Pouvoir du roi d'Egypte d'après la spiritualité pharaonique: (2778-1085 av. JC) 9782343005188, 2343005184

L'histoire sociopolitique et religieuse de l'Egypte pharaonique mentionne l'existence de trois clergés :

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French Pages [108] Year 2013

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Table of contents :
AVANT-PROPOS
INTRODUCTION
CHAPITRE I Le règne de Pharaon élucidé par le nom de Ptah
CHAPITRE II L’éclairage venu du nom de Rê
CHAPITRE III L’interprétation du règne de Pharaon au travers du nom d’Amon
CHAPITRE IV La contribution des pouvoirs attribués à Pharaon dans la formation de l’humain égyptien
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
TABLE DES PLANCHES
TABLE DES MATIERES
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Pouvoir du roi d'Egypte d'après la spiritualité pharaonique: (2778-1085 av. JC)
 9782343005188, 2343005184

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Michel-Alain Mombo

Le pouvoir du roi d’Égypte d’après la spiritualité pharaonique (2778-1085 av. J.-C.)

LE POUVOIR DU ROI D’ÉGYPTE D’APRÈS LA SPIRITUALITÉ PHARAONIQUE (2778-1085 av. J.-C.)

Du même auteur, chez L’Harmattan : Mort et ascension de pharaon en Égypte ancienne (2778-2263 av. J.-C.)

© L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com [email protected] [email protected] ISBN : 978-2-343-00518-8 EAN : 9782343005188

Michel-Alain MOMBO

LE POUVOIR DU ROI D’ÉGYPTE D’APRÈS LA SPIRITUALITÉ PHARAONIQUE (2778-1085 av. J.-C.)

Collection IREA Collection dirigée par David Gakunzi Fournir des clés permettant de mieux comprendre l'Afrique, son histoire, ses réalités et mutations actuelles, ainsi que sa géopolitique, voilà l'ambition de cette collection de l'IREA (Institut de recherche et d'études africaines). La collection - qui réunit aussi bien des essais, des monographies que des textes littéraires issus des travaux et des débats animés par l'Institut - a pour vocation de faire connaître au grand public les travaux d'auteurs confirmés mais également ceux de jeunes talents encore méconnus. Les ouvrages de la collection sont rédigés dans une langue conviviale, vivante et accessible.

Dernières parutions Méthode Gahungu, Burundi et Rwanda : réconcilier les ethnies, 2012. Emmanuel Nguélondélé Mongo, Au service du Congo. Entretien avec Cyriaque Mongo Dzon, Tome 1, 2012. Emmanuel Nguélondélé Mongo, Au service du Congo. Entretien avec Cyriaque Mongo Dzon, Tome 2, 2012. René N’Guettia Kouassi, Les défis du développement de l’Afrique contemporaine, 2012. Joao Maria Futi, Essai de morphologie lexicale du Cisuundi du Cabinda (Angola), 2012. Philippe Duval, Côte d’Ivoire. Chroniques de guerre 2002-2011, 2012. Brian Tourré, De la « Francafrique » à la « Chinafrique », 2012. Théophile Obenga, L’État fédéral d’Afrique noire : la seule issue, 2012. Jean-David N’Da, Le nouvel ordre ivoirien, 2012. Roger Gballou, Côte d’Ivoire : souveraineté bafouée, 2011. Calixte Baniafouna, La démocratie de l’ONU en Côte d’Ivoire, 2011.

A ma fille Néferrâ Oyéli MOMBO Toute petite, elle me demandait d’écrire un livre. A mon maître, Jean-Pierre BAMOUAN en souvenir des heureuses années passées à l’université de Cocody (Abidjan), à étudier l’épigraphie égyptienne et à décortiquer les textes funéraires des anciens Egyptiens.

« Osiris le roi, les âmes de Pe t’applaudissent ; elles te disent : Osiris le roi, tu es parti, mais tu reviendras ; tu t’es endormi, mais tu t’éveilleras ; tu es mort, mais tu vivras. Lève-toi et vois ce qu’Horus, ton fils, a fait pour toi. » Textes des Pyramides des anciens Egyptiens, formule 670, chapitre 1975.

AVANT-PROPOS Cette modeste contribution constitue l’un des points de départ de nos réflexions se rapportant à la civilisation de l’Egypte pharaonique. Ces réflexions concernent aussi bien le sociétal égyptien que la religion et le pouvoir de Pharaon1. Les réalités de l’Egypte ancienne sont parfois complexes, donc difficiles à appréhender dans une seule étude. Aussi, ce livre se propose-t-il d’examiner le règne de Pharaon à partir d’une approche, peut-être, originale : décortiquer le contenu sémantique des lettres constitutives des noms de trois divinités égyptiennes2, afin de pouvoir dresser la carte d’identité du roi d’Egypte et des pouvoirs qui lui sont attribués. De l’avis de tous les spécialistes3 de la civilisation de l’Egypte ancienne, Pharaon est le personnage central de toute l’histoire égyptienne. Il est l’acteur talentueux et incontesté du film tourné sur les rives du Nil pendant plus de trois mille ans. Pour cette raison exclusivement, nous avons jugé productif et utile de mener une réflexion totalement axée sur les différents aspects du règne de Pharaon. Une relecture de ce règne nous conduit presque inexorablement à produire une réflexion sur la personne du roi, car une connaissance approfondie du souverain 1

Nous tenons d’ores et déjà à préciser que le sociétal, la religion et le pouvoir de Pharaon, sont des réalités intimement liées dans le contexte de l’Egypte ancienne. Aucun de ces trois aspects ne peut être étudié sans que les deux autres ne soient implicitement ou explicitement évoqués. Ils forment un tout hétérogène. 2 Il s’agit du dieu Ptah de Memphis, Rê d’Héliopolis et Amon de Thèbes. 3 Ils sont nombreux. Nous n’en citerons que quelques-uns : Hérodote, A. Erman, H. Ranke, R. O. Faulkner, G. Posener, J. Leclant, D. Valbelle, P. Vernus, C. Lalouette, etc.

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égyptien peut faciliter la compréhension des axes fondamentaux des réalités antiques de la vallée du Nil. En effet, pour nous, ce règne s’apparente à la pointe d’un diamant, ou encore aux tables gigognes (lorsqu’un aspect est examiné, l’autre point déjà à l’horizon). Il est donc multiforme4 et polychrome5. Certains aspects, aux fins de paraître au grand jour, demandent même une analyse pluridisciplinaire. Tout ceci nous conforte dans l’idée que l’étude du règne de Pharaon, pour paraître exhaustive et se rapprocher de la vérité, doit s’inscrire dans la longue durée et s’appuyer sur une multitude d’approches soulevant autant de problématiques. Il nous faut donc aller au large, pêcher en eau profonde, dépasser les frontières définies par les recherches antérieures à ce livre, sortir des conditionnements parfois trop humains qui ne tolèrent pas la diversité de la réflexion. Or, le fait de dépasser les frontières définies, soulève toujours des protestations plus ou moins sectaires, qu’elles viennent de la science, de la 4

Nous serions tenté d’emprunter le titre de la merveilleuse contribution de Bernard Mathieu, 2011, « Seth polymorphe : le rival, le vaincu, l’auxiliaire », Enim 4, p. 137-158. Comme Seth, dieu aux multiples visages, Pharaon revêt diverses caractéristiques : il est fils des dieux, successeur d’Osiris, nouvel Horus, taureau vigoureux, intemporel, etc. Ce roi bifacial (homme et dieu), comme le dieu romain Janus, devient un symbole vivant de générosité et d’abondance. Pour cette raison, il se doit de fournir à son peuple eau, pain et bière. 5 Les couleurs interviennent abondamment dans la présentation des différentes caractéristiques de Pharaon et de son règne. Pour ne pas dire plus, nous nous en tiendrons aux deux couleurs de la double couronne (le pschent) : le blanc pour la Haute Egypte, le rouge pour la Basse Egypte. Pour nous, ces couleurs sont plus qu’évocatrices et chargées de sens. D’une façon générale, les couleurs jouent un rôle important dans la conceptualisation des différents aspects de la civilisation de l’Egypte ancienne. Encore une fois, nous citerons une contribution de B. Mathieu, 2009, « Les couleurs dans les Textes des Pyramides : approche des systèmes chromatiques », Enim 2, p. 25-52.

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religion, ou simplement de la routine6. Certes, il y a toujours deux tendances qui se rejettent mutuellement ou deux camps opposés : l’un est celui de la croyance, l’autre est le camp de ceux qui pensent « savoir »7. C’est pourquoi dans ce livre, nous nous proposons de sortir des sentiers battus, en engageant autrement notre analyse du règne de Pharaon. Aurons-nous suscité la réflexion qui brise les cadres « scientifiquement » protégés ? Auronsnous donné sens à l’impulsion qui fait retentir « le va plus loin » au-dedans de tout chercheur ? L’Egypte ancienne étant un puits intarissable, le chercheur ne peut donc pas avoir la prétention ni même l’envie d’épuiser une question. L’on analyse, l’on propose des réflexions sans œillères, pour donner aux autres le désir de creuser davantage8. Telle est notre prière, tel est notre souhait, en écrivant ces lignes. 6

La routine, qu’elle vienne de la pratique d’une science, ou simplement du train-train quotidien, est toujours un chemin de pauvreté. La richesse découle de la remise en cause de soi et en soi, de la détermination à ne plus se contenter de l’ordre (ou du désordre) établi, du rejet du statu quo. N’est-ce pas aussi pour briser la routine et accepter la contradiction constructive, que les spécialistes de la Dialectique ont pu conclure : « La contradiction est la raison de l’évolution des choses » ? 7 Ceux qui s’estiment détenteurs d’un savoir, le défendent, souvent, jalousement et parfois maladroitement. Ils feintent d’ignorer que la science évolue et que personne n’a le monopole de la réflexion. Ils pensent détenir l’orthodoxie et ne tolèrent pas les approches qui ne s’inscrivent pas dans la logique de leur école. Ce sont les partisans de la pensée uniforme, monochrome. Opter pour une telle approche, c’est s’ériger en chantre de la pauvreté et de la pensée unique. 8 Pour illustrer l’attitude que doit avoir le chercheur, nous proposons cette réflexion de J. Delumeau : « […] Il faut chercher encore et encore […]. Quand on défriche un arpent de ce cosmos d’ignorance, c’est pour donner aux autres l’envie d’y aller, de creuser, de poursuivre, de dépasser. Pour une aventure qui, espérons-le, ne s’arrêtera jamais. Sinon comme on s’ennuierait ! » In, L’Express International, n°2300, Paris, 10 août 1995, p. 33.

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INTRODUCTION Pharaon, comme l’atteste la majorité des ouvrages9, demeure la figure de proue de la société égyptienne à toutes les phases de son histoire10. Détenant tous les pouvoirs11, il est celui qui donne les orientations grâce auxquelles la société égyptienne rayonne et impose respect et parfois frayeur à ses voisins. Dans cette perspective, E. Drioton écrit : « La monarchie pharaonique a été durant toute l’histoire l’organe moteur et régulateur de la civilisation égyptienne. »12

Cette place centrale occupée par Pharaon a une histoire qui plonge ses racines dans la plus ancienne tradition de la royauté en Egypte ancienne. C’est pourquoi dans les Textes de Pyramides, les formules magiques rivalisent en précision pour dire que le roi d’Egypte ne meurt pas, il est un excellent candidat à la résurrection. Le message spirituel de ce corpus funéraire peut être résumé par la formule ci-après : 9

Parmi ces documents qui prouvent le rôle déterminant joué par pharaon dans la société de l’Egypte ancienne, nous pouvons retenir : Faulkner, R.O., 1969, The Ancient Egyptian Pyramid Texts. Translated into English by R.O. Faulkner, Oxford, Clarendon Presse// Dietrich, Wildung, 1997, Egypte de la Préhistoire aux Romains, Taschen.// Moret, A., 1902, Du caractère religieux de la royauté pharaonique. Paris, E. Leroux, éditeur.// etc. 10 Il s’agit surtout de l’image de Pharaon pendant les grandes périodes de l’Egypte indépendante : période thinite, Ancien, Moyen et Nouvel Empires, soit de 3000 à 1085 av. J.-C. 11 Pharaon dirige au temporel et au spirituel. Il fait vivre les Hommes tout en étant le lien qui rattache l’humain au divin. Il maintient l’ordre dans la société et assure en même temps l’équilibre de l’univers. 12 Drioton, E., 1969, L’Egypte pharaonique. Paris, A. Colin, p. 43.

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« Osiris le roi, les âmes de Pe t’applaudissent ; elles te disent : Osiris le roi, tu es parti, mais tu reviendras, tu t’es endormi, mais tu t’éveilleras ; tu es mort, mais tu vivras. Lève-toi et vois ce qu’Horus, ton fils, a fait pour toi. »13

En effet, pour les anciens Egyptiens, les dieux sont les maîtres et possesseurs légitimes de l’Egypte14. Quand les dieux se sont retirés, ils ont laissé le trône de l’univers, donc de l’Egypte, à Osiris qui l’a légué à son fils Horus. L’origine divine du pouvoir égyptien est ainsi scellée et fait de Pharaon un descendant des dieux par Horus. Dans l’Egypte ancienne, le mot nsw (roi) ne s’applique qu’au pharaon ; car le souverain est en mission pour le démiurge qui lui demande de prendre en charge non seulement l’Egypte, mais aussi le monde entier15. Ceci nous aide à comprendre la déclaration de la déesse Nout dans les Textes des Pyramides : «Recitation by Nut, the greatly beneficent: The King is my eldest son who split open my womb; he is my beloved, with whom I am well pleased. »16

Dans l’au-delà, l’image de Nout protège tout défunt et lui permet d’ouvrir les portes de la vie en éternité. Pharaon, par l’entremise du clergé et à juste titre, fait de cette déesse sa mère. La déesse du ciel joue véritablement le rôle de protectrice de l’Egyptien. C’est ce que semble indiquer l’image ci-après. 13

Textes des Pyramides des anciens Egyptiens, formule 670, chap. 1975-1976. 14 Il conviendrait de dire « maîtres et possesseurs légitimes de l’univers », car pour les anciens Egyptiens, l’Egypte c’est l’univers ; leur pays est l’illustration parfaite du cosmos. 15 Cf. P. Vernus, conférences sur « le roi Apophis », EPHE, décembre 2012. Voir aussi sa contribution intitulée « Jachères d’Egypte », Paris. 16 R.O. Faulkner, op. cit., utterance 1, p. 1

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Planche n°1 Protégé par l’image de la déesse céleste Nout, gravée sur le couvercle de son sarcophage, le défunt est assuré d’accéder à une renaissance solaire (sarcophage de Djed-Hor, grauwacke ; Paris, musée du Louvre, époque ptolémaïque).

Eu égard à ce qui précède, dans la présente contribution, nous estimons que le pouvoir d’essence divine rattache Pharaon aux grands dieux de l’Egypte, fait de lui le grand prêtre de la religion et l’unit inexorablement aux différents clergés chargés d’administrer les temples en son nom. Les noms des dieux que ces clergés ont élevés au rang de démiurge, permettent de « revisiter » le règne de Pharaon et de le comprendre sous un autre angle. Dans cette étude, nous allons nous appesantir sur trois clergés qui, à notre sens,

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suffisent pour comprendre la théocratie pharaonique17 : les clergés de Memphis, d’Héliopolis et de Thèbes18. Cet ouvrage se propose de répondre à la question principale suivante : pouvons-nous comprendre et interpréter le règne de Pharaon en analysant les signes hiéroglyphiques constitutifs des noms de Ptah, Rê et Amon ? Par conséquent, notre contribution vise à explorer les signes hiéroglyphiques servant à écrire les noms de Ptah, Rê et Amon, tente de saisir la charge sémantique que la spiritualité19 pharaonique leur confère, établir un lien entre ces signes et le pouvoir du roi d’Egypte, afin de comprendre les prérogatives inhérentes au règne de pharaon exclusivement sous l’angle de la religion, le socle de toute la civilisation de l’Egypte ancienne. Ce caractère essentiellement religieux, perceptible en revisitant le règne de Pharaon, se révèle être, pour nous à travers cette étude, l’une des voies indiquées pour illustrer les devoirs du roi envers lui-même, envers la société des Hommes qu’il dirige et envers les dieux desquels émane son pouvoir, d’autant plus que l’Egypte est une royauté destinée à coordonner l’univers dans sa globalité. Pour y parvenir, Pharaon se devait d’être uni aux divinités, en veillant au bon fonctionnement des clergés et du service cultuel dans les temples. 17

Dans cette contribution, nous retenons la définition suivante de la théocratie : La domination de l’ensemble de la vie d’un peuple par les réalités spirituelles. Cette définition traduit mieux la réalité de la société de l’Egypte ancienne. 18 Le clergé de Memphis avec le dieu Ptah ; le clergé d’Héliopolis avec Rê et le clergé de Thèbes avec Amon. 19 Spiritualité égyptienne ou pharaonique : ce groupe de mots est employé dans cette étude pour désigner l’ensemble des croyances qui rattachent les anciens Egyptiens aux dieux. Ces croyances les ont conduits à distinguer le sacré du profane, pour que l’esprit soit audessus de la matière, et qu’Apophis (le profane) ne parvienne jamais à renverser la barque de Rê (le sacré).

