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French Pages 112 Year 2019
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E t u d e sur les emprunts syriaques dans les parlers arabes du Liban
Syriac Studies Library
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Series Editors
The Syriac Studies Library brings back to active circulation major reference works in the field of Syriac studies, including dictionaries, grammars, text editions, manuscript catalogues, and monographs. The books were reproduced from originals at The Catholic University of America, one of the largest collections of Eastern Christianity in North America. The project is a collaboration between CUA, Beth Mardutho: The Syriac Institute, and Brigham Young University.
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Etude sur les emprunts syriaques dans les parlers arabes du Liban
Michel Feghali
l 2011
gorgias press
Gorgias Press LLC, 954 River Road, Piscataway, NJ, 08854, USA www.gorgiaspress.com Copyright© 2011 by Gorgias Press LLC Originally published in 1918 All rights reserved under International and Pan-American Copyright Conventions. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system or transmitted in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, scanning or otherwise without the prior written permission of Gorgias Press LLC. 2011
1 ISBN 978-1-61719-203-6
Digitized by Brigham Young University. Printed in the United States of America.
Series Foreword
This series provides reference works in Syriac studies from original books digitized at the ICOR library of The Catholic University of America under the supervision of Monica Blanchard, ICOR's librarian. The project was carried out by Beth Mardutho: The Syriac Institute and Brigham Young University. About 675 books were digitized, most of which will appear in this series. Our aim is to present the volumes as they have been digitized, preserving images of the covers, front matter, and back matter (if any). Marks by patrons, which may shed some light on the history of the library and its users, have been retained. In some cases, even inserts have been digitized and appear here in the location where they were found. The books digitized by Brigham Young University are in color, even when the original text is not. These have been produced here in grayscale for economic reasons. The grayscale images retain original colors in the form of gray shades. The books digitized by Beth Mardutho and black on white. We are grateful to the head librarian at CUA, Adele R. Chwalek, who was kind enough to permit this project. "We are custodians, not owners of this collection," she generously said at a small gathering that celebrated the completion of the project. We are also grateful to Sidney Griffith who supported the project.
\VA\T-PROPOS.
On a, généralement, peu tenu compte, dans l'étude des parlers arabes modernes, des langues qui les ont précédés et qu'ils ont postérieurement supplantées. Des recherches dans ce sens ne sont pas dépourvues d'intérêt, surtout quand les deux idiomes, l'actuel et celui qu'il a supplanté, appartiennent à la même famille linguistique, comme c'est le cas pour le syriaque et l'arabe du Liban. L'étude de ces influences, en apparence vagues, ne laisse pas de donner des résultats réels et précis, que nous nous sommes efforcé d'enregistrer dans le présent travail. M. T. F.
PRÉFACE. En étudiant la phonétique et la morphologie du parler arabe d'un point précis du territoire libanais, Klâr 'abîda, on s'est trouvé en présence d'un grand nombre de vocables inconnus de l'arabe classique ainsi que des autres parlers arabes m o dernes, et qui ne semblaient pouvoir s'expliquer qu'en admettant des emprunts (par survivance) à l'ancienne langue du pays, le syriaque. Quelques-uns de ces emprunts (ou survivances), dont on avait, jusqu'à présent, à peine soupçonné l'existence, ont déjà été signalés comme tels dans une étude consacrée à ce parler. Revenant sur ces emprunts (survivances) faits à la langue syriaque, je me propose dans le présent travail d'en étudier les exemples pour eux-mêmes et en les soumettant à une critique méthodique. Cette étude complétera la précédente et fournira en même temps des matériaux pour les dialectologues qui à l'avenir voudront étudier les dialectes arabes libanais et syriens. Ainsi avertis, ils éviteront de regrettables erreurs lexicographiques et nous donneront des travaux plus exacts, si ce n'est plus complets. Si parfois certains auteurs se sont aperçus de l'origine syriaque de quelques mots arabes, ils ont proposé leurs conjectures d'une façon si timide, qu'à les lire on est porté à croire à la non-existence de ces survivances. Par contre, il y a quelques années, un religieux libanais ( 1 ) a réuni dans deux petites brochures un certain nombre de mots d'origine syriaque usités dans les parlers syriens; mais, comme il s'est contenté de mentionner simplement, sans les discuter, ces emprunts syriaques (dont plusieurs, comme il l'a fait remarquer lui-même, peuvent revendiquer une origine arabe aussi bien qu'une origine syriaque), il est à craindre que cet intéressant travail ne satisfasse pas de tout point les linguistes européens et qu'il ne prête le flanc à de nombreuses et justes critiques. (l) Etymulogie arabo-syriaque, mots et locutions syriaques dans l'idiome vulgaire •du Liban et de la Syrie ( 1 9 0 a et 190^1), par le P. J. HOBEÏKA.
XII
EUPRUlNTS
SYRIAQUES
DANS LES
PARLERS
ARABES
DU
LIBAN.
Aussi, pour se mettre à l'abri de tout reproche sérieux, s'est-on borné ici à enregistrer les exemples q u i , soit par un critérium phonétique décisif, soit pour des raisons philologiques et historiques, peuvent être reconnus pour être de véritables emprunts (ou survivances) syriaques. En conséquence, on a laissé de côté tous les mots qui prêtent à une double interprétation ou qui du moins ne se classent, ni d'eux-mêmes ni à cause d'une circonstance extérieure, dans la catégorie des mots pris au syriaque, toute origine arabe étant exclue. En outre, à de rares exceptions près, on n'a voulu donner que des exemples empruntés à la vie propre du parler de Kiar'abîda et des environs (tous ceux du moins dont on s'est souvenu et dont on a pu contrôler personnellement l'emploi vivant et la réelle existence), laissant pour le moment de côté les nombreux e m prunts (ou survivances) qui sont particuliers à quelques villages du Liban septentrional. Comme je l'ai fait pour le travail sur le parler arabe de Kfâr'abîda, j'ai largement profité des sûrs et éclairés conseils de mon maître et ami, M. Albert Cunv, à qui je renouvelle ici tous mes remerciements. Ce travail est divisé en deux parties de longueur et d'importance inégales : dans la première, on a donné rapidement quelques notions historiques et géographiques sur le Liban et sur les diverses langues (notamment le syriaque) qu'on y a parlées au cours des siècles. Dans la seconde, on a abordé l'étude des emprunts syriaques eux-mêmes aux points de vue phonétique, morphologique et syntaxique.
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FRAENKEL.
MDCCCCI.
SYSTÈME DE TRANSCRIPTION EMPLOYE DANS CE TRAVAIL.
On a adopté à peu de chose près le système de transcription employé dans l'étude du même auteur sur Le parler arabe de Kfâr
*abîda.
CONSONNES. >
p
i
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u* w» t 3
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S CD
articulation forte (et sourde) du larynx. arrière-vélaire (sourde) k français. spirante vélaire (sourde). k syriaque spirantisé. spirante vélaire (sonore). g syriaque spirantisé. s français. z français. s emphatique. sifflante emphatique (sonore). j français (chuintante sonore).
s
â
h (prononcé à peu près comme en allemand).
ch français.
u*
o
attaque vocalique forte.
articulation forte (mais sonore) du larynx. dO
T
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t
«
t
X y
1
g syriaque non spirantisé. J) arabe et t syriaque spirantisé (tk ang. sourd).
1
th anglais sonore. ? L
d syriaque spirantisé. t français.
W Comme il s'agit ici non seulement du parler de Kfâr 'abîda, mais de l'ensemble des parlers de la région, et qu'en général dans ces parlers la prononciation du q comme telle s'est conservée, on n'a pas employé la transcription '¡q. 11 suffit d'interpréter q par '¡q quand il s'agit d'un mot proprement usité à Kfâr 'abîda.
XVI
EMPRUNTS S Y R I A Q U E S DANS L E S PARLEItS ARABES DU
d à } t ]a ^ d (jb h (_> o /3 sô
d t d b b
j o Ç> & I J >• ^ * m ^ jo " y^J y
/ français. p syriaque spirantisé. l français. r français. m français. " français.
LIBAN.
français. emphatique. emphatique. français. syriaque spirantisé.
w
^ y
o semi-voyelie labiale commençant ia syllabe.
//
^
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semi-voyelle palatale commençant la syllabe.
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Y
o
semi-voyclle labiale finissant la syllabe.
i
¿
^
semi-voyelle palatale finissant la syllabe. VOYELLES.
a (I à e è i e o o o à 0 u u û, â, a, â, e
â â § é
a français. è français ouvert (toujours long). o français ouvert (toujours long). è français ouvert (toujours bref). é français fermé à la finale (bref). i français. e français très fermé en syllabe fermée. o français fermé. o français ouvert. entre e muet et o ferme'. entre e muet et o ouvert. entre o et ¿'devant une labiale. ou français. à peu près û allemand (beaucoup moins labialisé que u français). voyelles longues non accentuées. voyelles longues accentuées. vovelles brèves non accentuées. voyelles brèves accentuées. voyelle ultra-brève ne formant pas syllabe.
ÉTUDE SUR
LES EMPRUNTS
SYRIAQUES
DANS LES
PARLERS
ARABES
DU
LIBAN.
INTRODUCTION.
I. NOTIONS GÉOGRAPHIQUES ET HISTORIQUES.
T e l q u ' i l a été d é f i n i p a r l'accord i n t e r n a t i o n a l d u 9 j u i n 1 8 6 1 , le L i b a n c o m p r e n d le versant o c c i d e n t a l d e la c h a î n e d e m o n t a g n e s q u i porte le m ê m e n o m , e n t r e T r i p o l i a u n o r d e t S a ï d a a u s u d 1 ' ) . C'est u n petit t e r r i t o i r e d e 1 0 0 k i l o m è t r e s d e long sur 3o de large, d o n n a n t par conséquent u n e superficie d e 3 , o o o k i l o m è t r e s c a r r é s , où vit u n e p o p u l a t i o n d ' e n v i r o n 4 5 o , o o o âmes. S u i v a n t les d i f f é r e n t e s a l t i t u d e s , la m o n t a g n e se t r o u v e n a t u r e l l e m e n t divisée e n [rois r é g i o n s : le Sâhil (ou l i t t o r a l ) , où se t r o u v e n t les a n t i q u e s cités p h é n i c i e n n e s , J é b a ï l ( B y b l o s ) , Bat r o u n ( B o t r y s < 2 ) ) , e t c . ; le Jord, ou région m o n t a g n e u s e , p e u h a b i t é e , si ce n'est l ' é t é ; et le Wustîj, ou région m o y e n n e , la p l u s p e u p l é e . A un a u t r e p o i n t de v u e , ces r é g i o n s s o n t c o n s t i t u é e s p a r d i f f é r e n t s m a s s i f s , q u i , p a r l e u r i s o l e m e n t , o n t favorisé la vie i n d é p e n d a n t e des p o p u l a t i o n s qui s'y sont r é f u g i é e s . « L e L i b a n , d i t B e n a n , est v r a i m e n t le t o m b e a u d ' u n vieux m o n d e à p a r t , q u i a d i s p a r u c o r p s et b i e n s . U n e totale s u b s t i t u tion de r a c e s , d e l a n g u e s et d e r e l i g i o n s a e u l i e u : M a r o n i t e s ,
(,)
Le Liban ainsi délimité laisse en dehors de sa frontière une bonne partie du Liban physique et historique qui s'étend de Nahr-el-Kébir au nord à Nahrel-Qasmïyé au sud, englobant ainsi les deux villes de Tripoli et de Saïda. Du coté de l'est, il comprend les plaines de la Bek'a et de Ba'aibek qui en sont comme la dépendance naturelle. Botrys est la forme grécisée du nom Bozruna, Bozrun, que les tablettes d'Ei-Amarna ont fait connaître. Le nom moderne Batroun a conservé la finale que le grec avait supprimée par un phénomène d'étymologie populaire ( JSCITPUS), cf. M A S P E R O , Hisloire ancienne de l'Orient, t. II, p. 1 7 9 .
