Poetry in fornaldarsögur English; Old Norse 9782503519008, 2503519008, 9782503519005

This volume contains all the anonymous poetry from medieval Icelandic mythical-heroic sagas (fornaldarsogur), such as He

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Poetry in fornaldarsögur English; Old Norse
 9782503519008, 2503519008, 9782503519005

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GÉRARD ZERBOLT de ZUTPHEN La montée du cœur

GÉRARD ZERBOLT de ZUTPHEN La montée du cœur

SOCS LA RÈGLE DE SAINT AUGUSTIN collection dirigée par Patrice Sicard et Dominiqu,e Poire!

~

GERARD ZERBOLT deZUTPHEN La montée du cœur De spiritualibus ascensionibus Jntrod11ctifJn, par Nikolaus Stauharh

Édition critique et traduction par sr Francis Joseph Legrarul

BREPOLS

© 200G BREPOLS@iPUBL lSHERS , Turnhout (B,.Jgiu1n)

Imprinié en Belgique D 200G/OO!J5,'l 75 ISBN 978-2-.jü3-5190'J-8

,\lJ righl' rcscrved. '\o parl of thi' publication melhchaft», dans: K1t"d1enreform von unten (n. 6), p. 368-426, p. 384~q.

37 pér1ence et une thérapie, enfin une forme d'associatio n volontaire, qui se rapproche plutôt de l'idéal communau taire de l'Église primitive et des écoles de philosophie grecques que de la vie régulière au Moyen Âge. Ce sont précisémen t ces aspects qui rattachent l'idéal de vie des Dévots à celui des humanistes , qui eux aussi, on le sait, se référaient à la même

notion traditionne lle de « philosophie du Christ» (philoJo-

phia Christi) 51 •

* Il reste à se demander enfin si, et dans quelle mesure, la réforme conçue par Gérard Zerbolt a été réalisée dans la Devotio moderna. Même si, on l'a vu, dans le milieu urbain des Dévots beaucoup de laïcs se sont inspirés de leur exemple, la réponse est claire; la pression ecclésiastiq ue en matière d'ordre et d'organisat ion et le poids de plusieurs siècles de tradition monastique l'ont emporté sur l'idéal, à maints égards utopique, d'une« réforme de l'Église par le bas». Depuis la fondation du couvent de cl1anoines réguliers de Saint-Augu stin de Windeshei m, les Frères er Sœurs de la Vie Commune onr progressive ment perdu du terrain jusqu'à occuper le rang d'une organisatio n a11xiliaire de la respectable branch_e cano-

niale du mouvemen t Dévot. Les premiers témoignage s de cette tendance se trouvent dans deux documents de 1396, par lesquelles les Frères de Deventer et les chanoines de Win51 Cf. Nikolaus STAUBACH, "Christ1anam sectain arripe : Dcvotio modcrna und H umanisn1us :. et unis à celui-ci, souhaitent être hébergés dans la dite maison, de façon que, une fois mise à l'épreuve la constance de leur volonté, si l'on trouve qu'ils convienne nt par les mœlu:s de l'âme et l'aptitude du corps, ils soient reçus comme novices dans le> dits monastères12. >>

Qu'en dépit de toutes les affirmatio ns de concorde et de solidarité , on en soit venu à des tensions et conflits entre les semi-reli gieux et les chanoines, personne ne devrait en être surpris à qui il est arrivé de rencontre r l'esprit corporati f et l't:goïsme de corps dans les ordres monastiq ues Pt rp]igieux dt1 Moyen Âge et des Temps Modernes . Des occasions de Rer ontrtaan en de geJchiedenis drr Broederirhap van het Gemene Ll'Ven tot 140U, Leuven 1958,p. 189: quod in d te ... Novi homo quod ascensionis sis cupidus ... exterioribus officijs inoffense deserviant ad secreta cordis recurerre incessabiliter curant. Pa 2 PARIS, Bibliothèq11e Mazarine 954. Célestins de Paris; 146 ff.; 210 x 142.

