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French Pages 342 [452] Year 1978
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LES BELLES LETTRES PARIS
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LUCILIUS δΑΉΙΙΕδ LIVRES IX-XXVIII
COLLECTION DES UNIVERSITÉS DE FRANCE publiée sous le patronage de ¡'ASSOCIATION GUILUUME BUDÉ
LUCILIUS SATIRES TOME II LIVRES IX-XXVIII
TEXTE ÉTABLI, TRADUIT ET ANNOTÉ PAR
FRANÇOIS CHARPIN Maître de Conférences à l'Université de Limoges Deuxième tirage
PARIS LES BELLES LETTRES 2002
Conformément aux statuts de VAssociation Guillaume Budé, ce volume a été soumis à l'approbation de la commission technique, qui a chargé M. Jacques Perret d'en faire la révision et d'en surveiller la correction en collaboration avec M. François Charpvn.
Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous les pays. © 2002. Société d'édition Les Belles Lettres 95 boulevard Raspati, 75006 Paris www.lesbelleslettres.com Première édition 1979 ISBN: 2-251-01108-0 ISSN : 0184-7155
LIVRE IX
NOTICE A travers les commentaires des Sujet du Ihrr· 9 ; A n c i e n S j l e l i v r e 9 8 e caractérise essentiellement par son inspiration grammaticale. Velius Longus, Terentius Scaurus, Isidore de Seville1 soulignent que Lucilius y résolvait des problèmes de rhétorique et d'orthographe. Les nombreuses citations conservées dans les traités spécialisés2 confirment que, pendant plusieurs siècles, les opinions du poète ont trouvé leur place dans les discussions techniques. La linguistique constitue incontestablement le thème le plus célèbre et le plus original du livre 9 ; les autres sujets devaient paraître plus ternes : les Anciens les ont négligés8. (1) Vel. Long., G.L.K. VII, 47, 2 : ...apud Lucilium in nono, in quo de litteris disputat... Ter. Scaur., G.L.K. VII, 18, 15 : unde etiam Lucilius in nono saturarum de orthographia praecipiens ait... Dans un texte connu du seul Dousa, Isidore de Seville écrivait : Orthographiant, id est scripturam rectam contra imperitiam librariorum primum Lucilius poeta scripsit. Après enquête, je reprends à mon compte les réserves formulées par Mueller (p. 43) : Haec apud Isidorum extare dicit Dousa. Sed ipse non inueni ; пес facile credo repertum iri. (2) Le livre 9 est cité 43 fois par des grammairiens aussi différents qu'Aulu-Gelle, Cassiodore, Gharisius, Donat, Festus, Macrobe, Marius Victorinus, Martianus Capella, Nonius, Pompeius, Priscien, Probus, Quintilien, Terentius Scaurus, Velius Longus. (3) Aucun témoignage antique ne renseigne explicitement sur la structure générale du livre 9, ni non plus sur le contenu d'une seule satire qui aurait pu le composer. Cela n'a pas empêché plusieurs éditeurs d'élaborer, à partir de vérités partielles, des reconstructions aussi fragiles qu'extravagantes. Van Heusde {Studia critica, p. 172-7) a soutenu que l'ouvrage était formé par un seul et même poème, intitulé Fornix ; au prix d'un contresens, il en a trouvé le titre dans Arnobe [Nat. 2, 6) ; il en a trouvé
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NOTIGE .. е°тпу81 э ^
Les 33 fragments actuellement attribués à l'ouvrage se divisent en deux ensembles distincts. D'un côté 25 fragments forment un groupe homogène contenant règles et préceptes sur Tart d'écrire. Sur un ton professoral le poète entreprend un exposé didactique où la polémique transparaît souvent. Dans un préambule (1 et 2), Lucilius rappelle les principes d'une véritable science et, parodiant la dédicace du livre 9 des Didascalica d'Accius, désigne la cible qu'il visait principalement4. Il s'en prend tout d'abord (primum 2) à la définition de la poésie et du poème que le prince des poètes avait imposée au public lettré (3). Il dénonce ensuite les lois orthographiques que son rival avait édictées ; à cette occasion il examine successivement toutes les voyelles (4-14), puis toutes les consonnes
le sujet dans Horace et plus spécialement dans le commentaire que Porphyrion propose pour le dernier vers de la satire du Fâcheux (1, 9, 78). Tous les éditeurs ont renoncé depuis longtemps au ridicule de telles reconstructions ; pourtant elles ont marqué profondément la tradition et elles ne laissent pas de reparaître dans les commentaires. Ainsi Warmington (p. 106) suppose que la satire 1 du livre 9 se présente comme un album de croquis que le poète aurait saisis sur le vif en se promenant dans Rome un jour de mars I... La manie des titres a contraint Mueller et Schmidt à utiliser la citation incontrôlable d'Isidore de Seville et à fausser le sens du commentaire de Terentius Scaurus (Cf. note 1) pour nommer De orthographia l'ensemble du livre 9. — Trop souvent les éditeurs ont jugé que tous les fragments qui ne relevaient pas des préoccupations grammaticales de l'auteur constituaient une seule et même satire. Rien n'est plus arbitraire : il est très possible d'imaginer l'existence de plusieurs satires ayant la même facture et ne traitant chacune que l'un des sujets abordés dans les fragments 1-13 du livre 9. Il est plus grave de constater que presque tous les éditeurs commentent ces fragments comme s'ils étaient sûrs de la place qu'ils occupaient dans un hypothétique poème primitif. (4) PORPH., Hor. Sal. 1, 10, 53 : Nihil comis tragici mutat Lucilius Acci?: et hoc interrogatiua figura cum ironia quadam pronuntiandum quia e contrario intellegendum est. Comis autem Lucilius propter urbanitatem dicitur et mutat pro eo quod est emendai posilum. Facit autem Lucilius hoc cum alias tum maxime in tertio libro; meminit IX et X.
NOTICE
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(15-20), rangées selon leur ordre alphabétique : le fragment 4 apporte sur ce classement des indications décisives. Dans la mesure où on peut le reconstituer, le poème, qui examine le genre (poema-poesis) avant d'examiner les éléments (litterae, uiiia sermonis), reproduit le schéma des τέχνη περί φωνής vulgarisé par l'enseignement des stoïciens*. Les autres fragments du livre 9 évoquent les sujets les plus variés et décrivent avec réalisme plusieurs scènes de la vie romaine : ils présentent les Saliens en train d'accomplir leur danse sacrée (21 et 22), un ouvrier qui façonne une brique (23), un grainetier (24), un vantard (25), un vieux beau (26), une prostituée (27), des exercices erotiques (28), une dispute (29 et 30), des éphèbes (31), des porcs (32), une somme de mille sesterces (33).
(5) Diog. Laërt. 7, 55-62.
1 NON. 286, 34 : DISCERE (s'instruire), c'est saisir par l'étude une réalité que l'on ignorait. Lucilius, livre 9 co ... travaille à t'instruire pour que ni la réalité sensible ni la raison ne puissent par elles-mêmes t'apporter de démenti.
2 NON. 428, 8 : Les mots poésie et poème ont la différence de sens suivante : poésie désigne un système de textes liés entre eux ; le poème est une création brève qui se développe en peu de mots. Lucilius, Satires, livre 9 oo Tu ne sais pas ce que signifie poésie, ni non plus en quoi ce mot diffère du mot poème. Voici d'abord ce que nous appelons poème : un poème est la petite partie...
3 NON. 428, 11 : Les mots poésie et poème ont la différence de sens suivante... Lucilius, Satires, livre 9... (2). Le même oo Varron dans Ρ armeno (398) : Le poème est une expression rythmique c'est-à-dire un ensemble de mots adaptés avec mesure à une forme déterminée. C'est pourquoi même un distique ou une petite épigramme sont appelés poèmes. La poésie est un sujet développé, continu, avec
1 (349-350 M) NON. 286, 34 : DISCERE est ignotam rem meditando adeequi. Lucilius lib. IX oo
> labora discere, ne te res ipsa ас ratio ipsa refellat.
2 (338-340 M) NON. 428, 8 : POËSIS et POEMA hane habent distantiam : POËSIS est textus seriptorum; POEMA inuentio parua quae paucis uerbis expeditur. Lucilius Satyrarum lib. IX oo
Non haec quid ualeat quidue hoc intersiet illud cognoscis. Primum hoc quod dicimus esse poema : pars est parua poema...
3 (341-347 M) NON. 428, 11 : POËSIS et POEMA hanc habent distantiam... Lucilius Satyrarum lib. IX... Idem oo Varro Parmenone : poema est lexis enrythmos, id est uerba plura modice in quamdam coniecta formam. Itaque etiam distichon, epigrammaiion uocant poema. Poësis est perpetuum 1 labora discere ne te ree ipsa Iunius edd. : discere labora ne ree te ipsa codd. 2 ualeat codd. : ualeant Lachmann Ernout || hoc codd. : huic J. DousaA || intersiet codd. : ÌD tersi t et Mueller || poema codd. : poesie A , Ernout
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LIVRE IX, 3-5
des rythmes... comme Γ Iliade d'Homère et les Annales d'Ennius. ... de même, une épître quelconque qui n'est pas longue, est un poème. Mais la poésie, voilà l'œuvre entière (et Y Iliade tout entière est une comme les Annales d'Ennius sont une composition une) ; voilà Γ œuvre une ; elle est bien plus grande que ce que j'ai appelé poème tout à l'heure. C'est pourquoi j'affirme : pas un de ceux qui critiquent Homère, ne critique l'ensemble ni ce que je viens d'appeler la poésie : on ne critique qu'un vers, qu'un mot, qu'une pensée ou qu'un passage isolé.
4 TERENTius scAURus, G.L.K. VII, 18, 17 : Donc il y a d'abord des graphies fautives par addition de lettres : Accius a voulu que les syllabes longues par nature fussent transcrites par des voyelles géminées alors que, par ailleurs, en ajoutant ou en supprimant Vapex, on peut indiquer par une marque la longueur ou la brévité des voyelles. En effet les voyelles isolées peuvent être longues ou brèves. C'est aussi ce qui fait dire à Lucilius dans le livre neuf des Satires, où il donne des préceptes d'orthographe oo A vient d'abord ; c'est par là que je commencerai ; les lettres qui suivent viendront après.
5 TERENTius SCAURUS, G.L.K. VII, 18, 19 : Donc il y a d'abord des graphies fautives par addition de lettres : Accius a voulu que les syllabes longues par nature fussent transcrites par des voyelles géminées alors que, par
LIBER IX, 3 (341-347 M) - 5 (352-5 M) argumentum ex rythmis... Enni.
ul Ilias Homeri et
13 Annalis
< - w > epistula item quaeuis non magna poema [est ; illa poësis opus totum, tota Ih'as una est, una ut θέσις Annales Enni, atque opus unum est, maius multo est quam quod dixi ante poema. Qua propter dico : nemo qui culpat Homerum perpetuo culpat, neque quod dixi ante poesin : uersum unum culpat, uerbum, entymema, locumue. 4 (351 M) G.L.K. VII, 18, 19 : Primum igitur per adiectionem illa uidentur esse uitiosa, quod Accius gemi natie uocalibus scribi natura longas syllabas uoluit, cum alioqui adiecto uel sublato apice longitudinis et breuitatis nota posset ostendi. Nam singulares uocales et produci et corripi possunt. Vnde etiam Lucilius in nono Saturarum de orthographia praecipiens ait счз TBR. SCAVR.,
A primum est, hinc incipiam, et quae nomina ab [hoc sunt deinde.
5 (352-5 M) TER. SCAVR., G.L.K. VII, 18, 17 : Primum igitur per adiectionem illa uidentur esse uitiosa, quod Accius gemi natile uocalibus scribi natura longas syllabas uoluit, 8 tota Lachmann Marx : totaque codd. ut tota J. Dousa edd. \\ Ilias una J. Dousa edd. : illa summast codd. || una ut θέσις annales Marx:una θέσις ut annales codd. una θέσις sunt annales Lachmann Warmington una poesie ut annales Munro || opus unum Marx : stoc unum codd. έπος unum Lachmann edd. || est maius codd. Marx : et maius Lindsay || locumue Lachmann : timalocum codd. locum unum Mercier Marx 4 deinde Lucilio tribuit Marx, Terentio Scauro edd.
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LIVRE IX, 5-7
ailleurs, en ajoutant ou en supprimant Vapex, on peut indiquer par une marque la longueur ou la brévité des voyelles. En effet les voyelles isolées peuvent être longues ou brèves. C'est aussi ce qui fait dire à Lucilius dans le livre neuf des Satires, où il donne des préceptes d'orthographe... СЧ) AA d'abord est une syllabe longue, A une syllabe brève : nous, pourtant, nous transcrirons cette réalité phonétique par une seule graphie et nous écrirons d'une seule et même façon identique à notre prononciation, les mots pãcem, placide,
Iănum, ăridum^ đcef um, de même que les Grecs écrivent τΑρες, "Αρες.
6 NON. 503, 21 : A partir de la forme feruit, avec abrègement de la syllabe tonique, FERVERE fait comme spernii, spernere... Lucilius, livre 9 CND
FERVERE : que je n'aie pas à livrer aux licteurs ce verbe avec un E long ! 7 QUINTIL. 1, 6, 8 : Le même raisonnement par comparaison s'applique aussi pour les verbes : si quelqu'un, selon l'usage des Anciens, prononce le verbe temere avec la syllabe médiane brève, on l'accuse de parler fautivement, car tous les verbes qui se terminent en ~EO à l'indicatif ont tous un E long en syllabe médiane à l'infinitif si cette syllabe contient un E : prandeo, pendeo, spondeo ; prandere, pendere, spondere. Mais les verbes qui ont seulement un О à l'indicatif, si leur thème se termine par la même voyelle E à l'infinitif, ont une voyelle brève. Je sais bien que l'on trouve dans Lucilius oo Mais, avec tout le respect que l'on doit à un homme aussi cultivé, s'il place feruit sur le même plan que currit et legit, on dira feruo, comme on dit curro et lego, forme que nous n'avons pas entendue. Mais cette comparaison est fausse ;
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cum alioqui adiecto uel sublato apice longitudinis et breuitatis nota posset ostendi. Nam singulares uocales et produci et corripi possunt. Vnde etiam Lucilius in nono Saturarum de orthographia praecipiens ait... co АЛ primum longa, A breuis sy/laba : nos tamen [unum hoc faciemus et uno eodemque ut dicimus pacto, scribemus pacem, placide, Ianum, aridum, ace[tum, τ Αρες, "Αρες Graeci ut faciunt. 6 (356 M) NON. 503, 21 : Ab eo quod est feruil, breuiato accentu, FERVERE facit ut spernil, spernere... Lucilius Satyrarum lib. IX oo
FERVERE : ne longum uero hoc lictoribus trădam. 7 (357 M) QUINTIL. 1, 6, 8 : Eadem in uerbis quoque ratio comparationis, ut, si quis antiquos secutus feruere breui media syllaba dicat, deprehendatur uitiose loqui, quod omnia, quae E et О litteris fatendi modo terminantur, eadem, si infinitis E litteram media syllaba acceperunt, utique productam habent : prandeo, pendeo, spondeo ; prandere, pendere, spondere. At quae O solam habent, dummodo per eamdem litteram in infinito exeant, breuia flunt : lego, curro dico ; legere, currere, dicere ; etiamsi est apud Lucilium Sed, pace dicere hominis eruditissimi liceat, si feruil putat illi simile curril et legil, feruo dicetur ut lego et curro, quod nobis inauditum est. Sed non est haec
б aa primum Ribbeck Marx : a primum codd. || a breuis Ribbeck Marx : breuis codd. || νΑρες τΑρες J. Dousa edd. : apee аре Б Ρω arpe cape e В 6 ne Paris. 7665 : non Montepess. Oxon. nei Mueller \\ lictoribus codd. Warminglon : lectoribus Marx edd. 2
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en effet feruit est comparable à seruit et si l'on respecte la règle d'analogie, il faut dire feruire comme seruire. || PROBUS, G.L.K. IV, 241, 24 : ... mais dans ce verbe, E se trouve abrégé à bon droit parce que les Anciens ont voulu que ce verbe appartînt à la troisième conjugaison plutôt qu'à la seconde ; ainsi Lucilius oo 11 PRISCIEN, G.L.K. II, 479, 16 : On trouve ferueo et aussi feruo... Lucilius oo 11 NON. 503, 1 : FERVIT, au lieu de fernet Lucilius, livre 9 oo L'eau bout et bouillira : elle bout maintenant ; elle bouillira Tannée prochaine. 8 TERENTius scAURus, G.L.K. VII, 19, 1 : Donc il y a d'abord des graphies fautives par addition de lettres... et, de même, Lucilius demande que l'on transcrive /, quand il est bref, par la lettre simple, mais, quand il est long, il croit qu'il faut placer un E devant ƒ, ainsi qu'il l'écrit dans les vers suivants oo Bien que dénonçant ces variations de graphies, Varron est tombé dans la môme erreur, mais d'une façon différente : il dit en effet qu'au pluriel, il faut placer un E devant la lettre ƒ, mais qu'au singulier, il n'en est pas question, alors que, par ailleurs, I a exactement le même son au singulier comme au pluriel, en syllabe intérieure comme en syllabe finale, ainsi qu'on peut le voir dans les formes verbales : on dit en effet mitto, misi, misimus. A moins que Varron ne veuille qu'il y ait pour les verbes d'autres principes — hypothèse absurde — en sorte que, bien qu'ils soient, comme les noms, composés de syllabes, les verbes s'orthographient selon une règle différente de celle qu'il faut suivre dans les noms. Meille hominum (mille hommes) et de même duo meilia (deux mille hommes) : dans ces deux cas, il faut ajouter un E ; miles (le soldat), militiam (le service militaire) : tu mettras / simple. Pour pila, la balle à laquelle nous avons joué, pour pilum, le pilon dont je pile : tu mettras / simple. Mais à pila, le pluriel des javelots que nous lançons, tu ajouteras un E, peila, pour étoffer la forme.
LIBER IX, 7 (357 M) - 8 (358-361 M)
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uera comparatio ; nam feruti est illi simile seruit, quam proportionem sequenti dicere necesse est feruire ut semire. || PROBVS, G.L.K. IV, 241, 24 :... sed in hoc uerbo recto corripitur quoniam antiqui tertiam coniugationem magis quam secundam esse uoluerunt, ut Lucilius co || PRisc, G.L.K. II, 479, 16 : Ferueo quoque etiam feruo inuenitur... Lucilius || NON. 503, 1 : FERVIT pro fernet. Lucilius lib. IX co Feruit aqua et feruet, feruit nunc, feruet ad annum.
8 (358-361 M) TER. scAVR., G.L.K. VII, 19, 1 : Primum igitur per adiectionem illa uidentur esse uitiosa... itemque quod Lucilius, ubi I exile est, per se iubet scribi, at ubi plenum est, praeponendum esse E credit his uersibue co Quam inconstantiam Varro arguens in eundem errorem diuersa uia dilabitur, dicens in plurali quidem numero debere litterae / E praeponi, in singulari uero minime, cum alioqui / non aliud in singulari quam in plurali, neque aliud in media quam in extrema syllaba sonet, ut in uerbis manifestum est : dicimus enim millo, misi, misimus; nisi aliam hic uult esse rationem — quod absurdum est — ut, cum uerba quoque ex syllable constent, ex diuersa regula corrigantur. Meille hominum, duo meilia item : hue E utroque opus ; miles militiam : tenues I. Pilam in qua lusimus, pilum quo piso : tenues. Si plura haec feceris pila quae iacimus, addes E peila ut plenius fiat.
7 feruit — feruet от. codd. PROB., PRISC., NON.
8 meille hominum duo meilia Sealiger Marx Terzaghi : mille hominum duo milia codd. || miles militiam codd., Terzaghi Mariotti (op. cit. p. 26- 8) : meiles meilitiam Marx edd. || quo piso Scaliger : quo ipso codd. || addes e peila Scaliger : adde se pella Ρ adesse pella В || plenius codd. edd. : plenus В
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LIVRE IX, 9-10
9 CHARisius, G.L.K. I, 78, 13 : Lucius, Aemilius et tous les autres noms qui ont, en Anale, un I devant un V, forment obligatoirement leur génitif singulier en géminant la voyelle I, pour que Ton ne soit pas obligé, en enfreignant la loi de la déclinaison des noms, de leur donner un génitif moins long que le nominatif : Varron, qui indique ce phénomène, ajoute que le vocatif singulier de ces noms devrait également s'écrire en géminant la voyelle I, mais qu'il y a eu simplification pour différencier les formes casuelles. Pourtant Lucilius prétend que le génitif peut
s'écrire avec un I simple... enfin, dans le livre 9, il écrit oo
... et puis si le fils de Lucius a fait cela, un seul J, comme dans les génitifs Corneli et Cornifici! 10 VELius LONGus, G.L.K. VII, 56, 7 : A ce sujet, on se demande si certaines formes ne doivent pas s'écrire avec E et I, selon l'usage grec. Certains, en effet, ont transcrit de cette façon les voyelles longues, mais d'autres se sont contentés de donner à de telles longues la graphie grand I ou bien l'apex. D'autres encore, et Lucilius se trouve à nouveau dans leur nombre, ont utilisé des graphies différenciées : parmi les longues, ils ont noté les unes par grand J, les autres par E et /, en établissant la distinction suivante : quand on emploie la forme uiri, s'il s'agit du nominatif pluriel (les hommes), il faut transcrire par E et I, mais s'il s'agit du génitif singulier (d'un homme), il faut transcrire par I. Ainsi Lucilius, dans le livre 9, oo || CHARisius, G.L.K. I, 79, 1 : Lucilius... prétend également que l'on peut transcrire par un seul I le génitif singulier... enfin, dans le livre 9, il s'exprime ainsi... et, un peu plus loin oo || QUINTIL. 1, 7, 15 : Pendant longtemps, la gemination des semi-voyelles ne fut pas une habitude très courante et, inversement, jusqu'à Accius et au-delà, on écrivit, ainsi que je l'ai rappelé, les voyelles longues par des géminées. L'habitude dura assez longtemps d'utiliser E et ƒ en diphtongue, de la môme
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9 (362 M) CHARisivs, G.L.K. I, 78,13 : Lucius et Aemilius et cetera nomina quae ante V habent I duplici I genetiuo singulari Uniri debent, ne necesse sit aduersus obseruationem nominum nominatiuo minorem fieri genetiuum; idque Varro tradens adicit uocatiuum quoque singularem talium nominum per duplex I scribi debere, sed propter differentiam casuum corrumpi. Lucilius tarnen et per unum i genetiuum scribi posse existimat... denique et in libro IX sic ait co < - v_/^ - ww - > porro hoc si fìlius Luci fecerit, i solum, ut Corneli Cornificique.
10 (364-6 M) G.L.K. VII, 56, 7 : Hic quaeritur etiam an E et I quaedam debeant scribi secundum consuetudinem graecam. Non nulli enim ea quae producerentur sic scripserunt, alii contenti fuerunt huic production! ƒ longam aut notam dedisse. Alii uero, quorum est item Lucilius, uarie scriptitauerunt, si quidem in iis quae producerentur, alia per I longam, alia per E et I notauerunt, uelut differentia quaedam separantes, ut cum diceremus uiri, si essent plures, per E et I scriberemus, si uero essent unius uiri, per I notaremus. Et Lucilius in nono || CHARisivs, G.L.K. I, 79, 1 : Lucilius... et per unum I genetiuum scribi posse existimat... denique in libro IX sic ait... et paulo post || QVINTIL. 1, 7, 15 : Semiuocalis geminare diu non fuit usitatissimi moris, atque e contrario usque ad Accium et ultra porrectas syllabas geminis, ut dixi, uocalibus scripserunt. Diutius durauit ut E et I iungendis eademratione quamGraeci e* VEL. LONG.,
9 libro IX trib. Coloniensİ8, J. Dousa, libro IV N || si Alius Luci от. N || fecerit N, Marx : feceris F. L. Schmidt ferit J. Dousa И solum F. L. Schmidt : colum N çöllüm Coloniensis, J. Dousa || Corneli Cornificique J. Dousa : cornelii cornificiique N
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LIVRE IX, 10-12
manière que les Grecs emploient et : ce procédé distinguait les cas et les nombres, ainsi que Lucilius renseigne co lam puerei uenere (Les enfants sont déjà venus) : mets E et / à la finale pour que les enfants soient au pluriel ; si tu mets un I isolé, pupilli (du pupille), pueri (du garçon), Lucili (de Lucilius), ce sera un génitif singulier. 11 QUINTIL. 1, 7, 15 : L'habitude dura assez longtemps d'utiliser E et / en diphtongue, de la môme manière que les Grecs emploient ει : ce procédé distinguait les cas et les nombres, ainsi que Lucilius l'enseigne... ; et, plus loin, le même auteur co Cette distinction est non seulement superflue, puisque I possède naturellement une quantité longue ou brève ; mais, de plus, elle est parfois malcommode...
Les datifs mendaci et furi : tu ajouteras un 2?, quand tu ordonneras de donner à un voleur.
12 VELius LONGUS, G.L.K. VII, 56, 11 : Lucilius, dans le livre 9... de môme co; et le même Lucilius pense que peila, les javelots qu'utilisent les soldats, doit s'écrire avec E et I ; mais que pila, le mortier qui nous sert à broyer, doit s'écrire avec I. C*ette distinction me semble relever d'un scrupule superflu. S'il fallait, en effet, séparer entièrement dans l'écriture les formes ambiguës qui interviennent dans les cas et dans les nombres, que devrons-nous faire pour les noms dont l'orthographe ne tolère aucune différenciation, tels que aedes, sedes, nubes, puisque, au singulier comme au pluriel, ils s'écrivent et se prononcent de la même façon ? Que dire, lorsque nous prononçons gestus, fluclus, portus, mots qui confondent dans une seule graphie le génitif singulier, le nominatif, le vocatif et l'accusatif pluriels ? Que dire enfin des mots qui présentent une ambiguïté entre système nominal et système verbal, comme rotas, feras ?
LIBER IX, 10 (364-6 M) - 12 (369-370 M)
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uterentur : ea casibus numerisque discreta est, ut Lucilius praecipit oo Iam puerei uenere : E postremum facito atque I ut puerei plures fiant. I si facis solum : pupilli, pueri, Lucili : hoc unius fiet. 11 (367-8 M) QVINTIL. 1, 7, 15 : Diutius durauit ut -E et ƒ iungendis eadem ratione quam Graeci «ι uterentur; ea casibus numerisque discreta est ut Lucilius praecipit... ac deinceps idem oo Quod quidem cum superuacuum est, quia / tarn longae quam breuis naturam habet, tum incommodum aliquando... Mendaci furique : addes E, cum dare furi iusseris. 12 (369-370 M) VEL. LONG., G.L.K. VII, 56, 11 : Lucilius in nono... item co idemque peila quibus milites utuntur per E et I scribenda existimat at pilam qua pinsitur per I. Hoc mihi uidetur superuacaneae esse obseruationis. Nam si omnino in scribendo discernenda casuum numerorumque ambiguitas est, quid faciemus in his nominibus quorum scriptio discrimen non admittit, ut aedes, sedes, nubes, cum et una et plures eodem modo et dicantur et scribantur ? Quid cum dicimus geslus, fluctus, portus, cum et genetiuus singularis et nominatiuus et accusatiuus et uocatiuus pluralis eodem modo scribantur ? Quid denique in iis quae ambiguitatem habent inter nomina et uerba, ut rotas, feras ?
10 iam — solum от. codd. CHARISIVS i si — fiet om. codd. QVINTIL. || iam puerei Ρ QVINTIL., edd. : pueri В QVINTIL. puere A QVINTIL. puerbi cod. VEL. LONG. H ut puerei Ρ QVINTIL., edd. :
ut pueri AB QVINTIL. ut cod. VEL. LONG. H fiant codd. QVINTIL.
faciant cod. VEL. LONG. H Lucili Putsch edd. : lucii N CHARISIVS et Lucilli cod. VEL. LONG.
11 dare furi codd., edd. : dare furei cod. Frib.,
Marx
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LIVRE IX, 12-15
Hoc Uli factum est uni (pour lui seul, cela fut fait) : tu allégeras cet I ; hace Ulei fecere (ils firent cela) : tu ajouteras un E pour étoffer. 13 QUINTIL. 1,7, 18 : La diphtongue AE, dont nous écrivons actuellement le second élément avec un E, était transcrite différemment, par A et I ; certains écrivaient toujours AI, comme les Grecs le font, d'autres limitaient cet usage au génitif et au datif singuliers ; de là viennent les formes pictai ueslis et aquai que Virgile, si épris de l'Antiquité, a insérées dans ses poèmes. Pour les mêmes diphtongues, au pluriel, ils utilisaient la voyelle E, hi Syllae, Galbae; sur ce point également, Lucilius a édicté des règles : elles sont développées en de nombreux vers ; les incrédules n'auront qu'à se reporter au livre 9.
14 MARTIANUS CAPELLA 3, 266 : Nous, en effet, nous écrivons la première syllabe du mot Musae (les Muses) avec deux lettres, mais les Grecs avec trois lettres. Au datif singulier, Lucilius met une diphtongue en A et E} lorsqu'il dit co Lucrèce y emploie souvent A et ƒ, ainsi que notre Virgile...
A Terentia, ici présente, à Orbilia, Licinius.
15 VELius LONGus, G.L.K. VII, 63, 3 : Certains ont préféré prononcer et écrire ab bibere (s'abreuver) avec gemination de В et suppression de D. Sur ce point, Lucilius pense qu'il n'y a aucune différence : il écrit en effet oo
abbibere (s'abreuver) : peu importe qu'il y ait ici un D ou un B.
LIVRE IX, 12 (369-370 M) - 15 (374 M)
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Hoc illi factum est uni : tenue hoc facies I ; haec illei fecere : addes E ut pinguius fíat.
13 (371 M) QviNTiL. 1, 7, 18 : AE syllabam cuius secundam nunc E litteram ponimus, uarie per A et I efferebant ; quidam semper ut Graeci, quidam singulari ter tantum, cum in datiuum uel genetiuum casum incidissent, unde pictai uesiis et aquai Vergilius amantissimus uetustatis carminibus inseruit. In iisdem plurali numero E utebantur, hi Syllae, Galbât. Est in hac quoque parte Lucilii praeceptum, quod quia pluribus explicetur uersibus, si quis parum eredet, apud ipsum in nono requirat.
14 (372 M) MART. CAP. 3, 266 : Scribimus nos enim Musarum primam syllabam duabus Iitteris, Graeci tribus. Lucilius in datiuo casu α et e coniungit, dicens co α et i et Lucretius crebro et noster Maro...
f huic Terentiae, Orbiliae Licinius f
15 (374 M) VEL. LONG., G.L.K. VII, 63, 3 : Abbibere etiam quidam geminata В maluerunt et dicere et scribere intermissa D. Et in hoc nullám diíTerentiam putat esse Lucilius qui ait co
< - v^w > abbiòere : < h i c > non multum est D [siet an В.
12 Шеі fecere edd. : ille facere cod. ||fiatedd. : facit cod. 14 huic codd. : quando huic iste Marx edd. || Licinius В luciniue R Licinus dat Marx 15 abbibere hie Marx : abbire cod.
19
LIVRE IX, 16-18
16 VELius LONGus, G.L.K. VII, 62, 1 : dans les parties du discours qui commencent par la lettre C, lorsque l'on ajoute le préfixe AD, il est difficile de faire entendre la lettre D. La lettre С est géminée de la môme façon que dans capio, accipio. C'est pourquoi, dans Lucilius, Pour sa part, il a pensé que cela ne changeait rien, du point de vue de la graphie ; toutefois, si l'on tient compte de la prononciation, il est différent, du point de vue phonétique, que l'on écrive un С plutôt qu'un D.
... et si tu écris accurrere (accourir), tu n'as pas à chercher, ni à t'inquiéter pour savoir s'il faut D ou C. 17 VELius LONGUS, G.L.K. VII, 65, 11 : La préposition per ne subit aucune altération quand elle est employée comme préfixe, sauf quand elle se trouve au voisinage de la lettre L, une consonne de prononciation proche ; les stylistes raffinés préfèrent géminer cette dernière consonne plutôt que de faire entendre le R : ainsi, ils préfèrent dire pellabor plutôt que perlabor. Ce n'est pas autre chose que l'on trouve dans Lucilius, à propos de la préposition per CVD On préfère pellicere à perlicere.
Pelliciendus (celui qu'il faut séduire) double la consonne L. 18 CASSiODORE. G.L.K. VII, 149, 1 : La lettre Q est employée convenablement quand, aussitôt après, est accolée la lettre V, suivie d'une ou de plusieurs voyelles de n'importe quel timbre, de manière à constituer une syllabe unique : partout ailleurs, on écrit avec un C. Lucilius est aussi de cet avis. Certains pensent qu'il faut s'en remettre entièrement à ce que nous entendons et employer une écriture phonétique. C'est, en effet, un problème général en matière d'orthographe : faut-il
LIBER IX, 16 (375-6 M) - 18 (382 M)
19
16 (375-6 M) G.L.K. VII, 62, 1 : in his partibus orationis quae incipiunt a littera С non facile potest hac praepositione admota sonare D littera. Haec similiter littera geminatur in eo quod est capio, accipio. Itaque Lucilius со ille quidem non putauit interesse ecripturae ; sed si sonus consulitur, interest aurium ut С potius quam D scribatur со VEL. LONG.,
< _ yy^ _ v^v_/ - ww > atque accurrere scribas. Dne an С non est quod quaeras eque labores.
17 (381 M) G.L.K. VII, 65, 11 : Per uero praepositio omnibus integra praeponitur : nisi cum incidit in L litteram, adflnem consonantem, quam elegantioris sermonis uiri geminare malunt quam R litteram exprimere, ut cum pellabor malunt dicere quam perlabor. Nee aliter apud Lucilium legitur in praepositione per : co pellicere malunt quam perlicere co VEL. LONG.,
Pelliciendus, quod est inducendus, geminat L.
18 (382 M) CAssiOD., G.L.K. VII, 149, 1 : £) littera tunc recte ponitur, cum illi statim V littera et alia quaelibet una pluresue uocales coniunctae fuerint, ita ut una syllaba Ûat : cetera per С scribuntur. Hoc Lucilio quoque uidetur. Non nulli putant auribus deseruiendum atque ita scribendum, ut auditur. Est enim fere certamen de recta
16 scribas J. Dousa : scribes cod. || an С J. Dousa edd. : an T cod. H quod edd. : quot cod. \\ eque Marx : aeque cod. atque edd. 17 pelliciendus Marx : per 1 liciendo cod. pelliciendo Iunius
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LIVRE IX, 18-21
écrire ce que nous entendons, ou bien ce qu'il conviendrait d'écrire ? 19 VELIUS LONGus, G.L.K. VII, 47, 5 : Nous trouvons, en effet, chez les auteurs comiques, le groupement des consonnes S et Г... Ce groupe S Γ invite à faire silence. Mais en suivant cet exemple, on pourrait donner la valeur d'une syllabe à la plupart des consonnes et à toutes les continues. En effet, chez Lucilius, dans le livre 9 où il traite des lettres, elles remplissent toutes la valeur d'une syllabe, quand il écrit
R : il n'y a pas beaucoup de différence si je prononce cette syllabe dans un groupe phonique dissonant et dans le langage des chiens; ce n'est pas de ma faute ; c'est le nom de la lettre. 20 VELIUS LONGUS, G.L.K. VII, 47, 8 : En effet, chez Lucilius, dans le livre 9 où il traite des lettres, toutes les continues remplissent la valeur d'une syllabe quand il écrit... De même oo II est donc évident que ces consonnes n'occupent que la place d'une syllabe, mais ne sont pas cependant des syllabes. Il ne faut donc pas entrer dans les vues de ceux qui pensent qu'il peut y avoir syllabe sans qu'il y ait voyelle en sorte que cette syllabe comporte de façon pionière le sens d'un mot, — sous prétexte que ST signifie ' Silence '. Notre S et ce que, selon la mode des demi-Grecs, nous appelons sigma, ne donne lieu à aucune méprise.
Л u ires fragmente : 21 PRisciEN, G.L.K. II, 251, 18 : ... on trouve aussi le féminin capis, capidis, dont le diminutif est capidula.
LIBER IX, 18 (382 M) - 21 (319 M)
20
scriptura in hoc, utrum quod audimus, an quod scribi oporteat, scribendum sit.
19 (377-8 M) VEL. LONG., G.L.K. VII, 47, 5 : Nam
animaduertimus
apud cómicos S et Γ pari ter scriptas litteras... Hoc S et Γ pari ter renuntiat silentium. Sed si hoc sectantur, possint etiam plerasque consonantes et omnes semiuocales pro syllabis poneré. Nam apud Lucilium in nono in quo de litteris disputat, omnes uicem syllabarum implent cum dicit oo R : non m u l t u m est, hoc cacosyntheton
atque [canina si lingua dico : nihil ad me, nomen hoc illi est.
20 (379-380 M) G.L.K, VII, 47, 8 : Nam apud Lucilium in nono in quo de litteris disputat, omnes uicem syllabarum implent cum dicit... item co Apparet ergo haec nihil aliud quam locum syllabae tenere nee tarnen syllabas esse. Non ergo accedendum est iis qui putant sine uocali syllabam neri posse, ut etiam signifìcationem uocis terminet, quoniam ST silentium denuntiet. VEL LONG.,
S nostrum et semi graece quod dicimus sigma nil erroris habet.
21 (319 M) PRisc, G.L.K. II, 251, 18 : ... inuenitur etiam haec capis, capidis, cuius diminutiuum est cap i dula. Arruntius :
19 R Mueller edd. : a re cod. || multum est edd. : multum abest cod. || nomen hoc illi cod. : nomen enim illi Marx 20 semigraece cod. : semigraeci Marx || nil Marx : nihil cod.
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LIVRE IX, 21-24
Arruntius : capis désigne un type de vase réservé aux pontifes, diminutif capidula. Lucilius, au livre 9 oo et voyez que le mot apparaît davantage comme grec du fait que Lucilius a employé un accusatif pluriel en -AS. ... < o n dit q u e > telle fut Toriğine du bouclier des Saliens ; c'est lui qui institua les houppes des flamines et les vases à sacrifices des pontifes.
22 FESTUS 270, 34 : REDANTRVARE se dit, dans la danse des Saliens, quand le chef de chœur a tourné sur lui-même — mot qui désigne son pas de danse — et que le chœur reprend le même mouvement. Lucilius cx> || NON. 165, 17 : REDANDRVARE, reprendre un mouvement. Lucilius, dans le livre 9 oo ... de sorte que, ici, le chef de chœur fasse un bond en tournant et que, là, le chœur réponde en faisant un bond en tournant.
23 NON. 445, 22 : AGEROSVM et AGERATVM : les deux mots sont des innovations et possèdent un sens différent... AGERATVM désigne un mélange de boue et de paille comme en utilisent habituellement les briquetiers. Lucilius, livre 9 oo celui qui fait de la brique, n'a jamais autre chose que de Γ argile commune constituée par un mélange de boue et de paille.
24 NON. 18, 19 : RVTRVM (la racloire) vient du verbe radere (racler)... Lucilius, Satires, livre 9 oo
LIBER IX, 21 (319 M) - 24 (322-3 M)
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capis, uasis genus ponli ßcalis diminutiue capidula. Lucilius in IX oo et uide quod magie Graecum ostenditur, cum in -AS protulit accusatiuum pluralem. hinc ancilia, ab hoc apices capidasque repertas
22 (320 M) FEST. 270, 34 M : REDANTRVARE dicitur in Saliorum exultationibus cum praesul amptruauit, quod est motus ed idit, ei referuntur inuicem idem motus. Lucilius eo Il NON. 155, 17 : REDANDRVARE, redire. Lucilius Hb. IX co
praesul ut ampíruet inde, ut uulgus redampíruet [inde.
23 (324-5 M) NON. 445, 22 : ACEROSVM et ACERATVM, utrumque noue positum, sed distanti proprietate signatum... Aceratum uero est lutum paleis mixtum ut laterariis usus est. Lucilius lib. IX < - >
laterem qui ducit, habet nihil amplius [numquam quam commune lutum a paleis cenoque acerafum. 24 (322-3 M) NON. 18, 19 : RVTRVM dicitur а radendo... Lucilius Satyrarum lib. IX oo 21 hinc G L : hi К || ancilia codd. edd. : mancilla К anncilia D И capidasque codd. edd. : caspidasque D capices К 22 praesul — inde от. codd. NON. || ut amptruet edd. : ut ampiruet codd. || redamptruet inde edd. : redamplauit at codd. FEST, redandruet inde codd. NON. 28 laterem ego : latere codd. lateres Leo (G.G.A. 1906, 848) nam laterem Iunius num laterem Corpel et laterem Marx || numquam Lindsay : nam quam codd. natum Marx || a paleis codd. Marx : ac paleas Francken Lindsay || cenoque aceratum Dousa edd. : cenumque aceroso codd.
22
LIVRE IX, 24-27
Il est grainetier : le voici qui apporte avec luii sa mesure et sa raclette.
25 NON, 216, 15 : OSTRE A, au genre... neutre. Luciliuss, Satires, livre 9 co Que dire, s'il s'est aperçu avec certitude quie les huîtres ont le goût de la vase même et diu limon des rivières. 26 NON. 166, 12 : On appelle RAMIGES les poumons ou lees hernies... Lucilius, Satires, livre 9 co parce que ce vieillard est difforme, goutteux œt podagre, parce qu'il est manchot, piteux, étiquie avec sa grosse hernie. 27 NON. 498, 15 : Emploi du génitif avec la valeur d'uin ablatif ou d'un adverbe de lieu... Lucilius... Le mêmte, livre 9 Si elle n'a aucune beauté et si c'est une vieillie louve et une prostituée, il suffit d'une pièce et ellle accourt.
LIBER IX, 24 (322-3 M) - 27 (334-35 M)
22
Frumentarius est : modium hic secum afque rutellum una adfert. 25 (328-9 M) NON. 216, 15 : OSTREA generis... neutri. Lucilius Satyrarum lib. IX oo quid ergo, si ostrea certo cognorit fluuium limum ac cenum sapere ipsum. 26 (331-2 M) NON. 166,12 : RAMICES, dicuntur pulmones uel hernia... Lucilius Satyrarum lib. IX co quod deformis, senex arthriticus ac podagrosus est, quod mancus miserque, exilis, ramice magno 27 (334-5 M) NON. 498, 15 : GENETIVVS positus pro ablatiuo uel aduerbio loci... Lucilius... idem lib. IX oo Si nihil ad faciem et si olim lupa prostibulumque, nummi opus, atque obit. 24 atque rutellum edd. : adque etrutellum codd. || una edd. : unam BA unum L || adfert L\ Marx : affért codd. 25 quid ergo si ostrea certo ego : quid ego si cerno ostrea codd. quid ergo si cerno ostrea Quicherat quid ergo si ostrea Cerco Cichorius (Untersuch, zu Lucilius 296-8) quid ergo ? si tenera ostrea Marx || cognorit codd. edd. : cognorim Bentin Corpet 26 arthriticus ac podagrosus Iunius edd. : apôpititus as potagrosus G apopititusA as potagrosue L arthriticus as potagrosue codd. H ramice B , Marx : ramite L, Lindsay 27 si olim codd. edd. : solum Lipse Dousa Mercier \\ nummi opus edd. : numini opus codd. minimi opus AA || obit ego : obsit eodd. opus fit coni. Iunius Warmington assis Lipse obsi (= δφον) eoni. Leo (G.G.Α. 1906, 849) subit Marx 3
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LIVRE IX, 28-31
28 NON. 19, 26 : EVANNATVR (qu'il soit vanné) signifie uentiletur (qu'il soit agité) ou bien moueatur (qu'il soit remué). Le verbe vient du substantif uannus, le panier où les légumes sont éventés... Lucilius... Le même, livre 9 co Elle se tortillera comme si elle vannait du blé avec ses fesses. 29 NON. 455, 18 : On ne doit pas dire ROSTRVM (la gueule) d'un homme, mais l'usage a prévalu... Lucilius... Le môme, livre 9 co Je Taccroche, je lui défonce la gueule et les lèvres à la Zopyrion, et je lui décroche toutes les dents de devant.
30 CHARisius, G.L.K. I, 100, 5 : Il faut employer lora avec une voyelle brève à la première syllabe et au féminin pour désigner la piquette ; mais avec une voyelle longue et au neutre pour désigner des lanières en cuir ; ainsi Lucilius, dans le livre 9 co Toutes les étrivières précisément se font de sa peau. 31 NON. 67, 13 : PAREGTATOE (les recrues) se dit des garçons qui, au sortir de l'enfance, atteignent la puberté : le mot est emprunté au grec. Lucilius, livre 9 co les chlamydes et la toute première barbe qui signalent les jeunes recrues.
LIBER IX, 28 (330 M) - 31 (321 M)
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28 (330 M) NON. 19, 26 : EVANNATVR dictum est uentiletur uel moueatur : a uanno in quo legumina uentilantur... Lucilius... idem lib. IX cv> Crisa&it ut si frumentum clunibus uannat. 29 (336-7 M) NON. 455, 18 : ROSTRVM hominis dici non debere, consuetudo praesumpsit... Lucilius... idem lib. IX co Arripio et rostrum labeasque huic Zopyriatim percutió dentesque aduorsos discutio omnis.
30 (326 M) си ARISI vs, G.L.K. I, 100, 5 : Lora correpta prima syllaba et feminino genere dicenda est cum uinum aqua corruptum significat, producta autem neutraliter e corio uincula, ut et Lucilius in IX co < - v-^ - ^^ > ipsa suo e corio omnia lora. 31 (321 M) NON. 67, 13 : PARECTATOE, hi qui de pueritia ueniunt ad pubertatem ; a graeco uocabulo sumptum. Lucilius lib. IX сю unde pareutactoe, clámides ас barbula prima. 28 crisabit edd. : cursauit codd. crisabitque J. Dousa crissauit lunius 29 labeasque Benlin edd. : labeatque L AA BA libeatque CA DK || huic lunius : hoc codd. || zopyriatim Varges edd. : zeferiatin codd. zopyrioni lunius uociferanti Marx 30 suo e Marx : si se codd. secet Corpet 81 unde codd. edd. : inde G || pareutactoe Buecheler (Rh M 48, 1893, 631) : parectato e codd. || clámides edd. : calamides codd.
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LIVRE IX, 32-33
32 PRisciEN, G.L.K. II, 507, 2 : ... d'autres verbes changent -O en -ƒ pour former le parfait, comme bibo, bibi... de même façon scabo, scabi... Lucilius, dans le livre 9 oo Il s'était gratté comme un porc qui s'est usé les côtes après un arbre.
33 AULU-GELLE 1, 16, 10 : Mille s'emploie au singulier... mille, en effet, ne s'emploie pas pour ce qui se dit en Grec χίλιοι, mais χιλιάς... Lucilius... le montre bien clairement; en effet... dans le livre 9 co ; il a dit milli passum pour mille passibus et uno milli nummum pour unis mille nummis : il montre nettement que mille est un substantif, que ce substantif s'emploie au singulier... et qu'il se met aussi à l'ablatif. || MACROBE, Sal. 1, 5, 7 : Lucilius... a même observé la flexion de ce nom ; en effet, dans le livre... il dit... ; de même, dans le livre 9 co Avec seulement un millier de sesterces, tu peux en obtenir une centaine.
LIBER IX, 32 (333 M) - 33 (327 M)
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32 (333 M) PRisc, G.L.K. II, 507, 2 : ... alia O in I mutant in praeterito, ut bibo, bibi,,, similiterscabo,scabi.... Lucilius in IX со Scaberat ut poreus, contritis arbore costiş.
33 (327 M) GBLL. 1, 16, 10 : Mille numero singulari dictum est... mille enim non pro eo ponitur quod Graece χίλιοι dicitur, sed quod χιλιάς... Lucilius autem... id manifestius demonstrat ; nam... in libro nono co; milli passum dixit pro mille passibus et uno milli nummum pro unis mille nummis aperteque ostendit mille et uocabulum esse et singulari numero dici... et casum etiam capere ablatiuum. || млей., Sai, 1, 5, 7 : Lucilius... etiam declinationem huius nominis exsecutus est ; nam in libro... ita dicit... item in libro nono co Tu milli nummum potes uno quaerere centum.
83 tu codd. млея. : от. codd. GELL.
LIVRE X
NOTICE Selon le témoignage de Valerius Sujet du Jhri· 10 : P r o b u s l e l i v r e 1 0 a déterminé la vocation satirique de Perse. La lecture de l'ouvrage lui inspira un tel désir d'écrire qu'il se mit à composer des vers où il attaquait âprement les poètes et orateurs contemporains, où il osait même s'en prendre à la personne de l'empereur. La véhémence de l'imitation révèle la virulence du modèle1 que suivait scrupuleusement le jeune débutant. Elle montre que, dans le livre 10, Lucilius lui-même critiquait violemment et nommément les hommes de lettres de son temps. Dans le nombre se trouvait évidemment Accius, l'adversaire de toujours ; Porphyrion le confirme2 ; mais bien d'autres encore devaient être visés dans des passages aujourd'hui perdus8. (1) PROB., Vita Pers. 10 : Sed mox ut a schola magistrisque deuertit, tecto Luciti libro decimo, uehemenler saturas componere instituit, cuius libri princípium imitatus est, sibi primo, mox omnibus delracturus cum tanta recentium poetarum et oratorum insectatione, ut eliam Neronem principem illius temporis inculpaverit. Cuius uersus in Neronem cum ita se haberel 'Auriculas asini Mida rex habet*, in eum modum a Cornuto, ipso tantummodo, est emendatus : 'Auriculas asini quis non habet?', ne hoc in se Nero dictum arbitraretur. (2) PORPH., Ad Hor. Sat. 1, 10, 53 : et hoc interrogatiua figura cum ironia quadam pronuntiandum quia e contrario intellegendum est. Comis autem Lucilius propter urbanitatem dicitur et mutat pro eo quod est emendai posilum. Facit autem Lucilius hoc cum alias, tum maxime in tertio libro; meminil IX et X. (3) S'appuyant sur l'autorité de Valerius Probus — ou plus exactement de son compilateur — plusieurs éditeurs ont cédé à la manie des reconstructions. Il est trop facile d'attribuer au
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NOTICE
Composition Les huit fragments que les du livre 10 : Anciens attribuent au livre 10 constituent un ensemble hétéroclite où il est impossible de déceler un principe d'unité : plusieurs vers traitent de questions littéraires ; ils évoquent le discernement du poète (1), l'extravagance des tragiques (2) ; il est possible que le fragment 3 reprenne le même thème et que le fragment 4 ridiculise les orateurs. Ailleurs Lucilius décrit des scènes de la vie romaine (5), de la vie militaire (6), des manœuvres d'accostage (7) et le pilotage d'un bateau (8).
livre 10 tous les fragments incertains où il est question de critique littéraire sous prétexte que Lucilius devait y attaquer de nombreux poètes et orateurs contemporains. C'est ainsi que Warmington, entre autres, a cru nécessaire d'incorporer lee fragments H 17, H 19, H 16, H 12. De tels procédés font appel à la sensibilité de l'éditeur, à son savoir-faire ou à sa subtilité ; ils ne reposent sur aucun critère objectif. C'est pourquoi j'ai délibérément éliminé de nombreux fragments habituellement placés dans le livre 10. J'ai suivi Marx qui attribue au livre 1 le fragment 1, 2 qui pose de nombreux problèmes aux éditeurs. Le scholiaste de Perse écrit à propos du vers 1 de la Satire 1 Hune uersum de Lucili primo transtulit. On doit en conclure que le vers 1 appartient à la première satire de Lucilius dans le livre 1 (primo libro). Toutefois le compilateur de Valerius Probus, à moins qu'il ne s'agisse de Probus lui-même, écrit : cuius libri princípium imilatus est en parlant du livre 10. Marx pense que par faute d'attention, l'auteur de la Vita a confondu le contenu de la note marginale du vers 1 de Perse et les commentaires qui reconnaissaient une influence générale de Lucilius sur le jeune poète. Cette thèse parait raisonnable, en l'absence de données parfaitement claires. L'affirmation si nette du scholiaste de Perse 1, 1 est suspecte d'être née de la mauvaise interprétation d'une notice analogue à celle de la Vita ; le texte, par ailleurs suspect, de la Vita ne désigne aucun vers de Perse en particulier. Dans ces conditions, le seul parti qui respecte le commentaire des Anciens est de supposer, d'après le scholiaste, que le vers de Perse 1, 1 a été emprunté à un passage indéterminé du livre 1 de Lucilius ; et de supposer, d'après la Vita, que la lecture de Lucilius 10 a déterminé la vocation de Perse, qui en a peut-être imité un ou plusieurs vers dans son œuvre.
LIVRE X
1 NON. 396, 20 : SVMERE... signifie également choisir... Lucilius, Satires, livre 10 oo Ceux-là ont le jugement, le discernement, comme nous le définissons plus haut ; ils se demandent en effet : que dois-je admettre, que dois-je rejeter et où dois-je le placer.
2 DONAT, Ad Ter. Andr. 384 : Oui, ceł individu pense bien différemment de moi : ne signifie certainement, ou bien, selon certains, о comme 1 Lucilius, livre 10 oo
Oui, moi j'ai merveilleusement décrit l'illustre taureau dans l'acropole, dit-il.
3 NON. 219, 13 : PIGROR (la paresse) est un mot masculin. Lucilius, Satires, livre 10 oo La langueur, l'abattement et la torpeur du sommeil le surprirent.
4 NON. 262, 8 : GONFIDENTIA... inversement, avec le sens de témérité, audace... Lucilius, livre 10 cv>
1 (386-7 M) NON. 396, 20 : SVMERE... etiam significai eligere... Lucilius Satyrarum lib. X oo Horum est iudicium, crisis ut discribimus ante, hoc est, quid sumam, quid non, in quoque locemus.
2 (388 M) Ter. Andr. 384 : Ne iste haud mecum sentit ; ne, ualde aut, ut quidam uolunt, e quam. Lucilius in decimo co
DONAT.,
Ne in arce bouem descripsi magnifice, [inquit. 3 (391 M) NON. 213, 13 : PIGROR generis masculini. Lucilius, Satyrarum lib. X сч> Languor, obrepsitque pigror torporque quietis. 4 (385 M) NON. 262, 8 : CONFIDENTI A... rursum temeritas, audacia. Lucilius lib. X oo 1 horum Roth Marx : honorum codd. bonorum J. Dousa || crisis ut Marx : crassis ut codd. Crassi sicut Corpei Crassis ut J. Dousa Cichorius (Untersuch, zu Lucii. 300) || discribimus codd. : descripsimus J. Dousa dixi scribimus Cichorius (Untersuch, zu Lucii. 300) 2 ne ilium ego coni. Marx : ne A В V ñeque Г С ne quem Mueller ne qui Dziatzko νή τον Buecheler (Rh. M. 39, 1884, 338) \\ •descripsi A Β Τ, edd. : descripsit С descripsisti V discerpsi Mueller 3 obrepsitque Iunius edd. : obressitque codd.
31
LIVRE X, 4-8
... qu'on le regarde comme un méchant, un impudent, un coquin, un fripon. 5 NON. 517, 34 : DESVBITO (soudainement)... Lucilius, Satires, livre 10 oo ... bien qu'en un clin d'œil, le faire descendre de trois étages.
6 NON. 553, 5 : RORARII (les roraires) désignent les soldats qui, avant l'engagement des lignes de bataille, commençaient tout d'abord le combat en lançant quelques javelots : le mot vient de ce que, avant les très grosses pluies, le ciel commence par laisser tomber quelques gouttes d'eau. Lucilius... Le môme, livre 10 Derrière se tenait l'agile roraire avec son équipement.
7 NON. 235, 4 : APTVM... signifle encore attaché et lié solidement ensemble... Lucilius, Satires, livre 10 co des amarres également, saisies dans de fortes cordes.
8 NON. 512, 22 : FIRM1TER employé au lieu de firme. Lucilius, Satires, livre 10 oo pour les affermir contre les flots et les vents contraires.
LIBER Χ, 4 (385 M) - 8 (390 M)
31
inprobus, confidens, nequam, malus < u t > uidea[tur. 5 (392 M) NON. 517, lib. X co
34
:
DESVBITO...
Lucilius
Satyrarum
quamuis desubito trinis deducere scalis. 6 (393 M) NON. 553, 6 : RORARII appellabantur milites (qui, antequam congressae essent acies, primo non multis iaculis inibant proelium : tractum quod ante máximas pluuias caelum rorare incipiat, Lucilius... Idem libro X oo Pone paludatus stabat rorarius uelox. 7 (389 M) NON. 235, 4 : APTVM... rursum conexum et conligatum significat... Lucilius Satyrarum lib. X co ionsillas quoque ualidis in funibus aptas. 8 (390 M) NON. 512, 22 : FIRMITER profirme.Lucilius Satyrarum lib. X oo fluctibus a uentisque aduersis fìrmiter essent. 4 libro X trib. codd. BA : libro incerto codd. Lx AA liber coni. Lindsay et in Lucilii hexámetro scripsit || ut add. Lachmann. β paludatus codd. : paludatum F. Dousa paludatos Mueller || 7 tonsillas Iunius edd. : consellas codd. || praeualidis F. Dousa : ualidis codd. quae ualidis Marx 8 a uentisque codd. edd. : a uenentisque L BA ac uentisque Leo (G.G.A. 1906, 851) ac uentis quae Buecheler || aduersis edd. : auersis codd.
LIVRE XI
4
NOTICE En l'absence de toute indication des Anciens, le contenu du livre ne peut se définir que par l'analyse des seize fragments1 qui lui sont attribués2. Plusieurs d'entre eux (1 à 4) décrivent des scènes militaires qui, vraisemblablement, évoquent toute la vie du corps expéditionnaire envoyé devant Numance (1) ; Scipion Émilien entreprend des travaux dans le cantonnement (2) et autour de la ville ennemie (3) ; il rétablit la discipline dans une armée amollie par de nombreux vices (4). Trois fragments, trop brefs pour être interprétés valablement, ont peut-être quelque rapport avec le siège de Numance (5 à 7) : description des barbares (5) ; les bains (6) ; les outils chirurgicaux (7). Dans les autres fragments (8 à 16), Lucilius engage une polémique véhémente contre plusieurs hommes poli(1) Les passages de Cicerón (De Orai. 2, 268 et 277) cités par Marx sous les références 396 et 421 rapportent des anecdotes sur Asellus et sur Opimius : ce sont des commentaires qui n'ont pas leur place parmi les vers de Lucilius. (2) Warmington distingue six récits dans le livre 11 ; ils évoquent respectivement la censure de Scipion, le siège de Numance, Aurelius Cotta, Gaius Cassius, Quintus Granius, Quintus Opimius. S'il parait vraisemblable de regrouper tous les fragments qui peuvent rappeler le corps expéditionnaire d'Espagne, il me semble bien contestable de rapporter à Aurelius Cotta tous les vers où il est question d'un avare et d'un chicaneur sous prétexte que le personnage est présenté comme tel dans le fragment 9. L'édition de Terzaghi opère les mêmes simplifications. Parmi les passages d'inspiration politique, j'ai préféré séparer les allusions personnelles et j'ai classé les textes dont la victime reste anonyme, selon les procédés sémantiques utilisés par Lucilius.
36
NOTICE
tiques de son temps : l'ignoble T. Claudius Asellus marqué de flétrissure pendant la censure de Scipion (8), L. Aurelius Cotta Гаѵаге (9), Quintus Opimius le débauché (10), Gaius Cassius le captateur d'héritages (11) ; les portraits rappellent la biographie des personnages (12), sont commentés par des formules incisives (13, 14) ou par des anecdotes empruntées à des hommes tels que le crieur public Quintus Granius (15). Le fragment (16) rapporte peut-être un mot de Scipion Émilien.