1
EMPRUNTS
SYRIAQUES
DANS
IJÎS
PADT.GItS
ARABES
DU
T.IRAN.
Grecs, Métoualis, Druses, Musulmans et Turcomans y sont de fraîche date O . » En effet, les différents peuples libanais qui forment aujourd'hui autant de nationalités religieuses autonomes ne sont guère antérieurs à la conquête arabe. C'est donc à partir du vn e siècle de notre ère que l'histoire politique et religieuse du Liban nous intéresse. L a période phénicienne a pris fin vers le vie siècle avant notre ère; à cette époque, le Liban maritime était un p a j s des plus civilisés et des plus prospères; il posse'dait, malgré le peu d'étendue de sou territoire, tout comme un grand État d'alors, des villes nombreuses et florissantes, un grand développement i n tellectuel et commercial, une puissance maritime sans rivale, d'immenses colonies, enfin d'innombrables et riches comptoirs e'chelonnés partout sur le rivage me'diterranéen. Celle prospérité économique de la Phe'nicie (Liban maritime) survécut aux Phéniciens et dura même jusqu'au moyen âge. Du côté de l'est, le Liban était toutefois moins riche et abritait des tribus guerrières qui vivaient du pillage et que les Égyptiens appelaient tantôt lamnana (Libanais), tantôt èapusu comme les Bédouins !~> du de'sert. C'étaient de petits États qui avaient chacun son chef et se rattachaient parfois à ce royaume de Damas que l'Écriture ap-pelle souvent le roi dp Syrie Plus tard, le territoire libanais fut successivement conquis et occupé par les Perses, les Grecs et les Romains et subit à peu près le même sort que la Syrie. A l'e'poque byzantine, les Libanais jouissaient d'un régime municipal particulier et posse'daient une certaine organisation locale qui devait être plus tard le noyau d'une unité politique plus large. Cette unité libanaise fut re'alise'e à partir du vn e siècle e t , malgré bien des vicissitudes et des malheurs, elle put se m a i n tenir jusqu'à nos j o u r s , grâce à la formation inattendue d'un groupement religieux connu sous le nom de Maronites. Ces derniers ont été ainsi dénommés d'après un saint moine connu sous le nom de Maroun. H vivait au début du ve siècle à quelques lieues du Liban au nord, dans les environs de la ville d'Apamée. Après sa mort, survenue vers 4a 2 , son corps fut déposé dans l'église d'un village voisin, où s'éleva plus tard le célèbre monastère de Mar-Maroun (Sainl-Maron). Les religieux qui avaient connu l'anachorète et qui s'étaient formés aux pratiques religieuses sous sa conduite, devinrent les chefs naturels des chrétiens de ces régions et les ze'le's champions de l'orthodoxie W Mission de Phénicie, p. 217. « C f . M a s p k b o , op. cit., t . I I , p . et... d a n s
le
c n p u t
texte
S ^ r i a o
original
:
Dainaseiis
1 8 8 - 1 8 9 . cL
c a p u t
D a m a s c i
R a s i n »
( I s a ï e ,
v l i ,
8 ) ;
kl rô's 'Avant Dammeieq w'-rô'ë Dammeieq R'sîa. . .
3
INTRODUCTION.
chrétienne. Ils curent surtout à lutter contre les partisans des he'résies nestorienne et monophysite (eutychienne) et subirent plus d'une lois de violentes persécutions. Au début du vu 0 siècle, le nombre des disciples de Marouîi était déjà grand : on en rencontrait non seulement dans la ville d'Apamée, mais aussi dans les villes avoisinantes, à Alep, à Emèse; car, de bonne h e u r e , les moines du couvent de MarMaroun s'y étaient répandus pour prêcher et défendre contre les hérétiques l'enseignement du concile de Chalcédoine (&5i) condamnant les Monophysites. Plusieurs Maronites, voulant se mettre à l'abri des invasions des Sassanides et des guerres civiles qui désolaient alors leur pays, se retirèrent dans les hautes vallées du L i b a n , où probablement vivaient déjà un certain nombre de leurs moines; mais c'est surtout à l'approche des Arabes et pour échapper à des vexations d'un autre genre de la part des Chrétiens jacobites et m e l k i l e s , q u e les Maronites é m i grèrent en foule el vinrent s'établir dans la chaîne septentrionale du Liban. l i s s e fondirent avec les indigènes araméens qui peuplaient cette région montagneuse et formèrent avec eux une seule communauté chrétienne qui se trouva capable de résister aux attaques de l'envahisseur et de défendre sa foi et son indépendance. Le nombre des chrétiens libanais fut bientôt accru par l'affluence des chrétiens de la côte phénicienne et des régions environnantes q u i , préférant la lutte à l'apostasie ou à la soumission, avaient opposé aux Arabes une vive résistance, jusqu'au moment où, vaincus dans la plaine, ils furent obligés de se réfugier dans la montagne, forteresse naturelle du pays. Pour être à même de lutter efficacement contre les troupes musulmanes, les Libanais fortifièrent les endroits les plus faibles de leur pays, se soumirent à une certaine organisation féodale et à une discipline nationale, sous la conduite du clergé et des grands propriétaires. Enfermés dans leurs vallées comme dans une prison et ne pouvant plus communiquer avec Constantinople — toutes les villes de la côte étaient occupées et peuplées par des colonies persanes et arabes — les Maronites vécurent de leur vie propre et n'eurent plus de relations suivies avec l'Eglise romaine et le monde chrétien. Ils se laissaient gouverner par leurs prêtres et leurs évêques et parvinrent ainsi à une certaine unité politique et religieuse (choses qui ne se séparent guère en Orient), unité qui devait d u r e r jusqu'à nos jours. Les Maronites eurent de très bonne heure un chef religieux, connu sous le nom de patriarche W, qui habitait au milieu d'eux, à Q a n n o u b î n ,
'-') Sur le patriarcat maronite d'Antioche, cf. Msr chrétien, t. VIII [1903], p. i3a et suiv.
Chebli,
Revue de l'Orient
à
inU'liliVl'S
SÏJUAQLKS DANS LiîS PAKLEUS AKAilISS DU
LÎBAÀ.
d a n s un couvent célèbre, b â t i , c r o i t - o n , p a r Théodose le G r a n d . Ainsi organisés en nation et fortifiés d a n s leurs m o n t a g n e s diffic i l e m e n t accessibles, ils p u r e n t p e n d a n t l o n g t e m p s tenir tète aux M u s u l m a n s , m a î t r e s de toute la S y r i e , et r e n d r e parfois de réels services à l ' E m p i r e b y z a n t i n en p e r p é t u a n t un loyer de révolte au cœur m ê m e du r o y a u m e a r a b e . Du reste, a p r è s avoir c o n q u i s et pacifié la S y r i e , le Khalife M o u ' a w i y a h n ' a t t a q u a pas à f o n d les h a b i t a n t s d u L i b a n , soit qu'il craignit de r e n c o n t r e r des difficultés trop g r a n d e s d a n s cette e n t r e p r i s e , soit qu'il songeât à a m e n e r à lui par la d o u c e u r ce noyau d e dissidents qui se r e t r a n c h a i e n t derrière leurs r e m p a r t s de r o c h e r s , soit enfin qu'il voulût conserver un «foyer de guerre-» p r o p r e à e n t r e t e n i r le courage et l'activité de ses troupes. Les Maronites p u r e n t donc conserver vis-à-vis des Khalifes l e u r a u t o n o m i e et en f u r e n t quittes p o u r payer un certain t r i b u t collectif sous les O m a ï yades. Les m o n t a g n e s du Liban étaient s u r t o u t habitées p a r des chrétiens indigènes ou r é f u g i é s , m a i s elles n e tardèrent p a s , sous les Abbassides, à être le rendez-vous d ' a u t r e s p o p u l a t i o n s q u i , elles, é t a i e n t m u s u l m a n e s . P o u r protéger plus efficacement la côle p h é n i c i e n n e et p o u r m a i n t e n i r d a n s son obédience ces m o n t a g n a r d s t u r b u l e n t s , le second Khalife abbasside ( E l - M a n s o u r ) établit d a n s le L i b a n central et m é r i d i o n a l , aux environs de Beyrouth et de S a ï d a , u n e t r i b u m u s u l m a n e bien c o n n u e sous le n o m de T a n o u k h . D ' a u t r e s t r i b u s ou sectes religieuses, p e r s é cutées p o u r leurs doctrines h é t é r o d o x e s , v i n r e n t é g a l e m e n t chercher u n r e f u g e d a n s les m o n t a g n e s d u L i b a n . Ce f u r e n t d ' a b o r d les JNossaïris qui s ' é t a b l i i e n t au nord du L i b a n , à côté du p e u p l e m a r o n i t e avec lequel ils f u r e n t souvent en lutte s a n g l a n t e . Une a u t r e secte, née en E g y p t e , vint aussi se fixer au xi e siècle d a n s le Liban m é r i d i o n a l ; les p a r t i s a n s de cette secte, les D r u s e s , f u r e n t p e n d a n t plusieurs siècles les alliés des M a r o n i t e s , et c o m m e eux ils l u t t è r e n t .sans cesse p o u r l ' a u t o n o m i e l i b a naise. Sous les S e l d j o u k i d e s , q u i r e p o u s s è r e n t a u xi c siècle les F a t i m i t e s j u s q u ' a u fond de l'Egypte et s ' e m p a r è r e n t de t o u t e la S y r i e , les Maronites, toujours c a n t o n n é s d a n s les régions libanaises d u n o r d , berceau et centre p r i n c i p a l de leur n a t i o n a l i t é , p a r v i n r e n t à g a r d e r intactes leurs terres et leur a u t o n o m i e . Ils firent s e u l e m e n t subir q u e l q u e s modifications à l e u r organisation p o l i t i q u e e t , à l'exemple des Turcs S e l d j o u k i d e s , ils m i r e n t à l e u r tête des chefs militaires ( é m i r s ) q u i avaient p o u r mission de g o u v e r n e r le pays et de pourvoir à sa défense contre l'invasion é t r a n gère. Lors de la p r e m i è r e c r o i s a d e , t a n d i s q u e les Jacobites et les Syriens en g é n é r a l se m o n t r è r e n t hostiles aux L a t i n s , les Maro-
INTRODUCTION.