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CHAPITRE I Le règne de Pharaon élucidé par le nom de Ptah

Commentaire : Ceci est la transcription hiéroglyphique du nom de Ptah, le dieu de Memphis. Seuls les trois premiers signes se lisent. Le dernier signe est un déterminatif qui vient préciser qu’il s’agit d’une divinité masculine. Ptah est le dieu de Memphis, la capitale de l’Egypte pendant l’Ancien Empire (2778-2263 av. J.-C.), la période de renforcement des bases de la civilisation égyptienne jetées sous l’époque thinite (3000-2778 av. J.-C.). Nous retenons qu’avec l’Ancien Empire, l’écriture hiéroglyphique se précise et se diversifie, l’origine divine du pouvoir et des souverains se confirme et devient le fait déterminant qui transforme le trône d’Egypte en rocher inaltérable. L’Ancien Empire est aussi et surtout la période de la construction des grandes Pyramides de Gizeh et de la montée fulgurante du clergé d’Héliopolis, initiateur d’une iconographie politico-religieuse totalement tournée vers le dieu Rê, et responsable de l’accession au trône des

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Pharaons ditts « solaires »20 à la Ve dynastiee (2563-24223 P a J.-C.). Ce av. C clergé a le l mérite d’’avoir élabooré les Textees d Pyramiddes, documeents religieu des ux retraçantt le processuus d divinisatiion du roi d’Egypte de d paar son accesssion à la vvie en éternité dans d le royaaume d’Osiiris. Ainsi donc, d dès lees p premiers tem mps connus de l’Egyptee indépendaante, Pharaoon est dieu parcce qu’il est prêtre, et il i n’est prêttre qu’en taant q fils des dieux. Ceci nous cond que duit à trouvver au traveers d noms dees dieux plaacés à la têtee des clergéés, les appuuis des sccripturaires nécessairees pour co omprendre le règne dde P Pharaon, unn instant prresque totaalement dom miné par lees m manifestatio ns du religiieux. S’agissant de S d Ptah, son nom est co omposé de quatre q signees h hiéroglyphiq ques : un sièège, une gallette de painn ou la voûûte céleste, unee mèche de lin tresssée21 et unn personnagge m masculin asssis portant laa barbe postiche. Le siiège : Ce signe rennvoie à la lettre P de l’alphabet français. L C Le d débat reste ouvert suur ce quee ce signee représennte rééellement. Selon S J. Kaamrin, ce siigne peut reeprésenter uun siimple carréé. Toutefoiss, des recheerches plus approfondiees conduisent à considérerr ce signe comme c la reeprésentatioon 200

Le récit des Pharaons de la l Ve dynastiee est rapporté dans le papyrrus W Westcar. In, 1968, 1 Contes de la vallée du Nil. Texttes recueillis et prrésentés par Pierre P du Bourrguet, Claude Tchou, éditeuur, 329 p. A Moret comm A. mente l’œuvrre des prêtres d’Héliopolis en ces termes : « On se demaandera, dès lors, de quels éléments les théologieens d d’Héliopolis o composé la doctrine royale et coomment ils oont ont prrogressivemennt amené lees esprits à la croyancee qui, pendaant quarante sièclees, s’est impoosée à l’Egyptte ». In A. Moret, M op. cit., p. 3221. 211 Gardiner, A. A H., 19799, Egyptian grammar. Oxford, O Griffiith Innstitute, Ashm motean, Museuum, p. 30.

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d’un siège22. En nous appuyant sur l’idée d’une figure géométrique comme première suggestion de ce signe hiéroglyphique, nous pensons qu’il peut désigner les quatre côtés du temple de Memphis dédié à Ptah. Dans ce sens, ce signe pourrait aussi suggérer la stabilité, thème cher et récurrent dans le règne du souverain égyptien. Pharaon Vie – Santé23 - Force24, engendré avant les neterou (les dieux), demeure stable sur le trône de l’univers25, d’autant plus qu’il est le nb t3wy « Seigneur des Deux Terres »26. Il est le premier-né du monde inférieur27 et son siège s’étend sur les quatre coins de l’univers, à l’image des quatre côtés de la figure géométrique servant à écrire le premier signe du nom de Ptah. Nous comprenons, dès lors, pourquoi dans sa confession rapportée à la note n°22 de la présente contribution, Ramsès III affirme chercher sans relâche ce qui est nécessaire pour les sanctuaires des dieux. En effet, 22

Kamrin, J., 2004, Ancient Egyptian Hieroglyphs. A practical guide. Published by Abrams, Inc., New York, p. 20. 23 P. Vernus affirme que le mot Intégrité serait la meilleure traduction à la place du concept santé. Il préfère donc écrire « Souverain Vie – Intégrité – Force ». En effet, le roi d’Egypte est avant tout celui qui jouit de l’intégralité de son corps et de ses forces. Les rites funéraires égyptiens n’exigent-ils pas la conservation de toutes les parties (l’intégralité) du corps physique pour accéder à l’au-delà ? 24 La confession de Ramsès III illustre bien cette tendance : « […] Je suis votre fils qu’ont produit vos bras. Vous m’avez fait paraître comme souverain Vie, Santé, Force de toute la terre […]. Je remplis ma fonction en paix. Je ne fais pas reposer mon cœur à chercher ce qui est utile et efficace pour vos sanctuaires […] ». In Montet, P., 1946, La vie quotidienne en Egypte au temps des Ramsès. Paris, Hachette, p. 256-257. 25 Nous rappelons que pour les anciens Egyptiens, l’Egypte et l’univers sont des entités géographiques renvoyant à la même réalité. 26 L’expression nb t3wy signifie que Pharaon a autorité sur la totalité de l’Egypte, la Haute et la Basse Egypte. 27 L’expression « monde inférieur » symbolise le monde physique, par opposition à l’au-delà, l’univers invisible.

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le roi d’Egypte, dès l’Ancien Empire, est présenté comme le fils d’Atoum, le démiurge de l’Ennéade d’Héliopolis. Cet extrait des Textes des Pyramides le confirme : « La mère de Pépi, qui est dans le monde du ciel renversé, le forme, quand ce Pépi est mis au monde par son père Atoum, […] Avant que le ciel ne soit devenu, Avant que la terre ne soit devenue, Avant que l’humanité ne soit devenue, Avant que les Neter ne soient mis au monde, Avant que la mort ne soit advenue. »28

La stabilité symbolisée par la figure à quatre côtés, renvoie aussi à Pharaon qui doit régner en paix29 (hotep). Mais, peut-on régner sans trône ? C’est pourquoi à notre sens, le signe hiéroglyphique représentant la première lettre du nom de Ptah suggère également l’idée du trône de l’Egypte qui rattache Pharaon à ce dieu dont il approvisionne le sanctuaire et, par extension, à l’ensemble des neterou (dieux) de l’Egypte pharaonique. Le roi est assis sur un trône à la fois temporel et spirituel. Ceci fait de lui, aux yeux des Hommes, le successeur légitime des dieux. A ce titre, Pharaon règne entouré par les dieux qui protègent son trône30. Une formule des Textes des Pyramides stipule : 28

Textes des Pyramides des anciens Egyptiens, chapitre 1466. In W. Dietrich, op. cit., p. 250. 29 Pour régner en paix, la force du roi doit demeurer constante d’années en années, comme la crue du Nil annuellement attendue. « […] Le symbolisme du Nil est lié à celui de la création du monde et du roi. Chaque année, la force du roi devait être renouvelée. Cela se passait au moment de l’Inondation […] ». Desroches Noblecourt, C., 2004, Symboles de l’Egypte. Paris, Desclée de Brouwer, p. 19-21. 30 Dans l’iconographie de l’Egypte pharaonique, le faucon Horus est souvent présenté avec les ailes déployées derrière le trône de Pharaon.

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« […] the face of the god is opened to me, and I sit on the great throne beside the god ».31

Pharaon règne aux côtés des dieux qui l’ont établi souverain du Double Pays. En cherchant ce qui est efficace pour le sanctuaire du dieu, le roi se place à la tête du clergé qui administre le temple en son nom, d’une part, et puise ainsi la force qui lui permet de diriger l’Egypte, le temple des dieux, d’autre part. Il peut ainsi fournir le pain au peuple, sous le regard bienveillant des neterou de l’univers. La galette de pain ou la voûte céleste : Le deuxième signe constitutif du nom de Ptah, c’est l’équivalent du T français. A. H. Gardiner32 et J. Kamrin33 rapportent tous deux dans leur grammaire égyptienne, que le signe hiéroglyphique renvoyant au T français est la représentation d’une galette de pain. Ce premier sens du deuxième signe du nom de Ptah pourrait, par conséquent, symboliser le règne temporel de Pharaon. En effet, à l’instar du dieu qu’il représente, le roi a le devoir de nourrir son peuple. Il lui fournit pain, bière, eau. J. Kamrin rappelle : « Bread was a major staple of the Egyptian diet. »34

Vivant dans un environnement austère à plus d’un titre, l’Egyptien est préoccupé par le pain quotidien. Les quelques terres disponibles dans la vallée du Nil ne

31

R. O. Faulkner, op. cit., utterance 271 § 391, p.79. A. H. Gardiner, op. cit., p. 30. 33 J. Kamrin, op. cit., p. 23. 34 Idem. 32

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peuvent suffire pour combler tous les besoins35. Cette préoccupation le pousse à craindre manger les excréments ou boire les urines dans l’au-delà. Plusieurs formules36 des Textes des Sarcophages et du Livre des Morts font mention de la nécessité de bien se nourrir sur terre et dans l’au-delà. Les principes de la spiritualité de l’Egypte stipulent que le roi a l’obligation de nourrir son peuple. C’est en cela qu’il représente valablement les dieux de l’au-delà qui donnent au futur Osiris (le défunt) les aliments qu’il faut. « Le serviteur est venu ; qu’il vive de ce dont nous (les dieux de l’au-delà) vivons ! Mange ce que nous mangeons, boive ce que nous buvons. » 37,

pouvons-nous lire dans les Textes des Sarcophages. Par ailleurs, au-delà de la galette de pain, ce signe hiéroglyphique suggère, à la lumière de la spiritualité pharaonique, soit la symbolique de la voûte céleste, soit l’apparition du soleil entre deux collines en forme d’arc-

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Deux principales activités contribuent à la satisfaction des besoins alimentaires : l’agriculture et l’élevage. Ces activités ne peuvent connaître l’essor que si elles se développent sur les terres irriguées par les eaux du Nil. 36 Formule pour ne pas manger d’excréments dans l’Occident. « Ô Enfant des excréments, ne me propose pas tes excréments que voici ! - De quoi donc vivras-tu ? - Je suis le Taureau de la ville de Hennet qui est aux confins du ciel. Je suis le maître de cinq grandes portions auprès d’Osiris, (car) on a préparé cinq portions au ciel et sur terre […] ». Barguet, P., 1986, Textes des Sarcophages égyptiens du Moyen Empire. Paris, Cerf, spell 191, p. 389 ; spell 199, p. 393. Textes parallèles : Barguet, P., 1967, Le livre des Morts des anciens Egyptiens. Paris, Cerf, chapitre 52, p. 89. 37 Textes des Sarcophages, op. cit., spell 195, p. 391.

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en-ciel, soit l’allégorie de la naissance de la colline primordiale38.

L’apparition du soleil entre deux collines

Pour ce qui est de la symbolique de la voûte céleste, nous rappelons que Pharaon règne sur le cosmos. Il veille sur l’ordre établi par les dieux, afin de repousser le risque du retour du monde au chaos originel. Comme Ptah qui unit les terres, le roi est au-dessus des mondes visible et invisible. C’est pourquoi J. Barry précise : « Pharaon se présentait comme le gardien du monde. Il est le fils du dieu, celui qui demeure en état d’éveil afin que l’équilibre de l’univers soit assuré. » 39

Pharaon, grand prêtre du clergé de Ptah sous l’Ancien Empire, s’identifie à son dieu, intervient dans le fonctionnement de l’univers pour répondre au contenu spirituel du deuxième signe du nom de Ptah. Aussi, dès son arrivée dans l’au-delà, le roi d’Egypte cherche-t-il à assumer son héritage royal. Son pouvoir étant de droit divin, il affirme avoir succédé à Geb, à Atoum40. Le règne de Pharaon peut alors s’étendre aux quatre points cardinaux de l’univers et demeurer stable en devenant

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Barry, J. (1989-1991): Ancient Egypt. Anatomy of a civilization, Routledge, p. 241. 39 J. Barry, op. cit., p. 252. 40 « I have succeeded to Geb, I have succeeded to Geb; I have succeeded to Atum, I am on the throne of Horus the first-born, and his eye is my strength, I am protected from what was done against him […] ». Faulkner, R. O., op. cit., utterance 256, §§ 301-307, p. 66.

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l’incarnation de l’unicité41 divine, d’autant plus que l’Egypte est une copie du ciel42. Le deuxième signe du nom de Ptah en ce qu’il est une représentation de la voûte céleste, prouverait aussi l’existence du trône céleste du souverain égyptien, selon la spiritualité pharaonique. Ceci est une évidence, car le roi règne au temporel et au spirituel ; son pouvoir s’étend bien au-delà du monde visible fini ; il est le descendant des dieux qui lui ont confié le trône de Geb. Cet extrait d’un texte rapporté par J. Kamrin permet de mieux illustrer la charge cosmique du deuxième signe du nom de Ptah43 : « Aller au-devant du roi d’Egypte, c’est grandir en gravissant les marches qui mènent au ciel d’un univers où se concentrent les puissances de la matière, du temps et de l’espace, dans la biosphère de la création ».44 Pharaon règne dans toutes les sphères où la vie est possible. D’abord sur l’Egypte nourrie par les richesses de la vallée du Nil et sur toutes les terres étrangères parcourues par Rê ; ensuite, sur l’ensemble de l’univers baignant dans l’action bienfaitrice des dieux.

41

Nous tenons à préciser que l’unicité comporte en elle la notion d’universalité. Donc, à l’instar du démiurge (Atoum), son père, Pharaon uni au dieu, a le droit de régner sur l’univers. 42 Corpus Hermeticum, Traités XIII-XVII Hermès Trismégiste, Asclépius, Les Belles Lettres, 1946, p. 326. 43 Dans la spiritualité de l’Egypte pharaonique, Pharaon et le dieu qu’il représente dans les différents temples d’Egypte, ne font qu’un. L’image du cosmos présente dans le deuxième signe du nom de Ptah reflète aussi, à n’en point douter, la réalité royale et sacerdotale du règne de pharaon. 44 J. Kamrin, op. cit., p. 111.

26

La mèche m de lin n tressée : Dans la traanslittérationn des sign D nes hiérogllyphiques, la m mèche de linn tressée, reenvoie au deeuxième H de l’alphabbet égyptien45, par le peetit point qui q figure à sa basse. P Probablemen nt, cette mèche était tressée à l’’image de la m mèche d’unee lampe46. Si S la pluparrt des spéciaalistes47 de la laangue hiérooglyphique admettent a que q le troisièème signe ddu n nom de Ptahh est une mèche, m cela va v sans diree, il impliquue l’’idée de la flamme, f donnc de la lum mière. En efffet, l’idée ddu d dieu repousssant les ténèbres t à l’aide d’une d mèchhe enflammée, est présentte dans les textes de la l spiritualiité p pharaonique . Comme laa mèche et le flambeauu renvoientt à laa même réaalité48, la foormule du chapitre 1337A du Livrre d Morts intitulée des i « formule f dees quatre fllambeaux dde 49 g glorification n » , fait du d flambeau u l’outil quui permet aau d défunt (l’Ossiris N.) dee franchir lees portes de d l’Occident (ll’empire des morts). « […] O Osiris O chef des d Occidenttaux, qui faitt que brille le flambeaau pour l’ââme parfaitee dans Hérracléopolis, faites que l’âme vivannte de l’Osiiris N.50 soitt puissante

455

J. Kamrin, opp. cit., p. 21. Idem. 477 A. H. Garrdiner, op. ciit., Lefebvre,, G., 1955, Grammaire dde l’’égyptien classsique. Le Caaire, I.F.A.O., Bibliothèquee d’études, X XII, 471 p. 488 L’image du flambeau ouu de la mèchee, contient l’iidée de lumièère ett/ou de ténèbres (obscuritéé), lorsque la mèche ou lee flambeau soont étteints. 499 Livre des Morts, M op. cit., chapitre 137A, p. 180. Voir ausssi : C Chapoor, A., 1993, Le Livre des morts, Paaris, Albin Miichel, p. 102. 500 Osiris c’est le nom du dééfunt, candidaat à la vie en éternité. N. eest unne variable reemplaçant le nom n du mort. 466

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grâce à son flambeau […] qu’elle ne puisse être refoulée aux portes de l’Occident ! » 51

L’âme du défunt est vivante. Elle est porteuse de lumière au travers du flambeau. Pour cette raison, elle peut franchir les étapes de la vie en éternité. Le pouvoir de Seth (symbole des ténèbres) est donc éclipsé. Nous y apprenons que l’Egyptien ancien avance dans l’au-delà grâce à la lumière dont il est le porteur déterminé. Cette lumière a un lien évident avec le soleil que l’Egyptien tient à contempler chaque jour. Pour demeurer dans la symbolique de la lumière, les flambeaux sont parfois remplacés par quatre torches52. Dans les deux cas, l’idée de la mèche est présente. En outre, dans le chapitre 151A du Livre des Morts, parmi les outils qui aident le défunt à vaincre les confédérés de Seth, il y a la tresse de PtahSokar53. Le même chapitre présente plusieurs formules dont deux faisant allusion à une « mèche enflammée » aidant le défunt à repousser les ténèbres de la nécropole. C’est pourquoi Pharaon, uni au dieu Ptah au début de l’Ancien Empire, s’identifie à la lumière présente dans le troisième signe du nom de ce dieu et devient la lampe qui éclaire le peuple égyptien. Nous comprenons donc 51