LIVRE XI
Le corps expéditionnaire devant Num ance : 1 NON. 344, 38 : MERET (il touche une solde), il fait son service militaire. Lucilius... Le môme, livre 11 Depuis plusieurs années déjà, le soldat sert ici, avec nous, sur la terre d'Espagne. 2 NON. 181, 29 : TENTA (tendu), employé pour extensa (étendu)... Lucilius... Le même, livre 11 oo Quand on se fut arrêté là et qu'on eut tendu les tentes en lignes... 3 NON. 18, 15 : RVDVS, les ordures, ce qui est ratissé. Lucilius, Satires, livre 11 oo il faut abattre leur effort, jeter là une terrasse et des déblais de ce genre. 4 NON. 394, 25 : SPVRGVS... signifie aussi fétide... Lucilius... Le même, livre 11 oo
1 (405-6 M) NON. 344, 38 : MERET, militat. Lucilius... Idem lib. X I cv>
Annos hic terra iam plures miles Hibera nobiscum meret. 2 (397 M) NON. 181, 29 : TENTA dictum pro extensa... Lucilius... Idem lib. XI co
Hie ubi concessum pellesque ut in ordine tentae, 3 (407-8 M) NON. 18, 15 : RVDVS stercus, quod raditur. Lucilius Satyrarum lib. XI co < — w w — ww — w w — w w — w w — >
uim
sternendam et iaciendum hue aggerem et id genus [rudus. 4 (398-9 M) NON. 394, 25 : SPVRGVM... etiam fetidum... Lucilius... idem lib. X I co 1 hic terra iam Palmer : hic errat tam E BA incerrat tam AA hic erarat tam L1|| Hibera Palmer edd. : hiberna codd. 2 hic codd. : hue Mueller Warmington || concessum codd. edd. : consessum F. Doma || ordine F*, edd. : ordines L BA 3 uim codd. : uiai Mercier edd. || sternendam et Marx : sternenda et codd. sternendae Mercier sternendai Mueller || aggerem G, edd. : agerem codd. agger Я
39
LIVRE XI, 4-7
Notre préteur est encore si mal embouché qu'il les a tous jetés sans exception en dehors du camp, comme de l'ordure. 5 NON. 228, 1 : TORQVES (le collier) employé au masculin. Lucilius, Satires, livre 11 cv> || NON. 506, 24 : FVLGERE (briller) avec voyelle brève, au lieu de fulgëre.., Lucilius, Satires, livre 11 oo Une belle assemblée : chatoiement de braies, de say ons ; de grands colliers... 6 NON. 212, 9 : LATRINA employé au féminin ; de plus, le mot désigne la salle de bains que nous appelons aujourd'hui balneum. Lucilius, livre 11 oo celui qui s'amollit dans sa salle de bains... 7 CHARisius, G.L.K. I, 94, 25 : Certains distinguent les mots for fices (ciseaux), forcipes (tenailles) et forpices (ciseaux) : forflces désignerait les ciseaux des couturiers et dériverait du verbe facere (faire), forcipes les tenailles des forgerons, parce qu'ils s'en servent pour prendre le fer chaud, forpices, les ciseaux des coiffeurs, parce qu'ils s'en servent pour couper les cheveux (pilum) ; mais Lucilius montre que ces distinctions ne sont pas fondées quand, dans le livre 11, il parle des forcipes (pinces) des médecins oo ; de môme, un peu plus loin oo
LIBER X I , 4 (398-9 M) - 7 (401-4 M)
39
Praetor noster adhuc quam spurcusí ore quod [omnis extra castra ut stercus foras eiecit ad unum ! 5 (409-410 M) NON. 228, 1 : TORQVEM generis masculini. Lucilius Satyrarum lib. XI co || NON. 506, 24 : FVLGERE correpte pro fulgere... Lucilius Satyrarum lib. XI co Conuentus pulcher : bracae, saga fulgere ; torques f datis t magni. 6 (400 M) NON. 212, 9 : LATRINA genere feminino ; et est lauatrina, quod nunc balneum dicitur. Lucilius lib. XI co < —
> qui in latrina languet... 7 (401-4 M)
CHARisivs, G.L.K. I, 94, 25 : Forflces et forcipes et forpices quidam distingunt, ut forflces sint sarcinatorum a faciendo, forcipes fabrorum, quod ferrum calidum capiant, forpices tonsorum, quod pilum secent ; sed inepta haec esse Lucilius docet, qui etiam medicôrum forcipes dicit libro XI oo item paulo post co
4 adhuc codd. : ad hoc Mueller || quam codd. edd. : quem AA || spurcust Mercier : spurcus codd. spurcos Lachmann spurcus sit Mueller б bracae codd. 506 edd. : braces codd. 228 || torques datis edd. : torquem datis codd. 228 torques codd. 506 torques aurati Marx torques sat Lachmann torques induti Mueller torques caelati Cichorius (Untersuch, zu Lucila p. 307-8) β languet I uni us : languae codd. lang L1
40
LIVRE X I , 7-10
... vingt mille couteaux et pincettes... , avec des pinces recourbées, il arrache les dents.
Polêmiqn·
s
8 AULu-GELLE 4, 17, 1 : De la nature de quelques prépositions qui, employées comme préverbes, sont augmentées et allongées de manière fautive et incorrecte. Discussion d'après plusieurs exemples et arguments. Dans le livre 11 de Lucilius se trouvent les vers co J'entends beaucoup de lecteurs allonger le О de obiciebat, pour sauver, disent-ils, la mesure du vers. Asellus reprochait méchamment au grand Scipion que le lustre, pendant sa censure, avait été funeste et malheureux. 9 NON. 22, 30 : TRICONES, faiseurs d'embarras, âpres quand il faut rembourser. Lucilius, Satires, livre 11, oo c'est-à-dire jamais disposés à rembourser || NON. 338, 11 : LENTVM... disposé. Lucilius, Satires, livre 11 со Pacenius, le vieux Lucius Gotta, père du gros Cotta qui est notre contemporain, fut un grand chicaneur en matière d'argent, jamais décidé à rembourser personne. 10 NON. 305, 33 : FAMA... désigne encore l'infamie et famosum se dit pour infame (mal famé), famosam pour infamem... Lucilius, Satires, livre 11 oo
LIBER XI, 7 (401-4 M) - 10 (418-420 M)
40
< - ww - ww - > scalprorum forcipiumque milia u i gin ti... < — ww — ww — ww — ww — w >
eí UnClS
forcipibus dentes euelleref... 8 (394-5 M) GELL. 4, 17, 1 : De natura quarumdam particularum quae, praepositae uerbis, intendi atque produci barbare atque inscite uidentur, exemplis rationibusque plusculis disceptatum. Lucili i ex undécimo uersus sunt со ОЫісіеbal О littera producta muitos legere audio, idque eo facere dicunt, ut ratio numeri salva sit... Scipiadae magno improbus obiciebat Asellus lustrum ilio censore malum infelixque fuisse.
9 (413-5 M) NON. 22, 30 : TRIGONES morosi et ad reddendum duri. Lucilius Satyrarum lib. XI co id est faci!is 11 NON. 338,11 : LENTVM... facile. Lucilius Satyrarum lib. XI co Lucius Cotta senex, crassi pater huius, Paceni, magnus fuit trico nummarius, soluere nulli lentus. 10 (418-420 M) NON. 305, 33 : FAMA... est rursus infamia et famosum dictum est infame, famosam infamem... Lucilius Satyrarum lib. XI co 7 libro XI trib. J. Dousa ex codice Coloniensi, libro XIX N || scalprorum ω : scalpŁor N || et uncis Putsch Dousa : eunis N quiuis ω II euelleret Putsch Dousa : uellere N 9 Lucius Turnèbe : Lucilius cod. L 22 от. codd. 22, 338 || Paceni codd. 22 : pacem codd. 338 Panaeti Dentin Paconi Terzaghi || fuit trico codd. 22 : trico fuit codd. 338
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LIVRE XI, 10-13
Quintus Opimius, père du Jugurthinien de notre époque, était un homme très beau à voir et très mal vu, le tout au début, dans sa jeunesse, ensuite il se comporte mieux. 11 NON. 276, 22 : DAMNARE signifie... deshériter. Lucilius, Satires, livre 11 oo Cassius Gaius, que nous connaissons, est un homme besogneux que nous appelons Grosse Tête, spéculateur et voleur ; c'est lui que Tullius Quintus, le délateur, choisit comme héritier, à l'exclusion de tout autre. Autres liagmentB : 12 PRisciEN, G.L.K. II, 231, 15 : Il ne faut pourtant pas ignorer que les formes hic puerus, hic et haec puer se trouvent aussi employées par les auteurs les plus anciens, ainsi que puellus, puella. Lucilius, dans le livre 11 co De là il vient à Rome, encore jeune et tout enfant. 13 AULU-GELLE 11, 7, 9 : Il ne faut pas employer les mots archaïques aujourd'hui abandonnés et désuets... Un autre avocat, dépourvu de goût, après quelques lectures de ce genre, s'écria, tandis que son adversaire demandait le renvoi du procès : Je Ven supplie, préteur, à Vaide, au secours! Jusqu'à quand ce bouinator va-t-il nous faire attendre?. 11 répéta trois ou quatre fois, très fort : C'est un bouinator! Un murmure se fit entendre dans la plus grande partie du public qui s'étonnait de cette espèce de bizarrerie. Mais lui, gonflé de jactance, il s'écria :
LIBER XI, 10 (418-420 M) - 13 (417 M)
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Quintus Opimius iile, Iugurtini pater huius et formosus homo fuit et famosus, utrumque primo adulescens, posterius dare rectius sese. 11 (422-4 M) NON. 276, 22 : DAMNARE est... exheredare. Lucilius Satyrarum lib. XI oo Cassius Gaius hic operarais, quem СерЛаюпет dicimus sectorem furemque ; hune Tullius Quintus
index heredem facit et damnati alii omnes. 12 (425 M) PRisc, G.L.K. II, 231, 15 : Non est tamen ignorandum quod etiam hic puerus et hic et haec puer uetustissimi protulisse inueniuntur et puellus, puella. Lucilius in XI oo Inde uenit Romam tener ipse etiam atque puellus. 13 (417 M) GELL. 11, 7, 9 : Verbis antiquissimis relictisque iam et desitis minime utendum... Alter quoque a lectionibus id genus paucis apirocalus, quum aduersarius causam differri postularet : Rogo, praetor, inquit, subueni, succurre. Quonam usque nos bouinałor hic demoraiur ? Atque id uoce magna ter quaterque inclamauit : bouinator est. Commurmuratio fieri coepta est a plerisque, qui aderant, quasi monstrum uerbi admirantibus. At ille,
10 Quintus codd. edd. : qui intus AA || Opimius Béniin edd. : opimus codd. || dare Turnèbe edd. : da codd. dat В 11 Cephalonem edd. : cefalonem codd. || sectorem codd. edd. : sextorem ß A || furemque Scaliger edd. : furiumque codd. || Quintus Lachmann edd. : quem codd. inquam Quicherat || index codd. Lindsay, Warmington : iudex edd.
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LIVRE XI, 13-16
Vous n'avez donc pas lu Lucilius qui a nommé bouinator un faiseur de chicanes?. On trouve en effet le vers suivant dans le livre 11 de Lucilius oo || NON. 79, 29 : BOVINATORES : ce sont les gens que nous appelons maintenant maliţioşi (personnes de mauvaise foi) et tergiuersatores (utilisateurs de faux-fuyants). Lucilius, livre 11 oo si c'est un chicaneur qui tergiverse avec mauvaise foi et Tinsulte à la bouche... 14 NON, 8, 18 ; TRIGAE désigne les empêchements et les difficultés : et intricare signifie empêcher, retarder : le mot vient de tricae, les fils qui, enserrant leurs pattes, enveloppent et entravent les poulets... Lucilius, Satires, livre 11 oo Je n'ai pas besoin non plus d'un amoureux de cette espèce ni d'un chicaneur qui se laisse assigner en justice. 15 AULU-GELLE 5, 17, 1 : De la nature de quelques prépositions qui, employées comme préverbes, sont augmentées et allongées de manière fautive et incorrecte. Discussion d'après plusieurs exemples et arguments... J'entends beaucoup de lecteurs allonger le О de obiciebat, pour sauver, disent-ils, la mesure du vers. Le même Lucilius, plus loin (dans le livre 11) oo Dans le préverbe du premier verbe le О est allongé pour la même raison. Je voulais mettre dans mes vers le mot du crieur public Granius. 16 CHARisius, G.L.K. I, 240, 9 : Mu, employé pour mulliré (murmurer). Lucilius, livre 11 des Satires oo Je veux dire ne louer aucun homme ni murmurer contre personne.
LIBER X I , 13 (417 M) - 16 (426 M)
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iactans et gestiens : Non enim Lucilium, inquit, leg ist is, qui tergiuersatorem bouinałorem dixit. Est autem in Lucili undécimo uersus hic co || NON. 79, 29 : BOVINATORES, quos nunc malitiosos et tergiuersatores dicimus. Lucilius lib. XI oo si tricosus bouinatorque ore inprobus duro. 14 (416 M) NON, 8, 18 : TRICAE sunt inpedimenta et inplicationes ; et intricare inpedire, morari : dictae quasi tricae, quod pullos gallináceos inuoluant et inpediant capilli pedibus inplicati... Lucilius Satyrarumlib XI oo Nee mihi amatore hoc opus nec tricone uadato.
15 (411-2 M) GELL. 4, 17, 1 : De natura quarumdam particularum quae, praepositae uerbis, intendi atque produci barbare atque inscite uidentur, exemplis rationibusque plusculis disceptatum... Obiiciebat O littera producta muitos legere audio idque eo facere dicunt ut ratio numeri salua sit. Idem infra co In hac quoque primi uerbi praepositione ob eamdem causam O producunt. Conicere in uersus dictum praeconis uolebam Grani.
16 (426 M) CHARisivs, G.L.K. I, 240, 9 : Mix pro muttire. Lucilius saturarum libro XI сч> Non laudare hominem quemquam neque mu facere [inquam. 13 si tricosus Lachmann : si slricosus codd. GELL, hic sitricosus codd. NON. || bouinatorque codd, GELL. : bouiatorque codd. NON. 14 amatore codd. edd. : amore L B A 16 libro XI tributi J. D ousa, libro II С, numerum om. celt. || neque mu ω edd. : neque N || inquam N*t J. Doma : umquam Nl in quemquam ρ
LIVRE XII
5
NOTICE Les sept fragments attribués au livre 121 sont trop brefs, trop dissemblables, trop allusifs pour que le lecteur retrouve, à travers ces quelques vestiges, le mouvement du poème — ou des poèmes — primitif2. En l'absence de tout témoignage des Anciens, devant les difficultés du commentaire, les procédés stylistiques constituent le seul critère de classement qui ne soit pas trop subjectif. Cinq fragments (1 à 5), écrits au style (1) Diomede fait allusion au livre 12 dans G.L.K. I, 487, 23 : Alii autem putant a faece, quam Graecorum quidam τρύγα appellant tragoediam nominatam, per mutationem litlerarum υ in α uersa, quoniam olim nondum personie a Thespide repertis, tales fabulas peruncti ora faecibus agitabant, ut rursum est Horatius testis sic, ' ignotum tragicae genus inuenisse Camenae / dicitur et plaustris uexisse poemata Thespis, / quae canerenl agerentque infecţi faecibus ora '. (A.P. 275 sq.). Alii a uino arbitrantur, proplerea quod olim τρύξ dictitabatur, a quo τρυγητός hodieque uindemia est, quia Liberalibus apud Atticos, die festo Liberi patrie, uinum cantoribus pro corollario dabatur, cuius rei testis est Lucilius in duodecimo. Marx fait remarquer que l'étymologie proposée par Lucilius conviendrait beaucoup mieux aux origines de la comédie telles que les Grecs les présentent (cf. scholiaste d'Aristophane, Acharn. 499...). Quelles étaient ses sources quand il décrivait les usages a tuques ? Malgré son intérêt, j'ai éliminé ce passage que Marx a classé parmi les fragments (437 M) ; il ne contient en effet aucun mot qui appartienne au texte même du poète. (2) S'appuyant sur la citation de Diomede citée plus haut, Schoembeck a cru pouvoir affirmer que le livre 12 tout entier évoquait le monde et les problèmes du théâtre. Rien n'est plus arbitraire car l'éditeur a confondu le commentaire d'un passage avec le commentaire d'un poème entier. Rien n'est plus téméraire car sur les sept fragments qui subsistent, un seul (4 : le comédien endetté) semble répondre à cette inspiration.
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NOTICE
direct, rapportent propos ou souvenirs (emploi du parfait) d'un locuteur qui s'exprime à la première personne du singulier : s'agit-il toujours du même homme? la satire se présente-t-elle comme un monologue où Lucilius évoquerait son enfance et sa jeunesse (pueris nobis me et fratre) ; ou bien comme un dialogue ainsi que le suggère l'opposition egojtu (3 : tuo pectore)! Chaque hypothèse contient sa part d'incertitudes et d'invraisemblances3. Dans le doute, je me suis contenté de classer les fragments selon les personnages qui y interviennent et sans me dissimuler que certains d'entre eux peuvent cacher des identités multiples (cf. la première personne du singulier 1) : ego (l'approbation 1 ; les privations 2) : ego et tu (le souvenir 3) ; ego et hic (le poète endetté : 4) ; ego, hic et frater (la mort des enfants : 5). Deux fragments ont un caractère descriptif : l'un évoque peut-être le Cyclope (6) ; l'autre présente un homme affamé (7). (3) Le livre 12 a largement sollicité l'imagination des éditeurs. Si tous sont d'accord pour identifier le poète et son frère dans le fragment 5, les interprétations diffèrent dès qu'il faut commenter le pronom hune du même fragment. Mueller reconnaît le fidèle tuteur des deux enfants (mais d'où sait-il qu'ils étaient orphelins ?) ; Terzaghi retrouve leur précepteur, homme affamé (7), sévère, mais juste et profondément moral (comment admettre que ce malheureux n'ait pu manger suffisamment alors qu'il vivait dans une riche famille ?) ; Warmington discerne dans 4 et 2 les reproches que le père du poète adresse à ses enfants qui ne commettent que des extravagances alors que lui-même s'est privé de tout (mais sa fortune n'était-elle pas parmi les plus considérables de l'Italie ?). Il suffît d'énumérer toutes ces interprétations pour constater qu'elles s'éliminent mutuellement et que très souvent les éditeurs ont profité des incertitudes et ambiguïtés de ces quelques vers pour écrire un véritable roman biographique.
LIVRE XII
1 PRISCIEN, G.L.K. II, 399, 16 : Le verbe SENTIO est un verbe neutre : sur lui, ont été créés les verbes composés asseniio et asseniior, disseniio et dissentior qui ont un seul et môme sens... Lucilius, livre 12 co J'approuvai notre homme. 2 DIOMEDE, G.L.K. I, 365, 6 : Decollo, decollaui : ce verbe, chez les Anciens, signifie frustrer... Lucilius, livre 12 co ... de quels plaisirs de l'existence je me suis frustré. 3 NON. 512, 24 : FIRMITER (fermement), mis pour firme. Lucilius... Le môme, livre 12 co Que cela reste aussi fermement gravé dans ton cœur que dans le mien. 4 NON. 513, 2 : PVBLIGITVS (au nom de l'État), mis pour publice. Lucilius, Satires, livre 12 co
1 (432 M) PRisc, G.L.K. II, 399, 16 : SENTIO neutrum : ex eo assenlio et assent ior, dissentio et dissentior in una eademque inueniuntur signiflcatione... Lucilius in XII oo Assensus sum homini.
2 (433-4 M) DioMEDEs, G.L.K. I, 365, 6 : Decollo, decollaui ; hoc uerbum apud ueteres decipio signiflcat... Lucilius duode cimo oo < _ ^v^ - w ^ - υ ν - > , quibus fructibus me de colaui uictus... 3 (431 M) NON. 512, 24 : FIRMITER pro firme. Lucilius... Idem lib. XII oo Firmiter hoc pariterque tuo sit pectore fixum.
4 (428-9 M) NON. 513, 2 : PVBLIGITVS pro publice. Lucilius, Satyrarum lib. XII oo
2 de colaui Marx : decollaui codd. decollarci A || uictus post fructibus tramp. Mueller 8 pariterque codd. : probiterque Gulielm.
49
LIVRE XII, 4-7
... < j e crois q u e > l'homme que voici a besoin d'un questeur et d'un agent du trésor, pour me fournir de Гог sur les fonds publics et sur le trésor. 5 SERVIUS, Ad Aen. 2, 77 : Fuerił quodcumque, c'est-à-dire quel que soit l'événement qui nVarrive ; soit que, me prenant en pitié, tu veuilles m'accorder la vie ; soit que tu ne le veuilles pas... En fait, quodcumque, dans la vieille langue, signifie la mort, comme le montre Lucilius dans le livre 12 oo c'est-à-dire si la mort nous avait surpris mon frère ou moi. si quelque chose nous était arrivé, quand nous étions enfants, mon frère ou moi, cet homme...
6 NON. 363, 10 : PROTELARE signifie frapper, bouleverser... Lucilius... Le même, livre 12 счэ Cent mulets attelés ensemble ne peuvent le traîner tout d'une haleine.
7 AULU-GELLE 9, 14, 9 : Les Anciens déclinaient dies, dii, comme fames, fami... Lucilius, dans le livre 12 oo ... ridé et affamé...
LIBER XII, 4 (428-9 M) - 7 (430 M)
49
Huic homini quaestoré aliquo esse opus atque [chorago publicitus qui mi atque e fisco praebeat aurum.
5 (427 M) SERVivs, Ad Aen. 2, 77 : Fuerit quodcumque, id est quicumque me sequitur euentus ; siue miseratus uitam concedere uolueris, siue non... Sane quodcumque uetueta uoce mortem significari Luci Hus docet in XII co hoc est si mors uel me uel fratrem oppressisset. hune si quid pueris nobis, me et fratre, fuisset...
6 (435-6 M) NON. 363, 10 : PROTELARE est percutere, perturbare... Lucilius... Idem Hb. XII co
Hunc iuga mulorum protelo ducere centum non possunt. 7 (430 M) GELL. 9, 14, 9 : ... dies, dii a ueteribus declinatum est, ut fames, fami... Lucilius in XII co
rugosum atque fami plenum... 4 libro XII trib. codd., libro XV О li homini codd. edd. nemini L1 || atque codd. : adque L1 || fleco Gulielm. edd. : pisco codd.
LIVRE XIII
NOTICE Le livre 13 est essentiellement l'œuvre d'un moraliste : dans les onze fragments qui subsistent, Lucilius critique le luxe et l'ambition de ses contemporains. Il les reprend pour les raffinements excessifs de leur toilette (1) ; pour les dépenses somptuaires qu'ils consacrent à leur table (banquets et ripailles :2 ; mets dispendieux : 3 ; apprêts extraordinaires : 4) ; pour leur mépris des nourritures ordinaires et des vaisselles trop simples dont les dieux pourtant se contentent (5 et 6). Il oppose la réussite que favorise le hasard et celle qu'impose la volonté (7 et 8) ; exalte le travail (9) ; enfin deux fragments (10 et 11) renferment des allusions personnelles assez difficiles à préciser.
1 NON. 151, 13 : PASCEOLVS, petit sac en cuir fin... Lucilius, livre 13 co Ajoute, venant de Syracuse, des semelles, une bourse... du cuir fin.
2 NON. 281, 20 : DOMINVS se dit du maître qui commande à des esclaves... Le mot désigne encore la personne qui donne un festin ; d'où vient que les banquets portent aussi le nom de dominia. Lucilius... Le même, livre 13 co Qu'on commence par supprimer totalement les banquets solennels et les ripailles...
3 NON. 216, 21 : OSTRE A est un mot de genre... neutre. Lucilius... Le même, livre 13 cv> C'est la même chose dans un banquet : tu offriras des huîtres achetées plusieurs milliers de sesterces.
4 NON. 511, 19 : AMPLITER (amplement) Lucilius, livre 13 co
1 (446 M) NON. 151, 13 : PASCEOLVS, ex aluta sacculus... Lucilius Hb. X I I co
Adde Syracusis sola pasceolum < - ^ > alutam 2 (438-9 M) NON. 281, 20 : DOMIN VS dicitur cui seruitur... rursum appellatur conuiuii exhibitor ; unde et dominia conuiuia. Lucilius... Idem lib. XIII co < _ v ^ _ > primum dominia atque sodalicia [omnia tollantur. 3 (440-1 M) NON. 216, 21 : OSTREA generis... neutri. Lucilius... Idem lib. XIII
Hoc fit idem in cena : dabis ostrea milibus nummum empta. 4 (442-3 M) NON. 511, 19 : AMPLITER. Lucilius lib. XIII 1 pasceolum... alutam Marx : pasceolum alutamen codd. paeceolumque et alutam J. Dousa pasceolum... aluta Corpet pasceolum optima aluta coni. Terzaghi 2 dominia L B*, Hauet (Rev. Phil. 1890, 29) edd. : domini codd. domina Mueller || primum — omnia post tollantur trans p. Krenkel || tollantur post primum transp. Warmington 8 hoc codd. edd. : ho L
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LIVRE XIII, 4-8
... car lorsque nous prenons place autour d'une table amplement pourvue, à force de grandes dépenses... 5 NON. 204, 17 : EPVLVM est un mot de genre neutre. Lucilius l'emploie au féminin dans les Satires, livre 13 oo Ce vers présente des formes des deux genres. La nourriture du repas ressemblait aux mets de Jupiter tout puissant.
6 NON. 398, 26 : SAMIVM désigne un vase en terre. Lucilius, Satires, livre 13 oo ... et non pas, comme un pauvre, dans un plat ébréché en terre de Samos.
7 NON. 425, 16 : FORS et FORTVNA présentent la différence suivante : fors désigne une circonstance fortuite, fortuna la déesse elle-même... Lucilius, Satires, livre 13 oo ... celui à qui la Fortune et le sort ont accordé un rang et un destin comparables.
8 NON. 425, 18 : FORS et FORTVNA présentent la différence suivante : fors désigne une circonstance fortuite, fortuna la déesse elle-même... Lucilius... Le même, dans le même livre oo
LIBER XIII, 4 (442-3 M) - 8 (450-1 M)
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< _ v ^ - ч ^ _ w w - > nam sumptibus magnis exstructa ampliter atque < ^ - > cum accum[bimus mensa, 5 (444 M) NON. 204, 17 : EPVLVM generis neutri est. Feminini Lucilius Satyrarum lib. XIII qui uersus utrumque designat. Idem epulo cibus atque epulae Iouis omnipotentis. 6 (445 M) NON. 398, 26 : SAMIVM est testeum. Lucilius Satyrarum lib. XIII сч> et non, pauper uti, Samio curtoque catino. 7 (447 M) NON. 425, 16 : FORS et FORTVNA hoc distant. Fors est casus temporalis ; Fortuna dea ipsa est... Lucilius Satyrarum lib. XIII oo
cui parilem fortuna locum fatumque tulit fors. 8 (450-1 M) NON. 425, 18 : FORS et FORTVNA hoc distant. Fors est casus temporalis; Fortuna dea ipsa est... Lucilius... Idem in eodem co 4 extructa Marx : extructam codd, edd, || ampliter codd, edd, : ambiter CA || atque codd. : atque apte coni, Mueller atque unctam coni. Francken ас decumanam coni. Lindsay || mensa codd. Marx : meneam edd. б idem codd. : ide Ll id L' || epulae Iouis Juste Lipse : epulatioiouie codd. β et non pauper uti Samio curtoque catino Iunìus edd. : et non pauperitiae Samio curtoque catino [M. Tullius de rep. lib. Ill] et non pauper uti [oratio] codd. β
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LIVRE XIII, 8-11
ou bien c'est entièrement par le hasard et par la fortune qu'on triomphe à la guerre ; si c'est entièrement par le hasard et par la chance, alors en retour quelle est la place de la gloire ? 9 SERvius, Ad Aeri. 4, 158 : ... il a employé inertia à la place de paresseux et inoffensifs... Lucilius précise la valeur propre de iners, oo ||| SERVIUS, Ad Georg. 4, 25 : ... il a mis iners pour tranquille (otiosus)... ce mot s'emploie... pour désigner celui qui est dépourvu d'activité, comme dans le livre 13 de Lucilius oo de même qu'on appelle inactif celui qui n'aura aucune activité créatrice.
10 NON. 261, 6 : CERNERE... décider. Lucilius... Le même, livre 13 счэ quand il voit qu'ils se battent entre eux avec acharnement... 11 NON. 519, 14 : Dans leur sagesse mémorable, les Anciens mettaient PAVGI (quelques-uns) pour désigner les gens de bien ; inversement, ils appelaient MVLTI (nombreux) les méchants... Lucilius... Le même, livre 13 co ... un seul homme pris dans la foule, qui ait du bon sens...
LIBER XIII, 8 (450-1 M) - 11 (448 M)
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aut forte omnino ac fortuna uincere bello ; si forte ac temere omnino, quid rursum ad hono rem ? 9 (452 M) SERVivs, Ad Aen. 4, 158 : ... inertia autem pro ignauis et innocuis posuit... iners proprie quid sit Lucilius declarat || SERVIVS, Ad Georg. 4, 25 :... inertem hic pro otioso posuit... quae uox ponitur... pro eo qui sine arte sit, ut apud Lucilium in tertio decimo co
ut perhibetur iners, ars in quo non erit ulia. 10 (449 M) NON. 261, 6 : CERNERE... disponere. Lucilius... Idem lib. XIII счэ
acribus inter se cum armis confligere cernit.
11 (448 M) NON. 519,14 : Veterum memorabilis scientia PAVGORVM numerum pro bonis ponebat ; MVLTOS contra malos appellabant... Lucilius... Idem Hb. XIII co < - ^ч^ > unus modo de multis qui ingenio sit. 8 rursum Mueller : cu rs u m codd. quorsiim Marx 9 erit codd. SERV. Ad Aen. : est codd. SERV. Ad Georg.
10 cernit codd. : cernimi Francken crerint Lachmann 11 ingenio sit L A* BA, Marx : ingeniosa sit CA ingenuos sit Mueller ingeniosust Lindsay
LIVRE XIV
NOTICE Les 17 fragments1 du livre 14 abordent les sujets les plus variés. Ils évoquent des questions de nourriture, décrivent des aliments (1 et 2), vantent la frugalité (3), rapportent un débat à propos des lois somptuaires qui interdisaient les viscerationes (4 et 5). Ils proposent une définition de la sagesse, condamnent la vaine gloire (6 et 7), le divertissement (8) ; à l'idéal de l'épicurien qui, pour trouver l'ataraxie, se détourne du monde extérieur (9), opposent l'attitude de Caton que ses critiques engagent pleinement dans la société de son temps (10). Cinq fragments rappellent des scènes de la vie militaire : portrait d'un questeur de l'armée d'Espagne (11 et 12) qu'un consul énergique (Scipion?) réprimande (13) ; stratégie (14) ; cheval de trait (15). Deux fragments font allusion à une ambassade en Orient2 ; peut-être s'agit-il de l'ambassade de Scipion? (16 et 17). Dans de nombreux vers, le poème était dialogué (cf. tu quidem : 4 ; inquit : 5 ; manducamur : 3 ; mihi : 11 ; ibo : 16...). Il est impossible de rétablir l'ordre des réparties : le livre 14 semble trouver son unité dans la discontinuité même des sujets qui peuvent être traités dans une conversation. (1) J'ai éliminé du texte de Lucilius le fragment 477 M. Transmis par Charisius, le passage ne contient qu'une allusion au livre 14 sans citer un seul mot du poète : Ceterum feminina omnia monosyllaba sunt excepto grege et rege; quorum alterum ex diuerso genere constat. Nam Lucretius in II bucerias grèges feminino genere dixit. Calx igilur, siue qua calcamus siue qua aediflcamus, feminini generis est, ut et Vergilius ait: 'ferrala calce fatigat \ sed et Lucilius in XIIII masculino genere dixit {G.L.K. I, 92, 29). (2) Inversement, après Marx et de nombreux éditeurs modernes, j'ai ajouté le fragment 17 qui semble étroitement lié à 16 puisque les deux passages évoquent les mêmes lieux.
1 CHARisius, G.L.K. I, 106, 28 : Virgile a employé palumbes (palombe) au féminin, ... mais Lucilius, livre 14, au masculin oo ||| NON 219, 6 : PALVMBES... au masculin, Lucilius, livre 14 oo
et des pigeons etiques... 2 CHARisius, G.L.K. I, 79, 18 : С as eus (le fromage) est un mot masculin comme dans... et dans Lucilius, livre 14 oo le fromage sent Tail.
3 NON. 477, 12 : MANDVGATVR (il mâche) au lieu de manducai... Lucilius... Le même, livre 14 oo
Puisque ce que nous mâchons dans la bouche donne un résultat... 4 NON. 184, 18 : VISGVS (les entrailles), mis pour uiscera (la viande)... Lucilius, Satires, livre 14 oo || NON. 470, 30 : LARGI (distribuer), mis pour largire. Lucilius, livre 14 oo
1 (453 M) CHARisivs, G.L.K. I, 106, 28 : Palumbes Vergilius feminino genere dixit... sed Lucilius X I V masculine co H NON. 219, 6 : PALVMBES... masculino Lucilius lib. X I V co
macrosque palumbes... 2 (454-5 M) си ARISI vs, G.L.K. I, 79, 18 : Caseus masculini generis est ut... et Lucilius X I V co
caseus alium olit 3 (456 M) NON. 477,12 : MANDVGATVR pro manducat... Lucilius... Idem Hb. XIV co Cum illud quid faciat, quod manducamur in ore... 4 (474-5 M) NON. 184, 18 : VISGVS positum pro uiscera... Lucilius Satyrarum lib. XIV co || NON. 470, 30 : LARGI pro largire. Lucilius lib. XIV co 1 palumbes codd. NON. : palumbos codd. CHARIS. 2 alium olit Mueller edd. : ala mol lit aut alumol liet N ala molis Coloniensis aula mollis Marx 8 cum codd. : tum Lindsay Ц faciat codd. : satiat Mueller
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LIVRE XIV, 4-7
— Est-ce cela qui paraît le plus pénible, ou bien le fait que je supprime le pain et la viande ? — C'est que toi, tu avais donné de la viande : fais-en une distribution ! 5 NON. 220, 22 : PROSEGTA désigne les chairs prélevées sur les entrailles des victimes, et offertes sur les autels. Le mot est neutre... Il est féminin dans Lucilius, livre 14 сю Non, dis-tu, point de festin, pas la moindre viande pour un dieu ? 6 NON. 230, 19 : On pense que VVLGVS (la foule) ne s'emploie qu'au neutre. Lucilius, Satires, livre 14 со Je vois que la foule l'honore avec empressement. 7 NON. 519, 11 : Dans leur sagesse mémorable, les Anciens mettaient PAVGI (quelques-uns) pour désigner les gens de bien ; inversement, ils appelaient MVLTI (nombreux) les méchants... Lucilius, Satires, livre 14 oo Qui ne préférerait recevoir l'approbation d'une poignée de gens, mais de gens sages, plutôt que de commander à tous les squelettes de Vempire des morts?
LIBER XIV. 4 (474-5 M) - 7 (462 M)
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Idne aegre est magis, an quod pane et uiscere [priuo ? — Quod uiscus dederas tu quidem, hoc est : [uiscera largi ! 5 (473 M) NON. 220, 22 : PROSECTA, exta quae aris dantur ex fibris pecudum dissecta ; sunt generis neutri... Feminino, Lucilius lib. XIV oo Cenam, inquin, nullam neque diuo prosectam [ullam ? 6 (461 M) NON. 230, 19 : VVLGVS neutro genere solum dici putant. Lucilius Satyrarum lib. XIV oo
Dilectum uideo studiose uulgus habere. 7 (462 M) NON. 519, 11 : Veterum memorabilis scientia PAVCORVM numerum pro bonis ponebat ; MVLTOS contra malos appellabant... Lucilius Satyrarum lib. XIV oo non paucis malle ас sapíentibus esse probatum ή πασιν νεκύεσσι καταφθιμένοισιν άνάσσειν ? 4 idne — priuo om. codd. 470 || aegre J. Dousa edd. : aegri codd. || uiscere codd. edd. : uicere G 5 inquin L, Marx : inquit codd. \\ prosectam BA, Mariotti (Stud. /to/. 29, 1957, 255-7) : prosecam L1 prosiciem Scaliger proseciam Mueller 7 malle codd. edd. : male G || ac sapíentibus J. Dousa edd. : acsasipienUbus L1 ac si sapíentibus AK CA ac si a sapíentibus A B a sapíentibus Mueller || ή πασιν νεκύεσσι καταφθιμένοισιν άνάσσειν ном. Я 491 : NEHYECCI HATAHOMENOICIN AN ACCE IN codd.
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LIVRE XIV, 8-10
8 PRECIEN, G.L.K. II, 215, 9 : Nihil d'autre part, ou nihilum, est composé de non et de hilum, qui, certainement, est une forme nominale : les auteurs très anciens employaient en effet hilum pour ullum. Lucilius, livre 14 co Il est permis, dis-je, de placer de telles occupations sur le même plan que la naumachie et le jeu de pions sur le damier. Même si tu peux t'amuser, en rien ta vie ne saurait en acquérir plus de sagesse pour autant.
9 NON. 426, 5 : ANTICVS et ANTIQVIOR diffèrent par leur degré de comparaison et par leur sens. En effet aniicum veut dire ancien ...antiquior meilleur... Lucilius, livre 14 oo
— Qu'il mène plutôt une vie tranquille, après avoir conquis le calme ! — Gomme il est préférable d'être reconnu coupable plutôt que de faire cela ! 10 PRisciEN, G.L.K. II, 535, 3 : Les verbes suffixes en -SO changent О en ƒ et ajoutent VI pour former le parfait, lacesso, lacessiui, arcesso, arcessiui... C'est Горіпіоп de Probus et, à mon avis, il a pleinement raison, car le participe passé passif est lacessiłus ; pourtant Caper dit qu'il existe une forme lacessi, comme facessi, et il cite un exemple de Lucilius qui emploie cette forme dans le livre 14 oo mais il est possible que la forme lacessisse ait perdu la syllabe ui par syncope, sur le modèle de cupisse, pelisse que nous employons pour cupiuisse et petiuisse.
LIBER XIV, 8 (467-8 M) - 10 (478-9 M)
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8 (467-8 M) PRisc, G.L.K. II, 215, 9 : Nihil autem uel nihilum a non et hilum est compositum, quod sine dubio nomen est : hilum enim pro ullum uetustissimi proferebant. Lucilius in XIV co Naumachiam
licet haec, inquam,
alueolumque [putare, et calces. Delectes te, hilo non rectius uiuas.
9 (459-460 M) NON. 426, 5 : ANTICVS et ANTIQVIOR ut gradu, ita et intellectu distant. Nam anticum significat uetus... antiquior melior... Lucilius lib. XIV oo Quin potius uitam degat sedatus quietam ! — Quanto antiquius quam facere hoc, fecisse [uideri !
10 (478-9 M) PRisc, G.L.K. II, 535, 3 : In -SO desinentia О in I conuertentia assumunt VI et faciunt praeteritum per fectum lacesse lacessiui) arcesso arcessiuL.. Sic Probus et uidetur mihi melius dicere, participium enim passiuum lacessilus ; Caper tamen lacessi dicit esse, ut facessi et profért exemplum Lucilii, quo usus est in XIV co sed potest laces8isse per syncopam esse prolatum ui syllabae ut cupisse, pelisse dicimus pro cupiuisse et pet i и iss e.
8 delectes codd. edd. : dilectes G L 9 uitam edd. : uita codd. || quanto J. Dousa edd. : quanti! codd. H uideri Marx : uidearis codd. uideris J. Dousa uiderist Lachmann
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LIVRE XIV, 10-13
Est-ce que jadis notre vieux Caton a sans cesse harcelé ses contemporains parce que, personnellement, il ne croyait pas risquer d'être inculpé ? 11 NON. 18, 30 : On appelle NEBVLONES (hommes de Tömbre) et TENEBRIONES (hommes des ténèbres) ceux qui jettent sur leurs mensonges et leurs machinations une sorte de nuage et des ténèbres, ou ceux qui les trouvent utiles et commodes pour fuir et pour voler... Lucilius, Satires, livre 14 oo Publius Pavus Tubitanus, que j'ai connu comme questeur sur la terre d'Hibérie, était ennemi du jour, ami des ténèbres, et tout ce qui s'ensuit.
12 MACROBE, Sat. 6, 4, 2 : Ainsi, quand addita est employé avec le sens de inimica (ennemie) et de infesta (hostile), qui ne croirait que le poète, selon son bon plaisir, a voulu créer un mot nouveau ? Mais il n'en est rien... Lucilius avait déjà employé cette expression dans les vers suivants tirés du livre 14 oo Si je n'avais pas toujours le préteur après moi pour me persécuter, ce ne serait pas mal : c'est lui, je le prétends, et lui surtout qui m'arrache les tripes ! 13 NON. 481, 22 : LIBERTATÉM VTI (jouir de sa liberté) mis pour uti libertate... Lucilius, Satires, livre 14 oo ... un homme qui se fasse craindre souvent, mais que, parfois, Ton fréquente volontiers.
LIBER XIV, 10 (478-9 M) - 13 (471 M)
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Num uetus ille Cato f lacessisse, appellari f quod conscius non erat ipse sibi... ? 11 (467-8 M) NON. 18, 30 : NEBVLONES et TENEBRIONES dicti sunt qui mendaciis et astutus suis nebulam quandam et tenebras obiciant aut quibus ad fugam et furta haec erant accommodata et utilia... Lucilius Satyrarum lib. XIV co Publius Pauus mihi Tubitanus quaestor Hibera in terra fuit, lucifugus, nebulo, id genus sane. 12 (469-470 M) MACR., Sat. 6, 4, 2 : Vt ecce addita pro inimica et infesta quis non aestimet poetam arbitrio suo nouum uerbum sibi uoluisse fabricari ? Sed non ita est... hoc iam dixerat Lucilius in libro quarto decimo his uersibus
Si mihi non praetor siet additus atque agitet me, non male sit : ille, ut dico, me exenterat unus. 13 (471 M) NON. 481, 22 : LIBERTATÉM VTI pro liti liberiate... Lucilius Satyrarum lib. XIV oo quem metuas saepe, interdum quem utare libenter.
10 num codd. edd. : nam G \\ appellari quod codd. Corpet : ad scelera inquit Marx audit aperte non appellari quod Baehrens et alii alia 11 mihi Tubitanus G, Marx : mihi turbitanus L mihi Tuditanus F. Dousa Tuditanus mihi Bouterwek mihi Bubetanus coni. Marx 12 exenterat Eyssenhardt edd. : extenteràt codd.
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LIVRE XIV, 14-17
14 Ter. Phorm. 184 : Tum temporis mihi punctum (et puis je n'ai qu'un instant à moi) : punctum est mis pour momentum ; de môme Lucilius, dans le livre 14 co ... un homme qui ne laissa pas passer un seul instant sans attaquer... DONAT,
15 NON. 17, 24 : GRADĂRI VS (cheval de pas) est un cheval à la démarche douce, qui avance sans secouer. Lucilius, Satires, livre 14 oo
Ce n'était pas un beau cheval, mais il avait Failure douce ; c'était une excellente monture. 16 NON. 533, 33 : Le GERGYRVS est un très grand navire d'Asie... Lucilius... Le même, livre 14 co
Député vers le roi, j'irai à Rhodes, à Ecbatane, à Babylone ; je prendrai un cercure. 17 SERVius, Ad Georg. 4, 386 : Il est dans Γ abîme de Carpathos royaume de Neptune, un devin : la mer de Carpathos est la mer d'Egypte. En effet Carpathos est une île d'Egypte, ou, plus précisément, comme l'affirme Pompée, une île qui dépend de Rhodes. D'autres interprètent ainsi : la mer de Carpathos s'étend entre Rhodes et Alexandrie : elle doit son nom à l'île de Carpathos. Ainsi Lucilius oo Autre interprétation : l'île de Carpathos est en face de l'Egypte ; la mer de Carpathos qui l'entoure lui a pris son nom. Protée y régna quelque temps, quand il eut abandonné Pallóne en Thessalie où, toutefois, il revint par la suite ; c'est ce que montre le poète en disant à cet endroit : il revit sa patrie Pallène. Après avoir traversé la mer de Carpathos, tu mangeras à Rhodes.
LIBER XIV, 14 (472 M) - 17 (466 M)
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14 (472 M) DONAT., Ter. Phorm. 184 : Тит temporis mihi punctum : Punctum pro momento ; ut Lucilius in XIV oo < - > puncto uno horae qui quoque inuasit...
15 (476 M) NON. 17, 24 : GRADĂRI VS est molli gradu et sine succussatura nitens. Lucilius Satyrarum lib. XIV co ipse ecus non formonsus, gradarius, optimus uector. 16 (464-5 M) NON. 533, 33 : GERCYRVS nauis est Asiana praegrandis... Lucilius... Idem lib. XIV oo Ad regem legátus, Rhodum, Ecbatanam ac Baby[lonem ibo, cercurum sumam. 17 (466 M) SERVivs, Ad Georg. 4, 386 : Est in Carpathio Neptuni gurgite uates : Carpathio, Aegyptio. Carpathos enim insula est Aegypti uel, ut Pompeius dicit, insula Rhodiorum. Alii sic : Carpathium mare inter Rhodum et Alexandriam appellatum esse dicitur a Carpatho insula, ut Lucilius oo Carpathos insula est contra Aegyptum a qua uicinum pelagus Carpathium appellatum est. Hie aliquando regnauit Proteus, relicta Pallene, ciuitate Thessaliac, ad quam tarnen reuersus est postea : quod ostendit hoc loco dicens pairiamque reuisit Pallenen. CarpaUuum mare transuectus cenabis Rodi... 14 horae edd. : hora et codd. 15 ecus L, edd. : equus G || formonsus L1 : formosus L* G || uector Iunius edd. :auictor codd. 16 Ecbatanam # , edd. : et batanam codd. || sumam codd. edd. : summám J5A 17 Carpathium edd. : carphatium codd. 7
LIVRE XV
NOTICE Lucilius passe en revue plusieurs scènes empruntées à la vie courante1. Les descriptions se regroupent selon quelques centres d'intérêt qui, à défaut d'une reconstitution des satires, permettent de rétablir certaines étapes de la réflexion du poète : évoquant plusieurs aspects du dressage, il oppose la fureur de l'animal sauvage qui blesse les esclaves (1) et l'asservissement de Tanimal domestiqué, habitué à porter les paniers (2), à recevoir son seau d'avoine (3) ; à faciliter les mouvements de son maître (4) ; enfin, confronté avec le cheval campanien, le cheval espagnol fait triompher l'effort sur la fougue impétueuse (5). En face de l'avidité (1) Schoenbeck pense que Lucilius décrit son voyage en Espagne : l'hypothèse aurait quelque vraisemblance si Ton éliminait tous les fragments à l'exception d'un seul, celui qui dépeint le vétéran de Numance (12). Pour Marx (commentaire du vers 515), le livre est consacré à l'éloge de la philosophie qui nous délivre de la superstition (480-9), de l'avarice (492-503), de la colère (506-514) ; l'utilité de l'ignorance vantée par l'homme du peuple (515) fait partie des procédés comiques permettant de terminer le poème sur une pointe : Perse finit sa satire 5 sur une réflexion semblable. Cette reconstruction de l'ouvrage suppose plusieurs simplifications arbitraires : certains fragments n'ont rien de commun avec le thème qu'ils devraient développer (le philosophe platonicien 14, l'homme vulgaire 15 ne sauraient être associés aux usuriers) ; aucun des fragments compris entre 506 M et 514 M ne traite de la colère (sauf peut-être 1 : l'animal furieux) ; pourquoi regrouper sous cette rubrique la description du cheval de maraîcher 2, de l'âne (?) avec son seau d'avoine 3... Marx est obligé d'assimiler des réalités parfois proches, mais différentes : il réunit des descriptions de l'avarice assez banales (6 et 7) et quatre vers qui évoquent la misère du peuple avec un réalisme rarement atteint dans l'Antiquité (9, 10).
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NOTICE
des usuriers comme l'infâme Trebellius (8), qui amassent l'argent (6) et sévissent contre leurs débiteurs (7), la misère du peuple paraît plus évidente : le prix du blé double en peu de temps (9) ; les aliments sont détestables (10) ; le dernier des esclaves les refuserait (11?). Dans un court dialogue (emploi de la deuxième personne tecum : 13, te : 15, te : 16, si quaeris...mihi : 17), Lucilius dépeint trois attitudes que, apparemment, il désavoue dans la société contemporaine : le soldat part en campagne pour de nombreuses années (12) ; la femme frivole s'habille pour les étrangers (13) ; le philosophe, platonicien ou aristotélicien, sait ce qu'est la classification des arles (14). Comme les autres (te cum isiis) ce personnage délire (15) ; la remarque est peut-être grossière (16), mais, telle que le poète la juge, la philosophie est inutile dans l'État (17). La vraie philosophie délivre les hommes des superstitions entretenues par les poèmes épiques (18) et par la religion populaire (19). Le mouvement du livre reposait sur le heurt des répliques, sur l'opposition de portraits et de scènes très divers qui devaient s'enchaîner dans une dialectique savante, dont il ne subsiste que de rares vestiges2. (2) Les poèmes reposent sur l'opposition entre deux scènes ou deux tableaux. On peut le constater dans un même fragment : (5) cheval campanien et cheval espagnol ; (13) toi et les autres (tecum alieni) ; souvent les mutilations du texte ont obscurci les confrontations ; (8) Trebellius et les usuriers (quorum primus Trebellius), (15) toi et eux (te primum cum istis), personne, toi (16 : nemo te). Elles peuvent subsister dans un simple support grammatical : (2) hinc s'oppose à un Ulic implicite où l'âne (?) porte clochette et paniers de légumes; (12) dum a une valeur adversative.
LIVRE XV
1 NON. 123, 27 : INCITAS signifie la pauvreté... Lucilius... Le même, livre 15 oo || NON. 143, 6 : On emploie MEDIASTRINVS pour désigner les serviteurs et les responsables qui s'occupent non des bains publics, mais des maisons particulières. Lucilius, livre 15 co || NON. 479, 4 : GOMMANDVGATVR (il dévore entièrement). Lucilius... Le même, livre 15 oo Le métayer Aristocrates, l'esclave à tout faire et le bouvier, il les a dévorés au point de les anéantir et de les réduire à la dernière extrémité.
2 NON. 490, 24 : HOLERORVM (les légumes) au lieu du génitif holerum. Lucilius, Satires, livre 15 oo Ici, pas de clochette, pas de paniers de légumes.
3 NON. 22, 27 : POSTOMIS désigne une pièce de fer que l'on place sur les naseaux ou sur le mors pour contenir les chevaux rétifs ; mot grec dérivé de στόμα, la bouche. Lucilius, Satires, livre 15 oo La muselière , un grand seau lui descend des narines.
1 (512-3 M) NON. 123, 27 : INCITAS dicitur egestas... Lucilius.. Idem lib. XV oo || NON. 143, 6 : MEDIASTRINOS, non balnearum, sed ministros et curatores aedium legimus. Lucilius lib. XV co || NON. 479, 4 : CONMANDVGATVR. Lucilius... Idem lib. XV co uilicum Aristocratem, mediastrinum, atque bubul[cum conmanducatus conrupit, ad incita adegit. 2 (510 M) NON. 490, 24 : HOLERORVM pro holerum. Lucilius Satyrarum lib. XV co
tintinnabulum abest hinc surpiculique holerorum. 3 (511 M) NON. 22, 27 : POSTOMIS dicitur ferrum quod ad cohibendam equorum tenaciam naribus uel morsui inponitur, graece, ànò του στόματος. Lucilius, Satyrarum lib. XV co truileus postomide huic ingens de naribus pendet.
1 aristocratem codd. 1İ3 479 : magistocraten codd. 123 \\ mediastrinum codd. 123 143 : meiastrinum codd. 479 || conman ducatus — adegit om. codd. 143 || conrupit L1 123 : ut conrupit codd. 2 tintinnabulum codd. : tintinabulum L1 G 8 trulleus Saumaise edd. : truleus codd. || postomide codd. : pro etomide Saumaise edd.
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LIVRE XV, 4-5
4 AULU-GELLE 4, 17, 3 : De la nature de quelques prépositions qui, employées comme préverbes, sont augmentées et allongées de manière fautive et incorrecte. Discussion d'après plusieurs exemples et arguments. Lucilius, dans le livre 11... De même, dans le livre 15 co On lit subicit avec un V long, parce qu'il ne faut pas qu'un vers héroïque commence par une syllabe brève... Mais, en réalité, dans les exemples que je viens de citer ci-dessus, la métrique peut être respectée sans qu'il soit nécessaire d'allonger incorrectement ces prépositions : en effet la lettre qui, dans ces verbes, suit le préfixe doit s'écrire avec deux I et non pas avec un seul. En effet le verbe auquel on ajoute ces particules comme préfixes, n'est pas icio, mais iacio, et le parfait n'est pas iciiy mais iecil ; après combinaison des deux éléments, la lettre A se change en ƒ, comme dans insilio et incipio ; et ainsi elle prend la valeur d'une consonne et, en conséquence, la syllabe est un peu allongée et étendue dans la prononciation et ne permet pas à la syllabe précédente de rester brève, mais la rend longue par position et c'est pour cela que la métrique dans le vers et les règles de prononciation sont respectées.
Il se place devant son maître et, aussitôt, baisse la croupe. 5 AULU-GELLE 1, 16, 10 : Outre le texte cité plus haut, on trouve dans Lucilius un passage plus explicite encore ; il dit, en effet, dans le livre 15 co II a dit milli passum pour mille passibus... et il montre clairement que mille est un substantif, que ce substantif s'emploie au singulier, que son pluriel est milliä et qu'il se met aussi à l'ablatif. || MACROBE, Sat. 1, 5, 7 : Lucilius... a aussi observé la flexion de ce nom ; en effet, dans le livre 15, il dit co || NON. 16, 31 : SVGGVSSARE, c'est secouer sans cesse par-dessous... Lucilius... Le même, livre 15 co
LIBER XV, 4 (509 M) - 5 (506-8 M)
71
4 (509 M) GELL. 4,17, 3 : De natura quarumdam particularum quae, praepositae uerbis, intendi atque produci barbare atque inscite uidentur, exemplis rationibusque plusculis disceptatum : Lucilii ex XI... Item XV oo subicit V littera longa legunt, quia primam syllabam breuem esse in uersu heroico non conuenit... In his autem quae supra posui et metrum esse integrum potest et praepositiones istae possunt non barbare protendi : secunda enim littera in his uerbis per duo /, non per unum, scribenda est. Nam uerbum istud, cui supradictae particulae praepositae sunt, non icio est, sed iacio, et praeteritum non icit facit, sed iecił ; idque ubi compositum est, a littera in i mutatur, sicuti fit in uerbis insilio et incipio, atque ita uim consonantis capit, et idcirco ea syllaba productius latiusque paulo pronuntiata priorem syllabam breuem esse non patitur, sed reddit earn positu longam, proptereaque et numerus in uersu et ratio in pronuntiatu manet.
subicit huic humilem et suffert citus posteriorem
5 (506-8 M) GELL. 1, 16, 10 : Lucilius autem, praeter quod supra posui, alio quoque in loco id manifestius demonstrat. Nam in libro quinto decimo ita dicit : oo Milli passum dixit pro mille passibus... aperteque ostendit mille et uocabulum esse et singulari numero dici eiusque pluratiuum esse milliä et casum etiam capere ablatiuum. || M AGR., Sat 1, 5, 7 : Lucilius... etiam declinationem huius nominis exsecutus est ; nam in libro quinto decimo ita dicit oo || NON. 16, 31 : SVCCVSSARE est susum frequenter excutere... Lucilius... Idem lib. XV oo
4 suffert citus Leo : suffercitus codd.
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LIVRE XV, 5-8
Le coursier campanien au pied bruyant, au trot dur, qui l'aura battu dans des courses d'un et deux mille pas, ne le suivra pas sur un trajet plus long et semblera marcher à reculons. 6 NON. 124, 18 : INVNGARE, c'est agripper, saisir comme avec un croc. Lucilius, livre 15 oo ou cet être renfrogné qui harponne les sesterces.
7 NON. 397, 35 : SAGRVM... scélérat et abominable; il en va de môme également pour consecration... Lucilius, Satires, livre 15 oo Habituellement que fait, dans une telle circonstance, ce diable de grippe-sous, ce Syrophénicien ? 8 NON. 2, 24 : SENIVM (la sénilité) ... Lucilius, Satires, livre 15 oo Dans le nombre, et de beaucoup le premier d'entre eux, se trouve aujourd'hui Lucius Trebellus ; il provoque les fièvres, la décrépitude, le vomissement, l'ordure.
LIBER XV, 5 (506-8 M) - 8 (493-4 M)
72
Hune milli passum qui uicerit atque duobus Gampanus sonipes succussor, nullus sequetur maiore in spatio ac diuersus uidebitur ire. 6 (492 M) NON. 124, 18 : INVNCARE, quasi unco inuadere et arripere. Lucilius lib. XV co
> aut qui nummos tristis inuncat. 7 (497-8 M) NON. 397, 35 : SAGRVM... scelestum et detestabile ; ita et consecratum... Lucilius Satyrarum lib. XV
ас de isto sacer ille tocogrlypÄos ас Si/горЛоепіх quid facere est solitus ? 8 (493-4 M) N O N . 2 , 2 4 : S E N I V M . . . L u c i l i u s S a t y r a r u m l i b . X V co
in numero quorum nunc primus Trebellius multost Lucius ; nam arcessit febris, senium, uomitum, [pus.
5 hunc — duobus от. codd. NON. || hunc codd. : nunc R GELL. || milli β GELL. Ρ MACR. : mille codd. GELL. В MACR. И succussor
codd. NON. : subcursor codd. MAGR. succustior codd. GELL. || nullus codd. : millos В MACR. || in spatio codd. : spatio codd. MAGR. || ire codd. MAGR. : от. codd. GELL.
в aut O : at L || inuncat codd. : inungat L1 7 isto edd. : ietos codd. || ille tocoglyphos ac syrophoenix Roth edd. : illotocolfo saxsiro fenix L G illotocolfo saxiro fenix A* E illotocolfo saxiro phoenix В 8 primus codd. : primum CA || multost Lucius Lachmann edd. : muitos titos lucios codd. || nam arcessit Mueller edd. : narcessibai L CA narcesibai B A || pus Aldina : plus codd.
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LIVRE XV, 9-11
9 NON. 213, 23 : MEDIMNVM (le médimne), est un mot... masculin. Lucilius, Satires, livre 15 oo ... sauf pour le prix : la première vaut la moitié d'un as, la deuxième un sesterce, la troisième déjà plus que le médimne tout entier. 10 NON. 445, 17 : ACEROSVM et ACERAT VM. Les deux mots sont des innovations et possèdent un sens différent. En effet les Anciens ont pensé qu'il faut employer acerosus pour le pain, quand le froment est mal rafïlné, quand les impuretés n'ont pas été séparées de la farine blanche. Lucilius, livre 15 oo Les Grecs l'appellent αυτόπνρον. Aceratum désigne un mélange de boue et de paille, comme en utilisent habituellement les briquetiers. || PAVLvs EX FESTO 96, 3 M : oo lorsque Lucilius le dit, il rappelle qu'il faut agir avec sobriété, sans complaisance pour la gourmandise, qu'il faut se serrer la ceinture. ... qui les a obligés à boire de la piquette, à se contracter la peau du ventre avec de la farine mêlée de son, avec des olives, avec du pain de grande taille.
11 NON. 447, 8 : ERGASTYLVM et ERGASTYLVS diffèrent de genre et de sens. En effet, au neutre, c'est la prison ; au masculin, le gardien de prison. Lucilius, livre 15 oo ... pas un seul gardien de prison...
LIBER XV, 9 (499-500 M) - И (503 M)
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9 (499-500 M) NON. 213, 23 : MEDIMNVM generis... masculini. Lucilius Satyrarum lib. XV co praeterquam in pretio ; primus semisse, secundus nummo, tertius iam plurís quam totus medimnus.
10 (501-2 M) NON. 445, 17 : ACEROS VM et AGERATVM. Vtrumque noue positum sed distanti proprietate signatum. Асешит namque panem farre minus purgato пес sordibus a candido separatis dicendum ueteres putauerunt. Lucilius lib. XV oo Hunc Graeci αύτάηνρον. uocant. Aceratum uero est lutum paleis mixtum, ut laterariis usus est. 11 PAVL. FEST. 96, 3 M : oo cum ait Lucilius, praemonet parsimonia esse utendum neque gulae indulgendum uentremque coartandum. quae gallam bibere ас rugas conducere uentris farre aceroso, oléis, decumano pane coegit.
11 (503 M) NON. 447, 8 : ERGASTYLVM et ERGASTYLVS, ut genere, ita intellectibus differunt. Nam neutro carceris locus est ; masculino custos poenalis loci. Lucilius lib. XV oo < _ v^w _
wv_,
_ ^w >
non
ergastilus unus.
9 semisse edd. : seminisse L seminis F' £ A || pluris Iunius edd. : plures codd. plurest Mueller 10 bibere codd. PAVL. FEST. : uiuere codd. NON. || uentris codd. NON. : uentri codd. PAVL. FEST. || farre — coegit om. codd. PAVL. FEST. || oleis Lindsay : olei codd. oleo Iunius \\ decumano pane Turnèbe : decumano pane cumano codd.
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LIVRE XV, 12-15
12 NON. 344, 35 : MERET (il touche une solde), il fait son service militaire. Lucilius, Satires, livre 15 oo ... tandis que le soldat se trouve sur la terre d'Hibérie et effectue un service de quelque dix-huit années de sa vie.
13 NON. 538, 3 : PALLA désigne le vêtement d'une femme honorable, c'est le tunicopallium... Lucilius, Satires, livre 15 oo Quand elle est avec toi, le premier vêtement venu suffît ; mais, si des étrangers doivent lui rendre visite, elle prend ses bandeaux, sa mante, ses rubans. 14 NON. 536, 29 : TVNIGA désigne un vêtement sans manches... Lucilius... Le même, livre 15 oo Il sait qu'il existe un savoir appliqué ; il voit ce que c'est qu'une tunique et une toge. 15 NON. 22, 9 : On appelle GEREBROSI ceux qui, prédisposés à la déraison, ont souvent l'esprit dérangé. Lucilius, Satires, livre 15 oo ... toi le premier avec eux, tu déraisonnes, ton cerveau est malade.