5
nites se firent, volontiers leurs alliés. Us d e s c e n d i r e n t en foule de leurs districts de J é b a ï l , de Batroun et de T r i p o l i , se p o r tèrent avec joie au-devant des croisés e t , d'après G u i l l a u m e de T y r , leur servirent à la l'ois de g u i d e s et d'éclaireurs sur la côte l i b a n a i s e : pour se d i r i g e r vers J é r u s a l e m , les croisés é t a i e n t oblige's de suivre de r u d e s et étroits sentiers où une p o i g n é e d ' e n n e m i s eut pu arrêter l'armée Lout entière d a n s les défilés. Après la prise de Jérusalem ( 1 0 9 9 ) et l ' é t a b l i s s e m e n t de la d o m i n a t i o n latine en S y r i e , le L i b a n , rattaché n o m i n a l e m e n t au comté d e ï r i ; o l i , g a r d a loujours ses institutions a u t o n o m e s et occupa dans le royaume de Jérusalem une situation privilégiée. L e s émirs et le p a t r i a r c h e maronites c o n t i n u è r e n t en effet à g o u v e r n e r la Montagne et à symboliser l'unité n a t i o n a l e des Maronites. P o u r m i e u x se d é f e n d r e contre les M u s u l m a n s , les M a r o n i t e s , jusqu'à l'arrivée des c r o i s é s , avaient t o u j o u r s vécu isolés dans la région m o n t a g n e u s e du L i b a n s e p t e n t r i o n a l ; m a i s , p e n d a n t la durée du r o y a u m e de J é r u s a l e m , quelques-uns d'entre eux e'migrèrent dans le L i b a n central et m é r i d i o n a l , et s'établirent au m i l i e u des Druses et des M u s u l m a n s d o n t ils adoptèrent sans doute de bonne heure la l a n g u e . Au m o m e n t de la conquête de la S y r i e ( i 5 i 6 ) p a r S é l i m I e r , les émirs du Liban s'empressèrent de faire l e u r soumission au nouveau c o n q u é r a n t et sauvèrent une fois de p l u s l'autonomie de leur pays m o y e n n a n t un certain tribut qu'ils devaient p a y e r au pacha turc de T r i p o l i de q u i relevait alors le L i b a n septentrional. Mais la t r a n q u i l l i t é de la M o n t a g n e fut s é r i e u s e m e n t troublée vers la fin du xvi p siècle. U n convoi de janissaires portant à Constantinople l'argent d u t r i b u t fut attaqué p a r q u e l q u e s pillards au nord du L i b a n . P o u r châtier les c o u p a b l e s , le g o u v e r n e m e n t ottoman fit massacrer plusieurs é m i r s druses et occuper p a r les troupes turques tout le L i b a n . Cette grave atteinte à leur autonomie h u m i l i a fort tous les L i b a n a i s et l e u r fit sentir le besoin d'union. D ' u n c o m m u n a c c o r d , ils choisirent c o m m e chef u n i q u e de toute la M o n t a g n e F a k h r e d - D i n , de la f a m i l l e m u s u l mane Ma c an q u i vers le xiv° siècle s'était établie d a n s le L i b a n méridional et avait adopté la religion druse. trÉchappé au massacre g é n é r a l , le j e u n e é m i r F a k h r e d - D i n Ma c an II avait été élevé p a r la famille m a r o n i t e K h a z e n . C'est cetle c i r c o n s t a n c e , secondée p a r les o p i n i o n s libérales du p r i n c e , qui lit q u e les Maronites se r a l l i è r e n t à l u i , et entraînèrent tout le L i b a n à leur suite. tfAinsi u n i e , la M o n t a g n e s'empara de toute la S y r i e j u s q u ' a u delà d ' A l e p , et son p r i n c e F a k h r e d - D î n , qui fut l'allié et l'ami des Médicis de F l o r e n c e , p u t s'intituler Sultan ul-Barr, m a î t r e du continent.
6
EMPRUNTS
SYRIAQUES
DANS
LES
l'AULERS
ARARES
DU
LIBAN.
«•Une révolte des seigneurs féodaux, survenue en m ê m e temps q u ' u n e expédition t u r q u e , renversa le g r a n d F a k h r e d - D î n , q u i alla m o u r i r étranglé à Constantinople, en 1G35 ^1 '. Après la mort de ce p r i n c e , le Liban ne perdit néanmoins pas son unité' politique et sa situation privile'gie'e. Toutefois, il y eut à cette époque une émigration assez importante des Maronites vers les régions centrales et méridionales; cette émigration f u t provoquée par les attaques réitérées des Métoualis que favorisaient tout particulièrement les Ottomans et dont ces derniers se servaient contre les Maronites. La chose fut fatale à ce qui s u b sistait jusqu'alors de la vie intime et nationale qui avait distingue' pendant environ dix siècles la nation m a r o n i t e des autres p o p u lations syriennes. Désormais, n'étant plus isolés dans leurs districts m o n t a g n e u x , ils ne tardèrent pas à s'adapter au milieu et à en adopter l'idiome national comme langue usuelle. Plus t a r d , Méhémet-Aii envahit la Syrie, et le prince de la Montagne, Béchir C h é h a b , se mit de son côté. Quand les alliés d'alors, l'Angleterre, la Russie, l'Autriche et la Prusse, se coalisèrent pour chasser de sa conquête I b r a h i m , fds du pacha d'Egvpte, le prince du Liban f u t détrôné et remplacé par un autre dont le caractère faible ne p u t maîtriser les nationalités libanaises. La guerre civile commença. Pour y mettre fin, on divisa la Montagne en deux p a r t i e s , maronite et druse. Cette mesure n'apporta qu'une tranquillité relative qui f u t bientôt suivie d'une guerre civile terrible. Les intrigues turques s'y mêlèrent et le monde assista alors aux horreurs de 1 8 6 0 . Une intervention armée eut lieu sur l'initiative de la France. Un corps de d é b a r q u e m e n t envoyé p a r Napoléon I I I ramena l ' o r d r e , et bientôt une conférence internationale élabora le règlement de 1 8 0 i , qui reste' 2 ) encore en vigueur. Ce r è g l e m e n t , bien qu'imp a r f a i t , malgré les amputations qu'il fit subir au L i b a n , lui procura n é a n m o i n s une période de calme q u i lui p e r m i t de se refaire. En résumé : i° c'est au milieu de guerres et de persécutions à peu près continuelles que le peuple maronite est né et a vécu en tant que nation; 2° le centre principal de son habitat a toujours été les chaînes septentrionales du L i b a n ; 3° de l'avis des auteurs indigènes, sauf quelques émigrations individuelles, les premières colonies maronites importantes sont arrivées dans le centre et dans les régions méridionales au cours du x e siècle. W Cf. K. T. Khaïraliah , La Question du Liban, p. 1 7 - 1 8 . Le présent travail éiait achevé avant ta déclaration de guerre de la Turquie à la France et à ses alliés.
?
INTRODUCTION.
II.
L E LIBAN
AU P O I N T DE V U E
LINGUISTIQUE.
Avant la conquête de la Syrie par Alexandre le G r a n d , la grande majorité de la population syrienne parlait une langue sémitique. La langue usilée le long de la côte libanaise était alors le phénicien q u i , ainsi que l'hébreu dont il est très proche p a r e n t , n'était qu'une variété du cananéen. Ailleurs, l'idiome usuel était l'araméen q u i , un siècle avant notre ère, était même installé en Assyrie et en Chaldée et avait supplanté le phénicien sur la côte. Les Aramcens (ou A r i m i ) , nomades qui erraient encore au xiv° siècle avant notre ère dans le désert à l'ouest de la Mésopot a m i e , avaient envahi la Syrie par le nord et s'y étaient installés en se mêlant ainsi à des populations non sémitiques. Tout en adoptant leur civilisation, ils avaient réussi à leur imposer leur propre langue. Sous la domination perse, l'araniéen était devenu la langue commune de toute l'Asie antérieure. Il avait donné naissance à un certain nombre de dialectes dont le plus important fut le syriaque qui nous intéresse ici tout particulièrement. III.
LE
SYRIAQUE.
Le syriaque est à proprement parler la l a n g u e religieuse des chrétiens syriens. Les populations qui habitaient la Mésopotamie, la B a b y l o n i e , les provinces orientales de l ' A s i e , telles que l'Adiabène, la G a r a m é e , la S u s i a n e , étaient en majorité des Ara~ méens q u i , après leur évangélisation, s'empressèrent d'adopter le nom de Syriens qui leur avait été donné par les Grecs. Leur ancien nom réveillait pour eux, comme pour les Juifs monothéistes, des souvenirs trop païens t1). Leur langue n a t i o n a l e , l'araméen, prend à partir de ce moment le nom de syriaque et résiste durant de longs siècles au g r e c , qui pourtant eut à une certaine époque une grande influence dans toutes ces r é g i o n s , et à l'arabe, dont l'action f u t , à partir du vu 8 siècle, si rapide et si puissante dans toute la Syrie. E d e s s e , l'une des plus grandes villes de la Mésopotamie septentrionale, était dès les premiers siècles de notre ère un véritable » centre n pour la littérature et la langue syriaques. C'est là que fut faite au 11e siècle la version syriaque de la Bible, appelée p'sïttâ, qui acquit dans toutes les communautés chrétiennes de l'Orient une très grande autorité et qui est le plus célèbre et le plus ancien m o n u m e n t que nous possédions du syriaque. Edesse eut comme rivale, vers le milieu du v e s i è c l e , sa v o i s i n e , (1)
Cf. Rubens
DUVAL,
Grammaire syriaque, Introduction, iv.
8
EMPRUNTS
Nisibe.
Celte
SlItIVQtKâ
ville,
DA.NS
patrie
l.ES
du
l'Alll.KHS
grand
ARABES
écrivain
DC
LIBAN.
oriental,
E p l i r e m , fut é g a l e m e n t et p e n d a n t assez l o n g t e m p s
un
saint cenlre
i m p o r t a n t p o u r les é l u d e s s y r i a q u e s . Dès le iv1' s i è c l e , le s y r i a q u e nous apparaît
donc n o n
seulement
comme une
langue
parlée
b i e n d i s t i n c t e , m a i s aussi c o m m e u n e l a n g u e écrite q u i sait u n e r i c h e l i t t é r a t u r e frontières
produi-
et é t e n d a i t son i n f l u e n c e au delà
de la M é s o p o t a m i e et de la S y r i e
des
proprement
dite.
