, et cette confiance leur inspirait un courage invincible. Dans des tems de calamités publiques, ils appaisaient les Dieux et se rassuraient eux mêmes par des sacrifices expiatoires. Ils supposaient que ces Etres surnaturels fixaient 30 leur attention plutôt sur les cérémonies religieuses, que sur les vices ou les vertus de leurs sectateurs. La morale de ces derniers était dirigée par des considérations purement humaines, la tendance de la vertu au bonheur et les calculs de l'intérêt éclairé. La doctrine d'une existence future fesait partie des anciennes religions, mais aucune liaison n'existait entre la conduite des 35 Etablissement du texte : 5 / 1 5 ^ / 1 5 , L f> 295r"-308r", P2 F 55r°-60r°, G pp. 499-510.
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individus dans ce monde et leur situation future dans l'autre. La même f° 56r" observation s'applique aux systèmes | religieux des Perses, des Egiptiens, des Celtes, des Phéniciens, des Juifs et en général de tous les peuples dont le culte n'est pas de quelque manière une modification du christianisme. D'après le raisonnement que nous avons rapporté, nous devrions nous attendre à voir chez ces peuples, les individus s'entredéchirer, et tous les genres de forfaits se commettre habituellement sans remords et sans crainte. Nous les trouverons au contraire aussi soumis au Gouvernement, aussi scrupuleux observateurs des loix de la nature et de la société et souvent plus généreux, plus intrépides, plus désintéressés dans leur amour pour le bien public, que les nations qu'on a mis tant d'adresse et tant d'art à épouvanter par des supplices futurs. Rien n'est plus opposé aux connaissances que nous avons acquises sur la nature de l'esprit humain, que l'importance excessive qu'on attribue à certaines opinions spéculatives. Les hommes sont placés dans ce monde au milieu d'un système dont toutes les parties sont étroitement liées, et dont l'ensemble produit sur l'esprit des impressions qui s'enchainent, se fortifient et s'éclaircissent mutuellement. Le respect que j'obtiendrai, le bonheur dont je jouirai durant le reste de ma vie, sont des idées que je conçois d'une manière claire et précise. Je connais le prix de la liberté, de la vérité, du respect et de l'aisance, tant pour moi que pour mes semblables. J'appercois que ces biens et une certaine règle de conduite ont une relation réciproque f 56v° dans | le système visible de ce monde, et je n'ai nul besoin de recourir pour m'en convaincre à l'entremise surnaturelle d'un invisible directeur. Mais tout ce qu'on pourra me dire d'une vie à venir, d'un monde d'esprits purs et de corps incorruptibles, d'occupations immatérielles, de contemplations mystiques, de démons qui tourmentent, et d'ames qui souffrent, toutes ces choses sont tellement étrangères à tout ce que je connais, que mon esprit s'épuise en vains efforts pour les croire, ou pour les comprendre. Si elles font impression sur quelques individus, ce n'est pas sur les hommes violens, indociles et ingouvernables, mais sur les consciences timides et scrupuleuses qu'elles déterminent à supporter l'oppression et à se soumettre à la tyrannie, en les berçant de l'espoir d'éternelles récompenses. Cette objection s'applique à toutes les espèces d'impostures. Les fables peuvent amuser l'imagination, mais elles ne remplacent jamais ni la raison, ni le jugement seuls principes de conduite adaptés à notre nature et à notre destinée. Prenons encore un second exemple. Rousseau0, dans son traité du contrat f° 57r° social affirme qu'aucun | législateur n'a pu établir un grand système de " Rousseau fut le premier qui enseigna que les imperfections du gouvernement étaient 5 nous devrions ... commettre ] corr. de nous devrions nous attendre à voir chez ces peuples, les individus s'entredéchirer, et tous les genres de forfaits commis L
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politique sans le secours d'une imposture religieuse. «Pour qu'un peuple naissant put goûter les saines maximes de la politique et suivre les règles fondamentales de la raison de l'état, il faudrait, dit Rousseau, que l'effet put devenir la cause, que l'esprit social qui doit être l'ouvrage de l'institution présidât à l'institution même, et que les hommes fussent avant les loix ce qu'ils doivent devenir par elles. Ainsi donc le législateur ne pouvant employer ni la force, ni le raisonnement, c'est une nécessité qu'il recoure à une autorité d'un autre ordre qui puisse entraîner sans violence et persuader sans convaincre.» Cont. Social. Liv. IL" ch. 7.e Ces idées sont les rêves d'une imagination exaltée, fertile en systèmes chimériques. Un esprit sensé ne croira jamais que des avantages réels puissent résulter d'un principe faux, forcer les hommes par la terreur à l'adoption d'une doctrine dont on ne peut leur démontrer la justesse, est assurément le moyen le moins direct de les rendre plus raisonnables, moins timides et plus heureux. F 57v° Dans le fait, jamais un grand système politique ne fut introduit par les moyens dont parle Rousseau. Licurgue obtint, comme il l'observe, la sanction de l'oracle de Delphe pour la constitution qu'il avait établie. Mais ce ne fut point par un appel à Apollon qu'il détermina les Lacédémoniens à proscrire l'usage de l'argent, à consentir à un partage égal des terres, à se soumettre à une infinité d'autres loix qui heurtaient directement leurs préjugés antérieurs. Il en appela, pour les convaincre à leur jugement et ne parvint à son but qu'après une longue discussion, une résistance obstinée, et grâce à son courage inflexible, cette victoire remportée, il crut devoir entourer de tous les genres de sanction un système dont il attendait le bonheur de sa patrie. En conséquence il le fit ratifier par un oracle révéré. Ne croyons pas qu'une société d'hommes se laisse tout à coup déterminer à l'adoption d'un code de loix sans la conviction de ses avantages. Il faut même à la superstition des circonstances plus favorables et des moyens plus actifs que la déclaration ridicule, que tel est l'ordre des Dieux ; et quelques crédules que soient les hommes, de tous les expédiens pour changer les institutions d'un peuple, le plus sur est encor d'en dévoiler les vices et les erreurs. P58r° Cette méthode réunit à l'avantage d'être la plus efficace, celui d'être en même tems la plus salutaire. Le législateur qui veut éclairer et rendre heu-
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l'unique source permanente des vices de l'humanité : cette vérité fut adoptée d'après lui par 35 Helvetius et la plupart des philosophes de cette époque. Mais Rousseau entrevit une vérité de plus qui échappa a tous les autres ; c'est qu'il n'est pas dans la nature du gouvernement, quelque réforme qu'il subisse, de procurer à l'espèce humaine des avantages réels et durables. Ce principe a été exprimé depuis, avec une grande énergie, une grande clarté, mais sans développement par M. Payne, dans la première page de son sens commun. Il ne parait 40 pas que M. Payne ait emprunté de Rousseau cette découverte. Note de l'auteur Anglais.
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reux ses compatriotes, commencera toujours par leur apprendre à bien raisonner. Loin d'énerver leur esprit par l'influence des préjugés, il puisera dans la vérité des moyens de leur donner une nouvelle énergie. Pour tromper avec succès, que d'artifices sont nécessaires, et que de maux, chacun de ces artifices entraine sur les infortunés qu'on abuse ! Il faut non seulement 5 endormir la raison pour la circonstance présente, mais en briser le ressort pour les circonstances à venir. Si les hommes ne trouvent aujourd'hui leur salut que dans l'erreur, que deviendront-ils si quelque découverte accidentelle leur dévoile la vérité ? Les découvertes ne sont pas toujours le fruit d'un perfectionnement successif, souvent elles sont produites par un élan 10 solitaire de nos propres facultés, ou une lumière irrésistible répandue sur un seul point, tandis qu'à tous les autres égards, les ténébres restent les mêmes. Pour soutenir le mensonge que nous aurons fait adopter, il nous faudra des loix pénales, des inquisiteurs d'Etat, des censeurs de la presse et tous les instrumens mercenaires des préjugés et de l'imposture. Moyens admirables 15 de propager la sagesse et la vertu ! Il existe encore une objection que quelques écrivains politiques ont considérée comme importante : elle est de la même nature que celle développée f 58v° par J. Jacques. L'obéissance, | disent-ils, doit être arrachée par la force ou obtenue par la persuasion. Il faut ou tirer un parti habile des préjugés et de 20 l'ignorance de l'espèce humaine, ou nous résigner à n'avoir de moyens d'autorité que la crainte, et d'appui de l'ordre social que les chatimens. Pour échapper à cette nécessité déplorable, il est indispensable de revetir le pouvoir d'une sorte d'illusion magique. Les citoyens doivent servir leur pays, non pas avec cette froide soumission qui pèse scrupuleusement ses devoirs, 25 mais avec l'enthousiasme qui place l'honneur dans la loyauté. En conséquence ceux qui sont à la tête du gouvernement, doivent être comme entourés de respect. On doit les considérer comme revetus par leur office d'une inviolabilité indépendante de leur caractère individuel. Ils doivent être environnés d'une représentation imposante. Il faut profiter de l'imperfection 30 même des hommes, frapper leurs sens pour diriger leur jugement, et ne pas s'en remettre pour le bonheur général aux progrès incertains d'une raison imparfaite. C'est toujours le même argument sous une forme différente : il part toujours du principe que la raison est insuffisante pour nous enseigner nos 35 devoirs, il nous recommande une méthode équivoque qu'on peut employer avec une facilité égale en faveur de la justice ou de l'injustice, et qui participe singulièrement de la nature de cette derniere, car c'est assurément f 59r" l'injustice qui a besoin de la superstition et du mystère et qui peut | le plus fréquemment gagner par l'imposture. 40 5 entraine ] entraînera L
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Mais quelles sont vos preuves qu'il n'y a point d'alternative entre la fraude et la terreur ? Le vice a-t-il donc tant de charmes, qu'il suffise de le connaître pour l'aimer ? Nos devoirs n'ont-ils donc en eux mêmes rien qui nous invite à les remplir ? si ce n'est pas notre intérêt d'être tempérans et vertueux, de qui sera-ce donc l'interet ? Les institutions politiques ont été trop souvent, comme nous l'avons prouvé dans le cours de cet ouvrage, et comme nous le prouverons encore, la source de toutes les tentations qui nous entraînent vers l'erreur et vers le vice, au lieu d'inventer de nouvelles illusions, de nouveaux prestiges, les législateurs feraient mieux de détruire les impostures qui nous corrompent et créent à la fois des besoins factices et des malheurs véritables, c'est sous leur système et non sous celui de la vérité simple et sans fard qu'il est nécessaire de planter une potence à l'extremité de chaque avenue". Pourquoi vouloir me tromper ? Ce que vous me demandez est conforme ou contraire à mes interets et à ma prudence. Les motifs que vous me présentez sont suffïsans ou insuffisans. S'ils sont suffisans, pourquoi ne vous en servez vous pas pour déterminer ma raison ? Est ce comme moyen d'amélioration que vous essayez de me gouverner par des faussetés et des artifices, toujours détestables, sous quelque prétexte qu'on les employe ? N'en vaudrai-je pas mieux si mon jugement s'élève et se fortifie par la connaissance de la vérité ? Si, au contraire, les motifs de votre demande P 59v° sont | insuffisans, pourquoi vous obéirais-je ? Certes, il y a lieu de soupçonner que la loi qui a besoin d'un autre support que sa justice, conduit à l'avantage du petit nombre au préjudice de tous, et que l'inventeur de toute imposture songe plus à maintenir sa dignité personnelle, qu'à convertir les hommes à ce qui ferait leur bonheur. Ce que vous me proposez n'est sage, que si la raison l'approuve, pourquoi vouloir donc revetir votre demande d'une importance soit exagérée, soit différente de celle que la vérité lui donne ? Pourquoi vouloir diviser les hommes en deux classes, dont l'une doit penser, et l'autre obéir en aveugle ? Cette distinction n'est point conforme à la nature des choses ; il n'existe point entre les hommes une telle différence. Les raisons qui doivent nous convaincre que la vertu vaut mieux que le vice, ne sont ni compliquées, ni abstraites ; et moins on les défigure par l'entremise d'institutions factices, plus notre esprit est frappé de leur justesse, et notre raison de leur clarté. Cette distinction, d'ailleurs, est aussi outrageante, qu'elle est mal fondée. Des deux classes de sa création, l'une est au dessus de la nature humaine, " Expressions de M. Burke. 34 l'entremise d'institutions ] l'entremise déplacée d'institutions L
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l'autre au dessous ; il est absurde d'espérer que la première à laquelle elle accorde un privilège si monstrueux, s'occupera sans relâche de l'interet f° 60r° public. Il | est injuste d'exiger de la seconde, qu'elle se contente d'une apparence trompeuse, sans jamais aspirer à connaître la réalité. Il est injuste de vouloir la retenir dans une enfance perpétuelle. Le tems des apprécia- 5 tions viendra. L'on verra se dissiper les impostures de la monarchie et de l'aristocratie ; et cette métamorphose s'opérera sans malheurs, si nous commençons dès aprésent à dévoiler la vérité sans réserve, certains qu'à mesure que l'intelligence humaine concevra clairement la théorie de l'ordre social, elle acquerra la fermeté nécessaire pour en desirer l'exécution et pour en 10 supporter la pratique.
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Chap.e 16.e Des causes de la guerre.
Indépendamment des objections alléguées contre la démocratie, relativement à la conduite intérieure des affaires, il y en a d'autres auxquelles on attache beaucoup d'importance. Elles s'appliquent aux transactions d'un Etat avec les étrangers, c'est à dire, à la paix, à la guerre, aux alliances et aux traités de commerce. Il est certain, que, sous chacun de ces rapports, il existe une différence extrême entre la démocratie et toutes les autres institutions. Il serait peutêtre impossible de citer dans l'histoire de l'espèce humaine, un seul exemple de guerre qui n'ait pas eu directement ou indirectement pour cause, ces deux grands monopoles politiques, l'Aristocratie ou la Monarchie. Cette considération nous aurait fourni un article additionnel, et de quelque poids dans le catalogue des calamités dont ces systèmes sont l'origine ; mais nous avons regardé comme superflu de nous arrêter plus longtems sur un sujet dont l'évidence est déjà suffisamment victorieuse. D'où pourraient en effet venir les contestations entre des Etats où aucun homme et aucune classe d'hommes n'aurait l'espérance de se procurer des f 6lr° privilèges aux dépens | de la multitude ? Un peuple chez lequel régnerait l'égalité n'aurait plus de besoins, dès qu'il posséderait des moyens suffisans de subsistance. Que lui servirait l'accumulation des richesses, ou l'aggrandissement de son territoire ? Ces nouvelles acquisitions perdraient leur valeur, dès l'instant qu'elles deviendraient une propriété commune. Un homme ne peut cultiver qu'une certaine étendue de terrein ; l'argent n'est point une richesse réelle, mais un signe représentatif. Si chaque individu possédait une double somme d'argent, toutes les denrées doubleraient de prix. La situation relative de chacun serait la même. La guerre ni les conquêtes ne peuvent jamais être profitables pour un peuple ; elles tendent à élever quelques hommes aux dépens du reste, et ne sont par conséquent entreprises que dans les contrées où la masse générale est l'instrument aveugle du petit nombre. Rien de pareil ne peut arriver dans un gouvernement démocratique, à moins qu'il ne lui reste de la démocratie que le nom. S'il est des moyens de maintenir cette institution dans toute sa pureté, ou si la nature de la sagesse et les progrès de l'intelligence humaine tendent à faire prévaloir graduellement la vérité sur l'erreur, le principe de la guerre Etablissement du texte : 5/16-4/16, L P 309r°-320i", P2 P 60v°-64r°, G pp. 511-520.
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offensive sera tôt ou tard complettement extirpé, mais ce principe est inhérent à l'essence de la monarchie et de l'Aristocratie. En même tems, bien que la guerre offensive soit incompatible avec l'esprit de la démocratie, un Etat démocratique peut être voisin de pays gouvernés | différemment, et ce ne sera pas une recherche inutile que l'examen des désavantages auxquels son institution l'exposerait dans la lutte. Cette lutte ne peut avoir pour objet que de repousser une invasion gratuite et non provoquée, et ces invasions seront probablement peu fréquentes. Dans quel but un Etat corrompu viendrait-il attaquer un pays trop différent de lui, pour lui faire ombrage, et qui lui présenterait dans sa constitution même un garant de sa neutralité et de ses dispositions pacifiques ? Il faut ajouter, et je ne tarderai pas à le démontrer, que plus ce pays est incapable de toute aggression injuste, plus il a les moyens et la volonté de repousser vigoureusement tout aggresseur. Un des plus importans principes de la justice politique est diamétralement opposé à celui que les imposteurs dans un but et les patriotes dans un autre se sont trop souvent réunis pour proclamer. Aimez votre pays, s'écrient-ils sans cesse. Confondez l'existence personnelle des individus dans l'existence de la société. Ne vous occupez point des interets particuliers, mais ayez en vue la gloire, la richesse, la prospérité générale. Purifiez votre esprit des idées grossières qui naissent des sensations, et sachez l'élever à la contemplation sublime de l'être abstrait, dont chacun de nous n'est qu'un membre, qui ne mérite la considération que pour la place qu 'il remplit1. La raison parle, à ce sujet un langage précisément opposé. La société, nous dit elle, est une existence | purement idéale, et ne mérite en elle même aucune considération. La richesse, la gloire, la prospérité générale sont d'inintelligibles chimères. N'attachez d'importance aux choses qu'autant qu'elles tendent à propager parmi les individus le bonheur et la vertu. Faites du bien de toutes les manières possibles à tous les hommes que vous rencontrerez, mais-ne vous laissez pas égarer par l'illusoire espérance de rendre à une masse d'hommes des services dont nul individu ne profite. La société a été instituée non pour l'amour de la gloire, ni pour fournir des matériaux brillans à l'histoire, mais pour le bonheur des membres qui la composent. L'amour de la patrie est, à parler strictement, un de ces artifices spécieux que des imposteurs ont inventés pour faire de la multitude l'instrument passif de leurs perfides desseins. N'allons pas toutefois d'un excès à l'autre. Plusieurs des sentimens qui sont compris sous le nom générique d'amour de la patrie, sont excellens et dignes d'éloges, bien qu'ils ne fassent pas la
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Godwin précise la source : J.-J. Rousseau, Du Contrai social. Voir G, p. 514.
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partie principale de ce qu'on entend par cette expression. L'homme de bien sera partout l'avocat zélé de la liberté et de l'égalité. Il sera toujours et en tous lieux prêt à se dévouer pour leur défense. Il est intéressé vivement à leur triomphe, puisque sa liberté et celle de ses amis dont les talens et la capacité lui sont connus, se trouvent compromises dans la lutte. Mais c'est la cause et non le pays que son dévouement a pour objet : sa patrie est P 62v° partout où se rencontrent des hommes qui savent aimer | la justice et la maintenir. Sa patrie est dans tous les lieux où l'appelle la possibilité de contribuer au bonheur de son espèce, et il ne désire pour aucun pays d'autre avantage que la justice. Appliquons ces principes à la guerre et considérons d'abord le sens de ce mot. Le gouvernement fut institué parceque les individus se sentaient capables d'erreurs, et parceque leurs idées de justice se pervertissaient par un sentiment de partialité pour eux mêmes. La guerre fut introduite parceque les nations sujettes aux mêmes faiblesses, ne trouvèrent point d'arbitre assez puissant pour les contenir. Les hommes se déterminèrent froidement à s'entr'égorger et à juger leurs contestations, non pas conformément aux principes de la justice et de la raison, mais selon leurs succès respectifs dans la dévastation et le meurtre. La guerre fut sans doute introduite pour la première fois par la fureur et le désespoir ; mais dans la suite l'on en a fait un métier ; une partie de la nation soudoyé l'autre pour égorger et pour être égorgée à sa place, et les causes les plus frivoles suffisent pour inonder de sang de vastes provinces. Nous ne pouvons concevoir toute l'horreur de cette calamité qu'en parcourant par la pensée, un champ de bataille. C'est là que les hommes se f 63r° massacrent par milliers, sans se haïr, et même sans | se connaître. La terre est jonchée de cadavres ; la mort se présente sous toutes les formes ; l'angoisse et les blessures offrent le spectacle cruellement diversifié des innombrables souffrances auxquelles la nature nous a soumis. Les flammes dévorent les villes, les vaisseaux en feu sautent dans les airs et laissent retomber de tous cotés des membres épars. Les pays entiers sont dépeuplés et incultes. Les femmes des cultivateurs fugitifs sont exposées à la brutalité des vainqueurs, et les enfans sont chassés au loin dans la nudité de la misère. Il est permis, après ce tableau, d'examiner quelles sont les causes qui légitiment de pareils malheurs. Il ne suffit pas sans doute d'imaginer que la guerre soit un moyen de rendre un peuple plus facile à gouverner. Il ne suffit pas non plus de la regarder comme une épreuve qui, dans le cas d'une révolution intestine, forcerait des hommes encor indécis à se déclarer. On n'est pas excusable de 18 leurs ... respectifs ] leur succès respectif L
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recourir par voie d'expérience, à une complication des atrocités les plus désastreuses. Il ne suffit pas que nous ayons reçu des insultes, et que des tyrans aient traité avec mépris ceux de nos concitoyens qui visitaient leur territoire. Le gouvernement doit maintenir la tranquillité de ceux qui résident dans l'étendue de sa jurisdiction ; mais si des individus jugent à propos de s'éloigner de leur patrie, il faut les abandonner à la garantie de la raison universelle, et observer quelque proposition entre le mal qu'on veut prévenir, et celui que le remède entraine inévitablement après lui. Les préparatifs hostiles de nos voisins ne sont point un motif suffisant pour leur déclarer la guerre. En supposant que nous soyons forcés de faire à notre tour des préparatifs, l'inconvénient n'est qu'égal, et il n'est pas naturel de penser qu'un pays despotique aura plus d'activité qu'un pays libre, lorsque ce dernier a pour motif une précaution indispensable. Quelques écrivains ont établi qu'on ne doit consentir à aucune concession, quelque peu importante qu'elle soit, parceque la disposition à céder encourage les prétentions 1 . Nous pensons le contraire. Il suffit que le courage d'une nation soit suffisamment connu. Un peuple qui apprécie les objets à leur valeur, qui suit invariablement la ligne de l'immuable justice, et qui se met en mouvement, lorsque l'énergie est nécessaire, n'est pas un peuple que ses voisins cherchent à pousser à l'extremité. La vengeance de l'honneur national est un motif frivole d'hostilités. Le véritable honneur ne se trouve que dans l'intégrité et la justice. On a mis en question si la conduite des individus devait être influencée par le soin de leur réputation. Mais de quelque maniéré qu'on décide la question individuelle, la réputation considérée en elle même n'est jamais un motif raisonnable pour un peuple. L'homme le plus intègre peut être tellement calomnié, qu'il perde toute possibilité de faire le bien, et cette circonstance lui rend sa réputation précieuse ; mais cette considération | n'est point applicable aux nations entières. Leur histoire n'est pas facile à défigurer. Leur honneur est dans la félicité des membres qui les composent. Leur influence sur les nations étrangères n'est qu'un accessoire. Nous ne déclarerions pas facilement que la vengeance de ce qu'on appelle l'honneur national suffit pour commencer la guerre si le nom de ce fléau destructeur rappellait à notre esprit les calamités dont il est accompagné. Strictement considérée la guerre ne peut avoir que deux causes légitimes, la défense de notre liberté et la liberté des autres. La dernière n'est pas reconnue par la logique des souverains, et ce qu'on appelle la loi des nations. On lui oppose un raison1
Godwin précise la source : W. Paley, Principles of moral and political philosophy. Voir G, p. 518.
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nement bien connu. Une nation, dit on, ne doit point se meler des transactions intérieures d'une autre nation. Il est étonnant qu'une objection aussi absurde ait pu si longtems et si généralement être admise. C'est qu'elle a eu pour baze un principe juste, mais défiguré. La possession d'un bien quelconque n'est avantageuse à un peuple ou à un individu, qu'autant qu'il 5 connaît la nature de ce bien, et qu'il desire le posséder. D'après ces principes, il serait injuste de vouloir forcer une nation à devenir libre, mais lorsqu'elle en manifeste le désir, c'est un devoir et une vertu de l'aider à le satisfaire. Des intrigans, des hommes ambitieux peuvent sans doute abuser de ce principe, mais il n'en est pas moins vrai que le même argument qui 10 détermine un citoyen à défendre la liberté de son pays, s'applique à la liberté de tous les autres pays qui la desirent. Or la morale des nations ne diffère nullement de la morale des individus.
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Chap.e 17.e De l'objet de la guerre.
Passons des motifs de la guerre a son objet, ou à l'avantage qu'on espère en retirer. Comme la défense est la seule cause de guerre légitime, son objet en partant de ce principe se trouvera circonscrit dans des limites étroites. Il ne peut s'étendre qu'à repousser l'ennemi de nos frontières. Il serait peut-être nécessaire d'y ajouter une sorte de garantie contre une invasion nouvelle. Mais ce but néammoins n'est pas suffisant pour légitimer la continuation des hostilités. Les déclarations de guerre et les traités de paix sont des inventions de siècles barbares, et ne seraient jamais devenus d'un usage général, si la guerre eut été restreinte à une juste défense. Les indemnités ou dédommagemens sont encore un sujet de guerre que la suite de nos raisonnemens conduit à rejetter. Les vrais coupables ne sont jamais découverts. La tentative ne sert qu'à confondre l'innocent et le criminel. D'ailleurs les nations n'ayant point d'arbitre commun, si à la fin de chaque guerre, les deux partis voulaient insister sur la justice de leur cause et sur les indemnités auxquelles ils prétendraient avoir droit, la querelle se rallumerait et serait interminable. La question relative à l'objet d'une guerre P 65r° légitime serait facile à | décider, si nous posions comme premier principe, que, toutes les fois que la guerre existante change d'objet, ce changement doit être considéré comme le commencement d'une guerre nouvelle. La balance des pouvoirs est une considération d'un genre mixte, qu'on a présentée tantôt comme un motif suffisant pour commencer une guerre, et plus souvent comme un but qui légittimait la continuation d'une guerre commencée : Une guerre entreprise pour maintenir la balance des pouvoirs peut être ou défensive pour protéger un peuple attaqué, ou de précaution pour contrebalancer l'influence des possessions récemment acquises, ou pour réduire l'étendue des anciennes possessions. Nous n'hésitons pas à prononcer que toute guerre entreprise pour maintenir la balance des pouvoirs est essentiellement injuste. Lorsqu'un peuple est attaqué, il est de notre devoir, comme nous l'avons déjà dit, de le secourir, autant qu'il est en nous ; mais nous devons secourir ce peuple, parceque sa cause est juste, et nullement parceque la nation qui le menace est puissante. Toute hostilité contre une nation voisine, à cause de sa puissance ou de ses intentions supposées, est une violation énorme de tous les principes de la morale. Si un Etablissement du texte : 5/17-^/17, L P 316v°-320v°, P2 f
64v°-66r", G pp. 521-525.
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peuple veut être gouverné par le souverain d'un autre peuple, ou par un parent de ce souverain, comme les Espagnols à la mort de Charles II, nous pouvons essayer d'éclairer ce peuple sur les objets du gouvernement, et de lui faire goûter les principes de la liberté, mais nous ne pouvons sans une exécrable tyrannie exiger qu'il renonce au despote de son choix, pour en f 65v° accepter un de notre main, et motiver cette prétention arrogante sur | quelques inquiétudes éloignées que nous causerait l'avènement du premier. Le prétexte de la balance des pouvoirs a servi perpétuellement de voile aux intrigues des cours ; mais il ne serait pas difficile de prouver que l'indépendance des différens Etats de l'Europe n'a jamais gagné à aucune des guerres entreprises par ce motif ; l'obstination d'un peuple qui veut être la propriété d'un despote sera toujours rare, et céderait facilement à des moyens doux, à la propagation de quelques vérités évidentes. La défense d'un peuple contre une invasion tyrannique est toujours légitime, si ce peuple a besoin de nos secours, car s'il a par lui même des forces suffisantes, notre entremise ne servira qu'à multiplier inutilement les calamités de la guerre et à diminuer l'énergie dont le développement affermirait ses vertu et consoliderait son bonheur. L'indépendance des différents Etats de l'Europe est d'ailleurs d'un nature au moins équivoque. Le despotisme sous lequel la plupart d'entr'eux gémissent ne vaut, certes, guères la peine d'être soigneusem.' conservé. Notre but unique étant l'établissement de la liberté, peu nous importe que les empires et les dominations actuelles soient d'une étendue plus ou moins grande.
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L'imprimerie, cet ennemi né du despotisme, éludera toujours la sagacité de la police la plus vigilante. Plus un pays sera vaste, plus il sera difficile 25 conserver aux ressorts de la tyrannie toute leur activité. Appliquons à la guerre notre principe sur le gouvernement. Un instrument malfaisant par sa f 66r° nature ne doit être employé, | que lorsqu'il n'existe aucune possibilité de nous en passer, ou d'en employer un autre.
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Chapitre 18.e De la conduite de la guerre.
Il importe actuellement de déterminer comment la guerre doit être conduite. Pour nous guider dans cette recherche, il suffira de nous rappeler les deux principes que nous avons établis précédemment ; en premier lieu, que la guerre défensive est la seule légitime ; et secondement, qu'une guerre commencée légitimement peut changer de nature et devenir injuste par la moindre modification dans son objet, il en résulte évidemment qu'il n'est jamais permis d'entrer à main armée sur un territoire étranger, à moins que ce ne soit pour secourir ses habitans opprimés. Il est superflu d'ajouter que tout sophisme relatif à l'application de cette exception, serait à la fois odieux et méprisable, et qu'il vaut mieux avouer sans détour les principes corrompus d'une politique perverse, que d'en professer astucieusement de plus purs, que nous dénaturons pour justifier les plus grands crimes. L'oppression du peuple que nous prétendons secourir, doit être évidente, et son désir d'être secouru par nous ne doit pas être douteux. Toutes les fois qu'une pareille entreprise nous promet un avantage, nous devons être en f 67r° garde contre nous mêmes, | et craindre de commettre des erreurs intéressées. Nous ne devons surtout jamais oublier qu'il est exécrable de verser le sang des hommes, sous des prétextes faux ou pour des expériences incertaines. Les petits avantages qui peuvent résulter dans une guerre de ses opérations offensives, seront amplement compensés par la réputation de désintéressement et de générosité que nous retirerons d'un attachement inviolable au système uniquement défensif, et par l'heureux effet que cette réputation produira sur les nations étrangères et sur nos propres concitoyens, la plus grande unanimité dans l'intérieur sera presqu'infalliblement l'effet de la justice politique rigoureusement pratiquée ; l'ennemi qui violera notre territoire trouvera de la résistance partout où il rencontrera un homme ; tout sera secours, assistance, amitié pour nous, obstacle, difficulté et danger pour lui. Les principes de la guerre défensive sont tellement simples, que son succès est presqu'infaillible. Les fortifications n'offrent qu'une protection précaire, dont profite souvent l'ennemi qui s'en empare. Une force mobile Etablissement du texte : 5/18-4/18, L P 321r°-328r°, P2 P 66v°-70v°, G pp. 526-533. 24 l'heureux effet ] les heureux effets L
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qui le harcellerait dans ses marches, en évitant soigneusement d'en venir à une action générale, conserverait sur lui une supériorité réelle. 67v° C'est de l'article des subsistances que dépendent | principalement les succès ou les revers d'une armée. Plus l'armée ennemie pénétrera dans notre pays, plus ses convois seront faciles à intercepter, en même tems qu'en évitant une action générale, nous lui otons toute possibilité d'obtenir un succès décisif. L'évidence de ces principes, rigoureusement observés, serait bientôt tellement reconnue, que l'invasion d'un territoire étranger serait considérée comme la perte de l'armée envahissante. Les soldats ne s'y prêteraient conséquemment qu'avec une extrême répugnance. Jamais peut-être un peuple n'a été vaincu dans ses foyers, à moins qu'il ne fut déchiré par des divisions intestines, ou abâtardi par la corruption. Mieux nous concevrons la nature de la justice, plus nous la trouverons supérieure à toutes les forces qu'on veut lui opposer. Des hommes profondément pénétrés de ses principes seront toujours invincibles, et parmi les nombreux exemples des vertus les plus sublimes que nous offre l'histoire de l'ancienne Grèce, le plus brillant, sans contredit, est la résistance d'une poignée de guerriers contre trois millions d'ennemis. Jusqu'aprésent une branche essentielle de l'art de la guerre, comme de tous les autres arts, a été de la perfidie et la ruse. Si les principes de cet ouvrage reposent sur une base solide, la fraude est criminelle dans toutes les circonstances. Lors même 68r° qu'elle proviendrait d'une haine légitime contre | de coupables aggresseurs, le vice est l'arme la moins convenable et la moins efficace pour combattre le vice. La fausseté n'en est pas moins la fausseté, soit que le mensonge ait été transmis par des paroles, ou rendu probable par des apparences trompeuses. Nous ne devons pas plus nous permettre de tromper notre ennemi par des avis erronnés, ou en l'attirant dans des embuscades, que par la violation des traités, ou par des démonstrations de paix simulées. Marcher à lui, les bras ouverts comme pour l'embrasser, et l'égorger ensuite, ou s'avancer sur lui à la faveur d'un étendard neutre, ou en se couvrant d'un bois ou d'un défilé, sont deux actions également exécrables. Les artifices et la ruse nous mettront à même de surprendre quelques partis détachés, de multiplier les combats et de répandre plus de sang ; mais le développement de nos forces empecherait l'ennemi d'envoyer des détachemens et de se procurer des vivres. Le sang ne serait pas prodigué inutilement, et le succès définitif n'en serait pas moins vraisemblable. Pourquoi 4 l'armée ennemie ] corr. de elle leçon de L, biffé 14 toutes ... opposer. ] corr. de des phalanges d'ennemis, leçon de L, biffé 21 circonstance. ... aggresseurs, ] corr. de circonstance, soit qu'elle provienne d'une affection mal entendue pour nos amis, ou d'une haine légitime contre nos ennemis, leçon de L, partiell. biffé 29 lui ] corr. de son ennemi, leçon de L, biffé
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rendre la guerre l'art de la surprise et du mystère, quand une conduite loyale nous promet les mêmes succès ? Le premier principe de notre défense doit consister dans la vigilance et la fermeté. Le second qui peut-être n'a pas une relation moins étroite avec notre but, consiste dans la franchise, et une déclaration complette de tous nos | desseins. Quel étonnement, quelle admiration, quelle terreur cette conduite n'exciterait elle pas dans I'ame de nos adversaires ! Quelle confiance et quelle magnanimité ne remplirait pas nos propres cœurs ! Une autre conséquence non moins évidente des principes que nous venons de présenter, c'est que les maux causés par la guerre ne doivent jamais excéder ceux qu'une défense légitime rend inévitables. La férocité doit être bannie avec soin. Les citoyens désarmés qui ne prennent aux combats aucune part active, doivent demeurer en sûreté. Ce principe n'admet ni la levée des contributions militaires, ni les prises des vaisseaux marchands. Toutes ces atrocités sont interdites par la doctrine de la guerre défensive. Nous ne songerions pas à lever des contributions, si nous nous fesions une loi de ne jamais dépasser les bornes de notre territoire, et toute espèce de guerre maritime serait abolie. Nous devons pratiquer envers l'ennemi la plus grande bienveillance ; nous ne devons jamais détruire un seul homme sans une nécessité indispensable. Nous devons offrir aux infortunés tous les secours et toutes les consolations possibles. La masse de ceux contre lesquels nous sommes forcés de combattre, est en quelque | façon innocente de l'attaque que nous repoussons. Les auteurs mêmes de cette attaque ont droit à notre indulgence, comme hommes, et à notre compassion, comme égarés ; nous avons déjà vu que le châtiment de l'ennemi n'est nullement le but de la guerre : nous avons vu que ce n'est qu'en dégageant par dégrés ce fléau de sa violence, que nous parviendrons a l'abolir. On a prétendu, pour justifier les horreurs de la guerre, que plus ses calamités seraient affreuses, plus les hommes se hâteraient de s'en délivrer. C'est précisément l'inverse. La cruauté produit la cruauté. C'est un étrange moyen de pénétrer les hommes d'une affection fraternelle, que de remplir leurs ames de motifs de haine. Après avoir examiné la conduite de la guerre, relativement aux ennemis, considérons ce qui concerne ceux qui la soutiennent. Nous avons vu qu'une guerre légitime avait peu besoin de secret. Les plans de campagne, au lieu d'être compliqués par l'artifice et par l'ambition, se réduiront à un petit nombre de modifications indiquées par le système de la plus simple défense. Plus ces plans seront connus de l'ennemi, plus le peuple qui les 5 desseins ] après contre l'ennemi, leçon de L, biffé 35 secret] secrets L
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employera pour le repousser, y trouvera son avantage. La foi implicite et l'obéissance militaire ne seront plus nécessaires. Les soldats cesseront d'être des machines ; car ce qui dégrade les hommes à ce point, ce n'est pas f° 69v° l'uniformité des mouvemens, mais l'ignorance des motifs de | cette uniformité. Sans doute, il y aura toujours parmi les hommes, inégalité de conceptions : mais à mesure que les institutions sociales se perfectionneront, toutes les opérations dans lesquelles un grand nombre d'individus devront agir de concert (et la guerre défensive est dans ce nombre) deviendront tellement simples, que les intelligences les plus bornées pourront facilement les comprendre. Il faut hâter de tous nos moyens l'époque où nul homme ne se rendra l'instrument d'une opération quelconque, sans en avoir apprécié préalablement la justice et l'utilité. Ces principes nous conduisent à un objet d'une importance extrême, les possessions éloignées. Dès qu'on admet la légitimité de semblables possessions, le système que nous avons établi s'écroule ; mais quel raisonnement peut-on présenter en faveur de cette légitimité ? On n'acquiert des dépendances lointaines que par la conquête, la cession ou l'établissement des colonies. Le premier de ces moyens est également contraire aux règles de la morale et d'une politique éclairée. Le second ne diffère du premier, que par la forme et par un addition de perfidie. Quant à l'établissement des colonies, le prétexte est plus spécieux ; P 70r° mais c'est toutefois un prétexte. Est-ce pour leur intérêt, | ou pour le notre, que nous tenons ces colonies sous notre dépendance ? Si c'est pour le notre, c'est une usurpation notoire, la justice nous ordonne de laisser aux autres le privilège de se choisir leur gouvernement, privilège que nous demandons pour nous. Si c'est au contraire l'intérêt des colonies que nous prétendons avoir en vue, il faut leur apprendre qu'une société d'hommes doit trouver en elle même ses moyens de défense, et que si ses ressources personnelles sont insuffisantes, c'est en s'associant avec des peuples voisins qu'elle doit chercher des secours ; il faut apprendre aux colonies que l'avantage d'être protégées est d'une nature subalterne, et que le bonheur et la sagesse d'un peuple dépend du libre développement de ses lumières et de ses facultés naturelles. Quoi de plus absurde, par exemple, que de voir des Isles américaines n'avoir de moyens de sûreté, que dans des flottes et des armées Européennes, séparées d'elles par la plaine immense de l'Océan ! La protection de la mère-patrie est le plus souvent, pour les colonies, une cause de dangers et de guerres ; cette relation est maintenue par la vanité d'une part, et de l'autre, par le préjugé. Si les colonies sont condamnées à une éternelle dépendance, que leur importe de quelle nation sont leurs maitres, et pourquoi les dévouer à toutes les horreurs des combats, de peur que leur servitude ne change de nom ? Les colonies sont une source intarissable de guerf ° 7 0 v ° res. | L'abolition de tout monopole de ce genre, (abolition réclamée au-
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jourd'hui par tous les hommes éclairés) la liberté des mers et l'ouverture de tous les ports à toutes les nations, seraient des pas immenses vers une paix générale et assurée.
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Chap.e 19.e Des établissemens militaires et des traités d'alliance.
Nous allons examiner aprésent, quelle conduite la possibilité de la guerre doit nous engager à tenir en tems de paix. Nous parlerons en premier lieu des établissemens militaires, et secondem.' des traités d'alliance. Il y a deux moyens de pourvoir aux établissemens militaires, s'ils sont jugés utiles pendant la paix. L'on peut restreindre les devoirs et la discipline guerriere à une classe particulière de la société, ou comprendre dans l'armée tous les citoyens en âge de porter les armes. La dernière de ces mesures mérite évidemment la préférence. L'homme qui n'est qu'un soldat se dégrade et se pervertit bientôt. La guerre qui ne devrait consister que dans les précautions nécessaires d'une défense personnelle, devient un metier, pour ce mercenaire qui trafique à prix d'or de son adresse homicide et de son courage vénal. L'homme qui n'est qu'un soldat, cesse d'être citoyen. Il ne fait plus partie de la société. Ses sentimens, ses opinions, sa morale ont une règle différente. Il considère ses compatriotes comme lui devant leur sûreté, et par un sophisme presqu'inévitable, il se croit dans un double sens l'arbitre de leur sort. L'usage de faire exercer les fonctions militaires par tous les citoyens à leur tour, inspire aux individus P7iv° une noble | confiance en eux mêmes, et dans les ressources de leur pays. Cette institution est conforme à l'égalité qui doit subsister entre les hommes, pour que la majorité d'entr'eux puisse atteindre à la sagesse et à la vertu, et elle semble multiplier les moyens de défense au point d'enlever tout espoir à l'ennemi, qui entreprendrait d'asservir une contrée que protégent tous ses habitans. quelques raisons nous font néammoins douter, qu'il soit convenable de conserver un établissement militaire en tems de paix, sous quelque forme que ce puisse être. Il en est à cet égard, des nations comme des individus. L'homme qui excelle à manier les armes, se garantit avec peine de certains travers qu'entraine cette espèce de supériorité. L'on ne peut espérer qu'il mette sa confiance principale dans la raison, et qu'il déteste toujours la violence. Quoique dans la situation présente de la race humaine, la guerre soit peut-être quelquefois inévitable, on ne peut nier qu'elle ne soit une source abondante de vices et de calamités ; et ce n'est pas un inconvénient léger que de familiariser l'esprit humain avec un systême méthodique de meurtre et de dévastation. A la vue d'un instrument de Etablissement du texte : 5/19-4/19, L f> 334r"-340v°, P2 f 71r°-74v°, G pp. 534-541.
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carnage, le disciple de la raison serait naturellement saisi d'un mouvement d'horreur. Pourquoi détruire ce sentiment ? Pourquoi lier une discipline de mort à des idées d'appareil et de splendeur ? Tel est néammoins l'effet f° 72r° inévitable des revues, | des exercices, des évolutions, auxquelles on accoutume les citoyens. Serait-il possible, que celui qui n'a point appris à tuer son semblable avec grâce et sang froid, fut considéré comme un homme ignorant et imparfait. Répondra-t-on que ces inconvéniens ne sont point inséparables de la discipline militaire, et qu'on peut garantir les hommes de l'abus des armes, en leur en enseignant l'usage ? Ce raisonnement est peu solide. Si la discipline militaire n'a pas avec l'erreur et le vice une liaison naturelle et nécessaire, elle en a du moins dans l'état actuel de la société, une bien étroite, & bien enracinée. Lorsque les hommes seront assez éclairés pour manier les instrumens de la mort, sans en abuser, ils auront fait bien des pas dans la science de la raison et de la sagesse, et dans cette supposition, il n'est pas probable qu'ils s'adonnent à l'art militaire. Jusqu'alors cet art sera sujet à tous les inconvéniens qu'on lui reproche. Appliquons ces raisonnemens à la situation présente du genre humain. Nous avons déjà vu que le système d'une armée toujours sur pied n'est pas admissible, et qu'une milice générale est un moyen de défense plus sur et plus conforme aux principes de la justice et du bonheur. Il nous reste à examiner quelle serait la situation d'un peuple, qui, par principe, négligerait totalement l'art de la guerre, pendant la paix, bien qu'il fut environné de nations qui maintiendraient sur pied des armées disciplinées. En ne considérant d'abord une armée que relativement au nombre, l'on conviendra que f°72v° ce peuple, pourrait en lever une, presqu'aussi rapidement que | ses voisins ; mais cette armée, ou, pour mieux dire, ce rassemblement manquerait évidemment d'ensemble, de célérité, de tout ce qui constitue la discipline, et décide, dit-on, du sort des batailles. N'oublions pas cependant, que dans notre hypothèse, le peuple dont nous parlons jouirait de plus de liberté et d'égalité que les nations environnantes. Cet avantage est une conséquence nécessaire de sa situation. L'esclavage ne se maintient que par les armées. Voilà donc une différence essentielle entre ce peuple et ses agresseurs. Ceux ci obéissent aveuglément quand on leur ordonne d'aller ravager le pays de leurs voisins : l'autre ne consent à combattre que pour sa propre défense. Si ce dernier compare l'état de la société et du gouvernement dans son pays, et chez ses adversaires, il ne manquera pas d'être frappé des avantages qu'il possède, et disposé par cela même à les défendre avec ardeur ; l'ardeur suffit quelquefois, même dans un jour de bataille. Une multitude indisciplinée, mais incapable de fuir, remporterait infailliblement la victoire sur des vétérans qui, dans l'ignorance de la cause qu'ils soutiennent, ne pourraient y prendre un aussi brûlant intérêt. Il n'est pas même
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démontré qu'un avantage infaillible de la discipline soit de faire un grand carnage des braves indisciplinés. L'opinion qu'on a maintenant de l'art f 73r° militaire, frappe l'imagination, | répand la surprise et la terreur; mais les courage qui saurait braver ce premier effet, aurait plus qu'à demi remporté la victoire. Il serait imprudent toutefois, de ne se ménager d'autres ressources que la chance du courage. Il en est une beaucoup plus sure, et en même tems plus conforme aux principes de la justice. La guerre dont nous nous occupons, est une guerre défensive. Les batailles doivent être soigneusement évitées. Fabius, en mettant Annibal dans l'impossibilité de le forcer à une action, s'assura des succès bien plus décisifs et plus complets que ceux que lui aurait procurés la plus brillante journée. Ce système, en prolongeant la guerre, forme l'armée et la rend bientôt aussi disciplinée que celle des ennemis. L'art militaire que l'interet et la vanité ont environné de difficultés chimériques, est, dans le fait, une science infiniment simple, et s'acquiert plus promptement au milieu d'une guerre véritable, que par le vain simulacre des évolutions en tems de paix. Il est désirable sans doute, d'avoir un général habile, ou, pour mieux dire, prudent qui suive avec adresse ce système de patience et de lenteur. Mais un tel homme n'est pas aussi rare qu'on voudrait nous le persuader. On a fait, comme nous venons de le dire, de la science militaire un tableau très inexact. Dans cet art, comme dans tous les autres, l'on a exagéré les succès de l'expérience et rabaissé les facultés de l'esprit. Cette charlatanerie des homf°73v° mes | du métier sera probablement bientôt démasquée. Que d'hommes l'on pourrait citer que l'expérience la plus longue n'a pu rendre de bons généraux, tandis que, pour ne rapporter qu'un seul fait, l'un des plus grands généraux de l'antiquité, Lucullus, partit pour prendre le commandement de son armée, sans avoir la moindre connaissance militaire. Il dut ses succès uniquement à son génie, à l'assiduité de ses recherches, et à l'étude sérieuse des écrivains qui avaient publié les meilleurs traités de tactique1. Quoi qu'il en soit, l'on conviendra que c'est acheter chèrement l'acquisition d'un général, que de maintenir pour son instruction une armée toujours sur pied, d'autant plus que l'on n'est rien moins que sur d'atteindre au but qu'on se propose par ce sacrifice. Il peut être vrai, quoique rien ne soit moins démontré, qu'une nation qui néglige entièrement la discipline militaire, s'expose à quelques désavantages : mais s'il faut comparer les inconvéniens qui résultent de cette négligence, avec ceux qu'entraine une application trop suivie à cet art si dangereux, et je ne pense pas, s'il faut choisir, que notre option puisse être douteuse. 1
Godwin précise la source : Cicéron, «Lucullus, sive academicorum primae editionis, liber secundus». Voir G, p. 539.
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Les traités d'alliance sont encore une branche du système militaire, en tems de paix. Ce sujet n'exige point une discussion développée. Dans tous les cas, les traités d'alliance sont un mal, premièrement, parceque | toutes les promesses ou tous les engagemens absolus sont nuisibles, et que les individus ni les corps ne doivent renoncer à l'acquisition de lumières nouvelles, 5 et conséquemment à la modification de leurs mesures. Secondement les traités d'alliance sont nuisibles, parcequ'ils sont toujours illusoires. Les gouvernemens ne peuvent, ni ne doivent se croire obligés de trahir les interets de ceux qu'ils administrent, parceque des circonstances qui n'existent plus, les ont forcés eux ou leurs prédécesseurs, à signer des engage- 10 mens contraires au bien public. Le bien public étant le but, au du moins le prétexte de l'autorité dont ils sont revetus, tout ce qu'ils ont fait en sens inverse de ce but, est nul et de nul effet. Si ce qu'on leur demande parait convenable à leur raison, ou favorable à leurs désirs, ils s'y conformèrent, lors même qu'ils n'auront contracté aucun engagement antérieur. Les traités 15 d'alliance ne servent qu'à présenter par leur prompte violation, l'apparence de la corruption et du vice, et à encourager par cet exemple la dépravation des individus. Lors même que les traités d'alliance seraient aussi efficaces qu'ils sont impuissans, une nation invariablement attachée aux principes de la justice, les trouverait encore inutiles et dangereux, inutiles, parcequ'ils 20 n'ont d'ordinaire pour baze que des objets d'ambition, dangereux, parcequ'ils accoutument les peuples à compter sur les promesses, les secours, ou la compassion de leurs voisins, tandis que les aggrégations | d'hommes, comme les hommes isolés, ne doivent chercher de ressource et de force qu'en eux mêmes. 25
8 Les gouvernemens ] après ou les hommes publics leçon de L, biffé
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Chap.e 20.e De la Démocracie, relativement aux transactions de la guerre.
Après avoir essayé de réduire la question de la guerre à ses véritables principes, il est tems de rappeller la maxime que nous avons établie au 5 commencement de cette discussion, les individus sont tout, et la société, si on la distingue des individus qui la composent, n'est rien. Il s'en suit évidemment, que les affaires intérieurs de la société, doivent avoir la première place dans notre attention, et que celles du dehors ne sont que d'une importance inférieure ou secondaire. Les affaires intérieures sont d'un interet 10 continuel et journalier : celles du dehors sont accidentelles. Que chaque homme ait un sentiment profond se son indépendance, et qu'insensible aux désirs artificiels et aux besoins imaginaires, il ait de quoi satisfaire ses désirs legitimes et ses besoins réels, voilà des objets d'une importance inexprimable et d'une application quotidienne. Mais dans un état exempt de 15 passions factices, des générations entières pourraient naitre et mourir en paix, sans que leur tranquillité eut été menacée un seul instant par des invasions étrangères. L'influence indirecte, interrompue et fortuite que quelques millions d'hommes, nés sous le même climat que nous, et connus sous le nom de Français ou d'Anglais, prétendent exercer sur les conseils 20 administratifs de leurs voisins, est une considération trop frivole, pour f° 75v° qu'on puisse | en faire un objet essentiel des institutions d'un peuple quelconque. Or, si, après avoir considéré mûrement les deux branches de l'administration politique, les affaires intérieures et celles du dehors, l'on jugeait qu'il 25 est indispensable de sacrifier à un certain point l'un de ces objets à l'autre, et que la démocratie est, à quelques égards, moins favorable, que les autres systèmes de gouvernement, aux transactions avec l'étranger, et nommément à la conduite de la guerre, le bon sens n'hésiterait point entre ces alternatives. Nous aurions suffisamment à nous féliciter, si, jouissant dans nos 30 foyers de tous les bienfaits de la justice et de la vertu, nous n'avions aucun motif de désespérer de notre sûreté extérieure, et nous aurons avec raison cette confiance, si nos compatriotes, bien que peu instruits des règles d'une discipline mécanique, avaient étudié les devoirs de l'homme, ses attributs et sa nature, et s'ils savaient se défendre du joug honteux d'une crédulité 35 aveugle et d'une soumission abjecte. De tels hommes, accoutumés, comme Etablissement du texte : 5/20-4/20, L P 341r°-348i", P2 f 75i"-78v°, G pp. 542-549.
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nous le supposons, à un état de société raisonnable, auront du calme, de la fermeté, de l'activité, de la pénétration. Ces qualités suppléeront amplement à toutes les leçons de tactique militaire et de régularité machinale. Si la démocracie ne convient qu'aux guerres défensives, et que les autres gouP76r° vernemens sympathisent mieux avec les guerres d'une espèce | différente, s c'est une preuve non de l'imperfection du système démocratique, mais de son incomparable supériorité. L'on a objecté contre la démocracie, que, dans les tems de guerre, les secrets n'y pouvaient être gardés, soit que l'assemblée législative ait l'initiative, ou simplement la surveillance des affaires exécutives, elle demandera sans cesse, a-t-on dit, la correspondance, 10 les plans et les négociations. Elle fatiguera les ministres par l'examen rigoureux et perpétuel de l'utilité ou de la justice de leurs entreprises. Comment faire tête à l'ennemi, s'il est informé d'avance de toutes nos expéditions, s'il sait où nous devons diriger nos attaques, s'il connait l'état de nos fortifications, la force ou la faiblesse de nos armées ? A quoi nous servira 15 l'adresse et l'habileté dans la négociation de nos traités, si nos véritables intentions et les instructions de nos négociateurs sont toujours publiques ? Ce qu'on reproche à la Démocracie, comme un défaut, est au contraire son mérite principal. Le mystère, la fausseté, les détours sont la source de tous les vices ; et c'est un des grands avantages inhérens à la démocracie, que, 20 bien que le malheureux penchant de l'esprit humain ait introduit la dissimulation même dans les gouvernemens de ce genre, ils tendent cependant toujours à s'en affranchir. En effet, pourquoi la fraude et l'artifice seraientils moins honteux ou plus nécessaires pour les nations que pour les individus ? Pourquoi ce que tout homme d'une ame élevée dédaignerait, comme 25 particulier, le même homme se croirait-il en droit de le faire, en qualité de ministre d'Etat ou d'homme public ? Qui ne voit que ce labyrinthe inexf>76v° tricable n'est destiné | qu'a tromper le peuple sur ses interets, de peur que, les comprenant une fois, il ne sentit combien il serait facile de les diriger lui même ? Quant aux traités, il est vraisemblable qu'ils sont toujours su- 30 perflus ; mais en supposant que les engagemens publics soient indispensables, quelle différence essentielle existe-t-il entre deux gouvernemens qui tâchent réciproquement de se tromper, et deux individus qui recourent entr'eux, dans leurs transactions particulières, à la fourberie, à l'artifice, ou au vol. 35 Tout ce système est fondé sur une idée de gloire et de grandeur nationale, comme si ces mots avaient un sens. Ces méprisables objets, ces dénominations illusoires furent dès l'origine de l'espèce humaine, le désastreux prétexte des plus détestables entreprises. Newton en vaut-il mieux parcequ'il était anglais ? Galilée en vaut-il moins parcequ'il nâquit en Italie ? qui 40 peut supporter de voir ces absurdités emphatiques, opposées aux grands
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interets de l'humanité, toujours blessé à mort, lors que la ruse, les artifices et la dissimulation sont des objets d'admiration et d'éloges, car l'intelligence et les vertus des hommes seront toujours en proportion de la mâle simplicité de leurs desseins et de l'invariable intégrité de leurs cœurs. L'on a encore objecté contre la démocracie, que dans ses transactions avec des f 77r° puissances étrangères, | elle est incapable d'exécuter rapidement les mesures décisives, souvent nécessaires aux succès. Si, par cette objection, l'on entend qu'un gouvernement démocratique n'est point doué de l'adresse, de la rapidité, de l'impétuosité qui caractérisent les mouvemens des gouvernemens usurpateurs, nous pensons avoir déjà répondu suffisamment. Si l'on entend que la régularité de ses formes s'accorde mal avec l'impatience des despotes ses voisins, c'est encore un étrange reproche à lui faire. Serionsnous, comme les anciens Juifs qui désiraient un Roi pour ressembler aux autres nations ? Un philosophe juste et impartial sera peu jaloux de voir son pays jouer un grand rôle dans la diplomatie, être profondément plongé dans les intrigues des nations, et assidûment courtisé par les princes étrangers qui veulent le rendre l'instrument docile de leurs projets ambitieux. La passion la plus erronnée et la plus absurde, qui puisse s'emparer d'un peuple, est celle de la gloire, puisqu'elle l'engage à préférer son influence dans les affaires de l'Europe, à sa félicité intérieure : et l'on se tromperait en espérant réunir ces deux objets. Ils sont en contradiction perpétuelle et ne peuvent subsister ensemble. Mais la lenteur n'est nullement un attribut nécessaire de la démocracie. P 77v° Toutes les propositions n'ont point besoin | d'etre renvoyées à l'examen des
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assemblées primaires, ou, selon le style usité en Hollande, ad referendum. 25 Le gouvernement n'est institué, que, parcequ'il est nécessaire dans l'imperfection actuelle de la race humaine, de confier à un seul, ou à un petit nombre d'individus, le pouvoir d'agir pour tous. Partout où le gouvernement existe, l'autorité individuelle doit être en quelque façon secondaire, il n'est donc pas contre la raison, qu'une assemblée représentative exerce, 30 dans certains cas, un pouvoir discrétionnaire. Des pouvoirs confiés à des hommes choisis dans la masse du peuple et par ses suffrages, à des hommes qui doivent rentrer promptement dans une situation privée, ne sont pas sujets aux mêmes dangers que les privilèges exclusifs et vexatoires de l'Aristocratie. 35 La représentation, bien qu'elle ne soit pas sans inconvéniens, a du moins l'avantage d'appeller la partie la plus éclairée de la nation à délibérer au nom de tous. Elle ressemble par conséquent un foyer de sagesse et de lumières, qu'on pourrait difficilement attendre de tous les citoyens réunis. 1 blessé ] tout comme dans L l'adjectif n'est pas accordé
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L'on objecte, plus généralement encore, au système démocratique, qu'il est impossible d'y maintenir cette lenteur dans les formes, et ce calme dans les mesures, qui seuls conviennent | à des affaires d'un intérêt général. Les hommes rassemblés paraissent quelquefois saisis d'un délire contagieux. La fureur, le soupçon, le désespoir les entrainent. Les excès les plus inexcusa- 5 bles résultent souvent des artifices d'un imposteur, mais devons-nous juger d'un peuple élevé dans l'exercice de sa souveraineté, par la populace des royaumes despotiques ? Assimilerons-nous des hommes, destinés en naissant, à l'exercice de leur raison, à des malheureux dégradés par une longue servitude et enyvrés tout à coup par l'acquisition soudaine d'un pouvoir 10 nouveau. D'ailleurs les loix de la nature et de la justice veulent que tous les hommes participent aux privilèges de tous. Il en est des affaires de l'Etat, comme de celles des individus. Chaque homme, en gouvernant ses propres affaires, est sujet aux écarts de la passion. Les tentations l'entrainent, la colère le séduit ; avant que la réflexion l'éclairé, il peut commettre des 15 erreurs irréparables : en conclurons nous qu'il faut enlever aux hommes la direction de leurs interets. Priver un homme du droit de se gouverner lui même est une injustice. Cette première considération devrait suffire, mais en second lieu, cette injustice manque son but. Le gouvernement Démocratique, tout imparfait qu'il puisse être, sera toujours trouvé préférable a 20 tout ce qu'on peut y substituer. L'on a jamais bien apprécié la nature de l'anarchie. C'est sans doute une calamité terrible, mais moins terrible que le despotisme. Où | l'anarchie tue cent victimes, le despotisme en sacrifie des millions, sans autre effet que de perpétuer l'ignorance, les vices et la misère de la race humaine. L'anarchie est un désordre, violent et court : la durée du 25 despotisme est incalculable. Un peuple qui se livre à toutes les tempêtes des passions, embrasse un moyen de salut épouvantable, mais un moyen sur. Une nation entière ne prend point les armes pour s'exterminer : c'est au despotisme que l'anarchie doit ses horreurs. Si le despotisme infatigable ne guettait pas sa proie, s'il ne profitait pas sans pitié de toutes les erreurs des 30 hommes, la fermentation s'appaiserait ; un calme serein lui succéderait bientôt. Les progrès de la raison sont progressifs : l'erreur ne se prolonge que lorsqu'on en fait une institution, et qu'on la doue du pouvoir funeste de résister à la vérité.
19-20 Démocratique, ] ajouté dans l'interi, absent dans L
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Chapitre 21.e De la composition du gouvernement.
Les vices de la monarchie et de l'aristocratie nous paraissent suffisamment démontrés, pour qu'aucun observateur impartial ne cherche dans l'une ou dans l'autre de ces institutions, des remèdes contre l'anarchie, ou de l'appui s pour l'ordre social. Mais il est d'autres expédiens que recommandent avec insistance les partisans nombreux des gouvernemens compliqués ou mixtes. Il faut des freins, disent-ils, qui puissent arrêter les mesures violentes et précipitées, et garantir d'un bouleversent.'subit et irréfléchi l'abri tutélaire sous lequel les hommes ont long tems vécu tranquilles. Nous ne cherche- 10 rons point ces freins dans l'institution de privilèges toujours injustes, mais dans la division des pouvoirs et dans la distribution des assemblées représentatives. L'on peut, par exemple, former, des représentans du peuple, deux assemblées différentes. On peut les choisir, de manière à composer une chambre haute et une chambre basse, et distinguer ces deux chambres 15 par des contrastes d'âge et de fortune, par un mode divers d'élection, ou par une durée plus ou moins longue. Il existe incontestablement dans la nature un remède applicable à chacun des maux que l'expérience nous découvre. Mais ce remède peut être dicté f° 79v° par la raison | simple, ou par des combinaisons artificielles : l'on prévoit 20 facilement quel sera notre choix dans cette alternative. L'institution de deux chambres est contraire aux principes de la raison et de la justice. Comment un Etat sera-t-il gouverné ? sera-ce d'une manière conforme, ou opposée au vœu de ses habitans ? nous pensons qu'il doit être gouverné d'une manière conforme à l'opinion générale, non que cette opi- 25 nion soit un garant certain de la vérité, mais parceque, quelque erronnée qu'elle puisse être, elle est néammoins la seule règle qui existe, l'unique moyen de perfectionner les institutions d'un peuple et d'éclairer son jugement. L'on a reproché à l'ancien gouvernement de la France, lorsqu'il convo- 30 qua une assemblée de notables, en 1787, de l'avoir divisée en sept bureaux, de manière que le vote de cinquante individus pouvait former la majorité légale dans une assemblée de 144 membres. Si dans chaque bureau l'unanimité eut été requise pour prendre une résolution, l'opposition de onze individus l'eut emporté sur la volonté des 133 autres". 35 " Si l'unanimité était requise dans chaque bureau, ce ne serait pas 11, mais 4 personnes qui pourraient paralyser la volonté des 140 autres. (Note du traducteur.) Etablissement du texte : 5/21-4/21, L P 350I"-356I", P2 f 79i"-82r*, G pp. 550-557.
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Cet exemple suffira pour donner une idée des effets que peut entraîner la division d'une assemblée représentative, en deux ou en plusieurs chambres. Ne nous en laissons pas imposer par l'assertion, que la négative est d'une importance fort inférieure à l'affirmative, puisque la première ne fait qu'empecher, tandis que l'autre décide. Dans un pays où les principes de la vérité seraient entièrement établis, l'on n'aurait pas besoin d'une assemblée représentative, et dans un pays où l'erreur s'est insinuée dans les institutions, la négative, lorsqu'il s'agit de déraciner ces erreurs, devient réellement une affirmative. La division d'une assemblée en deux chambres, est l'infaillible méthode de diviser la nation entr'elle. L'une des deux chambres sera plus ou moins l'azyle de l'usurpation, du monopole et des privilèges. Les partis expireraient en naissant si l'opposition des sentimens et la lutte des interets ne prenaient une existence légale, en revêtant la forme d'une institution distincte. Un frein parfaitement simple, efficace et salutaire se trouve dans la lenteur des délibérations d'une assemblée représentative. Aucun acte d'une pareille assemblée ne devrait peut être avoir force de loi, qu'après avoir été cinq ou six fois discuté, ou même un mois après sa proposition. Il existe quelque chose d'approchant dans l'ordre observé par la chambre des comf 80v° munes en Angleterre, et c'est | incontestablement l'un des meilleurs articles de notre constitution. Cette marche lente et circonspecte doit être une loi, dont une assemblée représentative ne puisse s'affranchir dans aucune circonstance. Il en résultera pour elle un caractère de gravité, de calme et de raison qui commandera infailliblement le respect et la confiance. Les simples votes de l'assemblée, avant d'avoir été par ces formalités successives, élevés au rang de loix, serviraient d'encouragement aux fonctionnaires publics, en leur annonçant la réparation prochaine de tous les sujets de plaintes : mais ils ne pourraient être allégués pour la justification d'aucun acte. Cette précaution préviendra les suites funestes, non seulement des dispositions précipitées de l'assemblée même, mais du desordre et des émeutes qui s'élèveraient hors de son enceinte. Un démagogue ardent réussira plus facilement à plonger le peuple dans un accès de fureur momentanée, qu'à l'y maintenir durant un mois, malgré les efforts de ses amis véritables ; et la certitude de voir ses demandes prises en considération par l'assemblée, calmerait bientôt son impétuosité. L'on trouve à peine un seul argument plausible en faveur de ce que les f°8lr° écrivains politiques ont intitulé la | division des pouvoirs. Quelque claire 3 0 préviendra ] préviendrait L
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que paraisse, dans la théorie, la distinction de la puissance exécutive et législative, rien n'autorise leur séparation pratique. Il est déraisonnable de fixer des limites positives aux délibérations d'une assemblée représentant légitimement le peuple ; lui interdire impérieusement l'exercice des fonctions dont les dépositaires sont soumis à sa surveillance et à sa censure, est une contradiction manifeste. S'il se présente quelque circonstance qui n'ait pu être prévue au moment de l'élection de ses membres, cette assemblée fera sagement sans doute d'inviter le peuple à charger directement de nouveaux mandataires de la décision de cette question nouvelle ; mais la nature même de ces circonstances fait qu'il est impossible de les préjuger et de les déterminer par une règle antérieure. La législation, c'est à dire, l'acte d'énoncer avec autorité des propositions abstraites et générales est une fonction délicate qui ne sera exercée dans une société voisine encore de la pureté première, qu'avec circonspection et même avec répugnance ; c'est la plus absolue de toutes les fonctions du gouvernement, et le gouvernement lui même est un remède qui entraine beaucoup de maux. L'administration, au contraire, est un principe d'une application perpéf°8lv° tuelle. Tant que les hommes auront des | motifs pour agir en société, il surviendra toujours des incidens momentanés, auxquels il faudra pourvoir. A mesure que l'état social avancera vers sa perfection, le pouvoir exécutif deviendra tout, et le pouvoir législatif rien. Même aujourd'hui tous les objets d'une grande importance, la paix, la guerre, les contributions, la convocation des assemblées délibératives sont des sujets de réglemens temporaires et variables. Est-il convenable, est-il juste que les questions qui s'y rapportent, soient décidées par une autorité inférieure, ou par toute autre autorité que celle qui représente complettement le jugement et la volonté du peuple ? Ce principe s'étend à tout. Il n'y a jamais de motif raisonnable pour exclure la représentation nationale d'un pouvoir dont l'existence est reclamée par l'intérêt national. Les fonctions des ministres et de ceux qu'on nomme des magistrats n'embrassent aucun objet qui puisse être interdit à l'assemblée représentative. Ils n'ont rien à traiter en secret. Le secret est toujours dangereux, et il est surtout absurde, lorsqu'on prétend dérober aux membres d'une société ce qui intéresse le bonheur de cette société même. Le devoir des représentans est de demander pour eux et pour le public la connaissance entière de toutes les affaires importantes ; et le devoir des f> 82r° ministres et des | autres employés est de leur donner cette connaissance, lors même qu'ils ne la demandent pas.
29 d'un pouvoir ] de l'exercice d'un pouvoir L
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L'utilité des fonctions ministérielles étant moins que rien à cet égard, il ne leur reste que deux espèces d'utilité, l'une qui a pour objet les détails des finances ou la surveillance de la police qui ne peut être exercée que par une seule personne, ou tout au plus par un petit nombre, l'autre qui s'applique aux nécessités urgentes qui n'admettent point de délai, et sur lesquelles les 5 ministres prennent des mesures soumises à la révision et à la censure de l'assemblée délibérative. Ce dernier genre d'utilité diminuera de jour en jour ; et ce ne sera pas l'un des moins heureux effets du perfectionnement de l'espèce humaine : car rien n'est plus désirable que la réduction du pouvoir discrétionnaire d'un ou de quelques hommes qui peuvent trahir les 10 intérêts, ou gêner les délibérations du grand nombre.
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Chap.e22.e De l'histoire future des sociétés politiques.
Nous avons taché d'établir quelques principes généraux sur la plupart des questions qui se rapportent aux pouvoirs législatif et exécutif. Il nous reste à discuter un article d'une très grande importance. Quelle est la portion de ces s deux pouvoirs dont la conservation est nécessaire au bonheur de la société ? Nous avons déjà vu, que le seul objet légitime de l'institution politique est l'avantage des individus. Tout ce qui ne se rapporte pas à eux, ce qu'on appelle la richesse, la gloire, la prospérité nationale, toutes ces choses ne sont profitables qu'à ces imposteurs intéressés, qui dès le premier âge du 10 monde ont bouleversé l'intelligence humaine, pour plonger plus sûrement notre espèce dans la misère et l'humiliation. L'ambition d'acquérir une plus grande étendue de territoire, de soumettre ou de dominer les nations voisines, de se surpasser par les arts ou dans la guerre, est une ambition fondée sur l'erreur et le préjugé. La puissance n'est 15 pas le bonheur. La paix et la sécurité sont plus désirables qu'une réputation f 83r° effrayante. | Nous nous associons sur un certain point de la terre ou sous un climat particulier, parceque cette association est nécessaire à notre tranquillité intérieure ou à notre défense contre un ennemi commun. Mais les rivalités des peuples ne sont que les rêves d'une imagination déréglée. Si les 20 richesses sont notre objet, les richesses ne s'obtiennent que par le commerce. Plus nos voisins seront en état d'acheter, plus nous aurons d'occasion pour vendre. La prospérité de tous est aussi l'intérêt de tous. Mieux nous connaîtrons notre propre avantage, moins nous serons disposés à troubler la paix des nations voisines. Il en sera de même pour elles, relativement 25 à nous. Désirons donc d'etre entourés de peuples heureux et sages : mais la sagesse est le produit de l'égalité et de l'indépendance, et non de l'injustice et de l'oppression. Si la tyrannie eut été l'école de la sagesse, les hommes auraient déjà fait des progrès incalculables, car ils sont à cette école depuis des milliers d'années. Desirons donc que nos voisins soient indépendans, 30 qu'ils soyent libres, les guerres ne prennent pas leur source dans les inclinations naturelles des nations, mais dans les trames des gouvernemens, et dans les besoins factices que les gouvernemens inspirent au peuple. Si nos Etablissement du texte : 5/22-4/22, L f> 356v°-364i", P2 P 82v°-87r°, G pp. 558-567. 22-23 d'occasion ] d'occasions L
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voisins envahissent notre territoire, tout ce qu'il faut, c'est les en chasser ; et pour y parvenir, nous n'avons pas besoin de leur etre supérieurs en forces, f 83v° car en combattant dans nos foyers, nous aurons toujours | l'avantage des localités, sans compter qu'il est bien rare qu'une nation en attaque une autre, lorsque la conduite de cette dernière est sage, équitable et moderée. Lorsque deux nations ne sont pas en hostilité formelle, toute jalousie entr'elles est une chimère inintelligible. Je réside dans un milieux quelconque, parceque cette résidence m'est plus agréable ou plus utile. Je m'intéresse à la justice politique et au perfectionnement moral de mes semblables, parcequ'ils sont des hommes, c'est à dire des êtres susceptibles de justice et de perfectionnement, et j'ai peut-être un motif additionnel de m'intéresser pour ceux qui vivent sous le meme gouvernement que moi, parceque je suis plus en état de les apprécier et de les servir ; mais je n'ai certainement aucun intérêt à nuire à d'autres, à moins qu'ils ne soient engagés expressément dans des entreprises injustes. Le véritable objet de la morale et de la politique est de rapprocher les hommes et non de les éloigner, de réunir leurs interets et non de les mettre en opposition. Les individus ne sauraient avoir ensemble des relations trop fréquentes et trop libres. Mais entre les sociétés, l'explication n'est nécessaire, que lors qu'il y a eu erreur ou violence. Cette considération détruit sans retour les principaux f 84r° objets de cette politique mystérieuse | et détournée, qui absorbe l'attention des gouvernemens. Ce principe fait disparaître les agens innombrables de la fourberie ou de la force, ces généraux des flottes et des armées, ces envoyés, ces négociateurs, ces espions, tous ces instrumens d'artifice et d'intrigue inventés pour tromper les autres peuples pour pénétrer leurs secrets, pour renverser leurs plans. Les dépenses du gouvernement cessent, et avec la nécessité des dépenses s'évanouissent tous les moyens de tyrannie et de corruption. Une autre absurdité, qui, jusqu'aprésent, a déshonoré la science politique, se trouve aussi corrigée. Les philosophes et les moralistes ne disputeront plus en faveur de la monarchie ou de la démocracie, comme applicables à des grands Etats. Les progrès avenir de l'esprit humain produiront dans les différens pays une administration uniforme, parceque les hommes ont par tout les mêmes besoins et les mêmes facultés : mais l'autorité proprement dite ne s'étendra jamais que sur un territoire resserré, parceque des voisins sont mieux instruits de leurs intérêts réciproques, et plus en état d'y pourvoir. Quelques soient les maux que rappelle l'idée abstraite du gouvernement, ces maux s'augmentent lors que le pays s'étend, et ils diminuent lorsqu'il se resserre, l'ambition redoutable dans un grand Etat, n'a pas les moyens de se développer dans un espace peu considérable. 10 des êtres ] ajouté dans l'interl., absent dans L
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Les commotions populaires sont comme les vagues, capables de produire les plus terribles effets sur la surface immense de l'océan, mais paisibles et peu dangereuses dans l'enceinte d'un humble lac. La modération et la jusf° 84v° tice sont les | attributs ordinaires d'une sphère limitée. Mais les grands talens ne sont-ils pas le produit des grandes passions, et dans la paisible médiocrité d'une petite République, les facultés intellectuelles ne courent elles pas risque de perdre une portion de leur énergie ? si cette objection était fondée, elle mériterait l'attention la plus sérieuse : mais si l'hypothèse que nous avons présentée se réalise, les hommes formeront en quelque sorte une grande République. La perspective du bienfaiteur de l'espèce humaine sera donc plus encourageante que jamais, et jusqu'à cette époque heureuse, le peuple, le plus fidèle à cette doctrine trouvera suffisamment de motifs de zèle dans la comparaison de son bonheur avec la honte et la misère de ses voisins. Le désordre et l'ambition sont des maux dont le gouvernement est la source indirecte, en donnant à de certaines actions ou à de certains hommes une influence disproportionnée sur la multitude. D'autres maux sont encore inséparables de son existence. Le gouvernem' a pour objet la répression de la violence, soit extérieure, soit intérieure. Pour parvenir à ce but, il n'a d'autre moyen qu'une violence plus régulière. Pour régulariser cette violence, il faut qu'il concentre les forces individuelles et pour opérer cette f 85r° concentration, il n'a encore de moyen | que la violence. Or la violence a toujours de grands inconvénients, celle qu'on met en usage contre les coupables ou les accusés, a déjà ses désavantages ; mais celle que la majorité d'une société déployé contre la minorité qui diffère avec elle sur quelque question d'intérêt public, a des désavantages bien plus incalculables encore. Ces deux genres de contrainte partent du même principe. Le vice n'est qu'une erreur de jugement, et la nécessité seule peut servir d'excuse à la tentative de corriger le jugement par la force. La minorité qui se trompe, est dans le même cas que l'individu qui commet un délit, elle est, comme lui, coupable d'erreur, mais son erreur est moins dangereuse, et ne justifie point l'emploi de la force. Si l'idée de scission nous était plus familière, nous conviendrions que la scission de la minorité n'a jamais une tendance aussi désastreuse que l'action d'un criminel qui viole les loix de la justice sociale. Les deux genres de contrainte dont le gouvernement fait usage, peuvent se comparer à la guerre
22 Or... ses ] corr. de Nous avons consideré dans le 2"°° livre de cet ouvrage les inconvéniens qui résultent de ces systèmes compliqués de violence ou de contrainte ; celle qu'on met en usage contre les coupables ou les accusés, a de grands L 26 incalculables ] corr. de grands L
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offensive et défensive. En exerçant la contrainte envers un coupable, nous repoussons un ennemi qui a envahi notre territoire, et qui refuse d'en sortir. En employant la contrainte contre la minorité, nous agissons d'après des soupçons, peut-être injustes, nous prétendons craindre une aggression future, et nous trouvons plus sur de repousser d'avance une attaque qui n'a pas encore eu lieu. Le gouvernement, nous le répétons sans cesse, ne peut avoir que deux objets légitimes, le maintien de la justice intérieure, et le soin de la défense au dehors. Pour remplir le premier de ces objets, le seul indispensable dans tous les tems, il suffit d'une association assez étendue pour fournir à la composition d'un juré qui prononce sur les délits des individus et sur les contestations relatives aux propriétés. Peut-être serait-il facile à un criminel de franchir les limites d'un territoire aussi resserré : mais les jurisdictions voisines, lors même qu'elles n'adopteraient pas la même forme de gouvernement, devraient concourir à l'éloignement ou à l'amélioration d'un individu dont les habitudes présentes menaceraient leur sûreté même. Cet objet n'aurait pas besoin d'une convention formelle, et moins encore d'un centre d'autorité. La justice générale et l'intérêt mutuel sont entre les hommes des liens plus forts que les sceaux | et les signatures. D'ailleurs en admettant que la nécessité de faire poursuivre le criminel par le châtiment de son crime existe aujourd'hui, cette nécessité cesserait bientôt". Les motifs de malfaire seraient rares, les circonstances aggravantes peu nombreuses, et la rigueur superflue. Le but principal du châtiment est de réprimer les membres dangereux pour la société. Ce but serait rempli par la surveillance mutuelle de tous les citoyens l'un sur l'autre, et par l'importance et la dignité qui accompagneraient les censures d'hommes sans passions, ennemis du mystère, et au dessus de tout artifice. Qui serait assez endurci au crime, pour résister au jugement unanime des sages, dont il se verrait entouré ? Cette unanimité porterait le désespoir dans son ame, ou, ce qui vaudrait mieux, elle y porterait la conviction ; il serait ramené à la vertu par une force non moins irrésistible que les supplices ou les cachots. Telle est l'esquisse imparfaite de ce que deviendrait le gouvernement politique. Les contestations entre districts et districts seraient décidées par un principe invariable et simple. Dans une question de limites, par exemple, la justice | prononcerait que l'individu qui cultive une portion de terrein, a " L'on s'appercoit ici du défaut particulier à Godwin, d'une espèce de vague dans les idées, et d'une tendance à se laisser entraîner dans ses espérances d'amélioration pour l'espèce humaine, à des développemens romanesques qui décréditent ses opinions. Note du traducteur. 32 de ... gouvernement ] corr. de du gouvernement L
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seul droit de choisir le district dont il veut faire partie. Une société guidée par les règles de la raison, ne peut avoir aucun intérêt à étendre son territoire. Si nous aspirons à l'attachement de nos voisins, le plus sur moyen de l'obtenir, est d'observer à leur égard les règles de la justice et de la modération. Cependant les contestations de ce genre, bien qu'excessivement dé- 5 raisonnables, seraient néammoins possibles. Il faudrait pourvoir d'avance à ces circonstances extraordinaires. Elles sont àpeuprès de la même nature que les invasions ; et l'unique moyen de s'en garantir serait une convention solemnelle entre les différens districts qui proclameraient les principes de la justice, et qui, s'il le fallait, déployeraient la force pour les faire prévaloir. Il 10 ne faut jamais oublier, en traitant des contestations entre les districts et des invasions étrangères, que les inconvéniens sont, de leur nature, passagers, et que les précautions qu'ils motivent, ne doivent, sous aucun rapport, avoir une action perpétuelle. Par exemple, la permanence d'une assemblée nationale, telle qu'elle subsiste en France depuis la révolution, ne peut être 15 f°87r° nécessaire dans un tems de tranquillité, et peut | devenir très pernicieuse. Pour en juger plus sûrement, retraçons les traits principaux qui caractérisent une assemblée nationale.
12 les ] ces L
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Des assemblées nationales.
Le premier inconvénient de l'existence d'une assemblée nationale, est l'introduction d'une espèce d'unanimité factice : de deux choses l'une ou l'assemblée n'est qu'un vain fantôme, ou le peuple qu'elle dirige parait agir collectivement. Nous disons qu'il parait agir ainsi, car il est impossible que cette unanimité soit véritable. Tous les individus, qui composent une nation, ne peuvent former le même jugement sur une nombre infini de questions difficiles. Une assemblée nationale décide ces questions à la majorité des suffrages ; et quelque absurdes que puissent être les mesures qu'elle adopte, la minorité, après quelques efforts inutiles, est réduite en quelque sorte, à en favoriser l'exécution. Rien ne contribue plus directement à dépraver l'esprit et le caractère, rien n'est plus propre à rendre les hommes timides, dissimulés, corrompus : celui dont l'habitude invariable n'est pas de n'obéir qu'à la voix de sa raison, restera toujours au dessous de l'énergie et de la véracité, dont notre nature est susceptible. Celui qui contribue de sa perf 881^ sonne ou de sa propriété au soutien d'une cause | qui lui semble injuste, perd bientôt la pénétration delicate, l'exquise sensibilité, la rectitude morale qui sont les principaux ornemens de l'intelligence humaine. A cet inconvénient d'une unanimité factice, il faut en ajouter un autre, d'un genre tout opposé. L'existence des assemblées nationales produit une sorte d'unanimité réelle contre nature dans son caractère, et pernicieuse dans ses effets. L'état qui convient à nos facultés, est une indépendance entière de toute entrave, un développement illimité, et la liberté complette de tout essor individuel. Quels immenses progrès ne ferions-nous pas, si nous n'étions esclaves des préjugés de l'éducation, et dominés par l'influence d'un état corrompu de société, et si nous prenions sans crainte la vérité pour guide, dans quelques régions inconnues qu'elle put nous conduire, et quelques résultats inattendus qu'elle put nous présenter ! Nous n'avancerons dans la route du bonheur, qu'en nous abandonnant sans résistance au cours du fleuve qui nous y porte. L'ancre que nous regardons aujourd'hui comme une précauEtablissement du texte : 5/23^/23, L P 365r°-371P, P2 P 87v°-91r°, G pp. 568-575. 4 de deux choses l'une ] ajouté dans l'interl., absent dans L
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tion prudente, sera demain peut-être un obstacle dangereux. Le seul genre d'unanimité qui soit désirable, résulte d'une liberté de recherches sans lif° 88v° mites. | Celle qui n'a pour origine que l'arbitraire adoption d'une règle visible, est illusoire et funeste. Dans les assemblées nombreuses, mille motifs influencent notre jugement, indépendamment de la raison et de l'évidence. Chacun réfléchit à l'effet qu'aura l'opinion qu'il avoue sur son succès personnel. Chacun tient à quelque secte, a quelque parti ; la crainte d'être abandonné par ses associés enchaîne sa pensée. Cet effet est visible dans le parlement actuel de l'Angleterre. Des hommes d'une intelligence peut-être supérieure à tous ceux qui les ont précédés, épousent les erreurs les plus méprisables et les plus grossières. La nécessité de terminer par un vote les débats d'une assemblée nationale, dénature l'essence même de la discussion. La discussion tend au perfectionnement intellectuel, mais elle ne produit cet effet qu'en éclairant l'esprit d'une manière imperceptible. Dans une assemblée nationale, au contraire, l'orateur profite de nos préjugés au lieu d'ajouter à nos lumières. Il a pour but, non de produire une conviction durable, mais d'enlever un suffrage passager : et l'assemblée qui ne devrait présenter que le spectacle paisible d'une recherche philosophique et morale, devient le f3 89r° théâtre d'une lutte violente, d'une confusion préméditée et d'une | précipitation scandaleuse". De la décision par suffrages, résulte encore la nécessité de découvrir des formules qui puissent exprimer des opinions et des idées collectives. Or, quelle occupation plus ridicule à la fois et plus honteuse pour des êtres raisonnables, que de consacrer une longue suite d'heures à l'arrangement des mots et à la distribution des particules. Les sociétés délibérantes nous présentent souvent ce tableau. Dans les Parlemens, c'est d'ordinaire avant de proposer les projets, que l'on convient de la rédaction. Mais ce travail préalable n'en a pas moins lieu dans la discussion. Les factions diverses introduisent de nombreux amendemens 1 ; et ce n'est pas
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" Godwin répond ici lui même à tout ce qu'il a dit sur l'institution des deux chambres. Tous 30 les inconvéniens qu'il fait ressortir avec tant de force, sont prévenus, ou du moins singulièrement diminués par cette séparation en deux parties de l'assemblée représentative. Note du traducteur. 28 Mais ... factions ] Mais ce travail préalable n'en a pas moins lieu, dans la discussion, les factions L 1
Dans L, BC utilise le même signe pour renvoyer à la Note 71 supprimée par la suite et, quelques lignes plus bas, à la note du traducteur. Le copiste se méprend plaçant la note ici, plutôt qu'au paragraphe suivant, après le mot vérité. Lors de la révision de P, BC ne remarque pas la faute.
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sans une extrême difficulté que ce cahos informe et contradictoire prend une apparence intelligible et grammaticale. f° 89v° Enfin la transaction se termine par la plus grossière insulte qui puisse être faite à la justice et à la raison. Le nombre décide de la vérité". Ce que nous avons l'habitude de considérer comme sacré, se trouve soumis, tantôt, et c'est la supposition la plus favorable aux moins éclairés de l'assemblée, et souvent aux plus corrompus. L'institution d'une assemblée nationale repose sur une fiction absurde. L'on considère la société comme un individu moral, mais c'est en vain que nous voulons éluder.les loix de la nécessité immuable. En dépit de tous nos sophismes, une multitude d'hommes ne sera jamais qu'une multitude d'unités. Pour les réunir intellectuellement, il faudrait leur donner des facultés égales et des perceptions identiques. Aussi long tems dureront les variétés de l'esprit humain, la force ne sera concentrée que par l'action d'un seul homme, qui s'emparant d'une autorité plus ou moins longue, employera comme des instrumens méchaniques, les forces individuelle, soit physiques, soit morales de ses prétendus collègues. Tous les gouvernemens tiennent plus ou moins de ce que les anciens Grecs appellaient Tyrannie, avec cette différence, que, dans les Etats desf 90i* potiques, l'esprit est comprimé par une usurpation | uniforme, tandis que dans les Républiques, il conserve une plus grande portion de son activité, et que l'usurpation s'y conforme plus facilement aux vicissitudes de l'opinion. Une sagesse collective est la plus absurde des suppositions ; les actes de la société sont toujours le fruit des méditations ou des projets individuels. La société, considérée comme être agissant, ne peut jamais devenir l'égale de quelques-uns des individus qui la composent. Nous n'examinons pas s'il est probable que celui qui s'emparera du commandement, sera le plus sage de ses membres. Mais deux raisons nous portent à croire que, de quelque sagesse que nous le supposions doué, sa conduite au nom de la société, sera toujours moins équitable et moins éclairée, que celle qu'il tiendrait en son propre nom''. Beaucoup d'hommes, sous le bouclier d'une corporation imposante, hazarderont des mesures dont ils auraient craint individuellement la responsabilité. Des hommes qui agissent au nom d'un corps, sont 0
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L'auteur a répondu ici d'avance à cette objection, en disant Chap.e 21, qu'un pays devait être gouverné suivant l'opinion de la majorité de ses habitans, non que cette opinion fut un garant certain de la vérité, mais parceque, quelqu'erronée quelle puisse être, elle est néam- 35 moins la seule règle qui existe. Note du traducteur. L'auteur oublie ici qu'il a cherché dans un chapitre précédent, à démontrer la supériorité de sagesse, de lumières et de justice, que doit toujours avoir une assemblée sur un homme. Voyez plus haut. chap. 9.c de ce même livre. Note du traducteur.
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privés de l'activité et de l'énergie qu'ils auraient peut-être, en agissant pour eux mêmes. Ils ont une multitude de partisans qu'il faut entraîner, dont les f> 90v° opinions doivent être consultées, dont la compréhension | peut être lente, ou dont les scrupules nécessiteront des sacrifices 1 . Nous voyons fréquemment des génies du premier ordre devenir des chefs vulgaires, lorsqu'ils s'engagent dans le tourbillon des partis, et dans les scènes actives des interets politiques. Nous croyons pouvoir conclure de tous ces raisonnemens, que les assemblées nationales ou, pour mieux dire, les assemblées instituées, tant dans le but d'appaiser les différens entre deux ou plusieurs districts, que d'aviser aux moyens de repousser les invasions étrangères, sont de nature à n'être employées que le plus rarement possible. Elles ne doivent être convoquées que dans les circonstances extraordinaires, comme les Dictateurs étaient nommés chez les Romains, à moins qu'étant rendues périodiques, et s'assemblant une fois l'an, par exemple, elles n'ayent la faculté de prolonger leur durée pendant un espace de tems limité, pour entendre les plaintes et les réclamations de leurs constituans. L a première de ces méthodes est incontestablement préférable. L'élection même est un moyen qui ne doit être employé, que lorsque les conjonctures l'exigent : Et bien qu'il fut plus conforme aux anciens usages et à l'opinion reçue, de faire une élection générale, toutes les fois qu'elle serait demandée par un certain nombre de f 9lr° districts, il conviendrait mieux, | rigoureusement parlant, à la simplicité et à la justice, que l'assemblée fut toujours proportionnée au nombre des districts qui auraient sollicité sa convocation. Une démocracie, modifiée dans la forme que nous venons de décrire, serait à l'abri de presque tous les reproches, que l'on adresse à ce système de gouvernement. L'on n'y trouverait nulle occasion de tumulte, nul instrument pour la tyrannie de la multitude, nul aliment pour l'ambition factieuse, nul motif pour la défiance populaire. Dans un pareil état de société, les hommes comprendraient leur bonheur et sauraient le conserver. C'est la nature mystérieuse et compliquée du système social qui fournit aux imposteurs les moyens d'en imposer à la race humaine. Détruisez2 le charlatanisme du gouvernement, et l'intelligence la plus bornée méprisera bientôt les misérables artifices des jongleurs politiques, qui tenteront de l'égarer.
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Ici, une croix au crayon renvoie à cette annotation marquée à côté, d'une écriture inconnue, ceci explique Lamartine. Cette dernière phrase est soulignée au crayon et à la fin, d'une écriture inconnue, on peut lire pourquoi ne pas dire : faites l'impossible ?
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Chap.e 24.e De la dissolution du gouvernement.
Il nous reste à examiner quel est le dégré d'autorité, dont il convient de revêtir l'espèce d'assemblée nationale que nous avons admise dans notre système. Pourra-t-elle donner des ordres aux différens membres de la confédération ? Ou les invitera-t-elle simplement à coopérer à l'avantage commun, en s'efforçant de les convaincre par des adresses et des raisonnemens, de la justice et de l'utilité des mesures qu'elle recommande ? Le pouvoir de contraindre serait peut-être d'abord nécessaire, mais le droit d'inviter deviendrait bientôt suffisant. Le conseil Amphictyonique, chez les anciens grecs, n'avait d'autorité que sa considération personnelle. A mesure que l'esprit de faction se calma, que les commotions publiques cessèrent et que la machine politique fut simplifiée, la voix de la raison se fit entendre avec moins de peine. Un appel de l'assemblée aux différens districts ne pourrait manquer d'obtenir l'approbation générale, à moins que la proposition ne fut d'une nature tellement douteuse, que son exécution serait à craindre plus qu'à désirer. Cette observation nous conduit plus loin. Pourquoi la distinction, que nous venons de faire entre les ordres | et les invitations des assemblées nationales, ne s'appliquerait-elle pas également aux assemblées particulières, aux Juris des différens districts ? Nous supposons encore, que le pouvoir de contraindre serait d'abord indispensable, non que la nature de l'homme soit la source véritable de cette nécessité désastreuse, mais parceque des institutions dégradantes l'ont antérieurement corrompu. L'homme n'est pas né méchant ; s'il ne rencontrait sans cesse l'hypocrisie, s'il n'avait lieu de soupçonner ses amis, ses parens, ses magistrats, de n'avoir pour but que leurs interets, en prétendant l'occuper des siens, il écouterait les représentations et céderait à l'évidence. Mais la défiance et la réserve sont les effets naturels de l'artifice et du mystère. Simplifiez le système social, repoussez de sa structure tous les rafinemens introduits par la tyrannie et l'ambition, rendez le langage de la justice intelligible pour tous : éloignez surtout la foi implicite, et toute la race humaine deviendra bientôt raisonnable et vertueuse. Les Juris ne s'établiront plus les juges des différens, il leur suffira pour les terminer, d'indiquer la méthode que l'équité recommande. Il leur suffira, pour prévenir la répétition des crimes, d'inEtablissement du texte : 5/24-4/24, L f 371 v°-374r°, P2 f 91v°-92v°, G pp. 576-579.
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viter les coupables à renoncer à leurs erreurs. Si leurs remontrances étaient quelquefois insuffisantes, cet inconvénient serait d'une bien moindre importance que la violation journalière du droit inaliénable du jugement individuel ; mais cet inconvénient même n'existerait | pas. L'empire de la raison serait universellement respecté, et si le coupable résistait aux remontrances, bien qu'il n'eut à redouter aucune contrainte, le blâme général, la désapprobation publique peserait tellement sur lui, qu'il chercherait bientôt un refuge dans une société plus favorable à ses erreurs. Le lecteur, sans doute, anticipe déjà la dernière conséquence de notre système. Si les Juris cessant de décider, se bornent à de simples invitations, si la force disparait graduellement, si la raison seule commande, les Juris eux mêmes et tous les autres établissements publics ne deviendront-ils pas inutiles ? Les argumens d'un homme sensé seraient-ils moins efficaces que ceux de douze hommes ? La compétence d'un sage pour instruire ses voisins, ne sera-t-elle pas d'une notoriété suffisante sans les formalités d'une élection ? Ce progrès de l'esprit humain est une de ses stations les plus mémorables. Avec quels délices, un ami de l'humanité n'entrevoit-il pas cette époque fortunée, la dissolution de tout gouvernement politique, de cet instrument grossier, cause étemelle de tous nos vices, corrupteur et corrompu par essence, et ne pouvant cesser de nuire, qu'en cessant enfin d'exister.
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Une maxime établie dans la plupart des systèmes politiques, c'est que le devoir du gouvernement est de surveiller les mœurs nationales. Le gouvernement, dit-on, loin de se borner à sévir contre le crime par des chatimens sévères, doit graver dans l'ame des gouvernés les principes vertueux qui rendent les chatimens inutiles. Des magistrats sages et humains doivent observer avec attention les sentimens qui s'introduisent dans l'esprit du peuple, pour encourager ceux qui favorisent la vertu, et pour étouffer, dès l'origine, ceux qui conduisent à la corruption et au désordre. Jusques à quand les gouvernemens ne chercheront-ils qu 'à frapper de crainte, sans jamais recourir aux moyens plus doux de la persuasion ? Jusques à quand s'occuperont-ils à punir les délits passés, au lieu de prévenir les délits futurs ? Ces raisonnemens ont en quelque sorte acquis un nouveau poids par les dernières améliorations qui ont eu lieu dans les sciences politiques. L'on s'est convaincu que le gouvernement n'était point un objet de considération secondaire, mais une cause de maux étendus et durables pour l'humanité, et l'on a conclu, que, s'il pouvait produire tant de mal positif, il devait aussi pouvoir résulter quelque bien positif de son influence. Ces vues, quelques spécieuses et consolantes qu'elles paraissent au premier coup d'œuil, sont néammoins exposées à des objections nombreuses et importantes. Il ne faut pas nous laisser éblouir par l'espoir de biens imaginaires. Il faut ici plus que jamais, nous rappeller les principes exposés et développés dans cet ouvrage. Le gouvernement dans tous les cas est un mal ; nous ne devons donner à ce mal que l'étendue absolument nécessaire. Le bonheur des hommes dépend, sans doute, en grande partie de leurs opinions et de leurs mœurs ; mais il ne s'en suit pas que ce soit au gouvernement qu'il appartienne de diriger l'une, ou d'améliorer les autres. Ce que nous avons dit précédemment de l'action collective de la société nous conduit, au contraire, à douter, que le gouvernement doive jamais influencer l'opinion. Etablissement du texte : 6 / 1 - 5 / 1 , L f° 377r°-392r°, P2 f 93r°-101v°, G pp. 5 8 1 - 6 0 2 .
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Il est possible, par une fiction abstraite, de considérer une multitude f 94r° d'hommes comme un seul individu, | mais une multitude d'hommes ne devient jamais un individu réel. Les actes qui passent sous le nom de la société ; sont véritablement les actes d'un seul, tantôt d'un homme et tantôt d'un autre. Ces hommes qui, tour à tour, usurpent le nom de tous, agissent sous le poids d'obstacles de tous genres qui leur enlèvent leur énergie personnelle. Ils sont entravés par les préjugés, les fantaisies, la faiblesse et les vices de leurs associés. Ils s'épuisent en sacrifices honteux à ces considérations méprisables, et leurs projets paraissent enfin tronqués, défigurés, monstrueux. Il en résulte que la société, dans sa capacité collective, ne peut agir sans faire plus ou moins de mal, puisque ses opérations manquent nécessairement d'unité, de force et de sagesse. Elles manquent aussi d'efficacité. La société, nous dit-on, se propose de perfectionner les opinions, et par les opinions, les mœurs des hommes ; (car les mœurs ne sont autre chose que des opinions en activité. Les eaux d'une rivière sont de la même nature que sa source.) Mais sur quoi l'opinion doit elle être fondée ? sur l'évidence sans doute, et sur les perceptions de l'entendement. Or la société, dans sa capacité collective, a-t-elle quelques moyens privilégiés d'éclairer l'entendement ? Insérera-t-elle dans ses adresses ou dans ses remontrances, un résumé de la sagesse de tous ses membres, f 94v° et ce résumé sera-t-il supérieur à la sagesse | individuelle de chacun d'eux en particulier ? Si nous attribuons à la société cette immense prérogative, pourquoi ne la chargerions nous pas de composer des traités de morale, de philosophie et de physique ? Pourquoi toutes les découvertes importantes, toutes les améliorations decisives furent-elles toujours l'ouvrage des individus ? Si la société, considérée comme être agissant, n'a aucun moyen privilégié d'eclairer l'intelligence, la différence réelle entre ses assertions et les assertions des individus consiste dans l'autorité. Or l'autorité est-elle l'instrument convenable pour influencer les mœurs et les opinions des hommes ? Loin de nous cette doctrine. Appeller autour d'une opinion, fut elle la vérité, d'autres secours que l'évidence, est la plus folle des erreurs. Celui qui admet la proposition la plus vraie par l'influence de l'autorité, n'admet pas une vérité, mais un mensonge. Il ne comprend point la proposition qu'il semble adopter : car la comprendre serait connaître le dégré d'évidence dont elle est accompagnée, le sens de tous ses termes, et leur consonnance respective. Ce qu'il admet, c'est qu'il est convenable de se soumettre à l'usurpation et à l'injustice. Si les lois suffisaient pour extirper les erreurs et les vices, le monde en f° 95r° serait délivré depuis long tems. | Rien n'est si facile que d'ordonner aux hommes d'être justes, et bienfaisans, d'aimer leur prochain, la vérité, la
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modération, et de résister à tous les appas de l'ambition et de l'avarice. Mais croyez vous que des pareils ordres changeront le caractère de l'espèce humaine ? L'on ordonne envain depuis des milliers d'années, et ce n'est pas à l'indulgence des loix pénales, que la désobéissance peut être attribuée1. Veut-on changer de méthode, se résigner à ne pas produire d'effets généraux, et se contenter de règlemens partiels et détaillés, qui, précis dans leur objet et directs dans leur influence, soient d'une exécution plus facile ? fera-t-on des loix somptuaires qui restreignent le luxe de la table et des vêtemens, ou des lois agraires qui bornent les possessions et limitent les revenus ? fondera-t-on des prix pour les actes de justice, de bienveillance et de vertu ? quand vous aurez fait toutes ces choses, vous n'aurez pas avancé d'un pas. Si le peuple est naturellement frugal et modeste, vos loix sont superflues ; s'il penche vers le luxe, la mollesse, la corruption, qui garantira l'exécution de vos loix ? Qui les empechera d'être éludées ? tous vos règlemens ne peuvent être mis en vigueur que par des membres de la société même qu'ils sont destinés à contenir. Si la masse de la nation est vicieuse, qui vous assurera une succession de magistrats intègres et purs ? Que gagneriez vous même à cette improbable supposition ? L'adresse du vice surpasse toujours la vigilance de l'autorité. Il est absurde d'imaginer qu'aucune loi soit exécutée, lorsqu'elle contrarie directement les habitudes ou les inclinations générales. Quoi de plus immoral d'ailleurs, quoi de plus contraire aux principes les plus raisonnables des associations humaines, que l'esprit inquisitorial que de pareils règlemens supposent ? L'on pénétrera dans ma maison ! l'on calculera ma fortune ! l'on examinera mes vêtemens et ma nourriture ! Le mal n'est pas, comme nous l'avons observé plus haut, que les hommes exercent les uns sur les autres une inspection réciproque, et s'expriment sans déguisement sur leur vices ou leurs erreurs respectives. Mais ces règlemens introduisent un misérable système d'espionage mercenaire et de surveillance intéressée. Ils établissent une lutte perpétuelle entre la curiosité avide et l'avilissante dissimulation. Par quels motifs déterminer un homme à devenir un délateur ? Si, considérant la dénonciation comme un devoir, les individus bravent par esprit public ou par philantropie le ressentiment et les reproches, un peuple tellement avancée dans la carrière de la vertu, n'aura pas besoin de loix somptuaires. Si, au contraire, vous établissez la délation par les moyens honteux de l'interet personnel, les vices que vous introduisez seront plus dangereux que ceux que vous vous proposez de détruire. 36-37 introduisez ] introduirez L 1
Après ce mot, une note au crayon, d'une main inconnue, est ajoutée la religion l'ordonne avant les hommes et seroit mieux obéïe qu'ejux], si dans la religion même il n'y avoit pas un peu de l'homme.
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La censure n'est efficace, que lorsqu'elle naît de la liberté. Alors elle est toute puissante, parcequ'elle suit les décisions spontanées du jugement, et non les ordres écrits de la loi. Mais cette censure n'est possible que dans les Etats resserrés, où l'inspection réciproque des citoyens la rend perpétuelle et irrésistible. Passons des moyens de châtimens aux moyens de récompense. Dans la distribution de vos prix, comment éloignerez vous l'erreur, la partialité, l'intrigue ? Ce que vous avez inventé pour l'encouragement de la vertu deviendra l'instrument de sa corruption et de sa perte. Nous n'ajouterons pas que les dons pécuniaires sont toujours pour elle une récompense insuffisante, et le plus souvent la proye assurée de l'hypocrisie et de l'orgueil. Un pareil système n'est autre chose qu'un combat perpétuel contre les loix de la nécessité et de la nature. L'esprit sera toujours dirigé par ses inclinations et par ses penchans. C'est un projet absurde que de ramener ses inclinations par l'autorité. Celui qui commanderait à l'incendie de s'éteindre ou à l'orage de s'appaiser, ne serait pas plus ignorant du système de l'univers, que celui qui par un code de loix écrites, générales ou particulières, espère rendre à la tempérance et à la vertu un peuple égoïste et dégradé. La force de ces raisonnemens sur l'inefficacité des loix a | conduit plusieurs philosophes à des résultats décourageans. L'on a prétendu que le caractère des nations était incapable de réformes. Une fois abatardi, a-t-on dit, rien ne peut le régénérer. Les loix sont un vain nom, quand les mœurs sont corrompues. Le plus sage des législateurs essaye en vain d'améliorer sa patrie, lorsque le torrent du vice a rompu toutes les digues de la raison. La simplicité, la modération ne se rétablissent pas. Quand l'inégalité des rangs et celle des richesses sont invétérées, il est superflu de s'élever contre les calamités qui en résultent. Une ame généreuse admire les efforts de Caton et de Brutus ; mais la réflexion froide et sévère les blâme d'avoir fait éprouver à un malade incurable des convulsions sans but et d'inutiles tourmens. Cette conséquence apparente de l'inefficacité des loix est tellement loin d'être juste, que notre troisième objection contre l'action collective de la société, en faveur de la vérité ou de la vertu, se fonde sur ce que cette action n'est nullement nécessaire. La vertu, la vérité savent livrer leurs propres combats et remporter leur propres victoires. Loin d'elles seulement la dépendance de la protection ; loin d'elles la main du pouvoir. L'on a commis à l'égard de la politique et de la morale, la même erreur que relativement au commerce. L'on a crû long tems, que le gouvernement 14 ses ] ces L
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d'une nation commerçante devait se mêler de ses interets, et instituer, pour f° 91 f les favoriser, des droits, des primes et des monopoles. Il est | maintenant reconnu partout, que le commerce ne fleurit jamais autant, que lorsqu'il est délivré de la tutèle des Législateurs et des ministres. L'on a reconnu qu'il était absurde de croire qu'un peuple pouvait forcer les autres nations à payer chèrement son industrie, quand elles trouvaient ailleurs à meilleur marché les mêmes choses, et que le plus sur moyen de vendre était de présenter aux acheteurs plus d'avantages intrinsèques et réels. Les loix immuables de l'univers ne reculent pas devant des réglemens arbitraires. Cette vérité, généralement admise pour ce qui concerne le commerce, a fait aussi de vastes progrès, relativement aux sujets de pure spéculation. On croyait jadis, que la véritable religion ne pouvait être maintenue que per l'intolérance de toutes les autres, et que le principal devoir des magistrats était d'étouffer les progrès de l'hérésie. L'on disait avec raison, que le vice et l'erreur sont étroitement unis, et l'on pensait qu'aucun moyen n'était plus sur pour préserver les hommes de l'erreur, que de réprimer toutes leurs déviations par le frein de l'autorité. Des écrivains dont les opinions, à d'autres égards, étaient libérales, nous ont dit, qu'il fallait laisser à chacun la liberté de la pensée, mais non celle de propager des opinions dangereuses, comme il était permis d'avoir du poison dans son cabinet, mais non de le recommander comme un remède salutaire1. D'autres, que le sentiment de l'humanité empechait d'approuver l'extirpation d'une secte déjà nombreuse, ont invité les magistrats à n'avoir aucune indulgence pour les extravagances nouvelles qu'on tenterait d'introduire 2 . Le règne de ces erreurs f> 97v° sur le commerce et les | opinions spéculatives touche heureusement à sa fin, et l'on peut espérer que l'idée de réformer les mœurs par l'autorité du gouvernement, ne sera pas de longue durée. Il suffit que le gouvernement assure à la morale et à la vertu la liberté de développer leur propre énergie, en comprimant peut-être, vû l'imperfection actuelle de l'ordre social, les perturbateurs de la paix publique, pourque les progrès des principes ne soient pas violemment interrompus. L'erreur, sans l'appui de la puissance ; n'a jamais prévalu sur la vérité. Quel insensé peut croire, qu'à armes égales, la vérité ne sera pas toujours victorieuse ! Jusqu'aprésent tous les moyens de menace et d'influence se sont réunis pour l'étouffer. N'a-t-elle pas néammoins marché d'un pas ferme ? L'esprit de l'homme peut-il rejetter l'évidence ? Chaque jour ne voit il pas augmenter le nombre des prosélytes de la
14 raison, que le vice ] raison, que le vice L 1 2
Godwin précise la source : J. Swift, Gulliver's Travels. Voir G, p. 590. Godwin précise la source : G. B. de Mably, De la législation. Voir G, p. 590.
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raison, et, malgré les fréquentes éruptions de la barbarie, malgré l'action fatale des gouvernemens, l'espèce humaine n'a-t-elle pas fait d'immenses progrès dans toutes les sciences. Ces observations sont également applicables à la morale. Les hommes agissent toujours de la manière qui leur semble la plus convenable à leurs interets. L'évidence de ce qui est meilleur ou plus utile ne peut donc manquer d'efficacité. Les progrès de la vérité sont longtems insensibles. Ses premiers apôtres n'ont aucune idée des effets extraordinaires qui se préparent, mais elle continue à être développée et sentie : elle gagne chaque jour 98r" en | clarté, comme en étendue : le nombre des convertis s'augmente par une progression redoublée : bientôt elle prend un corps ; elle s'applique aux relations de la vie : elle démontre que le bonheur est toujours en proportion de la liberté. Il est impossible que cet accroissement perpétuel d'éclat et d'énergie n'en fasse pas bientôt un principe irrésistible d'action. Quoi ! la justice et l'égalité paraîtraient évidemment la seule baze raisonnable des associations politiques, et aucune chance n'existerait de les établir sur cette baze ! L'oppression et la misère ont-elles donc quelque chose de si séduisant, qu'il soit impossible d'y renoncer ? Le vice a-t-il sur la vertu de tels avantages, qu'elle se montre en vain dans tout son éclat, sans jamais pouvoir être préférée ? En démontrant l'impuissance des loix, nous sommes loin de vouloir affaiblir l'espérance d'un perfectionnement social. Notre but est d'indiquer un moyen différent d'y parvenir, mais un moyen qui nous promette plus de succès. La vérité est le seul instrument légitime des réformes politiques. Ne cherchons pas à dévancer, par des vaines loix et des réglemens inutiles, la maturité de l'esprit humain. Il suffit de ne pas la retarder. Nous pouvons l'attendre sans impatience. Pourqu'il soit bon d'introduire des usages nouveaux, ou de détruire des habitudes anciennes, la voix publique doit avoir parlé. La recherche, l'instruction, la discussion, telle est la tâche actuelle de l'ami de l'humanité. Le tems peut arriver où sa tâche sera différente. Sans 98v° doute, si l'on attendait sagement que l'erreur fut tout à fait | démasquée, on la verrait tomber dans un silencieux oubli, sans qu'un seul partisan tentât de la défendre. Mais l'impatience inconsidérée des hommes peut précipiter trop rapidement la crise des changemens politiques. Des commotions terribles peuvent s'élever, la liberté courir des hazards ; c'est alors aux amis du genre humain à redoubler de zèle et d'efforts. L'apôtre de la vérité ne désertera pas lâchement son poste. Ses conseils clameront l'effervescence du peuple, et ses exhortations le releveront du découragement qui suit les écarts. 1 éruptions ] irruptions L
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L'influence que la société, dans sa capacité collective, exerce sur les opinions et les mœurs, ne peut donc faire aucun bien, mais nous allons prouver qu'elle doit faire du mal, quoique privée du pouvoir qui perfectionne. La société est douée du pouvoir qui perpétue, et c'est à cette faculté désastreuse, que nous devons attribuer toutes les calamités infligées par les gouvernemens sur la race humaine. Lorsque la loi positive, au moment de son établissement, s'accorde avec les habitudes et les inclinations du peuple, elle rend stationnaires, durant des siècles, ces habitudes et ces inclinations. Or cet effet est doublement dangereux. Pour concevoir clairement la vérité de cette proposition, prenons, pour exemple, le moyen des récompenses, la partie la plus brillante du système que nous combattons. Combien de fois n'a-t-on pas répété que les vertus et les talens se | multiplieraient spontanément dans un pays dont la constitution leur assurerait des récompenses proportionnées. Pour apprécier la justesse de cette maxime, commençons par nous rappeller, que la faculté de discerner le mérite n'est pas une capacité sociale, mais individuelle. L'institution d'un jugement général, au nom de l'ensemble, l'acte de former, de toutes les opinions diverses, une opinion commune et uniforme, est une tentative monstrueuse. Dans un pays où chacun déciderait d'après son propre discernement, où le mérite pourrait en appeller à l'opinion contemporaine, sans que cette opinion fut faussée par quelque institution positive, une ardeur généreuse animerait les aspirans à la gloire ; la pénétration des spectateurs se perfectionnerait par un perpétuel exercice, et l'esprit sans cesse actif et curieux ferait chaque jour des pas vers la vérité. Tous ces avantages disparaissent lorsque l'autorité devient, en quelque sorte, un oracle, auquel l'individu demande quel genre de mérite il doit acquérir, et le public, quel jugement il doit prononcer. Que penserions-nous d'un acte du Parlement qui constituerait un tribunal de critique pour juger en dernier ressort l'excellence des ouvrages littéraires ? pourquoi l'autorité que nous déclarons incompétente en matière de littérature, aurait-elle un jugement plus sain sur la politique ou sur la morale ? Cette opinion commune, cet extrait informe et grossier de diverses opinions, n'est nullement l'opinion publique. C'est une méthode d'empecher les hommes de concevoir une opinion personnelle. En prétendant nous délivrer de la fatigue de penser par nous-mêmes, le gouvernement nous frappe d'imbécillité et de stupeur. Lorsque la vérité se présente | sans l'évidence qui doit lui servir de baze, ce n'est pas elle que l'on appercoit. L'esprit est dépouillé de son caractère essentiel, de son plus noble exercice, et perd tout ce qui rend ses opérations admirables et salutaires. Ou les hommes résisteront aux prétentions de l'Autorité qui s'arroge 31 Cette opinion ] Ici, alinéa dans L
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le droit de dicter leur jugement, et ces prétentions ne produiront qu'une lutte infructueuse, ou les hommes se laissant suggérer leurs opinions et leur conduite, perdront toute activité dans leur recherche et tout amour pour la vérité. Les réglemens sont institués pour la vérité, ou pour l'erreur. Dans ce dernier cas, qui prétendra les défendre ? Mais en supposant même que la vérité soit leur objet, telle est leur nature, qu'ils marchent contre leur but. Lorsque la vérité se présente d'elle même, elle anime et fortifie l'ame ; mais imposée par les institutions politiques, elle la fatigue et l'engourdit. Nos opinions ne nous appartiennent plus, nous les répétons comme des leçons apprises par cœur : mais strictement parlant, nous ne les comprenons pas, et nous n'en connaissons pas les preuves. L'intelligence que l'on peut améliorer s'affaiblit et s'énerve. Une implicite soumission remplace la fermeté de l'indépendance. Les hommes ainsi froissés, sont incapables de toute vertu. Notre premier devoir est de n'adopter sur parole aucun principe, de ne faire aucune action, sans une conviction claire et individuelle, qu'elle est dans la f lOOr0 ligne de la justice. Celui qui, sur | un seul point, livre son jugement, l'exerce faiblement sur tous. S'il a raison, c'est par hazard. Le sentiment de sa dégradation le poursuit. Il n'a ni persévérance intrépide, ni sentiment intérieur d'approbation. Un pareil homme est un pigmée, ses vues sont étroites, ses efforts interrompus. Il n'a plus qu'une image décolorée de ses premières facultés. Indifférent sur la conviction, il ne saura jamais distinguer la raison du préjugé. Il repoussera comme un crime les moindres velléités d'examen. A quoi bon méditer, quand la loi me dicte ce que je dois croire ? Pourquoi chercher des doutes, quand je suis forcé d'affirmer ce qui me parait douteux ? Que penser, sous un point de vue moral ou intellectuel, d'un système qui nous invite à la crédulité aveugle, par une espérance mercenaire, et qui punirait nos recherches par des exclusions et des châtimens ? Une institution de cette espèce ne se contente pas d'énerver habituellement le vulgaire de toutes les conditions : elle assure sa propre durée, en effrayant ou séduisant le petit nombre d'individus, qui, dans la dégradation générale, conserveraient quelqu'énergie. Pour juger de ces effets, contemplons le régne prolongé des Papes, et leurs victoires faciles sur tous les ennemis de la superstition jusqu'à Luther. Aujourd'hui même, combien peu d'hommes osent discuter les dogmes du mahométisme, du christianisme, ou les effets de la monarchie et de l'aristocratie, dans les païs où ces systèmes sont établis par la loi ? Pour faciliter un examen impartial, il faudrait éloigner non seulement les moyens de crainte, mais les appats de la séduction. AjouP l00v° tez à ces considérations, que ce qui est utile | aujourd'hui dans certaines 3 dans leur recherche ] corr. de de recherche L
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circonstances, peut devenir funeste demain par des circonstances différentes. Le bien et le mal sont le résultat de certaines relations, et ces relations sont fondées sur les qualités respectives des êtres qu'elles unissent. Changez ces qualités, ces relations changent. Un gouvernement est forcé d'employer des moyens de contrainte, faute de posséder des ressources de persuasion : mais il devra se borner à ces dernières, dès qu'il aura pû les acquérir. Ainsi, par exemple, affranchir les Nègres, avant de les avoir préparés graduellement à la liberté, serait peut-être inconvenable. Un peuple n'est mur pour l'amélioration de son gouvernement, que lorsqu'il sent l'utilité de cette amélioration : mais du moment que cette utilité est sentie, l'amélioration doit s'exécuter. Si ces idées sont justes, rien n'est plus contraire à la raison, rien n'est plus incompatible avec la nature de l'homme, que des réglemens positifs qui tendent à maintenir la durée d'un système dont l'utilité n'existe plus. Pour faire encore mieux sentir les pernicieux effets des institutions positives, comparons la nature de l'esprit humain avec la nature du gouvernement. La propriété incontestable de l'esprit est d'être susceptible d'un perfectionnement perpétuel. L'invariable tendance des institutions est de maintenir éternellement, dans le même état, ce qui dépend d'elles. La perp ioir° fectibilité de | l'esprit est-elle donc un attribut de si petite importance ? Pouvons-nous considérer avec indifférence les avantages que cette qualité prépare à la postérité la plus reculée ? Quels sont les moyens de nous assurer ces avantages ? Une attention constante, une curiosité infatigable, un zèle philantropique, un examen sans relâche. La circonstance la plus essentielle est que nous ne soyons jamais stationnaires ; que tout ce qui intéresse le bien général soit affranchi de toute espèce d'entraves, et tende sans cesse vers une amélioration modérée, imperceptible, mais continuelle. Quoi de plus nuisible à ce but, que des institutions destinées à éterniser un certain code d'opinions ou de systèmes ? Ces institutions sont pernicieuses de deux manières ; premièrement, parcequ'elles retardent la marche de l'esprit humain, secondement, parcequ'en arrêtant le cours de la réflexion par la violence, en la réduisant, quelque tems, à une inaction contre nature, elles provoquent enfin des désordres, des malheurs, dont leur pression vexatoire est l'unique source. Peut-on croire que, sans l'entremise de l'institution positive, l'esprit humain eut fait des progrès, si faibles pendant tant de siècles ? La justice politique de la Grèce et de Rome était imparfaite à beaucoup d'égards, mais nous aurions pu du moins nous approprier les découvertes de nos ancêtres, sans l'espoir corrupteur des récompenses, sans la crainte dégradante des persécutions. Ce n'est point de l'indolence et de 26 d'entraves ] d'entrave L
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f° 101 v° l'apathie des gouvernemens, c'est de leur activité malfaisante, que nous devons nous affliger. Ce n'est pas en multipliant les loix, c'est en en rapportant un grand nombre, que nous améliorerons l'espèce humaine. La vérité, la vertu, comme le commerce, fleuriront, délivrées de la tutelle de l'Autorité. Plus nous appliquerons ce principe aux différentes branches de la 5 justice politique, plus nous sentirons son importance. Son exécution délivrera notre esprit d'un poids insupportable, et la vérité d'un éternel ennemi.
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Chap.e 2.e Des établissemens religieux.
Le système de la conformité religieuse est un exemple frappant des effets pernicieux de l'autorité politique, lorsqu'elle veut influencer l'opinion. Considérons l'église anglicane. Sa constitution exige que le clergé signe trente neuf articles, c'est à dire trente neuf assertions dogmatiques et précises, qui décident presque toutes les questions de métaphysique et de morale. Voilà donc une doctrine de soumission aveugle ou d'abjecte hypocrisie, (car il n'y a pas d'autre alternative) étayée par tous les honneurs, par tous les revenus de l'église, et corrompant en conséquence, depuis l'archevêque qui marche immédiatement après les princes du sang, jusqu'au dernier vicaire du hamau le plus obscur. Montrez nous dans cette hiérarchie innombrable, un seul homme qui puisse penser librement ? montrez nous celui qui peut mettre la main sur son cœur, et déclarer, sur sa conscience, que les émolumens de sa place n'ont pas dirigé son jugement ? Le plus honnête hésitera. Il dira tout au plus qu'il se flatte d'être guidé par d'autres motifs, et qu'il a fait de son mieux pour demeurer impartial. 102v° Néammoins, quoi de plus favorable, au premier | coup d'œuil, à la félicité publique, que les établissemens religieux, c'est à dire une classe nombreuse d'individus privilégiés, consacrés exclusivement à l'étude de la morale et de la vertu ! La vertu, la morale sont les sujets les plus importans des spéculations humaines ; et l'on devrait attendre les meilleurs résultats d'une espèce de corporation, mise à part pour approfondir ces objets intéressans, et préparée à ces travaux par une éducation savante. Malheureusement l'on commence par soumettre ces hommes à un code de propositions, à la confirmation duquel toutes leurs recherches doivent aboutir. La tendance naturelle de la science est de s'accroître d'âge en âge, et de partir des tentatives les plus grossières pour arriver aux plus admirables résultats. Ici l'on étouffe ces résultats dans leur germe. Ces hommes sont liés par les promesses et les menaces, à ne rien ajouter à la sagesse de leurs ancêtres : l'on proscrit tout avancement, et l'on croit faire assez en mettant le système à l'abri de la dégénération et de la décadence. Ce plan décèle une profonde ignorance de l'esprit humain, dont la destinée inévitable est de s'élever ou de descendre.
Etablissement du texte : 6/2-5/2, L f 394r»-399r°, P2 F 102r"-104v°, G pp. 603-609.
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Un code de conformité religieuse tend à façonner les hommes à l'hypof I03r° crisie. Qu'on se rappelle les divers | sophismes inventés par la ruse et l'interet pour justifier la profession de foi du clergé Anglais. Les dogmes de l'église d'Angleterre sont fondés sur la croyance des calvinistes, et, depuis plus d'un siècle et demi, ses membres professent les principes d'Arminius. 5 L'on a publié des infolio, pour prouver que ses articles, bien qu'ils contiennent expressément la doctrine de la prédestination, sont néammoins susceptibles d'une interprétation différente, et que le signataire a le droit de se prévaloir de cette équivoque. Des théologiens d'une autre classe ont argumenté de la justice et de la bienveillance connue des premiers réformateurs, 10 pour affirmer qu'ils n'ont pu jamais avoir l'intention de tyranniser les consciences, ni d'arrêter les progrès de l'instruction. D'autres enfin considérant ces articles comme un traité de paix, on conclu que l'on pouvait s'y soumettre sans les croire, pourvu qu'on se rendit capable d'une seconde duplicité, en n'énonçant rien de contraire à l'erreur qu'on s'était obligé de res- 15 pecter. Si ce que nous avons sous les yeux ne venait à l'appui du témoignage de l'histoire, son autorité ne suffirait pas peut-être pour nous persuader, qu'une classe nombreuse d'instructeurs privilégiés de l'espèce humaine, classe inaccessible en apparence à toute ambition temporelle, classe revetue d'une 20 confiance sans bornes, regardée comme nécessaire au maintien des vertus sociales et des vérités divines, et recompensée d'avance pour les services f> 103v° que l'on attend d'elle, qu'une telle | classe d'hommes put consentir d'un accord unanime à s'avilir jusqu'à des sophismes, dont le but est de prouver, que l'on peut sans crime professer ce qu'on ne croit pas. Qu'espérer d'une 25 caste dégradée par de pareils subterfuges ? De quel front, tandis qu'elle même est marquée du seau du vice, recommande-t-elle la vertu ? Si ses membres sont parvenus, et c'est la supposition la plus favorable, à s'étourdir les premiers par ces subtilités frivoles, quelle confiance accorder à leur sagacité morale, à leur discernement intellectuel ? Des hommes qui 30 débutent dans la carrière de la pensée par un renversement si complet de la vérité et de la raison, s'en ressentiront assurément dans le reste de leur caractère. Comment se défendre de comparer leur état misérable et contre nature à la sagesse et à l'amélioration qui résultent infailliblement du développement libre de leurs facultés. Tels que les victimes de Circé, s'ils ont 35 conservé leur intelligence, c'est pour sentir plus douloureusement leur dégradation. On les invite à l'étude, à la science, mais leurs travaux sont frappés d'une éternelle stérilité. On les présente à leurs contemporains comme les apôtres de la vérité, et l'institution politique, despote impassible 3 4 résultent ] résulterait L
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au milieu du progrès de la pensée et de la succession des siècles, leur trace f I04r" des bornes magiques, qu'aucun d'eux | n'oserait franchir. Tels sont les effets que la conformité religieuse produit sur le clergé même. Considérons son influence sur le peuple en général. On apprend au peuple à chercher des exemples de morale et d'instruction dans une corporation hypocrite, dont l'esprit a perdu son principal ressort et son activité première. S'il n'est pas aveuglé par le zèle religieux, il ne tarde pas à découvrir et à mépriser ses prétendus guides. Si la superstition le subjugue, il contracte l'habitude d'une crédulité stupide et d'une lâche humilité. C'est trahir la cause de la vertu, que de placer ses louanges dans la bouche de déclamateurs justement suspects : c'est armer contr'elle tous les sentimens d'une noble indépendance, que de supposer qu'il faut être une méprisable dupe pour rester soumis à ses loix. Croit-on que le spectacle de la fausseté dans une classe, dont l'existence devrait reposer sur une vénération méritée, puisse ne pas nuire au respect pour la franchise et pour la véracité ? Le peuple qui voit les prêtres propager des opinions vraies ou fausses, parcequ'ils sont payés pour les répandre, regardera-t-il la sincérité comme une qualité bien nécessaire ? La perte de f° I04v° cette délicatesse scrupuleuse, premier charme de la vertu, est | l'effet inévitable des institutions politiques, lorsque, sous le prétexte usé d'un soin paternel, elles portent sur des objets étrangers à leur jurisdiction, une main grossière et usurpatrice. Ces raisonnemens s'appliquent non seulement aux articles particuliers d'une croyance spéciale, mais à tous les établissemens ecclésiastiques. Partout où l'Etat consacrera des fonds annuels au soutien de la religion, ces fonds seront le partage des adhérens de quelque secte, et fourniront aux hommes des motifs pécuniaires de professer ses principes. Sans doute, s'il me convient de choisir un guide spirituel qui me dirige dans mes recherches, et à de certaines époques me rappelle mes devoirs, mon choix doit être parfaitement libre. Le prêtre qui doit sa mission à la confiance de ses paroissiens, possède vraisemblablement les qualités qu'ils desirent. Mais, pourquoi serais-je tenu de contribuer aux frais d'une institution, si je la crois inutile ? Le culte public est-il conforme à la raison ? La raison suffira pour le maintenir. Vient-il de Dieu ? nous l'offensons, en lui proposant l'alliance profane de l'autorité politique. Si cette autorité lui est nécessaire, c'est une preuve qu'il est contraire au jugement, étranger à l'opinion, dépourvu de la protection divine, l'ouvrage en un mot de l'art et de l'imposture.
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Chapitre 3.6 De la suppression des erreurs religieuses et politiques.
Les mêmes vues qui ont présidé à la formation des établissemens religieux, ont conduit à l'idée de la répression de l'hérésie. Tous les argumens qui peuvent justifier la protection de la vérité par la puissance politique, s'appliquent avec plus de force peut-être et plus d'étendue à l'extirpation des erreurs par cette même puissance. Toutefois cette partie du système que nous réfutons, a trouvé moins de sectateurs que l'autre. Les hommes tolèrent plus facilement l'abus des récompenses, que celui des peines. Il ne sera donc pas nécessaire de nous occuper d'une réfutation detaillée ; il suffira de parcourir brièvement les raisonnemens de nos adversaires. «L'importance de l'opinion, disent-ils, considérée d'une manière générale est incontestable. L'institution politique ne doit elle pas surveiller ce premier mobile de toutes les actions humaines ? Les opinions des hommes sont aussi variées que leur caractère et leur éducation. C'est au gouvernement d'empecher cette diversité de dégénérer en violence ouverte et en anarchie. Il n'existe aucune proposition, quelqu'absurde, immorale et fuf I05v° neste qu'elle puisse être, qui n'ait trouvé des adhérens. Peut on sans | danger, laisser un libre cours à tous les genres de délire, et permettre à tous les corrupteurs de la morale et de la justice de multiplier le nombre de leurs séides ? L'expérience a malheureusement prouvé que la force est impuissante contre les erreurs établies. Prévenons au moins les erreurs naissantes. Mettons un terme à leurs progrès. Les hommes aux soins desquels la sûreté publique est confiée, ne seraient ils pas inexcusables, s'ils connivaient à la dissémination d'opinions extravagantes et pernicieuses, qui sappent tous les fondemens de l'ordre et de la moralité ? De la simplicité dans les mœurs, de l'aversion pour toutes les subtilités frivoles ont toujours caractérisé les nations fortunées et vertueuses ; le gouvernement doit mettre tout en œuvre pour que ce bonheur ne soit pas troublé. C'est sous ce point de vue, que les amis de l'espèce humaine n'ont jamais contemplé sans horreur les progrès de la licence et de l'incrédulité. C'est sous ce point de vue que Caton l'ancien voyait avec désespoir transplanter à Rome la philosophie sophistique et verbeuse qui avait déjà corrompu la Grèce.» Etablissement du texte : 6/3-5/3, L f 399v°^08r°, P2 f° 105r°-l 10r°, G pp. 610-621. 18 immorale et funeste ] immorale, funeste L
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Ces raisonnemens font naître différentes réflexions. L'on peut dire, en premier lieu, que la vertu n'a nul besoin de l'appui dégradant de l'ignorance, | que les lumières ne produisent point la corruption, que la petitesse des vues de Caton contribuait à sa douleur, au moins autant que son patriotisme. Il en est du philosophe qui soumet tout à son examen, comme d'un artiste qui démonte une machine fautive pour lui donner un plus haut degré de perfection. En contemplant des monceaux de ressorts et de roues, confusément accumulés, le spectateur ignorant et timide n'attendrait d'autre résultat de cette desorganisation passagère, qu'une destruction complette : ce serait toutefois une grande erreur. Les déviations même de l'esprit sont nécessaires à ses progrès. Les rêves de Ptolémée précédèrent les découvertes de Newton. Le résultat de nos égaremens ne peut manquer d'être favorable à la vérité ; ou l'esprit humain changerait de nature. L'homme s'éclairera-t-il sur tous les objets et non sur lui même ? s'éclairera-t-il sur lui même, sans concevoir des idées plus justes de la conduite que son intérêt lui recommande ? et la connaissance de cette conduite ne l'engagera-t-elle pas à la pratiquer ? Comment s'abstiendra-t-il d'une action vertueuse, s'il s'apperçoit qu'elle est favorable à son bonheur, qu'elle tend au bien général, que l'exécution en sera délicieuse, que le souvenir en sera doux, qu'elle est conforme à la raison, à la justice, à la nature des choses ? | au milieu de mille erreurs multiformes, toutes les religions, pour supposer les Dieux parfaits, les représentent comme plus sages, et prennent pour baze de leur système, que l'étendue des lumières ne conduit point aux passions haineuses et tyranniques, mais à la bienveillance et à l'équité. 2° C'est une erreur de croire que des différences spéculatives tendent à troubler la tranquillité publique ; elles ne deviennent dangereuses, que lorsqu'elles s'arment de l'autorité du gouvernement, forment des partis dans l'Etat, et luttent pour l'ascendant politique, trop souvent exercé pour ou contre quelque croyance particulière. Que le pouvoir sache être neutre, les sectes les plus discordantes vivront paisiblement ensemble. Les moyens mêmes qu'on a employés pour maintenir l'ordre, ont été les causes uniques des dissentions. Lorsque le gouvernement repousse toutes les loix oppressives, la controverse trouve son niveau, les partis en appellent aux raisonnemens, à l'évidence, privés qu'ils sont du glaive et du bûcher. Mais dès que le gouvernement s'avilit jusqu'à porter les livrées d'une secte, la guerre religieuse commence, le sang coule, et le monde est flétri de forfaits inexpiables. 3° Quelques réflexions sur la nature des peines nous feront sentir mieux encore, combien sont injustes celles qui portent sur les opinions. Les peines 22 parfaits ] plus parfaits L
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sont un moyen de contrainte dont la fréquence est déplorable, et que la nécessité urgente peut seule justifier. L'on admet l'existence de cette nécessité, lorsqu'un homme a prouvé par des actions coupables la perversité de son caractère, et lorsque le crime dont on redoute la répétition, est de nature à être commis, avant qu'on puisse s'en garantir. Mais des opinions fausses, des raisonnemens absurdes, n'entrainent nullement cette nécessité. Un homme entreprend-il de répandre une imposture ? L'exposition de la vérité suffira pour le confondre. S'efforce-t-il de nous égarer par des subtilités ? faites briller la raison, nous verrons disparaître les phantômes évoqués par le sophisme. La force n'est admissible que contre la force. Des violences matérielles appellent une répression du même genre. Des propositions erronnées, des conclusions insidieuses sont des attaques intellectuelles : il faut les repousser par des moyens intellectuels. Nous ne serions pas des êtres doués d'intelligence et de réflexion, s'il fallait contre l'erreur d'autres armes que la vérité. P I07v° Contemplez d'ailleurs le résultat des loix pénales contre | l'hérésie ? Le but de ces loix est d'empecher les individus d'adopter certaines opinions, ou, pour parler plus clairement, de penser d'une certaine manière. Quoi de plus absurde que de prétendre enchainer la pensée d'un autre, tandis que souvent notre propre pensée se dérobe aux entraves que nous voudrions lui imposer. Les prohibitions et les menaces rendent la curiosité plus ardente ; on me défend de douter de l'existence de Dieu, des miracles de Moïse et de Jésus Christ, des dogmes de l'église catholique ; on m'ordonne d'adopter aveuglément toutes les opinions religieuses et politiques, que mes ancêtres regardaient comme sacrées. Mais quels moyens a-t-on pour me forcer à l'obéissance intérieure ? Aucune des rigueurs que l'on exerce n'atteindra mon opinion silencieuse. C'est tout au plus la démonstration que l'on parvient à comprimer. Aussi l'on ne peut, au milieu de l'indignation que la tyrannie excite, s'empêcher de sourire, lorsqu'on nous permet l'indépendance de la pensée, pourvu que nous renoncions à l'exprimer. Despotes imbécilles, eh, comment puniriez-vous des opinions qui vous sont cachées ! Reprennez l'indulgence illusoire que vous nous offrez insolemment, et n'appeliez pas modération les bornes de fer que le sort a mises à votre exécrable pouvoir. f I08r° D'autres bornes encore lui sont tracées par la nature des hommes. Par quel bouleversement de tous les principes, déterminerez vous tous les membres qui composent une nation à devenir des délateurs ? Persuaderez vous à mon ami le plus intime, à qui je confie toutes mes pensées, d'aller en me quittant, me dénoncer à vos ministres ? le résultat de vos efforts sera d'éta31 eh ] et, L
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blir une lutte perpétuelle entre les gouvernans et les gouvernés. Les uns chercheront au prix des moyens les plus honteux à pénétrer dans les transactions les plus secrettes, les autres adopteront la dissimulation la plus profonde, et par là même la plus corruptrice, pour déjouer l'illégale surveillance de l'autorité. Supposons néammoins l'exécution stricte de vos me- s sures, supposons (ce qui malheureusement n'est que trop vrai) que, sans réussir en totalité, elles atteignent leur but en partie, qu'elles n'empêchent pas les idées de naître, mais de se répandre ; n'oublions pas que tout votre système est fondé sur le désir d'améliorer l'espèce humaine, ou de prévenir au moins sa dégradation, et jugeons par les faits du succès de vos moyens. 10 Comparons les peuples qui pensent, parlent et agissent par eux mêmes, et qu'aucune considération factice ne détourne de ce qui leur parait juste ou vrai, comparons les, disons-nous, avec ces troupeaux d'esclaves, qu'éffarouche la parole, et qu'épouvante la pensée même, O déshonorant spectacle d'une deplorable timidité ! | des hommes dont 15 l'ame est brisée, conservent-ils quelque valeur ? Cette servitude, la plus abjecte des servitudes, serait elle l'état naturel, ou l'état perfectionné des êtres intelligens ? Dumoins, pour accorder au gouvernement le droit de sévir contre l'opinion qui leur parait fausse, il faudrait qu'ils eussent reçu de la destinée la 20 connaissance exclusive et infaillible de la vérité, quel lâche courtisan leur attribuera ce privilège ? Nous avons prouvé que les cabinets des princes et les conseils des nations sont plus exposés à se tromper, que le spéculateur solitaire : mais sans calculer les chances d'erreur, il suffit qu'elles existent pour renverser tout cet échaffaudage de persécution injuste, ou de protection 25 illusoire. Que dirons nous d'ailleurs, lorsque nous verrons dans les gouvernemens la même différence d'opinion, que parmi les hommes ? à quel système politique ou religieux l'autorité nationale n'a-t-elle pas prêté son appui ? Reconnaître sa jurisdiction sur la pensée, c'est lui donner le droit, non d'établir certaines opinions, mais de les établir toutes tour à tour. L'autorité 30 positive s'est consacrée successivement au maintien du Paganisme, du Christianisme, des religions de Mahomet, de Zoroastre, | de Confucius, de l'Aristocratie et de la Monarchie, sous toutes les formes ; toutes ces institutions étaient elles donc également bonnes ? Si l'une était meilleure, de quel droit l'autorité positive cherchait elle à perpétuer les autres ? Le change- 35 ment serait-il la plus funeste des calamités humaines ? Devons nous renoncer sans retour à tout espoir d'amélioration ? De toutes les révolutions des gouvernemens, de toutes les réformes des religions, aucune n'a-t-elle produit plus d'avantages que d'inconvéniens ? Tout ce qu'on peut dire en fa19 au gouvernemen ] aux Gouvernemens L
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veur de l'autorité exercée sur l'opinion, nous conduit toujours à ce monstrueux principe, que la connaissance de la vérité et la pratique de la justice sont des choses indifférentes au bonheur du genre humain. La censure politique est exposée aux mêmes objections que la censure religieuse. De quelle nature sont donc ces constitutions qui ne doivent jamais être examinées, et dont il n'est permis de parler qu'avec éloge ? L'intérêt de la société peut-il être de proscrire toute recherche tendante à l'améliorer, et de tolérer tout au plus que l'on pallie les maux de la circonstance, sans jamais rechercher si le principe de ces maux n'est pas dans l'institution ? Certes, quoiqu'on en dise, c'est une prévention sinistre contre un système, lorsqu'il se dérobe aux regards, et l'on peut en conclure qu'il a quelque partie essentiellement vicieuse, que l'on craint de mettre au grand jour, p I09v° Mais les démagogues, les déclamateurs ne conduiront ils pas au bouleversement de l'ordre, n'entraineront ils pas les calamités les plus affreuses ? Quel système introduiront-ils ? La monarchie et l'aristocratie sont les calamités qui ont pesé le plus long tems et le plus douloureusement sur l'espèce humaine. Ces démagogues persuaderont-ils à leurs auditeurs de créer une dynastie nouvelle de tyrans héréditaires ? Leur persuaderont-ils de tirer de leur sein une caste féodale, qui les tienne dans le plus abject asservissement ? quelle que soit leur éloquence, elle ne réussira pas dans une pareille entreprise. La déclamation ne soulève et ne bouleverse les opinions politiques, que lorsqu'elle a pour baze une grande vérité. Si néammoins le peuple sortait des bornes de la modération, ce serait un grand mal sans doute, et bien qu'il fut moins grand de beaucoup que celui qui résulte tous les jours du despotisme, nous serions loin de l'excuser. Mais la faute en serait au gouvernement. Qu'il soit doux, équitable, perfectible. Des argumens ne suffiront pas pour précipiter le peuple dans des excès. S'il n'y est pas disposé d'avance par le souvenir de la tyrannie passée, ou plus encore par la crainte de la tyrannie future, les excès ne sont jamais le produit des P 110r° raisonnemens | bons ou mauvais. Un exposé faux ou vrai ne suffira jamais pour égarer la multitude. Elle s'irrite, elle s'emporte, parcequ'elle se sent arbitrairement comprimée par la puissance qui veut étouffer la voix de la justice et de la raison.
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La plupart de nos raisonnemens sur les loix destinées à punir les opinions, sont applicables aux Tests, ou sermens religieux et politiques. Si tout ce qui tend à décourager l'activité de l'esprit ou à revetir d'autorité une opinion plutôt qu'une autre, est évidemment injuste, et contraire au bien général, les dégrés qu'on veut établir entre des injustices de même genre, et les distinctions qu'on veut faire entre la séduction des récompenses et la terreur des menaces, ne méritent pas notre attention. La nature des Tests religieux ayant été suffisamment approfondie, dans l'avant-dernier chapitre, examinons les Tests politiques qui sont approuvés par un assez grand nombre d'hommes éclairés. «Si nous n'avons, disent ils, ni serment fédératif, ni serment d'être fidèles à la nation, à la lois, à la République, nous ne pourrons distinguer les amis et les ennemis de la liberté.» Il est impossible, assurément, d'inventer un moyen plus injuste à la fois et plus illusoire qu'un serment | fédératif. En exigeant un pareil serment, la législature dit à un parti : «vous êtes, nous le savons, nos amis sincères ; tout serment, relativement à vous est complettement inutile. Prêtez le néammoins, pour couvrir les vues qui nous engagent à l'exiger de ceux dont les dispositions ne sont pas aussi rassurantes que les vôtres.» Elle dit à l'autre parti : «nous vous supposons violemment d'être les ennemis de la cause que nous défendons ce soupçon est fondé ou il ne l'est pas ; s'il n'est pas fondé, nous avons tort, sans doute, de vous imposer une épreuve superflue et insultante ; s'il est fondé vous serez intègres et véridiques, ou vous serez de vils imposteurs. Si vous êtes véridiques et intègres, nous vous chasserons avec indignation de votre patrie ; si vous êtes de vils imposteurs, vous resterez parmi nous, et nous vous traiterons comme nos meilleurs amis.»
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° Test en anglais veut dire épreuve. L'on appelle ainsi les sermens auxquels on soumet quelques fonctionnaires publics, parceque ces sermens sont en effet une espèce d'épreuve 30 de leurs opinions.
Etablissement du texte : 6/4-5/4, L f° 409r"M15v°, P2 P 110v°-l 14r°, G pp. 622-630. 22 supposons ] soupçonnons L
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Il est vrai que, pour combler la mesure de l'absurdité, cette dernière promesse n'est pas de nature à être observée. Le devoir et la raison nous invitent à surveiller l'homme que nous soupçonnons, même après le serment que nous l'avons forcé de prêter. Or les précautions que nous employons contre sa duplicité, auraient suffi contre sa malveillance, sans l'inutile formalité du serment, pour découvrir si tel homme mérite notre confiance, le meilleur est-il donc de le lui demander à lui même ? Si sa haine est tellement dangereuse, que nous ne puissions le tolérer libre au milieu de nous, ne la décélera-t-il pas par sa conduite ? pourquoi nous avilir jusqu'à le solliciter au mensonge ? S'il est tellement versé dans l'hypocrif ° n i v ° sie, que notre vigilance ne puisse le | démasquer, reculera-t-il devant le paijure ? Ne trouverait on pas absurde d'exiger d'un individu, soupçonné de meurtre, qu'il fit serment de son innocence ? Il faut néammoins démontrer, que cette législation serait raisonnable, ou convenir que le Test ne l'est pas ; car le Test, soit qu'il ait pour objet l'exclusion de certains emplois, ou quelqu'autre but plus sévère, participe toujours de la nature du châtiment. C'est traiter un individu comme un membre pervers de la société, c'est le distinguer d'une manière défavorable de ses compatriotes, c'est lui supposer certaines qualités, ou certaines intentions contraires au bien général. Or il est insensé de considérer à la fois un homme comme assez pervers pour le marquer d'une tâche particulière et flétrissante, et comme assez délicat pour espérer qu'il ne se derobera pas à cette tâche par le mensonge. Ces raisonnemens étant particulièrement applicables à un peuple en révolution, comme les français, il ne sera peut-être pas déplacé de puiser dans leur révolution même, un exemple des inconvéniens des Tests, et des sermens de fidélité. En 1791, l'on fit jurer à tous les habitans de la France, qu'ils seraient fidèles à la nation, à la loi et au Roi. Une année après f 1121" l'établissement de leur constitution nouvelle, ils ont par un second serment, abjuré pour jamais la Royauté. Quelle influence une pareille versatilité, dans des sermens solemnels, doit-elle produire sur la moralité de ceux qui les prononcent ? Cette observation conduit naturellement de l'examen des prétendus avantages des Tests religieux ou politiques, à celui de leurs désavantages réels. Je mets au premier rang l'impossibilité de rédiger une formule qui satisfasse l'opinion de tous ceux que l'on oblige de l'adopter, et qui ne soit susceptible d'aucune objection raisonnable. Lorsqu'on révoqua la loi qui obligeait les dissenters à signer, sous de certaines réserves, la profession de foi de l'église établie, l'on s'efforça de trouver un test, dont la rédaction fut irréprochable, et l'on adopta définitivement celui ci. Je jure que les livres de 9 conduite ? pourquoi ] corr. de conduite, sans nous L
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l'ancien et du nouveau testament contiennent une révélation divine. L'on supposa que nul chrétien ne pouvait refuser cette déclaration. Mais un chrétien ne peut-il douter de l'autorité canonique des éclogues amoureuses de Salomon, ou de tels autres livres contenus dans un recueil, formé originairement de la manière la plus arbitraire ? L'on répond à cela, qu'il peut prêter le serment requis, pourvu qu'il croye que l'ancien et le nouveau testament contiennent une révélation divine, lors même qu'il les soupçonnerait de renfermer quelque chose de plus. Mais dans ce sens je pourrais P li2v° faire la même déclaration, quand on aurait | inséré dans ce recueil 1'Alcorán, le Talmud, et tous les livres sacrés des Indoux. Quelle influence morale attendre de ces équivoques préméditées dans les engagemens les plus solemnels ? Examinons sous le même point de vue, le serment fédératif des français. Je jure d'être fidèle à la nation, à la loi, et au Roi. La fidélité à trois interets distincts qui peuvent être souvent opposés, parait, au premier coup d'œuil, une promesse téméraire. Nous avons discuté précédemment et condamné le serment de fidélité fait au Roi. Celui de fidélité à la loi est d'une nature si compliquée, qu'il doit remplir de terreur tout esprit capable de réfléchir. Un système de loix, rédigé par des hommes, ne peut être parfait. Des fautes légères ne dispensent pas de la soumission, mais il peut s'introduire un tel dégré d'injustice, qui me fasse un devoir de combattre une loi de tous mes moyens, excepté la force ouverte. N'est-il pas absurde de me faire jurer d'être fidèle à ce dont je puis être obligé de solliciter la révocation ? Le serment de fidélité à la nation n'est guères moins équivoque. J'ai un engagement primitif en faveur de la justice et du bonheur de la race humaine. Si la nation, dont je fais partie, entreprend ce qui est f i I3r° injuste, ma fidélité, dans cette entreprise deviendrait un crime. Si ce | qu'elle entreprend est juste, je dois concourir à son succès, non par prédilection pour mon pays, mais par zèle pour l'équité qui l'exige. Ajoutons à ces raisonnemens ce que nous avons établi en traitant de l'obéissance, et nous aurons suffisamment démontré que tous les Tests qu'on exige, sont autant d'usurpations. Le gouvernement n'a, dans aucun cas, le droit de donner arbitrairement des ordres. Lorsqu'il ordonne de prêter un serment, il excède ses pouvoirs. Ses fonctions légitimes se réduisent, d'une part, à diriger les moyens de contrainte, qui lui sont confiés, contre ceux qui troublent par leurs actions la tranquillité publique, de l'autre, à faire rentrer dans le trésor national les impositions nécessaires aux dépenses nationales. Dira-t-on pour justifier le serment fédératif des Français, comme les sermens religieux dont nous venons de parler, qu'ils sont susceptibles de quelque latitude d'interprétations. En jurant d'être fidèle à la loi, je déclare seulement que j'en approuve certaines parties. En jurant d'être fidèle à la nation, à la loi et au Roi, je ne puis avoir en vue que les circonstances qui
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permettront à ces autorités d'être d'accord entr'elles, et de travailler au bien général : c'est à dire, que par cette interprétation équivoque, je jure simplement qu'il est de mon devoir de faire tout ce qui me parait juste. Quelle P 113v° prostitution du langage, | et qui contemplerait sans effroi ces leçons perpétuelles de duplicité qu'on donne publiquement aux hommes ! si au contraire, et cette supposition seule représente le serment comme un moyen efficace et raisonnable, il existe dans la société des individus assez ignorans et assez crédules pour se persuader qu'un serment change la nature du devoir, ces hommes auront horreur de quiconque voudra leur prouver que leur fidélité pour le Roi, s'il est parjure, pour la loi, si elle est injuste, pour la nation, si elle est égarée, doit subir quelque restriction. Ils le considéreront comme un sacrilège. Les moins aveuglés lui répondront, que ses leçons viennent trop tard, et que l'écouter est un crime. Les plus éclairés contempleront avec envie l'homme qui peut examiner sans terreur les opinions de toute espèce, se livrer à ses réflexions et suivre librement la chaine des résultats. Pour eux, ils ont promis de ne plus penser durant le reste de leur vie. Quelle entrave à la vigueur des idées, quelle destruction de l'élasticité de l'esprit. Aussi long tems que nous conserverons ce misérable système des Tests qui confond dans l'ame des hommes toutes les notices du juste et de l'injuste, nous espérons vainement retirer quelques fruits de l'abolition de la monarchie et de l'aristocratie. La véracité n'est pas moins nécessaire P l I4r° que l'égalité, au bien être de l'espèce humaine. Un gouvernement qui provoque sans cesse les restrictions mentales, les subtilités et l'hypocrisie, n'est pas moins éloigné de la raison, qu'un gouvernement de castes et de distinctions héréditaires. Si les institutions positives ne ramenaient perpétuellement les hommes à la dissimulation et à l'imposture, ils deviendraient bientôt sincères et véridiques, sans déguisemens dans leurs discours, sans réserve dans leurs manières. Cette tendance est dans leur nature, et le langage ne peut exprimer les innombrables avantages, qui résulteraient de la pratique universelle d'une sincérité sans mélange.
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Chapitre 5.e Des sermens en général.
Les argumens qui prouvent l'injustice des Tests, s'appliquent à tous les sermens requis pour occuper des emplois publics. Si l'on me confiait un emploi sans m'imposer un serment, quel serait mon devoir? Le serment qu'on exige, en change-t-il la nature ? Si mon devoir reste le même, le serment qu'on me demande est illusoire ; mais ce n'est pas son seul danger. Il tend à confondre nos idées morales, il implique qu'un engagement direct peut créer un devoir nouveau, peut ajouter à la sainteté de la justice, ou la balancer, s'il se trouvait contraire à ce qu'elle ordonne. Quels motifs d'ailleurs peuvent faire espérer que je remplirai fidelement mes fonctions ? La connaissance de ma conduite passée, sans doute, et non des protestations arrachées à mon ambition ou à ma faiblesse. Si je suis irréprochable, pourquoi me témoigner une défiance insultante ? si je suis justement suspect, pourquoi mettre entre mes mains, des interets que je puis trahir ? Les nations de l'Europe moderne, et particulièrement les Anglais, ont f il5r° prostitué les sermens d'une manière honteuse | et absurde. C'est un moyen du gouvernement pour se dispenser de la surveillance, qui est son devoir, en faisant de chaque homme sa propre caution, ce qui implique contradiction dans les termes. C'est un expédient des législateurs pour masquer l'insuffisance et la folie de leurs loix, en extorquant aux individus la promesse de faire ce qu'ils n'ont su, ni concilier avec l'intérêt personnel, ni même soutenir par la force publique. Parmi les fonctionnaires, il en est qui s'engagent, non seulement pour eux, mais pour leurs subordonés ; d'autres promettent une inspection au dessus des facultés physiques de l'homme ; d'autres encore contractent des obligations qu'ils ne se proposent point de remplir, et qu'on n'a nullement l'intention d'exiger d'eux. Enfin pourra-t-on croire, dans un autre siècle, que tous les négocians d'Angleterre, dont les marchandises sont assujetties aux droits d'accise, sont invités au parjure par les loix qui leur imposent des serments, dont l'infraction publique est préalablement convenue ? Il nous reste à considérer une espèce de sermens que justifient des hommes suffisamment éclairés, pour rejetter tous les autres. Ce sont les sermens exigés de témoins qui déposent en justice. Nous convenons qu'ils ne sont Etablissement du texte : 6/5-5/5, L f°416r°-420v°, P2 f> 114v°-117r°, G pp. 631-636.
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point exposés à la plupart des objections qui militent contre ceux de fidélité ou d'installation dans les emplois. Il n'est point question de consentir à une f il5v° proposition peut-être | douteuse, et qui n'a pour elle que l'autorité du gouvernement. Il ne s'agit que de corroborer la vérité d'une déclaration librement émise, contenant des faits connus par le déclarant, et rédigée dans les 5 expressions qu'il a choisies. Il ne s'engage point pour l'avenir : il ne renonce point à l'acquisition de lumières nouvelles. Il jure simplement d'être sincère dans son récit des choses passées. Ces considérations adoucissent le mal, mais ne changent point sa nature. Tous les hommes, dont l'ame a quelqu'énergie, regardent comme un ou- 10 trage l'obligation du serment. La constitution d'Angleterre reconnaît indirectement l'évidence de ce principe, et, tandis qu'elle impose le serment au commun des hommes, elle n'exige de la caste nobiliaire qu'une déclaration d'honneur. Peut-on concevoir une distinction plus insolente ? Les sermens faits en justice sont une des pratiques les plus propres à démoraliser les 15 hommes. C'est dire au déposant : «vous ne méritez pas qu'on vous en croye sur votre parole.» Et peu d'hommes sont assez fermes pour se préserver purs et estimables, lorsque dans les occasions les plus solemnelles, ils ont contracté l'habitude d'être traités avec mépris. Les hommes irréfléchis considèrent les sermens comme une sorte d'indulgence plenière, pour les 20 p 116r° mensonges occasionnels, | dans les relations communes où le serment n'est pas exigé. Cet usage est une des causes les plus puissantes de prévarication et d'imposture. La véracité parait une chose indifférente dans les affaires ordinaires de la vie. La loi regarde comme démontré, qu'aucun homme, ou dumoins aucun roturier, ne mérite d'être cru sur sa simple affirmation. Or 25 les suppositions légales de cette espèce, lors même qu'elles sont erronées dans l'origine, tendent à se vérifier par l'effet même qu'elles produisent. Ajoutez à ces considérations l'inconvénient inséparable de tous les abus de l'institution politique, le renversement des principes éternels de la morale. Pourquoi suis-je obligé d'être particulièrement exact dans mes déclarations 30 juridiques ? Parceque ma déposition peut mettre en danger la fortune, la réputation, la vie d'un de mes semblables. Tous ces motifs primitifs et purs sont mis de coté par une invention purement factice. Ce n'est plus par délicatesse, par justice, par philantropie, par humanité, que la vérité nous semble un devoir ; c'est parceque l'institution politique nous ordonne de la 35 dire sous serment. Si par hazard, l'on oubliait d'exiger ce serment de nous, le devoir nous paraîtrait beaucoup moins obligatoire. Tout ce qui tend à resserrer les liens de la morale par des considérations étrangères et artificielles, n'a jamais à la longue, d'autre effet que de les relâcher et de les détruire. Les hommes n'agiront avec cette justice libérale et cette intégrité 40 fii6v° conscientieuse qui fait leur plus bel ornement, que lorsqu'ils | seront pé-
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nétrés de ce que le nom d'homme leur impose. Celui dont un serment vient flétrir les lèvres devient insensible aux charmes d'une véracité simple et naturelle. Si nos institutions politiques avaient consacré à la découverte des moyens d'encourager la vertu, la moitié des talens qu'ils ont déployés pour dépraver l'espèce humaine, ils auraient fait de ce monde un paradis, au lieu d'une scène de désordres et de malheurs. Laissons maintenant les principes généraux, et considérons les formules des sermens et le sens littéral des expressions qu'ils contiennent. Ils adoptent comme une théorie démontrée l'existence d'un maitre invisible de ce monde, et la convenance de le faire intervenir dans les relations des hommes. Ils vont même plus loin : ils consacrent le système religieux de l'état, quel qu'il puisse être ; ils placent en conséquence dans une situation forcée le philosophe qui doute de l'une ou de l'autre de ces deux propositions. Direz-vous que sa conviction profonde est une considération triviale qu'il doit mépriser pour vous obéir ? Des imprécations, d'ailleurs, est-ce là le langage que nous devons adresser au Ciel ? Nous demandons à Dieu son éternelle vengeance, si nous proférons un mensonge. L'inventeur d'une pareille formule traitait bien légèrement l'Etre suprême, si notre devoir est f i I7r° de lui | demander indulgence et miséricorde, c'est une profanation impie et gratuite que de provoquer conditionnellement son ressentiment et sa vengeance.
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Chap.e 6 . e Des libelles.
En recherchant quelle est la jurisdiction de l'autorité sur l'opinion, tant religieuse que politique, nous avons anticipé sur l'examen que nous commençons, relativem.' aux loix contre les libelles, si les argumens que nous avons allégués sont justes, il s'ensuivra que l'équité condamne tout châtiment infligé pour des écrits ou des expressions, contraires au système établi de gouvernement ou de religion. Il est impossible de faire à ce sujet aucune distinction solide. Il est impossible de prescrire le mode d'après lequel les questions publiques doivent être discutées. Lorsque je suis pénétré de la grandeur de mon sujet, comment rejetter l'éloquence ? Lorsque la théorie que je combats me parait absurde, comment exiger que je me rèfuse à la couvrir de ridicule ? Mieux vaudrait m'interdire totalement une discussion, que me circonscrire dans mes moyens de la traiter utilement. Quelle est donc cette espèce d'indulgence illusoire et tyrannique, qui me permet d'attaquer les systèmes établis, f 118r° sous la condition expresse que mes attaques seront sans | force et sans chaleur ? Examinez, me dit on, réfléchissez librement, mais en communiquant le résultat de vos réflexions, gardez vous de rien dire, qui puisse persuader ou convaincre vos lecteurs. Toutes ces restrictions, toutes ces règles sont des instrumens d'usurpation perpétuelle pour le parti dominant. Au gré de ce parti, l'auteur énergique est un incendiaire ; L'auteur calme et attaché aux principes, un sophiste dangereux ; Le censeur piquant et sévère un libelliste insolent. Certes l'espèce humaine serait dans une situation déplorable, si l'appui du nombre et la protection des grands ne donnait pas à la vérité la force suffisante pour combattre l'erreur à armes égales. Ce qui peut supporter l'épreuve de l'examen n'a pas besoin du secours des loix pénales, lorsque les sophistes auront épuisé leurs subtilités et leur éloquence, La vérité dans un style clair, nerveux et simple réfutera tous leurs artifices. Eloignez seulement l'entremise étrangère de l'autorité, ne dites pas : nous sommes trop paresseux pour raisonner : nous aimons mieux ordonner le silence. Songez qu'aussi long tems que les ennemis de la vérité se borneront aux écrits, vous n'aurez nul motif d'allarme, et que le premier acte qu'ils se permettront vous autorise à les réprimer.
Etablissement du texte : 6/6-5/6, L f° 421r°-430v°, P2 P 117v°-122v°, G pp. 637-651.
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Il existe toutefois un genre de libelles qui demande une attention plus f ll8v° particulière. Un libelle peut ne pas se | borner à des objections abstraites contre le gouvernement ou la religion : il peut même n'avoir ni la religion, ni le gouvernement en vue. son objet peut être de provoquer des rassemblemens, et d'exciter des violences. Dans le cas bien démontré où l'on prépare évidemment une sédition, la société a droit d'employer sa force légale, soit en prévenant tout rassemblement tumultueux, soit en intentant une accusation contre les perturbateurs de la paix publique. Il faut néammoins éviter les interprétations arbitraires. Un libelle dont l'intention avouée est de pousser le peuple à la violence immédiate, est, sans doute, fort différent d'un ouvrage où l'on examine avec liberté les vices d'une institution quelconque, et ces deux sortes d'écrits doivent être soumis à des règles différentes. Mais si nous n'y prenons garde, tout auteur qui doutera de la légitimité du gouvernement, de la sagesse de ses mesures, de la vérité du culte établi, sera considéré comme un libelliste. Car une démonstration claire et calme de l'injustice d'une institution, tend aussi directement à la détruire, que l'insurrection la plus positive. P 119r° Il ne faut pas non plus perdre de vue qu'en | autorisant la société à employer contre les insurrections la force légale, nous supposons toujours que ces insurrections sont un plus grand mal, que les institutions qu'elles ont pour but de détruire. L'on ne saurait répéter trop souvent que la société n'a jamais le droit de punir une action intrinsèquement légitime, et qu'il en est des gouvememens comme des individus qui suivent leurs notions de justice, aux risques de se tromper, d'être injustes et par conséquent coupables.
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Indépendamment des écrits contre les institutions, la loi connaît encore les libelles contre la vie domestique des particuliers. Presque tous les hommes qui conviennent avec nous, que les ouvrages politiques doivent jouir d'une liberté illimitée, permettent les menaces et les chatimens destinés à comprimer la calomnie individuelle. Le reste de ce chapitre aura pour objet 30 de leur prouver que cette distinction n'est pas fondée. Avouons d'abord que leurs raisonnemens sont spécieux et doivent être populaires. «De toutes les propriétés, l'honneur est la plus précieuse ; ma fortune ne m'appartient que par une suite des conventions sociales ; la valeur que j ' y attache est arbitraire et variable ; pour peu que j'aye quelque 35 sagesse et quelqu'énergie, celui qui m'enlève mes richesses, me fait peu de f° H9v° mal ; | mais celui qui flétrit ma réputation est un ennemi bien plus formidable. C'est un malheur affreux que d'être considéré par ses compatriotes comme un homme sans moralité et sans principes. Lors même que le mal ne tomberait que sur moi, je ne pourrais le supporter avec indifférence. Il 40 faudrait être dénué de tout sentiment de justice pour se voir sans douleur
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l'objet du mépris universel. Il faudrait cesser d'être un homme pour n'être point sensible à la calomnie qui brise nos liens les plus chers et nous laisse peut-être sans un ami qui daigne nous plaindre. Mais ce n'est pas tout ; celui qui m'enlève ma réputation détruit du même coup mon utilité sociale, si mes intentions sont toujours mal interprétées, c'est en vain que je consacre mes talens au bonheur de mes semblables, l'on n'écoute point celui qu'on méprise. Il est détesté durant sa vie, et couvert d'opprobre à sa mort. Quelle lâche indulgence voudra dérober au châtiment le plus exemplaire un crime plus atroce que le vol, ou peut-être que le meurtre.» Notre réponse à cette objection se divise en deux branches. Nous prouverons en premier lieu, qu'il est nécessaire que la vérité soit publiée. Nous démontrerons secondement qu'il est nécessaire d'encourager par tous les f I20r° moyens la sincérité et la | franchise. 1° Il est nécessaire que la vérité soit connue. Si l'on permet à la partialité de jetter un voile officieux sur les erreurs de l'espèce humaine, qui ne sent que le vice seul et non la vertu, doit y gagner ? Aucune terreur ne frappe le vice, comme le danger d'être traduit au grand jour ; aucune récompense ne soutient et n'enflamme la vertu comme l'espoir de la louange et de l'admiration générale. Si la libre discussion des sciences abstraites est d'une haute importance pour le perfectionnement de l'intelligence, le libre examen des caractères individuels n'est pas moins nécessaire à l'amélioration des mœurs. Si la vérité partout était toujours proclamée sur les actions et sur les intentions de chacun, les échaffauds pourraient disparaitre de la surface du globe : le scélérat démasqué se croit forcé d'être honnête par interet personnel : un homme n'aurait pas même le tems de devenir un scélérat. La vérité dévoilant ses premiers écarts, arrêterait sa marche encore incertaine, et l'opinion le retiendrait dès l'entrée de sa vicieuse carrière. Que d'hommes qui passent maintenant pour vertueux, et reculent devant F I20v° l'évidence de ce principe ! On | les exposerait dans toute leur faiblesse et leur imbécillité ; mais cette imbécillité, cette faiblesse mêmes n'existeraient plus : car elles ne prennent leur source que dans le secret corrupteur, dont les mœurs nationales et les institutions politiques couvrent aujourd'hui les actions particulières. L'espoir du mystère nous dispense de marcher d'un pas ferme, et de prendre une couleur décidée. Quelle ne serait pas l'énergie de l'homme sur d'être toujours observé, d'être toujours jugé avec discernement, traité toujours avec justice ! La timidité, l'incertitude donneraient une telle prise, que la prudence même tendrait à nous en corriger.
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Le moyen de parvenir à la connaissance des vérités individuelles est le même que celui d'arriver aux vérités générales. C'est le choix des récits opposés qui fait jaillir la lumière. Lorsque l'esprit humain s'occupe long tems d'un sujet quelconque, il finit toujours par en juger sainement. Les libelles trompent aujourd'hui les hommes, non qu'ils ayent une puissance intrinsèque, mais parceque des loix pénales sont destinées à les réprimer. L'homme qui sort d'un cachot, ne peut soutenir l'éclat du jour, ni distinguer les couleurs ; telle est la situation du genre humain. Son jugement f° I2lr° est faible, | parcequ'il s'en est long tems interdit l'usage. La fable la plus absurde fait une impression profonde parcequ'elle se raconte avec mystère, et que l'expérience ne vous a point encore éclairés sur les probabilités des actions humaines. Sans doute, les premiers momens de la liberté illimitée de la presse jetteraient dans le monde une inondation de calomnies. Mais l'effet en serait détruit par leur multiplicité même. Tous les hommes étant accusés, la persécution générale ne pourrait jamais être dirigée contre un seul en particulier. Bientôt le public s'éclairerait par l'étude des accusations et des caractères, et les signes intrinsèques de l'imposture seraient distingués et reconnus. Les libelles, délivrés de la surveillance malfaisante de l'autorité seraient, comme tant d'autres choses, bientôt réduits à leur juste valeur. L'inventeur et l'organe d'une calomnie trouveraient leur châtiment mérité, l'un dans la haine qu'excite la perversité intentionnelle, l'autre dans le mépris qu'entraine la stupide crédulité. Les écrits anonymes n'auraient aucun poids. S'ils attirent aujourd'hui notre attention, c'est que l'institution politique attache du péril à la publication de la vérité et nous fournit des motifs honorables de nous dérober à ses poursuites. P I2lv° Puisqu'il est nécessaire que la vérité même individuelle | soit repandue, il faut par tous les moyens encourager les hommes à la répandre. Les loix pénales contre les libellistes établissent, au contraire, une lutte entre la sincérité des individus, et la volonté prétendue de la société. L'institution politique, en soumettant à sa jurisdiction la morale elle même, la rend un sujet de doute et d'incertitude. Des symptômes contradictoires nous pressent, nous froissent, nous rendent insoucians de la justice, et apathiques pour la vertu. Les loix contre les libelles sont, de toutes les mauvaises loix, celles qui pèsent le plus constamment sur le jugement individuel. Elles usurpent le droit de nous diriger dans nos devoirs de chaque jour, de chaque heure, et nous offrant sans cesse la perspective du châtiment, elles brisent tous les ressorts de notre ame et dénaturent tous les sentimens de notre cœur. 2 9 libellistes ] libelles L
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Porter atteinte à l'intégrité de la parole est dans un gouvernement, peutêtre un plus grand crime, que d'attenter à la liberté d'agir ; les actions qui demandent du courage ne sont pas en grand nombre, mais chacun de nos discours est une occasion d'être intrépide ou d'être lâche. Malheur à l'insf I22r° titution qui porte dans une relation si perpétuelle et si intime, | l'avilissement et la bassesse ! Au lieu de rechercher ce qu'il est utile de dire, nous étudions avec inquiétude ce que nous devons cacher. Au lieu d'une activité généreuse qui nous porte à faire le bien, nous plaçons notre devoir à nous abstenir du mal. Toutes nos vertus sont négatives. L'on croirait que nous habitions un monde factice, et que nous ne sommes que de vains fantômes. Oh, quand toucherons-nous enfin la terre des réalités ! L'abolition des loix contre les libelles aurait un précieux avantage, celui de nous donner l'idée juste des relations des choses entr'elles, nous sentirions que l'unique antidote du mensonge, c'est la vérité. Malgré tous les argumens industrieusement rassemblés en faveur des actions juridiques, intentées pour des écrits, tout homme qui rentre en lui même, sentira leur absurdité. Le coupable et l'innocent doivent avoir une manière différente de repousser une accusation. Mais la loi contre les libelles confond l'innocent et le coupable. Un mouvement d'impatience peut entraîner un homme à commencer un procès contre son accusateur, mais qu'il soit assuré d'avance que le public, ce spectateur désintéressé, ne le verra pas sans indignation, invoquer contre des assertions qu'il peut réfuter, le secours équivoque d'une autorité trompée, ou peut-être corrompue. f° I22v° Les raisonnemens en faveur de la justice, quelque différens que puissent être les sujets que nous traitons, ont toujours entr'eux une espèce de conformité. Le résultat de ce chapitre, comme de tous ceux qui l'ont précédé, c'est que les systèmes défectueux de l'institution politique tendent à détruire la vigueur de l'ame et l'activité de l'esprit. Si nous étions accoutumés à ne recourir à la force, soit publique, soit individuelle, que dans les occasions où ce recours est évidemment légitime, nous commencerions à respecter la raison, parceque nous connaîtrions sa puissance. La violence seule appelle la violence ; l'assertion ne doit être combattue que par la preuve : celui qui, dénaturant la question, se saisit d'une arme étrangère, partage les torts de l'ennemi qu'il repousse, et rompt le premier, la paix sociale. Le culte de la vérité ne s'établira que lorsque les hommes placeront en elle leurs espérances, repousseront toute assistance d'une autre nature, ne permettront pas que l'autorité la souille de son appui, et la reconnaîtront pour ce qu'elle est, impénétrable comme le diamant, éternelle comme le monde.
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La doctrine, récemment introduite relativement aux constitutions, se lie intimément à nos raisonnemens sur l'opinion, considérée politiquement. L'on prétend que, dans tous les Etats régulièrement organisés, les loix se divisent en deux classes, les loix constitutionnelles et les loix réglementaires. Les premières ont pour objet la distribution de l'autorité politique et l'établissement des formes permanentes du gouvernement : les secondes sont le résultat des délibérations occasionnelles des pouvoirs constitués. De cette distinction l'on infère que les loix réglementaires sont d'une bien moindre importance que les loix constitutionnelles, que ces dernières exigent dans leur confection plus de solemnité que les autres, et que le législateur doit s'efforcer de les mettre, autant que possible, à l'abri de tout changement. L'assemblée nationale de france, en 1789, poussa ce principe à l'extrême, et prit toutes les précautions imaginables pour rendre son ouvrage immortel. Elle défendit de le modifier sous aucun prétexte, avant une révolution de dix années : elle déclara que les changemens futurs seraient d'abord reconnus nécessaires par deux | législatures successives, qu'après ces formalités, une assemblée de révision serait convoquée, et que cette assemblée même ne pourrait toucher à aucun article de la constitution, que ceux expressément soumis à son examen. Il est aisé d'appercevoir que ces précautions sont directement contraires aux principes établis dans cet ouvrage. A peine dégagée des épaisses ténèbres d'une monarchie absolue, l'assemblée constituante prétendit donner des leçons aux siècles futurs. Elle oublia que des améliorations nouvelles étaient réservées à ses successeurs par les loix immuables de la destinée, et que la situation convenable à l'homme n'était pas le sommeil d'une éternelle apathie, mais une marche facile vers la perfection. La meilleure des formes sociales est incontestablement celle qui contient le moins de principes stationnaires. L'idée de donner un grand dégré de permanence à ce que l'on nomme la constitution d'un gouvernement, et de rendre certaines loix sous la dénomination de fondamentales, moins susceptibles d'amélioration que les loix d'une autre espèce, ne peut être qu'une erreur. Etablissement du texte : 6/7-5/7, L P 433r°-444r°, P2 P 123r°-129v°, G pp. 652-664. 25 leçons ] leçons de sagesse L
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Cette erreur a pris naissance, vraisemblablement, dans ces formes de monopole politique, que nous voyons établies dans tout le monde civilisé. L'on a supposé que, pour être légitime, le gouvernement n'avait besoin que de tirer son origine de la volonté du peuple, et cette supposition mal fondée (car nous avons prouvé que la légitimité des gouvernemens venait, non de leur origine, mais de leur conformité avec les notions de la vérité et de la justice, conformité qui dans les institutions stationnaires, cesse d'exister à mesure que les notions de la justice et de la vérité s'améliorent) cette supposition, disons-nous, a naturellement introduit une différence entre les loix qui constituent les autorités, et les loix qui sont l'ouvrage de ces autorités déjà constituées. Si nous n'avions jamais vu de gouvernemens arbitraires et bizarres, jamais probablement nous n'aurions songé à former une classe particulière de loix, sous la dénomination de constitutionnelles. Mais, lorsque nous voyons un homme, quelques hommes, ou quelques corporations exercer un pouvoir exclusif et tyrannique, nous sommes portés à demander quelle est la source de leur autorité. Comme ils ne tiennent pas cette autorité de la nature des choses, ils répondent qu'ils la tiennent de la constitution. Si nous ne voyons dans l'Etat d'autre pouvoir que celui du peuple, avec un corps de représenf 124v° tans, des sécrétaires et des commis soumis à sa | surveillance et destituables à sa volonté, nous ne demanderions jamais d'où vient l'autorité, parcequ'elle résiderait dans le peuple, dans lequel elle aurait du toujours résider. L'on a cru faire aux gouvernemens de l'Europe moderne un reproche grave, en les accusant de n'avoir point de constitution 1 . Si, par ce reproche, l'on entend qu'ils n'ont point un code écrit, portant cette dénomination, et que leurs constitutions sont l'ouvrage graduel du tems, plutôt que l'acte instantanné d'une volonté subite, c'est une dispute de mots. Dans tout autre sens, c'est moins un blâme qu'un éloge, mais un éloge que, malheureusement, ils sont loin de mériter. Au reste, soit que nous adoptions, ou que nous rejettions la différence que l'on suppose entre les loix constitutionnelles et les loix réglementaires, il n'en sera pas moins toujours vrai qu'un peuple ne perd jamais le droit de changer sa constitution, et que le condamner à supporter, un instant, une constitution qu'il désapprouve, est la plus grossière des absurdités. C'est dire à une nation : «vous êtes convaincue que tel changement serait utile, qu'il est peut-être immédiatement nécessaire, nous y penserons dans dix ans.»
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Godwin précise la source : T. Paine, Rights of Man. Voir G, p. 655.
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Niez-vous qu'un peuple doive être gouverné | conformément aux meilleures notions qu'il a conçues de la vérité et de la justice ? Si vous admettez cette assertion, comment oserez-vous dire à ce peuple : vous avez choisi un gouvernement, il y a dix ans ; depuis cette époque, vos idées de justice et de vérité se sont rectifiées ; néammoins le gouvernement que vous avez choisi, il y a dix ans, d'après vos idées fautives, est encor le seul légitime, et vous n'avez aucun droit de le changer. Autant vaudrait l'astreindre à se gouverner par les préjugés de ses ancêtres, ou par la volonté du plus insolent usurpateur. Sous quel prétexte refuseriez vous à une assemblée nationale, nommée suivant la forme ordinaire, le droit de changer les loix constitutionnelles, aussi bien que les moins importantes des loix de détail ? Ce droit ne peut être dangereux que pour les constitutions encore souillées d'un reste de monarchie ou d'Aristocratie ; et ces constitutions, toutes vos distinctions subtiles, toutes vos garanties illusoires ne les sauveront pas d'un sort mérité. Il faut en revenir à ce sujet au seul véritable principe. Une assemblée, quelle qu'ait été la solemnité de sa convocation, n'a pas le pouvoir d'imposer des loix contraires à ce qui parait juste à l'opinion générale ; et l'autorité la plus ordinaire, légitimement établie, suffit pour opérer facilement l'exécution P 125v° paisible des changemens dictés par le vœu public. Toute distinction entre les loix constitutionnelles et les loix réglementaires, sera toujours inintelligible en théorie, et vexatoire dans la pratique. Les assemblées législatives se trouveront contrariées sans cesse dans leur intention de faire le bien par la crainte de violer la constitution. Dans les pays où le peuple est accoutumé aux idées d'égalité, et dans lesquels il n'existe aucun monopole politique, il n'est pas probable qu'une assemblée nationale introduise jamais des changemens dangereux : il est plus improbable encore que le peuple s'y soumette, et n'ait pas des moyens surs de s'en garantir sans désordre et sans violence. Donnez aux hommes la justice, donnez leur l'égalité, mais ne leur donnez pas de constitution qui les paralyse. Qu'ils suivent en liberté les conseils de leur raison progressive, et changent leurs formes sociales à mesure qu'ils deviendront plus éclairés et plus sages. Au moment où s'assembla la convention nationale de France, l'idée la plus généralement reçue était, que les pouvoirs de cette assemblée se réP I26r° duisaient à présenter un projet de constitution, | qu'elle soumettrait ensuite à l'approbation des divers districts, et qui n'aurait force de loi qu'après avoir été sanctionné par eux. Cette opinion mérite d'être examinée sérieusement. Si les loix constitutionnelles doivent être soumises à la révision des districts, toutes les loix doivent passer par la même épreuve ; et sous le nom de loix, je comprends l'établissement préalable de tout principe général applicable aux cas particuliers à venir, et même toute décision spéciale pour des
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circonstances individuelles, pourvu toutefois que ces circonstances ne soient pas de nature à n'admettre aucun délai. C'est par une erreur grossière qu'on imagine que l'importance des loix diminue progressivement, que les loix constitutionnelles sont plus importantes que les réglementaires, et celles-ci que les arrêtés particuliers. Une loi réglementaire punissant de mort tous ceux qui rejetteraient la doctrine de la transubstantiation " serait plus funeste f I26v° au bien public que la loi constitutionnelle qui prolongerait ou | abrégerait la durée des fonctions représentatives. La répartition des taxes appartient moins, comme nous l'avons prouvé, à la législature, qu'à l'administration exécutive. Néammoins une taxe oppressive et inégale serait aussi ruineuse qu'aucune mesure que l'on puisse imaginer. D'ailleurs, d'après quelle méthode recueillerez vous la sanction demandée aux districts pour certains articles constitutionnels ? Si vous exigez purement et simplement de ces districts l'affirmative ou la négative, leur vote ne sera qu'une cérémonie illusoire. Il est impossible à tout homme et plus encore à toute association d'hommes de juger de la sorte en connaissance de cause, un système compliqué, si les membres de cette association en approuvent quelques parties, ils en desapprouveront d'autres. D'un autre coté, si vous laissez aux districts la liberté de discuter les articles proposés, vous autorisez une opération dont le terme n'est pas facile à prévoir. De certains articles seront rejettés par quelques districts, et les changemens faits pour obtenir leur approbation seront peut être précisément ce qui motivera le refus des autres ; qui sait enfin si les dissidens ne formeront pas pour p I27r° eux mêmes un gouvernement séparé ? Les motifs dont on pourrait se servir pour persuader à une minorité de districts de céder au vœu de la majorité, sont loin d'être aussi clairs et aussi pressants, que ceux qui peuvent déterminer la minorité d'une assemblée constituée, à ce genre de condescendenceb. Le principe du consentement des districts tend évidemment à la division graduelle de tout grand empire, à la dissolution de tout centre d'unité. Ce principe est fondé sur la même baze que celui du jugement individuel. Il est à desirer que les actes les plus importans de la représentation nationale soient soumis à l'approbation des districts représentés exactement par la même raison qu'il est à désirer que les actes des districts eux mêmes reçoivent la sanction des individus qui composent ces districts.
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" Une loi réglementaire de cette espèce serait impossible avec de bonnes loix constitutionnelles, puisque l'un des premiers articles d'une constitution libre serait l'exclusion de toute domination religieuse ou d'opinion. L'exemple que l'auteur choisit ici, tourne contre lui même et prouve la nécessité d'une constitution. Il faut des loix constitutionnelles précisément pour nous préserver de semblables loix réglementaires. Note du traducteur. 40 b La minorité d'une assemblée n'est rien dès qu'elle se sépare de la majorité, au lieu que la minorité des Districts formerait un peuple. Note du traducteur.
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Le premier effet de ce principe serait de réduire la constitution à un très petit nombre d'articles. L'impossibilité d'obtenir l'approbation réfléchie d'un grand nombre de Districts pour un code très compliqué deviendrait bientôt évidente. Or la constitution d'un Etat gouverné en totalité ou en partie par un Monopole politique doit nécessairement être compliquée. Mais f I27v° il | n'en est pas ainsi d'un pays, dont le peuple veut se gouverner lui même ; la constitution d'un tel pays consistera tout au plus en deux articles, premièrement une division territoriale en portions égales, d'après la population. En second lieu, la désignation d'une époque fixe pour l'élection de l'assemblée nationale. Il est même probable que ce second article pourrait être bientôt retranché. Une nouvelle conséquence qui ne tarderait pas à résulter du principe de la sanction des Districts, serait une sorte de division salutaire du pouvoir législatif. Nous avons vû qu'il n'est pas moins essentiel d'assujettir à la révision des districts les articles réglementaires de quelqu'importance que de leur soumettre les loix que l'on nomme constitutionnelles, mais après quelques essais de ce genre, l'on reconnaîtrait facilement que l'envoi des loix aux districts pour obtenir leur sanction, est un circuit incommode et superflu, lorsqu'il ne s'agit nullement de la sûreté générale, mais des relations locales de ces districts particuliers. Il serait mille fois plus simple de permettre le plus possible aux districts, de pourvoir par leurs propres loix à leurs affaires intérieures sans l'intervention de l'assemblée nationale. Nous avons fait sentir implicitement la justesse de cette conséquence dans le f I28r° précédent paragraphe, | en indiquant le très petit nombre d'articles auxquels on pouvait réduire la constitution du plus vaste empire ; et en effet, pourvu que le pays fut divisé convenablement en districts, autorisés à déléguer des représentans à l'assemblée générale, la liberté laissée aux districts de régler leurs affaires domestiques, conformément à leurs idées de sagesse et de justice, n'entraînerait aucune conséquence dangereuse à la République. Ce qui n'aurait d'abord formé qu'un vaste empire avec l'unité législative, serait transformé bientôt en une confédération de petites Républiques, avec un congrès général ou conseil amphytyonique, qui servirait de centre ou de point de réunion, dans les occasions extraordinaires. Les idées de grand empire et d'unité législative sont évidemment les restes barbares des tems d'héroïsme militaire. A mesure que le pouvoir politique passera dans les mains des citoyens, et que le gouvernement simplifié se rapprochera de celui d'une paroisse, le danger des dissentions et des rivalités disparaîtra. Plus la science du gouvernement sera dégagée du mystère qui l'enveloppe 21 leurs propres loix ] leur propre loix L 27 représentans ] surchargé sur représentations faute du copiste 30 l'unité ] corr. de l'autorité faute du copiste
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aujourd'hui, plus les vérités sociales deviendront évidentes, et plus les hommes, les familles, les associations plus ou moins nombreuses, se montreront dociles à la voix de la raison. Une troisième conséquence non moins remarquable serait la diminution graduelle et illimitée de ce que nous appelions Loix. Une grande assemblée f° I28v° composée de | membres tirés des différentes provinces d'un vaste territoire, et constituée la législatrice unique de tous les individus par qui ce territoire est habité, se forme d'abord une idée prodigieuse de la multitude immense de loix, nécessaires pour régler les interets du peuple qu'elle représente. Une grande ville, agitée par le sentiment de la jalousie commerciale se hate de rédiger des volumes de réglemens et de privilèges exclusifs : mais les habitans d'une petite paroisse, doués encore de la simplicité qui convient le mieux à notre nature et à nos besoins, soupçonneraient bientôt que les loix générales sont presqu'inutiles et accomoderaient leurs différens, d'après l'exigeance de chaque cause particulière, et non d'après certains axiomes, écrits antérieurement. Nous considérerons en détail dans les chapitres suivants les avantages de cette simplification du système législatif. La principale objection qui milite contre une confédération remplaçant l'unité législative, est la crainte que les membres de cette confédération n'abandonnent la défense de la cause générale. Pour donner à cette objection toute la force dont elle est susceptible, supposons que cette confédération soit environnée de gouvernemens, eff I29r° frayés de l'esprit de liberté qui l'anime, et réunissant contr'elle | tous les moyens de la perfidie et de la violence. Même dans cette circonstance critique, le danger serait moins réel qu'imaginaire. L'assemblée nationale, n'ayant point le droit de contraindre les districts mécontens, serait réduite à n'employer que la persuasion. Mais toutes les fois que nous ne possédons que des moyens d'une espèce, leur efficacité s'augmente à proportion du besoin que nous en avons. Un homme qui n'a d'espérance que dans sa puissance de persuader, est mille fois plus éloquent qu'il ne pourrait être, s'il se réservait en dernier ressort d'en appeller à la force. L'assemblée nationale aurait à décrire avec clarté et simplicité les avantages de l'indépendance. Elle démontrerait à tous les citoyens que son but est de mettre chaque district, et autant que possible, chaque individu en état de suivre paisiblement ses propres idées de justice ; que sous son administration il n'existerait plus aucune tyrannie, aucun arbitraire, résultat de la jalousie des ministres et des cours, aucune exaction, presqu'aucun impôt, (nous aurons bientôt l'occasion de nous expliquer sur ce dernier article) Comment l'amour de la liberté ne serait-il pas répandu dans un pays récemment délivré des maux invétérés du despotisme ? Les adhérens de la cause publique formeraient donc la majorité de la nation, les malveillans seraient en petit
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nombre. Si quelques districts étaient assez aveugles pour retourner à leur propre choix à leur ancien esclavage, ils ne tarderaient pas à s'en repentir. f° I29v° Leur lâche désertion donnerait aux hommes plus | éclairés et plus courageux une énergie additionnelle. Ce serait un beau spectacle de voir les champions de la vérité, déclarer qu'ils ne veulent que des alliés volontaires, et cette 5 résolution magnanime serait assurément plus favorable que nuisible au succès de cette cause sacrée.
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Chap.e 8. e
De l'éducation nationale.
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La surveillance plus ou moins active des gouvernemens sur l'éducation, est un des moyens dont ils se servent pour influencer l'opinion. Il est remarquable que cette surveillance ait obtenu l'approbation des partisans les plus zélés de la reforme politique. Nous croyons en conséquence devoir examiner, avec une attention d'autant plus sérieuse, les avantages et les inconveniens de ce système. Les argumens que l'on allègue en sa faveur sont faciles à prévoir. «Des magistrats, dont le devoir est de s'occuper de la prospérité générale, peuvent-ils sans crime, livrer au hazard la génération naissante ? Comment rendre le patriotisme et l'esprit public, le caractère d'un peuple, à moins d'élever les citoyens à ces vertus, dès leur plus tendre jeunesse ? Si l'éducation des enfans est en entier remise à la prudence des pères, ou à la bienveillance accidentelle de quelques particuliers, n'en résultera-t-il pas nécessairement, que les uns seront formés à la vertu, les autres au vice, et qu'un grand nombre sera totalement négligé ? D'ailleurs, puisque la majorité des nations | civilisées reconnaît comme une maxime fondamentale, que l'ignorance de la loi ne peut excuser sa violation, les gouvernemens ne doivent-ils pas préserver, autant qu'il est en eux, leurs sujets de cette ignorance ? Peuvent-ils avec justice punir un individu qu'ils n'ont pas averti d'avance des conséquences de son délit ? Au lieu de ne s'occuper que de chatimens, ne vaudrait il pas mieux prendre des précautions qui rendraient les chatimens inutiles ? Et de toutes les précautions, la plus sure à la fois et la plus efficace, n'est ce pas l'éducation nationale ?» On devine aisément que, d'après nos principes, ces raisonnemens nous paraissent peu décisifs. Toute éducation nationale est stationnaire. Son but est de maintenir et de propager les connaissances acquises, mais elle ne conduit à aucune découverte. En supposant qu'à l'époque de son établissement, elle réunisse tous les avantages qu'on en espérait, son utilité diminuera nécessairement tous les jours. Bientôt elle ne sera pas simplement inutile : elle comprimera d'une manière active l'essor de l'esprit, et le retiendra dans le respect des erreurs mêmes détruites. L'on a souvent observé que, dans les universités | d'un pays, la science était d'un siècle en arrière de celle qui se trouvait répandue parmi les lettrés indépendans et les philosoEtablissement du texte : 6/8-5/8, L P 446r°-452v°, P2 P 130r°-133v°, G pp. 665-672.
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phes du même pays. Aussitôt qu'une méthode quelconque a conquis un établissement constitué, son caractère dominant est la haine de l'innovation. Ceux qui la dirigent peuvent, par quelque secousse violente, être forcés de substituer à un système usé de philosophie, une doctrine un peu moins antique, mais ils s'attachent à cette seconde doctrine, avec autant d'opinatreté qu'à la précédente. Le véritable perfectionnement intellectuel exige que les esprits soient portés, le plutôt possible, à la hauteur des connaissances qui distinguent les membres éclairés de la société. C'est de ce point qu'ils doivent partir pour tenter de nouvelles découvertes. L'éducation publique, au contraire, développe toujours sa force en faveur du préjugé. Elle inspire à ses disciples non cette indépendance de jugement qui soumet toutes les propositions à l'examen, mais ce dévouement servile qui se consacre à défendre toutes les maximes établies. Nous étudions Aristote ou Thomas d'Aquin, Bellarmin ou le Juge Coke, non pour découvrir leurs erreurs, mais pour graver profondément dans nos têtes leurs absurdités. Toutes ces choses sont directement contraires aux progrès réels de l'intelligence humaine, et pour acquérir de véritables lumières, il faudrait commencer par désapprendre tout ce qu'on apprend aujourd'hui. f I3lv° Nous sommes obligés de le répéter sans cesse : l'attribut principal de notre esprit est la perfectibilité. Aussitôt qu'un individu se détermine à rester attaché à un principe pour des raisons qui ne sont plus présentes à son esprit, il renonce à la plus belle faculté de l'homme. L'instant où il impose arbitrairement des bornes à ses recherches, est l'époque de sa mort intellectuelle. Ce n'est plus un homme, c'est l'ombre d'un homme qui a perdu la vie. Rien n'est plus insensé que de vouloir séparer un principe de l'évidence sur laquelle repose sa vérité. Si je ne conserve pas l'habitude de pouvoir à mon gré me retracer cette évidence, ma croyance n'est plus une perception, c'est un préjugé. Comme préjugé son influence peut agir sur moi, mais son effet sera bien différent de celui que produirait ma vérité démontrée. L'être véritablement intellectuel aime à se rappeller les motifs qui l'ont convaincu ; il aime à les répéter aux autres pour leur faire partager sa conviction ; il aime à discuter les objections qu'on lui présente, parcequ'il ne met aucune gloire à persévérer dans l'erreur. L'homme incapable de cet exercice salutaire, et qui laisse sommeiller ses facultés, est frappé d'inutilité morale. Aucun de nos jugemens ne doit être regardé comme définitif et au dessus de f I32r° tout examen. | Le même principe qui s'applique aux individus, s'applique aux sociétés. Parmi les propositions dont la vérité parait aujourd'hui la plus démontrée, aucune n'est d'un prix assez inestimable pour que l'autorité s'arroge le droit de la faire prévaloir. Recommandez aux hommes la lecture, 3 5 ne ] oublié par le copiste et ajouté dans
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la pensée, la discussion ; mais loin d'eux tous vos symboles, tous vos dogmes, tous vos catéchismes politiques ou moraux. Tout ce que l'homme fait pour lui même est un bien. Tout ce que ses concitoyens ou son pays entreprennent de faire pour lui n'est qu'un mal. Dès que l'institution politique prétendra assigner à chacun sa place, les 5 fonctions de tous seront remplies avec apathie et négligence. Toutes ces universités, tous ces établissemens si dispendieux sont l'azyle de la sottise orgueilleuse et privilégiée. Le gouvernement peut nous autoriser à disposer après nous de notre fortune, en faveur de certaines opinions. Il peut favoriser les donations destinées à la fondation des collèges et au salaire des 10 instituteurs ; mais c'est par une présomption ridicule, que nous croyons, en rendant par ces substitutions nos biens inaliénables, rendre inaliénables aussi nos systèmes et nos préjugés. Le bonheur et les lumières ne s'imposent pas aux hommes, indépendamment de leur volonté et de leurs efforts. Toutes ces théories rebattues d'édu- 15 P I32v° cation nationale sont | fondées sur une seule hypothèse qui s'est présentée à nous, sous mille formes différentes, dans le cours de cet ouvrage, et que nous avons toujours réfutée. L'on suppose que la vérité abandonnée à ses propres forces, ne suffirait pas pour éclairer l'espèce humaine, et qu'il faut l'aider de moyens actifs. 20 La réunion de l'influence du gouvernement avec celle de l'éducation, est d'une nature plus formidable, que l'alliance antique des deux puissances de l'Eglise et de l'Etat. Il faut réfléchir profondément, avant de confier à des mains justement suspectes un si terrible instrument. Le gouvernement ne manquera pas d'en profiter pour étendre sa force, et perpétuer ses institu- 25 tions ; et quand nous supposerions que les agens du gouvernement ne se proposeraient pas cet objet qui leur paraîtrait non seulement innocent, mais méritoire, l'événement n'en serait pas moins le même. Leurs vues, comme instituteurs, seront assurément analogues à leurs vues, comme gouvernans. Les données, qui serviront à justifier leur conduite politique, serviront aussi 30 de baze à leur système d'instruction. Quelqu'excellente qu'une constitution puisse être, il n'est pas vrai que la jeunesse doive être instruite à l'adorer. Elle doit apprendre à n'adorer que la vérité, elle ne doit chérir la constituf° I33r° tion qu'autant qu'elle s'accorde avec ses idées de justice. Si le | despotisme dans sa puissance, avait adopté le système d'une éducation nationale, il 35 aurait sinon réduit la vérité pour toujours au silence, employé du moins la méthode la plus propre à se procurer ce déplorable succès. Qui oserait affirmer que dans les pays mêmes où regne la liberté, il n'existe pas d'erreurs importantes, qu'une éducation nationale tendrait à perpétuer, en don20 actifs ] artificiels L
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nant à toutes les idées la même direction et en jettant tous les esprits dans le même moule ? Quand à cette objection triviale, que le gouvernement chargé de punir les crimes doit à ses sujets de leur enseigner la différence qui distingue le vice de la vertu, mérite-t-elle une réponse sérieuse ? Quel serait donc l'état malheureux de la race humaine, si cette connaissance importante ne pouvait lui parvenir que par un organe aussi dangereux ? Des hommes qui se réunissent, savent quels sont les délits destructifs du but de leur réunion, sans que le gouvernement, s'érigeant en interprète des vérités éternelles les défigure dans les circulaires de ses agens, ou dans les homelies de ses prêtres ? Dira-t-on qu'il est sans doute des crimes que la raison suffit pour nous interdire, mais qu'il en existe de convention, que nous ne pouvons connaître, sans une instruction préalable ? Vous m'indiquez la distinction nécessaire pour vous réfuter. Les crimes réels seront toujours connus sans le secours du gouvernement ; les crimes de convention ne sont pas des crimes. Vous ne légitimez pas des punitions illégales parceque vous nous annoncez d'avance que | vous êtes résolus à les infliger. L'éducation nationale est dans cette occasion un remède pire que le mal. Usez, s'il le faut, de votre force pour réprimer mes actions, mais ne descendez pas jusqu'au fond de mon ame encore neuve et pure, pour y confondre toutes idées de vice et de vertu, de justice et d'iniquité.
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Chapitre 9.e Des Pensions et salaires.
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La manière universellement reçue en Europe, de récompenser les services publics, fournit au gouvernement un moyen efficace d'influencer l'opinion. Les récompenses pécuniaires sont aujourd'hui partout en usage. Celui qui exerce une fonction reçoit un salaire ; celui qui se retire, reçoit une pension. L'on prétend qu'il ne convient pas à la dignité d'un peuple, d'accepter gratuitement des services qu'il peut payer. «L'apparence du désintéressement, dit-on, favoriserait les vues d'une ambition dangereuse ; si les fonctionnaires publics n'étaient pas salariés directement, ils s'en dédommageraient à la fois d'une manière plus couteuse et plus funeste. Celui qui se consacre au service de l'Etat, doit s'y dévouer sans réserve ; sa fortune personnelle peut en souffrir : il est juste de l'indemniser. Les agens de la nation sont forcés d'ailleurs d'imposer aux étrangers, et même à leurs compatriotes par une sorte de magnificence. L'Etat doit se charger des fraix de ce luxe nécessaire1.» Pour apprécier avec exactitude la valeur de ces argumens, il faut considérer d'abord le changement que l'interet personnel apporte dans la moralité des actions. Plus le service que je rends à mon semblable, à mon compatriote, à l'Etat, est d'une nature importante, plus il est blamable en moi de n'agir dans cette circonstance que d'une manière intéressée. L'un des inconvéniens les plus fâcheux de nos relations sociales, est de nous forcer souvent à ne voir dans nos actions de bienveillance, que les avantages qui doivent en résulter pour nous mêmes. Pour diminuer le plus possible cet inconvénient, il faut au moins, que lorsqu'il est question de l'utilité générale, il nous soit permis de nous oublier. Ce principe est tellement conforme à notre nature, qu'il est tacitement reconnu. Bien que nous ne condamnions nullement celui qui trafique de ses services, dans les occasions ordinaires, nous ne verrions pas, sans indignation un homme trafiquer de ses moyens de sauver la vie de son semblable, ou demander un salaire pour préserver la liberté de l'Etat. Lorsqu'il s'agit du bonheur de
Etablissement du texte : 6/9-5/9, L F 453r°^58v°, P2 f 134r°-137r", G pp. 673-682. 8 payer] payer L juger P 1
Godwin précise la source : E. Burke, Speech on ... the oeconomical reformation of the civil and other establishments. Voir G, p. 674.
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plusieurs milliers d'hommes, chacun doit se souvenir qu'il n'est comparativement qu'un atome, et se conduire en conséquence. Ces réflexions décident la question des appointemens, des pensions et des salaires. Une bonne institution politique doit décourager l'égoïsme plutôt que l'alimenter. f° I35r° si nous accordons des appointemens considérables aux fonctionnaires publics, qui nous garantira que le motif d'aspirer aux places ne sera pas l'avidité ? Si nous ne leur accordons, au contraire, qu'un faible salaire, il en réjaillira dans l'imagination de la multitude, une sorte de dégradation. Dans l'une et l'autre supposition, la considération pécuniaire paraîtra toujours entrer plus ou moins dans le calcul des candidats. Les fonctions les plus éminentes se transformeront en un vil métier. L'homme le plus intègre pourra se répondre à peine de son désintéressement dans l'acceptation d'un office, et s'il est rassuré par sa conscience, il n'en aura pas moins à craindre de voir ses intentions méconnues. Les salaires, en second lieu, sont nécessairement une partie du produit des impositions. Or l'idée des impositions, c'est à dire d'un fardeau pesant inégalement sur le riche et sur le pauvre, est toujours, lors même que la nécessité nous en parait évidente, une idée affligeante et douloureuse : et de tous les moyens d'existence, celui de subsister aux dépends du public est celui qui révoltera le plus l'homme délicat juste et sensible. Cependant la difficulté qui nous arrête, n'est nullement insurmontable. Dans la situation présente de l'ordre social, et dans toute situation semblable, les individus qui seront portés aux emplois publics, auront pour la plupart une fortune f° i35v° personnelle, suffisante pour leur entretien ; et ceux qui sortiront | de la classe indigente, choisis probablement en faveur de leurs talens extraordinaires, trouveront aussi des ressources dans ces talens mêmes. L'on attache de l'ignominie à subsister des libéralités des particuliers, parceque ce mode d'existence parait exclusif de toute indépendance intellectuelle. Cette ressource, toutefois, est sujette à moins d'objections que les appointemens publics. Celui qui n'écoute que la voix de la justice et qui repousse les suggestions de l'orgueil, aimera mieux dépendre de la vertu des individus, qu'arracher, sous le nom de salaire, par l'autorité de la loi, le nécessaire étroit du pauvre. Mais, dira-t-on, s'il doit pourvoir à la subsistance de sa femme, à celle de ses enfans ? Que plusieurs le secourent. Si l'assistance d'un seul est insuffisante, qu'il fasse, durant sa vie, ce qu'Eudamidas fit à sa mort ; qu'il lègue à l'un de ses amis l'enfance de sa fille, à l'autre la vieillesse de sa mère. Ne désespérez pas de l'espèce humaine, fournissez seulement aux affections généreuses les occasions de se développer. C'est un exemple remarquable de l'influence avilissante de nos gouvernemens mercenaires ; que l'unanimité avec laquelle tous les publicistes d'aujourd'hui rejettent l'idée de servir gratuitement la patrie, idée si répandue
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dans les Républiques de l'antiquité. Quant à nous, qui désirons ardemment f 136e" la diminution | graduelle de toute autorité coercitive, nous regardons comme un acheminement facile à ce but desirable, l'abolition des appointemens et des salaires. Un gouvernement pauvre et vertueux aura tous les moyens de se faire respecter, et sera privé de ceux de corrompre, et par conséquent d'empiéter. Que si l'on nous dit, que, dans certains pays, les individus propres aux places sont tellement rares, qu'il faut se garder d'en écarter aucun, nous répondrons que, dans cette supposition, les hommes éclairés seront bien plus utiles, en travaillant par leurs écrits, à réveiller la vertu publique, qu'en se dévouant à rendre à l'Etat des services temporaires et accidentels. Fixez dans tous les cas un terme court à la durée des fonctions, vous garantirez des suites d'un abandon trop prolongé la fortune du fonctionnaire sans l'avilir, en mettant à prix ses efforts et son zèle. Alors il n'aura, pour accepter en emploi, que des motifs de patriotisme et de bienveillance. Son désintéressement sera sans tâche ; son énergie ne sera souillée d'aucune vue personnelle. Les habitudes républicaines, la frugalité, l'honorable indigence ne seront plus cachées comme aujourd'hui, dans des retraites obscures, mais présentées aux regards du public et récompensées par son estime. Nous parlera-t-on de la magnificence nécessaire pour éblouir ? Mais nous ne voulons pas que le gouvernement éblouisse. Les hommes dévoués à la f I36v° patrie, à la liberté, à | l'égalité commanderont suffisamment le respect sans ces ressources artificielles. Lorsque les bourgeois des païs-bas conspirant contre la maison d'Autriche, se rassemblaient, portant chacun ses provisions dans un sac, qu'avait de méprisable cette simplicité ? Abolissons donc les appointemens pour toute espèce d'office de confiance. Permettons les tout au plus pour les emplois subalternes que l'on peut assimiler aux professions méchaniques ; mais n'avilissons pas les fonctions qui exigent des talens, ou qui supposent de l'indépendance. L'abolition des salaires simplifierait singulièrement l'administration. Si nous n'avions ni guerres à soutenir au dehors, ni salaires à payer dans l'intérieur, les impositions seraient à peine connues. En diminuant les impositions, nous réformerions cette armée de Clercs et de Receveurs, dont les émolumens doublent les taxes, qu'ils sont nommés pour percevoir. Plus de salaires, plus de taxes, par conséquent plus de qualifications pécuniaires pour exercer des droits politiques, pour élire ou pour être élu. Quel bizarre système de tyrannie est le notre ? Nous invitons le peuple à se choisir des représentans, et nous lui défendons en même tems de nommer celui qu'il f 1371* juge digne de sa confiance. Nous encourageons l'avarice, en | amalgamant à 11 cas ] corr. de actes biffé, faute du copiste
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cette passion sordide la passion effrénée de l'ambition. Nous disons au candidat que nous déclarons inéligible : vous possédez peut-être au plus haut degré les talens et les qualités morales, mais le sort vous a refusé les moyens du luxe et de la corruption. Nous disons à celui que nous dépouillons du droit d'élire : vous êtes pauvre et malheureux ; les institutions so- 5 ciales vous rendent le témoin perpétuel de l'abondance dont jouissent des hommes semblables à vous. Puisque vous êtes réduit si bas, nous vous avilirons encore ; vous ne serez pas même inscrit sur la liste des citoyens, vous ne serez pas admis dans leur nombre, et la société refusant de vous compter parmi ses membres, oubliera, dans son dédain superbe, vous, votre 10 existence, et votre bonheur.
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Chap.e 10.e
Des modes des décisions collectives.
Ce que nous venons de dire sur l'injustice des qualifications pécuniaires pour l'exercice des droits politiques, nous conduit naturellement à quelques observations sur les différentes manières reçues de procéder aux élections, 1.° le sort, 2.° le scrutin secret, 3.° le vote à haute voix. Les décisions par le sort doivent leur origine à la superstition. Dans les siècles de barbarie, l'on croyait s'en remettre au Ciel en s'en remettant au hazard. L'on esperait que les Dieux, touchés du sacrifice de notre raison se chargeraient de nous diriger dans les circonstances importantes. Bien que tous les peuples soient aujourd'hui revenus de cette opinion extravagante, quelques-uns conservent l'usage que cette supposition avait introduite. C'est une erreur d'un autre genre, mais qui peut-être est plus condamnable. Elle prend sa source dans la doctrine des pouvoirs ou des droits discrétionnaires, doctrine que nous avons réfutée au commencement f i38r° de cet ouvrage. Des hommes sortis du délire d'une | superstition grossière, n'auraient jamais eu recours aux décisions par le sort, s'ils n'avaient été persuadés, qu'ayant le droit de choisir indifféremment entre les choses dont on leur offre l'alternative, ils avaient de même pour se délivrer de l'incertitude et du doute, le droit de soumettre leur choix au hazard. Ainsi ne voulant pas se fatiguer par l'examen des qualités de deux ou de plusieurs candidats, ils consultent le sort pour savoir lequel sera préféré. Ils oublient que rien n'est indifférent dans le monde, qu'entre deux alternatives, la justice est toujours en faveur de l'une, et que notre devoir positif et rigoureux est de l'adopter. Le scrutin secret est un mode plus condamnable encore que le sort. Il est difficile de concevoir une institution politique, protégeant plus directement le vice. L'on a prétendu que le scrutin secret pouvait quelquefois être nécessaire, pour mettre un homme d'un caractère faible, en état d'agir avec indépendance, et pour prévenir l'influence de la vénalité, de l'intrigue ou de la peur. Mais le vice nous parait un mauvais remède contre le vice. La timidité pourrait n'être que le défaut de quelques individus, et de ceux là même, le défaut passager et accidentel. Le scrutin secret rend la timidité permanente et générale. Si la décision par le sort nous rend insoucians de nos devoirs, le scrutin secret nous apprend à ne les remplir que dans l'ombre et dans les ténèbres. Nous y trouvons un moyen sûr de nous Etablissement du texte : 6/10-5/10, L P459i"-461r°, P2 f 137v°-138v°, G pp. 683-686.
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dérober à l'observation, un encouragement à déguiser nos pensées. Ce mysf° I38v° tère serait un mal, | lors même qu'on ne l'appliquerait qu'aux circonstances les plus triviales ; et nous l'appliquons à nos interets les plus sacrés ! Que sert de recommander à l'homme d'être fidèle à la voix de sa conscience, si vous préparez un voile officieux pour le lache prévaricateur ? Le principe le 5 plus admirable de l'univers matériel est cette invariable loi qui veut que la vérité se découvre, et que chacune de nos actions soit accompagnée de conséquences inévitables. Si le mot d'impiété a quelque sens, il doit servir à désigner l'institution politique qui contrarie ce principe. Ordonner à la vertu le déguisement, c'est l'affaiblir ; le permettre au vice c'est le fortifier. 10 Si le sort et le scrutin secret sont des modes essentiellement vicieux, toutes les décisions sociales doivent être adoptées par le vote à haute voix, afin que toutes les parties de notre conduite dans les affaires d'un interet général, soient soumises à la censure publique, et que, toutes les fois que nous avons un devoir à remplir, nous n'ayons d'azyle et de salut que dans 15 l'accomplissement sévère de ce devoir.
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Livre VI.e Des crimes et de leurs chatimens
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Chapitre I.er Des bornes imposées par la morale à la doctrine des châtimens.
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Les chatimens sont peut-être l'article le plus important de toute la science politique. Les hommes se sont réunis pour se protéger et se servir mutuellement. Nous avons déjà prouvé que les affaires intérieures des associations humaines étaient d'une beaucoup plus grande importance, que les relations de l'extérieur. Nous avons prouvé de plus, que, lorsque la société s'arrogeait le droit de distribuer des récompenses, ou d'influencer l'opinion, elle ne faisait que du mal. Il en résulte que le gouvernement ou l'action de la société, dans sa capacité collective, n'est utile que pour la répression de la force par la force. C'est cet usage de la force que l'on désigne d'ordinaire, sous le nom de justice criminelle ou de châtiment. Avant de prononcer avec connaissance de cause, sur la nécessité ou l'urgence de cette action du gouvernement, il est indispensable de déterminer l'acception précise du mot châtiment. Un individu, objet d'une attaque soudaine et violente peut employer immédiatement la force pour s'en délivrer. La | société, lorsqu'un de ses membres lui parait propre à remplir une fonction, peut employer la force pour le contraindre à l'accepter. Tel est le motif de la presse en Angleterre, des réquisitions et des conscriptions en France. Ces usages de la force, bien que déterminés par des considérations morales, ne peuvent être désignés sous le nom de châtiment. Il y a plus. La société peut employer la force pour mettre à mort un innocent, soit pour des raisons de sûreté générale, par exemple, si cet innocent est attaqué d'un mal contagieux, soit par des terreurs superstitieuses, si quelqu'oracle a demandé sa mort. L'idée de châtiment n'entre encore pour rien dans cette hypothèse. Le châtiment signifie en général l'usage de la force, pour infliger volontairement un mal à un coupable, non seulement parceque l'intérêt public Etablissement du texte : 7/1-6/1, L f° 465r°-467v°, P2 f> 139r"-140r°, G pp. 687-695. 28 par ] pour L
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l'exige, mais parceque l'on conçoit que, dans la nature des choses, il existe, abstraction faite de toute idée d'utilité, une certaine analogie entre le crime et la douleur. Un pareil système ne doit être admis qu'avec une grande précaution. C'est en raisonnant ainsi, que nos ancêtres justifiaient la persécution religieuse. «Les hérétiques et les incrédules, disaient-ils, sont les objets de l'indignation divine. En conséquence les maltraiter, les détruire sont des actions méritoires.» f I40r° Nous avons trop peu de données sur le système de l'univers, nous appercevons une trop petite partie de l'ensemble, et nous sommes trop exposés à l'erreur même dans ce que nous croyons en savoir, pour qu'il soit raisonnable en nous de vouloir former nos principes moraux, d'après une espèce d'imitation de ce qui nous parait le cours de la nature. A cette imitation illusoire, il faut substituer ce que nous avons démontré dans les premiers livres de cet ouvrage, être la mesure de la justice, c'est à dire l'utilité. Par là nous détruisons, il est vrai, l'idée de châtiment, telle que nous l'avons définie ; et nous devons nous en féliciter. Cette idée fut de tous tems la cause des sévérités excessives, des supplices barbares, des tortures gratuites qui ont déshonoré l'espèce humaine. Toute souffrance infligée à un coupable et qui n'a pas pour but son avantage, ou l'avantage public, est une absurdité et une injustice. Toute rigueur qui n'a de rapport qu'avec le passé, irrévocable et irréparable, doit être considérée sous le même point de vue que la férocité des sauvages. Xerxès, en frappant les vagues de l'Hellespont, n'était pas plus insensé que l'homme qui frappe un autre homme, sans utilité pour l'avenir. Il nous importe essentiellement de ne pas oublier ces principes, dans notre examen de la théorie des chatimens. Nous avons dépouillé cette expression de sa signification commune ; et nous ne l'employerons désormais que pour exprimer les moyens de contrainte qu'on met en usage contre des coupables de crimes passés, pour prévenir les crimes futurs.
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Chap.e 2.® Des inconvéniens généraux des moyens de contrainte.
Nous commencerons par considérer quel est l'effet naturel de la contrainte, quel mal elle doit nécessairement produire, et quelles raisons puissantes nous engagent à l'adopter, malgré ce mal inévitable. Si nous sommes forcés de tomber dans la répétition de quelques-uns des principes que nous avons exposés dans notre discussion sur l'exercice du jugement individuel, ces principes acquerront du moins de nouveaux développemens, et nous en tirerons des conséquences nouvelles. L'on convient généralement que personne ne doit être contraint à se conduire en matière de religion, d'une manière opposée à sa conscience. La religion, dit-on, est un principe que la pratique de tous les siècles a profondément empreint dans l'esprit de l'homme : celui qui remplit à ce sujet ce qu'il regarde comme son devoir, est acquitté devant le tribunal de son propre jugement, et fort de la pureté de son hommage envers l'auteur de la nature, il peut compter sur tous les biens, quels qu'ils soient, qu'assure la religion. Ce serait en vain que je m'efforcerais par des loix vexatoires, de lui faire abjurer | un culte que je crois faux, pour en embrasser un qui me parait véritable. Les raisonnemens peuvent éclairer, mais la persécution ne peut ni persuader ni convaincre. La religion nouvelle que j'oblige un homme de professer, en dépit de sa conviction, quelque sainte, quelque pure que cette religion soit par elle même, n'est pour lui d'aucun avantage. Le culte le plus sublime devient une source de corruption, s'il n'est pas consacré par l'assentiment de la conscience. La vérité d'une religion n'est qu'un objet secondaire : l'intérêt principal est l'intégrité du cœur, et la sincérité de la persuasion, ou pour mieux dire, une proposition parfaitement vraïe dans sa nature abstraite, devient erronnée et funeste, lorsqu'elle est proférée par les lèvres seules, et désavouée par le jugement. Elle n'est plus que l'expression perfide de l'hypocrisie ; au lieu d'élever notre esprit au dessus des désirs coupables, et des tentations sordides, elle nous rappelle sans cesse l'abjecte pusillanimité qui nous a déterminés ; loin de nous inspirer une sainte confiance, elle nous couvre de honte et nous poursuit de remords.
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L'on a conclu de ces raisonnemens, que les opinions religieuses n'étaient point soumises à la jurisdiction des loix criminelles, et que leur compétence 35 Etablissement du texte : 7/2-6/2 ; L f> 468r 0 ^74r° ; P2 P 140v°-144r° ; G pp. 696-704, 706-707.
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ne s'étendait qu'aux délits civils. Cette conclusion n'est juste qu'à moitié, f I4lv° C'est par un étrange bouleversement d'idées, que les | hommes ont supposé que la religion seule était du ressort de la conscience, et que les devoirs moraux pouvaient sans inconvéniens être abandonnés à l'arbitraire des Magistrats. Le prix qu'on attache à la religion, ou à toute autre opinion abstraite, consiste uniquement dans sa tendance morale. C'est comme moyen d'amélioration, que l'on a voulu rendre la religion indépendante et sacrée. N'est il pas absurde, que, dans le tems même, ou pour conserver à ce moyen, c'est à dire la religion, son efficacité, nous la dérobons à l'autorité civile, nous consentions à soumettre le but, c'est à dire la morale, à cette même autorité"? f I42r° De toutes les affaires humaines, la morale est la plus intéressante. Elle est l'inséparable associée de toutes nos transactions. Il n'y a point de situation dans cette vie, point d'alternative offerte à notre choix, ou le devoir garde le silence. Quelle est maintenant la règle de la morale et du devoir ? la justice. La justice ne se compose pas des décrets arbitraires qui sont en vigueur dans certains pays, mais de ces loix éternelles, également obligatoires pour tous les hommes dans tous les climats. Si les règles de la justice paraissent quelque fois obscures, incertaines ou contradictoires, quelle règle immuable nous délivrera de l'hésitation ? Il n'existe que deux espèces de règles moraies, l'intelligence des autres hommes, et notre propre intelligence. Peut on demander laquelle convient le mieux à notre nature ? Pouvons nous renoncer à notre raison ? Quelques efforts que nous fassions pour acquérir la foi implicite, n'entendons nous pas sans cesse la voix étouffée de notre conscience. «Tel décret, nous dit elle, est équitable, tel autre est une erreur ou P I42v° une injustice 1 .» Les | disciples de la superstition, les sectaires de l'obéis°
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Ici notre auteur s'exprime avec inexactitude ; et cette inexactitude dans l'exposé de son opinion, le conduit à une conséquence funeste. On peut laisser la religion parfaitement libre, parcequ'elle n'intéresse que celui qui la professe : mais il n'en est pas de même de la morale, parceque la morale d'un individu intéresse tous les autres individus qu'il rencontre. 30 La religion se compose des relations qu'un homme suppose entre lui et l'Etre, ou les Etres qu'il adore, et la loi qui ne connait pas ces êtres, peut ne pas s'occuper de ces relations. Mais la morale se compose des relations qui existent entre les hommes, et la loi n'ayant d'autre but que de préserver les hommes de l'action irrégulière de leurs semblables doit s'occuper de la morale qui décide de ces actions. Ce n'est pas, ainsi que parait le croire 35 l'auteur anglais, comme n'étant pas du ressort de la conscience qu'on met la morale dans la dépendance de la loi : c'est comme étant du ressort de la conscience active, et non pas simplement de la conscience spéculative et solitaire, à la manière de la religion. Cela est si vrai, que, lorsque les opinions religieuses nuisent à autrui, on peut et on doit les réprimer, et que leur répression ne parait nullement blesser la liberté de conscience. Note du traducteur. 40
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Tout comme dans L, les guillemets ne sont pas fermés.
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sance aveugle sont ballottés perpétuellement par le désir de croire, et l'impossibilité de ne pas douter. Si nous abandonnions le privilège de l'intelligence, quelle espèce d'être deviendrions-nous ? D'après les termes de cette proposition, nous ne serions plus des êtres raisonnables ; d'après la nature des choses nous ne serions pas des êtres moraux ; car la morale est le jugement de la raison, réfléchissant sur les effets de nos actions pour le bien général et pour le notre. Il en résulte que la régie du devoir est pour chaque homme l'exercice de son propre jugement. Le jugement est l'action de comparer deux idées, et d'appercevoir par cette comparaison leur consonnace ou leur dissonance. Il est possible de faciliter cette opération, en développant plus clairement ces idées, en les plaçant sous un nouveau jour, en apportant pour ou contre un dégré d'évidence additionnelle. Mais, est-ce là l'effet que vous espérez produire par la contrainte ? misérable ressource qui met au contraire en opposition notre jugement et nos craintes, notre faiblesse et notre raison ! P I43r° Si ce que vous m'ordonnez est un devoir, ne | pouvez vous m'en donner des preuves ? si vous connaissez mieux que moi l'étemelle justice, ne pouvez vous m'instruire, et faire passer dans mon âme les lumières que vous possédez ? Puisque vous êtes le plus éclairé, qu'avez vous besoin d'être le plus fort, et tandis qu'il dépend de vous de me convaincre, pourquoi voulez vous m'opprimer ? La contrainte ne dégrade pas seulement l'esclave, elle avilit le maitre. Il se dispense de cultiver les plus belles facultés de l'homme, et renonce aux progrès sans bornes, que pourrait faire son intelligence, si la raison était le dernier appel, et que nul d'entre nous n'eut de ressources que dans ses moyens de persuasion, et dans l'évidence de ses preuves. Lorsque je vois la contrainte mise en usage pour le triomphe de la vérité, je crois voir cette régulatrice éternelle de tout ce qui existe, rejettant ses armes naturelles, et se dépouillant de ses forces primitives, pour revetir le masque de l'imposture, et descendre jusqu'au niveau de l'erreur. Observons, par quel étrange sophisme, l'autorité prétend justifier l'usage de la contrainte. D'abord elle nous dit qu'un criminel ayant offensé la société entière, il est légitime que la force sociale soit déployée contre lui. Elle nous dit ensuite, qu'en traduisant f° I43v° le criminel à la barre de la société, qui est la partie offensée, | elle le traduit devant un juge impartial. Quelle odieuse inconséquence"?
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Ce raisonnement est complettement faux. La société est composée d'individus qui peuvent être l'objet d'un délit : elle a, sans doute, en cette qualité, intérêt au châtiment des coupables : mais elle est aussi composée d'individus qui peuvent être accusés injustement : et sous ce dernier rapport, elle a un intérêt égal à ce que l'innocent ne soit pas condamné. 40 Cette combinaison d'interets la rend un juge parfaitement impartial. Note du traducteur.
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Revenons à l'effet que la contrainte produit sur celui qui en est la victime. Elle n'est point un raisonnement, elle ne peut donc commencer par convaincre. Elle produit d'abord la douleur physique et l'indignation morale. Elle aliène l'esprit toujours davantage de la vérité qu'on lui présente. Elle est un aveu tacite d'imbécillité. Si celui qui recourt à la contrainte pouvait arriver à son but par des argumens, il préférerait sans doute ce moyen naturel et légitime. Il justifie la violence qu'il m'inflige par l'importance prétendue de l'opinion qu'il veut me faire adopter, tandis que ce n'est que parceque son opinion manque de preuves, de justesse et d'évidence, qu'il appelle la violence à son secours. Il est néammoins une circonstance qui semble nécessiter la contrainte : mais elle n'a aucun rapport avec l'institution politique, et ne s'applique p I44r° qu'aux | individus. Repousser la force par la force, c'est employer une espèce de contrainte. Lorsqu'un assassin se précipite sur moi pour me frapper d'une épée nue, je recours à la force, pour prévenir un malheur que ce moyen seul semble pouvoir empecher. La circonstance parait n'admettre aucune tentative de persuasion. Réfléchissons toutefois : nous apprendrons à douter. Le pouvoir de la raison n'est encore qu'imparfaitement connu. Tel homme rend évidente, en une heure, une vérité que tel autre n'aurait pu établir en moins d'une année. Pourquoi Marius lançant un regard d'indignation sur le soldat envoyé dans son cachot pour l'assassiner, et lui disant d'une voix menaçante : Oses-tu bien égorger Marius ? le mit en fuite par ce peu de mots ? C'est que son regard, son accent, son geste étaient tellement empreints de la force de son ame, que cette force se fit jour d'une manière irrésistible, jusques dans l'ame du soldat. Il serait heureux pour l'espèce humaine, que tous les hommes missent dans l'énergie de leurs sentimens la même confiance que Marius. Rien peut-être ne leur serait impossible avec cette habitude d'intrépidité ; et la résolution inébranlable de mépriser la force chez les autres, et de ne jamais l'employer nous mêmes, serait un pas incalculable vers la perfection.
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Chap.e 3.e De l'objet de la contrainte.
La contrainte, considérée comme moyen de gouvernement, est d'une nature fort différente de la force employée pour resister à la force. Le gouvernement met en usage la contrainte contre des actions passées, et motive cette mesure sur le besoin de prévenir des délits futurs, de corriger des coupables, ou d'effrayer ceux qui seraient disposés à le devenir. Des raisonnemens assez pressans, bien qu'ils ne soient pas sans répliqué, viennent à l'appui de cette théorie. Nous les examinerons successivement : Nous supposons d'avance nos lecteurs persuadés, que l'objet, quel qu'il soit de la contrainte, peut être rempli sans avoir recours à la peine de mort. Ceux qui révoqueraient ce principe en doute, en trouveront la démonstration dans la suite de ce livre. Nous observerons d'abord que la nécessité de prévenir les délits futurs, a, de tous tems servi de prétexte à toutes les tyrannies. Par quels raisonnemens l'inquisition, les espions de tous les genres, les censeurs de toutes les déf I45r° nominations les | persécutions de toutes les espèces, contre les opinions, les écrits et les discours, furent-elles toujours justifiées ? Par la liaison intime que l'on supposait entre les opinions et la conduite des hommes, par la nécessité de prévenir les actions immorales qui pouvaient résulter de sentimens immoraux : Cette doctrine et les mesures qu'elle conseille, sont inutiles pour le moins autant qu'absurdes. Au lieu d'enfermer tous les individus qui l'inquiètent afin de se livrer à de honteux plaisirs, et de sommeiller dans une coupable indolence, le gouvernement n'a qu'à redoubler de vigilance et d'énergie. C'est son métier, c'est son devoir. Toute précaution coercitive, motivée sur la nécessité de prévenir un délit futur, est un châtiment infligé d'après un simple soupçon, et cette espèce de châtiment est, de toutes, la plus arbitraire et la plus subversive de la justice et de la raison. Le second objet que la contrainte peut se proposer, est de corriger les coupables ; mais nous avons suffisamment discuté cette question dans le chapitre précédent. La contrainte ne peut ni persuader, ni concilier, ni convaincre. Au contraire, elle aigrit, elle aliène, elle révolte, elle n'a rien de commun avec la raison. Elle participe toujours de la nature de l'injustice. Etablissement du texte : 7/3-6/3, L f 476i"-^79r°, P2 f 144v°-146r°, G pp. 705-714. 26 coercitive ] surchargé sur corrective L
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Elle a | toujours des traits de ressemblance avec l'oppression, source éternelle de tous les vices, de tous les malheurs de l'espèce humaine. Enfin le dernier objet de la contrainte est l'exemple. Sous ce prétexte, les législateurs se sont livrés à tout ce qu'il y a de barbare. La vengeance s'est abandonnée aux plus atroces fureurs. Aucun supplice, aucune torture n'ont paru trop épouvantables ; et la férocité s'est fatiguée pour inventer de nouveaux tourmens. Il est reconnu depuis long teins que cet exécrable système ne parvient jamais à son but. Les rafinemens de la cruauté ne nous inspirent qu'une terreur passagère qui se change bientôt en indignation : mais l'indignation n'est point un moyen conciliatoire ; la férocité ne persuade 1 pas. Nous sommes chaque jour, plus exaspérés contre l'injustice ; notre malheur nous agite, notre servitude nous révolte, nos tentations deviennent plus irrésistibles, parcequ'elles empruntent le langage éloquent de la sympathie, et se confondent dans notre ame avec la pitié pour la souffrance, et l'exécration pour la cruauté. Avec quelle horreur ne devons nous pas contempler | les formes actuelles de la société humaine, lorsque nous réfléchissons que ces formes sont presque l'unique source des fautes qu'elles punissent avec tant de barbarie ? l'intérêt personnel, bien entendu prescrit littéralement la même conduite que l'interet général. Pourquoi ce principe incontestable dans la théorie, est-il si constamment contrarié dans la pratique ? Existe-t-il dans nature de l'homme une perversité innée qui l'entraine irrésistiblement à sa destruction ? Non, sans doute, car c'est la pensée qui constitue l'homme, et avant la pensée, il ne peut avoir de penchans bons ou mauvais. Ses penchans sont le produit des impressions qu'il reçoit, les penchans vertueux dominent toujours, parceque la nature inhérente des choses est plus puissante que toutes les institutions factices. Le plus corrompu des hommes doit ses vices aux institutions qui opposent l'intérêt public à l'interet individuel, et qui forment en faveur de quelques hommes, un monopole des avantages que la nature destinait à tous.
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Godwin précise la source : C. Beccaria, Dei delitti e delle pene. Voir G, p. 712.
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Chap.e 4.e De l'application de la contrainte.
Une remarque ultérieure, qui tend à redoubler nos scrupules sur le sujet que nous traitons, c'est l'impossibilité de découvrir jamais la mesure juste d'un délit quelconque. Jamais deux crimes ne furent semblables. Rien n'est donc plus absurde, que de réduire implicitement ou explicitement tous les délits, sous un certain nombre de dénominations génériques. Il ne l'est pas moins de prétendre proportionner le dégré de souffrance à celui du crime, puisque le degré du crime ne peut être calculé. Essayons de démontrer ces deux propositions d'une manière satisfaisante. L'homme considéré sous un point de vue relatif, est un composé de deux parties, l'une extérieure et l'autre intérieure. La première comprend la forme dont ses actions sont revetues, La seconde, le principe même de ses actions. Nous pouvons arriver à la connaissance de la première partie : mais aucune espèce d'évidence ne nous fournira des données certaines sur la dernière. A laquelle des | deux, maintenant, proportionnerons-nous le dégré de souffrance d'un coupable ? Sera-ce à la première, c'est à dire à l'injure qu'il aura faite à la société ? Sera-ce à la seconde, c'est à dire à son intention plus ou moins criminelle ? Quelques philosophes frappés de la nature impénétrable de l'intention, ont jugé que le dommage occasionné par l'action, était seul du ressort de la justice. Le sensible et bienveillant Beccaria a considéré cette opinion comme une vérité de la plus haute importance. Les gouvernemens se sont accordés à laisser les intentions souvent impunies, ou du moins à ne leur infliger que des peines beaucoup plus légères qu'aux actions. Lorsque les gouvernemens s'accordent en cruautés, ce qui n'est que trop ordinaire, leur opinion n'en est pas plus respectable : mais il est intéressant de rechercher leurs motifs lorsque c'est en indulgence et en humanité qu'ils sont unanimes. L'on pourrait rapporter des argumens plausibles pour proportionner le châtiment à l'intention. Ce n'est pas le passé, mais le futur, dirait on, que la surveillance politique doit avoir en viie. Quelqu'atroce qu'ait été la conduite d'un individu, ce n'est jamais que la considération de l'avenir, c'est à dire la considération des dangers dont ses habitudes perverses menacent encore la sûreté publique, qui peut autoriser la société à exercer contre lui des moyens Etablissement du texte : 7/4-6/4 ; L F 479v o ^90r o ; P2 F 146v°-152r° ; G pp. 715-726, 761-763.
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f° 147v° de force. La conduite passée n'est du ressort du gouvernement, que comme indice de la conduite future. Or la présomption qu'on tire de la conduite passée, est beaucoup plus faible, que celle qui naît d'une intention bien connue. Celui qui publie ouvertement qu'il est déterminé à commettre un meurtre, ne parait guères moins dangereux, que celui qui, déjà coupable d'un pareil crime, n'annonce aucun penchant à s'y livrer de nouveau. La réponse à ces raisonnemens se trouve dans l'insuffisance des preuves, relativement à l'intention. Avant que l'intention d'un homme soit juridiquement démontrée par ses discours, il faut avoir pris en considération une infinité de circonstances. Le témoin qui dépose a entendu proférer de certaines paroles : mais les repete-t-il exactement ? Quelque défaut de mémoire ne modifie-t-il pas à son insçu quelques expressions ? Avant que les expressions, même littéralement rapportées, soient une preuve satisfaisante, il faut que je connaisse le son de voix, le regard, les gestes qui les ont accompagnées. Il faut que je sois instruit de toutes les circonstances antérieures, ou concomitantes. Le sens d'une phrase dépend de la chaleur instantanée, ou du sentiment durable qui l'a dictée, f I48r° Ces considérations jointes à l'odieux de tout | moyen de force en lui même, ont fait reconnaître tacitement aux gouvernemens, que l'intention n'était jamais de la compétence de l'autorité. Les actions semblent infiniment plus faciles à connaitre ; et rien ne parait, au premier coup d'œuil, plus aisé que d'en former différentes classes générales. Le meurtre, suivant ce système, sera toute espèce d'acte ayant pour résultat la mort d'un individu. Ce principe abrège considérablement les incertitudes des magistrats, bien qu'une foule d'exemples ridicules ou terribles, suivant le point de vue sous lequel ils sont présentés, nous démontre qu'il est souvent difficile de déterminer, si telle action est une cause réelle et positive de mort. Mais indépendamment de cette difficulté, n'est-il pas excessivement injuste de considérer, avec la même sévérité, toutes les manières dont un homme peut occasionner la mort d'un autre ? Abolirons-nous jusqu'à ces distinctions imparfaites que les tyrannies les plus odieuses ont été forcées de consacrer ? Confondons nous la rencontre fortuite, l'homicide excusable et l'assassinat prémédité ? Infligerons-nous à celui qui se dévouant pour sauver la vie d'un homme, en renverse un autre et le fait périr, la même peine qu'au meurtrier féroce de son bienfaiteur ? l'offense commise envers la société n'est point la même dans ces deux suppositions. La grieveté de l'offense dépend des dispositions plus ou moins antisociales du f° 148v° coupable, | ou, pour mieux dire, de l'encouragement que donnerait à des disposition semblables l'impunité d'un pareil délit. Mais cette distinction qui parait si nécessaire, nous éloigne de l'acte extérieur et nous ramène vers l'intention. L'on se rappelle ce que nous avons dit au commencement de cet
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ouvrage sur l'infinie diversité des motifs qui peuvent conduire à des actions extérieurement les mêmes. L'un commet un meurtre pour se délivrer d'un surveillant incommode, un autre par un sentiment d'envie, un troisième, parcequ'informé d'un projet funeste au bonheur son pays, il ne connait pour le prévenir de moyen, que la mort de celui qui le médite, Un quatrième, pour défendre la vie de son père, ou la chasteté de sa sœur. Un système qui tend à confondre des délits tellement inégaux, à niveller des dégrés de crime si différens, est-il conforme à la justice ? Pour empecher les hommes de s'entredétruire, faut il donc subvertir la nature du bien et du mal ? Nous croyons, au contraire, que, sous quelque prétexte que l'on introduise ce système, il est organisé de manière à produire la corruption générale ? N'est-il pas révoltant d'afficher, pour ainsi dire, sur la porte de nos tribuf° I49r° naux. «C'est ici le temple de la justice, ou les principes du crime | et de la vertu sont journellement éludés : ou toutes les nuances des actions, ou toutes les diversités des délits sont systématiquement confondues par l'insouciance insolente du législateur, et par l'égoïsme barbare de la classe qui monopolise tous les avantages de l'ordre social.»1 Une méthode, exposée peut-être à de moindres incovéniens, serait de combiner l'intention du coupable avec la probabilité des récidives du crime, pour proportionner aux dangers résultant de cette combinaison, la mesure nécessaire de la peine. Ce serait un grand pas, vers un meilleur ordre de choses : mais ce pas nous conduirait par une progression rapide autant qu'évidente, à l'abolition de tout moyen de contrainte. Le premier avantage d'un pareil système serait de faire sentir à des juges éclairés et sages, qu'il ne doivent avoir recours à nul autre code que celui de la raison. Ils concevraient, que ceux-là seuls, qui ont eu sous les yeux toutes les circonstances d'une transaction, peuvent se flatter d'en apprécier la moralité ; qu'il est absurde de classer sous un certain nombre de dénominations inventées antérieurement, des fautes qui se multiplient, se varient et se compliquent à l'infini, et qu'il est surtout tyrannique de fausser le caractère des actions pour les faire entrer de force dans cette classification arbitraire, f 149v° Bientôt ils iraient plus | loin : ils appercevraient que s'il est ridicule de supposer que les rédacteurs d'un code quelconque ayent pu deviner des actions non encore advenues, au moment de leur travail, il n'est pas moins présomptueux de prétendre démêler les intentions et lire dans les pensées de ceux mêmes auxquels nous unit l'intimité la plus étroite et dont la conduite entière parait soumise à notre examen. Que de fois les hommes se trompent 18 de moindres ] des moindres L 1
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eux mêmes sur les motifs qui les dirigent ! que de fois ils s'aveuglent sur leurs propres intentions ! Que de fois ils méconnaissent les principes qui les influencent ! Le simple observateur pourra-t-il former un jugement équitable, quand celui qui trouve en lui même tous les moyens d'appréciation est exposé sans cesse à l'erreur ? Les philosophes ne disputent-ils pas depuis des siècles sur le principe des actions humaines, que les uns placent dans l'amour propre, et les autres dans la sympathie, pour assigner avec certitude l'intention d'un homme, il faut connaître d'une manière précise l'impression actuelle des objets sur ses sens et les dispositions précédentes de son esprit. Ces deux choses varient d'un individu à l'autre, et souvent chez le même individu d'un moment à l'autre avec une rapidité proportionnée | à la succession des idées, des passions et des circonstances1 ; et néammoins les individus chargés de dévoiler ce mystère impénétrable n'ont aucune sorte d'informations préalables, sont étrangers à l'accusé, et ne puisent leurs incertaines données, que dans les dépositions de témoins, ignorans ou prévenus. Quelle immense série de motifs possibles se combinent dans l'histoire d'un homme qui s'est rendu coupable d'un meurtre ? qui pourrait dire combien il y avait dans ces motifs, de sentiment de justice, combien d'égoïsme désordonné ? Combien de passion soudaine ? combien de corruption endurcie ? combien de ce délire subit qui s'empare de nous presque sans cause ? combien d'habitude enracinée ? Réfléchissez à l'incertitude de l'histoire. Cicéron avait-il plus de vanité que de vertu ? Les héros de l'ancienne Rome étaient-ils guidés par l'amour intéressé de la gloire, ou par le désintéressement du patriotisme ? Voltaire fut-il la honte de son espèce, ou son défenseur le plus généreux ? Les hommes modérés reconnaissent que toutes ces questions sont insolubles. Cependant nous avons à cet égard mille fois plus de lumières, que sur le crime ou l'innocence de l'infortuné que les loix ont condamné, hier peut-être, à mort. Comparez les relations | écrites par des accusés jugés coupables, avec la sentence prononcée contr'eux. Ces relations portaient le caractère le plus solemnel ; elles avaient été rédigées dans les circonstances les plus imposantes, plusieurs, sans que la chance d'obtenir le moindre adoucissement put influer sur la véracité de leurs auteurs. Qui osera dire, que le Magistrat, avec le secours de ses informations incomplettes, soit un meilleur juge, qu'un prisonnier sans espoir, après le plus sévère examen de sa conscience ? Quel homme sensible et juste n'éprouve pas un sentiment de terreur, en lisant les pièces d'une procédure, terminée 15 de témoins ] de quelques témoins L 1
Godwin précise la source : C. Beccaria, Dei delitti e delle pene. Voir G, p. 721.
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par un arrêt de mort ? et l'humiliation de la victime réduite à confesser la justice d'une sentence dont nous frémissons, ne fait que rendre notre impression plus douloureuse et plus sombre. Mais ce n'est pas tout. Le but de la société n'est pas d'influer sur le passé, mais sur l'avenir. Pour savoir si tel crime est de nature à être souvent répété, il est raisonnable de rechercher quelle fut l'intention du coupable, en le commettant. Mais la découverte de cette intention n'est encore qu'un objet secondaire. Il nous reste à calculer la probabilité des récidives. La situation d'esprit qui pousse le prévenu vers le crime, est elle sa disposition f I5ir° habituelle, ou quelque crise unique dans sa vie ? Quel effet aura produit sur lui l'expérience ? Quel changement salutaire a pu s'effectuer dans son ame par l'angoisse inséparable d'une action contraire à la justice et à la raison ? La nature du délit et les circonstances qui l'accompagnèrent, font-elles craindre que le coupable ait de nombreux imitateurs ? Une troisième difficulté nait de l'insuffisance des preuves : la véracité des témoins est un objet de doute éternel pour l'observateur scrupuleux. Leur intelligence est plus douteuse encore. Il serait absurde d'attendre d'eux une parfaite impartialité. Chaque mot, chaque geste peut être défiguré par la bouche par laquelle il passe. Le crime se démontre (pour employer la phraséologie légale) par l'évidence directe ou par l'évidence circonstantielle. On me trouve près du cadavre d'un homme récemment assassiné. Je sors de sa chambre, un poignard en main, ou les vêtements couverts de sang. Si, dans ces circonstances, et inopinément accusé de meurtre, j'hésite dans mes réponses, si mon maintien se trouble, c'est une présomption additionnelle ; personne n'ignore que l'homme le plus vertueux de l'Angleterre n'est pas assuré de ne point expirer sur l'échaffaud. Pour l'évidence directe, il est nécessaire de constater l'identité du coupable ; mais que d'infortunés f° I5iv° condamnés sur une identité prétendue, ont été reconnus | innocens après avoir subi leurs supplices ! Sir Walter Raleigh prisonnier dans la tour de Londres entendit les clameurs de quelques hommes qui se battaient sous ses fenêtres. Il questionna plusieurs témoins oculaires de l'évenement, et les relations qu'il recueillit, furent tellement contradictoires, qu'il ne put s'en former aucune notion précise ; il applique cet exemple à l'incertitude de l'histoire ; il aurait pu l'appliquer également aux procédures criminelles. La publication d'un libelle ne peut effrayer quiconque apprécie la force réelle de la vérité, mais il n'en est pas de même d'une accusation juridique. Peu d'hommes conservent dans cette circonstance, le calme et la présence d'esprit nécessaires, et lors même que leur courage ne les abandonne pas, on écoute leur apologie froidement, et presqu'avec répugnance. Si le crime dont on les accuse est d'une nature atroce, ils sont d'avance à demi condamnés par les passions de leurs auditeurs. On va prononcer sur leurs interets au
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milieu des premiers mouvemens de l'indignation, et l'impartialité n'aura son tour que dix ans peut-être après la mort de la victime. Pourquoi, lorsqu'un terme considérable s'écoule entre la sentence et le supplice, la sévéf° I52r° rité du public se change-t-elle en compassion. Ce n'est pas comme | on le suppose, que le crime soit oublié, mais c'est que la raison reprenant son s empire, nous rappelle confusément l'injustice de la rigueur. Un homme en jugement est un pauvre malheureux individu, isolé, abandonné, tandis que la société réunie conspire sa perte ; l'accusé qui a le bonheur d'être absous, en est tellement surpris, lors même qu'il a le sentiment de son innocence, qu'il lève avec étonnement les mains au ciel, et doute encore qu'il ait 10 triomphé d'une inégalité si prodigieuse. L'indignation dont nous pénétré la calomnie nous fait répéter, à toute occasion, que nous demandons d'être jugés ; mais le simple calcul des chances d'un jugement criminel dans l'état actuel de la société, en fera toujours pour la vertu même un objet de défiance et d'effroi. 15
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Chap.e 5.e De la contrainte, considérée comme un moyen temporaire.
Nous allons passer à l'examen des raisonnemens qui justifient l'emploi de la force, comme un moyen temporaire. Notre discussion précédente nous servira d'introduction. Il était indispensable d'exposer les abus odieux du système de la force en général, pour disposer nos lecteurs à le rejetter dans tous les cas où sa nécessité ne serait pas demontrée. Quelque désirable que puisse être l'entière abolition de tout moyen de contrainte, lorsqu'on considère abstraitement la nature de l'esprit humain, cette mesure, nous dit-on, n'est pas pratiquable dans l'état présent de nôtre espèce. Une foule de vices divers a été le résultat de l'injustice constituée. Des désirs factices, des habitudes perverses, une impétuosité féroce, un égoïsme invétéré, la perte de toute sympathie et de toute modération ont dénaturé le caractère de l'homme. Un tems viendra peut-être où sa raison reprendra quelqu'empire : mais aujourd'hui sa voix serait étouffée, ses ordres méprisés et ses loix enfreintes. Une première réflexion, c'est que la force est de tous les moyens, le plus impropre pour préparer les hommes à se passer de la force. Il est absurde de penser que la force commencera ce que la vérité seule est capable de finir, et que la rigueur et la violence feront entrer la race humaine f I53r" sous des auspices plus favorables dans l'école de la raison. Mais, sans nous appesantir sur cette méprise grossière, nous observerons d'abord, qu'il existe contre les maux que l'on cherche à prévenir par les moyens de contrainte, un remède sur et infaillible à la disposition de toutes les sociétés qui se déterminent à l'adopter. Il existe un état d'ordre social dont nous avons déjà présenté l'esquisse, et qui, par la simplicité de son organisation conduirait nécessairement à la cessation de tous les délits : les tentations deviendraient presque nulles ; la vérité serait mise à la portée de tous les esprits, et le vice suffisamment réprimé par la censure générale et par la désapprobation publique. Tous ces biens résulteraient de la seule destruction des mystères et des artifices du gouvernement. C'est à la pernicieuse ambition de réunir un vaste territoire, c'est aux rêves funestes Etablissement du texte : 7/5-6/5, L f° 492r"-504r", P2 f 152v°-159r", G pp. 727-744. 11 Une foule ... de l'homme. ] une foule de vices divers a été le résultat de l'injustice constituée, des désirs factices, des habitudes perverses, une impétuosité féroce, un égoisme invétéré, la perte de toute sympathie, et de toute modération, ont dénaturé le caractère de l'homme. L 15 reprendra ] reprendra L répandra P
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d'une gloire absurde, c'est aux notions erronnées de domination et de dignité nationales, qu'on doit imputer uniquement les meurtres nombreux qui se commettent chaque jour, avec la sanction des loix. Ces illusions execrables ont été jusqu'ici le fléau de la race humaine, sans procurer un bénéfice réel à un seul individu. Nous observons ensuite, qu'il n'est aucunement nécessaire, que les hommes soient, en quelque sorte, purifiés des vices produits par les institutions factices, avant d'être délivrés de la contrainte qu'on leur impose. Certes leur I53v° situation serait désespérée, s'il fallait que la | guérison précédât le remède, et que la dépravation qui ne résulte que d'une politique perverse, fut réformée avant cette politique même. Un système de société bien organisé tend, non seulement à maintenir les anciennes vertus de ses membres, mais à extirper leurs erreurs, et à les rendre justes et bienveillans l'un pour l'autre. Il les délivre de l'influence des fantômes qui les égaraient ; il leur fait sentir que leur félicité véritable consiste dans l'intégrité et l'indépendance : il attache chaque individu par le consentement général de tous, plus invinciblement que par des chaînes de fer, aux principes de la raison. Les dispositions vicieuses des hommes ne tendent à retarder l'abolition des moyens de force, qu'autant qu'elles les empechent de concevoir les avantages de la simplicité dans les institutions politiques. Il y a néammoins un point de vue sous lequel la force peut être admise, comme un moyen temporaire, non pas au nom de la société, sur les individus, mais comme devoir des individus dans la société. Le premier devoir des individus est de développer, avec toute la clarté possible, les avantages d'un état de société perfectionnée, et de travailler infatigablement à découI54r° vrir les défauts de la constitution sous laquelle ils vivent. Mais ils | doivent, en même tems, considérer, que leurs efforts ne peuvent être suivis immédiatement d'un succès complet, que le progrès des lumières est graduel de sa nature, et que les hommes ne sont pas moins obligés de se consacrer au bonheur de leurs semblables, durant la période intermédiaire, que de travailler à la félicité future et durable des générations à venir. En effet, ce n'est qu'en garantissant de toute atteinte les avantages dont nous jouissons, que nous arriverons à de nouveaux avantages. Maintenant les nations sont encore assez aveugles pour tolérer des gouvernemens compliqués et de vastes territoires. Aussi longtems qu'elles persisteront dans cette erreur, l'emploi de la force sera nécessaire à la sûreté publique. Il ne dépend pas d'un individu d'éclairer tout à coup ses concitoyens : son devoir l'oblige conséquemment à prendre une part active à de certaines opérations du système qui existe, et à favoriser un dégré de force suffisante pour prévenir les commotions du tumulte et de la violence. Il serait indigne d'un être raisonnable de dire : «Ces choses sans doute sont nécessaires pour le moment,
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mais il m'est permis de n 'y prendre aucune part. Si ces choses sont nécessaires, elles le sont pour l'interet général. Elles sont donc des actes de vertu, nul homme juste ne refusera d'y concourir. f° I54v° Le devoir des individus, à cet égard, est semblable à | celui des sociétés indépendantes. Lorsqu'il s'agit de la guerre, on sait quelle est dans ces occasions la politique commune des princes. Ceux qui sont actifs et entreprenans sont dévorés de la soif d'étendre leur territoire ; la conduite la plus innocente et la plus paisible de la part de leurs voisins, n'est pas une garantie suffisante contre leur frénésie ambitieuse. Tantôt ils cherchent des prétextes pour déguiser leurs violences, d'autres fois ils dédaignent même cette mensongère pudeur. Supposons donc, qu'un pays libre soit envahi par l'un de ces tyrans. Quelle est la conduite que les citoyens doivent tenir ? Le langage de la raison seule ne désarmera pas leurs injustes agresseurs. Si, pareils aux Quakers, ils refusaient également de résister et d'obéir, ils préviendraient l'effusion du sang ; mais il en résulterait un mal plus durable. Des garnisons établies dans leurs foyers, les fatigueraient de vexations de tout genre. Le devoir des individus est de calculer quelle conduite sera la plus utile dans ces circonstances ; ils doivent en conséquence adopter l'expédient le moins funeste, pour forcer l'ennemi d'évacuer promptement leur territoire. Ce principe s'applique à toutes les transactions des individus ; l'abandon f I55r° de ma vie ou de celle d'un | autre, au premier scélérat qui voudrait y porter atteinte, ne serait d'aucun avantage. Je dois par conséquent prévenir l'exécution de ce crime, en employant dans ce but, le dégré de contrainte nécessaire. Il en est de même de l'homme endurci dans le vice, et qui trafique de la violation de la sûreté publique. Je dois prendre les armes contre le despote qui dévaste mon pays, puisque mes raisonnemens ne suffisent pas pour le déterminer à la retraite, et puisque mes compatriotes sont incapables de conserver dans les fers leur indépendance intellectuelle. Par la même raison, je dois m'opposer à l'ennemi domestique, puisque je n'ai pas d'autre moyen pour prévenir son délit, ou pour faire adopter par la société une institution politique plus équitable, qui puisse maintenir la sûreté sans le secours des moyens de force. C'est ici, peut-être, qu'il convient de faire ressortir l'immense intervalle qui sépare une société bien organisée, sans gouvernement, de ce qu'on entend généralement par l'anarchie. Détruisez demain le gouvernement de l'Angleterre, si sa dissolution n'est point le résultat d'idées sur la justice politique, mûrement réfléchies, et antérieurement répandues parmi le peuple, ce bouleversement sera loin de conduire à l'abolition de la violence. Les individus se voyant délivrés de la terreur qui les contenait, et n'étant encore ni placés sous la tutelle plus heureuse et plus raisonnable de l'inspection publique, ni convaincus de la nécessité d'une bienveillance 41
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mutuelle, se livreront à tous les genres d'injustice, et forceront par leurs f° 155V0 excès ceux qui désireraient la fin du désordre | à s'associer de nouveau pour y mettre un terme par la violence. On aura de la sorte tous les maux attachés à un gouvernement régulier sans jouir de la sûreté et du repos qui en forment l'unique avantage. L'anarchie est par sa nature un fléau de peu de durée. Plus ses convulsions sont violentes, plus on en voit promptement la fin. Mais il est néammoins nécessaire de calculer le dégré du mal qu'elle produit, pendant qu'elle existe, et le résultat qu'on doit en attendre. Sa première victime est la garantie individuelle ; quiconque a un ennemi secret, doit redouter le fer de cet ennemi. Sans doute, au milieu des plus affreuses convulsions de l'anarchie, la foule obscure peut dormir paisiblement ; mais malheur à qui, n'importe comment, excite l'envie, la haine ou la défiance ! La férocité sans frein, le marque pour sa proie. Dans cet état de choses, les plus sages, les plus éclairés, les plus généreux, les plus hardis sont menacés d'une fin prématurée. Il faut renoncer aux spéculations patientes du philosophe, aux veilles savantes de l'écrivain. Tout porte l'empreinte du chaos social, tout est précipité, turbulent, impetueux. L'on voit de tems en tems briller le f I56r° génie, mais tel qu'un sanglant météore, et non tel | que l'astre du jour. Les hommes, qu'une soudaine énergie pousse tout à coup vers le pouvoir, portent l'empreinte de la circonstance, qui les élève à cette grandeur inattendue. Ils sont sévères, farouches et sombres. Leur ambition désordonnée s'irrite de l'égalité, et la tyrannie satisfait seule leurs passions ingouvernables. Gardons cependant de conclure, que l'anarchie avec tous ses maux soit plus funeste que ne peut l'être le plus mauvais gouvernement. Le despotisme anéantit, comme l'anarchie, la sûreté personnelle ; avec cette différence que l'anarchie est passagère, et que le despotisme peut être éternel. Celui des Empereurs Romains proscrivait partout l'opulence, et le malheur d'être riche était le plus impardonnable des crimes : ce Despotisme s'est prolongé pendant plusieurs siècles. Dans l'Europe moderne, le despotisme s'est nourri de jalousie et d'intrigue ; il a servi d'instrument au ressentiment des femmes et à la perversité des courtisans. Celui qui osait élever sa voix contre les tyrans, ou parler des véritables interets des citoyens, n'était pas sur de ne pas se voir, le lendemain, plongé pour jamais dans un cachot. Dans ces terribles demeures, le despotisme exerçait à loisir ses longues vengeances, et quarante années de solitude et de misère suffisaient à peine pour assouvir sa fureur ; à l'injustice du chef se joignaient les excès des subalternes. Une usurpation qui violait toutes les loix, ne pouvait acheter sa sûreté, qu'en tolérant la tyrannie dans tous ses échelons secondaires. Delà 24 ses ] ces L
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les | privilèges de la noblesse, de la féodalité, du droit de primogéniture, des amendes et des héritages. Quand la philosophie de la loi sera bien conçue, on en trouvera l'histoire et l'explication, non dans le désir d'assurer le bonheur de la race humaine, comme quelques écrivains se plaisent à l'imaginer, mais dans le pacte vénal par lequel les tyrans du premier ordre se sont 5 assurés l'alliance et les secours des tyrans subordonnés. L'anarchie donne à l'esprit une activité prodigieuse, cette activité se ressent de sa source, elle est extrême dans ses écarts, et funeste dans ses conséquences. Mais elle vaut mieux, toutefois, que la pression dégradante du despotisme, dont la défiance et l'envie proscrivent tout ce qui porte l'empreinte de la grandeur. Le des- 10 potisme n'offre aucun encouragement à l'ambition vertueuse, un système de politique qui distribue les hommes en classes arbitraires, et qui les retient sans retour dans l'abaissement, en fait des êtres de l'espèce la plus dangereuse. L'oppression leur enseigne le mensonge et l'artifice, et leurs passions ulcérées ne se développent que par des actes de violence et d'injustice. 15 Le résultat définitif de l'anarchie est une question sur laquelle nous n'avons encore aucune donnée certaine. Les chances sont en aussi grand nombre que les différentes combinaisons des sociétés. L'on a vu l'anarchie se terminer par le | despotisme ; et dans ce cas elle n'a servi qu'à multiplier tous les genres de malheurs ; elle peut aussi produire la modification de la tyrannie, 20 et en conséquence un gouvernement moins odieux que celui qu'elle a détruit. Il n'est pas même impossible qu'elle conduise à la meilleure des formes sociales, elle a une certaine ressemblance, une ressemblance imparfaite et effrayante avec la liberté. Communément elle prend sa source dans la haine de l'oppression ; elle est toujours accompagnée d'un esprit d'indé- 25 pendance. Elle délivre les hommes des préjugés et de la foi implicite, et les excite à réfléchir impartialement aux motifs de leurs actions. Le résultat de l'anarchie dépend de la disposition des esprits, au moment qui a précédé l'explosion. Tous les peuples ont été dans une sorte d'anarchie, c'est à dire sans système de gouvernement, avant d'être civilisés. Il ne serait pas diffi- 30 cile de trouver dans l'histoire de tous les pays une période d'anarchie. Le peuple anglais était dans l'anarchie, immédiatement avant la restauration. Le peuple Romain était dans l'anarchie, lors de la retraite des Plébéiens sur le mont sacré. On peut en conclure que l'on a exagéré tour à tour les inconvéniens et les avantages de l'anarchie. Mais ce qui est évident, et ce 35 qu'il ne faut jamais oublier, c'est que l'anarchie limitée dans sa durée et violente dans ses mouvemens, ne peut suppléer à l'acquisition lente et graduelle des lumières. Elle détruit de certaines préventions, mais elle exalte d'autres préjugés et les convertit en instrumens de vengeance. Pour espérer que l'anarchie soit suivie de la liberté, il faut qu'elle ait été précédée 40 par la philosophie, que les grandes questions politiques aient été discutées et
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que le siècle soit en possession de certaines vérités fécondes. C'est pour cette raison que les révolutions de nos jours, (et toute révolution est une espèce d'anarchie) promettent des résultats plus heureux que celles des périodes précédentes ; en conséquence, plus l'explosion de l'anarchie sera retardée, plus elle produira d'avantages à la race humaine, l'imposture peut gagner en précipitant la crise, mais la philantropie éclairée et pure attend avec patience l'instant de la maturité. Cette heureuse récolte peut être tardive, mais elle est assurée ; et, si dans les circonstances actuelles, la sagesse et la vigilance réussissent à éloigner l'anarchie, tous les biens de la liberté seront obtenus, sans que la violence les dénature, ou que la férocité les flétrisse. Ces observations sur l'anarchie nous conduisent à conclure qu'il existe des formes de gouvememens dont la tendance est plus dangereuse que la f I58r° cessation de toute organisation sociale, mais qu'il en est d'autres | et en plus grand nombre, qui, malgré de graves défauts, sont préférables à l'anarchie. Or, il est hors de doute, que de deux maux inévitables, l'homme sage et juste choisira le moins funeste, en conséquence, faute de moyen pour introduire la forme de société qu'il considère comme la meilleure, il se prêtera, sans hésiter à l'exercice des moyens de contrainte nécessaires, pour éviter l'une des plus mauvaises de toutes les formes possibles, c'est à dire l'anarchie. Mais, en admettant accidentellement l'emploi de la force contre la force, il n'oubliera pas, que, des trois objets dont nous avons déjà fait l'énumération, et que les dépositaires de l'autorité peuvent avoir en vue dans leur usage de la contrainte, un seul est utile et légitime. Ce n'est pas l'amélioration. La force ne persuade, et par conséquent n'améliore pas. L'on pourrait dire, qu'en attendant le perfectionnement de l'espèce humaine par la raison, il faut la contenir par la force ; mais c'est dénaturer la question. Ce n'est plus la force qui améliore, elle réprime jusqu'à ce que d'autres moyens aient amélioré. Nous ne prétendons pas, que, lorsque le besoin de contenir nécessite les moyens de force, il ne faille en même tems essayer de corriger par la persuasion ; mais il est essentiel de ne pas confondre deux objets d'une nature entièrement différente, la repression physique, unique effet possible de la contrainte, et la conviction mof° I58v° raie, qui ne | résulte que du développement de la vérité. Le second objet des moyens de contrainte, l'exemple a reçu dans les chapitres précédens tous les éclaircissemens nécessaires pour démontrer que ce but est injuste par sa nature, illusoire dans ses effets, horriblement abusif dans son application. Reste le troisième objet de la contrainte, celui de prévenir les délits futurs que pourrait continuer à commettre un individu déjà coupable, si nous le
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laissions en liberté. Nous avons exposé sans ménagemens les objections qui militent même contre cet emploi des moyens de force, et nous venons de considérer les raisonnemens qui l'emportent sur ces objections sans les détruire. Un tems considérable pourra s'écouler encore avant que les hommes s changent leurs gouvernemens compliqués, pour une forme de société plus simple, qui rende inutile toute espèce de contrainte. Durant cet intervalle, nous avons des devoirs à remplir ; nous sommes tenus de coopérer au bien présent de la société, non moins qu'à sa régénération future, l'obligation temporaire, qui résulte de cette circonstance, rentre dans la théorie que nous 10 avons exposée sur le devoir. L e devoir est l'exercice d'un pouvoir donné, de la manière la plus avantageuse possible au bien général, f I59r° Or, notre pouvoir dépend de la disposition des hommes qui nous entourent. Si j'étais au milieu d'une armée qui prit la fuite, mon devoir serait de faire ma retraite, quoique celui de toute l'armée eut été de combattre, et 15 dans toutes les circonstances, mon devoir est de faire le bien que ces circonstances rendent possible.
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Il est tems de passer à l'examen de quelques-unes des conséquences qui résultent de notre théorie sur l'emploi de la force, et sur les moyens de contrainte : elles sont de la plus haute importance pour la vertu, le bonheur, et le perfectionnement de la race humaine. Tout moyen de contrainte est un acte d'une nécessité douloureuse, incompatible avec la nature de l'esprit humain, et légitimé seulement pour un tems limité par la corruption et l'ignorance actuelles. La force ne peut être considérée comme une source d'amélioration ; elle ne doit être employée, sous peine de l'injustice la plus odieuse, que dans les cas de la nécessité la plus évidente. Au lieu de l'appliquer dans toutes les occasions, comme un remède moral, la saine politique doit s'occuper de la resserrer de plus en plus, dans des bornes étroites. Rien ne la justifie que le danger incontestable qui résulterait pour la sûreté publique de la liberté de l'individu qui se permet d'y porter atteinte. Ce principe nous fournit une règle d'évaluation pour la P I60r° justice des souffrances qu'on inflige. Nous sommes | conduits, en premier lieu, à rejetter toute idée d'une mort lente, rafinée et douloureuse ; cette barbarie ne peut avoir de motif qu'un ressentiment aveugle, ou l'espoir mal fondé d'effrayer par un exemple terrible. La mort, bien que non accompagnée de tourmens, ne nous paraîtra pas plus admissible. Il existe toujours d'autres moyens de mettre un criminel hors d'état de nuire ; la privation de la vie, quoi qu'elle ne soit pas la plus grande peine qu'on puisse infliger, est toutefois un mal réel, en ce qu'elle met un terme irrévocable à toutes les espérances de la victime, et l'empêche d'atteindre au perfectionnement dont sa nature était susceptible. Lorsqu'il est nécessaire à l'interet de la société de recourir à la force contre un de ses membres, cette circonstance doit garantir à l'infortuné la justice et l'humanité des dépositaires du pouvoir ; c'est de tous les hommes celui qui a le plus besoin de leur assistance. Si loin de le traiter avec une dédaigneuse et hautaine indifférence, ils se montraient compatissans à son sort, lui présentaient la vérité avec calme, avec clarté, avec bienveillance ; s'ils employaient toutes les ressources de la raison pour éloigner de lui le sentiment de l'amertume et l'opiniâtreté de l'orgueil, son amélioration serait presque assurée. Mais, pour se dispenser de lui rendre des soins auxquels ses malheurs lui donnent des titres, ils tranchent brusEtablissement du texte : 7/6-6/6, L f 505r°-516r°, P2 f 159v°-165r", G pp. 745-759.
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f° i60v° quement | le fil de sa vie, et le privent à jamais de tout accroissement de lumières, et de tout développement de facultés. L'humanité pour les criminels n'augmenterait point le nombre des crimes. Ils se multiplient aujourd'hui par l'incertitude qu'entraînent nos formes actuelles, qui, tandis qu'elles sont un sujet de terreur pour l'innocent, présentent au coupable une chance d'échapper. La peine de mort est le résultat de l'injustice des institutions politiques et de l'indolence barbare des gouvernans. Sous les Républiques et les gouvernemens simples, les chatimens sont rares, et les peines capitales, presqu'inconnues. Plus il existe dans un pays d'inégalité et d'oppression, plus les punitions sont multipliées et rigoureuses ; plus les loix d'une société sont contraires à la nature de l'homme, plus il faut de violence pour les maintenir. Cependant les grands et les riches, fiers de leur supériorité artificielle contemplent avec indifférence la destruction de la classe pauvre et indigente, dédaignant de se rappeller, que s'il existe entre les hommes quelque différence, elle est le résultat des circonstances différentes, et que celui qu'ils méprisent aujourd'hui, placé dans une situation plus heureuse, f I6lr° les eut peut être égalés ou surpassés ; qui peut | contempler un grouppe d'infortunés, attendant leur supplice, sans être frappé de cet anéantissement féroce et confus de tant d'espérances, de tant de facultés, souvent même de tant de vertus, sacrifiées aux combinaisons factices d'un ordre social perverti ! L'espèce de châtiment connu sous la dénomination de punition corporelle est encor rejetté par notre système. La punition corporelle est de toutes les inventions la plus atroce. Le penchant naturel de l'homme est de se respecter dans son semblable. Avec quel plaisir ne contemplons-nous pas les progrès de l'intelligence, ses efforts pour découvrir la vérité, les vertus éminentes que produisent les lumières, la sagesse qui résulte de la liberté d'examen ! Quel spectacle avilissant, au contraire, que celui des tortures ou des punitions corporelles ! Toutes les avenues de l'intelligence sont fermées : elles sont gardées de toutes parts, par une cohorte de passions honteuses, la haine, la vengeance, le despotisme, la cruauté, l'hypocrisie, la perfidie et la lâcheté. L'homme devient l'ennemi de l'homme, le plus fort est saisi d'une soif inextinguible de domination. Le plus faible frémit, plein de défiance et de terreur, à l'approche d'un individu de son espèce. Avec quelle horreur, l'homme sensible et fier ne voit-il pas les cicatrices imprif I6lv° mées sur le corps de son semblable. Quel cœur ne | bat pas à l'unisson de cette sublime loi de l'antiquité : «Tu ne frapperas un citoyen Romain». La punition corporelle ne peut produire que deux effets. Ou l'ame de la victime 35 d'un ] corr. de de un partiell. biffé
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est subjuguée par la tyrannie : elle obéit à une autre puissance qu'à celle de la raison ; elle rougit de ce qui n'est pas une honte véritable ; ou chaque tourment qu'elle endure, redouble la généreuse indignation de son cœur, et fixe sur ses bourreaux son mépris et sa haine. L'équité des moyens de contrainte repose sur ce seul principe : «tout homme est obligé d'employer tous les expédiens en sa puissance, pour prévenir les dangers qui menacent la sûreté générale. Lors donc qu'il est démontré par l'expérience et par la raison, que les moyens doux sont insouffisans, il doit recourir aux moyens sévères.» 1 En conséquence, de certaines circonstances critiques nous font une loi de priver un criminel de la liberté dont il abuse. Mais aucun prétexte ne nous autorise à aller plus loin ; l'individu renfermé dans une prison, ne peut troubler la tranquillité de ses concitoyens ; et toute souffrance ultérieure, lorsqu'il n'a plus la possibilité de nuire, est la suggestion féroce et illégitime de la vengeance, et l'insolent caprice d'une tyrannique supériorité. Sans doute, lorsque le coupable est arrêté, nous avons envers lui un nouveau devoir, celui de l'améliorer ; mais cette considération | est étrangère aux moyens de contrainte. Le devoir de tout homme est de contribuer au perfectionnement intellectuel de ses semblables par la communication des lumières et non par la violence. La détention du coupable n'est légitime qu'aussi longtems que la sûreté générale semble l'exiger. Si vous prolongez un seul instant cette détention dans la vue de l'améliorer, vous manquez à la morale et à la raison. Cependant, l'emploi de la force, et le perfectionnement moral ont une relation intime, l'un avec l'autre. Un coupable doit être détenu, aussi longtems que sa liberté pourrait troubler la tranquillité publique : mais la tranquillité publique ne sera plus menacée, aussitôt que le coupable aura changé de dispositions. En conséquence, il est de notre devoir de combiner l'emploi de la force le moins rigoureux, que la sûreté générale puisse comporter, avec les moyens d'amélioration les plus efficaces que les circonstances nous fournissent.
Lorsqu'on prive un criminel de sa liberté, on le plonge d'ordinaire dans une prison publique, dans laquelle l'on entasse des coupables de toute espèce, en laissant se former entr'eux une sorte de société confuse et mélangée, qui les expose à la réaction de leurs vices respectifs. Des circonstances de tous les genres concourent à leur faire contracter des habitudes de paresse et de corruption, que l'on dédaigne de combattre : l'on ajoute de la sorte à la dégradation de la race humaine : l'on fait comme à dessein, des f° 162v° prisons, les écoles du crime : et la suite inévitable de ce | système barbare est, après une détention plus ou moins longue, de rendre à la société des hommes pervertis par la punition qu'ils ont subie. 1
Tout comme dans L, les guillemets ne sont pas fermés.
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Un observateur philantrope, après avoir médité sur ce sujet, avec la plus sérieuse attention, et les intentions les plus pures, frappé vivement de la tendance funeste de la pratique adoptée, conçut un projet de détention solitaire. mais ce mode de captivité, exempt des inconvéniens du mode établi, en contient lui même de très importans. C'est d'abord la plus rigoureuse des tyrannies, et, sous ce point de vue, elle n'est point compatible avec la douceur du système pénal que nous voulons introduire. L'homme est par sa nature un être sociable. Nous sentirons qu'il doit l'être, si nous considérons les avantages que la société lui présente et dont la solitude le prive : mais, indépendamment de son caractère primitif, il est éminemment sociable par ses habitudes. Enleverez vous à votre prisonnier la ressource de la lecture, de la composition, de tous les travaux et de tous les jeux ? Croirez vous changer plus facilement ses dispositions vicieuses en lui refusant toute distraction pour le faire rentrer en lui même ? Ou ne le séparerez-vous que de la société ? Cette hypothèse est I63r° la moins sévère : combien toutefois existe-t-il d'hommes | auxquels les livres puissent suffire ? Qui peut s'attendre, que des hommes accoutumés à des occupations différentes se façonnent subitement à l'étude qui leur était étrangère, et qui leur est imposée comme une peine ? La pensée ne remplit pas tous les besoins de l'humanité. Celui de la communication avec nos semblables est un des plus impérieux. Parceque la sûreté publique exige la détention d'un coupable, faut-il que jamais il ne soit ranimé par le sourire d'un ami ? Qui oserait compter toutes les souffrances d'une solitude absolue ? qui peut assurer que ce n'est pas le plus rigoureux de tous les tourmens ? L'emprisonnement solitaire peut-il mener au perfectionnement de nos facultés ? pour être vertueux, il faut étudier les hommes, et les relations qu'ils ont ensemble : croit-on nous préparer à cette étude en nous écartant de la société humaine ? La solitude nous formera-t-elle à la justice, à la bienveillance, à la prudence, résultat de notre commerce avec nos semblables ? Ne contribuera-t-elle pas, au contraire, à fortifier nos dispositions antisociales ? Qui pourrait inspirer des sentimens de philantropie au prisonnier, qui n'a jamais l'occasion de les pratiquer ? Le sol le plus fertile en crimes de toute espèce, est une humeur farouche et sauvage. L'athmosphère d'un cachot a-t-il la propriété de rendre le cœur plus généreux, plus sensible ? La solitude forcée mène à la fureur, au délire, à l'imbécillité ; 163v° sont-ce-là des qualités convenables à des citoyens qu'on | veut rendre utiles et vertueux ? Une méthode non moins injuste, est de condamner les criminels à un état de servitude ou à des travaux malsains et pénibles. Cette méthode est injuste, parcequ'elle n'est pas nécessaire au maintien de la société : elle l'est
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encor, parcequ'elle s'oppose à l'amélioration de l'individu. L'homme est un être intellectuel : le rendre vertueux, c'est éclairer ses facultés intellectuelles, c'est donner à son ame de l'indépendance, et de l'essor à son esprit ; la servitude influe en sens opposé. Aucun genre d'esclavage, depuis celui d'un enfant dans une pension sévère, jusqu'à celui du plus malheureux des s nègres, dans nos colonies, ne peut, en aucune manière, être une cause d'amélioration. Le bannissement ou la déportation est un système préférable à tous les autres. On l'a tenté sous différentes formes ; mais d'ordinaire, avec si peu de ménagemens, et tant de grossièreté dans l'exécution, qu'il rappelle des 10 idées aussi révoltantes, que tous les autres moyens de rigueur. Le bannissement simple est une violation du droit des gens. Rien ne nous autorise à placer chez les autres peuples, un individu dont nous redoutons la présence au milieu de nous. L'on a quelque fois uni l'esclavage au bannissement, tel était l'usage 15 anglais, avant la défection des colonies de l'Amerique. L'iniquité d'un pap I64r° reil usage n'a pas | besoin d'être démontrée. La meilleure espèce de bannissement est la déportation dans une contrée encore inculte. Le seul travail qui puisse délivrer les hommes des habitudes vicieuses d'une société corrompue, est celui que leur imposent les loix de la nature, et non les ordres 20 d'un supérieur. La fondation de Rome par Romulus, et les fugitifs qui l'accompagnaient, nous fournit un heureux exemple d'un semblable établissement, soit que nous le considérions comme une histoire véritable, ou comme l'ingénieuse fiction d'un écrivain politique. Des hommes délivrés des institutions oppressives des gouvernemens Européens, et contraints, 25 pour ainsi dire, à recommencer la société, sont dans la route directe de la vertu. Deux circonstances ont fait échouer jusques aprésent ce raisonnable projet. En premier lieu, la mère patrie poursuit toujours ce genre de colonies avec une sorte de haine ; elle s'occupe à en rendre le séjour odieux et pénible, dans le vain espoir d'épouvanter les coupables. L'on devrait, au 30 contraire, aider les condamnés à surmonter les obstacles et contribuer à leur bonheur. Ces colons sont des hommes qui par leur nature commune et leurs malheurs particuliers, ont des titres à notre bienveillance et à notre compassion. La raison s'afflige de la nécessité douloureuse qui nous force à les traiter d'une manière si peu convenable à des êtres intelligens, et nous étant 35 P I64v° résignés à cette nécessité, nous ne songerions plus qu'à leur | rendre tous les services en notre pouvoir ; mais nous nous livrons honteusement au sentiment sauvage de la vengeance, et nous jettons ces infortunés sur la plage la plus éloignée et la plus ingrate. Nous les exposons volontairement à périr de faim, de froid et de maladie. Si nous y réfléchissions mûrement, la dé- 40 portation aux hébrides nous paraîtrait peut-être aussi efficace que la dé-
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portation aux Antipodes. En second lieu, les principes que nous venons d'exposer, exigent qu'après avoir pourvu aux premiers besoins des colons, nous les abandonnions à eux mêmes. Nous leurs fesons un mal positif, en les poursuivant dans leurs obscures retraites, par l'influence sinistre de nos institutions d'Europe. Par quelle profonde ignorance de la nature de l'homme, supposons nous qu'ils s'entr'égorgeraient, s'ils étaient en liberté ? Des situations nouvelles forment de nouvelles ames. Les criminels les plus endurcis, chassés en masse et soumis aux loix d'une nécessité rigoureuse, adoptent nécessairement des principes raisonnables, et déployent souvent une sagesse et un esprit public, qui feraient honte à la plus fière des monarchies. Ne perdons pas de vue, néammoins, les vices inhérens à tout moyen de contrainte. Ils reparaissent, sous quelque forme que la contrainte soit modifiée. La colonisation, le plus convenable de tous les expédiens dont nous avons fait l'énumération, ne laisse pas de présenter de grandes I65r° difficultés. La société juge le séjour d'un de ses membres dangereux pour la sûreté publique : mais n'exède-t-elle pas ses pouvoirs, en empechant cet individu de choisir son nouvel azyle et de se retirer où bon lui semble ? Et s'il enfreint son bannissement, quelle peine plus sévère aura-t-elle droit de lui infliger ? Un certain dégré d'injustice est toujours inséparable de l'emploi de la force ; et nous sommes ramenés à chaque instant, à devancer par nos désirs l'heureuse époque où toute loi pénale sera superflue. Résumons : Nous avons établi dans ce chapitre, que l'emploi d'une sorte de contrainte peut être le devoir des individus, mais jamais de la société prise collectivement. Ce devoir est fondé sur les avantages individuels qui résultent de la sûreté publique. Dans ces circonstances, chaque individu est obligé de juger par lui même, et de ne se prêter aux moyens de force, que lorsqu'ils lui paraissent évidemment indispensables et justes. S'il ne peut persuader à ses concitoyens de renoncer à leurs institutions imparfaites, il s'efforcera de les améliorer, mais il refusera de concourir à ces mesures si communes, qui, sous le prétexte de la sûreté générale, mènent à des résultats atroces. L'on trouve dans tous les codes, des loix tellement iniques, que le consentement universel les a fait tomber en désuétude. L'ami de la justice hâtera de cette manière la suppression des loix qui empiètent tyranniquement sur l'indépendance de la race humaine, soit par la multiplicité de prohibitions vexatoires, soit par la rigueur de chatimens inhumains.
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Chap.e 7.e Du droit de faire Grace.
L'on a réuni d'ordinaire au droit d'employer les moyens de force, le droit d'en suspendre ou d'en anéantir les effets, c'est à dire de faire grâce. Il est à propos d'en parler ici. Le nom seul nous parait suffire pour faire ressortir l'absurdité de cet usage. Quelle est la règle qui, dans tous les cas, doit nous diriger ? La justice, ou, en d'autres termes, l'utilité générale. Qu'est-ce donc que la clémence ? Le misérable égoïsme d'un individu qui prétend faire mieux que d'être juste. Pour qu'un châtiment soit légitime, il faut qu'il soit commandé par l'intérêt public. Dans cette hypothèse, celui qui fait grâce à un coupable, préfère l'avantage d'un seul à la sûreté de tous. Il accorde ce que nul n'a le droit de donner, ce que nul n'a le droit de recevoir. Lorsqu'au contraire, un châtiment n'est pas nécessité par le bien général, en garantir un individu, ce n'est pas lui faire grâce, c'est lui rendre justice. La société ne peut que gagner à ce qu'un de ses membres ne souffre plus sans utilité. Mais de quel droit l'homme qui remplit un devoir rigoureux s'arroge-t-il le nom de clément, et se pare-t-il d'une fausse générosité ? toutes les actions et particulièrement toutes celles qui intéressent le bonheur d'un être raisonnable, sont soumises à une règle immuable et fixe. Tout arbitraire doit, en conséquence, être exclu sévèrement. I66r° Le droit de faire grâce fut inventé pour servir de supplément à un code tellement sanguinaire, que ses agens craignirent le soulèvement du peuple, s'ils l'exécutaient à la rigueur, ou furent effrayés eux mêmes de la dévastation dont il menaçait la société. Ce système est un résultat naturel de celui des loix écrites. Car, bien qu'on puisse nommer meurtrier tout individu qui d'une manière quelconque, est cause de la mort d'un autre, cependant la même peine, infligée dans tous les cas, serait d'une injustice trop évidente. Or définissez le meurtre avec toute l'exactitude possible, vous ne saisirez jamais toutes les nuances. La disparité subsistera. Il est donc indispensable de faire reviser par un tribunal de raison, les décisions du tribunal de la loi. Mais comment constituer ce tribunal de raison, bien plus important que l'autre ? Il s'agit ici du fond ; le reste n'est que la forme. Un Jury est chargé de déclarer le nom générique de l'action. Le juge qui préside lit, dans le code de la loi, la sentence qu'elle a prononcée contre cette action génériEtablissement du texte : 7/9-6/7, L f 517r"-521r°, P2 f 165v°-167r", G pp. 781-786.
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que ; vient enfin le tribunal de recherche qui examine si des circonstances particulières ne rendent pas dans le cas présent, une exception désirable. Cet examen est abandonné en première instance au juge, en dernier ressort au Roi dans son conseil. Or, abstraction faite de l'inconvenance d'un pareil choix, un abus très grave en résulte. Ces hommes auxquels, en réalité, la portion décisive des jugemens criminels est confiée, considèrent cette partie de leurs fonctions comme accidentelles et secondaires. Ils s'en acquittent avec négligence. Apeine demandent-ils quelques fois quelques informations incomplettes et superficielles. | La désignation même de cette fonction est la cause de cette insouciance barbare. Le mot de pardon présente l'idée d'un acte de bienveillance surrérogatoire et arbitraire. Un autre effet inévitable de la manière dont la grâce est accordée, est l'incertitude du châtiment. La peine n'étant infligée d'après aucune règle précise, la vie d'une foule de victimes est un sacrifice inutile. On n'exécute à Londres qu'un tiers, ou tout au plus une moitié des criminels condamnés à mort. N'est-il pas naturel que tous se flattent d'être favorisés par le hazard ou par le caprice ? Un pareil système est, à proprement parler, une loterie de mort, où mille incidens incalculables confondent arbitrairement les chances de salut ou de destruction. L'abolition de la loi, demandera-t-on, ne produirait elle pas une égale incertitude ? Non sans doute. Les principes du Roi ou de son conseil, dans ces occasions, sont imparfaitement connus des autres et de lui même. Mais un accusé prévoit aisément les principes d'un Jury, composé de ses égaux. Il lui suffit de consulter ses propres sentimens et son expérience. La raison est mille fois plus claire et plus intelligible que la loi ; et si nous avions contracté l'habitude de n'écouter que ses arrêts, la certitude de ses décisions serait d'une évidence que ne peuvent soupçonner des hommes accoutumés aux formes tortueuses de nos tribunaux. C'est d'ailleurs réduire la servitude en système que revetir un homme du droit de faire grâce. C'est nous apprendre à nous en remettre, pour ce que nous | désirons les plus à la clémence, c'est à dire, à la volonté absolue, à la générosité superbe, à la puissance arbitraire d'un individu, semblable à nous. Quoi de plus dégradant que cette doctrine ! Donnez moi ce que j'ai droit d'exiger. Il serait déshonorant pour moi de vous demander davantage. Il serait coupable en vous de me l'accorder. Je ne veux que ce qui m'est dû. C'est un titre que la force brutale peut méconnaître, mais que toutes les forces de l'univers, réunies, ne détruiront pas. en me le refusant, vous serez criminel : en me l'accordant, vous ne serez que juste, et non généreux. Un bienfait mérité n'est que le payement d'une 3 abandonné ] abandonné communément, L
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dette. Un bienfait non mérité n'est qu'un lâche oubli de l'interet général. Je puis être assez vil pour vous témoigner une reconnaissance égoïste : mais un homme vraiment vertueux aurait le courage de vous condamner. Tels sont les seuls sentimens conformes à la véritable indépendance de l'ame. Celui qui regarde la vertu comme un objet de faveur, n'en est jamais 5 l'amant passionné. Si quelquefois ses actions semblent annoncer la philantropie, il s'énorgueillira de sa générosité, et si, plus souvent, il se refuse à des actions de bienveillance, ne me suffit-il pas d'être juste, dira-t-il : de même, traité favorablement il fermera les yeux sur les faiblesses ou les vices de son bienfaiteur ; il substituera la reconnaissance à la justice, la 10 partialité au discernement, et se fera, dans sa moralité pervertie, un devoir de sacrifier cette indépendance de pensée, cette équité rigoureuse, cette égalité complette, seules bazes inaltérables du bonheur et de la vertu.
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Des loix.