xv~

s. ; des

ff. ] r-61 v: Incipit devotus tractatulus de spiritualibus ascensionibns_ C:apit11l11m primum. De quinque necessariis in bis ascensionibus proficere disponenti. Beatus vir ctlius est auxilium ab te ... Novi homo quod ascensionis sis eu pi dus ... exrerioribus officijs inoffense deserviant ad secreta cordis recurerre incessabiliter curant. Explicit tractaru!us de ascensionîbus. Pa 3 PARIS, Bibliothèque Sainte-Genevi ève 3467. xV"XVI0 S. ; 162 ff. [[. 94r-160r: Incipit devorus tractatulus domini Gerhar

  • que nous avons atteints, elle a joui des honneurs de la transcriptio n habituelle. Il pardt peu vraisemblable que l'entourage de Gérard, peu après sa mort, ait donné à transcrire et à diffuser une version antérieure à celle qu'il avait pu voir établir, et établir sous ses ye11x, puisque Florent Radewijns qui partageait la vie de Gérard à la Florenthuis tout le cours

    de la rédaction du De ascensionihus lui a Sltrvécu deux ans l400).

    econde. Nous n"avions proposé qu"avec hésitation la forme Trartatus pour le De re/on11tuione, l~ stem ma n"étant pa> contraignant (éd. cit., p. 91). M. Hamblenne (rer. cit., p. 306) avouait sa préférence pour Tre1itat1J!ur: cette suggestion panl.Ît maintenant la plus fon autem, ql1an> Cogita qt1od quivis ibi plus in illis membris punietur per que amplius deliquit, 10 sive in lingtta, sive in corde. Et quantum se quis plus extulît et in delicijs fuit, tanto plectetur ibi pena graviori. Cogita 26-27 23-25 ignis . _. 1mmortalesJ fi.le 9, 48 ci[arrt Is 66, 24; Sir 7, 17 lamerr[a32 3-74 7 821, col. 56, ch 1piritu, v1sus .. aftligerrtes] Aicher, De ciorres et ve] Éz 2, 9 27 audit] ;1udie[ 24 1bi] ubi u. 25 immortales] ibi add. et Ed. flet us J ec add. a oji 3 7 irr>ultabunt J insu han[ E Ed.

    e

    28

    LA MONTÉE DU CŒUR

    173

    des sons surprenan ts et des plaintes de douleur et de brûlure, s'entrc déchirant par haine, tels des chiens enragés maintent1s ensemble . Pense ensuite à l'acuité des peines: il règne là une chaleur PXCP, et sic clf' alijs. Et istud non modicum ad amorem, caritatem et gtati- 75 tudinem te accendet, et tantis beneficijs amplius obnoxîum te reddet. Sed et teipsum debes attendere et mirari qt1od tam vili, ram indigna, tam tepido et tam ingrato tanta beneficia, tanto trîbuit affectu et amore.

    INCIPIT de tercio gradu huius ascensionis qui est in caritatt et puritate cordi.r et in quo consistit iste ascensHs, et qualiter ho1no potest scire quando vrnit ad irturn gradurti puritatis ve! caritatis In ptemissis ascension ibus et ascension um gradibus ver- 5 satur omnis labor incipienc ium et proficienc ium et hucus68-70sic ... cetcris] id., lh-21 65 heL] hoc e 66 ab eterno predisposuh om. a 67 c1Jgintvit] ab eterno 73 ut] videlicct add. fl me] te tl 74 eis] eu f pred1sposui t add. a 76 accendet] accendit y 77 reddet] t'd. 75 amoremJ et add. a reddit y mirari] mi rare 8 78 ingrato] negligenti add. y