LIBER XV, 12 (490-1 M) - 15 (514 M)
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12 (490-1 M) NON. 344, 35 : MERET, militat. Lucilius Satyrarum lib. XV co
dum miles Hibera terrasi &tque meret ter sex aetatis quasi annos. 13 (504-5 M) NON 538, 3 : PALLA est honestae mulieris uestimentum, hoc est tunicopallium... Lucilius Satyrarum lib. XV co
cum tecum est, quiduis satis est ; uisuri alieni sint homines, spiram, pallas, redimicula promit. 14 (495 M) NON. 536, 29 : TVNIGA est uestimentum sine manicis... Lucilius... Idem lib. XV co Scit ποιητικον esse, uidet tunica et toga quid sit. 15 (514 M) NON. 22, 9 : GEREBROSI dicuntur ad insaniam faciles quibus frequenter cerebrum moueatur. Lucilius Satyra rum lib. X V co
te primum cum istis, insanum hominem et cerebro[sum
12 hibera codd. : habéra AK || terras t atque Lachmann : terras ас coda. И ter sex lunius : tersa ex codd. \\ aetatis ( = aetati') Lachmann : aetate codd. 14 ποιητικόν lunius edd. : poeticon codd. || tunica lunius : tunicam codd. 8
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LIVRE XV, 19
quand il a décidé de pratiquer le culte de son père, Picus, comme celui d'un dieu, quand il a placé au nombre des dieux et appelé Bona Dea cette Fatua Fauna qui était en même temps sa sœur et son épouse. Ensuite, dans Rome, Numa imposa de nouvelles superstitions aux hommes rudes et mal dégrossis du temps jadis : il créa les sacerdoces, attribua des dieux aux familles et aux génies, pour détourner ce peuple farouche de ses occupations guerrières. C'est pourquoi Lucilius, ridiculisant la sottise de ceux qui se rendent les esclaves de vaines superstitions, a écrit les vers suivants oo || LACTANCE, Diu. Instit. 1, 22, 13 : ... Lucilius, dans les vers suivants, ridiculise la sottise de ceux qui croient que les statues sont des dieux сю Les épouvantails, les Lamies qu'ont créés les Faunus et les Numa Pompilius, voilà ce qui le fait trembler, voilà ce qui, pour lui, détermine tout. De même que les petits enfants croient que toutes les statues de bronze ont la vie et sont des hommes, de même ces gens prennent pour vrais des songes inventés, croient qu'il y a un cœur dans les statues de bronze. C'est une galerie de tableaux, rien de vrai, tout est faux.
LIBER XV, 19 (484-9 M)
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sacra constituit et Picum patrem tanquam deum coli uoluit et Fatuam Faunam coniugem sororemque inter déos coUocauit ас Bonam Deam nominauit. Deinde Romae Numa qui agrestes illos ас rudes uiros superstitio nibus nouis onerauit, sacerdotia instituit, déos familiis gentibusque distribuit, ut ânimos ferocis populi ab armonim studi is avocaret. Ideo Lucilius deridens ineptias istorum qui uanis superstitionibus seruiunt hos uersus posuit счэ || LACT ANT., Diu Insili. 1, 22, 13 : ... Lucilius eorum stultitiam qui simulacra déos putant esse, deridet his uersibus. Terriculas, Lamias, Fauni quas Pompiliique
instituera Numae, tremit has, hie omnia ponit. V t pueri infantes credunt signa omnia aena uiuere et esse homines, sic isti somnia fleta uera putant, credunt signis cor inesse in aenis. Pérgula pictorum, ueri nihil, omnia ficta.
19 terriculas — ponit om. codd. NON. H ut codd. LACTANT. : et codd. NON. || isti somnia Lachmann : isti omnia codd. || aenie codd. edd. : ahenie uel haenis codd. || ficta codd. : picta Τ Ερ it.
LIVRE XVI
NOTICE _.
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Selon Porphyrion1, le livre 16 ^
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et soa titre aux amours de Lueilius pour Collyra2. Cette femme compterait donc parmi les amantes inspirées de la littérature latine qui, telles Lesbie, Cynthie, Délie et Corinne, ont profondément marqué Toeuvre de Catulle, Properce, Tibulle et Ovide. Cependant aucun vers ne garde son souvenir8. Censorinus4 (1) Porphyrion, Ad Hor. carm. 1, 22, 10 : ' dum meam canto Lalagen ' : Id est carmen in Lalagen nomine amicam compositum sicul scilicet liber Lucilii XVI Collyra inscribilur eo quod de Collyra arnica scriptus sit. (2) Selon J. Heurgon, ce nom n'est pas tiré du grec κολλύριον, emplâtre, mais de κολλύρα qui désignait un petit pain fait d'orge de première qualité qu'on donnait aux enfants. Cf. Aristophane, Paix 123 κολλύρα μεγάλη une grande tourte. (3) Comme aucun fragment n'est inspiré par la poésie amoureuse, Cichorius suggère que les manuscrits de Porphyrion contiennent une faute de lecture et qu'en réalité il faut comprendre livre 21 et non livre 16. Il est très facile d'émettre cette hypothèse car, le livre 21 étant définitivement perdu, on peut lui prêter n'importe quel sujet. Il est plus difficile d'accepter une telle conclusion qui, en l'état de nos connaissances, repose sur des affirmations gratuites. (4) Censorinus (3, 3) : non nulli binos genios in his dumtaxat domibus quae esseni maritae colendos putauerunt; Euclides autem Socraticus duplicem omnibus omnino nobis genium dicit adposilum, quam rem apud Lucilium in libro Satyrarum XVI licet cognoscere. Lueilius soutiendrait l'existence de deux principes dans l'âme de tout homme ; beaucoup plus qu'Euclide, disciple de Socrate et fondateur de l'école de Mégare, c'est Empedocle qui est ici en cause. C'est lui qui affirme que deux puissances actives, opposées mais concomitantes, se partagent l'univers : l'Amitié et la Haine. Marx rapproche ce passage d'un texte de Plutarque (Tranquil.
80
NOTICE
prétend que l'ouvrage parlait du double génie qui préside à la vie de l'homme : ce thème philosophique a complètement disparu lui aussi. Trois formes d'inspiration permetc АНК^пГіб" k en t de ranger les 19 vers5 qui sont parvenus jusqu'à nous : Trois fragments reproduisent des bribes de conversation (emploi de la deuxième personne du singulier, apostrophes) : l'un vante une propriété bien tenue (1) ; un autre déplore la dilapidation d'un patrimoine (2) ; un autre accuse un lâche (3). Quatre fragments ont un caractère narratif (emploi des temps, de quidam, forte,,.). Ils évoquent une répartie du roi Cotys à propos du vent (4), un testament ambigu (6), des parvenus qui se parfument (7), un bélier bien pourvu (5). Trois fragments sont des descriptions : croquis de l'un des interlocuteurs (8), évocation de la statue de Jupiter à Tarente (9), une boulangerie. A travers des sujets aussi divers et discontinus, il est impossible de retrouver ce qui faisait l'unité du livre, à moins qu'il ne faille la chercher dans la variété même des propos qui sont tenus dans une conversation empruntée à la vie courante6. an. 15, 474 B). 11 s'agit en fait d'un thème courant, dont on trouve la trace dans de nombreux textes philosophiques (cf. Diog. Laërt. 7, 88). (5) J'ai éliminé du texte de Lucilius les passages de Porphyrion (517 M) et de Censorinus (518 M) qui font allusion au livre 16, mais ne contiennent pas un seul mot du poète. Je n'ai pas cru nécessaire de suivre Bolisani et Warmington qui rapprochent H 171 et 16, 6 : deux mots identiques ne révèlent pas forcément deux sujets identiques ! (6) M. P. Piwonka pense que le livre tout entier développait le thème du nouveau riche amoureux (7) possesseur d'une boulangerie (10), d'un bateau immense (9), préoccupé de questions d'héritages (6)... (p. 271). L'hypothèse est ingénieuse, mais incontrôlable ou invraisemblable (cf. notes complémentaires).
LIVRE XVI
1 PRisciEN, G.L.K. II, 88, 13 : On rencontre des mots qui, bien que marquant l'accident [c'est-à-dire des adjectifs] et bien que leur sens impose qu'ils aient un comparatif, n'en possèdent pas cependant dans l'usage courant : ce sont, pour la plupart, des adjectifs qui se terminent par voyelle suivie de VS, comme plus, arduus, egregius, dubius, strenuus ; toutefois, pour ce mot, Plaute a employé le comparatif strenuior dans VEpidicus... Lucilius, dans le livre 16 oo Fundius, la vertu fait ton bonheur, si ton métayer s'est montré un peu plus actif. 2 NON. 513, 5 : PVBLIGITVS mis pour publice (aux frais de l'État). Lucilius... Le même, livre 16 co Il procède pourtant à une vente aux enchères publiques et tu lapes tes derniers avoirs. 3 NON. 513, 15 : IGNAVITER mis pour ignaue (lâchement). Lucilius, Satires, livre 16 oo Pourquoi es-tu assez lâche pour adresser cette demande en ce moment précisément ? 4 NON. 98, 17 : DEMAGIS, beaucoup plus. Lucilius, livre 16 oo
1 (532-3 M) PRisc, G.L.K. II, 88, 13 : Inueniuntur quaedam quae quamuis sint accidentia [id est adiectiua], et eorum signifìcatio exigat ut faci ant comparatiua, tarnen non habentur in usu frequenti. Sunt autem ea plerumque, quae uocales ante us habent, ut pius, arduus, egregius, dubius, etrenuus, quamuis Plautus ex eo comparatiuum protulit strenuior in Epidico... Lucilius in XVI [ad Fundium] oo
Fundi, delectat uirtus te, uilicus paulo strenuior si euaserit... 2 (530 M) NON. 513, 5 : PVBUGITVS pro publice. Lucilius... Idem lib. XVI oo
publicitus uendit tamen atque extrema ligurris. 3 (537 M) NON. 513, 15 : IGNAVITER pro ignaue. Lucilius Satyrarum lib. XVI OD
Cur tam ignauiter hoc praesertim tempore quaeris ? 4 (527-9 M) NON. 98, 17 : DEMAGIS, ualdemagis. Lucilius lib. XVI CVD 1 delectat codd. : dilecta t Dd G deleetet Van Hemde || uilicus codd. : uillicus Я || strenuior Dd B, edd. : strennuior G L К R strenuor Hh || si euaserit г : siue uasserit R si euaseris G 2 a end it codd. : uendis Bentin Marx
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LIVRE XVI, 4-6
Le fameux roi Cotys disait qu'il connaissait essentiellement et uniquement ces deux vents, l'Auster et l'Aquilon, mais les petits vents du sud qui sortent des nuages, il affirmait qu'il ne les connaissait pas et qu'il ne croyait pas à leur existence. 5 NON. 235, 6 : APTVM... signifie attaché et lié solidement ensemble... Lucilius... Le même, livre 16 oo Il se trouve, dit-il, qu'un bélier s'avançait ; mais alors quelle race ! qu'il avait de gros testicules ! On aurait cru qu'ils ne tenaient que par un fil tant cet énorme paquet tirait la peau amincie au bout de laquelle il était suspendu. 6 NON. 214, 17 : MVNDVS (la parure d'une femme), est un mot masculin. C'est un mot neutre. Lucilius, livre 16 oo || AULu-GELLE 4, 1, 3 : Le mot penus, provisions de ménage, dit-il, a reçu aussi des formes diverses sur le plan du genre et sur le plan de la déclinaison : les Anciens eurent l'habitude de dire hoc penus au neutre et haec penus au féminin, ainsi que huius peni et penoris au génitif. Pour mundus également, le trousseau d'une femme, Lucilius, dans le livre 16 des Satires, n'a pas utilisé le mot au masculin, comme tous les autres auteurs, mais au neutre, dans les vers suivants co... Mais, pour te rassurer, les plus savants interprètes du droit antique eux-mêmes, ceux que l'on a honorés du nom de Sages, n'ont pu donner du mot penus une définition bien satisfaisante. Je sais, par exemple, que Q. Scévola le définit ainsi : Penus, dit-il, désigne ce qui se mange et ce qui se boit. Comme le remarque Mucius, on doit entendre par penus tout ce dont on fait provision à Vavance pour la consommation du père de famille, de ses enfants et des personnes qui, vivant avec eux, ne sont pas astreintes au travail. Ce qu'on se procure au jour le jour, en boisson
LIBER XVI, 4 (527-9 M) - 6 (519-520 M)
83
Rex Cotus ille duo hos uentos, Austrum atque [Aquilonem nouisse aiebat solos demagis ; istos ex nimbo Austellos nee nosse nee esse putare.
5 (534-6 M) NON. 235, 6 : APTVM... conexum et conligatum signiflcat... Lucilius... Idem lib. XVI co Ibat forte aries, inquit, iam quod genus ! quantis testibus ! uix uno filo hosce haerere putares, pellicula extrema exaptum pendere onus ingens,
6 (519-520 M) NON. 214, 17 : MVNDVS muliebris generis est masculini. Neutri. Lucilius lib. XVI oo || GELL. 4, 1, 3 : penus quoque, inquit, uariis generibus dictum et uarie declinatum est. Nam et hoc penus et haec penus et huius peni et penoris ueteres dictauerunt. Mundum quoque muliebrem Lucilius in Satyrarum sextodecimo non uirili genere ut ceteri sed neutro appellauit his uersibus co ... Sed ut faciam te aequiore animo ut sis, ne illi quidem ueteris iuris magistri qui sapientes appellati sunt, deflnisse satis recte existimantur quid sit penus. Nam Q. Scaeuolam ad demonstrandam penum his uerbis usum audio 'Penus est, inquit, quod esculentum aut poculentum est. Quod ipsius palrisfamilias aut liberorum patrisfamilias eius, aut familiae quae circum eum aut liberos eius est et opus non facit, causa paratum est, ut Mucius ait, penus uideri debet. Nam quae ad edendum bibendumque in dies singulos
4 duo hos Saumaise : duos hos codd. || nouisse Benlin edd. : nouissime codd. || aiebat codd. : aiebat L \\ se solos Benlin : solos codd. solos se Saumaise solos hos Mercier solos sed Gerlach || пес nosse пес esse FT BA, edd. : пес nos eeneces L б hosce Gerlach edd. : hoc se codd. || pellicula codd. : pericula AA
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LIVRE XVI, 6-9
et en nourriture, pour les deux repas quotidiens, n'est pas désigné par le mot penus; celui-ci s'applique aux objets de consommation que Von stocke pour un usage éloigné; on ne les a pas sous la main ; on les tient renfermés (inius et penitus) dans un endroit retiré de la maison ; d'où le mot penus. Un homme légua à sa femme tout son trousseau et toutes les provisions de ménage ; mais le trousseau et les provisions de ménage, qu'est-ce ? que n'est-ce pas ? Qui tranchera un tel débat ? 7 NON. 423, 1 : HORRENDVM et HORRIDVM s'opposent très grandement ; horrendum désigne en effet ce qui est horrible et doit être évité... Horridum désigne habituellement ce qui se dresse, s'élève et fait saillie... Lucilius, Satires, livre 16 oo ceux que leurs richesses ont poussés et qui parfument le poil hérissé de leur tête... 8 NON. 201, 4 : CEPE (oignon) est un mot neutre. Lucilius... Le même, livre 16 oo C'est bien différent, réplique l'homme qui plantait Poignon. 9 NON. 201, 16 : GVBITVS (la coudée) est un mot masculin. C'est un mot neutre. Lucilius, Satires, livre 16 oo Le Jupiter de Lysippe à Tarente dépassa ces statues, car il avait une hauteur de quarante coudées.
LIBER XVI, 6 (519-520 M) - 9 (525-6 M)
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prandii auł cenae causa parantur, penus non sunt ; sed ea potius quae huiusce generis longae usionis gratia contrahuntur et reconduntur, ex eo quod non in promptu sint, sed intus et penitus habeantur, penus dicta sunt '.
Legauit quidam uxori mundum omne penumque quid mundum ? quid non ? [quis diuidet istuc ? 7 (522-4 M) NON. 423, 1 : HORRENDVM et HORRIDVM habent plurimam diuersitatem. Est enim enim horrendum taetrum et uitabile... Horridum plerumque exstans et prominens et erectum... Lucilius Satyrarum Hb. XVI co < _ v ^ , _ w w _ w w _ ^ - ww - > et Ai quos diuitiae producunt et caput ungunt horridulum... 8 (531 M) NON. 201, 4 : GEPE generis neutri. Lucilius... Idem lib. XVI oo hoc aliud longe est, inquit qui cepe serebat. 9 (525-6 M) NON. 201, 16 : GVBITVS masculini generis. Neutri. Lucilius Satyrarum Hb. XVI co < - ^^ - ^^ - > Lysippi Iuppiter ista transmit quadraginta cubita altus Tarento. β quid — istuc от. codd. NON. || legauit quidam uxori codd. QBLL. : legat uxori codd. NON. || mundum omne codd. NON., GBLL. : mundum omnem R GELL. || quid mundum atque penum uett. : quid mundum codd. atquei quid mundum Mueller || quid non codd. : quod non Ρ 7 et hi lunius Marx : et ii B* etit L1 eti G hic Mutiler 9 transmit codd. : transitât Lachmann edd. θ
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LIVRE XVI, 10
10 CHARisius, G.L.K. I, 72, 30 : Pistrinum (la boulangerie), s'emploie au neutre, mais Lucilius a mis ce mot au féminin dans le livre 16 co en faisant allusion à la boutique, de même que Ton dit caupona (la taverne). || De dub. nom.y G.L.K. V, 88, 4 : Pistrinum est un mot neutre, mais Varron dit media est pistrina 11 VARRON, L.L. 5, 138 : Pilum, le pilon avec lequel on pile le grain, a donné le nom pistrinum (le moulin), le lieu où se fait l'opération (L et S étant, dans bien des mots, phonétiquement interchangeables) ; de ce mot, plus tard, à Rome, viennent
les mots pistrina et pistrix que l'on trouve dans Lucilius. ... du milieu de la boulangerie.
LIBER XVI, 10 (521 M)
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10 (521 M) GHARisivs, G.L.K. I, 72, 30 : Pistrinum neutraliter dicitur sed Lucilius XVI feminine extulit co ad tabernam refe rens, ut caupona dicitur. || De dub. лот., G.L.K. V, 88, 4 : Pistrinum generis neutri sed Varro media est pietrina. || VARRO, L.L. 5, 138 : Pilum quod eo far pisunt, a quo ubi id fit dictum pistrinum (L et S inter se saepe locum commutant), inde post in urbe Lucili pietrina et pistrix co < - v ^ - v-/^ - > media e pistrina. 10 media e JV GHARIS., uelt. : media est codd. De dub. nom. media a Coloniensìa CHARIS., Scaliger
LIVRE XVII
NOTICE Essentiellement philosophique, le livre 17 illustre plusieurs points de la doctrine stoïcienne1 : Trois fragments dénoncent les fausses valeurs dont les poètes — Homère tout particulièrement — font l'éloge : la force des héros (1), la beauté des héroïnes (2), voire même la vertu de Pénélope (3) sont des biens périssables qui tiennent au corps ou à la société plus qu'à Târne. Trois fragments parlent des biens durables (4), d'un voleur (5), d'un plagiaire (6). (1) Le livre 17 ne contient que six fragments. Plusieurs éditeurs ont voulu l'étoffer en faisant appel aux vers qui sont cités sans référence à un livre. Il s'agit de — 1296 M qui compare la beauté de deux personnes (Warmington, Terzaghi. Bolisani). — 1347 M qui décrit sans doute un cheval (Terzaghi). — 132638 M qui déûnit la vertu (Bolisani). Aucune de ces attributions ne s'impose.
1 MACROBE, Sat. 6, 1, 43 : ... après quoi, je montrerai que ce n'est pas Virgile personnellement qui a emprunté à Homère certains vers qui en ont été tirés, mais que d'autres auteurs les avaient empruntés avant lui, et qu'il les a tirés de ces auteurs qu'il avait certainement lus... A propos du vers (Aen. 5, 422) il découvrit ses muscles et son ossature puissante qui se trouve dans Virgile, Lucilius dit, dans le livre 17 on voit sur cet homme sa puissante ossature et ses muscles.
2 NON. 25, 28 : GOMPERNES (cagneux), s'emploie pour les gens qui ont de longs pieds. Lucilius, Satires, livre 17 CND || NON. 26, 8 : VARI se dit de ceux qui ont les pieds tournés en dehors. Lucilius, Satires, livre 17 Penses-tu donc qu'il a été interdit que cette belle femme, aux jolies tresses, aux jolis talons, ait des tétons qui tombent sur son ventre et même sur son sexe ? que des jambes cagneuses ou des pieds tordus aient appartenu à l'épouse d'Amphitryon, Alcmène, et à d'autres héroïnes ; enfin qu'Hélène elle-même — je ne veux pas le
1 (547-8 M) млей., Sat, 6, 1, 43 : ...post haec quaedam de his quae ab Homero sumpta sunt, ostendam non ipsum ab Homero tulisse sed pri us alios inde sumpsisse et hune ab Ulis quos sine dubio legerat transtulisse... Ad Vergilianum ülud magna ossa lacertosque extulit ; Lucilius in séptimo decimo < __ W4^ _ wv> _ w ^ _ > magna ossa lacertique adparent homini... 2 (540-6 M) NON. 25, 28 : GOMPERNES dieuntur longis pedibus. Lucilius Satyrarum lib. XVII oo || NON. 26, 8 : VARI dieuntur obtortis plantis. Lucilius Satyrarum Hb. XVII co nunc censes καλΑιπλόκαμον, καλλίσφυρον illám non licitum esse uterum aíque etiam inguina [tangere mammis ? conpernem aut uaram fuisse Amphitryonis άκοιτιν Alcmenam, atque alias, iìelenam ipsam denique [— nolo 1 homini codd, : hominis Lachmann 2 nunc — unum codd, 26 : conpernem — άκοιτιν codd, 26 \\ nunc codd, : num Scaliger edd, || καλλιπλόκαμον καλλίσφυρον Lindsay edd, : caliplocamora aAIGOYPON L caliplocamora αΔΑΛΟΦΥΡΟΝ G calliplocamon callisphyron Marx edd, || illam codd, : ullam Scaliger edd, || atque etiam lunius edd, : aquae etiam codd, || uaram codd. : baram L1 25 || Amphitryonis edd. : amfltrionie G 28 amfytreonis G 25 amfltronis L 28 amfìtrenis L 25 Άμφιτρύωνος Haupt || άκοιτιν A lunius : acoetin codd, || Hele nam Scaliger Marx : lenam F* B menam L1 Heram Onions Ledam edd.
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LIVRE XVII, 2-5
dire : fais-le toi-même et choisis, entre les épithètes, celui que tu voudras, n'ait-il que deux syllabes ! —, cette fille d'un noble père, ait rien eu de disgracieux, une verrue, une tache, la bouche fendue, une seule dent trop longue et dépassant les autres ? 3 G.L.K. II, 476, 1 : Il faut savoir que le supin en -FM, auquel se joint l'infinitif du verbe aller, sert à former l'infinitif futur, sur le modèle orat um ire... Souvent, cependant, les auteurs les plus anciens ajoutaient esse au neutre du participe futur et lui donnaient la valeur d'infinitif futur, en employant oraturum esse pour oralum ire... Lucilius, dans le livre 17, s'adressant à Pénélope oo II faut, dans cette tournure, sous-entendre esse, nupiurum esse mis pour nupium ire, cf. le grec γαμηθήσεσθαι.
PRISCIEN,
Toi, tu dis que, mariée, tu ne te marieras pas ; c'est parce que tu gardes l'espoir qu'Ulysse soit encore en vie. 4 NON. 362, 9 : PROPRIVM... signifie perpétuel... Lucilius, Satires, livre 17 oo
Il méprise tout le reste et il n'attend de tous les biens qu'une jouissance de courte durée : il pense que personne, en vérité, ne possède de biens en propre. 5 NON. 7, 2 : GALVITVR signifie il trompe... Lucilius, Satires, livre 17 oo
LIBER XVII, 2 (540-6 M) - 5 (552-3 M)
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dicere : tute uide atque disyllabon elige quoduis — κσύρψ eupatereiam aliquam rem insignem habuisse uerrucam, naeuum, rictum, dentem eminulum [unum ? 3 (538-9 M) PRisc, G.L.K. II, 476, 1 : Sciendum quod in -um desinens supinum accepto uerbo infinito quod est ire facit infinitum futuri, ut oratum ire... Frequenter tarnen antiquissimi neutro participio futuri addebant esse et infinitum futuri signiflcabant oraturum esse pro oratum ire dicentes... Lucilius in XVII ad Penelopam conuersus In hoc subaudiendum est esse, id est nuptarum esse pro nuptum ire, γαμη&ήσεσθαι.
Nupturum te nupta negas, quod uiuere Vlixen speras. 4 (550-1 M) NON. 362, 9 : PROPRIVM... significai Lucilius Satyrarum Hb. XVII co
perpetuum...
cetera contemnit et in usura omnia ponit non magna : proprium uero nil neminem habere.
5 (552-3 M) NON. 7, 2 : CALVITVR dictum est frustratur... Lucilius Satyrarum lib. XVII oo
2 disyllabon G : dissyllabon L || κούρην Marx edd. : PIN codd. Τυρώ Junius Lindsay || eupatereiam Marx edd. : ΕΤΠΑΤΕΡΕΙ an codd. || naeuum edd. : neuum Fr BA ne unum L || rictum Dousa Corpet : dictum codd. pictum Junius punctum Marx || eminulum codd. : eminalum L 8 te nupta codd. : te nuptam Я В G К 4 comtemnit edd. : contempnit codd. contempni L1
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LIVRE XVII, 5-6
S'il ne marche pas, dit la loi, rends toi maître de sa personne, même s'il essaie de ruser. — Alors le voleur emmènera le propriétaire ? 6 NON. 135, 1 : LAVERNA est la déesse à laquelle sacriflent les voleurs... Lucilius, livre 17 oo si tu fais la moisson et si tu vends les Muses de La verna,
LIBER ХѴІГ, 5 (552-3 M) - 6 (549 M)
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Si non it, capito, inquit, eum, et si caluitur — Ergo fur dominum ? 6 (549 M) NON. 135, 1 : LAVERNA, dea cui supplicant fures... Luciliuslib. XVII co
si messes facis < e t > Musas si uendis Lauernae. 5 ergo fur dominum codd. : endo ferte manum Carrion Mueller 6 ei messes facts et Marx : si messes facie codd. si semissis facis J. Dousa semissis facitie Mueller si uereu» facis Corpet
LIVRE XVIII
NOTICE Le livre 18 est dans un état désespéré. Les trois vers mutilés qui en subsistent évoquent un dialogue entre un grand propriétaire et un petit cultivateur qui évaluent leurs récoltes (1) et discutent peut-être des biens véritables (2) dont l'homme jouit.
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1 NON. 495, 38 : Accusatif singulier employé avec la valeur d'un génitif pluriel... Lucilius, livre 18 co || NON. 544, 10 : CADI, récipients où Ton conserve les vins. Lucilius, livre 18 oo Tu retires deux cent mille médimnes de blé, mille tonneaux de vin.
2 NON. 113, 7 : FRVNISCOR mis pour frui (proflter de). Lucilius, livre 18 oo Moi, j'en profite autant que toi.
1 (555-6 M) NON. 495, 38 : Accusatiuus numeri singularis positus pro genetiuo plurali... Lucilius lib. XVIII co || NON. 544, 10 : CADI, uasa quibus uina conduntur. Lucilius lib. XVIII oo
Milia ducentum frumenti tollis medimnum, uini mille cadum. 2 (554 M) NON. 113, 7 : FRVNISCI pro frui. Lucilius lib. XVIII co
< - wv_/ - ww - > aeque fruniscor ego ac tu. 1 milia — frumenti om. codd. 495 || ducentum codd. : tu centum Bouterwek || frumenti edd. : formenti codd. || tollis codd. 495 : tolles codd. 644 2 ego Bentin : eso L rego G
LIVRE XIX
NOTICE Le livre 19 oppose le bonheur du sage aux occupations stériles des autres hommes1. Chacun se laisse entraîner par ses penchants (1) : les vieillards par le désir (2), les poètes par la crainte de l'insuccès (3) ; Гаѵаге est aussi méprisable que son or (4?) ; d'autres amassent les biens (5). Il est inutile de reprendre ces gens (6 et 7). Même les plus beaux jours de leur vie ne les contentent pas (8). Qui n'a pas la sagesse est toujours insatisfait (9). (1) J'ai éliminé du livre 19 le fragment 1119 M queBolisani y a introduit arbitrairement.
1 NON. 176, 11 : SINGVLATIM et SINGILLATIM (individuellement) sont formés sur singuli... Lucilius, livre 19 oo Ainsi chacun de nous a individuellement son penchant qui l'entraîne.
2 NON. 12, 3 : PASSVS signifie proprement desséché ou sec... De là vient encore l'expression uua passa (les raisins secs) ; ils sont, en effet, marqués de rides... Lucilius, Satires, livre 19 Les vieillards ratatinés et desséchés visent des buts qui sont tous les mêmes.
3 PRisciEN, G.L.K. II, 542, 28 : Les formes verbales possédant un prétérit en -SI, précédé de la consonne L ou R, changent ce morphème en -TVM dans ce type de conjugaison... D'autres parfaits en - S / suivent la règle énoncée plus haut, c'est-à-dire la règle générale des parfaits terminés en -S/, sensi, sensum, rausi, rausum ; de là le vers de Lucilius, dans le livre 19 co le poète tragique qui voit massacrer ses vers à cause d'un Oreste voué à l'enrouement.
4 NON. 358, 14 : OPTARE... choisir. Lucilius, Satires, livre 19 oo
1 (563 M) NON. 176, 11 : SINGVLATIM et SING1LLATIM, a sin gulis... Lucilius lib. XIX oo Sic singillatim nostrum unus quisque mouetur. 2 (557 M) NON. 12, 3 : PASSVM est proprie rugosum uel siccum... Vnde et uua passa dicta est quod sit rugis inplicata... Lucilius Satyrarum lib. XIX oo rugosi passique senes eadem omnia quaerunt.
3 (567 M) PRisc, G.L.K. II, 542, 28 : In -SI uero praeteritum flnientia L uel R antecedentibus mutant eam in -TVM in hac coniugatione... alia uero in -SI desinentia supra dictam regulam seruant, id est generałem in -SI desinentium sensi, sensum, rausi, rausum ; unde Lucilius in XIX co rausuro tragicus qui carmina perdit Oreste.
4 (559-560 M) NON. 358, 14 : OPTARE... eligere. Lucilius Satyrarum lib. XIX oo 8 rausuro codd. : rausero К В \\ tragicus codd. : traicus H || perdit Oreste i?\ edd. : perdito resto В perdit orestae RH G L
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LIVRE X I X , 4-8
Tu veux Гог, ou bien l'homme ? Prends ! — L'homme ? Qu'est-ce qu'un homme, comparé à l'or ? C'est pourquoi, dans une semblable situation, comme nous disons, je ne vois pas ce que je dois choisir tout particulièrement. 5 NON. 358, 4 : OLIM... désigne... le futur... Lucilius, Satires, livre 19 OJ Fais de même ; amasse des biens dont tu puisses profiter plus tard, pendant les rigueurs de l'hiver ; voilà ce qui doit faire ton bonheur chez toi... 6 NON. 150, 1 : PENIGVLAMENTVM désigne chez les Anciens le pan d'un vêtement... Lucilius, livre 19 oo Ne va pas attraper par le pan de son manteau... 7 NON. 56, 5 : INFANS vient de non fari... et, en effet, il faut employer le mot infans pour désigner les enfants jusqu'à ce qu'ils commencent à parler. Lucilius, livre 19 co comme les petits enfants le font, une femme comme il faut. 8 NON. 396, 24 : SVMERE... signifie aussi choisir. Lucilius... livre 19 oo Porte ton choix sur le jour qui t'a paru le plus beau de tous.
LIBER XIX, 4 (559-560 M) - 8 (564 M)
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Aurum uis hominem ? Habeas ! — Homi[nem ? Quid ad aurum ? qua re, ut dicimus, non uideo hie quid magno [opere optem. 5 (561-2 M) NON. 358, 4 : OLIM... habet signiflcationem... temporis futuri... Lucilius Satyrarum lib. XIX co Sic tu illos fructus quaeras, aduersa hieme olim quis uti possis ; haec delectare domi te. 6 (565 M) NON. 150, 1 : PENICVLAMENTVM a ueteribus pars uestis dicitur... Lucilius lib. X I X co
pemculamento uero reprehenderé noli... 7 (566 M) NON. 56, 5 : INFANS a non fando dictus est. ...nam et infantes usque eo appellando sunt, donee coeperint fari. Lucilius lib. XIX co ut pueri infantes faciunt, mulierculam honestam. 8 (564 M) NON. 396, 24 : SVMERE... etiam signifìcat Lucilius... lib. X I X oo
elicere.
sume diem qui est uisus tibi pulcherrimus unus. 4 nomínenme Quicherat : hominem codd. hominemue Corpet hominem en J. Dousa б sic L BA : si AA || poesie codd. edd. : possis defensorem ut per eum AA praua transpositione || haec codd. : hac E ac J. Dousa edd. || domi te L\ edd : domine codd. 6 pemculamento uero J. Dousa edd. : penulamento uere codd.
102
LIVRE XIX, 9
9 NON. 445, 30 : MVLTVM et SATIS diffèrent en ce que multum est infini, satis est fini : il faut réserver le premier aux avares, le second aux gens économes et ménagers. Lucilius... livre 19 oo si bien qu'en définitive rien ne suffît pour celui qui n'a pas la sagesse, même quand il possède tout.
LIBER XIX, 9 (558 M)
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9 (558 M) NON. 445, 30 : MVLTVM et SATIS eo distant quod multum infinitum est, satis ñnitum : auaris illud, hoc pareis seu continentibus applicandum est. Lucilius... Hb. XIX co denique uti stulto nil sit satis, omnia cum sint.
9 uti stulto nil Iuniiu edd. : ut etulto nihil codd.
LIVRE XX
NOTICE Cicerón1 connaissait des vers de Lucilius qui décrivaient un banquet offert par le crieur public Granius au poète lui-même et à L, Licinius Grassus, alors tribun du peuple (107). L'allusion visait vraisemblablement le livre 20. Deux fragments décrivent l'ordonnance du repas, la table (1), les aliments (2). Cinq fragments2 semblent reproduire la conversation (1) Évoquant les grandes dates de la carrière de Grassus, Ciceron écrit dans Brut. 160 : Défendit postea Liciniam uirginem, eum annos XXVII natus esset. In ea ipsa causa fuit etoquentissimus orationisque eius scriptae quasdam partes reliquit. Voluit adulescens in colonia Narbonensi causae popularis aliquid attingere eamque coloniam, ut fecit, ipse deducere. Exstat in earn legem senior, ut ita dicam, quam illa actas ferebat oratio. Mullae deinde causae; sed ita tacitus tribunalus, ut, nisi in eo magistratu eenauisset apud praeconem Granium idque nobis [bis] narrauisset Lucilius, tribünüm plebis nesciremus fuisse. Ita prorsus, inquit Brutus; sed ne de Scaeuolae quidem tribunatu quicquam audiuisse uideor et eum collegam Crassi credo fuisse. Omnibus quidem aliis, inquam, in magislralibus, sed tribunus anno post fuit coque in rostris sedente suosit Seruiliam legem Crassus... Ce texte est particulièrement précieux, car il indique le sujet d'un poème et la date de sa composition : 107, époque du tribunat de la plèbe exercé par Crassus. La date correspond bien à celle des derniers livres de Lucilius, qui cesse d'écrire en 105. Le sujet convient bien pour la description d'un repas qui, fait très rare dans les satires, n'est évoqué ni pour sa pauvreté, ni pour son luxe excessif. (2) Constatant que le livre 20 devait décrire le banquet de Granius, plusieurs éditeurs ont voulu y ajouter tous les fragmente qui parlaient d'invitation (H 28 : Warmington), qui parlaient de Granius (H 85 : Terzaghi Bol isa D i Warmington), qui parlaient de nourriture (H 57 : Terzaghi Bolisani Warmington; H 132, H 154, H 54, D 3 : Warmington). Dans son désir de reconstruire 11
106
NOTICE
des convives (emploi de la l r e personne du singulier, de Timpératif...). Ils contiennent le souvenir de luttes politiques à propos de la lex Calpurnia (3), le portrait d'un fripon (4), des anecdotes sur la fièvre quarte (5), sur une manœuvre nautique (6), sur un homme qui étouffe de colère (7). Le livre 20, rappel lointain du Banquet de Platon (?), constituerait une sorte d'hommage à l'amitié8. le texte, Warmington n'a pas hésité à bâtir une histoire de tempête et de naufrage, en regroupant autour d'un seul vers (20, 6) les fragments H 139, H 137, H 140, H 138. Que reste-t-il de Lucilius dans des recompositions aussi arbitraires ? (3) Granius était un grand ami de Lucilius qui Га cité quatre fois dans les satires : 11, 15 ; H 84 ; H 85.
г
LIVRE XX
1 PRisciEN, G.L.K. II, 486, 19 : Les verbes en -geo, avec la consonne L ou R précédant la finale, forment leur parfait en changeant -geo en -si, comme... ter geo, tersi... Lucilius, dans le livre 20 co Il essuya alors les larges tables avec une serviette pourpre. 2 NON. 151, 5 : PRAECISVM et OMASVM, morceaux de viande et de tripes... Lucilius, livre 20 oo Ceux-là sont séduits par un morceau de viande et par des mets succulents. 3 NON. 427, 32 : PRIORES et PRIMORES présentent la différence suivante : priores est un comparatif ; primores désigne chaque chose dans son point le plus élevé... Lucilius, Satires, livre 20 oo Je m'emportai à propos de la loi cruelle de Calpurnius Pison et je sentis la colère monter en haut de mes narines. 4 NON. 19, 3 : On appelle NEBVLONES (hommes de l'ombre) et TENEBRIONES (hommes des ténèbres) ceux
1 (568 M) p u i s e , G.L.K. II, 486, 19 : In -geo desinentia, L uel R antecedentibus, -geo in -si conuersa faciunt praeteritum perfectum, ut... ter geo, tersi... Lucilius in X X oo
Purpureo tersit tune latas gausape mensas. 2 (569 M) NON. 151, 5 : PRAECISVM et OMASVM, partes carnis et uiscerum... Lucilius lib. X X co
illi praeciso atque epulis capiuntur opimis. 3 (573-4 M) NON. 427, 32 : PRIORES et PRIMORES hane habent diuersitatem. Priores enim comparatiui sunt gradus : primores summae quaeque res... Lucilius Satyrarum lib. X X oo
Calpurni saeua lege in Pisonis reprendi eduxique animam in primoribus naribus... 4 (577 M) NON. 19, 3 : NEBVLONES et TENEBRIONES dicti sunt qui mendaciis et astutus suis nebulam quandam et 1 purpureo codd. : purpureo L K\\ tune codd. : tum Lachmann 2 praeciso codd. : praecioso L1 G1 8 saeua lege in Pisonis codd. Marx Terzaghi : saeuam legem Pisonis Junius Mueller || reprendi Junius : reprehendí codd. || in primoribus naribus ed. pr. Lindsag : in primoribus naris codd. in primoribus oribus naris Süss (Hermes 62, 1927, 363) Warmington in primoribus faueibus naris Marx
109
LIVRE XX, 4-6
qui jettent sur leurs mensonges et leurs machinations une sorte de nuage et des ténèbres, ou ceux qui les trouvent utiles et commodes pour fuir et pour voler... Lucilius... Le môme, livre 20 oo
Que l'homme à qui je donne, soit un hâbleur et, de beaucoup, le dernier des fripons ! 5 AULU-GELLE 3, 14, 10 : Dimidiatum est synonyme de dismediatum et désigne Γ uni té qui a été partagée en deux parties égales ; dimidialum ne doit donc se dire que de ce qui a subi une opération de division. Quant à dimidiumt ce mot désigne non pas l'objet qui a été divisé, mais Tune des deux parties provenant de l'objet divisé. Si donc nous voulons faire comprendre que nous avons lu la moitié d'un livre, ou entendu la moitié d'un récit, et si nous disons dimidiam fabulam ou dimidium librum, ce sera une faute ; car alors nous nous servons de dimidium pour désigner le tout qui a été divisé, dimidiatum. C'est pourquoi manifestement Lucilius... dans le livre 20, évite soigneusement de dire dimidia hora, mais remplace dimidia par dimidium dans les vers suivants oo S'il avait cédé à une routine facile, il aurait écrit dimidia et tribus confectis ; mais il a volontairement évité une tournure impropre. Ainsi, il paraît évident qu'il ne faut pas dire dimidiam horam, mais dimidiatam horam, ou bien dimidiam partem horae.
en son temps, toujours au même moment au bout de trois heures et demie tout au plus, jusqu'à la même quatrième heure. 6 NON. 490, 31 : GVBERNA (gouvernail) mis pour gubernacula. Lucilius, Satires, livre 20 || MARIUS VIGTORINUS, G.L.K. VI, 56, 11 : Tout vers commence par un mot entier et se termine par un mot entier, exception faite pour les expressions qui, dans les comédies, par plaisanterie, sont prononcées avec des altérations ou incomplètes,
LIBER XX, 4 (577 M) - 6 (578 M)
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tenebras obiciant aut quibus ad fugam et furta haec erant accommodata et utilia... Lucilius... Idem lib. XX co nuga tor, cui dem, ас nebulo sit maximus multo.
5 (570-2 M) GELL. 3, 14, 10 : Dimidiałum est quasi dismediałum et in partes duas pares diuisum. Dimidiatum ergo nisi ipsum quod diuisum est, dici haud conuenit. Dimidium uero est non quod ipsum dimidiatum est, sed quae ex dimidiato pars altera est. Quum igitur partem libri dimi diam légiese uolumus dicere aut partem dimidiam fabuláé audisse, si dimidiam fabulam aut dimidium librum dicemus, peccabimus ; totum enim ipsum, quod dimidiatum atque diuisum est, dimidium dicis. I taque Lucilius... in uicesimo manifestius dimidiam horam dicere studiose fugit, sed pro dimidia dimidium ponit in hisce uersibus co Nam cum obuium proximumque esset dicere dimidia et tribus confecliSy uigilate atque attente uerbum non probum mutauit. Per quod satis apparet ne horam quidem dimidiam recte dici sed uel dimidiatam horam uel dimidiam partem horae.
tempestate sua atque eodem uno tempore et horae dimidio et tribus confectis dumtaxat, eamdem ad quartam...
6 (578 M) NON. 490, 31 : GVBERNA, pro gubernacula. Lucilius Satyrarum lib. XX co || MAR. VICTORIN., G.L.K. VI, 56, 11 : Omnis autem uersus ab integra parte orationis incipit et in integram desinit exceptis his quae in comoediis ioculariter dieta corrupta aut semiplena efferuntur, aut 4 cui dem Lachmann Marx : cuidem codd. cum idem Mueller Lindsay 5 ad quartam codd. : at quartam V Ρ Я, Mueller
по
LIVRE XX, 6-7
ou bien pour celles qui, rarement, dans l'épopée, sont scindées pour des nécessités métriques, comme dans Virgile sepłem subiecta trione. De la même façon, l'apocope a été également utilisée dans le vers : c'est la suppression d'une ou de plusieurs syllabes de n'importe quelle espèce de mots, pour des raisons métriques ; qu'il s'agisse d'un nom ou d'un verbe, le mot aura la même valeur que s'il était entier : ainsi endo sua domo signifie in sua domo... De la même façon c'est-à-dire gubernaculat pour des nécessités métriques, ainsi que nous l'avons dit. Désarmez les proues et démontez les gouvernails ! 7 NON. 201, 21 : GOLVBER (couleuvre) est masculin... GOLVBRA est féminin. Lucilius, Satires, livre 20 со Il se brisera alors en deux, comme le serpent se brise par les enchantements du Marse, quand toutes ses veines se seront tendues.
LIBER XX, 6 (578 M) - 7 (575-6 M)
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quae raro apud épicos metri necessitate diuiduntur, ut apud Vergilium septem subiecta Mone. Pari ratione in uersu et apocope praecepta est, id est subtractio syllabae syllabarumue cuiuslibet partis orationis metro cogente facta, quae siue in uerbo siue in nomine acci deri t, pro integra parte orationis accipietur, ut endo sua do, id est in sua domo... Similiter oo id est gubernacula, sicut diximus, metri necessitate. proras despoliate et detundete guberna.
7 (575-6 M) NON. 201, 21 : COLVBER generis masculini... COLVBRA feminini. Lucilius Satyrarum lib. XX iam disrumpetur médius, iam, ut Marsus colubras disrumpit cantu, uenas cum extenderit omnis. 6 despoliate et detuadete edd. : d. e. detundite codd. NON. d. e. detunditate CA NON. detendite et spoliate codd. MAR. VICTORIN.
LIVRE XXI
NOTICE Le livre 21 est le dernier livre de l'édition des satires en hexamètres citée par Varron (cf. histoire du texte) ;
c'est aussi le dernier livre que, vers 106, Lucilius ait composé (cf. vie de Lucilius). Aucun fragment n'en a subsisté. Après Cichorius, quelques éditeurs ont cru retrouver son sujet et son titre : il s'agirait du chant d'amour en l'honneur de Collyre, qui, à cause de l'erreur d'un copiste, aurait été attribué au livre XVI. Rectifié, le commentaire de Porphyrion (carm. 1, 22, 10) préciserait * dum meam canto Lalagen ' : Id est carmen in Lalagen nomine amicam compositum sicut scilicet liber Lucilii XXI Collyra inscribitur eo quod de Collyra arnica scripius sit. La comparaison avec le vers d'Horace invite à penser que le poète se livrait à des effusions lyriques dignes d'un Properce ou d'un Tibulle. Collyre, Vemplâtre (de κολλνρων), ou plus vraisemblablement la tourte (de κολλνρα cf. Aristophane, Paix 123), serait alors l'égale des grandes amoureuses et des belles infidèles de la littérature latine, en compagnie de Lesbie, Cynthie, Corinne... Toutefois les situations sont très différentes. Quand il compose le livre 21, Lucilius n'est plus un jouvenceau, mais un vieillard de soixante-quatorze ans, dont la méfiance envers la passion se manifeste dans de très nombreux vers. Si le livre 21 est consacré à Collyre, il ne dépeint sûrement pas les tourments et les joies d'un sentiment encore brûlant. C'est tout au plus un livre de souvenirs où l'émotion et l'humour pouvaient se côtoyer. Renonçant à cette interprétation, Bolisani a rapproché le livre 21 du livre 20 et, s'appuyant sur la citation de
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NOTICE
Brui. 160 ...nisi in eo magistratu cenauisset apud praeconem Granium idque nobis bis narrauisset Lucilius..., prétend que les deux ouvrages décrivaient le banquet que Granius avait offert à Lucilius et à Crassus. Cette hypothèse suppose que les dernières satires reprenaient le même thème avec une monotonie à laquelle le poète n'avait guère accoutumé les lecteurs de ses premières productions. De fait, les manuscrits de Ciceron ne sont pas unanimes, et il est bien possible que nobis bis soit Terreur d'un scribe qui a redoublé la dernière syllabe du mot précédent (le codex Ottobonianus 2057 ne présente pas cette leçon, mais nobis seulement). En outre, même s'il faut retenir le texte des manuscrits, rien ne prouve que Lucilius décrivait le repas tout au long de l'ouvrage !
LIVRE XXII-XXV
NOTICE Les quatre livres 22-25 forment un groupe autonome dans l'œuvre de Lucilius. Peu connus des grammairiens et des compilateurs qui en ont transmis des fragments infimes — sept en tout —, ils sont cités en marge des autres satires et devaient constituer un volume unique. Il n'est pas question de savoir s'il s'agit d'une édition posthume (hypothèse de Marx reprise par Terzaghi...) ; il suffît de constater que Nonius — par exemple — n'en confond pas les extraits avec la grande masse des vers qu'il emprunte aux deux ensembles regroupant les livres 1-21 et 26-301. Cette distinction se justifie, car Lucilius emploie un vers qu'il n'utilise nulle part ailleurs : le distique élégiaque sert à chanter les sentiments personnels. Si, à l'époque classique, il est réservé à la poésie amoureuse, à l'origine, on le trouvait aussi dans l'épigramme et dans les inscriptions funéraires. Les quatre livres répondent bien à une telle inspiration. Le poète y parle de ses esclaves en les citant nommément : Métrophanès et sans doute Pacilius, Zopyrion, Artémon. Il se moque de leurs défauts physiques : nez et pieds tordus (22,1), jambes cagneuses (22, 2) ; il évoque Zopyrion le batailleur (22, 3). Il rend hommage à leur fidélité et à leur honnêteté dans l'épitaphe de Métrophanès (22, 4), dans le faire-part annonçant la mort du trésorier (22, 5). Le livre 23 rappelle le souvenir d'un jeune esclave. Le livre 25 contient seulement le nom d'Artémon l'Arabe. (1) Cf. H is to ire du texte, tome 1, p. 32 sq. 12
LIVRE XXII 1 NON. 215, 5 : NASVS (le nez) est masculin. Le mot est neutre : Lucilius... Le même, livre 22 co L'homme a-t-il maintenant le nez, les jambes ou les pieds en meilleur état ? 2 NON. 149, 6 : PETILVM, mince et maigre. Lucilius, livre 22 marque distinctive : des jambes cagneuses et grêles. 3 NON. 210, 36 : LABIVM, lèvre, est un mot neutre... Labea, en revanche, est féminin... Lucilius, Satires, livre 22 oo Zopyrion lui fend les lèvres des deux côtés. 4 MARTIAL 11, 90 : Tu ne donnes jamais ton approbation aux vers qui glissent sur un sentier moelleux, mais seulement à ceux qui roulent à travers les escarpements et les grands rochers ; et, à tes yeux, ce vers surpasse en grandeur les chants d'Homère сч> || DONAT, Ter. Phorm. 287 : О excellent gardien, salut! Soutien vraiment de ma maison! Columen signifle-t-il culmen (le faîte)?
LIBER XXII 1 (582 M) NON. 215, 5 : NASVS masculini. Neutri. Lucilius... Idem Hb. X X I I oo
nasum rectius nune homini est suraene pedesne ? 2 (583 M) NON. 149, 6 : PETILVM, tenue et exile. lib. XXII co
Lucilius
insignis uaris cruribus et petilis. 3 (584 M) NON. 210, 36 : LABIVM neutri est generis... Labea rursum feminini... Lucilius Satyrarumlib. XXII Zopyrion labeas caedit utrimque secus.
4 (579-580 M) MART. 11, 90 : currunt, I sed | et tibi Maeonio Ter. Phorm. 287
Carmina nulla probas molli quae limite quae per salebras altaque saxa cadunt, res carmine maior habetur, | oo || DONAT., : Bone custos salue ! columen uero familiae :
1 suraene edd. : serene L BA surene F* || pedesne Lachmann : pedes BA pedes dicic L pedes dici F* 2 libro XII trib. codd., libro XXII Lachmann || uaris cruribus Bentin edd. : uaris crueibus codd. 8 Zopyrion edd. : Zopirion codd. || caedit edd. : cedit codd.
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LIVRE X X I I , 4 - XXIV
Ou bien est-ce que columen signifie columna (colonne) ? C'est pour cette raison que les Anciens ont appelé columella les esclaves les plus importants dans une maison. Lucilius, livre 22 oo Un esclave qui ne trompa jamais la confiance de son maître et sut toujours se rendre utile, pilier de la maison de Lucilius, Métrophanès, pourtant, repose ici. 5 GLOSS. IV, XVIII : Abzel : elle a disparu ou elle est morte. Lucilius, dans le livre 22 oo D'abord Pacilius, le trésorier, un vrai père, n'est plus là.
LIVRE XXIII 1 PRisciEN, G.L.K. II, 506, 25 : Les verbes en ВО, avec voyelle longue précédant la finale, forment leur prétérit parfait en changeant В en PS, comme scribo, scripsi... D'autres, en fait, changent О en ƒ au prétérit... Lucilius, dans le livre 23 oo et le jeune esclave qui avait léché les gâteaux appétissants.
LIVRE XXIV
LIBER XXII, 4 (579-580 M) - XXIV
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Columen, culmen, an columen columna ? unde columellae apud ueteres dicti serui maiores domus. Lucilius XXII Seruus ñeque infidus domino ñeque inutilis quamquam Lucili columella hie situs Metrophanes.
5 (581 M) GLOSS. IV, XVIII : Abzeł : extindă Lucilius in X X I I CND
est uel mortua.
Primum Pacilius, tesorophylax, pater, abzet
LIBER XXIII 1 (585 M) PRisc, G.L.K. II, 506, 25 : In -BO desinentia uerba uocali longa antecedente, В in PS conuertentia faciunt praeteritum perfectum, ut scribo, scripsi... Alia uero О in / mutant in praeterito... Lucilius in X X I I I iucundasque puer qui lamberat ore placentas.
LIBER X X I V
4 inutilis codd. : inutili R С DONAT. H quanquam codd. Marx : quaquam Warmington quoiquam J. Doma || Lucili Lindsay : Lucilii CAQ F MART. Luceilei Ρ MART. Lucilii codd. DONAT. ||
Metrophanes om. codd. DONAT. 6 tesorophylax edd. : tesoro Шах cod.
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LIVRE XXV, 1
LIVRE XXV 1 CHARisius, G.L.K. I, 123, 13 : ARABVS : Lucilius, livre 2 5 CND
Artémon, ГАгаЬе·
LIBER XXV, 1 (586 M)
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LIBER XXV 1 (586 M) CHARisive, G.L.K. 1,123,13 : ARABVS, Lucilius X X V co
< - w - > Arabus < v.* v./ > Artemo
LIVRE XXVI
NOTICE Placé en tête du volume1 regroupant les premières œuvres de Lucilius, le livre 26 appartient à l'ensemble des ouvrages composés du vivant de Scipion Émilien1, et fortement marqués par la tradition littéraire issue de Pacuvius et d'Ennius8. Il contient 77 fragments en (1) Cf. Histoire du texte, tome 1, p. 32 sq. (2) Cf. La chronologie des satires, tome 1, p. 29 sq. Les attaques contre Q. Caecilius Macedonicus, les invectives contre Lupus qui, dans 28, 29, est présenté comme un juge malhonnête, furent certainement lues par Scipion. Horace en donne la preuve dans Sat. 2, 1, 63 sq. : ... пит Laelius et qui / duxit ab oppressa meritum Karthagine nomen / ingenio oţfensi aut laeso dolutre Metello / famosisque Lupo coperto uersibus? (3) Cette influence se marque par remploi de mètres dramatiques, en les variant (livres 28 et 29) ou sans les varier (livres 26 et 27), cf. Diomede, G.L.K. I, 485, 32 : carmen quod ex uariis poematibus constabat satira uocabatur, quale scripserunt Pacuuius et Ennius. La diversité des sujets est la règle : de même qu'Ennius enchaînait invocations solennelles (6 V), apologues (l'alouette et ses petits, cf. Gell. 2, 29, 20) et réflexions morales, de même Lucilius mêle les fables (le lion et le renard, cf. 30, 44-50), les récits, le style noble et le style vulgaire... De même que son prédécesseur utilisait le procédé sophistique de Γάγών qui lui permettait de mettre aux prises Afora et Vita (cf. Quintil. 9,2,36), de même Lucilius construit ses premiers livres comme des dialogues, où s'affrontent deux partenaires. Enfin, chez les deux poètes, la satire s'apparente à la comédie (cf. Diomede, G.L.K. I, 485, 31 et Horace, Sat. 1, 4, 1-6), à laquelle elle emprunte les personnages du parasite, de la merelrix, du leno ou de Γ a vare... Lucilius, cependant, marque, dès ses premiers ouvrages, ses distances avec ses modèles. Le théâtre emploie habituellement le sénaire lambique pour le parlé, le septénaire trochalque pour le récitatif. Sans le jeu d'un acteur, la fonction de chaque mètre perdait son sens. Ennius ne semble pas s'en être avisé. Il en va tout autrement pour Lucilius qui, apparemment, donne une fonction
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NOTICE
septénaires trochaïques4 qui font intervenir l'auteur (ego, parfois tu : 31 fragments) et un partenaire (lu, parfois ego : 21 fragments). Les deux personnages sont rarement d'accord ; les tournures adversatives soulignent leurs dissensions6. Leurs débats n'engagent pas seulement leurs convictions personnelles ; ils mettent en cause l'expérience de leurs concitoyens, voire même de l'humanité entière (hi, illi, physici, homines... : 33 fragments), si bien que le poème se présente essentiellement comme la confrontation entre la conduite de Lucilius et celle des autres hommes dans quelques situations de l'existence. Le poète se définit en s'opposante. Le heurt entre les différentes manières de juger, les divergences entre les attitudes provoquent la méditation morale ; des comparaisons s'établissent, des conclusions sont proposées7 ; la satire précise la position personnelle de l'auteur par le refus ou l'acceptation du comportement d'autrui. L'interlocuteur du poète a précise à chaque type de versification. Dans les livres 28 et 29, le sénaire caractérise les récite d'actions (attaques contre la maison du Uno, évocation d'Hannibal), ou les anecdotes qui sont évoquées pour elles-mêmes (le banquet des philosophes, Socrate et les jeunes gens...) ; le septénaire traduit un effort de réflexion morale (enquête sur cupiditas et cupido dans le livre 29, études philosophiques sur la nature du bien dans les livres 27 et 28, discussions sur le rôle du poète dans le livre 26). Dans les livres 26 et 27, remploi exclusif du rythme trochalque montre que Lucilius renonce, pour une part, à l'héritage de ses devanciers. Il recherche essentiellement une forme poétique appropriée au travail d'analyse du moraliste. Au terme de ses années d'apprentissage, il fixe son choix sur l'hexamètre dactylique, qui conférait au poème la noblesse du mètre épique. Le changement de versification révèle un changement dans l'esthétique de la satire : elle n'est plus simple mise en scène ; elle devient méditation critique. (4) Les fragments 16 et 17 sont cités sans référence à un livre. Avec tous les autres éditeurs, je les ai placés dans le livre 26 à cause de leur rythme, de leur sujet, et de leur parenté avec le fragment 15. (5) Cf. 26, 54-57. (6) Cf. les systèmes binaires moi ~ łoi (23, 29, 30...), moi ~ lui ou eux (34, 43, 70...)... (7) Cf. 3, 5, 13...
NOTICE
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précisément pour fonction d'orienter la discussion et de soumettre à l'analyse plusieurs modèles de vie. Il suggère des hypothèses8 qui sont discutées. Tout le livre 26 semble entraîné par une dialectique de ce genre ; toutefois, si la démarche de Lucilius apparaît clairement à travers quelques fragments, il s'en faut que tous les jalons du raisonnement aient été sauvegardés9 ; quelques thèmes permettent simplement de regrouper les vers, sans qu'il soit possible de leur assigner une place précise dans une satire, ou dans un ensemble de satires.
(8) H n'est pas indifférent que ce personnage emploie des impératifs ou des subjonctifs d'ordre, ainsi que 12 propositions introduites par *i. (9) Les éditeurs attribuent au livre 26 un nombre de satires qui varie entre trois et six ; Marx en distingue trois : I o le programme poétique (587-634 M) ; 2° le métier poétique et les conditions de vie du poète (635-675 M) ; 3° les femmes et les malheurs du mariage (676-687 M). A quelques nuances près, Bolisani reprend ce classement. Terzaghi distingue : I o le programme poétique ; 2° une épltre morale à un ojeune ami ; 3° la satire sur le mariage. Gichorius reconnaît : I une satire d'accompagnement ; 2° des vers adressés à un historien ; 3° une critique d'Accius ; 4° une satire sur le mariage. Schmidt découvre : 1° le programme poétique ; 2° une lettre à un jeune ami sur des questions de morale pratique ; 3° des considérations sur l'originalité de Lucilius en tant qu'homme et en tant que poète ; 4° des considérations sur les maladies et leur traitement ; 5° un poème contre le oluxe ; 6° un poème contre le mariage. Warmington repère : I une introduction à l'œuvre littéraire ; elle est placée avant des considérations sur le mariage ; 2° un poème sur les tourments des hommes d'affaires et des snobs ; 3° une satire sur la tragédie ; 4° une satire sur l'enseignement des cyniques et des stoïciens ; 5° une satire sur l'histoire ; 6° une controverse littéraire avec parodie de Pacuvius. Dans son travail extrêmement minutieux, mais marqué par une confiance sans doute excessive envers la Lex Lindsay et ses applications, J. Ghristes distingue 1° un chapitre liminaire renfermant le vers 612 M, qui s'adresse à un poète, auteur de poèmes empruntés à la mythologie ; 2° une satire qui dépeint le monde des affaires ; 3° une satire sur l'avarice, la prodigalité, la vraie et la fausse amitié ; 3° une satire sur le mariage ; 4° une satire sur la maladie ; 5° une polémique contre la tragédie. Le poème introducteur, assez développé, mettrait en scène Q.Fabius Maximus ou G. Laelius.