Livre des Morts, op. cit., chapitre 137A, p. 181. Livre des Morts, op. cit., chapitre 137A, p. 180. La note n°1 du chapitre 137A rappelle que le rite des flambeaux a été étudié par S. Schott, dans ZÄS 73. Cette étude a confirmé que les flambeaux sont éteints à l’aube, parce que l’aube annonce la fin de la nuit, donc des ténèbres. Textes parallèles : Textes des sarcophages, op. cit., spell 531, p. 61. 53 Livre des Morts, op. cit., chapitre 151A. Textes parallèles : chapitre 171 où le flambeau allumé est associé au port du vêtement ouab, le vêtement pur par excellence ; chapitre 64, p. 103 : « […] Que je chemine en paix, que je marche sur les eaux célestes, que j’honore l’éclat du soleil comme lumière de mon œil, que je m’envole vers le rayonnement des bienheureux […] ». 52

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pourquoi la symbolique de la mèche allumée, du flambeau ou de la torche, est reprise dans le Livre des morts qui tire son contenu des Textes des Pyramides élaborés en faveur du roi dans l’Ancien Empire. Pour devenir lumière qui repousse les ténèbres sur le chemin de la vie en éternité, le roi prend soit l’apparence d’une étoile, soit d’un être uni au soleil source de lumière. Cette symbolique apparaît dans plusieurs formules des Textes des Pyramides. D’une part, Pharaon descend du ciel comme une étoile54 ; d’autre part, il s’unit au dieu soleil et devient un esprit impérissable55. Dans les deux cas, l’allégorie de la lumière qui rattache le règne de Pharaon au troisième signe du nom de Ptah, apporte plus d’éclairage à la conception égyptienne du pouvoir royal. Comme la mèche (le flambeau ou la torche) allumée qui ouvre les portes de l’au-delà pour le défunt, le pouvoir de Pharaon illumine l’Egypte (ou l’univers) et mène les Egyptiens à la vie éternelle. Le guide a besoin de lumière pour avancer sans trébucher. Bénéficiant du faisceau lumineux émanant du troisième signe du nom de Ptah, le roi égyptien devient la lumière qui permet au peuple de s’orienter et de prendre la bonne direction. Celui qui assume le pouvoir en pays d’Egypte doit être l’incarnation de la force associée à la masculinité. D’où le déterminatif clôturant le nom de Ptah. La figure ci-après a pour but de montrer que Ptah est bien lié au roi d’Egypte. Ici, le dieu de Memphis porte les attributs royaux (le sceptre sur lequel sont visibles le djed,

54

Pyramids Texts, op. cit., utterance 215, p. 42 Pyramid Texts, utterance 217, p. 44. Textes parallèles : utterance 222, p. 49 ; utterance 224, p. 52 ; utterance 248, p. 60 ; utterance 252, p. 62. 55

29

lee ouas, le ankh) a sans lesquels l le règne de Pharaon seraait v de son contenu. vidé c

Planche n°2 Cette image met C m en scène troois personnag ges : Pharaon (accroupi), ( Ptaah ett Sekhmet, la déesse lionnee (déesse guerrrière), tous deeux assis sur ddes t trônes. Sekhm met porte sur sa s tête le disqu ue solaire entoouré du serpennt (uraeus). Source : Dietrrich, Wildungg (1997), Eg gypte de la préhistoire p aux R Romains, Taschhen, p. 256.

30

if ou l’homme assiss portant la Le déterminat d barb be postiche : Pour la gram P mmaire hiérroglyphiquee, le déterm minatif est uun iddéogrammee placé à laa fin d’un mot m pour en e préciser le seens56. Dans presquue toutes lees représenttations, le nom D n de Ptaah s’écrit avec un quaatrième siigne matéérialisant uun p personnage masculin assis, a arboraant une barrbe postichhe. L position assise traduuit le repos, la tranquiillité, la paiix, La l’’instant de réflexion. r N Nous rappellons que Ptaah est le dieeu d Memphiss, et que cettte localité située en Basse de B Egyptte, fuut la capitalle du pays sous s l’Ancieen Empire. Le L quatrièm me siigne du noom de Ptahh intègre laa notion duu genre danns l’’exercice du d pouvoir au pays dees Pharaonns. Ainsi, lees d dieux qui onnt légué leurr pouvoir à pharaon paar Osiris puuis H Horus, tiennnent à précisser que la royauté r doitt être la sœuur siiamoise de la force ou o de la virrilité. Le mythe m du fiils h héritier présoomptif étaitt né. Cette idée du pouuvoir assum mé p les hom par mmes est présente p daans toutes les sociétéés 57 a antiques . En E effet, daans l’iconog graphie antiique, c’est le seexe mascuulin qui incarne et symbolise s l force. L la La rooyauté ayannt, entre auutres, pour mission dee protéger le p peuple et le pays, p il étaiit indispensable qu’ellee fût assuméée p les homm par mes.

566

Betro, Mariia C., 1995, Hiéroglyphes. H Les mystèrees de l’écriturre, Paris, Flammarrion, p. 25. 577 Nous retrouuvons cette idéée à Babylon ne (cf. Caratinni, R., 1985, L Le m monde antiquee 7. Paris, Bordas// B dans la Rome antique où Céssar n’ayant pas eu de fils, adoptte son neveu Octave O et en fait f son héritieer. GA, H., 2008, L’abécédairee de la Rome ancienne. a Parris, Inn MOUCKAG L L’Harmattan, p 58. p.

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Le quatrième signe du nom de Ptah nous donne de comprendre que le pouvoir pharaonique, d’essence divine, devait être dans les mains d’un homme, source de force, de courage et capable d’inspirer la crainte aux ennemis de son peuple. La symbolique de la force justifie la présence du Sphinx, la tête de Pharaon collée au corps d’un lion, sur le sol de Giseh. La tradition du pouvoir au masculin devait tellement être observée que la reine Hatshepsout (15051483 av. J.-C., XVIIIe dynastie) dut apparaître en public portant une barbe postiche58. L’iconographie égyptienne présente cette reine comme une femme prenant volontairement l’apparence d’un homme dans l’idée d’incarner aussi la force et être en harmonie avec l’ordre établi par les dieux. Par conséquent, nous pouvons déduire que le quatrième signe du nom de Ptah est un bon élément de lecture du règne, du pouvoir de Pharaon et de la conception de la royauté dans l’Egypte ancienne. Un pouvoir qui tirait sa force dans l’association de plusieurs éléments tuteurés par le religieux. La réflexion de Georges Balandier illustre bien cette tendance : « Le pouvoir établi sur la seule force ou sur la violence, connaît une existence constamment menacée ; et le pouvoir placé sous le seul éclairage de la raison aurait peu de crédibilité […]. Le pouvoir se fait et se conserve par la production d’images, par la manipulation des symboles et leur organisation dans un cadre cérémoniel ».59

58

DRIOTON, E., 1969, L’Egypte pharaonique. Paris, A. Colin, p. 128-131. 59 Balandier, G., 1980, Le pouvoir sur scènes. Paris, Editions Balland, p. 16.

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Le personnage assis du nom de Ptah et la barbe postiche qu’il porte suivent la logique de la manipulation des symboles. Ceci aide à comprendre et à mieux cartographier le règne du souverain égyptien. C’est pourquoi, préparant le voyage de l’au-delà, les rites funéraires invitent le roi à vêtir la force : « […] Regarde en haut, roi, sois fort et efficace »60.

Cet extrait des Textes des Pyramides porte à croire que la survie dans l’au-delà est une lutte de longue haleine. Pour ce faire, le roi défunt devait recourir à la vigueur qui, jadis, le caractérisait sur terre. Ce n’est qu’à ce prix qu’il peut inspirer crainte et frayeur à ses adversaires. Par extension, grâce à la force cachée dans le quatrième signe du nom de Ptah, Pharaon a le pouvoir de vie ou de mort sur tous les vivants. « Si le roi veut que tu meures, tu mourras, s’il veut que tu vives, tu vivras »61.

Mieux, le quatrième signe du nom de Ptah suggère que le roi d’Egypte est fort du fait qu’il est l’illustre sorti d’entre les cuisses de l’Ennéade62 ; car il n’y a de vraie force que celle issue des dieux. Comme pour corroborer l’idée de la force donnée au roi au travers du quatrième signe du nom de Ptah, certains passages des Textes des Pyramides stipulent que le souverain égyptien est plus grand qu’Atoum63. Or, être plus grand qu’Atoum, c’est se placer à la tête de l’Ennéade d’Héliopolis. Pharaon acquiert ainsi les qualités d’un démiurge, ce qui le propulse hors du 60

Faulkner, R. O., op. cit., utterance 93, §§ 62-63, p. 21. Faulkner, R. O., op. cit., utterance 217, § 153, p. 44. 62 Faulkner, R. O., op. cit., utterance 248, §§ 262-263, p. 60. 63 Faulkner, R. O., op. cit., utterance 273-4, § 395, p. 80. 61

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temps, en l’introduisant dans l’éternité (nehehe)64. D’où la mention suivante dans les Textes des Pyramides : « Le roi siège sur son trône en fer […] »65 Le fer est aussi le symbole de la force et de la résistance à l’usure temps. Il donne à l’Homme l’illusion, peut-être fondée, d’un temps maîtrisé, d’un monde dominé. Par le recours au fer dont est formé le trône du roi, les anciens Egyptiens tournent en dérision les méfaits dus à l’écoulement du temps. Ils font de leur souverain un être intemporel, maître du temps et des événements, comme les dieux.

Illustrations textuelles relatives au dieu Ptah :

A Ptah.

Ptah est dans ce lieu.

64

Comme nous pouvons le constater, le dernier signe hiéroglyphique du mot « éternité », renvoie au soleil (le cercle avec un point en son milieu). En effet, dans l’Egypte ancienne, le soleil est le symbole par excellence de l’éternité, parce qu’il demeure chaque jour immuablement le même. 65 Faulkner, R. O., op. cit., utterance 413, §§ 736, p. 136.

34

Ptah parle de cette chose avec respect.

Mon père est Ptah.

Ptah a parlé.

35

CHAPITRE II L’éclairage venu du nom de Rê

Commentaire : Telle est la transcription hiéroglyphique du nom de Rê, le démiurge d’Héliopolis. Ici, seuls les deux premiers signes se prononcent. Le troisième signe est un déterminatif qui vient confirmer l’allusion au dieu solaire. Le dernier signe (un personnage assis muni de la barbe postiche) nous conforte dans l’idée que nous sommes en présence du dieu Rê, une divinité masculine. L’influence du dieu Rê et son implication directe dans la gestion du pouvoir pharaonique, apparaissent dès l’Ancien Empire, notamment à la Ve dynastie (2563-2423 av. J.-C.). Cette information est mentionnée dans le papyrus du Musée de Berlin connu sous le nom de Papyrus Westcar66. Dans l’écriture hiéroglyphique, quand il s’agit de représenter le mot Rê ou Râ, la distinction est nettement marquée entre la représentation du soleil en tant qu’étoile lumineuse et celle de Rê en tant que divinité. Encore une fois, comme dans le nom de Ptah, c’est le pictogramme sous la forme d’un personnage portant la barbe postiche, qui fait la différence. Puis, le trait placé sous le déterminatif confirmant la transcription du soleil, disparaît quand il s’agit de la représentation du dieu Rê, afin que l’accent soit mis sur le personnage assis67. 66

E. Drioton, op. cit., p. 64 J. Kamrin, op. cit., p. 253. Dès fois le nom du dieu Rê s’écrit simplement avec le signe renvoyant au soleil suivi par le personnage assis portant la barbe postiche. Cf. A. H. Gardiner, op. cit., p. 70. 67

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Commentaire : Ceci est la transcription hiéroglyphique du soleil en tant qu’astre fournisseur de lumière. Ici, le signe renvoyant au soleil a un trait vertical à sa base (confirmation de l’astre soleil), et le personnage assis portant la barbe postiche, est absent. Nous sommes donc en présence de la transcription du soleil et non du dieu Rê. Le nom du dieu Rê comprend quatre signes. Les deux signes qui se prononcent sont le R et le A ou E. Ceux qui ne se prononcent pas sont les représentations du soleil et d’un personnage assis. La grammaire hiéroglyphique précise que le pictogramme de la lettre R c’est la bouche, tandis que celui de la lettre A est l’avant-bras (la main)68. La bouche : Rê est le dieu créateur par excellence ; toute chose a surgi de l’invisible par son action. Le premier sens que le premier signe du nom de Rê suggère c’est celui de la symbolique du Verbe créateur69. Par la parole, force créatrice des origines, Rê organise les mondes visible et invisible ; donne des ordres susceptibles de détruire les forces qui nuisent à la vie. Rê connaît et prononce le nom de son ennemi Apophis, le serpent géant qui tente sans cesse de renverser ses barques70. La force de la parole incluse dans le premier signe du nom de Rê renvoie aussi au rite de l’ouverture de la bouche71, largement exposé 68

H. A. Gardiner et J. Kamrin, op. cit Maria C. Betro, op. cit., p. 295. 70 Livre des morts, op. cit., chapitre 15, p. 48. 71 J. C. Goyon, 1972, Rituels funéraires de l’ancienne Egypte, Paris, Cerf, p. 89-90. 69

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dans tous les textes religieux de l’Egypte pharaonique72. Par ce rite, le défunt devenait capable d’accomplir son destin, en défendant sa cause lors des assises du tribunal d’Osiris. L’ouverture de la bouche est donc, en grande partie, le symbole de la victoire de la parole sur le silence73 qui tue et condamne l’homme à l’immobilisme. Il s’agit du Verbe créateur qui appelle à l’existence les puissances bienfaitrices et écarte celles qui promeuvent la mort. Par conséquent, nous comprenons pourquoi les entités divines Hou et Sia sont constamment présentes dans les barques de Rê : « […] C’est le sang qui coula du phallus de Rê quand il entreprit de se circoncire lui-même ; alors il en résulta les dieux devanciers de Rê, à savoir Hou et Sia, qui accompagnent mon père Atoum au cours de chaque jour. »74.

Hou représente le Verbe et Sia, la Connaissance75 ; car ne fait recours au Verbe que celui qui maîtrise les mécanismes de la connaissance ; qui connaît parfaitement le fonctionnement des mondes et les forces qui en assurent l’équilibre.

72

Pyramids Texts, op. cit., utterance 34 ; Textes des Sarcophages, op. cit., spell 816, p. 43. 73 Mombo, M.-A., 2007, « Les victoires du divin selon l’Egypte ancienne : une relecture des textes funéraires égyptiens (2563-1085 av. J.-C.) ». In Les Cahiers d’histoire et archéologie, Université Omar Bongo (Gabon), Faculté des Lettres et Sciences Humaines, département d’histoire et archéologie, volume N°9, p. 23 74 Livre des morts, op. cit., chapitre 17, p. 59. 75 Livre des morts, op. cit., note 21, p. 59.

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Planche n°3 Source : Papyrus du Livre des Morts de Hounefer, époque de Séthi 1er, British Museum. In F. Daumas, 1987, La civilisation de l’Egypte pharaonique, Paris, Arthaud.

C’est pourquoi Pharaon, fils et héritier de Rê, détient un pouvoir qui lui est conféré par la science sacerdotale, au sens où il est le grand prêtre du clergé qui sert le dieu ; un clergé possesseur des grands secrets de la religion égyptienne. Tel est le sens ésotérique du mythe76, la base inébranlable de la religion égyptienne. Ceci est la signification réelle d’un ordre théocratique qui n’est pas à confondre avec une royauté commandée par un organisme religieux. Pharaon, chef de l’organisation sociale, reçoit par l’entremise de la science sacerdotale le pouvoir du Verbe contenu dans le premier signe du nom de Rê77. En effet, comme Rê, le roi parle, ordonne, instruit et crée avec sa bouche. De même que Hou et Sia sont omniprésents dans les barques de Rê, de même ils illuminent le règne de Pharaon en le plaçant sous le signe 76

C’est la science prise dans sa globalité. Nous rappelons que selon l’ordre théocratique en pays d’Egypte, Pharaon est fils et héritier légitime de Rê. 77

40

du Verbe source de bénédictions78 et de la connaissance qui procure les compétences requises dans l’exercice du pouvoir. Dans la spiritualité de l’Egypte pharaonique en ce qui la rattache au pouvoir de Pharaon, Hou (le Verbe) et Sia (la Connaissance) sont comme les deux parties d’une graine dicotylédone. Détacher une partie serait synonyme de tuer la graine, en la rendant incapable de germer. Ainsi, pour que le règne du roi d’Egypte germe, c’est-à-dire produise les paroles puis les actes qui conduisent la société en toute justice, il se doit de garder Hou et Sia constamment unis. C’est aussi cela l’ossature du pouvoir possesseur du Verbe qui unit les « Deux Terres » et fait de l’Egypte un « Double Pays » dont l’étendard serait le pschent79. Par l’usage du Verbe mis à sa disposition au travers du premier signe du nom de Rê, Pharaon sort du vulgaire, se singularise et assume un pouvoir fondamentalement de droit divin. Son pouvoir ne doit souffrir d’aucune contestation, car il fait un avec le dieu Rê. Les Textes des Pyramides précisent: « There is tumult in the sky; We see something new, say the primeval gods. O you Ennead, Horus is in the sunlight, the possessors of forms make salutation to him, all the Two Enneads serve him, for he sits on the throne of the Lord o All. The King takes possession of the sky […] »80

78

Bénédictions entendues au sens étymologique de ce mot : paroles bien dites, et donc bénéfiques pour l’ensemble du peuple égyptien. En Egypte disait-on, « les paroles de pharaon créent la nourriture ». In D. Valbelle, 1988, La vie dans l’Egypte ancienne. Paris, P.U.F., p. 109. 79 La double couronne portée par le roi d’Egypte. 80 R. O. Faulkner, 1969, The Ancient Egyptian Pyramid Texts, Oxford, Clarendon Press, utterance 257, §§ 304-305, p. 67.