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De tous les objets qui peuvent occuper l'intelligence humaine, le plus important est, sans contredit la loi. C'est elle qui, chez les peuples qui se prétendent civilisés, a servi jusqu'aprésent de règle, pour juger la moralité des actions que la société avait soumises à sa surveillance. En traitant ce sujet l'on a d'ordinaire mis d'un coté la loi, de l'autre l'arbitraire d'un despote. Il aurait été plus juste de considérer d'abord la loi en elle même, et dans les cas où nous la trouverions accompagnée de quelques inconvéniens, de rechercher quel principe plus avantageux nous pourrions lui substituer. L'on a recommandé l'institution de la loi, comme fesant connaître aux différens membres de la société, les règles d'après lesquelles leurs actions seraient jugées. L'on a representé, comme le plus haut degré d'injustice, de prononcer sur la conduite d'un homme en vertu d'une loi postérieure à son délit, ou de toute autre manière, que d'après le texte littéral d'une loi, antérieurement établie et solemnellement promulguée. L'importance de ce principe augmente en raison de l'absurdité et de la bizarrerie du système de jurisprudence en vigueur. Si une société transforme en crime l'action de porter des habits d'une certaine étoffe, ou des | boutons d'une composition particulière, il est naturel de s'écrier que la jurisprudence de cette société doit informer ses membres des règles fantastiques, d'après lesquelles elle veut qu'ils se conduisent. Mais plus une société se contentera des règles naturelles de la justice, et s'interdira de les défigurer ou de les augmenter à son gré, moins l'institution de la loi sera nécessaire. Des communications sociales, libres de tous les préjugés nous donneraient beaucoup plus de lumières, sur les principes de la justice, que tous les codes de loix et tous les catéchismes de morale. L'un des résultats de l'institution de la loi, c'est que cette institution une fois commencée ne peut jamais trouver de terme. L'on entasse Edit sur Edit, volume sur volume. Plus le gouvernement est populaire, plus ses mesures tiennent de la délibération ; plus cet inconvénient se fait sentir. Ne serait-ce pas une preuve que le principe lui même est mauvais, et que nous nous égarerons toujours davantage, en suivant la route qu'il nous indique ? C'est une tâche désespérée que de vouloir concilier Etablissement du texte : 7/8-6/8, L f° 523i"-535r", P2 f» 167v°-173v°, G pp. 764-780.
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l'erreur et la vérité : mieux vaudrait suivre fidèlement la première. L'on échapperait du moins à la fatigue de tentatives et au ridicule des contradictions. Chaque circonstance a sa règle particulière : jamais deux actions ne furent parfaitement semblables, et n'eurent le même dégré de danger ou d'utilité. Le but de la justice devrait être de distinguer les qualités des hommes, et non de les confondre, comme on y a travaillé jusqu'à présent. A mesure que des cas nouveaux se présentent, l'insuffisance de la loi se fait sentir. f° 168v° Les législateurs ne sont pas doués d'une préscience illimitée ; ils ne | peuvent borner ce qui est infini. Il ne reste donc d'autre alternative que de fausser la loi pour l'appliquer à des cas que le législateur n'eut jamais en vue, ou de faire pour chaque nouvel événement une loi nouvelle. Le premier de ces moyens a été employé avec succès. Les loix ont été défigurées avec une habileté qui est devenue proverbiale. Mais cette habileté ne s'étend pas à tout, et dans quelques occasions, l'application serait trop évidemment forcée. D'ailleurs cette même finesse qui suggère à l'homme de loi, lorsqu'il plaide pour l'accusateur, des interprétations auxquelles le législateur n'avait point songé, lui fournit aussi, lorsqu'il plaide pour l'accusé, des subterfuges qui déjouent l'intention évidente de la loi. Il est donc perpétuellement nécessaire de faire des loix nouvelles, et pour les mettre à l'abri d'être éludées, on les rend diffuses, minutieuses et développées. Les registres de la justice grossissent et se multiplient chaque jour : et le monde bientôt ne contiendra plus les innombrables ouvrages qu'accumulent les jurisconsultes. La multiplicité des loix les rend nécessairement incertaines, et cet inconvénient détruit le principe fondamental qui motive leur institution. Leur but est de mettre un terme à toute équivoque et de faire connaître à chaque individu la règle fixe sur laquelle il peut compter. Remplissent-elles cet objet ? Examinons celles qui traitent des propriétés. Deux f* I69r° hommes se disputent un | terrein. Ils n'en appelleraient pas aux loix, si l'un et l'autre n'avaient l'espoir du succès ; premiere incertitude. Dira-t-on que l'interet personnel aveugle l'un des deux plaideurs, mais il ne persisterait pas dans une prétention mal fondée, si quelqu'home de loi ne prolongeait son erreur. Voilà donc une institution destinée à guider l'homme le plus simple, et sur laquelle ne peuvent s'accorder le praticiens les plus exercés. En serait-il de même, si toutes les questions étaient décidées conformément aux notions générales de la justice, appliquées à chaque incident particulier, par la raison naturelle. Les jurisconsultes maintiennent absurdement, que les formes de la justice doivent être dispendieuses, pour empecher les procès de se multiplier à l'infini. Mais la véritable source de leur multiplication est l'incertitude. Les hommes ne contestent pas ce qui est évident, mais ce qui est obscur et douteux.
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Celui qui veut étudier les loix d'un pays, dans lequel ce qu'on appelle la sécurité légale existe, doit commencer par les nombreux volumes des status, il doit passer ensuite à l'examen minutieux de la loi commune ou traditionnelle ; il faut qu'il se précipité enfin dans le droit civil et le droit ecclésiastique. L'intention des auteurs d'une loi ne peut nous être connue, qu'autant 5 que nous avons sous les yeux tous les détails de leurs caractères, de leur vie et des circonstances qui rendirent la loi nécessaire, ou qui la modifièrent, P 169v° lorsqu'elle fut soumise à la discussion. L'interprétation | d'une loi par un tribunal et son influence sur les juges, se compose de leur théorie avouée, de leurs passions secrettes, des décisions passées, des considérations présentes, 10 des précédens mis à l'écart et des exemples invoqués. La loi, nous le répétons, fut inventée pour servir de baze aux calculs de tous les hommes, et maintenant il n'existe pas, dans toute la grande bretagne, un seul jurisconsulte, peut-être assez présomptueux pour prétendre qu'il a de notre code une connaissance complette. Le tems le plus illimité, l'application la plus 15 profonde ne pourraient y suffire. C'est un labyrinthe sans fin, une masse de contradictions inconciliables. L'étude peut fournir des argumens plausibles pour et contre toutes les questions ; mais attendre de nos efforts l'évidence et la certitude serait le comble de la folie. L a loi par sa nature est une espèce de prophétie ; et c'est une nouvelle 20 preuve de son absurdité. Sa tâche est de décrire quelles seront les actions futures de la race humaine, de prononcer d'avance un jugement sur ces actions. Ce que nous avons dit des promesses, s'applique aux loix avec une force égale. Les législateurs semblent dire : notre science est si profonde, qu 'elle ne peut s'accroître par l'examen des circonstances, qui ne manque- 25 P 170r° ront pas de se présenter ; \ et lors même que, par impossible, il nous parviendrait quelque nouveau dégré de lumières, nous prenons l'engagement solemnel que notre conduite n'éprouvera pas le plus léger changement. La loi ne tend pas moins que les professions de foi, les catéchismes et les sermens, à rendre l'esprit humain stationnaire, et à substituer un principe de 30 permanence à la perfectibilité constante, unique élément salutaire de l'intelligence humaine. Tous les argumens dont nous avons fait usage dans le livre précédent, s'appliquent en conséquence au sujet que nous considérons ici. La fable de Procrustes nous présente une faible image des efforts perpétuels de la loi. Au mépris du grand principe de philosophie, physique ou morale, 35 qui nous apprend que rien ne se ressemble dans la nature, et qu'il n'existe pas dans tout l'univers, deux atomes de matière de la même forme, la loi réduit à une mesure commune toutes les actions des hommes qui sont composées de tant d'élémens insaisissables. Nous avons vû, en parlant du meurtre, ce que produisait cet effort ; c'est à ce système de jurisprudence 40 que nous devons cet étrange axiome : summum jus, summa injuria.
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De la justice politique
En effet, ce n'est que parceque la justice est le résultat de l'examen scrupuleux des circonstances diverses de chaque fait individuel, qu'elle coïncide avec l'utilité générale ; et ce n'est qu'en adoptant cette définition de la justice, que l'on peut dire que plus ses règles seront établies, plus nous P I70v° aurons de vérité, de vertu et de bonheur. Ce sujet | recevra quelqu'éclair- 5 cissement additionnel, si nous considérons l'influence pernicieuse de la loi, sur ceux dont elle forme l'occupation principale. Un homme de loi peut difficilement être un honnête homme, et c'est plus un motif de regret que de censure. Les hommes sont le produit de leur situation et des circonstances. L'homme habituellement entouré des tentations du vice, ne peut manquer 10 de devenir vicieux. Celui dont l'étude particulière le familiarise avec l'équivoque, les exposés faux et les sophismes, ne peut cultiver en même tems les sentimens de la générosité, et la délicatesse de la rectitude, si le hazard soustrait à la contagion quelqu'individu doué de qualités rares, combien n'en voyons-nous pas, que la nature semblait destiner à la vertu, et que cette 15 profession dangereuse rend indifférents à l'équité, ou accessibles à la séduction. Il y a plus. L'homme de loi scrupuleux et délicat fait peut-être à la société plus de mal que son mercenaire collègue. L'espèce humaine ne se perfectionne qu'en observant dans toute leur force les effets dangereux de ses 20 institutions erronées ; cet homme au contraire les adoucit et les pallie. Sa conduite, en rendant l'imperfection tolérable, tend à retarder le règne de la vérité. f I7ir°
Nous intitulons la loi, la sagesse de nos ancêtres ; mais c'est un éloge bien peu mérité. L a loi fut souvent dictée par la colère, par la crainte, par la 25 jalousie, par l'esprit de monopole, ou par une avidité démésurée de pouvoir. Ne sommes nous pas sans cesse, forcés de reviser et de modifier cette prétendue sagesse de nos ayeux ? La corriger n'est ce pas accuser leur ignorance ? N'existe-t-il parmi nous aucun homme dont la sagesse puisse marcher de pair avec celle de la loi ? S'il existe de tels hommes, les vérités 30 qu'ils nous communiqueraient, en vaudraient elles moins, parcequ'elles ne seraient appuyées que sur leur évidence intrinsèque. Mais, observera-t-on, la sagesse ne préserve pas de l'égarement des passions. Dans les premiers momens du ressentiment ou de la colère, les dépositaires de la puissance sociale pourraient abuser des moyens de force qui 35 leur sont confiés. La loi créée dans le calme, et demeurant impassible, est destinée à prévenir cet abus. C'est par un raisonnement semblable que l'on introduisit jadis dans la religion la doctrine de l'infaillibilité spirituelle du Pape. L'on avait remarqué que les hommes étaient exposés à l'erreur, qu'ils disputaient sans re- 40 lâche, qu'ils méconnaissaient dans la dispute leurs interets les plus impor-
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tans. L'on pensa qu'il leur manquait une règle fixe, un juge de toutes leurs f I7iv° controverses, et l'on essaya de revetir la | vérité d'une forme visible, et de créer un oracle pour l'invoquer en dernier ressort. Il en fut de même de la loi. Les hommes s'appercurent que les apparences étaient trompeuses, et cherchèrent un talisman pour se garantir d'être trompés. C'est comme si nous voulions, au commencement de chaque jour, tracer, d'après un code immuable, la conduite de chaque heure, et au commencement de chaque année la conduite de chaque jour, déterminés, durant cette période à ne permettre à aucune circonstance, à aucune idée nouvelle, à aucune vérité mieux connue de modifier notre conduite, de peur de devenir la dupe des apparences, et l'esclave des passions. Cette supposition nous offre une image exacte de tous ces systèmes stationnaires qui paralysent le jeu nécessaire et perpétuel des ressorts de notre existence intellectuelle pour prévenir quelques désordres accidentels et passagers. Quelques soient les dangers qui peuvent résulter des passions humaines, l'introduction des loix positives n'en sera jamais le remède véritable. Rien ne peut etre amélioré que conformément à sa nature. Si nous sommes ignorans, crédules, égarés par des dehors illusoires, le seul moyen de nous corriger, c'est l'introduction des lumières et la connaissance de la vérité. Si nous f I72r° n'écoutions qu'un zèle dénué | d'expérience, toutes les fois que nous verrions un homme entraîné par une passion désordonnée, nous serions tentés d'interposer notre autorité privée, de lui susciter des obstacles, ou de lui infliger des chatimens. Mais la raison nous fait sentir l'extravagance de cette entreprise. Elle nous apprend qu'un homme ne doit dépendre que de son propre jugement, et que, pourqu'il s'élève à la dignité d'une créature intelligente, il doit être livré à ses propres forces. Aussi long tems qu'il est comprimé sous une obéissance passive, aussi long tems qu'il suit un guide étranger, son ame et son esprit sont en léthargie. Pour donner l'essor à ses facultés, il faut qu'il examine et qu'il choisisse lui même, qu'il ne reconnaisse aucune autorité supérieure, qu'il passe en revue tous ses principes et qu'il apprécie librement la valeur de tous ses motifs. Cette habitude salutaire à l'homme dans ces relations individuelles, n'est pas moins nécessaire à son bonheur dans ses transactions sociales. Il est faible aujourd'hui, parceque sans cesse on lui crie, qu'il doit se défier des forces qu'il croit avoir. Délivrez le des fers qui lui pèsent, encouragez ses recherches, ses réflexions, ses jugemens, vous ne reconnaitrez bientôt plus cet être jadis si pusillanime. Dites lui qu'il a des passions et qu'il doit les vaincre, qu'il est emporté, qu'il doit se réprimer, qu'il est intempérant, qu'il doit s'abstenir, qu'il est violent, qu'il doit se contraindre, et que toutes ces victoires, c'est f I72v° lui seul qui doit les | remporter sur lui même. Dites lui que ces antiques institutions, ces monceaux de parchemin derrière lesquels il s'est retranché
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jusqu'aprésent, ne peuvent en imposer qu'à la superstition et à l'ignorance ; qu'à l'avenir, on ne lui demande pour garant que sa justice spontanée ; que si ses passions sont gigantesques, il faut qu'il leur résiste avec la force d'un géant, et que si désormais ses volontés sont iniques, son iniquité n'aura plus d'excuse. Vous appercevrez promptement le résultat glorieux de ce nouvel ordre de choses ; l'ame affranchie d'un joug dégradant regagnera le niveau de la nature, et l'homme arbitre de sa destinée se rendra digne de la confiance que vous lui aurez accordé. Suivons par la pensée l'établissement progressif de ce nouveau mode de justice, administré sans loix écrites par des arbitres et des Jurés. Il faudrait en premier lieu, que les jurés ne fussent pas en grand nombre, et que toutes leurs transactions fussent publiques. Un corps est d'autant moins sensible à la honte, qu'il est composé de plus de membres. Le blâme se partage tellement entre tous, qu'il devient insensible pour chacun. Le secret dénature les idées de justice, prive notre ame de son énergie, et nous ote un de nos principaux motifs de faire le bien. P I73r° Il est possible que quelques-unes des premières décisions rendues suivant ces formes nouvelles, fussent absurdes ou même atroces. Mais la haine générale en poursuivrait les auteurs. Ce qui met l'injustice à l'abri de l'indignation publique, c'est le manteau de la loi. Son obscurité sert à éluder les réclamations de ses victimes ; et son antiquité séparant par un long intervalle le législateur du magistrat, rend le sentiment indécis entre l'un et l'autre : l'impression s'affaiblit par l'incertitude, et la vénération superstitieuse reprend bientôt son empire accoutumé. Une oppression qui se montrant sans masque, oserait se permettre la moitié des iniquités qui se commettent sous le nom de loi, ne tarderait pas à subir une destruction méritée. Sans doute, dans les premiers tems de l'Etat régénéré dont nous traçons ici l'esquisse, les décisions porteraient encore l'empreinte des préjugés et de l'habitude ; mais l'habitude ayant perdu le centre qui lui servait de point d'appui, mettrait chaque jour moins de régularité dans ses opérations. Ceux, à l'arbitrage desquels une question serait confiée, se rappelleraient qu'elle leur est soumise sans restriction, et citeraient au tribunal de leur conscience les principes adoptés jusques alors, comme incontestables. Leur jugement s'éclairerait à mesure qu'ils sentiraient de mieux l'importance de leurs fonctions, et la liberté illimitée de leurs recherches. Les délits les plus différens, les fautes les plus inégales ne seraient plus f° I73v° comprises sous la même dénomination. Une | humanité délicate, un équitable discernement établiraient les distinctions nécessaires ; le mérite moral des actions serait apprécié, l'art de démêler toutes les nuances des carac8 que ... accordé. ] corr. de dont vous l'aurez revêtu, leçon de L, partiell.
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tères et toutes les combinaisons des motifs, serait substitué à ce métier presque méchanique de tout confondre pour tout condamner. L'on verrait disparaître la foi implicite, briller la justice avec toute sa splendeur, et s'ouvrir, sous d'heureux auspices, une carrière immense qu'aucun homme aujourd'hui ne peut parcourir, même en idée. s
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Livre VII.e Des changemens dans les institutions politiques.
Chapitre l.er De la résistance.
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Nous avons admis au nombre de nos principes, que l'individu doit résister à toutes les injustices exercées par le gouvernement, ou la société. Il reste à rechercher qui sera juge de l'injustice ? La réponse se présente d'elle même ; l'individu ne peut consulter que son propre jugement. Tout autre appel serait illusoire, car nous n'avons nul juge infaillible. L'individu doit consulter son jugement dans cette occasion, par la même raison qui l'oblige à le consulter dans toutes les autres circonstances. Mais cette doctrine n'est elle pas subversive de toute espèce de gouvernement ? que devient le pouvoir de gouverner, si personne n'est tenu d'obéir, ou si chaque individu consultant d'abord son jugement particulier, se réserve le droit de ne concourir qu'aux mesures qu'il croit justes ? L'essence du gouvernement est d'être supérieur aux caprices individuels. L'ordre disparaîtrait d'une association dont chaque membre résisterait à toutes les décisions générales, contraires à sa volonté. Ces objections n'ont de poids que dans la supposition que la force est le seul mode de résistance des individus contre le gouvernement. Le gouvernement n'est autre chose, comme nous l'avons déjà dit, qu'un expédient pour faire plier par la violence le jugement d'un individu devant celui d'un autre, ou de plusieurs autres. Cet expédient est nécessaire dans quelques occasions particulières comme dans le cas ou la société reprime les envahissemens, les déprédations ou autres injustices, et dans ce sens, c'est à dire, en ne faisant consister la question que dans la comparaison de la force de la société avec celle de l'individu, il en résulte sans doute une sorte de suprématie. Mais il n'en est pas moins vrai que le droit et le devoir de tout homme est de consulter sans cesse son jugement individuel. Or, s'il est évident que le gouvernement par sa nature restreint l'exercice de ce jugement, non seulement en réprimant toute action contraire à l'ordre établi, mais en donnant à l'homme avant l'action des motifs tirés de sa faiblesse individuelle opposée à la force collective, Il en résulte que le meilleur gouvernement est celui qui Etablissement du texte : 4/1-7/1, L P 536i*-541v 0 , P2 P 174r°-176v°, G pp. 191-197.
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ne met des entraves à l'exercice du jugement particulier, que dans les occasions d'une nécessité absolue. f° I75r° Voilà pour le gouvernement. Venons maintenant aux individus. Ils ont deux modes de résistance. Ils peuvent parler, ils peuvent agir. L'action n'est presque jamais nécessaire. L'objet de tout homme vertueux est le bien général. Lorsqu'aucun espoir de succès n'existe, il ne doit point exposer sans fruit une vie qu'il peut rendre utile par de longs et persévérans services. Il doit se refuser même au désir naturel à des ames généreuses de s'immortaliser par le martyre. Il vaut mieux convaincre les hommes par ses raisonnemens, que les séduire par son exemple. Lorsque le martyre devient un devoir, lorsque l'homme de bien ne peut l'éviter qu'en renonçant à ses principes, en offensant la vérité, il s'y résigne sans faiblesse. Il sait que dans l'opinion des hommes, l'intrépidité de la victime ajoute à l'éclat du sacrifice, et que son courage en mourant forme une partie essentielle de l'utilité de sa mort. Mais lorsqu'elle n'est pas indispensable, il ne l'affronte pas follement. Il n'oublie surtout jamais qu'une tentative inconsidérée met en danger d'autres jours que les siens. Un certain nombre d'amis, aussi bien que d'ennemis sont les victimes de cette témérité. Les contemporains la regardent, et l'histoire la présente comme l'élan furieux des passions, et son effet est plutôt d'effrayer et d'abattre que d'encourager les hommes. Ce n'est point à la violence de l'enthousiasme, mais aux efforts calmes et réguliers de la raison que la vérité peut être redevable de ses progrès. f° 175v° En supposant même que le succès fut probable, l'on pourrait hésiter encore. La force est toujours une méthode odieuse, et si nous la blâmons dans les mains du gouvernement, nous ne pouvons l'approuver dans celles des patriotes. Si notre cause est celle de la vérité, les raisonnemens soutenus par le zèle et la persévérance produiront le même effet d'une manière plus libérale et plus douce Il convient enfin de rappeller ici ce que nous avons déjà dit en parlant des moyens de force. L'absence de tous les autres moyens peut seule les légitimer. L'on ne doit s'en servir pour résister au gouvernement, que dans les cas indispensables, comme lorsqu'un brigand menace notre vie, nous lui donnons la mort sans scrupule, parcequ'il faut prévenir à l'instant même un mal incontestablement et irréparablement funeste. L'Histoire de Charles 1er nous fournit un exemple instructif dans les deux sens. Ses adversaires ne se proposaient d'abord que de restreindre son autorité dans des limites étroites et bien connues. Après une lutte de plusieurs années, le Parlement de 1640 réussit complettement dans ce projet sans 32 les ] des L
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effusion de sang, si l'on en excepte la mort de Stafford et presque sans commotion. Les patriotes conçurent ensuite le plan de détruire la hiérarchie et la monarchie Anglaises. Mais comme cette entreprise était contraire à la f I76r° volonté d'un grand | nombre, et l'on peut dire de la majorité de la nation, la force devint nécessaire et entraina les plus grands malheurs. Sans doute le renversement de la Royauté et de l'Eglise était légitime, mais cette considération abstraite ne justifiait nullement les hommes qui pour y parvenir précipitaient leurs concitoyens dans une guerre civile. Puisqu'on doit rarement recourir à la force contre l'injustice, quelle est donc la sorte de résistance que l'on doit toujours employer ? La manifestation courageuse de la vérité, le blâme public de tout ce qui parait contraire aux interets de l'espèce humaine, la dissémination de tous les principes qui nous sont connus, et qu'il serait avantageux que tous les hommes connussent. Tels sont nos devoirs ; et ces devoirs, il nous est imposé de les remplir dans toutes les occasions avec la plus infatigable persévérance : Il faut développer tout le système des vérités morales et politiques, sans en supprimer aucune partie sous le vain prétexte qu'elle paraîtra bizarre, ou deviendra dangereuse. Cette suppression ne sert qu'à mutiler les raisonnemens, à rendre leur effet incertain et précaire, à les priver de l'irrésistible évidence qui nait de leur enchaînement, de leur sévérité et de leur ensemble. L'on a prétendu qu'il était dangereux d'enseigner au peuple, qu'il y a des circonstances où il doit résister à l'autorité du gouvernement. L'obéissance, dit on, est la règle, et la résistance l'exception. Or, rien n'est plus absurde, que de prendre pour texte perpétuel un expédient auquel on ne doit recourir, f° I76v° que dans un cas de nécessité indispensable1. Nous avons déjà démontré que l'obéissance, c'est à dire un abandon de notre jugement devant le pouvoir, est une règle qu'il sera toujours honteux et funeste d'observer. Les hommes doivent sans doute desirer unanimement la tranquillité ; car c'est dans le calme, que l'exercice du jugement individuel a le moins à craindre d'être restreint par la violence, mais cette tranquillité n'est point menacée par nos principes. Il n'existe aucune vérité qu'il soit utile de taire. Une vérité peut sans doute etre tellement détachée de la chaine dont elle dépend, qu'elle prenne, isolée, le caractère du mensonge : mais la publication des principes généraux qui doivent servir de baze à toutes les institutions politiques, n'est point une instruction partielle. Indi-
12 principes ] corr. de individus biffé, faute du copiste ajouté dans l'interi. 19 à les ] et à les L 1
13 hommes ] oublié par le copiste et
Godwin précise la source : J. Hume, Essays and treatises on several subjects. Voir G, p. 217.
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quer aux hommes un état de société moins corrompu, et plus équitable que celui sous lequel ils vivent, ce n'est point leur présenter des exceptions à une règle générale. S'il existe un gouvernement dont la durée ne soit fondée que sur l'ignorance de la vérité, ce gouvernement est le fléau du monde, et mérite d'être anéanti. 5
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Chapitre 2.e Des devoirs d'un citoyen, relativement aux révolutions.
Aucune question ne peut être plus intéressante que celle qui est relative à la meilleure manière d'opérer les révolutions. Avant de l'examiner, néammoins, il convient de résoudre une difficulté qui s'est présentée à quelques esprits. Jusqu'à quel point devons nous favoriser les révolutions, ou, en d'autres mots, est il permis à un individu de se déclarer l'ennemi de la constitution de sa patrie ? L'on peut dire que nous vivons sous la protection de cette constitution, et que, puisqu'elle nous protège, nous devons à notre tour la défendre. Je répondrai premièrement que cette protection est une chose très équivoque, et qu'aussi longtemps qu'il ne sera pas démontré que les vices contre lesquels le gouvernement nous protège, ne sont pas en grande partie le produit de ce même gouvernement, nous ne pourrons évaluer bien exactement ses avantages. Secondement, rien n'est plus vague que la reconnaissance qu'on nous demande pour une constitution, pour une idée abstraite, pour une existence f I77v° imaginaire En procurant à nos concitoyens quelque changement | avantageux, nous les servirons mieux, qu'en protégeant un système dont les conséquences nous semblent funestes. L'on dira peut-être que toute entreprise pour modifier les gouvernemens entraine plus de maux que leurs imperfections n'en produisent. Si l'on peut démontrer évidemment cette proposition, nous devons incontestablement nous interdire tout effort de cette espèce, mais nous ne pouvons admettre une pareille assertion sans examen. Tous les individus ne jugeront pas de même des désordres inséparables d'une révolution. Les uns considéreront les vices de la constitution d'Angleterre, comme de nature à légitimer tous les genres de tentative, tandis que d'autres les trouveront de peu d'importance. Pour décider entre ces opinions, et balancer le mal existant avec le mal possible, il faut examiner par soi même. Quant au prétendu devoir que veulent nous imposer certains publicistes de soutenir une constitution, parcequ'elle est celle de notre pays, rien ne me parait moins plausible ; C'est comme lorsqu'on exige d'un natif de Londres de professer la religion chrétienne, ou d'un natif de Constantinople de rester fidèle au mahométisme, ce mode de raisonner, au lieu d'être une expression Etablissement du texte : 4/2si-7/2, L f 542r°-545r°, P2 f° 177r*-178r°, G pp. 198-201.
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f I78i° de respect, en est une de | mépris pour toute espèce de gouvernement, de religion, de vertu, pour tout ce qui est sacré parmi les hommes. Si la vérité existe, elle doit être préférée à l'erreur : si la raison existe, elle doit être mise en pratique. Le système contraire fait de la vérité un objet d'indifférence et nous interdit l'usage de la raison. A quoi bon réfléchir s'il faut 5 taire à jamais le résultat de ses réflexions ? Si les hommes s'étaient toujours contentés de l'état social qu'ils trouvaient établi, seraient ils parvenus aux améliorations présentes ? Ou la raison est le fléau de notre espèce, et nous devons regarder la nature humaine avec horreur, ou nous devons consulter notre jugement, et suivre la vérité dans quelque route qu'elle nous conduise. 10
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Chap.e 3.e De la manière d'opérer les révolutions
La seule révolution qu'un ami de l'humanité puisse desirer dans un Etat, la seule à la quelle il puisse volontairement concourir, consiste dans le changement des opinions et des inclinations nationales. Or, le raisonnement est le seul moyen d'influer sur les opinions. Le plus sur garant du succès sera toujours la discussion libre et illimitée. Dans cette espèce de combat, la vérité sera constamment victorieuse. Si notre but est donc de perfectionner les institutions sociales, nous devons écrire, raisonner, discuter. La carrière du perfectionnement n'a point de bornes. Les pas que nous ferons dans cette carrière ne doivent pas être interrompus. Il faut tout essayer, non pour captiver précisément l'attention des hommes, ou leur inculquer nos opinions, mais pour les inviter à l'exercice de leurs facultés, et pour dégager la pensée de toute entrave. L'homme sensé n'accordera jamais sa confiance aux moyens qui dans toute espèce de questions peuvent également servir pour et contre. Cette considération doit nous faire rejetter le secours | de la violence. Lorsque nous descendons dans la plaine pour combattre, nous abandonnons le poste avantageux de la vérité, nous livrons la question à l'incertitude et au caprice. La phalange de la raison est invincible, Elle avance d'un pas tranquille et déterminé. Rien ne lui résiste. Mais en quittant le raisonnement pour prendre l'épée, nous changeons la situation des choses. Au milieu de la pompe barbare des armes ou du tumulte des troubles civils, qui peut prévoir si l'événement sera favorable ou funeste ? Il existe donc une grande différence entre instruire et échauffer le peuple. L'indignation, le ressentiment, la fureur doivent être évitées. Rien n'est desirable qu'une méditation tranquille, des idées précises et une discussion libre. Pourquoi les révolutions de l'Amerique et de la France furent elles le résultat du concours unanime de tous les ordres et de toutes les classes, et ne rencontrèrent elles presqu'aucune opposition, tandis que la résistance contre Charles 1er partagea la nation anglaise en deux partis àpeuprès égaux ? C'est que Charles 1er vivait dans le dixseptième siècle, et que les révolutions dont nous venons de parler ne sont arrivées qu'à la fin du dixhuitième ; c'est qu'elles ont été précédées par les écrits des philosophes, et qu'avant ces explosions, Sydney, Locke, Montesquieu, Rousseau avaient déjà démontré à Etablissement du texte : 4/2sii-7/3, L f 545v°-548r°, P2 P 178v°-179v°, G pp. 202-204.
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f° 179v° la toute puissante | majorité des têtes pensantes, l'injustice de l'usurpation. Si ces révolutions avaient été remises à une époque encore plus tardive, pas une goutte de sang n'eut coulé peut-être, et ce grand pas du genre humain n'eut été souillé par aucun exemple de confiscation, ni de violence. Il y a donc deux principes que ne doit jamais oublier celui qui desire la 5 régénération de l'espèce humaine : le premier que l'amélioration de chaque heure est nécessaire à la découverte de la vérité et à sa propagation. Le second qu'avant d'entreprendre de mettre sa théorie en pratique, il faut laisser paisiblement s'écouler les années qui préparent ce passage. Si néammoins l'impétueuse multitude devance les progrès de la raison, l'ami de 10 l'humanité ne s'opposera pas aux révolutions dont les principes lui sont chers, et dont il ne désapprouve que l'époque. Mais il s'efforcera par la circonspection de sa conduite de diminuer le danger des tentatives prématurées qu'il n'aura pu prévenir.
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Chap.e 4.e Des associations politiques.
Une question se présente ici naturellement. Est-il convenable de former parmi le peuple des associations qui ayent pour but d'opérer un changement dans ses institutions politiques ? Nous commencerons par une distinction importante. Les hommes mécontens du gouvernement de leur païs peuvent avoir pour objet ou de détruire d'anciens abus, ou de prévenir des vexations nouvelles. Ces deux projets sont également légitimes. Mais ils demandent une conduite différente. Le premier exige incontestablement une marche lente, circonspecte et paisible. Pour le second, l'activité semble plus nécessaire. La vérité peut s'en fier à l'énergie qui lui est propre. Elle employe plus volontiers pour sa défense la force de la conviction, que celle des armes. Mais l'individu opprimé a des droits sur notre secours, et le plus convenable sans doute est l'association du grand nombre en sa faveur. Dans tout autre cas, les associations ne peuvent être approuvées que par ceux qui méconnaissent la toute puissance de la vérité. Leur but est de donner aux opinions des individus qui se réunissent, une influence supérieure à celle des individus non réunis. Mais à quoi bon, de quel droit cette influence supérieure ? Si les opinions des | associés sont vraies, elles triompheront d'elles mêmes : sinon, pourquoi les revetir d'une force étrangère, et preter ainsi des secours à l'erreur ? Les révolutions prennent leur origine, moins dans l'énergie de la multitude, que dans les spéculations des hommes studieux et réfléchis. Discerner la vérité, la présenter avec une évidence qui lui assure un acquiescement universel, ne peut être que la tâche d'un petit nombre. La société, telle qu'elle existe aprésent, formera long tems deux classes différentes, l'une se composant de ceux qui ont le loisir de se livrer à l'étude, l'autre de ceux qui sont forcés de pourvoir par le travail aux besoins de chaque jour. Il est sans doute à desirer que la derniere classe jouisse, autant que possible, des mêmes privilèges que la première : mais nous devons craindre, en nous livrant aux mouvemens d'une bienveillance inconsidérée de produire des maux plus grands, que ceux que nous voulons guérir. Celui qui commence par un appel au peuple, connaît peu la marche de l'esprit humain. La précipitation peut obtenir le succès d'un dessein funeste ; mais les projets de la sagesse demandent des progrès lents, non interrompus et successifs. Etablissement du texte : 4/2siii-7/4, L F 549i"-559v°, P2 f 180r*-184r°, G pp. 205-217.
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La grande chaîne de la nécessité lie et combine tout ce qui tient à l'homme. Toutes les parties de son existence sont dans une harmonie adp i8ir° mirable. Comme | c'est au peuple à faire le dernier pas vers la vérité, c'est aussi le peuple qui a le moins besoin d'être préparé à la concevoir. Ses préjugés sont en petit nombre, et, pour ainsi dire, sur la surface. Les argumens en faveur de l'injustice sont l'invention des premiers rangs de la société. Eux seuls y trouvent, ou pensent y trouver leur avantage. Après avoir cherché, dans le sophisme, l'excuse de leur conduite, ils deviennent les champions des erreurs qu'ils ont assidûment cultivées. Le peuple n'a point le même interet ; il ne supporte le régne de l'injustice que par habitude et défaut de réflexion. Il a moins besoin de préparation pour recevoir la vérité, que d'exemples qui la lui rendent palpable. Il lui faut peu de raisonnemens, lorsqu'il voit des hommes sages et généreux déterminés à défendre la cause de la justice. Un tems court suffit pour lui faire goûter les principes du patriotisme et de la liberté. Il faut des précautions bien grandes et bien difficiles, pour que les associations politiques n'occasionnent point de dangers. La gaieté d'une fête peut conduire aux désordres d'une émeute. La sympathie de l'opinion passe de l'un à l'autre dans des assemblées nombreuses, et des hommes peu accoutumés à réprimer leurs passions, deviennent capables d'excès qu'aurait rejettés la réflexion solitaire. Rien n'est plus cruel, féroce et sanguinaire que le triomphe de la populace. La publication de la vérité devrait toujours être précédée de leçons sur la modération, p 181 v° Peu d'erreurs sont plus déplorables que celles qui nous | conduisent à employer des moyens criminels en faveur d'une cause juste. Dira-t-on que les associations sont indispensables pour armer l'opinion d'un peuple contre ses oppresseurs. Mais pourquoi armer ? pourquoi agiter toute une nation, et exciter des commotions qui peuvent entraîner les suites les plus désastreuses ? pourquoi vouloir donner à la vérité un autre poids, que celui qui lui appartient, pourquoi l'entourer des fureurs d'un zèle aveugle ? En tachant de lui procurer une victoire prématurée, nous produirons des désastres, et nous retarderons ses véritables succès. Attendons patiemment ses progrès naturels, n'employons pour la soutenir aucun argument indigne d'elle et son triomphe sera brillant et pur. On peut faire la même réponse à ceux qui prétendent que les associations sont nécessaires pour connaître exactement l'opinion publique. Quelle est donc cette sorte d'opinion qui exige des moyens violens pour se manifester ? Les sentimens des hommes ne sont douteux dans leur expression, que lorsqu'ils sont encore incertains et équivoques en eux mêmes. Une opinion 28 les ] surchargé sur des
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arrêtée a des symptômes qu'il est impossible de méconnaître. Si l'opinion du peuple ne se montre pas aujourd'hui, elle se prononcera demain. Si elle f I82r° ne se montre pas aujourd'hui, c'est parcequ'elle | n'existe pas encore telle que vous le prétendez. C'est que sous ce nom, vous voulez faire prévaloir votre opinion particulière. Tels sont les raisonnemens qui doivent fixer notre jugement abstrait sur les associations. Ne les condamnons pas toutes fois avec trop de sévérité. Il y a toujours pour faire le bien un moyen préférable ; mais les hommes sont des êtres imparfaits, et le philosophe regardera certaines erreurs avec indulgence. Les associations étant intrinsèquement une mauvaise mesure, on doit les admettre le plus tard possible. Mais il ne faut pas se dissimuler, que, dans la crise d'une révolution, elles deviennent quelquefois inévitables. Tandis que l'opinion s'avance d'un pas tranquille, ses progrès sont dévancés par le zèle des imaginations ardentes. La sagesse essayera de les contenir, et si ses disciples sont nombreux, elle détournera les accidens funestes. Mais le sort une fois jetté, la déclaration faite et irrévocable quel que puisse être le tumulte et le danger, l'honnete homme suivra le parti de la vérité, et se servira, pour la soutenir, des meilleurs expédiens que les circonstances pourront admettre. Il faut distinguer les associations politiques, dans l'acception ordinaire de ce terme, des communications sociales. Ces communications, dans un cercle moins étendu, et particulièrement entre des esprits déjà initiés dans la connaissance de la vérité, ont d'immenses avantages. Une froide réserve isole aujourd'hui les hommes. La société est un art, au moyen duquel les f I 8 2 v ° individus peuvent éternellement communiquer ensemble, sans | jamais se faire connaître la véritable valeur de leur caractère ou de leurs talens, et le perfectionnement dont ils seraient susceptibles. Une sorte de tactique domestique nous apprend à eluder la curiosité, et à soutenir la conversation sans trahir nos sentimens ni nos principes. Le soin constant du philantrope doit être de détruire cette duplicité et cette réserve. Les livres n'ont qu'une influence limitée, bien qu'a raison de leur durée, de leurs discussions méthodiques, et de la facilité avec laquelle on les multiplie, ils puissent être considérés comme une des principales sources d'instruction. Les lecteurs sont toujours en petit nombre, la lecture a, pour ainsi dire, une froideur intrinsèque. Nous examinons avec malveillance les argumens d'un novateur, ou nous répugnons à fatiguer notre esprit en les saisissant dans toute leur force. Nous avons rarement le courage de marcher dans des sentiers non encore frayés, et de révoquer en doute des maximes généralement reçues. Mais la conversation nous accoutume à écouter des propositions diverses, nous oblige à exercer notre patience et notre attention, et donne une sorte d'élasticité à nos recherches intellectuelles. Un
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homme instruit, en se rappellant la marche de ses facultés, trouvera qu'il doit une partie incalculable de ses progrès aux développemens fortuits, et f I83r° aux | rencontres imprévues de la conversation, et l'histoire de la littérature nous montre presque toujours les hommes d'un mérite supérieur, existant simultanément. Il s'en suit que la liberté illimitée des communications sociales est un des plus surs moyens de servir les interets de l'humanité. Imaginons un nombre d'hommes, qui, après avoir enrichi leur esprit par la lecture et la méditation, s'occupent ensemble à comparer leurs opinions, à proposer leurs doutes, à les èclaircir, à découvrir enfin le mode le plus sur et le plus frappant de répandre leurs idées. Supposons que ces hommes ainsi préparés par un commerce mutuel, professent dans la société les véritables principes. Supposons encore que leurs auditeurs prennent plaisir à répéter les vérités qu'ils ont recueillies. L'instruction fera des progrès sans danger et sans violence. L'on verra la raison se propager. Ce ne sera pas une sympathie aveugle, irréfléchie et presqu'animale. Les discussions politiques se dégageront des haines et de la violence de l'esprit de parti. Chaque individu se montrera jaloux de dire ou d'écouter ce que tous les hommes ont intérêt de savoir. La vérité sera d'un accès facile. Le sentier escarpé de la science se changera en une pente insensible et douce. L'instruction deviendra générale, la sagesse sera l'héritage commun des hommes, et nul n'en sera privé que par son inexcusable insouciance. Peut-être, pour réaliser complettement ces idées, f 5 1 8 3 v ° faudrait il que l'inégalité | des conditions, et la tyrannie des gouvernemens fussent adoucies, mais ce n'est point un motif pour ne pas jetter dès aprésent les bazes de ce généreux système. L'instruction des individus et le perfectionnement des institutions doivent se prêter un secours mutuel. La vérité, surtout la vérité politique, n'est pas difficile à saisir. Elle ne devient telle que par l'arrogance de ceux qui l'enseignent. Ses progrès ont été lents, parceque cette étude a été abandonnée aux jurisconsultes et aux légistes. Elle a produit peu d'effet dans la pratique, parcequ'on ne lui a jamais permis un appel simple et direct au jugement des individus. Détruisez ces obstacles, que la vérité devienne une propriété commune et d'un usage habituel : des avantages inestimables en seront promptement la suite infaillible.
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Mais ces heureux changemens ne peuvent s'opérer qu'avec le secours 35 d'une discussion libre et impartiale. Dès que les sociétés resserrées des hommes modestes, instruits et paisibles sont englouties dans le cahos bruyant des assemblées nombreuses, les progrès de l'instruction deviennent nuls. On voit disparaître cette heureuse diversité d'opinions qui contribue si avantageusement à éclairer l'intelligence et à faire jaillir la lumière. L'ac- 40 tivité de notre esprit est enchaînée par la crainte du blâme ou du désaveu de
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f I84r° nos associés. Une fausse uniformité de jugement s'établit. Personne ne l'adopte par conviction, mais on suit par faiblesse un torrent qu'on regarde comme irrésistible. Les clubs dans l'ancienne acception que ce terme avait en Angleterre, c'est à dire les sociétés périodiques, peu nombreuses et indépendantes, seraient compatibles avec nos principes. Mais les clubs sont 5 inadmissibles, lorsqu'on y joint le redoutable appareil des confédérations et des comités de correspondance. Les hommes doivent se ressembler pour examiner, non pour conquérir, et la vérité toute puissante dédaigne la ressource ignoble des enrôlemens.
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Chap.e 5.e De l'espèce de réforme désirable.
Il ne suffit pas que nous soyons d'accord sur la nécessité de la réforme sociale. Il nous reste encore une foule de questions, à décider. La plus importante s'applique à l'époque et à l'étendue de cette réforme, faut-il la présenter toute entière au peuple, ou l'introduire graduellement ? D'un coté l'on peut dire que tout ce qui limite la vérité est erreur, que des idées qui sont excellentes, lorsqu'elles tiennent au tout dont elles dépendent, non seulement perdent de leur prix, quand elles en sont détachées, mais peuvent même devenir positivement funestes, que l'effet de la vérité vue dans tout son jour, doit être infaillible, mais que, présentée d'une manière incompiette et partielle, elle livre une foule de cotés faibles à ses adversaires : que ces cotés faibles prolongent la lutte, et rendent la victoire incertaine, et que les hommes se persuaderont, ou que la vérité est elle même de peu de valeur, ou que leur l'intelligence est trop bornée pour la discerner. L'on peut ajouter, qu'un des moyens les plus efficaces d'amélioration sociale est de laisser le désordre arriver au comble, pour que la comparaison du bien possible avec le mal existant, donne une impulsion | durable et déterminée ; que toute réforme partielle nuit à cette comparaison : qu'elle n'est qu'un palliatif ; qu'elle cicatrise la plaïe sans la guérir ; qu'en nous procurant un léger avantage, souvent un avantage illusoire, elle nous prive du bien réel que nous devrions exiger ; qu'en dégageant l'erreur d'une petite partie de ses inconvéniens, elle la rend moins odieuse et prolonge sa durée. L'on doit éviter toutefois de pousser trop loin ce raisonnement ; pour ne pas nous égarer dans cette question délicate, il faut soigneusement distinguer les différentes sources de réforme. Toute réforme partielle ou générale, suggérée par le sentiment universel doit être accueillie ; mais une réforme qui nous est offerte par ceux qui ont intérêt à la perpétuité des abus, et dont l'intention est de rendre l'erreur permanente, en la débarrassant de ce qu'elle a de plus révoltant, doit être rejettée avec mépris. Le véritable principe du perfectionnement social est l'amélioration de l'opinion publique. Toute réforme qu'on impose à la communauté, sans qu'elle la demande, ou Etablissement du texte : 4/2siv-7/5, L f° 560r°-565iJÏ, P2 f 184v°-186v°, G pp. 219-225. 14 persuaderont ] persuadent L
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qui n'est point l'ouvrage de l'énergie générale, est indigne de notre reconnaissance. Mais, lorsque la réforme partielle part de sa source légitime, c'est à dire des progrès de la société dans la connaissance du vrai, elle a droit à notre approbation. L'homme est le produit de l'habitude ; le perfectionnement graduel est une loi de sa nature. Lorsqu'un avantage important est assez généralement connu, pour que toute une société en sollicite l'établissement, f I85v° cette institution par une | réaction bienfaisante contribue à son tour à étendre les lumières, et à épurer les mœurs, il est naturel aux hommes de se reposer après la conquête de quelque grande vérité, et de contempler du point où ils sont arrivés l'espace qui leur reste à parcourir. Dans un sens l'amélioration graduelle est la seule réforme possible. Tous les esprits sont à la recherche de la vérité. Leurs tentatives obtiennent chaque jour quelques succès ; mais la vérité est infinie, et les tentatives ne finiront point. Si nous attendions pour améliorer, que nous eussions un systhême de réforme tellement complet, qu'il ne fallut jamais y rien ajouter, nous resterions éternellement dans l'inaction. Toute réforme opérée à propos participe de la nature d'une réforme complette, en ce qu'elle prépare des réformes à venir. Ce n'est point l'amélioration du jour que nous devons désirer, mais l'aptitude aux améliorations progressives de tous les siècles. Il s'agit moins, nous le répétons, d'agir, que d'éclairer, que les hommes puissent distinguer les fantômes qui les épouvantent : les fantômes s'évanouiront comme des songes. Il ne faut surtout jamais désespérer de l'espèce humaine, lors même que rien n'annonce l'amélioration. Les grands changemens paraissent toujours f I86r° arriver soudain. Les grandes découvertes semblent | imprévues et faites par hazard. En formant l'esprit de la jeunesse, en tâchant de réformer celui de l'âge mur, l'effet sera longtems insensible. Le triomphe de la vérité n'est point accompagné de faste. Les semences de la vertu semblent quelquefois périr, avant de germer, mais le résultat paraitra au moment où nous l'attendrons le moins. Il n'y aura pas besoin de tirer une seule épée, de lever un seul bras. Une minorité faible et peu nombreuse n'entreprendra point de résister au sentiment universel. Appuyons nous encore de l'exemple de la France. Les ouvrages de ses grands écrivains sont restés longtems sans effet. Helvetius l'un des plus récens, déplore avec éloquence, dans un ouvrage publié après sa mort, la situation désespérée de son pays 1 . «Dans
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Godwin précise la source : C.A. Helvétius, De l'homme, de ses facultés intellectuelles et de son éducation. Voir G, p. 224.
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chaque nation, dit-il, il est des momens où les citoyens incertains du parti qu'ils doivent prendre, et suspendus entre un bon et un mauvais gouvernement, éprouvent la soif de l'instruction, ou les esprits, si j'ose le dire, préparés et ameublis, peuvent être pénétrés facilement de la rosée de la vérité, qu'en ce moment un bon ouvrage paraisse, il peut opérer d'heureuses réformes : mais cet instant passé, les citoyens, insensibles à la gloire, sont par la forme de leur gouvernement, invinciblement entraînés vers l'ignorance et l'abrutissement. Alors les esprits sont la terre endurcie, l'eau de la vérité y tombe, y coule, mais sans la féconder. Tel est l'état de la france. Cette nation avilie est aujourd'hui le mépris de l'Europe. Nulle crise salutaire ne lui rendra la liberté.» Malgré cette prédiction décourageante, l'œuvre de la régénération avançait constamment. La révolution de l'Amérique a donné la dernière impulsion ; et six années seulement, après qu'elle eut affermi sa liberté, l'on vit commencer la révolution française, faudra-t-il un tems plus long pour déterminer les autres nations à suivre l'exemple des français, en évitant leurs erreurs, et en perfectionnant leur système ? que les amis sincères de l'homme s'occupent avec persévérance de propager la vérité ; qu'ils combattent courageusement tous les obstacles qu'on oppose à ses progrès. Ils pourront, sans se livrer à des espérances chimériques, et sans recourir à des violences odieuses, compter sur un succès rapide et brillant.
4 ameublis ] surchargé sur mot ill.
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Chapitre 6.e Du tyrannicide.
La question du tyrannicide est liée à la méthode d'executer une révolution. Les écrivains politiques l'ont discutée avec chaleur. Presque tous les moralistes de l'antiquité ont soutenu la légitimité du tyrannicide, et les modernes l'ont généralement condamné. Les argumens en sa faveur sont fondés sur un principe évident. «La justice doit être universellement administrée. Les loix de chaque pays l'exercent, ou prétendent l'exercer sur les crimes des particuliers. Mais la justice ordinaire ne peut atteindre ceux qui foulent aux pieds les lois et la liberté du monde. Sans doute, bien que la justice soit administrée, dans quelques occasions avec partialité, bien que le riche parvienne quelquefois à opprimer impunément le pauvre, un petit nombre d'abus de cette espèce ne suffit point pour autoriser le dernier appel et les ressources extrêmes. Mais l'usurpation et la tyrannie d'un despote sont d'une nature bien autrement importante, et bien autrement odieuse. Les précautions de la politique étant déjouées, la justice empoisonnée dès sa source, chaque individu reprend ses droits et peut exécuter pour son compte les décrets de l'eternelle équité.» P I87v° L'on peut toutes fois douter que le meurtre d'un tyran soit une exception de la règle générale. La personne d'un tyran n'a certainement rien de plus sacré que celle de tout autre individu, et l'on peut le tuer sans plus de scrupule pour se défendre de ses violences. Mais, dans tout autre cas, la mort du coupable, lorsqu'elle lui est infligée par une autorité arbitraire, n'est point une méthode convenable pour rétablir la justice. Ou la nation dont vous voulez anéantir le tyran, est mûre pour l'établissement et le maintien de sa liberté, ou elle ne l'est pas. Si elle l'est, elle doit déposer le tyran avec toute la publicité possible. Ce qui intéresse le bien général, ne doit point être environné du mystère, ni exécuté comme en rougissant. L'on donne une leçon pernicieuse aux hommes, lorsqu'on dérobe aux regards publics un jugement consacré par la justice générale. Le poignard peut être l'instrument du crime aussi bien que de la vertu. Si la nation n'est pas mure pour la liberté, l'homme qui, de son autorité privée, recourt à la force, peut montrer un zèle exalté, et remplir de son nom le monde : mais il n'acquerra point de gloire ; tous les hommes considèrent P I88r° aujourd'hui ces sortes d'actions | avec une horreur méritée : il attirera sur Etablissement du texte : 4/3-7/6, L P 565v°-569r°, P2 P 187P-188v°, G pp. 226-229.
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son pays des nouvelles calamités. Les conséquences du tyrannicide sont bien connues. Si l'entreprise échoue, elle redouble la férocité du tyran. Si elle réussit, et que la tyrannie soit rétablie, elle produit le même effet sur ses successeurs. Sous la verge du despotisme, on peut encore rencontrer quelques vertus solitaires. Mais au milieu des complots et des conjurations, il n'y a ni vérité, ni confiance, ni humanité. Tout ce qui consacre l'assassinat, sème l'allarme entre les hommes. Les caresses, les protestations ne sont plus comptées pour rien. Les amis se méfient de leurs amis. Les bornes qui jusqu'aprésent servaient à séparer la vertu du vice, se trouvent renversées. Or, l'intérêt de l'espèce humaine est de raffermir ces bornes et non de les détruire. Si ceux qui approuvent la doctrine du tyrannicide avaient suivi le conspirateur dans tous ses tortueux détours, s'ils l'avaient vu trembler sans cesse que la vérité ne vint à se découvrir, ils auraient probablement été moins prodigues de louanges en sa faveur. Il est impossible d'imaginer une action plus contraire au principe de la franchise et de la probité. Comme le plus vil des criminels, l'assassin d'un tyran, cherche les ténèbres, élude les questions, évite soigneusement l'œuil pénétrant de l'homme impartial. Il s'efforce de feindre une gaîté f° I88v° tranquille, et n'y réussit qu'en | proportion de son plus ou moins d'hypocrisie, il pervertit l'usage de la parole, et tâche pour mieux tromper de composer jusqu'à l'expression de ses regards. Peignons nous les conspirateurs prosternés aux pieds de César, au moment de l'assassiner. Notre indignation ménage à peine la vertu même de Brutus. Tout ce qui nous éloigne de la vérité, doit être considéré comme un mal. L'on pourrait étendre aux mensonges de tous les genres les raisonnemens que nous avons rapportés en faveur du tyrannicide. Ces jeux de l'imagination ne sont pas sans danger. La grande loi de n'employer que des moyens légitimes est plus importante à conserver, qu'un mal passager à détruire. Rien n'est plus évident que le bien qui resuite d'un respect inviolable pour la vérité. Rien n'est plus douteux que celui qu'on espère par le moyen honteux du mensonge.
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Chapitre 7.e Des Rapports de la vérité avec la vertu et les talens.
La connaissance de la vérité peut donc seule amener les réformes utiles : seule, elle améliore notre moralité, notre intelligence, nos institutions politiques. Elle exalte l'ame : elle étend la sphère du génie. Elle constitue la perfection que nous attribuons aux Dieux. Elle est la véritable puissance. Sans elle il n'est point de vertu. La vertu, pour être éminente, exige une vaste connaissance des causes et de leurs effets. L'homme le plus vertueux est celui qui choisit avec le plus de discernement les moyens d'être utile à ses semblables. Mais ce choix demande une étude profonde de notre nature, de nos inclinations générales, des nuances accidentelles qui les modifient, des ressorts divers qui nous font agir. Sous quelque point de vue que nous considérions la vertu, son dégré dépendra toujours de la connaissance de la vérité, c'est à dire de l'étendue des lumières. Supposons pour un instant, des dispositions vertueuses, dépourvues d'une F 2 v ° instruction suffisante : elles produiront peu | d'avantages. Les intentions les plus pures conduiront souvent aux actions les plus atroces. Calvin fera brûler Servet : Digby complottera la conjuration des poudres : et sans même parler de ces exemples extrêmes, l'erreur poussant fréquemment l'homme vertueux à des actions cruelles et tyranniques, son esprit sera bientôt perverti par ces actions. L'homme de bien se méfie de lui même, lorsqu'il se détermine à des actes contraires aux principes évidens de la morale. Il devient inquiet, sombre, agité. Sa fermeté dégénéré en obstination, sa justice en rigueur inexorable. Plus il suit son systhême, plus il s'égare. Il est chaque jour moins content de lui même. Il se reposerait dans la vérité. L'erreur l'oppresse et le tourmente. Il marche de fautes en fautes et de douleurs en douleurs. Mais si la vertu ne peut exister sans les lumières, dirons-nous que, de même les lumières ne peuvent exister sans la vertu ? Une conduite vicieuse est toujours le produit de vues étroites et de calculs faux. Toutes choses égales, l'homme le plus éclairé doit être aussi le plus vertueux. Lors même qu'entrainé par des passions fougueuses, ou distrait par de profondes méditations, Il s'écarte des principes rigoureux de la moF 3r° raie, il y a encor telle | vertu qui lui reste, telle idée sordide jusqu'à laquelle il ne peut descendre, tel crime qui lui fait horreur. Etablissement du texte : 4/4-7/7, L F 569v°, PS F 2r°, G p. 230. A partir de la ligne 17 : Supposons pour..., BC utilise 4/4si-7/7, L F 5 7 0 F - 5 7 5 v ° , P3 F 2r°-4f, G pp. 231-238.
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Le sentiment de la justice est inséparable des lumières. Or, partout où ce sentiment existe, le germe de la vertu n'est pas étouffé. Pourquoi le satan de Milton nous parait-il un caractère presqu'admirable ? C'est que nous trouvons en lui ce sentiment indélébile de la justice. Sa raison de révolte était, comme il le dit, son indignation contre l'inégalité. La force ni le laps du tems ne lui semblaient des motifs légitimes de foi implicite, ou de soumission servile. Il persistait, même après sa défaite, dans une lutte désespérée. L'infériorité de ses moyens ne le décourageait pas. son sentiment d'équité l'emportait sur celui de sa faiblesse. Il avait l'ame de Caton ou d'Epictècte, et non celle d'un esclave. Il supportait les tourmens avec intrépidité, dédaignant de ramper sous le pouvoir despotique. Il cherchait la vengeance, mais comme moyen de renverser l'autorité arbitraire, et sa fureur était doublée par la pitié qu'il éprouvait pour les compagnons de son malheur. En dernière analyse, l'instinct de la justice est la source de presque toutes nos passions. L'ambitieux cherche à se tirer de l'obscurité, parcequ'il pense p 3v° avoir | droit à la splendeur et à la puissance. L'amant trouve dans l'ardeur de ses désirs, des titres légitimes à la préférence sur ses rivaux. L'homme vindicatif peut ne se livrer à des excès qu'en résistant à ce qu'il croit injuste, et avoir ainsi dans le fond de l'ame le germe de la vertu. L'instinct de la justice n'est autre chose qu'une connaissance plus ou moins claire de la vérité. Il n'est donc point de vertu sans lumières, point de lumières sans vertu : et par une réaction vraiment admirable, les lumières donnent la vertu, puisqu'elles rectifient les calculs, et la vertu conduit aux lumières, puisqu'un désir ardent d'être utile aux hommes nous mène toujours à la découverte des moyens de les servir. Instruisons donc l'ignorance, pour la rendre susceptible de moralité. Que les hommes éclairés étendent leurs lumières pour détruire les préjugés qui se dérobant à leurs recherches, sont encore les causes secrettes de leurs fautes et de leurs malheurs. Repoussons l'erreur illibérale qui représente la corruption comme la compagne du talent. Repoussons la, sans nous en étonner. Il est simple que la médiocrité cherche à flétrir le génie. L'on ne sympathise qu'avec ses semblables, et l'on doit pardonner la calomnie à qui f 4r° ne peut espérer l'égalité.
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Chap.e 8.e Des devoirs de l'homme relativement à la vérité.
Après avoir développé l'importance de la vérité, nous nous proposons de rechercher les devoirs qu'elle nous impose : ces devoirs sont au nombre de ces règles inflexibles et universelles, qui ne peuvent jamais céder à des considérations de circonstance. L'univers n'est gouverné que par des principes généraux. Dans le monde matériel, si les loix de la gravitation et du mouvement ne nous permettaient de calculer les suites de nos actions, tout serait en désordre et bientôt anéanti. Il en est de même du monde moral. La règle de la sagesse est moins de faire ce qui est utile, que d'éviter ce qui n'est pas permis. Cette théorie nous parait essentielle à développer, tant en elle même, que parcequ'elle s'applique aux gouvernemens comme aux individus, et qu'en précisant et démontrant les devoirs des hommes en général, nous répandrons un grand jour sur les devoirs des hommes, revetus de quelqu'autorité particulière. f 5r° Nous établissons donc, que jamais l'on ne doit | trahir la vérité, et nous dirigeons nos premiers raisonnemens vers les transactions ordinaires de la vie. Ce que nous appelions attachement à la vérité, c'est l'invariable résolution de ne jamais changer dans un fait la moindre circonstance, de ne rien dire de faux, de ne rien cacher de vrai, de repousser la prudence timide qui nous permet la dissimulation pour nous, ou la discrétion complaisante pour les autres. Toutes les vérités qui nous sont connues en politique, en religion, en morale, sont une dette que nous devons payer à l'espèce humaine. Louer hautement l'homme de bien, blâmer severement le coupable, ne taire aucun fait, sous aucun prétexte, et braver également l'imputation de flatterie, et l'accusation de malveillance, tel est le devoir que nous avons à remplir. Si les hommes s'imposaient cette loi, nul d'entr'eux ne commettrait une action dont l'aveu lui serait pénible. Si chaque individu voyait dans tous ses concitoyens, des censeurs justes et sévères, publiant hautement, et même en Etablissement du texte : 4/4siiaiii-7/8 ; L F 577r"-587v° ; P3 f° 4v°-9r° ; G pp. 238-252, 272-274, 281-282. 16-17 répandrons ] répandons L
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sa présence, ses vices et ses vertus, les mœurs nationales s'amélioreraient bientôt. La prévoyance du philosophe ne peut tracer les bornes du bien que produirait chez un peuple, un seul homme, strictement fidèle à la vérité. Or, f° 5v° la négligence avec laquelle les autres s'acquittent de leur devoir, | ne nous dispense pas de remplir le notre. 5 Quelle est la cause de la durée de tant d'erreurs innombrables, de la prêtrise, des sermens, de la vénalité, de la guerre, des intrigues, de tout ce qui excite le mépris et l'horreur de toute ame honnête ? Quelle en est la cause ? la lâcheté. Le vice marche la tête levée, et les hommes moins corrompus n'osent le flétrir. On se persuade absurdement, que la dissimulation io est indispensable : on invoque l'erreur contre le vice, tandis que l'erreur et le vice font cause commune. On ne veut pas essayer de la vérité : tandis que si tout à coup tous les hommes voulaient proclamer sans réserve, et répéter sans crainte toutes les vérités qu'ils connaissent, avant qu'il s'écoulât trois années, le monde civilisé serait affranchi de tout crime et de tout malheur. 15 Cette inflexible sincérité ne dégénérerait point en austérité sauvage. Comme son intention serait d'être utile, son effet ne serait point d'offenser. La meilleure manière de faire supporter la vérité, c'est de l'aimer. L'amour de la vérité adoucit le regard, les gestes, le ton de voix, indices infaillibles des dispositions de l'ame ; et l'impulsion que nous recevons de cette pas- 20 f° 6r° sion sublime, rend notre énergie infatigable, et | notre éloquence irrésistible. Lors même que la vérité serait pénible, n'écoutons pas les suggestions factices d'une bienveillance inconsidérée. Le secret dont nos ménagemens maladroits sont destinés à retarder la découverte, échappera par mille incidens qui le rendront plus douloureux, ou ne sera prolongé que par une suite 25 déplorable de stratagèmes et d'artifices. La vérité a été calculée sur la nature des choses. Elle a pour destination de former l'ame au courage, de lui donner de la force, de l'aguerrir contre le malheur. Qui sommes-nous donc pour prétendre renverser les loix premières de l'univers ? Qui sommes-nous pour créer une race pusillanime et privilégiée que ne glace jamais le souffle 30 de la vérité, que l'orage du malheur n'atteigne jamais. C'est surtout lorsque la vérité peut nous devenir funeste, que nous devons la respecter. Un homme du parti du prétendant, resté seul à la bataille de Culloden, après la défaite de ses compagnons, rencontra dans sa fuite un parti de Loyalistes chargés de le poursuivre et de l'arrêter. Comme sa per- 35 sonne ne leur était point connue, ils lui demandèrent des renseignemens sur lui même, et sa réponse, en les trompant, lui conserva la vie.
7 sermens ] ajouté dans un blanc laissé par le copiste laissé par le copiste
34 Culloden ] ajouté dans un blanc
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Une page du manuscrit de Paris avec des corrections autographes. Bibliothèque nationale de France, Paris. N.a.fr. 14362, P 7r°.
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Considérons où nous conduirait l'approbation de | ce mensonge. Lors de la rébellion de 1745, l'on traitait avec la dernière cruauté ceux que l'on appellait rebelles. Mais si l'injustice donne à ses victimes le droit de s'y dérober par l'imposture, pourquoi le coupable que poursuit la justice, mais qui peut se flatter de redevenir honnête, n'aurait-il pas le même droit ? Il dira que lorsque l'amélioration future est possible, la société abuse de sa force, en y mettant obstacle par un excès de rigueur. Il sera donc excusable de s'assurer par un second crime l'impunité du premier. Tant d'hommes ont pu braver le martyre, pour soutenir des principes inintelligibles, et personne n'oserait professer aux dépens de sa vie le culte de la vérité ! Si le Jacobite dont nous avons parlé, se livrant lui même à ses persécuteurs, eut dit publiquement à ses juges : Celui que vous poursuivez comme un scélérat, a mieux aimé subir votre injustice que de proférer une fausseté. Il aurait fui votre tyrannie, s'il eut trouvé d'autres moyens que la fraude. Mais cerné de toutes parts, ne voyant de salut que dans un honteux mensonge, il a préféré la mort, et vient la recevoir de vos mains. N'aurait-il pas trouvé dans une gloire durable, dans un exemple utile, dans un homf° 7r° mage | éclatant à la vérité, d'amples dédommagemens pour sa mort prématurée. Celui qui manque une seule fois à la véracité qu'il s'est imposée, flétrit l'ensemble de sa vie, dégrade l'élévation de son caractère, et devient plus vil que l'ennemi contre lequel il veut se défendre : car cet ennemi croit à sa vertu tandis qu'au contraire celui qui manque abuse honteusement d'une confiance usurpée. Ce que nous disons de nos secrets, nous le disons des secrets des autres. Tous les faits que nous connaissons sont une partie de notre propriété : et notre propriété toute entière appartient à l'avantage public. Quant aux secrets d'état, puisque les particuliers doivent observer dans leur conduite les loix de la franchise et de la véracité, comment les dépositaires du pouvoir auraient ils le privilège du déguisement et du mensonge. M. de Condorcet, dans sa vie de Voltaire, justifie ce grand homme d'une espèce de duplicité. Après avoir récapitulé les nombreuses atteintes qu'il a dirigées contre la superstition, l'hypocrisie, et l'esprit guerrier, il continue en ces termes : Plus les hommes seront éclairés, plus ils seront libres. Mais n'avertissons point les oppresseurs de former une ligue contre la raison, f 7v° Cachons-|leur l'étroite et nécessaire union des lumières et de la liberté... quel sera donc le devoir d'un philosophe ? Il éclairera les gouvernemens sur 20 celui qui manque ] corr. de il leçon de L, biffé 2 5 Quant... mensonge. ] corr. de Quant aux secrets d'état, nous examinerons dans la suite, si tandis que les particuliers doivent observer dans leur conduite les loix de la franchise et de la véracité, les dépositaires du pouvoir ont des droits particuliers à l'usage du déguisement et du mensonge, leçon de L, partiell. biffé
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tout ce qu'ils ont à redouter des prêtres : au lieu de démontrer que la superstition est l'appui du despotisme, avant que la raison ait ressemblé assez de forces, il prouvera qu'elle est l'ennemie des Rois. Tel est l'esprit de tous les ouvrages de Voltaire - que des hommes inférieurs à lui ne voyent pas, que si Voltaire eut fait autrement, ni Montesquieu, ni Rousseau n'auraient pu écrire leurs ouvrages, que l'Europe serait encore superstitieuse et resterait longtems esclave - &.a &.a Quelle timide défiance dans la toute puissance de la vérité ! Ou plutôt ne cacherions-nous pas, sous ces prétextes spécieux, le soin moins élevé de notre sûreté personnelle ? Politique étroite et mal calculée ! Toutes les restrierions, tous les détours de Voltaire le laissèrent en butte, pendant soixante ans, à la persécution des ministres et des cours. Contemplez le fuyant d'une contrée à l'autre, sollicitant la protection des grands, ne jouissant tout au plus que d'une faveur précaire, imaginant enfin de se fixer sur les frontières de deux pays, pour se ménager dans chacun d'eux un azyle. La peur enf° 81" hardit la tyrannie, et semble | appeller la persécution. Que si nous craignons sincèrement de compromettre la vérité, persuadons nous bien, que ses progrès ne sont pas aussi précaires, que le supposent ses amis timides. Il sont graduels, sans doute ; mais leur gradation naturelle n'a pas besoin d'être secondée par des stratagèmes. Nous favoriserons plutôt ces progrès en découvrant autant de vérités qu'il sera possible, en laissant l'instruction se répandre conformément aux loix de la nature & de la nécessité, qu'en imaginant un système factice de communications imparfaites. Ce n'est pas en enveloppant la vérité d'un voile, en la privant de son éclat, qu'on lui donnera plus d'évidence ? fions nous en plutôt à sa toute puissance, à sa tendance directe et irrésistible vers la liberté, le bonheur et la vertu. Craignons toujours de n'en avoir pas assez, efforçons nous d'ajouter à ce que nous possédons, et n'appréhendons pas, que, présentée dans toute sa splendeur native, et dans toute sa beauté, elle puisse n'être pas bientôt universellement adoptée.
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Quoi, dira-t-on, l'habitant d'un pays, dont les institutions civiles et religieuses s'opposent à l'amélioration de l'espèce humaine, et qu'asservit encor une inquisition sévère, devra-t-il proclamer hautement des opinions harP 8v° dies | et philosophiques ? par des insinuations partielles & modérées, par des explications graduelles et prudentes, il opérerait dans l'esprit de ses conci- 35 toyens une révolution que toute autre marche rendrait impossible. La vérité est un dépôt sacré dont nous n'avons nul droit de disposer par parcelles, selon les calculs incertains d'un interet timide, ou d'une prudence peut-être erronée. Toutes les fois que dans un pays, la communication de la vérité peut être utile, elle devient un devoir pour celui qui la connaît. Lors- 40
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qu'au contraire, il n'existe aucune chance d'utilité, l'homme éclairé doit porter ses lumières en quelques lieux plus disposés à les recevoir. Que si l'on objecte que dans tout pays, il est indispensable que quelqu'un commence la révolution régénératrice, nous répondrons qu'il est superflu que quelqu'un commence. La grande chaîne des causes qui donnent la première impulsion à tous les événemens du monde, dispose suffisamment les hommes à un perfectionnement successif. Il n'est pas nécessaire que les individus sacrifient leur f° 9t° intégrité, qu'ils foulent | aux pieds leurs principes, qu'ils donnent au monde l'exemple avilissant de la ruse, pour précipiter un développement prématuré. Publions les vérités grandes et hardies, dans les pays dignes de les écouter. Elles se répandront d'elles mêmes sur toutes les parties de la terre, et le reste sera l'ouvrage de l'exemple, et surtout du tems. Aucun homme ne devance tellement les lumières de son siècle, qu'il n'y ait pas sur le globe une contrée où il puisse sans danger publier ses opinions. Les causes qui éclairent un individu, agissent aussi sur la masse des hommes. Tous ne marchent pas d'un pas égal, mais l'impulsion est universelle, et tous arrivent plutôt ou plus tard. Dans tout pays, il existe des hommes propres à dessiller les yeux de la multitude. Bien qu'en les comparant à leurs voisins éclairés, on puisse les considérer comme des enfans, ils n'en sont pas moins au dégré convenable pour commencer la régénération de leur patrie. S'il s'y trouve prématurément un homme supérieur, qu'on pourrait nommer une plante exotique, qu'il s'éloigne, qu'il cherche un climat plus analogue à sa nature, et sous lequel ses facultés sublimes se développent en liberté.
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Chap.® 9.e De la possibilité de faire des privilégiés eux-mêmes des amis de l'Egalité.
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Une erreur, qui contribue singulièrement à rendre les révolutions terribles, et qui, par conséquent ne saurait être combattue avec trop de soin, c'est l'idée que les membres des classes riches et privilégiées, considérés mêmes comme individus, ne peuvent être que des ennemis des principes de l'égalité. Il n'est pas vrai que l'espèce humaine soit aussi misérablement égoiste, que l'ont supposé ses détracteurs. La justice occupe une portion considérable de nos calculs : avant de commettre aucune action, nous examinons si elle est juste, et l'homme le moins scrupuleux regrette encore de ne pouvoir satisfaire ses inclinations sans manquer à la justice. Les grands et les riches sont loin d'etre insensibles à des considérations d'un interet général, lorsque ces considérations leur sont présentées avec énergie et clarté. L'ame des riches est exempte de plusieurs désavantages immenses. Leurs esprit n'a pas été rétréci par les inquiétudes perpétuelles de la pauvreté : leur caractère | n'a pas été courbé par le joug pesant de la tyrannie. L'expérience les a convaincus du peu de valeur réelle de ces privilèges, que l'on envie surtout, lorsqu'on les contemple de loin. Si vous leur présentez l'appat de la gloire, si vous intéressez leur générosité, leur grandeur d'ame, vous les verrez souvent se complaire dans les sacrifices. Le même sentiment qui poussait jadis dans les tentes et dans les combats, la jeunesse privilégiée, rendrait facilement les rejettons d'illustres familles les champions dévoués de la cause de l'égalité. Mais supposons, s'il le faut, que la majorité des grands et des riches ne soit dirigée que par les motifs étroits d'un interet personnel et momentané, il sera facile, même dans cette hypothèse, de prouver à cette majorité que cet interet leur prescrit de ne résister qu'avec modération, prudence, et, pour ainsi dire, en cédant. Il est indubitable que la tranquillité ou l'agitation, le bonheur ou le malheur avenir du genre humain, dépendent, en grande partie, de la conduite des classes privilégiées. Il n'est donc certes pas inutile d'essayer de les convaincre, disons leur : c'est | vainement que vous luttez contre les vérités éternelles. Il n'appartient pas à la main de l'homme de suspendre le cours des mers. Cédez, tandis qu'il en est tems encore. CherEtablissement du texte : 8/8-7/9, L P588r°-591r°, P3 F 9v°-12r°, G pp. 882-887. 28 leur ] lui L
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chez votre sûreté dans des concessions qui paraîtront volontaires. Si vous refusez le poste honorable de champions de la justice, temporisez du moins avec un ennemi que vous ne pouvez pas vaincre. Malgré la chute qui vous menace, vous pouvez encor beaucoup sur la destinée. Si vous êtes sages, si vous êtes prudens, si vous voulez sauver votre vie et votre bien être personnel, au milieu du naufrage général des privilèges et des abus, ne cherchez ni à aigrir, ni à défier. Votre violence, votre opposition ne produiraient que des désordres dont vous seriez les premières victimes. Si vous affrontez l'orage, et que vous appelliez sur vos têtes toutes les espèces de haines, sans doute, les patriotes tâcheront encore de maintenir la tranquillité. Mais si leurs efforts sont inutiles, vous serez seuls responsables des calamités que vous aurez provoquées. Ne vous abandonnez pas surtout à une sécurité arrogante et insensée. Méfiez vous de ces bruyantes et monotones adresses, qui sont un gage plus qu'équivoque de la conduite future du peuple. Ne vous reposez pas sur la f l lr" suite nombreuse de vos parasites, de vos cliens | et de vos adulateurs. Ils ne vous prêteront qu'une assistance illusoire. Ils sont hommes, et ne sauraient être long tems sourds aux interets véritables, aux justes prétentions de l'espèce humaine. Quelques-uns vous resteront dévoués, aussi long tems qu'un calcul sordide vous assurera leur nécessaire fidélité. Mais, dès que votre cause paraîtra douteuse, le même calcul les entraînera sous les bannières de vos ennemis. Mais, d'ailleurs, seriez vous donc incapables d'être dirigés par d'autres motifs ? N'éprouvez vous aucune répugnance à vous opposer obstinément à l'acquisition du plus grand des biens ? Pouvez vous consentir sans douleur à être considérés par les plus éclairés de vos compatriotes et traduits devant la postérité la plus reculée, comme les adversaires implacables de la philantropie et de la justice ? Et ne sentez vous pas, dans le fond de votre ame, un secret remords d'être les avocats de la corruption et des abus, de défigurer la vérité, et d'étouffer dans son berceau la félicité naissante de vos semblables ? Parmi les défenseurs de l'Aristocracie, il est des hommes éclairés, des hommes accomplis. Que ne pouvons nous les convaincre par nos arguf 1 iv° mens ! Nous savons bien que la vérité n'a pas besoin de leur | alliance : nous ne craignons pas pour elle leur inimitié. Mais nous gémissons de voir tant de bravoure, tant d'élévation, de lumières et de vertus, soumises au joug des préjugés, et rangées sous les drapeaux de l'erreur : et dans nos représentations, nous avons pour but également l'interet de ces hommes regrettables, et l'honneur général de notre nature. Nous nous adressons ensuite à la masse générale des amis de l'égalité. La vérité, leur répéterons-nous, est irrésistible. L'esprit de l'homme n'est in-
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décis qu'aussi long tems que l'évidence est incomplette. Ce principe doit être votre règle unique et constante. N'essayez jamais d'opérer aujourd'hui par la violence, ce qui sera demain le résultat paisible de la vérité mieux démontrée. Ne recourez point aux moyens de force. La force n'est pas la conviction : la force est indigne de la vérité. Résistez aux mouvemens dé- 5 sordonnés du mépris, de l'animosité, du ressentiment et de la vengeance. La cause de la justice est la cause de l'humanité. Elle doit inspirer l'amour et la bienveillance. De quelle utilité peuvent être les passions humaines, lorsqu'il P I2r° s'agit de la félicité générale et du bonheur individuel ? Ce qui a | retardé vos succès jusqu'aprésent, champions de la liberté, ce sont vos fautes. Altiers, 10 impatiens, sauvages, quelquefois féroces, vous avez aliéné les cœurs d'une cause à laquelle tous les sentimens de la nature tendaient à les rattacher. Vous avez méconnu la moitié de votre tâche. Proclamer la vérité, c'est votre premier devoir sans doute : mais la faire aimer est le second : et c'est à tort, assurément, que vous vous vantez de la défendre, si vous ne parvenez qu'à 15 la faire détester.
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Livre VIII.6 Essais détachés.
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Chapitre l. er Du suicide. On agite depuis longtems la question du suicide : un raisonnement suffira pour l'éclaircir. Une circonstance quelconque peut-elle me donner le droit d'abréger ma vie, pour éviter la douleur ou la honte ? Je ne le pense pas. Aucune situation n'exclut toute possibilité future d'être utile à l'humanité. La souffrance n'est qu'un faible inconvénient, la honte, qu'un mal imaginaire. Elles ne légitiment donc point le suicide, et quand on n'aurait pour continuer à vivre, que le motif de donner aux hommes un exemple de courage, ce motif serait suffisant. Mais que penserons-nous du raisonnement de Lycurgue, qui, en se déterminant à une mort volontaire, disait que toutes les facultés d'un être intelligent pouvant avoir une fin morale, un homme qui avait employé sa f I3r° vie au service de son pays, devait | trouver encor un moyen de lui rendre sa mort profitable ? Ainsi furent motivés les suicides de Codrus, de Léonidas et de Décius. Caton d'Utique, en se donnant la mort, eut aussi pour objet le bien de l'espèce humaine, et ses intentions sont dignes d'éloge, lors même qu'il se serait trompé dans l'application. Toute la question consiste à savoir si une mort volontaire peut jamais être plus utile qu'une vie de vingt ou de trente années. Prononcer la négative, serait une décision précipitée. Le sang des martyrs, dit une expression proverbiale, servit de sémence à l'Eglise. Junius Brutus, en condamnant ses fils dans la première année de la République Romaine, ranima dans le cœur de ses compatriotes nouvellement libres, l'énergie et la vertu nécessaires pour faire triompher la liberté. La mort de Caton produisit un effet semblable. Elle excita, sous le régne des Tyrans, l'admiration de tous les hommes vertueux. Ce fut une lampe sacrée que 1 conserva le feu divin, et qui, à Etablissement du texte : 2/2ai-8/l, L f° 592i*-594r*> P3 P 12v°-13v°, G pp. 92-93. 19 le bien ] oublié par le copiste et ajouté dans l'interl. 1
que au lieu de qui. Le copiste transcrit la faute de L
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différentes époques, et dans des pays divers, servit à rallumer la flamme céleste, éteinte depuis si longtems. Puisque nous avons parlé des martyrs, observons que ces hommes étaient véritablement des suicides, dans toute la force du terme. Ils sacrifiaient | leur vie à une profession de foi, c'est à dire qu'ils avaient un motif déterminé s d'aller à la mort. Or, qui dit motif, dit volonté, et qui dit volonté de mourir, dit suicide1.
Après le signe de fin de paragraphe, on lit ce passage dont il nous est impossible d'affirmer s'il est autographe ou non : Le martyre n'était pas plus un suicide que [l'eroi...] de ce jacobite dont l'auteur parle au ch. 8. Les uns et tes autres dédaignoient de sauver leur vie par un mensonge. L'auteur de la note se rapporte au chap. VIII du livre VII.
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Chap.e 2.® Du duel.
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Bien que le duel soit un sujet usé, il est d'une grande importance, et nous balançons d'autant moins à lui accorder un moment d'attention, que, pour le faire considérer sous son véritable jour, une courte réflexion sera suffisante. L'amour de la vengeance suggéra ce détestable usage à des hordes de barbares. Elles trouvèrent ingénieux sans doute de concilier ainsi ce qu'il y a de brillant dans la valeur, avec ce qu'il y a de révoltant dans la haine. Aujourd'hui le duel a changé de but. Les hommes ne se conforment à cet usage que pour ne pas exposer leur gloire, c'est à dire par condescendance pour le préjugé. Mais l'asservissement au préjugé suppose-t-il du courage. Attenter à la vie de son semblable, courir le risque de voir à jamais interrompus tous les projets qu'on avait conçus pour le bonheur général, se résigner à cette f° I4v° terrible alternative parceque l'on n'a pas assez de | fermeté pour imposer à l'impertinence et au mensonge, est-ce là de la bravoure ? Mais le refus d'un duel est un acte équivoque. Des lâches allégueront l'attachement au principe pour être à l'abri du danger. Toutes nos actions ne sont elles pas équivoques ? Tous nos motifs ne sont ils pas cachés ? La fermeté de nos regards, l'assurance de notre voix, notre sévérité calme et froide, distinguera suffisamment la sagesse de la lâcheté. Notre erreur la plus fréquente est de ne point concevoir assez clairement ce que nous sommes résolus à faire. Nous hésitons parceque nous ne sommes pas assez pénétrés du principe que nous adoptons. Nous éprouvons de la honte ou de l'embarras, parceque notre conviction n'est point assez intrépide, notre résolution point assez inébranlable. Si 1 le courage n'est pas un mot dénué de sens, il consiste à dire hautement la vérité, en tout tems, à tous les hommes et dans toutes les circonstances.
Etablissement du texte : 2/2aii-8/2, L f° 594v°-596v°, P3 f» 14r° - 15i", G pp. 94-96. 27 mot ] motif P 1
Le paragraphe Si le ... circonstances, est mis en évidence par une parenthèse, sur la marge gauche du feuillet.
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N'est-ce pas la faiblesse qui m'empêche de répondre à mon adversaire : Je dois refuser votre défi, et ce que je dois, je l'ôse toujours. Si j'ai eu tort, f° I5r° je suis prêt à le réparer. Si vous êtes dans l'erreur sur | mes motifs, je vous ferai connaître la vérité. Mais je ne courrai pas la chance de commettre un meurtre. Je ne ferai jamais une action que je regarde comme criminelle. Je 5 prétends exercer mon jugement dans toutes les circonstances : je prétends exprimer le résultat de ce jugement à tous les hommes, et y conformer ma conduite sous tous les rapports. Un pareil langage, avec une contenance assurée, ne sera point exposé à des interprétations désavantageuses, et l'inflexibilité de la sagesse ne sera point confondue avec l'hésitation de la 10 lâcheté.
Livre VIII, Chapitre III
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C h a p . e 3. e
Du devoir.
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Nous avons renvoyé jusqu'ici une question épineuse, qu'il est important d'éclaircir en traitant de la justice. Il existe une grande différence entre la justice abstraite, et la justice, telle que chaque individu la conçoit. Lorsqu'obéissant à la voix de ma conscience, je commets une action qui me parait bonne, bien qu'elle soit intrinsèquement mauvaise, ma conduite estelle digne de blâme ou d'approbation ? Quelques moralistes ont admis une distinction entre la vertu absolue, et la vertu pratique. Il y a, disent-ils, une espèce de vertu, qui tient à la nature des choses, et qui est immuable : Il y en a une autre qui dépend de notre jugement. Supposez, par exemple, que la religion chrétienne soit la seule véritable. Un homme, élevé dans celle de Mahomet, professera cette dernière, et sera digne d'éloge, en la professant aussi long tems qu'elle lui paraîtra mériter la préférence. Je me trouve du nombre des jurés qui doivent juger un homme accusé d'un meurtre, et innocent de ce crime : abstraitement, je devrais l'absoudre : mais j'ignore son innocence, et | l'ensemble des témoignages forme contre lui les plus fortes présomptions. Dans un cas pareil, la démonstration ne peut être acquise. Je suis obligé, dans toutes les affaires de la vie, d'agir sur des probabilités ; je dois par conséquent condamner l'accusé. On peut raisonnablement douter, qu'il y ait quelqu'avantage à employer ainsi les termes de la science abstraite d'une manière versatile et incertaine. S'il y a dans le monde quelque chose de fixe et d'immuable, ce doit être la morale ; et c'est toujours par une étrange méprise que nous considérons comme un devoir ce qui est invariablement et éternellement condamnable. Ces moralistes n'ont probablement pas apperçu jusqu'où les conduirait l'adoption de pareils principes. L'esprit humain n'est que trop fertile en justifications de tout ce que ses penchans lui suggèrent. Rien n'est si rare qu'une mauvaise foi complette et sans mélange. Aucune de nos actions ne resterait sans excuse, si l'insouciance et la paresse ne nous détournaient souvent d'une peine superflue : et nous sommes prêts à nous contenter nous mêmes de la plûpart des apologies que nous cherchons à faire recevoir aux autres. La distinction précédente tendrait à faire considérer toutes | les actions comme vertueuses. Etablissement du texte : 2/3-8/3, L P 597r°-600v°, P3 P 15v°-17r°, G pp. 97-100.
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De la justice
politique
Il n'existe peut être aucun homme, qui ne puisse se rappeller des momens de sa vie, où l'inégale distribution des fortunes lui semblait illégitime. C'est probablement ainsi que les hommes se familiarisent à l'idée du vol. Ils se persuadent que des propriétés dont le possesseur n'a pas un besoin pressant, seraient beaucoup plus utilement placées dans leurs mains, et bientôt ils pensent pouvoir sans crime en opérer le transport. Le châtiment, quand il les atteint, leur rappelle les préceptes de l'éducation : mais il n'en est pas moins vrai, qu'au moment du délit, ils se justifiaient à leur propres yeux. Une seconde considération parait plus décisive encore. Les hommes ont commis souvent par des motifs de conscience des actions aussi funestes à l'humanité, que contraires à la justice. Clement, Gérard, Damiens, Ravaillac, étaient profondément occupés du bonheur de leurs semblables dans un autre monde : ils bravèrent, pour y contribuer, les tortures et la mort. Ce fut peut-être un sentiment de bienveillance qui alluma les flammes de Smithfields, et qui aiguisa les poignards de la S. Barthélémy. Les principaux f° I7r° agens de la | conjuration des poudres étaient remarquables par la sainteté de leur vie, et l'austérité de leurs mœurs. Des sentimens de haine et quelquesuns d'ambition se mêlèrent, sans doute à leur bienveillance et à leur intégrité. Comment attribuer des actions atroces à des motifs parfaitement purs ? Mais ces hommes, néammoins, purent être complettement dupes de leur illusion. Quoiqu'il en soit, leur opinion ne changeait en rien la nature de leur crime. Il faut distinguer une action du motif qui nous y porte. On peut faire une bonne action par un motif condamnable. L'action n'en est pas moins vertueuse, mais celui qui l'a commise, n'en a pas plus de droits à l'éloge. On peut aussi commettre une action blamable avec le meilleur motif. Il faut rendre justice à l'un, sans excuser l'autre. Lorsque nos dispositions systématiques tendent au bien général, nous méritons l'estime, même dans nos erreurs.
14-15 Smithfields ] Smithfield L 17-18 quelques-uns ] quelques vues L ajouté dans un blanc laissé par le copiste
28 l'estime ]
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Chapitre 4.e Des promesses.
Le principe fondamental du contrat primitif repose sur l'obligation présupposée d'être fidèle à nos promesses «Puisque nous avons promis obéissance au gouvernement, nous sommes, nous dit-on, tenus d'y rester soumis.» 5 Examinons donc la nature de ce prétendu devoir. Nous avons déjà établi que la justice était la véritable mesure de tous les devoirs moraux et politiques. La justice, par sa nature, est elle immuable ou précaire ? Si elle est immuable, tant qu'il y aura des hommes, mes devoirs vis à vis d'eux seront les mêmes. Dans tous les tems, j e devrai protéger 10 l'homme de bien, blâmer le vice, corriger l'homme vicieux. En quoi donc une promesse, peut elle être une obligation ? Ce que j'ai promis est juste, injuste ou indifférent. Il y a peu d'actions humaines qui méritent cette dernière qualification, et nous verrons encore diminuer leur nombre en proportion de nos progrès dans la science de la morale. Laissons donc de coté 15 les actions indifférentes. Bornons notre examen à celles qui sont conformes f° I8t" ou contraires à la justice. J'ai promis de | faire une chose juste. Je dois incontestablement la faire. Mais pourquoi ? parceque j'ai promis ? non : mais parceque la justice me l'ordonne. J'ai promis d'avancer une somme d'argent pour un emploi utile et louable. Dans l'intervalle de ma promesse à 20 son exécution, il se présente un autre emploi dont l'utilité me parait plus évidente, ou plus étendue. Auquel dois-je donner le préférence ? à l'emploi qui la mérite intrinsèquement. La promesse ne change rien à la nature des choses. Ce n'est point d'après des considérations étrangères, mais d'après le mérite réel de l'objet que je dois me déterminer. 25
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Ceci doit paraître évident si l'on a suivi avec attention nos premiers raisonnemens sur la nature de la justice : Si chaque portion de ma fortune, chaque heure de mon tems, chaque faculté de mon esprit, a sa destination marquée par les principes de la justice immuable, il ne me reste plus rien dont je puisse disposer, rien qui puisse être le sujet d'une promesse, il faut 30 faire ce qui est juste, que nous l'ayons promis ou non. Si nous appercevons qu'une chose est injuste, nous devons nous en abstenir, quelque solemnellement que nous ayons pu nous engager. Nous étions égarés, ou criminels, quand nous avons pris cet engagement : mais | ce n'est pas une raison, pour persister dans l'erreur ou dans le crime. 35 Etablissement du texte : 3/3-8/4, L P 601r°-606v°, P3 f° 17v°-21r°, G pp. 150-156.
360
De la justice politique
Mais, dira-t-on, si l'on ne fait point de promesses, ou si l'on ne tient pas celles qu'on a faites, comment pourra-t-on conduire les affaires ? En suivant dans toutes les circonstances la voix de la conscience et les lumières de la raison. Une promesse pourrait être indifférente, si on ne la considérait que comme une simple déclaration de l'intention actuelle, et non pas comme exclusive de toute nouvelle ou plus ample information ; cependant même avec cette restriction, l'usage des promesses serait loin d'être généralement utile. Pourquoi supposerait on que les affaires de ce monde iraient moins bien, si mon voisin ne pouvait compter sur mon secours, qu'autant qu'il serait raisonnable en moi de le lui accorder ? Si je suis homme de bien, cette sorte d'engagement doit lui suffire, et s'il est probe lui même, il n'en désirera pas d'autre. Si au contraire la probité n'a point sur moi d'empire, si je fais peu de cas des motifs de raison et de justice, il ne pourra guères compter d'avantage sur le secours d'un principe qui n'a de base que les préjugés ou l'erreur. J'ajouterai que l'avantage partiel que ce principe peut F 19f produire, | dans quelques occasions particulières, sera toujours plus que balancé par l'immoralité de l'exemple. On pourra m'objecter encore que ces maximes seraient peut-être admissibles dans une société parfaite. Mais que dans l'état actuel, un grand nombre de membres de la communauté rempliraient mal leur devoir, s'ils n'y étaient invités par des motifs plus nécessaires que les considérations morales. Cela peut être. Mais cette question est fort différente de celle que nous venons de traiter. Nous ne recherchons pas maintenant si la société doit se mêler des erreurs de ses membres. Si nous traitions cette matière, nous dirions que l'homme vertueux ne craindra jamais de braver l'animadversion de la société, lorsque prononçant des peines contre des actions semblables en apparence, mais différentes par leurs motifs, elle semblera lui imposer-des obligations contraires à son devoir. Revenons à la questions des promesses. On me dira que, pour le choix entre deux emplois d'argent, de tems ou de facultés, ma promesse peut produire une différence essentielle ; qu'elle doit conséquemment être remplie, lorsqu'une fois elle est donnée. La personne qui l'a reçue, y a compté ; je ne dois pas tromper son attente. Celle à qui je n'ai rien promis n'éprouve point cet inconvénient. Mais qu'est ce donc que cette partialité que je dois C I9v° respecter ? Qu'est ce que cette attente que je dois remplir qui m'oblige de préférer une chose moins bonne à une meilleure, et de faire sciemment le mal ? Car, si c'était faire le bien, j ' y serais tenu sans promesse. Mais sa confiance dans votre parole a changé la nature de sa situation. Il s'est engagé dans des entreprises auxquelles il n'aurait pas songé, qu'importe ? 18 m'objecter ] corr. de m'observer L
21 nécessaires ] pressans L
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Livre Vili, Chapitre IV
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Lui et les autres apprendront à compter plus sur leurs propres efforts, et moins sur des secours étrangers toujours précaires et souvent injustes. Ils apprendront à se rendre dignes de l'estime générale, et se livreront à des entreprises dont l'utilité leur garantira l'assistance des honnêtes gens. La stricte exécution de la justice dépouillée de cette fausse pitié qui nous excite 5 à servir l'un aux dépens de tous les autres, augmenterait de mille manières l'indépendance, l'énergie et les vertus du genre humain. Supposons toutefois que l'attente d'un individu doive modifier ma conduite, qu'en choisissant un sujet pour un certain poste, mon choix ne doive pas être dirigé uniquement par le mérite des candidats, mais qu'il 10 puisse être influencé par les circonstances individuelles qui rendent c e poste f°20i* infiniment plus désirable à l'un | d'eux qu'à tous les autres. Supposons même que l'espérance d'obtenir ce poste ait engagé cet individu à suivre un cours d'études et de recherches qui lui deviendraient inutiles, s'il était trompé dans son attente, et que ce soit une des considérations qui doivent me 15 déterminer en sa faveur : tout ceci ne ressemble en rien à l'obligation d'une promesse. Premièrement, on peut observer que dans cette hypothèse, il parait indifférent que l'espoir du candidat ait pris son origine dans un engagement formel, ou de quelqu'autre manière, qu'il soit fondé sur ma promesse, ou sur celle d'un tiers, ou enfin sur des circonstances extérieures, ou 20 sur des calculs personnels. Dans toutes ces suppositions la conduite de l'individu serait la même, et son attente trompée produirait pour lui les mêmes inconvénients. Il n'est donc point ici question de ce qu'on entend ordinairement par l'obligation qu'une promesse impose. Le motif qu'on allègue pour me décider n'est point fondé sur l'engagement que j'ai 25 contracté, mais sur un effet accidentel de cet engagement, effet que d'autres circonstances auraient pu produire. Ce n'est pas ma réputation de véracité, ou d'intégrité dont on veut faire le motif de ma conduite, c'est le dommage qui résulterait pour un autre d'une conduite opposée, dommage qui serait le f° 20v° même, quelque | fut la cause de son désappointement. 30 Prenons un exemple encore plus simple : Je demeure à Westminster, et je promets d'aller trouver un capitaine de vaisseau à la bourse de Londres. Le capitaine, en conséquence de ma promesse, remet ses autres affaires, et vient me joindre à l'heure que j'ai choisie. C'est un motif pour ne pas lui manquer sans une raison importante ; mais n'aurais-je pas un motif tout 35 aussi déterminant d'aller le joindre, si j'avais appris n'importe comment, qu'il devait se rendre à la bourse, et qu'il me fut également convenable de l'y rencontrer ? On dira peut-être que les différentes transactions des hommes exigent qu'ils soient exacts à ces sortes d'engagements. Mais il vaudrait mieux dire qu'il est essentiel aux relations des hommes entr'eux, 40 qu'ils puissent réciproquement compter sur une sérieuse attention aux avan-
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De la justice politique
tages et aux inconvéniens, au bien et au mal que leur conduite peut occasionner aux autres. Il résulte de ces observations que nous devons éviter soigneusement les engagemens qui nous lient, indépendamment de nos lumières futures. Celui qui, sans une nécessité absolue, donne à un autre, un motif de croire qu'il 5 P2li° agira dans quelque circonstance | de sa conduite a venir, non de la maniéré qui lui paraîtra la plus juste, au moment de l'action, mais conformément à une résolution antérieure, est essentiellement coupable. Mais cette première erreur ne le dispense nullement d'agir dans la suite, conformément à la justice ; et de ce qu'il a commis une faute, il ne s'en suit pas qu'il doive en 10 commettre une seconde".
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Note du traducteur. L'auteur lui meme sent dans d'autres parties de son ouvrage l'exagération de sa doctrine, car il parle des confédérations et des associations politiques, comme pouvant être obligatoires. Or toute confédération, toute association est une promesse.
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Chap.e 5. e
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De la manière d'exclure les importuns.
Les principes que nous avons établis sur l'importance de la vérité, même dans les incidens ordinaires de la vie, ne peuvent être démontrés plus clairement qu'en empruntant quelqu'exemple familier. Tel est l'usage de faire s dire par ses gens qu'on est sorti, pour se débarrasser des visites importunes. Aucune question morale n'est étrangère à la politique : et les pages de cet ouvrage qui sont consacrées à la destruction de certaines erreurs que l'habitude nous fait regarder comme peu importantes, ne sont peut-être pas les moins utiles. 10 Le but de l'usage dont nous parlons, est évident. Tout le monde a parmi ses connaissances, des amis particuliers, des indifférents, peut-être des ennemis. Le but de cet usage est de faire croire à ces derniers, qu'ils sont dans la première classe. Mais quel est l'avantage moral de traiter d'une manière uniforme et semblable des hommes pour qui nous avons les sentimens les 15 plus opposés ? Les formes de la société actuelle semblent destinées à couper f° 22r° toute | communication entre les ames. Les rafinemens de la politesse nous défendent également de dire à un homme que nous estimons son caractère et ses vertus, et de lui dire qu'il a des vices, ou commet des erreurs qui lui seront funestes, et qui nous éloignent de lui. Ce système est-il honnête ou 20 moral ? L'homme ne trouve-t-il pas dans l'approbation ou la désapprobation des autres le plus puissant encouragement à la vertu, le plus sévère châtiment du vice ? Si, parmi les hommes avec lesquels nous sommes appellés à vivre, il y en a qui nous inspirent de l'aversion, c'est vraisemblablement par quelques défauts que nous appercevons en eux. Pourquoi ne 25 pas les en instruire ? Pourquoi ne pas leur fournir l'occasion de se corriger ou de se justifier ? S'il en est au contraire dont les vertus qui ne nous conviennent pas, qui soient trop pénétrans, trop éclairés, trop intègres, pourquoi ne pas les avertir qu'ils se trompent en nous destinant leur amitié ? Ces liaisons incommodes, ces visites importunes, dont nous nous plai- 30 gnons, et que nous voulons éviter au prix de la vérité, au prix de notre honneur et de celui des autres, ne sont que la suite de notre politesse hypocrite. Nous offrons à tous le même service : à tous nous prodiguons les Etablissement du texte : 4/4aii-8/5, L P 607r°-612v°, P3 F 21v°-22v°, G pp. 265-271. 14 Mais quel ] Quel L
19 ses vertus ] honorons ses vertus L
33 service ] sourire L
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22v°
De la justice politique
mêmes démonstrations de cordialité et de complaisance. La vertu, les talens ne nous | semblent-ils donc mériter aucune distinction ? Si nous repoussions toute espèce de duplicité, si jamais nous n'affections une bienveillance et une estime que nous ne ressentons pas, nous n'aurions pas longtems à nous plaindre des imposteurs. Mais un genre de fausseté en entraine un autre : et 5 celui qui justifie le mensonge usité pour écarter les visites, plaide dans le fait la cause de la lâcheté qui n'ose pas refuser au vice les témoignages d'empressement et de considération qui ne sont dus qu'a la vertu.
8 d'empressement ] surchargé sur mot ill.
Livre VIII, Chapitre VI
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Chap.e 6.e De la liberté métaphysique.
L'idée de la liberté est un résultat de l'ignorance des causes. Cette idée a existé pour l'univers physique. Le sauvage imagine tous les objets physiques, mus par leur propre volonté, et agissant spontanément. Ce n'est qu'en 5 s'éclairant sur l'enchainement des phénomènes de l'univers physique, que l'homme a découvert que tout y était nécessaire. Il en sera de même dans l'univers moral. La liberté métaphysique n'est autre chose que le fétichisme appliqué aux actions humaines.
Etablissement du texte : 4/5-8/6, L f° 613r°, P3 f 23f, G pp. 293-294.
Godwin, âgé de 38 ans, par Thomas Kearsley en 1794, gravure par P. Roberts. National Portrait Gallery, London.
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Page de ti la- de An Enquiry Concerning Political Justice, première edition de 179.?. Bibliothèque cantonale et universitaire, Lausanne.
An Enquiry Concerning Political Justice, and its Influence on General Virtue and Happiness.
by William Godwin. [Vol. I]
Preface V
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Preface.
Few works of literature are held in greater estimation, than those which treat in a methodical and elementary way of the principles of science. But the human mind in every enlightened age is progressive ; and the best elementary treatises after a certain time are reduced in their value by the operation of subsequent discoveries. Hence it has always been desired by candid enquirers, that preceding works of this kind should from time to time by superseded, and that other productions including the larger views that have since offered themselves, should be substituted in their place. It would be strange if something of this kind were not desirable in politics, after the great change that has been produced in men's minds upon this subject, and the vi light that has been | thrown upon it by the recent discussions of America and France. A sense of the value of such a work, if properly executed, was the motive which gave birth to these volumes. Of their execution the reader, must judge. Authors who have formed the design of superseding the works of their predecessors, will be found, if they were in any degree equal to the design, not merely to have collected the scattered information that had been produced upon the subject, but to have increased the science with the fruit of their own meditations. In the following work principles will occasionally be found, which it will not be just to reject without examination, merely because they are new. It was impossible perseveringly to reflect upon so prolific a science, and a science which may be said to be yet in its infancy, without being led into ways of thinking that were in some degree uncommon. vii Another argument in favour of the utility of such a work was frequently in the author's mind, and therefore ought to be mentioned. He conceived politics to be the proper vehicle of a liberal morality. That description of ethics deserves to be held in slight estimation, which seeks only to regulate our conduct in articles of particular and personal concern, instead of exciting our attention to the general good of the species. It appeared sufficiently practicable to make of such a treatise, exclusively of its direct political use, an advantageous vehicle of moral improvement. He was accordingly desirous of producing a work, from the perusal of which no man should rise without being strengthened in habits of sincerity, fortitude and justice. Having stated the considerations in which the work originated, it is proper to mention a few circumstances of the outline of its history. The sentiments it contains are by no means the suggestions of a sudden effervescence of fancy. Political viii en|quiry had long held a foremost place in the writer's attention. It is now twelve years since he became satisfied, that monarchy was a species of government unavoidably corrupt. He owed this conviction to the political writings of Swift and to a perusal of the Latin historians. Nearly at the same time he derived great additional
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An Enquiry Concerning Political
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instruction from reading the most considerable French writers upon the nature of man in the following order. Système de la Nature, Rousseau and Helvetius. Long before he thought of the present work ; he had familiarised to his mind the arguments it contains on justice, gratitude, rights of man, promises, oaths and the omnipotence of truth. Political complexity is one of the errors that take strongest hold on the understanding ; and it was only by ideas suggested by the French revolution, that he was reconciled to the desirableness of a government of the simplest construction. To the same event he owes the determination of mind which gave existence to this work. Such was the preparation which encouraged him to undertake the present treatise. The direct execution may be dismissed in a few words. It was projected in the month of May 1791 : the composition was begun in the following September, and has therefore occupied a space of sixteen months. This period was devoted to the purpose with unremitted ardour. It were to be wished it had been longer ; but it seemed as if no contemptible part of the utility of the work depended upon its early appearance. The printing of the following treatise, as well as the composition, was influenced by the same principle, a desire to reconcile a certain degree of dispatch with the necessary deliberation. The printing was for that reason commenced, long before the composition was finished. Some disadvantages have arisen from this circumstance. The ideas of the author became more perspicuous and digested, as his enquiries advanced. The longer he considered the subject, the more accurately he seemed to understand it. This circumstance has led him into a few contradictions. The principal of these consists in an occasional inaccuracy of language, particularly in the first book, respecting the word government. He did not enter upon the work, without being aware that government by its very nature counteracts the improvement of individual mind ; but he understood the full meaning of this proposition more completely as he proceeded, and saw more distinctly into the nature of the remedy. This, and a few other defects, under a different mode of preparation would have been avoided. The candid reader will make a suitable allowance. The author judges upon a review, that these defects are such as not materially to injure the object of the work, and that more has been gained than lost by the conduct he has pursued. The period in which the work makes its appearance is singular. The people of England have assiduously been excited to declare their loy|alty, and to mark every man as obnoxious who is not ready to sign the Shibboleth of the constitution. Money is raised by voluntary subscription to defray the expence of prosecuting men who shall dare to promulgate heretical opinions, and thus to oppress them at once with the enmity of government and of individuals. This was an accident wholly unforeseen when the work was undertaken ; and it will scarcely by supposed that such an accident could produce any alteration in the writer's designs. Every man, if we may believe the voice of rumour, is to be prosecuted who shall appeal to the people by the publication of any unconstitutional paper or pamphlet ; and it is added, that men are to be prosecuted for any unguarded words that may be dropped in the warmth of conversation and debate. It is now to be tried whether, in addition to these alarming
Preface
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encroachments upon our liberty, a book is to fall under the arm of the civil power, which, beside the advantage of having for one of its express objects the dissuading xii from all tumult and violence | is by its nature an appeal to men of study and reflexion. It is to be tried whether a project is formed for suppressing the activity of mind, and putting an end to the disquisitions of science. Respecting the event in a 5 personal view the author has formed his resolution. Whatever conduct his countrymen may pursue, they will not be able to shake his tranquillity. The duty he is most bound to discharge is the assisting the progress of truth ; and if he suffer in any respect for such a proceeding, there is certainly no vicissitude that can befal him, that can ever bring along with it a more satisfactory consolation. 10 But, exclusively of this precarious and unimportant consideration, it is the fortune of the present work to appear before a public that is panic struck, and impressed with the most dreadful apprehensions of such doctrines as are here delivered. All the prejudices of the human mind are in arms against it. This circumstance may appear xiii to be of greater importance than the other. | But it is the property of truth to be 15 fearless, and to prove victorious over every adversary. It requires no great degree of fortitude, to look with indifference upon the false fire of the moment, and to foresee the calm period of reason which will succeed. January 7, 1793.
Book I, Chapter I
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Book I. Of the Importance of Political Institutions.
Chap. I. Introduction. The subject proposed. - System of indifference - of passive obedience - of liberty. - System of liberty extended. The subject proposed. The question which first presents itself in an enquiry concerning political institution, relates to the importance of the topic which is made the subject of enquiry. All men will grant that the happiness of the human species is the most desirable object for human science to promote ; and that intellectual and moral happiness or pleasure is 2 extremely to be preferred | to those which are precarious and transitory. The methods which may be proposed for the attainment of this object, are various. If it could be proved that a sound political institution was of all others the most powerful engine for promoting individual good, or on the other hand that an erroneous and corrupt government was the most formidable adversary to the improvement of the species, it would follow that politics was the first and most important subject of human investigation. System of indifference : The opinions of mankind in this respect have been divided. By one set of men it is affirmed, that the different degrees of excellence ascribed to different forms of government are rather imaginary than real; that in the great objects of superintendance no government will eminently fail; and that it is neither the duty nor the wisdom of an honest and industrious individual to busy himself with concerns so foreign to the sphere of his industry. of passive obedience : A second class, in adopting the same principles, have given to them a different turn. Believing that all governments are nearly equal in their merit, they have regarded anarchy as the only political mischief that deserved to excite alarm, and have been the zealous and undistinguishing adversaries of all innovation. Neither of these classes has of course been inclined to ascribe to the science and practice of politics a pre-eminence over every other. of liberty. 3 But the advocates of what is termed political liberty have al|ways been numerous. They have placed this liberty principally in two articles ; the security of our persons, and the security of our property. They have perceived that these objects could not be
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An Enquiry Concerning Political Justice
effected but by the impartial administration of general laws, and the investing in the people at large a certain power sufficient to give permanence to this administration. They have pleaded, some for a less and some for a greater degree of equality among the members of the community ; and they have considered this equality as infringed or endangered by enormous taxation, and the prerogatives and privileges of monarchs and aristocratical bodies. But, while they have been thus extensive in the object of their demand, they seem to have agreed with the two former classes in regarding politics as an object of subordinate importance, and only in a remote degree connected with moral improvement. They have been prompted in their exertions rather by a quick sense of justice and disdain of oppression, than by a consciousness of the intimate connection of the different parts of the social system, whether as it relates to the intercourse of individuals, or to the maxims and institutes of states and nations". System of liberty extended. It may however be reasonable to consider whether the science of politics be not of 4 somewhat greater value than any of these | reasoners have been inclined to suspect. It may fairly be questioned, whether government be not still more considerable in its incidental effects, than in those intended to be produced. Vice, for example, depends for its existence upon the existence of temptation. May not a good government strongly tend to extirpate, and a bad one to increase the mass of temptation ? Again, vice depends for its existence upon the existence of error. May not a good government by taking away all restraints upon the enquiring mind hasten, and a bad one by its patronage of error procrastinate the discovery and establishment of truth ? Let us consider the subject in this point of view. If it can be proved that the science of politics is thus unlimited in its importance, the advocates of liberty will have gained an additional recommendation, and its admirers will be incited with the greater eagerness to the investigation of its principles.
"
These remarks will apply to the English writers upon politics in general, from Sydney and Locke to the author of the Rights of Man. The more comprehensive view has been perspicuously treated by Rousseau and Helvetius.
Book /, Chapter II
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Chap. II History of Political Society.
Frequency of war - among the ancients - among the moderns - the French - the English. - Causes of war. - Penal laws. - Despotism. - Deduction. Enumeration of arguments.
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Frequency of war:
While we enquire whether government is capable of improvement, we shall do well to consider its present effects. It is an old observation, that the history of mankind is little else than the history of crimes. War has hitherto been considered as the inseparable ally of political institution. 10 among the ancients :
The earliest records of time are the annals of conquerors and heroes, a Bacchus, a Sesostris, a Semiramis and a Cyrus. These princes led millions of men under their standard, and ravaged innumerable provinces. A small number only of their forces ever returned to their native homes, the rest having perished of diseases, hardships and misery. The evils they inflicted, and the mortality introduced in the countries against which their expeditions were directed, were certainly not less severe than those which their countrymen suffered. No sooner does history become more precise, than we are presented with the four great monarchies, that is, with four suc6 cessful projects, by means of | bloodshed, violence and murder, of enslaving mankind. The expeditions of Cambyses against Egypt, of Darius against the Scythians, and of Xerxes against the Greeks, seem almost to set credibility at defiance by the fatal consequences with which they were attended. The conquests of Alexander cost innumerable lives, and the immortality of Caesar is computed to have been purchased by the death of one million two hundred thousand men. Indeed the Romans, by the long duration of their wars, and their inflexible adherence to their purpose, are to be ranked among the foremost destroyers of the human species. Their wars in Italy endured for more than four hundred years, and their contest for supremacy with the Carthaginians two hundred. The Mithridatic war began with a massacre of one hundred and fifty thousand Romans, and in three single actions of the war five hundred thousand men were lost by the eastern monarch. Sylla, his ferocious conqueror, next turned his arms against his country, and the struggle between him and Marius was attended with proscriptions, butcheries and murders that knew no restraint from mercy and humanity. The Romans, at length, suffered the penalty of their iniquitous deeds; and the world was vexed for three hundred years by the irruptions of Goths, Vandals, Ostrogoths, Huns and innumerable hordes of barbarians.
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among the moderns: I forbear to detail the victorious progress of Mahomet and the pious expeditions of Charlemagne. I will not enumerate the crusades against the infidels, the exploits of 7 Aurungzebe, | Gengiskan and Tamerlane, or the extensive murders of the Spaniards in the new world. Let us examine the civilized and favoured quarter of Europe, or even those countries of Europe which are thought most enlightened. the French: France was wasted by successive battles during a whole century, for the question of the Salic law, and the claim of the Plantagenets. Scarcely was this contest terminated, before the religious wars broke out, some idea of which we may form from the siege of Rochelle, where of fifteen thousand persons shut up eleven thousand perished of hunger and misery; and from the massacre of Saint Bartholomew, in which the numbers assassinated were forty thousand. This quarrel was appeased by Henry the fourth, and succeeded by the thirty years war in Germany for superiority with the house of Austria, and afterwards by the military transactions of Louis the fourteenth. the English. In England the war of Cressy and Agincourt only gave place to the civil war of York and Lancaster, and again after an interval to the war of Charles the first and his parliament. No sooner was the constitution settled by the revolution, than we were engaged in a wide field of continental warfare by king William, the duke of Marlborough, Maria Theresa and the king of Prussia. Causes of war. 8 And what are in most cases the pretexts upon which war is | undertaken ? What rational man could possibly have given himself the least disturbance for the sake of choosing whether Henry the sixth or Edward the fourth should have the style of king of England ? What Englishman could reasonably have drawn his sword for the purpose of rendering his country an inferior dependency of France, as it must necessarily have been if the ambition of the Plantagenets had succeeded ? What can be more deplorable than to see us first engage eight years in war rather than suffer the haughty Maria Theresa to live with a diminished sovereignty or in a private station ; and then eight years more to support the free-booter who had taken advantage of her helpless condition ? The usual causes of war are excellently described by Swift. «Sometimes the quarrel between two princes is to decide which of them shall dispossess a third of his dominions, where neither of them pretends to any right. Sometimes one prince quarrels with another, for fear the other should quarrel with him. Sometimes a war is entered upon because the enemy is too strong ; and sometimes because he is too weak. Sometimes our neighbours want the things which we have, or have the things which we want; and we both fight, till they take ours, or give us theirs. It is a very justifiable cause of war to invade a country after the people have been wasted by famine, destroyed by pestilence, or embroiled by factions among themselves. It is justifiable to enter into a war against our nearest ally, when one of his towns lies
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9 convenient for us, or a territory of land, that | would render our dominions round and compact. If a prince sends forces into a nation where the people are poor and ignorant, he may lawfully put the half of them to death, and make slaves of the rest, in order to civilize and reduce them from their barbarous way of living. It is a very kingly, honourable and frequent practice, when one prince desires the assistance of another to secure him against an invasion, that the assistant, when he has driven out the invader, should seize on the dominions himself, and kill, imprison or banish the prince he came to relieve".» Penal laws.
If we tum from the foreign transactions of states with each other,to the principles of their domestic policy, we shall not find much greater reason to be satisfied. A numerous class of mankind are held down in a state of abject penury, and are continually prompted by disappointment and distress to commit violence upon their more fortunate neighbours. The only mode which is employed to repress this violence, and to maintain the order and peace of society, is punishment. Whips, axes and gibbets, dungeons, chains and racks are the most approved and established methods of persuading men to obedience, and impressing upon their minds the lessons of reason. Hundreds of victims are annually sacrificed at the shrine of positive law and political institution. Despotism.
10 Add to this the species of government which prevails over nine tenths of the globe, which is despotism : a government, as Mr. Locke justly observes, altogether «vile and miserable», and «more to be deprecated than anarchy itself''.» Deduction.
This account of the history and state of man is not a declamation, but an appeal to facts. He that considers it cannot possibly regard political disquisition as a trifle, and government as a neutral and unimportant concern. I by no means call upon the reader implicitly to admit that these evils are capable of remedy, and that wars, executions and despotism can be extirpated out of the world. But I call upon him to consider whether they may be remedied. I would have him feel that civil policy is a topic upon which the severest investigation may laudably be employed. 11 If government be a subject, which, like mathematics, natural | philosophy and morals, admits of argument and demonstration, then may we reasonably hope that men shall some time or other agree respecting it. If it comprehend every thing that is most important and interesting to man, it is probable that, when the theory is greatly " b
Gulliver's Travels, Part IV. Ch. v. Locke on Government, Book I. Ch. i. §. I ; and Book II. Ch. vii. §. 91. The words in the last place are : «Wherever any two men are, who have no standing rule and common judge to appeal to on earth for the determination of controversies of right betwixt them, there they are still in the state of nature, and under all the inconveniences of it, with only this woeful difference to the subject, &c.» Most of the above arguments may be found much more at large in Burke's Vindication of Natural Society ; a treatise, in which the evils of the existing political institutions are displayed with incomparable force of reasoning and lustre of eloquence, while the intention of the author was to shew that these evils were to be considered as trivial.
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advance, the practice will not be wholly neglected. Men may one day feel that they are partakers of a common nature, and that true freedom and perfect equity, like food and air, are pregnant with benefit to every constitution. If there be the faintest hope that this shall be the final result, then certainly no subject can inspire to a sound mind such generous enthusiasm, such enlightened ardour and such invincible perseverance. Enumeration of arguments.
The probability of this improvement will be sufficiently established, if we consider, FIRST, that the moral characters of men are the result of their perceptions : and, SECONDLY, that of all the modes of operating upon mind government is the most considerable. In addition to these arguments it will be found, THIRDLY, that the good and ill effects of political institution are not less conspicuous in detail than in principle ; and, FOURTHLY, perfectibility is one of the most unequivocal characteristics of the human species, so that the political, as well as the intellectual state of man, may be presumed to be in a course of progressive improvement.
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The Moral Characters of Men Chap. III. The Moral Characters of Men Originate in Their Perceptions. No innate principles. - Objections to this assertion - from the early actions of infants - from the desire of self-preservation - from self-love - from pity - from the vices of children - tyranny - sullenness. - Conclusion.
No innate principles. We bring into the world with us no innate principles : consequently we are neither virtuous nor vicious as we first come into existence. No truth can be more evident than this, to any man who will yield the subject an impartial consideration. Every principle is a proposition. Every proposition consists in the connection of at least two distinct ideas, which are affirmed to agree or disagree with each other. If therefore the principles be innate, the ideas must be so too. But nothing can be more incontrovertible, than that we do not bring pre-established ideas into the world with us. Let the innate principle be, that virtue is a rule to which we are obliged to conform. Here are three great and leading ideas, not to mention subordinate ones, which it is necessary to form, before we can so much as understand the proposition. 13 What is virtue ? Previously to our forming an idea corresponding to this general term, it seems necessary that we should have observed the several features by which virtue is distinguished, and the several subordinate articles of right conduct, that taken together, constitute that mass of practical judgements to which we give the denomination of virtue. Virtue may perhaps be defined, that species of operations of an intelligent being, which conduces to the benefit of intelligent beings in general, and is produced by a desire of that benefit. But taking for granted the universal admission of this definition, and this is no very defensible assumption, how widely have people of different ages and countries disagreed in the application of this general conception to particulars ? a disagreement by no means compatible with the supposition that the sentiment is itself innate. The next innate idea included in the above proposition, is that of a rule or standard, a generical measure with which individuals are to be compared, and their conformity or disagreement with which is to determine their value. Lastly, there is the idea of obligation, its nature and source, the obliger and the sanction, the penalty and the reward. Who is there in the present state of scientifical improvement, that will believe that 14 this vast chain of perceptions and notions is | something that we bring into the world with us, a mystical magazine, shut up in the human embryo, whose treasures are to be gradually unfolded as circumstances shall require ? Who does not perceive that they are regularly generated in the mind by a series of impressions, and digested and arranged by association and reflexion ?
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Objections to this assertion : from the early actions of infants : Experience has by many been supposed adverse to these reasonings : but it will upon examination be found to be perfectly in harmony with them. The child at the moment of his birth is totally unprovided with ideas, except such as his mode of existence in the womb may have supplied. His first impressions are those of pleasure and pain. But he has no foresight of the tendency of any action to obtain either the one or the other, previously to experience. A certain irritation of the palm of the hand will produce that contraction of the fingers, which accompanies the action of grasping. This contraction will at first be unaccompanied with design, the object will be grasped without any intention to retain it, and let go again without thought or observation. After a certain number of repetitions, the nature of the action will be perceived ; it will be performed with a consciousness of its tendency ; and even the hand stretched out upon the approach of any object that is desired. Present to the child, thus far instructed, a lighted candle. 15 The fight of it will produce a pleasurable state of the organs of | perception. He will stretch out his hand to the flame, and will have no apprehension of the pain of burning till he has felt the sensation. At the age of maturity, the eyelids instantaneously close, when any substance, from which danger is apprehended, is advanced towards them ; and this action is so spontaneous, as to be with great difficulty prevented by a grown person, though he should explicitly desire it. In infants there is no such propensity ; and an object may be approached to their organs, however near and however suddenly, without producing this effect. Frowns will be totally indifferent to a child, who has never found them associated with the effects of anger. Fear itself is a species of foresight; and in no case exists till introduced by experience. from the desire of self-preservation : It has been said, that the desire of self-preservation is innate. I demand what is meant by this desire ? Must we not understand by it, a preference of existence to non-existence ? Do we prefer any thing but because it is apprehended to be good ? It follows, that we cannot prefer existence, previously to our experience of the motives for preference it possesses. Indeed the ideas of life and death are exceedingly complicated, and very tardy in their formation. A child desires pleasure and loathes pain, long before he can have any imagination respecting the ceasing to exist. from self-love :
Again, it has been said, that self-love is innate. But there cannot be an error more 16 easy of detection. By the love of | self we understand the approbation of pleasure, and dislike of pain : but this is only the faculty of perception under another name. Who ever denied that man was a percipient being ? Who ever dreamed that there was a particular instinct necessary to render him percipient ? from pity :
Pity has sometimes been supposed an instance of innate principle ; particularly as it seems to arise more instantaneously in young persons, and persons of little refinement, than in others. But it was reasonable to expect, that threats and anger, circum-
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stances that have been associated with our own sufferings, should excite painful feelings in us in the case of others, independently of any laboured analysis. The cries of distress, the appearance of agony or corporal infliction, irresistibly revive the memory of the pains accompanied by those symptoms in ourselves. Longer experience and observation enable us to separate the calamities of others and our own safety, the existence of pain in one subject and of pleasure or benefit in others, or in the same at a future period, more accurately than we could be expected to do previously to that experience. from the vices of children : Such then is universally the subject of human institution and education. We bring neither virtue nor vice with us at our entrance into the world. But the seeds of error are ordinarily sown so early as to pass with superficial observers for innate. 17
tyranny: Our constitution prompts us to utter a cry at the unexpected sensation of pain. Infants early perceive the assistance they obtain from the volition of others; and they have at first no means of inviting that assistance but by an inarticulate cry. In this neutral and innocent circumstance, combined with the folly and imbecility of parents and nurses, we are presented with the first occasion of vice. Assistance is necessary, conducive to the existence, the health and the mental sanity of the infant. Empire in the infant over those who protect him is unnecessary. If we do not withhold our assistance precisely at the moment when it ceases to be requisite, if our compliance or our refusal be not in every case irrevocable, if we grant any thing to impatience, importunity or obstinacy, from that moment we become parties in the intellectual murder or our offspring.
sullenness. In this case we instil into them the vices of a tyrant; but we are in equal danger of teaching them the vices of a slave. It is not till very late that mankind acquire the ideas of justice, retribution and morality, and these notions are far from existing in the minds of infants. Of consequence, when we strike, or when we rebuke them, we risk at least the exciting in them a sense of injury, and a felling of resentment. Above all, sentiments of this sort cannot fail to be awakened, if our action be accompanied with symptoms of anger, cruelty, harshness or caprice. The same imbecility, that led us to inspire them with a spirit of tyranny by yielding to their importunities, after18 wards dictates to | us an inconsistent and capricious conduct, at one time denying them as absurdly, as at another we gratified them unreasonably. Who, that has observed the consequences of this treatment, how generally these mistakes are committed, how inseparable they are in some degree from the wisest and the best, will be surprised at the early indications of depravity in children"?
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The arguments of this chapter are for the most part an abstract, the direct ones from Locke on the Human Understanding, those which relate to experience from Hartley's Observations of Man, and those respecting education from the Emile of J.J. Rousseau.
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Conclusion. From these reasonings it sufficiently appears, that the moral qualities of men are the produce of the impressions made upon them, and that there is no instance of an original propensity to evil. Our virtues and vices may be traced to the incidents which make the history of our lives, and if these incidents could be divested of every 5 improper tendency, vice would be extirpated from the world. The task may be difficult, may be of slow progress, and of hope undefined and uncertain. But hope will never desert i t ; and the man who is anxious for the benefit of his species, will willingly devote a portion of his activity to an enquiry into the mode of effecting this extirpation in whole or in part, an enquiry which promises much, if it do not in 10 reality promise every thing.
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Chap. IV. Three Principal Causes of Moral Improvement Considered.
I. Literature. Benefits of literature. - Examples. - Essential properties of literature. - Its defects.
II. Education. Benefits of education. - Causes of its imbecility.
III. Political justice. Benefits of political institution. - Universality of its influence - proved by the mistakes of society. - Origin of evil. There are three principal causes by which the human mind is advanced towards a state of perfection ; literature, or the diffusion of knowledge through the medium of discussion, whether written or o r a l ; education, or a scheme for the early impression of right principles upon the hitherto unprejudiced mind ; and political justice, or the adoption of any principle of morality and truth into the practice of a community. L e t us take a momentary review of each of these.
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I. Literature. Benefits of literature. Few engines can be more powerful, and at the same time more salutary in their tendency, than literature. Without enquiring for the present into the cause of this phenomenon, it is sufficiently evident in fact, that the human mind is strongly infected with prejudice and mistake. The various opinions prevailing in different countries and among different classes of men upon the same subject, are almost innumerable ; and yet of all these opinions only one can be true. N o w the effectual way for extirpating these prejudices and mistakes seems to be literature. Examples. Literature has reconciled the whole thinking world respecting the great principles of the system of the universe, and extirpated upon this subject the dreams of romance and the dogmas of superstition. Literature has unfolded the nature of the human mind, and Locke and others have established certain maxims respecting man, as Newton has done respecting matter, that are generally admitted for unquestionable.
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Discussion has ascertained with tolerable perspicuity the preference of liberty over slavery ; and the Mainwarings, the Sibthorpes, and the Filmers, the race of speculative reasoners in favour of despotism, are almost extinct. Local prejudice had introduced innumerable privileges and prohibitions upon the subject of trade ; spe21 culation has nearly ascertained that perfect freedom is most favourable to her prosperity. If in many instances the collation of evidence have failed to produce universal conviction, it must however be considered, that it has not failed to produce irrefragable argument, and that falshood would have been much shorter in duration, if it had not been protected and inforced by the authority of political government. Essential properties of literature. Indeed, if there be such a thing as truth, it must infallibly be struck out by the collision of mind with mind. The restless activity of intellect will for a time be fertile in paradox and error ; but these will be only diurnals, while the truths that occasionally spring up, like sturdy plants, will defy the rigour of season and climate. In proportion as one reasoner compares his deductions with those of another, the weak places of his argument will be detected, the principles he too hastily adopted will be overthrown, and the judgments, in which his mind was exposed to no sinister influence, will be confirmed. All that is requisite in these discussions is unlimited speculation, and a sufficient variety of systems and opinions. While we only dispute about the best way of doing a thing in itself wrong, we shall indeed make but a trifling progress ; but, when we are once persuaded that nothing is too sacred to be brought to the touchstone of examination, science will advance with rapid strides. Men, who tum their attention to the boundless field of enquiry, and still more who recollect the innumerable errors and caprices of mind, are apt to imagine that the 22 labour is without benefit | and endless. But this cannot be the case, if truth at last have any real existence. Errors will, during the whole period of their reign, combat each other ; prejudices that have passed unsuspected for ages, will have their era of detection; but, if in any science we discover one solitary truth, it cannot be overthrown. Its defects.
Such are the arguments that may be adduced in favour of literature. But, even should we admit them in their full force, and at the same time suppose that truth is the omnipotent artificer by which mind can infallibly be regulated, it would yet by no means sufficiently follow that literature is alone adequate to all the purposes of human improvement. Literature, and particularly that literature by which prejudice is superseded, and the mind is strung to a firmer tone, exists only as the portion of a few. The multitude, at least in the present state of human society, cannot partake of its illuminations. For that purpose it would be necessary, that the general system of policy should become favourable, that every individual should have leisure for reasoning and reflection, and that there should be no species of public institution, which, having falshood for its basis, should counteract their progress. This state of society, if it did not precede the general dissemination of truth, would at least be the immediate result of it.
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But in representing this state of society as the ultimate result, | we should incur an obvious fallacy. The discovery of truth is a pursuit of such vast extent, that it is scarcely possible to prescribe bounds to it. Those great lines, which seem at present to mark the limits of human understanding, will, like the mists that rise from a lake, retire farther and farther the more closely we approach them. A certain quantity of truth will be sufficient for the subversion of tyranny and usurpation ; and this subversion, by a reflected force, will assist our understandings in the discovery of truth. In the mean time, it is not easy to define the exact portion of discovery that must necessarily precede political melioration. The period of partiality and injustice will be shortened, in proportion as political rectitude occupies a principal share in our disquisition. When the most considerable part of a nation, either for numbers or influence, becomes convinced of the flagrant absurdity of its institutions, the whole will soon be prepared tranquilly and by a sort of common consent to supersede them.
II. Education. Benefits of education. But, if it appear that literature, unaided by the regularity of institution and discipline, is inadequate to the reformation of the species, it may perhaps be imagined, that education, commonly so called, is the best of all subsidiaries for making up its defects. Education may have the advantage of taking mind in its original state, a soil 24 prepared for culture, and as yet uninvested with weeds ; and it is a common and a reasonable opinion, that the task is much easier to plant right and virtuous dispositions in an unprejudiced understanding, than to root up the errors that have already become as it were a part of ourselves. If an erroneous and vicious education be, as it has been shewn to be, the source of all our depravity, an education, deprived of these errors, seems to present itself as the most natural exchange, and must necessarily render its subject virtuous and pure. I will imagine the pupil never to have been made the victim of tyranny or the slave of caprice. He has never been permitted to triumph in the success of importunity, and cannot therefore well have become restless, inconstant, fantastical or unjust. He has been inured to ideas of equality and independence, and therefore is not passionate, haughty and overbearing. The perpetual witness of a temperate conduct and reasonable sentiments, he is not blinded with prejudice, is not liable to make a false estimate of things, and of consequence has no immoderate desires after wealth, and splendour, and the gratifications of luxury. Virtue has always been presented to him under the most attractive form, as the surest medium of success in every honourable pursuit, the never-failing consolation of disappointment, and infinitely superior in value to every other acquisition. 25
Causes of its imbecility. It cannot be doubted that such an education is calculated to produce very considerable effects. In the world indeed the pupil will become the spectator of scenes very different from what his preconceived ideas of virtue might have taught him to
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expect. Let us however admit it to be possible so to temper the mind, as to render it proof against the influence of example and the allurements of luxury. Still it may be reasonable to doubt of the sufficiency of education. How many instances may we expect to find, in which a plan has been carried into execution, so enlightened, unremitted and ardent, as to produce these extraordinary effects ? Where must the preceptor himself have been educated, who shall thus elevate his pupil above all the errors of mankind ? If the world teach an implicit deference to birth and riches and accidental distinctions, he will scarcely be exempt from this deference. If the world be full of intrigue and rivalship and selfishness, he will not be wholly disinterested. If falshood be with mankind at large reduced to a system, recommended by the prudent, commanded by the magistrate, inforced by the moralist", and practised 26 under a thousand forms, | the individual will not always have the simplicity to be sincere, or the courage to be true. If prejudice have usurped the seat of knowledge, if law and religion and metaphysics and government be surrounded with mystery and artifice, he will not know the truth, and therefore cannot teach it; he will not possess the criterion, and therefore cannot furnish it to another. Again ; if a man thus mighty, thus accomplished, thus superior to rivalship and comparison, can be found, who will consent to the profanation of employing him in cultivating the mind of a boy, when he should be instructing the world ? Education, in the sense in which it has commonly been understood, though in one 27 view an engine of unlimited power, is | exceedingly incompetent to the great business of reforming mankind. It performs its task weakly and in detail. The grand principles that the inventor seeks in his machines, and the philosopher in investigating the system of the universe, are such, as from a few simple data are sufficient to the production of a thousand events. But the education I have been describing is the reverse of this. It employs an immense combination of powers, and an endless chain of causes for the production of a single specimen. No task, which is not in its own nature impracticable, can easily be supposed more difficult, than that of counteracting universal error, and arming the youthful mind against the contagion of general example. The strongest mind that proposed this as its object, would scarcely °
The following passage is extracted from Lord Kaimes, late one of the judges of the kingdom of Scotland. «Custom-house oaths now a-days go for nothing. Not that the world grows more wicked, but because nobody lays any stress upon them. The duty on French wine is the same in Scotland and in England. But as we cannot afford to pay this high duty, the permission underhand to pay Spanish duty for French wine, is found more beneficial to the revenue than the rigour of the law. The oath however must be taken that the wine we import is Spanish, to entitle us to the ease of the Spanish duty. Such oaths at first were highly criminal, because directly a fraud against the public ; but now that the oath is only exacted for form's sake, without any faith intended to be given or received, it becomes very little different from saying in the way of civility, I am, sir, your friend, or your obedient servant.» - Loose Hints upon Education, Appendix, p. 362. Edinburgh, 1781. Archdeacon Paley in a work, the seventh edition of which lies before me, and which is used as a text book in the university of Cambridge, speaks thus : «There are falshoods which are not lies ; that is, which are not criminal; as - a servant's denying his master, a prisoner's pleading not guilty, an advocate asserting the justice, or his belief of the justice of his client's cause. In such instances no-confidence is destroyed, because none was reposed.» Principles of Moral and Political Philosophy, Book III. Part I. Chap. xv. London, 1790.
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undertake the forming more than one, or at most a very small number, of pupils. Where can a remedy be found for this fundamental disadvantage ? where but in political justice, that all comprehensive scheme, that immediately applies to the removal of counteraction and contagion, that embraces millions in its grasp, and that educates in one school the preceptor and the pupil ?
III. Political justice. Benefits of political justice. The benefits of political justice will best be understood, if we consider society in the most comprehensive view, taking into our estimate the erroneous institutions by which the human mind has been too often checked in its career, as well as those 28 well founded opinions of publics and individual interest, which perhaps need only to be clearly explained, in order to their being generally received. Universality of its influence : Now in whatever light it be considered, we cannot avoid perceiving, first, that political institution is peculiarly strong in that very point in which the efficacy of education was deficient, the extent of its operation. That it in some way influences our conduct will hardly be disputed. It is sufficiently obvious that a despotic government is calculated to render men pliant, and a free one resolute and independent. All the effects that any principle adopted into the practice of a community may produce, it produces upon a comprehensive scale. It creates a similar bias in the whole, or a considerable part of the society. The motive it exhibits, the stimulus it begets, are operative, because they are fitted to produce effect upon mind. They will therefore inevitably influence all to whom they are equally addressed. Virtue, where virtue is the result, will cease to be a task of perpetual watchfulness and contention. It will neither be, nor appear to be, a sacrifice of our personal advantage to disinterested considerations. It will render those the confederates, support and security of our rectitude, who were before its most formidable ennemies. proved by the mistakes of society. Again, an additional argument in favour of the efficacy of political institutions, 29 arises from the extensive influence which | certain false principles, engendered by an imperfect system of society, have been found to exert. Superstition, an immoderate fear of shame, a false calculation of interest, are errors that have been always attended with the most extensive consequences. How incredible at the present day do the effects of superstition exhibited in the middle ages, the horrors of excommunication and interdict, and the humiliation of the greatest monarchs at the feet of the pope, appear ? What can be more contrary to European modes than that dread of disgrace, which induces the Bramin widows of Indostan to destroy themselves upon the funeral pile of their husbands ? What more horribly immoral than the mistaken idea which leads multitudes in commercial countries to regard fraud, falshood and circumvention as the truest policy ? But, however powerful these errors may be, the empire of truth, if once established, would be incomparably greater. The man, who is enslaved by shame, superstition or deceit, will be perpetually exposed to an
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internal war of opinions, disapproving by an involuntary censure the conduct he has been most persuaded to adopt. No mind can be so far alienated from truth, as not in the midst of its degeneracy to have incessant returns of a better principle. No system of society can be so thoroughly pervaded with mistake, as not frequently to suggest to us sentiments of virtue, liberty and justice. But truth is in all its branches harmonious and consistent. 30 The recollection of this circumstance induces me to add as a concluding observation, that it may reasonably be doubted whether error could ever be formidable or long-lived, if government did not lend it support. The nature of mind is adapted to the perception of ideas, their correspondence and difference. In the right discernment of these is its true element and most congenial pursuit. Error would indeed for a time have been the result of our partial perceptions; but, as our perceptions are continually changing, and continually becoming more definite and correct, our errors would have been momentary, and our judgments have hourly approached nearer to the truth. The doctrine of transubstantiation, the belief that men were really eating flesh when they seemed to be eating bread, and drinking human blood when they seemed to be drinking wine, could never have maintained its empire so long, if it had not been reinforced by civil authority. Men would not have so long persuaded themselves that an old man elected by the intrigues of a conclave of cardinals, from the moment of that election became immaculate and infallible, if the persuasion had not been maintained by revenues, endowments and palaces. A system of government, that should lend no sanction to ideas of fanaticism and hypocrisy, would presently accustom its subjects to think justly upon topics of moral worth and importance. A state, that should abstain from imposing contradictory and impracticable 31 oaths, and thus perpetually stimulating its members | to concealment and peijury, would soon become distinguished for plain dealing and veracity. A country, in which places of dignity and confidence should cease to be at the disposal of faction, favour and interest, would not long be the residence of servility and deceit. Origin of evil.
These remarks suggest to us the true answer to an obvious objection, that might otherwise present itself, to the conclusion to which these principles appear to lead. It might be said, that an erroneous government can never afford an adequate solution for the existence of moral evil, since government was itself the production of human intelligence, and therefore, if ill, must have been indebted for its ill qualities to some wrong which had previous existence. The proposition asserted in this objection is undoubtedly true. All vice is nothing more than error and mistake reduced into practice, and adopted as the principle of our conduct. But error is perpetually hastening to its own detection. Vicious conduct is soon discovered to involve injurious consequences. Injustice therefore by its own nature is little fitted for a durable existence. But government «lays its hand upon the spring there is in society, and puts a stop to its motion".» It gives substance and 32 permanence to our errors. It reverses the genuine propensities | of mind, and, instead Logan, Philosophy of History, p. 69.
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of suffering us to look forward, teaches us to look backward for perfection. It prompts us to seek the public welfare, not in innovation and improvement, but in a timid reverence for the decisions of our ancestors, as if it were the nature of mind always to degenerate, and never to advance.
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Chap. V . Influence of Political Institutions Exemplified.
Robbery and fraud, two great vices in society - originate, 1. in extreme poverty - 2. in the ostentation of the rich - 3. in their tyranny - rendered permanent - 1. by legislation - 2. by the administration of law - 3. by the inequality of condition. The efficacy of political institutions will be rendered still more evident, if we enquire into the history of the most considerable vices at present existing in society ; and if it can be shewn that they derive their inveteracy from political institution. Robbery and fraud, two great vices in society: Two of the greatest abuses relative to the interior policy of nations, which at this time prevail in the world, will be allowed to consist in the irregular transfer of property, either first by violence, or secondly by fraud. If among the inhabitants of any country there existed no desire in one individual to possess himself of the substance of another, or no desire so vehement and restless, as to prompt him to acquire it by means inconsistent with order and justice ; undoubtedly in that country 34 guilt could | hardly be known but by report. If every man could with perfect facility obtain the necessaries of life, and, obtaining them, feel no uneasy craving after its superfluities, temptation would lose its power. Private interest would visibly accord with public good ; and civil society become all that poetry has feigned of the golden age. Let us enquire into the principles to which these evils owe their existence, and the treatment by which they may be alleviated or remedied. originate, 1. in extreme poverty. First then it is to be observed, that, in the most refined states of Europe, the inequality of property has arisen to an alarming height. Vast numbers of their inhabitants are deprived of almost every accommodation that can render life tolerable or secure. Their utmost industry scarcely suffices for their support. The women and children lean with an insupportable weight upon the efforts of the man, so that a large family has in the lower order of life become a proverbial expression for an uncommon degree of poverty and wretchedness. If sickness or some of those casualties which are perpetually incident to an active and laborious life, be superadded to these burthens, the distress is yet greater. It seems to be agreed that in England there is less wretchedness and distress than in most of the kingdoms of the continent. In England the poors' rates amount to the sum of two millions sterling per annum. It has been calculated that one person in 35 seven of the inhabitants of this country derives at some period of his life assistance from this fund. If to this we add the persons, who, from pride, a spirit of independence, or the want of a legal settlement, though in equal distress, receive no such assistance, the proportion will be considerably increased.
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I lay no stress upon the accuracy of this calculation ; the general fact is sufficient to give us an idea of the greatness of the abuse. The consequences that result are placed beyond the reach of contradiction. A perpetual struggle with the evils of poverty, if frequently ineffectual, must necessarily render many of the sufferers desperate. A painful feeling of their oppressed situation will itself deprive them of the power of surmounting it. The superiority of the rich, being thus unmercifully exercised, must inevitably expose them to reprisals; and the poor man will be induced to regard the state of society as a state of war, an unjust combination, not for protecting every man in his rights and securing to him the means of existence, but for engrossing all its advantages to a few favoured individuals, and reserving for the portion of the rest want, dependence and misery. 2. in the ostentation of the rich :
A second source of those destructive passions by which the peace of society is interrupted, is to be found in the luxury, the pageantry and magnificence with which 36 enormous wealth is usually accompanied. Human beings are capable of encountering with chearfulness considerable hardships, when those hardships are impartially shared with the rest of the society, and they are not insulted with the spectacle of indolence and ease in others, no way deserving of greater advantages than themselves. But it is a bitter aggravation of their own calamity, to have the privileges of others forced on their observation, and, while they are perpetually and vainly endeavouring to secure for themselves and their families the poorest conveniences, to find others revelling in the fruits of their labours. This aggravation is assiduously administered to them under most of the political establishments at present in existence. There is a numerous class of individuals, who, though rich, have neither brilliant talents nor sublime virtues ; and, however highly they may prize their education, their affability, their superior polish and the elegance of their manners, have a secret consciousness that they possess nothing by which they can so securely assert their pre-eminence and keep their inferiors at a distance, as the splendour of their equipage, the magnificence of their retinue and the sumptuousness of their entertainments. The poor man is struck with this exhibition ; he feels his own miseries ; he knows how unwearied are his efforts to obtain a slender pittance of this prodigal waste ; and he mistakes opulence for felicity. He cannot persuade himself that an embroidered garment may frequently cover an aching heart. 3. in their tyranny :
37 A third disadvantage that is apt to connect poverty with | discontent consists in the insolence and usurpation of the rich. If the poor man would in other respects compose himself in philosophic indifference, and, conscious that he possesses every thing that is truly honourable to man as fully as his rich neighbour, would look upon the rest as beneath his envy, his neighbour will not permit his to do so. He seems as if he could never be satisfied with his possessions unless he can make the spectacle of them grating to others ; and that honest self-esteem, by which his inferior might otherwise arrive at apathy, is rendered the instrument of galling him with oppression and injustice. In many countries justice is avowedly made a subject of solicitation, and the man of the highest rank and most splendid connections almost infallibly
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carries his cause against the unprotected and friendless. In countries where this shameless practice is not established, justice is frequently a matter of expensive purchase, and the man with the longest purse is proverbially victorious. A consciousness of these facts must be expected to render the rich little cautious of offence in his dealings with the poor, and to inspire him with a temper overbearing, dictatorial and tyrannical. Nor does this indirect oppression satisfy his despotism. The rich are in all such countries directly or indirectly the legislators of the state ; and of consequence are perpetually reducing oppression into a system, and depriving the poor of that little commonage of nature as it were, which might otherwise still have remained to them. 38 The opinions of individuals, and of consequence their desires, for desire is nothing but opinion maturing for action, will always be in a great degree regulated by the opinions of the community. But the manners prevailing in many countries are accurately calculated to impress a conviction, that integrity, virtue, understanding and industry are nothing, and that opulence is every thing. Does a man, whose exterior denotes indigence, expect to be well received in society, and especially by those who would be understood to dictate to the rest ? Does he find or imagine himself in want of their assistance and favour ? He is presently taught that no merits can atone for a mean appearance. The lesson that is read to him is, Go home, enrich yourself by whatever means, obtain those superfluities which are alone regarded as estimable, and you may then be secure of an amicable reception. Accordingly poverty in such countries is viewed as the greatest of demerits. It is escaped from with an eagerness that has no leisure for the scruples of honesty. It is concealed as the most indelible disgrace. While one man chooses the path of undistinguishing accumulation, another plunges into expences which are to impose him upon the world as more opulent than he is. He hastens to the reality of that penury, the appearance of which he dreads ; and, together with his property, sacrifices the integrity, veracity and character which might have consoled him in his adversity. rendered permanent: 39 Such are the causes, that, in different degrees under the different governments of the world, prompt mankind openly or secretly to encroach upon the property of each other. Let us consider how far they admit either of remedy or aggravation from political institution. Whatever tends to decrease the injuries attendant upon poverty, decreases at the same time the inordinate desire and the enormous accumulation of wealth. Wealth is not pursued for its own sake, and seldom for the sensual gratifications it can purchase, but for the same reasons that ordinarily prompt men to the acquisition of learning, eloquence and skill, for the love of distinction and fear of contempt. How few would prize the possession of riches, if they were condemned to enjoy their equipage, their palaces and their entertainments in solitude, with no eye to wonder at their magnificence, and no sordid observer ready to convert that wonder into an adulation of the owner ? If admiration were not generally deemed the exclusive property of the rich, and contempt the constant lacquey of poverty, the love of gain would cease to be an universal passion. Let us consider in what respects political institution is rendered subservient to this passion.
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1. by legislation: First then, legislation is in almost every country grossly the favourer of the rich against the poor. Such is the character of the game laws, by which the industrious rustic is forbidden to destroy the animal that preys upon the hopes of his future subsistence, or to supply himself with the food that unsought thrusts itself in his 40 path. Such was the spirit of the late revenue laws | of France, which in several of their provisions fell exclusively upon the humble and industrious, and exempted from their operation those who were best able to support it. Thus in England the land tax at this moment produces half a million less than it did a century ago, while the taxes on consumption have experienced an addition of thirteen millions per annum during the same period. This is an attempt, whether effectual or no, to throw the burthen from the rich upon the poor, and as such is an exhibition of the spirit of legislation. Upon the same principle robbery and other offences, which the wealthier part of the community have no temptation to commit, are treated as capital crimes, and attended with the most rigorous, often the most inhuman punishments. The rich are encourages to associate for the execution of the most partial and oppressive positive laws. Monopolies and patents are lavishly dispensed to such as are able to purchase them. While the most vigilant policy is employed to prevent combinations of the poor to fix the price of labour, and they are deprived of the benefit of that prudence and judgement which would select the scene of their industry. 2. by the administration of law : Secondly, the administration of law is not less iniquitous than the spirit in which it is framed. Under the late government of France the office of judge was a matter of purchase, partly by an open price advance to the crown, and partly by a secret douceur paid to the minister. He, who knew best how to manage his market in the 41 retail trade of justice, could afford to purchase the | good will of its functions at the highest price. To the client justice was avowedly made an object of personal solicitation, and a powerful friend, a handsome woman, or a proper present, were articles of much greater value than a good cause. In England the criminal law is administered with tolerable impartiality so far as regards the trial itself; but the number of capital offences, and of consequence the frequency of pardons, open even here a wide door to favour and abuse. In causes relating to property the practice of law is arrived at such a pitch as to render all justice ineffectual. The length of our chancery suits, the multiplied appeals from court to court, the enormous fees of counsel, attornies, secretaries, clerks, the drawing of briefs, bills, replications and rejoinders, and what has sometimes been called the glorious uncertainty of the law, render it often more advisable to resign a property than to contest it, and particularly exclude the impoverished claimant from the faintest hope of redress. Nothing certainly is more practicable than to secure to all questions of controversy a cheap and speedy decision, which, combined with the independence of the judges and a few obvious improvements in the construction of juries, would insure the equitable application of general rules to all characters and stations.
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3. by the inequality of conditions. Thirdly, the inequality of conditions usually maintained by political institution, is calculated greatly to enhance the imagined excellence of wealth. In the ancient monarchies of the east, and in TUrkey at the present day, an eminent station could 42 scarcely fail to excite implicit deference. The timid inhabitant trembled before his superior; and would have thought is little less than blasphemy, to touch the veil drawn by the proud satrap over his inglorious origin. The same principles were extensively prevalent under the feudal system. The vassal, who was regarded as a sort of live stock, upon the estate, and knew of no appeal from the arbitrary fiat of his lord, would scarcely venture to suspect that he was of the same species. This however constituted an unnatural and violent situation. There is a propensity in man to look farther than the outside ; and to come with a writ of enquiry into the title of the upstart and the successful. In England at the present day there are few poor men who do not console themselves, by the freedom of their animadversions upon their superiors. The new-fangled gentleman is by no means secure against having his tranquillity disturbed by their surly and pointed sarcasms. This propensity might easily be encouraged, and made conducive to the most salutary purposes. Every man might, as was the case in certain countries upon record, be inspired with the consciousness of citizenship, and be made to feel himself an active and efficient member of the great whole. The poor man would then perceive, that, if eclipsed, he could not be trampled upon ; and he would no longer be stung with the furies of envy, resentment and despair.
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Chap. VI. Human Inventions Capable of Perpetual Improvement.
Perfectibility of man - instanced, first, in language. - Its beginnings. Abstraction. - Complexity of language. - Second instance: alphabetical writing. - Hieroglyphics at first universal. - Progressive deviations. - Application. Perfectibility of man :
If we would form to ourselves a solid estimate of political, or indeed of any other science, we ought not to continue our survey to that narrow portion of things which passes under our own immediate inspection, and rashly pronounce every thing that we have not ourselves seen, to be impossible. There is no characteristic of man, which seems at present at least so eminently to distinguish him, or to be of so much importance in every branch of moral science, as his perfectibility. Let us carry back our minds to man in his original state, a being capable of impressions and knowledge to an unbounded extent, but not having as yet received the one or cultivated the other; and let us contrast this being with all that science and genius have 44 effected : and from hence we may form some idea what it is of which hu|man nature is capable. It is to be remembered, that this being did not as now derive assistance from the communications of his fellows, nor had his feeble and crude conceptions assisted by the experience of successive centuries ; but that in the state we are figuring all men were equally ignorant. The field of improvement was before them, but for every step in advance they were to be indebted to their untutored efforts. Nor is it of any consequence whether such was actually the progress of mind, or whether, as others teach, the progress was abridged, and man was immediately advanced half way to the end of his career by the interposition of the author of his nature. In any case it is an allowable and no unimproving speculation, to consider mind as it is in itself, and to enquire what would have been its history, if, immediately upon its production, it had been left to be acted upon by those ordinary laws of the universe with whose operation we are acquainted. instanced, 1. in language. One of the acquisitions most evidently requisite as a preliminary to our present improvements is that of language. But it is impossible to conceive of an acquisition, that must have been in its origin more different from what at present it is found, or that less promised that copiousness and refinement it has since exhibited. Its beginning.
Its beginning was probably from those involuntary cries, which infants for example 45 are found to utter in the earliest | stages of their existence, and which, previously to the idea of exciting pity or procuring assistance, spontaneously arise from the ope-
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ration of pain upon our animal frame. These cries, when actually uttered, become a subject of perception to him by whom they are uttered ; and, being observed to be constantly associated with certain preliminary impressions and to excite the idea of those impressions in the hearer, may afterwards be repeated from reflection and the desire of relief. Eager desire to communicate any information to another, will also prompt us to utter some simple sound for the purpose of exciting attention: this sound will probably frequently recur to organs unpractised to variety, and will at length stand as it were by convention for the information intended to be conveyed. But the distance is extreme from these simple modes of communication, which we possess in common with some of the inferior animals, to all the analysis and abstraction which languages require. Abstraction. Abstraction indeed, though as it is commonly understood it be one of the sublimest operations of mind, is in some sort coeval with and inseparable from the existence of mind. The next step to simple perception is that of comparison, or the coupling together of two ideas and the perception of their resemblances and differences. Without comparison there can be no preference, and without preference no action : though it must be acknowledged, that this comparison is an operation that may be 46 performed by the mind without adverting to its nature, and that | neither the brute nor the savage has any consciousness of the several steps of the intellectual progress. Comparison immediately leads to imperfect abstraction. The sensation of to-day is classed, if similar, with the sensation of yesterday, and an inference is made respecting the conduct to be adopted. Without this degree of abstraction the saint dawning of language already described could never have existed. Abstraction, which was necessary to the first existence of language, is again assisted in its operations by language. That generalisation, which is implied in the very notion of thought, being thus embodied and rendered palpable, makes the mind acquainted with its own powers and creates a restless desire after farther progress. Complexity of language. But, though it be by no means impossible, to trace the causes that concurred to the production of language, and to prove them adequate to their effect, it does not the less appear that this is an acquisition of slow growth and inestimable value. The very steps, were we do pursue them, would appear like an endless labyrinth. The distance is immeasurable between the three or four vague and inarticulate founds uttered by animals, and the copiousness of lexicography or the regularity of grammar. The general and special names by which things are at first complicated and afterwards divided, the names by which properties are separated from their substances and powers from both, the comprehensive distribution of parts of speech, verbs, adjec47 tives and particles, the inflexions of words by which the change | of their terminations changes their meaning through a variety of shadings, their concords and their governments, all of them present us with such a boundless catalogue of science, that he, who on the one hand did not know that the boundless task had been actually performed, or who on the other was not intimately acquainted with the progressive nature of mind, would pronounce the accomplishment of them impossible.
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Second instance : alphabetical writing. Hieroglyphics at first universal.
A second invention, well calculated to impress us with a sense of the progressive nature of man, is that of alphabetical writing. Hieroglyphical or picture writing appears at some time to have been universal, and the difficulty of conceiving the gradation from this to alphabetical is so great, as to have induced Hartley, one of the most acute of all philosophical writers, to have recourse to miraculous interposition as the only adequate solution. In reality no problem can be imagined more operose, than that of decomposing the founds of words into four and twenty simple elements or letters, and again finding these elements in all other words. When we have examined the subject a little more closely, and perceived the steps by which this labour was accomplished, perhaps the immensity of the labour will rather gain upon us, as he that shall have counted a million of units, will have a vaster idea upon the subject, than he that only considers them in the gross. Progressive deviations.
48 In China hieroglyphical writing has never been superseded by | alphabetical, and this from the very nature of their language, which is considerably monosyllabic, the same sound being made to signify a great variety of objects, by means of certain shadings of tone too delicate for any alphabet to be able to represent. They have however two kinds of writing, one for the learned, and another for the vulgar. The learned adhere closely to their hieroglyphical writing, representing every word by its corresponding picture ; but the vulgar are frequent in their deviations from it. Hieroglyphical writing and speech may indeed be considered in the first instance as two languages, running parallel to each other, but with no necessary connection. The picture and the word each of them represent the idea, one as immediately as the other. But, though independent, they will become accidentally associated ; the picture at first imperfectly, and afterwards more constantly suggesting the idea of its correspondent sound. It is in this manner that the mercantile classes of China began to corrupt, as it is styled, their hieroglyphical writing. They had a word suppose of two syllables to write. The character appropriate to that word they were not acquainted with, or it failed to suggest itself to their memory. Each of the syllables however was a distinct word in the language, and the characters belonging to them perfectly familiar. The expedient that suggested itself was to write these two characters with a mark signifying their union, though in reality the characters had hitherto been ap49 propriated to ideas | of a different sort, wholly unconnected with that now intended to be conveyed. Thus a sort of rebus or charade was produced. In other cases the word, though monosyllabic, was capable of being divided into two sounds, and the same process was employed. This is a first step towards alphabetical analysis. Some word, such as the inteijection O ! or the particle A is already a sound perfectly simple, and thus furnishes a first stone to the edifice. But, though these ideas may perhaps present us with a faint view of the manner in which an alphabet was produced, yet the actual production of a complete alphabet is perhaps of all human discoveries, that which required the most persevering reflection, the luckiest concurrence of circumstances, and the most patient and gradual progress.
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Application.
Let us however suppose man to have gained the two first elements of knowledge, speaking and writing ; let us trace him through all his subsequent improvements, through whatever constitutes the inequality between Newton and the ploughman, and indeed much more than this, since the most ignorant ploughman in civilised society is infinitely different from what he would have been, when stripped of all the benefits he had derived from literature and the arts. Let us survey the earth covered with the labours of man, houses, inclosures, harvests, manufactures, instruments, machines, together with all the wonders of painting, poetry, eloquence and philosophy. Such was man in his original state, and such is man as we at present behold him. It is possible for us to contemplate what he has already done, without being impressed with a strong presentiment of the improvements he has yet to accomplish ? There is no science that is not capable of additions ; there is no art that may not be carried to a still higher perfection. If this be true of all other sciences, why not of morals ? If this be true of all other arts, why not of social institution ? The very conception of this as possible, is in the highest degree encouraging. If we can still farther demonstrate it to be a part of the natural and regular progress of mind, our confidence and our hopes will then be complete. This is the temper with which we ought to engage in the study of political truth. Let us look back, that we may profit by the experience of mankind; but let us not look back, as if the wisdom of our ancestors was such as to leave no room for future improvement.
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Chap. VII. Of the Objection to These Principles from the Influence of Climate.
Part I. Of Moral and Physical Causes. The question stated. - Provinces of sensation and reflection. - Moral causes frequently mistaken for physical. - Superiority of the former evident from the varieties of human character. - Operation of physical causes rare. Fertility of reflection. - Physical causes in the first instance superior, afterwards moral. - Objection from the effect of breed in animals. - Conclusion. There are certain propositions which may be considered indifferently, either as corollaries flowing from the principles already established, or as a source of new arguments against the validity of those principles. In the first view they are entitled to a clear and perspicuous statement, and in the second to a mature examination. For example: 52
The question stated.
The causes which appear to operate upon the human mind may be divided into two classes ; perceptions, which are rendered directly a subject of reasoning, and regarded by the intellect as inducements to action ; and perceptions, which act indirectly upon the mind, by rendering the animal frame gay, vigorous and elastic, or on the contrary sluggish, morbid and inactive. According to the system already established, the former of these are to be regarded as the whole, the latter being so comparatively inefficient and subordinate as to stand in the estimate as almost nothing. To many reasoners however they have by no means appeared of so trivial importance, and it may not be useless to examine for a moment the ideas they have formed, and the reasons which have induced them to ascribe so much to the meanest branch of the human constitution. Impressions upon our senses may act either as physical or moral causes. Indisposition of the body operates upon the mind principally in the first of these ways, seeming without any formal deliberation of the understanding to incline us to dissatisfaction and indolence. Corporal punishment affects us principally in the latter mode, since, though it directly introduces a painful state of the mind, it influences our conduct, only as it is reflected upon by the understanding, and converted into a motive of action. Provinces of sensation and reflection.
53 It may be a curious speculation to examine how far these | classes are distinct from each other. It cannot be denied but that sensation is of some moment in the affair. It possesses the initiative. It is that from which all the intellects with which we are
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acquainted date their operations. Its first effect upon mind does in the majority of cases precede reflection and choice. In some cases the impressions upon our senses are foreseen by us, and may consequently be resisted in the outset. But it would be a contradiction to affirm that they can always be foreseen. Foresight is itself the offspring of experience. Moral causes frequently mistaken for physical. Meanwhile, though they can only in particular instances be foreseen, and of consequence completely forestalled, yet much of their effect is in all cases to be ascribed to deliberation and choice. «1 feel a painful sensation, and I persuade myself that it is wiser to submit, and thus cherish and second its influence, that to resist. I conceive myself unfortunate, oppressed by a combination of unfavourable accidents, and am rendered by this conception gloomy, discontented and wretched. I satisfy myself that my situation is such as to render exertion unreasonable, and believe that the attempt would produce nothing but abortive and fruitless torture. I remain listless, sluggish and inactive.» How different would be the sum of my situation, if I were animated by sentiments of chearfulness, industry and courage ? It has been said «that a rainy day has been 54 known to convert a | man of valour into a coward.» How easily would this external disadvantage have been surmounted, if his mind had been more full of the benefits to arise from his valour, if the rainy day had been put in the balance with his wife and children, the most illustrious rewards to be bestowed upon himself, and freedom and felicity to be secured to his country ? «Indigestion,» we are told, «perhaps a fit of the tooth-ach, renders a man incapable of strong thinking and spirited exertion.» How long would these be able to hold out against a sudden and unexpected piece of intelligence of the most delightful nature ? When operations of an injurious nature are inflicted on the body, and are encountered by the mind with unalterable firmness, what is the degree of pain which in such instances is suffered ? Was the language of Anaxarchus merely a philosophical rant, «Beat on, tyrant! Thou mayest destroy the shell of Anaxarchus, but thou canst not touch Anaxarchus himself ?» How much pain was really endured by Mutius Scaevola and archbishop Cranmer, when each steadily held his hand to be devoured by the flames ? How much is endured by the savage Indians, who sing in the midst of tortures, and sarcastically provoke their tormentors to more ingenious barbarity ? The truth that seems to result from these considerations is, that indisposition only becomes formidable in proportion as it is seconded by the consent of the mind ; that 55 our communi|cation with the material universe is at the mercy of our choice; and that the inability of the understanding for intellectual exertion is principally an affair of moral consideration, existing only in the degree in which it is deliberately preferred. Superiority of the former
evident from the varieties of human character. «The hero of to-day», we are told, «shall by an indigestion or a rainy atmosphere be converted into a coward to-morrow.» Waving the consideration of how far this fact where it exists is in reality of a moral and intellectual nature, let us examine to what
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degree a principle of this sort is the true index of human actions. We have already established it as a fundamental, that there are no innate ideas. Of consequence, if men were principally governed by external circumstances such as that of atmosphere, their characters and actions would be much alike. The same weather, that made you a coward, would make me so too, and an army would be defeated by a fog. Perhaps indeed this catastrophe would be prevented by the impartiality of the moisture, in proportion as the enemy advanced, which he necessarily must do, into the same atmosphere. Every thing that checks the uniformity of this effect, and permanently distinguishes the character of one man from that of another, is to be traced to the association of ideas. But association is of the nature of reasoning. The principal, the most numerous and lasting of our associations, are intellectual, not accidental, built upon 56 the resemblances and differences of things, | not upon the contingency of their occurring in any given time or place. It is thus that one man appears courageous and another cowardly, one man vigorous and another dull, under the same or nearly the same external circumstances. Opereration of physical causes rare. In reality the atmosphere, instead of considerably affecting the mass of mankind, affects in an eminent degree only a small part of that mass. The majority are either above or below it; are either too gross to feel strongly these minute variations, or too busy to be at leisure to attend to them. It is only a few, whose treatment has been tender enough to imbue them with extreme delicacy, and whose faculties are not roused by strong and unintermitted incitements, who can be thus blindly directed. If it should be said «that the weather indeed is too great a trifle to produce these consequences, but that there are pains and interruptions which scarcely any man can withstand ;» it may be answered, that these occur too seldom to be mistaken for the efficient principles of human character, that the system which determines our proceedings rises from a different source, and ordinarily returns when the pain or interruption has subsided. There can be no question more interesting than that which we are now considering. Upon our decision in this case it depends, whether those persons act wisely who prescribe to themselves a certain discipline and are anxious to enrich their 57 minds with science, or whether on the contrary it be better to | trust every thing to the mercy of events. It is possible that we should not perceive from the very nature of the thing the advantages which the wise man possesses over the foolish one, and that the points in which they resemble will be as nothing compared to those in which they differ ? In those particulars in which our conduct is directed merely by external impressions we resemble the inferior animals ; we differ from them in the greater facility with which we arrange our sensations, and compare, prefer and judge. Fertility of reflection.
Out of a single sensation a great variety of reflections may be generated. Let the thing perceived be a material substance of certain regular dimensions. I perceive that it has an upper and a lower surface, I can therefore conceive of it as divided. I can conceive of the parts into which it is formed as moving towards and from each other,
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and hence I acquire the ideas of distance and space. I can conceive of them as striking against each other, and hence I derive the notion of impenetrability, gravity and momentum, the slowness, rapidity and direction of motion. Let the sensation be a pain in the head. I am led to reflect upon its causes, its seat, the structure of the parts in which it resides, the inconvenience it imposes, the consequence with which it may be attended, the remedies that may be applied and their effects, whether external or internal, material or intellectual. Physical causes in the first instance superior, afterwards moral. It is true that the infant and inexperienced mind cannot thus analyse and conjure up 58 dissertations of philosophy out of its most | trivial sensations. Such a capacity infers a long series of preceding impressions. Mind is in its infancy nearly what these philosophers describe, the creature of contingencies. But the farther it advances, the more it individualises. Each man has habits and prejudices that are properly his own. He lives in a little universe of his own creating, or he communicates with the omnipresent and eternal volume of truth. With these he compares the successive perceptions of his mind, and upon these depend the conclusions he draws and the conduct he observes. Hence it inevitably follows, that physical causes, though of some consequence in the history of man, sink into nothing, when compared with the great and inexpressible operations of reflection. They are the prejudices we conceive or the judgments we form, our apprehensions of truth and falshood, that constitute the true basis of distinction between man and man. The difference between savage and savage indeed, in the first generation of the human species and in perfect solitude, can only be ascribed to the different impressions made upon their senses. But this difference would be almost imperceptible. The ideas of wisdom and folly would never have entered the human mind, if men, like beasts, derived neither good nor evil from the reflections and discoveries of their companions and ancestors. Objection from the effect of breed in animals. Hence we are furnished with an answer to the analogical argument from the considerable effects that physical causes appear to produce upon brutes. «Breed for example appears to be of unquestionable importance to the character and qualifications 59 of | horses and dogs; why should we not suppose this or certain other brute and occult causes to be equally efficacious in the case of men ? How comes it that the races of animals perhaps never degenerate, if carefully cultivated ; at the same time that we have no security against the wisest philosopher's begetting a dunce ?» I answer, that the existence of physical causes cannot be controverted. In the case of man their efficacy is swallowed up in the superior importance of reflection and science. In animals on the contrary they are left almost alone. If a race of negroes were taken, and maintained each man from his infancy, except so far as was necessary for the propagation of the species, in solitude ; or even if they were excluded from an acquaintance with the improvements and imaginations of their ancestors, though permitted the society of each other, the operation of breed might perhaps be rendered as conspicuous among them, as in the different classes of horses and dogs. But the ideas they would otherwise receive from their parents and civilised or
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half-civilised neighbours would be innumerable : and, if the precautions above mentioned were unobserved, all parallel between the two cases would cease. Conclusion. Such is the character of man considered as an individual. He is operated upon by exterior causes immediately, producing certain effects upon him independently of the exercise of reason ; and he is operated upon by exterior causes mediately, their 60 impressions furnishing him with materials for reflection, and assuming the form of motives to act or to refrain from acting. But the latter of these, at least so far as relates to man in a civilised state, may stand for the whole. He that would change the character of the individual, would miserably misapply his efforts, if he principally sought to effect this purpose by the operations of heat and cold, dryness and moisture upon the animal frame. The true instruments of moral influence, are desire and aversion, punishment and reward, the exhibition of general truth, and the development of those punishments and rewards, which wisdom and error by the very nature of the thing constantly bring along with them.
Part II. Of National Characters. Character of the priesthood.- All nations capable of liberty. - The assertion illustrated. - Experience favours these reasonings. - Means of introducing liberty. As is the character of the individual, so may we expect to find it with nations and great bodies of men. The operations of law and political institution will be important and interesting, the operations of climate trifling and unworthy of notice. Thus there are particular professions, such as that of the priesthood, which must always operate to the production of a particular character. 61
Character of priesthood. Priests are upon all occasions accustomed to have their opinions listened to with implicit deference ; they will therefore be imperious, dogmatical and impatient of opposition. Their success with mankind depends upon the opinion of their superior innocence; they will therefore be particularly anxious about appearances, their deportment will be grave and their manners formal. The frank and ingenuous sallies of mind they will be obliged to suppress ; the errors and irregularities into which they may be drawn they will be studious to conceal. They are obliged at set intervals to assume the exterior of an ardent devotion ; but it is impossible that this should at all times be free from occasional coldness and distraction. Their importance is connected with their real or supposed mental superiority over the rest of mankind; they must therefore be patrons of prejudice and implicit faith. Their prosperity depends upon the reception of particular opinions in the world; they must therefore be enemies to freedom of enquiry ; they must have a bias upon their minds impressed by something different from the force of evidence. Particular moral causes may in some instances limit, perhaps supersede the influence of general ones, and render
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Justice
some men superior to the character of their profession; but, exclusively of such exceptions, priests of all religions, of all climates and of all ages will have a striking similarity of manners and disposition. In the same manner we may rest assured that free men in whatever country will be firm, vigorous and spirited in proportion to their freedom, and that vassals and slaves will be ignorant, servile and unprincipled. 62
All nations capable of liberty.
The truth of this axiom has indeed been pretty universally admitted ; but it has been affirmed to be «impossible to establish a free government in certain warm and effeminate climates.» To enable us to judge of the reasonableness of this affirmation, let us consider what process would be necessary in order to introduce a free government into any country. The answer to this question is to be found in the answer to that other, whether freedom have any real and solid advantages over slavery ? If it have, then our mode of proceeding respecting it ought to be exactly parallel to that we should employ in recommending any other benefit. If I would persuade a man to accept a great estate, supposing that possession to be a real advantage ; if I would induce him to select for his companion a beautiful and accomplished woman, or for his friend a wise, a brave and disinterested man ; if I would persuade him to prefer ease to pain, and gratification to torture, what more is necessary, than that I should inform his understanding, and make him see these things in their true and genuine colours ? Should I find it necessary to enquire first of what climate he was a native, and whether that were favourable to the possession of a great estate, a fine woman, or a generous friend ? The advantages of liberty over slavery are not less real, though unfortunately they are less palpable, than in the cases just enumerated. Every man has a confused sense of these advantages, but he has been taught to believe that men would tear each 63 other to pieces, if they had not priests to direct their consciences, and lords to consult for their subsistence, and kings to steer them in safety through the inexplicable dangers of the political ocean. But whether they be misled by these or other prejudices, whatever be the fancied terror that induces them quietly to submit to have their hands bound behind them, and the scourge vibrated over their heads, all these are questions of reason. Truth may be presented to them in such irresistible evidence, perhaps by such just degrees familiarised to their apprehension, as ultimately to conquer the most obstinate prepossessions. Let the press find its way into Persia of Indostan, let the political truths discovered by the best of the European sages be transfused into their language, and it is impossible that a few solitary converts should not be made. It is the property of truth to spread ; and, exclusively of great national convulsions, its advocates in each succeeding age will be somewhat more numerous than in that which went before. The causes, which suspend its progress, arise, not from climate, but from the watchful and intolerant jealousy of despotic sovereigns. The assertion illustrated. Let us suppose then that the majority of a nation by however flow a progress are convinced of the desirableness, or, which amounts to the same, the practicability of freedom. The supposition would be parallel, if we were to imagine ten thousand men
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of sound intellect, shut up in a madhouse, and superintended by a set of three or four keepers. Hitherto they have been persuaded, for what absurdity has been too great 64 for human intellect | to entertain ? that they were destitute of reason, and that the superintendence under which they were placed was necessary for their preservation. They have therefore submitted to whips and straw and bread and water, and perhaps imagined this tyranny to be a blessing. But a suspicion is at length by some means propagated among them, that all they have hitherto endured has been an imposition. The suspicion spreads, they reflect, they reason, the idea is communicated from one to another through the chinks of their cells, and at certain times when the vigilance of their keepers has not precluded them from the pleasures of mutual society. It becomes to clear perception, the settled persuasion of the majority of the persons confined. What will be the consequence of this opinion ? Will the influence of climate prevent them from embracing the obvious means of their happiness ? Is there any human understanding that will not perceive a truth like this, when forcibly and repeatedly presented ? Is there a mind that will conceive no indignation at so horrible a tyranny ? In reality the chains fall off of themselves, when the magic of opinion is dissolved. When a great majority of any society are persuaded to secure any benefit to themselves, there is no need of tumult or violence to effect it. The effort would be to resist reason, not to obey it. The prisoners are collected in their common hall, and the keepers inform them that it is time to return to their cells. 65 They have no longer the power to obey. They look at the impotence of | their late masters, and smile at their presumption. They quietly leave the mansion where they were hitherto immured, and partake of the blessings of light and air like other men. Experience favours these reasonings.
Let us compare this theory with the history of mankind. If the theory be true, we may expect to find the inhabitants of neighbouring provinces in different states, widely discriminated by the influence of government, and little assimilated by resemblance of climate. Thus the Gascons are the gayest people in all France ; but the moment we pass the Pyrenees, we find the serious and saturnine character of the Spaniard. Thus the Athenians were lively, penetrating and ingenious, but the Thebans unpolished, phlegmatic and dull. - It would be reasonable to expect that different races of men, intermixed with each other, but differently governed, would afford a strong and visible contrast. Thus the Turks are brave, open and sincere, but the modern Greeks mean, cowardly and deceitful. - Wandering tribes closely connected among themselves, and having little sympathy with the people with whom they reside, may be expected to have great similarity of manners. Their situation renders them conspicuous, the faults of individuals reflect dishonour upon the whole, and their manners will be particularly sober and reputable, unless they should happen to labour under so peculiar an odium as to render all endeavour after reputation fruitless. Thus the Armenians in the East are as universally distinguished among the nations with whom they reside, as the Jews in Europe ; but the 66 Armenians are as much noted for probity, as the Jews for extortion. - What resemblance is there between the ancient and the modern Greeks, between the old Romans
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and the present inhabitants of Italy, between the Gauls and the French ? Diodoruus Siculus describes the Gauls as particularly given to taciturnity, and Aristotle affirms that they are the only warlike nation who are negligent of women. If on the contrary climate were principally concerned in forming the characters of nations, we might expect to find heat and cold producing an extraordinary effect upon men, as they do upon plants and inferior animals. But the reverse of this appears to be the fact. Is it supposed that the neighbourhood of the sun renders men gay, fantastic and ingenious ? While the French, the Greeks and the Persians have been remarkable for their gaiety, the Spaniards, the Turks and the Chinese are not less distinguished by the seriousness of their deportment. It was the opinion of the ancients that the northern nations were incapable of civilisation and improvement; but the moderns have found that the English are not inferior in literary eminence to any nation in the world. Is it asserted, that the northern nations are more hardy and courageous, and that conquest has usually travelled from that to the opposite quarter ? It would have been truer to say that conquest is usually made by poverty upon plenty. The Turks, who from the deserts of Tartary invaded the fertile provinces of 67 the Roman empire, met the Sarajcens half way, who were advancing with similar views from the no less dreary deserts of Arabia. In their extreme perhaps heat and cold may determine the characters of nations, of the negroes for example on one side and the Laplanders on the other. Not but that in this very instance much may be ascribed to the wretchedness of a sterile climate on the one hand, and to the indolence consequent upon a spontaneous fertility on the other. As to what is more than this, the remedy has not yet been discovered. Physical causes have already appeared to be powerful, till moral ones can be brought into operation. Has it been alledged that carnivorous nations are endowed with the greatest courage ? The Swedes, whose nutriment is meagre and sparing, have ranked with the most distinguished modern nations in the operations of war. It is usually said, that northern nations are most addicted to wine, and southern to women. Admitting this observation in its full force, it would only prove that climate may operate upon the grosser particles of our frame, not that it influences those finer organs upon which the operations of intellect depend. But the truth of the first of these remarks may well be doubted. The Greeks appear to have been sufficiently addicted to the pleasures of the bottle. Among the Persians no character was more 68 coveted than that of a hard drinker. It is easy to obtain any thing | of the negroes, even their wives and children, in exchange for liquor. As to women the circumstance may be accounted for from moral causes. The heat of the climate obliges both sexes to go half naked. The animal arrives sooner at maturity in hot countries. And both these circumstances produce vigilance and jealousy, causes which inevitably tend to inflame the passions". Means of introducing liberty. The result of these reasonings is of the utmost importance to him who speculates "
The majority of instances in the three preceding pages are taken from Hume's Essay on National Characters, where this subject is treated with much ability. Essays, Vol. I, Part I, Essay xxi.
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upon principles of government. It is of little consequence what discoveries may be made in moral and political science, if, when we have ascertained most accurately what are the intellectual requisites that lead to wisdom and virtue, a blind and capricious principle is to intrude itself, and taint all our conclusions. Accordingly there have been writers on the subject of government, who, admitting, and even occasionally declaiming with enthusiasm upon the advantages of liberty and the equal claims of mankind to every social benefit, have yet concluded that the corruptions of despotism and the usurpations of aristocracy were congenial to certain ages and divisions of the world, and under proper limitations entitled to our approbation. 69
But this hypothesis will be found incapable of holding out against a moment's serious reflection. Can there be any state of mankind that renders them incapable of the exercise of reason ? Can there be a period in which it is necessary to hold the human species in a condition of pupillage ? If there be, it seems but reasonable that their superintendents and guardians, as in the case of infants of another sort, should provide for the means of their subsistence without calling upon them for the exertions of manual industry. Wherever men are competent to look the first duties of humanity in the face, and to provide for their defence against the invasions of hunger and the inclemencies of the sky, there they will out of all doubt be found equally capable of every other exertion that may be necessary to their security and welfare. Present to them a constitution which shall put them into a simple and intelligible method of directing their own affairs, adjudging their contests among themselves, and cherishing in their bosoms a manly sense of dignity, equality and independence, and you need not doubt that prosperity and virtue will be the result.
The real enemies of liberty in any country are not the people, but those higher orders who profit by a contrary system. Infuse just views of society into a certain number of the liberally educated and reflecting members ; give to the people guides and instructors ; and the business is done. This however is not to be accomplished 70 but in a gradual manner, as will more fully | appear in the sequel. The error lies, not in tolerating the worst forms of government for a time, but in supposing a change impracticable, and not incessantly looking forward to its accomplishment.
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Chap. VIII. Of the Objection to these Principles form the Influence of Luxury.
The objection stated. - Source of this objection. - Refuted from mutability - from mortality - from sympathy - from the nature of truth. - The probability of perseverance considered. The objection stated.
There is another proposition relative to the subject, which is less to be considered as an assertion distinct in itself, than as a particular branch of that which has just been discussed ; I mean the proposition which affirms, «that nations like individuals are subject to the phenomena of youth and old age, and that, when a people by luxury and depravation of manners have sunk into decrepitude, it is not in the power of legislation to restore them to vigour and innocence.» Source of this objection.
This idea has partly been founded upon the romantic notions of pastoral life and the golden age. Innocence is not virtue. Virtue demands the active employment of an ardent mind in the promotion of the general good. No man can be eminently virtuous, who is not accustomed to an extensive range of reflection. He must see all the 72 benefits to arise from a disinterested | proceeding, and must understand the proper method of producing those benefits. Ignorance, the slothful habits and limited views of uncultivated life have not in them more of true virtue, though they may be more harmless, than luxury, vanity and extravagance. Individuals of exquisite feeling, whose disgust has been excited by the hardened selfishness or the unblushing corruption which have prevailed in their own times, have recurred in imagination to the forests of Norway or the bleak and uncomfortable Highlands of Scotland in search of a purer race of mankind. This imagination has been the offspring of disappointment, not the dictate of reason and philosophy. It may be true, that ignorance is nearer than prejudice to the reception of wisdom, and that the absence of virtue is a condition more hopeful than the presence of its opposite. In this case it would have been juster to compare a nation sunk in luxury, to an individual with confirmed habits of wrong, than to an individual whom a debilitated constitution was bringing fast to the grave. But neither would that comparison have been fair and equitable. Refuted from mutability : The condition of nations is more fluctuating, and will be found less obstinate in its resistance to a consistent endeavour for their improvement, than that of individuals. In nations some of their members will be less confirmed in error than others. A 73 certain number will be only in a very small degree indisposed | to listen to the voice of truth. This number will perpetually increase. Every new convert will be the means
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of converting others. In proportion as the body of disciples is augmented, the modes of attack upon the prejudices of others will be varied, and suited to the variety of men's tempers and prepossessions. from mortality :
Add to this that generations of men are perpetually going off the stage, while other generations succeed. The next generation will not have so many prejudices to subdue. Suppose a despotic nation by some revolution in its affairs to become possessed of a free constitution. The children of the present race will be bred in more firm and independent habits of thinking ; the suppleness, the timidity and the vicious dexterity of their fathers will give place to an erect mien, and a clear and decisive judgment. The partial and imperfect change of character which was introduced at first, will in the succeeding age become more unalloyed and complete. from sympathy :
Lastly, the power of social institutions changing the character of nations is very different from and infinitely greater than any power which can ordinarily be brought to bear upon a solitary individual. Large bodies of men, when once they have been enlightened and persuaded, act with more vigour than solitary individuals. They animate the mutual exertions of each other, and the united forces of example and shame urge them to perseverance. The case is not of that customary sort where the 74 power of reason only is tried in curing any person of his errors ; but is as if he should be placed in an entirely new situation. His habits are broken through, and his motives of action changed. Instead of being perpetually recalled to vicious practices by the recurrence of his former connections, the whole society receives an impulse from the same cause that acts upon any individual. New ideas are suggested, and the surprise of novelty conspires with the approbation of truth to prevent men from falling back into imbecility and languor. from the nature of truth. The question may in reality be reduced to an enquiry, whether the human understanding can be made the recipient of truth, whether it be possible for an effort so strenuous to exist as to make men aware of their true interests. For let this be granted, and the consequence is inevitable. It has already sufficiently appeared, that whatever is politically right or politically wrong, must be in all cases of no trivial consequence to the welfare of mankind. Monarchy for example will by all men be acknowledged to be attended with many disadvantages. It acts upon insufficient and partial information, it generates intrigue, corruption, adulation and servility. If it could be proved, that it produced no advantages in equal proportion, and that its abolition would not lead to mischief, anarchy and disorder, is there a nation upon the face of the earth to whom these propositions were rendered palpable, that would endure to submit to it ? Is there a nation upon the face of the earth, that would 75 submit | to the impositions of its administration, the wars it occasions, and the lavish revenues by which it is maintained, if they knew it to be merely an excrescence and a disease in the order of society ?
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The probability of perseverance considered. But it has been farther alledged, that, even should a luxurious nation be prompted by intolerable grievances and notorious usurpation to assert the just principles of human society, they would be unable to perpetuate them, and would soon be led back by their evil habits to their former vices and corruption : that is, they would be capable of the heroic energy that should expel the usurper, but not of the moderate resolution that should prevent his return. They would rouse themselves so far from their lethargy as to assume a new character and enter into different views ; but, after having for some time acted upon their convictions, they would suddenly become incapable of understanding the truth of their principles and feeling their influence. Men always act upon their apprehensions of preferableness. There are few errors of which they are guilty, which may not be resolved into a narrow and inadequate view of the alternative presented for their choice. Present pleasure may appear more certain and eligible than distant good. But they never choose evil as apprehended to be evil. Wherever a clear and unanswerable notion of any subject is presented to their view, a correspondent action or course of actions inevitably follows. Having 76 thus gained | one step in the acquisition of truth, it cannot easily be conceived of as lost. A body of men, having detected the injurious consequences of an evil under which they have long laboured, and having shaken it off, will scarcely voluntarily restore the mischief they have annihilated. Nothing can reconcile them to the revival of falshood, which does not obliterate their present conviction of truth.
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Book II. Principles of Society.
Chap. I. Introduction. Nature of the enquiry - Mode of pursuing it. - Distinction between society and government. Nature of enquiry. Mr. Locke begins his celebrated Treatise of Government with a refutation of the patriarchal scheme of sir Robert Filmer; and, having thus cleared his ground, proceeds to observe, the «he, that will not give just occasion to think that all government in the world is the product only of force and violence, and that men live 78 together by no other rules but that of beasts, | must of necessity find out another rise of government, and another original of political power0.» «Accordingly he proceeds through the greater part of his treatise to reason abstractedly upon the probable history of the early ages of mankind, and concludes that no legitimate government could be built upon any other foundation than that of an original contract. It is to be suspected that this great man, friend as he was to the liberty and the interests of mankind, intrepid and sagacious in his search after truth, has been guilty of an oversight in the first step of the investigation. Mode of pursuing it. There are two modes, according to which we may enquire into the origin of society and government. We may either examine them historically, that is, consider in what manner they have or ought to have begun, as Mr. Locke has done ; or we may examine them philosophically, that is, consider the moral principles upon which they depend. The first of these subjects is not without its use ; but the second is of a higher order and more essential importance. The first is a question of form; the second of substance. It would be of trivial consequence practically considered, from what source any form of society flowed, and by what mode its principles were sanctioned, could we be always secure of their conformity to the dictates of truth and justice. 79
Distinction between society and government. It is farther necessary before we enter upon the subject carefully to distinguish between society and government. Men associated at first for the sake of mutual assistance. They did not foresee that any restraint would be necessary, to regulate the conduct of individual members of the society, towards each other, or towards the 0
Book II. Chap. i. § 1.
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whole. The necessity of restraint grew out of the errors and perverseness of a few. An acute writer has expressed this idea with peculiar felicity. «Society and government,» says he, «are different in themselves, and have different origins. Society is produced by our wants, and government by our wickedness. Society is in every state a blessing ; government even in its best state but a necessary evil".» 5
" Common Sense, p. 1.
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Chap. II. Of Justice.
Connection of politics and morals. - Extent and meaning of justice. - Subject of justice : mankind. - Its distribution measured by the capacity of its subject - by his usefulness. - Family affection considered. - Gratitude considered. - Objections : from ignorance - from utility. - An exception stated. - Degree of justice. - Application. - Idea of political justice. Connection of politics and morals. From what has been said it appears, that the subject of the present enquiry is strictly speaking a department of the science of morals. Morality is the source from which its fundamental axioms must be drawn, and they will be made somewhat clearer in the present instance, if we assume the term justice as a general appellation for all moral duty. Extent and meaning of justice. That this appellation is sufficiently expressive of the subject will appear, if we consider for a moment mercy, gratitude, temperance, or any of those duties which in looser speaking are contradistinguished from justice. Why should I pardon this 81 criminal, | remunerate this favour, abstain from this indulgence ? If it partake of the nature of morality, it must be either right or wrong, just or unjust. It must tend to the benefit of the individual, either without intrenching upon, or with actual advantage to the mass of individuals. Either way it benefits the whole, because individuals are parts of the whole. Therefore to do it is just, and to forbear it is unjust. If justice have any meaning, it is just that I should contribute every thing in my power to the benefit of the whole. Subject of justice : mankind. Considerable light will probably be thrown upon our investigation, if, quitting for the present the political view, we examine justice merely as it exists among individuals. Justice is a rule of conduct originating in the connection of one percipient being with another. A comprehensive maxim which has been laid down upon the subject is, «that we should love our neighbour as ourselves.» But this maxim, though possessing considerable merit as a popular principle, is not modelled with the strictness of philosophical accuracy. Its distribution measured by the capacity of its subject: In a loose and general view I and my neighbour are both of us m e n ; and of consequence entitled to equal attention. But in reality it is probable that one of us is a being of more worth and importance than the other. A man is of more worth than a beast; because, being possessed of higher faculties, he is capable of a more refined 82 and genuine happiness. In the same manner | the illustrious archbishop of Cambray
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was of more worth than his chambermaid, and there are few of us that would hesitate to pronounce, if his palace were in flames, and the life of only one of them could be preserved, which of the two ought to be preferred. by his usefulness. But there is another ground of preference, beside the private consideration of one of them being farther removed from the state of a mere animal. We are not connected with one or two percipient beings, but with a society, a nation, and in some sense with the whole family of mankind. Of consequence that life ought to be preferred which will be most conducive to the general good. In saving the life of Fenelon, suppose at the moment when he was conceiving the project of his immortal Telemachus, I should be promoting the benefit of thousands, who have been cured by the perusal of it of some error, vice and consequent unhappiness. Nay, my benefit would extend farther than this, for every individual thus cured has become a better member of society, and has contributed in his turn to the happiness, the information and improvement of others. Supposing I had been myself the chambermaid, I ought to have chosen to die, rather than that Fenelon should have died. The life of Fenelon was really preferable to that of the chambermaid. But understanding is the faculty that perceives the truth 83 of this and similar propositions ; and justice is the principle that | regulates my conduct accordingly. It would have been just in the chambermaid to have preferred the archbishop to herself. To have done otherwise would have been a breach of justice. Family affection considered. Supposing the chambermaid had been my wise, my mother or my benefactor. This would not alter the truth of the proposition. The life of Fenelon would still be more valuable than that of the chambermaid; and justice, pure, unadulterated justice, would still have preferred that which was most valuable. Justice would have taught me to save the life of Fenelon at the expence of the other. What magic is there in the pronoun «my», to overturn the decisions of everlasting truth ? My wife or my mother may be a fool or a prostitute, malicious, lying or dishonest. If they be, of what consequence is it that they are mine ? Gratitude considered. «But my mother endured for me the pains of child bearing, and nourished me in the helplessness of infancy.» When she first subjected herself to the necessity of these cares, she was probably influenced by no particular motives of benevolence to her future offspring. Every voluntary benefit however entitles the bestower to some kindness and retribution. But why so ? Because a voluntary benefit is an evidence of benevolent intention, that is, of virtue. It is the disposition of the mind, not the external action, that entitles to respect. But the merit of this disposition is equal, whether the benefit was conferred upon me or upon another. I and another man 84 cannot both be right in preferring | our own individual benefactor, for no man can be at the same time both better and worse than his neighbour. My benefactor ought to be esteemed, not because he bestowed a benefit upon me, but because he bestowed it
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upon a human being. His desert will be in exact proportion to the degree, in which that human being was worthy of the distinction conferred. Thus every view of the subject brings us back to the consideration of my neighbour's moral worth and his importance to the general weal, as the only standard to determine the treatment to which he is entitled. Gratitude therefore, a principle which has so often been the theme of the moralist and the poet, is no part either of justice or virtue. By gratitude I understand a sentiment, which would lead me to prefer one man to another, from some other consideration than that of his superior usefulness or worth : that is which would make something true to me (for example this preferableness), which cannot be true to another man, and is not true in itself". Objections : from ignorance : It may be objected, «that my relation, my companion, or my benefactor will of course in many instances obtain an uncommon portion of my regard : for, not being universally capable of discriminating the comparative worth of different men, I shall inevitably judge most favourably of him, of whose virtues I have received the most 85 unquestionable proofs ; and thus shall be com|pelled to prefer the man of moral worth whom I know, to another who may possess, unknown to me, an essential superiority.» This compulsion however is founded only in the present imperfection of human nature. It may serve as an apology for my error, but can never turn error into truth. It will always remain contrary to the strict and inflexible decisions of justice. The difficulty of conceiving this is owing merely to our confounding the disposition from which an action is chosen, with the action itself. The disposition, that would prefer virtue to vice and a greater degree of virtue to a less, is undoubtedly a subject of approbation ; the erroneous exercise of this disposition by which a wrong object is selected, if unavoidable, is to be deplored, but can by no colouring and under no denomination be converted into right4. f r o m utility.
It may in the second place be objected, «that a mutual commerce of benefits tends to increase the mass of benevolent action, and that to increase the mass of benevolent action is to contribute to the general good.» Indeed ! Is the general good promoted by falshood, by treating a man of one degree of worth, as if he had ten times that worth ? or as if he were in any degree different from what he really is ? Would not 86 the most beneficial consequences result from a different plan ; from my | constantly and carefully enquiring into the deserts of all those with whom I am connected, and from their being sure, after a certain allowance for the fallibility of human judgment, of being treated by me exactly as they deserved ? Who can tell what would be the effects of such a plan of conduct universally adopted ?
a
b
This argument respecting gratitude is stated with great clearness in an Essay on the Nature of True Virtue, by the Rev. Jonathan Edwards. 12mo. Dilly. See this subject more copiously treated in the following chapter.
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An exception stated.
There seems to be more truth in the argument, derived chiefly from the unequal distribution of property, in favour of my providing in ordinary cases for my wife and children, my brothers and relations, before I provide for strangers. As long as providing for individuals belongs to individuals, it seems as if there must be a certain distribution of the class needing superintendence and supply among the class affording it, that each man may have his claim and resource. But this argument, if admitted at all, is to be admitted with great caution. It belongs only to ordinary cases ; and cases of a higher order or a more urgent necessity will perpetually occur, in competition with which these will be altogether impotent. We must be severely scrupulous in measuring out the quantity of supply ; and, with respect to money in particular, must remember how little is yet understood of the true mode of employing is for the public benefit. Degrees of justice.
Having considered the persons with whom justice is conversant, let us next enquire into the degree in which we are obliged to consult the good of others. And here I 87 say, that it is just | that I should do all the good in my power. Does any person in distress apply to me for relief ? It is my duty to grant it, and I commit a breach of duty in refusing. If this principle be not of universal application, it is because, in conferring a benefit upon an individual, I may in some instances inflict an injury of superior magnitude upon myself or society. Now the same justice, that binds me to any individual of my fellow men, binds me to the whole. If, while I confer a benefit upon one man, it appear, in striking an equitable balance, that I am injuring the whole, my action ceases to be right and becomes absolutely wrong. But how much am I bound to do for the general weal, that is, for the benefit of the individuals of whom the whole is composed ? Every thing in my power. What to the neglect of the means of my own existence ? No ; for I am myself a part of the whole. Beside, it will rarely happen but that the project of doing for others every thing in my power, will demand for its execution the preservation of my own existence; or in other words, it will rarely happen but that I can do more good in twenty years than in one. If the extraordinary case should occur in which I can promote the general good by my death, more than by my life, justice requires that I should be content to die. In all other cases, it is just that I should be careful to maintain my body and my mind in the utmost vigour, and in the best condition for service". 88 I will suppose for example that it is right for one man to possess a greater portion of property than another, either as the fruit of his industry, or the inheritance of his ancestors. Justice obliges him to regard this property as a trust, and calls upon him maturely to consider in what manner it may best be employed for the increase of liberty, knowledge and virtue. He has no right to dispose of a shilling of it at the will of his caprice. So far from being entitled to well earned applause for having employed some scanty pittance in the service of philanthropy, he is in the eye of justice a delinquent if he withhold any portion from that service. Nothing can be more °
Vide Appendix to this chapter, No. 1.
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incontrovertible. Could that portion have been better or more worthily employed ? That it could is implied in the very terms of the proposition. Then it was just it should have been so employed. - In the same manner as my property, I hold my person as a trust in behalf of mankind. I am bound to employ my talents, my understanding, my strength and my time for the production of the greatest quantity of general good. Such are the declarations o f justice, so great is the extent of my duty. But justice is reciprocal. If it be just that I should confer a benefit, it is just that another man should receive it, and, if I withold from him that to which he is entitled, he may justly complain. M y neighbour is in want of ten pounds that I can spare. There is no law of political institution that has been made to reach this case, and to 89 transfer this property from me to him. | But in the eye of simple justice, unless it can be shewn that the money can be more beneficently employed, his claim is as complete, as if he had my bond in his possession, or had supplied me with goods to the amount". To this it has sometimes been answered, «that there is more than one person, that stands in need of the money I have to spare, and of consequence I must be at liberty to bestow it as I please.» I answer, if only one person offer himself to my knowledge or search, to me there is but one. Those others that I cannot find belong to other rich men to assist (rich men, I say, for every man is rich, who has more money than his just occasions demand), and not to me. If more than one person offer, I am obliged to balance their fitness, and conduct myself accordingly. It is scarcely possible to happen that two men shall be of exactly equal fitness, or that I shall be equally certain of the fitness of the one as of the other. It is therefore impossible for me to confer upon any man a favour, I can only do him a right. Whatever deviates from the law of justice, even I will suppose in the too much done in favour of some individual or some part of the general whole, is so much subtracted from the general stock, is so much of absolute injustice. Application. 90 The inference most clearly afforded by the preceding reasonings, is the competence of justice as a principle of deduction in all cases of moral enquiry. The reasonings themselves are rather of the nature of illustration and example, and any error that may be imputed to them in particulars, will not invalidate the general conclusion, the propriety of applying moral justice as a criterion in the investigation of political truth. Idea of political justice. Society is nothing more than an aggregation of individuals. Its claims and its duties must be the aggregate of their claims and duties, the one no more precarious and arbitrary than the other. What has the society a right to require from me ? The question is already answered : every thing that it is my duty to do. A n y thing more ? Certainly not. Can they change eternal truth, or subvert the nature of men and their actions ? Can they make it my duty to commit intemperance, to maltreat or assas"
A spirited outline of these principles is sketched in Swift's Sermon on Mutual Subjection.
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sinate my neighbour ? - Again. What is it that the society is bound to do for its members ? Every thing that can contribute to their welfare. But the nature of their welfare is defined by the nature of mind. That will most contribute to it, which enlarges the understanding, supplies incitements to virtue, fills us with a generous consciousness of our independence, and carefully removes whatever can impede our exertions. Should it be affirmed, «that it is not in the power of any political system to secure to us these advantages,» the conclusion 11 am drawing will still be incontrovertible. It is bound to contribute every thing it is able to these purposes, and no man was ever yet found hardy enough to affirm that it could do nothing. Suppose its influence in the utmost degree limited, there must be one method approaching nearer than any other to the desired object, and that method ought to be universally adopted. There is one thing that political institutions can assuredly do, they can avoid positively counteracting the true interests of their subjects. But all capricious rules and arbitrary distinctions do positively counteract them. There is scarcely any modification of society but has in it some degree of moral tendency. So far as it produces neither mischief nor benefit, it is good for nothing. So far as it tends to the improvement of the community, it ought to be universally adopted.
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Of Suicide Appendix, No. I. Of Suicide.
Motives of suicide: 1. Escape from pain. - 2. Benevolence. - Martyrdom considered. Motives of suicide. 1. Escape from pain. This reasoning will explain to us the long disputed case of suicide. «Have I a right under any circumstances to destroy myself in order to escape from pain or disgrace ?» Probably not. It is perhaps impossible to imagine a situation, that shall exclude the possibility of future life, vigour and usefulness. The motive assigned for escape is eminently trivial, to avoid pain, which is a small inconvenience ; or disgrace, which is an imaginary evil. The example of fortitude in enduring them, if there were no other consideration, would probably afford a better motive for continuing to live. 2. Benevolence.
«Is there then no case in which suicide is a virtue ?» What shall we think of the reasoning of Lycurgus, who, when he determined upon a voluntary death, remarked, «that all the faculties a rational being possessed were capable of a moral use, and that, after having spent his life in the service of his country, a man ought, if possible, to render his death a source of additional benefit ?» This was the motive of the suicide of Codrus, Leonidas and Decius. If the same motive prevailed in the much 93 admired | suicide of Cato, if he were instigated by reasons purely benevolent, it is impossible not to applaud his intention, even if he were mistaken in the application. The difficulty is to decide in any instance whether the recourse to a voluntary death can overbalance the usefulness I may exert in twenty or thirty years of additional life. But surely it would be precipitate to decide that there is no such instance. There is a proverb which affirms, «that the blood of the martyrs is the seed of the church.» It is commonly supposed that Junius Brutus did right in putting his sons to death in the first year of the Roman republic, and that this action contributed more than any other cause, to generate that energy and virtue for which his country was afterwards so eminently distinguished. The death of Cato produced an effect somewhat similar to this. It was dwelt on with admiration by all the lovers of virtue under the subsequent tyrants of Rome. It seemed to be the lamp from which they caught the sacred flame. Who can tell how much it has contributed to revive that flame in after ages, when it seemed to have been so long extinct ? Martyrdom considered.
Let it be observed that all martyrs (iapxipeo are suicides by the very signification of the term. They die for a testimony (lapTOptOV ; that is, they have a motive for dying. But motives respect only our own voluntary acts, not the violence put upon us by another.
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An Enquiry Concerning Political Justice
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Of Duelling Appendix, No. II. Of Duelling.
Motives of duelling: 1. Revenge. - 2. Reputation for courage. - Fallacy of this motive. - Objection answered. - Illustration. Motives of duelling.
It may be proper in this place to bestow a moment's consideration upon the trite, but very important case of duelling. A very short reflection will suffice to set it in its true light. 1. Revange.
This detestable practice was originally invented by barbarians for the gratification of revenge. It was probably at that time thought a very happy project for reconciling the odiousness of malignity with the gallantry of courage. 2. Reputation for courage.
But in this light it is now generally given up. Men of the best understanding who lend it their sanction, are unwillingly induced to do so, and engage in single combat merely that their reputation may sustain no slander. Fallacy of this motive.
Which of these two actions is the truest test of courage : the engaging in a practice which our judgment disapproves, because we cannot submit to the consequences of following that judgment; or the doing what we believe to be right, and chearfully 95 encountering all the consequences that may be annexed to the practice of virtue ? With what patience can a man of virtue think of cutting off the life of a fellow mortal, or of putting an abrupt close to all the generous projects he may himself conceive for the benefit of others, merely because he has not firmness enough to awe impertinence and falshood into silence ? Objection.
«But the refusing a duel is an ambiguous action. Cowards may pretend principle to shelter themselves from a danger they dare not meet.» Answered.
This is partly true and partly false. There are few actions indeed that are not ambiguous, or that with the same general outline may not proceed from different motives. But the manner of doing them will sufficiently shew the principle from which they spring. Illustration.
He, that would break through an universally received custom because he believes it to be wrong, must no doubt arm himself with fortitude. The point in which we
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chiefly fail, is in not accurately understanding our own intentions, and taking care beforehand to free ourselves from any alloy of weakness and error. He, who comes forward with no other idea in his mind but that of rectitude, and who expresses, with the simplicity and firmness which full conviction never fails to inspire, the views 96 with which he is impressed, is in no danger of being mistaken for a | coward. If he hesitate, it is because he has not an idea perfectly clear of the sentiment he intends to convey. If he be in any degree embarrassed, it is because he has not a feeling sufficiently generous and intrepid of the guilt of the action in which he is pressed to engage. If there be any meaning in courage, its first ingredient must be the daring to speak the truth at all times, to all persons, and in every possible situation. What is it but the want of courage that should prevent me from saying, «Sir, I ought to refuse your challenge. What I ought to do, that I dare do. Have I injured you ? I will readily and without compulsion repair my injustice to the uttermost mite. Have you misconstrued me ? State to me the particulars, and doubt not that what is true I will make appear to be true. Thus far I will go. But, though I should be branded for a coward by all mankind, I will not repair to a scene of deliberate murder. I will not do an act that I know to be flagitious. I will exercise my judgment upon every proposition that comes before me ; the dictates of that judgment I will speak ; and upon them I will form my conduct.» He that holds this language with a countenance in unison with his words, will never be suspected of acting from the impulse of fear.
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An Enquiry Concerning Political
Justice
Chap. III. Of Duty.
A difficulty stated. - Of absolute and practical virtue. - Impropriety of this distinction. - Universality of what is called practical virtue - instanced in robbery - in religious fanaticism. - The quality of an action distinct from the disposition with which it is performed - farther difficulty. - Meaning of the term, duty. - Application. - Inferences. A difficulty stated. There is a difficulty of considerable magnitude as to the subject of the preceding chapter, founded upon the difference which may exist between abstract justice and my apprehensions of justice. When I do an act, wrong in itself, but which as to all the materials of judging extant to my understanding appears to be right, is my conduct virtuous or vicious ? Of absolute and practical virtue. Certain moralists have introduced a distinction upon this head between absolute and practical virtue. «There is one species of virtue,» they say, «which rises out of the nature of things and is immutable, and another which rises out of the views extant to 98 my understanding. Thus for example suppose, I ought to | worship Jesus Christ; but, having been bred in the religion of Mahomet, I ought to adhere to that religion, as long as its evidences shall appear to me conclusive. I am impannelled upon a jury to try a man arraigned for murder, and who is really innocent. Abstractedly considered, I ought to acquit him. But I am unacquainted with his innocence, and evidence is adduced such as to form the strongest presumption of his guilt. Demonstration in such cases is not to be attained ; I am obliged in every concern of human life to act upon presumption ; I ought therefore to convict him.» Impropriety of this distinction. It may be doubted however whether any good purpose is likely to be answered by employing the terms of abstract science in this versatile and uncertain manner. Morality is, if any thing can be, fixed and immutable; and there must surely be some strange deception that should induce us to give to an action eternally and unchangeably wrong, the epithets of rectitude, duty and virtue. Universality of what is called practical virtue: Nor have these moralists been thoroughly aware to what extent this admission would carry them. The human mind is incredibly subtle in inventing an apology for that to which its inclination leads. Nothing is so rare as pure and unmingled hypocrisy. There is no action of our lives which we were not ready at the time of adopting it to justify, unless so far as we were prevented by mere indolence and unconcern. There 99 is | scarcely any justification which we endeavour to pass upon others, which we do
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not with tolerable success pass upon ourselves. The distinction therefore which is here set up would go near to prove that every action of every human being is entitled to the appellation of virtuous. instanced in robbery :
There is perhaps no man that cannot recollect the time when he secretly called in question the arbitrary division of property established in human society, and felt inclined to appropriate to his use any thing the possession of which appeared to him desirable. It is probably in some such way that men are usually influenced in the perpetration or robbery. They persuade themselves of the comparative inutility of the property to its present possessor, and the inestimable advantage that would attend it in their hands. They believe that the transfer ought to be made. It is of no consequence that they are not consistent in these views, that the impressions of education speedily recur to their minds, and that in a season of adversity they readily confess the wickedness of their proceeding. It is not less true that they did what at the moment they thought to be right. in religious fanaticism.
But there is another consideration that seems still more decisive of the subject before us. The worst actions, the most contrary to abstract justice and utility, have frequently been done from the most conscientious motives. Clement, Ravaillac, Damiens and 100 Gerard had their minds deeply penetrated with anxiety for the | eternal welfare of mankind. For these objects they sacrificed their ease, and chearfully exposed themselves to tortures and death. It was benevolence probably that contributed to light the fires of Smithfield, and point the daggers of Saint Bartholomew. The inventors of the Gunpowder Treason were in general men remarkable for the sanctity of their lives and the severity of their manners. It is probable indeed, that some ambitious views, and some sentiments of hatred and abhorrence mixed with the benevolence and integrity of these persons. It is probable that no wrong action was ever committed from views entirely pure. But the deception they put upon themselves might nevertheless be complete. At all events their opinions upon the subject could not alter the real nature of the action. The quality of an action distinct from
the disposition with which it is performed. The true solution of the question lies in observing, that the disposition with which an action is adopted is one thing, and the action itself another. A right action may be done from a wrong disposition ; in that case we approve the action, but condemn the actor. A wrong action may be done from a right disposition ; in that case we condemn the action, but approve the actor. If the disposition by which a man is governed have a systematical tendency to the benefit of his species, he cannot fail to obtain our esteem, however mistaken he may be in his conduct. Farther difficulty.
But what shall we say to the duty of a man under these circumstances ? Calvin, we 101 will suppose, was clearly and conscientiously persuaded that he ought to bum Servetus. Ought he to have burned him or not ? «If he burned him, he did an action
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Justice
detestable in its own nature; if he refrained, he acted in opposition to the best judgment of his own understanding as to a point of moral obligation.» It is absurd however to say, that it was in any sense his duty to burn him. The most that can be admitted is, that his disposition was virtuous, and that in the circumstances in which he was placed an action greatly to be deplored flowed from that disposition by invincible necessity. Shall we say then that it was the duty of Calvin, who did not understand the principles of toleration, to act upon a truth of which he was ignorant ? Suppose that a person is to be tried at York next week for murder, and that my evidence would acquit him. Shall we say that it was my duty to go to York, though I knew nothing of the matter ? Upon the same principles we might affirm that it is my duty to go from London to York in half an hour, as the trial will come on within that time ; the impossibility not being more real in one case than in the other. Upon the same principles we might affirm, that it is my duty to be impeccable, omniscient and almighty. Meaning of the term, duty.
Duty is a term the use of which seems to be to describe the mode in which any being may best be employed for the general good. It is limited in its extent by the extent of the capacity of that being. Now capacity varies in its idea in proportion as we 102 vary our view of the subject to which it belongs. What I am capable of, if you consider me merely as a man, is one thing ; what I am capable of as a man of a deformed figure, of weak understanding, of superstitious prejudices, or as the case may happen, is another. So much cannot be expected of me under these disadvantages, as if they were absent. But, if this be the true definition of duty, it is absurd to suppose in any case that an action injurious to the general welfare can be classed in the rank of duties. Application.
To apply these observations to the cases that have been stated. Ignorance, so far as it goes, completely annihilates capacity. As I was uninformed of the trial at York, I could not be influenced by any consideration respecting it. But it is absurd to say that it was my duty to neglect a motive with which I was unacquainted. If you alledge, «that Calvin was ignorant of the principles of toleration, and had no proper opportunity to learn them,» it follows that in burning Servetus he did not violate his duty, but it does not follow that it was his duty to bum him. Upon the supposition here stated duty is silent. Calvin was unacquainted with the principles of justice, and therefore could not practise them. The duty of no man can exceed his capacity ; but then neither can in any case an act of injustice be of the nature of duty. Inferences.
There are certain inferences that flow from this view of the subject, which it may be 103 proper to mention. Nothing is more | common than for individuals and societies of men to alledge that they have acted to the best of their judgment, that they have done their duty, and therefore that their conduct, even should it prove to be mistaken, is nevertheless virtuous. This appears to be an error. An action, though done with the
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best intention in the world, may have nothing in it of the nature of virtue. In reality the most essential part of virtue consists in the incessantly seeking to inform ourselves more accurately upon the subject of utility and right. Whoever is greatly misinformed respecting them, is indebted for his error to a defect in his philanthropy and zeal. Secondly, since absolute virtue may be out of the power of a human being, it becomes us in the mean time to lay the greatest stress upon a virtuous disposition, which is not attended with the same ambiguity. A virtuous disposition is of the utmost consequence, since it will in the majority of instances be productive of virtuous actions ; since it tends, in exact proportion to the quantity of virtue, to increase our discernment and improve our understanding; and since, if it were universally propagated, it would immediately lead to the great end of virtuous actions, the purest and most exquisite happiness of intelligent beings. But a virtuous disposition is principally generated by the uncontrolled exercise of private judgment, and the rigid conformity of every man to the dictates of his conscience.
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Of the Equality Chap. IV. Of the Equality of Mankind.
Physical equality. - Objection. - Answers. - Moral equality. - How limited. - Province of political justice. Physical equality. The equality of mankind is either physical or moral. Their physical equality may be considered either as it relates to the strength of the body or the faculties of the mind. Objection. This part of the subject has been exposed to cavil and objection. It has been said, «that the reverse of this equality is the result of our experience. Among the individuals of our species we actually find that there are not two alike. One man is strong and another weak. One man is wife and another foolish. All that exists in the world of the inequality of conditions is to be traced to this as their source. The strong man possesses power to subdue, and the weak stands in need of an ally to protect. The consequence is inevitable : the equality of conditions is a chimerical assumption, neither possible to be reduced into practice, nor desirable if it could be so reduced.» 105
Answers. Upon this statement two observations are to be made. First, this inequality was in its origin infinitely less than it is at present. In the uncultivated state of man diseases, effeminacy and luxury were little known, and of consequence the strength of every one much more nearly approached to the strength of his neighbour. In the uncultivated state of man the understandings of all were limited, their wants, their ideas and their views nearly upon a level. It was to be expected that in their first departure from this state great irregularities would introduce themselves ; and it is the object of subsequent wisdom and improvement to mitigate these irregularities. Secondly, notwithstanding the incroachments that have been made upon the equality of mankind, a great and substantial equality remains. There is no such disparity among the human race as to enable one man to hold several other men in subjection, except so far as they are willing to be subject. All government is founded in opinion. Men at present live under any particular form, because they conceive it their interest to do so. One part indeed of a community or empire may be held in subjection by force ; but this cannot be the personal force of their despot; it must be the force of another part of the community, who are of opinion that it is their interest to support his authority. Destroy this opinion, and the fabric which is built upon it falls to the ground. It follows therefore that all men are essentially independent. - So much for the physical equality.
Book 11, Chapter 106
IV
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Moral equality.
The moral equality is still less open to reasonable exception. By moral equality I understand the propriety of applying one unalterable rule of justice to every case that may arise. This cannot be questioned but upon arguments that would subvert the very nature of virtue. «Equality,» it has been affirmed, «will always be an unintelligible fiction, so long as the capacities of men shall be unequal, and their pretended claims have neither guarantee nor sanction by which they can be inforced".» But surely justice is sufficiently intelligible in its own nature, abstracted from the consideration whether it be or be not reduced into practice. Justice has relation to beings endowed with perception, and capable of pleasure and pain. Now it immediately results from the nature of such beings, independently of any arbitrary constitution, that pleasure is agreeable and pain odious, pleasure to be desired and pain to be obviated. It is therefore just and reasonable that such beings should contribute, so far as it lies in their power, to the pleasure and benefit of each other. Among pleasures some are more exquisite, more unalloyed and less precarious than others. It is just that these should be preferred From these simple principles we may deduce the moral equality of mankind. We 107 are partakers of a common nature, | and the same causes that contribute to the benefit of one contribute to the benefit of another. Our senses and faculties are of the same denomination. Our pleasures and pains will therefore be the same. We are all of us endowed with reason, able to compare, to judge and to infer. The improvement therefore which is to be desired for the one is to be desired for the other. We shall be provident for ourselves and useful to each other, in proportion as we rise above the atmosphere of prejudice. The same independence, the same freedom from any such restraint, as should prevent us from giving the reins to our own understanding, or from uttering upon all occasions whatever we think to be true, will conduce to the improvement of all. There are certain opportunities and a certain situation most advantageous to every human being, and it is just that these should be communicated to all, as nearly at least as the general economy will permit. How limited.
There is indeed one species of moral inequality parallel to the physical inequality that has been already described. The treatment to which men are entitled is to be measured by their merits and their virtues. That country would not be the seat of wisdom and reason, where the benefactor of his species was considered in the same point of view as their enemy. But in reality this distinction, so far from being adverse to equality in any tenable sense, is friendly to it, and is accordingly known by the appellation of equity, a term derived from the same origin. Though in some 108 sense an exception, it tends to the same | purpose to which the principle itself is indebted for its value. It is calculated to infuse into every bosom an emulation of excellence. The thing really to be desired is the removing as much as possible arbitrary distinctions, and leaving to talents and virtue the field of exertion-unim0
On a dit que nous avions tous les mêmes droits. J'ignore ce que c'est que les mêmes droits, où il y a inégalité de talens ou de force, dt nulle garantie, nulle sanction.» Raynal, Revolution d'Amerique, p. 34.
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paired. We should endeavour to afford to all the same opportunities and the same encouragement, and to render justice the common interest and choice.
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Chap. V. Rights of Man.
The question stated. - Foundation of society. - Opposite rights impossible. - Conclusion from these premises. - Discretion considered. - Rights of kings. - Immoral consequences of the doctrine of rights. - Rights of communities. - Objections : 1. the right of mutual aid. - Explanation. - Origin of the term, right. - 2. Rights of private judgment and of the press. Explanation. - Reasons of this limitation upon the functions of the community : 1. the inutility of attempting restraint. - 2. Its pernicious tendency. - Conclusion. The question stated.
There is no subject that has been discussed with more eagerness and pertinacity than the rights of man. Has he any rights, or has he none ? Much may plausibly be alledged on both sides of this question ; and in the conclusion those reasoners appear to express themselves with the greatest accuracy who embrace the negative. There is nothing that has been of greater disservice to the cause of truth, than the hasty and 110 unguarded manner in which its advocates have sometimes defended i t : and | it will be admitted to be peculiarly unfortunate, if the advocates on one side of this question should be found to have the greatest quantity of truth, while their adversaries have expressed themselves in a manner more consonant to reason and the nature of things. Where the question has been so extremely darkened by an ambiguous use of terms, it may at any rate be desirable to try, whether, by a patient and severe investigation of the first principles of political society, it may be placed in a light considerably different from the views of both parties. Foundation of society.
Political society, as has already been observed, is founded in the principles of morality and justice. It is impossible for intellectual beings to be brought into coalition and intercourse, without a certain mode of conduct, adapted to their nature and connection, immediately becoming a duty incumbent on the parties concerned. Men would never have associated, if they had not imagined that in consequence of that association they would mutually conduce to the advantage and happiness of each other. This is the real purpose, the genuine basis of their intercourse ; and, as far as this purpose is answered, so far does society answer the end of its institution. Opposite rights impossible. There is only one postulate more, that is necessary to bring us to a conclusive mode of reasoning upon this subject. Whatever is meant by the term right, for it will presently appear that the sense of the term itself has never been clearly understood, 111 there can neither be opposite rights, nor rights and duties hostile to each other. The
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rights of one man cannot clash with or be destructive of the rights of another; for this, instead of rendering the subject an important branch of truth and morality, as the advocates of the rights of man certainly understand it to be, would be to reduce it to a heap of unintelligible jargon and inconsistency. If one man have a right to be free, another man cannot have a right to make him a slave ; if one man have a right to inflict chastisement upon me, I cannot have a right to withdraw myself from chastisement; if my neighbour have a right to a sum of money in my possession, I cannot have a right to retain it in my pocket. - It cannot be less incontrovertible, that I have no right to omit what my duty prescribes. Conclusion from these premises. From hence it inevitably follows that men have no rights. By right, as the word is employed in this subject, has always been understood discretion, that is, a full and complete power of either doing a thing or omitting it, without the person's becoming liable to animadversion or censure from another, that is, in other words, without his incurring any degree of turpitude or guilt. Now in this sense I affirm that man has no rights, no discretionary power whatever. Discretion considered. It is commonly said, «that a man has a right to the disposal of his fortune, a right to the employment of his time, a right to the uncontrolled choice of his profession or 112 pursuits.» But this | can never be consistently affirmed till it can be shewn that he has no duties, prescribing and limiting his mode of proceeding in all these respects. My neighbour has just as much right to put an end to my existence with dagger or poison, as to deny me that pecuniary assistance without which I must starve, or as to deny me that assistance without which my intellectual attainments or my moral exertions will be materially injured. He has just as much right to amuse himself with burning my house or torturing my children upon the rack, as to shut himself up in a cell careless about his fellow men, and to hide «his talent in a napkin.» If men have any rights, any discretionary powers, they must be in things of total indifference, as whether I fit on the right or on the left side of my fire, or dine on beef to day or tomorrow. Even these rights are much fewer than we are apt to imagine, since before they can be completely established, it must be proved that my choice on one side or the other can in no possible way contribute to the benefit or injury of myself or of any other person in the world. Those must indeed be rights well worth the contending for, the very essence of which consists in their absolute nugatoriness and inutility. In reality nothing can appear more wonderful to a careful enquirer, than that two ideas so incompatible as man and rights should ever have been associated together. 113 Certain it is, that one | of them must be utterly exclusive and annihilatory of the other. Before we ascribe rights to man, we must conceive of him as a being endowed with intellect, and capable of discerning the differences and tendencies of things. But a being endowed with intellect, and capable of discerning the differences and tendencies of things, instantly becomes a moral being, and has duties incumbent on him to discharge : and duties and rights, as has already been shewn, are absolutely exclusive of each other.
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Rights of kings. It has been affirmed by the zealous advocates o f liberty, «that princes and magistrates have no rights ; » and no position can be more incontrovertible. There is no situation o f their lives that has not its correspondent duties. There is no p o w e r intrusted to them that they are not bound to exercise exclusively for the public g o o d . 5 It is strange that persons adopting this principle did not g o a step farther, and perceive that the same restrictions were applicable to subjects and citizens. Immoral consequences of the doctrine of rights. N o r is the fallacy o f this language more conspicuous than its immoral tendency. T o this inaccurate and unjust use of the term right w e o w e it, that the miser, w h o
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accumulates to no end that which diffused would have conduced to the welfare o f thousands, that the luxurious man, who wallows in indulgence and sees numerous families around him pining in beggary, never fail to tell us o f their rights, and to silence animadversion and quiet the censure of their o w n mind by reminding us, 114 «that they | came fairly into possession o f their wealth, that they o w e no debts, and is that o f consequence no man has authority to enquire into their private manner o f disposing o f that which is their o w n . » A great majority of mankind are conscious that they stand in need o f this sort o f defence, and are therefore very ready to combine against the insolent intruder, who ventures to enquire into «things that do not concern him.» T h e y forget, that the wise man and the honest man, the friend o f 20 his country and his kind, is concerned f o r every thing by which they may be a f f e c ted, and carries about with him a diploma, constituting him inquisitor general of the moral conduct o f his neighbours, with a duty annexed to recal them to virtue, by every lesson that truth can enable him to read, and every punishment that plain speaking is competent to inflict.
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Rights of communities. It is scarcely necessary to add, that, if individual have no rights, neither has society, which possesses nothing but what individuals have brought into a common stock. T h e absurdity o f the common opinion, as applied to this subject, is still more glaring, if possible, than in the v i e w in which w e have already considered it. According 30 to the usual sentiment every club assembling for any civil purpose, every congregation o f religionists assembling for the worship o f God, has a right to establish any provisions or ceremonies, no matter how ridiculous or detestable, provided they do not interfere with the freedom o f others. Reason lies prostrate under their feet. T h e y 115 have a right to trample | upon and insult her as they please. It is in the same spirit w e 35 have been told that every nation has a right to choose its form o f government. A most acute, original and inestimable author was probably missed by the vulgar phraseology on this subject, when he asserted, that, « a t a time when neither the people o f France nor the national assembly were troubling themselves about the affairs o f England or the English parliament, M r . Burke's conduct was unpardonable 40 in commencing an unprovoked attack upon them".»
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Rights of Man, page 1.
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An Enquiry Concerning Political Justice
Objections.
There are various objections that suggest themselves to the theory which subverts the rights of men ; and if the theory be true, they will probably appear in the result to be so far from really hostile to it, as to be found more fairly deducible from and consistent with its principles, than with any of those with which they have inadvertently been connected. 1. The rights of mutual aid. Explanation.
In the first place it has sometimes been alledged, and seems to result from the reasonings already adduced under the head of justice, that «men have a right to the assistance and co-operation of their fellows in every honest pursuit.» But, when we assert this proposition, we mean something by the word right exceedingly different from what is commonly understood by the term. We do not understand something discretionary, which, if not voluntarily fulfilled, cannot be considered as a matter of 116 claim. | On the contrary every thing adduced upon that occasion was calculated to shew that it was a matter of strict claim ; and perhaps something would be gained with respect to perspicuity, if we rather chose to distinguish it by that appellation, than by a name so much abused, and so ambiguous in its application, as the term right. Origin of the term, right. The true origin of this latter term is relative to the present state of political government, in which many of those actions which moral duty most strictly enjoins us are in no degree brought within the sphere of legislative sanction. Men uninfluenced by comprehensive principles of justice, commit every species of intemperance, are selfish, hard-hearted, licentious and cruel, and maintain their right to all these caprices, because the laws of their country are silent with regard to them. Philosophers and political enquirers have too frequently adopted the same principles with a certain degree of accommodation; though in fact men have no more right to these erroneous propensities in their most qualified sense, than they had to them originally in all their extravagance. It is true, that, under the forms of society now existing in the world, intemperance and the caprices of personal intercourse too frequently escape without animadversion. But in a more perfect form, though they may not fall under the cognisance of law, the offender will probably be so unequivocally remind117 ed by the sincerity of his neighbours of the error he has | committed, as to be in no danger of running away with the opinion that he dad a right to commit it. 2. Right of private judgment and of the press.
A second and more important objection to the doctrine I am maintaining is derived from the rights as they are called of private judgment, and the liberty of the press. But it may easily be shewn, that these, no more than the articles already mentioned, are rights of discretion. If they were, they would prove, that a man was strictly justifiable in publishing what he believed to be pernicious or false, and that it was a matter of perfect moral indifference whether he conformed to the religious rites of Confucius, of Mahomet, or of Christ.
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Explanation.
The political freedom of conscience and of the press, so far from being as it is commonly supposed an extension, is a new case of the limitation of rights and discretion. Conscience and the press ought to be unrestrained, not because men have a right to deviate from the exact line that duty prescribes, but because society, the aggregate of individuals, has no right to assume the prerogative of an infallible judge, and to undertake authoritatively to prescribe to its members in matters of pure speculation. Reasons of this limitation upon the functions of the community. 1. The inutility of attempting restraint.
One obvious reason against this assumption on the part of the society is the impossibility by any compulsatory method of bringing men to uniformity of opinion. The judgment we form upon topics of general truth, is or is imagined to be founded upon 118 evidence : and, however it may be soothed by gentle applications | to the betraying its impartiality, it is apt to repel with no little pertinacity whatever comes under the form of compulsion. Persecution cannot persuade the understanding, even when it subdues our resolution. It may make us hypocrites ; but cannot make us converts. The government therefore, which is anxious above all things to imbue its subjects with integrity and virtue, will be the farthest in the world from discouraging them in the explicit avowal of their sentiments. 2. Its pernicious tendency.
But there is another reason of a higher order. Man is not, as has been already shewn, a perfect being, but perfectible. No government, that has yet existed, or is likely presently to exist upon the face of the earth, is faultless. No government ought therefore pertinaciously to resist the change of its own institutions ; and still less ought it to set up a standard upon the various topics of human speculation, to restrain the excursions of an inventive mind. It is only by giving a free scope to these excursions, that science, philosophy and morals have arrived at their present degree of perfection, or are capable of going on to that still greater perfection, in comparison of which all that has been already done will perhaps appear childish. But a proceeding, absolutely necessary for the purpose of exciting the mind to these salutary excursions, and still more necessary in order to give them their proper operation, consists in the unrestrained communication of men's thoughts and discoveries to each other. If every man have to begin again at the point from which his 119 neighbour set out, the labour will be endless, and the progress in an unvarying circle. There is nothing that more eminently contributes to intellectual energy, than for every man to be habituated to follow without alarm the train of his speculations, and to utter without fear the conclusions that have suggested themselves to him. - But does all this imply that men have a right to act any thing but virtue, and to utter any thing but truth ? Certainly not. It implies indeed that there are points with which society has no right to interfere, not that discretion and caprice are more free, or duty less strict upon these points, than upon any others with which human action is conversant.
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Of the Exercise Chap. VI. Of the Exercise of Private Judgment.
Foundation of virtue. - Human actions regulated : 1. by the nature of things. - 2. By positive institution. - Tendency of the latter: 1. to excite virtue. Its equivocal character in this respect. - 2. To inform the judgment. - Its inaptitude for that purpose. - Province of conscience considered. Tendency of an interference with that province. - Recapitulation. - Arguments in favour of positive institution : 1. the necessity of repelling private injustice. - Objections : the uncertainty of evidence. - The diversity of motives. The unsuitableness of the means of correction - either to impress new sentiments - or to strengthen old ones. - Punishment for the sake of example considered. - Urgency of the case. - 2. Rebellion. - 3. War. - Objections. - Reply. Foundation of virtue.
To a rational being there can be but one rule of conduct, justice, and one mode of ascertaining that rule, the exercise of his understanding. If in any instance I be made 121 the mechanical instrument of absolute violence, in that instance I fall | under no description of moral conduct either good or bad. But, if, not being operated upon by absolute compulsion, I be wholly prompted by something that is frequently called by that name, and act from the hope of reward or the fear of punishment, my conduct is positively wrong. Here however a distinction is to be made. Justice, as it was defined in a preceding chapter, is coincident with utility. I am myself a part of the great whole, and my happiness is a part of that complex view of things by which justice is regulated. The hope of reward therefore and the fear of punishment, confined within certain strict limits, are motives that ought to have influence with my mind. Human actions are regulated,
1. by the nature of things: There are two descriptions of tendency that may belong to any action, the tendency which it possesses by the necessary and universal laws of existence, and the tendency which results from the positive interference of some intelligent being. The nature of happiness and misery, pleasure and pain, is independent of all positive institution : that is, it is immutably true that whatever tends to procure a balance of the former is to be desired, and whatever tends to procure a balance of the latter is to be rejected. In like manner the promulgation of virtue, truth and political justice must always be right. There is perhaps no action of a rational being that has not some tendency to promote these objects, and consequently that has not a moral character founded in the abstract nature of things.
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2. By positive institution. Tendency of the latter. The tendency of positive institution is of two sorts, to furnish me with an additional motive to the practice o f virtue or right, and to inform my understanding as to what actions are right and what actions are wrong. Much cannot b e said in commendation o f either o f these tendencies. 1. To excite virtue. Its equivocal character in this respect. First, positive institution may furnish me with an additional motive to the practice o f virtue. I have an opportunity o f contributing very essentially to the advantage o f twenty individuals ; they will be benefited, and no other persons will sustain a material injury. I ought to embrace this opportunity. Here let us suppose positive institution to interfere, and to annex some great personal reward to myself to the performance of my duty. This immediately changes the nature of the action. Before I preferred it for its intrinsic excellence. Now, so far as the positive institution operates, I prefer it, because some person has arbitrarily annexed to it a great weight o f self-interest. But virtue, considered as the quality of an intelligent being, depends upon the disposition with which the action is accompanied. Under a positive institution then this very action, which is intrinsically virtuous, may, so far as relates to the agent, become vicious. The vicious man would before have neglected the advantage o f these twenty individuals, because he would not bring a certain inconvenience or trouble upon himself. The same man with the same disposition will now promote their advantage, because his own welfare is concerned in it. Twenty, other
123 things | equal, is twenty times better than one. He that is not governed by the moral arithmetic of the case, or who acts from a disposition directly at war with that arithmetic, is unjust. In other words, morality requires that we should be attentive only to the tendency which belongs to any action by the necessary and universal laws o f existence. This is what is meant by the principle, «that we should do good, regardless o f the consequences ;» and by that other, «that we may not do evil, from the prospect of good to result from it.» T h e case would have been rendered still more glaring, if, instead o f the welfare o f twenty, we had supposed the welfare o f millions to have been concerned. In reality, whether the disparity be great or small, the inference ought to be the same. 2. To inform the judgment. Its inaptitude for that purpose. Secondly, positive institution may inform my understanding as to what actions are right and what actions are wrong. Here it is proper for us to reflect upon the terms understanding and information. Understanding, particularly as it is concerned with moral subjects, is the percipient of truth. This is its proper sphere. Information, so far as it is genuine, is a portion detached from the great body o f truth. You inform me, «that Euclid asserts the three angles o f a plane triangle to be equal to two right angles.» Still I am unacquainted with the truth of this proposition. «But Euclid has demonstrated it. His demonstration has existed for two thousand years, and during 124 that term has proved satisfactory to every man by whom it has been understood.» 11
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am nevertheless uninformed. The knowledge of truth lies in the perceived agreement or disagreement of the terms of a proposition. So long as I am unacquainted with the middle term by means of which they may be compared, so long as they are incommensurate to my understanding, you may have furnished me with a principle from which I may reason truly to farther consequences, but as to the principle itself I may strictly be said to know nothing about it. Every proposition has an intrinsic evidence of its own. Every consequence has premises from which it flows; and upon them, and not upon any thing else, its validity depends. If you could work a miracle to prove, «that the three angles of a triangle were equal to two right angles,» I should still know, that the proposition was either true or false previously to the exhibition of that miracle ; and that there was no necessary connection between any one of its terms and the miracle exhibited. The miracle would take off my attention from the true question to a question altogether different, that of authority. By the authority adduced I might be prevailed on to yield an irregular assent to the proposition ; but I could not properly be said to perceive its truth. But this is not all. If it were, it might perhaps be regarded as a refinement foreign to the concerns of human life. Positive institutions do not content themselves with 125 requiring my assent | to certain propositions, in consideration of the respectable testimony by which they are inforced. This would amount to no more, than advice flowing from a respectable quarter, which after all I might reject, if it did not accord with the mature judgment of my own understanding. But in the very nature of these institutions there is included a sanction, a motive either of punishment or reward to induce me to obedience. Province of conscience considered. It is commonly said «that positive institutions ought to leave me perfectly free in matters of conscience, but may properly interfere with my conduct in civil concerns.» But this distinction seems to have been very lightly taken up. What sort of moralist must he be, who makes no conscience of what passes in his intercourse with other men ? Such a distinction proceeds upon the supposition, «that it is of great consequence whether I bow to the east or the west; whether I call the object of my worship Jehovah or Alia ; whether I pay a priest in a surplice or a black coat. These are points in which an honest man ought to be rigid and inflexible. But as to those other, whether he shall be a tyrant, a slave or a free citizen ; whether he shall bind himself with multiplied oaths impossible to be performed, or be a rigid observer of truth ; whether he shall swear allegiance to a king de jure or a king de facto, to the best or the worst of all possible governments ; respecting these points he may safely commit his conscience to the keeping of the civil magistrate.» In reality there 126 are perhaps no concerns of a rational being, over which | morality does not extend its province, and respecting which he is not bound to a conscientious proceeding. Tendency of an interference with that province. I am satisfied at present, that a certain conduct, suppose it be a rigid attention to the confidence of private conversation, is incumbent upon me. You tell me, «there are certain cases of such peculiar emergency as to supersede this rule.» Perhaps I think
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there are not. If I admit your proposition, a wide field of enquiry is opened, respecting what cases do or do not deserve to be considered as exceptions. It is little likely that we should agree respecting all these cases. How then does the law treat me, for my conscientious discharge of what I conceive to be my duty ? Because I will not turn informer (which, it may be, I think an infamous character) against my most valued friend, the law accuses me of misprision of treason, felony or murder, and perhaps hangs me. I believe a certain individual to be a confirmed vilain, and a most dangerous member of society, and feel it to be my duty to warn others, perhaps the public, against the effect of his vices. Because I publish what I know to be true, the law convicts me of libel, scandalum magnatum, and crimes of I know not what complicated denomination. If the evil stopped here, it would be well. If I only suffered a certain calamity, suppose death, I could endure it. Death has hitherto been the common lot of men, and I expect at some time or other to submit to it. Human society must sooner or 127 later | be deprived of its individual members, whether they be valuable, or whether they be inconsiderable. But the punishment acts not only retrospectively upon me, but prospectively upon my contemporaries and countrymen. My neighbour entertains the same opinion respecting the conduct he ought to hold as I did. But the executioner of public justice interposes with a powerful argument, to convince him that he has mistaken the path of abstract rectitude. What sort of converts will be produced by this unfeeling logic ? «1 have deeply reflected,» suppose, «upon the nature of virtue, and am convinced that a certain proceeding is incumbent on me. But the hangman, supported by an act of parliament, assures me I am mistaken.» If I yield my opinion to his dictum, my action becomes modified, and my character too. An influence like this is inconsistent with all generous magnanimity of spirit, all ardent impartiality in the discovery of truth, and all inflexible perseverance in its assertion. Countries, exposed to the perpetual interference of decrees instead of arguments, exhibit within their boundaries the mere phantoms of men. We can never judge from an observation of their inhabitants what men would be, if they knew of no appeal from the tribunal of conscience, and if, whatever they thought, they dared to speak, and dared to act. 128 At present there will perhaps occur to the majority of readers | but few instances of laws, which may be supposed to interfere with the conscientious discharge of duty. A considerable number will occur in the course of the present enquiry. More would readily offer themselves to a patient research. Men are so successfully reduced to a common standard by the operation of positive law, that in most countries they are capable of little more than like parrots repeating each other. This uniformity is capable of being produced in two ways, by energy of mind and indefatigableness of enquiry, enabling a considerable number to penetrate with equal success into the recesses of truth ; and by pusillanimity of temper and a frigid indifference to right and wrong, produced by the penalties which are suspended over such as shall disinterestedly enquire, and communicate and act upon the result of their enquiries. It is easy to perceive which of these is the cause of the uniformity that prevails in the present instance.
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Recapitulation. If there be any truth more unquestionable than the rest, it is, that every man is bound to the exertion of his faculties in the discovery of right, and to the carrying into effect all the right with which he is acquainted. It may be granted that an infallible standard, if it could be discovered, would be considerably beneficial. But this infallible standard itself would be of little use in human affairs, unless it had the property of reasoning as well as deciding, of enlightening the mind as well as 129 constraining the body. If a man be in some cases obliged to prefer his own | judgment, he is in all cases obliged to consult that judgment, before he can determine whether the matter in question be of the sort provided for or no. So that from this reasoning it ultimately appears, that no man is obliged to conform to any rule of conduct, farther than the rule is consistent with justice. Arguments in favour of positive institution :
Such are the genuine principles of human society. Such would be the unconstrained concord of its members, in a state where every individual within the society, and every neighbour without, was capable of listening with sobriety to the dictates of reason. We shall not fail to be impressed with considerable regret, if, when we descend to the present mixed characters of mankind, we find ourselves obliged in any degree to depart from so simple and grand a principle. The universal exercise of private judgment is a doctrine so unspeakably beautiful, that the true politician will certainly resolve to interfere with it as sparingly and in as few instances as possible. Let us consider what are the emergencies that may be thought to demand an exception. They can only be briefly stated in this place, each of them requiring to be minutely examined in the subsequent stages of the enquiry. 1. The necessity of repelling private injustice. In the first place then it seems necessary for some powerful arbitrator to interfere, where the proceedings of the individual threaten the most injurious consequences to his neighbours, and where the instant nature of the case will not accord with the 130 uncertain progress of argument and conviction addressed to the mind of the offender. A man, suppose, has committed murder, or, to make the case more aggravated, several murders ; and, having thus far over-stepped all those boundaries of innocence and guilt which restrain the generality of men, it is to be presumed from analogy that he may be led to the commission of other murders. At first it may appear to be no great infringement upon the exercise of private judgment, to put it under some degree of restraint, when it leads to the commission of atrocious crimes. There are however certain difficulties in the case which are worthy to be considered. Objections :
the uncertainty of evidence : First, as soon as we admit the propriety of a rule such as that above stated, our next concern will be with the evidence, which shall lead to the acquittal or conviction of the person accused. Now it is well known, that no principles of evidence have yet been laid down that are infallible. Human affairs universally proceed upon presumption and probability. An eye-witness must identify the person of the offender, and in
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this he may be mistaken. We must necessarily be contented with presumptive proofs of his intention ; and often are or imagine ourselves to be obliged to admit presumptive evidence of the fact itself. The consequence is inevitable. And surely it is no trivial evil, to subject an innocent man eventually, to the public award and the established punishment annexed to the most atrocious crimes. 131
the diversity of motives :
Secondly, the same external action will admit of every possible shade of virtue or vice. One man shall commit murder, to remove a troublesome observer of his depraved dispositions, who will otherwise counteract and expose him to the world. A second, because he cannot bear the ingenuous sincerity with which he is told of his vices. A third, from his intolerable envy of superior merit. A fourth, because he knows his adversary meditates an act pregnant with extensive mischief, and he perceives no other mode by which its perpetration can be prevented. A fifth, in the actual defence of his father's life or his daughter's chastity. Each of these men, except perhaps the last, may act either from momentary impulse, or from any of the infinite shades and degrees of deliberation. Would you award one individual punishment to all these varieties of action ? Can you pretend in each instance to ascertain the exact quantity of wrong, equivalent to each ? Strictly speaking no two men were ever guilty of the same crime ; but here comes in positive law with its Procrustes's bed, and levels all characters, and tramples upon all distinctions. the unsuitableness of the means of correction :
Thirdly, punishment is not the appropriate mode of correcting the errors of mankind. It will probably be admitted, that the only true end of punishment is correction. That question will be discussed in another part of the present enquiry. «1 have done something, which though wrong in itself, I believe to be right; or I have done 132 something which I usually admit to be | wrong ; but my conviction upon the subject is not so clear and forcible, as to prevent my yielding to a powerful temptation.» There can be no doubt, that the proper way of conveying to my understanding a truth of which I am ignorant, or of impressing upon me a firmer persuasion of a truth with which I am acquainted, is by an appeal to my reason. Even an angry expostulation with me upon my conduct will but excite similar passions in me, and cloud instead of illuminate my understanding. There is certainly a way of expressing truth, with such benevolence as to command attention, and such evidence as to inforce conviction in all case whatever. either to impress new sentiments.
Punishment inevitably excites in the sufferer, and ought to excite, a sense of injustice. Let its purpose be to convince me of the truth of a proposition, which I at present believe to be false. It is not abstractedly considered of the nature of an argument, and therefore it cannot begin with producing conviction. Punishment is a specious name, but is in reality nothing more than force put upon one being by another who happens to be stronger. Now strength apparently does not constitute justice, nor ought «might», according to a trite proverb, to «overcome right.» The case of punishment, which we are now considering, is the case of you and I differing
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in opinion, and your telling me that you must be right, since you have a more brawny arm, or have applied your mind more to the acquiring skill in your weapons than I have. 133
or to strengthen old ones. But let us suppose, «that I am convinced of my error, but that my conviction is 5 superficial and fluctuating, and the object you propose is to render it durable and profound.» Ought it to be thus durable and profound ? There are no doubt arguments and reasons calculated to render it so. Is it in reality problematical, and do you wish by the weight of your blows to make up for the deficiency of your logic ? This can never be defended. An appeal to force must appear to both parties, in proportion to 10 the foundness of their understanding, to be a confession of imbecility. He that has recourse to it, would have no occasion for this expedient, if he were sufficiently acquainted with the powers of that truth it is his office to communicate. If there be any man, who, in suffering punishment, is not conscious of injustice, he must have had his mind previously debased by slavery, and his sense of moral right and wrong 15 blunted by a series of oppression.
Punishment for the sake of example considered. The case is not altered for the better, if I suffer punishment, not for my own correction, but for an example to others. Upon this supposition a new difficulty is introduced, respecting the propriety of one man's being subjected to pain, for the sake of improving the character and eradicating the vices of another. The suffering is here also involuntary. Now, though will cannot alter the nature of justice, it must be admitted that the voluntary sufferer has at least one advantage over the involuntary, 134 in the conscious liberality of his purpose. He that suffers, not for his | own correction, but for the advantage of others, stands, so far as relates to that suffering, in the situation of an innocent person. If the suffering had relation to him personally as a vicious or imperfect character, it must have relation to him in respect either to the past or the future. It cannot have relation to him as to the past, for that is concluded and beyond the reach of alteration or remedy. By the supposition it has not relation to him but to others as to the future. It ought to be observed in this place, that by innocence I do not understand virtue. Innocence is a sort of neutral character, and stands in the mid way between good and harm. Undoubtedly it were better, that a person useless to society should be destroyed than a man of eminent worth, and a person likely to prove injurious than either. I say likely to prove injurious; for the fault already committed, being irrevocable, ought not to enter into the account, and we have nothing to do but with the probability of its repetition. It is in the sense that the sufferer stands upon a level with many of those persons, who are usually denominated innocent.
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It must also be allowed, that there are cases in which it is proper that innocent men should suffer for the public good. But this is a question of a very delicate 40 nature, and the severe moralist will be very reluctant to condemn that man to die for the benefit of others, who is desirous to live. 135 As to every other circumstance in the case of him who is punished for an example to others, it remains precisely the same as when we supposed him to be punished for
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his own reformation. It is still an argument of the most exceptionable nature employed to correct the opinions of mankind. It is still a menace of violence made use of to persuade them of the truth or falshood of a proposition. It has little chance of making them wise, and can scarcely fail of making them timid, dissembling and corrupt. Urgency of the case.
Notwithstanding all these objections, it would be difficult to find a country, respecting which we could say, that the inhabitants might with safety be dismissed from the operation of punishment. So mixed is human character, so wild are its excursions, so calamitous and detestable are the errors into which it occasionally falls, that something more than argument seems necessary for their suppression. Human beings are such tyros in the art of reasoning, that the wisest of us often prove impotent in our attempts, where an instant effect was most powerfully wanted. While I stand still to reason with the thief, the assassin or the oppressor, they hasten to new scenes of devastation, and with unsparing violence confound all the principles of human society. I should obtain little success by the abolition of punishment, unless I could at the same time abolish those causes that generate temptation and make punishment necessary. Meanwhile the arguments already adduced may be 136 sufficient to shew that punish|ment is always an evil, and to persuade us never to recur to it but from the most evident necessity. 2. Rebellion. 3. War.
The remaining cases in which it may seem requisite to have recourse to the general will of the society, and to supersede the private judgment of individuals, are, when we are called upon to counteract the hostilities of an internal enemy, or to repel the attacks of a foreign invader. 1. Objections.
Here as in the former instance the evils that arise from an usurpation upon private judgment are many and various. It is wrong that I should contribute in any mode to a proceeding, a war for example, that I believe to be unjust. Ought I to draw my sword, when the adversary appears to me to be employed in repelling a wanton aggression ? The case seems not to be at all different, if I contribute my property, the produce it may be of my personal labour; though custom has reconciled us to the one rather than the other. The consequences are a degradation of character and a relaxation of principle, in the person who is thus made the instrument of a transaction, which his judgment disapproves. In this case, as has been already stated generally, the human mind is compressed and unnerved, till it affords us scarcely the semblance of what it might otherwise have been. And, in addition to the general considerations in similar cases, it may be observed, that the frequent and obstinate wars which at present desolate 137 the | human race would be nearly extirpated, if they were supported only by the voluntary contributions of those by whom their principle was approved.
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Reply. The objection, which has hitherto been permitted practically to supersede these reasonings, is the difficulty of conducting an affair, in the success of which millions may b e interested, upon so precarious a support as that of private judgment. The men, with whom w e are usually concerned in human society, are of so mixed a 5 character, and a self-love of the narrowest kind is so deeply rooted in many of them, that it seems nearly unavoidable upon the scheme of voluntary contribution, that the most generous would pay a very ample proportion, while the mean and avaricious, though they contributed nothing, would come in for their full share of the benefit. He that would reconcile a perfect freedom in this respect with the interest of the 10 whole, ought to propose at the same time the means of extirpating selfishness and vice. H o w far such a proposal is feasible will come hereafter to be considered.
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Book III. Principles of Government.
Chap. I. Systems of Political Writers. The question stated. - First hypothesis : government founded in superior strength. - Second hypothesis : government jure divino. - Third hypothesis : the social contract. - The first hypothesis examined. - The second criterion of divine right: 1. patriarchal descent - 2. justice. The question stated.
It has appeared in the course of our reasonings upon the nature of society, that there are occasions in which it may be necessary, to supersede private judgment for the 140 sake of public | good, and to control the acts of the individual by an act to be performed in the name of the whole. It is therefore an interesting enquiry to ascertain in what manner such acts are to be originated, or in other words to ascertain the foundation of political government. First hypothesis : government founded in superior strength. There are three hypotheses that have been principally maintained upon this subject. First, the system of force, according to which it is affirmed, «that, inasmuch as it is necessary that the great mass of mankind should be held under the subjection of compulsory restraint, there can be no other criterion of that restraint, than the power of the individuals who lay claim to its exercise, the foundation of which power exists in the unequal degrees, in which corporal strength and intellectual sagacity are distributed among mankind.» Second hypothesis : government jure
divino.
There is a second class of reasoners, who deduce the origin of all government from divine right, and affirm, «that, as men derived their existence from an infinite creator at first, so are they still subject to his providential care, and of consequence owe allegiance to their civil governors, as to a power which he has thought fit to set over them.» Third hypothesis : the social contract.
The third system is that which has been most usually maintained by the friends of equality and justice ; the system according to which the individuals of any society 141 are supposed to have | entered into a contract with their governors or with each other, and which founds the rights of government in the consent of the governed.
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The first hypothesis examined. The two first of these hypotheses may easily be dismissed. That of force appears to proceed upon the total negation of abstract and immutable justice, affirming every government to be right, that is possessed of power sufficient to inforce its decrees. It puts a violent termination upon all political science ; and seems intended to persuade men, to sit down quietly under their present disadvantages, whatever they may be, and not exert themselves to discover a remedy for the evils they suffer. The second.
The second hypothesis is of an equivocal nature. It either coincides with the first, and affirms all existing power to be alike of divine derivation ; or it must remain totally useless till a criterion can be found, to distinguish those governments which are approved by God, from those which cannot lay claim to that sanction. Criterion of divine right. 1. Patriarchal descent. 2. Justice.
The criterion of patriarchal descent will be of no avail, till the true claimant and rightful heir can be discovered. If we make utility and justice the test of God's approbation, this hypothesis will be liable to little objection ; but then on the other hand little will be gained by it, since those who have not introduced divine right into the argument, will yet readily grant, that a government which can be shewn to be agreeable to utility and justice, is a rightful government. 142 The third hypothesis demands a more careful examination. If any error have insinuated itself into the support of truth, it becomes of particular consequence to detect it. Nothing can be of more importance, than to separate prejudice and mistake on the one hand, from reason and demonstration on the other. Wherever they have been confounded, the cause of truth must necessarily be a sufferer. That cause, so far from being injured by the dissolution of the unnatural alliance, may be expected to derive from that dissolution an eminent degree of prosperity and lustre.
Book III, Chapter II
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Chap. II. Of the Social Contract.
Queries proposed. - Who are the contracting parties ? - What is the form of engagement ? - Over how long a period does the contract extend ? - To how great a variety of propositions ? - Can it extend to laws hereafter to be made ? - Addresses of adhesion considered. - Power of a majority. Queries proposed. Upon the first statement of the system of a social contract various difficulties present themselves. Who are the parties to this contract ? For whom did they consent, for themselves only or for others ? For how long a time is this contract to be considered as binding ? If the consent of every individual be necessary, in what manner is that consent to be given ? Is it to be tacit, or declared in express terms ? Who are the contracting parties ? Little will be gained for the cause of equality and justice, if our ancestors, at the first institution of government, had a right indeed of choosing the system of regulations under which they thought proper to live, but at the same time could barter away the 144 understandings and independence of all that came after them | to the latest posterity. But, if the contract must be renewed in each successive generation, what periods must be fixed on for that purpose ? And if I be obliged to submit to the established government till my turn comes to assent to it, upon what principle is that obligation founded ? Surely not upon the contract into which my father entered before I was born ? What is the form of engagement ? Secondly, what is the nature of the consent, in consequence of which I am to be reckoned the subject of any particular government ? It is usually said, «that acquiescence is sufficient; and that this acquiescence is to be inferred from my living quietly under the protection of the laws.» But if this be true, an end is as effectually put to all political science, all discrimination of better and worse, as by any system invented by the most slavish sycophant that ever existed. Upon this hypothesis every government that is quietly submitted to is a lawful government, whether it be the usurpation of Cromwell or the tyranny of Caligula. Acquiescence is frequently nothing more than a choice on the part of the individual of what he deems the least evil. In many cases it is not so much as this, since the peasant and the artisan, who form the bulk of a nation, however dissatisfied with the government of their country, seldom have it in their power to transport themselves to another. It is also to be observed upon the system of acquiescence, that it is in little agreement with the established opinions and practices of mankind. Thus what has been called the law of 145 nations, lays least stress upon the allegiance | of a foreigner settling among us,
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though his acquiescence is certainly most complete ; while natives removing into an uninhabited region are claimed by the mother country, and removing into a neighbouring territory are punished by municipal law, if they take arms against the country in which they were born. Now surely acquiescence can scarcely be construed into consent, while the individuals concerned are wholly unapprised of the authority intended to be rested upon it". Mr. Locke, the great champion of the doctrine of an original contract, has been aware of this difficulty, and therefore observes, that «a tacit consent indeed obliges a man to obey the laws of any government, as long as he has any possessions, or enjoyment of any part of the dominions of that government; but nothing can make a man a member of the commonwealth, but his actually entering into it by positive engagement, and express promise and compact''». A singular distinction ; implying upon the face of it, that an acquiescence, such as has just been described, is sufficient to render a man amenable to the penal regulations of society ; but that his own consent is necessary to entitle him to its privileges. Over how long a period does the contract extend ?
A third objection to the social contract will suggest itself, as soon as we attempt to 146 ascertain the extent of the obligation, even | supposing it to have been entered into in the most solemn manner by every member of the community. Allowing that I am called upon, at the period of my coming of age for example, to declare my assent or dissent to any system of opinions or any code of practical institutes ; for how long a period does this declaration bind me ? Am I precluded from better information for the whole course of my life ? And, if not for my whole life, why for a year, a week or even an hour ? If my deliberate judgment or my real sentiment be of no avail in the cafe, in what sense can it be affirmed that all lawful government is founded in my consent ? To how great a variety of propositions ? But the question of time is not the only difficulty. If you demand my assent to any proposition, it is necessary that the proposition should be stated simply and clearly. So numerous are the varieties of human understanding, in all cases where its independence and integrity are sufficiently preserved, that there is little chance of any two men coming to a precise agreement about ten successive propositions that are in their own nature open to debate. What then can be more absurd than to present to me the laws of England in fifty volumes folio, and call upon me to give an honest and uninfluenced vote upon their whole contents at once ? Can it extend to laws hereafter to be made ? But the social contract, considered as the foundation of civil government, requires 147 more of me than this. I am not only | obliged to consent to all the laws that are actually upon record, but to all the laws that shall hereafter be made. It was under this view of the subject, that Rousseau, in tracing the consequences of the social ° '
See Hume's Essays. Part 11. Essay xii. Treatise of Government. Book II. Ch. viii. §. 119, 122.
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contract, was led to assert, that «the great body of the people, in whom the foreign authority resides, can neither delegate nor resign it. The essence of that authority,» he adds, «is the general will; and will cannot be represented. It must either be the same or another; there is no alternative. The deputies of the people cannot be its representatives ; they are merely its attorneys. The laws, that the community does not ratify in person, are no laws, are nullities. Addresses of adhesion considered. The difficulty here stated has been endeavoured to be provided against by some late advocates for liberty, in the way of addresses of adhesion ; addresses, originating in the various districts and departments of a nation, and without which no regulation of constitutional importance is to be deemed valid. But this is a very inadequate and superficial remedy. The addressers of course have seldom any other remedy than 148 that above described, of indiscriminate admission or rejection. There is an infinite difference between the first deliberation, and the subsequent exercise of a negative. The former is a real power, the latter is seldom more than the shadow of a power. Not to add, that addresses are a most precarious and equivocal mode of collecting the sense of a nation. They are usually voted in a tumultuous and summary manner ; they are carried along by the tide of party ; and the signatures annexed to them are obtained by indirect and accidental methods, while multitudes of bystanders, unless upon some extraordinary occasion, remain ignorant of or indifferent to the transaction. Power of a majority.
Lastly, if government be founded in the consent of the people, it can have no power over any individual by whom that consent is refused. If a tacit consent be not sufficient, still less can I be deemed to have consented to a measure upon which I put an express negative. This immediately follows from the observations of Rousseau. If the people, or the individuals of whom the people is constituted, cannot delegate their authority to a representative ; neither can any individual delegate his authority to a majority, in an assembly of which he is himself a member. The rules by which my actions shall be directed are matters of a consideration entirely personal ; and no man can transfer to another the keeping of his conscience and the 149 judging of his duties. But this brings us back to the point from which we set | out. No consent of ours can divest us of our moral capacity. This is a species of property which we can neither barter nor resign ; and of consequence it is impossible for any government to derive its authority from an original contract.
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«La souveraineté, ne peut être représentée, par la même raison qu 'elle ne peut être alienée ; elle consiste essentiellement dans la volonté générale, et la volonté ne se représente point : elle est la même, ou elle est autre ; il n'y a point de milieu. Les députés du peuple ne sont donc point ses représentons, ils ne sont que ses commissaires ; ils ne peuvent rien conclure définitivement. Toute loi que le peuple en personne n 'a pas ratifiée, est nulle ; ce n 'est point une loi.» Du Contrat Social. Liv. III. Chap. XV.
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Chap. III. Of Promises.
The validity of promises examined. - Shewn to be inconsistent with justice. - To be foreign to the general good. - Of the expectation excited. - The fulfilling expectation does not imply the validity of a promise. - Conclusion. The validity of promises examined. The whole principle of an original contract proceeds upon the obligation under which we are placed to observe our promises. The reasoning upon which it is founded is, «that we have promised obedience to government, and therefore are bound to obey.» It may consequently be proper to enquire into the nature of this obligation to observe our promises. Shewn to be inconsistent with justice:
We have already established justice as the sum of moral and political duty. Is justice then in its own nature precarious or immutable ? Surely immutable. As long as men are men, the conduct I am bound to observe respecting them must remain the same. A good man must always be the proper object of my support and cooperation ; vice of my censure ; and the vicious man of instruction and reform. 151 What is it then to which the obligation of a promise applies ? What I have promised is either right, or wrong, or indifferent. There are few articles of human conduct that fall under the latter class ; and the greater shall be our improvements in moral science the fewer still will they appear. Omitting these, let us then consider only the two preceding classes. «1 have promised to do something just and right.» This certainly I ought to perform. Why ? Not because I promised, but because justice prescribes it. «1 have promised to bestow a sum of money upon some good and respectable purpose. In the interval between the promise and my fulfilling it, a greater and nobler purpose offers itself, and calls with an imperious voice for my cooperation.» Which ought I to prefer ? That which best deserves my preference. A promise can make no alteration in the case. I ought to be guided by the intrinsic merit of the objects, and not by any external and foreign consideration. No engagements of mine can change their intrinsic claims. All this must be exceedingly plain to the reader who has followed me in my early reasonings upon the nature of justice. If every shilling of our property, every hour of our time and every faculty of our mind, have already received their destination from the principles of immutable justice, promises have no department left upon which for them to decide. Justice it appears therefore ought to be done, whether we have promised it or not. If we discover any thing to be unjust, we ought to abstain from it, 152 with whatever solemnity we have engaged for its perpetration. We were erroneous and vicious when the promise was made ; but this affords no sufficient reason for its performance.
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to be foreign to general good. But it will be said, «if promises be not made, or when made be not fulfilled, how can the affairs of the world be carried on ?» By rational and intelligent beings acting as if they were rational and intelligent. A promise would perhaps be sufficiently innocent, if it were understood merely as declaratory of intention, and not as precluding farther information. Even in this restrained sense however it is far from being generally necessary. Why should it be supposed that the affairs of the world would not go on sufficiently well, though my neighbour could no farther depend upon my assistance than it appeared rational to grant it ? This would be a sufficient dependence if I were honest, nor would he if he were honest desire any thing more. If I were dishonest, if I could not be bound by the reason and justice of the case, it would afford him a slender additional dependence to call in the aid of a principle founded in prejudice and mistake : not to say, that, let it afford ever so great advantage in any particular case, the evil of the immoral precedent would outweigh the individual advantage. It may be farther objected, «that this principle might be sufficiently suited to a better and more perfect state of society, but that at present there are dishonest 153 members of the community, | who will not perform their duty, if they be not bound to it by some grosser motive, than the mere moral consideration.» Be it so. This is a question altogether different from that we have been examining. We are not now enquiring whether the community ought to animadvert upon the errors of its members. This animadversion the upright man is not backward to encounter, and willingly risks the penalty, which the society (for the society is more competent to ascertain the just amount of the penalty than the preceding caprice of the parties) has awarded in cases apparently similar, if he conceive that his duty requires from him that risk. Of the expectation excited. But to return to the case of promises. I shall be told, that, «in choosing between two purposes about which to employ my money, my time or my talents, my promise may make an essential difference, and therefore having once been given ought to be fulfilled. The party to whom it was made has had expectations excited in him, which I ought not to disappoint; the party to whom I am under no engagement has no such disappointment to encounter.» What is this tenderness to which I am bound, this expectation I must not dare to disappoint ? An expectation that I should do wrong, that I should prefer a less good to a greater, that I should commit absolute evil; for such must be the result when the balance has been struck. «But his expectation has 154 altered the nature of his situation, has engaged him in | undertakings from which he would otherwise have abstained.» Be it so. He and all other men will be taught to depend more upon their own exertions, and less upon the assistance of others, which caprice may refuse, or justice oblige me to withhold. He and all others will be taught to acquire such merit, and to engage in such pursuits, as shall oblige every honest man to come to their succour, if they should stand in need of assistance. The resolute execution of justice, without listening to that false pity, which, to do imaginary kindness to one, would lead us to injure the whole, would in a thousand ways increase the independence, the energies and the virtue of mankind.
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The fulfilling expectation does not imply the validity of a promise. Let us however suppose, «that my conduct ought to be influenced by this previous expectation of the individual.» Let us suppose, «that, in selecting an individual for a certain office, my choice ought not to be governed merely by the abstract fitness of the candidates, but that I ought to take into the account the extreme value of the appointment from certain circumstances to one of the candidates, and its comparative inutility to the other.» Let us farther suppose, «that the expectation excited in one of them has led him into studies and pursuits to qualify himself for the office, which will be useless if he do not succeed to it; and that this is one of the considerations which ought to govern my determination.» - All this does not come up to what we have been taught respecting the obligation of a promise. 155 For, first, it may be observed, that it seems to be of little consequence in this statement, whether the expectation were excited by a direct promise or in some other manner, whether it were excited by a declaration of mine or of a third person, or lastly, whether it arose singly out of the reason of the case and the pure deductions and reflections of the expecter's mind. Upon every one of these suppositions his conduct, and the injury he may sustain from a disappointment, will remain the same. Here then all that has been commonly understood by the obligation of a promise is excluded. The motive to be attended to, flows from no solemn engagement of mine, but from an incidental consequence of my declaration, and which might just as easily have been the consequence of many other circumstances. The consideration by which it becomes me to be influenced is, not a regard for veracity, or a particular desire to preserve my integrity, both of which are in reality wholly unconcerned in the transaction, but an attention to the injury to be sustained by the losing candidate, whatever might be the original occasion of the conduct out of which the injury has proceeded. Let us take an example of a still simpler nature. «1 live in Westminster; and I engage to meet the captain of a ship from Blackwal at the Royal Exchange. My engagement is of the nature of information to him, that I shall be at the Exchange at a certain hour. He accordingly lays aside his other business, and comes thither to 156 meet me.» This is a reason why I should | not fail him unless for some very material cause. But it would seem as if the reason why I should not fail him would be equally cogent, if I knew from any other source that he would be there, and that a quantity of convenience equal to the quantity upon the former supposition would accrue from my meeting him. It may be said, «that it is essential to various circumstances of human intercourse, that we should be able to depend on each other for a steady adherence to engagements of this fort.» The statement however would be somewhat more accurate if we said, «that it was essential to various circumstances of human intercourse, that we should be known to bestow a steady attention upon the quantities of convenience or inconvenience, of good or evil, that might arise to others from our conduct.»
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Conclusion. It is undoubtedly upon this hypothesis a part o f or duty to make as f e w promises or declarations exciting appropriate expectations as possible. He w h o lightly gives to another the idea that he will govern himself in his future conduct, not by the v i e w s that shall be present to his mind when the conduct shall come to be determined on, 5 but by the view he shall be able to take of it at some preceding period, is vicious in so doing. But the obligation he is under respecting his future conduct is, to act justly, and not, because he has committed one error, for that reason to become guilty o f a second.
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Chap. IV. Of Political Authority.
Common deliberation the true foundation of government - proved from the equal claims of mankind - from the nature of our faculties - from the object of government - from the effects of common deliberation. - Delegation vindicated. - Difference between the doctrine here maintained and that of a social contract apparent - from the merely prospective nature of the former - from the nullity of promises - from the fallibility of deliberation. Conclusion. Having rejected the hypotheses that have most generally been adduced to account for the origin of government consistently with the principles of moral justice, let us enquire whether we may not arrive at the same object, by a simple investigation of the obvious reason of the case, without having recourse to any refinement of system or fiction of process. Common deliberation the true foundation of government: Government then being introduced for the reasons already assigned, the first and most important principle that can be imagined relative to its form and structure, seems to be this; that, as | government is a transaction in the name and for the benefit of the whole, every member of the community ought to have some share in its administration. The arguments in support of this proposition are various. proved from the equal claims of mankind :
1. It has already appeared that there is no criterion perspicuously designating any one man or set of men to preside over the rest. from the nature of our faculties :
2. All men are partakers of the common faculty reason, and may be supposed to have some communication with the common preceptor truth. It would be wrong in an affair of such momentous concern, that any chance for additional wisdom should be rejected ; nor can we tell in many cases till after the experiment how eminent any individual may one day be found in the business of guiding and deliberating for his fellows. from the object of government:
3. Government is a contrivance instituted for the security of individuals ; and it seems both reasonable that each man should have a share in providing for his own security, and probable that partiality and cabal should by this means be most effectually excluded.
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from the effects of common deliberation. 4. Lastly, to give each man a voice in the public concerns comes nearest to that admirable idea of which we should never lose sight, the uncontrolled exercise of private judgement. Each man would thus be inspired with a consciousness of his 159 own import|ance, and the slavish feelings that shrink up the soul in the presence of 5 an imagined superior would be unknown. Admitting then the propriety of each man having a share in directing the affairs of the whole in the first instance, it seems necessary that he should concur, in electing a house of representatives, if he be the member of a large state ; or, even in a small one, that he should assist in the appointment of officers and administrators ; which io implies, first, a delegation of authority to these officers, and, secondly, a tacit consent, or rather an admission of the necessity, that the questions to be debated should abide the decision of a majority. Delegation vindicated.
But to this system of delegation the same objections may be urged, that were cited from Rousseau in the chapter of the Social Contract. It may be alleged that, «if it be the business of every man to exercise his own judgment, he can in no instance surrender this function into the hands of another.» To this objection it may be answered, first, that the parallel is by no means complete between an individual's exercise of his judgment in a case that is truly his own, and his exercise of his judgment in an article where the necessity and province of government are already admitted. Wherever there is a government, there must be 160 a will superseding that of individuals. It is absurd | to expect that every member of a society should agree with every other member in the various measures it may be found necessary to adopt. The same necessity, that requires the introduction of force to suppress injustice on the part of a few, requires that the sentiments of the majority should direct that force, and that the minority should either secede, or patiently wait for the period when the truth on the subject contested shall be generally understood. Secondly, delegation is not, as at first sight it might appear to be, the act of one man committing to another a function, which strictly speaking it became him to exercise for himself. Delegation, in every instance in which it can be reconciled with justice, is an act which has for its object the general good. The individuals to whom the delegation is made, are either more likely from talents or leisure to perform the function in the most eligible manner, or at least there is some public interest requiring that it should be performed by one or a few persons, rather than by every individual for himself. This is the case, whether in that first and simplest of all delegations the prerogative of a majority, or in the election of a house of representatives, or in the appointment of public officers. Now all contest as to the person who shall exercise a certain function, and the propriety of resigning it, is frivolous, the moment it is decided how and by whom it can most advantageously be exerci161 sed. It is of no consequence | that I am the parent of a child, when it has once been ascertained that the child will receive greater benefit by living under the superintendence of a stranger.
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Lastly, it is a mistake to imagine that the propriety of restraining me when my conduct is injurious, rises out of any delegation of mine. The justice of employing force when every other means was insufficient, is even prior to the existence of society. Force ought never to be resorted to but in cases of absolute necessity ; and, when such cases occur, it is the duty of every man to defend himself from violation. There is therefore no delegation necessary on the part of the offender; but the community in the censure it exercises over him stands in the place of the injured party. Difference between the doctrine here maintained
and that of a social contract apparent: It may perhaps by some persons be imagined, that the doctrine here delivered of the justice of proceeding in common concerns by a common deliberation, is nearly coincident with that other doctrine which teaches that all lawful government derives its authority from a social contract. Let us consider what is the true difference between them. from the merely prospective nature of the former :
In the first place, the doctrine of common deliberation is of a prospective, and not a retrospective nature. Is the question respecting some future measure to be adopted in 162 behalf of the community ? Here the obligation to deliberate in common presents itself, as eminently to be preferred to every other mode of deciding upon the interests of the whole. Is the question whether I shall yield obedience to any measure already promulgated ? Here I have nothing to do with the consideration of how the measure originated ; unless perhaps in a country where common deliberation has in some sort been admitted as a standing principle, and where the object may be to resist an innovation upon this principle. In the case of ship money under king Charles the first, it was perhaps fair to resist the tax, even supposing it to be abstractedly a good one, upon account of the authority imposing i t ; though that reason might be insufficient, in a country unused to representative taxation. Exclusively of this consideration, no measure is to be resisted on account of the irregularity of its derivation. If it be just, it is entitled both to my chearful submission and my zealous support. So far as it is deficient in justice, I am bound to resist. My situation in this respect is in no degree different from what it was previously to all organised government. Justice was at that time entitled to my assent, and injustice to my disapprobation. They can never cease to have the same claims upon me, till they shall cease to be distinguished by the same unalterable properties. The measure of my resistance will however vary with circumstances, and therefore will demand from us a separate examination. 163
from the nullity of promises :
Secondly, the distinction between the doctrine here advanced and that of a social contract will be better understood, if we recollect what has been said upon the nature and validity of promises. If promise be in all cases a fallacious mode of binding a man to a specific mode of action, then must the argument be in all cases impertinent, that I consented to such a decision, and am therefore bound to regulate myself
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accordingly. It is impossible to imagine a principle of more injurious tendency, than that which shall teach me to disarm my future wisdom by my past folly, and to consult for my direction the errors in which my ignorance has involved me, rather than the code of eternal truth. So far as consent has any validity, abstract justice becomes a matter of pure indifference : so far as justice deserves to be made the guide of my life, it is in vain to endeavour to share its authority with compacts and promises. from the fallibility of deliberation. We have found the parallel to be in one respect incomplete between the exercise of these two functions, private judgment and common deliberation. In another respect the analogy is exceedingly striking, and considerable perspicuity will be given to our ideas of the latter by an illustration borrowed from the former. In the one case as in the other there is an obvious principle of justice in favour of the general exercise. No individual can arrive at any degree of moral or intellectual improvement, unless in 164 the use of an independent judgment. No state | can be well or happily administered, unless in the perpetual use of common deliberation respecting the measures it may be requisite to adopt. But, though the general exercise of these faculties be founded in immutable justice, justice will by no means uniformly vindicate the particular application of them. Private judgment and public deliberation are not themselves the standard of moral right and wrong ; they are only the means of discovering right and wrong, and of comparing particular propositions with the standard of eternal truth. Conclusion. Too much stress has undoubtedly been laid upon the idea, as of a grand and magnificent spectacle, of a nation deciding for itself upon some great public principle, and of the highest magistracy yielding its claims when the general voice has pronounced. The value of the whole must at last depend upon the quality of their decision. Truth cannot be made more true by the number of its votaries. Nor is the spectacle much less interesting, of a solitary individual bearing his undaunted testimony in favour of justice, though opposed by misguided millions. Within certain limits however the beauty of the exhibition must be acknowledged. That a nation should dare to vindicate its function of common deliberation, is a step gained, and a step that inevitably leads to an improvement of the character of individuals. That men should unite in the assertion of truth, is no unpleasing evidence of their virtue. 165 Lastly, than an individual, however great | may be his imaginary elevation, should be obliged to yield his personal pretensions to the sense of the community, at least bears the appearance of a practical confirmation of the great principle, that all private considerations must yield to the general good.
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Chap. V. Of Legislation.
Society can declare and interpret, but cannot enact. - Its authority only executive. Having thus far investigated the nature of political functions, it seems necessary that some explanation should be given in this place upon the subject of legislation. Who is it that has the authority to make laws ? What are the characteristics by which that man or body of men is to be known, in whom the faculty is vested of legislating for the rest ? Society can declare and interpret, but cannot enact.
To these questions the answer is exceedingly simple: Legislation, as it has been usually understood, is not an affair of human competence. Reason is the only legislator, and her decrees are irrevocable and uniform. The functions of society extend, not to the making, but the interpreting of law ; it cannot decree, it can only declare that, which the nature of things has already decreed, and the propriety of which irresistibly flows from the circumstances of the case. Montesquieu says, that «in a 167 free | state every man will be his own legislator".» This is not true, setting apart the functions of the community, unless in the limited sense already explained. It is the office of conscience to determine, «not like an Asiatic cadi, according to the ebbs and flows of his own passions, but like a British judge, who makes no new law, but faithfully declares that law which he finds already written''.» Its authority only executive.
The same distinction is to be made upon the subject of authority. All political power is strictly speaking executive. It has appeared to be necessary, with respect to men as we at present find them, that force should sometimes be employed in repressing injustice ; and for the same reasons it appears that this force should as far as possible be vested in the community. To the public support of justice therefore the authority of the community extends. But no sooner does it wander in the smallest degree from the great line of justice, that its authority is at an end, it stands upon a level with the obscurest individual, and every man is bound to resist its decisions.
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Dans un état libre, tout homme qui est censé avoir une ame libre, doit être gouverné par Esprit des Loix, Liv. XI. Ch. vi.» Sterne's Sermons. - «On a Good Conscience.»
lui-même.
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Chap. VI. Of Obedience.
Obedience not the correlative of authority. - No man bound to yield obedience to another. - Case of submission considered. - Foundation of obedience. - Usefulness of social communication. - Case of confidence considered. - Its limitations. - Mischief of unlimited confidence. - Subjection explained. Having enquired into the just and legitimate source of authority, we will next turn our attention to what has usually been considered as its correlative, obedience. This has always been found a subject of peculiar difficulty, as well in relation to the measure and extent of obedience, as to the source of our obligation to obey. Obedience not the correlative of authority.
The true solution will probably be found in the observation that obedience is by no means the proper correlative. The object of government, as has been already demonstrated, is the exertion of force. Now force can never be regarded as an appeal to 169 the understanding ; and therefore obedience, which is an | act of the understanding or will, can have no legitimate connection with it. I am bound to submit to justice and truth, because they approve themselves to my judgment. I am bound to co-operate with government, as far as it appears to me to coincide with these principles. But I submit to government when I think it erroneous, merely because I have no remedy. No man bound to yield obedience to another.
No truth can be more simple, at the same time that no truth has been more darkened by the glosses of interested individuals, than that one man can in no case be bound to yield obedience to any other man or set of men upon earth. There is one rule to which we are universally bound to conform ourselves, justice, the treating every man precisely as his usefulness and worth demand, the acting under every circumstance in the manner that shall procure the greatest quantity of general good. When we have done thus, what province is there left to the disposal of obedience ? Case of submission considered. I am summoned to appear before the magistrate to answer for a libel, an imaginary crime, an act which perhaps I am convinced ought in no case to fall under the animadversion of law. I comply with this summons. My compliance proceeds, perhaps from a conviction that the arguments I shall exhibit in the court form the best 170 resistance I can give to his injustice, or perhaps | from perceiving that my non-compliance would frivolously and without real use interrupt the public tranquillity. A quaker refuses to pay tithes. He therefore suffers a tithe proctor to distrain upon his goods. In this action morally speaking he does wrong. The distinction he makes
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is the argument of a mind that delights in trifles. That which will be taken from me by force, it is no breach of morality to deliver with my own hand. The money which the robber extorts from me, I do not think it necessary to oblige him to take from my person. If I walk quietly to the gallows, this does not imply my consent to be hanged. In all these cases there is a clear distinction between my compliance with justice and my compliance with injustice. I conform to the principles of justice, because I perceive them to be intrinsically and unalterably right. I yield to injustice, though I perceive that to which I yield to be abstractedly wrong, and only choose the least among inevitable evils. Foundation of obedience. The case of volition, as it is commonly termed, seems parallel to that of intellect. You present a certain proposition to my mind, to which you require my assent. If you accompany the proposition with evidence calculated to shew the agreement 171 between the terms of which it consists, you may obtain my assent. | If you accompany the proposition with authority, telling me that you have examined it and find it to be true, that thousands of wise and disinterested men have admitted it, that angels or Gods have affirmed it, I may assent to your authority ; but, with respect to the proposition itself, my understanding of its reasonableness, my perception of that in the proposition which strictly speaking constitutes its truth or its falshood, remain just as they did. I believe something else, but I do not believe the proposition. Just so in morals. I may be persuaded of the propriety of yielding compliance to a requisition the justice of which I cannot discern, as I may be persuaded to yield compliance to a requisition which I know to be unjust. But neither of these requisitions is strictly speaking a proper subject of obedience. Obedience seems rather to imply the unforced choice of the mind and assent of the judgment. But the compliance I yield to government, independently of my approbation of its measures, is of the same species as my compliance with a wild beast, that forces me to run north, when my judgment and inclination prompted me to go south. Usefulness of social communication.
But, though morality in its purest construction altogether excludes the idea of one man's yielding obedience to another, yet the greatest benefits will result from mutual communication. There is scarcely any man, whose communications will not 172 sometimes enlighten my judgment and rectify my conduct. But the persons to whom it becomes me to pay particular attention in this respect, are not such as may exercise any particular magistracy, but such, whatever may be their station, as are wiser or better informed in any respect than myself. Case of confidence considered. There are two ways in which a man wiser than myself may be of use to me ; by the communication of those arguments by which he is convinced of the truth of the judgments he has formed ; and by the communication of the judgments themselves independent of argument. This last is of use only in respect to the narrowness of our own understandings, and the time that might be requisite for the acquisition of a
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science of which we are at present ignorant. On this account I am not to be blamed, if I employ a builder to construct me a house, or a mechanic to sink me a well; nor should I be liable to blame, if I worked in person under their direction. In this case, not having opportunity or ability to acquire the science myself, I trust to the science of another. I choose from the deliberation of my own judgment the end to be pursued ; I am convinced that the end is good and commendable ; and, having done this, I commit the selection of means to a person whose qualifications are superior to my own. The confidence reposed in this instance is precisely of the nature of delegation in general. No term surely can be more unapt than that of obedience, to express our duty towards the overseer we have appointed in our affairs. 173 Similar to the confidence I repose in a skilful mechanic is the attention which ought to be paid to the commander of an army. It is my duty in the first place to be satisfied of the goodness of the cause, of the propriety of the war, and of the truth of as many general propositions concerning the conduct of it, as can possibly be brought within the sphere of my understanding. It may well be doubted whether secrecy be in any degree necessary to the conduct of war. It may be doubted whether treachery and surprise are to be classed among the legitimate means of defeating our adversary. But after every deduction has been made for considerations of this sort, there will still remain cases, where something must be confided, as to the plan of a campaign or the arrangement of a battle, to the skill, so far as that skill really exists, of the commander. When he has explained both to the utmost of his ability, there may remain parts, the propriety of which I cannot fully comprehend, but which I have sufficient reason to confide to his judgment. Its limitations. This doctrine however of limited obedience, or, as it may more properly be termed, of confidence and delegation, ought to be called into action as seldom as possible. Every man should discharge to the utmost practicable extent the duties which arise from his situation. If he gain as to the ability with which they may be discharged, when he delegates them to another, he loses with respect to the fidelity ; every one being conscious of the sincerity of his own intention, and no one having equal proof 174 of that of another. A virtuous man will not fail to perceive the obligation under which he is placed to exert his own understanding, and to judge for himself as widely as his circumstances will permit. Mischief of unlimited confidence. The abuse of the doctrine of confidence has been the source of more calamities to mankind than all the other errors of the human understanding. Depravity would have gained little ground in the world, if every man had been in the exercise of his independent judgment. The instrument by which extensive mischiefs have in all ages been perpetrated has been the principle of many men being reduced to mere machines in the hands of a few. Man, while he consults his own understanding, is the ornament of the universe. Man, when he surrenders his reason, and becomes the partisan of implicit faith and passive obedience, is the most mischievous of all animals. Ceasing to examine every proposition that comes before him for the direction of his conduct, he is no longer the capable subject of moral instruction. He is, in
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the instant of submission, the blind instrument of every nefarious purpose of his principal; and, when left to himself, is open to the seduction of injustice, cruelty and profligacy. Subjection explaned. These reasonings lead to a proper explanation of the word subject. If by the subject 5 of any government we mean a person whose duty it is to obey, the true inference from the preceding principles is, that no government has any subjects. If on the 175 contrary we mean a person, whom the government is bound to protect, or may justly restrain, the word is sufficiently admissible. This remark enables us to solve the long-disputed question, what it is that constitutes a man the subject of any govern- 10 ment. Every man is in this sense a subject, whom the government is competent to protect on the one hand, or who on the other, by the violence of his proceedings, renders force requisite to prevent him from disturbing that community, for the preservation of whose peace the government is instituted.
Book III, Chapter VI-, Appendix
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Appendix.
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Moral principles frequently elucidated by incidental reflection - by incidental passages in various authors. - Example. Moral principles frequently elucidated by incidental reflection :
It will generally be found that, even where the truth upon any subject has been most industriously obscured, its occasional irradiations have not been wholly excluded. The mind has no sooner obtained evidence of any new truth, especially in the science of morals, but it recollects numerous intimations of that truth which have occasionally suggested themselves, and is astonished that a discovery which was perpetually upon the eve of being made, should have been kept at a distance so long. by incidental passages in various authors. This is eminently the case in the subject of which we are treating. Those numerous passages in poets, divines" and philosophers, which have placed our unalterable duty in the strongest contrast with the precarious authority of a superior, and have taught us to disclaim all subordination to the latter, have always been received by the ingenuous mind with a tumult of applause. There is indeed no species of com177 position, in which the seeds of | a morality too perfect for our present improvements in science, may more reasonably be expected to discover themselves, than in works of imagination. When the mind shakes off the fetters of prescription and prejudice, when it boldly takes a slight into the world unknown, and employs itself in search of those grand and interesting principles which shall tend to impart to every reader the glow of enthusiasm, it is at such moments that the enquiring and philosophical reader may expect to be presented with the materials and rude sketches of intellectual improvement''.
" b
«Be not afraid of them that kill the body, and after that have no more that they can do.» Luke, Ch. XII. Ver. 4. This was the opinion of the celebrated Mr. Hirgot. «He thought that the moral sentiments of mankind might be considerably strengthened, and the perception of them rendered more delicate and precise, either by frequent exercise, or the perpetually subjecting them to the anatomy of a pure and enlightened understanding. For this reason he considered romances as holding a place among treatises of morality, and even as the only books in which he was aware of having seen moral principles treated in an impartial manner.» « M. Turgot pensoit qu 'on peut parvenir à fortifier dans les hommes leurs sentimens moraux, à les rendre plus délicats et plus justes, soit par l'exercice de ces sentimens, soit en apprenant à les soumettre à l'analyse d'une raison saine et éclairée. C'est par ce motif qu'il regardoit les romans comme des livres de morale, et même, disoit-il, comme les seuls où il eût vu de la morale.» Vie de M. Turgot, par M. de Condorcet.
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Example.
Among the many passages from writers of every denomination that will readily suggest themselves under this head to a well informed mind, we may naturally recollect the spirited reasoning of young Norval in the tragedy of Douglas, when he is called upon by lord Randolph to state the particulars of a contest in which he is engaged, that lord Randolph may be able to decide between the disputants. «Nay, my good lord, thoug I revere you much, My cause I plead not, nor demand your judgment. To the liege lord of my dear native land I owe a subject's homage ; but even him And his high arbitration I reject. Within my bosom reigns another lord Honour ; sole judge and umpire of itself.»
ACT - IV
Nothing can be more accurate than a considerable part of the philosophy of this passage. The term «honour» indeed has been too much abused, and presents to the mind too fantastical an image, to be fairly descriptive of that principle by which the actions of every intellectual being ought to be regulated. The principle to which it behoves us to attend, is the internal decision of our own understanding ; and nothing can be more evident than that the same reasoning, which led Norval to reject the authority of his sovereign in the quarrels and disputes in which he was engaged, ought to have led him to reject it as the regulator of any of his actions, and of consequence to abjure that homage which he sets out with reserving. Virtue cannot possibly be measured by the judgment and good pleasure of any man with whom we are concerned.