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NOTICE
L'un des deux personnages souhaite guérir son interlocuteur de la déraison (1), lui prescrit ce qu'il faut éviter (2 et 3), espère réussir dans son entreprise (4). Lucilius examine comment un poète peut intéresser son public, émouvoir ses lecteurs ou ses auditeurs (5). Certains dédaignent ce qui n'est pas illustre (6), emploient un vocabulaire recherché et extravagant (7), décrivent l'extraordinaire (8). Quelques exemples sont sans doute présentés dans les fragments 9-12, qui semblent parodier les sujets et le ton de tragédies ou d'épopées contemporaines. Lucilius n'hésite pas à dire ce qu'il sait (13) ; il s'en remet à sa spontanéité (14) : en outre, s'il n'écrit pas pour un public d'illettrés, il ne veut pas non plus écrire pour un public de savants (15-17). Il raille le pathétique (18) et les outrances qui font paraître les héros tragiques comme de véritables loques humaines (19-20), dont les problèmes de conscience — celui du suicide notamment — n'ont aucun sens (21). Une allusion aux bois consacrés d'Albe soulignait peut-être le refus du merveilleux et de l'angoisse religieuse (22). Le poète critique un auteur qui raconte de vieilles légendes (23). Il s'intéresse à l'actualité ; il sait la grandeur du peuple romain qui n'a jamais connu la honte de la défaite (24) et, malgré quelques échecs passagers, a toujours remporté la victoire dans ses guerres (25) ; mais, quand on lui demande de chanter les exploits de Scipion Émilien (26), apparemment il évoque le style grandiloquent (27) ou les erreurs (28) des historiens et il se récuse (29). L'interlocuteur suggère qu'il faut rechercher une occupation qui donne la gloire et les richesses (30). Lucilius s'indigne à l'idée qu'il puisse devenir publicam (31) et changer sa situation présente (32). Il ne serait plus lui-même, ainsi que le confirme peut-être le fragment 33. Le poète ne veut pas se commettre avec les esclaves de la ferme (34). Au demeurant, il réussit assez mal dans les affaires, qu'il s'agisse de dîmes à payer (35) ou de la vente de ses récoltes (36-37). Il n'a
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rien d'un avare qui accepte une nourriture grossière (38) et qui cherche Гог dans la flamme ou son repas dans l'ordure (39). Plusieurs vers parlent des vrais biens que le Sage veut atteindre (40), tandis que Phumanité moyenne se livre à des plaisirs dégradants (41), en s'abandonnant à ses penchants naturels (42). Les autres vont aux spectacles de gladiateurs ; Lucilius quitte Rome pour ne pas y assister (43-44). Les autres soignent leur toilette ; Lucilius note qu'il suffît d'une tache de boue pour les rendre ridicules (45). Les autres mènent grande vie ; Lucilius constate qu'ils se donnent six mois de bon temps, mais qu'ils accordent le septième à Pluton (46). Les autres se marient et ont des enfants ; en réalité, ils font leur propre malheur (47) ; les femmes sont infidèles (48), dépensières (49), chicanières (50) ; faute de rencontrer la femme idéale (51-52), Lucilius ne se mariera pas s'il ne veut pas dévier de sa ligne de conduite (53). Loin de rechercher les fausses joies que procurent ces prétendus plaisirs, le Sage essaie de se libérer de la servitude des passions (54). Quatre fragments (55-58) constatent le désaccord profond entre le poète et son interlocuteur ; leurs conceptions morales qui, pour l'un, consistent dans la recherche du plaisir et, pour l'autre, dans la recherche de l'utile, n'ont aucun point commun. Plusieurs vers semblent appartenir à une réflexion sur la condition humaine : ils évoquent la maladie, que l'on croit toujours pouvoir éviter (58), la pratique des sports (60), les remèdes nécessaires pour se guérir de la fièvre (61), la nausée (62), la mort (?) qui intervient immanquablement au bout de quelques jours de jeûne (63). Or, ainsi que le signalent les philosophes naturalistes, l'homme est composé d'une âme et d'un corps (64) ; les deux éléments sont intimement liés (65-66) ; quand la maladie survient, le médecin ausculte son patient (67) ; il faut aussi que quelqu'un sonde l'âme et la purifie, comme on le fait pour le corps (68).
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NOTICE
Lucilius parle de l'amitié, qui impose des devoirs (69), qui exclut certains types de relations comme celles qui existent entre compagnons de beuveries (70), ou entre patrons et clients (71). Un fragment évoque peut-être ceux qui se sacrifient pour autrui (72). La véritable amitié ne s'accommode pas de la satiété (73) ; mais elle suppose toujours une longue fréquentation (74), un effort vers le bien, une initiation morale (75). La satire met en œuvre des principes comparables ; elle ne cherche pas à irriter, mais à corriger (76) ; elle s'adresse aux quelques amis qui font confiance au poète (77). Discussions philosophiques, prédication morale, critique littéraire, évocation de types humains, le livre 26 définit plusieurs thèmes qui reviennent constamment dans l'œuvre des satiriques latins. Le nouveau genre s'y affirme par le refus de l'extraordinaire, du merveilleux, du style noble, des sujets sans rapports avec l'actualité. Le poème s'inscrit dans une réflexion sur ce qui est raisonnable et donne les mêmes conseils que donnerait un ami officieux. Dans cette perspective, le livre 26 a presque la valeur d'un manifeste. Les autres auteurs n'ont pas pu l'ignorer. On en trouve des échos dans Perse10, dans Juvénal11, mais surtout dans Horace12, notamment dans la satire 1 du livre 2. Les points de comparaison semblent nombreux ; comme son prédécesseur, Horace dialogue avec un partenaire, le juriste Trébatius, qui lui suggère d'adopter dans son existence divers comportements qui sont analysés, puis refusés successivement par le poète. Trébatius lui recommande d'abandonner les lettres. Horace s'indigne ; il se refuse à l'inactivité, nequeo dormire1*. Pour sa part, Lucilius, dans des circonstances identiques, ne se contente pas de répondre par une simple plaisanterie : écrire est une obligation que lui imposent son tempérament14 et sa (10) (11) (12) (13) (14)
Sat. 1. Sat. 1. Sat. 1, 4 et 10. 2, 1, 7. 14.
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conception de l'amitié16. Trébatius invite Horace à trouver la richesse en chantant les exploits d'Auguste16 ; celui-ci refuse, tout comme Lucilius avait refusé quand on lui demandait hune laborem sumas laudem qui tibi ас frucłum ferai11. Toutefois les deux situations ne sont pas entièrement assimilables : pour Гаті de Mécène, il est simplement question de composer un poème de circonstance qui lui procure de grandes récompenses ; pour son prédécesseur, il s'agit d'une fonction mercantile, et, plus précisément, d'être publicain en Asie. Trébatius déclare qu'il faudrait célébrer la justice et la force d'âme de César comme le sage Lucilius a chanté le fils de Scipion. Le rapprochement introduit par Trébatius est inexact puisque, justement, Horace reprend les arguments utilisés par Lucilius et refuse, parce qu'il n'a pas un talent proportionné à l'ampleur de la tâche. Horace traite en badinant ce que son devancier développait avec sérieux. Trébatius est un personnage inconsistant à côté de l'interlocuteur exigeant du livre 26 ; son désaccord avec le poète n'est jamais très profond et il se laisse aisément convaincre ; ses interventions ne suscitent pas d'interrogations ou de critiques fondamentales, comme c'est apparemment le cas dans le livre 26. La dialectique cède la place à l'humour ; mais si le ton et le contenu des deux ouvrages sont très différents, la manière est la même : c'est l'analyse par confrontation que Lucilius a introduite dans la satire avec le livre 26. (15) 75. (16) 2, 1, 10 sq. (17) 30.
13
Recherche de la sagesse :
1 NON. 74, 22 : AVERRVNCARE, détourner. Lucilius, livre 26 co Puissent les dieux te donner de meilleures pensées et détourner de toi la déraison ! 2 NON. 437, 22 : Entre CAVERE et VITARE Lucilius a voulu, dans le livre 26, que soit établie une distinction et que VITARE possède un sens plus fort ce qui, à mon avis, doit attirer ton attention, ce que tu dois fuir le plus. 3 NON. 250, 32 : COLERE... estimer... Lucilius, livre 26 C'est pourquoi il vaut mieux aimer ceci plutôt que cela, et y consacrer toute sa peine. 4 NON. 293, 4 : EVADERE, sortir, viser à... Lucilius, livre 26 Que quelque chose du moins aboutisse de quelque façon, en ce qui concerne ce que j'ai entrepris.
1 (653 M) NON. 74, 22 : AVERRVNCARE, Hb. X X V I co
auertere.
Lucilius
Di monerint meliora ! amentiam auerruncassint [tuam ! 2 (609 M) NON. 437, 22 : Inter CAVERE et VITARE Lucilius esse distantiam uoluit lib. XXVI et esse plus uitare quid cauendum tibi censerem, quid uitandum [maxume. 3 (627 M) NON. 250, 32 : COLERE... diligere... Lucilius X X V I oo
lib.
Quare hoc colere est satius quam illa, studium [omne hic consumere. 4 (632 M) NON. 293, 4 : EVADERE, exire, tendere... Lucilius lib. X X V I co
< - ^ >
Euadat saltem aliquid aliqua, quod [conatus sum...
1 di monerint edd. : diminuerint codd. di monuerint Я* 8 censerem Quicheral : censere codd. 8 eatius codd. : statius AA
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LIVRE XXVI, 5-8 Le poète et son public : 5
NON. 497, 35 : Accusatif ou nominatif employé au lieu de l'ablatif... Lucilius, livre 26 co toi, si tu veux que mes propos, traversant tes oreilles, se répandent dans ton cœur... 6 NON. 138, 23 : MONSTRIFIGABILE. Lucilius, livre 26 oo Une naissance obscure leur apparaît aujourd'hui chose étonnante et extraordinaire.'
7 NON. 359, 14 : OFFENDERE... trouver... Lucilius, livre 26 oo si j'avais trouvé quelque mot rare ou quelque petit débat,
8 NON. 191, 20 : ANGVES s'emploie au masculin ; Virgile en donne la preuve... Lucilius, livre 26 oo || NON. 436, 9 : Entre MONSTRA, PRODIGIA et PORTENTA, les différences sont les suivantes : monstra désigne des signes et des avertissements donnés par les dieux... prodigio, les menaces ou la colère des dieux... portenta les signes qui indiquent qu'un événement est imminent. Lucilius, livre 26 oo si vous ne décrivez des prodiges, des dragons ailés qui volent.
LIBER XXVI, 5(610 M) - 8 (587 M)
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5 (610 M) NON. 497, 35 : ACGVSATIVVS uel nominatiuus pro ablatiuo... Lucilius lib. X X V I oo
haec tu si uoles per auris pectus inrigarier, 6 (608 M) NON. 138, 23 : MONSTRIFIGABILE. X X V I cx»
Lucilius lib.
< - w > nunc ignobilitas his mirum ac monstrifi[cabile. 7 (650 M) NON. 359, 14 : OFFENDERE... inuenire... lib. XXVI oo
si
quod
uerbum
inusitatum
aut
Lucilius
zetematium [offenderam.
8 (587 M) NON. 191, 20 : ANGVES masculino genere dici Vergilius testis est... Lucilius lib. XXVI oo || NON. 436, 9 : MONSTRA et PRODIGIA et PORTENTA hoc distant quod sunt monslra ostenta et mónita deorum... prodigio deorum minae uel irae... pórtenla ostenta quae aliquid inminere significant. Lucilius lib. XXVI сч) nisi
portenta
anguisque
uolucris
ac
pinnatos [scribitis.
5 auris codd. : aures G β nunc codd, : nostra nunc coni, Schmidt || monstri Acab ile edd. : mortificabile codd, 7 uerbum Guilelmus : uerum codd. 8 uolucris codd. 191 : uolueres codd, 436
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LIVRE XXVI, 9-13
9 NON. 96, 4 : DOMVITIO (retour chez soi)... Lucilius, livre 26 oo
désireux de revoir notre patrie, peu s'en faut que nous n'ayons porté atteinte à l'autorité du roi. 10 NON. 88, 28 : CONTEMNIFIGVS (méprisant). Lucilius, livre 26 oo
le mépris me gagne et Agamemnon me fait horreur. 11 NON. 528, 10 : DE employé au lieu de ab. Lucilius, livre 26 oo
bien plus, seul, il préserva la flotte des ravages de Vulcain. 12 NON. 158, 12 : PROSPERARI, être obtenu. Lucilius, livre 26 oo
et il n'obtient pas la moindre paix parce qu'il a arraché Cassandre d'auprès de sa statue. 13 NON. 38, 18 : CLANDESTINO signifie en cachette.
LIBER XXVI, 9 (607 M) - 13 (651-2 M)
132
9 (607 M) NON. 96, 4 : DOMVTIONEM... Lucilius lib. XXVI co
domuítionis cupidi imperium regis paene inmi[nuimus. 10 (654 M) NON. 88, 28 : CONTEMNIFIGVM. Lucilius lib. X X V I co
ego enim contemnificus fieri et fastidire Agamem[nonis. 11 (606 M) NON. 528, 10 : DE pro ab. Lucilius lib. X X V I co
solus e/iam uim de classe prohibuit Vulcaniam. 12 (656-7 M) NON. 158, 12 : PROSPERARI, lib. X X V I co
inpetrari.
Lucilius,
nec minima ei prosperatur pax quod Cassandram [ signo deripuit. 13 (651-2 M) NON. 38, 18 : CLANDESTINO est abscondite. Lucilius 9 domuitionis Stowasscr (W. St. 27, 1905, 212) : domutionis codd. domum itionis Lachmann Marx 11 etiam Mueller edd. : iam codd. idem coni. Mueller Ulam Lachmann Aiax Passerai || de classe edd. : declarasse codd. 12 minima ei Mueller : minimo et codd. minimo est nec Marx homini mea Leo (G.G.A. 1906, 863-4) Mineruae ei Onions Lindsay Warmingion || prosperatur edd. : prosferatur codd. |) Cassandram suo Onions : С. meo Leo (G.G.A. 1906, 858-4) G. deae Quicheral С Locrus Marx
133
LIVRE XXVI, 13-16
Lucilius, livre 26 сю || NON. 249, 15 : GOMMITTERE... confier, remettre... Lucilius... Le même, livre 26 c>o Mais tu réponds : tu ne devrais souffler un seul mot de ce qui t'a été confié en secret, ni divulguer les mystères. 14 NON. 297, 21 : EFFERRE... signifie prononcer... Lucilius, livre 26 со ... moi, quand je sors un vers de mon cœur...
15 NON. 253, 17 : CAPERE... charmer... Lucilius, livre 26 co En réalité, je ne veux pas plaire au peuple de cette façon avec ces écrivains ; nous avons voulu gagner l'esprit de ces gens... 16 cic, Brut. 99 : Alors Atticus : Quoi ? Le discours dont tu parles est de Fannius ? Sur ce sujet, dans notre enfance, les opinions étaient partagées. Les uns affirmaient que C. Persius, rhomme de lettres, Tavait écrit, celui qui, selon Lucilius, était très savant ; selon les autres, plusieurs nobles y avaient collaboré, chacun dans la mesure de ses facultés. || c i c , Fin. 1, 7 : Mais j'entends ne pas
LIBER XXVI, 13 (651-2 M) - 16 (592-3 M)
133
lib. X X V I со И NON. 249, 15 : CONMITTERE... credere permittere... Lucilius... Idem lib. X X V I co
At enim dicis : clandestino tibi quod conmissum [foret neu muttires quicquam, neu mysteria ecferres [foras. 14 (590-1 M) NON. 297, 21 : EFFERRE... signiflcat proferre... Lucilius lib. X X V I co
< _ w - w - 4 y - ^ > ego ubi quem ex praecordiis ecfero uersum 15 (588-9 M) NON. 253, 17 : CAPERE... delectare... Lucilius lib. X X V I co
Nunc itidem populo Ais cum [scriptoribus ; uoluimus capere animum illorum... 16 (592-3 M) eie, Brut. 99 : Quid ergo ? estne ista Fanni ? nam uaria opinio pueris nobis erat. Alii a C.Persio litterato homine scriptam esse aiebant, ilio quem signiñcat ualde doctum esse Lucilius ; alii muitos nobiles quod quisque potuisset, in illam orationem contulisse. || cic, Fin. 1, 7 : Nec uero, 13 at enim codd. 38 : adenim codd. 249, L1 38 || clandestino l codd. Z8 : clamdeetino codd. 249t L 38 || neu codd. 38 : Ane codd. 249 || muttires codd. 249 : mittere codd. 38 muttiris L A 249 || neu codd. 38 : nec codd. 249 || ecferres codd. : ecferret L 38 haec ferree A* 249 14 ecfero G : et fero L1 16 itidem edd. : istidem AK || populo piacere nolo his cum Marx : populo istum codd. populum aueupamur istis cum Mueller populost ut Leo Terzaghi || uoluimus codd. edd. : uolumus AA
134
LIVRE XXVI, 16-17
refuser, comme le fait notre Lucilius, d'être lu par tout le monde. Eh 1 que n'ai-je pour lecteur le Persius dont il parle, et, mieux encore Scipion Émilien et Rutilius dont il pensait désarmer la critique, en disant que c'était pour les gens de Tarente et de Cosentia et de la Sicile qu'il écrivait. Plaisanterie sans doute, entre beaucoup d'autres, mais d'abord les gens n'étaient alors pas tellement instruits que le poète dût se mettre en peine pour leur plaire ; ensuite ses écrits appartiennent à un genre léger, avec beaucoup d'agrément, mais une science assez ordinaire. || c i c , De Orał. 2, 25 : С. Lucilius, esprit cultivé et très fin, répétait qu'il souhaitait, pour ses ouvrages, des esprits qui ne fussent ni trop ignorants ni trop instruite, parce que les uns ne comprenaient rien, mais les autres peut-être plus que lui-même — dans cet ordre d'idées, il a encore écrit oo (Persius eut la réputation d'être le plus savant de son époque, pour autant que nous le sachions) (celui-ci nous est connu : honnête homme, il avait des lettres, mais n'approchait pas de Persius).
Je ne me soucie pas (Tetre lu par Persius, mais je veux être lu par Laelius Decimus.
17 PLINE, N.H. 1, 7 : En outre, le droit commun autorise en quelque sorte à récuser aussi les savants. Ce droit de récusation, même Ciceron en use, lui qui, pour l'intelligence, était à l'abri de tout risque et, chose bien faite pour nous surprendre, il invoque l'appui d'un défenseur oo Si donc Lucilius, qui le premier a affiné le goût, a cru devoir s'exprimer en ces termes, et Ciceron les lui emprunter, spécialement dans son traité De la République, combien n'avons-nous pas plus de raison de faire opposition à tel ou tel juge 1
ce n'est pas pour les plus savants que j'écris, ni non plus pour les moins savants ... Je ne veux pas que ces écrits soient lus par Manilius ou par Persius, je veux qu'ils le soient par Junius Gongus.
LIBER XXVI, 16 (592-3 M) - 17 (595-6 M)
134
ut noster Lucilius ; recusabo, quo minus omnes mea legant. Vtinam esset ille Persius 1 Scipio uero et Rutilius multo etiam magis ; quorum iile iudicium reformidans Tarentinis ait se et Consentinis et Siculis scribere. Facete is quidam, sicut alia ; sed ñeque tam docti tum erant ad quorum iudicium elaboraret et sunt eius scripta leuiora ut urbani tas summa appareat, doctrina mediocris. || e i e , De Orat. 2, 25 : Nam ut С. Lucilius homo et doctus et perurbanus dicere solebat ea quae ecriberet neque se ab indoctissimis neque a doctissimis legi uelle, quod alteri nihil intellegerent ; alteri plus fortasse quam ipse — de quo etiam scripsit co (hic fuit enim, ut noramus, omnium fere nostrorum hominum doctissimus), co (quem cognominile uirum bonum et non inlitteratum, sed nihil ad Persium). Persium non curo legere, Laelium Decumum uolo.
17 (595-6 M) PLIN., N.H. 1 , 7 : Praeterea est quaedam publica etiam eruditorum reiectio. Vtitur illa et M. Tullius extra omnem ingenii aleam positus et, quod miremur, per aduocatum defenditur oo Quod si hoc Lucilius qui primus condidit stili nasum, dicendum sibi putauit, Cicero mutuandum, praesertim cum de re publica scriberet, quanto nos causatius ab aliquo iudice defendimur 1
nec doctissimis < e g o scribo, nec scribo indoctis[simis > < _ w _ w _ ^ _ w _ ^ _ > Mani/ium Persiumue haec legere nolo, Iunium Congum uolo.
17 nec doctissimis ego scribo, nec scribo indoctissimis Manilium Terzaghi : nec doctissimis Manium codd. nec doctissimis nec scribo indoctis nimis Manilium Marx ab indoctissimis nec doctissimis legi me ; Manium Manilium Warmington || Persiumue Marx edd. : Persium codd.
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LIVRE XXVI, 18-21
18 NON. 499, 19 : Datif employé au lieu de l'accusatif... Lucilius, livre 26 co
s'ils se lamentent sur leur propre sort, prends garde que leur cause, qui est la meilleure, ne soit déchue de sa place... 19 NON. 126, 4 : INV1DIOSVS, ce qu'on peut éviter, à éviter. Lucilius, livre 26 oo || NON. 226, 8 : SQVALOR est masculin... Lucilius, livre 26 oo || NON. 401, 35 : SVMMVS... extrême... Lucilius, livre 26 oo
une femme recouverte de la saleté et de la crasse la plus épaisse, dans la misère la plus profonde, qui ne fait ni le déplaisir de ses ennemis, ni le plaisir de son amant. 20 NON. 126, 1 : INLVVIES, malpropreté... livre 26 oo
Lucilius...
... celui-ci souffre la torture : faim, froid, ordure, pas d'eau pour se laver, pour se baigner, pas de soins. 21 NON. 502, 7 : Accusatif employé pour le datif. Lucilius, livre 26 oo
LIBER XXVI, 18 (603-4 M) - 21 (601 M)
135
18 (603-4 M) NON. 499, 19 : DATI W S lib. X X V I eo
pro accusati uo... Lucilius
si miserantur se ipsi, uide ne illorum causa superior f e loco conlocauit f 19 (597-8 M) NON. 126, 4 : INVIDIOSVM, quod sit uitabile, ad uitandum, Lucìlius Hb. X X V I cv> Ц NON. 226, 8 : SQVALOR masculini est generis... Lucilius lib. X X V I || NON. 401, 35 : SVMMVM... extremum... Lucilius lib. X X V I co
squalitate summa ac scabie summa in aerumna [obrutam, neque inimicis inuidiosam neque amico exoptabi[lem. 20 (599-600 M) NON. 126,1 : INLVVIES, sordes... Lucilius... lib. X X V I oo
< - w - w - w - w - > hic cruciatur fame, frigore, inluuie, inperfundie, inbalnitie, incuria. 21 (601 M) NON. 502, 7 : Accusatiuus prò datiuo. X X V I oo
Lucilius lib.
18 superior e loco Lachmann : superiore loco codd. superior et loco bono Marx || conlocauit codd. : collocarit Guyet 19 squalitate — exoptabilem codd. 126 : neque — exoptabilem om. codd. 226, 401 || squalitate codd. 226 : sculitate codd, 126 isculitate codd, 4011| ac scabie codd, 126 : scabie codd. 226, 401 || aerumna edd. : erumna codd. 226, 401 re summa codd. 126 ¡| obrutam codd, 126, 401 : obruta codd. 226 20 inperfundie inbalnitie codd. : inbalnitie inperfunditie Guyet edd.
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LIVRE XXVI, 21-25
s'il doit se pendre ou se jeter sur une épée, pour ne plus s'abreuver du ciel. 22 NON. 110, 23 : FVLGORIVIT, il lança des éclairs, ou il frappa de la foudre... Lucilius, livre 26 oo les bois consacrés d'Albe et les arbres frappés par la foudre.
Le poète et l'actualité : 23 NON. 330, 14 : INDVCERE... INDVCI, être charmé. Lucilius, livre 26 oo c'est une vieille histoire qu'entraîné par ta passion tu écris à tes amours. 24 NON. 186, 33 : VIRIATVM se dit pour quelqu'un qui a de grandes forces (uires). Lucilius, livre 26 oo au contraire, ignorer la honte de s'être laissé vaincre, pendant une guerre, par un barbare, par un Viriathe ou par un Hannibal. 25 NON. 437, 17 : Entre BELLVM et PROELIVM, la différence est que proelia désigne les parties d'une guerre, c'est-à-dire les batailles qui interviennent dans une guerre. Lucilius, livre 26 oo || NON. 420, 32 : VIS désigne l'assaut. Lucilius, livre 26 oo
LIBER XXVI, 21 (601 M) - 25 (613-4 M)
136
suspendatne sese an gladium incumbat ne caelum [ ¿ifrat. 22 (644 M) NON. 110, 23 : FVLGORIVIT, fulgorem fecit uel fulmine afflauit... Lucilius lib. X X V I oo
lucorum sanctorum Alfranum et fulguritarum [arborum 23 (612 M) NON. 330, 14 : INDVCERE... INDVGI, delectări. Lucilius lib. X X V I oo
ueterem historiam, inductus studio, scribis ad [amores tuos. 24 (615-6 M) NON. 186, 33 : VIRIATVM dictum est magnarum uirium. Lucilius Hb. X X V I oo
Contra flagitium nescire bello uinci a barbaro Vinato, Annibale 25 (613-4 M) NON. 437, 17 : BELLVM et PROELIVM hoc differunt quod proelia partes sunt belli, hoc est in bello congressiones. Lucilius lib. X X V I oo || NON. 420, 32 : VIS est celer impetus. Lucilius lib. X X V I oo 21 sese Quicherat : se codd. || gladium edd. : in gladium codd. Marx I) bibat Mercier edd. : uiuat L BA CA uideat AA mat Lachmann 22 lucorum Lachmann : luporum codd. || sanctorum Buecheler (Jen. Lit. Ζ. 1874, 394) Terzaghi : exauctorem codd. exactorem Lipse И AlbanumA Duenlzer : maluanum codd. || fulguritarum F* : fulguritatem L B fulguritorem Mueller
137
LIVRE XXVI, 25-28
comment le peuple romain a été vaincu par la force et battu dans de nombreuses batailles, mais jamais dans une guerre, et tout est là... 26 NON. 255, 11 : CREPARE, faire retentir... Lucilius, livre 26 co
Dénonce la bataille de Popilius, chante les exploits de Cornélius. 27 NON. 265, 4 : COGERE... rassembler... Lucilius,livre 26 oo
Qu'ils convoquent l'assemblée au son rauque des trompes recourbées. 28 NON. 238, 28 : APPELLERE signifie appliquer... Lucilius, livre 26 oo || NON. 243, 43 : AGERE... ACTVM, approché... Lucilius, livre 26 oo || NON. 327, 27 : IACERE... IACIT, il fait. Lucilius, livre 26 oo
Quand on construit une terrasse, s'il faut manœuvrer les baraques de protection, leur premier soin est de (les) approcher au plus vite...
LIBER XXVI, 25 (613-4 M) - 28 (633-4 M)
137
ut Romanus populus uictus ui et superatus proeliis saepe est multis, bello uero numquam, in quo [sunt omnia. 26 (621 M) NON. 255, 11 : CREPARE est sonare... Lucilius lib. XXVI co Percrepa pugnam Popili, facta Corneli cane. 27 (605 M) NON. 265, 4 : COGERE... in unum colligere... Lucilius lib. XXVI счэ
Rauco contionem sonitu et curuis cogant cornibus. 28 (633-4 M) NON. 238, 28 : APPELLERE est applicare... Lucilius lib. XXVI co || NON. 243, 43 : AGERE... ACTVM, admotum... Lucilius lib. XXVI co || NON. 327, 27 : IACERE... IACIT, facit. Lucilius lib. XXVI co Agfgere in iaciendo si quost uineis actis opus, primum id dant operam ut quam primum appel lant... 25 ut codd. 437 : от. codd. 420 || ui et codd. 437, Marx Terzaghi : uel codd. 420 uei Mueller Warmington || saepe — omnia от. codd. 420 26 Popili Gerlach : Pompili codd. 27 contionem codd. : contentionem AA L* 28 aggere — appellant codd. 238 : aggere — opus codd. 243, 327 II aggere Marx edd. : agere codd. || iaciendo codd. : iacendo codd. 2431| si quost codd. 327 : si quo est G 327 si quos tu codd. 243 si quod est in AA DA 238 || uineis codd. 238, 327 : uinis codd. 243 14
138
LrVRE XXVI, 29-32
29 NON. 38, 22 : IDIOTAS vient du grec, inutiles ; utiles pour soi uniquement, mais non pour le plus grand nombre. Lucilius, livre 26 co Comment ne me traiterais-tu pas d'illettré et de novice ? Le poète et les richesses ;
30 NON. 396, 10 : SVMERE... assumer. Lucilius, livre 26 oo Entreprends un travail qui puisse t'apporter gloire et profit ! 31 NON. 38, 4 : Les anciens utilisent SCRIPTVRARIVS pour désigner ceux que nous appelons aujourd'hui greffiers, parce que dans leurs écrits et résumés ils notaient tout ce qui survenait dans les villes ou dans les provinces. Lucilius,livre26 oo || NON. 351, 7 : MVTARE... prendre une chose en échange d'une autre. Lucilius, livre 26 oo Que je devienne publicain d'Asie ! percepteur des droits ! au lieu de rester Lucilius ! je ne le veux pas et je ne change pas cet unique moi-même contre tout Гог du monde. 32 NON. 351, 2 : MVTARE, délaisser. Lucilius, livre 26 oo Pour moi, je ne me laisse pas convaincre d'échanger mes (biens) contre des fermes publiques.
LIBER XXVI, 29 (649 M) - 32 (675 M)
138
29 (649 M) NON. 38, 22 : IDIOTAS a graeco tractum, inutilis ; quasi sibi tantum, non plurimis utiles. Lucilius lib. XXVI co Quidni et tu idem inlitteratum me atque idiotam [díceres. 30 (620 M) NON. 396, 10 : SVMERE... suscipere. Lucilius (lib. XXV. co Hune laborem sumas, laudem qui tibi ас fruetum [ferat ! 31 (671-2 M) NON. 38, 4 : SGRIPTVRARIOS ueteres quos nunc tabúlanos dicimus dici uolunt, quod scripturis et commentariis omnia uel urbium uel prouinciarum complecterentur. Lucilius lib. XXVI oo || NON. 351, 7 : MVTARE... aliud pro alio accipere. Lucilius lib. XXVI oo Publicanus uero ut Asiae fiam, ut scripturarius pro Lucilio, id ego nolo, et uno hoc non muto [omnia.
32 (675 M) NON. 351, 2 : MVTARE, derelinquere. Lucilius lib. XXVI oo Mihi quidem non persuadetur publicis mutem [meos. 29 et tu codd. : tu Lachmann 80 fructum codd. : fructu AK (non B) 81 publicanus — omnia codd. 351 : pro — omnia от. codd. 38 \\ publicanus codd. 351 : publicanum codd. 38 || ûam ut codd. 38 : flam codd. 351 82 publicis Marx : públicos L B A pulicee codd. Publi utei Mueller
139
LIVRE XXVI, 33-37
33 NON. ПО, 31 : FOLLIGVLVS est employé par Lucilius pour désigner le corps, livre 26 oo
Pour ma part, si, tel que je suis, et dans ce sac de peau, je ne puis... 34 NON. 38, 7 : VERSIPELLES s'applique aux gens qui prennent n'importe quelle apparence. Lucilius, livre 26 oo
Mais c'est un affranchi, un gibier de potence, un Syrien véritable, tout juste bon pour le fouet ; c'est en un tel homme que je dois me métamorphoser et en ce qu'il est, échanger tout ce que je suis. 35 NON. 521, 3 : PROVENTVS (résultat) se dit, selon les anciens, même pour les événements malheureux. Lucilius, livre 26
enfin les dîmes me traitent si mal et me mettent si mal en point. 36 NON. 272, 28 : CONSTAT, coûte, consiste dans. Lucilius, livre 26 со
Pour finir, ce qui me revient trop cher, je l'abandonne ailleurs pour un sesterce. 37 NON. 97, 12 : DIFFLARE, disperser par un souffle... Lucilius, livre 26 oo
LIBER XXVI, 33 (622 M) - 37 (666 M)
139
33 (622 M) NON. 110, 31 : FOLLIGVLVM Lucilius posuit pro corpore lib. XXVI сч>
Ego, si qui sum et quo folliculo nunc sum indutus, [non queo, 34 (669-670 M) NON. 38, 7 : VERSIPELLES dicti sunt quolibet genere se conmutantes. Lucilius lib. X X V I oo
A/ libertinus, tricorius, Syrus ipse ас mastigias, quicum uersipellis fio et quicum conmuto omnia. 35 (667 M) NON. 521, 3 : PROVENTVM etiam malarum rerum dici ueteres uoluerunt. Lucilius lib. X X V I oo
Denique adeo male me accipiunt decimae et [proueniunt male. 36 (668 M) NON. 272, 28 : CONSTAT, ualet, consistit. Lucilius lib. XXVI co
Trado ergo alias nummo porro quod mihi constat [carius. 37 (666 M) NON. 97, 12 : DIFFLARE est flatu disturbare... Lucilius lib. X X V I csD 84 at edd. : ad codd. ac Scaliger 85 denique edd. : deinque uel dein quae codd. 86 ergo alias codd. : ego aliis Lachmann
140
LIVRE X X V I , 37-41
une partie se disperse au souffle du vent, une partie est durcie par le gel.
38 NON. 254, 9 : CAPERE... recevoir... Lucilius, livre 26 oo || NON. 337, 14 : LAVTVM... propre. Lucilius, livre 26 co Tu préfères ne pas manger quand tu n'as à prendre qu'une nourriture simplement préparée ? 39 NON. 138, 19 : MORDICVS (avec les dents), Lucilius, livre 26 co Il serait avantageux d'aller chercher de Гог dans la flamme ou de la nourriture dans l'ordure, avec ses dents.
40 NON. 367, 13 : PETERE... désirer, rechercher... Lucilius, livre 26 со mais s'ils voient que le sage est toujours en quête de richesses et s'ils pensent...
¿e poète et le plaisir :
41 NON. 183, 32 : VEGRANDE, tout à fait grand. Lucilius, livre 26 со || NON. 297, 40 : ECFERRE, mettre au jour, élever... Lucilius, livre 26 со ce n'est pas à cette fin que l'homme paraît à la lumière et est donné à une courte vie.
LIBER XXVI, 37 (666 M) - 41 (631 M)
140
Pars difflatur uento, pars autem obrigescit frigore. 38 (662 M) NON. 264, 9 : C A P E R E . . . accipere... Luciliuslib. X X V I eo || NON. 337, 14 : LAVTVM... mundum. Lucilius lib. X X V I oo
Malis пес esse Iautum e mensa pure capturus [cibum ?... 39 (659 M) NON. 138, 19 : MORDICVS, Lucilius Hb. X X V I co
Mordicus petere aurum e fiamma expediat, e [caeno cibum. 40 (624 M) NON. 367, 13 : P E T E R E . . . cupere, adpetere... Lucilius Hb. X X V I co
sin autem hoc uident, bona semper petere sapien[tem, et putant... 41 (631 M) NON. 183, 32 : V E G R A N D E , ualde grande. Lucilius lib. X X V I co || NON. 297, 40 : E G F E R R E , edere, prouehere... Luciliuslib. X X V I co
Non idcirco extollitur пес uitae uegrandi datur. 88 malis пес esse Marx : malie necease codd. 254 malis necesse eet Acodd. 337 maligne esse Lindsay || Iautum codd. 337 : lutum L B 254 iautum AA 2541| pure codd. 337 : purae codd. 254 puere Lindsay pura coni. Warmingłon || capturus codd. : captiuus L 264 89 e fiamma Marx : et f. codd. ex f. Junius ее f. Mueller 40 et putant codd. edd. : putant Iunius Lindsay 41 nee uitae uegrandi codd. 183 : uelite uegrandi codd. 297 uel grandi B A 297
141
LIVRE XXVI, 42-45
42 NON. 78, 13 : BVLGA désigne toute espèce de sac ; les anciens disaient aussi crumina (gibecière) et c'est une bourse qui pend au bras... Lucilius, livre 26 oo ainsi que chacun de nous est sorti de la poche de sa mère pour venir au monde.
43 NON. 165, 15 : REPEDARE (reculer). Lucilius, livre 26... Le même encore oo ... pour ratifier < c e l a > , je quittais déjà Rome, en m'éloignant des jeux de Métellus.
44 NON. 165, 13 : REPEDARE (reculer). Lucilius, livre 26 oo Il revint et retourna sur ses pas en sorte qu'il évite Rome pendant le jeu des gladiateurs. 45 NON. 103, 25 : ELEVIT, il tacha. Lucilius, livre 26 oo
LIBER XXVI, 42 (623 M) - 45 (647-48 M)
141
42 (623 M) NON. 78, 13 : BVLGA est folliculus omnis, quam et cruminam ueteres appellarunt ; et est sacculus ad bracchium pendens... Luciliuslib. X X V I oo
ita utí quisque nostrum e bulga est matris in [lucern editus. 43 (676 M) NON. 165, 15 : REPEDARE. Lucilius lib. XXVI... Idemque co sanctum ego a Metelli Roma iam repedabam [muñere. 44 (677 M) NON. 165, 13 : REPEDARE. Luciliuslib. XXVI
Redasse ас repedasse, ut Romam uitet, gladiato[ribus. 45 (647-8 M) NON. 103, 25 : ELEVIT, maculauit. Luciliuslib. X X V I cv?
42 uti edd. : ut codd. 48 sanctum ego a Metelli Roma iam Terzaghi : sanctum ego a Metello Romam codd. sanctum ego Metellorum iam Anxur Cichorius (Unter. Luc. 138) sane ego a Metelli Roma tum Mueller sanctum ego a Metello Romam Lindsay sanctum ego a Metellorum iam hane tum Lachmann sanctum ego a Metellorum iam Antium Frulerius 44 rediisse Mueller : redisse codd. || Romam Scaliger : Roma codd. Quicherat Onions Lindsay || uitet codd. : bitat Scaliger ut uitet Lindsay inuitat Quicherat inuitet Onions
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LIVRE XXVI, 45-48
... s'il a sali ses habits avec de la boue, son inattention suscite un grand éclat de rire.
46 NON. 526, 14 : Quand nous employons l'accusatif pour désigner des années ou des jours, nous désignons des années ou des jours qui s'écoulent ; quand nous employons le datif, nous désignons un intervalle de quelques jours ou de quelques années. C'est pourquoi dans les souhaits, on ferait mieux de dire muitos annos plutôt que mult is annis... Lucilius, livre 26 cv> || NON. 283, 26 : DVCERE, passer. Lucilius, livre 26 ceux qui prennent six mois de bonne vie et donnent le septième à Pluton.
47 NON. 360, 27 : OFFERRE, trouver. Lucilius, livre 26 co || NON. 373, 2 : PRODVCERE... créer... Lucilius, livre 26 oo Les hommes se créent eux-mêmes cet embarras et cet ennui : ils prennent des femmes, engendrent des enfants pour faire, à cause d'eux, leur propre malheur.
48 NON. 324, 14 : INPVRVS signifie taché par quelque faute... Lucilius, livre 26 oo une épouse infidèle, des serviteurs amollis, la débauche au logis.
LIBER XXVI, 45 (647-8 M) - 48 (680 M)
142
< - w - 4 ^ - w > si hic uestimenta eleuit luto, ab eo risum magnum inprudens ac cachinnum [subicit. 46 (663 M) NON. 526, 14 : Quotiens per accusatiuum casum annos uel dies loquimur, iuges annos uel dies signifìcamus ; quotiens per datiuum, interuallum interiectis aliquibus annis uel diebus. Itaque qui optantes multis annis dicunt, muitos annos melius dixerint... Lucilius lib. XXVI И NON. 283, 26 : DVCERE, agere. Lucilius lib. XXVI ею qui sex menses uitam ducunt, Orco spondent [septimum. 47 (678-9 M) NON. 360,27 : OFFERRE, inuenire. Lucilius lib. X X V I oo || NON. 373, 2 : PRODVCERE... instituere... Lucilius lib. X X V I eo
Homines ipsi hane sibi molestiam ultro atque aerumnam offerunt : ducunt uxores, producunt quibus haec faciant liberos. 48 (680 M) NON. 324, 14 : INPVRVS est aliquo uitio maculatus... Lucilius lib. X X V I co
Goniugem infidamque, flaccam familiam, inpuram [domum. 46 inprudens ac cachinnum Quicherat ad chacinnum inprudens codd, 46 qui — ducunt от. codd, 283 || Orco codd. 526 : orpo codd, 283 47 homines — offerunt от. codd. 373 \\ faciant codd. edd. : faueant Mutiler 48 infidamque codd. : infldam atque Quicherat || flaccam Mariotti (Studi Luciliani 64) : flaticam codd. pathicam Duebner placitam Marx || impuram domum G : inpuramodum codd.
143
LIVRE X X V I , 49-52
49 NON. 97, 7 : DEPEGVLASSERE, DEARGENTASSERE et DEGALAVTIGARE : Lucilius, livre 26 oo
une femme qui espère me piller, me ruiner en argenterie, en chapeaux, en miroirs à manche d'ivoire. 50 NON. 382, 43 : ROGARE, demander. Lucilius, livre 26 oo || NON. 366, 23 : PETERE signifie demander. Lucilius, livre 26 oo
si elle me demandait, je ne lui donnerais même pas en fer ce qu'elle réclame en or ; mais si elle faisait lit à part, elle n'obtiendrait pas davantage de moi ce qu'elle réclame. 51 NON. 88, 26 : GRIBRVM, le crible. Lucilius, livre 26 oo
le crible, le tamis, une lampe, du fil pour la navette, pour la trame...
52 NON. 117, 27 : GENIVS, parcimonie... Lucilius,livre 26 oo
LIBER XXVI, 49 (682-3 M) - 52 (618-9 M)
143
49 (682-3 M) NON. 97, 7 : DEPEGVLASSERE ac DEARGENTASSERE et DEGALAVTIGARE : Lucilius lib. X X V I сч5
Depeculassere aliqua sperans me ac deargentassere, decalauticare, eburno speculo despeculassere. 50 (684-5 M) NON. 382, 43 : ROGARE, poseere. Lucilius lib. XXVI co
Il NON. 366, 23 : PETERE 8 igni tic a t poseere... Lucilius lib. XXVI co Ferri tantum si roget me, non dem, quantum auri [petit ; si secubitet, sic quoque a me, quae roget, non [impetret. 51 (681 M) NON. 88, 26 : GRIBRVM. Lucilius lib. X X V I сю
cribrum, incerniculum, lucernám, in laterem, in [telam licium. 52 (618-9 M) NON. 117, 27 lib. X X V I co
GENIVM,
parsimoniam...
Lucilius
49 depeculassere codd., Terzaghi : depoculassere H1 G depoclasaere Schmidt Marx || despeculassere Schmidt : depeculassere codd. 60 si secubitet — impetret om. codd. 366 || sic Guilelmus : si codd. 61 cribrum codd. : cibrum D A || incerniculum codd. : in cenüculumA Mueller || lucernám in laterem codd. : lucernám in lateram C DA lucernám laterem Buecheler
144
LIVRE XXVI, 52-56
il faut qu'elle le soigne dans la maladie, apporte au mari compensation de ses frais, vive chichement, épargne le bien qui n'est pas à elle. 53 NON. 18, 5 : DELIRARE signifie sortir du droit chemin ; or lira est un sillon rectiligne que Ton trace le long des champs à protéger pour drainer l'humidité de la terre... Lucilius, livre 26 oo
c'est pourquoi je dévie de ma ligne et je m'acquitte des devoirs d'un homme qui veut des enfants. 54 NON. 388, 21 : SAEVVUS signifie rude... Lucilius... livre 26 c>o et ce qui te d o n n e le calme après les a g i t a t i o n s de la t e m p ê t e .
Le poète et l'utile ;
55 NON. 88, 30 : CORDI EST, belle expression ; tient à l'âme. Lucilius, livre 26 oo
et ce que tu as si fort à cœur, me déplaît à moi singulièrement. 56 NON. 353, 12 : NITI... être soutenu. Lucilius, livre 26 oo
LIBER XXVI, 52 (618-9 M) - 56 (630 M)
144
Curet aegrotum, sumtum homini praebeat, genium [suum defrudet, alieno parcat. 53 (686 M) NON. 18, 5 : DELIRARE est de recto decedere. Lira est autem fossa recta quae contra agros tuendos ducitur et in quam uligo terrae decurrat... Lucilius lib. XXVI oo quapropter deliro et cupidi officium fungor /íberum.
54 (626 M) NON. 388, 21 : SAEVVM... dicitur inmite... Lucilius... Hb. XXVI oo quodque te in tranquillum ex saeuis transferi [tempestatibus. 55 (629 M) NON. 88, 30 : CORDI EST, honeste dictum, animo sédet. Lucilius lib. XXVI oo et quod tibi magno opere cordi est, mi uehementer [displicet. 56 (630 M) NON. 353, 12 : NITI... fultum esse. Lucilius lib. X X V I oo 62 alieno parcat Ribbeck : ali parcat codd. 58 fungor liberum Baehrens Marx : fungo ruberum L fungor ruberum B A fungor uberum codd, 54 te in tranquillum E В : te in te in tranquillum codd. || saeuis codd. : euis Ll AA |j transfert Mercier : transfer codd. transfers Jean Dousa 55 mi uehementer Terzaghi : mihi uehementer codd. mihi uementer Marx
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LIVRE X X V I , 56-60
Essaie (cela) par tous les moyens, mais moi, au contraire, j'essaierai d'être dissemblable. 57 NON. 74, 28 : APISCI, atteindre. Lucilius, livre 26 oo si bien que moi je renonce à ces biens que, je le comprends, tu veux atteindre... 58 NON. 89, 1 : CORDI EST, belle expression ; tient à l'âme. Lucilius, livre 26... Le même сч> si cet objet te tient à cœur, parce que tu juges qu'il est utile... 59 NON. 293, 16 : EVADERE... signifìe se libérer... Lucilius, livre 26 oo C'est pourquoi ils s'imaginent tous qu'ils échapperont à la maladie.
60 NON. 394, 32 : SIGGVS... qui a pris de l'exercice. Lucilius, livre 26 co comme au stade, au gymnase, au jeu de la double balle, j'avais assaini mon corps.
LÍBER XXVI, 56 (630 M) - 60 (641 M)
145
summis nitere opibus, at ego contra ut dissimilis [siem. 57 (628 M) NON. 74, 28 : APISGI, adipisci. Lucilius lib. XXVI co
ut ego effugiam, quod te in primis cupere apisci [intellego. 58 (625 M) NON. 89, 1 : CORDI EST, honeste dictum ; animo sedet. Lucilius lib. XXVI... Idemque oo
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tibi porro istaec res idcirco est cordi quod rere [utilem... 59 (640 M) NON. 293, 16 : EVADERE... est liberări... Lucilius lib. XXVI CND
idcirco omnes euasuros censent aegritudinem. 60 (641 M) NON. 394, 32 : SIGCVM... XXVI cv)
exerci tum.
Lucilius lib.
cum < i n > stadio, in gymnasio, in duplici corpus [siccassem pila. 66 summis D A E Bt edd. : gummi L AA BA || nitere Iunius : nitire codd. nitinere G niti DA 57 effugiam codd. : effuciam L1 effutiam L1 efflciam Lipse \\ quod codd. : quod ego G 58 si codd. : del Lachmann || rere Iunius edd. : те codd. || utilem codd. : utilest Onions 59 euasuros edd. : cureuros codd. 60 in stadio Marx : stadio codd. || pila edd. : pilas codd. 15
146
LIVRE XXVI, 61-64
61 NON. 291, 10 : EXIGERE signifie... exclure... Lucilius, livre 26 oo qu'il considère qu'avec des vêtements, il écartera le froid et le frisson.
62 NON. 187, 1 : VESGVS, maigre, sombre. Lucilius, livre 26 co || AULU-GELLE 16, 5, 7 : Je me souviens d'avoir entendu un homme d'une science remarquable, Sulpice Apollinaire, donner cette explication : la particule VE et quelques autres marquent tantôt un renforcement, tantôt un affaiblissement de l'idée. Prenez uelus et uehemens : le premier, formé par elisión exprime le grand âge, aetas ; le second, la vivacité, la promptitude de l'esprit, mens. Vescus, qui est formé de uè et de esca (nourriture) possède les deux sens. Ainsi Lucrèce (1, 327) emploie l'expression uescus sal, sel qui ronge, avec renforcement de l'idée de manger ; par contre, on trouve dans Lucilius uescus marquant le dégoût de nourriture. plutôt que vivre avec dégoût, sans appétit, avec la nausée.
63 NON. 214, 23 : NVNDINAE est un mot féminin... Lucilius, livre 26 oo
en peu (de jours) et, de cette façon, s'il ne mange rien, entre deux marchés. 64 NON. 273, 1 : CONSTAT... est formé de. Lucilius, livre 26 cv)
LIBER XXVI, 61 (643 M) - 64 (635-6 M)
146
61 (643 M) NON. 291, 10 : EXIGERE est... excludere... Lucilius lib. X X V I oo uestimentis frigus a t q u e horrorem e x a c t u r u m p u t e t
62 (602 M) NON. 187, 1 : VESCVM, minutum, obscurum. Lucilius lib. XXVI oo || GELL. 16, 5, 7 : Quod Sulpicium autem Apollinarem memini dicere, uirum eleganti scientia
ornatum, huiuscemodi est : * Ve particula, sicuti quaedam alia, tum intentionem signifìcat, tum minutionem. Nam uetus et uehemens, alterum ab aetatis magnitudine compositum elisumque est, alterum a mentis ui atque impetu dicitur. Vescum autem, quod ex uè particula et esca copulatum est, utriusque diuersae signi fìcationis uim capit. Aliter enim Lucretius uescum salem dicit ex edendi intentione, aliter Lucilius uescum appellat cum edendi fastidio '.
< - v> > quam fastidiosum ас uescum cum fastidio uiuere. 63 (637 M) NON. 214, 23 : NVNDINAE generis sunt feminini... Lucilius lib. X X V I p a u c o r u m , a t q u e hoc p a c t o si nihil g u s t a t inter[nundino
64 (635-6 M) NON. 273, 1 : CONSTAT... compositum est. Lucilius lib. X X V I oo 61 horrorem codd. : orrorem L || exacturum codd. : exactorem L || putet codd. : putat F. Dousa 62 uescum cum fastidio uiuere codd. : uescum fastidio uiuere L uescum uiuere Gerlach Marx uiuere cum fastidio Terzaghi 68 internundino codd. Marx : inter nundinum F1, Warminglon
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LIVRE XXVI, 64-68
tous les philosophes naturalistes commencent par dire que l'homme se compose d'une âme et d'un corps. 65 NON. 279, 8 : DARE... montrer. Lucilius, livre 26 oo
quand l'âme souffre, le corps trahit à nos yeux cette souffrance. 66 NON. 268, 30 : GONFEGTVS... épuisé... Lucilius, livre 26 oo
alors le corps épuisé par la douleur est pour l'âme un obstacle. 67 NON. 408, 30 : TANGERE... examiner. Lucilius, livre 26 oo
et pas avant d'avoir pris le pouls et ausculté le cœur de l'homme. 68 NON. 38, 27 : EXPIRARE se dit ou bien d'après spiritus, Гаіг que Ton expire, ou bien d'après spiramen (l'haleine). Lucilius... livre 26 oo || NON. 103, 28 : ELVVIES, purgation. Lucilius, livre 26 oo
de même si tu veux te purger le ventre, méfie-toi que ton corps gonflé ne se soulage par tous ses conduits.
LIBER XXVI, 64 (635-6 M) - 68 (645-6 M)
147
principio physici omnes constare hominem ex [anima et corpore dicunt. 65 (638 M) NON. 279, 8 : DARE... ostendere. Lucilius lib. XXVI animo qui aegrotat, uidemus corpore hune signum [dare. 66 (639 M) NON. 268, 30 : CONFEGTVM... defessum... Lucilius lib. XXVI Tum doloribus confectum corpus animo obsistere. 67 (642 M) NON. 408, 30 : TANGERE... inspicere. Lucilius lib. XXVI co neque prius quam uenas hominis tetigit ac prae[cordia. 68 (645-6 M) NON. 38, 27 : EXPIRARE dictum est uel ab spiritu effuso uel ab spiraminibus. Lucilius... XXVI co || NON. 103, 28 : ELVVIEM, purgationem. Lucilius lib. XXVI co < _ ^ _ ^ > ut si eiuuiem facere per uentrem uelis cura ne omnibus distento corpore expiret uiis. 65 uidemus Gulielmus edd. : uidimus codd. 67 neque Iunius edd. : nequam codd. numquam Gerlach 68 ut — uiis codd. 38 : ut — uelis codd. 103 || ut si codd. 38 : ut codd. 103 || eiuuiem codd. 38 : eleuiem codd. 103 \\ uentrem codd. 38 : uentum codd. 103
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LIVRE XXVI, 69-72 Le poète ei l'amitié ;
69 NON. 23, 15 : Chez les anciens MOENES ne désignait pas ceux qui faisaient des largesses, chose qui leur était inconnue, mais ceux qui approuvaient ce que leurs amis désiraient... Lucilius, livre 26 Montrons-nous obligeants et serviables pour nos amis.
70 NON. 38, 13 : CONBIBONES, compagnons de beuveries, vient de bibere. Lucilius, livre 26 oo puisque j'ai trouvé dans la grande armée des compagnons de bouteille. 71 NON. 269, 8 : CONFICERE... rassembler... Lucilius, livre 26 oo Ne vas-tu pas rassembler pour te porter assistance la foule de ceux que tu as naguère inscrits sur la liste de tes amis ?
72 NON. 297, 15 : EFFERRE, se mettre à la place de. Lucilius, livre 26 oo ils vont combattre pour toi, mourir pour toi, et se jetteront d'eux-mêmes en avant.
LIBER XXVI, 69 (664 M) - 72 (655 M)
148
69 (664 M) NON. 23, 15 : MOENES apud ueteres dicebantur non a largitia quae ignota erat, sed consentientes ad id quod amici uelint... Lucilius lib. X X V I oo
Muni nei coniesque amicis nostris uideamur uiri. 70 (665 M) NON. 38, 13 : CONBIBONES, conpotores, a bibendo dicti. Lucilio !№: XXVI cv quandoquidem repperii' magnis conòiòonum ex [copiis 71 (660-1 M) NON. 269, 8 : CONFICERE... colligere... Lucilius lib. X X V I сю
Nonne multitudinem tuorum quam in album [indidit dextra, confieis íibi ? 72 (655 M) NON. 297, 15 : EFFERRE, subdere. Luciliuslib. X X V I oo
Depugnabunt pro te ipsi et morientur ac se ultro [efferent. 70 repperii Mirx : repperi codd. reperiri Schmidt reperti Mueller Terzaghi Warminglon \\ conbibonum edd. : conuiuorum codd, 71 nonne Duetner : non te codd. nocte coni. Lindsay \\ album codd. : aluum Marx || indidit dextra ego : indidit a dextera codd. indidisti dextra buebner indidit tua dextra Lindsag || confieis tibi Terzaghi : coincis ibi codd. confecisse ibi Marx 72 depugnabuit edd. : depugnabant L || efferent codd. : efferrent L offereit Passerat Terzaghi
149
LIVRE XXVI, 73-76
73 NON. 351, 4 : MVTARE... transporter. Lucilius, livre 26 co
Sois plus sage que les autres ; détourne-toi de tes amis pour d'autres occupations, quand la lassitude est venue. 74 NON. 437, 13 : Entre PROBATVS et SPEGTATVS la
différence est que speclalus possède un sens plus fort. Lucilius, livre 26 oo
ta jeunesse que j'ai mise à l'épreuve et observée avec le plus grand soin. 75 NON. 372, 11 : PRAEGIPERE signifie ordonner ou conseiller... Lucilius, livre 26 co
enfin le devoir d'un ami est de bien conseiller, de protéger, de bien prévenir. 76 NON. 38, 16 : CAPITAL se dit pour ce qui met en danger mortel... Lucilius, livre 26 co
Nous laissons facilement rire de nous ; nous savons que se fâcher est un crime capital.
LIBER XXVI, 73 (673-4 M) - 76 (658 M)
149
73 (673-4 M) NON. 351, 4 : MVTARE... transferre. Lucilius lib. X X V I co
< - w - w - w - w > doctior quam ceteri sis, ab amicis mutes aliquo te, cum sati'as facta sit. 74 (617 M) NON. 437,13 : PROBATVM et SPECTATVM hocdifîerunt
quod spectatum uis maioris est. Lucilius lib. XXVI oo tuam probatam mi et spectatam maxume adules[centiam. 75 (611 M) NON. 372, 11 : PRAEGIPERE est iubere uel monere... Lucilius lib. X X V I oo
porro amici est bene ргаесіреге, tueri, bene [praedicere. 76 (658 M) NON. 38, 16 : CAPITAL dictum est capitis periculum... Lucilius lib. X X V I oo
facile deridemur ; scimus capital esse irascier.
78 ceteri sis ab amicis mutes Marx : ceteris is asa mittis mutes L BA ceteris is sa mittis mutes AA sis has mutes Lindsay || te cum satias facta Asit Marx : tecum satrafa acutia AA tecum eatra facta uitia L B tecum sartas tectas ditias Duenlzer Lindsay 75 tueri bene codd. : et ueri bene Terzaghi bene tueri Marx Tusei bene Mercier || praedicere edd. : praedicare codd. praedicant Marx
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LIVRE XXVI, 77
77 NON. 381, 28 : REFERRE... signifle rapporter, indiquer... Lucilius, livre 26 oo
J'ai transmis à quelques amis ce dont, tel que j'étais, ils me croyaient capable.
LIBER XXVI, 77(637 M)
150
77 (687 M) NON. 381, 28 : REFERRE... signiflcat perferre, indicare... Lucilius lib. X X V I oo
quod is intellegebar posse < — >
ad paucos [rettuli
77 quod is codd. edd. : quo is E1 quo si coni. Lindsay || ad paucos L1 : haud paucos BA aut paucos AA haud aut paucos Ex
LIVRE XXVII
NOTICE Le livre 27 contient des septénaires trochaïques. Les 45 fragments qui subsistent semblent organisés en fonction d'une recherche morale que Lucilius entreprend en compagnie d'un interlocuteur1. Le poète se propose de dénoncer les apparences trompeuses qui dénaturent la vérité ; il rappelle que l'essence du Bien ne se trouve pas dans les réalités matérielles que (1) Dans le livre 27, ou bien les éditeurs renoncent à retrouver des satires et un système d'organisation quelconque (Corpet, (Bolisani...), ou bien ils distinguent trois poèmes : Marx y voit 1« description des vicissitudes humaines (688 M-715 M) ; 2° sur les amis et les parasites (716 M-725 oM) ; 3° à propos de l'amour (726 M-737 M). Terzaghi distingue I une satire politique ; 2° une satire morale; 3° à propos de l'amour. Warmington reconnaît 1 ° les égarements de l'amour ; 2° l'agitation des hommes ; 3° lettre à un ami sénateur sur les moyens de supporter les vicissitudes humaine?. Comme ses prédécesseurs, W. Krenkel répartit les fragments dans trois satires ; la première est consacrée aux relations entre hommes libres et prostituées ou esclaves (11, 14, 16, 39, 6, 5, 20, 18, 28, 29, 43, 4, 26, 24, 27, 32, 31, 25) ; la seconde étudie dep comportements humains et se réfère, pour le contredire, à Archiloque (34, 23, 22, 35, 37, 8, 31, 19, 12, 41, 13, 17, 44, 37, 30, 40) ; la troisième traite de politique (1, 2, 10, 45, 15, 38, 42, 33, 7, 9). Ce classement repose, pour une petite partie seulement (11 fragments appartenant à 6 séquences), sur la Lex Lindsay ; l'éditeur lui accorde une eonflance,sans doute excessive ; il en étend considérablement le champ d'application (20 fragments) ; il admet a priori l'existence de trois satires. C'est pourquoi cette entreprise ne semble pas entièrement justifiée, même si certaines interprétations sont particulièrement intéressantes : ainsi, les fragments 5, 6, 39 et 43 sont replacés au milieu de développements sur l'avidité des hétaïres ; les fragments 17 et 44 au milieu de considérations sur les capta teure d'héritages ; les fragments 7, 15, 33, 38, 42, 45 au milieu d'une évocation des Gracques.