    LA MONTÉE DU CŒUR

    193

    Deuxièmement, il te fà.11t porter ton attention et ta pensée sur sa grande sollicitude et son désir en t'accordant ces bienfaits. Car c'est de toute éternité q11'il a décidé de te donner ces choses, de toute éternité qu'il en a ainsi disposé, de toutf' êtPrnité, Pn acre et B tout moment, il a pensé à toi et, de toute éternité, a prévu de te faire du bien. Ainsi te fut-il to11jours attentif et le reste-t-il, comme il veille sur toute i1ne ville ou sur le monde entier, ainsi le fait-il pour toi avec le soin de qui serait exempt de tout autre souci. Troisièmement, tous les bienfaits divins répandus sur l'humanité en général, tu dois te les approprier et te les appliquer, comme s'ils n'avaient été accordés qu·à toi seul et penser: « Voici que pour moi il a créé le monde entier et tout ce qu'il contient; c'est pour moi qu'il a été mis en croix>,, et ainsi de s11ite. Et ceci ne t'enflammera pas peu à l'amour, à la charité et à la reconnaissance, et te rendra plus sensible encore B ln Vflleur de si grands bienfaits. Il te faut aussi remarquer et t'étonner de ce qu'à toi, créature si vile, indigne, tiède et ingrate, il ait accordé tant de bienfaits avec tant de complaisance et d'amour.

    XXVI Ici comtnence le troisième dep;ré de cette montée qui est dans la charité et la pureté du cœur, en quoi consiste cette montée et cumtnent un homtne peut savoir quand il parvient à ce degré de pureté ou de charité Dans les montées précédentes et les degrés de l'ascension réside to11t le travail des commençants et des progressants,

    194

    DE SPIR TTlJALII3US ASCENSJONIBUS

    que, magnis laboribus et multis doloribus, vigilijs, ieiunijs, lectionibus, meditacionibt1s, opere manuum alijsque devotis exercijs et operibus pieraris laboranr, ut hic veniant. Nec potest hic ascendere tepidu~ nec neglîgens aut remissus, non 10 mollis aut piger. Siguidem non est parvi laboris, in prima ascensione, preteritam vitam dirnittere, plangere et penitere et clignas fructus penitencie facere, sed multo maioris laboris, vel saltem longioris est inveteratam const1etudinem priorem vincere, inordinatarn affectionem, inclinacionem ad 15 inferiora deserere, immundiciam et impuritatem et affectionem contractam expurgare; appetirum gt1le extinguPtf', luxuriam deprimere, iram suffocare, st1perbiam debellare, et sic de alijs affectionibus vîciosis que omnia spectant ad pur20 gacionem timoris. Sed ad.hue mt1lto plus laboriosum, vel saltem altior gradus est, deinde totam animam et affectiones, quantum ad hune gradum pertinet, ad celestia erigere et per s11f'm in celestibus habitare. Ecce quanta et quam magna sit inter ascensionem et ascensionem ascensio, inter timorem et spem, 25 quantum ad presentem consideracion em, distancia ascensus et labor perveniendi. Sed qui hucusqt1e bene profecerit, iam vicînius puritati et caritati propinquat, licet adhuc pet aliquos gradus eum asccndere oporteat. Oportet enim quncl longo et diuturno rempare in istis duobus gradibus, timoris 30 et speî, ascendensiodorc, Exj1 PJ,, Ps 90, 233 XXVI, 8 opere] operibus a

    nec] non Q, aur Ed. aur] 19 alijs] singuli> y 32 conetur

    10 hic] hue Ed.

    1; affccrionero] cr add. vcl Ed. debellarc J totalitEr Jcbilinu1do ex

    piditarernj Hugues Je St-Victor, 1.Je sacnimentis, 183AI3, ln Hieranhiam ce!ottrn; !Je .ra->. Sans doute qu'à parler dans l'absolu, c'est le sentiment de l'amour qui l'emporte, mais il arrive que ce qui est meilleur de façon absolue devienne à l'occasion plus dangereux pour beaucoup et soit davantage à redouter.