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Chap. VII. Of Forms of Government.
Argument in favour of a variety of forms - compared with the argument in favour of a variety of religious creeds. - That there is one best form of government proved - from the unity of truth - from the nature of man. Objection from human weakness and prejudice. - Danger in establishing an imperfect code. - Manners of nations produced by their forms of government. - Gradual improvement necessary. - Simplicity chiefly to be desired. - Publication of truth the grand instrument - by individuals, not by government - the truth entire, and not by parcels. - Sort of progress to be desired. Argument in favour of a variety of forms :
A proposition that many political reasoners has been vehemently maintained, is that of the propriety of instituting different political governments suited to the characters, the habits and prejudices of different nations. «The English constitution,» say these reasoners, «is adapted to the thoughtful, rough and unsubmitting character of this 180 island race ; the | slowness and complication of Dutch formality to the phlegmatic Hollander ; and the splendour of the grand monarque to the vivacity of Frenchmen. Among the ancients what could be better assorted than a pure democracy to the intellectual acuteness and impetuous energy of the Athenians ; while the hardy and unpolished Spartan flourished much more under the rugged and inflexible discipline of Lycurgus ? The great art of the legislator is to penetrate into the true character of the nation which whom he is concerned, and to discover the exact structure of government which is calculated to render the nation flourishing and happy.» According an Englishman who should reason upon these postulata might say, «It is not necessary I should assert the English constitution to be happiest and sublimest conception of the human mind ; I do not enquire into the abstract excellence of that government under which France made herself illustrious for centuries. I contemplate with enthusiasm the venerable republics of Greece and Rome. But I am an enemy to the removing ancient land-marks, and disturbing with our crude devices the wisdom of ages. I regard with horror the Quixote plan, that would reduce the irregular greatness of nations to the frigid and impracticable standard of metaphysical accuracy".» 181 This question has been anticipated in various parts of the present work ; but the argument is so popular and plausible to a superficial view, as justly to entitle it to a separate examination. " These arguments bear some resemblance to those of Mr. Burke. It was not necessary that they should do so precisely, or that we should take advantage of the argumentum ad hominem built upon his fervent admiration of the English constitution. Not to say that we shall feel ourselves more at our ease in examining the question generally, than in a personal attack upon this illustrious and virtuous hero of former times.
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An Enquiry Concerning Political Justice
compared with the argument in favour of a variety of religious creeds. The idea bears some resemblance to one which was formerly insisted upon by certain latitudinarians in religion. «It is impious,» said they, «to endeavour to reduce all men to uniformity of opinion upon this subject. Men's minds are as various as their faces. God has made them so ; and it is to be presumed that he is well pleased to be addressed in different languages, by different names, and with the consenting ardour of disagreeing sects.» Thus did these reasoners confound the majesty of truth with the deformity of falshood ; and suppose that that being who was all truth, took delight in the errors, the absurdities, and the vices, for all falshood in some way or other engenders vice, of his creatures. At the same time they were employed in unnerving that activity of mind, which is the single source of human improvement. If truth and falshood be in reality upon a level, I shall be very weakly employed in a strenuous endeavour either to discover truth for myself, or to impress it upon others. That there is one best form of government proved : from the unity of truth :
182 Truth is in reality single and uniform. There must in the | nature of things be one best form of government, which all intellects, sufficiently roused from the slumber of savage ignorance, will be irresistibly incited to approve. If an equal participation of the benefits of nature be good in itself, it must be good for you and me and all mankind. Despotism may be of use to keep human beings in ignorance, but can never conduce to render them wise or virtuous or happy. If the general tendency of despotism be injurious, every portion and fragment of it must be a noxious ingredient. Truth cannot be so variable, as to change its nature by crossing an arm of the sea, a petty brook or an ideal line, and become falshood. On the contrary it is at all times and in all places the same. from the nature of man.
The subject of legislation is every where the same, man. The points in which human beings resemble are infinitely more considerable than those in which they differ. We have the same senses, the same inlets of pleasure and pain, the faculty to reason, to judge and to infer. The same causes that make me happy will make you happy. We may differ in our opinions upon this subject at first, but the difference is only in prejudice, and is by no means invincible. An event may often conduce most to the benefit of a human being, which is erroneous judgement perhaps regarded with least complacency. A wise superintendent of affairs would pursue with steady attention the real advantage of those over whom he presided, careless of the temporary dis183 approbation he incurred, and which would last no | longer than the partial and misguided apprehension from which it flowed. Is there a country in which a prudent director of education would propose some other object for his labours than to make his pupil temperate and just and wise ? Is there a climate that requires its inhabitants to be hard drinkers or horse-jockies or gamesters, rather than men ? Can there be a corner of the world, where the lover of justice and truth would find himself out of his element and useless ? If no ; then liberty must be every where better than slavery, and the government of rectitude and impartiality better than the government of caprice.
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Objection from human weakness and prejudice.
But to this it may be objected that «men may not be every where capable of liberty. A gift however valuable in itself, if it be intended to be beneficial, must be adapted to the capacity of their receiver. In human affairs every thing must be gradual, and it is contrary to every idea that experience furnishes of the nature of mind to expect to advance men to a state of perfection at once. It was in a spirit somewhat similar to this, that Solon, the Athenian lawgiver, apologised for the imperfection of his code, saying, «that he had not sought to promulgate such laws as were good in themselves, but such as his countrymen were able to bear.» Danger in establishing an imperfect code.
The experiment of Solon seems to be of a dangerous nature. A code, such as his, bid 184 fair for permanence, and does not | appear to have contained in it a principle of improvement. He did not meditate that gradual progress which was above described, nor contemplate in the Athenians of his own time, the root from which were to spring the possible Athenians of some future period, who might realise all that he was able to conceive of good sense, fortitude and virtue. His institutions were rather calculated to hold them down in perpetuity to one certain degree of excellence and no more. Manners of nations produced by their forms of government.
This suggestion furnishes us with the real clue to that striking coincidence between the manners of a nation and the form of its government, which was mentioned in the beginning of the chapter, and which has furnished so capital an argument to the advocates for the local propriety of different forms of government. It was in reality somewhat illogical in these reasoners to employ this as an argument upon the subject, without previously ascertaining which of the two things was to be regarded as a cause and which as an effect, whether the government arose out of the manners of the nation, or the manners of the nation out of the government. The last of these statements appears upon the whole to be nearest to the fact. The government may be indebted for its existence to accident or force. Revolutions, as they have most frequently taken place in the world, are epochas, in which the temper and wishes of a nation are least consulted". When it is otherwise, still the real effect of the govern185 ment | which is instituted, is to perpetuate propensities and sentiments, which without its operation would speedily have given place to other propensities. Upon every supposition, the existing correspondence between national character and national government will be found in a just consideration to arise out of the latter. Gradual improvement necessary. The principle of gradual improvement advanced in the last cited objection must be admitted for true; but then it is necessary, while we adopt it, that we should not suffer ourselves to act in direct opposition to i t ; and that we should choose the best and most powerful means for forwarding that improvement.
See Hume's Essays. Part II. Essay xii.
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Simplicity chiefly to be desired. Man is in a state of perpetual progress. He must grow either better or worse, either correct his habits or confirm them. The government proposed must either increase our passions and prejudices by fanning the flame, or by gradually discouraging tend to extirpate them. In reality, it is sufficiently difficult to imagine a government that shall have the latter tendency. By its very nature political institution has a tendency to suspend the elasticity, and put an end to the advancement of mind. Every scheme for embodying imperfection must be injurious. That which is to-day a considerable melioration, will at some future period, if preserved unaltered, appear a defect and disease in the body politic. It were earnestly to be desired that each man was wise enough to govern himself without the intervention of any compulsory restraint; and, 186 since government even its best state is | an evil, the object principally to be aimed at is, that we should have as little of it as the general peace of human society will permit. Publication of truth the grand instrument:
by individuals, not by government: But the grand instrument for forwarding the improvement of minds is the publication of truth. Not the publication on the part of government; for it is infinitely difficult to discover infallibly what the truth is, especially upon controverted points, and government is as liable as individuals to be mistaken in this respect. In reality it is more liable ; for the depositaries of government have a very obvious temptation to desire, by means of ignorance and implicit faith, to perpetuate the existing state of things. The only substantial method for the propagation of truth is discussion, so that the errors of one man may be detected by the acuteness and severe disquisition of his neighbours. All we have to demand from the officers of government, at least in their public character, is neutrality, the intervention of authority in a field proper to reasoning and demonstration is always injurious. If on the right side, it can only discredit truth, and call off the attention of men to a foreign consideration. If on the wrong, though it may not be able to suppress the spirit of enquiry, it will have a tendency to convert the calm pursuit of knowledge into passion and tumult. the truth entire, and not by parcels. «But in what manner shall the principles of truth be communicated so as best to lead 187 the practice ? By shewing to man|kind truth in all its evidence, or concealing one half of it ? Shall they be initiated by a partial discovery, and thus led on by regular degrees to conclusions that would at first have wholly alienated their minds ?» This question will come to be more fully discussed in a following chapter. In the mean time let us only consider for the present the quantity of effect that may be expected from these opposite plans. An inhabitant of Turkey or Morocco may perhaps be of opinion, that the vesting power in the arbitrary will or caprice of an individual has in it more advantages than disadvantages. If I be desirous to change his opinion, should I undertake to recommend to him in animated language some modification of this caprice ? I should attack it in its principle. If I do otherwise, I shall betray the strength of my cause. The principle opposite to his own, will not possess half the irresistible force which I
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could have given to it. His objections will assume vigour. The principle I am maintaining being half truth and half falshood, he will in every step of the contest possess an advantage in the offensive, of which, if he be sufficiently acute, I can never deprive him. Now the principle I should have to explain of equal law and equal justice to the 188 inhabitant of Morocco, would be as new to | him, as any principle of the boldest political description that I could propagate in this country. Whatever apparent difference may exist between the two cases, may fairly be suspected to owe its existence to the imagination of the observer. The rule therefore which suggests itself in the case is fitted for universal application. Sort of progress to be desired. As to the improvements which are to be introduced into the political system, their quantity and their period must be determined by the degree of knowledge existing in any country, and the state of preparation of the public mind for the changes that are to be desired. Political renovation may strictly be considered as one of the stages in intellectual improvement. Literature and disquisition cannot of themselves be rendered sufficiently general; it will be only the cruder and grosser part that can be expected to descend in their genuine form to the multitude ; while those abstract and bold speculations in which the value of literature principally consists, must necessarily continue the portion of the favoured few. It is here that social institution offers itself in aid of the abstruser powers of argumentative communication. As soon as any important truth has become established to a sufficient extent in the minds of the enterprising and the wife, if may tranquilly and with ease be rendered a part of the general system ; since the uninstructed and the poor are never the strenuous supporters of those complicated systems by which oppression is maintained ; and since 189 they have an obvious in|terest in the practical introduction of simplicity and truth. One valuable principle being thus realised, prepares the way for the realising of more. It serves as a resting-place to the human mind in its great business of exploring the regions of truth, and gives it new alacrity and encouragement for farther exertions.
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Book IV. Miscellaneous Principles.
Chap. I. Of Resistance. Every individual the judge of his own resistance. - Objection. - Answered from the nature of government - from the modes of resistance. - 1. Force rarely to be employed - either where there is small prospect of success - or where the prospect is great. - History of Charles the first estimated. - 2. Reasoning the legitimate mode. Every individual the judge of his own resistance. It has appeared in the course of our reasonings upon political authority, that every man is bound to resist every unjust proceeding on the part of the community. But 192 who is the | judge of this injustice ? The question answers itself: the private judgement of the individual. Were it not so, the appeal would be nugatory, for we have no infallible judge to whom to refer our controversies. He is obliged to consult his own private judgement in this case, for the same reason that obliges him to consult it in every other article of his conduct. Objection.
«But is not this position necessarily subversive of all government ? Can there be a power to rule, where no man is bound to obey ; or at least where every man is to consult his own understanding first, and then to yield his concurrence no farther than he shall conceive the regulation to be just ? The very idea of government is that of an authority superseding private judgment; how then can the exercise of private judgment be left entire ? What degree of order is to be expected in a community, where every man is taught to indulge his own speculations, and even to resist the decision of the whole, whenever that decision is opposed to the dictates of his own fancy ?» Answered from the nature of government: The true answer to these questions lies in the observation with which we began our disquisition on government, that this boasted institution is nothing more than a scheme for enforcing by brute violence the sense of one man or set of men upon another, necessary to be employed in certain cases of peculiar emergency. Supposing the question then to lie merely between the force of the community on one part, 193 and the force with | which any individual member should think it incumbent upon him to resist their decisions on the other, it is sufficiently evident that a certain kind of authority and supremacy would be the result. But this is not the true state of the question.
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Justice
It is farther evident, that, though the duty of every man to exercise his private judgment be unalterable, yet so far as relates to practice, wherever government subsists, the exercise of private judgment is substantially intrenched upon. The force put by the community upon those who exercise rapine and injustice, and the influence of that force as a moral motive upon its members in general, are each of them exhibitions of an argument, not founded in general reason, but in the precarious interference of a fallible individual. Nor is this all. Without anticipating the question of the different kinds of resistance and the election that it may be our duty to make of one kind rather than another, it is certain in fact, that my conduct will be materially altered by the foresight that, if I act in a certain manner, I shall have the combined force of a number of individuals to oppose me. That government therefore is the best, which in no one instance interferes with the exercise of private judgment without absolute necessity. from the modes of resistance. 1. Force rarely to be employed, The modes according to which an individual may oppose any measure which his judgment disapproves are of two sorts, action and speech. Shall he upon every 194 occasion have recourse to the | former ? This it is absurd so much as to suppose. The object of every virtuous man is the general good. But how can he be said to promote the general good, who is ready to waste his active force upon every trivial occasion, and sacrifice his life without the chance of any public benefit ? either where there is small prospect of success, «But he reserves himself,» I will suppose, «for some great occasion ; and then, careless as to success, which is a large object only to little minds, generously embarks in a cause where he has no hope but to perish. He becomes the martyr of truth. He believes that such an example will tend to impress the minds of his fellow men, and to rouse them from their lethargy.» The question of martyrdom is of a difficult nature. I had rather convince men by my arguments, than seduce them by my example. It is scarcely possible for me to tell what opportunities for usefulness may offer themselves in the future years of my existence. Nor is it improbable in a general consideration that long and persevering services may be more advantageous than brilliant and transitory ones. The case being thus circumstanced, a truly wise man cannot fail to hesitate as to the idea of offering up his life a voluntary oblation. Whenever martyrdom becomes an indispensible duty, when nothing can preserve him short of the clearest dereliction of principle and the most palpable desertion of 195 truth, he will then meet | it with perfect serenity. He did not avoid it before from any weakness of personal feeling. When it must be encountered, he knows that it is indebted for that lustre which has been so generally acknowledged among mankind, to the intrepidity of the sufferer. He knows that nothing is so essential to true virtue, as an utter disregard to individual advantage. The objections that offer themselves to an exertion of actual force, where there are no hopes of success, are numerous. Such an exertion cannot be made without injury to the lives of more than a single individual. A certain number both of
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enemies and friends must be expected to be the victims of so wild an undertaking. It is regarded by contemporaries, and recorded by history as an intemperate ebullition of the passions ; and serves rather as a beacon to deter others, than as a motive to animate them. It is not the frenzy of enthusiasm, but the calm, sagacious and deliberate effort of reason, to which truth must be indebted for its progress. or where the prospect is great. But let us suppose, «that the prospect of success is considerable, and that there is reason to believe that resolute violence may in no long time accomplish its purpose. « Even here we may be allowed to hesitate. Force has already appeared to be an odious weapon ; and, if the use of it be to be regretted in the hands of government, it does not change its nature though wielded by a band of patriots. If the cause we 196 plead be the cause of truth, | there is no doubt that by our reasonings, if sufficiently zealous and constant, the same purpose may be effected in a milder and more liberal way". In a word, it is proper to recollect here what has been established as to the doctrine of force in general, that it is in no case to be employed but where every other means is ineffectual. In the question therefore of resistance to government, force ought never to be introduced without the most imminent necessity ; never but in circumstances similar to those of defending my life from a ruffian, where time can by no means be gained, and the consequences instantly to ensue are unquestionably fatal. History of Chrles the first estimated.
The history of king Charles the first furnishes an instructive example in both kinds. The original design of his opponents was that of confining his power within narrow and palpable limits. This object, after a struggle of many years, was fully accomplished by the parliament of 1640, without bloodshed (except indeed in the single instance of lord Strafford) and, without commotion. They next conceived the project of overturning the hierarchy and the monarchy of England, in opposition to great numbers, and in the last point no doubt to a majority of their countrymen. Admitting these objects to have been in the utmost degree excellent, they ought not, for the 197 pur|pose of obtaining them, to have precipitated the question to the extremity of a civil war. 2. Reasoning the legitimate mode. «But, since force is scarcely under any circumstances to be employed, of what nature is that resistance which ought constantly to be given to every instance of injustice ?» The resistance I am bound to employ is that of uttering the truth, of censuring in the most explicit manner every proceeding that I perceive to be adverse to the true interests of mankind. I am bound to disseminate without reserve all the principles with which I am acquainted, and which it may be of importance to mankind to know ; and this duty it behoves me to practice upon every occasion and with the most persevering constancy. I must disclose the whole system of moral and "
See this case more fully discussed in the following chapter.
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political truth, without suppressing any part under the idea of its being too bold and paradoxical, and thus depriving the whole of that complete and irresistible evidence, without which its effects must always be feeble, partial and uncertain.
Book IV, Chapter II, Section I
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Chap. II. Of Revolutions.
Section I. Duties of a Citizen. Obligation to support the constitution of our country considered - must arise either from the reason of the case, or from a personal and local consideration. - The first examined. - The second. Obligation to support the constitution of our country considered : No question can be more important than that which respects the best mode of effecting revolutions. Before we enter upon it however, it may be proper to remove a difficulty which has suggested itself to the minds of some men, how far we ought generally speaking to be the friends of revolution ; or, in other words, whether it be justifiable in a man to be the enemy of the constitution of his country. «We live,» it will be said, «under the protection of this constitution ; and protection, being a benefit conferred, obliges us to a reciprocation of support in return.» 199 To this it may be answered, first, that this protection is a very equivocal thing ; and, till it can be shown that the vices, from the effects of which it protects us, are not for the most part the produce of that constitution, we shall never sufficiently understand the quantity of benefit it includes. Secondly, gratitude, as has already been proved", is a vice and not a virtue. Every man and every collection of men ought to be treated by us in a manner founded upon their intrinsic qualities and capacities, and not according to a rule which has existence only in relation to ourselves. Add to this, thirdly, that no motive can be more equivocal than the gratitude here recommended. Gratitude to the constitution, an abstract idea, an imaginary existence, is altogether unintelligible. Affection to my countrymen will be much better proved, by my exertions to procure them a substantial benefit, than by my supporting a system which I believe to be fraught with injurious consequences. must arise either from the reason of the case, or from a personal and local consideration. He who calls upon me to support the constitution must found his requisition upon one of two principles. It has a claim upon my support either because it is good, or because it is British.
"
Book II, chap. ii. p. 83.
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The first examined.
Against the requisition in the first sense there is nothing to object. All that is necessary is to prove the goodness which is ascribed to it. But perhaps it will be said, «that, though not absolutely good, more mischief will result from an attempt to overturn it, than from maintaining it with its mixed character of partly right and 5 partly wrong.» If this can be made evident, undoubtedly I ought to submit. Of this mischief however I can be no judge but in consequence of enquiry. To some the evils attendant a revolution will appear greater, and to others less. Some will imagine that the vices with which the English constitution is pregnant are considerable, and some that it is nearly innocent. Before I can decide between these opposite 10 opinions and balance the existing and the possible evils, I must examine for myself. But examination in its nature implies uncertainty of result. Were I to determine before I sat down on which side the decision should be, I could not strictly speaking be said to examine at all. He that desires a revolution for its own sake is to be regarded as a madman. He that desires it from a thorough conviction of its useful- 15 ness and necessity has a claim upon us for candour and respect. The second.
As to the demand upon me for support to the English constitution, because it is English, there is little plausibly in this argument. It is of the same nature as the demand upon me to be a Christian, because I am a Briton, or a Mahometan, because 20 201 I am a native of Turkey. Instead of being an expression of respect, it argues contempt of all government, religion and virtue, and every thing that is sacred among men. If there be such a thing as truth, it must be better than error. If there be such a faculty of reason, it ought to be exerted. But this demand makes truth a matter of absolute indifference, and forbids us the exercise of our reason. If men reason and 25 reflect, it must necessarily happen that either the Englishman or the Turk will find his government to be odious and his religion false. For what purpose employ his reason, if he must for ever conceal the conclusions to which it leads him ? How would man have arrived at his present attainments, if he had always been contented with the state of society in which he happened to be born ? In a word, either reason 30 is the curse of our species, and human nature is to be regarded with horror; or it becomes us to employ our understanding and to act upon it, and to follow truth wherever it may lead us. It cannot lead us to mischief, since utility, as it regards percipient beings, is the only basis of moral and political truth.
Book IV, Chapter II, Section II
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All
Section II. Mode of Effecting Revolutions.
Persuasion the proper instrument - not violence - nor resentment. - Lateness of event desirable. Persuasion the proper instrument: To return to the enquiry respecting the mode of effecting revolutions. If no question can be more important, there is fortunately no question perhaps that admits of a more complete and satisfactory general answer. The revolutions of states, which a philanthropist would desire to witness, or in which he would willingly co-operate, consist principally in a change of sentiments and dispositions in the members of those states. The true instruments for changing the opinions of men are argument and persuasion. The best security for an advantageous issue is free and unrestricted discussion. In that field truth must always prove the successful champion. If then we would improve the social institutions of mankind, we must write, we must argue, we must converse. To this business there is no close ; in this pursuit there should be no pause. Every method should be employed, - not so much positively to allure the attention of mankind, or persuasively to invite them to the adoption of our opinions, 203 - as to remove every restraint upon thought, and to | throw open the temple of science and the field of enquiry to all the world. not violence :
Those instruments will always be regarded by the discerning mind as suspicious, which may be employed with equal prospect of success on both sides of every question. This consideration should make us look with aversion upon all resources of violence. When we descend into the listed field, we of course desert the vantage ground of truth, and commit the decision to uncertainty and caprice. The phalanx of reason is invulnerable ; it advances with deliberate and determinate pace ; and nothing is able to resist it. But when we lay down our arguments, and take up our swords, the case is altered. Amidst the barbarous pomp of war and the clamorous din of civil brawls, who can tell whether the event shall be prosperous or miserable ? nor resentment.
We must therefore carefully distinguish between informing the people and inflaming them. Indignation, resentment and fury are to be depreciated ; and all we should ask is sober thought, clear discernment and intrepid discussion. Why were the revolutions of America and France a general concert of all orders and descriptions of men, without so much (if we bear in mind the multitudes concerned) as almost a dissentient voice ; while the resistance against our Charles the first divided the nation into two equal parts ? Because the latter was the affair of the seventeenth century, and 204 the former happened in the close of the | eighteenth. Because in the case of America
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and France philosophy had already developed some of the great principles of political truth, and Sydney and Locke and Montesquieu and Rousseau had convinced a majority of reflecting and powerful minds of the evil of usurpation. If these revolutions had happened still later, not one drop of the blood of one citizen would have been shed by the hands of another, nor would the event have been marked so much perhaps as with on solitary instance of violence and confiscation. Lateness of event desirable. There are two principles therefore which the man who desires the regeneration of his species ought ever to bear in mind, to regard the improvement of every hour as essential in the discovery and dissemination of truth, and willingly to suffer the lapse of years before he urges the reducing his theory into actual execution. With all his caution it is possible the impetuous multitude will run before the still and quiet progress of reason; nor will he sternly pass sentence upon every revolution that shall by a few years have anticipated the term that wisdom would have prescribed. But, if his caution be firmly exerted, there is no doubt that he will supersede many abortive attempts, and considerably prolong the general tranquillity.
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Section III. Of Political Associations.
Meaning of the term. - Associations objected to - 1. from the sort of persons with whom a just revolution should originate - 2. from the danger of tumult. - Objects of association. - In what cases admissible. - Argued for from the necessity to give weight to opinion - from their tendency to ascertain opinion. - Unnecessary for these purposes. - General inutility. Concessions. - Importance of social communication. - Propriety of teaching resistance considered. Meaning of the term.
A question naturally suggests itself in this place respecting the propriety of associations among the people at large, for the purpose of effecting a change in their political institutions. It should be observed, that the associations here spoken of are voluntary confederacies of certain members of the society with each other, the tendency of which is to give weight to the opinions of the persons so associated, of which the opinions of the unconfederated and insulated part of the community are 206 destitute. This question therefore has nothing in common with that other, whether in a well organized state every individual would not find his place in a deliberative as well as an elective capacity ; the society, being distributed into districts and departments, and each man possessing an importance, not measured by the capricious standard of some accidental confederacy, but by a rule impartially applied to every member of the community. Associations objected t o :
Relative then to political associations, as thus examined, there are two considerations, which, if they do not afford reason for undistinguishing condemnation, at least tend to diminish our anxiety to their introduction. 1. from the sort of persons with whom a just revolution should originate : In the first place revolutions less originate in the energies of the people at large, than in the conceptions of persons of some degree of study and reflection. I say, originate, for it must be admitted, that they ought ultimately to be determined on by the choice of the whole nation. It is the property of truth to diffuse itself. The difficulty is to distinguish it in the first instance, and in the next to present it in that unequivocal form which shall enable it to command universal assent. This must necessarily be the task of a few. Society, as it at present exists in the world, will long be divided into two classes, those who have leisure for study, and those whose importunate necessities perpetually urge them to temporary industry. It is no doubt to be desired, 207 that the latter class should be made as much as possible | to partake the privileges of
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the former. But we should be careful, while we listen to the undistinguishing demands of benevolence, that we do not occasion a greater mischief than that we undertake to cure. We should be upon our guard against an event the consequences of which are always to be feared, the propagating blind zeal, where we meant to propagate reason. The studious and reflecting only can be expected to see deeply into future events. To conceive an order of society totally different from that which is now before our eyes, and to judge of the advantages that would accrue from its institution, are the prerogatives only of a few favoured minds. When these advantages have been unfolded by superior penetration, they cannot yet for some time be expected to be understood by the multitude. Time, reading and conversation are necessary to render them familiar. They must descend in regular gradation from the most thoughtful to the most unobservant. He, that begins with an appeal to the people, may be suspected to understand little of the true character of mind. A sinister design may gain by precipitation ; but true wisdom is best adapted to a slow, unvarying, incessant progress. Human affairs, through every link of the great chain of necessity, are admirably harmonised and adapted to each other. As the people form the last step in the progress of truth, they need least preparation to induce them to assert it. Their 208 prejudices are few and upon the surface. They are the higher orders of society, that find, or imagine they find, their advantage in injustice, and are eager to invent arguments for its defence. In sophistry they first seek an excuse for their conduct, and then become the redoubted champions of those errors which they have been assiduous to cultivate. The vulgar have no such interest, and submit to the reign of injustice from habit only and the want of reflection. They do not want preparation to receive the truth, so much as examples to embody it. A very short catalogue of reasons is sufficient for them, when they see the generous and the wise resolved to assert the cause of justice. A very short period is long enough for them to imbibe the sentiments of patriotism and liberty. 2. from the danger of tumult. Secondly, associations must be formed with great caution not to be allied to tumult. The conviviality of a feast may lead to the depredation of a riot. While the sympathy of opinion catches from man to man, especially in numerous meetings, and among persons whose passions have not been used to the curb of judgment, actions may be determined on, which solitary reflection would have rejected. There is nothing more barbarous, cruel and blood-thirsty, than the triumph of a mob. Sober thought should always prepare the way to the public assertion of truth. He, that would be the founder of a republic, should, like the first Brutus, be insensible to the energies of the most imperious passions of our nature. 209
Objects of association.
Upon this subject of associations an obvious distinction is to be made. Those, who are dissatisfied with the government of their country, may aim either at the correction of old errors, or the counteracting of new encroachments. Both these objects are legitimate. The wise and virtuous man ought to see things precisely as they are, and
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judge of the actual constitution of his country with the same impartiality, as if he had simply read of it in the remotest page of history. In what cases admissible. These two objects may be entitled to a different treatment. The first ought undoubtedly to proceed with a leisurely step and in all possible tranquillity. The second appears to require something more of activity. It is the characteristic of truth, to trust much to its own energy, and to resist invasion rather by the force of conviction than the force of arms. The individual oppressed seems however particularly entitled to our assistance, and this can best be afforded by the concurrence of many. The case may require an early and unequivocal display of opinion, and this perhaps will afford an apology for some sort of association, provided it be conducted with all possible attention to peaceableness and good order. Argued from the necessity to give weight to opinion :
Few arguments can be of equal importance with that which we are here discussing. Few mistakes can be more to be deplored than that which should induce us to employ immoral and injurious methods for the support of a good cause. It may be 210 alledged, «that association is the only expedient for arming the sense of the country against the arts of its oppressors.» Why arm ? Why spread a restless commotion over the face of a nation, which may lead to the most destructive consequences ? Why seek to bestow upon truth a weight that is not her own ? a weight that must always produce some obliquity, some blind and unenlightened zeal ? In attempting prematurely to anticipate the conquest of truth, we shall infallibly give birth to deformity and abortion. If we have patience to wait her natural progress, and to assist her cause by no arguments that are not worthy of her, the event will be both certain and illustrious. from their tendency to ascertain opinion.
Unnecessary for these purposes A similar answer will suggest itself to the objection, «that associations are necessary unequivocally to ascertain the opinion of the people.» What sort of opinion is that, which thus stands in need of some sudden violence to oblige it to start from its hiding-place ? The sentiments of mankind are then only equivocal in external appearance, when they are unformed and uncertain in the conception. When once the individual knows his own meaning, its symptoms will be clear an unequivocal. Be not precipitate. If the embryo sentiment at present existing in my mind be true, there is hope that it will gain strength by time. If you wish to assist its growth, let it be by instruction, not by attempting to pass that sentiment for mine which you only wish to be so. If the opinion of the people be not known to-day, it will not fail to shew 211 itself to-morrow. If the opinion | of the people be not known to-day, it is because that which you would have supposed to be their opinion is not sufficiently their opinion. You might as well think of hiding the inhabitants of England, concealing their towns and their cultivation, and making their country pass for a desert, as of concealing their real and deliberate sentiment.
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General inutility.
These are the expedients of men who do not know that truth is omnipotent. It may appear to die for a time, but it will not fail to revive with fresh vigour. If it have ever failed to produce gradual conviction, it is because it has been told in a meagre, an obscure or a pusillanimous manner. Ten pages that should contain an absolute demonstration of the true interests of mankind in society could no otherwise be prevented from changing the face of the globe, than by the literal destruction of the paper on which they were written. It would become us to repeat their contents as widely as we were able ; but, if we attempted any thing more than this, it would be a practical proof that we did not know they contained a demonstration. Concessions.
Such are the reasonings that should decide upon our abstract opinion of every case of association that comes before us. But, though from hence it should sufficiently appear that association is scarcely in any case to be desired, there are considerations that should lead us sometimes to judge it with moderation and forbearance. There is 212 one mode, according to which the benefit of mankind | may best be promoted, and which ought always to be employed. But mankind are imperfect beings, and there are certain errors of his species which a wise man will be inclined to regard with indulgence. Associations, as a measure intrinsically wrong, he will endeavour at least to postpone as long as he can. But it must not be dissembled that in the crisis of a revolution they will sometimes be unavoidable. While opinion is advancing with silent step, imagination and zeal may be expected somewhat to outrun her progress. Wisdom will be anxious to hold them at bay ; and, if her votaries be many, she will be able to do this long enough to prevent tragical consequences. But, when the cast is thrown, when the declaration is made and irrevocable, she will not fail, be the confusion greater or less, to take the side of truth, and forward her reign by the best means that the necessity of the case will admit. Importance of social communication.
But, though association, in the received sense of that term, must be granted to be an instrument of a very dangerous nature, it should be remembered that unreserved communication in a smaller circle, and especially among persons who are already awakened to the pursuit of truth, is of unquestionable advantage. There is at present in the world a cold reserve that keeps man at a distance from man. There is an art in the practice of which individuals communicate for ever, without any one telling his neighbour what estimate he should form of his attainments and character, how they 213 ought to be employed, and how to be | improved. There is a sort of domestic tactics, the object of which is to instruct us to elude curiosity, and to keep up the tenour of conversation, without the disclosure either of our feelings or our opinions. The philanthropist has no object more deeply at heart than the annihilation of this duplicity and reserve. No man can have much kindness for his species, who does not habituate himself to consider upon each successive occasion of social intercourse how that occasion may be most beneficently improved. Among the topics to which he will be anxious to awaken attention, politics will occupy a principal share.
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Books have by their very nature but a limited operation ; though, on account of their permanence, their methodical disquisition, and their easiness of access, they are entitled to the foremost place. But their efficacy ought not to engross our confidence. The number of those by whom reading is neglected is exceedingly great. Books to those by whom they are read have a sort of constitutional coldness. We review the arguments of an «insolent innovator» with sullenness, and are unwilling to stretch our minds to take in all their force. It is with difficulty that we obtain the courage of striking into untrodden paths, and questioning tenets that have been generally received. But conversation accustoms us to hear a variety of sentiments, obliges us to exercise patience and attention, and gives freedom and elasticity to our mental disquisitions. A thinking man, if he will recollect his intellectual history, will find that he has derived inestimable advantage from the stimulus and surprise of 214 colloquial suggestions ; and if he | review the history of literature, will perceive that minds of great acuteness and ability have commonly existed in a cluster. It follows that the promoting of the best interests of mankind eminently depends upon the freedom of social communication. Let us imagine to ourselves a number of individuals, who, having first stored their minds with reading and reflection, proceed afterwards in candid and unreserved conversation to compare their ideas, to suggest their doubts, to remove their difficulties, and to cultivate a collected and striking manner of delivering their sentiments. Let us suppose these men, prepared by mutual intercourse, to go forth to the world, to explain with succinctness and simplicity, and in a manner well calculated to arrest attention, the true principle of society. Let us suppose their hearers instigated in their turn to repeat these truths to their companions. We shall then have an idea of knowledge as perpetually gaining ground, unaccompanied with peril in the means of its diffusion. Reason will spread itself, and not a brute and unintelligent sympathy. Discussion perhaps never exists with so much vigour and utility as in the conversation of two persons. It may be carried on with advantage in small and friendly societies. Does the fewness of their numbers imply the rarity of their existence ? Far otherwise : the time perhaps will come when such institutions will be universal. Shew to mankind by a few examples the advantages of political discussion undebauched by political enmity and vehemence, and the beauty of the spectacle will soon render the example contagious. Every man 215 will | commune with his neighbour. Every man will be eager to tell and to hear what the interest of all requires them to know. The bolts and fortifications of the temple of truth will be removed. The craggy steep of science, which it was before difficult to ascend, will be levelled with the plain. Knowledge will be accessible to all. Wisdom will be the inheritance of man, from which none will be excluded but by their own heedlessness and prodigality. If these ideas cannot completely be realised, till the inequality of conditions and the tyranny of government are rendered somewhat less oppressive, this affords no reason against the setting afloat so generous a system. The improvement of individuals and the melioration of political institutions are destined mutually to produce and reproduce each other. Truth, and above all political truth, is not hard of acquisition, but from the superciliousness of its professors. It has been slow and tedious of improvement, because the study of it has been relegated to
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doctors and civilians. It has produced little effect upon the practice of mankind, because it has not been allowed a plain and direct appeal to their understandings. Remove these obstacles, render it the common property, bring it into daily use, and you may reasonably promise yourself consequences of the most inestimable value. But these consequences are the property only of independent and impartial discussion. If once the unambitious and candid circles of enquiring men be swallowed up in the insatiate gulf of noisy assemblies, the opportunity of improvement is 216 instantly | annihilated. The happy varieties of sentiment which so eminently contribute to intellectual acuteness are lost. Activity of thought is shackled by the fear that our associates should disclaim us. A fallacious uniformity of opinion is produced, which no man espouses from conviction, but which carries all men along with a resistless tide. Clubs, in the old English sense, that is, the periodical meeting of small and independent circles, may be admitted to fall within the line of these principles. But they cease to be admissible, when united with the tremendous apparatus of articles of confederacy and committees of correspondence. Human beings should meet together, not to enforce, but to enquire. Truth disclaims the alliance of marshalled numbers. It seems scarcely necessary to add, that the individuals who are engaged in the transactions here censured, have frequently been instigated by the best intentions, and informed with the most liberal views. It would be in the highest degree unjust, if their undertakings should be found of dangerous tendency, to involve the authors in indiscriminate censure for consequences which they did not foresee. But at the same time, in proportion to the purity of their views and the soundness of their principles, it were earnestly to be desired that they would seriously reflect on the means they employ. It would be deeply to be lamented, if those who were the truest friends to the welfare of mankind, should come, by the injudiciousness of their conduct, to rank among its enemies. 217
Propriety of teaching resistance considered.
From what has been said it is sufficiently evident, that no alarm can be more groundless, than that of violence and precipitation from the enlightened advocates of political justice. There is however another objection which has been urged against them, built upon the supposed inexpediency of inculcating upon the people at large the propriety of occasional resistance to the authority of government. «Obedience,» say these objectors «is the rule; resistance the exception. Now what can be more preposterous, than perpetually to insist with all the pomp of eloquence upon an expedient, to which only an extreme necessity can oblige us to have recourse"? » It has already been shewn that obedience, that is, a surrender of the understanding to the voice of authority, is a rule to which it can never be creditable to human beings to conform. Tranquillity indeed, a state in which a man shall least be disturbed in the exercise of his private judgment by the interposition of violence, is an object we should constantly endeavour to promote ; but this tranquillity the principles here inculcated have little tendency to disturb. "
This argument, nearly in the words here employed, may found in Hume's Essay on Passive Obedience. Essays, Part II, Essay xiii.
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There is certainly no truth which it can be for the general interest to conceal. It 218 must be confessed indeed, that a single | truth may be so detached from the series to which it belongs, as, when separately told, to have the nature of falshood. But this is by no means the case in the present instance. To inform mankind of those general principles upon which all political institutions ought to be built, is not to diffuse 5 partial information. To discover to them their true interests, and lead them to conceive of a state of society more uncorrupt and more equitable than that in which they live, is not to inculcate some rare exception to a general rule. If there be any government which must be indebted for its perpetuity to ignorance, that government is the curse of mankind. In proportion as men are made to understand their true 10 interests, they will conduct themselves wisely, both when they act and when they forbear, and their conduct will therefore promise the most advantageous issue. He, whose mind has carefully been inured to the dictates of reason, is of all men least likely to convert into the rash and headstrong invader of the general weal.
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Section IV. Of the Species of Reform to be Desired.
Ought it to be partial or entire ? - Truth may not be partially taught. Partial reformation considered. - Objection. - Answer. - Partial reform indispensible. - Nature of a just revolution - how distant ? Ought it to be partial or entire ?
There is one more question which cannot fait occasionally to suggest itself to the advocate of social reformation. «Ought we desire to see this reformation introduced gradually or at once ?» Neither side of this dilemma presents us with the proper expedient. Truth may not be partially taught. No project can be more injurious to the cause of truth, than that of presenting it imperfectly and by parcels to the attention of mankind. Seen in its just light, the effect produced cannot fail to be considerable; but, shewn in some partial and imperfect way, it will afford a thousand advantages to its adversaries. Many objections will seem plausible, which a full view of the subject would have dissipated. Whatever limits truth is error ; and of consequence such a limited view cannot fail to include a | considerable mixture of error. Many ideas may be excellent as parts of a great whole, which, when violently torn from their connection, will not only cease to be excellent, but may in some cases become positively injurious. In this war of posts and skirmishes victory will perpetually appear to be doubtful, and men will either be persuaded, that truth itself is of little value, or that human intellect is so narrow as to render the discovery of truth a hopeless pursuit. Partial reformation considered. Objection.
It may be alledged, that «one of the considerations of greatest influence in human affairs is that of the gradual decline of ill things to worse, till at length the mischief, having proceeded to its highest climax, can maintain itself no longer. The argument in favour of social improvement would lose much of its relative energy, if the opportunity of a secret comparison of possible good with actual evil were taken away. All partial reforms are of the nature of palliatives. They skin over the diseased part instead of extirpating the disease. By giving a small benefit, perhaps a benefit only in appearance, they cheat us of the superior good we ought to have demanded. By stripping error of a part of its enormities, they give it fresh vigour and a longer duration.» Answer.
We must be cautious however of pushing this argument too far. To suppose that truth stands in absolute need of a foil, or that she cannot produce full conviction by her
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221 native light, is | a conception unworthy of her enlightened advocates. The true solution will probably be found in the accurately distinguishing the sources of reform. Whatever reform, general or partial, shall be suggested to the community at large by an unmutilated view of the subject, ought to be seen with some degree of complacency. But a reform, that shall be offered us by those whose interest is supposed to lie in the perpetuating of abuse, and the intention of which is rather to give permanence to error by divesting it of its most odious features, is little entitled to our countenance. The true principle of social improvement lies in the correcting public opinion. Whatever reform is stolen upon the community unregarded, and does not spontaneously flow from the energy of the general mind, is unworthy of congratulation. It is in the respect with nations as with individuals. He that quits a vicious habit, not from reason and conviction, but because his appetites no longer solicit him to its indulgence, does not deserve the epithet of virtuous. The object it becomes us to pursue is, to give vigour to public opinion, not to sink into listlessness and indifference. Gradual reform indispensible. When partial reformation proceeds from its legitimate cause, the progress society has made in the acquisition of truth, it may frequently be entitled to our applause. Man is the creature of habits. Gradual improvement is a most conspicuous law of his nature. When therefore some considerable advantage is sufficiently understood by 222 the community to induce them to | desire its establishment, that establishment will afterwards react to the enlightening of intellect and the generating of virtue. It is natural for us to take our stand upon some leading truth, and from thence explore the regions we have still to traverse. There is indeed a sense in which gradual improvement is the only alternative between reformation and no reformation. All human intellects are at sea upon the great ocean of infinite truth, and their voyage though attended will hourly advantage will never be at an end. If therefore we will stay till we shall have devised a reformation so complete, as shall need no farther reformation to render it more complete, we shall eternally remain in inaction. Whatever is fairly understood upon general principles by a considerable part of the community, and opposed by none or a very few, may be considered as sufficiently ripe for execution. Nature of a just revolution. To recapitulate the principal object of this chapter, I would once again repeat, that violence may suit the plan of any political partisan, rather than of him that pleads the cause of simple justice. There is even a sense in which the reform aimed at by the true politician may be affirmed to be less a gradual than an entire one, without contradicting the former position. The complete reformation that is wanted, is not instant but future reformation. It can in reality scarcely be considered as of the 223 nature of action. It consists in an universal illumination. Men feel their situation, and the restraints, that shackled them before, vanish like a mere deception. When the true crisis shall come, not a sword will need to be drawn, not a finger to be lifted up. The adversaries will be too few and too feeble to dare to make a stand against the universal sense of mankind.
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How distant ? Nor do these ideas imply, as at first sight they might seem to imply, that the revolution is at an immeasurable distance. It is of the nature of human affairs that great changes should appear to be sudden, and great discoveries to be made unexpectedly, and as it were by accident. In forming the mind of a young person, in endeavouring to give a new bent to that of a person of maturer years, I shall for a long time seem to have produced little effect, and the fruits will shew themselves when I least expected them. The kingdom of truth comes not with ostentation. The seeds of virtue may appear to perish before they germinate. To recur once more to the example of France, the works of her great political writers seemed for a long time to produce little prospect of any practical effect. Helvetius, one of the latest, in a work published after his death in 1771, laments in pathetic strains the hopeless condition of his country. «In the history of every people,» says he, «there are moments, in which, uncertain of the side they shall choose, and balanced between political good and evil, they feel a desire to be instructed ; in which the soil, so to express myself, is in some manner prepared, and may easily be 224 impregnated with the dew of truth. At such a moment the publication of a valuable book may give birth to the most auspicious reforms ; but, when that moment is no more, the nation, become insensible to the best motives, is by the nature of its government plunged deeper and deeper in ignorance and stupidity. The soil of intellect is then hard and impenetrable; the rains may fall, may spread their moisture upon the surface, but the prospect of fertility is gone. Such is the condition of France. Her people are become the contempt of Europe. No salutary crisis shall ever restore them to liberty".» But in spite of these melancholy predictions, the work of renovation was in continual progress. The American revolution gave the finishing stroke, and only six years elapsed between the completion of American liberty and the commencement 225 of the French revolution. Will a term longer than this be necessary, | before France, the most refined and considerable nation in the world, will lead other nations to imitate and improve upon her plan ? Let the true friend of man be incessant in the propagation of truth, and vigilant to counteract all the causes that might disturb the regularity of her progress, and he will have every reason to hope an early and a favourable event.
"
«Dans chaque nation il est des momens où les citoyens, incertains du parti qu 'ils doivent prendre, et suspendus entre un bon et un mauvais gouvernement, éprouvent la soif de l'instruction, où les esprits, si je l'ose dire, préparés et ameublis peuvent être facilement pénétrés de la rosée de la vérité. Qu 'en ce moment un bon ouvrage paroisse, il peut opérer d'heureuses réformes : mais cet instant passé, les citoyens, insensibles à la gloire, sont par la forme de leur gouvernement invinciblement entraînés vers l'ignorance et l'abrutissement. Alors les esprits sont la terre endurcie : l'eau de la vérité y tombe, y coule, mais sans la féconder. Tel est l'état de la France. Cette nation avilie est aujourd'hui le mépris de l'Europe. Nulle crise salutaire ne lui rendra la liberté.» De l'Homme, Préface.
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Chap. III. Of Tyrannicide.
Diversity of opinions on this subject. - Argument in its vindication. - The destruction of a tyrant not a case of exception. - Consequences of tyrannicide. - Assassination described. - Importance of sincerity. Diversity of opinions on this subject. A question, connected with the mode of effecting revolutions, and which has been eagerly discussed among political reasoners, is that of tyrannicide. The moralists of antiquity warmly contended for the lawfulness of this practice ; by the moderns it has generally been condemned. Argument in its vindication.
The arguments in its favour are built upon a very obvious principle. «Justice ought universally to be administered. Upon lesser criminals it is done, or pretended to be done, by the laws of the community. But criminals by whom law is subverted, and who overturn the liberties of mankind, are out of the reach of the ordinary administration of justice. If justice be partially administered in subordinate cases, and the 227 rich man be able to oppress | the poor with impunity, it must be admitted that a few examples of this sort are insufficient to authorise the last appeal of human beings. But no man will deny that the case of the usurper and the despot is of the most atrocious nature. In this instance, all the provisions of civil policy being superseded, and justice poisoned at the source, every man is left to execute for himself the decrees of eternal equity.» The destruction of a tyrant not a case of exception. It may however be doubted whether the destruction of a tyrant be in any respect a case of exception from the rules proper to be observed upon ordinary occasions. The tyrant has certainly no particular sanctity annexed to his person, and may be killed with a little scruple as any other man, when the object is that of repelling immediate violence. In all other cases, the extirpation of the offender by a self-appointed authority, does not appear to be the proper mode of counteracting injustice. Consequences of tyrannicide. For, first, either the nation, whose tyrant you would destroy, is ripe for the assertion and maintenance of its liberty, or it is not. If it be, the tyrant ought to be deposed with every appearance of publicity. Nothing can be more improper, than for an affair, interesting to the general weal, to be conducted as if it were an act of darkness and shame. It is an ill lesson we read to mankind, when a proceeding, built upon the broad basis of general justice, is permitted to shrink from public scrutiny. The pistol 228 and the dagger may as easily be made the auxiliaries of vice as | of virtue. To proscribe all violence, and neglect no means of information and impartiality, is the
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most effectual security we can have for an issue conformable to the voice of reason and truth. If the nation be not ripe for a state of freedom, the man, who assumes to himself the right of interposing violence, may indeed shew the fervour of his conception, and gain a certain degree of notoriety. Fame he will not gain, for mankind at present regard an act of this sort with merited abhorrence ; and he will inflict new calamities on his country. The consequences of tyrannicide are well known. If the attempt prove abortive, it renders the tyrant ten times more bloody, ferocious, and cruel than before. If it succeed, and the tyranny be restored, it produces the same effect upon his successors. In the climate of despotism some solitary virtues may spring up. But in the midst of plots and conspiracies there is neither truth, nor confidence, nor love, nor humanity. Assassination described. Secondly, the true merits of the question will be still farther understood, if we reflect on the nature of assassination. The mistake, which has been incurred upon this subject, is to be imputed principally to the superficial view that has been taken of it. If its advocates had followed the conspirator through all his windings, and observed his perpetual alarm lest truth should become known, they would probably have been 229 less indiscriminate | in their applause. No action can be imagined more directly at war with a principle of ingenuousness and candour. Like all that is most odious in the catalogue of vices, it delights in obscurity. It shrinks from the penetrating eye of wisdom. It avoids all question, and hesitates and trembles before the questioner. It struggles for a tranquil gaiety, and is only complete where there is the most perfect hypocrisy. It changes the use of speech, and composes every feature the better to deceive. Imagine to yourself the conspirators, kneeling at the feet of Caesar, as they did the moment before they destroyed him. Not all the virtue of Brutus can save them from your indignation. Importance of sincerity.
There cannot be a better instance than that of which we are treating, to prove the importance of general sincerity. We see in this example, that an action, which has been undertaken from the best motives, may by a defect in this particular tend to overturn the very foundations of justice and happiness. Wherever there is assassination, there is an end to all confidence among men. Protests and asseverations go for nothing. No man presumes to know his neighbour's intention. The boundaries, that have hitherto served to divide virtue and vice, are gone. The true interests of mankind require, not their removal, but their confirmation. All morality proceeds upon the assumption of something evident and true, will grow and expand in proportion as these indications are more clear and unequivocal, and could not exist for a moment, if they were destroyed.
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Chap. IV. Of the Cultivation of Truth.
Perhaps there cannot be a subject of greater political importance, or better calculated to lead us in safety through the mazes of controversy, than that of the value of truth. Truth may be considered by us, either abstractedly, as it relates to certain general 5 and unchangeable principles, or practically, as it relates to the daily incidents and ordinary commerce of human life. In whichever of these views we consider it, the more deeply we meditate its nature and tendency, the more shall we be struck with its unrivalled importance.
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Section I. Of Abstract or General Truth.
Its importance as conducing - to our intellectual improvement - to our moral improvement. - Virtue the best source of happiness. - Proved by comparison - by its manner of adapting itself to all situations - by its undecaying excellence - cannot be effectually propagated but a cultivated mind. - Importance of general truth to our political improvement. Its importance as conducing to our intellectual improvement:
Abstractedly considered, it conduces to the perfection of our understandings, our virtue and our political institutions. In the discovery and knowledge of truth is comprised all that which an impartial and reflecting mind is accustomed to admire. It is not possible for us seriously to doubt concerning the preference of a capacious and ardent intelligence over the limited perceptions of a brute. All that we can imagine of angels and Gods consists in superior wisdom. Do you say in power also ? It will presently appear that wisdom 232 is power. The truths of | general nature, those rules which preceded, either substantially or in the nature of things, the particular existences that surround us, and are independent of them all, are inexhaustible. Is it possible that a knowledge of these truths, the truths of mathematics, of metaphysics and morals, the truths which, according to Plato's conception", taught the creator of the world the nature of his materials, the result of his operations, the consequences of all possible systems in all their detail, should not exalt and elevate the mind ? The truths of particular nature, the history of man, the characters and propensities of human beings, the process of our own minds, the capacity of our natures, and scarcely less valuable. The reason they are so will best appear if we consider, secondly, the tendency of truth in conducing to the perfection of our virtue. to our moral improvement. Virtue cannot exist in an eminent degree, unaccompanied by an extensive survey of causes and their consequences, so that, having struck an accurate balance between the mixed benefits and injuries that for the present adhere to all human affairs, we may adopt the conduct which leads to the greatest possible advantage. If there be such a thing as virtue, it must admit of degrees. If it admit of degrees, he must be most virtuous, who chooses with the soundest judgment the greatest possible good 233 of his species. But, in order to choose the greatest possible good, | he must be deeply acquainted with the nature of man, its general features and its varieties. In order to execute it, he must have considered all the instruments for impressing mind, and the a
See the Parmenides
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different modes of applying them, and must know exactly the proper moment for bringing them into action. In whatever light we consider virtue, whether we place it in the action of the disposition, its degree must be intimately connected with the degree of knowledge. No man can love virtue sufficiently, who has not an acute and lively perception of its beauty, and its tendency to produce the only solid and permanent happiness. What comparison can be made between the virtue of Socrates and that of a Hottentot or a Siberian ? A humorous example how universally this truth has been perceived might be drawn from Tertullian, who, as a father of the church, was obliged to maintain the hollowness and insignificance of pagan virtues, and accordingly assures us, «that the most ignorant peasant under the Christian dispensation possessed more real knowledge than the wisest of the ancient philosophers".» Virtue the best source of happiness :
proved by comparison : We shall be still more fully aware of the connection between virtue and knowledge, if we consider that the highest employment of virtue is to propagate itself. Virtue alone is happiness. The happiness of a brute that spends the greater part of his life in listlessness and sleep, is but one remove from the happiness of a plant that is full of 234 sap, vigour and nutrition. The happiness | of a man who pursues licentious pleasure is momentary, and his intervals of weariness and disgust perpetual. He speedily wears himself out in his specious career ; and, every time that he employs the means of delight which his corporeal existence affords him, takes so much from his capacity of enjoyment. If he be wise enough like Epicurus to perceive a part of these disadvantages, and to find in fresh herbs and the water of the spring the truest gratification of his appetite, he will be obliged to seek some addition to his stock of enjoyment, and like Epicurus to become benevolent out of pure sensuality. But the virtuous man has a perpetual source of enjoyment. The only reason on account of which the truth of this assertion was ever controverted, is, that men have not understood what it was that constituted virtue. by its manner of adapting itself to all situations : It is impossible that any situation can occur in which virtue cannot find room to expatiate. In society there is continual opportunity for its active employment. I cannot have intercourse with any human being who may not be the better for that intercourse. If he be already just and virtuous, these qualities are improved by communication. It is from a similar principle that it has been observed that great geniuses have usually existed in a cluster, and have been awakened by the fire struck into them by their neighbours. If he be imperfect and erroneous, there must be always some prejudice I may contribute to destroy, some motive to delineate, some 235 error to remove. | If I be prejudiced and imperfect myself, it cannot however happen that my prejudices and imperfections shall be exactly coincident with his. I may therefore inform him of the truths that I know, and even by the collision of prejudices truth is elicited. It is impossible that I should strenuously apply myself to his " Apologia, Cap. xlvi. See this subject farther pursued in Appendix, No 1.
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mind with sincere motives of benevolence without some good being the result. Nor am I more at a loss in solitude. In solitude I may accumulate the materials of social benefit. No situation can be so desperate as to preclude these efforts. Voltaire, when shut up in the Bastille, and for ought he knew for life, deprived of books, of pens and of paper, arranged and in part executed the project of the Henriade by its undecaying excellence : Another advantage of virtue in this personal view, is that, while sensual pleasure exhausts the frame, and passions often excited become frigid and callous, virtue has exactly the opposite propensities. Passions, in the usual acceptation of that term, having no absolute foundation in the nature of things, delight only by their novelty. But the more we are acquainted with virtue, the more estimable will it appear ; and its field is as endless as the progress of mind. If an enlightened love of it be once excited in the mind, it is impossible that it should not continually increase. By its 236 variety, by its activity it perpetually | renovates itself, and renders the intellect in which it resides ever new and ever young. cannot be effectually propagated but by a cultivated mind.
All these reasonings are calculated to persuade us that the most precious boon we can bestow upon others is virtue, that the highest employment of virtue is to propagate itself. But, as virtue is inseparably connected with knowledge in my own mind, so can it only by knowledge be communicated to others. How can the virtue we have just been contemplating be created, but by infusing comprehensive views and communicating energetic truths ? Now that man alone is qualified to give these views, and communicate these truths, who is himself pervaded with them. Let us supposes for a moment virtuous dispositions as existing without knowledge or outrunning knowledge, the last of which is certainly possible, and we shall presently find how little such virtue is worthy to be propagated. The most generous views will in such cases frequently lead to the most nefarious actions. A Calvin will burn Servetus, and a Digby generate the gunpowder treason. But, to leave these extreme instances, in all cases where mistaken virtue leads to cruel and tyrannical actions, the mind will be soured and made putrescent by the actions it perpetrates. Truth, immortal and ever present truth, is so powerful, that, in spite of all his inveterate prejudices, the upright man will suspect himself, when he resolves upon 237 an | action that is at war with the plainest principles of morality. He will become melancholy, dissatisfied and anxious. His firmness will degenerate into obstinacy, and his justice into inexorable severity. The farther he pursues his system, the more erroneous will he become. The farther he pursues it, the less will he be satisfied with it. As truth is an endless source of tranquillity and delight, error will be a prolific fountain of new mistakes and new discontent. Importance of general truth to our political improvement.
As to the third point, the tendency of truth to the improvement of our political "
Vie de Voltaire, par M*** (said to be the marquis de Villette). A Geneve, 1786. Chap. iv. This is probably the best history of this great man which has yet appeared.
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institutions, this is in reality the subject of the present volume, and has been particularly argued in some of the earlier divisions of the work. If politics be a science, the investigation of truth must be the means of unfolding it. If men resemble each other in more numerous and essential particulars than those in which they differ, if the best purposes that can be accomplished respecting them be to make them free and virtuous and wise, there must be one best method of advancing these common purposes, one best mode of social existence deducible from the principles of their nature. If truth be one, there must be one code of truths on the subject of our reciprocal duties. Nor is the investigation of truth only the best mode of arriving at the object of all political institutions, but it is also the best mode of introducing and establishing it. Discussion is the path that leads to discovery and demonstration. 238 Motives ferment in the minds of great bodies of men till all is ripe for | action. The more familiar the mind becomes with the ideas of which they consist and the propositions that express them, the more fully is it pervaded with their urgency and importance.
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Section II. Of Sincerity.
Nature of this virtue. - Its effects — upon our own actions - upon our neighbours. - Its tendency to produce fortitude. - Effects of insincerity. Character which sincerity would acquire to him who practised it. - Objections. - The fear of giving unnecessary pain. - Answer. - The desire of preserving my life. - This objection proves too much. - Answer. - Secrecy considered. - The secret of others. - State secrets. - Secrets of philanthropy. Nature of this virtue
It is evident in the last place, that a strict adherence to truth will have the best effect upon our minds in the ordinary commerce of life. This is the virtue which has commonly been known by the denomination of sincerity ; and, whatever certain 239 accommodating moralists may teach us, the value of sincerity will be in the highest degree obscured, when it is not complete. Real sincerity deposes me from all authority over the statement of facts. Similar to the duty which Hilly imposes upon the historian, it compels me not to dare «to utter what is false, or conceal what is true.» It annihilates the bastard prudence, which would instruct me to give language to no sentiment that may be prejudicial to my interests. It extirpates the low and selfish principle, which would induce me to utter nothing «to the disadvantage of him from whom I have received no injury.» It compels, me to regard the concerns of my species as my own concerns. What I know of truth, of morals, of religion, of government, it compels me to communicate. All the praise which a virtuous man and an honest action can merit, I am obliged to pay to the uttermost mite. I am obliged to give language to all the blame to which profligacy, venality, hypocrisy and circumvention are so justly entitled. I am not empowered to conceal any thing I know of myself, whether it tend to my honour or to my disgrace. I am obliged to treat every other man with equal frankness, without dreading the imputation of flattery on the one hand, without dreading his resentment and enmity on the other. Its effects upon pur own actions :
Did every man impose this law upon himself, he would be obliged to consider before he decided upon the commission of an equivocal action, whether he chose to 240 be his own historian, to | be the future narrator of the scene in which he was engaging. It has been justly observed that the popish practice of auricular confession has been attended with some salutary effects. How much better would it be, if, instead of a practice thus ambiguous, and which may be converted into so dangerous an engine of ecclesiastical despotism, every man would make the world his confessional, and the human species the keeper of his conscience ?
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upon our neighbours. How extensive an affect would be produced, if every man were sure of meeting in his neighbour the ingenuous censor, who would tell to himself, and publish to the world, his virtues, his good deeds, his meannesses and his follies ? I have no right to reject any duty, because it is equally incumbent upon my neighbours, and they do not practice it. When I have discharged the whole of my duty, it is weakness and vice to make myself unhappy about the omissions of others. Nor is it possible to say how much good one man sufficiently rigid in his adherence to truth would effect. One such man, with genius, information and energy, might redeem a nation from vice. Its tendency to produce fortitude. The consequence to myself of telling every man the truth, regardless of personal danger or of injury to my interests in the world, would be uncommonly favourable. I should acquire a fortitude that would render me equal to the most trying situations, 241 that would maintain my presence of mind entire in spite | of unexpected occurrences, that would furnish me with extemporary arguments and wisdom, and endue my tongue with irresistible eloquence. Animated by the love of truth, my understanding would always be vigorous and alert, not as before frequently- subject to listlessness, timidity and insipidity. Animated by the love of truth, and by a passion inseparable from its nature, and which is almost the same thing under another name, the love of my species, I should carefully seek for such topics as might most conduce to the benefit of my neighbours, anxiously watch the progress of mind, and incessantly labour for the extirpation of prejudice. Effects of insincerity. What is it that at this day enables a thousand errors to keep their station in the world, priestcraft, tests, bribery, war, cabal, and whatever else is the contempt and abhorrence of the enlightened and honest mind ? Cowardice. Because, while vice walks erect with an unabashed countenance, men less vicious dare not paint her with that truth of colouring, which should at once confirm the innocent and reform the guilty. Because the majority of those who are not involved in the busy scene, and who, possessing some discernment, see that things are not altogether right, yet see in so frigid a way, and with so imperfect a view. Many, who detect the imposture are yet absurd enough to imagine that imposture is necessary to keep the world in awe, and that truth being too weak to curb the turbulent passions of mankind, it is exceedingly proper to call in knavery and artifice as the abettors of her power. If every man 242 to-day | would tell all the truth he knows, three years hence there would be scarcely a falshood of any magnitude remaining in the civilised world. Character which sincerity would acquire to him who practised it. There is no fear that the character here described should degenerate into ruggedness and brutality". The motive by which it is animated affords a sufficient security against such consequences. «1 tell an unpleasant truth to my neighbour from a "
See a particulary case of this sincerity discussed in Appendix, No. II.
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conviction that it is my duty. I am convinced it is my duty, because I perceive the communication is calculated for his benefit.» His benefit therefore is the motive of my proceeding, and with such a motive it is impossible I should not seek to communicate it in the most efficacious form, not rousing his resentment, but awakening his moral feelings and his energy. Meanwhile the happiest of all qualifications in order to render truth palatable, is that which rises spontaneously in the situation we have been considering. Truth according to the terms of the supposition is to be spoken from the love of truth. But the face, the voice, the gesture are so many indexes to the mind. It is scarcely possible therefore that the person with whom I am conversing should not perceive, that I am influenced by no malignity, acrimony and envy. In proportion as my motive is pure, at least after a few experiments, my manner will become unembarrassed. There will be frankness in my voice, fervour in 243 my gesture, and kindness in my heart. That man's mind must be | of a very perverse texture, that can convert a beneficent potion administered with no ungenerous retrospect, no selfish triumph, into rancour and aversion. There is an energy in the sincerity of a virtuous mind that nothing human can resist. Objections. I stop not to consider the objections of the man who is immersed in worldly prospects and pursuits. He that does not know that virtue is better than riches or title must be convinced by arguments foreign to this place. The fear of giving unnecessary pain. But it will be asked, «What then, are painful truths to be disclosed to persons who are already in the most pitiable circumstances ? Ought a woman that is dying of a fever to be informed of the fate of her husband whose skull has been fractured by a fall from his horse ?» Answer. The most that could possibly be conceded to a case like this, is, that this perhaps is not the moment to begin to treat like a rational being a person who has through the course of a long life been treated like an infant. But in reality there is a mode in which under such circumstances truth may safely be communicated ; and, if it be not thus done, there is a perpetual danger that it may be done in a blunter way by the headless loquaciousness of a chambermaid, or the yet undebauched sincerity of an infant. How many arts of hypocrisy, stratagem and falshood must be employed to 244 cover this pitiful secret ? Truth was calculated in | the nature of things to discipline the mind to fortitude, humanity and virtue. Who are we, that we would subvert the nature of things and the system of the universe, that we should breed up a set of summer insects, upon which the breeze of sincerity may never blow, and the tempest of misfortune never beat ? The desire of preserving my life. «But truth may sometimes be fatal to him that speaks it. A man, who fought for the Pretender in the year 1745, when the event happened that dispersed his companions, betook himself to solitary flight. He fell in with a party of loyalists who were seeking to apprehend him ; but not knowing his person, they enquired of him for
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intelligence to guide them in their pursuit. He returned an answer calculated to cherish them in their mistake, and saved his life.» This objection proves too much.
This like the former is an extreme case ; but the true answer will probably be found to be the same. If any one should question this, let him consider how far his approbation of the conduct of the person above cited would lead him. The rebels, as they were called, were treated in the period from which the example is drawn with the most illiberal injustice. This man, guided perhaps by the most magnanimous motives in what he had done, would have been put to an ignominious death. But, if he had a right to extricate himself by falshood, why not the wretch who has been guilty of forgery, who was deserved punishment, but who many now be conscious 245 that he has in him | materials and inclination to make a valuable member of society ? Nor is the inclination an essential part of the supposition. Wherever the materials exist, it will perhaps be found to be flagrantly unjust on the part of society to destroy them, instead of discovering the means by which they might be rendered innocent and useful. At this rate, a man has nothing to do but to commit one crime, in order to give him a right to commit a second which shall secure impunity to the first. Answer.
But why, when so many hundred individuals have been contented to become martyrs to the unintelligible principles of a pitiful sect, should not the one innocent man I have been describing be contented to offer himself up a victim a the shrine of veracity ? Why should he purchase a few poor years of exile and misery by the commission of falshood ? Had he surrendered himself to his pursuers, had he declared in the presence of his judges and his country, «1, whom you think too wicked and degenerate to deserve even to live, have chosen rather to encounter your justice than be guilty of an untruth : I would have escaped from your iniquity and tyranny if I had been able ; but, hedged in on all sides, having no means of deliverance but in falshood, I chearfully submit to all that your malice can inflict rather than violate the majesty of truth :» would he not have done an honour to himself, and afforded an example to the world, that would have fully compensated the calamity of his un246 timely death ? It is in all cases incumbent upon us to discharge our own duty, without being influenced by the enquiry whether other men will discharge or neglect theirs. It must be remembered however that this is not the true jet of the argument. The stress does not lie upon the good he would have done : that is precarious. This heroic action, as it is to be feared has been the case with many others, might be consigned to oblivion. The object of true wisdom under the circumstances we are considering, is to weigh, not so much what is to be done, as what is to be avoided. We must not be guilty of insincerity. We must not seek to obtain a desirable object by vile means. We must prefer a general principle to the meretricious attractions of a particular deviation. We must perceive in the preservation of that general principle a balance of universal good, outweighing the benefit to arise in any instance from superseding it. It is by general principles that the business of the universe is carried on. If the laws of gravity and impulse did not make us know the consequences of our actions, we should be incapable of judgment and inference. Nor is this less true in morals. He
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that, having laid down to himself a plan of sincerity, is guilty of a single deviation, infects the whole, contaminates the frankness and magnanimity of his temper (for fortitude in the intrepidity of lying is baseness), and is less virtuous than the foe against whom he defends himself; for it is more virtuous in my neighbour to confide in my apparent honesty, than in me to abuse this confidence. In the case of 247 mar|tyrdom there are two things to be considered. It is an evil not wantonly to be incurred, for we know not what good yet remains for us to do. It is an evil not to be avoided at the expence of principle, for we should be upon our guard against setting an inordinate value upon our own efforts, and imagining that truth would die, if we were to be destroyed. Secrecy considered.
«But what becomes of the great duty of secrecy, which the incomparable Fenelon has made a capital branch in the education of his Telemachus ? «It is annihilated. It becomes a truly virtuous man not to engage in any action of which he would be ashamed though all the world were spectator. Indeed Fenelon with all his ability has fallen into the most palpable inconsistency upon this subject. In Ithaca a considerable part of the merit of Telemachus consists in keeping his mother's secrets". When he arrives in Tyre, he will not be persuaded to commit or suffer a deception, though his life was apparently at stake''. What is it of which an honest man is commonly ashamed ? Of virtuous poverty, of doing menial offices for himself, of having raised himself by merit from a humble situation, and of a thousand particulars which in reality constitute his glory. With respect to actions of beneficence we cannot be too much upon our guard against a spirit of ostentation and the character that imperiously exacts the gratitude of its beneficiaries ; but it is certainly an extreme weakness to desire to hide our deserts. 248 So | far from desiring to withhold from the world the knowledge of our good deeds, we ought to be forward to exhibit an attractive and illustrious example. We cannot determine to keep any thing secret without risking at the same time to commit a hundred artifices, quibbles, equivocations and falshoods. The secrets of others.
But the secrets of others, «have I a power over them ?» Probably not: but you have a duty respecting them. The facts with which you are acquainted are a part of your possessions, and you are as much obliged respecting them as in any other case, to employ them for the public good. Have I no right to indulge in myself the caprice of concealing any of my affairs, and can another man have a right by his caprice to hedge up and restrain the path of my duty ? State secrets.
«But state secrets ?» This perhaps is a subject that ought not to be anticipated. We shall have occasion to enquire how ministers of the concerns of a nation came by their right to equivocate, to juggle and over-reach, while private men are obliged to be ingenuous, direct and sincere. ' b
Télémaque. Liv. XVI. Liv. III.
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Secrets of philanthropy. There is one case of a singular nature that seems to deserve a separate examination ; the case of secrets that are to be kept for the sake of mankind. Full justice is done to the affirmative side of this argument by Mr. Condorcet in his Life of Voltaire, where he is justifying this illustrious friend of mankind, for his gentleness and forbearance 249 in asserting the liberties of the species. He | first enumerates the incessant attacks of Voltaire upon superstition, hypocritical austerities and war ; and then proceeds : «It is true, the more men are enlightened, the more they will be free ; but let us not put despots on their guard, and incite them to form a league against the progress of reason. Let us conceal from them the strict and eternal union that subsists between knowledge and liberty. Voltaire thought proper to paint superstition as the enemy of monarchy, to put kings and princes upon their guard against the gloomy ferocity and ambition of the priesthood, and to demonstrate that, were it not for the freedom of thought and investigation, there would be no security against the return of papal insolence, of proscriptions, assassinations and religious war. Had he taken the other side of the question, had he maintained, which is equally true, that superstition and ignorance are the support of despotism, he would only have anticipated truths for which the public were not ripe, and have seen a speedy end to his career. Truth taught by moderate degrees gradually enlarges the intellectual capacity, and insensibly prepares the equality and happiness of mankind ; but taught without prudential restraint would either be nipped in the bud, or occasion national concussions in the world, that would be found premature and therefore abortive".» 250 What a cowardly distrust do reasonings like these exhibit of the omnipotence of truth ! With respect to personal safety, it will be found upon an accurate examination that Voltaire with all his ingenuity and stratagem was for sixty years together the object of perpetual, almost daily persecution from courts and ministers 6 . He was obliged to retire from country to country, and at last to take advantage of a residence upon the borders of two states with a habitation in each. His attempts to secure the patronage of princes led only to vicissitude and disgrace. If his plan had been more firm and direct, he would not have been less safe. Timidity, and an anxious endeavour to secure to ourselves a protector, invite persecution. With the advantages of 0
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«Plus les hommes seront éclairés, plus ils seront libres. - Mais n 'avertissons point les oppresseurs de former une ligue contre la raison, cachons leur l'étroite et nécessaire union des lumières et de la liberté. - Quel sera donc le devoir d'un philosophe ? - Il éclairera les gouvernements sur tout ce qu'ils ont à craindre des prêtres. - Il fera voir que sans la liberté de penser le même esprit dans le clergé ramènerait 35 les mêmes assassinats, les mêmes supplices, les mêmes proscriptions, les mêmes guerres civiles. - Au lieu de montrer que la superstition est l'appui du despotisme, avant que la raison ait rassemblé assez de force, il prouvera qu'elle est l'ennemie des rois. - Tel est l'esprit de tous les ouvrages de Voltaire - Que des hommes, inférieurs à lui, ne voient pas que si Voltaire eût fait autrement, ni Montesquieu, ni Rousseau n'auraient pu écrire leurs ouvrages, que l'Europe serait encore superstitieuse, et resterait 40 long-temps esclave. - En attaquant les oppresseurs avant d'avoir éclair, les citoyens, on risque de perdre la liberté et d'étouffer la raison. L'histoire offre la preuve de cette vérité. Combien de fois, malgré les généreux efforts des amis de la liberté, une seule bataille n 'a-t-elle pas réduit des nations à une servitude de plusieurs siècles ! - Pourquoi ne pas profiter de cette expérience funeste, et savoir attendre des progrès des lumières une liberté plus réelle, plus durable et plus paisible ?» 45 Vie de Voltaire, par M***, throughout.
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Voltaire, with his talents and independence, he might have held the tyrants of the world in awe. 251 As to the progress of truth, it is not so precarious as its fearful friends may imagine. Mr. Condorcet has justly insinuated in the course of his argument, that «in the invention of printing is contained the embryo, which in its maturity and vigour is destined to annihilate the slavery of the human race".» Books, if proper precautions be employed, cannot be destroyed. Knowledge cannot be extirpated. Its progress is silent, but infallible ; and he is the most useful soldier in this war, who accumulates in an unperishable form the greatest mass of truth. As truth has nothing to fear from her enemies, she needs not have any thing to fear from her friends. The man, who publishes the sublimest discoveries, is not of all others the most likely to inflame the vulgar, and hurry the great question of human happiness to a premature crisis. The object to be pursued undoubtedly is, the gradual improvement of mind. But this end will be better answered by exhibiting as much truth as possible, enlightening a few, and suffering knowledge to expand in the proportion which the laws of nature and necessity prescribe, than by any artificial plan of piecemeal communication that we can invent. There is in the nature of things a gradation in discovery and a progress in improvement, which do not need to be assisted by the stratagems of their votaries. In a word, there cannot be a more 252 unworthy idea, than that truth and virtue should be | under the necessity of seeking alliance with concealment. The man, who would artfully draw me into a little, that by so doing he may unawares surprise me into much, I infallibly regard as an impostor. Will truth, contracted into some petty sphere and shorn of its beams, acquire additional evidence ? Rather let me trust to its omnipotence, to its congeniality with the nature of intellect, to its direct and irresistible tendency to produce liberty, and happiness, and virtue. Let me fear that I have not enough of it, that my views are too narrow to produce impression, and anxiously endeavour to add to my stock ; not apprehend that, exhibited in its noon-day brightness, its lustre and genial nature should not be universally confessed''.
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«Peut-être avant l'invention de l'imprimerie était-il impossible à se soustraire au joug.» See this subject farther pursued in Appendix, No. III.
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Appendix, No. 1. Of the Connexion between Understanding and Virtue.
Can eminent virtue exist unconnected with talents ? - Nature of virtue. - It is the offspring of understanding. - It generates understanding. - Illustration from other pursuits - love - ambition - applied. Can eminent talents exist unconnected with virtue ? - Argument in the affirmative from analogy - in the negative from the universality of moral speculation - from the nature of vice as founded in mistake. - The argument balanced. - Importance of a sense of justice. - Its connexion with talents. - Illiberality with which men of talents are usually treated. Can eminent virtue exist unconnected with talents ? A proposition which, however evident in itself, seems never to have been considered with the attention it deserves, is that which affirms the connexion between under254 standing and virtue. Can an honest ploughman be as virtuous as | Cato ? Is a man of weak intellects and narrow education as capable of moral excellence as the sublimest genius or the mind most stored with information and science ? Nature of virtue. To determine these questions it is necessary we should recollect the nature of virtue. Considered as a personal quality it consists in the disposition of the mind, and may be defined a desire to promote the benefit of intelligent beings in general, the quantity of virtue being as the quantity of desire. Now desire is another name for preference, or a perception of the excellence real or supposed of any object. I say real or supposed, for an object totally destitute of real and intrinsic excellence, may become an object of desire by means of the imaginary excellence that is ascribed to it. Nor is this the only mistake to which human intelligences are liable. We may desire an object of absolute excellence, not for its real and genuine recommendations, but for some fictitious attractions we may impute to it. This is always in some degree the case, when a beneficial action is performed from an ill motive. How far is this mistake compatible with real virtue ? If I desire the benefit of intelligent beings, not from a clear and distinct perception of what it is in which their benefit consists, but from the unexamined lessons of education, from the physical effect of sympathy, or from any species of zeal unallied to and incommensurate with 255 knowledge, can this desire be admitted for vir|tuous ? Nothing seems more inconsistent with our ideas of virtue. A virtuous preference is the preference of an object for the sake of certain beneficial qualities which really belong to that object. To attribute virtue to any other species of preference would be the same as to suppose that an accidental effect of my conduct, which was altogether out of my view at the time of adopting it, might entitle me to the appellation of virtuous.
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It is the offspring of understanding. Hence it appears, first, that virtue consists in a desire of the benefit of the species : and, secondly, that that desire only can be denominated virtuous, which flows from a distinct perception of the value, and consequently of the nature, of the thing desired. But how extensive must be the capacity that comprehends the full value of that benefit which is the object of virtue ! It must begin with a collective idea of the human species. It must discriminate, among all the different causes that produce a pleasurable state of mind, that which produces the most exquisite and durable pleasure. Eminent virtue requires that I should have a grand view of the tendency of knowledge to produce happiness, and of just political institution to favour the progress of knowledge. It demands that I should perceive in what manner social intercourse may be made conducive to virtue and felicity, and imagine the unspeakable advantages that may arise from a coincidence and succession of generous efforts. These things are necessary, not merely for the purpose of enabling me to employ my 256 virtuous disposition in the best manner, but also | for the purpose of giving to that disposition a just animation and vigour. God, according to the ideas usually conceived of that being, is more benevolent than man, because he has a constant and clear perception of the nature of that end which his providence pursues. It generates understanding.
A farther proof that a powerful understanding is inseparable from eminent virtue will suggest itself, if we recollect that earnest desire never fails to generate capacity. Illustration from other pursuits : love :
This proportion has been beautifully illustrated by the poets, when they have represented the passion of love as immediately leading in the breast of the lover to the attainment of many arduous accomplishments. It unlocks his tongue, and enables him to plead the cause of his passion with insinuating eloquence. It renders his conversation pleasing and his manners graceful. Does he desire to express his feelings in the language of the verse ? It dictates to him the most natural and pathetic strains, and supplies him with a just and interesting language which the man of mere reflection and science has often sought for in vain. ambition:
No picture can be more truly founded in a knowledge of human nature than this. The history of all eminent talents is of a similar kind. Did Themistocles desire to eclipse the trophies of the battle of Marathon ? The uneasiness of this desire would not let 257 him sleep, and all his thoughts we occupied with the | invention of means to accomplish the purpose he had chosen. It is a well known maxim in the forming of juvenile minds, that the instruction, which is communicated by mere constraint, makes a slow and feeble impression ; but that, when once you have inspired the mind with a love for its object, the scene and the progress are entirely altered. The uneasiness of mind which earnest desire produces, doubles our intellectual activity ; and as surely carries us forward with increased velocity towards our goal, as the expectation of a reward of ten thousand pounds would prompt me to walk from London to York with firmer resolution and in a shorter time.
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Let the object be for a person uninstructed in the rudiments of drawing to make a copy of some celebrated statue. At first, we will suppose, his attempt shall be mean and unsuccessful. If his desire be feeble, he will be deterred by the miscarriage of this essay. If his desire be ardent and invincible, he will return to the attack. He will derive instruction from his failure. He will examine where and why he miscarried. He will study his model with a more curious eye. He will perceive that he failed principally from the loose and undigested idea he had formed of the object before him. It will no longer stand in his mind as one general mass, but he will analyse it, bestowing upon each part in succession a separate consideration. applied.
258 The case is similar in virtue as in science. If I have con|ceived an earnest desire of being a benefactor of my species, I shall no doubt find out a channel in which for my desire to operate, and shall be quick-sighted in discovering the defects or comparative littleness of the plan I have chosen. But the choice of an excellent plan for the accomplishment of an important purpose, and the exertion of a mind perpetually watchful to remove its defects, imply considerable understanding. The farther I am engaged in the pursuit of this plan the more will my capacity increase. If my mind flag and be discouraged in the pursuit, it will not be merely want of understanding, but want of desire. My desire and my virtue will be less, than those of the man, who goes on with unremitted constancy in the same career.
Can eminent talents exist unconnected with virtue ?
Thus far we have only been considering how impossible it is that eminent virtue should exist in a weak understanding, and it is surprising that such a proposition should ever have been contested. It is a curious question to examine, how far the converse of this proposition is true, and in what degree eminent talents are compatible with the absence of virtue. Argument in the affirmative from analogy :
From the arguments already adduced it appears that virtuous desire is another name for a clear and distinct perception of the nature and value of the object of virtue. Hence it seems most natural to conclude, that, though understanding, or strong 259 percipient power is the indispensible prerequisite of virtue, yet it is | necessary that this power should be fixed upon this object, in order to its producing the desired effect. Thus it is in art. Without genius no man ever was a poet; but it is necessary that general capacity should have been directed to this particular channel, for poetical excellence to be the result. in the negative from the universality of moral speculation : There is however some difference between the two cases. Poetry is the business of a few, virtue and vice are the affairs of all men. To every intellect that exists one or other of these qualities must properly belong. It must be granted that, where every other circumstance is equal, that man will be most virtuous, whose understanding
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An Enquiry Concerning Political
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has been most actively employed in the study of virtue. But morality has been in a certain degree an object of attention to all men. No person ever failed more or less to apply the standard of just and unjust to his own actions and those of others ; and this has of course been generally done with most ingenuity by men of the greatest capacity. from the nature of vice as founded in mistake.
It must farther be remembered that a vicious conduct is always the result of narrow views. A man of powerful capacity and extensive observation is least likely to commit the mistake, either of seeing himself as the only object of importance in the universe, or of conceiving that his own advantage may best be promoted by trampling on that of others. Liberal accomplishments are surely in some degree connected with liberal principles. He, who take into his view a whole nation as the subjects of 260 his | operation or the instruments of his greatness, may naturally be expected to entertain some kindness for the whole. He, whose mind is habitually elevated to magnificent conceptions, is not likely to sink without strong reluctance into those sordid pursuits, which engross so large a portion of mankind. The argument balanced. But, though these general maxims must be admitted for true, and would incline us to hope for a constant union between eminent talents and great virtues, there are other considerations which present a strong drawback upon so agreeable an expectation. It is sufficiently evident that morality in some degree enters into the reflections of all mankind. But it is equally evident, that it may enter for more or for less ; and that there will be men of the highest talents, who have their attention diverted to other objects, and by whom it will be meditated upon with less earnestness, than it may sometimes be by other men who are in a general view their inferiors. The human mind is in some cases so tenacious of its errors, and so ingenious in the invention of a sophistry by which they may be vindicated, as to frustrate expectations of virtue in other respects the best founded. Importance of a sense of justice. From the whole of the subject it seems to appear, that men of talents, even when they are erroneous, are not destitute of virtue, and that there is a degree of guilt of which they are incapable. There is no ingredient that so essentially contributes to a 261 virtuous character as a sense of justice. Philanthropy, as | contradistinguished to justice, is rather an unreflecting feeling, than a rational principle. It leads to an absurd indulgence, which is frequently more injurious than beneficial even to the individual it proposes to favour. It leads to a blind partiality, inflicting calamity without remorse upon many perhaps, in order to promote the imagined interest of a few. But justice measures by one inflexible standard the claims, of all, weighs their opposite pretensions, and seeks to diffuse happiness, because happiness is the fit and reasonable adjunct of a conscious being. Wherever therefore a strong sense of justice exists, it is common and reasonable to say, that in that mind exists considerable virtue, though the individual from an unfortunate concurrence of circumstances may with all his great qualities be the instrument of a very small portion of benefit. Can great intellectual energy exist without a strong sense of justice ?
Book IV, Chapter
IV, Appendix
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Its connexion with talents.
It has no doubt resulted from a train of speculation similar to this, that poetical readers have commonly remarked Milton's devil to be a being of considerable virtue. It must be admitted that his energies centered too much in personal regards. But why did he rebel against his maker ? It was, as he himself informs us, because he saw no sufficient reason for that extreme inequality of rank and power which the creator assumed. It was because prescription and precedent form no adequate ground for implicit faith. After his fall, why did he still cherish the spirit of opposition ? 262 From a persuasion that he was hardly and | injuriously treated. He was not discouraged by the apparent inequality of the contest: because a sense of reason and justice was stronger in his mind, than a sense of brute force : because he had much of the feelings of an Epictetus or a Cato, and little of those of a slave. He bore his torments with fortitude, because he disdained to be subdued by despotic power. He sought revenge, because he could not think with tameness of the unexpostulating authority that assumed to dispose of him. How beneficial and illustrious might the temper from which these qualities flowed have proved with a small diversity of situation ! Let us descend from these imaginary existences to real history. We shall find that even Cssar and Alexander had their virtues. There is great reason to believe, that, however mistaken was their system of conduct, they imagined it reconcileable and even conducive to the general good. If they had desired the general good more earnestly, they would have understood better how to promote it. Upon the whole it appears, that great talents are great energies, and that great energies cannot flow but from a powerful sense of fitness and justice. A man of uncommon genius is a man of high passions and lofty design ; and our passions will be found in the last analysis to have their surest foundation in a sentiment of justice. If a man be of an aspiring and ambitious temper, it is because at present he finds 263 himself out of his place, | and wishes to be in it. Even the lover imagines that his qualities or his passion give him a title superior to that of other men. If I accumulate wealth, it is because I think that the most rational plan of life cannot be secured without i t ; and, if I dedicate my energies to sensual pleasures, it is that I regard other pursuits as irrational and visionary. All our passions would die in the moment they were conceived, were it not for this reinforcement. A man of quick resentment, of strong feelings, and who pertinaciously resists every thing that he regards as an unjust assumption, may be considered as having in him the seeds of eminence. Nor is it easily to be conceived that such a man should not proceed from a sense of justice to some degree of benevolence; as Milton's hero felt real compassion and sympathy for his partners in misfortune. Illiberality whith which men of talents are usually treated. If these reasonings are to be admitted, what judgment shall we form of the decision of doctor Johnson, who, speaking of a certain obscure translator of the odes of Pindar, says, that he was «one of the few poets to whom death needed not to be terrible"?» Let it be remembered that the error is by no means peculiar to doctor "
Lives of the Poets : Life of West.
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Justice
Johnson, though there are few instances in which it is carried to a more violent extreme, than in the general tenour of the work from which this quotation is taken. It was natural to expect that there would be a combination among the multitude to pull 264 down intellectual eminence. Ambition is com|mon to all men ; and those, who are unable to rise to distinction, are at least willing to reduce others to their own stand- 5 ard. No man can completely understand the character of him with whom he has no sympathy of views, and we may be allowed to revile what we do not understand. But it is deeply to be regretted that men of talents should so often have entered into this combination. Who does not recollect with pain the vulgar abuse that Swift has thrown upon Dryden, and the mutual jealousies and animosities of Rousseau and 10 Voltaire, men who, ought to have co-operated for salvation of the world ?
Book IV, Chapter IV, Appendix II
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Appendix, No. II. Of the Mode of Excluding Visitors.
Its impropriety argued - from the situation in which it places, 1. the visitor - 2. the servant. - Objections : - pretended necessity of this practice, 1. to preserve us from intrusion - 2. to free us from disagreeable acquaintance. Characters of the honest and dishonest man in this respect compared. Its impropriety argued: This principle reflecting the observation of truth in the common intercourses of life cannot perhaps be better illustrated, than from the familiar and trivial case, as it is commonly supposed to be, of a master directing his servant to say he is not at home, as a means of freeing him from the intrusion of impertinent guests. No question of morality can be foreign to the sciences of politics ; nor will those few pages of the present work be found perhaps the least valuable, which here and in other places" are dedicated to the refutation of errors, that by their, extensive influence have perverted the foundation of moral and political justice. 266
from the situation in which it places, 1. the visitor: Let us first, according to the well known axiom of morality, put ourselves in the place of the person whom this answer excludes. If seldom happens but that he is able, if he be in possession of any discernment, to discover with tolerable accuracy whether the answer he receives be true or false. There are a thousand petty circumstances by which falshood continually detects itself. The countenance and the voice of the servant, unless long practised indeed in this lesson of deceit, his cold and reserved manner in the one case, and his free, ingenuous and unembarrassed air in the other, will almost always speak a language less ambiguous than his lips. But let us suppose only that we vehemently suspect the truth. It is not intended to keep us in ignorance of the existence of such a practice. He that adopts it, is willing to avow in general terms that such is his system, or he makes out a case for himself much less favourable than I was making out for him. The visitor then who receives this answer, feels in spite of himself a contempt for the prevarication of the person he visits. I appeal to the feelings of every man in the situation described, and I have no doubt that he will find this to be their true state in the first instance, however he may have a set of sophistical reasonings at hand by which he may in a few minutes reason down the first movement of indignation. He feels that the trouble he has taken and the civility he intended intitled him at least to truth in return.
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2. the servant. Having put ourselves in the place of the visitor, let us next put ourselves in the place
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Vide Appendices to Book II, Chap. II.
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of the poor despised servant. Let us suppose that we are ourselves destined as sons or husbands to give this answer that our father or our wife is not at home, when he or she is really in the house. Should we not feel our tongues contaminated with the base plebeian lie ? Would it be a sufficient opiate to our consciences to say that «such is the practice, and it is well understood ?» It never can be understood : its very intention is, not to be understood. We say that «we have certain arguments that prove the practice to be innocent.» Are servants only competent to understand these arguments ? Surely we ought best to be able to understand our own arguments, and yet we shrink with abhorrence from the idea of personally acting upon them. Whatever sophistry we may have to excuse our error, nothing is more certain than that our servants understand the lesson we teach them to be a lie. It is accompanied by all the retinue of falshood. Before it can be gracefully practised, the servant must be no mean proficient in the mysteries of hypocrisy. By the easy impudence with which it is uttered, he best answers the purpose of his master, or in other words the purpose of deceit. By the easy impudence with which it is uttered, he best stifles the upbraidings of his own mind, and conceals from others the shame imposed on him by his despotic task-master. Before this can be sufficiently done, he must have 268 discarded the ingenuous | frankness by means of which the thoughts find easy commerce with the tongue, and the clear and undisguised countenance which ought to be the faithful mirror of the mind. Do you think, when he has learned this degenerate lesson in one instance, that it will produce no unfavourable effects upon his general conduct ? Surely, if he will practice vice, we ought at least to have the magnanimity to practice it in person, not cowardlike corrupt the principles of another, and oblige him to do that which we have not the honesty to dare to do for ourselves. Objections : Pretended necessity of this practice, 1. to preserve us to intrusion : But it is said, «that this lie is necessary, and that the intercourse of human society cannot be carried on without it.» What, is it not as easy to say, «1 am engaged,» or «indisposed,» or as the case may happen, as «1 am not at home ?» Are these answers more insulting, than the universally suspected answer, the notorious hypocrisy of «1 am not at home ?» The purpose indeed for which this answer is usually employed is a deceit of another kind. Every man has in the catalogue of his acquaintance some that he particularly loves, and others to whom he is indifferent, or perhaps worse than indifferent. This answer leaves the latter to suppose, if they please, that they are in the class of the former. And what is the benefit to result from this indiscriminate, undistinguishing manner of treating our neighbours ? Whatever benefit it be, it no 269 doubt | exists in considerable vigour in the present state of polished society, where forms perpetually intrude to cut off all intercourse between the feelings of mankind ; and I can scarcely tell a man on the one hand «that I esteem his character and honour his virtues,» or on the other «that he is fallen into an error which will be of prejudicial consequence to him,» without trampling upon all the barriers of politeness. But is all this right ? Is not the esteem or the disapprobation of others among the
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most powerful incentives to virtue or punishments of vice ? Can we even understand virtue and vice half so well as we otherwise should, if we be unacquainted with the feelings of our neighbours respecting them ? If there be in the list our acquaintance any person whom we particularly dislike, it usually happens that it is for some moral fault that we perceive or think we perceive in him. Why should he be kept in ignorance of our opinion respecting him, and prevented from the opportunity either of amendment or vindication ? If he be too wise or too foolish, too virtuous or too vicious for us, why should he not be ingenuously told of his mistake in his intended kindness to us, rather than be suffered to find it out by six months enquiry from our servants ? 2. to free us from disagreeble acquaitance. This leads us to yet one more argument in favour of this disingenuous practice. We are told, there is no other by which we can rid ourselves of disagreeable acquaintance.» How long shall this be one of the effects of polished society, to per270 suade us | that we are incapable of doing the most trivial offices for ourselves ? You may as well tell me, «that it is a matter of indispensible necessity to have a valet to put on my stockings.» In reality the existence of these troublesome visitors is owing the hypocrisy of politeness. It is that we wear the same indiscriminate smile, the same appearance of cordiality and complacence to all our acquaintance. Ought we to do thus ? Are virtue and excellence entitled to no distinctions ? For the trouble of these impertinent visits we may thank ourselves. If we practised no deceit, if we assumed no atom of cordiality and esteem we did not feel, we should be little pestered with these buzzing intruders. But one species of falshood involves us in another ; and he, that pleads for these lying answers to our visitors, in reality pleads the cause of a cowardice, that dares not deny to vice the distinction and kindness that are exclusively due to virtue. Characters of the honest and dishonest man in this respect compared. The man who acted upon this system would be very far removed from a Cynic. The conduct of men formed upon the fashionable system is a perpetual contradiction. At one moment they fawn upon us with a servility that dishonours the dignity of man, and at another treat us with a neglect, a sarcastic insolence, and a supercilious disdain, that are felt as the severest cruelty, by him who has not the firmness to regard them with neglect. The conduct of the genuine moralist is equable and uniform. He loves all mankind, he desires the benefit of all, and this love and this desire 271 are legible in his conduct. Does | he remind us of our faults ? It is with no mixture of asperity, of selfish disdain and insolent superiority. Of consequence it is scarcely possible he should wound. Few indeed are those effeminate valetudinarians, who recoil from the advice, when they distinguish the motive. But, were it otherwise, the injury is nothing. Those who feel themselves incapable of suffering the most benevolent plain dealing, would derive least benefit from the prescription, and they avoid the physician. Thus is he delivered, without harshness, hypocrisy and deceit, from those whose intercourse he had least reason to desire ; and the more his character is understood, the more his acquaintance will be select, his company being chiefly sought by the ingenuous, the well disposed, and those who are desirous of improvement.
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Appendix, No. III. Subject of Sincerity Resumed.
A case proposed. - Arguments in favour of concealment. - Previous question : is truth in general to be partially communicated ? - Customary effects of sincerity - of insincerity - upon him who practices it - 1. the suspension of improvement - 2. misanthropy - 3. disingenuity - upon the spectators. Sincerity delineated - its general importance. - Application. - Duty respecting the choice of a residence. A case proposed.
To enable us more accurately to judge of the extent of the obligation to be sincere, let us suppose, «that I am resident, as a native or otherwise, in the kingdom of Portugal, and that I am of opinion that the establishment, civil and religious, of that country is in a high degree injurious to the welfare and improvement of the inhabitants» Ought I explicitly to declare the sentiments I entertain ? To this question I answer, that «my immediate duty is to seek for myself a different residence.» 273
Arguments in favour of concealment.
The arguments in favour of concealment in this case are obvious. «That country is subject to a high degree of despotism, and, if I delivered my sentiments in this frank manner, especially if along with this I were ardent and indefatigable in endeavouring to proselyte the inhabitants, my sincerity would not be endured. In that country the institution of the holy inquisition still flourishes, and the fathers of this venerable court would find means effectually to silence me, before I had well opened my commission. The inhabitants, wholly unaccustomed to such bold assertions as those I uttered, would feel their pious ears inexpressibly shocked, and the martyrdom I endured, instead of producing the good effects with which martyrdom is sometimes attended, would soon be forgotten, and, as long as it was remembered, would be remembered only with execrations of my memory. If on the contrary I concealed my sentiments, I might spend a long life in acts of substantial benevolence. If I concealed them in part, I might perhaps by a prudent and gradual disclosure effect that revolution in the opinions of the inhabitants, which by my precipitation in the other case I defeated in the outset. These arguments in favour of concealment are not built upon cowardice and selfishness, or upon a recollection of the horrible tortures to which I should be subjected. They flow from considerations of philanthropy, and an endeavour fairly to estimate in what mode my exertions may be rendered most conducive to the general good.» 274
Previous question : Is truth in general to be partially communicated ?
Before we enter upon their direct examination, it may be proper to premise some general observations. In the first place, let us calmly enquire whether the instance
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here stated be of the nature of an exception or a rule. «Ought I universally to tell only a small part of the truth at a time, careful not to shock the prejudices of my hearers, and thus lead them imperceptibly to conclusions which would have revolted them at first; or am I to practice this method only, where the risk is great, and my life may be the forfeit ?» It would seem as if truth were a sacred deposit, which I had no right to deal out in shreds to my fellow men, just as my temper or my prudence should dictate. It would seem as if it were an unworthy artifice, by an ingenuous arrangement of my materials to trick men into a conclusion, to which frankness, ingenuity and sincerity would never have conducted them. It would seem as if the shock I am so careful to avoid were favourable to the health and robust constitution of mind; and that, though I might in this way produce least temporary effect, the ultimate result would afford a balance greatly in favour of undisguised sincerity. Customary effects of sincerity :
A second preliminary proper to be introduced in this place consists in a recollection of the general effects of sincerity and insincerity, the reasons for which the one is commonly laudable and the other to be blamed, independently of the subjects about which they may be employed. Sincerity is laudable, on account of the firmness and 275 energy of character it never fails to produce. | «An upright man,» it has sometimes be said, «ought to carry his heart in his hand.» He ought to have an ingenuousness which shrinks from no examination. The commerce between his tongue and his heart is uniform. Whatever he speaks you can depend upon to be the truth and the whole truth. The designs he has formed he employs no artifice to conceal. He tells you in the first instance : «This is the proposition I mean to demonstrate. I put you upon your guard. I will not take you by surprise. If what I affirm be the truth, it will bear your scrutiny. If it were error, I could have recourse to no means more equivocal, than that of concealing in every step of the process the objet in which my exertions were intended to terminate.» of insincerity : upon him who practises i t :
1. the suspension of improvement: Insincerity is to be blamed, because it has an immediate tendency to vitiate the integrity of character. «1 must conceal the opinion I entertain,» suppose, «from the holy father inquisitor.» What method shall I employ for this purpose ? Shall I hide them as an impenetrable secret from all the world ? If this be the system I adopt, the consequence is an instant and immediate end to the improvement of my mind. It is by the efforts of a daring temper that improvements and discoveries are made. The seeds of discovery are scattered in every thinking mind, but they are too frequently starved by the ungenial soil upon which they fall. Every man suspects the absurdity of kings and lords, and the injustice of that glaring and oppressive inequality which 276 subsists in most civilised countries. But he dares not let his | mind loose in so adventurous a subject. If I tell my thoughts, I derive from the act of communication encouragement to proceed. I perceive in what manner they are received by others, and this perception acts by rebound upon my own progress. If they be received cordially, I derive new encouragement from the approbation of others. If they be
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An Enquiry Concerning Political Justice
received with opposition and distrust, I am induced to revise them. I detect their errors, or I strengthen my arguments, and add new truths to those which I had previously accumulated. What can excite me to pursuit of discovery, if I know that I am never to communicate my discoveries ? It is in the nature of things impossible, that the man, who has determined with himself never to utter the truths he knows, should be an intrepid and indefatigable thinker. The link which binds together the inward and the outward man is indissoluble ; and he, that is not bold in speech, will never be ardent and unprejudiced in enquiry. 2. misanthropy:
Add to this, that conscious disguise has the worst effect upon the temper, and converts virtue, which ought to be frank, social and ingenuous, into a solitary, morose and misanthropical principle. 3. disingenuity :
But let us conceive that the method I employ to protect myself from persecution is different from that above stated. Let us suppose that I communicate my sentiments, but with caution and reserve. This system involves with it an endless train of falshood, duplicity and tergiversation. When I communicate my sentiments, it is under 277 the inviolable seal of secrecy. If my | zeal carry me any lengths, and my love of truth be ardent, I shall wish to communicate it as far as the bounds of prudence will possibly admit, and it will be strange if in a course of years I do not commit one mistake in my calculation. My grand secret is betrayed, and suspicion is excited in the breast of the father inquisitor. What shall I do now ? I must, I suppose, stoutly deny the fact. I must compose my features into a consistent expression of the most natural ignorance and surprise, happy if I have made such progress in the arts of hypocrisy and falshood, as to put the change upon the wild beast who is ready to devour me. The most consummate impostor is upon this hypothesis the man of most perfect virtue. But this is not all. My character for benevolence being well known, I am likely to be surrounded by persons of good humoured indiscretion rather than by inveterate enemies. Of every man who questions me about my real sentiments I must determine first, whether he simply wish to be informed, or whether his design be to betray me. The character of virtue seems in its own nature to be that of firm and unalterable resolution, confident in its own integrity. But the character that results from this system begins in hesitation, and ends in disgrace. I am questioned whether such be my real sentiments. I deny it. My questioner returns to the charge with an, «Oh, but I heard it from such a one, and he was present when you delivered them.» 278 What am I to do now ? Am I to asperse the character of | the honest reporter of my words ? Am I to make an impotent effort to get rid of the charge ; and, instead of establishing my character for orthodoxy, astonish my informer with my cool and intrepid effrontery ? upon the spectators.
Insincerity has the worst effect both upon him who practices, and upon them who behold it. It deprives virtue of that conscious magnanimity and ease, which ought
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ever to be ranked among its noblest effects. It requires the perpetual exercise of presence of mind, not for the purpose of telling the most useful truths in the best manner, but in order to invent a consistent catalogue of lies, and to utter them with a countenance at war with every thing that is passing in my heart. It destroys that confidence on the part of my hearers, which ought to be inseparable from virtue. They cannot all of them be expected to understand the deep plan of benevolence and the total neglect of all selfish and timid considerations by which I am supposing my conduct to be regulated. But they can all see my duplicity and tergiversation. They all know that I excel the most consummate impostor in the coolness with which I can utter falshood, and the craft with which I can support it. Sincerity delineated. Sincerity has sometimes been brought into disrepute by the absurd system according to which it has been pursued, and still oftener by the whimsical picture which the adversaries of undistinguishing sincerity have made of it. It is not necessary that I 279 should stop every person that I meet in the street to inform him of my sentiments. It is not necessary that I should perpetually talk to the vulgar and illiterate of the deepest and sublimest truths. All that is necessary is, that I should practise no concealment, that I should preserve my disposition and character untainted. Whoever questions me, it is necessary that I should have no secrets or reserves, but be always ready to return a frank and explicit answer. When I undertake by argument to establish any principle, it is necessary that I should employ no circuitous methods, but clearly state in the first instance the object I have in view. Having satisfied this original duty, I may fairly call upon my hearer for the exercise of his patience. «It is true,» I may say, «that the opinion I deliver will appear shocking to your prejudices, but I will now deliberately and minutely assign the reasons upon which it is founded. If they appear satisfactory, receive ; if they be inconclusive, reject it.» This is the ground work of sincerity. The superstructure is the propagation of every important truth, because it conduces to the improvement of man whether individually or collectively ; and the telling all I know of myself and of my neighbour, because strict justice and unequivocal publicity are the best security for every virtue. Its general importance. Sincerity then, in ordinary cases at least, seems to be of so much importance, that it 280 is my duty first to consider how to | preserve my sincerity untainted, and afterwards to select the best means in my power in each particular situation, of benefiting mankind. Sincerity is one of those paramount and general rules which is never to give way to the affair of the day. I may imagine perhaps that falshood and deceit may be most beneficial in some particular instances, as I might imagine upon the subject of a preceding chapter, that it would be virtuous to plant my dagger in the heart of a tyrant. But we should be cautious of indulging our imaginations in these instances. The great law of always employing ingenuous and honourable means seems to be of more importance than the exterminating any local and temporary evils. I well know in the present case what good will result from a frank and undisguised principle of action, and what evil from deceit, duplicity and falshood. But I am much less certain of the good that will arise under particular circumstances from a neglect of these principles.
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An Enquiry Concerning Political Justice
Application.
Having thus unfolded the true ground of reasoning upon this subject, we will return to the question respecting the conduct to be observed by the reformer in Portugal. Duty respecting the choice of a residence.
And here the true answer will perhaps be found to be that which has been above delivered, that a person so far enlightened upon these subjects, ought by no consideration to be prevailed upon to settle in Portugal; and, if he were there already, 281 ought | to quit the country with all convenient speed. His efforts in Portugal would probably be vain ; but there is some other country in which they will be attended with the happiest consequences. It may be objected, «that some person must begin the work of reformation in Portugal, and why should it not be the individual of whom we are treating ?» But the answer is, that, in the sense supposed in this objection, it is not necessary that any body should begin. These great and daring truths ought to be published in England, France and other countries ; and the dissemination that will attend them here, will produce a report and afford an example, which after some time may prepare them a favourable reception there. The great chain of causes from which every event in the universe takes its rise, has sufficiently provided for the gradual instruction of mankind, without its being necessary that individuals should violate their principles and sacrifice their integrity to accomplish it. Perhaps there never was a mind that so far outran the rest of the species, but that there was some country in which the man has possessed it might safely tell all he knew. The same causes that ripen the mind of the individual are acting generally, ripening similar minds, and giving a certain degree of similar impression to whole ages and countries. There exist perhaps at this very moment in Portugal, or soon will exist, minds, which, though mere children in science com282 pared with | their gigantic neighbours in a more favoured soil, are yet accurately adapted to the improvement of their countrymen. If by any sport of nature an exotic should spring up, let him be transplanted to a climate that will prove more favourable to his vigour and utility. Add to this, that, when we are inclined to set an inordinate value upon our own importance, it may be reasonable to suspect that we are influenced by some lurking principle of timidity or vanity. It is by no means certain that the individual ever yet existed, whose life was of so much value to the community, as to be worth preserving as so great an expence, as that of his sincerity.
Book IV, Chapter V
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Chap. V. Of Free Will and Necessity.
Importance of the question. - Definition of necessity. - Why supposed to exist in the operations of the material universe. - The case of the operations of mind is parallel. - Indications of necessity - in history - in our judgments of character - in our schemes of policy - in our ideas of moral discipline. - Objection from the fallibility of our expectations in human conduct. - Answer. - Origin and universality of the sentiment of free will. The sentiment of necessity also universal. - The truth of this sentiment argued from the nature of volition. - Hypothesis of free will examined. — Self-determination. - Indifference. - The will not a distinct faculty. - Free will disadvantageous to its possessor. - Of no service to morality. Having now finished the theoretical part of our enquiry, so far as appeared to be necessary to afford a foundation for our reasoning respecting the different provisions 284 of political | institution, we might directly proceed to the consideration of those provisions. It will not however be useless to pause in this place, in order to consider those general principles of the human mind, which are most intimately connected with the topics of political reasoning0.
None of these principles seems to be of greater importance than that which affirms that all actions are necessary. Importance of the question. Most of the reasonings upon which we have hitherto been employed, though perhaps constantly built upon this doctrine as a postulate, will yet by their intrinsic evidence, however inconsistently with his opinion upon this primary topic, be admitted by the advocate of free will. But it ought not to be the present design of political enquirers to treat the questions that may present themselves superficially. It will be found upon maturer reflection that this doctrine of moral necessity includes in it consequences of the highest moment, and leads to a bold and comprehensive view of man in society, which cannot possibly be entertained by him who has embraced the opposite opinion. Severe method would have required that this proposition should 285 have been established in the first instance, as an indispensible | foundation of moral reasoning of every sort. But there are well disposed persons, who notwithstanding the evidence with which it is attended, have been alarmed at its consequences ; and a
The reader, who is indisposed to abstruse speculations, will find the other members of the enquiry sufficiently connected, without an express reference to the remaining part of the present book.
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it was perhaps proper, in compliance with their mistake, to shew that the moral reasonings of this work did not stand in need of this support, in any other sense than moral reasonings do upon every other subject. Definition of necessity. To the right understanding of any arguments that may be adduced under this head, it is requisite that we should have a clear idea of the meaning of the term necessity. He who affirms that all actions are necessary, means, that, if we form a just and complete view of all the circumstances in which a living or intelligent being is placed, we shall find that he could not in any moment of his existence have acted otherwise than he has acted. According to this assertion there is in the transactions of mind nothing loose, precarious and uncertain. Upon this question the advocate of liberty in the philosophical sense must join issue. He must, if he mean any thing, deny this certainty of conjunction between moral antecedents and consequents. Where all is constant and invariable, and the events that arise uniformly flow from the circumstances in which they originate, there can be no liberty. Why supposed to exist in the operations of the material universe.
286 It is acknowledged that in the events of the material universe | every thing is subjected to this necessity. The tendency of investigation and enquiry relatively to this topic of human knowledge has been, more effectually to exclude chance, as our improvements extended. Let us consider what is the species of evidence that has satisfied philosophers upon this point. Their only solid ground of reasoning has been from experience. The argument which has induced mankind to conceive of the universe as governed by certain laws, and to entertain the idea of necessary connexion between successive events, has been an observed similarity in the order of succession. If, when we had once remarked two events succeeding each other, we had never had occasion to see that individual succession repeated; if we saw innumerable events in perpetual progression without any apparent order, so that all our observation would not enable us, when we beheld one, to pronounce that another of such a particular class might be expected to follow ; we should never have conceived of the existence of necessary connexion, or have had an idea corresponding to the term cause. Hence it follows that all that strictly speaking we know of the material universe is the succession of events. Uniform succession irresistibly forces upon the mind the idea of abstract connexion. When we see the sun constantly rise in the morning and set at night, and have had occasion to observe this phenomenon invariably taking 287 place through the whole period of our | existence, we cannot avoid believing that there is some cause producing this uniformity of event. But the principle or virtue by which one event is conjoined to another we never see. Let us take some familiar illustrations of this truth. Can it be imagined that any man by the inspection and analysis of gunpowder would have been enabled, previously to experience, to predict its explosion ? Would he previously to experience have been enabled to predict, that one piece of marble having a flat and polished surface might with facility be protruded along another in a horizontal, but would with considerable pertinacity resist separation in a perpendicular direction ? The
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simplest phenomena o f the most hourly occurrence were originally placed at an equal distance from human sagacity. There is a certain degree o f obscurity incident to this subject arising from the following circumstance. A l l human knowledge is the result of perception. W e know nothing o f any substance but by experience. I f it produced no effects, it would be no subject of human intelligence. W e collect a considerable number o f these effects, and, by their perceived uniformity having reduced them into general classes, from a general idea annexed to the subject that produces them. It must be admitted, that a definition o f any substance, that is, any thing that deserves to be called knowledge respecting it, will enable us to predict some o f its future possible effects, and that f o r 288 this plain reason, that definition is prediction under another name. But, though, when w e have gained the idea o f impenetrability as a general phenomenon o f matter, w e can predict some o f its effects, there are others which w e cannot predict: or in other words, w e know none o f its effects but such as w e have actually remarked, added to an expectation that similar events w i l l arise under similar circumstances, proportioned to the constancy with which they have been observed to take place in our past experience. Finding as w e do by repeated experiments, that material substances have the property o f resistance, and that one substance in a state of rest, when impelled by another, passes into a state o f motion, w e are still in want of more particular observation to enable us to predict the specific effects that will f o l l o w from his impulse in each o f the bodies. Enquire o f a man who knows nothing more o f matter than its general property o f impenetrability, what will be the result of one ball o f matter impinging upon another, and you will soon find how little this general property can inform him o f the particular laws o f motion. W e suppose him to know that it will communicate motion to the second ball. But what quantity o f motion w i l l it communicate ? What effects will the impulse produce upon the impelling ball ? W i l l it continue to move in the same direction ? w i l l it recoil in the opposite direction ? will it f l y o f f obliquely, or will it subside into a state of rest ? A l l these events will appear equally probable to him whom a series o f observations upon the past has not instructed as to what he is expect from the future. 289
From these remarks w e may sufficiently collect what is the species of knowledge w e possess respecting the laws o f the material universe. N o experiments w e are able to make, no reasonings w e are able to deduce, can ever instruct us in the principle of causation, or shew us for what reason it is that one event has, in every instance in which it has been known to occur, been the precursor o f another event of a certain given description. Yet w e reasonably believe that these events are bound together by a perfect necessity, and exclude from our ideas of matter and motion the supposition o f chance or an uncaused event. Association o f ideas obliges us, after having seen t w o events perpetually conjoined, to pass, as soon as one o f them occurs, to be the recollection o f the other: and, in cases where this transition never deceives us, but the ideal succession is always found to be an exact copy of the future event, it is impossible that this species o f foresight should not convert into a general foundation o f reasoning. W e cannot take a single step upon this subject, which does not partake o f the species o f operation w e denominate abstraction. Till w e have been led to
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consider the rising of the fun to-morrow as an incident of the same species as its rising today, we cannot deduce from it similar consequences. It is the business of science to carry this task of generalisation to its farthest extent, and to reduce the diversified events of the universe to a small number of original principles. The case of the operations of mind is parallel.
290 Let us proceed to apply these reasonings concerning matter to | the illustration of the theory of mind. Is it possible in this latter theory, as in the former subject, to discover any general principles ? Can intellect be made a topic of science ? Are we able to reduce the multiplied phenomena of mind to any certain standard of reasoning ? If the affirmative of these questions be conceded, the inevitable consequence appears to be, that mind, as well as matter, exhibits a constant conjunction of events, and affords a reasonable presumption to the necessary connexion of those events. It is of no importance that we cannot see the ground of that connexion, or imagine how propositions and reasoning, when presented to the mind of a percipient being, are able by necessary consequence to generate volition and animal motion ; for, if there be any truth in the above reasonings, we are equally incapable of perceiving the ground of connexion between any two events in the material universe, the common and received opinion that we do perceive such ground of connexion being in reality nothing more than a vulgar prejudice. Indications of necessity: in history:
That mind is a topic of science may be argued from all those branches of literature and enquiry which have mind for their subject. What species of amusement or instruction would history afford us, is there were no ground of inference from moral causes to effects, if certain temptations and inducements did not in all ages and climates produce a certain series of actions, if we were unable to trace connexion and a principle of unity in men's tempers, propensities and transactions ? The amuse291 ment would | be inferior to that which we derive from the perusal of a chronological table, where events have no order but that of time ; since, however the chronologist may neglect to mark the internal connexion between successive transactions, the mind of the reader is busied in supplying that connexion from memory or imagination : but the very idea of such connexion would never have suggested itself, if we had never found the source of that idea in experience. The instruction arising from the perusal of history would be absolutely none ; since instruction implies in its very nature the classing and generalising of objects. But, upon the supposition of which we are arguing, all objects would be unconnected and disjunct, without the possibility of affording any grounds of reasoning or principles of science. in our judgments of character :
The idea correspondent to the term character inevitably includes in it the assumption of necessary connexion. The character of any man is the result of a long series of impressions communicated to his mind, and modifying it in a certain manner, so as to enable us, from a number of these modifications and impressions being given, to predict his conduct. Hence arise his temper and habits, respecting which we reason-
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ably conclude, that they will not be abruptly superseded and reversed; and that, if they ever be reversed, it will not be accidentally, but in consequence of some strong reason persuading, or some extraordinary event modifying his mind. If there were not this original and essential connexion between motives and actions, and, which 292 forms one particular branch of this principle, between men's past and future actions, 5 there could be no such thing as character, or as a ground of inference enabling us to predict what men would be from what they have been. in our schemes of policy : From the same idea of necessary connexion arise all the schemes of policy, in consequence of which men propose to themselves by a certain plan of conduct to 10 prevail upon others to become the tools and instruments of their purposes. All the arts of courtship and flattery, of playing upon men's hopes and fears, proceed upon the supposition that mind is subject to certain laws, and that, provided we be skilful and assiduous enough in applying the cause, the effect will inevitably follow. in our ideas of moral discipline. 15 Lastly, the idea of moral discipline proceeds entirely upon this principle. If I carefully persuade, exhort, and exhibit motives to another, it is because I believe that motives have a tendency to influence his conduct. If I reward or punish him, either with a view to his own improvement or as an example to others, it is because I have been led to believe that rewards and punishments are calculated in their own nature 20 to affect the sentiments and practices of mankind. Objection from the fallibility of our expectations in human conduct. There is but one conceivable objection against the inference from these premises to the necessity of human actions. It may be alledged, that «though there is a real 293 connexion between | motives and actions, yet that this connexion may not amount to 25 a certainty, and that of consequence the mind still retains an inherent activity by which it can at pleasure dissolve this connexion. Thus for example, when I address argument and persuasion to my neighbour to induce him to adopt a certain species of conduct, I do it not with a certain expectation of success, and am not utterly disappointed if all my efforts fail of their effect. I make a reserve for a certain faculty of 30 liberty he is supposed to possess, which may at last counteract the best digested projects.» Answer.
But in this objection there is nothing peculiar of the case of mind. It is just so in matter. I see a part only of the premises, and therefore can pronounce only with 35 uncertainty upon the conclusion. A philosophical experiment, which has succeeded a hundred times, may altogether fail upon the next trial. But what does the philosopher conclude from this ? Not that there is a liberty of choice in his retort and his materials, by which they baffle the best formed expectations. Nor that the connexion between effects and causes is imperfect, and that part of the effect happens from no 40 cause at all. But that there was some other cause concerned whose operation he did not perceive, but which a fresh investigation will probably lay open to him. When the science of the material universe was in its infancy, men were sufficiently prompt
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to refer events to accident and chance; but the farther they have extended their 294 enquiries and | observation, the more reason they have found to conclude that every thing takes place according to necessary and universal laws. The case is exactly parallel with respect to mind. The politician and the philosopher, however they may speculatively entertain the opinion of free will, never think of introducing it into their scheme of accounting for events. If an incident turn out otherwise than they expected, they take it for granted, that there was some unobserved bias, some habit of thinking, some prejudice of education, some singular association of ideas, that disappointed their prediction ; and, if they be of an active and enterprising temper, they return, like the natural philosopher, to search out the secret spring of the unlooked for event. Origin and universality of the sentiment of free will. The reflections into which we have entered upon the doctrine of causes, not only afford us a simple and impressive argument in favour of the doctrine of necessity, but suggest a very obvious reason why the doctrine opposite to this has been in a certain degree the general opinion of mankind. It has appeared that the idea of necessary connexion between events of any sort is the lesson of experience, and the vulgar never arrive at the universal application of this principle even to the phenomena of the material universe. In the easiest and most familiar instances, such as the impinging of one ball of matter upon another and its consequences, they willingly 295 admit the interference of chance, | or an event uncaused. In this instance however, as both the impulse and its effects are subjects of observation to the senses, they readily imagine that they perceive the absolute principle which causes motion to be communicated from the first ball to the second. Now the very same prejudice and precipitate conclusion, which induce them to believe that they discover the principle of motion in objects of sense, act in opposite direction with respect to such objects as cannot be subjected to the examination of sense. The manner in which an idea or proposition suggested to the mind of a percipient being produces animal motion they never see; and therefore readily conclude that there is no necessary connexion between these events. The sentiment of necessity also universal.
But, if the vulgar will universally be found to be the advocates of free will, they are not less strongly, however inconsistently, impressed with the belief of the doctrine of necessity. It is a well known and a just observation, that, were it not for the existence of general laws to which the events of the material universe always conform, man could never have been either a reasoning or a moral being. The most considerable actions of our lives are directed by foresight. It is because he foresees the regular succession of the seasons, that the farmer sows his field, and after the expiration of a certain term expects a crop. There would be no kindness in my administering food to the hungry, and no injustice in my thrusting a drawn sword 296 against the | bosom of my friend, if it were not the established quality of food to nourish, and of a sword to wound. But the regularity of events in the material universe will not of itself afford a sufficient foundation of morality and prudence. The voluntary conduct of our neigh-
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bours enters for a share into almost all those calculations upon which our own plans and determinations are founded. If voluntary conduct, as well as material impulse, were not subjected to general laws, included in the system of cause and effect, and a legitimate topic of prediction and foresight, the certainty of events in the material universe would be productive of little benefit. But in reality the mind passes from one of these topics of speculation to the other, without accurately distributing them into classes, or imagining that there is any difference in the certainty with which they are attended. Hence it appears that the most uninstructed peasant or artisan is practically a necessarian. The farmer calculates as securely upon the inclination of mankind to buy his corn when it is brought into the market, as upon the tendency of the seasons to ripen it. The labourer no more suspects that his employer will alter his mind and not pay him his daily wages, than he suspects that his tools will refuse to perform those functions today, in which they were yesterday employed with success". T h e truth of this sentiment argued f r o m the nature o f volition.
297 Another argument in favour of the doctrine of necessity, not less clear and irresistible than that from the consideration of cause and effect, will arise from any consistent explication that can be given of the nature of voluntary motion. The motions of the animal system distribute themselves into two great classes, voluntary and involuntary. Involuntary motion, whether it be conceived to take place independently of the mind, or to be the result of thought and perception, is so called, because the consequences of that motion, either in whole or in part, did not enter into the view of the mind when the motion commenced. Thus the cries of a newborn infant are not less involuntary than the circulation of the blood; it being impossible that the sounds first resulting from a certain agitation of the animal frame should be foreseen, since foresight is the fruit of experience. From these observations we may deduce a rational and consistent account of the nature of volition. Voluntary motion is that which is accompanied with foresight, and flows from intention and design. Volition is that state of an intellectual being, in which, the mind being affected in a certain manner by the apprehension of an end to be accomplished, a certain motion of the organs and members of the animal frame is found to be produced. 298 Here then the advocates of intellectual liberty have a clear | dilemma proposed to their choice. They must ascribe this freedom, this imperfect connexion of effects and causes, either to our voluntary or our involuntary motions. They have already made their determination. They are aware that to ascribe freedom to that which is involuntary, even if the assumption could be maintained, would be altogether foreign to the great subjects of moral, theology or political enquiry. Man would not be in any degree more of an agent or an accountable being, though it could be proved that all his involuntary motions sprung up in a fortuitous and capricious manner. "
The reader will find the substance of the above arguments in a mote diffusive form in Hume's Enquiry concerning Human Understanding, being the third part of his Essays.
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But on the other hand to ascribe freedom to our voluntary actions is an express contradiction in terms. No motion is voluntary any farther than it is accompanied with intention and design, and flows from the apprehension of an end to be accomplished. So far as it flows in any degree from another source, so far it is involuntary. The new-born infant foresees nothing, therefore all his motions are involuntary. A person arrived at maturity takes an extensive survey of the consequences of his actions, therefore he is eminently a voluntary and rational being. If any part of my conduct be destitute of all foresight of the effects to result, who is there that ascribes to it depravity and vice ? Xerxes acted just as soberly as such a reasoner, when he caused his attendants to inflict a thousand lashes on the waves of the Hellespont. Hypothesis of free will examined. Self determination.
299 The truth of the doctrine of necessity will be still more evident, if we consider the absurdity of the opposite hypothesis. One of its principal ingredients is self determination. Liberty in an imperfect and popular sense is ascribed to the motions of the animal system, when they result from the foresight and deliberation of the intellect, and not from external compulsion. It is in this sense that the word is commonly used in moral and political reasoning. Philosophical reasoners therefore, who have desired to vindicate the property of freedom, not only to our external motions, but to the acts of the mind, have been obliged to repeat this process. Our external actions are then said to be free, when they truly result from the determination of the mind. If our volitions, or internal acts are also free, they must in like manner result from the determination of the mind, or in other words, «the mind in adopting them» must be «self determined.» Now nothing can be more evident than that that in which the mind exercises its freedom, must be an act of the mind. Liberty therefore according to this hypothesis consists in this, that every choice we make has been chosen by us, and every act of the mind been preceded and produced by an act of the mind. This is so true, that in reality the ultimate act is not styled free from any quality of its own, but because the mind is adopting it was self determined, that is, because it was preceded by another act. The ultimate act resulted completely from the determination that was its precursor. It was itself necessary ; and, if we would look for 300 freedom, it must be in the preceding act. But in that | preceding act also, if the mind were free, is was self determined, that is, this volition was chosen by a preceding volition, and by the same reasoning this also by another antecedent to itself. All the acts except the first we were necessary, and followed each other as inevitably as the links of a chain do, when the first link is drawn forward. But then neither was the first act free, unless the mind in adopting it were self determined, that is, unless this act were chosen by a preceding act. Trace back the chain as far as you please, every act at which you arrive is necessary. That act, which gives the character of freedom to the whole, can never be discovered ; and, if it could, in its own nature includes a contradiction. Indifference.
Another idea which belongs to the hypothesis of self determination, is, that the mind is not necessarily inclined this way or that by the motives which are presented to it,
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by the clearness or obscurity with which they are apprehended, or by the temper or character which preceding habits may have generated ; but that by its inherent activity it is equally capable of proceeding either way, and passes to its determination from a previous state of absolute indifference. Now what sort of activity is that which is equally inclined to all kinds of actions ? Let us suppose a particle of matter endowed with an inherent propensity to motion. This propensity must either be to move in one particular direction, and then it must for ever move in that direction 301 unless counteracted by some external impression; or it must | have an equal tendency to all directions, and then the result must be a state of perpetual rest. The absurdity of this consequence is so evident, that the advocates of intellectual liberty have endeavoured to destroy its force by means of a distinction. «Motive,» it has been said, «is indeed the occasion, the sine qua non of volition, but it has no inherent power to compel volition. Its influence depends upon the free and unconstrained surrender of the mind. Between opposite motives and considerations the mind can choose as it pleases, and by its determination can convert the motive which is weak and insufficient in the comparison into the strongest.» But this hypothesis will be found exceedingly inadequate to the purpose for which it is produced. Motives must either have a necessary and irresistible influence, or they can have no influence at all. For, first, it must be remembered, that the ground or reason of any event, of whatever nature it be, must be contained among the circumstances which precede that event. The mind is supposed to be in a state of previous indifference, and therefore cannot be, in itself considered, the source of the particular choice that is made. There is a motive on one side and a motive on the other: between these lie the true ground and reason of preference. But, wherever there is tendency to pre302 ference, there may be degrees of tendency. If the degrees be | equal, preference cannot follow : it is equivalent to the putting equal weights into the opposite scales of a balance. If one of them have a greatest tendency to preference than the other, that which have a greatest tendency must ultimately prevail. When two things are balanced against each other, so much amount may be conceived to be struck off from each side as exists in the smaller sum, and the overplus that belongs to the greater is all that truly enters into the consideration. Add to this, secondly, that, if motive have not a necessary influence, it is altogether superfluous. The mind cannot first choose to be influenced by a motive, and afterwards submit to its operation : for in that case the preference would belong wholly to this previous volition. The determination would in reality be complete in the first instance ; and the motive, which came in afterwards, might be the pretext, but could not be the true source of the proceeding" . The will not a distinct faculty. Lastly, it may be observed upon the hypothesis of free will, that the whole system is built upon a distinction where there is no difference, to wit, a distinction between the "
The argument from the impossibility of free will is treated with great force of reasoning in Jonathan Edwards's Enquiry into the Freedom of the Will.
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intellectual and active powers of the mind. A mysterious philosophy taught men to suppose, that, when the understanding had perceived any object to be desirable, 303 there was need of some distinct | power to put the body in motion. But reason finds no ground for this supposition ; nor is it possible to conceive, that, in the case of an intellectual faculty placed in an aptly organised body, preference can exist, together with a consciousness, gained from experience, of our powers to obtain the object preferred, without a certain motion of the animal frame being the necessary result. We need only attend to the obvious meaning of the terms in order to perceive that the will is merely, as it has been happily termed, the last act of the understanding, one of the different cases of the association of ideas. What indeed is preference, but a perception of something that really inheres or is supposed to inhere in the objects themselves ? It is the judgment, true or erroneous, which the mind makes respecting such things as are brought into comparison with each other. If this had been sufficiently attended to, the freedom of the will would never have been gravely maintained by philosophical writers, since no man ever imagined that we were free to feel or not to feel an impression made upon our organs, and to believe or not to believe a proposition demonstrated to our understanding. Free will disadvantageous to its possessor :
It must be unnecessary to add any thing farther on this head, unless it be a momentary recollection of the sort of benefit that freedom of the will would confer upon us, supposing it to be possible. Man being, as we have now found him to be, a simple substance, governed by the apprehensions of his understanding, nothing far304 ther is requisite but the improvement of his | reasoning faculty, to make him virtuous and happy. But, did he possess a faculty independent of the understanding, and capable of resisting from mere caprice the most powerful arguments, the best education and the most sedulous instruction might be of no use to him. This freedom we shall easily perceive to be his bane and his curse; and the only hope of lasting benefit to the species would be, by drawing closer the connexion between the external motions and the understanding, wholly to extirpate it. The virtuous man, in proportion to his improvement, will be under the constant influence of fixed and invariable principles ; and such a being we conceive God to be, can never in any one instance have exercised this liberty, that is, can never have acted in a foolish and tyrannical manner. of no service to morality. Freedom of the will is absurdly represented as necessary to render the mind susceptible of moral principles ; but in reality, so far as we act with liberty, so far as we are independent of motives, our conduct is as independent of morality as it is of reason, nor is it possible that we should deserve either praise or blame for a proceeding thus capricious and indisciplinable.
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Chap. VI. Inferences from the Doctrine of Necessity.
Idea it suggests to us of the universe. - Influence on our moral ideas action -virtue - exertion - persuasion - exhortation - ardour - complacence and aversion - punishment - repentance - praise and blame - intellectual tranquillity. - Language of necessity recommended. Ideas it suggests to us of the universe. Considering then the doctrine of moral necessity as sufficiently established, let us proceed to the consequences that are to be deduced from it. This view of things presents us with an idea of the universe as connected and cemented in all its parts, nothing in the boundless progress of things being capable of happening otherwise than it has actually happened. In the life of every human being there is a chain of causes, generated in that eternity which preceded his birth, and going on in regular procession through the whole period of his existence, in consequence of which it was impossible for him to act in any instance otherwise than he has acted. 306
Influence on our moral ideas : The contrary of this having been the conception of the mass of mankind in all ages, and the ideas of contingency and accident having perpetually obtruded themselves, the established language of morality has been univerersally tinctured with this error. It will therefore be of no trivial importance to enquire how much of this language is founded in the truth of things, and how much of what is expressed by it is purely imaginary. Accuracy of language is the indispensible prerequisite of sound knowledge, and without attention to that subject we can never ascertain the extent and importance of the consequences of necessity.
action : First then it appears, that, in the emphatical and refined sense in which the word has sometimes been used, there is no such thing as action. Man is in no case strictly speaking the beginner of any event or series of events that takes place in the universe, but only the vehicle through which certain causes operate, which causes, if he were supposed not to exit, would cease to operate. Action however, in its more simple and obvious sense, is sufficiently real, and exists equally both in mind and in matter. When a ball upon a billiard board is struck by a person playing, and afterwards impinges upon a second ball, the ball which was first in motion is said to act upon the second, though it operate in the strictest conformity to the impression it received, and the motion it communicates be precisely determined by the circum307 stances of the case. Exactly similar to this, upon the principles | already explained, are the actions of the human mind. Mind is a real cause, an indispensible link in the great chain of the universe ; but not, as has sometimes been supposed, a cause of that
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paramount description, as to supersede all necessities, and be itself subject to no laws and methods of operation. Upon the hypothesis of a God, it is not the choice, apprehension or judgement of that being, so properly as the truth which was the foundation of that judgement, that has been the source of all contingent and particular existences. His existence, if necessary, was necessary only as the sensorium of truth and the medium of its operation. virtue. Is this view of things incompatible with the existence of virtue ? If by virtue we understand the operation of an intelligent being in the exercise of an optional power, so that under the same precise circumstances it might or might not have taken place, undoubtedly it will annihilate it. But the doctrine of necessity does not overturn the nature of things. Happiness and misery, wisdom and error will still be distinct from each other, and there will still be a connexion between them. Wherever there is distinction there is ground for preference and desire, or on the contrary for neglect and aversion. Happiness and 308 wisdom will be objects worthy to be | desired, misery and error worthy to be disliked. If therefore by virtue we mean that principles which asserts the preference of the former over the latter, its reality will remain undiminished by the doctrine of necessity. Virtue, if we would speak accurately, ought to be considered by us in the first instance objectively, rather than as modifying any particular beings. It is a system of general advantage, in their aptitude or inaptitude to which lies the value or worthlessness of all particular existences. This aptitude is in intelligent beings usually termed capacity or power. Now power in the sense of the hypothesis of liberty is altogether chimerical. But power in the sense in which it is sometimes affirmed of inanimate substances, is equally true of those which are animate. A candlestick has the power or capacity of retaining a candle in a perpendicular direction. A knife has a capacity of cutting. In the same manner a human being has a capacity of walking : though it may be no more true of him, than of the inanimate substance, that he has the power of exercising or not exercising that capacity. Again, there are different degrees as well as different classes of capacity. One knife is better adapted for the purposes of cutting than an other. Now there are two considerations relative to any particular being, that excite our approbation, and this whether the being be possessed of consciousness or no. These 309 considerations are | capacity and the application of that capacity. We approve of a sharp knife rather than a blunt one, because its capacity is greater. We approve of its being employed in carving food, rather than in maiming men or animals, because that application of its capacity is preferable. But all approbation or preference is relative to utility or general good. A knife is as capable as a man of being employed in the purposes of virtue, and the one is no more free than the other as to its employment. The mode in which a knife is made subservient to these purposes is by material impulse. The mode in which a man is made subservient is by inducement and persuasion. But both are equally the affair of necessity. The man differs from the knife, just as the iron candlestick differs from the brass one ; he has one more
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way of being acted upon. This additional way in man is motive, in the candlestick is magnetism. But virtue has another sense, in which it is analogous to duty. The virtue of a human being is the application of his capacity to the general good ; his duty is the best possible application of that capacity. The words thus explained are to be considered as rather similar to grammatical distinction, than to real and philosophical difference. Thus in Latin bonus is good as affirmed of a man, bona is good as affirmed of a woman. In the same manner we can as easily conceive of the capacity of an inanimate as of an animate substance being applied to the general good, and as 310 accurately describe the best possible application of one | as of the other. There is no essential difference between the two cases. But we call the latter virtue and duty, and not the former. These words may in a popular sense be considered as either masculine or feminine, but never neuter. exertion: But, if the doctrine of necessity do not annihilate virtue, it tends to introduce a great change into our ideas respecting it. According to this doctrine it will be absurd for a man to say, «I will exert myself,» «I will take care to remember,» or even «I will do this.» All these expressions imply as if man was or could be something else than what motives make him. Man is in reality a passive, and not an active being. In another sense however he is sufficiently capable of exertion. The operations of his mind may be laborious, like those of the wheel of a heavy machine in ascending a hill, may even tend to wear out the substance of the shell in which it acts, without in the smallest degree impeaching its passive character. If we were constantly aware of this, our minds would not glow less ardently with the love of truth, justice, happiness and mankind. We should have a firmness and simplicity in our conduct, not wasting itself in fruitless struggles and regrets, not hurried along with infantine impatience, but seeing events with their consequences, and calmly and unreservedly given up to influence of those comprehensive views which this doctrine inspires. persuasion:
311 As to our conduct towards others in instances where we were | concerned to improve and meliorate their minds, we should address our representations and remonstrances to them with double confidence. The believer in free will can expostulate with or correct his pupil with faint and uncertain hopes, conscious that the clearest exhibition of truth is impotent, when brought into contest with the unhealing and indisciplinable faculty of will; or in reality, if he were consistent, secure that it could produce no effect at all. The necessarian on the contrary employs real antecedents, and has a right to expect real effects. exhortation:
But, though he would represent, he would not exhort, for this is a term without a meaning. He would suggest motives to the mind, but he would not call upon it to comply, as if it had a power to comply or not to comply. His office would consist of two parts, the exhibition of motives to the pursuit of a certain end, and the delineation of the easiest and most effectual way of attaining that end.
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There is no better scheme for enabling us to perceive how far any idea that has been connected with the hypothesis of liberty has a real foundation, than to translate the usual mode of expressing it into the language of necessity. Suppose the idea of exhortation so translated to stand thus : «To enable any arguments I may suggest to you to make suitable impression it is necessary that they should be fairly considered. 312 I proceed therefore to evince to you the importance of attention, knowing | that, if I can make this importance sufficiently manifest attention will inevitably follow.» I should however be far better employed in enforcing directly the truth I am desirous to impress, than in having recourse to this circuitous mode of treating attention as if it were a separate faculty. Attention will in reality always be proportionate to our apprehension of the importance of the subject before us. ardour: At first sight it may appear as if, the moment I was satisfied that exertion on my part was no better than a fiction, and that I was the passive instrument of causes exterior to myself, I should become indifferent to the objects which had hitherto interested me the most deeply, and lose all that inflexible perseverance, which seems inseparable from great undertakings. But this cannot be the true state of the case. The more I resign myself to the influence of truth, the clearer will be my perception of it. The less I am interrupted by questions of liberty and caprice, of attention and indolence, the more uniform will be my constancy. Nothing could be more unreasonable than that the sentiment of necessity should produce in me a spirit of neutrality and indifference. The more certain is the connexion between effects and causes, the more chearfulness should I feel in yielding to painful and laborious employments. complacence and aversion : It is common for men impressed with the opinion of free will to entertain resent313 ment, indignation and anger against those | who fall into the commission of vice. How much of these feelings is just, and how much erroneous ? The difference between virtue and vice will equally remain upon opposite hypothesis. Vice therefore must be an object of rejection and virtue of preference; the one must be approved and the other disapproved. But our disapprobation of vice will be of the same nature as our disapprobation of an infectious distemper. One of the reasons why we are accustomed to regard the murderer with more acute feelings of displeasure than the knife he employs, is that we find a more dangerous property, and greater cause for apprehension, in the one than in the other. The knife is only accidentally an object of terror, but against the murderer we can never be enough upon our guard. In the same manner we regard the middle of a busy street with less complacency as a place for walking than the side, and the ridge of a house with more aversion than either. Independently therefore of the idea of freedom, mankind in general find in the enormously vicious a sufficient motive of antipathy and disgust. With the addition of that idea, it is no wonder that they should be prompted to expressions of the most intemperate abhorrence.
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punishment:
These feelings obviously lead to the prevailing conceptions on the subject of punishment. The doctrine of necessity would teach us to class punishment in the lift of the 314 means we possess of reforming error. The more human mind can be shewn to be under the influence of motive, the more certain it is that punishment will produce a 5 great and unequivocal effect. But the doctrine of necessity will teach us to look upon punishment with no complacence, and at all times to prefer the most direct means of encountering error, which is the development of truth. Whenever punishment is employed under this system, it will be employed, not for any intrinsic recommendation it possesses, but just so far as it shall appear to conduce to general utility. 10 On the contrary it is usually imagined, that, independently of the utility of punishment, there is proper desert in the criminal, a certain fitness in the nature of things that renders pain the suitable concomitant of vice. It is therefore frequently said, that it is not enough that a murderer should be transported to a desert island, where there should be no danger that his malignant propensities should ever again 15 have opportunity to act; but that it is also right the indignation of mankind against him should express itself in the infliction of some actual ignominy and pain. On the contrary, under the system of necessity the ideas of guilt, crime, desert and accountableness have no place. repentance: 20 Correlative to the feelings of resentment, indignation and anger against the offences of others, are those of repentance, contrition and sorrow for our own. As long as we 315 admit of an | essential difference between virtue and vice, no doubt all erroneous conduct whether of ourselves or others will be regarded with disapprobation. But it will in both cases be considered, under the system of necessity, as a link in the great 25 chain of events which could not have been otherwise than it is. We shall therefore no more be disposed to repent of our own faults than of the faults of others. It will be proper to view them both as actions, injurious to the public good, and the repetitions of which is to be deprecated. Amidst our present imperfections it will perhaps be useful to recollect what is the error by which we are most easily seduced. But in 30 proportion as our views extend, we shall find motives enough to the practice of virtue, without any partial retrospect to ourselves, or recollection of our own propensities and habits. praise and blame: In the ideas annexed to the words resentment and repentance there is some mixture 35 of true judgement and a sound conception of the nature of things. There is perhaps still more justice in the notions conveyed by praise and blame, though these also are for the most part founded in the hypothesis of liberty. When I speak of beautiful landscape or an agreeable sensation, I employ the language of panegyric. I employ it still more emphatically, when I speak of a good action ; because I am conscious that 40 panegyric has a tendency to procure a repetition of such actions. So far as praise implies nothing more than this, it perfectly accords with the severest philosophy. So 316 far as it implies | that the man could have abstained from the virtue action I applaud, it belongs only to the delusive system of liberty.
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intellectual tranquillity.
A farther consequence of the doctrine of necessity is its tendency to make us survey all events with a tranquil and placid temper, and approve and disapprove without impeachment to our self possession. It is true, that events may be contingent as to any knowledge we possess respecting them, however certain they are in themselves. Thus the advocate of liberty knows that his relation was either lost or saved in the great storm that happened two months ago ; he regards this event as past and certain, and yet he does not fail to be anxious about it. But it is not less true, that all anxiety and perturbation imply an imperfect sense of contingency, and a feeling as if our efforts could make some alteration in the event. When the person recollects with clearness that the event is over, his mind grows composed ; but presently he feels as if it were in the power of God or man to alter it, and his distress is renewed. All that is more than this is the impatience of curiosity ; but philosophy and reason have an evident tendency to prevent an useless curiosity from disturbing our peace. He therefore who regards all things past, present and to come as links of an indissoluble chain, will, as often as he recollects this comprehensive view, be superior to the tumult of passion ; and will reflect upon the moral concerns of mankind with the same clearness of perception, the same unalterable firmness of judgment, and the 317 same | tranquillity as we are accustomed to do upon truths of geometry. Language of necessity recommanded.
It would be of infinite importance to the cause of science and virtue to express ourselves upon all occasions in the language of necessity. The contrary language is perpetually intruding, and it is difficult to speak two sentences upon any topic connected with human action without it. The expressions of both hypothesis are mixed in inextricable confusion, just as the belief of both hypothesis, however incompatible, will be found to exist in all uninstructed minds. The reformation of which I speak would probably be found exceedingly practicable in itself; though, such is the subtlety of error, that we should at first find several revisals and much laborious study necessary before it could be perfectly weeded out. This must be the author's apology for not having attempted in the present work what he recommends to others. Objects of more immediate importance demanded his attention, and engrossed his faculties.
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Chap. VII. Of the Mechanism of the Human Mind.
Nature of mechanism - its classes, material and intellectual. - Material system, or of vibrations. - The intellectual system most probable - from the consideration that thought would otherwise be a superfluity - from the established principles of reasoning from effects to causes. - Objections refuted. - Thoughts which produce animal motion may be - 1. involuntary. - All animal motions were first involuntary. - 2. Unattended with consciousness. - The mind cannot have more than one thought at any one time. - Objection to this assertion from the case of complex ideas - from various mental operations - as comparison - apprehension - rapidity of the succession of ideas. - Application. - Duration measured by consciousness. - 3. A distinct thought to each motion may be unnecessary. - Apparent from the complexity of sensible impressions. - The mind always thinks. - Conclusion. - The theory applied to the phenomenon of walking - to the circulation of the blood. - Of motion in general. - Of dreams. Nature of mechanism : The doctrine of necessity being admitted, it follows that the theory of the human mind is properly, like the theory of every other series of events with which we are 319 acquainted, a system of mechanism; understanding by mechanism nothing more than a regular connexion of phenomena without any uncertainty of event, so that every incident requires a specific cause, and could be no otherwise in any respect than as the cause determined it to be. its classes material and intellectual. But there are two sorts of mechanism capable of being applied to the solution of this case, one which has for its medium only matter and motion, the other which has for its medium thought. Which of these is to be regarded as most probable ? Material system, or of vibrations. According to the first we may conceive the human body to be so constituted as to be susceptible of vibrations, in the same manner as the strings of a musical instrument are susceptible of vibrations. These vibrations, having begun upon the surface of the body, are conveyed to the brain ; and, in a manner that is equally the result of construction, produce a second set of vibrations beginning in the brain, and conveyed to the different organs or members of the body. Thus it may be supposed, that a piece of iron considerably heated is applied to the body of an infant, and that the report of this uneasiness, or irritation and separation of parts being conveyed to the brain, vents itself again in a shrill and piercing cry. It is in this manner that we are apt to imagine certain convulsive and spasmodic affections to take place in the body.
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The case, as here described, is similar to that of the bag of a pair of bagpipes, which, 320 being | pressed in a certain manner, utters a groan, without any thing more being necessary to account for this phenomenon, than the known laws of matter and motion. Let us add to these vibrations a system of associations to be carried on by traces to be made upon the medullary substance of the brain, by means of which past and present impressions are connected according to certain laws, as the traces happen to approach or run into each other; and we have then a complete scheme for accounting in a certain way for all phenomena of human action. It is to be observed, that, according to this system, mind or perception is altogether unnecessary to explain the appearances. It might for other reasons be desirable or wife, in the author of the universe for example, to introduce a thinking substance or a power of perception as a spectator of the process. But this percipient power is altogether neutral, having no concern either as a medium or otherwise in producing the events". The intellectual system most probable:
321 The second system, which represents thought as the medium | of operation, is not less a system of mechanism, according to the doctrine of necessity, than the other, but it is a mechanism of a totally different kind. from the consideration that thought would otherwise be a superfluity :
There are various reasons calculated to persuade us that this last hypothesis is the most probable. No inconsiderable argument may be derived from the singular and important nature of that property of human beings, which we term thought; which it is surely somewhat violent to strike out of our system as a mere superfluity. from the established principles of reasoning from effects to causes. A second reason still more decisive than the former, arises from the constancy with which thought in innumerable instances accompanies the functions of this mechanism. Now this constancy of conjunction has been shewn to be the only ground we have in any imaginable subject for inferring necessary connexion, or that species of relation which exists between cause and effect. We cannot therefore reject the principle which supposes thought to have an efficient share in the mechanism of man, but upon grounds that would vitiate all our reasonings from effects to causes. Objections refuted.
It may be objected, «that, though this contiguity of event argues necessary connexion, yet the connexion may be exactly the reverse of what is stated, motion being in all instances the cause, and thought never any thing more than an effect.» But this is 322 contrary to every thing we know of the system of | the universe, in which each event appears to be alternately both the one and the other, nothing terminating in itself, but every thing leading on to an endless chain of consequences. °
The above will be found to be a tolerably accurate description of the hypothesis of the celebrated Hartley. It was unnecessary to quote his words, as it would be foreign to the plan of the present work to enter into a refutation of any individual writer. The sagacity of Hartley, in having pointed out the necessary connexion of the phenomena of mind, and shewn the practicability of reducing its different operations to a simple principle, cannot be too highly applauded. The reasonings of the present chapter, if true, may be considered as giving farther stability to his principal doctrine by freeing it from the scheme of material automatism with which it was unnecessary clogged.
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It would be equally vain to object, «that we are unable to conceive how thought can have any tendency to produce motion in the animal system ;» since it has just appeared that this ignorance is by no means peculiar to the subject before us. We are universally unable to perceive the ground of necessary connexion. Thoughts which produce animal motion may be, It being then sufficiently clear that there are cogent reasons to persuade us that thought is the medium through which the motions of animal system are generally carried on, let us proceed to consider what is the nature of those thoughts by which the limbs and organs of our body are set in motion. It will then probably be found, that the difficulties which have clogged the intellectual hypothesis, are principally founded in erroneous notions derived from the system of liberty ; as if there were any essential difference between those thoughts which are the medium of generating motion, and thoughts in general. 1. involuntary. First, thought may be the source of animal motion, without partaking in any degree of volition, or design. It is certain that there is a great variety of motions in the animal system, which are in every view of the subject involuntary. Such, for exam323 pie, are the cries of an infant, when it is first impressed | with the sensation of pain. Such must be all those motions which flowed from sensation previously to experience. Volition implies that something which is the subject of volition, is regarded as desirable ; but we cannot desire any thing, till we have an idea corresponding to the term futurity. Volition implies intention, or design ; but we cannot design any thing, till we have the expectation that the existence of that thing is in some way connected with the means employed to produce it. An infant, when he has observed that a voice exciting compassion is the result of certain previous emotions, may have the idea of that voice predominant in his mind during the train of emotions that produce it. But this could not have been the case the first time it was uttered. In the first motions of the animal system, nothing of any sort could possibly be foreseen, and therefore nothing of any sort could be intended. Yet in the very instances here produced the motions have sensation or thought for their constant concomitant; and therefore all the arguments, which have been already alleged, remain in full force to prove that thought is the medium of their production. Nor will this appear very extraordinary, if we consider the nature of volition itself. In volition, if the doctrine of necessity be true, the mind is altogether passive. Two ideas present themselves in some way connected with each other; and a perception of preferableness necessarily follows. An object having certain desirable 324 qualities, it perceived to be within my reach ; | and my hand is necessarily stretched out with an intention to obtain it. If a perception of preferableness and a perception of desirableness irresistibly lead to animal motion, why may not the mere perception of pain ? All that the adversary of automatism is concerned to maintain is, that thought is an essential link in the chain ; and that, the moment it is taken away, the links that were before it have no longer any tendency to produce motion in the links that were after it. It is possible, that, as a numerous class of motions have their constant origin in thought, so there may be no thoughts altogether unattended with motion.
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All animal motions were first involuntary.
Here it may be proper to observe, that, from the principles already delivered, it follows that all the original motions of the animal system are involuntary. In proportion however as we obtain experience, they are successively made the subjects of reflection and foresight; and of consequence become many of them the themes of intention and design, that is, become voluntary. We shall presently have occasion to suspect that motions, which were at first involuntary, and afterwards by experience and association are made voluntary, may in the process of intellectual operation be made involuntary again. - But to proceed. 2. unattended with consciousness.
Secondly, thought may be the source of animal motion, and yet be unattended with consciousness. This is undoubtedly a distinction of considerable refinement, depen325 ding upon the precise | meaning of words ; and, if any person should choose to express himself differently on the subject, it would be useless obstinately to dispute that difference with him. By the consciousness which accompanies any thought there seems to be something implied distinct from the thought itself. Consciousness is a sort of supplementary reflection, by which the mind not only has the thought, but adverts to its own situation and observes that it has it. Consciousness therefore, however nice the distinction, seems to be a second thought. The mind cannot have more than one thought at any one time. In order to ascertain whether every thought be attended with consciousness, it may be proper to consider whether the mind can ever have more than one thought at any one time. Now this seems altogether contrary to the very nature of mind. My present thought is that to which my present attention is yielded; but I cannot attend to several things at once. This assertion appears to be of the nature of an intuitive axiom; and experience is perpetually reminding us of its truth. In comparing two objects we frequently endeavour as it were to draw them together in the mind, but we seem to be obliged to pass successively from the one to the other. Objection to this assertion from the case of complex ideas : But this principle, though apparently supported both by reason and experience, is not unattended with difficulties. The first is that which arises from the case of complex ideas. This will best be apprehended if we examine it as relates to visible objects. 326 «Let us suppose that I am at present employed in the act of reading. I appear to take in whole words and indeed clusters of words by a single act of the mind. But let it be granted for a moment that I see each letter successively. Yet each letter is made up of parts : the letter D for example of a right line and a curve, and each of these lines of the successive addition or fluxion of points. If I consider the lines as a whole, yet its extenuation is one thing, and its terminations another. I could not see the letter if the black line that describes it and the white surface that bounds it were not each of them in the view of my organ. There must therefore, as it should seem, upon the hypothesis above stated, be an infinite succession of ideas in the mind, before it could apprehend the simplest objects with which we are conversant. But we have no feeling of any such thing, but rather of the precise contrary. Thousands of human
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beings go out of the world without ever apprehending that lines are composed of the addition or fluxion of points. An hypothesis therefore, that is in direct opposition to so many apparent facts, must have a very uncommon portion of evidence to sustain it, if indeed it can be sustained at all.» The true answer to this objection seems to be the following. The mind can apprehend only a single idea at once, but that idea needs not to be in every sense of the words a simple idea. The mind can apprehend two or more objects at a single 327 effort, but it cannot apprehend them as two. There seems no sufficient | reason to deny that all those objects which are painted at once upon the retina of the eye, produce a joint and simultaneous impression upon the mind. But they are not immediately conceived by the mind as many, but as one : so soon as the idea suggests itself that they are made up of parts, these parts cannot be considered by us otherwise than successively. The resolution of objects into their simple elements, is an operation of science and improvement; but it is altogether foreign to our first and original conceptions. In all cases the operation is rather analytical than synthetical, rather that of resolution than composition. We do not begin with the successive perception of elementary parts till we have obtained an idea of a whole ; but, beginning with a whole, are capable of reducing it into its elements. from various mental operation : as comparison :
The second difficulty is of a much subtler nature. It consists in the seeming «impossibility of performing any mental operation, such as comparison for example, which has relation to two or more ideas, if we have not both ideas before us at once, if one of them be completely vanished and gone, before the other begins to exists.» The cause of this difficulty seems to lie in the mistake of supposing that there is a real interval between the two ideas. It will perhaps be found upon an accurate examination, that, though we cannot have two ideas at once, yet it is not just to say, that the first has perished before the second begins to exist. The instant that connects 328 them, is of no real magnitude, | and produces no real division. The mind is always full. It is this instant therefore that is the true point of comparison. It may be objected, «that this cannot be a just representation, since comparison is rather a matter of retrospect deciding between two ideas that have been completely apprehended, than a perception which occurs in the middle, before the second has been yet observed.» To this objection experience will perhaps be found to furnish the real answer. We find in fact that we cannot compare two objects till we have passed and repassed them in the mind. apprehension:
«Supposing this account of the operation of the mind in comparison to be admitted, yet what shall we say to a complex sentence containing twenty ideas, the sense of which I fully apprehend at a single hearing, nay, even in some cases by that time one half of it has been uttered ?» The mere task of understanding what is affirmed to us is of a very different nature from that of comparison, or any other species of judgement that is to be formed concerning this affirmation. When a number of ideas are presented in a train, though
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in one sense there be variety, yet in another there is unity. First, there is the unity of uninterrupted succession, the perennial flow as of a stream, where the drop indeed that succeeds in numerically distinct from that which went before, but there is no 329 cessation. Secondly, there is the unity of method. The mind apprehends, as the discourse proceeds, a strict association, from similarity or some other source, between each idea as it follows in the process, and that which went before it. The faculty of understanding the different parts of a discourse in their connexion with each other, simple as it appears, is in reality of gradual and slow acquisition. We are by various causes excluded from a minute observation of the progress of the infant mind, and therefore do not readily conceive by how imperceptible advances it arrives at a quickness of apprehension relative to the simplest sentences. But we more easily remark its subsequent improvement, and perceive how long it is before it can apprehend a discourse of any length or a sentence of any abstraction. Nothing is more certain than the possibility of my perceiving the sort of relation that exists between the different parts of a methodical discourse, for example, Mr. Burke's Speech upon Oeconomical Reform, though it be impossible for me after the severest attention to consider the several parts otherwise than successively. I have a latent feeling of this relation as the discourse proceeds, but I cannot give a firm judgement respecting it otherwise than by retrospect. It may however be suspected that, even in the case of simple apprehension, an accurate attention to the operations 330 of mind would show, that we scarcely | in any instance hear a single sentence, without returning again and again upon the steps of the speaker, and drawing more closely in our minds the preceding members of this period, before he arrives at its conclusion ; though even this exertion of mind, subtle as it is, be not itself thought sufficient to authorise us to give a judgement upon the whole. There may perhaps be cases where the apprehension is more instantaneous. A similar exception appears to take place even in some cases of judgement or comparison. A new association, or a connecting of two ideas by means of a middle term, which were never brought into this relation before, is a task of such a nature, that the strongest mind feels some sense of effort in the operation. But, where the judgement accurately speaking is already made, the operation is in a manner instantaneous. If you say, that a melon is a larger fruit than a cherry, I immediately assent. The judgement, though perhaps never applied to this individual subject, may be said to have been made by me long before. If again you tell me that Caesar was a worse man than Alexander, I instantly apprehend your meaning ; but, unless I have upon some former occasion considered the question, I can neither assent nor dissent till after some reflection. Rapidity of the succession of ideas. But, if the principle here stated be true, how infinitely rapid must be the succession of ideas ? While I a speaking no two ideas are in my mind at the same time, and yet 331 with what facility do I pass from one to another ? If my discourse be argumentative, how often do I pass the topics of which it consists in review before I utter them, and even while I am speaking continue the review at intervals without producing any pause in my discourse ? How many other sensations are perceived by me during this period, without so much as interrupting, that is, without materially diverting the train
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of my ideas ? My eye successively remarks a thousand objects that present themselves. My mind wanders to the different parts of my body, and receives a sensation from the chair upon which I sit, from the table upon which I lean ; from the pinching of a shoe, from a singing in my ear, a pain in my head, or an irritation in my breast. When these most perceptibly occur, my mind passes from one to another, without feeling the minutest obstacle, or being in any degree distracted by their multiplicity. From this cursory view of the subject it appears that we have a multitude of different successive perceptions in every moment of our existence". Application.
Consciousness, as it has been above defined, appears to be one of the departments of memory. Now the nature of memory, so far as it relates to the subject of which we 332 are treating, in exceedingly obvious. An infinite number of thoughts passed | through my mind in the last five minutes of my existence. How many of them am I able to recollect ? How many of them shall I recollect to-morrow ? One impression after is perpetually effacing from this intellectual register. Some of them may with great attention and effort be revived ; others obtrude themselves uncalled for ; and a third sort are perhaps out of the reach of any power of thought to reproduce, as having never left their traces behind them for a moment. If the memory be capable of so many variations and degrees of intensity, may there not be some cases with which it never connects itself ? If the succession of thoughts be so inexpressibly rapid, may they not pass over some topics with so delicate a touch, as to elude the supplement of consciousness ? Duration measured by consciousness. It seems to be consciousness, rather than the succession of ideas, that measures time to the mind. The succession of ideas is in all cases exceedingly rapid, and it is by no means clear that it can be accelerated. We find it impracticable in the experiment to retain any idea in our minds unvaried for any perceptible duration. Continual flux appears to take place in every part of the universe. It is perhaps a law of our nature, that thoughts shall at all times succeed to each other with equal rapidity. Yet time seems to our apprehension to flow now with a precipitated and now with a tardy course. The indolent man reclines for hours in the shade ; and, though his mind be 333 perpetually at work, the silent lapse of duration is unobserved. | But, when acute pain or uneasy expectation obliges consciousness to recur with unusual force, the time then appears insupportably long. Indeed it is a contradiction in terms to suppose that the succession of thoughts, where there is nothing that perceptibly links them together, where they totally elude or instantly vanish from the memory, can be a measure of time to the mind. That there is such a state of mind in some cases assuming a permanent form, has been so much the general opinion of mankind, that °
An attempt has been made to calculate these, but there is no reason to believe that the calculation deserves to be considered as a standard of truth. Sensations leave their images behind them, some for a longer and some for a shorter time ; so that, in two different instances, the calculation is in one case eight, and in an other three hundred and twenty to a second. See Watson on Time, Ch. II.
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it has obtained a name, and is called reverie. It is probable from what has been said that thoughts of reverie, understanding by that appellation thoughts untransmitted to the memory, perpetually take their turn with our more express and digested thoughts, even in the most active scenes of our life. 3. a distinct thought to each motion may be unnecessary: Lastly, thought may be the source of animal motion, and yet there may be no need of a distinct thought producing each individual motion. This is a very important point in the subject before us. In uttering a cry for example, the number of muscles and articulations of the body concerned in this operation is very great; shall we say that the infant has a distinct thought for each motion of these articulations ? apparent from the complexity of sensible impressions. The answer to this question will be considerably facilitated, if we recollect the manner in which the impressions are blended, which we receive from external objects. The sense of feeling is diffused over every part of my body, I feel the 334 different sub|stances that support me, the pen I guide, various affections and petty irregularities in different parts of my frame, nay, the very air that environs me. But all these impressions are absolutely simultaneous, and I can have only one perception at once. Out of these various impressions, the most powerful, or that which has the greatest advantage to solicit my attention, overcomes and drives out the rest; or, which not less frequently happens, some idea of association suggested by the last preceding idea wholly withdraws my attention from every external object. It is probable however that this perception is imperceptibly modified by the miniature impressions that accompany it, just as we actually find that the very same ideas presented to a sick man, take a peculiar tinge, that renders them exceedingly different from what they are in the mind of a man in health. It has been already shown, that, though there is nothing less frequent than the apprehending of a simple idea, yet every idea, however complex, offers itself to the mind under the conception of unity. The blending of numerous impressions into one perception is a law of our nature, and the customary train of our perception is entirely of this denomination. Mean while it deserves to be remarked by the way, that, at the very time that the most methodical series of perceptions is going on in the mind, there is another set of perceptions, or rather many sets playing an under or intermediate part; and, though these perpetually modify each other, yet the manner in which it is done is in an eminent degree minute and unobserved. 335
the mind always thinks. These remarks furnish us with an answer to the long disputed question, whether the mind always thinks ? It appears that innumerable impressions are perpetually made upon our body, and the only way, in which the slightest of these is prevented from conveying a distinct report to the mind, is in consequence of its being overpowered by some more considerable impression. It cannot therefore be alleged, «that, as one impression is found to be overpowered by another while we wake, the strongest only of the simultaneous impressions furnishing an idea to the mind ; so the whole set of simultaneous impressions during sleep may be overpowered by some indisposition
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of the sensorium, and entirely fail of its effect.» For, first, the cases are altogether different. From the explication above given it appeared, that not one of the impressions was really lost, but tended, though in a very limited degree, to modify the predominant impression. Secondly, nothing can be more unintelligible than this indisposition. Were it of the nature which the objection requires, sleep ought to cease of its own accord after the expiration of a certain term, but to be incapable of interruption from any experiment I might make upon the sleeper. To what purpose call or shake him ? Shall we say, that it requires an impression of a certain magnitude to excite the sensorium ? But a clock shall strike in the room and not wake him, when a voice of a much lower key produces that effect. What is the precise degree of magnitude necessary ? We actually find the intellectual calls that are 336 addressed to us, as well as various other sounds, occasionally | mixing with our dreams, without our being aware from whence this new perception arose. To apply these observations. If a number of impressions may come blended to the mind, so as to make up one thought or perception, why may not one thought, in cases where the mind acts as a cause, produce a variety of motions ? It has already been shown that there is no essential difference between the two cases. The mind is completely passive in both. Is there any sufficient reason to show, that, though it be possible for one substance considered as the recipient of effects to be the subject of a variety of simultaneous impressions, yet it is impossible for one substance considered as a cause to produce a variety of simultaneous motions ? If it be granted that there is not, if the mere modification of a thought designing a motion in chief, may produce a secondary motion, then it must perhaps farther be confessed possible for that modification which my first thought produced in my second, to carry on the motion, even though the second thought be upon a subject altogether different. Conclusion. The consequences, which seem deducible from this theory of mind, are sufficiently memorable. By showing the extreme subtlety and simplicity of thought, it removes many of the difficulties that might otherwise rest upon its finer and more evanescent operations. If thought, in order to be the cause of animal motion, need not have 337 either the nature of volition, or the | concomitant of consciousness, and if a single thought may become a complex cause and produce a variety of motions, it will then become exceedingly difficult to trace its operations, or to discover any circumstances in a particular instance of animal motion, which can sufficiently indicate that thought was not the principle of its production, and by that means supersede the force of the general arguments adduced in the beginning of this chapter. Hence therefore it appears that all those motions which are observed to exist in substances having perception, and which are not be discovered in substances of any other species, may reasonably be suspected to have thought, the distinguishing peculiarity of such substances, for their cause. The theory applied to the phenomenon of walking : There are various classes of motion which will fall under this definition, beside those already enumerated. An example of one of these classes suggests itself in the phenomenon of walking. An attentive observer will perceive various symptoms
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calculated to persuade him, that every step he takes during the longest journey is the production of thought. Walking is in all cases originally a voluntary motion. In a child when he learns to walk, in a rope dancer when he begins to practise that particular exercise, the distinct determination of mind preceding each step is sufficiently perceptible. It may be absurd to say, that a long series of motions can be the result of so many express volitions, when these supposed volitions leave no trace in 338 the memory. But it is not unreasonable to believe, that a | species of motion which began in express design, may, though it ceases to be the subject of conscious attention, owe its continuance to a continued series of thoughts flowing in that direction, and that, if life were taken away, material impulse would not carry on the exercise for a moment. We actually find, that, when our thoughts in a train are more than commonly earnest, our pace slackens, and sometimes our going forward is wholly suspended, particularly in any less common species of walking, such as that of descending a flight of stairs. In ascending the case is still more difficult, and accordingly we are accustomed wholly to suspend the regular progress of reflection during that operation. to the circulation of the blood. Another class of motions of still subtler nature, are the regular motions of the animal economy, such as the circulation of the blood, and the pulsation of the heart. Are thought and perception the medium of these motions ? We have the same argument here as in the former instances, conjunction of event. When thought begins, these motions also begin; and, when it ceases, they are at an end. They are therefore either the cause or effect of percipiency, or mind ; but we shall be inclined to embrace the latter side of this dilemma, when we recollect that we are probably acquainted with many instances in which thought is the immediate cause of motions, which scarcely yield in subtlety to these ; but that, as to the origin of thought, we are 339 wholly uninformed. Add to this, that there are probably | no motions of the animal economy, which we do not find it in the power of volition, and still more of our involuntary sensations, to hasten or retard. Of motion in general.
It is far from certain that the phenomenon of motion can any where exist where there is not thought. Motion may be distributed into four classes ; the simpler motions which result from what are called the essential properties of matter and the laws of impulse ; the more complex ones which cannot be accounted for by the assumption of these laws, such as gravitation, elasticity, electricity and magnetism; and the motions of the vegetable and animal systems. Each of these seems farther than that which preceded it from being able to be accounted for by any thing we understand of the nature of matter. Of dreams.
Some light may be derived from what has been here advanced upon the phenomenon of dreams. «In sleep we sometimes imagine» for example «that we read long passages from books, or hear a long oration from a speaker. In all cases scenes and incidents pass before us that in various ways excite our passions and interest our
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feelings. It is possible that these should be the unconscious production of our own minds ?» It has already appeared, that volition is the accidental, and by no means the necessary concomitant, even of those thoughts which are most active and efficient in 340 the producing of motion. | It is therefore no more to be wondered at that the mind 5 should be busied in the composition of books which appears to read, than that a train of thoughts of any other kind should pass through it without a consciousness of its being the author. In fact we perpetually annex wrong and erroneous ideas to this phrase, that we are the authors. Though mind be a real and efficient cause, it is in no case a first cause. It is the medium through which operations are produced. Ideas io succeed each other in our sensorium according to certain necessary laws. The most powerful impression, either from without or from within, constantly gets the better of all its competitors, and forcibly drives out the preceding thought, till it is in the same irresistible manner driven out by its successor.
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Chap. VIII. Of the Principle of Virtue.
Hypotheses of benevolence and self love - superiority of the former. Action in either voluntary or involuntary. - Nature of the first of these classes. - Argument that results from it. - Voluntary action has a real existence. - Consequence of that existence. - Experimental view of the subject. - Suppositions suggested by the advocates of self love - that we calculate upon all occasions the advantage to accrue to us. - Falseness of this supposition. - Supposition of a contrary sort. - We do not calculate what would be uneasiness to result from our refraining to act - either in relieving distress - or in adding to the stock of general good. - Uneasiness an accidental member of the process. - The supposition inconsistently blended. - Scheme of self love recommended from the propensity of mind to abbreviate its process - from the simplicity that obtains in the natures of things. - Hypothesis of self love incompatible with virtue. - Conclusion. Importance of the question. - Application. The subject of intellectual mechanism suggested itself as the most suitable introduction to an enquiry into the moral principles of human conduct. Having first 342 ascertained | that thought is the real and efficient source of animal motion, it remains to be considered what is the nature of those particular thoughts in which the moral conduct of man originates. Hypotheses of benevolence and self love. Superiority of the former. Upon this question there are two opinions. By some it is supposed that the human mind is of a temper considerably ductile, so that, as we in certain instances evidently propose our own advantage for the object of our pursuit, so we are capable no less sincerely and directly in other instances of desiring the benefit of our neighbour. By others it is affirmed, that we are incapable of acting but from the prospect or stimulant of personal advantage, and that, when our conduct appears most retrograde from this object, the principle from which it flows is secretly the same. It shall be the business of this chapter to prove that the former hypothesis is conformable to truth. Action is either voluntary or involuntary. It is to be presumed from the arguments of the preceding chapter, that there exist in the theory of the human mind two classes of action, voluntary and involuntary. The last of these we have minutely investigated. It has sufficiently appeared that there are certain motions of the animal system, which have sensation or thought for their medium of production, and at the same time arise, to have recourse to a usual mode of expression, spontaneously, without foresight of or a direct reflecting on the result
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which is to follow. But, if we admit the existence of this phenomenon, there does not seem less reason to admit the existence of the other class of action above enum343 erated, which | is accompanied in its operation with a foresight of its result, and to which that foresight serves as the reason and cause of existence. Nature of the first of these classes. Voluntary action cannot proceed from all perceptions indiscriminately, but only from perceptions of a peculiar class, viz. such perceptions as are accompanied with the idea of something as true respecting them, something which may be affirmed or denied. One of the first inferences therefore from the doctrine of voluntary action, is the existence of the understanding as a faculty distinct from sensation, or, to speak more accurately, the possibility of employing the general capacity of perception, not merely as the vehicle of distinct ideas, but as the medium of connecting two or more ideas together. This particular habit, when it has once be created, gradually extends itself to every province of the mind, till at length it is impossible for any thing to make a clear and distinct impression upon the sensorium, without its being followed with some judgment of the mind concerning it. It is thus that man becomes a moral being. He is no farther so than he is capable of connecting and comparing ideas, of making propositions concerning them, and of foreseeing certain consequences as the result of certain motions of the animal system. 344 But, if the foresight of certain consequences to result may be | the sufficient reason of action, that is, if there be such a thing as volition, then every foresight of that kind has a tendency to action. If the perception of something as true, joined with the consciousness of my capacity to act upon this truth, be of itself sufficient to produce motion in the animal system, then every perception so accompanied has a tendency to motion. To apply this to the subject before us. Argument that results from it.
I perceive a certain agreeable food, I perceive in myself an appetite which this food is adapted to gratify, and these perceptions are accompanied with a consciousness of my power to appropriate this food. If no other consideration exist in my mind beyond those which have just been stated, a certain motion of the animal system irresistibly follows. Suppose now that the person about whose appetites these propositions are conversant, is not myself but another. This variation cannot materially alter the case. Still there remain all the circumstances necessary to generate motion. I perceive the food, I am acquainted with the wants of the person in question, and I am conscious of my power to administering to them. Nothing more is necessary in order to produce a certain movement of my body. Therefore, if, as in the former case, no other consideration exist in my mind, a certain motion of the animal system irresistibly follows. Therefore, if ten thousand other considerations exist, yet there was in this, 345 separately considered, a tendency to motion. That which, when alone, must inevitably produce motion, must, however accompanied, retain its internal character.
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Voluntary action has a real existence.
Let us however suppose, which seems the only consistent mode of supporting the doctrine of self love, «that there is no such thing practically considered as volition, that man never acts from a foresight of consequences, but always continues to act, as we have proved him to act at first, from the mere impulse of pain, and precisely in the manner to which that impulse prompts him, without the rational faculty having any tendency to prolong, to check or to regulate his actions.» What an incredible picture does this exhibit to us of the human mind ? We form to ourselves, for this cannot be disputed, opinions, we measure the tendency of means to the promotion of ends, we compare the value of different objects, and we imagine our conduct to be influenced by the judgments we are induced to make. We perceive the preferableness of one thing to another, we desire, we chuse ; all this cannot be denied. But all this is a vain apparatus ; and the whole system of our conduct proceeds, uninfluenced by our apprehension of the relative value of objects, and our foresight of consequences favourable or adverse. Consequence of that existence.
There is no other alternative. Once admit the understanding to an efficient share in 346 the business, and there is no reason that | can possibly be assigned, why every topic, which is the object of human understanding, should not have its portion of efficiency. One admit that we act upon the apprehension of something that may be affirmed or denied respecting an idea, and we shall be compelled to acknowledge that every proposition including in it the notion of preferableness or the contrary, of better or worse, will, so far as it falls within the compass of our power real or supposed to effect, afford a motive inducing, though with different degrees of energy, to animal motion. But this is directly contrary to the theory of self love. They who maintain that self love is the only spring of action, say in effect, not only that no action is disinterested, but that no disinterested consideration contributes in any degree as an inducement to action. If I relieve the virtuous distress of the best of men, I am influenced according to them by no particle of love for the individual or compassion for his distress, but exclusively by the desire of procuring gratification to myself. Let us consider this case a little more closely. If I perceive either that my prosperity or existence must be sacrificed to those of twenty men as good as myself, or theirs to mine, surely this affords some small inducement to adopt the former part of the alternative. It may not be successful, but does it excite no wish however fleeting, no regret however ineffectual ? The decision of the question is in reality an affair of 347 arithmetic ; is there no human being that was ever competent to understand | it ? The value of a man is his usefulness ; has no man ever believed that another's capacity for usefulness was equal to his own ? I am as 40, consequently the others are as 800; if the 40 were not myself, I should perceive that it was less than 800; is it possible I should not perceive it, when the case becomes my own ? But the advocates for the system of self love generally admit, «that it is possible for a man to sacrifice his own existence in order to preserve that of twenty others ;» but they affirm, «that in so doing he acts from personal interest. He perceives that it is better for him to die with consciousness of an heroic action, than live with the
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remorse of having declined it.» That is, here is an action attended with various recommendations, the advantage to arise to twenty men, their tranquillity and happiness through a long period of remaining existence, the benefit they will not fail to confer on thousands of their contemporaries, and through them on millions of posterity, and lastly his own escape from remorse and momentary exultation in the performance of an act of virtue. From all these motives he selects the last, the former he wholly disregards, and adopts a conduct of the highest generosity from no view but to his own advantage. Abstractedly and impartially considered, and putting self as such out of the question, this is its least recommendation, and he is absolutely and unlimitedly callous to all the rest. Experimental view of the subject. Suppositions suggested by the advocates of self love : 348 Considering then the system of disinterestedness as sufficiently | established in theory, let us compare it with the lessons of experience. There are two different hypotheses by which this theory is opposed; the one affirming «that in every thing we do, we employ, previously to the choice of the mind, a calculation by which we determine how far the thing to be done will conduce to our own advantage;» the order ascribing our actions «to the same blind and unintelligent principle, by which, when a child cries, he frequently utters a sound unexpected by himself, but which inevitably results from a certain connexion of an organized body with an irritated mind.» that we calculate upon all occasions the advantage to accrue to us. How far does experience agree with the first of these hypotheses ? Surely nothing can be more contrary to any thing we are able to observe of ourselves, than to imagine, that in every act, of pity suppose, we estimate the quantity of benefit to arise to ourselves, before we yield to the emotion. It might be said indeed, that the mind is very subtle in its operations, and that, a certain train of reasoning having be rendered familiar to us, we pass it over in our reflections with a rapidity that leaves no trace in the memory. But this, though true, will contribute little to relieve the system we are considering, since it unfortunately happens that our first emotions of pity are least capable of being accounted for in this way. Falseness of this supposition. To understand this let us begin with the case of an infant. Before he can feel 349 sympathy, he must have been led by a | series of observations to perceive that his nurse for example, is a being possessed of consciousness, and susceptible like himself of the impressions of pleasure and pain. Having supplied him with this previous knowledge, let us suppose his nurse to fall from a flight of stairs and break her leg. He will probably feel some concern for the accident; he will understand the meaning of her cries, similar to those he has been accustomed to utter in distress ; and he will discover some wish to relieve her. Pity is perhaps first introduced by a mechanical impression upon the organs, in consequence of which the cries uttered by another prompt the child without direct design to utter cries of his own. These are at first unaccompanied with compassion, but they naturally induce the mind of the infant to yield attention to the appearance which thus impressed him.
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In the relief he wishes to communicate is he prompted by reflecting on the pleasures of generosity ? This is by the supposition the first benevolent emotion he has experienced, and previously to experience it is impossible he should foresee the pleasures of benevolence. Shall we suppose that he is influenced by other selfish considerations ? He considers, that, if his nurse die, he will be in danger of perishing ; and that, if she be lame, he will be deprived of his airings. Is it possible that any man should believe, that, in the instantaneous impulse of sympathy, the child is guided by these remote considerations ? Indeed it was unnecessary to have instanced 350 in an action apparently benevolent, since it is equally clear that our | most familiar actions are inconsistent with the explanation. We do not so much as eat and drink, from the recollection that these functions are necessary to our support. Supposition of a contrary sort. The second of the two hypotheses enumerated, is diametrically the reverse of the first. As the former represented all human actions as proceeding from a very remote deduction of the intellect, the latter considers the whole as merely physical. In its literal sense, as has already been seen, nothing can be more incompatible with experience. Its advocates therefore are obliged to modify their original assumption, and to say, not that we act merely from sensation, but that sensation affords the basis for reflection ; and that, though we be capable of conducting ourselves by system and foresight, yet the only topic to which we can apply that foresight is the removal of pain. In reality all that which is regularly adapted to the accomplishment of a certain purpose, must be admitted to flow from the dictates of reflection. The tear starts, the cry is uttered at the prompting of sensation only, but we cannot lift a finger to relieve except as we are commanded by the understanding. We do not calculate what would be the uneasiness to result from our refraining to act: either in relieving distress : Here then we are presented with the commencement of a new series. If uneasiness be still the source of the phenomena, at least it is now under a different form. Before, a certain emotion was produced, respecting which no intention was extant in the mind. Now an action or a series of actions is adopted with a certain view and 351 leading to a certain end. This end is said to | be the removal of uneasiness. Whether it be or no is a question which recollection in many cases is competent to enable us to decide. If we frequently deceive ourselves as to the motive by which we are prompted to act, this is chiefly owing to vanity, a desire of imputing to ourselves, or being understood by the world to act from a principle more elevated than that which truly belongs to us. But this idea is least prevalent with children and savages, and of consequence they ought to be most completely aware that the project they have conceived is that of removing uneasiness. It seems to be an uncommon refinement in absurdity to say, that the end we really pursue is one to which we are in no instance conscious ; that our action is wholly derived from an unperceived influence, and the view extant in the understanding altogether impotent and unconcerned.
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or in adding the stock of general good.
In the case we have just examined uneasiness is the first step in the process ; in others which might be stated uneasiness is not the first step. «In the pursuit» suppose «of a chemical process I accidentally discover a circumstance, which may be of great benefit to mankind. I instantly quit the object I was originally pursuing, prosecute this discovery, and communicate it to the world.» In the former proceeding a sensation of pain was the initiative, and put my intellectual powers into action. In the present case the perception of truth is the original mover. Whatever uneasiness may be supposed to exist, rendering me anxious for the publication of this benefit, is the 352 consequence of | the perception. The uneasiness would never have existed if the perception had not gone before it. Uneasiness an accidental member of the process. But it has been said, «that, though the perception of truth in this case goes first, the pain was not less indispensible in the process, since, without that, action would never have followed. Action is the child of desire, and a cold and uninteresting decision of the understanding would for ever have laid dormant in the mind.» Granting that pain in a certain modified degree is a constant step in the process, it may nevertheless be denied that it is in the strictest sense of the world indispensible. To perceive that I ought to publish a certain discovery, is to perceive that publishing is preferable to not publishing it. But to perceive a preference is to prefer, and to prefer is to choose. The process is in this case complete, and pain, in the sense in which it comes in at all, is merely an accident. Why do I feel pain in the neglect of an act of benevolence, but because benevolence is judged by me to be a conduct which it becomes me to adopt ? Does the understanding wait to enquire what advantage will result from the propositions, that two and two make four, or that such and such causes will contribute to the happiness of my neighbour, before it is capable of perceiving them to be true ? The same principle which is applied here, is not less applicable to fame, wealth and power, in a word to all those pursuits which engage the reflecting and specu353 lative part of the civilised | world. None of these objects would ever have been pursued, if the decisions of the intellect had not gone first, and informed us that they were worthy to be pursued. The suppositions inconsistently blended.
Neither of the two hypotheses we have been examining would perhaps have been reckoned so much as plausible in themselves, if they had not been blended together by the inadvertence of their supporters. The advocates of self love have been aware, that the mere sensitive impulse of pain would account for a very small part of the history of man ; and they have therefore insensibly slided from the consideration of uneasiness to be removed, to that of interest to be promoted. They have confounded the two cases of sensation and reflection ; and, taking it for granted in the latter that private gratification was the object universally pursued, have concluded that they were accounting for all human actions from one principle. In reality no two principles can be more distinct, than the impulse of uneasiness, which has very improperly been denominated the love of ourselves, and that deliberate self love, by which
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of set design we pursue our own advantage. One circumstance only they have in common, that of representing us as incapable of understanding any proposition, till we have in some way or other connected it with personal interest. This is certainly a just representation of their consequences ; since, if I were capable of understanding 354 the naked proposition, that my neighbour stood in need, of a candle for | instance to be removed from one end of a room to the other, this would be a reason of action, a motive, either strong or weak, either predominant or the contrary. But, if this consideration entered for any thing into the ground of my proceeding, the whole world would not be resolvable into self love. Scheme of self love recommended from the propensity of mind to abbreviate its process.
An hypothesis, which has been thought to have some tendency to relieve the difficulties of the system of self love, is that «of the mind's reasoning out for itself certain general principles, which are a sort of resting-places in the process, to which it afterwards recurs, and upon which it acts, without being at the trouble in each instance of application, of repeating the reasons upon which the general principle was founded. Thus in geometry, as we proceed to the higher branches, we perpetually refer to the earlier propositions as established and certain, without having at the time in our minds perhaps the smallest recollection of the way in which those early propositions were demonstrated.» But this representation, though true, has very little tendency to decide in the subject before us. It is still true, that, if I be capable of understanding a proposition as it relates to the interest of my neighbour, any reasoning about the proposition by which it is indirectly connected with my own interest, is unnecessary to put me into a state of action. It is still true, that my action has a direct and an indirect tendency ; and, till it can be shown that there is some355 thing in the nature of | mind that unfits it for entertaining the direct purpose, an unprejudiced enquirer will be very little disposed universally to have recourse to that which is indirect. from the simplicity that obtains in the natures of things. The hypothesis of self love seems to have been originally invented from a love of «that simplicity, which appears to be the ultimate term in all grand discoveries relative to the system of universe.» But simplicity, though well deserving our approbation, can scarcely of itself be a sufficient support for any opinion. The simplicity however in this case is more apparent than real. Not to repeat what has been said relative to the coalition of two hypotheses very incongruous in their own nature, there is little genuine simplicity in a scheme, that represents us as perpetually acting from a motive which we least suspected, and seeks by a circuitous and intricate method for a recommendation of little intrinsic value, rejecting in all cases the great and obvious reason which the first view of the subject suggested. True simplicity is altogether on the side of the opposite system, which represents man as capable of being governed by the nature of the thing, and of acting from the motive which he supposes to influence him ; which requires nothing but perception to account for all the phenomena of mind, and, when a reason exciting to action is apprehended, does not seek for an additional principle to open a communication between the judgment and the choice.
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Hypothesis of self love incompatible with virtue.
There is one observation more, which, though it be not so conclusive as some of those which have been mentioned, ought not to be omitted. If self love be the only principle of action, there can be no such thing as virtue. Virtue is a principle in the mind, by which we are enabled to form a true estimate of the pretensions of different reasons inviting us to preference. He, that makes a false estimate, and prefers a trivial and partial good to an important and comprehensive one, is vicious. It is in the disposition and view of the mind, and not in the good which may accidentally and unintentionally result, that virtue consists. Judas's act in betraying Christ, according to the Christian system, may be regarded as a real and essential cause conducing to the salvation of mankind. Yet Judas's act was not virtuous, but vicious. He thought only of the forty pieces of silver, the price of his treachery, and neglected every consideration of public utility and justice. Just so in the case stated early in the present chapter, the public benefactor, absolutely and strictly speaking, prefers forty to eight hundred or eight hundred millions. So far as relates to real merits of the case, his own advantage or pleasure is a very insignificant consideration, and the benefit to be produced, suppose to a world, is inestimable. Yet he falsely and unjustly prefers the first, and regards the latter, abstractedly considered, as nothing. If there be such a thing as justice, if I have a real and absolute value, upon which truth can decide, and which can be compared with what is greater or less, then, according 357 to this system, the best action that | ever was performed, may, for any thing we know, have been the action in the whole world of the most exquisite and deliberate injustice. Nay, it could not have been otherwise, since it produced the greatest good, and therefore was the individual instance in which the greatest good was most directly postponed to personal gratification. Nor will this objection be much relieved by the system already alluded to of resting-places, enabling a man in a certain degree to forget the narrow and selfish principles in which his conduct originated. It can scarcely be questioned, that the motives which induced a man to adopt his system of conduct, and without which he never would have adopted it, are of more importance, than the thoughtlessness and inattention by which they are forgotten, in deciding upon the morality of his character. Conclusion.
From this train of reasoning the result is, that men are capable of understanding the beauty of virtue, and the claims of other men upon their benevolence ; and, understanding them, that these views, as well as every other perception of the intellect, are of the nature of motives, sometimes overpowered by other considerations, and sometimes overpowering them, but always in their own nature capable of exciting to action, when not counteracted by pleas of a different sort. Men are capable no doubt of preferring an inferior interest of their own to a superior interest of other people ; 358 but to this preference it is | perhaps necessary, that they should imagine the benefit to themselves to be great and the injury to others comparatively small, or else that they should have embraced the pernicious opinion that the general good is best served by each man's applying himself exclusively to his personal advantage.
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Importance of the question. There is no doctrine in which the generous and elevated mind rests with more satisfaction, than in that of which we are treating. If it be false, it is no doubt incumbent upon us to make the best of the small remnant of good that remains. But it is a heartless prospect for the moralist, who, when he has done all, has no hope to persuade mankind to one atom of real affection towards any one individual of their species. We may be made indeed the instruments of good, but in a way less honourable, than that in which a frame of wood or a sheet of paper may be made the instrument of good. The wood or the paper are at least neutral. But we are drawn into the service with affections of a diametrically opposite direction. When we do the most benevolent action, it is with a view only to our own advantage, and with the most sovereign and unreserved neglect of that of others. We are instruments of good, just in the same manner as bad men are said to be the instruments of providence, even when their inclinations are most refractory to its decrees. In this sense we may admire the system of the universe, where public utility results from each man's contempt of that utility, and where the most beneficial actions of those, whom we 359 have been | accustomed to term the best men, are only instances in which justice and the real merits of the case are most flagrantly violated. But we can think with little complacence of the individuals of whom this universe is composed. It is no wonder that philosophers, whose system has taught them to look upon their fellow men has thus perverse and unjust, have been frequently cold, phlegmatic and unanimated. It is no wonder that Rousseau, the most benevolent of all these philosophers, and who most escaped the general contagion, has been driven to place the perfection of all virtue in doing no injury a . Neither philosophy nor morality nor politics will ever show like themselves, till man shall be acknowledged for what he really is, a being capable of justice, virtue and benevolence, and who needs not always to be led to a philanthropical conduct by foreign and frivolous considerations. The system of disinterested benevolence proves to us, that it is possible to be virtuous, and not merely to talk of virtue ; that all which has been said by philosophers and moralists respecting impartial justice is not an unmeaning rant; and that, when we call upon mankind to divest themselves of selfish and personal considerations, we call upon them for something which they are able to practise. An idea like this reconciles us to our species ; teaches us to regard with enlightened 360 admiration the men who | have appeared to lose the feeling of their personal existence in the pursuit of general advantage ; and gives us reason to expect, that, as men collectively advance in science and useful institution, they will proceed more and more to consolidate their private judgment and their individual will with abstract justice and the unmixed approbation of general happiness. Application. What are the inferences that ought to be made from this doctrine with respect to political institution ? Certainly not that the interest of the individual ought to be "
«La plus sublime vertu est négative ; elle nous instruit de ne jamais faire du mal à personne.» EMILE, L i v . II.
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made incompatible with the part he is expected to take in the interest of the whole. This is neither desirable, nor even possible. But that social institution needs not despair of seeing men influenced by other and better motives. The legislator is bound to recollect that the true perfection of mind consists in disinterestedness. He should regard it as the ultimate object of his exertions, to induce men to estimate themselves at their true value, and neither to grant to themselves nor claim from others a higher consideration than they justly deserve. Above all he should be careful not to add to the vigour of the selfish passions. He should gradually wean men from contemplating their own benefit in all that they do, and induce them to view with complacency the advantage that is to result to others. The last perfection of this feeling consists in that state of mind which bids us 361 rejoice as fully in the good that is done by others, | as if it were done by ourselves. The truly wise man will be actuated neither by interest nor ambition, the love of honour nor the love of fame. He has no emulation. He is not made uneasy by a comparison of his own attainments with those of others, but by a comparison with the standard of right. He has a duty indeed obliging him to seek the good of the whole ; but that good is his only object. If that good be effected by another hand, he feels no disappointment. All men are his fellow labourers, but he is the rival of no man. Like Pedaretus in ancient story, he exclaims : «I also have endeavoured to deserve ; but there are three hundred citizens in Sparta better than myself, and I rejoice.»
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An Enquiry Concerning Political Justice
Chap. IX. Of the Tendency of Truth.
It is the road of happiness - to the esteem and affection of others. - Objection from misconstruction and calumny. - Answer. - Virtue compared with other modes of procuring esteem. - Vice and not virtue is the subject of obloquy - instanced in the base alloy with which our virtues are mixed in arrogance and ostentation - in the vices in which persons of moral excellence allow themselves. - The virtuous man only has friends. - Virtue the road to prosperity and success in the world - applied to commercial transactions - to cases that depend upon patronage. - Apparent exceptions where the dependent is employed as the instrument of vice. - Virtue compared with other modes of becoming prosperous. - Source of the disrepute of virtue in this respect. - Concession. - Case where convenient vice bids fair for concealment. - Chance of detection. - Indolence - apprehensiveness and depravity the offspring of vice. Having endeavoured to establish that theory of virtue upon its true principle, and to shew that self interest is neither its basis in justice and truth, nor by any means 363 necessary | to incite us to the practice, it may not be improper to consider in what degree public interest is coincident with private, and by that means at once to remove one of the enticements and apologies of vice, and afford an additional encouragement and direction to the true politician. It is the road to happiness : In the first place then, there appears to be sufficient reason to believe, that the practice of virtue is the true road to individual happiness. Many of the reasons which might be adduced in this place have been anticipated in the chapter of the Cultivation of Truth. Virtue is a source of happiness that does not pall in the enjoyment, and of which no man can deprive us". The essence of virtue consists in the seeing every thing in its true light, and estimating every thing at its intrinsic value. No man therefore, so far as he is virtuous, can be in danger to become a prey to sorrow and discontent. He will habituate himself, respecting every species of conduct and temper, to look at its absolute utility, and to tolerate none from which benefit cannot arise either to himself or others. Nor will this be so difficult a task as it is commonly imagined. The man, who is accustomed upon every occasion to consult his reason, will speedily find a habit of this nature growing upon him, till the just and dispassionate value of every incident that befals him will come at length spontaneously to 364 suggest itself. Those evils which prejudice has | taught so great a part of mankind to regard with horror, will appear to his understanding disarmed of their terrors. Po°
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verty, obloquy and disgrace will be judged by him to be very trivial misfortunes. Few conditions can be so destitute as to deprive us of the means of obtaining for ourselves a subsistence. The reasonable mind perceives at once the possibility of this and the best method of executing i t ; and it needs no great stretch of understanding to decide, that real happiness does not consist in luxurious accommodations. With respect to obloquy and disgrace, the wise man may lament the tendency they possess to narrow the sphere of his usefulness ; but he will readily perceive, that, separately from this consideration, they are no evils. My real value depends upon the qualities that are properly my own, and cannot be diminished by the slander and contempt of the whole world. Even bodily pain loses much of its sting, when it is encountered by a chearful, a composed, and a determined spirit. To all these negative advantages of virtue, we may add the positive satisfaction of a mind conscious of rectitude, rejoicing in the good of the whole, and perpetually exerted for the promotion of that good. There are indeed some extreme cases of the election of a virtuous conduct, respecting which it is difficult to pronounce. Was it Regulus'interest to return to Carthage to a tormenting death, rather than save his life by persuading the Roman 365 senate to an exchange of prisoners ? Probably it was. Probably, with | the exquisite feeling of duty with which Regulus was animated, a life that was to be perpetually haunted with the recollection of his having omitted the noblest opportunity of public service, was not worth his purchase. His reasoning, so far as related to personal interest, might be like that of Cato in the play : «A day, an hour, of virtuous liberty Is worth a whole eternity in bondage".» to the esteem and affection of others. Secondly, virtue not only leads to the happiness of him who practises it, but to the esteem and affection of others. Nothing can be more indisputable, than that direct road to the esteem of mankind, is by doing things worthy of their esteem. The most artful scheme for passing things upon others for somewhat different from what they really are, is in momentary danger of detection; and it would be an egregious mistake to suppose, that men esteem any thing but what comes to them under the 366 ap|pearance of virtue. No man ever existed of a taste so depraved as to feel real approbation of another, for the artfulness of his flattery, or the cunning with which he over-reached his neighbours. Objection from misconstruction and calumny. There is indeed one disadvantage that occurs under this head, consisting in this circumstance, «that no man truly admires what he does not understand. Now, in °
The first of these three heads discussed in this chapter is inserted chiefly for the sake of method, few persons having really doubted that virtue is the most genuine source of individual tranquillity and happiness. It is therefore dismissed with a practicable brevity. The two reamaining heads had a stronger claim to discussion. It unfortunately happens to be the generally received opinion, that rigid virtue is neither the surest road to other men's approbation and esteem, nor the most probable means of securing our external prosperity. If the author had known of any work at present existing, that had appeared to him to place this subject in any degree in its true light, he would have omitted the reasonings of this chapter.
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order thoroughly to comprehend the value of any mental effort, whether of a purely intellectual or moral nature, it is perhaps necessary that the genius or virtue of the spectator should be equal to that of him by whom it is made. It is an inevitable law of our nature, that we should in a great measure judge of others by ourselves, and form our standard of human nature by an investigation of our own minds. That, respecting which we feel a clear and distinct conviction that we are ourselves incapable, we are prone to suspect to be mere show and deception in others. We are the more inclined to this, because we feel their virtues to be a reproach to our indolence, and therefore are little disposed to make a liberal estimate of them.» Answer.
But, though there be some truth in these observations, they have frequently been made much too indiscriminate, by the misanthropy and impatience of those, who have conceived their estimation with their neighbours or the world to fall greatly 367 short of their merit. It must be admitted that mankind are | reluctant to acknowledge a wisdom or a virtue superior to their o w n ; but this reluctance is by no means invincible. It is absurd to suppose that no man believes himself the inferior of his neighbours, or that, when he reads the plays of Shakespeare, the philosophy of Rousseau, or the actions of Cato, he says, «1 am as skilful, as wise, or as virtuous as this man.» It would be still more absurd to suppose that men may not in a considerable degree perceive the beauty of passages they could never have written, and actions they would never have performed. Virtue compared with other modes of procuring esteem. It is true that men of high moral excellence are seldom estimated at their true value, especially by their contemporaries. But the question does not relate to this point, but to that other, whether they be not esteemed more than persons of any other description, and of consequence whether virtue be not the best road to esteem ? Now, let a specious appearance be maintained with ever so much uniformity of success, it is perpetually in danger of detection. It will always want something of animation, of consistency and firmness that true virtue would produce. The imitation will never come up to the life. That temporising and compliance, which are careful not to contradict too much the prejudices of mankind, and in which the principal advantage of a merely exterior virtue consists, will always bear something suspicious about them. Men do not love him who is perpetually courting their applause. They do not give with a liberal spirit what is sought with too unwearied an assiduity. But their 368 praise | is involuntarly extorted, by him who is not so anxious to obtain success, as to deserve it. Vice and not virtue is the subject of obloquy :
instanced in the base alloy with which our virtues are mixed : If men of virtue be frequently misinterpreted or misunderstood, this is in a great degree to be ascribed to the imperfection of their virtue and the errors of their conduct. True virtue should hold no commerce with art. We ought not to be so desirous to exhibit our virtue to advantage, as to give it free scope and suffer it to exhibit itself. Art is nearly allied to selfishness ; and true virtue has already been
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shown to be perfectly disinterested. The mind should be fixed only on the object pursued, and not upon the gracefulness or gallantry of the pursuit. We should be upon all occasions perfectly ingenuous, expressing with simplicity the sentiments of our heart, and speaking of ourselves, when that may be necessary, neither with ostentation and arrogance on the one hand, nor with the frequently applauded lies of a cowardlike humility on the other. There is a charm in sincerity that nothing can resist. If once a man could be perfectly frank, open and firm in all his words and actions, it would be impossible for that man to be misinteipreted. in arrogance and ostentation : Another fruitful source of misrepresentation has appeared to be envy. But, if we be regarded with envy, it may be suspected to be in a great measure our own fault. He 369 will always be envied most, who is most arrogant, and whose mind | most frequently recurs to his own attainments and the inferiority of others. Our virtues would seldom be contemplated with an uneasy sense of reproach, if they were perfectly unassuming. Any degree of ostentation in their less corrupted neighbour, as it humbles the vanity of mankind, must be expected to excite in them a desire of retaliation. But he whose virtues flow from philanthropy alone, whose heart expands with benevolence and good will, and who has no desire to make his superiority felt, will at all times have many friends and few enemies. in the vices in which persons of moral excellence allow themselves. Virtue has also frequently been subject to misrepresentation from a farther circumstance which is most properly chargeable upon the sufferers, and that is, the inequality of their actions. It is no wonder, if we first rouse the angry passions of mankind by our arrogance, and then render our motives suspected by a certain mixture of art in the exhibition of our characters, that the follies and vices we commit, if they be a glaring kind, should too often furnish a triumphant argument to support against us the accusation of hypocrisy and deceit. If unfortunately happens, that, when men of an ardent spirit fall into error, their errors are inevitably conspicuous. It happens, that men, who have dedicated the flower of their strength to laudable purposes, too often think they have a right to indulge in relaxations unworthy of the energy of their characters. They would surely avoid this fatal mistake, if they duly reflected, that it is not their individual character only that is at stake, but 370 that they | are injuring the cause of justice and general good. Prudential and timid virtues, unalloyed with imprudent and thoughtless vices, are best understood by the vulgar. Their reign indeed is short; they triumph only for a day : but that they are transitory is of little avail, while those who are most worthy of lasting esteem, wantonly barter it for gratifications, contemptible in themselves, and fatally important in their effects. The virtuous man only has friends.
But to return to the comparison between the esteem and affection that accrue from virtue, and from any other plan of conduct. The produce in the latter case must always be in a considerable degree barren, and of very short duration. Whether the good name acquired by virtue be more or less, virtue will appear in the end to be the
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only mode of its acquisition. He who merits the esteem of his neighbours and fellow citizens, will at least be understood by a few. Instances might be adduced in which persons instigated by the purest motives have been eminently unpopular. But there is perhaps no instance in which men have not had a few friends of tried and zealous attachment. There is no friendship but this. No man was ever attached to an individual but for the good qualities he ascribed to him ; and the degree of attachment will always bear some proportion to the eminence of the qualities. Who would ever have redeemed the life of a knave at the expence of his own ? And how many instances do there occur of such heroic friendship where the character was truly illustrious ? 371
Virtue the road to prosperity and success in the world: applied to commercial transaction : In the third place, virtue will probably be found the securest road to outward prosperity and success in the world, according to the old maxim, «that honesty is the best policy.» It is indeed natural to suppose that a good name should eminently contribute to our success. This is evident even in the humblest walks of life. That tradesman, other things equal, will always be most prosperous, who is most fair and equitable in his dealings. Which is most likely to succeed, he who never gives expectations that he cannot fulfil, or who is perpetually disappointing his customers ? he who is contented with a reasonable profit, or who is ever upon the watch to outwit those with whom he deals ? he who puts one constant price upon his commodities, or who takes whatever he can get, favouring a suspicious customer unreasonably, and extorting with merciless avarice from an easy one ? in a word, he who wishes to keep the persons with whom he is concerned in present good humour, or who would give them permanent satisfaction ? There is no doubt, that, though the former may obtain by his artifices a momentary success, the latter will in the sequel be generally preferred. Men are not blind to their own interest as they have sometimes been represented, and they will soon feel the advantage of dealing with the person upon whom they can depend. We do not love to be perpetually upon our guard against an enemy, and for ever prying into the tricks and subterfuges of a depraved heart.
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to cases that depend upon patronage. Apparent exception where the dependent is employed as the instrument of vice. But what shall we say to those cases in which advancement depends upon patronage ? There are two circumstances under this head which seem to form an exception to the rule above delivered. The first is that of a patron, whose vicious and imperfect character renders the co-operation of vicious men necessary to his pursuits, whom therefore he will be contented to reward, even while he despises. The second is that of an office, and it is to be feared such offices exist, which may require a compliant and corrupt character in the person who is to fill it, and for the obtaining of which vice of a certain sort is a necessary recommendation.
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Virtue compared with other modes of becaming prosperous. It must no doubt be admitted as to this subject in general, that so far as relates to success in the world, vicious men will often prove fortunate. But it may reasonably be questioned, whether vice be in the first instance the most likely road to fortune. The candidates for this equivocal species of preferment may be numerous. An individual cannot distinguish himself in the crowd but by a portion of ability, which it may well be supposed would not have been unsuccessful in the career of virtue. After all, not every candidate, not even every skilful candidate, will be victorious. There is always a struggle in the breast of the patron between contempt and a corrupt motive ; and, where there is struggle, the decision will sometimes be on the side which the client least desires. Even when fortune seems to have overtaken him, his situation is still precarious. His success is founded upon a local and mutable 373 basis ; his | patron may desert him, may be deprived of his power or his life ; and the client, who, after having sacrificed every principle to his hopes of advantage, misses his aim, or is cut short in his career, is in all cases a subject of derision. A bad eminence is always unstable ; and, if we could sum up the number of those who have sacrificed their virtue to their ambition, we should probably find that a great majority of them had egregiously miscarried in their calculation. In the mean time, if we turn to the other side of the estimate, we shall in the first place inevitably suspect that esteem must lead to some of the fruits of esteem. But, exclusively of this consideration, if there be offices for which vice of a certain sort is a necessary qualification, there are also undoubtedly a multitude of offices which cannot be well discharged but by a man of integrity. The patron, though he would perhaps willingly provide for his pander of his parasite at the-expence of his country, will not be inclined to trust a man of accommodating principles with the superintendence of his fortune or the education of his child. With the exception of the two cases that have been stated, integrity, as it is the first qualification for discharging a function with propriety, will always occupy a foremost place in the recommendation of the client. The employer, whose object is the real interest of himself, his friends or his country, will have a powerful motive inducing him to prefer the honest 374 candidate. Ability may be almost equally requisite; but ability and virtue, | if we should choose to suppose that there is no necessary alliance between them, will at least by no person be thought exclusive of each other. If a knave may in some cases obtain an employment of trust and real importance, it is vehemently to be suspected that this would not have happened, if an honest man of equal ability had been at hand. Add to this that virtue is perpetually gaining ground upon us. The more it is tried, and the more it is known, the more will it be respected. It is to the man of real virtue, whose character is not brought into suspicion by the equivocal nature of some of his proceedings, whose virtue consists in benevolence, equanimity and justice, that all will have recourse, when they have the success of the affair in which they are concerned deeply at heart. Source of the disrepute of virtue in this respect. Nothing has tended more to bring honesty as an instrument of success into general disrepute, than the sort of complaint that is frequently heard from such as are
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unsuccessful. These men will naturally have recourse to the most specious topic of self consolation, and there is none that more obviously suggests itself than the supposition that they failed through their too much virtue. Thus the man of rugged temper who is perpetually insulting the foibles of others, the timid man who is incapable of embracing at once a perilous alternative, the scrupulous man who 5 knows not what to admit or reject and is always undetermined upon his course of action, and a thousand others, are forward to impute their miscarriage to their integrity, though strictly speaking it was in every one of these cases to be ascribed to their vices. 375
Concession.
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There is another consideration which deserves to be taken into account in this estimate. There is a degree of virtue which would probably render me disinclined to fill many eminent stations, to be a great lawyer, a great senator, or a great minister. The functions of these situations in the present state of mankind are of so equivocal a nature, that a man, whose moral views are in the highest degree sublime, will is perhaps find in himself little forwardness to exercise them. He will perhaps conceive that in a private station, unincumbered with engagements, unwarped by the sinister motives that high office will not fail to present, he may render more lasting services to mankind. But surely it is no very formidable objection to say, that honesty will prevent a man from acquiring what he has no wish to acquire. 20 Case where convenient vice bids fair for concealment. A case of somewhat a different nature has been suggested, and it has been asked, «Whether honesty be the best road to success, where the violation of it bids fair from perpetual concealment ? Fortune has led me to the military profession, I lack advancement, but promotions in the army are customarily made by purchase. Thus 25 circumstanced, I find by accident a sum of money, in secreting which I am in little danger of detection, and I apply this sum to purchase me a commission. Should I have more effectually promoted my worldly success by a more scrupulous conduct ? Chance of detection.
376 «The answer to this question ought probably to be affirmative. | In the first place we 30 are to consider the chance of detection. The direct tendency of the laws of the material universe is such, as to force the more considerable and interesting actions of human beings into publicity. No man can render himself invisible. The most artful conspirator cannot sufficiently provide against a thousand petty circumstances, that will lead, if not to conviction, at least to presumption against him. Who is there that 35 would wish to have fastened upon him the suspicion of a base and disingenuous procedure ? This feature in human affairs is so remarkable, as to have furnished topics to the literary industry of former centuries, and to have been interpreted God's revenge against the unjust. Suppose that in this case I found the money dropped in a field. Will the owner have no suspicion where he lost it ? Will no human being have 40 observed that I was near the spot at the questionable period ? The chances are certainly against me, and a mere balance of chance would probably have been sufficient to prove that honesty is the best policy. The bare circumstance of my
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suddenly possessing a sum of money without visible means of acquiring it, a circumstance to which the attention of my neighbours is always sufficiently alive, would cast an unpleasant stain upon my character. How often has the well contrived train of the politician, triumphing in the inscrutability of his wisdom, been baffled by the most trivial accident ? Since therefore, «the race is not the swift, nor the battle 5 to the strong,» the truest wisdom is to act so as to fear no detection. 377
Indolence:
There are other circumstances which tend to establish the same proposition. The man, who depends upon his courage, his ability, or his amiable character for recommendation, will perpetually cultivate these. His constancy will be unwearied; and, 10 conscious of the integrity of his means, his spirit will be intrepid and erect. The progress of this man, if his ardour be sufficiently great to inspire him with ability, and to render him quick sighted to the detection of his mistakes, will be incessant. But the man who has employed foul means, will depend partly upon them, and cannot be so fervent in the cultivation of true. 15 apprehensiveness :
If he always escape detection, he will always fear it, and this will sully the clearness of his spirit. Vice cannot compare with virtue in its tendency to individual happiness. This is not the subject we are considering in this place ; but this will apply to our subject. Remorse, uneasiness and confusion of mind are calculated to prevent 20 me from perceiving the true point of projection in my affairs, and detract much from the probability of my rising to eminence in any possession. and depravity the offspring of vice. Lastly, the man who has once yielded to a dishonest temptation, will yield to it again. He has lost the consistency of character and disdain of vice, which were his 25 firmest securities. He that says, «1 will be dishonest now, and dishonest no more,» forgets some of the most obvious and characteristic features of the human mind. If 378 he escape suspicion in the first instance, he will | only disgrace himself more foully in the second : if the remorse and degradation of spirit arising from one base action could perish, they would be fixed and invigorated by other base actions growing out 30 of the first.
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[Vol. II] Book V. Of Legislative and Executive Power.
Chap. I. Introduction Retrospect of principles already established. - Distribution of the remaining subjects. - Subject of the present book. - Forms of government. - Method of examination to be adopted. Retrospect of principles already established. In the preceding divisions of this work the ground has been sufficiently cleared to enable us to proceed with considerable explicitness and satisfaction to the practical detail of political institution. It has appeared that an enquiry concerning the principles and conduct of social intercourse is the most important topic upon which the mind of man can be exercised"; that upon those principles well or ill conceived, and the manner in which they are executed, the vices and virtues of individuals 380 depend 6 ; | that political institution to be good must have its sole foundation in the rules of immutable justice"; and that those rules, uniform in their nature, are equally applicable to the whole human race1'. Distribution of the remaning subjects. The different topics of political institution cannot perhaps be more perspicuously distributed than under the four following heads : provisions for general administration ; provisions for the intellectual and moral improvement of individuals ; provisions for the administration of criminal justice ; and provisions for the regulation of property. Under each of these heads it will be our business, in proportion as we adhere to the great and comprehensive principles already established, rather to clear away abuses than to recommend farther and more precise regulations, rather to simplify than to complicate. Above all we should not forget, that government is an evil, an usurpation upon the private judgment and individual conscience of mankind ; and that, however we may be obliged to admit it as a necessary evil for the present, it behoves us, as the friends of reason and the human species, to admit as little of it as possible, and carefully to observe whether, in consequence of the gradual illumination of the human mind, that little may not hereafter be diminished.
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Book Book Book Book
I. I. II, Chap. II. I, Chap. VII, VIII. Book III, Chap. VII.
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Subject of the present book. And first we are to consider the different provisions that may be made for general 381 administration ; including under the phrase | general administration all that shall be found necessary of what has usually been denominated legislative and executive power. Legislation has already appeared to be a term not applicable to human society". Men cannot do more than declare and interpret law ; nor can there be an authority so paramount, as to have the prerogative of making that to be law, which abstract and immutable justice had not made to be law previously to that interposition. But it might notwithstanding this be found necessary, that there should be an authority empowered to declare those general principle, by which the equity of the community will be regulated, in particular cases upon which it may be compelled to decide. The question concerning the reality and extent of this necessity it is proper to reserve for after consideration. Executive power consists of two very distinct parts : general deliberations relative to particular emergencies, which, so far as practicability is concerned, may be exercised either by one individual or a body of individuals, such as peace and war, taxationb, and the selection of proper periods for convoking deliberative assemblies : and particular functions, such as those of financial detail, or minute superintendence, which cannot be exercised unless by one or at most by a small number of persons. Forms of government. Method of examination to be adopted. In reviewing these several branches of authority, and considering the persons to 382 whom they may be most properly confided, we | cannot do better than adopt the ordinary distribution of forms of government into monarchy, aristocracy and democracy. Under each of these heads we may enquire into the merits of their respective principles, first absolutely, and upon the hypothesis of their standing singly for the whole administration ; and secondly, in a limited view, upon the supposition of their constituting one branch only of the system of government. It is usually alike incident to them all to confide the minuter branches of executive detail to inferior agents. One thing more it is necessary to premise. The merits of each of the three heads I have enumerated are to be considered negatively. The corporate duties of mankind are the result of their irregularities and follies in their individual capacity. If they had no imperfection, or if men were so constituted as to be sufficiently and sufficiently early corrected by persuasion alone, society would cease from its functions. Of consequence, of the three forms of government and their compositions that is the best, which shall least impede the activity and application of our intellectual powers. It was in the recollection of this truth that I have preferred the term political institution of that of government, the former appearing to be sufficiently expressive of that relative form, whatever it be, into which individuals would fall, when there was °
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I state the article of taxation as a branch of executive government, since it is not, like law or the declaration of law, a promulgating of some general principle, but is a temporary regulation for some particular emergence.
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no need of force to direct them into their proper channel, and were no refractory members to correct.
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Chap. II. Of Education, the Education of a Prince.
Nature of monarchy delineated. - School of adversity. - Tendency of superfluity to inspire effeminacy - to deprive us of the benefit of experience illustrated in the case of princes. - Manner in which they are addressed. Inefficacy of the instruction bestowed upon them. First then of monarchy ; and we will first suppose the succession to the monarchy to be hereditary. In this case we have the additional advantage of considering this distinguished mortal, who is thus set over the heads of the rest of his species, from the period of his birth. Nature of monarchy delineated.
The abstract idea of a king is of an extremely momentous and extraordinary nature; and, though the idea has by the accident of education been rendered familiar to us from our infancy, yet perhaps the majority of readers can recollect the period, when it struck them with astonishment and confounded their powers of apprehension. It being sufficiently evident that some species of government was necessary, and that 384 individuals | must concede a part of that sacred and important privilege by which each man is constituted judge of his own words and actions, for the sake of general good, it was next requisite to consider what expedients might be substituted in the room of this original claim. One of these expedients has been monarchy. It was the interest of each individual that his individuality should be invaded as rarely as possible; that no invasion should be permitted to flow from wanton caprice, from sinister and disingenuous views, or from the instigation of anger, partiality and passion ; and that this bank, severely levied upon the peculium of each member of the society, should be administered with frugality and discretion. It was therefore without doubt a very bold adventure to commit this precious deposit to the custody of a single man. If we contemplate the human powers whether of body or mind, we shall find them much better suited to the superintendence of our private concerns and to the administering occasional assistance to others, than to the accepting the formal trust of superintending the affairs and watching for the happiness of millions. If we recollect the physical and moral equality of mankind, it will appear a very violent usurpation upon this principle to place one individual at so vast an interval from the rest of his species. Let us then consider how such persons are usually educated, or may be expected to be educated, and how well they are prepared for this illustrious office. School of adversity.
385 It is common opinion that adversity is this school in which all | extraordinary virtue must be formed. Henry the fourth of France and Elizabeth of England experienced a
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long series of calamities before they were elevated to a throne. Alfred, of whom the obscure chronicles of a barbarous age record such superior virtues, passed through the vicissitudes of a vagabond and a fugitive. Even the mixed, and upon the whole the vicious, yet accomplished, characters of Frederic and Alexander, were not formed without the interference of injustice and persecution. This hypothesis however seems to have been pushed too far. It is no more reasonable to suppose that virtue cannot be matured without injustice, than to believe, which has been another prevailing opinion, that human happiness cannot be secured without imposture and deceit. Both these errors have a common source, a distrust of the omnipotence of truth. If their advocates has reflected more deeply upon the nature of the human mind, they would have perceived that all our voluntary actions are judgements of the understanding, and that actions of the most judicious and useful nature must infallibly flow from a real and genuine conviction of truth. Tendency of superfluity to inspire effeminacy :
But, though the exaggerated opinion here stated of the usefulness of adversity be erroneous, it is, like many other of our errors, allied to important truth. If adversity be not necessary, it must be allowed that prosperity is pernicious. Not a genuine and 386 philosophical prosperity, which requires no more than sound | health with a sound intellect, the capacity of procuring for ourselves by a moderate and well regulated industry the means of subsistence, virtue and wisdom : but prosperity as it is usually understood, that is, a competence, provided for us by the caprice of human institution, inviting our bodies to indolence, and our minds to lethargy; and still more prosperity, as it is understood in the case of noblemen and princes, that is, a superfluity of wealth, which deprives us of all intercourse with our fellow men upon equal terms, and makes us prisoners of state, gratified indeed with baubles an splendour, but shut out from the real benefits of society and the perception of truth. If truth be so intrinsically powerful as to make adversity unnecessary to excite our attention to it, it is nevertheless certain that luxury and wealth have the most fatal affects in distorting it. If it require no foreign aid to assist its energies, we ought however to be upon our guard against principles and situations the tendency of which may be perpetually to counteract it. Nor is this all. One of the most essential ingredients of virtue is fortitude. It was the plan of many of the Grecian philosophers, and most of all of Diogenes, to show to mankind how very limited was the supply that our necessities required, and how little dependent our real welfare and prosperity were upon the caprice of others. Among innumerable incidents upon record that illustrate this principle, a single one 387 may suffice to suggest to our minds its general spirit. Diogenes had a slave | whose name was Menas, and Menas thought proper upon some occasion to elope. «Ha !» said the philosopher, «can Menas live without Diogenes, and cannot Diogenes live without Menas ?» There can be no lesson more important than that which is thus conveyed. The man that does not know himself not to be at the mercy of other men, that does not feel that he is invulnerable to all the vicissitudes of fortune, is incapable of a constant and inflexible virtue. He, to whom the rest of his species can reasonably look up with confidence, must be firm, because his mind is filled with
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the excellence of the object he pursues; and chearful, because he knows that it is out of the power of events to injure him. If any one should choose to imagine that this idea of virtue is strained too high, yet all must allow that no man can be entitled to our confidence, who trembles at every wind, who can endure no adversity, and whose very existence is linked to the artificial character he sustains. Nothing can more reasonably excite our contempt, than a man who, if he were once reduced to the genuine and simple condition of man, would be reduced to despair, and find himself incapable of consulting and providing for his own subsistence. Fortitude is a habit of mind that grows out of a sense of our own independence. If there be a man who dares not even trust his own imagination with the fancied change of his circumstances, he must necessarily be effeminate, irresolute and temporising. He that loves sensuality or ostentation better than virtue, may be entitled to our pity, but a madman only would entrust to his disposal any thing that was dear to him. 388
to deprive us of the benefit of experience :
Again, the only means by which truth, however immutable in its own nature, can be communicated to the human mind is through the inlet of the senses. It is perhaps impossible that a man shut up in a cabinet can ever be wise. If we would acquire knowledge, we must open our eyes, and contemplate the universe. Till we are acquainted with the meaning of terms and the nature of the objects around us, we cannot understand the propositions that may be formed concerning them. Till we are acquainted with the nature of the objects around us, we cannot compare them with the principles we have formed, and understand the modes of employing them. There are other ways of attaining wisdom and ability beside the school of adversity, but there is no way of attaining them but through the medium of experience. That is, experience brings in the materials with which intellect works ; for it must be granted that a man of limited experience will often be more capable than he who has gone through the greatest variety of scenes ; or rather perhaps, that one man may collect more experience in a sphere of a few miles square, than another who has sailed round the world. To conceive truly the value of experience we must recollect the infinite improvements the human mind has received in a long series of ages, and how an enlightened European differs from a solitary savage. However multifarious are these improvements, there are but two ways in which they can be appropriated by any 389 individual; either at second had by books and | conversation, or at first hand by our own observations of men and things. The improvement we receive in the first of these modes is unlimited ; but it will not do alone. We cannot understand books, till we have seen the subjects of which they treat. He that knows the mind of man, must have observed it for himself ; he that knows it most intimately, must have observed it in its greatest variety of situations. He must have seen it without disguise, when no exterior situation puts a curb upon its passions, and induces the individual to exhibit a studied, not a spontaneous character. He must have seen men in their unguarded moments, when the eagerness of temporary resentment tips their tongue with fire, when they are animated and dilated by hope, when they are tortured and anatomised by despair, when the soul pours out its
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inmost self into the bosom of an equal and a friend. Lastly, he must himself have been an actor in the scene, have had his own passions brought into play, have known the anxiety of expectation and the transport of success, or he will feel and understand about as much of what he sees, as mankind in general would of the transactions of the vitriolised inhabitants of the planet Mercury, or the salamanders that live in the sun. - Such is the education of the true philosopher, the genuine politician, the friend and benefactor of human kind. illustrated in the case of princes. 390 What is the education of a prince ? Its first quality is extreme | tenderness. The winds of heaven are not permitted to blow upon him. He is dressed and undressed by his lacqueys and valets. His wants are carefully anticipated ; his desires without any effort of his profusely supplied. His health is of too much importance to the community to permit him to exert any considerable effort either of body or mind. He must not hear the voice of reprimand or blame. In all things it is first of all to be remembered that he is a prince, that is, some rare and precious creature, but not of human kind. Manner in which they are addressed. As he is the heir to a throne, it is never forgotten by those about him, that considerable importance is to be annexed to his favour or his displeasure. Accordingly they never express themselves in his presence frankly and naturally, either respecting him or themselves. They are supporting a part. They play under a mask. Their own fortune and emolument is always uppermost in their minds, at the same time that they are anxious to appear generous, disinterested and sincere. All his caprices are to be complied with. All his gratifications are to be studied. They find him a depraved and sordid mortal; they judge of his appetites and capacities by their own ; and the gratifications they recommend serve to sink him deeper in folly and vice. What is the result of such an education ? Having never experienced contradiction, the young prince is arrogant and presumptuous. Having always been accustomed to 391 the slaves of necessity or the slaves of choice, he does not understand even the meaning of the word freedom. His temper is insolent, and impatient of parley and expostulation. Knowing nothing, he believes himself sovereignly informed, and runs headlong into danger, not from firmness and courage, but from the most egregious wilfulness and vanity. Like Pyrrho among the ancient philosophers, if his attendants were at a distance, and he trusted himself alone in the open air, he would perhaps be run over by the next coach, or fall down the first precipice. His violence and presumption are strikingly contrasted with the extreme timidity of his disposition. The first opposition terrifies him, the first difficulty seen and understood appears insuperable. He trembles at a shadow, and at the very semblance of adversity is dissolved into tears. It has accordingly been observed that princes are commonly superstitious beyond the rate of common mortals. Above all, simple, unqualified truth is a stranger to his ear. It either never approaches ; or if so unexpected a guest should once appear, it meets with so cold a reception, as to afford little encouragement to a second visit. The longer he has been accustomed to falshood and flattery, the more grating will it sound. The longer he
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has been accustomed to falshood and flattery, the more terrible will the task appear to him, to change his tastes, and discard his favourites. He will either place a blind confidence in all men, or, having detected the insincerity of those who were most 392 agreeable to him, will conclude that all men Eire | knavish and designing. As a consequence of this last opinion, he will become indifferent to mankind, callous to their sufferings, and will believe that even the virtuous are knaves under a craftier mask. Such is the education of an individual, who is destined to superintend the affairs and watch for the happiness of millions. In this picture are indeed contained all those features which naturally constitute the education of a prince, into the conducting of which no person of energy and virtue has by accident been introduced. In real life it will be variously modified, but the majority of the features, unless in very rare instances, will remain the same. In no case can the education of a friend and benefactor of human kind, as sketched in a preceding page, by any speculative contrivance be communicated. Inefficacy of the instruction bestowed upon them.
Nor is there any difficulty in accounting for this universal miscarriage. The wisest preceptor thus circumstanced must labour under insuperable disadvantages. No situation can be so unnatural as that of a prince, so difficult to be understood by him who occupies it, so irresistibly propelling the mind to mistake. The first ideas it suggests are of a tranquillising and soporific nature. It fills him with the opinion of his secretly possessing some inherent advantage over the rest of his species, by which he is formed to command and they to obey. If you assure him of the contrary, you can expect only an imperfect and temporary credit; for facts, which in this case 393 depose against you, speak a | language more emphatic and intelligible than words. If it were not as he supposes, why should every one that approaches be eager to serve him ? The sordid and selfish motives by which they are really animated he is very late in detecting. It may even be doubted whether the individual, who was never led to put the professions of others to the test by his real wants, has in any instance been completely aware of the little credit that is often due to them. A prince finds himself courted and adored long before he can have acquired a merit entitling him to such distinctions. By what arguments can you persuade him laboriously to pursue what appears so completely superfluous ? How can you induce him to be dissatisfied with his present acquisitions, while every other person assures him that his accomplishments are admirable and his mind a mirror of sagacity ? How will you persuade him who finds all his wishes anticipated, to engage in any arduous undertaking, or propose any distant object for his ambition ? But, even should you succeed in this, his pursuits may be expected to be either mischievous or useless. His understanding is distorted ; and the basis of all morality, the recollection that other men are beings of the same order with himself, is extirpated. It would unreasonable to expect from him any thing generous and humane. Unfortunate as he is, his situation is continually propelling him to vice, and destroying the germs of integrity and virtue before they are unfolded. If sensibility 394 be|gin to discover itself, it is immediately poisoned by the blighting winds of flattery. Amusement and sensuality call with an imperious voice, and will not allow him
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time to feel. Artificial as is the character he fills, even should he aspire to fame, it will b e by the artificial methods of false refinement, or the barbarous inventions of usurpation and conquest, not by the plain and unornamented road of benevolence. Some idea of the methods usually pursued, and the effects produced in the education of a prince, may be collected from a late publication of the celebrated madame de Genlis, in which she gives an account of her own proceedings in relation to the children of the duke d'Orléans. She thus describes the features of their disposition and habits at the time they were committed to her care. «The duke de Valois» (the eldest) is frequently coarse in his manners and ignoble in his expressions. H e finds a great deal of humour in describing mean and common objects by vulgar expressions ; and all this seasoned with the proverbial fertility of Sancho Panza himself, and set off with a loud forced laugh. His prate is eternal, nor does he suspect but that it must be an exquisite gratification to any one to be entertained with it ; and he frequently heightens the jest by a falshood uttered in the gravest manner imaginable. Neither he nor his brother has the least regard for any body but himself ; they are selfish and grasping to an extreme, considering every thing that is done for 395 them as their due, and imagining that they are in no respect obliged | to consult the happiness of others. The slightest reproof is beyond measure shocking to them, and the indignation they conceive at it immediately vents itself in sullenness or tears. They are in an uncommon degree effeminate, afraid of the wind or the cold, unable to run or to leap, or even so much as to walk at a round pace, or for more than half an hour together. The duke de Valois has an extreme terror of dogs, to such a degree as to turn pale and shriek out at the sight of one.» «When the children of the duke d'Orléans were committed to my care, they had been accustomed in winter to wear under-waistcoats, two pair of stockings, gloves, muffs, &c. T h e eldest, who w a s eight years of age, never came down stairs without being supported by the arm of one or two persons ; the domestics were obliged to render them the meanest services, and, for a cold or any slight indisposition, sat up with them for nights together".» ''
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«M. de Valois a encore des manières bien désagréables, des expressions ignobles, & de tems en tems le 30 plus mauvais ton. A présent qu'il est à son aise avec moi. il me débite avec confiance toutes les gentillesses qu 'on lui a apprises. Tout cela assaisonné de tous les proverbes de Sancho, et d'un gros rire forcé, qui n 'est pas le moindre de ses désagréments. En outre, il est très bavard, grand conteur, & il ment souvent pour se divertir : avec cela la plus grande indifférence pour M. & Mde. de Chartres, n 'y pensant jamais, les voyant froidement, ne désirant point les voir. - Ils étoient l'un & l'autre de la plus 35 grande impolitesse, oui & non tout court, ou un signe de tête, peu reconnaissant, parce qu'ils croient qu'il n'est point de soins, d'attentions, ni d'égards qu'on ne les doive. Il n'étoit pas possible de les reprendre sans les mettre au désespoir ; dans ce cas, toujours des pleurs ou de l'humeur. Ils étoient très douillets, craignant le vent, le froid, ne pouvant, non seulement ni courir ni sauter, mais même ni marcher d'un bon pas, & plus d'une demi-heure. Et M. le duc de Valois ayant une peur affreuse des 40 chiens au point de pâlir et de crier quand il en voyait un.» «Quand on m'a remis ceux que j'ai élevés, ils avoient l'habitude de porter en hiver des gillets, des doubles paires de bas, des grands manchons, &c. L'ainé, qui avoit huit ans, ne déscendoit jamais un escalier sans s'appuyer sur le bras d'une ou deux personnes. On obligeait des domestiques de ces enfans à leur rendre les services les plus vils : pour un rhume, pour une légère incommodité, ces domestiques 45 passaient sans cesse les nuits, &c.» Leçons d'une Gouvernante à ses Eleves, par Mde. de Sillery Brulart (ci-devant comtesse de Genlis), Tome II.
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Madame de Genlis, a woman of uncommon talents and comprehensive views, though herself infected with a considerable number of errors, corrected these defects in the young princes. But few princes have the good fortune to be educated by a mind so powerful and wise as that of madame de Genlis, and we may safely take our standard for the average calculation rather from her predecessors than herself. She 5 forms the exception ; they the rule. Even were it otherwise, we have already seen what it is that a preceptor can do in the education of a prince. Nor should it be forgotten that these were not of the class of princes destined to a throne.
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Chap. III. Private Life of a Prince.
Principles by which he is influenced - irresponsibility - impatience of control - habits of dissipation - ignorance - dislike of truth - dislike of justice - pitiable situation of princes. Such is the culture ; the fruit that it produces may easily be conjectured. The fashion which is given to the mind in youth, it ordinarily retains in age; and it is with ordinary cases only that the present argument is concerned. If there have been kings, as there have been other men, in the forming of whom particular have outweighed general causes, the recollection of such exceptions has little to do with the question, whether monarchy be generally speaking a benefit or an evil. Nature has no particular mould of which she forms the intellects of princes ; monarchy is certainly not jure divino ; and of consequence, whatever system we may adopt upon the subject of natural talents, the ordinary rate of kings will possess at best but the ordinary rate of human understanding. In what has been said, and in what remains to say, we are not to fix our minds upon prodigies, but to think of the species as it is usually found. 398 But, though education for the most part determines the character of the future man, it may not be useless to follow the disquisition a little farther. Education in one sense is the affair of youth, but in a strict and more accurate sense the education of an intellectual being can terminate only with his life. Every incident that befals us is the parent of a sentiment, and either confirms or counteracts the preconceptions of the mind. Principles by which he is influenced: irresponsibility:
Now the causes that acted upon kings in their minority, continue to act upon them in their maturer years. Every thing is carefully kept out of sight that may remind them they are men. Every means is employed that can persuade them that they are of a different species of beings, and subject to different laws of existence. «A king,» such at least is the maxim of absolute monarchies, «though obliged by a rigid system of duties, is accountable for his discharge of those duties only to God.» That is, exposed to a hundred fold more seductions than ordinary men, he has not like them the checks of a visible constitution of things, perpetually through the medium of the senses making their way to the mind. He is taught to believe himself superior to the restraints that bind ordinary men, and subject to a rule peculiarly his own. Every thing is trusted to the motives of an invisible world ; which, whatever may be the estimate to which they are entitled in the view of philosophy, mankind are not now to learn are weakly felt by those who are immerged in splendour or affairs, and have 399 little chance of success in contending with the impressions of sense and the allurements of visible objects.
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impatience of control: It is a maxim generally received in the world «that every king is a despot in his heart,» and the maxim can seldom fail to be verified in the experiment. A limited monarch and an absolute monarch, though in many respects different, approach in more points than they separate. A monarch, strictly without limitation, is perhaps a phenomenon that never yet existed. All countries have possessed some check upon despotism, which to their deluded imaginations appeared a sufficient security for their independence. All kings have possessed such a portion of luxury and ease, have been so far surrounded with servility and falshood, and to such a degree exempt from personal responsibility, as to destroy the natural and wholesome complexion of the human mind. Being placed so high, they find but one step between them and the summit of social authority, and they cannot but eagerly desire to gain that step. Having so frequent occasions of seeing their behests implicitly obeyed, being trained in so long a scene of adulation and servility, it is impossible they should not feel some indignation at the honest firmness that sets limits to their omnipotence. But to say, «that every king is a despot in his heart,» will presently be shown to be the same thing as to say, that every king is by unavoidable necessity the enemy of the human race. 400
habits of dissipation : The principal source of virtuous conduct is to recollect the absent. He that takes into his estimate present things alone, will be the perpetual slave of sensuality and selfishness. He will have no principle by which to restrain appetite, or to employ himself in just and benevolent pursuits. The cause of virtue and innocence, however urgent, will no sooner cease to be heard, than it will be forgotten. Accordingly nothing is found more favourable to the attainment of moral excellence than mediation : nothing more inimical than an uninterrupted succession of amusements. It would be absurd to expect from kings the recollection of virtue in exile or disgrace. It has generally been observed, that even for the loss of a flatterer or a favourite they speedily console themselves. Image after image so speedily succeed in their sensorium, that no one of them leaves a durable impression. A circumstance which contributes to this moral insensibility, is the effeminacy and cowardice which grow out of perpetual indulgence. Their minds spontaneously shrink from painful ideas, from motives that would awaken them to effort, and reflections that would demand severity of disquisition.
ignorance : What situation can be more unfortunate than of a stranger, who cannot speak our language, knows nothing of our manners and customs, and enters into the busy scene of our affairs, without one friend to advise with or assist him ? If any thing is to be got by such a man, we may depend upon seeing him instantly surrounded with 401 a group of thieves, sharpers and | extortioners. They will make him swallow the most incredible stories, will impose upon him in every article of his necessities or his commerce, and he will leave the country at last, as unfriended and in as absolute ignorance as he entered it. Such a stranger is a king ; but with this difference, that the foreigner, if he be a man of sagacity and penetration, may make his way through
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this crowd of intruders, and discover a set of persons worthy of his confidence, which can scarcely in any case happen to a king. He is placed in a vortex peculiarly his own. He is surrounded with an atmosphere through which it is impossible for him to discover the true colours and figure of things. The persons that are near him are in a cabal and conspiracy of their own, and there is nothing about which they are more anxious than to keep truth from approaching him. The man, who is not accessible to every comer, who delivers up his person into the custody of another, and may, for any thing that he can tell, be precluded from that very intercourse and knowledge it is most important for him to possess, whatever name he may bear, is in reality a prisoner. Whatever the arbitrary institutions of men may pretend, the more powerful institutions of nature forbid one man to transact the affairs and provide for the welfare of millions. A king soon finds the necessity of entrusting his functions to the administration of his servants. He acquires the habit of seeing with their eyes and acting 402 with their hands. He finds the necessity of confid|ing implicitly in their fidelity. Like a man long shut up in a dungeon, his organs are not strong enough to bear the irradiation of truth. Accustomed to receive information of the feelings and sentiments of mankind through the medium of another person, he cannot bear directly to converse with business and affairs. Whoever would detach his confidence from his present favourites, and induce him to pass over again in scrutiny the principles and data upon which he has already determined, requires of him too painful a task. He hastens from his informer to communicate the accusation to his favourite, and the tongue that has been accustomed to gain credit, easily varnishes over this new discovery. He flies from uncertainty, anxiety and doubt to his routine of amusements ; or amusement presents itself, is importunate to be received, and presently obliterates the tale that overspread the mind with melancholy and suspicion. Much has been said of intrigue and duplicity. They have been alledged to intrude themselves into the walks of commerce, to haunt the intercourse of men of letters, and to rend the petty concerns of a village with faction. But, wherever else they may be strangers, in courts they undoubtedly find a congenial climate. The intrusive talebearer, who carries knowledge to the ear of kings, is within that circle an object of general abhorrence. The favourite marks him for his victim ; and the inactive and unimpassioned temper of the monarch soon resigns him to the vindictive importunity of his adversary. It is in the contemplation of these circumstances that Fenelon 403 has remarked that | «kings are the most unfortunate and the most misled of all human beings".» Dislike of truth:
But in reality were they in possession of purer sources of information, it would be to little purpose. Royalty inevitably allies itself to vice. Virtue, in proportion as it has taken possession of any character, is just, consistent and sincere. But kings, debauched by their education, ruined by their situation, cannot endure an intercourse with 0
«Les plus malheureux & les plus aveugles de tous les hommes.» Iclcmaquc. Liv. XIII. More forcible and impressive description is scarcely any where to be found, than of the evils inseparable from monarchical government, contained in this and the following book of Fenelon's work.
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these attributes. Sincerity, that would tell them of their errors and remind them of their cowardice ; justice, that, uninfluenced by the trappings of majesty, would estimate the man at his true desert; consistency, that no temptation would induce to part with its principles ; are odious and intolerable in their eyes. From such intruders they hasten to men of a pliant character, who will flatter their mistakes, put a false varnish on their actions, and be visited by no impertinent scruples in assisting the indulgence of their appetites. There is scarcely in human nature an inflexibility that can resist perpetual flattery and compliance. The virtues that grow up among us are cultured in the open soil of equality, not in the artificial climate of greatness. We 404 need the winds to harden, as much as | the heat to cherish us. Many a mind, that promised well in its outset, has been found incapable to stand the test of perpetual indulgence and ease, without one shock to waken, and one calamity to stop in its smooth career. dislike of justice. Monarchy is in reality so unnatural an institution, that mankind have at all times strongly suspected it was unfriendly to their happiness. The power of truth upon important topics is such, that it may rather be said to be obscured than obliterated ; and falshood has scarcely ever been so successful, as not to have had a restless and powerful antagonist in the heart of its votaries. The man who with difficulty earns his scanty subsistence, cannot behold the ostentatious splendour of a king, without being visited by some sense of injustice. He inevitably questions in his mind the utility of an officer whose services are hired at so enormous a price. If he consider the subject with any degree of accuracy, he is led to perceive, and that with sufficient surprise, that a king is nothing more than a common mortal, exceeded by many and equalled by more in every requisite of strength, capacity and virtue. He feels therefore that nothing can be more groundless and unjust than the supposing that one such man as this is the fittest and most competent instrument for regulating the affairs of nations. These reflections are so unavoidable that kings themselves have often been aware 405 of the danger to their imaginary happi|ness with which they are pregnant. They have sometimes been alarmed with the progress of thinking, and oftener regarded the ease and prosperity of their subjects as a source of terror and apprehension. They justly consider their functions as a sort of public exhibition, the success of which depends upon the credulity of the spectators, and which good sense and courage would speedily bring to a termination. Hence the well known maxims of monarchical government, that ease is the parent of rebellion, and that it is necessary to keep the people in a state of poverty and endurance in order to render them submissive. Hence it has been the perpetual complaint of despotism, that «the restive knaves are overrun with ease, and plenty ever is the nurse of faction".» Hence it has been the lesson perpetually read to monarchs: «Render your subjects prosperous, and they will speedily refuse to labour; they will become stubborn, proud, unsubmissive to the yoke, and ripe for revolt. It is impotence and misery that alone will render them supple, and prevent them from rebelling against the dictates of authority''. "
Tragedy of Jane Shore, Act III
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Pitiable situation of princes. It is a common and vulgar observation that the state of a king is greatly to be pitied. 406 «All his actions are hemmed in with | anxiety and doubt. He cannot, like other men, indulge the gay and careless hilarity of his mind; but is obliged, if he be of an honest and conscientious disposition, to consider how necessary the time, which he is thoughtlessly giving to amusement, may be to the relief of a worthy and oppressed individual; how many benefits might in a thousand instances result from his interference ; how many a guileless and undesigning heart might be cheared by his justice. The conduct of kings is the subject of the severest criticism, which the very nature of their situation disables them to encounter. A thousand things are done in their name in which they have no participation ; a thousand stories are so disguised to their ear as to render the truth absolutely undiscoverable; and the king is the general scape-goat, loaded with the offences of all his dependents.» No picture can be more just, judicious and humane than that which is thus exhibited. Why then should the advocates of antimonarchical principles be considered as the enemies of kings ? They would relieve them from «a load would sink a navy, too much honour".» They would exalt them to the happy and enviable condition of private individuals. In reality nothing can be more iniquitous and cruel than to impose upon a man the unnatural office of a king. It is not less inequitable towards 407 him that exercises it, than towards them who are subjected to it. | Kings, if they understood their own interests, would be the first to espouse these principles, the most eager to listen to them, the most fervent in expressing their esteem of the men who undertake to impress upon their species this important truth.
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«Si vous mettez les peuples dans l'abondance, ils ne travailleront plus, ils deviendront fiers, indociles : et seront toujours prêts à se révolter : il n'y a que la foiblesse et la misere qui les rendent souples, et qui les empêchent de résister à l'autorité.» Tilémaque, Liv. XIII. Shakespeare : Henry the Eighth, Act III.
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Chap. IV. Of a Virtuous Despotism.
Supposed excellence of this form of government controverted - from the narrowness of human powers. - Case of a vicious administration - of a virtuous administration intended to be formed. - Monarchy not adapted to the government of large states. Supposed excellence of this form of government controverted : There is a principle frequently maintained upon this subject, which is well entitled to our impartial consideration. It is granted by those who espouse it, «that absolute monarchy, from the imperfection of those by whom it is administered, is most frequently attended with evil;» but they assert, «that it is the best and most desirable of all forms under a good and virtuous prince. It is exposed,» say they, «to the fate of all excellent natures, and from the best thing frequently, if corrupted, becomes the worst.» This remark is certainly not very decisive of the general question, so long as any weight shall be attributed to the arguments which have been adduced to evince what sort of character and disposition may be ordinarily expected in princes. It may however be allowed, if true, to create in the mind a sort of partial retrospect to this 409 happy and perfect | despotism ; and, if it can be shown to be false, it will render the argument for the abolition of monarchy, so far as it is concerned, more entire and complete. from the narrowness of human powers. Now, whatever dispositions any man may possess in favour of the welfare of others, two things are necessary to give them validity ; discernment and power. I can promote the welfare of a few persons, because I can be sufficiently informed of their circumstances. I can promote the welfare of many in certain general articles, because for this purpose it is only necessary that I should be informed of the nature of the human mind as such, not of the personal situation of the individuals concerned. But for one man to undertake to administer the affairs of millions, to supply, not general principles and perspicuous reasoning, but particular application, and measures adapted to the necessities of the moment, is of all undertakings the most extravagant and absurd. The most natural and obvious of all proceedings is for each man to be the sovereign arbiter of his own concerns. If the imperfection, the narrow views and the mistakes of human beings render this in certain cases inexpedient and impracticable, the next resource is to call in the opinion of his peers, persons who from their vicinity may be presumed to have some general knowledge of the case, and who have leisure and means minutely to investigate the merits of the question. It cannot 410 reasonably | be doubted , that the same expedient which men employed in their civil and criminal concerns, would by uninstructed mortals be adopted in the assessment
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of taxes, in the deliberations of commerce, and in every other article in which their common interests were involved, only generalising the deliberative assembly or pannel in proportion to the generality of the question to be decided. Monarchy, instead of referring every question to the persons concerned or their neighbours, refers it to a single individual placed at the greatest distance possible from the ordinary members of the society. Instead of distributing the causes to be judged into as many parcels as they would conveniently admit for the sake of providing leisure and opportunities of examination, it draws them to a single centre, and renders enquiry and examination impossible. A despot, however virtuously disposed, is obliged to act in the dark, to derive his knowledge from other men's information, and to execute his behests by other men's instrumentality. Monarchy seems to be a species of government proscribed by the nature of man ; and those persons, who furnished their despot with integrity and virtue, forgot to add omniscience and omnipotence, qualities not less necessary to fit him for the office they had provided. Case of a vicious administration :
Let us suppose this honest and incorruptible despot to be served by ministers, ava411 ricious, hypocritical and interested. What will | the people gain by the good intentions of their monarch ? He will mean them the greatest benefits, but he will be altogether unacquainted with their situation, their character and their wants. The information he receives will frequently be found the very reverse of the truth. He will be taught that one individual is highly meritorious and a proper subject of reward, whose only merit is the profligate cruelty with which he has served the purposes of his administration. He will be taught that another is the pest of the community, who is indebted for this report to the steady virtue with which he has traversed and defeated the wickedness of government. He will mean the greatest benefits to his people ; but when he prescribes something calculated for their advantage, his servants under pretence of complying shall in reality perpetrate diametrically the reverse. Nothing will be more dangerous than to endeavour to remove the obscurity with which his ministers surround him. The man, who attempts so hardy a task, will become the incessant object of their hatred. Though the sovereign should be ever so severely just, the time will come when his observation will be laid asleep, while malice and revenge are ever vigilant. Could he unfold the secrets of his prison houses of state, he would find men committed in his name whose crimes he never knew, whose names he never heard of, perhaps men whom he honoured and esteemed. Such is the history of the benevolent and philanthropic despots whom memory has recorded; and the conclusion from the whole is, that, wherever de412 spotism exists, | there it will always be attended with the evils of despotism, capricious measures and arbitrary infliction. of a virtuous administration intended to be formed. «But will not a wise king take care to provide himself with good and virtuous servants ?» Undoubtedly he will effect a part of this, but he cannot supersede the essential natures of things. He that executes any office as a deputy will never discharge it in the same perfection as if he were the principal. Either the minister
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must be the author of the plans which he carries into effect, and then it is of little consequence, except so far as relates to his integrity in the choice of his servants, what sort of mortal the sovereign shall be found ; or he must play a subordinate part, and then it is impossible to transfuse into his mind the perspicacity and energy of his master. Wherever despotism exists, it cannot remain in a single hand, but must be transmitted whole and entire through all the progressive links of authority. To render despotism auspicious and benign it is necessary, not only that the sovereign should possess every human excellence, but that all his officers should be men of penetrating genius and unspotted virtue. If they fall short of this, they will, like the ministers of Elizabeth, be sometimes specious profligates 0 , and sometimes men, who, however admirably adapted for business, consult on many occasions exclusively their private advantage, worship the rising sun, enter into vindictive cabals, and 413 cuff | down new fledged merit6. Wherever the continuity is broken, the flood of vice will bear down all before it. One weak or disingenuous man will be the source of unbounded mischief. It is the nature of monarchy under all its forms to confide greatly in the discretion of individuals. It provides no resource for maintaining and diffusing the spirit of justice. Every thing rests upon the permanence and extent of influence of personal virtue. Monarchy not adapted to the government of large states. Another position, not less generally asserted than that of the desirableness of a virtuous despotism, is, «that republicanism is a species of government practicable only in a small state, while monarchy is best fitted to embrace the concerns of a vast and flourishing empire.» The reverse of this, so far at least as relates to monarchy, appears at first sight to be the truth. The competence of any government cannot be measured by a purer standard, than the extent and accuracy of its information. In this respect monarchy appears in all cases to be wretchedly deficient; but, if it can ever be admitted, it must surely be in those narrow and limited instances where an individual can with least absurdity be supposed to be acquainted with the affairs and interests of the whole.
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Dudley earl of Leicester. Cecil earl of Salisbury, lord treasurer; Howard earl of Nottingham, lord admiral, &c.
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Chap. V. Of Courts and Ministers.
Systematical monopoly of confidence. -Character of ministers - of their dependents. - Venality of courts. - Universality of this principle. We shall be better enabled to judge of the dispositions with which information is communicated and measures are executed in monarchical countries, if we reflect upon another of the evil consequences attendant upon this species of government, the existence and corruption of courts. Systematical monopoly of confidence. The character of this, as well as of every other human institution, arises out of the circumstances with which it is surrounded. Ministers and favourites are a sort of people who have a state prisoner in their custody, the whole management of whose understanding and actions they can easily engross. This they completely effect with a weak and credulous master, nor can the most cautious and penetrating entirely elude their machinations. They unavoidably desire to continue in the administration of his functions, whether it be emolument, or the love of homage, or any more 415 generous motive by which they are | attached to it. But the more they are confided in by the sovereign, the greater will be the permanence of their situation ; and the more exclusive is their possession of his ear, the more implicit will be his confidence. The wisest of mortals are liable to error ; the most judicious projects are open to specious and superficial objections ; and it can rarely happen but a minister will find his ease and security in excluding as much as possible other and opposite advisers, whose acuteness and ingenuity are perhaps additionally whetted by a desire to succeed to his office. Character of ministers: Ministers become a sort of miniature kings in their turn. Though they have the greatest opportunity of observing the impotence and unmeaningness of the character, they yet envy it. It is their trade perpetually to extol the dignity and importance of the master they serve ; and men cannot long anxiously endeavour to convince others of the truth of any proposition without becoming half convinced of it themselves. They feel themselves dependent for all that they most ardently desire upon this man's arbitrary will; but a sense of inferiority is perhaps the never failing parent of emulation or envy. They assimilate themselves therefore of choice to a man to whose circumstances their own are considerably similar. of their dependents. In reality the requisites, without which monarchical government cannot be preserved 416 in existence, are by no means sufficiently supplied by the mere intervention of ministers. There must be the ministers of ministers, and a long bead roll of subor-
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dination descending by tedious and complicated steps. Each of these lives on the smile of the minister, as he lives on the smile of the sovereign. Each of these has his petty interests to manage, and his empire to employ under the guise of servility. Each imitates the vices of his superior, and exacts from others the adulation he is obliged to pay. It has already appeared that a king is necessarily and almost unavoidably a despot in his heart. He has been used to hear those things only which were adapted to give him pleasure ; and it is with a grating and uneasy sensation that he listens to communications of a different sort. He has been used to unhesitating compliance ; and it is with difficulty he can digest expostulation and opposition. Of consequence the honest and virtuous character, whose principles are clear and unshaken, is least qualified for his service ; he must either explain away the severity of his principles, or he must give place to a more crafty and temporising politician. The temporising politician expects the same pliability in others that he exhibits in himself; and the fault which he can least forgive is an ill timed and inauspicious scrupulosity. Expecting this compliance from all the coadjutors and instruments of his designs, 417 he soon comes to set it up as a standard | by which to judge of the merit of all other men. He is deaf to every recommendation but that of a fitness for the secret service of government, or a tendency to promote his interest and extend the sphere of his influence. The worst man with this argument in his favour will seem worthy of encouragement; the best man who has no advocate but virtue to plead for him will be treated with superciliousness and neglect. It is true the genuine criterion of human desert can never be superseded and reversed. But it will appear to be reversed, and appearance will produce many of the effects of reality. To obtain honour it will be thought necessary to pay a servile court to administration, to bear with unaltered patience their contumely and scorn, to flatter their vices, and render ourselves useful to their private gratification. To obtain honour it will be thought necessary by assiduity and intrigue to make to ourselves a party, to procure the recommendation of lords and the good word of women of pleasure and clerks in office. To obtain honour it will be thought necessary to merit disgrace. The whole scene consists in hollowness, duplicity and falshood. The minister speaks fair to the man he despises, and the slave pretends a generous attachment, while he thinks of nothing but his personal interest. That these principles are interspersed under the worst governments with occasional deviations into better it would be folly to deny ; that they do not form the great prevailing features wherever a court and a monarch are to be found it would be madness to assert. 418 The fundamental disadvantage of such a form of government is, that it renders things of the most essential importance subject through successive gradations to the caprice of individuals. The suffrage of a body of electors will always bear a resemblance more or less remote to the public sentiment. The suffrage of an individual will depend upon caprice, personal convenience or pecuniary corruption. If the king be himself inaccessible to injustice, if the minister disdain a bribe, yet the fundamental evil remains, that kings and ministers, fallible themselves, must upon a thousand occasions depend upon the recommendation of others. Who will answer
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for these through all their classes, officers of state and deputies of department, humble friends and officious valets, wives and daughters, concubines and confessors ? Venality of courts.
It is supposed by many, that the existence of permanent hereditary distinction is necessary to the maintenance of order among beings so imperfect as the human species. But it is allowed by all, that permanent hereditary distinction is a fiction of policy, not an ordinance of immutable truth. Wherever it exists, the human mind, so far as relates to political society, is prevented from settling upon its true foundation. There is a perpetual struggle between the genuine sentiments of understanding, which tell us that all this is an imposition, and the imperious voice of government, which bids us, Reverence and obey. In this unequal contest, alarm and apprehension will perpetually haunt the minds of those who exercise usurped power. In this 419 artificial state of man powerful engines must be employed to prevent him from rising to his true level. It is the business of the governors to persuade the governed, that it is their interest to be slaves. They have no other means by which to create this fictitious interest, but those which they derive from the perverted understandings and burdened property of the public, to be returned in titles, ribbands and bribes. Hence that system of universal corruption without which monarchy could not exist. Universality of this principle. It has sometimes been supposed that corruption is particularly incident to a mixed government. «In such a government the people possess a certain portion of freedom ; privilege finds its place as well as prerogative ; a certain sturdiness of manner and consciousness of independence are the natives of these countries. The country gentlemen will not abjure the dictates of his judgment without a valuable consideration. There is here more than one road to success ; popular favour is as sure a means of advancement as courtly patronage. In despotic countries the people may be driven like sheep ; however unfortunate is their condition, they know of no other, and they submit to it as an inevitable calamity. Their characteristic feature is a torpid dullness in which all the energies of man are forgotten. But in a country calling itself free the minds of the inhabitants Eire in a perturbed and restless state, and extraordinary means must be employed to calm their vehemence.» It has sometimes hap420 pened to men whose hearts have been pervaded with the love of | virtue, of which pecuniary prostitution is the most odious corruption, to prefer, while they have contemplated this picture, an acknowledged despotism to a state of specious and imperfect liberty. But this picture is not accurate. As much of it as relates to a mixed government must be acknowledged to be true. But the features of despotism are much too favourably touched. Whether privilege be conceded by the forms of the constitution or no, a whole nation cannot be kept ignorant of its force. No people were ever yet so sunk in stupidity as to imagine one man, because he bore the appellation of a king, literally equal to a million. In a whole nation, as monarchical nations at least must be expected to be constituted, there will be nobility and yeomanry, rich and poor. There will be persons who by their situation, or their wealth, or their talents,
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form a middle rank between the monarch and the vulgar, and who by their confederacies and their intrigues can hold the throne in awe. These men must be bought or defied. There is no disposition that clings so close to despotism as incessant terror and alarm. What else gave birth to the armies of spies and the numerous state prisons under the late government of France ? The eye of the tyrant is never closed. How numerous are the precautions and jealousies that these terrors dictate ? No man can go out or come into the country but he is watched. The press must issue no 421 productions that have not the imprimatur of government. | All coffee houses and places of public resort are objects of attention. Twenty people cannot be collected together, unless for the purposes of superstition, but it is immediately suspected that they may be conferring about their rights. Is it to be supposed, that, where the means of jealousy are employed, the means of corruption will be forgotten ? Were it so indeed, the case would not be much improved. No picture can be more disgustful, no state of mankind more depressing, than that in which a whole nation is held in obedience by the mere operation of fear, in which all that is most eminent among them, and that should give example to the rest, is prevented under the severest penalties from expressing its real sentiments, and by necessary consequence from forming any sentiments that are worthy to be expressed. But in reality fear was never employed for these purposes alone. No tyrant was ever so unsocial as to have no confederates in his guilt. This monstrous edifice will always be found supported by all the various instruments for perverting the human character, severity, menaces, blandishments, professions and bribes. To this it is in a great degree owing that monarchy is so very costly an establishment. It is the business of the despot to distribute his lottery of seduction into as many prizes as possible. Among the consequences of a pecuniary polity these are to be reckoned the foremost, that every man is supposed to have his price, and that, the corruption being managed in an under422 hand manner, many a man, | who appears a patriot, may be really a hireling; by which means virtue itself is brought into discredit, is either regarded as mere folly and romance, or observed with doubt and suspicion, as the cloke of vices which are only the more humiliating the more they are concealed.
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Chap. VI. Of Subjects.
Monarchy founded in imposture. - Kings not entitled to superiority - inadequate to the functions they possess. - Means by which the imposture is maintained - 1. splendour - 2. exaggeration. - This imposture generates. 1. Indifference to merit - 2. indifference to truth - 3. artificial desires - 4. pusillanimity. - Moral incredulity of monarchical countries. - Injustice of luxury - of the inordinate admiration of wealth. Monarchy founded in imposture. Kings not entitled to superiority :
Let us proceed to consider the moral effects which the institution of monarchical government is calculated to produce upon the inhabitants of the countries in which it flourishes. And here it must be laid down as a first principle that monarchy is founded in imposture. It is false that kings are entitled to the eminence they obtain. They possess no intrinsic superiority over their subjects. The line of distinction that is drawn is the offspring of pretence, an indirect means employed for effecting certain purposes, and not the offspring of truth. It tramples upon the genuine nature 424 of things, and depends for its support | upon this argument, «that, were it not for impositions of a similar nature, mankind would be miserable.» inadequate to the functions they possess. Secondly, it is false that kings can discharge the functions of royalty. They pretend to superintend the affairs of millions, and they are necessarily unacquainted with these affairs. The senses of kings are constructed like those of other men, they can neither see nor hear what is transacted in their absence. They pretend to administer the affairs of millions, and they possess no such supernatural powers as should enable them to act at a distance. They are nothing of what they would persuade us to believe them. The king is often ignorant of that of which half the inhabitants of his dominions are informed. His prerogatives are administered by others, and the lowest clerk in office is frequently to this and that individual more effectually the sovereign than the king himself. He knows nothing of what is solemnly transacted in his name. Means by which the imposture is supported : 1. splendour: To conduct this imposture with success it is necessary to bring over to its party our eyes and our ears. Accordingly kings are always exhibited with all the splendour of ornament, attendance and equipage. They live amidst a sumptuousness of expence ; and this not merely to gratify their appetites, but as a necessary instrument of policy. The most fatal opinion that could lay hold upon the minds of their subjects is that kings are but men. Accordingly they are carefully withdrawn from the profaneness 425 of vulgar inspection ; and, when they are exhibited, it is with every artifice that may dazzle our sense and mislead our judgment.
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2. exaggeration.
The imposture does not stop with our eyes, but addresses itself to our ears. Hence the inflated style of regal formality. The name of the king every where obtrudes itself upon us. It would seem as if every thing in the country, the lands, the houses, the furniture and the inhabitants were his property. Our estates are the king's dominions. Our bodies and minds are his subjects. Our representatives are his parliament. Our courts of law are his deputies. All magistrates throughout the realm are the king's officers. His name occupies the foremost place in all statutes and decrees. He is the prosecutor of every criminal. He is «Our Sovereign Lord the King.» Were it possible that he should die, «the fountain of our blood, the means by which we live,» would be gone : every political function would be suspended. It is therefore one the fundamental principles of monarchical government that «the king cannot die.» Our moral principles accommodate themselves to our veracity : and accordingly the sum of our political duties (the most important of all duties) is loyalty ; to be true and faithful to the king ; to honour a man, whom it may be we ought to despise ; and to obey ; that is, to acknowledge no immutable criterion of justice and injustice. 426
This imposture generates, 1. indifference to merit:
What must be the effects of this machine upon the moral principles of mankind ? Undoubtedly we cannot trifle with the principles of morality and truth with impunity. However gravely the imposture may be carried on, it is impossible but that the real state of the case should be strongly suspected. Man in a state of society, if undebauched by falshoods like these, which confound the nature of right and wrong, is not ignorant of what it is in which merit consists. He knows that one man is not superior to another except so far as he is wiser or better. Accordingly these are the distinctions to which he aspires for himself. These are the qualities he honours and applauds in another, and which therefore the feelings of each man instigate his neighbour to acquire. But what a revolution is introduced among these original and undebauched sentiments by the arbitrary distinctions which monarchy engenders ? We still retain in our minds the standard of merit, but it daily grows more feeble and powerless, we are persuaded to think that it is of no real use in the transactions of the world, and presently lay it aside as Utopian and visionary. 2. indifference to truth : Consequences equally injurious are produced by the hyperbolical pretensions of monarchy. There is a simplicity in truth that refuses alliance with this impudent mysticism. No man is entirely ignorant of the nature of man. He will not indeed be incredulous to a degree of energy and rectitude that may exceed the standard of his 427 preconceived ideas. But for one man to | pretend to think and act for a nation of his fellows is so preposterous as to set credibility at defiance. Is he persuaded that the imposition is salutary ? He willingly assumes the right of introducing similar falshoods into his private affairs. He becomes convinced that veneration for truth is to be classed among our errors and prejudices, and that, so far from being, as it pretends to be, in all cases salutary, it would lead, if ingenuously practised, to the destruction of mankind.
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3. artificial desire :
Again, if kings were exhibited simply as they are in themselves to the inspection of mankind, the salutary prejudice, as it has been called, which teaches us to venerate them, would speedily be extinct : it has therefore been found necessary to surround them with luxury and expence. Thus are luxury and expence made the standard of honour, and of consequence the topics of anxiety and envy. However fatal this sentiment may be to the morality an happiness of mankind, it is one of those illusions which monarchical government is eager to cherish. In reality, the first principle of virtuous felling, as has been elsewhere said, is the love of independence. He that would be just must before all things estimate the objects about him at their true value. But the principle in regal states has been to think your father the wisest of 428 men because he is your father", and | your king the foremost of this species because he is a king. The standard of intellectual merit is no longer the man but his title. To be drawn in a coach of state by eight milk-white horses is the highest of all human claims to our veneration. The same principle inevitably runs through every order of the state, and men desire wealth under a monarchical government, for the same reason that under other circumstances they would have desired virtue. Let us suppose an individual who by severe labour earns a scanty subsistence, to become by accident or curiosity a spectator of the pomp of a royal progress. Is it possible that he should not mentally apostrophise this elevated mortal, and ask, «What has made thee to differ from me ?» If no such sentiment pass through his mind, it is a proof that the corrupt institutions of society have already divested him of all sense of justice. The more simple and direct is his character, the more certainly will these sentiments occur. What answer shall we return to his enquiry ? That the well being of society requires men to be treated otherwise than according to their 429 intrinsic merit ? Whe|ther he be satisfied with this answer or no, will he not aspire to possess that (which in this instance is wealth) to which the policy of mankind has annexed such high distinction ? Is it not indispensible, that, before he believes in the rectitude of this institution, his original feelings of right and wrong should be wholly reversed ? If it be indispensible, then let the advocate of the monarchical system ingenuously declare, that, according to that system, the interest of society in the first instance requires the total subversion of all principles of moral truth and justice. With this view let us again recollect the maxim adopted in monarchical countries, «that the king never dies.» Thus with true oriental extravagance we salute this imbecil mortal, «O king, live for ever !» Why do we this ? Because upon his existence the existence of the state depends. In his name the courts of law are opened. If his political capacity be suspended for a moment, the centre to which all public business is linked, is destroyed. In such countries every thing is uniform : the ceremony is all, and the substance nothing. In the riots in the year 1780 the mace of °
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«The persons whom you ought to love infinitely more than me, are those to whom you are indebted for 40 your existence.» «Their conduct ought to regulate yours and be the standard of your sentiments.» «The respect we owe to our father and mother is a sort of worship, as the phrase filial piety implies.» «Ce que vous devez aimer avant moi sans aucune comparaison, ce sont ceux à qui vous devez ta vie.» «Leur conduite doit regler la vôtre et fixer votre opinion.» «Le respect que nous devons à notre pere et à notre mere est un, culte, comme l'exprime le mot piété filiale.» Leçons d'une Gouvernante, Tome /. 45
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the house of lords was proposed to be sent into the passages by the terror of its appearance to quiet the confusion ; but it was observed that, if the mace should be rudely detained by the rioters, the whole would be thrown into anarchy. Business would be at a stand, their insignia, and with their insignia their legislative and deliberative functions be gone. Who can expect firmness and energy in a country, 5 430 where every thing is made to | depend not upon justice, public interest and reason, but upon a piece of gilded wood ? What conscious dignity and virtue can there be among a people, who, if deprived of the imaginary guidance of one vulgar mortal, are taught to believe that their faculties are benumbed, and all their joints unstrung ? 4. pusillanimity. Lastly, one of the most essential ingredients in a virtuous character is undaunted firmness ; and nothing can more powerfully tend to destroy this principle than the spirit of a monarchical government. The first lesson of virtue is, Fear no man ; the first lesson of such a constitution is, Fear the king. The first of virtue is, Obey no man"; the first lesson of monarchy is, Obey the king. The true interest of mind demands the annihilation of all factitious and imaginary distinctions ; it is inseparable from monarchy to support and render them more palpable than ever. He that cannot speak to the proudest despot with a consciousness that he is a man speaking to a man, and a determination to yield him no superiority to which his inherent qualifications do not entitle him, is wholly incapable of sublime virtue. How many such men are bred within the pale of monarchy ? How long would monarchy maintain its ground in a nation of such men ? Surely it would be the wisdom of society, instead of conjuring up a thousand phantoms to induce us into error, instead of 431 surrounding us with a thousand fears to deprive | us of true energy, to remove every obstacle and smooth the path of improvement.
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Moral incredulity of monarchical countries. Virtue was never yet held in much honour and esteem in a monarchical country. It is the inclination and the interest of courtiers and kings to bring it into disrepute ; and they are but too successful in the attempt. Virtue is in their conception arrogant, intrusive, unmanageable and stubborn. It is assumed outside, by which those who 30 pretend to it intend to gratify their rude tempers or their secret views. Within the circle of monarchy virtue is always regarded with dishonourable incredulity. The philosophical system which affirms self love to be the first mover of all our actions and the falsity of human virtues, is the growth of these countries4. Why is it that the language of integrity and the public spirit is constantly regarded among us as hy- 35 pocrisy ? It was not always thus. It was not till the usurpation of Caesar, that books were written by the tyrant and his partisans to prove that Cato was no better than a snarling pretender c .
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Book III, Chap. VI. Maximes, par M. le Duc de la Rochefoucault : De la Fausseté des Vertus Humaines, par M. Esprit. 40 See Plutarch's Lives ; Lives of Caesar and Cicero : Ciceronis Episolœ ad Atticum, Lib. XII. Epist. XL, XL1.
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Injustice of luxury : There is a farther consideration, which has seldom been adverted to upon this sub432 ject, but which seems to be of no inconsiderable importance. In our definition of justice it appeared that our debt to our fellow men extended to all the efforts we could make for their welfare, and all the relief we could supply to their necessities. Not a talent do we possess, not a moment of time, not a shilling of property, for which we are not responsible at the tribunal of the public, which we are not obliged to pay into the general bank of common advantage. Of every one of these things there is an employment which is best, and that best justice obliges us to select. But how extensive is the consequence of this principle with respect to the luxuries and ostentation of human life ? Are there many of these luxuries that will stand the test, and approve themselves upon examination to be the best objects upon which our property can be employed ? Will it often come out to be true, that hundreds of individuals ought to be subjected to the severest and most incessant labour, that one man may spend in idleness what would afford to the general mass ease, leisure, and consequently wisdom ? of the inordinate admiration of wealth. Whoever frequents the habitation of the luxurious will speedily be infected with the vices of luxury. The ministers and attendants of a sovereign, accustomed to the trappings of magnificence, will turn with disdain from the merit that is obscured with the clouds of adversity. In vain may virtue plead, in vain may talents solicit distinction, if poverty seem to the fastidious sense of the man in place to envelop 433 them as it were | with its noisome effluvia. The very lacquey knows how to repel unfortunate merit from the great man's door. Here then we are presented with the lesson which is loudly and perpetually read through all the haunts of monarchy. Money is the great requisite for the want of which nothing can atone. Distinction, the homage and esteem of mankind, are to be bought, not earned. The rich man need not trouble himself to invite them, they come unbidden to his surly door. Rarely indeed does it happen, that there is any crime that gold cannot expiate, any baseness and meanness of character that wealth cannot cover with oblivion. Money therefore is the only object worthy of your pursuit, and it is of little importance by what sinister and unmanly means, so it be but obtained. It is true that virtue and talents do not stand in need of the great man's assistance, and might, if they did but know their worth, repay his scorn with a just and enlightened pity. But unfortunately they are too often ignorant of their strength, and adopt the errors they see universally espoused in the world. Were it otherwise, they would indeed be happier, but the general manners would probably remain the same. The general manners are fashioned by the form and spirit of the national government; and, if in extraordinary cases they become discordant, they speedily subvert it. 434 The evils indeed that arise out of avarice, an inordinate admi|ration of wealth and an intemperate pursuit of it, are so obvious, that they have constituted a perpetual topic of lamentation and complaint. The object in this place is to consider how far they are extended and aggravated by a monarchical government, that is, by a constitution the very essence of which is to accumulate enormous wealth upon a single
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head, and to render the ostentation of splendour the chosen instrument for securing honour and veneration. The object is to consider in what degree the luxury of courts, the effeminate softness of favourites; the system, never to be separated from the monarchical form, of putting men's approbation and good word at a price, of individuals buying the favour of government, and government buying the favour of
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individuals, is injurious to the moral improvement of mankind. A s long as the unvarying practice of courts is cabal, and as long as the unvarying tendency of cabal is to bear down talents, and discourage virtue, to recommend cunning in the room of sincerity, a servile and supple disposition in preference to firmness and inflexibility, a convenient morality as better than a strict one, and the study of the red book of 10 promotion rather than the study of general welfare, so long will monarchy be the bitterest and most potent of all the adversaries of the true interests of mankind.
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Chap. VII. Of Elective Monarchy.
Disorders attendant on such an election. - Election is intended either to provide a man of great or of moderate talents. - Consequences of the first of the second. - Can elective and hereditary monarchy be combined ? Disorders attendant on such an election. Having considered the nature of monarchy in general, it is incumbent on us to examine how far its mischiefs may b e qualified by rendering the monarchy elective. One of the most obvious objections to this remedy is the difficulty that attends upon the conduct of such an election. There are machines that are too mighty for the human hand to conduct ; there are proceedings that are too gigantic and unwieldy for human institutions to regulate. The distance between the mass of mankind and a sovereign is so immense, the trust to be confided so inestimably great, the temptations of the object to be decided on so alluring, as to set every passion that can vex the mind in tumultuous conflict. Election will therefore either dwindle into an empty form, a congé d'élire with the successful candidate's name at full length in the 436 conclusion, | an election perpetually continued in the same family, perhaps in the same lineal order of descent ; or will become the signal of a thousand calamities, foreign cabal and domestic war. These evils have been so generally understood, that elective monarchy in the strict sense of that appellation has very few advocates. Rousseau, w h o in his advice to the Polish nation appears to be one of those f e w , that is, one of those who without loving monarchy conceive an elective sovereignty greatly preferable to an hereditary one, endeavours to provide against the disorders of an election by introducing into it a species of sortition". In another part of the present enquiry it will be our business to examine how far chance and the decision by lot are compatible with the principles either of sound morality or sober reason. For the present it will be sufficient to say, that the project of Rousseau will probably fall under one part of the following dilemma, and of consequence will be refuted by the same arguments that bear upon the mode of election in its most obvious idea. The design of election is either to provide an officer of great or of moderate talents. Consequences of the first : The design with which election can be introduced into the constitution of a monarchy must either be that of raising to the kingly office a m a n of superlative talents and uncommon genius, or of providing a moderate portion of wisdom and good intention 437 for the discharge of these functions, and preventing them | from falling to the lot of persons of notorious imbecility. To the first of these designs it will be objected by many, «that genius is frequently noting more in the hands of its possessor than an °
Considération sur le Gouvernement de Pologne, Chap. VIII.
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instrument for accomplishing the most pernicious intentions.» And, though in this assertion there is much partial and mistaken exaggeration, it cannot however be denied that genius, such as we find it amidst the present imperfections of mankind, is compatible with very serious and essential errors. If then genius can by temptations of various sorts be led into practical mistake, may we not reasonably entertain a fear respecting the effect of that situation which of all others is most pregnant with temptation ? If considerations of inferior note be apt to mislead the mind, what shall we think of this most intoxicating draught, of a condition superior to restraint, stripped of all those accidents and vicissitudes from which the morality of human beings has flowed, with no salutary check, with no intellectual warfare where mind meets mind on equal terms, but perpetually surrounded with sycophants, servants and dependents ? To suppose a mind in which genius and virtue are united and permanent, is also undoubtedly to suppose something which no calculation will teach us to expect should offer upon every vacancy. And, if the man could be found, we must imagine to ourselves electors almost as virtuous as the elected; or else error and prejudice, faction and intrigue will render his election at least precarious, perhaps improbable. Add to this that it is sufficiently evident from the unalterable 438 evils of monarchy already enumerated, and which I shall presently have occasion to recapitulate, that the first act of sovereignty in a virtuous monarch, whose discernment was equal to his virtue, would be to annihilate the constitution, which had raised him to a throne. of the second. But we will suppose the purpose of instituting an elective monarchy not to be that of constantly filling the throne with a man of sublime genius, but merely to prevent the sovereignty from falling to the lot of persons of notorious mental imbecility. Such is the strange and pernicious nature of monarchy, that it may be doubted whether this be a benefit. Wherever monarchy exists, courts and administrations must, as long as men can see only with their eyes and act only with their hands, be its constant attendants. But these have already appeared to be institutions so mischievous, that perhaps one of the greatest injuries that can be done to mankind is to persuade them of their innocence. Under the most virtuous despot favour and intrigue, the unjust exaltation of one man and depression of another will not fail to exist. Under the most virtuous despot the true spring there is in mind, the desire to possess merit, and the consciousness that merit will not fail to make itself perceived by those around it, and through their esteem to rise to its proper sphere, will be cut o f f ; and mean and factitious motives be substituted in its room. Of what consequence is it that my merit is perceived by mortals who have no power to advance it ? The monarch, shut up in 439 his sanctuary and surrounded with formalities, will never hear of | it. How should he ? Can he know what is passing in the remote corners of his kingdom ? Can he trace the first timid blossoms of genius and virtue ? The people themselves will lose their discernment of these things, because they will perceive their discernment to be powerless in effects. The offspring of mind is daily sacrificed by hecatombs to the genius of monarchy. The seeds of reason and truth become barren and unproductive in this unwholesome climate. And the example perpetually exhibited of the pre-
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ference of wealth and craft over integrity and talents, produces the most powerful effects upon that mass of mankind, who at first sight may appear least concerned in the objects of generous ambition. This mischief, to whatever it amounts, becomes more strongly fastened upon us under a good monarch than under a bad one. In the latter case it only restrains our efforts by violence, in the former it seduces our understandings. To palliate the defects and skin over the deformity of what is fundamentally wrong, is certainly very perilous, perhaps very fatal to the best interests of mankind. C a n elective and hereditary m o n a r c h y be c o m b i n e d ?
A question has been started, whether it be possible to blend elective and hereditary monarchy, and the constitution of England has been cited as an example of this possibility. What was it that the parliament effected at the revolution, and when they settled the succession upon the house of Hanover ? They elected not an individual, but a new race of men to fill the throne of these kingdoms. They gave a practical 440 instance of | their power upon extraordinary emergencies to change the succession. At the same time however that they effected this in action, they denied it in words. They employed the strongest expressions that language could furnish to bind themselves, their heirs and posterity for ever to adhere to this settlement. They considered the present as an emergence, which, taking into the account the precautions and restrictions they had provided, could never occur again. In reality what sort of sovereignty is that which is partly hereditary and partly elective ? That the accession of a family or race of men should originally be a matter of election has nothing particular in it. All government is founded in opinion ; and undoubtedly some sort election, made by a body of electors more or less extensive, originated every new establishment. To whom in this amphibious government does the sovereignty belong upon the death of the first possessor ? To his heirs and descendants. What sort of choice shall that be considered, which is made of a man half a century before he begins to exist ? By what designation does he succeed ? Undoubtedly by that of hereditary descent. A king of England therefore holds his crown independently, or, as it has been energetically expressed, «in contempt» of the choice of the people" .
"
This argument is stated with great copiousness and irresistible force of reasoning by Mr. Burke towards the beginning of his Reflections on the Revolution in France.
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An Enquiry
Concerning
Political
Justice
Chap. VIII. Of Limited Monarchy.
Liable to most of the preceding objections - to farther objections peculiar to itself. - Responsibility considered. - Maxim, that the king can do no wrong. - Functions of a limited monarch. - Impossibility of maintaining the neutrality required. - Of the dismission of ministers. - Responsibility of ministers. - Appointment of ministers, its importance - its difficulties. - Recapitulation. - Strength and weakness of the human species. I proceed to consider monarchy, not as it exists in countries where it is unlimited and despotic, but, as in certain instances it has appeared, a branch merely of the general constitution. Liable to most of the preceding objections : Here it is only necessary to recollect the objections which applied to it in its unqualified state, in order to perceive that they bear upon it with the same explicitness, if not with equal force, under every possible modification. Still the government is 442 founded in falshood, affirming that a certain individual is eminently qualified for an important situation, whose qualifications are perhaps scarcely superior to those of the meanest member of the community. Still the government is founded in injustice, because it raises one man for a permanent duration over the heads of the rest of the community, not for any moral recommendation he possesses, but arbitrarily and by accident. Still it reads a constant and powerful lesson of immorality to the people at large, exhibiting pomp and splendour and magnificence instead of virtue, as the index to general veneration and esteem. The individual is, not less than in the most absolute monarchy, unfitted by his education to become either respectable or useful. His is unjustly and cruelly placed in a situation that engenders ignorance, weakness and presumption, after having been stripped in his infancy of all the energies that should defend him against the inroads of these adversaries. Finally, his existence implies that of a train of courtiers and a series of intrigue, of servility, secret influence, capricious partialities and pecuniary corruption. So true is the observation of Montesquieu, that «we must not expect under a monarchy to find the people virtuous".» to farther objections peculiar to itself.
But if we consider the question more narrowly, we shall perhaps find, that limited monarchy has other absurdities and vices which are peculiarly its own. In an ab443 solute sovereignty | the king may if he please be his own minister ; but in a limited one a ministry and a cabinet are essential parts of the constitution. In an absolute a
"Il n 'est pas rare qu 'il y ait des princes vertueux ; mais il est très difficile dans une monarchie que le peuple le soit.» Esprit des Loix, Liv. Ill, Chap. V.
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sovereignty princes are acknowledged to be responsible only to G o d ; but in a limited one there is a responsibility of a very different nature. In a limited monarchy there are checks, one branch of the government counteracting the excesses of another, and a check without responsibility is the most flagrant of all contradictions. Responsibility considered.
There is no subject that deserves to be more maturely considered than this of responsibility. To be responsible is to be liable to be called into an open judicature, where the accuser and the defendant produce their allegations and evidence on equal terms. Every thing short of this is mockery. Every thing that would give to either party any other influence than that of truth and virtue is subversive of the great ends of justice. He that is arraigned of any crime must descent a private individual to the level plain of justice. If he can bias the sentiments of his judges by his possession of power, or by any compromise previous to his resignation, or by the mere sympathy excited in his successors, who will not be severe in their censures, left they should be treated with severity in return, he cannot truly be said to be responsible at all. From the honest insolence of despotism we may perhaps promise ourselves better effects, than from the hypocritical disclaimers of a limited government. Nothing can 444 be more pernicious than falshood, and no falshood can be more palpable | than that which pretends to put a weapon into the hands of the general interest, which constantly proves blunt and powerless in the very act to strike. Maxim, that the king can do no wrong. It was a confused feeling of these truths, that introduced into limited monarchies the principle «that the king can do no wrong.» Observe the peculiar consistency of this proceeding. Consider what a specimen it affords us of plain dealing, frankness and unalterable sincerity. An individual is first appointed, and endowed with the most momentous prerogatives, and then it is pretended that, not he, but other men are answerable for the abuse of these prerogatives. This pretence may appear tolerable to men bred among the fictions of law, but justice, truth and virtue revolt from it with indignation. Functions of a limited monarch.
Having first invented this fiction, it becomes the business of such constitutions as nearly as possible to realise it. A ministry must be regularly formed ; they must concert together; and the measures they execute must originate in their own discretion. The king must be reduced as nearly as possible to a cypher. So far as he fails to be completely so, the constitution must be imperfect. What sort of figure is it that this miserable wretch exhibits in the face of the world ? Every thing is with great parade transacted in his name. He assumes all the inflated and oriental style which has been already described, and which indeed was 445 upon | that occasion transcribed from the practice of a limited monarchy. We find him like Pharaoh's frogs «in our houses and upon our beds, in our ovens and our kneading troughs.» Now observe the man himself to whom all this importance is annexed. To be idle is the abstract of all his duties. He is paid an immense revenue only to dance and to
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eat, to wear a scarlet robe and a crown. He may not choose any one of his measures. He must listen with docility to the consultations of his ministers, and sanction with a ready assent whatever they determine. He must not hear any other advisers, for they are his known and constitutional counsellors. He must not express to any man his opinion, for that would be a sinister and unconstitutional interference. To be absolutely perfect he must have no opinion, but be the vacant and colourless mirror by which theirs is reflected. He speaks, for they have taught him what he should say ; he affixes his signature, for they inform him that it is necessary and proper. Impossibility of maintaining the neutrality required. A limited monarchy in the articles I have described might be executed with great facility and applause, if a king were what such a constitution endeavours to render him, a mere puppet regulated by pullies and wires. But it is perhaps the most egregious and palpable of all political mistakes to imagine that we can reduce a human being to this state of neutrality and torpor. He will not exert any useful and 446 true activity, but he | will be far from passive. The more he is excluded from that energy that characterises wisdom and virtue, the more depraved and unreasonable will he be in his caprices. Is any promotion vacant, and do we expect that he will never think of bestowing it on a favourite, or of proving by an occasional election of his own that he really exists ? This promotion may happen to be of the utmost importance to the public welfare ; or, if not; - every promotion unmeritedly given is pernicious to national virtue, and an upright minister will refuse to assent to it. A king does not fail to hear his power and prerogatives extolled, and he will no doubt at some time wish to assay their reality in an unprovoked war against a foreign nation or against his own citizens. To suppose that a king and his ministers should through a period of years agree in their genuine sentiments upon every public topic, is what human nature in no degree authorises. This is to attribute to the king talents equal to those of the most enlightened statesmen, or at least to imagine him capable of understanding all their projects, and comprehending all their views. It is to suppose him unspoiled by education, undebauched by rank, and with a mind ingenuously disposed to receive the impartial lessons of truth. Of the dismission of ministers. «But, if they disagree, the king can choose other ministers.» We shall presently have occasion to consider this prerogative in a general view ; let us for the present exa447 mine it in its application to the differences that may occur between the sovereign and his servants. It is engine for ever suspended over the heads of the latter to persuade them to depart form the sternness of their integrity. The compliance that the king demands from them is perhaps at first but small; and the minister, strongly pressed, thinks it better to sacrifice his opinion in this inferior point than to sacrifice his office. One compliance of this sort leads on to another, and he that began perhaps only with the preference of an unworthy candidate for distinction ends with the most atrocious political guilt. The more we consider this point, the greater will its magnitude appear. It will rarely happen but that the minister will be more dependent for his existence on the king, than the king upon his minister. When it is
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otherwise, there will be a mutual compromise, and both in turn will part with every thing that is firm, generous, independent and honourable in man. Responsibility of ministers. And in the mean time what becomes of responsibility ? The measures are mixed and confounded as to their source, beyond the power of human ingenuity to unravel. Responsibility is in reality impossible. «Far otherwise,» cries the advocate of monarchical government: «it is true the measures are partly those of the king and partly those of the minister, but the minister is responsible for all.» Where is the justice of that ? It were better to leave guilt wholly without censure, than to condemn a man for crimes of which he is innocent. In this case the grand criminal escapes with 448 impunity, and the severity | of the law falls wholly upon his coadjutors. The coadjutors receive that treatment which constitutes the essence of all bad policy : punishment is profusely menaced against them, and antidote is wholly forgotten. They are propelled to vice by irresistible temptations, the love of power and the desire to retain it; and then censured with a rigour altogether disproportioned to their fault. The vital principle of the society is tainted with injustice, and the same neglect of equity an partial respect of persons will extend itself over the whole. Appointment of ministers, its importance. I proceed to consider that prerogative in limited monarchy, which, whatever others may be given or denied, is inseparable from its substance, the prerogative of the king to nominate to public offices. If any thing be of importance, surely this must be of importance, that such a nomination be made with wisdom and integrity, that the fittest persons be appointed to the highest trusts the state has to confer, that an honest and generous ambition be cherished, and that men who shall most ardently qualify themselves for the care of the public welfare be secure of having the largest share in its superintendence. Its difficulties. This nomination is a most arduous task, and requires the wariest circumspection. It approaches more nearly than any other affair of political society to the exercise of discretion. In all other cases the line of rectitude seems visible and distinct. Justice in 449 the contests of individuals, justice in questions of peace | and war, justice in the ordination of law, will not obstinately withdraw itself from the research of an impartial and judicious enquirer. But to observe the various portions of capacity scattered through a nation, and minutely to decide among the qualifications of innumerable pretenders, must after all our accuracy be committed to some degree of uncertainty. The first difficulty that occurs is to discover those whom genius and ability have made in the best sense candidates for the office. Ability is not always intrusive ; talents are often to be found in the remoteness of a village; or the obscurity of a garret. And, though self consciousness and self possession are to a certain degree the attributes of genius, yet there are many things beside false modesty, that may teach its possessor to shun the air of a court.