C'est l'âge d'or qui d u r a j u s q u ' a u vin® siècle. I n t e r m é d i a i r e vin 6
au
ix e
du
siècle e n t r e la s c i e n c e g r e c q u e et la science a r a b e , le
s y r i a q u e p e r d i t p a r l ' u s a g e qu'on en fit d a n s les t r a d u c t i o n s sa p u r e t é et sa p e r s o n n a l i t é p r o p r e . E n e f f e t , à p a r t i r du ix e s i è c l e , îe s y r i a q u e c o m m e n c e à laisser s'effacer c e r t a i n s Iraits p r o p r e s a u x l a n g u e s s é m i t i q u e s et se c h a r g e de p l u s e n p l u s de m o t s g r e c s ; la s y n t a x e e l l e - m ê m e d e v i e n t u n c a l q u e de la syntaxe Mais c'est s u r t o u t au x e siècle q u e la d é c a d e n c e alors q u e la c u l t u r e a r a b e est à son
apogée
esl
grecque. profonde,
dans tout le
pays.
L e s S y r i e n s a l o r s , a p r è s avoir été p e n d a n t l o n g t e m p s les m a î t r e s et les i n i t i a t e u r s des A r a b e s , d e v i e n n e n t à l e u r tour les d i s c i p l e s de ces d e r n i e r s dont ils f r é q u e n t e n t les écoles et r e ç o i v e n t l ' e n seignement'.
L a d é c a d e n c e allait g r a n d i s s a n t et e n t r a î n a peu
à
p e u la p e r t e du s y r i a q u e n o n s e u l e m e n t c o m m e l a n g u e l i t t é r a i r e , mais encore
comme
idiome
v u l g a i r e . Au xm f ' siècle
toutefois,
parut un h o m m e supérieur, (Grégoire) Bar-Hebraeus, q u i , par sa s c i e n c e p r o f o n d e , sut r e n d r e à la l i t t é r a t u r e s y r i a q u e sante
un
éclat q u i r a p p e l a i t ses
gloires
passées;
agoni-
malheureu-
s e m e n t cet éclat ne fut q u e m o m e n t a n é ; il ne d e v a i t p a s s u r v i v r e l o n g t e m p s à son a u t e u r .
IV.
L E S DIFFÉRENTS DIALECTES
SYRIAQUES.
tfLe s y r i a q u e , dit R e n a n , d e v e n u l ' i n s t r u m e n t de la
prédica-
tion c h r é t i e n n e , j o u a un rôle capital d a n s t o u t e l'Asie du m e ix'' siècle e n v i r o n de notre
ère. C o m m e
le g r e c
pour
au
l'Orient
h e l l é n i q u e et le l a t i n p o u r l ' O c c i d e n t , le s y r i a q u e a é t é , on p e u t le d i r e , la l a n g u e c h r é t i e n n e et e c c l é s i a s t i q u e d u h a u t O r i e n t i 1 ).^ Mais n ' é t a n t p a s a p p u y é s u r u n e u n i t é p o l i t i q u e , n i sur unité religieuse
perdue
de
très b o n n e
heure,
le
une
syriaque
se
s c i n d a dès le vi e siècle en d e u x d i a l e c l e s p r i n c i p a u x : le d i a l e c t e o r i e n t a l et le d i a l e c t e o c c i d e n t a l . Le p r e r p i e r , celui q u ' o n é c r i v a i t à N i s i b e , était g é n é r a l e m e n t p a r l é d a n s l'Asie m o y e n n e , l ' A d i a b è n e et dans u n e g r a n d e p a r t i e de la M é s o p o t a m i e ,
dans en un
mot d a n s tous les p a y s h a b i t é s p a r les C h r é t i e n s n e s t o r i e n s ; l e d i a l e c t e o c c i d e n t a l , au c o n t r a i r e , était e n u s a g e chez les C f . I Î k m n , Histoire
des
langues
sémitiques,
5" é d i t . , p .
391.
Chré-
9
IiYriiODtOTION.
tiens j a c o b i t e s , m e l k i t e s e t
maronites, qui
habitaient la
Syrie
p r o p r e m e n t d i t e , la P h é n i c i e , la P a l e s t i n e et l ' A r a b i e . D u r e s t e , les d i f f é r e n c e s q u e p r é s e n t a i e n t e n t r e
eux
les
deux
dialectes
é t a i e n t l é g è r e s a u p o i n t de vue de la m o r p h o l o g i e e t de la s y n t a x e ; elles c o n s i s t a i e n t
p r i n c i p a l e m e n t en d e s n u a n c e s
phoné-
t i q u e s et p a r suite o r t h o g r a p h i q u e s
V.
DISPARITION DU SYRIAQUE.
D e m ê m e q u ' i l est d i f f i c i l e de d é t e r m i n e r le m o m e n t de l ' a p p a r i t i o n d u s y r i a q u e d a n t e , de
comme langue sémitique
m ê m e il est m a l a i s é
de
dire
exactement
précis
indépenà
quelle
é p o q u e le s y r i a q u e d i s p a r u t c o m m e i d i o m e v u l g a i r e de la p l u s g r a n d e p a r t i e du p a y s où il était a u t r e f o i s p a r l é . D i s o n s d ' a b o r d q u e , a p r è s l ' a v è n e m e n t d e s S é l e u c i d e s , la S y r i e p r o p r e m e n t dite f u t p r o i n p t e m e n t h e l l é n i s é e : d e s villes g r e c q u e s se f o n d e n t , des v i l l e s s y r i e n n e s , telles q u e D a n i a s et
Beyrouth,
s u b i s s e n t p r o f o n d é m e n t l ' i n f l u e n c e h e l l é n i q u e , d e s c o l o n s et d e s m a r c h a n d s g r e c s a c c o u r e n t en foule et s'établissent d a n s le p a y s . L a civilisation h e l l é n i q u e subsista n a t u r e l l e m e n t s o u s la d o m i n a tion r o m a i n e et la d o m i n a t i o n b y z a n t i n e ,
époques durant
q u e l l e s la vie i n t e l l e c t u e l l e e u t p o u r c e n t r e
non
pas
les-
Constanti-
n o p l e , m a i s la S y r i e et la P a l e s t i n e . J u s q u ' a p r è s le v1' siècle d e notre è r e , la l a n g u e littéraire de la S y r i e fut le g r e c q u i , a u d i r e de B a r - H e b r a e u s ,
persista m ê m e j u s q u ' a u vin e s i è c l e ,
notam-
m e n t à D a m a s où le K h a l i f e W a l i d l ' i n t e r d i t p o u r la r é d a c t i o n d e s actes o f f i c i e l s et y substitua l ' a r a b e . Mais l ' h e l l é n i s a t i o n atteig n a i t s u r t o u t l'e'lite de la p o p u l a t i o n
s y r i e n n e et son i n f l u e n c e
sur la masse du p e u p l e é t a i t b i e n m o i n s f o r t e ; le g r e c ,
même
sous la d o m i n a t i o n des e m p e r e u r s b y z a n t i n s , n e d e v i n t j a m a i s la l a n g u e v u l g a i r e d u p a y s . O n a vu q u e la l a n g u e u s u e l l e d e s S y r i e n s était u n
i d i o m e f a i s a n t p a r t i e des d i a l e c t e s
araméens
o c c i d e n t a u x , qui é t a i e n t s e n s i b l e m e n t distincts des i d i o m e s p a r l é s d a n s la M é s o p o t a m i e et la B a b y l o n i e . C'est
vraisemblablement
d a n s cet i d i o m e p o p u l a i r e q u ' o n e x p l i q u a i t o r a l e m e n t a u x fidèles les
Saintes
Écritures;
monophysite,
les
m a i s a v a n t q u e se f û t . é l e v é e
cérémonies
religieuses
et les
l'hérésie
offices
divins
étaient célébrés e n g r e c ' 2 ) . Il est c e r t a i n en tout cas q u ' a u
vn e s i è c l e , l o r s q u e les A r a b e s
s ' e m p a r è r e n t de toute la S y r i e , le s y r i a q u e était l ' i d i o m e c o u r a n t
e> Cf. Abbé M A R T I N , Les deux principaux dialectes araméens (Journal 6e série, t. XIX, p. 307 et suîv.). Cf. R. D U V A L , Littérature syriaque, 2 édit., p. 5; D. J. P A B I S O T , asiatique, g* série, t. XI, p. ai 1. tique, 5
E
asiaJournal
1 0
EMPRUNTS
SYRIAQUES
DANS
LUS
PARLERS
ARABES
DU
LIBAN.
de l'ensemble de la population syrienne. A ia différence du grec, l'arabe, la dernière venue et la plus vivace des langues sémitiques, réussit à supplanter la langue syriaque. Cette substitution fut toutefois, de l'avis des anciens auteurs, l'œuvre lente de plusieurs siècles. Les Musulmans, loin de se montrer intolérants au début de leurs conquêtes, semblaient au contraire favoriser les croyances et les idiomes des populations vaincues. Ainsi, lors de la prise de Jérusalem (vers 63y), c Omar interdit aux habitants de cette ville de parler la même langue que les Musulmans et de se servir de la langue arabe dans les devises de leurs cachets ; plus tard (en 8 5 3 ) , Motawakkel fît la même défense en ordonnant aux Juifs et aux Chrétiens d'apprendre respectivement à leurs enfants l'hébreu et le syriaque el de ne pas se servir de l'arabe M. Mais en général, dès le vm e siècle, les conquérants arabgs cherchèrent ù étendre sur les populations syriennes, par une action plus elïicace, leur civilisation et leur propre langue qui avait déjà commencé à se généraliser en Syrie. Ce furent d'abord les villes qui perdirent complètement (aux Xe et xie siècles) l'usage de la langue syriaque, qui deux siècles plus tard disparu! également des campagnes de la Syrie )
— La survivance syriaque est au-dessus de
tout doute. 2. Le verbe dialectal (II e thème) cdsseb «il arracha (les mauvaises herbes)« est un dénominatif tiré du syriaque c esbâ «herba, gramen« |Aaav . — L'arabe classique possède le substantif correspondant, mais avec un s (régulier, puisque l'hébreu ici encore présente s : hébr. ccs'e/3 «herba viridis«) : c'est cusbu" «herbes vertes, pâturage« ¿ J L i . Pour le nom même de l'herbe en général, le dialecte a adopté la forme arabe Hisb (singulatif Sisbë)\ il possède cependant la forme élargie c essâibè qui désigne spécialement une herbe sauvage qu'on donne à manger aux animaux. 3. Le dialecte possède un verbefârres «il tourna, étala, étendit , développa vers (en parlant d'un mur par exemple)«, mot calqué sur le syriaque parres «exlendit« bien que l'arabe classique possède le correspondant phonétique exact fârrasa «expandit, extendit, stravit«
(cf. aussi hébr. paras «expandit«).