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Vu sous cet angle, A. Moret écrit : « Le principe royal sur lequel s’appuie l’ancienne Egypte n’a rien de commun avec notre concept du Roi. Il ne s’agit jamais d’un homme comme chez nous les Louis, Charles, François, par exemple. […]. Le Roi régnant est un symbole, un prétexte pour donner corps au sens mythique, mystique et hermétique de la corporification d’un rayon de Lumière d’origine […] »81.

La symbolique du Verbe présente dans le premier signe du nom de Rê, n’est donc pas la matérialisation d’une parole vide, c’est-à-dire séparée de Sia (la Connaissance). Il s’agit plutôt d’une parole chargée de vie et capable de donner une bonne orientation à la société. La parole de Pharaon, grâce à la force de Sia, ne doit jamais être vulgaire. En outre, en plus de Sia, cette parole bénéficie de la force du signe de la vie, Ankh. Pointé en direction de la bouche du roi défunt, il redonne à ce dernier le souffle de vie qui se manifeste aussi à travers la parole créatrice. Il s’agit d’une parole qui sort tout être de l’invisible au visible, afin qu’éclate la glorification de l’œuvre des dieux. Nous comprenons pourquoi à la croix ansée sont associés le son « N » traduit par un signe hiéroglyphique figurant les vagues à la surface de l’eau provenant du Noun (Nnw)82, le fleuve primordial d’où surgit la vie sous toutes ses formes, et le son « kh » transcrit par un symbole renvoyant au placenta. Nous le savons, il n’y a pas de vie sans eau et que le placenta caractérise la naissance. Cette 81

A. Moret, A., 1902, Du caractère religieux de la royauté pharaonique, Paris, E. Leroux Editeur, p. 295. 82 A propos du Noun, E. A. Wallis Budge précise : « Nun represents the primeval watery mass form which floats the bark of millions of years containing the sun ». E. A. Wallis Budge, 1967, The Egyptian Book of the Dead. The Papyrus of Ani. Egyptian Text, transliteration and translation, New York, Dover Publications, Inc., p. 57.

42

naissance marque aussi le passage du chaos à l’ordre. C’est dans un ordre parfait que Rê organise les mondes, en neutralisant de façon permanente Apophis, symbole du retour au chaos et de l’absence de vie. Ainsi, le roi a entre autres prérogatives, la capacité de maintenir l’ordre, l’équilibre et la discipline sur toute l’étendue du territoire égyptien.

Transcription hiéroglyphique du mot Ankh, la vie dans sa globalité. Toutefois, Ankh est avant la vie en éternité, celle qui place les pas de l’Homme dans le sillage des dieux. Cette vie s’accomplit dans la paix, Hotep (htp) en égyptien.

C’est la transcription hiéroglyphique du mot Hotep. Ce signe représente une table (plateau) sur laquelle est posée une offrande (gâteau ou un morceau de pain). Pour Alan Gardiner83, le mot hotep signifie non seulement paix, mais aussi repos ou aller se reposer, coucher (du soleil)84, (être) satisfait.

83

Gardiner, A., 1994, Egyptian Grammar. Being an Introduction to the Study of Hieroglyphs, Oxford, Griffith Institute, Ashmolean Museum, p. 583. 84 Le coucher du soleil prépare une nouvelle naissance, une étape du renouvellement sempiternel de la vie.

43

Par conséquuent, une tellle parole do P oit débouchher sur l’agiir, suur la dimennsion opéraationnelle de d toute enttreprise. Ellle d être suiivie d’actess concrets et doit e revitalisaants. D’où la p présence dee l’avant-brras (la maiin), deuxièm me signe ddu n nom de Rê. L’avvant-bras : Dans la spiriitualité de l’Egypte phaaraonique, concernant D c la p préparation d défunt enn vue du vo du oyage de l’aau-delà, il y a lee rituel de la conservaation de tou utes les partties du corpps p physique. P Pour que cet objectiff soit atteinnt, l’Homm me p plaçait chaquue partie dee son corps sous la prootection d’uun d 85. Une formule duu chapitre 42 du Livrre des Morrts dieu a apporte les éclaircissem é ments sur ce rituel en cees termes : « […] Il n’y n a pas en moi de mem mbre qui soit privé d’un dieu, et Thot T est la protection de d tous mess membres […] »86.

C’est pourquuoi en analyysant le deu C uxième signne du nom dde R il convieent de dire de Rê, d façon ex xplicite, qu’il s’agit d’uun a avant-bras h humain, auttrement dit d’une partiie qui traduuit l’’existence d’un d dieu qui q l’habitee et la protège. Mieuux, l’’avant-bras fait partie de d la main, le seul mem mbre capabble 87 d pivoter en de e tous senss , ce qui sous entendd une grandde capacité d’aaction. Signnalons ausssi que les doigts et la p paume forment la zone la plus actiive de la maain88, et c’eest 855

SOURDIVE E, C., 1984,, La main dans d l’Egyptee pharaoniquue. Recherches dee morphologgie structurale sur les obbjets égyptieens R coomportant unne main. (Préfface de J. Lecclant), Berne,, Editions Petter L Lang SA, p. 3991. 866 Livre des Morts, M op. cit., chapitre 42, p. 85. Texte parallèle : speell 9445, p. 513. 877 C. Sourdive, op. cit., p. X... 888 C. Sourdive, op. cit., p. 3995.

44

cela que nous retrouvons dans le deuxième signe du nom de Rê. Eu égard à ce qui précède, nous pouvons retenir que le deuxième signe du nom de Rê est un symbole89 indiquant le pouvoir d’agir ou d’associer la parole à l’acte. Rê est donc le dieu qui agit, en posant des actes salutaires pour l’Univers (l’Egypte) et les Hommes. A travers ses barques diurne et nocturne, Rê, grâce à la force de son bras, maintient l’univers en bon ordre et assure le renouvellement ininterrompu de la vie90. Le défunt qui quitte la terre pour l’au-delà, s’identifie au côté actif de Rê et travaille pour le compte de la barque du dieu : « Je suis Osiris. Ne me ferme pas tes portes devant moi, que je traverse le firmament (…), que je chasse ce qu’abomine Rê dans sa barque ! Je suis venu repousser Apophis et annoncer la navigation vers le ciel du Nord […]91. »

Tout indique ici que le défunt consacre la force de son bras aux actes qui militent en faveur de la protection de la vie. Il s’inscrit dans la perspective d’une lutte perpétuelle

89

La psychanalyse conçoit le symbole comme « Un signe qui veut exprimer autre chose que ce qu’il exprime, signe à double sens qui, indépendamment de la relation ordinaire du signifiant au signifié (fonction de signification) et de la relation du signe au référent (fonction de désignation), ajoute un autre sens au sens manifeste. » In C. Sourdive, op. cit., p. XI. 90 C’est pourquoi le signe du soleil est associé à la transcription du mot éternité en égyptien. La vitalité du soleil ne s’arrête pas. 91 Textes des Sarcophages, op. cit., spell 644, p. 84. Apophis, l’ennemi éternel de Rê, devait toujours être repoussé et vaincu ; car s’il parvenait à renverser la barque de Rê, l’univers retournerait au chaos origine.

45

entre le désordre et l’ordre92 ; entre Apophis et Rê ; entre Seth et Osiris. Le deuxième signe du nom de Rê nous donne d’apprendre que Rê est un dieu qui agit, façonne et dirige. Le bras de Rê agit avant tout au profit de son fils Pharaon. C’est pourquoi au Nouvel Empire (1580-1085 av. J.-C.) le couple Amon-Rê, l’union du dieu du Nord (Rê) avec celui du Sud (Amon), étant toujours en tête du panthéon égyptien, Pharaon engrange tous les bénéfices du bras de Rê. Cet extrait du « chant impérial de Thoutmosis III » le prouve suffisamment : « Paroles dites par Amon-Rê, maître des trônes du Double Pays : ô mon fils, qui appartiens à mon corps, mon bien-aimé […]. Je tourne mon visage vers le Nord et je fais merveille pour toi […]. Je fais que viennent vers toi des pays qui jusqu’alors ignoraient l’Egypte, chargés de leurs tributs d’argent, d’or et de toutes sortes de pierres précieuses […] »93.

92

C. Traunecker, 1996, Les dieux de l’Egypte, Paris, PUF, 3e édition, p. 93-94. 93 « Chant impérial de Thoutmosis III », in LALOUETTE, C., 1985, L’empire des Ramsès. Paris, Fayard, p. 54.

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Planche n°4 Dès l’époque thinite, il est fait mention du thème de la domination exercée par Pharaon sur les ennemis de l’Egypte. Ci-dessus, l’une des faces de la palette de Narmer, souverain de la 1ère dynastie (3000-2778 av. J.-C.). Le roi y est présenté coiffé de la couronne blanche du Sud et tenant en sa main droite une massue.

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Le deuxième signe du nom de Rê nous permet d’avoir une idée précise sur ce qui lie Pharaon à Rê. Uni au bras de Rê, Pharaon agit pour : -

Diriger l’Egypte selon les principes de Maât (la Justice divine), Nourrir le peuple d’Egypte, Conquérir des pays étrangers et rapporter en Egypte les produits utiles à sa construction, Rester uni aux dieux, ses véritables parents à en croire les scènes de théogamie élaborées avec vigueur sous la Ve dynastie (Ancien Empire).

Comme son père Rê, le roi d’Egypte agit pour vaincre les ennemis de l’Egypte dont l’image doit constamment briller sur l’univers. Ces ennemis, qu’ils fussent visibles ou invisibles, Pharaon se devait de les neutraliser en tant que Rê fait homme. Voici ce que nous pouvons lire dans un extrait de l’hymne de la victoire de Thoutmes III (1470 av. J.-C.), gravé sur la « stèle poétique de Karnak » conservée au Musée du Caire. C’est le dieu Amon-Rê qui parle :

« Je suis venu, j’ai fait que tu écrases les Princes de Palestine, Je les ai étalés sous tes pieds à travers leur Pays. J’ai fait qu’ils (les Princes) contemplent Ta

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Majesté comme un Maître de l’Aile (= un Faucon) qui saisit tout ce qu’il voit selon son désir94 ».

Ces propos mis dans la bouche du dieu Amon-Rê tendent à confirmer que la puissance de l’Egypte devait être affirmée partout. Grâce à la force émanant du deuxième signe du nom de Rê, le roi revêt les caractéristiques d’un souverain invincible, et l’Egypte devient une terre portée par les dieux. Elle est une forteresse que nul ne peut assiéger, parce que fortifiée par toutes les forces qui régissent l’univers. Sur ce point précis, un texte rapporté par J. Kamrin stipule : « Il faut préciser que l’Egypte n’est pas seulement un lieu géographique, mais aussi une représentation de l’univers en miniature et de son chef, pharaon. » 95

Planche n°5 Douze prêtres portent le trône céleste du roi Horemeb. Source : J. Kamrin., op. cit., p. 205 Ce document tendrait à prouver que Pharaon règne sur les Egypte terrestre et céleste.

94 95

Cf. Stèle poétique de Karnak, Musée du Caire. J. Kamrin, op. cit., p. 205.

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gissant sugggéré par le Pour symbooliser le ppouvoir ag P haraon a pluus que besoin m de Rê, Ph d deuxième siggne du nom d Shou96, lee souffle soolaire, mais aussi de laa lumière qqui de n de la lum mière solaire émane du soleil. s Le rroi a besoin p partout et enn tout tempss. Que seraitt son règne sans le soleeil d dans sa spllendeur dee midi ? La force dee diriger ddu Au soouverain enn découle, il ne peut donc s’en séparer. A bution pourr que le soleeil contraire, il doit apporteer sa contrib p paraisse chaqque jour et irradie toutee vie.

Le sooleil : n, nous avonns c Dès l’introduuction de laa présente contribution D gyptiens, l’Egypte c’eest raappelé que, pour les anciens Eg l’’univers et inversemennt. A l’instaar du soleil qui parcouurt l’’univers et en atteint tooutes les paarties grâce à ses rayonns vers et dem meure roi danns luumineux, Phharaon règnne sur l’univ me signe du d nom dee Rê est uun l’’au-delà97. Le troisièm p pictogramme e représentaant le soleiil. Ce dieu est la sourcce d lumière qui de q vivifie ll’Egypte. Cela est ausssi perceptibble que des noms des troois d dans la trannscription hhiéroglyphiq saaisons de l’Egypte.

Ou ptien, corresspondant à la khet, jour de d l’an égyp La saison Ak L u 15 novembbre). C’est la p période d’innondation (119 juillet au p première saison du calendrier nilottique.

966

Nous rappellons que Shouu, le souffle solaire, est l’’une des entittés divine constituuant l’Ennéadee d’Héliopolis. 977 218, §§161-163, p. p 45 u Pyramids Teexts, op. cit., utterance

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Péret, deuxième saison du calendrier nilotique. Cette saison correspond à la décrue du fleuve. Elle est la saison de la levée des cultures.

Shémou, troisième et dernière saison du calendrier nilotique. C’est la saison des moissons, elle précède la crue annuelle du Nil et le début d’une nouvelle année. Comme nous pouvons le constater, le signe hiéroglyphique renvoyant au soleil est belle et bien présent dans l’écriture des noms de ces trois saisons. Pour nous, cette omniprésence du soleil confirme la conception que les anciens Egyptiens avaient du soleil. En effet pour eux, il n’y a point de vie sans le soleil. C’est lui qui rythme les saisons autour desquelles s’organise la vie des humains, des animaux et des plantes. Pour cette raison, entre autres, le soleil est dieu et Pharaon se configure à lui afin de tirer tous les bénéfices possibles du troisième signe du nom de Rê. Ceux-ci (bénéfices) sont indispensables dans l’exercice du pouvoir pharaonique. Le soleil se lève et se couche98 chaque jour, tout en demeurant immuablement le même, distillant partout la 98

Selon la conception des peuples de l’antiquité ; car aujourd’hui nous savons que le soleil ne se lève jamais et ne se couche jamais. Une formule du Livre des Morts stipule : « Louanges à toi, Rê-Atoum, dans

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même lumière et la même vie. Le troisième signe du nom de Rê symbolise donc la lumière indispensable à la vie. C’est pourquoi le plus grand malheur qui puisse frapper un Egyptien ancien, c’est d’être privé de la lumière du soleil. Le défunt plongé dans les ténèbres du tombeau, doit apparaître chaque matin au même moment que le soleil. La spiritualité de l’Egypte pharaonique appelle ce voyage « la sortie au jour ». Voyage qui conduit le défunt à contempler la lumière du soleil, se charger de l’énergie utile à la vie en éternité. Nous pouvons l’illustrer par cette formule du Livre des Morts : « Je vais sur le chemin que je connais, en direction de l’Ile des Justes […]. » « J’arrive au pays des habitants de la zone de lumière, et je sors par la porte sainte […] »99

Ainsi, le roi, placé à la tête de l’Egypte projection de l’univers, se doit d’incarner la lumière symbolisée par le troisième signe du nom de Rê. Seigneur des Deux Terres100, Pharaon s’unit à Rê, comme le montrent plusieurs formules des Textes des Pyramides101, qui font de lui un gouverneur universel102. Cette étape s’inscrit en droite ligne dans la logique de la transmission du pouvoir en Egypte ancienne. En effet, le roi égyptien est issu de Rê, il est un nouvel Horus. Il est donc de la lignée divine ; car selon l’iconographie religieuse des peuples de l’antiquité,

tes belles venues ! T’étant levé, tu te couches en paix dans la retraite de l’horizon occidental (…) ». Chap. 15, p. 50 99 Livre des Morts, op. cit., chapitre 17, p. 59. 100 L’Egypte. 101 Pyramids Texts, op. cit., utterance 217, p. 44 ; utterance 222, p. 49. 102 Pyramid Texts, utterance 224, p. 52.

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« Les souverains sont les parents, les homologues ou les médiateurs des dieux »103.

Par le troisième signe du nom de Rê, Pharaon devient soleil pour l’Egypte, parce qu’il est fils de Rê. La symbolique du soleil figurant dans le troisième signe du nom de Rê, permet de comprendre cet extrait du couronnement de Séthi Ier104 : « Tourne vers moi la face, toi soleil levant, qui éclaires les deux terres de ta beauté. Toi, soleil pour les hommes, qui chasses de l’Egypte les ténèbres, tu as l’apparence de ton père Rê, qui se lève au ciel […] »105.

Le troisième signe du nom de Rê contient un pouvoir caché qui fait du roi la lumière éternelle pour l’univers. Aussi, Pharaon est-il propulsé au rang d’un souverain cosmique régnant sur les Deux Terres, c’est-à-dire la Haute et la Basse Egypte puis, par extension, l’Egypte terrestre et l’Egypte céleste, le monde du jour et le monde souterrain. La lumière issue du soleil est tellement vivifiante pour le roi d’Egypte qu’Akhenaton106 se faisait représenter le visage tourné vers le disque solaire.