    212

    DE SPIRiruA LIBUS ASCENSIONIBUS

    De passion;: dominica et de tribus in quibus homo debet !e exercere circa passùinem Christi Vadam ad monten1 rnirrhe. Et tu homo dcvote, si montem mirrhe - id est amariru dinem penitenc ic - per carnis mortificacionem vis arripere arque per timorem et spem ad 5 monrem et ascensionem puritatîs vis ascenderc, nichil tibi utilius quam ut nonnun quam mirrham prio.am de morte Salvaroris tt1i srudeas colligere. Inde enim tibi mirrha am.ara timoris preservans a pt1trefuctirinf' viciose dclecracionis, dum vides Dominu m tuum ascendis se montem mirrhe, id est 10 montem Calvarie, vel magoiru dinem pene propter peccata tua susrinuisse. Inde ribi nonnt1nquam econtra spes et devocio, et t1nguenta preciosî ssima timoris, amoris, gratitud inis, compass ionis, et 11uiusmodi emanab unt. Igitur ut te labor non terreat, amnrit11do non rleiriat, spes trahat, devocio al li- 15 ciat, gratitud o, amor et compun ctio cogant ascendere montem puritatis , prius vade speculan, 3 n1.tE'] Aelred. Sermines, s. 11, 20 L-3 85 >poliaret] et privaret li

    LA MONTÉE DU CŒUR

    239

    Autre point. Le Christ souffrait autant qu'il l'a voulu. Car selon l'Évangél iste, jésus se troubla lui-rnême: non « une passion», mais «lui-mêm e». De même, il s'est offert parce qu'il l'a voulu et parce qu'il asst1ma sa Passion en satisfaction du péché originel, qt1i fut tel qu'il avait dépouillé tout le genre humain de la justice originelle , infecté la nature même et l'avait privée de la béatitude éternelle. Il assuma de même la Passion et la mort pour être lui-même un sacrifice suffisant pour tot1s les hommes, et les œuvres de Dieu étant parfaites, il apparaît tout à fait que le Christ a enduré la mort la plus a_mèrt" qui soit. D'où cette parole de Jérémie: 6 vous tous, qui passez par ce chemin, voyez s'il est une douleur semblable à la mienne. C'est dire: « at1cune ».les docteurs disent même que la souffrance de sa Passion fut à ce point déchirant e et intense qu'elle excédait les douleurs de tous les hommes qui, depuis le commenceme nt du monde, ont souffert ou souffriront. En troisième lieu, la douleur du Christ fut fort accrue du fait qu'il endura cette Passion de la part de ce peuple à qui il accorda tant de bienfaits, à qui il a pu dire à bon droit: « A1on Peuple, parce que moi, je suis ton Dieu, qu'ai-je pu faire pour toi que je n'ai pas fait? Mais toi, que pouvais-t tl me rendre Je pire, que de m'inflige r une mort si cruelle? » Aussi prenant compassion de ce peuple, il priait: Si c'est possible, que ce calice passe loin de moi, c'~st-à-dire que ce ne soit pas ce peuple qui me l'inflige, selon l'interpré tation de quelques saints. La Passion du Christ atteignit aussi chacun de ses membres, chacun de ses sens: ses mains de grâce transpercées, sa tête couronné e d'épines, tout le corps flagellé, etc.; examine avec soin chacun de ces éléments comme tu le peux, passant

    210

    DE SPIRITlT AT.!BlJS ASCENS IONIBUS

    s1us perscrut ari. Item eius passio fuit obprobr iosissim a JUS derisione, confusione, scandalo, sputacio ne, capitis velacione, plenissi ma, ut numqt1am simile legisti, et hoc ex maxima invidia Phariseo rum. Item ut melit1s amaritu exteriusquc J Grégoire, l lom. in l /iez&hielem Prophetam, II, 42 hom. 8, 99

    117 penam] multum add.

    a tj>

    prccellebat] ptecellcbant ô Ed.