/(. Le dialectal saikûnn (ou saihîn) «branche sans feuilles, branche morte« est un diminutif (dissimilalion de -ait- en -aisous l'influence de - « - ) calqué sur le syriaque saukùnà de sauliâ «rainus» JLoaro. Le correspondant exact existe en arabe classique,
2 6
EMPRUNTS
SYRIAQUES
DANS
LES
PARLERS S , /
ARABES
DU
LIBAN.
mais avec « : ar. cl. sauku « épines » ¿JjJi, héb. soy^ « branche, buisson ». On sait que le diminutif en -iïnâ est courant en syriaque. n
5. Le dialectal hâseh « il émonda, coupa ras» et, par extension , «il frappa quelqu'un» est emprunté au syriaque Jfsah •• amputa vit, putavit vineam» O. En effet l'arabe classique possède s
s
bien kasaha dont un des sens est : «il écorça le bois», mais avec i = he'br. s (la tradition hébraïque a faibli pour ce mot et e'crit hâsah comme en syriaque). 6. Le dialectal s w â f i t •• hymnes, chants» est un pluriel fait sur le syriaque sùyyâOâ, pluriel de suyldâ (inusité au singulier à c Kfar abîda) «canticum, hymuus» verbe mggl «cecinit, cantibus laudavit»
ar. cl. mzâ «cantibus grate movit (ali-
quern)» l i é , hébr. sâyâ (usité seulement au th. hiphil «laudibus extulit, magnificavit»), 7.
y d m s
trpupugit»
"il piqua, se piqua avec une ortie», syr. gârsâ
gaires
«serpens, aspis» J ^ ^ , malgré ar. cl.
«il cassa, pila, moulut grossièrement» «fractus, comminutus est»).
zdrasa
i j Ç ^
(hébr.
garas
8. s f â r «bord (d'une chose et notamment d'une maison, ce qui dépasse dans une construction)», de syr. $ (pârâ «extremitas, e
9 9
ora, ripa, limes, margo»
et cela malgré ar. cl.
sufru"
¿j- g y
«bord, extémité de n'importe quelle chose» yt£l. 9. Le dialectal masivr «présure, caillette» (usité dans quelques villages libanais, mais non à Kfiir c abida) est une adaptation du syriaque m"sâQâ «coagulum, fermentum» (cf. aussi masûdâ, mâsû9â
hébr.
«coagulum») ] ^ . ¿ . i o ; opp. ar. cl. maswu" rr p u r g a t i f » , mâsâ(h), màsas (avec s au lieu de s ) «liquefecit, dissolvit».
10. Pour le mot dialectal
dnms
«rangée de pierres d'un m u r » ,
syr. duntsâ (même sens) jLoaioo"», nous n'avons le contrôle ni de l'arabe ni de l'hébreu. On constate l'existence en arabe classique du mot
dimsu"
(avec
s
emphatique) dans un sens identique;
mais il est probable qu'il est lui-même, ainsi que le dialectal j ^ x i i i , un emprunt à l'araméen (cf. F R A E N K E L , Aram. Fremdw., p. t a ) .
EMPRUNTS (SURVIVANCES) SYRIAQUES.
27
1 1 . Le dialectal hâssek «il l é s i n a , il é p a r g n a sa f o r t u n e , il se m o n t r a a v a r e . . . » est e m p r u n t é au s y r i a q u e liasse% et p e p e r c i t , r e t i n u i t , servavit» t^aa*». L ' h é b r e u p r é s e n t e le verbe hàsay^ (avec s) qui a é g a l e m e n t le sens de te p e p e r c i t . servavit, r e t i n u i t » . Les d i c t i o n n a i r e s a r a b e s , ii est v r a i , e n r e g i s t r e n t d a n s le m ê m e sens le verbe lut:isaka ¿UL^L (avec un s ) , m a i s ce doit être u n e m p r u n t au s y r i a q u e ; la racine v r a i m e n t arabe doit c o m p o r t e r u n s , et elle existe en effet, d a n s le sens de «se r é u n i r , se r a s s e m b l e r , être rempli ( d e l a i t ) , être c h a r g é de f r u i t s , laisser u n e femelle sans la t r a i r e . . . ».
¡2. Mots jtréseiitant s (comme syriaque s) en arabe vulgaire par sition à un s de l'arabe classique. 1. Dial. skâra
oppo-
tepetit coin de t e r r e cultivée et e n s e m e n c é e ,
petite p o r t i o n , troupeau de m o u t o n s , de chèvres, e t c . ( f é m i n i n reposant sur *skâr), de s \ r . J e s k â r â (lém. ) « a g e r , j u g e r u m , t r o u peau de m o u t o n s » man\, Lex. si/r..
, q u i est l u i - m ê m e e m p r u n t é ( B r o c k e l -
s. v.) à l'assvrien iëkâru er a r p e n t » .
2. Dial. Isârra tei 1 m a n g e a (vers trois h e u r e s ) » , sârra ccil lit m a n g e r (les vers à soie, e t c . ) » , cf. syr,'istarrl eeprandium s u m p /
.
.
.
sit» ( \ s-r-y tfsolvere vel r u m p e r e j e j u n i u m » ) sens cf. angl. breakfast. P o u r la m o r p h o l o g i e , Ve t h è m e ar. cl. taqattala(1).
*
p o u r le a d a p t a t i o n au
c 3. Dial. dâkeë te il h e u r t a ," cosma», o - dùks « b â t o n e n fer ou en
bois, t e r m i n é p a r deux doigts, dont on se sert p o u r r e m u e r la b r a i s e , e t c . » , dékes te faible de v u e , m a l a d r o i t , q u i se cogne à tout ( h o m m e ) » , a d a p t a t i o n de syr. d'y as teperfodit, t r a n s v e r b e r a v i t » dâyusa rpercussor* JLjLa^J. On n'a pas ici le contrôle de l'arabe. /1. (l)hàs te la semaine s a i n t e » , de syr. liassâ ctpassio, compassio, dolor, etc.» J ,
cl', ar. ci. hdssa «• il s e n t i t , perçut par les
sens» Jlki.. 5. Dial. Ubsè te vêtement grossier, objet sans g r a n d e v a l e u r » , lâbbi)s «il fit ses p r é p a r a t i f s , ses p a q u e t s , e t c . » , syr. tfiâsâ W Par analogie avec l/jâilda ceil a mangé à midi» ot avec t'àssa ce il a mangé le soir».
28
EMPRUNTS SYRIAQUES DANS LES IMIII.BRS ARABES DU LIBAN,
te vest-isn
J L i ^ , verbe l''j3as « i n d u i t »
classique labisa «vestivit»
; cela m a l g r é l'arabe
liébr. lâftas « i n d u i t » .
('). Dial. madras ( p h o n é t i q u e p o p u l a i r e madrai)
« h y m n e » , de
syr. m/iSrâsâ ( m ê m e sens) J U U o o , p a r opposition à l'ar. cl. dàvnsu « s t u d u i t , Irivil» ( j l j S , h é b r . miSrâs « i n t e r p r e t a t i o , rius».
commenta-
7. Dial. màsha « E x t r ê m e - O n c t i o n . m o t fait sur le syr. meèhâ «oleum,
chrisma,
u n g u e n t u m » JLLaÎo,
opp. l'ar. cl. mnsaha
verbe m'sah
«il oignit»
-Minxil »
hébr.
mâsalj
« u n x i t (oleo, u n g u e n t o ) » . 8. Dial. mâles «il p l u m a , é p l u m a , é p i l a » , cf. mà'hli « court i lière , mâules «il m o u r u t , sécha » (en p a r l a n t d ' u n m û r i e r a t t a q u é y p a r le nufliîs), de syr. nflas « d e p i l a v i t , vHlicavit -. par /
opp. a l'ar. cl. mnlasa tfil lissa, p o l i t , elc.» J^Xm, 'âmlasa ^ s p e r d i t sa laine ( b r e b i s ) » jUJo!.
«elle
9. Dial. V ' F « m a l a d r o i t , g a u c h e qui se h e u r t e à t o u t » , cf. syr.
c
d y ù s â « p e t u l c u s , c o r n u p e t a » JLJLa^^., verbe ieyas
«cornu
c
petivit» j i . ^ . . p a r opp. à l'ar. cl. âzasa «il r e t i n t , saisit, e7iip o r t a s o n cavalier loin d u c h e m i n ( c h a m e a u ) «
Cf. 3.
1 0. Dial. borsân (singulatif borsânè) « h o s t i e s , victimes», a d a p t é du syr. pursâitâ « p a n i s , s a c r i f i c i u m , oblalio, s e p a r a t i o , etc.» ( \ p - r - s t f s e p a r a r e » ) , par opp. à l'ar. cA.fârasa (et 'âfrasa) «il s é p a r a , d é c h i r a , dévora (sa p r o i e , sa v i c t i m e , se dit d u l i o n ) » / LTjr*11. Dial. (jarres «il se c a i l l a » , subst. qrisè « f r o m a g e a i g r e l e t , q\ ¡y lait c a i l l é » , d e svr. (jarres « f r i g e f e c i t » gulnlurn lac, colostrum»
. subst. q'rïstâ
«coa-
p a r opp. à l'ar. cl. qârasa «il
se congela» J ^ s , qârrasa «il r e f r o i d i t , glaça l'eau» Jl^jj. 1 2 . Dial. sammût « g r a p p e de m a ï s , é c h e v e a u » , verbe h'unat «il ràlla ( u n e c h o s e ) , il a r r a c h a ( u n e p l a n t e ) , il tira (les o r e i l l e s ) , il g r a n d i t t o u t d ' u n coup ( e n f a n t , p l a n t e , e t c . ) » , syr. sammûtâ 1
Cf. aussi màsha «goudronnage», mdseh (b-ôl-qôtnin) tût mit du goudron
d a n s l'eau*, syr. m'knh
(teh
'etrfoiiï)
(fil goudronna, salit avec d u goudronn.
EMPRUNTS
(SURVIVANCES)
2 9
SYRIAQUES.