103

Balandier, G., 1967, Anthropologie politique. Paris, P.U.F., p. 117. Séthi Ier, père de Ramsès II, est un souverain de la XIXe dynastie (1314-1200 av. J.-C.). Il a vécu de 1312 à 1298 av. J.-C. 105 « Extrait du couronnement de Séthi Ier », in J. Kamrin, op. cit., p. 240. 106 Akhenaton ex Aménophis IV, est considéré comme le plus grand monothéiste des souverains égyptiens. Il fit de l’atonisme (le culte du disque solaire) une religion unique (d’Etat). Il est de la XVIIIe dynastie (1580-1314 av. J.-C.) au Nouvel Empire (1580-1085 av. J.C.). 104

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Atn Nous proposons ci-dessus la transcription hiéroglyphique du mot Aton. Explications : -

Le demi-cercle ou demi-pain désigne le son « T », La ligne brisée ou les vagues inférieures, le son « N », Le roseau à gauche, le yod, le son « A », Le cercle entier (le soleil) avec un point en son centre, est le figuratif qui ne se prononce pas. Ceci est expliqué par Champollion, 1997, Traité de grammaire égyptienne, Paris, Solin.

Pour bien montrer la force du dieu unique (Aton), les rayons du soleil descendent sur le roi et sa famille en forme de bras tendus et porteurs de vie.

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Planche n°6 Aton est l’unique, l’unique divinité qui protège et donne la vie à la nature et à l’Homme. Stèle privé. Musée égyptien de Berlin.

La lumière venant du soleil, le souverain égyptien devait se l’approprier pour ensuite la communiquer au peuple. C’est également en cela que le roi d’Egypte symbolise la vie qui repousse la mort en faveur du territoire qu’il gouverne au nom des dieux. Ne peut supporter la charge de cette lumière divine qu’un être divin comme le dieu Rê. La force vitale émanant du troisième signe du nom de Rê, selon la conception du pouvoir au pays de Pharaon, devait être placée dans le corps et l’esprit d’un homme. C’est pourquoi comme pour Ptah, le nom de Rê se termine par un quatrième signe qui ne se prononce pas : un personnage masculin assis et portant la barbe postiche.

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Nous proposons ci-dessus l’écriture hiéroglyphique du mot Khépri qui est l’une des appellations du dieu Rê. Les signes représentés ici sont (de gauche à droite) : le placenta, le siège, le scarabée, la bouche, le roseau fleuri et le personnage assis muni de la barbe postiche. Nous rappelons que Khépri c’est le soleil levant. Le scarabée est un attribut du soleil dont il caractérise les transformations (kheperou : kprw) ou les perpétuelles renaissances. A notre sens, ces transformations indiquent que l’état divin reste un processus, on y accède strate par strate, en s’élevant vers ce qui est pur et en persévérant dans la pratique de la vertu. Ainsi, l’on ne devient Pharaon qu’en sortant progressivement de l’ordre humain par l’abandon du vulgaire. Ce processus sépare et isole le souverain qui devient par ce fait un naos que seul le grand prêtre peut ouvrir. La perfection qui fait du roi d’Egypte lumière des Hommes, doit être une synthèse des qualités de majesté et de beauté. Tout d’abord, Pharaon est 107 « Grande Maison » , ce qui impose respect et majesté. Etant fils de Rê, il possède aussi la beauté de ce dieu toujours beau et dont le « visage » ne prend jamais une ride. Pour ce faire, le roi égyptien peut également

107

Ce signe est la transcription du mot « per » signifiant maison.

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revêtir les caractéristiques d’un « être excellent ou 108 . efficient », en égyptien akhu

Planche n°7 Le dieu Rê muni du sceptre Ouas et de la croix ansée (ankh). Sur sa tête l’on peut distinguer le disque solaire entouré du serpent (l’uraeus, la déesse cobra) qui est aussi l’un des signes protecteurs de Pharaon. Le cobra, la tête dressée, placé sur la couronne du roi, menace les ennemis de ce dernier. Source: M. Eliade (Editor in Chief), 1993, The Encyclopedia of Religion, Vol. 5, New York, Simon and Schuster Macmillan, p. 39.

108

Le sémantème du « rouleau de papyrus scellé » détermine les notions abstraites. Retenons donc que le mot akhu pouvait s’appliquer ) qu’aux rois-dieux aussi bien aux dieux (Rê, Osiris : (Ounas, Merenrê, Pépi II), aux initiés supérieurs (improprement appelés revenants ou fantômes), aux défunts justifiés et transfigurés.

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Illustrations textuelles en rapport avec le nom de Rê

Le soleil se lève dans le ciel.

Le soleil est dans le ciel.

Le dieu Rê est ici.

Quand le soleil brille dans le ciel,

La terre est en joie.

Rê, tu es le maître des apparitions.

Sa ville (Héliopolis) l’aime (Rê) plus qu’elle-même.

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wi3 La barque sacrée (de Rê)

Mon père c’est Rê.

Son nom est Rê.

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CHAPITRE III L’interprétation du règne de Pharaon au travers du nom d’Amon

Commentaire : Nous mentionnons ci-dessus la transcription hiéroglyphique du nom d’Amon, le grand dieu de Thèbes en Haute Egypte. Comme pour le nom de Rê, seules les lettres A et N font partie de l’alphabet hiéroglyphique. Les signes renvoyant au damier (il se lit men) et au personnage assis, viennent préciser le sens : Amon, le « caché », est bien une divinité masculine. Amon est le dieu de Thèbes, la capitale politique de l’Egypte au Moyen Empire (2160-1785 av. J.-C.). Son poids politique se confirme à l’issue de la Première Période Intermédiaire (2263-2160 av. J.-C.), lorsque les princes de Thèbes ont restauré l’unité territoriale de l’Egypte. Amon, devenu Amon-Rê, est propulsé à la tête du panthéon égyptien à la XIIe dynastie109. Sur la base d’une connaissance avérée des phases astronomiques, le clergé égyptien remplace le culte du taureau Hap par celui du bélier Amon. Dans cette perspective, Amon revêt un caractère lunaire qui l’apparente à l’Eau primordiale ou au liquide céphalo-

109

E. Drioton, op. cit., p. 108.

61

raachidien110. Quand Amon A prend d la charge solaire een d devenant A Amon-Rê, i s’approp il prie la forrce du Feeu féécondateur ou du liquide sééminal111. Toutes cees caractéristiquues allégoriiques se rap pportent à la l vie et à la p production des forcess qui tend dent à la protéger, een chassant la maladie m et la l mort. Parr conséquennt, en prenannt f d’Amonn, le roi dev vient le servviteur qui aggit laa livrée de fils a moment opportun pour au p repoussser les ténnèbres. Il eest a alors, réellem ment, le souuverain Viee – Santé – Force par la reevendication de sa filiation fi à Amon. A S’il l’a été een a association avec Ptah et Rê, il doit le deemeurer aveec A Amon ; car il s’agit d’une d forcee qui se reenouvelle aau q quotidien et éternellemeent, à l’imaage du soleil qui se lèvve et se couchhe chaque jour. Cecci apparaîtrra de façoon reenforcée à travers l’eexamen dess signes coonstitutifs ddu n nom d’Amonn. C Comme pouur Ptah et Rêê, le nom d’’Amon com mprend quatre siignes : deuxx signes ( et ) que q nous retrrouvons danns l’’alphabet hiiéroglyphiqque ; un sign ne qui ne fait fa pas parttie d signes de des d l’alphabbet et que les l spécialiistes classent p parmi les bilitères, c’esst le signe et quui se lit meen. L quatrièm Le me signe c’eest la représsentation duu personnagge a assis portannt la barbe postiche. Nous N rappeelons que cce d dernier signee figure égaalement à laa fin des nom ms de Ptah et d Rê. Danss l’écriture hiéroglyphi de h ique, ce siggne fait parttie d déterminnatifs et nee se prononce donc pas. des p Le nom 112 complet d’A Amon s’écritt avec less quatre signnes.

1110

W. Dietrichh, op. cit., p. 2337. W. Dietrichh, op. cit., p. 2337. 1112 J. Kamrin, op. o cit., p. 45. 1111

62

Le rooseau fleurri ou le yod : Pour l’alphhabet égypttien, le prremier signe du nom P d d’Amon estt une semii-voyelle. Il I représentte un roseaau flleuri. Les roseaux r pouussaient daans les marrécages de la v vallée du Niil et dans lee Delta113. Comme C pouur les ancienns E Egyptiens l’au-delà est la continuaation de la vie terrestrre, n nous retrouvvons les roseaux dans la l végétationn des paraddis égyptiens, auu même titre que l’eau u du Nil114. Le clergé a choisi une plante p venannt des eaux du Nil, pouur amorcer la trranscriptionn du nom d’Amon. Il est e questionn d’un roseaau flleuri, donc ayant atteinnt le stade suprême s de la croissancce v végétative. C’est l’exxpression première p ett intense dde l’’explosion de la vie. Commentt oserions-nnous le dire a autrement, d d’autant pluus que chaq que divinité égyptiennne s’inscrit daans la dynnamique dee la naisssance et dde l’’épanouisseement de la vie. A la chargee symboliquue du roseaau fleuri, nous n pouvonns a adjoindre laa couleur verte, ellee-même syynonyme dde croissance, donc d de véggétation. No ous pouvonss ajouter sanns riisque de nous n trompper, que lees cornes arrondies et étendues du bélier Amon contienn nent aussi l’allégorie l dde c raison n précise, Pharaon fiils laa croissancce. Pour cette d d’Amon, estt appelé à naaître à une nouvelle n viee et à granddir suur les voiess de la connnaissance ém manant de l’entité divinne S Réveilléé d’un somm Sia. meil symbollique115 par les membrees d clergé lorrs de la céréémonie d’in du ntronisation,, le souverain

1113

J. Kamrin, op. o cit., p. 19. Textes des Sarcophages, S op. cit., spell 598, p. 64 ; spell s 466, p. 777. T Textes parallèles : Livre des morts, op. citt., chapitre 6, p. p 42. 1115 ANDREU, G., 1994, L’E Egypte au tem mps des pyram mides. Troisièm me m millénaire avannt Jésus-Chrisst. Paris, Hach hette, p. 18. 1114

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égyptien amorce une vie nouvelle qui le place hors de l’ordre humain. Dès lors, comme l’indique le premier signe du nom d’Amon, Pharaon acquiert la force de la végétation qui meurt et renaît au rythme des saisons. Ce qui implique l’éternité au travers du caractère cyclique des grandes phases de la vie. Cette vie végétative conférée au roi par le biais du premier signe du nom d’Amon, est marquée par la croissance qui conduit le souverain d’Egypte à l’état divin, non pas d’un coup, mais progressivement. Ce processus fait du roi le nouveau Khonsou116, réclamant la totalité de l’héritage (matériel et spirituel) d’Amon. Déjà, la tradition égyptienne rattachait le souverain à la triade primordiale composée d’Osiris, d’Isis et de leur fils Horus. Ainsi, considéré comme le nouvel Horus par les rites d’accession au trône, Pharaon devient avec Amon (et Mout) le nouveau Khonsou. Un bloc de granit du Musée égyptien de Turin, datant de la XIXe dynastie, montre le roi Ramsès II placé entre Amon et Mout, tenant la place du dieu-fils Khonsou de la triade thébaine.

116

La triade cosmique dominante à Thèbes est composée d’Amon, de Mout et de leur fils Khonsou. Cf. Bellinger, G. J. (sous la direction de), 2000, Encyclopédie des religions, Paris, Librairie Générale Française, p. 267. Dans une formule des Textes des Pyramides, Pharaon est présenté comme « une fleur dans les mains de Rê ». In Pyramids Texts op. cit., utterance 249, p. 60.

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Planche n°8 Le roi Ramsès II tenant la place du dieu-fils Khonsou de la triade thébaine, entre Amon et Mout. (Granite, Turin, Musée égyptien, XIXe dynastie).

Planche n°9 Le grand prêtre d’Amon, Ramsesnakht, présente un autel sur lequel trône la triade thébaine composée d’Amon, Mout et Khonsou. (Calcite et grauwacke ; Le Caire, Musée égyptien, XXe dynastie).

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Par ces filiations qui suivent les grandes articulations sociopolitiques et religieuses de l’Egypte ancienne, le roi assume la totalité de l’histoire égyptienne. Il apparaît, dès lors, comme un être éternel, constamment présent aux grands rendez-vous de son peuple. Il s’agit là de la principale caractéristique donnée à pharaon au travers de la fonction végétative (naissance et croissance permanentes) du premier signe du nom d’Amon. Toutefois, pour que le roseau puisse naître, croître et fleurir, il a besoin d’eau. D’où le deuxième signe du nom d’Amon : un filet d’eau. Le filet d’eau : Le deuxième signe de l’alphabet hiéroglyphique présent dans le nom d’Amon c’est le filet d’eau, l’équivalent du N français. Les ouvrages117 de grammaire égyptienne présentent souvent ce signe avec sept pointes. Il est la représentation des vagues à la surface de l’eau, d’autant plus que « The use of zigzag lines to indicate water is seen in paintings and relief »118.

Toute la vie de l’Egypte pharaonique s’organise autour de la gestion de l’eau du Nil. La vallée du Nil est sacrée, et le fleuve qui l’hydrate est élevé au rang des divinités. Il est donc judicieux de dire qu’ici, le filet d’eau représente les vagues à la surface du Nil. Fleuve aux eaux nourricières, le Nil est présent dans tous les textes religieux égyptiens, de l’époque thinite (3000-2778 av. J.-C.) au Nouvel Empire. A toutes ces phases de l’histoire égyptienne, 117

H. A. Gardiner, op. cit. et J. Kamrin, op. cit.. J. Kamrin, op. cit., p. 20.

118

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l’accent est mis sur la vie qui émane de l’eau, mais aussi sur son rôle purificateur. La végétation119 ne peut incarner la croissance et le renouvellement de la vie que grâce à l’eau (du Nil). A partir du moment où l’eau procure la vie, pour les anciens Egyptiens, elle doit appartenir au domaine divin. Par le deuxième signe de son nom, Amon devient le dieu qui accompagne l’Egypte dans toutes les phases de sa croissance tuteurée par les eaux du Nil. L’allégorie du filet d’eau suggère que le pouvoir de communiquer la vie passe du dieu Amon à Pharaon devenu le nouveau Khonsou. Dès cet instant, il revient au roi d’assurer, rubis sur l’ongle, la gestion des eaux du Nil ; car point de vie en Egypte sans le Nil. Cette responsabilité rattache aussi le roi à Osiris, premier symbole égyptien de la végétation, par sa mort et sa résurrection. Par conséquent, le filet d’eau du nom d’Amon symbolise, en grande partie, le pouvoir divin qui engendre et renouvelle constamment le monde. Ce pouvoir ne peut être légué qu’au roi, l’héritier présomptif des dieux. C. DesrochesNoblecourt écrit : « Chaque année, la force du roi devait être renouvelée. Cela se passait au moment de l’Inondation, parce que toute la vie de l’Egypte était gérée par cette Inondation qui, chargée de limon fertilisant, déferlait vers le Delta à partir du 18 juillet. […]. L’arrivée des eaux d’un Nil encore blanc symbolisait la perte des eaux précédant la naissance […] »120.

Par ailleurs, l’omniprésence de l’eau du Nil et ses multiples fonctions, sont largement évoquées dans les 119

La végétation est symbolisée par le roseau fleuri, dans le nom d’Amon. 120 Desroches Noblecourt, C., 2004, Symboles de l’Egypte. Paris, Desclée de Brouwer, p. 19-21.

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écrits funéraires égyptiens retraçant les chemins de la vie après la vie121. Une formule des Textes des Pyramides nous apprend : « My detestation is hunger, and I will never eat it. My detestation is thirst, and I will never drink it […] »122.

Dans l’au-delà, l’Egyptien brûle tellement d’envie de retrouver l’eau du Nil, qu’il craint d’être condamné à boire ses urines au cas où l’eau viendrait à manquer, ou à manger ses excréments. Les textes ne manquent pas pour l’illustrer : « […] Ô Grand, maître des aliments ! Ô Grand qui réside aux demeures d’en haut ! Vous qui donnez le pain à Ptah le grand qui est dans la grande place, donnez-moi le pain, donnez-moi la bière, et que mon déjeuner soit un gigot et un pain-sacheret […] »123.

Ou encore : « Formule pour respirer la brise et avoir de l’eau à volonté dans l’empire des morts. [Paroles dites par N.] : « O Hâpy, prince du ciel en ce tien nom de Creuseur du ciel, fais que je puisse disposer de l’eau comme (en disposa) Sekhmet qui avait enlevé Osiris cette nuit de la grande tourmente […] »124. 121

La mort étant perçue, par les anciens Egyptiens, comme un simple passage d’un état de conscience à un autre, il est adapté de dire la vie (dans le monde matériel) après vie (dans le monde invisible ou l’audelà). 122 Pyramids Texts, op. cit., utterance211, p. 40. 123 Livre des Morts, op. cit., chapitre 106, p. 141. Textes parallèles : Textes des Sarcophages, op. cit., spell 191, 389 ; Livre des Morts, op. cit., chapitre 52, p. 89, chapitre 165, p. 238. 124 Livre des Morts, op. cit., chapitre 57, p. 92. Texte parallèle : Pyramids Texts, op. cit., utterance 413, p. 136.