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Of all men a king is least qualified to penetrate these recesses, and discover merit in its hiding place. Encumbered with forms, he cannot mix at large in the society of his species. He is too much engrossed with the semblance of business or a succession of amusements to have leisure for such observations as should afford a just estimate of men's characters. In reality the task is too mighty for any individual, and the benefit can only be secured by the mode of election. 450 Other disadvantages attendant on this prerogative of choosing | his own ministers it is needless to enumerate. If enough have not been already said to explain the character of a monarch as growing out of the functions with which he is invested, a laboured repetition in this place would be both tedious and vain. If there be any dependence to be placed upon the operation of moral causes, a king will in almost every instance be found among the most undiscriminating, the most deceived, the least informed and the least heroically disinterested of mankind. Recapitulation. Such then is the genuine and uncontrovertible scene of a mixed monarchy. An individual placed at the summit of the edifice, the centre and the fountain of honour, and who is neutral, or must seem neutral in the current transactions of his government. This is the first lesson of honour, virtue and truth, which mixed monarchy reads to its subject^. Next to the king come his administration and the tribe of courtiers ; men driven by a fatal necessity to be corrupt, intriguing and venal; selected for their trust by the most ignorant and ill informed of their countrymen ; made solely accountable for measures of which they cannot solely be the authors ; threatened, if dishonest, with the vengeance of an injured people ; and, if honest, with the surer vengeance of their sovereign's displeasure. The rest of the nation, the subjects at large. Was ever a name so fraught with degradation and meanness as this of subjects ? I 451 am, it seems, by the very place of my birth | become a subjects. Of what, or whom ? Can an honest man consider himself as the subject of any thing but the laws of justice ? Can be acknowledge a superior, or hold himself bound to submit his judgment to the will of another, not less liable than himself to prejudice and error ? Such is the idol that monarchy worships in lieu of the divinity of truth and the sacred obligation of public good. It is of little consequence whether we vow fidelity to the king and the nation, or to the nation and the king, so long as the king intrudes himself to tarnish and undermine the true simplicity, the altar of virtue. Are mere names beneath our notice, and will they produce no sinister influence upon the mind ? May we bend the knee before the shrine of vanity and folly without injury ? Far otherwise. Min had its beginning in sensation, and it depends upon words and symbols for the progress of its associations. The true good man must not only have a heart resolved, but a front erect. We cannot practise abjection, hypocrisy and meanness, without becoming degraded in other men's eyes and in our own. We cannot «bow the head in the temple of Rimmon,» without in some degree apostatising form the divinity of truth. He that calls a king a man, will perpetually hear from his own mouth the lesson, that he is unfit for the trust reposed in him : he that calls him by any sublimer appellation, is hastening fast into the most palpable and dangerous errors.
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Strength and weakness of the human species.
But perhaps «mankind are so weak and imbecil, that it is in vain to expect from the change of their institutions the improvement of their character.» Who made them weak and imbecil ? Previously to human institutions they had certainly none of this defect. Man considered in himself is merely a being capable of impression, a recipient of perceptions. What is there in this abstract character that precludes him from advancement ? We have a faint discovery in individuals at present of what our nature is capable : why should individuals be fit for so much, and the species for nothing ? If there any thing in the structure of the globe that forbids us to be virtuous ? If no, if nearly all our impressions of right and wrong flow from our intercourse with each other, why may not that intercourse be susceptible of modification and amendment ? It is the most cowardly of all systems that would represent the discovery of truth as useless, and teach us that, when discovered, it is our wisdom to leave the mass of our species in error. There is not in reality the smallest room for scepticism respecting the omnipotence of truth. Truth is the pebble in the lake ; and however slowly in the present case the circle succeed each other, they will infallibly go on till they overspread the surface. No order of mankind will for ever remain ignorant of the principles of justice, equality and public good. No sooner will they understand them, than they will perceive the coincidence of virtue and public good with private interest : nor 453 will any | erroneous establishment be able effectually to support itself against general opinion. In this contest sophistry will vanish, and mischievous institutions sink quietly into neglect. Truth will bring down all her forces, mankind will be her army, and oppression, injustice, monarchy and vice will tumble into a common ruin.
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Chap. IX. Of a President with Regal Powers.
Enumeration of powers - that of appointing to inferior offices - of pardoning offences - of convoking deliberative assemblies - of affixing a veto to their decrees. - Conclusion. - The title of king estimated. - Monarchical and aristocratical systems, similarity of their effects. Still monarchy it seems has one refuge left. «We will not,» say some men, «have an hereditary monarchy, we acknowledge that to be an enormous injustice. We are not contented with an elective monarchy, we are not contented with a limited one. We admit the office however reduced, if the tenure be for life, to be an intolerable grievance. But why not have kings, as we have magistrates and legislative assemblies, renewable by frequent elections ? We may then change the holder of the office as often as we please.» Enumeration of powers : Let us not be seduced by a mere plausibility of phrase, nor employ words without 455 having reflected on their meaning. | What are we to understand by the appellation, a king ? If the office have any meaning, it seems reasonable that the man who holds it, should possess the privilege, either of appointing to certain employments at his own discretion, or of remitting the decrees of criminal justice, or of convoking and dismissing popular assemblies, or of affixing and refusing his sanction to the decrees of those assemblies. Most of these privileges may claim a respectable authority in the powers delegated to their president by the United States of America. that of apponting to inferior offices : Let us however bring these ideas to the touchstone of reason. Nothing can appear more adventurous than the reposing, unless in cases of absolute necessity, the decision of any affair of importance to the public, in the breast of one man. But this necessity will scarcely be alledged in any of the articles just enumerated. What advantage does one man possess over a society or council of men in any of these respects ? The disadvantages under which he labours are obvious. He is more easily corrupted, and more easily misled. He cannot possess so many advantages for obtaining accurate information. He is abundantly more liable to the attacks of passion and caprice, of unfounded antipathy to one man and partiality to another, of uncharitable censure or blind idolatry. He cannot be always upon his guard ; there will be moments in which the most exemplary vigilance is liable to surprise. Meanwhile 456 we are placing the subject in much too | favourable a light. We are supposing his intentions to be upright and just; but the contrary of this will be more frequently the truth. Where powers beyond the capacity of human nature are intrusted, vices the disgrace of human nature will be engendered. Add to this, that the same reasons,
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which prove that government, wherever it exists, should be directed by the sense of the people at large, equally prove that, wherever public officers are necessary, the sense of the whole, or of a body of men most nearly approaching in spirit to the whole, ought to decide on their pretensions. of pardoning offences :
These objections are applicable to the most innocent of the privileges above enumerated, that of appointing to the exercise of certain employments. The case will be still worse if we consider the other privileges. We shall have occasion hereafter to examine the propriety of pardoning offences, considered independently of the persons in whom that power is vested : but, in the mean time, can any thing be more intolerable than for a single individual to be authorised, without assigning a reason, or assigning a reason upon which no one is allowed to pronounce, to supersede the grave decisions of a court of justice, founded upon a careful and public examination of evidence ? of convoking deliberative assemblies : Can any thing be more unjust than for a single individual to assume the function of informing a nation when they are' to deliberate, and when they are to cease from deliberation ? 457
of affixing a veto to their decrees.
The remaining privilege is of too iniquitous a nature to be an object of much terror. It is not in the compass of credibility to conceive, that any people would remain quiet spectators, while the sense of one man was openly and undisguisedly set against the sense of the national representative in frequent assembly, and suffered to overpower it. Two or three direct instances of the exercise of this negative could not fail to annihilate it for ever. Accordingly, wherever it is supposed to exist, we find it softened and nourished by the genial dew of pecuniary corruption ; either rendered unnecessary beforehand by a sinister application to the frailty of individual members, or disarmed and made palatable in the sequel by a copious effusion of venal emollients. If it can in any case be endured, it must be in countries where the degenerate representative no longer possesses the sympathy of the public, and the haughty president is made sacred, by the blood of an exalted ancestry which flows through his veins, or the holy oil which the representatives of the Most High have poured on his head. A common mortal, periodically selected by his fellow-citizens to watch over their interests, can never be supposed to possess this stupendous virtue. Conclusion.
If there be any truth in these reasonings, it inevitably follows that there are no important functions of general superintendence that can justly be delegated to a single individual. If the office of a president be necessary, either in a deliberative 458 assembly or an administrative council, supposing such council to exist, his | employment will have relation to the order of their proceedings, and by no means consist in the arbitrary preferring and carrying into effect his private decision. A king, if unvarying usage can have given meaning to a word, designs a man upon
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whose single discretion some part of the public interest is made to depend. What use can there be for such a man in an unperverted and well ordered state ? With respect to its internal affairs certainly none. How far the office can be of advantage in our transactions with foreign governments we shall hereafter have occasion to decide. The title of the king estimated. Let us beware by an unjustifiable perversion of terms of confounding the common understanding of mankind. A king is the well known and standing appellation for an office, which, if there be any truth in the arguments of the preceding chapters, has been the bane and the grave of human virtue. Why endeavour to purify and exorcise what is entitled only to execration ? Why not suffer the term to be as well understood and as cordially detested, as the once honourable appellation of tyrant afterwards was among the Greeks ? Why not suffer it to rest a perpetual monument of the folly, the cowardice and of our species ?
Monarchical and aristocratical systems, similarity of their effects.
In proceeding from the examination of monarchical to that of aristocratical govern459 ment, it is impossible not to remark that | there are several disadvantages common to both. One of these is the creation of a separate interest. The benefit of the governed is made to lie on one side, and the benefit of the governors on the other. It is to no purpose to say that individual interest accurately understood will always be found to coincide with general, if it appear in practice, that the opinions and errors of mankind are perpetually separating them and placing them in opposition to each other. The more the governors are fixed in a sphere distinct and distant from the governed, the more will this error be cherished. Theory, in order to produce an adequate effect upon the mind, should be favoured, not counteracted, by practice. What principle in human nature is more universally confessed than self love, that is, than a propensity to think individually of a private interest, to discriminate and divide objects which the laws of the universe have indissolubly united ? None, unless it be the esprit de corps, the tendency of bodies of men to aggrandise themselves, a spirit, which, though less ardent than self love, is still more vigilant, and not exposed to the accidents of sleep, indisposition and mortality. Thus it appears that, of all impulses to a narrow, self-interested conduct, those afforded by monarchy and aristocracy are the greatest. Nor must we be too hasty and undistinguishing in applying the principle, that individual interest accurately understood will always be found to coincide with general. Relatively to individuals considered as men it is true ; relatively to indivi460 duals considered | as lords and kings it is false. The man will be served by the sacrifice of all his little peculium to the public interest, but the king will be annihilated. The first sacrifice that justice demands at the hand of monarchy and aristocracy, is that of their immunities and prerogatives. Public interest dictates the laborious dissemination of truth and the impartial administration of justice. Kings
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and lords subsist only under favour of error and oppression. They will therefore resist the progress of knowledge and illumination ; the moment the deceit is dispelled, their occupation is gone. In thus concluding however we are taking for granted that aristocracy will be found an arbitrary and pernicious institution, as monarchy has already appeared to 5 be. It is time that we should enquire in what degree this is actually the case.
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Chap. X. Of Hereditary Distinction.
Birth considered as a physical cause - as a moral cause. - Aristocratical estimate of the human species. - Education of the great. - Recapitulation. Birth considered as a physical cause : A principle deeply interwoven with both monarchy and aristocracy in their most flourishing state, but most deeply with the latter, is that of hereditary preheminence. No principle can present a deeper insult upon reason and justice. Examine the new born son of a peer and a mechanic. Has nature designated in different lineaments their future fortune ? Is one of them born with callous hands and an ungainly form ? Can you trace in the other the early promise of genius and understanding, of virtue and honour ? We have been told indeed that «nature will break out,» and that «The eaglet of a valiant nest will quickly tower Up to the region of his fire";» and the tale was once believed. But mankind will not soon again be persuaded, that one lineage of human creatures produces beauty and virtue, and another vice. 462 An assertion thus bold and unfounded will quickly be refuted if we consider the question a priori. Mind is the creature of sensation ; we have no other inlet of knowledge. What are the sensations that the lord experiences in his mother's womb, by which his mind is made different from that of the peasant ? Is there any variation in the finer reticulated substance of the brain, by which the lord is adapted to receive clearer and stronger impressions than the husbandman or the smith ? «But a generous blood circulates in his heart and enriches his veins.» What are we to understand by this hypothesis ? Men's actions are the creatures of their perceptions. He that apprehends most strongly will act most intrepidly. He, in whose mind truth is most distinctly impressed, who, understanding its nature, is best aware of its value, will speak with the most heartfelt persuasion, and write with the greatest brilliancy and energy. By intrepidity and firmness in action we must either understand the judicious and deliberate constancy of a Regulus or a Cato, or the brute courage of a private soldier, which is still an affair of mind, consisting in a slight estimate of life which affords him few pleasures, and a thoughtless and stupid oblivion of danger. What has the blood to do with this ? - Health is undoubtedly in most cases the prerequisite of the best exertions of mind. But health itself is a mere negation, the absence of disease. A man must have experienced or imagined the inconveniences of sickness, before he can derive positive pleasure from the enjoy463 ment | of health. Again, however extravagant we may be in our estimate of the benefit of health, is it true in fact that the lord enjoys a more vigorous health, "
Tragedy of Douglas, Act. iii.
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experiences a more uniform chearfulness, and is less a prey to weariness and languor than the rustic ? High birth may inspire high thoughts as a moral cause; but is it credible that it should operate instinctively and when its existence is unknown, while, with every external advantage to assist, the noblest families so often produce the most degenerate sons ? Into its value then as a moral cause let us proceed to enquire. as moral cause.
Aristocratical estimate of the human species. The persuasion of its excellence in this respect is an opinion probably as old as the institution of nobility itself. The very etymology of the word expressing this particular form of government is built upon this idea. It is called aristocracy or the government of the best [apiCTOi]. In the writings of Cicero and the speeches of the Roman senate this order of men is styled the «optimates,» the «virtuous,» the «liberal,» and the «honest.» It is taken for granted, «that the multitude is an unruly beast, with no sense of honour or principle, guided by sordid interest or not less sordid appetite, envious, tyrannical, inconstant and unjust.» From hence they deduced as a consequence, «the necessity of maintaining an order of men of liberal education and elevated sentiments, who should either engross the government of the humbler and more numerous class incapable of governing themselves, or at least should be placed as a rigid guard upon their excesses, with powers adequate to their 464 correction and | restraint.» The greater part of these reasonings will fall under our examination when we consider the disadvantages of democracy. So much as relates to the excellence of aristocracy it is necessary at present to discuss. The whole proceeds upon a supposition that, «if nobility should not, as its hereditary constitution might seem to imply, be found originally superior to the ordinary rate of mortals, it is a least rendered eminently so by the power of education. Men, who grow up in unpolished ignorance and barbarism, and are chilled with the icy touch of poverty, must necessarily be exposed to a thousand sources of corruption, and cannot have that delicate sense of rectitude and honour, which literature and manly refinement are found to bestow. It is under the auspices of indulgence and ease that civilisation is engendered. A nation must have surmounted the disadvantages of a first establishment, and have arrived at some degree of leisure and prosperity, before the love of letters can take root among them. It is in individuals as in large bodies of men. A few exceptions will occur ; but, bating these, it can hardly be expected that men, who are compelled in every day by laborious corporal efforts to provide for the necessities of the day, should arrive at great expansion of mind and comprehensiveness of thinking.» Education of the great.
In certain parts of this argument there is considerable truth. The real philosopher will 465 be the last man to deny the power | and importance of education. It is therefore necessary, either that a system should be discovered for securing leisure and prosperity to every member of the community, or that a paramount influence and authority should be given to the liberal and the wise over the illiterate and ignorant. Now, supposing for the present that the former of these measures is impossible, it
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may yet be reasonable to enquire whether aristocracy be the most judicious scheme for obtaining the latter. Some light may be collected on this subject from what has already appeared respecting education under the head of monarchy. Education is much, but opulent education id of all its modes the least efficacious. The education of words is not to be despised, but the education of things is on no account to be dispensed with. The former is of admirable use in inforcing and developing the latter ; but, when taken alone, it is pedantry and not learning, a body without a soul. Whatever may be the abstract perfection of which mind is capable, we seem at present frequently to need being excited, in the case of any uncommon effort, by motives that address themselves to the individual. But so far as relates to these motives, the lower of mankind, had they sufficient leisure, have greatly the advantage of the higher. The plebeian must be the maker of his own fortune ; the lord finds his already made. The plebeian must expect to find himself neglected and 466 despised in proportion as he is remiss | in cultivating the objects of esteem ; the lord will always be surrounded with sycophants and slaves. The lord therefore has no motive to industry and exertion ; no stimulus to rouse him from the lethargic, «oblivious pool,» out of which every finite intellect originally rose. It must indeed be confessed, that truth does not need the alliance of circumstances, and that a man may arrive at the temple of fame by other pathways than those of misery and distress. But the lord does not content himself with excluding the spur of adversity : he goes farther than this, and provides himself with fruitful sources of effeminacy and error. Man cannot offend with impunity against the great principle of universal good. He that accumulates to himself luxuries and titles and wealth to the injury of the whole, becomes degraded from the rank of man ; and, however he may be admired by the multitude, is pitied by the wise and wearisome to himself. Hence it appears, that to elect men to the rank of nobility is to elect them to a post of moral danger and a means of depravity ; but that to constitute them hereditarily noble is to preclude them, bating a few extraordinary accidents, from all the causes that generate ability and virtue. Recapitulation.
The reasonings we have here repeated upon the subject of hereditary distinction are so obvious, that nothing can be a stronger instance of the power of prejudice instilled in early youth, than the fact of their having been at any time called in 467 question. If we can in this manner produce an hereditary legislator, why not an hereditary moralist or an hereditary poet"? In reality an attempt in either of these kinds would be more rational and feasible than in the other. From birth as a physical cause it sufficiently appears that little can be expected : and, for education, it is practicable in a certain degree, nor is it easy to set limits to that degree, to infuse poetical or philosophical emulation into a youthful mind ; but wealth is the fatal blast that destroys the hopes of a future harvest. There was once indeed a gallant kind of virtue, that, by irresistibly seizing the senses, seemed to communicate extensively to young men of birth, the mixed and equivocal accomplishments of chiv"
See Paine's Rights of Man.
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a i r y ; but, since the subjects of moral emulation have been turned from personal prowess to the energies of intellect, and especially since the field of that emulation has been more widely opened to the species, the lists have been almost uniformly occupied by those, whose narrow circumstances have goaded them to ambition, or whose undebauched habits and situation in life have rescued them from the poison 5 of flattery and effeminate indulgence.
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Justice
Chap. XI. Moral Effects of Aristocracy.
Importance of practical justice. - Species of injustice which aristocracy creates. - Estimate of the injury produced. - Examples. Importance of practical justice. There is one thing, more than all the rest, of importance to the well being of mankind, justice. Can there be any thing problematical or paradoxical in this fundamental principle, that all injustice is injury ; and a thousand times more injurious by its effects in perverting the understanding and overturning our calculations of the future, than by the immediate calamity it may produce ? All moral science may be reduced to this one head, calculation of the future. We cannot reasonably expect virtue from the multitude of mankind, if they be induced by the perverseness of the conductors of human affairs to believe that it is not their interest to be virtuous. But this is not the point upon which the question turns. Virtue, is nothing else but the pursuit of general good. Justice, is the standard which 469 discriminates the advantage of the many and of the few, of the whole and a part. | If this first and most important of all subjects be involved in obscurity, how shall the well being of mankind be substantially promoted ? The most benevolent of our species will be engaged in crusades of error; while the cooler and more phlegmatic spectators, discerning no evident clue that should guide them amidst the labyrinth, sit down in selfish neutrality, and leave the complicated scene to produce its own denouement. It is true that human affairs can never be reduced to that state of depravation as to reverse the nature of justice. Virtue will always be the interest of the individual as well as of the public. Immediate virtue will always be beneficial to the present age, as well as to their posterity. But, though the depravation cannot rise to this excess, it will be abundantly sufficient to obscure the understanding, and mislead the conduct. Human beings will never be so virtuous as they might easily be made, till justice be the spectacle perpetually presented to their view, and injustice be wondered as a prodigy. Species of injustice which aristocracy creates. Of all the principles of justice there is none so material to the moral rectitude of mankind as this, that no man can be distinguished but by his personal merit. Why not endeavour to reduce to practice so simple and sublime a lesson ? When a man has proved himself a benefactor to the public, when he has already by laudable perseverance cultivated in himself talents, which need only encouragement and pu470 blic favour to bring them | to maturity, let that man be honoured. In a state of society where fictitious distinctions are unknown, it is impossible he should not be honoured. But that a man should be looked up to with servility and awe, because the king
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has bestowed on him a spurious name, or decorated him with a ribband ; that another should wallow in luxury, because his ancestor three centuries ago bled in the quarrel of Lancaster or York ; do we imagine that these iniquities can be practised without injury ? Estimate of injury produced.
Let those who entertain this opinion converse a little with the lower orders of mankind. They will perceive that the unfortunate wretch, who with unremitted labour finds himself incapable adequately to feed and clothe his family, has a sense of injustice rankling at his heart. «One whom distress has spited with the world, Is he whom tempting fiends would pitch upon To do such deeds, as make the prosperous men Lift up their hands and wonder who could do them".» Such is the education of the human species. Such is the fabric of political society. But let us suppose that their sense of injustice were less acute than it is here described, what favourable inference can be drawn from that ? Is not the injustice 471 real ? If the minds of men be so | withered and stupefied by the constancy with which it is practised, that they do not feel the rigour that grinds then into nothing, how does that improve the picture ? Let us for a moment give the reins no reflexion, and endeavour accurately to conceive the state of mankind where justice should form the public and general principle. In that case our moral feelings would assume a firm and wholsome tone, for they would not be perpetually counteracted by examples that weakened their energy and confounded their clearness. Men would be fearless, because they would know that there were no legal snares lying in wait for their lives. They would be courageous, because no man would be pressed to the earth that another might enjoy immoderate luxury, because every one would be secure of the just reward of his industry and prize of his exertions. Jealousy and hatred would cease, for they are the offspring of injustice. Every man would speak truth with his neighbour, for there would be no temptation to falshood and deceit. Mind would find its level, for there would be every thing to encourage and to animate. Science would be unspeakably improved, for understanding would convert into a real power, no longer an ignis fatuus, shining and expiring by turns, and leading us into sloughs of sophistry, false science and specious mistake. All men would be disposed to avow their dispositions ad actions : none would endeavour to suppress the just eulogium of his neighbour, 472 for, so long as there were tongues to record, the | suppression would be impossible ; none fear to detect the misconduct of his neighbour, for there would be no laws converting the sincere expression of our convictions into a libel. Exemples.
Let us fairly consider for a moment what is the amount of injustice included in the institution of aristocracy. I am born, suppose, a Polish prince with an income of "
Tragedy of Douglas, Act III.
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Justice
£ 300,000 per annum. You are born a manorial serf or a Creolian negro, by the law of your birth attached to the soil, and transferable by barter or otherwise to twenty successive lords. In vain shall be your most generous efforts and your unwearied industry to free yourself from the intolerable yoke. Doomed by the law of your birth to wait at the gates of the palace you must never enter, to sleep under a ruined weather-beaten roof, while your master sleeps under canopies of state, to feed on putrefied offals while the world is ransacked for delicacies for his table, to labour without moderation or limit under a parching sun while he basks in perpetual sloth, and to be rewarded at last with contempt, reprimand, stripes and mutilation. In fact the case is worse than this. I could endure all that injustice or caprice could inflict, provided I possessed in the resource of a firm mind the power of looking down with pity on my tyrant, and of knowing that I had that within, that sacred character of truth, virtue and fortitude, which all his injustice could not reach. But a slave and a serf are condemned to stupidity and vice, as well as to calamity. 473 Is all this nothing ? Is all this necessary for the maintenance of civil order ? Let it be recollected that for this distinction there is not the smallest foundation in the nature of things, that, as we have already said, there is no particular mould for the construction of lords, and that they are born neither better nor worse than the poorest of their dependents. It is this structure of aristocracy in all its sanctuaries and fragments against which reason and philosophy have declared war. It is alike unjust, whether we consider it in the casts of India, the villainage of the feudal system, or the despotism of the patricians of ancient Rome dragging their debtors into personal servitude to expiate loans they could not repay. Mankind will never be in an eminent degree virtuous and happy, till each man shall possess that portion of distinction and no more, to which he is entitled by his personal merits. The dissolution of aristocracy is equally the interest of the oppressor and the oppressed. The one will be delivered from the listlessness of tyranny, and the other from the brutalising operation of servitude. How long shall we be told in vain, «that mediocrity of fortune is the true rampart of personal happiness ?»
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Chap. XII. Of Titles.
Their origin and history. - Their miserable absurdity. - Truth the only adequate reward of merit. Their origin and history. The case of mere titles is so absurd that it would deserve to be treated only with ridicule, were it not for the serious mischiefs it imposes on mankind. The feudal system was a ferocious monster devouring wherever it came all that the friend of humanity regards with attachment and love. The system of titles appears under a different form. The monster is at length destroyed, and they who followed in his train, and fattened upon the carcasses of those he slew, have stuffed his skin, and by exhibiting it hope still to terrify mankind into patience and pusillanimity. The system of the Northern invaders, however odious, escaped the ridicule of the system of titles. When the feudal chieftains assumed a geographical appellation, it was from some place really subject to their authority ; and there was no more absurdity in the style assumed, than in our calling a man at present the governor of Tangiers or the 475 governor of Gibraltar. The commander in chief or the sovereign did not | then give an empty n a m e ; he conferred an earldom or a barony, a substantial tract of land, with houses and men, and producing a real revenue. He now grants nothing but the privilege of calling yourself Tom who were beforetime called W i l l ; and, to add to the absurdity, your new appellation is borrowed from some place perhaps you never saw, or some country you never visited. The style however is the same ; we are still earls and barons, governors of provinces and commanders of forts, and that with the same evident propriety the elector of Hanover and arch treasurer of the empire styles himself king of France. Their miserable absurdity.
Can there be any thing more ludicrous, than that the man, who was yesterday Mr. St. John, the most eloquent speaker of the British house of commons, the most penetrating thinker, the umpire of maddening parties, the restorer of peace to bleeding and exhausted Europe, should be to-day lord Bolingbroke ? In what is he become greater and more venerable than he was ? In the pretended favour of a stupid and besotted woman, who always hated him, as she uniformly hated talents and virtue, though for her own interest she was obliged to endure him. The friends of a man upon whom a title has recently been conferred, must either be wholly blinded by the partiality of friendship not to feel the ridicule of his situation, or completely debased by the parasitical spirit of dependence not to betray 476 their feelings. Every time they essay to speak, they are in danger of | blundering upon the inglorious appellations of Mr. and Sir 0 . Every time their tongue faulters "
In reality these appellations are little less absurd than those by which they are superseded.
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with unconfirmed practice, the question rushes upon them with irresistible force, «What change has my old friend undergone ; in what is he wiser or better, happier or more honourable ?» The first week of a new title is a perpetual war of the feelings in every spectator, the genuine dictates of common sense against the arbitrary institutions of society. To make the farce more perfect these titles are subject to perpetual fluctuations, and the man who is to-day earl of Kensington, will to-morrow resign with unblushing effrontery all appearance of character and honour to be called marquis of Kew. History labours under the Gothic and unintelligible burden ; no mortal patience can connect the different stories of him who is to-day lord Kimbolton, and to-morrow earl of Manchester ; to-day earl of Mulgrave, and to-morrow marquis of Normanby and duke of Buckinghamshire. Truth the only adequate reward of merit. The absurdity of these titles strikes us the more, because they are usually the reward of intrigue and corruption. But, were it otherwise, still they would be unworthy of the adherents of reason and justice. When we speak of Mr. St. John, as of the man, who by his eloquence swayed contending parties, who withdrew the conquering 477 sword from suffering France, and gave | forty years of peace and calm pursuit of the arts of life and wisdom to mankind, we speak of something eminently great. Can any title express these merits ? Is not truth the consecrated and single vehicle of justice ? Is not the plain and simple truth worth all the cunning substitutions in the world ? Could an oaken garland or a gilded coronet have added one atom to his real greatness ? Garlands and coronets may be bestowed on the unworthy and prostituted to the intriguing. Till mankind be satisfied with the naked statement of what they really perceive, till they confess virtue to be then most illustrious when she most disdains the aid of ornament, they will never arrive at that manly justice of sentiment, at which they are destined one day to arrive. By this scheme of naked truth, virtue will be every day a gainer; every succeeding observer will more fully do her justice, while vice, deprived of that varnish with which she delighted to gloss her actions, of that gaudy exhibition which may be made alike be every pretender, will speedily sink into unheeded contempt.
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Chap. XIII. Of the Aristocratical Character.
Intolerance of aristocracy - dependent for its success upon the ignorance of the multitude. - Precautions necessary for its support. - Different kinds of aristocracy. - Aristocracy of the romans : its virtues - its vices. - Aristocratical distribution of property - regulations by which it is maintained avarice it engenders. - Argument against innovation from the present happy establishment of affairs considered. - Conclusion. Intolerance of aristocracy: Aristocracy in its proper signification implies neither less nor more than a scheme for rendering more permanent and visible by the interference of political institution the inequality of mankind. Aristocracy, like monarchy, is founded in falshood, the offspring of art foreign to the real nature of things, and must therefore, like monarchy, be supported by artifice and false pretences. Its empire however is founded in 479 principles more gloomy and unsocial than those of | monarchy. The monarch often thinks it advisable to employ blandishments and courtship with his barons and officers ; but the lord deems it sufficient to rule with a rod of iron. dependent for its success upon the ignorance of the multitude.
Both depend for their perpetuity upon ignorance. Could they, like Omar, destroy the productions of profane reasoning, and persuade mankind that the Alcoran contained every thing which it became them to study, they might then renew their lease of empire. But here again aristocracy displays its superior harshness. Monarchy admits of a certain degree of monkish learning among its followers. But aristocracy holds a stricter hand. Should the lower ranks of society once come to be generally taught to write and read, its power would be at an end. To make men serfs and villains it is indispensibly necessary to make them brutes. This is a question which has long been canvassed with great eagerness and avidity. The resolute advocates of the old system have with no contemptible foresight opposed this alarming innovation. In their well known observation, «that a servant who has been taught to write and read ceases to be any longer a passive machine», is contained the embryo from which it would be easy to explain the whole philosophy of human society. Precautions necessary for its support.
And who is there that can reflect with patience upon the malevolent contrivances of these insolent usurpers, contrivances the end of which is to keep the human species 480 in a state of endless | degradation ? It is in the subjects we are here examining that the celebrated maxim of «many made for one» is brought to the real test. Those reasoners were no doubt wise in their generation, who two centuries ago conceived alarm at the blasphemous doctrine, «that government was instituted for the benefit
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of the governed, and, if it proposed to itself any other object, was no better than an usurpation.» It will perpetually be found that the men, who in every age have been the earliest to give the alarm of innovation, and have been ridiculed on that account as bigoted and timid, were in reality persons of more than common discernment, who saw, though but imperfectly, in the rude principle the inferences to which it inevitably led. It is time that men of reflexion should choose between the two alternatives : either to go back fairly and without reserve to the primitive principles of tyranny ; or, adopting any one of the axioms opposite to these, however neutral it may at first appear, not feebly and ignorantly to shut their eyes upon its countless host of consequences. Different kinds of aristocracy. It is not necessary to enter into a methodical disquisition of the different species of aristocracy, since, if the above reasonings have any force, they are equally cogent against them all. Aristocracy may vest its prerogatives principally in the individual, as in Poland ; or entirely restrict them to the nobles in their corporate capacity, as in Venice. The former will be more tumultuous and disorderly ; the latter more jealous, intolerant and severe. The magistrates may either recruit their body by election 481 among | themselves, as in Holland; or by the choice of the people, as in ancient Rome. Aristocracy of the Romans : its virtues : The aristocracy of ancient Rome was incomparably the most venerable and illustrious that ever existed upon the face of the earth. It may not therefore be improper to contemplate in them the degree of excellence to which aristocracy may be raised. They included in their institution some of the benefits of democracy, as generally speaking no man became a member of the senate, but in consequence of his being elected by the people to the superior magistracies. It was reasonable therefore to expect that the majority of the members would possess some degree of capacity. They were not like modern aristocratical assemblies, in which, as primogeniture and not selection decides upon their prerogatives, we shall commonly seek in vain for capacity, except in a few of the lords of recent creation. As the plebeians were long restrained from looking for candidates except among the patricians, that is, the posterity of senators, it as reasonable to suppose that the most eminent talents would be confined to that order. A circumstance which contributed to this was the monopoly of liberal education and the cultivation of the mind, a monopoly which the art of printing has at length fully destroyed. Accordingly all the great literary ornaments of Rome were either patricians, or of the equestrian order, or their immediate dependents. The plebeians, though in their corporate capacity they possessed 482 for some centuries the virtues of sincerity, intrepidity, | love of justice and of the public, could never boast of any of those individual characters in their party that reflect lustre on mankind, except the two Gracchi: while the patricians told of Brutus, Valerius, Coriolanus, Cincinnatus, Camillus, Fabricius, Regulus, the Fabii, the Decii, the Scipios, Lucullus, Marcellus, Cato, Cicero, and innumerable others. With this retrospect continually suggested to their minds it was almost venial for the stern heroes of Rome and the last illustrious martyrs of the republic to entertain aristocratical sentiments.
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its vices.
Let us however consider impartially this aristocracy, so incomparably superior to any other of ancient or modern times. Upon the first institution of the republic, the people possessed scarcely any authority except in the election of magistrates, and even here their intrinsic importance was eluded by the mode of arranging the assembly, so that the whole decision vested in the richer classes of the community. No magistrates of any description were elected but from among the patricians. All causes were judged by the patricians, and from their judgment there was no appeal. The patricians intermarried among themselves, and thus formed a republic of narrow extent in the midst of the nominal one, which was held by them in a state of abject servitude. The idea which purified these usurpations in the minds of the usurpers, was, «that the vulgar are essentially coarse, groveling and ignorant, and that there can be no security for the empire of justice and consistency but in the decided 483 ascendancy of the liberal.» Thus, even while | they opposed the essential interests of mankind, they were animated with public spirit and an unbounded enthusiasm of virtue. But it is not less true that they did oppose the essential interests of mankind. What can be more extraordinary than the declamations of Appius Claudius in this style, at once for the moral greatness of mind by which they were dictated, and the cruel intolerance they were intended to inforce ? It is inexpressibly painful to see so much virtue through successive ages employed in counteracting the justest requisitions. The result was, that the patricians, notwithstanding their immeasurable superiority in abilities, were obliged to yield one by one the exclusions to which they so obstinately clung. In the interval they were led to have recourse to the most odious methods of counteraction ; and every man among them contended who should be loudest in applause of the nefarious murder of the Gracchi. If the Romans were distinguished for so many virtues, constituted as they were, what might they not have been but for the iniquity of aristocratical usurpation ? The indelible blemish of their history, the love of conquest, originated in the same cause. Their wars, through every period of the republic, were nothing more than the contrivance of the patricians, to divert their countrymen from attending to the sentiments of unalterable truth, by leading them to scenes of conquest and carnage. They understood the art, common to all governments, of confounding the understandings of the multitude, 484 and persuading them that the most un|provoked hostilities were merely the dictates of necessary defence. Aristocratical distribution of property :
The principle of aristocracy is founded in the extreme inequality of conditions. No man can be an useful member of society, except so far as his talents are employed in a manner conducive to the general advantage. In every society the produce, the means of contributing to the necessities and conveniences of its members, is of a certain amount. In every society the bulk at least of its members contribute by their personal exertions to the creation of this produce. What can be more reasonable and just, than that the produce itself should with some degree of equality be shared among them ? What more injurious than the accumulating upon a few every means of superfluity and luxury, to the total destruction of the ease, and plain, but plentiful,
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Concerning
Political
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subsistence of the many ? It may be calculated that the king even of a limited monarchy, receives as the salary of his office, an income equivalent to the labour of fifty thousand men". Let us set out in our estimate from this point, and figure to ourselves the shares of his counsellors, his nobles, the wealthy commoners by whom the nobility will be emulated, their kindred and dependents. Is it any wonder that in such countries the lower orders of the community are exhausted by all the hardships of penury and immoderate fatigue ? When we see the wealth of a province spread 485 upon the great man's table, can we be surprised that his neighbours have not bread to satiate the cravings of hunger ? Is this a state of human beings that must be considered as the last improvement of political wisdom ? In such a state it is impossible that eminent virtue should not be exceedingly rare. The higher and the lower classes will be alike corrupted by their unnatural situation. But to pass over the higher class for the present, what can be more evident than the tendency of want to contract the intellectual powers ? The situation which the wise man would desire for himself and for those in whose welfare he was interested, would be a situation of alternate labour and relaxation, labour that should not exhaust the frame, and relaxation that was in no danger to degenerate into indolence. Thus industry and activity would be cherished, the frame preserved in a healthful tone, and the mind accustomed to meditation and reflection. But this would be the situation of the whole human species, if the supply of our wants were equally distributed. Can any system be more worthy of our disapprobation than that which converts nineteen-twentieths of them into beasts of burden, annihilates so much thought, renders impossible so much virtue and extirpates so much happiness ? regulations by which it is maintained: But it may be alledged, «that this argument is foreign to the subject of aristocracy ; 486 the inequality of conditions being the inevitable consequence of the institution of property.» It is true that many disadvantages flow out of this institution in its simplest form; but these disadvantages, to whatever they may amount, are greatly aggravated by the operations of aristocracy. Aristocracy turns the stream of property out of its natural channel, and forwards with the most assiduous care its accumulation in the hands of a very few persons. The doctrines of primogeniture and entails, as well as the immense volumes of the laws of transfer and inheritance which have infested every part of Europe, were produced for this express purpose. avarice it engenders. At the same time that it has endeavoured to render the acquisition of permanent property difficult, aristocracy has greatly increased the excitements to that acquisition. All men are accustomed to conceive a thirst after distinction and pre-eminence, but they do not all fix upon wealth as the object to this passion, but variously upon skill in any particular art, grace, learning, talents, wisdom and virtue. Nor does it appear that these latter objects are pursued by their votaries with less assiduity, than wealth is pursued by those who are anxious to acquire it. Wealth would be still less "
Taking the average price of labour at one shilling per diem.
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capable of being mistaken for the universal passion, were it not rendered by political institution, more than by its natural influence, the road to honour and respect. 487
Argument against innovation
from the present happy establishment of affairs considered. There is no mistake more thoroughly to be deplored on this subject, than that of persons, sitting at their ease and surrounded with all the conveniences of life, who are apt to exclaim, «We find things very well as they are ;» and to inveigh bitterly against all projects of reform, as «the romances of visionary men, and the declamations of those who are never to be satisfied.» Is it well, that so large a part of the community should be kept in abject penury, rendered stupid with ignorance and disgustful with vice, perpetuated in nakedness and hunger, goaded to the commission of crimes, and made victims to the merciless laws which the rich have instituted to oppress them ? Is it sedition to enquire whether this state of things may not be exchanged for a better ? Or can there be any thing more disgraceful to ourselves than to exclaim that «All is well,» merely because we are at our ease, regardless of the misery, degradation and vice that may be occasioned in others ? Conclusion.
There is one argument to which the advocates of monarchy and aristocracy always have recourse when driven from every other pretence; the mischievous nature of democracy. «However imperfect the two former of these institutions may be in themselves, they are found necessary,» we are told, «as accommodations to the imperfection of human nature.» It is for the reader who has considered the arguments of the preceding chapters to decide, how far it is probable that circumstances 488 can | occur, which should make it our duty to submit to these complicated evils. Meanwhile let us proceed to examine that democracy of which so alarming a picture has uniformly been exhibited.
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Chap. XIV. General Features of Democracy.
Definition. - Supposed evils of this form of government - ascendancy of the ignorant - of the crafty - inconstancy - rash confidence - groundless suspicion. - Merits and defects of democracy compared. - Its moral tendency. - Tendency of truth. - Representation. Definition.
Democracy is a system of government according to which every member of society is considered as a man and nothing more. So far as positive regulation is concerned, if indeed that can with any propriety be termed regulation which is the mere recognition of the simplest of all principles, every man is regarded as equal. Talents and wealth, wherever they exist, will not fail to obtain a certain degree of influence, without requiring any positive institution of society to second their operation. Supposed evils of democracy : ascendancy of the ignorant: But there are certain disadvantages that may seem the necessary result of democratical equality. In political society it is reasonable to suppose that the wise will be 490 outnumbered by the | unwise, and it will be inferred «that the welfare of the whole will therefore be at the mercy of ignorance and folly.» It is true that the ignorant will generally be sufficiently willing to be guided by the judicious, «but their very ignorance will incapacitate them from discerning the merit of their guides. of the crafty :
The turbulent and crafty demagogue will often possess greater advantages for inveigling their judgment, than the man who with purer intentions may possess a less brilliant talent. Add to this, that the demagogue has a never failing resource in the ruling imperfection of human nature, that of preferring the specious present to the substantial future. This is what is usually termed, playing upon the passions of mankind. Political truth has hitherto proved an enigma, that all the wit of man has been insufficient to solve. Is it to be supposed that the uninstructed multitude should always be able to resist the artful sophistry and captivating eloquence that will be employed to darken it ? Will it not often happen that the schemes proposed by the ambitious disturber will possess a meretricious attraction, which the severe and sober project of the discerning statesman shall be unable to compensate ? inconstancy : «One of the most fruitful sources of human happiness is to be found in the steady and uniform operation of certain fixed principles. But it is the characteristic of a democracy to be wavering and inconstant. The philosopher only, who has deeply meditated his principles, is inflexible in his adherence to them. The mass of man-
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491 kind, as they have never arranged their | reflections into system, are at the mercy of every momentary impulse, and liable to change with every wind. But this inconstancy is directly the reverse of every idea of political justice. rash confidence: «Nor is this all. Democracy is a monstrous and unwieldy vessel launched upon the sea of human passions without ballast. Liberty in this unlimited form is in danger to be lost almost as soon as it is obtained. The ambitious man finds nothing in this scheme of human affairs to set bounds to his desires. H e has only to dazzle and deceive the multitude in order to rise to absolute power. groundless suspicion. «A farther ill consequence flows out of this circumstance. T h e multitude, conscious of their weakness in this respect, will, in proportion to their love of liberty and equality, be perpetually suspicious and uneasy. Has any man displayed u n c o m m o n virtues or rendered eminent services to his country ? He will presently be charged with secretly aiming at the tyranny. Various circumstances will come in aid of this accusation, the general love of novelty, envy of superior merit, and the incapacity of the multitude to understand the motives and character of those who so far excel them. Like the Athenian, they will be tired of hearing Aristides constantly called the Just. Thus will merit be too frequently the victim of ignorance and envy. Thus will all that is liberal and refined, whatever the human mind in its highest state of 492 improvement is able to conceive, be | often overpowered by the turbulence of unbridled passion and the rude dictates of savage folly.» If this picture must inevitably be realised wherever democratical principles are established, the state of human nature would be peculiarly unfortunate. N o f o r m of government can be devised which does not partake of monarchy, aristocracy or democracy. We have taken a copious survey of the two former, and it would seem impossible that greater or more inveterate mischiefs can be inflicted on mankind, than those which are inflicted be them. N o portrait of injustice, degradation and vice can b e exhibited, that can surpass the fair and inevitable inferences from the principle upon which they are built. If then democracy could by any arguments b e brought down to a level with such monstrous institutions as these, in which there is neither integrity nor reason, our prospects of the future happiness of mankind would indeed be deplorable. Merits and defects of democracy compared. But this is impossible. Supposing that w e should even be obliged to take democracy with all the disadvantages that were ever annexed to it, and that no remedy could b e discovered for any of its defects, it would b e still greatly preferable to the exclusive system of other forms. Let us take Athens with all its turbulence and instability ; with the popular and temperate usurpations of Pisistratus and Pericles ; with their monstrous ostracism, by which undisguised injustice they were accustomed 493 periodically to banish some eminent citizen without the imputation of a crime ; with the imprisonment of Miltiades, the exile of Aristides and the murder of Phocion : with all these errors on its head, it is incontrovertible that Athens exhibited a m o r e
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illustrious and enviable spectacle than all the monarchies and aristocracies that ever existed. Who would reject the gallant love of virtue and independence, because it was accompanied with some irregularities ? Who would pass an unreserved condemnation upon their penetrating mind, their quick discernment and their ardent feeling, because they were subject occasionally to be intemperate and impetuous ? Shall we compare a people of such incredible achievements, such exquisite refinement, gay without insensibility and splendid without intemperance, in the midst of whom grew up the greatest poets, the noblest artists, the most finished orators and political writers, and the most disinterested philosophers the world ever saw, - shall we compare this chosen seat of patriotism, independence and generous virtue, with the torpid and selfish realms of monarchy and aristocracy ? All is not happiness that looks tranquillity. Better were a portion of turbulence and fluctuation, than that unwholsome calm which is a stranger to virtue. Its moral tendency.
In the estimate that is usually made of democracy, one of the most flagrant sources of error lies in our taking mankind such as monarchy and aristocracy have made them, and from thence judging how fit they are to legislate for themselves. Monar494 chy | and aristocracy would be no evils, if their tendency were not to undermine the virtues and the understandings of their subjects. The thing most necessary is to remove all those restraints which hold mind back from its natural flight. Implicit faith, blind submission to authority, timid fear, a distrust of our powers, an inattention to our own importance and the good purposes we are able to effect, these are the chief obstacles to human improvement. Democracy restores to man a consciousness of his value, teaches him by the removal of authority and oppression to listen only to the dictates of reason, gives him confidence to treat all other men as his fellow beings, an induces him to regard them no longer as enemies against whom to be upon his guard, but as brethren whom it becomes him to assist. The citizen of a democratical state, when he looks upon the miserable oppression and injustice that prevail in the countries around him, cannot but entertain an inexpressible esteem for the advantages he enjoys, and the most unalterable determination at all hazards to preserve them. The influence of democracy upon the sentiments of its members is altogether of the negative sort, but its consequences are inestimable. Nothing can be more unreasonable than to argue from men as we now find them, to men as they may hereafter be made. Strict and accurate reasoning, instead of suffering us to be surprised that Athens did so much, would at first induce us to wonder that she retained so many imperfections. Tendency of truth.
495 The road to the improvement of mankind is in the utmost | degree simple, to speak and act the truth. If the Athenians had had more of this, it is impossible they should have been so flagrantly erroneous. To tell the truth in all cases without reserve, to administer justice without partiality, are principles which, when once rigorously adopted, are of all others the most prolific. They enlighten the understanding, give energy to the judgment, and strip misrepresentation of its speciousness and plausibility. In Athens men suffered themselves to be dazzled by splendour and show. If
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the error in their constitution which led to this defect can be discovered, if a form of political society can be devised in which men shall be accustomed to judge strictly and soberly, and habitually exercised to the plainness and simplicity of truth, democracy would in that society cease from the turbulence, instability, fickleness and violence that have too often characterised it. Nothing can be more certain than the omnipotence of truth, or, in other words, than the connexion between the judgment and the outward behaviour. If science be capable of perpetual improvement, men will also be capable of perpetually advancing in practical wisdom and justice. Once establish the perfectibility of man, and it will inevitably follow that we are advancing to a state, in which truth will be too well known to be easily mistaken, and justice too habitually practised to be voluntarily counteracted. Nor shall we see reason to think upon severe reflection, that this state is so distant as we might at first be inclined to imagine. Error is principally indebted for its permanence to social 496 institution. Did we leave individuals to | the progress of their own minds, without endeavouring to regulate them by any species of public foundation, mankind would in no very long period convert to the obedience of truth. The contest between truth and falshood is of itself too unequal, for the former to stand in need of support from any political ally. The more it be discovered, especially that part of it which relates to man in society, the more simple and self evident will it appear; and it will be found impossible any otherwise to account for its having been so long concealed, than from the pernicious influence of positive institution. Representation.
There is another obvious consideration that has frequently been alledged to account for the imperfection of ancient democracies, which is worthy of our attention, though it be not so important as the argument which has just been stated. The ancients were unaccustomed to the idea of deputed, or representative assemblies ; and it is reasonable to suppose that affairs might often be transacted with the utmost order in such assemblies, which might be productive of much tumult and confusion, if submitted to the personal discussion of the citizens at large". By this happy expedient we secure many of the pretended benefits of aristocracy, as well as the real benefits of democracy. The discussion of national affairs is brought before 497 persons of | superior education and wisdom : we may conceive of them, not only as the appointed medium of the sentiments of their constituents, but as authorised upon certain occasions to act on their part, in the same manner as an unlearned parent delegates his authority over his child to a preceptor of greater accomplishments than himself. This idea within proper limits might be entitled to our approbation, provided the elector had the wisdom not to relax in the exercise of his own understanding in all his political concerns, exerted his censorial power over his representative, and were accustomed, if the representative were unable after the fullest explanation to bring him over to his opinion ; to transfer his deputation to another.
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The general grounds of this institution have been stated. Book III, Chap. IV. The exceptions which limit its value, will be seen in the twenty-third chapter of the present book.
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The true value of the system of representation is as follows. It is not reasonable to doubt that mankind, whether acting by themselves or their representatives, might in no long time be enabled to contemplate the subjects offered to their examination with calmness and true discernment, provided no positive obstacles were thrown in their way by the errors and imperfection of their political institutions. This is the principle in which the sound political philosopher will rest with the most perfect satisfaction. But, should it ultimately appear that representation, and not the intervention of popular assemblies, is the mode which reason prescribes, then an error in this preliminary question, will of course infer errors in the practice which is built 498 upon it. We cannot make on false step, without involving | ourselves in a series of mistakes and ill consequences that must be expected to grow out of it. Such are the general features of democratical government: but this is a subject of too much importance to be dismissed without the fullest examination of every thing that may enable us to decide upon its merits. We will proceed to consider the farther objections that have been alledged against it.
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Chap. XV. Of Political Imposture.
Importance of this topic. - Example in the doctrine of eternal punishment its inutility argued - from history - from the nature of mind. - Second example : the religious sanction of a legislative system. - This idea is, 1. in strict construction impracticable - 2. injurious. - Third example : principle of political order. - Vice has no essential advantage over virtue. - Imposture unnecessary to the cause of justice - not adapted to the nature of man. Importance of this topic. All the arguments that have been employed to prove the insufficiency of democracy grow out of this one root, the supposed necessity of deception and prejudice for restraining the turbulence of human passions. Without the assumption of this principle the argument could not be sustained for a moment. The direct and decisive answer would be, «Are kings and lords intrinsically wiser and better than their humbler neighbours ? Can there be any solid ground of distinction except what is 500 founded in personal merit ? Are not men, really and | strictly considered, equal, except so far as what is personal and inalienable makes them to differ ?» To these questions there can be but one reply, «Such is the order of reason and absolute truth, but artificial distinctions are necessary for the happiness of mankind. Without deception and prejudice the turbulence of human passions cannot be restrained.» Let us then examine the merits of this theory ; and these will best be illustrated by an instance. Example in the doctrine of eternal punishment: It has been held by some divines and some politicians, that the doctrine which teaches that men will be eternally tormented in another world for their errors and misconduct in this, is «in its own nature unreasonable and absurd, but that it is nevertheless necessary, to keep mankind in awe. Do we not see,» say they, «that notwithstanding this terrible denunciation the world is overrun with vice ? What then would be the case, if the irregular passions of mankind were set free from their present restraint, and they had not the fear of this retribution before their eyes ?» its inutility argued from history : This argument seems to be founded in a singular inattention to the dictates of history and experience, as well as to those of reason. The ancient Greeks and Romans had nothing of this dreadful apparatus of fire and brimstone, and a torment «the smoke of which ascends for ever and ever.» Their religion was less personal than political. They confided in the Gods as protectors of the state, and this inspired them with 501 invincible coujrage. In periods of public calamity they found a ready consolation in expiatory sacrifices to appease the anger of the Gods. The attention of these beings
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An Enquiry Concerning Political Justice
was conceived to be principally directed to the ceremonial of religion, and very little to the moral excellencies and defects of their votaries, which were supposed to be sufficiently provided for by the inevitable tendency of moral excellence or defect to increase or diminish individual happiness. If their systems included the doctrine of a future existence, little attention was paid by them to the connecting the moral deserts of individuals in this life with their comparative situation in another. The same defect ran through the systems of the Persians, the Egyptians, the Celts, the Phenicians, the Jews, and indeed every system which has not been in some manner or other the offspring of the Christian. If we were to form our judgment of these nations by the above argument, we should expect to find every individual among them cutting his neighbour's throat, and hackneyed in the commission of every enormity without measure and without remorse. But they were in reality as susceptible of the regulations of government and the order of society, as those whose imaginations have been most artfully terrified by the threats of future retribution, and some of them were much more generous, determined and attached to the public weal. from the nature of mind. Nothing can be more contrary to a just observation of the nature of the human mind, 502 than to suppose that these speculative | tenets have much influence in making mankind more virtuous than they would otherwise be found. Human beings are placed in the midst of a system of things, all the parts of which are strictly connected with each other, and exhibit a sympathy and unison by means of which the whole is rendered intelligible and as it were palpable to the mind. The respect I shall obtain and the happiness I shall enjoy for the remainder of my life are topics of which my mind has a complete comprehension. I understand the value of plenty, liberty and truth to myself and my fellow men. I perceive that these things and a certain conduct intending them are connected, in the visible system of the world, and not by the supernatural interposition of an invisible director. But all that can be told me of a future world, a world of spirits or of glorified bodies, where the employments are spiritual and the first cause is to be rendered a subject of immediate perception, or of a scene of retribution, where the mind, doomed to everlasting inactivity, shall be wholly a prey to the upbraidings of remorse and the sarcasms of devils, is so foreign to the system of things with which I am acquainted, that my mind in vain endeavours to believe or to understand it. If doctrines like these occupy the habitual reflections of any, it is not of the lawless, the violent and ungovernable, but of the sober and conscientious, persuading them passively to submit to despotism and injustice, that they may receive the recompense of their patience hereafter. This objection is equally applicable to every species of deception. Fables may amuse the 503 imagination; but can never stand | in the place of reason and judgment as the principles of human conduct. - Let us proceed to a second instance. Second example : the religious sanction of a legislative system. It is affirmed by Rousseau in his treatise of the Social Contract, «that no legislator could ever establish a grand political system without having recourse to religious imposture. To render a people who are yet to receive the impressions of political
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wisdom susceptible of the evidence of that wisdom, would be to convert the effect of civilisation into the cause. The legislator ought not to employ force and cannot employ reasoning ; he is therefore obliged to have recourse to authority of a different sort, which may draw without compulsion, and persuade without conviction11.» 504 These are the dreams of a fertile conception, busy in the erection of imaginary 5 systems. To a rational mind that project would seem to promise little substantial benefit, which set out from so erroneous a principle. To terrify men into the reception of a system the reasonableness of which they were unable to perceive, is surely a very indirect method of rendering them sober, judicious, fearless and happy. This ides is, 1. in strict construction impracticable : 10 505 In reality no grand political system ever was introduced in the | manner Rousseau describes. Lycurgus, as he observes, obtained the sanction of the oracle at Delphi to the constitution he had established. But was it by an appeal to Apollo that he persuaded the Spartans to renounce the use of money, to consent to an equal division of land, and to adopt various other regulations the most contrary to their precon- 15 ceived prejudices ? No ; it was by an appeal to their understandings, in the midst of long debate and perpetual counteraction, and through the inflexibility of his courage and resolution, that the he at last attained his purpose. Lycurgus thought proper, after the whole was concluded, to obtain the sanction of the oracle, conceiving that it became him to neglect no method of substantiating the benefit he had conferred on 20 his countrymen. It is indeed hardly possible to persuade a society of men to adopt any system without convincing them that it is their wisdom to adopt it. It is difficult to conceive of a society of such miserable dupes as to receive a code, without any "
«Pour qu 'un peuple naissant pût goûter les saines maximes de la politique & suivre les règles fondamentales de la raison de l'état, il faudroit que l'effet pût devenir la cause, que l'esprit social, qui doit 25 être l'ouvrage de l'institution, présidât à l'institution même, & que les hommes fussent avant les lois ce qu'ils doivent devenir par elles. Ainsi donc le législateur ne pouvant employer ni la force ni le raisonnement ; c'est une nécessité qu'il recoure à une autorité d'un autre ordre, qui puisse entraîner sans violence, & persuader sans convaincre.» Du Contrat Social, Liv. II Chap. VII. Having frequently quoted Rousseau in the course of this work, it may be allowable to say one word of 30 his general merits as a moral and political writer. He has been subjected to perpetual ridicule for the extravagance of the proposition with which he began his literary career ; that the savage state was the genuine and proper condition of man. It was however by a very slight mistake that he missed the opposite opinion which it is the business of the present volume to establish. It is sufficiently observable that, where he describes the enthusiastic influx of truth that first made him a moral and political writer (in 35 his second letter to Malesherbes), he does not so much as mention his fundamental error, but only the just principles which led him into it. He was the first to teach that the imperfections of government were the only permanent source of the vices of mankind ; and this principle was adopted from him by Helvetius and others. But he saw farther than this, that government, however reformed, was little capable of affording solid benefit to mankind, which they did not. This principle has since (probably without any 40 assistance from the writings of Rousseau) been expressed with great perspicuity and energy, but not developed, by Mr. Thomas Paine in the first page of his Common Sense. Rousseau, notwithstanding his great genius, was full of weakness and prejudice. His Entile is upon the whole to be regarded as the principal reservoir of philosophical truth as yet existing in the world, but with a perpetual mixture of absurdity and mistake. In his writings expressly political. Du Contrat Social 45 and Considérations sur la Pologne, the unrivalled superiority of his genius appears to desert him. To his merits as a reasoner we should not forget to add, that the term eloquence is perhaps more precisely descriptive of his mode of composition, than of that of any other writer that ever existed.
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Political
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imagination that it is reasonable or wise or just, but upon this single recommendation that it is delivered to them from the Gods. The only reasonable, and infinitely the most efficacious method of changing the institutions of any people, is by creating in them a general opinion of their erroneousness and insufficiency. 2. injurious. But, if it be indeed impracticable to persuade men into the adoption of any system, without employing as our principal argument the intrinsic rectitude of that system, what is the argument which he would desire to use, who had most at heart the 506 welfare and improvement of the persons concerned ? Would he begin by teaching them to reason well, or to reason ill ? by unnerving their mind with prejudice, or new stringing it with truth ? How many arts, and how noxious to those towards whom we employ them, are necessary, if we would successfully deceive ? We must not only leave their reason in indolence at first, but endeavour to supersede its exertion in any future instance. If men be for the present kept right by prejudice, what will become of them hereafter, if by any future penetration or any accidental discovery this prejudice shall be annihilated ? Detection is not always the fruit of systematical improvement, but may be effected by some solitary exertion of the faculty or some luminous and irresistible argument, while every thing else remains as it was. If we would first deceive, and then maintain our deception unimpaired, we shall need penal statutes, and licensers of the press, and hired ministers of falshood and imposture. Admirable modes these for the propagation of wisdom and virtue ! Third example : principle of political order. There is another case similar to that stated by Rousseau, upon which much stress has been laid by political writers. «Obedience,» say they, «must either be courted or compelled. We must either make a judicious use of the prejudices and the ignorance of mankind, or be contented to have no hold upon them but their fears, and maintain social order entirely by the severity of punishment. To dispense us from this painful 507 necessity, authority ought carefully to be invested with a sort of magic persuasión. Citizens should serve their country, not with a frigid submission that scrupulously weighs its duties, but with an enthusiasm that places its honour in its loyalty. For this reason our governors and superiors must not be spoken of with levity. They must be considered, independently of their individual character, as deriving a sacredness from their office. They must be accompanied with splendour and veneration. Advantage must be taken of the imperfection of mankind. We ought to gain over their judgments through the medium of their senses, and not leave the conclusions to be drawn, to the uncertain process of immature reason".» Vice has no essential advantage over virtue. This is still the same argument under another form. It takes for granted that reason is inadequate to teach us our duty ; and of consequence recommends an equivocal engine, which may with equal ease be employed in the service of justice and injus"
This argument is the great common place of Mr. Burke's Reflections on the Revolution in France, of several successive productions of Mr. Necker, and of a multitude of other works upon the subject of government.
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tice, but would surely appear somewhat more in its place in the service of the latter. It is injustice that stands most in need of superstition and mystery, and will most frequently be a gainer by the imposition. This hypothesis proceeds upon an assumption, which young men sometimes impute to their parents and preceptors. It says, «Mankind must be kept in ignorance : if they know vice, they will love it too well; 508 if they perceive the charms | of error, they will never return to the simplicity of truth.» And, strange as it may appear, this barefaced and unplausible argument has been the foundation of a very popular and generally received hypothesis. It has taught politicians to believe that a people once sunk into decrepitude, as it has been termed, could never afterwards be endued with purity and vigour". Imposture unnecessary to the cause of justice.
Is it certain that there is no alternative between deceit and unrelenting severity ? Does our duty contain no inherent recommendations ? If it be not our own interest that we should be temperate and virtuous, whose interest is it ? Political institution, as has abundantly appeared in the course of this work, and will still farther appear as we go forward, has been too frequently the parent of temptations to error and vice of a thousand different denominations. It would be well, if legislators, instead of contriving farther deceptions and enchantments to retain us in our duty, would remove the impostures which at present corrupt our hearts and engender at once artificial wants and real distress. There would be less need, under the system of plain, unornamented truth, than under theirs, that «every visto should be terminated with the gallows4.» Why deceive me ? It is either my wisdom to do the thing you require of me, or it is not. The reasons for doing it are either sufficient or insufficient. If sufficient, why 509 should not they be the | machine to govern my understanding ? Shall I most improve while I am governed by false reasons, by imposture and artifice, which, were I a little wiser, I should know were of no value in whatever cause they may be employed ; or, while my understanding grows every day founder and stronger by perpetual communication with truth ? If the reasons for what you demand of me be insufficient, why should I comply ? It is strongly to be suspected that that regulation, which dares not rest upon its own reasonableness, conduces to the benefit of a few at the expence of the many. Imposture was surely invented by him, who thought more of securing dignity to himself, than of prevailing on mankind to consent to their own welfare. That which you require of me is wise, no farther than it is reasonable. Why endeavour to persuade me that it is more wise, more essential than it really is, or that it is wise for any other reason than the true ? Why divide men into two classes, one of which is to think and reason for the whole, and the other to take the conclusions of their superiors on trust ? This distinction is not founded in the nature of things ; there is no such inherent difference between man and man as it thinks proper to suppose. The reasons that should convince us that virtue is better than vice are neither complicated nor abstruse ; and the less they be tampered with by the inju" b
Book I, Chap. VIII. Burke's Reflections.
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dicious interference of political institution, the more will they come home to the understanding and approve themselves to the judgement of every man. 510
Not adapted to the nature of man.
Nor is the distinction less injurious, than it is unfounded. The two classes which it creates, must be more and less than man. It is too much to expect of the former, while we consign to them an unnatural monopoly, that they should rigidly consult for the good of the whole. It is an iniquitous requisition upon the latter, that they should never employ their understandings, never penetrate into the essences of things, but always rest in a deceitful appearance. It is iniquitous, that we should seek to withhold from them the principles of simple truth, and exert ourselves to keep alive their fond and infantine mistakes. The time must probably come when the deceit shall vanish ; and then the impostures of monarchy and aristocracy will no longer be able to maintain their ground. The change will at that time be most auspicious, if we honestly inculcate the truth now, secure that men's minds will grow strong enough to endure the practice, in proportion as their understanding of the theory excites them to demand it.
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Chap. XVI. Of the Causes of War.
Offensive war contrary to the nature of democracy. - Defensive war exceedingly rare. - Erroneousness of the ideas commonly annexed to the phrase, our country. - Nature of war delineated. - Insufficient causes of war - the acquiring a healthful and vigorous tone to the public mind - the putting a termination upon private insults - the menaces or preparations of our neighbours - the dangerous consequences of concession. - Two legitimate causes of war. Exclusively of those objections which have been urged against the democratical system as it relates to the internal management of affairs, there are others upon which considerable stress has been laid in relation to the transaction of a state with foreign powers, to war and peace, to treaties of alliance and commerce. Offensive war contrary to the nature of democracy. There is indeed and eminent difference with respect to these between the demo512 cratical system and all others. It is perhaps | impossible to shew that a single war ever did or could have taken place in the history of mankind, that did not in some way originate with those two great political monopolies, monarchy and aristocracy. This might have formed an additional article in the catalogue of evils to which they have given birth, little inferior to any of those we have enumerated. But nothing could be more superfluous than to seek to overcharge a subject the evidence of which is irresistible. What could be the source of misunderstanding between states, where no man or body of men found encouragement to the accumulation of privileges to himself at the expence of the rest ? A people among whom equality reigned, would possess every thing they wanted, where they possessed the means of subsistence. Why should they pursue additional wealth or territory ? These would lose their value the moment they became the property of all. No man can cultivate more than a certain portion of land. Money is representative, and not real wealth. If every man in the society possessed a double portion of money, bread and every other commodity would sell at double their present price, and the relative situation of each individual would be just what it had been before. War and conquest cannot be beneficial to the community. Their tendency is to elevate a few at the expence of the rest, and consequently they will never be undertaken but where the many are the instruments of the few. But this cannot happen in a democracy, till the democracy shall become 513 such only in name. If expedients can be devised for maintaining this species of government in its purity, or if there be any thing in the nature of wisdom and intellectual improvement which has a tendency daily to make truth prevail more over falshood, the principle of offensive war will be extirpated. But this principle enters into the very essence of monarchy and aristocracy.
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Defensive war exceedingly rare.
Meanwhile, though the principle of offensive ware be incompatible with the genius of democracy, a democratical state may be placed in the neighbourhood of states whose government is less equal, and therefore it will be proper to enquire into the supposed disadvantages which the democratical state may sustain in the contest. The only species of war in which it can consistently be engaged, will be that, the object of which is to repel wanton invasion. Such invasions will be little likely frequently to occur. For what purpose should a corrupt state attack a country, which has no feature in common with itself upon which to build a misunderstanding, and which presents in the very nature of its government a pledge of its own inoffensiveness and neutrality ? Add to which, it will presently appear that this state, which yields the fewest incitements to provoke an attack, will prove a very impracticable adversary to those by whom an attack shall be commenced. Erroneousness of the ideas commonly annexed to the phrase, our country.
514 One of the most essential principle of political justice is diame|trically the reverse of that which impostors and patriots have too frequently agreed to recommend. Their perpetual exhortation has been, «Love your country. Sink the personal existence of individuals in the existence of individuals in the existence of the community. Make little account of the particular men of whom the society consists, but aim at the general wealth, prosperity and glory. Purify your mind from the gross ideas of sense, and elevate it to the single contemplation of that abstract individual of which particular men are so many detached members, valuable only for the place they fill".» The lessons of reason on this head are precisely opposite. «Society is an ideal existence, and not on its own account entitled to the smallest regard. The wealth, prosperity and glory of the whole are unintelligible chimeras. Set no value on any thing, but in proportion as you are convinced of its tendency to make individual men happy and virtuous. Benefit by every practicable mode man wherever he exists ; but be not deceived by the specious idea of affording services to a body of men, for which no individual man is the better. Society was instituted, not for the sake of glory, not to furnish splendid materials for the page of history, but for the benefit of its members. The love of our country, if we would speak accurately, is another of 515 those specious illusions, which have been invented by impostors | in order to render the multitude the blind instruments of their crooked designs.» Meanwhile let us beware of passing from one injurious extreme to another. Much of what has been usually understood by the love of our country is highly excellent and valuable, though perhaps nothing that can be brought within the strict interpretation of the phrase. A wise man will not fail to be the votary of liberty and equality. He will be ready to exert himself in their defence wherever they exist. It cannot be a matter of indifference to him, when his own liberty and that of other men with whose excellence and capabilities he has the best opportunity of being acquainted, are involved in the event of the struggle to be made. But his attachment will be to the cause, and not to the country. Wherever there are men who understand "
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the value of political justice and are prepared to assert it, that is his country. Wherever he can most contribute to the diffusion of these principles and the real happiness of mankind, that is his country. Nor does he desire for any country any other benefit than justice. To apply these principles to the subject of war. And, before that application can be adequately made, it is necessary to recollect for a moment the force of the term. Nature of war delineated.
516 Because individuals were liable to error, and suffered their apprehensions of justice to be perverted by a bias in favour of themselves, government was instituted. Because nations were susceptible of a similar weakness, and could find no sufficient umpire to whom to appeal, war was introduced. Men were induced deliberately to seek each other's lives, and to adjudge the controversies between them, not according to the dictates of reason and justice, but as either should prove most successful in devastation and murder. This was no doubt in the first instance the extremity of exasperation and rage. But it has since been converted into a trade. One part of the nation pays another part to murder and be murdered in their stead ; and the most trivial causes, a supposed insult or a sally of youthful ambition, have sufficed to deluge provinces with blood. We can have no adequate idea of this evil, unless we visit, at least in imagination, a field of battle. Here men deliberately destroy each other by thousands without any resentment against or even knowledge of each other. The plain is strewed with death in all its various forms. Anguish and wounds display the diversified modes in which they can torment the human frame. Towns are burned, ships are blown up in the air while the mangled limbs descend on every side, the fields are laid desolate, the wives of the inhabitants exposed to brutal insult, and their children driven forth to hunger and nakedness. It would be despicable to mention, along with these scenes of 517 horror, and the total subversion of all ideas of moral justice they must occasion in the auditors and spectators, the immense treasures which are wrung in the form of taxes from those inhabitants whose residence is at a distance from the scene. After this enumeration we may venture to enquire what are the justifiable causes and rules of war. Insufficient causes of war:
the acquiring a healthful and vigorous tone to the public mind: It is not a justifiable reason, «that we imagine our own people would be rendered more cordial and orderly, if we could find a neighbour with whom to quarrel, and who might serve as a touchstone to try the characters and dispositions of individuals among ourselves11.» We are not at liberty to have recourse to the most complicated and atrocious of all mischiefs, in the way of an experiment. a
The reader will easily perceive that the pretences by which the people of France were instigated to a declaration of war in April 1792 were in the author's mind in this place. Nor will a few lines be mispent in this note in stating the judgment of an impartial observer upon the wantonness with which they have appeared ready upon different occasions to proceed to extremities. If policy were in question, it might be doubted, whether the confederacy of kings would ever have been brought into action against them, had it not been for their precipitation ; and it might be asked, what impression they must expect to be made upon the minds of other states by their intemperate commission of hostility ? But that strict justice, which
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the putting a termination upon private insults : It is not a justifiable reason, «that we have been exposed to certain insults, and that tyrants perhaps have delighted in treating with contempt the citizens of our happy state who have visited their dominions.» Government ought to protect the tranquillity of those who reside within the sphere of its functions ; but, if individuals think proper to visit other countries, they must then be delivered over to the protection of general reason. Some proportion must be observed between the evil of which we complain, and the evil which the nature of the proposed remedy inevitably includes. the menaces or preparations of our neighbours : It is not a justifiable reason, «that our neighbour is preparing or menacing hostilities.» If we be obliged to prepare in our turn, the inconvenience is only equal; and it is not to be believed, that a despotic country is capable of more exertion than a free one, when the task incumbent on the latter is indispensible precaution.
the dangerous consequences of concession : It has sometimes been held to be sound reasoning upon this subject, «that we ought not to yield little things, which may not in themselves be sufficiently valuable to authorise this tremendous appeal, because a disposition to yield only invites farther 519 experiments" .» Far otherwise; at least when the character of | such a nation is sufficiently understood. A people that will not contend for nominal and trivial objects, that maintains the precise line of unalterable justice, and that does not fail to be moved at the moment that it ought to be moved, is not the people that its neighbours will delight to urge to extremities. the vindication of national honour. «The vindication of national honour» is a very insufficient reason for hostilities. True honour is to be found only in integrity and justice. It has been doubted how far a view to reputation ought in matters of inferior moment to be permitted to influence the conduct of individuals ; but, let the case of individuals be decided as it may, reputation, considered as a separate motive in the instance of nations, can never be justifiable. In individuals it seems as if I might, consistently with the utmost real integrity, be so misconstrued and misrepresented and misrepresented by others, as to render my efforts at usefulness almost always abortive. But this reason does not apply to the case of nations. Their real story cannot easily be suppressed. Usefulness and public spirit in relation to them chiefly belong to the transactions of their members among themselves ; and their influence in the transaction of neighbouring nations is a consideration evidently subordinate. The question which respects the justifiable causes of war, would be liable to few difficulties, if we were accustomed, along with the word, strongly to call up to our minds the thing which that word is intended to represent.
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prescribes to us, never by a hasty interference to determine the doubtful balance in favour of murder, is a superior consideration, in comparison with which policy is unworthy so much as to be named. This pretence is sustained in Paley's Moral and Political Philosophy, Book VI. Ch. XII.
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Two legitimate causes of war.
Accurately considered, there can probably be but two justifiable causes of war, and one of them is among those which the logic of sovereigns and the law of nations, as it has been termed, proscribe : these are the defence of our own liberty and of the liberty of others. The known objection to the latter of these cases, is, «that one nation ought not to interfere in the internal transactions of another;» and we can only wonder that so absurd an objection should have been admitted so long. The true principle, under favour of which this false one has been permitted to pass current, is, «that no people and no individual are fit for the possession of any immunity, till they understand the nature of that immunity, and desire to possess it.» It may therefore be an unjustifiable undertaking to force a nation to be free. But, when the people themselves desire it, it is virtue and duty to assist them in the acquisition. This principle is capable of being abused by men of ambition and intrigue ; but, accurately considered, the very same argument that should induce me to exert myself for the liberties of my own country, is equally cogent, so far as my opportunities and ability extend, with respect to the liberties of any other country. But the morality that ought to govern the conduct of individuals and of nations is in all case the same.
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Chap. XVII. Of the Object of War
The repelling an invader. - Not reformation - not restraint - not indemnification. - Nothing can be a sufficient object of war that is not a sufficient cause for beginning it. - Reflections on the balance of power. The repelling an invader. Let us pass from the causes to the objects of war. As defence is the only legitimate cause, the object pursued, reasoning from this principle, will be circumscribed within very narrow limits. It can extend no farther than the repelling the enemy from our borders. It is perhaps desirable that, in addition to this, he should afford some proof that he does not propose immediately to renew his invasion ; but this, though desirable, affords no sufficient apology for the continuance of hostilities. Declarations of war and treaties of peace are inventions of a barbarous age, and would never have grown into established usages, if war had customarily gone no farther than to the limits of defence. Not reformation :
522 It will hereafter appear that what has been termed the crimi|nal justice of nations within themselves, has only two legitimate objects, restraint and reformation. Neither of these objects applies to the case of war between independent states ; and therefore ideas of criminal justice are altogether foreign to this subject. War, as we have already seen, perhaps never originates on the offending side in the sentiments of a nation, but of a comparatively small number of individuals : and, if it were otherwise, it is not in a reciprocation of hostilities that good sense would teach us to look for the means of reform. not restraint:
Restraint appears to be sometimes necessary with respect to the offenders that exist in the midst of a community, because it is the property of such offenders to assault us with unexpected violence ; but nations cannot move with such secrecy as to make an unforeseen attack an object of considerable apprehension. The only effectual means of restraint in this last case is by disabling, impoverishing and depopulating the country of our adversaries; and, if we recollected that they were men as well as ourselves, and the great mass of them innocent of the quarrel against us, we should be little likely to consider these expedients with complacency. not indemnification.
Indemnification is another object of war which the same mode of reasoning will not fail to condemn. The true culprits can never be discovered, and the attempt would only serve to confound the innocent and the guilty : not to mention that, nations 523 having no common umpire, the reverting, in the conclusion of every war, to the
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justice of the original quarrel and the indemnification to which the parties were entitled, would be a means of rendering the controversy endless. Nothing can be a sufficient object of
war that is not a sufficient cause for beginning it. The question respecting the justifiable objects of war would be liable to few difficulties, if we laid it down as a maxim, that, as often as the principle or object of a war already in existence was changed, this was to be considered as equivalent to the commencement of a new war. This maxim impartially applied would not fail to condemn objects of prevention, indemnification and restraint. Reflections on the balance of power. The celebrated topic of the balance of power is a mixed consideration, having sometimes been proposed as the cause for beginning a war, and sometimes as an object to be pursued in a war already begun. A war, undertaken to maintain the balance of power, may be either of defence, as to protect a people who are oppressed, or of prevention to counteract new acquisitions, or to reduce the magnitude of old possessions. We shall be in little danger of error however, if we pronounce wars undertaken to maintain the balance of power to be universally unjust. If any people be oppressed, it is our duty, as we have already said, as far as our ability extends, to fly to their succour. But it would be well if in such cases we called our interference by the name which justice prescribes, and fought against the injustice, and not the power. All hostilities against a neighbouring people, because they are powerful, or 524 because we impute to them evil | designs which they have not yet begun to carry in execution, are an enormous violation of every principle of morality. If one nation chuse to be governed by the sovereign or an individual allied to the sovereign of another, as seems to have been the case of the people of Spain upon the extinction of the elder branch of the house of Austria, we may endeavour to enlighten them on the subject of government and imbue them with principles of liberty, but it is an execrable piece of tyranny to tell them, «You shall exchange the despot you love for the despot you hate, on account of certain remote consequences we apprehend from the accession of the former.» The pretence of the balance of power has in a multitude of instances served as a veil to the intrigue of courts, but it would be easy to show that the present independence of the different states of Europe has in no instance been materially supported by the wars undertaken for that purpose. The fascination of a people desiring to become the appendage of a splendid despotism can rarely occur, and might perhaps easily be counteracted by peaceable means and the dissemination of a few of the most obvious truths. The defence of a people struggling with oppression must always be just, with this single limitation, that the entering into it without urgent need on their part, would unnecessarily spread the calamities of war, and diminish those energies, the exertion of which would contribute to their virtue and happiness. Add to this, that the object itself, the independence of the different states of Europe, is of an equivocal nature. The despotism, which at present prevails 525 among | them, is certainly not so excellent as to make us very anxious for its preservation. The press is an engine of so admirable a nature for the destruction of despotism, as to elude the sagacity perhaps of the most vigilant police ; and the
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internal checks upon freedom in a mighty empire and distant provinces, can scarcely be expected to be equally active with those of a petty tyrant. The reasoning will surely be good with respect to war, which has already been employed upon the subject of government, that an instrument, evil in its own nature, ought never to be selected as the means of promoting our purpose, in any case in which selection can 5 be practised.
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Chap. VIII. Of the Conduct of War.
Offensive operations. - Fortifications. - General action. - Stratagem. Military contributions. - Capture of mercantile vessels. - Naval war. Humanity. - Military obedience. - Foreign possessions. Offensive operations. Another topic respecting war, which it is of importance to consider in this place, relates to the mode of conducting it. Upon this article our judgments will be greatly facilitated by a recollection of the principles already established, first, that, no war is justifiable but a war purely defensive; and secondly, that a war already begun is liable to change its character in this respect, the moment the object pursued in it becomes in any degree varied. From these principles it follows as a direct corollary, that it is never allowable to make an expedition into the provinces of the enemy, unless for the purpose of assisting its oppressed inhabitants. It is scarcely necessary to add that all false casuistry respecting the application of this exception would be particularly odious ; and that it is better undisguisedly to avow the corrupt principles of policy by which we conduct ourselves, than hypocritically to claim the praise of 527 better principles, which we fail not | to wrest to the justification of whatever we desire. The case of relieving the inhabitants of our enemy's territory and their desire of obtaining relief ought to be extremely unequivocal; we shall be in great danger of misapprehension on the subject, when the question comes under the form of immediate benefit to ourselves ; and above all we must recollect that human blood is not to be shed upon a precarious experiment. The little advantages of war that might be gained by offensive operations will be abundantly compensated, by the character of magnanimous forbearance that a rigid adherence to defence will exhibit, and the effects that character will produce upon foreign nations and upon our own people. Great unanimity at home can scarcely fail to be the effect of severe political justice. The enemy who penetrates into our country, wherever he meets a man, will meet a foe. Every obstacle will oppose itself to his progress, while every thing will be friendly and assisting to our own forces. He will scarcely be able to procure the slightest intelligence, or understand in any case his relative situation. The principles of defensive war are so simple as to procure an almost infallible success. Fortifications. Fortifications are a very equivocal species of protection, an will oftener be of advantage to the enemy, by being first taken, and then converted into magazines for his armies. A moving force on the contrary, if it only hovered about his march, and avoided general action, would always preserve the real superiority.
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General action.
528 The great engine of military success or miscarriage, is the article of provisions; and the farther the enemy advanced into our country, the more easy would it be to cut off his supply ; at the same time that, so long as we avoided general action, any decisive success on his part would be impossible. These principles, if rigidly practised, would soon be so well understood, that the entering in a hostile manner the country of a neighbouring nation would come to be regarded as the infallible destruction of the invading army. Perhaps no people were ever conquered at their own doors, unless they were first betrayed either by divisions among themselves or by the abject degeneracy of their character. The more we come to understand of the nature of justice, the more it will show itself to be stronger than a host of foes. Men, whose bosoms are truly pervaded with this principle, cannot perhaps be other than invincible. Among the various examples of excellence in almost every department that ancient Greece has bequeathed us, the most conspicuous is her resistance with a handful of men against three millions of invaders. Stratagem.
On branch of the art of war, as well of every other human art, has hitherto consisted in deceit. If the principles of this work be built upon a sufficiently solid basis, the practice of deceit ought in all instances to be condemned, whether it proceed from false tenderness to our friends, or from a desire to hasten the downfal of injustice. Vice is neither the most allowable nor effectual weapon with which to contend 529 against vice. Deceit is | not less deceit, whether the falshood be formed into words or be conveyed through the medium of fictitious appearances. We should no more allow ourselves to mislead the enemy by false intelligence or treacherous ambuscade, than by breach of our declarations, or feigned demonstrations of friendship. There is no essential difference between throwing open our arms to embrace them, and advancing towards them with neutral colours or covering ourselves with a defile or a wood. By the practice of surprise and deceit we shall oftenest cut off their straggling parties and shed most blood. By an open display of our force we shall prevent detachments from being made, shall intercept the possibility of supply without unnecessary bloodshed, and there seems no reason to believe that our ultimate success will be less certain. Why should war be made the science of disingenuousness and mystery, when the plain dictates of good sense would answer all its legitimate purposes ? The first principle of defence is firmness and vigilance. The second perhaps, which is not less immediately connected with the end to be attained, is frankness and the open disclosure of our puipose even to our enemies. What astonishment, admiration and terror would this conduct excite in those with whom we had to contend ? What confidence and magnanimity would accompany it in our own bosoms ? Why should not war, as a step towards its complete abolition, be brought to such perfection, as that the purposes of the enemy might be utterly baffled without firing a musket or drawing a sword ? 530
Another corollary not less inevitable from the principles which have been delivered, is that the operations of war should be limited as accurately as possible to the generating no farther evils than defence inevitably requires. Ferocity ought carefully
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to be banished from it. Calamity should as entirely as possible be prevented to every individual who is not actually in arms, and whose fate has no immediate reference to the event of the war. Military contributions. Capture of mercantile vessels. Naval war. This principle condemns the levying military contributions, and the capture of mercantile vessels. Each of these atrocities would be in another way precluded by the doctrine of simple defence. We should scarcely think of levying such contributions, if we never attempted to pass the limits of our own territory ; and every species of naval war perhaps be proscribed. Humanity. The utmost benevolence ought to be practised towards our enemies. We should refrain from the unnecessary destruction of a single life, and afford every humane accommodation to the unfortunate. The bulk of those against whom we have to contend are comparatively speaking innocent of the projected injustice. Those by whom it has been most assiduously fostered are entitled to our kindness as men, and to our compassion as mistaken. It has already appeared that all the ends of punishment are foreign to the business of war. It has appeared that the genuine melioration of war, in consequence of which it may be expected absolutely to cease, is by gradually disarming it of its ferocity. The horrors of war have sometimes been 531 apologised by a supposition | that the more intolerable it was made, the more quickly would it cease to infest the world. But the direct contrary of this is the truth. Severities do but beget severities in return. It is a most mistaken way of teaching men to feel that they are brothers, by imbuing their minds with unrelenting hatred. The truly just man cannot feel animosity, and is therefore little likely to act as if he did. Military obedience. Having examined the conduct of war as it respects our enemies, et us next consider it in relation to the various descriptions of persons by whom it is to be supported. We have seen how little a just and upright war stands in need of secrecy. The plans for conducting a campaign, instead of being, as artifice and ambition have hitherto made them, inextricably complicated, will probably be reduced to two or three variations, suited to the different circumstances that can possibly occur in a war of simple defence. The better these plans are known to the enemy, the more advantageous will it be to the resisting party. Hence it follows that the principles of implicit faith and military obedience will be no longer necessary. Soldiers will cease to be machines. The essential circumstance that constitutes men machines in this sense of the word, is not the uniformity of their motions, when they see the reasonableness of that uniformity. It is their performing any motion, or engaging in any action, the object and utility of which they do not clearly understand. It is true that in every 532 state of human society there will be men of an intellectual capacity much superior to their neighbours. But defensive war, and probably every other species of operation
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in which it will be necessary that many individuals should act in concert, will perhaps be found so simple in their operations, as not to exceed the apprehension of the most common capacities. It is ardently to be desired that the time should arrive, when no man should lend his assistance to any operation, without at the same time exercising his judgment respecting the honesty and the expected event of that operation. Foreign possessions. The principles here delivered on the conduct of war lead the mind to a very interesting subject, that of foreign and distant territories. Whatever may be the value of these principles considered in themselves, they become altogether nugatory the moment the idea of foreign dependencies is admitted. But in reality what argument possessing the smallest degree of plausibility can be alledged in favour of that idea ? The mode in which dependencies are acquired, must be either conquest, cession or colonization. The first of these no true moralist or politician will attempt to defend. The second is to be considered as the same thing in substance as the first, but with less openness and ingenuity. Colonization, which is by much the most specious pretence, is however no more than a pretence. Are these provinces held in a state of dependence for our own sake or for theirs ? If for our own, we must recollect this is still an usurpation, and that justice requires we should yield to others what we 533 demand | for ourselves, the privilege of being governed by the dictates of their own reason. If for theirs, they must be told, that it is the business of associations of men to defend themselves, or, if that be impracticable, to look for support to the confederation of their neighbours. They must be told, that defence against foreign enemies is a very inferior consideration, and that no people were ever either wise or happy who were not left to the fair development of their inherent powers. Can any thing be more absurd than for the West India islands for example to be defended by fleets and armies to be transported across the Atlantic ? The support of a mother country extended to her colonies, is much oftener a means of involving them in danger, than of contributing to their security. The connexion is maintained by vanity on one side and prejudice on the other. If they must sink into a degrading state of dependence, how will they be the worse in belonging to one state rather than another ? Perhaps the first step towards putting a stop to this fruitful source of war, would be to annihilate than monopoly of trade which all enlightened reasoners at present agree to condemn, and to throw open the ports of our colonies to all the world. The principle which will not fail to lead us right upon this subject of foreign dependencies, as well a upon a thousand others, is, that that attribute, however splendid, is not really beneficial to a nation, that is not beneficial to the great.mass of individuals of which the nation consists.
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Chap. XIX. Of Military Establishments and Treaties.
A country may look for its defence either to a standing army or an universal militia. - The former condemned. - The latter objected to as of immoral tendency - as unnecessary - either in respect to courage - or discipline. Of a commander. - Of treaties. The last topic which it may be necessary to examine as to the subject of war, is the conduct it becomes us to observe respecting it in a time of peace. This article may be distributed into two heads, military establishments and treaties of alliance. A country may look for its defence either to a standing army or an universal militia.
If military establishments in time of peace be judged proper, their purpose may be effected either by consigning the practice of military discipline to a certain part of the community, or by making every man whose age is suitable for that purpose a soldier. The former condemned.
535 The preferableness of the latter of these methods to the former | is obvious. The man that is merely a soldier, must always be uncommonly depraved. War in his case inevitably degenerates from the necessary precautions of a personal defence, into a trade by which a man sells his skill in murder and the safety of his existence for a pecuniary recompense. The man that is merely soldier, ceases to be, in the same sense as his neighbours, a citizen. He is cut off from the rest of the community, and has sentiments and a rule of judgment peculiar to himself. He considers his countrymen as indebted to him for their security ; and, by an unavoidable transition of reasoning, believes that in a double sense they are at his mercy. On the other hand that every citizen should exercise in his turn the functions of a soldier, seems peculiarly favourable to that confidence in himself and in the resources of this country, which it is so desirable he should entertain. It is congenial to that equality, which must in an eminent degree before mankind in general can be either virtuous or wise. And it seems to multiply the powers of defence in a country, so as to render the idea of its falling under the yoke of an enemy in the utmost degree improbable. The latter objected to as of immoral tendency : There are reasons however that oblige us to doubt respecting the propriety of cultivating under any form the system of military discipline in time of peace. It is in this respect with nations as it is with individuals. The man that whith a pistol bullet is sure of his mark, or that excels his contemporaries in the exercise of the sword, can 536 hardly escape those obliquities of understanding which these accomplishments are calculated to nourish. It is not to be expected that he should entertain all that
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confidence in reason and distaste of violence which severe truth prescribes. It is beyond all controversy that war, though the practice of it under the present state of the human species may in some instances be unavoidable, is an idea pregnant with calamity and vice. It cannot be a matter of indifference, for the human mind to be systematically familiarised to thoughts of murder and desolation. The disciple of mere reason would not fail at the sight of a musket or a sword to be impressed with sentiments of abhorrence. Why expel these sentiments ? Why connect the discipline of death with ideas of festivity and splendour ; which will inevitably happen, if the citizens, without oppression, are accustomed to be drawn out to encampments and reviews ? Is it possible that he who has not learned to murder his neighbour with a grace, is imperfect in the trade of man ? If it be replied, «that the generating of error is not inseparable from military discipline, and that men may at some time be sufficiently guarded against the abuse, even while they are taught the use of arms ;» it will be found upon reflection that this argument is of little weight. Though error be not unalterably connected with the science of arms, it will for a long time remain so. When men are sufficiently improved to be able to handle familiarly and with application of mind the instruments of death without injury, they will also be sufficiently improved to be able 537 to master any study with much greater facility than at present, and consequently the cultivation of the art military in time of peace will have still fewer inducements to recommend it to our choice. - To apply these considerations to the present situation of mankind. as unnecessary :
We have already seen that the system of a standing army is altogether indefensible, and that an universal militia is a much more formidable defence, as well as infinitely more agreeable to the principles of justice and political happiness. It remains to be seen what would be the real situation of a nation surrounded by other nations in the midst of which standing armies were maintained, which should nevertheless upon principle wholly neglect the art military in seasons of peace. In such a nation it will probably be admitted, that, so far as relates to mere numbers, an army may be raised upon the spur of occasion, nearly as soon as in a nation the citizens of which had been taught to be soldiers. But this army, though numerous, would be in want of many of those principles of combination and activity which are of material importance in a day of battle. either in respect to courage : There is indeed included in the supposition, that the internal state of this people is more equal and free than that of the people by whom they are invaded. This will infallibly be the case in a comparison between a people with a standing army and a people without one ; between a people who can be brought blindly and wickedly to the invasion of their peaceful neighbours, and a people who will not be induced to 538 fight but in their own defence. The latter therefore will be obliged to compare the state of society and government in their own country and among their neighbours, and will not fail to be impressed with great ardour in defence of the inestimable advantages they possess. Ardour, even in the day of battle, might prove sufficient. A
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body of men, however undisciplined, whom nothing could induce to quit the field, would infallibly by victorious over their veteran adversaries, who, under the circumstances of the case, could not possibly have an accurate conception of the object for which they were fighting, and therefore could not entertain an invincible love for it. It is not certain that activity and discipline opposed to ardour, have even a tendency to turn the balance of slaughter against the party that wants them. Their great advantage consists in their power over the imagination to astonish, to terrify and confound. An intrepid courage in the party thus assailed would soon convert them from sources of despair into objects of contempt. or discipline.
But it would be extremely unwise in us to have no other resource but in the chance of this intrepidity. A resource much surer and more agreeable to justice is in recollecting that the war of which we treat is a war of defence. Battle is not the object of such a war. An army, which, like that of Fabius, by keeping on the hills, or by whatever other means, rendered it impracticable for the enemy to force them to an 539 engagement, might look with scorn upon his impotent efforts to enslave the | country. One advantage included in such a system of war is, that, as its very essence is protraction, the defending army might in a short time be rendered as skilful as the assailants. Discipline, like every other art, has been represented by vain and interested men as surrounded with imaginary difficulties, but is in reality exceedingly simple ; and would be learned much more effectually in the midst of real war than in the puppet show exhibitions of a period of peace. Of a commander.
It is desirable indeed that we should have a commander of considerable skill, or rather of considerable wisdom, to reduce this patient and indefatigable system into practice. This is of much more importance than the mere discipline of the ranks. But the nature of military wisdom has been greatly misrepresented. Experience in this, as well as in other arts, has been unreasonably magnified, and the general power of a cultivated mind been thrown into shade. It will probably be no long time before this quackery of professional men will be thoroughly exploded. How perpetually do we meet with those whom experience finds incorrigible ; while it is recorded of one of the greatest generals of antiquity, that he set out for his appointment wholly unacquainted with his art, and was indebted for that skill, which broke out immediately upon his arrival, to the assiduousness of his enquiries, and a careful examination of those writers by whom the art had most successfully been illustrated" ? At all events 540 it will be ad|mitted, that the maintenance of a standing army or the perpetual discipline of a nation is a very dear price to pay for the purchase of a general, as well as that the purchase would be extremely precarious, if we were even persuaded to consent to the condition. It may perhaps be true, though this is not altogether clear, that a nation by whom military discipline was wholly neglected would be exposed to some disadvantage. In that case it becomes us to weigh the neglect and cultivation together, and to cast the balance on that side to which upon mature examination it shall appear to belong. '
Ciceronis Lucullus, sive Academicorum Uber Secundus, init.
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Of treaties. A second article which belongs to the military system in a season of peace is that of treaties of alliance. This subject may easily be dispatched. Treaties of alliance are in all cases wrong, in the first place, because all absolute promises are wrong, and neither individuals nor bodies of men ought to preclude themselves from the benefit of future improvement and deliberation. Secondly, they are wrong, because they are in all cases nugatory. Governments, and public men, will not, and ought not to hold themselves bound to the injury of the concerns they conduct, because a parchment, to which they or their predecessors were a party, requires it at their hands. If the concert demanded in time of need, approve itself to their judgment or correspond with their inclination, it will be yielded, though they were under no previous engagement for that purpose. Treaties of alliance serve to no other end, than to exhibit 541 by their violation an appearance | of profligacy and vice, which unfortunately becomes too often a powerful encouragement to the inconsistency of individuals. Add to this, that, if alliances were engines as powerful, as they are really impotent, they could seldom be of use to a nation uniformly adhering to the principles of justice. They would be useless, because they are in reality ill calculated for any other purposes than those of ambition. They might be pernicious, because it would be beneficial for nations as for individuals to look for resources at home, instead of depending upon the precarious compassion of their neighbours.
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Chap. XX. Of Democracy as Connected with the Transactions of War
External affairs are of subordinate consideration. - Application. - Farther objections to democracy. - 1. It is incompatible with secrecy - this proved to be an excellence - 2. its movements are too slow - 3. too precipitate. Evils of anarchy considered. External affairs are of subordinate consideration.
Having thus endeavoured to reduce the subject of war to its true principles, it is time that we should recur to the maxim delivered at our entrance upon this subject, that individuals are every thing, and society, abstracted from the individuals of which it is composed, nothing. An immediate consequence of this maxim is, that the internal affairs of the society are entitled to our principal attention, and the external are matters of inferior and subordinate consideration. The internal affairs are subjects of perpetual and hourly concern, the external are periodical and precarious only. That every man should be impressed with the consciousness of his independence, and 543 rescued from the influence of extreme want and artificial | desires, are purposes the most interesting that can suggest themselves to the human mind ; but the life of man might pass, in a state uncorrupted by ideal passions, without its tranquillity being so much as once disturbed by foreign invasions. The influence that a certain number of millions, bom under the same climate with ourselves, and known by the common appellation of English or French, shall possess over the administrative councils of their neighbour millions, is a circumstance of much too airy and distant consideration, to deserve to be made a principal object in the institutions of any people. The best influence we can exert is that of a sage and upright example. Application.
If therefore it should appear that of these two articles, internal and external affairs, one must in some degree be sacrificed to the other, and that a democracy will in certain respects be less fitted for the affairs of war than some other species of government, good sense would not hesitate between these alternatives. We should have sufficient reason to be satisfied, if, together with the benefits of justice and virtue at home, we had no reason to despair of our safety from abroad. A confidence in this article will seldom deceive us, if our countrymen, however little trained to formal rules and the uniformity of mechanism, have studied the profession of man, understand his attributes and his nature, and have their necks unbroken to the yoke of blind credulity and abject submission. Such men, inured, as we are now suppo544 sing them, to a rational state of society, will be full of calm confi|dence and penetrating activity, and these qualities will stand them in stead of a thousand lessons in the school of military mechanism. If democracy can be proved adequate to wars of defence, and other governments be better fitted for wars of a different sort, this would be an argument, not of its imperfection, but its merit.
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Farther objections to democracy : 1. it is incompatible with secrecy :
It has been one of the objections to the ability of a democracy in war, «that it cannot keep secrets. The legislative assembly, whether it possess the initiative, or a power of control only, in executive affairs, will be perpetually calling for papers, plans and information, cross examining ministers, and sifting the policy and the justice of public undertakings. How shall we be able to cope with an enemy, if he know precisely the points we mean to attack, the state of our fortifications, and the strength and weakness of our armies ? How shall we manage our treaties with skill and address, if he be informed precisely of the sentiments of our mind and have access to the instructions of our ambassadors ?» this proved to be an excellence : It happens in this instance, that that which the objection attacks as the vice of democracy, is one of its most essential excellencies. The trick of a mysterious carriage is the prolific parent of every vice ; and it is an eminent advantage incident to democracy, that, though the proclivity of mind has hitherto reconciled this species 545 of administration in some degree to the keeping of secrets, yet | its inherent tendency is to annihilate them. Why should disingenuity and concealment be more virtuous or more beneficial in nations than in individuals ? Why should that, which every man of an elevated mind would disdain in his personal character, be entitled to more lenity and toleration, if undertaken by him as a minister of state ? Who is there that sees not, that this inextricable labyrinth was artfully invented, lest the people should understand their own affairs, and, understanding, become inclined to conduct them ? With respect to treaties, it is to be suspected that they are in all instances superfluous. But, if public engagements ought to be entered into, what essential difference is there between the governments of two countries endeavouring to overreach each other, and the buyer and seller in any private transaction adopting a similar proceeding ? This whole system proceeds upon the idea of national grandeur and glory, as of in reality these words had any specific meaning. These contemptible objects, these airy names, have from the earliest page of history been made the ostensible colour for the most pernicious undertakings. Let us take a specimen of their value from the most innocent and laudable pursuits. If I aspire to be a great poet, a great historian, so far as I am influenced by the dictates of reason, it is that I may be useful to mankind, and not that I may do honour to my country. Is Newton the better because he was an Englishman, or Galileo the worse because he was an Italian ? Who can endure to put 546 this high | sounding nonsense in the balance against the best interests of mankind, which will always suffer a mortal wound, when dexterity, artifice and concealment are made topics of admiration and applause ? The understanding and the virtues of mankind will always keep pace with the manly simplicity of their designs and the undisguised integrity of their hearts. 2. its movements are too slow :
It has farther been objected to a democratical state in its transactions with foreign powers, «that it is incapable of those rapid and decisive proceedings, which in some
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situations have so eminent a tendency to ensure success.» If by this objection it be understood that a democratical state is ill fitted for dexterity and surprise, the rapidity of an assassin, it has already received a sufficient answer. If it be meant that the regularity of its proceedings may ill accord with the impatience of a neighbouring despot, and, like the Jews of old, we desire a king «that we may be like the other nations,» this is a very unreasonable requisition. A just and impartial reasoner will be little desirous to see his country figure high in the diplomatical roll, deeply involved in the intrigues of nations, and assiduously courted by foreign princes as the instrument of their purposes. A more groundless and absurd passion cannot seize upon any people than that of glory, the preferring their influence in the affairs of Europe to their internal happiness and virtue, for these objects will perpetually counteract and clash with each other. 547 But democracy is by no means necessarily of a phlegmatic character, or obliged to take every proposition that is made to it, ad referendum, for the consideration of certain primary assemblies, like the states of Holland. The first principle in the institution of government itself, is the necessity, under the present imperfections of mankind, of having some man or body of men to act on the part of the whole. Wherever government subsists, the authority of the individual must be in some degree superseded. It does not therefore seem unreasonable for a representative national assembly to exercise in certain cases a discretionary power. Those privileges, which are vested in individuals selected out of the mass by the voice of their fellows, and who will speedily return to a private station, are by no means liable to the same objections, as the exclusive and unaccommodating privileges of an aristocracy. Representation, together with many disadvantages, has this benefit, that it is able impartially and with discernment to call upon the most enlightened part of the nation to deliberate for the whole, and may thus generate a degree of wisdom, a refined penetration of sentiment, which it would have been unreasonable to expect as the result of primary assemblies. 3. too precipitate. A third objection more frequently offered against democratical government is, «that it is incapable of the mature and deliberate proceeding which is alone suitable to the 548 decision of such important concerns. Multitudes of men have appeared subject | to fits of occasional insanity : they act from the influence of rage, suspicion and despair : they are liable to be hurried into the most unjustifiable extremes by the artful practices of an impostor.» One of the most obvious answers to this objection is, that we must not judge of a sovereign people by the example of the rude multitude in despotic states. We must not judge of men born to the exercise of rational functions, by the example of men rendered mad with oppression, and drunk with the acquisition of new born power. Another answer is, that for all men to share the privileges of all is the law of our nature and the dictate of justice. The case in this instance is parallel to that of an individual in his private concerns. It is true that, while each man is master of his own affairs, he is liable to all the starts of passion. He is attacked by the allurements of temptation and the tempest of rage, and may be guilty of the most fatal errors, before reflection and judgment come forward to his aid. But this is no
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sufficient reason for depriving men of the direction of their own concerns. We should endeavour to make them wise, and not to make them slaves. The depriving men of their self-government is in the first place unjust, while in the second this self-government, imperfect as it is, will be found more salutary than any thing that can be substituted in its place. Evils of anarchy considered. The nature of anarchy has never been sufficiently understood. It is undoubtedly a horrible calamity, but it is less horrible than despotism. Where anarchy has slain its 549 hundreds, despotism has | sacrificed millions upon millions, with this only effect, to perpetuate the ignorance, the vices and the misery of mankind. Anarchy is a short lived mischief, while despotism is all but immortal. It is unquestionably a dreadful remedy, for the people to yield to all their furious passions, till the spectacle of their effects gives strength to recovering reason : but, though it be a dreadful remedy, it is a sure one. No idea can be supposed , more pregnant with absurdity, than that of a whole people taking arms against each other till they are all exterminated. It is to despotism that anarchy is indebted for its sting. If despotism were not ever watchful for its prey, and mercilessly prepared to take advantage of the errors of mankind, this ferment, like so many others, being left to itself, would subside into an even, clear and delightful calm. Reason is at all times progressive. Nothing can give permanence to error, that does not convert it into an establishment, and arm it with powers to resist an invasion.
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Chap. XXI. Of the Composition of Government.
Houses of assembly. - This institution unjust. - Deliberate proceeding the proper antidote. - Separation of legislative and executive power considered. - Superior importance of the latter. - Functions of ministers. Houses of assembly.
One of the articles which has been most eagerly insisted on by the advocates of complexity in political institutions, is that of «checks, by which a rash proceeding may be prevented, and the provisions, under which mankind have hitherto lived with tranquillity, may not be reversed without mature deliberation.» We will suppose that the evils of monarchy and aristocracy are by this time too notorious to incline the speculative enquirer to seek for a remedy in either of theses. «Yet it is possible, without the institution of privileged orders, to find means that may answer a similar purpose in this respect. The representatives of the people may be distributed for example into two assemblies ; they may be chosen with this particular view to constitute an upper and a lover house, and may be distinguished from each other, 551 either by various qualifications of age or fortune, or by | being chosen by a greater or smaller number of electors, or for a shorter or longer term.» This institution unjust.
To every inconvenience that experience can produce or imagination suggest there is probably an appropriate remedy. This remedy may either be sought in the dictates of reason or in artificial combinations encroaching upon those dictates. Which are we to prefer ? There is no doubt that the institution of two houses of assembly is contrary to the primary dictates of reason and justice. How shall a nation be governed ? Agreeably to the opinions of its inhabitants, or in opposition to them ? Agreeably to them undoubtedly. Not, as we cannot too often repeat, because their opinion is a standard of truth, but because, however erroneous that opinion may be, we can do no better. There is no effectual way of improving the institutions of any people, but by enlightening their understandings. He that endeavours to maintain the authority of any sentiment, not by argument, but by force, may intend a benefit, but really inflicts an extreme injury. To suppose that truth can be instilled through any medium but that of its intrinsic evidence, is the most flagrant of all errors. He that believe the most fundamental proposition through the influence of authority, does not believe a truth, but a falshood. The proposition itself he does not understand, for thoroughly to understand it, is to perceive the degree of evidence with which it is accompanied ; thoroughly to understand ; it is to know the full meaning of its terms, 552 and, by necessary consequence, to per|ceive in what respects they agree or disagree with each other. All that he believes is, that it is very proper he should submit to usurpation and injustice.
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An Enquiry Concerning Political Justice
It was imputed to the late government of France, that, when they called an assembly of notables in 1787, they contrived, by dividing the assembly into seven distinct corps, and not allowing them to vote otherwise than in these corps, that the vote of fifty persons should be capable of operating as if they were a majority in an assembly of one hundred and forty-four. It would have been still worse, if it had been ordained that no measure should be considered as the measure, of the assembly, unless it were adopted by the unanimous voice of all the corps : eleven persons might then, in voting a negative, have operated as a majority of one hundred and forty-four. This may serve as a specimen of the effects of distributing a representative national assembly into two or more houses. Nor should we suffer ourselves to be deceived under the pretence of the innocence of a negative in comparison with an affirmative. In a country in which universal truth was already established, there would be little need of a representative assembly. In a country into whose institutions error has insinuated itself, a negative upon the repeal of those errors is the real affirmative. The institution of two houses of assembly is the direct method to divide a nation 553 against itself. One of these houses will in a | greater or less degree be the asylum of usurpation, monopoly and privilege. Parties would expire as soon as they were born, in a country where opposition of sentiments and a struggle of interests were not allowed to assume the formalities of distinct institution. Deliberate proceeding the proper antidote. Meanwhile a species of check perfectly simple, and which appears sufficiently adequate to the purpose, suggests itself in the idea of a slow and deliberate proceeding which the representative assembly should prescribe to itself. Perhaps no proceeding of this assembly should have the force of a general regulation till it had undergone five or six successive discussions in the assembly, or till the expiration of one month from the period of its being proposed. Something like this is the order of the English house of commons, nor does it appear to be by any means among the worst features of our constitution. A system like this would be sufficiently analogous to the proceedings of a wise individual, who certainly would not wish to determine upon the most important concerns of his life without a severe examination, and still less would omit this examination, if his decision were destined to be a rule for the conduct and a criterion to determine upon the rectitude of other men. Perhaps, as we have said, this slow and gradual proceeding ought in no instance to be dispensed with by the national representative assembly. This seems to be the 554 true line between the | functions of the assembly and its ministers. It would give a character of gravity and good sense to this central authority, that would tend eminently to fix the confidence of the citizens in its wisdom and justice. The mere votes of the assembly, as distinguished from its acts and decrees, might serve as an encouragement to the public functionaries, and as affording a certain degree of hope respecting the speedy cure of those evils of which the public might complain ; but they should never be allowed to be pleaded as the legal justification of any action. A precaution like this would not only tend to prevent the fatal consequences of any precipitate judgment of the assembly within itself, but of tumult and disorder from
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without. An artful demagogue would find it much more easy to work up the people into a fit of momentary insanity, than to retain them in it for a month in opposition to the efforts of their real friends to undeceive them. Meanwhile the consent of the assembly to take their demand into consideration might reasonably be expected to moderate their violence. Separation of legislative and executive power considered. Scarcely any plausible argument can be adduced in favour of what has been denominated by political writers a division of powers. Nothing can seem less reasonable, than to prescribe any positive limits to the topics of deliberation in an assembly adequately representing the people ; or peremptorily to forbid them the exercise of functions, the depositaries of which are placed under their inspection and censure. 555 Perhaps upon any emergence, totally unforeseen at the time of their election, and uncommonly important, they would prove their wisdom by calling upon the people to elect a new assembly with a direct view to that emergence. But the emergence, as we shall have occasion more fully to observe in the sequel, cannot which any propriety be prejudged, and a rule laid down for their conduct by a body prior to or distinct from themselves. The distinction of legislative and executive powers, however intelligible in theory, will by no means authorise their separation in practice. Superior importance of the latter. Legislation, that is, the authoritative enunciation of abstract or general propositions, is a function of equivocal nature, and will never be exercised in a pure state of society, or a state approaching to purity, but with great caution and unwillingness. It is the most absolute of the functions of government, and government itself is a remedy that inevitably brings its own evils along with it. Administration on the other hand is a principle of perpetual application. So long as men shall see reason to act in a corporate capacity, they will always have occasions of temporary emergency for which to provide. In proportion as they advance in social improvement, executive power will, comparatively speaking, become every thing, and legislative nothing. Even at present, can there be any articles of greater importance than those of peace and war, taxation, and the selection of proper periods for the meeting of deliberative assemblies, which, as was observed in the commencement of the present book, are 556 articles of temporary regulation"? Is it decent, can it be just, that these prerogatives should be exercised by any power less than the supreme, or be decided by any authority but that which most adequately represents the voice of the nation ? This principle ought beyond question to be extended universally. There can be no just reason for excluding the national representative from the exercise of any function, the exercise of which on the part of the society is at all necessary. Functions of ministers. The functions therefore of ministers and magistrates commonly so called, do not related to any particular topic, respecting which they have a right exclusive of the representative assembly. They do not relate to any supposed necessity for secrecy ; °
Chap. I p. 381.
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for secrets are always pernicious, and, most of all, secrets relating to the interests of any society, which are to be concealed from the members of that society. It is the duty of the assembly to desire information without reserve for themselves and the public upon every subject of general importance, and it is the duty of ministers and others to communicate such information, though it should not be expressly desired. 5 The utility therefore of ministerial functions being less than nothing in these respects, there are only two classes of utility that remain to them ; particular functions, such as those of financial detail or minute superintendence, which cannot be exer557 cised unless by one or at most by a small number of persons"; | and measures, proportioned to the demand of those necessities which will not admit of delay, and 10 subject to the revision and censure of the deliberative assembly. The latter of these classes will perpetually diminish as men advance in improvement; nor can any thing be of greater importance than the reduction of that discretionary power in an individual, which may greatly affect the interests or fetter the deliberations of the many. 15
"
Ibid.
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Chap. XXII. Of the Future History of Political Societies.
Quantity of administration necessary to be maintained. - Objects of administration : national glory - rivalship of nations. - Inferences : 1. complication of government unnecessary - 2. extensive territory superfluous - 3. constraint, its limitations. - Project of government : police - defence. Quantity of administration necessary to be maintained. We have now endeavoured to deduce certain general principles upon most of the subjects of legislative and executive power. But there is one very important topic which remains to be discussed. How much of either of these powers does the benefit of society require us to maintain ? Objects of administration : national glory :
We have already seen that the only legitimate object of political institution is the advantage of individuals. All that cannot be brought home to them, national wealth, prosperity and glory, can be advantageous only to those self interested impostors, 559 who, from the earliest accounts of time, have confounded the understandings of mankind the more securely to sink them in debasement and misery. rivalship of nations.
The desire to gain a more extensive territory, to conquer or to hold in awe our neighbouring states, to surpass them in arts or arms, is a desire founded in prejudice and error. Power is not happiness. Security and peace are more to be desired than a name at which nations tremble. Mankind are brethren. We associate in a particular district or under a particular climate, because association is necessary to our internal tranquillity, or to defend us against the wanton attacks of a common enemy. But the rivalship of nations is a creature of the imagination. If riches be our object, riches can only be created by commerce ; and the greater is our neighbour's capacity to buy, the greater will be our opportunity to sell. The prosperity of all is the interest of all. The more accurately we understand our own advantage, the less shall we be disposed to disturb the peace of our neighbour. The same principle is applicable to him in return. It becomes us therefore to desire that he may be wise. But wisdom is the growth of equality and independence, not of injury and oppression. If oppression had been the school of wisdom, the improvement of mankind would have been inestimable, for they have been in that school for many thousand years. We ought 560 therefore to desire that our neighbour should be independent. We | ought to desire that he should be free ; for wars do not originate in the unbiassed propensities of nations, but in the cabals of government and the propensities that governments
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inspire into the people at large. If our neighbour invade our territory, all we should desire is to repel him from i t ; and for that purpose it is necessary we should surpass him in prowess, since upon our own ground his match is unequal. Not to say that to conceive a nation attacked by another, so long as its own conduct is sober, equitable and moderate, is an exceedingly improbable supposition. Where nations are not brought into avowed hostility, all jealousy between them is an unintelligible chimera. I reside upon a certain spot, because that residence is most conducive to my happiness or usefulness. I am interested in the political justice and virtue of my species, because they are men, that is, creatures eminently capable of justice and virtue ; and I have perhaps additional reason to interest myself for those who live under the same government as myself, because I am better qualified to understand their claims, and more capable of exerting myself in their behalf. But I can certainly have no interest in the infliction of pain upon others, unless so far as they are expressly engaged in acts of injustice. The object of sound policy and morality is to draw men nearer to each other, not to separate them; to unite their interests, not to oppose them. 561
Inferences : 1. complication of government unnecessary : Individuals cannot have too frequent or unlimited intercourse with each other ; but societies of men have no interests to explain and adjust, except so far as error and violence may render explanation necessary. This consideration annihilates at once the principal objects of that mysterious and crooked policy which has hitherto occupied the attention of governments. Before this principle officers of the army and the navy, ambassadors and negociators, and all the train of artifices that has been invented to hold other nations at bay, to penetrate their secrets, to traverse their machinations, to form alliances and counter alliances, sink into nothing. The expence of government is annihilated, and together with its expence the means of subduing and undermining the determination of its subjects. 2. extensive territory superfluous. Another of the great opprobriums of political science is at the same time completely removed, that extent of territory subjects to one head, respecting which philosophers and moralists have alternately disputed whether it be most unfit for a monarchy or for a democratical government. The appearance which mankind in a future state of improvement may be expected to assume, is a policy that in different countries will wear a similar form, because we have all the same faculties and the same wants ; but a policy the independent branches of which will extend their authority over a small territory, because neighbours are best informed of each other's concerns, and are
562 perfectly equal to their adjustment. No recommendation can be | imagined of an extensive rather than a limited territory, except that of external security. Whatever evils are included in the abstract idea of government, are all of them extremely aggravated by the extensiveness of its jurisdiction, and softened under circumstances of an opposite species. Ambition, which may be no less formidable than a pestilence in the former, has no room to unfold itself in the latter. Popular commotion is like the waves of the sea, capable where the surface is large of producing the most tragical effects, but mild and innocuous when confined within
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the circuit of an humble lake. Sobriety and equity are the obvious characteristics of a limited circle. It may indeed be objected, «that great talents are the offspring of great passions, and that in the quiet mediocrity of a petty republic the powers of intellect may be expected to subside into inactivity.» This objection, if true, would be entitled to the most serious consideration. But it is to be considered that, upon the hypothesis here advanced, the whole human species would constitute in one sense one great republic, and the prospects of him who desired to act beneficially upon a great surface of mind, would become more animating than ever. During the period in which this state was growing but not yet complete, the comparison of the blessings we enjoyed 563 with the iniquities practising | among our neighbours would afford an additional stimulus to exertion". 3. constraint, its limitations. Ambition and tumult are evils that arise out of government in an indirect manner, in consequence of the habits which government introduces of material action extending itself over multitudes of men. There are other evils inseparable from its existence. The objects of government are the suppression of violence, either external or internal, which might otherwise destroy or bring into jeopardy the well being of the community or its members ; and the means it employs is violence of a more regulated kind. For this purpose the concentration of individual forces becomes necessary, and the method in which this concentration is usually obtained, is also constraint. The evils of constraint have been considered on a former occasion b . Constraint employed against delinquents or persons to whom delinquency is imputed, is by no means without its mischiefs. Constraint employed by the majority of a society against the minority who may differ from them upon some question of public good, is calculated at first at least to excite a still greater disapprobation. Both of these exertions may indeed appear to rest upon the same principle. Vice 564 is unquestionably no more than error of | judgement, and nothing can justify an attempt to correct it by force but the extreme necessity of the casec. The minority, if erroneous, fall under precisely the same general description, though their error may not be of equal magnitude. But the necessity of the case can seldom be equally impressive. If the idea of secession for example were somewhat more familiarised to the conceptions of mankind, it could seldom happen that the secession of the minority could in any degree compare in mischievous tendency with the hostility of a criminal offending against the most obvious principles of social justice. The cases are parallel to those of offensive and defensive war. In putting constraint upon a minority, we yield to a suspicious temper that tells us the opposing party may hereafter in some way injure us, and we will anticipate his injury. In putting constraint upon a criminal, we seem to repel an enemy who has entered our territory and refuses to quit it.
" b c
This objection will be copiously discussed in the eighth book of the present work. Book II, Chap. VI. Book II, Chap. VI. Book IV, Chap. VII.
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Project of government: police: Government can have no more than two legitimate purposes, the suppression of injustice against individuals within the community, and the common defence against external invasion. The first of these purposes, which alone can have an uninterrupted claim upon us, is sufficiently answered by an association of such an extent as to afford room for the institution of a jury, to decide upon the offences of individuals within the community, and upon the questions and controversies respecting property 565 which may | chance to arise. It might be easy indeed for an offender to escape from the limits of so petty a jurisdiction; and it might seem necessary at first that the neighbouring parishes or jurisdictions should be governed in a similar manner, or at least should be willing, whatever was their form of government, to co-operate with us in the removal or reformation of an offender, whose present habits were alike injurious to us and to them. But there will be no need of any express compact, and still less of any common centre of authority, for this purpose. General justice and mutual interest are found more capable of binding men than signatures and seals. In the mean time all necessity for causing the punishment of the crime to pursue the criminal, would soon at least cease, if it ever existed. The motives to offence would become rare : its aggravations few : and rigour superfluous. The principal object of punishment is restraint upon a dangerous member of the community ; and the end of this restraint would be answered, by the general inspection that is exercised by the members of a limited circle over the conduct of each other, and by the gravity and good sense that would characterise the censures of men, from whom all mystery and empiricism were banished. No individual would be hardy enough in the cause of vice, to defy the general consent of sober judgment that would surround him. It would carry despair to his mind, or, which is better, it would carry conviction. He would be obliged, by a force not less irresistible than whips and chains, to reform his conduct. 566
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defence. In this sketch is contained the rude outline of political government. Controversies 30 between parish and parish would be in an eminent degree unreasonable, since, if any question arose, about limits for example, justice would presently teach us that the individual who cultivates any portion of land, is the properest person to decide to which district he would belong. No association of men, so long as they adhered to the principles of reason, could possibly have any interest in extending their territory. 35 If we would produce attachment in our associates, we can adopt no surer method than that of practising the dictates of equity and moderation ; and, if this failed in any instance, it could only fail with him who, to whatever society he belonged, would prove an unworthy member. The duty of any society to punish offenders is not dependent upon the hypothetical consent of the offender to be punished, but 40 upon the duty of necessary defence. But however irrational might be the controversy of parish with parish in such a state of society, it would not be the less possible. For such extraordinary emergencies therefore provision ought to be made. These emergencies are similar in their
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nature to those of foreign invasion. They can only be provided against by the concert of several districts, declaring and, if needful, inferring the dictates of justice. 567 One of the most obvious remarks that suggests itself upon | these two cases, of hostility between district and district, and of foreign invasion which the interest of all calls upon them jointly to repel, is, that it is their nature to be only of occasional s recurrence, and that therefore the provisions to be made respecting them need not be in the strictest sense of perpetual operation. In other words, the permanence of a national assembly, as it has hitherto been practised in France, cannot be necessary in a period of tranquillity, and may perhaps be pernicious. That we may form a more accurate judgment of this, let us recollect some of the principal features that enter 10 into the constitution of a national assembly.
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Chap. XXIII. Of National Assemblies.
They produce a fictitious unanimity - an unnatural uniformity of opinions. - Causes of this uniformity. - Consequences of the mode of decision by vote - 1. perversion of reason - 2. contentious disputes - 3. the triumph of ignorance and vice. - Society incapable of acting from itself - of being well conducted by others. - Conclusion. - Modification of democracy that results from these considerations. They produce a fictitious unanimity :
In the first place the existence of a national assembly introduces the evils of a fictitious unanimity. The public, guided by such an assembly, acts with concert, or else the assembly is a nugatory excrescence. But it is impossible that this unanimity can really exist. The individuals who constitute a nation, cannot take into consideration a variety of important questions, without forming different sentiments respecting them. In reality all matters that are brought before such an assembly are decided by a majority of votes, and the minority, after having exposed with all the 569 power of eloquence and force of reasoning of which they are | capable the injustice and folly of the measures adopted, are obliged in a certain sense to assist in carrying them into execution. Nothing can more directly contribute to the depravation of the human understanding and character. It inevitably renders mankind timid, dissembling and corrupt. He that is not accustomed exclusively to act upon the dictates of his own understanding, must fall infinitely short of that energy and simplicity of which our nature is capable. He that contributes his personal exertions or his property to the support of a cause which he believes to be unjust, will quickly lose that accurate discrimination and nice sensibility of moral rectitude which are the principal ornaments of reason. an unnatural uniformity of opinions.
Secondly, the existence of national councils produces a certain species of real unanimity, unnatural in its character, and pernicious in its effects. The genuine and wholsome state of mind is, to be unloosed from shackles, and to expand every fibre of its frame according to the independent and individual impressions of truth upon that mind. How great would be the progress of intellectual improvement, if men were unfettered by the prejudices of education, unseduced by the influence of a corrupt state of society, and accustomed to yield without fear to the guidance of truth, however unexplored might be the regions and unexpected the conclusions to which she conducted us ? We cannot advance in the voyage of happiness, unless we be wholly at large upon the stream that would carry us thither : the anchor, that we a 570 first looked upon as the instrument of our safety, will | at last appear to be the means of detaining our progress. Unanimity of a certain species will be the result of perfect
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freedom of enquiry, and this unanimity would, in a state of perfect freedom, become hourly more conspicuous. But the unanimity, that results from men's having a visible standard by which to adjust their sentiments, is deceitful and pernicious. Causes of this uniformity. In numerous assemblies a thousand motives influence our judgments, independently of reason and evidence. Every man looks forward to the effects which the opinions he avows will produce on his success. Every man connects himself with some sect or party. The activity of his thought is shackled at every turn by the fear that his associates may disclaim him. This effect is strikingly visible in the present state of the British parliament, where men, whose faculties are comprehensive almost beyond all former example, are induced by these motives sincerely to espouse the most contemptible and clearly exploded errors. Consequences of the mode of decision by vote : 1. perversion of reason :
Thirdly, the debates of a national assembly are distorted from their reasonable tenour by the necessity of their being uniformly terminated by a vote. Debate and discussion are in their own nature highly conducive to intellectual improvement; but they lose this salutary character the moment they are subjected to this unfortunate condition. What can be more unreasonable, than to demand, that argument, the usual quality of which is gradually and imperceptibly to enlighten the mind, should de571 clare its | effect in the close of a single conversation ? No sooner does this circumstance occur than the whole scene changes its character. The orator no longer enquires after permanent conviction, but transitory effect. He seeks rather to take advantage of our prejudices than to enlighten our judgment. That which might otherwise have been a scene of philosophic and moral enquiry, is changed into wrangling, tumult and precipitation. 2. contentious disputes :
Another circumstance that arises out of the decision by vote, is the necessity of constructing a form of words that shall best meet the sentiments and be adapted to the preconceived ideas of a multitude of men. What can be conceived of at once more ludicrous and disgraceful, than the spectacle of a set of rational beings employed for hours together in weighing particles and adjusting commas ? Such is the scene that is perpetually witnessed in clubs and private societies. In parliaments this sort of business is usually adjusted before the measure becomes a subject of public inspection. But it does not the less exist; and sometimes it occurs in the other mode, so that, when numerous amendments have been made to suit the corrupt interest of imperious pretenders, the Herculean talk remains at last to reduce the chaos into a grammatical and intelligible form. 3. the triumph of ignorance and vice.
The whole is then wound up with that intolerable insult upon all reason and justice, the deciding upon truth by the casting up of numbers. Thus every thing that we have 572 been accustomed | to esteem most sacred, is determined, at best by the weakest heads in the assembly, but, as it not less frequently happens, by the most corrupt and dishonourable intentions.
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Society incapable of acting from itself: In the last place, national assemblies will by no means be thought to deserve our direct approbation, if we recollect for a moment the absurdity of that fiction by which society is considered, as it has been termed, as a moral individual. It is in vain that we endeavour to counteract the immutable laws of necessity. A multitude of men after all our ingenuity will still remain no more than a multitude of men. Nothing can intellectually unite them short of equal capacity and identical perception. So long as the varieties of mind shall remain, the force of society can no otherwise be concentrated, than by one man for a shorter or a longer term taking the lead of the rest, and employing their force, whether material or dependent on the weight of their character, in a mechanical manner, just as he would employ the force of a tool or a machine. All government corresponds in a certain degree to what the Greeks denominated a tyranny. The difference is, that in despotic countries mind is depressed by an uniform usurpation ; while in republics it preserves a greater portion of its activity, and the usurpation more easily conforms itself to the fluctuations of opinion. of being well conducted by others.
The pretence of collective wisdom is the most palpable of all impostures. The acts of 573 the society can never rise above the | suggestions of this or that individual who is a member of it. Let us enquire whether society, considered as an agent, can really become the equal of certain individuals of whom it is composed. And here, without staying to examine what ground we have to expect that the wisest member of the society will actually take the lead in it, we find two obvious reasons to persuade us that, whatever be the degree of wisdom inherent in him that really superintends, the acts which he performs in the name of the society will be both less virtuous and less able, than under other circumstances they might be expected to be. In the first place, there are few men who, with the consciousness of being able to cover their responsibility under the name of a society, will not venture upon measures, less direct in their motives, or less justifiable in the experiment, than they would have chosen to adopt in their own persons. Secondly, men who act under the name of a society, are deprived of that activity and energy which may belong to them in their individual character. They have a multitude of followers to draw after them, whose humours they must consult, and to whose slowness of apprehension they must accommodate themselves. It is for this reason that we frequently see men of the most elevated genius dwindle into vulgar leaders, when they become involved in the busy scenes of public life. Conclusion.
From these reasonings we are sufficiently authorised to conclude, that national assemblies, or in other words assemblies instituted for the joint purpose of adjusting 574 the differences | between district and district, and of consulting respecting the best mode of repelling foreign invasion, however necessary to be had recourse to upon certain occasions, ought to be employed as sparingly as the nature of the case will admit. They should either never be elected but upon extraordinary emergencies, like the dictator of the ancient Romans, or else sit periodically, one day for example in a
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year, with a power of continuing their sessions within a certain limit; to hear the complaints and representations of their constituents. The former of these modes is greatly to be preferred. Several of the reasons already adduced are calculated to show, that election itself is of a nature not to be employed but when the occasion demands it. There would be no difficulty in suggesting expedients relative to the regular originating of national assemblies. It would be most suitable to past habits and experience, that a general election should take place whenever a certain number of districts demanded it. It would be most agreeable to rigid simplicity and equity that an assembly of two or two hundred districts should take place, in exact proportion to the number of districts by whom that measure was desired. Modification of democracy that results from these considerations. It cannot reasonably be denied that all the objections which have been most loudly reiterated against democracy, become null in an application to the form of government which has now been delineated. Here is no opening for tumult, for the tyranny of a multitude drunk with unlimited power, for political ambition | on the part of the few, or restless jealousy and precaution on the part of the many. Here no demagogue would find a suitable occasion for rendering the multitude the blind instrument of his purposes. Men in such a state of society would understand their happiness and cherish it. The true reason why the mass of mankind has so often been made the dupe of knaves, has been the mysterious and complicated nature of the social system. Once annihilate the quackery of government, and the most homebred understanding will be prepared to scorn the shallow artifices of the state juggler that would mislead him.
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Chap. XXIV. Of the Dissolution of Government.
Political authority of a national assembly - of juries. - Consequence from the whole. Political authority of a national assembly : It remains for us to consider what is the degree of authority necessary to be vested in such a modified species of national assembly as we have admitted into our system. Are they to issue their commands to the different members of the confederacy ? Or is it sufficient that they should invite them to co-operate for the common advantage, and by arguments and addresses convince them of the reasonableness of the measures they propose ? The former of these would at first be necessary. The latter would afterwards become sufficient. The Amphictyonic council of Greece possessed no authority but that which derived from its personal character. In proportion as the spirit of party was extirpated, as the restlessness of public commotion subsided, and as the political machine became simple, the voice of reason would be secure to be heard. An appeal by the assembly to the several districts would not fail to obtain the approbation of all reasonable men, unless it contained in it something so evidently 577 questionable, as to make it perhaps desirable that it should prove abortive. of juries.
This remark leads us one step farther. Why should not the same distinction between commands and invitations, which we have just made in the case of national assemblies, be applied to the particular assemblies or juries of the several districts ? At first we will suppose, that some degree of authority and violence would be necessary. But this necessity does not arise out of the nature of man, but out of the institutions by which he has already been corrupted. Man is not originally vicious. He would not refuse to listen, or to be convinced by the expostulations that are addressed to him, had he not been accustomed to regard them as hypocritical, and to conceive that, while his neighbour, his parent and his political governor pretended to be actuated by a pure regard to his interest, they were in reality, at the expence of his, promoting their own. Such are the fatal effects of mysteriousness and complexity. Simplify the social system in the manner which every motive but those of usurpation and ambition powerfully recommends ; render the plain dictates of justice level to every capacity ; remove the necessity of implicit faith ; and the whole species will become reasonable and virtuous. It will then be sufficient for juries to recommend a certain mode of adjusting controversies, without assuming the pre578 rogative of dictating that adjustment. It will then be sufficient for them to in|vite offenders to forsake their errors. If their expostulations proved in a few instances ineffectual, the evils arising out of this circumstance would be of less importance, than those which proceed from the perpetual violation of the exercise of private
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judgment. But in reality no evils would arise, for, where the empire of reason was so universally acknowledged, the offender would either readily yield to the expostulations of authority ; or, if he resisted, though suffering no personal molestation, he would feel so uneasy under the unequivocal disapprobation and observant eye of public judgment, as willingly to remove to a society more congenial to his errors. Consequence from the whole. The reader has probably anticipated me in the ultimate conclusion, from these remarks. If juries might at length cease to decide and be contented to invite, if force might gradually be withdrawn and reason trusted alone, shall we not one day find that juries themselves and every other species of public institution, may be laid aside as unnecessary ? Will not the reasonings of one wise man be as effectual as those of twelve ? Will not the competence of one individual to instruct his neighbours be a matter of sufficient notoriety, without the formality of an election ? Will there be many vices to correct and much obstinacy to conquer ? This is one of the most memorable stages of human improvement. With what delight must every well informed friend of mankind look forward to the auspicious period, the dissolution of political government, of that brute engine, which has been the only perennial cause of the vices of mankind, and which, as has abundantly appeared in the progress of the present work, has mischiefs of various sorts incorporated with its substance, and no otherwise to be removed than by its utter annihilation !
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Book VI. Of Opinion Considered as a Subject of Political Institution.
Chap. I. General Effects of the Political Superintendence of Opinion.
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Arguments in favour of this superintendence. - Answer. - The exertions of society in its corporate capacity are, 1. unwise - 2. incapable of proper effect. - Of sumptuary laws, agrarian laws and rewards. - Political degeneracy not incurable. - 3. Superfluous - in commerce - in speculative enquiry - in morality. - 4. Pernicious as undermining intellectual capacity as suspending intellectual improvement - contrary | to the nature of morality - to the nature of mind. - Conclusion. Arguments in favour of this superintendence. A principle, which has entered deeply into the systems of the writers on political law, is that of the duty of governments to watch over the manners of the people. «Government,» say they, «plays the part of an unnatural step-mother, not of an affectionate parent, when she is contented by rigorous punishments to avenge the commission of a crime, while she is wholly inattentive beforehand to imbue the mind with those virtuous principles, which might have rendered punishment unnecessary. It is the business of a sage and patriotic magistracy to have its attention ever alive to the sentiments of the people, to encourage such as are favourable to virtue, and to check in the bud such as may lead to disorder and corruption. How long shall government be employed to display its terrors, without ever having recourse to the gentleness of invitation ? How long shall the deal in retrospect and censure to the utter neglect of prevention and remedy ?» These reasonings have in some respects gained additional strength by means of the latest improvements and clearest views upon the subject of political truth. It has been rendered more evident than in any former period, that government, instead of being an object of secondary consideration, has been the principal vehicle of extensive and permanent evil to mankind. It was natural therefore to say, «since government can produce so much positive mischief, surely it can do some positive good.»
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Answer. But these views, however specious and agreeable they may in the first instance appear, are liable to very serious question. If we would not be seduced by visionary 35 good, we ought here more than ever, to recollect the principles that have repeatedly been insisted upon and illustrated in this work, «that government is in all cases and evil,» and «that it ought to be introduced as sparingly as possible.» Nothing can be
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An Enquiry Concerning Political Justice
more unquestionable than that the manners and opinions of mankind are of the utmost consequence to the general welfare. But it does not follow that government is the instrument by which they are to be fashioned. The exertions of society in its corporate capacity are, 1. unwise:
One of the reasons that may lead us to doubt of its fitness for this purpose, is to be drawn from the view we have already taken of society considered as an agent 0 . A multitude of men may be feigned to be an individual, but they cannot become a real individual. The acts which go under the name of the society, are really the acts now of one single person and now of another. The men who by turns usurp the name of the whole, perpetually act under the pressure of incumbrances that deprive them of their true energy. They are fettered by the prejudices, the humours, the weakness and the vice of those with whom they a c t ; and, after a thousand sacrifices to these contemptible interests, their project comes out at last distorted in every joint, ab584 ortive and monstrous. Society therefore in its corporate capacity can by no | means be busy and intrusive with impunity, since its acts must be expected to be deficient in wisdom. 2. incapable of proper effect.
Secondly, they will not be less deficient in efficacy than they are in wisdom. The object at which we are supposing them to aim, is to improve the opinions, and through them the manners of mankind ; for manners are nothing else but opinions carried out into action : such as is the fountain, such will be the streams that are supplied from it. But what is it upon which opinion must be founded ? Surely upon evidence, upon the perceptions of the understanding. Has society then any particular advantage in its corporate capacity for illuminating the understanding ? Can it convey into its addresses and expostulations a compound or sublimate of the wisdom of all its members, superior in quality to the individual wisdom of any ? If so, why have not societies of men written treatises of morality, of the philosophy of nature, or the philosophy of mind ? Why have all the great steps of human improvement been the work of individuals ? If then society considered as an agent have no particular advantage for enlightening the understanding, the real difference between the dicta of society and the dicta of individuals must be looked for in the article of authority. But is authority a proper instrument for influencing the opinions and manners of men ? If laws were a sufficient means for the reformation of error and vice, it is not to be believed but that 585 the world long ere this | would have become the seat of every virtue. Nothing can be more easy than to command men to be just and good, to love their neighbours, to practise universal sincerity, to be content with a little, and to resist the enticements of avarice and ambition. But, when you have done, will the characters of men be altered by your precepts ? These commands have been issued for thousands of years ; and, if it had been decreed that every man should be hanged that violated them, it is vehemently to be suspected that this would not have secured their influence. "
Book V, Chap. XXIII, p. 572.
Book VI, Chapter I
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Of sumptuary laws, agrarian laws and rewards.
But it will be answered, «that laws need not deal thus in generals, but may descend to particular provisions calculated to secure their success. We may institute sumptuary laws, limiting the expence of our citizens in dress and food. We may institute agrarian laws, forbidding any man to possess more than a certain revenue. We may proclaim prizes as the reward of acts of justice, benevolence and public virtue.» And, when we have done this, how far are we really advanced in our career ? If the people be previously inclined to moderation in expence, the laws are a superfluous parade. If they are not inclined, who shall execute them, or prevent their evasion ? It is the misfortune in these cases, that regulations cannot be executed but by individuals of that very people they are meant to restrain. If the nation at large be infested with vice, who shall secure us a succession of magistrates that are free from the contagion ? Even if we could surmount this difficulty, still it would be vain. Vice is 586 ever more | ingenious in evasion, than authority in detection. It is absurd to imagine that any law can be executed, that directly contradicts the propensities and spirit of the nation. If vigilance were able fully to countermine the subterfuges of art, the magistrates, who thus pertinaciously adhered to the practice of their duty, would not fail to be torn in pieces. What can be more contrary to the most rational principles of human intercourse than the inquisitorial spirit which such regulations imply ? Who shall enter into my house, scrutinise my expenditure and count the dishes upon my table ? Who shall detect the stratagems I employ to cover my real possession of an enormous income, while I seem to receive but a small one ? Not that there is really any thing unjust and unbecoming, as has been too often supposed, in my neighbour's animadverting with the utmost freedom upon my personal conduct. But that such regulations include a system of petty watchfulness and inspection ; not contenting themselves with animadversion whenever the occasion is presented, but making it the business of one man constantly to pry into the proceedings of another, the whole depending upon the uniformity with which this is done ; creating a perpetual struggle between the restless curiosity of the first, and the artful concealment of the second. By what motives will you make a man an informer ? If by public spirit and philanthropy inciting him to brave obloquy and resentment for the sake of duty, will sumptuary laws be very 587 necessary among a people thus far advanced in virtue ? If by sinister and indirect considerations, will not the vices you propagate be more dangerous than the vices you suppress ? Such must be the case in extensive governments : in governments of smaller dimensions opinion would be all sufficient; the inspection of every man over the conduct of his neighbours, when unstained with caprice, would constitute a censorship of the more irresistible nature. But the force of this censorship would depend upon its freedom, not following the positive dictates of law, but the spontaneous decisions of the understanding. Again, in the distribution of rewards who shall secure us against error, partiality and intrigue, converting that which was meant for the support of virtue into a new engine for her ruin ? Not to add, that prizes are a very feeble instrument for the
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generation of excellence, always inadequate to its reward where it really exists, always in danger of being bestowed on its semblance, continually misleading the understanding by foreign and degenerate motives of avarice and vanity. In truth, the whole system of such regulations is a perpetual struggle against the laws of nature and necessity. Mind will in all instances be swayed by its own views and propensities. No project can be more absurd, than that of reversing these pro588 pen|sities by the interposition of authority. He that should command a conflagration to cease or a tempest to be still, would not display more ignorance of the system of the universe, than he, who, with a code of regulations, whether general or minute, that he has framed in his closet, expects to restore a corrupt and luxurious people to temperance and virtue. Political degeneracy not incurable. The force of this argument respecting the inefficacy of regulations has often been felt, and the conclusions that are deduced from it have been in a high degree discouraging. «The character of nations,» it has been said, «is unalterable, or at least, when once debauched, can never be recovered to purity. Laws are an empty name, when the manners of the people are become corrupt. In vain shall the wisest legislator attempt the reformation of his country, when the torrent of profligacy and vice has once broken down the bounds of moderation. There is no longer any instrument left for the restoration of simplicity and frugality. It is useless to declaim against the evils that arise from inequality of riches and rank, where this inequality has already gained an establishment. A generous spirit will admire the exertions of a Cato and a Brutus ; but a calculating spirit will condemn them, as inflicting useless torture upon a patient whose disease is irremediable. It was from a view of this truth that the poets derived their fictions respecting the early history of mankind ; well aware that, when luxury was introduced and the springs of mind unbent, it would be a vain 589 expectation that should hope to recal | men from passion to reason, and from effeminacy to energy".» But this conclusion from the inefficacy of regulations is so far from being valid, that in reality. 3. superfluous :
A third objection to the positive interference of society in its corporate capacity for the propagation of truth and virtue is, that such interference is altogether unnecessary. Truth and virtue are competent to fight their own battles. They do not need to be nursed and patronised by the hand of power. in commerce:
The mistake which has been made in this case, is similar to the mistake which is now universally exploded upon the subject of commerce. It was long supposed that, if any nation desired to extend its trade, the thing most immediately necessary was for government to interfere, and institute protecting duties, bounties and monopolies. It is now well known that commerce never flourishes so much as when it is delivered from the guardianship of legislators and ministers, and is built upon the Book I, Chap. VIII.
Book VI, Chapter
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principle, not of forcing other people to buy our commodities dear when they might purchase them elsewhere cheaper and better, but of ourselves feeling the necessity of recommending them by their intrinsic advantages. Nothing can be at once so unreasonable and hopeless, as to attempt by positive regulations to disarm the unalterable laws of the universe. 5 590
in speculative enquiry :
The same truth which has been felt under the article of commerce, has also made a considerable progress as to the subjects of speculative enquiry. Formerly it was thought that the true religion was to be defended by acts of uniformity, and that one of the principal duties of the magistrate was to watch the progress of heresy. It was 10 truly judged that the connexion between error and vice is of the most intimate nature, and it was concluded that no means could be more effectual to prevent men from deviating into error, than to check their wanderings by the scourge of authority. Thus writers, whose political views in other respects have been uncommonly enlarged, have told us «that men ought indeed to be permitted to think as they please, but 15 not to propagate their pernicious opinions ; as they may be permitted to keep poisons in their closet, but not to offer them to sale under the denomination of cordials".» Or, if humanity have forbidden them to recommend the extirpation of a sect which has already got footing in a country, they have however earnestly advised the magistrate to give no quarter to any new extravagance that might be attempted to be 20 introduced''. - The reign of these two errors respecting commerce and theoretical speculation is nearly at an end, and it is reasonable to believe that the idea of teaching virtue through the instrumentality of government will not long survive them. 591
in morality :
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All that is to be asked on the part of government in behalf of morality and virtue is a clear stage upon which for them to exert their own energies, and perhaps some restraint for the present upon the violent disturbers of the peace of society, that the efforts of these principles may be allowed to go on uninterrupted to their natural conclusion. Who ever saw an instance in which error unaided by power was vie- 30 torious over truth ? Who is there so absurd as to believe, that with equal arms truth can be ultimately defeated ? Hitherto every instrument of menace or influence has been employed to counteract her. Has she made no progress ? - Has the mind of man the capacity to chuse falshood and reject truth, when her evidence is fairly presented ? When it has been once thus presented and has gained a few converts, 35 does she ever fail to go on perpetually increasing the number of her votaries ? Exclusively of the fatal interference of government, and the violent irruptions of barbarism threatening to sweep her from the face of the earth, has not this been in all instances the history of science ? Nor are these observations less true in their application to the manners and morals 40 of mankind. Do not men always act in the manner which they esteem best upon the " b
Gulliver's Travels, Part II, Chap. VI. Mably, de la Législation, Liv. IV, Chap. Ill : des Etats Unis d'Amérique, Lettre III.
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whole or most conducive to their interest ? Is it possible then that evidence of what is best or what is most beneficial can be thrown away upon them ? The real history of the changes of character they experience in this respect is this. Truth for a long 592 time spreads itself | unobserved. Those who are the first to embrace it are little aware of the extraordinary effects with which it is pregnant. But it goes on to be studied and illustrated. It perpetually increases in clearness and amplitude of evidence. The number of those by whom it is embraced is gradually enlarged. If it have relation to their practical interests, if it show them that they may be a thousand times more happy and free than at present, it is impossible that in its perpetual increase of evidence and energy, it should not at last break the bounds of speculation, and become an animating of action. What can be more absurd than the opinion, which has so long prevailed, «that justice and an equal distribution of the means of happiness may appear ever so clearly to be the only reasonable foundation of political society, without ever having any chance of being reduced into practice ? that oppression and misery are draughts of so intoxicating a nature, that, when once tasted, we can never afterwards refuse to partake of them ? that vice has so many advantages over virtue, that the reasonableness and wisdom of letter, however powerfully exhibited, can never obtain a hold upon our affection ?» While therefore we decry the efficacy of unassisted laws, we are far from throwing any discouragement by that means upon the prospect of social improvement. The true tendency of this view of the subject is to suggest indeed a different, but a 593 more consistent and promising method by which this improvement is | to be produced. The legitimate instrument of effecting political reformation is truth. Let truth be incessantly studied, illustrated and propagated, and the effect is inevitable. Let us not vainly endeavour by laws and regulations to anticipate the future dictates of the general mind, but calmly wait till the harvest of opinion is ripe. Let no new practice in politics be introduced, and no old one anxiously superseded, till called for by the public voice. The task, which for the present should wholly occupy the friend of man, is enquiry, instruction, discussion. The time may come when his task shall be of another sort. Error, being completely detected, may indeed sink into unnoticed oblivion, without one partisan to interrupt her fall. This would inevitably be the event, were it not for the restlessness and inconsiderate impetuosity of mankind. But the event may be otherwise. Political change, by advancing too rapidly to its crisis, may become attended with commotion and hazard ; and it will then be incumbent on him actively to assist in unfolding the catastrophe. The evils of anarchy have been shown to be much less than they are ordinarily supposed"; but, whatever be their amount, the friend of man will not, when they arise, timidly shrink from the post of danger. He will on the contrary by social emanations of wisdom endeavour to guide the understandings of the people at large to the perception of felicity. 594
4. pernicious: In the fourth place the interference of an organised society for the purpose of influencing opinions and manners, is not only useless, but pernicious. We have already "
Book V, Chap. XX, p. 548.
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found that such interference is in one view of the subject ineffectual. But here a distinction is to be made. Considered with a view to the introduction of any favourable changes in the state of society, it is altogether impotent. But, though it be inadequate to change, it is powerful to prolong. This property in political regulation is so far from being doubtful, that to it alone we are to ascribe all the calamities that government has inflicted on mankind. When regulation coincides with the habits and propensities of mankind at the time it is introduced, it will be found sufficiently capable of maintaining those habits and propensities in the greater part unaltered for centuries. In this view it is doubly pernicious. as undermining intellectual capacity : To understand this more accurately, let us apply it to the case of rewards, which has always been a favourite topic with the advocates of an improved legislation. How often have we been told, «that talents and virtues would spring up spontaneously in a country, one the objects of whose constitution should be to secure to them an adequate reward ?» Now to judge of the propriety of this aphorism we should begin with recollecting that the discerning of merit is an individual, and not a social capacity. What can be more reasonable than that each man for himself should 595 estimate the merits of his neighbour ? | To endeavour to institute a general judgment in the name of the whole, and to melt down the different opinions of mankind into one common opinion, appears at first sight so monstrous an attempt, that it is impossible to augur well of its consequences. Will this judgment be wise, reasonable or just ? Wherever each man is accustomed to decide for himself, and the appeal of merit is immediately to the opinion of its contemporaries, there, were it not for the false bias of some positive institution, we might expect a genuine ardour in him who aspired to excellence, creating and receiving impressions in the judgment of an impartial audience. We might expect the judgment of the auditors to ripen by perpetual exercise, and mind, ever curious and awake, continually to approach nearer to the standard of truth. What do we gain in compensation for this, by setting up authority as the general oracle, from which the active mind is to inform itself what sort of excellence it should seek to acquire, and the public at large what judgment they should pronounce upon the efforts of their contemporaries ? What should we think of an act of parliament appointing some particular individual president of the court of criticism, and judge in the last resort of the literary merit of dramatic compositions ? Is there any solid reason why we should expect better things, from authority usurping the examination of moral or political excellence ? Nothing can be more unreasonable than the attempt to retain men in one common 596 opinion by the dictate of authority. | The opinion thus obtruded upon the minds of the public is not their real opinion ; it is only a project by which they are rendered incapable of forming an opinion. Whenever government assumes to deliver us from the trouble of thinking for ourselves, the only consequences it produces are those of torpor and imbecility. Wherever truth stands in the mind unaccompanied by the evidence upon which it depends, it cannot properly be said to be apprehended at all. Mind is in this case robbed of its essential character and genuine employment, and along with them must be expected to lose all that which is capable of rendering its
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operations salutary and admirable. Either mankind will resist the assumptions of authority undertaking to superintend their opinions, and then these assumptions will produce no more than an ineffectual struggle; or they will submit, and then the effects will be injurious. He that in any degree consigns to another the task of dictating his opinions and his conduct, will cease to enquire for himself, or his enquiries will be languid and inanimate. Regulations will originally be instituted in favour either of falshood or truth. In the first case no rational enquirer will pretend to alledge any thing in their defence ; but, even should truth be their object, yet such is their nature, that they infallibly defeat the very purpose they were intended to serve. Truth, when originally presented to the mind, is powerful and invigorating ; but, when attempted to be perpetuated by political institution, becomes flaccid and lifeless. Truth in its unpatronised state 597 strengthens and | improves the understanding ; because in that state it is embraced only so far as it is perceived to be truth. But truth, when recommended by authority, is weakly and irresolutely embraced. The opinions I entertain are no longer properly my own ; I repeat them as a lesson appropriated by rote, but I do not strictly speaking understand them, and I am not able to assign the evidence upon which they rest. My mind is weakened, while it is pretended to be improved. Instead of the firmness of independence, I am taught to bow to authority I know not why. Persons thus trammelled, are not strictly speaking capable of a single virtue. The first duty of man is to take none of the principles of conduct upon trust, to do nothing without a clear and individual conviction that it is right to be done. He that resigns his understanding upon one particular topic, will not exercise it vigorously upon others. If he be right in any instance, it will be inadvertently and by chance. A consciousness of the degradation to which he is subjected will perpetually haunt him ; or at least he will want the consciousness that accrues from independent consideration, and will therefore equally want that intrepid perseverance, that calm self approbation that grows out of independence. Such beings are the mere dwarfs and mockery of men, their efforts comparatively pusillanimous, and the vigour with which they should execute their purposes, superficial and hollow. as suspending intellectual improvement:
Strangers to conviction, they will never be able to distinguish between prejudice and 598 reason. Nor is this the worst. Even | when the glimpses of enquiry suggest themselves, they will not dare to yield to the temptation. To what purpose enquire, when the law has told me what to believe and what must be the termination of my enquiries ? Even when opinion properly so called suggests itself, I am compelled, if it differ in any degree from the established system, to shut my eyes, and loudly profess my adherence where I doubt the most. This compulsion may exist in many different degrees. But, supposing it to amount to no more than a very slight temptation to be insincere, what judgment must we form of such a regulation either in a moral or intellectual view ? of a regulation, inviting men to the profession of certain opinions by the proffer of a reward, and deterring them from a severe examination of their justice by penalties and disabilities ? A system like this does not content itself with habitually unnerving the mind of the great mass of mankind through all its ranks, but
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provides for its own continuance by debauching or terrifying the few individuals, who, in the midst of the general emasculation, might retain their curiosity and love of enterprise. We may judge how pernicious it is in its operation in this respect by the long reign of papal usurpation in the dark ages, and the many attacks upon it that were suppressed, previously to the successful one of Luther. Even yet, how few are there that venture to examine into the foundation of Mahometanism and Christianity, or the effects of monarchy and aristocratical institution, in countries where those systems are established by law ? Supposing men were free from persecution for their 599 hostilities in this respect, yet the investigation could never be impartial, while so many allurements are held out, inviting men to a decision in one particular way. contrary to the nature of morality : To these considerations it should be added, that what is right under certain circumstances to-day, may by an alteration in those circumstances become wrong to-morrow. Right and wrong are the result of certain relations, and those relations are founded in the respective qualities of the beings to whom they belong. Change those qualities, and the relations become altogether different. The treatment that I am bound to bestow upon any one depends upon my capacity and his circumstances. Increase the first, or vary the second, and I am bound to a different treatment. I am bound at present to subject an individual to forcible restraint, because I am not wise enough by reason alone to change his vicious propensities. The moment I can render myself wise enough, I ought to confine myself to the latter mode. It is perhaps right to suffer the negroes in the West Indies to continue in slavery, till they can be gradually prepared for a state o liberty. Universally it is a fundamental principle in sound political science, that a nation is best fitted the amendment of its civil government by being made to understand and desire the advantage of that amendment, and the moment it is so understood and desired it ought to be introduced. But, if there be any truth in these views, nothing can be more adverse to reason or 600 inconsistent with the nature of man, than positive regulations tending to continue a certain mode of proceeding when its utility is gone. to the nature of mind.
If we would be still more completely aware of the pernicious tendency of positive institutions, we ought in the last place explicitly to contrast the nature of mind and the nature of government. It is one of the most unquestionable properties of mind to be susceptible of perpetual improvement. It is the inalienable tendency of positive institution, to retain that with which it is conversant for ever in the same state. Is then the perfectibility of understanding an attribute of trivial importance ? Can we recollect with coldness indifference the advantages with which this quality is pregnant to the latest posterity ? And how are these advantages to be secured ? By incessant industry, by a curiosity never to be disheartened or fatigued, by a spirit of enquiry to which a sublime and philanthropic mind will allow no pause. The circumstance of all others most necessary, is that we should never stand still, that every thing most interesting to the general welfare, wholly delivered from restraint, should be in a state of change, moderate and as it were imperceptible, but continual. Is there any thing that can look with a more malignant aspect upon the general welfare, than
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an institution tending to give permanence to certain systems and opinions ? Such institutions are two ways pernicious; first, which is most material, because they 601
render | all the future advances of mind infinitely tedious and operose; secondly, because, by violently confining the stream of reflexion, and holding it for a time in an unnatural state, they compel it at last to rush forward with impetuosity, and thus occasion calamities, which, were it free from restraint, would be found extremely foreign to its nature. Is it to be believed that, if the interference of positive institution were out of the question, the progress of mind in past ages would have been so slow, as to have struck the majority of ingenuous observers with despair ? The science of Greece and Rome upon the subjects o f political justice was in many respects extremely imperfect: yet could w e have been so long in appropriating their discoveries, had not the allurements of reward and the menace of persecution united to induce us, not to trust to the first and fair verdict of our own understandings ? Conclusion. The just conclusion from the above reasonings is nothing more than a confirmation, with some difference in the mode of application, of the fundamental principle, that government is little capable of affording benefit of the first importance to mankind. It is calculated to induce us to lament, not the apathy and indifference, but the inauspicious activity of government. It incites us to look for the moral improvement of the species, not in the multiplying of regulations, but in their repeal. It teaches us that truth and virtue, like commerce, will then flourish most, when least subjected to the mistaken guardianship of authority and laws. This maxim will rise upon us in its
602 importance, in | proportion as w e connect it with the numerous departments of political justice to which it will be found to have relation. A s fast as it shall be adopted into the practical system of mankind, it will g o on to deliver us from a weight intolerable to mind, and in the highest degree inimical to the progress of truth.
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Chap. II. Of Religious Establishments.
Their general tendency. - Effects on the clergy: they introduce, 1. implicit faith - 2. hypocrisy: topics by which an adherence to them is vindicated. Effects on the laity. - Application. Their general tendency.
One of the most striking instances of the injurious effects of the political patronage of opinion, as it at present exists in the world, is to be found in the system of religious conformity. Let us take our example from the church of England, by the constitution of which subscription is required from its clergy to thirty-nine articles of precise and dogmatical assertion upon almost every subject of moral and metaphysical enquiry. Here then we have to consider the whole honours and revenues of the church, from the archbishop who takes precedence next after the princes of the blood royal to the meanest curate in the nation, as employed in support of a system of blind submission and abject hypocrisy. Is there one man through this numerous hierarchy that is at liberty to think for himself ? Is there one man among them that can lay his hand upon his heart, and declare, upon his honour and conscience, that 604 his emoluments have no effect in influencing his judgment ? | The declaration is literally impossible. The most that an honest man under such circumstances can say is, «1 hope n o t ; I endeavour to be impartial.» Effects on the clergy : they introduce, 1. implicit faith:
First, the system of religious conformity is a system of blind submission. In every country possessing a religious establishment, the state, from a benevolent care it may be for the manners and opinions of its subjects, publicly encourages a numerous class of men to the study of morality and virtue. What institution, we might naturally be led to enquire, can be more favourable to public happiness ? Morality and virtue are the most interesting topics of human speculation ; and the best effects might be expected to result from the circumstance of many persons, perpetually receiving the most liberal education, and setting themselves apart, for the express cultivation of these topics. But unfortunately these very men are fettered in the outset by having a code of propositions put into their hands, in a conformity to which all their enquiries must terminate. The natural tendency of science is to increase from age to age, and proceed from the humblest beginnings to the most admirable conclusions. But care is taken in the present case to anticipate these conclusions, and to bind men by promises and penalties not to improve upon the wisdom of their ancestors. The plan is to guard against degeneracy and decline, but never to advance. It is founded in the most sovereign ignorance of the nature of mind, which never fails to do either the one or the other.
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2. hypocrisy: topics by which an adherence to them is vindicated.
Secondly, the tendency of a code of religious conformity is to make men hypocrites. To understand this it may be useful to recollect the various subterfuges that have been invented by ingenious men to apologise for the subscription of the English clergy. It is observable by the way that the articles of the church are founded upon the creed of the Calvinists, though for one hundred and fifty years past it has been accounted disreputable among the clergy to be of any other than the opposite, or Arminian tenets. Volumes have been written to prove that, while these articles express predestinarian sentiments, they are capable of a different construction, and that the subscriber has a right to take advantage of that construction. Divines of another class have rested their arguments upon the known good character and benevolent intentions of the first reformers, and have concluded that they could never intend to tyrannise over the consciences of men, or preclude the result of farther information. Lastly, there are many who have treated the articles as articles of peace, and inferred that, though you did not believe, you might allow yourself in the disingenuity of subscribing them, provided you added to it the farther guilt of constantly refraining to oppose what you considered as an adulteration of divine truth. It would perhaps be regarded as incredible, if it rested upon the evidence of history alone, that a whole body of men, set apart as the instructors of mankind, weaned as they are expected to be from temporal ambition, and maintained from the 606 supposition that the existence of human virtue and divine truth depends on their exertions, should with one consent employ themselves in a casuistry, the object of which is to prove the propriety of a man's declaring his assent to what he does not believe. These men either credit their own subterfuges, or they do not. If they do not, what can be expected from men so unprincipled and profligate ? With what front can they exhort other men to virtue, with the brand of vice upon their own foreheads ? If they do, what must be their portion of moral sensibility and discernment ? Can we believe that men shall enter upon their profession with so notorious a perversion of reason and truth, and that no consequences will flow from it to infect their general character ? Rather, can we fail to compare their unnatural and unfortunate state, with the profound wisdom and determined virtue which their industry and exertions would unquestionably have produced, if they had been left to their genuine operation ? They are like the victims of Circe, to whom human understanding was preserved entire, that they might more exquisitely feel their degraded condition. They are incited to study and to a thirst after knowledge, at the same time that the fruits of knowledge are constantly withheld from their unsuccessful attempts. They are held up to their contemporaries as the professors of truth, and political institution tyrannically commands them, in all the varieties of understanding and succession of ages, to model themselves to one common standard. 607
Effects on the laity.
Such are the effects that a code of religious conformity produces upon the clergy themselves ; let us consider the effects that are produced upon their countrymen. They are bid to look for instruction and morality to a denomination of men, formal, embarrassed and hypocritical, in whom the main spring of intellect is unbent and
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incapable of action. If the people be not blinded with religious zeal, they will discover and despise the imperfections of their spiritual guides. If they be so blinded, they will not the less transplant into their own characters the imbecil and unworthy spirit they are not able to detect. Is virtue so deficient in attractions as to be incapable o f gaining adherents to her standard ? Far otherwise. Nothing can bring the wisdom o f a just and pure conduct into question, but the circumstance of its being recommended to us from an equivocal quarter. The most malicious enemy o f mankind could not have invented a scheme more destructive of their true happiness, than that of hiring at the expence o f the state a body of men, whose business it should seem to be to dupe their contemporaries into the practice of virtue. One of the lessons that powerful facts are perpetually reading to the inhabitants o f such countries, is that of duplicity and prevarication in an order of men, which, if it exist at all, ought to exist only for reverence. Do your think that this prevarication is not a subject o f general notoriety ? Do you think that the first idea that rises to the 608 understanding of the multitude at sight o f | a clergyman, is not that of a man who inculcates certain propositions, not so properly because he thinks them true or thinks them interesting, as because he is hired to the employment ? Whatever instruction a code of religious uniformity may fail to convey, there is one that it always communicates, the wisdom of estimating an unreserved and disinterested sincerity at a very cheap rate. Such are the effects that are produced by political institution, at a time when it most zealously intends with parental care to guard its subjects from seduction and depravity. Application.
These arguments do not apply to any particular articles and creeds, but to the very notion of ecclesiastical establishments in general. Wherever the state sets apart a certain revenue for the support of religion, it will infallibly be given to the adherents of some particular opinions, and will operate in the manner of prizes to induce men at all events to embrace and profess those opinions. Undoubtedly, if I think it right to have a spiritual instructor to guide me in my researches and at stated intervals to remind me o f my duty, I ought to be at liberty to take the proper steps to supply myself in this respect. A priest, who thus derives his mission from the unbiassed judgment of his parishioners, will stand a chance to possess beforehand and independently of corrupt influence the requisites they demand. But why should I be compelled to contribute to the support of an institution, whether I approve of it or no ? If public worship be conformable to reason, reason without doubt will prove 609 adequate | to its vindication and support. If it be from God, it is profanation to imagine that it stands in need of the alliance o f the state. It must be in an eminent degree artificial and exotic, if it be incapable of preserving itself in existence, otherwise than by the inauspicious interference of political institution.
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Chap. III. Of the Suppression of Erroneous Opinion in Religion and Government. Of heresy. - Arguments by which the suppression of heresy is recommended. - Answer. - Ignorance not necessary to make men virtuous. - Difference of opinion not subversive of public security. - Reason, and not force, the proper corrective of sophistry. - Absurdity of the attempt to restrain thought - to restrain the freedom of speech. - Consequences that would result. - Fallibility of the men by whom authority is exercised. - Of erroneous opinions in government. - Iniquity of the attempt to restrain them. - Tendency of unlimited political discussion.
Of heresy. The same views which have prevailed for the introduction of religious establishments, have inevitably led to the idea of provisions against the rise and progress of heresy. No arguments can be adduced in favour of the political patronage of truth, that will not be equally cogent in behalf of the political discouragement of error. Nay, they will, of the two, be most cogent in the latter case ; for error and mis611 representation are the irreconcilable enemies of virtue, and if authority were the true means to disarm them, there would then at least be no need of positive provisions to assist the triumph of truth. It has however happened that this argument, though more tenable, has had fewer adherents. Men are more easily reconciled to abuse in the distribution of rewards, than in the infliction of penalties. It will not therefore be requisite laboriously to insist upon the refutation of this principle ; its discussion is principally necessary for the sake of method. Arguments by which the suppression of heresy has been recommended. Various arguments have been alleged in defence of this restraint. «The importance of opinion as a general proposition is notorious and unquestionable. Ought not political institution to take under its inspection that root from which all our actions are ultimately derived ? The opinions of men must be expected to be as various as their education and their temper : ought not government to exert its foresight to prevent this discord from breaking out into anarchy and violence ? There is no proposition so absurd or so hostile to morality and public good, as not to have found its votaries : will there be no danger in suffering these eccentricities to proceed unmolested, and every perverter of truth and justice to make as many converts as he is able ? It has been found indeed a hopeless task to endeavour to extirpate by violence errors already established ; but is it not the duty of government to prevent their ascendancy, to check the growth of their adherents and the introduction of heresies hitherto 612 unknown ? Can those persons, to whom the care of the | general welfare is confided, or who are fitted by their situation or their talents to suggest proper regulations to the adoption of the community, be justified in conniving at the spread of such
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extravagant and pernicious opinions as strike at the root of order and morality ? Simplicity of mind and an understanding undebauched with sophistry have ever been the characteristics of a people among whom virtue has flourished : ought not government to exert itself to exclude the inroad of qualities opposite to these ? It is thus that the friends of moral justice have ever contemplated with horror the progress of infidelity and latitudinarian principles. It was thus that the elder Cato viewed with grief the importation into his own country of that plausible and loquacious philosophy by which Greece had already been corrupted 0 .» Answer. Ignorance not necessary to make men virtuous.
There are several trains of reflexion which these reasonings suggest. None of them can be more important than that which may assist us in detecting the error of the elder Cato, and of other persons who have been the zealous but mistaken advocates of virtue. Ignorance is not necessary to render men virtuous. If it were, we might reasonably conclude that virtue was an imposture, and that it was our duty to free 613 ourselves from its | shackles. The cultivation of the understanding has no tendency to corrupt the heart. A man who should possess all the science of Newton and all the genius of Shakespeare, would not on that account be a bad man. Want of great and comprehensive views had as considerable a share as benevolence in the grief of Cato. It is like the taking to pieces an imperfect machine in order by reconstructing it to enchance its value. An uninformed and timid spectator would be frightened at the temerity of the artist, at the confused heap of pins and wheels that were laid aside at random, and would take it for granted that nothing but destruction would be the consequence. But he would be disappointed. It is thus that the extravagant sallies of mind are the prelude of the highest wisdom, and that the dreams of Ptolemy were destined to precede the discoveries of Newton. The event cannot be other than favourable. Mind would else cease to be mind. It would be more plausible to say that the perpetual cultivation of the understanding will terminate in madness, than that it will terminate in vice. As long as enquiry is suffered to proceed, and science to improve, our knowledge is perpetually increased. Shall we know every thing else, and nothing of ourselves ? Shall we become clear sighted and penetrating in all other subjects, without increasing our penetration upon the subject of man ? Is vice most truly allied to wisdom or to folly ? Can mankind perpetually increase in wisdom, without increasing in the knowledge of what it is 614 wise for them to do ? Can a man | have a clear discernment, unclouded with any remains of former mistake, that this is the action he ought to perform, most conducive to his own interest and to the general good, most delightful at the instant and satisfactory in the review, most agreeable to reason, justice and the nature of things, and refrain from performing it ? Every system which has been constructed relative to the nature of superior being and Gods, amidst all its other errors has reasoned truly upon these topics, and taught that the increase of wisdom and knowledge led, not to malignity and tyranny, but to benevolence and justice. a
The reader will consider this as the language of the objectors. The most eminent of the Greek philosopher were in reality distinguished from all other teachers, by the fortitude with which they conformed to the precepts they taught.
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Difference of opinion not subversive of public security.
Secondly, it is a mistake to suppose that speculative differences of opinion threaten materially to disturb the peace of society. It is only when they are enabled to arm themselves with the authority of government, to form parties in the state, and to struggle for that political ascendancy which is too frequently exerted in support of or in opposition to some particular creed, that they become dangerous. Wherever government is wise enough to maintain an inflexible neutrality, these jarring sects are always found to live together with sufficient harmony. The very means that have been employed for the preservation of order, have been the only means that have led to its disturbance. The moment government resolves to admit of no regulations oppressive to either party, controversy finds its level, and appeals to argument and reason, instead of appealing to the sword or the stake. The moment government 615 descends to wear the badge of a sect, reli|gious war is commenced, the world is disgraced with inexpiable broils and deluged with blood. Reason, and not force, the proper corrective of sophistry. Thirdly, the injustice of punishing men for their opinions and arguments will be still more visible, if we reflect a little on the nature of punishment. Punishment is one of those classes of coercion, the multiplication of which is so much to be deprecated, and which nothing but the most urgent necessity can in any case justify. That necessity is commonly admitted to exist, where a man has proved by his unjust actions the injuriousness of his character, and where the injury, the repetition of which is to be apprehended, is of such a nature as to be committed before we can have sufficient notice to guard ourselves against it. But no such necessity can possibly exist in the case of false opinions and perverse arguments. Does any man assert falshood ? Nothing farther can be desired than that it should be confronted with truth. Does he bewilder us with sophistry ? Introduce the light of reason, and his deceptions will vanish. There is in this case a clear line of distinction. In the only admissible province of punishment force it is true is introduced, but it is only in return for force previously exerted. Where argument therefore, erroneous statements and misrepresentation alone are employed, it is by argument only that they must be encountered. We should not be creatures of a rational and intellectual nature, if the victory of truth over error were not ultimately certain. 616
Absurdity of the attempt to restrain thought:
To enable us to conceive properly of the value of laws for the punishment of heresy, let us suppose a country to be sufficiently provided with such laws, and observe the result. The object is to prevent men from entertaining certain opinions, or in other words from thinking in a certain way. What can be more absurd than to undertake to put fetters upon the subtlety of thought ? How frequently does the individual who desires to restrain it in himself, fail in the attempt ? Add to this, that prohibition and menace in this respect do but give new restlessness to the curiosity of the mind. I must not think of the possibility, that there is no God ; that the stupendous miracles of Moses and Christ were never really performed ; that the dogmas of the Athanasian creed are erroneous. I must shut my eyes, and run blindly into all the opinions, religious and political, that my ancestors regarded as sacred. Will this in all instances be possible ?
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There is another consideration, trite indeed, but the triteness of which is an additional argument of its truth. Swift says «Men ought to be permitted to think as they please, but not to propagate their pernicious opinions".» The obvious answer to this is, «We are much obliged to him : how would he be able to punish our heresy, even if he desired it, so long as it was concealed ?» The attempt to punish opinion is 617 absurd : we may be | silent respecting our conclusions, if we please ; the train of thinking by which those conclusions are generated cannot fail to be silent. to restrain the freedom of speech.
«But, if men be not punished for their thoughts, they may be punished for uttering those thoughts.» No. This is not less impossible than the other. By what arguments will you persuade every man in the nation to exercise the trade of an informer ? By what arguments will you persuade my bosom friend, with whom I repose all the thoughts of my heart, to repair immediately from my company to a magistrate, in order to procure my commitment for so doing to the prisons of the inquisition ? In countries where this is attempted, there will be a perpetual struggle, the government endeavouring to pry into our most secret transactions, and people busy to countermine, to outwit and to detest their superintendents. Consequences that would result. But the most valuable consideration which this part of the subject suggests, is, supposing all this were done, what judgment must we form of the people among whom it is done ? Though all this cannot, yet much may be performed ; though the embryo cannot be annihilated, it may be prevented from ever expanding itself into the dimensions of a man. The arguments by which we were supposing a system for the restraint of opinion to be recommended, were arguments derived from a bene618 volent anxiety for the virtue of mankind, and to prevent their degene|racy. Will this end be accomplished ? Let us contrast a nation of men, daring to think, to speak and to act what they believe to be right, and fettered with no spurious motives to dissuade them from right, with a nation that fears to speak, and fears to think upon the most interesting subjects of human enquiry. Can any spectacle be more degrading than this timidity ? Can men in whom mind is thus annihilated be capable of any good or valuable purpose ? Can this most abject of all slaveries be the genuine state, the true perfection of the human species ? Fallibility of the men by whom authority is exercised. Another argument, though it has often been stated to the world, deserves to be mentioned in this place. Governments, no more than individual men, are infallible. The cabinets of princes and the parliaments of kingdoms, if there be any truth in considerations already stated 4 , are often less likely to be right in their conclusions than the theorist in his closet. But, dismissing the estimate of greater and less, it was to be presumed from the principles of human nature, and is found true in fact, that cabinets and parliaments are liable to vary from each other in opinion. What system
° See above. Chap. I, p. 590. Book V, Chap. XXIII, p. 572.
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of religion or government has not in its turn been patronised by national authority ? The consequence therefore of admitting this authority is, not merely attributing to government a right to impose some, but any or all opinions upon the community. 619 Are Paganism and Christianity, the religions of | Mahomet, Zoroaster and Confucius, are monarchy and aristocracy in all their forms equally worthy to be perpetuated among mankind ? Is it quite certain that the greatest of all human calamities is change ? Must we never hope for any advance, any improvement ? Have no revolution in government, and no reformation in religion been productive of more benefit than disadvantage ? There is no species of reasoning in defence of the suppression of heresy which may not be brought back to this monstrous principle, that the knowledge of truth and the introduction of right principles of policy, are circumstances altogether indifferent to the welfare of mankind. Of erroneous opinions in government.
Iniquity of the attempt to restrain them. The same reasonings that are here employed against the forcible suppression of religious heresy, will be found equally valid with respect to political. The first circumstance that will not fail to suggest itself to every reflecting mind, is, What sort of constitution must that be which must never be examined ? whose excellencies must be the constant topic of eulogium, but respecting which we must never permit ourselves to enquire in what they consist ? Can it be the interest of society to proscribe all investigation respecting the wisdom of its regulations ? Or must our debates be occupied with provisions of temporary convenience ; and are we forbid to ask, whether there may not be something fundamentally wrong in the design of the structure ? Reason and good sense will not fail to augur ill of that system of 620 things | which is too sacred to be looked into ; and to suspect that there must be something essentially weak that thus shrinks from the eye of curiosity. Add to which, that, however we may doubt of the importance of religious disputes, nothing can less reasonably be exposed to question than that happiness of mankind is essentially connected with the improvement of political science. Tendency of unlimited political discussion.
«But will not demagogues and declaimers lead to the subversion of all order, and introduce the most dreadful calamities ?» What is the state they will introduce ? Monarchy and aristocracy are some of the most extensive and lasting mischiefs that have yet afflicted mankind. Will these demagogues persuade their hearers to institute a new dynasty of hereditary despots to oppress them ? Will they persuade them to create out of their own body a set of feudal chiefs to hold their brethren in the most barbarous slavery ? They would probably find the most copious eloquence inadequate to these purposes. The arguments of declaimers will not produce an extensive and striking alteration in political opinions, except so far as they are built upon a basis of irresistible truth. Even if the people were in some degree intemperate in carrying the conclusions of these reasoners into practice, the mischiefs they would inflict would be inexpressibly trivial, compared with those which are hourly perpetrated by the most cold blooded despotism. But in reality the duty of government 621 in these cases is to be mild and equitable. Arguments alone will not have the power,
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unassisted by the sense or the recollection of oppression or treachery, to hurry the people into excesses. Excesses are never the offspring of reason, are never the offspring of misrepresentation only, but of power endeavouring to stifle reason and traverse the common sense of mankind.
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Chap. IV. Of Tests.
Their supposed advantages are attended with injustice - are nugatory. Illustration. - Their disadvantages - they ensnare. - Example. - Second example. - They are an usurpation. - Influence of tests on the latitudinarian - on the purist. - Conclusion. The majority of the arguments above employed on the subject of penal laws in matters of opinion are equally applicable to tests, religious and political. The distinction between prizes and penalties, between greater and less, is little worthy of our attention, if any discouragement extended to the curiosity of intellect, and any authoritative countenance afforded to one set of opinions in preference to another, be in its own nature unjust, and evidently hostile to the general good. Leaving out of the consideration religious tests, as being already sufficiently elucidated in the preceding discussion0, let us attend for a moment to an article 623 which has had its advocates | among men of considerable liberality, the supposed propriety of political tests. «What, shall we have no federal oaths, no oaths of fidelity to the nation, the law and the republic ? How in that case shall we ever distinguish between the enemies and the friends of freedom ?» Their supposed advantages are attended with injustice :
Certainly there cannot be a method devised at once more ineffectual and iniquitous than a federal oath. What is the language that in strictness of interpretation belongs to the act of the legislature imposing this oath ? To one party it says, «We know very well that you are our friends ; the oath as it relates to you we acknowledge to be altogether superfluous ; nevertheless you must take it, as a cover to our indirect purposes in imposing it upon persons whose views are less unequivocal than yours.» To the other party it says, «It is vehemently suspected that you are inimical to the cause in which we are engaged : this suspicion is either true or false ; if false, we ought not to suspect you, and much less ought we to put you to this invidious and nugatory purgation ; if true, you will either candidly confess your difference, or dishonestly prevaricate : be candid, and we will indignantly banish you ; be dishonest, and we will receive you as bosom friends.» are nugatory.
Those who say this however promise too much. Duty and common sense oblige us to watch the man we suspect, even though he should swear he is innocent. Would 624 not the same | precautions which we are still obliged to employ to secure us against his duplicity, have sufficiently answered our purpose without putting him to his " Chap. II.
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purgation ? Are there no methods by which we can find out whether a man be the proper subject in whom to repose an important trust without putting the question to himself ? Will not he, who is so dangerous an enemy that cannot suffer him at large, discover his enmity by his conduct, without reducing us to the painful necessity of tempting him to an act of prevarication ? If he be so subtle a hypocrite that all our vigilance cannot detect him, will he scruple to add to his other crimes the crime of peijury ? Whether the test we impose be merely intended to operate as an exclusion from office, or to any more considerable disadvantage, the disability it introduces is still in the nature of a punishment. It treats the individual in question as an unfound member of society, as distinguished in an unfavourable sense from the multitude of his countrymen, and possessing certain attributes detrimental to the general good. In the eye of reason human nature is capable of no other guilt than this". Society is authorised to animadvert upon a certain individual, in the case of murder for example, not because he has done an action that he might have avoided, not because he was sufficiently informed of the better and obstinately chose the worse ; for this is 625 impossible, every man necessarily does that which he at the time apprehends to be the best: but because his habits and character render him dangerous to society, in the same sense as a wolf or a blight would be dangerous4. It must no doubt be an emergency of no common magnitude, that can justify a people in putting a mark of displeasure upon a man for the opinions he entertains, be they what they may. But, taking for granted for the present the reasonableness of this proceeding, it would certainly be just as equitable for the government to administer to the man accused for murder an oath of purgation, as to the man accused of disaffection to the established order of society. There cannot be a principle of justice clearer than this, that no man can be called on in order to punishment to accuse himself. Illustration.
These reasonings being particularly applicable to a people in a state of revolution like the French, it may perhaps be allowable to take from their revolution an example of the injurious and ensnaring effects with which tests and oaths of fidelity are usually attended. It was required of all men to swear «that they would be faithful to the nation, the law and the king.» In what sense can they be said to have adhered to their oath, who, twelve months after their constitution had been established on its new basis, have taken a second oath, declaratory of their everlasting abjuration of 626 monarchy ? What sort of effect, favourable or unfavourable ? must this precarious mutability in their solemn appeals to heaven have upon the minds of those by whom they are made ? Their disadvantages : they ensnare : example :
And this leads us from the consideration of the supposed advantages of tests religious and political, to their real disadvantages. The first of these disadvantages consists in the impossibility of constructing a test in such a manner, as to suit the 0
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Book IV, Chap. VI. Book IV, Chap. VI.
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various opinions of those upon whom it is imposed, and not to be liable to reasonable objection. When the law was repealed imposing upon the dissenting clergy of England a subscription with certain reservations to the articles of the established church, an attempt was made to invent an unexceptionable test that might be substituted in its room. This test simply affirmed, «that the books of the Old and New Testament in the opinion of the person who took it contained a revelation from God ;» and it was supposed that no Christian could scruple such a declaration. But is it impossible that I should be a Christian, and yet doubt of the canonical authority of the amatory eclogues of Solomon ; or of certain other books contained in a selection that was originally made in a very arbitrary manner ? «Still however I may take the test, with a persuasion that the books of the Old and New Testament contain a revelation from God, and something more.» In the same sense I might take it, even if the Alcoran, the Talmud and the sacred books of the Hindoos were added to the list. 627 What sort of influence will be produced upon the | mind that is accustomed to this looseness of construction in its most solemn engagements ? second example:
Let us examine with the same view the federal oath of the French, proclaiming the determination of the swearer «to be faithful to the nation, the law and the king.» Fidelity to three several interests which may in various cases be placed in opposition to each other will appear at first sight to be no very reasonable engagement. The propriety of vowing fidelity to the king has already been brought to the trial and received its condemnation". Fidelity to the law is an engagement of so complicated a nature, as to strike terror into every mind of serious reflection. It is impossible that a system of law the composition of men should ever be presented to such a mind, that shall appear altogether faultless. But, with respect to laws that appear to me to be unjust, I am bound to every sort of hostility short of open violence, I am bound to exert myself incessantly in proportion to the magnitude of the injustice for their abolition. Fidelity to the nation is an engagement scarcely less equivocal. I have a paramount engagement to the cause of justice and the benefit of the human race. If the nation undertaken what is unjust, fidelity in that undertaking is a crime. If it undertake what is just, it is my duty to promote its success, not because I am one of its citizens, but because such is the command of justice. 628
they are an usurpation.
Add to this what has been already said upon the subject of obedienceh, and it will be sufficiently evident that all tests are the offspring of usurpation. Government has in no case a right to issue its commands, and therefore cannot command me to take a certain oath. Its only legal functions are, to impose upon me a certain degree of restraint whenever I manifest by my actions a temper detrimental to the community, and to invite me to a certain contribution for purposes conducive to the general interest.
° Book V, Chap. II.-VIII. b Book III, Chap. VI.
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Influence of tests on the latitudinarian :
It may be alledged with respect to the French federal oath, as well as with respect to the religious test before cited, that it may be taken with a certain laxity of interpretation. When I swear fidelity to the law, I may mean only that there are certain parts of it that I approve. When I swear fidelity to the nation, the law and the king, I may mean so far only as these three authorities shall agree with each other, and all of them agree with the general welfare of mankind. In a word the final result of this laxity of interpretation explains the oath to mean, «1 swear that I believe it is my duty to do every thing that appears to me to be just.» Who can look without indignation and regret at this prostitution of language ? Who can think without horror of the consequences of the public and perpetual lesson of duplicity which is thus read to mankind ? on the purist.
629 But, supposing there should be certain members of the com|munity simple and uninstructed enough to conceive that an oath contained some real obligation, and did not leave the duty of the person whom it was administered precisely where it found it, what is the lesson that would be read to such members ? They would listen with horror to the man who endeavoured to persuade them that they owed no fidelity to the nation, the law and the king, as to one who was instigating them to sacrilege. They would tell him that it was too late, and that they must not allow themselves to hear his arguments. They would perhaps have heard enough before their alarm commenced, to make them look with envy on the happy state of this man, who was free to listen to the communications of others without terror, who could give a loose to this thoughts, and intrepidly follow the course of his enquiries wherever they lid him. For themselves they had promised to think no more for the rest of their lives. Compliance indeed in this case is impossible ; but will a vow of inviolable adherence to a certain constitution have no effect in checking the vigour of their contemplations and the elasticity of their minds ? Conclusion :
We put a miserable deception upon ourselves, when we promise ourselves the most favourable effects from the abolition of monarchy and aristocracy, and retain this wretched system of tests, overturning in the apprehensions of mankind at large the fundamental distinctions of justice and injustice. Sincerity is not less essential than 630 equality to the well being of mankind. | A government, that is perpetually furnishing motives to jesuitism and hypocrisy, is not less abhorrent to right reason, than a government of orders and hereditary distinction. It is not easy to imagine how soon men would become frank, explicit in their declarations, and unreserved in their manners, were there no positive institutions inculcating upon them the necessity of falshood and disguise. Nor is it possible for any language to describe the inexhaustible benefits that would arise from the universal practice of sincerity.
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Chap. V. Of Oaths.
Oaths of office and duty - their absurdity - their immoral consequences. Oaths of evidence less atrocious. - Opinion of the liberal and resolved respecting them. - Their essential features : contempt of veracity - false morality. - Their particular structure - abstract principles assumed by them to be true - their inconsistency with these principles. Oaths of office and duty : their absurdity : The same arguments that prove the injustice of tests, may be applied universally to all oaths of duty and office. If I entered upon the office without an oath, what would be my duty ? Can the oath that is imposed upon me make any alteration in my duty ? If not, does not the very act of imposing it, by implication assert a falshood ? Will this falshood, the assertion that a direct engagement has a tendency to create a duty, have no injurious effect upon a majority of the persons concerned ? What is the true criterion that I shall faithfully discharge the office that is conferred upon me ? Surely my past life, and not any protestations I may be compelled to make. If my life have 632 been unimpeachable, this compulsion is an unmerited insult; if it have been otherwise, it is something worse. their immoral consequences. It is with no common disapprobation that we recollect the prostitution of oaths which marks the history of modern European countries, and particularly of our own. This is one of the means that government employs to discharge itself of its proper functions, by making each man security for himself. It is one of the means that legislators have provided to cover the inefficiency and absurdity of their regulations, by making individuals promise the execution of that which the police is not able to execute. It holds out in one hand the temptation to do wrong, and in the other the obligation imposed not to be influenced by that temptation. It compels a man to engage not only for his own conduct, but for that of all his dependents. It obliges certain officers (church-wardens in particular) to promise an inspection beyond the limits of human faculties, and to engage for a proceeding on the part of those under their jurisdiction, which they neither intend nor are expected to inforce. Will it be believed in after ages that every considerable trader in exciseable articles in this country is induced by the constitution of its government to reconcile his mind to the guilt of perjury, as to the condition upon which he is accustomed to exercise his profession ? Oaths of evidence : less atrocious. There remains only one species of oaths to be considered, which have found their 633 advocates among persons sufficiently enlightened to reject every other species of
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oath, I mean, oaths administered to a witness in a court of justice. There are certainly free from many of the objections that apply to oaths of fidelity, duty or office. They do not call upon a man to declare his assent to a certain proposition which the legislator has prepared for his acceptance ; they only require him solemnly to pledge himself to the truth of assertions, dictated by his own apprehension of things, and expressed in his own words. They do not require him to engage for something future, and of consequence to shut up his mind against farther information as to what his conduct in that future ought to be ; but merely to pledge his veracity to the apprehended order of things past. Opinion of the liberal and resolved respecting them. These considerations palliate the evil, but do not convert it into good. Wherever men of uncommon energy and dignity of mind have existed, they have felt the degradation of binding their assertions with an oath. The English constitution recognises in a partial and imperfect manner the force of this principle, and therefore provides that, while the common herd of mankind shall be obliged to swear to the truth, nothing more shall be required from the order of nobles than a declaration upon honour. Will reason justify this distinction ? Their essential features : contempt of veracity : Can there be a practice more pregnant with false morality than that of administering oaths in a court of justice ? The language it expressly holds is, «You are not to be 634 believed upon your mere | word ;» and there are few men firm enough resolutely to preserve themselves from contamination, when they are accustomed upon the most solemn occasions to be treated with contempt. To the unthinking it comes like a plenary indulgence to the occasional tampering with veracity in affairs of daily occurrence, that they are not upon their oath ; and we may affirm without risk of error, that there is no cause of insincerity, prevarication and falshood more powerful, than the practice of administering oaths in a court of justice. It treats veracity in the affairs of common life as a thing unworthy to be regarded. It takes for granted that no man, at least no man of plebeian rank, is to be credited upon his bare affirmation ; and what it takes for granted it has an irresistible tendency to produce. false morality. Add to this a feature that runs through all the abuses of political institution, it inverts the eternal principles of morality. Why it is that I am bound to be more especially careful of what I affirm in a court of justice ? Because the subsistence, the honest reputation or the life of a fellow man may be materially affected by it. All these genuine motives are by the contrivance of human institution thrown into shade, and we are expected to speak the truth, only because government demands it of us upon oath, and at the time in which government has thought proper or recollected to administer this oath. All attempts to strengthen the obligations of morality by fictitious and spurious motives, will in the sequel be found to have no tendency but to relax them. 635 Men will never act with that liberal justice and conscious integrity which is their highest ornament, till they come to understand what men are. He that contaminates
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his lips with an oath, must have been thoroughly fortified with previous moral instruction, if he be able afterwards to understand the beauty of an easy and simple integrity. If our political institutors had been but half so judicious in perceiving the manner in which excellence and worth were to be generated, as they have been ingenious and indefatigable in the means of depraving mankind, the world, instead of a slaughter house, would have been a paradise. Their particular structure : abstract principles assumed by them to be true : Let us leave for a moment the general consideration of the principle of oaths, to reflect upon their particular structure and the precise meaning of the term. They take for granted in the first place the existence of an invisible governor of the world, and the propriety of our addressing petitions to him, both which a man may deny, and yet continue a good member of society. What is the situation in which the institution of which we treat places this man ? But we must not suffer ourselves to be stopped by trivial considerations. - Oaths are also so constructed as to take for granted the religious system of the country whatever it may happen to be. their inconsistency with these principles. Now what are the words with which we are taught in this instance to address the creator of the universe ? «So help me God, and the contents of his holy word.» It is 636 the language of im|precation. I pray him to pour down his everlasting wrath and curse upon me, if I utter a lie. - It were to be wished that the name of that man were recorded, who first invented this mode of binding men to veracity. He had surely himself but very light and contemptuous notions of the Supreme Being, who could thus tempt men to insult him, by braving his justice. If it be our duty to invoke his blessing, yet there must surely be something insupportably profane in wantonly and unnecessarily putting all that he is able to inflict upon conditions.
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Chap. VI. Of Libels.
Public libels. - Injustice of an attempt to prescribe the method in which public questions shall be discussed - its pusillanimity. - Invitations to tumult. - Private libels. - Reasons in favour of their being subjected to restraint. - Answer. - 1. It is necessary the truth should be told. - Salutary effects of the unrestrained investigation of character. - Objection: freedom of speech would be productive of calumny, not of justice. - Answer. Future history of libel. - 2. It is necessary men should be taught to be sincere. - Extent of the evil which arises from a command to be insincere. The mind spontaneously shrinks from the prosecution of a libel. - Conclusion. Public libels. In the examination already bestowed upon the article of heresy political and religious0, we have anticipated one of the two heads of the law of libel; and, if the arguments there adduced be admitted for valid, it will follow that no punishment can 638 justly | be awarded against any writing or words derogatory to religion or political government. Injustice of an attempt to prescribe the method in which public questions shall be discussed: It is impossible to establish any solid ground of distinction upon this subject, or to lay down rules in conformity to which the argument must be treated. It is impossible to tell me, when I am penetrated with the magnitude of the subject, that I must be logical and not eloquent; or when I feel the absurdity of the theory I am combating, that I must not express it in terms that may produce feelings of ridicule in my readers. It were better to forbid me the discussion of the subject altogether, than forbid me to describe it in the manner I conceive to be most suitable to its merits. It would be a most tyrannical species of candour to tell me, «You may write against the system we patronise, provided you will write in an imbecil and ineffectual manner ; you may enquire and investigate as much as you please, provided, when you undertake to communicate the result, you carefully check your ardour, and be upon your guard that you do not convey any of your own feelings to your readers.» Add to this, that rules of distinction, as they are absurd in relation to the dissidents, will prove a continual instrument of usurpation and injustice to the ruling party. No reasonings will appear fair to them, but such as are futile. If I speak with energy, they will deem me inflammatory ; and if I describe censurable proceedings in plain and homely, but pointed language, they will cry out upon me as a buffoon. ' Chap. III.
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its pusillanimity.
It must be truly a lamentable case, if truth, favoured by the many and patronised by the great, should prove too weak to enter the lists with falshood. It is self evident, that that which will stand the test of examination, cannot need the support of penal statutes. After our adversaries have exhausted their eloquence and exerted themselves to mislead us, truth has a clear, nervous and simple story to tell, which, if force be excluded on all sides, will not fail to put down their arts. Misrepresentation will speedily vanish, if the friends of truth be but half as alert as the advocates of falshood. Surely then it is a most ungracious plea to offer, «We are too idle to reason with you, we are therefore determined to silence you by force.» So long as the adversaries of justice confine themselves to expostulation, there can be no ground for serious alarm. As soon as they begin to act with violence and riot, it will then be time enough to encounter them with force. Invitations to tumult.
There is however one particular class of libel that seems to demand a separate consideration. A libel may either not confine itself to any species of illustration of religion or government, or it may leave illustration entirely out of its view. Its object may be to invite a multitude of persons to assemble, as the first step towards acts of violence. A public libel is any species of writing in which the wisdom of some established system is controverted ; and it cannot be denied that a dispassionate and severe demonstration of its injustice tends, not less than the most alarming tumult, 640 to the destruction of such institutions. But writing and speech are the proper and becoming methods of operating changes in human society, and tumult is an improper and equivocal method. In the case then of the specific preparations of riot, it should seem that the regular force of the society may lawfully interfere. But this interference may be of two kinds. It may consist of precautions to counteract all tumultuous concourse, or it may arraign the individual for the offence he has committed against the peace of the community. The first of these seems sufficiently commendable and wise, and would, if vigilantly exerted, be in almost all cases adequate to the purpose. The second is attended with some difficulty. A libel the avowed intention of which is to lead to immediate violence, is altogether different from a publication in which the general merits of any institution are treated with the utmost freedom, and may well be supposed to fall under different rules. The difficulty here arises only from the consideration of the general nature of punishment, which is abhorrent to the true principles of mind, and ought to be restrained within as narrow limits as possible, if not instantly abolished". A distinction to which observation and experience in cases of judicial proceeding have uniformly led, is that between crimes that exist only in intention, and overt acts. So far as prevention only is concerned, the former would seem in many cases not less entitled to the animadversion of society than the latter ; but the evidence of intention usually rests 641 upon circumstances equivocal and mi|nute, and the friend of justice will tremble to erect any grave proceeding upon so uncertain a basis. - It might be added, that he °
See the following Book.
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who says that every honest citizen of London ought to repair to St. George's Fields to-morrow in arms, only says what he thinks is best to be done, and what the laws of sincerity oblige him to utter. But this argument is of general nature, and applies to every thing that is denominated crime, not to the supposed crime of inflammatory invitations in particular. He that performs any action, does that which he thinks is best to be done ; and, if the peace of society make it necessary that he should be restrained from this by threats of violence, the necessity is of a very painful nature. It should be remembered that the whole of these reasonings suppose that the tumult is an evil, and will produce more disadvantage than benefit, which is no doubt frequently, but may not be always, the case. It cannot be too often recollected, that there is in no case a right of doing wrong, a right to punish for a meritorious action. Every government, as well as every individual, must follow their own apprehensions of justice, at the peril of being mistaken, unjust and consequently vicious". These reasonings on exhortations to tumult, will also be found applicable with slight variation to incendiary letters addressed to private persons. Private libels.
But the law of libel, as we have already said, distributes itself into two heads, libels against public establishments and measures, and libels against private character. 642 Those who have been willing | to admit that the first ought to pass unpunished, have generally asserted the propriety of counteracting the latter by censures and penalties. It shall be the business of the remainder of this chapter to show that they were erroneous in their decision. Reforms in favour of their being subjected to restraint. The arguments upon which their decision is built must be allowed to be both popular and impressive. «There is no external possession more solid or more valuable than an honest fame. My property, in good or estate, is appropriate only by convention. Its value is for the most part the creature of a debauched imagination ; and, if I were sufficiently wise and philosophical, he that deprived me of it would do me very little injury. He that inflicts a stab upon my character is a much more formidable enemy. It is a very serious inconvenience that my countrymen should regard me as destitute of principle and honesty. If the mischief were entirely to myself, it is not possible to be regarded with levity. I must be void of all sense of justice, if I were callous to the contempt and detestation of the world. I must cease to be a man, if I were unaffected by the calumny that deprived me of the friend I loved, and left me perhaps without one bosom in which to repose my sympathies. But this is not all. The same stroke that annihilates my character, extremely abridges, if it do not annihilate, my usefulness. It is in vain that I would exert my good intentions and my talents for the assistance of others, if my motives be perpetually misinterpreted. Men will not listen 643 to the arguments of him they despise ; he will be | spurned during life, and execrated as long as his memory endures. What then are we to conclude but that to an injury, greater than robbery, greater perhaps than murder, we ought to award an exemplary punishment ?» °
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Answer.
The answer to this statement may be given in the form of an illustration of two propositions : first, that it is necessary the truth should be told ; secondly, that it is necessary men should be taught to be sincere. 1. It is necessary the truth should be told. 1. It is necessary the truth should be told. First, it is necessary the truth should be told. How can this ever be done, if I be forbidden to speak upon more than one side of the question ? The case is here exactly similar to the case of religion and political establishment. If we must always hear the praise of things as they are, and allow no man to urge an objection, we may be lulled into torpid tranquillity, but we can never be wise. If a veil of partial favour is to be drawn over the errors of mankind, it is easy to perceive whether virtue or vice will be the gainer. There is no terror that comes home to the heart of vice, like the terror of being exhibited to the public eye. On the contrary there is no reward worthy to be bestowed upon eminent virtue but is one, the plain, unvarnished proclamation of its excellence in the face of the world. 644
Salutary effects of the unrestrained investigation of character.
If the unrestrained discussion of abstract enquiry be of the highest importance to mankind, the unrestrained investigation of character is scarcely less to be cultivated. If truth were universally told of men's dispositions and actions, gibbets and wheels might be dismissed from the face of the earth. The knave unmasked would be obliged to turn honest in his own defence. Nay, no man would have time to grow a knave. Truth would follow him in his first irresolute essays, and public disapprobation arrest him in the commencement of his career. There are many men at present who pass for virtuous, that tremble at the boldness of a project like this. They would be detected in their effeminacy and imbecility. Their imbecility is the growth of that inauspicious secrecy, which national manners and political institutions at present draw over the actions of individuals. If truth were spoken without reserve, there would be no such men in existence. Men would act with clearness and decision, if they had no hopes in concealment, if they saw at every turn that the eye of the world was upon them. How great would be the magnanimity of the man who was always sure to be observed, sure to be judged with discernment, and to be treated with justice ? Feebleness of character would hourly lose its influence in the breast of those over whom it now domineers. They would feel themselves perpetually urged with an auspicious violence to assume manners more worthy of the form they bore. 645
Objection : freedom of speech would be productive of calumny, not of justice.
To these reasonings it may perhaps be rejoined, «This indeed is an interesting picture. If truth could be universally told, the effects would no doubt be of the most excellent nature ; but the expectation is to be regarded as visionary.»
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Answer.
Not so : the discovery of individual and personal truth is to be effected in the same manner as the discovery of general truth, by discussion. From the collision of disagreeing accounts justice and reason will be produced. Mankind seldom think much of any particular subject, without coming to think right at last. «What, and is it to be supposed, that mankind will have the discernment and the justice of their own accord to reject the libel ?» Yes ; libels do not at present deceive mankind, from their intrinsic power, but from the restraint under which they labour. The man who from his dungeon is brought to the light of day, cannot accurately distinguish colours ; but he that has suffered no confinement, feels no difficulty in the operation. Such is the state of mankind at present: they are not exercised to employ their judgment, and therefore they are deficient in judgement. The most improbable tale now makes a deep impression ; but then men would be accustomed to speculate upon the possibilities of human action. Future history of libel:
At first it may be, if all restraint upon the freedom of writing and speech were 646 removed, and men were encouraged to declare | what they thought as publicly as possible, every press would be burdened with an inundation of scandal. But the stories by their very multiplicity would defeat themselves. No one man, if the lie were successful, would become the object of universal persecution. In a short time the reader, accustomed to the dissection of character, would acquire discrimination. He would either detect the imposition by its internal absurdity, or at least would attribute to the story no farther weight, than that to which its evidence entitled it. Libel, like every other human concern, would soon find its level, if it were delivered from the injurious interference of political institution. The libeller, that is, he who utters an unfounded calumny, either invents the story he tells, or delivers it with a degree of assurance to which the evidence that has offered itself to him is by no means entitled. In each case he would meet with his proper punishment in the judgment of the world. The consequences of his error would fall back upon himself. He would either pass for a malignant accuser, or for a rash and headlong censurer. Anonymous scandal would be almost impossible in a state where nothing was concealed. But, if it were attempt, it would be wholly pointless, since, where there could be no honest and rational excuse for concealment, the desire to be concealed would prove the baseness of the motive. 647
2. It is necessary men should be taught to be sincere.
Secondly, force ought not to intervene for the suppression of private libels, because men ought to learn to be sincere. There is no branch of virtue more essential than that which consists in giving language to our thoughts. He that is accustomed to utter what he knows to be false or to suppress what he knows to be true, is in a perpetual state of degradation. If I have had particular opportunity to observe any man's vices, justice will not fail to suggest to me that I ought to admonish him of his errors, and to warn those whom his errors might injure. They may be very sufficient ground for my representing him as a vicious man, though I may be totally unable to establish his vices so as to make him a proper subject of judicial punishment. Nay, it
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cannot be otherwise ; for I ought to describe his character exactly such as it appears to be, whether it be virtuous, or vicious, or of an ambiguous nature. Ambiguity would presently cease, if every man avowed his sentiments. It is here as in the intercourses of friendship: a timely explanation seldom fails to heal a broil; misunderstandings would not grow considerable, were we not in habit of brooding over 5 imaginary wrongs. Extent of the evil which arises from a command to be insincere.
Laws for the suppression of private libels are properly speaking laws to restrain men from the practice of sincerity. They create a warfare between the genuine dictates of unbiassed private judgment and the apparent sense of the community, throwing obscurity upon the principles of virtue, and inspiring an indifference to the practice. 648 This is one of those consequences of | political institution that presents itself at every moment: morality is rendered the victim of uncertainty and doubt. Contradictory systems of conduct contend with each other for the preference, and I become indifferent to them all. How is it possible that I should imbibe the divine enthusiasm of benevolence and justice, when I am prevented from discerning what it is in which they consist ? Other laws assume for the topic of their animadversion actions of unfrequent occurrence. But the law of libels usurps the office of directing me in my daily duties, and, by perpetually menacing me with the scourge of punishment, undertakes to render me habitually a coward, continually governed by the basest and most unprincipled motives. Courage consists more in this circumstance than in any other, the daring to speak every thing, the uttering of which may conduce to good. Actions, the performance of which requires an inflexible resolution, call upon us but seldom ; but the virtuous economy of speech is our perpetual affair. Every moralist can tell us that morality eminently consists in «the government of the tongue.» But this branch of morality has long been inverted. Instead of studying what shall tell, we are taught to consider what we shall conceal. Instead of an active virtue, «going about doing good,» we are instructed to believe that the chief end of man is to do no mischief. Instead of fortitude, we are carefully imbued with maxims of artifice and cunning, misnamed prudence. 649 Let us contrast the character of those men with whom are accustomed to converse, with the character of men such as they ought to be, and will be. On the one side we perceive a perpetual caution, that shrinks from the observing eye, that conceals with a thousand folds the genuine emotions of the heart, and that renders us unwilling to approach the men that we suppose accustomed to read it, and to tell what they read. Such character as ours are the mere shadows of men, with a specious outside perhaps, but destitute of substance and soul. Oh, when shall we arrive at the land of realities, when men shall be known for that they are, by energy of thought and intrepidity of action ! It is fortitude, that must render a man superior alike to caresses and threats, enable him to derive his happiness from within, and accustom him to be upon all occasions prompt to assist and to inform. Every thing therefore favourable to fortitude must be of inestimable value ; every thing that inculcates dissimulation worthy of our perpetual abhorrence.
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The mind spontaneously shrinks from the prosecution of a libel. There is one thing more that is of importance to be observed upon this subject of libel, which is, the good effects that would spring from every man's being accustomed to encounter falshood with its only proper antidote, truth. After all the arguments that have been industriously accumulated to justify prosecution for libel, every man that will retire into himself, will feel himself convinced of their insufficiency. The modes in which an innocent and a guilty man would repel an accus650 ation against | them might be expected to be opposite; but the law of libel confounds them. He that was conscious of his rectitude, and undebauched by ill systems of government, would say to his adversary, «Publish what you please against me, I have truth on my side, and will confound your misrepresentations.» His sense of fitness and justice would not permit him to say, «I will have recourse to the only means that are congenial to guilt, I will compel you to be silent.» A man, urged by indignation and impatience, may commence a prosecution against his accuser ; but he may be assured, the world, that is a disinterested spectator, feels no cordiality for his proceedings. The language of their sentiments upon such occasions is, «What! he dares not even let us hear what can be said against him.» Conclusion. The arguments in favour of justice, however different may be the views under which it is considered, perpetually run parallel to each other. The recommendations under this head are precisely the same as those under the preceding, the generation of activity and fortitude. The tendency of all false systems of political institution is to render the mind lethargic and torpid. Were we accustomed not to recur either to public or individual force but upon occasions that unequivocally justified their employment, we should then come to have some respect for reason, for we should know its power. How great must be the difference between him who answers me with a writ of summons or a challenge, and him who employs the sword and the 651 shield | of truth alone ? He knows that force only is to be encountered with force, and allegation with allegation ; and he scorns to change places with the offender by being the first to break the peace. He does that which, were it not for the degenerate habits of society, would scarcely deserve the name of courage, dares to meet upon equal ground, with the sacred armour of truth, an adversary who possesses only the perishable weapons of falshood. He calls up his understanding ; and does not despair of baffling the shallow pretences of calumny. He calls up his firmness ; and knows that a plain story, every word of which is marked with the emphasis of sincerity, will carry conviction to every hearer. It were absurd to expect that truth should be cultivated, so long as we are accustomed to believe that it is an impotent incumbrance. It would be impossible to neglect it, if we knew that it was as impenetrable as adamant, and as lasting as the world.
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Chap. VII. Of Constitutions.
Distinction of regulations constituent and legislative. - Supposed character of permanence that ought to be given to the former - inconsistent with the nature of man. - Source of the error. - Remark. - Absurdity of the system of permanence. - Its futility. - Mode to be pursued in framing a constitution. - Constituent laws not more important than others. - In what manner the consent of the districts is to be declared. - Tendency of the principle which requires this consent. - It would reduce the number of constitutional articles - parcel out the legislative power - and produce the gradual extinction of law. - Objection. - Answer. Distinction of regulations constituent and legislative.
An article intimately connected with the political consideration of opinion is suggested to us by a doctrine which has lately been taught relatively to constitutions. It has been said that the laws of every regular state naturally distribute themselves 653 under two heads, fundamental and adscititious ; laws, the | object of which is the distribution of political power and directing the permanent forms according to which public business is to be conducted; and laws, the result of the deliberations of powers already constituted. Supposed character of permanence that ought to be given to the former : This distinction being established in the first instance, it has been inferred, that these laws are of very unequal importance, and that of consequence those of the first class ought to be originated with much greater solemnity, and to be declared much less susceptible of variation than those of the second. The French national assembly of 1789 pushed this principle to the greatest extremity, and seemed desirous of providing every imaginable security for rendering the work they had formed immortal. It could not be touched upon any account under the term of ten years ; every alteration it was to receive must be recognised as necessary by two successive national assemblies of the ordinary kind ; after these formalities an assembly of revision was to be elected, and they to be forbidden to touch the constitution in any points than those which had been previously marked out for their consideration. inconsistent with the nature of man. It is easy to perceive that these precautions are in direct hostility with the principles established in this work. «Man and for ever !» was the motto of the labours of this assembly. Just broken loose from the thick darkness of an absolute monarchy, they assumed to prescribe lessons of wisdom to all future ages. They seem not so much as to have dreamed of that purification of intellect, that climax of improvement, 654 which may very pro|bably be the destiny of posterity. The true state of man, as has
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been already demonstrated, is, not to have his opinions bound down in the fetters of an eternal quietism, but flexible and unrestrained to yield with facility to the impressions of increasing truth. That form of society will appear most perfect to an enlightened mind, which is least founded in a principle of permanence. But, if this view of the subject be just, the idea of giving permanence to what is called the 5 constitution of any government, and rendering one class of laws, under the appellation of fundamental, less susceptible of change than another, must be founded in misapprehension and error. Source of the error.
The error probably originally sprung out of the forms of political monopoly which we see established over the whole civilised world. Government could not justly derive in the first instance but from the choice of the people ; or, to speak more accurately (for the former principle, however popular and specious, is in reality false), government ought to be adjusted in its provisions to the prevailing apprehensions of justice and truth. But we see government at present administered either in whole or in part by a king and a body of noblesse ; and we reasonably say that the laws made by these authorities are one thing, and the laws from which they derived their existence another. But we do not consider that these authorities, however originated, are in their own nature unjust. If we had never seen arbitrary and capri655 cious forms of government, we should probably never | have thought of cutting off certain laws from the code under the name of constitutional. When we behold certain individuals or bodies of men exercising an exclusive superintendence over the affairs of a nation, we inevitably ask how they came by their authority, and the answer is, By the constitution. But, if we saw no power existing in the state but that of the people, having a body of representatives, and a certain number of official secretaries and clerks acting in their behalf, subject to their revisal, and renewable at their pleasure, the question, how the people came by this authority, would never have suggested itself.
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Remark.
A celebrated objection that as been urged against the governments of modern Eu- 30 rope is that they have no constitutions". If by this objection it be understood, that they have no written code bearing this appellation, and that their constitutions have been less an instantaneous than a gradual production, the criticism seems to be rather verbal, that of essential moment. In any other sense it is to be suspected that the remark would amount to an eulogium, but an eulogium to which they are certainly 35 by no means entitled. Absurdity of the system of permanence. But to return to the question of permanence. Whether we admit or reject the distinction between constitutional and ordinary legislation, it is not less true that the power 656 of a people | to change their constitution morally considered, must be strictly and 40 universally coeval with the existence of a constitution. The language of permanence °
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in this case is the greatest of all absurdities. It is to say to a nation, «Are you convinced that something is right, perhaps immediately necessary, to be done ? It shall be done ten years hence.» The folly of this system may be farther elucidated, if farther elucidation be necessary, from the following dilemma. Either a people must be governed according to their own apprehensions of justice and truth, or they must not. The last of these assertions cannot be avowed, but upon the unequivocal principles of tyranny. But, if the first be true, then it is just as absurd to say to a nation, This government, which you chose nine years ago, is the legitimate government, and the government which your present sentiments approve the illegitimate ; as to insist upon their being governed by the dicta of their remotest ancestors, or even of the most insolent usurper. Its futility. It is extremely probable that a national assembly chosen in the ordinary forms, is just as much empowered the fundamental laws, as to change any of the least important branches of legislation. This function would never perhaps be dangerous but in a country that still preserved a portion of monarchy or aristocracy, and in such a country a principle of permanence would be found a very feeble antidote against the 657 danger. The | true principle upon the subject is, that no assembly, though chosen with the most unexampled solemnity, has a power to impose any regulations contrary to the public apprehension of right; and a very ordinary authority, fairly originated, will be sufficient to facilitate the harmonious adoption of a change that is dictated by national opinion. The distinction of constitutional and ordinary topics will always appear in practice unintelligible and vexatious. The assemblies of more frequent recurrence will find themselves arrested in the intention of conferring any eminent benefit on their country, by the apprehension that they shall invade the constitution. In a country where the people are habituated to sentiments of equality and where no political monopoly is tolerated, there is little danger that any national assembly should be disposed to inforce a pernicious change, and there is still less that the people should submit to the injury, or not possess the means easily and with small interruption of public tranquillity to avert it. The language of reason on this subject is, «Give us equality and justice, but no constitution. Suffer us to follow without restraint the dictates of our own judgement, and to change our forms of logical order as fast as we improve in understanding and knowledge.» Mode to be pursued in framing a constitution. The opinion upon this head most popular in France at the time that the national convention entered upon its functions, was that the business of the convention extended only to the presenting a draught of a constitution, to be submitted in the 658 sequel to the approbation of the districts, and then only to be considered as law. This opinion is well deserving of a serious examination. Constituent laws not more important that others. The first idea suggests itself respecting it is, that, if constitutional laws ought to be subjected to the revision of the districts, then all laws ought to undergo the same process, understanding by laws all declarations of a general principle to be applied
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to particular cases as they may happen to occur, and even including all provisions for individual emergencies that will admit of the delay incident to the revision in question. It is an egregious mistake to imagine that the importance of these articles is in a descending ratio from fundamental to ordinary, and from ordinary to particular. It is possible for the most odious injustice to be perpetrated by the best constituted assembly. A law rendering it capital to oppose the doctrine of transubstantiation, would be more injurious to the public welfare, than a law changing the duration of the national representative, from two years, to one year or to three. Taxation has been shown to be an article rather of executive than legislative administration"; and yet a very oppressive and unequal tax would be scarcely less ruinous than any single measure that could possibly be devised. In what manner the consent of the districts is to be declared.
It may farther be remarked that an approbation demanded from the districts to 659 certain constitutional articles, whether more | or less numerous, will be either real or delusive according to the mode adopted for that purpose. If the districts be required to decide upon these articles by a simple affirmative or negative, it will then be delusive. It is impossible for any man or body of men, in the due exercise of their understanding, to decide upon any complicated system in that manner. It can scarcely happen but that there will be some things that they will approve and some that they will disapprove. On the other hand, if the articles be unlimitedly proposed for discussion in the districts, a transaction will be begun to which it is not easy to foresee a termination. Some districts will object to certain articles ; and, if these articles be modelled to obtain their approbation, it is possible that the very alteration introduced to please one part of the community, may render the code less acceptable to another. How are we to be assured that the dissidents will not set up a separate government for themselves ? The reasons that might be offered to persuade a minority of districts to yield to the sense of a majority, are by no means so perspicuous and forcible, as those which sometimes persuade the minority of members in a given assembly to that species of concession. Tendency of the principle which requires this consent.
It is desirable in all cases of the practical adoption of any given principle, that we should fully understand the meaning of the principle, and perceive the conclusions to which it inevitably leads. This principle of a consent of districts has an immediate 660 tendency, by a salutary gradation perhaps, to lead to the dissolution of all government. What then can be more absurd, than to see it embraced by those very men, who are at the same time advocates for the complete legislative unity of a great empire ? It is founded upon the same basis as the principle of private judgment, which it is to be hoped will speedily supersede the possibility of the action of society in a collective capacity. It is desirable that the most important acts of the national representatives should be subject to the approbation or rejection of the districts whose representatives they are, for exactly the same reason as it is desirable, that the acts of the districts themselves should, as speedily as practicability will admit, be in force only so far as relates to the individuals by whom those acts are approved. 0
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It would reduce the number of constitutional articles : The first consequence that would result, not from the delusive, but the real establishment of this principle, would be the reduction of the constitution to a very small number of articles. The impracticability of obtaining the deliberate approbation of a great number of districts to a very complicated code, would speedily manifest itself. In reality the constitution of a state governed either in whole or in part by a political monopoly, must necessarily be complicated. But what need of complexity in a country where the people are destined to govern themselves ? The whole constitution of such a country ought scarcely to exceed two articles ; first, a scheme for the division of the whole into parts equal in their population, and, secondly, the fixing of 661 stated periods for the election of a national assembly : not to | say that the latter of these articles may very probably be dispensed with. parcel out the legislative power:
A second consequence that results from the principle of which we are treating is as follows. It has already appeared, that the reason is no less cogent for submitting important legislative articles to the revisal of the districts, than for submitting the constitutional articles themselves. But after a few experiments of this sort, it cannot fail to suggest itself, that the mode of sending laws to the districts for their revision, unless in cases essential to the general safety, is a proceeding unnecessarily circuitous, and that it would be better, in as many instances as possible, to suffer the districts to make laws for themselves without the intervention of the national assembly. The justness of this consequence is implicitly assumed in the preceding paragraph, while we stated the very narrow bounds within which the constitution of an empire, such as that of France for example, might be circumscribed. In reality, provided the country were divided into convenient districts with a power of sending representatives to the general assembly, it does not appear that any ill consequences would ensue to the common cause from these districts being permitted to regulate their internal affairs, in conformity to their own apprehensions of justice. Thus, that which was at first a great empire with legislative unity, would speedily be transformed into a confederacy of lesser republics, with a general congress or Amphictyonic 662 council, answering the purpose of a point of cooperation | upon extraordinary occasions. The ideas of a great empire and legislative unity are plainly the barbarous remains of the days of military heroism. In proportion as political power is brought home to the citizens, and simplified into something of the nature of parish regulation, the danger of misunderstanding and rivalship will be nearly annihilated. In proportion as the science of government is divested of its present mysterious appearances, social truth will become obvious, and the districts pliant and flexible to the dictates of reason. and produce the gradual estimation of law. A third consequence sufficiently memorable from the same principle is the gradual extinction of law. A great assembly, collected from the different provinces of an extensive territory, and constituted the sole legislator of those by whom the territory is inhabited, immediately conjures up to itself an idea of the vast multitude of laws that are necessary for regulating the concerns of those whom it represents. A large
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city, impelled by the principles of commercial jealousy, is not slow to digest the volume of its by-laws and exclusive privileges. But the inhabitants of a small parish, living with some degree of that simplicity which best corresponds with the real nature and wants of a human being, would soon be led to suspect that general laws were unnecessary, and would adjudge the causes that came before them, not according to certain axioms previously written, but according to circumstances and demand of each particular cause. - It was proper that this consequence should be 663 mentioned | in this place. The benefits that will arise from the abolition of law will come to be considered in detail in the following book. Objection.
The principal objection that is usually made to the idea of confederacy considered as the substitute of legislative unity, is the possibility that arises of the members of the confederacy detaching themselves from the support of the public cause. To give this objection every advantage, let us suppose that the seat of the confederacy, like France, is placed in the midst of surrounding nations, and that the governments of these nations are anxious by every means of artifice and violence to suppress the insolent spirit of liberty that has started up among this neighbour people. Answer.
It is to believed that even under these circumstances the danger is more imaginary than real. The national assembly, being precluded by the supposition from the use of force against the malcontent districts, is obliged to confine itself to expostulation ; and it is sufficiently observable that our powers of expostulation are tenfold increased the moment our hopes confined to expostulation alone. They have to describe with the utmost perspicuity and simplicity the benefits of independence ; to convince the public at large, that all they intend is to enable every district, and as far as possible every individual, to pursue unmolested their own ideas of propriety ; and that under their auspices there shall be no tyranny, no arbitrary punishments, such as proceed from the jealousy of councils and courts, no exactions, almost no taxation. 664 Some ideas respecting this last subject will speedily occur. | It is not possible but that, in a country rescued from the inveterate evils of despotism, the love of liberty should be considerably diffused. The adherents therefore of the public cause will be many : the malcontents few. If a small number of districts were so far blinded as to be willing to surrender themselves to oppression and slavery, it is probable they would soon repent. Their desertion would inspire the more enlightened and courageous with additional energy. It would be a glorious spectacle to see the champions of the cause of truth declaring that they desired none but willing supporters. It is not possible that so magnanimous a principle should not contribute more to the advantage than the injury of their cause.
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Chap. VIII. Of National Education.
Arguments in its favour. - Answer. - 1. It produces permanence of opinion. - Nature of prejudice and judgment described. - 2. It requires uniformity of operation. - 3. It is the mirror and tool of national government. - The right of punishing not founded in the previous function of instructing. A mode in which government has been accustomed to interfere for the purpose of influencing opinion, is by the superintendence it has in a greater or less degree exerted in the article of education. It is worthy of observation that the idea of this superintendence has obtained the countenance of several of the most zealous advocates of political reform. The question relative to its propriety or impropriety it entitled on that account to the more deliberate examination. Arguments in its favour. The arguments in its favour have been already anticipated. «Can it be justifiable in those persons, who are appointed to the functions of magistracy, and whose duty it is 666 to consult for | the public welfare, to neglect the cultivation of the infant mind, and to suffer its future excellence or depravity to be at the disposal of fortune ? Is it possible for patriotism and the love of the public to be made the characteristic of a whole people in any other way so successfully, as by rendering the early communication of these virtues a national concern ? If the education of our youth be entirely confided to the prudence of their parents or the accidental benevolence of private individuals, will it not be a necessary consequence, that some will be educated to virtue, others to vice, and others again entirely neglected ?» To these considerations it has been added, «that the maxim which has prevailed in the majority of civilised countries, that ignorance of the law is no apology for the breach of it, is in the highest degree iniquitous ; and that government cannot justly punish us for our crimes when committed, unless it have forewarned us against their commission, which cannot be adequately done without something of the nature of public education.» Answer. The propriety or impropriety of any project for this purpose must be determined by the general consideration of its beneficial or injurious tendency. If the exertions of the magistrate in behalf of any system of instruction will stand the test as conducive to the public service, undoubtedly he cannot be justified in neglecting them. If on the contrary they conduce to injury, it is wrong and unjustifiable that they should be made.
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1. It produces permanence of opinion. The injuries that result from a system of national education are, in the first place, that all public establishments include in them the idea of permanence. They endeavour it may be to secure and to diffuse whatever of advantageous to society is already known, but they forget that more remains to be known. If they realised the most substantial benefits at the time of their introduction, they must inevitably become less and less useful as they increased in duration. But to describe them as useless is a very feeble expression of their demerits. They actively restrain the flights of mind, and fix it in the belief of exploded errors. It has commonly been observed of universities and extensive establishments for the purpose of education, that the knowledge taught there, is a century behind the knowledge which exists among the unshackled and unprejudiced members of the same political community. The moment any scheme of proceeding gains a permanent establishment, it becomes impressed as one of its characteristic features with an aversion to change. Some violent concussion may oblige its conductors to change an old system of philosophy for a system less obsolete; and they are then as pertinaciously attached to this second doctrine as they were to the first. Real intellectual improvement demands that mind should as speedily as possible be advanced to the height of knowledge already existing among the enlightened members of the community, and start from thence in the pursuit of farther acquisitions. But public education has always expended its energies in the support of prejudice ; it teaches its pupils, not the 668 fortitude that shall bring every proposition to the test of examination, but the art of vindicating such tenets as may chance to be previously established. We study Aristotle or Thomas Aquinas or Bellarmine or chief justice Coke, not that we may detect their errors, but that our minds may be fully impregnated with their absurdities. This feature runs through every species of public establishment; and even in the petty institution of Sunday schools, the chief lessons that are taught, are a superstitious veneration for the church of England, and to bow to every man in a handsome coat. All this is directly contrary to the true interest of mind. All this must be unlearned, before we can begin to be wise. Nature of prejudice and judgment described. It is the characteristic of mind to be capable of improvement. An individual surrenders the best attribute of man, the moment he resolves to adhere to certain fixed principles, for reasons not now present to his mind, but which formerly were. The instant in which he shuts upon himself the career of enquiry, is the instant of his intellectual decease. He is no longer a man ; he is the ghost of departed man. There can be no scheme more egregiously stamped with folly, than that of separating a tenet from the evidence upon which its validity depends. If I cease from the habit of being able to recal this evidence, my belief is no longer a perception, but a prejudice : it may influence me like a prejudice; but cannot animate me like a real 669 apprehension of truth. The difference between the man thus guided, and the | man that keeps his mind perpetually alive, is the difference between cowardice and fortitude. The man who is in the best sense an intellectual being, delights to recollect the reasons that have convinced him, to repeat them to others, that they may produce
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conviction in them, and stand more distinct and explicit in his own mind ; and he adds to this a willingness to examine objections, because he takes no pride in consistent error. The man who is not capable of this salutary exercise, to what valuable purpose can he be employed ? Hence it appears that no vice can be more destructive than that which teaches us to regard any judgment as final, and not open to review. The same principle that applies to individuals applies to communities. There is no proposition, at present apprehended to be true, so valuable as to justify the introduction of an establishment for the purpose of inculcating it on mankind. Refer them to reading, to conversation, to mediation ; but teach them neither creeds nor catechisms, neither moral nor political. 2. It requires uniformity of operation.
Secondly, the idea of national education is founded in an inattention to the nature of mind. Whatever each man does for himself is done well; whatever his neighbours or his country undertake to do for him is done ill. It is our wisdom to incite men to act for themselves, not to retain them in a state of perpetual pupillage. He that learns because he desires to learn, will listen to the instructions he receives, and apprehend 670 their meaning. He that teaches because he desires to teach, will discharge | his occupation with enthusiasm and energy. But the moment political institution undertakes to assign to every man his place, the functions of all will be discharged with supineness and indifference. Universities and expensive establishments have long been remarked for formal dulness. Civil policy has given me the power to appropriate my estate to certain theoretical purposes ; but it is an idle presumption to think I can entail my views, as I can entail my fortune. Remove all those obstacles which prevent men from seeing and restrain them from pursuing their real advantage, but do not absurdly undertake to relieve them from the activity which this pursuit requires. What I earn, what I acquire only because I desire to acquire it, I estimate at its true value ; but what is thrust upon me may make me indolent, but cannot make me respectable. It is extreme folly to endeavour to secure to others, independently of exertion on their part, the means of being happy. - This whole proposition of a national education, is founded upon a supposition which has been repeatedly refuted in this work, but which has recurred upon us in a thousand forms, that unpatronised truth is inadequate to the purpose of enlightening mankind. 3. It is the mirror and tool of national government.
Thirdly, the project of a national education ought uniformly to be discouraged on account of its obvious alliance with national government. This is an alliance of a more formidable nature, than the old and much contested alliance of church and 671 state. Before we put so powerful a machine under the direction | of so ambiguous an agent, it behoves us to consider well what it is that we do. Government will not fail to employ it to strengthen its hands, and perpetuate its institutions. If we could even suppose the agents of government not to propose to themselves an object, which will be apt to appear in their eyes, not merely innocent, but meritorious ; the evil would not the less happen. Their views as institutors of a system of education, will not fail to be analogous to their views in their political capacity : the data upon which their conduct as statesmen is vindicated, will be the data upon which their institutions are
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founded. It is not true that our youth ought to be instructed to venerate the constitution, however excellent; they should be instructed to venerate truth; and the constitution only so far as it corresponded with their independent deductions of truth. Had the scheme of a national education been adopted when despotism was most triumphant, it is not to be believed that it could have for ever stifled the voice of truth. But it would have been the most formidable and profound contrivance for that purpose that imagination can suggest. Still, in the countries where liberty chiefly prevails, it is reasonably to be assumed that there are important errors, and a national education has the most direct tendency to perpetuate those errors, and to form all minds upon one model. The right of punishing not founded in the previous function of instructing.
It is not easy to say whether the remark, «that government cannot justly punish 672 offenders, unless it have previously informed | them what is virtue and what is offence,» be entitled to a separate answer. It is to be hoped that mankind will never have to learn so important a lesson through so corrupt a channel. Government may reasonably and equitably presume that men who live in society know that enormous crimes are injurious to the public weal, without its being necessary to announce them as such, by laws to be proclaimed by heralds, or expounded by curates. It has been alleged that «mere reason may teach me not to strike my neighbour ; but will never forbid my sending a sack of wool from England, or printing the French constitution in Spain.» This objection leads to the true distinction upon the subject. All real crimes are capable of being discerned without the teaching of law. All supposed crimes, not capable of being so discerned, are truly and unalterably innocent. It is true that my own understanding would never have told me that the exportation of wool was a vice : neither do I believe it is a vice now that a law has been made affirming it. It is a feeble and contemptible remedy for iniquitous punishments, to signify to mankind beforehand that you intend to inflict them. Nay, the remedy is worse than the evil: destroy me if you please ; but do not endeavour by a national education to destroy in my understanding the discernment of justice and injustice. The idea of such an education, or even perhaps of the necessity of a written law, would never have occurred, if government and jurisprudence had never attempted the arbitrary conversion of innocence into guilt.
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Chap. IX. Of Pensions and Salaries.
Reasons by which they are vindicated. - Labour in its usual acceptation and labour for the public compared. - Immoral effects of the institution of salaries. - Source from which they are derived - unnecessary for the subsistence of the public functionary - for dignity. - Salaries of inferior officers - may also be superseded. - Taxation. - Qualifications. An article which deserves the maturest consideration, and by means of which political institution does not fail to produce the most important influence upon opinion, is that of the mode of rewarding public services. The mode which has obtained in all European countries is that of pecuniary reward. He who is employed to act in behalf of the public, is recompensed with a salary. He who retires from that employment, is recompensed with a pension. The arguments in support of this system are well known. Reasons on which thee institution of salaries is founded. It has been remarked, «that it may indeed be creditable to individuals to be willing to 674 serve their country without a reward, but that it is a becoming pride on the | part of the public, to refuse to receive as an alms that for which they are well able to pay. If one man, animated by the most disinterested motives, be permitted to serve the public upon these terms, another will assume the exterior of desinterestedness, as a step towards the gratification of a sinister ambition. If men be not openly and directly paid for the services they perform, we may rest assured that they will pay themselves by ways ten thousand times more injurious. He who devotes himself to the public, ought to devote himself entire : he will therefore be injured in his personal fortune, and ought to be replaced. Add to this, that the servants of the public ought by their appearances and mode of living to command respect both from their own countrymen and from foreigners ; and that this circumstance will require an expence for which it is the duty of their country to provide".» Labour in its usual acception and labour for the public compared. Before this argument can be sufficiently estimated, it will be necessary for us to consider the analogy between labour in its most usual acceptation and labour for the public service, what are the points in which they resemble and in which they differ. If I cultivate a field the produce of which is necessary for my subsistence, this is an innocent and laudable action, the first object it proposes is my own emolument, and it cannot be unreasonable that that object should be much in my contemplation 675 while the labour is performing. If I cultivate a field the produce of which is not The substance of these arguments may be founded in Mr. Burke's Speech on Oeconomical Reform.
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necessary to my subsistence, but which I propose to give in barter for a garment, the case then becomes different. The action here does not properly speaking begin in myself. Its immediate object is to provide food for another; and it seems to be in some degree a perversion of intellect, that causes me to place in an inferior point of view the inherent quality of the action, and to do that which is in the first instance benevolent, from a partial retrospect to my own advantage. Still the perversion here, at least to our habits of reflecting and judging, does not appear violent. The action differs only in form from that which is direct. I employ that labour in cultivating a field, which must otherwise be employed in manufacturing a garment. The garment I propose to myself as the end of my labour. We are not apt to conceive of this species of barter and trade as greatly injurious to our moral discernment. But then this is an action in the slightest degree indirect. It does not follow, because we are induced to do some actions immediately beneficial to others from a selfish motives, that we can admit of this in all instances with impunity. It does not follow, because we are sometimes inclined to be selfish, that we must never be generous. The love of our neighbour is the great ornament of a moral nature. The perception of truth is the most solid improvement of an intellectual nature. He that 676 sees nothing in the universe deserving of regard but himself, is | a consummate stranger to the dictates of immutable reason. He that is not influenced in his conduct by the real and inherent natures of things, is rational to no purpose. Admitting that it is venial to do some actions immediately beneficial to my neighbour from a partial retrospect to myself, surely there must be other actions in which I ought to forget, or endeavour to forget myself. This duty is most obligatory in actions most extensive in their consequences. If a thousand men be to be benefited, I ought to recollect that I am only an atom in the comparison, and to reason accordingly. Immoral effects of the institution of salaries : These considerations may qualify us to decide upon the article of pensions and salaries. Surely it ought not to be the end of a good political institution to increase our selfishness, instead of suffering it do dwindle and decay. If we pay an ample salary to him who is employed in the public service, how are we sure that he will not have more regard to the salary than to the public ? If we pay a small salary, yet the very existence of such a payment will oblige men to compare the work performed and the reward bestowed ; and all the consequence that will result will be to drive the best men from the service of their country, a service first degraded by being paid, and then paid with an ill-timed parsimony. Whether the salary be large or small, if a salary exist, many will desire the office for the sake of its appendage. Functions the most extensive in their consequences will be converted into a trade. 677 How humiliating will it be to the | functionary himself, amidst the complication and subtlety of motives, to doubt whether the salary were not one of his inducements to the accepting the office ? If he stand acquitted to himself, it is however still to be regretted, that grounds should be afforded to his countrymen, which tempt them to misinterpret his views.
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source from which they are derived: Another consideration of great weight in this instance is that of the source from which salaries are derived : from the public revenue, from taxes imposed upon the community. But there is no practicable mode of collecting the superfluities of the community. Taxation, to be strictly equal, if it demand from the man of an hundred a year ten pounds, ought to demand from the man of a thousand a year nine hundred and ten. Taxation will always be unequal and oppressive, wresting the hard earned morsel from the gripe of the peasant, and sparing him most whose superfluities most defy the limits of justice. I will not say that the man of clear discernment and an independent mind would rather starve than be subsisted at the public cost: but I will say, that it is scarcely possible to devise any expedient for his subsistence that he would not rather accept. unnecessary for the subsistence of the public functionary : Meanwhile the difficulty under this head is by no means insuperable. The majority of persons chosen for public employment, under any situation of mankind ap- proaching to the present, will possess a personal fortune adequate to their support. 678 Those selected from a different class, will probably be selected for extraordinary talents, which will naturally lead to extraordinary resources. It has been deemed dishonourable to subsist upon private liberality ; but this dishonour is produced only by the difficulty of reconciling this mode of subsistence and intellectual independence. It is free from many of the objections that have been urged against a public stipend. I ought to receive your superfluity as my due, while I am employed in affairs more important than that of earning a subsistence ; but at the same time to receive it with a total indifference to personal advantage, taking only precisely what is necessary for the supply of my wants. He that listens to the dictates of justice and turns a deaf ear to the dictates of pride, will wish that the constitution of his country should cast him for support on the virtue of individuals, rather than provide for his support at the public expence. That virtue will, as in all other instances, increase, the more it is called into action. «But what if he have a wife and children ?» Let many aid him, if he aid of one be insufficient. Let him do in his lifetime what Eudamidas did at his decease, bequeath his daughter to be subsisted by one friend, and his mother by another. This is the only true taxation, which he that is able, and thinks himself able, assesses on himself, not which he endeavours to discharge upon the shoulders of the poor. It is a striking example of the power of venal governments in generating prejudice, that this scheme of serving the public functions without sala679 ries, so common among the ancient republicans, should by liberal minded men of the present day be deemed impracticable. It is not to be believed that those readers who already pant for the abolition of government and regulations in all their branches, should hesitate respecting so easy an advance towards his desirable object. Nor let us imagine that the safety of the community will depend upon the services of an individual. In the country in which individuals fit for the public service are rare, the post of honour will be his, not that fills an official situation, but that from his closet endeavours to waken the sleeping virtues of mankind. In the country where they are frequent, it will not be difficult by the short duration of the employment to com-
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pensate for the slenderness of the means of him that fills it. It is not easy to describe the advantages that must result from this proceeding. The public functionary would in every article of his charge recollect the motives of public spirit and benevolence. He would hourly improve in the energy and disinterestedness of his character. The habits created by a frugal fare and a chearful poverty, not hid as now in obscure retreats, but held forth to public view, and honoured with public esteem, would speedily pervade the community, and auspiciously prepare them for still farther improvements. for dignity.
The objection, «that it is necessary for him who acts on the part of the public to make a certain figure, and to live in a style calculated to excite respect,» does not deserve a separate answer. The whole spirit of this treatise is in direct hostility to 680 this ob[jection. If therefore it have not been answered already, it would be vain to attempt an answer in this place. It is recorded of the burghers of the Netherlands who conspired to throw off the Austrian yoke, that they came to the place of consultation each man with his knapsack of provisions : who is there that feels inclined to despise this simplicity and honourable poverty ? The abolition of salaries would doubtless render necessary the simplification and abridgement of public business. This would be a benefit and not a disadvantage. Salaries of inferior officers : It will farther be objected that there are certain functionaries in the lower departments of government, such as clerk and taxgatherers, whose employment is perpetual, and whose subsistence ought for that reason to be made the result of their employment. If this objection were admitted, its consequences would be of subordinate importance. The office of a clerk or a tax-gatherer is considerably similar to those of mere barter and trade ; and therefore to degrade it altogether to their level, would have little resemblance to the fixing such a degradation upon offices that demand the most elevated mind. The annexation of a stipend to such employments, if considered only as a matter of temporary accommodation, might perhaps be endured. may also be superseded. But the exception, if admitted, ought to be admitted with great caution. He that is employed in an affair of public necessity ought to feel, while he discharges it, its 681 true character. We should never allow ourselves to undertake an office of a public nature, without feeling ourselves animated with a public zeal. We shall otherwise discharge our trust with comparative coldness and neglect. Nor is this all. Taxation.
The abolition of salaries would lead to the abolition of those offices to which salaries are thought necessary. If we had neither foreign wars nor domestic stipends, taxation would be almost unknown ; and, if we had no taxes to collect, we should want no clerks to keep an account of them. In the simple scheme of political institution which reason dictates, we could scarcely have any burdensome offices to discharge; and, if we had any that were so in their abstract nature, they might be rendered light by the perpetual rotation of their holders.
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Qualifications.
If we have no salaries, for a still stronger reason we ought to have no pecuniary qualifications, or in other words no regulation requiring the possession of a certain property, as a condition to the right of electing or the capacity of being elected. It is an uncommon strain of tyranny to call upon men to appoint for themselves a delegate, and at the same time forbid them to appoint exactly the man whom they are judge fittest for the office. Qualification in both kinds is the most flagrant injustice. It asserts the man to be of less value than his property. It furnishes to the candidate a new stimulus to the accumulation of wealth ; and this passion, when once set in 682 motion, is not easily allayed. It tells him, «Your intellectual and moral qualifications may be of the highest order ; but you have not enough of the means of luxury and vice.» To the non-elector it holds the most detestable language. It says, «You are poor ; you are unfortunate ; the institutions of society oblige you to be the perpetual witness of other men's superfluity : because you are sunk thus low, we will trample you yet lower ; you shall not even be reckoned in the lists for a man, you shall be passed by as one of whom society makes no account, and whose welfare and moral existence she disdains to recollect.»
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Chap. X. Of the Modes of Deciding a Question on the Part of the Community.
Decision by lot, its origin - founded in the system of discretionary rights implies the desertion of duty. - Decision by ballot - inculcates timidity and hypocrisy. - Decision by vote, its recommendations. What has been here said upon the subject of qualifications, naturally leads to a few important observations upon the three principal modes of conducting election, by sortition, by ballot or by vote. Decision by lot, its origin : The idea of sortition was first introduced by the dictates of superstition. It was supposed that, when human reason piously acknowledged its insufficiency, the Gods, pleased with so unfeigned a homage, interfered to guide the decision. This imagination is now exploded. Every man who pretends to philosophy will confess that, wherever sortition is introduced, the decision is exclusively guided by the laws of impulse and gravitation. - Strictly speaking there is no such thing as contingence. 684 But, so far as relates to the exercise of apprehension and judgment on the particular question to be determined, all decision by lot is the decision of contingence. The operations of impulse and gravitation either proceed from a blind and unconscious principle ; or, if they proceed from mind, it is mind executing general laws, and not temporising with every variation of human caprice. founded in the system of discretionary rights : All reference of public questions and elections to lot includes in it two evils, moral misapprehension and cowardice. There is no situation in which we can be placed that has not its correspondent duties. There is no alternative that can be offered to our choice, that does not include in it a better and a worse. The idea of sortition derives from the same root as the idea of discretionary rights. Men, undebauched by the lessons of superstition, would never have recourse to the decision by lot, were they not impressed with the notion of indifference, that they had a right to do any one of two or more things offered to their choice ; and that of consequence, in order to rid themselves of uncertainty and doubt, it was sufficiently allowable to refer the decision of certain matters to accident. It is of great importance that this idea should be extirpated. Mind will never arrive at the true tone energy, till we feel that moral liberty and discretion are mere creatures of the imagination, that in all cases our duty is precise, and the path of justice single and direct. 685
implies the desertion of duty.
But, supposing us convinced of this principle, if we afterwards desert it, this is the most contemptible cowardice. Our desertion either arises from our want of energy to enquire, to compare and to decide, or from our want of fortitude to despise the
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inconveniences that might attend upon our compliance with what our judgment dictates. Decision by ballot:
Ballot is a mode of decision still more censurable than sortition. It is scarcely possible to conceive of a political institution that includes a more direct and explicit patronage of vice. It has been said, «that ballot may in certain cases be necessary to enable a man of a feeble character to act with ease and independence, and to prevent bribery, corrupt influence and faction.» Vice is an ill remedy to apply to the diminution of vice. inculcates timidity :
A feeble and irresolute character might before be accidental; ballot is a contrivance to render it permanent, and to scatter its seeds over a wider surface. The true cure for a want of constancy and public spirit is to inspire firmness, not to inspire timidity. Truth, if communicated to the mind with perspicuity, is a sufficient basis for virtue. To tell men that it is necessary they should form their decision by ballot, is to tell that it is necessary they should be vicious. and hypocrisy.
If sortition taught us to desert our duty, ballot teaches us to draw a veil of concealment over our performance of it. It points out to us a method of acting unobserved. It 686 incites us to make | a mystery of our sentiments. If it did this the most trivial article, it would not be easy to bring the mischief it would produce within the limits of calculation. But it dictates this conduct in our most important concerns. It calls upon us to discharge our duty to the public with the most virtuous constancy ; but at the same time directs us to hide our discharge of it. One of the most admirable principles in the structure of the material universe, is its tendency to prevent us from withdrawing ourselves from the consequences of our own actions. Political institution that should attempt to counteract this principle, would be the only true impiety. How can a man have the love of the public in his heart, without the dictates of that love flowing to his lips ? When we direct men to act with secrecy, we direct them to act with frigidity. Virtue will always be an unusual spectacle among men, till they shall have learned to be at all times ready to avow their actions and assign the reasons upon which they are founded. Decision by vote, its recommendations. If then sortition and ballot be institutions pregnant with vice, it follows, that all social decisions should be made by open vote ; that, wherever we have a function to discharge, we should reflect on the mode in which it ought to be discharged ; and that, whatever conduct we are persuaded to adopt, especially in affairs of general concern, should be adopted in the face of the world.
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Book VII. Of Crimes and Punishments.
Chap. I. Limitations of the Doctrine of Punishment which Results from the Principles of Morality. Definition of punishment. - Nature of crime. - Retributive justice not independent and absolute - not to be vindicated from the system of nature. Desert a chimerical property. - Conclusion. The subject of punishment is perhaps the most fundamental in the science of politics. Men associated for the sake of mutual protection and benefit. It has already 688 appeared, that | the internal affairs of such associations are of infinitely greater importance than their external0. It has appeared that the action of society in conferring rewards and superintending opinion is of pernicious effect''. Hence it follows that government, or the action of the society in its corporate capacity, can scarcely be of any utility, except so far as it is requisite for the suppression of force by force ; for the prevention of the hostile attack of one member of the society upon the person or property of another, which prevention is usually called by the name of criminal justice, or punishment. Definition of punishment. Before we can properly judge of the necessity or urgency of this action of government, it will be of some importance to consider the precise import of the word punishment. I may employ force to counteract the hostility that is actually committing on me. I may employ force to compel any member of the society to occupy the post that I conceive most conducive to the general advantage, either in the mode of impressing soldiers and sailors, or by obliging a military officer or a minister of state to accept or retain his appointment. I may put an innocent man to death for the common good, either because he is infected with pestilential disease, or because some oracle has declared it essential to the public safety. None of these, though they consist in the exertion of force for some moral purpose, comes within the import of 689 the word punishment. Punishment is | generally used to signify the voluntary infliction to evil upon a vicious being, not merely because the public advantage demands it, but because there is apprehended to be a certain fitness and propriety in the nature of things, that render suffering, abstractedly from the benefit to result, the suitable concomitant of vice. ° b
Book V, Chap. XX. Book V, Chap. XII. Book VI, passim.
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An Enquiry Concerning Political Justice
Nature of crime.
The justice of punishment therefore, in the strict import of the word, can only be a deduction from the hypothesis of freewill, and must be false, if human actions be necessary. Mind, as was sufficiently apparent when we treated of that subject", is an agent, in no other sense than matter is an agent. It operates and is operated upon, and the nature, the force and line of direction of the first, is exactly in proportion to the nature, force and line of direction of the second. Morality in a rational and designing mind is not essentially different from morality in an inanimate substance. A man of certain intellectual habits is fitted to be an assassin, a dagger of a certain from is fitted to be his instrument. The one or the other excites a greater degree of disapprobation, in proportion as its fitness for mischievous purposes appears to be more inherent and direct. I view a dagger on this account with more disapprobation than a knife, which is perhaps equally adapted for the purposes of the assassin; because the dagger has few or no beneficial uses to weigh against those that are 690 hurtful, and because it has a tendency by means | of association to the exciting of evil thoughts. I view the assassin with more disapprobation than the dagger, because he is more to be feared, and it is more difficult to change his vicious structure or take from him his capacity to injure. The man is propelled to act by necessary causes and irresistible motives, which, having once occurred, are likely to occur again. The dagger has no quality adapted to the contraction of habits, and, though it have committed a thousand murders, is not at all more likely (unless so far as those murders, being known, may operate as a slight associated motive with the possessor) to commit murder again. Except in the articles here specified, the two cases are exactly parallel. The assassin cannot help the murder he commits any more than the dagger. Retributive justice not independent and absolute :
These arguments are merely calculated to set in a more perspicuous light a principle, which is admitted by many by whom the doctrine of necessity has never been examined ; that the only measure of equity is utility, and whatever is not attended with any beneficial purpose, is not just. This is so evident a proposition that few reasonable and reflecting minds will be found inclined to reject it. Why do I inflict suffering on another ? If neither for his own benefit nor the benefit of others, can that be right ? Will resentment, the mere indignation and horror I have conceived against vice, justify me in putting a being to useless torture ? «But suppose I only put an end to his existence.» What, with no prospect of benefit either to 691 himself or others ? The reason the mind easily reconciles itself to this supposition is, that we conceive existence to be less a blessing than a curse to a being incorrigibly vicious. But in that case the supposition does not fall within the terms of the question : I am in reality conferring a benefit. It has been asked, «If we conceive to ourselves two beings, each of them solitary, but the first virtuous and the second vicious, the first inclined to the highest acts of benevolence, if his situation were changed for the social, the second to malignity, tyranny and injustice, do we not feel that the first is "
Book IV, Chap. VI.
Book VII, Chapter I
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entitled to felicity in preference to the second ?» If there be any difficulty in the question, it is wholly caused by the extravagance of the supposition. No being can be either virtuous or vicious who has no opportunity of influencing the happiness of others. He may indeed, though now solitary, recollect or imagine a social state ; but this sentiment and the propensities it generates can scarcely be vigorous, unless he 5 have hopes of being at some future time restored to that state. The true solitaire cannot be considered as a moral being, unless the morality we contemplate be that which has relation to his own permanent advantage. But, if that be our meaning, punishment, unless for reform, is peculiarly absurd. His conduct is vicious, because it has a tendency to render him miserable : shall we inflict calamity upon him, for 10 this reason only because he has already inflicted calamity upon himself ? It is difficult for us to imagine to ourselves a solitary intellectual being, whom no future 692 accident shall ever | render social. It is difficult to us to separate even in idea virtue and vice from happiness and misery ; and of consequence not to imagine that, when we bestow a benefit upon virtue, we bestow it where it will turn to account; and, 15 when we bestow a benefit upon vice, we bestow it where it will be unproductive. For these reasons the question of a solitary being will always be extravagant and unintelligible, but will never convince. not to be vindicated from the system of nature. It has sometimes been alledged that the very course of nature has annexed suffering to vice, and has thus led us to the idea of punishment. Arguments of this sort must be listened to with great caution. It was by reasonings of a similar nature that our ancestors justified the practice of religious persecution : «Heretics and unbelievers are the objects of God's indignation; it must therefore be meritorious in us to mal-treat those whom God has cursed.» We know too little of the system of the universe, are too liable to error respecting it, and see too small a portion of the whole, to entitle us to form our moral principles upon an imitation of what we conceive to be the course of nature. It is an extreme error to suppose that the course of nature is something arbitrarily adjusted by a designing mind. Let us once conceive a system of percipient beings to exist, and all that we know of the history of man follows from that conception as so many inevitable consequences. Mind beginning to exist must have begun from ignor693 ance have received idea after | idea, must have been liable to erroneous conclusions from imperfect conceptions. We say that the system of the universe has annexed happiness to virtue and pain to vice. We should speak more accurately if we said, that virtue would not be virtue nor vice be vice, if this connection could cease. The office of the principle, whether mind or whatever else, to which the universe owes its existence, is less that of fabricating than conducting ; is not the creation of truth, and the connecting ideas and propositions which had no original relation to each other, but the rendering truth, the nature of which is unalterable, an active and vivifying principle. It cannot therefore be good reasoning to say, the system of nature annexes unhappiness to vice, or in other words vice brings its own punishment along with it, therefore it would be unjust in us not by a positive interference to render that punishment double.
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Desert a chimerical property. Thus it appears, whether we enter philosophically into the principle of human actions, or merely analyse the ideas of rectitude and justice which have the universal consent of mankind, that, accurately speaking, there is no such thing as desert. It cannot be just that we should inflict suffering on any man, except so far as it tends to good. Hence it follows that the strict acceptation of the word punishment by no means accords with any sound principles of reasoning. It is right that I should inflict 694 suffering, in every case where it can be clearly shown that | such infliction will produce an overbalance of good. But this infliction bears no reference to the mere innocence or guilt of the person upon whom it is made. An innocent man is the proper subject of it, if it tend to good. A guilty man is the proper subject of it under no other point of view. To punish him upon any hypothesis for what is past and irrecoverable and for the consideration of that only, must be ranked among the wildest conceptions of untutored barbarism. Every man upon whom discipline is administered, is to be considered as to the rationale of this discipline as innocent. Xerxes was not more unreasonable when he lashed the waves of the sea, than that man would be who inflicted suffering on his fellow, from a view to the past, and not from a view to the future. Conclusion.
It is of the utmost importance that we should bear these ideas constantly in mind during our whole examination of the theory of punishment. This theory would in the past transactions of mankind have been totally different, if they had divested themselves of all emotions of anger and resentment; if they had considered the man who torments another for what he has done, as upon par with the child who beats the table ; if they had figured to their imagination, and then properly estimated, the man, who should shut up in prison some atrocious criminal, and afterwards torture him at stated periods, merely in consideration of the abstract congruity of crime and pun695 ishment, without any possi|ble benefits to others or to himself; it they had regarded infliction as that which was to be regulated solely by a dispassionate calculation of the future, without suffering the past, in itself considered, for a moment to enter into the account.
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Chap. II. General Disadvantages of Coercion.
Conscience in matters of religion considered - in the conduct of life. - Best practicable criterion of duty - not the decision of other men - but of our own understanding. - Tendency of coercion. - Its various classes considered. Having thus precluded all ideas of punishment or retribution strictly so called, it belongs to us in the farther discussion of this interesting subject, to think merely of that coercion, which has usually been employed against persons convicted of past injurious action, for the purpose of preventing future mischief. And here we will first consider what is the quantity of evil which accrues from all such coercion, and secondly examine the cogency of the various reasons by which this coercion is recommended. It will not be possible wholly to avoid the repetition of some of the reasons which occurred in the preliminary discussion of the exercise of private judgment". But those reasonings will now be extended, and derive additional advantage from a fuller arrangement. Conscience in matters of religion considered :
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It is commonly said that no man ought to be compelled in matters of religion to act contrary to the dictates of his conscience. Religion is a principle which the practice of all ages has deeply impressed upon the mind. He that discharges what his own apprehensions prescribe to him on the subject, stands approved to the tribunal of his own mind, and, conscious of rectitude in his intercourse with the author of nature, cannot fail to obtain the greatest of those advantages, whatever may be their amount, which religion has to bestow. It is in vain that I endeavour by persecuting statutes to compel him to resign a false religion for a true. Arguments may convince, but persecution cannot. The new religion, which I oblige him to profess contrary to his conviction, however pure holy it may be in its own nature, has no benefits in store for him. The sublimest worship becomes transformed into a source of corruption, when it is not consecrated by the testimony of a pure conscience. Truth is the second object in this respect, integrity of heart is the first: or rather a proposition, that in its abstract nature is truth itself, converts into rank falshood and mortal poison, if it be professed with the lips only, and abjured by the understanding. It is then the foul grab of hypocrisy. Instead of elevating the mind above sordid temptations, it perpetually reminds the worshipper of the abject pusillanimity to which he has yielded. Instead of filling him with sacred confidence, it overwhelms with confusion and remorse.
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in the conduct of life.
The inference that has been made from these reasonings is, that criminal law is eminently misapplied in affairs of religion, and that its true province is civil misdemeanours. But this inference is false. It is only by an unaccountable perversion of reason, that men have been induced to affirm that religion is the sacred province of conscience, and that moral duty may be left undefined to the decision of the magistrate. What, is it of no consequence whether I be the benefactor of my species, or their bitterest enemy ? whether I be an informer, or a robber, or a murderer ? whether I be employed as a soldier to extirpate my fellow beings, or be called upon as a citizen to contribute my property to their extirpation ? whether I tell the truth with that firmness and unreserve which ardent philanthropy will not fail to inspire, or suppress science lest I be convicted of blasphemy, and fact lest I be convicted of a libel ? whether I contribute my efforts for the furtherance of political justice, or quietly submit to the exile of a family of whose claims I am an advocate, or to the subversion of liberty for which every man should be ready to die ? Nothing can be more clear, than that the value of religion, or of any other species of abstract opinion, lies in its moral tendency. If I should be ready to set at nought the civil power for the sake of that which is the means, how much more when it rises in contradiction to the end ? Best practicable criterion of duty :
Of all human concerns morality is the most interesting. It is the perpetual associates 699 of our transactions : there is no situation | in which we can be placed, no alternative that can be presented to our choice, respecting which duty is silent. «What is the standard of morality and duty ?» Justice. Not the arbitrary decrees that are in force in a particular climate ; but those laws of eternal reason that are equally obligatory wherever man is to be found. «But the rules of justice often appear to us obscure, doubtful and contradictory ; what criterion shall be applied to deliver us from uncertainty ?» not the decisions of other men : There are but two criterions possible, the decisions of other men's wisdom, and the decisions of our own understanding. Which of these is conformable to the nature of man ? Can we surrender our own understandings ? However we may strain after implicit faith, will not conscience in spite of ourselves whisper us, «This decree is equitable, and this decree is founded in mistake ?» Will there not be in the minds of the votaries of superstition, a perpetual dissatisfaction, a desire to believe what is dictated to them, accompanied with a want of that in which belief consists, evidence and conviction ? If we could surrender our understandings, what sort of beings should we become ? By the terms of the proposition we should not be rational: the nature of things would prevent us from being moral, for morality is the judgment of reason, employed in determining on the effects to result from the different kinds of conduct we may observe.
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but of our own understanding. Hence it follows that there is no criterion of duty to any man but in the exercise of 700 his private judgment. Whatever attempts | to prescribe to his conduct, and to deter him from any course of action by penalties and threats, is an execrable tyranny. There may be some men of such inflexible virtue as to set human ordinances at defiance. It is generally believed that there are others so depraved, that, were it not for penalties and threats, the whole order of society would be subverted by their excesses. But what will become of the great mass of mankind, who are neither so virtuous as the first, nor so degenerate as the second ? They are successfully converted by positive laws into latitudinarians and cowards. They yield like wax to the impression that is made upon them. Directed to infer the precepts of duty from the dicta of the magistrate, they are too timid to resist, and too short sighted to detect the imposition. It is thus that the mass of mankind have been condemned to a tedious imbecility. Tendency of coercion.
There is no criterion of duty to any but in the exercise of his private judgment. Has coercion any tendency to enlighten the judgment ? Certainly not. Judgment is the perceived agreement or disagreement of two ideas, the perceived truth or falshood of any proposition. Nothing can aid this perception, that does not set the ideas in a clearer light, that does not afford new evidence of the substantialness or unsubstantialness of the proposition. The direct tendency of coercion is to set our understanding and our fears, our duty and our weakness at variance with each other. And 701 how poor spirited a refuge | does coercion afford ? If what you require of me is duty, are there no reasons that will prove it to be such ? If you understand more of eternal justice than I, and are thereby fitted to instruct me, cannot you convey the superior knowledge you possess from your understanding into mine ? Will you set your wit against one who is intellectually a child, and because you are better informed than I, assume, not to be my preceptor, but my tyrant ? Am I not a rational being ? Could I resist your arguments, if they were demonstrative ? The odious system of coercion, first annihilates the understanding of the subject, and then of him that adopts it. Dressed in the supine prerogatives of a master, he is excused from cultivating the faculties of a man. What would not man have been, long before this, if the proudest of us had no hopes but in argument, if he knew of no resort beyond, and if he were obliged to sharpen his faculties, and collect his powers, as the only means of effecting his purposes ? Let us reflect for a moment upon the species of argument, if argument it is to be called, that coercion employs. It avers to its victim that he must necessarily be in the wrong, because I am more vigorous and more cunning than he. Will vigour and cunning be always on the side of truth ? Every such exertion implies in its nature a species of contest. This contest may be decided before it is brought to open trial by the despair of one of the parties. But it is not always so. The thief that by main 702 force surmounts the strength of his pursuers, or by stratagem and ingenuity escapes from their toils, so far as this argument is valid, proves the justice of his cause. Who can refrain from indignation when he sees justice thus miserably prostituted ? Who
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does not feel, the moment the contest begins, the full extent of the absurdity that this appeal includes ? It is not easy to decide which of the two is most deeply to be deplored, the magistracy, the representative of the social system, that declares war against one of its members, in the behalf of justice, or in the behalf of oppression. In the first we see truth throwing aside her native arms and her intrinsic advantage, and putting herself upon a level with falshood. In the second we see falshood confident in the casual advantage she possesses, artfully extinguishing the new born light that would shame her in the midst of her usurped authority. The exhibition in both is that of an infant crushed in the merciless grasp of a giant. No sophistry can be more palpable than that which pretends to bring the two parties to an impartial hearing. Observe the consistency of this reasoning. We first vindicate political coercion, because the criminal has committed an offence against the community at large, and then pretend, while we bring him to the bar of the community, the offended party, that we bring him before an impartial umpire. Thus in England, the king by his attorney is the prosecutor, and the king by his representative is the judge. How long shall such odious inconsistencies impose on mankind ? The pursuit commenced 703 against the supposed offender is the | posse comitatus, the armed force of the whole, drawn out in such portions as may be judged necessary ; and when seven millions of men have got one poor, unassisted individual in their power, they are then at leisure to torture or to kill him, and to make his agonies a spectacle to glut their ferocity. Its various classes considered. The argument against political coercion is equally against the infliction of private penalties between master and slave, and between parent and child. There was in reality, not only more of gallantry, but more of reason in the Gothic system of trial by duel, than in these. The trial of force is over in these, as we have already said, before the exertion of force is begun. All that remains is the leisurely infliction of torture, my power to inflict it being placed in my joints and my sinews. This whole argument may be subjected to an irresistible dilemma. The right of the parent over his child lies either in his superior strength or his superior reason. If in his strength, we have only to apply this right universally, in order to drive all morality out of the world. If in his reason, in that reason let him confide. It is a poor argument of my superior reason, that I am unable to make justice be apprehended and felt in the most necessary cases, without the intervention of blows. Let us consider the effect that coercion produces upon the mind of him against whom it is employed. I cannot begin with convincing ; it is no argument. It begins 704 with producing | the sensation of pain, and the sentiment of distaste. It begins with violently alienating the mind from the truth with which we wish it to be impressed. It includes in it a tacit confession of imbecility. If he who employs coercion against me could mould me to his purposes by argument, no doubt he would. He pretends to punish me because his argument is important, but he really punishes me because his argument is weak.
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Chap. III. Of the Purposes of Coercion.
Nature of defence considered. - Coercion for restraint - for reformation. Supposed uses of adversity - Defective - Unnecessary. - Coercion for example - 1. nugatory. - The necessity of political coercion arises from the defects of political institution. - 2. Unjust. - Unfeeling character of this species of coercion. Proceed we to consider three principal ends that coercion proposes to itself, restraint, reformation and example. Under each of these heads the arguments on the affirmative side must be allowed to be cogent, not irresistible. Under each of them considerations will occur, that will oblige us to doubt universally of the propriety of coercion. In this examination I shall take it for granted that the persons with whom I am reasoning allow, that the ends of restraint and example may be sufficiently answered in consistency with the end of reformation, that is, without the punishment of death. To those by whom this is not allowed in the first instance, the subsequent reasoning will only apply with additional force. 706
Nature of defence considered. The first and most innocent of all the classes of coercion is that which is employed in repelling actual force. This has but little to do with any species of political institution, but may nevertheless deserve to be the first considered. In this case I am employed (suppose, for example, a drawn sword is pointed at my own breast or that of another, with threats of instant destruction) in preventing a mischief that seems about inevitably to ensue. In this case there appears to be no time for experiments. And yet even here meditation will not leave us without our difficulties. The powers of reason and truth are yet unfathomed. That truth which one man cannot communicate in less than a year, another can communicate in a fortnight. The shortest term may have an understanding commensurate to it. When Marius said with a stern look and a commanding countenance to the soldier that was sent down into his dungeon to assassinate him, «Wretch, have you the temerity to kill Marius !» and with these few words drove him to flight; it was, that he had so energetic an idea compressed in his mind, as to make its way with irresistible force to the mind of his executioner. If there were falshood and prejudice mixed with this idea, can we believe that truth is not more powerful than they ? It would be well for the human species, if they were all in this respect like Marius, all accustomed to place an intrepid confidence in the single energy of intellect. Who shall say what there is that would be impossible to men with these habits ? Who shall say how far the whole
707 species might be improved, | were they accustomed to despise force in others, and did they refuse to employ it for themselves ?
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Justice
Coercion for restraint:
But the coercion we are here considering is exceedingly different. It is employed against an individual whose violence is over. He is at present engaged in no hostility against the community or any of its members. He is quietly pursuing those occupations which are beneficial to himself, and injurious to none. Upon what pretence is this man to be the subject of violence ? For restraint ? Restraint from what ? «From some future injury which it is to be feared he will commit.» This is the very argument which has been employed to justify the most execrable of all tyrannies. By what reasonings have the inquisition, the employment of spies and the various kinds of public censure directed against opinion been vindicated ? Because there is an intimate connexion between men's opinions and their conduct: because immoral sentiments leads by a very probable consequence to immoral actions. There is not more reason, in many cases at least, to apprehend that the man who has once committed robbery will commit it again, than the man who dissipates his property at the gaming-table, or who is accustomed to profess that upon any emergency he will not scruple to have recourse to this expedient. Nothing can be more obvious than that, whatever precautions may be allowable with respect to the future, justice will 708 reluctantly class among these precautions | any violence to be committed on my neighbour. Nor are they oftener unjust than they are superfluous. Why not arm myself with vigilance and energy, instead of locking up every man whom my imagination may bid me fear, that I may spend my days in undisturbed inactivity ? If communities, instead of aspiring, as they have hitherto done, to embrace a vast territory, and to glut their vanity with ideas of empire, were contented with a small district with a proviso of confederation in cases of necessity, every individual would then live under the public eye, and the disapprobation of his neighbours, a species of coercion, not derived from the caprice of men, but from the system of the universe, would inevitably oblige him either to reform or to emigrate. - The sum of the argument under this head is, that all coercion for the sake of restraint is punishment upon suspicion, a species of punishment, the most abhorrent to reason, and arbitrary in its application, that can be devised. for reformation.
The second object which coercion may be imagined to propose to itself is reformation. We have already seen various objections that may be offered to it in this point of view. Coercion cannot convince, cannot conciliate, but on the contrary alienates the mind of him against it is employed. Coercion has nothing in common with reason, and therefore can have no proper tendency to the generation of virtue. Reason is omnipotent: if my conduct be wrong, a very simple statement, flowing 709 from a clear and comprehensive view, will make | it appear to be such ; nor is there any perverseness that can resist the evidence of which truth is capable. Supposed uses of adversity :
But to this it may be answered, «that this view of the subject may indeed be abstractedly true, but that it is not true relative to the present imperfection of human faculties. The grand requisite for the reformation and improvement of the human species, seems to consist in the rousing of the mind. It is for this reason that the
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school of adversity has so often been considered as the school of virtue. In an even course of easy and prosperous circumstances the faculties sleep. But, when great and urgent occasion is presented, it should seem that the mind rises to the level of the occasion. Difficulties awaken vigour and engender strength ; and it will frequently happen that the more you check and oppress me, the more will my faculties swell, till they burst all the obstacles of oppression.» The opinion of the excellence of adversity is built upon a very obvious mistake. If we will divest ourselves of paradox and singularity, we shall perceive that adversity is a bad thing, but that there is something else is worse. Mind can neither exist nor be improved without the reception of ideas. It will improve more in a calamitous, than a torpid state. A man will sometimes be found wiser at the end of his career, who has been treated with severity, than with neglect. But because severity is one way of generating thought, it does not follow that it is the best. 0
defective: It is already been shown that coercion absolutely considered is injustice. Can injustice be the best mode of disseminating principles of equity and reason ? Oppression exercised to a certain extent is the most ruinous of all things. What is it but this, that has habituated mankind to so much ignorance and vice for so many thousand years ? Can that which in its genuine and unlimited state is the worst, become by a certain modification and diluting the best of all things ? All coercion sours the mind. He that suffers it, is practically persuaded of the want of a philanthropy sufficiently enlarged in those with whom he is most intimately connected. He feels that justice prevails only with great limitations, and that he cannot depend upon being treated with justice. The lesson which coercion reads to him is, «Submit to force, and abjure reason. But not directed by the convictions of your understanding, but by the basest part of your nature, the dread of present pain, and the pusillanimous terror of the injustice of others.» It was thus Elizabeth of England and Frederic of Prussia were educated in the school of adversity. The way in which they profited by this discipline was by finding resources in their own minds, enabling them to regard unmoved the violence that was employed against them. Can this be the best possible mode of forming men to virtue ? If it be, perhaps it is farther requisite that the coercion w e use should b e flagrantly unjust, since the improvement seems to lie not in submission, but resistance.
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unnecessary. But it is certain that truth is adequate to awaken the mind without the aid of adversity. Truth does not consist in a certain number of unconnected propositions, but in evidence that shows their reality and their value. If I apprehend the value of any pursuit, shall I not engage in it ? If I apprehend it clearly, shall I not engage in it zealously ? If you would awaken my mind in the most effectual manner, tell me the truth with energy. For that purpose, thoroughly understand it yourself, impregnate your mind with its evidence, and speak from the clearness of your view, and the fulness of conviction. Were w e accustomed to an education, in which truth w a s never neglected from indolence, or told in a way treacherous to its excellence, in which the preceptor subjected himself to the perpetual discipline of finding the way
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Concerning
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to communicate it with brevity and force, but without prejudice and acrimony, it cannot be doubted, but such an education would be much more effectual for the improvement of the mind, than all the modes of angry or benevolent coercion that can be devised. Coercion for example : The last object which coercion proposes is example. Had legislators confined their views to reformation and restraint, their exertions of power, though mistaken, would still have borne the stamp of humanity. But, the moment vengeance presented itself as a stimulus on the one side, or the exhibition of a terrible example on the other, no barbarity was then thought too great. Ingenious cruelty was busied to find new means of torturing the victim, or of rendering the spectacle impressive and horrible. 712
1. nugatory. It has long since been observed that this system of policy constantly fails on its purpose. Farther refinements in barbarity produce a certain impression so long as they are new, but this impression soon vanishes, and the whole scope of a gloomy invention is exhausted in vain". The reason of this phenomenon is that, whatever may be the force with which novelty strikes the imagination, the unchangeable principles of reason speedily recur, and assert their indestructible empire. We feel the emergencies to which we are exposed, and we feel, or we think we feel, the dictates of truth directing to their relief. Whatever ideas we form in opposition to the mandates of law, we draw, with sincerity, though it may be with some mixture of mistake, from the unalterable conditions of our existence. We compare them with the despotism which society excises in its corporate capacity, and the more frequent is our comparison, the greater are our murmurs and indignation against the injustice to which we are exposed. But indignation is not a sentiment that conciliates ; barbarity possesses none of the attributes of persuasion. It may terrify ; but it cannot produce in us candour and docility. Thus ulcerated with injustice, our distresses, our temptations, and all the eloquence of feeling present themselves again and again. It is any wonder they should prove victorious ?
The necessity of political coercion arises from the defects of political institution. With what repugnance shall we contemplate the present forms of human society, if 713 we recollect that the evils which they thus | mercilessly avenge, owe their existence to the vices of those very forms ? It is a well known principle of speculative truth, that true self love and social prescribe to us exactly the same species of conduct''. Why is this acknowledged in speculation and perpetually contradicted in practice ? Is there any innate perverseness in man that continually hurries him to his own destruction ? This is impossible ; for man is thought, and, till thought began, he had no propensities either to good or evil. My propensities are the fruit of the impressions that have been made upon me, the good always preponderating, because the " b
Beccaria. Dei Delitti e delle Pene. Book IV, Chap. IX.
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inherent nature of things is more powerful than any human institutions. The original sin of the worst men, is in the perverseness of these institutions, the opposition they produce between public and private good, the monopoly they create of advantages which reason directs to be left in common. What then can be more shameless than for society to make an example of those whom she has goaded to the breach of order, instead of amending her own institutions, which, by straining order into tyranny, produced the mischief ? Who can tell how rapid would be our progress towards the total annihilation of civil delinquency, if we did but enter upon the business of reform in the right manner ? 2. unjust.
Coercion for example, is liable to all the same objections as coercion for restraint or reformation, and to certain other objections peculiar to itself. It is employed against a person not | now in the commission of offence, and of whom we can only suspect that he ever will offend. It supersedes argument, reason and conviction, and requires us to think such a species of conduct our duty, because such is the good pleasure of our superiors, and because, as we are taught by the example in question, they will make us rue our stubbornness if we think otherwise. Unfeeling character of this species of coercion.
In addition to this it is to be remembered that, when I am made to suffer as an example to others, I am treated myself with supercilious neglect, as if I were totally incapable of feeling and morality. If you inflict pain upon me, you are either just or unjust. If you be just, it should seem necessary that there should be something in me that makes me the fit subject of pain, either desert, which is absurd, or mischief I may be expected to perpetrate, or lastly a tendency to reformation. If any of these be the reason why the suffering I undergo is just, then example is out of the question : it may be an incidental consequence of the procedure, but it can form no part of its principle. It must surely be a very inartificial and injudicious scheme for guiding the sentiments of mankind ; to fix upon an individual as a subject of torture or death, respecting whom this treatment has no direct fitness, merely that we may bid others look on, and derive instruction from his misery. This argument will derive additional force from the reasonings of the following chapter.
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An Enquiry Concerning Political Justice
Chap. IV.
Of the Application of the Coercion.
Delinquency and coercion incommensurable - external action no proper subject of criminal animadversion - how far capable of proof. - Iniquity of this standard in a moral - and in a political view. - Propriety of a retribution to be measured by the intention of the offender considered. - Such a project would overturn criminal law - would abolish coercion. - Inscrutability, 1. of motives - doubtfulness of history - declarations of sufferers. - 2. Of the future conduct of the offender - uncertainty of evidence - either of the facts - or the intention. - Disadvantages of the defendant in a criminal suit. Delinquency and coercion incommensurable. A farther consideration, calculated to show, not only the absurdity of coercion for example, but the iniquity of coercion in general, is, that delinquency and coercion are in all cases incommensurable. No standard of delinquency ever has been or ever 716 can be discovered. No two crimes were ever alike ; | and therefore the reducing them explicitly or implicitly to general classes, which the very idea of example implies, is absurd. Nor is it less absurd to attempt to proportion the degree of suffering to the degree of delinquency, when the latter can never be discovered. Let us endeavour to clear in the most satisfactory manner the truth of these propositions. External action no proper subject of criminal animadversion : Man, like every other machine the operations of which can be made the object of our senses, may be said, relatively, not absolutely speaking, to consist of two parts, the external and the internal. The form which his actions assume is one thing ; the principle from which they flow is another. With the former it is possible we should be acquainted ; respecting the latter there is no species of evidence that can adequately inform us. Shall we proportion the degree of suffering to the former or the latter, to the injury sustained by the community, or to the quantity of ill intention conceived by the offender ? Some philosophers, sensible of the inscrutability of intention, have declared in favour of our attending to nothing but the injury sustained. The humane and benevolent Beccaria has treated this as a truth of the utmost importance, «unfortunately neglected by the majority of political institutors, and preserved only in the dispassionate speculation of philosophers".» 717
how far capable of proof. It is true that we may in many instances be tolerably informed respecting external actions, and that there will at first sight appear to be not great difficulty in reducing a
«Questa è una di quelle palpabili verità, che per una maravigliosa combinazione di circostanze non sono con decisa sicurezza conosciute, che da alcuni pochi pensatori uomini d'ogni nazione, e d'ogni secolo.» Dei Delitti e delle Pene.
Book VII, Chapter IV
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them to general rules. Murder, according to this system, will be the exertion of any species of action affecting my neighbour, so as that the consequences terminate in death. The difficulties of the magistrate are much abridged upon this principle, though they are by no means annihilated. It is well known how many subtle disquisitions, ludicrous or tragical according to the temper with which we view them, have been introduced to determine in each particular instance, whether the action were or were not the real occasion of the death. It never can be demonstratively ascertained. Iniquity of this standard in a m o r a l :
But, dismissing this difficulty, how complicated is the iniquity of treating all instances alike, in which one man has occasioned the death of another ? Shall we abolish the imperfect distinctions, which the most odious tyrannies have hitherto thought themselves compelled to admit, between chance medley, manslaughter and malice prepense ? Shall we inflict on the man who, in endeavouring to save the life of a drowning fellow creature, oversests a boat and occasions the death of a second, the same suffering, as on him who from gloomy and vicious habits is incited to the murder of his benefactor ? and in a political view.
In reality the injury sustained by the community is by no means the same in these 718 two cases ; the injury sustained by the community is to be | measured by the antisocial dispositions of the offender, and, if that were the right view of the subject, by the encouragement afforded to similar dispositions from his impunity. But this leads us at once from the external action to the unlimited consideration of the intention of the actor. The iniquity of the written laws of society is of precisely the same nature, though not of so atrocious a degree, in the confusion they actually introduce between varied intentions, as if this confusion were unlimited. The delinquencies recited upon a former occasion, of «one man that commits murder, to remove a troublesome observer of his depraved dispositions, who will otherwise counteract and expose him to the world ; a second, because he cannot bear the ingenuous sincerity with which he is told of his vices ; a third, from his intolerable envy of superior merit; a fourth, because he knows that his adversary meditates an act pregnant with extensive mischief, and perceives no other mode by which its perpetration can be prevented ; a fifth, in defence of his father's life or his daughter's chastity ; and any of these, either from momentary impulse, or any of the infinite shades of deliberation";» are delinquencies all of them unequal, and entitled to a very different censure in the court of reason. Can a system that levels these inequalities, and confounds these differences, be productive of good ? That we have render men beneficent towards 719 each other, shall we subvert the very nature | of right and wrong ? Or is not this system, from whatever pretences introduced, calculated in the most powerful manner to produce general injury ? Can there be a more flagrant injury than to inscribe as we do in effect upon our courts of judgment, «This is the Hall of Justice, in which the principles of right and wrong are daily and systematically slighted, and offences 0
Book II, Chap. VI, p. 131.
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An Enquiry Concerning Political Justice
of a thousand different magnitudes are confounded together, by the insolent supineness of the legislator, and the unfeeling selfishness of those who have engrossed the produce of the general labour to their sole emolument!» Propriety of a retribution to be measured
by the intention of the offender considered. But suppose, secondly, that we were to take the intention of the offender, and the future injury to be apprehended, as the standard of infliction. This would no doubt be a considerable improvement. This would be the true mode of reconciling coercion and justice, if for reasons already assigned they were not in their own nature incompatible. It is earnestly to be desired that this mode of administring retribution should be seriously attempted. It is to be hoped that men will one day attempt to establish an accurate criterion, and not go on for ever, as they have hitherto done, with a sovereign contempt of equity and reason. This attempt would lead by a very obvious process to the abolition of all coercion. Such a project would overturn criminal law: It would immediately lead to the abolition of all criminal law. An enlightened and reasonable judicature would have recourse, in order to decide upon the cause before 720 them, to no code but | the code of reason. They would feel the absurdity of other men's teaching them what they should think, and pretending to understand the case before it happened, better than they who had all the circumstances of the case under their inspection. They would feel the absurdity of bringing every error to be compared with a certain number of measures previously invented, and compelling it to agree with one of them. But we shall shortly have occasion to return to this topic". would abolish coercion. The greatest advantage that would result from men's determining to govern themselves in the suffering to be inflicted by the motives of the offender and the future injury to be apprehended, would consist in their being taught how vain and iniquitous it is in them to attempt to wield the rod of retribution. Inscrutability 1. of motives. Who is it that in his sober reason will pretend to assign the motives that influenced me in any article of my conduct, and upon them to found a grave, perhaps a capital, penalty against me ? The attempt would be presumptuous and absurd, even though the individual who was to judge me, had made the longest observation of my character, and been most intimately acquainted with the series of my actions. How often does a man deceive himself in the motives of his conduct, and assign it to one principle when it in reality proceeds from another ? Can we expect that a mere spectator should form a judgment sufficiently correct, when he who has all the 721 sources of information | in his hands, is nevertheless mistaken ? Is it not to this hour a dispute among philosophers whether I be capable of doing good to my neighbour for his own sake ? «To ascertain the intention of a man it is necessary to be precisely informed of the actual impression of the objects upon his senses, and of the previous ° Chap. VIII.
Book VII, Chapter
IV
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disposition of his mind, both of which vary in different persons, and even in the same person at different times, with a rapidity commensurate to the succession of ideas, passions and circumstances".» Meanwhile the individuals, whose office it is to judge of this inscrutable mystery, are possessed of no previous knowledge, utter strangers to the person accused, and collecting their only lights from the information of two or three ignorant and prejudiced witnesses. What a vast train of actual and possible motives enter into the history of a man, who has been incited to destroy the life of another ? Can you tell how much in these there was of apprehended justice and how much of inordinate selfishness ? how much of sudden passion, and how much of rooted depravity ? how much of intolerable provocation, and how much of spontaneous wrong ? how much of that sud722 den insanity which | hurries the mind into a certain action by a sort of incontinence of nature almost without any assignable motive, and how much of incurable habit ? doubtfulness of h i s t o r y :
Consider the uncertainty of history. Do we not still dispute whether Cicero were more a vain or a virtuous man, whether the heroes of ancient Rome were impelled by vain glory or disinterested benevolence, whether Voltaire were the stain of his species, or their most generous and intrepid benefactor ? Upon these subjects moderate men perpetually quote upon us the impenetrableness of the human heart. Will moderate men pretend that we have not an hundred times more evidence upon which to found our judgment in these cases, than in that of the man who was tried last week at the Old Bailey ? declarations of sufferers. This part of the subject will be put in a striking light, if we recollect the narratives that have been written by condemned criminals. In how different a light do they place the transactions that proved fatal to them, from the construction that was put upon them by their judges ? And yet these narratives were written under the most awful circumstances, and many of them without the least hope of mitigating their fate, and with marks of the deepest sincerity. Who will say that the judge with his slender pittance of information was more competent to decide upon the motives, than the prisoner after the severest scrutiny of his own mind ? How few are the trials which an humane and a just man can read, terminating in a verdict of guilty, without feeling an uncontrolable repugnance against the verdict ? If there be any sight more 723 humiliating than all others, it is that of | a miserable victim acknowledging the justice of a sentence, against which every enlightened reasoner exclaims with horror. 2. of the future conduct of the offender. But this is not all. The motive, when ascertained, is only a subordinate part of the question. The point upon which only society can equitably animadvert, if it had any jurisdiction in the case, is a point, if possible, still more inscrutable than that of "
«Questa [l'intenzione] dipende dalla impressione attuale degli oggetti, et dalla precedente disposizione della mente : esse variano in tutti gli uomini e in ciascun uomo colla velocissima successione delle idee, delle passioni, e delle circostanze.» He adds, «Sarebbe dunque necessario formare non solo un codice particolare per ciascun cittadino, ma una nuova legge ad ogni delitto.»
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An Enquiry Concerning Political
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which we have been treating. A legal inquisition into the minds of men, considered by itself, all rational enquirers have agreed to condemn. What we want to ascertain is, not the intention of the offender, but the chance of his offending again. For this purpose we reasonably enquire first into his intention. But, when we have found this, our task is but begun. This is one of our materials, to enable us to calculate the probability of his repeating his offence, or being imitated by others. Was this an habitual state of his mind, or was it a crisis in his history likely to remain an unique ? What effect has experience produced on him, or what likelihood is there that the uneasiness and suffering that attend the perpetration of eminent wrong may have worked a salutary change in his mind ? Will he hereafter be placed in circumstances that shall propel him to the same enormity ? Precaution is in the nature of things a step in the highest degree precarious. Precaution that consists in inflicting injury on another, will at all times be odious to an equitable mind. Meanwhile be it observed, that all which has been said upon the uncertainty of crime, tends to 724 aggravate the injustice | of coercion for the sake of example. Since the crime upon which I animadvert in one man can never be the same as the crime of another, it is as if I should award a grievous penalty against persons with one eye, to prevent any man in future from putting out his eyes by design. Uncertainty of evidence : either of the facts : One more argument calculated to prove the absurdity of the attempt to proportion delinquency and suffering to each other may be derived from the imperfection of evidence. The veracity of witnesses will be to an impartial spectator a subject of continual doubt. Their competence, so far as relates to just observation and accuracy of understanding, will be still more doubtful. Absolute impartiality it would be absurd to expect from them. How much will every word and every action come distorted by the medium through which it is transmitted ? The guilt of a man, to speak in the phraseology of law, may be proved either by direct or circumstantial evidence. I am found near to the body of a man newly murdered. I come out of his apartment with a bloody knife in my hand or with blood upon my clothes. If, under these circumstances and unexpectedly charged with murder, I falter in my speech or betray perturbation in my countenance, this is an additional proof. Who does not know that there is not a man in England, however blameless a life he may lead, who is secure that shall not end it at the gallows ? This is one of the most obvious and 725 universal blessings that civil government has to bestow. In what is called | direct evidence, it is necessary to identify the person of the offender. How many instances are there upon record of persons condemned upon this evidence, who after their death have been proved entirely innocent ? Sir Walter Raleigh, when a prisoner in the Tower, heard some high words accompanied with blows under his window. He enquired of several eye witnesses who entered his apartment in succession, into the nature of the transaction. But the story they told varied in such material circumstances, that he could form no just idea of what had been done. He applied this to prove the vanity of history. The parallel would have been more striking if he had applied it to criminal suits.