«peloton, grappe» JL^à.'bOjL, verbe s'mat «il arracha (un a r b r e ) , ii tira (une épée)»
; cf. ar. cl. samata
« i l échauda ( u n
chevreau pour détacher le poil 1 3 . Dial. sariel
« il entrava, embarrassa, donna des crocs-en/f\
j a m b e » , de syr. sargel ( m ê m e s e n s ) ( t h è m e iaqtal, qui en arabe classique, où il est très rare, serait saqtala, par exemple saqlaba tril jeta à t e r r e » , dial. saqleb) 1 4 . Dial. sbîn, fém. sbînè« celui (celle) qui accompagne l'époux (l'épouse) pendant les cérémonies du m a r i a g e » , sàisbnc «office, fonction de èbîm, de syr. saiis'(2lnu9â « officium sponsorisa ( l i a . L . » . ^ i A 3 j l , mm'fiîiiâ «socius sponsi» J L i * a * . a j v , qui est luimême emprunté à l'assyrien *siimbhm supposé par le babylonien susabinu
(BROCKELJIANN, Lex.
syr.,
s. v . ) .
1 5. Dial. sdvb «grandes chaleurs», kùuwàb « il a eu très c h a u d » , de svr. èaubâ
«aestus,
uredo, ventus urens» JLSOJL (syr.
sâ{3
n aestuavit»). Ce mot existe pourtant en Algérie. 1 6 . shim «gros livre contenant des prières, autiphonaire», sltimé «bréviaire syriaque», de syr. s'hiniâ (fém. s'hlmtâ) «pinguis, simplex, laicus, ollicium l'eriale apud Maromtas»
I 9
#
.
1 7 . Dial. sâhhel « i l émonda, tailla, ébrancha (en parlant spécialement de la v i g n e ) » , de syr. mhhel «percolavit, purgavit, l i m a v i l » ' ^ J l j L ; par opp. à l'ar. cl. sâhala
« i l pela, dépouilla,
écorça, lima» 1 8 . Dial. aâhlef «il émonda, nettoya ( u n arbre en coupant par-ci par-là des brandies)», d on sàhlef (ôl-wâzn) « i l changea (la mesure d'un vers, d'un chant en supprimant quelques syllabes)», syr. sahletp «totoudit, mutavit, substiluit, adultéra vit» (forme èaqtal
de \ Ij -l-j) )
.
1 9 . Dial. mhher (ou plus fréquemment sâhler) «il noircit avec de la suie, dénigra quelqu'un» (cf. ' allais âhh-çk «que Dieu te couvre d'opprobre», litl 1 «que Dieu le noircisse»), sehhâr « s u i e , noirâtre ( t e r r e ) » , maskra «lieu où l'on fait du charbon, le (1> M. Marçais serait disposé à voir ici un développement quadrilitère de sakala «entraver».
3 0
EMPRUNTS
SÏRIAQUES
DANS
LES
charbon l u i - m ê m e » , syr. sahhar
PARLERS
ARABES
DU
LIBAN.
«dénigravit, obscurum
leeit»
iLjL, subst. h-uhhârà «nigredo, c-arbo, dénigra tio» j j o ^ o ' k ; par opp. à Far. cl. sakhara •• il abaissa, humilia quelqu'un, se moqua de lui y g a . 2 0 . sabbîl «perche, pelle à feu, fourgon » , transformation (au point de vue du vocalisme) de syr. sabbûtâ « flagellum, clavulus» (syr. «rt/3
municavit, consociavit» 3 L a * . , saijilâtyùQâ «participation, ciation» j l o a l o j k . , saulàfyà emprunté à l'assyrien sulapu s. v.).
asso-
«socius» JLatojL qui est lui-même «socius»
(Brockelmana ,
Lex.
sijr.,
EMPRUNTS (SURVIVANCES) SYRIAQUES.
31
2 6 . Dial. mil, «plant», verbe sâlel «il planta», syr. (subst.) 0 ^ y s'Oeltâ «planta» verbe s'Oaï «planlavil» — En Algérie, on a suivant Beaussier s-l-l-l «l'aire monter une plante en graine (pour conserver la semence)?!. Cf. liébr. sâOïl «planta», sâOal (poétique) «plantavit». 2 7 . Dial. U'iffa (plus souvent zàffa) «il éinonda, nettoya (une branche, un bâton, e l c . ) » , syr. sappï «complanavit, percolavit, purgavit» J&jL,
sc. 3 8 ) , q u i no voit pas ici d ' e m p r u n t s y r i a q u e , e x p l i q u e le dialecte tartai par un r e n f o r c e m e n t d u trilitère dialectal taras, qui l u i - m ê m e serait u n d é v e l o p p e m e n t du biiitère "ta/-. l 2) ' Al. Marçais serait disposé à voir ici u n c r o i s e m e n t d e iahaba (sikaljit" « f l a m m e » ) et d e lahiba t t b r û l e r n . •'"••> Cluss. sala/a ail hersa (la t e r r e ) » .
KMf'fitKTS
mfáskel >;Jl, opp. ar. cl. ihtârrfa / s' u ta, imagina??
LES
l'AULERS
AKABES
DU
LIBAJN.
(VIII e th.) «¡1 frauda, trompa, inven-
1 1 . Dial. thum (nom propre de village), de svr. l'hïimâ «terminus, limes, finis, confinia?? J U o a - l t , pluriel de
tahniu'1
opp. ar.
cl. tuliumu"
r limite, borne, confins?? jLitf.
12. Dial. farfhhi
frpourpier??, fârjbh
tril s'épanouit, fut gai
(cœur, plante, etc.)??, de svr. parjfhmâ opp. ar. cl. j'àrfahir
«portulaca??
« pourpiers ¡ ¿ J i ' 1 ' (cf. pers.
purpahan).
1 3 . Dial. sdlçh tfil se dépouilla de ses habits, etc.. . . ??, de y syr. selah trexuit (vestem), etc.. . . ?? « ¿ v * . , opp. ar. cl. sdlaha tfil quitta ses habits, il changea de peau (serpent);? p j » . Déjà cité p. 3 3 . 1 à. Dial. hâbbos dans hâbi.pt mâ"u ou hàbhsat el-mâs'lè tna'u tril est devenu perplexe, il ne put plus se tirer d'affaire??, de syr. y " h'fias tcpressit, compressit, etc. . . v
opp. ar. cl. hdbasa tril
mêla une chose avec une autre, il mourut. . . » 1 5 . Dial. lefârhâlna « village?? ¿2i3
(nom propre de village), de syr. he ou avec
tril fit glouglou» ¡ j l ï i , peut-être avec
— Tous ces mots sont dans des conditions un peu
spéciales. (1) Cf. FRAKNKEL, Aram. Fremdivorler, p. g5. I2) Mais il faut tenir compte de j ^ j trse levers (en parlant d'un astre) dans ios parlers tunisiens.
EMPltUMS (SURVIVANCES) SYRIAQUES.
41
S y r i a q u e g , y , dialectal y ( a r . cl. z ) . yâddef
1. Dial.
et il blasphéma,
«blasphemavit» « s t ^ .
yàitya
2 . Dial.
»il
il
maudit»,
opp. ar. cl.
zâddafa
cria,
(petit e n f a n t ) » ,
vagit
gadde *laryulla > liryallalu" (néo-cl.) > dial, deryàllë. 12. Dial, zgyel tril falsifia, altéra (un métal, une boisson, etc.. . . )r>, záuyel rtil tricha, trompa au jeu» , syr. d'yal (daggel) y «fefellit, decepit, mentitus estw (sur le passage de d syriaque àzdial., cf. plus loin : Phonétique de la phrase); opp. ar. cl. dázala tfil mentit, trompa-n J L S . Voir injra n° 15 et aussi p. 80. 13. Dial, bteyrîn (nom propre de village), syr. bëQ
taggàrln
ftmarché (lieu, maison) des commerçanlsn ^.^JLA**:», opp. ar. cl. tâziruna (tuzzàru'1, etc.) •- commerçants •• ^ j ^ b . 14. \Yiú. fàlàya lâyà)
(nom propre de village), syr. jvâlgûQâ (cf. pû0
,? *
trdivisio, partitio, etc.. . . 75 j l a ^ â ,
opp. ar. cl.
fálaza
tril divisa, fendit en deux» 15. Dial, déyçl (telle s'envenima, se corrompit (en parlant d'une plaie)«, syr. d'yal
tril se lique'fia, etc.. . .
duylâ
«saleté, rhume de cerveau 11 U ^ o î , opp. ar. cl. dázala tfil goudronna n J¿Li ( 1 ). L'arabe classique connaît déjà avec le sens de «vice, défaut»; c'esl probablement un emprunt ancien au syriaque^«s.» (cf. Z.U.M.G., L , p. 6 4 o ) . Voir n° 12,
EMPRUNTS (SURVIVANCES) SYRIAQUES. Mots présentant ' (comme syriaque sition à un y de l'arabe classique.
c)
43
en arabe vulgaire par
oppo-
1 . D i a l . 'âcmas « q u i a les yeux c h a s s i e u x » , verbe ( a u II e t h . ) Vanmos
wil
fut
(homme)»,
chassieux
syr.
(œil),
il
eut
«lippitudo ny verbe ji.
yârbu"
opp. ar. cl. yâraba
«il
se
troccident, o u e s t , c o u c h a n t »
3 . D i a l . bffût « p r i è r e de d e m a n d e , s u p p l i c a t i o n » , syr. bâ* ù8â y 4p « p e t i t i o , s u p p l i c a t i o , d e p r e c a t i o » )La.^.=> ( a r a m . b i b l . bâeù « p r e c a t i o » , h é b r . l/'ï « p r e c e s , p r e c a t i o » ) , o p p . ar. cl. bàyâ «• il d e manda, désira» k.
biyyatu" «de'sir, d e m a n d e »
D i a l . '{'-HIMI ( a u
«baptême»,
syr.
II 6 t h .
crinmud)
"'maS « b a p t i z a v i t ,
«il
¿Lob.
baptisa»,
immersit,
maSnudîyè
etc...»