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Tout ce qui précède T p proouve suffisaamment quee le deuxièm me siigne du noom d’Amonn est un sy ymbole révéélateur de la d dimension v vitale de l’eeau du Nil et de son association a à toous les actees du souvverain. Mieu ux, c’est suur l’eau qu’a liieu le combbat de Rê coontre Apoph his. L’issue heureuse (aau p profit de Rê)) de ce com mbat, consaccre la victoiire des forcees d la vie sur celles de laa mort. de C’est pourquuoi nous pensons C p quee le deuxième signe ddu n nom d’Amoon renvoiee égalemen nt au Nounn, le fleuvve o originel d’oùù a surgi la vie selon laa spiritualitéé égyptiennne. L trône du roi, dispenssateur de viie, devait reeposer sur lees Le m mystères enttourant le Noun. N Enfin,, dans l’Egyypte terrestrre, P Pharaon unii à l’eau, devient le crocodile qui sème la teerreur sur lee rivage du Nil N 125. Le damier d

et l’ho omme assis portant la

barb be postiche Les troisièm L me et quaatrième sig gnes du noom d’Amoon 126 reeprésentent respectiveement un damier d ett un homm me a assis portantt la barbe postiche. p Lee damier, esspace réservvé a jeu, doncc à l’incertittude, est, seelon nous, un au u prélude aau seens caché des d choses. En effet, le l nom d’A Amon signiffie « le caché » ou « celui qui cache ». D’ailleurrs, l’’expression « gardienn des mysstères » (Kheer seesheta) estt bien préssente dans les textes de l’Egyppte

1225

« Chant imppérial de Thouutmosis III ». In C. Laloueette, op. cit., p. 544. Nous rapppelons qu’ici c’est Amon-R Rê qui fait quue pharaon sooit perçu comme un u crocodile suur le rivage. 1226 J. Kamrin, opp. cit., p. 44.

69

ancienne127. Voici ce qu’en dit une formule du Livre des Morts : « […] Paroles à dire : « O levé, levé ; Grand, Grand ; Caché, Caché ; […] dieu le plus grand des dieux de l’Orient du ciel ; Amon ; (ô) Amon, ô celui dont les apparences sont cachées, dont la forme est secrète […] »128.

Amon est donc l’unique, le caché des anciens Egyptiens, la manifestation du dieu unique, mais pluriel dans ses apparences. Un hymne à Amon précise : « Unique est le Caché qui demeure voilé pour les dieux, sans que sa vraie forme soit connue. […]. Aucun d’eux ne connaît sa vraie nature qui n’est révélée dans aucun écrit. Personne n’a pu le décrire, il est trop vaste pour être appréhendé, trop mystérieux pour être connu. Qui prononcerait son nom serait foudroyé. »129

Le troisième signe du nom d’Amon lève un coin du voile sur la dimension secrète et mystérieuse de la divinité. La statue du dieu n’était-elle pas enfermée dans un naos qui ne pouvait être ouvert que par le roi ou le grand prêtre qui le représente dans le temple ? Seule la divinité connaît les mystères de la vie, de la mort et de la résurrection (le retour de la vie à l’image de la végétation). C’est pourquoi en tant que nouveau Khonsou, le roi devient un « naos »130 humain. Comme son père Amon, Pharaon est caché dans son palais, 127

Cf. Wörterbuch der Aegyptischen Sprach, Vieter band, Akademie Verlag Berlin, 1971, p. 298. 128 Livre des Morts, op. cit., chapitre 165, p. 237-238. 129 Marie, D. (1995), L’Egypte éternelle, Edita, S.A., p. 39. 130 Le naos est l’armoire en bois abritant la statue du dieu dans un temple égyptien. Il est placé dans le sanctuaire, le saint des saints égyptien dont l’accès n’est réservé qu’à pharaon ou au grand prêtre qui le représente lors du culte religieux.

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et n’apparaît que rarement, à l’occasion des cérémonies solennelles. De même que la statue du dieu est cachée dans le naos, de même le souverain ne peut s’exposer aux regards de tout le peuple tout le temps. Par le pouvoir symbolique du troisième signe du nom d’Amon, Pharaon peut aussi être considéré comme « le chef des secrets supérieurs »131, à l’instar du défunt qui vogue en direction de l’au-delà. Quant au personnage masculin assis portant la barbe postiche quatrième signe du nom d’Amon, il a la même charge symbolique que ceux figurant dans les noms de Ptah et de Rê. Il témoigne du rôle de première grandeur joué par l’homme (le sexe masculin) dans l’exercice du pouvoir en Egypte pharaonique. Cette analyse nous donne donc d’apprendre que les dieux placés à la tête des grands clergés d’Egypte, font de la masculinité la véritable garante de la protection des Hommes en société. Pour ce faire, lorsque le pouvoir du roi d’Egypte est associé au règne animal, l’exemple doit être pris sur les mâles et non les femelles. Pharaon devient le « taureau aux cornes acérées »132 ; sa tête peut être collée au corps d’un lion (le Sphinx de Giseh) ; et le siège de son trône est en fer133, symbole de la résistance à l’usure du temps, l’élément qui donne à l’homme l’illusion, peut-être fondée, d’un monde maîtrisé, d’une mort refoulée. Riche de toutes ces attributions qui le placent au-dessus de la matière périssable, le souverain devait contribuer à la formation de ce que l’on pourrait appeler l’homo aegyptiacus ; l’être humain, type égyptien, totalement tourné vers le culte des dieux. 131

Textes des Sarcophages, op. cit., spell 532, p. 52. « Chant impérial de Thoutmosis III », in C. Laloutette, op. cit., p. 54. 133 Pyramids Texts, op. cit., utterance 413, § 736, p. 136. 132

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Illustrations textuelles se rattachant au nom d’Amon

Amon a parlé.

C’est lui (Amon) qui le dira.

72

CHAPITRE IV La contribution des pouvoirs attribués à Pharaon dans la formation de l’humain égyptien Dans ce chapitre, il est question de montrer le lien entre les aptitudes religieuses de Pharaon et ce qui se développe en l’Homme égyptien en particulier et en l’Homme en général ; car le roi d’Egypte est un souverain universel à l’image du dieu Rê qu’il représente sur le trône d’Egypte. Il s’agit de déceler l’impact des préceptes religieux, édictés par le pouvoir royal, sur l’édification de la vie intérieure134 de l’Homme, laquelle joue un rôle déterminant dans la conduite de l’être humain en société. Comme l’Egyptien a évolué et s’est développé humainement grâce à la religion, nous pouvons admettre que la religion des Pharaons ne fut pas statique ou monolithique. Au contraire, elle fut dynamique, en mouvement et en évolution135. Le but étant de faire de la société égyptienne un espace tourné vers les dieux, les véritables artisans des victoires du roi sur ses ennemis. Cette religion vécue par les Hommes de toutes les couches

134

La vie intérieure c’est la dimension spirituelle en l’Homme, grâce à laquelle il devient capable de bâtir une société juste et protectrice de la vie. L’Egyptien s’inscrit ainsi dans la logique des pouvoirs conférés au roi au travers des signes constitutifs des noms des dieux. 135 De l’époque thinite (3000-2778 av. J.-C.) au Nouvel Empire (15801085 av. J.-C.), en passant par l’Ancien (2778-2263 av. J.-C.) et le Moyen (2160-1785 av. J.-C.) Empires, la religion égyptienne a évolué et subi des mutations au rythme des faits sociaux. Au départ, presque exclusivement tournée vers Pharaon, cette religion a fini par remodeler les mentalités égyptiennes, en transformant profondément la société.

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sociales et tous les temps, ouvre des pistes éducatives intéressantes pour l’enseignement religieux136. La religion de Pharaon : chemin du fini à l’infini La religion de l’Égypte ancienne est un puissant facteur de développement humain, au sens où elle met l’Homme en présence d’une réalité plus haute et plus universelle que le monde fini et temporel auquel appartiennent l’institution pharaonique et l’ordre économique137. D’ailleurs, l’Empire égyptien et la donne économique ne sont que des émanations du bon développement humain insufflé par la religion. La transformation de la société égyptienne au plan étatique, socioculturel et économique n’est que l’œuvre de l’Homme égyptien préalablement transformé (développé) par l’enseignement religieux. Les pouvoirs religieux du roi introduisent dans la vie humaine un élément de liberté spirituelle138 qui peut avoir une influence créatrice et modificatrice sur la valeur sociale de l’Homme, sur sa destinée historique et sur sa personnalité intime. Par cette valeur sociale, l’égyptien s’élève vers la grandeur incommensurable du démiurge. Il s’appuie, pour ce faire, sur le message spirituel du scarabée ( khepera) symbole vivant des transformations de Rê. Les transformations, quelle que soit la forme qu’elles peuvent prendre, 136

V. Saroglou et D. Hutsebaut, 2003, Religion et développement humain. Questions psychologiques. Paris, Harmattan. 137 La religion égyptienne élève l’Homme et le conduit à considérer la vie comme une réalité sublime et éternelle qu’il convient de protéger en respectant l’ordre naturel des choses. 138 L’Homme par le rite religieux peut établir une relation individuelle entre lui et le divin.

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représentent une lutte farouche contre la routine et l’absence d’évolution positive ; car la quête du divin ne doit jamais ni s’arrêter ni prendre une tournure destructrice pour l’Homme. En Egypte, la donne religieuse entretenue par le roi, concourt avant tout au bien-être de l’Egyptien qui craint les dieux. La quintessence de cette valeur sociale, c’est le respect scrupuleux de la hiérarchie établie par l’institution religieuse : Pharaon est fils et représentant des dieux. Cette grandeur n’a de sens que si l’ensemble de la société en tire le plus grand bien. Le souverain égyptien a donc l’obligation morale d’emboîter le pas aux dieux, ses parents, qui sont les familiers de la majesté et de la beauté. Quand le roi neutralise les ennemis de l’Egypte, il combat le laid qui voudrait obscurcir le beau à travers lequel s’affirme le développement de l’humain égyptien. A quoi servirait la nature divine de la royauté, si elle ne débouche pas sur l’émergence d’une société humaine protégée et où l’homme s’épanouit en s’élevant au niveau de la divinité ? En suivant cette logique, le souverain égyptien transmet une morale sublime à l’Homme de tous les temps : l’être humain est le bien le plus précieux, sa vie doit être préservée coute que coûte. Pour rendre cela effectif, le roi se doit de s’inspirer des préceptes issus de la sagesse égyptienne : - « Sache qu’un homme de bien est toujours affectionné de Dieu quand il réfléchit avant de s’exprimer. - Si tu es grand après avoir été petit, si tu es riche après avoir été pauvre […] Sache rester simple. Parvenu au premier rang, n’endure pas ton cœur à cause de ton

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élévation ; tu n’es que l’intendant des biens des 139 dieux ».

C’est pourquoi Pharaon fait de l’administration et de l’approvisionnement des temples la priorité de son règne. Or, le service rendu aux dieux passe par le bien fait aux Hommes. En retour, les Egyptiens témoignent au roi respect et reconnaissance, ayant pris conscience de la dimension éternelle et sacrée d’une royauté qui milite en faveur de la protection du territoire et du bonheur des Hommes. Quand cette volonté de développer l’humain fait défaut, l’institution pharaonique chavire et devient vulnérable face à l’ennemi. Cela a été constaté lors de la Première Période Intermédiaire (2263-2160 av. J.-C.) et lors des troubles socioreligieux après la mort d’Akhenaton (1370-1352 av. J.-C.), le roi qui changea le paysage religieux de l’Egypte ancienne. La plus instructive des leçons qui en découle est que quand le développement humain ne suit pas le schéma religieux, toute la société languit et stagne. Le non respect de cette hiérarchie dictée à l’Egyptien par la religion, engendre le désordre au triple plan politique, social et économique140. Tout semble indiquer que le progrès de l’humain est le tremplin qui propulse vers un meilleur développement socioculturel et économique en Egypte pharaonique. L’Homme jouissant de toutes ses facultés, 139

Ptah-Hotep, vizir de Djedkarê et philosophe. Source : www.egyptos.net 140 La parfaite illustration du rejet du modèle de développement proposé par la religion en Égypte ancienne, c’est la Première Période Intermédiaire (2263-2160 av. J.-C.). Pendant cette période de troubles sociaux, les pouvoirs exorbitants que les gouverneurs de province (nomarques) s’étaient arrogés, ont entraîné le morcellement de l’Égypte en plusieurs micros États. Cf. Drioton, E., 1969, L’Égypte pharaonique, Paris, A. Colin, p. 90-101.

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est donc la première richesse sociale de l’Egypte ancienne, comme le corps humain est le premier support de la vie éternelle. Toutes les transformations qui s’opèrent en l’Homme avec l’apport de la spiritualité de Pharaon, visent l’édification de la stabilité et de la paix sociale. Vu sous cet angle, la religion du roi d’Egypte n’est plus seulement perçue comme un point de jonction entre le divin et l’humain, mais aussi comme le tremplin qui transmue l’Homme en faisant de lui un dieu. Elle est alors, véritablement, le pont qui rend possible le passage de l’éphémère à l’éternel, du visible à l’invisible, de la mort à la vie. Le roi qui protège l’Egypte est un indicateur de vie, un chemin vers la lumière sans laquelle les déserts prendraient le dessus sur le Nil, Seth triompherait d’Osiris, Apophis vaincrait Rê. Un tel état de choses est impensable pour l’Egyptien ancien, car il serait synonyme de retour du monde au chaos originel. En veillant pour que cela n’arrive jamais, le roi d’Egypte contribue efficacement au développement du genre humain. Il place l’Homme au centre de son action et désire ardemment que le corps physique de celui-ci épouse les mensurations de l’éternel. Telle est, à notre sens, la quintessence du message de la momification. Par ailleurs, il importe de préciser que la religion des Pharaons transmet à l’Homme une valeur spirituelle qui tend à s’incorporer à l’humanité pour transformer le monde. Il est, par conséquent, question pour l’Egyptien ancien de s’allier au roi, afin de jouir de tous les bienfaits émanant de l’action des dieux lorsqu’ils interviennent en faveur des Hommes. Le souverain reçoit son pouvoir des dieux, mais c’est en contribuant au bien de l’humanité qu’il devient véritablement fils du démiurge, en prenant la place d’Osiris et de Khonsou dans l’imaginaire populaire. 77

Le pouvoir ne peut réellement refléter l’origine divine que si les Hommes sur lesquels il s’exerce finissent par rayonner de bonheur, de gloire et d’honneur. C’est cela aussi chasser l’ennemi (Apophis) hors de l’Egypte. Une formule des Textes des Sarcophages indique : « Nout, étends-toi sur moi, admets-moi à la vie qui est chez toi, noue tes bras sur la place où je suis. Je suis le Grand, inerte. Ouvre-moi ! Je suis Osiris. […] Ne ferme pas tes portes devant moi, que je traverse le firmament, que je m’associe au rayonnement de l’aurore, que je chasse ce qu’abomine Rê dans sa barque ! Je suis venu repousser Apophis […] »141.

L’Egypte et l’univers n’étant qu’une seule et même réalité géographique dans l’iconographie des anciens Egyptiens, cette valeur spirituelle insufflée par la religion des Pharaons s’intègre dans le cosmos, afin de le transformer et le remodeler au travers des voyages incessants de Rê142. Par le développement humain issu de l’institution religieuse et politique, l’Egyptien acquiert les caractéristiques d’un être cosmique ayant la vocation d’irradier la terre entière. Une formule des Textes des Sarcophages illustre bien cette tendance :

141

P. Barguet, 1986, Les Textes des Sarcophages égyptiens du Moyen Empire. Paris, Cerf, spell 644, p. 84. Grâce au développement humain initié par la religion, l’Egyptien acquiert des aptitudes qui lui permettent d’intervenir dans le fonctionnement de l’univers. Il dialogue avec la déesse ciel (Nout), et est capable de maintenir l’univers à l’endroit par le travail aux côtés de Rê (maître de l’univers), tout en repoussant Apophis, l’incarnation du retour au chaos. 142 Rê, le dieu soleil, parcourt l’univers entier qu’il éclaire et vivifie.

78

« […] Je suis Rê. Je suis sorti des horizons contre mon ennemi ; il m’a été donné ; il ne me sera pas enlevé […] »143.