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NOTICE
convoitent beaucoup d'hommes, ni dans les passions qui les aveuglent, ni dans ce qui subit les vicissitudes du sort. L'auteur salue son lecteur (1) et présente son ouvrage (2). Il définit les règles qui garantissent la valeur de la discussion : prendre connaissance du sujet, écouter autrui (3), faire effort d'analyse (4), refuser la violence (5), s'incliner devant celui dont les raisonnements triomphent (6-8). Lucilius applique cet esprit de libre examen au domaine politique : parlant de Tibérius Gracchus, il déclare que les sénateurs ont commis un crime (9) : pour sa mort, ils n'ont permis ni honneurs, ni larmes, ni funérailles (10). Lucilius analyse plusieurs comportements humains : Dans les relations sociales, seul l'ami s'adresse à l'âme de celui qu'il aime (11) ; toutes les autres attitudes sont intéressées. L'un parle contre ses opinions pour se faire bien voir : en public, il affecte de louer tout le monde, mais en privé critique âprement (12). Les autres parlent de la vertu de leurs interlocuteurs, mais il ne s'agit pour eux que de gagner un repas (13). L'homme est capable de tout entreprendre pour acquérir puissance et richesses (15) : courir après les héritages (16), frauder les taxes sur la circulation des marchandises (17), se priver de nourriture, comme l'avare (18). De tels plaisirs ne tentent pas le poète (19). Dix fragments décrivent l'amour : c'est un sentiment qui implique réciprocité (20), exclusivité (21), esclavage et perte du jugement, car, lorsque la passion s'installe, il n'est plus de remède, même si l'on va chercher les livres de Socrate (22). L'amoureux éperdu perd toute conscience de la réalité : pour lui, le bois mort devient sureau (23) ; il ignore le ridicule de sa conduite qui amuse les esclaves (24) ; il vit dans l'agitation (25) ; il continue à supplier, alors qu'il est éconduit (26). On l'appelle femmelette et les gens sensés le prennent pour un fou (27). Plutôt que de commettre de telles extrava-
NOTICE
155
gances, il vaut mieux fréquenter une courtisane avide (28), ou une servante soumise (29). Il faut en effet un grand courage pour échapper à l'esclavage des passions (30). Plusieurs vers entrent dans une méditation sur les fausses valeurs. Les hommes s'enflamment pour ce qu'ils voient (31), sans prendre garde que les êtres sont soumis aux maladies (32), au vieillissement (33) ; que les désirs ne se réalisent pas, ou se réalisent autrement qu'on ne pense. Ulysse et ses compagnons voulaient regagner leur patrie, mais ne prévoyaient pas les difficultés du voyage (34). Les projets humains, comme les exercices des gymnastes, se défont sans cesse (35). D'autres fragments se rattachaient peut-être à ce thème ; il y est question des attitudes que l'on peut prendre dans le bonheur et dans le malheur (36), d'Archiloque (37), de l'expérience de paysans qui gèrent leurs terres (38 et 39), de la constance devant les événements (40), de la mediocritas (41), de ce que les mortels possèdent en propre (42) ; il est possible que le poète se soit livré à une réflexion sur les notions de commodum ( ? 43 et 44) et d1'utile (45). L'unité du livre 27 repose sur la constatation que les mêmes principes métaphysiques et moraux valent pour toutes les activités humaines. L'ambition effrénée de Tibérius Gracchus, la haine que les sénateurs lui ont vouée ne sont pas fondamentalement différentes de l'orgueil d'un maître de maison, de l'avidité d'un avare, de la passion d'un jeune homme. Aux personnages de l'histoire, comme aux acteurs de la vie quotidienne, dont la comédie a souvent dénoncé les défauts, Lucilius rappelle que la parfaite vertu fuit toute extrémité, que la sagesse suppose le sens de la mesure, que, devant les bouleversements du monde, la seule attitude valable est la constance. Ces thèmes stoïciens ont été abondamment développés par d'autres auteurs (Ciceron, Horace...) ; toutefois, en les introduisant dans la satire, Lucilius leur a donné d'emblée un champ d'applications particulièrement vaste. 1С
Dédicace ; 1 NON. 308, 29 : FINGERE... composer... Lucilius, livre 27 co || NON. 37, 20 : INPERTIRE signifie partager et donner une part. Lucilius, livre 27 oo || NON. 37, 28 : SEDVLVS signifie sans ruse. Lucilius, livre 27 oo A TÉtat, Lucilius adresse son salut et les vers nés de son imagination, tels qu'il a été capable de les faire ; et le tout avec zèle et sincérité... 2 NON. 472, 14 : INPERTIT (faire partager). Lucilius, livre 27 oo il souhaite bonne santé et adresse un très grand et très profond salut.
Lea règles d'une véritable discussion : 3 NON. 238, 13 : ADTENDERE... signifle faire attention à... Lucilius, livre 27 oo || NON. 275, 22 : GOGNOSCERE signifle comprendre, juger. Lucilius, livre 27 oo Prends connaissance de la question et en même temps fais attention à mes paroles, je te le demande.
1 (688-9 M) NON. 308, 29 : FINGERE... conponere... Lucilius lib. X X V I I co || NON. 37, 20 : INPERTIRE est participare et partem dare. Lucilius lib. XXVII co h NON. 37, 28 : SEDVLVM signifìcat sine dolo. Lucilius lib. XXVII сю
rem populi salute et fictie uersibus Lucilius, quibus potest, inpertit, totumque hoc studiose et [sedulo... 2 (739 M) NON. 472, 14 : INPERTIT. Lucilius lib. XXVII co
sospitat, salute inpertit plurima et pienissima. 3 (693 M) NON. 238, 13 : ADTENDERE... est intendere... Lucilius lib. X X V I I co JI NON. 275,22 : GOGNOSCERE est audire, aestimare. Lucilius lib. X X V I I co
rem cognoscas simul et dictis animum adtendas [postulo. 1 rem — sedulo codd. 308 : quibus inpertit codd. 37, 20 salutem — sedulo codd. 37, 28 || rem Lachmann Terzaghi : item codd. te Marx em Mueller || populi codd. : Popli Marx populis Mueller || salute et codd. 308 : salutem codd. 37, 28 || fictie codd. edd. : factis L1 37, 28 || inpertit codd. : imperai AA 308 sospitat codd. : sospita Lachmann 2 eospitat codd. : sospita Lachmann || salute inpertit plurima Marx : inpertit salutem plurimam codd. inperti salute plurima Lachmann 8 cognoscas codd. 238 : cognoscat codd. 276 || postulo codd. 275 : postula codd. 238
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LIVRE X X V I I , 4-7
4 NON. 275, 20 : CAPTARE, prendre. Lucilius, livre 27 co
si tu voulais tant soit peu saisir et examiner ces faits. 5 NON. 88, 11 : CONTENTVRVM, Lucilius, livre 27 сю NON. 382, 31 : RVMPERE... épuiser... Lucilius... livre 27 сю
... tu crois que tu feras taire Lucilius quand ils m'auront épuisé, quand j'aurai tout tenté ?
6 NON. 270, 4 : CONCEDERE, donner ou autoriser... Lucilius, livre 27
ne concéder et ne se rendre qu'à propos des arguments où l'on est battu. 7 NON. 370, 33 : PARCERE... conserver... Lucilius, livre 27 cv>
qu'il conserve celui qui a le plus de valeur et qui, à son avis, est digne de foi.
LIBER XXVII, 4 (696 M) - 7 (719 M)
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4 (696 M) NON. 275,20 : CAPTARE, capere. Lucilius lib. XXVII oo quodsi paulisper captare atque obseruare haec [uolueris, 5 (712-4 M) NON. 88, 11 : CONTENTVRVM, Lucilius lib. XXVII || NON. 382, 31 : RVMPERE... deîetigare... Lucilius... lib. XXVII еч) < _ ^ - ^ - ^ · - ^ - ^ > tu Lucilium credis contenturum, cum me ruperint, summa [omnia fecerim ? 6 (724 M) NON. 270, 4 : CONCEDERE, dare uel permitiere... Lucilius lib. XXVII co id concedere unum atque in eo dare, quo superatur, [manus. 7 (719 M) NON. 370, 33 : PARCERE... seruare... Lucilius lib. XXVII co parcat illi magis qui possit, cui fidem esse exisíímet. 6 tu — credisAcodd. 88 : от. codd. 382 || contenturum codd. 88 : contentu cum A 382 contentum cum L 382 contemptum cum A B 382 || me ruperint codd. 88, L BA 382 : eruperint AA 382 me ruperim Iunius β id Corpet edd. : in codd. 7 magie Gerlach edd. : maius L BA malus codd. || qui possit Marx : cui possit codd. cui prosit Mueller Terzaghi \\ existimet Mueller : eximent codd. exisliment F. Dousa
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LIVRE XXVII, 8-11
8 NON. 138, 17 : MVTVVM mis pour mutuo. livre 27
Lucilius,
et si, comme c'est mon plus grand espoir, tu me paies de retour.
AUusions politiquea :
9 NON. 374, 22 : PROFERRE, rendre public. Lucilius, livre 27 csD
que votre ordre mette donc désormais en lumière les crimes qu'il a commis. 10 NON. 320, 33 : HONOR... sépulture... Lucilius, livre 27 CVD
pas d'honneurs à sa mort, pas d'héritier pour le pleurer, pas de funérailles.
Sagesse et déiaisou :
11 NON. 331, 9 : INSIGNE... utile, nécessaire. Lucilius, livre 27 сю
Le cuisinier ne s'embarrasse pas que la queue, soit remarquable, du moment que la bête soit
L Í B E R X X V I I , 8 (692 M) - и (716-7 M)
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8 (692 M) NON. 138, 17 : MVTVVM pro mutuo. Lucilius lib. XXVII co et si, maxime quod spero, mutuum hoc mecum [facis 9 (690 M) NON. 374, 22 : PROFERRE, palam facere. Lucilius lib. XXVII co > proferat ergo iam uester ordo scelera quae in se [admiserit. 10 (691 M) NON. 320, 33 : HONOR... sepultura... Lucilius lib. XXVII co nullo honore, heredis fletu , nullo funere
11 (716-7 M) NON. 331, 9 : INSIGNE... utile, necessarium. Lucilius lib. XXVII co cocus non curat caudam insignem esse illam, dum [pinguis siet ; 8 quod spero codd. : id quod spero F', Lindsay 9 proferat codd. : proferam Lachmann Marx || ergo codd. Lindsay : ego Lachmann Marx || iam nunc Norden Terzaghi : iam codd. iamiam Cichorius ea uester susp. Warmington 10 heredis fletu nullo Buecheler Warmington Terzaghi : displetu codd. nullo heredis fletu Lindsay ludis fletu nullo Marx di I sepu Itu' MuellerA 11 caudam ß , Marx : claudam L claudus AA cauda Ribbeck Onions Terzaghi Warmington || insignem codd. : insigna m AA
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LIVRE XXVII, 11-15
grasse ; ainsi les amis recherchent une âme, les parasites recherchent une situation et des richesses. 12 NON. 29, 4 : PEDETEMTIM et PEDEPRESSIM signiflent avec précaution, comme avec une démarche souple et lente... Lucilius, livre 27 co
Celui-ci au contraire, au milieu de la foule, au-dehors, fait tout avec modération et douceur pour ne blesser personne. 13 NON. 35, 14 : On appelle MONOGRAMMI (silhouettes) des hommes d'une grande maigreur et exsangues : le mot vient de la peinture où, avant de mettre la couleur, on trace une esquisse. Lucilius, livre... 27 co
Quelle sorte de générosité ? Cinq faméliques furent invités ; c'est cela qu'ils appellent générosité ? 14 NON. 88, 9 : GIBICIDAS. Lucilius, livre 27 co
tu peux nourrir chez toi vingt, trente ou cent pique-assiette. 15 NON. 360,14 : OBSERVARE... saisir... Lucilius,livre 27 co
si tu examines l'homme qui est prêt à oser pour la richesse et le pouvoir.
LIBER XXVII, 11 (716-7 M) - 15 (694 M)
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sic amici quaerunt animum, rem părăsiţi ac ditias. 12 (720-1 M) NON. 29, 4 : PEDETEMTIM et PEDEPRESSIM dictum· est caute, quasi lenta et tarda itione... Lucilius XXVII Ille contra omnia inter plures sensim et pedetem[tim foris nequem laedat. 13 (725 M) NON. 35, 14 : MONOGRAMMI dicti sunt homines macie pertenues ас decolores : tractum a pictura quae, priusquam coloribus corporatur, umbra ñngitur. Lucilius l i b . . . . X X V I I co
Quae pietas ? monogrammi quinqué adducti ; [pietatem uocant ! 14 (718 M) NON. 88, 9 : CIBIGIDAS. Lucilius lib. X X V I I co
uiginti domi an triginta an centum cibicidas alas 15 (694 M) NON. 360, 14 : OBSERVARE... captare... Lucilius lib. XXVII сю Quodsi obseruas hominem qui pro commodo et [regno, audeat, 11 quaerunt animum Lachmann Marx : animum quaerunt codd. || acditias edd. : acdiuitias aut codd. aut diuitias aut В 14 uiginti domi an triginta codd. Marx : uiginti an triginta domi Lindsay Warmington || an centum Mueller Marx : uel centum codd. || cibicidas edd. : tibicidas codd. 15 qui codd. : quid Marx || audeat Iunius edd. : gaudeat codd. gaudeas Ll
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LIVRE XXVII, 16-19
16 NON. 366, 34 : PETERE... suivre... Lucilius, livre 27 oo Je laisserai aller un pilleur d'héritages, je courrai après un misérable mendiant?
17 NON. 37, 17 : On appelle PORTORIVM la taxe qui est payée aux receveurs des douanes. Lucilius, livre 27 oo il agit comme ceux qui ne font pas inscrire leur marchandise et l'exportent clandestinement du port pour ne pas payer la taxe.
18 NON. 88, 18 : Les Anciens appelaient le son GANICAE. Lucilius, livre 27 oo pour le prix qu'il voulait, plutôt que d'avoir le son et la bouillie de la main de Magon.
19 NON. 27, 5 : Les STRABONES (atteints de strabisme) sont ceux que nous appelons aujourd'hui strambi.., Lucilius, livre 27 oo je n'envie personne ; les plaisirs de ces gens ne me font pas loucher.
LIBER XXVII, 16 (728 M) - 19 (704-5 M)
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16 (728 M) NON. 366, 34 : PETERE... sequi... Lucilius lib. X X V I I co
Rerum expilatorem mittam, miserum mendicum [petam ? 17 (722-3 M) NON. 37, 17 : PORTORIVM dicitur merces quae portitoribus datur. Lucilius lib. X X V I I сю
facit idem quod illi qui inscriptum e portu expor t a n t clanculum ne portorium dent. 18 (711 M) NON. 88, 18 : CANICAS ueteres furfures esse uoluerunt. Lucilius lib. X X V I I oo
quanti uellet, quam canicas ас pultem e Magonis [manu. 19 (704-5 M) NON. 27, 5 : STRABONES sunt strambi quos nunc dicimus... Lucilius lib. X X V I I
nulli me inuidere, non strabonem fieri saepius deliciis me istorum.
16 rerum codd. : recum L1 A* || expilatorem AK Terzaghi : exploratorem El·, Marx Warmington explìcatorem L expiratorem 17 portorium codd. : portitorium L 18 ac pultem Marx : a pulte L apud te BA || e Magonis Iunius Marx : et magonis G et maconis L e mangonis ed, pr.
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LIVRE X X V I I , 20-24
20 NON. 296, 30 : EXPEDIRÉ, être utile... Lucilius, livre 27 oo
Est-ce que moi j'arriverai vraiment à ce qu'il convienne de m'aimer ? 21 NON. 253, 27 : CAPERE, séduire, circonvenir... Lucilius, livre 27 oo
mais tu crains encore d'être séduit par l'aspect et la beauté d'une autre. 22 NON. 196, 19 : CHARTA (livre) est féminin. Masculin dans Lucilius, livre 27 oo
Alors où sont les auteurs grecs ? où sont maintenant les traités de Socrate ? Quel que soit l'argument que vous alliez chercher, nous sommes perdus. 23 NON. 74, 20 : ARDVM mis pour aridum. Lucilius, livre 27 oo
Un morceau de bois sec, misérable et stérile, il l'appelle sureau. 24 NON. 238, 22 : APPELLARE signifie répondre amicalement. Lucilius, livre 27 oo
LIBER XXVII, 20 (734 M) - 24 (730 M)
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20 (734 M) NON. 296, 30 : E X P E D I R É , utile esse... Lucilius lib. X X V I I co
Ego enim an pei/iciam ut me amare expediat... ? 21 (735 M) NON. 253, 27 : CAPERE... decipere, circumuenire... Lucilius Hb. X X V I I сю
at metuia porro ne aspectu et forma capiare altera. 22 (709-710 M) NON. 196, 19 : CHARTÁM generis feminini. Masculini. Lucilius lib. X X V I I oo
[пес] sic ubi Graeci, ubi nunc Socratici carti ? quidquid quaeritis, penimus. 23 (733 M) NON. 74, 20 : ARDVM pro aridum. Lucilius lib. X X V I I
Ardum, miserinum atque infelix Zignum, sabucum [uocat. 24 (730 M) NON. 238, 22 : APPELLARE est familiariter responderé. Lucilius Hb. X X V I I сю 20 perflciam Madu i g (Aduersaria critica 2, 651) Marx : perei cia m codd. peruiam E 21 at codd. : ad L1 22 sic Terzaghi : пес sic codd. Marx пес si ree. Ρήσεις Warmingłon nescis Lipse nunc die Bolisani haec si coni. Lindsay || periimus edd. : perimus codd. 28 miserinum F*, Lindsay : miserrimum L BA, Marx || lignum Junius edd. : signum codd.
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LIVRE XXVII, 24-29
Quand mes jeunes esclaves viennent auprès de moi, je ne pourrais m'adresser à mon amie en la saluant du titre de maîtresse ? 25 NON. 407, 34 livre 27 oo
: TEMPESTAS...
époque...
Lucilius,
Désormais, dans les circonstances où je vis, laisse faire ; je prends la responsabilité pour moi. 26 NON. 237, 38 : ADITVS, action d'adresser la parole... Lucilius, livre 27 oo
Quand je demande la paix, quand je l'apaise, quand je vais la trouver et Гарреііе mon amour... 27 NON. 37, 8 : Les Anciens appellent MALTAE les efféminés ; le mot vient du grec, pour μαλακός. Lucilius, livre 27 oo
Il appelle insensé celui qu'il voit traité de mou et de femmelette. 28 NON. 420, 6 : VERRERE... frapper, anéantir... Lucilius, livre 27 oo non seulement elle le dévore et elle rafle tout... 29 NON. 271, 30 : GAEDERE... couper... Lucilius, livre 27 oo
LIBER XXVII, 24 (730 M) - 29 (736 M)
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cum mei me adeunt seruuli, non dominam ego [appellem meam ? 25 (731 M) NON. 407, 34 : TEMPESTAS... tempus... Lucilius üb. X X V I I co
Iam, qua tempestate uiuo, certe sine : ad me [recipio. 26 (729 M) NON. 237, 38 : ADITVS, interpellate... Lucilius lib. X X V I I co
cum pacem peto, cum placo, cum adeo et cum [appello meam. 27 (732 M) NON. 37, 8 : MALTAS ueteres molles appellar! uoluerunt, a graeco, quasi μαλακούς. Lucilius lib. X X V I I oo
insanum uocat quem maltam ac feminam dici uidet. 28 (737 M) NON. 420, 6 : VERRERE... ferire, peruertere... Lucilius lib. X X V I I csD
quam non solum deuorare se omnia ac deuerrere 29 (736 M) NON. 271, 30 : CAEDERE... excidere... Lucilius lib. 26 26 27 28
certe sine codd. Marx : chresin Lachmann С re ta ea m Krenkel cum pacem peto codd. : pacem cum peto Lachmann uocat Marx : uocant codd. || uidet codd. : uident Turnèbe deuerrere codd. Marx : deuorrere Lindsay Warmington
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LIVRE XXVII, 29-33
Il NON. 420, 10 : VERRERE... nettoyer... Lucilius, livre 27 co
Qu'elle fende le bois, file la laine de chaque jour, nettoie la maison, soit étrillée. 30 NON. 301, 13 : EXGLVDERE, libérer. Lucilius, livre 27 co
Tout d'abord avec quel courage il s'est libéré de la servitude.
Propos sur le bonheur :
31 NON. 289, 12 : DEDVGTVM... conduit par le plaisir... Lucilius, livre 27 co
C'est là que ses yeux mêmes l'entraînent ; c'est là que l'espoir attire son esprit. 32 NON. 284, 34 : DIFFERRE... se distinguer... Lucilius, livre 27 co
pourtant une verrue ou une cicatrice vaudrait mieux ; les boutons ont un autre aspect. 33 NON. 368, 20 : P E R N I X signifle rapide... Lucilius, livre 27 co
LIBER XXVII, 29 (736 M) - 33 (740 M)
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XXVII со И NON. 420, VERRERE... mundare... Lucilius Hb. XXVII co lignum caedat, pensum faciat, aedis uerrat, uapu[let. 30 (715 M) NON. 201, 13 : EXGLVDERE... liberare. Lucilius lib. XXVII co primum qua uirtute < s e s e > seruitute excluserit.
31 (706 M) NON. 289, 12 : DEDVGTVM... delectatione ductum... Lucilius Hb. XXVII co ilio oculi deducunt ipsi atque animum spes illuc [rapit. 32 (741 M) NON. 284, 34 : DIFFERRE... distare... Lucilius lib. XXVII co tarnen aat uerruca aut cicatrix me/ius ; papulae [différant. 33 (740 M) NON. 368, 20 : PERNIX signiflcat celer... Lucilius lib. XXVII co 29 libro XXVIII trib. Я» 271, 6420, libro XXVI trib. G 271, B A 2711| pensum faciat codd. 271 : om. codd. 420 || uerrat codd. : uarrat G 271, 420 || uapulet codd. 271 : ac uapulet codd. 420 80 qua uirtute codd. : quia uirtute L || sese seruitute Marx : 8 eruit u te codd. 81 ilio Iuniu8 edd. : illoc codd.A 82 aut Mercier edd. : aliti L ß aditi AA || melius Marx edd. : médius codd. naeueis Mueller naeuus Mercier medicis Stowasser medio Lachmann 17
164
LIVRE XXVII, 33-37
Nous avions les pieds lestes ; nous espérions que cela durerait toujours. 34 NON. 358, 35 : OFFENDERE... blesser... Lucilius, livre 27 co
car alors du moins ils prédisaient que le retour serait tel et qu'il n'y aurait pas d'autres embûches dans la mer. 35 NON. 21, 6 : GERNVVS signifie proprement incliné parce que, pour ainsi dire, il regarde la terre... Lucilius, Satires, livre 27 oo 11 NON. 200, 22 : GOLLVS est masculin... Lucilius... livre 27 co
tantôt en haut, tantôt en bas, comme le cou d'un acrobate qui plonge. 36 NON. 286, 9 : DIMISSVM, abattu... Lucilius, livre 27 co
s'enfler d'orgueil dans la prospérité, se laisser abattre dans le malheur. 37 NON. 300, 20 : EXCIDERE... être d'un avis différent. Lucilius, livre 27 co
LIBER XXVII, 33 (740 M) - 37 (698 M)
164
fuimus pernices, aeternum id nobis sperantes fore. 34 (726-7 M) NON. 358, 35 lib. X X V I I co
: OFFENDERE... laedere...
Lucilius
< _ ^ - ^ - ^ - ^ - ^ > nam hic reditum quidem talem portendebant, ñeque alia in mare ulia [offendere.
35 [703 M] NON. 21, 6 : CERN VVS dicitur proprie inclinatus, quasi quod terram cernât, Lucilius... Sałyrarum lib. XXVII сю Il NON. 200, 22 : COLLVS masculino... Lucilius... lib. X X V I I со
modo sursum, modo deorsum, tamquam collus [cernui. 36 (699 M) NON. 286, 9 : DIMISSVM, abiectum... Lucilius lib. XXVII co re in secunda tollere ánimos, in mala demittere.
37 (698 M) NON. 300, 20 : EXCIDERE... dissentire. Lucilius lib. X X V I I OD 88 nobis edd. : uobie codd. 84 nam hic codd. : nam hi edd. || reditum quidem Terzaghi : quidem reditum codd. || mare codd. : re ed. 14801| ulla codd. Marx : ulula L* 86 sursum codd. : rursum L1 211| cernui codd. : cernie codd. 200 86 in mala L1, edd. : et in mala codd. || demittere edd. : dimitiere codd.
165
LIVRE XXVII, 37-41
Je crains que cela ne puisse pas se faire ; donc pourquoi ai-je un avis différent de celui d'Archiloque ?
38 NON. 477, 31 : ADIVTATVR mis pouradiutat... Lucilius, livre 27 oo pas même si pendant longtemps il n'a rapporté que des revenus plutôt médiocres,
39 NON. 214, 1 : MESSIS est un mot féminin. Lucilius l'emploie au masculin, livre 27 oo plutôt qu'avec une maigre moisson, ou avec une vendange de mauvaise qualité.
40 NON. 302, 28 : FERRE... supporter... Lucilius, livre 27 oo au reste, qu'une chose soit ou ne soit pas, supporter avec indifférence et fermeté. 41 NON. 29, 24 : Ciceron a voulu que MEDIOGRITAS (Off, 1, 130) désigne le moyen terme... Lucilius, livre 27 oo
L Í B E R X X V I I , 37 (698 M) - 4i (702 M)
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metuo ut fieri possit : ergo quor ab Arciloco excido ? 38 (708 M) NON. 477, 31 : ADIVTATVR pro adiutat... Lucilius lib. XXVII cv>
пес si paulo minus usurasi magna adiutatus diu. 39 (707 M) NON. 214, 1 : MESSEM generis femini. Masculino Lucilius lib. XXVII 00 potius quam non magno messe, non proba uinde[mia. 40 (700 M) NON. 302, 28 : FERRE... pati... Lucilius lib. X X V I I 00
ceterum quid sit, quid non sit, ferre aequo animo [ас fortiter. 41 [702 M) NON. 29, 24 : MEDIOGRITATEM medium dici uoluit M. Tullius... Lucilius lib. X X V I I сю
87 ergo quor ab /. Mariotti (Miscellanea philologica, Genova, 1974, 1&S-9) : ergo quo ab L BA ego uiuo codd. ego quom uiuo ab Mueller ergo antiquo ab Marx 88 ueurast Corpet edd. : usuras et codd. 88 non magno messe Mercier edd. : non magnum esse codd. non magnum Ame est H* || non proba uindemia codd. : non proba uindemedia B non probaui indemedia L 40 quid sit quid non sit Schmidt Lachmann Marx : quidquid sit quid non sit codd. quidquid sit quasi non sitl D AA quidquid sit A % non sit Onions H ferre codd. : fero A L fere L B
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LIVRE XXVII, 41-45
c'est un peu mieux que la moyenne, c'est moins mal que du très mal. 42 NON. 362, 17 : PROPRI VS... signifie aussi éternel... Lucilius, livre 27 comme je sais que rien dans la vie n'a été donné en propre aux mortels, 43 NON. 275, 14 : CONMODARE signifie emprunter. Lucilius, livre 27 co. Il est des biens qu'on peut échanger sans dommage. 44 NON. 384, 27 : REDIRE... être reporté, être rappelé. Lucilius, livre 27 oo Si cependant ce bénéfice ne te revient pas à toi, c'est un bénéfice dont tu ressentiras le manque. 45 NON. 330, 12 : INDVCERE... établir, approuver. Lucilius, livre 27 oo ou ce qu'il s'est mis une seule fois dans la tête et qu'il juge tout à fait utile.
LIBER XXVII, 41 (702 M) - 45 (695 M)
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paulo hoc melius quam mediocre, hoc minus [malum quam ut pessumum. 42 (701 M) NON. 362, 17 : PROPRIVM... rursum significai perpetuum... Lucilius lib. X X V I I co
cum sciam nihil esse in uita proprium mortali [datum. 43 (738 M) NON. 275, 14 : GONMODARE est mutuari. Lucilius lib. XXVII co certa sunt, sine detrimento quae inter sese conmo[dent. 44 (697 M) NON. 384, 27 : REDIRE... referri, reuocari. Lucilius lib. XXVII co si non tarnen ad te hoc rediòit, tu hoc carebis [commodo. 45 (695 M) NON. 330, 12 : INDVGERE... instituere, confirmare. Lucilius lib. X X V I I co
aut quod animum induxit semel et utile omnino [putat· 41 hoc melius codd. edd. : homelius L || pessimum edd. : opee summum codd. 42 datum edd. : datum est codd. 44 redibit Mercier : rediuit codd. 46 utile codd. edd. : ut ille L ß A || putat codd. edd. : putauit DA
LIVRE XXVIII
NOTICE Proche de la satire ancienne, le livre 28 en adopte la diversité des sujets et le mélange des rythmes. Huit fragments sont conservés. ъЛь ·"**· Lucilius évoque les jours sinistrocbaïquej :
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février qui, selon
la tradition populaire, terminait Tannée (1). L'indication précisait sans doute les circonstances d'un récit ou, vraisemblablement, l'époque de composition de l'ouvrage, sinon de Tune de ses parties. Des conseils de morale pratique sont donnés à un interlocuteur : il faut refuser la fréquentation des pervers (2), prévoir la vieillesse dès l'adolescence (3). Quelques portraits présentent des personnages déraisonnables : l'avare qui surveille son trésor (4), Catullus qui effectue des dépenses somptuaires (5). Lucilius raille les stoïciens qui attribuent au sage un savoir universel (cf. Hor., Sat. 1, 3, 126...) ; celui-ci sait même coudre et ravauder, précise le poète (6). L'anecdote sur Aristippe de Cyrène (7) et le travail ridicule décrit dans le fragment 8 sont difficilement interprétables. Pour autant que Ton puisse en juger, les passages en septénaires trochaïques révèlent une inspiration morale, quelque peu sentencieuse, dont les thèmes s'apparentent aux lieux communs que traite le théâtre. . . . . Trente-deux fragments subsisSénaires ïambiques : ^ ^
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contiennent
récits>
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dotes et portraits qui semblent juxtaposés les uns aux (1) Les manuscrits attribuent le fragment 793 M au livre 26 : il s'agirait donc d'un septénaire trochalque ; c'est ainsi que l'interprète Warmington qui scande : ¿ u л praetérito tépido giùtinutor glútinó. On peut aussi considérer que les quatre mots
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NOTICE
autres sans nécessité profonde, simplement pour le plaisir. Une dédicace est adressée à un ami de Lucilius (9), peut-être à Glitomaque, peut-être à Scipion. C'est une œuvre de distraction qui a pour seule ambition de délasser après des travaux plus sérieux (10). Plusieurs vers, que les éditeurs rassemblent habituellement sous le titre banquet des philosophes, évoquent la Grèce ; ils présentent trois personnages : Demaenetus et Chrêmes (11), un jeune homme sorti des écoles et en âge de porter les armes (12). Ils énumèrent les différents philosophes qui se sont succédé pour diriger Γ Académie : Xénocrate, triste et sévère (13), Polémon qui transmit ses fonctions à Cratès (14). Ce sont des événements rapportés par des interlocuteurs (Adde, dicunt...). L'un des participants connaît Epicure : il cite les atomes et les images ; il forme des vœux pour le succès de la doctrine (15). S'il faut croire que tous ces fragments s'inséraient dans une discussion sur la philosophie, il faut aussi admettre que les argumente employés étaient plus anecdotiques que dialectiques 1 Lucilius décrit un épisode digne de la Comédie nouvelle (cf. Ter., Ad. 196 sq.), l'enlèvement d'une
constituent un sénaire entier. C'est pourquoi Mueller, Marx, Terzaghi, Bolisani, proposent de lire praetérito tépido giù Una tor glùtine II faut admettre alors que les manuscrits se sont trompés, que le fragment n'appartient pas au livre 26, mais au livre 28, ou au livre 29 : c'est à 11 première solution que les éditeurs se sont arrêtés. Marx trouve une preuve supplémentaire dans le système de classement qu'il croit reconnaître parmi les citations de Nonius. On sait le cas qu'il faut faire de son analyse de Nonius. Il convient d'ajouter que cette histoire de relieur qui oublie son pot de colle entre aussi mal dans le livre 26 que dans le livre 28. Il paraît préférable de la placer parmi les sénaires cités sans référence exacte à un livre. En ce qui concerne le fragment 28, le manuscrit L (et BA) l'attribue au livre 28, les autres manuscrits au livre 29. J'ai préféré suivre la première solution avec Terzaghi, plutôt que la seconde avec Marx, Bolisani, et Warraington. Les deux vers entrent beaucoup plus facilement dans le contexte judiciaire du livre 28.
NOTICE
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femme qui appartient à un leno. C'est le poète (?), semble-t-il, qui, avec l'aide de ses amis, veut s'emparer de la belle, parce qu'il l'aime et qu'il la fréquente depuis longtemps. Pour autant que l'on puisse retrouver le fil du récit, celui-ci commençait par des explications entre les principaux personnages (16-20) ; aucun accord n'intervenant entre eux, l'assaut était donné à la maison (21-26) ; enfin l'affaire connaît des suites judiciaires : le leno veut porter plainte (27-28) et faire condamner le poète par Lupus (29). Lucilius affecte la terreur (30) ; il prend un interlocuteur comme témoin (31). Plusieurs fragments évoquent des portraits ou ressemblent à des proverbes : ce n'est pas petite affaire que d'enseigner à la boue (32) ; on retourne toujours à ses habitudes, comme la vieille à son broc (33) ; si on a besoin d'argent (34), si on croit trouver ailleurs ce dont on manque (35), il faut partir pour le pays où l'or foisonne (36). Un personnage est gros mangeur de poissons et volailles (37) ; un autre a l'esprit hydropique (38) ; un autre reçoit des coups de fouet (39) ; un autre enfin devrait abréger ses discours s'il veut sauver son cuir (40). Six fragments subsistent. Ils ex coice te intro, ас bono animo es. 18 (780 M) NON. 275, 10 : CREDERE... fldei conmittere. Lucilius lib. XXVIII oo
uitam ac fortunas cui concrediderim meas. 19 (781 M) NON. 121, 8 : HORNVM, ipsius anni. Lucilius lib. XXVIII co
utrum anno an horno te abstuleris a uiro ? 20 (774 M) NON. 31, 33 : INRITARE dictum est proprie prouocare : tractum a canibus, qui, cum prouocantur, inriunt. Lucilius... lib. X X V I I I oo
Lucili, si in amore inritarit suo 17 coice te Mercier edd. : coicite intro Ll BA conici te intro AA CA coicito te intro Lachmann 18 concrediderim codd. edd. : crediderim D A 19 tu te Leo (G.G.A. 1906, 864) Terzaghi : te codd. tete Mueller tecum Marx
179
LIVRE XXVIII, 21-25
21 NON. 403, 33 : SVBIRE... signifie entrer... Lucilius, livre 28 cv> et puis il fait venir de jeunes esclaves pour attaquer avec les nôtres.
22 NON. 390, 5 : SVBMITTERE... mettre ou placer sous. Lucilius, livre 28 Je propose que tu en lances d'autres, si tu peux en trouver.
23 NON. 239, 15 : ARGVTVS... audacieux, fourbe. Lucilius, livre 28 Allez, allez, voleurs, vous ressassez vos mensonges.
24 NON. 268, 33 : GONFEGTVS... conficere, briser. Lucilius, livre 28 oo Malheur à vous, briseurs de gonds ! 25 NON. 555, 28 : BALLISTAE, les pierres les plus grosses et les plus lourdes ; les machines pour les lancer. Lucilius, livre 28 cv> Qu'arrive-t-il ? Ils lancent des projectiles de cent livres !
LIBER XXVIII, 21 (779 M) - 25 (776 M)
179
21 (779 M) NON. 403, 33 : SVBIRE... significat ingredi... Lucilius lib. XXVIII oo
pueri praeterea nostris qui subeant iubet. 22 (778 M) NON. 390, 5 : SVBMITTERE... subdere, subponere. Lucilius lib. XXVIII oo
Submittas alios, si quos possis, censeo. 23 (775 M) NON. 239, 15 : ARGVTVM... audax, malitiosum. Lucilius lib. XXVIII co
agite, agite, fures, mendaci argutamini. 24 (773 M) NON. 268, 33 : CONFEGTVM... confìcere, frangere. Lucilius lib. XXVIII co
malo hercle uestro, confectores cardinum ! 25 (776 M) NON. 555, 28 : BALLISTAE, saxa maiora et grauia ; quibus iaciuntur. Lucilius lib. XXVIII co
quid fit ? ballistas iactanf centenarias ! 22 censeo /. Dousa · censeas codd. censeam Quicherat 25 quid codd. Marx edd. : qui CA L || fit códd. : sii L О sic Turnèbe || iactant Lachmann : iactans codd. iactas Marx Terzaghi
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LIVRE X X V I I I , 26-29
26 NON. 206, 29 : FVLMENTVM est un mot neutre, comme dans un proverbe ancien... C'est un mot féminin dans Lucilius, livre 28 co
Ils ébranlent les fondations avec ces instruments et des outils d'airain. 27 NON. 280, 12 : DICERE... notifier. Lucilius, livre 28 co Il menace ouvertement : il va intenter une action capitale. 28 NON. 289, 30 : DEFERRE... révéler un secret. Lucilius, livre 28 co
C'est pourquoi je suis décidé à faire front, à le poursuivre, à porter plainte contre lui. 29 PROBUS, Ad Ѵегд. Вис. 6, 31 : Si donc nous comprenons que caelum désigne le feu, il reste à supposer qu'il veut dire l'air quand il écrit spiritus intus alit. C'est lui encore qui nous dispense la nourriture des esprits vitaux. Ennius aussi lui donna ce nom dans les Annales... de môme Lucilius dans le livre 28 des Satires co
... quand tu auras fait cela, en même temps que les autres l'accusé sera livré à Lupus ; il ne se présentera pas : le juge privera notre homme des éléments fondamentaux au moment où il l'aura
LIBER XXVIII, 26 (777 M) - 29 (784-790 M)
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26 (777 M) NON. 206, 29 : FVLMENTVM neutro, u t est in prouerbio ueteri... Feminino Lucilius Hb. X X V I I I co
fulmentast f eis atque aeneis t subducere. 27 (783 M) NON. 280, 12 : D I C E R E . . . denuntiare. Lucilius lib. XXVIII oo
minitari aperte, capitis dicturum diem. 28 (920-1 M) NON. 289, 30 : D E F E R R E . . . celatum prodere. Lucilius lib. X X V I I I co
qua propter certum est facere contra ac persequi et nomen déferre hominis. 29 (784-790 M) PROBvs, Ad Verg, Buc. 6, 31 : Si ergo caelum pro igni acceperimus, superest ut in eo quod ait SPIRITVS INTVS ALIT aerem dictum praesumamus. Hic est etiam qui nobis uiuendi spirituum commeatum largitur. Hoc illud et Ennius appellauit in Annalibus... item Lucilius in XXVIII Satirarum co < v ^ _ w _ w - ^ > hoc cum feceris 1 cum ceteris reus una tradetur Lupo. Non aderit : άρχαΐς hominem et stoechiis simul 26 eis atque aeneis F* : aeneis atque aeneis L B A nasaque aeneis coni. Lindsay 27 minitari codd. : minutari L 28 Libro XXVIII trib. B\ libro XXVIIII codd. \\ ac edd. : hac codd. 29 2 cum codd. : от. Af || 8 et stoechiis codd. : et etoechiisque V
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LIVRE X V I X I I , 29-33
frappé de l'interdiction de Геаи et du feu; il lui reste deux éléments. A supposer qu'il se présente avec son âme et son corps (le corps est la terre ; Tâme est Гаіг) : de ces deux derniers éléments, le juge le privera quand même, si tel est son bon plaisir. 30 NON. 296, 19 : EX1RE... échapper à, se libérer. Lucilius, livre 28 oo
qu'il n'en fasse rien et que celui-ci se tire de ce mauvais pas. 31 NON. 318, 22 : HABERE... entendre. Lucilius, livre 28
Tu connais toute l'affaire : je crains d'être accusé... Autres tiagments :
32 NON. 36, 31 : PENSVM signifie équilibré d'aplomb, parce que les objets qu'on suspend n'ont aucune inclinaison. Lucilius, livre 28 со
ce n'est une entreprise ni petite ni raisonnable, que de vouloir enseigner les lettres à la fange. 33 NON. 74, 12 : ARM1LLVM (vase à vin). Lucilius, livre 28 oo
Quitte ces opinions pour suivre les miennes, tu le peux : la vieille retourne à son broc...
LIBER XXVIII, 29 (784-790 M) - 33 (766-7 M)
181
priuabit, igni cum et aqua interdixerit ; duo habet stoechia. Adfuerit anima et corpore (yr¡ corpus, anima est πνεύμα) : posterioribus stoechiis, si id maluerit, priuabit tarnen.
5
30 (791 M) NON. 296, 19 : EXIRE... euadere, liberări. lib. XXVIII сю
Lucilius
ne hoc faciat atque ex hac aerumna is exeat. 31 (792 M) NON. 318,22 : HABERE... audire. Luciliuslib. XXVIII
Habes omnem rem : timeo ne accuser... 32 (766 M) NON. 36, 31 : PENSVM signifìcat exaequatum quod sine inclinatione sunt quae penduntur. Luciliuslib. XXVIII oo
nihil parui ac pensi, uti litteras doceas lutum. 33 (766-7 M) NON. 74, 12 : ARMILLVM. Lucilius lib. XXVIII co
< ѵ ^ - ч ^ - ^ - ѵ ^ > hine, ad me, hine licet : anus russum ad armillum... 29 4 priuabit edd. : priuabitur et M priuabitur Ρ V И 6 γη Deubner : χη Ρ tum V, от. M || πνεύμα Ρ : πρευμα Vt om. M 80 aerumna is exeat Iunius : aerumna exeatis codd. is aerumna exeat Mueller 81 accuser edd. : accusser codd. accuser miser Buecheler 82 litterae edd. : littera codd. 88 russum Ll : rursum codd.
182
LIVRE XXVIII, 34-38
34 NON. 496, 27 : Génitif employé au lieu de l'accusatif... Lucilius, livre 28... Le même co ... si tu as besoin d'argent.
35 NON. 251, 1 : CEDERE... se retirer. Lucilius, livre 28 oo
ou bien si tu as besoin d'autre chose, tu l'auras pourvu que tu décampes d'ici pour ailleurs. 36 NON. 384, 19 : REDVN DARE, revenir. Redundare, abonder, avoir en trop. Lucilius, livre 28 oo ... d'abord < d e s richesses > sont en abondance ; l'or et les trésors sont à la portée de tous.
37 NON. 330, 28 : INTERFICERE... absorber, épuiser. Lucilius, livre 28 oo — Tu as liquidé une grande quantité de poissons et de volailles — je ne nie pas.
38 NON. 37, 3 : AQVA INTERCVS (eau sous la peau), hydropisie ; comme s'il y avait de l'eau sous la peau. Lucilius, livre 28 с\э ... tu as l'esprit hydropique.
LIBER XXVIII, 34 (760 M) - 38 (764 M)
182
34 (760 M) NON. 496, 27 : GENETIVVS casus positus pro accusatiuo... Lucilius lib. XXVIII... idem co
si argenti indiges. 35 (759 M)
NON. 251, 1 XXVIII сю
: CEDERE...
recedere.
Lucilius
lib.
uel si alio opus sit, fore, si hine aliquo cesseris. 36 (761 M) NON. 384, 19 : REDVNDARE, redire. Redundare, abundare, superesse. Lucilius lib. X X V I I I co
primo redundant, aurum ac tensauri patent. 37 (769-770 M) NON. 330, 28 : INTERFIGERE... consumere, Lucilius lib. X X V I I I co
finire.
< w - w - w - ^ - w > piscium magnam atque altilium uim interfecisti — haut [nego. 38 (764 M) NON. 37, 3 : AQVA INTERGVS, hydropum morbus; quasi aqua inter cutem. Lucilius lib. X X V I I I co
< ^ - > aquam te in animo habere intercutem. 85 fore ei hine codd. : fores hine ΛΑ DA A Sé primo codd, : от, D || redundant codd, Marx : redundat D A || tensauri codd, : thesauri L% 87 haut Onions : ut codd, at Mueller istud Both 19
183
LIVRE XXVIII, 39-42
39 NON. 496, 25 : Génitif employé au lieu de l'accusatif... Lucilius... livre 28 co à qui j'ai souvent appliqué mille coups de fouet par jour.
40 NON. 414, 11 : TERGVS... le dos... Lucilius, livre 28 oo Tu peux épargner de plus longs discours ; sauve-toi pendant que tu as les moyens de sauver ton cuir et le cuir du fouet.
HEXAMÈTRES 41 NON. 226, 26 : STATVRA est un mot féminin. Lucilius, livre 28 oo C'est pourquoi Accius, compte tenu de son aspect et de sa taille...
42 NON. 25, 12 : VATAX (variqueux) et VARIGOSVS (qui a des varices), défauts de la jambe. Lucilius, livre 28 oo comme si cette race antique d'où est sorti Quintus Maximus, d'où est sorti ce variqueux, avec les jambes en X...
LIBER XXVIII, 39 (768 M) - 52 (800-1 M)
183
39 (768 M) NON. 496, 25 : GENETIVVS casus positus pro accusatalo... Lucilius... lib. X X V I I I co
cui saepe mille inposui plagarum in diem. 40 (771-2 M) NON. 414, 11 : TERGORA... XXVIII co
dorsa... Lucilius lib.
oraüonem facere compendi potes : salue dum saluo tergo et tergino licet.
HEXAMETRI 41 (794 M) NON. 226, 26 : STATVRA generis feminini. Lucilius lib. XXVIII quare pro facie pro statura Accius... 42 (800-1 M) NON. 25, 12 : VATAX et VARIGOSVS, pedibus vitiosis. Lucilius lib. XXVIII co ut si progeniem antiquam qua est Maximus [Quintus, qua uaricosus uatax... 40 potes codd. edd. : potest BA postee Ll AA || salue Lachmann : sallii codd. solui lunius \\A tergo L1, edd. : in tergo codd. \\ et tergino codd. : et in tergino B 41 Accius edd. : Accius status codd. 42 qua uaricosus edd. : uacax qua uaricosus codd.
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LIVRE XXVIII, 43-46
43 NON. 396, 5 : SVMERE signifle recevoir, emporter... Lucilius, livre 28 || NON. 332, 41 : LEGERE... signifle voler... Lucilius, livre 28
il a de la glu aux mains ; il raflera tout... tu peux m'en croire, il emportera tout, sans rien lâcher. 44 NON. 308, 34 : FINGERE... préparer. Lucilius, livre 28
mais il se prépare à fuir ; la peur l'entraîne, son pied vole. 45 NON. 394, 28 : SPVRGVS signifle aussi fétide... Lucilius... Le même, livre 28
... tout ce qui est repoussant à voir et à sentir. 46 NON. 407, 3 : TOLLERE signifle élever... Lucilius, livre 28 co
d'immenses montagnes boisées se dresseront jusqu'aux étoiles.
LIBER XXVIII, 43 (796-7 M) - 46 (799 M)
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43 (796-7 M) NON. 396, 5 : SVMERE est accipere, tollere... Lucilius lib. X X V I I I co II NON. 332, 41 : LEGERE... subripere significat... Lucilius lib. XXVIII
omnia uiscatis manibus leget, < - ^^ - ^ > omnia, crede mihi : presse auferet omnis. 44 (795 M) NON. 308, 34 X X V I I I oo
: FINGERE...
parare.
Lucilius lib.
sed fuga fingitur timido pede percitus uadit. 45 (798 M) NON. 394, 28 : SPVRGVM etiam fetidum... Lucilius... Idem lib. XXVIII co
< __ ^ ^ - >
quaeque aspectu sunt spurca et [odore. 46 (799 M)
NON. 407, 3 : TOLLERE est eleuare... Lucilius lib. X X V I I I oo
tanti se nemoris montes ad sidera tollent. 48 omnia — omnia codd. 396 : omnia — leget codd. 332 || leget omnia codd. : leget omnia sumet omnia Lachmann |) preese codd. : prossus Buecheler prae se Marx prendet Leo (G.G.A. 1906, 855) || res auferet Popma Lachmann : auferet codd. 44 fingitur codd. : fungitur L1 || ac timido Acidalius Corpet : timido codd. ut timido Mueller Marx || pede percitus uadit edd. : uadit pede percitus codd. 46 aspectu codd. : aspecto DA 46 tanti se nemoris Marx : tantisetemporis # a tantis etemporis L H% tantis se e tenebrie Lachmann tanti se emporiis Palmer Lindsay || ad sidera Palmer Marx Terzaghi : et faetera codd. είς αΙθέρα Lindsay eis aetera Vähien in aethera Lachmann
NOTES COMPLÉMENTAIRES DU LIVRE IX
1 Sur un ton professoral, Lucilius invite le destinataire du poème à acquérir une science qui soit travail et étude {discere glosé par meditando ignotam rem ossequi), qui réalise l'accord de la raison (ratio) et de la réalité sensible (res), qui suppose un effort de l'esprit (laborare). Il est possible que de telles déclarations soulignent simplement le caractère didactique d'un ouvrage qui prétend fixer la norme orthographique ; toutefois elles s'inscrivent peut-être également dans une définition stoïcienne de la science, qui cherche à retrouver la rationalité du monde à travers la résistance du sensible (cf. Diog. Laêrt. 7, 47-50; Stobée, Ed. 2, 128). 2 Lucilius dénonce l'ignorance de la personne à laquelle il s'adresse : elle est incapable d'analyser la valeur spécifique (quid ualeat) et la différence caractéristique (quidue intersiet) des concepte impliqués dans les mots poème et poésie (hoc est ici un ablatif). Non cognoscis semble répondre à labora discere du fragment 1. De plus, la tournure fait écho à deux vers des Didascalica (9) où, dans une dédicace adressée à un certain Baebiue, Accius écrit : Nam quam uaria sint genera poematorum, Baebi, I quamque longe distincta alia ab aliis, sis, nosce. Lucilius parodie le texte : il reprend le même verbe (nosce, cognoscis), la même structure syntaxique (deux interrogatives indirectes précédant la principale), le même ton didactique ; mais il change complètement la signification du passage : Accius distinguait les genera poematorum. Dans sa pensée, le poème n'est que le genre qui correspond à l'espèce représentée par la poésie. Docile à l'enseignement de Garystios de Pergame, il développe l'un des thèmes de la Poétique d'Aristote : la poésie est imitation (chap. 1-3) ; ses genres (genera) se distinguent selon l'objet imité (peinture de l'humanité en beau ou en laid), selon les moyens mis en œuvre (prose ou vers), selon le mode d'imitation (récit ou action). Ainsi se définissent les différents types de poèmes qui épuisent la réalité poétique : tragédie, épopée, poésie ïambique, comédie. Apparemment Lucilius refuse une telle analyse (non cognoscis). La violence du ton a incité quelques éditeurs (Terzaghi
186
NOTES COMPLÉMENTAIRES, LIVRE IX
notamment) à croire que la satire s'adressait nommément à Accius. Rien ne permet de vérifier cette hypothèse. 3 Le fragment 3 développe l'opposition entre les notions de poème et de poésie présentées dans le fragment 2 : les deux passages se complètent mutuellement et devaient se suivre de très près dans la satire (cf. Introduction générale, tome 1, p. 61). Ils prolongent le même mouvement de pensée, voire la môme structure syntaxique : epistula Hem (vers 1 du fragment 3) termine toute une série d'exemples que laisse prévoir la fin du fragment 2. Quelques éditeurs ont cru nécessaire de lier directement les deux passages en comblant la courte lacune du texte ainsi reconstitué par epigramma (Dousa), idyllion ecce poema aal disticha (Mueller). Rien n'est plus arbitraire. Entre poema et poësis, Lucilius discerne une différence quantitative : le poème est un ouvrage bref (pars parua, epistula non magna) ; la poésie est une composition longue (maius multo quam quod dixi ante poema) qui peut regrouper un grand nombre de poèmes. Dans une telle perspective, le poème apparaît comme une sorte d'unité élémentaire (pars parua) et la poésie comme l'ensemble complexe où tout repose sur l'art d'enchaîner et d'ordonner les poèmes, comme dans l'Iliade (totaque Ilias una) ou les Annales d'Ennius (una ut θέσις Annales Enni). Celui qui critique Homère, ne saurait critiquer l'ensemble (perpetuo) des vingt-quatre chants de Y Iliade : il ne critique pas la poésie, l'élan créateur, mais un mot (uerbum), un passage, une expression (locum), une pensée (enthymema) ; le mot n'est pas prie ici dans son sens philosophique (Arstt. В het. 1356 b), mais dans le sens que lui donne la critique littéraire (Isocrate, Adv. Sophist. 16) : άλλα καΐ τοις ένθυμήμασι πρεπύντως Ολον τον λόγον καταποικΐλαι καΐ τοις όνόμασιν εύρύθμως καΐ μουσικώς ειπείν. Tous ces oéléments ressortissent au poème. Le fragment oppose donc : — I les créations ayant une certaine ampleur. Pour les nommer, Lucilius transpose en latin le nom grec ποίησις (cf. J. Heurgon ; W. Krenkel, Zur litt, kritik., p. 275). Jusqu'alors les Romains s'étaient contentés du mot scriptura qui désignait toute sorte d'écrit (cf. Tér., Ad. 1 ; Нес. 13 et 24) ; il correspondait à scriba, le copiste, auquel Naevius avait substitué poeta, le poète créateur, le poète savant, par opposition à uates, le poète inspiré. Lucilius innove en employant poësis. Il illustre par ce mot l'art d'ordonner un ensemble complexe de poèmes. C'est pour lui l'occasion d'exalter Homère, mais aussi Ennius qu'il compare au créateur de l'épopée. Cela ne signifie pas qu'il admire les Annales dans tous leurs détails : il en connaît les faiblesses. Horace le rappelle (Sal. I, 10, 54). Tous les défauts appartiennent au poème, comme appartiennent au poème toutes les fautes que l'on trouve dans Homère (A.P. 359 sq.). — 2° les créations qui sont brèves et réclament
NOTES COMPLÉMENTAIRES, LIVRE IX
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un travail sur le style, sur les mots (uerbum) ou sur les figures de pensée (entymema). Selon ce classement, une courte lettre en vers mérite le nom de poème : c'est une véritable consécration de Tépitre, genre récemment créé, puisque Ciceron en attribue l'invention à Sp. Mummius, consul en 146, dont il cite les epistulas uersiculis facelia ad familiáris missas Corintho (Att. 13, 6, 4). Plusieurs satires sont elles-mêmes des épltres : cf. livre 5 et tout particulièrement la satire grammaticale du livre 9 1 Le poème se définit par sa brièveté. Une épltre longue (epislula magna) ne peut ótre assimilée à un poème, mais à une composition de poèmes (poësis). L'opposition entre ces deux types de créations a marque la critique littéraire pendant presque toute la latinité. Elle se retrouve chez Diomede : Poetica estflctaeueraeue narraiionis congruenti rgthmo ac pede composita metrica structura ad utilitalem uotuptatemque accommodata. Distat autem poetica a poemate et poesi ; quod poetica ars ipsa intellegitur, poema autem pars oper is, poësis contextue et corpus totius operis effecti, ut Ilias, Odgs8iat Aeneis {G.L.K. I, 473, 16). Elle apparaît chez Marius Victorinus : Poetice est ars ipsa ; nam poësis et poema uno tantum modo clauditur carmine... poësis autem ex pluribus id est corpus operis confecti, ut Ilias Homeri et Aeneis Vergila (G.L.K. VI, 56, 17). Même opposition dans les Origines (1, 38, 21) d'Isidore de Seville : Poësis dicitur Gracco nomine opus multorum librorum, poema unius. Varron cité par Nonius, en même temps que Lucilius, a sans doute transmis le texte le plus précis. Chaque grammairien apporte des variantes qui iui sont propres, mais l'essentiel demeure la distinction entre un ouvrage long et un ouvrage bref. En fait les Latins ont emprunté cette terminologie à la critique littéraire telle que la concevait l'école d'Alexandrie. (Cf. Piwonka, p. 138 sq.). C'est à cette source que les Grecs aussi ont emprunté les exemples concernant Y Iliade ou VOdyssée en même temps que la notion de poème et de poésie : ποίησις ή 'Ιλιάς καί ποίησις ή Όδυσσεία, ποιήματα бе άσπιδοποιία, νεκυομαντεία, μνηστηροφονία (Hermogène, in Rh. Graec. 1, 16 Walz). Ποίησις μεν γαρ πάσα ή Ίλιάς ποίημα δέ ή των 'Αχιλλέως δπλων κατασκευή. (Aphtonius, Rh. Graec. 1, 60 Walz). Bien avant ces grammairiens, Néoptolème de Parion distinguait déjà les deux notions (cf. I. Mariotti, op. cit.t p. 18 ; Ardizzoni, Ποίημα Bari, 1953, p. 26 sq. et 38 sq.). Les deux mots n'appartiennent pas seulement aux milieux littéraires ; ils avaient sans doute pénétré dans les milieux épicuriens : à l'époque de Cicerón, Philodème les analysait dans son traité περί ποιητικής (Cf. С. Jensen, Philodemus über die Gedichtet fünftes Buch, Berlin 1923, p. 29 et 103). Les stoïciens les reprenaient également dans leurs poétiques. Diogene Laërce transmet la définition qu'en proposait Posidonius d'Apamée, le contemporain de Lucilius : Ποίημα бе έστιν, ώς 6 Ποσειδώνιός φησιν έν τη περί λέξεως είσαγωγη, λέξις έμμετρος ή ενρυθμος μετά σκευής το λογοειδές έκβεβηκυια δια το ένρυθμον... ποίησις δέ έστι σημαντικον ποίημα
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μίμησιν περιέχον θείων καΐ ανθρώπειων (7, 60). Les définitions données par Lucilius prennent donc leur place dans une tradition philosophique, et dans une tradition littéraire, liée principalement à l'école d'Alexandrie. Elles établissent l'existence de deux types d'œuvres. Les unes, de grande dimension, impliquent une composition et une organisation d'unités plus petites ; elles sont le domaine du perpetuum argumentum (Varron), du carmen perpetuum (Hor., Carm. 1, 7, 6), de l'opus unum et Шит ; elles évoquent le êv Αεισμα διηνεκές dont parle Gallimaque (1, 3 Pfeif.). Les autres sont brèves ; elles apparaissent comme parua poësis, epistula, ou encore όλιγοστιχία. S'il est vrai que, dare ce fragment, Lucilius s'oppose à Accius, alors Magister Coltegli Poetar um, (cf. W. Krenkel, Zur litt, kritik..., p. 277), la distinction qu'il établit est très importante. Pour autant qu'on puisse le savoir, Accius, docile à l'école aristotélicienne, classait les œuvres poétiques en fonction de l'objet imité et du mode d'imitation (récit ou action). En substituant à ces principes la notion de longueur, Lucilius permet d'inclure dans la création poétique des œuvres qui n'imitent pas d'objet précis ou qui imitent plusieurs objets, qui n'utilisent pas un mode d'imitation précis... Tel est le cas notamment de l'épltre ou de la satire. 4
Le fragment introduit les préceptes sur l'orthographe, en indiquant la méthode suivie par Lucilius. Nomina (c'est-à-dire nomina lilterarum, selon F. Marx et J. Heurgon) désigne le nom des lettres. L'auteur les range selon leur ordre alphabétique, en commençant par les voyelles, en terminant par les consonnes. Ce classement correspond, en gros, à celui des traités de orthographia composés par Vclius Longue ou Terentius Scaurus. Les fragments conservés dans le livre 9 intéressent A> Et /, la diphtongue AE, les consonnes D, L, Q, Д, S. Cette étude devait se poursuivre jusqu'à la fin du livre 9. En l'état actuel de nos connaissances sur le texte primitif des satires, rien ne permet d'afflrmer que les fragments 1100 M et 1215 M aient appartenu à cette partie de l'ouvrage, ainsi que le prétendent Terzaghi, Mueller ou Warmington : en l'absence de toute référence il est bien hasardeux de fixer autoritairement la place d'un vers. De plus, l'insertion dans la satire de remarques qui ont un caractère rhétorique plus marqué, compromet l'unité d'un passage qui traite presque exclusivement de problèmes de graphie. D'un autre côté, j'ai éliminé le fragment 373 M, parce qu'il ne contient aucun mot qui puisse, avec quelque vraisemblance, être rapporté à Lucilius. Velius Longue (G.L.K. VII, 60, 14) écrit en effet : ...antiquos scimus el abs te dixisse: nos contenti sumus a te dicere. Scimus ipsos et ab Lucilio dixisse: nos obseruamus ut ab praeponatur his nominibus quae a uocali incipiunt, ut cum dicimus ab Olympo ; non adsumitur autem haec 6, quotiens nomina a consonante
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incipiunl uł a Romulo. Dans ce texte, où le grammairien analyse les conditions du maintien et de Pamuissement de b selon l'entourage phonétique, la tournure ab Lucilio est un simple exemple parmi d'autres, et se place sur le même plan que les expressions abs te, a te, ab Olgmpo, a Romulo. Un nom propre, quand il est pris comme illustration d'une loi phonétique, ne révèle pas forcément un emprunt 1 Par ailleurs, la formule Lucilio n'est qu'une correction introduite par l'édition princeps de Velius Longue parue à Rome en 1587; les manuscrits fournissent la leçon Lucio. J'ai donc rejeté ce fragment qui avait été accepté par tous les éditeurs précédents. L'unité des textes orthographiques ее trouve dans l'identité de leur facture. Lucilius commence par citer une expression tirée du langage courant ou de l'œuvre de ses adversaires ; ensuite, il commente. Après avoir donné l'exemple Iam puerei uenere, Hoc UH factum est uni, Feruere, il énonce la règle : E posìremum fucilo, tenue hoe fades i, parfois il ajoute une plaisanterie ne longum hoc lictoribus trădam. Cette présentation a permis à L Mariotti de rétablir de façon dé unitive, et en respectant intégralement le texte des manuscrits, la version primitive du fragment 8 (cf. Studi luciliani, p. 27). En ponctuant différemment, il lit en effet : Meille hominum, duo meilia item: hue В utroque opus; miles / militiam: tenues I. Pilam in quam lusimus, pilum I quo piso: tenues; si plura... Le style heurté rappelle les gloses des grammairiens, la sécheresse des lexicographes, le ton d'un professeur. 5 Lucilius étudie la transcription de A long et de A bref. Le premier vers énonce la proposition combattue par Lucilius : la voyelle brève se transcrit par la lettre simple et la voyelle longue par la lettre géminée. Cet usage était bien établi au milieu du H · siècle avant J.-C. (cf. J. Heurgon) ; de nombreuses inscriptions le prouvent; entre autres, l'épitaphe de Marcus Caecilius (CLL. I 1202, VI 13696) : Hoc est factum monumentum / Маагсо Caicilio... Quelques exemples se rencontrent également en langue oeque Maatreis = Maires (cf. Von Planta 180). Terentius Scaurus n'a retenu, en la matière, que la seule responsabilité d'Accius, sans doute parce que le poète avait donné une sorte de consécration officielle à cette pratique qui existait bien avant lui : ...geminatis uoealibus scribi natura longas sgllabas uoluit... (Cf. également Marius Victorinus, G.L.K. VI, 8). Il s'agit d'un essai de codification des graphies ; uoluit n'implique pas une action autoritaire, (cf. W. Krenkel, Zur litt, kritik., p. 277) ; mais une proposition du Magisler Collegii poetarum que Lucilius n'accepte pas de suivre, Nos tarnen. Une môme graphie représente la voyelle longue ou la voyelle brève : singulares uocales et produci et corripi possunt (Terentius Scaurus). Une lettre doit transcrire un seul et même son. Contre des innovations arbitraires, Lucilius se présente comme le défenseur du sensus communis
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(M. P. Piwonka, o.e. p. 12). Scribemus... ut dicimus. La tournure est renforcée : uno eodemque ut dicimus pacto. Plusieurs exemples sont cités qui font alterner A longs et A brefs (pâcem, Iãnum, ăridum; placide, ăcetum). Dans ce domaine, il suffît de suivre le modèle des Grecs (Graeci ut faciunt) : Homère {E 31) écrit "Αρες avec la lettre A dans le vers : τ Αρες, "Αρες, βροτολοιγέ μιαιφόνε τειχεσιπλήτα Pourtant, dans l'écriture comme dans la prononciation, le môme mot est d'abord périspomène, ensuite paroxyton ; le premier A est long pour des raisons métriques (ictus), le second est bref. Dans un cas comme dans l'autre, la voyelle est écrite avec la même lettre. Terentius Scaurus approuve Lucilius qui défend l'usage, consueiudo (une lettre, un son), contre la réglementation d'Accius (une lettre, une brève). Il reproche également à celui-ci
d'avoir méconnu Гареж, cet accent qui servait à marquer les voyelles longues ; la critique est injustifiée puisque ce signe n'apparaît pas dans les textes avant l'époque de Sylla.