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or the intention. But supposing the external action, the first part of the question to be ascertained, we have next to discover through the same garbled and confused medium the intention. How few men should I choose to entrust with the drawing up a narrative of some delicate and interesting transaction of my life ? How few, though, corporally speaking, they were witnesses of what was done, would justly describe my motives, and properly report and interpret my words ? And yet in an affair, that involves my life, my fame and my future usefulness, I am obliged to trust to any vulgar and casual observer. Disadvantages of the defendant in a criminal suit. A man properly confident in the forcé of truth, would consider a public libel upon his character as a trivial misfortune. But a criminal trial in a court of justice is 726 inexpressibly different. Few | men, thus circumstanced, can retain the necessary presence of mind and freedom from embarrassment. But, if they do, it is with a cold and unwilling ear that their tale are heard. If the crime charged against them be atrocious, they are half condemned in the passions of mankind, before their cause is brought to a trial. All that is interesting to them is decided amidst the first burst of indignation ; and it is well if their story be impartially estimated, ten years after their body has mouldered in the grave. Why, if a considerable time elapse between the trial and the execution, do we find the severity of the public changed into compassion ? For the same reason that a master, if he do not beat his slave in the moment of resentment, often feels a repugnance to the beating him at all. Not so much, as is commonly supposed, from forgetfulness of the offence, as that the sentiments of reason have time to recur, and he feels in a confused and indefinite manner the injustice of coercion. Thus every consideration tends to show, that a man tried for a crime is a poor deserted individual with the whole force of the community conspiring his ruin. The culprit that escapes, however conscious of innocence, lifts up his hands with astonishment, and can scarcely believe his senses, having such mighty odds against him. It is easy for a man who desires to shake off an imputation under which he labours, to talk of being put on his trial ; but no man ever seriously wished for this ordeal, who knew what a trial was.
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in
An Enquiry Concerning Political
Justice
Chap. V. Of Coercion Considered as a Temporary Expedient.
Arguments in its favour. - Answer. - It cannot fit men for a better order of society. - The true remedy to private injustice described - is adapted to immediate practice. - Duty of the community in this respect. - Duty of individuals. Illustration from the case of war - of individual defence. Application. - Disadvantages of anarchy - want of security - of progressive enquiry. - Correspondent disadvantages of despotism. - Anarchy awakens, despotism depresses the mind. - Final result of anarchy - how determined. - Supposed purposes of coercion in a temporary view. - Reformation example -restraint. - Conclusion. Thus much for the general merits of coercion considered as an instrument to be applied in the government of men. It is time that we should enquire into the arguments by which it may be apologised as a temporary expedient. No introduction 728 seemed more proper to this enquiry than such a review of the subject upon a comprehensive scale; that the reader might be inspired with a suitable repugnance against so pernicious a system, and prepared firmly to resist its admission in all cases where its necessity cannot be clearly demonstrated. Arguments in its favour. The arguments in favour of coercion as a temporary expedient are obvious. It may be alledged that, «however suitable an entire immunity in this respect may be to the nature of mind absolutely considered, it is impracticable with regard to men as we now find them. The human species is at present infected with a thousand vices, the offspring of established injustice. They are full of factitious appetites and perverse habits : headstrong in evil, inveterate in selfishness, without sympathy and forbearance for the welfare of others. In time they may become accommodated to the lessons of reason; but at present they would be found deaf to her mandates, and eager to commit every species of injustice.» Answer. It cannot fit men for a better order of society.
One of the remarks that most irresistibly suggest themselves upon this statement is, that coercion has no proper tendency to prepare men for a state in which coercion shall cease. It is absurd to expect that force should begin to do that which it is the office of truth to finish, should fit men by severity and violence to enter with more favourable auspices into the schools of reason. 729
The true remedy to private injustice described :
But, to omit this gross misinterpretation in behalf of the supposed utility of coercion, it is of importance in the first place to observe that there is a complete and unanswerable remedy to those evils the cure of which has hitherto been sought in coer-
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cion, that is within the reach of every community whenever they shall be persuaded to adopt it. There is a state of society, the outline of which has been already sketched", that by the mere simplicity of its structure would infallibly lead to the extermination of offence : a state, in which temptation would be almost unknown, truth brought down to the level of all apprehensions, and vice sufficiently checked by the general discountenance and sober condemnation of every spectator. Such are the consequences that would necessarily spring from an abolition of the craft and mystery of governing : while on the other hand the innumerable murders that are daily committed under the sanction of legal forms, are solely to be ascribed to the pernicious notion of an extensive territory ; to the dreams of glory, empire and national greatness, which have hitherto proved the bane of the human species, without producing solid benefit and happiness to a single individual. is adapted to immediate practice. Another observation which this consideration immediately suggests, is, that it is not, as the objection supposed ; by any means necessary, that mankind should pass through a state of purification, and be freed from the vicious propensities which 730 constituted governments have implanted, before they can be dismissed from the coercion to which they are at present subjected. In that case their state would indeed be hopeless, if it were necessary that the cure should be effected, before we were at liberty to discard those practices to which the disease owes its most alarming symptoms. But it is the characteristic of a well formed society, not only to maintain in its members those virtues with which they are already indued, but to extirpate their errors, and render them benevolent and just to each other. It frees us from the influence of those phantoms which before misled us, shows us our true advantage as consisting in independence and integrity, and binds us by the general consent of our fellow citizens to the dictates of reason, more strongly than with fetters of iron. It is not to the sound of intellectual health that the remedy so urgently addresses itself, as to those who are infected with diseases of the mind. The ill propensities of mankind no otherwise tend to postpone the abolition of coercion, than as they prevent them from perceiving the advantages of political simplicity. The moment in which they can be persuaded to adopt any rational plan for this abolition, is the moment in which the abolition ought to be effected. Duty of the community in this respect.
A farther consequence that may be deduced from the principles that have here been delivered, is that coercion of a domestic kind can in no case be the duty of the community. The community is always competent to change its institutions, and thus 731 to extirpate offence | in a way infinitely more rational and just than that of coercion. If in this sense coercion has been deemed necessary as a temporary expedient, the opinion admits of satisfactory refutation. Coercion can at no time, either permanently or provisionally, make part of any political system that is built upon the principles of reason.
° Book V, Chap., XXII. p. 565.
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Duty of individuals. But, though in this sense coercion cannot be admitted so much as a temporary expedient, there is another sense in which it must be so admitted. Coercion exercised in the name of the state upon its respective members cannot be the duty of the community ; but coercion may be the duty of individuals within the community. The duty of individuals is, in the first place, to display with all possible perspicuity the advantages of an improved state of society, and to be indefatigable in detecting the imperfections of the constitution under which they live. But, in the second place, it behoves them to recollect, that their efforts cannot be expected to meet with instant success, that the progress of knowledge has in all cases been gradual, and that their obligation to promote the welfare of society during the intermediate period is not less real, than their obligation to promote its future and permanent advantage. In reality the future advantage cannot be effectually procured, if we be inattentive to the present security. But, as long as nations shall be so far mistaken as to endure a complex government and an extensive territory, coercion will be indispensibly necessary to general security. It is therefore the duty of individuals to take an active 732 share upon occasion, in | so much coercion, and in such parts of the existing system, as shall be sufficient to prevent the inroad of universal violence and tumult. It is unworthy of a rational enquirer to say, «these things are necessary, but I am not obliged to take my share in them.» If they be necessary, they are necessary for the general good; of consequence are virtuous, and what no just man will refute to perform. Illustration from the case of war : The duty of individuals is in this respect similar to the duty of independent communities upon the subject of war. It is well known what has been the prevailing policy of princes under this head. Princes, especially the most active and enterprising among them, are seized with an inextinguishable rage for augmenting their dominions. The most innocent and inoffensive conduct on the part of their neighbours is an insufficient security against their ambition. They indeed seek to disguise their violence under plausible pretences ; but it is well known that, where no such pretences occur, they are not on that account disposed to drop their pursuit. Let us suppose then a land of freemen invaded by one of these despots. What conduct does it behove them to adopt ? We are not yet wise enough to make the sword drop out of the hands of our oppressors by the mere force of reason. Were we resolved, like quakers, neither to oppose nor obey them, much bloodshed might perhaps be avoided : but a more lasting evil would result. They would fix garrisons in our country, 733 and torment us with | perpetual injustice. Supposing even it were granted that, if the invaded nation should conduct itself with unalterable constancy upon the principles of reason, the invaders would become tired of their fruitless usurpation, it would prove but little. At present we have to do, not with nations of philosophers, but with nations of men whose virtues are alloyed with weakness, fluctuation and inconstancy. At present it is our duty to consult respecting the procedure which to such nations would be attended with the most favourable result. It is therefore proper that we should choose the least calamitous mode of obliging the enemy speedily to withdraw himself from our territories.
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of individual defence.
The case of individual defence is of the same nature. It does not appear that any advantage can result from my forbearance, adequate to the disadvantages of my suffering my own life or that of another, a peculiarly valuable member of the community as it may happen, to become a prey to the first ruffian who inclines to destroy it. Forbearance in this case will be the conduct of a singular individual, and its effect may very probably be trifling. Hence it appears, that I ought to arrest the villain in the execution of his designs, though at the expence of a certain degree of coercion. Applications.
The case of an offender, who appears to be hardened in guilt, and to trade in the violation of social security, is clearly parallel to these. I ought to take up arms 734 against the despot by whom my | country is invaded, because my capacity does not enable me by arguments to prevail on him to desist, and because my countrymen will not preserve their intellectual independence in the midst of oppression. For the same reason I ought to take up arms against the domestic spoiler, because I am unable either to persuade him to desist, or the community to adopt a just political institution, by means of which security might be maintained consistently with the abolition of coercion. To understand the full extent of this duty it is incumbent upon us to remark that anarchy as it is usually understood, and a well conceived form of society without government, are exceedingly different from each other. If the government of Great Britain were involved to-morrow, unless that dissolution were the result of consistent and digested views of political justice previously disseminated among the inhabitants, it would be very far from leading to the abolition of violence. Individuals, freed from the terrors by which they had been accustomed to the restrained, and not yet placed under the happier and more rational restraint of public inspection, or convinced of the wisdom of reciprocal forbearance, would break out into acts of injustice, while other individuals, who desired only that this irregularity should cease, would find themselves obliged to associate for its forcible suppression. We should have all the evils attached to a regular government, at the same time that we were deprived of that tranquillity and leisure which are its only advantages. 735
Disadvantages of anarchy :
It may not be useless in this place to consider more accurately than we have hitherto done the evils of anarchy. Such a review will afford us a criterion by which to discern, as well the comparative value of different institutions, as the precise degree of coercion which must be employed for the exclusion of universal violence and tumult. want of security :
Anarchy in its own nature is an evil of short duration. The more horrible are the mischiefs it inflicts, the more does it hasten to a close. But it is nevertheless necessary that we should consider both what is the quantity of mischief it produces in a given period, and what is the scene in which it promises to close. The first victim
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An Enquiry Concerning Political Justice
that is sacrificed at its shrine is personal security. Every man who has a secret foe, ought to dread the dagger of that foe. There is no doubt that in the worst anarchy multitudes of men will sleep in happy obscurity. But woe to him who by whatever means excites the envy, the jealousy or the suspicion of his neighbour ! Unbridled ferocity instantly marks him for its prey. This is indeed the principal evil of such a state, that the wisest, the brightest, the most generous and bold will often be most exposed to an immature fate. of progressive enquiry.
In such a state we must bid farewel to the patient lucubrations of the philosopher and the labour of the midnight oil. All is here, like the society in which it exists, impatient and headlong. Mind will frequently burst forth, but its appearance will be 736 like the corruscations of the meteor, not like the mild illumination of | the sun. Men, who start forth into sudden energy, will resemble in temper the state that brought them to this unlooked for greatness. They will be rigorous, unfeeling and fierce ; and their ungoverned passions will often not stop at equality, but incite them to grasp at power. Correspondent disadvantages of despotism.
With all these evils, we must not hastily conclude, that the mischiefs of anarchy are worse than those which government is qualified to produce. With respect to personal security anarchy is certainly not worse than despotism, with this difference that despotism is as perennial as anarchy is transitory. Despotism, as it existed under the Roman emperors, marked out wealth for its victim, and the guilt of being rich never failed to convict the accused of every other crime. This despotism continued for centuries. Despotism, as it has existed in modern Europe, has been ever full of jealousy and intrigue, a tool to the rage of courtiers and the resentment of women. He that dared utter a word against the tyrant, or endeavour to instruct his countrymen in their interests, was never secure that the next moment would not conduct him to a dungeon. Here despotism wreaked her vengeance at leisure, and forty years of misery and solitude were sometimes insufficient to satiate her fury. Nor was this all. An usurpation that defied all the rules of justice, was obliged to purchase its own safety by assisting tyranny through all its subordinate ranks. Hence the rights of nobility, of feudal vassalage, of primogeniture, of fines and inheritance. When the 737 philosophy of law shall be properly understood, the true key to its spirit and its history will be found, not, as some men have fondly imagined, in a desire to secure the happiness of mankind, but in the venal compact by which superior tyrants have purchased the countenance and alliance of the inferior. Anarchy awakens, despotism depresses the mind.
There is one point remaining in which anarchy and despotism are strongly contrasted whith each other. Anarchy awakens mind, diffuses energy and enterprize through the community, though it does not effect this in the best manner, as its fruits, forced into ripeness, must not be expected to have the vigorous stamina of true excellence. But in despotism mind is trampled into an equality of the most odious sort. Every thing that promises greatness is destined to fall under the exterm-
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inating hand of suspicion and envy. In despotism there is no encouragement to excellence. Mind delights to expatiate in a field where every species of eminence is within its reach. A scheme of policy, under which all men are fixed in classes or levelled with the dust, affords it no encouragement to enter on its career. The inhabitants of such countries are but a more vicious species of brutes. Oppression stimulates them to mischief and piracy, and superior force of mind often displays itself only in deeper treachery or more daring injustice. Final result of anarchy :
738 One of the most interesting questions in relation to anarchy is | that of the manner in which it may be expected to terminate. The possibilities as to this termination are as wide as the various schemes of society which the human imagination can conceive. Anarchy may and has terminated in despotism ; and in that case the introduction of anarchy will only serve to afflict us with variety of evils. It may lead to a modification of despotism, a milder and more equitable government than that which has gone before. And it does not seem impossible that it should lead to the best form of human society, that the most penetrating philosopher is able to conceive. Nay, it has something in it that suggests the likeness, a distorted and tremendous likeness, of true liberty. Anarchy has commonly been generated by the hatred of oppression. It is accompanied with a spirit of independence. It disengages men from prejudice and implicit faith, and in a certain degree incites them to an impartial scrutiny into the reason of their actions. how determined.
The scene in which anarchy shall terminate principally depends upon the state of mind by which it has been preceded. All mankind were in a state of anarchy, that is, without government, previously to their being in a state of policy. It would not be difficult to find in the history of almost every country a period of anarchy. The people of England were in a state of anarchy immediately before the Restoration. The Roman people were in a state of anarchy at the moment of their secession to the 739 Sacred Mountain. Hence it follows that anarchy is | neither so good nor so ill a thing in relation to its consequences, as it has sometimes been represented. It is not reasonable to expect that a short period of anarchy should do the work of a long period of investigation and philosophy. When we say, that it disengages men from prejudice and implicit faith, this must be understood with much allowance. It tends to loosen the hold of these vermin upon the mind, but it does instantly convert ordinary men into philosophers. Some prejudices, that were never fully incorporated with the intellectual habit, it destroys; but other prejudices it arms with fury, and converts into instruments of vengeance. Little good can be expected from any species of anarchy that should subsist for instance among American savages. In order to anarchy being rendered a seed plot of future justice, reflexion and enquiry must have gone before, the regions of philosophy must have been penetrated, and political truth have opened her school to mankind. It is for this reason that the revolutions of the present age (for every total revolution is a species of anarchy) promise much happier effects than the revolutions of any former period. For the same reason the more anarchy can be held at bay, the
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An Enquiry Concerning Political Justice
more fortunate will it be for mankind. Falshood may gain by precipitating the crisis ; but a genuine and enlightened philanthropy will wait with unaltered patience for the 740 harvest of instruction. The arrival of that harvest may be slow, but it | is infallible. If vigilance and wisdom be successful in their present opposition to anarchy, every benefit will be ultimately obtained, untarnished with violence, and unstained with blood. These observations are calculated to lead us to an accurate estimate of the mischiefs of anarchy, and prove that there are forms of coercion and government more injurious in their tendency than the absence of organisation itself. They also prove that there are other forms of government which deserve in ordinary cases to be preferred to anarchy. Now it is incontrovertibly clear that, where one of two evils is inevitable, the wise and just man will choose the least. Of consequence the wise and just man, being unable as yet to introduce the form of society which his understanding approves, will contribute to the support of so much coercion, as is necessary to exclude what is worse, anarchy. Supposed purposes of coercion in a temporary view :
If then constraint as the antagonist of constraint must in certain cases and under temporary circumstances be admitted, it is an interesting enquiry to ascertain which of the three ends of coercion already enumerated must be proposed by the individuals by whom coercion is employed. And here it will be sufficient very briefly to recollect the reasonings that have been stated under each of these heads. reformation:
741 It cannot be reformation. To reform a man is to change the | sentiments of his mind. Sentiments may be changed either for the better or the worse. They can only be changed by the operation of falshood or the operation of truth. Punishment we have already found, at least so far as relates to the individual, is injustice. The infliction of stripes upon my body can throw no new light upon the question between us. I can perceive in them nothing but your passion, your ignorance and your mistake. If you have any new light to offer, any cogent arguments to introduce ; they will not fail, if adequately presented, to produce their effect. If you be partially informed, stripes will not supply the deficiency of your arguments. Whatever be the extent or narrowness of your wisdom, it is the only instrument by which you can hope to add to mine. You cannot give that which you do not possess. When all is done, I have nothing but the truths you told me by which to derive light to my understanding. The violence with which the communication of them was accompanied, may prepossess me against giving them an impartial hearing, but cannot, and certainly ought not, to make their evidence appear greater than your statement was able to make it. - These arguments are conclusive against coercion as an instrument of private or individual education. But considering the subject in a political view it may be said, «that, however strong may be the ideas I am able to communicate to a man in order to his reformation, he may be restless and impatient of expostulation, and of consequence it 742 may be ne|cessary to retain him by force, till I can properly have instilled these ideas into his mind.» It must be remembered that the idea here is not that of precaution to
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prevent the mischiefs he might perpetrate in the mean time, for that belongs to another of the three ends of coercion, that of restraint. But, separately from this idea, the argument is peculiarly weak. If the truths I have to communicate be of an energetic and impressive nature, if they stand forward perspicuous and distinct in my own mind, it will be strange if they do not at the outset excite curiosity and attention in him to whom they are addressed. It is my duty to choose a proper season at which to communicate them, and not to betray the cause of truth by an ill timed impatience. This prudence I should infallibly exercise, if my object were to obtain something interesting to myself; why should I be less quick sighted when I plead the cause of justice and eternal reason ? It is a miserable way of preparing a man for conviction, to compel him by violence to hear an expostulation which he is eager to avoid. These arguments prove, not that we should lose sight of reformation, if coercion for any other reason appear to be necessary ; but that reformation cannot reasonably be made the object of coercion. example: Coercion for the sake of example is a theory that can never be justly maintained. The coercion proposed to be employed, considered absolutely, is either right or wrong. If 743 it be right, it should be employed for its own intrinsic recommendations. If it | be wrong, what sort of example does it display ? To do a thing for the sake of example, is in other words to do a thing to day, in order to prove that I will do a similar thing to-morrow. This must always be a subordinate consideration. No argument has been so grossly abused as this of example. We found it under the subject of war" employed to prove the propriety of my doing a thing otherwise wrong, in order to convince the opposite party that I should, when occasion offered, do something else that was right. He will display the best example, who carefully studies the principles of justice, and assiduously practices them. A better effect will be produced in human society by my conscientious adherence to them, than by my anxiety to create a specific expectation respecting my future conduct. This argument will be still farther inforced, if we recollect what has already been said respecting the inexhaustible differences of different cases, and the impossibility of reducing them to general rules. restraint. The third object of coercion according to the enumeration already made is restraint. If coercion be in any case to be admitted, this is the only object it can reasonably propose to itself. The serious objections to which even in this point of view it is liable have been stated in another stage of the enquiry b : the amount of the necessity tending to supersede these objections has also been considered. 744
Conclusion. The subject of this chapter is of greater importance, in proportion to the length of time that may possibly elapse, before any considerable part of mankind shall be ° b
Book V, Chap. XVI, p. 518. Chap. III.
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An Enquiry Concerning Political Justice
persuaded to exchange the present complexity of political institution for a mode which shall supersede the necessity of coercion. It is highly unworthy of the cause of truth to suppose, that during this interval I have no active duties to perform, that I am not obliged to co-operate for the present welfare of the community, as well as for its future regeneration. The temporary obligation that arises out of this circumstance
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exactly corresponds with what was formerly delivered on the subject of duty. Duty is the best possible application of a given power to the promotion of the general good". But my power depends upon the disposition of the men by whom I am surrounded. If I were inlisted in an army of cowards, it might be my duty to retreat, though absolutely considered it should have been the duty of the army to come to 10 blows. Under every possible circumstance it is my duty to advance the general good by the best means which the circumstances under which I am placed will admit.
Book IV, Chap. VI, p. 308, 9.
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Chap. VI. Scale of Coercion.
Its sphere described. - Its several classes. - Death with torture. - Death absolutely. - Origin of this policy - in the corruptness of political institutions - in the inhumanity of the institutors. - Corporal punishment. - Its absurdity - its atrociousness. - Privation of freedom. - Duty of reforming our neighbour an inferior consideration in this case. - Its place defined. Modes of restraint. - Indiscriminate imprisonment. - Solitary imprisonment. - Its severity. - Its moral effects. - Slavery. - Banishment. - 1. Simple banishment. - 2. Transportation. - 3. Colonisation. - This project has miscarried from unkindness - from officiousness. - Its permanent evils. - Recapitulation. It is time to proceed to the consideration of certain inferences that may be deduced from the theory of coercion which has now been delivered ; nor can any thing be of 746 greater | importance than these inferences will be found to the virtue, the happiness and improvement of mankind. Its sphere described.
And, first, it evidently follows that coercion is an act of painful necessity, inconsistent with the true character and genius of mind, the practice of which is temporarily imposed upon us by the corruption and ignorance that reign among mankind. Nothing can be more absurd than to look to it as a source of improvement. It contributes to the generation of excellence, just as much as the keeper of the course contributes to the fleetness of the race. Nothing can be more unjust than to have recourse to it, but upon the most undeniable emergency. Instead of multiplying occasions of coercion, and applying it as the remedy of every moral evil, the true politician will anxiously confine it within the narrowest limits, and perpetually seek to diminish the occasions of its employment. There is but one reason by which it can in any case be apologised, and that is, where the suffering the offender to be at large shall be notoriously injurious to the public security. Its several classes.
Secondly, the consideration of restraint as the only justifiable ground of coercion, will furnish us with a simple and satisfactory criterion by which to measure the justice of the suffering inflicted. Death with torture.
The infliction of a lingering and tormenting death cannot be vindicated upon this 747 hypothesis ; for such infliction can only be | dictated by sentiments of resentment on the one hand, or by the desire to exhibit a terrible example on the other.
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Death absolutely. To deprive an offender of his life in any manner will appear to be unjust, since it will always be sufficiently practicable without this to prevent him from farther offence. Privation of life, though by no means the greatest injury that can be inflicted, must always be considered as a very serious injury ; since it puts a perpetual close upon the prospects of the sufferer, as to all the enjoyments, the virtues and the excellence of a human being. In the story of those whom the merciless laws of Europe devote to destruction, we sometimes meet with persons who subsequently to their offence have succeeded to a plentiful inheritance, or who for some other reason seem to have had the fairest prospects of tranquillity and happiness opened upon them. Their story with a little accommodation may be considered as the story of every offender. If there be any man whom it may be necessary for the safety of the whole to put under restraint; this circumstance is a powerful plea to the humanity and justice of the leading members of the community in his behalf. This is the man who most stands in need of their assistance. If they treated him with kindness instead of supercilious and unfeeling neglect, if they made him understand with how much reluctance they had been induced to employ the force of the society against him, if they presented truth 748 to his mind with calmness, perspicuity and benevolence, if | they employed those precautions which an humane disposition would not fail to suggest, to keep from him the motives of corruption and obstinacy, his reformation would be almost infallible. There are the prospects to which his wants and his misfortunes powerfully entitle him ; and it is from these prospects that the hand of the executioner cuts him off for ever. It is a mistake to suppose that this treatment of criminals tends to multiply crimes. On the contrary few men would enter upon a course of violence with the certainty of being obliged by a slow and patient process to amputate their errors. It is the uncertainty of punishment under the existing forms that multiplies crimes. Remove this uncertainty, and it would be as reasonable to expect that a man would wilfully break his leg, for the sake of being cured by a skilful surgeon. Whatever gentleness the intellectual physician may display, it is not to be believed that men can part with rooted habits of injustice and vice without the sensation of considerable pain. Origin of this policy : in the corruptness of political institutions : The true reasons in consequence of which these forlorn and deserted members of the community are brought to an ignominious death, are, first, the peculiar iniquity of the civil institutions of that community, and, secondly, the supineness and apathy of their superiors. In republican and simple forms of government punishments are rare, the punishment of death is almost unknown. On the other hand the more there is in 749 any country of | inequality and oppression, the more punishments are multiplied. The more the institutions of society contradict the genuine sentiments of the human mind, the more severely is it necessary to avenge their violation.
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in the inhumanity of the institutors. At the same time the rich and titled members of the community, proud of their fancied eminence, behold with total unconcern the destruction of the destitute and the wretched, disdaining to recollect that, if there be any intrinsic difference between them, it is the offspring of their different circumstances, and that the man whom they now so much despise, would have been as accomplished and susceptible as they, if they had only changed situations. When we behold a string of poor wretches brought out for execution, justice will present to our affrighted fancy all the hopes and possibilities which are thus brutally extinguished, the genius, the daring invention, the unshrinking firmness, the tender charities and ardent benevolence, which have occasionally under this system been sacrificed at the shrine of torpid luxury and unrelenting avarice. Corporal punishment. Its absurdity.
The species of suffering commonly known by the appellation of corporal punishment is also proscribed by the system above established. Corporal punishment, unless so far as it is intended for example, appears in one respect in a very ludicrous point of view. It is an expeditious mode of proceeding, which has been invented in order to compress the effect of much reasoning and long confinement, that might otherwise have been necessary, into a very short compass. In another view it is not 750 possible to | express the abhorrence it ought to create. Its atrouciousness.
The genuine propensity of man is to venerate mind in his fellow man. With what delight do we contemplate the progress of intellect, its efforts for the discovery of truth, the harvest of virtue that springs up under the genial influence of instruction, the wisdom that is generated through the medium of unrestricted communication ? How completely do violence and corporal infliction reverse the scene ? From this moment all the wholsome avenues of mind are closed, and on every side we see them guarded with a train of disgraceful passions, hatred, revenge, despotism, cruelty, hypocrisy, conspiracy and cowardice. Man becomes the enemy of man ; the stronger are seized with the lust of unbridled domination, and the weaker shrink with hopeless disgust from the approach of a fellow. With what feelings must an enlightened observer contemplate the furrow of a lash imprinted upon the body of a man ? What heart beats not in unison with the sublime law of antiquity, «Thou shalt not inflict stripes upon the body of a Roman ?» There is but one alternative in this case on the part of the sufferer. Either his mind must be subdued by the arbitrary dictates of the superior (for to him all is arbitrary that does not stand approved to the judgment of his own understanding); he will be governed by something that is not reason, and ashamed of something that is not disgrace; or else every pang he endures will excite the honest indignation of his heart and fix the clear disapprobation of his intellect, will produce contempt and alienation, against his punisher.
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An Enquiry Concerning Political Justice
Privation of freedom.
The justice of coercion is built upon this simple principle : Every man is bound to employ such means as shall suggest themselves for preventing evils subversive of general security, it being first ascertained, either by experience or reasoning, that all milder methods are inadequate to the exigence of the case. The conclusion from this principle is, that we are bound under certain urgent circumstances to deprive the offender of the liberty he has abused. Farther than this no circumstance can authorise us. He whose person is imprisoned (if that be the right kind of seclusion) cannot interrupt the peace of his fellows ; and the infliction of farther evil, when his power to injure is removed, is the wild and unauthorised dictate of vengeance and rage, the wanton sport of unquestioned superiority. Duty of reforming our neighbour an inferior consideration in this case. When indeed the person of the offender has been first seized, there is a farther duty incumbent on his punisher, the duty of reforming him. But this makes no part of the direct consideration. The duty of every man to contribute to the intellectual health of his neighbour is of general application. Beside which it is proper to recollect what has been already demonstrated, that coercion of no sort is among the legitimate means of reformation. Restrain the offender as long as the safety of the community prescribes it, for this is just. Restrain him not an instant from a simple view to his own improvement, for this is contrary to reason and morality. 752
Its place described.
Meanwhile there is one circumstance by means of which restraint and reformation are closely connected. The person of the offender is to be restrained as long as the public safety would be endangered by his liberation. But the public safety will cease to be endangered, as soon as his propensities and dispositions have undergone a change. The connection which thus results from the nature of things, renders it necessary that, in deciding upon the species of restraint to be imposed, these two circumstances be considered jointly, how the personal liberty of the offender may be least intrenched upon, and how his reformation may be best promoted. Modes of restraint.
Indiscriminate imprisonment. The most common method pursued in depriving the offender of the liberty he has abused is to erect a public jail in which offenders of every description are thrust together, and left to form among themselves what species of society they can. Various circumstances contribute to imbue them with habits of indolence and vice, and to discourage industry ; and no effort is made to remove or soften these circumstances. It cannot be necessary to expatiate upon the atrociousness of this system. Jails are to a proverb seminaries of vice ; and he must be an uncommon proficient in the passion and the practice of injustice, or a man of sublime virtue, who does not come out of them a much worse man than be entered. 753
Solitary imprisonment.
An active observer of mankind", with the purest intentions, and who had paid a a
Mr. Howard.
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very particular attention to this subject, was struck with the mischievous tendency of the reigning system, and called the attention of the public to a scheme of solitary imprisonment. But this, though free from the defects of the established mode, is liable to very weighty objections Its severity.
It must strike every reflecting mind as uncommonly tyrannical and severe. It cannot therefore be admitted into the system of mild coercion which forms the topic of our enquiry. Man is a social animal. How far he is necessarily so will appear, if we consider the sum of advantages resulting from the social, and of which he would be deprived in the solitary state. But, independently of his original structure, he is eminently social by his habits. Will you deprive the man you imprison, of paper and books, of tools and amusements. One of the arguments in favour of solitary imprisonment is, that it is necessary the offender should be called off from his wrong habits of thinking, and obliged to enter into himself. This the advocates of solitary imprisonment probably believe will be most effectually done, the fewer be the avocations of the prisoner. But let us suppose that he is indulged in these particulars, and only deprived of society. How many men are there that can derive amusement from books ? We are in this respect the creatures of habits, and it is scarcely to be 754 expected from ordinary men that they should mould themselves | to any species of employment, to which in their youth they were wholly strangers. But he that is most fond of study has his moments when study pleases no longer. The soul yearns with inexpressible longings for the society of its like. Because the public safety unwilling commands the confinement of an offender, must he for that reason never light up his countenance with a smile ? Who can tell the sufferings of him who is condemned to uninterrupted solitude ? Who can tell that this is not, to the majority of mankind, the bitterest torment that human ingenuity can inflict ? No doubt a mind truly sublime would conquer this inconvenience : but the powers of such a mind do not enter into the present question. Its moral effetcts.
From the examination of solitary imprisonment in itself considered, we are naturally led to enquire into its real tendency as to the article of reformation. To be virtuous it is requisite that we should consider men and their relation to each other. As a preliminary to this study it is necessary we should be shut out from the society of men ? Shall we be most effectually formed to justice, benevolence and prudence in our intercourse with each other, in a state of solitude ? Will not our selfish and unsocial dispositions be perpetually increased ? What temptation has he to think of benevolence or justice who has no opportunity to exercise it ? The true soil in which atrocious crimes are found to germinate, is a gloomy and morose disposition. Will his heart become much either softened or expanded, who breathes the atmosphere of 755 a dungeon ? Surely it would be better in this | respect to imitate the system of the universe, and, if we would teach justice and humanity, transplant those we would teach into a natural and reasonable state of society. Solitude absolutely considered may instigate us to serve ourselves, but not to serve our neighbours. Solitude, imposed under too few limitations, may be a nursery for madmen and idiots, but not for useful members of society.
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An Enquiry Concerning Political Justice
Slavery.
Another idea which has suggested itself with regard to the relegation of offenders from the community they have injured, is that of reducing them to a state of slavery or hard labour. The true refutation of this system is anticipated in what has been already said. To the safety of the community it is unnecessary. As a means to the reformation of the offender it is inexpressibly ill conceived. Man is an intellectual being. There is no way to make him virtuous, but in calling out his intellectual powers. There is no way to make him virtuous, but by making him independent. He must study the laws of nature and the necessary consequence of actions, not the arbitrary caprice of his superior. Do you desire that I should work ? Do not drive me to it with the whip ; for, if before I thought it better to be idle, this will but increase my alienation. Persuade my understanding, and render it the subject of my choice. It can only be by the most deplorable perversion of reason, that we can be induced to 756 believe any species of slavery, from the slavery | of the school boy to that of the most unfortunate negro in our West India plantations, favourable to virtue. Banishment.
A scheme greatly preferable to any of these, and which has been tried under various forms, is that of transportation, or banishment. This scheme under the most judicious modifications is liable to objection. It would be strange if any scheme of coercion or violence were not so. But it has been made appear still more exceptionable than it will be found in its intrinsic nature, by the crude and incoherent circumstances with which it has usually been executed. 1. Simple banishment.
Banishment in its simple form is evidently unjust. The citizen whose residence we deem injurious in our own country, we have no right to impose upon another. Transportation.
Banishment has sometimes been joined with slavery. Such was the practice of Great Britain previously to the defection of her American colonies. This cannot stand in need of a separate refutation. 3. Colonization.
The true species of banishment is removal to a country yet unsettled. The labour by which the untutored mind is best weaned from the vicious habits of a corrupt society, is the labour, not which is prescribed by the mandate of a superior, but which 757 is imposed by the necessity of subsistence. The first settlement | of Rome by Romulus and his vagabonds is a happy image of this, whether we consider it as a real history, or as the ingenious fiction of a man well acquainted with the principles of mind. Men who are freed from the injurious institutions of European government, and obliged to begin the world for themselves, are in the direct road to be virtuous. This project has miscarried : from unkindness :
Two circumstances have hitherto rendered abortive this reasonable project. First, that the mother country pursues this species of colony with her hatred. Our chief
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anxiety is in reality to render its residence odious and uncomfortable, with the vain idea of deterring offenders. Our chief anxiety ought to be to smooth their difficulties, and contribute to their happiness. We should recollect that the colonists are men for whom we ought to feel no sentiments but those of love and compassion. If we were reasonable, we should regret the cruel exigence that obliges us to treat them in a manner unsuitable to the nature of mind ; and having complied with the demand of that exigence, we should next be anxious to confer upon them every benefit in our power. But we are unreasonable. We harbour a thousand savage feelings of resentment and vengeance. We thrust them out to the remotest corner of the world. We subject them to perish by multitudes with hardship and hunger. Perhaps to the result of mature reflection banishment to the Hebrides, would appear as effectual as banishment to the Antipodes. 758
from officiousness.
Secondly, it is absolutely necessary upon the principles here explained that these colonists, after having been sufficiently provided in the outset, should be left to themselves. We do worse than nothing, if we pursue them into their obscure retreat with the inauspicious influence of our European institutions. It is a mark of the profoundest ignorance of the nature of man, to suppose that, if left to themselves, they would universally destroy each other. On the contrary, new situations make new minds. The worst criminals when turned adrift in a body, and reduced to feel the churlish fang of necessity, conduct themselves upon reasonable principles, and often proceed with a sagacity and public spirit that might put the proudest monarchies to the blush. Its permanent evils.
Meanwhile let us not forget the inherent vices of coercion, which present themselves from whatever point the subject is viewed. Colonization seems to be the most eligible of those expedients which have been stated, but it is attended with considerable difficulties. The community judges of a certain individual that his residence cannot be tolerated among them consistently with the general safety. In denying him his choice among other communities do they not exceed their commission ? What treatment shall be awarded him, if he return from the banishment to which he was sentenced ? - These difficulties are calculated to bring back the mind to the absolute injustice of coercion, and to render us inexpressibly anxious for the advent of that policy by which it shall be abolished. 759
Recapitulation.
To conclude. The observations of this chapter are relative to a theory, which affirmed that it might be the duty of individuals, but never of communities, to exert a certain species of political coercion; and which founded this duty upon a consideration of the benefits of public security. Under these circumstances then every individual is bound to judge for himself, and to yield his countenance to no other coercion than that which is indispensibly necessary. He will no doubt endeavour to meliorate those institutions with which he cannot persuade his countrymen to part. He will decline all concern in the execution of such, as abuse the plea of public
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An Enquiry Concerning Political
Justice
security to the most atrocious purposes. Laws may easily be found in almost every code, which, on account of the iniquity of their provisions, are suffered to fall into disuse by general consent. Every lover of justice will uniformly in this way contribute to the repeal of all laws, that wantonly usurp upon the independence of mankind, either by the multiplicity of their restrictions, or severity of their sanctions. 5
Book VII, Chapter
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VII
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Chap. VII. Of Evidence.
Difficulties to which this subject is liable - exemplified in the distinction between overt actions and intentions. - Reasons against this distinction. Principle in which it is founded. Having sufficiently ascertained the decision in which questions of offence against the general safety ought to terminate, it only remains under this head of enquiry to consider the principles according to which the trial should be conducted. These principles may for the most part be referred to two points, the evidence that is to be required, and the method to be pursued by us in classing offences. Difficulties to which this subject is liable : The difficulties to which the subject of evidence is liable, have been repeatedly stated in the earlier divisions of this work". It may be worth while in this place to recollect the difficulties which attend upon one particular class of evidence, it being 761 scarcely | possible that the imagination of every reader should not suffice him to apply this text, and to perceive how easily the same kind of enumeration might be extended to any other class. exemplified in the distinction between overt actions and intentions.
It has been asked, «Why intentions are not subjected to the animadversion of criminal justice, in the same manner as direct acts of offence ?» Reasons against this distinction.
The arguments in favour of their being thus subjected are obvious. «The proper object of political superintendence is not the past, but the future. Society cannot justly employ coercion against any individual, however atrocious may have been his misdemeanours, from any other than a prospective consideration, that is, a consideration of the danger with which his habits may be pregnant to the general safety. Past conduct cannot properly fall under the animadversion of government, except so far as it is an indication of the future. But past conduct appears at first sight to afford a slighter presumption as to what the delinquent will do hereafter, than declared intention. The man who professes his determination to commit murder, seems to be scarcely a less dangerous member of society, than he who, having already committed murder, has no apparent intention to repeat his offence.» And yet all governments have agreed either to pass over the menace in silence, or to subject the offender to a much less degree of coercion, than they employ against him, by whom 762 the crime has been perpetrated. It may be right perhaps to yield them some attention when they thus agree in forbearance, though little undoubtedly is due to their agreement in inhumanity. °
Book II, Chap. VI, Book VII, Chap. IV.
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An Enquiry Concerning Political
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Principle in which it is founded. This distinction, so far as it is founded in reason, has relation principally to the uncertainty of evidence. Before the intention of any man can be ascertained in a court of justice from the consideration of the words he has employed, a variety of circumstances must be taken into the account. The witness heard the words which were employed: does he repeat them accurately, or has not his want of memory caused him to substitute in the room of some of them words of his own ? Before it is possible to decide upon the confident expectation I may entertain that these words will be followed with correspondent actions, it is necessary I should know the exact tone with which they were delivered, and gesture with which they were accompanied. It is necessary I should be acquainted with the context, and the occasion that produced them. Their construction will depend upon the quantity of momentary heat or rooted malice with which they were delivered ; and words, which appear at first sight of tremendous import, will sometimes be found upon accurate investigation to have had a meaning purely ironical in the mind of the speaker. These considerations, 763 together with the odious nature of coercion in | general, and the extreme mischief that may attend our restraining the faculty of speech in addition to the restraint we conceive ourselves obliged to put on men's actions, will probably be found to afford a sufficient reason, why words ought seldom or never to be made a topic of political animadversion.
Book VII, Chapter
VIII
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Chap. VIII. Of Law.
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Arguments by which it is recommended. - Answer. - Law is, 1. endless particularly in a free state. - Causes of this disadvantage. - 2. Uncertain instanced in questions of property. - Mode in which it must be studied. - 3. Pretends to foretel future events. - Laws are a species of promises - check the freedom of opinion - are destructive of the principles of reason. Dishonesty of lawyers. - An honest lawyer mischievous. - Abolition of law vindicated on the score of wisdom - of candour - from the nature of man. Future history of political justice. - Errors that might arise in the commencement. - Its gradual progress. - Its effects on criminal law - on property. A farther article of great importance in the trial of offences, is that of the method to be pursued by us in classing them, and the consequent apportioning the degree of 765 animadversion to the cases that may arise. This article brings | us to the direct consideration of law, which is without doubt one of the most important topics upon which human intellect can be employed. It is law which has hitherto been regarded in countries calling themselves civilised, as the standard, by which to measure all offences and irregularities that fall under public animadversion. Let us fairly investigate the merits of this choice. The comparison which has presented itself to those by whom the topic has been investigated, has hitherto been between law on one side, and the arbitrary will of a despot on the other. But, if we would fairly estimate the merits of law, we should first consider it as it is in itself, and then, if necessary, search for the most eligible principle that may be substituted in its place. Arguments by which it is recommended. It has been recommended as «affording information to the different members of the community respecting the principles which will be adopted in deciding upon their actions.» It has been represented as the highest degree of iniquity, «to try men by an ex post facto law, or indeed in any other manner than by the letter of a law, formally made, and sufficiently promulgated. Answer.
How far it will be safe altogether to annihilate this principle we shall presently have occasion to enquire. It is obvious at first sight to remark, that it is of most importance in a country where the system of jurisprudence is most capricious and absurd. 766 If it be deemed criminal in any society to wear clothes of a particular texture, or buttons of a particular composition, it is natural to exclaim, that it is high time the jurisprudence of that society should inform its members what are the fantastic rules by which they mean to proceed. But, if a society be contented with the rules of
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An Enquiry Concerning
Political
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justice, and do not assume to itself the right of distorting or adding to those rules, there law is evidently a less necessary institution. The rules of justice would be more clearly and effectually taught by an actual intercourse with human society unrestrained by the fetters of prepossession, than they can be by catechisms and codes". Law is, 1. endless:
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particularly in free states. One result of the institution of law is, that the institution once begun, can never be brought to a close. Edict is heaped upon edict, and volume upon volume. This will be most the case, where the government is most popular, and its proceedings have most in them of the nature of deliberation. Surely this is no slight indication that the io principle is wrong, and that of consequence, the farther we proceed in the path it marks out to us, the more shall we be bewildered. No task can be more hopeless than that of effecting a coalition between a right principle and a wrong. He that seriously and sincerely attempts it, will perhaps expose himself to more palpable ridicule, than he who, instead of professing two opposite systems, should adhere to the worst. is Causes of this disadvantage.
767 There is no maxim more clear than this, Every case is a rule | to itself. No action of any man was ever the same as any other action, had ever the same degree of utility or injury. It should seem to be the business of justice, to distinguish the qualities of men, and not, which has hitherto been the practice, to confound them. But what has been the result of an attempt to do this in relation to law ? As new cases occur, the law is perpetually found deficient. How should it be otherwise ? Lawgivers have not the faculty of unlimited prescience, and cannot define that which is infinite. The alternative that remains, is either to wrest the law to include a case which was never in the contemplation of the author, or to make a new law to provide for this particular case. Much has been done in the first of these modes. The quibbles of lawyers and the arts by which they refine and distort the sense of the law, are proverbial. But, though much is done, every thing cannot be thus done. The abuse would sometimes be too palpable. Not to say, that the very education that enables the lawyer, when he is employed for the prosecutor, to find out offences the lawgiver never meant, enables him; when he is employed for the defendant, to find out subterfuges that reduce the law to a nullity. It is therefore perpetually necessary to make new laws. These laws, in order to escape evasion, are frequently tedious, minute and circumlocutory. The volume in which justice records her prescriptions is for ever increasing, and the world would not contain the books that might be written. 768
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2. uncertain :
instanced in questions of property. The consequence of the infinitude of law is its uncertainty. The strikes directly at the principle upon which law is founded. Laws were made to put an end to ambiguity, and that each man might know what he had to depend upon. How well have they 40 answered this purpose ? Let us instance in the article of property. Two men go to law °
Book VI, Chap. VIII, p. 671.
Book VII, Chapter VIII
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for a certain estate. They would not go to law, if they had not both of them an opinion of their success. But we may suppose them partial in their own case. They would not continue to go to law, if they were not both promised success by their lawyers. Law was made that a plain man might know what he had to depend upon, and yet the most skilful practitioners differ about the event of my suit. It will sometimes happen that the most celebrated pleader in the kingdom, or the first counsel in the service of the crown, shall assure me of infallible success, five minutes before another law officer, styled the keeper of the king's conscience, by some unexpected juggle decides it against me. Would the issue have been equally uncertain, if I had nothing to trust to but the plain, unperverted sense of a jury of my neighbours, founded in the ideas they entertained of general justice ? Lawyers have absurdly maintained, that the expensiveness of law is necessary to prevent the unbounded multiplication of suits ; but the true source of this multiplication is uncertainty. Men do not quarrel about that which is evident, but that which is obscure. Mode in which it must be studied.
769 He that would study the laws of a country accustomed to | legal security, must begin with the volumes of the statues. He must add a strict enquiry into the common or unwritten law ; and he ought to digress into the civil, the ecclesiastical and canon law. To understand the intention of the authors of a law, he must be acquainted with their characters and views, and with the various circumstances, to which it owed its rise, and by which it was modified while under deliberation. To understand the weight and interpretation that will be allowed to it in a court of justice, he must have studied the whole collection of records, decisions and precedents. Law was originally devised that ordinary men might know what they had to depend upon, and there is not at this day a lawyer existing in Great Britain, presumptuous and vainglorious enough to pretend that he has mastered the code. Nor must it be forgotten that time and industry, even were they infinite, would not suffice. It is a labyrinth without end ; it is a mass of contradictions that cannot be extricated. Study will enable the lawyer to find in it plausible, perhaps unanswerable, arguments for any side of almost any question ; but it would argue the utmost folly to suppose that the study of law can lead to knowledge and certainty. 3. pretends to foretel future events. Laws are a species of promises :
A farther consideration that will demonstrate the absurdity of law in its most general acceptation is, that it is of the nature of prophecy. Its task is to describe what will be the actions of mankind, and to dictate decisions respecting them. Its merits in this 770 respect have already been decided under the head of | promises". The language of such a procedure is, «We are so wise, that we can draw no additional knowledge from circumstances as they occur ; and we pledge ourselves that, if it be otherwise, the additional knowledge we acquire shall produce no effect upon our conduct.»
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Book III, Chap. III.
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check the freedom of opinion :
It is proper to observe, that this subject of law may be considered in some respects as more properly belonging to the topic of the preceding book. Law tends no less than creeds, catechisms and tests, to fix the human mind in a stagnant condition, and to substitute a principle of permanence, in the room of that unceasing perfectibility which is the only salubrious element of mind. All the arguments therefore which were employed upon that occasion may be applied to the subject now under consideration. are destructive of the principles of reason.
The fable of Procrustes presents us with a faint shadow of the perpetual effort of law. In defiance of the great principle of natural philosophy, that there are not so much as two atoms of matter of the same form through the whole universe, it endeavours to reduce the actions of men, which are composed of a thousand evanescent elements, to one standard. We have already seen the tendency of endeavour in the article of murder". It was in the contemplation of this system of jurispru771 dence, that the strange maxim was invented, that «strict justice | would often prove the highest injustice 6 .» There is no more real justice in endeavouring to reduce the actions of men into classes, than there was in the scheme to which we have just alluded, of reducing all men to the same stature. If on the contrary justice be a result flowing from the contemplation of all the circumstances of each individual case, if the only criterion of justice be general utility, the inevitable consequence is that, the more we have of justice, the more we shall have of truth, virtue and happiness. From all these considerations we cannot hesitate to conclude universally that law is an institution of the most pernicious tendency. Dishonesty of lawyers :
The subject will receive some additional elucidation, if we consider the perniciousness of law in its immediate relation to those who practice it. If there ought to be no such thing as law, the profession of a lawyer is no doubt entitled to our disapprobation. A lawyer can scarcely fail to be dishonest man. This is less a subject for censure than for regret. Men are the creatures of the necessities under which they are placed. He that is habitually goaded by the incentives of vice, will not fail to be vicious. He that is perpetually conversant in quibbles, false colours and sophistry, 772 cannot equally cultivate the generous | emotions of the soul and the nice discernment of rectitude. If a single individual can be found who is but superficially tainted with the contagion, how many men on the other hand, in whom we saw the promise of the sublimest virtues, have by this trade been rendered indifferent to consistency or accessible to a bride ? Be it observed, that these remarks apply principally to men eminent or successful in their profession. He that enters into an employment carelessly and by way of amusement, is much less under its influence (though he will not escape), than he that enters into it with ardour and devotion.
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Book II, Chap. VI, p. 131. Book VII, Chap. IV, p. 718 Summum jus summa injuria.
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An honest lawyer mischievous. Let us however suppose, a circumstance which is perhaps altogether impossible, that a man shall be a perfectly honest lawyer. He is determined to plead no cause that he does not believe to be just, and to employ no argument that he does not apprehend to be solid. He designs, as far as his sphere extends, to strip law of its ambiguities, and to speak the manly language of reason. This man is no doubt highly respectable so far as relates to himself, but it may be questioned whether he be not a more pernicious member of society than the dishonest lawyer. The hopes of mankind in relation to their future progress, depend upon their observing the genuine effects of erroneous institutions. But this man is employed in softening and masking these effects. His conduct has a direct tendency to postpone the reign of sound policy, and to render mankind tranquil in the midst of imperfection and ignorance. It may appear 773 indeed ] a paradox to affirm that virtue can be more pernicious than vice. But the true solution of this difficulty lies in the remark, that virtue, such as is here described, is impossible. We may amuse ourselves with enquiring in such instances as this whether theory could not afford us a better system of intellectual progress than the mixed system which takes place in the world. But the true answer probably is, that what we call vice is mere error of the understanding, a necessary part of the gradation that leads to good, and in a word that the course of nature and the course of a perfect theory are in all cases the same. Abolition of law vindicated on the score of wisdom:
The true principle which ought to be substituted in the room of law, is that of reason exercising and uncontroled jurisdiction upon the circumstances of the case. To this principle no objection can arise on the score of wisdom. It is not to be supposed that there are not men now existing, whose intellectual accomplishments rise to the level of law. Law we sometimes call the wisdom of our ancestors. But this is a strange imposition. It was as frequently the dictate of their passion, of timidity, jealousy, a monopolising spirit, and a lust of power that knew no bounds. Are we not obliged perpetually to revise and remodel this misnamed wisdom of our ancestors ? to correct it by a detection of their ignorance and a condemnation of their intolerance ? But, if men can be found among us whose wisdom is equal to the wisdom of law, it will scarcely be maintained, that the truths they have to communicate will be the 774 worse for | having no authority, but that which they derive from the reasons that support them. of candour:
It may however be atledged that, «if there be little difficulty in securing a current portion of wisdom, there may nevertheless be something to be feared from the passions of men. Law may be supposed to have been constructed in the tranquil serenity of the soul, a suitable monitor to check the inflamed mind with which the recent memory of ills might induce us to proceed to the exercise of coercion.» This is the most considerable argument that can be adduced in favour of the prevailing system, and therefore deserves a mature examination.
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An Enquiry Concerning
Political
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from the nature of man : The true answer to this objection is that nothing can be improved but in conformity to its nature. If we consult for the welfare of man, we must bear perpetually in mind the structure of man. It must be admitted that we are imperfect, ignorant, the slaves of appearances. These defects can be removed by no indirect method, but only the introduction of knowledge. A specimen of the indirect method we have in the doctrine of spiritual infallibility. It was observed that men were liable to error, to dispute for ever without coming to a decision, to mistake in their most important interests. What was wanting, was supposed to be a criterion and a judge of controversies. What was attempted, was to endue truth with a visible form, and then repair to the oracle we had erected. 775 The case respecting law is exactly parallel to this. Men were aware of the deceitfulness of appearances, and they sought a talisman to guard them from imposition. Suppose I were to determine at the commencement of every day upon a certain code of principles to which I would conform the conduct of the day, and at the commencement of every year the conduct of the year. Suppose I were to determine that no circumstances should be allowed by the light they afforded to modify my conduct, lest I should become the dupe of appearance and the slave of passion. This is a just and accurate image of every system of permanence. Such systems are formed upon the idea of stopping the perpetual motion of the machine, lest it should sometimes fall into disorder. This consideration must sufficiently persuade an impartial mind that, whatever inconveniences may arise from the passions of men, the introduction of fixed laws cannot be the genuine remedy. Let us consider what would be the operation and progressive state of these passions, provided men were trusted to the guidance of their own discretion. Such is the discipline that a reasonable state of society employs with respect to man in his individual capacity": why should is not be equally valid with respect to men acting in a collective capacity ? Inexperience and zeal would prompt me to restrain my neighbour whenever he is acting wrong, and, by penalties 776 and inconveniences | designedly interposed, to cure him of his errors. But reason evinces the folly of this proceeding, and teaches me that, if he be not accustomed to depend upon the energies of intellect, he will never rise to the dignity of a rational being. As long as a man is held in the trammels of obedience, and habituated to look to some foreign guidance for the direction of this conduct, his understanding and the vigour of his mind will sleep. Do I desire to raise him to the energy of which he is capable ? I must teach him to feel himself, to bow to no authority, to examine the principles he entertains, and render to his mind the reason of his conduct. The habits which are thus salutary to the individual will be equally salutary in the transactions of communities. Men are weak at present, because they have always been told they are weak, and must not be trusted with themselves. Take them out of their shackles ; bid them enquire, reason and judge ; and you will soon find them very different beings. Tell them that they have passions, are occasionally hasty, intemperate and injurious, but they must be trusted with themselves. Tell them that "
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the mountains of parchment in which they have been hitherto intrenched, are fit only to impose upon ages superstition and ignorance ; that henceforth we will have no dependence but upon their spontaneous justice ; that, if their passions be gigantic, they must rise with gigantic energy subdue them ; that, if their decrees be iniquitous, 777 the iniquity shall be all their | own. The effect of this disposition of things will soon be visible; mind will rise to the level of its situation ; juries and umpires will be penetrated with the magnitude of the trust reposed in them. Future history of political justice. Errors that might arise in the commencement. It may be no uninstructive spectacle to survey the progressive establishment of justice in the state of things which is here recommended. At first it may be a few decisions will be made uncommonly absurd or atrocious. But the authors of these decisions will be confounded with the unpopularity and disgrace in which they have involved themselves. In reality, whatever were the original source of law, it soon became cherished as a cloke for oppression. Its obscurity was of use to mislead the inquisitive eye of the sufferer. Its antiquity served to divert a considerable part of the odium from the perpetrator of the injustice to the author of the law, and still more to disarm that odium by the influence of superstitious awe. It was well known that unvarnished, barefaced oppression could not fail to be the victim of its own operations. To this statement it may indeed be objected, «that bodies of men have often been found callous to censure, and that the disgrace, being amicably divided among them all, is intolerable to none.» In this observation there is considerable force, but it is inapplicable to the present argument. To this species of abuse one of two things is 778 indispensibly necessary, either num|bers or secrecy. To this abuse therefore it will be a sufficient remedy, that each jurisdiction be considerably limited, and all transactions conducted in an open and explicit manner. - To proceed. Its gradual progress. The juridical decisions that were made immediately after the abolition of law, would differ little from those during its empire. They would be the decisions of prejudice and habits. But habit, having lost the centre about which it revolved, would diminish in the regularity of its operations. Those to whom the arbitration of any question was intrusted, would frequently recollect that the whole case was committed to their deliberation, and they could not fail occasionally to examine themselves respecting the reason of those principles which had hitherto passed uncontroverted. Their understandings would grow enlarged, in proportion as they felt the importance of their trust, and the unbounded freedom of their investigation. Here then would commence an auspicious order of things, of which no understanding of man at present in existence can foretel the result, the dethronement of implicit faith and the inauguration of unclouded justice. Its effects on criminal laws : Some of the conclusions of which this state of things would be the harbinger, have been already seen in the judgement that would be made of offences against the
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779 community". Offences | arguing infinite variety in the depravity from which they sprung, would no longer be confounded under some general name. Juries would grow as perspicacious in distinguishing, as they are now indiscriminate in confounding the merit of actions and characters. on property.
Let us consider the effects of the abolition of law as it respects the article of property. As soon as the minds of men became somewhat weaned from the unfeeling uniformity of the present system, they would begin to enquire after equity. In this situation let us suppose a litigated succession brought before them, to which there were five heirs, and that the sentence of their old legislation had directed the division of this property into five equal shares. They would begin to enquire into the wants and situation of claimants. The first we will suppose to have a fair character and be prosperous in the world : he is a respectable member of society, but farther wealth would add little either to his usefulness or his enjoyment. The second is a miserable object, perishing with want, and overwhelmed with calamity. The third, though poor, it yet tranquil; but there is a situation to which his virtue leads him to aspire, and in which he may be of uncommon service, but which he cannot with propriety accept, without a capital equal to two fifths of the whole succession. One of the claimants is an unmarried woman past the age of childbearing. Another is a 780 widow, unprovided, and with a numerous family depending on her | succour. The first question that would suggest itself to unprejudiced persons, having the allotment of this succession referred to their unlimited decision, would be, what justice is there in the indiscriminate partition which has hitherto prevailed ? This would be one of the early suggestions that would produce a shock in the prevailing system of property. To enquire into the general issue of these suggestions is the principal object of the following book. An observation which cannot have escaped the reader in the perusal of this chapter, is, that law is merely relative to the exercise of political force, and must perish when the necessity for that force ceases, if the influence of truth do not still sooner extirpate it from the practice of mankind.
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Book II, Chap. VI, p. 131. Book VII, Chap. IV, p. 718.
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Chap. XIX. Of Pardons.
Their absurdity. - Their origin. - Their abuses. - Their arbitrary character. - Destructive of morality. There is one other topic which belongs to the subject of the present book, but which may be dismissed in a very few words, because, though it has unhappily been in almost all cases neglected in practice, it is a point that seems to admit of uncommonly simple and irresistible evidence : I mean, the subject of pardons. Their absurdity.
The very word to a reflecting mind is fraught with absurdity. «What is the rule that ought in all cases to prescribe to my conduct ?» Surely justice ; understanding by justice the greatest utility of the whole mass of beings that may be influenced by my conduct. «What then is clemency ?» It can be nothing but the pitiable egotism of him who imagines he can do something better than justice. «It is right that I should suffer constraint for a certain offence ?» The rectitude of my suffering must be founded in 782 its tendency to promote the general welfare. He | therefore that pardons me, iniquitously prefers the imaginary interest of an individual, and utterly neglects what he owes to the whole. He bestows that which I ought not to receive, and which he has no right to give. «It is right on the contrary that I should not undergo the suffering in question ? Will he by rescuing me from suffering, do a benefit to me and no injury to others ?» He will then be a notorious delinquent, if he allow me to suffer. There is indeed a considerable defect in this last supposition. If, while he benefits me, he do no injury to others, he is infallibly performing a public service. If I suffered in the arbitrary manner which the supposition includes, the whole would sustain an unquestionable injury in the injustice that was perpetrated. And yet the man who prevents this odious injustice, has been accustomed to arrogate to himself the attribute of clement, and the apparently sublime, but in reality tyrannical, name of forgiveness. For, if he do more than has been here described, instead of glory, he ought to take shame to himself, as an enemy to the interest of human kind. If every action, and especially every action in which the happiness of a rational being is concerned, be susceptible of a certain rule, then caprice must be in all cases excluded : there can be no action, which, if I neglect, I shall have discharged my duty ; and, if I perform, I shall be entitled to applause. Their origin.
The pernicious effects of the system of pardons is peculiarly glaring. It was first 783 invented as the miserable supplement to a | sanguinary code, the atrociousness of which was so conspicuous, that its ministers either dreaded the resistance of the people if it were indiscriminately executed, or themselves shrunk with spontaneous
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An Enquiry Concerning Political
Justice
repugnance from the devastation it commanded. The system of pardons naturally associates with the system of law ; for, though you may call every instance in which one man occasions the death of another by the name of murder, yet the injustice would be too great, to apply to all instances the same treatment. Define murder as accurately as you please, the same consequence, the same disparity of cases will obtrude itself. It is necessary therefore to have a court of reason, to which the decisions of a court of law shall be brought for revival. Their abuses.
But how is this court, inexpressibly more important than the other, to be constituted ? Here lies essence of the matter; the rest is form. A jury is impanelled, to tell you the generical name of the action ; a judge presides, to read out of the vocabulary of law the sentence annexed to that name ; last of all, comes the court of enquiry which is to decide whether the remedy of the dispensatory be suitable to the circumstances of this particular case. This authority has usually been lodged in the first instance with the judge, and in the last resort with the king in council. Now, laying aside the propriety or impropriety of this particular selection, there is one grievous abuse which ought to strike the most superficial observer. These persons, with 784 whom the principal trust is reposed, consider their functions in | this respect as a matter purely incidental, exercise them with supineness, and in many instances with the most scanty materials to guide their judgment. This grows in a considerable degree out of the very name of pardon, which implies a work of supererogatory benevolence. Their arbitrary character.
From the manner in which pardons are dispensed inevitably flows the uncertainty of punishment. It is too evident that punishment is inflicted by no certain rules, and of consequence the lives of a thousand victims are immolated in vain. Not more than one half or one third of the offenders whom the law condemns to death in this metropolis, are made to suffer the sentence that is pronounced. Is it possible that each offender should not flatter himself that he shall be among the number that escapes ? Such a system, to speak it truly, is a lottery of death, in which each man draws his ticket for reprieve or execution, as undefinable accidents shall decide. It may be asked whether the abolition of law would not produce equal uncertainty ? By no means. The principles of king and council in such cases are very little understood, either by themselves or others. The principles of a jury of his neighbours commissioned to pronounce upon the whole of the case, the criminal easily guesses. He has only to appeal to his own sentiments and experience. Reason is a thousand times more explicit and intelligible than law ; and when we were accu785 stomed to | consult her, the certainty of her decisions would be such as men practised in our present courts are totally unable to conceive. Destructive of morality.
Another very important consequence grows out of the system of pardons. A system of pardons is a system of unmitigated slavery. I am taught to expect a certain desirable event, from what ? From the clemency, the uncontroled, unmerited kind-
Book VII, Chapter XIX
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ness of a fellow mortal. Can any lesson be more degrading ? The pusillanimous servility of the man who devotes himself with everlasting obsequiousness to another, because that other, having begun to be unjust, relents in his career ; the ardour with which he confesses the rectitude of his sentence and the enormity of his deserts, will constitute a tale that future ages will find it difficult to understand. What are the sentiments in this respect that are alone worthy of a rational being ? Give me that and that only, which without injustice you cannot refuse. More than justice it would be disgraceful for me to ask, and for you to bestow. I stand upon the foundation of right. This is a title, which brute force may refuse to acknowledge, but which all the force in the world cannot annihilate. By resisting this plea you may prove yourself unjust, but in yielding to it you grant me but my due. If, all things considered, I be the fit subject of a benefit, the benefit is merited : merit in any other sense is contradictory and absurd. If you bestow upon me unmerited advantage, you are a recreant from | the general good. I may be base enough to thank you ; but, if I were virtuous, I should condemn you. These sentiments alone are consistent with true independence of mind. He that is accustomed to regard virtue as an affair of favour and grace, cannot be eminently virtuous. If he occasionally perform an action of apparent kindness, he will applaud the generosity of his sentiments ; and, if he abstain, he will acquit himself with the question, «May I not do what I will with my own ?» In the same manner, when he is treated benevolently by another, he will in the first place be unwilling to examine strictly into the reasonableness of this treatment, because benevolence, as he imagines, is not subject to any inflexibility of rule ; and, in the second place, he will not regard his benefactor with that erect and unembarrassed mien, that complete sense of equality, which is the only immoveable basis of virtue and happiness.
Book Vlll, Chapter I
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Book VIII. Of Property.
Chap. I. Genuine System of Property Delineated.
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Importance of this topic. - Abuses to which it has been exposed. - Criterion of property : justice. - Entitles each man to the supply of his animal wants as far as the general stock will afford it - to the means of well being. Estimate of luxury. - Its pernicious effects on the individual who partakes of it. - Idea of labour as the foundation of property considered. - Its unreasonableness. - System of popular morality on this subject. - Defects of that system. Importance of this topic. Book V, Book VI, Book VII.
The subject of property is the key stone that completes the fabric of political justice. According as our ideas respecting it are crude or correct, they will enlighten us as to the consequences of a simple form of society without government, and remove the prejudices that attach us to complexity. There is nothing that more powerfully tends to distort our judgement and opinions, than erroneous notions concerning the goods of fortune. Finally, the period that shall put an end to the system of coercion and punishment, is intimately connected with the circumstance of property's being placed upon an equitable basis. Abuses to which it has been exposed. Various abuses of the most incontrovertible nature have insinuated themselves into the administration of property. Each of these abuses might usefully be made the subject of a separate investigation. We might enquire into the vexations of this sort that are produced by the dreams of national greatness or magistratical vanity. This would lead us to a just estimate of the different kinds of taxation, landed or mercantile, having the necessaries or the luxuries of life for their subject of operation. We might examine into the abuses which have adhered to the commercial system ; monopolies, charters, patents, protecting duties, prohibitions and bounties. We might remark upon the consequences that flow from the feudal system and the system of 789 ranks ; seignorial duties, fines, conveyances, entails, estates freehold, copyhold and manorial, vassalage and primogeniture. We might consider the rights of the church ; first fruits and tithes : and we might enquire into the propriety of the regulation by which a man, after having possessed as sovereign a considerable property during his life, is permitted to dispose of it at his pleasure, at the period which the laws of nature seem to have fixed as the termination of his authority. All these enquiries
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would tend to show the incalculable importance of this subject. But, excluding them all from the present enquiry, it shall be the business of what remains of this work to consider, not any particular abuses which have incidentally risen out of the administration of property, but those general principles by which it has in almost all cases been directed, and which, if erroneous, must not only be regarded as the source of the abuses above enumerated, but of others of innumerable kinds, too multifarious and subtle to enter into so brief a catalogue. Criterion of property : justice. What is the criterion that must determine whether this or that substance, capable of contributing to the benefit of a human being, ought to be considered as your property or mine ? To this question there can be but one answer - Justice. Let us then recur to the principles of justice". Entitles each man to the supply of his animal wants, as far as the general stock will afford i t :
790 To whom does any article of property, suppose a loaf of bread, | justly belong ? To him who most wants it, or to whom the possession of it will be most beneficial. Here are fix men famished with hunger, and the loaf is, absolutely considered, capable of satisfying the cravings of them all. Who is it that has a reasonable claim to benefit by the qualities with which this loaf is endowed ? They are all brothers perhaps, and the law of primogeniture bestows it exclusively on the eldest. But does justice confirm this award ? The laws of different countries dispose of property in a thousand different ways ; but there can be but one way which is most conformable to reason. It would have been easy to put a case much stronger than that which has just been stated. I have an hundred loaves in my possession, and in the next street there is a poor man expiring with hunger, to whom one of these loaves would be the means of preserving his life. If I withhold this loaf from him, am I not unjust ? If I impart it, am I not complying with what justice demands ? To whom does the loaf justly belong ? I suppose myself in other respects to be in easy circumstances, and that I do not want this bread as an object of barter or sale, to procure me any of the other necessaries of a human being. Our animal wants have long since been defined, and are stated to consist of food, clothing and shelter. If justice have any meaning, 791 nothing can be more iniquitous, than for one man to possess superfluities, while there is a human being in existence that is not adequately supplied with these. to the mean of well being. Justice does not stop here. Every man is entitled, so far as the general stock will suffice, not only to the means of being, but of well being. It is unjust, if one man labour to the destruction of his health or his life, that another man may abound in luxuries. It is unjust, if one man be deprived of leisure to cultivate his rational powers, while another man contributes not a single effort to add to the common "
Book II, Chap. II.
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stock. The faculties of one man are like the faculties of another man. Justice directs that each man, unless perhaps he be employed more beneficially to the public, should contribute to the cultivation of the common harvest, of which each man consumes a share. This reciprocity indeed, as was observed when that subject was the matter of separate consideration, is of the very essence of justice. How the latter branch of it, the necessary labour, is to be secured, while each man is admitted to claim his share of the produce, we shall presently have occasion to enquire. Estimate of luxury.
This subject will be placed in a still more striking light, if we reflect for a moment on the nature of luxuries. The wealth of any state may intelligibly enough be considered as the aggregate of all the incomes, which are annually consumed within that 792 state, without destroying the materials of an equal consumption | in the ensuing year. Considering this income as being, what in almost all cases it will be found to be, the produce of the industry of the inhabitants, it will follow that in civilised countries the peasant often does not consume more than the twentieth part of the produce of his labour, while his rich neighbour consumes perhaps the produce of the labour of twenty peasants. The benefit that arises to this favoured mortal ought surely to be very extraordinary. Its pernicious effects on the individual who partakes of it.
But nothing is more evident than that the condition of this man is the reverse of beneficial. The man of an hundred pounds per annum, if he understand his own happiness, is a thousand times more favourably circumstanced. What shall the rich man do with his enormous wealth ? Shall he eat of innumerable dishes of the most expensive viands, or pour down hogsheads of the most highly flavoured wines ? A frugal diet will contribute infinitely more to health, to a clear understanding, to chearful spirits, and even to the gratification of the appetites. Almost every other expence is an expence of ostentation. No man, but the most sordid epicure, would long continue to maintain even a plentiful table, if he had no spectators, visitors or servants, to behold his establishment. For whom are our sumptuous palaces and costly furniture, our equipages, and even our very clothes ? The nobleman, who should for the first time let his imagination loose to conceive the style in which he 793 would live, if he had nobody to | observe, and no eye to please but his own, would no doubt be surprised to find that vanity had been the first mover in all his actions. The object of this vanity is to procure the admiration and applause of beholders. We need not here enter into the intrinsic value of applause. Taking it for granted that it is as estimable an acquisition as any man can suppose it, how contemptible is the source of applause to which the rich man has recourse ? «Applaud me, because my ancestor has left me a great estate.» What merit is there in that ? The first effect then of riches is to deprive their possessor of the genuine powers of understanding, and render him incapable of discerning absolute truth. They lead him to fix his affections on objects not accommodated to the wants and the structure of the human mind, and of consequence entail upon him disappointment and unhappiness. The greatest of all personal advantages are, independence of mind, which makes us feel that our satisfactions are not at the mercy either of men or of fortune ; and activity of mind, the
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chearfulness that arise from industry perpetually employed about objects, of which our judgment acknowledges the intrinsic value. In this case we have compared the happiness of the man of extreme opulence with that of man of one hundred pounds per annum. But the latter side of this alternative 794 was assumed merely in compliance with existing prejudices. Even in the | present 5 state of human society we perceive, that a man, who should be perpetually earning the necessary competence by a very moderate industry, and with his pursuits uncrossed by the peevishness or caprice of his neighbours, would not be less happy than if he were bom to that competence. In the state of society we are here contemplating, where, as will presently appear, the requisite industry will be of the lightest 10 kind, it will be the reverse of a misfortune to any man, to find himself necessarily stimulated to a gentle activity, and in consequence to feel that no reverse of fortune could deprive him of the means of subsistence and contentment. Idea of labour as the foundation of property considered.
But it has been alledged, «that we find among different men very different degrees 15 of labour and industry, and that is not just they should receive an equal reward.» It cannot indeed be denied that the attainments of men in virtue and usefulness ought by no means to be confounded. How far the present system of property contributes to their being equitably treated it is very easy to determine. The present system of property confers on one man immense wealth in consideration of the accident of his 20 birth. He that from beggary ascends to opulence, is usually known not to have effected this transition by methods very creditable to his honesty or his usefulness. The most industrious and active member of society is frequently with great difficulty able to keep his family from starving. 795
Its unreasonableness.
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But, to pass over these iniquitous effects of the unequal distribution of property, let us consider the nature of the reward which is thus proposed to industry. If you be industrious, you shall have an hundred times more food than you can eat, and an hundred times more clothes than you can wear. Where is the justice of this ? If I be the greatest benefactor the human species ever knew, is that a reason for bestowing 30 on me what I do not want, especially when there are thousands to whom my superfluity would be of the greatest advantage ? With this superfluity I can purchase nothing but gaudy ostentation and envy, nothing but the pitiful pleasure of returning to the poor under the name of generosity that to which reason gives them an irresistible claim, nothing but prejudice, error and vice. 35 System of popular morality on this subject. The doctrine of the injustice of accumulated property has been the foundation of all religious morality. The object of this morality has been, to excite men by individual virtue to repair this injustice. The most energetic teachers of religion have been irresistibly led to assert the precise truth upon this interesting subject. They have 40 taught the rich, that they hold their wealth only as a trust, that they are strictly accountable for every atom of their expenditure, that they are merely administrators, and by no means proprietors in chief". The defect of this system is, that they rather excite us to palliate our injustice than to forsake it. See Swift's Sermon on Mutual Subjection, quoted Book II, Chap. II.
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No truth can be more simple than that which they inculcate. There is no action of any human being, and certainly no action that respects the disposition of property, that is not capable of better and worse, and concerning which reason and morality do not prescribe a specific conduct. He that sets out with acknowledging that other men are of the same nature as himself, and is capable of perceiving the precise place he would hold in the eye of an impartial spectator, must be fully sensible, that the money he employs in procuring an object of trifling or no advantage to himself, and which might have been employed in purchasing substantial and indispensible benefit to another, is unjustly employed. He that looks at his property with the eye of truth, will find that every shilling of it has received its destination from the dictates of justice. He will at the same time however be exposed to considerable pain, in consequence of his own ignorance as to the precise disposition that justice and public utility require. Does any man doubt of the truth of these assertions ? Does any man doubt that, when I employ a sum of money small or great in the purchase of an absolute luxury for myself, I am guilty of vice ? It is high time that this subject should be adequately understood. It is high time that we should lay aside the very names of justice and virtue, or that we should acknowledge that they do not authorise us to accumulate luxuries upon ourselves, while we see others in want of the indispensible means of improvement and happiness. Defects of that system.
But, while religion inculcated on mankind the impartial nature of justice, its teachers have been too apt to treat the practice of justice, not as a debt, which it ought to be considered, but as an affair of spontaneous generosity and bounty. They have called upon the rich to be clement and merciful to the poor. The consequence of this has been that the rich, when they bestowed the most slender pittance of their enormous wealth in acts of charity, as they were called, took merit to themselves for what they gave, instead of considering themselves as delinquents for what they withheld. Religion is in reality in all its parts an accommodation to the prejudices and weaknesses of mankind. Its authors communicated to the world as much truth, as they calculated that the world would be willing to receive. But it is time that we should lay aside the instruction intended only for children in understanding", and contemplate the nature and principles of things. If religion had spoken out, and told us it was just that all men should receive the supply of their wants, we should presently have been led to suspect that a gratuitous distribution to be made by the rich, was a very indirect and ineffectual way of arriving at this object. The experience of all ages has taught us, that this system is productive only of a very precarious supply. The principal object which it seems to propose, is to place this supply in the 798 disposal of a few, enabling them to make a show of | generosity with what is not truly their own, and to purchase the gratitude of the poor by the payment of a debt. It is a system of clemency and charity, instead of a system of justice. It fills the rich with unreasonable pride by the spurious denominations with which it decorates their 1 Cor. Chap. III. Ver. 1, 2.
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acts, and the poor with servility, by leading them to regard the slender comforts they obtain, not as their incontrovertible due, but as the good pleasure and the grace of their opulent neighbours.
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Chap. II. Benefits Arising from the Genuine System of Property.
Contrasted with the mischiefs of the present system, as consisting - 1. in a sense of dependence. - 2. In the perpetual spectacle of injustice, leading men astray in their desires - and perverting the integrity of their judgments. - The rich are the true pensioners. - 3. In the discouragement of intellectual attainments. - 4. In the multiplication of vice - generating the crimes of the poor - the passions of the rich - and the misfortunes of war. - 5. In depopulation. Contrasted with the mischiefs of the present system, as consisting.
Having seen the justice of an equal distribution of property, let us next consider the benefits with which it would be attended. And here with grief it must be confessed, that, however great and extensive are the evils that are produced by monarchies and courts, by the imposture of priests and the iniquity of criminal laws, all these are imbecil and impotent compared with the evils that arise out of the established system of property. 800
1. in a sense of dependence :
Its first effect is that which we have already mentioned, a sense of dependence. It is true that courts are mean spirited, intriguing and servile, and that this disposition is transferred by contagion from them to all ranks of society. But property brings home a servile and truckling spirit by no circuitous method to every house in the nation. Observe the pauper fawning with abject vileness upon his rich benefactor, and speechless with sensations of gratitude for having received that, which he ought to have claimed with an erect mien, and with a consciousness that his claim was irresistible. Observe the servants that follow in a rich man's train, watchful of his looks, anticipating his commands, not daring to reply to his insolence, all their time and their efforts under the direction of his caprice. Observe the tradesman, how he studies the passions of his customers, not to correct, but to pamper them, the vileness of his flattery and the systematical constancy with which he exaggerates the merits of his commodities. Observe the practices of a popular election, where the great mass are purchased by obsequiousness, by intemperance and bribery, or driven by unmanly threats of poverty and persecution. Indeed «the age of chivalry is» not «gone"!» The feudal spirit still survives, that reduced the great mass of mankind to the rank of slaves and cattle for the service of a few. We have heard much of visionary and theoretical improvements. It would indeed 801 be visionary and theoretical to expect | virtue from mankind, while they are thus subjected to hourly corruption, and bred from father to son to sell their independence a
Burke's Reflections.
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and their conscience for the vile rewards that oppression has to bestow. No man can be either useful to others or happy to himself who is a stranger to the grace of firmness, and who is not habituated to prefer the dictates of his own sense of rectitude to all the tyranny of command, and allurements of temptation. Here again, as upon a former occasion, religion comes in to illustrate our thesis. Religion was the generous ebullition of men, who let their imagination loose on the grandest subject, and wandered without restraint in the unbounded field of enquiry. It is not to be wondered at therefore if they brought home imperfect ideas of the sublimest views that intellect can furnish. In this instance religion teaches that the true perfection of man is to divest himself of the influence of passions ; that he must have no artificial wants, no sensuality, and no fear. But to divest the human species under the present system of the influence of passions is an extravagant speculation. The enquirer after truth and the benefactor of mankind will be desirous of removing from them those external impressions by which their evil propensities are cherished. The true object that should be kept in view, is to extirpate all ideas of condescension and superiority, to oblige every man to feel, that the kindness he exerts is what he is bound to perform, and the assistance he asks what he has a right to claim. 802
2. in the perpetual spectacle of injustice : leading men astray in their desires :
A second evil that arise out of the established system of property is the perpetual spectacle of injustice it exhibits. This consists partly in luxury and partly in caprice. There is nothing more pernicious to the human mind than luxury. Mind, being in its own nature essentially active, necessarily fixes on some object public or personal, and in the latter case on the attainment of some excellence, or something which shall command the esteem and deference of others. No propensity, absolutely considered, can be more valuable than this. But the established system of property directs it into the channel of the acquisition of wealth. The ostentation of the rich perpetually goads the spectator to the desire of opulence. Wealth, by the sentiments of servility and dependence it produces, makes the rich man stand forward as the only object of general esteem and deference. In vain are sobriety, integrity and industry, in vain the sublimest powers of mind and the most ardent benevolence, if their possessor be narrowed in his circumstances. To acquire wealth and to display it, is therefore the universal passion. The whole structure of human society is made a system of the narrowest selfishness. If self love and benevolence were apparently reconciled as to their object, a man might set out with the desire of eminence, and yet every day become more generous and philanthropical in his views. But the passion we are here describing is accustomed to be gratified at every step, by inhumanly trampling upon the interest of others. Wealth is acquired by overreaching our neighbours, and is spent in insulting them. 803
and perverting the integrity of their judgments.
The spectacle of injustice which the established system of property exhibits, consists partly in caprice. If you would cherish in any man the love of rectitude, you must take care that its principles be impressed on him, not only by words, but actions. It sometimes happens during the period of education, that maxims of integrity and
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consistency are repeatedly inforced, and that the preceptor gives no quarter to the base suggestions of selfishness and cunning. But how is the lesson that has been read to the pupil confounded and reserved, when he enters upon the scene of the world ? If he ask, «Why is this man honoured ?» the ready answer is, «Because he is rich.» If he enquire farther, «Why is he rich ?» the answer in most cases is, «From the accident of birth, or from a minute and sordid attention to the cares of gain.» The system of accumulated property is the offspring of civil policy ; and civil policy, as we are taught to believe, is the production of accumulated wisdom. Thus the wisdom of legislators and senates has been employed, to secure a distribution of property the most profligate and unprincipled, that bids defiance to the maxims of justice and the nature of man. Humanity weeps over the distresses of the peasantry of all civilised nations ; and, when she turns from this spectacle to behold the luxury of their lords, gross, imperious and prodigal, her sensations certainly are not less acute. This spectacle is the school in which mankind have been educated. They have been accustomed to the sight of injustice, oppression and iniquity, till their feelings are made 804 callous, and their understandings incapable of apprehending the nature of true virtue. The rich are the true pensioners. In beginning to point out the evils of accumulated property, we compared the extent of those evils with the correspondent evils of monarchies and courts. No circumstances under the latter have excited a more pointed disapprobation than pensions and pecuniary corruption, by means of which hundreds of individuals are rewarded, not for serving, but betraying the public, and the hard earnings of industry are employed to fatten the servile adherents of despotism. But the rent roll of the lands of England is a much more formidable pension list, than that which is supposed to be employed in the purchase of ministerial majorities. All riches, and especially all hereditary riches, are to be considered as the salary of a sinecure office, where the labourer and the manufacturer perform the duties, and the principal spends the income in luxury and idleness". Hereditary wealth is in reality a premium paid to °
This idea is to be found in Ogilvie's Essay on the Right of Property in Land, published about two years ago. Part I, Sect, iii, par. 38, 39. The reasonings of this author have sometimes considerable merit, though he has by no means gone to the source of the evil. It might be amusing to some readers to recollect the authorities, if the citation of authorities were a proper mode of reasoning, by which the system of accumulated property is openly attacked. The best known is Plato in his treatise of a Republic. His steps have been followed by sir Thomas More in his Utopia. Specimens of very powerful reasoning on the same side may be found in Gulliver's Travels, particularly, Part IV, Chap. VI. Mably, in his book De la Législation, has displayed at large the advantages of equality, and then quits the subject in despair from an opinion of the incorrigibleness of human depravity. Wallace, the contemporary and antagonist of Hume, in a treatise entitled, Various Prospects of Mankind, Nature and Providence, is copious in his eulogium of the same system, and desert it only from fear of the earth becoming too populous : see below. Chap. VII. The great practical authorities are Crete, Sparta, Peru and Paraguay. It would be easy to swell this list, if we added examples where an approach only to these principles was attempted, and authors who have incidentally confirmed a doctrine, so interesting and clear, as never to have been wholly eradicated from any human understanding. It would be trifling to object that the systems of Plato and others are full of imperfections. This indeed rather strengthens their authority ; since the evidence of the truth they maintained was so great, as still to
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An Enquiry Concerning Political Justice
805 idleness, an immense annuity expended to retain mankind in brutality and ignorance. The poor are kept in ignorance by the want of leisure. The rich are furnished indeed with the means of cultivation and literature, but they are paid for being dissipated and indolent. The most powerful means that malignity could have invented, are employed to prevent them from improving their talents, and becoming useful to the public. 3. In the discouragement of intellectual attainments.
806 This leads us to observe, thirdly, that the established system | of property, is the true levelling system with respect to the human species, by as much as the cultivation of intellect and truth, is more valuable and more characteristic of man, than the gratifications of vanity or appetite. Accumulated property treads the powers of thought in the dust, extinguishes the sparks of genius, and reduces the great mass of mankind to be immersed in sordid cares ; beside depriving the rich, as we have already said, of the most salubrious and effectual motives to activity. If superfluity were banished, the necessity for the greater part of the manual industry of mankind would be superseded ; and the rest, being amicably shared among all the active and vigorous members of the community, would be burthensome to none. Every man would have a frugal, yet wholsome diet; every man would go forth to that moderate exercise of his corporal functions that would give hilarity to the spirits ; none would be made torpid with fatigue, but all would have leisure to cultivate the kindly and philanthropical affections of the soul, and to let loose his faculties in the search of intellectual improvement. What a contrast does this scene present us with the present state of human society, where the peasant and the labourer work, till their understandings are benumbed with toil, their sinews contracted and made callous by being for ever on the stretch, and their bodies invaded with infirmities and surrendered to an untimely grave ? What is the fruit of this disproportioned and unceasing toil ? At evening they return to a family, famished with hunger, exposed half naked to the 807 in|clemencies of the sky, hardly sheltered, and denied the slenderest instruction, unless in a few instances, where it is dispensed by the hands of ostentatious charity, and the first lesson communicated is unprincipled servility. All this while their rich neighbour - but we visited him before. How rapid and sublime would be the advances of intellect, if all men were admitted into the field of knowledge ? At present ninety-nine persons in an hundred are no more excited to any regular exertions of general and curious thought, than the brutes themselves. What would be the state of public mind in a nation, where all were wise, all had laid aside the shackles of prejudice and implicit faith, all adopted with fearless confidence the suggestions of truth, and the lethargy of the soul was dismissed for ever ? It is to be presumed that the inequality of mind would in a certain degree be permanent; but it is reasonable to believe that the geniuses of such an age would far surpass the grandest exertions of intellect that are at present known. Genius would not be depressed with false wants and niggardly patronage. It preserve its hold on their understandings, though they knew not how to remove the difficulties that attended it.
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would not exert itself with a sense of neglect and oppression rankling in its bosom. It would be freed from those apprehensions that perpetually recal us to the thought of personal emolument, and of consequence would expatiate freely among sentiments of generosity and public good. 4. in the multiplication of vice.
From ideas of intellectual let us turn to moral improvement. And here it is obvious 808 that all the occasions of crime would be | cut off for ever. All men love justice. All men are conscious that man is a being of one common nature, and feel the propriety of the treatment they receive from one another being measured by a common standard. Every man is desirous of assisting another; whether we should choose to ascribe this to an instinct implanted in his nature which renders this conduct a source of personal gratification, or to his perception of the reasonableness of such assistance. So necessary a part is this of the constitution of mind, that no man perpetrates any action however criminal, without having first invented some sophistry, some palliation, by which he proves to himself that it is best to be done". The crimes of the poor. Hence it appears, that offence, the invasion of one man upon the security of another, is a thought alien to mind, and which nothing could have reconciled to us but the sharp sting of necessity. To consider merely the present order of human society, it is evident that the first offence must have been his who began a monopoly, and took advantage of the weakness of his neighbours to secure certain exclusive privileges to himself. The man on the other hand who determined to put an end to this monopoly, and who peremptorily demanded what was superfluous to the possessor and would be of extreme benefit to himself, appeared to his own mind to be merely avenging the violated laws of justice. Were it not for the plausibleness of this apology, it is to be presumed that there would be no such thing as crime in the world. 809 The fruitful source of crimes consists in this circumstance, one man's possessing in abundance that of which another man is destitute. We must change the nature of mind, before we can prevent it from being powerfully influenced by this circumstance, when brought strongly home to its perceptions by the nature of its situation. Man must cease to have senses, the pleasure of appetite and vanity must cease to gratify, before he can look on tamely at the monopoly of these pleasures. He must cease to have a sense of justice, before he can clearly and fully approve this mixed scene of superfluity and distress. It is true that the proper method of curing this inequality is by reason and not by violence. But the immediate tendency of the established system is to persuade men that reason is impotent. The injustice of which they complain is upheld by force, and they are too easily induced, by force to attempt its correction. All they endeavour is the partial correction of an injustice, which education tells them is necessary, but more powerful reason affirms to be tyrannical. Force grew out of monopoly. It might accidentally have occurred among savages whose appetites exceeded their supply, or whose passions were inflamed by the ° Book II, Chap. Ill, p. 98.
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preference of the object of their desire ; but it would gradually have died away, as reason and civilisation advanced. Accumulated property has fixed its empire ; and henceforth all is an open contention of the strength and cunning of one party against 810 the strength and cunning of | the other. In this case the violent and premature struggles of the necessitous are undoubtedly an evil. They tend to defeat the very cause in the success of which they are most deeply interested; they tend to procrastinate the triumph of truth. But the true crime is in the malevolent and partial propensities of men, thinking only of themselves, and despising the emolument of others ; and of these the rich have their share. The spirit of oppression, the spirit of servility, and the spirit of fraud, these are the immediate growth of the established system of property. These are alike hostile to intellectual and moral improvement. The other vices of envy, malice and revenge are their inseparable companions. In a state of society where men lived in the midst of plenty, and where all shared alike the bounties of nature, these sentiments would inevitably expire. The narrow principle of selfishness would vanish. No man being obliged to guard his little store, or provide with anxiety and pain for his restless wants, each would lose his own individual existence in the thought of the general good. No man would be an enemy to his neighbour, for they would have nothing for which to contend ; and of consequence philanthropy would resume the empire which reason assigns her. Mind would be delivered from her perpetual anxiety about corporal support, and free to expatiate in the field of thought which is congenial to her. Each man would assist the enquiries of all. 811
the passions of the rich :
Let us fix our attention for a moment upon the revolution of principles and habits that immediately grow out of an unequal distribution of property. Till it was thus distributed men felt what their wants required, and sought the supply of those wants. All that was more than this, was regarded as indifferent. But no sooner is accumulation introduced, than they begin to study a variety of methods, for disposing of their superfluity with least emolument to their neighbour, or in other words by which it shall appear to be most of their own. They do not long continue to buy commodities, before they begin to buy men. He that possesses or is the spectator of superfluity soon discovers the hold which it affords us on the minds of others. Hence the passions of vanity and ostentation. Hence the despotic manners of them who recollect with complacence the rank they occupy, and the restless ambition of those whose attention is engrossed by the possible future. war. Ambition is of all the passions of the human mind the most extensive in its ravages. It adds district to district, and kingdom to kingdom. It spreads bloodshed and calamity and conquest over the face of the earth. But the passion itself, as well as the means of gratifying it, is the produce of the prevailing system of property". It is only by means of accumulation that one man obtains an unresisted sway over multitudes of others. It is by means of a certain distribution of income that the present °
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II
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812 govem|ments of the world are retained in existence. Nothing more easy than to plunge nations so organised into war. But, if Europe were at present covered with inhabitants, all of them possessing competence, and none of them superfluity, what could induce its different countries to engage in hostility ? If you would lead men to war, you must exhibit certain allurements. If you be not enabled by a system, already prevailing and which derives force from prescription, to hire them to your purposes, you must bring over each individual by dint of persuasion. How hopeless a task by such means to excite mankind to murder each other ? It is clear then that war in every horrid form is the growth of unequal property. As long as this source of jealousy and corruption shall remain, it is visionary to talk of universal peace. As soon as the source shall be dried up, it will be impossible to exclude the consequence. It is property that forms men into one common mass, and makes them fit to be played upon like a brute machine. Were this stumbling block removed, each man would be united to his neighbour in love and mutual kindness a thousand times more than now : but each man would think and judge for himself. Let then the advocates for the prevailing system, at least consider what it is for which they plead, and be well assured that they have arguments in its favour which will weigh against these disadvantages. 5. in depopulation.
There is one other circumstance which, though inferior to those above enumerated, 813 deserves to be mentioned. This is population. It has been calculated that the average cultivation of Europe might be improved, so as to maintain five times her present number of inhabitants". There is a principle in human society by which population is perpetually kept down to the level of the means of subsistence. Thus among the wandering tribes of America and Asia, we never find through the lapse of ages, that population has so increased, as to render necessary the cultivation of the earth. Thus, among the civilised nations of Europe, by means of territorial monopoly the sources of subsistence are kept within a certain limit, and, if the population became overstocked, the lower ranks of the inhabitants would be still more incapable of procuring for themselves the necessaries of life. There are no doubt extraordinary concurrences of circumstances, by means of which changes are occasionally introduced in this respect; but in ordinary cases the standard of population is held in a manner stationary for centuries. Thus the established system of property may be considered as strangling a considerable portion of our children in their cradle. Whatever may be the value of the life of man, or rather whatever would be his capability of happiness in a free and equal state of society, the system we are here opposing may be considered as arresting upon the threshold of existence four fifths of that value and that happiness.
°
Ogilvie, Part I, Sect, iii, par. 35.
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An Enquiry Concerning Political Justice
Chap. III. Of the Objection to this System from the Admirable Effects of Luxury.
Nature of the objection. - Luxury not necessary - Either to population - or to the improvement of the mind. - Its true character. These ideas of justice and improvement are as old as literature and reflexion themselves. They have suggested themselves in detached parts to the inquisitive in all ages, though they have perhaps never been brought together so as sufficiently to strike the mind with their consistency and beauty. But, after having furnished agreeable dream, they have perpetually been laid aside as impracticable. We will proceed to examine the objections upon which this supposed impracticability has been founded; and the answer to these objections will gradually lead us to such a development of the proposed system, as by its completeness and the regular adjustment of its parts will be calculated to carry conviction to the most prejudiced mind. Nature of the objection. There is one objection that has chiefly been cultivated on English ground, and to 815 which we will give the priority of examination. It has been affirmed «that private vices are public benefits», But this principle, thus coarsely stated by one of its original advocates", was remodelled by his more elegant successors6. They observed, «that the true measure of virtue and vice was utility, and consequently that it was an unreasonable calumny to state luxury as a vice. Luxury,» they said, «whatever might be the prejudices that cynics and ascetics had excited against it, was the rich and generous soil that brought to perfection the true prosperity of mankind. Without luxury men must always have remained solitary savages. It is luxury by which palaces are built and cities peopled. How could there have been high population in any country, without the various arts in which the swarms of its inhabitants are busied ? The true benefactor of mankind is not the scrupulous devotee who by his charities encourages insensibility and sloth; is not the surly philosopher who reads them lectures of barren morality ; but the elegant voluptuary who employs thousands in sober and healthful industry to procure dainties for his table, who unites distant nations in commerce to supply him with furniture, and who encourages the fine arts and all the sublimities of invention to furnish decorations for his residence.» Luxury not necessary, either to population : 816 I have brought forward this objection, rather that nothing material might appear to be omitted, than because it requires a separate answer. The true answer has been anticipated. It has been seen that the population of any country is measured by its " b
Mandeville ; Fable of the Bees. Coventry, in a treatise entitled, Philemon to Hydaspes : Hume ; Essays, Part II, Essay II.
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cultivation. If therefore sufficient motives can be furnished to excite men to agriculture, there is no doubt, that population may be carried on to any extent that the land can be made to maintain. But agriculture, when once begun, is never found to stop in its career, but from positive discountenance. It is territorial monopoly that obliges men unwillingly to see vast tracts of land lying waste, or negligently and imperfectly cultivated, while they are subjected to the miseries of want. If land were perpetually open to him who was willing to cultivate it, it is not to be believed but that it would be cultivated in proportion to the wants of the community, nor by the same reason would there be any effectual check to the increase of population. or to the improvement of the mind. Undoubtedly the quantity of manual labour would be greatly inferior to want which is now performed by the inhabitants of any civilised country, since at present perhaps one twentieth part of the inhabitants performs the agriculture which supports the whole. But it is by no means to be admitted that this leisure would be found a real calamity. Its true character.
As to what sort of a benefactor the voluptuary is to mankind, this was sufficiently seen when we treated of the effects of dependence and injustice. To this species of 817 benefit all the crimes | and moral evils of mankind are indebted for their perpetuity. If mind be to be preferred to mere animal existence, if it ought to be the wish of every reasonable enquirer, not merely that man, but that happiness should be propagated, then is the voluptuary the bane of the human species.
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Chap. IV. Of the Objection to this System from the Allurements of Sloth.
The objection stated. - Such a state of society must have been preceded by great intellectual improvement. - The manual labour required in this state will be extremely small. - Universality of the love of distinction. - Operation of this motive under the system in question - will finally be superseded by a better motive. The objection stated. Another objection which has been urged against the system which counteracts the accumulation of property, is, «that it would put an end to industry. We behold in commercial countries the miracles that are operated by the love of gain. Their inhabitants cover the sea with their fleets, astonish mankind by the refinement of their ingenuity, hold vast continents in subjection in distant parts of the world by their arms, are able to defy the most powerful confederacies, and, oppressed with taxes and debts, seem to acquire fresh prosperity under their accumulated burthens. Shall we lightly part with a system that seems pregnant with such inexhaustible motives ? Shall we believe that men will cultivate assiduously what they have no 819 assurance they shall be permitted to apply to their personal emolument ? It will perhaps be found with agriculture as it is with commerce, which then flourishes best when subjected to no control, but, when placed under rigid restraints, languishes and expires. Once establish it as a principle in society that no man is to apply to his personal use more than his necessities require, and you will find every man become indifferent to those exertions which now call forth the energy of this faculties. Man is the creature of sensations ; and, when we endeavour to strain his intellect, and govern him by reason alone, we do but show our ignorance of his nature. Self love is the genuine source of our actions", and, if this should be found to bring vice and partiality along with it, yet the system that should endeavour to supersede it, would be at best no more than a beautiful romance. If each man found that, without being compelled to exert his own industry, he might lay claim to the superfluity of his neighbour, indolence would perpetually usurp his faculties, and such a society must either starve, or be obliged in its own defence to return to that system of injustice and sordid interest, which theoretical reasoners will for ever arraign to no purpose.» Such a state of society must have been preceded by great intellectual improvement. This is the principal objection that prevents men from yielding without resistance to the accumulated evidence that has already been adduced. In reply, it may be observed in the first place, that the equality for which we are pleading is an equality 820 that "
For an examination of this principle see Book IV, Chap. VIII.
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would succeed to a state of great intellectual improvement. So bold a revolution cannot take place in human affairs, till the general minds has been highly cultivated. The present age of mankind is greatly enlightened ; but it is to be feared is not yet enlightened enough. Hasty and undigested tumults may take place under the idea of an equalisation of property ; but it is only a calm and clear conviction of justice, of justice mutually to be rendered and received, of happiness to be produced by the desertion of our most rooted habits, that can introduce an invariable system of this sort. Attempts without this preparation will be productive only of confusion. Their effect will be momentary, and a new and more barbarous inequality will succeed. Each man with unaltered appetite will watch his opportunity to gratify his love of power or his love of distinction, by usurping on his inattentive neighbours. Is it to be believed then that a state of so great intellectual improvement can be the forerunner of barbarism ? Savages, it is true, are subject to the weakness of indolence. But civilised and refined states are the scene of peculiar activity. It is thought, acuteness of disquisition, and ardour of pursuit, that set the corporeal faculties at work. Thought begets thought. Nothing can put a stop to the progressive advances of mind, but oppression. But here, so far from being oppressed, every man is equal, every man independent and at his ease. It has been observed that the establishment of a republic is always attended with public enthusiasm and irresi821 stible enterprise. Is it to be believed that equajlity, the true republicanism, will be less effectual ? It is true that in republics this spirit sooner or later is found to languish. Republicanism is not a remedy that strikes at the root of the evil. Injustice, oppression and misery can find an abode in those seeming happy seats. But what shall stop the progress of ardour and improvement, where the monopoly of property is unknown ? The manual labour required in this state will be extremely small. This argument will be strengthened, if we reflect on the amount of labour that a state of equal property will require. What is this quantity of exertion from which we are supposing many members of the community to shrink ? It is so light a burthen as rather to assume the appearance of agreeable relaxation and gentle exercise, than of labour. In this community scarcely any can be expected in consequence of their situation or avocations to consider themselves as exempted from manual industry. There will be no rich men to recline in indolence and fatten upon the labour of their fellows. The mathematician, the poet and the philosopher will derive a new stock of chearfulness and energy from the recurring labour that makes them feel they are men. There will be no persons employed in the manufacture of trinkets and luxuries ; and none in directing the wheels of the complicated machine of government, tax-gatherers, beadles, exciseman, tide-waiters, clerks and secretaries. There will be neither fleets nor armies, neither courtiers nor footmen. It is the unnecessary employments that at present occupy the great mass of the inhabitants of every civilised 822 nation, while the peasant labours | incessantly to maintain them in a state more pernicious than idleness. It has been computed that not more than one twentieth of the inhabitants of England are employed seriously and substantially in the labours of agriculture. Add
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to this, that the nature of agriculture is such, as necessarily to give full occupation in some parts of the year, and to leave others comparatively unemployed. We may consider these latter periods as equivalent to a labour which, under the direction of sufficient skill, might suffice in a simple state of society for the fabrication of tools, for weaving, and the occupation of taylors, bakers and butchers. The object in the present state of society is to multiply labour, in another state it will be to simplify it. A vast disproportion of the wealth of the community has been thrown into the hands of a few, and ingenuity has been continually upon the stretch to find out ways in which it may be expended. In the feudal times the great lord invited the poor to come and eat of the produce of his estate upon condition of their wearing his livery, and forming themselves in rank and file to do honour to his well bom guests. Now that exchanges are more facilitated, we have quitted this inartificial mode, and oblige the men we maintain out of our incomes to exert their ingenuity and industry in return. Thus in the instance just mentioned, we pay the taylor to cut our clothes to pieces, that he may sew them together again, and to decorate them with stitching and 823 various ornaments, without which expe|rience would speedily show that they were in no respect less useful. We are imagining in the present case a state of the most rigid simplicity. From the sketch which has been here given it seems by no means impossible, that the labour of every twentieth man in the community would be sufficient to maintain the rest in all the absolute necessaries of human life. If then this labour, instead of being performed by so small a number, were amicably divided among them all, it would occupy the twentieth part of every man's time. Let us compute that the industry of a labouring man engrosses ten hours in every day, which, when we have deducted his hours of rest, recreation and meals, seems an ample allowance. It follows that half an hour a day, seriously employed in manual labour by every member of the community, would sufficiently supply the whole with necessaries. Who is there that would shrink from this degree of industry ? Who is there that sees the incessant industry exerted in this city and this island, and would believe that, with half an hour's industry per diem, we should be every way happier and better than we are at present ? It is possible to contemplate this fair and generous picture of independence and virtue, where every man would have ample leisure for the noblest energies of mind, without feeling our very souls refreshed with admiration and hopes ? Universality of the love of distinction.
824 When we talk of men's sinking into idleness if they be not | excited by the stimulus of gain, we have certainly very little considered the motives that at present govern the human mind. We are deceiving by the apparent mercenariness of mankind, and imagine that the accumulation of wealth is their great object. But the case is far otherwise. The present ruling passion of the human mind is the love of distinction. There is no doubt a class in society that are perpetually urged by hunger and need, and have no leisure for motives less gross and material. But is the class next above them less industrious than they ? I exert a certain species of industry to supply my immediate wants ; but these wants are soon supplied. The rest is exerted that I may
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wear a better coat, that I may clothe my wife with gay attire, that I may not merely have a shelter but a handsome habitation, not merely bread or flesh to eat, but that I may set it out with a suitable decorum. How many of these things would engage my attention, if I lived in a desert island, and had no spectators of my economy ? If I survey the appendages of my person, is there one article that is not an appeal to the respect of my neighbours, or a refuge against their contempt ? It is for this that the merchant braves the dangers of the ocean, and the mechanical inventor brings forth the treasures of his meditation. The soldier advances even to the cannon's mouth, the statesman exposes himself to the rage of an indignant people, because they cannot bear to pass through life without distinction and esteem. Exclusively of certain higher motives that will presently be mentioned, this is the purpose of all the 825 great exertions of mankind. The man who | has nothing to provide for but his animal wants, scarcely ever shakes off the lethargy of his mind ; but the love of praise hurries us on to the most incredible achievements. Nothing is more common than to find persons who surpass the rest of their species in activity, inexcusably remiss in the melioration of their pecuniary affairs. In reality those by whom this reasoning has been urged, have mistaken the nature of their own objection. They did not sincerely believe that men could be roused into action only by the love of gain ; but they imagined that in a state of equal property men would have nothing to occupy their attention. What degree of truth there is in this idea we shall presently have occasion to estimate. Operation of this motive under the system in question : Meanwhile it is sufficiently obvious, that the motives which arise from the love of distinction are by no means cut off, by a state of society incompatible with the accumulation of property. Men, no longer able to acquire the esteem or avoid the contempt of their neighbours by circumstances of dress and furniture, will divert the passion for distinction into another channel. They will avoid the approach of indolence, as carefully as they now avoid the reproach of poverty. The only persons who at present neglect the effect which their appearance and manners may produce, are those faces are ground with famine and distress. But in a state of equal society no 826 man will be oppressed, | and of consequence the more delicate affections of the soul will have time to expand themselves. The general mind having, as we have already shown, arrived at a high pitch of improvement; the impulse that carries it out into action will be stronger than ever. The fervour of public spirit will be great. Leisure will be multiplied, and the leisure of a cultivated understanding is the precise period in which great designs, designs the tendency of which is to secure applause and esteem, are conceived. In tranquil leisure it is impossible for any but the sublimest mind to exist without the passion for distinction. This passion, no longer permitted to lose itself in indirect channels and useless wanderings, will seek the noblest course, and perpetually fructify the seeds of public good. Mind, though it will perhaps at no time arrive at the termination of its possible discoveries and improvements, will nevertheless advance with a rapidity and firmness of progression of which we are at present unable to conceive the idea.
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will finally be superseded by a better motive.
The love of same is no doubt a delusion. This like every other delusion will take its turn to be detected and abjured. It is an airy phantom, which will indeed afford us an imperfect pleasure so long as we worship it, but will always in a considerable degree disappoint us, and will not stand the test of examination. We ought to love nothing but good, a pure and immutable felicity, the good of the majority, the good of the 827 general. If there be any thing more substantial than all the rest, it is | justice, a principle that rests upon this single postulatum, that man and man are beings of the same nature, and susceptible, under certain limitations, of the same advantages. Whether the benefit from you or me, so it be but conferred, is a pitiful distinction. Justice has the farther advantage, which serves us as a countercheck to prove the goodness of this species of arithmetic, of producing the only solid happiness to the man by whom it is practised, as well as the good of all. But same cannot benefit me, any more than serve the best purposes to others. The man who acts from the love of it, may produce public good ; but, if he do, it is from indirect and spurious views. Fame is an unsubstantial and delusive pursuit. If it signify an opinion entertained of me greater than I deserve, to pursue it is vicious. If it be the precise mirror of my character, it is desirable only as a means, in a much as I may perhaps be able to do most good to the persons who best know the extent of my capacity and the rectitude of my intentions. The love of fame, when it perishes in minds formed under the present system, often gives place to a greater degeneracy. Selfishness is the habit that grows out of monopoly. When therefore this selfishness ceases to seek its gratification in public exertion, it too often narrows itself into some frigid conception of personal pleasure, perhaps sensual, perhaps intellectual. But this cannot be the process where monopoly is banished. Selfishness has there no kindly circumstances to foster it. Truth, 828 the overpowering truth of general good, then seizes us irresistibly. It is impossible we should want motives, so long as we see clearly how multitudes and ages may be benefited by our exertions, how causes and effects are connected in an endless chain, so that no honest effort can be lost, but will operate to good, centuries after its author is consigned to the grave. This will be the general passion, and all will be animated by the example of all.
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Chap. V. Of the Objection to this System from the Impossibility of its Being Rendered Permanent.
Grounds of the objection. - Its serious import. - Answer. - The introduction of such a system must be owing, 1. to a deep sense of justice - 2. to a clear insight into the nature of happiness - as being properly intellectual not consisting in sensual pleasure - or the pleasures of delusion. - Influence of the passions considered. - Men will not accumulate either from individual foresight - or from vanity. Grounds of the objection. Let us proceed to another objection. It has sometimes been said by those who oppose the doctrine here maintained, «that equality might perhaps contribute to the improvement and happiness of mankind, if it were consistent with the nature of man that such a principle should be rendered permanent; but that every expectation of that kind must prove abortive. Confusion would be introduced under the idea of equality to-day, but the old vices and monopolies would return to-morrow. All that 830 the rich would have purchased by the most generous sacrifice, would be a period of barbarism, from which the ideas and regulations of civil society must commence as from a new infancy. The nature of man cannot be changed. There would at least be some vicious and designing members of society, who would endeavour to secure to themselves indulgencies beyond the rest. Mind would not be reduced to that exact uniformity which a state of equal property demands ; and the variety of sentiments which must always in some degree prevail, would inevitably subvert the refined systems of speculative perfection.» Its serious import.
No objection can be more essential than that which is here adduced. It highly becomes us in so momentous a subject to resist all extravagant speculations : it would be truly to be lamented, if, while we parted with that state of society through which mind has been thus far advanced, we were replunged into barbarism by the pursuit of specious appearances. But what is worst of all, is that, if this objection be true, it is to be feared there is no remedy. Mind must go forward. What it sees and admires, it will some time or other seek to attain. Such is the inevitable law of our nature. But it is impossible not to see the beauty of equality, and to be charmed with the benefits it seems to promise. The consequence is sure. Man, according to the system of these reasoners, is prompted to advance for some time with success ; but after that time, in the very act of pursuing farther improvement, he necessarily plunges beyond the compass of his powers, and has then his petty career to begin 831 afresh. | The objection represents him as a foul abortion, with just understanding enough to see what is good, but with too little to retain him in the practice of it. Let us consider whether equality, once established, would be so precarious as it is here represented.
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Answer.
In answer to this objection it must first be remembered, that the state of equalisation we are here supposing is not the result of accident, of the authority of a chief magistrate, or the over earnest persuasion of a few enlightened thinkers, but is produced by the serious and deliberate conviction of the community at large. We will suppose for the present that it is possible for such a conviction to take place among a given number of persons living in society with each other: and, if it be possible in a small community, there seems to be no sufficient reason to prove that it is impossible in one of larger and larger dimensions. The question we have here to examine is concerning the probability, when the conviction has once been introduced, of its becoming permanent. The introduction of such a system must be owing, 1. to a deep sense of justice.
The conviction rests upon two intellectual impressions, one of justice, and the other of happiness. Equalisation of property cannot begin to assume a fixed appearance in human society, till the sentiment becomes deeply wrought into mind, that the genuine wants of any man constitute his only just claim to the appropriating any 832 species of commodity. If the general sense of | mankind were once so far enlightened, as to produce a perpetual impression of this truth, of so forcible a sort as to be exempt from all objections and doubt, we should look with equal horror and contempt at the idea of any man's accumulating a property he did not want. All the evils that a state of monopoly never fails to engender would stand forward in our minds, together with all the existing happiness that attended upon a state of freedom. We should feel as much alienation of thought from the consuming uselessly upon ourselves what would be beneficial to another, or from the accumulating property for the purpose of obtaining some kind of ascendancy over the mind of our neighbours, as we now feel from the commission of murder. No man will dispute, that a state of equal property once established, would greatly diminish the evil propensities of man. But the crime we are now supposing is more atrocious than any that is to be found in the present state of society. Man perhaps is incapable under any circumstance of perpetrating an action of which he has a clear and undoubted perception that it is contrary to the general good. But be this as it will, it is hardly to be believed that any man for the sake of some imaginary gratification to himself would wantonly injury the whole, if his mind were not first ulcerated with the impression of the injury that society by its ordinances is committing against him. The case we are here considering is that of a man, who does not even imagine himself injured, and yet 833 wilfully subverts a state of happiness to | which no description can do justice, to make room for the return of all those calamities and vices with which mankind have been infested from the earliest page of history. 2. to a clear insight into nature of happiness : as being properly intellectual:
The equalisation we are describing is farther indebted for its empire in the mind to the ideas with which it is attended of personal happiness. It grows out of a simple, clear and unanswerable theory of the human mind, that we first stand in need of a
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certain animal subsistence and shelter, and after that, that our only true felicity consists in the expansion of our intellectual powers, the knowledge of truth, and the practice of virtue. It might seem at first sight as if this theory omitted a part of the experimental history of mind, the pleasures of sense and the pleasures of delusion. But this omission is apparent, not real. not consisting in sensual pleasure : However many are kinds of pleasure of which we are susceptible, the truly prudent man will sacrifice the inferior to the more exquisite. Now no man who has ever produced or contemplated the happiness of others with a liberal mind, will deny that this exercise is infinitely the most pleasurable of all sensations. But he that is guilty of the smallest excess of sensual pleasures, by so much diminishes his capacity of obtaining this highest pleasure. Not to add, if that be of any importance, that rigid temperance is the reasonable means of tasting sensual pleasures with the highest relish. This was the system of Epicurus, and must be the system of every man who ever speculated deeply on the nature of human happiness. or the pleasures of delusion.
834 For the pleasures of delusion, they are absolutely | incompatible with our highest pleasure. If we would either promote or enjoy the happiness of others, we must seek to know in what it consists. But knowledge is the irreconcileable foe of delusion. In proportion as mind rises to its true element, and shakes off those prejudices which are the authors of our misery, it becomes incapable of deriving pleasure from flattery, fame or power, or indeed from any source that is not compatible with, or in other words does not make a part of the common good. The most palpable of all classes of knowledge is that I am, personally considered, but an atom in the ocean of mind. - The first rudiment therefore of that science of personal happiness which is inseparable from a state of equalisation, is, that I shall derive infinitely more pleasure from simplicity, frugality and truth, than from luxury, empire and fame. What temptation has a man, entertaining this opinion, and living in a state of equal property, to accumulate ? Influence of the passions considered. This question has been perpetually darkened by the doctrine, so familiar to writers of morality, of the independent operations of reason and passion. Such distinctions must always darken. Of how many parts does mind consist ? Of none. It consists merely of a series of thought succeeding thought from the first moment of our existence to its termination". This word passion, which has produced such extensive mischief in the philosophy of mind, and has no real archetype, is perpetually 835 shifting its meaning. Sometimes it is applied universally to all those thoughts, which, being peculiarly vivid, and attended with great force of argument real or imaginary, carry us out into action with uncommon energy. Thus we speak of the passion of benevolence, public spirit or courage. Sometimes it signifies those vivid thoughts only, which upon accurate examination appear to be founded in error. In " Book IV, Chap. VII, p. 335.
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the first sense the word might have been unexceptionable. Vehement desire is the result of a certain operation of the understanding, and must always be in a joint ratio of the supposed clearness of the proposition and importance of the practical effects. In the second sense, the doctrine of the passions would have been exceedingly harmless, if we had been accustomed to put the definition instead of the thing defined. It would then have been found that it merely affirmed that the human mind must always be liable to precisely the same mistakes as we observe in it at present, or in other words affirmed the necessary permanence in opposition to the necessary perfectibility of intellect. Who is there indeed that sees not, in the case above stated, the absurdity of supposing a man, so long as he has a clear view of justice and interest lying on one side of a given question, to be subject to errors that irresistibly compel him to the other ? The mind is no doubt liable to fluctuation. But there is a degree of conviction that would render it impossible for us any longer to derive pleasure from intemperance, dominion or fame, and this degree in the incessant progress of thought must one day arrive. 836
Men will not accumulate either from individual foresight:
This proposition of the permanence of a system of equal property, after it has once been brought into action by energies of reason and conviction, will be placed out of the reach of all equitable doubt, if we proceed to form to ourselves an accurate picture of the action of this system. Let us suppose that we are introduced to a community of men, who are accustomed to an industry proportioned to the wants of the whole, and to communicate instantly and unconditionally, each man to his neighbour, that for which the former has not and the latter has immediate occasion. Here the first and simplest motive to personal accumulation is instantly cut off. I need not accumulate to protect myself against accidents, sickness or infirmity, for these are claims the validity of which is not regarded as a subject of doubt, and with which every man is accustomed to comply. I can accumulate in a considerable degree nothing but what is perishable, for exchange being unknown, that which I cannot personally consume adds nothing to the sum of my wealth. - Meanwhile it should be observed, that, though accumulation for private purposes under such a system would be in the highest degree irrational and absurd, this by no means precludes such accumulation, as may be necessary to provide against public contingencies. If there be any truth in the preceding reasonings, this kind of accumulation will be unattended with danger. Add to this, that the perpetual tendency of wisdom is to preclude contingency. It is well known that dearths are principally owing to the false 837 precautions and false timidity of mankind; and it is reasonable to suppose that a degree of skill will hereafter be produced, which will gradually annihilate the failure of crops and other similar accidents. or vanity.
It has already appeared, that the principal and unintermitting motive to private accumulation, is the love of distinction and esteem. This motive is also withdrawn. As accumulation can have no rational object, it would be viewed as a mark of insanity, not a title to admiration. Men would be accustomed to the simple principles of justice, and know that nothing was entitled to esteem but talents and virtue.
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Habituated to employ their superfluity to supply the wants of their neighbour, and to dedicate the time which was not necessary for manual labour to the cultivation of intellect, with what sentiments would they behold the man, who was foolish enough to sew a bit of lace upon his coat, or affix any other ornament to his person ? In such a community property would perpetually tend to find its level. It would be interesting to all to be informed of the person in whose hands a certain quantity of any commodity was lodged, and every man would apply with confidence to him for the supply of his wants in that commodity. Putting therefore out of the question every kind of compulsion, the feeling of depravity and absurdity, that would be excited with relation to the man who refused to part with that for which he had no real need, would operate in all cases as a sufficient discouragement to so odious an | innovation. Every man would conceive that he had a just and complete title to make use of my superfluity. If I refused to listen to reason and expostulation on this head, he would not stay to adjust with me a thing so vicious as exchange, but would leave me in order to seek the supply from some rational being. Accumulation, instead, as now, of calling forth every mark of respect, would tend to cut off the individual who attempted it from all the bonds of society, and sink him in neglect and oblivion. The influence of accumulation at present is derived from the idea of eventual benefit in the mind of the observer; but the accumulator then would be in a case still worse than that of the miser now, who, while he adds thousands to his heap, cannot be prevailed upon to part with a superfluous farthing, and is therefore the object of general desertion.
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Chap. VI. Of the Objection to this System from the Inflexibility of its Restrictions.
Nature of the objection. - Natural and moral independence distinguished the first beneficial - the second injurious. - Tendency of restriction properly called. - The genuine system of property not a system of restrictions - does not require common labour, meals or magazines. - Such restrictions absurd - and unnecessary. - Evils of cooperation. - Its province may perpetually be diminished. - Manual labour may be extinguished. - Consequent activity of intellect. - Ideas of the future state of cooperation. - Its limits. - Its legitimate province. - Evils of cohabitation - and marriage. - They oppose the development of our faculties - are inimical to our happiness - and deprave our understandings. - Marriage a branch of the prevailing system of property.- C onsequences of its abolition. - Education need not in that state of society be a subject of positive institution. - These | principles do not lead to a sullen individuality. - Partial attachments considered.- Benefits accruing from a just affection - materially promoted by these principles. - The genuine system of property does not prohibit accumulation implies a certain degree of appropriation - and division of labour. Nature of the objection.
An objection that has often been urged against a system of equal property, is, «that it is inconsistent with personal independence. Every man according to this scheme is a passive instrument in the hands of the community. He must eat and drink, and play and sleep at the bidding of others. He has no habitation, no period at which he can retreat into himself, and not ask another's leave. He has nothing that he can call his own, not even his time or his person. Under the appearance of a perfect freedom from oppression and tyranny, he is in reality subjected to the most unlimited slavery.» Natural and moral independence distinguished : the first beneficial:
To understand the force of this objection it is necessary that we should distinguish two sorts of independence, one of which may be denominated natural, and the other moral. Natural independence, a freedom from all constraint except that of reason and argument presented to the understanding, is of the utmost importance to the welfare and improvement of mind. the second injurious.
841 Moral independence on the contrary is always injurious. The dependence which | is essential in this respect to the wholsome temperament of society, includes in it articles that are no doubt unpalatable to a multitude of the present race of mankind,
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but that owe their unpopularity only to weakness and vice. It includes a censure to be exercised by every individual over the actions of another, a promptness to enquire into them, and to judge them. Why should I shrink from this ? What could be more beneficial than for each man to derive every possible assistance for correcting and moulding his conduct from the perspicacity of his neighbours ? The reason why this species of censure is at present exercised with illiberality, is because it is exercised clandestinely and we submit to its operation with impatience and aversion. Moral independence is always injurious : for, as has abundantly appeared in the course of the present enquiry, these is no situation in which I can be placed, where it is not incumbent upon me to adopt a certain species of conduct in preference to all others, and of consequence where I shall not prove an ill member of society, if I act in any other than a particular manner. The attachment that is felt by the present race of mankind to independence in this respect, the desire to act as they please without being accountable to the principles of reason, is highly detrimental to the general welfare. Tendency of restriction, properly so colled.
But, if we ought never to act independently of the principles of reason, and in no instance to shrink from the candid examination of another, it is nevertheless essential that we should at all times be free to cultivate the individuality and follow the 842 dictates | of our judgment. If there be any thing in the scheme of equal property that infringes this principle, the objection is conclusive. If the scheme be, as it has often been represented, a scheme of government, constraint, and regulation, it is no doubt in direct hostility with the principles of this work. The genuine system of property not a system of restrictions : does not require common labour, meals or magazines.
But the truth is, that a system of equal property requires no restrictions of superintendence whatever. There is no need of common labour, common meals or common magazines. These are feeble and mistaken instruments for restraining the conduct without making conquest of the judgment. If you cannot bring over the hearts of the community to your party, expect no success from brute regulations. If you can, regulation is unnecessary. Such a system was well enough adapted to the military constitution of Sparta ; but it is wholly unworthy of men who are entitled in no cause but that of reason and justice. Beware of reducing men to the state of machines. Govern them through no medium but that of inclination and conviction. Such restrictions absurd :
Why should we have common meals ? Am I obliged to be hungry at the same time that you are ? Ought I to come at a certain hour, from the museum where I am working, the recess where I mediate, or the observatory where I remark the phenomena of nature, to a certain hall appropriated to the office of eating ; instead of eating, as reason bids me, at the time and place most suited to my avocations ? Why 843 have common magazines ? | For the purpose of carrying our provisions a certain distance, that we may afterwards bring them back again ? Or is this precaution really necessary, after all that has been said in praise of equal society and the omnipotence
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of reason, to guard us against the knavery and covetousness of our associates ? If it be, for God's sake let us discard the parade of political justice, and go over to the standard of those reasoners who say, that man and the practice of justice are incompatible with each other. Evils of cooperation.
Once more let us be upon our guard against reducing men to the condition of brute machines. The objectors of the last chapter were partly in the right when they spoke of the endless variety of mind. It would be absurd to say that we are not capable of truth, of evidence and agreement. In these respects, so far as mind is in a state of progressive improvement, we are perpetually coming nearer to each other. But there are subjects about which we shall continually differ, and ought to differ. The ideas, the associations and the circumstances of each man are properly his own ; and it is a pernicious system that would lead us to require all men, however different their circumstances, to act in many of the common affairs of life by a precise general rule. Add to this, that, by the doctrine of progressive improvement, we shall always be erroneous, though we shall every day become less erroneous. The proper method for hastening the decay of error, is not, by brute force, or by regulation which is one of 844 the classes of force, | to endeavour to reduce men to intellectual uniformity ; but on the contrary by teaching every man to think for himself. From these principles it appears that every thing that is usually understood by the term cooperation, is in some degree an evil. A man in solitude, is obliged to sacrifice or postpone the execution of his best thoughts to his own convenience. How many admirable designs have perished in the conception by means of this circumstance ? The true remedy is for men to reduce their wants to the fewest possible, and as much as possible to simplify the mode of supplying them. It is still worse when a man is also obliged to consult the convenience of others. If I be expected to eat or to work in conjunction with my neighbour, it must either be at a time most convenient to me, or to him, or to neither of us. We cannot be reduced to a clock-work uniformity. Its province may perpetually be diminished.
Hence it follows that all supererogatory cooperation is carefully to be avoided, common labour and common meals. «But what shall we say to cooperation that seems to be dictated by the nature of the work to be performed ?» It ought to be diminished. At present it is unreasonable to doubt, that the consideration of the evil of cooperation is in certain urgent cases to be postponed to that urgency. Whether by the nature of things cooperation of some sort will always be necessary, is a question 845 that we are scarcely competent to decide. At present, to pull down a tree, to | cut a canal, to navigate a vessel, requires the labour of many. Will it always require the labour of many ? When we look at the complicated machines of human contrivance, various sorts of mills, of weaving engines, of steam engines, are we not astonished at the compendium of labour they produce ? Who shall say where this species of improvement must stop ? At present such inventions alarm the labouring part of the community ; and they may be productive of temporary distress, though they conduce in the sequel to the most important interests of the multitude. But in a state of equal labour their utility will be liable to no dispute. Hereafter it is by no means clear that
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the most extensive operations will not be within the reach of one man ; or, to make use of a familiar instance, that a plough may not be turned into a field, and perform its office without the need of superintendence. It was in this sense that the celebrated Franklin conjectured, that «mind would one day become omnipotent over matter.» Manual labour may be extinguished. The conclusion of the progress which has here been sketched, is something like a final close to the necessity of manual labour. It is highly instructive in such cases to observe how the sublime geniuses of former times anticipated what seems likely to be the future improvement of mankind. It was one of the laws of Lycurgus, that no Spartan should be employed in manual labour. For this purpose under his system it was necessary that they should be plentifully supplied with slaves devoted to drudg846 ery. Matter, or, | to speak more accurately, the certain and unintermitting laws of the universe, will be the Helots of the period we are contemplating. We shall end in this respect, oh immortal legislator ! at the point from which you began. Consequent activity of intellect. To these prospects perhaps the objection will once again be repeated, «that men, delivered from the necessity of manual labour, will sink into supineness.» What narrow views of the nature and capacities of mind do such objections imply ? The only thing necessary to put intellect into action is motive. Are there no motives equally cogent with the prospect of hunger ? Whose thoughts are most active, most rapid and most unwearied, those of Newton or the ploughman ? When the mind is stored with prospects of intellectual greatness and utility, can it sink into torpor ? Ideas of the future state of cooperation. Its limits. To return to the subject of cooperation. It may be a curious speculation to attend to the progressive steps by which this feature of human society may be expected to decline. For example: shall we have concerts of music ? The miserable state of mechanism of the majority of the performers is so conspicuous, as to be even at this day a topic of mortification and ridicule. Will it not be practicable hereafter for one man to perform the whole ? Shall we have theatrical exhibitions ? This seems to include an absurd and vicious cooperation. It may be doubted whether men will hereafter come forward in any mode gravely to repeat words and ideas not their 847 own ? It may be doubted whether any musical | performer will habitually execute the compositions of others ? We yield supinely to the superior merit of our predecessors, because we are accustomed to indulge the inactivity of our faculties. All formal repetition of other men's ideas seems to be a scheme for imprisoning for so long a time the operations of our own mind. It borders perhaps in this respect upon a breach of sincerity, which requires that we should give immediate utterance to every useful and valuable idea that occurs to our thoughts. Its legitimate province. Having ventured to state these hints and conjectures, let us endeavour to mark the limits of individuality. Every man that receives an impression from any external object, has the current of his own thoughts modified by force ; and yet without external impressions we should be nothing. We ought not, except under certain
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limitations, to endeavour to free ourselves from their approach. Every man that reads the composition of another, suffers the succession of his ideas to be in a considerable degree under the direction of his author. But it does not seem as if this would ever form a sufficient objection against reading. One man will always have stored up reflections and facts that another wants ; and mature and digested discourse will perhaps always, in equal circumstances, be superior to that which is extempore. Conversation is a species of cooperation, one or the other party always yielding to have his ideas guided by the other : and yet conversation and the intercourse of mind with mind seem to be the most fertile sources of improvement. It is here as it is with 848 punishment. He that | in the gentlest manner undertakes to reason another out of his vices, will probably occasion pain ; but this species of punishment ought upon no account to be superseded. Evils of cohabitation :
Another article which belongs to the subject of cooperation is cohabitation. A very simple process will lead us to a right decision in this instance. Science is most effectually cultivated, when the greatest number of minds are employed in the pursuit of it. If an hundred men spontaneously engage the whole energy of their faculties upon the solution of a given question, the chance of success will be greater, than if only ten men were so employed. By the same reason the chance will be also increased, in proportion as the intellectual operations of these men are individual, in proportion as their conclusions are directed by the reason of the thing, uninfluenced by the force either of compulsion or sympathy. All attachments to individuals, except in proportion to their merits, are plainly unjust. It is therefore desirable, that we should be the friends of man rather than of particular men, and that we should pursue the chain of our reflexions, with no either interruption than information or philanthropy requires. and marriage.
They oppose the development of our faculties: This subject of cohabitation is particularly interesting, as it includes in it the subject of marriage. It will therefore be proper to extend our enquiries somewhat further upon this head. Cohabitation is not only an evil as it checks the independent pro849 gress of mind ; it is also inconsistent with the imperfections and pro|pensities of man. It is absurd to expect that the inclinations and wishes of two human beings should coincide through any long period of time. To oblige them to act and to live together, is to subject them to some inevitable portion of thwarting, bickering and unhappiness. This cannot be otherwise, so long as man has failed to reach the standard of absolute perfection. The supposition that I must have a companion for life, is the result of a complication of vices. It is the dictate of cowardice, and not of fortitude. It flows from the desire of being loved and esteemed for something that is not desert. and deprave our understandings.
But the evil of marriage as it is practised in European countries lies deeper than this. The habit is, for a thoughtless and romantic youth of each sex to come together, to
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see each other for a few times and under circumstances full of delusion, and then to vow to each other eternal attachment. What is the consequence of this ? In almost every instance they find themselves deceived. They are reduced to make the best of an irretrievable mistake. They are presented with the strongest imaginable temptation to become the dupes of falshood. They are led to conceive it their wisest policy to shut their eyes upon realities, happy if by any perversion of intellect they can persuade themselves that they were right in their first crude opinion of their companion. The institution of marriage is a system of fraud ; and men who carefully mislead their judgements in the daily affair of their life, must always have a crippled 850 judgement in every other | concern. We ought to dismiss our mistake as soon as it is detected ; but we are taught to cherish it. We ought to be incessant in our search after virtue and worth ; but we are taught to check our enquiry, and shut our eyes upon the most attractive and admirable objects. Marriage is a law, and the worst of all laws. Whatever our understandings may tell us of the person from whose connexion we should derive the greatest improvement, of the worth of one woman and the demerits of another, we are obliged to consider what is law, and not what is justice. Marriage a branch of the prevaling system of property. Add to this, that marriage is an affair of property, and the worst of all properties. So long as two human beings are forbidden by positive institution to follow the dictates of their own mind, prejudice is alive and vigorous. So long as I seek to engross one woman to myself, and to prohibit my neighbour from proving his superior desert and reaping the fruits of it, I am guilty of the most odious of all monopolies. Over this imaginary prize men watch with perpetual jealousy, and one man will find his desires and his capacity to circumvent as much excited, as the other is excited to traverse his projects and frustrate his hopes. As long as this state of society continues, philanthropy will be crossed and checked in a thousand ways, and the still augmenting stream of abuse will continue to flow. Consequences of its abolition. The abolition of marriage will be attended with no evils. We are apt to represent it to 851 ourselves as the harbinger of brutal | lust and depravity. But it really happens in this as in other cases, that the positive laws which Eire made to restrain our vices, irritate and multiply them. Not to say, that the same sentiments of justice and happiness which in a state of equal property would destroy the relish for luxury, would decrease our inordinate appetites of every kind, and lead us universally to prefer the pleasures of intellect to the pleasures of sense. The intercourse of the sexes will in such a state fall under the same system as any other species of friendship. Exclusively of all groundless and obstinate attachments, it will be impossible for me to live in the world without finding one man of a worth superior to that of any other whom I have an opportunity of observing. To this man I shall feel a kindness in exact proportion to my apprehension of his worth. The case will be precisely the same with respect to the female sex. I shall assiduously cultivate the intercourse of that woman whose accomplishments shall strike me in the most powerful manner. «But it may happen that other men will feel for her the same preference that I do.» This will create no difficulty. We may all enjoy her conver-
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sation ; and we shall all be wise enough to consider the sensual intercourse as a very trivial object. This, like every other affair in which two persons are concerned, must be regulated in each successive instance by the unforced consent of either party. It is a mark of the extreme depravity of our present habits, that we are inclined to suppose the sensual intercourse any wise material to the advantages arising from the 852 purest affection. Reasonable men now | eat and drink, not from the love of pleasure, but because eating and drinking are essential to our healthful existence. Reasonable men then will propagate their species, not because a certain sensible pleasure is annexed to this action, but because it is right the species should be propagated ; and the manner in which they exercise this function will be regulated by the dictates of reason and duty. Such are some of the considerations that will probably regulate the commerce of the sexes. It cannot be definitively affirmed whether it be known in such a state of society who is the father of each individual child. But it may be affirmed that such knowledge will be of no importance. It is aristocracy, self love and family pride that teach us to set a value upon it at present. I ought to prefer no human being to another, because that being is my father, my wife or my son, but because, for reasons which equally appeal to all understandings, that being is entitled to preference. One among the measures which will successively be dictated by the spirit of democracy, and that probably at no great distance, is the abolition of surnames. Education need not in that state of society be a subject of positive institution.
Let us consider the way in which this state of society will modify education. It may be imagined that the abolition of marriage would make it in a certain sense the affair of the public ; though, if there be any truth in the reasonings of this work, to provide for it by the positive institutions of a community, would be extremely inconsistent 853 with the true principles of the | intellectual system". Education may be regarded as consisting of various branches. First, the personal cares which the helpless state of an infant requires. These will probably devolve upon the mother; unless, by frequent parturition or by the very nature of these cares, that were found to render her state of the burthen unequal; and then it would be amicably and willingly participated by others. Secondly, food and other necessary supplies. These, as we have already seen, would easily find their true level, and spontaneously flow from the quarter in which they abounded to the quarter that was deficient''. Lastly, the term education may be used to signify instruction. The task of instruction, under such a form of society as that we are contemplating, will be greatly simplified and altered from what it is at present. It will then be thought no more legitimate to make boys slaves, than to make men so. The business will not then be to bring forward so many adepts in the egg-shell, that the vanity of parents may be flattered by hearing their praises. No man will then think of vexing with premature learning the feeble and inexperienced, for fear that, when they came to years of discretion, they should " Book VI, Chap. VIII. " Chap. V, p. 837.
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refuse to be learned. Mind will be suffered to expand itself in proportion as occasion and impression shall excite it, and not tortured and enervated by being cast in a particular mould. No creature in human form will be expected to learn any thing, but 854 because he desires it and has some conception of | its utility and value ; and every man, in proportion to his capacity, will be ready to furnish such general hints and comprehensive views, as will suffice for the guidance and encouragement of him who studies from a principle of desire. These principles do not lead to a sullen individuality.
Before we quit this part of the subject it will be necessary to obviate an objection that will suggest itself to some readers. They will say «that man was formed for society and reciprocal kindness ; and therefore is by his nature little adapted to the system of individuality which is here delineated. The true perfection of man is to blend and unite his own existence with that of another, and therefore a system which forbids him all partialities and attachments, tends to degeneracy and not to improvement.» No doubt man is formed for society. But there is a way in which for a man to lose his own existence in that of others, that is eminently vicious and detrimental. Every man ought to rest upon his own centre, and consult his own understanding. Every man ought to feel his independence, that he can assert the principles of justice and truth, without being obliged treacherously to adapt them to the peculiarities of his situation, and the errors of the others. Partial attachments considered. No doubt man is formed for society. But he is formed for, or in other words his 855 faculties enable him to serve, the whole | and not a part. Justice obliges us to sympathise with a man of merit more fully than with an insignificant and corrupt member of society. But all partialities strictly so called, tend to the injury of him who feels them, of mankind in general, and even of him who is their object. The spirit of partiality is well expressed in the memorable saying of Themistocles, «God forbid that I should sit upon a bench of justice, where my friends found no more favour than strangers !» In fact, as has been repeatedly seen in the course of this work, we sit in every action of our lives upon a bench of justice ; and play in humble imitation the part of the unjust judge, whenever we indulge the smallest atom of partiality. Benefits accruing from a just affection :
Such are the limitations of the social principle. These limitations in reality tend to improve it and render its operations beneficial. It would be a miserable mistake to suppose that the principle is not of the utmost importance to mankind. All that in which the human mind differs from the intellectual principle in animals is the growth of society. All that is excellent in man is the fruit of progressive improvement, of the circumstance of one age taking advantage of the discoveries of a preceding age, and setting out from the point at which they had arrived.
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materially promoted by these principles. Without society we should be wretchedly deficient in motives to improvement. But what is most of all, without society our improvements would be nearly useless. 856 Mind without bene|volence is a barren and cold existence. It is in seeking the good of others, in embracing a great and expansive sphere of action, in forgetting our own individual interests, that we find our true element. The tendency of the whole system delineated in this Book is to lead us to that element. The individuality it recommends tends to the good of the whole, and is valuable only as a means to that end. Can that be termed a selfish system, where no man desires luxury, no man dares to be guilty of injustice, and every one devotes himself to supply the wants, animal or intellectual, or others ? - To proceed. The genuine system of property does not prohibit accumulation : As a genuine state of society is incompatible with all laws and restrictions, so it cannot have even this restriction, that no man shall amass property. The security against accumulation, as has already been said, lies in the perceived absurdity and inutility of accumulation. The practice, if it can be conceived in a state of society where the principles of justice were adequately understood, would not even be dangerous. The idea would not create alarm, as it is apt to do in prospect among the present advocates of political justice. Men would feel nothing but their laughter or their pity excited at so strange a perversity of human intellect. implies a certain degree of appropriation. What would denominate any thing my property ? The fact, that it was necessary to my welfare. My right would be coeval with the existence of that necessity. The word 857 property would | probably remain ; its signification only would be modified. The mistake does not so properly lie in the idea itself, as in the source from which it is traced. What I have, if it be necessary for my use, is truly mine ; what I have, though the fruit of my own industry, if unnecessary, it is an usurpation for me to retain. Force in such a state of society would be unknown ; I should part with nothing without a full consent. Caprice would be unknown ; no man would covet that which I used, unless he distinctly apprehended, that it would be more beneficial in his possession than it was in mine. My apartment would be as sacred to a certain extent, as it is at present. No man would obtrude himself upon me to interrupt the course of my studies and meditations. No man would feel the whim of occupying my apartment, while he could provide himself another as good of his own. That which was my apartment yesterday would probably be my apartment to-day. We have few pursuits that do not require a certain degree of apparatus ; and it would be for the general good that I should find in ordinary cases the apparatus ready for my use to-day that I left yesterday. But, though the idea of property thus modified would remain, the jealousy and selfishness of property would be gone. Bolts and locks would be unknown. Every man would be welcome to make every use of my accommodations, that did not interfere with my own use of them. Novices as we are, 858 we may figure | to ourselves a thousand disputes, where property was held by so slight a tenure. But disputes would in reality be impossible. They are the offspring of a mishapen and disproportioned love of ourselves. Do you want my table ? Make
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one for yourself; or, if I be more skilful in that respect than you, I will make one for you. Do you want it immediately ? Let us compare the urgency of your wants and mine, and let justice decide. and division of labour. These observations lead us to the consideration of one additional difficulty, which relates to the division of labour. Shall each man make all his tools, his furniture and accommodations ? This would perhaps be a tedious operation. Every man performs the task to which he is accustomed more skilfully and in a shorter time than another. It is reasonable that you should make for me, that which perhaps I should be three or four times as long making, and should make imperfectly at last. Shall we then introduce barter and exchange ? By no means. The abstract spirit of exchange will perhaps govern; every man will employ an equal portion of his time in manual labour. But the individual application of exchange is of all practices the most pernicious. The moment I require any other reason for supplying you than the cogency of your claim, the moment, in addition to the dictates of benevolence, I demand a prospect of advantage to myself, there is an end of that political justice and pure society of which we treat. No man will have a trade. It cannot be supposed that a man will construct any species of commodity, but in | proportion as it is wanted. The profession paramount to all others and in which every man will bear his part, will be that of man, and in addition perhaps that of cultivator. The division of labour, as it has been treated by commercial writers, is for the most part the offspring of avarice. It has been found that ten persons can make two hundred and forty times as many pins in a day as one person". This refinement is the growth of luxury. The object is to see into how vast a surface the industry of the lower classes may be beaten, the more completely to gild over the indolent and the proud. The ingenuity of the merchant is whetted, by new improvements of this sort to transport more of the wealth of the powerful into his own coffers. The possibility of effecting a compendium of labour by this means will be greatly diminished, when men shall learn to deny themselves superfluities. The utility of such a saving of labour, where labour is so little, will scarcely balance against the evils of so extensive a cooperation. From what has been said under this head it appears, that there will be a division of labour, if we compare the society in question with the state of the solitaire and the savage. But it will produce an extensive composition of labour, if we compare it with that to which we are at present accustomed in civilised Europe.
"
Smith's Wealth of Nations, Book I, Chap. J.
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Chap. VII. Of the Objection to this System from the Principle of Population.
The objection stated. - Remoteness of its operation. - Conjectural ideas respecting the antidote. - Omnipotence of mind. - Illustrations. - Causes of decrepitude. - Youth is prolonged by chearfulness - by clearness of apprehension - and a benevolent character. - The powers we possess are essentially progressive. - Effects of attention. - The phenomenon of sleep explained. - Present utility of these reasonings. - Application to the future state of society. The objection stated.
An author who has speculated widely upon subjects of government", has recommended equal, or, which was rather his idea, common property, as a complete remedy, to the usurpation and distress which are at present the most powerful enemies of human kind, to the vices which infect education in some instances, and the neglect it encounters in more, to all the turbulence of passion, and all the injustice of 861 selfishness. But, after | having exhibited this picture, not less true than delightful, he finds an argument that demolishes the whole, and restores him to indifference and despair, in the excessive population that would ensue. Remoteness of its operation. One of the most obvious answer to this objection is, that to reason thus is to foresee difficulties at a great distance. Three fourths of the habitable globe is now uncultivated. The parts already cultivated are capable of immeasurable improvement. Myriads of centuries of still increasing population may probably pass away, and the earth still be found sufficient for the subsistence of its inhabitants. Who can say how long the earth itself will survive the casualties of the planetary system ? Who can say what remedies shall suggest themselves for so distant an inconvenience, time enough for practical application, and of which we may yet at this time have not the smallest idea ? It would be truly absurd for us to shrink from a scheme of essential benefit to mankind, let they should be too happy, and by necessary consequence at some distant period too populous. Conjectural ideas respecting the antidote.
But, though these remarks may be deemed a sufficient answer to the objection, it may not be amiss to indulge in some speculations to which such an objection obviously leads. The earth may, to speak in the style of one of the writers of the Christian Scriptures, «abide for ever''.» It may be in danger of becoming too 862 populous. A remedy may then be necessary. If it may, | why should we sit down in " b
Wallace : Various Prospects of Mankind, Nature and Providence, 1761. Ecclesiastes, Chap. I, ver. 4.
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supine indifference and conclude that we can discover no glimpse of it ? The discovery, if made, would add to the firmness and consistency of our prospects ; nor is it improbable to conjecture that that which would form the regulating spring of our conduct then, might be the medium of a salutary modification now. What follows must be considered in some degree as a deviation into the land of conjecture. If it be false, it leaves the great system to which it is appended in all sound reason as impregnable as ever. If this do not lead us to the true remedy, it does not follow that there is no remedy. The great object of enquiry will still remain open, however defective may be the suggestions that are now to be offered. O m n i p o t e n c e of mind.
Let us here return to the sublime conjecture of Franklin, that «mind will one day become omnipotent over matter".» If over all other matter, why not over the matter of our own bodies ? If over matter at ever so great a distance, why not over matter which, however ignorant we may be of the tie that connects it with the thinking principle, we always carry about with us, and which is in all cases the medium of communication between that principle and the external universe ? In a word, why may not man be one day immortal ? 863
Illustrations.
The different cases in which thought modifies the external universe are obvious to all. It is modified by our voluntary thoughts or design. We desire to stretch out our hand, and it is stretched out. We perform a thousand operations of the same species every day, and their familiarity annihilates the wonder. They are not in themselves less wonderful than any of those modifications which we are least accustomed to conceive. - Mind modifies body involuntarily. Emotion excited by some unexpected word, by a letter that is delivered to us, occasions the most extraordinary revolutions in our frame, accelerates the circulation, causes the heart to palpitate, the tongue to refuse its office, and has been known to occasion death by extreme anguish or extreme joy. These symptoms we may either encourage or check. By encouraging them habits are produced of fainting or of rage. To discourage them is one of the principal offices of fortitude. The effort of mind in resisting pain in the stories of Cranmer and Mucius Scaevola is of the same kind. It is reasonable to believe that that effort with a different direction might have cured certain diseases of the system. There is nothing indeed of which physicians themselves are more frequently aware, than of the power of the mind in assisting or retarding convalescence. C a u s e s of decrepitude.
Why is it that a mature man soon loses that elasticity of limb, which characterises the heedless gaiety of youth ? Because he desists from youthful habits. He assumes an air of dignity incompatible with the lightness of childish sallies. He is visited and 864 vexed with all the cares that rise out of our mistaken institutions, | and his heart is no longer satisfied and gay. Hence his limbs become stiff and unwieldy. This is the forerunner of old age and death. °
I have no other authority to quote for this expression than the conversation of Dr. Price. Upon enquiry I am happy to find it confirmed to me by Mr. William Morgan, the nephew of Dr. Price, who recollects to have heard it repeatedly mentioned by his uncle.
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Youth is prolonged by chearfulness: The first habit favourable to corporal vigour is chearfulness. Every time that our mind becomes morbid, vacant and melancholy, a certain period is cut off from the length of our lives. Listlessness of thought is the brother of death. But chearfulness gives new life to our frame and circulation to our juices. Nothing can long be stagnant in the frame of him, whose heart is tranquil, and his imagination active. by clearness of apprehension : A second requisite in the case of which we treat is a clear and distinct conception. If I know precisely what I wish, it is easy for me to calm the throbs of pain, and to assist the sluggish operations of the system. It is not a knowledge of anatomy, but a quiet and steady attention to my symptoms, that will best enable me to correct the distemper from which they spring. Fainting is nothing else but a confusion of mind, in which the ideas appear to mix in painful disorder, and nothing is distinguished. and a benevolent character. The true source of chearfulness is benevolence. To a youthful mind, while every thing strikes with its novelty, the individual situation must be peculiarly unfortunate, if gaiety of thought be not produced, or, when interrupted, do not speedily return with its healing oblivion. But novelty is a fading charm, and perpetually decreases. 865 Hence the approach of inanity and | listlessness After we have made a certain round, life delights no more. A deathlike apathy invades us. Thus the aged are generally cold and indifferent; nothing interests their attention, or rouses the sluggishness of their soul. How should it be otherwise ? The pursuits of mankind are commonly frigid and contemptible, and the mistake comes at last to be detected. But virtue is a charm that never fades. The soul that perpetually overflows with kindness and sympathy, will always be chearful. The man who is perpetually busied in contemplations of public good, will always be active. The powers we possess are essentially progressive.
The application of these reasonings is simple and irresistible. If mind be now in a great degree the ruler of the system, why should it be incapable of extending its empire ? If our involuntary thoughts can derange or restore the animal economy, why should we not in process of time, in this as in other instances, subject the thoughts which are at present involuntary to the government of design ? If volition can now do something, why should it not go on to do still more and more ? There is no principle of reason less liable to question than this, that, if we have in any respect a little power now, and if mind be essentially progressive, that power may, and, barring any extraordinary concussions of nature, infallibly will, extend beyond any bounds we are able to prescribe to it. 866 Nothing can be more irrational and presumptuous than to | conclude, because a certain species of supposed power is entirely out of the line of our present observations, that it is therefore altogether beyond the limits of the human mind. We talk familiarly indeed of the limits of our faculties, but nothing is more difficult than to point them out. Mind, in a progressive view at least, is infinite. If it could have been told to the savage inhabitants of Europe in the times of Theseus and Achilles, that
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man was capable of predicting eclipses and weighing the air, of explaining the phenomena of nature so that no prodigies should remain, of measuring the distance and the size of the heavenly bodies, this would not have appeared to them less wonderful, than if we had told them of the possible discovery of the means of maintaining the human body in perpetual youth and vigour. But we have not only this analogy, showing that the discovery in question forms as it were a regular branch of the acquisitions that belong to an intellectual nature; but in addition to this we seem to have a glimpse of the specific manner in which the acquisition will be secured. Let us remark a little more distinctly the simplicity of the process. Effects of attention.
We have called the principle of immortality in man chearfulness, clearness of conception and benevolence. Perhaps we shall in some respects have a more accurate view of its potency, if we consider it as of the nature of attention. It is a very old maxim of practical conduct, that whatever is done with attention, is done well. It is 867 because this was a principal requisite, that many per|sons endowed in an eminent degree with chearfulness, perspicacity and benevolence, have perhaps not been longer lived than their neighbours. We are not capable at present of attending to every thing. A man who is engaged in the sublimest and most delightful exertions of mind, will perhaps be less attentive to his animal functions than his most ordinary neighbour, though he will frequently in a partial degree repair that neglect, by a more chearful and animated observation, when those exertions are suspended. But, though the faculty of attention may at present have a very small share of ductility, it is probable that it may be improved in that respect to an inconceivable degree. The picture that was exhibited of the subtlety of mind in an earlier stage of this work", gives to this supposition a certain degree of moral evidence. If we can have three hundred and twenty successive ideas in a second of time, why should it be supposed that we shall not hereafter arrive at the skill of carrying on a great number of contemporaneous processes without disorder ? The phenomenon of sleep explained.
Having thus given a view of what may be the future improvement of mind, it is proper that we should qualify this picture to the sanguine temper of some readers and the incredulity of others, by observing that this improvement, if capable of being realised, is however at a great distance. A very obvious remark will render this eminently palpable. If an unintermitted attention to the animal economy be neces868 sary, then, before death can be banished, | we must banish sleep, death's image. Sleep is one of the most conspicuous infirmities of the human frame. It is not, as has often been supposed, a suspension of thought, but an irregular and distempered state of the faculty''. Our tired attention resigns the helm, ideas swim before us in wild confusion, and are attended with less and less distinctness, till at length they leave no traces in the memory. Whatever attention and volition are then imposed upon us, as it were at unawares, are but faint resemblances of our operations in the same kind " "
Book IV, Chap. VII, p. 330. Book IV, Chap. VII, p. 335.
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when awake. Generally speaking, we contemplate sights of horror with little pain, and commit the most atrocious crimes with little sense of their true nature. The horror we sometimes attribute to our dreams, will frequently be found upon accurate observation to belong to our review of them when we wake. Present utility of these reasonings. One other remark may be proper in this place. If the remedies here prescribed tend to a total extirpation of the infirmities of our nature, then, though we cannot promise to them an early and complete success, we may probably find them of some utility now. They may contribute to prolong our vigour, though not to immortalise it, and, which is of more consequence, to make us live while we live. Every time the mind is invaded with anguish and gloom, the frame becomes disordered. Every time that languor and indifference creep upon us, our functions fall into decay. In proportion 869 as we cultivate fortitude and equanimity, our circulations will be chearful. In proportion as we cultivate a kind and benevolent propensity, we may be secure of finding something for ever to interest and engage us. Medecine may reasonably be stated to consist of two branches, the animal and intellectual. The latter of these has been infinitely too much neglected. It cannot be employed to the purposes of a profession; or, where it has been incidentally so employed, it has been artificially and indirectly, not in an open and avowed manner. «Herein the patient must minister to himself".» How often do we find a sudden piece of good news dissipating a distemper ? How common is the remark, that those accidents, which are to the indolent a source of disease, are forgotten and extirpated in the busy and active ? It would no doubt be of extreme moment to us, to be thoroughly acquainted with the power of motives, habit, and what is called resolution, in this respect. I walk twenty miles in an indolent and half determined temper, and am extremely fatigued. I walk twenty miles full of ardour and with a motive that engrosses my soul, and I come in as fresh and alert as when I began my journey. We are sick and we die, generally speaking, because we consent to suffer these accidents. This consent in the present state of mankind is in some degree unavoidable. We must have stronger motives and clearer views, before we can uniformly refuse it. But, though we cannot always, we may frequently refuse. This is a truth of which all 870 mankind are | to a certain degree aware. Nothing more common for the most ignorant man to call upon his sick neighbour, to rouse himself, not to suffer himself to be conquered ; and this exhortation is always accompanied with some consciousness of the efficacy of resolution. The wise and the good man therefore should carry with him the recollection of what chearfulness and a determined spirit are able to do, of the capacity with which he is endowed of expelling the seeds and first slight appearances of indisposition. The principal part of the preceding paragraph is nothing more than a particular application of what was elsewhere delivered respecting moral and physical causes*. It would have been easy to have cast the present chapter in a different form, and to ° b
Macbeth, Act V. Book I, Chap. VII, Part I.
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have made it a chapter upon health, showing that one of the advantages of a better state of society would be a very high improvement of the vigour and animal constitution of man. In that case the conjecture of immortality would only have come in as an incidental remark, and the whole would have assumed less the air of conjecture than of close and argumentative deduction. But it was perhaps better to give the subject the most explicit form, at the risk of exciting a certain degree of prejudice. Application to the future state of society. To apply these remarks to the subject of population. The tendency of a cultivated and virtuous mind is to render us indifferent to the gratifications of sense. They 871 please at present | by their novelty, that is, because we know not how to estimate them. They decay in the decline of the life indirectly because the system refuse them, but directly and principally because they no longer excite the ardour and passion of mind. It is well known that an inflamed imagination is capable of doubling and tripling the seminal secretions. The gratifications of sense please at present by their imposture. We soon learn to despite the mere animal function, which, apart from the delusions of intellect, would be nearly the same in all cases ; and to value it, only as it happens to be relieved by personal charms or mental excellence. We absurdly imagine that no better road can be found to the sympathy and intercourse of minds. But a very slight degree of attention might convince us that this is a false road, full of danger and deception. Why should I esteem another, or by another be esteemed ? For this reason only, because esteem is due, and only so far as it is due. The men therefore who exist when the earth shall refuse itself to a more extended population, will cease to propagate, for they will no longer have any motive, either of error or duty, to induce them. In addition to this they will perhaps be immortal. The whole will be a people of men, and not of children. Generation will not succeed generation, nor truth have in a certain degree to recommence her career at the end of every thirty years. There will be no war, no crimes, no administration of justice as it 872 is called, and government. These | latter articles are at no great distance ; and it is not impossible that some of the present race of men may live to see them in part accomplished. But beside this, there will be no disease, no anguish, no melancholy and no resentment. Every man will seek with ineffable ardour the good of all. Mind will be active and eager, yet never disappointed. Men will see the progressive advancement of virtue and good, and feel that, if things occasionally happen contrary to their hopes, the miscarriage itself was a necessary part of that progress. They will know, that they are members of a chain, that each has his several utility, and they will not feel indifferent to that utility. They will be eager to enquire into the good that already exists, the means by which it was produced, and the greater good that is yet in store. They will never want motives for exertion ; for that benefit which a man thoroughly understands and earnestly loves, he cannot refrain from endeavouring to promote. Before we dismiss this subject it is proper once again to remind the reader, that the leading doctrine of this chapter is given only as matter of probable conjecture, and that the grand argument of this division of the work is altogether independent of its truth or falshood.
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Justice
Chap. VIII. Of the Means of Introducing the Genuine System of Property.
Apprehensions that are entertained on this subject. - Idea of massacre. Inference we ought to make upon supposition of the reality of these apprehensions. - Mischief by no means the necessary attendant on improvement. - Duties under this circumstance, 1. of those who are qualified for public instructors - temper - sincerity. - Pernicious effects of dissimulation in this case. - 2. Of the rich and great. - Many of them may be expected to be advocates of equality. - Conduct which their interest as a body prescribes. - 3. Of the friends of equality in general. - Omnipotence of truth. Importance of a mild and benevolent proceeding. - Connexion between liberty and equality. - Cause of equality will perpetually advance. - Symptoms of its progress. - Idea of its future success. - Conclusion. Having thus stated explicitly and without reserve the great branches of this illus874 trious picture, there is but one | subject that remains. In what manner shall this interesting improvement of human society be carried into execution ? Are there not certain steps that are desirable for this purpose ? Are there not a certain steps that are inevitable ? Will not the period that must first elapse, necessarily be stained with a certain infusion of evil ? Apprehensions that are entertained on this subject. No idea has excited greater horror in the minds of a multitude of persons, than that of the mischiefs that are to ensue from the dissemination of what they call levelling principles. They believe «that these principles will inevitably ferment in the minds of the vulgar, and that the attempt to carry them into execution will be attended with every species of calamity.» They represent to themselves «the uninformed and uncivilised part of mankind, as let loose from all restraint, and hurried into every kind of excess. Knowledge and taste, the improvements of intellect, the discoveries of sages, the beauties of poetry and art, are trampled under foot and extinguished by barbarians. It is another inundation of Goths and Vandals, with this bitter aggravation, that the viper that stings us to death was warmed in our own bosoms.» They conceive of the scene as «beginning in massacre.» They suppose «all that is great, preeminent and illustrious as ranking among the first victims. Such as are 875 distinguished by peculiar elegance of manners or energy of diction and compo|sition, will be the inevitable objects of envy and jealousy. Such as intrepidly exert themselves to succour the persecuted, or to declare to the public those truths which they are least inclined, but which are most necessary for them to hear, will be marked out for assassination.»
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Idea of massacre.
Let us not, from any partiality to the system of equality delineated in this book, shrink from the picture here exhibited. Massacre is the too possible attendant upon revolution, and massacre is perhaps the most hateful scene, allowing for its momentary duration, that any imagination can suggest. The fearful, hopeless expecta- 5 tion of the defeated, and the bloodhound fury of their conquerors, is a complication of mischief that all which has been told of infernal regions cannot surpass. The cold-blooded massacres that are perpetrated under the name of criminal justice fall short of these in their most frightful aggravations. The ministers and instruments of law have by custom reconciled their minds to the dreadful task they perform, and 10 bear their respective parts in the most shocking enormities, without being sensible to the passions allied to those enormities. But the instruments of massacre are actuated with all sentiments of fiends. Their eyes emit flashes of cruelty and rage. They pursue their victims from street to street and from house to house. They tear them from the arms of their fathers and their wives. They glut themselves with barbarity 15 and insult, and utter shouts of horrid joy at the spectacle of their tortures. 876
Inference we ought to make upon supposition of the reality of these apprehensions.
We have now contemplated the tremendous picture; what is the conclusion it behoves us to draw ? Must we shrink from reason, from justice, from virtue and happiness ? Suppose that the inevitable consequence of communicating truth were the temporary introduction of such a scene as has just been described, must we on that account refuse to communicate it ? The crimes that were perpetrated would in no just estimate appear to be the result of truth, but of the error which had previously been infused. The impartial enquirer would behold them as the last struggles of expiring despotism, which, if it had survived, would have produced mischiefs, scarcely less atrocious in the hour of their commission, and infinitely more calamitous by the length of their duration. If we would judge truly, even admitting the unfavourable supposition above stated, we must contrast a moment of horror and distress with ages of felicity. No imagination can sufficiently conceive the mental improvement and the tranquil virtue that would succeed, were property once permitted to rest upon its genuine basis. And by what means suppress truth, and keep alive the salutary intoxication, the tranquillising insanity of mind which some men desire ? Such has been too generally the policy of government through every age of the world. Have we slaves ? We must assiduously retain them in ignorance. Have we colonies and dependencies ? The great effort of our care is to keep them from being too populous and prosperous. 877 Have we subjects ? It is j «by impotence and misery that we endeavour to render them supple : plenty is fit for nothing but to make them unmanageable, disobedient and mutinous".» If this were the true philosophy of social institutions, well might we shrink from it with horror. How tremendous an abortion would the human species be found, if all that tended to make them wise, tended to make them un0
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principled and profligate ? But this it is impossible for any one to believe, who will lend the subject a moment's impartial consideration. Can truth, the perception of justice and a desire to execute it, be the source of irretrievable ruin to mankind ? It may be conceived that the first opening and illumination of mind will be attended with disorder. But every just reasoner must confess that regularity and happiness will succeed to this confusion. To refuse the remedy, were this picture of its operation ever so true, would be as if a man who had dislocated a limb, should refuse to undergo the pain of having it replaced. If mankind have hitherto lost the road of virtue and happiness, that can be no just reason why they should be suffered to go wrong for ever. We must not refuse a conviction of error, or even the treading over again some of the steps that were the result of it. Another question suggests itself under this head. Can we suppress truth ? Can we arrest the progress of the enquiring mind ? If we can, it will only be done by the most unmitigated despotism. Mind has a perpetual tendency to rise. It cannot be held 878 down but by a power that counteracts its genuine tendency through every moment of its existence. Tyrannical and sanguinary must be the measures employed for this purpose. Miserable and disgustful must be the scene they produce. Their result will be thick darkness of the mind, timidity, servility, hypocrisy. This is the alternative, so far as there is any alternative in their power, between the opposite measures of which the princes and governments of the earth have now to choose: they must either suppress enquiry by the most arbitrary stretches of power, or preserve a clear and tranquil field in which every man shall be at liberty to discover and vindicate his opinion. No doubt it is the duty of governments to maintain the most unalterable neutrality in this important transaction. No doubt it is the duty of individuals to publish truth without diffidence or reserve, to publish it in its genuine form without seeking aid from the meretricious arts of publication. The more it is told, the more it is known in its true dimensions, and not in parts, the less is it possible that it should coalesce with or leave room for the pernicious effects of error. The true philanthropist will be eager, instead of suppressing discussion, to take an active share in the scene, to exert the full strength of his faculties in discovery, and to contribute by his exertions to render the operation of thought at once perspicuous and profound. Mischief by no means the necessary attendant on improvement.
879 It being then sufficiently evident that truth must be told at | whatever expence, let us proceed to consider the precise amount of that expence, to enquire how much of confusion and violence is inseparable from the transit which mind has to accomplish. And here it plainly appears that mischief is by no means inseparable from the progress. In the mere circumstance of our acquiring knowledge and accumulating one truth after another there is no direct tendency to disorder. Evil can only spring from the clash of mind with mind, from one body of men in the community outstripping another in their ideas of improvement, and becoming impatient of the opposition they have to encounter.
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Duties under this circumstance,
1. of those who are qualified for public instructors : In this interesting period, in which mind shall arrive as it were at the true crisis of its story, there are high duties incumbent upon every branch of the community. First, upon those cultivated and powerful minds, that are fitted to be precursors to the rest in the discovery of truth. They are bound to be active, indefatigable and disinterested. temper:
It is incumbent upon them to abstain from inflammatory language, from all expressions of acrimony and resentment. It is absurd in any government to erect itself into a court of criticism in this respect, and to establish a criterion of liberality and decorum ; but for that very reason it is doubly incumbent on those who communicate their thoughts to the public, to exercise a rigid censure over themselves. The tidings of liberty and equality are tidings of good will to all orders of men. They free 880 the peasant from the iniquity that depresses his mind, and the privileged from the luxury and despotism by which he is corrupted. Let those who bear these tidings not stain their benignity, by showing that that benignity has not yet become the inmate of their hearts. Sincerity.
Nor is it less necessary that they should be urged to tell the whole truth without disguise. No maxim can be more pernicious than that which would teach us to consult the temper of the times, and to tell only so much as we imagine our contemporaries will be able to bear. This practice is at present almost universal, and it is the mark of a very painful degree of depravity. We retail and mangle truth. We impart it to our fellows, not with the liberal measure with which we have received it, but with such parsimony as our own miserable prudence may chance to prescribe. We pretend that truths fit to be practised in one country, nay, truths which we confess to be eternally right, are not fit to be practised in another. That we may deceive others with a tranquil conscience, we begin with deceiving ourselves. We put shackles upon our minds, and dare not trust ourselves at large in the pursuit of truth. This practice took its commencement from the machinations of party, and the desire of one wise and adventurous leader to carry a troop of weak, timid and selfish supporters in his train. There is no reason why I should not declare in any assembly upon the face of the earth that I am a republican. There is no more reason why, 881 being a republican under a monarchical government, I should enter into | a desperate faction to invade the public tranquillity, than if I were monarchical under a republic. Every community of men, as well as every individual, must govern itself according to its ideas of justice. What I should desire is, not by violence to change its institutions, but by reason to change its ideas. I have no business with factions or intrigue ; but simply to promulgate the truth, and to wait the tranquil progress of conviction. If there be any assembly that cannot bear this, of such an assembly I ought to be no member. It happens much oftener than we are willing to imagine, that «the post of honour,» or, which is better, the post of utility, «is a private station".» °
Addison's Cato, Act IV.
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Pernicious effects of dissimulation in this case. The dissimulation here censured, beside its ill effects upon him who practices it, and by degrading and unnerving his character upon society at large, has a particular ill consequence with respect to the point we are considering. It lays a mine, and prepares an explosion. This is the tendency of all unnatural restraint. Meanwhile the 5 unfettered progress of truth is always salutary. Its advances are gradual, and each step prepares the general mind for that which is to follow. They are sudden and unprepared emanations of truth, that have the greatest tendency to deprive men of their sobriety and self command. Reserve in this respect is calculated at once, to give a rugged and angry tone to the multitude whenever they shall happen to discover 10 what is thus concealed, and to mislead the depositaries of political power. It 882 sooths them into false security, and prompts them to maintain an inauspicious obstinacy. 2. Of the rich and great. Many of them may be expected to be advocates of equality.
Having considered what it is that belongs in such a crisis to the enlightened and wise, let us next turn our attention to a very different class of society, the rich and great. And here in the first place it may be remarked, that it is a very false calculation that leads us universally to despair of having these for the advocates of equality. Mankind are not so miserably selfish, as satirists and courtiers have supposed. We never engage in any action without enquiring what is the decision of justice respecting it. We are at all times anxious to satisfy ourselves that what our inclinations lead us to do, is innocent and right to be done". Since therefore justice occupies so large a share in the contemplations of the human mind, it cannot reasonably be doubted that a strong and commanding view of justice would prove a powerful motive to influence our choice. But that virtue which for whatever reason we have chosen, soon becomes recommended to us by a thousand other reasons. We find in it reputation, eminence, self complacence and the divine pleasures of an approving mind. The rich and great are far from callous to views of general felicity, when such 883 views are brought before them with that | evidence and attraction of which they are susceptible. From one dreadful disadvantage their minds are free. They have not been soured with unrelenting tyranny, or narrowed by the perpetual pressure of distress. They are peculiarly qualified to judge of the emptiness of that pomp and those gratifications, which are always most admired when they are seen from a distance. They will frequently be found considerably indifferent to these things, unless confirmed by habit and rendered inveterate by age. If you show them the attractions of gallantry and magnanimity in resigning them, they will often be resigned without reluctance. Wherever accident of any sort has introduced an active mind, there enterprise is a necessary consequence; and there are few persons so inactive, as to sit down for ever in the supine enjoyment of the indulgences to which they were born. The same spirit has led forth the young nobility of successive ages to encounter the hardships of a camp, might easily be employed to render them "
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champions of the cause of equality : nor is it to be believed, that the circumstance of superior virtue and truth in this latter exertion, will be without its effect. conduct which their interest as a body prescribes. But let us suppose a considerable party of the rich and great to be actuated by no view but to their emolument and ease. It is not difficult to show them, that their 5 interest in this sense will admit of no more than a temperate and yielding resistance. 884 Much no doubt of the future tranquillity or confusion of man|kind depends upon the conduct of this party. To them I would say : «It is in vain for you to fight against truth. It is like endeavouring with the human hand to stop the inroad of the ocean. Retire betimes. Seek your safety in concession. If you will not go over to the 10 standard of political justice, temporise at least with an enemy whom you cannot overcome. Much, inexpressibly much depends upon you. If you be wise, if you be prudent, if you would secure at least your lives and your personal ease admits the general shipwreck of monopoly and folly, you will be unwilling to irritate and defy. Unless by your rashness, there will be no confusion, no murder, not a drop of blood 15 will be split, and you will yourselves be made happy. If you brave the storm and call down every species of odium on your heads, still it is possible, still it is to be hoped that the general tranquillity may be maintained. But, should it prove otherwise, you will have principally to answer for all the consequences that shall ensue. «Above all, do not be lulled into a rash and headlong security. We have already seen how much the hypocrisy and instability of the wise and enlightened of the present day, those who confess much, and have a confused view of still more, but dare not examine the whole with a steady and unshrinking eye, are calculated to increase this security. But there is a danger still more palpable. Do not be misled by the unthinking and seeming general cry of those who have no fixed principles. 885 Addresses have been found in every age a very uncertain criterion of the future conduct of a people. Do not count upon the numerous train of your adherents, retainers and servants. They afford a very feeble dependence. They are men, and cannot be dead to the interests and claims of mankind. Some of them will adhere to your as long as a sordid interest seems to draw them in that direction. But the moment yours shall appear to be the losing cause, the same interest will carry them over to the enemy's standard. They will disappear like the morning dew. «May I hope that you are capable of receiving impression from another argument ? Will you feel no compunction at the thought of resisting the greatest of all benefits ? Are you content to be regarded by the most enlightened of your contemporaries, and to be handed down to the remotest posterity, as the obstinate adversaries of philanthropy and justice ? Can you reconcile it to your own minds, that, for a sordid interest, for the cause of general corruption and abuse, you should be found active in stifling truth, and strangling the new born happiness of mankind ?» Would to God it were possible to carry home this argument to the enlightened and accomplished advocates of aristocracy ! Would to God they could be persuaded to consult neither passion, nor prejudice, nor the flights of imagination, in deciding upon so momentous a question ! «We know that truth does not stand in need of your alliance to secure her triumph. We do not fear your enmity. But our hearts bleed to see such 886
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gallantry such talents and such virtue enslaved to prejudice, and enlisted in error. It is for your sakes that we expostulate, and for the honour of human nature.» 3. of the friends of equality in general. Omnipotence of truth.
To the general mass of the adherents of the cause of justice it may be proper to say a few words. «If there be any force in the arguments of this work, thus much at least we are authorised to deduce from them, that truth is irresistible. If man be endowed with a rational nature, then whatever is clearly demonstrated to his understanding to have the most powerful recommendations, so long as that clearness is present to his mind, will inevitably engage his choice. It is to no purpose to say that mind is fluctuating and fickle ; for it is so only in proportion as evidence is imperfect. Let the evidence be increased, and the persuasion will be made firmer, and the choice more uniform. It is the nature of individual mind to be perpetually adding to the stock of its ideas and knowledge. Similar to this is the nature of general mind, exclusively of casualties which, arising from a more comprehensive order of things, appear to disturb the order of limited systems. This is confirmed to us, if a truth of this universal nature can derive confirmation from partial experiments, by the regular advances of the human mind from century to century, since the invention of printing. Importance of a mild and benevolent proceeding. «Let then this axiom of the omnipotence of truth be the rudder of our understandings. Let us not precipitately endeavour to accomplish that to-day, which the dis887 semination of truth will | make unavoidable to-morrow. Let us not anxiously watch for occasions and events : the ascendancy of truth is independent of events. Let us anxiously refrain from violence : force is not conviction, and is extremely unworthy of the cause of justice. Let us admit into our bosoms neither contempt, animosity, resentment nor revenge. The cause of justice is the cause of humanity. Its advocates should overflow with universal good will. We should love this cause, for it conduces to the general happiness of mankind. We should love it, for there is not a man that lives, who in the natural and tranquil progress of things will not be made happier by its approach. The most powerful cause by which it has been retarded, is the mistake of its adherents, the air or ruggedness, brutishness and inflexibility which they have given to that which in itself is all benignity. Nothing less than this could have prevented the great mass of enquirers from bestowing upon it a patient examination. Be it the care of the now increasing advocates of equality to remove this obstacle to the success of their cause. We have but two plain duties, which, if we set out right, it is not easy to mistake. The first is an unwearied attention to the great instrument of justice, reason. We must divulge our sentiments with the utmost frankness. We must endeavour to impress them upon the minds of others. In this attempt we must give way to not discouragement. We must sharpen our intellectual weapons ; add to the stock of our knowledge ; be pervaded with a sense of the magnitude of our cause ; 888 and perpetually increase that calm presence of mind and self possession which must enable us to do justice to our principles. Our second duty is tranquillity.»
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Connexion between liberty and equality.
It will not be right to pass over a question that will inevitably suggest itself to the mind of the reader. «If an equalisation of property be to take place, not by law, regulation or public institution, but only through the private conviction of individuals, in what manner shall it begin ?» In answering this question it is not necessary to prove so simple a proposition, as that all republicanism, all equalisation of ranks and immunities, strongly tends towards an equalisation of property. Thus, in Sparta this last principle was completely admitted. In Athens the public largesses were so great as almost to exempt the citizens from manual labour ; and the rich and eminent only purchased a toleration for their advantages, by the liberal manner in which they opened their stores to the public. In Rome, agrarian laws, a wretched and ill chosen substitute for equality, but which grew out of the same spirit, were perpetually agitated. If men go on to increase in discernment, and this they certainly will with peculiar rapidity, when the ill-constructed governments which now retard their progress are removed, the same arguments which showed them the injustice of ranks, will show them the injustice of one man's wanting that, which while it is in the possession of another, conduces in no respect to his well being. Cause of equality will perpetually advance.
889 It is a common error to imagine, that this injustice will be felt | only by the lower orders who suffer from it; and hence it would appear that it can only be corrected by violence. But in answer to this it may in the first place be observed that all suffer from it, the rich who engross, as well as the poor who want. Secondly, it has been clearly shown in the course of the present work, that men are not so entirely governed by self interest as has frequently been supposed. It has been shown, if possible, still more clearly, that the selfish are not governed solely by sensual gratification or the love of gain, but that the desire of eminence and distinction is in different degrees an universal passion. Thirdly and principally, the progress of truth is the most powerful of all causes. Nothing can be more absurd than to imagine that theory, in the best sense of the word, is not essentially connected with practice. That which we can be persuaded clearly and distinctly to approve, will inevitably modify our conduct. Mind is not an aggregate of various faculties contending with each other for the mastery, but on the contrary the will is in all cases correspondent to the last judgment of the understanding. When men shall distinctly and habitually perceive the folly of luxury, and when their neighbours are impressed with a similar disdain, it will be impossible that they should pursue the means of it with the same avidity as before. Symptoms of its progress.
It will not be difficult perhaps to trace, in the progress of modern Europe from barbarism to refinement, a tendency towards the equalisation of property. In the 890 feudal times, as | now in India and other parts of the world, men were born to a certain station, and it was nearly impossible for a peasant to rise to the rank of a noble. Except the nobles there were no men that were rich ; for commerce, either external or internal, had scarcely an existence. Commerce was one engine for throwing down this seemingly impregnable barrier, and shocking the prejudices of no-
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bles, who were sufficiently willing to believe that their retainers were a different species of beings from themselves. Learning was another, and more powerful engine. In all ages of the church we see men of the basest origin rising to the highest eminence. Commerce proved that others could rise to wealth beside those who were cased in m a i l ; but learning proved that the low-bow were capable of surpassing their lords. The progressive effect of these ideas may easily be traced by the attentive observer. Long after learning began to unfold its powers, its votaries still submitted to those obsequious manners and servile dedications, which no man reviews at the present day without astonishment. It is but lately that men have known that intellectual excellence can accomplish its purposes without a patron. At present, among the civilised and well informed a man of slender wealth, but of great intellectual powers and a firm and virtuous mind, is constantly received with attention and deference ; and his purse-proud neighbour who should attempt to treat him superciliously, is sure to be discountenanced in this usurpation. The inhabitants of distant villages, where long established prejudices are slowly destroyed, would be 891 astonished to see how comparatively small a share wealth has in determining the degree of attention with which men are treated in enlightened circles. Idea of its future success. These no doubt are but slight indications. It is with morality in this respect as it is with politics. The progress is at first so slow as for the most part to elude the observation of mankind ; nor can it indeed be adequately perceived but by the contemplation and comparison of events during a considerable portion of time. After a certain interval, the scene is more fully unfolded, and the advances appear more rapid and decisive. While wealth was every thing, it was to be expected that men would acquire it, though at the expence of character and integrity. Absolute and universal truth had not yet shown itself so decidedly, as to be able to enter the lists with what dazzled the eye or gratified the sense. In proportion as the monopolies of ranks and companies are abolished, the value o f superfluities will not fail to decline. In proportion as republicanism gains ground, men will come to be estimated for what they are, not for what force has given, and force may take away. Let us reflect for a moment on the gradual consequences of this revolution of opinion. Liberality of dealing will be among its earliest results, and of consequence accumulation will become less frequent and less enormous. Men will not be dis892 posed, as now, to take advantage of each other's distresses, and to demand | a price for their aid, not measured by a general standard, but by the wants of an individual. They will not consider how much they can extort, but how much it is reasonable to require. The master tradesman who employs labourers under him, will be disposed to give a more ample reward to their industry ; which he is at present enabled to tax chiefly by the neutral circumstance of having provided a capital. Liberality on the part o f this employer will complete in the mind of the artisan, what ideas of political justice will probably have begun. He will no longer spend the little surplus of his earnings in that dissipation, which is at present one of the principal causes that subject him to the arbitrary pleasure of a superior. He will escape from the irresolution of slavery and the fetters of despair, and perceive that independence and ease
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are scarcely less within his reach than that of any other member of the community. This is a natural step towards the still farther progression, in which the labourer will receive entire whatever the consumer may be required to pay, without having a middle man, an idle and useless monopoliser, as he will then be found, to fatten upon his spoils. T h e same sentiments that lead to liberality of dealing, will also lead to liberality of distribution. The trader, w h o is unwilling to grow rich by extorting from his employer or his workmen, will also refuse to become rich by the not inferior injus893 tice of withholding from his poor neighbour the supply he | wants. The habit which was created in the former case of being contended with moderate gains, is closely connected with the habit of being contented with slender accumulation. H e that is not anxious to add to his heap, will not be reluctant by a benevolent distribution to prevent its increase. Wealth was once almost the single object or pursuit that presented itself to the gross and uncultivated mind. Various objects will hereafter divide m e n ' s attention, the love of liberty, the love of equality, the pursuits of art and the desire of knowledge. These objects will not, as now, be confined to a few, but will gradually be laid open to all. T h e love of liberty obviously leads to the love of man : the sentiment of benevolence will be increased, and the narrowness of the selfish affections will decline. The general diffusion of truth will be productive of general i m p r o v e m e n t ; and men will daily approximate towards those views according to which every object will be appreciated at its true value. Add to which, that the improvement of which we speak is general, not individual. The progress is the progress of all. Each man will find his sentiments of justice and rectitude echoed, encouraged and strengthened by the sentiments of his neighbours. Apostacy will be made eminently improbable, because the apostate will incur, not only his own censure, but the censure of every beholder. Conclusion. 894 One remark will suggest itself upon these considerations. «If | the inevitable progress of improvement insensibly lead towards an equalisation of property, what need was there of proposing it as a specific object to m e n ' s consideration ?» The answer to this objection is easy. The improvement in question consists in a knowledge of truth. But our knowledge will be very imperfect so long as this great branch of universal justice fails to constitute a part of it. All truth is u s e f u l ; can this truth, which is perhaps more fundamental than any, be without its benefits ? Whatever be the object towards which mind spontaneously advances, it is of no mean importance to us to have a distinct view of that object. Our advances will thus become accelerated. It is a well known principle of morality, that he w h o proposes perfection to himself, though he will inevitably fall short of what he pursues, will make a more rapid progress, than he w h o is contented to aim only at what is imperfect. The benefits to be derived in the interval from a view of equalisation, as one of the great objects towards which w e are tending, are exceedingly conspicuous. Such a view will strongly conduce to make us disinterested now. It will teach us to look with contempt upon mercantile speculations, commercial prosperity, and the cares of gain. It will impress us with a just apprehension of what it is of which man is capable and in
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which his perfection consists ; and will fix our ambition and activity upon the worthiest objects. Mind cannot arrive at any great and illustrious attainment, how895 ever much the nature of mind may | carry us towards it, without feeling some presages of its approach ; and it is reasonable to believe that, the earlier these presages are introduced, and the more distinct they are made, the more auspicious 5 will be the event. FINIS 1 .
1
Ici se termine le texte de Godwin dont BC s'est servi. Ce texte a fait l'objet d'un errata que BC a ignoré. Nous avons donc cru devoir reproduire l'état premier, mais nous donnons ci-dessous l'errata lui-même. On remarquera que les renvois se font à la pagination de l'original, qui est indiquée dans les marges de la présente édition. Pour la lecture des autres indications, on notera que «side note» doit se lire «sous-titre» et que la numérotation des lignes, non modifiée, n'a conservé qu'une valeur approximative.
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Errata. Vol. I.
Page 131, line 15, — after «quantity of wrong,» read «and to invent a species of corporal punishment or restraint,» p. 181, note, 1. ult., - for «of former times» read «of the ancient model.» p. 182, - read the side note «from the unity of truth» as belonging to the top of the page. p. 182, 1. 3 from the bottom, - for «pursue» read «press.» - I. 2 from the bottom, - for «over whom he presided» read «among whom he resided.» p. 185, 186, 187, 188, 189, running title, - for «OF OBEDIENCE» read «OF FORMS OF GOVERNMENT.» p. 260, side note, - read «justice.» p. 324, 1. 4, - read «automatism.» p. 330, side note, - for «Rapidity» read «rapidity.» p. 362, 1. 15, - for «exceptions» read «exception.»
Vol. II. p. 403, side note, - for «Dislike» read «dislike.» p. 427, side note, - for «desire» read «desires.» p. 471, 1. 4, for «no reflexion» read «to reflexion.» p. 503, note, 1. ult., - for «volume» read «work.» p. 511, 1. 5 from the bottom, - for «transaction» read «transactions» p. 551, 1. 3 from the bottom, - for «understand it ;» read «understand it,» p. 564, note, -for «Book IV, Chap. VII» read «Book IV, Chap. VI.» p. 645, side note, - for «of libel :» read «of libel.» p. 673, side note, - read «Reasons by which they are vindicated.» p. 680. 1. ult., - for «necessity.» read «necessity,» p. 706, 1. 14, - for «look» read «voice.» p. 730,1. 3 from the bottom, - for «domestic» read «municipal.» p. 774, side note, — for «man :» read «man.» p. 791, side note, - for «mean» read «means.» p. 807, side note, — after «vice» read «generating.» p. 808, side note, - for «The» read «the» p. 811, side note, - read «and the misfortunes of war.» p. 837, side note, - read «or from vanity.» p. 852,1. 10, - for «be known» read «will be known.» p. 878, 1. 3 from the bottom, - for «operation» read «operations.» p. 883, side note, - for «conduct» read «Conduct»
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v o l . . r. LONDON.P R I N T E D FOR G. C. AMD J .
ROBINSOK,
iATCRNOSTER-ROW.
1796.
Page de titre de Enquiry Concerning Political Justice, deuxième édition de 1796. The British Library, London.
Enquiry Concerning Political Justice, and its Influence on Morals and Happiness.
by William Godwin. The second edition corrected. [Vol. I]
Preface V
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Preface.
Few works of literature are held to be of more general use, than those which treat in a methodical and elementary way of the principles of science. But the human mind in every enlightened age is progressive; and the best elementary treatises after a certain time are reduced in their value by the operation of subsequent discoveries. 5 Hence it has always been desired by candid enquirers, that new works of this kind should from time to time be brought forward, including the improvements, which had not yet been realised at the time that former compilations upon the same subject were produced. It would be strange if something of this kind were not desirable in the science of politics, after the concussion that the minds of men have suffered upon this subject, and the materials that have been furnished, by the recent experiments of America vi and France. A sense of the value of such a work, if pro|perly executed, was the motive which gave birth to these volumes. Authors who have formed the design of supplying the defects of their predecessors, will be found, if they were in any degree equal to the task, not merely to have collected the scattered information that had been produced upon the subject, but to have increased the science with the fruit of their own meditations. In the following work principles will occasionally occur, which it will not be just to reject without examination, merely upon the ground of their apparent novelty. It was impossible perseveringly to reflect upon so prolific a science, and a science which may be said to be yet in its infancy, without being led into ways of thinking that were in some degree uncommon. Another argument in favour of the utility of such a work was frequently in the author's mind, and therefore ought to be mentioned. He conceived politics to be the proper vehicle of a liberal morality. That description of ethics will be found perhaps to be worthy of slight estimation, which confines itself to petty detail and the offices vii of private life, instead of leading men to consider themselves principally under the relation in which they stand to the whole body of mankind. It appeared sufficiently practicable to make of such a treatise, exclusively of its direct political use, an advantageous vehicle of moral improvement. The author was accordingly desirous of producing a work from the perusal of which no man should rise, without being strengthened in habits of sincerity, fortitude and justice. Having stated the considerations in which the work originated, it is proper to mention a few circumstances of the outline of its history. It was projected in the month of May 1791 : the composition was begun in the following September, and has therefore occupied a space of sixteen months. This period was for the most part devoted to the purpose with unusual ardour. It were to be wished it had been longer ; but the state of the public mind and of the general interests of the species, operated as a strong argument in favour of an early public.
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The printing of the following treatise, as well as the composition, was influenced by the same principle, a desire to reconcile a certain degree of dispatch with the viii necessary deliberation. The printing was for that reason commenced, long before the composition was finished. Some disadvantages have arisen from this circumstance. The ideas of the author became more perspicuous and digested, as his enquiries advanced. The longer he considered the subject, the more clearly he seemed to understand it. This circumstance has led him into some inaccuracies of language and reasoning, particularly in the earlier part of the work, respecting the properties and utility of government. He did not enter upon the subject, without being aware that government by its very nature counteracts the improvement of individual intellect ; but, as the views he entertains in this particular are out of the common road, it is scarcely to be wondered at, that he understood the proposition more completely as he proceeded, and saw more distinctly into the nature of the remedy. This defect, together with some others, might, under a different mode of preparation, have been avoided. The judicious reader will make a suitable allowance. The author judges upon a review, that the errors are not such as essentially to affect the object of the ix work, I and that more has been gained that lost by the conduct he has pursued". In addition to what is here stated it may not be useless to describe the progress by which the author's mind was led to its present sentiments. They are by no means the suggestions of a sudden effervescence of fancy. Political enquiry had long held a principal place in the writer's attention. It is now twelve years since he became satisfied, that monarchy was a species of government essentially corrupt. He owed this conviction to the political writings of Swift and to a perusal of the Latin historians. Nearly at the same time he derived great additional instruction from the most considerable French writers upon the nature of man, which he read in the following order, Système de la Nature, Rousseau and Helvetius. Long before he thought of the present work, he had familiarised his mind to the speculations suggested in it respecting justice, gratitude, rights of man, promises, oaths and the omnipotence of opinion. Of the desirableness of a government in the utmost degree x simple he was not made fully aware, but by ideas suggested by the | French revolution. To the same event he owes the determination of mind which gave existence to this work. The period in which the work makes its appearance is singular. The people of England have assiduously been excited to declare their loyalty, and to mark every man as obnoxious who is not ready to sign the Shibboleth of the constitution. Money is raised by voluntary subscription to defray the expence of prosecuting men who shall dare to promulgate heretical opinions, and thus to oppress them at once with the authority of government and the resentment of individuals. This was an accident wholly unforeseen when the work was undertaken ; and it will scarcely be supposed that such an accident could produce any alteration in the writer's designs. Every man, if we may believe the voice of rumour, is to be prosecuted, who shall appeal to the people by the publication of any unconstitutional paper or pamphlet ; and it is added, that men are to be punished for any unguarded words that may be dropped in °
The defects here alluded to, have been attempted to be rectified in the second edition.
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xi the warmth of conversation and debate". It is | now to be tried whether, in addition to these alarming encroachments upon our liberty, a book is to fall under the arm of the civil power, which, beside the advantage of having for one of its express objects the dissuading from tumult and violence, is by its very nature an appeal to men of study and reflection. It is to be tried whether an attempt shall be made to suppress 5 the activity of mind, and put an end to the disquisitions of science. Respecting the event in a personal view the author has formed his resolution. Whatever conduct his countrymen may pursue, they will not be able to shake his tranquillity. The duty he conceives himself most bound to discharge, is the assisting the progress of truth ; and, if he suffer in any respect for such a proceeding, there is certainly no vicissitude 10 that can befal him, that can ever bring along with it a more satisfactory consolation. But, exclusively of this precarious and unimportant consideration, it is the fortune xii of the present work to appear before a public that | is panic struck, and impressed with the most dreadful apprehensions respecting such doctrines as are here delivered. All the prejudices of the human mind are in arms against it. This circumstance 15 may appear to be of greater importance than the other. But it is the property of truth to be fearless, and to prove victorious over every adversary. It requires no great degree of fortitude, to look with indifference upon the false fire of the moment, and to foresee the calm period of reason which will succeed. London : January 7, 1793.
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The first conviction of this kind, which the author was far from imagining to be so near, was of a journeyman tallow-chandler, January 8, 1793, who, being shown the regalia at the Tower, was proved to have vented a coarse expression against royalty to the person that exhibited them.
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Preface to the Second Edition.
The reception of the following work has been such as to exceed what the author dared to promise himself. Its principles and reasonings have obtained the attention of the public to a considerable extent. This circumstance he has construed as imposing upon him the duty of a severe and assiduous revisal. Every author figures to himself, while writing, a numerous and liberal attention to his lucubrations : if he did not believe that he had something to offer that was worthy of public notice, it is impossible that he should write with any degree of animation. But the most ardent imagination can scarcely be expected to come in competition with sense. In the present instance there are many things that now appear to the author upon a review, not to have been mediated with a sufficiently profound reflection, and to have been xiv too hastily obtruded upon the reader. These things | have been pruned away with a liberal hand. The wish nearest to his heart is, that there should be nothing in the book unworthy of the cause it was intended to serve.. But, though he professes to have done much, much yet remains to be done. After repeated revisals the jealous eye of a man habituated to the detection of errors, still discovers things that might be better. Some are obscure; some are doubtful. As to the last, the author did not conceive himself at liberty to retract any thing without a conviction, or something near a conviction, that he was wrong. He deemed it by no means justifiable to suppress any opinion, because it was inconsistent with the prejudice or persuasion of others. A circumstance by which it was originally intended that this book should be characterised, was a perfect explicitness and unreserve ; and even if this intention should at last be an improper one, it was apparently too late to reverse it. It would have been an act incompatible with every pretension to integrity, to have rescinded sentiments originally advanced as true, so long as they stood forward to the author's mind accompanied with their original evidence. xv It will perhaps be asked by some persons in perusing the present edition, how it has happened that the author has varied in so many points from the propositions advanced in the former ? and this variation may even be treated as a topic of censure. To this he has only to answer, in the first place, that the spirit and great outlines of the work, he believes, remain untouched, and that it is reasoned in various particulars with more accuracy from the premises and fundamental positions that it was before. Secondly, he presumes to ascribe the variations to an industrious and conscientious endeavour to keep his mind awake to correction and improvement. He has in several instances detected error; and, so far is he from feeling mortified at the discovery, that he hopes yet, by such activity and impartiality as he shall be able to exert, to arrive at many truths, of which he has scarcely at present perhaps the slightest presentiment.
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Some apology is due to the purchasers of the former edition respecting the variations that appear in this. It was extremely the wish of the author, that the variations should be printed separately for their use. But how was this possible ? They xvi grew under his | hands ; and at last, out of eight books of which the work consists, the four first and the last may, without impropriety, be said to be rewritten. An obvious alternative unavoidably offers itself. It the work be of that useless sort with which the press is daily encumbered, these purchasers will not be very solicitous about the variations of such a performance. If on the contrary it be a production of any value, they will probably sympathise with the author. He feels himself particularly indebted to them, for having enabled him to bring the work to its present state of correction ; and it is to be hoped that they will not regret the having been instrumental to that purpose. The parts of the work in which the most material variations of deduction or statement appear, will be found under the following titles, The Characters of Men Originate in their External Circumstances, The Voluntary Actions of Men Originate in their Opinions, Of Personal Virtue and Duty, Of Rights, Of Promises, Of Obexvii dience", Of Forms of | Government', Illustrations of Sincerity, Of Self-love and Benevolence, Of Good and Evil, Principles of Property, and Of the Supposed Advantages of Luxury. Important explanations are also subjoined on the topics of marriage and longevity, Book VIII, Chap. VIII, IX. To these the author would wish particularly to call the attention of his former readers. Inferior variations are scattered everywhere, and are impossible to be enumerated. The Enquiry concerning Political Justice has been treated by some persons as of a seditious and inflammatory nature. This is probably an aspersion. If the political principles in favour of which it is written have no solid foundation, they will probably be attended with no more than a temporary fashion ; and the present work is little calculated to answer a temporary purpose. If on the contrary they be founded in xviii immutable truth, it is highly probable, to say the least, that they will | one day gain the ascendancy. In that case, the tendency of such a disquisition, will be to smooth the gradation, and to prepare the enlightened to sympathise with the just claims of the oppressed and the humble. No man can more fervently deprecate scenes of commotion and tumult than the author of this book ; no man would more anxiously avoid the lending his assistance in the most distant manner to animosity and bloodshed ; but he persuades himself that, whatever may be the events with which the present crisis of human history shall be distinguished, the effect of his writings, as far as they are in any degree remembered, will be found favourable to the increase and preservation of general kindness and benevolence.
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The second volume of the present edition was for the greater part sent to the press before the first; there is therefore some contradiction produced in the use of this word, the old sense being occasionally 40 (particularly Book V, Chap. VI.) after it had been judged expedient to give to the word a new definition. A similar remark may be applied to the word property, Vol. II, p. 108. The principles delivered on this subject in the last chapter of Book III, are more fully developed in the three first chapters of Book IV.
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Book I. Of the Powers of Man Considered in his Social Capacity.
Chap. I. Introduction. Subject of enquiry - of the first book. - Received ideas of political institution. - Propriety of these ideas questioned. - Plan of the first book. Subject of enquiry :
The subject proposed to be treated in the following work is concerning that form of public or political society, that system of intercourse and reciprocal action, extending beyond the bounds of a single family, which shall be found most to conduce to the general benefit. How may the peculiar and independent operation of each 2 individual in the social state most effectually be preserved ? How may the security each man ought to possess, as to his life, and the employment of his faculties according to the dictates of his own understanding, be most certainly defended from invasion ? How may the individuals of the human species be made to contribute most substantially to the general improvement and happiness ? The enquiry here undertaken has for its object to facilitate the solution of these interesting questions. of the first book.
In entering upon this investigation nothing can be more useful, than to examine into the extent of the influence that is to be ascribed to political institutions ; in other words, into the powers of man, as they have modified, or may hereafter modify his social state of existence. Upon this subject there has been considerable difference of opinion. Received ideas of political institution.
The most usually received hypothesis is that which considers the effects of government or social institutions, whether acting by express regulations or otherwise, as rather of a negative than positive nature. No doubt the purposes for which government was established are in their strictest sense negative, to maintain us in the possession of certain advantages against the occasional hostility either of domestic or foreign invaders. But does the influence of government stop, at the point for the sake of which mankind were first prevailed on to adopt it ? 3 Those who believe that it does or can stop at | this point, necessarily regard it as a matter of subordinate disquisition, or at most only coordinate with several others. They survey man in his individual character, in his domestic connexions, and in the pursuits and attachments which his feelings may incline him to adopt. These of course fill the principal part of the picture. These are supposed, by the speculators of whom we now speak, to be in ordinary cases independent of all political systems
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and establishments. It is only in peculiar emergencies and matters that depart from the accustomed routine of affairs, that they conceive a private individual to have any occasion to remember, or to be in the least affected by the government of his country. If he commit or is supposed to commit any offence against the general welfare, if he find himself called upon to repress the offence of another, or if any danger from foreign hostility threaten the community in which he resides, in these cases and these only is he obliged to recollect that he has a country. These considerations impose upon him the farther duty of consulting, even when no immediate danger is nigh, how political liberty may best be maintained, and mal-administration prevented. Many of the best patriots and most popular writers on the subject of government, appear to have proceeded upon the principles here delineated. They have divided moral disquisition and personal happiness from political justice. But, while they 4 have considered the virtues and pleasures of man|kind as essentially independent of civil policy, they have justly remarked, that the security with which the one can be exercised and the other enjoyed, will be decided by the wisdom of our public institutions and the equity with which they are administered, and have earnestly pressed it upon the attention of mankind, not to forget, in the rectitude or happiness of the present moment, those precautions and the «generous plan of power,» which may tend to render it impregnable to the stratagems of corruption or the insolence of tyranny". Propriety of these ideas questioned. But, while we confess ourselves indebted to the labours of these writers, and perhaps still more to the intrepid language and behaviour of these patriots, we are incited to enquire whether the topic which engaged their attention be not of higher and more extensive importance than they suspected. Perhaps government is not merely in some cases the defender, and in other the treacherous foe of the domestic virtues. Perhaps it insinuates itself into our personal dispositions, and insensibly communicates its own spirit to our private transactions. Were not the inhabitants of ancient Greece and Rome indebted in some degree to their political liberties for their excellence in art, and the illustrious theatre they occupy in the moral history of mankind ? 5 Are | not the governments of modern Europe accountable for the slowness and inconstancy of its literary efforts, and the unworthy selfishness that characterises its inhabitants ? Is it not owing to the governments of the East, that that part of the world can scarcely be said to have made any progress in intellect or science ? When scepticism or a spirit of investigation has led us to start these questions, we shall be apt not to stop at them. A wide field of speculation opens itself before us. If government thus insinuate itself in its effects into our most secret retirements, who shall set limits to its operation ? If it be the author of thus much, who shall say that it is not author of the whole ? May it not happen, that the grand moral evils that exist in the world, the calamities by which we are so grievously oppressed, are to be a
These remarks will for the most part apply to the English writers upon politics, from Sydney and Locke to the author of the Rights of Man. The more comprehensive view has been powerfully delineated by Rousseau and Helvetius.
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traced to its defects as their source, and that their removal is only to be expected from its correction ? May it not be found, that the attempt to alter the morals of mankind singly and in detail is an erroneous and futile undertaking ; and that it will then only be effectually and decisively performed, when, be regenerating their political institutions, we shall change their motives and produce a revolution in the influences that act upon them ? To prove the affirmative of these questions shall be the business of this first book. Plan of the first book.
The method to be pursued for that purpose shall be, first, to take a concise survey of 6 the evils existing in political society", secondly, to show that these evils are to be ascribed to public institutions'"; and thirdly, that they are not the inseparable condition of our existence, but that human nature admits of their removal and remedy c .
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Chap. II, III. Chap. IV. Chap. V, VI, VII, VIII.
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Chap. II. History of Political Society.
War. - Frequency of war - among the ancients - among the moderns - the French - the English. - Causes of war. - Penal laws. - Despotism. Deduction from the whole. The extent of the influence of political systems will be forcibly illustrated to us in a concise recollection of the records of political society. It is an old observation, that the history of mankind is little else than a record of crimes. Society comes recommended to us by its tendency to supply our wants and promote our well being. If we consider the human species, as they were found previously to the existence of political society, it is difficult not to be impressed with 7 emotions of melancholy. But, though the chief purpose of society | is to defend us from want and inconvenience, it effects this purpose in a very imperfect degree. We are still liable to casualties, disease, infirmity and death. Famine destroys its thousands, and pestilence its myriads. Anguish visits us under every variety of form, and day after day is spent in languor and dissatisfaction. Exquisite pleasure is a guest of very rare approach, and not less short continuance. War.
But, though the evils that arise to us from the structure of the material universe are neither trivial nor few, yet the history of political society sufficiently shows that man is of all other beings the most formidable enemy to man. Among the various schemes that he has formed to destroy and plague his kind, war is the most terrible. Satiated with petty mischief and the nauseous detail of crimes, he rises in this instance to a project that lays nations waste, and thins the population of the world. Man directs the murderous engine against the life of his brother; he invents with indefatigable care refinements in destruction ; he proceeds in the midst of gaiety and pomp to the execution of his horrid purpose ; whole ranks of sensitive beings, endowed with the most admirable faculties, are mowed down in an instant; they perish by inches in the midst of agony and neglect, lacerated with every variety of method that can give torture to the frame. 8 This is indeed a tremendous scene ! Are we permitted to console ourselves under the spectacle of its evils, by the rareness with which it occurs, and the sorcible reasons that compel men to have recourse to this last appeal of human society ? Let us consider it under each of these heads. Frequency of war: among ancient:
War has hitherto been considered as the inseparable ally of political institution. The earliest records of time are the annals of conquerors and heroes, a Bacchus, a
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Sesostris, a Semiramis and a Cyrus. These princes led millions of men under their standard, and ravaged innumerable provinces. A small number only of their forces ever returned to their native homes, the rest having perished of diseases, hardships and misery. The evils they inflicted, and the morality introduced in the countries against which their expeditions were directed, were certainly not less severe than those which their countrymen suffered. No sooner does history become more precise, than we are presented with the four great monarchies, that is, with four successful projects, by means of bloodshed, violence and murder, of enslaving mankind. The expeditions of Cambyses against Egypt, of Darius against the Scythians, and of Xerxes against the Greeks, seem almost to set credibility at defiance by the fatal consequences with which they were 9 attended. The conquests of Alexander cost innumerable lives, and the immorjtality of Caesar is computed to have been purchased by the death of one million two hundred thousand men. Indeed the Romans, by the long duration of their wars, and their inflexible adherence to their purpose, are to be ranked among the foremost destroyers of the human species. Their wars in Italy continued for more than four hundred years, and their contest for supremacy with the Carthaginians two hundred. The Mithridatic war began with a massacre of one hundred and fifty thousand Romans, and in three single actions five hundred thousand men were lost by the Eastern monarch. Sylla, his ferocious conqueror, next turned his arms against his country, and the struggle between him and Marius was attended with proscriptions, butcheries and murders that knew no restraint from humanity or shame. The Romans, at length, suffered the penalty of their iniquitous deeds ; and the world was vexed for three hundred years by the irruptions of Goths, Vandals, Ostrogoths, Huns, and innumerable hordes of barbarians. among the moderns:
I forbear to detail the victorious progress of Mahomet and the pious expeditions of Charlemagne. I will not enumerate the crusades against the infidels, the exploits of Aurungzebe, Gengiskan and Tamerlane, or the extensive murders of the Spaniards in the new world. Let us examine Europe, the most civilised and favoured quarter of 10 the world, | or even those countries of Europe which are thought most enlightened. the French:
France was wasted by successive battles during a whole century, for the question of the Salic law, and the claim of the Plantagenets. Scarcely was this contest terminated, before the religious wars broke out, some idea of which we may form from the siege of Rochelle, where of fifteen thousand persons shut up eleven thousand perished of hunger and misery ; and from the massacre of Saint Bartholomew, in which the numbers assassinated were forty thousand. This quarrel was appeased by Henry the fourth, and succeeded by the thirty years war in Germany for superiority with the house of Austria, and afterwards by the military transactions of Louis the fourteenth.
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the English.
In England the war of Cressy and Agincourt only gave place to the civil war of York and Lancaster, and again after an interval to the war of Charles the first and his parliament. No sooner was the constitution settled by the revolution, than we were engaged in a wide field of continental hostilities by king William, the duke of Marlborough, Maria Theresa and the king of Prussia. Causes of war.
And what are in most cases the pretexts upon which war is undertaken ? What rational man could possibly have given himself the least disturbance for the sake of choosing whether Henry the sixth or Edward the fourth should have the style of king 11 of England ? What Englishman could reasonably have drawn his sword for the purpose of rendering his country an inferior dependency of France, as it must necessarily have been if the ambition of the Plantagenets had succeeded ? What can be more deplorable than to see us first engage eight years in war rather than suffer the haughty Maria Theresa to live with a diminished sovereignty or in a private station ; and then eight years more to support the free-booter who had taken advantage of her helpless condition ? The usual causes of war are excellently described by Swift. «Sometimes the quarrel between two princes is to decide which of them shall dispossess a third of his dominions, where neither of them pretends to any right. Sometimes one prince quarrels with another, for fear the other should quarrel with him. Sometimes a war is entered upon because the enemy is too strong ; and sometimes because he is too weak. Sometimes our neighbours want the things which we have, or have the things which we want; and we both fight, till they take ours, or give us theirs. It is a very justifiable cause of war to invade a country after the people have been wasted by famine, destroyed by pestilence, or embroiled by factions among themselves. It is justifiable to enter into a war against our nearest ally, when one of his towns lies convenient for us, or a territory of land that would render our dominions round and compact. If a prince sends forces into a nation where the people are poor and 12 ignorant, | he may lawfully put the half of them to death, and make slaves of the rest, in order to civilise and reduce them from their barbarous way of living. It is a very kingly, honourable and frequent practice, when one prince desires the assistance of another to secure him against an invasion, that the assistant, when he has driven out the invader, should seize on the dominions himself, and kill, imprison or banish the prince he came to relieve".» Penal laws.
If we turn from the foreign transactions of states with each other, to the principles of their domestic policy, we shall not find much greater reason to be satisfied. A numerous class of mankind are held down in a state of object penury, and are continually prompted by disappointment and distress to commit violence upon their more fortunate neighbours. The only mode which is employed to repress this violence, and to maintain the order and peace of society, is punishment. Whips, axes "
Gulliver's Travels, Part IV. Ch. v.
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and gibbets, dungeons, chains and racks are the most approved and established methods of persuading men to obedience, and impressing upon their minds the lessons of reason. There are few subjects upon which human ingenuity has been more fully displayed than in inventing instruments of torture. The lash of the whip a thousand times repeated and flagrant on the back of the defenceless victim, the bastinado on the soles of the feet, the dislocation of limbs, the fracture of bones, the 13 faggot and the stake, the | cross, impaling, and the mode of drifting pirates on the Volga, make but a small part of the catalogue. When Damiens, the maniac, perpetrated his abortive attempt on the life of Louis XV of France, a council of anatomists was summoned, to deliberate how a human being might be destroyed with the longest protracted and most diversified agony. Hundreds of victims are annually sacrificed at the shrine of positive law and political institution. Despotism.
Add to this the species of government which prevails over nine tenths of the globe, which is despotism : a government, as Mr. Locke justly observes, altogether «vile and miserable,» and «more to be deprecated than anarchy itself".» 14
D e d u c t i o n f r o m the whole.
Certainly every man who takes a dispassionate survey of this picture, will feel himself inclined to pause respecting the necessity of the havoc which is thus made of his species, and to question whether the existing mode of protecting mankind against the caprices of each other is the best that can be devised. He will be at a loss which of the two to pronounce most worthy of regret, the misery that is inflicted, or the depravity by which it is produced. If this be the unalterable allotment of our nature, the eminence of our rational faculties must be considered as rather an abortion than a substantial benefit; and we shall not fail to lament that, while in some respects we are elevated above the brutes, we are in so many important ones destined for ever to appear their inferiors.
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Locke on Government, Book 1. Ch. i. § I ; and Book II. Ch. vii. § 91. The words in the last place are : «So that such a man, however intitled, Czar, or Grand Seignior, or how you please, is as much in the stale of nature with all under his dominion, as he is with the rest of mankind : for wherever any two men are, who have no standing rule, and common judge to appeal to on earth, for the determination of controversies of right between them, there they are still in the state of nature, and under all the inconvenientes of it, with only this woeful difference to the subject, or rather slave of an absolute prince : that whereas, in the ordinary state of nature, he has a liberty to judge of his right, and according to the best of his power, to maintain i t ; now, whenever his property is invaded by the will and order of his monarch, he has not only no appeal, as those in society ought to have, but as if he were degraded from the common state of rational creatures, is denied the liberty to judge of, or to defend his right; and so is exposed to all the misery and inconveniencies, that a man can fear from one, who being in the unrestrained state of nature, is yet corrupted with flattery, and armed with power.» Most of the above arguments may be found much more at large in Burke's Vindication of Natural Society ; a treatise, in which the evils of the existing political institutions are displayed with incomparable force of reasoning and lustre of eloquence, while the intention of the author was to show that these evils were to be considered as trivial.
Introduction
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Introduction Inventaire matériel
Recherches sur la justice politique, la traduction entreprise par Constant de An Enquiry Concerning Political Justice, and its Influence on General Virtue and Happiness de William Godwin 1 , est contenue dans un manuscrit, L, identifié en 1974, qui se trouve à la Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne. Ce manuscrit porte le signe de plusieurs interventions (ratures, collages, corrections superposées, réécritures, interversions...) qui témoignent d'un parcours tourmenté aboutissant à un texte très écourté dont la copie directe, P, ayant pour titre : De la justice politique, par W. Godwin, traduction très abrégée, est conservée à la Bibliothèque Nationale de Paris2. Celle-ci contient quelques corrections autographes indiquant qu'elle a été révisée une dernière fois par Constant. Jusqu'à présent, la première et seule édition existant de l'ouvrage a été tirée de la copie de Paris et date de 19723. L se présente sous la forme de 44 cahiers, 37 feuilles volantes et 8 feuilles doubles, de papier jaunâtre pour un total de 613 folios, de 21x17 cm en moyenne. A cette liasse s'ajoute une feuille (Co 3422bis) du même format, contenant une note qui, lors de la découverte du manuscrit et du catalogage des œuvres manuscrites de Constant, n'avait pas été identifiée comme appartenant à l'œuvre en question 4 . Les cahiers, en général, se composent de six à sept feuilles pliées et cousues. L'unité matérielle du cahier correspond toujours à une ou à plusieurs unités rédactionnelles ; ce qui signifie qu'un cahier peut contenir la traduction d'un ou de plusieurs chapitres appartenant au même livre. Si le texte dépasse l'unité, Constant coud un cahier à la suite du premier ou colle les feuilles supplémentaires nécessaires. Si, au contraire, le texte est moindre par rapport au cahier, les derniers feuillets demeurent blancs. Les feuilles volantes sont le produit des remaniements : additions ou destructions partielles des cahiers. 1
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Enquiry (première édition, 1793). La seconde édition, partiellement utilisée par Constant, est de 1796. Par la suite, cet ouvrage sera cité sous la forme de G. Cette copie est contenue dans les Œuvres manuscrites de 1810. On désigne ainsi les dix tomes contenant différents ouvrages que Constant a réunis et faits recopier à Paris, par le copiste Audouin, en 1810. Justice Politique. Voir Hofmann, Catalogue, p. 54.
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De la justice
politique
L avait été conçu pour être accompagné d'un cahier de notes1 qui, par la suite, a été détruit, perdu ou dispersé. La seule note qui ait survécu a été mentionnée ci-dessus. Le manuscrit est en partie autographe et en partie de la main de trois copistes qui sont désignés par les lettres A, B, C 2 . Dans l'ensemble du manuscrit, Constant écrit le 22% des folios, le copiste A le 26%, le copiste B le 13% et le copiste C le 39% 3 . Quelques cahiers sont d'un premier jet, d'autres sont des réécritures, mais comportant toujours des variantes rédactionnelles. Les corrections sont toujours de la main de l'auteur. Des signes au crayon sont visibles sur une grande partie du texte en rapport avec les passages ou les mots à corriger. On ne peut pas savoir si ces signes ont été faits par Constant lors d'une relecture précédant un des premiers stades de corrections ou par un lecteur dans le but de suggérer à Constant les passages susceptibles d'être modifiés. Les copistes présentent des particularités : A foliote la première partie des cahiers, B pagine les cahiers à l'exception des pages de titre et des pages blanches et écrit systématiquement l'ensemble des sous-titres infratextuels ; A transcrit les sous-titres de manière irrégulière, tout comme Constant dans les parties autographes, et C, à quelques exception près, omet sous-titres et paginations. Quand ils ne comprennent pas le texte qu'ils copient, ils laissent tous des blancs que Constant remplit au moment de la relecture.
Les étapes de la traduction L est un brouillon 4 très raturé ayant subi plusieurs stades de révision et plusieurs remaniements touchant à la structure générale de l'œuvre. Ces derniers, identifiables grâce aux différents systèmes de pagination utilisés par Constant, nous permettent de discerner six étapes auxquelles s'ajoute une septième, celle-ci sans aucune pagination, comportant un remaniement 1 2
3
4
Voir paragraphe : «Notes et Notes du traducteur, pp. 902-907. Ces sigles ont été utilisées dans Hofmann, Catalogue, «Annexe : Tableau de concordance entre Godwin et Constant», pp. 200-208. Cette étude aussi bien que la description détaillée, précédant notre édition, nous ont été extrêmement utiles dans les premières phases du travail. On trouve un autre tableau de concordance, mais beaucoup moins détaillé, dans l'appendice D de Justice politique, pp. 385-390. L'attribution des écritures, détaillée pour chaque folio, est donnée dans les Tableaux n° 2, 3 et 4. Nous utilisons ce terme selon la définition d'Almuth Grésillon : le brouillon est le «manuscrit de travail d'un texte en train de se constituer ; généralement couvert de ratures et réécritures», Eléments de critique génétique. Lire les manuscrits modernes, p. 241.
837
Introduction
général du plan originel. L'état de la septième étape peut être reconstruit d'après celui de la mise au net effectuée par Audouin en 1810, ordre selon lequel le manuscrit de Lausanne a été folioté. Afin de suivre l'évolution des différentes étapes, nous avons établi un tableau synoptique à quatre volets. Le premier comporte la concordance des titres entre l'ouvrage anglais et sa traduction ; les deuxième, troisième et quatrième tableaux reproduisent l'ordre chronologique de la traduction respectivement selon la première, deuxième et septième étapes1. ENQUIRY CONCERNING POLITICAL JUSTICE 1" cd. 1793, 2" ed. 1796
RECHERCHES SUR LA JUSTICE POLITIQUE
DE LA JUSTICE POLITIQUE
par W. Godwin. Traduction très abrégée
d
Preface (2° ed.)
O/ab-O/ab Préface de l'auteur anglais (2e éd.)
Preface to the Second Edition (2nd ed.)
O/b-O/b Préface de la seconde édition (2e éd.)
Book I - Of the Importance of Political Institutions'
Livre I - De l'importance des institutions politiques
Chap. I - Introduction (2nd ed.)
Livre I - Considérations préliminaires 1/lb-l/l Chap. I-Exposition du sujet (2e éd.)
Chap. I - Introduction
1/1-1/3 Chap. I - Introduction
Chap. II - History of Political Society (I a and 2"1 ed.)
1/2-1/2 Chap. II - [Histoire de la société politique] (le titre et le début du chapitre manquent)
1/2-1/2 Chap. II - Histoire de la société politique (en partie, 2e éd) l/5-l/2infra (texte du chap. V «L'influence des institutions...» inséré vers la fin)
Chap. Ill - The Moral Characters of Men Originate in their Perceptions
(Traduction détruite)
1/1-1/3 Chap. Ill - De l'importance des institutions politiques (titre du livre I, texte de rintrod.de la I e éd.)
Chap. IV - Three Principal Causes of Moral Improvement Considered
1/4-1/5 Chap. IV - Considérations sur les trois causes principales de perfectionnement moral
1/6-1/4Chap. IV-Queles inventions humaines sont toujours susceptibles de perfectionnement
1
1
Le titre du livre I de la 2' éd. est «Of the Poweis of M an Considered in his Social Capacity» que Constant traduit en «Des Acuités de l'honnie, considéré dans sa capacité sociale» lors de la Ve étape, mais qu'il remplace par «Considérations préliminaires» à la VIF étape.
Le commentaire sur l'évolution du remaniement se trouve dans le paragraphe «3. Le texte» de l'introduction de M. Barberis, OCBC, 1.11,1, pp. 44-48.
838
De la justice politique
ENQUIRY CONCERNING POLITICAL JUSTICE
RECHERCHES SUR LA JUSTICE POLITIQUE
l*ed. 1793, V ed. 1796
DE LA JUSTICE POLITIQUE par W. Godwin, Traduction très abrégée
Chap, V - Influence of Political Institutions Exemplified
l/5-l/2infta Chap. V L'influence des institutions politiques prouvée par des exemples.
1/4-1/5 Chap. V - Considérations sur les trois causes principales du perfectionnement moral
Chap. VI - Human Inventions Capable of Perpetual Improvement
1/6-1/4 Chap. V I - Q u e les inventions humaines sont toujours susceptibles de perfectionnement
3/6a-l/6 Chap. VI - De la . tendance de l'homme vers la vérité (titre de BC)
Chap. VII - Of the Objection to these Principles from the Influence of Climate -Part I - O f Moral and Physical Causes
Chap. VII - Des objections tirées de l'influence du climat l/7pi-l/7 Partiel - D e s causes physiques et morales
l/7pi-l/7 et l/7pii-l/7 Chap. VII - Objections tirées de l'influence du climat
-Part I I - O f National Characters
l/7pii—1/7 Partie II - [Des caractères nationaux] (le titre et le début du chapitre manquent)
Chap. VIII - Of the Objection to these Principles from the Influence of Luxury
1/8-1/8 a a p . Vm - Objections tirées de l'influence du luxe
1/8-1/8 Chap. VIII - Des objections tirées de l'influence du luxe
Book H - Principles of Society
Livre II - Principes de la société
Livre II - Principes de la société
Chap. I - Introduction
2/1-2/1 Chap. I - Introduction
2/1-2/1 Chap. I - Introduction
Chap. II - Of Justice
2/2-2/4 Chap. II - De la justice
2/4-2/2 Chap, n - De l'égalité
- Appendix 1 - Of Suicide
2/2ai-8/l Appendice I - Du suicide
2/5-2/3 Chap. III - Des droits de l'homme
- Appendix II - Of Duelling
2/2aii-8/2 Appendice II - Du duel
2/2-2/4Chap. I V - D e l a justice
Chap. III-Of Duty
2/3-8/3 Chap. HI - Du devoir
Chap. IV - Of the Equality of Mankind
2/4-2/2 Chap. IV - De l'égalité
Chap. V - Rights of Man
2/5-2/3 Chap. V - Des droits de l'homme
Chap. VI - Of the Exercise of the Private Judgement
2/6-3/1 Chap. VI - De l'exercice du jugement individuel
839
Introduction ENQUIRY CONCERNING POLITICAL JUSTICE l"ed. 1793,
RECHERCHES SUR LA JUSTICE POLITIQUE
cd. 1796
DE LA JUSTICE POLITIQUE par W. Godwin, Traduction très abrégée
Book III - Principles of Government
Livre III - Principes du gouvernement
Livre n i - Principes du gouvernement
Chap. I - Systems of Political Writers
3/1-3/2 Chap. I - Systèmes des écrivains politiques
2/6-3/1 Chap. I - De l'exercice du jugement individuel
Chap. I I - O f the Social Contract
3/2-3/3 Chap. II - Du contrat social
3/1-3/2 Chap. II - Systèmes des écrivains politiques
Chap. I l l - O f Promises
3/3-8/4 Chap. Ill - D e s promesses
3/2-3/3 Chap. III - Du contrat social
Chap. IV-OfPolitical Authority
3/4-3/4 Chap. IV - De l'autorité politique
3/4-3/4 Chap. IV - De l'autorité politique
Chap. V - Of Legislation
3/5-3/5 Chap. V - De la législation
3/5-3/5 Chap. V - De la législation
Chap. VI - Of Obedience
3/6-3/6 Chap. VI - De l'obéissance
3/6-3/6 Chap. VI - De l'obéissance
- Appendix
3/6a-l/6 Appendice
Chap. VII - Of Forms of Government
3/7-3/7 Chap. VI-Des formes du gouvernement
Book IV - Miscellaneous Principles!}
Livre IV - Principes Divers > Livre VII - Des changemens dans les institutions politiques
Chap. I - Of Resistance
4/1-7/IChap. I - De la résistance
Chap. II - Of Revolutions - Section I - Duties of a Citizen
Chap. 2 - Des révolutions 4/2si-7/2 Section I - Devoirs d'un citoyen
- Section II - Mode of Effecting Revolutions
4/2sii-7/3 Section II - De la manière d'opérer les révolutions
- Section III - Of Political Associations
4/2siii-7/4 Section III - Des associations politiques (la fin manque)
- Section IV - Of the Species of Reform to Be Desired
4/2siv-7/5 Section I V - D e l'espèce de reforme désirable
Chap. Ill - Of Tyrannicide
4/3-7/6 Chap. 3 - Du tyrannicide
3/7-3/7 Chap. VII - Des formes du gouvernement
840
De la justice politique
ENQUIRY CONCERNING POLITICAL JUSTICE l - c d . 1793. 2 - e d . 179«
RECHERCHES SUR LA JUSTICE POLITIQUE
DE LA JUSTICE POLITIQUE par W. Godwin, Traduction tris abrégée
Chap. IV - Of the Cultivation of Truth
4/4-7/7 Chap. 4 - De la culture de la vérité (incorporé au suivant)
- Section I - Of Abstract or General Truth
4/4si-7/7 Section I - De la vérité abstraite ou générale (la fin manque) > Des rapports de la vérité avec la vertu et les talens
- Section II - Of Sincerity
(Traduction détruite. Un texte abrégé est remoulé avec le début et la fin de l'appendice III «Subject of Sincerity Resumed» dans le chap. VIII «Des devoirs de l'homme relativement à la vérité»)
- Appendix I - Of the Connexion Between Understanding and Virtue
(Traduction détruite. Le texte est partiellement réutilisé dans la correction de 4/4si—7/7 «Des rapports de la vérité avec la vertu et les talens»)
- Appendix II - Of the Mode of Excluding Visitors
4/4aii-8/5 Appendice II - De la manière d'exclure les importuns
- Appendix III - Subject of Sincerity Resumed
4/4siiaiii-7/8 Chap. VIII Des devoirs de l'homme relativement à la vérité (Réutilisation libre et partielle de la section II «Of Sincerity». La fin du chap, est tirée du début et de la fin de l'appendice III «Subject of Sincerity resumed»)
Chap. V - Of Free Will and Necessity
(Non traduit)
Chap. VI - Inferences from the Doctrine of Necessity
(Non traduit)
Chap. VII - Of the Mechanism of the Human Mind
(Non traduit)
Chap. VIII - Of the Principle of Virtue
(Non traduit)
Chap. IX - Of the Tendency of Truth
(Non traduit)
841
Introduction ENQUIRY CONCERNING POLITICAL JUSTICE I" ed. 1793,2" ed. 179«
RECHERCHES SUR LA JUSTICE POLITIQUE
DE LA JUSTICE POLITIQUE
par W. Godwin, Traduction tris abrégée
8/8-7/9 Chap. X - De la possibilité de faire des privilégiés eux-mêmes des amis de l'égalité (extrait du chap. VIII «Of the Means of Introducing the Genuine System of Property» du livre VIII «Of Property»)
Book V - Of Legislative and Executive Power
Livre V - Des pouvoirs législatif et Executif
Livre IV - Des pouvoirs législatif et exécutif
Chap. I - Introduction
S/1-4/1 Chap. I - Introduction
5/1-4/1 Chap. I - Introduction
Chap. II - Of Education, the Education of a Prince
5/2-4/2 Chap. II - De l'éducation d'un prince
5/2-4/2 Chap. II - De l'éducation d'un prince
Chap. Ill - Private Life of a Prince
5/3-4/3 Chap. Ill - Vie privée d'un prince
5/3-4/3 Chap. Ill - Vie privée d'un prince
Chap. IV - Of a Virtuous Despotism
5/4-4/4 Chap. IV - Du despotisme d'un prince vertueux
5/4-4/4 Chap. IV - Du despotisme d'un prince vertueux
Chap. V - Of Courts and Ministers
5/5-4/5 Chap. V - Des cours et des ministres
5/5-4/5 Chap. V - Des cours et des ministres
Chap. V I - O f Subjects
5/6-4/6 Chap. VI - Que la monarchie est fondée sur l'imposture
5/6-4/6 Chap. V I - Q u e l a monarchie est fondée sur l'imposture
Chap. VII - Of Elective Monarchy
5/7-4/7 Chap. VII - De la monarchie élective
5/7-4/7 Chap. VII - De la monarchie élective
Chap. V I I I - O f Limited Monarchy
5/8-4/8 Chap. VIII - De la monarchie limitée
5/8-4/8 Chap. VIII-Dela monarchie limitée
Chap. IX - Of a President with Regal Powers
5/9-4/9 Chap. IX - D'un président avec des prérogatives royales
5/9-4/9 Chap. IX - D'un président avec des prérogatives royales
Chap. X - Of Hereditary Distinction
5/l(M/10 Chap. X - Des distinctions héréditaires
5/10-4/10 Chap. X - Des distinctions héréditaires
Chap. XI - Moral Effects of Aristocracy
5/11-4/11 Chap. X I - D e s effets moraux de l'aristocratie
5/11-4/11 Chap. X I - D e s effets moraux de l'aristocratie
Chap. X I I - O f Tides
5/12-4/12Chap. X I I - D e s titres
5/12-4/12 Chap. XII-Des titres
Chap. X I I I - O f the Aristocratica! Character
5/13-4/13 Chap. X I I I - D u caractère de l'aristocratie
5/13-4/13 Chap. XIII-Du caractère de l'aristocratie
842
De la justice politique
ENQUIRY CONCERNING POLITICAL JUSTICE
RECHERCHES SUR LA JUSTICE POLITIQUE
DE LA JUSTICE POLITIQUE par W. Godwin, Traduction très abrégée
l"ed. 1793.2" ed. 1796
Chap. XIV - General Features of Democracy
5/14-4/14 Chap. XIV - Des idées générales de la démocratie
5/14-4/14 Chap. XIV - Des idées générales de la démocratie
Chap. X V - O f Political Imposture
5/15-4/15 Chap. X V - D e l'imposture politique
5/15-4/15Chap. X V - D e l'imposture politique
Chap. XVI - Of the Causes of War
5/16-4/16 Chap. XVI - Des causes de la guerre
5/16-4/16 Chap. XVI - Des causes de la guerre
Chap. XVII - Of the Object of War
5/17-4/17 Chap. XVII - De l'objet de la guerre
5/17-4/17 Chap. XVII - De l'objet de la guerre
Chap. XVIII - Of the Conduct of War
5/18-4/18 Chap. XVIII - De la conduite de la guerre
5/18-4/18 Chap. XVIII - De la conduite de la guerre
Chap. XIX - Of Military Establishments and Treaties
5/19-4/19 Chap. XIX-Des établissements militaires et des traités
5/19-4/19Chap. XIX-Des établissements militaires et des traités d'alliance
Chap. XX - Of Democracy as Connected with the Transactions of War
5/20-4/20 Chap. XX - De la démocratie, relativement aux transactions de la guerre
5/20-4/20 Chap. XX - De la démocratie, relativement aux transactions de la guerre
Chap. XXI-Of the composition of Government
5/21-4/21 Chap. XXI - De la composition du gouvernement
5/21-4/21 Chap. XXI - De la composition du gouvernement
Chap. XXII - Of the Future History of Political Societies
5/22-4/22 Chap. XXII - De l'histoire future des sociétés politiques
5/22-4/22 Chap. XXII - De l'histoire future des sociétés politiques
Chap. XXIII-OfNational Assemblies
5/23-4/23 Chap. XXIII - Des assemblées nationales
5/23-4/23 Chap. XXIII - Des assemblées nationales
Chap. XXIV-Of the Dissolution of Government
5/24-4/24 Chap. XXIV - De la dissolution du gouvernement
5/24-4/24 Chap. XXIV - De la dissolution du gouvernement
Book V I - O f Opinion Considered as a Subject of Political Institution
Livre VI - De l'opinion considérée comme le sujet d'une institution politique
Livre V - De l'opinion considérée comme le sujet d'une Institution politique
Chap. I - General Effects of the Political Superintendence of Opinion
6/1-5/1 Chap. I - Effets généraux de la surveillance politique de l'opinion
6/1-5/1 Chap. I - Effets généraux de la surveillance politique de l'opinion
Chap. II - Of Religious Establishments
6/2-5/2 Chap. H - Des établissements religieux
6/2-5/2 Chap. II - Des établissements religieux
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Introduction ENQUIRY CONCERNING POLITICAL JUSTICE
RECHERCHES SUR LA JUSTICE POLITIQUE
l ' e d . 1793.2* ed. 1796
DE LA JUSTICE POLITIQUE par W. Godwin. Traduction tris abrégée
Chap. Ill - Of the Suppression of Erroneous Opinion in Religion and Government
6/3-5/3 Chap. Ill - De la suppression des erreurs religieuses et politiques
6/3-5/3 Chap. Ill - De la suppression des erreurs religieuses et politiques
Chap. IV-OfTests
6/4-5/4 Chap. IV - Des tests
6/4-5/4 Chap. IV - Des tests
Chap. V - Of Oaths
6/5-5/5 Chap. V - D e s serments en général
6/5-5/5 Chap. V - Des serments en général
Chap. VI-OfLibels
6/6-5/6 Chap. VI - Des libelles
6/6-5/6 Chap. VI - Des libelles
Chap. VII - Of Constitutions
6/7-5/7 Chap. VII - Des constitutions
6/7-5/7 Chap. VII - Des constitutions
Chap. VIII- Of National Education
6/8-5/8 Chap. VIII - De l'éducation nationale
6/8-5/8 Chap. VIII - De l'éducation nationale
Chap. IX - Of Pensions and Salaries
6/9-5/9 Chap. IX - Des pensions et salaires
6/9-5/9 Chap. IX - Des pensions et salaires
Chap. X - Of the Modes of Deciding a Question on the Part of the Community
6/10-5/10 Chap. X - Des modes de décisions collectives
6/10-5/10 Chap. X - D e s modes de décisions collectives
Book - V n - Of Crimes and Punishments
Livre VII - Des crimes et de leurs châtimens
Livre VI - Des crimes et de leurs châtimens
Chap. I - Limitations of the Doctrine of Punishment which Results From the Principles of Morality
7/1-6/1 Chap. I - Des bomes imposées par la morale à la doctrine des châtiments
7/1-6/1 Chap. I - Des bornes imposées par la morale à la doctrine des châtiments
Chap. II - General Disadvantages of Coercion
7/2-6/2 Chap. II - Des inconvénients généraux des moyens de contrainte
7/2-6/2 Chap. II - Des inconvénients généraux des moyens de contrainte
Chap. Ill - Of the Purposes of Coercion
7/3-6/3 Chap. III - De l'objet de contrainte
7/3-6/3 Chap. III - De l'objet de contrainte
Chap. IV - Of the Application of Coercion
7/4-6/4 Chap. IV - De l'application de la contrainte
7/4-6/4 Chap. IV4 - De l'application de la contrainte
Chap. V - Of Coercion Considered as a Temporary Expedient
7/5-6/5 Chap. V - De la contrainte, considérée comme un moyen temporaire
7/5-6/5 Chap. V - De la contrainte, considérée comme un moyen temporaire
Chap. VI - Scale of Coercion
7/6-6/6 Chap. V I - D e la proportion des peines
7/6-6/6 Chap. V I - D e la proportion des peines
844
De la justice politique
ENQUIRY CONCERNING POLITICAL JUSTICE l - ed. 1793, y cd. 1796
RECHERCHES SUR LA JUSTICE POLITIQUE
DE LA JUSTICE POLITIQUE par W. Godwin, Traduction très abrégée
Chap. VII - Of Evidence
(Non traduit. Un extrait est introduit à la fin da chap. II «Des inconvénients généraux...»
Chap. VIII-Of Law
7/8-6/8 Chap. VU 2 -Des lois
7/9-6/7 Chap. VII - Du droit de faire grâce
Chap. I X - O f Pardons
7/9-6/7 Chap. Vn - Du droit de faire grâce
7/8-6/8 Chap. VIII - Des lois
Livre VII - Des changemens dans les institutions politiques 4/1-7/1 Chap. I - De la résistance 5 4/2si-7/2 Chap. II - Des devoirs d'un citoyen, relativement aux révolutions 4/2sii—7/3 Chap.III - De la manière d'opérer les révolutions 4/2siii—7/4 Chap. IV - Des associations politiques (la fin qui manque ici est recopiée à la fin de 4/1-7/1) 4/2siv-7/5 Chap. V - De l'espèce de réforme désirable 4/3-7/6 Chap. VI - Du tyrannicide 4/4si-7/7 Chap. VII-Des rapports de la vérité avec la vertu et les talents (collage de textes tirés de la section I «De la vérité abstraite ou générale» et de l'appendice I «Of Connection between Understanding and Virtue»)
Pour l'existence de deux chapitres VII consécutifs, voir n. 1, p. 1346.
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Introduction ENQUIRY CONCERNING POLITICAL JUSTICE 1" ed. 1793,2" ed. 1796
RECHERCHES SUR LA JUSTICE POLITIQUE
DE LA JUSTICE POLITIQUE
par W. Godwin, Traduction Dis abrégée
4/4siiaiii-7/8 Chap. VIIIDes devoirs de l'homme relativement à la vérité (Réutilisation libre et partielle de la section II «Of Sincerity». La ñn du chap, est tirée du début et de la fin de l'appendice III «Subject of Sincerity resumed») 8/8-7/9 Chap. X - De la possibilité de faire des privilégiés eux-mêmes des amis de l'égalité (extrait du chap. VIII «Of the Means of Introducing the Genuine Systen of Property» du livre VIII «Of Property») Book VIII - Of Property Chap. I - Genuine System of Property Delineated
(Non traduit)
Chap. II - Benefits Arising from the Genuine System of Property
(Non traduit)
Chap. Ill - Of the Objection to this System from the Admirable Effects of Luxury
(Non traduit)
Chap. IV - Of the Objection to this System from the Allurements of Sloth
(Non traduit)
Chap. V - Of the Objection to this System from the Impossibility of its Being Rendered Permanent
(Non traduit)
Chap. VI - Of the Objection to this System from the Inflexibility of its Restrictions
(Non traduit)
Chap. VII-Of the Objection to this System from the Principle of Population
(Nontraduit)
846
De la justice politique
ENQUIRY CONCERNING POLITICAL JUSTICE
RECHERCHES SUR LA JUSTICE POLITIQUE
1' ed. 1793,2"*ed. 1796
Chap. VIII - Of the Means of Introducing the Genuine System of Property
DE LA JUSTICE POLITIQUE par W. Godwin, Traduction très abrfgée
8/8-7/9 (Lors de la dernière étape, un extrait est introduit dans le livre IV comme chap. IX - «De la possibilité de faire des privilégiés eux-mêmes des amis de l'égalité»
Livre VIII - Essais détachés 2/2ai-8/l Chap. 1 - Du suicide 2/2aii-8/2 Chap. 2 - Du duel 2/3-8/3 Chap. 3 - Du devoir 3/3-8/4 Chap. 4 - Des promesses 4/4aii-8/5 Chap. 5 - De la manière d'exclure les importuns 4/5-8/6 Chap. 6 - De la liberté métaphysique
Le tableau de concordance des titres est disposé sur trois colonnes qui résument l'état des textes à l'origine (le texte anglais), à la première et à la dernière étapes de la traduction. Dans la première colonne, paraissent tous les titres des chapitres, parties, sections et appendices de l'ouvrage anglais de la première édition de 1793. Puisque Constant a utilisé la deuxième édition lors du dernier remaniement, les parties du texte tirées de cette dernière sont spécifiées entre parenthèses. Dans la deuxième colonne, sont indiqués tous les titres correspondant aux chapitres, parties, sections et appendices que Constant a traduits pendant le premier stade d'écriture ; dans
Introduction
847
la troisième, on trouve les parties qu'il a gardées, présentées selon l'ordre qu'il leur a donné lors du dernier remaniement. Les destructions et les déplacements sont marqués par des blancs (voir les préfaces de la deuxième édition qui ne sont pas traduites lors du premier stade d'écriture, ou le livre IV qui a été transformé en livre VII). Les titres des chapitres, parties, sections et appendices traduits par Constant sont précédés par des sigles : les chiffres qui se trouvent à gauche de la barre oblique désignent le livre et le chapitre dans l'ordre de G (cet ordre coïncidant, à quelques exceptions près, avec celui de la première étape). Les chiffres qui se trouvent à droite désignent le livre et le chapitre tels qu'ils paraissent lors de la dernière étape. Par exemple, 2/3-8/3, précédant le titre du chap. m «Du devoir» du livre II «Principes de la société», signifie qu'il s'agit-là du livre il, chap. III, transformé en livre VIII, chap. m dans la dernière étape. Les préfaces sont indiquées par Oab (préface de la première édition, modifiée par Godwin dans la deuxième) et Ob (préface de la deuxième édition). La lettre b indique que les parties concernées sont tirées de la deuxième édition (ex. 1 / l b - l / l et l/2b—1/2). Parties, appendices et sections sont spécifiées par : pi (partie i) et pii (partie II), ai (appendice i) aii (appendice II), si-sii-siii-siv (sections i-iv). Le sigle l/5-l/2infra signifie que le chap. v du livre I a été, lors du dernier remaniement, incorporé dans le chap. II du livre I. Ces sigles sont utilisés à la place des titres dans les tableaux synoptiques illustrant les différentes étapes. Dans l'édition de texte, les mêmes sigles, accompagnés de l'indication des sources, se trouvent en bas de page, au début de chaque chapitre, partie, section et appendice. Les titres sont parfois suivis d'annotations expliquant les déplacements ou l'utilisation partielle du chapitre concerné (partie, section ou appendice) en d'autres endroits du texte. Il s'agit d'explications sommaires, l'illustration de l'évolution étant confiée aux trois autres séries de tableaux synoptiques et - de manière plus approfondie, dans l'édition de texte - aux notes matérielles précédant chaque chapitre (partie, section ou appendice). Le but de ce tableau est de donner tous les titres de l'ouvrage anglais, puis de donner une vision d'ensemble des parties traduites par Constant et des changements structuraux opérés entre la première et la dernière étape, et finalement d'associer à chaque titre un sigle qui le remplace par la suite. Les tableaux qui suivent permettent de visualiser l'ordonnancement progressif de la traduction en étapes identifiables à l'aide des différentes paginations adoptées par l'auteur. Ils sont partagés en dix colonnes : dans la
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De la justice
politique
première colonne les sigles renvoyant au livre et au chapitre (partie, section ou appendice) remplacent les titres. Pour chaque unité (chapitre, appendice, partie ou section) et pour chaque folio, la table fournit les renseignements sur l'écriture (autographe ou des copistes), la pagination des cahiers, les six paginations établies par Constant et, en dernier lieu, le foliotage selon l'ordre de P. Les sigles des chapitres (parties, sections ou appendices) peuvent varier d'une étape à l'autre si Constant a attribué aux parties de texte correspondantes une place différente dans l'agencement général de l'ouvrage. Nous verrons, par exemple, que 4/2siii—7/4 (section m du chap. il du livre iv à la première étape) devient 4/4 (chap. iv du livre iv) à la deuxième et 7/4 (chap. IV du livre vil) à la septième. Les III e , IV e , V e et VI e étapes ne concernent que les préfaces et les six premiers chapitres du livre I, correspondant aux f° 1-59. C'est pour cette seule raison que les colonnes relatives à ces étapes disparaissent à partir du chap. vil du livre I (f° 60) et que ces dernières finissent pas se réduire au nombre de trois : Ie, IIe et VIIe. A partir du chap. v m du livre v, Constant abandonne tout système de pagination et le copiste B ne pagine que les chap. XII-XV. Puisque les informations à donner se réduisent aux sigles définissant l'emplacement du chapitre, elles ne sont plus indiquées en détail pour chaque folio, mais elles sont groupées par chapitre, à l'exception des chap. il et iv du livre vu qui présentent des remaniements dignes d'être signalés. Dans les notes, sont mentionnés les f° 93b, 127b, 177b, 178b, 267b et 268b qui désignent la partie cachée mais néanmoins lisible (et qui apparaît dans l'édition de texte), de deux feuillets collés ensemble. Lors du foliotage du manuscrit, deux feuillets collés ont été comptés pour un seul et nous avons recouru à la lettre b pour en marquer la différence. Les paginations nous permettent de discerner un certain nombre de parcours différents, d'autres ont pu être envisagés par l'auteur. Comme par exemple l'annotation Renvoyé à la partie morale placée sur la première page de cinq chapitres, à côté du titre 1 . Fort probablement, Constant avait marqué cette annotation sur la première page d'autres chapitres, mais on en a perdu la trace à cause de la destruction presque systématique des pages de titre servant d'enveloppe, opérée lors de la deuxième étape.
1
II s'agit des chapitres suivants : livre I chap, v «L'influence des institutions politiques prouvée par des exemples» (l/5-l/2infra, f 19) ; livre I chap. VI «Que les inventions humaines sont toujours susceptibles de perfectionnement» (1/6-1/4, f° 37) ; livre I, chap. vu, partie 1 «Des objections tirées de l'influence du climat» (l/7pi-l/7, f 63) ; livre II chap. Il «De la justice» (2/2-2/4, f 108) ; livre il chap. il appendice I «Du suicide» (2/2ai-8/l, f 592).
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2 3
405,406 - 4/1 407,408 409,410 411,412 413,414 415,416 83 419,420 - 4/Zsi 421,422 423,424
Ces pages sont tirées du chapitre suivant, chap. m «Of Puiposes of Coercion». Le texte est une mise au net du copiste avec quelques collections autographes. Le v° du F est blanc. Le v° du f est blanc. BC découpe l'ancien f 480, dont quelques bouts de phrases de l'ancienne traduction sont lisibles sous l'onglet, et colle trois nouvelles feuilles (f° 480-482) où se trouve la traduction tirée des pp. 761-763 du chap. VII «Of Evidence». Le v° du F est blanc. Le v° du f est blanc. Le v° du P est blanc. Le v" du f° est blanc. Le v° du f° est blanc. Le v° du f est blanc. Cette feuille servait probablement d'enveloppe. Le texte de ce chapitre se termine au f 545 r°.
899
Introduction Enquiry Concerning Political Justice 1793 4/2sli-7/3 pp. 202204
4/2siii—7/4 pp. 205217
Ecriture
A
"
86
u
89 90
91
n
1 2 3 4 5
A
A A A A 4/3-7/6 pp. 226-229 A A A 4/4-7/7 p. 230 A A 4/4d-7/7 pp. 231-238 A A A A A A
autogr. 4/4siiaili-7/8 réécrit91
87
4
A A A v° bl A A A A A A A A A A A
4/2stv-7/5 pp. 219225
Pagination du cahier
2 3 4 5 6
1 2
Pagination en chiffres arabes I" étape 425,4264/2sli 427,428 429,430 431,432 433,4344/2sü¡ 435,436 437,438 439,440 441,442 443,444 445,446 447,448 449,450 451,452 453,454 M 463,4644/2siv 465,466 467,468 469,470 471,472 473,474 - 4/3 475,476 477,478 481,482-4/4" 479,480 483,484 - 4/4s 485,486 487,488 489,490 491,492 493,494 90
Foliotage ordinal en toutes lettres n* étape e
168 -4/3 e
Foliotage ordre P VIT étape 545 v°-7/3
169 170e 171e 172 e -4/4
546 547 54815 549-7/4
173e 174e 175e 176e 177e 178e 179e 180e 181e 182e
550 551 552 553 554 555 556 557 558 559
183 e -4/5
560 - 7/5
e
184 185e 186e 187e 188 e -4/6 189e 190e 192 e -4/4pi>4/7 191e 193e 194e 195e 196e 197e 198e
561 562 563 564" 565 v ° - 7 / 6 566 567 569 v° - 7/7 569s9 570 571 572 573 574 575
199 e 4/9plfc»4/8
57692 - 7/8
Le v° du F est blanc. Le texte correspondant & ces pages a été recopié à la fin de 4/1-7/1 «De la résistance» (182*, f° 541 v°). Le texte de ce chapitre se termine au f 565 r°. Cette introduction au chap. IV aussi bien que la section I qui suit sont entièrement biffées. Un nouveau texte (collage de différentes parties du livre IV) est réécrit à côté. Le chapitre (4/4) et la section (4/4si) sont réunis d'abord en chap. IV partie I, ensuite transformé en chap. VII. Le texte de ce chapitre se termine au f 569 r°. Lors de la deuxième étape, la section II «Of Sincerity» (4/4sii) est utilisée avec le début et la fin de l'appendice m «Subject of Sincerity Resumed» (4/4aiii) dans la coirçnsition du nouveau chap. VIH (199e^210e). L'appendice I «Of Connection between Understanding and Virtue» (44ai) est partiellement réutilisée dans la réécriture de «Des rapports de la vérité avec la vertu et les talents» (4/4si—7/7). Pour réécrire le chap. Vm, BC se sert librement de la section n «Of Sincerity» (4/4sii) et de l'appendice n i «Subject of Sincerity Resumed» (4/4aiii). Le v° du F est blanc.
Introduction
900 Enquiry Concerning Political Justice 1793
Ecriture
autogr. autogr. autogr. autogr. autogr. autogr. autogr. autogr. autogr. autogr. autogr. 8/8-7/9 pp. 882-887 autogr. autogr. autogr. autogr. 2/2ai-8/l pp. 92-93 autogr.95 autogr. 2/2all-8/2 pp. 94-96 autogr. autogr. autogr. 2/3-8/3 pp. 97-100 autogr. autogr. autogr. autogr.
3/3-8/4 pp. 150-156 A A A A A A 4/4aB-8« pp. 265-271 autogr. autogr. autogr. autogr. autogr. autogr. 4/5-8/6 pp 293—294w autogr.
93
94 95
96 97 98
99
Pagination du cahier
Pagination en Foliotage ordinal chiffres arabes en toutes lettres r étape n* étape e
200 201e 202e 203e 204e 205e 206e 207e 208e 209e 210e 217 e -4/10" 218e 219e 220e 221,222 - 2/2ai non folioté 223,224 non folioté 225,226-2/2aii non folioté 227,228 non folioté 229,230 non folioté 231,232 - 2/3 non folioté 233,234 non folioté 235,236 non folioté 237,238 non folioté
327, 328 - 3/3 non folioté 329,330 non folioté 331,332 non folioté 333,334 non folioté 335,336 non folioté 337,338 non folioté 551,552-4/4ail 21 I e - 4 / 9 212e 553,554 555,556 213e 557,558 214e 559,560 215e 561,562 216e »'
Foliotage ordre P VIT étape 577 578 522 sse m 552 582 584 585 586 582 588-7/9 589 590 591« 592 - 8/1 593* 594 v ° - 8/2 595 596 597-8/3 598 599 600 601-8/4 602 603 604 605 606 607 - 8/5 608 609 610 611 612 613 99 -8/5>8/6
La pagination en chiffres ordinales de la deuxième étape indique que c'est à ce moment que BC décide de créer le cbap. X en utilisant un passage tiré du livre V m «Of Property» chap. Vin «Of the Means of Introducing the Genuine System of Property». Le v° du P est blanc. La calligraphie des f° 592-600 est assez différente du reste du manuscrit. Peut-être, s'agit-il d'une mise au net autographe, vu l'absence presque complète de corrections immédiates. Le texte de ce chapitre se termine à la fin du P 594 r°. La traduction des huit dernières lignes de l'appendice manque. Même si ce texte est tiré du livre IV, l'absence du foliotage ordinal en toutes lettres et le numéro du livre et du chapitre font supposer que ce dernier n'a jamais été conçu pour faire partie du livre IV, mais pour être le dernier chapitre du livre VIII «Essais détachés». Le v° du P est blanc.
Introduction
901
La septième étape aboutissant à la Traduction très abrégée, comporte de nombreuses suppressions (des parties de texte qui avaient été foliotées pendant la deuxième étape), des remaniements et des interversions de chapitres, l'interversion des livres iv, v, vi et vu et la création du livre VIII «Essais détachés». Le nouvel ordre de L n'est marqué par aucune pagination, mais il nous est donné par la mise au net de 1810, copie directe de L. Cette étape comporte également le changement du titre de l'ouvrage (voir ci-dessous), de certains titres de livres et de chapitres, la suppression de l'ensemble des sous-titres au début de chaque chapitre et de tous les sous-titres infratextuels. Livre I - Constant change le titre du livre I, tiré de la deuxième édition, «Des facultés de l'homme, considéré dans sa capacité sociale» en «Considérations préliminaires» ; - change le titre du chap. I «Introduction» du livre i ( 1 / l b - l / l ) , dont la traduction est tirée de la deuxième édition, en «Exposition du sujet» (titre du premier paragraphe du chap. i de la première édition) ; - change le titre et la place du chap. i «Introduction» du livre i (1/1-1/3), dont la traduction est tirée de la première édition, en chap. III «De l'importance des institutions politiques», titre attribué à l'origine au livre i ; - reprend les premiers chapitres de la VIe étape et, avant la fin du chap. Il du livre i, il incorpore le chap. v (l/5-l/2infra) ; - reprend la partie i du chap. vu (qu'il n'avait pas foliotée en la mettant en réserve lors de la deuxième étape), l'associe à la partie il et en fait le chap. vil qu'il numérote VI avant d'introduire, comme chap. VI «De la tendance de l'homme vers la vérité», l'appendice du chap. vi du livre m (3/6a). Avant ce dernier remaniement, l'appendice avait été transformé en la Note de l'Auteur anglais afin d'être introduite au début du chap. vi «De l'obeissance» du livre m . Livre il Ce livre subit une réduction draconienne : - Constant détruit le début du chap. i qu'il avait réécrit lors de la deuxième étape (75 e -76 e ) ; - confirme le choix de ne pas introduire les textes qu'il n'avait pas foliotés pendant la deuxième étape (à savoir 2/2ai-8/l, 2/2aii-7/2 et 2/3-8/2) ; - biffe entièrement le chap. Il qui, lors de la deuxième étape, était déjà devenu chap. IV (2/2-2/4). Il en fait une rédaction abrégée en se servant également de passages tirés du chap. III «Du devoir» (2/3-8/3, inséré dans la réserve de textes non foliotés) sans pour autant supprimer, dans ce dernier,
902
De la justice
politique
les passages utilisés. Il garde tous les feuillets contenant le texte biffé (cinq sur onze) ; - déplace le dernier chapitre du livre II (2/6 déjà devenu 2/5) au livre m. Livre III L'introduction du chap. vi du livre II, devenu chap. i du livre III (2/6-3/1), comporte un décalage dans la numérotation des chapitres de ce livre. Livre IV, V, VI, VII La version du livre IV, largement amputée et remaniée pendant la deuxième étape, est confirmée. De plus, celui-ci change de titre et de place : de livre IV «Principes divers», il est transformé en livre VII «Des changements des institutions politiques». A cause du déplacement, la numérotation des livres suivants subit un décalage, mais la structure des livres v, vi, vu n'est pas touchée. Livre VIII «Essais détachés» La création de ce livre représente la dernière phase de la métamorphose de l'ouvrage. Constant y réunit les textes non foliotés, qu'il avait mis en réserve pendant la deuxième étape, à l'exception de la partie i du chap. vu du livre i qu'il réintroduit dans le livre i. Trois d'entre eux appartiennent au livre il : l'appendice I du chap. il «Du suicide» (2/2ai-8/l), l'appendice il du chap. IL «Du Duel» (2/2aii-8/2) et le chap. m «Du devoir» (2/3-8/3). Dans un premier temps, Constant conclut le livre vm par le chap. v «De la liberté métaphysique» (4/5-8/6), tiré du livre IV chap. v «Of Free Will and Necessity». Puis, il décide de déplacer ici, comme chap. V, l'appendice II du chap. iv du livre IV «De la manière d'exclure les importuns» (4/4aii—8/5), qui, à la différence des autres textes réunis ici, avait été folioté. «De la liberté métaphysique» devient alors chap. vi.
Tableau n" 5 - Notes et notes du traducteur Notes I e série
Notes 2« série
Folio
Livre/Chap.
[...] [...] [...] [...]
2 3 5 6
24 v° 28 r° 88 v° 91 r°
l/5-l/2infra l/5-l/2infra 1/8-1/8 2/1-2/1
[...]
7 8
94 r° 94 v°
2/4-2/2 2/4-2/2
Notes du Traducteur, P
92 v°-93 r° 93b r° biffée
Livre/Chap.
2/4-2/2 2/4-2/2
903
Introduction Notes I e série
[...]
Notes 2' série
Folio
Livre/Chap.
96 r°'
2/4-2/2
7
10 11 12 13
105 r° 105 v° 110 v° 114 r°
2/5-2/3 2/5-2/3 2/2-2/4 2/2-2/4
9
14 15 16
120 v° 130 r° 134 v°
2/6-3/1 2/6-3/1 2/6-3/1
17 18 19 20 21 22 23
138 v° 141 r° 141 v° 142 r° 142 r° 143 r° 143 v°
3/2-3/3 3/2-3/3 3/2-3/3 3/2-3/3 3/2-3/3 3/2-3/3 3/2-3/3
24 25 245 26 27 26
146 v° 146 v" 147 r° 150 r° 151 v° 153 v°
3/4-3/4 3/4-3/4 3/4-3/4 3/4-3/4 3/4-3/4 3/5-3/5
28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 37 38 39
163 v° 165 v° 166 r" 168 v° 536 v° 540 v° 541 v° 543 v° 548 r° 551 v° 554 r" 559 r° 561 v° 562 r° 171 r° 174 r° 186 v° 197 v° 200 v° 207 r" 214 v°
3/7-3/7 3/7-3/7 3/7-3/7 3/7-3/7 4/1-7/1 4/1-7/1 4/1-7/1 4/2si-7/2 4/2sii—7/3 4/2siii-7/4 4/2siii-7/4 4/2siii-7/4 4/2siv-75 4/2siv-75 5/1-4/1 5/2-4/2 5/3—4/3 5/4-5/4 5/4-5/4 5/5-4/5 5/6-4/6
8
12
[...]
16 17 18 19 20
'
2 3
40 41 42 43 44 45
Livre/Chap.
r
9
6
Notes du Traducteur,
98 r°
2/5-2/3
105 v°
2/5-2/3
119 v° biffée
2/6dv-3/l
134 r°2 137 r°
2/6-3/1 3/1-3/2
606 v°
3/3-8/4
154 r°
3/6-3/6
174 r°
5/2-4/2
Cet appel de note est écrit deux fois. Renvoi interne au livre V aux chapitres sur la guerre. Renvoi interne à la note 24.
904 Notes Ie série
[21] [23]
De la justice Notes 2 e série
46 47
23 [75]
25 26
48 49 50 50 51 52 53 54 55
254
27 28 [29] 30
[31] 32 33 34 35 36 37 38 39
56
57 58 59 60 61 62 63
625
64 65 66
40 41
Livre/Chap.
Folio
218 v° 231 v° 233 r° 245 r° 246 r° 247 r° 247 v° 248 v° 248 v° 250 r° 279 v° 285 r° 286 v° 288 r° 293 r"
5/6-4/6 5/8-4/8 5/8-4/8 5/9-4/9 5/9-4/9 5/9-4/9 5/9-4/9 5/9-4/9 5/9-4/9 5/9-4/9 5/12-4/12 5/14-4/14 5/14-4/14 5/14-4/14 5/14-4/14
294 r° 295 v° 301 r° 302 r° 306 v° 309 v° 312 v° 315 r° 315 v° 316 r" 318 r° 321 v° 325 v° 347 r° 347 v° 351 r0
5/14-4/14 5/15-5/15 5/15-5/15 5/15-5/15 5/15-5/15 5/16-4/16 5/16-4/16 5/16-4/16 5/16-4/16 5/16-4/16 5/17-4/17 5/18-4/18 5/18-4/18 5/20-4/20 5/20-4/20 5/21-4/21 5/21-4/21 5/21-4/21 5/21-4/21 5/22-4/22 5/22-4/22
42
68 69
[...]
[...]
70 71
367 v" 368 r°
5/23-4/23 5/23-4/23
72 73
370 374 377 379 379 381
5/24-4/24 5/24-4/24 6/1-5/1 6/1-5/1 6/1-5/1 6/1-5/1
[...] [.]3
67
74 70 6
75 46 4 5 6
Notes du Traducteur,
Livre/Chap.
r
353 r° 355 v° 356 r° 359 v° 361 v°
[...]
politique
v° v° v° r" v° r°
Renvoi interne à la note 25 Renvoi interne à la note 62 Renvoi interne à la note 70.
289 v°
5/14-4/14
352 r°
5/21-4/21
362 367 368 369
5/22-4/22 5/23-4/23 5/23-4/23 5/23-4/23
v° v° r° v°
905
Introduction Notes Ie série
Notes 2e série 76
[...]
48 [49]
50
52
[...]
83 77' 84 80'
6/1-5/1 6/1-5/1 6/1-5/1 6/1-5/1 6/1-5/1 6/1-5/1 6/1-5/1 6/1-5/1 6/1-5/1 6/2-5/2 6/3-5/3 6/3-5/3 6/3-5/3 6/3-5/3
85
417 r"
6/5-5/5
434 436 437 438
6/7-5/7 6/7-5/7 6/7-5/7 6/7-5/7
77 78 79 80 81 80 407
[...]
53 54 55
4210
56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 56" 67 68 66,68 69 70 71
7
r° r° r° r°
441 v° 441 v° 443 r° 444 r° 449 v° 449 v° 455 v° 456 r° 456 r° 457 r° 461 r° 466 v° 469 v°
6/7-5/7 6/7-5/7 6/7-5/7 6/7-5/7 6/8-5/8 6/8-5/8 6/9-5/9 6/9-5/9 6/9-5/9 6/9-5/9 6/10-5/10 7/1-6/1 7/2-6/2
472 472 473 474 476 477 478
7/2-6/2 7/2-6/2 7/2-6/2 7/2-6/2 7/3-6/3
r° v° r° r° v° r° v°
Renvoi interne à la note 40. Renvoi interne à la note 77. ® Renvoi interne à la note 80. 10 Renvoi interne ä la note 42. 11 Renvoi interne à la note 56. 11
Livre/Chap.
381 r° 382 v° 384 r° 384 r° 386 v° 387 v° 390 v° 391 v° 391 v° 399 r° 403 r° 404 v° 405 r° 405 v°
47
[...]
Folio
Notes du Traducteur, r
Livre/Chap.
409 r°
6/4-5/4
423 v° biffée
6/6-5/6
438 v° 439 v°
6/7-5/7 6/7-5/7
470 r° 472 v°
7/2-6/2 7/2-6/2
503 v" biffée
7/5-6/5
906
De la justice
politique
L était accompagné d'un cahier de notes, aujourd'hui perdu (il ne nous reste que la note 46, introduite dans le chap. 5/6-4/6, f° 218 v°) qui constituaient, probablement, la base du commentaire devant accompagner la traduction. Dans le but d'établir la chronologie de la rédaction de ces notes, nous avons rédigé le Tableau n° 5 où, sur quatre colonnes, nous indiquons les numéros progressifs de la première série de notes, puis de la deuxième série, ensuite les folios et les chapitres où elles se trouvent. Dans les deux dernières colonnes, nous signalons l'emplacement des Notes du Traducteur, dernier type d'annotation utilisé par Constant. Même si le déchiffrement du nombre des notes est parfois difficile, parce que tous les appels ont été biffés ou caviardés, nous arrivons à discerner deux séries de numérotations : la première, allant de [...] à 71, qui couvre l'ensemble de l'ouvrage jusqu'au chap. III du livre vil, et la deuxième, allant de 2 à 85, qui se superpose à la première et l'augmente, mais s'arrête au chap. m du livre VI. Les deux numérotations ont été introduites lors de la deuxième étape, les numéros se succédant progressivement du livre iv au livre V. Cela signifie que pendant les deux stades d'annotation le livre IV n'a pas encore été transformé en livre VII, déplacement qui se vérifie à la VIIe étape. Etant donné que les notes commencent à partir du chap. V du livre I, il nous est difficile d'établir une relation entre celles-ci et le remaniement lié à la parution de la seconde édition de l'ouvrage anglais, qui ne concerne que les trois premiers chapitres du même livre. Le premier stade d'annotation prévoit un nombre de notes assez limité dans les quatre premiers livres - seize seulement - mais augmentant progressivement à partir du livre v jusqu'au livre vu. Le deuxième stade enrichit considérablement le premier (il porte de 16 à 39 les notes des quatre premiers livres) jusqu'à la moitié du livre v, puis se superpose avec quelque addition et s'arrête à la note 85 à la fin du chap. V du livre vi. Nous ne pouvons pas savoir si, à ce moment, Constant abandonne tout simplement la révision de la numérotation ou s'il renonce carrément à annoter la traduction, mais il est certain que cette décision est prise lors de la dernière étape, puisque tous les renvois sont caviardés et que P ne contient aucune note. De plus, il ne nous est guères possible de déterminer si les Notes du Traducteur ont été ajoutées à la suite de cette suppression car elles ne suivent aucun système de numérotation. Toutefois, le fait que la Note du Traducteur (3/3-8/4, f° 606 v°) se trouve dans un chapitre non folioté lors de la deuxième étape et inséré dans le livre vm «Essais détachés» lors de la dernière, nous laisse supposer que leur rédaction est postérieure aux notes numérotées.
907
Introduction
Enfin, nous ne pouvons pas établir une relation directe entre les notes et les Notes du Traducteur, ces dernières étant distribuées de façon inégale sur l'ensemble de l'ouvrage : en effet, l'emplacement de quelques-unes d'entre elles correspond à celui des notes dans les livres i et II, mais elles sont absentes du livre iv et rares dans le livre v.
Titre de l'ouvrage Dans son choix du titre de l'ouvrage, Constant hésite entre Recherches sur la justice politique et Dissertation sur la justice politique puis il finit par se décider pour De la justice politique. - On trouve Recherches sur la justice politique, corrigé en De la justice politique, en haut du chap. I du livre I, au f° 33, autographe. On retrouve le même titre au f 229, en haut du chap. vin du livre v, le premier de trois cahiers autographes ; - Dissertation sur la justice politique se trouve aux f 135-136, de la main du copiste, en haut du livre m et du chap. i du livre m, puis au f 536, en haut du chap. I du livre IV. Ce dernier titre est biffé de façon non usuelle, peut-être, par le copiste lui-même ; - De la justice politique se trouve aux f° 1 et 9, en haut des deux Préfaces 1 . Nous avons, quant à nous, choisi Recherches sur la justice politique parce que c'est le titre que Constant avait attribué à l'ouvrage au début de son travail et que le choix du texte de base est évidemment axé sur la première rédaction de la traduction.
Choix du texte de base Les caractéristiques matérielles de L, ses stades de rédaction imbriquées les uns aux autres, ont orienté notre attention vers l'origine de la traduction et l'évolution de l'écriture. Cette dernière nous a paru tellement significative, que la volonté d'en reproduire le parcours a déterminé le choix du texte de base. Les tableaux synoptiques établis sur la base des différentes paginations adoptées par Constant, nous montrent essentiellement trois étapes : la première, la deuxième et la septième. Seule la dernière correspond à un texte achevé, à la mise au net P ; les deux autres, par contre, témoignent des changements du projet de l'ouvrage et aucune d'elles ne peut être consi1
La mise au net P a pour titre De la justice abrégée.
politique
par W. Godwin.
Traduction
très
908
De la justice
politique
dérée comme un texte définitif. Une fois la décision prise de privilégier l'évolution de l'écriture, nous avons choisi de suivre l'ordre chronologique de la rédaction correspondant, dans le Tableau n° 2, aux colonnes mises en évidence. Celles-ci montrent la progression des différentes étapes de la rédaction, déterminée par la décision de Constant de remanier l'ouvrage à la fin de la première étape1. Après ce premier remaniement, quand celui-ci reprend la traduction à partir du f° 217e (f° 588), il la continue jusqu'à la fin (chap. ix du livre v u ) et ce n'est qu'après le remaniement de la VIIe étape qu'il écrira le f° 613 2 . L'ordre que nous venons d'illustrer correspond, selon nous, à celui de la première rédaction. Les textes qui le composent, dès lors constituent le texte de base de l'édition. Cependant, il faut tenir compte du fait que pendant la deuxième étape, Constant a détruit et réécrit plusieurs parties appartenant aux livres II et IV, et que lors de la dernière étape, quand il s'est servi de la deuxième édition de Godwin, il a détruit la première rédaction du début de l'ouvrage en la remplaçant par deux nouvelles préfaces et un nouveau chap. I (toutes ces suppressions correspondent à des blancs dans la colonne mise en évidence dans le Tableau n° 2). Il est évident que si l'on respecte le principe énoncé au début de notre propos de ne reproduire que la première rédaction, les parties réécrites, dont l'original a été détruit, ne peuvent pas apparaître à leur place logique, mais à leur place chronologique. C'est la raison pour laquelle le texte de base comporte des lacunes à ces endroits et la dernière traduction - quand elle existe - est donnée dans une section séparée, à la suite de l'édition, sous le titre de «Dernière version» 3 . Dans les Tableaux n° 2, 3 et 4, les folios en question, sont soulignés.
1
Voir Tableau n° 2, p. 859.
2
Voir Tableau n° 2, p. 863.
3
La «Dernière version» comprend les textes suivants : «Préface de l'auteur anglais» (0/ab- 0/ab) ; «Préface de la seconde édition» (0/b-0/b) ; livre I, chap. I «Introduction» ( 1 / l b - l / l ) et du chap, il « D u degré de bonheur dont l'espèce humaine a joui jusqu'à nos jours» (l/2b-l/2) seules les parties tirées de la IIe édition ; livre II, chap. I «Introduction» et du chap. VI « D e l'exercice du jugement individuel» (2/6-3/1) seules les parties réécrites ; livre IV, chap, vin « D e s devoirs de l'homme relativement à la vérité» (4/4siiaiii-7/8) ; du livre VII, chap. IV « D e l'application de la contrainte» (7/4-6/4) seules les parties réécrites.
Introduction
909
Apparat des notes L'apparat des notes concerne exclusivement la matérialité du texte. Il fournit des informations générales pour chaque unité rédactionnelle (chapitre, partie, section, appendice). Ces dernières, étant réparties par unités matérielles (un cahier peut contenir la traduction de plusieurs chapitres), nous donnons une description générale du cahier en renvoyant à celle-ci lors des unités rédactionnelles qui s'y trouvent. Les informations suivent un schéma fixe organisé en quatre parties : - Description matérielle générale où sont indiqués la source anglaise, les notes de régie ou métatextuelles (ex. de l'Original Anglais pages 1-4, Avis à l'imprimeur), les accidents particuliers (ex. papier coupé, collé, etc.). Le texte est supposé être toujours écrit sur la moitié droite du feuillet, s'il en est autrement, nous le précisons. Dans les termes employés, nous indiquons par feuille une feuille volante ou isolée. La feuille peut être pliée et engendrer une feuille double composée de deux feuillets. Le folio est identifiable par un foliotage. La page est le recto ou le verso d'une feuille/feuillet/folio, souvent elle est identifiable par sa pagination. - Paginations : nous établissons une liste détaillée des paginations, des foliotages et des titres provisoires utilisés ; - Ecriture : nous signalons si l'écriture est autographe ou s'il s'agit de celle des des copiste A, B, C. Les corrections sont toujours autographes ; - Titres et sous-titres : nous indiquons s'ils sont traduits, biffés, absents, ajoutés, autographes ou du copiste.
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De la justice
politique
Inventaire des contenus
Enquiry Concerning Political Justice est un traité de philosophie politique dans lequel la perfectibilité et l'abolition de tout pouvoir constitué forment deux pans indissociables de la même doctrine 1 . Il comprend huit livres, dont le premier «Of Importance of Political Institutions» introduit le sujet du point de vue historique, moral, politique et philosophique. Godwin met l'accent sur l'influence négative que les institutions politiques exercent sur les individus et il préconise la nécessité d'en reduire au minimum le pouvoir jusqu'à en envisager la disparition2. Le livre il est consacré aux principes fondamentaux de la société tels que l'égalité, le droit et la justice, et le livre III aux principes sur lesquels se fondent les gouvernements. Le livre IV «Miscellaneous principles» peut être divisé en deux parties : dans la première, chap, i-m, Godwin analyse l'opposition, la résistance et les révolutions, affirmant son aversion pour toute forme de violence et sa foi dans la toute-puissance de la vérité. Dans la deuxième partie, au chap. IV, il disserte sur la vérité du point de vue moral : «la connaissance de la vérité peut donc seule amener les reformes utiles ; seule elle améliore notre moralité, notre intelligence, nos institutions politiques» résume Constant 3 . Dans les chap, v-ix, il traite de la métaphysique qu'il fonde sur le sensualisme et la loi de la nécessité dont il se sert pour expliquer les facultés psychologiques, le comportement humain et la naissance des idées de vérité, vertu, justice, devoir, etc. 4 . Le livre v est une analyse des différentes formes de gouver1
2
3 4
Burton R. Pollin, parle de Enquiry comme du «premier traité systématique sur l'anarchisme philosophique», Justice politique, p. 2. Cette partie de l'introduction reprend partiellement notre article «Comment traduire Godwin en 1799», Annales BC, n° 14, 1993. L'homme est perfectible, comme le prouvent les découvertes dans le domaine scientifique. Inversement, l'histoire des sociétés montre que la corruption dépend des gouvernements dont l'intérêt est de perpétuer les privilèges d'une minorité aux dépens du bonheur collectif. Les institutions politiques, de par l'influence qu'elles exercent, sont donc les premières responsables de la condition de l'espèce humaine, mais elles peuvent invertir cette tendance si elles se fondent sur la vertu et sur la recherche de la vérité et non sur l'égoïsme. Voir aussi l'introduction de M. Barberis, «4. Le fond», OCBC, t. H,l, pp. 48-51. L, f° 569v°, variante, OCBC, t. 11,2, p. 1120. Le monde matériel, l'homme et l'histoire sont soumis à la loi de la nécessité ; toutefois, ce déterminisme est lié à la théorie de la perfectibilité, puisque l'espèce humaine tend naturellement vers la connaissance de la vérité et à la réalisation du bonheur collectif. A ce propos, M. Philp affirme : «It is only with this background account of Godwin's necessarianism and his presumption of a rational teleology, with truth motivating individuals to pursue commun good, that we can properly understand his account of perfectibility». Godwin's Political Justice, p. 93.
Introduction
911
nement : Godwin y affiche sa haine de la monarchie et de l'aristocratie d'une part et, de l'autre, sa relative propension à la démocratie, qui à ses yeux est le moindre mal dans l'état actuel des choses. Le livre vi est consacré à l'opinion publique sur laquelle l'éducation n'a pas de prise, qu'elle soit donnée par l'Etat ou par la religion, puisque la vérité et la vertu sont les seuls guides conduisant à l'amélioration morale de l'espèce humaine. Le livre vu analyse les moyens de contrainte et de répression employés par les gouvernements que Godwin considère comme négatifs et arbitraires étant donné que la transformation de l'homme passe non par la force mais nécessairement par la raison. Dans le livre vm «Of Property», Godwin envisage la dispartition de la propriété et esquisse un tableau utopique de l'espèce humaine 1 . Nous avons vu plus haut, que la traduction de Constant passe par sept étapes de rédaction, dont les plus importantes sont la première (traduction partielle et fidèle), la deuxième (premier remaniement avec introduction d'un commentaire) et la septième, qui donne lieu à l'abrégé recopié dans les «Œuvres manuscrites» de 1810. Les autres étapes sont liées à la parution de la deuxième édition de l'ouvrage anglais et se limitent aux introductions et aux deux premiers chapitres. La première étape ne pose pas de problèmes majeurs : il s'agit d'une traduction fidèle que Constant poursuit jusqu'à la première partie du livre IV concernant l'opposition aux gouvernements. Il ressent probablement quelques réticences quand il se trouve confronté au chap. IV «Of abstract or General Truth», notamment aux sections et aux appendices traitant des im-
D'après Godwin, au fur et à mesure que l'espèce humaine se perfectionne, elle a une influence positive sur les institutions en rendant leur existence de moins en moins nécessaire. Les hommes apprendront à dominer leurs passions et seule la raison déterminera les actions humaines. Sous son influence, l'homme deviendra généreux et juste, le gouvernement, aussi bien que toute institution contraignante pour la liberté individuelle, disparaîtra grâce à la force de l'évidence de la vérité. Aucune révolution, aucune violence ne seront nécessaires. La propriété, matérialisation de l'égoïsme et source de tous les malheurs, disparaîtra ainsi que le mariage, autre forme de propriété détestable. L'homme deviendra tellement raisonnable qu'il refusera tous les plaisirs comme autant de faiblesses. Il ne mangera ni ne boira que parce que cela est nécessaire à sa santé et l'activité sexuelle sera exclusivement liée à la reproduction. Cette apothéose du bonheur sera éternelle parce que la puissance de la raison parviendra à contrôler les fonctions physiologiques : après avoir vaincu le sommeil, l'homme vaincra, très probablement, la mort. Il n'y aura plus d'enfants, le monde ne sera peuplé que par des adultes uniformisés dans leur façon de penser, libérés des plaisirs et de la douleur, de l'amour et de la souffrance. Les hommes seront enfin parfaitement heureux.
912
De la justice
politique
plications morales de la vérité, et finit par arrêter définitivement sa traduction aux chap. v-ix, consacrés aux fondements métaphysiques. A ce moment-là, Constant se met sans doute à réfléchir sur la nature de l'ouvrage, sur l'opportunité de le publier tel quel ; dès lors, suppressions, interversions, interventions intra, méta et extra-textuelles n'auront plus de limites. Une comparaison entre les sommaires du texte anglais et de la traduction avant et après le remaniement montre bien le bouleversement de la structure et les suppressions les plus significatives.
Enquiry Concerning Political Justice, G
Recherches sur la justice politique, L
De la justice politique Traduction tris abrégée, P
Book I - Of the Importance of Political Institutions
Livre I - De l'importance des institutions politiques [le titre devient : Considérations préliminaires]
Livre I - Considérations préliminaires
Book II - Principles of Society
Livre II - Principes de la société
Livre II - Principes de la société
Book III - Principles of Government
Livre III - Principes du gouvernement
Livre III - Principes du gouvernement
Book IV - Miscellaneous Principles
livre IV - Principes divers > Livre VII - Des changements des institutions politiques
Book V - Of Legislative and Executive Power
Livre V - Des pouvoirs législatifs et exécutifs
Livre IV - Des pouvoirs législatifs et exécutifs
Book VI - Of Opinion Considered as a subject of Political Institution
Livre VI - De l'opinion considérée comme le sujet d'une institution politique
Livre V - De l'opinion considérée comme le sujet d'une institution politique
Book - VII - Of Crimes and Punishments
livre VII - Des crimes et de leurs châtiments
Livre VI - Des crimes et de leurs châtiments Livre VII - Des changements des institutions politiques
Livre VIII - Of Property
[non traduit] Livre VIII - Essais détachés [composé de chapitres venant d'autres livres]
Introduction
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On remarque que le livre I change de titre, que le livre iv change de titre et de position, que le livre vm n'est tout simplement pas traduit et qu'il est remplacé par un livre n'existant pas dans l'original anglais. La suppression et la révision de l'enchaînement logique des sujets sont les procédés le plus fréquemment employés par Constant. Ils sont appliqués à tous les niveaux du texte : livres, chapitres, paragraphes, phrases. Ce n'est qu'au niveau de la phrase qu'on trouve quelques rares exemples d'augmentation dus à des nécessités rhétoriques et, au niveau métadiscoursif, des additions-commentaire sous la forme de notes du traducteur. Afin de mieux comprendre l'idée qui incite Constant à remanier de la sorte la structure du texte, nous pouvons analyser ces modifications en utilisant les essais sur l'ouvrage de Godwin écrits en 1810, 1817 et 18291 où il explique pourquoi il n'a pas publié sa traduction tout en procédant ensuite à une critique de l'ouvrage. Dans le premier paragraphe de l'essai de 1810, supprimé dans les versions publiées en 1817 et 1829, on trouve cette considération qui explique la suppression du livre VIII, la plus importante : «Lorsqu'un auteur sans discernement [Godwin] enveloppe dans ses proscriptions confuses, et les abus des institutions despotiques, et les bases sacrées de la propriété, n'entendez-vous pas mille voix intéressées qui s'empressent de consacrer cette réunion contre nature, heureuses d'avoir à défendre ce qui est nuisible et ce qui est nécessaire, ce qu'on ne peut trop complètement détruire et ce qu'on ne saurait assez respecter. Je n'ai pas voulu leur donner ce facile triomphe2.» En effet, Godwin, dans le livre vm, attaque le principe de la propriété qui, pour Constant, est une convention sociale mais, en même temps, un fondement sacré et inviolable de l'état social3. La suppression de la propriété est tellement contraire à ses principes et aux intérêts de sa classe, que Constant, jugeant impossible un remaniement, décide de ne pas le traduire4, 1 2 3
4
Godwin (1810), Godwin (1817), Godwin ( 1829). Godwin (1810), p. 1415. Dans les Principes de Politique, on lit : «La propriété n'est autre chose qu'une convention sociale. Mais de ce que nous la reconnaissons pour telle, il ne s'en suit pas que nous l'envisagions comme moins sacrée, moins inviolable, moins nécessaire que les écrivains qui adoptent un autre système». Principes de politique, p. 202. Contrairement à Godwin, pour Constant la propriété est étroitement liée à l'inégale distribution du travail, elle est même à la base du perfectionnement de l'espèce humaine : «Répartir [le] travail également entre tous les membres [cette] rêverie absurde, irait contre son but même, enlèverait à la pensée le loisir qui doit la rendre forte et profonde. [...] Sans propriété, l'espèce humaine existerait stationnaire et dans le degré le plus brut et le plus sauvage [...] et l'égalité grossière et forcée qu'ils nous recommandent [Godwin est ici visé directement] mettrait un obstacle invincible à l'établissement graduel de l'égalité véritable, celle du bonheur et des lumières». Principes de politique, p. 203. Exception faite d'une partie du chap. V I I I , à laquelle il donne le titre «De la possibilité de faire des privilégiés eux-mêmes des amis de la liberté», et qui sera ajoutée à la fin du
914
De la justice
politique
Si Constant se sent libre au point de retrancher un livre entier, la voie du remaniement est grand ouverte tant au niveau du contenu que de la forme, dans le but de rendre l'ouvrage de Godwin plus conforme à ses propres idées et en même temps de l'améliorer. En effet, Godwin avait composé à la hâte son Enquiry Concerning Political Justice en donnant les chapitres à l'imprimeur au fur et à mesure de leur rédaction. Le traité s'en ressent surtout dans l'agencement des chapitres, qui ne suivent pas un ordre fluide et cohérent. Certains sujets sont répétés à plusieurs reprises, défaut mis en évidence par Constant lui-même dans les essais de 1817 et 1829 : «[l']ouvrage peut être divisé en trois parties ; et il aurait mieux valu, du moins comme production littéraire, si l'écrivain s'était astreint lui-même à cette division ; car ayant traité souvent au hasard les mêmes sujets dans plus d'un chapitre, il est tombé dans un désordre et dans des répétitions qui rendent l'intelligence de son livre assez difficile, et sa lecture très fatigante. Aussi, pour en donner à nos lecteurs quelque idée, nous adopterons l'ordre que l'auteur anglais a négligé, et nous parlerons séparément de la partie métaphysique, de la partie morale et de la partie politique proprement dite1.» Constant critique la composition de l'Enquiry puis passe à l'analyse, suggérant un ordre logique dont le texte anglais serait selon lui dépourvu. Parallèlement, dans la traduction, il ne considère plus l'ouvrage qu'il traduit comme la propriété d'autrui mais le soumet à la même technique de composition qu'il utilise pour rédiger ses propres écrits2. Constant a l'habitude de travailler sur des fiches où il note des réflexions, des citations, etc., qu'il trie, classe et numérote. Ce réservoir de données, qui augmente au fur et à mesure que le temps passe, constitue la base de ses écrits. Le regroupement
1
2
livre IV. Significativement, ce texte rescapé est un appel aux «classes riches et privilégiées», qui sont probablement plus éclairées, et qui, «loin d'être insensibles», peuvent favoriser la marche de l'espèce humaine vers l'égalité sans que le recours à la violence soit nécessaire. Godwin, (1817), p. 1422 ; Godwin, (1829), pp. 1429-1430. C'est nous qui soulignons et nous reproduisons la version de 1817. Le projet d'organiser la traduction en trois parties est confirmé par quelques notes rédactionnelles lisibles sous les biffures du manuscrit de Lausanne, car sur la page de titre de cinq chapitres, on lit : Renvoyé à la partie morale. Le projet a ensuite été abandonné, les fiches-chapitres en question ayant été dispersées dans trois livres. Voir p. 848. La manière de travailler de Constant a été mise en évidence par E. Hofmann in : «La méthode de travail de Constant et les plans successifs des Principes de politique», Genèse, pp. 247-280. Nous nous rapportons aussi à M. Barberis, «Benjamin Constant : inediti e questioni di metodo», dans Materiali per una storia della cultura giuridica. Barberis y consacre un paragraphe : «Il metodo del giocatore», pp. 73-109.
Introduction
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des fiches et leur mise en ordre représentent les deux phases de la création/rédaction de l'œuvre. Toutes ces démarches intertextuelles, caractéristiques de l'œuvre de Constant en général, sont utilisées dans le remaniement de cette traduction. Constant démembre le manuscrit en unités mobiles. Les chapitres, les appendices, les sections deviennent autant de fiches itinérantes dont le parcours est lisible grâce aux paginations différentes. Mais à un problème d'enchaînement s'ajoute un problème de contenus : nous pouvons remarquer que le nouvel ordre suggéré dans l'essai de Constant - métaphysique, morale, politique - marque le degré d'incompatibilité entre ses idées et celles de Godwin et qu'il est proportionnel à l'importance des suppressions opérées. S'il avait pu ignorer purement et simplement le livre vin, où le sujet de la propriété était traité en bloc, dorénavant Constant est obligé de modifier sa technique du remaniement, à la fois sur le plan de la disposition et sur celui du sens. A la fin de la première étape, Constant a achevé la traduction fidèle des trois premiers livres et des trois premiers chapitres du livre IV ; il se trouve sur le point d'aborder les chapitres consacrés à la métaphysique de Godwin dont il ne partage pas les axiomes. «La métaphysique de Godwin est fausse et commune - affirme-t-il - [Godwin] ne dit rien qu'on n'ait pu lire dans plusieurs métaphysiciens du dix-huitième siècle, [...] qui poussant à l'excès les principes de Locke, [...] dépouillent l'homme de toute force intérieure, le représentent comme un jouet passif des impressions du dehors, et méconnaissent la réaction qu'il exerce sur ces impressions, réaction qui fait qu'elles sont modifiées par lui, quand il les reçoit, pour autant qu'elles le modifient 1 .» Dans la traduction, cette critique se concrétise par un résumé des sections et des appendices du livre iv en deux nouveaux chapitres (vii-vm), par la destruction matérielle du chap. Il du livre I «The Moral Characters of Men Originate in their Perceptions» qui était un aperçu introductif sur la métaphysique, et par le refus de traduire les chap. v-ix 2 . On peut imaginer qu'arrivé au chap, v, Constant interprète de manière radicale une note en bas de page dans laquelle Godwin conseille au lecteur n'ayant pas envie de s'attarder sur des spéculations abstruses, de ne pas lire les chap, v-ix, superflus pour la compréhension de l'ouvrage 3 . Le livre iv, ainsi mutilé de sa 1 2
3
Godwin (1817), p. 1412 ; Godwin (1829), p. 1422. II s'agit des chap. V «Of Free Will and Necessity» (dont Constant ne traduit qu'un paragraphe «Answer» qui deviendra le chap. VI du livre VIII «De la liberté métaphysique») ; chap. VI «Inferences from the Doctrine of Necessity» ; chap. VII «Of the Mechanism of the Human Mind» ; chap, vill «Of the Principle of Virtue» ; chap, ix «Of the Tendency of Truth». «The reader, who is indisposed to abstruse speculations, will find the other members of the enquiry sufficiently connected, without an express reference to the remaining part of the present book.», G, p. 284, OCBC, t. n,l, p.517.