    LA MONTÉE DU CŒUR

    241

    de l'un à l'autre. De même, sa Passion fut toute pleine d'opprobres, par la dérision, la confusion, le scandale, les crachats, le voileme nt du visage, au point que jamais tu n'as llr chose semblab le, et tout cela par l'immen se jalousie des Pharisiens. De même, pour que r11 ressentes mieux l'amertu me de la Passion du Christ, prends ceci comme règle: chaque fois que l'Évangé liste mention ne, sans plus, une souffrance infligée au Christ, toi, ajoute dans ton cœur: « fort »ou« très fort », ou « très sévèrement »,etc. Par exemple : Le seniteur du grandprêtre le frappa, toi, songe qu'il le frappa. Pour être capable d'évacuer et d'éliminer cette disposition d'impureté qui nous porte à un attachemen t répréhen.~ih!f' aux aliments, eu dois noter - ce qui vaut pour extirper tous les vices charnels en général -qu'il y a dans l'âme une triple force motrice qui meut corporellem ent: la force naturelle qui est motrice des humeurs, et de là gourmandi se ou luxtrre tirent souvent leur origine, la force vitale, par laquelle l'homme accomplit les mouvemen ts vitaux, en troisième la force de l'âme, par laquelle l'homme exerce son imaginatio n, sa réflexion, etc. Or, dans la mesure où cette force de l'âme se relâche et où l'l1omme l'exerce moins, la force naturelle se fortifie d'autant et grandit. D'où il arrive que les hommes atteints d'acédic et de tiédeur, sans plaisir intérieur dans leurs méditation s, rlans leurs aspirations spirituelles , risquent grandemen t de tomber dans les vices charnels. D'où la parole de Salomon: Tout oisif n'est que désir. Ensuite selon c:assien, le gourmand « ne peut penser à rien sinon à la nourriture, à la boisson, aux choses du ventre». De là vient également selon Chrysostome, que cc sont surtout les femmes qui sont tentées par les vices charnels, parce qu'elles sont moins sollicitées par les choses intérieures. Chrysostome en conclut que la luxure est « une

    332

    DE SPIRITUA tIBlJS ASCENSlONIBlJS

    luxuria dîcit, «est anime vacantis passio >>. Econtra est quantum vis animalis intenditu r, tantum naturalis remittitu r, sicut patet in stl1diosis. Et hinc est quod dicit beatus Hieronymus ad Rusticum : « Ama scîenciam Scriptura rum et vicia rarnis non amabis ». Qt1antum igitur homo inreriori et exreriori occupacio ne et sollicitud ine cum delectacio ne fuerît intcntus, tanto amplius carnalia vicia superabit . Et ergo remedîa gt1le et eciam luxurie est omnis sollicitud o et interna ad bont1m affectîo, sieur est compunc tio que valde valet contra gt1lam et luxt1riam, similiter devocio, sacra lectio, 1. Quels maux graves s'ensuiv ent aussi de ce qu'on change ses exercices à la légère, on l'a dit plus haut. Selon Grégoir e,« l'acédie a six filles, la malice ou volonté de manigan cer le mal, la désespérance, la pusillan imité, la rancœur , qui est une haine invétéré e, la torpeur devant les précepte s de Die11, le vagabon dage de !'esprit sur des choses illicites ». La compon ction, si l'homm e triste pouvait l'acquérir, serait d'un grand po11voir contre ce désordre. « Q1ti pleure sur lui-mêm e, ne connaît pas l'acédie » dit Climaqu e. De même: «Qu'on ligote ce tyran par le souveni r de ses offenses et de ses pécl1és, qu'il soit fustigé par le travail des mains et tiré par une intense méditat ion qui rende vers les biens futurs» . De même, varier l'activité est une grande aide contre la lassitude du cœur, de sorte que tantôt priant, tantôt lisant, un mouvem ent affectif en vienne à naître en lui et qu'il se contraig ne à ces activités dont surtout il est las. Mais si un homme est constan t, austère et bon en ses pietIX exercices et en ses œuvres saintes, et s'il s'y adonne avec une longue persévérance, le voilà qui commen ce à espérer et à dévelop per un mot1vement de charité, et pour ainsi parler à brûler vers Ditll, comme s'il ne po11vait plus vivre sans lui,

    358

    DE SPIRITUALIBUS ASCENSIONIBUS

    derio dissolvendi et esse cum Christ o. Et hic est tereius gradus caritat is Dei, qua aeeîdia supera tur. lristie îa autem mala est duplex. Dicitu r enim quand oque tristici a genera liter pro11t est circa omnem passio nem et tune valde clifficulter compr ehend itur eius origo. Alio modo, est quidam torpor et gravita s tediosa in spiritu alibus ; et tune potest compr ehendi sub aceidia et contra eam ascend itur per gradu s caritat is Dei. Nam accus caritat is est gaudiu m. Reme dium contra cristic iam, si est ex desper acione , est memo ria benign itatis et miseri cordie Dei et intuitu s beneficiorum eius. Item, q11od homo sit libente r in bona societate, gui de Deo loquu ntur vel materi a spirit11ali. Item, illud laeobi : Tristatur aliquis in vohir. Oret equo anirno et psallat. De bona tristici a satis patet ex dictis de compu nction e.