в-7 Les deux fragments traitent du verbe fernere : Lucilius le conjugue comme un verbe thématique. Le doublet ferueo ne e'est pas encore imposé dans la langue, cf. Accius, Nyctegresia (482), Meleager (450) ; Titinius Setinä (127) ; Naevius, Lueurgus (49)... et les 12 exemples tirés de textes du n e siècle avant J.-G. que Nonius a regroupés sous les articles Feruit, Feruere, Ferual, Feruilur de son dictionnaire (502, 30 à 503, 37). Probus confirme par ailleurs que les Anciens plaçaient ce verbe dans la troisième conjugaison. C'est donc en défenseur de l'usage que Lucilius soutient la forme feruit. Il faut employer les tournures généralisées dans la pratique de la langue (consueiudo) et éviter toutes les innovations qui distinguent du plus grand nombre (cf. Piwonka, p. 13). Dans le fragment 6, avec la forme littoribus, j'ai repris la leçon des manuscrits ; Marx avait corrigé en lecloribus. Sur ce point, j'ai suivi l'exemple de Terzaghi, de Warmington et de Heurgon : tradere lictoribus évoque l'image du préteur qui condamne un criminel au supplice ; cette expression est synonyme de corripere al i quem, faire arrêter quelqu'un. Or corripere est aussi le verbe qui signifie abréger une voyelle. Lucilius joue sur les mots. Dans le fragment 7, le poète oppose le futur feruti au présent feruit. Pour la construction ad annum, dans un an, cf. Cic, Alt. 5, 2, 1.
8-12 La graphie de I bref et de I long a suscité de très nombreux débats dans l'Antiquité. Terentius Scaurus, Charisius, Velius Longus, Quintilien manifestent une certaine surprise devant toutes les solutions qui ont été apportées. Les hellénisants
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[secundum consuetudinem graecam, Velius Longue, 10 ; eadem rations quam Graeei ει uterentur, Quintilien, 11), recommandent l'utilisation de El pour noter la voyelle longue. Accius ее range dans ce groupe : „хит longa sgllaba scribenda esset, duas uocales ponebat, praeterquam quae in I litteram inciderei: hane enim per E et I seribebat (Marius Victorinus, G.L.K. VI, 8, 13). A ce principe phonétique, Varron oppose une règle sémantique : El marque le pluriel, / le singulier (cf. Terentius Scaurus, 8) quand / est long. Lucilius n'accepte ni Tune ni l'autre solution. Tout le système qu'il propose s'appuie sur le concept de i plenum (Terentius Scaurus, 8), sur les notions de plenius (8), de pinguius (12) qui entraînent automatiquement la graphie El. Ces différents termes recouvrent : — 1 ) l'idée de nombre : meille, duo meilia, peila, mille, deux mille, les javelots, qui évoquent une pluralité d'objets s'écrivent avec étoffement du thème par opposition à miles, milHiam, pilam, pilum, le soldat, le service, la balle, le pilon qui désignent des êtres ou des objets uniques (8). — 2) l'idée de pluriel : la désinence / long de nominatif pluriel est notée El dans puerei venere (8), dans Haec Ulei fecere (12) par opposition à la désinence de génitif singulier / long qui est écrite par / dans pupilli, pueri, Lucili (IO). Il n'est pas question de transcrire par une voyelle géminée le génitif singulier des mots en -IVS (10 : pour l'établissement du texte cf. Marx) : Luci, Corneli, Corniflci. La désinence / long de datif singulier n'échappe pas à la règle : cf. 12 : Hoc UH factum est uni ; 11 : Mendaci furique : addes E cum dare furi iusseris. Dans ce vers, comme dans le fragment 6, Lucilius illustre le principe par un calembour : dare furi signi fíe employer fur au datif. L'expression reprend un exemple d'école (cf. F. Sommer, op. cit., p. 70-7) glosé dans VElgmologicum magnum: On disait que ce mot venait du grec ύφελέσθαι, de ύφαιρέω ; on en avait tiré ύοηλέτης, puis en enlevant /'u et en changeant Ve en η, φηλητης. Pourquoi? Parce que, comme c'était un voleur, on lui volait son υ. Telle est Vexplication que proposait Tryphon d'Alexandrie à la fin de la République (J. Heurgon). Le mot qui désigne le voleur, est lui-même un mot volé, à l'image des victimes de celui qui en mérite le nom. La plupart des commentateurs pensent que Lucilius, parce que le datif a valeur augmentative, voulait étoffer la désinence / ut pinguius fiat (12). Le poète raffinerait à plaisir : le mot voleur est diminué ; le datif lui rend du volume. S'il en est ainsi, le fragment 11 contredit ce qui est affirmé par le fragment 12 : Hoc UH factum est uni: tenue hoc faciès I. Le fait n'a peut-être pas grande importance : les Anciens dénonçaient déjà l'incohérence du système d'orthographe proposé dans le livre 9 : cf. tout particulièrement Varron ¿selon Terentius Scaurus, 8 : quam inconstantiam arguens). Toutefois il est peu vraisemblable que, dans le même poème, le même homme prétende que le datif doit s'écrire I dans un vers et El dans un autre vers. Peut-être Lucilius opposait-il dans leur graphie le datif d'intérêt (frag-
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ment 12) et le datif d'attribution (fragment 11) ? Toutes ces hypothèses sont difficilement acceptables. La doctrine de Lucilius retrouve toute sa cohérence si l'on admet que cum dare furi iusseris signifie jamais : iubeo dans le fragment 11 indique une invitation polie à l'action ; or qui irait engager ses amie, ses voisins ou ses concitoyens à faire des dons aux voleurs ? Un tel personnage se sert habituellement tout seul. L'expression, imagée et de type proverbial, semble l'équivalent de celle que l'on trouve dans Villon (Requeste à Mons. de B.) : Car, se du glan rencontre en la forest / D'entour Palay, et chastaignes ont vente, / Paie serez sans delay ny arrest. Le grand principe qui régit l'orthographe selon Lucilius est celui d'une adéquation complète entre le signifiant et le signifié. Dans sa désinence comme dans son radical, le mot doit porter la marque de l'idée exprimée. Cette doctrine s'apparente à celle de Varron : uerbum est unius cuiusque rei signum quod ab audiente possit intellect a loquenle prolatum (L. L., F 1 Wilmanne) ; elle est commentée par Servius (Aen. 8, 83) : ' conspicitur sus '. Horatius ' et amica luto sus '. Sciendum tarnen hoc esse uitiosum, monosyllabo finiri uersum; nisi forte ipso monosyllabo minora explicentur ammalia, ut ' parturient montes, nascelur ridiculus mus \ Graliores enim uersus isti sunt secundum Lucilium. Le respect du contenu justifie la faute de versification. D'autres exemples se trouvent dans Sénèque (iV.jp. 2, 56) : dicimus ut splendere sic fulgëre. At Ulis (antiquis) ad 8İgnificandam hane e nubibus subitae lucis eruptionem mos erat correpta media syllaba uti, ut dicerent fulgere (cf. W. Krenkel, Zur litt, kritik., p. 276). Il s'agit en fait de l'un des thèmes de la philosophie hellénistique — sinon hellénique puisqu'il se trouve déjà présenté dans le Cratyle — qui a connu une fortune toute particulière auprès des Stoïciens. Tryphon soutenait en effet ¿τι συνέπαθεν ή φωνή τφ σημαινομένω (cf. Ι. Mariotti, op. cit., p. 23 ; F. Sommer, Lucilius als Grammatiker, Hermes 44, 1909, p. 70 sq.) ; cette déclaration s'harmonise avec le réalisme d'une philosophie où τα ονόματα φύσει μιμητικά έστι των πραγμάτων. En s'appuyant sur une telle doctrine, Lucilius essaie de retrouver sous l'orthographe la réalité profonde des choses mêmes. Il n'est pas étonnant qu'il méprise les considérations phonétiques d'un Accius. Seule compte la logique d'un système graphique.
18-14 Les deux fragments traitent de l'orthographe de la diphtongue AE au génitif singulier, au datif singulier et au nominatif pluriel de la première déclinaison. Quintilien distingue plusieurs écoles : — 1) ceux qui suivent l'usage grec et écrivent toujours AI, Velius Longue confirme : Illud eliam adnotandum circa I lilteram est quod ea quae nos per AE antiqui per AJ scriptilauerunt Iuliai, Claudiai (G.L.K. VII, 57,20). — 2) Certains opposent la désinence du nominatif pluriel en AE à celles du génitif et du datif singuliers
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en AI ; cf. Velius Longue : Sed et quidam in hac quoque scriptione uoluerunt esse differentiam, ut pluralis quidem numeri nominaliuus casus per A et E scriberetur, genetiuus uero singularis per A et I (ibid.). — 3) Quintilien renonce à expliquer les opinions de Lucilius qui semblent constituer à elles seules une doctrine bien distincte des autres — et une doctrine bien étrange et surprenante 1 Seul un court fragment avec un exemple de datif singulier est conservé par Martianus Capella (le texte est gravement altéré). C'est bien peu sur l'ensemble des vers (pluribus uersibus) dont parle Quintilien ; d'autre part, aucun nominatif et aucun génitif ne sont cités, il est difficile de reconstruire la doctrine avec quelque vraisemblance. Un seul détail éclaire peut-être la théorie : Velius rapproche les traitements de AE et de AI, de El et de I (cf. 8-12) : circa i litteram... Peut-être, dans l'orthographe de cette diphtongue, le poète distinguait-il aussi des graphies pleines en AI par opposition aux graphies maigres en AE. 15-17 Les trois fragments traitent de l'accommodation des préverbes. L'application des lois phonétiques veut qu'il y ait assimilation de D à В dans abbibere, de D à С dans accurrere, de R à L dans pelliciendus. Lucilius sait également que les sujets parlants conservent souvent le sentiment qu'il s'agit de mots composés ; que adbibere, adcurrere sont souvent employés dans la conversation. Il se conforme à l'usage, et admet toutes les orthographes en partisan de la consuetudo. Dans le fragment 16, eque labores présente une tmèse pour elabores-que. 18 Lucilius reconnaît l'individualité du phonème 'K* même si cette labio-vélaire s'écrit en latin avec les deux lettres q et u. Marx, après RITSCHL, croit que ce fragment pourrait évoquer la polémique contre Accius, car des inscriptions quraf pequnia s'appuieraient sur l'autorité de celui-ci (Opuse. IV, p. 687, 492 adnot.). 19 Lucilius examine la lettre R, la littera canina, inrUata canes quam homo quam planius dicii, déjà évoquée au livre 1 (3). Ce fragment date, dans la littérature latine, l'une des premières réflexions sur l'esthétique des phonèmes. Quintilien distingue également les consonantes asperiores, ...quorum tristior...stridor est (9, 4, 37) ; quae fuit causa et Seruio, ...sublrahendae S litterae, quotiens ultima esset aliaque consonante susciperetur... Nam ñeque Lucilium putal uli eadem ultima cum dicil * Aeserninus fuit ' et 4 dignus locoque ' et Cicero in Oratore plures antiquorum tradii sic locutos (9, 4, 38). A propos des consonnes Я et S (20), s'élabore
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toute une doctrine de l'euphonie qui repose essentiellement sur l'impression d'agrément ou de désagrément [litterae melius sonantes : Quintil. 8, 3, 16 ; opposées à insuauissimae litterae : Cic, Orat. 163) éprouvée par le sujet parlant (cf. W. Krenkel, Zur litt. Kritik, p. 279). Les Latins suivent sur ce point les théories hellénistiques auxquelles ils empruntent un vocabulaire. Cacosyntheton est indecens structura uerborum talis ut * uersaque iuuencum terga fatigamus hasta ' (Charisius, G.L.K. I, 71, 22). Servius commente le môme vers de Virgile {Aen. 9, 606 : est autem cacosynlhelon et homoeoteleuton : nam melius sit ita ' versa hasta iuvencorum terga fatigamus ' ; cf. Quintil. 8, 3, 59 : Sunt inornata et haec: quod male dispositum est, id ά ν ο ι κ ο ν ό μ η τ ο ν quod male ftguratum, id ά σ χ η μ ά τ ι σ τ ο ν , quod male collocatum, id χ α κ ο σ υ ν θ ε τ ο ν uocant. Le mot désigne une maladresse dans l'ordre des mots, le galimatias. Lucilius a pu le trouver dans de nombreux textes grecs : cf. scholiaste d'Euripide (Нес. 801) : κακοσυνθέτως ειπείν · έδει γαρ ούτως είπεΐν * καΐ τα δίκαι' ορισθέντες παρά του θεοί) τηρεΐν εν τοις πράγμασιν αδίκως ζώμεν, correction proposée pour le vers νόμω γαρ τους θεούς ηγούμεθα καΐ ζώμεν άδικα καΐ δίκαι' ώρισμένοι. L'emploi des termes grecs prouve que Lucilius était bien informé sur les théories hellénistiques concernant l'euphonie, telles qu'on peut les reconstruire à travers l'œuvre des grammairiens et tout particulièrement dans celle de Denys d'Halicarnasse, qui définit les mots εΟφωνάτε καΐ καλλιρήμονα (cf. I. Mariotti, op. cit., p. 22-23).
20 Veliue Longus cite en môme temps les fragments 19 et 20 qui traitent respectivement des consonnes Л et S : elles posent en effet les mêmes problèmes de prononciation. Dans le vers, R et S comptent pour une syllabe longue, cf. supra les consonnes Ρ, T, D, ou encore la voyelle E il n'existe pas en latin de mono syllabes en voyelle brève finale... Chez Lucilius, on trouve comme clausule d'un hexamètre * nam Ρ sequitur simul et T ' : il en résulte que le nom de la lettre est PË et non PË (Kuryłowicz, L'accentuation des langues i.e., p. 381-2). Si la quantité des syllabes est bien établie, il n'en va pas de même pour leur composition. S'agit-il de RË ou de ËR, de SE ou de ES ? A partir de Varron la situation est claire : Varro dicit consonantes ab E debere incipere quae semiuocales sunt, et in E debere desinere quae mutae sunt (Sergius, G.L.K. IV, 520, 18). Les consonnes continues, notamment R et S, ont un E préposé, les consonnes instantanées ont un E postposé (BE, CE...); cf. J. Collart {Varron grammairien latin, p. 76) : Auparavant, semble-t-il, les noms de toutes les consonnes comportaient un E postposé. L. Strzelecki {De litterarum Romanarum nominibus, Wratislaviae, 1948) s'appuie sur le fragment 19 du livre 9 des Satires pour le démontrer; mais comment faut-il interpréter la leçon ARE que transmettent les manuscrits ?
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Doit-on supposer qu'elle recouvre un ancien ER ou un ancien RE ? En choisissant la seconde solution, Strzelecki admet impli citement la conclusion qu'il voulait démontrer. Dans son commentaire, Velius Longue ne permet pas non plus de trancher. Il écrit à propos du signe X : .„nam et X signiflcat aliquid (sic enim uocamus) neque tarnen ideo syliaba aut lexis est. Et haec ipsa constat ex С el S пес ideo et Ulam quisquam syllabam dixit sed duplicem litteram. Deinde quid quod et uoces non scriptiles habent tarnen signiflcationem, quamuis scribi non possinl? nam et digitorum sono pueros ad respondendum ciemus (G.L.K. VII, 47, 13). Marx a montré de façon définitive que le grammairien ne songe pas à la lettre X — prononcée IX — mais au phonème complexe *KSE qui entre dans la catégorie des cris ou des gestes d'appel (uocantium), au même titre que S Г ou que les claquements de doigte dont on se sert pour commander les jeunes esclaves. Ces cas particuliers étant mis à part, Lucilius reconnaît deux façons de nommer la consonne S : — I o son nom latin, soit ES, soit SE : il est pratiquement impossible de trancher entre les deux prononciations. — 2° son nom grec, sigma. C'est précisément cette façon de nommer les lettres par leur nom grec (S nostrum... quod dicimus sigma) que le poète dénonce. Une telle pratique est le fait des semigraeci (dans le vers, j'ai laissé subsister la forme adverbiale semigraece plus proche de la tradition manuscrite). C'est Accius qui est directement visé par ce néologisme. U a utilisé en latin des mots qu'il emprunte aux Grecs : ...in tragoediis largius a prisca consuetudine mouere coepit et ad formas Graecas uerborum magis reuocare, a quo Valerius ait ' Accius Hectorem nollet facere, Heclora mallet · (Varron, L. L. 10, 70) ; il n'hésite pas à contrarier l'usage ...cum scriberet anguis, angulus, agguis, aggulus ponebat (Varron, L. L., p. 201, ff. 4 Goetz Schoell) ; Obscaenum dictum ab scaena; earn ut Graeci Accius scribii scena (Varron, L. L. 7, 96). C'est encore Accius qui a généralisé la graphie El pour transcrire I long secundum consuetudinem graecam (8-12). S'opposent à une imitation aussi servile, Lucilius propose de s'inspirer de l'esprit de la civilisation grecque, mais de respecter l'usage et les habitudes de la langue latine. Dans le fragment 20, sensible aux questions d'euphonie (vulgarisées par les Grecs), Lucilius examine le système phonétique du latin ; on ne peut se tromper au sujet du son ES (nihil erroris habet) ; il est discordant ; il faut l'éviter (cf. 19). Quintilien en dépeint la tristior stridor et Servius rappelle que Lucilius ne l'employait pas en finale devant consonne : ...neque Lucilium putal uli eadem ultima cum dicit * Aeserninus fuit ' et ' dignus locoque '... (Quintil. 9, 4, 38).
21 Le fragment termine un récit (au style indirect) qui évoquait les origines légendaires de trois objets rituels : — les boucliers sacrée (ancilia) sont des boucliers courts, ovales et ¿chancres en 20
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leur pariié médiane (Varron, L. L., 7, 43). Plutarque (Num., 13) raconte que Tun d'entre eux était tombé miraculeusement du ciel. Pour décourager les voleurs, Numa en fit forger onze autres, exactement identiques, dont il confia la garde et le culte au collège des prêtres saliens. — La houppe (apex) est une baguette d'olivier sur laquelle s'enroule un Ш de laine dont l'extrémité se déploie largement. Surmontant le bonnet en peau de bête, cet ornement est l'insigne distincţii du flamine de Jupiter, cf. Liu. 6, 41, 9 : ...cuilibet apicem Dialem, dummodo homo sit, inponamus... — Le vase à sacrifice (capis) possède des anses et, selon le témoignage de Varron (L. L. 5, 121), se faisait primitivement en bois ou en terre. Il caractérise le pontife ou l'augure comme le prouve la description de Tite-Live : Qui louis Oplimi Maximi ornalu decoralus, currи aurato... ueclus, in Capilolium ascenderli, is conspiciatur cum capide et lituo, capite uelalo uictimam caedat auguriumue ex arce capiat (10, 7, 10). Ces trois objets sont liés aux innovations religieuses (repertae sunl) de Numa : il créa le flamine de Jupiter, les Vestales, les Saliens, et, avec le pontificat, donna à Numa Március la charge de conserver le rituel qu'il avait institué (Liu. 1, 20). Le récit de Lucilius est extrêmement précis : en opposant deux formes pronominales au début de chaque hémistiche, le poète a distingué deux significations religieuses de l'action du roi ; des circonstances extraordinaires (hinc) lui ont imposé le rite du bouclier, tandis que le vase et la houppe sont sa création personnelle et exclusive (ab hoc). 22 Comme le vers précédent, le fragment rappelle la légende de Numa. Salios item duodecim Marli Gradiuo legil, tunicaeque piclae insigne dedil el super lunicam aeneum pectori tegumen; caelestiaque arma, quae ancilia appellantur, ferre ас per urbem ire cúnenles carmina cum tripudis sollemnique saltatu iussit (Liu. 1, 20, 4). Du 9 au 19 mars les boucliers étaient exposée dans Rome au cours d'une procession coupée par des haltes pendant lesquelles les prêtres exécutaient la danse sacrée. Le vers de Lucilius est une description minutieuse des mouvements (ut consécutif décompose le pas de danse). Il est formé de deux hémistiches symétriques ayant même rythme (deux dactyles suivis de spondée), même structure grammaticale (ut...ul ; inde...inde ; amplruel...redamplruet..,), à l'imitation des prières et des évolutions alternées des danseurs. Le praesul (de prae salio, celui qui danse le premier) est le chef du collège des Saliens ; il tourne sur lui-même (amplruare désigne un mouvement circulaire, cf. amb~, grec άμφι...) d'un mouvement lent, à l'endroit où il se trouve (inde) ; le chœur (uolgus) reproduit la même figure à l'endroit où il se trouve. L'opposition inde-inde correspond à celle du grec ό μέν ІѵѲеѵ, обе ένθεν (cf. Marx).
NOTES COMPLÉMENTAIRES, LIVRE IX
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28 Les deux vero se rapportent à la fabrication des briques crues. Trois matières premières sont nécessaires (cf. Vitruve 2, 3) : l'argile et l'eau sont d'abord travaillées pour former une boue bien homogène (unum). La paille (palea), découpée en petits morceaux, est alors incorporée au mélange qui est longuement brassé. Le résultat, l'argile de briquetier, est une sorte de mortier désigné par les mots lutum aceratum. Il sert à façonner les briques qui sèchent pendant de nombreux mois, de préférence à l'abri du soleil (entre trois mois et cinq ans). Lucilius présente le briquetier comme un créateur. Ducere implique l'idée de mener à bien, conduire jusqu'à son terme d'où les expressions familières ducere murum, construire un mur. 24 Frumentarias désigne un marchand de blé ou, à l'époque impériale surtout, un préposé aux distributions publiques de blé. Le personnage est présenté avec ses instruments de travail : mesure et raclette (rulrum) ; cet outil servait à faire tomber les grains qui débordaient d'un récipient. Gichorius (Unter zu Luc, p. 292) a rapproché le fragment d'une anecdote rapportée par Ciceron [Tuse. 3, 48) : L. Piso Ule Frugi semper contra legem frumentariam dixeral. Is lege lala consularis ad frumentum accipiendum ueneral. Animum aduerlil Gracchus in contione Pisonem staniem; quaeril audiente p.R. qui sibi consist, cum ea lege frumentum pelat quam dissuaserit. « Nolim, inquit, mea bona, Gracche, tibi uirilim diuidere li beat, sed, si facias, parlem petam ». Il n'est peut-être pas invraisemblable d'imaginer que, jouant sur les deux mots Frugi et Frumentarius, Lucilius ait esquissé la silhouette du consulaire en train de faire la queue parmi la foule : il s'appelle Grainetier ; il est riche ; pourtant il vient à la distribution 1 Rien ne prouve cependant qu'il s'agisse de cet homme. 25 Le texte est très mutilé. Plusieurs éditeurs (Warmington, Bolisani...) ont admis la correction de Cichorius (Unter, zu Luc, p. 296-8) : Cerco serait un parent de Cn. Lutatius Cerco, ambassadeur auprès d'Antiochus en 173 avant J.-C. (Liu. 42, β). Le personnage est entièrement inconnu par ailleurs. Seul le texte de Lucilius le citerait. J'ai préféré suivre de plus près le texte des manuscrits en adoptant les corrections ergo au lieu de ego ^cf. Lachmann, Comm. Lucr. p. 122) ; certo au lieu de cerno ; et en rétablissant, ainsi que la plupart des éditeurs, ostrea certo au lieu de certo ostrea. Le fragment décrit sans doute un raffiné, grand amateur d'huîtres (cf. Iuu. 4,139), dont le palais est devenu trop sensible.
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NOTES COMPLÉMENTAIRES, LIVRE IX 26-28
Lucilius décrit le monde de la galanterie en termes particulièrement réalistes : Le fragment 26 présente Vécorché d'un vieux complètement décrépit; cf. Iuu. 6, 324 : Nil ibi per ludum simulabiiur, omnia fient J ad uerumf quibus incendi iam frigidus aeuo I Laomedonliades et Nestoris hirnea possit. Lucilius accable le personnage de toutes les infirmités que la comédie attribue habituellement aux gens de son âge : cf., entre autres, le portrait de Démiphon (Plaute, Merc. 291). La vieille du fragment suivant est bien comparable à la vieille heaumière dont parle Villon (cf. J. Heurgon). Si la femme est belle, l'amant doit imaginer bien des expédients pour parvenir à ses fins ; mais s'il n'est pas question de beauté, si c'est une spécialiste, il suffit d'un peu d'argent. Ad formam signifie en ce qui concerne la beauté ; cf. Plaute, Cist, 71 : Ad istam faciem est morbus, qui me...macerat. Olim a valeur d'adjectif : une ancienne prostituée. Au lieu de subit, généralement admis par les éditeurs depuis Marx, j'ai préféré obit : le sens n'est pas tellement différent ! mais le texte est plus proche de la leçon des manuscrits. En tout cas, j'ai refusé la conjecture de Leo, obsi : le mot obsum, i п. (grec бсроѵ, ου) n'existe pas en latin. Le vieux et la prostituée étaient peutêtre réunis dans le fragment 28 où sont décrits des effets de charme à bon marché. 29 Plusieurs conjectures ont été proposées pour rétablir le texte des manuscrits hoc zeferiatin. Varges (Spec. Quaest. Lucii, in Rhein. Mus. 3, 15, p. 57) suggère huic zopyriatim : en forgeant ce mot, Lucilius rappellerait l'action du Perse Zopyre qui se coupa le nez, les lèvres et les oreilles pour exciter la pitié des Assyriens soulevés contre Darius et s'emparer de Babylone (Hérodote 3, 154 ; Justin 1, 10). Lachmann a lu huic Zopyrioni en songeant à l'esclave de Lucilius qui est décrit au livre 22 (584 M). Toutes ces leçons s'écartent beaucoup de la tradition manuscrite. Marx a proposé la lecture hoc uociferanti en remarquant que la graphie -atin cache peut-être un datif de participe présent en -anti. 80 Il est question d'un personnage habitué aux coups. Marx rapproche ce fragment de Martial 3, 16, 3 : Ebrius es: neque enim faceres hoc sobrius unquam / ut uelles corio ludere, Cerdo, tuo. Une plaisanterie comparable se trouve dans Theognis (539 B) : οΰτος άνήρ, φίλε Κύρνε, πέδας χαλκεύεται αύτφ.
NOTES COMPLÉMENTAIRES, LIVRE IX
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81 Parectatoe transcrit le grec παρευτάκτοι et désigne les jeunes recrues qui font des marches militaires et tiennent garnison sur les frontières (Aristote, Constitution d'Athènes 42, 4). Lucilius les évoque avec leurs habits grecs (la chlamyde). Le poète a peut-être voulu ridiculiser le snobisme de certains Romains qui, formés à rhellénieme, ne daignent plus parler latin (cf. 6, 5...) ; surtout quand ils ont fait leurs études à Athènes. Le vers serait une parodie des jeunes gens à leur retour dans Rome. Il a peutêtre raillé les éphèbes encore inexpérimentés qui sortent tout juste de l'influence de leurs parents ou pédagogues : cf. Ter., Andr. 51 : Nam is postquam excess it ex ephebis, Sosia, / liberius uiuendi fuit potestas (nam antea / qui scire posses aut ingenium noiwt>IDum aetata пШш> magisUr prohibtbant),» Il s'agit peut-être de ridiculiser de jeunes débauchés qui se livrent à quelque passion au sortir d'une enfance passée dans la contrainte. 82 Les Anciens signalent que, pour s'endurcir, les sangliers se frottent les flancs contre le tronc des arbres, cf. Scholiaste d'Homère, I 539 ; Aristote, Hist. anim. 6, 18, 1 ; Pline, N.H. 8, 212 : Tunc inter se dimicani indurantes atiritu arborum costas lutoque se tergoranles ; Virgile, Georg. 3, 255... 88 Mille sesterces représentent une somme dont le pouvoir d'achat était bien limité. Selon les prescriptions de la loi Fannia (161), elle permettait de préparer 25 repas de fêtes ou 250 repas ordinaires dont les restrictions alimentaires étaient dignes des vieux Romains. Caton le censeur rappelait avec ostentation qu'il était parti gouverner sa province de Sardaigne avec seulement 200 sesterces dans sa bourse, mais quelles privations sa vertu lui avait-elle imposées 1 Comme un pauvre, il s'était contenté de cinq esclaves ; avait couché à bord sur des morceaux de peau de chèvre ; avait bu la piquette du banc de quart. Le texte de Lucilius a été interprété de façon très différente selon le rapprochement que les éditeurs établissent avec d'autres fragments de la première partie du livre 9. Pour Corpet, il faut comprendre centum milia nummum et le fragment parle d'un avare capable de centupler une somme médiocre par ses placements avantageux ; pour Marx, il est question d'acquérir un cent d'huîtres (cf. 9, 25 et 13, 3) ; pour Mueller il s'agit d'un cent de prostituées ; pour Terzaghi, d'un cent de philosophes. Le prix de chacune de ces denrées est bien difficile à établir et je me garderai de toute hypothèse. Je constaterai seulement avec plusieurs éditeurs (Marx et Terzaghi notamment) qu'il doit
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NOTES COMPLÉMENTAIRES, LIVRE X
s'agir d'une expression de type proverbial dont le souvenir se retrouve dans Perse (5, 190) : Continuo crasaum ridet Pulfenius ingens I Et centum Graecos curto centusse licetur.
NOTES COMPLÉMENTAIRES DU LIVRE X 1 Depuis Roth, tous les éditeurs ont repris la conjecture horum au lieu de honorum, métriquement impossible. Plusieurs éditeurs (Corpet, Bolisani, Terzaghi...) ont cru nécessaire de maintenir la leçon des manuscrits crassis. Corpet et Bolisani l'interprètent comme le datif pluriel de Crassus et expliquent que le poète semble faire ici Véloge du bon goût de cet orateur, de Vart qu'il mettait dans le choix de ses idées et de ses expressions et que les termes du poète s'accorderaient assez avec ceux de Cicerón dans le jugement qu'il a porté sur Crassus (Corpet), dans Brut. 38-44, Terzaghi pense qu'il s'agit du datif pluriel de crassus, a, um et comprend io scrivo per le persone non eccessivamente istruite (op. cit., p. 382). Toutes les lectures supposent de nombreux bouleversements dans la tradition manuscrite ; la forme crassis ne peut entrer telle quelle dans l'hexamètre ; il faut supprimer ou ajouter des mots ! horum est iudicium, crâssïs út discribimus ante / hoc est quid sumam quid non in quoque locémus. Corpet lit dans le premier hexamètre : iudicium Crassi sicut ; Mueller : iudicium Crassis sicut ; Terzaghi : iudicium crassis, ut dixi, scribimus, ante ; Bolisani : horum est iudicium, Crassis discribimus, ante. Le texte établi par Marx semble le plus proche des manuscrits : il propose en effet de lire crisis au lieu de crassis et maintient intégralement ut discribimus ante. Lucilius commente donc iudicium par le terme grec κρίσις pour bien spécifier le sens qu'il entendait donner au nom latin. Le démonstratif horum désigne sans doute la petite élite de doctes (uiri docti et sapientes, Hor., Sat. 1, 10, 81 sq.) que le poète oppose à la grande masse dans 26, 15 : Nunc ilidem populo...his cum scriploribus ; / uoluimus capere animum illorum... Ces hommes ont le discernement en partage, comme l'ami officieux dont parle Horace (A.P. 445 sq.) : Vir bonus et prudens uersus reprehendet inertis... Lucilius, pour la première fois à Rome, définit l'idéal d'un poète savant qui juge nécessaire de joindre le travail, ars, à l'inspiration, ingenium (cf. Ног., A.P. 408 sq.). Le métier poétique porte non seulement sur le choix et la disposition des mots, mais sur le choix et l'organisation du sujet. Le classicisme latin est pratiquement impliqué dans une telle déclaration (cf. Piwonka, op. cit., p. 123-9) ; il n'est pas indifférent qu'Horace emploie le même verbe sumere pour décrire le travail de l'écrivain (A.P. 38) : Sumile matériám ueslris, qui scribilis, aequam / uiri bus et uersate diu quid ferre récusent...
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2 Lucilius rapporte les paroles d'un poète (inquit). Le personnage se présente avec une telle fatuité (magnifice deser ipsi) qu'on Га identifié avec Accius (Terzaghi, op. cit., p. 381). Il a décrit bouem in aree. L'expression a valeur de proverbe, cf. Hesychius : βους èv πόλβι · χαλκούς οπό της βουλής ανατεθείς. Pausanias, dans sa description d'Athènes (1, 24, 2), écrit : Ιστι бе καΐ ταύρος, ανάθημα τής βουλής τής έν Άρείφ πάγφ. Il dépeint en fait une statue du taureau de Marathon que Thésée avait immolé sur l'Acropole en l'honneur d'Apollon : Callimaque avait décrit la scène dans son poème sur Hécale, la vieille femme qui accorda son hospitalité au héros. Très vite la tournure avait signifié une chose remarquable, cf. Diogenian 3, 67 : βους ¿ν πολει * ¿πΐ
των Θαυμαζομένων. Très satisfait de son travail, le poète mis en
scène par Luciliue croit qu'un sujet extraordinaire suffit pour illustrer un poème (cf. Horace, A.P. 14 sq.). Il appartient au groupe de ceux qui s'écrient : Ego mira poemala pango (A.P. 416) 8 Plusieurs éditeurs pensent que Lucilius a voulu décrire l'abattement et la paresse qui s'emparent des soldats que l'on maintient dans l'inaction. Marx commente le fragment à l'aide d'une citation de Glaudien (Pan. de IV consul. Honorii 8, 323) : Non brumae requies, non hibernacula segnes / eneruenl torpore manus. Warmington place le fragment parmi les textes à sujet militaire qui, à son avis, constituent l'une des deux satires du livre 10. Bolisani croit que le poète décrit l'ennui des légionnaires embarqués sur un transport de troupes. Terzaghi reconstitue un récit complet : bateaux (8) et soldats (9) sont en hivernage ; l'ennui s'empare des fantassins ; maie le commandant de la flotte décide d'entreprendre des manœuvres (5,6,7). Toutes ces interprétations supposent — hypothèse qui n'est nullement démontrée — que le fragment évoque la vie militaire (quieiis = mi Ul i bus quieiis). Rien n'est plus arbitraire. Personnellement j'ai préféré suivre Piwonka (op. cit., p. 143) qui note la présence du même verbe et de la môme image dans le vers de Lucilius et dans Horace, A.P. 359 (obrepsit et obrepere, se glisser furtivement) : indignor quandoque bonus dormitat Homerus; / uerum operi longo fas est obrepere somnum. Si ce rapprochement correspond bien à la réalité, le fragment doit dénoncer l'ennui qui se dégage d'un poème cyclique, de Vopus longum, du lv άείμα διηνεκές, du carmen perpetuum, cf. livre 9, 3. 4 Marx, après Buecheler, pense que le fragment vise les orateurs (du parti populaire?) qui ont oublié l'idéal défini par Caton
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NOTES COMPLÉMENTAIRES, LIVRE X
(Ad fil., frg. 14) : uir bonus dicendi perìtus; cf. Lucien, fìhet. praeceptor 24 : ύπηρχεν γάρ μοι, ...πάντα έκεινα α προεΐπον εφόδια, το θράσος, ή άμαθία, ή άναισχυντία. Marx remarque également que Lucilius retrouve le vocabulaire de Plaute avec nequam et malus (Asin. 305, Bacch. 573, Poen. 162, Pseud. 1103...)· Propos d'un moraliste ? d'un homme de lettres ? d'un homme politique ? Il est bien difficile de préciser à quel titre Lucilius s'exprimait et qui il visait ici.
5 Il est question de descendre trinis scalis. Après Buecheler, Marx comprend qu'il s'agit de trois étages. A cette époque la hauteur des maisons de Rome est encore limitée. Le troisième étage est généralement celui des taudis, cf. Martial 1, 117, 7 : Longum est, si uelit ad Pirum uenire, / et scalis habito tribus, sed altis. Dans cette perspective, faire descendre quelqu'un du troisième serait synonyme de faire la fortune de celte personne. Buecheler, e'appuyant sur une citation de Juvénal (3, 136) : alla Chionem deducere sella croit qu'il est question d'une prostituée. Warmington, Bolisani et Terzaghi rapprochent le fragment et les vers qui décrivent des manœuvres nautiques. Dans ce cas il faut interpréter trinis scalis comme désignant les trois échelles qui sur chaque bateau permettaient d'embarquer (Terzaghi, Bolisani) ou de débarquer (Warmington). Le texte de Lucilius est trop mutilé pour que l'on puisse trancher entre ces divers commentaires. 6 Les rorairee — mot dont Nonius, comme Varron (L. L. 7, 58), propose une etymologie parfaitement fantaisiste — se recrutaient originellement parmi les citoyens des deux dernières classes de la constitution servienne ; ils formaient des troupes légères : armés de j avelo te et de frondes, ils engageaient le combat proprement dit, puis, après leur intervention, se regroupaient derrière la phalange ; ils ont conservé cette place lorsque la légion fut organisée en manipules, jusqu'au moment où les troupes légères furent incorporées aux haslali : cf. Liu. 8, 8, 8 : Primum uexillum triarios ducebat, ueteranum militem speclatae uirtuiis, secundum rorarios, minus roboris aetate factisque, tertium accensos, minime flduciae manum. Venant après l'infanterie lourde, les roraires, unités constituées de jeunes recrues, précédaient les accensi, dont la fonction n'était pas fondamentalement différente de la leur : escarmouches avant la bataille, garde du camp, soutien des premières lignes quand elles sont en difficulté. Les historiens s'accordent pour considérer (R.E. I A, 1, clllO-1) que, si les roraires existent encore au moment des guerres contre Pyrrhus, ils ont complètement disparu au moment de la seconde guerre punique. Quand Lucilius en parle, ou bien il évoque une époque
NOTES COMPLÉMENTAIRES, LIVRE Χ
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révolue, ou bien il utilise ce mot pour désigner les véli tes : dans co contexte, paludatus, opposé à uelalus, caractérise le soldat équipé pour le combat ; il semble inutile de corriger les manuscrits et de considérer l'adverbe pone comme une préposition ; il s'agit simplement de la place des roraires quand l'infanterie est engagée dans la bataille. 7 Luciliue décrit les amarres d'un bateau. Isidore de Seville (Orig. 19, 2, 14) définit le mot tonsilla ...uncinus ferreus uel ligneus, ad quem in litore defixum funes nauium illiganlur... Paul Diacre, dans l'abrégé de Festus, écrit (cf. D 22) Prymnesius palus ad quem funis nauticus religatur, quem alii tos Ulam dicunt (124, 16 M). Il s'agit des crochets ou des anneaux — ou simplement des pieux — qui permettaient d'attacher solidement les câbles des navires à un môle. Le texte de Paul Diacre suggère que ces instruments étaient faite pour recevoir spécialement les câbles de poupe (dans les navires de l'Antiquité l'ancre est toujours fixée â la proue) qui sont désignés par le terme funis (Marx a montré qu'il traduit le grec κάλως πρυμνήσιος). La construction du fragment fait difficulté : Marx observe que ce ne sont pas les amarres qui sont attachées dans les cordes, mais bien plutôt les cordes dans les amarres ; que les navires sont attachés dans des cordes et non les cordes dans les navires. C'est pourquoi, s'appuyant sur une citation de Cicerón (Tuse. 5, 40 : non sane opiabilis ista quidem...rudentibus apta fortuna), cet éditeur pense qu'il faut comprendre tonsillas quoque quae ualidis in funibus aptas conlineant naues... Nonius (234, 37 sq.) avait déjà éprouvé quelque gêne devant l'emploi du mot aptus. Il a regroupé dans une même rubrique plusieurs citations embarrassantes. Ainsi celle de Varron (Muluum Muli Scabunt) : ...lucus opacus teneris fruiieibus aptus (322). Il est question d'un bois épais lié par les jeunes rameaux. Le grammairien commente Aplum...conexum et conligatum significai. En fait tout se passe comme si le participe en -to du verbe apiscor pouvait prendre un sens actif ou un sens passif ; le phénomène n'est pas isolé dans la langue latine : gratus signifie qui exprime de la reconnaissance ou qui reçoit de la reconnaissance. De même aptus indiquerait : qui marque le lien ou qui subit le lien. Le bois dont parle Varron subit le lien par de nombreux rameaux ; il doit sa densité à de nombreux rameaux. De même les amarres subissent le lien dans des cordes solides ; peut-être s'agit-il de pieux d'amarrage solidement attachés les uns aux autres par des cordes qui les enveloppent entièrement. 8 Lucilius décrit peut-être des bateaux à l'ancrage, protégés des courants marins (fludibus) et des vents (uentis). L'adverbe flrmiter a valeur d'adjectif.
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NOTES COMPLÉMENTAIRES, LIVRE Xl
NOTES COMPLÉMENTAIRES DU LIVRE XI
1 Le fragment met en scène un soldat de l'armée d'Espagne. Peut-être appartient-il au corps expéditionnaire envoyé devant Numance. Il est permis de le supposer, quand on replace l'indication terra Hibera parmi les autres notations du livre 11 qui semblent la préciser : accoutrements exotiques (5) ; mesures disciplinaires imposées par le préteur (4) avec une énergie bien comparable à celle de Scipion Émilien. Dans cette perspective, il s'agirait d'un soldat semblable au vétéran décrit dans 15, 12 : ... dum miles Hibera / terrast alque meret ter sex aetalV quasi annos. Les deux hommes ont passé de nombreuses années en Espagne : plures annos et ter sex aetatV annos (= 18 ans) ; les deux expressions impliquent qu'ils y sont venus avant l'arrivée de Scipion Émilien dont le séjour n'a pas excédé dix-huit mois (nommé en 134, il prend Numance en 133) ; ils appartiennent sans doute aux iégions envoyées contre les Celtibèree dès le début de la guerre (153-135). Ils font partie des contingents qui ont subi la démoralisation consécutive à deux capitulations en rase campagne (141 et 137). Ils ont connu des camps encombrés de mercantis, de femmes de mauvaise vie, de receleurs... La comparaison avec 15, 12 montre que terra Hibera est un ablatif-locatif, employé absolument ; hic est l'adverbe de lieu. Le fragment est emprunté à une conversation, où plusieurs combattants évoquent des souvenirs ou échangent des impressions (meret peut s'interpréter comme un présent véritable ou comme un présent de narration). Toute tentative pour identifier les personnages paraît entièrement gratuite : miles peut être un singulier qui désigne un individu, ou un singulier à valeur généralisante qui désigne le corps expéditionnaire ; peut être le sujet de meret ou l'attribut de meret ; nobiscum peut se référer à Scipion Émilien (cf. Cichorius, Unter, zu Lucit., p. 303), mais aussi à toute personne qui a participé à la campagne de Numance. 2 Le vers contient deux propositions temporelles qui décrivent chacune une manœuvre militaire : — 1) concessum désigne le regroupement des troupes qui se retirent du théâtre d'opérations ; concedere s'emploie quand une armée se rassemble et s'établit sur une position de repli ou dans ses quartiers d'hiver : ...si concedere in hibernis uellet, differendum esse in aestatem bellum (Tite Live, 37, 39). — 2) pelles in ordine teniae décrit l'implantation des tentes à l'intérieur du camp selon des rangées bien parallèles (in ordine). Pellis, la peau de bête, rappelle que des peaux de
NOTES COMPLÉMENTAIRES, LrVRE XI
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bote tenaient lieu de toile de tente. Le confort n'était pas très grand. César rapporte que les intempéries interdisaient de maintenir de tels campements : ...eius modi sunt tempestóles consecutae uli opus necessario intermitterelur et continuatione imbrium diutius sub pellibus milites contineri non possent (César, В.G. 3, 29). Sub pellibus implique toujours l'installation provi soire d'une armée en campagne. Cichorius ne pense pas que le fragment évoque Numance : les troupes qui assiégeaient la ville disposaient de casemates solidement construites, ainsi que les fouilles l'ont montré (Unter, zu Lucii., p. 305). L'argument ne semble pas décisif; en attendant de construire les casemates, Scipion avait peut-être établi ses troupes dans un camp provisoire. En fait, rien ne permet d'identifier avec certitude le lieu (hic) et les acteurs de ces manœuvres. Toutefois, puisque de nombreux fragmente semblent traiter des affaires d'Espagne, il parait vraisemblable de supposer qu'il est question ici des légions qui assiégeaient Numance. 8 Le fragment énonce deux propositions au style indirect : — 1) uim sternendam : le texte fait difficulté ; tous les manuscrits ont uim sternenda ; la forme sternenda est certainement fautive ; dans la mesure où elle est jointe à l'accusatif uim, dans la mesure où elle est coordonnée à une tournure symétrique formée d'un substantif et d'un adjectif en -ndus à l'accusatif, il semble normal de restituer sternendam. Tous les éditeurs, à l'exception de Marx, ont éliminé cette solution. Ils ont voulu reconnaître l'expression uiam sternere, paver une route. Comme la forme uïâm ne pouvait constituer le dernier pied d'un hexamètre (pas plus que la forme uiâs, accusatif pluriel), ils ont décidé qu'il fallait mettre un nominatif pluriel uïâi trisyllabique, dont la brève initiale appartiendrait au dactyle du cinquième pied. Ils corrigent enfin sternenda en sternendai ou en sternendae, en supposant une prononciation monosyllabique de ai, ce qui permet de supprimer et. J'ai renoncé à toutes ces hypothèses qui, pour retrouver une tournure sémantique connue, admettent que les manuscrits — unanimes — ont commis trois fautes {uim pour uiam, accusatif au lieu du nominatif, sternenda et pour sternendae), sans expliquer pour autant pourquoi la désinence de nominatif est disyllabique au premier vers, monosyllabique au second, sans justifier pourquoi deux tournures coordonnées sont employées l'une au nominatif, l'autre à l'accusatif. Avec Marx, j'ai conservé uim ; la structure syntaxique du fragment oblige alors à rétablir sternendam. Dans ce contexte, uis désigne l'attaque, l'offensive des ennemis, cf. Liu. 26, 4, 1 : uis omnis belli uersa in Capuam erat. — 2) iaciendum hue aggerem et id genus rudus : il faut construire une terrasse {aggerem : la graphie agerem n'est qu'une simplification pour aggerem, leçon du Gudianus) ; elle doit permettre de
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faire évoluer les machines de siège. Le sens de l'expression aggerem iacere est confirmé par les vers 26, 28 : Aggért in iaciendo siquost uineis actis opus / primum id dani operam ul quamprimum appellant. Le terme appartient au vocabulaire militaire : cf. César, B.G. 2, 12, 5 : Celeriler uineis ad oppidum actis, aggere iacto, turribusque conslilutis, magnitudine operum...permoti...legatos ad Caesarem millunt... Dans ces tournures, le verbe iacio se justifie parce qu'il est nécessaire d'utiliser des remblais pour établir la terrasse ; dans le texte de Lucilius, rudus (glosé par Nonius quod raditur, ce qui est raclé) désigne ces déblais. Les éditeurs qui ont admis viam dans le premier vers interprètent agger comme agger viae, la chaussée d'une roule ; toutefois l'expression agger iacere n'est jamais attestée avec le sens établir la chaussée d'une roule. Plusieurs auteurs ont donné à rudus le sens béton (cf. Vitruve, 7, 1) ; ils songent au soubassement bétonné des voies romaines (ruderatio). Le commentaire de Nonius {quod raditur ou slercus, la ordures, les déblais) interdit cette hypothèse. Ainsi reconstitué, le texte semble évoquer la stratégie de Scipion Émilien devant Numance. Il a voulu briser l'énergie de ses adversaires en les enfermant dans leur ville : cf. Appien 6, 87 : ούδ' έπεχείρει τοις έχθροΐς, ϊτι περισκοπών αυτόν τε τον πόλεμον καΐ τον καιρόν αύτου καΐ τήν των Νομαντίνων όρμήν ές 6 τι τρέψοιτο. Il encercla Numance d'une double circonvallation doni César n'aura qu'à se souvenir pour réduire Alésia. Sur 9 km de développement, elle opposait aux sorties de l'ennemi un fossé large et profond, doublé d'un mur trapu que des tours hérissaient de 30 en 30 mètres; et elle reliait entre eux sept ouvrages fortifiés dont des fouilles récentes nous ont rendu les débris: de véritables maisons confortables et élégantes avaient été bâties à l'intérieur de leurs remparts... Émilien a gagné l'interminable guerre d'Espagne avec la pelle et la pioche de ses légionnaires (Carcopino, op. cit., p. 119-120); pour les fouilles, cf. Schulten, Numantia, die Ergebnisse der Ausgrabungen, 3, Die Lager des Scipio, Munich, 1927).
4 Le texte est mutilé. Les manuscrits transmettent la leçon spurcus qui ne peut être retenue, car elle suppose un trochée dans le quatrième pied du premier hexamètre. Terzaghi et Bolisani, après Marx et Lachmann, ont adopté la correction spurcos : la construction du fragment n'est pas simplifiée pour autant ; il faut supposer que quam introduit le complément d'un comparatif représenté par la proposition complétive quod...eiecit. Ces éditeurs prêtent à Lucilius un développement complet : nulla re magis rebus noslris affliclis profuit praetor nosier adhuc... (Marx) ; nulla fece di meglio (Terzaghi) ; il nostro praetore mai aveva provvisto meglio all'epurazione dell'accapamento, che allora,... (Bolisani). Toutes ces interprétations spéculent beaucoup trop sur les lacunes du texte. Mueller maintient la forme spurcus,
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mais il ajoute sit, corrige adhuc, leçon de tous les manuscrits, en ad hoc et sous-entend un verbe narrabo qui expliquerait la proposition interrogative indirecte : (narrabo) praetor nosier ad hoc quam sρ urcus sit ore... Le passage aurait un sens obscène, cf. 7, β. Warmington reprend la correction ad hoc et suppose une forme spurcust ( = spurcu'est ; s fait rarement position dans Luciliue), mais il ponctue différemment le vers : Praetor noster ad hoc: quam spurcust ore... Toutes ces modifications, au prix d'hypothèses souvent complexes, introduisent dans le fragment des énigmes encore plus obscures. J'ai préféré reprendre le texte de l'édition Dousa et de l'édition Corpet qui, en acceptant seulement la correction spurcust, a le mérite de suivre de très près les manuscrits et de supposer que les deux vers proposent un sens complet. Une telle hypothèse implique sans doute que Nonius n'était pas complètement stupide et découpait ses citations avec quelque intelligence. Le fragment met en scène des soldats qui commentent entre eux les mesures d'autorité prises par le consul (cf. praetor noster). Le mot praetor ne prête pas à confusion dans ce contexte (castra) : la vieille langue lui donne son sens étymologique (prae itor), de général en chef et en fait le synonyme de dux. Avec l'outrance et, sans doute, l'obscénité qui caractérisent la langue des corps de garde, les soldats qualifient leur général de spurcus ore : l'expression implique répulsion physique et désapprobation : il a la bouche puante, cf. Cic, Pis. 13 : cum isto ore fetido taeterrimam nobis popinam inhalasses. Le mot s'est appliqué aux dévergondages de toutes natures (Martial 1, 34, 8 : A Chione saltem uel ab lade disce pudorem / abscondunt spurcas et monumenta lupas). Ces invectives honorent le général : il a expulsé du camp toute une série de personnages peu recommandablee, sans aucun ménagement (ut stercus). L'allusion à l'œuvre de Scipion parait évidente. De tous les consuls qui ont pris le commandement de légions débandées, désorganisées, entraînées dans les pires vices, seul le second Africain a su rétablir une stricte discipline parmi ses troupes. Tous les historiens reconnaissent qu'il eut la fermeté de chasser du camp les marchands, les prostituées, les trafiquants de toute espèce qui s'y étaient établis ; cf. Val. Max. 2, 7, 1 : eodem momento temporis quo castra intrauit, edixit ut omnia ex his quae uoluptatis causa conparata erant auferrentur ac summouerentur : nam constat tum maximum inde institorum et lixarum numerum cum duobus milibus scortorum abisse ; Appien (6, 85) : ... έλθών бе έμπορους τε πάντας έξήλαυνε καΐ εταίρας καΐ μάντεις, καΐ θύτας... Plutarque confirme {Apopthegm. Scip. min. 16) : μάντεις μέν ευθύς έξήλασε καΐ πορνοβοσκούς. Le fait a paru si extraordinaire qu'il a été consigné par Tite Live (fragments du livre 57), par Florus (1, 34, 10), par Frontin (Strat. 4, 1, 1).
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Le premier vers décrit une assemblée de barbares : ils sont vêtus de braies (bracae), de sayons (saga) et portent de grands colliers (torques magni). Cet habillement, sans leur appartenir exclusivement (les Germains portent le sayon, cf. T a c , Germ. 6), permet d'identifier les Gaulois. La périphrase bracati sagatique suffisait pour les nommer, cf. Pline 3, 31 : Gallia Bracata, la Gaule Narbonnaise ; Juvénal (8, 234) : bracatorum pueri Senonumque minores, Cicerón, Font. 33 : Sic exislimatis eos hic sagatos bracatosque uersari... Le terme conuentus suppose une réunion officielle pour la célébration d'une fête (cf. Cic, Verr. 4, 107 : Syracusani feslos dies anniuersarios a gunt celeberrimo uirorum mulierumque conuentu), ou pour prendre des décisions politiques ; l'expression signifie en particulier les assises d'une province (César, B. G. 5, 1) présidées et dirigées parle gouverneur. Pourquoi ces barbares sont-ils réunis officiellement ? Le deuxième vers est mutilé. Les manuscrits de Nonius qui citent le fragment en deux endroits, le transmettent en l'un d'eux avec une forme datis, impossible en début d'hexamètre. Peut-être faudrait-il lire donatis ? Peut-être ces barbares appartiennent-ils aux formations de Celtibères que Scipion avait enrôlées en Espagne (les έπιχώριοι dont parle Appien 6, 92) ; peut-être bénéficient-ils (donatis) des distinctions honorifiques, bracelets ou colliers (Polybe 6, 39), que le même Scipion avait décidé d'accorder solennellement, devant les troupes réunies (conuentus?), aux soldats qui s'étaient distingués. β Le fragment fait peut-être référence, ainsi que le montre Marx, à un décret de Scipion Émilien interdisant aux soldats de se rendre au bain, parce qu'ils s'y amollissaient... Cf. Plutarque (Apopthegm. Scip. min. 16) : λούεσθαι бе άπειπε, των бе άλειφομένων τρίβειν Ικαστον εαυτόν · τα γαρ υποζύγια χείρας μή έχοντα έτερου τρίψοντος δεΐσθαι. Cf. également Appien 6, 85.
7 Charisius affirme que le fragment décrit des instruments chirurgicaux. Plusieurs éditeurs ont suivi le commentateur antique et considèrent que Lucilius fait allusion à des propos de Scipion ridiculisant des soldats trop douillets qui auraient apporté dans leurs bagages des lancettes (scalpra) et des pinces de chirurgien (forcipes, premier vers) ou des pinces de dentiste (forcipes, dernier vers). Cichorius (Untersuch, zu Lucit., p. 303-4) souligne opportunément que le texte de Charisius n'implique pas que les vers qui renferment forcipes appartiennent exactement au même contexte. Si le deuxième emploi du mot se réfère
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évidemment à un usage médical (denles euellere), le premier emploi définit un objet de toilette, pincette à épiler, qui, joint à scalpra, couteaux ou ciseaux, évoque les mœurs des débauchée, cf. Plaute, Cure. 577 et Perse 4, 39 : Quinqué palaeslrilae licei haee planlar ia uellant / elixasque nates la bef aderii forcipe adunca, I non tarnen ista felix ullo mansuescit aratro. Une telle interprétation justifie les railleries de Scipion Émilien (cf. Plutarque, Apophtegm. Scip. min. 16). 8 Le fragment raconte la querelle d'Asellus et de Scipion Émilien : ce dernier est présenté comme le héros qui succède à une longue lignée de héros. Scipiadas, ae est un patronymique de formation épique, dont le suffixe est emprunté au vocabulaire grec : cf. Πηλείδης, ΆτρεΙδης... cf. leg créations latines correspondantes Dardanidae (Verg., Aen. 2, 72...), Aeneadae {Aen. 7, 616 ; 8, 648...) ... La transfiguration du personnage est accentuée par remploi de l'adjectif magnus qui prend ici la valeur d'une épithète de nature. Parallèlement T. Claudius Aeellue est présenté comme Yimprobus ...Asellus, personnage malhonnête et immoral, adversaire politique de Scipion qui, en diverses occasions, a prononcé cinq discours au moins contre lui (cf. Gell. 2, 20, 6 : Verba ex oratione eius contra Claudium Asellum quinta haec sunt...). Aulu-Gelle a conservé quelques phrases de l'un d'entre eux (6, 11, 9) : Omnia mala, probra, flagilia, quae homines faciunl, in duabus rebus sunt, maliţia atque nequUia. Vtrum défendis maliiiam an nequitiam an ulrumque simul? Si nequitiam defendere uis, licet ; si tu in uno scorto maiorem pecuniam absumpsisti quam quanti omne instrumentum fundi Sabini in censum dedicauisli, si hoc ita est, qui spondei mille nummum? Si plus terlia parie pecuniae paternae perdidisli atque absumpsisti in flagitiis, si hoc ita est, qui spondei mille nummum? Non uis nequitiam? age maliiiam saltem defende. Si tu uerbis conceptie iurauisti sciens, sciente animo tuo, si hoc ila est, qui spondei mille nummum? Cicerón rapporte également (De Oral. 2, 258) un jeu de mots que Scipion fit aux dépens de ce personnage : ut illud Scipionis, cum Asellus omnis se prouincias stipendia merentem peragrasse gloriaretur ' Agas asellum * et cetera, adaptant ainsi le proverbe grec et μή δύναιο βοΰν, έλαυνε Övov pour suggérer qu'Asellus n'était qu'un âne. Il est facile de comprendre que Scipion, pendant sa censure (ilio censore), charge qui lui fut attribuée en 142 et qu'il exerça jusqu'en mai 141, se soit empressé de retirer son cheval à un homme qui lui paraissait non seulement incapable, mais avare et débauché. Après avoir été chevalier, Asellus, marqué de flétrissure, entra dans la classe des éraires, où il subit les impositions ad libitum des censeurs en perdant tout droit de vote. Réhabilité par Mummius, le collègue de Scipion, et devenu tribun de la plèbe en 140 (cf. A. Aymard, Deux anecdotes sur Scipion Émilien in Études d'Histoire ancienne,
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p. 396-408), il intenta un procès (obiiciebat) contre celui qui était le responsable de cette mésaventure, cf. Gell. 3, 4, 1 : ...animaduerlimus...P. Scipioni, Pauli filio, ρ os t qua m de Poenis triumphauerat, censorque fueral, diem dicium esse ad populum a Claudio Asello, tribuno plebei, cui equum in censura ademerat... L'accusation était grave : Asellus, dans sa rancune, rendait Scipion responsable de tous les malheurs (infelicitas) et de toutes les calamités (malum) que les dieux avaient imposés à l'état pendant l'exercice de sa charge. Il songeait peut-être à certaines catastrophes naturelles ; il pensait surtout aux revers subis par les légions en Espagne. Dans le vers de Lucilius, le mot lustrum, qui désignait primitivement l'espace de cinq ans séparant deux censures, indique simplement la période d'exercice des magistrats (au plus dix-huit mois, de janvier ou mars jusqu'en mai de l'année suivante) pour chacun des deux censeurs. Cicerón, dans un passage du De Orat. (2, 268) qui paraît suivre de très près le texte de Lucilius (il utilise les mêmes mots que le poète dans la courte introduction du récit) raconte la suite de l'anecdote : ...Asello Africanus obicienli lustrum illud infelix ' Noli, inquii, mirări; is enim qui te ex aerariis exemil, lustrum condidit et taurum immolami '. Tanta suspicio est ut religione ciuitatem obstrinxisse uideatur Mummius, quod Asellum ignominia leuarit. A son adversaire, Scipion Émilien répond : Ne sois pas surpris de la souillure qui a marqué ma censure puisque c'est Mummius, mon collègue, l'homme qui t'a retiré de la classe des aerarli, qui a procédé au sacrifice de purification (lustrum condere) ; c'est lui que le sort a désigné pour prononcer les prières et les vœux qui accompagnent le suouetaurilia ; en te réhabilitant, Mummius a compromis le destin de Rome et a irrité les dieux. Mummius avait la réputation de ne porter de flétrissure contre personne et d'annuler toutes les mesures prises par son collègue Scipion, qui déclara : Vtinam mihi collegam aut dedisselis aut non dedissetisl (Val. Max. 6, 4, 2).