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De la justice
politique
partie métaphysique et réduit à un seul sujet - l'opposition aux institutions politiques - change également de titre : «Miscellaneous principles» devient «Des changements dans les institutions politiques». Le moment clé entre la première et la deuxième étape se joue donc autour du livre IV. C'est à partir du cœur de l'œuvre que Constant revient ensuite en arrière et met en pratique les techniques de remaniement évoquées plus haut. Il supprime les parties du texte dont il ne partage pas le contenu, met en réserve, sans les folioter, les chapitres/fiches dont il est incertain, réécrit des paragraphes en fonction du sens et des déplacements qu'il opère, donne une nouvelle pagination. Il reprend ensuite la traduction du livre V, mais de façon beaucoup plus libre que dans la première étape du travail et, pour finir, introduit les notes en vue de la rédaction d'un commentaire qui, pour des raisons d'opportunité politique, sera supprimé par la suite. Cette phase du travail peut être considérée déjà achevée vers la fin de 1798 puisque à cette date Constant annonce la publication de la traduction avec le commentaire 1 . Malgré toutes ces manipulations, c'est au cours de la septième et dernière étape que Constant change radicalement l'enchaînement des chapitres en donnant à l'ouvrage l'ordre qui, d'après lui, manquerait au texte anglais. De façon générale, on peut dire que la partie métaphysique est supprimée, la parte morale réduite et remaniée et la partie politique («la seule importante»2 selon lui) traduite et commentée. Si nous considérons de nouveau l'ouvrage dans l'ensemble de son remaniement, nous remarquons que dans le livre I, lorsqu'il présente son sujet, Godwin morcelle son discours en le dispersant dans plusieurs chapitres et parties. Constant, pour sa part, regroupe les sujets, pratique de larges coupures dans les exemples ou les digressions qu'il estime inutiles et rend le style plus lisible. L'opération fait ressortir la doctrine de la perfectibilité, qui étaye les idées de Constant et celles de Godwin. Ce livre devient le support théorique de l'ouvrage et prend significativement le titre de «Considérations préliminaires». Suivent les livres II et III sur les principes de la société et du gouvernement et les livres consacrés à l'organisation du pouvoir (livre v devenu livre iv), l'opinion publique et la répression (livre vi devenu livre V). Le livre IV «Des changements des institutions politiques» qui, même remanié, rompait la suite logique avec les suivants, est situé à 1
2
Le 27 novembre 1798 Constant écrit à L.-F. Huber : «Je m'[...] occupe surtout d'achever une traduction que je me suis engagé avec un libraire de publier dans trois mois, accompagnée d'un commentaire». «Lettres à Louis-Ferdinand Huber et à Thérèse Huber (1798— 1806)», p. 93. Godwin (1810), p. 1416 ; Godwin (1817), p. 1422 ; Godwin , (1829) p. 1430.
Introduction
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l'avant-dernière place. Le livre vm, concernant l'abolition de la propriété, n'est pas traduit ; en lieu et place se trouve un nouveau livre vm «Essais détachés», constitué de fiches-chapitres non foliotés. Il s'agit, comme on pouvait s'en douter, de réflexions morales qui, centrales chez Godwin, sont reléguées par Constant dans un livre dont le titre-même en définit la nature composite. Constant accepte avec difficulté le rigorisme moral de Godwin. Ce refus, qui se manifeste dans le remaniement, est explicite dans les essais : «La partie morale de Godwin, celle où il développe les devoirs des individus entre eux, est encore plus défectueuse [que la partie métaphysique]. Séduit par l'idée de la justice abstraite, il veut soumettre à cette justice stricte tous les mouvements, toutes les affections, tous les engagements de l'homme ; de là, ses paradoxes sur la pitié, la reconnaissance et les promesses. [...] Il ne faut point que l'homme soit toujours impartial et juste. Il faut au contraire, et c'est le plus beau privilège de son indépendance individuelle, qu'il soit partial par goût, par pitié, par entraînement1.» L'argumentation de Godwin fait alterner l'exposé des principes et celui des exemples. La plupart du temps Constant garde les premiers, tout en en adoucissant le caractère péremptoire, mais supprime les exemples «paradoxaux». C'est le cas du chap, il du livre il «De la justice». Le manuscrit contient la traduction complète et fidèle de ce chapitre2. Écrite par le copiste sur la moitié droite des feuillets, elle est corrigée par Constant, puis complètement biffée : un nouveau texte, beaucoup plus réduit, est réécrit dans la marge vide et dans l'interligne. Une brève introduction sur le sens de justice prouve que Constant, au début, traduisait fidèlement, littéralement même : «Morality is the source from which its fundamental axioms must be drawn, and they will be made somewhat clearer in the present instance, if we assume the term justice as a general appellation for all moral duty. Extent and meaning of justice That this appellation is sufficiently expressive of the subjet will appear, if we consider for a moment mercy, gratitude, temperance, or any of those duties which in looser speaking are contradistinguished from justice 3 .» Au début, le passage est traduit de la manière suivante :
1 2 3
Godwin (1817), p. 1422 ; Godwin (1829), p. 1430. L, F 108r° -118v° ; OCBC, t. ll,2, pp. 992-1001. G, p. 80, OCBC, t. ll,l, p. 415.
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«La morale est la source où nous devons puiser tous nos axiomes fondamentaux et pour y répandre plus de clarté, nous prendrons le nom de justice pour la dénomination générale de tous les devoirs moraux. Étendue et signification du mot justice Cette dénomination nous paraîtra juste lorsque nous aurons considéré un moment la compassion, la gratitude, la tempérance, et tous les autres devoirs qu'on distingue ordinairement de la justice 1 .» Puis Constant l'abrège en le faisant précéder d'une phrase tirée de la fin du chapitre. Le remaniement, qui focalise l'attention sur les droits et les devoirs des individus, sert de raccord au chapitre précédent (dans le nouvel ordre donné par Constant), «Des droits de l'homme». (Constant a interverti l'ordre anglais des chapitres «De la justice» et «Des droits de l'homme»). De toute façon, l'axiome fondamental reste le même : «En effet la société n'est autre chose qu'une agrégation d'individus. Les devoirs et les droits de la société doivent donc être l'agrégation des devoirs et des droits de tous ses membres. Pourquoi l'arbitraire se glisserait-il dans les devoirs collectifs plutôt que dans les devoirs individuels ? La politique repose en conséquence sur la morale, et la morale elle-même repose sur la justice. Pour nous en convaincre il ne faut qu'examiner un moment la nature de nos différents devoirs, de la pitié, de la modération ou de la reconnaissance2.» Afin de prouver que la justice doit être répartie selon le mérite personnel, Godwin se sert d'un exemple décisif que Constant traduit de la sorte3 : «L'illustre Archevêque de Cambrai [Fénelon] avait sans contredit plus de mérite que sa chambrière ; et en supposant qu'ils eussent été tous deux exposés dans un incendie et qu'on ne put sauver que l'un ou l'autre, peu de gens hésiteraient probablement à prononcer que le prélat mériterait la préférence 4 .» L'utilité publique de la vie de Fénelon n'a aucun prix : «Supposons que j'eusse été moi-même la chambrière de Fénelon ; j'aurais dû consentir à mourir pour le sauver [...] en préférant l'archevêque à ellemême, la chambrière aurait été juste. En se conduisant différemment, elle aurait manqué à la justice» 5 . Et pour être certain d'être compris, il surenchérit : «[si] la chambrière eût été ma femme, ma mère ou ma bienfaitrice,
L, f° 108r° et v°, OCBC, t. ll,2, p. 993. L, f> 108r" et v°, variante, OCBC, t. il,2, p. 992-993. 3 Constant continue sa traduction littérale mais, vu que nous portons notre attention sur les remaniements du sens, nous citerons les exemples dans la traduction sans donner le texte anglais. 4 L, f° 109v°, OCBC, 1.11,2, p. 994. 5 L, P 110v°, OCBC, t. ll,2, p. 995. 1
2
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ces circonstances ne changeraient rien à la vérité de la proposition. La vie de Fénelon mériterait toujours la préférence et la justice pure et invariable la lui aurait accordée. [...] Quelle est la magie de ce pronom mon épouse, ma\ mère, pour renverser les décisions de l'éternelle vérité ? ma femme ou ma mère peut être une folle, une courtisane, méchante, trompeuse ou corrompue qu'importent ses liens avec moi 2 ?» Constant retranche tous les passages cités, mais il retient les considérations qui en découlent. Une fois les exemples supprimés, le sens des axiomes affirmés acquiert une valeur plus générale, moins rigide donc plus acceptable : «Ce qui doit nous engager à préférer tel homme à tel autre, c'est sa susceptibilité de perfectionnement, et le bien qu'il peut faire à la grande famille de l'espèce humaine. Tout autre motif nous rend injustes et par conséquent coupables. Il en est de même des liens du sang. Les relations particulières d'un être avec nous ne peuvent rien changer aux décisions de l'éternelle vérité3.» Dans les deux paragraphes suivants, Godwin s'étend sur les différentes formes d'injustice liées à la distribution inégale de la propriété et des richesses puis, dans le troisième et dernier paragraphe, sur l'«Idée de la justice politique». Constant les supprime tous les trois afin d'éviter des répétitions avec les sujets traités dans le livre i. Lors du remaniement final, les titres et l'ordre des chapitres sont complètement bouleversés, mais les passages en question demeurent. De la sorte, il limite le chap. IV «De la justice» ainsi que le livre il en général au développement de l'aspect moral. Constant n'arrête pas ici le remaniement du chapitre. Pour remplacer les parties supprimées, il utilise, en les modifiant légèrement et en en intervertissant l'ordre, les paragraphes du chap. m «Du devoir» qui, dans l'ordre anglais, venait après celui de «De la justice». Il traduit partiellement «Du devoir», en utilise la traduction pour la correction de «De la justice» et le déplace à la fin de l'ouvrage, dans le terrain vague des «Essais détachés». Le même texte se trouve ainsi à deux endroits différents du livre. Il ne s'agira pas seulement de la répétition du même sujet (reproche que Constant fait à Godwin), mais du même texte sciemment remanié et recopié 4 .
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Soulignés par Godwin et par Constant aussi. L, F 110v° -111 r°, OCBC, t. il,2, p. 995. L, P 109v°-11 lr°, OCBC, t. il,2, variantes pp. 994-995. En ce qui concerne la répétition les passages en question, voir L, OCBC, t. Il,2, n. 4, p. 996 ; n. 1, p. 997 ; n. 1-2, p. 1007. Nous trouvons un autre exemple de répétition à la fin du chap. II «Du contrat social» du livre III, qui est un abrégé du début du chap. III «Des promesses» du livre ill (voir L, OCBC, t. il,2, n. 2, p. 1052 et n. 2, p. 1054.
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Si l'on excepte cette dernière maladresse de composition, on s'aperçoit que Constant vise à resserrer le texte de Godwin, tout en supprimant ce qu'il juge inutile, pour ne pas dire absurde ou insensé. La partie politique a également été sujette à remaniement. Par exemple, le chap. vil «De la monarchie élective», a été l'objet de coupures considérables dans le but, semble-t-il, de rendre plus claire l'argumentation de Godwin. Cet exemple de remaniement ne peut pas être généralisé à toute la partie politique, mais il permet de comprendre le caractère quelquefois inégal du remaniement final. Après une présentation des inconvénients liés à la monarchie élective (impréparation du peuple à l'exercice de l'élection, trucage de l'élection dans laquelle l'élu peut être désigné d'avance), Godwin cite Rousseau pour appuyer sa démonstration. La première objection est la suivante : si le but est d'élire un homme de génie - en admettant qu'il en existe - cet homme ne pourrait pas être à l'abri de la corruption de la cour. Un tel choix serait, de toute façon, improbable parce qu'il présumerait des électeurs intègres ; or, la société n'en est pas arrivée à ce point de perfectionnement. La seconde objection consiste à prétendre que si le but est «d'écarter l'autorité des hommes notoirement inhabiles1», la gestion du pouvoir resterait, de toute façon, dans les mains des institutions monarchiques dont la corruption est prouvée. Pour soutenir cet argument, Godwin illustre ce qui se passerait sous le plus vertueux despote : entre le monarque et le peuple, il y aurait toujours les institutions monarchiques - véritable tombeau de tout talent - et le peuple, fourvoyé par la bonté du monarque, ne saurait pas estimer la corruption des institutions qu'il représente. Pour cette raison, «particulièrement sous un bon roi [...] la monarchie est pernicieuse. Il séduit notre jugement tandis qu'un tyran le comprime. Pallier la difformité des choses essentiellement vicieuses, est le plus impardonnable des crimes envers l'humanité.»2 Le chapitre se clôt sur la possibilité, que Godwin rejette, de combiner la monarchie élective et la monarchie héréditaire. Dans la première version, Constant traduit le chapitre fidèlement. Lors du remaniement, il supprime la référence à Rousseau, la première et la deuxième objections et il déplace le paragraphe concernant le despote vertueux à la fin du chap. IV «Du despotisme d'un prince vertueux». Constant ne retient donc que l'introduction, traitant le sujet de façon très large, et la conclusion qui, après la suppression de la partie centrale, perd quelque peu de sa pertinence. 1
2
L, f° 225f, OCBC, t. ii,2, pp. 1180-1181. L, f° 226t" et v°, OCBC, t. il,2, p. 1181.
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Afin de mieux comprendre ce remaniement, on peut se rapporter à la note du traducteur que Constant insère au début de chap. Il «De l'éducation d'un prince» du livre v : «La distribution de l'ouvrage devient ici singulièrement fautive. Au lieu d'approfondir les principes des divers gouvernements, l'auteur se perd dans des observations souvent triviales sur l'éducation des princes, et la corruption des cours. Je n'ai pas cru, néanmoins, devoir retrancher les 5 ou 6 Chapitres qui suivent, parce qu'au milieu des lieux communs qu'ils contiennent, se trouvent plusieurs idées neuves, et plusieurs aperçus heureux, note du traducteur1.» Constant n'a pas supprimé les chapitres, mais il a retranché, dans le cas du chap. vu, les «lieux communs» pour ne sauver que les «aperçus heureux». Le résultat n'est pas homogène : il est proche, quant au style et à la technique de composition, d'un recueil de fiches2. Les notes du traducteur permettent à Constant de rectifier le sens du texte anglais quand les remaniements internes s'avèrent insuffisants ou impossibles. On peut en distinguer au moins trois types : - la note du simple traducteur, qui explique le sens d'un mot compréhensible pour le lecteur anglais mais non pour le lecteur français ; - la note du traducteur-remanieur, qui justifie les transformations opérées sur le texte anglais ; - la note du traducteur-auteur qui rectifie ou précise le sens de certains mots-clé et de certaines notions. Au premier type de notes appartiennent celles qui se trouvent au chap. vi du livre II, où Constant explique la signification de deux lois anglaises : Misprison de trahison et Scandalum magnatum, absentes dans la législation française. «Le scandalum magnatum est une loi qui défend d'attaquer la réputation des Magistrats et des Pairs, et qui punit la calomnie dirigée contre eux beaucoup plus sévèrement que celle qui n'est dirigée contre les simples citoyens3.» Au début du chap. IV «Des Tests», du livre vi, Constant estime nécessaire de préciser, à l'aide d'une note, le sens du mot test, qui dans la législation anglaise revêt une signification particulière : «Test en anglais veut dire épreuve. L'on appelle ainsi les sermens auxquels on soumet quelques fonctionnaires publics, parce que ces sermens sont en effet un espèce d'épreuve de leurs opinions4.» 1 2
3 4
L, f 174r", variante, OCBC, t. Il,2, p. 1141. Notre introduction étant centrée sur le remaniement formel, nous n'étendons pas notre analyse à d'autres exemples et à l'approfondissement des contenus de la partie politique. LP125V 0 , OCBC, t. il,2, p. 1031. Lf° 409i", OCBC, t. ll,2, p. 1300.
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Ce sont toutefois surtout les notes du deuxième et du troisième types qui méritent d'être analysées. La plupart d'entre elles sont accompagnées d'un jugement de valeur - en italique dans les exemples - ayant la double fonction de justifier l'intervention et de marquer la distance qui sépare Constant de Godwin. Les notes du traducteur-remanieur sont au nombre de deux, elles portent sur l'aspect formel du texte, se rapprochant ainsi des considérations du même type que Constant expose dans les essais sur Godwin. Au début du livre V «Des pouvoirs législatif et exécutif» se trouve la note du traducteur citée plus haut : «La distribution de l'ouvrage devient ici singulièrement fautive. Au lieu d'approfondir les principes des divers gouvernements l'auteur se perd dans des observations souvent triviales sur l'éducation du prince, et la corruption des cours. Je n'ai pas cru, néanmoins, devoir retrancher les 5 ou 6 chapitres qui suivent...1.» La deuxième note de ce type se trouve dans le chap. VI du livre il, devenu chap. I du livre III lors du remaniement : «La nécessité d'être clair m'a obligé de transposer tout le commencement de ce chapitre, l'un des plus intéressants de cette première partie de l'ouvrage de Godwin, mais en même temps celui peut-être dans lequel règne le plus de désordre. Comme j'ai rendu fidèlement l'expression de chacune de ses pensées, je ne crois pas qu'on me fasse un crime d'avoir changé quelque chose à la distribution des phrases : et j'ai supposé que ce qu'il importait le moins de transporter dans ma traduction c'était Y obscurité de l'originaP.» Au-dessus de cette note, Constant colle un morceau de papier sur lequel il réécrit le texte : «La nécessité d'être clair m'a forcé de transposer le commencement de ce chapitre, et la crainte d'être ennuyeux m'a engagé à retrancher plusieurs paragraphes, vers la fin. Je crois cependant avoir rendu fidèlement le sens de l'auteur. J'y ai apporté d'autant plus de soins que dans ce chapitre au milieu de développements trop longs et de digressions inutiles, il y a un grand fond de vérité dans les principes et de nouveauté dans les idées 3 .» Libéré des scrupules qui l'ont poussé à écrire cette note, ou effrayé par le nombre de remarques semblables dont il aurait dû parsemer le texte, Constant finit par la supprimer. Mais, soit gardées, soit supprimées, ces notes concordent parfaitement avec les critiques adressées à Godwin dans les essais et restent dans la ligne du remaniement de la structure.
1 2 3
L, F 174r°, variante, OCBC, t. Il,2, p. 1141. L, f° 119v°, OCBC, t. ll,2, pp. 1397-1398, «Dernière version». L, F 119v°, variante, OCBC, t. ll,2, p. 1397.
Introduction
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Le troisième type de notes - celles du traducteur-auteur - est très intéressant parce qu'il constitue une sorte de dialogue opposant Constant à Godwin de manière explicite et parfois polémique. Ce notes sont beaucoup plus nombreuses que les précédentes : on en compte une vingtaine. Constant y précise ou rectifie le sens des termes qui, selon lui, ont été employés de façon impropre par l'auteur anglais, relève des contradictions, ajoute des notions théoriques. Un exemple se trouve au chap. iv «De l'égalité» du livre n. A la suite de la première phrase : «L'égalité de l'espèce humaine est ou physique ou morale», Constant ajoute la note suivante : «L'auteur ne s'est pas exprimé ici avec une exactitude suffisante. Les deux espèces d'égalité qu'il va décrire, ne devaient pas être désignées, l'une sous le nom d'égalité physique, l'autre sous celui d'égalité morale. Ce qu'il appelle égalité physique est à proprement parler l'égalité individuelle ou d'homme à homme ; car il comprend sous le nom d'inégalité physique l'inégalité des facultés de l'esprit. Ce qu'il entend par égalité morale, c'est l'égalité légale, ou le droit égal de tous à être jugés par les mêmes lois. Je ne me suis pas cru autorisé à changer une terminologie qui se prolonge dans le reste de l'ouvrage, et j'ai pensé qu'il suffirait d'avertir le lecteur de cette confusion de mots1.» Nous trouvons également trois notes de philosophie politique étayant les idées de Constant, comme au chap. I du livre m, relativement au contrat social (dont il nie l'existence antérieure à toute société) 2 et au chap. XIV du livre V, dans lequel il s'exprime en faveur de la démocratie contre l'aristocratie. A la fin de cette dernière, on relève une allusion à la Terreur dans laquelle Constant attribue la responsabilité des persécutions populaires à la Convention, ne voyant dans le peuple qu'un instrument passif d'un gouvernement perverti : «La défiance et la fureur populaires ne sont dangereuses la plupart du temps que parce que la force du gouvernement vient la seconder. Le peuple est facile à ramener, lorsqu'une autre puissance que la sienne ne transforme pas ses premiers soupçons en arrêtés et en lois. Ce qu'on reproche à la liberté est le plus souvent l'effet d'une restriction mise à la liberté. Pourquoi la défiance et les persécutions populaires furent-elles si terribles sous le régime de la terreur ? C'est qu'une assemblée, qui, certes, n'était pas le peuple, tenait registre de ses fureurs les plus passagères pour en former un code de sang. Encore voit-on sans cesse des sociétés populaires exprimer des sentiments de pitié que repoussait le gouvernement d'alors : et Robespierre se plaignait souvent de la difficulté qu'on rencontrait à colèrer les sans-culottes3.» 1 2 3
L, f 92v° -93r°, variante, OCBC, t. il,2, p. 1110. L, f 137r°, variante, OCBC, 1.11,2, p. 1045. L, f 289v° -290r°, variante, OCBC, t. II,2, p. 1223. Italique de Constant.
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Par contre, Constant traduit, mais ensuite supprime, l'allusion que Godwin fait à la Révolution française dans une note du chap. xvi «Des causes de la guerre». L'auteur anglais y critique la décision de la Convention de déclarer la guerre : «Il ne sera peut-être pas déplacé de présenter ici l'opinion d'un observateur impartial sur la légèreté avec laquelle cette nation [la France] s'est engagée souvent dans des mesures extrêmes. En consultant la politique on pourrait douter que sans leur précipitation les Français eussent eu contre eux une confédération de tous les roi d'Europe ; et l'on pourrait leur demander quelle sorte d'impression ils croient avoir faite par leurs violentes hostilités sur les esprits des autres puissances1.» Dans certaines notes, plus techniques, Constant précise les implications du raisonnement passées inaperçues aux yeux de Godwin. Par exemple au chap. vu «Des constitutions» du livre vi : «Une loi réglementaire, punissant de mort tous ceux qui rejetteraient la doctrine de la transsubstantiation serait plus funeste au bien public, que la loi constitutionnelle qui prolongerait ou abrégerait la durée des fonctions représentatives». Après le mot transsubstantiation, Constant ajoute la note suivante : «Une loi réglementaire de cette espèce serait impossible avec de bonnes lois constitutionnelles, puisque l'un des premiers articles d'une constitution libre serait l'exclusion de toute domination religieuse ou d'opinion. L'exemple que l'auteur choisit ici tourne contre lui-même et prouve la nécessité d'une constitution. Il faut des lois constitutionnelles, précisément pour nous préserver de semblables lois réglementaires2.» Une note illustrant bien l'attitude de Constant vis-à-vis de l'ouvrage de Godwin est insérée dans le chap. XXII «De l'histoire future des sociétés» du livre V, où Godwin fonde ses prévisions sur les effets de la perfectibilité : les guerres entre des peuples éclairés deviendront un non-sens, tous les peuples se réuniront dans une grande République, le gouvernement ne devra plus s'occuper de réprimer et de punir les individus parce que «en admettant que la nécessité de faire poursuivre le criminel par le châtiment de son crime existe aujourd'hui, cette nécessité cesserait bientôt. Les motifs de mal faire seraient rares, [...] ce but [la répression] serait rempli par la surveillance mutuelle de tous les citoyens l'un sur l'autre. [Le criminel] serait ramené à la vertu par une force non moins irrésistible que les supplices ou les cachots.» Constant insère la note suivante : «L'on s'aperçoit ici du défaut particulier à Godwin, d'une espèce de vague dans les idées, et d'une
1 2
L, f° 313v°, OCBC, 1.11,2, p. 1239. L, F 438r" et v°, variante, OCBC, t. Il,2, p. 1318.
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tendance à se laisser entraîner, dans ses espérances d'amélioration pour l'espèce humaine, à des développements (qui ne reposent sur aucun fait, et qui donnent a ses recherches et à ses opinions une apparence romanesque qui les décrédite) romanesques qui décréditent ses opinions 1 .» Il est intéressant de remarquer combien cette note est proche d'un fragment que Constant a inclus dans les «Œuvres manuscrites» de 1810 : «Godwin, Priestley, Price, Condorcet, Hirgot se sont laissés emporter dans leurs conjectures sur le perfectionnement de l'espèce humaine, à je ne sais quel besoin de décrire ce qu'ils ne devaient que pressentir. Ils ont tenté de détailler des découvertes qui n'étaient pas faites ; et frappés de plusieurs inconvénients moraux et physiques dont le remède nous est encore inconnu, ils ont voulu devancer le temps, qui seul nous pourra l'indiquer. Ils ont donné des grands avantages aux partisans des abus, qui ne demandent pas mieux que de peindre comme des visionnaires ceux qui prédisent leur destruction 2 .» Cette note a été reprise pratiquement inchangée dans les essais publiés en 1817 et en 1829 : «Godwin s'est laissé emporter dans ses conjectures sur cette matière, par le besoin de décrire ce qu'il ne devait que pressentir. Il a tenté de détailler des découvertes qui ne sont pas faites ; et frappé de plusieurs inconvénients moraux et physiques, dont le remède nous est encore inconnu, il a voulu devancer le temps, qui pourra seul nous l'indiquer 3 .» Tout en offrant un bon exemple de sa manière de travailler sur fiches, la succession chronologique de ces trois citations nous démontre une attitude cohérente et fondamentalement opposée aux idées utopiques de Godwin. La transformation de la structure, ainsi que toutes les autres formes de remaniement, relèvent d'une opposition entre deux conceptions du monde dont le point de départ est le même, mais dont les conclusions sont différentes. Tant Godwin que Constant croient à la doctrine de la perfectibilité, mais Godwin - en moraliste et utopiste - privilégie le pouvoir moral de la vérité dont l'action naturelle sur les hommes portera à l'abolition de toute institution politique ; tandis que Constant - plus réaliste - recule devant l'utopie, récuse l'application stricte des principes moraux et met en exergue l'aspect
1
L, f* 362v°, variante, OCBC, 1.11,2, p. 1269. La citation est tirée des Fragmens d'un essai sur la perfectibilité de l'espèce humaine. Il s'agit d'une série de notes (les fiches dont il a été question plus haut) numérotées 1-26, dont quatre ont été utilisées par Constant dans la composition du chapitre «Pensées Détachées», inclus dans les Mélanges de littérature et de politique de 1829. Les Fragmens ont été édités dans Justice politique, pp. 363-373. La citation est tirée de la p. 363. 3 Godwin (1817), p. 1425 ; Godwin (1829), p. 1433.
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pratique de la doctrine, qui se concrétise dans l'organisation d'un pouvoir limité des institutions politiques. La traduction devient un terrain d'affrontement entre deux positions proches mais irréductibles, qui donne lieu à un ouvrage composé, malgré les frictions, à quatre mains. Si Constant avait conçu une traduction intégrale, accompagnée d'un commentaire pour exposer ses opinions, il aurait probablement pu la publier : du moins sa position aurait-t-elle été claire et défendable. Par contre, dès qu'il commence à porter atteinte au texte et qu'il le manipule, il prive Godwin de son entière paternité pour en assumer, malgré lui, une partie. La dernière tentative d'introduire des notes du traducteur ne permet certainement pas à Constant de mettre une distance entre lui et ce texte dont il ne partage pas complètement les thèses mais qu'il a désormais marqué de son empreinte. Nous pensons que c'est surtout cette collaboration téméraire, engendrant un texte hybride, qui a obligé Constant à renoncer à une publication par ailleurs difficilement soutenable dans le contexte politique du moment.
Etablissement du texte Manuscrit : De la justice politique [Recherches sur la justice politique] Une liasse formée de cahiers et de feuilles, 613 f° a. et de la main de trois copistes, 21 x 17 cm en moyenne. Pagination multiple et non continue. Grande marge sur la moitié gauche de la page, sauf aux f° 1-15, 588-591, 613 où la marge est étroite. BCU, Fds Ct II, 34/7 Hofmann, Catalogue, 1/41 Note 46 du manuscrit Ct II, 34/7 1 P , 2 p. a., 20 x 15,5 cm, paginées 57 et 58, marge de 4,5 cm à gauche. La fin de la note précédente est biffée. Sur la p. 58, nombreux calculs et deux petits dessins de visage. BCU, Co 3422bis Hofmann, Catalogue, II/51 L. S.
Recherches sur la Justice politique
Préface
929
[Préface]
[...l1
1
Le texte de la Préface se trouve dans la section : «Dernière version», pp. 1381-1384. Voir Introduction, p. 908.
Livre I, Chapitre I
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Livre Premier1. de l'Importance des Institutions politiques.
p 33r°
Chapitre Premier. Introduction. Exposition du sujet - Sistême d'indifférence - Sistême d'obeissance
5
passive - Sistême de liberté - Extension du Système de liberté. Exposition du sujet2. L a question qui se présente la première dans un ouvrage sur les institutions politiques, c'est l'importance du Sujet, personne ne met en doute que le bonheur de l'espèce humaine ne soit le but essentiel de toute Science ; &
Etablissement du texte : Manuscrits : BCU, Fonds Constant II, Co 34/7 [L] ; Co 3422bis [L2] ; BN, N.a.fr. 14360 [W] ; 14361 [P2] ; 16362 [Pi] ; (accord de PI, P2 et P3 = P). Imprimés : William Godwin, Art Enquiry Concerning Political Justice, and its Influence on General Virtue and Happiness..., London, G. G. J. and J. Robinson, Patemoster-Row, 1793, 2 vol. [G] ; Enquiry Concerning Political Justice, and its Influence on Morals and Happiness..., 2nd edition, London, G. G. and J. Robinson, Patemoster-Row, 1796, 2 vol. [G2], 1/1-1/3, L P 33r°-36v°, PI P 85r°-86v°, G pp. 1-4. 1-7 Livre premier ... sujet. ] titres et sous-titres sont supp. et remplacés par Chap. 3. de l'importance des Institutions politiques. 9 c'est ] corr. de est 10-p. 932.3 & que ... momentanées. ] supp. 1
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La traduction du livre I «Of the Importance of Political Institutions», chap, i «Introduction» est contenue dans quatre feuilles détachées (P 33P-36v°) qui faisaient anciennement partie d'un cahier cousu. Dans l'angle gauche, en haut du P 33P, on lit : (de l'Original Anglais, pages 1-4). Au-dessous, on lit le sous-titre : Exposition du sujet qui, probablement placé au mauvais endroit, est biffé et réécrit plus bas. A côté de : Livre Premier, sur la droite, on trouve : (en tout 8 chap.) biffé par la suite. Paginations : pagination en chiffres arabes ; foliotage en nombres ordinaux en toutes lettres: P33r°: 1"\ 13; septieme biffé - P 3 3 v ° : 14 - P 3 4 P : 15; huitième biffé P 34v° : 16 - P 35r° : 17 ; neuvième biffé - P 35v° : 18 - P 36P : 19 ; dixième biffé P 36v° : 20. Ecriture : autographe. Titres et sous-titres : traduits et biffés. Au dessus de Livre premier on lit le titre de l'ouvrage : Recherches sur la justice politique corrigé par la suite en : De la justice politique. Le titre du livre devient le titre du chapitre et les sous-titres, ajoutés dans un deuxième moment, sont biffés par la suite. A gauche de ce sous-titre, on voit la marque du mot Noël écrit, peut-être, au crayon et ensuite effacé. On retrouve la même marque au P 31, voir n. 1, p. 938.
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que le bonheur ou le plaisir moral ou intellectuel ne soit singulièrement préférable aux jouissances physiques, qui sont de leur nature, précaires & f° 33v° momentanées, pour parvenir à ce | but on a proposé diverses méthodes, si l'on prouvoit qu'une bonne institution politique est de toutes la plus efficace, pour [assurer] le bonheur individuel, & qu'au contraire un système 5 erroné & corrompu de gouvernement est l'obstacle le plus insurmontable au perfectionnement de notre espèce, il s'ensuivroit que la politique est l'objet le plus important des méditations humaines. Système d'indifférence Mais les opinions des hommes ont été divisées sur ce point, plusieurs ont 10 affirmé que les différens dégrés d'excellence attribués aux différentes forp 34r° mes de gouvernement étoient plutôt imaginaires que réels : que tous | les gouvernemens etoient suffisamment bons pour les grands objets d'administration générale ; & que ce n'étoit ni un devoir ni un signe de prudence dans un individu honnête & industrieux que de s'occuper d'interets si étrangers à 15 la sphère de son industrie.
f°34v°
Système d'obéissance passive. Une seconde classe, en adoptant les mêmes principes, a cru devoir en varier la forme, regardant tous les gouvernemens comme à peu près égaux en mérite, elle a considéré l'anarchie comme le seul fléau politique qui dut 20 exciter nos alarmes, & s'est déclarée sans distinction l'ennemie zélée & l'implacable adversaire de toute innovation quelconque. Ni l'une ni l'autre de | ces classes, en conséquence, n'a fait de la politique une Science plus intéressante que les autres. Système de liberté. 25 Mais les partisans de ce que l'on a appellé liberté politique ont toujours été nombreux. Ils ont placé cette liberté dans deux articles, la sûreté de la
3 à ce but on ] partiell. biffé et corr. en (au [ moral]) à ce but l'on 4 - 5 qu'une bonne ... un système ] partiell. biffé et corr. en que de toutes (les) ces méthodes une bonne institution politique est la plus efficace, (qu elle seule [assurera] le bonheur individuel) & qu'un système 9 Système d'indifférence ] supp. 10 Mais ... point ] partiell. biffé et corr. en Cependant les opinions ont été divisées a ce sujet 15 honnête & industrieux ] biffé 16 la sphère ... industrie. ] biffé et corr. en sa sphère naturelle. 17 Système ... passive. ] supp. 18 classe] après d'hommes ajouté 22-24 Ni l'une ... autres. ] d'abord corr. en Ni l'une ni l'autre de ces classes d'hommes, en conséquence, n'a considéré la politique que come une Science plus intéressante que les autres, ensuite supp. 25 Système de liberté. ] supp. 26-27 Mais ... placé ] partiell. biffé et corr. en Les partisans de ce que l'on a appellé liberté politique forment la troisième classe, ils ont toujours été nombreux. Ils placent 27 sûreté ] avant ce mot liberté de la p biffé sur la même ligne.
Livre /, Chapitre 1
933
personne, & la sûreté de la propriété, ils ont pensé que ces avantages ne pouvaient être garantis que par l'administration impartiale de loix générales, & que pour donner a une pareille administration la stabilité nécessaire, il falloit revêtir le peuple entier de la puissance de la préserver de toute atf 35r° teinte, ils ont tous reclamé un dégré plus ou moins grand d'égalité entre | les membres de la communauté, & ils ont senti que cette égalité étoit enfreinte ou menacée par des taxes oppressives, & par les prérogatives & les privilèges de la Royauté, ou de l'Aristocratie. Mais quelque zèle qu'ils aient mis dans leurs réclamations, ou quelqu'étendue qu'ils aient donnée à leurs demandes, ils paraissent s'être rapprochés des deux premières classes, en n'attachant à la politique qu'une importance secondaire, & en ne lui attribuant qu'une influence indirecte sur le perfectionnement moral, leurs efforts semblent avoir été motivés, bien plus par l'instinct de la justice & l'indignation contre la servitude, que par P 35v° une persuasion | réfléchie de la liaison intime de toutes les parties de l'ordre social, soit dans ses rapports les plus simples, comme le commerce des individus entreux, soit dans ses relations les plus compliquées, comme les Institutions des corps politiques". Extension du Système de liberté.
Il est cependant raisonnable, peut être, d'examiner si cette science de la politique n'est pas un peu plus importante que ne1 l'ont soupçonné tous ces " Ces remarques s'appliquent à tous les Auteurs Anglais sur la politique, depuis Sydney & Locke jusqu'à l'auteur des droits de l'homme. Rousseau & Helvétius ont considéré cette matière sous un point de vue plus étendu2. 1-2 ils ont pensé .... pouvaient ] partiell. biffé et corr. en ils pensent que ces avantages ne 4-5 il falloit ... réclamé ] partiell. biffé et corr. en il faut placer dans le peuple peuvent entier les moyens de la préserver de toute atteinte, ils reclament tous 4 la préserver ] avant ces mots s'op biffé sur la même ligne 6-7 la communauté ... oppressives, & ] partiell. biffé et corr. en l'association, & ils regardent cette égalité comme enfreinte ou menacée 9 Mais ... 10 aient donnée ] aient mis ] partiell. biffé et corr. en toutefois quelque zèle qu'ils mettent corr. en donnent s'être rapprochés ] corr. en se rapprocher 13 avoir été ] corr. en être 19 Extension ... liberté. ] supp. 20-21 de la politique ] biffé et corr. en d'organisation sociale 22 Ces ] avant ce mot note ajouté Sydney ] avant ce mot Siden biffé sur la même ligne. 24 étendu ] après ce mot, note de l'auteur anglais, ajouté. 1
2
Ne est entouré par un crochet au crayon, qui renvoie à un mot écrit dans la marge, à moitié effacé et illisible. Même note au f° 10v°. Elle a été reprise par Godwin lors de la 2e édition et, étant donné que BC traduit les chap. I de la 1™ et de la 2e édition, il la traduit deux fois. A l'occasion de la relecture de la mise au net du manuscrit, BC décide de supprimer cette deuxième occurrence, voir n. 1, p. 1389 et OCBC, 1.11,1, p. 77.
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Recherches sur la justice politique
raisonneurs. On peut, sans absurdité, mettre en question, si le gouvernement n'a pas des effets involontaires & accidentels, plus décisifs pour le bonheur de l'homme que son action directe & préméditée, le vice, par exemple, nait f> 36r" des motifs qui y portent, un bon gouvernement ne tend-il | pas à extirper ces motifs, un mauvais gouvernement à les multiplier ? Le vice est aussi un 5 résultat de l'erreur. Un bon gouvernement, en écartant toutes les entraves qui s'opposent au développement de nos facultés, tend à la destruction des erreurs : un mauvais gouvernement, en les protégeant, prolonge leur durée. Considérons notre sujet sous ce point de vue. Si nous parvenons à démontrer que l'importance de la politique est de cette nature & par conséquent 10 sans bornes, les Avocats de la liberté auront acquis un nouveau droit à se f° 36v° faire entendre, & ses adorateurs se livreront | avec d'autant plus d'ardeur à la recherche de ses principes.
1 On ] corr. en L'on 3-6 le vice ... l'erreur ] d'abord, le début est corr. en les vices, par exemple, naissent des tentations ensuite le passage est entièrement biffé et corr. en Le vice, par exemple, ne se multiplie que par la (multiplicité) fréquence des tentations, un mauvais gouvernement ne doit-il pas tendre à (les multiplier) (au) augmenter leur nombre ? un gouvernement sage à les (détruire) écarter ? l'erreur aussi est une source de vice. 5 est aussi ] avant ces mots dé biffé sur la même ligne 6 écartant ... entraves ] partiell. biffé et corr. en renversant toutes les barrières 10-11 que l'importance ... bornes, ] partiell. biffé et corr. en l'importance première & illimitée de la politique
Livre 1, Chapitre II
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[Chapitre II1] [Histoire de la société politique]
P I6r° [...] une constitution à l'Angleterre, mais nous fumes aussi tot engagés Etablissement du texte: 1/2-1/2, L P 12v°-18v°, 31r°-32v"; PI f ' 7 5 V - 7 W , 84i"-v°; G pp. 5-9, 10-11 ; G2 pp. 6-8, 12-13. 3 nous fumes ... engagés ] partiell. biffé et corr. en cette contrée fut aussi tôt plongée 1
La traduction du chap. Il «History of Political Society» est contenue dans neuf feuilles détachées (P 12v°-18v° et 31r*-32v°), elle est tirée tantôt de la 2e édition ( f 12v°-13r° et 18r°-v°), tantôt de la l re ( f 13v°-17v° et 31i"-32v°) et le dernier paragraphe manque. Les P 12v°-15v° lignés, sont écrits sur toute la largeur et une marge étroite est laissée à droite. Il s'agit des derniers folios qui remplacent la première traduction détruite (pp. 21-26 selon l'ancienne pagination en chiffres arabes), réécrits lors de la parution de la 2e édition de Godwin. Tandis que les f 16-17 et 31-32, qui ont échappé à la destruction, appartiennent à la première étape et leur traduction est tirée de la édition. La pagination en chiffres arabes nous permet de remarquer qu'au début, ces folios étaient consécutifs. Godwin borne le remaniement de ce chapitre à une addition initiale (pp. 6-7 du texte anglais), à une addition concernant la torture insérée dans le paragraphe «Pénal Laws» (pp. 12-13) et au remaniement des deux derniers paragraphes «Déduction» et «Enumeration of Arguments» qui vont sous le paragraphe «Despotism». BC traduit la première addition (P 12v°-13r°), recopie le début de l'ancienne traduction ( P 13v°-15v°), réutilise les feuilles rescapées de l'ancienne traduction (f 1 16r°-17vG), traduit la deuxième addition (P 18r°-v°) et ignore le remaniement final en réutilisant à nouveau l'ancienne traduction ( f 31-32). Vu le choix de ne donner que la première version de la traduction, nous reproduisons dans la section : «Dernière version» les parties tirées de la 2e édition ( P 12v°-13r° et 18 r°-v°) et la partie tirée de la 1 é d i t i o n , mais réécrite lors de la parution de la 2e édition, dont la première traduction a été supprimée ( P 13v°-15v°). Par contre, ici nous reproduisons la traduction correspondant à la toute première traduction ( P 16r°-17v° et 31r°-32v°). A la fin du P 32v°, sous la biffure, on lit le début du dernier paragraphe qui a été supprimé après la deuxième étape (paginations : 35-36 ; dix-huitième), tandis que le chapitre suivant, chap. m «The Moral Characters of Men Originate in their perceptions», qui ne comporte que la pagination en chiffres arabes (pp. 37-52), a été détruit après la première étape. Paginations et titres provisoires : pagination en chiffres arabes ; foliotage en nombres ordinaux en chiffres, foliotage en nombres ordinaux en toutes lettres et un foliotage ultérieur en nombres ordinaux en toutes lettres à partir du P 16. Cette dernière pagination n'apparaît qu'aux chap. il et au chap. v «L'influence des institutions politiques prouvée par des exemples» (P 19r°-30v°) ; elle appartient à une étape postérieure à la deuxième, et donc plus proche du remaniement final parce qu'elle comprend l'insertion du P 18, et parce qu'elle prévoit que le chap. V deviendra le chap. III. P 12v° : 10 ; Considérations sur la nature des bomes biffé - P 13r° : / / ; 13' ; de l'Autorité politique biffé - P 13v° : 12 ; Considérations sur la nature des bomes biffé - P 14r" : 13 ; 14' ; de l'Autorité politique biffé - P 14v° : 14 ; Considérations sur la nature des bornes - biffé P 15r° : 7 5 ; 15" ; de l'Autorité
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Recherches sur la justice politique
dans un état de guerre perpétuel avec le Continent, par Guillaume III, le Duc de Marlborough, puis Marie Thérèse & le Roi de Prusse. Causes de la guerre. Et pourquoi toutes ces guerres ? Qu'importoit à un Etre raisonnable lequel d'henry VI ou d'Edouard IV régneroit sur l'Angleterre ? quel Anglais pourroit [croire] son bonheur intéressé a ce que sa Patrie devint une dépendance secondaire de la france, ce qui ne pouvoit manquer d'arriver, si l'ambition d'Henry V, eut été couronnée par le succès ? Quoi de plus déplorable que de nous voir soutenant d'abord huit années de guerres pour empêcher la souveraineté de Marie Thérese d'etre diminuée ou cette princesse d'etre P I6v° chassée du throne, & huit années ensuite pour défendre l'Aventurier | qui avoit profité de sa faiblesse ? Les Causes ordinaires de la guerre sont parfaitement décrites par Swift. Quelquefois, dit-il, il s'agit de décider entre deux princes, lequel s'emparera des états d'un troisième, que, ni l'un ni l'autre ne prétend avoir droit de dépouiller, d'autrefois un prince en attaque un autre, de peur d'être attaqué par lui. ici l'on commence une guerre parce que l'ennemi est trop fort : là parcequ'il est trop foible. quelquefois nos voisins ont besoin de ce que nous possédons, ou possèdent ce dont nous avons besoin, & nous nous battons jusqu'à ce qu'ils ayent pris ce qui est à nous, ou nous ce qui est à eux. Rien
3 Causes de la guerre. ] supp. 5 - 6 pourroit ... devint ] partiell. biffé et corr. en aurait volontairement tiré l'épée pour rendre sa Patrie 9 nous voir ] partiell. biffé et corr. en voir ce peuple IX pour ... Aventurier ] d'abord corr. en pour défendre contre cette même impératrice l'Aventurier (couronné ) couronné ensuite corr. en contre cette même impératrice pour défendre l'Aventurier couronné 15 prétend ] corr. en prétendent 17 ici ] avant, trois lettres ill. biffées politique biffé - P 15v° : 16 ; Considérations sur la nature des bornes biffé - P 16r° : 27 ; quatorzième biffé ; Livre (II) 1 Ch. Il sixième biffé - P 16v° : 28 - P 17P : 29 ; quinzième biffé ; Liv. 43r° fut inventée une sorte | d'écriture approchant de la charade, dans d'autres occasions, lorsque le mot, quoique d'une seule syllabe étoit susceptible de composer deux sons, ils le divisoient de même, ce qui est un premier pas vers l'analyse alphabétique, quelques mots comme l'interjection ô ! ou la particule à, sont déjà des sons parfaitement simples & fournissent la première pierre de l'édifice, mais bien que nous puissions ainsi expliquer jusqu'à un certain point les commencemens d'un alphabet, la composition d'un alphabet complet n'en est pas moins, de toutes les inventions humaines, celle qui a du exiger la réflexion la plus persévérante, le plus heureux concours de circonstances, & la patience la plus éprouvée. Applications des exemples ci dessus.
Supposons maintenant l'homme en possession des deux premiers élémens f 43v° des sciences, | du langage & de l'écriture, suivons le dans ses developpemens progressifs, à travers la distance immense qui sépare Newton du grossier paysan, ou à travers une distance plus grande encore, car le paysan le plus ignorant d'une société civilisée est fort au dessus de ce qu'il seroit, s'il n'avoit profité sans s'en appercevoir lui même, des bienfaits de la littérature & des arts, contemplons la terre couverte des travaux de l'homme, de maisons, d'enclos, de moissons, de manufactures, d'instrumens, de machines :
23 composition ] biffé et corr. en formation 24 n'en est pas moins ] partiell. biffé et corr. en est peut être 27 Applications ... dessus. ] supp. 29 du ... l'écriture ] corr. en le langage et l'écriture 33 sans ] avant ce mot des bienfaits de la littérature biffé sur la même ligne 35 de machines : ] corr. en & de machines, (& embellie) & la société (embellie) enrichie
Livre /, Chapitre VI
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de tous les prodiges de la poésie, de la peinture, de la philosophie & de l'éloquence. f 44r° Quelle distance de l'homme dans cette situation | à l'homme dans son état primitif ! Qui pourrait contempler ce qu'il a déjà fait sans être vivement frappé de ce qu'il peut faire ? toutes les sciences sont susceptibles d'ac- 5 croissement, tous les arts d'amélioration, pourquoi la morale seule seroitelle exceptée ? pourquoi de tous les arts l'art social seroit-il le seul condamné à demeurer imparfait ? cette idée seule est un motif d'encouragement. Si un examen approfondi vient la fortifier, nous redoublerons de confiance & d'espoir, tel est l'esprit qui doit nous animer dans la recherche des vérités 10 politiques, regardons en arrière pour profiter de l'expérience acquise ; mais ne regardons pas en arrière comme si la sagesse de nos ancêtres avoit rendu f° 44v° impossible tout | perfectionnement futur.
7 - 8 le seul... encouragement. ] partiell. biffé et corr. en condamné seul à demeurer imparfait ? qui ne se sent enflamé par cette idée ? 13 futur. ] corr. de futur ?
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Recherches sur la justice politique
Chapitre VII1. Des objections tirées de l'Influence du Climat
f° 63r°
Partie I Des causes phisiques et Morales. Etat de la question - sensations et reflections - les causes Morales souvent confondues avec les causes phisiques - supériorité des premières prouvées par les Variétés des caractères des hommes - rareté de l'Influence des causes phisiques - enchainement & multiplicité des idées - Influence des causes phisiques dans l'enfance de l'esprit humain - Supériorité postérieure des causes Morales - objection tirée de l'effet des races chez les animaux - Conclusion.
5
10
f 63v° II2 y a certaines propositions qu'on peut également considérer comme des conséquences nécessaires des principes que nous avons établis, ou comme une source d'objections contre la validité de ces principes. Sous le l.er point de vue nous devons les exposer avec exactitude et clarté. Sous Le 2.d nous 15 leur devons un examen réfléchi.
Etablissement du texte : l/7pi-l/7, L P 63r°-73 v°, PI f> 100r°-102v°, G pp. 51-60. 1 - 2 Chapitre ... Climat ] d'abord VII est corr. en VI ensuite le titre est biffé et corr. en Chap. 7. Objections tirées de l'influence du climat. 3-p. 969.2 Partie I ... Par exemple, ] supp. 1
2
Cahier anciennement formé de douze feuillets cousus, réduits ensuite à onze (f° 63r"-73r°) contenant la traduction du chap, vu «Of the Objection to These Principles from the Influence of Climate», partie I «Of Moral and Physical Causes». De l'ancienne page de titre il ne reste qu'un onglet de trois cm où, à côté de la pagination du cahier on lit : (D., et au-dessous : (Renv mor. autographes. Le P 73v° est blanc. Paginations : pagination en chiffres arabes : f° 63r° : 1" sur l'onglet ; 127 - f° 63v° : 128 f 64r°: 129 - f 64v°: 130- P 6 5 r ° : 131 - f 5 65v°: 132 - f 66r° : 133 - P 6 6 v ° : 134 f 67r° : 135 - f 67v° : 136 - f° 68r" : 137 -F 68v° : 138 - f° 69r° : 139 - f 69v° : 140 f 70r° : 141 - f 70v° : 142 - f° 71r° : 143 - f° 71v° ; 144 - f 72r° : 145 - f 72v° : 146 F 73r° : 147 - f 73v° : 148. Ecritures : du copiste A, corrections autographes. Titres et sous-titres : quelques sous-titres ont été ajoutés par BC, ensuite, à l'exception du titre du chapitre, ils sont tous biffés. Sur la marge gauche, on lit : Livre I. chap. VII, indication biffée par la suite.
Livre I, Chapitre VII, Partie I
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Etat de la question.
Par exemple, on peut diviser en deux classes les causes qui semblent agir sur l'esprit humain. Je range dans la l.ere les perceptions qui deviennent un sujet de raisonnement, et un motif imédiat d'action ; et dans la seconde les f°64r° perceptions qui, n'agissant qu'indirectement, | impriment à l'ame une disposition générale, soit dans le sens de la force, du courage, et de l'activité, soit au contraire dans celui de la faiblesse, de l'indolence, et de l'apathie, conformément au système précédemment établi, les premières doivent seules être comptées pour quelque chose : les secondes étant, en comparaison si impuissantes et si subordonnées qu'elles ne méritent aucune attention, quelques raisonneurs néanmoins ne les ont pas regardées comme aussi peu importantes ; et il n'est pas inutile d'examiner leurs idées à ce sujet, et les motifs qu'ils ont allégués, pour accorder tant d'influence â la partie la plus f° 64v° inférieure de notre nature. | Les impressions qui affectent nos sens peuvent agir comme causes phisiques, ou comme causes morales, l'indisposition du corps agit sur l'ame comme une cause phisique. elle y répand la tristesse et la langueur, sans que notre esprit y ait aucune part. Les chatimens corporels agissent principalement comme une cause morale, car quoiqu'ils excitent immédiatement un sentiment douloureux, ils n'influent sur notre conduite, que conformément aux reflexions de l'esprit, converties en motifs d'action.
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Sensations et réflexions
C'est une recherche curieuse que d'examiner jusqu'à quel point ces deux f 65r° espèces de causes sont distinctes l'une de l'autre. | on ne peut nier que la sensation n'ait beaucoup d'influence. Elle est en possession de l'initiative ; c'est en elle que toutes les opérations intellectuelles dont nous avons 25 connoissance prennent leur origine & leur date, ses effets immédiats sur l'esprit précédent le plus souvent le choix de la réflexion. Dans quelques occasions nous pouvons prévoir l'impression qui doit se faire sur nos sens, et par conséquent y résister ; mais il y auroit contradiction à soutenir que cette prévoyance est toujours possible ; car la prévoyance est le fruit de la 30 réflexion. Causes Morales souvent c o n f o n d u e s avec l e s causes phisiques
Cependant, bien qu'on ne puisse prévoir les sensations, & par conséquent f° 65v° prévenir complètement leur effet, que dans quelques | circonstances parti-
3 perceptions ] biffé et corr. en impressions 4 - 5 les perceptions ] d'abord corr. en les impressions ensuite corr. en celles 5 - 6 disposition ] corr. de direction 8 premières ] biffé et corr. en (perceptions) impressions qui agissent d'une manière immédiate 9 secondes ... comparaison ] biffé et corr. en autres, étant comparativement 2 0 en ] corr. de aux 21 Sensations ... réflexions ] supp. 3 2 Causes ... phisiques ] supp.
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Recherches sur la justice
politique
culieres, cet effet est toujours en grande partie le produit de la reflextion et du choix 1 . J'eprouve une sensation douloureuse, et je me persuade, qu'il est plus prudent de me soumettre que de résister, un concours d'événements fâcheux m'accable et me rend triste, soucieux, et mélancholique, il me semble que tous mes efforts ne changeroient rien à ma situation, et ne seraient qu'un supplément de peine inutile : je reste dans l'apathie et l'inaction. Ma situation ne serait elle pas fort différente, si j'étais animé par des sentimens d'activité, d'industrie, et de courage ? on a dit qu'un jour de pluie f 66r° avoit suffi | quelque fois pour faire d'un brave homme un lâche ; l'influence de cette cause extérieure n'auroit-elle pas été facilement surmontée, si cet homme avoit refléchi plus sérieusement aux avantages de la valeur ? Si ce jour de pluie avoit été mis en balance avec le salut avec la gloire et la félicité de son pays ? de sa femme & de ses enfants, avec des recompenses glorieuses ? Une indigestion ou un mal de dent peuvent, nous dit-on, rendre un homme également incapable d'une reflection profonde et d'une action valeureuse ? ces deux incommodités tiendraient-elles longtems contre la nouvelle subite d'un bonheur inespéré ? Lorsque le corps souffre une opération douloureuse, & que l'ame f 66v° conserve toute sa fermeté, qui peut fixer le dégré de la souffrance éprouvée ? le langage d'anaxarque n'etoit il qu'une fanfaronade philosophique, lorsqu'il s'ecrioit : frappe, tyran : tu peux briser l'enveloppe d'anaxarque, mais tu ne peux toucher anaxarque même, qui peut apprécier la souffrance réelle de Mutius Scœvola ou de l'archevêque Cranmer, lorsqu'ils tenoient leur main étendue sur un brasier dévorant ? qui sait ce qu'endure le sauvage indien, lorsqu'il chante au milieu des tortures, et que ses sarcasmes amers provoquent ses bourreaux à des rafinemens de barbarie ? Il semble résulter de ces considérations que l'indisposition et la souff 67r° france | corporelle ne sont redoutables que du consentement de l'ame ; que nos relations avec l'univers matériel sont subordonnées à notre choix, que l'incapacité accidentelle de notre intelligence est principalement le produit des considérations morales, et qu'elle n'existe qu'en proportion que nous nous y prêtons volontairement. 1 toujours ] avant ce mot cependant biffé sur la même ligne 9-18 on ... inéspéré ? ] supp. 10 d'un ... lâche ] corr. en un lâche (1) d'un homme (1) brave (2) 13-15 avec ... glorieuses ? ] corr. en avec (1) le (2) salut (3) de (4) sa (5) femme (6) & (7) de (8) ses (9) enfants, (10) avec (11) des (12) recompenses ( 13) glorieuses (14) ? avec (15) la (16) gloire (17) et (18) la (19) félicité (20) de (21) son (22) pays (23) ? 15 Une ... peuvent ] biffé et corr. en une douleur violente peut 17 ces ... tiendroient-elles ] corr. en cette douleur tiendroit-elle 19 souffre ] biffé et corr. en subit douloureuse ] biffé et corr. en pénible 32 des ] corr. en de 33 volontairement ] après ce mot ([2.]) biffé 1
Ici, on trouve des guillemets fermant.
Livre /, Chapitre VII, Partie I
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Supériorité des premières prouvées par les variétés des caractères des hommes. Le héros d'aujourd hui peut, dit-on, devenir un lache par l'influence ou d'une indigestion, ou d'un brouillard, sans calculer jusqu'à quel point ce fait, s'il étoit vrai, serait d'une nature morale ou intellectuelle, examinons à 5 quel dégré un principe de cette espèce peut servir d'explication aux actions f°67v° humaines, nous avons déjà établi | comme une maxime fondamentale, qu'il n'y a point d'idées iñées. en conséquence, si les causes externes, telles que l'athmosphére, avoient sur les hommes une influence premiere, leurs caractères et leurs actions se ressembleroient beaucoup, le tems qui fait un lâche 10 de l'un doit agir de même sur l'autre ; et un brouillard pourrait mettre toute une armée en déroute. Il est vrai que cet accident serait balancé par l'impartialité du brouillard, qui produirait nécessairement le même effet sur les ennemis. Tout ce qui déroge à cette uniformité d'effets, et distingue constamment 15 le caractère d'un homme de celui d'un autre, doit être le produit d'une combinaison d'idées, mais la combinaison des idées est de la même nature f° 68r" que le raisonnement. | les principales, les plus nombreuses, et les plus durables de nos combinaisons sont intellectuelles, et non pas accidentelles, elles ont pour base les ressemblances des choses ou leurs différences in- 20 trinséques, non pas la chance accessoire et fortuite des époques et des lieux. Rareté de l'Influence des causes phisiques Dans le fait, loin d'agir fortement sur toute la masse des individus, l'influence de l'atmosphère n'en affecte qu'une très foible portion, la majorité est au dessus ou au dessous de ses atteintes, la constitution des uns est 25 toujours grossiere pour être affectée de ces changemens : l'intelligence des autres trop occupée pour avoir le loisir d'y faire attention, reste le petit f°68v° nombre | élevé de manière a le rendre susceptible d'une délicatesse excessive, & dénué de motifs pressants et continuels d'activité. Si l'on pretendoit que l'Influence du tems est à la vérité trop foible pour produire de grands 30 éffets, mais qu'il y a des souffrances véritables, aux quelles nul homme ne peut résister, on pourrait répondre que ces circonstances sont trop rares pour être confondues avec les principes du caractère des hommes, & que le Systeme qui détermine notre conduite part d'une source fort différente et
l - p . 973.13 Supériorité ... animaux ] supp. 11 et ] biffé 21 non pas ] biffé et corr. en & non 26 être affectée ] biffé et corr. en s'appercevoir 27 avoir] biffé et corr. en qu'ils aient 28 le ] corr. de les 29 dénué ] corr. de dénués 3 4 - p . 972.1 part ... réparait ] partiel!, biffé et corr. en vient d'une source fort différente et reprend sa force
972
Recherches sur la justice politique
réparait ordinairement lorsque la souffrance a cessé. Il n'y a pas de question f® 69r° plus intéressante que celle que nous traitons. Il s'agit de décider, | lequel agit le plus sagement, de celui qui se prescrit des régies de conduite, et cherche à fortifier son ame et a cultiver son esprit, ou de celui qui laisse tout aller au gré du hasard, comment pourrions nous n'etre pas frappés des avantages 5 que l'homme éclairé a sur l'homme inepte, ou ne pas voir que les points de leur ressemblance sont très peu de chose en comparaison de leur différences essentielles ? dans les occasions ou notre conduite est totalement dirigée par des impressions extérieures, nous ressemblons aux animaux, et nous en différons dans la combinaison de nos sensations, dans les comparaisons, les 10 préférences, et les jugemens. f 69v°
Enchaînement et multiplicité des idées Une seule sensation peut produire un grand nombre de réflexions différentes. supposons que la chose apperçue soit une substance matérielle qui ait des dimensions régulières. Je vois qu'elle a deux surfaces, l'une inférieure, 15 l'autre supérieure ; et je conçois par conséquent qu'on peut la diviser. Je puis en concevoir les parties se rapprochant ou s'eloignant l'une de l'autre, et j'acquiers ainsi la notion de la distance et de l'espace. Je puis les concevoir frappant l'une contre l'autre, et je me forme une idée de l'impénétrabilité, de la gravité, de la lenteur, de la rapidité et de la direction du mou- 20 f 70r° vement. supposons que la sensation soit une douleur de | tête, je réfléchis naturellement à ce qui peut en être la cause, au siège du mal, à la structure des parties qu'il blesse, aux suites qu'il peut avoir, aux remèdes qu'on peut y appliquer, et à leurs effets internes ou externes, intellectuels ou matériels.
Influence des causes physiques dans l'enfance de l'Esprit humain. 25 Supériorité postérieure des causes morales. Il est vrai que les enfants et les esprits dénués d'expérience sont incapables d'analyser ainsi les sensations les plus communes, et d'en tirer des inférences philosophiques, cette capacité suppose une longue suite de perceptions antérieures. l'Intelligence, durant son enfance, n'est guéres au dessus de ce 30 P 70v° que les philosophes que nous réfutons nous présentent, | la créature du hazard. mais en avançant elle s'individualise : chaque homme à des habitudes et des préjugés qui lui sont propres. Il vit dans un petit univers de sa création, plus ou moins rapproché de l'éternelle et immuable vérité, ces données établies, il leur compare les perceptions successives qu'il reçoit, il 35 en tire des conclusions, et elle[s] dirigent sa conduite, il s'ensuit évidemment que bien que les causes physiques aient quelque influence sur les 30 au dessus de ] biffé et corr. en autre chose que 31 nous présentent ] partiell. biffé et corr. en la représentent 34-35 ces ... leur ] biffé et corr. en il 37-p. 973.1 aient ... hommes ] corr. en ne soient pas sans influence
Livre I, Chapitre Vil, Partie 1
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hommes, cette influence se réduit à peu de chose, lorsqu'on la compare aux grandes et universelles opérations de la réflexion, nos préjugés, nos jugef°7lr° mens, la maniéré dont nous | saisissons la vérité, et dont nous cédons à l'imposture, constituent la véritable baze de la différence qui existe entre l'homme et l'homme, entre sauvage et sauvage, à la vérité, durant la pre- 5 mière génération de l'espece humaine, et dans une solitude entière, les différences [ne] pouvoient s'attribuer qu'aux différentes impressions produites sur les sens, mais cette différence devoit être presqu'imperceptible, les idées de sagesse et de folie, de vérité & d'erreur, ne seraient jamais entrées dans l'esprit humain, si les hommes réduits a l'instinct des animaux 10 f° 7lv° ne retiroient aucun fruit des réflexions | et des découvertes de leurs contemporains et de leurs ancêtres. objection tirée sur l'effet des races des animaux Ces observations peuvent servir de réponse â l'argument fondé sur la grande influence des causes phisiques sur les animaux. Les races, par example, 15 semblent être d'une très grande importance pour les chevaux et les chiens, pourquoi ne produiraient elles pas le même effet sur les hommes ? comment se fait il que les mêmes qualités se perpétuent dans les mêmes races, si on les cultive avec soin, tandis que le plus sage des hommes n'est jamais assuré de ne pas engendrer un sot ? 20 Je répondrai que l'influence des causes phisiques est incontestable, mais f 72r° que | dans l'espece humaine elle est surmontée par l'influence supérieure de la reflexion et de la science, tandis que chez les animaux rien ne sert à la balancer. Si l'on élevoit un certain nombre de nègres, séparément, en ne leur laissant de communication que celle qui serait indispensable pour la 25 propagation de leur espèce, ou même si les enfants, vivant ensemble, étoient privés de la connoissance des réflections et des idées de leurs pères, l'influence des races se ferait sentir chez eux, aussi fortement que chez les
3-11 cédons ... des réflexions ] partiell. biffé et corr. en repoussons l'erreur, constituent les différences qui existent entre ([...]) les hommes, sans doute, parmi des sauvages ou des individus isolés, ces différences ne pourraient s'attribuer qu'aux impressions diverses produites sur les sens, aussi seroient elles presqu'imperceptibles, les idées de sagesse et de folie, de vérité & d'erreur, ne sont entrées dans l'esprit humain que parceque les hommes s'élevant au dessus de l'instinct des animaux profitent des réflexions 14-15 peuvent... influence ] partiell. biffé et corr. en nous fournissent une réponse facile aux inférences qu'on voudrait tirer de l'influence 17 pourquoi ... même ] partiell. biffé et corr. en pourquoi produiraient elles un moindre 18-20 si ... sot ? ] partiell. biffé et corr. en pourvu qu'on les cultive avec soin, tandis que la sagesse des pères ne se transmet point aux enfans ? 20 engendrer ] biffé et corr. en être le pere d' 23 reflexion ] biffé et corr. en méditation 24 séparément ] biffé et réécrit après élevoit
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chevaux et les chiens, mais si l'on négligeoit les précautions nécessaires pour assurer leur isolement, ils recevroient, en communiquant avec leurs f 72v° parens et leurs voisins | plus ou moins civilisés, un nombre infini d'idées différentes, et le parallele n'existerait plus. Conclusion.
Tel est le caractère de l'homme, considéré comme individu, des causes extérieures agissent sur lui immédiatement et produisent des effets indépendants de l'exercice de la raison ; et d'autres causes extérieures agissent aussi sur lui, médiatement, en fournissant à la réflexion des matériaux qui lui servent de motifs d'action, mais chez l'homme civilisé les causes extérieures ou phisiques n'agissent que de la derniere de ces deux manières, celui qui voudrait changer le caractère d'un individu, se perdrait en efforts inutiles, s'il prétendoit y réussir par l'influence du chaud et du froid, de f 73r° l'humidité ou de | la secheresse. les véritables agens de l'influence morale, sont le désir et l'aversion, le châtiment et la recompense, la démonstration des vérités générales, et surtout le développement des recompenses et des chatimens que la sagesse ou l'erreur entraînent après elles par la nature même des choses 1 .
S Conclusion. ] supp. 1 les chevaux ] avant ces mots animaux biffé sur la même ligne 6-11 Tel ... manières. ] partiell. biffé et corr. en (de causes extérieures /na/ [...] 2 espèces agissent sur l'homme considéré dans sa nature) Deux espèces de causes extérieures agissent sur l'homme, les unes immédiatement, en produisant des effets indépendants de l'exercice de la raison ; les autres, (mais) médiatement, en fournissant à sa réfléxion des matériaux qui servent ensuite de motifs à sa volonté. Ces dernieres sont les seules puissantes chez l'homme civilisé. 16-17 recompenses ... chatimens ] partiell. biffé et corr. en peines et des plaisirs 1
Lors du dernier remaniement, le texte qui suit est biffé jusqu'au f 77r°. La phrase : L'influence des causes ... se rattache ici sans commencer un nouveau paragraphe, voir n. 1, p. 978.
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[Partie II]1 [Des caractères nationaux]
f° 74i°
[...] la 2 réponse â la question suivante - la liberté a-t-elle des avantages réels sur l'esclavage ? Si elle en a, nous devons nous servir, pour la recommander, de la methode que nous employerions, relativement à toute autre espèce 5 d'avantages. Si je voulois persuader à un homme d'accepter une grande Etablissement du texte : l/7pii-l/7, L f° 74^-83 v°, PI f 102v°-105v°, G pp. 62-70. 3-p. 978.8 la réponse ... en effet ] supp. 3-6 la réponse ... d'avantages. ] partiell. biffé et d'abord corr. en se réduit à cette question - la liberté a-t-elle sur l'esclavage des avantages réels ? Si nous adoptons l'affirmative, nous devons nous servir, pour recommander la liberté, de la methode que nous employerions, relativement à toute autre espèce d'avantages, ensuite biffé et corr. en que faut il pour établir la liberté chez un peuple ? lui démontrer qu'elle a sur l'esclavage des avantages réels. Or pour arriver à cette démonstration le même chemin nous est ouvert que pour arriver à toute autre. 6-p. 976.2 Si je ... inviter ] partiell. biffé et corr. en Si nous voulions persuader à quelqu'un de nos amis d'accepter une grande fortune, en supposant que la possession d'une grande fortune doive être considérée comme un bien, si nous voulions l'engager 1
2
La traduction du chap. vu, partie II «Of National Characters» est contenue dans un cahier anciennement formé de quatorze feuillets cousus, réduits par la suite à dix (P 74P-83v°), à cause de la destruction des deux premiers feuillets (1-2 ; 149-152 ; cinquante-cinquième et cinquante-sixième selon les paginations adoptées par BC), qui contenaient la traduction des pp. 60-61 du texte anglais ; c'est la raison pour laquelle le début du chapitre manque. Ce texte subit de nombreux remaniements dont le dernier intervertit l'ordre des paragraphes en déplaçant les quatre premiers à la fin du chapitre. Tout au long du texte, des signes au crayon indiquent les passages à réviser. Paginations : foliotage en chiffres arabes limité au cahier ; pagination en chiffres arabes ; foliotage en nombres ordinaux en toutes lettres : f 74P : 3 ; 153 ; Cinquanteseptième P 74v° : 154 - f° 75r° : 4 ; 155 ; Cinquantehuitième - f 75v° : 156 - f 76r" : 5 ; 157 ; Cinquante neuvième - P 76v° : 158 : 6 ; 159 ; Soixantième - P 77v° : 160 P 78P : 7 ; 161 ; Soixante et unième - P 78v° : 162 - P 79P : 163 ; Soixantedeuxième f° 79v° : 164 - f 80^ : 165 ; Soixantetroizième - f° 80v° : 166 - P 81P : 167 ; Soixantequatrième - f 81v° : 168 - f 82r° : 169 ; Soixantecinquième - f 82v° : 170 - P 83P : 171 ; Soixante sixième - P 83 v° : 172. Ecritures : du copiste A ; corrections autographes. Titres et sous-titres : le titre de la deuxième partie du chapitre et l'ensemble des sous-titres initial ont disparu avec la destruction des pages. Quelques sous-titres ont été ajoutés par BC, mais ils sont tous biffés par la suite. BC corrige à partir d'ici jusqu'à la fin du folio 77r°, ensuite il biffe le passage après l'avoir réécrit presque inchangé, à la fin du chapitre (P 82r°-83v°). Ici, et au P 82, les textes objet du déplacement : La réponse ... le soleil et la liberté, et que faut-il ... le soleil et la liberté. sont précédés par le symbole d'une croix inscrite dans un carré, voir n. 1, p. 982.
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fortune, en supposant que la possession d'une grande fortune soit un avantage réel, si je voulois l'inviter à faire choix d'une femme belle et accomplie, ou d'un ami sage sincère et courageux, si je voulois enfin le déterminer à préférer la tranquilité à l'inquiétude, et la jouissance à la douleur, que faudroit il de plus que lui faire considérer ces choses sous leur véritable P 74v° jour, et en rendre la différence sensible ? Seroit il nécéssaire de m'informer d'abord si le climat ou il a prit naissance est favorable à la possession d'une grande fortune, d'une belle femme, ou d'un ami généreux ? Les avantages de la liberté sur l'esclavage ne sont pas moins réels que ceux dont nous venons de parler, quoiqu'ils soient malheureusement moins palpables. Tous les hommes en ont une idée confuse, mais on les a accoutumés à croire qu'ils s'entre déchireraient, si ils n'avoient pas de prêtres pour diriger leurs consciences, des maitres pour veiller à leurs subsistances, f° 75r° et des Rois pour les mettre â l'abri du danger des orages | politiques. Mais quelques soient les préjugés et les terreurs qui les déterminent à se laisser lier les mains, et à se prosterner devant la Tyrannie, le raisonnement n'en doit pas moins décider la question. La vérité présentée dans toute son évidence, et par des gradations proportionnées a leur intelligence, détruira peu a peu les préventions les plus enracinées, que la presse s'introduise dans la Perse, ou dans l'Indostan, que les vérités politiques découvertes par les sages de l'Europe soient traduites dans la langue de ces contrées, elles feront inévitablement quelques prosélites. Le propre de la vérité est de se répandre, et sans le secours des grandes convulsions nationales ; chaque P75v° siecle voit | s'accroitre successivement le nombre de ses apôtres, les véritables causes qui retardent ses progrès ne dépendent point du climat, mais de la surveillance intolerante et jalouse des souverains despotiques.
S faire considérer ] biffé et corr. en présenter 6 - 8 jour ... généreux ? ] biffé et corr. en point de vue & ne regarderions nous pas comme un insensé celui qui prétendroit qu'un climat quelconque s'oppose à ce que l'évidence produise cette conviction. 9-11 Les ... palpables. ] partiell. biffé et corr. en Les avantages de la liberté sur l'esclavage ne sont pas moins réels bien que malheureusement ils soient moins palpables que ceux dont nous venons de parler. Il en est de même de la liberté. 11-12 accoutumés ] biffé et corr. en façonnés 13-14 leurs ... et ] biffé et corr. en leurs besoins & 14 mettre ... danger ] biffé et corr. en protéger Mais ] biffé et corr. en Cependant 17-18 toute son évidence ] biffé et corr. en tout son éclat 18 proportionnées ... intelligence ] biffé et corr. en convenables 19 la presse ] biffé et corr. en l'imprimerie 21 contrées ] après ce mot asservies ajouté 23-24 et sans ... apôtres. ] biffé et corr. en le nombre de ses Apôtres s'accroît successivement dans chaque siècle, même sans le secours des grandes convulsions nationales. 24 les ] corr. en Et les 26 souverains despotiques ] biffé et corr. en usurpateurs
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Développement de cette repartition. Supposons que la majorité d'une Nation soit enfin parvenue avec le tems a sentir les avantages de la liberté, ou ce qui revient au même, à concevoir la possibilité de l'établir, la situation seroit à peu près la même, que si nous supposions Dix à Douze mille hommes d'un jugement sain, renfermés dans un hôpital de fols, & surveillés par trois ou quatre gardiens, Ils ont été persuadés jusqu'ici (et quelle absurdité à été trop forte pour l'intelligence f 76r" humaine) que leur raison étoit aliénée et leur détention indispensable pour leur propre conservation, en conséquence ils s'étoient résignés à supporter les corrections, a se coucher sur la paille, a vivre de pain et d'eau, et ils bénissoient peut être cette odieuse Tyrannie, mais quelques uns d'eux soupçonnent à la longue l'imposture, cette idée se propage, ils réfléchissent, raisonnent et se communiquent leurs découvertes, a travers les fentes de leurs loges et dans les momens ou les surveillans leur permettent de causer ensemble ; enfin la majorité des détenus est convaincue de la supercherie dont ils sont victimes. f° 76v° Quelle doit être naturellement la suite | de ma découverte ? l'influence du climat empechera t elle les prisonniers de travailler à leur délivrance ? existe t-il un esprit assez borné, qui n'appercoit pas une vérité de cette espèce, lorsqu'elle lui sera présentée avec force, ou avec constance, ou qui considère une tyrannie pareille sans indignation ? les chaînes tombent d'elles mêmes lorsque le talisman de l'opinion est rompu, des que la majorité d'une société est décidée à se procurer un avantage, il n'y a nul bésoin de désordre ou de violence pour y parvenir, le difficile seroit de resister a la raison, et non pas d'y obeïr, les detenus sont rassemblés dans leur salle f il f commune, les gardiens viennent les | avertir qu'il est l'heure de regagner chacun leur cellule : mais il ne leur est plus possible de se soumettre. Ils voient l'impuissance de leurs anciens Tirans, ils sourient de leur presomp-
2 que ] après ce mot donc ajouté 4 situation ] après ce mot de ce peuple ajouté que si nous ] au-dessus, mot ill. caviardé 5 - 6 d'un ... gardiens. ] biffé et corr. en jouissant de leur raison, & qu'auroient renfermés trois ou quatre gardiens, sous le prétexte qu'ils sont en démence. 6 - 7 été persuadé ] biffé et corr. en cru 8 raison ... aliénée ] partiell. biffé et corr. en jugement étoit aliéné 9 conservation ] biffé et corr. en sûreté 9 - 1 0 en conséquence ... corrections,] partiell. biffé et corr. en ils s'étoient (1) resignés (1) en conséquence (2) à supporter les traitemens rigoureux 10 ils ] biffé 11 d'eux ] biffé et corr. en d'entr'eux 13 raisonnent... communiquent ] corr. en ils raisonnent, ils se communiquent 14-15 causer ensemble ] biffé et corr. en se réunir 15 supercherie ] biffé et corr. en fraude 19 qui n'appercoit pas ] biffé et corr. en pour n'appercevoir 20-21 ou ... pareille ] biffé et corr. en et existe-t-il un cœur assez [avili] pour l'appercevoir 2 4 - 2 5 le difficile ... obeïr ] partiell. biffé et corr. en la difficulté n'est pas d'obéir à la raison, mais de lui résister
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tion, et sortant paisiblement de la prison qui les renfermait, ils vont jouir des biens communs à l'espèce humaine, le soleil et la liberté. l'expérience est en faveur de ces argumens. Comparons cette théorie avec l'histoire du genre humain, si la théorie est juste, nous devons nous attendre à trouver, parmi les habitans de deux frontières voisines, la différence de caractère que produit celle du gouvernement, et peu de la conformité qu'on attribue a la ressemblance du climat. 77v° en effet les Gascons sont les hommes les plus gais de la france, | et sur le revers de la montagne, on rencontre partout le serieux des Espagnoles, les Athéniens étoient vifs, pénétrans, et ingénieux, les Thebains leurs voisins étoient au contraire lourds, grossiers, et taciturnes. On voit aussi chez les différentes races d'hommes entremêlées, mais gouvernées différemment, un contraste frappant, les Tbrcs sont braves, francs, et sincères ; les Grecs sont vils, lâches, et trompeurs, les tribus errantes, liées étroitement entre elles, et sympatisant peu de mœurs et de caractère, leur situation attire sur elles une attention particulière : les fautes de l'individu rejaillissent sur la masse, et 78r° leur conduite sera recommandable & modeste, a moins que l'opinion, en les flétrissant, ne leur ote l'espoir d'acquérir une réputation méritée, les Arméniens dans l'orient les Juifs en Europe, sont universellement distingués
3 est ] biffé et réécrit 4 - 8 Comparons ... effet ] partiell. biffé et corrigé d'abord en la cause morale la plus puissante est sans contredit le gouvernement, aussi [...] nous devons nous attendre à trouver parmi les peuples, toutes les différences de caractère qui peuvent provenir de cette cause sans aucune des conformités qui pourroient naître des causes phisiques. ensuite en L'influence 1 des causes physiques est démentie par l'expérience la plus évidente. | Nous ne trouvons chez les Peuples, aucune des conformités qui devraient en résulter. 8 - 1 9 et sur ... Arméniens ] partiell. biffé et corr. en les Espagnols qui habitent le revers des Pyrénées sont sérieux & phlegmatiques. les Athéniens étoient vifs, ingénieux (1), et pénétrans (2), leurs voisins de la Béotie étoient au contraire lourds, grossiers, et taciturnes. | les différentes races d'hommes vivant dans le même pays, mais sous des loix différentes, présentent un contraste (frappant) remarquable, les turcs sont braves, francs, et sincères ; les Grecs vils, lâches, et trompeurs, les tribus que des opinions religieuses ou d'autres causes séparent (avec) des naturels du pays, ont (doivent avoir une grande ressemblance) entr'elles une grande ressemblance. leur situation, qui les soumet à une surveillance particulière, & fait rejaillir sur la masse les fautes de l'individu, rend leur conduite reservée recommandable & modeste, a moins que les préjugés, en les flétrissant, ne leur otent l'espoir d'acquérir une réputation méritée. Ainsi les Arméniens 1
Ici, on trouve le symbole d'un E renversé indiquant que, suite à l'interversion et aux suppressions, la fin de la première partie du chap. VII ( f 73r°) se rattache à cet endroit, sans pour autant commencer un nouveau paragraphe, voir n. 1, p. 974.
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des peuples chez les quels ils résident, mais les Arméniens sont aussi renommés pour la probité, que les Juifs pour la fourberie, quelle ressemblance appercoit on entre les anciens Grecs et les Grecs modernes, entre les Romains et les Italiens de nos jours, entre les anciens Gaulois et les habitans de la france ? Diodore de Sicile réprésente les Gaulois comme des peuples singulièrement taciturnes, et Aristote prétend qu'ils sont les seuls peuples belliqueux qui attachent peu d'importance aux femmes. f° 78v° Si la Nature du climat contribuoit principalement a déterminer le caractère des nations, on pourrait s'attendre à voir le chaud et le froid produire sur les homes des effets aussi extraordinaires que sur les plantes et sur les Animaux : mais le contraire est prouvé par l'expérience. Suppose-t-on que la proximité du soleil rend les hommes vifs, ingénieux, et d'une imagination brillante ? mais les Persans, les Grecs, et les français ont été remarquables par leur gaïté, les Espagnols, les Turcs, et les chinois, par leur phlegme et leur froideur. Les anciens considéraient les peuples du nord comme incapables de cif 79r" vilisation et de science : les Anglais | modernes ont prouvé qu'ils ne cédoient à aucune Nation du monde en éminence littéraire. Soutient on que les peuples du Nord sont plus entreprenans et plus courageux, et que c'est toujours du nord au midi que s'étendent les conquêtes ? Il aurait été plus vrai de dire qu'elles ont presque toujours été faites par la pauvreté sur la richesse, les Turcs sortis des déserts de la Tartarie envahirent les fertiles provinces de l'Empire Romain et rencontrèrent au milieu du trajet les sarrazins qui avoient quitté leurs déserts non moins arides de l'Arabie avec la même intention. Il se peut que l'exces du froid ou de la 3 appercoit on ] biffé et corr. en peut-on trouver 4 anciens ] biffé 5 des peuples ] biffé 6 - 7 qu'ils ... femmes. ] pariell. biffé et corr. en qu'entre tous les peuples belliqueux, ils sont seuls indifférera à l'amour. 8-11 Si ... l'expérience. ] supp. 8-10 contribuoit ... que ] partiell. biffé et corr. en déterminoit le caractère des nations, la chaleur et le froid produiroi[en]t sur les homes des effets aussi extraordinaires comme 11-13 que ... français ] partiell. biffé et corr. en qu'un climat brûlant rend les hommes vifs, ingénieux, et d'une imagination exaltée ? les Persans, les Grecs, les français 15 froideur ] biffé et corr. en apathie 17-18 prouvé ... littéraire. ] partiell. biffé et corr. en prouvé qu'ils ne le cédoient en 19 du Nord ... plus ] partiell. biffé et corr. en valeur littéraire à aucune Nation du monde. septentrionaux sont les plus entreprenans et les plus 21 II ... dire ] biffé et corr. en on aurait pu dire avec plus de vérité 24-25 qui ... intention. ] partiell. biffé et corr. en que les mêmes motifs avoient chassés des déserts non moins arides de l'Arabie. 25-p. 980.7 II ... commence. ] partiell. biffé et corr. en (Les extrêmes influent peut être :) Les extrêmes sans doute ne sont pas sans influence [P 79v°] l'excès de la chaleur peut avoir causé l'infériorité des Negres : celui du froid la stupidité des lapons : encore doit on compter pour beaucoup la stérilité insurmontable du sol ou sa fécondité spontanée, & surtout l'absence de tout moyen d'amélioration morale car les causes phisiques ont incontestablement une grande puissance, jusqu'au moment ou (commence) l'action des causes morales commence.
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f° 79v° chaleur influe | sur le caractere des Nations par exemple, sur celui des Negres d'un coté et des lapons de l'autre : encore devroit-on, même dans ces deux cas, compter pour beaucoup l'influence d'une stérilité insurmontable ou d'une fécondité spontanée, d'ailleurs aucun rémede moral n'a été essayé jusqu'à présent et nous sommes déjà convenus que les causes phisiques ont une grande influence, jusqu'au moment ou l'action commune des causes morales commence 1 . Pretend-on que les peuples carnivores sont les plus courageux ? les Suédois dont le régime est frugal et économe occupent un rang distingué parmi f 80r" les nations modernes, pour leurs expéditions militaires2. On dit assez généralement que les peuples du Nord sont les plus adonnés au vin & ceux du midi aux femmes, en admettant pleinement la vérité de cette assertion, elle prouveroit seulement, que l'Influence du climat peut agir sur nos goûts ou nos appétits grossiers, et non sur les organes plus délicats qui dérivent des opérations de l'intelligence, mais on peut raisonnablement considérer la première de ces observations comme très douteuse, car il paroit que les Grecs aimoient passionnément à boire, la réputation de f" 80v° buveurs étoit en grand honneur chez les Perses | et avec des liqueurs on peut obtenir des Nègres jusqu'à leurs femmes et leurs enfants. Quand â la passion des femmes, on peut expliquer la différence par des causes morales, dans les pays très chauds, les deux sexes sont presque nuds, et la puberté y est plus hâtive, ces deux circonstances produisent la surveillance et la jalousie, qui augmentent l'impétuosité des Passions".
" (note de l'auteur anglais) La majorité des argumens cités dans les pages précédentes sont extraites de l'essai de Hume sur les caractères Nationaux. Vol. i." partie i. er|e| essai xxi.
8-p. 981.1 Pretend-on ... liberté ] supp. 9 dont ... économe ] biffé et corr. en qui vivent de grains & d'herbes 11-13 On ... assertion ] partiell. biffé et corr. en Affirmons nous que les peuples du Nord recherchent les jouissances de l'ivresse & ceux du midi les délices de l'amour ? admettant pleinement la vérité de ce fait 16 comme très ] biffé et corr. en est au moins 18-19 avec ... Nègres ] partiell. biffé et corr. en l'on obtient des nègres avec des liquers fortes 19-20 la passion ... différence ] biffé et corr. en l'amour, on peut expliquer l'influence des climats à cet égard 22-23 produisent ... qui augmentent ] biffé et corr. en & la contrainte qu'elles introduisent augmentent 1
2
Après ce mot, la lettre Y renvoie à la même lettre placée après le sous-titre Moyen d'introduire la liberté (f° 81r°) et indique au copiste que le passage compris entre les deux Y est supprimé. Après ce mot, le chiffre v est biffé.
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Moyens d'introduire la liberté
Le résultat de ces raisonnemens est de la plus grande importance, pour qui veut approfondir les principes du Gouvernement, quelques puissent être les découvertes humaines, en morale ou en politique, elles seront toujours très peu profitables, si, après avoir constaté les sources intellectuelles de la 5 sagesse et de la vertu, on admet un principe faux qui défigure toutes les conclusions. Il y a eu des auteurs, qui, en traitant du gouvernement, ont proclamé les bienfaits de la liberté, et les droits égaux de tous les hommes ; et qui n'en ont pas moins affirmé, que l'établissement du despotisme ou de l'aristocracie convenoient à des certains siècles et a quelques parties du 10 P8lv° monde, et devoient être | conservés avec des restrictions raisonnables. Un instant de réflexion fera totalement rejetter cette hypothèse ; peut on concevoir une situation qui rende l'ame humaine incapable de se servir de sa raison, ou une époque qui oblige de la mettre pour ainsi dire en 1 tutèle ? dans ce cas il faudrait au moins que les Tuteurs pourvussent à la subsistance 15 de leurs pupilles, comme à celle des enfans, sans exiger d'eux les efforts de l'industrie, dès que les hommes sont capables de remplir les premiers de-
3 approfondir les principes ] biffé et corr. en perfectionner la science 4-5 très peu profitables ] biffé et corr. en inutiles 5 sources intellectuelles ] biffé et corr. en principes etemels 6-11 on admet... raisonnables. ] d'abord les conclusions est corr. en les... ensuite, le passage est biffé et corr. en nous souffrons que toutes leurs conséquences soient défigurées par une erreur grossière et absurde, quelques auteurs, en traitant des institutions sociales ont proclamé les bienfaits de la liberté, et reconnu les droits égaux de tous les hommes ; et ces mêmes écrivains n'en ont pas moins affirmé, que l'établissement du despotisme ou de l'aristocratie convenoit à des certains siècles et a quelques parties du monde, (et devoit être conservé avec des restrictions raisonnables). 12-14 Un instant... tutèle ? ] d'abord corr. en Un instant de réflexion renversera cette hypothèse ; peut on concevoir (que) un état de l'espèce humaine qui la rende incapable de se servir de sa raison ? ensuite corr. en Mais quelles circonstances (donc rendent) peuvent donc rendre l'espèce humaine incapable de se servir de sa raison ? Quelle époque peut la condamner a se mettre pour ainsi dire en tutéle ? 15-17 dans ce ... industrie. ] d'abord, la fin du passage est partiell. biffé et corr. en d'enfans en bas âge, sans exiger d'eux ni le perfectionnement ni la fatigue du travail, ensuite le passage entier est supp. 17-p. 982.6 sont... immédiat. ] partiell. biffé et corr. en savent remplir les premiers devoirs de l'humanité, pourvoir à leur nourriture & se défendre de larigueurdes saisons, leur intelligence suffit pour tous les autres soins nécessaires à leur [f° 82r°J sûreté & à leur bien être, (pro) donnez leur une (constitution qui leur [...] procure une) une méthode simple & (intellegible de veiller à leurs interets) facile de veiller à leurs interets, de terminer leurs diffèrens, de conserver intact un sentiment convenable d'égalité (1), de fierté (2), d'indépendance, et pour résultat d'une institution pareille, vous aurez bientôt les lumières, la prospérité, la vertu. 1
Le copiste écrit : au tutèle et BC ne corrige pas la faute.
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Recherches sur la justice politique
voirs de l'humanité, dès qu'ils savent se garantir des invasions de la faim et se défendre de l'inclemence des saisons, il est évident que leur intelligence f° 82r° suffit pour tous les autres | soins relatifs a conduire leurs affaires, de terminer entr'eux leurs diffèrens, de conserver intact un sentiment convenable de fierté, d'égalité, et d'indépendance, et ne doutez pas que la vertu et la 5 prospérité n'en soient le résultat immédiat. Les 1 ennemis réels de la liberté, dans tous les pays, n'appartiennent point â la classe du peuple, mais aux classes supérieures, qui profitent du système 7-p. 983.7 Les ennemis ... parvenir. ] biffé et remplacé par Que faut il pour établir la liberté chez un peuple ? lui démontrer qu'elle a sur l'esclavage des avantages réels. Or pour arriver â cette démonstration, le même chemin nous est ouvert que pour arriver â toute autre. | Si nous voulions persuader â quelqu'un de nos amis d'accepter une grande fortune en supposant que la possession d'une grande fortune doit être considérée comme un bien, si nous [f 82v°] voulions l'engager â faire choix d'un amis sage â préférer la tranquillité â l'inquiétude & la jouissance â la douleur que faudroit-il de plus que lui présenter ces choses sous leur véritable point de vue ? Et ne regarderions nous pas comme un insensé celui qui prétendroit qu'un climat quelconque s'oppose â ce que l'évidence produise la conviction ? | Il en est de même de la liberté. Tous les hommes en ont une idée confuse : mais on les a façonnés â croire qu'ils s'entredéchireroient, s'ils n'avoient des prêtres pour diriger leurs consciences, des maitres pour veiller à leur besoin, & des Rois pour les préserver des orages politiques. | Cependant, quelques soient les préjugés & les terreurs qui les déterminent à se laisser lier les mains, & à se prosterner devant la tyrannie, le raisonnement n'en doit pas moins décider la question. La vérité, présentée dans tout son éclat, & par des gradations convenables, détruit peu à peu les préventions les plus enracinées, que l'imprimerie s'introduise [f 83r°] dans la Perse ou dans l'Indostan, que les vérités politiques découvertes par les sages de l'Europe soient traduites dans la langue de ces contrées asservies, elles feront inévitablement quelques prosélytes. Le propre de la vérité est de se répandre : le nombre de ses apôtres s'accroit successivement dans chaque siècle, même sans le secours des grandes convulsions nationales, & les causes qui retardent ses progrès ne dépendent point du climat, mais de la surveillance intolérante & jalouse des usurpateurs. | Supposons donc la majorité d'une nation parvenue a sentir les avantages de la liberté, ou, ce qui revient au même, a concevoir la possibilité de l'établir. La situation de ce peuple seroit à peu prés celle de dix a douze mille hommes, jouissant de leur raison, & qu'auroient renfermés trois ou quatre gardiens sous le prétexte qu'ils sont en démence, ils ont cru jusqu'à ce jour (& quelle absurdité fut trop forte pour l'intelligence humaine) leur jugement aliéné & leur détention indispensable pour leur propre sûreté, ils s'étoient résignés en conséquence a supporter les traitemens les plus rigoureux, & benissoient la main tyrannique qui leur infligeoit ces traitemens. Mais quelques uns d'entr'eux soupeonent l'imposture; cette idée se [P83v°] propagent) ; ils réfléchissent ils raisonnent, ils se communiquent leurs découvertes, â travers les fentes de leurs loges, & dans les momens ou leurs surveillans leur permettent de se réunir, enfin la majorité des détenus est convaincue de la fraude dont ils sont victimes. | Quelle doit être naturellement la suite de cette découverte. L'influence du climat empêchera t elle les prisonniers de travailler à leur délivrance ? Les chaines tombent d'elles mêmes lorsque le talisman de l'opinion est rompu. La difficulté n'est pas d'obéir à la raison, lorsquelle est connue ; elle seroit de lui résister, les detenus sont rassemblés dans leur salle commune : les 1
Ici, on retrouve la croix inscrite dans un carré, suivie de la transcription du texte biffé aux f 74r°-77r°, voir n. 2, p. 975.
Livre /, Chapitre VII, Partie II
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contraire, donnez de justes idées de la société aux membres qui reçoivent une éducation soignée ; présentez au peuple des guides et des instructeurs, et le reste ira de lui même, les changemens néanmoins ne doivent s'opérer f° 82v° que graduellement, | comme nous le dirons dans la suite, le mal ne consiste pas à tolérer quelques tems un mauvais gouvernement, mais à supposer 5 qu'une amélioration est impratiquable, et à négliger honteusement les moyens d'y parvenir.
gardiens viennent les avertir qu'il est l'heure de regagner chacun leur cellule, mais il ne leur est plus possible de se soumettre. Ils voient l'impuissance de leurs anciens tyrans : ils sourient de leur présomption, & sortant paisiblement de la prison qui les renfermoit, ils vont jouir des biens communs à l'espèce humaine, le soleil et la liberté. 1 contraire ] biffé et corr. en de la servitude la société ] biffé et corr. en l'ordre social 3 et ] biffé 4 graduellement ] après ce mot (et) & nous ne devons pas en exiger davantage ajouté S pas ] biffé et corr. en point 5 - 6 mauvais ... amélioration ] partiell. biffé et corr. en gouvernement (1) mauvais (2) [et] factieux mais à supposer que tout changement
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Recherches sur la justice politique
Chapitre VIII1 Objections tirées de l'influence du luxe.
p 84r°
L a question établie - source de l'objection - réfutation fondée sur la mutabilité des opinions nationales - sur la mortalité - sur la sympathie - sur la nature de la vérité - considérations sur la probabilité de la
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persévérance.
La question établie On oppose encore, aux principes que nous venons d'établir, une objection qu'on peut considérer comme une branche de celle que nous avons discutée, «les nations, dit-on, sont assujetties, comme les individus, a la succession de 10 f 84v° l'enfance et de la caducité ; et lorsque | un peuple est parvenu, par le luxe, ou par la coruption des mœurs, à la décrépitude, il est impossible aux institutions humaines de lui rendre de la vigueur ou de la pureté.»
Etablissement du texte : 1/8-1/8, L f° 84r0-89r», PI P 1 0 6 ^ 1 0 8 r°, G pp. 71-76. 1 VIII ] corr. en (VII) VIII 2 Objections ... luxe. ] partiell. biffé et corr. en (Objections tirées de l'influence de la molesse) Des objections tirées de l'influence du luxe. 3-7 La question établie ... La question établie. ] supp. 4 mortalité ] biffé et corr. en succession des générations 11-13 parvenu ... pureté.» ] corr. en parvenu, par la coruption (1) ou par le luxe (2), à la décrépitude morale, il est impossible aux institutions humaines de lui rendre de la pureté (1) ou de la vigueur (2).» 1
Cahier anciennement formé de huit feuillets, réduit à six (P 84r°-89v°), dont les P 84 et 85 sont détachés et les f 86-89 cousus, contenant la traduction du chap. vin «Of the Objection to These Principles from the Influence of Luxury». A gauche, à côté de l'indication de chapitre, on lit : (D. l'O. Ang. p. 71-76 autographe, et au-dessous : Livre I chap. VIII, indications biffées par la suite. Le f° 89v° est utilisé pour des calculs de la main de BC. Paginations : foliotage en chiffre arabes limité au cahier ; pagination en chiffres arabes ; foliotage en nombres ordinaux en toutes lettres : P 84r° : Ier ; 777 ; Soixante neuvième biffé - P 84v° : 178 - P 85P : 2 ; 179; Soixante et dixième biffé - P 85v° : 180 - P 86P : 3 ; 181 ; Soixante et onzième biffé - P 86v° : 182 - P 871" \4\183\ Soixante et douzième biffé - P 87v° : 184 - P 88r° : 185 ; Soixante & troizième biffé - P 88v° : 186 - P 89r° : 187 ; Soixante & quatorzième biffé - P 89v° : 188. Ecritures : du copiste A ; corrections autographes. Titres et sous-titres : traduits et, à l'exception du titre du chapitre, biffés.
Livre I, Chapitre VIII
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Source de cette objection Cette idée est en partie fondée sur les notions romanesques de la vie pastorale et de l'âge d'or, l'innocence n'est pas la vertu, la vertu consiste dans un zélé ardent et actif pour le bien général, [un] home ne peut être vertueux, s'il n'est accoutumé à de profondes et vastes méditations, il doit connoitre s tous les avantages d'une conduite desintéressée, et tous les moyens de produire ces avantages, l'ignorance et les habitudes étroites de la vie sauvage f 85r° ne ressemblent pas plus a la vertu, que la vanité, le luxe, et l'extravagance, quoi qu'elles soient peut-être moins malfaisantes, des individus, dont l ' e x treme sensibilité avoit vivement souffert de l'égoisme et de la dépravation 10 de leur siècle et de leur patrie, ont supposé une race plus pure dans les forets de la Norvège, ou dans les montagnes de l'Ecosse, cette supposition étoit le fait de la misantropie, et non de la philosophie, ou du raisonnement, la transition vers la sagesse, il est vrai, est plus facile à l'ignorance qu'au préjugé, et l'absence de la vertu est une situation moins fâcheuse que la 15 f° 85v° présence du vice. Il serait plus juste de comparer une nation | corrompue par le luxe, à un individu endurci dans l'habitude du mal, qu'à un homme que sa constitution épuisée entraine rapidement vers la tombe, mais au fond, ni l'une ni l'autre de ces comparaisons ne serait exacte ni équitable. Réfutation fondée sur la mutabilité des opinions nationales L e s opinions d'un peuple sont moins fines que celles d'un individu, elles
1 Source ... objection ) supp. 2 est ... fondée ] biffé et corr. en repose en grande partie 3 - 4 dans un ... actif ] partiell. biffé et corr. en en un zélé ardent et soutenu 4 - 6 [un] home ... avantages ] supp. 5 s'il n'est accoutumé à ] biffé et corr. en n'a l'habitude de 6 - 7 produire ] biffé et corr. en parvenir à 7 - 9 l'ignorance ... malfaisantes. ] partiell. biffé et corr. en les vues étroites de la vie sauvage (sont assez) ne sont pas moins éloignées de la vertu, que la vanité, le luxe, et la molesse, bien (que les premières) que peut être les premières soient moins malfaisantes. 9 - 1 3 des individu ... raisonnement. ] partiell. biffé et corr. en Quelques individus, dont l'ombrageuse sensibilité souffroit vivement de la dépravation de leur siècle et de leur patrie, ont supposé qu'une race plus pure existait dans les bois de la Norvège, ou dans les montagnes de l'Ecosse, (mais cette hypothèse étoit le fruit de l'impulsion) Ils suivoient, dans cette hypothèse l'impulsion de la misanthropie, et non le raisonnement. 13-16 la transition ... du vice. ] d'abord corr. en l'ignorance passe plus facilement à la sagesse que le préjugé ensuite corr. en Tout au plus auraient ils pu dire que l'ignorance (est) parvient à la sagesse avec moins de peine que le préjugé, et que (1) la (2) présence (3) du (4) vice (5) est (6) une (7) situation (8) plus (9) fâcheuse (10) que (11) l'absence (12) de (13) la (14) vertu (15). 16-19 II seroit ... équitable. ] d'abord corr. en II serait plus juste de comparer une Nation corrompue avec un individu vicieux qu'avec un malade épuisé, mais, au fond, les deux comparaisons seraient inexactes, ensuite biffé et corr. en Toute comparaison d'une nation avec un individu est nécessairement inexacte. 20 Réfutation ... nationales ] supp. 21-p. 986.1 sont moins ... opposent ] partiell. biffé et corr. en ne ressemblent nullement à celles d'un homme : (&) elles sont moins fixes : elles opposent
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Recherches sur la justice
politique
opposent à des efforts constans pour les rectifier, une résistence moins obstinée, les hommes, qui composent une nation, ne sont pas tous également si fermes dans l'erreur, il en est qui n'ont que peu de répugnance pour la vérité, ce nombre augmente constamment, chaque converti travaille à des 86r° conversions nouvelles, et à mesure que la proportion des | disciples de la vérité devient plus forte les maniérés d'attaquer les préjugés se varie[nt] et s'adapte[nt] à tous les caractères et à toutes les préventions. sur la succession des générations ajoutez à [cela] que les générations disparaissent, et que d'autres leur succèdent & que chaque génération naissante a moins de préjugés à détruire. Supposons qu'une nation, gouvernée despotiquement, reprenne sa liberté par une révolution, les enfans de la génération existante recevront des principes plus affermis de courage et d'indépendance. Ils remplaceront, par un jugement droit, et un caractère intrépide, la souplesse, la timidité, la dextérité vicieuse de leurs pères, et ce changement de mœurs, d'abord imparfait 86v° et partiel, sera le | siecle suivant, complet et sans mélange. sur la sympathie.
Enfin l'influence des institutions sociales est beaucoup plus capable de changer le caractère d'une nation, que tous les moyens qu'on pourroit emploïer sur les individus isolés, des hommes en masse, une fois éclairés et persuadés, agissent avec une vigueur que chacun d'eux n'auroit pas séparément. Ils s'animent mutuellement, et les forces réunies de l'exemple et la
3 si fermes ] corr. en affermis 2 hommes ... une ] biffé et corr. en membres d'une 4 augmente constamment] biffé et corr. en s'accroit sans cesse 5 - 7 et à mesure ... préventions. ] partiell, biffé et corr. en la maniéré d'attaquer les préjugés se varie à mesure que la proportion des disciples de la vérité devient plus forte : & bientôt il existe, (entre) pour tous les caractères, des moyens de persuasion & contre toutes les préventions, des modes d'attaque. 8 sur ... générations] le sous-titre est d'abord écrit par le copiste à côté de la phrase suivante Supposons qu'une ... ensuite il est biffé et déplacé à cet endroit par BC qui d'abord réécrit Sur la (mortalité) succession des générations et pour finir il le supp. 9 - 1 0 ajoutez ... moins ] partiell, biffé et corr. en ajoutez que les générations disparaissent, & que celles qui les remplacent ont moins 11-12 Supposons ... révolution. ] partiell, biffé et corr. en Supposez qu'une nation, gouvernée despotiquement soit ([...]) remise par une révolution en possession de sa liberté. 13-15 un jugement ... leurs pères ] partiell, biffé et corr. en la rectitude du jugement et l'intrépidité du caractère, la souplesse, la timidité, la dexterité vicieuse de la servitude 17 sur la sympathie ] supp. 18-20 Enfin ... isolés. ] partiell, biffé et corr. en l'influence des institutions sociales agit plus fortement sur le caractère national, que tous les moyens d'amélioration sur les caractères individuels. 2 1 - 2 2 agissent ... séparément. ] partiell, biffé et corr. en sont remplis d'une vigueur que n'auroit pas chacun isolé. 22 et les forces réunies ] partiell, biffé et corr. en la force
Livre /, Chapitre VIU
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crainte de la honte assurent leur perséverance. ce n'est plus une de ces circonstances ordinaires, ou l'on emploie pour dissiper l'erreur d'un individu, les simples armes de la raison. Il se trouve placé dans une situation f°87r° tout a fait nouvelle, ses anciennes habitudes sont rompues, | ses motifs d'action changés, au lieu d'etre ramené toujours au vice, par le retour de ses anciennes relations, il récoit de la société l'impulsion commune, des nouvelles idées se présentent, et l'attrait de la nouveauté contribue, avec la force de la vérité, à empêcher les hommes de retomber dans la langueur de l'indolence. sur la nature de la vérité La question peut se réduire a savoir, si la raison humaine est capable de discerner la vérité, & s'il peut exister une force suffisante pour faire comprendre aux hommes leurs véritables intérêts, ceci accordé, la conséquence est inévitable. J'ai déjà observé, que tout ce qui est politiquement juste ou F 87v° injuste, influe considérablement | sur le bonheur de la race humaine, tous les hommes conviendront, par exemple, que la monarchie a de très grands désavantages, elle agit d'après des informations incomplètes et insuffisantes ; elle produit l'intrigue, la corruption, l'adulation, la servilité, si l'on pouvoit prouver que ses avantages ne balancent point ses inconvénients, l'abolir n'entraineroit ni violence, ni anarchie, ni désordre, quelle est la nation, convaincue de ces vérités, qui voudrait rester soumise à la monarchie ? quel peuple, sur la face de la terre, supporterait les vexations abusives de son administration, les guerres qu'elle occasione, les dépenses qu'elle P88r" exige, s'il la regardoit | comme une escroissance, une maladie de l'ordre social !
3 II ] biffé et corr. en l'individu 4 tout a fait ] biffé anciennes ] biffé et corr. en vieilles 5 - 6 le retour ... commune. ] partiell, biffé et corr. en l'influence de ses relations (1) anciennes (2), ([...]) il récoit de la société l'impulsion commune (de la) de la vertu. 6 - 9 des nouvelles ... l'indolence. ] d'abord de l'indolence est corr. en & dans l'apathie ensuite, le passage entier est supp. 10 sur la nature de la vérité ] supp. 11-14 La question ... inévitable. ] partiell, biffé et corr. en si l'intelligence humaine est capable de discerner la vérité, s'il existe un moyen de faire comprendre aux hommes leurs intérêts (réels). La question n'est plus douteuse. 14-15 J'ai déjà ... humaine. ] partiell, biffé et corr. en tout ce qui est politiquement juste ou injuste, influe sur le Bonheur de notre espèce. Lorsque la justice lui est connue, elle ne peut donc hésiter. 16 très ] biffé 18 l'adulation ] biffé et corr. en la flatterie 19 pouvoit prouver ] corr. en prouvoit 20-22 l'abolir ... la terre ] corr. en & que l'abolir n'entreneroit ni désordre (1), ni violence (2), quelle nation, voudroit rester soumise à la monarchie ? quel peuple, sur la surface du globe 24-25 escroissance ... social ! ] partiell, biffé et corr. en superfluité, comme une maladie même de l'ordre social !
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Recherches sur la justice politique
Considérations sur la probabilité de la perseverance
Mais on à prétendu, qu'une nation corrompue, lors même que, poussée à bout par d'intolérables griefs ou une usurpation notoire, elle parviendrait à secouer le joug de la tyrannie, et à établir les véritables principes sociaux, elle seroit incapable de les maintenir, et que ses vices la replaceroient promptement sous ce despotisme ; c'est a dire qu'elle pourrait avoir un moment d'énergie suffisante, pour renverser le Tyran, mais non pas la fermeté constante et reflechie, qu'il faudrait pour empêcher son retour, elle f® B8v° s'éveillerait assez, pour adopter un caractère | nouveau ; mais après avoir agi quelque tems d'après sa conviction, elle deviendrait subitement incapable de conserver la connaissance de la vérité, et de ressentir son influence. Les hommes sont conduits, dans toutes leurs actions, par l'idée de ce qui est préférable, presque toutes leurs erreurs viennent du jour, sous lequel l'alternative leur est présentée. Ils préferent peut être la jouissance du moment à un avantage futur. Mais ils ne choisiront jamais sciemment le mal dans tous les cas ou on leur donnera l'idée juste et proportionnée, ils se conduiront en conséquence. Lorsqu'ils ont fait un pas vers la connaissance f 89r" de la vérité, il n'y a | nulle doute pour qu'ils rétrogradent. Une masse 1 Considérations ... perseverance ] supp. 2-12 Mais son ... son influence. ] partiell. biffé et corr. en Mais on à prétendu, (que la même) qu'une nation corompue, quand le hazard ou des maux intolérables la pousseroient vers la liberté, (elle) seroit incapable de la conserver, que ses vices la replaceroient bientôt sous le joug & qu'a l'energie momentanée qui auroit renversé le Tyran succéderait (bientôt) une lâche indifférence qui faciliterait le rétablissement de la Tyrannie. je concois mal [P 88v°] je l'avoue, par quel prodige bizarre, après s'etre reveillée de sa honteuse stupeur, après avoir su revêtir un caractère nouveau, & conformer sa conduite à sa conviction profonde, elle retomberait soudain dans sa dégradation passée, & redeviendrait insensible à l'influence de la vérité1. 13-19 Les hommes ... rétrogradent. ] partiell. biffé et corr. en (Cependant) Les hommes sont conduits, dans toutes leurs actions, par l'idée de la préférence, toutes leurs erreurs viennent du point de vue sous lequel les objets leur sont offerts. Ils préferent quelquefois la jouissance du moment à l'avantage futur. Mais ils ne ne choisiront jamais le mal avec connoissance de cause, présentez leur l'idée juste avec une clarté suffisante, cette idée sera la réglé de leur conduite. Lorsqu'ils ont fait un pas vers la vérité, ils [P 89r"] n'ont aucun motif pour rétrograder. 19—p. 989.4 Une masse ... empreinte. ] partiell. biffé et d'abord corr. en Une masse d'hommes, connoissant les suites funestes d'un mal qu'elle a supporté longtems, et parvenant enfin a s'y soustraire, il n'est pas probable qu'elle consente a le rétablir. Pour qu'elle retourne à l'erreur, il faut effacer totalement de son esprit la conviction que la vérité y a empreinte, ensuite corr. en Une masse d'hommes qui a longtems gemi sous le joug & qui est parvenue a s'y soustraire, ne consentira pas facilement à le subir de nouveau. Pour la ramener à l'erreur, il faudrait que la vérité (disparaisse) disparût, il (faut) faudrait effacer de sa mémoire le souvenir (des) de tous les faits, & bouleverser dans son intelligence (les calculs du raisonnement) tous les calculs du raisonnement. 1
Ici, un renvoi à la (Note ([...]) 5), supprimé.
Livre I, Chapitre
VIII
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d'hommes, connoissant les suites funestes d'un mal qu'ils ont supporté longtems, et étant parvenus enfin à s'y soustraire, il n'est pas probable qu'ils consentent à le rétablir. Pour les ramener à l'erreur, il faudrait effacer totalement de leur esprit la conviction que la vérité y a empreinte.
Livre / / , Chapitre I
[Livre II] [Principes de la société] [Chapitre I] [Introduction]
1
Le texte de l'Introduction se trouve dans la section : «Dernière version», p. 1395.
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Recherches sur la justice politique
Chapitre II1 De la justice
f 108r°
Liaison de la politique avec la morale - Etendue et signification de la Etablissement du texte : 2/2-2/4, L f 108r°-118 v°. Pi f> 115v°-l 17i", G pp. 80-91. 1 Chapitre II ] corr. en Livre II Chapitre IV 2 De la justice ] après ces mots politique ajouté et ensuite biffé 3-p. 993.15 Liaison de la politique ... ordinairement de la justice. ] d'abord, le premier paragraphe est partiell. biffé et corr. en D'après ces raisonnemens l'on peut dire, que le sujet de la recherche (1) présente (2), appartient strictement parlant â la science de la morale. La morale est la source, dans laquelle nous devons puiser tous nos axiomes fondamentaux, et tous les devoirs de la morale (doivent) peuvent être compris sous la dénomination de justice, ensuite les sous-titres et le passage entier sont supp. et remplacé par Ce que nous avons établi dans le chapitre précèdent a du faire pressentir à nos Lecteurs que nous regardions la morale comme la baze de la politique. | En2 effet la société n'est autre chose qu'une 1
2
Cahier anciennement formé de quatorze feuillets emboîtés, réduits ultérieurement à onze feuillets (f° 108r°-118v°), contenant la traduction du chap. II «Of Justice». Au-dessus du f° 108r°, un onglet de deux cm est collé par trois cachets de cire. Au v° de celui-ci, on peut lire quelques mots qui réapparaissent dans la traduction réécrite par BC aux f° 90-91, voir n. 1, p. 1395. La dernière phrase du chap. I «Introduction» : au plus un mal nécessaire est écrite en haut du f 108r° (anciennement p. 197) avec renvoi à une note au bas de la page, partiellement lisible : commun, p. I. Toutes ces références, appartenant au chap. I, sont supprimées. Sur la moitié gauche du feuillet, on trouve deux fois : (Renvoyé à la partie morale). Ces deux indications, aussi bien que celle de : Livre II chap. 11 sont biffées. Tout au long du texte, des signes au crayon indiquent les passages à réviser. Il faut remarquer que dans le chap. III «Of Duty», Godwin traite de certains sujets dont il est question dans le chap. II «Of Justice». BC, de son côté, biffe entièrement sa première rédaction du chap. Il remanie et intervertit quelques passages et, à partir du huitième paragraphe «Objections tirées de l'ignorance» jusqu'à la fin, il la remplace par quelques morceaux, tantôt fidèles, tantôt remaniés, tirés de la traduction du chap. III. Ce dernier, après le remaniement, deviendra le chap. III du livre VHI «Essais détachés», mais les passages utilisés dans le chap. II ne seront pas pour autant biffés. Dans les notes, nous en indiquons les concordances. Il faut aussi remarquer que, à un moment donné, BC avait envisagé de ne donner qu'un extrait de ce chapitre et d'en reproduire le texte complet en appendice, voir n. 2, p. 1396. Paginations : foliotage limité au cahier en chiffres arabes ; pagination en chiffres arabes ; foliotage en nombres ordinaux en toutes lettres : P 108r° : 2 sur l'onglet ; [J] ; 197 ; quatrevingt quinzième - f" 108v° : 198 - F 109r" \4\199\ quatrevingt seizième - f 109v° : 200 f° 11 Or" : 5 ; 201 ; quatrevingt dix septième - f 110v° : 202 - P 11 lr° : 6 ; 203 ; quatrevingt dix huitième - f° 11 lv° : 204 - f 112r° : 7 ; 205 ; quatrevingt dix neuvième - f 112v° : 206 - P 113r° : 207 ; centième - f 113v° : 208 - f 114r° : 209 ; cent unième - f 114v° : 210 P 115r° : 211 ; cent deuxième - f° 115v° : 212 - f U6r° : 213 ; cent troizième - f° 116v° : 214 - f° 117r° : 215 ; cent quatrième - f°117v°: 216 - P 118r° : 217 ; non folioté f° 118v°: 218. Ecritures : du copiste A ; corrections autographes. Titres et sous-titres : traduits et, à l'exception du titre du chapitre, biffés. Le passage : En effet la société ... individuels ? est tiré du P 117v°, voir n. 1, p. 1000.
Livre II, Chapitre II
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justice - objet de la justice l'espèce humaine - sa distribution calculée sur le [mérite] du sujet - sur son utilité - Considération sur les affections du sang - sur la reconnoissance - objections tirées de l'ignorance - de l'utilité - exception - dégrés de justice - application - idée de la justice politique.
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Liaison de la politique avec la morale. D'après ces raisonnemens l'on peut dire, que le sujet de la présente recherche, appartient strictement parlant â la science de la morale. La morale P I08v° est la source, ou nous devons puiser tous nos axiomes fondamentaux, | et pour y répandre plus de clarté, nous prendrons le nom de Justice pour la 10 dénomination générale de tous les devoirs moraux. Etendue et signification du mot justice.
P I09r°
Cette dénomination nous paroitra juste lorsque nous aurons considéré un moment la compassion, la gratitude, la tempérence, et tous les autres devoirs qu'on distingue ordinairement de la justice, pourquoi pardonnerois-je 15 à un coupable, serois-je reconnoissant d'un bienfait, me refuserois-je un plaisir ? si ces actions participent de la nature de la morale, elles doivent être bonnes ou mauvaises, justes ou injustes. Elles doivent tendre au bien de l'individu, sans détriment, ou avec avantage pour la société, de quelque manière que ce soit, la société en profite toujours, puis qu elle | est com- 20 posée d'individus. Il est donc juste de le faire et injuste de ne le pas faire, si la justice a un sens réel, il est juste que je contribue de tout mon pouvoir à l'avantage général.
aggrégation d'individus, les devoirs & les droits de la société doivent donc être l'aggrégation [P 108v°] des devoirs & des droits de tous ses membres, (l'arbitraire ne doit pas se glisser) pourquoi l'arbitraire se glisseroit il dans les devoirs collectifs plutôt que dans les devoirs individuels ? | La politique repose (donc) en conséquence sur la morale, & la morale elle même repose sur la justice, pour nous en convaincre il ne faut qu'examiner un moment la nature de nos différens devoirs, de la pitié, de la modération ou de la reconoissance. 13 juste ] biffé et corr. en convenable 15-23 pourquoi ... général. ] biffé et remplacé par C'est toujours la justice qui constitue leur essence, toutes les fois qu'ils s'en écartent, ils cessent d'être des devoirs, & peuvent devenir, suivant le dégré de cette déviation, soit des fautes, soit des crimes.
994
Recherches sur la justice politique
Objet de la justice. L'espece humaine. Nous répandrons beaucoup de clarté sur nos recherches, si fesant pour le moment abstraction des vues politiques, nous considérons simplement la justice, telle qu elle existe entre les individus, la justice est une réglé de conduite, tirée du rapport d un être intelligent avec l'autre, on a adopté à ce 5 sujet pour maxime générale, que nous devons aimer notre prochain comme nous mêmes, mais cette maxime, quoi qu'excellente comme principe populaire, n'est point exprimée avec un dégres satisfaisant d'exactitude philosophique. f° 109v°
sa distribution calculée sur le mérite du sujet.
10
Sous un point de vue vague et général, mon voisin et moi sommes tous deux hommes, & à ce titre devons obtenir les mêmes attentions, mais, dans le fait, il est probable que l'un de nous est un être de plus de valeur réelle que l'autre. Un homme est au dessus d'un animal, parce que ses facultés supérieures le rendent susceptible d'une plus grande perfection, cette différence 15 existe aussi entre les individus, l'illustre Archevêque de Cambrai avoit sans contredit plus de mérite que sa chambrière ; et en supposant qu'ils eussent été tous deux exposés dans un incendie, et qu'on ne put sauver que l'un ou l'autre, peu de gens hésitéroient probablement à prononcer, que le prélat meritoit la préférence. 20 f 110r°
sur son utilité.
Mais il existe encore un autre motif de préférence, indépendamment de la supériorité particulière des individus, nous n'appartenons pas uniquement a un ou deux êtres intelligents, mais a la société, â la nation, et en quelque sorte â la grande famille de l'espèce humaine, en conséquence, celui-là doit 25 être préférablement sauvé, dont la vie peut servir le mieux le bien général. Je suppose qu'on eut sauvé Fénélon des flammes, au moment ou il concevoit le plan de son immortel Télémaque, on aurait rendu un service important à des milliers d individus, que la lecture de cet excellent ouvrage a
1 - 9 Objet ... philosophique. ] supp. 10-p. 995.10 sa distribution ... à la justice. ] biffé et remplacé par La 1 reconnoissance, par exemple, ce principe si généralement vanté par les moralistes, ne fait en lui même partie ni de la vertu ni de la justice, ce qui doit nous engager à préférer tel homme à tel autre, c'est sa susceptibilité de perfectionnement, & le bien qu'il (peut) peut faire à la grande famille de l'Espèce humaine, tout autre motif (est frappé d'un) [f 110r°] nous rend injustes & par conséquent coupables. 12 les mêmes attentions] en surcharge le même interet 17-18 eussent été ] corr. en fussent 1
Le passage : La reconnoissance ... coupables, est tiré du f 112r°, voir n. 1, p. 996.
Livre 11, Chapitre 11
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guéris d'une erreur ou d'un vice, et a rendus par conséquent plus heureux, ce bienfait aurait eu même plus d'étendue encore ; car chaque individu f° 110v° éclairé ou détrompé | devient plus utile à la société, en contribuant à son tour à en détromper et â en éclairer d'autres. Supposons que j'eusse été moi même la chambriere de fénélon ; j'aurais du consentir à mourir pour le sauver. Sa vie étoit réellement plus précieuse que celle de la chambriere. c'est l'intelligence qui concoit la vérité de pareilles propositions, et c est la justice qui dirige la conduite en conséquence, en préférant l'archevêque à elle même, la chambriere aurait été juste, en se conduisant différemment, elle aurait manqué à la justice. considération sur les affections du sang
En supposant que la chambriere eut été mon Epouse, ma mère ou ma bienf 11 lr° faitrice, ces circonstances ne changeraient rien | â la vérité de la proposition, la vie de Fénélon mériterait toujours la préférence, et la justice pure et invariable la lui aurait accordée, la justice m'aurait invité a sauver préférablement Fénélon aux dépens de tout ce qui m'etoit cher, quelle est la magie de ce pronom, mon épouse, ma mére, pour renverser les décisions de l'eternelle vérité ? ma femme ou ma mére peut être une folle, une courtisane, méchante, trompeuse, ou corrompue ; qu'importent ses liens avec moi ? sur la reconnoissance. Mais une mére m'a porté dans son sein ; elle a souffert pour moi les douleurs de l'enfantement, elle a pris soin de ma foible enfance ; lorsqu'elle courut le risque de ces douleurs et de ces soins, elle ne pensoit probablement guéres à l'enfant qu'elle pou voit concevoir, f 111 v° tout bienfait ou service | volontaire doit ex[c]iter le sentiment de la reconnoissance : mais ce n'est que parce qu'un bienfait volontaire est la preuve d'une intention bienveillante, c'est à dire, vertueuse, c'est dans la disposition de l'ame, et non dans l'action extérieure, que le mérite consiste, mais ce mérite est le même, soit que ce soit moi ou un autre qui ait profité du bienfait. Or moi et un autre nous ne pouvons pas avoir tous deux raison de préférer notre bienfaiteur individuel, l'un des deux doit invariablement mériter la préférence, ce n'est pas pour m'avoir personnellement servi, que mon bienfaiteur est estimable, mais pour avoir servi, une créature humaine, le bienfait n'est méritoire qu'en proportion du mérite de celui qui l'a reçu. 11-19 considération sur ... avec moi ? ] biffé et corr. en II en est de même des liens du sang, les relations (avec de) particulières d'un etre avec (moi) nous ne peuvent rien changer (à l'étemelle) aux décisions de l'éternelle vérité1. 12 mon Epouse ] biffé et corr. en ma femme 20-34 sur la reconnoissance ... l'a reçu. ] supp. 1
Ici, renvoi à la (Note (7) 12), supprimé.
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Recherches sur la justice politique
Ainsi, tous les points de vue sous lesquels on peut placer ce sujet, nous f 112r° conduisent a | considérer les qualités morales des hommes, et leur dègrés d'utilité pour la chose publique, comme la mesure de l'estime à laquelle ils peuvent prétendre, la reconnoissance, ce principe si generalement vanté par les moralistes et les Poètes, ne fait donc partie ni de la vertu ni de la justice. 5 J'entends 1 ici par reconnoissance, un sentiment qui m'invite à préférer un homme, pour un autre motif que celui de son utilité supérieure, et qui ainsi rend vraie à mon égard une chose qui ne l'est pas à l'égard d'un autre, et qui conséquement ne l'est pas en elle même". objections tirées de l'ignorance. 10 On pourrait observer que mon parent, mon ami, ou mon bienfaiteur tiendront très probablement la première place dans mon estime ; parce que n'étant point en état de distinguer le mérite relatif de tous les hommes, f° 112v° j'aurai inévitablement une | opinion plus favorable de celui dont l'expé-
" note, ce raisonnement sur la reconnoissance est développé avec beaucoup de clarté dans [un 15 essai] sur la nature de la véritable vertu par le Rev. Jonathan Edward
1-9 Ainsi ... même. ] biffé et remplacé par Toutes les fois que je motive ma préférence pour un individu sur une autre considération que celle de son utilité supérieure, je renverse la nature des choses : j'adopte comme vraïe a mon égard une proposition fausse à l'égard des autres hommes & qui par conséquent n'est pas vraie par elle même. 10-p. 998.12 objections ... adoptée. ] biffé et remplacé par [f° 112v°] Quelques 2 moralistes ont cru devoir à l'imperfection de la nature humaine, de distinguer soigneusement l'erreur de l'injustice. Il existe disent-ils, deux espèces de vertu : l'une tient a la nature des choses & est immuable : l'autre dépend de notre jugement. Le sectateur scrupuleux & fidèle d'une religion même erronée, peut mériter nos éloges. Le juge qui condamne (un 3 innocent dans la conviction qu'il est coupable ne peut être regardé comme criminel) un innocent dans la conviction qu'il est coupable ne peut être regardé comme criminel, les 4 hommes ont commis souvent par des motifs de conscience des actions aussi funestes à l'humanité que contraires à la justice. Clément, Gérard, Damiens, 1 2
3
4
Le passage : J'entends ici... elle-même, est réécrit, remanié, au f 109v°, voir n. 1, p. 994. Le paragraphe : Quelques moralistes ... comme criminel, est le résumé du paragraphe : Quelques moralistes ... condamner l'accusé, au chap. III «Du devoir», f 597v°-598v°, voir n. 2, p. 1006. On trouve la phrase : un innocent... criminel écrite deux fois, parce que BC pense d'abord écrire sur la moitié vide du f 113r°, puis il réalise qu'il n'a pas suffisamment de place, biffe le passage, le réécrit dans l'interligne du P 112v° et poursuit sa rédaction à cet endroit. Le passage : les hommes ... leurs moeurs, est repris, inchangé, du chap. III «Du devoir», P 599r°-v°, voir n. 2, p. 1007.
livre II, Chapitre II
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rience m ' a appris les vertus, et j e donnerai nécessairement la préférence à l'homme dont les qualités me sont connues, sur un autre qui en possède peut être, mais a mon insue, de très supérieures. Cette nécessité n'est fondée que sur l'imperfection de la nature humaine, elle peut servir d'excuse à mon erreur mais non changer l'erreur en vérité, cette erreur n'en [sert] pas moins 5 toujours une faute ou une violation de la stricte et invariable justice, ceci ne peut paroitre difficile a concevoir, que parce que nous confondons le sentiment qui nous porte à faire une action avec l'action elle même, le sentiment qui préféré la vertu au vice, et un plus haut degré de vertu à un moindre, f° l I3r° mérite incontestablement l'approbation universelle, si l'erreur qui | nous fait 10 choisir l'objet de notre préférence est inévitable, c'est sans doute un malheur ; mais la faute n'en n'existe pas moins, et rien ne peut la rendre légitime.
Ravaillac etoient profondement occupés du bonheur de leurs semblables dans un autre monde : ils bravèrent pour y contribuer les tortures & la mort. Ce fut peut être un sentiment de bienveillance [f3 113r°] qui alluma les flammes de Smithfields & qui aiguisa les poignards de la S. Barthélémy. Les principaux agens de la conjuration des poudres étoient remarquables par la Sainteté de leur vie & l'austérité de leurs mœurs. | Cette théorie ne doit être admise qu'avec une grande défiance, l'esprit1 humain n'est que trop fertile en justifications de tout ce que ses penchans lui suggèrent. Rien n'est si rare qu'une (mauvaise fois) perversité complette & sans mélange. Aucune de nos actions ne resteroit sans excuse [f 113v°] si l'insouciance et la paresse ne nous détournoient souvent d'une peine superflue. Et nous sommes prêts (nous mêmes) a nous contenter nous mêmes de la plupart des apologies que nous cherchons à faire recevoir aux autres. | Un 2 crime commis avec des intentions pures (pourroit) peut être moins inexcusable ; mais ne participe jamais â la nature de la vertu. Une partie essentielle [P 114r°J de la vertu consiste à travailler sans relâche a l'acquisition d'idées saines sur la justice & l'utilité. Rien n'est plus ordinaire que d'entendre dire à des individus & â des corps qu'ils se sont conduits d'après leur jugement & leur conscience qu'ils ont par conséquent rempli leur devoir, & sont à l'abri de tout reproche, même en supposant qu'ils se soient trompés3. C'est se décharger trop légèrement [f 114v°] d'une responsabilité terrible ; l'erreur ne change rien à la nature des choses, & des erreurs graves (&) ou fréquentes qui compromettent le bonheur de nos semblables, indiquent une insouciance, une personnalité, une apathie, que l'on cherche vainement â excuser. 13 légitime ] après ce mot, une croix renvoie à la note suivante : note, ce sujet sera traité plus au long dans le chapitre suivant. 1
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3
Le passage : l'esprit humain ... aux autres, est repris, inchangé, du chap. III «Du devoir», f 599r°, voir n. 1, p. 1007. Le paragraphe : Un crime commis ... excuser, est le remaniement du paragraphe : Des sentimens ... nos erreurs, au chap. III «Du devoir», f 600r°-v°, voir n. 1, p. 1008. Ici, appel à la (Note (8) 13) ; renvoi supprimé.
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Recherches sur ¡a justice politique
de l'utilité
On pourroit encore objecter, qu'une réciprocité de bienfaits tend à multiplier la masse des actions bienveillantes, et que cette multiplication de bienveillance contribue au bonheur général. En vérité ! le bonheur général peut il être propagé par l'erreur, en estimant un homme dix fois au dessus de ce 5 qu'il vaut, ou enfin différemment de ce qu'il mérite ? un système contraire ne produiroit il pas de très grands avantages ? si j e m'informois soigneusement et constamment du mérite de ceux que j e connois, et s'ils étaient convaincus qu'autant que me le permettroitent les foiblesses inévitables de f 113v° l'esprit humain, j'aurois vis-a-vis d'eux | la conduite qu'ils méritent, il est 10 presque impossible d'apprécier le bien qui résulteroit de cette regle universallement adoptée. Exception
L'objection fondé sur l'inégale distribution des propriétés est plus juste, elle semble m'authoriser à m'occuper des besoins de ma femme, de mes enfans, 15 et de mes proches, par avant de penser aux étrangers, aussi longtems qu'il appartiendra à des individus de pourvoir à la subsistance des individus, il faudra bien qu'il y ait une certaine distribution de la classe qui exige des secours, et de celle qui doit les donner, afin que chacun ait ses prétentions & ses ressources assurées, [mais en] supposant que cet argument soit admis- 20 sible, ce ne seroit qu'avec de grandes précautions, il ne s'applique qu'aux f° ll4r° cas ordinaires ; d'autres incidens | d'un ordre supérieur, ou d'une nécessité plus urgente, contrebalanceront souvent ces circonstances ordinaires, ou même les feront totalement disparoitre. nous devons être sévèrement scrupuleux, en mesurant la quantité d'assistance que nous accordons, et surtout 25 à l'égard de l'argent, nous ne devons jamais oublier, que l'on ignore encore presqu'entièrement le moyen d'en faire tourner l'usage au bénéfice public. dégrés de justice
Après avoir considéré le choix des personnes, qui sont l'objet de la justice, examinons jusqu'à quel point nous sommes obligés de faire le bien des 30 autres, j e n'hésite point a dire que nous devons faire tout le bien possible, un individu dans le besoin me demande-t-il du secours ? mon devoir f l I4v° m'oblige de le lui donner, et j ' y manque en le lui refusant. | si ce principe peut admettre des exceptions c'est lorsqu'en fesant du bien à un individu, j e fais un mal plus grand á moi même, ou à la société, j e dois á la masse 35 d'hommes, qu'on nomme le public, la même justice qu'aux individus qui le composent ; et si en rendant un service à l'un d'entr'eux, j'appercois que j e 1 3 - p . 1001.20 Exception ... universel. ] supp. fixant la mesure
2 5 mesurant la quantité ] biffé et corr. en
Livre II, Chapitre II
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nuis au tout, mon action cesse d'etre bonne, et devient absolument criminelle. mais enfin, dira-t-on, qu'elle est la borne de ce que je dois â l'avantage général, c'est a dire à celui de tous les individus qui constituent la société ? la borne de ce que je puis, quoi ? jusqu'à l'abandon de ma propre existence ? non, car je suis moi même une partie du tout : d'ailleurs la résolution de rendre aux autres tous les services dont je suis capable, f 115r° entraine presque toujours la conservation de mon existence: en d'autres mots, je pourrai faire plus de bien en 20 ans qu'en une année, mais, dans un cas extraordinaire, ou ma mort pourrait être plus utile que ma vie au bien général, la justice exige que j'en fâsse le sacrifice, en toute autre circonstance, il est juste que je conserve de mon mieux la vigueur de mon corps et de mon esprit, et que je les maintienne, dans l'état ou ils peuvent rendre le plus de service". Je supposerai, par exemple, qu'un homme ait le droit de posséder une plus grande portion de propriété qu'un autre, soit comme le produit de son industrie, ou comme l'héritage de ses ancêtres, la justice lui ordonne de f° H5v° considérer cette propriété | comme un dépôt, et de chercher sérieusement le meilleur emploi qu'il en peut faire, pour l'avancement de la liberté, de l'instruction et de la vertu, il n'a pas le droit de disposer d'une seule obole pour satisfaire son caprice ou sa fantaisie, et loin de mériter des louanges, pour en avoir appliqué quelques parçelles au service de l'humanité, il est coupable, aux jeux de la justice, s'il détourne de cet usage la plus petite partie, rien ne saurait être plus incontestable, cette portion de propriété ne pouvoit elle être mieux employée ? voila la question, et si on y répond par l'affirmative, nul doute que ce dernier emploi ne fut un devoir, ma personne n'est comme ma fortune, qu'un dépôt, qui appartient à toute la société, je f i i 6 r ° suis tenu d'employer mes talens, mon | intelligence, mes forces, et mon tems, â tacher de produire la plus grande quantité possible de bien général, tels sont les vœux de la justice : telle est l'étendue de mes devoirs. Mais la justice est réciproque, s'il est juste que je rende un service, il est juste qu'un autre le reçoive, et si je lui refuse ce qu'il a le droit de réclamer, il a aussi le droit de s'en plaindre, mon voisin a besoin de dix louis que je possède, et dont je puis me passer, il n'y a, dans les institutions politiques, point de loi qui m'oblige de les lui donner et qui lui transporte cette propriété. mais aux yeux de la simple justice, à moins qu'il ne soit prouvé que F i l 6 v ° cet argent peut être emploie plus utilement, le droit de celui qui | le de" V. l'Appendice de ce chapitre. N 1. 22 S'il détourne ... usage ] partiell, biffé et corr. en s'il en détourne corr. en l'obtienne
31 le reçoive ] biffé et
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Recherches
sur la justice
politique
mande, est aussi bien établi que s'il avoit une promesse écrite, ou qu'il m'en eut fourni la valeur".
f
l I7r°
On a quelque fois objecté, qu'il y a plus d'un individu, qui manque de l'argent dont j e puis me passer, et que j e dois avoir, par conséquent, la liberté de choisir l'objet de mes libéralités. Je reponds, que, si j e ne connois 5 qu'une personne dans le besoin, il n'en existe qu'une relativement à moi. les autres, que j e ne connois pas, doivent trouver des secours chez d'autres riches ; et par riches, j'entends tous ceux qui ont plus d'argent que n'en exigent leurs besoins indispensables, si j e connois plus d'un être souffrant, j e dois comparer leurs mérites, et me conduire en conséquence. Il est 10 presque impossible, | que deux personnes soient d'un mérite parfaitement égal, ou que j'aie exactement aussi bonne opinion de l'une que de l'autre. Il est donc impossible d'accorder jamais une faveur. On ne peut que rendre justice, tout ce qui déroge â la réglé de la justice, fut-ce même un excès de bienfaisance envers un individu, ou une partie de la société, est 15 autant d'enlevé à la masse commune, et c'est par conséquent une injustice réelle. Application
Ces raisonnemens démontrent avec évidence, que, dans toutes les questions morales, la justice doit être considérée comme le principe décisif, les rai- 20 sonnemens eux mêmes ne servent que d éclaircissement ou d'exemples ; et les erreurs qui pourraient s'y glisser ne détruiraient point la conclusion f° 117v° générale. | il n'en conviendrait pas moins de se servir de la justice morale, comme une pierre de touche, dans la recherche des vérités politiques. idée de la justice politique
25
La 1 société n'est autre chose qu'une aggrégation d'individus, les droits et les devoirs de la société doivent être l'aggrégation des devoirs et des droits de tous ses membres, et les uns ne doivent pas être plus précairs ou plus arbitraires que les autres, qu'est-ce que la société a droit de demander ? j'ai déjà repondu à cette question, tout ce que mon devoir m'oblige de faire, rien 30 de plus ? non certainement, les sociétés peuvent elles altérer l'eternelle et immuable vérité, changer la nature des hommes, ou de leur actions ? peu-
"
note. Swift a esquissé ces principes avec force dans ses sermons sur les obligations réciproques.
2 2 s'y glisser ] surchargé '
et corr. en s'y etre glissées
L e passage : La société f
108r°, voir n. 2, p. 992.
... demander ? est transcrit, légèrement remanié, au début du
Livre II, Chapitre II
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vent elles faire un devoir de l'intempérance, de l'injustice, de l'assassinat ? f 118r° qu'est-[ce] que la société doit à ses | membres ? tout ce qui peut contribuer à leur prospérité, mais la nature de cette prospérité est définie par la nature de l'intelligence, les plus surs moyens d'y contribuer, sont d'etendre la sphère de l'entendement, de donner des encouragemens â la vertu, de nous bien pénétrer du sentiment généreux de notre indépendance, et d'éloigner avec soin tout ce qui peut arreter ou retarder nos progrès. si l'on répondoit, qu'aucun systeme politique ne pourra nous assurer tous ces avantages, ma conclusion n'en serait pas moins incontestable, l'institution politique doit tendre à ce but, en tout ce qui dépend d'elle, et je ne crois pas que personne ait encore prétendu qu'elle n'avoit point d'influence. Supf 118v° posez cette influence bornée ; | il y auroit toujours une méthode, qui approcherait plus que les autres du but désiré, et c'est cette methode qu'on doit adopter, il y a toujours au moins une chose que les institutions politiques peuvent faire, c'est de ne pas contrarier les véritables intérêts de leurs sujets ; mais toutes les lois absurdes, toutes les distinctions arbitraires, produisent cet effet. Il n'y a presque aucune forme sociale qui n'ait son application morale, celles qui ne produisent ni bien ni mal sont au moins inutiles, mais cellefs] qui tendraient à perfectionner la race humaine, doivent servir de modele universel.
9 - 1 1 l'institution ... d'influence. ] biffé et corr. en personne ne prétendra, je pense, que les institutions politiques n'ont aucune influence, & pour peu qu'elles en aient elles doivent tendre, en tout ce qui dépend d'elles, au but que nous avons indiqué. 15 faire, c'est ] au-dessus on lit au moins et une lettre itl. biffée 15-16 sujets ] biffé et corr. en gouvernés 17 son application ] biffé et corr. en son influence sur la
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Recherches sur la justice politique
Appendix n° l 1 . du suicide.
592r°
Motif du suicide - 1.° pour échapper aux souffrances - 2.° par bienveillance ou générosité - Reflexions sur le Martyre. Motifs du suicide
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On agite depuis longtems la question du suicide : un raisonnement suffira pour l'éclaircir. 1.° pour échapper aux souffrances.
Une circonstance quelconque peut-elle me donner le droit d'abreger ma vie, pour éviter la douleur ou la honte ? Je ne le pense pas. Aucune situation io f 592v° n'exclut toute | possibilité future d etre utile à l'humanité. La souffrance n'est qu'un faible inconvénient, la honte, qu'un mal imaginaire. Elles ne légitiment donc point le suicide, & quand on n'auroit pour continuer à vivre que le motif de donner aux hommes un Exemple de courage, ce motif serait suffisant. 15 2.° pour bienveillance ou générosité.
Mais que penserons nous du raisonnement de Lycurgue, qui, en se déter-
Etablissement du texte : 2/2ai-8/l, LP 592i°-594 i", P3 P 12v°-13v°, G pp. 92-93. 1 Appendix n° 1 ] biffé et corr. en Livre 8. Essais détachés. Ch. 1. supp. 8 1.° ... souffrances. ] supp. 16 2." ... générosité. ] supp. 1
3 - 5 Motif ... suicide ]
La traduction de l'appendice I «Of Suicide» est contenue dans trois feuillets détachés (f° 592r°-594r°)- Peut-être, ces feuillets faisaient-ils partie d'un cahier cousu qui contenait la traduction des appendices I «Of Suicide», Il «Of Duelling» et du chap. Ill «Of Duty», avant que BC ne détruise le feuillet paginé 219-220 (probablement page de titre) et les pp. 239244 (fin du chap. Ill «Du devoir»). Il faut remarquer que la calligraphie de ce groupe de feuillets est assez différente du reste du manuscrit. Peut-être, s'agit-il d'une mise au net autographe, vu l'absence presque complète de corrections immédiates. A gauche du titre, on lit : Livre 2. Chap. 2 & 3 \(D. l'O. A. p. 92-103) ; (Renvoyé a la partie Morale.), et à droite de : Appendice n" I on lit : page, indications biffées par la suite. Paginations : pagination en chiffres arabes : f 592r° : 221 -P 592v° : 222-P 593r° : 223 P 593v° : 223 -P 594r° : 225. Ecriture : probablement autographe. Titres et sous-titres : traduits et, à l'exception du titre de l'appendice, biffés.
livre
II, Chapitre II, Appendice
I
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minant à une mort volontaire, disait que toutes les facultés d'un Etre intelf 593r° ligent pouvant avoir une fin morale, un homme qui avoit employé sa vie | au service de son pays, devoit trouver encor un moyen de lui rendre sa mort profitable ? ainsi furent motivés les suicides de Codrus, de Léonidas, & de Décius. Caton d'Utique, en se donnant la mort, eut aussi pour objet le bien de l'espèce humaine, & ses intentions sont dignes d'éloge, lors même qu'il se serait trompé dans l'application. Toute la Question consiste à savoir si une mort volontaire, peut jamais P 593v° être plus utile qu'une vie de vingt ou de trente années, prononcer | la négative, serait une décision précipitée. Le sang des Martyrs, dit une expression proverbiale, servit de semence à l'église. Junius Brutus, en condamnant ses fils, dans la première année de la République Romaine, ranima, dans le cœur de ses Compatriotes nouvellement libres, l'énergie & la vertu nécessaires, pour faire triompher la liberté. La mort de Caton produisit un effet semblable, elle excita, sous le règne des Tyrans, l'admiration de tous les hommes vertueux, ce fut une lampe sacrée que conserva le feu divin, & qui, P 594r° à différentes Epoques, & dans des pays divers, servit a rallumer la flamme céleste, éteinte depuis si longtems. puisque nous avons parlé des Martyrs, observons que ces hommes étoient véritablement des suicides, dans toute la force du terme ((lapiupeç). Ils sacrifioient leur vie à une profession de foi, c'est à dire qu'ils avoient un motif déterminé d'aller à la mort. Or qui dit motif, dit volonté & qui dit volonté de mourir dit suicide.
17 pays ] avant ce mot différent biffé sur la même ligne
20 ((laprupEç) ] biffé
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Recherches sur la justice politique
Appendix N° 21 Du duel
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Motif des duels - La vengeance - la Réputation de courage - fausseté de ce motif - Réponse à une Objection - Démonstration. Motifs des duels.
s
Bien que le Duel soit un sujet usé, il est d'une grande importance, & nous balançons d'autant moins à lui accorder un moment d'attention que pour le faire considérer sous son véritable jour, une courte reflexion sera suffisante. L'amour de la vengeance suggéra ce détestable usage à des hordes de f 595r° Barbares, elles trouvèrent ingénieux sans doute de concilier | ainsi ce qu'il y 10 a de brillant dans la valeur, avec ce qu'il y a de révoltant dans la haine. Aujourd'hui le Duel a changé de but. les hommes ne se conforment â cet usage que pour ne pas exposer leur gloire, c'est â dire, par condescendance pour le préjugé. Mais l'asservissement au préjugé suppose-t-il du courage, attenter à la vie 15 de son semblable, courir le risque de voir à jamais interrompus tous les projets qu'on avoit concus pour le bonheur général, se résigner à cette f° 595v° terrible alternative parceque l'on n'a pas assez de fermeté pour imposer | à l'impertinence & au mensonge, est ce là de la bravoure ? Mais le refus d'un Duel est un acte équivoque, des lâches allégueront 20 l'attachement au principe, pour être à l'abri du danger. Toutes nos actions ne sont elles pas équivoques ? Tous nos motifs ne sont ils pas cachés ? La fermeté de nos regards, l'assurance de notre voix, notre sévérité calme & froide, distinguera suffisamment la sagesse de la lâcheté. Etablissement du texte : 2/2aii-8/2, L F 594v°-596v°, P3 f° 14r° - 15r°, G pp. 94-96. 1 Appendix n° 2 ] biffé et corr. en Ch. 2 avant ce mot brill biffé sur la même ligne ligne 1
3-5 Motif ... des duels. ] supp. 11 brillant ] 18 imposer ] avant ce mot en biffé sur la même
La traduction de l'appendice II «Of Duel» est contenue dans trois feuillets détachés (f 594v°-596v°), voir aussi n. 1, p. 1002. Pagination : en chiffres arabes : f 594v° : 226 - f° 595r" : 227 - f° 595v° : 228 surchargé f 596r° : 229 - f 596v° : 230. Ecriture : probablement autographe. Titres et sous-titres : appendice modifié en chapitre ; sous-titres traduits (à l'exception du dernier) et biffés.
Livre II, Chapitre II, Appendice II
1005
Notre erreur la plus fréquente est de ne point conçevoir assez clairement f 596r° ce que nous sommes résolus à faire, nous hésitons parceque nous ne | sommes pas assez pénétrés du principe que nous adoptons, nous éprouvons de la honte ou de l'embarras, parce que notre conviction n'est point assez intrépide, notre résolution point assez inébranlable. Si le courage n'est pas un mot dénué de sens, il consiste à dire hautement la vérité, en tout tems, à tous les hommes, & dans toutes les circonstances. N'est-ce pas la faiblesse qui m'empêche de répondre à mon adversaire : j e dois refuser votre défi, & ce que j e dois, j e l'ose toujours, si j'ai eu tort, j e f 596v° suis prêt â le réparer, si | vous êtes dans l'erreur sur mes motifs, j e vous ferai connoitre la vérité, mais je ne courrai pas la chance de commettre un meurtre, j e ne ferai jamais une action que j e regarde comme criminelle, j e prétends exercer mon jugement dans toutes les circonstances : j e prétends exprimer le résultat de ce jugement à tous les hommes, & y conformer ma conduite sous tous les rapports. Un pareil langage, avec une contenance assurée, ne sera point exposé â des interprétations désavantageuses, & l'inflexibilité de la sagesse ne sera point confondue avec l'hésitation de la lâcheté.
11 la chance ] avant ces mots deux lettres ill. biffées sur la même ligne
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Recherches sur la justice
politique
Chapitre 3 1 . du Devoir.
p 597r°
Exposition d'une difficulté - de la vertu absolue, & de la vertu pratique - impropriété de cette distinction - universalité de ce qu'on appelle vertu pratique - preuves tirées du vol - du fanatisme religieux - distinction entre l'action & le motif qui la fait commettre - nouvelle difficulté - Sens du mot devoir - application - conséquences.
5
Exposition d'une difficulté. Nous avons renvoyé jusqu'ici une question épineuse, qu'il est important f 597v° d'éclaircir en | traitant de la justice. Il existe une grande différence entre la 10 justice abstraite, & la justice, telle que chaque individu la conçoit. Lorsqu'obéissant à la voix de ma conscience, je commets une action qui me parâit bonne, bien qu'elle soit intrinsèquement mauvaise, ma conduite est elle digne de blâme ou d'approbation ? de la vertu absolue & de la vertu pratique. 15 Quelques2 moralistes ont admis une distinction entre la vertu absolue & la
Etablissement du texte : 2/3-8/3, L f 597r°-600 v°, P3 P I5v°-I7r°, G pp. 97-100. 3-8 Exposition ... difficulté. ] supp. 1
2
15 de la vertu ... pratique. ] supp.
La traduction incomplète du chap. III «Of Duty» est contenue dans une feuille double (P 597r°-598v°) et deux feuillets détachés (P 599r°-600v°). La dernière phrase du f® 600v° : Mais que prononcerons est incomplète à cause de la destruction des pp. 239-326 (selon la pagination en chiffres arabes), dans lesquelles se trouvait la traduction de la fin du chapitre. Les caractéristiques matérielles de ce chapitre sont les mêmes que celles des appendices I et II, voir n. 1, p. 1002. Lors du remaniement général, pour la correction du chap. n «De la justice», BC utilise plusieurs passages de ce chapitre, voir n. 1, p. 992. Paginations : pagination en chiffres arabes : P 597r° : 231 - P 597v° : 232 - F 598r° : 233 P 598v° : 234 -P 599r° : 235 - P 599v° : 236 - P 600r° : 237 - P 600v° : 238. Ecriture : probablement autographe. Titres et sous-titres : après le titre du chapitre, qui n'est pas supprimé, seuls l'ensemble initial des sous-titres et deux sous-titres infratextuels sont traduits et biffés par la suite. Le paragraphe : Quelques moralistes ... condamner l'accusé, est réécrit, résumé : Quelque moralistes ... comme criminel, au chap. II «De la justice», f 112v°, voir n. 2, p. 996.
Livre II, Chapitre III
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vertu pratique. Il y a, disent-ils, une espèce de vertu, qui tient â la nature des choses, & qui est immuable : Il y en a une autre, qui dépend de notre f° 598r° jugement, supposez, par exemple, que la religion chrétienne, soit la seule véritable : un homme, élevé dans celle de Mahomet, professera cette derniere, & sera digne d'éloge, en la professant aussi longtems qu'elle lui 5 parôitra mériter la préférence. Je me trouve du nombre des jurés qui doivent juger un homme accusé d'un meurtre, & innocent de ce crime : abstraitement, je devrais l'absoudre : mais j'ignore son innocence, & l'ensemble des témoignages forme contre lui les plus fortes présomptions, dans un cas f° 598v° pareil, la démonstration | ne peut être acquise, je suis obligé, dans toutes les 10 affaires de la vie, d'agir sur des probabilités ; je dois, par conséquent, condamner l'accusé. On peut raisonnablement douter, qu'il y ait quelqu'avantage à employer ainsi les termes de la science abstraite d'une manière versatile & incertaine, s'il y a dans le monde quelque chose de fixe & d'immuable, ce doit être la 15 morale ; & c'est toujours par une étrange méprise que nous considérons comme un devoir ce qui est invariablement, & éternellement condamnable, f 599r° Ces moralistes n'ont probablement pas appercu jusqu'ou les conduiroit l'adoption de pareils principes. L'esprit 1 humain n'est que trop fertile en justifications de tout ce que ses penchans lui suggèrent, rien n'est si rare 20 qu'une mauvaise foi complette & sans mélange. Aucune de nos actions ne resteroit sans excuse, si l'insouciance & la paresse ne nous détournoient souvent d'une peine superflue : & nous sommes prêts à nous contenter nous mêmes de la plupart des apologies que nous cherchons a faire recevoir aux autres, la distinction précédente tendroit à faire considérer toutes les actions 25 comme vertueuses. f°599v° Il n'existe peut être aucun homme, qui ne puisse | se rappeller des momens de sa vie, ou l'inégale distribution des fortunes lui sembloit illégitime, c'est probablement ainsi que les hommes se familiarisent â l'idée du vol. Ils se persuadent que des propriétés dont le possesseur n'a pas un besoin près- 30 sant, seraient beaucoup plus utilement placées dans leurs mains, & bientôt ils pensent pouvoir sans crime en opérer le transport. Le châtiment, quand il les atteint, leur rappelle les préceptes de l'éducation : mais il n'en est pas moins vrai, qu'afu] moment du délit, ils se justifioie[nt] à leur propres yeux. Une seconde considération parait plus décisive encore, les 2 hommes ont 35 commis souvent par des motifs de conscience, des actions aussi funestes à 3 supposez ] avant ce mot supposez biffé sur la même ligne 1
2
Le passage : L'esprit humain ... aux autres, est réécrit tel quel au chap. 11 «De la justice», f° 113r°-v°, voir n. 1, p. 997. Le passage : les hommes ... leurs moeurs, est réécrit tel quel au chap. II «De la justice» f° 112v°-113r", voir n. 4, p. 996.
1008 f 600P
P 600v°
Recherches sur la justice politique
l'humanité | que contraires à la justice. Clément, Gérard, Damiens, Ravaillac, étoient profondément occupés du bonheur de leurs semblables, dans un autre monde : Ils bravèrent, pour y contribuer, les tortures & la mort. Ce fut, peut être un sentiment de bienveillance, qui alluma les flammes de Smithfields, & qui aiguisa les poignards de la S. Barthélémy, les principaux agens de la conjuration des poudres étoient, remarquables par la sainteté de leur vie, & l'austérité de leurs mœurs. Des 1 sentimens de haine & quelques vues d'ambition se mêlèrent, sans doute, à leur bienveillance & à leur intégrité. Comment attribuer des | actions atroces à des motifs parfaitement purs ? mais ces hommes, néanmoins, purent être complettement dupes de leur illusion, quoiqu'il en soit, leur opinion ne changeoit en rien la nature de leur crime. Il faut distinguer une action du motif qui nous y porte : On peut faire une bonne action par un motif condamnable, l'action n'en est pas moins vertueuse, mais celui qui l'a commise, n'en a pas plus de droits à l'éloge. On peut aussi commettre une action blamable, avec le meilleur motif. Il faut rendre justice à l'un, sans excuser l'autre, lorsque nos dispositions systématiques tendent au bien général, nous méritons l'estime, même dans nos erreurs. Mais que prononcerons [...]2
6 remarquables ] avant ce mot par [...] biffé sur la même ligne 1
2
Le passage : Des sentimens ... nos erreurs, est réécrit, remanié Un crime commi... excuser. au chap, il «De la justice», P 113v°-114r*\ voir n. 2, p. 997. La phrase est incomplète à cause de la destruction des pp. 239-244 (selon l'ancienne pagination en chiffres arabes).
Livre II, Chapitre IV
•93bi"
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Chapitre IV1 de l'égalité des homes
Egalité phisique - objection - réponses - Egalité morale - ses limites ressort de la justice politique. Egalité phisique. s L'égalité des hommes est ou phisique ou Morale, on peut juger leur égalité phisique, relativement à la force du corps ou aux facultés de l'esprit. objection. Cette partie de notre sujet a été souvent exposée à la controverse et à la chicane, on a prétendu, [«]que l'erreur de cette égalité étoit universelle- 10
Etablissement du texte : 2/4-2/2, L f 92v°-96v°, PI f K ^ - l l l r " , G pp. 104-108. 1-p. 1010.1 Chapitre IV ... il est ] d'abord, BC commence par corriger sa première rédaction L'égalité des hommes est ou phisique ou morale, ici, BC ajoute une note du traducteur L'auteur ne s'est pas exprimé ici avec une exactitude suffisante. Les deux espèces d'égalité qu'il va décrire, ne devoient pas être désignées, l'une sous le nom d'égalité physique, l'autre sous celui d'égalité morale : Ce qu'il appelle égalité physique, est à proprement parler, l'égalité individuelle, ou l'égalité d'homme à homme ; {[...] prouve, [...] qu'il comprend) Il le prouve, en comprenant sous le nom d'inégalité physique, l'inégalité des facultés de l'esprit, ce qu'il entend par égalité morale, c'est l'égalité légale, (l'égalité) le droit égal des hommes à être jugés par les mêmes loix. je ne me suis pas cru autorisé à changer une terminologie qui se prolonge dans le reste de l'ouvrage ; & j'ai pensé qu'il suffirait d'avertir le lecteur de cette confusion de mots, fin de la note on peut considérer leur égalité phisique, relativement à la force du corps ; on peut la considérer relativement aux facultés de l'esprit. La controverse & la chicane ont ' Cahier formé de six feuillets cousus (f° 92r°-97v°) contenant la traduction du chap. iv «Of the Equality of Mankind». A l'origine, le copiste avait écrit dans un cahier cousu formé de six feuillets, dont le premier et le dernier formaient une couverture sans texte ni pagination. Au recto du premier feuillet, on lit : Livre 2. Ch. 4 (D. l'O. A. p. 103-108), autographe, ensuite biffé et corrigé en : Livre u. Chap. il. Il semble que la même indication se trouve, caviardée, au f 97r° qui est le dernier du cahier. BC aurait utilisé le dernier feuillet comme première page, mais ensuite il l'aurait remis à sa place tout en en biffant l'indication. Les quatre feuillets internes sont paginés de 246 à 252. BC corrige abondamment la première version, puis colle une feuille par quatre cachets de cire sur la première page (f° 93br"). utilise le verso de la couverture et la feuille ainsi collée pour modifier tout le
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Recherches sur la justice
politique
ment démontré par l'expérience, parmi les individus de notre espèce il est f° 93v° impossible d'en trouver deux parfaitement semblables, l'un est fort, et l'autre est foible : l'un est sage, l'autre est stupide. la source de l'inégalité des conditions est dans la nature, l'homme vigoureux a le pouvoir de subjuguer ; l'homme foible a besoin d'etre protégé, la conséquence est inévi- 5 table, l'égalité des conditions est une hypothese chimérique, impossible dans l'execution, et dont l'execution, seroit funeste.»
obscurci les questions qui se rapportent à ces deux espèce d'égalité. Ensuite, il colle un feuillet blanc sur le r" du f 93b et, à quelques différences près, il réécrit le début du chapitre aux f°92v° et 93r° la note y comprise Livre II. Chapitre (IV.) II. De l'égalité n'est sans défaut & de longtems je pense, il n'en existera de semblable. 11-13 résister ... entraves ] partiell. biffé et corr. en résister avec opinatreté à des modifications soumises à la discussion philosophique : aucun ne doit essayer de mettre des entraves 16 mais ] biffé 18 pensées ] biffé et corr. en idées 2 1 - 2 2 le fil ... spéculations ] partiell. biffé et corr. en ses spéculations hardies 2 3 - 2 5 Conclusions ... vérité ? ] supp. 2 5 - p . 1025.5 non assurément... humaines. ] partiell. biffé et corr. en mais ce seroit une étrange erreur que de conclure, parce que chaque homme doit chercher de son mieux et librement, ce que c'est que la vérité et la vertu, et parce qu'il y a des objets sur lesquelles, la société n'a point de jurisdiction, que les hommes ont le droit de faire autre chose que des actions vertueuses, ou de dire autre chose que la vérité. Lors même que la loi se tait, la justice eternelle parle [ f 107v°] et le devoir s'applique â tout ce qui concerne les actions humaines.
Livre II, Chapitre V
1025
en résulte seulement, que chaque homme doit chercher de son mieux et en liberté, ce que c'est que la vérité et la vertu, et qu'il y a des choses sur lesquelles, la société n'a point de jurisdiction. mais le caprice et la volonté P I07v° arbitraires n'en sont pas plus libres, et le devoir s'applique à cet objet comme â tout ce qui concerne les actions humaines 1 . 5
Après les derniers mots du chapitre, on lit le mot Littérature, écrit au crayon et d'une calligraphie dont on ne saurait dire si elle est de BC.
1026
Recherches sur la justice
politique
[Chapitre VI]1 [De l'exercice du jugement individuel]
P121 f
[...] supposons, que je trouve une occasion de contribuer essentiellement au
Etablissement du texte : 2/6-3/1, L P 119r°-134v°, PI P 117v°-126v°, G pp. 120-137. 3-p. 1027.8 trouve ... l'action. ] partiell. biffé et corr. en puisse, sans inconvéniens pour (d'autres) la société, contribuer essentiellement au bien être de trente de mes semblables, mon devoir me commande de saisir cette occasion, mais si l'institution positive vient me présenter quelque recompense (la) la nature de l'action n'est plus la même. 1
Cahier formé de deux cahiers cousus ensemble, dont le premier se compose de douze feuillets ( P 119-130) et le deuxième de quatre feuillets (P 131-134), contenant la traduction du chap. vi «Of the Exercice of Private Judgment». Sur la moitié gauche du P 119r°, on lit : Livre 2. Chap. 6. (D. l'O. A. p. 120 -137.), indication autographe biffée par la suite. Ce cahier est de la main du copiste, seuls les deux premiers folios (P 119 et 120) et le P 1271° sont autographes. Les P 119 et 120 ont été collés par des cachets de cire, sur les onglets de deux anciens feuillets (pp. 277-280, selon l'ancienne pagination), où l'on voit encore quelques bouts de phrases écrites par le copiste qui nous montrent qu'au début, BC avait suivi l'ordre anglais et qu'il avait même révisé sa traduction. Lors du remaniement et de la réécriture des deux premiers feuillets, BC intervertit l'ordre anglais des trois premiers paragraphes : le troisième correspondant aux trois premiers de BC. Au verso de l'onglet collé sur le P 119r°, on lit quelques mots qui traduisent le premier paragraphe (ordre anglais) et qui réapparaissent dans le quatrième paragraphe (ordre du remaniement. Voir «Dernière version» p. 1398,10-16) : cachet de cire e peut \ et \ (xercise) e, | {devient) nstance | (bsolue) | ni botie | cachet de cire | traîner, ([...]/!/) sou= \ hatiment, \ (est) eviendra cachet de cire. Au recto de l'onglet collé sur le P 120r°, on lit un bout de correction autographe qui appartient au deuxième paragraphe (ordre anglais) et qui réapparaît dans le cinquième paragraphe (ordre du remaniement. Voir «Dernière version» p. 1398,17-22): Il p \ à ses devoirs, | calculs & \ ses motifs | jj'''•
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Une page du manuscrit de Lausanne de la main du copiste A avec des corrections autographes. Bibliothèque cantonale et universitaire, Lausanne. Fonds Constant n 34/7, P 136r°.
Livre III, Chapitre I
1043
Livre 3. mel Principes du Gouvernement.
p i36r°
Chap.e l. er Systèmes des Ecrivains politiques. La question Etablie - premiere hypothèse - Gouvernement fondé sur la force - 2.me hypothèse - Gouvernement du droit divin - 3.mf: hypothèse - Contrat Social - Examen de la 1 ,ere hypothese - de la 2.me - Caractéristique du droit divin - 1 .er Origine patriarchale, 2."d la Justice
s
L a question Etablie.
Nous avons trouvé, dans le cours de nos recherches, qu'il y a deux occa- io sions, ou il peut etre nécessaire de limiter l'exercice du jugement individuel, P I36v° en faveur du bien public, et de restreindre les actions | des particuliers, par un acte de la volonté générale. Il est donc intéressant d'examiner, quelle doit être l'origine de ces actes, ou pour nous expliquer plus clairement, quelles doivent être les bases du Gouvernement politique. 15 l.er hypothèse gouvernement fondé sur la force. On a établi sur ce sujet trois différentes hypothèses. 1.° le système de la force, selon ce système, il est indispensable de contenir la grande masse du peuple dans la sujétion, elle ne peut être maintenue, que par le pouvoir des
Etablissement du texte : 3/1-3/2, L F 136r°-138 r", PI P 127i"-128v°, G pp. 139-142. 1-2 Livre ... Gouvernement. ] supp. 3 Chap.e 1" ] corr. en Chap. e 2 5 - 9 La ... Etablie. ] 1 supp. 7 de la 2. ™ J avant ces mots Examen ajouté 8 1." ] corr. en 1.° 2."d ] corr. en 2.° 10-12 qu'il ... public, ] partiell. biffé et corr. en que certaines circonstances rendent nécessaire de subordonner au bien public l'exercice du jugement individuel 13 un ] biffé et corr. en des 16 1 er ... force. ] supp. 17 On ... hypothèses. ] partiell. biffé et corr. en L'on a établi sur ce sujet trois hypothèses (1) différentes (2). 18-p. 1044.3 de contenir ... race humaine. ] partiell. biffé et d'abord corr en de retenir la grande masse du peuple dans (l'asservissement) la sujettion : Elle ne peut être prolongée que par le pouvoir des individus révétus de l'autorité ; et cette puissance n a pour baze que la distribution (1) inégale (2) des forces du corps et de la sagacité de l'Esprit, parmi les hommes, ensuite corr. en de retenir dans l'assujettissement la grande masse du peuple, l'unique sanction de cet assujettissement se trouve dans la puissance des individus révétus de l'autorité ; et cette puissance n a pour baze que l'inégale distribution des forces physiques & des facultés intellectuelles. 1
Cahier formé de seize feuillets (P 135-144 et P 601-606) anciennement cousus, mais ensuite coupés et collés sur des onglets deux à deux. L'opération de découpage-collage pro-
1044
Recherches sur la justice politique
individus révétus de l'autorité ; et ce pouvoir n'est fondé que sur l'inégale distribution des forces du corps et de la sagacité de l'esprit, parmi la race humaine. 2. eme hypothèse gouvernement du droit divin. D'autres raisonneurs prétendent, que le gouvernement est de droit divin : 5 P I37r° que l'être Suprême qui a créé l'Univers, veille sur sa conservation ; | et que nous devons obéir à l'autorité des gouvernans, ou magistrats civils, et les considérer comme les instrumens de la providence. 3. me hypothèse contrat social. Le troisième sistême est celui qu'ont adopté le plus communément les amis 10 de la Justice et de l'Egalité, ils supposent, entre tous les individus d'une société et ses gouvernans, un contrat volontaire, au moyen duquel l'autorité du gouvernement est fondée sur le consentement général. 4 2.eme... divin. ] supp. 5-8 D'autres ... providence. ] partiell. biffé et corr, en Une seconde hypothèse établit le gouvernement sur le droit divin : elle nous enseigne que l'être Suprême qui créa l'Univers, le dirige encore [P 137r°] et que les nations doivent obéir à leurs magistrats comme aux instrumens de la providence. 9 3."* ... social. ] supp. 11-12 tous ... gouvernans ] partiell. biffé et corr. en les gouvernans et les gouvernés 13 est fondée ] biffé et corr. en repose général. ] après ce mot, une note du traducteur est ajoutée dans la duit quatre feuilles doubles collées en leur milieu (P 136-139 et 601-604), trois feuilles doubles (P 140-143 et 605-606) et une feuille double qui sert d'enveloppe (P 135 et 144). Avant d'être démembré, ce cahier contenait la traduction du livre III «Principles of Government», chap. I «Systems of Political Writers» (P 136r°-1380, chap. II «Of the Social Contract» (P 138v°-143v°) et chap, ill «Of Promises» (P 601P-606v°). En haut et à gauche du P 135P, on lit : Livre 3. chapitre 1. 2 et 3 corrigé par la suite en : Livre 3 contient 7 Chapitres, chapitres 1. 2. Le chiffre 3 est supprimé parce que, lors du remaniement, le chap. Ill «Des promesses» (du livre m) deviendra le chap, iv du livre viii «Essais détachés». Ce déplacement est donc la cause du grand emploi de la technique du collage dans le but de ne pas disperser les feuillets détachés. Au-dessous des indications autographes concernant les chapitres, on trouve : (D. l'O. A. p. 138-156), autographe aussi, et au centre de la page les titres : Dissertation sur la Justice politique, Chap. 1 Systèmes des Ecrivains politiques, Chap. 2 Du Contrat social, Chap. 3 Des promesses. Ce dernier titre est biffé. Enfin, toute indication est biffée et remplacée par : Livre 3. En haut, sur la marge gauche du P 136r°, à moitié caché par un cachet de cire, on lit : [Livr\e 3. Chap. 1 " et, au-dessus des titres, on trouve encore : Dissertation sur la justice politique biffé par la suite avec le titre du livre. Sur la marge vide du P 137r", BC colle un papier par quatre cachets de cire, afin d'ajouter une note du traducteur. Le P 140r°, les trois premières lignes exceptées, est presque entièrement recouvert d'un papier collé par cinq cachets de cire, sur lequel BC réécrit le contenu de la page. Les P 135v° et 144r° et v°, qui constituent l'enveloppe, sont blancs. Tout au long du texte, des signes au crayon indiquent les passages à réviser. Paginations du chap. I : foliotage en chiffres arabes limité au cahier ; pagination en chiffres arabes ; foliotage en nombres ordinaux en toutes lettres : P 135r" : 1" ; 309 ; Cent vingt unième - P 135v° : 310 - P 136r° : 311 ; Cent vingt deuxième - P 136v° : 312 - P 137P : 313 ; [Cent vingt] troisième chiffre partiellement couvert par le papier collé - P 137v° : 314 - P 138P : 315 ; Cent vingt quatrième Ecritures : du copiste A ; corrections autographes. Titres et sous-titres : traduits et, à l'exception du titre du chapitre, biffés.
Livre III, Chapitre I
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Examen de la l. ere hypothèse. L e s deux premières hypothèses sont faciles à détruire, le système de la force, fondé sur la violation et l'oubli total de la justice, considère comme légitimés tous les gouvernemens qui peuvent appuyer leur autorité d'une force suffisante pour la maintenir, elle arrête par la violence, tout progrés de s F I37v° la science politique, elle tend à forcer les hommes à supporter leurs | maux en silence quelqu'ils puissent être, & leur défend d ' y chercher un réméde. de la seconde. la seconde hypothese est d'une nature équivoque : tantôt, d'accord avec la précédente, elle considère tous les gouvernemens qui existent, comme éma- 10 nés de l'autorité divine : tantôt elle distingue les gouvernemens émanés de la providence, de ceux qu'elle désaprouve, dans ce cas il faut avoir un moyen de discerner entre ces deux sortes de gouvernemens ; jusqu'alors cette hypothèse est inapplicable. Caractéristique droit divin, origine patriarchale. justice. L'origine patriarchale ne peut établir un droit, qu'en faveur des véritables
marge sur un papier collé note du traducteur, l'histoire de la marche de l'espèce humaine nous semble conduire à une conclusion différente de celle ou sont arrivés la plupart des auteurs qui se sont occupés du contrat social, frappés du spectacle que leur offroient les contrats habituels dans la vie commune, contrats qui précèdent leurs effets, et regardant la société comme l'effet d'un contrat, ils ont du supposer ce contrat antérieur à l'association, au contraire, le contrat social est, sinon la dernière époque de la société, du moins l'une des plus tardives, la société a reposé successivement sur la Théocracie, sur la conquête, sur l'hérédité, c'est à dire sur des bazes prises hors de la nature humaine, les homes ont découvert la nullité de chacune de ces bazes, et ont senti qu'il falloit en prendre une tirée de leur nature et l'idée d'un contrat leur est venue, cette idée leur a été suggérée par ce qui se passoit chaque jour sous leurs yeux dans les transactions particulières, cette idée étoit incompatible avec toute baze différente de gouvernement, et aussi longtems qu'il a existé une autre baze de gouvernement, l'idée (de) d'un Contrat social a été inapplicable. Il ne faut donc jamais parler d'un contrat tacite, antérieur à la société, les homes n'ont pu stipuler des conditions pour un état de choses qu'ils ne conoissoient pas. le contrat social est une découverte, une application faite par la société. 1 Examen ... hypothèse. ] supp. 2 détruire ] biffé et corr. en renverser 3-7 fondé ... réméde. ] partiell. biffé et corr. en n'étant autre chose que la violation (scandaleu) notoire et l'oubli scandaleux de toute justice, Il consacre tout gouvernement qui peut maintenir sa tyrannie, il arrête par la violence, tous les progrés de la science politique, il tend à contraindre les hommes à supporter [P 137v°] leurs maux en silence, & leur défend d'y chercher réméde. 8 de ... seconde. ] supp. 9 d'une ... équivoque : ] partiell. biffé et corr. en équivoque de sa nature. 10 qui existent ] biffé 12-14 qu'elle ... inapplicable. ] biffé et d'abord corr. en (qu'elle désaprouve, mais dans ce cas il faut qu'elle nous donne un moyen de distinguer entre ces deux sortes de gouvernemens ; ou jusqu'alors elle est inapplicable) ensuite corr. en qui sont privés de cette sanction, mais elle ne nous donne aucun moïen de les reconnôitre, & par cela seul demeure (inappli) a jamais inapplicable. 15-p. 1046.6 Caractéristique ... légitime. ] supp.
15
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Recherches sur la justice politique
héritiers qu'il n'est pas aisé de découvrir. Si nous considérons 1 équité des gouvernemens, comme la preuve de la sanction divine, il y aura peu d'objections contre cette hypothese. mais elle ne servira pas a grand chose, car p I38r° ceux mêmes qui n'admettent | point l'argument du droit divin, conviennent qu'un gouvernement fondé sur la justice et sur l'utilité est un gouvernement s légitime. La troisième hypothèse demande un examen plus attentif. Si, à l'appui de la vérité, on a introduit quelques erreurs, il est essentiel de les demasquer. lorsqu'on amalgame la vérité avec les préjugés ou l'imposture, on nuit toujours à sa cause, et loin de perdre à la dissolution de cette honteuse 10 alliance, elle prend un nouvel éclat et un ascendant plus irrésistible.
1 aisé ] biffé et corr. en facile 3-4 cette hypothese ... conviennent ] partiell. biffé et corr. en ce système, mais quelle en sera l'utilité puisque ceux mêmes qui rejettent [P 138r°] le droit divin, sont prêt à convenir 7-11 Si... prend ] partiell. biffé et d'abord corr. en Si, à l'appui de la vérité, l'on a introduit quelques erreurs, il est essentiel de les réfuter. Lorsqu'on mele à la vérité les préjugés ou l'imposture, l'on nuit toujours à sa cause ensuite corr. en il est essentiel de séparer de la vérité les erreurs (/qu'on/ mêmes) que l'on a voulu faire servir à sa défense. Elles nuisent toujours a sa cause {&) loin de perdre â la dissolution d'une honteuse alliance, la vérité lorsqu'elle est abandonnée à ses propres forces, prend
Uvre 111, Chapitre 11
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Chapitre II1 Du Contrat Social
f i38v°
Questions proposées - quelles sont les parties contractantes - quels est la formule de l'engagement - quelle doit être la durée - de quelle espèce sont les propositions qui lui sont soumises - l'engagement s'etend il aux lois futures - réflexions sur les adresses d'adhésion pouvoir de la majorité.
5
Question proposée. A la première inspection du contrat social, plusieurs difficultés se présentent : quelles sont les parties contractantes ? consentent elles pour elles seu- 10 les, ou pour d'autres ? durant combien de tems ce contrat est-il en force ? Si le consentement de tous les individus est indispensable, comment doit on f I39r° s en assurer ? | est-ce tacitement ou d'une manière explicite. quelles sont les parties contractantes. La cause de la justice et de l'Egalité tireroient peu d'avantages du contrat 15 Etablissement du texte : 3/2-3/3, L P 138v°~143 v°, PI P 129r°-132v°, G pp. 143-149. 1 II ] corr. en III 3 - 8 Questions proposées ... Question proposée. ] supp. 9 A la ... du ] biffé et corr. en Au premier regard que nous portons sur le système d'un 11-13 est-il en ... explicite. ] partiell. biffé et corr. en reste-t-il en force ? le consentement de tous les individus est-il indispensable ? comment doit on s'assurer de ce consentement ? peut-il être [ f 139r°] tacite ou doit il être formel ? 14 quelles ... contractantes. ] supp. 15-p. 1048.1 du contrat social ] biffé et corr. en de ce système 1
Pour ce qui concerne la description matérielle du chap. Il «Of the Social Contract», voir n. 1, pp. 1043-1044. En haut, sur la marge gauche du P 138v°, on lit : Livre 3. chap. 2 biffé. A côté du titre, une croix renvoie à la (Note 17) dont le renvoi est supprimé. Le P 144r° et v°, qui servait en principe d'enveloppe, est blanc. Paginations du chap. 11 : foliotage en chiffres arabes limité au cahier ; pagination en chiffres arabes ; foliotage en nombres ordinaux en toutes lettres : P 138v° : 316 - P 139r" : 317 ; Cent Vingt cinquième - P 139v° : 318 - P 140i" : 5 ; 319 ; Cent vingt sixième - P 140v° : 320 - P 141r° : 6 ; 321 ; Cent vingt septième - P 141v° : 322 - P 142r° : 323 ; Cent Vingt huitième - P 142v° :324-f° 143r° : 325 ; Cent vingt neuvième - P 143v° : 326 - P 144i" : 339 ; Cent-trentième - P 144v° : 340. Ecritures : du copiste A ; corrections autographes. Titres et sous-titres : traduits (dont un sous-titre ajouté par BC) et, à l'exception du titre du chapitre, biffés.
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Recherches sur la justice politique
social, si l'on supposoit que nos ancêtres ont eu le droit de choisir la forme du gouvernement, sous lequel ils vouloient vivre, mais qu'ils ont pu en même tems priver leurs déscendans de cet avantage et transiger de leur jugement et de leur indépendance, jusqu'à leur derniere postérité. Si, au contraire, le contrat doit être renouvellé à chaque génération, quel est l'intervalle qu'il convient de fixer pour ces renouvellements ? et si je suis tenu de me soumettre au gouvernement établi, jusqu'à l'Epoque ou j'aurai le droit de déclarer mon vœu pour ou contre, quel est le principe de cette obligation ? ce n'est pas certainement la transaction que mon pére a faite antérieurement à ma naissance. 139v°
I40r°
quelle est la f o r m e d e l ' E n g a g e m e n t .
Secondement, quelle est la nature de l'Engagement, en vertu du quel je doit être considéré comme le sujet d'un gouvernement quelconque ? On dit communément, qu'il suffit d'un acquiescement tacite, et que je suis censé avoir aquiescé, lorsque je vis paisiblement sous la protection des loix générales, mais si cette proposition etoit juste, elle exclueroit aussi complettement que le plus rigoureux systeme de Tyrannie, toute espéce de discussion et d'amélioration politique. Il en résulteroit qu'une soumission paisible légitimeroit la Tyrannie de Caligula et l'usurpation de Cromwell. l'acquiessement de l'individu n'est souvent que le choix du moindre mal. quelque fois ce n'est pas même ce choix, quelque mécontent que le paysan ou l'artisan puissent être du gouvernement de leur pays, | ils sont forcés d'y rester, faute des moyens de se transporter et de subsister ailleurs, il convient aussi d'ob-
2 - é qu'ils ont ... tenu ] partiell, biffé et corr. en qu'en même tems ils ont pu depouiller leur déscendans de cette prérogative inestimable et, transiger du jugement et de l'indépendance de leur derniere postérité. Mais si le contrat doit se renouveller à chaque génération, quel intervalle convient il de fixer pour ces renouvellements ? si je suis obligé 9 certainement ... faite ] partiell, biffé et corr. en certes la transaction pretendue faite par mon pére 11 quelle ... Engagement. ] supp. 12-13 Secondement... comme ] partiell, biffé et corr. en en second lieu de quelle nature est l'Engagement, qui me rend 13-15 On ... générales. ] partiell, biffé et d'abord corr. en : suffit-il d'un acquiescement tacite, et cet acquiescement est-il supposé lorsque je vis paisiblement sous la protection des loix générales ? ensuite corr. en : suffit-il d'un acquiescement tacite, et suis je supposé donner cet acquiescement en vivant en paix sous la protection des loix générales ? 16 mais ... exclueroit ] partiell, biffé et corr. en cette doctrine ne semble-t-elle pas exclure 18-19 II en ... Cromwell. ] partiell, biffé et corr. en une soumission paisible légitimerait donc (le despotisme de Cromwell ) l'usurpation de Cromwell ou le despotisme de Caligula ! 20 quelque ] biffé et corr. en d autre 21 paysan ] biffé et corr. en laboureur 22 rester ] biffé et corr. en demeurer 23-p. 1049.11 il convient... contractent. ] d'abord, le début est partiell, biffé et corr. en (il convient aussi d'observer, que ce systeme de [l'acquiesce]ment s'accorde mal) ensuite le passage est recouvert d'un papier, collé par cinq cachets de cire, et remplacé par Le systeme de l'acquiescement tacite, s'accorde
Livre Hl, Chapitre II
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server, relativement au systeme de [l'acquiesce]ment 1 , qu'il s'accorde mal a[vec les opi]nions [et la] pratique généralement établies, [ce qu'on] appelle la loi des nations exige moins rigoureusement la fidélité d'un étranger qui vient s'établir parmi nous, quoi que son acquiéscement soit beaucoup plus évident, tandis que la Mére patrie prétend conserver ses droits sur les na- s turels qui sont allés défricher au loin des pays deserts ; et si s'étant fixés chez une nation voisine, ils portent les armes pour leur patrie nouvelle contre le pays ou ils sont nés, la lois les condamne à mort, l'acquiesçement ne peut jamais être considéré comme un consentement [lorsque] les indif° I40v° vidus intéressés ne connoissent [point les] | clauses de l'engagement qu'ils 10 contractent". Mr. locke, le grand champion de la doctrine d'un contrat originel, a senti cette difficulté, et observe en conséquence, que le consentement tacite peut bien imposer à l'individu l'obligation d'obéir aux lois d'un gouvernement, tandis qu'il y habite, mais qu'il ne peut devenir un membre de la Cité, 15
" Essais de Hume part. II essai XII
mal avec le reste des opinions (& la pratique rigoureu) généralement (établies) reçues, ce qu'on appelle la loi des nations, exige avec plus de rigueur la fidélité des naturels d'un pays envers leur gouvernement que celle des Etrangers qui viennent y fixer leur résidence, cependant l'Etranger, qui choisit librement sa demeure, fait un acte d'acquiescement bien plus positif que l'homme qui reste aux lieux ou le hazard l'a fait naître. | Cette même Loi des Nations prétend que la Mérepatrie conserve ses droits sur les Citoyens qui vont fonder des colonies ou habiter chez des Nations voisines, & bien que leur départ soit le contraire de l'acquiescement, si, se regardant comme affranchis par cet acte, ils portoient les armes pour leur nouvelle patrie contre leurs anciens compatriotes, on les condamneroit à mort, qu'est-ce donc que cet Acquiescement qu'on explique de tant de maniérés opposées, [f 140v°] & qu'on veut rendre obligatoire en cachant aux intéressés les clauses mêmes qu'il contient ? ici, un appel renvoie à une note, biffée au bas de la page, ensuite réécrite à côté du passage en cause, et enfin biffée Essais de Hume part. 2. Essai 12. 3 - 6 étranger ... deserts ; ] biffé et corr. en que celle d'un naturel du pays ; bien que l'étranger en choisissant le bien de la résidence ait acquiescé de la (même) manière la plus formelle, cette même loi prétend que la mére patrie conserve ses droits sur les citoyens qui vont défricher au loin des pays déserts. 8 le pays ... nés, ] biffé et corr. en leurs anciens compatriotes 12-p. 1050.1 Mr. locke ... formel. ] partiell. biffé et corr. en Cette difficulté n'a pas échappé à Mr. locke, le champion zélé de la doctrine d'un contrat originel, il observe en conséquence, que le consentement tacite impose à l'individu l'obligation d'obéir aux lois d'un gouvernement, tandis qu'il habite dans le pays ou (est etab) ce gouvernement est établi, mais qu'il ne peut devenir un membre de la Cité, que par une adherence positive & par un engagement formel, la note est biffée Les mots du f 140r° qui sont mis entre crochets, sont couverts par des cachets de cire.
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Recherches sur la justice
politique
qu'après avoir adhéré aux clauses du contrat par un engagement formel", il résulterait de cette singulière distinction, que le simple acquiesçement suffirait pour assujettir un individu aux entraves d'une société, mais que son consentement formel est indispensable pour le faire participer à ses avantages. s f° 14lr°
quelle doit être sa durée
Une troisième objection se présentera d'elle même, si nous entreprenons de fixer la durée de l'engagement contracté, avec quelque solemnité que nous le supposions accepté par les membres de la société, à l'epoque de ma majorité, par exemple, on me requiert de déclarer mon vœu pour ou contre 10 un système d'opinions, ou un code d'institutions établies, pour combien de tems serai-je lié par ma déclaration ? m'est-il défendu de rectifier mes opinions, durant le reste de ma vie ? si je ne suis pas engagé pour ma vie entière, pourquoi le serois-je pour un an, pour une semaine, pour une heure1 ? si, au contraire, mon opinion refléchie, mon jugement approfondi 15 sont comptés pour rien, dans quel sens pretend on que la légitimité du gouvernement est fondée sur mon consentement ? P 141v°
de quelle espece sont les propositions qui lui sont soumises.
Mais ce n'est pas seulement dans la durée que la difficulté consiste, pour que j e puisse donner mon consentement à une proposition, il faut qu'elle 20 soit simplement et clairement exposée, les variations de l'Esprit humain sont si nombreuses, que toutes les fois qu'il conserve son indépendance et son intégrité, il est à peu près impossible que deux hommes demeurent d'accord sur dix propositions successives, quoi de plus absurde que de me présenter les lois d'angleterre, en cinquante volumes in folio, et d'exiger 25 que j e déclare mon opinion sur ce qu'ils contiennent en masse2 ?
0
locke. TVaité du Gouv.1 livre II chap. VIII §. 119-122.
3-4 individu ... indispensable, ] partiell, biffé et corr. en homme aux entraves & aux loix pénales d'une société, mais que son consentement exprès seroit nécessaire 6 quelle ... durée ] supp. 7 - 9 se presenterà ... accepté ] partiell, biffé et corr. en se presenterà si nous entreprenons de fixer la durée de l'engagement contracté, lors même que nous le supposerions accepté de la manière la plus solemnelle 17 est fondée sur mon consentement ? ] partiell, biffé et corr. en se fonde sur le consentement des gouvernés ? 18 de quelle ... soumises. ] supp. 19 durée ] après ce mot légitime de l'engagement ajouté 26 qu'ils ] biffé et corr. en que ces volumes 1 2
Ici, un renvoi à la Note 18, supprimé. Ici, un renvoi à la Note 19, supprimé.
Livre III, Chapitre II
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s'etend il aux lois futures. Mais ce contrat social considéré comme la Base du gouvernement ne borf° I42r° nait pas là ses prétentions. Je suis non seulement | tenu d'approuver toutes les lois existantes, mais encore toutes celles qui seront promulguées à l'avenir1. c'est en considérant le sujet sous ce point de vue, que Rousseau a dit 5 dans son contrat social, «la souveraineté ne peut être répresentée par la même raison qu'elle ne peut être aliénée, elle consiste dans la volonté générale, et la volonté ne se répresente point, elle est la même, ou elle est autre : il n'y a point de milieu, les députés du Peuple ne sont point ses représentans. ils ne sont que ses commissaires, ils ne peuvent rien conclure 10 définitivement, toute loi que le peuple en personne n'a pas ratifiée, est nulle, ce n'est point une loi". reflexions sur les adresses d'adhésion. Quelques apôtres de la liberté ont imaginé récemment, qu'au moyen des adresses d'adhésion, ils détruiroient l'objection que nous venons d'exposer. 15 mais ce remède est fort insuffisant, les adresses envoyées par les differens P I42v° districts ou départemens | d'une nation, sont pour la plupart une acceptation ou un refus sans autre observations, il y a une grande différence entre la première délibération et une opposition tardive, la premiere constitue véritablement le pouvoir, l'autre n'en est que l'ombre, les adresses sont d'ail- 20 leurs un moyen très suspect, pour connoitre le vœu public, on recueille le plus souvent les suffrages en hate, et en désordre, l'esprit de parti les entraine, et l'intrigue profite de la confusion, pour obtenir des signatures, tandis que le plus grand nombre des intéressés ne prend aucune part à la
contrat social livre 3 chap. XV.
1 s'etend il ... futures. ] supp. 2 - 3 Mais ... prétentions. ] partiell. biffé et corr. en ceux qui considèrent le contrat social comme la Base du gouvernement portent leurs prétentions plus loin encore. 5 le sujet ] corr. en ce sujet a dit ] a biffé 13 reflexions ... d'adhésion. ] supp. 14-21 Quelques ... public. ) partiell. biffé et corr. en Quelques amis de la liberté se sont flattés de repondre à la difficulté que nous venons d'exposer au moyen des adresses d'adhésion, remède insuffisant & trompeur 2 , les adresses envoyées par les differens districts ou départemens [P 142v°] d'un pays, sont pour la plupart une acceptation ou un refus sans observations ultérieures, or la différence est grande entre une opposition tardive & la première délibération, celle ci constitue véritablement le pouvoir, l'autre n'en est que la vaine image, les adresses sont d'ailleurs une méthode equivoque de connoitre le vœu public. 23 et ] biffé et corr. en 25 contrat ... chap. XV. ] supp. 1 2
Ici, un renvoi à la Note (19) 20, supprimé. Ici, un renvoi à la Note 21, supprimé.
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Recherches sur la justice politique
transaction et à moins de quelque circonstance extraordinaire, ignore souvent ce dont il s agit. pouvoir de la majorité. Enfin, si le gouvernement est fondé sur le consentement général, il ne peut f° I43r° point obliger l'individu qui n'y a point consenti. | si le consentement tacite
s
est insuffisant, a plus forte raison ne puis j e être censé consentir, lorsque je déclare formellement mon refus, c'est la conséquence immédiate du principe de Rousseau, si le peuple ou les individus qui constituent le peuple, ne peuvent déléguer leur autorité à des représentans, l'individu membre d'une assemblée, ne peut pas non plus déléguer son autorité â la majorité de cette 10 assemblée, les réglés qui dirigent ma conduite sont une affaire de considération totalement personnelle, et l'on ne peut transférer â un autre les soins de sa conscience et le jugement de son devoir, ceci nous mène au point d'où
1 - 2 à moins ... souvent] partiell. biffé et corr. en souvent (1) ignore (2) 3 pouvoir de la majorité. ] supp. 4 - 5 ne peut point ... consenti. ] partiell. biffé et corr. en ne peut obliger l'individu qui a refusé d'y consentir. 6-p. 1053.4 a plus forte ... primitif. ] partiell. biffé et corr. en que ne dirons nous pas, à plus forte raison, d'un refus exprimé formellement ? Dans quel principe le pouvoir que nous accordons à la majorité a-t-il pris son origine1 ? Les règles qui dirigent la conduite des hommes ne sont elles pas une affaire de considération totalement personnelle ? (je puis transférer à d'autres les soins de ma conscience et le jugement de mon devoir.) peuvent ils transférer à d'autres les soins de leur conscience et le jugement de leur devoir ? Leur consentement peut il les dépouiller de leur faculté morale ? [f° 143v°] (si notre re) Non sans doute. Aucun contrat ne peut engager ni aliéner ce genre de propriété : & de la résulte que l'autorité du gouvernement doit reposer sur une autre baze que le contrat primitif, nous ajouterons2 que le principe fondamental du contrat primitif repose sur une erreur, c'est à dire, sur l'obligation présupposée d'etre fidèles a nos promesses, puisque nous avons promis obéissance au gouvernement, nous sommes, nous dit on, tenus d'y rester soumis, examinons la nature de ce prétendu devoir. | Nous avons établi que la justice etoit la véritable mesure de tous les devoirs moraux et politiques, or la justice étant immuable, tant qu'il existera des hommes, leurs devoirs respectifs resteront les mêmes, en quoi donc une promesse peut-elle être une obligation ? j'ai promis (de faire) une chose juste, il est évident que je dois m'en acquitter, mais ce n'est nullement parce que j'ai promis, c'est que la justice me l'ordone. Ce que j'ai promis, au contraire, est une injustice, je dois m'en abstenir quelque solemnellement que j'aie pu m'engager. j'étois égaré, j'étois coupable, quand j'ai contracté cet engagement. Mais ce n'est pas une raison, je le pense, pour persévérer dans l'Erreur ou dans le crime3. 1 2
3
Ici, un renvoi à la Note 22, supprimé. Le passage : nous ajouterons ... dans le crime, est le remaniement du début du chap. III «Des promesses» (f 601r°-602v°), qui n'est pas pour autant biffé, voir n. 2, p. 1054. Ici, un renvoi à la Note 23, supprimé.
Livre ¡11, Chapitre II
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nous sommes partis, notre consentement ne peut nous dépouiller de notre P I43v° faculté morale. | c'est une sorte de propriété, que nous ne pouvons engager ni aliéner, il est donc impossible, que l'autorité du gouvernement soit fondée sur un contrat primitif.
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Recherches sur la justice
politique
Chapitre III1. des promesses.
f° 6oir°
Examen de la validité des promesses - elles sont incompatibles avec la justice - contraires au bien général - de l'esperance fondée sur les promesses - une [...] remplie n'assure pas toujours la validité de la promesse - Conclusion.
5
discution sur la validité des promesses. Le 2 principe fondamental du contrat primitif repose sur l'obligation supposée d'etre fïdele â nos promesses «puisque nous avons promis obéissance au gouvernement, nous sommes, nous dit-on, tenus d'y rester soumis.» 10 examinons donc la nature de ce prétendu devoir. Incompatibles avec la justice f° 601 v° Nous avons déjà établi la justice, comme | la véritable mesure de tous les devoirs moraux et politiques, la justice, par sa nature, est elle immuable ou précaire ? immuable, sans doute. Si elle est immuable, tant qu'il y aura des 15 hommes, mes devoirs vis-a-vis d'eux, seront les mêmes, dans tous les tems, je devrai proteger l'homme de bien, blâmer le vice, corriger l'homme viEtablissement du texte : 3/3-8/4, L f 601r"-606v o , P3 f° 17v°-21r°, G pp. 150-156. 1 Chapitre III ] biffé et corr. en Chapitre 4 3-7 Examen ... des promesses. ] supp. 4-6 l'esperance ... de la promesse ] partiell, biffé et corr. en la confiance accordée aux promesses & considérée comme un motif de les remplir - l'observance d'une promesse n'en prouve pas toujours la validité 9 supposée ] corr. en présupposée 12 Incompatibles ... justice ] supp. 13 la justice, comme ] partiell, biffé et corr. en que la justice étoit 15 immuable, sans doute. ] biffé 1
2
Pour ce qui concerne la description matérielle du chap. III «Of Promises», voir n. 1, pp. 1043-1044. En haut, sur la marge gauche du f 601r°, à moitié caché par un cachet de cire, on lit : [Liv.] 3. chap. 3. Paginations du chap. Ill : pagination en chiffres arabes : f° 601r° : 327 - f 601 v° : 328 f° 602r° : 329- F 602v° : 330 - f° 603r° : 331 -P 603v° : 332 - F 604f : 333 - f 604v° : 334 - P 605r° : 335 - f 605v° : 336 - f> 606r° : 337 - f 606v° : 338. Ecritures : du copiste A ; corrections autographes. Titres et sous-titres : quelques sous-titres ont été ajoutés par BC et, à l'exception du titre du chapitre, ils sont tous biffés. Les deux premiers paragraphes Le principe ... le remplir, sont réécrits, résumés, au P 143v°, à la fin du chap. II «Du contrat social», voir n. 2, p. 1052.
Livre III, Chapitre III
f 602r°
f" 602v°
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cieux. en quoi donc une promesse, peut elle être une obligation ? ce que j'ai promis est juste, injuste, ou indifférent. Il y a peu d'actions humaines qui mentent cette dernière qualification, et nous verrons encore diminuer leur nombre en proportion de nos progrés dans la science de la morale, laissons donc de côté les actions indifférentes, bornons notre examen a celles qui s sont conformes ou contraires â la justice, j'ai promis de faire une chose juste, je dois | incontestablement la faire, mais pourquoi ? parce que j'ai promis ? non : mais parce que la justice me l'ordonne, j'ai promis d'avancer une somme d'argent, pour un emploi utile et louable, dans l'intervalle de ma promesse à son exécution, il se présente un autre emploi dont l'utilité 10 me paroit plus évidente ou plus étendue, auquel dois-je donner le préférence ? a l'emploi qui la mérite intrinsèquement, la promesse ne change rien â la nature des choses, ce n'est point d'après des considérations étrangères, mais d'après le mérite réel de l'objet que je dois me déterminer. Ceci doit paroitre évident a mon lecteur, si il a suivi avec attention mes 15 premiers raisonnemens, sur la nature de la justice. Si chaque portion de ma fortune, chaque heure | de mon tems, chaque faculté de mon esprit, part â sa destination marquée par les principes de la justice immuable, il ne me reste plus rien dont je puisse disposer, rien que je puisse faire le sujet d'une promesse ; il faut faire ce qui est juste, que nous l'ayons promis ou non. Si 20 nous appercevons qu'une chose est injuste, nous devons nous en abstenir, quelque solemnellement que nous ayons pu nous engager nous étions égarés ou criminels, quand nous avons pris cet engagement : mais ce n'est pas une raison pour le remplir.
contraires au bien public. 25 Mais, dira t on ; si l'on ne fait point de promesses, ou si l'on ne tient pas celles qu'on a faites, comment pourra t on conduire les affaires ? en suivant dans toutes les circonstances la voix de la conscience, et les lumières de la f 603r° raison, une promesse pourrait être indifférente si on ne la considéroit que comme une simple déclaration de l'intention présente, et non pas comme 30 exclusive de toute nouvelle ou plus ample information ; cependant même avec cette restriction, l'usage des promesses serait loin d'etre généralement utile, pourquoi supposerait on que les affaires de ce monde iraient moins bien si mon voisin ne pouvoit compter sur mon secours, qu'autant qu'il serait raisonnable en moi de le lui accorder ? si je suis homme de bien, cette 35
15 doit ... mes ] partiell, biffé et corr. en (doit) doit paroitre évident si l'on a suivi avec attention nos 17 part ] biffé 19 que je puisse faire ] partiell, biffé et corr. en qui puisse etre 24 le remplir. ] biffé et corr. en persister dans l'erreur ou dans le crime. 25 contraires ... public. ] biffé 3 0 présente ] biffé et corr. en actuelle
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Recherches sur la justice
politique
sorte d'engagement doit lui suffire et s'il est probe lui même, il n'en désirera pas d'autre, si au contraire la probité n'a point sur moi d'empire, si je fais peu de cas des motifs de raison et de justice, il ne pourra guéres f° 603v° compter d'avantage sur le secours d'un principe qui n'a | de base que les préjugés ou l'erreur, j'ajouterai que l'avantage partiel qu'il peut produire, dans quelques occasions particulières, sera toujours plus que balancé par l'immoralité de l'exemple. On pourra m'observer encore, que mes principes seroient peut être admissibles, dans une société plus parfaite, mais que dans l'Etat actuel un grand nombre de membres de la communauté rempliroient mal leur devoir, s'ils n'y étoient invités par des motifs plus marquans que les considérations morales, cela peut être, mais cette question est fort différente de celle que nous venons de traiter, nous ne rech[erch]ons' pas maintenant si la société doit se mê[ler] des erreurs de ses membres. Si nous examinions cette question, nous dirions que l'homme vertueux ne craindra jamais de braver l'anif° 604r° madversion de la société, et d'encourir les peines qu'elle | aura attachées, a de actions semblables en apparence, si la circonstance particulière lui en impose le devoir. La Confiance accordée aux promesses & considérée comme un motif de les remplir Mais revenons à la questions des promesses, on me dira que, pour le choix entre deux emplois d'argent, de tems ou de facultés, ma promesse peut produire une différence essentielle, qu'elle doit consequemment être tenue lorsqu'elle est donnée, la personne qui l'a reçue, y a compté ; je ne dois pas tromper son attente, celle à qui je n'ai rien promis n'éprouve point cet inconvénient, qu'est-ce donc que cette partialité que je dois respecter ? qu est-ce que cette attente que je dois remplir, qui m'oblige de préférer une chose moins bonne à une meilleure, et de faire sciemment le mal ? car si
8 - 9 mes principes ... parfaite. ] partiell, biffé et 5 qu'il ] biffé et corr. en que ce principe corr. en ces maximes seroient peut être admissibles, dans une société parfaite. 11 marquans ] biffé et corr. en pressans 1 4 - 1 5 examinions cette question, ] partiell, biffé et corr. en traitions cette matière 16-18 et d'encourir ... devoir. ] partiell, biffé et corr. en lorsque prononçant [ f 604r°] des peines contre des actions semblables en apparence, mais différentes par leurs motifs, elle semblera lui imposer des obligations contraires à son devoir. 1 9 - 2 0 La Confiance ... remplir ] supp. 21 Mais ] biffé 2 3 - 2 4 tenue ... donnée. ] partiell, biffé et corr. en remplie, lorsqu une fois elle est donnée. 26 qu'est-ce ] avant ce mot Mais ajouté 28 de ] biffé et rétabli 1
Les mots : recherchons et mêler, partiellement illisibles à cause d'un trou, sont réécrits sur la marge.
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c'etoit faire le bien, j'y serais tenu sans promesse, mais sa confiance dans f 604v° votre | promesse a changé la nature de sa situation, il s'est engagé dans des entreprises auxquelles il n'auroit pas songé ; qu'importe ? lui et les autres apprendront à compter plus sur leurs propres efforts, et moins sur des secours étrangers toujours précaires et souvent injustes. Ils apprendront à se s rendre dignes de l'estime générale, et se livreront à des entreprises, dont 1 utilité leur garantira l'estime et l'assistance des honnêtes gens, la stricte exécution de la justice, dépouillée de cette fausse pitié, qui nous excite â servir l'un aux dépens de tous les autres augment[eroit]1 de mille manières, l'independance, l'energ[ie], et les vertus du genre humain. io L'observance d'une promesse n'en prouve pas toujours la validité. Supposons toutefois que l'attente d'un individu doive modifier ma conduite, f 605r° qu'en choisissant un sujet pour un certain poste, | mon choix ne doive pas être dirigé uniquement par le mérité des candidats, mais qu'il puisse être influencé par les circonstances individuelles, qui rendent ce poste infiniment plus désirable à l'un d'eux qu'a tous les autres. Supposons même que l'espérance d'obtenir ce poste ait engagé cet individu à suivre un cours d'etudes, et de recherches, qui lui deviendroient inutiles, si il etoit trompé dans son attente, et que ce soit une des considérations qui doivent me déterminer en sa faveur : tout ceci ne ressemble en rien à l'obligation d'une promesse. Premièrement, on peut observer que dans cette hypothèse, il paroit indifférent que l'espoir du candidat ait été excité par un engagement formel ou de quelqu'autre manière ; qu'il soit fondé sur ma promesse ou sur P605v° celle d'un tiers, ou enfin sur les circonstances | extérieures ou les raisonnemens intérieurs du postulant, dans toutes ces suppositions sa conduite étoit la même et son attente trompée produiroit pour lui les mêmes inconvénients. il n'est donc point question ici de ce qu'on entend ordinairement par l'obligation qu'une promesse impose, le motif qu'on allégué pour me décider n'est point fondé sur l'engagement que j'ai contracté, mais sur un effet accidentel de cet engagement, effet que d'autres circonstances auroient pu produire, ce n'est pas ma réputation de véracité ou d'intégrité dont on
2 promesse ] biffé et corr. en parole 3 et ] et biffé et corr. en & 7 l'estime et ] biffé 11 L'observance ... validité. ] supp. 22 ait été excité par ] biffé et corr. en ait pris son origine dans 24-25 les circonstances ... sa conduite ] partiell. biffé et corr. en des circonstances extérieures ou sur des calculs personnels, dans toutes ces suppositions la conduite de l'individu 27 question ici ] corr. en ici question 1
Les mots augmenterait et l'energie sont partiellement illisibles à cause d'un trou.
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veut faire le motif de ma conduite, mais c'est le domage qui résulteroit pour la candidat d'une conduite opposée, dommage qui serait le même, quelque fut la cause de son désappointement. 606r° Prenons un exemple encore plus simple, je demeure à Westminster, et je promets d'aller trouver un capitaine de vaisseau de Blackwal â la bourse de Londre[s], le capitaine, en conséquence de ma promesse, remet ses autres affaires et vient me joindre à l'heure que j'ai choisie, c'est un motif pour ne pas lui manquer sans une raison importante ; mais n'aurois-je pas un motif tout aussi déterminant d'aller le joindre, si j'avais appris n'importe comment, qu'il devoit se rendre â la bourse et qu'il fut également convenable de l'y rencontrer ? on dira peut être que les différentes transactions des hommes exigent qu ils soient exacts à ces sortes d'engagements ; mais il vaudrait mieux dire qu'il est essentiel aux relations des hommes entr'eux, 606v° qu'ils puissent réciproquement compter sur une serieuse attention | aux avantages et aux inconvéniens, au bien et au mal, que leur conduite peut occasioner aux autres. conclusion Il resuite de ces observations que nous devons éviter soigneusement les engagemens qui nous lient, indépendamment de nos lumières futures, celui qui, sans une nécessité absolue, donne à un autre, un motif de croire qu'il agira dans quelque circonstance de sa conduite a venir, non de la maniéré qui lui paraîtra la plus juste, au moment d'agir, mais conformément à une resolution antérieure, est essentiellement coupable, mais cette prémière erreur ne le dispense nullement d'agir dans la suite conformément à la justice et de ce qu'il a commis une erreur il ne s'en suit pas qu'il doive en commettre une seconde.
1 - 2 mais ... candidat ] partiell. biffé et corr. en c'est le domage qui résulteroit pour un autre 5 de Blackwal ] biffé 10 fut ] avant ce mot me ajouté 17 conclusion ] supp. 22 d'agir ] biffé et corr. en de l'action 25 erreur ] biffé et corr. en faute 26 seconde. ] ici, un appel renvoie à une note du traducteur Note du Traducteur, l'auteur lui même sent dans d'autres parties de son ouvrage (l'absurdité de) l'exagération de sa doctrine, car (quand) il parle des confédérations, et (de toutes les) des associations politiques, (il y) comme pouvant être obligatoires, or toute confédération, toute association est une promesse.
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Chapitre IV1 de l'authorité politique.
f i45r°
L a délibération commune est la veritable base du gouvernement. C e principe démontré par l'Egalité naturelle de tous les hommes - par la nature de leurs facultés - par l'objet du Gouvernement - par les effets
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de leur délibération commune - [argumens en] faveur de la délégation -
différence entre la doctrine de la délégation et celle d'un contrat
social - prouvée par l'application exclusive de la délégation à 1'[avenir] - par la nullité des promesses -
[erreurs] possibles de la déli-
bération commune - Conclusion
La délibération [commune est la véritable] base du gouvernement. Après avoir rejetté les hypothèses dont on s'est le plus généralement servi pour concilier l'origine du gouvernement et les principes de la justice,
Etablissement du texte : 3/4-3/4, L P 145r°-151v°, PI f 133r*-136v°, G pp. 157-165. 1 Chapitre IV ] d'abord IV est corr. en III. ensuite le titre entier est corr. en Livre 3. Chapitre 4 3-11 La délibération commune ... du gouvernement. ] supp. 12-p. 1060.4 hypothèses ... s'appuier. ] partiell. biffé et corr. en rafinemens systématiques & les fictions légales, à l'aide desquelles (l'on) on a voulu concilier l'origine du gouvernement et les principes de la justice, nous nous proposons d'essayer si nous ne pourrons pas atteindre [f° 145v°] à ce but par le simple exposé des causes évidentes qui ont nécessité l'institution politique. 1
Cahier formé de deux cahiers cousus ensemble, dont le premier se compose de douze feuillets (f° 145-156) et le deuxième de quatre feuillets (f° 157-160). Ce cahier contient la traduction des chap. IV «Of Political Authority» (f° 145f°—151 v"), chap. V «Of Législation» (f° 152r°-153v°) et chap. VI «Of Obedience» ( f 154r°-160v°). Dans l'angle gauche, en haut du f 145r", on lit : Liv. 3 Chap. 4 biffé par la suite. Paginations du chap. IV : foliotage en chiffres arabes limité au cahier ; pagination en chiffres arabes ; foliotage en nombres ordinaux en toutes lettres : P 145r° : 343 ; Cent (Vingt) trente & unième - P 145v° : 344-f 146r° : 2 ; 345 ; Cent trente deuxième - P 146v° : 346 - f 147r* : 3 \ 347 \ Centtrentetroisième - f 147v° : 348 - P 148r° : 4\ 349 \ Cent trente quatrième - f 148v° : 350 - f 149r° : 5 ; 351 ; Cent trente cinquième - f 149v° : 352 f 150r° :6 ; 353 ; Centtrente sixième - P 150v° : 354 - f 151r° : 355 ; Centtrente septième - P 151v° : 356. Ecritures : du copiste A ; corrections autographes. Titres et sous-titres ; quelques sous-titres ont été ajoutés par BC et, à l'exception du titre du chapitre, ils sont tous biffés.
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f° I45v° voyons si nous ne pourrons pas atteindre | au même but par un simple examen des causes évidentes qui ont nécessité le gouvernement, sans recourir à ces rafinemens systématiques, ou à ces fictions légales dont on a toujours voulu s'appuier. Le Gouvernement ayant été établi par les raisons que nous avons précédemment exposées il en résulté comme un premier principe relatif â sa forme et à sa composition, qu'il n'est qu'une transaction au nom et pour l'avantage de tous les individus qui s'y soumettent et qu'en conséquence chacun d'eux doit avoir part à son administration, un grand nombre de raisonnemens viennent à l'appui de cette proposition. ce principe démontré par 1 égalité naturelle de tous les hommes.
1.° Nous sommes deja convenus qu'il n'existe point de marque de distincf° I46r° tion pour indiquer l'homme ou la race d'hommes qui | doit commander aux autres. par la nature de leurs facultés.
2.° tous les hommes sont doiiés d'une faculté commune, de la Raison et il existe pour chacun d'eux une perception commune, plus ou moins pure et plus ou moins claire la perception de la vérité, dans une affaire aussi importante que celle du gouvernement toutes les chances de lumiere doivent être admises, et il est impossible de juger avant l'expérience, jusqu'à quel point tel individu peut devenir un jour habile à conduire ses semblables et a déliberer pour eux. Par l'objet du gouvernement.
3.° le gouvernement étant destiné à garantir la sûreté des individus, il paroit juste que chaque individu participe au soin de sa sûreté et le concours de tous est le seul moyen de paraliser l'egoisme et la partialité de chacun. P 146v°
Par les effets de la délibération commune
4.° Enfin le droit de suffrage, accordé également à tous les hommes dans les 5 - 7 a y a n t . . . qu'il ] biffé 7 au nom et ] biffé 8 soumettent... conséquence ] partiell, biffé et corr. en soumettent, en conséquence 10 cette proposition. ] biffé et corr. en ce système. 11 ce principe ... hommes. ] supp. 12-13 1.° ... indiquer ] partiell, biffé et corr. en Aucune marque distinctive n'indique 15 par la nature ... facultés. ] supp. 16-17 2." ... d'eux ] partiell, biffé et corr. en tous sont doués d ' u n e faculté commune, de la Raison. Il existe pour nous 1 8 - 2 2 dans une ... pour eux. ] partiell, biffé et corr. en Lors qu'il s'agit de l'interet général, toutes les chances de lumiere doivent être admises, et nul ne peut juger avant l'expérience, j u s q u ' à quel point tel individu deviendra capable de diriger ses semblables ou de déliberer pour eux. 2 3 Par l'objet du gouvernement. ] supp. 24 3.° ... garantir ] partiell, biffé et corr. en le gouvernement étant la garantie de 27 Par les effets ... commune ] supp. 28-p. 1061.1 4.° ... le plus ] partiell, biffé et corr. en Enfin le droit de souffrage, accordé à tous dans les transactions publiques, s'éloigne le moins possible
Livre III, Chapitre IV
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transactions publiques, est le m o d e qui approche le plus du principe admirable que jamais il ne faut perdre de vue, le libre exercice du jugement individuel, tous les h o m m e s concevroient le sentiment de leur importance personnelle, et ne prouveroient plus cette servilité qui rétrécit l ' a m e à l'aspect d'un prétendu supérieur. En admettant que tous les h o m m e s doivent prendre part à la discussion des affaires publiques, il paroit d'abord nécessaire qu'ils concourent à élire des répresentans, si ils sont [membres] d'un grand Etat et que dans un petit Etat il procèdent à la nomination des fonctionnaires ou magistrats, ceci I47r° e x i g e | une délégation d'authorité à ces fonctionnaires et un consentement tacite ou pour mieux dire une reconnoissance que toutes les discussions doivent se décider à la pluralité du suffrage. Argumens en faveur de la Délégation. On pourrait opposer à c e systerne de délégation l'objection tirée du contrat social de Rousseau, que j'ai rapporté précédemment, o n pourrait dire que si chaque individu doit [exercer] son j u g e m e n t personnel, il n'y a point de circonstance o ù l'on puisse céder cette fonction à un autre. à cette objection j e repondrai, qu'on ne peut pas raisonnablement c o m parer l'exercice du jugement d'un individu, dans une circonstance qui le
3-5 tous ... supérieur. ] partiell. biffé et d'abord corr. en Si tous les hommes étoient revetus de cette importante prero(gative, ils concevroient le sentiment de leur dignité et s'affranchiroient de cette servilité honteuse qui rétrécit l'ame à l'aspect d'un prétendu mâitre.) ensuite corr. en Si tous les hommes, étoient revetus de cette importante prérogative ils s'affranchiroient de toute crainte & se penetreroient du sentiment de leur dignité. 6-12 En admettant ... suffrage. ] partiell. biffé et corr. en Nous posons donc pour première baze (que tous les hommes doivent prendre part à la direction des affaires publiques.) que la direction des affaires (publiques) de tous appartient à tous1 (les hommes), dans un grand état (ils ont d'abord) les Citoyens ont à choisir des représentans2, (dans un petit pays ils procèdent aux nom) dans in état peu considérable ils procèdent à la nomination de leurs administrateurs, ces [f 147r°] deux opérations exigent qu'ils deleguent à ces fonctionnaires une portion de pouvoir & qu'ils consentent tacitement ou pour mieux dire qu'ils reconnoissent que toutes les discussions doivent se décider à la pluralité d[es] suffrages. BC met au pluriel le substantif, mais oublie d'accorder l'article. 13 Argumens ... Délégation. ] supp. 14-17 On pourrait... autre. ] partiell. biffé et corr. en ce systeme de délégation parait d'abord en butte à l'objection de Rousseau, que nous avons rapportée précédemment, si chaque individu (ne doit /se rapporter qu'à/ d'obéissance qu'à son jugement personnel) doit exercer par lui même son jugement personnel, aucune circonstance ne lui permet (ou ne lui [commande] de ) de (s'en remettre a un autre pour) se faire remplacer dans l'exercice de ce droit inaliénable. 18-p. 1062.4 à cette objection ... individus. ] partiell. biffé et corr. en cette objection n'est fondée que sur une 1 2
Ici, un renvoi à la Note 24, supprimé. Ici, un renvoi à la Note 25, supprimé.
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politique
concerne personnellement, et l'exercice de son jugement dans une affaire pour laquelle la nécessité du gouvernement et de son intervention a déjà été admise, des qu'il y a | un gouvernement, il y a nécessairement une volonté supérieure â celle des individus. Il seroit absurde de supposer l'accord unanime et durable de tous les membres d'une société sur toutes les différentes mésures qui pourraient être nécessaires, la même nécessité qui exige l'établissement d'une force pour réprimer l'injustice du petit nombre exige aussi que cette force soit dirigée par l'opinion de la majorité, et que la minorité se retire si elle ne veut attendre patiemment que ce qu'elle regarde comme la vérité soit généralement reconnu. Secondement, la délégation n'est point comme pourrait le paraître au premier coup d'œil, l'action d'un homme qui charge un autre d'une fonction que | strictement parlant il devrait exercer lui même, la délégation est, dans tous les cas ou elle peut s accorder avec la justice, un acte qui a pour but le bien général, les individus auxquels on confie cette délégation, sont en raison de leurs talens ou de leur loisirs, plus capables de bien remplir les fonctions dont on les charge, ou il y a au moins quelque motif d'intérêt public pour confier des fonctions à un seul ou à un petit nombre, plutôt que de laisser chaque individu agir à sa fantaisie, tel est le cas, soit dans la première et la plus simple des délégations, c est à dire dans la reconnoissance de la majorité, comme déléguée pour agir au nom de tous, soit dans
équivoque, l'on ne peut comparer l'exercice du jugement d'un individu, dans une circonstance qui le concerne personnellement, avec l'exercice de ce jugement dans une affaire (publique) d'interet public pour laquelle la nécessité du gouvernement et de son intervention a déjà été admise1 (pour la transaction de cette dernière espèce, or) qui dit gouvernement, dit volonté supérieure à la [f° 147v°] volonté des individus. 4 de supposer ] biffé et corr, en d'espérer 5-10 différentes ... reconnu. ] partiell. biffé et corr. en questions qui pourraient se présenter. 1'etablissement d'une force qui reprime l'injustice du petit nombre exige que cette force soit dirigée par l'opinion de la majorité, et que la minorité (se soumette ou) attende ou se retire. 11-p. 1063.2 Secondement ... publics. ] partiell. biffé et corr. en la délégation d'ailleurs n'est point comme elle le paroit au premier coup d'œil, l'action de confier à un autre une fonction que [F 148v°] l'on devrait exercer soi même, dans tous les cas ou la délégation s accorde avec la justice, elle a pour but le bien général, les individus qui sont ainsi délégués, sont en raison de leurs talens ou de leur loisir, plus capables que d'autres de bien remplir les emplois dont on les charge, ou quelque motif d'intérêt public invite la masse des citoyens a remettre ces emplois dans les mains du petit nombre. Le pouvoir de la majorité n'est dans le fait qu'une délégation de ce genre : la majorité, soit dans 1 élection des représentans, soit dans la nomination d'autres fonctionnaires, est réellement déléguée pour agir au nom de tous. 1
Ici, un appel de note renvoie en même temps à : voir la note 24 et à la Note 12, supprimés.
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l'election des representans soit dans la nomination des fonctionnaires puf° I48v° blics. toute contestation relativement à la personne qui doit remplir | une fonction ou relativement â la délégation qui la lui confie, devient frivole et absurde dès que l'on a découvert la maniéré la plus avantageuse dont cette fonction peut être remplie, peut importe que je sois le pére d'un enfant, s'il 5 est démontré qu'il est plus avantageux pour cet enfant, d'etre élevé par un Etranger. Enfin c'est une erreur de supposer que le droit de reprimer ma conduite lorsqu elle est nuisible, a pour base l'autorité que j'ai déléguée, la légitimité de recourir à la force, dans le cas ou tout autre moyen est insuffisant est 10 d'une date antérieure à l'existence des sociétés, on ne doit employer la force que dans le cas de nécessité absolue, mais dans ces occasions, le devoir de tout homme est de repousser la violence injuste, il n'est donc pas nécessaire f I49r° que | le coupable ait délégué â la société l'autorité de punir le crime, la société dans la repression qu elle exerce représente l'offensé. 15 différence entre la doctrine de la
délégation et celle d'un contrat social. Quelques personnes trouveront peut être que la doctrine que nous établissons ici approche beaucoup de celle qui rapporte à un contrat social tout gouvernement légitime, examinons en quoi consiste la différence de ces 20 deux systèmes. Prouvée par 1 application exclusive de la délégation à l'avenir En premier lieu la doctrine de la délibération commune ne s'applique qu'a l'avenir sans rapport avec le passé, est il question pour l'avenir d'une mesure relative à l'intérêt général ? la délibération en commun se présente 25 2-7 toute contestation ... Etranger. ] partiell, biffé et corr. en toute contestation relative à la personne qui doit occuper [f° 148v°] une place ou â la délégation qui la lui confie, devient absurde (1) et frivole (2) dès que l'on a découvert la maniéré la plus avantageuse dont cette place peut être occupée. 8 Enfin ] biffé 9 a pour base ] corr. en ait pour base 9-11 la légitimité ... sociétés. ] partiell, biffé et corr. en la légitimité de recourir à la force, lorsque toute autre methode est insuffisante est d'une date antérieure même à l'existence des sociétés. 11 on ] corr. en l'on 12-15 le devoir ... l'offensé. ] partiell, biffé et corr. en tout homme a le devoir de repousser la violence injuste, il n'est pas nécessaire que [f® 149r° ] la délégation du coupable ait investi la société du droit de punir le crime, dans la repression qu elle exerce, elle représente l'offensé. 16-17 différence ... social. ] supp. 18-21 Quelques ... systèmes. ] biffé et corr. en la doctrine de la délégation (n'a qu'une ressemblance apparente) ou de la délibération comune n'a qu'une ressemblance apparente avec celle du contrat social, cette derniere s'applique indifféremment au passé comme â l'avenir. 22 Prouvée ... l'avenir] supp. 23 En premier ... de ] biffé 24-p. 1064.1 est il ... meilleure ] partiell, biffé et corr. en est il question d'une mesure relative à nos intérêts futurs ? la délibération commune est la meilleure
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Recherches sur la justice
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comme la meilleure maniéré de prononcer sur cette mesure, mais est-il question d'obéissance à un règlement déjà promulgué ? je n'ai point a P I49v° considérer quelle est son origine a moins que ce ne soit dans | un pays ou on a fait de la délibération commune une sorte de principe fondamental et ou on a pour objet de s'opposer à toute espèce de modification de ce principe. 5 en supposant par exemple que sous le regne de charles premier la taxe sur les vaisseaux fut utile ; les anglais eurent peut être raison de s opposer parce qu elle étoit imposée par une autorité illégale, ce motif aurait été toute fois insuffisant dans un pays ou le droit de taxer la nation n'aurait pas été établi entre les mains de ses representans. à l'exception de cette circonstance, 10 jamais on ne doit rejetter une mesure parce qu'elle découle d'une source irregulière. si elle est juste je dois l'approuver et la soutenir, si elle est injuste je dois y resister, ma situation ne diffère point à cet égard, de ce qu'elle étoit P I50r° avant | que ce gouvernement fut organisé, la justice a toujours eu des droits à mon amour, l'injustice à ma haine et mes sentimens sur ce point doivent 15 subsister aussi longtems que les caractères distinctifs de la justice et de l'injustice ne seront pas confondus 1 . Seulement le dégré de ma résistance dépend des circonstances et cet article exige par conséquent un examen particulier. Par nullité des promesses
Secondement la différence entre notre doctrine et celle du contrat social deviendra plus sensible, si nous nous rappelions ce qui a été dit sur la nature
2 - 5 j e n'ai ... modification ] partiell. biffé et corr. en nous n'avons point a considérer quelle est l'origine de ce règlement a moins que [ P 149v°] nous n'aions consacré la délibération commune comme un principe fondamental alors nous aurons pour objet de prévenir toute modification 6 - 1 4 en supposant ... organisé. ] partiell. biffé et corr. en en supposant par exemple sous le regne de charles premier l'utilité de la taxe des vaisseaux ; les anglais eurent peut être raison de repousser cette taxe parce qu elle étoit imposée par une autorité illégale, mais à l'exception de cette circonstance, l'on (1) ne (2) doit (3) jamais (4) rejetter (5) une mesure parce qu'elle découle d'une source irrégulière, (juste, elle) si cette mesure est juste (je dois) nous devons la soutenir, si elle est injuste nous devons y resister, [P 150r°] L'organisation du gouvernement ne change point (mes) nos rapports moraux. 14-15 toujours eu ... sentimens ] partiell. biffé et corr. en toujours des droits à notre amour, l'injustice à nôtre haine et nos sentimens 17-19 Seulement... particulier. ] partiell. biffé et corr. en Le degré seul de notre opposition est subordonné aux circonstances mais cet article exigera dans la suite un examen particulier. 20 Par nullité des promesses ] supp. 21-p. 1065.7 Secondement ... contrats. ] d'abord corr. en La différence entre la délibération commune & le contrat social deviendra plus sensible encore si nous rappelions nos principes sur la nature ensuite le passage entier est supp. 1
Ici, un renvoi à la (Note (25) 26), supprimé.
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et la validité des promesses, si les promesses sont dans tous les cas une manière fautive d'obliger un homme à un mode particulier de conduite il s'en suit qu'il est absurde de prétendre qu'aiant consenti à une décision, il f° I50v° est tems de s'y conformer, si le consentement | est un titre, la justice devient un objet peu important, si au contraire la justice doit être invariablement la régie de ma conduite, son autorité ne doit céder ni aux promesses ni aux contrats. Erreurs possibles de la délibération commune.
Il ne nous reste qu'a appliquer â la délibération commune ce que nous avons dit cy dessus de l'exercice du jugement individuel, c'est la conformité de l'un et de l'autre avec la justice qui fait leur mérite. Sans doute il y a déjà un dégré de justice en faveur de l'exercice de ces facultés, individuelles ou collectives, indépendamment de leurs résultats, un individu ne peut parvenir que par l'independance de son jugement personnel, à un certain dégré de perfection morale et intellectuelle. Un Etat ne peut être heureusement et avantageusement administré que par la constante réunion des lumières de f° I5lr° tous ses membres c'est a dire par la | délibération commune sur les mesures utiles à adopter, mais quoique l'usage général de ces facultés soit fondé sur l'immuable justice, elle n'en approuve pas cependant toutes les applications. le jugement particulier et la délibération publique ne sont ni l'une ni l'autre une mesure certaine de vérité morale, mais un moyen de distinguer le bien d'avec le mal, et de comparer chaque proposition particulière à l'eternelle vérité. Conclusion. Une nation rassemblée pour déliberer en commun sur une grande mesure publique, et ses premiers magistrats cédant respectueusement à l'opinion générale, présentent sans contredit un spectacle imposant, mais notre juste admiration ne doit point nous faire oublier que la sagesse de la délibération f I5lv° en constitue | exclusivement la valeur, le nombre des votans n'ajoute rien â la vérité ni à son évidence1 ; et un individu, soutenant seul les principes de 10 cy dessus ] biffé et corr. en plus haut 11 fait ] biffé et 8 Erreurs ... commune. ] supp. corr. en constitue 13 peut parvenir] biffé et corr. en parvient 14-15 un certain ... intellectuelle. ] partiell, biffé et corr. en quelque perfection intellectuelle (1) ou morale (2). 15-16 heureusement et avantageusement ] biffé et corr. en équitablement 17-18 sur les ... quoique ] partiell, biffé et corr. en mais bien que 20-23 publique ... vérité. ] partiell, biffé et corr. en commune ne constituent pas le bien ou le mal : ([...] ce sont des moyens) ce ne sont que des moyens de les discerner et de comparer chaque proposition incidente avec l'eternelle vérité. 24 Conclusion. ] supp. 27-28 juste ... ne doit ] partiell, biffé et corr. en admiration bienque fondée ne doit 30 son évidence ; et un ] corr. en l'evidence ; un 1
Ici, un renvoi à la Note (26) 27, supprimé.
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Recherches sur la justice politique
la justice, malgré les clameurs d'une multitude abusée ne présente pas un spectacle moins intéressant. Il est beau cependant de voir une nation revendiquer ses droits â la délibération commune, c'est un pas de fait vers l'amélioration du caractère individuel, la reunion des hommes en faveur de la vérité annonce une masse de vertu, enfin l'exemple d'un individu des- s cendant de son élévation imaginaire et courbant ses prétentions personnelles devant l'opinion publique tend à confirmer le grand principe qui fait céder toutes les considérations particulières au bien général.
3 un pas de fait ] partiell, biffé et corr. en un grand pas 4 - 8 la reunion ... général. ] partiell, biffé et corr. en la reunion des hommes en faveur de ce qu'ils regardent comme la vérité est déjà une preuve de vertu, enfin l'exemple d'un individu descendant de son élévation chimérique et courbant ses prétentions personnelles devant l'opinion de ses égaux tend à confirmer le grand principe qui préféré le bien général à toutes les considérations particulières.
Livre III, Chapitre V
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Chapitre V 1 De la Législation.
F1521*
La société peut déclarer et interpréter la loi mais non pas l'établir - son authorité n'est qu'exécutive. La société peut déclarer et interpreter la Loi mais non pas 1 établir. 5 Après avoir examiné la nature des fonctions politiques, il convient de placer ici quelques eclaircissemens sur la législation, à qui l'autorité de faire des lois appartient-elle ? quelles sont les marques caractéristiques qui peuvent indiquer l'homme ou la société d'hommes autorisés à faire des lois pour le reste ? io La reponse à ces questions est très simple. La législation, dans l'accepta I52v° tion ordinaire de ce | mot, est au dessus de la compétence humaine, la raison est le législateur unique ; ses décrets sont irrévocables et uniformes les fonctions de la société ne s'étendent point â la formation mais à l'interpretation de la loi[.] elle ne peut décréter, mais seulement déclarer ce que la u nature des choses a décrété d'avance et en appliquer convenablement le sens aux circonstances. Montesquieu dit que, «dans un état libre tout homme qui est censé avoir une ame libre, doit être gouverné par lui même»" " Esprit des lois, livre XI chap. VI. Etablissement du texte : 3/5-3/5, L P 152r°-153 v°, PI f 137r°-137v°, G pp. 166-167. 1 Chapitre V ] le chiffre est d'abord corr. en IV puis en 5° 3-5 La société ... 1 établir. ] supp. 6-10 Après ... reste ? ] partiell. biffé et corr. en nous avons examiné la nature des fonctions politiques ; mais il nous reste quelques difficultés à résoudre sur la legislation, c'est à dire, sur le droit de faire des lois, quelles sont les marques caractéristiques qui distinguent l'individu ou la corporation revetue de l'autorité législatrice ? 11 La reponse ... simple. ] biffé 12 ordinaire ] biffé et corr. en rigoureuse 16-17 le sens aux circonstances. ] corr. en le sens général aux circonstances particulières. 1
Pour ce qui concerne la description matérielle du chap, v «Of Legislation», voir n. 1, p. 1059. En haut, sur la marge gauche du f° I 52r°, on lit : Livre 3. chap. 5 biffé par la suite. Tout au long du texte, des signes au crayon indiquent les passages à réviser. Paginations du chap. v : pagination en chiffres arabes ; foliotage en nombres ordinaux en toutes lettres : f° 152r" : 357 ; Centtrentehuitième - f° 152v° : 358 - f° 153r° : 359 ; Centtrenteneuvième - f° 153v° : 360. Ecritures : du copiste A ; corrections autographes. Titres et sous-titres : traduits et, à l'exception du titre du chapitre, biffés.
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f° 153r°
f° 153v°
Recherches sur la justice politique
cette proposition n est vraie abstraction faite des fonctions de la société que dans le sens limité que nous venons de présenter, c'est sans doute à la conscience qu'il appartient de nous déterminer, [non] pas comme le Cady musulman | selon l'impulsion aveugle de ses fantaisies ou ses passions, mais comme le juge anglais qui sans faire de loi nouvelle, déclare fidèlement la s lois qu'il trouve écrite". On doit faire au sujet de l'autorité la meme distinction, tout pouvoir politique est strictement parlant executif, il a paru nécessaire d'employer quelque fois la force pour reprimer l'injustice des hommes et d'après les memes motifs cette force doit être autant qu'il est possible, entre les mains io de la société. Son autorité s'etend par conséquent à maintenir généralement la justice, mais pour peu qu'elle s'ecarte de la grande Ligne de la justice, son autorité disparoit. | elle retombe au niveau du plus obscur des individus, et tous les hommes sont obligés de lui resister.
"
Sermons de Sterne, sur une bonne conscience.
1 - 6 abstraction ... écrite. ] biffé,
la note y comprise,
15
et remplacé
par que dans un sens limité,
elle est vraie, si nous entendons par elle que tout homme doit concourir à la promulgation des principes par lesquels il est gouverné, elle est fausse, si nous prétendons, qu'il existe une autorité, un concours, une forme quelconque qui rende légitime des résolutions contraires à la justice, notre conscience sans doute, doit nous diriger, mais non comme un tyran capricieux qui suit l'aveugle impulsion de ses fantaisies désordonnées, mais comme un juge impassible & scrupuleux, interprète fidèle de la Loi qu'il trouve écrite, la [ f 153r°] Loi de notre conscience, c'est la justice, toutes les fois que nous nous en écartons, nous ne fesons pas de Loix, nous tombons dans des erreurs, ou nous commettons des Crimes. partie II. biffé
et corr.
7 - 1 4 On doit ... résister. ]
en II en est de même de l'autorité politique. Strictement parlant tout
pouvoir est executif, la force est nécessaire pour reprimer l'injustice, cette force doit être autant que possible, entre les mains de la société, (mais quelle soit ou non dans les mains de la société son autorité s'etend par conséquent au maintien général de la justice) mais elle n'en a pas davantage le droit de s'ecarter de la Ligne de la justice, (Elle) lorsqu'elle s'en écarte tout ce qu'elle avoit de [f® 153v°] légitime disparait aussitôt : la société, lorsqu'elle est injuste, retombe au niveau du plus obscur des individus, et tous les hommes sont également obligés de lui résister 1 . 1
9 et d'après ] avant ces mots tels qu'ils existent encore a présent biffé
Ici, un renvoi à : v. la note 26, supprimé.
Livre III, Chapitre VI
1069
Chapitre VI1 de l'obeissance.
f i54i°
L'obeissance et l'autorité ne sont point corrélatives - aucun homme n'est obligé d'obéir à un autre homme - examens des cas d'obeissance - baze de l'obeissance - utilité des relations sociales - examen des cas
5
de confiance - de ses bornes - conséquences funestes d'une confiance sans bornes - sujétion expliquée. Après avoir cherché dans la source de l'autorité légitimé, nous
fixerons
notre attention sur ce qu'on suppose être le sujet de l'autorité c'est a dire de l'obeissance. cette matière n'a jamais été suffisamment éclairée, soit que 10 f I54v° l'on considère la mesure ou l'etendue de l'obéissance soit que | l'on recherche la nature des motifs qui nous en font un devoir.
Etablissement du texte : 3/6-3/6, L f 154^-160 v°, PI f 138i*-141r°, G pp. 168-175. I Chapitre VI ] corr. en Chapitre (V) VI 2 de l'obeissance. ] ici, un appel renvoie à une note du traducteur (note du traducteur.) L'auteur employe (dans ce) le mot d'obéissance dans un sens (un peu de la [m]é) plus étendu que celui qu'on lui donne d'ordinaire. Il entend par obéissance le consentement volontaire, & l'approbation du jugement. & (par) désigne par soumission résignation, & non-résistance toute espèce d'obéissance passive. (Cette remarque) II est indispensable de se rappeller cette terminologie pour l'intelligence de tout ce Chapitre, (note du traducteur.) 3-7 L'obeissance ... expliquée. ] supp. 8-11 Après ... soit que ] partiell. biffé et corr. en La question de l'autorité nous mène naturellement à celle de l'obéissance. cette matière n'a jamais été suffisamment éclaircie, soit que l'on considère l'etendue de l'obéissance ou que 1
Pour ce qui concerne la description matérielle du chap. VI «Of Obedience», voir n. 1, p. 1059. En haut, sur la marge gauche du P 154P, on lit : Livre 3. chap. 6 biffé par la suite. Tout au long du texte, des signes au crayon indiquent les passages à réviser. Paginations du chap. VI : pagination en chiffres arabes ; foliotage en nombres ordinaux en toutes lettres : P 154r° : 361 ; Cent quarantième - P 154v° : 362 - P 155r° : 363 ; Cent quarante et unième - P 155v° : 364 - P 156r° : 365 ; Cent quarante deuxième - P 156v° : 366 - P 157r" : 367 ; Cent quarante troisième - P 157v° : 368 - P 158P : 369 ; Cent quarante quatrième - P 158v° : 370 - P 159r° : 371 ; Cent quarante cinquième - P 159v° : 372 - P 160r° : 373 ; Cent quarante sixième - P 160v° : 374. Ecritures : du copiste A ; corrections autographes. Titres et sous-titres : traduits et, à l'exception du titre du chapitre, biffés.
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Recherches sur la justice politique
L'obeissance et l'autorité ne sont point corrélatives. O n t r o u v e r a p e u t ê t r e l a s o l u t i o n du p r o b l è m e e n o b s e r v a n t q u e l ' o b é i s s a n c e e t l ' a u t o r i t é n e s o n t p o i n t d u tout d e s c h o s e s c o r r é l a t i v e s , l ' o b j e t d u g o u vernement, c o m m e n o u s l ' a v o n s p r é c é d e m m e n t d é m o n t r é est l'exercice de l a f o r c e , m a i s la f o r c e n e p e u t j a m a i s ê t r e c o n s i d é r é e c o m m e u n a p p e l a la
5
raison, c o n s e q u e m m e n t l'obeissance qui n ' e s t autre chose q u ' u n acte du j u g e m e n t o u de la volonté, ne peut avoir a u c u n e relation légitime a v e c la f o r c e . J e d o i s m e s o u m e t t r e â la j u s t i c e et â la v é r i t é , p a r c e q u e m a r a i s o n les a p p r o u v e , e t j e d o i s c o n c o u r i r a v e c le g o u v e r n e m e n t l o r s q u ' i l
s'accorde
f° I55r° a v e c l e u r s p r i n c i p e s , m a i s j e m e s o u m e t s a u g o u v e r n e m e n t | l o r s m ê m e q u e 10 j e desapprouve ses m e s u r e s parce que j e n ' a i pas de m o y e n pour
m'en
dispenser. aucun homme n'est obligé d'obéir à un autre homme L e d e v o i r d ' u n h o m m e ne peut être d a n s aucun cas, d ' o b é i r à u n autre h o m m e n i a u n e s o c i é t é d ' h o m m e s q u e l c o n q u e s 1 , il n ' y a p a s d e v é r i t é p l u s 15 s i m p l e e n m ê m e t e m s q u ' i l n ' y en a a u c û n e q u i ait é t é a u s s i o b s c u r c i e p a r les c h i c a n e s d e l ' i n t é r ê t . Il e x i s t e u n e r é g l é u n i q u e , â l a q u e l l e n o u s d e v o n s u n i v e r s e l l e m e n t n o u s c o n f o r m e r , c ' e s t la justice, c'est d e traiter les individus e x a c t e m e n t selon leur m é r i t é ; c ' e s t d ' a g i r d a n s t o u t e s les o c c a s i o n s , d e l a m a n i é r é la p l u s 20 a v a n t a g e u s e au bien général, lorsqu'on suit exactement cette conduite, q u e reste-t-il à faire à l ' o b e i s s a n c e ? f° 155v°
éxamen des cas d'obeissance. J e s u i s s o m m é d e p a r o i t r e d e v a n t le m a g i s t r a t p o u r m e j u s t i f i e r d ' u n l i b e l l e 1 L'obeissance ... coirelatives. ] supp. 2 On ] corr. en L'On 3 point ... choses ] biffé et corr. en nullement 4 comme nous ... démontré ] biffé 11 je n'ai pas de ] biffé et corr. en je ne possède aucun 13 aucun homme ... autre homme ] supp. 14 ne peut être ] biffé et corr. en n'est 15-17 il n'y a pas ... l'intérêt. ] partiell. biffé et corr. en aucune vérité n'est plus simple bien qu'aucûne n'ait été plus obscurcie par les sophismes de l'intérêt. 19 c'est de traiter ] partiell. biffé et corr. en nous devons traiter 20 c'est d'agir ] partiell. biffé et corr. en nous devons agir 21-22 exactement ... l'obeissance ? ] partiell. biffé et corr. en invariablement cette conduite, quelle latitude peut-il rester à l'obeissance ? 23 éxamen ... d'obeissance. ] supp. 24-p. 1071.6 Je suis ... publique. ] partiell. biffé et corr. en Le magistrat de mon pays m'ordonne de comparoitre a son tribunal pour me justifier d'un libelle ou de telle autre action que la loi positive a nommée crime mais sur laquelle selon ma conscience elle n'a point de jurisdiction. je parais au jour indiqué, je me soumets, peut être, parce que je considère les raisonnemens que j'alléguerai, comme le meilleur moyen de repousser l'injustice, peut être aussi parce que je conçois que (toute autre) ma résistance troublerait sans (ef) utilité la tranquillité publique. C'est de la soumission, mais non de l'obéissance. 1
Ici, une croix renvoie à cette note rédactionnelle biffée : Il faut imprimer ici en note ce qui vient à la suite du Chapitre, & le placer au bas du texte., voir n. 1, p. 1076.
Livre 111, Chapitre VI
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ou de tel autre crime imaginaire, d'une action peut être sur laquelle selon mon jugement la loi n'a point de jurisdiction. J'obéis â la sommation. Je me soumets, peut être, parce que je considère les argumens dont je me servirai vis a vis du magistrat, comme le meilleur moyen de resister à l'injustice, ou peut être parce que je conçois que ma résistance troubleroit sans utilité la tranquilité publique. Un quaker refuse de payer la dixme, mais il la laisse prendre sur ses biens par le dimeur. moralement parlant cette conduite est fautive, la distinction qu'il fait est frivole, je puis sans offenser les principes de la morale, donner I56r° moi même | ce que je sais qu'on me prendra de force, lorsqu'un voleur exige mon argent, je n'imagine pas qu'il soit nécessaire de lui laisser tirer de ma poche, lorsque je vais sans résistance au gibet, il ne s'en suit pas que je consente a être pendu. dans toutes ces occasions la distinction entre l'obeissance et la justice et la résignation à l'injustice est aisée à sentir, je me conforme aux principes de la justice parce qu ils me paraissent intrinsèquement et invariablement équitables, je cède à l'injustice pour abréger ou diminuer autant qu'il est possible un mal que je ne puis éviter. Baze de l'obeissance.
La volonté est dans le meme cas que le jugement, vous me présentez une I56v° proposition pour que j'y acquiesce. Si vous accompagnez | cette proposition d'une évidence qui démontre l'analogie de tous les termes qui la composent vous pourrez obtenir mon assentiment, mais si vous ne l'appuiez que sur l'autorité, si vous vous bornez à me dire, qu'après un mûr examen vous
7-9 biens ... frivole. ] biffé et corr. en biens : c'est une subtilité frivole 8-10 par ... force. ] d'abord la fin est corr. en cette distinction pa[rait] frivole ensuite le passage est biffé et corr. en ce qu'on m'oterait par la violence. 10-13 lorsqu'un ... pendu. ] d'abord la fin est corr. en lorsque je monte sans résistance à l'échaffaud, il ne s'en suit pas que je consente a être pendu. ensuite le passage est supp. 14-15 dans ... sentir. ] partiell. biffé et corr. en II est facile de 17 pour abréger ... qu'il distinguer l'obeissance à la justice de la résignation à l'injustice. 19 Baze de l'obeissance. ] supp. est ] partiell. biffé et corr. en pour diminuer autant que 20 La volonté ... jugement. ] partiell. biffé et corr. en II en est de La volonté come du jugement. 20-p. 1072.6 vous me présentez ... la proposition. ] biffé et remplacé par nous avons prouvé dans un chapitre antérieur, qu'adopter par déférence pour l'autorité une proposition dont l'évidence ne nous est pas demontrée, {ce) n'est point croire réellement à cette proposition. 21 j'y acquiesce ] biffé et corr. en je l'adopte 23 pourrez obtemir ] biffé et corr. en obtiendrez
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Recherches sur la justice politique
l'avez trouvée juste, que des millions d'hommes sages en ont pensé de même, qu'elle a été confirmée par des anges ou par des dieux, je me soumettrai peut être à l'autorité : mais quant â la justesse de la proposition [même] qui la constitue vraie ou fausse mon jugement ne sera pas mieux éclairé. Je croirai que vous avez raison que votre sentiment et votre autorité 5 doivent l'emporter mais cela ne fera point réellement croire la proposition. F I57r° appliquons ce raisonnement & la | morale, je puis être persuadé qu il me convient de condescendre a un accomodement dont je n'apperçois pas la justice, ainsi qu'a un ordre dont l'injustice m'est évidente, mais ni l'une ni l'autre de ces choses n'est à strictement parler un objet d'obeissance ; 10 l'obeissance semble impliquer les choix volontaire de l'Esprit et l'approbation du jugement, tandis que ma condescendance aux mesures d'un gouvernement indépendamment de mon approbation ressemble à une condescendance pour une bête feroce qui me forceroit à fuir vers le nord quoique ma volonté fut d'aller vers le midi. 15 Utilité des relations sociales. Sans doute en même tems que les principes de la plus saine morale rejettent toute idée de suprématie d'un homme sur son semblable, les relations des f I57v° hommes entr'eux sont la source d'un nombre infini d'avantages, il | n'existe pas d'homme dont le commerce ne puisse accidentellement ajouter à mes 20 lumières et rectifier ma conduite, mais il ne faut pas croire que ce genre d'utilité nous vienne plus fréquemment des hommes revetus d'une magistrature toute particulière. Il ne faut l'attendre que de ceux qui ont sur nous la
3-5 mais ... éclairé. ] partiell. biffé et corr. en (mais) mais quant à la justesse de la proposition mon jugement ne sera pas mieux éclairé sur la proposition [même]. 7-15 appliquons ... midi. ] partiell. biffé et corr. en je puis de même me conformer à des loix dont je n'apperçois pas la justice, ainsi qu'a des loix dont l'injustice m'est évidente, mais ce n'est point là de l'obeissance ; l'obeissance implique le choix volontaire de l'Esprit et l'approbation du jugement, tandis qu'en me conformant aux mesures d'un gouvernement sans les approuver, je me conforme à la volonté d'une bête feroce qui me force à fuir vers le nord quoique mon intention fut d'aller vers le midi. 16 Utilité ... sociales. ] supp. 17-p. 1073.2 Sans doute ... situation. ] biffé et remplacé par II ne faut pas confondre deux objets qui n'ont entr'eux qu'une analogie apparente, rien n'est plus utile que l'influence que les hommes exercent les uns sur les autres, par le moïen des lumières & des relations sociales : mais cette influence n'est aucunement de la même nature que celle de l'Autorité. Il n'existe pas d'hommes dont le commerce ne puisse accidentellement ajouter a nos connoissances & rectifier notre conduite, mais gardons nous de croire que ce [f° 157v°] genre d'utilité nous vienne plus fréquemment des hommes revêtus d'une magistrature particulière, la Supériorité (de la) de sagesse ou (de 1') d'instruction diffère essentiellement de la supériorité de puissance : & les principes de la plus saine morale rejettent toute idée de suprématie d'un individu sur son égal.
Livre III, Chapitre VI
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supériorité de l'instruction ou de la sagesse quelque soit d'ailleurs leur situation. examen des cas de confiance Un homme plus sage ou plus habile que moi peut m'etre utile de deux manières ; en me communiquant les argumens qui l'ont convaincu de la vérité de ses jugemens, ou en me communiquant simplement ses jugemens mêmes, cette dernière méthode ne convient que dans les occasions ou les forces de notre intelligence ou le défaut de tems mettent des obstacles a f I58r° l'instruction, je suis excusable, par exemple si je me sert d'un architecte pour me construire une maison ou d'un manœuvre pour me creuser un puits et je pourrais sans mériter aucune blâme travailler moi même sous leurs directions, n'ayant pas eu l'occasion ou le talent d'acquérir une science je m'en remets aux connoissances d'un autre ; je choisis d'après mon propre jugement le but que je me propose il me paroit louable et utile, et j'en confie l'execution à une personne plus capable que moi de la conduire, ma confiance dans cette occasion est exactement de la même nature que la délégation en général, rien ne serait plus impropre d'employer le terme d'obeissance pour désigner mes relations avec l'homme que j'ai chargé de mes affaires. f I58v° je dois au général d'une armée, une confiance semblable à celle que j'ai pour un ouvrier habile, mon devoir est de bien peser d'abord les motifs de la guerre, de me convaincre de sa justice, et de m'instruire autant qu'il est en moi, de toutes les circonstances qui s'y rapportent, on peut raisonnablement
3 examen ... confiance ] supp. 4-9 Un homme ... l'instruction. ] partiell. biffé et corr. en Un homme habile peut nous être utile de deux manières ; en nous fesant connoitre la serie des raisoñemens qui l'ont convaincu de la vérité de ses opinions, ou simplement en nous communiquant ses opinions mêmes, cette derniere méthode qui ne supplée qu'imparfaitement à la première n'est excusable que lorsque les forces de notre intelligence ou le défaut de tems mettent des obstacles a l'instruction. 9-12 je suis ... directions. ] supp. 12 ou le talent ] biffé 13-19 je choisis ... affaires. ] partiell. biffé et corr. en je me sers d'un architecte pour me construire une maison, je choisis d'après mon propre jugement le but que je me propose et j'en confie l'execution à des mains plus instruites ou plus exercées, (n'est) ne seroit il pas absurde d'appeller obéissance une délégation pareille ? (puisque) si nous ne désignons (ainsi) sous ce nom la relation d un homme avec son chargé d'affaires, pourquoi nommer ainsi les rapports des citoyens avec (ceux qu'ils ont chargés de leurs interets) les dépositaires de leurs interets. 20-p. 1074.8 je dois ... son expérience. ] partiell. biffé et corr. en La confiance que je dois au général d'une armée ressemble à celle que j'accorde à l'ouvrier habile, je pese d'abord les motifs de la guerre, j'examine sa justice, je m'instruis autant qu'il est en moi, de toutes les circonstances qui s'y rapportent & je m'en remets ensuite, pour le plan de la campagne, pour l'ordre du combat, pour les opérations militaires dont je suis incapable de juger a la direction d'un officier plus experimenté que moi.
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Recherches sur la justice politique
douter que le secret soit nécessaire â la conduite d'une armée, on peut douter aussi que la surprise et la trahison doivent être admises parmi les moyens légitimes mais en accordant tout ce que nous devons à ces considérations, il y aura encore des choses qui exigeront la confiance, comme le plan d'une campagne, ou l'ordre d'une bataille & c. lorsque le général m'aura tout expliqué de son mieux il restera peut être une partie de I59r° son plan | que je ne saisirai pas bien mais que je croirai devoir confier à ses talens ou à son expérience. Ses Bornes. Cependant, cette doctrine d'obeissance limitée ou plutôt de confiance et de délégation, doit être mise en pratique le plus rarement possible, il convient que touts les hommes tachent de remplir personnellement les devoirs de leur situation, celui qui gagne relativement à l'habileté lorsqu'il se fait remplacer par un autre perd peut etre relativement au zele et â la probité, chacun connoit la pureté de ses intentions, et n'a point la même certitude en faveur d'un autre, l'homme vertueux sentira facilement que son devoir l'oblige à excercer son jugement propre et autant qu'il est possible à ne s'en rapporter qu'à lui même. 159v°
Suite funeste de la confiance aveugle ou illimitée. De toutes les erreurs de l'esprit humain l'abus qu'on a fait de la doctrine de la confiance, eut fait peu de progrès si chacun avoit consulté dans toutes les occasions son propre jugement, et agi d'après sa conscience, les plus grands désastres ont eu pour cause dans tous les tems, la confiance illimitée de la multitude devenue l'instrument de quelques hommes avides ambitieux ou pervers, l'homme lorsqu'il consulte sa raison est l'ornement de l'Univers, l'homme lorsqu'il renonce à son jugement et devient l'apotre de la foi implicite et de l'obeissance passive, est le plus dangereux des animaux, il
9 Ses Bornes. ] supp. 10-18 d'obeissance ... lui même. ] partiell, biffé et corr. en d'obeissance ou plutôt de confiance et de délégation dans quelques bornes étroites que nous l'ayons resserrée, doit être mise en pratique le plus rarement possible, il convient que chacun remplisse par lui même les devoirs de sa situation. Nul n'est sur que de ses intentions propres & celui qui se fait remplacer par humilité ou par faiblesse perd d'ordinaire en probité & en zèle ce qu'il croit gagner en talens. 12 devoirs ] corr. de droits 19 Suite ... illimitée. ] supp. 20-22 l'abus ... conscience. ] partiell, biffé et corr. en La doctrine abusive de la confiance implicite est celle qui a produit le plus de désordres & entraîné le plus de calamités, le vice (& la dépravation auroient) auroit fait peu de progrès si chacun dans toutes les occasions ne consultant que son jugement, avoit agi d'après sa conscience. 25-27 l'homme ... animaux. ] partiell, biffé et corr. en lorsque l'homme n'ecoute que sa raison il est l'ornement & le maitre du monde, lorsqu'il renonce à son jugement & devient l'apotre de la foi implicite et de l'obeissance passive, il est le plus dangereux des animaux.
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n'examine plus les principes qui doivent diriger sa conduite : il n'est plus f I60r° capable d'amélioration morale. Lorsqu'il est guidé, il est l'agent aveugle | et coupable du maitre qui l'égaré, et lorsqu'il se retrouve abandonné a lui même, il se livre à toutes les séductions de la corruption de la cruauté et de l'injustice. 5 la sujétion expliquée.
A la suite de ces raisonnemens, l'explication du mot Sujet n'est point déplacée. si par le sujet d'un gouvernement, on entend un individu dont le devoir est d'obéir, aucun gouvernement ne peut avoir des sujets, si au contraire on entend par sujet un individu que le gouvernement est obligé de protéger, et 10 qu'il a droit de contenir, ce terme sera sans doute admissible, cette observation nous aide â résoudre une question longtems agitée, sur ce qui constitue un homme le sujet d'un gouvernement, tout homme est sujet dans ce f° I60v° sens, lorqu'il a besoin de la protection du gouvernement | ou que l'irrégularité de sa conduite rend les moyens de force nécessaires pour l'empecher 15 de troubler la tranquillité publique, pour la préservation de laquelle le gouvernement est institué.
1 - 5 il n'est ... injustice. ] partiell. biffé et corr. en il n'est plus susceptible d'amélioration morale, il est l'agent aveugle [f° 160r°] & coupable du tyran qui l'égaré, et si quelque hazard rompt ses chaînes, (il est livré) rien ne le preserve du joug des passions les plus honteuses & les plus féroces. 6 la sujétion expliquée. ] supp. 7 A la suite ... déplacée. ] partiell. biffé et corr. en A la suite de ces considérations, l'explication du mot Sujet ne nous parait point déplacée 8 - 9 si par ... des sujets. ] d'abord on entend est corr. en l'on entend ensuite la phrase est biffée 9-11 si au contraire ... admissible. ] partiell. biffé et corr. en si l'on entend (au contraire) par sujet d'un gouvernement un individu que le gouvernement est obligé de protéger, et qu'il a droit de contenir ; (ou lorsque l'inégalité de sa conduite nécessite l'usage de moyens de force confiés a ce gouvernement pour la préservation de la paix publique.) lorsque l'irrégularité de sa conduite nécessite l'usage des moyens de force confiés à ce gouvernement pour la préservation de la paix publique ; ce terme sera sans doute admissible. 11-17 cette observation ... institué. ] d'abord la phrase tout homme ... du gouvernement est partiell. biffée et corr. en un homme est sujet d'un gouvernement dans ce sens, lorsqu'il a besoin de sa protection ensuite le passage est entièrement biffé et remplacé par mais si au contraire l'on entend par sujet d'un gouvernement un individu dont le devoir est d'obéir aucun gouvernement ne peut avoir de sujets, puisque l'homme [P 160v°] n'obéit qu'à ce qui lui parait juste et raisonnable, & que céder â la force, n'est pas obéir, mais se résigner & se soumettre.
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Recherches sur la justice
politique
Appendice1
f 60r°
Tendance de l'homme vers les vérités morales prouvée par l'effet des refléxions accidentelles et les passages de différents auteurs - exemples. Malgré les efforts qu'on a faits pour ensevelir certaines vérités dans les 5 ténébres, on voit de tems en tems quelques rayons, percer l'enveloppe dont Etablissement du texte : 3/6a-l/6, LP 60r°-62 r°, PI f
98v°-99v°, G pp. 176-178.
1 - 4 Appendice ... exemples. ] biffé et remplacé par Ch. 6. D[e] la Tendance de l'homme vers la vérité 3 les passages ] avant ces mots par ajouté différents ] biffé et corr. en divers 6 - p . 1077.4 l'enveloppe ... ignoré ] partiell. biffé et corr. en le voile dont on s'est efforcé 1
Cahier anciennement formé de douze feuillets cousus (f° 60-62 ; 161-169), démembré par la suite en trois feuillets détachés ( f 60-62), six feuillets cousus (f 3 161-166) et trois feuillets détachés (f 3 167-169). Ce cahier contient la traduction de l'appendice du chap. VI ( f 6 0 r ° - 6 2 r ° ) et du chap, vil «Of Forms of Government» ( f 6 2 v ° ; 161i"-169r°)- Le f 169v° est blanc. Lors du remaniement, BC détache les trois feuillets contenant la traduction de l'appendice et transforme celle-ci en chap, vi du livre I. Dans l'angle gauche, en haut du f° 60r°, on lit : Livre 3 Chap. 6 D.l'O. A. p. 175- ; au-dessous : Avis à l'imprimeur. Ceci jusqu'au chap. VI ;- doit être imprimé au bas du texte de la page 363 a la place notée dans le texte. Le traduction de l'appendice, qui commence à coté de cette phrase, est précédé par : note de l'auteur anglais. Cette indication renvoie à un rappel au f 155r°, voir n. 1, p. 1070. Toutes ces indications, qui sont biffées par la suite, montrent qu'avant le remaniement final, BC avait décidé de transformer l'appendice en note de l'auteur anglais et qu'il envisageait de placer cette dernière au bas de la page du chap, vi «De l'obéissance». Etant donné la continuité du foliotage en nombres ordinaux et que celui-ci est biffé dans les trois feuillets de l'appendice, la décision de transposer cette dernière en une note doit être postérieure à la deuxième étape. Vu la continuité de la traduction, on ne comprend pas la discontinuité de la pagination en chiffres arabes entre le chap. VI (voir n. 1, p. 1069) et cette appendice ; on ne saurait imaginer, en effet, le contenu de deux feuilles manquantes (pp. 375-378). Tout au long du texte, des signes au crayon indiquent les passages à réviser. Paginations de l'appendice du chap. IV : foliotage en chiffres arabes limité au cahier ; pagination en chiffres arabes ; foliotage en nombres ordinaux en toutes lettres : f° 60r° : 379 ; Cent quarante septième biffé - f" 60v° : 380 - P 61r" : 2 ; 381 ; Cent quarante huitième biffé - f° 61v° : 382 - f> 62r* : 3 ; 383 ; Cent quarante neuvième biffé. Ecritures : du copiste A ; corrections autographes. Titres et sous-titres : seul l'ensemble initial des sous-titres est traduit et biffé par la suite. Dans le texte anglais, l'appendice n'a pas de titre. Mais au moment de la transformer en chapitre, BC lui donne le titre de «De la tendance de l'homme vers la vérité».
Livre 111, Chapitre VI, Appendice
1077
on a taché de les couvrir, lorsque l'Esprit humain s'est enfin convaincu d'une vérité nouvelle surtout dans la science de la morale, il se rappelle une foule d'apperçus qui s'etoient présentés â lui, et s'etonne d'avoir si lontemps ignoré des principes toujours sur le point d'etre découverts. f° 60v° Ce que nous devons à l'indépendance de | notre jugement et â la voix de 5 notre conscience, â été senti par l'instinct, avant d avoir été reconnu clairement par la raison, ces innombrables passages, des poëtes, des théologiens, et des philosophes, qui fesoient avec force contraster la sainteté inviolable du devoir, et l'autorité précaire d'un maitre, ont toujours été applaudis avec enthousiasme, par les ames pures bien qu'inéclairées. c'est, â 10 la vérité, dans les ouvrages d'imagination qu'on peut espérer de découvrir les principes d'une morale parfaite, lorsque l'esprit se dégage des liens de l'usage et du préjugé, qu'il prend son essort et s'eleve â la hauteur des vérités premieres et générales. Il ouvre alors au lecteur philosophe le trésor encor caché des améliorations Morales". 15 P6lr° Parmi les passages relatifs à notre sujet, | nous citerons l'endroit de la tragedie de Douglas, ou le jeune Norval, sommé de comparaître devant lord Randolff, pour lui expliquer les motifs d'une querelle dans laquelle il étoit engagé, lui repond. «Nay, my good lord, though I revere jou much, My cause I plead not, nor demand jour judgment. To the liege Lord of my dear nation land I owe a subject's hommage ; but even him
0
20
Mr Hirgot pensoit qu'on peut parvenir à fortifier dans les hommes leurs sentimens moraux, à les rendre plus délicats & plus justes, soit par l'exercice de ces sentimens, soit en ap- 25 prenant à les soumettre à l'analyse d'une raison saine & éclairée, c'est par ce motif qu'il regardoit les romans comme des livres de morale, & même disoit-il comme les seuls ou il eut vu de la morale. (Vie de M. Turgot par Condorcet.)
de les couvrir, a peine l'Esprit humain est-il arrivé à la démonstration d'une vérité nouvelle surtout dans la science de la morale, qu'il se rappelle une foule d'apperçus qui s'étoient présentés d'eux mêmes et (qu'il) s'étonne d'avoir si longtems repoussé 8 avec force contraster ] corr. en contraster (1) avec force (2) 10-15 c'est... Morales. ] supp. la note y comprise 10-11 â la vérité ] biffé et corr. en en effet 13-15 qu'il prend ... caché ] partiell. biffé et corr. en Lorsqu'il prend un essort hardi vers un monde encore inconnu, et s'eleve à la hauteur des vérités premières et générales, alors il ouvre au lecteur philosophe le trésor le plus caché 16 notre ] biffé et corr. en ce 20-p. 1078.4 «Nay ... Act. IV. ] supp.
1078
Recherches sur la justice
politique
And his hight arbitration I reject. Within my bosom reigns another Lord, Honour, sole judge & umpire of itself.» Act. IV.
«Seigneur, je vous révéré mais je ne viens ici ni pour plaider ma cause ni pour demander votre jugement. Je rends au seigneur de mon pays l'homf 6iv° mage qu'un sujet lui doit, mais je n'accepte point son arbitrage | dans mon sein regne un autre maitre l'honneur seul juge, seul arbitre de lui même.» Rien n'est plus précis, plus exact que la philosophie de ce passage. Le terme d'honneur sans doute est trop vague pour exprimer le principe qui doit servir de regie à toutes les actions d'un être intellectuel, ce principe c'est la decision de notre jugement intime ; et il est évident que le même raisonnement qui faisoit rejetter à Norval, l'arbitrage de son seigneur pour une querelle particulière, devoit également le déterminer à ne l'admettre comme la regie d'aucune de ses actions, et a renoncer par consequent à l'hommage qu'il reconnoit lui devoir, l'homme de bien ne doit prendre pour mesure de P62r° sa vertu ni le jugement ni la volonté d'un | autre, malgré cette imperfection qui tient au tems, il n'en est pas moins vrai que les applaudissemens donnés à ce passage étoient un élan des auditeurs vers des principes dont leur instinct reconoissoit la vérité avant que leur raison [eut] approfondi toutes les conséquences.
6 - 8 seigneur ... lui même. ] partiell. biffé et corr. en maitre de ma partie l'hommage qu'un sujet lui doit, mais je n'accepte point son superbe arbitrage. [P 61 v°] L'honeur seul régne dans mon sein l'honneur seul prononcera dans ma cause.» 9 terme ] biffé et corr. en mot 12 et il ... que ] biffé 15 renoncer ] biffé et corr. en se refuser 17-20 malgré ... toutes ] partiell. biffé et corr. en mais cette inexactitude tenoit au tems, & les applaudissemens réitérés que ce passage arrachoit aux auditeurs (etoit) prouvoit que leur instinct reconnoissoit la vérité du principe lors même que leur raison n'en discernoit pas les conséquences.
s
10
15
20
Livre III, Chapitre VII
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Chapitre VII1 des Formes de Gouvernement
62v°
Argument en faveur de la diversité des formes - comparaison de cet argument avec l'argument en faveur de la diversité des cultes religieux. Il y a une forme de Gouvernement meilleure que les autres - preuves de cette assertion, l'unité de la vérité, la nature de l'homme - objection tirée des faiblesses et des préjugés - danger d'établir un code vicieux les mœurs des Nations dépendantes de la forme de leurs gouvernemens - nécessité d'un perfectionnement graduel - Excellence de la simplicité - la publicité est le moyen le plus efficace - ce n'est pas le gouvernement mais les individus qui doivent la repandre - il faut que la vérité paroisse toute entiere et non pas par petites parcelles - quels sont les progés desirables. Argument en faveur de la diversité des formes.
I6lr° Plusieurs Ecrivains politiques ont | prétendu que la différence du caractère, des habitudes & des préjugés des nations exigeoit une égale diversité de Etablissement du texte : 3/7-3/7, L f 62v°, 161 r°-169r° ; PI P 141v°-145r" ; G pp. 179189. 1-15 Chapitre ... politiques ont] d'abord VII est corr. en VI ensuite le f62v° est complètement biffé et le titre du chap, est corr. en Chap. 7 Des formes de Gouvernement et la première phrase Plusieurs écrivains politiques ont sont réécrits auf 161 r" 9-10 simplicité ] après ce mot dans l'institution politique ajouté 1
Pour ce qui concerne la description matérielle du chap, vi «Of Forms of Governement», voir n. I, p. 1076. En haut, sur la marge gauche du f 62v°, on lit : chap. 7Liv. 3 biffé par la suite. Tout au long du texte, des signes au crayon indiquent les passages à réviser. Le P 169v° est blanc. Paginations du chap, vil : foliotage en chiffres arabes limité au cahier ; pagination en chiffres arabes ; foliotage en nombres ordinaux en toutes lettres : f 62v° : 384 - P 161r° : 4 ; 385 ; Cent cinquant que des associations volontaires de quelques membres de la société, dans le but de donner aux opinions des individus qui se réunissent u n e influence supérieure â celle des individus non réunis, ensuite en nous entendons par c e mot la reunion volontaire de quelques membres de la société puis, le passage entier est biffé et remplacé par N o u s 2 commencerons par une distinction importante, les h o m m e s mécontens du gouvernement de leur pays peuvent avoir pour objet ou de détruire d ' a n c i e n s abus o u de prévenir des vexations nouvelles. Ces deux projets sont également légitimes, mais ils d e m a n d e n t u n e conduite différente. | Le premier exige incontestablement une marche lente, circonspecte & paisible, pour le second l'activité (me) semble plus nécessaire, la vérité peut s ' e n fier à l'énergie [ f 550r°] qui lui est propre, elle employe plus volontiers pour sa d é f e n s e la force d e la conviction que celle des armes, mais l'individu o p p r i m é a des droits sur notre 1
2
Pour ce qui concerne la description matérielle de la section II « M o d e of Effecting Révolutions», voir n. 1, p. 1094. Pour ce qui concerne l'évolution du remaniement du livre IV, voir n. 1, p. 1087. E n haut et à gauche du f° 549r°, on lit : Livre 4 chap. 2 sect. 3. Paginations de la section II : pagination en chiffres arabes ; foliotage en nombres ordinaux en toutes lettres : f 545v° : 426 - f 546r° : 427 ; Cent soixante neuvième - f 546v° : 428 f° 547r° : 429 ; Cent soixante dixième - f 547v° : 430 - f° 548r° : 431 ; Cent soixante & onzième - f 548v° : 432. Ecritures : du copiste A ; corrections autographes. Titres et sous-titres : traduits et, à l'exception du titre de la section, biffés. Les deux paragraphes : Nous commencerons ... en sa faveur, sont la réécriture de deux paragraphes biffés plus loin, voir n. 1, p. 1103.
15
1101
Livre IV, Chapitre II, Section III
volontaires de quelques membres de la société, elles ont pour tendance de donner aux opinions des associés une influence supérieure â celle des individus non associés, cette question est par conséquent tout â fait étrangère à celle qui se rapporte aux associations générales, dans lesquelles lors qu elles sont bien organisées chaque individu doit jouir d'un dégré légal d'importance personnelle et trouver sa place dans l'exercice du droit de délibérer comme du droit d'élire. objection contre les associations. Après avoir ainsi expliqué ce que nous entendons par associations politiques telles que nous venons de les définir, nous ferons deux observations et s'il n'en resuite pas que ces sortes de sociétés soient tout a fait condamf° 550r" nables nous sentirons du moins diminuer notre désir | de les [encourjager parmi nous. fondées 1.° sur la sorte d'hommes parmi lesquels une revolution judicieuse devroit commencer [
].
Prémierement les révolutions prennent bien moins leur origine dans l'energie de la multitude que dans les spéculations des hommes studieux et réfléchis. je dis leur origine car elles ne doivent définitivement être exécutées qu'avec le consentement de toute la nation, le propre de la vérité est de se répandre, la difficulté consiste d'abord â la bien distinguer et en suite â la
secours. & le plus convenable sans doute est l'association du grand nombre en sa faveur. | Dans tout autre cas, les associations ne peuvent être approuvées que par ceux qui méconnaissent la toute puissance de la vérité. Leur but est de donner aux opinions des individus qui se réunissent une influence supérieure à celle des individus non réunis, mais à [f 551v°] quoi bon, de quel droit cette influence supérieure1 ? si les opinions des associés sont vraies, elles triompheront d'elles mêmes : si non, pourquoi les révetir (appuyer) d'une force étrangère, & (donner) prêter ainsi des secours à l'erreur2 ? 14-15 fondées ... [...] ] supp. 16-20 Prémierement ... répandre. ] partiell. biffé et corr. en les révolutions prennent leur origine moins dans l'energie de la multitude que dans les spéculations des hommes studieux et réfléchis. 20-p. 1102.2 la difficulté ... nombre. ] d'abord à la présenter est corr. en de la présenter ensuite le passage est biffé et corr. en discerner la vérité, la présenter avec une évidence qui lui assure un acquiescement universel ne peut être que la tâche d'un petit nombre. 1 2
Ici, un renvoi à la Note 37, supprimé. Ensuite, on lit : reprendre à la page précédente suivi d'un renvoi qu'on retrouve au F 550r°, au début du paragraphe commençant par : Prémierement les révolutions ...
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Recherches
sur la justice
politique
présenter avec une évidence qui lui assure un acquiescement universel, ce ne peut être que la tache d'un petit nombre, la société telle qu elle existe a présent, formera longtems deux classes différentes, ceux qui ont le loisir de se livrer à l'etude, et ceux qui sont forcés de pourvoir par le travail au[x] besoins de chaque jour. Il est sans doute á désirer que la derniere classe f 550v° jouisse autant que possible des mêmes privilèges | que la première : mais nous devons craindre en nous livrant aux mouvemens d'une bienveillance inconsidérée de produire des maux plus grands que ceux que nous voulons guérir, il faut éviter un danger dont les suites sont incalculables, et ne pas exciter le zele aveugle tandis que nous croyons ne parler qu'à la raison. Les hommes éclairés et pensans peuvent seuls prévoir les événemens futurs, l'idée d'un ordre de société différent de celui qui existe, et l'appréciation saine des avantages qui pourraient en résulter sont les opérations de quelques esprits favorisés, lors même que ces avantages ont été habilement développés ils restent longtems encore un problème pour la multitude, le tems la lecture et la conversation sont nécessaires pour les lui rendre P 5 5 l r " familiers. | Il faut qu'ils descendent par une gradation reguliére des plus réfléchis aux plus inattentifs, celui qui commence par un appel au peuple connoit bien peu la marche de l'esprit humain, la précipitation peut obtenir le succès d'un dessein funeste ; mais les projets de la sagesse demandent des progrés lents, non interrompus et successifs. La grande chaine de la nécessité lie et combine tout ce qui tient à l'homme, toutes les parties de son existence sont dans une harmonie admirable. comme c'est au peuple à faire le dernier pas vers la vérité, c'est aussi le peuple qui à le moins besoin d'etre préparé à la concevoir. Ses préjugés sont en petit nombre sur la surface, les argumens en faveur de l'injustice f 551 v° sont l'invention des premieres classes de la société | qu'y trouvent ou croyent y trouver leur avantage, après avoir cherché dans le sophisme l'excuse de leur conduite, ils deviennent les champions des erreurs qu'ils ont assiduement cultivées, le peuple n'a point le même intérêt ; il ne supporte le regne de l'injustice que par habitude et défaut de réflexion, il a moins besoin de préparation pour recevoir la vérité, que d'exemples qui la lui rendent palpable, il lui faut très peu de raisonnemens, lorsqu'il voit des
3 - 4 différentes ... et ceux ] corr. en différentes, l'une se composant de ceux qui ont le loisir de se livrer à l'etude, l'autre de ceux 9—10 il faut... raison. ] supp. 1 1 - 1 2 Les hommes ... de société ] partiell. biffé et corr. en Les hommes éclairés et pensans peuvent seuls prévoir les événemens. l'idée d'un état de société 1 1 - 1 8 Les hommes ... inattentifs. ] supp. 14 ont été ] biffé et corr. en sont 19 bien peu ] biffé et corr.en peu 26 nombre ] après ce mot & pour ainsi dire ajouté 2 7 - 2 8 premières ... croyent ] partiell. biffé et corr. en prémiers Rangs de la société (parce qu'ils) eux seuls y trouvent ou pensent 33 très ] biffé
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hommes sages et généreux déterminés à défendre la cause de la justice, un tems très court suffit pour lui faire goûter les principes du patriotisme et de La liberté. 2.° sur le danger [...]
2.° Il faut que les associations soient formées avec bien de la précaution 5 f552r" pour quelles n'occasionnent point de tumulte la gaiété | d'une fête peut conduire aux désordres d'une émeute, lorsque le systheme de l'opinion passe de l'un a l'autre dans des assemblées nombreuses, et parmi des hommes peu accoutumés à reprimer leurs passions, ils deviennent capables d'excès qu'auroit rejettés la reflexion solitaire, rien n'est plus cruel, feroce io et sanguinaire que le triomphe de la populace, la publication de la vérité devroit toujours être précédée de leçons sur la modération. Celui qui veut fonder une republique doit être comme le premier Brutus, inaccessible à la violence des passions les plus impérieuses de notre nature. objet des associations. 15 En 1 traitant des associations une discussion importante se présente, les hommes mecontens du gouvernement de leur pays peuvent avoir pour objet ou F552v° de détruire d'anciens abus, ou | de prévenir des usurpations nouvelles, ces deux projets sont également légitimés, l'homme vertueux, l'homme sage doit voir les choses telles qu elles sont, et juger la constitution de son pays 20 avec autant d'impartialité que s'il la lisoit dans l'histoire. dans quelles [occasions] sont admissibles, ces deux objets semblent demander une conduite différente, le prémier exige incontestablement une marche lente circonspecte et paisible, pour le second l'activité paroit plus nécessaire, la vérité a naturellement confiance 25 dans [sa propre] énergie et employe plus volontiers pour sa défense la force de la conviction que celle des armes, mais l'individu opprimé a des droits sur nos secours, et les plus convenables sont sans doute l'association du F553r" grand nombre en sa faveur, la circonstance peut exiger que | l'opinion
2 très ] biffé 4 2° ... [...] ] supp. 5-6 2." ... tumulte] partiell, biffé et corr. en (second [...]} Il faut des précautions bien grandes & bien difficiles pour que les associations politiques n'occasionnent point de dangers 7 lorsque le systheme ] biffé et corr. en la sympathie 8 parmi ] biffé 9 ils ] biffé 12-p. 1104.4 Celui qui ... à l'opinion. ] supp. 23 ces ... demander] partiell, biffé et corr. en Mais ces deux objets demandent 25-26 la vérité ... employe ] partiell, biffé et corr. en la vérité se fie naturellement a l'energie qui lui est propre et l'employe 1
Les deux paragraphes : En traitant ... en sa faveur, sont réécrits, presque inchangés, au début du chapitre, voir n. 2, p. 1100.
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Recherches sur la justice politique
soit promptement et positivement prononcée et cette nécessité excuse à un certain dégré des associations conduites avec calme et tranquillité. argumens en faveur des associations fondés sur la nécessité de donner poids à l'opinion.
Ce sujet est d'une haute importance : peu d'erreurs sont plus deplorables que celles qui nous conduiroient à employer des moyens criminels en faveur d'une cause juste, dira-t-on que les associations sont l'unique expédient pour armer l'opinion d'un peuple contre ses oppresseurs, mais pourquoi armer ? pourquoi agiter toute une nation et exciter des commotions qui peuvent entrainer les suites les plus désastreuses ? pourquoi vouloir donner â la vérité un autre poids que celui qui lui appartient, pourquoi l'entourer P 553v° des fureurs d'un zele aveugle ? en tachant de | procurer à la vérité une victoire prematurée nous produirons des monstres et nous retarderons ses véritables succès, attendons patiemment ses progrés naturels, n'employons pour la soutenir aucun argument indigne d'elle, et son succès sera brillant et sur. sur [leur tendance à constater] l'opinion publique.
On peut faire la même réponse à ceux qui prétendent que les associations sont nécessaires, pour connoitre exactement l'opinion publique, quelle est donc cette sorte d'opinion qui éxige des moyens violens pour se manifester ? les sentimens des hommes ne sont douteux dans leur expression, que lorsqu ils sont encore incertains et équivoques, une opinion arrêtée a des sympthomes qu il est impossible de méconnoitre. Si le sentiment que je f 554r° commence â concevoir est fondé, avec le tems il prendra de | de la force, si vous voulez hâter ses progrés, servez vous de [l'instruction et n'entreprenez] point de faire passer pour mon sentiment, celui que vous voulez me faire adopter, si l'opinion du peuple n'est point connûe aujourd'hui, elle
5 - 7 Ce sujet ... expédient ] partiell biffé et corr. en Peu d'erreurs sont plus déplorables que celles qui nous (mèneraient) conduisent à employer des (ressou) moyens criminels en faveur d'une cause juste, dira-t-on que les associations sont indispensables 12-13 procurer à ... monstres ] partiell. biffé et corr. en lui procurer une victoire prematurée nous produirons des désastres 15-16 succès ... sur ] partiell. biffé et corr. en triomphe sera brillant et pur 17 sur ... publique. ] supp. 22 équivoques ] après ce mot en eux mêmes ajouté 23-27 si le sentiment ... adopter. ] la fin du passage est d'abord corr. en qui n'est que le votre & que vous voulez me faire adopter, ensuite le passage est entièrement biffé. 26-27 que vous ... adopter. ] biffé et corr. en. qui n'est que le votre & que vous voulez me faire également adopter, également biffé. 27-p. 1105.4 si l'opinion ... du peuple. ] partiell. biffé et corr. en si l'opinion du peuple ne se montre pas aujourd'hui, elle se prononcera demain, si elle ne se
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se prononcera demain, si elle n'est point connûe aujourd'hui, c'est parceque vous nommez son opinion ce qui ne l'est pas. Il seroit aussi facile [d'enterrer] les villes et les habitants d'un pays que l'opinion refléchie et déterminée du peuple.
554v°
555r°
leur inutilité en général. Tous ces expediens ne conviennent qu'a ceux qui meconnoissent la toute puissance de la vérité, elle peut être passagèrement obscurcie, mais elle ne tarde pas â reparoitre avec un nouvel éclat, si jamais elle a manqué de produire graduellement la conviction, c'est qu elle a été présentée d'une manière imparfaite obscure et pusillanime, dix pages | qui contiendraient clairement la démonstration des véritables intérêts de l'homme en société changeroient infailliblement la face du globe, et le seul moyen de prévénir ce changem.' seroit la destruction physique du papier sur lequel cette démonstration seroit écrite, notre devoir serait de la repeter sans cesse et en tous lieux mais si nous nous permettions quelqu' autre entreprise, nous prouverions que nous ne regarderions pas la démonstration comme assez complette. concessions. Tel sont les raisonnemens qui doivent fixer notre opinion abstraite relativement aux associations, mais quoi qu'il en resuite qu elles sont rarement nécessairefs] ou desirables, il y a cependant des occasions ou on doit les traiter avec plus de tolérance. | il y a toujours pour faire le bien une méthode préférable ; mais les hommes sont des êtres imparfaits, et il y a certaines erreurs qu'un home sage regardera avec indulgence, les associa-
montre pas aujourd'hui, c'est parcequ elle n'existe pas encore telle que vous le prétendez, (vous feriez aussi facilement disparaître les villes les habitans toute la surface d'un pays que l'opinion refléchie de ses habitans.) C'est que sous ce nom (c'est votre opinion particulière que) vous voulez faire prévaloir votre opinion particulière1. 5 - 1 7 leur inutilité ... complette. ] supp. 6 expediens ] biffé et corr. en Moyens 9 a été ] corr. en nous [avoit.] 14-17 serait ... complette. ] partiell. biffé et corr. en serait alors de la repeter sans cesse en tous lieux à tous les hommes, mais si nous permettions quelqu'autre entreprise, si nous recourrions à la violence, c'est que nous ne regarderions pas nos preuves comme suffisamment évidentes, ensuite biffé 18 concessions. ] supp. 19-22 opinion ... tolérance. ] partiell. biffé et corr. en jugement abstrait (des) sur les associations, ne les condamnons pas toutefois avec trop de sévérité. 2 2 - 2 4 il y a ... indulgence. ] partiell. biffé et corr. en II y a toujours pour faire le bien un moyen préférable ; mais les hommes sont des êtres imparfaits, et le Philosophe regardera certaines erreurs avec indulgence. 1
Au-dessous de cette correction, écrite sur la moitié vide du feuillet, après une croix on lit : Note 37. Mais le même renvoi n'apparaît pas dans le texte et l'appel de note a été supprimé.
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Recherches sur la justice
politique
tions étant intrinsèquement une mauvaise mesure, on doit les admettre le plus tard possible, mais il ne faut pas se dissimuler, que, dans la crise d'une révolution, elles deviennent quelquefois inévitables, tandis que l'opinion s'avance d'un pas silentieux ses progrès sont devancés par le zele des imaginations ardentes, la sagesse essayera de les contenir, et si ses disciples 5 sont nombreux, elle parviendra à détourner les accidens funestes, mais le sort une fois jetté, la déclaration faite et irrévocable, quelleque puisse être la confusion, l'honnête homme se jettera dans le parti de la vérité, et se f° 555v° servira pour la soutenir, des meilleurs expédiens que les circonstances pourront admettre 1 . 10 Mais quoi que l'association, soit dans acception ordinaire de ce terme, un instrument dangereux, les communications libres dans un cercle moins étendu, et particulièrement entre les hommes déjà initiés dans la connoissance de la vérité, ont d'immenses avantages, une froide reserve, isole aujourd hui les hommes, la société est un art, au moyen duquel les individus peuvent 15 éternellement communiquer ensemble, sans que l'un fasse jamais coñoitre à l'autre la veritable valeur de son caractère ou de ses talens, le parti qu'on pourrait en tirer, le perfectionnement dont ils sont suscepltibles. il y a une f® 556r° sorte de tactique | domestique dont l'objet est de nous apprendre à éluder la curiosité, et à soutenir la conversation, sans trahir nos sentimens ni nos 20 principes, le philantrope n'a rien de plus à cœur que de détruire cette duplicité et cette reserve, car il sait que celui qui ne s'applique pas dans toutes les occasions que ses relations sociales lui présentent á les tourner au profit de son espèce n'est guere bienveillant pour ses semblables. Les livres n'ont qu'une influence limitée bien qu'à raison de leur durée, 25 de leurs discussions méthodiques, et de la facilité avec la quelle on les multiplie, ils puissent être considérés comme une des principales sources f° 556v° d'instruction, les lecteurs sont toujours | en petit nombre, la lecture a pour
4 silentieux ] biffé et corr. en tranquille 6 parviendra à détourner ] partiell, biffé et corr. en détournera 7 - 8 la confusion ... dans] partiell, biffé et corr. en le tumulte & le danger, l'honnête homme suivra 1 1 - 1 3 Mais ... les hommes ] partiell, biffe et corr. en II faut distinguer les associations politiques dans l'acception ordinaire de ce terme, des communications sociales. Ces communications, dans un cercle moins étendu, et particulièrement entre des esprits 16-24 sans que ... semblables. ] partiell, biffé et corr. en sans jamais se faire conoitre la veritable valeur de leur caractère ou de leurs talens, (en) & le perfectionnement dont ils seraient susceptibles, une sorte de tactique [ f 556r°] domestique nous apprend à éluder la curiosité, et à soutenir la conversation, sans trahir nos sentimens ni nos principes, le soin constant du philantrope doit être de détruire cette duplicité et cette reserve. 1
Ici, un renvoi à la Note 35, supprimé.