>iov ,
m c f m ù M a « b a p t i s m a , p i s c i n a , a b l u t i o » ) i L ^ o û a v a o , opp. r a c i n e ar. cl. y-m-d « c o u v r i r , envelopper, avoir beaucoup d'eau ( p u i t s ) , c a c h e r les fautes ou les vices de q u e l q u ' u n , e t c . . . . ». 5 . D i a l . '¿hé « i l rendit é p a i s , il e n s e m e n ç a , planta sans laisser d ' e s p a c e » , au II e th. labba « i l remplit ( u n s a c ) ' 1 ' , il enfila ( u n e aiguille)»,
subsl.
r âùé
«e'pais, d e n s e , serré ( b l é ,
bois)»,
syr.
c'/3«
« d e n s u s , s p i s s u s , crassus f u i t » J l . ~ W . *abbî « c o n d e n s a v i t , * y . ip ^ crassum f e c i t » kA^a."^, a d j . 'afiyâ « d e n s u s , s p i s s u s » J U a ^ , opp. ar. cl. '(iybâ
« é p a i s , touffu, couvert d'épais feuillages
(arbre,
b r a n c h e ) » . . . . 9 4 ^ ¡fèituBà tfsimplicitas, msulsitas» j i a ^ A â - — Cf. ar. cl. basîtu" tf simple (non composé)» procédé.
emprunté au syriaque par le même
9 * s> ' 1 0 . Dans le syriaque zànfitâ ) j j , :,/,/£/« J J rturbo, imber vehemens, pluvia», c'est le (p qui est originaire ainsi que le montre l'hébreu zarziïp (même sens). Il y a eu confusion de (p et de /S d'où b dialectal sous l'influence évidente du classique zâraba « elle coula (eau)» ¿ £ y On a dans le dialecte : zârbè tf pluie continuelle pendant toute la journée». Pourtant le verbe dialectal est zâraf - i l coula» et non *zârab. 1 1 . Le dialectal bstï (impératif) tf hâte-toi, marche vite», signalé par Hobeïka (II, p. k'è) comme propre aux parlers de c £kkâr (Liban septentrional), est calqué sur le syriaque p'st.f «incessit, prosiliit, transiliit, se extendit, distentus est»
cf. ar. cl.
infâsa-ya tfil s'élargit» ¿¿oGî et aussi hébr. pâsif -• grassus est». 1 2 . Dial. bottai « corne qui contient du goudron (pour faire boire les troupeaux)», cf. &yt\ /jutilà tf pix» J J U ^ a â .
x. Mois présentant w, f ou même u deuxième élément de diphtongue pour rendre syriaque ¡3 par opposition à un b de l'arabe classique. 1. Dial. hwàis tffaséole, graine plus petite que le haricot», diminutif de *ham que suppose nécessairement le syriaque haftsâ (même sens) L J ^ I . (soit un pseudo-classique '''hausu", dimin. "huwaisu"). -2 . Syr. "¡3âSâ ropus, res facta, proviucia» j t ^ v , de
MPRUNTS
(SURVIVANCES)
SÏRiAQUÊS.
« il travailla » »Av, , transformé en féminin * ^afidâÔâ, d'où dial. 'âudf' « propriété cultivée». 3. Syr. r*@ah ccputruit» adopté en dial. sous la forme vçœA«\\ sentit mauvais, fut gâté, corrompu (en parlant de la viande)' 1 '». A. Syr. kej3m (à côté de Itisâ J L j L o É ) "fuseau^ est dans le dialecte kus «bout arrondi qui se trouve du côté supérieur du fuseau». 5. Svr, sef3u1 «il flagella, il fouetta» dialecte sàf'at ou sâbat (même sens).
devient dans fe
G. Syr. tâ(3 ffconspuit, vomuit» (cf. aram. bibl. spuere»)
devient à Klar 'abîda tâ/J ce il cracha ( en parlant
surtout du sang)»; cf. pour le sens ar. cf. iafala X. Mots présentant y initial (comme syriaque w de l'arabe classique. p
tù
, tfil orna de p e i n t u r e s , de b r o d e r i e s » k â ^ ) .
1 1 . D i a l . bazqîfo
( n o m propre d'un lieu é l e v é ) , syr.
bêB-z'qîfyâ
( l e parfait zcqaÇ} signifie treievavit, e r e x i t , s u s p e n d i t »
EMPRUNTS
(SURVIVANCES)
SYRIAQUES.
5 5
s. Mois présentant k en face de syriaque k [ou de k devenu mêmes conditions.
dans les
1. Dial. tûk « m a l , d o m m a g e , c a u s e , m a l h e u r » , verbe au II e t h . tthiwd• « il r e n d i t m a l a d e , fit d u m a l , é t o u r d i t » , syr. tukkâ ( p r o i 9 noncialion libanaise ild.â) « d a m n u m , j a c t u r a , p e r f i d i a » L a o t , verbe ta%(\/t-k-L:)
« l a e s i t , vexavit, o p p r e s s i t , nocini•• ^ . i ; cf. ar.
cl. tòlda tfil é c r a s a , foula» ¿ b . 2. Dial. liédçn «il attela à la c h a r r u e , à la voiture» , subst. kddnè « l a b o u r d ' u n e j o u r n é e » , svr. t S a n « c o n j u n x i t . j u n x i t , subjugavit» v»3 . Dial. kâraz crii p r ê c h a » , subst. karz « p r é d i c a t i o n », luïrâz « préd i c a t e u r , s u r n o m d e saint J e a n - B a p t i s t e , herrâz «bouc qui p o r t e la c l o c h e t t e » , syr. 'ayrez
«praedicavit, annuntiavit» ^
9
-
-
»ta),sub§t. |
hârûz « p r a e c o , p r a e d i c a t o r » l o w û , karràzâ « h i r c u s vel a n e s p e c o r i s . t" y a u x qui p e r a m p a s t o n s portai» h. Dial. kattûnê « a u b e , s u r p l i s » , cf. syr. Icutnnâ ( f é m . « t u n i c a , a l b a , tunica sacerdotalis» U - t a ó ; cf. h é b r . m ê m e s e n s , grec yjttdv. 5. Dial.
'eslcîm « c a p u c h o n ,
froc»,
syr.
'es/lmà
lultmlâ)
kutton-(ë8),
«habitus,
f o r m a , professio m o n a s t i c a » JtaLAfiD) (grec 6. Le dialectal mlâk « ( b o n ) ange» n e p e u t p r o v e n i r p h o n é t i q u e m e n t de classique nuiÎaku" (ou indlaku") q u i l u i - m ê m e est p r o b a b l e m e n t e m p r u n t é au s y r i a q u e , m a i s de syriaque malâ%â « n u n t i u s , m i s s u s , angelus» J & j i i o ; cf. h é b r . mal'à% ( m ê m e sens). 7. Dial. Jakûra
« e s p a g n o l e t t e » , \evbe
faulcer
«il f e r m a
p o r t e ) » , syr.pa%âra « r e p a g u l u r n j a n u a e » J-+Â.2>,poyjirâ D i P . y verbe f y j i r « h g a v i t , constrinxit» iJXS>. 8. Dial. duksa
( p l u s souvent
ziïksa)
(la
«ligator»
« l o u a n g e » , syr. dute i°>. à. Dial. tablîtW «pierre sacrée de l'autel??, tablîyê «petite table (i>
Assimilation à distance de t-t en H-
5 8
EMPRUNTS
SYRIAQUES
DANS
LES
PARLERS
ARARES
DU
LIRAN.
basse sur laquelle on sert à manger, à boire», syr. ta(3lî6â «ta-
9 *
\
bulaaltaris, rnensa, e t c . . . . » ( J ^ - i i ^ . ^ , lequel l u i - m ê m e est emprunte' en dernier ressort au latin
tabula.
5. Dial. tàftaf fril s'éteignit (en parlant d'une lampe), il crépita en s'éteignant (en parlant d'une lumière), il étendit ses ailes (oiseau)n, syr. ta(pte(p «crepitavit (lucerna moriens), ad occasum declinavit» . a A a J ; cf. ar. c l . l â f t a f a «il fut mou, faible»
.
s
.
.
.
.
•
oilail» et tàffafa «il étendit, déploya les ailes (oiseau)» oiAls. 6. Dial. qatnb « cheville qui se trouve au bout de la charrue et qui sert à relier celle-ci au joug auquel on attelle les bœufs» , syr. qatrî(2â «paxillus ligneus, qui in medio aratro figitur, ne aratrum sursum vel deorsum labatur»
i 9 *
y
7. Dial. lâtta (inusité à Kfar c abida, mais atteste' ailleurs d'après Hobdïka, 1, p. 8 a ) « malédiction, malheur, chose désagréable», verbe lap te il maudit», syr. lautfBà « maledictio»
" . y
-
.
lât «maledixit»
9
cf. ar. cl. lâla (lâza) «il frappa,
il chassa» loil. 8. Dial. nçtê (au H° th. natta) «il fut humide, il suinta ( m u r ) » , subst. ntâwè « humidité», nâtè «humide», syr. nelâ
'9
9
tfhumidus fuit» J L ^ j , n'tâyâ
9
9
, n'tâyùOâ ) l a ^ ^ J
«humidi-
tas, humor» (cf. pour le sens ar. cl. nâdiya «il fut humide, il mouilla» ^). 9. Dial. tésë «il perdit connaissance, tomba dans le coma ( m a l a d e ) » , syr. fsâ
«latuit, abscondit» JUL^.
9. Mois présentant t en face de syriaque t dans des cas où Varabe classique a ou aurait t ou 6. 1. Dial. tawariya
vcontemplation,
distraction, délire», syr.
têwûrlyà «contemplatio, speculatio, vita contemplativa» jLlio) 1 , qui lui-même est emprunté au gr. Oscopta. 2. Dial. ttîk « m a i , dommage», syr. tukkâ «damnum» Déjà cité p. 55,
lool.
EMPRUNTS
(SURVIVANCES)
SYRIAQUES.
5 9
3. Dial. sàwtfê
kassociation, p a r t i c i p a t i o n s p i r i t u e l l e » , syr. ^ A sautâ(pû9â ( m ê m e sens) j L a â i o X . Déjà cité p. 3 o - 3 i . h. Dial. "atnnê « f o u r c h e à deux d e n t s en bois p o u r r e m u e r les f o i n s , les blés e'erasés p a r la h e r s e » ( o p p . à modre < cl. midran « f o u r c h e à cinq d e n t s pour n e t t o y e r les blés» ^ o î k * ) , syr. am travée» p v ou V/d «•jusqu'à» -irën
ou "al « s u r , d e ,
par»^».
« d e u x » ^ . j t (op|>. ar. cl. iOnâni « d e u x » y l l s l ) . / s
i. Mois présentant d en face de syriaque classique a ou aurait d ou d.
d dans des cas où l'arabe
1. Dial. dâllel «il e n s e m e n ç a , p l a n t a en laissant de l'espace e n t r e les g r a i n e s ou les p l a n t e s » (c'est exactement le contraire d e c
ébè, cf. p l u s h a u t , p. 4 3 ) , subst. dallîl « r a r e , e s p a c é » , syr. dallel p
« d i m i n u i t , i m m i n u i t » ' " ^ . j , dallïlâ
«paucus, rarus» jli^s?; cf.
ar. cl. dalla «il fut petit, che'tif, méprisé» J i . 2. Dial. delçf « il d é g o u t t a , laissa t o m b e r l'eau ( t o i t ) » , subst. délf « s u i n t e m e n t , eau q u i coule d u p l a f o n d goutte à g o u t t e » , syr. dfia(p «stillavit» - delpâ «stillicidium» J l s î ^ j ; cf. h é b r . dâla
completoriumn ) u a e o ; cf. ar. cl.
sâlara
et il voila, il protégea, etc. o. Mots présentant dans les mêmes
r (1, m , n , y ) en face conditions.
de syriaque
r (1, m , n , y )
1. Dial./«ra»t «il coupa en petits inoi\eaux ( d e l à viande, elc.)r , fârtnè «an petit morceau (de viande, de f r o m a g e . . . ) ' ! , syr. «scidit, minulatim Js^ r tre'dente'i ^ j l , héhr. parani
p"ram
rancidita cl. . . . . . «discidit, disrupit--.
ar. cl.