    80

    85

    A.rcensiones contra vanatn gloria111 extinguendam Contra vanam gloria m nulla virtus est contra ria ideoqu e per nullam virtute m possum us contra eam ascendere vel gradus ad devinc eodum ordioa re. lpsa eoim magis ex virtuti bus genera tur, ex bonis operib us roboratur. Ipsa enim primo p11lsatin carnal ibus, in vestibu s, in parent ibus, in dignit atibus ,

    86 in bona societate] latl cf. Je 5, l.'>

    (~assien,

    77 qna ... superatu r om.

    f

    Coll. XVI, c. 3, p. 225

    78 autern] cnirn y

    88 ttistatLir ... psal-

    84 ei;t'] >ont 3,

    0111.

    Hd.

    5

    LA MONTÉE DU CŒUR

    359

    pressé par le désir de se dissoudr e pour être avec le Christ. Et ceci forme le troisième degré de la charité par où l' acédie est vaincue. Quant à la mauvaise tristesse, elle est double. Car parfois, on parle de la tristesse en général, à propos de toute passion. Son origine est alors très difficile à saisir. D'une autre manière, on entend par 'tristesse ' un certain engourd issemen t et une tiédeur accablan te dans les choses spirituel les; c'est alors qu'on peur la placer sous l'appella tion d"acédie ' et l'on monte contre elle par les degrés de la charité envers Dieu. Car l'acte de charité est joie. Le remède contre une tristesse qui vient de la désespérance, c'est le souveni r de la bonté et de la miséricorde de Dieu et la contemp lation de ses bienfaits. De même, qu'on soit volontie rs en bonne compag nie, là où l'on s'entreti ent de Dieu ou de sujets spirituel s. Il y a encore cette parole de Jacques: Quelqu'un de vous est-il triste? Qu'il prie d'une âme égale et qu'il psalmodie. Quant à la bonne tristesse, cela ressort claireme nt de cc qu'on a dit à propos de la compon ction.

    LXII

    Les rnontées pour éteindre la vaine gloire Il n'y a aucune vertu contrair e à la vaine gloire, on ne peut donc monter contre elle par aucune vertu ou disposer un degré pour la terrasser. Car c'est surtout à partir des vertus qu'elle s'engend re et à partir des bonnes œuvres qu'elle se fortifie. Elle frappe d'abord dans les choses charnelles -vêtements , parents, honneur s, etc.- et celui qu'elle n'a pu vain-

    360

    DE SPIRITUALIBUS ASCENSIONlBUS

    etc., et quem hoc modo superar e non potueri t, per humili tatem st1pplantat. Quocu mque proiecc ris hune tribulu m, semper stat aculeo recto; quidgu id fecerîs, quidqu id agis, ipsa se immisc et et cor tuum ad vane glorian dum instiga t. lü Filie vane glorie sunt septem , scilicet inobed iencia, contenc io, hypoct isis, pettina cia, discord ia, novort1m presumpci o set1 invenc io; itague, etsi non habemu s aliguam special em virtute m, qua vanam gloriam de bel lare possim us, 15 ascensiones tamen maxim e contra eam sunt necessarie. homo ut eam, contra s Sir igitur primus gradus et ascensu diligen ter et summo conami ne studeat ne aliguid vane glorie intenci one incipia t, ut custodi at os ne loquatu r unde lau'oluntate] l Co 15, 10; Ph 2, 13 69 Jiscite .. corde] 5. .iYft 11, 29 74-77 ex tune ... ipso est] Honavencure, Serm. de tempore, s. j § 7, 90 52ac]etc x 55ctmn.cx 57-58per ficcre]pr oficereqi 6Jcc]qu oJadd.r 65 etc] et consimilia Ci 73 eciam s1 affectuose se inhijs] est si in hijs affectuuse u 75ut]etc x