La religion, structurée et guidée par le roi, vient parachever le processus d’hominisation en l’Homme égyptien, pour faire de lui l’Homme véritable, c’est-à-dire configuré au divin, ou mieux encore, l’Homme frère siamois du dieu par la divinisation des parties du corps physique144. Chaque partie du corps physique doit être l’expression de la grandeur des dieux, une occasion choisie par l’Homme pour exalter le démiurge et confirmer que l’être tout entier est à lui. Pour cette raison, l’Egypte, portée par les dieux et Pharaon, devient la seule terre où la vie éternelle est possible. L’Egyptien intègre dans les croyances, la notion de l’importance du lieu géographique dans l’accession à la vie en éternité. Nous comprenons pourquoi il redoute de mourir hors d’Egypte, au risque de ne pas bénéficier des rites funéraires seuls capables d’ouvrir les portes de l’au-delà. Il faut aussi ajouter que le clergé égyptien est seul habilité à appliquer ces rites. En s’adressant à son humble serviteur Sinhoué, exilé volontaire, le roi Amenemhat 1er n’a-t-il pas écrit : « […] Reviens en Egypte pour que tu revoies la cour où tu as grandi, pour que tu baises la terre à la double grande porte et que tu te joignes aux amis […]. Pense au jour de l’enterrement, au passage de l’état de bienheureux »145 ? 143

P. Barguet, op. cit., spell 567, p. 107. « […] Mes cheveux sont (ceux de) Noun ; Mon visage est (celui de) Rê ; Mes yeux sont (ceux d’) Hathor ; […] Mes lèvres sont (celles d’) Anubis (…) Mes jambes sont (celles de) Ptah […] ». P. Barguet, 1967, Le Livre des Morts des anciens Egyptiens. Paris, Cerf, chap. 42, p. 84. 145 Bourguet, P. du, 1968, Contes de la Vallée du Nil, textes recueillis et présentés par Pierre du Bourguet, Claude Tchou, Editeur, p. 45. Le 144

79

Mieux, dans l’au-delà, l’Egyptien implore les dieux, afin que l’air de la vallée et l’eau du Nil ne viennent pas à manquer : « Formule pour respirer la brise et avoir de l’eau à volonté dans l’empire des morts. Paroles dites par N. : « O Hâpy, prince du ciel en ce tien nom de Creuseur du ciel, fais que je puisse disposer de l’eau comme (en disposa) Sekhmet qui avait enlevé Osiris cette nuit de la grande tourmente ; oui, que m’accompagnent les grands dieux qui président au siège du flot d’inondation […] »146.

Toute la géographie de l’Egypte protégée par le bras religieux147 de Pharaon, devient un hymne à la vie. Mourir hors d’Egypte, c’est choisir la mort définitive qui ne célèbre pas cet hymne ; c’est faire la promotion des forces d’anéantissement qui ne s’inscrivent pas dans le sillage de la religion du roi, la voie royale vers l’éternité telle que conçue par les anciens Egyptiens. Ainsi, grâce à Pharaon, chaque Egyptien devient porteur d’une Egypte dont il ne peut se débarrasser, au risque de sombrer dans une mort qui ne déboucherait pas sur une résurrection. Le nouvel ordre social institué par la spiritualité pharaonique s’appuie sur deux piliers essentiels et indissociables : la justice et la paix, étendards des sociétés humaines évoluées.

jour de l’enterrement, c’est l’instant du respect et de l’application des rites funéraires qui conduisent à la vie en éternité. Quant à la double grande porte, elle renvoie à la fois à l’entrée du palais royal et au franchissement de la frontière qui ramènera Sinhoué en Egypte, le Double Pays. 146 Barguet, P., Le Livre des Morts, op. cit., chap. 57, p. 92. 147 Ce bras est alimenté et tuteuré par les forces venant de Ptah, Rê et Amon.

80

Les pouvoirs divins de Pharaon au service de la Justice et de la paix sociétale Lord Acton a eu raison, en écrivant : La religion est la clé de l’histoire148, au sens où elle est un puissant élément de lecture de la réalité profonde des sociétés humaines. Cette assertion s’applique parfaitement au cas de l’Egypte pharaonique où « La religion est le terrain sur lequel a poussé toute la civilisation »149.

Pour ce qui est de la justice défendue par la spiritualité pharaonique, il convient de retenir d’ores et déjà, qu’elle consiste d’abord à tout mettre en œuvre, pour que l’Egypte soit au-dessus de toutes les nations, car elle est la propriété privée des dieux. De même que le soleil (Rê) brille et éclaire toutes les terres, de même l’Egypte doit rayonner et imposer sa domination partout. Ce n’est que justice, si la « terre aimée des dieux »150 passe avant toutes les autres, et que Pharaon, fils des dieux, est l’homme le plus puissant de la terre. Comment pourrait-il en être autrement, à partir du moment où les dieux (de l’Egypte) demeurent les maîtres et possesseurs légitimes de tout ? La puissance affirmée de l’Egypte et de son roi engendre la paix151 dont la société humaine a besoin pour s’élever au niveau de la divinité.

148

Lord Acton, in Dawson, C., 1953, La religion et la formation de la civilisation occidentale, Paris, Payot, p. 9. 149 Morenz, S., 1984, La religion égyptienne, Paris, Payot, p. 7. 150 Nous devons cette expression à l’égyptologue française Claire Lalouette. 151 Cette paix s’exprime à travers la soumission des ennemis intérieurs et extérieurs, visibles et invisibles de l’Egypte.

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En effet, le lien entre les pouvoirs religieux attribués au roi et le développement humain en Egypte pharaonique indique que la société ne se construit pas avec des Hommes sous évalués, diminués dans leurs droits, en l’occurrence le droit de vivre et du respect de l’intégrité physique. Le progrès de l’humain impulsé par Pharaon uni à Ptah, Rê et Amon, engendre une morale sublime qui nous permet de comprendre l’épisode du roi Kheops avec le magicien Djedi. En effet, à Kheops qui lui demandait de couper la tête d’un prisonnier pour ensuite la recoller, Djedi répond qu’on ne peut faire pareille chose à un homme, membre du troupeau des dieux152. Par ce récit extrait du Papyrus Westcar, les anciens Egyptiens dévoilent le fondement de leurs convictions reflet du degré élevé de leur développement humain : la vie de l’Homme est sacrée, il faut coûte que coûte la préserver ; car sans l’Homme debout153 il est impossible de parler de développement socioculturel et économique. Pour la religion de Pharaon, l’être humain est donc le bien le plus précieux. Ce développement, synonyme d’épanouissement total, confère à l’appareil d’Etat la capacité de rayonner sur terre (en dominant les ennemis de l’Egypte) et dans l’univers, à l’image de Rê qui parcourt toutes les terres et les met à la disposition de son fils Pharaon. Les pouvoirs que le roi puise dans les principales divinités d’Egypte, ne sont pas à mettre à son seul service. Ils ont aussi pour mission salvatrice, de faire de l’Homme égyptien le véritable familier des dieux.

152

P. du Bourguet, 1968, Contes de la Vallée du Nil, Textes recueillis et présentés par P. du Bourguet, C. Tchou, éditeur, p. 92-94 153 L’Homme debout est celui qui jouit de toutes les parties de son corps physique et possède, par la religion, une parfaite connaissance de lui-même et du monde dans lequel il vit.

82

Comme nous pouvons le constater, les pouvoirs religieux du roi ont engendré en Egypte pharaonique l’Homme égyptien, le type humain produit par plus de trois millénaires de discipline spirituelle. C’est à partir des ressources accumulées de leur riche passé religieux que les Egyptiens ont eu la force nécessaire pour demeurer unis au divin et conquérir le monde matériel. Cette force, preuve d’un développement humain harmonieux, a rendu l’Egyptien capable de bâtir une brillante civilisation dans un environnement géographique hostile. Par cette force, signe visible d’une transformation de l’humain imprimée par la spiritualité de Pharaon, l’Egyptien s’élève au-dessus du monde visible fini en divinisant la source de la vie en pays d’Egypte : le Nil. Le fleuve aux eaux nourricières devient le dieu Hâpy qui défie le mal et la mort symbolisés par la couleur rouge des déserts154, mais aussi par Seth l’ennemi des institutions établies par les dieux. Cette croyance solide en la divinité du Nil débouche sur le couronnement du développement humain : tout Egyptien est un Osiris en puissance155 opposé à Seth, la personnification du désert156 ou du mal. Parvenu au sommet de la transformation de l’humain, l’Égyptien qui s’identifie à Osiris tout en rejetant la figure séthienne, revendique le choix de la vie, transforme la société à tous les niveaux et s’approprie la force du Nil vainqueur éternel des deux déserts. C’est ainsi que l’Egyptien devient le serviteur qui élève des temples et accède aux mêmes mets que les dieux : 154

Il s’agit des déserts arabique à l’est et libyque à l’ouest. Osiris est associé à l’inondation, le retour annuel de la vie en terre d’Egypte. Cf. C. Desroches Noblecourt, 2004, Symboles de l’Egypte. Paris, Desclée de Brouwer, p. 17-25 156 Seth incarne le mal (la mort) tout au long de la tradition de l’Egypte pharaonique. Il est la sécheresse qui tente de déstabiliser le flot vivifiant du Nil. 155

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« […] O Grand, maître des aliments ! O Grand qui préside aux demeures d’en haut ! Vous qui donnez le pain à Ptah le grand qui est dans la Grande Place, donnez-moi le pain, donnez-moi la bière, et que mon déjeuner soit un gigot et un pain – sacheret ! » 157.

Le fait que cette revendication soit mentionnée dans des textes tournés vers la vie de l’au-delà, indique aussi, à notre sens, que le développement humain complet reste une éternelle aspiration, un idéal à conquérir au quotidien. Cependant, il convient de spécifier que les pouvoirs transmis au roi par les dieux, militent en faveur de l’Homme total, c’est-à-dire l’être vivant qui prend en compte la totalité de la création : le bon et le mauvais, Osiris et Seth. Les eaux vivifiantes du Nil ne coulent-elles pas à côté des déserts ? Dans l’au-delà égyptien la vie ne côtoie-t-elle pas la mort ? La faim n’est-elle pas aux portes de l’abondance ? Les salles d’abattage du dieu ne sont-elles pas l’antichambre des paradis ? Comme Pharaon, tout Egyptien doit être en mesure « d’unir les Deux Terres » : la terre du bien et celle du mal ; le territoire du positif et celui du négatif, le domaine de l’abondance et celui du manque158. Tout est à prendre en compte, car tout contient une partie de la définition de la vie. Toutefois, le mal ne doit jamais prendre le dessus sur le bien. C’est pourquoi certaines œuvres d’art de l’Egypte ancienne montrent le roi d’Egypte à la fois l’ami d’Osiris et de Seth. C’est le cas du granit conservé au Musée égyptien du Caire, présentant Horus et Seth en train de couronner le roi Ramsès III. 157

P. Barguet, Le livre des morts, op. cit., chap. 106, p. 141. En un mot, il s’agit d’accepter l’existence des contraires et de les concilier au quotidien, en trouvant la juste mesure en toute chose. La spiritualité pharaonique l’a compris. Voilà pourquoi Seth est « polymorphe », à la fois rival, vaincu et auxiliaire. Cf. Mathieu, B., 2011, « Seth polymorphe : le rival, le vaincu et l’auxiliaire », ENIM 4, p. 137-158.

158

84

Planche n°10 Le roi Ramsès III couronné par Horus et Seth (granit ; Le Caire, Musée égyptien, XXe dynastie).

L’image ci-après, présentant Seth comme le « seigneur du pays de Haute Egypte » s’inscrit dans la même logique : en Egypte, chaque divinité possède en elle une capacité de construction et de destruction ; le pouvoir de contribuer à l’éclosion de la vie (gouverner la Haute Egypte) et celui de la supprimer.

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Planche n°11 Seth de Noubet, « seigneur du pays de Haute Egypte » (d’après W. M. Fl. Pétrie, J. E. Quibell, Naqada and Ballas, 1895, planche XLIII, 3).

Cet état de choses rejoint le point de vue de C. Dawson qui mentionne que « Les grands hommes de la Renaissance étaient des hommes pleins de spiritualité »159.

Il n’est donc pas absurde de dire que sans la religion (la spiritualité) impulsée par le roi d’Egypte, aucun développement humain n’est possible. Par extension, nous pouvons ajouter que sans les pouvoirs à lui conférés par

159

Dawson, C., 1953, La religion et la formation de la civilisation occidentale. Paris, Payot, p. 11.

86

les dieux Ptah, Rê et Amon160, Pharaon ne peut être un modèle de perfection et de grandeur. De ce développement humain découlent les développements socioculturel et économique dont l’aboutissement logique serait l’édification d’une société humaine reposant sur Maât, la déesse Justice161 : une femme assise, portant la plume d’Autruche.

Maât, la déesse justice, telle qu’elle apparaît dans le panthéon égyptien.

160

Le roi reçoit ces pouvoirs par le biais du clergé chargé de légitimer son règne. 161 ASSMANN, J. (1989) : Maât, l’Egypte pharaonique et l’idée de justice sociale. Paris, Julliard, 163 p.

87

CONCLUSION Tous les documents relatifs à l’histoire de l’Egypte pharaonique162 tendent à confirmer qu’au pays de Pharaon l’évolution sociopolitique entraîne toujours une évolution religieuse et inversement163. Les trois principaux corpus164 retraçant les voyages du défunt dans l’au-delà apportent la même conclusion : de l’Ancien Empire au Nouvel Empire en passant par le Moyen Empire, le contenu de ces corpus se structure en fonction du contexte sociopolitique. Ceci prouve, s’il en était encore besoin, qu’en Egypte ancienne l’institution religieuse et le pouvoir du roi ne sont pas deux, mais une seule et même entité. D’où l’objet de la présente contribution qui a eu pour but fondamental d’interpréter le règne de Pharaon par la relecture des noms des dieux placés à la tête des grands clergés d’Egypte. Par cette relecture, nous constatons que les noms de Ptah, Rê et Amon s’écrivent à l’aide de quatre signes hiéroglyphiques. Comme les quatre piliers soutenant le temple, la maison du dieu, la présence de ces quatre signes évoque, selon nous, la stabilité dont devaient faire montre les dieux et pharaon après eux. L’analyse de la charge symbolique de chaque signe apporte une lumière considérable au sujet de la compréhension des mécanismes entourant le règne de Pharaon. Ces 162

M. Brion, 1954, Histoire de l’Egypte. Paris, Librairie Fayard, 447 p. // P. A. Clayton, 1995, Chronique des pharaons : l’histoire règne par règne des souverains et des dynasties de l’Egypte ancienne. Paris, Cartermann, 224 p. // F. Daumas, 1987, La civilisation de l’Egypte pharaonique. Paris, Arthaud, 547 p. // etc. 163 Sous la XVIIIe dynastie, pendant le règne d’Akhenaton, c’est la révolution religieuse qui a impulsé un nouvel ordre politique et social. 164 Il s’agit des Textes des Pyramides, des Textes des Sarcophages et des Livre des Morts des anciens Egyptiens.

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mécanismes qui lient le roi aux dieux, révèlent la constance de la pratique successorale reposant sur le fils héritier présomptif165. Nous retenons, in fine, que : - Chaque signe figurant dans les noms des trois dieux étudiés renvoie à une caractéristique particulière du règne de Pharaon. - La question du genre est bien présente dans l’exercice du pouvoir pharaonique. La palme d’or revient aux mâles chez les êtres humains et chez les animaux166. - Les symboles qui renforcent le pouvoir du roi viennent des pratiques religieuses et des croyances spirituelles des Egyptiens. Par ailleurs, nous retenons que la religion des Pharaons est le générateur d’où émanent toutes les énergies indispensables au bon fonctionnement de l’Egypte sous toutes ses formes. Ces forces génèrent le développement dans les différents plans de la société. Nous constatons aussi qu’aucune dimension de la vie dans l’ancienne Egypte n’échappe aux lumières de cette religion. L’Egyptien, bien formé par les principes religieux et par l’approche gouvernementale du roi, devient le principal artisan des développements socioculturel, économique et

165

Voici ce que nous pouvons lire sur une inscription dédicatoire du temple d’Abydos, au sujet de Ramsès II : « Je suis issu de Rê, même si vous dites que c’est de Séthi Ier : il m’a (seulement) nourri. Le Maître de l’univers (Rê) m’a promu alors que j’étais enfant, jusqu’à ce que j’assume le pouvoir […]. Et les notables de flairer le sol devant moi tandis que j’étais intronisé comme fils aîné […]. » Inscription dédicatoire du temple d’Abydos, 47-51. In R. M. Jouret, Thèbes 1250 av. J.-C. : Ramsès II et le rêve du pouvoir absolu, p. 24-25. 166 Nous n’ignorons pas le rôle joué par les femelles chez les animaux. C’est le cas de Sekhmet, la déesse lionne, redoutable divinité guerrière dans le panthéon égyptien.

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durable. C’est pourquoi Rose Marie Jouret estime que les rois d’Egypte en l’occurrence Ramsès II, avaient compris « Qu’on gouverne dans le présent, mais on règne pour l’éternité »167.

Gouverner dans le présent, en contribuant au bien-être social et à la protection de la vie. Régner pour l’éternité, en édifiant des œuvres (le sphinx de Giseh et les pyramides de Saqqarah en sont le témoignage éloquent) qui défient le temps et en posant des actes de bien qui s’incrustent dans la mémoire collective et servent de paradigme pour les générations futures. Dans l’Egypte pharaonique, tout ceci n’est possible que grâce à l’institution religieuse dirigée par Pharaon.

167

Jouret, R. M., 1990, Thèbes 1250 av. J.-C. : Ramsès II et le rêve du pouvoir absolu. Paris, Editions Autrement, p. 109.

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BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE ANDREU, G., 1994, L’Egypte aux temps des pyramides. Troisième millénaire avant Jésus-Christ. Paris, Hachette. BALANDIER, G., 1980, Le pouvoir sur scènes. Paris, Editions Balland. BALANDIER, G., 1967, Anthropologie politique. Paris, P.U.F. BARGUET, P., 1967, Le Livre des Morts des anciens Egyptiens. Paris, Cerf. BARGUET, P., 1986, Textes des Sarcophages égyptiens du Moyen Empire. Paris, Cerf. BARGUET, P., 1989, Un complot contre Ramsès III, d’après le papyrus n°1875 de Turin, les papyri Lee I et II, et le papyrus Rollin, Centre culturel de l’Ordre de la Rose-croix, Paris. BETRO, Maria C., 1995, Hiéroglyphes. Les mystères de l’écriture, Paris, Flammarion. BRION, M., 1954, Histoire de l’Egypte. Paris, Librairie Fayard. CHAPOOR, A., 1993, Le Livre des morts, Paris, A. Michel. CLAYTON, P. A., 1995, (pour la traduction française), Chronique des pharaons : l’histoire règne par règne des souverains de l’Egypte ancienne. Paris, Castermann. Contes de la Vallée du Nil, 1968, Textes recueillis et présentés par P. du Bourguet, C. Tchou, éditeur. Corpus Herméticum, Traités XIII-XVII, Hermès Trismégiste, Asclépius, Les Belles Lettres, 1946.