'âframu
2. Dial. dâllel f i l ensemença, planla en laissant de l'espace...-", i\ y syr. dallel « d i m i n u i i , imminuit^ . Déjà cilé p. 5ç). 3. Dial. m/thnar
«homélie, < li;iiit - . syr. mPmar (ou
mimar)
ce sermo, carni e n , ora t io- tioJLao (racine '-m-r « dicere 77) ; cf. ar. cl. ï 'Amara crii o r d o n n a i y>U h. Dial. môrmâyr «prière courte, leçon qui se dit dans l'office s y r i a q u e s , syr. murmifjâ •• missile•••, au figuré «antiphona, pars ollicii divini^ (A-^iovio; cf. verbe syr. fmd
«il jeta^ JLàoj, ar. cl.
vaniti (me.ne sens) ^ . — Le dialectal mdrmâyè est formé comme le sont les mots dialectaux de cette catégorie sur cl. mirmâtu* «petite flèche^
Cf. pour le sens : [oraison)
jaculatoire.
5. Dial. nân (morceau de bois au bout duquel se trouve le soc de la charrue et qui a la forme graphique du y [n] syriaque), cf. syr. nûn « n
yoJ.
6. Dial. ndfur « p a l e , voile du calice, canon de la m e s s e s , syr. ('an)-n, f r a p p e l'eau, (elle reste) eau 11, syr. maiy-â -m uni ^ (état, mai» a b s o l u ) , mai- (état c o n s t r u i t ) , contre ar. cl. tnan" f «il dégoutta, laissa tomber l'eau ( t o i l ) « , syr. y dcla(p (fstiliavitn Déjà cité p. 59. 3. Dial. nâqr/jf rll ajouta (les pronoms sulïixes aux noms, aux verbes)«, syr. yi'qnÇ rradjunxit, addidit, etc.« «âiL>,
naqqï(pû9â
ttannexio, status constructus« )i.a2ujo.j>. h. Dial. qâff ce il couva ses œufs (en parlant d'un oiseau, d'une poule), se blottit«, qâfqçf tril se blottit, il fut assis sur son derrière«, syr. qa(p rrincubuit, fovit (pullos)« blottit, il fut assis sur son derrière« «elle cessa de pondre (poule)« u i ï î , qàfqafa il frissonna«
qaÇqe(p tril se cf. ar. cl. 'aq/iffa il trembla de froid,
O U À Ï .
5. Dial. qâfat ccil se refrogna, il prit un air sévère, il bouda« (provient par contamination de syr. qe(paS cr contractus est, corrugatusest.se contraxit prae horrore« r2i.£> et de q'(p ' ImOl.inù6â>Baskenta (*baiô p o u v a n t résulter de la combinaison des deux f o r m e s bëO et bail-A). 5. Dial. tablit « p i e r r e sacrée de l ' a u t e l « , syr. taj3ïl6â « tabula altaris« I A s J Î v ^ . ^ . Déjà cité p. 5 7 - 5 8 . 6. Dial. niïsût f h u m a n i t é (de J é s u s - C h r i s t ) « , syr. nâsùOâ « h u J x m a n i t a s « ) l a * j | ; opp. ar. cl. 'insaïuyatu" ( m e m e sens)
¿ooLauj!*
7. Dial. sivâyîl « c h a n t s , h y m n e s « , cf. syr. sùyyâda ( m ê m e sens) J J & J ^ a a > . Déjà cité p. 26 et 4 a. 8 . Dial. fdtel «il t o u r n a la tête de q u e l q u ' u n , l ' e n d o c t r i n a ; il changea ( u n o b j e t p o u r un a u t r e ) « , syr. jfQal te torsit « et au figuré
7 0
EMPRUNTS
SYRIAQUES
DANS
LES
«•pervertit, confudit, depravavil» l'ar. cl. fdiala
PARLERS
y
ARABES
Dial.
) * r > .
LIBAN.
avec contamination de 's y tfil a tordu, il a tourné" jôci.
y. Mots présentant d en face de syriaque 1.
DU
ma'mûdhjè
?- h a [il orne ••,
syr.
^( dial. zyîr
rr petit»).
Celte bourgade libanaise est appelée « minor, parva» par opposition avec E h d e n ; toutes deux appartiennent à la même population et servent, la première, de ville d'hiver, et la seconde, de ville d'été. 3. Dial. sâbay (inusité à Kfar c abîda dansée sens de «baptiser», mais a!testé dans d'autres parlers libanais) «il baptisa, etc.», sàbya « b a p t ê m e » , syr. •fftat
«baptizavit, immersit» v o j , sous
l'influence de l'arabe classique sâbaya crii plongea dans l'eau (la m a i n ) , il teignit (une étoffe)» £ ¿ 0 . k. Dial. "yâuf «branches vertes coupées avec lesquelles on construit une cabane, une t e n t e , etc. M » , syr. laupà tcramus, 1^ ^ vertex ramorum» cf. ar. cl. ar sïmâ tt village, lieu de l'argent« 9. Mois présentant s en face de syriaque s. 1.
Dial. sébbè tt semaine«, malgré syr. sabbe9â «hebdomas,
sabbatum« ) ftsVî» . — Contamination avec ar. cl. sâbtii" «samedi, sabbat.« à ^ L . A Kiar 'abîda et dans l'ensemble des villages libanais, on se sert pour désigner la «semaine« du mot zénfa < c l . zilnfatii" gj^g: et rarement de sobbé ou de 'iïsbtY < cl. 'usbû'u'1 «semaine« 2. Dial. ndsût (mot savant et religieux) «humanité (de JésusChrist)«, adaptation de l'abstrait syriaque nâsùOà (même sens)
7 2
EMPRUNTS
SYRIAQUES
7 . D i a l . rézz (ràzçz)
DA!\S
LES
PA1ÌLERS
ARABES DU
LIBAN.
« c o l è r e , c o u r r o u x « , svr. ruyzâ
«ira, in-
d i g n a t i o ( a n i m i ) « J j ^ ? . Déjà cité p. 5 3 .
C- Mots présentant
y en face de syriaque
\
1. Dial. ynjjara « c h a p e « , syr. 'hÇni « v e s t i m e n t u m s a c e r d o t a l e « jisok,
ma'p'râ
«pallium.
ar. cl. mtffaratu"
superhumerale, « c o i f f u r e « iJjuU,
pluviale,
galea«
yifâratu"
«pièce
d'étoffe s e r v a n t à e n v e l o p p e r la c h e v e l u r e « a^Uff, cf. D o z Y , s. v. 2. Dial. zyârla ( n o m d ' u n b o u r g d u L i b a n s e p t e n t r i o n a l ) , syr. f é m i n i n d e zeiùrâ •• p a r v u s , i n o d i c u s , m i n o r « j î a à J
z^urtâ
( c o n t a m i n a t i o n avec l ' a r a b e sayïrun
^JJUS
> dial. zyîr
«petit»).
Celte b o u r g a d e l i b a n a i s e est a p p e l é e « m i n o r , p a r v a « par o p p o s i t i o n avec E h d e n ; t o u t e s d e u x a p p a r t i e n n e n t à la m ê m e p o p u l a t i o n et s e r v e n t , la p r e m i è r e , d e ville d ' h i v e r , et la s e c o n d e , d e ville d'été. 3. Dial. sâbay ( i n u s i t é à Kfar ; a b î d a d a n s é e sens d e « b a p t i s e r « , m a i s a l t e s t é d a n s d ' a u t r e s p a r l e r s l i b a n a i s ) «il b a p t i s a , e t c . « , sâbya
« b a p t ê m e « , syr. .f(2a(
« baptizavit, immersit« s o j ,
l ' i n f l u e n c e d e l ' a r a b e classique sàbaya
sous
«il plongea d a n s l'eau ( l a
m a i n ) , il t e i g n i t ( u n e étoffe)«
'jCÇo.
k. Dial. yâiij' « b r a n c h e s vertes coupées avec l e s q u e l l e s on c o n s t r u i t u n e c a b a n e , u n e t e n t e , etc. M » , syr. taupâ « r a m u s , y -, vertex r a m o r u m « J a a v ; cf. a r . cl. (liai, s syr. s > dial, s syr. 'i>dial.
s
1. Dial, harsénnè «petite plante ressemblant à l'ail et dont on mange la racine», syr. harsânâ p. 5o.
«ornithogale»
2. Dial, 'âqas «il piqua (serpent, scorpion, e t c . ) » , o.v . Déjà cité p. 5 6 .
c uqsâ
«aculeus,
stimulus»
EMPRUNTS
Dial.
Mras
{SURVIVANCES)
SYRIAQUES.
« c h œ u m , provenant de syr. 9
77
yârâs
«chorus (ca-
9
n e n t i u m ) , chorus angelorum^ . Ce mot l u i - m ê m e est emprunté au grec yppos. Déjà cité p. 36. h.
Diai.
«ortie»,
y orrais
orties , syr.
gârsâ
comminuit»
»jcdw^;
5. Dial.
« serpens, aspis » JLcs;^, cf. ar. cl.
gazz(â)
l e m e n t u s i t é ) , syr.
m'zâyâ
ht.
également usité (nom han/â
«trésor vivante
« mélange d'eau et de vin
mâska
« pupugit,
garres
Déjà cité p. 26 et
zdrasa.
qoshâiycK*qoshaiya dial. - n d - . Le dialectal sond « c h a r r u e » provient par assimilation en contact de syr. scande ( p t u r . ) «ligna j u g i textorii q u i b u s l i g a n t u r tulae»
Cf. h é b r . sëmëS « j u g u m » . Déjà cité p. 5 2 .
s. syr. -vè->dial.
-ls-.
Le dialectal sels « r a c i n e , v e i n e » , ¡Mies «il p r i t r a c i n e »
repré
s e n t e sans a u c u n d o u t e le syr. sersâ « r a d i x , origo » JL«Lwa., sarres « r a d i c e iirmavit»
Déjà cité p . 3 o et 6 3 .
EMPRUNTS
(SURVIVANCES)
SYRIAQUES.
syr. c:>- (Uni. h. Le dialectal 'èfalçn (nom d'une jolie bourgade libanaise située tout près des cèdres et habite'e pendant la saison d'été par les habitants de z-yârta ville d'hiver, voir p. 7 2 ) représente la forme syriaque
«Eden, paradisus lerrestris»
: cf. hébr. cê