    LA MONT ÉE DU CŒUR

    369

    coutum é de les précip iter dans une très grave chute et de les écraser. Mais pour pot1voir aussi compr imer ce gonfle ment intérie ur et ac(éder au degré d'hum ilité précité , il te faut, en toutes les vertus , en tout progrè s, en tot1tes les bonnes œuvres, éprouv er au fond du cœur et exprim er Pn to11te conviction; Non pas moi, mais la grâce de Dieu avec moi; c'est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis, et c'est Dieu qui produit et le vouloir et l'accomplissement grâce à la bonne volonté. Consid ère aussi avec soin ta propre bassesse, pèse attentivem ent que les biens de ton esprit ne vienne nt pas de toi, mais sont des dons de Dieu dont tu dPvras rendre compt e. Quant à tes maux, ils sont vraime nt tiens, et purem ent mauvais et par de nombr euses circonstances rendus graves et méritoire s des plus lourds châtim ents. Nos biens ne sont pas pt1rem ent bons, mais imparf aits sous maints aspects. Négligence, tiédeu r, hypocrisie, vaine gloire, etc. souille nt souven t ce que not1s avons de bien au point de IP rendre peu mérito ire pour nous et moins accept able pour Dieu. De même , il te faut fréque mmen t porter le regard vers ceux qui te sont supérieu rs et sont meille urs que toi, tant vers les homm es que vers le Seigne ur Jésus- Christ lui-mê me q11i a dit: Apprenez de moi q11e je suis do11x et hutrthle de cœur, pour que par la compa raison avec autrui, tu te diminu es de valeur à tes yeux. Lorsqt1't1n homm e a pratiq ué cela penda nt une assez longue périod e et s'y est longu ement exercé, il comm ence à conna ître en vérité quel il est. De plus, si c'est avec l'affectivité qu'il s'y exerce, et s'il y persév ère, il comm ence alors à revêtir une dispos ition qui lui fait désirer pour autant qt1'il est en lui, être estimé par autrui tel qu'il s'était reconn u être dans la premi ère monté e: sans valeur, démun i, etc. C'était la deuxiè me étape et le det1xième degré d'hum ilité.

    370

    DE SPIRITUALlBUS ASCENSIONIBUS

    lerciu s vero grad11s et ascensus est, cum homo per humiso lia exercicia et verita tis cogni cione m talem indue rit l1umilitaris affect um, ut ecîam in magn is virtut ibus et sublim îbus donis non extoll itur, et nîchil sibi ex ipsis bland itur, totum ei a quo omnia recepî t infunrlens et in integr um restitu ens. Talis fuit humil itas Chris ti, talis eciam est humil itas ange85 lorum et sancto rum in gloria .

    INCI PIT quarta pars de desce nsioni bus spiritu alibus , que sunt in d1If7lici differencia, videlicet ad seipsutn et ad proximutn Audis ti nunc, o homo , desce nsus quibu s desce ndisti , s audist i qualit er ascensiones in corde debes disponere et quil-lu 5 am exerc icijs et gradi bus ascen dere, quom odo pet devot racionem debeas divint1m auxi\î11m implo rare, q11ale quoque sis premi um recept urus. Et hec st1nt illa quinq ue que ribi in princi pio propo neban tur. Sed, q11ia divina Scrip tura de 11ijs ascensionibus alibi loquit ur, di cens: vidit Jacob scalam 10 erectam et angelos Dei ascendentes et de.rcendenter in ea, mirar is forsitan quom odo in hijs ascen sîonib us angeli, viri utiqu e sancti descendu nt. Nam quod ~iscend11nt, non est miran dum, quam vis autem hoc non absur de possît intelli gi, quo>. En quatri ème lieu, parce que si nous somme s oisifs, l'ennemi trouve en nous plus d'accè s pour lfl tentati on que si nous somm es occupés. Car, comm e on le dit, qui est occupé n'est tenté que par un seul démon , et ce sont d'inno mbrab les démon s qui ravage nt l'oisif. En cinqui ème lieu, si ru y prends garde, ce travail manue l est par lui-mê me une utile incitat ion à la monté e. D'abor d, il t'instr uit du lieu dans lequel le Seigne11t t'avait placé et d'où tu es tombé . Placé là dans la plénit u(le du repos, ru n'avais pas à œuvre t dans la peine. Bien qu'.l\.dam ait été placé, comm e le dit ]'Écrit ure, pour œuvre r au Paradis, cc n'était pourta nt pas avec de la peine, mais avec le plus grand plaisir qu'il le cultiva it, consid érant dans les êtres inférieurs