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ainsi dire une froideur constitutionnelle, nous examinons avec malveillance les argumens d'un novateur, ou nous répugnons à fatiguer notre esprit et à les saisir dans toute leur force, nous avons rarement le courage de marcher dans des sentiers non encore frayés, et de révoquer en doute des maximes généralement reçues, mais la conversation nous accoutume à écouter des propositions diverses, nous oblige à exercer notre patience et notre attention, et donne une sorte d'élasticité à nos recherches intellectuelles, un homme instruit, en se rappellant la marche de ses facultés, trouvera qu'il doit une partie incalculable de ses progrès aux developpemens fortuits et aux rencontres imprévues de la conversation ; et l'histoire de la littérature f° 557r° nous montre | presque toujours les hommes d'un mérite supérieur éxistant simultanément. Il s'en suit que la liberté illimitée des communications sociales est un des plus sûrs moyens de servir les intérêts de l'humanité, imaginons un nombre d'hommes, qui, après avoir enrichi leur esprit par la lecture et la méditation, s'occupent ensemble à comparer leurs opinions, â proposer leurs doutes, à les éclaircir, et enfin à découvrir le mode le plus sur et le plus frappant de propager leurs idées, supposons que ces hommes, ainsi préparés par un commerce mutuel, se repandent dans la société pour y expliquer succinctement et lumineusement les véritables principes, supposons encore que leurs auditeurs prennent plaisir à répéter les vérités qu'ils ont recueillies P557v° nous concevrons facilement l'instruction faisant des progrés sans danger et sans violence, c'est alors la raison qui se communique et non pas une sympathie irréfléchie et présqu'animale, la discussion n'est peut être jamais plus utile ou mieux suivie que dans la conversation de deux personnes, elle peut encore produire des avantages dans des sociétés amicales et peu nombreuses. s'il n'en existe peu gueres de semblables en conclurons nous leur impossibilité ? loin de là. démontrons aux hommes leur excellence, prouvons leur l'utilité des discussions politiques dégagées des haines et de la violence de l'esprit de parti, la beauté du spectacle produira bientôt des f" 558^ imitateurs, chaque individu communiquera avec son | voisin et se mon1 constitutionnelle ] biffé et corr. en intrinsèque 2-3 et à les saisir ] partiell, biffé et corr. en en les saisissant 17-20 et enfin ... principes. ] partiell, biffé et corr. en à découvrir enfin le mode le plus sur et le plus frappant de répandre leurs idées, supposons que ces hommes, ainsi préparés par un commerce mutuel, professent dans la société les véritables principes. 22-24 nous concevrons ... présqu'animale. ] partiell, biffé et corr. en l'instruction fera des progrés sans danger et sans violence, l'on verra la raison se propager ce ne sera pas une sympathie aveugle irréfléchie et présqu'animale. 24-29 la discussion ... l'utilité ] supp. 29-p. 1108.1 des discussions ... se montrera] partiell, biffé et corr. en Les discussions politiques se dégageront des haines et de la violence de l'esprit de parti, chaque individu [f° 558r°] se montrera
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trera jaloux de dire ou d'ecouter ce que tous les hommes ont intérêt de savoir, la vérité sera d'un accès facile ; le sentier escarpé de la science se changera en une pente insensible et douce, l'instruction deviendra générale, la sagesse sera l'heritage commun des hommes, et nul n'en sera privé que par son inexcusable insouciance, peut être pour réaliser complettement ces idées, faudrait il que l'inégalité des conditions et la tyrannie des gouvernemens fussent adoucies, mais ce n'est point un motif pour ne pas jetter dès a présent les bazes de ce généreux système, l'instruction des individus et l'amélioration des institutions politiques doivent se prêter un secours mutuel. la vérité, surtout la vérité politique, n'est pas difficile à saisir, elle ne F 558v° devient telle que par l'arrogance | de ceux qui l'enseignent, ses progrès ont été lents, parce que cette étude a été abandonnée aux jurisconsultes et aux professeurs, elle a produit peu d'effet dans la pratique, parce qu'on ne lui a jamais permis un appel simple et direct au jugement individuel, détruisez ces obstacles ; que la vérité devienne une propriété commune, et d'un usage habituel : des avantages inestimables en seront promptement la suite infallible. Mais ces heureux changemens ne peuvent s'opérer qu'avec le secours d'une discussion libre et impartiale, dès que les petites sociétés des hommes modestes instruits et paisibles sont englouties dans le cahos bruyant des assemblées nombreuses, les progrés de l'instruction deviennent nuls, on voit f° 559r° disparaître cette heureuse diversité | d'opinions qui contribue si avantageusement a éclairer les esprits et á faire jaillir la lumière, l'activité de l'Esprit est enchaînée par la crainte du blâme ou du desaveu de nos associés, une fausse uniformité d'opinion s'établit 1 , personne ne l'adopte par conviction mais on suit par foiblesse un torrent qu'on regarde comme irresistible, les Clubs dans l'ancienne acception que ce terme avoit en angleterre, c'est a dire les sociétés périodiques, peu nombreuses, et indépendantes, seraient compatibles avec nos principes, mais ils sont inadmissibles, lorsqu'on y joint le redoutable appareil des confédérations et des comités de correspondance, les homes doivent se rassembler pour rechercher, non pas pour conquérir, la vérité dédaigne la ressource des enrolemens. 9 l'amélioration ... politiques ] partiell, biffé et corr. en le perfectionnement des institutions 13 professeurs ] biffé et corr. en légistes 14 individuel. ] corr. en des individus. 19 petites sociétés ] partiell, biffé et corr. en sociétés resserrées 23 les esprits ... l'Esprit. ] partiell, biffé et corr. en l'intelligence et â faire jaillir la lumière, l'activité de notre Esprit. 25 d'opinion ] biffé et corr. en de jugement 29 ils ] biffé et corr. en les Clubs 3 1 - 3 2 pour rechercher ... enrolemens. ] partiell, biffé et corr. en pour examiner, non pour conquérir, et la vérité toute puissante dédaigne la ressource ignoble des enrolemens. 1
Ici, un renvoi à : Voir la Note 38, supprimé.
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Il est sans doute superflu d'ajouter, qu'une partie des individus qui ont f 559v° pris part aux | transactions que nous censurons ici, avoient les intentions les plus pures et les vues les plus libérales. Il serait souverainement injuste, parce qu'une entreprise nous paraîtrait dangereuse, de comprendre, dans une aveugle condamnation, des hommes qui n'ont pas prévu ce danger : 5 mais en même tems, et en raison même de la pureté de leurs vues et de la vérité de leurs principes, il est a désirer qu'ils réfléchissent sérieusement aux moyens qu'ils employent. il seroit déplorable que les plus sincères amis de l'humanité en devinssent le fléau, par l'imprudence de leur conduite. Est il convenable de recommander aux hommes la résistance. 10 Il resuite de nos observations, qu'on ne doit craindre ni violence ni précipitation de la part des avocats éclairés de la justice politique, l'on a toutefois prétendu qu ils 1 [...]
1 - 1 3 II est ... qu'ils ] supp. 1
L a traduction du chapitre se termine ici, puisque les quatre derniers folios (pp. 455—462) ont été détruits, voir n. 2, p. 1092.
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Recherches sur la justice politique
Section IV1 de l'espèce de reforme désirable.
p 560f°
[doit-elle être] partielle ou [totale] - [on ne peut enseigner] la vérité partiellement - Examen des reformes partielles - objection - reponse reforme partielle indispensable - nature d'une revolution juste - prohabilité dans son époque. La reforme doit-elle être partielle ou totale ?
Une nouvelle question se présente, devons nous désirer que la réforme Etablissement du texte : 4/2siv-7/5, L f 560P-565r°, P2 P 184v°-186v°, G pp. 219-225. 1 Section IV ] biffe et corr. en (Liv. IV) Chap. V 3-7 [doit-elle] ... totale ? ] supp. 5 juste ] biffé et corr. en légitime 6 dans son époque ] biffé et corr. en qu'elle n'est pas très éloignée. 8-p. 1111.2 Une nouvelle ... restriction. ] partiell. biffé et corr. en ([on partira] de la reforme [sociale] devons nous désirer qu'elle s'introduise) Il ne suffit pas (d'être d'accord) que nous soïons d'accord sur la nécessité de la réforme sociale. Il nous reste encore une foule de questions à décider. La plus importante s'applique à l'époque et à l'etendue de (la) cette réforme, faut il la présenter toute entière au peuple ou l'introduire graduellement ? 1
Cahier formé de deux cahiers cousus ensemble, dont le premier se compose de douze feuillets (f° 560-571) et le deuxième de quatre feuillets ( f 572-575). Ce cahier contient la traduction de la section iv (du chap, il) «Of the Species of Reform to be Desired» (P 560r°565i"), du chap, ill «Of Tyrannicide» (f° 565v°-569r°), du chap, iv «Of the Cultivation of Thith» (P 569v°) et de la section I (du chap. IV) «Of Abstract or General Truth» (P 570i"575v°). Cette dernière ne contient pas la phrase finale qui se trouvait à la p. 495 (selon l'ancienne pagination en chiffres arabes) qui a été détruite au moment où BC a supprimé les pp. 495-550. Dans l'angle gauche et en haut du P 560i", on lit : Livre 4. Chap. 2. Sect. 6 et plus en bas on trouve encore : Section 6. En réalité il s'agit de la section iv du chap. il. Cette faute est corrigée par BC dans le titre. Par la suite, l'indication des titres est biffée et corrigée en : Chap. ' S, 6, 7. Pour ce qui concerne l'évolution du remaniement du livre IV, voir aussi n. 1, p. 1087. Tout au long du texte, des signes au crayon indiquent les passages à réviser. Paginations de la section iv: pagination en chiffres arabes limité au cahier ; pagination en chiffres arabes ; foliotage en nombres ordinaux en toutes lettres : P 560r" : 463 ; Centquatrevingttroizième - P560v°: 464 - P 561 r" : 2 ; 465 ; Centquatrevingtquatrième P561v° : 466- P 562r° : 3; 467-, Centquatrevingtcinquième - P 562v° : 468 - P 563r° : 4 ; 469 ; Centquatrevingtsixième - P 563v° : 470 - P 564r° : 5 ; 471 ; Centquatrevingt septième - P 564v° : 472 - P 565r° :6;473; Centquatrevingt huitième. Ecritures : du copiste A, corrections autographes. Titres et sous-titres : le titre du chapitre et l'ensemble initial des sous-titres sont écrits par le copiste, les sous-titres infratextuels sont ajoutés par BC. Par la suite, ils sont tous biffés à l'exception du titre du chapitre.
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s'introduise graduellement ou tout d'un coup ? ni l'une ni l'autre de ces alternatives ne peut être consentie sans restriction. On ne peut enseigner la vérité partiellement. Rien ne saurait être plus funeste â la cause de la vérité, que la déployer aux 560v° yeux des hommes imparfaitement ou par | portions isolées. Vue dans tout son jour son effet doit être infaillible, mais présentée d'une manière partielle et incompiette, elle livre une foule de cotés faibles à ses adversaires. Plusieurs objections paraîtront plausibles, qu'une connoissance entière du sujet eut fait disparaître, tout ce qui limite la vérité est erreur : en conséquence une vue trop restreinte d'un sujet quelconque doit contenir un melange d'erreur considérable, des idées excellentes, lorsqu'elles tiennent au tout dont elles dépendent, perdent non seulement de leur prix, lorsqu'elles en sont détachées, mais peuvent même devenir quelquefois positivement mauvaises, dans cette guerre de postes et d'escarmouches, la victoire pa56ir° raitra | toujours incertaine, et les hommes se persuaderont, ou que la vérité est elle même de peu de valeur, ou que l'intelligence humaine est trop bornée pour pouvoir la distinguer avec certitude. Examen des réformes partielles. Objection. On peut ajouter que tout ce qui est mauvais tend a empirer, jusqu'au moment ou le mal étant au comble nécessite sa destruction : qu'un des moyens les plus efficaces d'amélioration sociale se trouve dans la comparaison secrette du bien possible avec le mal existant ; que toute réforme partielle nuit à cette comparaison : qu'elle n'est qu'un palliatif ; qu'elle cicatrise la plaie mais sans la guérir ; qu'en nous procurant un petit avantage, souvent
3 - 9 On ne peut... disparaître. ] supp . 9-17 tout ce ... certitude. ] partiell. biffé et corr. en D'un coté l'on peut dire que tout ce qui limite la vérité est erreur : que des idées qui sont excellentes, lorsqu'elles tiennent au tout dont elles dépendent, non seulement perdent de leur prix, quand elles en sont détachées, mais peuvent même devenir positivement funestes, que l'effet de la vérité vue dans tout son jour, doit être infaillible, mais que présentée d'une manière incompiette & partielle, elle livre une foule de cotés faibles a ses adversaires : que ces cotés faibles prolongent la lutte & rendent la victoire [P 561r°] incertaine, et que les hommes se persuadent, ou que la vérité est elle même de peu de valeur, ou que leur l'intelligence est trop bornée pour la discerner. 11 d'erreur considérable. ] corr. en considérable (1) d'erreur (2). 18-22 Examen ... existant ; ] partiell. biffé et corr. en l'On peut ajouter qu'un des moyens les plus efficaces d'amélioration sociale est de laisser le (mal) désordre arriver au comble pour que la comparaison du bien possible avec le mal existant donne une impulsion durable & déterminée. 24 mais ... avantage ] partiell. biffé et corr. en sans la guérir ; qu'en nous procurant un (...) léger avantage
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Recherches sur la justice politique
f° 56iv° un avantage illusoire, elle nous prive du bien réel | que nous devrions exiger ; qu'en dégageant l'erreur d'une petite partie de ses inconvéniens, elle la rend moins odieuse et prolonge sa durée. reponse. On doit éviter toutefois de pousser trop loin ce raisonnement et pour ne pas nous égarer dan[s] cette question délicate, il faut soigneusement distinguer les différentes sources de reforme, toute réforme partielle ou générale, suggérée a la société entière par une connoissance approfondie du sujet, doit être accueillie ; mais une réforme qui nous est offerte par ceux qui ont intérêt à la perpétuité des abus, et dont l'intention est de rendre l'erreur permanente, en la dèbarassant de ce qu elle avoit de plus repoussant, doit p 562r° être rejettée avec mépris 1 . | le veritable principe du perfectionnement social est l'amélioration de l'opinion publique, toute réforme qu'on impose a la communauté, sans qu elle la demande, ou qui n'est point l'ouvrage de l'energie du sentiment général, est indigne de notre reconnoissance 2 . Il en est à cet égard des Nations comme des individus, celui qui renonce à une habitude vicieuse, non parce qu'il sent que son devoir et sa raison l'ordonnent, mais parce que cette habitude n'a plus d'attrait pour lui, ne mérité point le nom de vertueux, l'objet qu'il nous convient de poursuivre est de donner de la vigueur à l'esprit public et non de le réduire à une apathique indifférence.
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Réforme partielle, indispensable Lorsque la réforme partielle part de sa source légitime, c'est a dire, des f562v° progrès de la société dans la connoissance du vrai, elle â droit | à notre approbation, l'homme est le produit de l'habitude ; le perfectionnement 25 graduel est une loi de sa nature, lorsqu'un avantage important est assez généralement connu pour que toute une société en sollicite l'établissement, cette institution par une réaction bienfaisante constribue â son tour à étendre les lumières, et â epurer les mœurs ; il est naturel aux hommes de prendre 4 reponse. ] supp. 5 On doit... et ] partiell, biffé et corr. en L'On doit éviter toutefois de pousser trop loin ces raisonnements ; 8 â la société ... du sujet ] biffé et corr. en par le sentiment universel 11 avoit ... repoussant ] partiell, biffé et corr. en a de plus révoltant 15 l'energie ... général ] partiell, biffé et corr. en l'energie générale 15-21 II en est ... indifférence. ] supp. 19 l'objet... est ] biffé et corr. en notre objet doit être 22 Réforme ... indispensable ] .supp . 23 Lorsque ] avant ce mot Mais ajouté 29-p. 1113.2 de prendre... parcourir. ] partiell, biffé et corr. en de se reposer après la conquête de quelque grande vérité (pour contempler) & de contempler du I89v°
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merce, elles troublent les relations paisibles des hommes de lettres, Elles agitent jusqu'au plus petits intérêts du hameau le plus obscur, mais les cours sont leur climat favori, l'indiscret qui porte la vérité jusqu'à l'oreille des rois est un objet d'horreur et d'etonnement, le favori le marque pour sa victime, Et l'insouciant monarque le livre bientôt à l'importunité vindicative. | Les rois, dit Fénélon sont les plus malheureux et les plus aveugles de tous les hommes". Mais quand ils ne seroient pas la proie de l'erreur et du mensonge, ils en tireroient peu d'avantages. La royauté est inévitablement l'alliée du vice. La vertu par sa nature est juste, conséquente & sincère. Les rois corrompus par l'éducation qu'ils reçoivent, par le poste qu'ils occupent, ne peuvent tolérer ces austères qualités. La sincérité leur découvriroit leurs foiblesses et leur rappelleroit leur lâcheté, la justice méprisant leur pompe, les apprecieroit à leur valeur : l'impartialité repousseroit tous les moyens qu'ils employent pour faire fléchir les principes ! Ils ont besoin de caractères plians & souples, qui flattent leurs erreurs excusent leurs fautes, & s'empressent de servir | leurs vices, sans scrupules bizarres, & sans remords importuns. Aucune inflexibilité de caractère ne peut resister aux complaisances d'une adulation perpétuelle. Les vertus ne se développent que sur le sol de l'égalité, fortifiées qu'elles sont en luttant contre les vents des orages & l'intempérie des hivers. Que de talens, objets des plus justes espérances, n'avons nous pas vu s'enerver, sans autre cause qu'une carrière trop facile, ou nul choc, ne les reveilloit, ou nulle calamité ne developpoit leurs forces.
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La Monarchie est réellement une institution si peu naturelle, que les hommes l'ont de tous tems soupçonnée d'etre funeste à leur bonheur : il est plus 25 aisé d'obscurcir que d'effacer les vérités importantes, & il reste toujours à l'imposture quels que soient ses succès, un puissant adversaire dans le cœur même de ses proselites. L'homme qui se procure avec effort une misérable
" Télémaque Livre XIII. Ils est impossible de trouver une description plus frappante des abus inséparables du gouvernement monarchique que celle qui est contenue dans le Livre XIII & 30 XIV de l'ouvrage de fenélon.
5 - 6 l'importunité vindicative. ] biffé et corr. en sa vindicative importunité. 10 par le ] avant ces mots, mot biffé ill. 12 et leur ... lâcheté ] biffé et corr. en & leurs vices 15-16 & s'empressent ... vices ] partiell, biffé et corr. en s'empressent de les servir 17 de caractère ] biffé 18 se développent que ] corr. d'une phrase partiell, ill. sous la biffure [ ] factice d'une grandeur desséchante, mais 19 les vents ] corr. en le vent 22 developpoit leurs forces. ] biffé et corr. en les appelloit (à la lutte) au combat & ne (developp) n'exercoit leur énergie ? 23 Aversion pour la Justice] supp. 29-31 Télémaque ... fenélon. ] supp.
Livre V, Chapitre III
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subsistance ne peut contempler le faste d'un roi sans éprouver confusément le sentiment d'une injustice. Il révoque nécessairement en doute l'utilité f I9lr° d'un fonctionnaire | dont les services s'achetent si chèrement & s'il considère cette [machine] avec un peu d'exactitude, il s'aperçoit bientôt avec surprise qu'un roi n'est qu'un homme ordinaire surpassé par plusieurs & égalé par beaucoup d'autres en force, en talens & en vertus. Il sent en conséquence que rien n'est plus absurde & injuste qu'un tel homme est l'instrument le plus propre de diriger les affaires d'une Nation. Ces réflexions sont si évidentes que les rois eux mêmes ont souvent soupçonné les dangers qui menacoient leur bonheur imaginaire. Ils ont quelque f I9lv° fois été allarmé[s] par les progrès de la pensée & plus | souvent encore ils ont considéré l'aisance & la prospérité de leurs sujets comme une source de terreurs. Ils considèrent avec raison leurs fonctions comme une sorte de représentation publique dont le succès dépend de la crédulité des spectateurs & à laquelle un peu de bon sens et de courage auroient bientôt mis un terme. Delà les maximes connues du gouvernement monarchique que l'aisance est mère de la révolte, et qu'il faut tenir le peuple dans un état de pauvreté et de malheur pour assurer son obeissance. Delà cette plainte éternelle du despotisme, que ces misérables ne se plaignent que parce qu'ils sont trop à leur aise & que l'abondance est la nourrice de la sédition. Delà cette leçon qu'on inculque sans cesse aux monarques «si vous mettez les f I92r° peuples | dans l'abondance il ne travailleront plus, ils deviendront fiers, indociles, & seront toujours prêts à se révolter. Il n'y a que la foiblesse et la misère qui les rendent souples & qui les empêchent de resister à l'autorité.»
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C'est une observation malfaite & triviale que la situation des rois est 25 vraiment digne de pitié. Toutes ses actions sont entravées par l'anxiété & le doute & ils ne peuvent comme le reste des hommes se livrer à l'insouciante
3 - 5 s'il considère ... surprise ] partiell, biffé et corr. en bientôt il s'indigne lorsqu'il s'aperçoit avec surprise 6 - 8 II sent... Nation. ] supp. 7 - 8 qu'un ... diriger ] partiell, biffé et corr. en que de considérer un tel homme comme l'instrument le plus propre pour diriger 9-12 ont souvent ... source ] partiell, biffé et corr. en soupçonnent de tems à autre les dangers qui menacent leur bonheur imaginaire. Tantôt ils (sont) s'allarment des progrès de la pensée [f 191v°] Tantôt l'aisance & la prospérité de leurs sujets leur (parait) paraissent une source 15-16 un peu ... terme. ] partiell . biffé et 13 comme ] avant ce mot sont ajouté et biffé corr. en un peu de courage et de raison mettroient bientôt un terme. 17 et ] biffé 17-18 de pauvreté et de malheur ] corr. en de malheur (1) et de pauvreté (2) 18-24 Delà ... autorité.» ] partiell, biffé et corr. en (Delà cette plainte éternelle du despotisme, ceux qui osent se plaindre ne sont qu'enhardis par trop d'indulgence,) qu'une nation riche est indocile & rebelle, & que la faiblesse & la misère des gouvernés sont les plus surs appuis de l'Autorité des gouvemans. 25-p. 1156.16 C'est une ... indépendans. ] supp. malfaite ] biffé et corr. en vulgaire
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Recherches sur la justice politique
gaité de l'esprit ou à l'abandon du caractère, si leur ame n'est pas formée aux remords, ils sont obligés de considérer combien le tems qu'ils prodiguent en amusemens futiles pourrait servir à soulager un honnête homme f° I92v° opprimé ; que d'avantages résulteraient dans mille circonstances | de leur entremise immédiate, que de cœurs innocens et purs seraient ranimés par leur justice. La 1 conduite des rois est l'objet de la censure la plus sevère, tandis que leur situation même les condamne à la mériter, mille choses se font en leur nom sans qu'ils y participent : mille mensonges se pressent autour d'eux pour leur dérober la vérité. Les Rois enfin sont la victime expiatoire chargée des crimes de tous. Aucun tableau ne peut être plus juste, plus judicieux, plus équitable que celui que nous venons de citer. Pourquoi donc les antagonistes du gouvernement monarchique sont ils considérés comme les ennemis des rois ? Ils les délivreraient d'un fardeau qui coulerait a fond une flotte, du fardeau de f I93r° trop grands honneurs2, il les | éleveroient à la désirable situation d'individus indépendans. Rien n'est en effet plus inique et plus barbare que d'imposer à un seul individu les fonctions contre nature d'un roi, et l'injustice est égale envers celui qu'on revêt de cette dignité déplorable, et ceux qu'on soumet à ce pouvoir dangereux. Les Rois s'ils concevoient leurs véritables intérêts, seraient les premiers à adopter ces principes, les plus zélés à les répandre & les plus ardens dans leur estime, envers les hommes qui développent à la race humaine cette importante vérité.
17 en effet ] biffé 20 dangereux. ] après ce mot, le passage suivant est ajouté La conduite des Rois est l'objet de la censure la plus sévère, tandis que leur situation même les condamne à la mériter, mille choses se font en leur nom, sans qu'ils y participent, mille mensonges se pressent autour d'eux pour leur dérober la vérité. Ils sont la victime expiatoire chargée des crimes de tous. Pourquoi donc les Antagonistes du gouvernement monarchique sont-ils considérés comme les ennemis des Rois [ ? ] Ils les délivreroient du plus pesant des fardeaux, du fardeau d'une puissance sans bornes, ils les eleveroient à la désirable situation d'individus indépendans. 23 cette importante vérité. ] corr. en ces importantes vérités. 1
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Le passage : La conduite ... indépendans. est réécrit, presque inchangé, à la fin du paragraphe suivant, au P 193r°. Godwin précise la source : W. Shakespeare, King Henry the Eight, voir G, p. 406.
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Chapitre IV 1 . Du despotisme d'un prince vertueux.
M95r°
Excellence supposée de cette forme de gouvernement - Objection sur les bornes des facultés humaines : Examen d'une mauvaise administration - Considérations nécessaires pour former une administration équi-
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table - L e Gouvernement Monarchique ne convient pas à des grands Etats.
Excellence supposée de cette forme de Gouvernement. On a établi sur le sujet que nous traitons une opinion qui mérite d'être discutée impartialement. Ceux qui défendent la Monarchie absolue, con- 10 P I95v° viennent que l'imperfection des Rois et des ministres | peut en faire le plus mauvais des gouvernemens, mais ils prétendent qu'elle est la meilleure des institutions sous un prince vertueux. L a Monarchie, disent-ils, subit le sort commun à ce qu'il y a de plus excellent dans la nature, pervertie ; elle
Etablissement du texte : 5/4-^/4, L F 194r°-200v°, P2 f 14r"-16v°, G pp. 4 0 8 ^ 1 3 . 3-8 Excellence ... Gouvernement. ] supp. 1
9 On ] corr. en L'On
Cahier formé de quatorze feuillets cousus (P 194-207) et d'une feuille double volante (f 208-209). Le P 194r° sert de page de titre. Les f 194v° et f 209r"-v° sont blancs. Ce cahier contient la traduction des chap, iv «Of a Virtuous Despotism» (P 195r"-200v°) et chap, v «Of Courts and Ministers» (P 201r°-208r°). En haut et à gauche du f 194r°, on lit : tome 2.m' Chapitres 4 et 5 et au centre de la page : chap. ' 4.e Du Despotisme d'un prince vertueux, chap 5. ' Des Cours et des Ministres. Ces indications sont biffées par la suite. Dans l'angle gauche, en haut du f° 195r°, on lit : Livre 5 (surchargé) chapitre 4. ' biffés par la suite. Tout au long du texte, des signes au crayon indiquent les passages à réviser. Paginations du chap. IV : pagination en chiffres arabes limitée au cahier, qui se poursuit jusqu'à la fin du cahier suivant (P 227v°) et qui ne tient pas compte de la page de titre et des pages blanches ; foliotage en nombres ordinaux en toutes lettres, sous-entendu après la première page foliotée deuxcent quarante cinquième (P 194r°). Il faut remarquer que BC s'est trompé et que ce folio aurait dû être le 246e : F 194r° : deuxcent quarante cinquième P 194v° : aucune pagination - f 3 195P : [246e] - P 195v° : aucune pagination - P 196r° : [247e] - f° 196v° : aucune pagination - F I97r° : 5 ; [248e] - P 197v° : aucune pagination P 198r° •. (.6)7; [249e] - P 198v° : 8 - P 199r" : (8) 9 ; [250e] - P 199v° : 10 P 200r° : (10) 11 ; [251e] - P 200v° : ( I I ) 12. Ecritures : copiste B ; corrections autographes. Titres et sous-titres : traduits et, à l'exception du titre du chapitre, biffés.
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Recherches
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devient ce qu'il y a de plus mauvais. Cette assertion ne décide en rien la question générale. Nos reflexions sur le caractère et la disposition inherentes à l'état de prince n'en conservent pas moins tout leur poids néanmoins comme elle tend à nous inspirer une prévention favorable à quelque Espèce de despotisme, il importe de la détruire, pour rendre nos raisonnemens s f I96r° contre la Monarchie plus complets et plus décisifs. | On ne niera pas, que pour donner à la bienveillance & à la vertu une utilité réelle deux conditions ne soient nécessaires, le discernement & le pouvoir. Je puis faire le bonheur d'un petit nombre d'individus, parce que je puis connoitre suffisamment leur situation et leurs circonstances. Je puis même faire le bonheur d'un 10 assez grand nombre d'homes sous certains rapports généraux, pour lesquels il suffit de connoitre la nature de l'esprit humain, sans entrer dans la situation personnelle des individus intéressés ; mais qu'un seul homme prétende administrer les affaires de plusieurs millions de ses semblables, et non seuf° I96v° lement leur fournir des principes généraux, mais les guider dans | l'appli- 15 cation particulière de ces principes et choisir les mesures de circonstance pour les nécessités du moment, c'est de toutes les entreprises la plus extravagante & la plus absurde. foiblesse des pouvoirs humains. Ce qu'il y a de plus raisonnable à la fois et de plus simple, est que chacun 20 soit l'arbitre souverain de ses intérêts privés, lorsque nos imperfections, nos vues étroites, & nos erreurs rendent ce mode de conduite dangereux ou impraticable, la seule ressource qui se présente est le recours à l'opinion de nos égaux. Eux seuls peuvent être supposés avoir une connoissance générale du sujet dont il est question, & posséder le loisir & les moyens de 25 f I97r° l'examiner attentivement. Il est indubitable que le | même expédient que les hommes employent dans leurs affaires civiles ou criminelles aurait par un peuple simple & libre été appliqué à la répartition des taxes, aux relations du commerce & à toutes les autres branches de l'intérêt commun, seulement le mode de délibération auroit varié, en raison de la nature, de 30 2 - 5 générale. ... despotisme ] partiell. biffé et corr. en générale, & n'invalide nullement Nos reflexions sur le caractère et la disposition inherentes à l'état de prince, cependant comme elle tend à nous inspirer une prévention favorable à une Espèce de despotisme quelconque 6 On ] corr. en L ' O n 8 Je puis ] biffé et corr. en un homme peut 9 parce que je puis ] corr. en parce qu'il peut 10 Je puis ] corr. en II peut 12 de connoitre ] biffé et corr. en d'avoir étudié 19 foiblesse des pouvoirs humains. ] supp. 2 6 - 2 9 II est... commun. 1 biffé et remplacé par pourquoi les hommes n'emploieroient ils pas, pour la répartition des taxes, pour les relations de comerce, pour toutes les branches de l'interet commun, l'expédient auquel ils ont recours, dans leurs affaires civiles & criminelles ? 29-p. 1159.2 seulement ... question ] partiell. biffé et corr. en le mode de délibération seul pourroit varier, en raison de la nature, de l'étendue et de la complication des questions. Mais La Monarchie au lieu de soumettre chaque objet
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l'étendue et de la complication de ces questions. La Monarchie au lieu de soumettre chaque question aux personnes intéressées ou à leurs égaux, les soumet à un seul individu, placé à la plus grande distance possible des membres ordinaires de la société. Au lieu de distribuer en autant de divisions que cela seroit nécessaire pour les sujets à discuter pour les examiner 197v° à loisir, | la monarchie les attire tous vers un centre unique et rend la recherche et l'examen impossibles. Un despote, quelque instruit qu'il puisse être, est obligé d'agir dans les tenébres, d'emprunter ses connoissances des rapports d'autrui et de confier à d'autres tiers l'execution de ses ordres. La Monarchie est une forme de gouvernement que proscrit la Nature humaine, et ceux qui accordent à leur despote l'intégrité et la vertu oublient d'y joindre la toute puissance et la science universelle, qualités non moins indispensables pour remplir la tâche qu'ils lui confient. Cas d ' u n e mauvaise administration. I98r°
Supposons un moment que ce despote honnête & incorruptible ait des ministres avides, hypocrites, & intéressés, quel | avantage résultera-t-il pour le peuple des bonnes institutions du Monarque ? Il lui souhaitera le plus grand bien, mais il ne connoitra ni sa situation, ni ses besoins ni son caractère ; les informations qu'il recevra sur ces objets seront l'inverse de la vérité. On lui présentera comme un des objets de faveur & de confiance, l'homme vil & cruel dont tout le mérite consiste à exécuter sans pitié les vexations du gouvernement. Un autre dont l'intrépide vertu aura traversé les vues ténébreuses d'une administration corrompue, sera peint aux yeux du Mo-
4 - 5 Au lieu ... pour ] d'abord, le passage est corr. en Au lieu de distribuer (1) les sujets (2) à discuter (3) en autant de divisions (4) que cela seroit nécessaire pour (5) ensuite il est biffé et réécrit dans la marge 7 despote ] biffé et corr. en Roi 9 d'autrui... tiers ] partiell. biffé et corr. en d'un autre surchargé sur mot ill. et de confier à d'autres encore 13 confient. ] après ce mot Ces1 observations s'appliquent surtout au gouvernement monarchique dans les Empires étendus : & L'on voit par la combien est absurde l'opinion qu'une République n'est admissible que dans les Etats bornés, & que dans les grands pays la monarchie est nécessaire, dans tous elle est misérablement fautive, mais si l'on s'obstine à l'admettre, que ce soit au moins dans des Etats resserrés, ou l'on puisse sans Extravagance exiger du Monarque qu'il conoisse les interets qu'il est chargé d'administrer 2 , ajouté 14 Cas ... administration. ] supp. 17-19 du Monarque ? ... informations ] partiell. biffé et corr. en d'un Monarque qui ne connoitra ni sa situation, ni ses besoins ni son caractère ? car les informations 20 un des objets ] corr. en un digne objets le pluriel n 'est pas corrigé {&) 22 Un autre ] corr. en celui traversé ] biffé et corr. en contrarié 23-p. 1160.1 aux yeux du Monarque ] biffé 1
2
Le passage : Ces observations ... d'administrer, f 200r° et v° , voir n. 1, p. 1162. Ici, un renvoi à la (Note (19) 42), supprimé.
est recopié, légèrement remanié, du
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narque, comme le fléau de la société & l'artisan de la discorde. Il souhaiteroit le plus grand bien de son peuple, mais | lorsqu'il donnera quelques ordres pour son avantage, ses ministres avec toutes les formes de l'obeissance, feront précisément le contraire. Rien ne sera si dangereux que de dissiper l'obscurité qui environne le monarque, le téméraire qui l'entrepren- s drait serait bientôt l'objet d'une haine implacable : quelque puisse être la rigoureuse équité du Prince, sa vigilance s'endormira quelque fois, mais la vengeance veille toujours. Si le despote osoit pénétrer dans le secret des prisons d'Etat, il y trouverait detenus à son nom des hommes dont-il n'a jamais connu les crimes, dont-il n'a jamais entendu les noms, des hommes to f° I99r° peut être | qu'il honore & qu'il estime. Telle est l'histoire des despotes bienveillans dont le souvenir nous est parvenu. Partout ou le despotisme existe, il est toujours accompagné des maux inséparables du despotisme, le caprice, l'inconséquence, l'arbitraire et l'oppression.
f° I98v°
P I99v°
Du devoir d'établir une administration vertueuse. Mais un Roi sage, ne trouvera-t-il pas des ministres intégres et vertueux ? Il en est sans doute ; mais il ne vaincra pas l'éternelle nature des choses, celui qui n'est qu'un agent passif, n'aura jamais ni le zele, ni l'exactitude qui caractérisent l'inventeur, ou le ministre est l'auteur des plans qu'il exécute, et alors peu importe quelle espece d'homme est le monarque pourvu qu'il ait fait de bons choix. Ou le ministre n'est qu'un | instrument passif, et alors, il est impossible, de lui communiquer jamais l'energie Et la pénétration de
1 11 ] biffé et corr. en Le Monarque 3-6 ses ministres ... haine ] partiell. biffé et corr. en ses ministres en contrarieront l'exécution avec toutes les formes de l'obeissance. Rien ne sera si dangereux que de l'éclairer sur ces (manœuvres coupables) coupables manœuvres. (Si quelque témeraire entreprendrait de dissiper en serait) Le téméraire qui [l']entreprendrait serait bientôt l'objet d'une haine 8-12 Si le ... parvenu. ] partiell. biffé et corr. en dans les prisons d'Etat, seront detenus au nom du Roi des hommes dont il n'a jamais connu les crimes, dont il ignorait jusqu'à l'existence ou dont peut être [P 199r°] il croyoit avoir recompensé les vertus. 15 Du ... vertueuse. ] supp. 16-p. 1162.12 Mais un roi ... entraînera tout. ] supp. et remplacé par Supposerez vous (qu'il) qu'un Roi bien intentionné trouvera des ministres vertueux ? mais comment vaincra-t-il l'éternelle nature des choses ? comment fera-t-il que tous ses agens soient des homes d'un génie élevé & d'une vertu sans tache ? La moindre erreur dans ses choix renversera toutes les digues opposées à la corruption. sage ] après ce mot dira-t-on ajouté 17 en est ] biffé et corr. en un mot ill.
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AMUfutl
Une page du manuscrit de Lausanne de la main du copiste B avec des corrections autographes. Bibliothèque cantonale et universitaire, Lausanne. Fonds Constant h 34/7, P 200r°.
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son maître. Partout où le despotisme existe, il ne peut rester dans une seule main, il faut qu'il passe entier dans tous les chainons successifs de l'autorité. Pour rendre le despotisme utile & bienfaisant il faudrait non seulement que le Monarque fut doué de toutes les perfections humaines mais que tous ses agens fussent des hommes d'un génie élevé et d'une vertu sans tache. Si 5 cette heureuse réunion n'est pas complette ils ressembleront aux ministres d'Elizabeth, Ils seront ou des scélérats brillants0 ou des hommes qui a une P 200r° connoissance admirable des affaires joindront un égoïsme sans bornes, | une servilité versatile, l'activité de l'intrigue, les fureurs de la vengeance et la haine du talent''. Un despotisme vertueux, exigerait dans les vertus une 10 succession impossible dès qu'il y aura interruption, le torrent du vice entraînera tout. Un seul homme foible ou pervers sera la source de maux sans nombre. Sous toutes ses formes la Monarchie est a la merci des individus : elle n'offre aucune garantie, elle ne présente aucun moyen pour répandre et pour maintenir l'esprit de justice. Tout repose sur la permanence et sur 15 l'étendue de la vertu personnelle. La Monarchie ne convient point aux Etats de vaste étendue.
Une 1 autre opinion non moins généralement répandue est qu'une république " Dudley Comte de Leicester grand huissier b Cecil Comte de Salisbury, Howard Comte de Nottingham Et grand Amiral. 2 entier ] après ce mot & terrible ajouté 14 pour répandre et pour ] partiell. bijfé et corr. en de répandre et de 17-p. 1163.9 La Monarchie ... d'administrer. ] biffé et remplacé par sous2 le (plus vertueux) meilleur des despotes, (il existera des cours et des administrât) la faveur & l'intrigue, des preferences et des disgrâces injustes décourageront l'homme de bien, sous le (plus vertueux) meilleur des despote[s], le principal ressort de l'ame, l'espoir d'un succès mérité sera brisé sans retour & remplacé par de vils calculs & d'ignobles espérances. Le mérite d'un individu peut être connu de quelques hommes obscurs, qui n'ont pas le pouvoir de le récompenser ? mais comment parviendra-t-il jusqu'au monarque enfermé dans son palais ? Cet homme environné [f 200v°] de prestiges, saura-t-il ce qui se passe dans quelque partie lointaine de son royaume ? distinguera-t-il les premiers efforts du génie et de la vertu ? Le peuple lui même, fatigué de prodiguer au mérite de stériles applaudissemens3, renonce bientôt à des démonstrations sans effet. Les talens & les facultés naissantes sont immolées par Hécatombes devant l'autel de la Monarchie. Sous ce climat pestilentiel languissent, & meurent les germes de la vérité & de la raison, l'exemple qui nous est présenté sans cesse du triomphe de la richesse & de la ruse sur les talens & l'intégrité, étend sa corruptrice influence sur cette masse même d'hommes du peuple auxquels l'ambition paroit d'abord devoir toujours rester étrangère. C'est particulièrement sous un bon Roi que la Monarchie est pernicieuse. Il séduit notre jugement, tandis qu'un tyran le comprime, pallier la difformité de choses essentiellement vicieuses est le plus impardonnable des crimes envers la cause de l'humanité. 1
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Le passage : Un autre ... d'administrer, supprimé à cet endroit, est réécrit, légèrement remanié, au f 197v°, voir n. 1, p. 1159. Le passage: sous le ... l'humanité, est recopié du livre V, chap. VII «De la monarchie élective», P 225v°-226r°, voir n. 1, p. 1181. Ici, un renvoi à la (Note 43), supprimé.
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f°200v° n'est admissible que dans un état borné, et que la Monarchie | convient mieux à un vaste & puissant empire. Au premier coup d'œil on est tenté de [croire ... à] l'inverse, au moins relativement à la monarchie. L'excellence d'un gouvernement est toujours en raison de l'etendue des moiens qu'il possède pour connoitre la vérité, sous un rapport la monarchie est dans tous 5 les sens misérablement fautive, si l'on s'obstine à l'admettre, que se soit du moins dans des pays d'une bien étroite étendue, où l'on puisse sans extravagance exiger du Monarque qu'il connoisse les intérêts qu'il est chargé d'administrer.
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Chapitre V 1 Des Cours & des Ministres.
p 2oir°
Monopole systématique de confiance - Caractère des Ministres - de leurs créatures - vénalité des Cours - Universalité de ce principe. Quelques reflexions sur un autre inconvénient du gouvernement Monar- 5 chique nous feront juger mieux encore de la maniéré dont la vérité parvient aux Monarques et dont ses ordres sont exécutés. Je veux parler de l'existence et de la corruption des cours. Système de confiance exclusive.
L'Institution des Cours comme toutes les institutions humaines portent le 10 caractère des circonstances qui l'environnent. Les ministres & les favoris forment une classe d'hommes qui ont sous leur Garde un prisonnier d'Etat f 20iv° dont-ils égarent l'intelligence et dont ils dirigent les actions. Le Prince foible & crédule est complettement leur esclave, et le prince sage & défiant ne leur échappe pas toujours. Leur premier mobile est le désir de conserver 15 la disposition de l'autorité royale, soit que les richesses, l'amour du pouvoir, ou des motifs plus généreux les animent. La confiance du Monarque est le plus sur garant de la durée de leur influence, et pour mettre cette confiance à l'abri de tout danger, l'eloignement des contradicteurs est l'expédient le plus infaillible. Les plus sages des hommes sont sujets à l'erreur, 20
Etablissement du texte : 5/5-4/5, L f 201r°-208i°, P2 f 17P-20P, G pp. 414-422. 2 - 4 Des Cours ... ce principe. ] biffé et corr. en des Cours & des Ministres. Monarques ] corr. en au Monarque 9 Système ... exclusive. ] supp. 1
7 aux
Pour ce qui concerne la description matérielle du chap, v «Of Courts and Ministers», voir n. 1, p. 1157. Dans l'angle gauche et en haut du ("2011", on lit : Livre v Chap.'5.ebiffé par la suite. Paginations du chap, v: pagination en chiffres arabes limitée au cahier ; foliotage en nombres ordinaux en toutes lettres sous-entendu: P 2 0 1 r ° : 13; [252e] - f ° 2 0 1 v ° : 14 P 202r° : 15 ; [253e] - P 202v° : 16 - f 203P : 17 ; [254e] - P 203v° : 18-f 2(Hr° : 19 ; [255e] - P 204v° : 20 - f° 205r° : 21 ; [256e] - P 205v° : 22 - f° 206P : 23 ; [257e] f 206v° : 24 - f° 207r° : 25 ; [258e] - P 207v° : 26 - P 208r° : 27 ; [259e] - P 208v° : aucune pagination - P 209r° : [260e] - P 209v° : aucune pagination. Ecritures : copiste B ; corrections autographes. Titres et sous-titres : traduits et biffés, à l'exception du titre du chapitre qui est corrigé.
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les plans les plus judicieux sont exposés à des objections superficielles mais f 202r° spécieuses, et l'intérêt d'un ministre | est toujours d'eloigner de son Maitre des conseillers adroits, dont la pénétration s'accroît encore du désir d'occuper sa place. Caractère des Ministres. Les Ministres deviennent alors, si j'ose m'exprimer ainsi, des rois en espérance, bien qu'à portée de connoitre mieux que d'autres l'insignifiance de cette dignité prétendue ; elle est pour eux un objet d'envie. C'est leur fonction d'exalter sans cesse l'importance du Maitre qu'ils servent, et les hommes finissent pas se persuader de ce qu'ils répètent souvent. Ils se sentent dans la dépendance du roi parce qu'ils desirent le plus & s'efforcent donc d'égaler autant qu'il le peuvent celui dont ils empruntent leur puissance & f 202v° leur éclat, mais les formes | monarchiques demandent encore d'autres instrumens que les ministres. Ils ont bientôt eux mêmes des ministres secondaires. Ainsi descend au loin l'enchainement compliqué de la servitude. Chacun de ces instrumens subordonnés vit du sourire du ministre, comme celui ci du sourire du Prince. Chacun a ses petits interets à conduire, son petit empire à exercer sous les livrées de l'esclavage. Chacun imite les vices de ses supérieurs, et exige de ses dépendans l'adulation qu'il est condamné à prodiguer. Nous avons déjà vu qu'un roi est nécessairement un despote au fond du cœur. Il a contracté l'habitude de n'entendre que ce qui le flatte, comment f° 203r° supporteroit-il des | observations franches & hardies. Il n'a rencontré que l'empressement de l'obeissance, comment ne seroit-il pas irrité du retard et impatient de l'oposition ? Quoi de plus impropre à le servir qu'un caractère ferme & vertueux, et des principes clairs et précis ! Il lui faut des hommes d'un caractère plus simple qui sachent concilier adroitement leurs principes et sa volonté. Ces hommes exigeront la même souplesse de leurs agens et des scrupules importuns ou déplacés leur paroitront le plus impardonnable des crimes. Cette obeissance deviendra bientôt la vertu suprême, On ne voudra plus que des hommes propres au service secret du gouvernement, c'est à dire f 203v° disposés à vendre au | gouvernement des services qu'il n'oseroit pas avouer.
5 - 1 5 Caractère ... au loin ] biffé et corr. en Ceux qui (composent) forment la Cour du Monarque, après (avoir de la sorte isolé leur Maître,) l'avoir de la sorte isolé, songent a se composer pour eux mêmes une Cour pareille à la sienne : ils ont des Ministres secondaires, de subalternes adulateurs, & l'on voit descendre jusqu'à l'infini 6 - 7 en espérance ] biffé et remplacé par deux mots presqu'ill. par l'imp[...] 8 - 9 C'est leur fonction ] biffé et corr. commencée par L'importance des Ministres e 27 d'un caractère plus simple ] biffé adroitement ] avant ce mot, mot ill. ajouté et biffé
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F 204r°
F 204v°
P205r°
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A ce titre les plus pervers seront préférés, les plus intégres, repoussés avec mépris. On ne parviendra pas sans doute à renverser la régie éternelle de la vertu, mais cette régie paroitra renversée, et la réalité ne serait gueres plus funeste que cette apparence. Pour atteindre aux honneurs, il faudra ramper aux pieds des ministres, supporter avec une patience inaltérable leurs dédains et leurs outrages, flatter leurs vices et favoriser leurs vues ; pour atteindre aux honneurs il faudra se faire des partisans à force d'intrigues, plaire aux grands, captiver des femmes perdues & courtiser des commis, pour atteindre aux honneurs, il faudra mériter la honte sur cette scène, tout est illusion, duplicité imposture. Le ministre caresse celui qu'il | méprise, & l'esclave égoiste vante son desinteressement. sans doute, il seroît absurde de nier que sous les plus mauvais gouvernemens, les abus que nous venons de décrire, ne se trouvent quelques fois palliés par des déviations accidentelles, mais il serait insensé de prétendre qu'ils ne forment pas le caractère distinctif de tout pays où l'on rencontre une Cour et un monarque. Le principal désavantage de cette forme de gouvernement, est qu'elle soumet par des gradations successives les affaires les plus importantes au caprice des individus. Le suffrage d'un corps d'habitans a toujours quelque espoir de rapprochement avec l'opinion publique. | Celui d'un individu dépendra toujours de sa fantaisie, de ses convenances personnelles ou de [sa corruption pécuniaire.] En suposant le Roi inaccessible à l'Injustice le ministre au désir de toute vénalité, le vice fondamental restera toujours, les rois & les ministres sujets à l'erreur doiv' dans mille occasions s'en remettre à d'autres, qui oserait garantir l'intégrité de tous ces esclaves, officiers de l'Etat, députées de Départemens courtisans serviles, créatures officieuses, femmes & filles prostituées & confesseurs ? Vénalité des Cours Quelques penseurs supposent que les distinctions héréditaires sont indispensables au maintien de l'ordre, parmi des êtres aussi imparfaits que les hommes. mais tous reconnoissent que ces distinctions sont une fiction politique & non la conséquence de l'immuable vérité. Partout ou les distinctions héréditaires existent l'esprit humain ne peut | se fixer sur sa véritable base. Une lutte éternelle s'établit entre le sentiment naturel qui nous crie que tout cet échaffaudage est imposture, et la voix impérieuse du gouvernement qui exige de nous l'obéissance et le respect. Pendant cette lutte inégale, ceux qui ont usurpé l'autorité sont poursuivis sans cesse par le remords & par l'effroi, dans cette situation factice, des instrumens terribles sont nécessaires pour empêcher la race humaine de regagner son niveau. C'est le métier des 2 On ] corr. en L'On 16-31 Le principal ... l'immuable vérité. ] supp. biffé et corr. en moyens
37 instrumens ]
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gouvernans de persuader aux gouvernés qu'il est de leur intérêt d'être esclaves ; pour créer ce fantôme d'intérêt artificiel, il faut pervertir le jugement de la multitude et dépouiller la masse du peuple de ses biens, qu'on f 205v° distribue ensuite | aux partisans qu'on achète, en titres, en salaires, en cordons, de là ce système de corruption universelle, unique appui de la Monarchie. Universalité de ces principes.
On a quelquefois prétendu que la corruption étoit inévitable dans les gouvernemens mixtes. Dans ces sortes de gouvernemens le peuple possède un certain degré de liberté. Ses privilèges d'une part existent, de l'autre la prérogative royale ; une rudesse de mœurs, un sentiment d'indépendence, résulte de ce mélange. Le campagnard qu'on veut corrompre vend chèrement ses principes. Deux routes conduisent aux dignités, la faveur populaire & le patronage de la Cour. Le despotisme chasse devant lui le peuple comme un troupeau ; quelque déplorable que puisse être la situation il n'en f° 206r° connoît point | d'autres & s'y soumet en silence, Immobile qu'il est dans la perte profonde de toutes ses facultés, mais dans un pays qui est libre, l'imagination s'agite, les vents soufflent, les flots se soulèvent et des moyens extraordinaires sont indispensables pour calmer l'orage. Ces raisonnemens ont conduit des homes honetes, frappés de la corruption pécuniaire comme du dernier degré d'avilissement, à préférer le despotisme complet à l'illusion d'une liberté trompeuse. Mais ce tableau n'est exact que relativement aux gouvernemens mixtes. Le despotisme y est présenté sous un jour trop favorable. Les droits du peuple, garantis ou non par la constitution établie, f" 206v° ne seront jamais un secret pour la nation. Il n'en exista jamais | d'assez stupide pour croire que le nom de Roi rendoit un individu égal de fait à des millions d'hommes. Chez tous les peuples monarchiques il y aura des nobles & des paysans, des riches et des pauvres ; il se formera bientôt par la combinaison de la naissance, des richesses, et des talens, une classe intermédiaire entre le monarque & le peuple : l'influence de cette Classe alarmera l'autorité. Il faudra l'acheter ou la soumettre. La crainte &
3 de ses biens ] avant ces mots d'une forte partie ajouté 7 Universalité ... principes. ] supp. 8 On ] corr. en L'On 9-13 gouvernemens ... ses principes. ] partiell. biffé et corr. en gouvernemens a-t-on dit le peuple possède un certain degré de liberté, d'une part existent ses privilèges, de l'autre la prérogative royale. 14 despotisme ] après ce mot pur ajouté 15-17 situation ... libre ] partiell. biffé et corr. en situation des gouvernés [f° 206r°] ils n'en connoissent aucune autre & s'y soumettent en silence, Immobiles qu'ils sont dans la perte profonde de toutes leurs facultés, mais dans un pays qui se prétend libre 22-24 Mais ce ... favorable. ] partiell. biffe et corr. en Mais ce tableau exact relativement aux gouvernemens mixtes est beaucoup trop favorable au despotisme pur.
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l'inquiétude sont les compagnes inséparables de la tyrannie ; de là ces armées d'espions, ces prisons inombrables qu'on voyoit jadis en france. L'œil d'un despote n'est jamais fermé. Que de précautions que de défiance ! On f 207r° surveille le citoyen | lorsqu'il sort de son pays, on le surveille lorsqu'il s'y retire 1 , la presse ne publie rien sans l'approbation du pouvoir, les caffés, les spectacles, tous les lieux publics sont des objets d'anxiété. Vingt individus se rassemblent-ils ? Si la superstition n'est pas leur motif, le soupçon les entoure ; les droits qu'ils ont perdus les occupent : ils veulent les reconquérir. Qui doute qu'au moyen de la défiance le despotisme ne joigne les ressources de la corruption, & s'il méprisoit assez ses esclaves pour dédaigner de les séduire, en seroient-ils plus heureux ! Aucun spectacle n'est plus répoussant, aucune situation plus dégradée P207v° que celle d'une nation toute entière retenue dans l'obeissance par la | peur. Les hommes les plus éclairés, ceux qui devroient diriger les autres, sont condamnés à dissimuler, la pensée s'evapore dans le silence & s'efface bientôt de l'esprit même qui l'avoit conçue : mais ce n'est jamais à la terreur seule que les tyrans ont recours, ils ont tous des complices, des agens, des confédérés dans le crime. Leur monstrueux édifice est toujours soutenu par les divers instrumens de la corruption humaine. La sévérité, les menaces la flatterie, les promesses, et les récompenses c'est ce qui rend la monarchie un établissement si cher. Le monarque s'efforce par tous les moyens d'augmenter le nombre des lots, dans sa lotterie de vénalité. Dans f°208r° cette théorie de bassesse politique l'on suppose bientôt | que tous les individus sont à vendre. Tel paroit patriote qui n'est dans le fait qu'un mercenaire. La vertu perd son influence, elle passe pour un Donquichotisme absurde, ou pour une hypocrisie profonde qui rend les vices qu'elle couvre plus méprisables et plus odieux.
4 - 5 s'y retire ] biffé et corr. en y rentre 7 - 9 Si la ... reconquérir. ] partiell. biffé et corr. en le soupçon les entoure ; on les accuse de regretter les droits qu'ils ont perdus & d'en mediter la conquête. 11 seroient-ils ] après ce mot donc ajouté 13 peur ] biffé et corr. en la seule opération de la peur 15 s'evapore ] biffé et corr. en s'use 1
Ici, un renvoi à la (note (20) 44), supprimé.
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Chapitre VI.el La Monarchie est fondée sur l'imposture
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les Rois n'ont point des droits légitimes à la supériorité - ils sont incapables d'exercer les fonctions qu'ils s'arrogent - Expédiens qu'ils exploitent pour maintenir l'imposture - 1 l e faste - 2.° l'exagération Effets de l'imposture - 1.° l'indifférence pour le mérite - 2.° l'indifférence pour la vérité - 3.° les besoins factices - 4.° la pusillanimité incrédulité morale des pays monarchiques - Injustice du luxe - de la considération excessive accordée aux richesses.
Etablissement du texte : 5/6-4/6, L F 21 lr°-221v° ; P2 F 20v°-25v° ; G pp. 423-434. 2 La Monarchie ] avant ces mots Que ajouté 1
3-p. 1170.1 les Rois ... l'imposture. ] supp.
Cahier formé d'une feuille double (P 210-211) cousue sur un cahier formé de dix-sept feuillets cousus ( f 212-228). Le F 220 constituait la moitié de la feuille double centrale, dont il ne reste qu'un onglet du deuxième feuillet. La traduction est de toute façon complète. Le cahier contient la traduction des chap. VI «Of Subject» ( f 211 r°-221 v°) et chap, vil «Of Elective Monarchy» (F 222r°-227v°). En haut et à gauche du F 210F, qui sert de page de titre, on lit : Tome 2. ' Chapitres 6 et 7, indication biffée par la suite ; au centre de la page : Chapitre 6.' La Monarchie est fondée sur l'imposture et Chapitre 7. ' De la Monarchie Elective. Dans l'angle gauche, en haut du F 211F, on trouve : Chapitre 6 . ' e t tout en bas, à la hauteur du début du chapitre, on lit : Livre 5.' Chap. 6.' biffés. Les F 210v°, 228F-v° sont blancs. A ce cahier, s'ajoute une feuille détachée (Co 3422bls), contenant la seule note (la note n. 46) dont nous ayons connaissance, qui appartenait à un cahier de notes, aujourd'hui perdu. Cette feuille est de la même dimension que les feuillets du manuscrit (20 x 15,5 cm), autographe, paginée 57 et 58, avec une marge de 4,5 cm à gauche. En haut de la page 57, on voit la fin de la note précédente (la note 45) biffé. Sur la page 58, il y a de nombreux calculs et deux petits dessins de visages. Paginations du chap. VI : suite de la pagination en chiffres arabes limitée à ce cahier et au précédent ; foliotage en nombres ordinaux en toutes lettres sous-entendu après le premier feuillet ( F 210r°) folioté : deux cent soixante unième. Ce nombre en chiffres ordinaux est le dernier attesté. A partir du cahier suivant, BC abandonne tout système de pagination : F 210F : deux cent soixante unième - F 210v° : aucune pagination - F 21 I F : 28 ; [262e] F 21 lv° : 29 - F 212F : 30 ; [263e] - F 212v° : 31 - F 213F : 32 ; [264e] - F 213v° : 33 F 214F : 34 ; [265e] - F 214v° : 35 - F 215r° : 36 ; [266e] - F 215v° : 37 - F 216F : 38 ; [267e] - F 216v° : 39 - F 217F: 40; [268e] - F 2 1 7 v ° : 41 - F 218F: 42 ; [269e] F 218v° : 43 - F 219F : 44 ; [270e] - F 219v° : 45 - F 220F : 46 ; [271e] - F 220v° : 47 F 221F : 48 ; [272e] - F 221v° : 49. Ecritures : du copiste B ; corrections autographes. Titres et sous-titres : traduits et, à l'exception du titre du chapitre, biffés.
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Recherches sur la justice
politique
monarchie fondée sur l'imposture.
Considérons maintenant les effets moraux que l'institution du gouvernement monarchique doit naturellement produire. Il faut poser pour premier P2iiv° principe que la monarchie | est fondée sur l'imposture, et il faut que les rois aient droit à la suprématie qu'on leur accorde. La différence qu'on suppose 5 est une différence imaginaire, une méthode indirecte de parvenir à un certain but, & non l'expression de la vérité. l'Institution Monarchique foule aux pieds la nature réelle des choses, & ne s'appuie que sur un prétendu besoin d'imposture qu'attribuent à l'espèce humaine ceux qui gagnent à ses erreurs. 10 Ils sont incapables d'exercer les fonctions qu'ils s'arrogent.
Il est faux, en second lieu, que les Rois puissent s'acquitter des fonctions qu'on leur confie. Ils exigent que des millions d'hommes leur remettent le soin de leurs intérêts, & les plus chers, et ces intérêts leur sont inconnus, f 2i2r° Les sens des | Rois ressemblent à ceux des autres hommes ; ils ne peuvent ni 15 voir ni entendre ce qui se passe lorsqu'ils sont absents. Ils ne peuvent [agir à distance.] La nature ne les a doués d'aucune faculté surnaturelle. Ils ne sont rien de ce qu'ils prétendent être. Ils ignorent souvent ce que savent les plus obscurs de leurs sujets. Ils deleguent à d'autres leurs prérogatives ; le dernier commis est quelque fois plus souverain que le monarque, idole imbé- 20 cile qui ne s'informe pas même de ce qui se fait en son nom. Moyens de soutenir l'imposture, le faste. Pour prolonger la durée de cette inconcevable imposture, il est nécessaire de séduire nos yeux et nos oreilles. En conséquence les rois ne se montrent f°2l2v° jamais qu'en pompe. Leur suite est brillante | leur dépense est ruineuse, et 25 c'est moins par orgueil ou par sensualité que par politique. Ils seroient perdus, si l'on reconnoissoit en eux des hommes : ils évitent, autant qu'ils le peuvent, les regards profanes, et lorsqu'ils se montrent, c'est avec le faste qui frappe nos sens et trouble notre raison. Ils nous ruinent pour nous tromper. 30
4 - 5 et il faut... suppose ] corr. en il est faux que les rois aient droit à la suprématie qu'on leur accorde. Aucune supériorité intrinsèque ne les distingue de leurs sujets. La différence qu'on suppose entre ces deux classes d'homes 9 - 1 0 d'imposture ... erreurs. ] partiell. biffé et corr. 11 Ils sont... en d'erreur, qu'attribuent à l'espèce humaine ceux qui gagnent à la tromper. s'arrogent. ] supp. 14 & ] biffé 15 Les sens... hommes ] supp, 1 6 - 1 7 Ils ne peuvent... surnaturelle. ] partiell. biffé et corr. en La nature n'a doué les rois d'aucune faculté surnaturelle. Ils ne peuvent ni voir ni entendre se qui se passe lorsqu'ils sont absents. Ils ne peuvent agir a distance. 22 Moyens ... faste. ] supp. 24 nos ... oreilles. ] corr. en nos oreilles (1) et nos yeux (2). 25 ruineuse ] biffé et corr. en excessive 29 ruinent ] biffé et réécrit
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exagération
Delà encore le style ampoulé des proclamations royales. Le nom de Roi nous poursuit partout : on serait tenté de croire que tout dans le pays, les terres, les maisons, les meubles, les habitans lui appartiennent. Nos domaines sont ses Etats, nos corps & nos ames ses sujets ; nos représentans son f 2i3r° parlement, | nos tribunaux ses délégués ; les magistrats de toute espèce sont les officiers du roi ; son nom est en tête de toutes les Loix, de toutes les Ordonnances ; en son nom l'on poursuit les criminels ; en son nom l'on rend la justice ; il est notre souverain seigneur le Roi. s'il étoit possible qu'il mourut, la fontaine de notre sang, la source de notre vie s'arrêterait aussitôt : toute espece de fonction politique seroit suspendue. Aussi est ce un des principes fondamentaux de la Monarchie que le Roi ne peut pas mourir. On trouve la même véracité dans nos principes moraux ; la somme de nos devoirs politiques, les plus importans de nos devoirs c'est la loyauté : c'est f°2l3v° à dire | d'être fidèle au Roi, d'honorer un homme que nous devrions mépriser peut être, de lui obéir, c'est à dire de ne reconnoître aucune régie immuable de justice ou d'iniquité. Cette imposture produit 1.° l'indifférence pour le mérite
Quels effets ces illusions doivent elles produire sur les principes moraux des hommes ? Croit-on se jouer impunément de la morale et de la vérité ? Avec quelque gravité que nous nous prêtions à l'imposture, il est impossible qu'on ne la soupçonne pas. L'homme, dans un état de société ou de pareils mensonges n'ont pas perverti sa raison, se trompe rarement sur la nature du mérite. Il sait que la supériorité des hommes est en raison de leurs talens ou f° 2i4r° de leurs vertus : en conséquence, c'est à ces distinctions qu'il aspire, ce sont ces qualités qu'il honore et qu'il applaudit ; mais quelle révolution n'est pas introduite dans ces sentimens primitifs, par les distinctions arbitraires de la Monarchie ? l'idée du mérite survit quelque tems dans le souvenir, mais elle s'affoiblit tous les jours ; nous nous persuadons bientôt que la vertu n'est plus d'usage, et nous la repoussons comme une erreur surannée. 2.° l'indifférence pour la vérité Les excessives prétentions de la Monarchie entraînent des suites non moins funestes. Il y a dans la vérité quelque chose de simple qui rejette l'alliance 1 exagération ] supp. 12 pas ] biffé 13 la même ... moraux ] partiell, biffé et corr. en le même bon sens dans la morale monarchique 14-15 c'est à dire ... Roi ] partiell, biffé et corr. en c'est d'être fidèle au Roi, c'est à dire 18 Cette ... mérite ] supp. 19-20 les ... hommes ? ] partiell, biffé et corr. en nos principes ? 21 gravité ] biffé et corr. en complaisance 24 hommes ] biffé et corr. en mortels 28 survit ] en surcharge sur mot ill. 31 2." ... vérité ] supp. 32 Les excessives prétentions ] corr. en Les prétentions (1) excessives (2)
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Recherches sur la justice politique
f 2i4v° de cette mysticité ridicule. Tous les hommes ont | quelques notions de la nature des hommes, sans doute, ils peuvent attribuer à quelques êtres privilégiés des facultés au dessus des leurs. Mais la stupidité humaine ne va pas jusqu'à croire qu'un seul individu puisse penser & agir pour une nation entière. L'homme ne se prête donc à cette illusion qu'en la reconnoissant pour une imposture. Quel renversement dans les idées ! qui vous dit qu'une fois persuadé de l'utilité du mensonge, il ne voudra pas l'introduire dans ses affaires privées ? Il traitera la sincérité de préjugé antique & absurde & s'autorisera de vos raisonemens pour considérer la vérité comme le fléau de l'espèce humaine 1 . f 2i5r° Ce besoin qu'ont les rois de s'entourer | de prestiges, a fait du luxe et de l'opulence les caractères de l'honneur. Les richesses sont devenues des objets d'avidité générale. Ce sentiment, le plus subversif de toute morale, le plus contraire à tout bonheur, est un de ceux qu'entretient avec soin le gouvernement monarchique. Le premier principe de la vertu est l'amour de l'indépendance. Etre juste, c'est estimer toutes choses d'après leur valeur réelle. Le principe des Etats Monarchiques est de vous représenter votre pere comme le plus sage des hommes, parce qu'il est votre père, votre roi comme le plus éminent de l'espèce humaine parce qu'il est votre Roi". P 2i5v° Ainsi ce n'est plus au nom de la vérité, mais au nom | du hazard qu'on exige nos hommages. Etre trainé par huit chevaux blancs est le premier des droits à notre vénération. Ce principe se perpétue à travers tous les rangs de l'état, et sous le gouvernement Monarchique, tous convoitent les richesses, par les mêmes motifs qui, dans d'autres circonstances, les auraient excités à la vertu. Croit-on que l'artisan, dont les travaux sans relâche lui procurent une chétive subsistance, lorsqu'il compare à sa misère le cortège insolent d'un roi, ne se demande pas en secret quel immense intervalle sépare de lui ce f 2l6r° mortel privilégié ? Si son | ame reste fermée à l'indignation, c'est que déjà les institutions d'une société corrompue ont emoussé en lui les sens primitifs de la justice. Plus il sera près de la nature, plus la blessure sera Ce2 que vous devez aimer avant moi ce sont ceux de qui vous tenez la vie ; leur conduite doit régler la vôtre et fixer votre opinion. Le respect que nous devons à notre père & à notre mère est un culte comme l'exprime le mot de pitié filiale. Leçons d'une gouvernante Tome 1. 35 1 mysticité ] en surcharge sur mot ill. 22 rangs ] biffé et corr. en ordres primitifs ] corr. en le sens primitif 32-35 Ce que ... Tome 1. ] supp. 1
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30-31 les sens
Ici, un renvoi à la Note 45, supprimé. Probablement, la fin de cette note se trouve dans Co 3422b'\ voirn. 1, p. 1176. Au-dessus de la note biffée, on lit : p\as ca] après également biffé.
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profonde, et que lui répondrons nous ? - «Que le bien être de la société veut une autre régie dépréciation que le mérite personnel des hommes. Qu'il se contente ou non de cette réponse, son résultat infaillible sera d'allumer dans son ame le désir de cette opulence à laquelle la politique attache de si grandes distinctions. Il ne se pénétrera de respect pour les conventions sociales qu'autant que toutes ses notions du juste et de l'injuste seront f°2i6v° renversées. | Qu'ils conviennent donc, les partisans du système Monarchique, que la baze première de leur système est la subversion de tous les principes de la justice, de la morale et de la vérité. Considérons encore sous ce point de vue la maxime adoptée dans les contrées Monarchiques que le roi ne peut mourir. Ainsi, dans nos acclamations, nous nous livrons à toute l'extravagance orientale, O Roi, crions nous à ce mortel imbécille, puisse tu vivre toujours ! Pourquoi cette exclamation ? Parce que l'existence de l'état dépend de l'interet d'un homme. En son nom les tribunaux sont ouverts. Si sa capacité politique étoit suspendue un instant, le centre de toutes les affaires publiques serait détruit. Dans ces pays, tout n'est que fiction, tout f 2i7r" n'est que | forme. Le fond n'existe nulle part. Lors des émeutes de 1780, on proposa d'envoyer en procession la masse d'armes des Pairs, partout ou la foule étoit assemblée pour la ramener à la soumission. On observa que, si les insurgés s'emparoient de cette masse, l'anarchie serait sans remede, les affaires publiques arrêtées, & les fonctions délibératives & législatives des Pairs suspendues. Quelle fermeté, quelle énergie attend-on d'un pays ou tout est fondé non sur la justice, la raison, l'intérêt public, mais sur un [morceau] de bois doré ? Quelle dignité, quelle vertu peut-on espérer chez un peuple qui, privé de la direction chimérique d'un homme ordinaire, se croit dépouillé de toutes ses facultés, et privé de toutes ses forces ? f° 217v°
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Pusillanimité En fin le principal attribut d'un caractère vertueux est la fermeté. L'esprit monarchique la déteste & la détruit. La vertu nous dit, ne craignez aucun homme. La constitution, craignez le roi. La première leçon de la vertu est de 30 n'obéir à aucun homme, la première leçon de la monarchie d'obéir au Roi. L'intérêt général exige la suppression de toutes les distinctions factices & imaginaires. La Monarchie les appelle, les incorpore, les sanctionne & les 2 une autre ... mérite ] partiell, biffé et corr. en une régie dépréciation différente du mérite 8 que la ... système ] biffé et corr. en que leur première baze 14 l'interet ] biffé et corr. en l'existence 16 ces pays ] corr. en les pays monarchiques 17-19 on proposa ... observa ] partiell, biffé et corr. en l'on proposa d'envoyer en procession, partout ou la foule étoit assemblée, la masse d'armes des Pairs pour ramener le peuple à la soumission, mais l'on observa 23-24 un ... doré ? ] biffé et corr. en une vaine formalité ? 26 et privé ] biffé 27 Pusillanimité ] supp .
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Recherches sur la justice politique
légalise. Celui qui craint de parler au plus orgueilleux des despotes comme un homme libre à un autre homme, celui qui n'a pas l'inébranlable résolution de ne reconnoitre de supériorité que celle des qualités personnelles, f 2l8r° est tout à fait incapable de vertu. Qui oseroit dire que | l'éducation monarchique tend a former de tels hommes ! ou que chez un peuple imbu de ces 5 opinions elle serait de longue durée ? Incrédulité morale des pays gouvernés par la Monarchie L a vertu n'a jamais été honorée dans les Monarchies. L e s Rois & les courtisans ont intérêt à la rendre suspecte, & ils ne réussissent que trop dans cette entreprise. L a vertu disent-ils est arrogante, importune, indocile, &
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présomptueuse. C ' e s t une spécieuse apparence à l'aide de laquelle se déploie en liberté l'âpreté du caractère ou se déguisent des vues ambitieuses. dans le cercle de la Monarchie, L a vertu gémit sous le poids d'une incrédulité flétrissante. C'est dans les Monarchies qu'on a inventé le sysf° 2i8v° tème philosophique qui considère l'amour propre | comme le principal mo- 15 bile de nos actions & toutes les vertus humaines comme des vices dégui-
6 elle ] biffé et corr. en la Monarchie 7 Incrédulité ... Monarchie ] supp. 13 dans ] avant ce mot Ainsi ajouté 10 actions ] ici, un appel renvoie à la (Note {21) 46) : Ce1 système n'a jamais été qu'un jeu de mots, l'on pourrait définir la beauté de manière a dégoûter de toute beauté, de même 0'[intérêt]) bien que dans un sens l'on puisse appeller interet personnel le sentiment qui me fait sacrifier ma vie à mon ami, c'est flétrir ce sentiment et ce n'est pas la de l'exactitude, l'exactitude est de se servir d expressions qui reveillent en moi la sensation de la chose. Si par vos définitions prétendues philosophiques, vous réveillez en moi un tout autre sentiment, vous êtes un écrivain très (i[...]) inexact. II y a autant d'infidélité à défigurer qu'à embellir. | prouver que l'interet personnel qui fait (sacri) qu'un homme sacrifie sa vie à son Ami, diffère de celui qui fait qu'un homme sacrifie la vie de son Ami à la sienne. | du système de l'interet personnel bien entendu, qu'il est vrai que l'interet personnel bien entendu mènera [p. 58] à une conduite morale, mais que ce système n'est pas praticable, que le besoin de l'home passionné n'est pas le bonheur : que la violence d une passion est telle que la considération du bonheur avenir peut n'être comptée pour rien, qu'il faut une autre baze â la morale. 1
Au-dessus de la note, qui se trouve dans la feuille détachée Co 4322bls mentionnée dans la note introductive à ce chapitre, sous une biffure, nous pouvons lire la fin de la note précédente : \tion\ de prémisses fausses des conclusions erronées. Relire, & développer la Note sur tes idées fausses qui se [trouvent] dans la force du gouvernement. A côté du début de la note 46, qui commence par 46. Livre V Ch. VI, on trouve le titre : Chap VII du Système de l'interet personnel également biffé, et au-dessous : article Epicure. Le début de la note est constitué par le passage du texte souligné : C'est dans ... nos actions, auquel elle se rapporte. Etant donné que le carnet de notes a été détruit ou dispersé avant la mise au net, la note n'apparaît pas en P. Le manuscrit et l'introduction auxquels BC fait allusion, n'ont pas été identifiés.
Une page autographe avec une partie de la note 46. Bibliothèque cantonale et universitaire, Lausanne. Co 3422bisv°.
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Recherches sur la justice politique
sés1 ? Pourquoi le patriotisme et l'intégrité passent-elles généralement parmi nous pour le masque de l'hypocrisie ? Cette opinion n'a pas toujours existé ; elle ne s'est introduite qu'après l'usurpation de Cesar à l'époque où le tyran & ses satellites composèrent des livres pour prouver que Caton n'étoit qu'un censeur envieux & dévoré d'ambition lui même 2 .
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Injustice du luxe Une autre considération se présente dont-on a jusqu'à présent méconnu l'importance. D'après notre définition de la justice nous | avons conclu que nos devoirs envers nos semblables comprenoient tous les efforts que nous pouvions faire pour leur bonheur, et tous les secours que nous pouvions accorder à leurs besoins. Il n'y a pas une de nos facultés, pas un moment de notre vie, pas un schelling de notre fortune dont nous ne soyons pas responsables au tribunal du public, et que nous ni soyons obligés de consacrer à l'avantage commun. Il existe pour chacun de nos moyens un emploi qui mérite la préférence et la justice nous ordonne de le choisir. Appliquons ces principes au luxe, à l'ostentation, à la molesse. Est-il aucune de ces choses que nous puissions justifier, sous le rapport | décisif de l'utilité publique ? & démontrons nous que des milliers d'individus se livrent sans relâche à des travaux rigoureux, afin qu'un seul homme dissipe dans l'insouciance, des sommes qui répandroient sur la masse entiere, l'aisance, le loisir et par conséquent l'instruction ? De l'excessive considération [prostituée] à l'opulence. Quiconque fréquente la demeure du riche contracte bientôt les vices com-
& que cette baze ne peut être que la sympathie pour la douleur. | cette baze est fautive, dira-t-on. peut être mais c'est la seule, peut être notre ([...]) destination première n'est t elle pas que nous soyons des êtres moraux. Conjectures sur les différentes races d'hommes, du déluge, voir l'introd. Mscrt. Quoi qu'il en soit de l'hypothèse, il n'y a d'autre sanction (que la [...]) de la morale c'est à dire du respect pour le bonheur des autres que la sympathie pour la douleur, l'interet personnel n'a pas de sanction non plus, car qui m'empêche de dire : je ne ve veux pas être heureux, mais me satisfaire, La Mort est un terrible argument contre le système de l'interet personnel bien entendu, la sympathie, la sympathie. 6 - 8 Injustice du luxe ] supp. 7 - 8 Une autre ... l'importance. ] partiell. biffé et corr. en n'oublions pas une considération dont l'importance a jusqu'à présent été méconnue. 17-18 & démontrons nous ] biffé et corr. en (& démontrons nous qu'elle) demande-t-elle 23 De l'excessive ... l'opulence. ] supp. 1
2
Godwin précise la source : F. de La Rochefoucauld, Maximes et réflexions morales, voir G, p. 431. Godwin précise les sources : Plutarque, Lives et Cicéron, «Epistolarum Atticum», voir G, p. 431.
Livre V, Chapitre VI
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pagnons de la richesse. Les ministres et les Courtisans des souverains habitués à l'éclat de la magnificence écartent avec dédain le mérite flétri par l'adversité. En vain la vertu plaide, le génie sollicite en vain, si l'un ou l'autre sont accompagnés des déhors repoussans de l'indigence. De l'or est P220r° le cri général qui | retentit dans les Monarchies. Le manque d'or est un s crime que rien ne peut excuser, l'hommage & l'estime, distinctions des hommes ne se meritent pas, ils s'achètent. Le riche n'a pas besoin de les appeller, ils accourent & s'offrent d'eux mêmes. Il n'est aucun crime que l'or n'expie, aucune bassesse qu'il ne relève, c'est le seul objet qui mérite d'etre désiré ; & pourvu qu'on en acquière, il n'importe par quels moyens 10 sinistres ou méprisables, sans doute, les talens, le mérite n'ont pas besoin de la faveur des grands. S'ils apprécioient leur propre valeur, ils répondroient avec mépris [à] cette classe orgueilleuse par une pitié juste et éclairée mais f° 220v° ils ignorent trop souvent leurs forces | & adoptent les erreurs universellement adoptées. Plus de raison assurerait le bonheur des sages, mais les 15 mœurs générales y gagneraient peu. Les mœurs générales dépendent de la forme et de l'esprit du gouvernement, et lorsque par des circonstances extraordinaires, elles contrarient cet esprit & cette forme, elles ne tardent pas à renverser le gouvernement lui même. Les maux de l'avarice, de l'avidité & d'une admiration servile et désor- 20 donnée pour les richesses ont été le sujet de plaintes & des lamentations continuelles. Notre objet ici est de considérer combien ces maux sont aggraF22ir° vés & multipliés par le | gouvernement Monarchique, c'est à dire par une constitution dont l'essence est d'accumuler sur une seule tête des propriétés énormes, et de rendre le faste & l'ostentation le plus sur moyen de com- 25 mander le respect. Notre objet est d'examiner jusqu'à quel degré le luxe des cours, la molesse des favoris, la corruption systématique inséparable de la monarchie et la vénalité réciproque des individus qui achètent la faveur du gouvernement, et du gouvernement qui achète les opinions des individus, jusqu'à quel degré, disons nous toutes ces choses sont destructives du per- 30 fectionnement moral de l'espece humaine ? Aussi long-tems que l'intrigue f 22iv° sera l'invariable pratique des cours, aussi | long-tems que le mépris du talent, le découragement de la vertu, le triomphe de la perfidie, la servilité
6-7 l'hommage ... hommes ] partiell, biffé et corr. en l'estime, les hommages 11 le mérite ] biffé et corr. en & les lumières 12-14 S'ils apprécioient... forces ] partiell, biffé et corr. en cette classe orgueilleuse ne mérite que de la pitié mais les hommes éclairés ignorent souvent leur propre valeur 15-19 Plus de ... lui même. ] supp. 21 & des lamentations ] biffé 33 perfidie ] biffé et corr. en ruse
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Recherches sur la justice
politique
du caractère, la flexibilité de la morale, et l'avidité des places seront les effets invariables de l'intrigue, aussi long-tems le système Monarchique sera le plus cruel & le plus puissant des ennemis de l'humanité1.
3 ennemis ] biffé et corr. en fléaux 1
Après la fin du texte, on lit : fin du Chapitre 6'.
Uvre V, Chapitre VII
f° 222r°
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Chapitre VII 1 . De la Monarchie élective
Désordres inséparables d'une pareille élection - L'Election doit avoir pour but de placer sur le trône un personnage d'un mérite supérieur, ou d'écarter d'un trône un homme totalement dénué de facultés. - conséquence de la première hypothèse - de la seconde - La Monarchie héréditaire avec la monarchie élective peuvent-elles être combinées ? Après avoir considéré la nature de la Monarchie en général, il convient f> 222v° d'examiner à quel point ses inconveniens | peuvent être tempérés en rendant la Monarchie élective. Désordres inséparables de Pelection La première objection qui se présente c'est la difficulté de conduire une élection de cette espece. Il y a des ressorts trop puissans pour la main des hommes. Il y a des opérations trop gigantesques pour être dirigées par les Institutions humaines, la distance qui sépare un monarque de son peuple est tellement incommensurable, le dépôt qu'on lui confie est d'un si grand prix, la possession d'un pouvoir semblable est si séduisante, que lorsqu'une chance pareille se présente toutes les passions se levent tumultueuses et f 223r° désordonnées, en conséquence, si l'election ne dégénéré pas | bientôt en forme illusoire, si ce n'est pas une permission d'élire un candidat désigné d'avance, tiré toujours de la même famille, peut-être même dans l'ordre invariable de la primogéniture, c'est le signal de toutes les calamités, des Etablissement du texte : 5/7^V7, L f 222r°-227v°, P2 F 26r"-27i", G pp. 435-440. 3-7 Désordres ... combinées ? ] supp. 9-10 en rendant... élective. ] partiell. biffé et corr. en en la rendant élective. I I Désordres ... l'election ] supp. 1
Pour ce qui concerne la description matérielle du chap, vu «Of Elective Monarchy», voir n. 1, p. 1169. Au P 222r°, à côté du début du texte, on lit : Livre 5 Chapitre 7. " biffé par la suite. Paginations du chap. Vil : suite de la pagination en chiffres arabes limitée au cahier ; foliotage en nombres ordinaux en toutes lettres, sous-entendu : P 222r° : 50 ; [273e] - P 222v° : 51 - P 223r° : 52 ; [274e] - P 223v° : 53- P 224i" : 54 ; [275e] - P 224v° : 55 - P 225i" : 56 ; [276e] - P 225v° : 57 - P 226r° : 58 ; [277e] - P 226v° : 59 - P 221f : 60 ; [278e] P 227v° : 61 - P 228r* : [279e] - P 228v° : aucune pagination. Ecritures : du copiste B ; corrections autographes. Titres et sous-titres : traduits et, le titre du chapitre excepté, biffés.
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Recherches sur la justice politique
dissentions intestines et des guerres extérieures. Ces inconveniens généralement sentis ont détaché tous les politiques de la Monarchie elective proprement dite. Rousseau qui du reste n'aimoit pas la royauté paroit dans ses considérations sur le gouvernement de Pologne, chapitre 8 préférer la moP 223 v° narchie elective à la Monarchie héréditaire. Il cherche | à prévenir les dé- 5 sordres de l'election en y fesant entrer un mélange de hazard. Nous examinerons dans une autre partie de cet ouvrage jusqu'à quel point l'introduction du sort dans les décisions politiques est compatible avec les principes de la morale et de la raison. II suffira pour le moment d'un dilemme pour démonter que le projet de Rousseau est exposé à toutes les objections io qui militent victorieusement contre la monarchie élective en général.
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L'Election a pour but de placer sur le trône un homme d'un mérite éminent ou qui n'en soit pas du moins dépourvu totalement Le but de l'election dans une Monarchie peut être ou de placer sur le trône un homme distingué par son génie supérieur, ou de garantir au peuple une 15 partie modérée de sagesse et d'instruction pufres] dans ses gouvernans, et d'eviter que l'autorité ne soit remise en des mains complettement inhabiles, au premier de ces buts on pourroit objecter que le génie n'est quelque fois qu'un moien assuré d'exécuter les projets les plus coupables, et bien que cette assertion soit certainement partiale & exagérée, il est incontestable que 20 dans l'état actuel des imperfections humaines, le genie est compatible avec de grossières et dangereuses erreurs ? A quel danger ne l'exposons nous pas en l'élevant au poste le plus entouré de tentations ? Si des considérations d'une importance inférieure peuvent égarer ] l'esprit humain, qu'espérer de l'homme placé dans l'institution la plus éminente, au dessus de toutes les 25 vicissitudes dont le concours forme la morale humaine, privé de tout frein, de toute lutte intellectuelle qui puisse éclairer son intelligence, perpétuellement environné de complaisans, d'Esclaves, & de flatteurs ? Nous attendrons nous à trouver à chaque élection la réunion si rare du génie et de la vertu ? Pour réaliser cette supposition chimérique, il faudrait garantir aussi 30 l'intégrité des Electeurs, ou l'erreur, le préjugé, les factions & l'intrigue s'opposeraient à la nommination d'un homme inaccessible à tous leurs moyens. Le premier acte d'un Monarque vertueux serait d'anéantir la constitution qui l'auroit placé sur le trône. Contre la seconde. Venons à l'autre supposition. Vous ne prétendez point remettre toujours la puissance entre les mains du génie, vous voulez seulement écarter de l'au-
3 - p . 1181.29 Rousseau qui ... héréditaire ? ] supp.
Rousseau ] après ce mot seul ajouté
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Livre V, Chapitre VU
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torité des hommes notoirement inhabiles. Mais telle est l'etrange et pernicieuse nature de la Monarchie, que ce foible avantage meme ne vous sera pas assuré. Partout où la Monarchie est établie, et aussi longtems que les Monarques ne pourront voir qu'avec leurs yeux, agir qu'avec leurs mains, il existera des Cours et des administrations, institutions tellement insuffisantes, que pour y réconcilier les hommes il faut avoir déjà perverti leur ju1 f 225v° gement. sous le plus vertueux | Despote, la faveur & l'intrigue, des préférences et des disgrâces injustes, décourageront l'homme de bien. Sous le plus vertueux Despote, le principal ressort de l'ame, l'espoir d'un succès mérité, sera brisé sans retour, & remplacé par de vils calculs & d'ignobles espérances. Le mérite peut etre connu de quelques hommes obscurs, qui n'ont pas le pouvoir de le récompenser, mais comment parviendra-t-il jusqu'au Monarque enfermé dans son palais ? Cet homme environné de prestiges, saura-t-il ce qui se passe dans quelque partie lointaine de son royaume ? distinguera-t-il les premiers efforts timides du génie et de la vertu ? Le peuple lui même, fatigué de prodiguer au mérite de stériles apf 226f plaudissemens | renonce bientôt à des démonstrations sans effets. Les talens et les facultés naissantes sont immolées par Hécatombes devant l'autel de la Monarchie. Sous ce climat pestilentiel languissent & meurent les germes de la vérité & de la raison. L'exemple qui nous est présenté sans cesse du triomphe de la richesse et de la ruse sur les talens et l'intégrité, étend sa corruptrice influence sur cette masse même d'hommes du peuple auxquels l'ambition paroit d'abord devoir toujours rester étrangère. C'est particulièrement sous un bon Roi que la Monarchie est pernicieuse. Il séduit notre f° 226v° jugement tandis qu'un tyran le comprime. Pallier | la difformité des choses essentiellement vicieuses, est le plus impardonnable des crimes envers la cause de l'humanité.
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Est-il possible de combiner dans une Monarchie la constitution élective [et] la constitution héréditaire ? On a mis en question s'il n'étoit pas possible de combiner la Monarchie 30
5 - 6 insuffisantes ] biffé et corr. en malfaisantes 30-p. 1182.4 On a mis ... gouverner ] partiell. biffé et corr. en Mais On a mis en question s'il n'étoit pas possible de la combiner avec la monarchie héréditaire, et l'on a cité la Constitution anglaise comme une preuve de cette possibilité, rien n'est plus différent, néanmoins, de l'élection d'un individu, que l'acte par lequel en 1688 le Parlement plaça sur le trône la Maison d'Hanovre & appella une nouvelle famille pour gouverner 1
D'ici jusqu'à la fin du paragraphe, le passage : sous le plus vertueux ... de l'humanité, est réécrit à la fin du livre v, chap. IV «Du despotisme d'un prince vertueux», f° 200r"-v°, voir n. 1, p. 1162.
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Recherches sur la justice
politique
élective & la monarchie héréditaire, et l'on cite la Constitution anglaise comme une preuve de cette possibilité. Mais lorsqu'en 1688 le Parlement plaça sur le trône la Maison d'Hanovre, ce ne fut point un individu dont il fit choix mais ce fut une nouvelle famille qu'il apela pour gouverner les royaumes britanniques. Il prouva par le fait qu'il avoit le pouvoir de changer l'ordre de la succession dans des circonstances extraordinaires. Mais en exerçant ce pouvoir, il renonça formellement à ce droit. Il employa les plus fortes expressions de la langue pour lier le peuple anglais, ses héritiers & sa postérité la plus reculée envers le nouvel établissement. Ils considèrent la crise d'alors comme une nécessité, qui vu les précautions qu'ils venoient de prendre, et les restrictions qu'ils venoient de stipuler, ne purent jamais se renouveller. En effet que veut-on dire par cette souveraineté en partie héréditaire & en partie élective ? toutes les familles qui occupent des trônes y furent appellées par une sorte d'election quelconque, tous les gouvernemens reposent sur l'opinion tous les nouveaux établissemens peuvent Etre | formés par des électeurs en plus ou moins grand nombre. Mais dans ce gouvernement amphibie à qui la souveraineté appartient elle, après la mort du premier possesseur ? A ses héritiers. Or qu'est-ce que l'élection d'un homme un demi siècle avant sa naissance ? A quel titre succède-t-il ? A titre d'hérédité, sans contredit. Un roi d'Angleterre tient donc sa couronne d'une manière indépendante et comme l'a éloquemment et énergiquement exprimé M r Burke, au mépris de tout choix & de toute volonté populaire 1 .
9 - 1 1 Ils considèrent ... purent ] partiell. biffé et corr. en II considéra la crise d'alors comme une nécessité, qui vu les précautions qu'il venoit de prendre, et les restrictions qu'il venoit de stipuler, ne pourroit 15 peuvent Etre ] biffé et corr. en furent 1
Après la fin du texte, on lit : fin du Chapitre T. Godwin précise la source : E. Burke, Reflections p. 440.
on the Revolution
in France, voir G,
Livre V, Chapitre VIII
Chapitre VIII1. de la Monarchie limitée.
r° 229f
qu'elle est exposée à la plupart des objections précédentes - & de plus à des objections particulières - de la Responsabilité - de la maxime constitutionnelle que le Roi ne peut mal faire - fonctions du Monarque dans une Monarchie limitée - Impossibilité de [gouverner] la neutralité requise - du Renvoi des Ministres - de la responsabilité des Ministres de la nomination des | ministres - de son importance - de ses difficultés — Recapitulation - de la force & de la faiblesse de l'Espèce humaine.
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Je vais maintenant examiner la Monarchie, non telle qu'elle existe dans les contrées ou elle est despotique & sans limites, mais telle qu'elle a paru dans certains pays, une simple branche de la Constitution générale. Il ne faut que se rappeller les objections qui militent contre la Monarchie absolue, pour s'appercevoir qu elles s'appliquent, si non dans toutes leurs forces, du moins dans toute leur étendue, à toutes les modifications possibles de la Monarchie. Le gouvernement repose toujours | sur une fausseté fondamentale, sur la supposition qu'un certain individu est éminemment qualifié pour une situation importante, tandis que cet individu peut n'etre supérieur a aucun des membres les moins considérés de l'association commune. Le gouvernement repose toujours sur une injustice, parce qu'il eleve Etablissement du texte : 5/8-4/8, L f 229r°-243v°, P2 P 27v°-34iD, G pp. 4 4 1 ^ 5 3 . 3-10 qu'elle est... humaine. ] supp. 11 Je vais ] biffé et corr. en Nous allons 17 Le ... toujours ] partiell. biffé et corr. en dans toutes ces modifications Le gouvernement repose 21 toujours] biffé 1
Cahier formé de quinze feuillets cousus (f° 229r°-243v°) contenant la traduction du chap. vin «Of Limited Monarchy». Ce cahier, ainsi que les deux suivants (contenant la traduction des chap. IX et X), sont d'un papier de très mauvaise qualité qui absorbe l'encre et rend souvent illisibles les mots biffés. A partir de ce cahier, BC abandonne tout système de pagination et réécrit, en haut du f° 229r°, le titre de l'ouvrage : Recherches sur la justice politique et le titre du livre v «Du pouvoir législatif et exécutif». Ces titres sont biffés par la suite. Paginations : aucune. Ecriture : autographe. Titres et sous-titres : après le titre du chapitre, seul l'ensemble initial des sous-titres est traduit et biffé par la suite.
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d'une manière durable un homme au dessus de tous les autres, non que cet homme possède aucune distinction morale, mais arbitrairement & [par un] accident. Le gouvernement donne toujours au peuple une leçon constante & perpétuelle & un puissant exemple d'immoralité, en mettant la Pompe f 230v° l'éclat, la magnificence, | à la place de la vertu, comme des titres a la s vénération & á l'estime générale, l'individu privilégié n'est pas moins que dans une monarchie absolue, rendu par son éducation incapable de devenir ou respectable ou utile. Il est injustement & cruellement placé dans une situation qui produit l'ignorance la faiblesse & la présomption, après avoir été dépouillé des son enfance de toutes les ressources d'énergie qui auroient 10 pu le garantir des séductions de ces Ennemis intérieurs. Enfin son existence nécessite celle d'une troupe de courtisans, & une suite d'intrigue, de servilité, d'influence secrete, de partialités capricieuses, & de corruptions péP 23ir° cuniaires. tant est fondée l'assertion de Montesquieu qu'on ne peut | espérer dans une Monarchie que le Peuple soit vertueux1. 15 Mais si nous examinons la question de plus près, nous trouverons peut être que la Monarchie limitée a d'autres absurdités & d'autres vices qui lui sont particuliers. Dans une Monarchie absolue le Roi peut, s'il le veut, être son propre ministre : mais dans une monarchie limitée un Ministère & un Cabinet sont des parties essentielles de la Constitution, dans la première 20 les Princes sont reconnus comme n'étant responsables qu'à Dieu seul : dans la seconde il y a une responsabilité d'une nature bien différente, dans une P 231 v° Monarchie limitée, il y a des bornes tracées au pouvoir royal ; une branche du gouvernement est destinée a arrêter les empiétemens de l'autre ; or des bornes sans responsabilité pour qui les franchit c'est la plus évidente des 25 contradictions. Il n'y a donc aucun sujet qui mérite plus d'etre approfondi que la responsabilité2. être responsable, c'est être exposé a être traduit devant un Tribunal public ou l'accusateur & l'accusé produisent leurs assertions & leurs preuves avec une égalité parfaite, tout autre chose est une dérision, tout ce qui 30
2 - 4 & ... perpétuelle ] biffé et corr. en indépendament de toute valeur individuelle. Le gouvernement donne au peuple une leçon perpétuelle 5 l'éclat ] corr. d'un mot ill. et avant mot ill. biffé 16 de plus ] avant ces mots plus biffé sur la même ligne 20 Cabinet ] biffé et corr. en Conseil 27 plus ] avant ce mot d'etre biffé sur la même ligne 28 un Tribunal ] avant ces mots des juges ordinaires [censés] biffé sur la même ligne 30 égalité ] avant ce mot latitude biffé sur la même ligne 1 2
Godwin précise la source : C.L. de Montesquieu, De l'esprit des loix, voir G, p. 442. Ici, un renvoi à la (Note 23), supprimé.
Livre V, Chapitre VIH
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tend a donner à l'une ou l'autre des parties toute autre influence que celle de f 232r° la vérité & de la vertu est | subversif du grand but de la justice, c'est sur ce terrain égal pour tous que doit descendre comme un simple individu celui qui est accusé d'un crime quelconque. S'il peut influencer les sentimens ou les opinions de ses juges pour la possession actuelle du pouvoir ou par un arrangement antérieur a sa résignation, ou par la sympathie naturelle qu'eprouvent pour lui ses successeurs, qui ne voudront pas user a son égard d'une sévérité qui les menaceroit à leur tour, cet individu ne peut pas être regardé comme véritablement responsable. La franche insolence du f° 232v° despotisme nous | promet de meilleurs résultats que l'hypocrite renonciation d'un Gouvernement limité. Rien n'est plus pernicieux que la fausseté, & jamais fausseté ne fut plus palpable que celle qui prétend confier aux défenseurs de l'interet général une arme par sa nature toujours émoussée & sans force, dans l'instant ou ils voudront frapper. C'était le sentiment confus de ces vérités qui a introduit dans les monarchies limitées l'axiome que le Roi ne peut malfaire. Mais observez la singulière inconséquence de ce raisonnement. Un individu est d'abord nommé, & revetu des plus immenses prérogatives, & l'on prétend ensuite que ce f 233r° n'est pas lui mais que ce sont d'autres hommes qui sont responsables s'il en abuse 1 . Cette assertion peut paraitre tolérable à des hommes nourris dans les mensonges des loix : mais la justice, la vérité & la vertu la repoussent indignées. Après avoir inventé une fiction pareille, le premier effort de ces constitutions doit etre de réaliser cette fiction. Un Ministère doit etre régulièrement formé : ses membres doivent se concerter, & les mesures qu'ils embrassent doivent pouvoir être attribuées à leur volonté, car ils en sont responsables. Le Roi doit etre réduit a zéro, ou en approcher le plus possible. tout ce qui en manque est un défaut de la constitution. Quel role on fait ainsi jouer à ce malheureux dans le monde. Tout se fait f° 233v° en son nom avec un grand appareil. Il emprunte le style l'Emphase orientale que nous avons décrit ci-dessus, & qui réellement avait dans ce cas été
7 a son ] avant ces mots [avec] biffé sur la même ligne 8 qui ... tour, ] biffé et corr. en menaçante pour eux mêmes cet ] avant ce mot II ne biffé sur la même ligne pas ] biffé 13 par ] avant ce mot qui biffé sur la même ligne 15 C'était... a introduit ] partiell. biffé et corr. en Le sentiment confu de ces vérités a introduit 16 observez ] avant ce mot consider biffé sur la même ligne 18 & ] biffé et corr. en il est prérogatives ] avant ce mot preg biffé sur la même ligne 28 en manque ] biffé et corr. en s'en éloigne 30-p. 1186.4 II emprunte ... attibuée. ] supp. et remplacé par mais 1
Ici, un renvoi à la Note 47, supprimé.
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Recherches sur la justice politique
copié des [annales] d'une monarchie limitée. Nous le trouvons comme les grenouilles du Pharaon dans nos maisons dans nos lits & dans nos fours. Observons maintenant l'homme auquel toute cette importance est attribuée. Etre inactif est le principal de ses devoirs. On lui paye un revenu immense simplement pour se montrer, pour porter une robe d'Ecarlatte & une couronne. Il ne peut décider d'aucune de ses mesures. Il faut qu'il écoute avec docilité les déterminations de ses ministres, & qu'il s'empresse f 234r° de les revêtir de la sanction. Il ne doit écouter | aucun autre conseil, car ils sont ses seuls conseillers constitutionnels. Il ne doit confier son opinion à personne, car ce seroit une intimité inconstitutionnelle & sinistre. Enfin la perfection pour lui est de n'avoir aucune opinion, mais de réfléchir comme un miroir [servile] & sans couleur celle de ses ministres, il parle, car ils lui ont enseigné ce qu'il doit dire. Il signe, car ils l'avertissent quant il est convenable de tracer son nom. Une monarchie limitée telle que je viens de la décrire s'exécuteroit sans doute avec une grande facilité & un grand succès, si un Roi pouvoit devenir en effet ce qu'une pareille Constitution exige, une simple machine, mise en mouvement par des ressorts & des fils de de fer. Mais de toutes les erreurs P 234v° politiques la plus évidente & la plus complette est peut être | l'idée que nous puissions réduire un Etre humain à cet état de neutralité & d'apathie, nous le priverons bien de toute activité utile & bienfaisante : mais il sera bien loin d'etre totalement inactif, plus il sera dépouillé de cette energie qui caractérise la sagesse & la vertu, plus il sera dépravé & déraisonnable dans ses caprices. Nous attendrons nous que lorsqu'il y aura une place vacante il ne la donnera jamais à un favoris, & ne cherchera pas à prouver par un choix qu'on ne puisse attribuer qu'à lui seul qu'il a une existence réelle & indépendante ? Ce choix peut être de la plus grande importance pour le salut public, & dans tous les cas toute promotion non méritée a une influence pernicieuse pour le caractère nationale. Croirons nous qu'entendant sans f° 235r° cesse vanter sa prérogative & | sa puissance, il ne voudra pas quelque fois les mettre à l'epreuve, & se convaincre de leur réalité en commençant une 7 de ses ] avant ces mots & qu'il (les [...]) s'empresse de les biffé sur la même ligne 8 conseil ] corr. imm. de conseiller 10 intimité ] avant ce mot relati biffé sur la même ligne sinistre ] avant ce mot mot ill. biffé sur la même ligne 12 [servile] ] biffé et corr. en transparent il parle ] avant ces mots Ils biffé sur la même ligne 13 l'avertissent ] avant ce mot l'ont biffé sur la même ligne 16 un Roi ] avant ces mots une pareille Constitution pouvoit de biffé sur la même ligne 17 une simple ] corr. imm. de un su 18 & des fils de de fer. ] biffé de fer ] corr. d'un mot ill. 21-22 bien loin ] bien biffé 28-29 & dans ... nationale. ] partiell. biffé et corr. en & (lors même qu'il seroit) quand il ne le seroit pas toute promotion non méritée a une influence pernicieuse pour la moralité nationale. 29 caractère ] avant ce mot l'esprit biffé sur la même ligne
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guerre inutile contre un peuple étranger, ou une guerre criminelle contre ses concitoyens ? Supposer qu'un Roi & ses Ministres seront pendant une longue suite d'années toujours & sincèrement d'accord sur les affaires publiques, est une supposition que dement la nature humaine. C'est attribuer au Roi des talens égaux à ceux des homes d'état les plus éclairés, ou du moins le supposer capable de comprendre tous leurs projets & de saisir toutes leurs vues. C'est P 235v° imaginer que l'éducation ne l'aura pas gâté, que | son rang ne l'aura pas corrompu & que malgré ce rang qui l'enivre & cette éducation qui l'a dégradé son ame sera toujours pure & disposée à recevoir les leçons impartiales de la vérité. Mais, s'ils ne sont pas d'accord, le Roi peut choisir d'autres ministres, nous examinerons tout à l'heure l'effet général de cette prérogative, considérons pour le moment son application particulière aux dissentimens qui peuvent s'élever entre le Monarque & ceux qu'il employe. C'est une epée toujours suspendue sur la tête de ceux ci : c'est une invitation perpétuelle de s'écarter de la rigueur de l'intégrité. La première complaisance qu'exige d'eux leur maitre est peut être peu importante, & le Ministre vivement P236r° pressé, préféré le | sacrifice de son opinion dans une chose presqu'indifférente au sacrifice de sa place, une condescendance de cette espèce mène bientôt à une autre, & celui qui a commencé par souscrire à la nomination d'un candidat indigne, finit par se rendre l'instrument de tous les attentats politiques, plus nous considérerons ce sujet, plus nous serons frappés de son importance. L'existence du Ministre est d'ordinaire plus dépendante du Roi que celle du Roi ne peut l'etre du Ministre, dans le cas contraire, il y aura une complaisance réciproque & l'un & l'autre tour a tour s'immoleront tout ce qu'il y a d'élevé, de généreux, d'indépendant & d'honorable dans l'homme. P 236v° Que devient cependant la responsabilité ? les mesures du Gouvernement sont mêlées & confondues dans leur source, de manière a défier toute la pénétration humaine, la Responsabilité devient de fait impossible. Loin de là, disent les partisans du gouvernement monarchique, il est vrai que les mesures sont en partie celles du Roi, en partie celles des Ministres, mais les Ministres répondent du tout ? ou est la justice de ce système ? Il vaudrait mieux laisser le crime impuni que de punir un homme pour ce dont il est innocent, dans [ce cas] le principal coupable échappe, & la sévérité de la loi 2 concitoyens ] avant ce mot propres sujets biffé sur la même ligne 3 Supposer ] biffé et corr. en imaginer 6 homes ] avant ce mot [probes] biffé sur la même ligne 12 s'ils ... choisir ] partiell. biffé et corr. en si le Roi & ses ministres ne sont pas d'accord, il peut (en) choisir 16-17 c'est ... de ] corr. en c'est pour eux une invitation perpétuelle à 20 au ] corr. de aux 36 dans [ce cas] ] biffé et corr. en ici
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F 237r° ne touche que sur ses instrumens. Ces instrumens sont traités d'une manière qui est le complément d une politique défectueuse, on ne songe qu'a punir leur faute & non [pas] à la prévenir, ils sont poussés vers le vice par des tentations irrésistibles, par l'amour du pouvoir & le désir de le conserver, & l'on déployé ensuite contr'eux une rigueur entièrement disproportionnée avec leurs délits. La baze fondamentale de la société est corrompue par l'injustice, & cette même injustice, cette même partialité en faveur de l'un & contre les autres a des conséquences qui s'étendent sur toutes les parties de l'ensemble. Je vais maintenant considérer une prérogative inséparable de toute mof° 237v° narchie limitée, quelques soient d'ailleurs les restrictions ou ses | formes, celle de [nommer aux emplois publics]. Si quelque chose est important, c'est assurément qu'une pareille nomination se fasse avec sagesse & intégrité, que les hommes les plus capables soient investis des fonctions les plus élevées, qu'une ambition honnête & généreuse soit entretenue, & que ceux qui savent le mieux mériter d'être chargés des interets sociaux, aient la certitude d'avoir la plus grande part à la direction de ces interets. Cette nomination est par conséquent une tâche difficile, & exige la circonspection la plus scrupuleuse, elle en exige d'autant plus qu'elle est plus qu'aucune autre partie du système politique abandonnée à la direction de f° 238r" celui auquel elle est confiée, dans tous les | autres cas la ligne du devoir est précise & distincte. La justice, dans les disputes des individus, dans l'application des Loix ou dans les questions plus générales de la guerre ou de la paix, ne se derobera pas longtems à des recherches impartiales & sincères, mais juger des différentes portions de talent répandues dans une nation, décider scrupuleusement entre la capacité de prétendans innombrables, restera toujours, quelqu'exactitude & quelque bonne foi qu'on y mette, un objet de doute & d'incertitude. La première difficulté qui se présente est de découvrir ceux que leurs f" 238v° facultés & leur génie rendent les candidats les | plus recommandables. les 2 - 3 on ... prévenir. ] biffé ne songe ] avant ces mots leur biffé sur la même ligne 7 cette même ... même ] partiell. biffé et corr. en cette injustice, cette 10-12 Je vais... publics.] ] partiell. biffé et corr. en La nomination des fonctionnaires publics est une autre prérogative inséparable de toute Monarchie limitée, quelques soient d'ailleurs les restrictions ou ses [f° 237v°] formes. 18-19 la circonspection ] avant ces mots par conséquent biffé 19 est ] après ce mot nécessairement & ajouté dans l'interl. 21 elle est confiée. ] avant ces mots qui l'exerce biffé sur la même ligne 22-23 dansj'application ] avant ces mots dans les questions de la guerre ou de la paix, biffé sur la même ligne 24 se derobera ] avant ces mots restera longtems [...] biffé sur la même ligne 25 répandues ] biffé et corr. en disséminées 29 est] après ce mot, mot ill. ajouté et biffé 30 recommandables ] avant ce mot propres biffé sur la même ligne 30-p. 1189.5 les talens ... cours. ] supp.
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talens ne se mettent pas toujours en [avant... les découvrir] il faut souvent les chercher dans la [positive] retraite d'un village dans l'obscurité d'un grenier. & bien que le sentiment de [...], à un certain dégré est l'un des attributs du génie, il y a bien des motifs, contre une modestie affectée, qui peuvent l'éloigner des cours. De tous les hommes, un Roi est le moins propre à découvrir le mérité dans sa retraite. Entravé de formes, il ne peut se mêler librement à ses semblables. Il est trop absorbé par les prétentions des affaires ou la succesf° 239r° sion des circonstances pour avoir le tems | de se former par des observations suivies une juste opinion du caractère des hommes & dans la réalité la tache est trop forte pour un individu, quelqu'il fut ; & le but désirable ne peut être rempli que par la libre élection du peuple. Il serait inutile de récapituler ici les autres désavantages inséparables de cette prérogative Royale, si ce que nous avons dit n'a pas été suffisant pour f 239v° démontrer que le caractère d'un Monarque sera toujours | le résultat des fonctions qui lui sont si improprement confiées & pour indiquer quel sera ce caractère, une Répétition de nos Raisonnemens serait inutile & ennuyeuse, si l'on peut calculer l'opération des causes morales, un Roi sera, dans presque toutes les occasions, l'homme le plus incapable de discernement, le plus exposé a être trompé, le moins éclairé dans ses vues, & le plus intéressé dans ses motifs. Telle est la peinture exacte & incontestable d'une monarchie limitée, un individu placé au sommet de l'Edifice, le centre & la source de tous les f 240r° honneurs, & qui est neutre ou doit paraitre neutre dans toutes | les transactions du gouvernement. C'est la première leçon d'honneur de vertu & de
4 affectée ] avant ce mot prêt biffé sur la même ligne 6-12 De tous ... du peuple. ] partiell. biffé et corr. en De tous les hommes, un Roi peut-être est le dernier auquel cette découverte soit possible. Entravé par les formes, il ne peut se mêler librement à ses semblables. Il est trop absorbé par la succession des circonstances ou des affaires pour [f 239r°] se livrer à l'observation des caractères divers. Choisir, au milieu des prétentions et des brigues, des dépositaires dignes de la confiance publique, est une tâche trop forte pour un individu, quelqu'il fut. Le peuple seul par une élection libre a le droit & le moyen de parvenir â ce But. 9 de se former ] avant ces mots d'observer biffé sur la même ligne 12 rempli ] avant ce mot aile biffé sur la même ligne 13 désavantages ] après ce mot qui [...] biffé sur la même ligne 14-15 si ce ... démontrer ] corr. de (si nous n'en avons pas dit assez) si ce que nous avons dit n'a (pas [paru] indiq) n'a pas été suffisant pour (indiquer quel sera toujours le caractère d'un Monarque, tel que le pouvoir dont il est revetu /qu'il doit être modifié/ forme) démontrer 16-17 sera ce caracère ] corr. de [...] doit être 19 incapable ] avant ce mot indifférent biffé sur la même ligne 20 exposé ] avant ce mot fac biffé sur la même ligne le moins ] avant ces mots ou le biffé sur la même ligne 25 C'est ] avant ce mot C'est biffé 25-p. 1190.1 leçon ... vérité ] partiell. biffé et corr. en leçon de véracité
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politique
vérité qu'une telle monarchie donne à ses sujets, après le Rois viennent ses Ministres & la tourbe se ses Courtisans, hommes qu'une nécessité fatale pousse à la corruption à l'intrigue & à la vénalité ; choisis pour les emplois qui leur sont confiés par le plus ignorant & le moins éclairé de leurs compatriotes ; responsables seuls de mesures dont ils ne sont pas les seuls auteurs : menacés s'ils sont malhonnêtes de la vengeance d'un peuple offensé ; menacés s'ils sont honnêtes, de la vengeance plus assurée de leur f° 240v° Mâitre mécontent. Le reste de la Nation, les sujets en | général. Les sujets ! y eut il jamais un nom plus frappé de dépravation & de bassesse ? Il parait donc que par le seul lieu de ma naissance je suis devenu un sujet, de Qui, ou de Quoi ? un homme peut il se regarder comme le sujet d'autre chose que des Loix de la justice ? peut il reconnâitre un supérieur, ou s'avouer obligé de soumettre son jugement aux volontés d'un autre, exposé comme lui aux préjugés & à l'erreur, telle est l'idole que la monarchie adore au lieu de la Divinité de la vérité & de l'Obligation sacrée du bien public, peu importe que nous jurions fidélité au Roi & à la Nation, ou p 24ir° que | nous la jurions à la Nation & au Roi, aussi longtems que le Roi s'y glisse pour corrompre la simplicité, l'Autel de la véritable vertu. Les noms sont-ils indifférens ? [auront]-ils sur l'ame [aucune] une influence dangereuse ? pouvons nous sans danger plier le genou devant la vanité & la folie ? Les idées ont leur source dans les sensations, & l'association des idées dépend des mots & des symboles. L'honnête homme ne doit pas seulement avoir un cœur intrépide, mais porter la tête haute. Nous ne pouvons pas pratiquer l'abjection, l'hypocrisie & la bassesse, sans nous P 241 v° dégrader aux yeux des autres & à nos propres yeux. | Celui qui baisse le front dans le temple de Mammón apostasie & abjure en quelque sorte le culte de la vérité. Celui qui appelle un Roi un homme, s'avertit sans cesse par ce seul mot que cet homme est indigne de la confiance qu'on lui a accordée, celui qui accorde à un Roi un titre plus élevé se précipite dans les erreurs les plus dangereuses & les plus grossières.
1 viennent ] avant ce mot vient biffé sur la même ligne S responsables ] avant ce mot seuls biffé sur la même ligne 8 Le ] avant ce mot Les biffé sur la même ligne 1 4 - 1 6 que la ... public. ] partiell. biffé et corr. en dont la monarchie substitue le Culte à celui de la vérité du devoir et du bien public. 18 l'Autel ] avant ce mot [la vertu l'a] biffé sur la même ligne l'Autel... vertu. ] biffé et corr. en primitive, (pour profaner le sanctuaire de la véritable vertu.) de nos institutions politiques. 19-21 Les noms ... folie ? ] partiell. biffé et corr. en Le nom seul de Roi fait du mal. Les noms ne sont pas indifférens. ils ont sur l'ame (une influence pernicieuse) une grande influence, nous ne pouvons sans danger plier le genou devant la vanité & la folie. 24 pas ] biffé 26 de Mammon ] biffé et corr. en des idoles 27 s'avertit ] corr. de [se donne pour seule] vérité 28 qu'on lui a ] corr. en qui lui est 2 9 accorde ] biffé et corr. en donne
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Livre V, Chapitre Vili
f 242r°
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Mais peut être le genre humain est-il tellement faible & imbecille qu'il est insensé d'espérer une amélioration morale d'un changement d'institutions. Qui nous a rendus faibles & imbécilles ? Avant les institutions humaines | nous n'avions certainement aucun de ces défauts. L'homme considéré en lui même n'est qu'un Etre capable de recevoir des impressions & de les combiner en idées. Qu'y a-t-il dans ce caractère abstrait qui s'oppose â son perfectionnement ? Quelques individus nous offrent un faible exemple, de ce dont notre nature est capable, pourquoi les individus pourroient-ils s'elever si haut, & l'espèce humaine serait-elle condamnée a rester si bas ? y a-t il quelque chose dans la structure de notre globe, dans la nature des choses, qui nous interdise d'etre vertueux ? Si cela n'est pas, si au contraire | toutes nos impressions de bien & de mal naissent de nos relations l'un avec l'autre, pourquoi ces relations ne seroient-elles pas susceptibles d'etre modifiées & améliorées ? C'est le plus lâche de tous les systèmes qui s'efforce de représenter la découverte de la vérité comme inutile, & qui enseigne a ceux d'entre nous qui pourraient la découvrir que c'est un acte de sagesse de laisser le grand nombre dans l'erreur. Il n'y a dans la réalité aucune raison de révoquer en doute la toute puissance de la vérité, la vérité est le caillou qui tombe dans le lac. Quelque lentement | que les cercles se succèdent, ils s'étendront infailliblement jusqu'à l'une & l'autre Rive. Aucune classe d'homes ne peut rester éternellement dans l'ignorance des principes de la justice, de l'égalité, & du bien public. A peine auront-ils appris à les connaitre qu'ils appercevront la coïncidence infaillible de l'interet général avec leur interet particulier : & aucune institution erronée ne pourra se soutenir contre l'opinion. Dans cette lutte l'on verra disparaitre les sophismes, & s'abymer les institutions malfaisantes. La vérité amenera toutes ses forces, le genre humain | sera son armée, & l'oppression l'injustice, la Monarchie & le crime se confondront dans une ruine commune.
3 nous ] avant ce mot les biffé sur la même ligne 3-4 humaines ] biffé et corr. en politiques 5 capable ] biffé et corr. en susceptible 7 faible exemple ] partiell. biffé et corr. en exemple incomplet 10 la nature ] avant ces mots l'univers biffé sur la même ligne I I qui ... interdise ] avant ces mots s'oppose à ce que biffé sur la même ligne 14 modifiées ] avant ce mot amelioree biffé sur la même ligne 15 s'efforce ] avant ce mot, mot ill. biffé 16 un ] corr. d'un mot ill. 17 le grand ] avant ces mots telle biffé sur la même ligne 24 infaillible ] biffé 26 l'on verra ] avant ces mots les sophismes dispar biffé sur la même ligne
1192
Recherches sur la justice politique
Chapitre IX1.
244f
d'un Président avec des prérogatives Royales.
Enumération des prérogatives — celle de nommer aux emplois inférieurs - celle de faire grâce - celle de convoquer des assemblées délibérantes - celle du veto - conclusion - le titre de Roi apprécié conformité des effets du système monarchique & du système aristocratique. La Monarchie parait avoir encor un refuge, nous ne voulons pas, disent quelques hommes, avoir une monarchie héréditaire, nous convefnons] | que c'est une injustice intolérable, nous ne voulons ni une Monarchie elective, ni une Monarchie limitée. Nous considérons comme un fléau, la puissance royale, quelque resserrée qu'elle soit, si elle est confiée â vie : mais pourquoi ne pas avoir des Rois, comme nous avons des magistrats & des assemblées législatives, pour un tems fixé, après lequel il faille avoir recours â une élection nouvelle ? Nous pourrions alors changer à notre gré le dépositaire de la puissance. Ne nous laissons pas séduire par de simples phrases spécieuses, & gardons d'employer des mots dont nous n'aurions pas défini le sens. 245r° qu'entendons nous par un Roi ? Cette appellation ne peut désigner qu'un homme qui a le privilège ou de nommer à discrétion à de certains emplois, ou de faire grâce, ou de convoquer & de dissoudre les assemblées populai-
244v°
Etablissement du texte : 5/9-4/9, L P 244r0-252r0, P2 P 34v°-37v°, G pp. 454-460. 3 - 7 Enumération ... aristocratique. ] supp. 9 même biffé sur la même ligne 12 si elle ... vie : mais ] avant ce mot un j[...] biffé sur biffé sur la même ligne 14 pour ] avant ce avoir ] biffé et corr. en on ait 1
avoir ] biffé 10 ne voulons ] après ces mots vie ] partiell. biffé et corr. en des qu elle est â la même ligne 13 nous ] avant ce mot nous mot [avec] biffé sur la même ligne il faille
Cahier formé de dix feuillets cousus (P 244—253) contenant la traduction du chap. IX «Of a Président with Régal Powers». Les P 252v° et 253r°-v° sont blancs. Dans l'angle gauche et en haut du P 244r°, on trouve le chiffre 2 indiquant le deuxième des trois cahiers autographes et caractérisés par un papier de très mauvaise qualité. Paginations : aucune. Ecriture : autographe. Titres et sous-titres : après le titre du chapitre, seul l'ensemble initial des sous-titres est traduit et biffé par la suite.
Livre V, Chapitre
1193
IX
res, ou d'accorder & de refuser sa sanction aux décrets de ces assemblées, nous avons un exemple de la réunion du plus grand nombre de ces privilèges dans la prérogative du Président des Etats Unis de l'Amérique. Appliquons maintenant le raisonnement à chacune de ces idées 1 . Rien ne f° 245v° parait plus aventuré que de | confier, à moins du cas très rare d'une nécessité 5 évidente, la décision d'une affaire publique de quelque importance, à la volonté d'un seul homme. Mais cette nécessité ne peut être alléguée dans aucun des articles ci dessus. Quel avantage un homme possede-t-il sur une société ou sur une assemblée, pour que l'on suppose ses choix plus justes, ses vues plus droites, ses déterminations plus sages ? Il peut au contraire io être plus facilement corrompu, plus aisément égaré. Il n'a pas autant de moyens de se procurer des informations exactes 2 . Il est plus susceptible de passions, de caprice, d'antipathies ou de partialités également mal fondées, f 246r° de haine injuste | ou d'idolâtrie aveugle, il ne peut pas toujours être sur ses gardes, il y aura des momens ou sa vigilance la plus active sera en défaut. 15 Observez que nous le considérons meme sous un point de vue beaucoup trop favorable, nous supposons que ses intentions seront constamment pures & intégres : tandis que nous devrions d'ordinaire supposer l'inverse. Une puissance au delà des facultés humaines engendre des vices au dessous de l'humanité3. Ajoutez que les mêmes raisons qui démontrent que le gouver- 20 nement, sous quelque forme qu'il existe, doit être dirigé par l'opinion du f° 246v° peuple, | démontrent également que, partout ou des officiers publics sont nécessaires, l'opinion du peuple, ou d'une assemblée d'hommes animée du même esprit, doit en déterminer le choix. Ces objections s'appliquent a celui des privilèges indiqués ci dessus, qui 25 parait le moins dangereux, celui de nommer a de certaines fonctions. Elles s'appliquent avec bien plus de force encore a tous les autres privilèges.
1 d'accorder ] avant ce mot de refuser sanction biffé sur la même ligne ces mots La plupart de ces privilèges biffé sur la même ligne mots l'affaire biffé sur la même ligne corr. en prudentes
14 pas ] biffé
9 justes ] biffé et corr. en sages
10 sages ] biffé et
17 que ] avant ce mot une pre biffé sur la même
18 intégres ] avant ce mot dout biffé sur la même ligne l'inverse biffé sur la même ligne
2 nous avons ] avant
3 la prérogative ] avant ces ligne
nous devrions ] avant ces mots
23 du peuple ] avant ces mots d ' b i f f é sur la même
ligne
2 6 - 2 7 Elles ... privilèges. ] partiell. biffé et corr. en enfin Elles acquièrent plus de force encore lorsqu'il est question des autres privilèges. 1 2
Ici, un renvoi à la (Note 23), supprimé. Ici, une croix renvoie à une note ajoutée, corrigée et finalement biffée, et presque entièrement illisible, mais dont on arrive à lire l'addition finale : voir le chap. 23 de ce même livre.
3
Ici, un renvoi à la (Note { [ 7 5 ] ) 48), supprimé.
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Recherches sur la justice politique
Nous examinerons dans la suite la convenance du droit de faire grâce, considéré indépendamment des individus auxquels il peut être confié, mais f> 247r° ici nous nous bornerons à dire qu'il y a une présomption insupportable a revêtir un seul homme de l'autorité de renverser sans alléguer des motifs ou en alléguant des motifs que personne n'a la faculté de discuter, les décisions 5 solemnelles d'un Tribunal qui [a prononcé d'après] l'examen public & scrupuleux de toutes les preuves, y a-t-il rien de plus injuste encore que de confier a un seul individu la fonction d'informer tout un peuple du moment ou il lui est permis de délibérer, & de celui ou sa délibération doit être interrompue1. 10 Enfin le dernier de ces privilèges est d'une nature trop révoltante pour f° 247v° pouvoir être l'objet d'une inquiétude fondée. Il n'est pas dans les limites de la vraisemblance de supposer qu'une nation resteroit paisible spectatrice, si un seul homme opposoit ouvertement son opinion a celle des représentans assemblés en grande nombre, & si cette résistance individuelle étoit suffi- 15 santé pour arrêter l'effet des volontés nationales2. Deux ou trois exemples de l'exercice d'une pareille négative suffiroient pour l'anéantir â jamais. Aussi partout ou l'existence de ce privilège est constitutionnellement admise, nous le trouvons accompagné & adouci par la corruption pécuniaire. Il devient d'avance inutile par l'achat de plusieurs Représentans corrompus, 20 f 248r° ou | il est suivi par un appel immédiat & efficace à la vénalité individuelle, si dans toutes les fois que l'exercice direct de ce privilège est toléré, ce ne peut être que dans les pays ou les Représentans dégénérés n'ont plus aucune sympathie avec le peuple & ou l'insolent Despote, adoré sous le nom de 2-7 mais ... preuves. ] biffé et corr. en ici nous nous bornerons à dire que lorsqu'un Tribunal a prononcé solemnellement, d'après un examen [f' 247r"] public & scrupuleux, renverser ses décisions, sans alléguer de motifs, ou en alléguant des motifs que personne n'a la faculté de discuter, est, dans un individu quelconque, une présomption insupportable. 6 l'examen ] avant ce mot un [procès] biffé sur la même ligne 11 Enfin ] biffé 12 les limites de ] biffé 14-15 ouvertement ... nombre, ] partiell. biffé et corr. en ouvertement & sans pudeur son opinion a celle (de [...]) des représentans assemblés 18 l'existence ] avant ce mot son biffé sur la même ligne constitutionnellement ] avant ce mot supposée biffé sur la même ligne 19 corruption ] biffé et corr. en séduction 21 par ] avant ce mot, mot ill. biffé sur la même ligne efficace ] surchargé sur mot ill. 22 si dans ] avant ces mots Donc biffé sur la même ligne 22 Si dans ... toléré ] partiell. biffé et corr. en Si cependant (quelquefois) l'exercice direct de ce privilège est quelquefois toléré 24-p. 1195.3 le peuple ... tête. ] biffé et corr. en le peuple & ou des préjugés (héréditaires) nobiliaires ou superstitieux entourent de leur auréole le Despote, adoré sous le nom de Président. 24-p. 1195.1 le peuple ... reçu ] corr. de (un) le peuple (qui [...]) & ou ([le Despotisme]) l'insolent Despote, adoré sous le nom de Président, est devenu sacré par le sang ([après une longue]) qu'il a (her) reçu 1 2
Ici, un renvoi à la Note 49, supprimé. Ici, un renvoi à la Note 50, supprimé.
Livre V, Chapitre IX
1195
Président, est devenu sacré par le sang qu'il a reçu d'une longue suite d'ayeux, ou par l'huile sainte que les Ministres du très haut ont répandu sur sa tête, un homme ordinaire, nommé périodiquement par ses concitoyens f° 248v° pour veiller sur leurs interets ne | peut jamais être revêtu d'une faculté si monstrueuse1. S'il y a quelque vérité dans ces Raisonnemens, il s'en suit qu'il n'y a aucune fonction supérieure, aucune partie importante du gouvernement général qui puisse, a juste titre, être confiée â un seul individu2. Si l'emplois du président est nécessaire, soit dans une Assemblée délibérante, soit dans un Conseil administratif, ou admettant l'existence d'un pareil conseil, cet f° 249r° Emploi sera relatif à l'ordre des délibérations & n'em|portera nullement la faculté de preferer arbitrairement & de faire exécuter la décision individuelle. un Roi, si un usage invariable sert a fixer le sens des mots, signifie un homme auquel est confié un pouvoir discrétionnaire sur quelque partie de la chose publique. Quelle peut être l'utilité d'un tel homme dans un Etat bien ordonné & non encore perverti ? Il est évident que cette utilité est nulle au moins quant aux affaires de l'intérieur. Nous aurons occasion dans le cours de cet ouvrage de décider si ce pouvoir discrétionnaire peut avoir quelqu'avantage dans les transactions d'un peuple avec les gouvernemens f°249v° étrangers. prenons garde de ne pas confondre toutes les idées par un abus inexcusable des mots. Celui de Roi est la désignation ordinaire & constante d'un pouvoir, qui, si nos raisonnemens antérieurs ont quelque force, a été la perte & le tombeau de toute vertu humaine, pourquoi vouloir purifier, & en quelque sorte exorciser, ce qui n'a droit qu'à l'exécration ? pourquoi ne pas permettre que cette désignation, bien comprise, soit aussi cordialement déf° 250r° testée que le devient parmi les Grecs celle de Tyran, d'abord | honorable ?
4 veiller ] avant ce mot administrer biffé sur la même ligne peut ] avant ce mot des ... biffé sur la même ligne 6-7 qu'il n'y a aucune ] partiell. biffé et corr. en qu'aucune 7 supérieure ... gouvernement ] corr. de (de) supérieur, aucun partie importante de (l'Admini) de (l'ordre) du gouvernement 8 qui ... titre, ] biffé et corr. en ne doit 11 sera ... n'emportera ] corr. de (se bornera à maintenir l'ordre de) sera relatif à l'ordre des délibérations & (ne consistera null) n'emportera 12 arbitrairement ... exécuter] corr. en & de faire exécuter arbitrairement 16 perverti ] avant ce mot perverti biffé sur la même ligne 16-18 II est ... si ] partiell. biffé et corr. en cette utilité est nulle au moins quant aux affaires intérieures. Nous examinerons bientôt si 18 ce ] avant ce mot cette biffé sur la même ligne 22 Celui ] avant ce mot Un Roi est biffé sur la même ligne 1 2
Ici, un deuxième appel renvoie à la Note 50 ; renvoi supprimé. Ici, un renvoi à la Note 51, supprimé.
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Recherches sur la justice
politique
pourquoi ne pas en faire un monument perpétuel, de la folie, de la lâcheté, & du malheur de notre espèce ? En passant de l'examen des gouvernemens monarchiques à celui des gouvernemens aristocratiques, il est impossible de ne pas remarquer qu'il y a plusieurs inconvêniens communs a ces deux institutions, l'un de ces inconvéniens est la création d'interets séparés1. L'avantage des gouvernés est d'un coté, celui des gouvernans de l'Autre. En vain dira-t-on que l'interet f°250v° individuel bien apprécié est toujours d'accord avec l'interet général. | l'expérience nous apprend que les opinions & les erreurs des hommes séparent & mettent sans cesse en opposition ces deux espèces d'interets. plus les gouvernans sont placés dans une sphère distincte & éloignée des gouvernés, plus ces erreurs se compliquent & se multiplient, la Théorie, pour produire un effet suffisant sur les esprits, doit être appuyée, & non pas contrebalancée par la pratique. Qui ne convient que l'amourpropre est le principe le plus universel dans la nature de l'homme ? Or l'amourpropre est la tendance à considérer individuellement son interet personel, à separer, & à f 25ir° isoler des | objets que les Loix de l'univers avoient unis d'une manière indissoluble. L'esprit de corps, moins ardent que l'amour propre, est plus vigilant encore, & n'est pas exposé aux accidens du sommeil, de la Maladie & de la Mort. Il en resuite que de tous les encouragemens donnés aux passions étroites & égoistes, ceux que fournissent la Monarchie & l'Aristocratie sont les plus puissans. Il faut d'ailleurs être prudent dans l'application du principe que l'interet f 251v° particulier | bien entendu coincide toujours avec l'interet public, appliqué aux individus comme hommes il est incontestable, mais il devient faux si vous l'appliquez aux individus comme nobles ou comme Roi. l'homme 2 du ] avant ce mot des biffé sur la même ligne 9 - 1 1 l'expérience ... mettent ] corr. de (si) l'expérience nous apprend que les opinions & les erreurs des hommes ([les pia]) séparent & (les) mettent 14 suffisant ] avant ce mot, mot ili. biffé 17 à separer ] avant ces mots & biffé 19 corps, ] après ce mot, phrase presqu 'ili. biffée la tendance des Associations à (s'ag[ ]) à (s'aggrandir) se fortifier & à s'aggrandir 21 aux ] avant ce mot à [une] biffé sur la même ligne 24-26 II faut... incontestable. ] partiell. biffé et corr. en D'ailleurs, avant d'admettre, implicitement & comme une vérité reconnue, que l'interet véritable des individus coincide toujours avec l'interet général, il faut établir une distinction nécessaire. [f° 251v°] appliqué aux individus comme hommes ce principe est incontestable. prudent dans ] avant ces mots prudent [sur] biffé sur la même ligne 25 appliqué ] avant ce mot cons biffé sur la même ligne 26 mais ] avant ce mot ap biffé sur la même ligne 26-p. 1197.3 mais ... privilèges. ] partiell. biffé et corr. en mais le noble & le Roi perdent a ce sacrifice tout ce qui constituoit leur importance. 1
Ici, un renvoi à la Note (25) 52, supprimé.
Livre V, Chapitre IX
1197
gagnera [...] au sacrifice de tous ses petits interets à l'interet général, mais le Roi sera anéanti, le premier sacrifice qu'impose la justice à la Monarchie & à l'Aristocratie, c'est celui de leurs privilèges, l'interet public ordonne la dissémination laborieuse de la vérité & l'administration impartiale de la justice. Le Roi & le noble ne subsistent qu'a la faveur des préjugés & de 5 f 252r° l'oppression. Ils s'op|posent donc de toutes leurs forces aux progrés des lumières & des idées saines, à l'instant ou le prestige est rompu leur importance est évanouie. Cependant, en concluant ainsi, nous supposons que l'examen de l'Aristocratie nous montrera qu elle est une institution aussi arbitraire & aussi 10 funeste que la Monarchie, il est tems de rechercher jusqu'à quel point cette assertion est fondée.
1 gagnera ... sacrifice de ] partiell. biffé et corr. en gagne sans doute en immolant 3 leurs ] avant ce mot ses biffé sur la même ligne 5 - 1 2 Le Roi ... fondée. ] biffé et remplacé par L'interet particulier des Rois & des nobles demandent la conservation des préjugés, (&) la perpétuité de l'oppression, le bouleversement de toutes les idées saines, le [F 252f] mépris enfin & la proscription des lumières qui dissiperaient le prestige, appui de leur autorité. 7 leur ] avant ce mot ( leur) est celui biffé sur la même ligne 9 l'examen ] avant ce mot l'Aristocratie [entrave] biffé sur la même ligne 11 jusqu'à ] avant ce mot si cette biffé sur la même ligne
1198 f 254r°
Recherches sur la justice politique Chapitre
X1.
des distinctions héréditaires.
La naissance considérée c o m m e une cause physique - c o m m e une cause morale - opinion que l'aristocratie conçoit de l ' E s p è c e humaine - Education des grands - Recapitulation
5
U n principe qui fait une partie essentielle de la monarchie & de l'Aristocratie, mais surtout de la seconde, c'est celui de l'hérédité. Aucun principe ne peut outrager plus insolemment la raison & la justice. Examinons le fils nouveau-né du pair & de l'artisan. L a nature a-t-elle [annoncé] par des traits f 254v° différens | leurs différentes destinées ? l'un naquit-il avec des mains calleu- 10 ses & d'ignobles f o r m e s ? pouvez v o u s distinguer dans l'autre la p r o m e s s e prématurée du génie & de la pénétration, de la vertu & de l'honneur ? On nous a dit il est vrai que la nature se feroit connoitre & que le j e u n e aiglon, tout fier de soi 15
s'élanceroit de son nid pour planer dans les cieux. D o u g l a s Acte III.
Etablissement du texte : 5/10-4/10, L f 254r°-261v°, P2 f 38r°-39v°, G pp. 461-467. 3-5 La naissance ... Recapitulation ] supp. 8-p. 1199.4 Examinons ... bassesse. ] partiell. biffé et corr. en (Et) Ce n'est pas sans étonnement que l'ont voit l'espèce humaine admettre pendant (deux) tant de siècles que le ciel l'avoit divisée en deux classes, dont l'une devoit produire le mérite & la vertu, & dont l'autre étoit condamnée au crime & à la bassesse. 9 [annoncé] ] avant ce mot quelques mots ill. biffés sur la même ligne 15 son ] avant ce mot, mot ill. ajouté dans l'interl. 1
Cahier formé de quinze feuillets cousus (P 254-268) contenant la traduction des chap. X «Of Hereditary Distinction» (f° 254r"-261v°) et chap. XI «Moral Effects of Aristocracy» (P 262r°-268r°). En réalité, les folios sont au nombre de seize parce que le f 267 est collé sur le suivant, d'où le foliotage 267bv° et 268br". Dans l'angle gauche et en haut du f° 254r°, on trouve le chiffre 3 indiquant le dernier des trois cahiers caractérisés par le papier de très mauvaise qualité. Toujours au même endroit, on lit : Livre 5 biffé et au-dessous : Chap. 10 & 11. Pagination : aucune. Ecriture : autographe. Titres et sous-titres : après le titre du chapitre, seul l'ensemble initial des sous-titres est traduit et biffé par la suite.
Livre V, Chapitre X
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Jadis cette fable étoit droitement adoptée mais aujourd'hui le genre humain n'accepteroit pas aisément que le ciel l'ait divisé en deux classes, dont l'une doit produire la beauté & la vertu, & dont l'autre est condamnée au crime & à la bassesse. Une assertion si téméraire & si peu fondée sera facile à réfuter, si nous considérons la question a priori, par quelles sensations privilégiées le noble, f° 255r° renfermé dans le sein de sa Mère, seroit-il distingué du paysan ? quelque différence dans la substance de son cerveau le rendroit-elle plus apte â recevoir des impressions plus claires ou plus fortes que l'ouvrier ou l'agriculteur ? Mais un sang généreux circule dans ses veines. Que devons nous entendre par ces paroles ? Les Actions des hommes sont le résultat de leurs sensations. Celui qui sent avec le plus de force agit avec le plus d'intrépidité. Celui dans l'Esprit duquel la vérité est plus profondément imprimée, & qui, concevant mieux sa nature, sait plus dignement l'apprécier, parle avec l'éloquence la plus persuasive & écrit avec l'énergie la plus convaincante, pour les mots de bravoure & de fermeté nous ne pouvons comprendre que l'intrépidité raisonnée d'un Régulus & d'un Caton, ou le courage brutal f°255v° d'un | soldat. Ce courage même, quelqu'affinité qu'il ait avec une qualité purement physique, prend encore sa force dans la disposition de l'Ame. Il nâit du peu de prix qu'il attache â une vie qui lui procure peu de plaisirs, & d'un stupide oubli du danger, quelle part a le sang dans toutes ces [mo]difications ? Est-ce de la santé que l'on veut parler ? la santé est sans doute une condition nécessaire au développement de nos facultés intellectuelles, mais ce n'est encore qu'une négation, l'absence de la maladie, il faut qu'un homme ait ressenti ou imaginé les inconvéniens de la souffrance avant que la jouissance de la santé lui donne un plaisir positif. [Lors] même que nous f° 256r° estimerions par dessus tout les avantages de la santé, est-il vrai que le noble jouisse d'une santé plus vigoureuse, éprouve une sérénité plus constante, soit moins exposé à la fatigue ou à la douleur que le plébeien ? Comme
5-p. 1200.6 Une assertion ... Naissance. ] supp. 8 dans ] avant ce mot dans la [...] biffé sur la même ligne plus apte ] avant ces mots (prop) biffé sur la même ligne plus apte ] biffé et corr. en propice 20 la disposition ] avant ces mots les biffé sur la même ligne 22 a le ] avant ces mots â 1 biffé sur la même ligne 27 ressenti ] avant ce mot im biffé sur la même ligne 28 [Lors] même ] avant ces mots Et même biffé sur la même ligne 29 les avantages ] avant ces mots nous sont biffé sur la même ligne 31 Comme ] avant ce mot Une haute naissance peut 1 inspirer pour biffé sur la même ligne 1
Ici, une croix ne renvoie à aucune note.
1200
Recherches sur la justice politique
cause morale une haute naissance peut inspirer peut être de grandes pensées mais croira-t-on qu elle agisse matériellement avant même que celui qu'elle distingue en connoisse l'existence ? Au contraire, malgré l'avantage de soins plus délicats & plus multipliés, les familles les plus nobles produisent souvent les enfans les plus dégénérés. Ce n'est donc pas comme cause physique, c'est comme cause morale qu'il faut examiner la Naissance. P 256v° Sous ce rapport, 1'[opinion] de ses avantages est aussi ancienne que l'institution de la noblesse elle même. L'etymologie seule du mot qui désigne cette forme particulière de gouvernement indique cette persuasion. On l'appelle aristocratie ou le gouvernement des meilleurs apioxoi. dans les écrits de Cicerón, & dans les discours des Sénateurs Romains, l'ordre de la noblesse est toujours appellé celui des optimates, des hommes vertueux, libéraux, incorruptibles. On regarde comme démontré que la multitude est une espèce de monstre dénué de tout sentiment d'honneur & de tout principe de morale, uniquement guidé par de vils interets ou par des passions P 257r° grossières, envieux, tyrannique, inconstant & | injuste, sur cette baze ils établissent la nécessité de conserver une Classe d'hommes d'une éducation libérale & de sentimens élevés, qui se chargent exclusivement de gouverner la tourbe incapable de se gouverner elle même, ou qui du moins surveillants sevères des excès de cette foule stupide soient revetus d'un pouvoir suffisant pour la punir ou la comprimer. Nous examinerons la plus grande partie de ces raisonnemens, lorsque nous traiterons des désavantages de la démocracie. Discutons seulement ici ceux qui se rapportent a l'excellence de l'institution Aristocratique. P 257v° Tout repose sur cette supposition, que si la noblesse | n'est pas originairement & par essence supérieure a la classe ordinaire des Mortels, elle est rendue telle au moins par la puissance de l'éducation. Des hommes qui
5 Ce n'est ] avant ces mots C'est sous biffé sur la même ligne 7-10 Sous ce ... apioxoi. ] partiell. biffé et corr. en tel est néanmoins le fondement de l'institution de la Noblesse. Le mot qui désigne le gouvernement des Nobles indique seul cette persuasion. l'On appelle ce gouvernement aristocratie ou l'empire des meilleurs apioxoi. 8 seule ] avant ce mot, mot ill. biffé sur la même ligne désigne ] avant ce mot indiq biffé sur la même ligne 11 & ] avant ce mot les biffé sur la même ligne 12 appellé ] biffé et corr. en nommé 13 On ] corr. en l'On 14 dénué ] avant ce mot, un ou deux mots ill. biffés 15 uniquement ] avant ce mot guidé biffé sur la même ligne 16 sur cette ] avant ces mots Delà des biffé sur la même ligne ils établissent ] partiell. biffé et corr. en l'on établit 19 incapable ] avant ce mot, mot ill. biffé 19-20 surveillants ... pouvoir] corr. de (soit) soient placés [comme] les sourveillants sevères (&) de ses excès, & revetus (du) d'un pouvoir 21 punir ] avant ce mot corri biffé sur la même ligne 23 désavantages ] avant ce mot désavantages biffé sur la même ligne 24 l'excellence de ] biffé 26 supérieure ] avant ce mot, mot ill. biffé
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naissent & se développent dans l'ignorance & la grossièreté, & dont toutes les facultés sont abatardies par l'indigence, doivent être inévitablement exposés a mille motifs particuliers d'avilissement & de corruption, & ne peuvent avoir ce sens délicat d'honneur & de rectitude que forment & perfectionnent la possession des lumières, les rafinemens des Arts & l'habitude de l'élévation. C'est au sein du bonheur & de l'aisance que l'homme arrive aux f 258r° plus hauts dégrés de la civilisation morale. Une nation | doit avoir surmonté les premiers désavantages & les premiers hazards d'un établissement nouveau, elle doit etre arrivée â un certain point des lumières de prospérité, avant que l'amour des lettres [parmi eux puisse devenir une] chose stable. Il en est des individus comme des corps, quelques exceptions peuvent se présenter : mais elles ne peuvent être nombreuses, & c'est a tort qu'on attendrait une grande élévation d'ame, ou une grande étendue de pensées, chez des hommes forcés à pourvoir par des travaux mechaniques aux besoins de chaque jour. Une portion de ce système est incontestable : Aucun philosophe ne ref°258v° voquera en doute la | puissance de l'Education. Il est donc nécessaire ou de découvrir des institutions qui assurent du loisir & de la prospérité à chaque membre de la société, ou d'accorder a la classe éclairée & libérale une autorité décisive sur la classe ignorante & dégradée. Mais en supposant pour le moment que le premier de ces Moyens soit totalement impraticable, Il reste encor à examiner si l'Aristocratie est la route la plus directe pour atteindre ce dernier but. Ce que nous avons dit sur l'éducation en traitant de la Monarchie a du nous donner deja quelques appercus à ce sujet. P 259r° L'Education fait | beaucoup. De toutes les éducations la plus imparfaite est celle que procure l'opulence. L'éducation des mots n'est pas â mépriser mais celle des choses est indispensable. La première sert admirablement â développer la seconde, mais isolée, c'est de la pedanterie & non des lu-
1 dont ] corr. imm. de que l'indigence 3 d'avilissement ] avant ce mot de degradat biffé sur la même ligne 3-4 peuvent ] corr. de peut 4 forment ] avant ce mot les lumières biffé sur la même ligne 7 - 1 1 Une nation ... corps. ] supp. 8 - 9 désavantages ... doit] corr. de (inconvéniens) désavantages & les premiers hazards d'un établissement (recent, d'un) nouveau, (souv) elle doit 12-13 ne peuvent ... étendue ] partiell. biffé et corr. en ne seront pas nombreuses, & c'est a tort qu'on chercheroit une grande hauteur d'ame, ou une vaste étendue 14 à pourvoir ] avant ces mots, mot ill. biffé sur la même ligne ; après, [chaque] ajouté et biffé 17 la puissance ] biffé et corr. en l'influence 24 a du ] avant ces mots peut biffé sur la même 26-p. 1202.3 L'Education ... individuels. ] biffé et corr. en De quelque perfection que ligne l'Esprit humain soit capable, il a besoin dans toutes les circonstances qui exigent des efforts extraordinaires, de motifs pressans & individuels. De toutes ] avant ces mots [mais de] biffé sur la même ligne 29 développer ] avant ce mot... devé biffé sur la même ligne
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mières, ce sont [des formes] & rien de plus, de quelque perfection abstraite que l'Esprit puisse être capable, nous avons besoin dans toutes les circonstances qui exigent des efforts extraordinaires, de motifs individuels, sous le rapport de ces motifs, les classes inférieures de la société, ont un grand f° 259v° avantage sur les classes supérieures. | Le Plébeien a sa fortune a faire, celle 5 du Noble est toute faite. Le Plébeien doit s'attendre a être négligé & méprisé, s'il ne sait mériter l'estime : le noble est toujours environné d'esclaves & de flatteurs. Le noble n'a donc aucun motif d'industrie ou d'activité, aucun aiguillon qui le sorte de cette indifférence & de cette léthargie qui est le point de départ de tous les esprits. Sans doute la vérité n'a pas toujours 10 besoin de l'alliance des circonstances, & un homme peut arriver à la gloire f> 260r° par d'autres chemins que ceux de la Nécessité & de la | misère1. Mais on ne se contente pas de priver le noble de l'aiguillon de l'adversité, on l'entoure de toutes les séductions de l'erreur & de la molesse. L'on n'offense pas impunément les grands principes du bonheur univer- 15 sel. Celui qui fait des jouissances, des titres, & des richesses, un monopole oppressif pour tous, se dégrade de la dignité de l'homme. & quelqu'admiré qu'il puisse être par la foule II n'est qu'un sujet de mépris & de pitié pour les sages & pour lui-même de dégoût. Il s'en suit que d'elever des hommes au Rang de la noblesse, c'est les placer à un poste de danger moral & les 20 P 260v° entourer de motifs de dépravation ; mais | en faire des nobles héréditaires, c'est eloigner d'eux excepté quelques circonstances extraordinaires, tout ce qui les porterait aux talens & aux vertus. Ces raisonnemens que nous n'avons fait que répéter sont tellement incontestables qu'il n'existe peut être aucun exemple plus frappant de la puis- 25 sance des progrés reçus dans la jeunesse, que de voir de pareils principes
3 sous ] avant ce mot & on ne 2 nous ] avant ce mot, deux mot ill. biffes sur la même ligne peut imaginer biffé sur la même ligne 7 s'il ne sait ] corr. imm. de (s'il ne se rend pas) s'il ne sait (pas) 8 motif ] avant ce mot motif biffé sur la même ligne 9 indifférence ] avant ce mot léthargie biffé sur la même ligne 10-14 Sans doute ... molesse. ] supp. 13 l'adversité ] avant ce mot (la de) l'adver biffé sur la même ligne 16 Celui... monopole ] partiell. biffé et corr. en Celui qui de ses jouissances, de ses titres, & de ses richesses, fait un monopole 1 7 - 1 9 & quelqu'admiré ... dégoût. ] supp. 19 sages ... dégoût. ] corr. imm. de sages (dans le) & pour lui-même (de degout) de dégoût. 19-20 II s'en suit ... noblesse ] partiell. biffé et corr. en (Il s'en suit qu'élever) élever des hommes au Rang de nobles 20 au ] avant ce mot aux biffé sur la même ligne 21 mais en faire ] corr. de mais à n'en faire 22 c'est eloigner d'eux ] corr. imm. de c'est (le) eloigner d'eux (tou) excepté ... extraordinaires ] biffé 2 4 - p . 1203.6 Ces raisonnemens ... l'Education. ] supp. 1
Cette page devait être destinée à des réflexions sur Godwin car, entremêlé au texte, on lit ce titre biffé : Idées générales sur Godwin & sur l'ouvrage.
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révoqués en doute. Si nous pouvons ainsi produire des législateurs héréditaires, pourquoi pas des poètes & des moralistes héréditaires1. Cette tentation ne serait ni plus absurde ni plus impossible que la première. f° 26lr° Il parait donc que de la naissance comme cause | physique nous ne pouvons rien attendre & que comme cause morale, son influence n'est que celle 5 de l'Education. L'éducation peut sans doute inspirer au jeune élève une émulation généreuse & enthousiaste, & sous ce rapport il est difficile d'assigner des bornes à sa puissance. Mais la richesse vient paralyser tous ses efforts & frapper de mort toutes nos espérances. Jadis il existoit une sorte de vertu guerrière qui s'emparant des sens d'une 10 manière irrésistible communiquoit aux jeunes rejettons d'illustres familles, les vaines & équivoques perfections de l'esprit chevaleresque, mais depuis f° 26lv° que le tems des exploits est passé, que l'émulation s'est | transportée de la force physique a la supériorité intellectuelle, & surtout depuis que la carrière a été ouverte à un plus grand nombre de concurrens, la supériorité a 15 presque toujours été du coté de ceux dont les circonstances étroites stimuloient l'ambition, ou dont les habitudes simples & la situation peu relevée, les mettoit à l'abri de la flatterie complice, & de l'indulgence effeminée 2 .
8 vient ] avant ce mot [est] une biffé sur la même ligne 9 & ] avant ce mot c'est un biffé sur la même ligne 12-13 depuis que ] depuis que biffé et réécrit 14 la supériorité ... depuis ] partiell, biffé et corr, en l'énergie intellectuelle, depuis surtout 1 2
Godwin précise la source : T. Paine, Rights of Man, voir G, p. 467. Ici, une croix renvoie à une note incomplète et à demi effacée dont on n'arrive à lire que : voir l.
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Chapitre XI1. des Effets moraux de l'Aristocratie.
p 262r°
Importance de la justice pratique - Espèces d'injustice que crée l'aristocracie - appréciation du mal qu'elle cause - exemples. La chose la plus importante pour le bonheur de l'espèce humaine, c'est la justice, toute injustice est un mal, cent fois plus grand encore parce qu'il fausse notre intelligence, & bouleverse tous nos calculs, que par son effet immédiat & particulier. Toute la science de la morale peut être reduite à ce seul chef, le calcul de f 262v° l'avenir. Nous ne pouvons | raisonnablement exiger la vertu de la multitude, si la perversité des hommes qui sont à la tête des affaires lui persuade que la vertu n'est pas compatible avec son interet. Mais ce n'est pas encore ici la question. La vertu n'est que la recherche du bien général, la justice est la règle qui nous sert à distinguer 1 avantage du grand nombre de celui du petit, du tout & de la partie. Si cette question la première & la plus importante de toutes reste dans l'obscurité, comment pourra-t-on travailler effif° 263:° cacement au bonheur de l'espèce humaine, la bienveillance sera entraînée sans cesse dans une succession d'erreurs, tandis que la prudence, ne voïant rien de positif qui puisse la guider dans ce labyrinthe se réfugiera dans une neutralité égoiste, & alors donnera le résultat a la complication des événemens. Il est bien vrai que les affaires humaines ne peuvent jamais être tellement bouleversées que la nature même de la justice se trouve changée. La vertu Etablissement du texte : 5/11-4/11, L f° 262r"-268r°, P2 P 40r°^2r°, G pp. 4 6 8 ^ 7 3 . 3 - 4 Importance ... exemples. ] supp. 5 La chose ] avant ces mots Ce qui est biffé sur la même ligne 9 chef ] biffé et corr. en point 10 la vertu ] corr. en quelque vertu 1 2 - 2 0 Mais ... événemens. ] supp. 14 de celui ] biffé et corr. en un mot ill. 15 cette ] avant ce mot cette par biffé sur la même ligne 2 2 - 2 3 II est ... changée. ] biffé et corr. en Sans doute les institutions humaines (ne changeront jamais) quelqu'absurdes quelque désastreuses qu'elles soient, ne changeront jamais la nature éternelle de la justice. 1
Pour ce qui concerne la description matérielle du chap. XI «Moral Effects of Aristocracy», voir n. 1, p. 1198. Ecriture : autographe. Titres et sous-titres : après le titre du chapitre, seul l'ensemble initial des sous-titres est traduit et biffé par la suite.
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sera toujours l'interet de l'individu, comme celui de la société, son effet f°263v° sera toujours immédiatement avantageux au moment | présent, comme aux siècles avenir. Mais quoique le renversement de toutes les idées, la dépravation de l'ordre social ne puisse aller jusqu'à cet excès, elle peut être suffisante pour égarer l'esprit, & pour imprimer aux actions une direction fausse. Les hommes ne seront jamais, dans cette suggestion, aussi vertueux qu'ils auroient pu l'etre si la justice leur avoit été perpétuellement offerte en spectacle & si l'injustice leur avoit paru une exception & un funeste prodige. f 264r° De tous les principes de | justice, aucun n'influe plus sur la rectitude de nos jugemens moraux que celui-ci, qu'un homme ne doit être distingué que par son mérite personnel, pourquoi ne pas essayer de mettre en pratique une si simple & si sublime leçon ? Lorsqu'un homme s'est rendu le bienfaiteur de ses concitoyens, lorsqu'il a par une louable persévérance cultivé des talens qu'il ne faut qu'encourager pour les rendre utiles, rien n e[st] plus juste que de l'honorer ; & dans un état de Société ou les distinctions factices p 264v° sont inconnues, cette recompense lui est assurée. Mais accorder à | un homme l'hommage servile d'une vénération non meritée, parce que le Roi l'a désigné sous un nom qui ne lui appartenoit pas, ou l'a décoré d'un ruban ; souffrir qu'un autre se plonge dans toutes les jouissances de la Mollesse, parce que ses ancêtres combattirent il y a trois siècles dans les querelles de Lancaster & de York, c'est un système d'iniquité qui ne peut avoir que des résultats funestes. Que ceux qui sont imbus de cette opinion contemplent de plus prés les f° 265r" classes inférieures de la société, ils | trouveront que le Malheureux qu'un travail sans relâche met à peine en état de procurer à sa famille une subsistance insuffisante, porte dans son cœur un sentiment amer & profond de cette injustice. L'homme que la misère remplit de dépit contre le monde est celui que choisissent les Démons pour le séduire & lui faire commettre des attentats 2-4 au moment... excès, ] partiell. biffé et corr. en dans le moment [f 263v°] présent, comme dans les siècles avenir. Mais quoique la dépravation de l'ordre social ne puisse aller jusqu'au renversement de toutes les idées de justice, 5 imprimer ] avant ce mot précipiter les hommes dans une fausse di biffé sur la même ligne 6-9 Les hommes ... prodige. ] supp. 11 celui-ci ] corr. en celui qui nous enseigne 16 un ] avant ce mot une biffé sur la même ligne 17 recompense ] avant ce mot rep biffé sur la même ligne 19 l'a désigné ] avant ces mots lui biffé sur la même ligne 21 combattirent ] avant ce mot, mot ill. biffé sur la même ligne 23 que ] avant ce mot des biffé sur la même ligne 27-28 porte ... injustice. ] corr. imm. de & de cette injustice porte dans son cœur un sentiment amer & profond. 29p. 1206.2 L'homme ... impossibles. ] biffé et remplacé par «Celui que la misère dévore, & dont la souffrance a rempli le cœur de haine & d'amertume, est celui que les Génies tentateurs choisissent pour le séduire, les hommes plus heureux s'étonnent de ses crimes, lèvent les mains au Ciel, & jurent qu'ils auroient cru de tels forfaits impossibles.»
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dont les hommes plus heureux frémissent, & qu'ils regarderaient comme impossibles. Douglas. Acte 3.e Telle est l'éducation de l'Espece humaine. Telle est la structure des Sof° 265v° ciétés | politiques. Mais supposons un instant que ce sentiment de l'injustice soit moins vif & moins douloureux, quelle conséquence plus favorable prétendez vous en tirer ? l'injustice n'est elle pas réelle ? & en représentant l'ame de l'opprimé comme tellement flétrie & dégradée par la continuité de l'oppression qu'elle ait perdu jusqu'à la force de s'en indigner, croïez vous que le tableau sera moins horrible ? f 266r° Essayons un instant de conçevoir quel serait | le sort de l'espèce humaine, si la justice devenoit le principe général & dominant, nos sensations morales acquérroient un nouveau dégré de fermeté & d'élévation, parce qu elles ne seraient pas comprimées sans cesse par les exemples qui affaiblissent leur énergie & obscurcissent leur clarté. Les hommes seraient intrépides, parce qu'ils n'auraient pas a craindre que les loix mêmes ne leur tendissent des pièges, ils seraient courageux parce qu'aucun homme ne serait courbé f 266v° jusqu'à terre parce qu'un autre | découvrît toutes les jouissances d'un luxe excessif, parce que chacun serait assuré de la juste recompense de son industrie & du prix de ses efforts. La jalousie & la haine n'auraient plus d'empire, parce qu'elles ne sont que le résultat de l'injustice, la vérité serait sacrée pour tous, parce que aucun n'aurait interet à l'avilir par l'imposture. Alors seulement la science ferait d'immenses progrès parce que l'esprit deviendrait une véritable puissance, & ne serait plus une source mensonf 267r° gère | brillant & s'[éteignant tour a tour & nous précipitant dans
1 dont ] corr. de que 6 prétendez vous ] au-dessus, mot biffé ill. 7 représentant ] avant ce mot supp biffé sur la même ligne 9 ait perdu ] corr. imm. de ne peut s'indigner 9-10 que le ... horrible ? ] partiell. biffé et corr. en diminuer l'horreur du tableau ? 11-12 Essayons ... dominant. ] partiell. biffé et corr. en quel serait [f° 266r°] au contraire le sort de l'espèce humaine, si la justice devenoit le principe général & dominant ? 13-14 fermeté ... parce qu elles ] partiell. biffé et corr. en consistance & d'élévation, elles 14 affaiblissent ] surchargé 15 obscurcissent ] surchargé et avant les pl[...] biffé sur la même ligne intrépides ] biffé et corr. en confians 17-19 parce qu'aucun... excessif. ] partiell. biffé et corr. en parce qu'aucun d'entr'eux ne serait courbé jusqu'à terre pour faire ressortir davantage l'élévation factice d'un autre. 18 découvrît ] avant ce mot (jouît de) [f 266v°] ne [sert...] biffé sur la même ligne 19 parce que ] avant ces mots ils seraient amis de l'ordre, ajouté 22 aucun ] biffé et corr. en nul 23 Alors ... progrès ] partiell. biffé et corr. en les lumières feraient d'immenses progrés (l'Ame se trouverait à sa place, parce que toutes les institutions tendraient à encourager son activité & à favoriser ses efforts.) d'immenses ] avant ce mot des progrès biffé sur la même ligne 24-p. 1207.3 & ne ... jour. ] supp. 25 brillant ] avant ce mot tour a tour brillant du vain éclat en nous replongeant dans les [f 267r°] sombres biffé sur la même ligne
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la séduction du sophisme, de l'erreur [spécieuse], & de la fausse science, tous les hommes seroient disposés à avouer leurs sentimens & a mettre leurs actions au jour, nul ne s'efforceroit d'étouffer la louange due à un autre, parce que l'opinion publique, libre & indépendante défierait tous les efforts de l'Envie. Nul ne craindrait de dévoiler la faiblesse de l'homme puissant, car il n'y aurait pas de loix qui travestissent en libelles l'expression d'une conviction sincère. Opp[osons-nous] maintenant | [à ce tajbleau 1 celui de [l'inju]stice contenue dans les institutions aristocratiques. Supposez moi un Prince Polonais, possesseur d'une fortune de plusieurs millions de rente, supposez vous un paysan russe ou un nègre de nos colonies, attaché â la glèbe par la loi de votre naissance, & pouvant être vendu ou cédé a vingt maitres successifs, en vain par les efforts les plus généreux, par la plus infatigable industrie, tenterez vous de vous délivrer de ce joux intolérable. Le sort vous a condamné â servir aux portes d'un palais [où vous] ne devez jamais entrer, [à dorm]ir dans une cabane [...], tandis que votre maitre | repose sur des lits sup[erbes,] à dévorer une misférable] & dégoûtante nourriture, tandis qu'il met à contribution l'univers, pour les délices de sa table, de travailler sans relâche sous un soleil brûlant, tandis qu'il se livre â une inaction perpétuelle, & de trouver enfin pour dernière recompense le mépris, les reproches, les Chatimens & toutes les sortes de douleurs. Dans le fait il y a pis encore, je pourrais endurer toute l'oppression de l'injustice & du caprice, si je trouvois dans les ressources d'une ame ferme la puissance de contempler un tyran avec pitié, & si j'étois soutenu par le sentiment qu'il y a en moi ce caractère sacré de vertu, de vérité, & de courage qu'aucune injus[tice ne] peut atteindre. Mais u[n esclave ou] | un serf est condamné à la stupidité & au vice aussi bien qu'au malheur. Comptez vous cette dégradation pour rien ? La voyez vous nécessaire au maintien de l'odre social ? Souvenez vous que toutes ces distinctions factices n'ont pas le plus léger fondement dans la nature, qu'il n'y a pas pour les nobles de moule particulier, & qu'ils
4 défierait ] biffé et corr. en déjouerait 5 - 7 la faiblesse... sincère. ] partiell. biffé et corr. en les faiblesses ou les vices de l'homme puissant, car aucune loi ne travestirait en libelles l'expression franche d'un conviction profonde. 8-p. 1208.2 Opp[osons-nous] ... esclaves. ] supp. 11 russe ] avant ce mot, mot ill. biffé sur la même ligne 17 à ] corr. de de 18 de travailler ] corr. en à travailler 20 de trouver ] corr. en à trouver 21 douleurs. ] avant ce mot, douleurs biffé sur la même ligne 29 toutes ] avant ce mot pour biffé sur la même ligne 30 pour ] avant ce mot de moule particuliers (pour on) pour biffé sur la même ligne 1
Deux cachets de cire, placés sur les coins des pages, collent le P 267bv° sur le 268br°. C'est pour cette raison, que les mots cachés sont indiqués entre crochets ou par des points.
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ne naissent ni meilleurs ni plus mauvais que les plus pauvres de leurs esclaves, c'est contre cet echaffaudage d'aristocratie que la philosophie & la Raison ont déclaré la guerre. Son injustice est égale soit que nous la f° 268r° considérions dans les castes de l'Inde, dans le servage du système féodal, ou dans le despotisme des patriciens de Rome, jettant leurs débiteurs dans les 5 fers pour les contraindre d'acquitter leurs interets [anciens]. L'Espèce humaine ne sera fortunée ou vertueuse, que lorsque chacun possédera la portion de supériorité à laquelle son Mérite personnel lui donne droit. Le renversement de l'Aristocratie est également l'interet des Opresseurs & des Opprimés. L'un sera délivré de l'oisiveté corruptrice de la tyrannie, l'autre 10 de l'avilissement de l'abrutissement de la servitude. Combien de fois repetera-t-on vainement que c'est dans la médiocrité de la destinée qu'est le véritable bonheur !
2 esclaves ] avant ce mot subordon biffé sur la même ligne c'est contre ] avant ces mots (C'est cette s) est 2-3 c'est... injustice ] partiell. biffé et corr. en C'est à ce but qu'il faut arriver. La Philosophie et la raison ont déclaré la guerre aux institutions aristocratiques. Leur injustice 3 Son ] avant ce mot II est biffé sur la même ligne 4 du ] avant ce mot des biffé sur la même ligne 5-6 jettant ... [anciens]. ] corr. de dans les fers pour les (forcer) contraindre d'acquitter (un j[...]) leurs interets [anciens], le passage entier est biffé par la suite. 8-13 Le renversement ... bonheur ! ] partiell. biffé et corr. en II faut délivrer l'immense majorité de l'abrutissement de la servitude. Il faut délivrer la minorité privilégiée de l'oisiveté corruptrice de la tyrannie. Le renversement de l'Aristocratie est également l'interet des Opprimés & des Oppresseurs. 11-12 repetera-t-on ] avant faud biffé sur la même ligne 12-13 le véritable ] avant ces mots [plein] de biffé sur la même ligne
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Chapitre 12 e1 Des titres
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Leur origine et leur histoire - leur absurdité - la vérité est la seule récompense proportionnée au mérite. Leur origine et leur histoire 5 Si l'institution des titres n'étoit pour l'espèce humaine l'occasion des malheurs les plus sérieux, elle paroitroit tellement absurde qu'on seroit tenté de n'employer contre elle que le ridicule. Le système féodal fut un monstre féroce, dévorant partout où il s'introduisît tout ce que les amis de l'humanité estiment ou idolâtrent, le système des titres a pris une forme différente. 10 Le monstre est enfin détruit, et ceux qui suivant ses traces s'engraissoient f° 269v° du sang de ses victimes ont | empaillé sa peau dans l'espoir que son aspect frapperoit encore de terreur et de patience l'humanité dégradée. L'usurpation des brigands du nord, odieuse sans doute, n'étoit du moins pas ridicule, lorsque les chefs féodaux adoptoient une dénomination Géographique, ils 15 l'empruntoient de quelque lieu soumis à leur autorité. Il n'y avoit rien de plus absurde dans ces désignations que dans celles de gouverneur de Etablissement du texte : 5/12-^/12, L P 269r°-273r", P2 P 4 2 v < M 4 r ° , G pp. 4 7 4 ^ 7 7 . 3 - 5 Leurs origines ... leur histoire ] supp. 7 elle ... qu'on ] biffé et corr. en l'on 8-13 Le système ... dégradée. ] supp. 14 ridicule ] biffé et corr. en absurde 16-p. 1210.1 II n ' y avoit ... Gilbratar. ] d'abord Gilbratar est corr. en de gouverneur de Gilbratar. ensuite le passage entier est supp. 1
Cahier formé de deux cahiers cousus ensemble, dont le premier se compose de douze feuillets ( f 269-280) et le deuxième de quatorze feuillets (f° 281-294), contenant la traduction des chap. XII «Of Titles» ( P 269r 0 -273r°), chap. XIII «Of the Aristocratic Character» (fin du P 273r°-284P) et chap, x i v «General Features of Democracy» ( P 284v°-294v°). Dans l'angle gauche et en haut du P 269r", on lit : Livre 5 ch. 12. 13. 14 ; au-dessous, à la hauteur du début du chapitre, on lit : Livre 5. Chapitre 12. ' toutes ces indications sont biffées par la suite. Le bord vertical inférieur a été émargé au ciseau. Cela rend parfois la lecture de quelques lettres difficile. Paginations : pagination en chiffres arabes limitée au cahier (de 1 à 24 pour le premier cahier ; de 1 à 27 pour le deuxième). Pagination du chapitre Xll : P 2 6 9 P : 1 - P 269v° : aucune pagination - P 270P : 3 - P 270v° : 4 - P 271r° : 5 - P 271v° : 6 - P 272P : 7 P 272v° : 8 - P 2 7 3 P : 9. Ecritures : du copiste B ; corrections autographes. Titres et sous-titres : traduits et, à l'exception du titre du chapitre, biffés.
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Tanger ou de Gilbratar. Le Commandant en chef ou le souverain ne leur conférait point un titre vide de sens. Il leur donnoit un Comté, une baronie, une portion réelle de territoire, avec les hommes qui le cultivoient et les P 270r° revenus qu'il pouvoit produire. | Le Monarque n'accorde aujourd'hui que le privilège de s'appeller Thomas à qui s'appelloit autrefois Guillaume, et pour completter l'absurdité cette désignation nouvelle est souvent empruntée d'un lieu que le titulaire n'a jamais vu, d'un pays où il ne fut jamais. Le style est resté le même, nous sommes toujours Comtes & Barons, gouverneurs de Provinces & commandans de forts, avec tout autant de réalité que l'electeur d'Hanovre & l'Archi-trésorier de l'Empire s'intitule roi de France. leur absurdité.
N'est-il pas véritablement risible que l'homme qui sous le nom de St John étoit hier le plus éloquent orateur de la chambre des Communes, le penseur f° 270v° le | plus profond, l'arbitre des différens partis, le pacificateur de l'Europe, s'appelle aujourd'hui Lord Bolinbroke ? En quoi donc est-il devenu plus grand et plus respectable ? En ce qu'il a forcé une femme foible & stupide qui eut toujours pour lui l'aversion que lui inspiraient généralement les talens & les vertus, à feindre par intérêt personnel des sentimens qu'elle n'avoit pas ! Les amis d'un homme recemment revêtu d'un titre doivent être aveuglés par la prévention de l'amitié de manière à ne pas sentir le ridicule de sa f 27ii* situation, ou avilis par l'esprit parasite de la | dépendance, de manière à déguiser ce qu'ils sentent, toutes les fois qu'ils essayent de parler ils risquent de substituer maladroitement l'appellation vulgaire de M. au titre élevé de Milord, & toutes les fois que l'habitude les entraine dans cette méprise enracinée, il est impossible qu'ils ne se demandent pas quel changement s'est donc opéré chez mon ancien ami ? Est-il devenu plus sage, plus homme de bien, plus heureux, plus respectable. La première semaine d'un nouveau titre, est une lutte perpétuelle, entre le bon sens des spectateurs & l'absurdité des institutions sociales. Pour rendre cette comédie plus 1 f 27lv° ridicfule] ces titres sont sujets à des variations continuelles. | Celui qu'aujourd'hui nous nommons le Comte de Kensington est prêt à sacrifier ce qui lui reste d'honneur & de probité à l'appellation plus distinguée de Marquis 4-7 Le Monarque ... jamais. ] partiell. biffé et corr. en Le Monarque accorde aujourd'hui des dénominations empruntées de lieux que les titulaires n'ont jamais vu, de pays où ils ne furent jamais. 12 leur absurdité. ] supp. 17 stupide ] après ce mot La Reine Anne ajouté 21-29 Les amis ... respectable. ] supp. 1
Ici, le bord de la page est émargé au ciseau.
Livre V, Chapitre XII
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de Kew. L'historien se perd dans ce jargon féodal. Aucune patience humaine ne peut lier ensemble les différentes histoires d'un homme aujourd'hui Lord Kimbolton, demain Comte de Manchester, aujourd'hui Comte de Mulgrave, demain Marquis de Normanby, et Duc de Buckinghamshire. 5 La vérité est la seule récompense digne de mérite.
L'absurdité de ces titres frappe d'autant plus qu'ils sont d'ordinaire le prix de la corruption & de l'intrigue, mais quand ils seraient à l'abri de ce f° 272f dernier reproche | ils n'en seraient pas moins des récompenses indignes d'un véritable ami de la justice & de la raison. Quand nous parlons de Monsieur S' John comme de l'homme qui par son éloquence modérait les partis divers, à qui l'Europe dut la paix, les sciences 40 années de loisirs, l'espèce humaine par conséquent des progrès immenses, nous parlons d'un homme d'un mérite supérieur. Quel titre nous en donnerait cette grande idée ? La vérité n'est-elle pas l'interprète unique & sacrée de la justice ? La pure & simple vérité ne vaut elle pas mille fois mieux que les supositions factices f° 272v° de l'art ? Une guirlande | de chêne ou un coronet doré ajouteront-ils quelque chose à la véritable grandeur ? Les coronets et les guirlandes s'accordent à la ruse ou se prostituent au vice. Aussi long-temps que les hommes ne se contenteront point du simple exposé de ce qui est, aussi long-tems qu'ils ne reconnoitront pas que la simplicité est la parure de la vertu, ils n'arriveront jamais à ce sentiment mâle & fier de la justice auquel ils sont destinés à parvenir. Dans le système de la vérité la vertu fera tous les jours de nouveaux progrès. Chaque observateur successif lui rendra plus de justice, & le f° 273r° vice | privé du vernis trompeur qui deguisoit ses actions, de ce vernis que chacun peut imiter, et qui défigure tous les objets, ne resistera pas long-tems au mépris universel.
6 La vérité ... mérite. ] supp. 10 Monsieur ] biffé et corr. en M. biffé et corr. en en sentira mieux l'inestimable valeur, & le vice
24-25 lui rendra ... vice ]
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Recherches sur la justice
politique
Chapitre XIII1 Du Caractère de l'aristocratie.
Intolérance de l'Aristocratie - ses succès sont fondés sur l'ignorance de la multitude - précautions nécessaires pour la maintenir - différentes espèces d'Aristocratie - Aristocratie des Romains - ses vertus - ses vices - distribution des propriétés dans les Aristocraties - réglemens à l'appui de cette distribution - elle est la source de l'avarice - Argumens contre les | innovations fondées sur les avantages de la situation présente des choses - conclusion.
273v°
Intolérance de l'Aristocratie. L'Aristocratie dans son sens littéral n'est autre chose qu'un moyen de rendre l'inégalité des hommes plus permanente & plus visible par l'entremise des institutions politiques. L'Aristocratie est comme la Monarchie fondée sur l'imposture : elle est le résultat d'un art opposé à la nature des choses, et doit par conséquent être soutenue comme la Monarchie par l'artifice & la fausseté, son empire est appuié sur des principes plus sombres encore et plus insociables que ceux de la Monarchie. Le Monarque juge 274r° quelque fois prudent d'employer l'affabilité & la courtoisie avec ses barons & ses officiers. L'Aristocrate croit une verge de fer suffisante pour ses vassaux.
Etablissement du texte : 5/13-1/13, I F 273i"-284r°, P2 P 4 4 v ° - » r ° , G pp. 478-488. 3 - 1 0 Intolérance ... de l'Aristocratie. ] supp. L'Aristocratie comme la Monarchie est fondée 1
1 3 - 1 4 L'Aristocratie ... fondée ] corr. en
Pour ce qui concerne la decription matérielle du chap, x m «Of the Aristocratic Character», voir n. 1, p. 1209. Au-dessous de l'ensemble des sous-titres, on lit : Livre 5 Chapitre xm biffé par la suite. Paginations du chap, xm : pagination en chiffres arabes limitée aux cahiers : F 273r° : 9 P 273v° : 10-P 274r° : 11 - f 274v° : 12 - P 215f : 13-P 275v° : 14 - f 276r° : 15 f 276v° : 16- P111 f : 17 - f° 277v° : 18 - P 278r° : 19 - P 278V" : 20 - f 279r" : 21 f" 279v° : 22 - P 280r° : 23 - P 280v° : 24 - P 281r° : 1 - P 281 v° : 2 - P 282r" : 3 P 282v° : 4 - P 283r° : 5 - P 283v° : 6 - P 284r° : 7. Ecritures : du copiste B ; corrections autographes. Titres et sous-titres : traduits et, à l'exception du titre du chapitre, biffés.
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ses succès sont fondés sur l'ignorance de la multitude.
La durée de la Monarchie et de l'Aristocratie dépend de celle de l'ignorance. Si ces institutions pouvoient ainsi qu'Omar détruire les ouvrages d'une raison téméraire et persuader au genre humain que l'Alcoran contient tout ce qui lui importe de savoir, elles pourraient renouveller le bail de 5 l'usurpation. La Monarchie permet à ses sujets un certain dégré d'érudition superficielle. L'aristocratie est plus avisée. Si les dernieres classes de la F 274v° société parvenoient un jour à | savoir lire & écrire, l'Empire aristocratique s'écrouleroit bientôt ; pour faire d'une nation des vilains et des serfs, il faut d'abord la rabaisser au rang des brutes. Cette question a été approfondie 10 avec toute la pénétration de l'égoïsme. Les partisans intrépides de l'ancien système se sont opposés à la diffusion des lumières avec un acharnement qui fait honneur à leur prévoyance. Un esclave qui sait lire ont-ils dit, n'est plus une machine passive, et cette observation bien développée suffit pour expliquer toute la philosophie de l'ordre social. 15 f° 275r"
précautions nécessaires pour la maintenir.
Qui peut réfléchir avec patience aux inventions malfaisantes de ces insolens usurpateurs à ces inventions dont le but est de retenir la race humaine dans éternel abaissement. Qui peut sans indignation se rappeller cette célébré maxime que le grand nombre est né pour l'avantage d'un seul. Ils étoient 20 éclairés, ces raisonneurs qui prirent l'allarme il y a deux siècles, lors que pour la pre[mière] fois 1 s'introduisit dans la politique le principe que le gouvernement n'étoit institué que pour l'avantage des gouvernés et que tout autre but dans les dépositaires de la puissance étoit une usurpation couf° 275v° pable. Ces adversaires constans de toute inovation, discrédités | pour fana- 25 tiques & timides, étoient des hommes d'un discernement plus qu'ordinaire qui voyoient dans le principe la longue chaîne des conséquences. Leurs efforts furent inutiles ; la question maintenant est proposée, il ne reste plus qu'à choisir. Que les hommes capables de réflexion se décident, qu'ils retournent franchement et sans réserve aux principes primitifs de la tyranie, 30 ou s'ils adoptent quelqu'un des axiomes oposés, quelque insignifiant qu'il
I ses succès ... multitude. ] supp. 3 Si ] après ce mot les partisans de ajouté 5 elles ] biffé et corr. en ils 7 avisée ] biffé et corr. en prudente 10-11 Cette ... l'égoïsme. ] supp. I I Les partisans ] avant ces mots aussi ajouté 13-20 Un esclave ... d'un seul. ] supp. 21 éclairés, ] après ce mot par toute la pénétration de l'égoisrae, ajouté 25-28 pour ... efforts ] partiell. biffé et corr. en comme fanatiques & timides, étoient des hommes d'un discernement plus qu'ordinaire. Ils voyoient dans le principe la longue chaîne des conséquences. mais Leurs efforts 1
Le copiste abrège en : prefois
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Recherches sur la justice
politique
paroisse, qu'ils n'esperent plus par une contradiction pusillanime, en éluder les incalculables résultats. Différentes espèces d'aristocratie
Il n'est pas nécessaire d'entrer ici dans la discussion méthodique, des diff 276r° ferentes sortes d'aristocratie. Si les argumens | que nous avons présentés ont quelque force, ils s'appliquent également à toutes ces institutions quelle que soit leur forme. L'Aristocratie peut placer ses prérogatives principalement dans l'individu comme en Pologne, ou les restreindre à la noblesse reunie en corps comme à Venize. La première sera plus déréglée, plus tumultueuse, l'autre plus jalouse, plus intolérante & plus sevère. Les Magistrats peuvent completter leur nombre soit en choisissant eux mêmes leurs nouveaux membres, comme en hollande, soit en confiant ce choix au peuple comme dans l'ancienne Rome. Aristocratie des Romains - ses vertus
L'Aristocratie de l'ancienne Rome est incontestablement la plus vénérable F 276v° & la plus illustre qui ait jamais existé sur la surface du globe. C'est en elle par conséquent qu'il convient de chercher le degré d'excellence auquel cette institution peut arriver. Les Romains y introduisirent quelques uns des avantages de la Démocratie. Pour devenir membre du sénat il falloit en général avoir été porté par les suffrages du peuple aux magistratures supérieures. On pouvoit donc espérer raisonnablement que la majorité des gouvernans seroit composée d'hommes de quelque capacité. Il n'etoit pas du sénat Romain comme des assemblées aristocratiques de nos tems modernes. Les F 211membres de ces dernières tenant leurs | privilèges de la primogéniture et non du choix, l'on y chercherait en vain des talens, si ce n'est dans quelques roturiers nouvellement revêtu de la noblesse. En même tems comme les plebeyens étaient tenus de choisir leurs candidats parmi les Patriciens, c'est à dire dans les familles sénatoriales, la classe privilégiée devoit présenter la plus grande réunion probable d'expérience & d'habileté. La difficulté de se procurer une éducation libérale, ajoutoit à la supériorité de cette classe. Les lumières étoient une sorte de monopole, & sont restées telles jusqu'à la découverte de l'imprimerie. En conséquence tous les hom3 Différentes espèces d'aristocratie ] supp. 9 sera ] biffé et corr. en forme est 14 Aristocratie ... vertus ] supp. 19 Pour ... sénat ] biffé et remplacé par ce passage, biffé deux phrases plus loin et déplacé ici Les membres des assemblées aristocratiques de nos tems modernes, tenant leurs privilèges de la primogéniture & non du choix, l'on y chercheroit en vain des talens, si ce n'est dans quelques roturiers, nouvellement revêtus de la noblesse. Il n'en étoit pas de même du Sénat Romain, pour être admis dans cette corporation 21 On ] corr. en l'On 2 2 - 2 6 II n'étoit... noblesse. ] biffé et déplacé plus haut 2 9 - 3 0 difficulté ] après ce mot générale ajouté
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mes éclairés de Rome appartinrent à l'ordre des Patriciens, à celui des f° 277v° chevaliers ou à leurs cliens. Les plebeiens bien que | considérés collectivement, ils aient exercé durant plusieurs siècles les vertus de la franchise, de la valeur, du patriotisme, n'ont jamais possédé dans leur parti aucun de ces caractères qui honorent l'espèce humaine. Les Gracques seuls méritent 5 une exception. L'ordre des Patriciens au contraire peut se vanter de Publicóla, de Coriolan, de Cincinnatus, de Camille, de Fabricius, de Régulus, de Décius, de Brutus, de Lucullus, de Marcellus, de Caton, de Cicéron et d'une infinité d'autres. Ces souvenirs imposans, ces noms fameux disposeraient presqu'à l'indulgence pour les préjugés aristocratiques des citoyens illustres 10 de l'ancienne Rome, et des divers martyrs de cette république de héros. P278i°
[ses vices]. Considérons toutefois impartialement cette aristocratie si supérieure à toutes celles des siècles anciens et des tems modernes. Lors de l'institution de la république, le peuple ne possedoit gueres d'autres autorités que celle d'elire ses Magistrats. Ce privilège étoit encore éludé par la formation de l'assemblée & la manière de recueillir les suffrages, remettoit dans le fait les décisions entre les mains des classes favorisées. Tous les Magistrats étoient tirés de ces classes, toutes les causes étoient jugées par les Patriciens. Leurs jugemens étoient sans appel. Ils ne se marioient qu'entr'eux & formoient ainsi une république resserrée au milieu de la république nominale qu'ils f 278v° tenoient dans la plus humiliante servitude. L'idée qui légitimoit ces usurpations aux yeux des usurpateurs étoit que le vulgaire est toujours grossier, ignorant, & abruti, que l'ordre social, que la raison, que la justice exigent qu'une autorité positive soit confiée aux hommes distingués par la supériorité des lumières. Ainsi bien que les Patriciens eussent envahi les droits les plus sacrés de l'humanité, ils étoient animés d'un zélé ardent pour le bien public & d'un enthousiasme sincère pour la vertu. Appius Claudius dans ses fougueuses déclarations déployoit le courage le plus élevé & la grandeur f 2i9f d'ame la plus sublime | en faveur de la plus étroite & barbare intolérance.
3 exercé ] biffé et corr. en déployé 11 divers ] biffé et corr. en derniers 12 [ses vices]. ] supp. 16-17 la formation ... recueillir ] partiell. biffé et corr. en la manière dont il s'assembloit pour les élire ; le mode de recueillir 22-26 L'idée ... lumières. ] supp. 26-28 Ainsi ... vertu. ] biffé et corr. en Aussi, bien que les Patriciens, l'on ne peut le nier, fussent animés d'un zèle ardent pour le bien public, & d'un enthousiasme sincère pour la vertu, de cela seul qu'ils avoient envahi les droits les plus sacrés de l'humanité il en résultait les conséquences les plus funestes. 28-p. 1216.1 Appius Claudius ... employées ] partiell. biffé et corr. en Appius Claudius lui même déployoit le courage le plus élevé & la grandeur d'ame la plus sublime. [f° 279r°] Mais c'étoit en faveur de la plus étroite & barbare intolérance. Rien n'est plus affligeant que de voir tant de vertus consacrées
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Recherches sur la justice
politique
Rien n'est plus affligeant que de voir tant de vertu e m p l o y é e s durant tant de siècles, à c o m b a t t r e les r é c l a m a t i o n s les plus é v i d e m m e n t j u s t e s . E t q u e l f u t le résultat d e cette odieuse & c o u p a b l e lutte ? m a l g r é l ' i m m e n s e supériorité d e leurs talens & d e l e u r p u i s s a n c e , les Patriciens f u r e n t f o r c é s d e c é d e r l ' u n après l'autre tous les privilèges exclusifs q u ' i l s avoient d é f e n d u s avec tant
s
d ' a c h a r n e m e n t , d a n s l ' i n t e r v a l l e ils a v o i e n t eu r e c o u r s a u x m o y e n s les p l u s o d i e u x , ils a v o i e n f t ] 1 a p p l a u d i a v e c t r a n s p o r t a u m e u r t r e i n f â m e d e s G r a c f 279v° q u e s . S i l e s r o m a i n s | d é p l o y è r e n t t a n t d e v e r t u s s o u s u n e c o n s t i t u t i o n si f a u t i v e , q u e n ' a u r o i e n t - i l s p a s fait, s a n s l ' i n j u s t i c e d e l ' u s u r p a t i o n aristocratique ? La tache indélébile d e leur histoire, leur insatiable avidité des con-
10
quetes n ' a d e source q u e d a n s cette usurpation. L a guerre a toutes les époq u e s f u t le m o y e n q u e les nobles mirent en u s a g e p o u r d é t o u r n e r compatriotes des premières idées d e 1 égalité en
fixant
leurs
leurs r e g a r d s sur des
s c è n e s de c a r n a g e et d e victoire. Ils c o n n u r e n t cet art c o m u n à tous
les
g o u v e r n e m e n s d e b o u l e v e r s e r le j u g e m e n t d e la m u l t i t u d e , e t d e lui f a i r e considérer les hostilités les plus gratuites c o m m e défense légitime & f 280r°
des précautions
15
d'une
nécessaire2.
Distribution aristocratique d e s propriétés. L e p r i n c i p e d e l ' A r i s t o c r a t i e est f o n d é sur l ' e x t r ê m e i n é g a l i t é d e s
condi-
tions. A u c u n i n d i v i d u n e p e u t être u n m e m b r e utile d e la société, q u ' a u t a n t que les talens sont e m p l o y é s d ' u n e maniéré conforme à l'intérêt
20
général.
D a n s c h a q u e société les m o y e n s d e contribuer a u x nécéssités et a u x
com-
modités de ses m e m b r e s forment u n produit qui a ses bornes. D a n s chaque s o c i é t é la m a s s e d e s m e m b r e s qui l a c o m p o s e n t c o n t r i b u e à la c r é a t i o n d e c e produit par ses efforts personnels. P280v°
Il e s t d o n c j u s t e q u e c e p r o d u i t
soit
25
p a r t a g é entre tous les m e m b r e s a v e c u n e sorte d'égalité, et rien n ' e s t | plus injuste que d e réduire la multitude à m a n q u e r d u nécessaire, e n entassant sur u n petit n o m b r e t o u s les g e n r e s d e luxe et d e j o u i s s a n c e s s u p e r f l u e s .
On
pourrait calculer q u e le roi, m ê m e d ' u n e m o n a r c h i e limitée, reçoit annuell e m e n t p o u r le salaire d e s o n o f f i c e l ' é q u i v a l e n t du travail d e c i n q u a n t e mille d e ses sujets". A j o u t o n s à cette s o m m e les é m o l u m e n s d e ses conseillers, les r e v e n u s d e ses n o b l e s , les propriétés d e s f a m i l l e s o p u l e n t e s rivalisent
qui
a v e c la n o b l e s s e e t les p e n s i o n s d e s t i n é e s à m a i n t e n i r d a n s l ' o i -
" en fixant le travail d'un homme à un schelling par jour.
2 - 3 Et quel fut le résultat ] partiell. biffé et corr. en Et quelle fut l'issue propriétés. ] supp. 22 nécéssités ] biffé et corr. en besoins 1 2
Ici, le bord de la page est émargé au ciseau. Ici, un renvoi à la Note 26, supprimé.
18 Distribution ...
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siveté leur insatiable et nombreuse clientèle ? Est-il étonnant que dans un f 28lr° pareil pays les dernieres Classes de la société soient | épuisées1 par toutes les souffrances de la misère, et par les fatigues d'un travail imodéré ? En contemplant toutes les productions d'une Province étalées sur la table de quelques riches, et de quelques grands, qui peut s'étonner si les indigens qui les entourent manquent de pain pour leur subsistance ? Et c'est une situation semblable qu'on nous représente comme le dernier perfectionnement de la sagesse politique ! C'est au contraire le renversement de toutes les idées, et ce doit être par là même la perte de toutes les vertus. Les premières & les dernieres Classes sont également corrompues par leur situation contre nature. Sans parler maintenant des premières Classes rien n'est plus évident f 28lv° que la tendance directe de la pauvreté à rétrécir les facultés intellectuelles. L'état désirable pour le sage est une alternative de travail et de loisir, d'un travail modéré pour ne point entrainer l'épuisement, d'un loisir assez court pour ne point dégénérer en indolence. Ce n'est que par cet heureux mélange que l'industrie & l'activité peuvent être utilement cultivées, le corps rester dans une santé parfaite, & l'esprit s'habituer à la méditation & à la pensée. Telle serait la situation de toute la race humaine, si les choses nécessaires à la vie étoient également distribuées. Quel système mérite davantage l'indignation de l'ami des hommes que celui qui convertissant en bêtes de somme f 282r° les dix neuf vingtièmes de | notre espèce, anéantit tant de pensées, détruit tant de bonheur, rend impossible tant de vertus ?
s
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règlement à l'appui de cette distribution2. On objectera sans doute que ces reproches ne s'appliquent pas spécialement à l'Aristocratie, l'inégalité des conditions étant un effet inévitable de l'ins- 25 titution de la propriété, on ne peut nier que cette institution dans sa forme la plus simple n'entraine d'enormes inconvéniens, mais ces inconvéniens quelque grands qu'ils soient sont considérablement aggravés par l'aristocratie. L'aristocratie détourne le cours naturel des propriétés & favorise leur f° 282v° réunion dans les mains du petit nombre. Dans ce but | elle consacre la 30 doctrine de la primogéniture Le système des substitutions & ces Loix inombrables sur les transports & les héritages fléaux de toutes les parties de l'Europe. 1 étonnant ] biffé et corr. en surprenant 14 modéré ] avant ce mot assez ajouté 23 règlement ... distribution. ] supp. 26-28 on ne peut... aggravés ] biffé et corr. en Mais on ne niéra pas non plus que cette inégalité ne soit considérablement aggravée 1
2
Le P 281 est le premier du deuxième cahier; la pagination interne recommence à partir du chiffre 1, et en haut, à gauche, on lit : suite du chapitre 13.' biffé. Ce sous-titre est placé quatre lignes au-dessous du bon endroit.
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P 283r°
Recherches sur la justice politique
L'aristocratie engendre l'avarice Par une combinaison bizarre, l'aristocratie qui rend l'acquisition des propriétés plus difficile, en rend le désir plus ardent. Tous les hommes ont soif des distinctions et de la prééminence, mais ils ne placent pas tous la distinction dans les richesses. La beauté, les arts, les sciences les talens, la sagesse, la vertu sont autant de moyens de gloire ; & le lettré l'artiste, le guerrier, le philosophe n'ont pas moins d'ardeur que l'avare à poursuivre l'objet de leur ambition. Les richesses | seraient loin d'être le but général des hommes si l'institution politique bien plus que leur influence naturelle n'en faisoit la route la plus sure, vers le pouvoir, le respect & les hommes. Argument contre les inovations,
P 283v°
fondé sur les avantages de la présente situation des choses De toutes les erreurs la plus déplorable à la fois et la plus avilissante est celle de ces hommes qui pourvus abondamment de toutes les commodités de la vie, déclarent que tout est au mieux, et s'indignent contre tous les projets de réforme comme contre les plans chimériques d'esprits séditieux & visionnaires. Tout est au mieux et la plus grande portion de la race humaine est épuisée de misère, hideuse de vice, & stupide d'ignorance, dépouillée par l'injustice poussée au crime par le besoin, punie | par la férocité ! Et c'est une entreprise illégale d'examiner si un tel ordre de choses ne pourroit pas être amélioré ! Et dans notre honteux égoisme, parce que nous seuls ne manquons de rien, nous proclamons que tout est au mieux, entourés que nous sommes de corruption, de souffrances, de dégradations et de douleurs. Conclusion 1
P 284r°
Un dernier refuge reste aux apôtres de la Monarchie et de l'Aristocratie, lors que tout autre pretexte leur est enlevé, c'est le danger inhérent aux institutions démocratiques. Quelque imparfait que puisse paroitre le gouvernement d'un seul ou celui du petit nombre, l'un ou l'autre est | nécessaire, vu, nous disent-ils, les défauts incorrigibles de notre nature. Le Lecteur qui a pesé les considérations contenues dans les chapitres précédens, décidera s'il peut exister des circonstances assez impérieuses pour rendre tolérable ou nécessaire cette complication de misère et d'infamie. Quoi qu'il en soit, nous passons maintenant à l'examen de cette démocratie, que la presqu'unani-
1 L'aristocratie ... l'avarice ] supp. 11-12 Argument... choses ] supp. 16-17 d'esprits ... visionnaires. ] corr. en d'esprits visionnaires, séditieux & mecontens. 25 Conclusion ] supp. 1
Ce sous-titre est placé vers la moitié du paragraphe.
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mité des Ecrivains politiques nous a présentée sous des couleurs si sombres & des traits si révoltans1.
1
Après la fin du texte, on lit : Fin du Chapitre 13. '
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Recherches sur la justice
politique
Chapitre XIV 1 Idées générales de la démocratie.
284v°
Définition - vices supposés de cette forme de gouvernement - influence des ignorans, des intrigans, inconstance - confiance inconsidérée - soupçons injustes - comparaison des inconvéniens de la démocratie avec ses avantages - sa tendance morale - tendance à la vérité, représentation. La démocratie est un système de gouvernement qui ne considère chaque membre de la société que dans sa qualité d'homme. Les talens & les richesses y possèdent sans doute un certain degré d'influence. Mais cette influence n'est appuyée que sur la nature des choses & nullement sur l'institution positive. I n c o n v é n i e n s s u p p o s é s de la démocratie 2
f 285r°
L'institution positive, si l'on peut donner ce nom à l'admission du plus simple de tous les principes, regarde tous les hommes coine égaux. Il y a de certains désavantages qui paroissent le résultat de l'égalité démocratique. On peut supposer raisonnablement que dans la société politique le nombre des hommes bornés l'emporte sur celui des sages, et l'on est tenté de conclure, que les intérêts de l'ensemble seront à la merci de l'aveuglement & de la folie 3 . Etablissement du texte : 5/14-4/14, L f° 284v°-294v°, P2 F 49v°-54v°, G pp. 489-498. 3 - 7 Définition ... représentation. ] supp. 13 Inconvéniens ... démocratie ] supp. 14 L'institution ] avant ce mot Dans la Démocratie ajouté 16 résultat ] après ce mot nécessaire ajouté 17 On ] corr. en l'On 18-19 de conclure ] corr. en d'en conclure 1
2 3
Pour ce qui concerne la descritpion matérielle du chap, x i v «General Features of Democracy», voir n. 1, p. 1209. Paginations du chap. XIV : pagination en chiffres arabes limitée au cahier : f 284v° : 8 f 285r° : 9 — f 285v° : 10 - f 286i* : 11 - f> 286v° : 12 - P 287r" : 13 - f 287v° : 14 f° 288r° : 15 - f° 288v° : 16-f 2S9f : 17 - F 289v° : 18 - f 290r° : 19-f 290v° : 20 f° 291r° : 21 - f 291v° : 22 - f 292i* : 23 - f 292v° : 24 - f> 293r° : 25 - f» 293v° : 26 f° 294r° : 27 - f 294v° : aucune pagination. Ecritures : du copiste B ; corrections autographes. Titres et sous-titres : traduits et, à l'exception du titre du chapitre, biffés. Ce sous-titre est placé vers la moitié du paragraphe. Ici, un renvoi à la Note 53, supprimé.
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ascendant de l'ignorance. Il est vrai que les ignorans se laissent volontier conduire par les hommes éclairés, mais leur ignorance même les rend incapables de discerner le mérite de leurs guides. Des intrigans 5 f 285v° Le turbulent & artificieux démagogue a une [ ressource assurée dans l'imperfection dominante de la nature humaine, qui préféré toujours le présent à l'avenir. En appuyant ce calcul désordonné, il est certain d'attirer à lui toutes les passions. La vérité politique est encore un mystère qui défie tous les efforts de l'esprit humain. Est-il prèsumable que la multitude grossière 10 resistera constamment aux sophismes adroits et à l'éloquence séduisante qu'on emploie pour l'égarer ? N'arrivera-t-il pas souvent que les propositions du perturbateur ambitieux auront un attrait funeste que ne pourront contrebalancer les projets prudens, mais severes de l'homme d'Etat éclairé ? Inconstance. 15 Une des sources les plus abondantes de la félicité publique se trouve dans l'observation constante et uniforme de régies invariables, mais le caractère de la démocratie est l'incertitude et la versatilité. Le philosophe seul, qui a profondement médité ses principes, leur demeure inviolablement fïdele. La masse des hommes qui ne systématise point ses reflexions est à la merci de 20 toutes les impulsions momentanées, et ces changemens perpétuels détruisent complettement toute idée de justice politique.
f° 286v°
confiance inconsidérée. Ce n'est pas tout ; la démocratie est un navire immense & ingouvernable, lancé sans lest sur l'océan des passions humainefs.] 1 La liberté revêtue de 25 formes illimitées, cour[t] | risque de se perdre au moment où l'on vient de l'obtenir. L'ambitieux ne trouve dans ce système aucune digue à ses désirs ; pour atteindre au faite de la puissance, il lui suffit d'éblouir la sottise et de tromper la crédulité. Soupçons sans cause. 30 Il résulte de cette inconstance un nouvel inconvénient. La multitude sentant 2 - 3 II est ... rend ] partiell. biffé et corr. en (Si les 1 ascendant de l'ignorance. ] supp. ignorans ont le bon sens de se laisser) Lors même que les ignorans voudraient appeller à leur secours les hommes éclairés, leur ignorance les rendrait 5 Des intrigans ] supp. 7 dominante ] biffé 12 qu'on emploie ] corr. en emploiés 15 Inconstance. ] supp. 2 3 confiance inconsidérée. ] supp. 30 Soupçons sans cause. ] supp. 3 1 - p . 1222.1 II résulte ... devient ] partiell. biffé et corr. en II résulte de l'inconstance de la multitude un nouvel inconvénient. Elle s'appercoit de sa foiblesse & devient 1
Ici, le bord de la page est émargé au ciseau.
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politique
à cet égard sa foiblesse devient ombrageuse et défiante en raison de son zele pour la liberté1. Un individu a t-il déployé des vertus remarquables ou rendu des services éminens à sa patrie ? Bientôt il est accusé d'ambitionner le pouvoir suprême. Une foule de motifs divers viennent appuyer | cette accusation, Le goût général de la nouveauté, l'envie d'un mérite supérieur, l'imbécillité du vulgaire, incapable de juger les hommes qui le surpassent, tous les peuples ressemblent à celui d'Athenes que fatigua le surnom de juste décerné par lui même à Aristide. Ainsi le mérite sera fréquemment la victime de la sottise et de l'envie. Tout ce qui est libéral, élevé, délicat, tout ce que peut concevoir l'esprit humain dans son plus haut degré de perfectionnement, sera foulé aux pieds par la turbulence des passions effrénées ou repoussé par le dédain de la grossiere ignorance. Si cet effrayant tableau devoit se réaliser Partout où sont établis les | principes démocratiques, la situation du genre humain seroit véritablement déplorable. Tout gouvernement doit ressembler plus ou moins à la monarchie, à l'aristocratie ou à la démocratie. Nous avons aprofondi la nature des deux premières, il nous paroitroit difficile d'imaginer des institutions plus fertiles en calamités et en injustices. Si donc nous étions forcés de rabaisser la démocratie jusqu'au niveau de ces monstrueux systèmes, privés également de raison, de sagesse et d'équité, toutes nos espérances de bonheur futur s'evanouiroient dans une nuit éternelle, heureusement nous ne sommes pas réduits à cette extrémité douloureuse.
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Recherches sur la justice
C o m p a r a i s o n des v i c e s d e la démocratie a v e c s e s avantages.
En supposant que nous soyons forcés de recevoir la démocratie avec tous les inconveniens qu'on a représenté comme ses effets inévitables, en supposant de plus que ces inconvéniens soient sans remede, la démocratie seroit encore préférable à tous les systèmes d'inégalité, de privilege et d'exclusion 2 . Prenons comme exemple Athenes avec toute sa turbulence et son instabilité, avec les usurpations populaires de Pisistrate et de Périclés, avec le monstrueux Ostracisme qui bannissoit périodiquement, sans même se couvrir d'un prétexte de justice, des citoyens auxquels aucun crime ne pouvoit être reproché, avec l'emprisonnement de Miltiade | l'exil d'Aristide, & le meurtre de Phocion. Malgré toutes ces erreurs et tous ces vices, il est incontestable qu'Athènes présente un spectacle plus grand, plus digne d'ad-
23 Comparaison ... avantages. ] supp. mocratie ] biffé 1 2
Ici, un renvoi à la Note 54, supprimé. Ici, un renvoi à la Note 55, supprimé.
2 4 En supposant ... recevoir ] biffé
26 la dé-
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miration que toutes les monarchies et les Aristocraties qui ont jamais opprimé la race humaine. Et qui donc voudrait rejetter l'amour généreux de l'indépendance & de la vertu, parce qu il est accompagné d'irrégularités accidentelles. Qui oserait condamner en masse les athéniens et prononcer une sentence grossièrement rigoureuse contre leur esprit pénétrant, leur discernement rapide, et leur exquise sensibilité parce que ces qualités quelque f 289r° fois étoient impétueuses et immodérées. | Comparerons nous un peuple illustre par tant d'exploits, distingué par une civilisation si parfaite, gai sans insensibilité, voluptueux sans intempérance, au milieu duquel se formèrent les poètes les plus sublimes, les Artistes les plus habiles, les orateurs les plus accomplis, les politiques les plus profonds, les philosophes les plus austèresf.] Comparerons nous ce peuple favorisé des Arts & de la nature, ce séjour du patriotisme de l'indépendance, de toutes les vertus brillantes & généreuses, aux royaumes sombres & mornes de la Monarchie et de l'aristocratie. L'apparence du repos n'est pas toujours une preuve de bonheur, f 289v° L'agitation, | l'inquiétude, les secousses valent mieux que le calme malfaisant qui dégrade tout heroïsme et qui corrompt toute liberté. Nous nous égarons sans cesse dans nos jugemens sur la démocratie parce que nous prenons les hommes tels que nous les voïons sous la monarchie et sous l'Aristocratie, & que nous partons de cet état d'avilissement pour les
13-14 séjour ... royaumes ] partiell. biffé et corr. en modele du patriotisme de l'indépendance, de toutes les vertus brillantes & généreuses, avec les esclaves 17 liberté. ] après ce mot, une note du traducteur est ajoutée note du traducteur. Les inconvéniens de la Démocracie trouvent leur remède dans le caractère du peuple, au lieu que les inconvéniens de l'Aristocratie se fortifient du caractère Aristocratique. Ce qu'on reproche à la démocracie n'a été souvent que l'effet de la portion d'aristocracie qui s'y étoit mêlée, souvent, lors qu'on se plaint d'une constitution, et qu'on accuse l'excès de Démocracie qu'elle contient, on est en sens inverse du vrai, et c'est à son Aristocracie qu'il faudrait s'en prendre. Gillies, dans l'histoire de l'anciene Grèce a prouvé que l'ambition des riches, qui vouloient éloigner du gouvernement les Citoyens pauvres, et les traiter come leurs sujets, a été la véritable cause de la perte de la liberté grecque, l'histoire Romaine prouverait aussi que l'ambition du sénat a seule causé les malheurs du peuple et la chute de la République, v. Condorcet de l'Instruction publique IVMémoire, p. 56 et suiv. la défiance et la fureur populaires ne sont dangereuses la plupart du tems que parce que la force du gouvernement vient la seconder, le peuple est facile à ramener, lorsqu'une autre puissance que la sienne ne transforme pas ses premiers soupçons en arrêtés et en loix. ce qu'on reproche à la liberté est le plus souvent [f° 290r°] l'effet d'une restriction mise à la liberté. {gen[...J moins) pourquoi la défiance et les persécutions populaires furent-elles si terribles sous le régime de la terreur ? c'est qu'une assemblée, qui, certes, n'étoit pas le peuple, tenoit régistre de ses fureurs les plus passagères pour en former un code de sang, encore voit-on sans cesse des sociétés populaires exprimer des sentimens de pitié que repoussoit le gouvernement d'alors : et Robespierre se plaignoit souvent de la difficulté qu'on rencontrait à colérer les sans-culottes.
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politique
déclarer incapables de se gouverner eux mêmes. Le vice le plus funeste de la Monarchie et de l'Aristocratie, c'est leur tendance à détruire les vertus, et à fasciner l'intelligence de leurs sujets. Les obstacles qu'il importe le plus d'écarter sont ceux qui entravent | l'esprit humain dans son essor naturel. La foi implicite, la soumission aveugle à des décisions étrangères, la crainte pusillanime, la méfiance de nos propres facultés, l'oubli de notre propre importance et du bien que nous sommes en état de faire, telles sont les causes qui retardent notre perfectionnement moral. La démocratie rend à l'homme le sentiment de sa propre valeur, elle lui enseigne à s'affranchir d'une déference timide, à resister à l'oppression & à ne s'attacher qu'à la vérité. Il ne voit plus dans les autres hommes que des êtres pareils à lui, non des ennemis contre lesquels il doive être en garde, mais des frères qu'il doit secourir. Le citoyen d'un état démocratique, lorsqu'il contemple l'injustice et la tirannie qui régnent dans les pays dont il est environné se sent pénétré de plus en plus des avantages dont-il jouit, et de plus en plus déterminé à les défendre au prix de sa vie ; L'influence de la démocratie sur les sentimens de ses membres est d'une nature négative, c'est à dire, elle les délivre des préjugés, des erreurs, de la contrainte que leur imposent, les autres institutions, et c'est par la même que son utilité est inapréciable. Rien n'est plus absurde que de vouloir appliquer les défauts des hommes, tels que nous les voyons aujourd'hui | aux hommes tels qu'ils pourront devenir un jour. Si nous raisonnions d'une manière juste & conséquente, nous ne nous étonnerions point des grandes actions des atheniens, mais des imperfections & des vices qui se mêlèrent à leurs vertus.
tendance de la vérité La route du perfectionnement de l'espèce humaine est singulièrement simple. Il suffit de rester fidèle à la vérité dans ses actions et dans ses discours. Un attachement plus inviolable à la vérité aurait préservé les atheniens de toutes les erreurs qu'on leur reproche. Dire la vérité dans toutes les f° 291 v° occasions sans réserve administrer la justice sans partialité sont | les principes qui rigoureusement suivis ont les conséquences les plus étendues. Ils éclairent l'esprit, donnent de l'energie au jugement en dépouillant les préjugés de leur apparence trompeuse et plausible. Les atheniens se laissoient éblouir par la splendeur et la magnificence, si l'on peut découvrir le défaut de leur constitution politique qui les conduisit à ce défaut dans leurs ap-
24 vertus ] après & nous trouverions dans un mélange d'institutions & de souvenirs aristocratiques la cause de ces vices & de ces imperfections, ajouté 25 tendance de la vérité ] supp. 26 du perfectionnement ] biffé et corr. en de l'amélioration 34-35 le défaut ... conduisit ] partiell, biffé et corr. en qu'un défaut dans leur constitution politique les conduisit
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préciations morales, si l'on peut inventer une forme de société qui exerce les hommes à une simplicité constante dans leurs jugemens, dans leurs actions, dans toutes leurs habitudes la démocratie dans cette société sera préservée 1 de la turbulence de l'instabilité des convulsions qui l'ont trop souvent caractérisée. Rien n'est plus démontré que la toute puissance de la vérité, c'est à dire la liaison intime entre le jugement et l'action. Si les sciences sont susceptibles d'un perfectionnement perpétuel, les hommes sont aussi susceptibles d'avancer perpétuellement dans la pratique de la sagesse et de la justice. Admettez une fois la perfectibilité de l'espèce humaine, il s'en suivra qu'elle marche vers un état dans lequel la vérité sera trop bien connue pour qu'on puisse s'y méprendre et la justice trop habituellement pratiquée pour qu'on puisse la violer. | En y réfléchissant mûrement nous n'appercevrons nul motif de croire que cette heureuse époque soit aussi éloignée qu'on pourrait l'imaginer. La durée des erreurs a sa principale source dans les institutions sociales. Si nous abandonnions les individus aux progrès naturels de leur intelligence, sans leur prescrire des régies publiques & uniformes, l'espèce humaine dans un période assez court se convertiroit à la vérité. La lutte de la vérité contre l'imposture est en elle même trop inégale pour que la première ait besoin de l'appui d'aucun allié. Plus la vérité sera connue, surtout celle qui se rapporte à l'homme en société, plus elle paroitra simple & évidente, et l'on ne | pourra bientôt expliquer par quel désastreux prodige, elle a si long-tems été cachée qu'en remontant à l'influence pernicieuse des institutions positives qui comprimèrent le genre humain. Une autre considération sert à expliquer les inconvéniens des démocraties anciennes, et quoiqu elle soit moins importante que le dernier raisonnement qui vient d'être rapporté, elle mérite de fixer notre attention. Le système représentatif n'étoit pas connu de l'antiquité 2 . On peut supposer raisonnablement que des questions importantes qui produiroient beaucoup de troubles et de confusion, si elles étoient soumises à la discussion personnelle de tous les citoyens pourront se traiter avec ordre & régularité dans des assemblées" réprésentatives | & peu nombreuses. Cet heu" Nous avons présenté le plus de cette institution livre 3, chap. 4. On verra dans le 23 e chap.® du présent livre les inconvéniens qui en diminuent le mérite. 17 un ... court ] corr. de une période assez courte 20 surtout celle ] corr. en celle (1) surtout (2) 2 5 - 2 6 quoiqu elle ... e l l e ] biffé 2 7 - 2 8 On ... raisonnablement q u e ] biffé 3 0 pourront ] biffé et corr. en peuvent 31 & ] biffé 3 2 - 3 3 Nous avons ... mérite. ] supp. 1
2
Au début du P 292r°, le copiste écrit les deux premières lignes du folio précédent : les principes qui rigoureusement suivis ont les conséquences les plus étendues, et il les biffe par la suite. Ici, un renvoi à cette note : Voir dans les notes la note 25. Cela confirme l'existence d'un carnet de notes, aujourd'hui perdu.
s
10
15
20
25
30
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Recherches sur la justice
politique
reux expédient réunit quelques uns des prétendus avantages des institutions aristocratiques aux avantages réels de la démocratie. La discussion des affaires publiques est confiée à des hommes d'une éducation & d'une sagesse supérieure. Nous pouvons les considérer non seulement comme les organes des opinions de leurs constituans, mais comme autorisés par eux à les remplacer dans certaines circonstances. C'est ainsi qu'un père ignorant remet son autorité sur son fils à un précepteur qui le surpasse en talens & en lumières. Cette mesure peut donc mériter l'assentiment du philosophe pourvu qu'on ne la sorte jamais de ses bornes légitimes. Le citoyen qui a fait P294r° choix d'un | mandataire, ne doit jamais négliger l'exercice de son propre jugement dans tous ses intérêts politiques ; il doit être investi du droit de censure sur son représentant et pouvoir si leurs opinions respectives ne s'accordent pas après une explication complette, transférer à un autre la faculté d'agir en son nom 1 . Le 2 système représentatif répond à toutes les objections alléguées contre la démocratie. Il serait à désirer sans doute que la masse du genre humain fut capable de discuter personellement toutes les questions qui l'interessent ; et le philosophe ami de l'humanité, ne renoncera jamais à l'espérance de voir ce système de gouvernement, le plus simple de tous, s'établir sans inconvéniens et sans désordre, aussitôt que les erreurs et les vices des institutions politiques cesseront d'y mettre obstacfle.] 3 Mais il est possible néanmoins que le mode le plus raisonnable de décider les affaires générales F 294v° des associations nombreuses soit | la représentation et non l'intervention des assemblées populaires. Si cette assertion est vraie, tous les désavantages qui jusqu'à présent ont paru inhérents à la démocratie, ne doivent être regardés que comme le résultat nécessaire d'une première erreur ; c'est parce qu'on a méconu la nécessité de la représentation que l'on est tombé dans une foule de méprises, et qu'on a essuyé une suite de calamités. Il est dans la nature qu'un seul faux pas en entraine une multitude d'autres. Mais avec l'explication que nous venons d'en donner, ces erreurs et ces méprises ne tourneront point au profit de l'établissement oppressif de la monarchie et de l'aristocratie, & l'homme éclairé par l'expérience ne conclura point de ce qu'il a pu se
23-24 et non ... populaires. ] biffé biffé 1 2
3
24 populaires ] corr. d'un mot ill. biffé
25 Si... vraie ]
Ici, un renvoi à la (note (27) 56), supprimé. Le paragraphe : Le système ... assemblées, est entièrement souligné mais, à côté, on lit : tout ceci a été souligné par erreur. Lettres illisibles à cause du bord émargé au ciseau.
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1227
tromper qu'il doit à jamais demeurer esclave. Le jugement que nous portons sur la démocratie est d'une trop grande importance et aura sur nos résultats futurs une influence trop étendue pour que nous nous contentions du tableau général que nous avons tracé de cette forme de gouvernement. Il faut examiner avec scrupule tout ce qui peut rendre notre appréciation plus exacte & 5 ne laisser aucune objection sans réfutation satisfaisante1.
1
Après la fin du texte, on lit : fin du chapitre
XIV.
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Recherches sur la justice politique
Chapitre XV 1 . De L'imposture politique.
p 295r°
[Importance] de ce sujet - Exemple pris dans la doctrine des peines éternelles. - son inutilité démontrée par l'histoire, - par la nature de l'esprit humain - second exemple : la sanction religieuse d'un système législatif - cette idée est 1 s t r i c t e m e n t parlant inéxécutable. 2° injurieuse. - troisième exemple : principe d'ordre politique. - Le vice n'a point essentiellement d'avantages sur la vertu. La cause de la justice n'a pas besoin du secours de l'imposture - ne s'adapte point à la nature de l'homme. importance de ce sujet, f 295v° Tous les argumens dont on s'est servi | pour attaquer la démocratie partent du même principe, de la nécessité supposée d'employer les illusions et les préjugés pour contenir l'impétuosité des passions humaines 2 . Sans l'admission de ce principe, tous ces raisonnemens tomberaient. Il suffirait pour les 15 réfuter de demander si les Rois & les nobles sont intrinsèquement plus sages ou plus vertueux que leurs sujets, s'il peut exister un autre motif de distinction raisonnable que celui qui est fondé sur le mérite, si tous les Etablissement du texte : 5/15-4/15, L f 5 295r°-308r°, P2 f 55r°-60r°, G pp. 499-510. 3 [Importance] ] le copiste écrit Imposture 1
2
3-11 [Importance] ... sujet. ] supp.
Cahier formé de quatorze feuillets cousus (f 295-308) contenant la traduction du chap. XV «Of Political Imposture». Dans l'angle gauche et en haut du f 295r°, on lit : Livre 5 Chapitre 15e. Le f 308v° est blanc. Paginations : pagination limitée au cahier, en chiffres arabes, de 1 à 24. Les P 307 et 308 ne sont pas numérotés : P 295r° : 1 - P 295v° : 2 - f° 296r° : 3 - f° 296v° : 4 - f° 291 f : 5 f 297v° : 6 - P 298P : 7 - P 298v° : 8 - P 299P : 9 - P 299v° : 10 - P 300r° : 11 P 300v° : 12 - P 301r° : 13 - P 301v° : 14 - P 302r° : 15 - P 302v° : 16 - P 303P : 17 P 303v° : 18- P 304r° : 19- P 304v° : 20 - P 305P : 21 - P 305v° : 22 - P 306P : 23 P 306v° : 24 - P 307P : aucune pagination - P 307v° : aucune pagination - P 308^ : aucune pagination - P 308v° : aucune pagination. Ecritures : du copiste B jusqu'au P 303r° et du copiste C depuis le P 303v° ; corrections autographes. Titres et sous-titres : dans les feuillets écrits par le copiste B, les titres sont traduits et, à l'exception du titre du chapitre, biffés par la suite. Dans les feuillets écrits par le copiste C, tous les titres infratextuels manquent. Ici, un renvoi à la (Note 28), supprimé.
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hommes ne doivent pas être réellement et strictement considérés comme égaux, avec la seule différence qu'établissent entr'eux leurs qualités ou f 296r° leurs défauts personnels. | A ces questions une seule réponse est possible. Tel seroit sans doute l'ordre de la raison et de la vérité absolue, mais les distinctions artificielles sont nécessaires au bonheur du genre humain. Sans le secours des préjugés et des illusions, l'impétuosité des passions humaines seroit indomptable. Examinons cette théorie en l'appliquant à quelques exemples. Doctrine des châtimens étemels.
Des théologiens et des politiques, tout en regardant la doctrine des peines éternelles de l'autre monde comme déraisonnable & comme absurde, ont prétendu qu'elle étoit nécessaire pour en imposer aux hommes. Ne f 296v° voyons nous pas, disent-ils, que malgré | cette perspective effrayante le vice régne parmi nous. Que seroit-ce si les passions fougueuses des hommes, dégagées de ce frein salutaire, n'etoient plus balancées par la crainte d'un Dieu vengeur ? Ce raisonnement annonce une grande ignorance de l'histoire, un grand dédain pour l'expérience un grand mépris pour la raison. Les Grecs & les Romains, n'avoient dans leurs dogmes rien qui ressemblât à cette fable grossiere et barbare de tortures éternelles. Leur religion étoit moins personnelle que politique. Ils considéraient les Dieux comme les protecteurs de l'Etat, et cette confiance leur inspirait un courage invincible, f 297r° Dans des tems de calamités publiques, ils appaisoient les Dieux | & se rassuraient eux mêmes par des sacrifices expiatoires. Ils supposoient que ces Etres surnaturels fixoient leur attention plutôt sur les cérémonies religieuses que sur les vices ou les vertus de leurs sectateurs. La morale de ces derniers étoit dirigée par des considérations purement humaines, la tendance de la vertu au bonheur, et les calculs de l'interet éclairé. La doctrine d'une existence future fesoit partie des anciennes religions, mais aucune liaison n'existoit entre la conduite des individus dans ce monde & leur situation future dans l'autre. La même observation s'applique aux systèmes religieux f 297v° des Perses, des Egiptiens, des Celtes, des Phéniciens, des Juifs | & en général de tous les peuples dont le culte n'est pas de quelque maniéré une modification du christianisme. D'après le raisonnement que nous avons rapporté, nous devrions nous attendre à voir chez ces peuples, les individus s'entredéchirer ; & tous les genres de forfaits commis habituellement sans remords et sans crainte. Nous les trouverons au contraire aussi soumis au gouvernement, aussi scrupuleux observateurs des Loix de la nature et de la société, & souvent plus généreux, plus intrépides, plus désintéressés dans 6 humaines ] biffé 9 Doctrine ... éternels. ] supp. 20 personnelle ] biffé et corr. en individuelle
11 de l'autre monde ] biffé
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Recherches sur la justice politique
leur amour pour le bien public, que les nations qu'on a mis tant d'adresse et tant d'art à epouvanter par des supplices futurs. Sur la natures de l'esprit humain.
P 298P
Rien n'est plus opposé aux connoissances que nous avons acquises sur la nature de l'esprit humain que l'importance excessive qu'on attribue à certaines opinions spéculatives : les hommes sont placés dans ce monde au milieu d'un système dont toutes les parties sont étroitement liées et dont l'ensemble produit sur l'esprit des impressions qui s'enchainent, se fortifient & s'eclaircissent mutuellement. Le respect que j'obtiendrai, le bonheur dont je jouirai, durant le reste de ma vie sont des idées que je conçois d'une maniéré claire & précise. Je connois le prix de l'abondance, de la liberté, f 298v° de la vérité | tant pour moi que pour mes semblables. J'apperçois que ces biens et une certaine régie de conduite ont une relation réciproque dans le système visible de ce monde, et je n'ai nul besoin de recourir pour le croire à l'entremise surnaturelle d'un invisible directeur. Mais tout ce qu'on pourra me dire d'une vie à venir, d'un monde d'esprits purs et de corps incorruptibles, d'occupations imatérielles de contemplations mystiques, de démons qui tourmentent, et d'ames qui souffrent, toutes ces choses, sont tellement étrangères à tout ce que je connois que mon esprit s'épuise en vains efforts pour les croire ou pour les comprendre. Si elles font impression sur P 299r° quelques individus, ce n'est pas sur les | hommes violens, indociles & ingouvernables, mais sur les consciences timides & scrupuleuses qu'elles déterminent à supporter l'oppression & à se soumettre à la tyrannie, en les berçant de l'espoir d'éternelles récompenses. Ces objections s'appliquent à toutes les especes d'impostures. Les fables peuvent amuser l'imagination, mais elles ne remplacent jamais ni la raison ni le jugement seuls principes de conduite adaptés à notre nature et à notre destinée. Second Exemple, sanction religieuse d'un système législatif.
Prenons encore un second Exemple. Rousseau 1 " dans son traité du conP 307r° " Comme2 nous avons fréquemment cité Rousseau, dans les cours de cet ouvrage il doit nous être permis de dire quelque mots sur le mérité de cet auteur, comme écrivain moral et politique on lui a reproché perpétuellement l'extravagance de la proposition qui a 3 Sur ... humain. ] supp. 11-12 de l'abondance ... vérité ] partiell. biffé et corr. en de la liberté, de la vérité [P 298v°] du respect & de l'aisance 14 pour le croire ] biffé et corr. en pour m'en convaincre 24 Ces objections s'appliquent ] corr. en Cette objection s'applique 28 Second ... législatif. ] supp. 30-p. 1231.20-26 Comme ... erreur. ] supp. 1
2
Ici, un renvoi à cette indication de la main du copiste : La notte à la fin du chapitre après laquelle, BC ajoute : doit être mise ici au bas de la page. Au-dessus du début de la note, on lit : notte suivi de : de la page 9 autographe (le chiffre se rapporte à la pagination interne de ce chapitre, correspondant au P 299r°). Vu que la première partie de cette note - correspondant grosso modo au recto du P 307 - est supprimée, BC écrit au bas de la page : v. la note à la p. plus loin.
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trat social affirme qu'aucun législateur n'a pu établir un grand système d e 299v° politique sans le secours d'une imposture religieuse. | «Pour qu'un peuple naissant pût goûter l e s saines m a x i m e s de la politique et suivre les règles fondamentales de la raison de l'état, il faudrait que l ' e f f e t put devenir la cause, que l'esprit social qui doit être l'ouvrage de l'institution présidât à l'institution même, et que les h o m m e s fussent avant les loix c e qu'ils doivent devenir par elles. A i n s i donc le législateur ne pouvant employer ni la force, ni le raisonnement, c'est une nécessité qu'il recoure à une autorité d'un autre ordre qui puisse entrainer sans v i o l e n c e et persuader sans convaincre.» Contrat social livre 2. Chapitre 7. e 3001" C e s idées sont les rêves d'une imagination exaltée, fertile en systèmes chimériques. U n esprit sensé ne croira j a m a i s que des avantages réels puissent résulter d'un principe faux, forcer les h o m m e s par la terreur à l'adoption d'une doctrine dont o n ne peut leur démontrer toute la justesse est assurément le m o y e n le m o i n s direct de les rendre plus raisonnables, m o i n s timides et plus heureux. Cette idée est strictement parlant impraticable. Dans le fait, jamais un grand système politique ne fut introduit par les m o y e n s dont parle Rousseau. Licurgue obtint c o m m e il l'observe la sanc-
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signalé son entrée dans la carriere littéraire, ce fut une méprisé, & nous osons dire assez legére qui l'empecha d'adopter l'opinion opposée que nous avons eu pour but dans notre entreprise, de développer et d'établir. Rousseau, dans sa seconde lettre à Malesherbes, peint la sorte d'enthousiasme qui le saisit tout a coup, et le force pour ainsi dire d'ecrire sur la morale et la politique : il est remarquable qu'il | n'y fasse pas même mention de son erreur fondamentale : il parle seulement des principes incontestables dont l'application inexacte le conduisit a cette erreur. Rousseau fut le premier, qui enseigna, que les imperfections du gouvernement étoient l'unique source permanente des vices de l'humanité : cette vérité fut adoptée d'après lui par Helvetius et la plupart des Philosophes de cette epoque : Mais Rousseau entrevit une vérité de plus qui échappa a tous les autres ; c'est qu'il n'est pas dans la nature du gouvernement, quelque reforme qu'il subisse, de procurer à l'espece humaine des avantages reels & durables. Ce principe a été exprimé depuis avec une grande energie, une grande clarté, mais sans développement, par M.r Payne, dans la premiere page de son Sens commun & il ne parait pas que M.' Payne ait emprunté de Rousseau cette découverte. Rousseau malgré son grand genie etoit rempli de foiblesse & de préjugés, son Emile peut etre considéré comme contenant la plus grande masse de vérités philosophiques qui existe encore dans le monde, mais on y trouve un melange perpetuel d'absurdités & d'erreurs ; dans ses ouvrages politiques proprement dits, tels que le contrat social et les considérations sur la pologne, son genie supérieur semble l'abandonner, le terme d'eloquence semble avoir été crée pour lui plus que pour aucun autre écrivain, et c'est plutôt a ce titre que comme raisonneur profond qu'il a droit a nos eloges. 4 il faudrait ] après ces mots dit Rousseau ajouté 14 toute ] biffé 17 Cette ... impraticable. ] supp. 33 & ] biffé et corr. en : 34-40 Rousseau ... eloges. ] supp. Après le mot découverte BC ajoute note de l'auteur Anglais.
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Recherches sur la justice politique
tion de l'oracle de Delphe pour la constitution qu'il avoit établie, mais ce ne P 300v° fut point | par un appel à Apollon qu'il détermina les Lacédémoniens à proscrire l'usage de l'argent, à consentir à un partage égal des terres, à se soumettre à une infinité d'autres Loix qui heurtoient directement leurs préjugés antérieurs. Il en appela pour les convaincre à leur jugement et ne 5 parvint à son but qu'après une longue discussion, une résistance obstinée, et grâce à son courage inflexible, cette victoire remportée, il crut devoir entourer de tous les genres de sanction un système dont-il attendoit le bonheur de sa patrie. En conséquence il le fit ratifier par un oracle révéré. Ne croyons pas qu'une société d'hommes se laisse tout à coup déterminer à l'adoption 10 P 30lr° d'un | code de Loix sans la conviction de ses avantages. Il faut même à la superstition des circonstances plus favorables et des moyens plus actifs que la déclaration ridicule que tel est l'ordre des Dieux, et quelques crédules que soient les hommes, de tous les expédiens pour changer les institutions d'un peuple le plus sur est encor d'en devoiler les vices et les erreurs1. 15 elle est injuste.
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Cette méthode reunit à l'avantage d'être la plus efficace, celui d'être en même tems la plus salutaire. Le Législateur qui veut éclairer et rendre heureux ses compatriotes commencera toujours par leur apprendre à bien raisonner. | Loin d'énerver leur esprit par l'influence des préjugés, il puisera 20 dans la vérité des moyens de leur donner une nouvelle énergie. Pour tromper avec succès que d'artifices sont nécessaires, et que de maux chacun de ces artifices entraînera sur les infortunés qu'on abuse ! Il faut non seulement endormir la raison pour la circonstance présente, mais en briser le ressort pour les circonstances à venir. Si les hommes ne trouvent aujourd'hui leur 25 salut que dans l'erreur, que deviendront-ils si quelque découverte accidentelle leur dévoile la vérité ? Les découvertes ne sont pas toujours le fruit d'un perfectionnement successif | souvent elles sont produites par un élan solitaire de nos propres facultés, ou une lumiere irrésistible répandue sur un seul point, tandis qu'à tous les autres égards, les ténébres restent les mêmes. 30 Pour soutenir le mensonge que nous aurons fait adopter, il nous faudra des loix pénales des inquisiteurs d'Etat, des censeurs de la presse, et tous les instrumens mercenaires des préjugés et de l'imposture. Moyens admirables de propager la sagesse et la vertu2 !
16 elle est injuste. ] supp. 1 2
Ici, un renvoi à la (Note (29) 57), supprimé. Ici, un renvoi à la (Note 58), supprimé.
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3 e Exemple, principe d'ordre politique
Il existe encore une objection que quelques écrivains politiques ont considérée comme importante : elle est de la même nature que celle développée f° 302v° par J. Jacques. | L'obeissance disent-ils doit être arrachée par la force, ou obtenue par la persuasion. Il faut ou tirer un parti habile des préjugés et de l'ignorance de l'espèce humaine ou nous résigner à n'avoir de moyens d'autorité que la crainte, et d'appui de l'ordre social que les chatimens. Pour échapper à cette nécessité déplorable, il est indispensable de revêtir le pouvoir d'une sorte d'illusion magique. Les citoyens doivent servir leur pays, non pas avec cette froide soumission qui pèse scrupuleusement ses devoirs, mais avec l'enthousiasme qui place l'honneur dans la loyauté. En conséP 303r° quence ceux qui sont à la tête du gouvernement doivent être | comme entourés de respect. On doit les considérer comme revêtus par leur office d'une inviolabilité indépendante de leur caractère individuel. Ils doivent être environnés d'une représentation imposante, il faut profiter de l'imperfection même des hommes, frapper leurs sens pour diriger leur jugement, & ne pas s'en remettre pour le bonheur général aux progrès incertains d'une raison imparfaite". Le vice n'a point d'avantages sur la vertu.
C'est toujours le même argument sous une forme différente : il part toujours du principe que la raison est insuffisante pour nous enseigner nos devoirs, il f 303v° nous recommande une methode équivoque qu'on peut | employer avec une facilité égale en faveur de la justice ou de l'injustice, et qui participe singulièrement de la nature de cette derniere, car c'est assurément l'injustice qui a besoin de la superstition et du mystère et qui peut le plus fréquemment gagner par l'imposture, cette hypothese est fondée sur un raisonnement que les jeunes gens reprochent quelquefois à leurs parens & a leurs instituteurs, il faut dit-on maintenir les hommes dans l'ignorance, s'ils connoissent le vice ils l'aimeront, s'ils appercoivent les charmes de l'erreur ils abandonf 304r° neront la vérité, cette supposition | absurde et insoutenable a néanmoins été la source d'un système populaire presque généralement admis, c'est d'après cette idée que des politiques ont pretendu qu'un peuple une fois tombé dans la décrépitude (car ce sont les expressions consacrées) est incapable de reprendre sa vigueur ou sa pureté. " Ce raisonnement est le lien commun et perpétuel qui sert de texte aux réflexions sur la révolution de france par M.r Burke, aux différentes productions successives de M.' Necker et d'une infinité d'autres écrits relatifs au gouvernement. 1 3 e ... politique ] supp. 19 Le vice ... vertu. ] supp. 26-34 cette hypothese ... sa pureté. ] supp. 35-37 Ce raisonnement ... gouvernement. ] supp.
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Recherches sur la justice politique
Mais quelles sont vos preuves qu'il n y a point d'alternative entre la fraude et la terreur ? nos devoirs n'ont ils donc en eux mêmes rien qui nous invite a les remplir ? si ce n'est pas nôtre interet d'etre temperans et vertueux, de qui sera ce donc l'interet ? les institutions politiques ont été trop f° 304v° souvent, comme nous l'avons prouvé dans le cours de cet ouvrage, & comme nous le prouverons encore, la source de toutes les tentations qui nous entraînent vers l'erreur et vers le vice, au lieu d'inventer de nouvelles illusions, de nouveaux prestiges, les législateurs feroient mieux de détruire les impostures qui nous corrompent et créent à la fois des besoins factices & des malheurs véritables, c'est sous leur système, et non sous celui de la vérité simple et sans fard qu'il est nécessaire de planter une potence a l'extremité de chaque avenue01. Pourquoi vouloir me tromper ? ce que vous me demandez est conforme f 305r° ou contraire à mes interets & a ma prudence. Les motifs que vous me présentez sont suffisans ou insuffïsans. s'ils sont suffisans, pourquoi ne vous en servez vous pas pour déterminer ma raison ? Est ce comme moyen d'amélioration que vous essayez de me gouverner par des faussetés & des artifices, toujours détestables, sous quelque pretexte qu'on les employe ? n'en vaudrai je pas mieux, si mon jugement s'eleve et se fortifie tous les jours par la connoissance de la vérité ? si, au contraire, les motifs de votre demande sont insuffïsans, pourquoi vous obéirais je ? Certes, il y a lieu de f 305v° soupçonner que la loi qui a besoin d'un | autre support que sa justice, conduit a l'avantage du petit nombre au prejudice de tous, et que l'inventeur de toute imposture songe plus à maintenir sa dignité personnelle qu'a convertir les hommes à ce qui ferait leur bonheur. Ce que vous me proposez n'est sage, que si la raison l'approuve, pourquoi vouloir donc revêtir votre demande d'une importance, soit exagerée, soit différente de celle que la vérité lui donne ? pourquoi vouloir diviser les hommes en deux classes, dont l'une doit penser et l'autre obéir en aveugle ? cette distinction n'est f° 306r° point conforme à la nature des choses, il n'existe point entre les | hommes une telle différence, les raisons qui doivent nous convaincre que la vertu vaut mieux que le vice ne sont ni compliquées ni abstraites, et moins on les défiguré par l'entremise déplacée de l'institution politique, plus nôtre esprit est frappé de leur justesse, et nôtre raison de leur clarté. " Expressions de M. Burke. 2 terreur ? ] après ce mot Le vice a-t-il donc tant de charmes qu'il suffise de le connoitre pour l'aimer ? ajouté 19 tous les jours ] biffé 33 de l'institution politique ] corr. en d'institutions factices 1
II s'agit de : E. Burke, Reflections on the Revolution in France, voir G, p. 508.
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Cette distinction, d'ailleurs, est aussi outrageante qu'elle est mal fondée, des deux classes de sa création, l'une est au dessus de la nature humaine, l'autre au dessous ; il est absurde d'esperer que la premiere à laquelle elle accorde un privilege si monstrueux, s'occupera sans relâche de l'interet f 306v° public. | il est injuste d'exiger de la seconde qu'elle se contente d'une s apparence trompeuse, sans jamais aspirer a connoitre la realité, il est injuste de vouloir la retenir dans une enfance perpetuelle. Le tems des appréciations viendra, l'on verra se dissiper les impostures de la monarchie & de l'aristocratie ; et cette métamorphosé s'opérera sans malheurs, si nous commençons dès a présent a dévoiler la vérité sans reserve, certains qu'a mesure 10 que l'intelligence humaine concevra clairement la théorie de l'ordre social, elle acquera la fermeté nécessaire pour en désirer l'execution & pour en supporter la pratique1.
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Ici, un renvoi à la Note 30, supprimé.
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Chapitre XVI 1 Des causes de la Guerre
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Recherches sur la justice
Indépendamment des objections alleguées contre la démocratie, relativement à la conduite intérieure des affaires, il y en a d'autres, aux quelles on attache beaucoup d'importance, elles s'appliquent aux transactions d'un état avec les étrangers, c'est a dire, à la paix, a la guerre, aux alliances, & aux traités de commerce. Il est certain, que, sous chacun de ces rapports il existe une différence extrême entre la démocratie et toutes les autres institutions, il serait peut être impossible de citer, dans l'histoire de l'espèce humaine, un seul exemple de guerre qui n'ait pas eu, directement ou indirectement, pour cause, ces deux grands monopoles politiques, l'aristocratie ou la monarchie, cette considération nous auroit fourni un article additionnel, & de quelque poids dans le catalogue des calamités dont ces systèmes sont l'origine, mais nous avons regardé comme superflu de nous arrêter plus longtems sur un sujet, dont l'évidence est deja suffisament victorieuse. D'où pourroient venir les contestations entre des Etats ou aucun homme & aucune classe d'hommes n'auroit l'esperance de se procurer des privilèges aux dépens de la multitude ? un peuple chez lequel régnerait l'égalité n'auroit plus de besoins, dès qu'il posséderait des moyens suffisans de subsistance, que lui servirait l'accumulation des richesses, ou l'agrandissement de son territoire2 ? ces nouvelles acquisitions perdraient leur valeur, dès l'instant qu'elles deviendraient une propriété commune, un homme ne peut cultiver qu'une certaine étendue de terrein : l'argent n'est point une richesse réelle, mais un signe représentatif. | si chaque individu possédoit une double somme d'argent, toutes les denrées doubleraient de prix, la situation relative de chacun seroit la même, la guerre ni les conquêtes ne Etablissement du texte : 5/16-^/16, L f 309i/>-320r°, P2 f° 60v°-64r", G pp. 511-520. 17 pourroient ] après ce mot en effet ajouté 1
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Cahier formé de douze feuillets cousus (f° 309-320) contenant la traduction des chap. XVI «Of the Causes of War» ( f 309r"-316i") et chap. XVII «Of the Object of War» ( f 316v°320v°). Dans l'angle gauche et en haut du f 309r°, on lit : Livre 5. Ch. 16 & 77 ajoutés par BC. Paginations : aucune. Ecritures : du copiste C ; corrections autographes. Titres et sous-titres : seul le titre du chapitre est traduit. Ici, un renvoi à la Note 59, supprimé.
Livre V, Chapitre XVI
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peuvent jamais être profitables pour un peuple ; elles tendent à elever quelques hommes aux depends du reste, et ne sont par conséquent entreprises que dans les contrées ou la masse générale est l'instrument aveugle du petit nombre, rien de pareil ne peut arriver dans un gouvernement démocratique, a moins qu'il ne lui reste de la démocratie que le nom. s'il est des moyens 5 de maintenir cette institution dans toute sa pureté, ou si la nature de la sagesse et les progrès de l'intelligence humaine tendent a faire prévaloir graduellement la vérité sur l'erreur, le principe de la guerre offensive sera f 3i0v° tôt ou tard complètement extirpé, mais ce | principe est inhérent à l'essence de la monarchie et de l'aristocratie. 10 En même tems, bien que la guerre offensive soit incompatible avec l'esprit de la démocratie, un Etat démocratique peut être voisin des pays gouvernés différemment, et ce ne sera pas une recherche inutile que l'examen des désavantages auxquels l'exposerait son institution dans la lutte. Cette lutte ne peut avoir pour objet que de repousser une invasion gratuite et non 15 provoquée ; & ces invasions seront probablement peu fréquentes, dans quel but, un Etat corrompu viendroit il attaquer un pays trop différent de lui, pour lui faire ombrage, et qui lui présenteroit dans sa constitution même un garant de sa neutralité et de ses dispositions pacifiques ? Il faut ajouter, et je ne tarderai pas à le démontrer, que plus ce pays est incapable de toute 20 f 31 lr° aggression | injuste, plus il a les moyens & la volonté de repousser vigoureusement tout aggresseur. Un des plus importans principes de la justice politique, est diamétralement opposé a celui que les imposteurs & les patriotes se sont trop souvent réunis pour proclamer, aimez votre pays, s'ecrient ils sans cesse : confondez 25 l'existence personelle des individus dans l'existence de la société, ne vous occupez point des interets particuliers, mais ayez en vue la gloire, la richesse, la prospérité générale, purifiez votre esprit des idées grossieres qui naissent des sensations, et sachez Velever à la contemplation sublime de l'etre abstrait, dont chacun de nous n'est qu'un membre, qui ne mérite la 30 considération que pour la place qu'il remplit1. Les conseils de la raison sont a ce sujet precisement le contraire, la f 3 i i v ° société | nous dit elle est une existence purement idéale, et ne mérite en elle même aucune considération, la richesse, la gloire, la prospérité générale
14 l'exposeroit son institution ] corr. en son institution (1) l'exposeroit (2) 24 les imposteurs & les patriotes ] corr. en les imposteurs dans un but & les patriotes dans un autre 32 Les conseils ... contraire ] partiell. biffé et corr. en La raison parle à ce sujet un langage precisement opposé 1
Godwin précise la source : J.-J. Rousseau, Du contrat social, voir G, p. 514.
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Recherches sur la justice
politique
sont d'inintelligibles chymères, n'attachez d'importance aux choses qu'autant qu'elles tendent a propager parmi les individus le bonheur et la vertu, faites du bien de toutes les maniérés possibles a tous les hommes que vous rencontrerez, mais ne vous laissez pas égarer par l'illusoire espérance de rendre a une masse d'hommes des services dont nul individu ne profite, la société a été instituée non pour l'amour de la gloire, ni pour fournir des matériaux brillans à l'histoire, mais pour le bonheur des membres qui la composent. L'amour de la patrie est a parler strictement un de ces artifices f 3i2r° specieux que des imposteurs ont inventés pour faire de la multitude | l'instrument passif de leurs perfides desseins 1 . N'allons pas toutefois d'un exces à l'autre, plusieurs des sentimens qui sont compris sous le nom générique d'amour de la patrie, sont excellens & dignes d'éloges, bien qu'ils ne fassent pas la partie principale de ce qu'on entend par cette expression, l'homme de bien sera partout l'avocat zélé de la liberté et de l'égalité, il sera toujours & en tous lieux prêt à se devouer pour leur deffense. Il est intéressé vivement a leur triomphe, puisque sa liberté & celle de ses amis, dont les talens & la capacité lui sont connus, se trouvent compromises dans la lutte, mais c'est la cause et non le pays que son dévouement a pour objet, sa patrie est partout, ou se rencontrent des hommes qui savent aimer la justice et la maintenir, sa patrie est dans tous les f 3i2v° lieux, ou l'appelle la possibilité de | contribuer au bonheur de son espèce, et il ne desire pour aucun pays d'autre avantage que la justice. Appliquons ces principes à la guerre, & considérons d'abord le sens de ce mot. Le Gouvernement fut institué, parce que les individus se sentoient capables d'erreurs, & parce que leurs idées de justice se pervertissoient, par un sentiment de partialité pour eux mêmes. La guerre fut introduite, parce que les nations sujettes aux mêmes faiblesses, ne trouvèrent point d'arbitre assez puissant pour les contenir, les hommes se déterminèrent froidement à s'entr'egorger, et à juger leurs contestations, non pas conformément aux principes de la justice et de la raison, mais selon leur succès respectif dans la dévastation et le meurtre, la guerre fut sans doute introduite pour la f° 313P premiere fois par la fureur & | le désespoir ; mais dans la suite on en a fait un metier ; une partie de la nation soudoie l'autre, pour égorger et pour être egorgée à sa place, et les causes les plus frivoles une insulte supposée ou quelque violence exercée par une jeunesse impétueuse ont suffit pour innonder de sang de vastes provinces.
32 on ] corr. en l'on 1
34-35 une insulte ... suffit ] biffé et corr. en suffisent
Ici, un renvoi à la Note {31) 60, supprimé.
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Nous ne pouvons concevoir toute l'horreur de cette calamité qu'en parcourant, du moins par la pensée, un champ de bataille, c'est la que les hommes se massacrent par milliers sans se haïr et même sans se connoitre, la terre est jonchée de cadavres ; la mort se présente sous toutes les formes ; l'angoisse et les blessures offrent le spectacle cruellement diversifié des iñombrables souffrances aux quelles la nature nous a soumis, les flammes 3i3v° devorent les villes, | les vaisseaux en feu sautent dans les airs, et laissent retomber de tous côtés des membres épars. les pays entiers sont dépeuplés & incultes, les femmes des cultivateurs fugitifs sont exposées à la brutalité des vainqueurs, et les enfans sont chassés au loin, dans la nudité et la misère. Il est permis, après ce tableau, d'examiner quelles sont les causes qui légitiment de pareils malheurs. Il ne suffit pas sans doute d'imaginer que la guerre soit un moyen de rendre un peuple plus facile a gouverner. Il ne suffit pas non plus de la regarder comme une épreuve, qui forcera le plus indécis a se déclarer, on n'est pas excusable de recourir, par voie d'expérience, à une complication des atrocités les plus désastreuses". 3i4r° Il ne suffit pas que nous ayons reçu des insultes, & que des tyrans ayent traité avec mépris ceux de nos concitoyens qui visitoient leur territoire, le gouvernement doit maintenir la tranquillité de ceux qui résident dans l'étendue de sa jurisdiction ; mais si des individus jugent à propos de s'éloigner de leur patrie, il faut les abandonner à la garantie de la raison universelle, et observer quelque proposition entre le mal qu'on veut prévenir, et celui qu'entraine inévitablement après lui le remede. Les préparatifs hostiles de nos voisins ne sont point un motif suffisant pour leur déclarer la guerre, en supposant que nous soyons forcés de faire à nôtre tour des préparatifs, l'inconvenient n'est qu'égal, et il n'est pas naturel " Note de Mons.' Godwin Le lecteur devinera facilement qu'en traitant ce sujet, j'avois en vue les pretextes qui determinerent les francois a la déclaration de guerre au mois d'avril 1792. il ne sera peut-être pas déplacé de présenter ici l'opinion d'un observateur impartial sur la legerté avec la quelle cette nation s'est engagée souvent dans des mesures extrêmes, en consultant la politique on pourroit douter que sans leur précipitation les françois eussent eu contre eux une confédération de tous les rois d'Europe ; et l'on pourroit leur demander quelle sorte d'impression ils croient avoir faite par leurs violentes hostilités sur les esprits des autres puissances ? mais la justice rigoureuse qui deffend de déterminer légèrement, la balance en faveur du meurtre et des ravages est une considération bien supérieure à la politique, et lorsque la premiere a parlé la seconde ne doit pas être nommée. 2 du moins ] biffé 15 qui forcera ... indécis ] partiell, biffé et corr. en qui dans le cas d'une révolution intestine, forcerait des hommes encor indécis 24 qu'entraine ... remede. ] partiell, biffé et corr. en que le remede entraine inévitablement après lui. 28-37 Note ... nommée. ] supp.
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Recherches sur la justice politique
de penser qu'un pays despotique aura plus d'activité qu'un pays libre, f 3l4v° lorsque ce dernier a | pour motif une précaution indispensable. Quelques écrivains ont établi, qu'on ne doit consentir a aucune concession, quelque peu importante qu'elle soit, parce que la disposition à ceder encourage les prétentions1. Nous pensons le contraire. Il suffit que l'esprit d'une nation soit suffisamment connu, un peuple qui apprécie les objets a leur valeur, qui suit invariablement la ligne de l'imuable justice, et qui se met en mouvement, lorsque l'énergie est nécessaire n'est pas un peuple que ses voisins cherchent à pousser a l'extremité. La vengeance de l'honneur national est un motif frivole d'hostilités, le véritable honneur ne se trouve que dans l'intégrité et la justice, on a mis en f 3i5r° question si la conduite des individus | de voit être influencée par le soin de leur réputation, mais de quelque maniere qu'on decide la question individuelle, la réputation considérée en elle même n'est jamais un motif raisonnable pour un peuple, l'homme le plus integre peut être tellement calomnié, qu'il perde toute possibilité de faire le bien, et cette circonstance lui rend sa réputation précieuse ; mais cette considération n'est point applicable aux nations entieres. leur histoire n'est pas facile à défigurer, leur honneur est dans la félicité des membres qui les composent 2 , leur influence sur les nations étrangères n'est qu'un accessoire, nous ne déclarerions pas facilement qu'un tel motif suffit pour déclarer la guerre, si le nom de ce fléau f 3l5v° destructeur rappelloit | a notre esprit les calamités qu'il represente. Strictement considérée la guerre ne peut avoir que deux causes legitimes, la deffense de nôtre liberté & la liberté des autres, la derniere n'est pas reconnue par la logique des souverains & ce qu'on appelle la loi des Nations. On lui oppose un raisonnement bien connu, une nation, dit on, ne doit point se mêler des transactions intérieures d'une autre nation 3 , il est étonnant qu'une objection aussi absurde ait pu si longtems & si généralement être admise, c'est qu'elle a eu pour baze un principe juste, mais défiguré, la possession d'un bien quelconque n'est avantageuse a un peuple ou a un individu qu'autant qu'il connoit la nature de ce bien et qu'il desire le posf 3i6r° seder. d'après ces | principes, il seroit injuste de vouloir forcer une nation à 5 l'esprit ] biffé et corr. en le courage 21-22 qu'un tel... represente. ] partiell. biffé et corr. en que la vengeance de ce qu'on appelle l'hoñeur national suffit pour commencer la guerre, si le nom de ce fléau destructeur rappelloit [f 315v°] a notre esprit les calamités dont il est accompagné. 1
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Godwin précise la source : W. Paley, Principies of moral and political philosophy, voir G, p. 518. Ici, un renvoi à la Note (60) 61, supprimé. Ici, un renvoi à la Note {3[2]) 62, supprimé.
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devenir libre, mais lorsqu'elle en manifeste le désir, c'est un devoir, et une vertu de l'aider à le satisfaire, des intrigans, des hommes ambitieux peuvent sans doute abuser de ce principe mais il n'en est pas moins vrai, que le même argument qui doit déterminer mes efforts â defendre la liberté de mon pays s'applique relativement à la liberté de tous les autres pays qui la 5 désirent. Or la morale des nations ne différé nullement de la morale des individus 1 .
4 - 5 argument ... liberté ] partiell, biffé et corr. en argument qui détermine un citoyen â defendre la liberté de son pays s'applique à la liberté 1
Ici, un renvoi à la Note 33, supprimé.
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Chapitre XVII1 De l'objet de la Guerre
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Recherches sur la justice politique
Passons des motifs de la guerre â son objet, ou à l'avantage qu'on espere en retirer. Comme la deffense est la seule cause de guerre légitime, son objet, en partant de ce principe, se trouvera circonscrit dans des limites etroites. Il ne peut s'étendre qu'à repousser l'enemi de nos frontières. Il serait peut être nécessaire d'y ajouter une sorte de garantie contre une invasion nouvelle, mais ce but néanmoins n'est pas suffisant pour légitimer la continuation des hostilités. Les déclarations de guerre et les traités de paix sont des inventions de siecles barbares, et ne seraient jamais devenus d'un usage général, si la guerre | eut été restreinte a une juste défense. Nous aurons occasion de démontrer que ce qu'on nomme la justice criminelle dans l'interieur d'un pays ne peut avoir que deux objets légitimés la repression & la reformation, ni l'un ni l'autre de ces objets ne peuvent avoir lieu entre des états independans et nous devons eviter de meler a nos principes sur la guerre des idées empruntées de la justice criminelle, une guerre offensive ne prend jamais sa source, et nous l'avons démontré, dans les sentimens de toute une nation, mais dans ceux d'un nombre d'individus rèlativement très inférieur, & lors même que l'aggression serait le crime d'un peuple entier les représailles seraient un moyen de préservation pour le peuple attaqué mais nullement une methode d'ameliorer l'agresseur. | La contrainte est quelque fois nécessaire relativement aux malfaiteurs qui existent dans une société, parce que leurs attentats sont d'une nature soudaine et inattendue, mais une nation ne peut se mouvoir aussi secretement pour tromper la prévoyance de ceux qu'elle se propose d'attaquer, on reconnoit ses intentions a ses préparatifs, le seul moyen de la prévenir est d'entrer dans son territoire de ruiner & de dépeupler son pays, mais trouverons nous ce moyen bien légitimé, si nous réfléchissons que cette nation est composée Etablissement du texte : 5/17-4/17, L f 316v°-320v°, P2 f 64v°-66r°, G pp. 521-525. 12-p. 1243.2 Nous aurons ... en son nom. ] supp. 1
Pour ce qui concerne la description matérielle du chap, xvn «Of the Object of War», voir n. 1, p. 1236. Paginations : aucune. Ecritures : du copiste C ; corrections autographes. Titres et sous-titres : seul le titre du chapitre est traduit.
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Livre V, Chapitre XVII
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d'hommes comme nous, et que la masse est innocente de la querelle qu'un petit nombre d'ambitieux menace de nous intenter en son nom. Les indemnités ou dedomagemens sont encore un sujet de guerre que la suite | de nos raisonnemens nous induira de même a desaprouver. les vrais coupables ne sont jamais découverts, la tentative ne sert qu'a confondre l'innocent & le criminel, d'ailleurs les nations n'ayant point d'arbitre commun, si à la fin de chaque guerre, les deux partis vouloient insister sur la justice de leur cause, et sur les indemnités aux quelles ils prétendraient avoir droit, la querelle se rallumerait & serait interminable, la question relative aux objets d'une guerre légitimé serait facile a distinguer, si nous posions comme premier principe, que, toutes les fois que la guerre existante change d'objet, ce changement doit être considéré comme le commencement d'une guerre nouvelle 1 , ce principe impartialement appliqué mettrait un terme aux pretextes | eternels de la guerre, la repression les réparations, & les dedommagemens. La balance des pouvoirs est une considération d'un genre mixte, qu'on a présentée tantôt comme un motif suffisant pour commencer une guerre, & plus souvent comme un but qui legitimoit la continuation d'une guerre commencée, une guerre entreprise pour maintenir la balance des pouvoirs, peut être ou deffensive, pour proteger un peuple attaqué, ou de précaution pour contrebalancer l'influence des possessions recemment acquises ou pour reduire l'étendue des ancienes possessions, nous n'hésitons pas à prononcer que toute guerre entreprise pour maintenir la balance des pouvoirs, est essentiellement injuste. Lorsqu'un peuple est attaqué, il est de notre devoir, comme nous l'avons déjà dit, de le secourir, autant qu'il est en nous ; mais nous devons secourir ce peuple, parce que sa cause est juste et nullement parce que la nation qui le menace est puissante, toute hostilité contre une nation voisine, à cause de sa puissance ou de ses intentions supposées est une violation énorme de tous les principes de la morale, si un peuple veut être gouverné par le souverain d'un autre peuple ou par un parent de ce souverain, comme les Espagnols à la mort de Charles II, nous pouvons essayer d'éclairer ce peuple sur les objets du gouvernement, & de lui faire goûter les principes de la liberté, mais nous ne pouvons sans une exécrable tyrannie exiger qu'il renonce au despote de son choix, pour en accepter un de notre main, & motiver cette prétention arrogante sur | quel-
4 induira ... desaprouver. ] biffé et corr. en conduit a rejetter. 10 aux objets ... distinguer, ] partiell, biffé et corr. en à l'objet d'une guerre legitime seroit facile a décider 13-15 ce principe ... dedommagemens. ] supp. 1
Ici, un renvoi à la Note (3[4]) 63, supprimé.
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ques inquiétudes eloignées, que nous causerait l'avènement du premier, le pretexte de la balance des pouvoirs a servi perpétuellement de voile aux intrigues des cours ; mais il ne serait pas difficile de prouver que l'indépendance des differens Etats de l'Europe n'a jamais gagné a aucune des guerres entreprises par ce motif ; l'obstination d'un peuple qui veut être la propriété d'un despote sera toujours rare, et cederoit facilement à des moyens doux, a la propagation de quelques vérités évidentes, la defense d'un peuple contre une invasion tyrannique est toujours légitime, si ce peuple a besoin de nos secours, car s'il a par lui meme des forces suffisantes, notre entremise ne servira qu'a multiplier inutilement les calamités de la guerre, & a diminuer f° 320r° l'énergie dont le développement | affermirait ses vertu et consoliderait son bonheur, l'indépendance des différents Etats de l'Europe est d'ailleurs d'une nature au moins Equivoque, le despotisme sous lequel la plupart d'entr'eux gémissent ne vaut, certes, guere la peine d'être soigneusement conservé. Notre but unique étant l'établissement de la liberté, peu nous importe que les Empires et les dominations actuelles soient d'une étendue plus ou moins grande. L'imprimerie, cet ennemi du despotisme eludera toujours la sagacité de la police la plus vigilante, plus un pays sera vaste, plus les atteintes aux droits de l'espece humaine iront en s'affaiblissant. appliquons a la guerre notre P 320v° principe sur le gouvernement, un instrument malfaisant par sa nature ne doit être emploïé, que lorsqu'il n'existe aucune possibilité de nous en passer, ou d'en employer un autre.
18 ennemi ] après ce mot né ajouté 19-20 les atteintes ... en s'affaiblissant. ] bijfé et corr. en il sera difficile de (donner) conserver aux ressorts de la tyrannie (toute leur étendue &> toute leur activité.
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Chapitre XVIII 1 Conduite de la Guerre
Il importe actuellement de déterminer quelle doit être la conduite de la guerre, pour nous guider dans cette recherche il nous suffira de nous rappeler les deux principes que nous avons établis précédemment ; en premier 5 lieu que la guerre deffensive est la seule légitimé et secondement qu'une guerre commencée peut changer de nature et devenir injuste par la moindre modification dans son objet, il en resuite évidement qu'il n'est jamais permis d'entrer a main armée sur un territoire étranger, a moins que ce ne soit pour secourir ses habitans opprimés, il est supperflu d'ajouter que tout 10 sophisme relatif a l'application de cette exception | seroit a la fois odieux & meprisable, et qu'il vaut mieux avouer sans détour les principes corrompus d'une politique perverse, que d'en professer astucieusement de plus purs, que nous dénaturons pour justifier les plus grands crimes, l'opression du peuple que nous prétendons secourir doit être évidente et son désir d'être 15 secouru par nous ne doit pas être douteux, toutes les fois qu'une pareille entreprise nous promet un avantage, nous devons être en garde contre nous mêmes, et craindre de comettre des erreurs intéressées, nous ne devons surtout jamais oublier qu'il est execrable de verser le sang des hommes, sous des pretextes faux ou pour des expériences incertaines 2 . 20 Les petits avantages, qui peuvent résulter dans une guerre de ses opérations offensives, seront amplement compensés, par la réputation de désinteressement & de générosité que nous | retirerons d'un attachement inviolable au systeme uniquement defensif. la plus grande unanimité dans l'inEtablissement du texte : 5 / 1 8 - 4 / 1 8 , L f 321r°-328r°, P2 P 66v°-70v u , G pp. 5 2 6 - 5 3 3 . 2 Conduite de la guerre ] corr. en de la Conduite de la Guerre 3 - 4 quelle ... la guerre. 1 partiell. biffé et corr. en comment la guerre doit être conduite. 4 nous suffira ] nous biffé 7 commencée J après ce mot légitimement ajouté 2 4 defensif ] après ce mot & par les heureux effets que cette réputation produira, sur les nations étrangères & sur nos propres concitoyens, ajouté 1
Cahier formé de douze feuillets cousus (f° 3 2 1 - 3 3 2 ) contenant la traduction du chap. «Of the Conduct of War». Les P 328v°-332v° sont blancs. Paginations : aucune. Ecritures : du copiste C ; corrections autographes.
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Titres et sous-titres : seul le titre du chapitre est traduit. Ici, un renvoi à : {Note 35) Voir la note 62, supprimé.
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Recherches sur la justice
politique
teneur sera presqu'infalliblement l'effet de la justice politique, rigoureusement pratiquée ; l'ennemi qui violera notre territoire trouvera de la résistance partout, où il rencontrera un homme ; tout sera secours, assistance, amitié pour nous, obstacle, difficulté & danger pour lui. Les principes de la guerre défensive sont tellement simples, que son succès est presque infaillible. Les fortifications n'offrent qu'une protection précaire, dont profite souvent l'ennemi qui s'en empare, une force mobile, qui le harcellerait dans ses marches, en évitant soigneusement d'en venir a f 322v° une action générale, conserverait sur lui une supériorité réelle. | C'est de l'article des subsistances que dépendent principalement les succès ou les revers d'une armée, plus elle pénétrera dans notre pays, plus ses convois seront faciles a intercepter, en même tems qu'en évitant une action générale, nous lui otons toute possibilité d'obtenir un succès décisif, l'évidence de ces principes, rigoureusement observés, serait bientôt tellement reconnue, que l'invasion d'un territoire étranger serait considérée, comme la perte de l'armée envahissante, les soldats ne s'y prêteraient conséquemment qu'avec une extrême repugnance. jamais peut être un peuple n'a été vaincu dans ses foyers, à moins qu'il ne fut déchiré par des divisions intestines, ou abatardi par la corruption, mieux nous concevrons la nature de la justice, plus nous p 323r° la trouverons supérieure | a des phalanges d'ennemis, des hommes profondement pénétrés de ces principes seront toujours invincibles, & parmi les nombreux exemples des vertus les plus sublimes, que nous offre l'histoire de l'ancienne Grèce, le plus brillant, sans contredit, est la résistance d'une poignée de guerriers contre trois millions d'ennemis. Jusqu'à présent une branche essentielle de l'art de la guerre, comme de tous les autres arts, a été la perfidie et la ruse, si les principes de cet ouvrage reposent sur une base solide, la fraude est criminelle, dans toutes les circonstances, soit qu elle provienne d'une affection mal entendue ou d'une haine légitimé contre l'injustice, le vice est l'arme la moins convenable et la moins efficace, pour combattre le vice, la fausseté n'en est pas moins la fausseté, soit que le P 323v° mensonge ait été transmis par des paroles, ou rendu | probable par des fausses apparences, nous ne devons pas plus nous permettre de tromper notre ennemi par des avis erronés, ou en l'attirant dans des embuscades, que par la violation des traités, ou par des démonstrations de paix simulées, marcher à son ennemi les bras ouverts comme pour l'embrasser, & l'égorger ensuite, ou s'avancer sur lui a la faveur d'un etendard neutre, ou en se couvrant d'un bois ou d'un défilé, sont deux actions également éxécrables. 21 ces ] corr. en ses 2 8 - 2 9 mal entendue ... l'injustice. ] partiell. entendue pour nos amis ou d'une haine légitimé contre nos ennemis. apparences. ] corr. en des apparences trompeuses.
biffé et corr. en mal 3 1 - 3 2 des fausses
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Les artifices de la ruse nous mettront a même de surprendre quelques partis détachés, de multiplier les combats & de répandre plus de sang, le développement de nos forces empeche l'ennemi de faire des detachemens & ses provisions de lui parvenir, le sang n'est pas prodigué inutilement, & le f 324r" succès définitif n'en est pas moins vraisemblable, pourquoi | rendre la 5 guerre l'art de la surprise et du mystère, quand la simple raison nous promet les mêmes succès ? le premier principe de la défense consiste dans la vigilance & la fermeté, le second qui peut être n'a pas une relation moins etroite avec le but qu'on se propose, consiste dans la franchise, et une déclaration complette de tous nos desseins contre l'ennemi, quel étonne- 10 ment, quelle admiration, quelle terreur cette conduite n'exciteroit elle pas dans l'ame de nos adversaires ! quelle confiance & quelle magnanimité ne remplirait pas nos propres cœurs ! en perfectionnant l'art de la guerre au point de pouvoir dejouer tous les dessins d'un ennemi presque sans tirer l'epée on ferait un grand pas vers l'abolition complété de ce fléau destruc- 15 teur. Une autre conséquence non moins évidente des principes que nous vef 324v° nons de présenter, | c'est que les maux causés par la guerre ne doivent jamais excéder ceux qu'une defense légitimé rend inévitables, la férocité doit être banie avec soin, les citoyens désarmés, qui ne prennent aux com- 20 bats aucune part active, doivent demeurer en sûreté, ce principe n'admet ni la levée des contributions militaires, ni les prises des vaisseaux marchands, toutes ces atrocités sont interdites par la doctrine de la guerre déffensive. nous ne songerions pas a lever des contributions, si nous nous faisions une loi de ne jamais dépasser les bornes de nôtre territoire, et toute espece de 25 guerre maritime serait abolie. Nous devons pratiquer envers l'ennemi la plus grande bienveillance, nous ne devons jamais détruire un seul homme, sans une nécessité indispensable, f 325r° nous devons offrir aux infortunés tous les secours & | toutes les consolations possibles, la masse de ceux, contre lesquels nous sommes forcés de com- 30 battre, est en quelque façon innocente de l'attaque que nous repoussons. Les auteurs mêmes de cette attaque ont droit à notre indulgence, comme hommes & à notre compassion comme égarés ; nous avons deja vu que le
1 de ] biffé et corr. en et 2-9 plus de sang. ... consiste ] partiell. biffé et corr. en plus de sang ; mais le développement de nos forces empecheroit l'ennemi d'envoïer des detachemens & de se procurer des vivres, le sang ne seroit pas prodigué inutilement, & le succès définitif n'en seroit pas moins vraisemblable, pourquoi [f° 324r°] rendre la guerre l'art de la surprise et du mystere, quand une conduite loyale nous promet les mêmes succès ? le premier principe de notre défense doit consister dans la vigilance & la fermeté, le second qui peut être n'a pas une relation moins etroite avec notre but consiste 13-16 en perfectionnant... destructeur. ] supp.
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Recherches
sur la justice
politique
châtiment de l'ennemi n'est nullement le but de la guerre : nous avons vu que ce n'est qu'en dégageant par degrés ce fléau de sa violence, que nous parviendrions a l'abolir. On a pretendu, pour justifier les horreurs de la guerre, que plus ses calamités seroient affreuses plus les hommes se hâteraient de s'en délivrer, c'est precisement l'inverse, la cruauté produit la cruauté ; c'est un étrange moyen de pénétrer les hommes d'une affection f° 325v° fraternelle que de remplir leurs ames de motifs de haine. L'homme juste est incapable de cette passion funeste & de toutes les [terreurs] qu'elle inspire. Après avoir examiné la conduite de la guerre, relativement aux ennemis, considérons ce qui concerne ceux qui la soutiennent, nous avons vu qu'une guerre légitime avoit peu besoin de secrets1, les plans de campagne, au lieu d'être compliqués par l'artifice & par l'ambition, se réduiront a un petit nombre de modifications indiquées par le système de simple défense, plus ces plans seront connus de l'ennemi, plus le peuple qui les emploiera pour le repousser, y trouvera son avantage, la foi implicite et l'obéissance militaire ne seront plus nécessaires, les soldats cesseront d'être des machines ; f1326r" car ce qui dégradé les hommes à ce point | ce n'est pas l'uniformité des mouvemens, mais l'ignorance des motifs de cette uniformité, sans doute, il y aura toujours parmi les hommes inégalité de conceptions : mais a mesure que les institutions sociales se perfectionneront, toutes les opérations dans les quelles un grand nombre d'individus devront agir de concert (et la guerre défensive est dans ce nombre) deviendront tellement simples, que les intelligences les plus bornées pourront facilement les saisir, il faut hâter de tous nos moyens l'epoque, ou nul homme ne se rendra l'instrument d'une opération quelconque, sans en avoir apprécié préalablement la justice et l'utilité. Ces principes nous conduisent à un objet d'une importance exf° 326v° trême, les possessions éloignées. Dès qu'on admet la légitimité | de semblables possessions, le systeme que nous avons établi s'écroule, mais quel raisonnement peut on présenter en faveur de cette légitimité ? on n'acquiert des dépendances lointaines que par la conquête, la cession ou l'établissement des colonies, le premier de ces moyens est également contraire aux règles de la morale et d'une politique éclairée, le second ne diffère du premier que par la forme & par un supplément de perfidie, quant a l'établissement des colonies, le pretexte est plus specieux, mais c'est toutefois un prétexte, est ce pour leur interet ou pour le nôtre, que nous tenons ces colonies sous notre dépendance ? si c'est pour le nôtre, c'est une usurpation
7 - 8 L'homme ... inspire. ] supp. 13 de simple ] corr. en de la plus simple et corr. en comprendre 33 supplement ] biffé et corr. en addition 1
Ici, un renvoi à la Note 36, supprimé.
23 saisir ] biffé
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notoire, la justice nous ordonne de laisser aux autres le privilège de se f° 327r° choisir leur gouvernement, privilège | que nous demandons pour nous, si c'est, au contraire, l'interet des colonies que nous prétendons avoir en vue, il faut leur apprendre qu'une société d'hommes doit trouver en elle même ses moyens de défense, & que si ses ressources personnelles sont insuffisantes, c'est en s'associant avec des peuples voisins, qu'elle doit chercher des secours ; il faut apprendre aux colonies que l'avantage d'être protégées, est d'une nature subalterne, et que le bonheur & la sagesse d'un peuple depend du libre développement de ses lumières & de ses facultés naturelles, quoi de plus absurde, par exemple, que de voir des Isles Américaines n'avoir de moyens de sûreté que dans des flottes & des armées Européenf° 327v° nés, separées d'elles par la plaine immense de l'Océan ! | la protection de la mère patrie est le plus souvent, pour les colonies, une cause de dangers & de guerres ; cette relation est maintenue par la vanité d'une part, & de l'autre par le préjugé, si les colonies sont condamnées a une éternelle dépendance, que leur importe de quelle nation sont leurs maitres, & pourquoi les dévouer à toutes les horreurs des combats, de peur que leur servitude ne change de nom ? Les colonies sont une source intarissable de guerres, l'abolition de tout monopole de ce genre, (abolition reclamée aujourd'hui par tous les hommes éclairés) la liberté des mers, & l'ouverture de tous les ports à toutes les nations, seraient des pas immenses vers une paix générale et assurée, le principe qui doit nous guider sur le sujet des colonies de même f 328r° que sur tous ceux | de la politique, il est que l'on ne peut regarder comme profitable pour une nation que ce qui l'est évidemment pour la masse des individus dont la nation est composée.
22-25 le principe ... composée. ] supp.
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Recherches sur la justice
politique
Chapitre XIX1 Des Etablissemens militaires & des Traités
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Nous allons examiner à présent, quelle conduite la possibilité de la guerre doit nous engager à tenir en tems de paix. Nous parlerons en premier lieu des établissemens militaires, & secondement des traités d'alliance. Il y a deux moyens de pourvoir aux etablissemens militaires, s'ils sont jugés utiles en tems de paix, on peut restreindre les devoirs & la discipline guerrière à une classe particulière de la société, ou comprendre dans l'armée tous les citoyens, en âge de porter les armes. 334v° La derniere de ces mesures mérite évidement la préférence, l'homme | qui n'est qu'un soldat se dégrade & se pervertit bientôt, la guerre, qui ne devrait consister que dans les précautions nécessaires d'une défense personnelle, devient un métier pour ce mercenaire qui trafique a prix d'or de son adresse homicide & de son courrage vénal, l'homme, qui n'est qu'un soldat, cesse d'être citoyen, il ne fait plus partie de la société, ses sentimens, ses opinions sa morale, ont une règle différente, il considère ses compatriotes comme lui devant leur sûreté, & par un sophisme, presque inévitable, il se croit, dans un double sens, l'arbitre de leur sort, l'usage de faire exercer les fonctions militaires par tous les citoyens à leur tour, inspire aux individus une noble confiance en eux mêmes, & dans les ressources de leur pays, cette institu335r" tion | est conforme à l'égalité, qui doit subsister entre les hommes, pour que la majorité d'entr'eux puisse atteindre à la sagesse et à la vertu, & elle semble multiplier les moyens de défense, au point d'enlever tout espoir à l'ennemi, qui entreprendrait d'asservir une contrée, que protègent tous ses Etablissement du texte : 5/19^/19, L P 334r°-340v°, P2 f 71 r°-74v°, G pp. 534-541. 2 Traités ] après ce mot d'alliance ajouté peut 1
7 en tems ... peut ] corr. en pendant la paix. L'on
Cahier formé de seize feuillets cousus (P 333-348) contenant la traduction des chap, xix «Of Military Establishments and Treaties» ( f 334r°-340v°) et chap. XX «Of Democracy as Connected with the Transactions of War» (f° 341r°-348r°). En haut et à gauche du P 333r° qui sert de page de titre, on lit : Tome 2. " Chapitres 19 et 20 ; au centre de la page : Chap. 19 des Etablissemens et des Traités et : Chapitre 20 De la democratic relativement aux transactions de la Guerre. Toutes ces indications sont biffées par la suite. Le f° 348v° est blanc. Paginations : aucune. Ecritures : du copiste C ; corrections autographes. Titres et sous-titres : seul le titre du chapitre est traduit.
Livre V, Chapitre XIX
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habitans. quelques raisons nous font néanmoins douter, qu'il soit convenable de conserver un établissement militaire en tems de paix, sous quelque forme que ce puisse être, il en est à cet égard, des nations comme des individus, l'homme, qui excelle à manier les armes, se garantit avec peine de certains travers qu'entraine cette espece de supériorité. L'on ne peut espérer qu'il mette sa confiance principale dans la raison, & qu'il déteste toujours la violence, quoique dans la situation présente | de la race humaine, la guerre soit peut être quelquefois inévitable, on ne peut nier, qu'elle ne soit une source abondante de vices & de calamités ; & ce n'est pas un inconvénient léger, que de familiariser l'esprit humain avec un système méthodique de meurtre & de dévastation, à la vue d'un instrument de carnage, le disciple de la raison seroit naturellement saisi d'un mouvement d'horreur, pourquoi détruire ce sentiment ? pourquoi lier une discipline de mort a des idées d'appareil & de splendeur ? tel est néanmoins l'effet inévitable des revues, des exercices, des évolutions, aux quelles on accoutume les Citoyens, seroit il possible, que celui, qui n'a point appris à tuer son semblable avec grâce et sang froid, fut considéré | comme un homme ignorant & imparfait, répondra-t on que ces inconvéniens ne sont point inséparables de la discipline militaire, et qu'on peut garantir les hommes de l'abus des armes, en leur en enseignant l'usage ? ce raisonnement est peu solide, si la discipline militaire n'a pas avec l'erreur et le vice une liaison naturelle & nécessaire, elle en a du moins, dans l'état actuel de la société, une bien étroite et bien enracinée, lorsque les hommes seront assés éclairés pour manier les instrumens de la mort, sans en abuser, ils auront fait bien des pas dans la science de la raison & de la sagesse, et dans cette supposition, il n'est pas probable qu'ils s'adonnent à l'art militaire, jusqu'alors, cet art sera sujet à tous les inconvéniens qu'on lui reproche. | appliquons ces raisonnements à la situation présente du genre humain. Nous avons déjà vu, que le systeme d'une armée toujours sur pied n'est pas admissible, et qu'une milice générale est un moyen de déffense plus sur, & plus conforme aux principes de la justice et du bonheur, il nous reste à examiner, quelle seroit la situation d'un peuple, qui, par principe, négligerait totalement l'art de la guerre, pendant la paix, bien qu'il fut environné de nations, qui maintiendraient sur pied des armées disciplinées, en ne considérant d'abord une armée que relativement au nombre, l'on conviendra que ce peuple pourrait en lever une, presque aussi rapidement que ses voisins ; mais cette armée, ou, | pour mieux dire, ce rassemblement, manquerait évidemment d'ensemble, de célérité, de tout ce qui constitue la discipline, et décide, dit-on, du sort des batailles, n'oublions pas, cependant, que dans 8 on ] corr. en l'on
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Recherches sur la justice politique
notre hypothèse, le peuple dont nous parlons jouit de plus de liberté et d'égalité, que les nations environnantes, cet avantage est une conséquence nécessaire de sa situation, l'esclavage ne se maintient que par les armées, voila donc une différence essentielle entre ces deux peuples, l'un obéit aveuglément, quand on lui ordonne d'aller ravager le pays de ses voisins : l'autre ne consent à combattre que pour sa propre déffence. si ce dernier compare l'état de la société & du Gouvernement dans son pays, & chez ses f 337v° adversaires, il ne manquera | pas d'etre frappé des avantages qu'il possède, et disposé, par cela même, à les defendre avec ardeur ; L'ardeur suffit quelquefois, même dans un jour de bataille, une multitude indisciplinée, mais incapable de fuir, remporteroit infailliblement la victoire sur des vétérans, qui, dans l'ignorance de la cause qu'ils soutiennent, ne pourroient y prendre un aussi brûlant interet. Il n'est pas même démontré, qu'un avantage infaillible de la discipline soit de faire un grand carnage des braves indisciplinés, l'opinion qu'on a maintenant de l'art militaire frappe l'imagination, répand la surprise et la terreur ; mais le courrage, qui saurait braver ce premier effet, aurait plus qu'a demi remporté la victoire. Il serait imprudent, toutefois, de ne se menager d'autres ressources, que f 338r° la | chance du courrage, il en est une beaucoup plus sure, & en même tems plus conforme aux principes de la justice, la guerre, dont nous nous occupons, est une guerre déffensive. les batailles doivent être soigneusement evitées. fabius, en mettant annibal dans l'impossibilité de le forcer à une action, s'assura des succès bien plus décisifs & plus complets, que ceux que lui aurait procurés la plus brillante journée. Ce systeme, en prolongeant la guerre, forme l'armée, et la rend bientôt aussi disciplinée que celle des ennemis. L'art militaire, que l'intérêt & la vanité ont environné de difficultés chimériques, est, dans le fait, une science infiniment simple, & s'acP 338v° quiert plus promptement au milieu d'une guerre | véritable, que par le vain simulacre des évolutions en tems de paix. Il est désirable, sans doute, d'avoir un général habile, ou pour mieux dire prudent, qui suive avec adresse ce système de patience & de lenteur, mais un tel homme n'est pas aussi rare qu'on voudrait nous le persuader, on a fait, comme nous venons de le dire, de la science militaire un tableau très inexact. Dans cet art, comme dans tous les autres, on a exagéré les succès de l'experience et réduit jusques a rien les facultés de l'Esprit, cette charlatanerie des hommes du métier sera probablement bientôt démasquée, que de 1 jouit ] biffé et corr. en jouirait 4-5 ces deux peuples ... ses voisins : ] partiell. biffé et corr. en ce peuple et ses agresseurs, ceux ci obéissent aveuglément, quand on leur ordonne d'aller ravager le pays de leurs voisins : 34 on ] corr. en & l'on 35 réduit jusques a rien ] biffé et corr. en rabaissé 36-p. 1253.1 que de ... former ! ] partiell. biffé et corr. en que d'hommes l'on pourrait citer que l'expérience la plus longue n'a pu rendre de bons généraux !
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généraux on pourrait citer que l'expérience n'a pu former ! tandis que, pour ne rapporter qu'un seul fait, l'un des plus grands généraux de l'antif> 339r° quité partit, pour prendre | le commandement de son armée, sans avoir la moindre connoissance militaire, il dut ses succès uniquement à son genie, à l'assiduité de ses recherches, et a l'étude sérieuse des écrivains qui avoient s publié les meilleurs traités de tactique1, quoi qu'il en soit, on conviendra que c'est achèter chèrement l'acquisition d'un général, que de maintenir, pour son instruction, une armée toujours sur pied, d'autant plus que l'on n'est rien moins que sur d'atteindre au but qu'on se propose par ce sacrifice, il peut être vrai, quoique rien ne soit moins démontré, qu'une nation qui 10 néglige entièrement la discipline militaire, s'expose a quelques désavantaf> 339v° ges ; mais s'il faut comparer les inconveniens qui résultent de | cette négligence, avec ceux qu'entraine une application trop suivie à cet art si dangereux ; & je ne pense pas, s'il faut choisir, que notre option puisse être douteuse. 15 Les traités d'alliance sont encore une branche du système militaire, en tems de paix. Ce sujet n'exige point une discussion développée, dans tous les cas les traités d'alliance sont un mal, premièrement parce que toutes les promesses ou tous les engagemens absolus sont nuisibles, et que les individus ni les corps ne doivent renoncer a l'acquisition de lumières nouvelles, 20 & conséquemment à la modification de leurs mesures, secondement les traités d'alliance sont nuisibles, parce qu'ils sont toujours illusoires, les f 340r° gouvernemens, | ou les hommes publics, ne peuvent ni ne doivent se croire obligés de trahir les interets qu'ils administrent, parce que des circonstances qui n'existent plus les ont forcés, eux ou leurs prédécesseurs, à signer des 25 engagemens contraires au bien public. Le bien public étant le but, ou du moins le pretexte de l'authorité dont ils sont revêtus, tout ce qu'ils ont fait en sens inverse de ce but est nul et de nul effet, si ce qu'on leur demande paroit convenable à leur raison ou favorable à leurs désirs, ils s'y conformeront, lors même qu'ils n'auront contracté aucun engagement antérieur. 30 les traités d'alliance ne servent qu'a présenter, par leur prompte violation, f 340v° l'apparence de la corruption et du vice, et à encourager par cet exemple | la dépravation des individus, lors même que les traités d'alliance seroient aussi efficaces qu'ils sont impuissans, une nation, invariablement attachée aux principes de la justice les trouverait encore inutiles et dangereux, inutiles, 35
2 - 3 antiquité ] après ce mot Lucullus ajouté mot de ceux ajouté 1
6 on ] corr. en l'on
24 interets ] après ce
Godwin précise la source : Cicéron, «Lucullus, sive academicorum primae editionis, liber secundus», voir G, p. 539.