9 Lucilius évoque l'avarice et l'esprit chicanier de L. Aurelius Cotta. Les vers sont adressés à un certain Pacenius (simple apostrophe d'un témoin, victime ou complice de Cotta ? ou bien dédicace d'une satire ? Il est impossible de trancher) ; il convient en effet d'éliminer la lecture Paconi (Cichorius, Terzaghi), qui désignerait l'un des membres de la gens Paconia fixée à Cales, non loin de Suessa Aurunca, Panaeti ou Paneli, qui représenterait le philosophe Panétius, le familier des Scipione (Mueller...) ; la tradition manuscrite impose Paceni (la leçon paneci de L n'est qu'un lapsus). J'ai refusé également de considérer crassi comme un cognomen (Corpet, Dousa, Mueller), car rien ne prouve que ce nom ait appartenu à la gens Aurelia, qui ne l'a jamais utilisé d'après les documents parvenus jusqu'à nous. Crassi est un adjectif qui permet d'opposer Lucius Cotta senex à son fils, le
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gros Cotta que connaissent bien les contemporains de Lucilius (crassi pater huius). Le personnage est qualifié magnus trico nummarius; trico est un substantif que l'étymologie populaire a rapproché de θρίξ τριχός ; il est formé sur le thème qui a donné tricae, des riens, tricari, tricosus (cf. 11, 13). Il s'agit d'un faiseur de complications (d'un coupeur de cheveux en quatre, pour reprendre l'image des Anciens). Déterminé par nummarius qui a un caractère technique ou administranf, le mol évoque Vidée d*un fonctionnaire avec une emphase dont Vintention parodique est évidente (J. Heurgon). Lentus glosé par facilis est construit avec un infinitif : le sens premier de cet adjectif est flexible, souple, cf. lenta uincla (Plaute, Men, 94), lenta uiburna (Verg., Buc. 8, 26). Toutes ces allusions permettent de reconnaître Lucius Aurelius Cotta, consul en 144, et père de Lucius Aurelius Cotta, consul en 119 (l'identité des prénoms et des surnoms justifie Temploi de crassi paler huius pour distinguer les deux hommes). Valére Maxime rapporte (6, 4, 2) : cum Seruius Sulpicius Galba et Aurelius cónsules in senatu contenderenl uter, aduersus Viriathum, in Hispániám milleretur... ' neutrum ', inquit (Scipio Aemilianus), mihi milli placel, quia aller nihil habet, alteri nihil est salis. Non seulement il subit l'hostilité de Scipion Émilien, mais il réussit, en 154, lorsqu'il fut tribun de la plèbe, à réaliser l'unanimité de ses collègues contre lui, parce qu'il voulait profiter de l'immunité que lui conférait sa charge pour refuser de payer ses créanciers, cf. Val. Max. 6, 5, 4 : magnam laudem et illud collegium tribunorum tulit quod cum unus ex eo L. Cotta fiducia sacrosanctae potestatis creditoribus suis satis facere nollet, decreuit si neque soluerel pecuniam neque darei cum quo sponsio fieret, se appellanlibus eum creditoribus auxilio futurum.
10 Les trois vers évoquent un personnage appartenant à la génération qui a précédé Lucilius. Il s'agit de Quintus Opimius qui fut consul en 151 et dont le ûls L. Opimius fut gravement compromis dans les malversations et les intrigues des affaires de Numidie (Iugurlini pater huius). En 116 il fut nommé président de la délégation sénatoriale chargée de partager le royaume de Micipsa entre Adherbal et Jugurtha ...cuius legationis princeps fuit L. Opimius, homo clams et tum in senatu potens ...eum Jugurtha tametsi Romae in inimicis habuerat, tarnen adcuralissime recepii, dando el pollicendo multa perfecit, uli fama, fide, postremo omnibus suis rebus commodum regis anleferret (Sail., lug. 16). En 110, à l'initiative du tribun de la plèbe C. Mamilius Limetanus, des poursuites furent engagées contre ceux qui s'étaient laissé acheter par le roi ...C. Mamilius Limetanus, tribunus plebis, rogationem ad populum promulgat uli quaereretur in eos quorum Consilio Iugurtha senati decreta neglegisset quique ab eo in legationibus aut imperiis pecunia accepissent (Sali., Iug. 40). Opimius fut condamné (Cie, Brut. 128) et mourut en exil à Dyrrachium 21
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(Cie, Sest. 140). Lucilius, de façon sarcastique, rappelle lee exploits du personnage en construisant un adjectif en -nus (Iugurtinus), comparable à celui qui rappelait les succès des généraux victorieux (Africanus...). Il est vrai que le protecteur de Jugurtha avait plusieurs raisons d'irriter Lucilius : préteur, en 125, il avait détruit Frégelles ; consul, en 121, il représentait le parti de la noblesse qui causa la mort de Gaius Gracchus. Le poète n'a retenu que la détestable réputation de complice du souverain numide ; sans doute parce que, lorsque le livre l i a été composé, l'impopularité de Lucius Opimius était à son comble. Il paraît vraisemblable de conclure que le livre l i a été écrit entre 115 (départ de la délégation sénatoriale en Numidie) et 110 (condamnation d'Opimius), et certainement à une date très proche de 110. En jouant sur les deux adjectifs, Lucilius dépeint Quintus Opimius comme un personnage famosus et formosus (J. Heurgon fait remarquer que, dans ce seul fragment, ce dernier adjectif, que Lucilius transcrit habituellement avec son orthographe archaïque formonsus, est écrit formosus pour que l'homéotéleute soit plus évidente). Il oppose sa prestance à sa mauvaise renommée, qui ne dura que le temps de sa jeunesse (adulescens est apposition de Quintus Opimius), car plus tard il s'améliora (les manuscrits proposent la leçon da à laquelle il convient de substituer dare ou datt en accord avec la métrique et la syntaxe). Cicerón rapporte une anecdote sur l'immoralité d'Opimius ; il a peut-être démarqué le récit de Lucilius car il utilise les mêmes mots que lui dans la courte présentation du texte : Est bellum illud quoque, ex quo is, qui dixit, inridetur in eo ipso genere, quo dixit: ut quom Q. Opimius consularis qui adulescentulus male audisset, festiuo homini Egilio, qui uiderelur mollior nee esset, dixisset : * Quid tu, Egilia mea? quando ad me uenis cum tua colu ac lana? — Non poi, inquii, audeo; nam me ad famosas uetuit mater accedere ' (De Orai. 2, 277).
11 L'établissement du texte pose de nombreux problèmes : — 1) Les manuscrits présentent tous la leçon : dlcimus séctorém furiùmque hune Tullius quém. Le vers est amputé d'un demi-pied : l'erreur est évidente. Les éditeurs proposent de lire inquam (Quicherat) ou quintus (Lachmann). La seconde solution paraît bien préférable à la première, qui introduit une simple cheville à l'intérieur de l'hexamètre. Toutefois il est rare que l'on cite le prénom d'un Romain après son gentilice : l'ordre Quintus Tullius semblerait plus naturel. En fait, Marx a noté que, sur ce point, l'usage de Lucilius est assez inconstant ; cf. H 82 Cornelius Publius noster et, inversement, 11, 9 : Lucius Cotta senex. — 2) Pour le dernier vers, tous les manuscrits présentent la leçon : index heredem facil el damnati alii omnes. A l'exception de Lindsay et de Warmington, tous les éditeurs ont corrigé index en iudex.
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Il est vrai que les scribes confondent souvent la graphie des deux mots (le Thesaurus donne une longue liste de ces erreurs). Dans le fragment de Lucilius, le substantif est apposé à Tullius Quintus. La tournure serait très originale : dans ce seul passage, un magistrat romain serait désigné par sa fonction, et non par sa charge. Si Ton trouve en abondance des expressions telles que Publius Cornelius Scipio praetor ou consul, il n'en existe pas du type Publius Cornelius iudex. Les éditeurs qui admettent cette correction pensent que Quintus Tullius a jugé un procès en annulation d'héritage dont la sentence est rapportée dans la formule heredem facil et damnati alii omnes. Marx pense pouvoir établir grâce â ce fragment de Lucilius, que, vers 110 ou 115 avant Jésus-Christ, les centumuiri n'avaient pas encore à connaître des affaires de succession ; toutefois iudex ne désigne pas un magistrat précis. Toutes ces interprétations font bon marché du commentaire de Nonius : Damnare est exheredare. L'explication du grammairien est pourtant confirmée par l'existence du mot archaïque damnas et par les sens techniques de damnare dans la langue du droit privé (cf. Gaius 2, 201 : Per damnationem hoc modo legamus: HERES MEVS STICHVM SERVVM MEVM DARE DAMNAS ESTO). Il ne s'agit pas ici d'un procès, encore moins d'une condamnation en justice. Lucilius suit de très près les formules habituellement utilisées par le testateur quand il institue son héritier ; cf. Gaius 2, 117 : Sollemnis autem instilutio haec est: TITIVS HERES ESTO; sed et illa iam comprobata uidetur: Τ ITI VM HEREDEM ESSE IVBEO at Ula non esi conprobata: TITIVM HEREDEM ESSE VOLO sed et illae a plerisque inprobatae sunt: TIT JVM HERE DEM INSTITVO, item HEREDEM FACIO (cf. Ulpien, 21). Même si elle n'est pas approuvée par de nombreux juristes du ii· siècle après J.-C, il n'en est pas moins vrai que l'expression heredem facio est présentée comme une formule d'usage courant, utilisée par le donateur lui-même : il faut conclure que, dans le fragment de Lucilius, Tullius Quintus rédige son testament en faveur de Gaius Cassius. Celui-ci sera le seul possesseur de tous les biens. La tournure et damnati alii omnes reprend les termes mêmes de la clause d'exhérédation habituellement jointe à l'institution des héritiers ; cf. Gaius 2, 128 : Ceterae uero liberorum personae uel feminini sexus uel masculini satis inter esteros exheredantur, id est uerbis CETERI OMNES EXHEREDES SVNTO; quae uerba statim post institutionem heredum adici soient. — 3) Gaius Cassius, seul héritier de Quintus Tullius, est un contemporain (hic) du poète qui le dépeint à l'aide de nombreux surnoms. C'est un homme âpre â la besogne (operarius) : le mot désigne habituellement un ouvrier; un manœuvre, et par extension toute personne capable de fournir un travail pénible. On l'appelle Cephalo, Grosse tête. Le sobriquet est construit sur Κβφάλη, de la même façon que Capilo est bâti sur capul. Il est attesté dans Poly be 8, 14, 5 (Κεφάλων) et dans les textes épigraphiquee. Gaius Cassius trafique sur les biens vendus aux enchères
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publiques (seclorem) ; son occupation est clairement définie : Item ei qui publica bona emerit eiusdem condicionis inlerdictum proponilur quod appellatur sectoriumt quod sectores uocantur qui publica bona mercantur (Gaius 4, 146) ; Sectores dicti sunt qui spem lucri sui secuii bona condemnatorum semel auctionabanlur, proque his pecunias pensitabant, singulis postea pro compendio suo singulas quasque res pecunia uendituri (Ps. Ascon., Verr. 2, 1, 61). Revenant au détail des biens qu'il a achetés en bloc et à vil prix, le sector n'est qu'un spéculateur qui cherche à réaliser des bénéfices importants, en profitant de ce qu'une personne est dépouillée de ses propriétés pour des raisons politiques ou par reffet d'une condamnation pénale. Cicerón identifie ce personnage avec un sicaire ou un bourreau (S. Rose. 151). Lucilius le considère plus simplement comme un voleur si du moins il faut lire furemquet là où les manuscrits présentent tous la leçon furiumque. La syntaxe du fragment impose de placer une ponctuation forte après operarius, ou après furemque : j'ai préféré la seconde solution, car la relative semble commenter Cassius Gaius hic operarius plutôt que hune ; ainsi se trouve évitée une rupture de construction assez brutale et maladroite, puisqu'elle opposerait deux formes casuelles d'un même démonstratif désignant la même personne : Cassius Gaius hic operarius. Quem..dicimus..., hune... Dans un premier temps, Lucilius fait le portrait dc Cassius, le spéculateur, le voleur... ; dans un second temps, il s'indigne à la pensée que cet homme est institué comme héritier exclusif de Tullius Quintus. Il semble vraisemblable de supposer que Tullius est le dénonciateur, le rabatteur de Cassius (pour l'emploi du mot index, cf. Cic, Cai. 4, 6). Dans cette hypothèse le personnage jouerait sur le plan financier le rôle que jouaient auprès de Verres les deux frères de Cibyre, Hiéron et Tlépolème. Dans ces conditions, on comprendrait mieux pourquoi Tullius Quintus, l'homme de paille, couche sur son testament l'homme qui l'emploie.
12 Lucilius décrit la vie d'un personnage qui vint à Rome dans son enfance. S'agit-il d'un jeune esclave comparable à Trimalcion, ainsi que le suggère Marx (Petron. 75) : Tarn magnus ex Asia ueni quam hic candelabrus est ? 13-14 Il est impossible de déterminer à qui s'adressent ces deux vers qui renferment plusieurs tournures satiriques : — 1) bouinator : D'après les commentaires d'Aulu-Gelle et de Nonius, le mot signifie chicanier. Toutefois le dictionnaire de Verrius proposait bouinalur. conuicialur (cf. Paul. Fest. 30, 26 M); dans C.G.L. 2, 31, 13, on trouve la traduction : bouinalores θορυβοποιοί, θρύλον ποιουντες ή ταραχήν. Marx pense que ces interprétations,
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qui s'appuient sur le vers de Lucilius, expliquent le mot par la tournure qui suit ore inprobus duro. Peut-être faut-il rapprocher ce substantif et les formes grecques équivalentes βουγάιε et βούφαγος. — 2) ore inprobus duro : l'expression désigne l'impudonce d'un personnage dans ses paroles, dans ses jeux de physionomie, dans ses gestes. Marx rapproche de Gic, Quinci. 7, 7 : ...dixi mihi uideri ore durissimo esse, qui praesente eo gestum agere conarenlur ; cf. également Ovide, Mèi. 5, 451 : Dum bibil illa datum, duri puer oris et audax ƒ Constitit ante deam risitque auidamque uocauit. — 3) tricone, tricosus : ces deux mots, rapprochés de θρίξ, τριχός désignent, un faiseur de difficultés ; cf. commentaire de Nonius aux fragments 14 et 9. Dans le fragment 14 uadalo, participe passé de uadari, se laisser assigner en justice, s'accorde avec tricone. 16 Lucilius parle d'un bon mot du crieur public Granius. Il était son ami et les satires accordaient une large place à ses plaisanteries ; cf. Cic, Brul. 172 : Ego memini T. Tincam Placentinum, hominem facelisimum, cum familiari nostro Q. Granio praecone dicacitate cerlare. Eon\ inquit Brutus, de quo multa Lucilius? Uto ipso, sed Tincam non minus multa ridicule dicentem Granius obruebat néscio quo sapore uernaculo. Le personnage appartenait à une famille qui, depuis longtemps, possédait la charge de crieur public (cf. CLL. 1, 577 ; Cic, Verr. 5, 154 ; César, B.C. 3, 71). La profession, qui permettait de jouir d'une certaine indépendance, a compté plusieurs hommes d'esprit qui n'hésitaient pas à se moquer des grands. Cicerón a brossé le portrait de l'un d'eux, Sextius Naevius, dans Quinct. 11 : neque parum facelus scurra Sex. Naeuius neque inhumánus praeco umquam est existimatus. Quid ergo esi? Cum ei natura nihil melius quam uocem dedisset, pater nihil praeter libertatém reliquisset, uocem in quaestum conlulil, libértale usus est quo impunius dicax esset. La célébrité de Granius surpassait de beaucoup celle de ses confreres. Ciceron a consigné plusieurs de ses réparties dans le Brutus (172), dans le De Oratore (2, 244 ; 254 ; 281-2), dans ses lettres (Fam. 9, 15, 2), dans Plane. (33). Les dates que l'on peut attribuer à ses bons mots montrent que, pendant plus de vingt ans, de 111 à 91 avant J.-C, il a joui du même succès. Quelle est l'anecdote que Lucilius voulait raconter ? A supposer que ce soit l'une de celles qui ont été transmises par ailleurs, dans Cicerón par exemple, il est bien difficile de trancher I Dans la mesure où le fragment 10 semble dater le livre 11 des années 115-110, Marx croirait plutôt qu'il s'agit de la réponse faite à Nasica (consul en 111) à propos des afTaires de Numidie : Consuli P. Nasicae praeco Granius medio in foro, cum Ule edicto iuslitio domum decedens rogassel Granium, quid tristis esset, an quod reieclae aucliones essenl ' Jmmo uero, inquit, quod legationes ' (Cic., Plane. 33). Terzaghi
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pense qu'il s'agissait de l'assaut de verve qui opposa Tinca à Granius {Brut. 172) ; peut-être est-il question du souper que Gra ni u s a offert (107) à Crassus pendant son tribunat : ...ita tacitus tribunatus ut, nisi in eo magistratu cenauisset apud praeconem Granium idque nobis bis narrauisset Lucilius, tribünüm plebis nesciremus fuisse {Brut. 160). Ce sont des spéculations entièrement gratuites. 16 Dousa attribue ce fragment au livre 11 : en l'absence de toute indication dans la tradition manuscrite de Charisius, telle qu'elle nous est parvenue, Marx pense que l'éditeur du xvi« siècle a trouvé cette leçon dans le manuscrit qu'il utilisait, puisqu'il n'a pas cru devoir préciser dans son apparat critique les raisons de cette attribution. Cauchy, qui aurait travaillé sur une copie, aurait, par suite d'une faute de graphie, confondu XI et II, ce qui explique l'erreur qui le poursuit dans son édition des extraits de Charisius. Mu facere signifie prononcer une parole : cf. Varron, L.L. 7, 101 : Mussare dictumt quod muti non amplius quam μϋ dicunt; a quo idem dicii id quod minimum est: Neque, ut aiunt, μυ facere audent. Le vers reprend peut-être un mot de Scipion Émiiien que rapporte Augustin (Ciu. 2, 8) d'après Cicerón (Rep. 4, 10, 12) : dicil deinde alia et sic concluda hune locum ut ostendal ueteribus displicuisse Romanis, uel laudari quemquam in scena uiuum hominem uel uituperari.
NOTES COMPLÉMENTAIRES DU LIVRE XII 1 Le narrateur expose qu'il a approuvé un protagoniste (homini). Qui parle ? De qui est-il question ? Le texte est bien mystérieux : — 1) Faut-il identifier le narrateur avec tous les personnages qui disent je dans le livre 12 ? avec celui qui s'est privé de nombreux plaisirs dans son existence (me de colaui, 2), qui garde le souvenir dans son cœur (hoc...pectore, 3), qui a besoin de versements en or (mi praebeal aurum, 4), qui aurait pu mourir dans son enfance (me et fruire, 5) ? Dans ces conditions, le livre 12, en totalité ou en partie, se présenterait comme un monologue. La plupart des éditeurs ont renoncé à l'admettre : l'adjectif possessif tuo (tuo pectore, 3) semble révéler l'existence d'un interlocuteur (à moins qu'il ne s'agisse tout simplement d'une apostrophe ou d'une dédicace...). On en a déduit que le poème était un dialogue. Il ne restait plus qu'à distinguer entre les différents individus qui pouvaient s'exprimer à la première personne du singulier. Le
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poète parlerait en son nom personnel dans les fragments 1 et 5 (Warmington), 5 (Marx qui, par ailleurs, ne prend pas parti pour 1, 2, 3), 1, 2, 4 et 5 (Terzaghi). Il ferait parler son père dans les fragments 2, 3 et 4 (Warmington), 4 (Marx), ou simplement son pédagogue (3, Terzaghi). — 2) Les mômes difficultés se retrouvent quand il faut identifier homini (1), huic homini (4), hune (5). S'agit-il toujours de la même personne ? Les éditeurs ne l'ont pas cru : ils reconnaissent le tuteur du poète (Mueller, 5), son pédagogue (1 et 5, Terzaghi), son père (1 et 4, Warmington), le poète lui-même (4, Mueller, Marx, Bolisani, Terzaghi). Pour le fragment 1, une certaine unanimité s'est établie. Il semblerait que Lucili us approuve les principes moraux que son père (ou son précepteur) viendrait de lui rappeler (cf. 3). Rien ne permet cependant d'étayer sérieusement cette hypothèse. 2 Le fragment présente des difficultés pour l'établissement du texte et pour son interprétation : — 1) Le passage de Diomede est corrompu. La citation de Plaute (Cap, 496) est inexacte : les vers Nune ibo ad portum hune. Est illic mi una 8ρ es cenalica / Si ta decolabit, redibo hue ad senem ad cenam asperam. sont devenus una esi decoltau it. De plus, une lacune a bouleversé le commentaire et interdit de comprendre comment Diomede passe du sens de tromper (exemple de Plaute) au sens de décapiter (exemple de Fenestella). Malheureusement le fragment de Lucilius se situe à l'endroit même où ces erreurs se sont produites. Marx constate que Diomede a confondu deux verbes : decollare, décapiter, transitif (de de et collum, le cou) et decolare, faire défaut, intransitif (de de et colum, le tamis). Visiblement le grammairien a mêlé les graphies et les commentaires : dans Plaute, il faut lire spes decolabit : Vespoir s'évanouira ; l'image est celle des liquides qui s'écoulent à travers un filtre. C'est le même paradigme qu'il faut rétablir dans Lucilius : que signifierait l'expression me decollaui ? Son sens propre introduit une incongruité ; son sens figuré ne serait attesté que par ce seul passage. L'erreur de Diomede n'est pas entièrement inexplicable : habituellement le verbe decolare, s'évanouir, s'emploie intransitivement, cf. Plaute, Capt. 496. Lucilius lui a donné un complément d'objet me decolaui. De là confusion dans l'orthographe. — 2) L'interprétation du fragment n'est pas simplifiée pour autant. Marx comprend uictus comme le génitif singulier de uictus, us m. et trouve dans la tournure fructus uictus le synonyme de fruclus uitae, cf. Lucr. 3, 1007 : nee tarnen explemur uitai fructibus unquam qui désigne la soif de jouissances. Terzaghi interprète uictus comme le nominatif singulier du participe passé passif de uinco. Le sens est bien différent. Selon Marx, le narrateur a laissé échapper plusieurs plaisirs de la vie ; selon Terzaghi, vaincu (par l'excellence des enseignements de son précepteur), le poète sortit (de sa tutelle)
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avec de nombreux bienfaits. Le fragment est trop mutilé pour que Ton puisse trancher en faveur de l'une ou de l'autre version. Je pense pourtant plus prudent de suivre Marx, qui n'a pas besoin de combler trop de lacunes pour comprendre le passage. Un seul fait est certain : il est invraisemblable de croire avec Warmington que le père du poète se plaint des sacrifices qu'il a dû consentir pour achever l'éducation de son fils. La famille de Lucilius était assez fortunée pour échapper à des soucis d'argent. La structure métrique du fragment impose de considérer fructibus comme le cinquième pied de l'hexamètre. Il faut alors placer dans le sixième pied les deux monosyllabes me et de, qui serait séparé de decolaui par une tmèse. Cette fin de vers est assez exceptionnelle I Terzaghi a proposé la correction * quibus fructibus mé decolaui < υ υ > ulclus. Il faut supposer deux lacunes dans l'hexamètre. Là encore, rien ne permet de trancher de façon décisive. 8 Marx rapproche cet hexamètre et un vers d'Homère (A 297) : άλλο δέ τοι έρέω · σύ δ' ένΐ φρεσΐ βάλλεο σησι. S'agit-il d'un conseil du poète à son frère, du père à son fils, du précepteur à son élève ou du satirique à son lecteur ? Terzaghi croit reconnaître une leçon de morale pratique comparable à celles qu'Horace recevait de son père {Sat. 1, 4, 105 sq.) : ...insueuit paler opt umus hoc me / ut fugerem exemplis uitiorum quaeque notando, ƒ Cum me hortarelur, parce, frugaliter alque J uiuerem ut i conlentus eo quod mi ipse parasset. 4 Le fragment traite de questions d'argent ; il est emprunté à une discussion reproduite au style indirect. Les questeurs étaient chargés d'administrer le trésor public. Les χορηγοί (corago) sont les entrepreneurs de spectacles qui, en Grèce, fournissaient les troupes théâtrales lors des jeux publics. Le terme χορηγία désignait également les présents d'hospitalité fournis aux étrangers sur les fonds d'état. Dans le fragment de Lucilius, coragus est en rapport avec cet emploi de χορηγία ; c'est ce qui explique l'utilisation de publicilus pour se référer à des crédits d'état (par conséquent, distribués par le questeur), tirés sur un poste budgétaire du trésor public (e fisco). La tournure, appliquée aux usages romains, révélerait une certaine forme d'humour. Huic homini n'est qu'un substitut de mihi, cf. Plaute, Ep. 141 : ...huic homini opust quadraginta minis / celeriter calidis... S'il en est ainsi, la signification du fragment est relativement simple. Le narrateur (peut-être le poète) raconte qu'il a (ou qu'il n'a pas) besoin d'un questeur ou d'un entrepreneur de jeux qui lui dispensent largement les fonds publics ou les invitations officielles aux frais de l'État (cf. Terzaghi, op. cit., p. 390). Toutefois est-il
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vraisemblable que Lucilius se désigne dans la même phrase par huic homini et mi (mi praebeat) ? Plusieurs éditeurs ont pensé que l'opposition des deux formules correspondait à une distinction entre deux personnes : ils ont voulu reconnaître le poète (huic homini) et son père (mi). Ce dernier s'emporterait contre les dépenses excessives de son fils (cf. Marx et Warmington). Ces identiflcatíons sont parfaitement arbitraires. On pourrait tout aussi bien soutenir que le poète s'emporte contre les dépenses excessives de son père 1 Est-il certain qu'il soit question de Lucilius ? Ne peut-on concevoir le fragment comme une sorto de voeu ? La seule réalité incontestable, c'est que les deux vers transmettent le voeu d'un individu (provisoirement désargenté ?) qui souhaite vivre à la charge de l'État.
5 Le fragment contient une proposition éventuelle insérée dans un énoncé au style indirect dont il ne subsiste qu'un mot : hune. Il est impossible de préciser l'identité du personnage qui est représenté par ce pronom : tuteur (Mueller), père (Warmington), précepteur (Terzaghi)... Cet homme aurait eu une attitude donnée en cas de malheur pour les enfants. Dans son commentaire, Servius souligne que quid est ici un euphémisme. La construction est assez rare : nobis est un ablatif comme me et fratre. Le cas est employé ici avec sa valeur d'origine : si quelque chose était advenu de nous ; cf. Ennius Annales : si quid me fuerit humanitus (125 V). Peut-être Lucilius fait-il allusion à son frère et à lui-même. β
Le fragment imite Homère (t 240) : Αύταρ Ζπειτ' έπέθηκε θυρεον μέγαν ύψόσ' άείρας / δβριμον · ούκ άν τόν γε δύω καΐ είκοσ άμαξαι / ύψηλαΐ τετράκυκλοι άπ' οΟδεος όχλίσσειαν. Lucilius devait évoquer une charge comparable au rocher qui fermait l'antre du Cyclope. Pour l'expression protelo ducere, cf. 6, 3. 7 Marx rapproche ce fragment et 15, 10. Il comprend rugosum atque fami plenum distendere uentrem.
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NOTES COMPLÉMENTAIRES, LIVRE XIII
NOTES COMPLÉMENTAIRES DU LIVRE XIII 1 Le fragment devait prendre place dans un développement dirigé contre le luxe excessif de la haute société romaine ; il introduisait une série de critiques (adde) qui en dénonçaient les modes vestimentaires. Marx pense reconnaître le portrait de ces élégants qui, pour leur toilette, exigeaient exclusivement les raffinements somptueux qui faisaient la célébrité de provinces lointaines (cf. Varron, Sat. Men. 403 В). Cette recherche de tous les produits étrangers, réputés excellents, fut la manie des riches pendant plusieurs génération« : Trimalcion achète ses béliers à Tarente, ses abeilles à Athènes, ses graines de champignons en Inde... (Pétrone 38). Lucilius cite des spécialités siciliennes et tout particulièrement le cuir de Syracuse (Syracusis est un ablatif d'origine ; l'expression Syracusis sola est synonyme de Syracusana sola ; cf. constructions similaires dans H 162 : Aegypio sargus, ou Plaute, Merc. 940 : hospitem Zacyntho). Il était très apprécié des Romains, cf. Strabon 6, 2, 7 : καλουσιν αυτήν ταιιεΐον της 'Ρώμης · κομίζεται γαρ τα γινόμενα πάντα πλην όλιγων των αυτόθι άναλισκομένων οευρο * ταύτα б' εστίν ούχ ol καρποί μόνον, άλλα καΐ βοσκήματα καΐ δέρματα καΐ épia καΐ τά τοιαύτα. Cicerón indique aussi le cuir parmi les principales exportations siciliennes ... sine ullo sumptu nostrof coriis, tunicis frumentoque suppeditando, máximos exercitus nostros uesiiuit, aluit, armauit (Verr. 3, 5). Le fragment désigne deux objets de luxe qui étaient à la mode : les semelles (sola) qui s'attachaient à l'aide de courroies que l'on passait entre les doigts de pied, étaient une tenue de repos ; la bourse en cuir (pasceolus) est un objet d'origine grecque (φάσκωλος), sorte de sac où l'on plaçait ce qui était précieux ; cf. Plaute, Rud. 1314 : Praelerea centum mna Philippia in pasceolo sorsus. La On de l'hexamètre est altérée dans les manuscrits. La leçon alulamen ne peut être retenue : le mot n'existe pas ; Nonius précise en tête de rubrique ex aluta sacculus, mais non pas alutamen. Il manque une ou deux syllabes au cinquième pied. J'ai laissé subsister cette lacune et j'ai rétabli la forme alulamt plus proche des manuscrits (suivant sur ce point l'exemple de Marx). Peut-être faudrait-il corriger en optima aluta comme le suggère Marx dans son commentaire ? ou bien en optimam aluíam ? Ces différentes hypothèses ne changent guère l'interprétation du passage. 2 L'établissement du texte fait difficulté et a suscité de nombreuses hypothèses. L. Havet {Rev. Phil. 14, 1890, p. 29)
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pense que le fragment est constitué par un seul hexamètre et qu'il importe de lire toliani au lieu de tollantur afin de retrouver le compte de syllabes. La graphie -tar ne serait qu'une erreur facilement explicable, le vers étant suivi par le nom du poète Turpilius dans l'article de Nonius. Il conviendrait donc de scander prlmum dominia dique soddlicia omnia tóllant. Il faut admettre que la syllabe brève initiale de dominia a été allongée. Luciliue a parfois recours à cette licence métrique : cf. prõpola (4, 6), ducentum (18, 1 ; H 78), Apuliam (29, 61)... Les exemples sont rares. Certains éditeurs ont préféré modifier Tordre des mots ; Warmington propose : Primum tollantur dominia alque sodalicia omnia. D'autres ont changé l'orthographe domnia (Baehrens), domina (Lachmann), en supposant que le vers est cité à partir de sa césure trihémimère : primum domn (a) alque sodatici (a) omn(i)a ou bien primum domin(i) alque sodatici (a) ómna. Il faut alors considérer que dans dominia et dans omnia la voyelle i disparaît, traitement phonétique bien exceptionnel. Devant toutes сев difficultés, j'ai préféré suivre les manuscrits de très près, maintenir le leçon tollantur et, constatant après Marx que l'allongement de la syllabe initiale d'un mot procéleusmatique est très rare dans Luciliue, conserver dominia et omniaf mais admettre qu'ils étaient prononcés respectivement comme un trissyllabe et comme un dissyllabe. Les faits de synizèse ne sont pas rares dans les Satires, cf. tuorum (26, 70), eodem (9, 5 ; 20, 7 ; H 105), angarius (6, 20). Ils ont leur répondant dans la langue des comiques (cf. Plaute, Mil. 1148, Poen. 834, 905; Bud. 1359 ; Stich. 336, 526..., cf. L. Müller, De re metrica, p. 290). Le poète évoque les festins solennels (dominia) qui regroupaient toute la noblesse, sous la présidence et aux frais des personnages importants qui s'étaient distingués par leur richesse, leurs succès, leurs fonctions honorifiques (consul, triomphateur...). Cicerón fait allusion à cette institution ...huius argento dominia uestra, huius signis et tabulis forum comiliumque ornari...? (Verr. 4, 9). Les banquets étaient l'occasion de dépenses somptueuses et le Sénat dut intervenir pour en limiter le luxe : Aulu-Gelle (2, 24, 2) rapporte un antique décret de cette assemblée in quo iubentur principes ciuitatis, qui ludis Megalensibus antiquo ritu mutitarent, id est mutua inter sese dominia a gereni, turare apud cónsules, uerbis conceptie, non amplius in singulas cenas sumptus esse facturos, quam centenos uicenosque aer is, praeter olus el far el uinum... Le terme sodalicia désignait primitivement les repas organisés par les confréries religieuses telles que les Sodales Tilii (Varron, L.L. 5, 85) ; puis, sous la république, le mot finit par indiquer les festivités qui permettaient à des associations groupant des citoyens influents de se réunir et de soutenir, par la corruption ou la violence, la candidature de certains hommes politiques (Cic, Plane. 47). La pensée de Luciliue paraît facile à reconstituer : il ne suffît pas de proposer des lois somptuaires pour restreindre le luxe effréné des Romains ; il faut commencer
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(primum) par supprimer (tollantur) les banquets publics où les nobles, à qui mieux mieux, engloutissent leur fortune. A plusieurs reprises cette réforme a été amorcée, cf. Ascon., Pis., p. 6, 20 K.S. : L. Iulio C. Marcio consulibus ...senalus consulto collegia subíala sunt quae aduersus rem publicam uidebantur esse... ; Gic, Ad Q. fr. 2, 3, 5 : senalus consullum factum est ut sodalUales decuriatique discederent. 3 Le fragment devait prendre place dans un développement sur le luxe et introduire un exemple à propos des raffinements alimentaires, comme le suggère la formule hoc fil idem in cena. Certaines catégories d*huttres coûtaient une fortune, surtout celles qui provenaient de régions exotiques. En 115, le consul M. Aemilius Scaurus dut en interdire l'importation ...glires...censoriae leges princepsque M. Scaurus in consulalu non alio modo ceniš ademere quam conchylia aut ex alio orbe conueclas aues (Pline, N.H. 8, 223). Dépenser plusieurs milliers de sesterces pour un seul plat, c'était entrer en contravention avec la loi Fannia et avec la loi Licinia qui autorisaient d'engager des frais de 25 ou 50 sesterces pour les jours de fête seulement (cf. Gell. 2, 24 ; Lucilius 9, 25 et 33 ; H 53 et 54). 4
Lucilius décrit des convives qui prennent place sur leur lit (accumbere) devant une table très généreusement et très richement (ampliler) garnie. Exslructa mensa est un ablatif absolu, ou le complément du verbe accumbere qui régit parfois l'ablatif ; il se trouve dans Liu. 23, 18, 5. L'expression mensa ampliter exslructa désigne l'abondance de la nourriture, mais aussi la splendeur des apprêts. Ciceron l'utilise (Tuse. 5, 61-62) pour décrire le repas de Damoclès : Denys avait fait installer un lit en or, des tapis superbes, de la vaisselle en or et en argent ciselé ; enfin mensae conquisitissimis epulis exstruebantur. Le texte du fragment est incomplet : le premier vers est cité à partir de sa césure hephthémimère ; dans le second vers, une lacune s'étend probablement de la césure penthémimère à la césure hephthémimère. Plusieurs éditeurs ont essayé de rétablir la version primitive en proposant unclam cum (Francken), atque apte cum (Mueller), ас decumanam (Lachmann d'après la leçon du manuscrit L) ; Marx suggère epulis ou opibus. En l'absence d'un contexte plus étendu, ces reconstructions sont bien arbitraires.
5 L'interprétation du fragment pose de nombreux problèmes : — 1) Après Lachmann, Marx comprend la particule atque comme une conjonction de coordination : idem cibus eaedemque epulae
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ín epulo louis omni potent is. Une telle construction n'est guère satisfaisante, car la répartition des fonctions syntaxiques à l'intérieur du vers semble exceptionnelle. Il paraît plus vraisemblable d'interpréter, avec Terzaghi, atque comme introduisant le complément de l'adjectif idem. — 2) Le substantif neutre epulum désigne le repas solennel que les Romains offraient en l'honneur des morts. Cf. Cic, Mur. 75 : Is cum epulum Q. Maximus, P. Africani patrui sui nomine, populo Romano darei, rogatus est (Tubero) ut triclinium slerneret. Dans la comparaison, le substantif féminin epulae se présente grammaticalement comme le symétrique de cibus : les deux mots désignent donc des réalités du même ordre, mais, tandis que cibus est un terme vulgaire qui sert à nommer toute espèce d'aliments, epulae est un terme noble qui s'emploie pour les rois, cf. Verg., Aen. 6, 604 ; Cic, Tuse. 5, 61-2... Lucilius identifie la nourriture que des hommes ont mangée dans un repas solennel, à la nourriture de Jupiter tout puissant. — 3) L'expression Joute omnipotentis n'est pas claire. Marx, qui rapproche avec Ennius [Ann. 458 V : riserunt omnes risu louis omnipotentis), y voit une tournure laudative ; de même que le rire de Jupiter ne peut être qu'un rire qui emporte l'adhésion de tous, les aliments de Jupiter ne peuvent être que des mets délicieux ; peut-être même de l'ambroisie (hypothèse de Terzaghi). Une interprétation tout à fait différente se trouve proposée, si l'on tient compte des aliments que les Romains offraient réellement aux dieux, cf. Sénèque, Episl. 98 : Tubero paupertalem et se dignam et Capitolio iudicauit cum fictilibus in publica cena usus ostendit debere Us homines esse contentos quibus dii etiamnunc uterentur. Tubero, contemporain de Lucilius, familier de Q. Fabius Maximus qui, comme lui, était neveu de Scipion Émilien, organisa, en l'honneur de son oncle, un banquet dont la frugalité fit scandale, cf. Cic, Mur. 75 : Atque ille homo eruditissimus ас Stoicus slrauit pelliculis haedinis leclulos Punicanos et exposuit uasa Samia quasi uero esset Diogenes Cynicus mortuus et non diuini hominis Africani mors honestaretur, quem cum supremo eius die Maximus laudarci, gratias egit dia immortalibus quod ille uir in hac re publica potissimum naius esset; necesse enim fuisse ibi esse lerrarum imperium ubi ille esset. Hui us in morte celebrando grauiter tulit populus Romanus hane peruersam sapientiam Tuberonis. Peut-être le fragment de Lucilius faisait-il allusion à cet événement, ou à des événements comparables : les mets offerts aux citoyens étaient tout aussi médiocres que ceux qui étaient offerts à Jupiter. β
La poterie de Samos (SamiumJ était très commune ; elle formait la vaisselle des pauvres, cf. Piaute, Stich. 693 : ...quibus diuitiae domi sunt, scaphio el cantharis / Batiocis bibunl; at nos nostro Samiolo poterio. Le plat à rôti (catinum) est décrit par
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Varron {L.L. 5, 120) qui attribue au mot une etymologie fantaisiste : Vasa in mensa escaria: ubi pultem aut iurulenti quid ponebant, a capiendo catinum nominarunt... Il servait à porter sur la table le morceau de résistance ; cf. Hor., Sat 2, 2, 39 : Porredum magno magnum spedare catino / uellem... La poterie en terre de Samos et le plat ébréché (curto) décrits par Lucilius sont le lot des pauvres (pauper u/ij, mais aussi des dieux qui parfois s'en contentent (Sénèque, Epist. 98). 7 Il est impossible de retrouver la signification du fragment ; le seul intérêt du passage est d'opposer fors, fatum et fortuna. Fors c'est le hasard ; a ferendo (Marx), cf. Ter., Phorm. 138 : quod fors ferel, feremus aequo animo. Fatum et fortuna définissent la destinée individuelle (fatum) par opposition au destin (fortuna) que Nonius identifie avec une divinité ; cf. Isid., Őrig. 8, 2, 91 : Fatum autem a fortuna séparant et forlunamt quasi sit in his quae forluitu eueniunt, nulla palam causa, fatum uero apposilum singulis et statútum. Il est question d'un homme à qui la Destinée et l'occasion ont accordé un destin et un rang compa rables. Locus indique le rang dans la société, cf. Gic, Lael. 94 : Multi autem Gnathonum similes cum sint loco, fortuna, fama superiores... L'adjectif parilis n'est pas attesté avant Lucilius. Il a sans doute ici une signification sociale. 8 Lucilius montre que, dans la guerre, tout n'est pas dû au hasard ou à la fortune. Dans le premier vers, il expose l'opinion de ses adversaires ; dans le second vers, il réfute leur affirmation en demandant ce qu'ils font de la gloire. Les manuscrits ont cursum ; il est difficile d'interpréter cette forme comme un verbe (cursum est), ou comme l'accusatif de cursus; c'est pourquoi les éditeurs ont proposé de lire rursum (Mueller, Lachmann, Terzaghi, Warmington), ou encore quorsum (Marx, Bolisani)... Le premier vers contient la seconde partie d'une alternative (aut) ; ei l'on s'en remet à des citations telles que Sali., Iug. 1, 1 où fors est opposé à Virtus, on peut supposer que les quelques mots qui précédaient immédiatement le fragment parlaient du courage comme seul élément déterminant dans une guerre. Marx perçoit une certaine similitude entre les propos de Lucilius et les principes affirmés dans la maison de Paul Emile, cf. Liu. 22, 39, 20 : omnia audentem contemntt Hannibal, nihil temere agentem metuet. Nee ego ut nihil agatur , sed ut agentem te ratio ducat, non fortuna... Cf. Geli. 13, 3, 6 ; Appien 6, 87...
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9 Le vers introduit une comparaison (ut) entre l'étymologie de iners et celle d'un mot qui était sans doute formé sur le môme modèle. Le verbe perhibeiur prend ici le sens de nommer; cf. Ennius : Sophiam sapientia quae perhibeiur (Ann. 218 V), ou est locus Hesperiam quam mortales perhibebant (Ann. 23 V)... (cf. Mariotti, op. cit.t p. 33-34). Il s'agit à proprement parler d'une observation linguistique : on la retrouve dans Cicerón : Lustremus animo non has máximas artes, quibus qui carebanl, inertes a maioribus nominabantur (Fin. 2, 115), dans Varron artem expromis inertem (Sat. Men. 359 В), dans Ovide пол est pro uestris ars mea rebus iners (Ars 3, 208). Cette recherche de l'origine dee mote appartient en propre au Stoïcisme pour qui les mots sont intimement liés aux choses mêmes, cf. 9, 21-5. 10 Le fragment, dont le sens reste obscur, a suscité de nombreuses hypothèses : Nonius déclare que cernit prend ici le sens de décider, ordonner (disponeré). Lachmann et Francken ont voulu que ce soient les mêmes hommes qui décident et qui se combattent avec acharnement (inter se configgere armis) en combat singulier (cf. Cic, Pis. 20 ne armis configgerei). Ils ont donc corrigé cernit en cernunt (Francken) ou crerint (Lachmann, Warmington...). Marx a jugé que Nonius s'était trompé dans son commentaire : à son avis, cernere signifie regarder et il s'agit de Jupiter qui contemple deux peuples qui s'affrontent (cf. Homère θ 51) ; il suppose également que Scipion se compare à Jupiter, et qu'il suit le déroulement des combats, selon un mot rapporté par Appien 8, 71 : ίλεγέ τε πολλάκις ύστερον... δύο προ αύτου τήν τοιάνδε θέαν Ιδεϊν èv τφ Τρωικω πολέμω, τον Δία άπο της *Ίδης καΐ τον Ποσειδώνα έκ Σαμοθράκης. Malheureusement, rien ne prouve qu'il soit ici question de Scipion, de Jupiter, des troupes d'Espagne, de la guerre de Troie ; il semble, par contre, probable que Nonius se soit trompé sur le sens de cernere. 11 Lucilius parle d'un homme pris parmi la masse des Romains. L'expression unus de multis désigne les petites gens, que rien ne distingue, cf. Cic, Fin. 2, 66 : Tenuis Lucius Virginius unusque de mullis filiam suam occidit. De même (Brut. 274), Marcus Calidius ne fut pas un orateur qui se confondait avec la masse non fuit orator unus e multis. Lucilius dépeint un homme qui n'ait aucune qualité extraordinaire, mais simplement pourvu de bon sens (ingenio : c'est un ablatif de qualité à l'intérieur d'une relative au subjonctif à valeur consécutive).
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NOTES COMPLÉMENTAIRES DU LIVRE XIV 1-2 Les deux fragments parlent de nourriture, de pigeons etiques (cf. Hor., Sat. 1, 5, 71 : macros turdos) et de fromage blanc parfumé à l'ail, mets de paysans (Ног., Ер. 3, 4 : о dura messorum ilia). Pour le fragment 1, les manuscrits de Charisius (N, B, L) proposent macrosque palumbos. Marx refuse cette leçon, car la forme palumbes est seule attestée chez les écrivains archaïques (Plaute, Bacc. 51 ; Poen. 676; Pomponius 41 R...) ; l'argument n'a pas grande valeur : après la citation du livre 14, Charisius ajoute que Varron emploie palumbi dans son Scaurus et que cette forme était entrée dans l'usage (quod consuetudo quoque usurpami). Elle appartiendrait notamment aux dialectes sabelliques (cf. Ca ton, Agr. 9 0 ; Varron, Bust. 3, 9, 21). Dans cette hypothèse, le fragment de Lucilius pourrait évoquer la nourriture misérable des campagnards, éventuellement le dénuement des Italiens... J'ai renoncé à cette interprétation car les manuscrits de Nonius ne présentent que palumbes (la leçon palumbi proposée dans la rubrique du dictionnaire n'est qu'une erreur de scribe démentie par tous les exemples qui la suivent). De plus, le texte de Charisius n'est pas clair : le Parisinus 7530 contient macorque palumbes ; était-ce la version primitive ? La particule autem dans Varrò autem marque-t-ellc l'opposition entre les auteurs qui emploient palumbes et ceux qui emploient palumbi ? ou bien a-t-elle valeur d'addition et commente-t-elle le fragment de Lucilius ? La première hypothèse me paraît plus vraisemblable. Le texte du fragment 2 est très altéré : s'appuyant sur la leçon du Coloniensis (caseus ala molis), où ils ont cru distinguer l'adjectif mollis, ou bien sur les deux versions du Neapolitans (ala mol lit et alumol liet), où ils ont pensé reconnaître une forme verbale aussitôt identifiée avec olit (du verbe olere, olo, is... doublet de oleo), les éditeurs proposent deux rédactions différentes entre lesquelles le choix reste bien arbitraire : — 1) caseus aula mollis : Marx et Bolisani retrouvent l'expression caseus mollis, fromage mou, fromage blanc, transcription latine du grec τυρούς απαλούς bien attestée par l'usage (cf. Plaute, Poen. 367 : meus molliculus caseus) ; aula est interprété comme l'ablatif locatif du mot désignant un récipient culinaire {aula ou olla) ; il est invraisemblable de rapprocher cette forme de aula, l'atrium, et d'y voir le synonyme de domi ; — 2) caseus alium olit : à la suite de nombreux éditeurs, j'ai préféré cette leçon dont la structure syntaxique est plus évidente ; elle suppose un mauvais découpage des mots dans alumol liet et deux fautes (oubli de i et rajout d'un l).
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8 Le vers contient une proposition causale introduite par cum : il apporte une justification dans un contexte qui pouvait traiter le thème il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger. L'expression quid (mis pour aliquid) facere prend ici le sens obtenir un résultat, cf. Lucrèce 1, 440 Praeterea per se quodcumque eril, aut faciei quid... Ce que nous mâchons suffit pour obtenir un résultat, la santé (?). 4 Le fragment contient deux réparties empruntées à un dialogue où il est question de viande. Viscus et Viscera, comme le souligne Nonius, ont ici le même sens ulitera suni quldquid inter ома tl cutem est (Servius Ad Aen. 6, 253) ; quicquid sub corio est, ut in Albano Lalinis uisceralio dabatur, id est caro (ibid. I, 211). L'un des interlocuteurs questionne avec l'autorité d'un personnage important : idne aegre est, uiscere priuo. L'autre répond avec humilité (uiscera largi) et rappelle les mesures généreuses prises dans le passé par son compagnon (dederas tuquidem). Les éditeurs hésitent à identifier ces deux hommes : — 1) Mueller, après Havet (Rev. Phil. 20, 1896, p. 65), pense que deux médecins discutent du régime qu'il faut proposer à un malade. Il suffit pour cela de corriger aegre en aegrist, largi en large. Le texte des manuscrits ne justifie pas ces modifications ; de plus, Nonius fait remarquer que Lucilius emploie, dans ce vers, la forme largi, au lieu do largire. — 2) Buecheler (Archiv. L.L. 3, 1886, p. 145) reconnaît dans l'expression uiscera largire les termes techniques qui désignent une uisceralio, la distribution de viande à laquelle on procédait publiquement lors de certaines fêtes religieuses. J. Heurgon rappelle que Cicerón dans Off. 2, 55 compte les uisceraliones, entre les epulae, banquets, et les gladiatorum muñera, spectacles de gladiateurs, parmi les ruineuses obligations qui incombaient à la noblesse romaine. Dans cette perspective uiscera largi signifie offre de généreuses uisceraliones. Perse (6, 48) fait allusion à une distribution publique de ce genre : Dis igitur genioque ducis centum paria ob res / egregie gestas induco. Quis uetat? Aude. / Vae, nisi coniues. Oleum artocreasque popello / Largior... Le mot grec artocreas est l'équivalent exact de pane et uiscere dans le premier vers de Lucilius. S'appuyant sur cette analyse, Buecheler a supposé que, pendant la campagne d'Espagne, Scipion aurait offert des jeux, mais en interdisant les distributions de pain et de viande ; il interrogerait un soldat pour savoir s'il était très chagriné par l'absence de distribution ; le soldat répond : c'est que tu n'avais donné qu'une seule fois de la viande ; fais une distribution. Marx fait remarquer que, selon le témoignage d'Appien (Iber. 54), Scipion proposait abondamment de la viande à ses soldats ; de plus le fragment contiendrait 22
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deux affirmations contradictoires {priuo et dedisse). Cet éditeur a adapté l'interprétation en conséquence : Scipion surprendrait un soldat pendant son repas, lui demande où il a trouvé une nourriture si excellente. L'autre se plaint de la rigueur de la discipline ; on ne fait pas de sacrifleeaux dieux. Scipion demande si cela le chagrine plus que d'être privé de pain et de viande. L'autre répond : tu nous avais autorisé la viande ; laisse-nous profiter de ce que tu nous avais concédé. — 3) Tous les commentaires supposent que la scène se déroule au camp de Scipion. Or, tous les témoignages de l'Antiquité (Liu. 8, 22 ; Cie, Off. 2, 55 ; Athénée 4, 153 С.) montrent que les uiscerationes désignent des banquets ou des distributions offerts au peuple, et non aux soldats. Il faut donc conclure avec Cichorius, J. Heurgon et Bolisani que le dialogue ne se déroule pas à Numance, ni à l'armée, et que rien n'autorise à penser que Scipion en soit l'un des interlocuteurs. Les deux vers de Lucilius reposent sur l'opposition entre pane et uiscere priuo et uiscus dederas tuquidem repris par uiscera largi. (Il est invraisemblable d'admettre avec Terzaghi que priuo soit ici un adjectif et qu'il faille sous-entendre un verbe tel que uesceris ; la construction syntaxique l'interdit tout autant que le sens de priuus qui n'a jamais signifié à tes frais.) L'un des personnages demande si une mesure non identifiable (id) chagrine plus que les privations qu'il impose. Pane et uiscere priuo permet peut-être de reconnaître l'auteur de l'une des nombreuses lois somptuaires auxquelles Lucilius fait allusion dans ses satires (cf. entre autres la lex Licinia dont il est question dans H 54). Mais cet homme politique a, dans une circonstance non précisée, distribué antérieurement de la viande et du pain. C'est là ce qui chagrine son critique (tuquidem) : c'est le fait que loi tu nous avais donné de la viande; fais toutes les lois somptuaires qu'il te plaira, mais uiscera largi, distribue de la viande ( J. Heurgon). 6 Un personnage, dont un interlocuteur rapporte les paroles (inquin), s'indigne que l'on ait supprimé les banquets et la part de viande que l'on consacrait aux dieux. Prosecta désigne les morceaux découpés sur l'animal et exposés sur la table à offrandes au début du sacrifice. Scaliger corrige la leçon des manuscrits proseclam (BA) en prosiciem, pour éviter un spondée au cinquième pied de l'hexamètre ; c'est une rectification inutile : les vers spondaïques ne sont pas rares dans Lucilius, cf. 3, 16 ; 30, 73 ; H 50... Les éditeurs retrouvent ici les deux hommes du fragment 4. Pour Marx, c'est Scipion qui a la parole : il reprend les termes mêmes d'un soldat qui lui reproche d'avoir interdit l'introduction dans le camp de tout ce qui n'était pas nécessaire, et même des victimes destinées aux sacrifices (Cf. Appicn, Iber. 85 : ίς τε το μέλλον άπεΐπε μηδέν έσφέρεσθοα των περισσών μηδέ ίερεΐον ές μαντείαν...). Il ne semble pas plus invraisemblable
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de reconnaître l'homme politique du fragment précédent; il répète, pour le détruire, Tun des arguments du citoyen qui feignait de croire que les restrictions allaient priver les dieux de leur ration. Peut-être faudrait-il supposer, avec Terzaghi, que le fragment 5 prenait place avant le fragment 4 ? Le sens serait alors : tu dis que les dieux n'auront plus la part qui leur revient dans les festins et dans les sacrifices? C'est vraiment ce scrupule religieux (id) qui Vafflige ou bien la privation que je Vimpose? 6 Plusieurs éditeurs (Warmington, notamment) reconnaissent l'expression dilectum habere, lever des troupes. C'est le fait d'un général (consul, praetor...), du sénat, du peuple (populus)..., maie est-il vraisemblable de rapporter cette action à la populace (uulgus) qui, les témoignages sont innombrables, n'a jamais éprouvé une passion particulièrement vive (studiose) pour un service militaire qu'elle considérait comme le moyen de pression des classes dirigeantes. Après Marx et Bolisani, je pense que dilectum est ici un adjectif, attribut d'un complément d'objet qui n'est pas cité dans le fragment. Lucilius voit qu'un homme jouit d'une grande popularité auprès de la masse. Rapproché du passage suivant, ce vers se présenterait comme la condamnation de la gloire parmi les hommes (uulgus), opposée à la sagesse (pauci et sapientes). 7 Lucilius introduit dans sa satire le vers 491 d'Homère λ (Marx en a rétabli le texte qu'un scribe malhabile avait dénaturé en le transcrivant dans un alphabet latin très approximatif). Aux enfers, Ulysse s'entretient avec Achille : Jadis quand tu vivais, nous tous, guerriers d'Argos, t'honorions comme un dieu : en ces lieux, aujourd'hui, je te vois, sur les morts, exercer la puissance ; pour toi, même la mort, Achille, est sans tristesse. Achille répond : Oh I ne me farde pas la mort mon noble Ulysse !... J'aimerais mieux valet de ferme, vivre en service chez un pauvre fermier qui n'aurait pas grand'chère, que régner sur ces morts... Μή δή μοι θάνατον γε παραύδα, φαιδίμ' Όδυσσευ. / ΒουλοΙμην κ' έπάρουρος έών θητευέμεν άλλφ / άνδρΐ παρ* άκλήρφ, ψ μή βίοτος πολύς εϊη / ή πασιν νεκύεσσι καταφθιμένοισιν άνάσσειν. Les deux vers de Lucilius présentent le même mouvement de comparaison {malle ή et βουλοίμην ή) ; ils présentent le même thème : la gloire. Probalus désigne l'estime et l'approbation de la foule ; cf. De Orat 1, 124 : ceterarum homines artium speciali et probali, des hommes en vue et approuvés. Pour le poète, seule est enviable la renommée dont on jouit auprès des sages, même s'ils sont peu nombreux. L'expression pauci ac sapientes évoque les amici dodi, les uiri boni et non illiteraii dont Horace recommandait de suivre les conseils (Art poétique). Dans le domaine moral, comme dans
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le domaine littéraire, le poète ne recherche pas la popularité?: il prétend obtenir seulement l'approbation du cercle de ses amis (cf. Hor., Sat. 1, 10, 73 : ...ñeque te ut miretur turba laboree... conientus paucis lectoribus...). Qui prononce ces deux vers ? Marx pense à Scipion, car il citait souvent Homère (Appien 8, 132). On pourrait en dire autant de Lucilius et de ses amis. 8 Lucilius enumere deux jeux que pratiquaient les Romains : 1) la naumachie fut introduite à Rome pendant la première guerre punique pour entraîner les jeunes au combat naval ; cf. Servius, Ad Aen. 5, 114 : Punico bello primum naumachiam ad exercitium insliluere Romani coeperunt, postquam probarunt gentes eliam nauali certamine plurimum posse... 2) le jeu des douze lignes (duodecim scriplorum) exigeait des pions (calculus ; le poète emploie calces : le diminutif calculus ne pourrait entrer dans un hexamètre) et un damier (alueolum). Il passionnait les Romains ; un jurisconsulte comme P. Mucius y avait acquis la célébrité ; cf. Cic, De Orat. 1, 217 : ...licet ista ratione dicamus pila bene et duodecim scriptis ludere proprium esse iuris ciuilis, quoniam ulrumque eorum P. Mucius optime fecerit... P. Mucius Scaevola pouvait réfléchir pendant une journée entière à Terreur qui lui avait fait perdre une partie, cf. Quintil. 11, 2, 38 : An uero Scaeuola in lusu duodecim scriptorum, cum prior calculum promouisset, esselque uictus, dum rus tendit, repelilo totius certaminis ordine, quo dato errasset recordatus, rediit ad eum, quocum luserat, isque ita factum confessus est? Lucilius (?) considère que certaines occupations (haec), dont il est en train de parler, ne sont que des jeux, au même titre que la naumachie ou que le jeu des douze lignes. Tout cela n'est que divertissement {delectes te : subjonctif de possibilité) et détourne de la sagesse. L'expression reciius uiuere (cf. rectius se dare 11, 10) indique cette recherche du bien par opposition à la recherche du plaisir (delectes te). Elle se rencontre très souvent dans Horace avec un contexte semblable; cf. Ep. 1, 6, 29 : ... Vis recie uiuere (quis non?); \ si uirlus hoc una potest dare, fortis omissis / hoc age deliciis... cf. 1, 2, 41 ; 1, 8, 4 ; 1, 16, 17 ; 2, 2, 213... Ce type de prédication morale appartient aussi bien aux stoïciens qu'aux épicuriens et il serait vain de vouloir identifier ici une nuance particulière de la philosophie de Lucilius. Terzaghi fait justement remarquer qu'elle s'apparente à une tradition populaire illustrée dans Horace (Sat. 2, 3, 248 sq.), dans Varron (Marcipor 279), dans Lucilius lui-même : cf. le commentaire que Cicerón a donné du fragment H 30 dans Fin. 2, 24-25. 9 Le fragment contient deux réparties tirées d'un dialogue : — 1) L'un des interlocuteurs s'étonne qu'un personnage qui fait
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les frais de la conversation, n'ait pas su trouver une vie tranquille. {Quin est habituellement suivi du subjonctif dans Lucilius, cf. SN 5 ; 30, 25 ; quin potius se rencontre dans Liu. 26, 19, 8.) Gela suppose un effort pour s'isoler du monde {sedatus indique l'état d'une âme qui s'est déprise de tous les intérêts, de toutes les passions humaines). La démarche est sans doute celle que conseille le fragment 26, 53 :... te in tranquillum ex saeuis transfer tempestati bus. L'image est la même dans Lucrèce 5, 11, à propos d'Épicure : ... quique per artem / fluctibus e tantis uitam tantisque tenebrie I in tam tranquillo et tam clara luce locauit. Vita quieta semble bien évoquer ici l'idéal épicurien de l'ataraxie. — 2) Le second interlocuteur (vraisemblablement Lucilius) récuse cette façon d'agir. A l'isolement (hoe facere) il préfère (anliquius quam) une condamnation (fecisse uideri : les deux infinitifs constituent la formule Juridique reconnaissant la culpabilité des accusés, cf. Cic, Verr. 6, 6, 14 : Fecisse uideri pronuntiat). A l'ataraxie, à la méditation, il préfère l'action; à la uita quieta, il préfère la uita ciuilis (cf. Cic, Rep. 3, 6). Dans une circonstance à peu près semblable, Horace répond à Trébatius dans des termes comparables {Sat 2, 1, 5-7) quid faciam, praescribe — Quiescas — Ne faciam, inquis, / omnino uersus? — Aio — Peream maie si non / optimum erat ; uerum nequeo dormire. Le refus de Г epicurism e est sans appel ; cf. 2, 19 ; 26, 41 ; 28, 15. Plutôt que de suivre cet idéal philosophique, le poète accepte de courir le risque d'une condamnation pénale, conséquence de son engagement dans les débats de son temps : Horace a la même attitude dans Sat. 2, 1, 82-3, où il proclame son admiration pour Lucilius : si mala condiderit in quem quis carmina, ius est ƒ iudiciumque. — Esto, si quis mala... 10 Dans une interrogation oratoire, équivalent d'une négation (num), le fragment introduit un exemple pris dans la vie du grand (Ule) Catón, l'illustre censeur dont la vieillesse (uetus ille Calo) fut aussi célèbre que l'âpreté (il mourut à 85 ans en 149). L'établissement du texte pose de nombreux problèmes. A une variante près {nam au lieu de num), tous les manuscrits présentent la même version du fragment, celle que j'ai conservée. Elle suppose une construction syntaxique difficile (conscius mihi sum exige habituellement une proposition infinitive, cf. Quintil. 12, 11, 8 : Conscius sum mihi... me... protulisse.), puisque le sujet de appellari n'est pas exprimé. Peut-être se trouvait-il dans les lacunes du second vers ? Conscius mihi sum possède un sens très proche de mihi uideor, je m'imagine : peut-être le poète a-t-il employé analogiquement la tournure du passif personnel qui est de rigueur après ce verbe ? Les questions de métrique semblent plus embarrassantes : avec une fin de vers appellari quod il faut admettre un spondée au cinquième pied de l'hexamètre. Le cas
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n'est pas isolé, cf. 3, 16 : porlum Alburnum ; H 50 : fluuioque Oufénte; 30, 73 : mens inretita est. Le quatrième pied (3, 16 et 30, 73) est lui aussi spondalque : c'est sans doute un hellénisme. Les Grecs plaçaient sans difficulté un spondée quatrième devant un spondée cinquième (Nougaret, Métrique, p. 45). Ce type de vers, imité d'Homère, est courant chez Ennius, mais se rencontre également dans Lucrèce et dans Virgile : n'est-il pas abusif de corriger constamment ceux de Lucilius (cf. 14, 5) ? En tout cas, j'ai refusé les transformations introduites par de nombreux éditeurs (Marx, Bolisani...) qui proposent de remplacer appellar i quod par ad scelera inquit 1 En admettant cette scansion, il reste encore à expliquer comment le troisième pied peut commencer par une syllabe brève et former un anapeste : tllë CátÖ lacëssïsse. Il suffit de remarquer que l'abrègement de о final, dans les noms propres comme Cato, n'est pas un fait acquis à l'époque de Lucilius ; de plus, le mot se trouve à la césure penthémimère ; l'abrègement Iambique ne pouvait intervenir à cette place ; Lucilius a plutôt tendance à allonger les syllabes brèves fermées qui s'y trouvent, cf. 9, 28 : Crisabit ul si; 9, 3 : quae iacimùs addés ; 14, 12 : non male sit: ille ; 17, 4 : celera cóntemnit et in usura ; H 67 : quandóque pudor ex pectore céssit... Pour admettre ce traitement, il faut le compléter par l'abrègement de la deuxième syllabe de lácéssJsse : dans un texte dramatique, la loi des mots et groupes ïambiques expliquerait le phénomène (cf. Nougaret, op. cit., p. 79). Cf. les scansions du type senëctutem... habituelles dans Plaute et Térence ; dans Lucilius des faits de ce genre se rencontrent dans des mètres trochaiquee, cf. miserrimum (27, 23), nee esse (26, 31)... ; mais non dans des hexamètres. C'est pourquoi le vers semble définitivement mutilé. Dans cette rédaction, le texte apparaît comme l'illustration historique des arguments développés par l'un des interlocuteurs du fragment précédent ; le poète s'étonne : tu me conseilles de rechercher la tranquillité ; crois-tu que ce soit compatible avec une œuvre de moraliste ? Crois-tu que le grand Caton a sans cesse critiqué et repris ses contemporains (lacessisse), parce qu'il croyait échapper à tous les ennuis, parce que personnellement (ipse) il avait la conviction intime (conscius ipse sibi) que personne ne l'attaquerait en justice (appellari : terme juridique désignant l'inculpation, cf. Cic, Off. 1, 39...). La sagesse exige un engagement total dans la société. Le portrait de Caton correspond bien à l'idée que les Romains se font de lui, cf. Nep., Cato 2 : At Cato, censor cum eodem Fiacco factus, seuere praefuit ei potestali. Nam et in complures nobiles animaduertit et multas res nouas in edictum addidil qua re luxuria reprimeretur quae iam tum incipiebat pullulare. Circiler annos octoginta, usque ad extremam aelatem ab adulescenlia, rei publicae causa suscipere inimicilias non destitit. A mullís teniatus non modo nullum detrimenlum existimationis fecit, sed quoad uixit uirtutum laude creuit.