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    DE SPlRITUALIBUS ASCENSIC)NJBUS

    eius 50 ciam, sapie nciam et benîg nitate m Creat oris, in laude m um ferebatur. Est igitur , secun dum Bernardt1m, «opu s mant1 s oneri quasi vulne rum ligam entt1 m, unde corrip eris et amm ptt1m de culpa ». Siquî dem pose culpa m, datum est hoc prece îens Quoc tuo. pane legis natur alis: in surlore vu/tus tui vesreris - J5 trans igir11r manib11s operaris, tocien s amm oneri s de culpa sex gress ionis. Item, per opus mant1um, amm oneri s quod are, labor te et dicbu s - scilicet rota vira qua hic vivis - oport prenam temp us est labor andi. Septi mo vero die, :fi.nîta vira igitur oneris Arr,m scas. senti, dicet Spiritus tlt a laboribus requie scJ.11rtorîs sui graciam stud.ent convertere, et crebra animarum fidelium acquisicione gaudium semper patrie celestis student augere ». Hcc autem non predicacione p11blica intelligim us, sed de privata ammonîcione er fraterna exhortacione, de qua dicitur: U nicuique man- 45 davit Deus de proximo suo. Predicacio ergo publica non sine ~ummo moderam ine a quovis, maxime iuvenibus , debet arripi, nisi quodamm odo

    mereari ... as attend 63-64 1 6, (Ja cf. permoru< ritu .. . disciplinan1] Bernard, S. 1n na:ivitate s. lohan11is 13apti!ta. IX, vol. V, J 82, 16-20 67 numquiJ .. ego] Gn 4, 9 50 ipsa prius] prius ipsa u 71 qund] quantum P.d.

    64 C[ ...

    65 r.elus i>te] icendit J cf. Sit 3, 27 6 De rnnsider., I, 3, vol. HI, p. 396, 8 dominus rmt. o: suhdit onun -subdi tarum y 10 LXX, 5 vacts] var:ac, Ed. 21 oboe17 ostenJ1t] B_ add. Hd. status Ed. locus] 12 veri] viri Ed. a bcatus s] '>anctu diencia] superioris add. Q> 25 unde] ait add. Ed.

    LA MONTÉE DU CŒUR

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    LXX La troiJièJne deJcente par laquelle il est néceJsaire qu'un supérieur descende, pour veiller avec sollicitude JUr ceux qui lui Jont confiis Mais si des inférieurs te sont confiés, tu auras alors bien davan tage et plus fréque mmen t à descen dre, disons plus: il faudra que très souven t, tu délaisses les monté es pour vaquer à la garde et à la discip line de ceux dont tu as la charge, à la garde, en mainte nant debou t cet1x qui déjà se condu isent correc temen t, à la discip line, en corrig eant ceux qui errent et dont la condu ire laisse à désirt-'r. Autrem ent, il est sûr qt1e le Seigne ur te deman dera compt e du sang des âmes des sujets que tu as sur les mains, et à moins que tu ne ramènes ton plus jeune frère, autant qu'il est en toi, tu ne verras pas le visage de Joseph , c'est-à -dire, celui du Sauveur véritable. Consid ère ici combi en esr pérille use cette place du supérieur, où il faut se déserrer soi-m@me, et où souvent, on se perd en se néglig eant. Car, penda nt qt1'on est fort occupé à l'extér ieur et oisif à l'intéri eur, on néglig e parfois ses monté es et on descen d dans un cœur endurc i, on devien t insensible, ne sentan t que les choses extérie ures et ne goûtan t plus les réalités spiritu elles, ainsi qt1e le montr e bien Bernard at1 livre premi er Sur la Considération. Donc, suivan t le conseil des saints, autant qèl.'il est en toi, évite toujou rs l