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Recherches sur la justice politique
parce qu'ils n'ont d'ordinaire pour base que des objets d'ambition, dangereux, parce qu'ils accoutument les peuples à compter sur les promesses, les secours, ou la compassion de leurs voisins, tandis que les aggrégations d'hommes, comme les hommes isolés, ne doivent chercher de ressource et de force qu'en eux mêmes. 5
Livre V, Chapitre XX
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Chapitre XX 1 De la Démocratie, relativement aux transactions de la guerre.
p 34ir°
Après avoir essayé de réduire la question de la guerre à ses véritables principes il est tems de retourner à la maxime que nous avons établie, au commencement de cette discussion, les individus sont tout, & la société, si on la distingue des individus qui la composent, n'est rien. Il s'en suit évidemment, que les affaires intérieures de la société doivent avoir la première place dans notre attention, et que les affaires du dehors ne sont que d'une importance inférieure, ou secondaire, les affaires intérieures sont d'un intef°34iv° rêt continuel & journalier. | celles du dehors sont périodiques & accidentelles. que chaque homme ait un sentiment profond se son indépendance, et qu'insensible aux désirs artificiels et aux besoins imaginaires, il ait de quoi satisfaire ses désirs légitimes et ses besoins réels, sont des objets d'une importance inexprimable & d'une application quotidienne, mais dans un état exempt de passions factices, des générations entieres pourraient naitre & mourir en paix, sans que leur tranquillité eut été menacée un seul instant par des invasions Etrangères, l'influence indirecte, interrompue & fortuite que quelques millions d'hommes, nés sous le même climat que nous, & connus sous le nom de français ou d'Anglais prétendent exercer sur f 342r° les conseils administratifs | de leurs voisins, est une considération trop frivole pour qu'on puisse en faire un objet essentiel des institutions d'un peuple quelconque, la meilleure influence que nous puissions exercer est celle d'un exemple sage & juste. Or, si après avoir considéré mûrement les deux branches de l'administration politique, les affaires intérieures et celles du dehors, on jugeoit qu'il est indispensable de sacrifier à un certain point l'un de ces objets à l'autre, et
Etablissement du texte : 5/20-4/20, L f 341r"-348r°, P2 P 75r"-78v°, G pp. 542-549. 5 retourner à ] biffé et corr. en rappeller 9 les affaires ] biffé et corr. en celles 11 périodiques & ] biffé 14 sont ] biffé et corr. en voilà 23-24 la meilleure ... juste. ] supp. 26 on ] corr. en & l'on 1
Pour ce qui concerne la description matérielle du chap, x x «Of Democracy as Connected with the Transactions of War», voir n. 1, p. 1250. Paginations : aucune. Ecritures : du copiste C ; corrections autographes. Titres et sous-titres : seul le titre du chapitre est traduit.
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Recherches sur la justice
politique
que la démocratie est, a quelques égards, moins favorable que les autres systèmes de gouvernement, aux transactions avec l'Etranger, & nommément à la conduite de la guerre, le bon sens n'hésiteroit point entre ces f° 342v° alternatives. | nous aurions suffisamment à nous féliciter, si, jouissant dans nos foyers de tous les bienfaits de la justice Et de la vertu, nous n'avions aucun motif de désesperer de nôtre sûreté extérieure, & nous aurons avec raison cette confiance, si nos compatriotes, bien que peu instruits des réglés d'une discipline mécanique, ont étudié les devoirs de l'homme, ses attributs, & sa nature, & s'ils ont su se déffendre du joug honteux d'une crédulité aveugle, et d'une soumission abjecte. De tels hommes, accoutumés comme nous le supposons, à un état de société raisonnable, auront une fermeté tranquille et une activité penetrante. ces deux qualités suppléeront amplement à toutes les leçons de tactique militaire & de régularité machinale, f 343r" si la démocratie convient aux guerres | défensives, et que les autres gouvernemens sympathisent mieux avec les guerres d'une espèce différente, c'est une preuve, non de l'imperfection du système démocratique, mais de son incomparable supériorité. On a objecté contre la démocratie, que, dans les tems de guerre, les secrets n'y pouvoient être gardés, soit que l'assemblée législative ait l'initiative, ou simplement la surveillance des affaires exécutives, elle demandera sans cesse, la correspondance, les plans et les negotiations. elle fatiguera les ministres par l'examen rigoureux & perpetuel de la politique ou de la justice de leurs entreprises, conient faire tête â l'ennemi, s'il est informé d'avance de toutes nos expéditions, s'il sait ou p 343v° nous devons diriger nos attaques, s'il connoit l'état de nos fortifications, | la force ou la faiblesse de nos années ? à quoi nous servira l'adresse et l'habileté dans la négotiation de nos traités, si nos véritables intentions & les instructions de nos négotiateurs sont toujours publiques ? Ce qu'on reproche à la démocratie, comme un défaut, est au contraire son mérité principal, le mystere, la fausseté, les détours, sont la source de tous les vices ; et c'est un des grands avantages inhérens à la démocratie, que, bien que le malheureux penchant de l'esprit humain ait introduit la dissimulation même dans les gouvernemens de ce genre, ils tendent cependant toujours à s'en affranchir. En effet, pourquoi la fraude et l'artifice seraient ils moins honteux ou plus nécessaires pour les nations que pour les f 344r° individus ? pourquoi ce que tout homme | d'une ame élevée dédaignerait comme particulier, le même homme se croirait il en droit de le faire, en 8 ont ] biffé et corr. en avaient 9 ont su ] biffé et corr. en savoient 1 1 - 1 2 une fermeté ... qualités ] partiell. biffé et corr. en du calme, de la fermeté de l'activité de la pénétration. Ces qualités 14 convient aux guerres ] corr. en ne convient qu'aux guerres 17 On ] corr. en L'On 20 sans cesse ] après ces mots a t on dit ajouté 22 la politique ] biffé et corr. en l'utilité
Livre V, Chapitre XX
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qualité de ministre d'état ou d'homme public ? qui ne voit que ce labyrinthe inextricable n'est destiné qu'a tromper le peuple, sur ses interets, de peur que, les comprenant une fois, il ne sentit, combien il serait facile de les diriger lui même ? quant aux traités, il est vraisemblable, qu'ils sont toujours superflus, mais en supposant que les engagemens publics soyent indispensables, quelle différence essentielle existe-t-il entre deux gouvernemens, qui tâchent réciproquement de se tromper, et deux individus qui recourent entr'eux, dans leurs transactions particulières, a la fourberie, à l'artifice ou au vol. f 344v° Tout ce systeme est fondé sur une idée de gloire et de grandeur nationale, comme si ces mots avoient un sens, ces méprisables objets, ces dénominations illusoires, furent, dés l'origine de l'espèce humaine, le désastreux pretexte des plus détestables entreprises. Newton en vaut il mieux parce qu'il étoit Anglais ? Galilée en vaut-il moins parce qu'il naquit en Italie ? qui peut supporter de voir ces absurdités emphatiques mises dans la balance contre les grands interets de l'humanité, toujours blessé 1 à mort, lors que la ruse, les artifices, et la dissimulation sont des objets d'admirations et d'éloges. Car, l'intelligence et les vertus des hommes seront toujours en proportion de la mâle simplicité de leurs desseins et de l'invariable intégrité f 345r° de leurs cœurs. On a encore objecté contre la démocratie, que, | dans ses transactions avec des puissances étrangères, elle est incapable d'exécuter rapidement les mesures décisives, souvent nécessaires aux succès, si, par cette objection, l'on entend qu'un gouvernement démocratique n'est point doué de l'adresse, de la rapidité, de l'impétuosité qui caractérisent les mouvemens des assassins, nous pensons avoir deja répondu suffisamment, si l'on entend, que la régularité de ses formes s'accorde mal avec l'impatience des despotes ses voisins, c'est encore un étrange reproche à lui faire, serions nous, comme les anciens Juifs, qui desiroient un roi pour ressembler aux autres nations ? un philosophe juste et impartial sera peu jaloux, de voir f° 345v° son pays jouer un grand rôle dans la diplomatie, etre profondement | plongé dans les intrigues des nations, et assidûment courtisé par les princes Etrangers, qui veulent le rendre l'instrument docile de leurs projets ambitieux. La passion la plus erronée et la plus absurde, qui puisse s'emparer d'un peuple, est celle de la gloire, puisqu'elle l'engage à préférer son influence, dans les affaires de l'Europe, à sa félicité intérieure & l'on se tromperoit, en espérant reunir ces deux objets. Ils sont en contradiction perpétuelle, & ne peuvent subsister ensemble. 15-16 mise ... contre les ] biffé et corr. en opposées aux 20 On ] corr. en l'On assassins, ] biffé et corr. en des gouvernemens usurpateurs 1
L'adjectif n'est pas accordé.
25 des
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f° 346r°
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Recherches sur la justice politique
Mais la lenteur n'est nullement un attribut nécessaire de la démocratie, toutes les propositions n'ont point besoin d'etre renvoïées à l'examen des assemblées primaires, ou, selon le style usité en Hollande, ad referendum. Le gouvernement n'est institué, que parce qu'il est nécessaire, dans l'imperfection actuelle de la race humaine, de confier à un seul, ou à un petit 5 nombre d'individus, le pouvoir d'agir pour tous, partout où le gouvernement existe, l'authorité individuelle doit etre en quelque façon secondaire, il n'est donc pas contre la raison, qu'une assemblée représentative exerce, dans certains cas, un pouvoir discrétionaire. des pouvoirs confiés à des hommes choisis dans la masse du peuple & par ses suffrages, à des hom- 10 mes, qui doivent rentrer promptement dans une situation privée, ne sont pas sujets aux mêmes dangers que les privilèges exclusifs & vexatoires de l'aristocratie. | la représentation, bien qu'elle ne soit pas sans inconvéniens, a du moins l'avantage d'appeller la partie la plus éclairée de la nation à délibérer au nom de tous et de ressembler par conséquent, un foyer de 15 sagesse et de lumières, qu'on pourrait difficilement attendre de tous les Citoyens réunis. On objecte, plus generalement encore, au systeme démocratique, qu'il est impossible d'y maintenir cette maturité dans les projets et ce calme dans les mesures, qui seuls conviennent à des affaires d'un interet general, les hommes rassemblés paraissent quelquefois saisis d'un délire 20 contagieux, la fureur, le soupçon, le désespoir les entraînent, les excès les plus inexcusables résultent souvent des artifices d'un imposteur, mais devons nous juger d'un peuple élevé dans l'exercice de sa | souveraineté, par la populace des royaumes despotiques ? assimilerons nous des hommes, destinés en naissant à l'exercice de leur raison, à des malheureux dégradés 25 par une longue servitude, et ennyvrés tout a coup par l'acquisition soudaine d'un pouvoir nouveau, d'ailleurs, les loix de la nature et de la justice veulent que tous les hommes participent aux privilèges de tous. Il en est des affaires de l'Etat comme de celles des individus, chaque homme, en gouvernant ses propres affaires, est sujet aux écarts de la passion, les tentations 30 l'entrainent la colere le séduit ; avant que la reflextion l'eclaire, il peut commettre des erreurs irréparables ; en conclurons nous qu'il faut enlever aux hommes la direction de leurs interets1, il faut tâcher de les éclairer et non de les asservir, priver un | homme du droit de se gouverner lui même est une injustice, cette première considération devrait suffire, mais en se- 35 15 au nom ... ressembler ] corr. en au nom de tous, elle ressemble 17 On ] corr. en L'On 18 maturité dans les projets ] corr. en lenteur dans les formes 31 l'eclaire ] mot ill. ajouté au-dessus et biffé 33-34 il faut ... asservir. ] supp. 1
Ici, un renvoi à la Note 409r°-415v°) et chap. v «Of Oaths» (f° 416r°-^t20v°). Dans l'angle gauche et en haut du f 409r°, on lit : Livre 6. Ch. 4 & 5, indication autographe biffée par la suite. Paginations : aucune. Ecritures : du copiste C ; corrections autographes. Titres et sous-titres : seul le titre du chapitre est traduit. Cette note du traducteur a été intégrée au texte parce qu'elle est de même nature que celles des f 125r°-v°, voir p. 1031.
Livre VI, Chapitre VI
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avec indignation de vôtre patrie ; si vous êtes de vils imposteurs, vous resterez parmi nous & nous vous traiterons comme nos meilleurs amis.» Il est vrai que, pour combler la mesure de l'absurdité, cette derniere promesse n'est pas de nature a être observée, le devoir & la raison nous invitent a surveiller l'home que nous soupçonnons, même après le serment que nous l'avons forcé de prêter. Or les précautions que nous employons contre sa duplicité, auraient suffi contre sa malveillance, sans l'inutile formalité du serment, pour découvrir si tel homme mérité notre confiance, le moyen le meilleur est il donc de le lui demander à lui même ? | si sa haine est tellement dangereuse que nous ne puissions le tolérer libre au milieu de nous, ne la décéléra t il pas par sa conduite, sans nous avilir jusqu'à le solliciter au mensonge ? s'il est tellement versé dans l'hypocrisie que notre vigilance ne puisse le démasquer, reculera t il devant le paijure ? ne trouverait on pas absurde d'exiger d'un individu, soupçonné de meurtre, qu'il fit serment de son innocence ? Il faut néanmoins démontrer, que cette législation serait raisonnable, ou convenir que le test ne l'est pas, car le test, soit qu'il ait pour objet l'exclusion de certains emplois, ou quelqu'autre but plus sévère, participe toujours de la nature du châtiment. C'est traiter un individu comme un membre pervers de la société, c'est le distinguer d'une maniéré défavorable de ses compatriotes, | c'est lui supposer certaines qualités ou certaines intentions, contraires au bien général. Or il est insensé de considérer à la fois un homme comme assez pervers pour le marquer d'une tache particulière & flétrissante, & comme assez délicat pour espérer qu'il ne se dérobera pas à cette tache par le mensonge. Ces raisonnemens étant particulièrement applicables a un peuple en révolution comme les français, il ne sera peut être pas déplacé de puiser dans leur révolution même, un exemple des inconvéniens des tests & des sermens de fidélité, en 1791, on fit jurer à tous les habitans de la france, qu'ils seraient fidèles à la Nation, à la loi et au Roi. une année après l'établissement de leur constitution | nouvelle, Ils ont, par un second serment, abjuré pour jamais la royauté, quelle influence une pareille versatilité, dans des sermens solemnels, doit elle produire sur la moralité de ceux qui les prononcent ? Cette observation conduit naturellement, de l'examen des prétendus avantages des tests religieux ou politiques, à celui de leurs désavantages réels. Je mets au premier rang l'impossibilité de rédiger une formule qui satisfasse l'opinion de tous ceux que l'on oblige de l'adopter, et qui ne soit susceptible d'aucune objection raisonnable, lorsqu'on révoqua la loi qui obligeoit les dissenters a signer, sous de certaines réserves, la profession de 28 on ] corr. en l'on
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foi de l'Eglise établie, l'on s'efforça de trouver un test, dont la rédaction fut f>4l2r° irréprochable, et l'on adopta définitivement | celui ci. Je jure que les livres de l'ancien et du nouveau testament contiennent une révélation divine, l'on supposa que nul chrétien ne pouvoit refuser cette déclaration, mais un chrétien ne peut il douter de l'authorité canonique des éclogues amoureuses de Salomon ou de tels autres livres contenus dans un recueil, formé originairement de la manière la plus arbitraire ? l'on repond a cela que je puis prêter le serment requis, pourvu que je croie que l'ancien et le nouveau testament contiennent une révélation divine, lors même que je les soupçonnerais de renfermer quelque chose de plus ; mais dans ce sens je pourrais faire la même déclaration quand on aurait inséré dans ce recueil l'Alcoran, le TalP 4l2v° mud, et tous les livres sacrés | des Indoux, quelle influence morale attendre de ces équivoques préméditées dans les engagemens les plus sollemnels ? Examinons, sous le même point de vue, le serment fédératif des français. Je jure d'etre fidèle à la Nation, a la loi, & au Roi. la fidélité à trois interets distincts, qui peuvent être souvent opposés, parait au premier coup d'œuil une promesse téméraire, nous avons discuté précédemment & condamné le serment de fidélité fait au Roi. celui de fidélité a la loi est d'une nature si compliquée, qu'il doit remplir de terreur tout esprit capable de réfléchir, un système de loix, rédigé par des hommes, ne peut être parfait ; & loin même que des fautes légères ne dispensent pas de la soumission il peut s'introf°4l3r° duire un tel degré d'injustice, qui me fasse un devoir de combattre une | loi de tous mes moyens, excepté la force ouverte, n'est il pas absurde de me faire jurer d'etre fidèle, à ce dont je puis être obligé de solliciter la révocation ? le serment de fidélité a la Nation n'est gueres moins équivoque, j'ai un engagement primitif en faveur de la justice et du bonheur de la race humaine, si la Nation, dont je fais partie, entreprend ce qui est injuste, ma fidélité dans cette entreprise deviendrait un crime, si ce qu elle entreprend est juste, je dois concourir a son succès, non pas par prédilection pour mon pays, mais par zele pour l'équité qui l'exige. Ajoutons, à ces raisonnemens, ce que nous avons établi en traitant de l'obéissance, et nous aurons suffisamment démontré que tous les tests qu'on f 413v° exige sont autant | d'usurpations, le gouvernement n'a, dans aucun cas, le droit de donner arbitrairement des ordres, lorsqu'il ordonne de prêter un serment, il excède ses pouvoirs, ses fonctions légitimes se reduisent, d'une part, à diriger les moyens de contrainte, qui lui sont confiés, contre ceux qui 7 - 9 que je puis ... soubçonnerais ] partiell, biffé et corr. en qu'il peut prêter le serment requis, pourvu qu'il croie que l'ancien et le nouveau testament contiennent une révélation divine, lors même qu'il les soupçonnerait 2 0 - 2 1 & loin ... soumission ] partiell, biffé et corr. en des fautes legéres ne dispensent pas de la soumission mais 29 pas ] biffé
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troublent, par leurs actions, la tranquilité publique, de l'autre, à faire rentrer dans le trésor Nationnal les Impositions nécessaires aux dépenses nationnales. On peut [aleguer] du serment fédératif des français, comme des sermens religieux, dont nous venons de parler, qu'ils sont susceptibles de quelque latitude d'interpretations. en jurant d'etre fidele à la loi, j e déclare seulement que j'en approuve certaines parties, en jurant d'etre fidele à la Nation, f>4l4i* à la loi, et au Roi, j e ne puis avoir en vue que les circonstances, qui permettront à ces authorités d'etre d'accord entre elles, et de travailler au bien général : c'est à dire que, par cette interprétation équivoque, je jure simplement, qu'il est de mon devoir de faire tout ce qui me paroit juste, quelle prostitution du langage, & qui contemplerait sans effroi ces leçons perpétuelles de duplicité qu'on donne publiquement aux hommes ? Adoptons maintenant la supposition contraire, elle seule représente le serment comme un moyen efficace & raisonnable, admetons qu'il existe dans la société des individus assez ignorans et assez crédules pour se perf>4i4v° suader | qu'un serment change la nature du devoir, ces hommes auront horreur de quiconque voudra leur prouver que leur fidélité pour le Roi, s'il est parjure, pour la loi, si elle est injuste, pour la Nation, si elle est égarée, doit subir quelque restriction, comme ils le considéreront comme un sacrilege, Les moins aveuglés lui répondront, que ses leçons viennent trop tard, et que l'écouter est un crime. Les plus éclairés contempleront avec envie l'home qui peut examiner sans terreur les opinions de toute espèce, se livrer à ses reflections, & suivre librement la chaine des résultats, pour eux, ils ont promis de ne plus penser durant le reste de leur vie. Quelle entrave a la f 4i5r° vigueur des idées ! | Quelle destruction de l'élasticité de l'esprit. Aussi longtems que nous conserverons ce misérable système des tests qui confond dans l'ame des hommes toutes les notices du juste et de l'injuste, nous espérons vainement retirer quelques fruits de l'abolition de la monarchie et de l'aristocratie. La véracité n'est pas moins nécessaire que l'égalité au bien être de l'espèce humaine. Un gouvernement qui provoque sans cesse les restrictions mentales, les subtilités & l'hypocrisie, n'est pas moins éloigné de la raison qu'un gouvernement de castes et de distinctions héréditaires. si les institutions positives ne ramenoient perpétuellement les homf° 4i5v° mes a la | dissimulation et a l'imposture, Ils deviendraient bientôt sincères & veridiques, sans déguisement dans leurs discours, sans réserve dans leurs
4 On peut... comme des ] partiell. biffé et corr. en dira t on pour justifier le serment fédératif des français, comme les
14-15 Adoptons ... existe ] partiell. biffé et corr. en Si au contraire,
& cette supposition seule représente le serment comme un moyen efficace & raisonnable, il existe
20 comme ] biffé
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Recherches sur la justice politique
manières, cette tendance est dans leur nature, et le langage ne peut exprimer les inombrables avantages, qui résulteraient de la pratique universelle d'une sincérité sans mélange.
Livre VI, Chapitre V 1
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Chapitre V 1
4i6r°
Des sermens en Général.
f 4i6v°
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Les argumens qui prouvent l'injustice des tests s'appliquent à tous les sermens, requis pour occuper des emplois publics, si l'on me confioit un emploi sans m'imposer un serment, quel serait mon devoir ? le serment qu'on exige en change-t-il la nature ? si mon devoir reste le même, le serment qu'on me demande est illusoire ; mais ce n'est pas son seul danger, il tend a confondre nos idées morales, il implique qu'un engagement direct peut créer un devoir nouveau, peut ajouter à la sainteté de la justice ou la balancer, s'il se trouvoit contraire a ce qu'elle ordonne, Quels motifs d'ailleurs peuvent faire | espérer que je remplirai fidelement mes fonctions ? la connoissance de ma conduite passée, sans doute, et non des protestations arrachées à mon ambition ou à ma foiblesse. si je suis irréprochable, pourquoi me témoigner une défiance insultante ? si je suis justement suspect, pourquoi mettre entre mes mains des intérêts que je puis trahir ? Les Nations de l'Europe moderne, et particulièrement les Anglais, ont prostitué les sermens d'une manière honteuse et absurde, c'est un moïen du gouvernement, pour se dispenser de la surveillance, qui est son devoir, en faisant de chaque homme sa propre caution, ce qui implique contradiction dans les termes, c'est un expédient des Législateurs pour | masquer l'insuffisance et la folie de leur loi, en extorquant aux individus la promesse de faire ce qu'ils n'ont su, ni concilier avec l'interet personnel, ni soumettre a la force publique2, parmi les fonctionnaires, il en est qui s'engagent, non seulement pour eux, mais pour leurs subordonnés ; d'autres promettent une inspection au dessus des facultés phisiques de l'homme ; d'autres encore contractent des obligations qu'ils ne se proposent point de remplir, & qu'on n'a nullement l'intention d'exiger d'eux, enfin pourra t-on croire, dans un Etablissement du texte : 6/5-5/5, L P 416i / M20v°, P2 f> 114v°-l 17r°, G pp. 631-636. 23 soumettre a ] biffé et corr. en même soutenir par 1
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Pour ce qui concerne la description matérielle du chap. V «Of Oaths», voir n. 1, p. 1300. Paginations : aucune. Ecritures : du copiste C ; corrections autographes. Titres et sous-titres : seul le titre du chapitre est traduit. Ici, un renvoi à la Note 85, supprimé.
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Recherches sur la justice
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autre siecle, que tous les négotians d'Angleterre, dont les Marchandises sont assujetties aux droits d'accise, sont invités au parjure par les loix qui leur f ° 4 i 7 v ° imposent des serments, dont | l'infraction publique est préalablement convenue ? Il nous reste a considérer une espèce de serments, que justifient des hommes suffisamment éclairés, pour rejetter tous les autres, ce sont les sermens exigés de témoins, qui déposent en justice, nous convenons qu'ils ne sont point exposés à la plupart des objections qui militent contre ceux de fidélité ou d'installation dans les emplois, il n'est point question de consentir à une proposition peut être douteuse, & qui n'a pour elle que l'authorité du gouvernement, il ne s'agit que de coroborer la vérité d'une déclaration librement émise, contenant des faits connus par le déclarant, et rédigée dans les expressions qu'il a choisies, il ne s'engage point pour l'avenir : il ne f 4i8i" renonce point a l'acquisition | de lumières nouvelles, il jure simplement d'être sincère dans son récit des choses passées. Ces considérations adoucissent le mal, mais ne changent point sa nature, tous les hommes, dont l'ame a quelque énergie, regardent comme un outrage l'obligation du serment, la constitution d'Angleterre reconnoit indirectement l'évidence de ce principe ; et tandis qu'elle impose le serment au commun des hommes, Elle n'exige de la caste nobiliaire qu'une déclaration d'honneur, peut on concevoir une distinction plus insolente ? Les sermens faits en justice sont une des pratiques les plus propres a démoraliser les hommes, c'est dire au déposant : «vous ne méritez pas qu'on vous en croie sur votre parole» et peu d'hommes sont assés fermes f 4 l 8 v ° pour se préserver purs et | estimables, lorsque dans les occasions les plus solemnelles, ils ont contracté l'habitude d'être traités avec mépris, les hommes irréfléchis considèrent les sermens comme une sorte d'indulgence plénière, pour les mensonges occasionnels, dans les relations communes, ou le serment n'est pas exigé. Cet usage est une des causes les plus puissantes de prévarication et d'imposture, la véracité paroit une chose indifférente, dans les affaires ordinaires de la vie. La loi regarde comme démontré qu'aucun homme, ou du moins aucun roturier, ne mérité d'etre cru sur sa simple affirmation. Or les suppositions légales de cette espèce, lors même qu'elles sont erronées dans l'origine, tendent a se vérifier, par l'effet même qu'elles f > 4 l 9 r ° produisent, ajoutez a ces considérations l'inconvénient inséparable | de tous les abus de l'institution politique, le renversement des principes éternels de la morale, pourquoi suis je obligé d'etre particulièrement exact dans mes déclarations juridiques ? parce que ma déposition peut mettre en danger la fortune, la réputation, la vie d'un de mes semblables, tous ces motifs primitifs & purs sont mis de coté par une invention purement factice. Ce n'est plus par delicatesse, par justice, par philantropie, par humanité, que la vérité
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nous semble un devoir ; c'est parce que l'institution politique nous ordonne de la dire sous serment, si par hazard l'on oublioit d'exiger ce serment de nous, le devoir nous paroitroit beaucoup moins obligatoire : tout ce qui tend a resserer les liens de la morale par des considérations étrangères & artifiP 4l9v° cielles, | n'a jamais a la longue d'autre effet que de les relâcher et de les détruire. Les hommes n'agiront avec cette justice libérale et cette intégrité conscientieuse, qui fait leur plus bel ornement, que lorsqu'ils seront pénétrés de ce que le nom d'homme leur impose. Celui dont un serment vient flétrir les levres devient insensible aux charmes d'une véracité simple et naturelle, si nos instituteurs politiques avoient consacré à la découverte des moïens d'encourager la vertu, la moitié des talens qu'ils ont déploïés pour dépraver l'espèce humaine, ils auroient fait de ce monde un paradis, au lieu d'une scène de désordres & de malheurs. Laissons maintenant les principes généraux, et considérons les formules P 420r° des sermens, et le sens littéral des expressions | qu'ils contiennent. Ils adoptent comme une théorie démontrée l'existence d'un maitre invisible de ce monde, & la convenance de le faire intervenir dans les relations des hommes. Ils vont même plus loin : ils consacrent le systeme religieux de l'état, quel qu'il puisse être, ils placent en conséquence dans une situation forcée le philosophe qui doute de l'une ou de l'autre de ces deux propositions, direz vous que sa conviction profonde est une considération triviale qu'il doit mépriser, pour vous obéir ? des imprécations, d'ailleurs, est ce là le langage que nous devons adresser au Ciel ? nous demandons a Dieu son eternelle vengeance, si nous proférons un mensonge. L'inventeur d'une pareille formule traitoit légèrement l'Etre suprême, si notre devoir est de lui P420v° demander indulgence et miséricorde, c'est une profanation impie et gratuite que de provoquer conditionnellement son ressentiment et sa vengeance.
26 légèrement ] avant ce mot bien ajouté
27-28 gratuite ] en surcharge sur. ill[...]
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Recherches sur la justice politique
Chapitre VI1 Des Libelles.
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En recherchant quelle est la jurisdiction de l'authorité sur l'opinion, tant religieuse que politique, nous avons anticipé sur l'une des deux branches de l'examen que nous commençons, relativement aux loix contre les libelles, si les argumens que nous avons allégués sont justes, il s'ensuivra que l'équité condamne tout châtiment infligé pour des écrits ou des expressions, contraires au système établi de gouvernement ou de religion. Il est impossible de faire a ce sujet aucune distinction solide. Il est impossible de prescrire le mode d'après lequel les questions publiques doivent être discutées, lorsque je suis pénétré de la grandeur de mon sujet, comment rejetter l'éloquence ? lorsque la théorie que je combats me paroit absurde, f° 42iv° comment exiger que je me refuse a la couvrir de ridicule ? mieux vaudrait m'interdire totalement une discussion, que me circonscrire dans mes moyens de la traiter utilement. Quelle est donc cette espece d'indulgence illusoire et tyrannique, qui me permet d'attaquer les systèmes établis, sous la condition expresse que mes attaques seront sans force et sans chaleur ? examinez, me dit on, réfléchissez librement, mais en communiquant le résultat de vos réflexions, gardez vous de rien dire, qui puisse persuader ou convaincre vos lecteurs. Toutes ces restrictions, toutes ces règles sont des instrumens d'usurpation perpétuelle pour le parti dominant. L'auteur énergique est un incendiaire : L'auteur calme & attaché aux principes un soF 422r° phiste | dangereux : le censeur piquant & sévère un libelliste insolent. Certes l'espece humaine serait dans une situation déplorable, si l'appui du grand nombre et la protection des grands ne donnoit pas a la vérité la force suffisante pour combattre l'erreur à armes égales, ce qui peut supporter Etablissement du texte : 6/6-5/6, L f°421r°-430vo, P2 P 117v°-122v°, G pp. 637-651. 4 l'une des deux branches de ] biffé 10 doivent ] corr. imm. de peuvent énergique ] avant ces mots au gré de ce parti ajouté 24 grand ] biffé au-dessus du pouvoir ajouté et biffé '
21-22 L'auteur 25 des grands ]
Cahier formé de douze feuillets cousus (F 421^4-32) contenant la traduction du chap. VI «Of Libels» (f 3 421r°-430v°). Les f 431i"-432v° sont blancs. Dans l'angle gauche et en haut du f 421r*\ on lit : Livre 6. Ch. 6, indication autographe biffée par la suite. Paginations : aucune. Ecritures : du copiste C ; corrections autographes. Titres et sous-titres : seul le titre du chapitre est traduit.
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l'épreuve de l'examen n'a pas besoin du secours des lois pénales, lorsque les sophistes auront épuisé leurs subtilités et leur éloquence, la vérité dans un style clair réfutera tous leurs artifices. Eloignez seulement l'entremise étrangère de l'authorité, ne dites pas, nous sommes trop paresseux pour raisonner : nous aimons mieux ordonner le silence songez qu'aussi longtems que les ennemis de la vérité se borneront aux écrits, | vous n'aurez nul motif d'allarme, & que le premier acte qu'ils se permettront vous autorise à les réprimer. Il existe toutefois un genre de libelles, qui demande une attention plus particulière. Un libelle peut ne pas se borner à des objections abstraites contre le gouvernement ou la religion : il peut même n'avoir ni la religion ni le gouvernement en vue. son objet peut être de provoquer des rassemblemens, & d'exciter des violences, dans le cas bien démontré ou l'on prépare évidement une sédition, la société a droit d'employer sa force légale, mais deux methodes différentes se présentent pour l'emploi de cette force, l'une consiste a prévenir tout rassemblement tumultueux, l'autre à intenter une accusation contre les perturbateurs de la paix publique, la première de ces methodes est sage, équitable, suffisante, si les agens de l'authorité remplissent leur devoir | avec vigilance, la seconde est accompagnée de plus d'une difficulté ; un libelle dont l'intention avouée est de conduire le peuple à la violence immédiate, est fort différent d'un ouvrage qui examine avec liberté les vices d'une institution quelconque, & ces deux sortes d'écrits doivent être soumis à des règles différentes. Il faut cependant éviter les interprétations arbitraires : si nous n'y prenons garde, tout auteur qui doutera de la légitimité du gouvernement, de la sagesse de ses mesures, de la vérité du culte établi, sera considéré comme un libelliste. car une démonstration claire et calme de l'injustice d'une institution, tend aussi directement à la détruire que le plus violent tumulte, une seconde difficulté naît de la nature des châtimens. en général nous avons prouvé, & nous sommes ramenés sans cesse a ce principe fondamental, que tout châtiment est contraire à la nature de l'esprit humain | et ne doit être emploié que dans des cas de nécessité extrême. Une troisième difficulté résulte enfin de la différence qui existe
3 clair ] après ce mot nerveux & simple ajouté 14-24 mais ... arbitraires : ] partiell. biffé et corr. en soit en prévenant tout rassemblement tumultueux, soit en intentant une accusation contre les perturbateurs de la paix publique, [f 423r°] | Il faut néanmoins (dans l'un & l'aut) eviter les interprétations arbitraires, un libelle dont l'intention avouée est de ([...]} pousser le peuple à la violence immédiate, est sans doute, fort différent d'un ouvrage ou l'on examine avec liberté les vices d'une institution quelconque, & ces deux sortes d'écrits doivent être soumis à des règles différentes, mais : 28 le plus violent tumulte. ] biffé et corr. en l'insurrection la plus positive. 28-p. 1310.5 une seconde ... incertaine. ] supp.
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Recherches sur la justice politique
entre l'intention et l'execution d'un crime, lorsqu'il ne s'agit que de prévenir, l'intention authorise la société a prendre toutes les précautions nécessaires : mais lorsqu'il s'agit de punir, l'intention est rarement aussi évidente, pour que l'ami de la justice ne répugne pas à fonder sa sentence sur une base aussi incertaine. f° 424r° Au 1 reste soit que le gouvernement employe la première ou la seconde de ces méthodes, il ne faut pas perdre de vue que tous nos raisonnemens supposent que le tumulte est un plus grand mal que l'institution que l'on tente de détruire, cette supposition est fondée, dans les occasions communes, mais non dans toutes les occasions, l'on ne saurait repeter trop souvent que la société n'a jamais le droit de punir une action intrinsèquement légitimé. Il en est des gouvernemens comme des individus. Ils suivent leurs notions de justice aux risques de se tromper, d'etre injustes, et par conséquent coupables. Indépendamment des écrits contre les institutions, la loi connoit encore f°424v° les libelles contre la vie | domestique des particuliers, presque tous les hommes qui conviennent avec nous, que les ouvrages politiques doivent jouir d'une liberté illimitée, permettent les menaces & les châtimens destinés à comprimer la calomnie individuelle, le reste de ce chapitre aura pour objet de leur prouver que cette distinction n'est pas fondée. Avouons d'abord que leurs raisonnemens sont spécieux & doivent être populaires «de toutes les propriétés, l'honneur est la plus précieuse ; ma fortune ne m'appartient que par une suite des conventions sociales ; La valeur que j'y attache est arbitraire & variable ; pour peu que j'aie quelque
2-3 nécessaire : ] ici, BC ajoute une note qu'il biffe par la suite Godwin s'exprime ici un peu vaguement, nous avons déjà dit que si par (prévenir) l'expression de prévenir les crimes, l'on entend les interrompre de manière à ce qu'ils ne soient pas consommés, rien n'est plus juste : mais que sous le prétexte de prévenir, il n'y a aucune tyrannie qui ne puisse se justifier. 6-10 Au reste ... les occasions, ] partiell. biffé et d'abord corr. en il ne faut pas non plus perdre de vûe que l'insurrection est un plus grand mal quelle a pour but de détruire, ensuite corr. en il ne faut pas non plus perdre de vûe qu'en autorisant la Société à employer contre les insurrections la force légale, nous supposons toujours que ces insurrections sont un plus grand mal que les institutions qu'elles ont pour but de détruire. 11-12 II en est ... Ils ] partiell. biffé et corr. en & qu'il en est des gouvernemens commes des individus qui 1
Le f 423v° est caractérisé par une écriture plus large et, vers la fin de la page, le copiste laisse un blanc d'environ trois lignes. Le f 424r° commence par la fin d'une phrase qui n'est pas en relation avec ce qui précède : dangereux le censeur piquant et severe un libelliste insolent. Vu que BC ne traduit pas une partie du texte anglais, on peut supposer la destruction d'une page, ou un passage particulièrement difficile à lire par le copiste qui laisse un blanc à remplir.
Livre VI, Chapitre VI
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sagesse et quelque énergie, celui qui m'enlève mes richesses me fait peu de mal, mais celui qui flétrit ma réputation | est un ennemi bien plus considérable. c'est un malheur affreux que d'être considéré par ses compatriotes comme un homme sans moralité et sans principes. Lors même que le mal ne tomberoit que sur moi, je ne pourrais le supporter avec indifférence, il faudrait être dénué de tout sentiment de justice pour se voir sans douleur l'objet du mépris universel, il faudrait cesser d'etre un homme pour n'être point sensible a la calomnie qui brise nos liens les plus chers et nous laisse peut être sans un ami qui daigne nous plaindre, mais ce n'est pas tout ; celui qui m'enlève ma réputation détruit du même coup mon utilité sociale, si mes intentions sont toujours mal interpretées, c'est en vain que je consacre f°425v° mes talens au bonheur de mes semblables, on n'écoute point celui | qu'on méprise, il est détesté durant sa vie, couvert d'opprobre à sa mort, quelle lâche indulgence voudra dérober au châtiment le plus exemplaire un crime plus atroce que le vol ou peut être que le meurtre.» Notre reponse à cette objection se composera de deux branches, Nous prouverons en 1er lieu qu'il est nécessaire que la vérité soit publiée, nous démontrerons secondement qu'il est nécessaire d'encourager par tous les moyens la sincérité et la franchise. 1° Il est nécessaire que la vérité soit conue. si l'on permet à la partialité de jetter un voile sur les erreurs de l'espèce humaine qui ne sent, que le vice seul, & non la vertu, doit y gagner ? aucune terreur ne frappe le vice comme f 426r° le danger d'etre traduit | au grand jour ; aucune récompense ne soutient et n'enflame la vertu come l'espoir de la louange et de l'admiration générale. Si la libre discussion des sciences abstraites est d'une haute importance pour le perfectionnement de l'intelligence, l'examen non moins libre des caractères individuels, n'est pas moins nécessaire à l'amélioration des mœurs, si la vérité par tout étoit toujours proclamée sur les actions & sur les intentions de chacun, les échaffauds pourraient disparôitre de la surface du globe : le scélérat démasqué serait forcé d'être honnête par intérêt personnel : un homme n'aurait pas même le tems de devenir un scélérat, la vérité, f°426v° dévoilant ses premiers écarts, arrêterait | sa marche encore incertaine, et l'opinion le retiendrait dès l'entrée de sa vicieuse carrière. Que d'hommes qui passent maintenant pour vertueux & reculent devant l'évidence de ce principe ! On les exposerait dans toute leur foiblesse et leur imbécillité ; cette imbécillité, cette foiblesse ne prennent leur source que f° 425f
2 - 3 considérable ] biffé et corr. en formidable 12 on ] corr. en l'on 13 vie, ] après ce mot & ajouté 16 composera de ] biffé et corr. en divise en 21 voile ] après ce mot officieux ajouté 26 l'examen non moins libre ] partiell. biffé et corr. en le libre examen 36 cette ... prennent ] corr. en mais cette imbécillité, cette foiblesse mêmes n'existeroient plus : car elles ne prennent
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Recherches sur la justice
politique
dans le secret corrupteur, dont les mœurs nationales & les institutions politiques couvrent aujourd'hui les actions particulières, l'espoir du mystère nous dispense de marcher d'un pas ferme et de prendre une couleur décidée, quelle ne seroit pas l'énergie de l'homme sur d'être toujours observé, d'etre toujours jugé avec discernement, traité toujours avec justice ! la timidité, l'incertitude donneroient une telle prise, que | la prudence même tendrait a nous en corriger. Le moyen de parvenir a la connoissance des vérités individuelles est le même que celui d'arriver aux vérités générales. C'est le choix des récits opposés qui fait jaillir la lumière, lorsque l'esprit humain s'occupe longtems d'un sujet quelconque, il finit toujours par en juger sainement. Les libelles trompent aujourd'hui les hommes, non qu'ils aient une puissance intrinsèque, mais parce que des loix pénales sont destinées a les réprimer, l'homme qui sort d'un cachot ne peut soutenir l'éclat du jour ni distinguer les couleurs ; telle est la situation du genre humain, son jugement est foible, parce qu'il s'en est | longtems interdit l'usage. La fable la plus absurde fait une impression profonde parce qu'elle se racconte avec mystère, & que l'expérience ne vous a point encore éclairés sur les probabilités des actions humaines. Sans doute les premiers momens de la liberté illimitée de la presse jetteroient dans le monde une inondation de calomnies mais l'effet en seroit détruit par leur multiplicité même, tous les hommes étant accusés, la persécution générale ne pouroit jamais etre dirigée contre un seul en particulier, bientôt le public s'éclaireroit par l'étude des accusations & des caractères, & les signes intrinsèques de l'imposture seraient distingués & reconnus. Les libelles délivrés de la surveillance malfaisante de l'autorité seraient comme tant d'autres choses bientôt réduits à leur | juste valeur, L'inventeur et l'organe d'une calomnie, trouveraient leur châtiment mérité, l'un dans la haine qu'excite la perversité intentionnelle, l'autre dans le mépris qu'entraine la stupide crédulité. Les écrits anonymes n'auraient aucun poids, s'ils attirent aujourd'hui notre attention, c'est que l'institution politique attache du péril a la publication de la vérité, et nous fournit des motifs honnorables de nous dérober a ses poursuites. Puisqu'il est nécessaire que la vérité, même individuelle, soit répandue, il faut par tous les moyens encourager les hommes a la répandre. Les lois pénales contre les libelles établissent, au contraire, une lutte entre la sincérité des individus, & la volonté prétendue de la société, l'institution politique, en soumettant a sa jurisdiction la morale elle même, la rend un sujet de doute & d'incertitude, des symptômes contradictoires nous pressent, nous froissent nous rendent insoucians de la justice & apathiques pour la vertu, les loix contre les libelles sont de toutes les mauvaises loix celles
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qui pèsent le plus constamment sur le jugement individuel, elles usurpent le droit de nous dirriger dans nos devoirs de chaque jour, de chaque heure, et nous offrant sans cesse la perspective du châtiment, elles brisent tous les ressorts de nôtre ame et dénaturent tous les sentimens de notre cœur. porter atteinte à l'intégrité de la parole est dans un gouvernement, peut être un plus grand crime que d'attenter à la liberté d'agir, les actions P429r° qui demandent du courage se | présentent rarement, mais chacun de nos discours est une occasion d'être intrépide ou d'etre lâche, malheur à l'institution qui porte dans une relation si perpétuelle et si intime, l'avilissement et la bassesse ! au lieu de rechercher ce qu'il est utile de dire, nous étudions avec inquiétude ce que nous devons cacher, au lieu d'une activité généreuse qui nous porte a faire le bien, nous plaçons nôtre devoir a nous abstenir du mal. toutes nos vertus sont négatives, on croirait que nous habitions un monde factice, et que nous ne sommes que de vains fantômes. Oh quand toucherons nous enfin la terre des realités ! L'abolition des loix contre les libelles auroit un precieux avantage, celui f 429v° de nous donner l'idée juste des relations | des choses entr'elles, nous sentirions que l'unique antidote du mensonge, c'est la vérité, malgré tous les argumens industrieusement rassemblés en faveur des actions juridiques, intentées pour des écrits, tout homme qui rentre en lui même sentira leur absurdité, le coupable et l'innocent doivent avoir une maniéré différente de repousser une accusation, la loi contre les libelles confond l'innocent & le coupable. Un mouvement d'impatience peut entrainer un homme à commencer un procès contre son accusateur, mais qu'il soit assuré d'avance que le public, ce spectateur désintéressé, ne le verra pas sans indignation invoquer contre des assertions, qu'il peut refuter, le secours équivoque d'une autorité trompée peut être ou peut être corrompue, f 430r° Les raisonnemens en faveur de la justice, quelque différents que puissent être les sujets que nous traitons, ont toujours entr'eux une espece de conformité. Le résultat de ce chapitre, comme de tous ceux qui l'ont précédé, c'est que les systèmes défectueux de l'institution politique tendent a détruire la vigueur de l'ame et l'activité de l'esprit. Si nous étions accoutumés à ne recourir à la force, soit publique, soit individuelle, que dans les occasions ou ce recours est évidemment légitime, nous commencerions a respecter la raison, parce que nous connoitrions sa puissance, la violence seule appelle la violence ; 1' assertion ne doit etre combattue que par la preuve ; celui qui, dénaturant la question, se saisit d'une arme étrangère, partage les P430v° torts de l'ennemi | qu'il repousse, & rompt le premier la paix sociale. Le 7 se présentent rarement, ] biffé et corr. en ne sont pas en grand nombre l'on 22 la loi ] avant ces mots mais ajouté
13 on ] corr. en
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Recherches sur la justice politique
culte de la vérité ne s'établira, que lorsque les homes plaçeront en elle leurs esperances, repousseront toute assistance d'une autre nature, ne permettront pas que l'autorité la souille de son appui, & la reconnoitront pour ce qu'elle est, impénétrable comme le diamant, éternelle comme le monde.
Livre VI, Chapitre VII
Chapitre VII1 Des Constitutions.
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La doctrine, récemment introduite relativement aux constitutions, se lie intimément à nos raisonnemens sur l'opinion, considérée politiquement. L'on prétend, que, dans tous les Etats régulièrement organisés, Les loix se divisent en deux classes, les loix constitutionnelles & les loix réglementaires. Les premières ont pour objet la distribution de l'autorité politique, & l'établissement des formes permanentes du gouvernement : les secondes sont le résultat des délibérations occasionnelles des pouvoirs constitués. De cette distinction l'on infère que les loix réglementaires sont d'une bien moindre importance | que les loix constitutionnelles, que ces dernières exigent dans leur confection plus de solemnité que les autres, & que le législateur doit s'efforcer de les mettre, autant que possible, à l'abri de tout changement. l'assemblée Nationnale de France, en 1789, poussa ce principe à l'extrême, et prit toutes les précautions immaginables, pour rendre son ouvrage immortel. Elle défendit de le modifier, sous aucun prétexte, avant une révolution de dix années : elle déclara que les changemens futurs seroient d'abord reconnus nécessaires par deux législatures successives, qu'après ces formalités une assemblée de révision seroit convoquée, & que cette assemblée même ne pourroit toucher à aucun article de la constitution, que ceux expressément soumis a son examen. Il est aisé d'appercevoir que ces précautions sont directement contraires aux principes établis dans cet ouvrage. A peine degagée des épaisses ténèbres d'une monarchie absolue, l'assemblée constituante prétendit donner des leçons de sagesse aux siecles futurs. Elle oublia que des améliorations nouvelles étoient réservées a ses successeurs, par les loix immuables de la destinée, et que la situation convenable à l'homme n'étoit pas le sommeil d'une éternelle apathie, mais une marche facile vers la perfection. La meilleure des formes sociales est incontestablement celle qui contient le moins Etablissement du texte : 6/7-5/7, L P 433r"-^44i", P2 P 123r"-129v°, G pp. 652-664. 1
Cahier formé de douze feuillets cousus (P 433-444) contenant la traduction du chap, v u «Of Constitutions» (P 433r°-444r")- Le P 444v° est blanc. Dans l'angle gauche et en haut du P 433v°, on lit : Livre 6. Ch. 7, indication autographe biffée par la suite. Paginations : aucune. Ecritures : du copiste C ; corrections autographes. Titres et sous-titres : seul le titre du chapitre est traduit.
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Recherches
sur la justice
politique
de principes stationnaires ; l'idée de donner un grand degré de permanence1 à ce que l'on nomme la constitution d'un gouvernement et de rendre certainés | loix sous la dénomination de fondamentales, moins susceptibles d'amélioration que les loix d'une autre espèce, ne peut être qu'une erreur. Cette erreur a pris naissance, vraisemblement, dans ces formes de mo- 5 nopole politique, que nous voyons établies, dans tout le monde civilisé. L'on a supposé, que, pour être légitime, le gouvernement n'avoit besoin que de tirer son origine de la volonté du peuple, et cette supposition mal fondée (car nous avons prouvé, que la légitimité des gouvernemens venoit, non de leur origine, mais de leur conformité avec les notions de la vérité & de la 10 justice, conformité qui, dans les institutions stationnaires, cesse d'exister à mesure que les notions de la justice & de la vérité s'améliorent) cette supposition, | disons nous, a naturellement introduit une différence entre les loix qui constituent les autorités, et les loix qui sont l'ouvrage de ces autorités déjà constituées. 15
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Si nous n'avions jamais vu de gouvernemens arbitraires & bizares, jamais probablement nous n'aurions songé à retrancher certaines loix du code qu'on nomme constitutionnel, mais lorsque nous voïons un homme, quelques hommes, ou quelques corporations, exercer un pouvoir exclusif & tyrannique, nous sommes portés à demander, quelle est la source de leur 20 autorité, comme ils ne tiennent pas cette authorité de la nature des choses, ils répondent qu'ils la tiennent de la constitution. Si nous ne voyions dans l'état d'autre pouvoir, que celui du peuple, avec un corps de représentans, des secrétaires & | des commis soumis a sa surveillance et destituables a sa
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volonté, nous ne demanderions jamais d'où vient l'authorité, parce qu'elle 25 résiderait dans le peuple, dans lequel elle aurait du toujours résider. On a cru faire aux gouvernemens de l'Europe moderne, un reproche grave, en les accusant de n'avoir point de constitution2. Si, par ce reproche, l'on entend qu'ils n'ont point un code écrit, portant cette dénomination, et que leurs constitutions sont l'ouvrage graduel du tems, plutôt que l'acte 30 instantanné d'une volonté subite, c'est une dispute de mots. Dans tout autre sens, c'est moins un blâme qu'un éloge, mais un éloge que, malheureusement, ils sont loin de meriter. Au reste, soit que nous adoptions ou que nous rejettions la différence que l'on suppose entre les loix constitutioïïelles | et les loix réglementaires, il 35
17-18 retrancher ... constitutionnel, ] biffe et corr. sous la dénomination de constitutionnelles.
en former une classe particulière de loix,
27 On ] corr.
en L ' O n
1
Ici, un renvoi à la Note 52, supprimé.
2
Godwin précise la source : T . Paine, Rights of Man, voir G, p. 467.
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n'en sera pas moins toujours vrai, qu'un peuple ne perd jamais le droit de changer sa constitution, et que le condamner à supporter un instant une constitution qu'il désaprouve est la plus grossière des absurdités1. C'est dire à une Nation, «vous êtes convaincue que tel changement seroit utile, qu'il est peut être immédiatement nécessaire, nous y penserons dans dix ans.» Niez vous qu'un peuple doive être gouverné conformément aux meilleures notions qu'il a conçues de la vérité et de la justice ? si vous admettez cette assertion, comment oserez vous dire a ce peuple : vous avez choisi un gouvernement il y a dix ans : depuis cette époque, vos idées de justice & de vérité se sont rectifiées ; néanmoins le gouvernement que vous avez choisi f° 436v° il y a dix ans, d'après vos idées fautives, est encor le seul légitime, & vous n'avez aucun droit de le changer ? Autant vaudrait l'astreindre a se gouverner par les préjugés de ses ancêtres, ou par la volonté du plus insolent usurpateur. Sous quel prétexte refuseriez vous à une assemblée nationale, nommée suivant la forme ordinaire, le droit de changer les loix constitutionnelles, aussi bien que les moins importantes des loix de détail ? ce droit ne peut être dangereux que pour les constitutions encore souillées d'un reste de monarchie ou d'aristocratie, & ces constitutions, toutes vos distinctions subtiles, toutes vos garanties illusoires ne les sauveront pas d'un sort mérité. Il f° 437r° faut en revenir à ce sujet au seul veritable principe, une assemblée, | quelle qu'ait été la solemnité de sa convocation, n'a pas le pouvoir d'imposer des loix contraires a ce qui paroit juste à l'opinion générale, & l'authorité la plus ordinaire, légitimement établie2, suffit pour oppérer facilement l'exécution paisible des changemens dictés par le vœu public. Toute distinction entre les loix constitutionnelles & les loix réglementaires, sera toujours ininteligible en théorie, & vexatoire dans la pratique. Les assemblées législatives se trouveront contrariées sans cesse dans leur intention de faire le bien par la crainte de violer la constitution. Dans les pays ou le peuple est accoutumé aux idées d'égalité, & dans lesquels il n'existe aucun monopole P437v° politique, il n'est pas probable qu'une assemblée | nationnale introduise jamais des changemens dangereux : il est plus improbable encore que le peuple s'y soumette, & n'ait pas des moïens surs de s'en garantir, sans désordre & sans violence, donnez aux hommes la justice, donnez leur l'égalité, mais ne leur donnez pas de constitution qui les paralyse. Qu'ils suivent en liberté les conseils de leur raison progressive, & changent leurs formes sociales a mesure qu'ils deviendront plus éclairés & plus sages.
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Ici, un appel renvoie à une référence de note caviardée et illisible. Ici, un renvoi à la (Note 53), supprimé.
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Recherches sur la justice
politique
Au moment ou s'assembla la convention nationale de france, l'idée la plus généralement reçue étoit que les pouvoirs de cette assemblée se reduisoient à présenter un projet de constitution, qu'elle soumettroit ensuite a l'approbation des divers districts, & qui n'auroit force de loi, qu'après avoir P438r° été sanctionné par eux. cette opinion mérité d'etre examinée sérieusement. Si les loix constitutionnelles doivent etre soumises a la revision des districts, toutes les loix doivent passer par la même épreuve 1 , & sous le nom de lois, je comprends l'établissement préalable de tout principe général, applicable aux cas particuliers a venir, & même toute décision spéciale pour des circonstances individuelles ; pourvu toute fois qu'elles ne soient pas de nature a n'admettre aucun délai. C'est par une erreur grossière, qu'on imagine que l'importance des loix diminue progressivement, que les loix constitutionnelles sont plus importantes que les réglementaires & celles ci que les arrêtés particuliers, une loi réglementaire, punissant de mort tous ceux f° 438v° qui rejetteraient la doctrine de la | transubstantiation seroit plus funeste au bien public, que la loi constitutionelle qui prolongeroit ou abrégerait la durée des fonctions représentatives. La repartition des taxes appartient moins, comme nous l'avons prouvé, à la législature qu'a l'administration exécutive. néanmoins une taxe oppressive & inégale seroit aussi ruineuse qu'aucune mesure que l'on puisse imaginer. La sanction demandée aux districts pour certains articles constitutionnels plus ou moins nombreux peut être réelle ou peut etre illusoire selon la méthode qu'on adopte pour les recueillir, si l'on exige purement & simplement des districts l'affirmative ou la négative, leur vote ne sera qu'une cérémonie illusoire. Il est impossible à tout homme, & plus encore à toute f 439r° association d'hommes de juger de la sorte, en conoissance | de cause, un systeme compliqué, s'ils en approuvent quelques parties, ils en désapprou-
10 qu'elles ] biffé et corr. en que ces circonstances 15 transubstantiation ] après ce mot, une note du traducteur est ajoutée (Note du traducteur) Note. Une loi réglementaire de cette espèce seroit impossible avec de bonnes loix constitutionnelles, puisque l'un des 1ers articles d'une Constitution libre seroit l'exclusion de toute (secte & de toute opinion dominante) domination religieuse ou d'opinion, l'exemple que l'auteur choisit ici tourne contre lui même, & prouve la nécessité d'une constitution. Il faut des Loix constitutionnelles, précisément pour nous préserver de semblables Loix réglementaires. Note du traducteur. 2 1 - 2 4 La sanction ... districts ] partiell. biffé et corr. en D'ailleurs, d'après quelle méthode recueillerez vous la sanction demandée aux Districts, pour certains articles constitutionnels ? si vous exigez purement & simplement de ces districts 2 7 s'ils ] biffé et corr. en si les membres de cette association 1
Ici, un renvoi à la (Note 54), supprimé.
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f> 440r°
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veront d'autres. D'un autre côté, si nous laissons aux districts la liberté de discuter les articles proposés, nous authorisons une opération dont le terme n'est pas facile â prévoir. De certains articles seront rejettés par quelques districts, et les changemens faits pour obtenir leur approbation, seront peut être précisément ce qui motivera le refus des autres ; qui sait enfin si les dissidens ne formeront pas pour eux mêmes un gouvernement séparé ? les motifs dont on pourrait se servir, pour persuader à une minorité de districts de céder au vœu de la majorité, sont loin d'etre aussi clairs & aussi pressants que ceux qui peuvent déterminer la minorité d'une assemblée constituée | à ce genre de condescendence. Dans toutes les circonstances qui meritent l'application d'un principe a la pratique, il est desirable que ceux qui l'adoptent saisissent clairement toutes ses conséquences soit immédiates soit eloignées. Le principe du consentement des districts tend évidemment, et c'est peut etre un des effets les plus salutaires a la dissolution graduelle de tout gouvernement ; quoi de plus absurde par conséquent que de le voir adopté par ceux mêmes qui sont les avocats obstinés de l'unité législative des empires les plus étendus. Ce principe est fondé sur la même baze que celui du jugement individuel qui tôt ou tard [prévaudra] sur l'action de la société dans sa capacité collective, il est à désirer que les actes les | plus importans de la représentation nationale, soient soumis à l'approbation des districts représentés exactement, par la même raison qu'il est à désirer que les actes des districts eux mêmes reçoivent la sanction des individus qui composent ces districts & n'aient force de loi qu'envers ceux de ce nombre qui les auront approuvées. Si ce principe étoit adopté non point illusoirement, mais d'une maniéré serieuse et reelle son premier effet serait de réduire la constitution à un très petit nombre d'articles, l'impossibilité d'obtenir l'approbation réfléchie d'un grand nombre de districts pour un code très compliqué deviendrait bientôt évidente ; Or la constitution d'un Etat gouverné en totalité ou en partie par un monopole politique doit nécessairement etre compliquée | mais il n'en est pas ainsi d'un pays, dont le peuple veut se gouverner lui même, la constitution d'un tel pays consistera tout au plus en 1 - 2 nous laissons ... authorisons ] corr. en vous laissez aux districts la liberté de discuter les articles proposés, vous authorisez 10 condescendence. ] après ce mot, une note du traducteur est ajoutée (Note du traducteur,) Note. La minorité d'une assemblée n'est rien des quelle se sépare de la majorité, au lieu que la minorité des Districts formeroit un peuple, note du traducteur. 11-20 Dans toutes ... collective ] partiell, biffé et corr. en Le principe du consentement des districts tend évidemment à la division graduelle de tout grand Empire a la dissolution de tout centre d'unité. Ce principe est fondé sur la même baze que celui du jugement individuel. 24-26 & n'aient... effet ] partiell, biffé et corr. en Le premier effet de ce principe
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deux articles, premièrement une division territoriale en portions égales, d'après la population, en second lieu la désignation d'une époque fixe pour l'élection de l'assemblée nationale. Il est même probable que ce second article pourrait être bientôt retranché. Une nouvelle conséquence qui ne tarderait pas a en résulter serait une sorte de division salutaire du pouvoir législatif, nous avons vu qu'il n'est pas moins essentiel d'assujettir à la révision des districts les articles réglementaires de quelque importance que de leur soumettre les loix que l'on nomme constitutionnelles, mais | après quelques essais de ce genre, l'on reconnoitroit facilement que l'envoi des loix aux districts, pour obtenir leur sanction, est un circuit incommode et superflu, lorsqu'il ne s'agit nullement de la sûreté générale ou qu'il est mille fois plus simple de permettre le plus possible, aux districts, de pourvoir, par leur propre loix, à leurs affaires intérieures, sans l'intervention de l'assemblée nationale. Nous avons fait sentir implicitement la justesse de cette conséquence dans le précédent paragraphe en indiquant le très petit nombre d'articles aux quels on pouvoit réduire la constitution du plus vaste Empire ; et en effet, pourvu que le pays fut divisé convenablement en districts, authorisés a déléguer des représentans à l'assemblée generale, | la liberté laissée aux districts de régler leurs affaires domestiques, conformément à leurs idées de sagesse et de justice, n'entreneroit aucune conséquence dangereuse a la République 1 . Ce qui n'aurait d'abord formé qu'un vaste Empire avec l'unité législative, serait transformé bientôt en une confédération de petites Républiques, avec un congrès général ou conseil amphyctyonique, qui servirait de centre ou de point de réunion, dans les occasions extraordinaires. Les idées de grand empire et d'unité législative sont évidemment les restes barbares des tems d'héroisme militaire2. A mesure que le pouvoir politique passera dans les mains des Citoyens, et que le gouvernement simplifié se rapprochera de celui d'une paroisse, le danger des dissentions | et des rivalités disparaitra. plus la science du gouvernement sera dégagée du mystère qui l'enveloppe aujourd'hui, plus les vérités sociales deviendront évidentes, & plus les hommes, les familles, les associations plus ou moins nombreuses, se montreront dociles a la voix de la. raison.
5 en résulter ] corr. en résulter du principe de la sanction des districts 12 générale ou qu'il est ] biffé et corr. en générale, mais des relations locales de ces districts particuliers. Il seroit 1 2
Ici, un renvoi à la (Note 55), supprimé. Ici, un renvoi à : v. ci dessus note 42, supprimé.
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Une troisième conséquence, non moins remarquable seroit l'abolition graduelle de ce que nous appelions Loi. Une grande assemblée, composée de membres tirés des différentes provinces d'un vaste territoire, et constituée la législatrice unique de tous les individus, par qui ce territoire est habité, se forme d'abord une idée prodigieuse de la multitude immense de loix, nécessaires pour régler les interets du peuple qu'elle représente, une grande ville, agitée par le sentiment de la jalousie comerciale | se hate de rédiger des volumes de règlemens & de privilèges exclusifs : mais les habitans d'une petite paroisse, doués encore de la simplicité qui convient le mieux à nôtre nature, et à nos besoins, soupçoneroient bientôt que les loix générales sont presqu'inutiles, & accomoderoient leurs différens qui s'elevent entr'eux, d'après l'exigeance de chaque cause particulière, & non d'après certains axiomes, écrits antérieurement, nous considérerons en détail, dans les chapitres suivants, les avantages de cette simplification du système législatif, la principale objection qui milite contre une confédération remplaçant l'unité législative, est la crainte que les membres de cette confédération n'abandonnent la défense de la cause generale. Pour donner à cette objection toute la | force dont elle est susceptible, supposons que cette confédération soit environnée de gouvernemens, effraiés de l'esprit de liberté qui l'anime, et réunissant contre elle tous les moyens de la perfidie & de la violence. Même dans cette circonstance critique, le danger seroit moins réel qu'imaginaire. L'assemblée nationale, n'ayant point le droit de contraindre les districts mécontens, seroit réduite à n'employer que la persuasion. Mais, toutes les fois que nous ne possédons que des moyens d'une espèce, leur efficacité s'augmente a proportion du besoin que nous en avons, un homme qui n'a d'espérance, que dans sa puissance de persuader, est mille fois plus fort éloquent qu'il ne pourrait être, s'il se reservoit en dernier ressort d'en appeller a la force 1 . | L'assemblée nationale aurait a décrire, avec clarté & simplicité, les avantages de l'indépendance. Elle démontrerait a tous les Citoyens, que son but est de mettre chaque district, et autant que possible, chaque individu, en état de suivre paisiblement ses propres idées de justice ; que sous son administration, il n'existerait plus aucune tyrannie, aucun arbitraire, résultat de la jalousie des ministres & des cours, aucune exaction, presqu'aucun impôt (nous aurons bientôt l'occasion de nous expliquer sur ce dernier article) :
1 l'abolition graduelle ] partiell, biffé et corr. en la diminution graduelle & illimitée 11-12 leurs différens ... entr'eux, ] biffé et corr. en leurs différens 27 fort ] biffé 1
Ici, un renvoi à la Note 56, supprimé.
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comment l'amour de la liberté ne serait il pas répandu dans un pays, récemment délivré des maux invétérés du despotisme ? les adhérens de la cause publique formeraient donc la majorité de la nation ; les malveillans seraient en petit nombre. Si quelques | districts étoient assez aveugles, pour retourner à leur propre choix à leur ancien esclavage, ils ne tarderaient pas a s'en répentir. Leur lâche désertion donnerait aux hommes plus éclairés et plus courageux une énergie aditionelle. Ce serait un beau spectacle de voir les champions de la vérité, déclarer qu'ils ne veulent que des alliés volontaires ; & cette resolution magnanime serait assurément plus favorable que nuisible au succès de cette cause sacrée1.
4 aveugles, ] après ce mot, mot ill. ajouté et 1
Ici, un renvoi à la Note 57, supprimé.
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Chapitre VIII1 De l'Education Nationale.
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La surveillance, plus ou moins active, des gouvernements sur l'éducation, est un des moyens dont ils se servent, pour influencer l'opinion, il est remarquable que cette surveillance ait obtenu l'approbation des partisans les plus zélés de la réforme politique, nous croïons en conséquence devoir examiner, avec une attention d'autant plus sérieuse, les avantages et les inconveniens de ce système. Les argumens que l'on allègue en sa faveur sont faciles a prévoir, «des magistrats, dont le devoir est de s'occuper de la prospérité générale, peuvent ils sans crime livrer au hazard la génération naissante ? Comment rendre le patriotisme et l'esprit | public, le caractère d'un peuple à moins d'élever les citoyens à ces vertus, dès leur plus tendre jeunesse ? Si l'éducation des enfans est en entier remise a la prudence des peres, ou à la bienveillance accidentelle de quelques particuliers, n'en résultera t-il pas, nécessairement, que les uns seront formés a la vertu, les autres au vice, & qu'un grand nombre sera totalement négligé ? D'ailleurs, puisque la majorité des nations civilisées reconnoit pour une maxime fondamentale, que l'ignorance de la loi ne peut excuser sa violation, Les gouvememens ne doivent ils pas préserver, autant qu'il est en eux, leurs sujets de cette ignorance ? peuvent ils avec justice punir un individu, qu'ils n'ont pas averti d'avance des conséquences de son délit ? au lieu de ne s'occuper que de châtimens, ne vaudrait il pas mieux prendre des | précautions qui rendraient les châtimens inutiles ? & de toutes les précautions, la plus sure, à la fois & la plus efficace, n'est ce pas l'éducation nationale ?» On devine aisément que, d'après nos principes, ces raisonnemens nous paraissent peu décisifs, toute éducation nationale est stationnaire. son but Etablissement du texte : 6/8-5/8, L P 446P-^52v°, P2 f° 130^-133v°, G pp. 665-672. 18 pour ] biffé et corr. en comme 1
Cahier formé de quatorze feuillets cousus (P 445-458) contenant la traduction des chap, viii «Of National Education» (P 446r'M52v°) et chap. IX «Of Pensions and Salaries» ( P 453r°458v°). En haut et à gauche du P 445r", qui sert de page de titre, on lit : Livre 6 Chap. 8 & 9, indication autographe biffée par la suite. Le P 445v° est blanc. Paginations: aucune. Ecritures : du copiste C ; corrections autographes. Titres et sous-titres : seul le titre du chapitre est traduit.
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est de maintenir et de propager les connoissances acquises, mais elle ne conduit a aucune découverte. En supposant qu'à l'époque de son établissement, elle réunisse tous les avantages qu'on en espéroit, son utilité diminuera nécessairement tous les jours, bientôt elle ne sera pas simplement inutile : elle comprimera d'une maniere active l'essor de l'esprit, & le retiendra dans le respect des erreurs, mêmes détruites. L'on a souvent observé f° 447v° que, dans les universités | d'un pays, La science etoit d'un siecle en arrière, de celle qui se trouvoit répandue parmi les lettrés & les philosophes indépendans d'un même pays, aussitôt qu'une methode quelconque a pour ainsi dire, conquis un établissement constitué, son caractère dominant est la haine de l'innovation. Ceux qui la dirrigent peuvent être forcés, par quelque secousse violente, a changer un systeme vieilli de philosophie, pour une doctrine un peu moins antique, mais ils s'attachent a cette seconde doctrine, avec autant d'opiniâtreté qu'à la précédente. Le véritable perfectionnement intellectuel exige que les esprits soient portés le plutôt possible à la hauteur des connoissances, qui distinguent les membres éclairés de la société. C'est P448r° de ce point qu'ils doivent partir pour tenter | de nouvelles découvertes. L'éducation publique, au contraire, développe toujours sa force, en faveur du préjugé, elle inspire à ses disciples, non cette indépendance de jugement qui soumet toutes les propositions à l'examen, mais ce dévouement servile, qui se consacre à défendre toutes les maximes établies, nous étudions Aristote ou Thomas d'Aquin, Bellarmin ou le Juge Coke, non pour découvrir leurs erreurs, mais pour graver profondément dans nos têtes leurs absurdités. Le même abus règne dans toute espece d'établissement public, et même dans l'institution ancienne des ecoles du dimanche ; les leçons qu'on y donne sont une vénération superstitieuse pour l'Eglise d'Angleterre & un f 448v° respect sans bornes pour l'opulence, toutes ces | choses sont directement contraires aux progrés réels de l'intelligence humaine, & pour acquérir de véritables lumières, il faudrait commencer par désapprendre tout ce qu'on apprend aujourd'hui.
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Nous sommes obligés de le repéter sans cesse : l'attribut principal de notre esprit est la perfectibilité. Aussitôt qu'un individu se détermine a rester attaché à un principe, pour des raisons qui ne sont plus présentes a son esprit, il renonce à la plus belle faculté de l'homme, l'instant ou il impose arbitrairement des bornes à ses recherches, est l'époque de sa mort 35 intellectuelle. Ce n'est plus un homme, c'est l'ombre d'un homme qui a 8 - 9 lettrés ... d'un ] partiell 9 - 1 0 pour ainsi dire ] biffé secousse violente, être forcés 2 4 - 2 7 Le même ... toutes ces
biffé et corr. en lettrés indépendans & les philosophes du 11-13 être ... doctrine ] partiell, biffé et corr. en par quelque de substituer à un systeme usé de philosophie, une doctrine ] biffé et corr. en Toutes ces
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perdu la vie. rien n'est plus insensé que de vouloir séparer un principe de l'évidence sur | laquelle repose sa vérité. Si je ne conserve pas l'habitude de pouvoir a mon gré me retracer cette évidence, ma croyance n'est plus une perception, c'est un préjugé, comme préjugé son influence peut agir sur moi, mais son effet sera bien différent de celui que produirait ma vérité démontrée ; l'homme qui laisse [...] someiller ses facultés différé de celui dont l'intelligence est toujours active, comme la foiblesse de la fermeté, la lâcheté du courage. L'être véritablement intellectuel aime a se rappeller les motifs qui l'ont convaincu ; il aime a les répéter aux autres pour leur faire partager sa conviction ; il aime a discuter les objections qu'on lui présente, parce qu'il ne met aucune gloire a persévérer dans l'erreur, l'homme incapable de cet exercisse | salutaire est frappé d'inutilité morale, aucun de nos jugemens doit être regardé comme définitif, & au dessus de tout examen. le même principe qui s'applique aux individus s'applique aux sociétés. Parmi les propositions, dont la vérité paroit aujourd'hui la plus demontrée, aucune n'est d'un prix asséz inestimable pour que l'authorité s'arroge le droit de la faire prévaloir, recommandez aux hommes la lecture, la pensée, la discussion ; mais loin d'eux tous vos symboles, tous vos dogmes, tous vos catéchismes politiques ou moraux 1 . Tout ce que l'homme fait pour lui même est un bien, tout ce que ses concytoyens ou son pays entreprennent de faire pour lui n'est qu'un mal 2 . Des que l'institution politique prétendra assigner à chacun sa place, les fonctions de tous seront remplies | avec apathie & négligence, toutes ces universités, tous ces établissemens si dispendieux, sont l'azyle de la sottise orgueilleuse & privilégiée, le gouvernement peut nous authoriser à disposer après nous de nôtre fortune, en faveur de certaines opinions, il peut favoriser les donations destinées à la fondation des Collèges, et au salaire des Instituteurs ; mais c'est par une présomption ridicule que nous croyons, en rendant par ces substitutions nos biens inaliénables, rendre aussi inaliénables nos systèmes & nos préjugés, ce que [nous aprenons parce que nous nous efforçons de l'acquérir nous] l'estimons a sa juste valeur, mais ce qu'on nous prodigue sans que nous l'ayons demandé n'est si nous l'acceptons qu'un motif de paresse et d'indolence. Le bonheur | et les lumières ne s'imposent pas aux hommes, indépendamment de leur volonté et de leurs
6 - 8 l'homme ... courage. ] supp. 7 fermeté ] après ce mot comme ajouté 12 salutaire ] biffé et corr. en salutaire & qui laisse sommeiller ses facultés 29 aussi inaliénables ] corr. en inaliénables aussi 3 0 - 3 3 ce que ... d'indolence. ] supp. ' 2
Ici, un renvoi à la Note 58, supprimé. Ici, un renvoi à la Note 59, supprimé.
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efforts, toutes ces théories rebattues d'éducation nationale sont fondées sur une seule hypothèse, qui s'est présentée à nous, sous mille formes différentes, dans le cours de cet ouvrage, et que nous avons toujours refutée. L'on suppose que la vérité, abandonnée à ses propres forces, ne suffirait pas pour éclairer l'espèce humaine, et qu'il faut l'aider de moyens artificiels. 3. Il existe un rapport intime entre le gouvernement et l'éducation publique. Ce rapport doit suffire pour la faire rejetter. c'est une réunion d'une nature plus formidable que l'alliance antique des deux puissances de l'Eglise et de l'état. Il faut réfléchir profondement, avant de confier à des f 45lr° mains justement suspectes | un si terrible instrument. Le gouvernement ne manquera pas d'en profiter, pour étendre sa force, et perpétuer ses institutions ; et quand nous supposerions, que les agens du gouvernement ne se proposeroient pas cet objet, qui leur paraitroit, non seulement innocent, mais méritoire, l'événement n'en serait pas moins le même, leurs vues, comme instituteurs, seront assurément analogues à leurs vues, comme gouvernans. Les données, qui serviront à justifier leur conduite politique, serviront aussi de baze à leur système d'instruction, quelqu'excellente qu'une constitution puisse être, Il n'est pas vrai que la jeunesse doive être instruite a l'adorer. Elle doit apprendre a n'adorer que la vérité, elle ne doit chérir la constitution qu'autant qu'elle s'accorde avec ses idées de justice. Si le desP 451v° potisme, | dans sa puissance, paroit adopter le système d'une éducation nationale peut être n'aurait il pas réduit la vérité pour toujours au silence, mais il aurait incontestablement emploie le moïen le plus propre à se procurer ce déplorable succès. Qui oserait affirmer, que dans les pays mêmes ou règne la liberté, il n'existe pas d'erreurs importantes, qu'une éducation nationale tendrait a perpétuer, en donnant à toutes les idées la même direction, et en jettant tous les esprits dans le même moule ? Quand a cette objection triviale, que le gouvernement chargé de punir les crimes doit a ses sujets de leur enseigner la différence qui distingue le vice de la vertu, mérite t-elle une reponse sérieuse ? quel serait donc l'état malheureux de la race humaine, si cette connoissance importante ne pouvoit f" 452r° lui parvenir que par un organe aussi dangereux ? Des hommes, qui se réunissent, savent quels sont les délits destructifs du but de leur réunion, sans que le gouvernement, s'érigeant en interprête des vérités éternelles, les défigure dans les circulaires de ses agens ou dans les homélies de ses prêtres. dira-t-on, qu'il est sans doute des crimes, que la raison suffit pour nous 6 - 7 3. ... réunion ] partiell, biffé et corr. en La réunion de l'Influence du gouvernement, avec celle de l'Education, est 21-24 paroit... procurer ] partiell, biffé et corr. en avoit adopté le système d'une éducation nationale il aurait sinon réduit la vérité pour toujours au silence, emploïé du moins la méthode la plus propre à se procurer
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interdire, mais qu'il en existe de convention, que nous ne pouvons connoitre, sans une instruction prealable ? vous m'indiquez la distinction nécessaire pour vous réfuter, les crimes réels seront toujours connus, sans le secours du gouvernement ; les crimes de convention ne sont pas des crimes, vous ne légitimez pas des punitions illégales parce que vous nous annoncez 5 F452v° d'avance que vous êtes résolus de les infliger. | L'éducation Nationale est dans cette occasion un remède pire que le mal. usez, s'il se peut de votre force pour réprimer mes actions, mais ne descendez pas jusqu'au fond de mon ame encore neuve & pure, pour y confondre toutes idées de vice et de vertu, de justice et d'injustice. 10
6 de ] biffé et corr. en à en d'iniquité
7 se peut ] biffé et corr. en le faut
10 d'injustice ] biffé et corr.
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Chapitre IX1 Des Pensions & Salaires.
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Recherches sur la justice
La manière, universellement reçue en Europe, de récompenser les services publics, fournit au gouvernement un moïen efficace d'influencer l'opinion. Les recompenses pécuniaires sont aujourd'hui par tout en usage. Celui qui exerce une fonction reçoit un salaire ; celui qui se retire reçoit une pension. L'on prétend qu'il ne convient pas a la dignité d'un peuple, d'accepter gratuitement des services qu'il peut payer. «L'apparence du désintéressement, pourrait servir les vues d'une ambition dangereuse ; si les fonctionnaires publics n'étoient pas salariés directement, ils s'en dédommageroient a la fois d'une maniéré plus couteuse et plus funeste. | celui, qui se consacre au service de l'état, doit s'y dévouer sans réserve ; sa fortune personnelle peut en souffrir : il est juste de l'indemniser. Les agens de la nation sont forcés d'ailleurs d'imposer aux étrangers, et même à leurs compatriotes, par une sorte de magnificence. L'état doit se charger des fraix de ce luxe nécessaire2.» pour apprecier avec exactitude la valeur de ces argumens, il faut considérer d'abord le changement que l'intérêt personnel apporte dans la moralité des actions, plus le service que je rends à mon semblable à mon compatriote, à l'état, est d'une nature importante, plus il est blamable en moi de n'agir dans cette circonstance que d'une maniéré intéressée, l'un des inconvéniens les plus fâcheux de nos relations sociales, est de nous forcer souvent, à ne voir dans nos | actions de bienveillance, que les avantages qui doivent en résulter pour nous mêmes, pour pallier le plus possible cet inconvenient, il faut au moins, que, lorsqu'il est question de l'utilité générale, il nous soit permis de nous oublier. Ce principe est tellement conforme à notre nature qu'il est facilement reconnu, bien que nous ne condamnions nullement celui qui trafique de ses services, dans les occasions ordinaires, Etablissement du texte : 6/9-5/9, L f° 453r°-458v 0 , P2 f 134r°-137r°, G pp. 673-682. 9 pourroit servir ] biffé et corr. en dit on favoriserait 26 facilement ] biffé et corr. en tacitement 1
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2 3 pallier ] biffé et corr. en diminuer
Pour ce qui concerne la description matérielle du chap. IX «Of Pensions and Salaries», voir n. 1, p. 1323. Paginations: aucune. Ecritures : du copiste C ; corrections autographes. Titres et sous-titres : seul le titre du chapitre est traduit. Godwin précise la source : E. Burke, Speech on ... the oeconomical reformation of the civil and other establishments, voir G, p. 674.
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nous ne verrions pas, sans indignation, un homme trafiquer de ses moyens de sauver la vie de son semblable, ou demander un salaire pour préserver la liberté de l'Etat. Lorsqu'il s'agit du bonheur de plusieurs milliers d'homf°454v° mes, chacun doit se souvenir, qu'il n'est comparativement qu'un atome, | & se conduire en conséquence. Ces réflexions décident la question des appointemens, des pensions et des salaires, une bonne institution politique doit décourager l'égoisme plutôt que l'alimenter, si nous accordons des appointemens considérables aux fonctionnaires publics, qui nous garantira que le motif d'aspirer aux places ne sera pas l'avidité ? si nous ne leur accordons, au contraire, qu'un faible salaire, il en rejaillira, dans l'imagination de la multitude, une sorte de dégradation, dans l'une & l'autre supposition, la considération pécuniaire paraîtra toujours entrer plus ou moins dans le calcul des Candidats. Les fonctions les plus éminentes se transformeront en un vil métier. L'homme le f°455r° plus intègre pourra se répondre a peine de son désintéressement | dans l'acceptation d'un office, & s'il est rassuré par sa conscience, il n'en aura pas moins à craindre de voir ses intentions méconnues. Les salaires, en second lieu, sont nécessairement une partie du produit des impositions. Or l'idée des impositions, c'est à dire d'un fardeau, pesant inégalement sur le riche & sur le pauvre, est toujours, lors même que la nécessité nous en paroit évidente, une idée affligeante & douloureuse : et de tous les moïens d'existence celui de subsister aux dépends du public, est celui qui révoltera le plus l'homme délicat, juste, & sensible. Cependant la difficulté qui nous arrête n'est nullement insurmontable, dans la situation présente de l'ordre social & dans toute situation semblable, f° 455v° les | individus qui seront portés aux emplois publics, auront pour la plupart une fortune personnelle suffisante pour leur entretien1, & ceux qui sortiront de la classe indigente, choisis probablement en faveur de leurs talens extraordinaires, trouveront aussi des ressources dans ces talens mêmes, on attache de l'ignominie à subsister des libéralités des particuliers, parce que ce mode d'existence parait exclusif de toute indépendance intellectuelle, cette ressource, toutefois, est sujette à moins d'objections, que les apointemens publics, celui qui n'écoute que la voix de la justice, & qui repousse les suggestions de l'orgueil, aimera mieux dépendre de la vertu des indif°456r" vidus, qu'arracher, sous le nom de salaire, par l'authorité de | la loi, le nécessaire étroit du pauvre, mais, dira-t-on, s'il doit pourvoir à la subsistance de sa femme, à celle de ses enfans ? que plusieurs le secourent, si 29 on ] corr. en l'on 1
Ici, un renvoi à la Note 60, supprimé.
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Recherches sur la justice politique
l'assistance d'un seul est insuffisante qu'il fâsse, durant sa vie, ce qu'Eudamidas fit à sa mort, qu'il lègue a l'un de ses amis l'enfance de sa fille, a l'autre la vieillesse de sa mére1. ne désespérez pas de l'espèce humaine, fournissez seulement aux affections généreuses les occasions de se développer. c'est un exemple remarquable de l'influence avilissante de nos gouvernemens mercenaires, que l'unanimité, avec laquelle tous les Publicistes d'aujourd'hui rejettent l'idée de servir gratuitement la patrie, idée si répandue dans les républiques de l'antiquité2. | quant a nous, qui désirons ardemment la diminution graduelle de toute authorité cœrcitive, nous regardons comme un acheminement facile à ce but desirable, l'abolition des appointemens & des salaires, un gouvernement pauvre & vertueux aura tous les moyens de se faire respecter, & sera privé de ceux de corrompre & par conséquent d'empiéter. Que si l'on nous dit, que, dans certains pays, les individus propres aux places sont tellement rares, qu'il faut se garder d'en écarter aucun, nous répondrons que, dans cette suposition, les hommes éclairés seront bien plus utiles, en travaillant par leurs écrits à réveiller la vertu publique, qu'en se dévouant à rendre à l'Etat des services temporaires & accidentels, fixez dans tous les cas un terme court à la durée des fonctions, vous garantirez des suites | d'un abandon trop prolongé la fortune du fonctionnaire, sans l'avilir, en mettant à prix ses efforts & son zèle, alors il n'aura, pour accepter un emploi, que des motifs de patriotisme & de bienveillance. son désintéressement sera sans tache ; son énergie ne sera souillée d'aucune vuë personnelle. Les habitudes républicaines, la frugalité, l'honorable indigence, ne seront plus cachées comme aujourd'hui, dans des retraites obscures, mais présentées aux regards du public, & récompensées par son estime. Nous parlera-t-on de la magnificence nécessaire pour en imposer ? mais nous ne voulons pas que le gouvernement en impose 3 : les hommes dévoués à la patrie, à la liberté, à l'égalité, commanderont suffisamment | le respect, sans ces ressources artificielles. Lorsque les Bourgeois des Pays Bas, conspirant contre la maison d'Autriche, se rassembloient, portant chacun ses provisions dans un sac, qu'avoit de méprisable cette simplicité ? Abolissons donc les appointemens, pour toute sorte d'office de confiance, permettons les, tout au plus, pour les emplois subalternes, que l'on peut
27-28 en imposer ... en impose : ] partiell. biffé et corr. en éblouir ? mais nous ne voulons pas que le gouvernement éblouisse : 33 sorte ] biffé et corr. en espèce 1 2 3
Ici, un renvoi à la Note 61, supprimé. Ici, un renvoi à la {Note 62), supprimé. Ici, un renvoi à la (Note 63), supprimé.
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assimiler aux professions méchaniques ; mais n'avilissons pas les fonctions qui exigent des talens, ou qui supposent de l'indépendance. L'abolition des salaires simplifieroit singulièrement l'administration, si nous n'avions ni guerres a soutenir au dehors, ni salaires a payer dans l'intérieur, les impositions seraient à peine connues. En diminuant les impositions, nous réfornierions cette | armée de clercs et de receveurs, dont les émolumens doublent les taxes, qu'ils sont nommés pour percevoir, plus de salaires, plus de taxes, par conséquent plus de qualifications pécuniaires, pour exercer des droits politiques, pour élire ou pour être élu. quel bizare système de Tyrannie ! nous invitons le peuple à se choisir des représentans, et nous lui défendons en même tems de nommer celui qu'il juge digne de sa confiance ! nous encourageons l'avarice, en amalgamant à cette passion sordide la passion effrénée de l'ambition, nous disons au Candidat que nous déclarons inéligible : vous possédez peut être au plus haut degré les talens & les qualités morales, mais le sort vous a refusé les moyens du luxe | et de la coruption. nous disons à celui que nous dépouillons du droit d'élire, vous êtes pauvre et malheureux ; les institutions sociales vous rendent le témoin perpétuel de l'abondance d'hommes semblables à vous, puisque vous êtes réduit si bas, nous vous avilirons encore ; vous ne serez pas même admis dans la liste des Citoyens, la société ne vous comptera point parmi ses membres, oubliera, dans son dédain superbe, Vous, votre existence, et vôtre bonheur.
9-10 Tyrannie ! ] corr. en Tyrannie est le notre ? 18 perpétuel ] après ce mot & la loi ajouté et biffé d'hommes ] partiell, biffé et corr. en dont jouissent des hommes 19-20 admis ... parmi ] partiell, biffé et corr. en inscrit sur la liste des Citoyens, vous ne serez pas admis dans leur nombre, & la société, refusant de vous compter parmi
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politique
Chapitre X1 Des modes des Décisions Collectives.
459r°
459v°
Recherches sur la justice
Ce que nous venons de dire sur l'injustice des qualifications pécuniaires, pour l'exercice des droits politiques, nous conduit naturellement à quelques observations, sur les différentes manières reçues de procéder aux Elections, le sort, le scrutin secret, et le vote à haute voix. Les décisions par le sort doivent leur origine à la superstition. Dans les siècles de barbarie, l'on croïoit s'en remettre au Ciel, en s'en remettant au hazard. L'on espéroit que les Dieux, touchés du sacrifice de nôtre raison, se chargeroient de nous dirriger dans les circonstances importantes. Bien que tous les peuples soient aujourd'hui revenus de cette opinion extravagante, | quelques uns conservent l'usage que cette supposition avoit introduite. C'est une erreur d'un autre genre, mais qui peut être est plus condamnable. Elle prend sa source dans la doctrine des pouvoirs ou des droits discrétionnaires, doctrine que nous avons réfutée au commencement de cet ouvrage. Des hommes, sortis du délire d'une superstition grossière, n'auroient jamais eu recours aux décisions par le sort, s'ils n'avoient pas été persuadés, qu'aïant le droit de choisir indifféremment entre les choses dont on leur offre l'alternative, ils avoient de même, pour se délivrer de l'incertitude et du doute, le droit de soumettre leur choix au hazard. Il est important d'extirper cette erreur, rien n'est indifférent dans le monde entre deux alternatives. La justice est toujours en faveur de l'une, et notre devoir est de Etablissement du texte : 6/10-5/10, L f° 459r"-461r°, P2 f 137v°-138v°, G pp. 683-686. 6 le sort... voix. ] corr. en 1.° le sort, 2.° le scrutin secret, 3.° le vote à haute voix. 17 pas ] biffé 20-p. 1333.1 II est ... l'adopter. ] partiell. biffé et corr. en Ainsi, ne voulant pas se fatiguer par l'examen des qualités de deux ou de plusieurs Candidats, ils consultent le sort, pour savoir lequel sera préféré. Ils oublient que rien n'est indifférent dans le monde, qu'entre deux alternatives La justice est toujours en faveur de l'une, et que notre devoir positif et rigoureux est de l'adopter. 1
Cahier formé de six feuillets cousus ( f 4 5 9 ^ 6 4 ) contenant la traduction du chap, x «Of the Modes of Deciding a Question on the Part of the Community» ( f 459r"-461r°). En haut et à gauche du f 459r", on lit : Livre 6 Ch. 10, indication autographe biffée par la suite. Les f> 461v°-464v° sont blancs. Paginations : aucune. Ecritures : du copiste C ; corrections autographes. Titres et sous-titres : seul le titre du chapitre est traduit.
Livre VI, Chapitre X P460r°
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l'adopter. | Le scrutin secret est un mode plus condamnable encore que le sort. Il est difficile de conçevoir une institution politique, protégeant plus directement le vice. L'on a prétendu que le scrutin secret pouvoit quelquefois être nécessaire, pour mettre un homme d'un caractère foible, en état d'agir avec indépendance, et pour prévenir l'influence de la vénalité, de l'intrigue, ou de la peur. Le vice nous parait un mauvais remède contre le vice. La timidité pouroit n'être que le défaut de quelques individus, & de ceux lâ même, le défaut passager et accidentel. Le scrutin secret rend la timidité permanente et générale. Si la décision par le sort nous | rend insoussians de nos devoirs, le scrutin secret nous apprend de ne les remplir que dans l'ombre et dans les ténèbres. Nous y trouvons un moyen sur de nous dérober à l'observation, un encouragement à déguiser nos pensées. Ce mystère serait un mal, lors même qu'on ne l'appliquerait qu'aux circonstances les plus triviales ; et nous l'appliquons à nos interets les plus sacrés ! que sert de recommander a l'homme d'etre fidèle à la voix de sa conscience, si vous préparez un voile officieux pour le lâche prévaricateur ? Le principe le plus admirable de l'univers matériel est cette invariable Loi qui veut que la vérité se découvre, et que chacune de nos actions soit accompagnée de conséquences inévitables. | Si le mot d'impiété a quelque sens, il doit servir à désigner l'institution politique qui contrarie ce principe, ordonner a la vertu le déguisement, c'est l'affaiblir ; le permettre au vice, c'est le fortifier 1 . Si le sort et le scrutin secret sont des modes essentiellement vicieux, toutes les décisions sociales doivent être adoptées par le vôte a haute voix, afin que toutes les parties de notre conduite, dans les affaires d'un intérêt général, soient soumises à la Censure publique, et que, toutes les fois que nous avons un devoir à remplir, nous n'ayons d'azyle et de salut, que dans l'accomplissement sévére de ce devoir.
6 Le vice ] avant ces mots mais ajouté 1
Ici, un renvoi à la Note 64, supprimé.
10 de ne ] biffé et corr. en à ne
Livre VII, Chapitre I
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Livre VII1 Des crimes et de leurs châtimens
f° 465r"
er Chapitre Irer Des bornes imposées par la morale à la doctrine des châtimens.
5
Les châtimens sont peut être l'article le plus important de toute la science politique. Les hommes se sont réunis pour se protéger et se servir mutuellement. Nous avons déjà prouvé, que les affaires intérieures des associations humaines étoient d'une beaucoup plus grande importance que les relations de l'extérieur, nous avons prouvé, de plus, que, lorsque la société s'arro- 10 geoit le droit de distribuer des récompenses, ou d'influencer l'opinion, elle ne faisoit que du mal. Il en résulte, que le gouvernement, ou l'action de la f 465v° société, dans sa capacité | collective, n'est utile, que pour la répression de la force par la force. C'est cet usage de la force, que l'on désigne d'ordinaire, sous le nom de justice criminelle ou de châtiment. 15 Avant de prononcer, avec conoissance de cause, sur la nécessité ou l'urgence de cette action du gouvernement, il est indispensable de déterminer l'acception précise du mot châtiment. Un individu, objet d'une attaque soudaine et violente, peut emploïer immédiatement la force pour s'en délivrer. La société, lorsqu'un de ses mem- 20 bres lui paroit propre à remplir une fonction, peut employer la force pour le contraindre à l'accepter. Tel est le motif de la Presse en Angleterre, des P466r° Réquisitions et des conscriptions en France. Ces usages | de la force, bien que déterminés par des considérations morales, ne peuvent être désignés sous le nom de châtiment. 25
Etablissement du texte : 7/1-6/1, L f 465r°-467v°, P2 F 139r°-140ii', G pp. 687-695. 1 Livre VII ] oublié par le copiste, ajouté par BC et enfin corr. en Livre VI contraindre à ] corr. de deux ou trois mots caviardés ill. 1
21-22 le
Cahier formé de dix feuillets cousus ( f 465-474) contenant la traduction du livre vil «Of Crimes and Punishments», chap, i «Limitations of the Doctrine of Punishment which Result from the Principles of Morality» (f° 465r°-467v°) et chap. II «General Disadvantages of Coercion» (f 468r°-474r°) dont la traduction du dernier paragraphe, est tirée du chap, m «Of the Purposes of Coercion» pp. 706-707. En haut et à gauche du f" 465r°, on lit : Livre 7. Ch. 1. & 2, indication autographe biffée par la suite. Le f° 474v° est blanc. Paginations : aucune. Ecritures : du copiste C ; corrections autographes. Titres et sous-titres : seul le titre du chapitre est traduit.
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P 466v°
f°467r°
f° 467v°
Recherches sur la justice
politique
Il y a plus. La société peut emploier la force pour mettre à mort un innocent, soit pour des raisons de sûreté generale, si cet innocent est attaqué d'un mal contagieux, soit pour des terreurs superstitieuses, si quelque oracle a demandé sa mort, l'idée de châtiment n'entre encore pour rien dans cette hypothèse. Le châtiment signifie, en général, l'usage de la force, pour infliger volontairement un mal a un coupable, non seulement, parce que l'interet public l'exige, mais parce que l'on conçoit, que, dans la nature des choses, il existe, abstraction faite de toute idée d'utilité, une certaine analogie entre le crime et la douleur. Un pareil système ne doit être admis qu'avec une grande précaution, c'est en raisonnant ainsi, que nos ancêtres justifioient la persécution religieuse, «les hérétiques et les incrédules, disoient-ils, sont les objets de l'indignation divine, en conséquence, les maltraiter, les détruire sont des actions méritoires.» Nous avons trop peu de données sur le système de l'univers, nous appercevons une trop petite partie de l'ensemble, & nous sommes trop exposés à l'erreur, même dans ce que nous croyons en savoir, pour qu'il soit raisonnable en nous de vouloir former nos principes moraux, d'après une espèce d'imitation de ce qui nous parait le cours de la nature1. A cette imitation illusoire, il faut substituer ce que nous avons démontré dans les premiers livres de cet ouvrage, être la mesure de la justice, c'est à dire l'utilité. Par là, nous détruisons, il est vrai, l'idée de châtiment, telle que nous l'avons définie ; et nous devons nous en féliciter. Cette idée fut de tous tems la cause des sévérités excessives, des supplices barbares, des tortures gratuites, qui ont deshonnoré l'espèce humaine. Toute souffrance, infligée à un coupable, et qui n'a pas pour but son avantage, ou l'avantage public, est une absurdité et une injustice. Toute rigueur, qui n'a de rapport qu'avec le passé, irrévocable et irréparable, doit être considérée sous le même point de vue que la férocité des sauvages. | Xerxés, en frappant les vagues de l'Hellespont, n'etoit pas plus insensé que l'homme, qui frappe un autre homme, sans utilité pour l'avenir. Il nous importe essentiellement de ne pas oublier ces principes, dans notre examen de la théorie des châtimens. Nous avons dépouillé cette expression de sa signification commune : et nous ne l'emploierons désormais, que pour exprimer les moyens de contrainte, qu'on met en usage, contre des coupables de crimes passés, pour prévenir les crimes futurs. 2 si cet ] avant ces mots par exemple ajouté 1
Ici, un renvoi à la (Note 65), supprimé.
Livre VII, Chapitre II
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Chapitre II1 Des inconvéniens généraux des moyens de contrainte
468r°
Nous commencerons par considérer quel est l'effet naturel de la contrainte, quel mal elle doit naturellement produire, et quelles raisons puissantes nous engagent à l'adopter, malgré ce mal inévitable. S'il nous est impossible d'eviter la répétition de quelques uns des principes, que nous avons exposés, dans nôtre discussion sur l'exercice du jugement individuel, Ces principes acquérront du moins de nouveaux développemens, et nous en tirerons des conséquences nouvelles. On convient généralement, que personne ne doit être contraint à se conduire en matière de religion, d'une f 468v° manière | opposée a sa conscience. La religion, est un principe que la pratique de tous les siècles a profondément empreint dans l'esprit de l'homme : celui qui remplit à ce sujet ce qu'il regarde comme son devoir, est acquitté devant le Tribunal de son propre jugement, & fort de la pureté de son hommage envers l'auteur de la nature, il peut compter sur tous les biens, quels qu'ils soient, qu'assure la Religion. Ce serait en vain que je m'efforcerais, par des loix vexatoires, de lui faire abjurer un culte que je crois faux, pour en embrasser un qui me parait véritable. Les Raisonnemens peuvent éclairer, mais la persécution ne peut ni persuader ni convaincre. La religion f 469r° nouvelle que je l'oblige de professer, en dépit | de sa conviction, quelque sainte, quelque pure que cette religion soit par elle même, n'est pour lui d'aucun avantage, le culte le plus sublime devient une source de corruption, s'il n'est pas consacré par l'assentiment de la conscience. La vérité d'une religion n'est qu'un objet secondaire : l'intérêt principal est l'intégrité du cœur, et la sincérité de la persuasion, ou pour mieux dire, une proposition,
Etablissement du texte : 7/2-6/2 ; L P 468i"-474r° ; P2 P 140v°-144r* ; G pp. 696-704, 706-707. 5 naturellement ] biffé et corr. en nécessairement 6-7 S'il nous ... d'eviter ] partiell. biffé et corr. en Si nous sommes forcés de tomber dans 10 On ] corr, en L'On 12 religion ] après ce mot dit-on, ajouté 21 je l'oblige ] biffé et corr. en j'oblige un homme 1
Pour ce qui concerne la description matérielle du chap. il «General Disadvanteges of Coercion», voir n. 1, p. 1335. Paginations : aucune. Ecritures : du copiste C ; corrections autographes. Titres et sous-titres : seul le titre du chapitre est traduit.
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Recherches sur la justice
politique
parfaitement vraie dans sa nature abstraite, devient erronnée et funeste, lorsqu'elle est proférée par les levres seules, & désavouée par le jugement. Elle n'est plus que l'expression perfide de l'hypocrisie ; au lieu d'élever notre esprit au dessus des désirs coupables & des tentations sordides, elle f°469v° nous rappelle sans cesse l'abjecte pusillanimité | qui nous a déterminés ; loin de nous inspirer une sainte confiance, elle nous couvre de honte et nous poursuit de remords. On a conclu de ces raisonnemens, que les opinions religieuses n'étoient point soumises a la jurisdiction des loix criminelles, et que leur compétence ne s'étendoit qu'aux délits civils : cette conclusion n'est pas juste, c'est par un etrange bouleversement d'idées, que les hommes ont supposé que la religion seule etoit du ressort de la conscience, et que les devoirs moraux pouvoient sans inconvéniens etre abandonnés à l'arbitraire des Magistrats1. Le prix qu'on attache à la religion, ou à toute autre opinion abstraite, conf 470f siste uniquement dans sa tendance morale. | c'est comme moyen d'amélioration, que l'on a voulu rendre la religion indépendante et sacrée. N'est il pas absurde que, dans le tems même ou, pour conserver à ce moyen, c'est à dire la religion, son efficacité, nous voulons la soustraire à l'authorité civile, nous consentions a soumettre le but, c'est à dire la morale, à cette même authorité ? De toutes les affaires humaines, la morale est la plus intéressante. Elle est l'inséparable associée de toutes nos transactions. Il n'y a point de situation
8 On ] corr. en L'On 10 n'est pas juste. ] corr. en n'est juste qu'à moitié 18 voulons la soustraire ] partiell. biffé et corr. en la dérobons 20 authorité ? ] après ce mot, une note du traducteur est ajoutée Note. Ici notre auteur s'exprime avec inexactitude, & cette inexactitude dans l'exposé de son opinion le conduit â une Conséquence fausse, on peut laisser la religion parfaitement libre, parce qu'elle n'interesse que celui qui la professe : mais il n'en est pas de même de la Morale, parce que la morale d'un individu intéresse tous les autres individus qu'il rencontre, la religion se compose des relations qu'un homme suppose entre lui & l'être ou les Etres qu'il adore, & la loi qui ne connoit pas ces Etres, peut ne pas s'occuper de ces relations. Mais la morale se compose des relations qui existent entre les hommes, & la loi n'ayant d'autre but que de préserver les hommes de l'action irrégulière de leurs semblables doit s'occuper de la Morale qui décide de ces actions, ce n'est pas, ainsi que parait le croire l'auteur Anglais, (en tant que) comme n'étant pas du ressort de la conscience qu'on met la morale dans la dépendance de la loi : c'est (en tant que) comme étant du ressort de la conscience active & non pas simplement de la conscience spéculative & solitaire, à la manière de la religion. Cela est si [ f 470v°] vrai que, lorsque les opinions religieuses nuisent à autrui, on peut & on doit les reprimer, & que leur repression ne parait nullement blesser la liberté de conscience. Note du traducteur. 1
Ici, un renvoi à la Note 66, supprimé.
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Livre VII, Chapitre II
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dans cette vie, point d'alternative offerte à notre choix, ou le devoir garde le silence. Quelle est maintenant la règle de la morale et du devoir ? la justice ; P 470v° La justice ne se compose pas des | décrets arbitraires qui sont en vigueur dans certains pays, mais de ces loix éternelles, également obligatoires pour tous les hommes dans tous les climats. Les réglés de la justice sans doute paraissent quelque fois obscures, incertaines, ou contradictoires, quelle mesure immuable nous délivrera de l'hésitation ? Il n'existe que deux espèces de mesures, ou règles morales, l'intelligence des autres hommes, & notre propre intelligence. Peut on demander laquelle convient le mieux à notre nature ? pouvons nous renoncer à nôtre raison ? quelques efforts que nous fassions pour acquérir la foi implicite, n'entendons nous pas sans cesse la voix étouffée de notre conscience «tel décret, nous dit elle, est équitable, et 1 P 4 7 i i " l'autre | est une erreur ou une injustice .» les disciples de la superstition, les sectaires de l'obéissance aveugle, sont ballottés perpétuellement par le désir de croire, & l'impossibilité de ne pas douter, si nous abandonnions le privilège de l'intelligence, quelle espèce d'etre deviendrions nous ? d'après les termes de cette proposition, nous ne serions plus des etres raisonnables ; d'après la nature des choses, nous ne serions pas des êtres moraux ; car la morale est le jugement de la raison, réfléchissant sur les effets de nos actions, pour le bien général et pour le notre. Il en résulte, que la règle du devoir est pour chaque homme l'exercice de son propre jugement. P47lv° Le jugement est l'action de comparer deux idées, et d'appercevoir par cette comparaison leur consonnance ou leur dissonance. Il est possible de faciliter cette opération, en développant plus clairement ces idées, en les plaçant sous un nouveau jour, en apportant pour ou contre un degré d'évidence additionnelle, est ce là l'effet que vous esperez produire par la contrainte ? misérable ressource, qui met au contraire en opposition notre jugement et nos craintes, notre foiblesse et notre raison ! Si ce que vous m'ordonnez est un devoir, ne pouvez vous m'en donner P 472r° des preuves ? si vous connoissez mieux que moi l'éternelle justice, | ne pouvez vous m'instruire, et faire passer dans mon âme les lumières que vous possédez ? puisque vous êtes le plus éclairé, qu'avez vous besoin d'être le plus fort, et tandis qu'il dépend de vous de me convaincre, pourquoi voulez vous m'opprimer ?
5-6 Les réglés ... paraissent ] partiell. biffé et corr. en Si les réglés de la justice paraissent 12-13 et l'autre ] corr. en tel autre 27 est ce ] avant Mais ajouté 1
Le copiste ne ferme pas les guillemets, que nous croyons pouvoir fermer ici.
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Une page d u manuscrit de Lausanne de la main du copiste C avec des corrections autographes. Bibliothèque cantonale et universitaire, Lausanne. F o n d s Constant n 34/7, P 472v°.
Livre VU, Chapitre II
f° 472v°
P473r°
P 473v°
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La contrainte ne dégrade pas seulement l'esclave, elle avilit le maitre. il se dispense de cultiver les plus belles facultés de l'homme, et renonce aux progrès sans bornes, que pourrait faire son intelligence, si la raison étoit le dernier appel, et que nul d'entre nous n'eut de ressources que dans ses moyens de persuasion, et dans l'évidence de ses preuves 1 . Lorsque je vois la | contrainte mise en usage, pour le triomphe de la vérité, je crois voir cette régulatrice éternelle de tout ce qui existe, rejettant ses armes naturelles, & se dépouillant de ses forces primitives, pour revêtir le masque de l'imposture, et descendre jusqu'au niveau de l'erreur. Observons, par quel étrange sophisme, l'authorité prétend justifier l'usage de la contrainte, d'abord elle nous dit, qu'un criminel, ayant offensé la société entière, il est légitime que la force sociale soit déployée contre lui. elle nous dit ensuite, qu'en traduisant le criminel a la barre de la société, qui est la partie offensée, elle le traduit devant un juge impartial, quelle odieuse inconséquence ? Revenons a l'effet que la contrainte produit sur celui qui en est la victime. elle n'est point un raisonnement, elle ne peut donc commencer par convaincre. Elle produit d'abord la douleur physique, et l'indignation morale. Elle aliène l'esprit de la vérité qu'on lui présente. Elle est un aveu taçite d'imbécillité, si celui qui recourt a la contrainte pouvoit arriver a son but par des argumens, il préféreroit sans doute ce moyen naturel et légitime. Il justifie la violence qu'il m'inflige par l'importance prétendue de l'opinion qu'il veut me faire adopter, et en effet il n'appelle la violence a son secours, que parce que son opinion manque de preuves, de justesse, et d'évidence 2 . II3 est néanmoins une circonstance | qui semble nécessiter la contrainte : mais elle n'a aucun rapport avec l'institution politique et ne s'applique 2 renonce ] corr. d'un mot caviardé ill. [...d...] 14 inconséquence ? ] après ce mot, une note du traducteur est ajoutée Ce raisonnement est complettement faux. La Société, (comme partie représentant l'offensé) comme composée d'individus qui peuvent être offensés, a sans doute interet à ce que le coupable soit puni ; mais [plusieurs mots caviardés ill.] elle représente aussi l'accusé, & sous ce dernier rapport elle a puis la note est biffée et réécrite note. Ce raisonnement est complettement faux. La société est composée d'individus qui peuvent être l'objet d'un délit : elle a, sans doute, en cette qualité, intérêt au châtiment des coupables : mais elle est aussi composée d'individus qui peuvent être accusés injustement : & sous ce dernier rapport elle a un intérêt égal a ce que l'innocent ne soit pas condamné, cette combinaison d'intérêts la rend un juge parfaitement impartial. Note du traducteur. 18 l'esprit ] après ce mot toujours davantage ajouté 2 2 - 2 3 et en effet... d'évidence. ] partiell. biffé et corr. en tandis que ce n'est que parce que son opinion manque de preuves, de justesse, et d'évidence qu'il appelle la violence à son secours. 1 2 3
Ici, un renvoi à : fv. Note 56), supprimé. Ici, un renvoi à la Note 68, supprimé. A partir d'ici jusqu'à la fin du chapitre, BC tire sa traduction du chap. Ill «Of the Purposes of Coercion», G, pp. 706-707 : The first and most innocent... employ it for themselves ?
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Recherches sur la justice
politique
qu'aux individus. Repousser la force par la force, c'est emploier une espèce de contrainte. Lorsqu'un assassin se précipite sur moi, pour me frapper d'une épée nue, je recours à la force, pour prévenir un malheur que ce moïen seul semble pouvoir empecher. la circonstance paroit n'admettre aucune tentative de persuasion. Réfléchissons pourtant : nous apprendrons à 5 douter. Le pouvoir de la raison n'est encore qu'imparfaitement connu. Tel homme rend évidente en une heure une vérité que tel autre n'auroit pu établir en moins d'une année, pourquoi Marius lançant un regard d'indignap 474i" tion sur | le soldat envoyé dans son cachot pour l'assassiner, et lui disant d'une voix menaçante : Oses tu bien égorger Marius ? le mit en fuite par ce 10 peu de mots ? c'est que son regard, son geste, étoient tellement empreints de la force de son âme, que cette force se fit jour d'une manière irrésistible, jusques dans celle du soldat. Il seroit heureux pour l'espèce humaine, que tous les hommes missent dans l'énergie de leurs sentimens la même confiance que Marius. Rien peut être ne leur seroit impossible avec cette 15 habitude d'intrépidité ; et la résolution inébranlable de mépriser la force chez les autres, et de ne jamais l'emploier nous mêmes, seroit un pas incalculable vers la perfection1.
5 pourtant ] biffé et corr. en toutefois 13 celle ] biffé et corr. en l'âme 1
11 regard ] après ce mot son accent ajouté
Ici, un signe renvoie à deux appels de note : Note 66 et Note 68, supprimés.
Livre VU, Chapitre III
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C h a p i t r e III 1
'476i"
De l'objet de la Contrainte
P 476v°
F477r°
La contrainte, considérée comme moyen de Gouvernement, est d'une nature fort différente de la force, employée pour résister a la force. Le Gouvernement met en usage la contrainte contre des actions passées, et motive cette mesure sur le besoin de prévenir des délits futurs, de corriger des coupables, ou d'effrayer ceux qui seroient disposés à le devenir, des raisonnemens asséz pressans, bien qu'ils ne soient pas sans répliqué, viennent à l'appui de cette théorie, nous les examinerons successivement, nous supposons d'avance nos lecteurs persuadés, que l'objet, quel qu'il soit de la contrainte, peut être rempli sans avoir recours à la peine | de mort, ceux qui révoqueroient ce principe en doute, en trouveront la démonstration dans la suite de ce livre. nous observerons d'abord que la nécessité de prévenir les délits futurs a de tous tems servi de prétexte a toutes les tyrannies2. Par quels raisonnemens l'inquisition, les espions de tous les genres, les censeurs de toutes les dénominations, les persécutions de toutes les espèces, contre les opinions, les écrits, & les discours, furent elles toujours justifiées ? par la liaison intime que l'on supposoit entre les opinions et la conduite des hommes, par la nécessité de prévenir les actions immorales qui pouvoient résulter de sentimens immoraux, cette doctrine et les mesures qu'elle conseille sont inutiles pour le moins autant qu'absurdes, au lieu | d'enfermer tous les individus qui l'inquietent, a fin de se livrer a de honteux plaisirs & de sommeiller dans une coupable indolence, le Gouvernement n'a qu'a redouEtablissemcnt du texte : 7/3-6/3, L F 476r°^79r°, P2 f 144v°-146r°, G pp. 705-714. 1
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Cahier formé de seize feuillets cousus (F 475-490) contenant la traduction des chap. Ill «Of the Purposes of Coercion» (F 476i°-479r°) et chap, iv «Of the Application of Coercion» (F 479v°-49ûr°). En haut et à gauche du f 5 475r°, qui sert de page de titre, on lit : Livre 7 Chap. 3 & 4, indication autographe biffée par la suite. Le F 475v° est blanc, ainsi que lç F 490v°. Un onglet vertical de trois cm, résidu de l'ancien F 480, est collé par trois cachets de cire sur le F 480r°. Le F 482, autographe, est ajouté et, au moyen d'un onglet, collé sur le 483r°. Ces deux interventions permettent l'insertion, dans le chap, iv, d'un passage tiré du chap, vu «Of Evidence» (pp. 761-763). Paginations : aucune. Ecritures : du copiste C, F 482 excepté ; corrections autographes. Titres et sous-titres : seuls les titres des chapitres sont traduits. Ici, un renvoi à la Note 69, supprimé.
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Recherches sur la justice politique
bler de vigilance et d'énergie 1 , c'est son métier, c'est son devoir, toute précaution corrective, motivée sur la nécessité de prévenir un délit futur, est un châtiment infligé d'après un simple soupçon, et cette espèce de châtiment est, de toutes, la plus arbitraire, et la plus subversive de la justice et de la raison. Le second objet, que la contrainte peut se proposer, est de corriger les coupables ; mais, nous avons suffisamment traité cette question dans le f° 477v° chapitre précédent, la contrainte ne | peut ni persuader, ni concilier, ni convaincre, au contraire, elle aigrit, elle aliène, elle révolté, elle n'a rien de commun avec la raison, elle participe toujours de la nature de l'injustice, elle a toujours des traits de ressemblance avec l'oppression, source de tous les vices, et de tous les malheurs de l'espèce humaine, depuis tant de milliers d'années. Le dernier objet de la contrainte est l'exemple, sous ce pretexte les législateurs se sont livrés a tout ce qu'il y a de barbare, la vengeance s'est abandonnée aux plus atroces fureurs, aucun supplice, aucune torture, n'ont paru trop épouvantables ; et la férocité s'est fatiguée pour inventer de nouveaux tourmens. P 478r° Il est reconnu depuis longtems | que cet exécrable système ne parvient jamais a son but. les raffinemens de la cruauté ne nous inspirent qu'une terreur passagère, qui se change bientôt en indignation : mais l'indignation n'est point un moyen conciliatoire ; la férocité ne persuade pas 2 , nous sommes chaque jour plus exaspérés contre l'injustice ; notre malheur nous agite, notre servitude nous révolte, nos tentations deviennent plus irrésistibles, parce qu'elles empruntent le langage éloquent de la simpathie, et se confondent dans notre ame avec la pitié pour la souffrance, et l'exécration pour la cruauté. Avec quelle horreur ne devons nous pas contempler les formes P 478v° actuelles de la société humaine, lorsque nous réfléchissons que ces formes sont presque l'unique source des fautes qu'elles punissent avec tant de barbarie ? l'interet personel bien entendu prescrit littéralement la même conduite que l'interet général3, pourquoi ce principe incontestable, dans la théorie, est il si constamment contrarié dans la pratique ? existe t-il dans la
2 corrective ] corr. en coercitive 7 traité ] biffé et corr. en discuté 11-13 avec ... d'années. ] partiell. biffé et corr. en avec l'oppression, (avec l'oppression) source étemelle de tous les vices, de tous les malheurs de l'espèce humaine. 14 Le dernier ] avant ces mots enfin ajouté 1 2 3
Ici, un renvoi à la Note 70, supprimé. Godwin précise la source : C. Beccaria, Dei delitti e delle pene, voir G, p. 712. Ici, un renvoi à la (Note 71), supprimé.
Livre VU, Chapitre III
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nature de l'homme une perversité innée qui l'entraine irrésistiblement à sa destruction ? non, sans doute, car c'est la pensée qui constitue l'homme, et avant la pensée, il ne peut avoir de penchans bons ou mauvais, ses penchans sont le produit des impressions qu'il reçoit, les penchans vertueux dominent f 479r° toujours, parce que la nature | inhérente des choses est plus puissante que 5 toutes les institutions factices, le plus corrompu des hommes doit ses vices aux institutions qui opposent l'intérêt public a l'intérêt individuel, et qui forment, en faveur de quelques hommes, un monopole des avantages que la nature destinoit a tous.
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Recherches sur la justice
politique
Chapitre IV1 De l'application de la contrainte
f 479v°
Une remarque ultérieure, qui tend à redoubler nos scrupules sur le sujet que nous traitons, c'est l'impossibilité de découvrir jamais la mésure juste d'un délit quelconque, jamais deux crimes ne furent semblables2, rien n'est donc plus absurde, que de réduire, implicitement ou explicitement, tous les délits, sous un certain nombre de dénominations génériques, il ne l'est pas moins de prétendre proportionner le dégré de souffrance à celui du crime, puisque le degré du crime ne peut être calculé. Essayons de démontrer ces deux propositions, d'une maniere satisfaisante. L'homme, considéré sous un point de vue relatif, est un composé de [,..]3 f°483r° [...] | présentés nous démontré qu'il est souvent difficile de déterminer, si telle action est une cause réelle et positive de mort. Mais indépendamment
Etablissement du texte : 7/4-6/4 ; L P 479v°-490r" ; P2 f° 146v°-152r° ; G pp. 715-726, 761-763. 12 présentés nous ] ajouté 1
2 3
Pour ce qui concerne la description matérielle du chap. IV «Of the Application of Coercion», voir n. 1, p. 1343. Un onglet de trois cm, résidu de l'ancien P 480 est collé par trois cachets de cire sur la moitié vide du P 480r°, et le P 482 est ajouté, au moyen d'un onglet collé sur le P 483r". Cette intervention qui concerne les P 480-482, dont les P 480-481 sont réécrits par le copiste et le P 482 est autographe, est due à l'insertion d'un passage tiré du chap, vil «Of Evidence» (pp. 761-763). Au verso de l'onglet collé sur le P480r°, on arrive à lire quelques mots qui réapparaissent au P 480v° et 482v°, c'est-à-dire avant et après le passage tiré du chap, vu, voir n. 1, p. 1409. Etant donné que le texte contenu dans ces feuillets appartient à une rédaction ultérieure, nous le reproduisons dans la section «Dernière version». Le fait d'insérer ici une partie du chap. VII autorise BC à ne pas traduire ce chapitre. En fait, après le chap. IV, il continue la traduction des chap, v et vi, saute le chap, vil, traduit le chap, vin «Of Laws» d'abord comme chap, vil «Des loix», qu'il corrige ensuite en chap. VIII afin d'insérer le chap. IX «Of Pardons» comme chap, vil «Du droit de faire grâce». Etant donné que BC a décidé l'interversion de ces deux derniers chapitres au moment de la traduction du chap. IX (il est immédiatement défini comme chap, vil sans aucune correction), et qu'il existe donc deux chap, vu, nous tranchons et choisissons l'ordre du texte anglais. Ici, un renvoi à : v. la note 9, supprimé. Pour le texte des P 480r°-482v°, voir la section «Dernière version», p. 1409.
Livre VII, Chapitre IV
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de cette difficulté, n'est il pas excessivement injuste, de considérer, avec la même sévérité, toutes les manières dont un homme peut occasionner la mort d'un autre ? abolirons nous jusqu'à ces distinctions imparfaites que les tyrannies les plus odieuses ont été forcées de consacrer ? confondons nous la rencontre fortuite, l'homicide excusable et l'assassinat prémédité ? infligerons nous, à celui qui se dévouant pour sauver la vie de son semblable, en renverse un autre et le fait périr, la même peine qu'au meurtrier féroce de f°483v° son bienfaiteur ? l'offense commise | envers la société n'est point la même, dans ces deux suppositions, la griéveté de l'offence dépend des dispositions plus ou moins antisociales du coupable, ou pour mieux dire de l'encouragement que donneroit à des dispositions semblables, l'impunité d'un pareil délit, mais cette distinction, qui parait si nécessaire, nous éloigne de l'acte extérieur, et nous ramène vers l'intention. On se rappellera ce que nous avons dit, au commencement de cet ouvrage, sur l'infinie diversité des motifs, qui peuvent conduire à des actions extérieurement les mêmes. L'un commet un meurtre pour se délivrer d'un surveillant incommode, un autre, par un sentiment d'envie, un troisième, parce qu'informé d'un projet fuf 484r° neste | contre son pays, il ne connoit pour le prévénir, de moyen, que la mort de celui qui le médite. Un quatrième, pour défendre la vie de son Pere ou la chasteté de sa sœur, un système qui tend a confondre des délits tellement inégaux, à niveller des dégrés de crime si différens, est il conforme à la justice ? pour empêcher les hommes de s'entredétruire, faut il donc subvertir la nature du bien et du mal ? nous croïons, au contraire, que, sous quelque prétexte que l'on introduise ce système, il est organisé de manière à produire la corruption générale ? n'est il pas révoltant, d'afficher, pour ainsi dire, sur la porte de nos tribunaux, «c'est ici le temple de la justice, ou les f 484v° principes du crime | et de la vertu sont journellement éludés : ou toutes les nuances des actions, ou toutes les diversités des délits sont systématiquement confondues, par l'insouciance insolente du législateur, et par l'égoisme barbare de la classe, qui monopolise tous les avantages de l'ordre social.» 1
P485r1J
Une méthode, exposée peut être à de moindres incovéniens, seroit de combiner l'intention du coupable avec la probabilité des récidives du crime, pour proportionner, aux dangers résultant de cette combinaison, la mesure nécessaire de la peine, ce seroit un grand pas, vers un meilleur ordre de choses, mais ce pas nous conduirait par une progression rapide autant qu'évidente à l'abolition de | tout moyen de contrainte. 6 de son semblable ] biffé et corr. en d'un homme 13 On se rappellera ] corr. en l'On se rappelle 18 contre ] biffé et corr. en au bonheur de 1
Ni le copiste, ni BC ne ferment les guillemets.
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f°485v°
f 486r°
f° 486v°
Recherches sur la justice
politique
Le premier avantage d'un pareil système serait, de faire sentir à des juges éclairés et sages, qu'il ne doivent avoir recours à nul autre code qu'a celui de la raison, ils concevraient, que ceux-là seuls, qui ont eu sous les yeux toutes les circonstances d'une transaction ; peuvent se flatter d'en apprécier la moralité ; qu'il est absurde, de classer sous un certain nombre de dénominations inventées antérieurement, des fautes qui se multiplient, se varient, et se compliquent a l'infini, et qu'il est surtout tyrannique de fausser le caractère des actions, pour les faire entrer de force dans cette classification arbitraire. Bientôt ils iraient plus loin : ils appercevroient que s'il est ridicule | de supposer que les rédacteurs d'un code quelconque aient pu deviner des actions, non encore advenues, au moment de leur travail, il n'est pas moins présomptueux, de prétendre démêler les intentions, et lire dans les pensées, de ceux mêmes auxquels nous unit l'intimité la plus étroite, et dont la conduite entière parait soumise à notre examen. Que de fois les hommes se trompent eux mêmes sur les motifs qui les dirigent ! que de fois ils s'aveuglent sur leurs propres intentions ! Que de fois ils méconnoissent les principes qui les influencent ! le simple observateur pourra t-il former un jugement équitable, quand celui qui trouve en lui même tous les moïens d'apréciation, est exposé sans cesse | à l'erreur ? Les philosophes ne disputent-ils pas depuis des siècles sur le principe des actions humaines, que les uns placent dans l'amour propre, et les autres dans la sympathie ; pour assigner avec certitude l'intention d'un homme, il faut connôitre d'une manière précise, l'impression actuelle des objets sur ses sens, et les dispositions précédentes de son esprit, ces deux choses varient d'un individu à l'autre, et souvent chez le même individu d'un moment à l'autre avec une rapidité proportionnée a la succession des idées, des passions et des circonstances1 ; et néanmoins les individus chargés de dévoiler ce mystère impénétrable n'ont aucune sorte d'informations préalables, sont | étrangers à l'accusé, et ne puisent leurs incertaines données, que dans les dépositions de quelques témoins, ignorans ou prévenus. Quelle immense série de motifs possibles se combinent dans l'histoire d'un homme qui s'est rendu coupable d'un meurtre ? qui pourrait dire combien il y avoit, dans ces motifs, de sentiment de justice, combien d'égoïsme désordonné ? Combien de passion soudaine ? combien de corruption endurcie ? combien de ce délire subit qui s'empare de nous presque sans cause ? combien d'habitude enracinée ? Réfléchissez a l'incertitude de l'histoire. Cicéron avoit il plus de vanité que de vertu ? les héros de l'ancienne Rome etoient ils guidés par l'amour intéressé de la gloire, ou par le désinteresse-
1
Godwin précise la source : C. Beccaria, Dei delitti e delle pene, voir G, p. 721.
Livre Vil, Chapitre IV
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ment du patriotisme ? | Voltaire fut il la honte de son espèce ou son deffenseur le plus généreux ? les hommes modérés reconnoissent que toutes ces questions sont insolubles ? cependant nous avons à cet égard mille fois plus de lumières que sur le crime ou l'innocence de l'infortuné que les loix ont condamné, hier peut être, à mort ? comparez les relations écrites par des accusés jugés coupables, avec la sentence prononcée contre eux ? ces relations portoient le caractère le plus solemnel ; elles avoient été rédigées dans les circonstances les plus imposantes, plusieurs, sans que la chance d'obtenir le moindre adoucissement put influer sur la véracité de leurs auteurs. qui osera dire que le Magistrat, avec le secours de ses informations F 487v° incomplettes, | soit un meilleur juge, qu'un prisonnier sans espoir, après le plus sévère examen de sa conscience ? Quel homme sensible et juste n'éprouve pas un sentiment de terreur, en lisant les pièces d'une procédure terminée par un arrêt de mort ? et l'humiliation de la Victime, réduite a confesser la justice d'une sentence, dont nous frémissons, ne fait que rendre notre impression plus douloureuse et plus sombre. Mais ce n'est pas tout. Le but de la société n'est pas d'influer sur le passé, mais sur l'avenir, pour savoir si tel crime est de nature a être souvent répété, Il est raisonnable de rechercher quelle fut l'intention du coupable, en le commettant, mais la découverte de cette intention n'est encore qu'un f 488r° objet secondaire. | Il nous reste a calculer la probabilité des récidives. La situation d'esprit, qui pousse le prévenu vers le crime, est elle sa disposition habituelle, ou quelque crise unique dans sa vie ? quel effet aura produit sur lui l'expérience ? quel changement salutaire a pu s'effectuer dans son ame, par l'angoisse inséparable d'une action contraire à la justice et à la raison ? la nature du délit, et les circonstances qui l'accompagnèrent, font elles craindre, que le coupable ait de nombreux imitateurs ? Une troisième difficulté naît de l'insuffisance des preuves, la véracité des témoins est un objet de doute éternel pour l'observateur scrupuleux, leur intelligence est plus douteuse encore, il serait absurde d'attendre d'eux une F 488v° parfaite impartialité, chaque mot, chaque geste, peut être défiguré par la bouche par laquelle il passe, le crime se démontre (pour employer la phraséologie légale) par l'évidence directe ou par l'évidence circonstantielle. On me trouve près du cadavre d'un homme récemment assassiné ? je sors de sa chambre, un poignard en main, ou les vêtements couverts de sang, si, dans ces circonstances, et inopinément accusé de meurtre, j'hésite dans mes réponses, si mon maintien se trouble, c'est une présomption additionnelle ; personne n'ignore que l'homme le plus vertueux de l'Angleterre, n'est pas assuré de ne point expirer sur l'échaffaud. pour l'évidence directe il est nécessaire de constater l'identité du coupable ; mais que d'infortunés F 489r° condamnés | sur une identité prétendue ont été reconnus innocents après F 487r"
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Recherches sur la justice
politique
avoir subi leurs supplices ! Sir Walter Raleigh, prisonnier dans la tour de Londres, entendit les clameurs de quelques homes, qui se battoient sous ses fenêtres, il questionna plusieurs témoins oculaires de l'événement, et les relations qu'il recueillit furent tellement contradictoires, qu'il ne put s'en former aucune notion précise ; il applique cet exemple à l'incertitude de l'histoire ; il aurait pu l'appliquer également aux procédures criminelles. la publication d'un libelle ne peut effrayer quiconque apprécie la force réelle de la vérité, mais il n'en est pas de même d'une accusation juridique peu d'hommes conservent, dans cette circonstance, le calme et la présence p 489v° d'esprit nécessaires, et lors même que leur courage | ne les abandonne pas, on écoute leur apologie froidement et presqu'avec répugnance, si le crime dont on les accuse est d'une nature atroce, Ils sont d'avance à demi condamnés par les passions de leurs auditeurs. On va prononcer sur leurs interets, au milieu des premiers mouvements de l'indignation, et l'impartialité n'aura son tour, que dix ans peut être après la mort de la victime. pourquoi, lorsqu'un terme considérable s'écoule, entre la sentence et le supplice, la sévérité du Public se change t elle en compassion ? ce n'est pas, comme on le suppose, que le crime soit oublié, mais c'est que la raison, reprenant son empire, nous rappelle confusément l'injustice de la rigueur, un homme en jugement est un pauvre malheureux individu, isolé, abandonf 490r° né, tandis que la société | réunie conspire sa perte ; l'accusé qui a le bonheur d'etre absous, en est tellement surpris, lors même qu'il a le sentiment de son innocence, qu'il lève avec étonnement les mains au Ciel, et doute encore qu'il ait triomphé d'une inégalité si prodigieuse. L'indignation dont nous pénètre la calomnie nous fait répéter, a toute occasion, que nous demandons d'etre jugés ; mais le simple calcul des chances d'un jugement criminel, dans l'état actuel de la société, en fera toujours pour la vertu même un objet de defiance et d'effroi.
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Livre VII, Chapitre V
Chapitre V 1 De la Contrainte, considérée comme un moyen temporaire.
'492r°
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Nous allons passer à l'examen des raisonnemens, qui justifient l'emploi de la force, comme un moyen temporaire, notre discussion précédente nous servira d'introduction, il étoit indispensable d'exposer les abus odieux du système de la force, en général, pour disposer nos lecteurs à le rejetter, dans tous les cas, ou sa nécessité ne seroit pas démontrée. Quelque désirable, que puisse être l'entière abolition de tout moyen de contrainte, lorsqu'on considère abstraitement la nature de l'esprit humain, cette mesure, nous dit-on, n'est pas pratiquable, dans l'état présent de nôtre espèce, une foule de vices divers | a été le résultat de l'injustice constituée, des désirs factices, des habitudes perverses, une impétuosité féroce, un égoisme invétéré, la perte de toute sympathie, et de toute modération, ont dénaturé le caractère de l'homme, un tems viendra peut être ou sa raison reprendra quelqu'empire : mais aujourd'hui, sa voix seroit étouffée, ses ordres méprisés, & ses loix enfreintes. Une première reflexion, c'est que la force, est, de tous les moyens, le plus impropre, pour préparer les hommes à se passer de la force, il est absurde de penser que la force commencera ce que la vérité seule est capable de finir, et que la rigueur et la violence feront entrer la race humaine, sous des auspices plus favorables, dans l'école de la raison. Mais, sans nous appesantir sur cette | méprise grossière, nous observerons d'abord, qu'il existe contre les maux que nous cherchons à prévenir par les moyens de contrainte, un remède sur et infaillible à la disposition de toutes les sociétés qui se déterminent à l'adopter, il existe un état d'ordre social dont nous avons deja présenté 1 esquisse, et qui, par la simplicité de son organisation conduiroit nécessairement a la cessation de tous les délits : les Etablissement du texte : 7/5-6/5, L P 492r"-504r°, P2 f 152v°-159r°, G pp. 727-744. 24 que nous cherchons ] corr. en que l'on cherche 1
Cahier formé de quatorze feuillets cousus (P 491-504) contenant la traduction du chap, v «Of Coercion Considered as a Temporary Expedient» (P 492r°-504r"). En haut et à gauche du P 491r°, qui sert de page de titre, on lit : Livre 7 Chap. 5, indication autographe biffée par la suite. Le P 491 v° est blanc, ainsi que le P 504v°. Paginations : aucune. Ecritures : du copiste C ; corrections autographes. Titres et sous-titres : seul le titre du chapitre est traduit.
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Recherches
sur la justice
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tentations deviendraient presque nulles ; la vérité serait mise à la portée de tous les esprits, et le vice suffisamment réprimé par la censure générale et par la désaprobation publique, tous ces biens résulteraient de la seule destruction des mystères et des artifices du Gouvernement, c'est à la pernicieuf 4 9 3 v ° se ambition de réunir un vaste territoire, c'est aux rêves funestes | d'une gloire absurde, c'est aux notions erronnées de domination et de dignité nationnales, qu'on doit imputer uniquement les meurtres nombreux qui se commettent chaque jour, avec la sanction des loix. ces illusions exécrables ont été jusqu'ici le fléau de la race humaine, sans procurer un bénéfice réel à un seul individu. Nous observons ensuite, qu'il n'est aucunement nécessaire, que les homes soient, en quelque sorte, purifiés des vices produits par les institutions factices, avant d'être délivrés de la contrainte qu'on leur impose. Certes, leur situation serait désespérée s'il faloit que la guerison précédât le remède, et que la dépravation, qui ne résulte que d'une politique perverse, f 494r° fut réformée avant cette politique même. Un systeme de | société bien organisé, tend, non seulement à maintenir les anciennes vertus de ses membres, mais à extirper leurs erreurs, et à les rendre justes et bienveillans l'un pour l'autre. Il les délivre de l'influence des fantômes, qui les égaraient, il leur fait sentir, que leur félicité veritable consiste dans l'intégrité et l'indépendance : il attache chaque individu, par le consentement général de tous, plus invinciblement que par des chaînes de fer, aux principes de la raison, les dispositions vicieuses des hommes ne tendent à retarder l'abolition des moyens de force, qu'autant qu'elles les empechent de concevoir les avantages de la simplicité politique. P 494v° Il y a, néanmoins, un point de vuë, | sous lequel la force peut être admise, comme un moyen temporaire, non pas au nom de la société, sur les individus, mais comme devoir des individus dans la société, le premier devoir des individus est de développer, avec toute la clarté possible, les avantages d'un état de société perfectionnée, et de travailler infatigablement à découvrir les défauts de la constitution, sous laquelle ils vivent, mais ils doivent, en même tems, considérer, que leurs efforts ne peuvent être suivis immédiatement d'un succès complet, que le progrès des lumières est graduel de sa nature, et que les hommes ne sont pas moins obligés de se consacrer au bonheur de leurs semblables, durant la période intermédiaire, que de traf> 495^ vailler à la félicité future et durable des générations | a venir. En effet, ce n'est qu'en garantissant de toute atteinte les avantages dont nous jouissons, que nous arriverons a de nouveaux avantages, les Nations sont encore assez 2 5 simplicité politique. ] corr. en simplicité dans les institutions politiques. avant ces mots maintenant
ajouté
3 8 les Nations ]
Livre VII, Chapitre V
f
495v°
P496r°
f°496v°
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aveugles, pour tolérer des gouvernemens compliqués et de vastes territoires. Aussi longtems qu'elles persisteront dans cette erreur, l'emploi de la force sera nécessaire à la sûreté publique. Il ne dépend pas d'un individu d'éclairer tout à coup ses concitoyens : son devoir l'oblige conséquemment, à prendre une part active à de certaines opérations du systeme qui existe, et de favoriser un dégré de force suffisante pour prévénir les commotions du tumulte et de la violence, il serait indigne d'un être raisonnable de dire : «ces choses sans doute sont nécessaires pour le moment, mais il m'est permis \ de n'y prendre aucune part. Si ces choses sont nécessaires, elles le sont pour l'intérêt général, elles sont donc des actes de vertu, nul homme juste ne refusera d'y concourir. Le devoir des individus, à cet égard est semblable à celui des sociétés indépendantes, lorsqu'il s'agit de la guerre, on sait quelle est dans ces occasions la politique commune des princes. Ceux qui sont actifs et entreprenans sont dévorés de la soif d'étendre leur territoire ; la conduite la plus innocente et la plus paisible, de la part de leurs voisins, n'est pas une garantie suffisante contre leur frénésie ambitieuse ; tantôt ils cherchent des prétextes pour déguiser leurs violences, d'autres fois ils dédaignent même cette mensongère pudeur. Supposons donc, qu'un Pays libre | soit envahi par l'un de ces Tyrans, quelle est la conduite que les citoyens doivent tenir ? le langage de la raison seule ne désarmera pas leurs injustes agresseurs. Si, pareils aux Quakers, ils refusoient également de résister et d'obéir, ils préviendraient l'effusion du sang ; mais il en résulterait un mal plus durable, des garnisons établies dans leurs foyers, les fatigueraient de vexations de tout genre. Sans doute si la Nation subjuguée se conduisoit invariablement d'après les principes de la raison, les usurpateurs se dégoûteraient de leur inutile conquête, mais cette supposition n'est pas admissible, les Nations d'aujourd'hui, ne sont pas des Nations de philosophes, mais des associations d'hommes, dont les vertus sont mêlées de foiblesse et d'inconstance. Le devoir des individus est de calculer quelle conduite sera la plus utile dans ces circonstances ; ils doivent, en conséquence, adopter l'expédient le moins funeste, pour forcer l'ennemi d'evacuer promptement leur territoire. Ce principe s'applique à toutes les transactions des individus ; l'abandon de ma vie, ou de celle d'un autre, au premier scélérat qui voudrait y porter atteinte, ne serait d'aucun avantage. Je dois, par conséquent, prévenir l'exécution de ce crime, en employant, dans ce but, le dégré de contrainte nécessaire. Il en est de même, de l'homme endurci dans le vice, et qui trafique de la violation de la sûreté publique, je dois prendre les armes contre le despote qui dévaste mon pays, puisque mes raisonnemens ne suffisent pas pour | le 5 - 6 de favoriser] corr. en à favoriser
25-29 Sans doute ... d'inconstance. ] supp.
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déterminer a la retraite, et puisque mes compatriotes sont incapables de conserver dans les fers leur indépendance intellectuelle, par la même raison, je dois m'opposer a l'ennemi domestique, puisque je n'ai pas d'autre moyen pour prévenir son délit, ou pour faire adopter par la société une institution politique plus équitable, qui puisse maintenir la sûreté, sans le secours des 5 moïens de force. C'est ici, peut être, qu'il convient de faire ressortir l'immense intervale, qui sépare une société bien organisée, sans gouvernement, de ce qu'on entend généralement par l'anarchie, détruisez demain le Gouvernement de l'Angleterre, si sa dissolution n'est point le résultat d'idées sur la justice politique, mûrement réfléchies, et antérieurement répandues 10 P497v° parmi le peuple, ce bouleversement sera loin de conduire à l'abolition de la violence ; les individus, se voïant délivrés de la terreur qui les contenoit, et n'étant encore, ni placés sous la tutelle plus heureuse et plus raisonnable de l'inspection publique, ni convaincus de la nécessité d'une bienveillance mutuelle, se livreroient à tous les genres d'injustice, & forceroient par leurs 15 excès, ceux qui desireroient la fin du désordre, à s'associer de nouveau pour y mettre un terme par la violence, on aurait ainsi tous les maux attachés à un Gouvernement régulier, sans jouir de la sûreté et du repos, qui en forment l'unique avantage. L'anarchie est par sa nature un fléau de peu de durée, plus ses convul- 20 f 498i" sions sont violentes, plus on en voit | promptement la fin. mais il est néanmoins nécessaire de calculer le dégré du mal qu'elle produit, pendant qu'elle existe, et le résultat qu'on doit en attendre, sa première victime est la garantie individuelle ; quiconque a un ennemi secret doit redouter le fer de cet ennemi, sans doute, au milieu des plus affreuses convulsions de l'anar- 25 chie, la foule obscure peut dormir paisiblement ; mais malheur à qui, n'importe comment, excite l'envie, la haine ou la défiance ! la férocité sans frein le marque pour sa proie, dans cet état de choses, les plus sages, les plus éclairés, les plus généreux, les plus hardis, sont menacés d'une fin prématurée, il faut renoncer aux spéculations patientes du philosophe, aux veilles 30 f® 498v° savantes de l'écrivain. | tout porte l'empreinte du Chaos social, tout est précipité, turbulent, impétueux, l'on voit de tems en tems briller le génie, mais tel qu'un sanglant météore, et non tel que l'astre du jour. Les hommes, qu'une soudaine énergie pousse tout a coup vers le pouvoir, portent l'empreinte de la circonstance, qui les élève a cette grandeur inattendue, ils sont 35 sévères, farouches et sombres, leur ambition désordonnée s'irrite de l'égalité, et la tyrannie satisfait seule leurs passions ingouvernables.
15 se livreroient... forceroient ] corr. en se livreront à tous les genres d'injustice, & forceront 17 on aurait ainsi ] partiell, biffé et corr. en On aura de la sorte
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Gardons cependant de conclure, que l'anarchie avec tous ces maux soit plus funeste que ne peut l'être le Gouvernement. Le despotisme anéantit comme l'anarchie la sûreté personnelle ; avec cette différence que l'anarP499r° chie est passagère et que le despotisme peut être éternel, celui des | Empereurs Romains proscrivoit partout l'opulence, et le malheur d'être riche etoit le plus impardonnable des crimes : Il s'est prolongé pendant plusieurs siecles. dans l'Europe moderne, le despotisme s'est nourri de jalousie, et d'intrigue ; il a servi d'instrument au ressentiment des femmes, et à la perversité des courtisans, celui qui osoit élever sa voix contre les tyrans, ou parler des véritables intérêts des citoyens, n'étoit pas sur de ne pas se voir, le lendemain, plongé pour jamais dans un cachot. Dans ces terribles demeures le despotisme exercoit à loisir ses longues vengeances, et quarante années de solitude et de misère suffisoient à peine pour assouvir sa fureur ; f°499v° à l'injustice du chef se joignoient les excès | des subalternes, une usurpation, qui violoit toutes les loix, ne pouvoit acheter sa sûreté, qu'en secondant la tyrannie dans tous ses echelons secondaires, de là les privilèges de la noblesse, de la féodalité, du droit de primogéniture, des amendes et des héritages, quand la philosophie de la loi sera bien conçue, on en trouvera l'histoire et l'explication, non dans le désir d'assurer le bonheur de la race humaine, comme quelques écrivains se plaisent à l'imaginer, mais dans le pacte vénal par lequel les Tyrans du premier ordre se sont assurés l'alliance et les secours des tyrans subordonnés. L'anarchie donne a l'esprit une activité prodigieuse, cette activité se ressent de sa source, elle est extrême f 500r° dans ses écarts | et funeste dans ses conséquences mais elle vaut mieux, toute fois, que la pression dégradante du despotisme, dont la défiance et l'envie proscrivent tout ce qui porte l'empreinte de la grandeur, le despotisme n'offre aucun encouragement à l'ambition vertueuse, un système de politique, qui distribue les hommes en classes arbitraires, et qui les retient sans retour dans 1 abaissement, en fait des êtres de l'espèce la plus dangereuse. L'oppression leur enseigne le mensonge et l'artifice, & leurs passions ulcérées ne se développent que par des actes plus audacieux de violence et d'injustice. Le résultat définitif de l'anarchie est une question sur laquelle nous n'avons encore aucune donnée certaine, les chances sont en f° 500v° aussi grand nombre que les différentes combinaisons des sociétés, on a vu l'anarchie se terminer par le despotisme, et dans ce cas la elle n'a servi qu'à multiplier tous les genres de malheurs ; elle peut aussi produire la
8 d'instrument ] 2 l'être le Gouvernement ] corr. en l'être le plus mauvais Gouvernement avant ce mot, mot ill. caviardé d[...] 15 secondant ] biffé et corr. en tolérant 31 plus audacieux ] biffé 34 on ] corr. en l'on 35 ce cas la ] corr. en ce cas
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Recherches sur la justice
politique
modification de la tyrannie, et en conséquence un gouvernement moins odieux que celui qu'elle a détruit, il n'est pas même impossible qu'elle conduise à la meilleure des formes sociales elle a une certaine ressemblance avec la liberté, une ressemblance imparfaite et effrayante, communément elle prend sa source dans la haine de l'oppression ; elle est toujours accompagnée d'un esprit d'indépendance, elle délivre les hommes des préjugés et de la foi implicite, et les excite a réfléchir impartialement aux motifs de P50ir" leurs actions. | Le résultat de l'anarchie dépend de la disposition des esprits, au moment qui a précédé l'explosion, tous les peuples ont été dans une sorte d'anarchie, c'est à dire sans système de gouvernement avant d'etre civilisés, il ne serait pas difficile de trouver dans l'histoire de tous les pays une période d'anarchie, le Peuple Anglois etoit dans l'anarchie, immédiatement avant la Restauration, le peuple Romain etoit dans l'anarchie, lors de la retraite des Plebeïens sur le mont sacré, on peut en conclure que l'on a exagéré tour à tour les inconvéniens et les avantages de l'anarchie Mais ce qui est évident et qu'il ne faut jamais oublier, c'est que l'anarchie, limitée dans sa durée et violente dans ses mouvemens, ne peut suppléer a l'acquip 501 v° sition lente et graduelle des lumières. | elle détruit de certaines préventions mais elle exalte d'autres préjugés, et les convertit en instrumens de vengeance. Pour espérer que l'anarchie soit suivie de la liberté, il faut qu'elle ait été précédée par la philosophie, que les grandes questions politiques aient été discutées & que le siècle soit en possession de certaines vérités fécondes, c'est pour cette raison que les révolutions de nos jours, (Et toute autre révolution est une espece d'anarchie) promettent des résultats plus heureux que celles des périodes précédentes ; en conséquence, plus l'explosion de l'anarchie sera retardée, plus elle produira d'avantages à la race humaine, l'imposture peut gagner en précipitant la crise, mais la philanf° 502r" tropie éclairée et pure attend avec patience l'instant de la maturité. | cette heureuse récolte peut être tardive, mais elle est assurée ; et, si dans les circonstances actuelles, la sagesse et la vigilance réussissent à éloigner l'anarchie, tous les biens de la liberté seront obtenus, sans que la violence les dénaturé, ou que la férocité les fletrisse. Ces observations sur l'anarchie nous conduisent à conclure, qu'il existe des formes de gouvernemens dont la tendance est plus dangereuse que la cessation de toute organisation sociale, mais qu'il en est d'autres et en plus grand nombre, qui, malgré de graves défauts, sont préférables a l'anarchie, or il est hors de doute, que de deux maux, inévitables, l'homme sage et juste choisira le moins funeste, en conséquence faute de moyen pour introduire la 4 avec ... effrayante. ] partiell. biffé et corr. en une ressemblance imparfaite et effrayante avec la liberté. 16 qu'il ] avant ce mot ce ajouté 24 autre ] biffé
Livre VII, Chapitre V
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f° 502v° forme de société qu'il considère comme la meilleure, Il se prêtera sans hésiter à l'exercice des moyens de contrainte nécessaires, pour éviter l'une des plus mauvaises de toutes les formes possibles, c'est-à-dire l'anarchie. Mais, en admettant accidentellement l'emploi de la force contre la force, Il n'oubliera pas que, des trois objets dont nous avons déjà fait l'énumération, et que les dépositaires de l'autorité peuvent avoir en vuë, un seul est utile et légitime. Ce n'est pas l'amélioration, la force ne persuade, et par conséquent n'améliore pas. L'on pourrait dire, qu'en attendant le perfectionnement de l'espèce humaine par la raison, il faut la contenir par la force ; mais c'est P 503r° dénaturer la question, ce n'est plus | la force qui améliore, elle réprime, jusqu'à ce que d'autres moyens aîent amélioré, nous ne prétendons pas que, lorsque le besoin de contenir nécessite les moyens de force, il ne faille en même tems s'efforcer de corriger par la persuasion ; mais il est essentiel de ne pas confondre deux objets d'une nature entièrement différente, la répression phisique, unique effet possible de la contrainte, et la conviction morale, qui ne résulte que du développement de la vérité. Le second objet des moyens de contrainte, l'exemple, a reçu dans les chapitres precedens tous les éclaircissemens nécessaires pour démontrer que ce but est injuste par sa nature, illusoire dans ses effets, horiblement abusif f° 503v° dans son application. | Reste le troisième objet de la contrainte La supression des délits futurs, nous avons exposé sans menagemens les objections qui militent même contre cet employ des moyens de force, et nous venons de considérer les raisonnemens qui l'emportent sur ces objections sans les détruire. Un tems considérable pourra s'écouler encore, avant que les hommes changent leurs gouvememens compliqués, pour une forme de société plus simple, qui rende inutile toute espèce de contrainte. Durant cette intervalle,
6 vuë ] après ce mot dans leur usage de la contrainte ajouté 14 s'efforcer ] biffé et corr. en essayer 21-22 La supression ... nous ] partiell. biffé et corr. en celui de prévenir les délits futurs que pourrait (commettre le coupable) continuer à commettre un individu deja coupable, si nous le laissions en liberté, à côté de cette correction, après un appel de note qu'on ne retrouve pas dans le texte, on lit une note du traducteur, supprimée par la suite II y a ici quelque confusion dans les expressions de notre auteur, si les chatimens servent à réprimer les délits futurs ils est évident que c'est par l'exemple qu'ils présentent. S'ils n'agissoient pas ainsi, comment influeraient ils non seulement sur le coupable mais sur les témoins de la punition ? L'auteur a été trompé par le mot exemple qui, lors qu'il s'agit de peines légales, rappelle d'affreux supplices & d'inexcusables cruautés : & le lecteur aura remarqué que dans le chapitre III ou il en parle, il ne considère ce sujet que sous le rapport de la barbarie avec laquelle l'on exerçoit ce que l'on appelloit des exemples. Note du traducteur.
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Recherches sur la justice politique
nous avons des devoirs à remplir, nous sommes obligés de coopérer au bien présent de la société, non moins qu'à sa régénération future, l'obligation temporaire, qui résulte de cette circonstance, rentre dans la théorie que nous f 504r° avons | exposée sur le devoir, le devoir d'un pouvoir donné, est l'exercice de la manière la plus avantageuse possible au bien général. 5 Or nôtre pouvoir dépend de la disposition des hommes qui nous entourent. Si j'étois au milieu d'une armée qui prit la fuite, mon devoir serait de faire ma retraite, quoique celui de toute l'armée eut été de combattre. Dans toutes les circonstances mon devoir est de contribuer au bien général, autant que les circonstances le permettent. 10
1 obligés ] biffé et corr. en tenus 4 le devoir... l'exercice ] corr. en le devoir est l'exercice d'un pouvoir donné 8-10 Dans ... permettent. ] biffé et corr. en et dans toutes les circonstances, mon devoir est de faire le bien que ces circonstances rendent possible.
Livre VII, Chapitre
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Chapitre VI1 De la proportion des Peines.
505r°
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VI
Il est tems de passer à l'examen de quelques unes des conséquences, qui résultent de notre théorie, sur l'emploi de la force, et sur les moyens de contrainte, elles sont de la plus haute importance pour la vertu, le bonheur, et le perfectionnement de la race humaine. Tout moyen de contrainte est un acte d'une nécessité douloureuse, incompatible avec la nature de l'esprit humain, et légitimé seulement pour un tems limité, par la corruption et l'ignorance actuelles. La force ne peut être considérée, comme une source d'amélioration, elle ne doit être emploïée, sous peine de | l'injustice la plus odieuse, que dans les cas de la nécessité la plus évidente, au lieu de l'appliquer, dans toutes les occasions, comme un remède moral, la saine politique doit s'occuper de la resserer de plus en plus, dans des bornes étroites. Rien ne la justifie que le danger incontestable, qui resulteroit pour la sûreté publique de la liberté de l'individu qui se permet de la troubler. Ce principe nous fournit une règle d'évaluation, pour la justice des souffrances qu'on inflige. Nous sommes conduits, en premier lieu, à rejetter toute idée d'une mort lente, rafinée et douloureuse ; cette barbarie ne peut avoir de cause qu'un ressentiment aveugle, ou l'espoir mal fondé d'effrayer par un exemple terrible. La mort, bien que non accompagnée de tourmens, ne nous paraîtra pas | plus admissible. Il existe toujours d'autres moyens de mettre un criminel hors d'état de nuire ; la privation de la vie, quoi qu'elle ne soit pas la plus grande peine qu'on puisse infliger, est toutesfois un mal réel, en ce qu'elle met un terme irrévocable à toutes les espérances de la victime, et l'empêche d'atteindre au perfectionnement dont sa nature étoit susceptible. Lorsqu'il est nécessaire à l'intérêt de la société de recourir à la force contre un de ses membres ; cette circonstance doit
Etablissement du texte : 7/6-6/6, L f 505r°-516r°, P2 P 159v°-165i^, G pp. 7 4 5 - 7 5 9 . 16 de la troubler. ] biffé et corr. en d'y porter atteinte. 1
19 cause ] biffé et corr. en motif
Cahier formé de douze feuillets cousus (P 5 0 5 - 5 1 6 ) contenant la traduction du chap. VI «Scale of Coercion» ( P 595r°-516i")- En haut et à gauche du P 5 0 5 i " , on lit l'indication autographe : Livre 7 Chap. 6. Le f° 516v° est blanc. Paginations : aucune. Ecritures : du copiste C ; corrections autographes. Titres et sous-titres : seul le titre du chapitre est traduit.
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Recherches sur la justice
politique
garantir à l'infortuné, la justice et l'humanité des dépositaires du pouvoir ; c'est de tous les hommes celui qui a le plus besoin de leur assistance. Si loin de le traiter avec une dédaigneuse et hautaine | indifférence, ils se montraient compatissans a son sort, lui présentoient la vérité avec calme, avec clarté, avec bienveillance ; s'ils employoient toutes les ressources de la raison pour éloigner de lui le sentiment de l'amertume et l'opiniâtreté de l'orgueuil, son amélioration serait presque assurée ; ses besoins et son malheur sont autant de titres, mais pour se dispenser de lui rendre des soins auxquels ses malheurs lui donnent des titres, ils tranchent brusquement le fil de sa vie, et le privent à jamais de tout accroissement de lumières et de tout développement de facultés. L'humanité pour les criminels n'augmenteroit point le nombre des crimes. Ils se multiplient aujourd'hui | par l'incertitude qu'entrainent nos formes actuelles, qui, tandis qu'elles sont un sujet de terreur pour l'innocent, présentent au coupable une chance d'échapper. La peine de mort est le résultat de l'injustice des institutions politiques, et de l'indolence barbare des gouvernans. Sous les républiques et les gouvernemens simples, les chatimens sont rares, et les peines capitales presque inconnues, plus il existe dans un pays d'inégalité et d'oppression, plus les punitions sont multipliées et rigoureuses ; plus les loix d'une société sont contraires à la nature de l'homme, plus il faut de violence pour les maintenir. cependant les grands et les riches, fiers de leur supériorité artificielle, contemplent avec indifférence la destruction de la classe pauvre & indigente, dédaignant de se rappeller que, s'il existe entre les hommes quelque différence, elle est peut être le résultat des circonstances différentes, et que celui qu'ils méprisent aujourd'hui les eut égalés ou surpassés ; qui peut contempler un grouppe d'infortunés, attendant leur supplice, sans être frappé de cet anéantissement féroce et confus de tant d'espérances, de tant de facultés, souvent même de tant de vertus, sacrifiées aux combinaisons factices d'un ordre social perverti ! l'espèce de Châtiment connu sous la dénomination de punition corporelle est encor rejetté par notre système, la punition corporelle est de toutes les inventions la plus atroce. | le penchant naturel de l'homme est de se respecter dans son semblable, avec quel plaisir ne contemplons nous pas les progrès de l'intelligence, ses efforts pour découvrir la vérité, les vertus éminentes que produisent les lumières, la sagesse qui résulte de la liberté d'examen ! quel spectacle avilissant, au contraire, que celui des tortures, ou des 7 - 8 ses besoins ... titres ] biffé 25 peut être] biffé 26 aujourd'hui ... surpassés ] partiell. biffé et corr. en aujourd'hui placé dans une situation plus heureuse, les eût peut être égalés ou surpassés
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punitions corporelles ! toutes les avenues de l'intelligence sont fermées : elles sont gardées de toutes parts, par une cohorte de passions honteuses, la haine, la vengeance, le despotisme, la cruauté, l'hypocrisie, la perfidie, et la lâcheté, en sentinelle, l'homme devient l'ennemi de l'homme, le plus fort est saisi d'une soif inextinguible de domination. Le plus faible frémit | plein de défiance et de terreur, à l'approche d'un individu de son espèce, avec quelle horreur l'homme sensible et fier ne voit il pas les cicatrices imprimées sur le corps de son semblable ! quel cœur ne bat pas à l'unisson de cette sublime loi de l'antiquité : «tu ne frapperas un Citoyen Romain», la punition corporelle ne peut produire que deux effets. Ou l'ame de la victime est subjuguée par la tyrannie : elle obéit à une autre puissance, qu'à celle de la raison ; elle rougit de ce qui n'est pas une honte véritable ; ou chaque tourment qu'elle endure, redouble la généreuse indignation de son cœur, & fixe sur ses bourreaux son mépris et sa haine. L'équité des moïens de contrainte repose sur ce seul principe : «tout homme est obligé d'employer tous les expédiens en sa puissance, pour prévenir les dangers qui menacent la sûreté générale, lors qu'il est démontré par l'expérience, et par la raison, que toute autre ressource est insuffisante.»1 En conséquence, de certaines circonstances critiques, nous font une loi de priver un criminel de la liberté dont il abuse, aucun prétexte ne nous authorise à aller plus loin ; l'individu renfermé dans une prison, ne peut troubler la tranquillité de ses concitoyens, et toute souffrance ultérieure, lorsqu'il n'a plus la possibilité de nuire, est la suggestion féroce et illégitime de la vengeance, et l'insolent caprice d'une tyrannique supériorité. Sans doute, lors que le coupable | est arrêté, nous avons envers lui un nouveau devoir, celui de l'améliorer, mais cette considération est étrangère aux moyens de contrainte. Le devoir de tout homme est de contribuer au perfectionnement intellectuel de ses semblables, par la communication des lumières et non par la violence, prolonger la détention du coupable, n'est légitime qu'aussi longtems, que la sûreté générale semble l'exiger, si vous prolongez un seul instant cette détention, dans la vue de l'améliorer, vous manquez à la morale et à la raison. Cependant l'emploi de la force & le perfectionnement moral ont une relation intime l'un avec l'autre, un coupable doit être détenu, aussi longtems que sa liberté pourroit troubler la
4 en sentinelle ] biffé 17-19 lors ... insuffisante. ] partiell. biffé et corr. en lors donc qu'il est démontré par l'expérience, et par la raison, que les moyens doux sont insouffisants il doit recourir aux moïens sévéres. 20 aucun ] avant ce mot mais ajouté 29 prolonger ] biffé 1
Le copiste ne ferme pas les guillemets que nous croyons pouvoir fermer ici.
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Recherches sur la justice
politique
f 51 Or0 tranquillité publique : | mais la tranquillité publique ne sera plus menacée, aussitôt que le coupable aura changé de dispositions, en conséquence, il est de notre devoir, de combiner l'emploi de la force le moins rigoureux, que la sûreté générale puisse comporter, avec les moyens d'amélioration les plus efficaces que les circonstances nous fournissent. Lorsqu'on prive un criminel de sa liberté, on le plonge, d'ordinaire, dans une prison publique, dans laquelle on entasse des coupables de toute espece, en laissant se former entr'eux une sorte de société confuse et mélangée, qui les expose à la reaction de leurs vices respectifs. Des circonstances de tous les genres concourent à leur faire contracter des habitudes de paresse et de p 5l0v° corruption, que l'on dédaigne | de combattre : on ajoute de la sorte à la dégradation de la race humaine : on fait comme a dessein, des prisons, les écoles du crime : et la suite inévitable de ce système barbare est, après une détention plus ou moins longue, de rendre à la société des hommes pervertis par la punition qu'ils ont subie. Un observateur philantrope, après avoir médité sur ce sujet, avec la plus sérieuse attention, et les intentions les plus pures, frappé vivement de la tendance funeste de la pratique adoptée, concût un projet de détention solitaire. mais ce mode de captivité, libre des inconveniens du mode établi, en contient lui même de très importans. C'est d'abord la plus rigoureuse des Tyrannies ; et, sous ce point de vue, f 5llr° elle n'est point | compatible avec la douceur du système pénal que nous voulons introduire, l'homme est par sa nature un être sociable, nous sentirons qu'il doit l'etre, si nous considérons les avantages, que la société lui présente, et dont la solitude le prive : mais, indépendamment de son caractère primitif, il est éminemment sociable par ses habitudes ; enlèverez vous a votre prisonnier la ressource de la lecture, de la composition, de tous les travaux, et de tous les jeux ? croirez vous changer plus facilement ses dispositions vicieuses, en lui refusant toute distraction, pour le faire rentrer en lui même ? ou ne le séparerez vous que de la société ? cette hypothese est la moins sévère : combien toutefois existe t-il d'hommes auxquels les livres puissent suffire ? qui peut s'attendre, que des hommes accoutumés à des f° 51 iv° occupations différentes se façonent | subitement à l'étude qui leur etoit étrangère, et qui leur est imposée comme une peine ? la pensée ne remplit pas tous les besoins de l'humanité, celui de la communication avec nos semblables est un des plus impérieux, parce que la sûreté publique exige la détention d'un coupable, faut il que jamais il ne soit ranimé par le sourire d'un ami ? qui oseroit compter toutes les souffrances d'une solitude absolue ? qui peut assurer que ce n'est pas le plus rigoureux des tourmens ? 7 on ] corr. en l'on 11 on ] corr. en l'on 12 on ] corr. en l'on en exempt 39 des ] biffé et corr. en de tous les
19 libre ] biffé et corr.
Livre VII, Chapitre
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L'emprisonnement solitaire peut il mener au perfectionnement de nos facultés ? pour être vertueux, il faut étudier les hommes, et les relations qu'ils ont ensemble : croit-on nous préparer à cette etude en nous écartant de la société humaine ? la solitude nous formera t-elle à la justice, à la f° 512r" bienveillance, à | la prudence, résultat de notre commerce avec nos semblables ? ne contribuera-t-elle pas, au contraire, à fortifier nos dispositions antisociales ? qui pourrait inspirer des sentimens de philantropie au prisonnier, qui n'a jamais l'occasion de les pratiquer ? le sol le plus fertile en crimes de toute espèce, est une humeur farouche et sauvage. Fathmosphère d'un cachot a-t-il la propriété de rendre le cœur plus généreux, plus sensible ? la solitude forcée mène a la fureur au délire, a l'imbécilité ; sont ce là des qualités convenables a des citoyens mais elle ne sera jamais propre a former pour la société de membres utiles et vertueux. Une methode non moins injuste est de condamner les criminels, à un état f 5l2v° de servitude, ou à des travaux | mal sains et penibles ; Cette méthode est injuste, parce qu'elle n'est pas nécessaire au maintien de la société : elle l'est encor, parce qu'elle s'oppose à l'amélioration de l'individu, l'homme est un être intellectuel, le rendre vertueux c'est éclairer ses facultés intellectuelles ; c'est donner à son ame de l'independence et de l'essor à son esprit ; la servitude influe en sens opposé, aucun genre d'esclavage, depuis celui d'un Enfant dans une pension sévère, jusqu'à celui du plus malheureux des Nègres, dans nos colonies, ne peut, en aucune manière, etre une cause d'amélioration. Le bannissement ou la déportation est un système préférable à tous les autres, on l'a tenté sous différentes formes : mais d'ordinaire, avec si peu de P5i3t" ménagemens, & tant de grossiéreté dans l'exécution | qu'il rappelle des idées aussi révoltantes, que tous les autres moyens de rigueur. Le bannissement simple est une violation du droit des gens, rien ne nous authorise à placer, chez les autres peuples, un individu, dont nous redoutons la présence au milieu de nous. on a quelque fois uni l'esclavage au bannissement, tel étoit l'usage Anglais, avant la défection des colonies de l'Amerique. l'iniquité d'un pareil usage n'a pas besoin d'être démontrée. La meilleure espèce de bannissement est la déportation dans une contrée encore inculte. Le seul travail qui puisse délivrer les hommes des habitudes vicieuses d'une société corrompue, est celui que leur imposent les loix de la nature, et non les ordres d'un P 5l3v° supérieur, la fondation de Rome | par Romulus, et les fugitifs qui l'accompagnoient, nous fournit un heureux exemple d'un semblable établissement, soit que nous le considérions comme une histoire véritable, ou comme l'ingénieuse fiction d'un écrivain politique. Des hommes délivrés des insti12-13 mais ... vertueux. ] partiell. 31 on ] corr. en L'on
biffé et corr. en qu'on veut rendre utiles et vertueux ?
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Recherches sur la justice politique
tutions oppressives des Gouvememens Européens, et contraints, pour ainsi dire, à recommencer la société, sont dans la route directe de la vertu. Deux circonstances ont fait échouer jusques à présent ce raisonnable projet, en premier lieu, la mère patrie poursuit toujours ce genre de colonies, avec une sorte de haine ; elle s'occupe à en rendre le séjour odieux et pénible, dans le vain espoir d'épouvanter les coupables, on devrait, au contraire, aider les condamnés à surmonter les obstacles, et contribuer à leur bonheur. Ces f 5l4r° colons sont des hommes | qui, par leur nature commune et leurs malheurs particuliers, ont des titres à notre bienveillance et à notre compassion. La raison s'afflige de la nécessité douloureuse, qui nous force à les traiter d'une manière si peu convenable à des êtres intelligens, et nous étant résignés à cette nécessité, nous ne songerions plus qu'à leur rendre tous les services en nôtre pouvoir ; mais nous nous livrons honteusement au sentiment sauvage de la vengeance, et nous jettons ces infortunés sur la plage la plus éloignée et la plus ingrate, nous les exposons volontairement à périr de faim, de froid, et de maladie, si nous réfléchissions mûrement, la déportation aux hébrides nous paraitroit peut être aussi efficace que la déportation f 5i4v° aux Antipodes. | En second lieu, les principes, que nous venons d'exposer, exigent qu'après avoir pourvu aux premiers besoins des colons, nous les abandonnions à eux mêmes, nous leurs fesons un mal positif, en les poursuivant, dans leurs obscures retraites, par l'influence sinistre de nos institutions d'Europe, par quelle profonde ignorance de la nature de l'homme, supposons nous qu'ils s'entr'égorgeraient, s'ils etoient en liberté ? des situations nouvelles forment de nouvelles ames. Les criminels les plus endurcis, chassés en masse et soumis aux loix d'une nécessité rigoureuse, adoptent nécessairement des principes raisonnables, et déploient souvent une sagesse et un esprit public, qui feraient honte à la plus fière des monarchies. Ne perdons pas de vue, néanmoins, les vices inhérens à tout f 5l5r° moyen de contrainte. | Ils reparaissent, sous quelque forme que la contrainte soit modifiée ; la colonisation, le plus convenable de tous les expédiens dont nous avons fait l'énumeration, ne laisse pas de présenter de grandes difficultés. la société juge le séjour d'un de ses membres dangereux pour la sûreté publique : mais n'exède-t-elle pas ses pouvoirs, en empêchant cet individu, de choisir son nouvel asile, et de se retirer ou bon lui semble ? et s'il enfreint son bannissement, quelle peine plus sévère aura t-elle droit de lui infliger ? un certain degré d'injustice est toujours inséparable de l'emploi de la force ; et nous sommes ramenés à chaque instant à devancer, par nos désirs, l'heureuse époque, ou toute loi pénale sera superflue.
6 on ] corr.
en
L'on
16 nous ]
après ce mot
y
ajouté
Livre VII, Chapitre VI
f°5i5v°
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Résumons. Nous avons établi, dans ce chapitre, que l'emploi d'une sorte de contrainte, peut être le devoir des individus, mais jamais de la société prise collectivement. Ce devoir est fondé sur les avantages individuels, qui résultent de la sûreté publique. Dans ces circonstances, chaque individu est obligé de juger par lui même, et de ne se prêter aux moyens de force, que 5 lorsqu'ils lui paraissent évidemment indispensables et justes. S'il ne peut persuader à ses concitoyens de renoncer à leurs institutions imparfaites, il s'efforcera de les améliorer ; mais il refusera de concourir à ces mesures, si communes, qui, sous le pretexte de la sûreté generale, menent à des résultats atroces, on trouve, dans tous les codes, des loix tellement iniques, que le 10 f°5i6r° consentement universel les a | fait tomber en désuétude, l'ami de la justice hatera de cette manière la suppression des loix qui empiètent tyranniquement sur l'indépendance de la race humaine, soit par la multiplicité de prohibitions vexatoires, soit par la rigueur de châtimens inhumains.
10 on ] corr. en l'on
14 prohibitions ] avant ce mot leurs ajouté et biffé
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Recherches sur la justice
politique
Chapitre VII1 Des Loix
523r°
De tous les objets, qui peuvent occuper l'intelligence humaine, le plus important, est, sans contredit, la Loi. C'est elle qui, chez les peuples, qui se prétendent civilisés, a servi jusqu'à présent de règle, pour juger la moralité des actions, que la société avoit soumises à sa surveillance. En traitant ce sujet, on a, d'ordinaire, mis d'un côté la Loi, de l'autre l'arbitraire d'un despote, Il auroit été plus juste de considérer d'abord la loi en elle même, et dans les cas ou nous la trouverions accompagnée de quelques inconvéniens, de rechercher quel principe plus avantageux nous pourrions lui substituer. f 523v° L'on a recommandé l'institution de la loi, comme fesant connôitre, aux différens membres de la société, les règles, d'après lesquelles leurs actions seroient jugées. L'on a représenté, comme le plus haut dégré d'injustice, de prononcer sur la conduite d'un homme, en vertu d'une loi postérieure à son délit, ou de toute autre manière, que d'après le texte littéral d'une loi, antérieurement établie, et solemnellement promulguée. L'importance de ce principe augmente, en raison de l'absurdité et de la bizarrerie du système de jurisprudence en vigueur. Si une société transforme en crime l'action de porter des habits d'une certaine étoffe, ou des boutons d'une composition particulière, il est naturel de s'écrier que la jurisprudence f°524r° de cette société doit informer ses membres des règles | fantastiques, d'après lesquelles elle veut qu'ils se conduisent, mais plus une société se contentera des règles naturelles de la justice, & s'interdira de les défigurer ou de les augmenter a son gré, moins l'institution de la loi sera nécessaire, des communications sociales, libres de tous les préjugés, nous donneraient beaucoup plus de lumières, sur les principes de la justice, que tous les codes de loix & tous les catéchismes de la morale. Etablissement du texte : 7/8-6/8, L f 523r°-535r°, P2 f 167v°-173v°, G pp. 764-780. 1 VII ] corr. en VIII '
7 on ] corr. en l'on
28 la ] biffé
Cahier formé de quatorze feuillets cousus ( f 522-535) contenant la traduction du chap. vin «Of Law» ( P 523r°-535r°). En haut et à gauche du f 522r", qui sert de page de titre, on lit : Livre 7 Chap. S, indication autographe biffée par la suite. Le f° 522v° est blanc, ainsi que le f° 535v°. Pour ce qui concerne la place attribuée à ce chapitre, voir n. 1, p. 1346. Paginations : aucune. Ecritures : du copiste C ; corrections autographes. Titres et sous-titres : seul le titre du chapitre est traduit.
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L'un des résultats de l'institution de la Loi, c'est que cette institution une fois commencée ne peut jamais etre terminée. On entasse Edit sur Edit, volume sur volume, plus le gouvernement est populaire, plus ses mesures tiennent de la délibération ; plus cet inconvéf° 524v° nient se | fait sentir, ne serait ce pas une preuve, que le principe lui même est mauvais ; et que nous nous égarerons toujours davantage, en suivant la route qu'il nous indique ? c'est une tâche désespérée que de vouloir concilier l'erreur & la vérité : mieux vaudrait suivre fidèlement la première. On échapperait plutôt à la fatigue de tentatives, et au ridicule des contradictions. Chaque circonstance a sa règle particulière : jamais deux actions ne furent parfaitement semblables, & n'eurent le même dégré de danger ou d'utilité. Le but de la justice devrait être de distinguer les qualités des hommes, & non de les confondre, comme on y a travaillé jusqu'à présent. A mesure que des cas nouveaux se présentent, l'insuffisance de la loi se fait sentir, f 525r° Les législateurs ne sont pas doués d'une prescience illimitée ; ils ne peuvent borner ce qui est infini, il ne reste donc d'autre alternative, que de fausser la loi pour l'appliquer à des cas que les législateurs n'ont jamais en vue, ou de faire pour chaque nouvel événement une loi nouvelle. Le premier de ces moyens a été emploié avec succès. Les loix ont été défigurées avec une habileté qui est devenue proverbiale, mais cette habileté ne s'étend pas a tout, et dans quelques occasions, l'application serait trop évidemment forcée, d'ailleurs cette même finesse, qui suggère à l'homme de loi, lorsqu'il plaide pour l'accusateur, des interprétations aux quelles le législateur n'avoit point songé, lui fournit aussi, lorsqu'il plaide pour l'acP 525v° cusé, | des subterfuges, qui déjouent l'intention évidente de la loi. il est donc perpétuellement nécessaire de faire des loix nouvelles, et pour les mettre à l'abri d'être éludées on les rend diffuses, minutieuses, & développées. Les registres de la justice grossissent, et se multiplient chaque jour : et le monde bientôt ne contiendra plus les innombrables ouvrages qu'accumulent les jurisconsultes. La multiplicité des loix les rend nécessairement incertaines, et cet inconvénient détruit le principe fondamental qui motive leur institution. leur but est de mettre un terme à toute équivoque, et de faire connoitre á chaque individu la règle fixe, sur laquelle il peut compter, remplisP 526r° sent elles cet objet ? examinons celles qui traitent des propriétés. | deux hommes se disputent un terrein. Ils n'en appelleraient pas aux loix, si l'un et l'autre n'avoient l'espoir du succès ; premiere incertitude, l'intérêt personnel aveugle l'un des deux plaideurs, mais il ne persisterait pas dans une 2 etre terminée. ] biffé et corr. en trouver de terme. 3 On ] corr. en L'on 8 - 9 On échapperait plutôt ] partiell. biffé et corr. en L'On échapperait du moins 18 les législateurs n'ont ] corr. en le législateur n'eut 37 l'intérêt ] avant ce mot dira-t-on que ajouté
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prétention mal fondée, si quelqu'homme de loi ne prolongeoit son erreur, voilà donc une institution destinée à guider l'homme le plus simple, & sur laquelle ne peuvent, s'acorder le praticiens les plus éclairés, en seroit-il de même, si toutes les questions etoient décidées, conformément aux notions générales, de la justice, appliquées librement par la raison naturelle à P 526v° chaque incident particulier. Les Jurisconsultes | maintiennent absurdément, que les formes de la justice doivent être dispendieuses, pour empêcher les procès de se multiplier à l'infini, mais la véritable source de leur multiplication est l'incertitude. Les hommes ne contestent pas ce qui est évident, mais ce qui est obscur et douteux. Celui qui veut étudier les loix d'un pays, ou ce qu'on appelle la sécurité légale existe, doit commencer par les nombreux volumes des statuts, il doit passer ensuite à l'examen minutieux de la loi commune ou traditionnelle ; il faut qu'il se précipite enfin dans le droit civil et le droit ecclésiastique, l'intention des auteurs d'une loi ne peut nous être connue, qu'autant que P 527r° nous avons | sous les yeux, tous les détails de leurs caractères, de leur vie, et des circonstances qui rendirent la loi nécessaire, ou qui la modifièrent lorsqu'elle fut soumise à la discussion, l'interprétation d'une loi par un tribunal, et son influence sur les Juges, se compose de leur théorie avouée, de leurs passions secrettes, des décisions passées, des considérations présentes, des précédens mis a l'écart et des exemples invoqués. La loi, nous le répétons, fut inventée pour servir de base aux calculs de tous les hommes, et maintenant il n'existe pas, dans toute la Grande Bretagne, un seul jurisconsulte, peut être, assés présomptueux, pour prétendre qu'il a de nôtre code une P 527v° connaissance complette. | Le tems le plus illimité, l'application la plus profonde, ne pourroient y suffire, c'est un Labyrinthe sans fin, une masse de contradictions inconciliables. L'étude peut fournir des argumens plausibles, pour et contre toutes les questions ; mais attendre de nos efforts l'évidence et la certitude, seroit le comble de la folie. La Loi par sa nature est une espèce de prophetie ; et c'est une nouvelle preuve de son absurdité, sa tâche est de décrire quelles seront les actions futures de la race humaine, de prononcer d'avance un jugement sur ces actions. Ce que nous avons dit des promesses s'applique aux loix avec une P 528r° force égale. Les législateurs semblent dire : | «notre science est si profonde qu'elle ne peut s'accroitre, par l'examen des circonstances, qui ne manqueront pas de se présenter ; et lors même que, par impossible, il nous parviendrait quelque nouveau dégré de lumieres, nous prenons l'engage3 éclairés ] biffé et corr. en exercés 5 - 6 appliquées ... particulier. ] partiell, biffé et corr. en appliquées à chaque incident particulier, par la raison naturelle. 11 ou ] biffé et corr. en dans lequel
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ment solemnel que notre conduite n'éprouvera pas le plus léger changement.» La Loi ne tend pas moins que les professions de foi les catéchismes et les sermens, à rendre l'esprit humain stationnaire, et à substituer un principe de permanence à la perfectibilité constante, unique élément saluf 528v° taire de l'intelligence humaine, tous les argumens, dont nous avons | fait 5 usage, dans le livre précédent, s'appliquent en conséquence au sujet que nous considérons ici. La fable de Procrustes nous présente une foible image des efforts perpétuels de la loi. Au mépris du grand principe de Philosophie, Phisique ou morale, qui nous apprend que rien ne se ressemble dans la nature, et qu'il n'existe pas, dans tout l'univers, deux atomes de matière de 10 la meme forme, la loi réduit a une mesure commune toutes les actions des hommes, qui sont composées de tant d'élémens insaisissables, nous avons vu, en parlant du meurtre, ce que produisoit cet effort, c'est à ce système de jurisprudence, que nous devons cet étrange axiome : summum jus summa injuria. 15 f 529r° En effet, ce n'est que parce que la justice est le résultat de l'examen scrupuleux des circonstances diverses de chaque fait individuel, qu'elle coïncide avec l'utilité générale ; & ce n'est qu'en adoptant cette définition de la justice, que l'on peut dire que plus ses règles seront établies, plus nous aurons de vérité, de vertu & de bonheur. 20 Ce sujet recevra quelqu'éclaircissement additionnel, si nous considérons l'influence pernitieuse de la loi, sur ceux dont elle forme l'occupation principale. un homme de loi peut difficilement être un honnête homme, et c'est plus un motif de regret que de censure, les hommes sont le produit de leur situation et des circonstances, l'homme, habituellement entouré des tenta- 25 f 529v° tions | du vice, ne peut manquer de devenir vicieux. Celui dont l'étude particulière le familiarise avec l'équivoque, les exposés faux, et les sophismes, ne peut cultiver, en même tems, les sentimens de la générosité, et la délicatesse de la rectitude, si le hazard soustrait à la contagion quelqu'individu doué de qualités rares, combien n'en voions nous pas, que la nature 30 sembloit destiner à la vertu, et que cette profession dangereuse rend indifférons à l'équité, ou accessibles à la séduction. Il y a plus ; l'homme de loi scrupuleux et délicat fait peut être à la société plus de mal, que son mercenaire collègue. L'espèce humaine ne se perfectionne qu'en observant dans toute leur force les effets dangereux de ses 35 f 530i" institutions | erronées ; cet homme au contraire les adoucit et les pallie. Sa conduite, en rendant l'imperfection tolérable, et l'ignorance tranquille, tend à retarder le règne de la vérité.
37 et l'ignorance tranquille ] supp.
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nous intitulons la loi, la sagesse de nos ancêtres ; mais c'est un éloge bien peu mérité. La loi fut souvent dictée par la colère, par la crainte, par la jalousie, par le monopole, ou par une avidité démésurée de pouvoir. Ne sommes nous pas, sans cesse, forcés de reviser et de modifier cette prétendue sagesse de nos ayeux ? La corriger n'est-ce pas accuser leur ignorance ? n'existe-t-il parmi nous aucun homme, dont la sagesse ne puisse marcher de pair avec celle de la loi ? s'il existe de tels hommes, les vérités qu'ils nous f 530v° communiqueraient | en vaudraient elles moins, parce qu'elles ne seraient appuïées que sur leur évidence intrinsèque. Mais, observera-t-on, la sagesse ne préserve pas de l'égarement des passions. dans les premiers momens du ressentiment ou de la colère, les dépositaires de la puissance sociale pourraient abuser des moïens de force, qui leur sont confiés. La loi, créée dans le calme et demeurant impassible, est destinée à prévenir cet Abus. C'est par un raisonnement semblable que l'on introduisit jadis dans la religion la doctrine de l'infaillibilité spirituelle, l'on avoit remarqué, que les hommes étoient exposés à l'erreur, qu'ils disputoient sans relâche, qu'ils f 53lr" méconnoissoient dans la dispute leurs | intérêts les plus importans. L'on pensa qu'il leur manquoit une règle fixe, un juge de toutes leurs controverses, et l'on essaya de revêtir la vérité d'une forme visible, et de creer un oracle pour l'invoquer en dernier ressort. Il en fut de même de la loi. Les hommes s'apperçurent que les apparences etoient trompeuses, et cherchèrent un talisman pour se garantir d'etre trompés. c'est comme si nous voulions, au commencement de chaque jour, tracer, d'après un code immuable, la conduite de chaque heure, & au commencement de chaque année la conduite de chaque jour, déterminés, durant cette période à ne permettre à aucune circonstance, à aucune idée nouvelle, f 53iv° a aucune vérité mieux connue, | de modifier nôtre conduite, de peur de devenir la dupe des apparences et l'esclave des passions. Cette suposition nous offre une image exacte de tous ces systèmes stationnaires, qui paralysent le jeu nécessaire et perpétuel des ressorts pour prévenir quelques désordres accidentels et passagers, quelques soient les dangers qui peuvent résulter des passions humaines, L'introduction des loix positives n'en sera jamais le remède véritable, rien ne peut etre amélioré que conformément à sa nature, si nous somes ignorans, crédules, égarés par des dehors illusoires, le seul moïen de nous corriger, c'est l'introduction des lumières, et la connoissance de la vérité.
3 le monopole ] corr. en l'esprit de monopole 6 ne ] biffé 16 spirituelle, ] après ce mot du Pape, ajouté 31 ressorts ] après ce mot de notre existence intellectuelle, ajouté
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Si nous n'écoutions qu'un zèle dénué d'expérience, toutes les fois que nous verrions un homme entrainé par une passion désordonnée, nous serions tentés d'interposer notre authorité privée, de lui susciter des obstacles, ou de lui infliger des châtimens. mais la raison nous fait sentir l'extravagance de cette entreprise, elle nous apprend, qu'un homme ne doit dépendre que de son propre jugement, et que pour qu'il s'élève a la dignité d'une créature intelligente, il doit être livré a ses propres forces, aussi longtems qu'il est comprimé sous une obéissance passive, aussi longtems qu'il suit un guide étranger, son ame et son esprit sont en léthargie, pour donner l'essor à ses facultés, il faut qu'il examine et qu'il choisisse lui même, qu'il ne reconnoisse aucune authorité supérieure, qu'il passe en | revue tous ses principes, et qu'il apprécie librement la valeur de tous ses motifs. Cette habitude, salutaire à l'homme dans ces relations individuelles, n'est pas moins nécessaire a son bonheur, dans ses transactions sociales. Il est faible aujourd'hui parce que sans cesse on lui crie, qu'il doit se défier des forces qu'il croit avoir, délivrez le des fers qui lui pèsent, encouragez ses recherches, ses réflexions, ses jugemens, vous ne reconnoitrez bientôt plus cet être jadis pusillanime, dites lui, qu'il a des passions et qu'il doit les vaincre, qu'il est emporté qu'il doit se réprimer, qu'il est intempérant, qu'il doit s'abstenir, qu'il est violent, qu'il doit se contraindre, et que toutes ces victoires, c'est lui seul qui doit les remporter sur lui même. | dites lui que ces antiques institutions, ces monceaux de parchemin, derriere lesquels il s'est retranché jusqu'à présent, ne peuvent en imposer qu'à la superstition et à l'ignorance ; qu'à l'avenir on ne lui demande pour garant que sa justice spontanée ; que si ses passions sont gigantesques, il faut qu'il leur résiste, avec la force d'un géant et que si désormais ses passions sont iniques, son iniquité n'aura plus d'excuse. Vous appercevrez promptement le résultat glorieux de ce nouvel ordre de choses ; l'ame affranchie d'un joug dégradant, regagnera le niveau de la nature et l'homme arbitre de sa destinée se rendra digne de la confiance dont vous l'aurez revêtu. Suivons par la pensée l'établissement progressif | de ce nouveau mode de justice, administré sans loix écrites, par des arbitres & des Jurés. Il faudrait, en premier lieu, que les Jurés ne fussent pas en grand nombre, et que toutes leurs transactions fussent publiques. Un Corps est d'autant moins sensible a la honte, qu'il est composé de plus de membres, le blâme se partage tellement entre tous, qu'il devient insensible pour chacun. Le secret dénature les idées de justice, prive nôtre ame de son énergie, et nous ote un de nos principaux motifs de faire le bien.
26 passions ] biffé et corr. en volontés
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Il est possible que quelques unes des premières décisions, rendues suivant ces formes nouvelles, fussent absurdes ou même atroces, mais la haine générale en poursuivrait les auteurs. Ce qui met l'injustice a l'abri de l'inf 534r° dignation | publique, c'est le manteau de la loi. son obscurité sert a éluder les réclamations de ses victimes ; et son antiquité, séparant, par un long intervale le législateur du magistrat, rend le sentiment indécis entre l'un et l'autre : l'impression s'affoiblit par l'incertitude, et la vénération superstitieuse reprend bientôt son empire accoutumé. Une oppression, qui, se montrant sans masque, oseroit se permettre la moitié des iniquités, qui se commettent sous le nom de loi, ne tarderait pas a subir une destruction méritée, sans doute, dans les premiers tems de l'état régénéré dont nous traçons ici f° 534v° l'esquisse, les décisions porteraient encore l'empreinte | des préjugés et de l'habitude ; mais l'habitude, ayant perdu le centre qui lui servoit de point d'appui, mettrait chaque jour moins de régularité dans ses opérations. Ceux, a l'arbitrage des quels une question serait confiée, se rappelleraient qu'elle leur est soumise sans restriction, et citeraient au tribunal de leur conscience les principes adoptés jusques alors, comme incontestables, leur jugement s'éclairerait, a mesure qu'ils sentiraient de mieux l'importance de leurs fonctions, et la liberté illimitée de leurs recherches. Les délits les plus différens, les fautes les plus inégales, ne seraient plus comprises sous la même dénomination, une humanité délicate, un équitable F 535r° discernement, établiraient les distinctions | nécessaires ; le mérite moral des actions serait apprécié, l'art de démêler toutes les nuances des caractères et toutes les combinaisons des motifs, serait substitué à ce métier presque méchanique de tout confondre pour tout condamner. L'on verrait disparaître la foi implicite, briller la justice avec toute sa splendeur, et s'ouvrir, sous d'heureux auspices, une carrière immense, qu'aucun homme aujourd'hui ne peut parcourir, même en idée.
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Chapitre VII1 Du Droit de faire grace.
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P5l7v°
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On a réuni d'ordinaire, au droit d'employer les moyens de force, le droit d'en suspendre ou d'en anéantir les effets, c'est a dire, de faire grâce ; Il est à propos d'en parler ici. Le nom seul nous parait suffire pour faire ressortir l'absurdité de cet usage. Quelle est la réglé, qui, dans tous les cas, doit nous dirriger ? la justice, ou en d'autres termes, l'utilité générale, qu'est-ce donc que la clemence ? Le misérable égoïsme d'un individu, qui prétend faire mieux que d'être juste, pour qu'un châtiment soit légitimé, il faut qu'il soit commandé par l'intérêt public, celui qui fait grâce à un coupable | préfère donc l'avantage d'un seul à la sûreté de tous. Il accorde, ce que nul n'a le droit de donner, ce que nul n'a le droit de recevoir. Lorsqu'au contraire, un châtiment n'est pas nécessité par le bien général, en garantir un individu, ce n'est pas lui faire grâce ; c'est lui rendre justice. La société ne peut que gagner, à ce qu'un de ses membres ne souffre plus sans utilité. Mais de quel droit l'homme qui remplit un devoir rigoureux, s'arroge-t il le nom de Clément, et se pare-t-il d'une fausse générosité ? toutes les actions, et particulièrement toutes celles qui intéressent le bonheur d'un être raisonnable, sont soumises à une réglé immuable et fixe, tout arbitraire doit, en conséquence, etre exclu sévèrement. | L'action dont j'aurois pu m'abstenir sans crime, ne peut me mériter des eloges : & si, dans une question, en prenant tel parti, Etablissement du texte : 7/9-6/7, L f 5 51 lf-521
P2 f 165v°-167r°, G pp. 781-786.
3 On ] corr. en L'On 11 celui... donc ] partiell. biffé et corr. en dans cette hypothèse, celui qui fait grace à un coupable préfère 2 1 - p . 1374.2 L'action ... vertueux. ] d'abord, le début du passage est partiell. biffé et corr. en Toute action dont j'aurois pu m'abstenir sans crime, est indifférente & elle ne doit donc point me mériter des éloges : le passage entier est supp. par la suite 1
Cahier anciennement formé de huits feuillets cousus, dont les trois derniers ont été coupés et réduits à trois onglets. Ce cahier contient la traduction du chap, v u «Of Pardons» (f° 517r°-521i°). En haut et à gauche du F 5171", on lit : Livre 7 Chap. 7, indication autographe biffée par la suite. Le f 521v° est blanc. Pour ce qui concerne la place attribuée à ce chapitre, voir n. 1, p. 1346. Paginations : aucune. Ecritures : du copiste C ; corrections autographes. Titres et sous-titres : seul le titre du chapitre est traduit.
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j'eusse été juste, je ne puis, en prenant le parti contraire, être plus estimable encore et plus vertueux. Le droit de faire grâce fut inventé pour servir de supplément à un code tellement sanguinaire, que ses agens craignirent le soulèvement du peuple, s'ils l'exécutoient à la rigueur, ou furent effrayés eux mêmes de la dévastation dont il menacoit la société, ce système est un résultat naturel de celui des loix écrites. Car, bien qu'on puisse nommer meurtrier tout individu, qui, d'une maniéré quelconque, est cause de la mort d'un autre, cependant la f° 5i8v° même peine, infligée dans tous | les cas, seroit d'une injustice trop évidente. Or définissez le meurtre, avec toute l'exactitude possible ; vous ne saisirez jamais toutes les nuances, la disparité subsistera, il est donc indispensable de faire reviser, par un tribunal de raison, les décisions du tribunal de la loi. Mais comment constituer ce tribunal de raison, bien plus important que l'autre ? Il s'agit ici du fond ; le reste n'est que la forme, un Jury est chargé de déclarer le nom générique de l'action. Le Juge qui préside lit, a haute voix dans le code de la loi, la sentence qu'elle a prononcée contre cette action générique ; vient enfin le tribunal de recherche, qui examine si des f 5l9r" circonstances particulières ne rendent pas | dans le cas présent une exception désirable, cet examen est abandonné, communément, en première instance au juge, en dernier ressort au Roi, dans son conseil. Or, abstraction faite de l'inconvenance d'un pareil choix, un abus très grave en résulte. Ces hommes aux quels, en réalité, la portion décisive des jugemens criminels est confiée, considèrent cette partie de leurs fonctions, comme accidentelles et secondaires, ils s'en acquittent avec négligence, a peine demandent ils quelques fois quelques informations incomplettes et superficielles, la désignation même de cette fonction est la cause de cette insouciance barbare. Le mot de pardon présente l'idée d'un acte de bienveillance surrérogatoire & f° 5i9v° arbitraire. | Un effet inévitable de la manière dont la grâce est accordée, est l'incertitude du châtiment. La peine n'étant infligée, d'après aucune règle précise, la vie d'une foule de victimes est un sacrifice inutile, on n'exécute a Londres qu'un tiers, ou tout au plus une moitié des criminels condamnés à mort, n'est il pas naturel que tous se flattent d'etre favorisés par le hazard, ou par le Caprice ? un pareil système est, à proprement parler, une loterie de mort, ou mille incidens incalculables confondent arbitrairement les chances de salut ou de destruction. l'abolition de la loi, demandera-t-on, ne produirait elle pas une égalle incertitude ? non sans doute ; les principes du Roi ou de son conseil, dans f 520r° ces occasions, sont imparfaitement | connus des autres et de lui même, mais un accusé prévoit aisement les principes d'un Jury, composé de ses égaux, il 15-16 a haute voix ] biffé
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lui suffit de consulter ses propres sentimens et son expérience, la raison est mille fois plus claire et plus intelligible que la loi ; et si nous avions contracté l'habitude de n'écouter que ses arrêts, la certitude de ses décisions serait d'une évidence inconnue des hommes accoutumés aux formes de nos tribunaux. C'est D'ailleurs réduire la servitude en système, que de revêtir un homme du droit de faire grâce. C'est nous apprendre à nous en remettre, pour ce que nous désirons le plus, à la Clémence, c'est à dire à la volonté absolue, à la générosité superbe, à la puissance arbitraire d'un individu semblable a nous, quoi de plus dégradant | que cette doctrine ! Donnez moi ce que j'ai droit de pretendre. Il serait deshonorant pour moi de vous demander plus que la justice, il serait coupable en vous de me l'accorder, je ne veux que ce qui m'est du. c'est un titre que la force brutale peut méconnaître, mais que toutes les forces de l'univers, réunies, ne détruiront pas. en me le refusant, vous serez criminel : en me l'accordant, vous ne serez que juste, et non généreux, un bienfait mérité n'est que le payement d'une dette, un bienfait non mérité n'est qu'un lâche oubli de l'intérêt général, je puis etre assez vil, pour vous témoigner une reconnoissance égoiste ; mais un homme vraiment vertueux aurait le courage de vous condamner. Tels sont les seuls sentimens conformes | à la veritable indépendance de l'ame. celui qui regarde la vertu comme un objet de faveur, n'en est jamais l'amant passionné. Si quelquefois ses actions semblent annoncer la philantropie, il s'enorgueillira de sa générosité, et si, plus souvent, il se refuse à des actions de bienveillance, ne me suffit-il pas d'être juste, dirat-il. de même, traité favorablement, il fermera les yeux sur les faiblesses ou les vices de son bienfaiteur ; il substituera la reconnoissance à la justice la partialité au discernement : & se fera, dans sa moralité pervertie, un devoir de sacrifier cette indépendance de pensée, cette équité rigoureuse, cette égalité complette, seules bases inaltérables du bonheur et de la vertu.
4 - 5 inconnue ... tribunaux. ] partiell, biffé et corr. en que ne peuvent soupçonner des hommes accoutumés aux formes tortueuses de nos tribunaux. 5 de revêtir ] partiell, biffé et corr. en revêtir 10 de pretendre ] biffé et corr. en d'exiger 11 plus que la justice. ] biffé et corr. en davantage.
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[Livre Huitième] [Essais détachés] Ch. 51 De la liberté métaphysique L ' i d é e de la liberté est un résultat de l'ignorance des causes. Cette idée a 5 existé pour l'Univers physique, le sauvage imagine tous les objets physiques mus par leur propre volonté, et agissant spontanément. C e n'est qu'en s'éclairant sur l'enchainement des phénomènes de l'univers physique que l'homme a découvert que tout y étoit nécessaire. Il en sera de même dans l'Univers Moral, la liberté métaphysique n'est autre chose que le fétichisme 10 appliqué aux actions humaines.
Etablissement du texte : 4/5-8/6, L F 613r°, P3 F 23r", G pp. 293-294. 3 5 ] surchargé 1
Feuille volante ( f 613) contenant la traduction d'un paragraphe tiré du livre IV, chap, v «Of Free Will and Necessity». Le verso est blanc. Le texte est autographe, écrit sur toute la largeur de la feuille et sans aucune pagination. Même si ce texte est tiré du livre IV, nous le plaçons ici parce qu'il n'a jamais été destiné au livre iv de la traduction, qui comporte une numérotation suivie. Il semble avoir été conçu plutôt pour être inséré dans le livre VIII «Essais détachés», livre créé par BC pour contenir des textes divers et dont l'ordre nous est confirmé par le manuscrit de Paris. En ce qui concerne l'évolution du remaniement du livre IV et de ce chapitre en particulier, voir n. 1, pp. 1087-1088.
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A-Om «*» 480r°482v° contiennent la réécriture du texte supprimé lors de la destruction de l'ancien P 480 et la traduction d'environ deux paragraphes tirés du chap, vil «Of Evidence» (pp. 761-762). Au verso de l'onglet, résidu du f 480, en haut, on lit des mots qu'on retrouve au P 480v° : | bienveillant \ opinion | plus haute | ensuite, on trouve des mots biffés traduisant la seule phrase supprimée du chapitre : Unfortunately... philosophers, (p. 716) | {entent négligée) | (s législateurs,) | {un petit) | (sans doute). Enfin, les mots suivants réapparaissent au f° 482v°, après l'insertion | (ise que dans) | (generates,) \ stême, sera \ pour résultat | principes \ les incertitudes \ e foule \ terrible \ e so \ niés. A partir d'ici, BC suspend la traduction du chap. IV et introduit la traduction tirée des pp. 761-763 de G : The arguments in favour... political animadversion, dont BC intervertit la première et la deuxième partie du premier paragraphe. Le passage : Les Gouvernements ... unanimes, est la traduction de And yet all governments ... inhumanity. (G, pp.761-762).
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Recherches sur la justice politique
On 1 pourrait rapporter des argumens plausibles pour proportionner le châtiment à l'intention, ce n'est pas le passé, mais le futur, dirait on, que la {"4811" surveillance politique | doit avoir en vue. quelqu'atroce qu'ait été la conduite d'un individu, ce n'est jamais que la considération de l'avenir c'est-a-dire la considération des dangers dont ses habitudes perverses menaçent encore la sûreté publique, qui peut autoriser la société a exercer contre lui des moyens de force. La conduite passée n'est du ressort du gouvernement, que comme indice de la conduite future. Or la présomption qu'on tire de la conduite passée, est beaucoup plus faible, que celle qui nâit d'une intention bien connue, celui qui publie ouvertement, qu'il est déterminé à commettre un meurtre, ne parait guères moins dangereux, que celui, P 481 v° qui, déjà coupable d'un pareil crime, n'annonce aucun | penchant à s'y livrer de nouveau. La 2 réponse a ces raisonnemens se trouve dans l'insuffisance des preuves, relativement à l'intention. Avant que l'intention d'un homme soit juridiquement démontrée par ses discours, il faut avoir pris en considération une infinité de circonstances. Le témoin qui dépose a entendu proférer de certaines paroles : mais les répète-t-il exactement ? quelque défaut de memoire ne modifie-t-il pas à son inscu quelques expressions ? Avant que les expressions, même littéralement rapportées, soient une preuve satisfaisante, il faut que je connoisse le son de voix, le regard, les gestes qui 3 P 482r° les ont accompagnées . Il faut que je sois instruit de toutes les circonstances antérieures ou concomitantes. Le sens d'une phrase dépend de la chaleur instantanée ou du sentiment durable qui 1 a dictée.
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Ces considérations, jointes à l'odieux de tout moyen de force en lui même ont fait reconnoitre tacitement aux gouvernemens que l'intention n'etoit jamais de la compétence de l'Autorité. Les 4 Actions sem|blent infiniment plus faciles à connôitre ; & rien ne parâit, au premier coup d'œuil, plus aisé que d'en former différentes classes générales. Le meurtre suivant ce système, sera toute espèce d'Acte ayant pour résultat la mort d'un individu, ce principe abrège considérablement les incertitudes des magistrats, bien qu'une foule d'exemples, ridicules ou terribles, suivant le point de vue sous lequel ils sont [...]5 1 On ] corr. en L'on 1
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Le passage : L'on pourroit rapporter ... à s'y livrer de nouveau, est la traduction de : The arguments in favour ... to repeat his offence (p. 761). Le passage : La reponse ... de l'Autorité, est la traduction de : This distinction ... political animadversion (pp. 762-763). Le P 482r°-v° est autographe. A partir d'ici, BC reprend la traduction du chap, iv, p. 717 : It is true that ... . La suite du chapitre se trouve à la p. 1346.
Annexes Essais sur Godwin
Introduction
En annexe sont reproduits, sans notes et sans variantes, les trois textes que Constant a écrit sur Godwin. Le premier, resté inédit du vivant de l'auteur, se trouve dans les Œuvres manuscrites de 1810, le second a été publié dans le Mercure de France en avril 1817, le troisième dans les Mélanges de 5 littérature et de politique en 1829. L. S.
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De Godwin, de ses principes, et de son ouvrage sur la Justice politique. [1810]
J'avais entrepris, il y a quelques années, une traduction complette de la justice politique de Godwin. Cette traduction est depuis longtemps achevée. Mais, au moment de la publier, j'ai ressenti beaucoup de répugnance à faire paraître un ouvrage qui réunit les principes de liberté les plus purs et les plus justes aux paradoxes les plus bizarres. Je ne crois pas que ces paradoxes eussent été dangereux, dans le sens qu'on attribue à ce mot. Ils n'auraient ni persuadé, ni convaincu leurs lecteurs. Mais j'ai redouté des dangers inverses. J'ai craint de fournir des armes spécieuses à l'avilissante doctrine de ces sophistes, dont la vocation déplorable est aujourd'hui de décréditer par tous les moyens, tous les écrits qui tendent à donner à l'esprit de l'indépendance, à l'ame de l'élévation, à l'espèce humaine un noble bonheur. Lorsqu'un auteur sans discernement enveloppe dans ses proscriptions confuses, et les abus des institutions despotiques, et les bazes sacrées de la propriété, n'entendez vous pas mille voix intéressées qui s'empressent P 24v° de consacrer cette réunion contre nature, heureuses d'avoir à | défendre ce qui est nuisible et ce qui est nécessaire, ce qu'on ne peut trop complètement détruire, et ce qu'on ne saurait assez respecter. Je n'ai pas voulu leur donner ce facile triomphe.
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La justice politique de Godwin peut être divisée en trois parties, la partie métaphysique, la partie morale et la partie politique proprement dite. La métaphysique de Godwin est fausse et commune. Il ne dit rien qu'on n'ait pu lire dans Freret, dans Hume et dans Helvétius. Sa partie morale, celle où il développe les devoirs des individus entr'eux, est entièrement défectueuse. Comme la véracité la plus scrupuleuse est un des traits distinctifs de son caractère et de ses écrits, je le crois de bonne foi dans ses paradoxes sur la pitié, la reconnaissance, les promesses &a. Mais ses idées dénotent une telle ignorance de l'homme en société, résultat, dit-on, d'une vie purement contemplative, que, toutes bizarres qu'elles sont, elles méritent à peine d'être réfutées. Ce n'est pas en étouffant les affections les plus douces, que l'on donnera du bonheur à l'espèce humaine. Il ne faut point que l'homme soit toujours impartial et juste. Il faut au contraire, et c'est le plus beau privilège de son indépendance individuelle, qu'il soit partial par gout, par pitié, par entrainement. Magistrat, juge, homme public, son devoir sans doute est la justice. Mais la plus précieuse partie de cette existence privée Etablissement du texte : Manuscrit : De Godwin, de ses principes, et de son ouvrage sur la justice politique: 7 P, 13 p. de la main d'Audouin, 26,5 x 20 cm. Cette copie appartient au t. V des «Œuvres manuscrites» de 1810. BN, N.a.fr. 14362, P 24-30. Hofmann, Catalogue, 11/45: Texte reproduit dans Justice politique, pp. 357-362.
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sur laquelle la société ne doit avoir nul empire, c'est de s'entourer d'êtres privilégiés, d'êtres chéris, ses semblables par excellence, distincts pour l'homme de tous les êtres de son espèce. Aux autres, il lui suffit de ne jamais leur nuire, et quelquefois de les servir. Mais à ce cercle favorisé, à ce cercle d'amour, d'émotions, de souvenirs, appartiennent son dévouement, 5 son occupation constante et tous les genres de partialité. La partie politique de Godwin est donc la seule importante. Ce n'est pas que cette partie de son ouvrage soit exempte de grandes erreurs. Il part d'un principe faux. Le gouvernement, dit-il, est un mal nécessaire. Cette idée qui n'est pas de lui, parait au premier coup d'ceuil une pensée forte, et n'est au 10 fond qu'une expression bizarre. Le premier qui l'employa, dut, je le conçois, frapper ses lecteurs. Les gouvernemens ne sont que trop souvent, non seulement un mal nécessaire, mais un mal | superflu. Mais si nous approfondissons cette idée, dans le sens absolu que Godwin lui donne, nous la trouverons complettement erronée. 15
Le gouvernement a une sphère qui lui est propre. Elle lui est assignée par la nature, et limitée par elle. Aussi longtems que le gouvernement reste dans sa sphère, il ne pèse sur les citoyens, que lorsqu'ils se nuisent mutuellement. Il n'est donc point un mal, si ce n'est pour les coupables, et c'est un bien qu'il leur soit un mal. Il n'est pas même, comme le prétend Godwin, un mal absolu, en même tems qu'un bien relatif. Dès que le gouvernement sort de sa sphère, il devient un mal, et un mal incalculable: mais ce n'est point alors comme gouvernement, c'est comme usurpation qu'il est un mal. Sans doute, lors que, pour atteindre les coupables, il vexe les innocens, lors que sous le prétexte de prévenir les délits, il attente à la liberté, lors que s'arrogeant une foule de fonctions qui ne lui appartiennent pas, il se travestit ridiculement en instituteur, en moraliste, en juge des opinions, en surveillant P 26r° des idées, | en directeur des lumières, il se rend singulièrement nuisible. Mais, nous le répétons, il n'est plus gouvernement. Il n'est plus qu'une force qui peut être saisie par un seul individu, et qui le serait par plusieurs, ou qui serait remise entre les mains de tous, qu'elle n'en serait pas plus légitime. Que si l'on disait que le gouvernement ne peut atteindre les coupables sans froisser quelquefois les innocens, nous répondrions que cet inconvénient n'appartient pas au gouvernement, mais à la nature de l'homme. Le sauvage qui trouve en revenant de la chasse sa hutte détruite et ses enfans égorgés, peut en soupçonner à tort un autre sauvage et faire tomber sur lui sa vengeance individuelle. Le gouvernement peut se tromper de même. C'est même pour éviter ces méprises qu'il institue des formes. Si ces formes sont bonnes, et qu'il les respecte, loin d'être un mal, il est un bien. Godwin parle beaucoup et avec raison, de l'influence toujours funeste qu'a sur le bonheur et les qualités morales de l'homme la pression du
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gouvernement : mais lors que sa pression se fait sentir, c'est qu'il est sorti P 26v° de sa sphère. Aussi long|tems qu'il s'y renferme, cette pression n'existe pas : il faut que l'innocent l'ignore, elle n'est donc pas un mal pour lui : il faut que le coupable la craigne : elle est donc un bien pour tous. Ce n'est point une chose indifférente que de rectifier cette rédaction. Lorsqu'on déclare le gouvernement un mal, on se flatte d'inspirer aux hommes une défiance salutaire contre le gouvernement. Mais comme le besoin du gouvernement se fait toujours sentir, tel n'est point l'effet qu'on produit. Il arrive seulement que les gouvernemens adoptent cette doctrine : ils se résignent à être un mal. Ils représentent alors comme inévitable tout le mal qu'ils causent. Cela leur est beaucoup plus commode que de s'astreindre à être un bien. Parti d'un principe inexact, Godwin s'est égaré dans sa marche. Le gouvernement n'étant, selon lui, qu'un mal nécessaire, il a conclu qu'il n'en fallait que le moins possible. C'est une seconde erreur. Il n'en faut point hors de sa sphère : mais dans cette sphère il ne saurait en f 27r° exister trop. La liberté gagne tout à ce qu'il soit sévèrement | circonscrit dans l'enceinte légitime. Mais elle ne gagne rien, elle perd au contraire, à ce que, dans cette enceinte, il soit faible. Il doit y être toujours tout puissant. Par une suite nécessaire de cette théorie fautive à son origine, Godwin est allé jusqu'à prétendre, qu'un jour il n'existerait plus de gouvernement. Il a regardé cette époque comme le plus beau moment de l'espèce humaine. Il n'a pas senti, que le gouvernement, renfermé dans sa sphère, uniquement occupé à garantir les individus, existerait toujours de droit, lors même qu'il n'agirait pas de fait, et que dès a présent, il ne doit exister de fait, que lors que les individus ont besoin de sa garantie. La somme légitime du gouvernement sera toujours la même. L'activité du gouvernement peut augmenter ou décroître suivant les circonstances ; c'est à dire, suivant que les hommes pressés par leurs vices, leurs passions ou leurs erreurs, entrent en plus ou moins grand nombre dans l'enceinte où le gouvernement doit agir. Autant la doctrine générale de Godwin est défectueuse, autant ses détails sont fertiles en apperçus heureux, en vérités neuves, en idées profondes. Le grand mérite de son esprit est d'aborder franchement toutes les questions, et f> 27v° de suivre la sagacité dont il est | doué, sans arrière pensée sur le résultat. Jamais auteur ne fut plus ennemi des révolutions, n'en fit une peinture plus effrayante, ne redouta plus les maux de l'anarchie, ne recommanda plus aux hommes d'attendre tout des efforts de la raison, ne leur répéta de plus de manières que la violence qui précédé la conviction, n'est qu'un fléau, et que la conviction rend la violence inutile. Godwin est un ami zélé de la liberté, mais de la paix, défenseur courageux de l'égalité, mais adversaire non moins énergique de toute innovation tumultueuse, et même de toute amélioration précipitée. Il pousse jusqu'au scrupule la tolérance pour
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toutes les opinions opposées aux siennes, les ménagemens pour les institutions contre lesquelles l'unanimité de l'association ne se serait pas prononcée, l'intérêt pour ces classes privilégiées, dans lesquelles, dit-il sans cesse, si on ne les eut pas froissées, l'on eut trouvé des partisans des lumieres, et des amis de l'humanité. C'est toujours aux apôtres immodérés des révolutions qu'il s'en prend, des obstacles que la liberté rencontre. C'est toujours f 28r° leur impatience, leur apreté, leur turbulence, leur esprit | persécuteur qu'il accuse. Un écrivain distingué, Salaville, nous a donné dans son ouvrage sur l'homme et la société une analyse de ceux des principes de Godwin sur les loix positives qui sont utiles et applicables. Malheureusement cette analyse est précédée d'un système métaphysique sur la nature de l'homme, système dont l'ensemble est abstrait, dont plusieurs parties sont au moins douteuses, et qui nuit aux vérités évidentes que l'auteur avait puisées dans Godwin, ou que la lecture de Godwin lui avait suggérées. Car il a fait entrer dans les trois chapitres de son livre qui contiennent cette analyse, une foule de considérations originales et de développemens qui lui appartiennent en propre, et qui font de ces trois chapitres une production singulièrement recommandable par la clarté du style, la liaison des idées et la nouveauté des apperçus. Godwin a poussé singulièrement loin la témérité des hypothèses et la maladresse des détails. Il met sans cesse à coté d'une vérité profonde, une supposition avanturée, et les exprimant l'une et l'autre avec une égale certitude, il prévient son lecteur contre toutes deux. f° 28v° A une époque ou l'état de la France était très | différent de celui dans lequel elle se trouve aujourd'hui, j'avais entrepris la traduction de cet ouvrage. En me livrant à ce travail, j'avais un but que je croyais utile. Dans un moment où des hommes dont il serait déplacé maintenant de censurer les intentions, puisqu'ils ne sont plus dans la puissance, mais dont assurément les mesures n'étaient pas bien réfléchies, jetaient de la défaveur sur les principes de la liberté, en exerçant au nom de ces principes beaucoup de vexations tyranniques, je voulais prouver que ce n'était pas à la liberté même qu'il fallait reprocher cette tyrannie, mais à ses prétendus sectateurs. J'avais en conséquence choisi un écrivain assez exagéré dans ses opinions, mais ennemi néammoins de tout système de violence et de toute mesure persécutrice. Sa désapprobation sur ce point me paraissait acquérir plus de poids par l'exagération même dont il se rendait coupable à d'autres égards. Ceux dont l'administration se serait trouvée indirectement critiquée dans son ouvrage, n'auraient pu repousser ses attaques, comme partant d'un homme attaché à des préjugés anciens, ou indifférent à l'affranchissement de l'espèce humaine : et les réclamations de Godwin, en faveur de l'huf 29r° manité | et de la justice contre l'arbitraire et les proscriptions, auraient eu
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d'autant plus de force, que ses intentions n'étant pas méconnaissables, l'on n'aurait pu révoquer en doute son amour ardent, quelquefois inconsidéré pour la liberté. Les tems sont changés, la disposition des esprits n'est plus la même. Ce que l'on remarquerait aujourd'hui dans la justice politique, ce ne seraient point des considérations dirigées contre des excès qu'on ne commet plus au nom de la liberté des peuples. Ce seraient les inconséquences de l'auteur Anglais, dans d'autres parties de son système, ses attaques contre la propriété, et un certain nombre d'opinions antisociales, que je m'étais proposé de réfuter, mais dont on saurait adroitement développer le danger, sans faire entrer la réfutation en ligne de compte. Ce qui distingue les écrivains supérieurs des auteurs médiocres, c'est que les défauts des premiers tiennent d'ordinaire à leurs qualités. Le grand mérite de Godwin est un besoin passionné de vérité qui lui donne une puissance singulière de suivre sans distraction la chaîne de ses idées, de ne se fatiguer d'aucune longueur, dès qu'elle lui semble ajouter à l'évidence, de ne s'effaroucher d'aucune conséquence, dès qu'elle parait résulter de ses principes fondamentaux. Mais cet amour même du vrai n'a pas été sans P 29v° inconvénient | pour cet écrivain. Tantôt il a négligé les ménagemens nécessaires pour faire accueillir et même examiner sans repugnance des notions trop différentes des opinions reçues. Tantôt il n'a point pressenti la lassitude inséparable du trop grand développement des idées communes. L'on trouve quelquefois exprimée en une seule phrase une idée qui eut demandé dix pages d'explication, et d'autres fois, dix pages sont consacrées à démontrer des opinions dès longtems admises, et qu'il eut suffi d'indiquer. La vérité, ou du moins ce que Godwin regarde comme tel, lui parait d'une valeur égale dans toutes ses branches. Ce serait une recherche curieuse que d'examiner dans chaque écrivain, l'idée par laquelle il a dévancé son siècle. Godwin traite souvent dans différens chapitres, à de grandes distances, le même sujet, ce qui fait que quelquefois ses idées paraissent bizarres dans un endroit, parcequ'il les présente sans développement et sans preuves, tandis que dans un autre, elles paraissent, pour ainsi dire, surabondamment incontestables. P 30T" Grande simplicité de Godwin au milieu de sa | bizarrerie. En effet, l'ordre actuel des sociétés est tellement contre nature, que celui qui s'enfonce dans les abstractions, et qui considère la manière dont pourrait exister paisiblement l'homme, habitant passager de cette terre, finit par être frappé d'un étonnement qui parait niais lorsqu'il examine ce qu'on a substitué à l'existence naturelle.
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De Godwin, et de son ouvrage sur la justice politique. [1817]
Godwin, l'auteur de Caleb Williams, a joui, pendant quelque temps, en Angleterre et même en France, d'une célébrité assez grande. Ses deux romans, celui que je viens de nommer, et un autre intitulé Saint-Léon, ont été lus avec curiosité, et traduits dans toutes les langues. Le premier, qui est fort supérieur à l'autre, peint avec beaucoup d'énergie, et sous des couleurs très sombres, l'impossibilité de cacher un crime, et la combinaison de circonstances, souvent bizarres, mais presque toujours inévitables, grâce à laquelle 162 ce qu'on croit avoir dérobé à tous les regards, paraît soudain au | grand jour. Le second roman, bien que rempli d'aperçus hardis et ingénieux, intéresse moins, parce que l'auteur y a introduit le surnaturel ; ce qui empêche qu'on ne soit frappé de la vérité des caractères et de la connaissance du cœur humain, qui, sans ce mélange mal entendu de sortilège et de magie, placerait cet ouvrage à un rang très-élevé. Ces romans, toutefois, ont moins contribué à la célébrité de Godwin "que son traité sur la Justice politique, dont la traduction a été commencée plusieurs fois en France, et n'a jamais été publiée. Comme vraisemblablement elle ne le sera point, je présume que quelques détails sur ce livre ne déplairont pas à nos lecteurs. La première édition de la Justice politique de Godwin parut en Angleterre en 1793, dans un moment où la révolution française, remplissant l'Europe d'étonnement et d'épouvante, engageait tous les amis de l'humanité à réfléchir sur les bases des gouvememens pour découvrir les moyens de prévenir ou d'extirper les abus qui avaient amené cette crise si violente et sous quelques rapports si funeste. Godwin, porté par le genre de son esprit à remonter aux abstractions les plus subtiles pour les appliquer à la réalité, se propose d'approfondir toutes les questions relatives à la nature de l'homme, à ses droits et à ses devoirs, et d'arriver ainsi à déterminer la loi unique et fondamentale qui doit servir 163 de règle aux institu|tions des peuples, comme aux relations des individus. C'est cette loi qu'il nomme justice politique, et il choisit ce titre pour son ouvrage. " Godwin est aussi l'auteur d'une suite d'Essais sur l'Education, publiés dans un journal intitulé l'inquirer, et qui sont pleins de sagacité et d'idées nouvelles. Etablissement du texte : Imprimé : Mercure de France, N.S., 1.1, avril 1817, pp. 161-173.
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Cet ouvrage peut être divisé en trois parties, et il aurait mieux valu, du moins comme production littéraire, si l'écrivain s'était astreint lui-même à cette division ; car ayant traité souvent au hasard les mêmes sujets dans plus d'un chapitre, il est tombé dans un désordre et dans des répétitions qui rendent l'intelligence de son livre assez difficile, et sa lecture très fatigante. Aussi, pour en donner à nos lecteurs quelque idée, nous adopterons l'ordre que l'auteur a négligé, et nous parlerons séparément de la partie métaphysique, de la partie morale, et de la partie politique proprement dite. La métaphysique de Godwin est fausse et commune. Il ne dit rien qu'on n'ait pu lire dans plusieurs métaphysiciens du dix-huitième siècle, dont je ne veux point rabaisser le mérite, mais qui, poussant à l'excès le principe de Locke, qui lui-même avait beaucoup trop étendu celui d'Aristote (qu'il n'y a rien dans l'intelligence qui n'ait été auparavant dans les sens), dépouillent l'homme de toute force intérieure, le représentent comme le jouet passif des impressions du dehors, et méconnaissent la réaction qu'il exerce sur ces impressions, réaction qui fait qu'elles sont modifiées par lui, quand il les reçoit, pour le moins autant qu'elles le modifient. La partie morale de Godwin, celle où il développe les devoirs des individus entre eux est encore plus défectueuse. Séduit par l'idée de la justice 164 abstraite, il | veut soumettre à cette justice stricte tous les mouvemens, toutes les affections, tous les engagemens de l'homme ; de là, ses paradoxes sur la pitié, la reconnaissance et les promesses. Comme la véracité la plus scrupuleuse est un des traits distinctifs de son caractère et de ses écrits, je le crois de bonne foi ; mais ces assertions dénotent une telle ignorance de l'homme de société, résultat, dit-on, d'une vie contemplative, que, toutes bizarres qu'elles sont, elles méritent à peine d'être réfutées. Ce n'est pas, en étouffant les affections les plus douces, que l'on donnera du bonheur à l'espèce humaine. Il ne faut point que l'homme soit toujours impartial et juste. Il faut au contraire, et c'est le plus beau privilège de son indépendance individuelle, qu'il soit partial par goût, par pitié, par entraînement. Magistrat, juge, homme public, son devoir, son doute, est la justice ; mais la plus précieuse partie de son existence privée sur laquelle la société ne doit avoir nul empire, c'est de s'entourer d'êtres à part, d'êtres chéris, ses semblables par excellence, distincts de tous les êtres de son espèce. Quant il s'agit des autres, il lui suffit de ne jamais leur nuire et quelquefois de les servir. Mais à ce cercle favorisé, à ce cercle d'amour, d'émotions, de souvenirs, appartiennent son dévouement, son occupation constante, et tous les genres de partialité. La partie politique de Godwin est donc la seule importante. Ce n'est pas que cette partie de son ouvrage soit exempte de grandes erreurs. Il part d'un principe faux. Le gouvernement, dit-il, est un mal nécessaire. Cette idée, qui
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n'est pas de lui, paraît, au premier coup d'oeil une pensée forte, et n'est, au 165 fond, qu'une | expression bizarre. Le premier écrivain qui l'employa dut, je le conçois, frapper ses lecteurs. Il y a des gouvernemens qui sont, je ne dirai pas un mal nécessaire, mais un mal très superflu. Cependant, si nous approfondissons l'idée de Godwin, dans ce sens général et absolu qu'il donne au mot de gouvernement, nous la trouverons complètement erronée. Le gouvernement a une sphère qui lui est propre. Il est créé par le besoin de la société, et pour empêcher que ses membres ne se nuisent mutuellement ; aussi long-temps qu'il reste dans cette sphère, il ne pèse sur les citoyens qu'autant qu'ils se nuisent. Il n'est donc point un mal, si ce n'est pour les coupables, et c'est un bien qu'il leur soit un mal. Il n'est pas même, comme le prétend Godwin, un mal absolu, en même temps qu'un bien relatif. Dès que le gouvernement sort de sa sphère, il devient un mal et un mal incalculable : mais ce n'est point alors comme gouvernement, c'est comme usurpation qu'il est un mal. Sans doute, lorsque pour atteindre les coupables il vexe les innocens ; lorsque, sous le prétexte de prévenir les délits, il porte atteinte à la liberté ; lorsque, s'arrogeant une foule de fonctions qui ne lui appartiennent pas, il s'érige en instituteur, en moraliste, en juge des opinions, en surveillant des idées, en directeur des lumières ; il se rend singulièrement nuisible. Mais, nous le répétons, ce n'est pas en sa qualité de gouvernement. Il devient alors, simplement, une force qui peut être saisie par un seul individu, et qui le serait par plusieurs, ou qui serait réunie entre les mains de tous, qu'elle n'en serait pas plus légitime. 166 Que si l'on disait que le gouvernement ne peut atteindre les coupables sans froisser quelquefois les innocens ; nous répondrions que cet inconvénient n'appartient pas au gouvernement, mais à la nature de l'homme. Le sauvage qui trouve, en revenant de la chasse, sa hutte détruite, ou ses enfans égorgés, peut en soupçonner à tort un autre sauvage, et faire tomber sur lui une vengeance peu méritée. Le gouvernement peut se tromper de même. C'est pour éviter ces méprises qu'il institue des formes. Si ces formes sont bonnes, et qu'il les respecte, loin d'être un mal, il est un bien. Godwin parle beaucoup, et avec raison, de l'influence toujours funeste que la pression de l'autorité a sur le bonheur et les qualités morales de l'homme. Mais lorsque la pression de l'autorité se fait sentir de la sorte, c'est qu'elle a franchi ses limites et dépassé sa sphère. Aussi long-temps qu'elle s'y renferme, cette pression n'existe pas. Il faut que l'innocence l'ignore; elle n'est donc pas un mal pour lui : il faut que le coupable la craigne ; elle est donc un bien pour tous. Ce n'est point une chose indifférente que de rectifier cette rédaction. Lorsqu'on déclare le gouvernement un mal, on se flatte d'inspirer aux gou-
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vernés une défiance salutaire : mais comme le besoin de gouvernement se fait toujours sentir, tel n'est point l'effet qu'on produit. Il arrive au contraire que les gouvernemens adoptent cette doctrine. Ils se résignent à être un mal, et en leur qualité de mal nécessaire, ils représentent comme inévitable tout celui qu'ils causent. Parti d'un principe inexact, Godwin s'est égaré dans sa marche. Le gouvernement n'étant, selon lui, qu'un mal nécessaire, il a conclu qu'il n'en 167 fallait que le moins | qu'il était possible. C'est une seconde erreur. Il n'en faut point hors de sa sphère ; mais, dans cette sphère il ne saurait en exister trop. La liberté gagne tout à ce qu'il soit sévèrement circonscrit dans l'enceinte légitime : mais elle ne gagne rien, elle perd au contraire, à ce que dans cette enceinte, il soit faible. Il doit toujours y être tout-puissant. Par une suite nécessaire de cette théorie, fautive à son origine, Godwin est allé jusqu'à prétendre qu'un jour il n'existerait plus de gouvernement, et il a regardé cette époque comme le plus beau moment de l'espèce humaine. Il n'a pas senti que le gouvernement, renfermé dans sa sphère, c'est-à-dire uniquement occupé à garantir les individus de leurs torts réciproques et des invasions de l'étranger, existerait toujours de droit, lors même qu'il n'agirait pas de fait, et que, dès à présent, il ne doit exister de fait que lorsque les individus ont besoin de sa garantie. La somme légitime de l'autorité du gouvernement sera toujours la même. Seulement, l'activité du gouvernement peut augmenter ou décroître, suivant les circonstances, c'est-à-dire, suivant que les hommes, poussés par leurs vices, leurs passions ou leurs erreurs, entrent en plus ou moins grand nombre dans l'enceinte où le gouvernement doit agir. Autant la doctrine générale de Godwin est défectueuse, autant ses détails sont fertiles en aperçus heureux, en vérités neuves, en idées profondes. On ne trouve nulle part une aussi ingénieuse et convaincante analyse des inconvéniens de l'autorité, lorsqu'elle ne se borne pas à protéger et à garantir, mais qu'elle veut éclairer, améliorer ou conduire. Education, institution, 168 dogmes religieux, lumières, sciences, commerce, industrie, population, propriété, Godwin examine l'action du gouvernement sur toutes ces choses, et démontre que le mieux, le plus sûr et le plus juste, est de maintenir la paix et de laisser faire. Aucun publiciste n'a plus clairement prouvé que dès qu'on gêne l'intérêt, sous prétexte de le diriger, on le paralyse ; que dès qu'on entrave la pensée sous prétexte de la rectifier, on la fausse, et que tout autre guide que la raison de chacun, pour l'intelligence de chacun, dénature cette intelligence : aucun n'a réfuté d'une manière plus satisfaisante, l'hypothèse perfide et dangereuse qu'il peut y avoir des erreurs utiles ; aucun enfin n'a mieux démasqué ces prétentions renaissantes des partis qui se succèdent, et qui jamais ne cherchent à limiter le pouvoir que parce qu'ils
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ne le possèdent pas, prêts qu'ils sont toujours à réclamer pour eux les attributions qu'ils disputaient à leurs adversaires, et toujours affirmant que ce qu'ils disaient hier être nuisible, est devenu subitement salutaire aujourd'hui. Le grand mérite de Godwin est d'aborder franchement toutes les questions, et de les suivre, avec la sagacité dont il est doué, sans vouloir jamais, par timidité ou par système, en fausser les résultats. Mais, comme il arrive souvent, ce mérite produit par un amour passionné de la vérité, amour qui donne à Godwin une puissance étonnante d'investigation, et qui le préserve de se fatiguer d'aucune longueur, ou de s'effaroucher d'aucune conséquence, n'est pas sans inconvéniens pour ceux qui le lisent. Tantôt il néglige les ménagemens nécessaires pour faire accueillir ou même examiner sans répugnance des notions trop différentes des opinions reçues : tantôt il ne 169 soupçonne pas la lassitude | que doit causer le trop grand développement des idées communes. L'on trouve quelquefois exprimé en une seule phrase une idée qui eût demandé dix pages d'explication, et d'autres fois dix pages sont consacrées à démontrer des vérités dès long-temps admises, et qu'il eût suffi d'indiquer. La vérité de ce que Godwin croit la vérité, lui paraît d'une importance égale dans toutes ses branches. Il s'en suit que dans un endroit, ses assertions semblent bizarres, parce qu'il ne les appuie d'aucune preuve, et que, dans un autre, elles sont surabondamment incontestables. Godwin n'est pas au reste, le seul écrivain qui mérite ce reproche. Je viens de lire dans une Histoire de la Législation, et j'ai trouvé trente pages consacrées à nous convaincre que les peuples ne pouvaient point se passer de lois. Un autre défaut de Godwin, c'est de joindre fréquemment à la témérité des hypothèses la maladresse des détails ; c'est ce qu'il lui est arrivé surtout, quant il a parlé de la perfectibilité de l'espèce humaine, de cette espérance qui n'est repoussée que par ceux qu'elle afflige, comme les habitans de je ne sais quel village déploraient l'amélioration des grandes routes, parce qu'ils gagnaient à ce que les voyageurs brisassent leurs voitures en le traversant. Godwin s'est laissé emporter dans ses conjectures sur cette matière, par le besoin de décrire ce qu'il ne devait que pressentir. Il a tenté de détailler des découvertes qui ne sont pas faites : et frappé de plusieurs inconvéniens moraux et physiques, dont le remède nous est encore inconnu, il a voulu devancer le temps qui pourra seul nous l'indiquer. 170 Lorsqu'on présente au public une opinion qui peut sembler étrange, il faut se garder de l'accompagner de conjectures plus extraordinaires encore. C'est bien assez pour elle d'être neuve, sans qu'elle ait à lutter contre la défaveur de son entourage. Il faut, au contraire, en lui donnant pour alliées
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des propositions communes lui faire pardonner son air étranger : et ce n'est que lorsqu'un principe n'est plus un hôte admis avec peine et défiance, mais qu'il a obtenu le droit de cité et conquis son domicile, qu'on peut lui permettre d'appeler à lui et d'avouer hautement la nombreuse clientelle de ses conséquences. Il est aisé de voir, par tout ce que je viens de dire, que l'ouvrage de Godwin est loin d'être un bon ouvrage ; mais il invite le lecteur attentif à penser par lui-même et il le dispose à juger toutes les doctrines et toutes les institutions, avec impartialité et indépendance. J'ajouterai que jamais auteur ne fut plus que Godwin ennemi des révolutions, n'en fit une peinture plus effrayante, ne redouta plus les maux de l'anarchie, ne recommanda plus vivement aux hommes d'attendre tout des efforts de la raison, ne leur répéta de plus de manières que la violence qui veut devancer la conviction n'est qu'un fléau, et que la conviction rend la violence inutile. Godwin est un ami zélé de la liberté ; mais il l'est aussi de la paix. Il est le défenseur quelquefois exagéré de l'égalité ; mais il est l'adversaire non moins courageux de toute innovation tumultueuse et même de toute amélioration précipitée. Il pousse presque au scrupule la tolérance pour toutes les opinions opposées aux siennes, les ménagemens pour les institutions contre lesquelles l'unanimité de l'association ne serait pas prononcée, | l'intérêt pour les classes privilégiées, où l'on eût trouvé, dit-il, si on ne les avait pas blessées et proscrites, plus d'un partisan des lumières et d'un ami de l'humanité. C'est toujours aux apôtres immodérés des révolutions qu'il s'en prend des obstacles que la liberté rencontre. C'est leur impatience, leur intolérance, leur esprit persécuteur qu'il accuse, on s'aperçoit en le lisant, que, lorsqu'il écrivait, ceux qu'il censure étaient les plus forts et il ne prévoyait pas qu'un jour, plus d'un opprimé dont il plaidait la cause, serait l'émule des oppresseurs. Un écrivain français qui mériterait une réputation plus étendue que celle dont il jouit, M. Salaville, nous a donné, il y a plusieurs années, dans un ouvrage sur l'homme de la société, une analyse des principes de Godwin sur les lois positives. Malheureusement, cette analyse est précédée d'un système métaphysique sur la nature de l'homme, système dont l'ensemble est abstrait, dont plusieurs parties sont douteuses, et qui nuit aux vérités évidentes que l'auteur avait puisées dans Godwin, ou que la lecture de Godwin lui avait suggérées. Mais dans les trois chapitres de son livre, qui contiennent cette analyse, il a fait entrer une foule de considérations originales et de développemens qui lui appartiennent, et qui font de ces trois chapitres une production très-recommandable par la clarté du style, la liaison des idées, et la nouveauté des aperçus.
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A une époque où l'état de la France était très-différent de celui dans lequel elle se trouve aujourd'hui, j'avais entrepris la traduction de la Justice politique de Godwin. En me livrant à ce travail, j'avais un but que je croyais 172 utile. Dans un moment où des hommes dont | il serait déplacé maintenant de censurer les intentions, puisqu'ils ne sont plus dans la puissance, mais dont assurément les mesures n'étaient pas bien réfléchies, jetaient de la défaveur sur les principes de la liberté, en exerçant, au nom de ces principes, beaucoup de vexations tyranniques, je voulais prouver que ce n'était pas à la liberté même qu'il fallait reprocher cette tyrannie. J'avais en conséquence choisi un écrivain assez exagéré dans ses opinions, mais ennemi néanmoins de tout système de violence et de toute mesure persécutrice. Sa désapprobation sur ce point me paraissait acquérir plus de poids par l'exagération même dont il n'avait pas su se préserver à d'autres égards. Ceux dont l'administration se serait trouvée indirectement critiquée dans son ouvrage, n'auraient pu repousser ses attaques comme partant d'un homme attaché à des préjugés anciens, ou indifférent à l'affranchissement de l'espèce humaine, et les réclamations de Godwin en faveur de l'humanité et de la justice, contre l'arbitraire et les proscriptions, auraient eu d'autant plus de force, que ses intentions n'étaient pas méconnaissables, puisque l'on aurait pu révoquer en doute son amour ardent, quelquefois inconsidéré pour la liberté. Les temps sont changés : la disposition des esprits n'est plus la même. Ce que l'on remarquerait aujourd'hui dans la Justice politique, ce ne serait point la réprobation prononcée contre des excès qu'on ne commet plus au nom de la liberté des peuples ; ce seraient les inconséquences de l'auteur anglais dans d'autres parties de son système, et un certain nombre d'opinions anti-sociales, que je m'étais proposé de réfuter, mais dont on saurait plus adroitement développer le danger, sans faire entrer la réfutation en ligne de compte. 173 J'ai donc renoncé à publier cette traduction. Je ne crois nullement que les paradoxes de Godwin eussent été dangereux, dans le sens qu'on attribue à ce mot ; ils n'auraient ni séduit, ni convaincu le lecteur : mais j'ai craint de fournir des armes spécieuses à l'avilissante doctrine de ces sophistes, dont la vocation déplorable est de décréditer par tous les moyens, tous les écrits qui tendent à donner à l'esprit de indépendance, à l'âme de l'élévation, et à montrer à l'espèce humaine les titres de sa noblesse et les bases de son bonheur. Lorsqu'un auteur imprudent enveloppe dans ses confus anathèmes, et les abus des institutions despotiques, et les droits sacrés de la propriété, n'entendez-vous pas mille voix intéressées qui s'empressent de consacrer cette réunion contre nature, heureuses d'avoir à défendre à la fois ce qui est nuisible et ce qui est nécessaire, ce qu'on ne peut trop complé-
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tement détruire, et ce qu'on ne saurait assez respecter ? Je n'ai pas voulu leur donner ce facile triomphe. B. de Constant.
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De Godwin, et de son ouvrage sur la justice politique.
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Godwin, l'auteur de Caleb Williams, a joui, pendant quelque temps, en Angleterre et même en France, d'une célébrité assez grande. Ses deux ro- s mans, celui que je viens de nommer, et un autre intitulé Saint-Léon, ont été lus avec curiosité, et traduits dans toutes les langues. Le premier, qui est fort supérieur à l'autre, peint avec beaucoup d'énergie, et sous des couleurs très sombres, l'impossibilité de cacher un crime, et la combinaison de circonstances, souvent bizarres, mais presque toujours inévitables, grâce à laquelle io ce qu'on croit avoir dérobé à tous les regards paraît soudain au grand jour. Le second roman, bien que rempli d'aperçus hardis et ingénieux, intéresse moins, parce que l'auteur y a introduit le surnaturel, ce qui empêche qu'on ne soit frappé de la vérité des caractères et de la connaissance du cœur humain, qui, sans ce mélange mal entendu de sortilège et de magie, pla- 15 cerait cet ouvrage à un rang très élevé. Ces romans, toutefois, ont moins 212 contribué à la célébrité de | Godwin" que son traité sur la justice politique, dont la traduction a été commencée plusieurs fois en France, et n'a jamais été publiée ; comme vraisemblablement elle ne le sera point, je présume que quelques détails sur ce livre ne déplairont pas à nos lecteurs. La première édition de la Justice politique de Godwin parut en Angleterre en 1793, dans un moment où la révolution française, remplissant l'Europe d'étonnement et d'épouvante, engageait tous les amis de l'humanité à réfléchir sur les bases des gouvernemens, pour découvrir les moyens de prévenir ou d'extirper les abus qui avaient amené cette crise si violente et sous quelques rapports si funeste. Godwin, porté par le genre de son esprit à remonter aux abstractions les plus subtiles pour les appliquer à la réalité, se propose d'approfondir toutes les questions relatives à la nature de l'homme, à ses droits et à ses devoirs, et d'arriver ainsi à déterminer la loi unique et fondamentale qui doit servir de règle aux institutions des peuples comme aux relations des individus ; c'est cette loi qu'il nomme Justice politique, et il choisit ce titre pour son ouvrage. 213 Cet ouvrage peut être divisé en trois parties ; et il aurait mieux valu, du moins comme production littéraire, que l'écrivain se fût astreint lui-même à " Godwin est aussi l'auteur d'une suite d'Essais sur l'Education, publiés dans un journal intitulé YInquirer, et qui sont pleins de sagacité et d'idées nouvelles. Etablissement du texte : Imprimé : Mélanges de littérature et de politique, pp. 211-214.
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cette division ; car ayant traité souvent au hasard les mêmes sujets dans plus d'un chapitre, il est tombé dans un désordre et dans des répétitions qui rendent l'intelligence de son livre assez difficile et sa lecture très fatigante. Aussi, pour en donner à nos lecteurs quelque idée, nous adopterons l'ordre que l'auteur a négligé, et nous parlerons séparément de la partie métaphysique, de la partie morale, et de la partie politique proprement dite. La métaphysique de Godwin est fausse et commune. Il ne dit rien qu'on n'ait pu lire dans plusieurs métaphysiciens du dix-huitième siècle, dont je ne veux point rabaisser le mérite, mais qui, poussant à l'excès le principe de Locke, qui lui-même avait beaucoup trop étendu celui d'Aristote (qu'il n'y a rien dans l'intelligence qui n'ait été auparavant dans les sens), dépouillent l'homme de toute force intérieure, le représentent comme le jouet passif des impressions du dehors, et méconnaissent la réaction qu'il exerce sur ces 214 impressions, réaction qui fait qu'elles sont modifiées par lui, | quand il les reçoit, pour le moins autant qu'elles le modifient. La partie morale de Godwin, celle où il développe les devoirs des individus entre eux, est encore plus défectueuse. Séduit par l'idée de la justice abstraite, il veut soumettre à cette justice stricte tous les mouvemens, toutes les affections, tous les engagemens de l'homme ; de là, ses paradoxes sur la pitié, la reconnaissance et les promesses. Comme la véracité la plus scrupuleuse est un des traits distinctifs de son caractère et de ses écrits, je le crois de bonne foi ; mais ces assertions dénotent une telle ignorance de l'homme de société, ignorance qui est le résultat, dit-on, d'une vie contemplative, que, toutes bizarres qu'elles sont, elles méritent à peine d'être réfutées. Ce n'est pas, en étouffant les affections les plus douces que l'on donnera du bonheur à l'espèce humaine. Il ne faut point que l'homme soit toujours impartial et juste ; il faut au contraire, et c'est le plus beau privilège de son indépendance individuelle, qu'il soit partial par goût, par pitié, par entraînement. Magistrat, juge, homme public, son devoir, son doute, est la justice ; mais la plus précieuse partie de son existence privée sur laquelle la société ne doit avoir nul empire, c'est de s'entourer d'êtres à part, d'êtres 215 chéris, ses | semblables par excellence, distincts de tous les êtres de son espèce. Quant il s'agit des autres, il lui suffit de ne jamais leur nuire et quelquefois de les servir ; mais à ce cercle favorisé, à ce cercle d'amour, d'émotions, de souvenirs, appartiennent son dévouement, son occupation constante, et tous les genres de partialité. La partie politique de Godwin est donc la seule importante. Ce n'est pas que cette partie de son ouvrage soit exempte de grandes erreurs. Il part d'un principe faux. Le gouvernement, dit-il, est un mal nécessaire. Cette idée, qui n'est pas de lui, paraît, au premier coup d'oeil, une pensée forte, et n'est, au fond, qu'une expression bizarre. Le premier écrivain qui l'employa dut, je
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le conçois, frapper ses lecteurs. Il y a des gouvernemens qui sont, je ne dirai pas un mal nécessaire, mais un mal très superflu. Cependant, si nous approfondissons l'idée de Godwin, dans le sens général et absolu qu'il donne au mot de gouvernement, nous le trouverons complètement erroné. Le gouvernement a une sphère qui lui est propre. Il est crée par le besoin de la société, et pour empêcher que ses membres ne se nuisent mutuellement ; aussi long-temps qu'il reste dans cette sphère, il ne pèse sur les 216 citoyens qu'autant qu'ils se nuisent. Il n'est donc point un mal, | si ce n'est pour les coupables, et c'est un bien qu'il leur soit un mal. Il n'est pas même, comme le prétend Godwin, un mal absolu, en même temps qu'un bien relatif. Dès que le gouvernement sort de sa sphère, il devient un mal et un mal incalculable ; mais ce n'est point alors comme gouvernement, c'est comme usurpation qu'il est un mal. Sans doute, lorsque, pour atteindre les coupables, il vexe les innocens ; lorsque, sous le prétexte de prévenir les délits, il porte atteinte à la liberté ; lorsque, s'arrogeant une foule de fonctions qui ne lui appartiennent pas, il s'érige en instituteur, en moraliste, en juge des opinions, en surveillant des idées, en directeur des lumières, il se rend singulièrement nuisible. Mais, nous le répétons, ce n'est pas en sa qualité de gouvernement. Il devient alors simplement une force qui peut être saisie par un seul individu et qui le serait par plusieurs, ou qui serait même répartie entre les mains de tous, qu'elle n'en serait pas plus légitime. Que si l'on disait que le gouvernement ne peut atteindre les coupables sans froisser quelquefois les innocens, nous répondrions que cet inconvénient n'appartient pas au gouvernement, mais à la nature de l'homme. Le sauvage qui trouve en revenant de la chasse, sa hutte détruite, ou ses enfans 217 égorgés, peut en soupçonner à tort | un autre sauvage, et faire tomber sur lui une vengeance peu méritée. Le gouvernement peut se tromper de même. C'est pour éviter ces méprises qu'il institue des formes. Si ces formes sont bonnes et qu'il les respecte, loin d'être un mal, il est un bien. Godwin parle beaucoup, et avec raison, de l'influence toujours funeste que la pression de l'autorité a sur le bonheur et les qualités morales de l'homme. Mais lorsque la pression de l'autorité se fait sentir de la sorte, c'est qu'elle a franchi ses limites et dépassé sa sphère. Aussi long-temps qu'elle s'y renferme, cette pression n'existe pas. Il faut que l'innocent l'ignore; elle n'est donc pas un mal pour lui : il faut que le coupable la craigne ; elle est donc un bien pour tous. Ce n'est point une chose indifférente que de rectifier cette rédaction. Lorsqu'on déclare le gouvernement un mal, on se flatte d'inspirer aux gouvernés une défiance salutaire ; mais comme le besoin de gouvernement se fait toujours sentir, tel n'est point l'effet qu'on produit.
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Il arrive, au contraire, que les gouvernemens adoptent cette doctrine. Ils se résignent à être un mal, et en leur qualité de mal nécessaire, ils représentent comme inévitable tout celui qu'ils causent. 218 Parti d'un principe inexact, Godwin s'est égaré dans sa marche. Le gouvernement n'étant, selon lui, qu'un mal nécessaire, il a conclu qu'il n'en fallait que le moins possible. C'est une seconde erreur. Il n'en faut point hors de sa sphère ; mais, dans cette sphère, il ne saurait en exister trop. La liberté gagne tout à ce qu'il soit sévèrement circonscrit dans l'enceinte légitime ; mais elle ne gagne rien, elle perd au contraire, à ce que, dans cette enceinte, il soit faible ; il doit toujours y être tout-puissant. Par une suite nécessaire de cette théorie, fautive à son origine, Godwin est allé jusqu'à prétendre qu'un jour il n'existerait plus de gouvernement, et il a regardé cette époque comme le plus beau moment de l'espèce humaine. Il n'a pas senti que le gouvernement, renfermé dans sa sphère, c'est-à-dire uniquement occupé à garantir les individus de leurs torts réciproques et des invasions de l'étranger, existerait toujours de droit, lors même qu'il n'agirait pas de fait, et que, dès à présent, il ne doit exister de fait que lorsque les individus ont besoin de sa garantie. La somme légitime de l'autorité du gouvernement sera toujours la même ; seulement, l'activité du gouvernement peut augmenter ou décroître suivant les circonstances, c'est-à-dire 219 suivant que les hommes, poussés par leurs vices, | leurs passions ou leurs erreurs, entrent en plus ou moins grand nombre dans l'enceinte où le gouvernement doit agir. Autant la doctrine générale de Godwin est défectueuse, autant ses détails sont fertiles en aperçus heureux, en vérités neuves, en idées profondes. On ne trouve nulle part une aussi ingénieuse et convaincante analyse des inconvéniens de l'autorité, lorsqu'elle ne se borne pas à protéger et à garantir, mais qu'elle veut éclairer, améliorer ou conduire. Education, institution, dogmes religieux, lumières, sciences, commerce, industrie, population, propriété, Godwin examine l'action du gouvernement sur toutes ces choses, et démontre que le mieux, le plus sûr et le plus juste est de maintenir la paix et de laisser faire. Aucun publiciste n'a plus clairement prouvé que dès qu'on gêne l'intérêt, sous prétexte de le diriger, on le paralyse ; que dès qu'on entrave la pensée sous prétexte de la rectifier, on la fausse ; et que tout autre guide que la raison de chacun, pour l'intelligence de chacun, dénature cette intelligence ; aucun n'a réfuté d'une manière plus satisfaisante l'hypothèse perfide et dangereuse, qu'il peut y avoir des erreurs utiles ; aucun, enfin, n'a mieux démasqué ces prétentions renaissantes des partis qui se succèdent, et 220 qui ne cherchent à limiter le pouvoir que | parce qu'ils ne le possèdent pas, prêts qu'ils sont toujours à réclamer pour eux les attributions qu'ils disputaient à leurs adversaires, et toujours affirmant que ce qu'ils disaient hier être nuisible, est devenu subitement salutaire aujourd'hui.
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Le grand mérite de Godwin est d'aborder franchement toutes les questions, et de les suivre avec la sagacité dont il est doué, sans vouloir jamais, par timidité ou par système, en fausser les résultats. Mais, comme il arrive souvent, ce mérite produit par un amour passionné de la vérité, amour qui donne à Godwin une puissance étonnante d'investigation, et qui le préserve de se fatiguer d'aucune longueur, ou de s'effaroucher d'aucune conséquence, n'est pas sans inconvéniens pour ceux qui le lisent. Tantôt il néglige les ménagemens nécessaires pour faire accueillir ou même examiner sans répugnance des notions trop différentes des opinions reçues. Tantôt il ne soupçonne pas la lassitude que doit causer le trop grand développement des idées communes. On trouve quelquefois exprimé en une seule phrase une idée qui eût demandé dix pages d'explication, et d'autres fois dix pages sont consacrées à démontrer des vérités dès long-temps admises, et qu'il eût suffi d'indiquer. La vérité, ou ce que Godwin croit la 221 vérité, lui paraît d'une importance égale dans | toutes ses branches. Il s'en suit que, parce qu'il ne les appuie d'aucune preuve, dans un endroit, les assertions semblent bizarres, et que, dans un autre, elles sont surabondamment incontestables. Un autre défaut de Godwin, c'est de joindre fréquemment à la témérité des hypothèses la maladresse des détails ; c'est ce qu'il lui est arrivé, surtout quant il a parlé de la perfectibilité de l'espèce humaine, de cette espérance qui n'est repoussée que par ceux qu'elle afflige, comme les habitans de je ne sais quel village déploraient l'amélioration des grandes routes, parce qu'ils gagnaient à ce que les voyageurs brisassent leurs voitures en le traversant. Godwin s'est laissé emporter dans ses conjectures sur cette matière, par le besoin de décrire ce qu'il ne devait que pressentir. Il a tenté de détailler des découvertes qui ne sont pas faites ; et frappé de plusieurs inconvéniens moraux et physiques, dont le remède nous est encore inconnu, il a voulu devancer le temps, qui pourra seul nous l'indiquer. Lorsqu'on présente au public une opinion qui peut sembler étrange, il faut se garder de l'accompagner de conjectures plus extraordinaires encore. C'est bien assez pour elle d'être neuve, sans qu'elle ait à lutter contre la 222 défaveur de son entourage. Il faut, au contraire, en lui donnant | pour alliées des propositions communes, lui faire pardonner son air étranger ; et ce n'est que lorsqu'un principe n'est plus un hôte admis avec peine et défiance, mais qu'il a obtenu le droit de cité et conquis son domicile, qu'on peut lui permettre d'appeler à lui et d'avouer hautement la nombreuse clientelle de ses conséquences. Il est aisé de voir, par tout ce que je viens de dire, que l'ouvrage de Godwin est loin d'être un bon ouvrage ; mais il invite le lecteur attentif à
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penser par lui-même, et il le dispose à juger toutes les doctrines et toutes les institutions avec impartialité et indépendance. J'ajouterai que jamais auteur ne fut plus que Godwin ennemi des révolutions, n'en fit une peinture plus effrayante, ne redouta plus les maux de l'anarchie, ne recommanda plus vivement aux hommes d'attendre tout des efforts de la raison, ne leur répéta de plus de manières que la violence qui veut devancer la conviction n'est qu'un fléau, et que la conviction rend la violence inutile. Godwin est un ami zélé de la liberté, mais il l'est aussi de la paix. Il est le défenseur quelquefois exagéré de l'égalité ; mais il est l'adversaire non moins courageux de toute innovation tumultueuse et même de toute amélioration précipitée. Il pousse jusqu'au au scrupule la tolérance 223 pour toutes les opi|nions opposées aux siennes, les ménagemens pour les institutions contre lesquelles l'unanimité de l'association ne serait pas prononcée, l'intérêt pour les classes privilégiées où l'on eût trouvé, dit-il, si on ne les avait pas blessées et proscrites, plus d'un partisan des lumières et d'un ami de l'humanité. C'est toujours aux apôtres immodérés des révolutions qu'il s'en prend des obstacles que la liberté rencontre. C'est leur impatience, leur intolérance, leur esprit persécuteur qu'il accuse. On s'aperçoit en le lisant, que, lorsqu'il écrivait, ceux qu'il censure étaient les plus forts, et il ne prévoyait pas qu'un jour plus d'un opprimé dont il plaidait la cause serait l'émule des oppresseurs. J'ai dit, en commençant, que probablement l'ouvrage de Godwin ne serait jamais traduit en français. J'en avais, il y a plus de vingt ans, entrepris et même achevé la traduction. Une considération m'a fait renoncer à la publier ; j'ai craint que ce qu'il y a de chimérique dans les prédictions et d'anti-social dans quelques-uns des principes du philosophe anglais, ne jetât de la défaveur sur les vérités dont il s'est déclaré l'apôtre et dont il s'est montré le défenseur éloquent. On trouve, au reste, une analyse très bien faite de ses doctrines sur les 224 lois positives, l'un des objets | sur lesquels il répandu le plus de lumière, dans un ouvrage intitulé De l'Homme et de la Société. Malheureusement cette analyse est précédée d'un système métaphysique dont l'ensemble est abstrait et plusieurs des propositions douteuses ; mais si l'on formait un ouvrage à part des trois chapitres que l'auteur a empruntés à Godwin, on verrait combien sont sages et modérées plusieurs des idées d'un écrivain que beaucoup de gens considèrent comme un rêveur bizarre ou comme un démagogue insensé.
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Instruments bibliographiques
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Abréviations
Annales BC : Annales Benjamin Constant, Rédaction : Institut Benjamin Constant, depuis le n° 1, 1980. Barberis, Sette studi : Mauro BARBERIS, Sette studi sul liberalismo rivoluzionario, Torino : Giappichelli, 1989. Charrière, Œuvres : Isabelle de CHARRIÈRE / Belle de Zuylen, Œuvres complètes, édition critique publiée par Jean-Daniel Candaux, Cecil P. Courtney, Pierre H. Dubois, Simone Dubois-De Bruyn, Patrice Thompson, Jeroom Vercruysse et Dennis M. Wood, Amsterdam : G.A. van Oorschot, 10 vol., 1979-1984. Chronologie : Dominique VERREY, Chronologie de la vie et de l'œuvre de Benjamin Constant, avec la collaboration d'Etienne Hofmann, Genève : Slatkine, 1992. Corr. Rosalie : Benjamin et Rosalie de Constant, Correspondance, 17861830, publiée par Alfred et Suzanne Roulin, Paris : Gallimard, 1955. Enquiry (1793) : William GODWIN, An Enquiry Concerning Political Justice, and its Influence on General Virtue and Happiness, London : Printed for G.G. J. and J. Robinson, Paternoster-Row, 2 vol., 1793. Enquiry (1796) : William GODWIN, Enquiry Concerning Political Justice, and its Influence on Morals and Happiness, the second edition corrected, London : G.G. and J. Robinson, Paternoster-Row, 2 vol., 1796. Godwin (1810) : «De Godwin, de ses principes, et de son ouvrage sur la justice politique», 1810, voir Benjamin Constant, De la justice Politique..., publié par Burton R. Pollin, pp. 357-362, voir aussi OCBC, 1.11,2. Godwin (1817) : «De Godwin, et de son ouvrage sur la justice politique», dans Mercure de France, N.S., 1.1, avril 1817, pp. 161-173, voir OCBC, 1.11,2. Godwin (1829) : «De Godwin, et de son ouvrage sur la justice politique», dans Mélanges de littérature et de politique, Paris, Pichon et Didier, 1829, pp. 211-214, voir Benjamin Constant, De la justice Politique...,
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Instruments bibliographiques
publié par Burton R. Pollin, pp. 375-383, voir aussi OCBC, t. Il,2. Hofmann, Catalogue : Etienne HOFMANN, Catalogue raisonné de l'œuvre manuscrite de Benjamin Constant établi à partir des originaux avec une préface, une introduction et des index, Genève : Slatkine, 1992. Hofmann, Genèse : Etienne HOFMANN, Les «Principes de politique» de Benjamin Constant : la genèse d'une œuvre et l'évolution de la pensée de leur auteur (1789-1806), 1.1, Genève : Droz, 1980. Justice politique : De la justice politique, Traduction inédite de l'ouvrage de William Godwin, Enquiry Concerning Political Justice and its Influence on General Virtue and Happiness, publié par Burton R. Pollin, Québec : Les Presses de l'Université Laval, 1972. Kloocke, Biographie : Kurt KLOOCKE, Benjamin Constant : une biographie intellectuelle, Genève : Droz, 1984. Melegari (1895) : Dora MELEGARI, Journal intime de Benjamin Constant et lettres à sa famille et à ses amis, précédé d'une introduction par D. Melegari, Paris : P. Ollendorff, 1895 ; réimpr. Albin Michel, 1928. Menos : Benjamin CONSTANT, Lettres à sa famille, 1775-1830, publiées par Jean-H. Menos, Paris : Stock, 1931. OCBC, 1.1 : Benjamin CONSTANT, Ecrits de Jeunesse (1774-1799), volume dirigé par Lucia Omacini et Jean-Daniel Candaux, textes établis et annotés par Mauro Barberis et par Simone Balayé, Claude Bruneel, Magda Campanini, Paul Delbouille, Edouard Guitton, Roland Mortier, Claude Reymond, avec des notices de Mauro Barberis, Jean-Daniel Candaux, Kurt Kloocke et Patricia Thompson, Tübingen : Niemeyer, 1998 (Benjamin Constant, Œuvres complètes, Série Œuvres, 1.1). OCBC, t. II,l, t. II,2 : Benjamin CONSTANT, De la justice politique (17981800), d'après V«Enquiry Concerning Political Justice» de William Godwin, volumes dirigés par Lucia Omacini et Etienne Hofmann, textes établis et annotés par Laura Saggiorato, Introductions de Mauro Barberis et Laura Saggiorato, Tübingen : Niemeyer, 2 vol., 1998 (Benjamin Constant, Œuvres complètes, Série Œuvres, t. II). Principes de politique : Benjamin CONSTANT, Principes de politique applicables à tous les gouvernements, texte établi par Etienne Hofmann, t. II, Genève : Droz, 1980. Soboul, Suratteau et Gendron : Albert SOBOUL, Dictionnaire historique de la Révolution française, publié sous la direction scientifique de Jean-
Abréviations
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René Suratteau et François Gendron, Paris : Presses Universitaires de France, 1989.
Bibliographie
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Bibliographie
Sous les noms des auteurs et des titres d'ouvrages, cités dans l'ordre alphabétique, les publications sont classées dans l'ordre chronologique de leur parution ; les différentes éditions d'un même texte sont regroupées sous la première d'entre elles.
Annales Benjamin Constant, Rédaction : Institut Benjamin Constant, n° 7, 1987. BARBERIS, Mauro, Materiali per una storia della cultura giuridica, XIV, n° 1, giugno 1984. - «Madame de Staël, o dell'intellettualismo politico», dans Sette studi sul liberalismo rivoluzionario, Torino : Giappichelli, 1989. CHARRIÈRE, Isabelle de / Belle de Zuylen, Œuvres complètes, édition critique publiée par Jean-Daniel Candaux, Cecil P. Courtney, Pierre H. Dubois, Simone Dubois-De Bruyn, Patrice Thompson, Jeroom Vercruysse et Dennis M. Wood, Amsterdam : G.A. van Oorschot, 10 vol., 1979-1984. CONSTANT, Benjamin, Discours prononcé au Cercle constitutionnel le 9 ventôse de l'an VI, paru dans Y Echo des Cercles patriotiques des 5, 10 et 15 mars 1798 et dans Le Moniteur, les 11-12 mars 1798, voir OCBC, 1.1. - «A ses collègues de l'assemblée électorale du Département de Seine-etOise», [procès-verbal déposé dans les Archives départementales de Seine-et-Oise], 21 germinal, an VI [10 avril 1798], voir OCBC, 1.1. - Des suites de la contre-révolution de 1660 en Angleterre, Paris : F. Buisson, an vil, [1799], voir OCBC, 1.1. - «De Godwin, et de son ouvrage sur la justice politique», dans Mercure de France, N.S., t. II, avril 1817, pp. 161-173, voir OCBC, t. II,2.
1442
Instruments
bibliographiques
- «De Godwin, et de son ouvrage sur la justice politique», dans Mélanges de littérature et de politique, Paris, Pichon et Didier, 1829, pp. 211-214, voir Benjamin Constant, De la justice Politique..., publié par Burton R. Pollin, pp. 375-383, voir aussi OCBC, t. II,2. - Principes de politique applicables à tous les gouvernements représentatifs (1815), dans Cours de politique constitutionnelle, édité par E. Laboulaye, Paris : Guillaumin, 1872. - Journal intime de Benjamin Constant et lettres à sa famille et à ses amis, précédé d'une introduction par Dora Melegari, Paris : P. Ollendorff, 1895 ; réimpr. Albin Michel, 1928. - Lettres à sa famille, 1775-1830, publiées par Jean-H. Menos, Paris : Stock, 1931. - De la justice politique, Traduction inédite de l'ouvrage de William Godwin, Enquiry Concerning Political Justice and its Influence on General Virtue and Happiness, publié par Burton R. Pollin, Québec : Les Presses de l'Université Laval, 1972, voir OCBC, t. n,l. - «De Godwin, de ses principes, et de son ouvrage sur la justice politique», dans De la justice Politique..., publié par Burton R. Pollin, pp. 357-362, voir aussi OCBC, t. n,2. - «Lettres à Louis-Ferdinand et à Thérèse Huber (1798-1806)», publiées par Etienne Hofmann dans Cahiers staëliens, 29-30, 1981, pp. 77-128. - Principes de politique applicables à tous les gouvernements, texte établi par Etienne Hofmann, t. Il, Genève : Droz, 1980. - Recherches sur la justice politique, édition, présentation et notes par Laura Saggiorato, Tesi di dottorato in Francesistica vn° ciclo, Université degli Studi di Milano, Milano : 1994. - Ecrits de Jeunesse (1774-1799), volume dirigé par Lucia Omacini et Jean-Daniel Candaux, textes établis et annotés par Mauro Barberis et par Simone Balayé, Claude Bruneel, Magda Campanini, Paul Delbouille, Edouard Guitton, Roland Mortier, Claude Reymond, avec des notices de Mauro Barberis, Jean-Daniel Candaux, Kurt Kloocke et Patrice Thompson, Tübingen : Niemeyer, 1998 (Benjamin Constant, Œuvres complètes, Série Œuvres, 1.1). - De la justice politique (1798-1800), d'après 1'«Enquiry Concerning Political Justice» de William Godwin, volumes dirigés par Lucia Omacini et Etienne Hofmann, textes établis et annotés par Laura Saggiorato, Introductions de Mauro Barberis et Laura Saggiorato, Tübingen : Niemeyer, 2 vol., 1998, (Benjamin Constant, Œuvres complètes, Série Œuvres, t. II).
Bibliographie
1443
CONSTANT, Benjamin et Rosalie de, Correspondance, 1786-1830, publiée par Alfred et Suzanne Roulin, Paris : Gallimard, 1955. GODWIN, William, An Enquiry Concerning Political Justice, and its Influence on General Virtue and Happiness, London : Printed for G.G. J. and J. Robinson, Paternoster-Row, 2 vol., 1793. - Enquiry Concerning Political Justice, and its Influence on Morals and Happiness, the second edition corrected, London : G.G. and J. Robinson, Paternoster-Row, 2 vol., 1796. GRÉSILLON, Almuth, Eléments de critique génétique. Lire les manuscrits modernes, Paris : Presses Universitaires de France, 1994. HOFMANN, Etienne, Les «Principes de politique» de Benjamin Constant : la genèse d'une œuvre et l'évolution de la pensée de leur auteur (17891806), 1.1, Genève : Droz, 1980. - Principes de politique applicables à tous les gouvernements, voir sous Constant.
[édition],
- «Lettres à Louis-Ferdinand et à Thérèse Huber (1798-1806)», dans Cahiers staëliens, 29-30, 1981, pp. 77-128. - Catalogue raisonné de l'œuvre manuscrite de Benjamin Constant établi à partir des originaux avec une préface, une introduction et des index, Genève : Slatkine, 1992. Journal général de la littérature en France ou Répertoire méthodique des Livres nouveaux, Cartes géographiques, Estampes et Œuvres de Musique qui paraissent successivement en France, accompagné de notes analytiques et critiques, seconde année, à Paris : chez Treuttel et Wiirtz, Quai Voltaire n° 2, à Strasbourg : chez les mêmes libraires, Grand'rue n° 15, an II, [1799]. KLOOCKE, Kurt, Benjamin Constant : une biographie intellectuelle, Genève : Droz, 1984. MANENT, Pierre, Histoire intellectuelle du libéralisme. Dix leçons, Paris : Calmann-Levy, 1987. MONRO, David Hector, Godwin's Moral Philosophy, London : Oxford U.P., 1955. OMACINI, Lucia, «Madame de Staël : dalle 'circonstanze attuali' al 'regno dei principi', ovvero come terminare la Rivoluzione e fondare la Repubblica in Francia», dans Voyages et Révolution, édité par A. Poli, E. Kanceff, E.S. Gola, 1.1, Genève : CIRVI-Slatkine, 1992.
1444 PAINE,
Instruments bibliographiques
Thomas, Rights of Man, London : Dent & Sons,
1958.
- Political Writings, ed. by B. Kuklick, Cambridge : Cambridge U.P., 1989. PHILIP,
Mark, Godwin's Political Justice, London : Duckworth,
1986.
Laura, «Comment traduire Godwin en 1799», dans Annales BC, Rédaction : Institut Benjamin Constant, n° 14, 1993, pp. 141-154.
SAGGIORATO,
Albert, Dictionnaire historique de la Révolution française, publié sous la direction scientifique de Jean-René Suratteau et François Gendron, Paris : Presses Universitaires de France, 1989.
SOBOUL
Germaine de, Des circonstances actuelles qui peuvent terminer la Révolution et des principes qui doivent fonder la République en France, édition, introduction et notes par Lucia Omacini, Genève : Droz, 1979.
STAËL,
Dominique, Chronologie de la vie et de l'œuvre de Benjamin Constant, avec la collaboration d'Etienne Hofmann, Genève : Slatkine, 1992.
VERREY,
Markus, «Benjamin Constant et la métaphore de la poussière», dans Annales BC, Rédaction: Institut Benjamin Constant, n°4, 1984, pp. 1-15.
WINKLER,
Ouvrages cités par W. Godwin et B. Constant
1445
Ouvrages cités par William Godwin et Benjamin Constant
Cette bibliographie ne contient que les ouvrages cités par Godwin et traduits ou cités par Constant. A côté du titre anglais, nous avons indiqué entre parenthèses le titre français toutes les fois qu'il est donné par Constant.
BECCARIA, Cesare, Dei delitti e delle pene, Livorno : 1764. Bible. A Vindication of natural society : or a view of the miseries and evils arising to mankind from every species of artificial society. In a letter to Lord ****. By a late noble writer. London : Cooper, 1756.
BURKE, E d m u n d ,
- Speech on presenting to the House of Commons (on the 11th of February, 1780) a plan for the better security of the independence of Parliament and the oeconomical reformation of the civil and other establishments, London : J. Dodsley, 1780. - Reflections on the Revolution in France and on the proceedings in certain societies in London to that event. In a letter intended to have been sent to a gentlemen in Paris, (Réflexions sur la Révolution française), London : J. Dodsley, 1790. «Epistolarum Atticum», dans M. Tullii Ciceronis opera, recensuit J.N. Lallemand, t. xm-xiv, Parisii : P.S. Fournier, 14 vol., 1768.
ClCÉRON,
- «Lucullus, sive academicorum primae editionis, liber secundus», dans M. Tullii Ciceronis opera, recensuit J.N. Lallemand, t. IX, Parisii : P.S. Fournier, 14 vol., 1768. CONDORCET, Antoine-Nicolas Caritat, marquis de, Vie de Voltaire par le marquis de Condorcet, suivie des Mémoires de Voltaire, écrits par luimême, Kehl : Imprimerie de la Société littéraire-typographique, 1785. - Vie de M. Turgot, Londres [Paris] : 1786.
1446
Instruments
bibliographiques
- Rapport et projet de décret sur l'organisation générale de l'instruction publique présentés les 20 et 21 avril 1792, {De l'Instruction publique), Paris : Imprimerie nationale, 1792. Coran. EDWARDS, Jonathan, An essay on the nature of true virtue, (Essai sur la nature de la véritable vertu), London : Printed by W. Oliver, sold by T. Payne and son, 1778. FÉNELON, François de Salignac de La Mothe, Les Aventures de Télémaque, fils d'Ulysse, par le feu messire de Salignac de La Motte Fénelon [Précédé du Discours de Ramsay], Londres : R. Dodsley, 2 vol., 1738. GENLIS, Stéphanie-Félicité du Crest de Saint-Aubin, comtesse de, puis marquise de Sillery, Leçons d'une gouvernante à ses élèves, ou Fragmens d'un journal, qui a été fait pour l'éducation des enfans de monsieur d'Orléans, Paris : Onfroy, 2 vol., 1791. GILLIES, John, The history of ancient Greece, its colonies and conquest from the earliest accounts till the division of the Macedonian Empire in the East, including the history of literature, philosophy, and fine arts, {.Histoire de l'ancienne Grèce), Dublin : Burney, Colles, 3 vol., 1784—86. HELVÉTIUS, Claude-Adrien, De l'homme, de ses facultés intellectuelles et de son éducation, Ouvrage postume de M. Helvetius, Londres : chez la Société typographique, 2 vol., 1773. HOLBACH, Paul-Henri Dietrich, baron d \ Système de la nature ; ou, Des loix du monde physique & du monde moral, par M. Mirabaud, Londres [=Amsterdam], 1770. HOME, John, «Douglas : a tragedy, as it is acted at the Theatre-Royal in Covent-Garden», dans The dramatic works of John Home, London : Printed for A. Millar in the Strand, 1760. HUME, David, Essays and treatises on several subjects, London : A. Millar and A. Kincaid in Edinburgh, 4 vol., 1750-1753. KAMES, Henry Home lord, Loose hints upon education, chiefly concerning the culture of the heart, (Idées détachées sur l'éducation), Edinburgh : J. Bell and J. Murray, 1781. LA ROCHEFOUCAULD, François, duc de, Maximes et réflexions Paris : Imprimerie royale, 1778.
morales,
LOCKE, John, Two treatises on government : in the former, the false principles, and foundation of Sir Robert Filmer, and his followers, are detected and overthrown. The latter is an essay concerning the true origi-
Ouvrages cités par W. Godwin et B. Constant
1447
nal, extent, and end of civil government, (Traité sur le gouvernement), London : A. Churchill, 1690. LOGAN,
John, Elements of the philosophy of history, Part first, Edinburgh :
1781. MABLY, Gabriel Bonnot de, De la législation, ou Principes des loix, par M. l'abbé de Mably, Amsterdam : 1776. MONTESQUIEU, Charles-Louis de Secondât, baron de la Brède et de, De l'esprit des loix. Du rapport que les loix doivent avoir avec la constitution de chaque gouvernement, les mœurs, le climat, la religion, le commerce, &c., à quoi l'auteur a ajouté des recherches nouvelles, sur les loix romaines touchant les successions, sur les loix françoises, & sur les loix féodales, Genève : Barillot & fils, 2 vol., 1748. PAINE, Thomas, Common Sense ; adressed to the inhabitants of America, on the following interesting subjects. I. Of the origin and design of government in general, with concise remarks on the English constitution. II. Of monarchy and hereditary succession. III. Thoughts on the present state of America affairs. IV. Of the present ability of America, with some miscellaneous reflections, (Sens commun), A new edition, with several additions in the body of the work. To which is added an appendix; together with an address to the people called Quakers. The new addition here given increases the work upwords of one-third, Philadelphia : printed, London : re-printed, for J. Almon, 1776. - Rights of man ; being an answer to Mr. Burke's attack on the French Revolution, (Droits de l'homme), London : J. Johnson, 1791. PALEY, William, Principles of moral and political philosophy, (Principes de philosophie morale & politique), London : R. Faulder, 1785. Parmenides ; sive De ideis et uno rerum omnium principio Platonis dialogus. Studio Joh. Gul. Thomson, Oxonii : E Theatro Sheldoniano, 1728.
PLATON,
Lives, Translated from the original Greek, with notes critical and historical, and a new life of Plutarch. By John Longhorne and William Longhorne, London : Edward and Charles Dilly, 6 vol., 1778.
PLUTARQUE,
RAYNAL, Guillaume-Thomas, Révolution de l'Amérique, par M. l'abbé Raynal, Londres : L. Davis, 1781. ROUSSEAU, Jean-Jacques, Considérations sur le gouvernement de Pologne ; et sur sa réformation projettée, par J.-J. Rousseau, Londres, 1782.
1448
Instruments bibliographiques
- Du contrat social; ou Principes du droit politique. Dernière édition revue par l'auteur, Genève : M.M. Bousquet, 1766. - Emile ; ou De l'éducation, Librairie de Paris : Firmin Didot, s.d. [1762], William, King Henry the Eighth, a tragedy written by William Shakespeare. Marked with the variations in the manager's book ; at the Theatre-royal in Covent-Garten, London : Printed for C. Bathurst, 1786.
SHAKESPEARE,
Laurence, The Sermons of Mr. Yorick, (Sermon sur une bonne conscience), London : R. and J. Dodsley, 2 vol., s.d. [1760],
STERNE,
SwiFT, Jonathan, Four Sermons : I. On mutual subjection. II. On conscience. III. On the Trinity. IV. The difficulty of knowing one's self, (Sermon sur les obligations réciproques, Sermon sur une bonne conscience), By the Reverend Dr. Swift, Dublin : Printed by G. Faulkner, 1760. - Travels into several remote nations of the world. By Lemuel Gulliver, first surgeon, and then a captain of several ships, ( Voïages de Gulliver), in four parts, London : Printed for C. Elliot, Edinburgh, 1784. Talmud, London : Benjamin Motte, 1726. Quintus Septimius Florens, Apologeticus, Lutetiae Parisiorum : P. Mettayer lypographi & Bibliopolae Regii, 1613.
ITRTULLLEN,
Index
De la justice politique
1451
Index des noms propres Cet index contient les noms des personnes réelles et des personnages mythologiques mentionnés dans le texte et dans les notes, à l'exception de ceux des critiques modernes, de celui de William Godwin dans les introductions et les essais qui lui sont consacrés, et de celui de Benjamin Constant lui-même. Les graphies ont été uniformisées, en principe sous la forme française la plus usitée aujourd'hui. Les noms ne sont suivis de la profession ou de la fonction que lorsqu'il faut distinguer des homonymes ou tenter une identification.
Alexandre le Grand 67, 1142, 1392 Alfred le Grand 1142 Anaxarque 93, 970 Apollon 197, 1232 Appius Claudius 186, 1215 Aristide 190, 1222 Aristote 94, 275, 979, 1324, 1422, 1430 Arminius, Jacobus 248, 1291 Audouin, Joseph 835 Aurangzeb 67, 1392 Bacchus 66, 1392 Barras, Paul-François-Jean-Nicolas 40 Beccaria, Cesare Bonesana, marquis de 292-293, 296, 1344, 1348, 1409 Bellarmin, Robert 275, 1324 Bolingbrocke, Henry Saint John, premier vicomte 182-183, 1210-1211 Bonaparte, Napoléon 43 Boulay de la Meurthe, Antoine-JacquesClaude-Joseph 40, 42 Brutus, Lucius Junius 185, 240, 340, 353, 1003, 1103, 1118, 1215, 1283 Burke, Edmund 73, 164, 199, 278, 938, 1019, 1080, 1182, 1233-1234, 1328 Caligula, Caius Caesar Germanicus dit 121, 1048 Calvin, Jean Cauvin dit 341, 1122, 1127 Cambyse il 67, 1392 Camille, Marcus Furius Camillus 185, 1215 Caton d'Utique, Marcus Porcius Cato 353, 1003 Caton, Marcus Porcius Cato, dit l'Ancien ou le Censeur 161, 185, 240, 250-251, 342, 1123, 1176, 1199, 1215, 1283, 1295 Cecil, Robert, comte de Salisbury 1162 César, Jules, Caius Julius Caesar 67, 161, 340, 1118, 1176, 1392
Charlemagne, Charles Ier, roi des Francs 67, 1087, 1091, 1098, 1392 Charles I", roi d'Angleterre 68, 127, 324, 329, 1064, 1098, 1393 Charles II, roi d'Espagne 207, 1243 Charrière, Isabelle de 35-36, 45 Chartres duc de : voir Louis-Philippe-Joseph Chartres, duchesse de : voir Louise-MarieAdélaïde Christ 252, 1022, 1296 Cicéron, Marcus Tullius Cicero 161, 176, 185, 215, 296, 1176, 1200, 1215, 1253, 1348 Cincinnatus, Lucius Quinctius 185, 1215 Circé 248, 1292 Clément, Jacques 109, 358, 996, 1008 Codrus 353, 1003 Coke, sir Edward 275, 1324 Condorcet, Antoine-Nicolas Caritat, marquis de 35; 51, 191, 346, 925, 1077, 1223, 1405 Confucius 253, 1022, 1298 Constant, Anne-Louise-Renée, dite Ninette, née Achard 37 Constant, Rosalie de 35-38 Constant, Samuel de 37-38, 45 Coriolan, Cneius Marcius Coriolanus 185, 1215 Cranmer, Thomas 93, 970 Cromwell, Oliver 121, 1048 Cyrus il le Grand 66, 1392 Damiens, Robert François 69, 109, 358, 996, 1008, 1393 Darius 67, 1392 Décius, Publius Mus 185, 353, 1003, 1215 Digby, sir Everard 341, 1122, 1127 Diodore de Sicile 94, 979 Diogène 144, 1143, 1146
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Index des noms propres
Dudley, Robert, comte de Leicester 1162
Kaimes, Home, lord Henry 85, 946
Edouard IV, roi d'Angleterre 68, 936 Edward, Jonathan 996 Elisabeth I™, reine d'Angleterre 1142, 1162 Epictècte 342, 1123 Epicure 1125 Euclide 112, 1028 Eudamidas 279, 1330
Lancaster, ducs de 68, 179, 1205, 1393 La Rochefoucauld, François, duc de 161, 1176 Léonidas Ier 353, 1003 Locke, John 33,49, 64, 69, 77, 82, 101, 122, 329, 915, 933, 938, 942, 1049-1050, 1098, 1389, 1393, 1395, 1422 Logan, John 89, 951 Louis XV, roi de France 1393 Louis xiv, roi de France 68, 69, 1393 Louis-Philippe l", duc de Valois, puis de Chartres, puis d'Orléans, roi des Français 1148-1149 Louis-Philippe-Joseph, duc de Montpensier, de Chartres, puis d'Orléans dit Philippe Egalité 1148 Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon-Penthièvre, duchesse de Chartres 1148 Lucullus, Lucius Licinius 185, 1215, 1253 Luther, Martin 244, 1288 Lycurgue 134, 197, 353, 1002, 1080, 1231
Fabius, Quintus Maximus Verrucosus, dit Cunctator 215, 1252 Fabricius, Caius Fabricius Luscinus 185, 1215 Fénelon, François de Salignac de la Mothe 46, 149, 918-919, 994-995, 1154 Filmer, sir Robert 82, 942 Frédéric II, empereur germanique 1142 Fréret, Nicolas 1415 Galilée, Galileo Galilei 218, 1257 Gengis Khan 67, 1392 Genlis, Stéphanie-Félicité, comtesse de 160, 1148-1149 Gérard, Balthazar 109, 358 , 996, 1008 Gillies, John 191, 1223 Godwin, William 64, 86, 102, 104, 117, 130, 140, 142, 197, 228, 231-232, 270, 288, 362, 933, 939, 947, 980, 1009-1010, 1014, 1021-1022, 1037-1038, 1040, 1058, 1069, 1139, 1141, 1231, 1239, 1269, 1273-1274, 1310, 1318, 1338, 1357, 1386, 1389, 1397 Gracques les, Tiberius et Caius Gracchus 185-186, 1215-1216 Guillaume m, roi d'Angleterre 68, 936 Hannibal 215, 1252 Hartley, David 80, 965 Hegel, Georg Wilhelm Friedrich 49 Helvétius, Claude-Adrien 59, 64, 77, 197, 337, 933, 1114, 1231, 1383, 1389, 1415 Henri IV, roi de France 67, 1142, 1393 Henri v, roi d'Angleterre 68, 936 Henri VI, roi d'Angleterre 68, 936 Henri vin, roi d'Angleterre 114, 1031 Hobbes, Thomas 49 Holbach, Paul-Henri Dietrich, baron d' 59, 1383 Home, John 90, 180, 1077 Huber, Ludwig Ferdinand 36, 45, 916 Hume, David 33, 136, 980, 1049, 1083, 1092, 1415
Mably, Gabriel Bonnot de 241, 1284 Mahomet 67, 253, 357, 1007, 1022, 1298, 1392 Mainwaring, Arthur 82, 942 Malesherbes, Chrétien Guillaume de Lamoignon de 1231 Mammon 1190 Marcellus, Marcus Claudius Marcellus 185, 1215 Marie Thérèse, impératrice d'Autriche 68, 936 Marius Caius 67, 290, 377, 1342, 1392 Marlborough, John Churchill, duc de 68, 936 Ménade 144, 1143, 1146 Miltiade 190, 1222 Milton, John 342, 1123 Mithridate vi Eupator, dit le Grand, roi du Pont 67, 1392 Moïse 252, 1296 Montesquieu, Charles-Louis de Secondât, baron de 129, 165, 329, 347, 1067, 1098, 1184, 1405 Mucius Scaevola 93, 970 Napoléon : voir Bonaparte Nassau La Lecq, Anne-Marie-Pauline-Andrienne de Chandieu, comtesse de 35-36 Necker, Jacques 1233 Newton, Isaac 80, 82, 218, 251, 942, 966, 1257, 1295
De la justice Nottingham, Charles Howard, comte de 1162 Omar : voir Umar Paine, Thomas 49-50, 64, 77, 101, 197, 268, 933, 1019, 1203, 1231, 1316, 1389, 1396 Paley, William 86, 204, 947, 1240 Périclès 190, 1222 Phocion 190, 1222 Pisistrate 190, 1222 Platon 1124 Plutarque 161, 1176 Procruste 116, 317, 1035, 1369 Price, Richard 925 Priestely, Joseph 925 Ptolémée 251, 1295 Publicóla, Publius Valerius 185, 1215 Raleigh, sir Walter 297, 1350 Ravaillac, François 109, 358, 997, 1008 Raynal, Guillaume, abbé 1012 Régulus, Marcus Atilius Regulus 185, 1199, 1215 Rewbell, Jean-François 40 Robespierre, Maximilien de 191, 923, 1223 Roederer, Pierre-Louis 51 Romulus 310, 1363 Rousseau, Jean-Jacques 59,64, 77, 123, 125, 196-198, 202, 329, 347, 920, 933, 1051-1052,1061,1098,1180,1230-1231, 1233, 1237, 1383, 1389, 1405 Saint John : voir Bolingbrocke Salaville, Jean-Baptiste 1418, 1426, 1434 Salomon 257, 1302 Sémiramis 66, 1392 Servet, Michel 341, 1122, 1127 Sésostris 66, 1392 Shakespeare, William 1156 Sibthorpe, Robert 82, 942 Smith, Adam 33 Socrate 1125 Solon 135, 1082 Staël-Holstein, Anne-Louise-Germaine Necker, baronne de 33, 35, 44, 51 Stafford, lord Roger 325, 1091 Sterne, Lauwrence 1068 Swift, Jonathan 59, 68, 241, 936-937, 1000, 1284, 1383 Sieyès, Emmanuel-Joseph de 35, 40, 51 Sydney, Algernoon 64, 77, 329, 933, 1098, 1389 Sylla, Lucius Cornelius Sulla 67, 377, 1392
1453
politique Tamerlan 67, 1392 Tertullien 1125 Thomas d'Aquin 275, 1324 Hirgot, Anne-Robert-Jacques, L'Aulne 925, 1077
baron
de
Umar I er 184, 1213 Valois duc de : voir Louis-Philippe l " Voltaire, François-Marie Arouet, dit 347, 1126, 1349, 1405
296,
Xerxès I e r , roi de Perse 67, 286, 1336, 1392 York, ducs de 68, 179, 1205, 1393 Zoroastre 253, 1298