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DAUMAS, F., 1987, La civilisation de l’Egypte pharaonique. Paris, Arthaud. DESROCHES NOBLECOURT, C., 2004, Symboles de l’Egypte. Paris, Desclée de Brouwer. DRIOTON, E., 1969, L’Egypte pharaonique. Paris, A. Colin. DIETRICH, W., 1997, Egypte de la préhistoire aux Romains, Taschen. FAULKNER, R.O., 1969, The Ancient Egyptian Pyramids Texts. Oxford, Clarendon Press. GARDINER, A. H., 1979, Egyptian grammar. Oxford, Griffith Institute Ashmotean Museum. GOYON, J. C., 1972, Rituels funéraires de l’ancienne Egypte. Paris, Cerf. HORNUNG, E., 1996, L’esprit du temps des pharaons, Paris, Editions du Félin, Philippe Lebaud, Editeur. HORNUNG, E., 2001, L’Egypte ésotérique, Paris, Editions du Rocher. JULY, R. W., 1977, Histoire des peuples d’Afrique. Tome I. Issoudun (France), Nouveaux Horizons, Editions Gagnault. KAMRIN, J., 2004, Ancient Egyptian Hieroglyphs. A practical guide. Published by Abrams, Inc., New-York. LALOUETTE, C., 1985, L’empire des Ramsès. Paris, Fayard. LALOUETTE, C., 1998, Sagesse sémitique de l’Egypte ancienne à l’Islam, Paris, A. Michel. LEFEBVRE, G., 1955, Grammaire de l’égyptien classique. Le Caire, I.F.A.O., Bibliothèque d’études, XII

94

MOMBO, M.-A., 2007, « Les victoires du divin selon l’Egypte ancienne : une relecture des textes funéraires égyptiens (25631085 av. J.-C.) ». In Les Cahiers d’Histoire et d’Archéologie, université O. Bongo, FLSH, département d’histoire, volume n°9. MONTET, P., 1946, La vie quotidienne en Egypte au temps des Ramsès. Paris, Hachette. MORET, A., 1902, Du caractère religieux de la royauté pharaonique. Paris, E. Leroux, éditeur. SOURDIVE, C., 1984, La main dans l’Egypte pharaonique. Recherche de morphologie structurale sur les objets égyptiens comportant une main. Berne, Editions Peter Lang SA. VALBELLE, D., 1988, La vie dans l’Egypte ancienne, Paris, P.U.F.

95

TABLE DES PLANCHES Figure 1 ............................................................................ 17 Figure 2 ............................................................................ 30 Figure 3 ............................................................................ 40 Figure 4 ............................................................................ 47 Figure 5 ............................................................................ 49 Figure 6 ............................................................................ 55 Figure 7 ............................................................................ 57 Figure 8 ............................................................................ 65 Figure 9 ............................................................................ 65 Figure 10 .......................................................................... 85 Figure 11 .......................................................................... 86

97

TABLE DES MATIERES Avant-propos .................................................................. 11 Introduction .................................................................... 15 Chapitre I : Le règne de Pharaon élucidé par le nom de Ptah ....... 19 Le siège ..................................................................... 20 La galette de pain ou la voûte céleste ....................... 23 La mèche de lin tressée ............................................. 27 Le déterminatif ou l’homme assis portant la barbe postiche ....................................................... 31 Illustrations textuelles ............................................... 34 Chapitre II : L’éclairage venu du nom de Rê .................................... 37 La bouche .................................................................. 38 L’avant-bras .............................................................. 44 Le soleil..................................................................... 50 Illustrations textuelles ............................................... 58 Chapitre III : L’interprétation du règne de Pharaon au travers du nom d’Amon ........................................... 61 Le roseau fleuri ou le yod ......................................... 63 Le filet d’eau ............................................................. 66 Le damier et l’homme assis portant la barbe postiche ....................................................... 69 Illustrations textuelles ............................................... 72

99

Chapitre IV : La contribution des pouvoirs attribués à Pharaon dans la formation de l’humain égyptien ...................... 73 La religion de Pharaon : chemin du fini à l’infini..... 74 Les pouvoirs divins de Pharaon au service de la Justice et de la paix sociale .............................. 81 Conclusion ...................................................................... 89 Bibliographie .................................................................. 93

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L’histoire aux éditions L’Harmattan Dernières parutions mensonges (Les) de l’Histoire

Monteil Pierre

Chaque génération hérite des a priori et des idées reçues de la génération précédente. Ainsi, nombreux sont les mensonges de l’Histoire qui ont survécu jusqu’à nos jours. Nos ancêtres les Gaulois ? Napoléon était petit ? Au Moyen Age, les gens ne se lavaient pas ? Christophe Colomb a découvert l’Amérique ? Ce livre revient sur 80 poncifs considérés par beaucoup comme une réalité... (Coll. Rue des écoles, 28.00 euros, 282 p.) ISBN : 978-2-336-29074-4, ISBN EBOOK : 978-2-296-51351-8 Flavius Josèphe – Les ambitions d’un homme

Cohen-Matlofsky Claude

Quelles furent les ambitions cachées de Flavius Josèphe, historien Juif de l’Antiquité ? Il prône, à travers ses écrits, le retour à la monarchie de type hasmonéen, à savoir d’un roi-grand prêtre, comme réponse à tous les maux de la Judée. La question fondamentale est la suivante : comment les élites locales ont-elles géré leurs relations avec la puissance romaine et quel rôle les membres de l’élite ont-ils assigné à leurs traditions et constitution politique dans cet environnement d’acculturation ? (Coll. Historiques, série Travaux, 15.50 euros, 152 p.) ISBN : 978-2-336-00528-7, ISBN EBOOK : 978-2-296-51387-7 mer (La), ses valeurs

Groupe «Mer et valeurs» Sous la direction de Chantal Reynier – Préface de Francis Vallat

La mer, plus que jamais, est la chance des hommes et la clef de leur avenir. Elle leur apprend la responsabilité, suscite l’esprit d’initiative, mais elle oblige tout autant à rester humble devant ses forces naturelles. Le groupe de réflexion «Mer et Valeurs», réunissant navigants et universitaires, examine l’influence de ces valeurs rapportées à toutes les activités humaines. Des références historiques et géographiques illustrent le développement intellectuel et économique des pays qui se sont tournés vers la mer. (21.00 euros, 188 p.) ISBN : 978-2-336-00836-3, ISBN EBOOK : 978-2-296-51412-6 Métamorphoses rurales – Philippe Schar : itinéraire géographique de 1984 à 2010

Sous la direction de Dominique Soulancé et Frédéric Bourdier

Philippe Schar était convaincu que la géographie ne saurait exister sans la dimension du temps et la profondeur de l’histoire, seules capables de mettre

pleinement en lumière le présent et de le restituer dans toutes ses dimensions. On retrouve en filigrane dans ses recherches concises et pointues la volonté de replacer les opérations de développement à l’interface des logiques promues par les décideurs d’un côté et par les populations de l’autre. Cet ouvrage présente une sélection de ses écrits. (33.00 euros, 320 p.) ISBN : 978-2-296-99748-6, ISBN EBOOK : 978-2-296-51501-7 Pouvoir du Mal – Les méchants dans l’histoire

Tulard Jean

L’Histoire n’est pas une magnifique suite d’actions héroïques et de gestes admirables. Sans le Mal pas d’Histoire. Et il faut l’avouer, les méchants sont les personnages les plus fascinants de la saga des peuples. En voici treize, présentés à travers des dramatiques interprétées jadis sur les ondes. Treize portraits où l’on retrouve méchants célèbres comme Néron ou Beria et héros insolites comme Olivier Le Daim ou le prince de Palagonia. Ils illustrent le pouvoir du Mal. (Coédition SPM, 25.00 euros, 270 p.) ISBN : 978-2-917232-01-9, ISBN EBOOK : 978-2-296-51010-4 vies (Les) de 12 femmes d’empereur romain Devoirs, intrigues et voluptés

Minaud Gérard

Grâce à un méticuleux travail de recherche se redéploie ce que furent les vies de 12 femmes d’empereur et leur influence, non seulement sur leur mari mais aussi sur le destin de Rome. Les pires informations se mêlent. Un amour maternel allant jusqu’à l’inceste, un amour conjugal virant au meurtre, un amour du pouvoir justifiant tout. D’un autre côté, un sens du devoir exceptionnel, une habileté politique remarquable, un goût du savoir insatiable. (34.00 euros, 332 p.) ISBN : 978-2-336-00291-0, ISBN EBOOK : 978-2-296-50711-1 monde (Le) des morts – Espaces et paysages de l’Au-delà dans l’imaginaire grec d’Homère à la fin du Ve siècle avant J.-C.

Cousin Catherine

Ce livre propose d’étudier l’évolution des conceptions que les Grecs ont pu se former des espaces et des paysages de l’au-delà, jusqu’à la fin du Ve siècle avant J.-C. Monde invisible, interdit aux vivants, mais sans cesse présent à leur esprit, les Enfers relèvent pleinement de l’imaginaire. Une comparaison entre productions littéraires et iconographiques enrichit cette étude et laisse entrevoir l’image mentale que les Grecs se forgeaient du paysage infernal. (Coll. Kubaba, série Antiquité, 39.00 euros, 402 p.) ISBN : 978-2-296-96307-8, ISBN EBOOK : 978-2-296-50624-4 Corps et âmes du mazdéen Le lexique zoroastrien de l’eschatologie individuelle

Pirart Eric

Selon les conceptions mazdéennes, l’individu posséderait plusieurs types d’âmes. Est-ce vrai ? Et qu’advient-il de telles âmes au-delà de la mort ?

De quel sexe sont-elles ? Et le corps ? Pour répondre à de telles questions, Éric Pirart analyse les textes zoroastriens des diverses époques anciennes ou médiévales et y décrypte le lexique de l’eschatologie individuelle. (Coll. Kubaba, 29.00 euros, 294 p.) ISBN : 978-2-296-99286-3, ISBN EBOOK : 978-2-296-50580-3 3000 ans de révolution agricole Techniques et pratiques agricoles de l’Antiquité à la fin du XIXe siècle

Vanderpooten Michel

De la Grèce et la Rome antiques à l’Andalousie arabe, des campagnes gauloises à la France des Lumières et de la Révolution industrielle du XIXe siècle, l’évolution des connaissances et des pratiques agricoles est ici retracée à travers l’étude de près de 4000 documents. Les étapes de la production agricole, à différentes époques, sont étudiées, ainsi que l’entrée de l’agriculture dans l’ère de la chimie et du machinisme. (Coll. Historiques, série Travaux, 34.00 euros, 332 p.) ISBN : 978-2-296-96444-0, ISBN EBOOK : 978-2-296-50329-8 Antiquité (L’) moderne

Wright Donald

Ce livre étudie le regard que l’homme de la Belle Époque porte sur l’Antiquité. Il analyse la modernité de la Troisième République et ce que celle-ci doit à une interprétation systématique et scientifique des apports grecs et romains. Au travers des textes littéraires et scientifiques ainsi que de nombreux documents ensevelis puis retrouvés dans les archives françaises, ce livre est une étude sociologique d’une époque moderne par excellence qui se veut «classique». (Coll. Historiques, série Travaux, 27.00 euros, 274 p.) ISBN : 978-2-296-99168-2, ISBN EBOOK : 978-2-296-50407-3 Grandeur et servitude coloniales

Sarraut Albert - Texte présenté par Nicola Cooper

Albert Sarraut fut l’un des maîtres-penseurs du colonialisme de la période de l’entre-deux-guerres. Cet ouvrage de 1931 est l’un des meilleurs exemples de la justification du colonialisme français : il touche à tous les impératifs coloniaux de la France, du tournant du siècle aux débuts de la décolonisation. C’est essentiellement Sarraut qui façonna le langage avec lequel les Français parlaient de leur empire colonial. (Coll. Autrement mêmes, 24.00 euros, 200 p.) ISBN : 978-2-296-99409-6, ISBN EBOOK : 978-2-296-50121-8 Homo Sapiens (L’) et le Neandertal se sont-ils parlé en ramakushi il y a 100000 ans ? Paléontologie génétique et archéologie linguistique

Diagne Pathé

Cet ouvrage présente les découvertes qui permettent pour la première fois d’éclairer de manière factuelle la révolution culturelle et linguistique, qui a planétarisé avec l’avènement de la parole de Sapiens, voire de Néandertal, le monothéisme et les cultes bachiques de bonne fortune et de fécondité, à partir de 300000 et 200000 ans av. J.-C. Les faits qui rendent compte de manière précise

de cette révolution sont portés par le ramakushi et son vocabulaire comme langage datable matériellement entre 8000 et 10000 ans av. J.-C. (Editions Sankoré, 14.50 euros, 138 p.) ISBN : 978-2-296-99334-1, ISBN EBOOK : 978-2-296-50189-8 Histoire des peuples résilients (Tome 1) Traumatisme et cohésion VIe-XVIe siècle

Benoit Georges

Ce livre revient sur l’histoire de communautés éparses qui, surmontant le traumatisme de leur naissance improbable, firent preuve de résilience collective. Histoire particulière, marginale, de rescapés et de fuyards qui se prirent en charge pour se sauver, trouvant en eux-mêmes, dans leur cohésion intime, cette énergie qui les hissa au-dessus de l’ordinaire. Histoire de petites sociétés horizontales qui, vivant en périphérie du continent européen, irradièrent au loin jusqu’à se poster en économies-monde, quand la société médiévale, toute pétrie de verticalité hiérarchique, clouait la population au sol. (Coll. Historiques, série Essais, 23.00 euros, 222 p.) ISBN : 978-2-296-99201-6, ISBN EBOOK : 978-2-296-50168-3 Histoire des peuples résilients (Tome 2) Confiance et défiance XVIe-XXIe siècle

Benoit Georges

Au XVIe siècle, la Contre-Réforme déclara le meilleur de la bourgeoisie persona non grata et, poussant des communautés entières à l’exil, elle les contraignit à se réfugier dans une Eglise plus sociétaire, à tramer du lien social - source de cohésion et de puissance, à faire preuve de cette résilience collective qui fit la fortune de l’Amérique puritaine. Dans ce second tome, cette histoire dit aussi ce que - privées d’une aventure commune - l’Inde des castes et l’Italie du Mezzogiorno ne furent pas ; ce que - par esprit de défiance - l’Amérique des temps modernes pourrait ne plus être. (Coll. Historiques, série Essais, 23.00 euros, 224 p.) ISBN : 978-2-296-99200-9, ISBN EBOOK : 978-2-296-50167-6 vagabond (Le) en occident. Sur la route, dans la rue (Volume 1) – Du Moyen Age au XIXe siècle

Sous la direction de Francis Desvois et Morag J. Munro-Landi

Les textes ici réunis se proposent de fixer une image du vagabond dans les cultures occidentales. Du Moyen Age à nos jours, les sociétés occidentales ont hésité entre fascination et répulsion pour le nomadisme, enviable quand il est choisi, détestable et harassant quand il est imposé. Ces contributions reviennent sur l’histoire de ce phénomène, son accueil et sa pénalisation, ainsi que sur ses représentations dans la littérature et les arts plastiques. (38.00 euros, 378 p.) ISBN : 978-2-296-99153-8, ISBN EBOOK : 978-2-296-50110-2

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Le pouvoir du roi d’Égypte d’après la spiritualité pharaonique (2778-1085 av. J.-C.)

L’histoire sociopolitique et religieuse de l’Égypte pharaonique mentionne l’existence de trois grands clergés : le clergé du dieu Ptah à Memphis, le clergé du dieu Rê à Héliopolis et le clergé du dieu Amon à Thèbes. Les clergés étant directement rattachés au palais royal en Égypte ancienne, l’analyse des signes constitutifs des noms des dieux ci-dessus mentionnés permet de comprendre, sous un autre angle, le règne de Pharaon. À l’issue de la présente contribution, il ressort que : • Chaque signe figurant dans les noms des trois dieux étudiés renvoie à une caractéristique précise du règne de pharaon. • Le pouvoir pharaonique est réservé aux fils héritiers présomptifs. Cette disposition intègre la notion du genre et de la force dans l’exercice du pouvoir en Égypte pharaonique. • Les symboles qui renforcent le pouvoir de pharaon viennent des pratiques religieuses et des croyances spirituelles des Égyptiens. Il apparaît que pharaon, pour véritablement régner, doit s’approprier les qualités des dieux qu’il représente sur le trône d’Égypte. Michel-Alain Mombo est né à Dolisie (République du Congo). Docteur en égyptologie et histoire des religions antiques, il est enseignant à la faculté des lettres et des sciences humaines de l’université Marien Ngouabi à Brazzaville. Il est l’auteur de plusieurs articles et d’un livre, Mort et ascension de pharaon en Égypte ancienne (2778-2263 av. J.-C.).

ISBN : 978-2-343-00518-8

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