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11-2 Un général se plaint de son questeur (11) qui, à son tour (?), se plaint du général (12). Publius Pauus Tubitanus est un personnage inconnu par ailleurs. Quelques éditeurs (notamment Corpet et Warmington) proposent de corriger en Tuditanus : le magistrat recevrait ainsi deux surnoms, dont l'un (Pavus), simple comparaison avec un oiseau, révèle une origine campagnarde — la forme urbaine en est pauo, cf. Varron, Rust. 3, 2, 2 Fircellius Pauo Reatinus —, dont l'autre appartient en propre à la gens Sempronia : c'est trop pour un seul homme I Marx estime avec raison que cet adjectif indique la patrie du questeur ; pour le rapprocher d'un nom de ville connue, il suggère Bubetanus (cf. Pline, N.H. 3, 69). Le général a exercé un commandement en Espagne (terra in Hibera), Faut-il en conclure avec Marx, Corpet, Warmington (?) qu'il s'agit de Scipion lors du siège de Numance ? Cette hypothèse ne peut être retenue car le questeur de Scipion était Quintue Fabius Maximus, son neveu (cf. Appien 6, 84). Après Kappelmacher, Bolisani croit reconnaître dans le fragment Q. Fabius Aemilianus, lorsqu'en 145, lors des premiers engagements contre Viriathe, l'un de ses lieutenants se laissa surprendre dans une embuscade (cf. Appien 6, 65). Ce n'est qu'une suggestion. Le général brosse le portrait de son subordonné (mihi fuit), et devait raconter des anecdotes sur cet homme qu'il jugeait faux et intrigant (le commentaire de Nonius montre clairement que nebulones et tenebriones désignent le mensonge, mais aussi le complot). Le questeur donne à son chef le titre de praetor ; le mot n'a rien de surprenant ; la vieille langue lui donne le sens de dux qu'il possédait originellement : prae itor (cf. 11, 4). Le fragment mêle le style noble et le style familier : addilus appartient à la langue épique, décrit les dieux attachés à leur proie (cf. Junon dans Piaute, Aul. 556 ou Verg., Aen. 6, 90...) ; de même agitare évoque les persécutions des Furies (cf. Cic, Leg. 1, 40, Verg., Aen. 3, 331). Les tournures populaires se retrouvent dans le second vers : non male sit (construction de sum avec un adverbe), exenterare, retirer les entrailles, vider (Plaute, Ep. 320 : exedor miser algue exenteror). Visiblement la discipline imposée par le général doit paraître insupportable à ce questeur.
13 Marx pense que le fragment pourrait s'appliquer à Scipion, lorsqu'il restaura la discipline en Espagne devant Numance ; cf. Appien 6, 85 : ούτω μέν αυτούς ές σωφροσύνην μετέβαλλεν αθρόως, εϊθιζεν δέ καί ές αίδώ καί φόβον, δυσπρόσιτος ών καί δυσχερής ές τάς χάριτας καί μάλιστα τας παρανόμους · έλεγε τε πολλάκις τους μέν αυστηρούς καί έννομους των στρατηγών τοις οίκείοις τους δέ ευχερείς καί φιλοδώρους τοις πολεμίοις εϊναι χρησίμους. Lucilius pouvait tout aussi bien évoquer ici Fabius Maximus Aemilianus dans sa campagne de 145 (cf. Appien 6, 65).
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14 Lucilius évoque la stratégie d'un général qui attaque à tout instant (uno quoque en deux mots par tmèse). L'expression pundum horae, équivalent du grec στιγμή χρόνου indique l'instant de l'heure, la plus petite division de l'heure, cf. Ног., Ер. 2 , 2 , 172 : ... tamquam / sit proprium quicquamt puncto quod mobitis horae / ... permutet dominos. Est-il question de Scipion, de Viriate (Appien, Iber. 65), des Romains, ou de leurs ennemis ? Il est impossible de trancher.
15 De nombreux fragments (8, 14 et 16 ; 15, 5 ; H 146) décrivent
des chevaux : ici, il est question d'un cheval de pas, d'un cheval à l'allure posée (gradarius), capable de porter sans effort (oplimus ueclor). Sa démarche douce (molli gradu) et sans secousses (sine succussatura) révèle une espèce espagnole ; cf. Pline, N.H. 8, 166 : In eadem Hispánia Gallaica gens est et Aslurica ... equini generis ... gignuni quibus non uulgaris in cursa gradus t sed mollis alterno crurum explicatu glomeralio; unde equis tolutim carpere incursum traditur arle. 16 Selon Marx, le fragment met en scène Scipion Émilien qui évoque son ambassade en Orient (140-138). Celle-ci est attestée par de nombreux témoignages, cf. Cic, Rep. 6, 11, 11 : Cum autem Karlhaginem deleueris, triumphum egerist censorque fueris et obieris legátus Aegyptum, Syriam, Asiam, Graeciam... (cf. Plutarque, Apophl. Scip. min. 13-4 ; Val. Max. 4, 3, 13). L'homme d'état se rendit d'abord à Alexandrie (Diodore 33, 28a 3), puis à Rhodes (Cic, Rep. 3, 35, 48), enfln à Pergame (Lucien, Macr. 12). Il avait pour mission de rétablir les monarchies hellénistiques, alors troublées par des luttes dynastiques, des révolutions, des guerres contre les pirates (Athénée 6, 273 a ; Strabon, 14, 5, 2). Tout particulièrement, les troubles de Syrie où, après avoir assassiné Antiochus VI, Tryphon avait pris le pouvoir en 142, appelaient des mesures urgentes et inquiétaient Rome. A Ecbatane et à Babylone, régnait Demetrius II Nica tor (145-139) ; les deux villes tenaient lieu de capitales (Strabon 11, 13, 5). A supposer qu'il s'agisse de Scipion, le texte de Lucilius est bien mystérieux. Il est impossible de déterminer auprès de quel roi (ad regem legátus) la mission devait s'effectuer, Attale Philadelphe, Tryphon, Ptolémée ou Demetrius II Nica tor. Il est difficile de croire que l'ambassadeur du Sénat voyage sur un cercyre, grand bateau de commerce inventé par les Сургіеюз et très employé dans la mer de Carpathos (Pline, N.H. 7, 57). L'emploi du futur (ibo, sumam) pose problème : il est peu
NOTES COMPLÉMENTAIRES, LIVRE XV
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croyable que le poète, vingt ans ou vingt-cinq ans après sa mort, présente Emilien en train de tenir une sorte de « conférence de presse », donnée à la veille d'un départ survenu trente ans plus tôt. L'accumulation des noms les plus prestigieux de l'Orient (Ecbatane, Rhodes, Babylone) traduit le prestige de l'exotisme beaucoup plus que l'intention politique. En un seul vers, le personnage qui parle franchira les mers et les empires ; il est impossible de placer ces mots dans la bouche de Scipion (cf. Cichorius, Unter, zu Lucii., p. 320-3), mais aussi dans la bouche d'un homme politique ; ce sont les propos d'un rêveur qui bâtit des plans de voyage ; ce ne sont pas les propos d'un diplomate qui précise les étapes où il lui faudra intervenir auprès de souverains.
17 Le commentaire de Servius est imprécis ; il ne situe pas exactement la mer d'Egypte (mare Aegyptium) et la mer de Carpa thos (Carpathium mare) : S trabón (10, 5, 13) indique explicitement que cette dernière s'étend au nord de la mer d'Egypte, entre la Crète et l'Asie Mineure. Marx pense que le fragment fait allusion à l'ambassade de Scipion : si l'itinéraire d'Emilien a bien été celui que transmet Cicerón (Rep. 6, 11, 11 : cum... obieris legátus Aeggptum Syriam Asiam Graeciam), la traversée de la mer de Carpathos pour se rendre à Rhodes, se place peut-être entre les étapes de Syrie et d'Asie, qui, par ailleurs, sont confirmées dans Diodore (33, 28 a 3) et dans Lucien (Macrob. 12). C'est ce qu'implique le fragment 16 qui énumère successivement Rhodes, Ecbatane, Babylone. Il faut convenir cependant que la référence à Scipion semble assez invraisemblable : pourquoi mangera-t-il à Rhodes ? l'emploi du futur, de la deuxième personne du singulier sont surprenants. Tout laisse à penser que le vers, loin d'évoquer des faits réels, est une sorte de proverbe de navigateur. Quand le pilote, après avoir navigué en haute mer, sans repère précis, aperçoit les côtes de Carpathos, alors il est sauvé. Il est sûr de pouvoir banqueter à Rhodes ; l'itinéraire est désormais facile. Une allusion à ce proverbe se rencontre peut-être dans Horace, Carm. 1, 35, 8 (cf. J. Perret, О diua gralum, in R.E.L. 48, 1970, p. 15).
NOTES COMPLÉMENTAIRES DU LIVRE XV 1 Lucilius décrit trois esclaves qui exercent la fonction la plus humble et la fonction la plus élevée dans un domaine rural ; au sommet de la hiérarchie, l'intendant (uilicus) est évoqué avec sa
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NOTES COMPLÉMENTAIRES, LIVRE X V
personnalité ; c'est un grec, il s'appelle Aristocrates ; les deux autres restent anonymes : le bouvier (bubulcus) appartient à une équipe d'exploitation spécialisée, tandis que le mediastrinus est une sorte de factotum attaché à la maison ministros et curalores aedium (Nonius). Ce mot dont l'orthographe est incertaine (les manuscrits hésitent entre mediastinus et mediastrinus) possède ici un sens habituel, puisqu'à l'époque classique il ne désigne pas spécifiquement l'esclave des bains, cf. Hor., Ep. 1, 14, 14 : Tu mediastinus tacita prece rura ρ ele bas, ¡nunc urbem et ludos et balnea uilicus optas. Les trois hommes sont acculés à la dernière extrémité (ad incita adegil). L'image, empruntée au jeu, indique le pion que l'on ne peut plus bouger sur l'échiquier (ad incitas calces, in et cieo) ; c'est l'équivalent d'échec et mat (Plaute, Poen. 907). Plusieurs éditeurs (Marx, Corpet, Terzaghi...) croient que ces personnages, à l'article de la mort, sont les serviteurs de Lucilius, de môme que Pacilius (581 M), Metrophanes (580 M), Zopyrion (584 M) présentés dans le livre 22. Dans le livre 3 (6), il est aussi question d'un bouvier Symmachus, dont l'état est désespéré. Ce n'est sans doute pas lui qui est présenté ici. Symachus est accablé par la maladie pulmonibus aegerf alors que les trois victimes du livre 15 sont détruites (conrupit : pour l'emploi de ce verbe, cf. Sail., lug. 76, 6 : uino et epulis onerati illaque et domum et semel igni conrumpunt), parce qu'elles ont été dévorées, (commanducatus). Le verbe commanducari peut prendre un sens figuré quand il s'agit d'une passion «dévorante» (4, 7 ) ; il ne s'emploie jamais pour une fièvre ou pour une affection quelconque. Puisqu'il ne peut s'agir de Symmachus, puisque rien ne prouve qu'il faille identifier ici des esclaves de Lucilius connus par d'autres fragments, quelle est la cause de leur mort ? Il n'est guère concevable de la trouver dans le triple exploit d'un pédéraste insatiable 1 (Corpet). Marx (et tous les éditeurs venus après lui) rapproche les deux vers et un passage de Varron, Rust. 2, 7, 9 : equus ... impetum fecit in eum
ас mordicus interfecil (cf. Apul., Met. 7, 16 : alius hinnilu maligno comminalus... totum me commorsicai). Il en conclut que les trois hommes ont été attaqués par un cheval furieux. Cette version de l'accident est tout à fait vraisemblable ; toutefois, j'ai cru préférable de ne pas préciser l'animal en cause, car rien dans le texte de Lucilius ne permet d'identifier spécifiquement un cheval ; les mots seraient les mêmes s'il était question d'un chien, d'un loup... Les deux vers s'intercalaient peut-être dans un récit de chasse, ou dans une comparaison, ou dans des préceptes sur l'art du dressage... Je crois impossible d'affirmer, après Marx et après Terzaghi, que Lucilius comparait l'homme en colère à un cheval furieux : ... Cioè, Lucilio afferma che Vira è una specie di pazzia e paragona Vuomo irato ad un cavallo imbizzito... (op. cit., p. 401). Ils montrent simplement trois hommes qui meurent à la suite des blessures que leur a causées une bête furieuse, peut-être un cheval.
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2 S urρ icul i ne s'emploie qu'au pluriel et désigne les deux paniers en osier (scirpus, le jonc) qui suspendus de part et d'autre du joug servaient à bâter une bête de somme ; cf. Varron, Rust. 2, 2, 10 : cum inter haec bina loca, ut iugum continet sirpiculos, sic calles publicae distantes pastiones ; Plaute (Cap. 814 sq.) décrit les poissonniers : qui aduehuntur quadrupedanti crucianii cant her io... / Eis ego ora uerberabo surpiculis ρ iscar i is. Dans Lucilius, il est question du cheval, de l'âne ou de la mule... d'un maratcher avec ses paniers de légumes (holerorum), cf. Vholitoris caballus évoqué par Horace dans Ep. 1, 18, 36. L'animai en cause ne porte ni clochette (lintinnabulum), ni colis {abest nine, je n'ai pas), sans doute parce qu'il vit en liberté. Le démonstratif
/line devait s'opposer à un Ulic, montrant une bête do somme
écrasée sous les fardeaux. J. Heurgon suggère que, dans la scène, sous la forme d'un apologue comme les aimait la prédication populaire des philosophes stoïciens, l'un des acteurs vantait son indépendance devant son congénère asservi. 3 Tous les manuscrits présentent la leçon poslomide. Comme ce mot leur paraissait obscur, tous les éditeurs ont corrigé avec Saumaiee en pro slomide : ils reconnaissaient ainsi le grec στομίς, la bouche, et donnaient au fragment un sens complet. I. Mariotti {op. cit., p. 60-61) refuse cette solution, contraire à la tradition du texte de Nonius : il propose de lire postomide, transcription du grec έπιστομίς ; ce mot glosé par Hésychius à l'aide de έπίχαλκον et de φορβειά indiquait une « cavité » et, tout particulièrement, dans un emploi technique, les pièces de cuir qui, appliquées sur les lèvres du flûtiste, servaient à canaliser l'air dans l'embouchure de l'instrument. Έπιστομίς serait à proprement parler une sorte de muselière. Cf. στομίς dans Hésychius, κημός : ό ττεριτιθέμενος τοις ϊπποις, είς δν αϊ κριθαΐ βάλλονται ... κημός : στομίς τφ χάλινφ έμφερής. Après procope et changement de préfixe, έπιστομίς serait devenu postomis, (cf. absis, absonium, ëlogium έλεγεϊον). Dans cette hypothèse, le mot, employé à l'ablatif, se rattacherait syntaxiquement au vers précédent ; peut-être s'accordait-il â un participe tel que dempta. Sans sa muselière, le cheval peut manger. Trulleus est une sorte de seau ou de cuvette. Pline (34, 7) évoque les authentiques vases de Corintho que, sans se soucier de leur valeur artistique, les délicats utilisent comme tels. Il s'agit, ici, du récipient rempli d'avoine que l'animal porte à sa tête, et qui pend (pendel) sous ses naseaux (de naribus).
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4 Le texte est obscur. Leo a proposé de corriger la leçon suffercitus des manuscrits en suffert cit us. Le verbe signifierait se présenter par en-dessous, cf. Plaute, Cas. 950 : sufferamque ti meum tergum ob iniuriam. Marx pense qu'il faut rétablir un se dans le vers précédent se subicii humilem et suffert citus posteriorem et comprendre posteriorem corporis partem. Lucilius décrirait une manœuvre particulière que le cavalier faisait entreprendre à son cheval pour pouvoir monter : elle consistait à obliger l'animal à abaisser sa croupe au commandement, en écartant largement les jambes de devant des jambes de derrière. Strabon décrit le mouvement (3, 4, 15) : δεδιδαγμένων ίππων όρειβατεΐν καΐ κατοκλάζεσθοα ¿>αδίως άπο προστάγματος.
5 Deux chevaux sont comparés : l'un appartient à la race campanienne (Campanus), très célèbre dans l'antiquité (cf. Liu. 4, 3, 6 ; Val. Max. 2, 3, 3...) ; c'est une bête nerveuse qui secoue son cavalier (succussor ; l'adjectif sonipes caractérise la langue poétique, cf. Virgile, Accius... ; employé par emphase, il ne possède aucune valeur descriptive). L'autre animal (hune) est spécialisé dans les courses de fond (maiore spatio) ; peut-être s'agit-il de la race espagnole évoquée dans 14, 15, gradarius equus ? Les deux bêtes sont mises en compétition (cf. uicerit, sequelur) dans une course de mille à deux mille pas (milli passum atque duobus : ablatif de distance). Le parcours (spatium) correspondant à un « lâcher » (missus) représentait habituellement sept tours de piste ce qui faisait 5.000 ou 8.000 m selon les dimensions du Cirque (pour le Circus Maximus (568χ2)χ7 = 7.952 m; pour le Circus Flaminius 4 0 0 x 2 x 7 = 5.600 m). Sur une distance de 1500 à 3000 m (mille ou deux mille pas) le cheval campanien est sûr de vaincre : il n'a alors effectué que deux ou trois tours de piste. Pour tout trajet supplémentaire (maiore in spatio), il sera incapable (nullus a ici valeur de négation, cf. Plaute, Rud. 143 nullus venit, il n'est absolument pas venu) de suivre l'autre cheval, parce que, trop fougueux, il a donné tout son effort dans le début. Il perdra tellement son avance qu'il donnera l'impression (uidebitur) d'aller à reculons (diuersus). 6 Marx note que le verbe inuncare s'emploie pour les ronces qui accrochent la laine des brebis comme avec des crocs, obnoxia est rubis, quibus uelut hamis inuncata a pasceniium tergoribus auellitur (Colum. 7, 3, 10) ; ou encore pour la pêche à l'hameçon (Apul., Apoi. 30) ; ou encore pour l'aigle qui saisit dans ses serres (Apul., Flor. 2).
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7 Le fragment met en scène un vieil avare en train d'enregistrer soigneusement (γλύφω) les intérêts qui lui sont dus (τοκός). Le mot toco gtyphös rétabli par Roth d'après des manuscrits très détériorés, apparaît dans Lucien (Vit. aucl. 23), dans Plutarque : λόγοι ...τοκογλύφω πρεσβύτη πρέποντες (De aud. poet. 18 E). Il s'accorde très bien avec Syrophoenix : ce nom est synonyme d'avare, cf. Firm., Math. 1, 3, 3 : Scythae ... crudelitate grassantur, ... Galli stolidi... auari Syri (cf. 3, 32 et 26, 34). La comédie et la sa tire attribuent au peuple phénicien tous les métiers louches qui déshonorent en rapportant de gros pronte ; cf. Iuu. 8, 158 : Sed, cum peruigiles placet instaurare popinas, / obuius adsiduo Syrophoenix uncius amomo / curril, Jdymaeae Syrophoenix incola portai Luciliuö prend visiblement plaisir à jouer avec ces deux mots aux consonnances étrangères qu'il souligne par l'emploi de sacer ille et par une coupe trochalque. L'auteur, ou l'un de ses personnages, rapporte les coutumes de l'usurier sous la forme d'une interrogation oratoire : l'expression facere de est bien attestée dans la langue de la comédie, cf. Plaute, Mil. 1094 : Quid nunc mihi es auctor ut faciam Palaestrio de concubina. Que représente isto ? Il est impossible de le savoir. 8 Un certain Lucius Trebellius, entièrement inconnu par ailleurs (sa famille était sans doute originaire de Frégelles, cf. Liu. 43, 21, 2), se classe au premier rang d'un groupe d'hommes (in numero quorum ... primus ... multosl) qui sont capables de provoquer chez les autres des fièvres, le vieillissement, des vomissements, des écoulements purulents. S'agit-il d'un magicien, ainsi que le suppose W. Krenkel, cf. Apul., Met. 1, 8, 3...? ou bien d'un personnage tellement repoussant physiquement et moralement que sa vue seule rend les gens malades et leur occasionne de graves troubles ? La première moitié du second vers a été transmise dans un état pratiquement désespéré : les manuscrits proposent les leçons narcessibai (LCA), ou narcesibai (BK) précédés de titos lucios ; Dacier a rétabli Lucius ; pour le reste, chaque éditeur en est réduit à formuler des conjectures : Marx a voulu reconnaître le cliché saeua febris ; il écrit donc Lucius, narce, saeua i (s) febris. J'ai préféré reprendre la suggestion de Lindsay, Lucius nam arcessit. 9 Le fragment confronte les prix réclamés pour un même produit, fourni en quantité identique, mais par livraisons successives (primus, secundus, tertius). L'adjectif totus (totus medimnus) qualifiant le complément du comparatif pluris, l'emploi du
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masculin (primus...) laissent supposer que la mesure en cause était un sous-multiple du médimne, c'est-à-dire un modius (le médimne de 52,50 1. contient 6 modius de 8,75 1.). Ces unités, qui sont calquées sur celles de la Grèce (un μέδιμνος de 51,84 1. — 6 έκτεύς de 8,64 1. à Athènes), sont exclusivement réservées pour les céréales et produits secs, par opposition au μετρητής et au χους, congius, utilisés pour les liquides. A chacun des achats, le prix du modius augmente : au début, il coûte un demi-as (semisse), au cours de trois as ( = un sesterce et un demi-as) le médimne ; ensuite, il vaut cinq fois plus cher, un sesterce (nummo), au cours de six sesterces le médimne ; enfin, pour la dernière livraison, on demande plus qu'il ne fallait pour un médimne entier (pluris quam totus medimnus), ou bien lors de la première opération, soit plus de sept sesterces et un demi-as le médimne, ou bien lors de la deuxième opération, soit plus de trente-six sesterces le médimne ; le texte n'est pas très clair sur ce point. Selon l'interprétation que l'on adopte, entre les deux extrêmes, les prix ont été multipliés par six ou par trente. Aux yeux de Lucilius, cette augmentation est scandaleuse {iam et totus) ; il est pourtant diffleile de l'apprécier à sa juste valeur, en l'absence de tout contexte qui renseigne sur la base de référence et sur la durée de l'évolution (un mois ? plusieurs années ?). S'il s'agit de blé, les prix indiqués par Lucilius coïncident partiellement avec ceux du marché : le modius coûtait un sesterce dans l'Italie padane du πι β siècle (Polybe 2, 15, 1), deux sesterces et demi à trois sesterces, dans la Sicile du début du i e r siècle (Cic, Verr. 4, 173-4) ; la lex frumentaria proposée par Caius Gracchus fixe le cours à deux sesterces et demi. D'une région à l'autre les variations sont très importantes : selon Polybe, en Gaule Cisalpine le médimne revient à trois sesterces et un as et demi, à cinq sesterces en Lusitanie ; surtout — c'est là, sans doute, ce que Lucilius a voulu dénoncer — les cours passent par les plus extraordinaires vicissitudes d'une année à Vautre. Sex. Peducaeus gouverna la Sicile deux ans. La première année, le blé était à vil prix; la seconde, il était hors de prix. Dans une même année, CL une saison à Vautre, les variations étaient stupéfiantes (Carcopino, La Sicile agricole au dernier siècle de la République 4, 1906, p. 146). Au mois de mars 74, C. Sacerdos arrive en Sicile : le blé y vaut 120 sesterces le médimne ; la môme année, après la moisson, M. Antonius Creticus, débarquant dans l'île, se voit offrir le blé à un prix dérisoire, summa in uilitale. Comparés à ces chiffres, les tarifs indiqués par Lucilius semblent très modérés. Plusieurs éditeurs en ont conclu que le poète parlait d'une autre céréale (orge ou épeautre, selon Marx).
10 Le commentaire de Paul Diacre suggère que Lucilius décrivait des gens qui, désireux d'acquérir la sagesse, se mettaient à vivre
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avec des aliments misérables : ils boivent de la piquette et ils mangent une nourriture insuffisante et grossière qui leur contracte (pour remploi de conducere, cf. Pline, N.H. 11,218: nerui interiores conducunt membra, superiores reuocanł) la peau du ventre et la ride (rugas). Le mot galla, la piquette, employé ici au sens figuré, désigne proprement la galle du chêne qui était utilisée dans la préparation des cuire et qui possédait une odeur aigre (Pline, N.H. 16, 26). La farine d'épeautre (farre) grossièrement blutée (aceroso) servait sans doute à faire des bouillies assez indigestes ou du pain noir (cf. Pétron. 66 : panem autopyron de suo sibi quem ego malo quam candidum, paroles prêtées à Habinnas). Les olives (oleis) sont un mets très vulgaire (cf. Hor., Sat. 2, 2, 46 : ... Necdum omnis abaeta / pauperies epulis regum; nam uilibus ouis I nigrisque est oleis hodie locus). J'ai adopté la correction oleis proposée par Marx : les manuscrits avaient ... olei decumano pane cumano coegit, avec une faute de transcription évidente dans la répétition de cumano que les premières éditions ont éliminé. Pour rétablir la syntaxe, Junius a transcrit oleo decumano, pane coegit, ce qui n'était guère satisfaisant pour le sens ; c'est pourquoi Lachmann écrit oleris: cumano pane coegit. Seule la correction de Marx, proche des manuscrits respecte le sens et la syntaxe : oleis, decumano pane. Le decumanus paniš est un pain de taille dix, c'est-à-dire un gros pain (cf. H 133 : decumana scuta ; H 154 : decumana oua ; H 137 : decumanis fluclibus ; cet adjectif est devenu l'équivalent de ingens). Il est impossible de savoir quel était l'antécédent de quae (Warmington suggère fames, egestas, parsimonia) ; et ce qui oblige (coegit est un parfait d'expérience) à s'accommoder de restrictions sur la quantité et sur la qualité.
U Les manuscrits de Nonius enchaînaient deux citations que Juste Lipse a justement distinguées en écrivant : Lucilius lib. XV ' пол ergastilus unus ' et alius ' iudicem adposuit ut nemo sententiam libere, quasi ergastilus, possit dicere \ L'ergastulum est formé par les bâtiments de détention où l'on enfermait les esclaves condamnée aux travaux les plus pénibles. Certains éditeurs (Juste Lipse, Marx) pensent au'ergastulus désigne l'esclave condamné à ce bagne plutôt que le gardien. En l'absence de tout contexte il est bien difficile de trancher et bien hasardeux d'affirmer que ces trois mots se rattachaient au fragment précédent qui évoquait des aliments que n'accepterait pas un seul bagnard.
12 Les manuscrits de Nonius donnent : dum miles Hibera terras ac meret tersa ex aetate quasi annos. J'ai repris les corrections proposées par Lachmann et suivies par tous les éditeurs : en début d'hexamètre, il rétablit terrasi, plus conforme à la syntaxe
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(Hibera terra est) ; après Junius, il rectifie tersa ex en ter sex, le scribe ayant recomposé le texte pour justifier un ablatif aetaie qu'il a mal compris, car cette graphie cache un ancien aelati, génitif singulier dont le S, qui ne faisait pas position, n'a pas été écrit. Malgré ces améliorations, le vers est incomplet térrast SŁ mërét tef séx aetàti quasi ánnos. A moins d'admettre un allongement de la première syllabe de meret, qui serait exceptionnel au temps faible, il faut ajouter une brève ; Marx propose térrast äc merel hic. Lachmann se contente de remplacer ac par atque sans supposer d'autre mot. Parallèlement à un autre tableau (dum possède ici une valeur adversative), le fragment évoque un vétéran de l'armée d'Espagne (Hibera terra est ici un ablatif locatif sans préposition, cf. 11, 1 et 5, 2 : loco... ас regione maneret) qui effectue un service militaire interminable, comme le soldat de 11, 1 : annos hic terra iam plures miles Hibera... Lucilius précise la durée des campagnes successives : quelque dix-huit ans, quasi ter sex aetalis annos (quasi prend une valeur d'approximation devant les noms de nombre, cf. Ter., Haut. 145 : quasi talenta ad quindecim coegi,j'ai réuni quelque quinze talents). Dans la vie d'un homme (aetatis) cela représente trois périodes (ter sex) d'enrôlement de six ans chacune comme le montre Appien (6, 78) : έφ' οΐς τφ τε Πομπηία) σύμβουλοι παρησαν έκ 'Ρώμης, καΐ τοις στρατιώταις (έξ γαρ έ4η διεληλύθει στρατευομένοις) διάδοχοι νεοκατάγραφοι... Vraisemblablement, le vétéran dont parie Lucilius a effectué toute la campagne contre les Celtibères : enrôlé par Fulvius Nobilior en 153, il servait encore sous les ordres de Scipion Émilien en 135. Peut-être Lucilius déplorait-il une telle prolongation du service militaire qui, si elle n'est pas particulièrement remarquable quand elle atteint dix-huit ans (des durées de 29 ans ne sont pas rares, cf. Liu. 42, 33-36), appauvrissait néanmoins les campagnes et décimait les classes moyennes en tuant l'agriculture. 13 La femme frivole se contente de n'importe quel vêtement, quand elle est avec son mari (tecum) : quiduis salis est ; pour l'emploi de quiduis, cf. Ter., Haut. 641 : Quiduis satis est, dum uiual modo, n'importe quoi convient pourvu qu'elle vive ; tout va bien pourvu qu'elle vive. Mais si elle attend une visite (aliena uisuri sint homines : subjonctif de supposition), elle fait tout pour paraître et pour plaire, ressemblant sur ce point à la femme riche de Juvénal (6, 464) : ad moechum Iota ueniunl cute. Quando iiideri f uult formonsa domi? Moechis folíala paranlur, / his emitur quidquid graciles hue mitlitis Indi. Elle coiffe ses cheveux en formant des tresses qu'elle ramène sur le dessus de sa tête et qu'elle retient avec des épingles rehaussées par des perles ou des pierres précieuses (spiram). Le scribe qui a interpolé ses remarques dans le texte de Pline indique nettement la nature de cet orne-
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ment : Lolliam Paulinám ... uidi smaragdis margaritisque o pertam, alterno texlu fulgentibus toto capite, erinibu8 [spira], auri bus, collo [monilibus]... (N.H. 9, 117). La palla est un manteau sans manches, tout à fait semblable au pallium que portent les hommes. Le pluriel pallas a sans doute ici une valeur emphatique : il est question d'un vêtement de cérémonie. L'ensemble est complété par une ceinture redimiculum, cf. Cic, Verr. 4, 76 : Solere aiunt reges barbaros Persarum ас Syrorum plures uxores habere, his autem uxoribus ciuitates altribuere hoc modo: haec ciuitas mulieri in redimiculum praebeat, haec in collum, haec in crines. Platon {Alcibiade 123 b) raconte la môme anecdote : redimiculum est la traduction de ζώνην. 14 Lucilius raille la classification du savoir prônée par les philosophes et reprise dans toute l'antiquité grecque et latine, cf. Quintil. 2, 18, 1 : Cum sint autem artium aliae positae in inspcclione, id est cognilione et aeslimatione rerum, ąualis est astrologia, nullum exigens actum sed ipso rei, cuius studium habet, intelleclu contenta, quae θεωρητική uocatur; aliae in agendo, quorum in hoc finis est et ipso aclu perflcitur nihilque post actum operis relinquit, quae πρακτική dicitur, qualis saitatio est; aliae in effect и, quae operis, quod oculis subiicitur, consummations finem accipiunt, quam ποιητική ν appellamus, qualis est pictura: fere iudicandum est, rhetoricen in aclu consistere; hoc enim quod est officii sui perfidi. Poeeticon, que transmettent les manuscrits n'est que la transcription de ποιητικον, la faculté de production, par opposition à la faculté de contemplation et à la faculté d'action, cf. Platon, Sophiste 265 b : Ποιητικήν, εϊπερ μεμνήμεθα τα κατ' αρχάς λεχθέντα, πασαν έφαμεν είναι δύναμιν ήτις άν αΙτία γίγνηται τοις μή προτερον οδσιν ύστερον γίγνεσθαι ; Aristote, Mag. Mor. 1197 a : των μέν γαρ ποιητικών εστί τι παρά τήν ποίησιν Αλλο τέλος, οίον παρά τήν οίκοδομικήν, επειδή έστι ποιητική οΙκίας, οΙκία αύτης, το τέλος παρά τήν ποίησιν ... Έπι δέ των πρακτικών ούκ έστιν Αλλο ούθέν . τέλος παρ' αυτήν τήν πραξιν... Lucilius met en scéne un philosophe qui vient de faire ses classes et qui est imbattable sur toutes les distinctions (scit) qu'il vient d'apprendre : son savoir lui permet notamment de saisir ce que sont un vêtement de dessus (toga) et un vêtement de dessous (tunica). Videt implique la contemplation de l'essence d'un être, quid sit. Apparemment le poète se moque des exercices de définitions, telles celles de la surface, du pêcheur à la ligne... que Socrate introduit comme exemples dans les Dialogues et qui constituaient l'un des principaux exercices des élèves de l'Académie. Avec le bon sens assez grossier d'un Romain tourné vers les réalités pratiques, il ne peut comprendre l'utilité de ces recherches trop abstraites, cf. 15,17. Plusieurs éditeurs complètent le fragment ; en fait rien n'autorise à comprendre texloris pectinem 23
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aduncum scit poeeticon esse..., comme le font Marx et Bolisani, qui, par ailleurs, oublient de commenter la deuxième partie du vers. De son côté Warmington rapproche du fragment 7 et croit qu'un avare, ayant pris des vêtements en gage, évalue les sommes qu'ils vont lui rapporter (ποιητικόν). 16-17 Les trois fragments sont apparentés : — 1) par leur ton : ils emploient la deuxième personne du singulier (te 15 et 16, islis 15, si quaeris 17) et semblent tirés d'une discussion entre deux personnages [quaeris¡mihi 17) qui n'hésitent pas à s'insulter : insanum (15) ; cerebrosum, cerveau malade (15) ; halicarius (16) désigne un mangeur a'halica, sorte de bouillie à base d'épeautre que l'on consommait en Campanie (Pline, iV.tf. 18» 112); au figuré, le mot signifie campagnard, par opposition à urbánus. Les tournures syntaxiques révèlent un langage familier : ligature te cum istis (= te, ut istos), comparatif d'halicarius formé à l'aide d'un adjectif apposé, posterior, lui-même au comparatif, posterior te. — 2) par leur contenu : sans qu'il soit possible d'apporter de preuves décisives de leur proximité, ils évoquent la sagesse en face de la déraison (insania, cf. 27, 27 ; 29, 12...) du passionné. Le fragment 15 est constitué par une proposition infinitive, où il est affirmé qu'un interlocuteur perd la tête, tout autant que d'autres personnes. Marx sous-entend Di perdant te... et veut qu'il soit question de ceux qui martyrisent les chevaux, cf. 15, 1 ; en l'absence de tout contexte, toutes les hypothèses sont permises, mais également gratuites. Il suffît de constater avec Nonius que cerebrosus appartient à la langue familière et que, joint à ins anus, il caractérise ceux qui se laissent emporter par leurs sentiments. Le fragment 16 introduit une répartie à propos de la vulgarité, du manque de finesse d'un interlocuteur. Le fragment 17 condamne la pensée qui s'est enfermée dans l'abstraction et perd tout contact avec la réalité. Un philosophe est inutile dans la vie (sapiens, cf. Hor., Sat. 1, 4, 115 : ... Sapiens uitatu quidque petitu / sit melius, causas reddet tibi). Il vaut mieux posséder un bon imperméable pour la pluie (paenula, pour le sens du mot, cf. Pline, N.H. 8, 186), un cheval de main (cantherius, cf. Caton, Agr. 149, 2), un esclave, une natte de paille (segestre, cf. Varron, L.L. 5, 166 : Qui leclicam inuoluebant, quod fere slramenta erant e segele, segestria appellar unt, ut etiam nunc in castris, nisi si a Graecis: nam στέγαστρον ibi). L'interlocuteur donne le fond de sa pensée (si quaeris, cf. Cie, De Orat. 2, 254, si tu veux le savoir). Son refus est catégorique, mais il n'est peut-être pas total ; s'il rejette une philosophie spéculative, il n'exclut pas une philosophie pratique ; le critère essentiel est pour lui l'utilité (utilior) ; il la trouve peut-être dans une prédication morale (15, 6-8), dans une réflexion qui détruit les mythes et les superstitions (15, 18-9). Marx reconnaît ici le mouvement de la satire 5 de Perse ; il
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compare le fragment 17 à la répartie de Pulfénius (v. 190) qui offre d'acheter cent Grecs pour une somme de cent as. Cette confrontation ne semble pas s'imposer. 18 La structure syntaxique du fragment est éclairée par la construction du fragment 19 : somnia fleta uera pulani. Les hommes prennent pour de vrais monstres (monstra) les êtres extraordinaires inventés (pórtenla... ficta) par Homère. Portenta et monstra sont des synonymes : appartenant à la langue religieuse, ils désignent les faits hors du commun qui nous avertissent de la volonté des dieux, par suite des merveilles, des phénomènes contraires aux lois naturelles, des monstruosités, des monstres (J. Heurgon).
Le poète commente son affirmation en donnant deux exemples
empruntés au chant 9 de VOdyssée et décrivant Polyphème : dans le premier, sa taille est comparée à un pic forestier qui se détache sur le sommet des monts (t 190) : καΐ γαρ θαΰμ' έτέτυκτο πελώριον, ουδέ έώκει / άνδρί γε σιτοφάγω, άλλα ρίω ύληέντι / υψηλών ορέων, б τε φαίνεται οίον άπ' άλλων. Lucilius transcrit ducentos Cyclops longus pedes : il lui accorde deux cents pieds ; dans les usages romaine, cela signifie une hauteur indéterminée ; il n'en finit plus (longus avec accusatif de dimension au lieu de alius). Sa massue (claua) est, par dérision, assimilée à une badine, bacillum diminutif de baculum, le bâton, alors qu'Homère la décrit comme un arbre entier (ι 319) : Κύκλωπος γαρ έκειτο μέγα ¿όπαλον παρά σήκω, / χλωρον έλαΐνεον * το μεν εκσπασεν, 6φρα φοροίη / αύανθέν. το μεν άμμες είσκομεν είσορόωντες / δσσον θ' Ιστον νηος έεικοσόροιο μέλαινης / φορτίδος εύρείης, ή τ' εκπεράα μέγα λαϊτμα. / τόσσον εην μήκος, τόσσον πάχος είσοράασθαι. Lucilius reprend l'image homérique : la badine du géant est plus grande (ma i us) que le plus grand mât du plus grand navire de transport (corbita désigne une sorte de cargo). Les manuscrits contiennent la leçon nauis in corbita, qui contrarie le sens et la syntaxe. Le texte du dernier vers a été transmis par l'inscription d'une mosaïque d'Althiburus {CLL. 8, 27790, 4a; P. Gauckler, Monuments Piot 12, 1905, p. 18-59), quam malus naui e corbita maximus ullast, où il illustrait une représentation de ce bateau. Cette découverte a permis d'améliorer la version des manuscrits et de corriger nauis en naui ; pourtant plusieurs incertitudes demeurent : faut-il admettre in ou e ? ullast ou ulla ? Chaque hypothèse peut se justifier. Lucilius condamne presque tous (multa mais non omnia) les récits fabuleux de l'épopée homérique. Il affirme par là son désaveu de toutes les superstitions, mais aussi son refus de la plupart des sujets qui sont traités par la tragédie et par l'épopée de son temps, cf. 17, 2...
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19 Lucilius s'attaque aux superstitions entretenues par la religion populaire. Les terriculae (de terreo) sont des monstres, ogres et démons qui épouvantaient les petits enfants. Il y en avait un, par exemple, qu'on appelait manducus, que Von voyait défiler comme dans nos carnavals dans les processions du Grand Cirque et qui faisait craquer ses énormes mâchoires (J. Heurgon). Selon Tune des nombreuses légendes qui lui sont attribuées, Lamia était une jeune fille originaire de Libye que Zeus aurait aimée et qu'Héra aurait poursuivie de sa haine au point de faire périr tous les enfants qu'elle mettait au monde. Par désespoir et par jalousie des mères plus heureuses qu'elle, elle enlevait et dévorait leurs enfants. Les responsables de ces croyances sont les créateurs de la religion romaine, Numa et Faunus, que le poète considère comme des exemples typiques (pluriel de généralisation ? ou pluriel dépréciatif ?). Faunus semble avoir été un très ancien dieu dont le culte était localisé sur le Palatin ; sa généalogie, que Virgile a sans doute organisée le premier {Aen. 7,45), fait de lui le fils de Picus (divinité agricole), le petit-fils de Saturne, le père de Lalinus. Il est identifié comme l'un des premiers rois du Latium avant la venue d'Énée. Son influence tutélaire (qui fauet) s'exerce sur les troupeaux "qu'il protège contre les accidents et contre les loups ; son rôle prophétique se manifeste par des apparitions nocturnes. Numa Pompilius fut le véritable codificateur des rites et des cultes, cf. Liu. 1, 20. Ce n'est peut-être pas tellement ce que lui reproche Lucilius : dans un autre passage (9, 21-2), il décrit avec complaisance la danse des Saliens. Il l'accuse d'avoir imaginé des fables pour inspirer la crainte, cf. Liu. 1, 19 : ... omnium primum rem ad multitudinem imperilam et Ulis saeculis rudem efflcacissimam, deorum metum iniciendum ratus est. Qui cum descendere ad ánimos sine aliquo commento miraculi non posset, simulat sibi cum dea Egeria congressus nocturnos esse... Ce sont de telles inventions qui font vivre le superstitieux dans la terreur (tremil), dans l'obsession (hic omnia ponit : pour cette expression où hic est un adverbe de lieu, cf. Cic, Fin. 2, 24 : qui in uoluplate nihil ponens, negai eum bene cenare qui omnia ponit in uoluplate). Il ne distingue plus ce qui est songe et ce qui est réalité (somnia). Le môme défaut se retrouve chez ceux qui, tels des enfants en bas âge (pueri infantes), adorent les statues, croient qu'elles sont vivantes (signis cor inesse in aenis), les adorent comme les dieux eux-mêmes. Leur représentation figurée est un apport relativement tardif dans la religion romaine. Selon Plutarque (Numa 8, 13), Numa en interdisait le principe, estimant qu'il est impie de donner de la Divinité une image anthropomorphique. Pendant les cent soixante-dix ans qui suivirent la fondation de Rome, les Romains construisirent beaucoup de temples, mais ne les ornèrent pas de statues : les premières furent d'humbles moulages en argile (ficlilia) ; ensuite vint le bronze
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(signa aena), surtout après la conquête de la Grèce ; enfin Гог apparut. Contre tout cet étalage d'objets de piété, Lucilius prononce une condamnation sans appel dans un vers-formule composé de trois phrases nominales : il s'agit d'une galerie de peintures ; pérgula (cf. Pline 35, 84) désigne un balcon couvert où le peintre pouvait exposer ses œuvres (piclorum) à la vue des passante. Or un tableau n'a rien de l'objet réel (ueri nihil), c'est une représentation figurée (omnia fleta). J. Heurgon trouve ici la première expression de la thèse pascalienne sur la vanité de la peinture. C'est un thème pythagoricien (cf. Plutarque, Numa 8, lorsqu'il affirme que les lois de Numa au sujet des statues sont apparentées à celles de Pythagore) ; c'est surtout un thème stoïcien, cf. Plutarque, De Słoic. rep. 1034 В : δόγμα Ζήνωνος έστιν · Ιερά θεών μή οίκοδομεϊν · ίβρον γαρ μή πολλού άξιον καΐ dtyiov ούκ ίστιν · οίκοδόμων δ' έργον καΐ βάναυσων ουδέν έστι πολ λού άξιον.
NOTES COMPLÉMENTAIRES DU LIVRE XVI
1-3 L'emploi de la deuxième personne du singulier (te, ligurris, quaeris) montre que les trois fragments sont empruntés à un dialogue. Les interlocuteurs, que rien ne permet d'identifier, s'entretenaient de questions d'argent. Dans le fragment 1, il s'agit du rendement d'un domaine et du travail d'un intendant. Marx a rétabli le texte primitif de Priscien ; les manuscrits contiennent ad Fundidum (R В D H), ou ad Fundium ; le fragment est adressé à un personnage nommé Fundius, cf. CLL. 10, 8272 : fundi est ici un vocatif et non le génitif de fundus (uirtus fundi, hypothèse de Warmington et W. Krenkel). Le vers était transcrit sous la forme Fundidelecialuiriusle... ; un scribe peu attentif a lu Fundide, en découpant incorrectement les mots ; des commentateurs ont glosé ad Fundidum, corrigé ensuite en ad Fundium. Le fragment évoque un intendant uilicus (cf. 15,1 : l'intendant Aristocrates), qui manque des deux qualités essentielles à sa charge, l'énergie et le sens des responsabilités igitur primus omnium uigilet familiamque semper ad operam cunctantem pro temporibus anni festinanler producat et strenue ipse praecedat (Columelle 11, 1, 14). Le présent delectat fonctionne en système avec le futur antérieur euaserit, et équivaut pratiquement à un futur (cf. 2, 7 ; 1, 31 ; 4, 2 ; 7, 6...). Le fragment 2 décrit un bon vivant qui se pourléche, qui engloutit son dernier argent (extrema) en mangeaille (ligurris : cf. Plaute, Capt. 84). L'expression publicitus uendere signifie vendre par adjudication aux enchères publiques, ou bien dans l'intérêt de l'État, ou bien
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sous l'autorité de l'état. Quel que soit le sens que Ton retienne, il me parait arbitraire d'accepter la correction uendis que Bentin a imposée à tous les éditeurs qui l'ont suivi (sauf Mueller), malgré les manuscrits qui présentent tous la leçon uendil : il n'est pas nécessaire d'identifier la personne qui vend avec la personne qui gaspille. Marx suggère qu'il s'agit d'une adjudication publique, comparable à celle du butin militaire que raconte Timarchide dans le Persa de Plaute (509) : Chrysopolin Persae çepere urbem in Arabia / plenam bonarum rerum atque antiquom oppidom... / Ea conportatur praeda, ut fiat audio / publicitus... Dans un cas semblable, c'est le questeur qui organise la vente ; il est exclu qu'il détourne la moindre somme, car il doit des comptes à l'État. Les mêmes raisons valent pour les autres magistrats, et notamment pour les censeurs, qui affermaient les revenus de la république. Dans une adjudication privée, c'est le juge qui ordonne l'opération (ainsi dans les actions en partage), ou bien le magistrat chargé d'exécuter le jugement (ainsi dans les actions pour recouvrement d'une créance). Les biens du débiteur sont saisis, vendus en public et aux enchères. Le plue offrant devient acquéreur et doit désintéresser le créancier. Telle est sans doute la mésaventure qui est arrivée au personnage de Lucilius : l'expert a vendu ses biens ; pour se consoler, il est allé boire et manger (ligurris) les sommes infimes qu'on lui a remises après paiement des dettes (extrema). En l'absence de tout contexte, il est impossible de savoir pourquoi le personnage du fragment 3 est lâche et importun. 4
Plusieurs rois de Thrace se sont appelés Gotys ; deux d'entre eux ont pu être connus de Lucilius. L'un, qui s'allia à Persée pendant la seconde guerre macédonienne, fut presque son contemporain. L'autre, qui vécut à l'époque de Philippe de Macédoine, est souvent cité par les auteurs grecs (Plutarque, Ap. reg. et imp. 174 D-E ; Stobée, Flor. 48, 45) ou latins (Val. Max. 3, 7, 7...), qui ont rapporté plusieurs de ses bons mots. C'est lui qui est vraisemblablement désigné par le pronom ille (Rex Cotus ille) marquant éloignement dans le temps et célébrité. Le second vers est incomplet : le sixième demi-pied manque dans les manuscrits. Plusieurs éditeurs, après Gerlach, rétablissent sed demagis : cette correction, qui introduit une proposition infinitive sans sujet, n'est pas satisfaisante pour le sens. Il est difficile de faire porter demagis sur la négation double пес esse пес nosse. J'ai préféré conserver le texte qu'avait proposé l'édition princeps de Nonius : se demagis. Le roi oppose deux catégories de vents : — 1) d'un côté l'Auster et l'Aquilon, le vent du sud et le vent du nord, sont les deux vents essentiels (solos, demagis). Cette opinion est très répandue dans l'Antiquité ; cf. Aristote, Polit. Δ, 1290 a 13 : μάλιστα δέ δοκουσιν είναι δύο, καθάπβρ
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επί των πνευμάτων λέγεται τά uèv βόρεια, τα бе νότια, τα б' άλλα τούτων παρεκβάσεις, ούτω και των πολιτειών δύο, δήμος καΐ ολιγαρχία. Strabon 1, 2, 21 : ΕίσΙ δέ τίνες οϊ φασιν είναι δύο τους κυριωτάτους άνεμους βορέαν καΐ Νότον, τους δέ άλλους κατά μικράν έγκλισιν διαφέρειν... — 2) d'un autre côté les vents d'orage, les petits vents du sud (Austellos diminutif de Auster) qui naissent des nuages (ex nimbo), n'ont sans doute aucune existence (nee esse putare). L'expression latine est la traduction du grec νότους ¿κνεφίας et ό εκ νέφους άνεμος. Aristote en donne la définition dans le De mundo (394 b 18) : ol δέ κατά ¿ήξιν νέφους γινόμενοι καΐ άνάλυσιν του πάγους προς εαυτούς ποιου μενοι έκνεφίαι καλούνται. Pline l'Ancien décrit soigneusement le phénomène : Nunc de repentinis flatibus qui exhalante terra, ut dictum est, coorti rursusque deiecti, interim obducla nubium cute, multiformes exsislunt. Vagi quippe et rúenles lorrentium modo, ut aliquis piacere oslendimus, tonitrua et fulgura edunt. Mahre uero inlati pondere incursuque, si late siccam rupere nubem, procellam gignunt, quae uocatur a Graecis ecnephias; sin uero depresso sinu artius rotati effregerunt, sine igni, hoc est sine fulmine, uerlicem faciunt, qui typhon uocatur, id est uibratus ecnephias (N.H. 2, 131). Cette science était très répandue parmi les contemporains de Luciliue. Marx cite en particulier l'adaptation latine que Turpilius (C.A.F.*, p. 101, 21 Ribb.) avait donnée du Demetrios d'Alexis (ap. Athénée 8, 338 D). Il est difficile d'apprécier à sa Juste valeur la distinction que Luciliue prête au roi Cotys. Il suffit de constater qu'elle s'inscrit dans une tradition populaire.
5 Un homme de la campagne raconte une anecdote à propos d'un bélier particulièrement remarquable. Le mot pellicula n'est pas clair : Marx, s'appuyant sur l'autorité du scholiaste de Juvénal (14, 104 : ludaeos qui sine pellicula sunt), croit qu'il est question de prépuce ; il pense que le malheureux bélier a été victime d'un accident fâcheux. I. Mariotti {op. cit., p. 123) fait justement remarquer que pellicula n'est qu'un diminutif de pellis. Commenté par uno filo haerere pulares, le mot désigne la peau trop tendue (et par conséquent, très mince) qui enveloppe un si gros paquet.
в Les manuscrits L et G de Nonius attribuent le fragment au livre XVII : cette erreur est due à une faute d'attention, car le scribe n'a pas distingué la barre du chiffre et le L de legal dans la séquence XVILEGAT. Les manuscrits donnent le second vers avec une lacune : ceux de Nonius contiennent mundum omne penumque / quid mundum? quid non?... ; ceux d'Aulu-Gelle ont, en revanche, mundum omne atque penumque; quid mundum?
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quid non?... Si les uns révèlent la structure syntaxique du texte (ceux de Nonius) ; les autres, par la maladresse atque penumque, indiquent qu'une expression était redoublée et qu'il faut lire avec les éditions anciennes : quid mundum atque penum? quid non? quis diuidet isluc? Lucilius aborde un point de droit qui, selon le témoignage d'Aulu-Gelle, a dû entraîner des débats interminables entre jurisconsultes et devant les tribunaux : comment définir les mots mundus, la parure, et penus, les provisions de ménage. Ces deux mots peuvent recouvrir n'importe quel objet, l'encens, le charbon, les vêtements... A la fin de son chapitre, Aulu-Gelle croit nécessaire d'ajouter : Praeter ea de penu adscribendum hoc etiam pulaui, Seruium Sulpicium in Reprehensis Scaeuolae capitibus scrip8isse Cato Aelio placuisse, non quae esui tantum et potui forent, sed thus quoque et céreos in penu esse, quod esset eius ferme rei causa comparatum. Masurius autem Sabinus, in Iuris ciuilis secundo, eliam quae iumenlorum causa apparalum esset quibus dominus uteretur penori attribútum dicit. Ligna quoque et uirgas et carbones quibus conficeretur penus quibusdam ait uideri esse in penu. Ex iis autem quae promercalia et usuaria iisdem in locis ess ent, ea sola esse penoris pulat, quae satis sint usui annuo. Dans le Digeste, on trouve également : Titia mundum muliebrem Septiciae legauit: ea putabat sibi legala et ornamenta et monilia ... quaesitum est an haec omnia mundo conlineantur (34, 2, 32, 7). Dans ces notions, les mots sont sans doute clairs ; mais l'interprétation suscite d'innombrables controverses ; cf. Gic, Part. orat. 107 : ut cum ex testamentis quid sit penus aut cum ex lege praedi quae sint ruta caesa, non scripti genus sed uerbi interpretatio conlrouersiam facit. Faire de tels legs à sa femme, c'est peut-être lui donner la possibilité de récupérer le plus d'affaires possible sur des créanciers, ou sur d'autres légataires ; c'est sûrement lui laisser une longue suite de procès en héritage.
7 Marx rappelle que le verbe produco, correspondant à προάγείν, implique l'idée de réussite sociale, cf. Liu. 40, 56, 7 : ab hoc sermone omni genere honoris producere eum non destitit ; Sen., Benef. 2, 9, 2 : quaedam beneficia palam danda, quaedam secreto: palam, quae consequi gloriosum, ut militaria dona, ut honores, et quidquid aliud nolilia pulchrius fit; rursus quae non producunt, пес honestiorem faciunt, sed succurruni infirmităţi, egestati, ignominiae, tacite danda sunt. Les nouveaux riches s'amollissent dans le luxe : ils se parfument ; c'est la preuve de leur avilissement, dans un pays où qui olet maie olet ; cf. Ног., Ер. 1, 18, 22 : gloria quem supra uires et uestit et unguit.
8 Ce producteur d'oignons était peut-être l'un des interlocuteurs, ou l'un des narrateurs du livre 16 ; en tout cas, ce personnage,
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porte-parole de la sagesse paysanne (?), ou bien être grotesque et vulgaire (?)... occupe un rôle important dans les Satires, cf. 5, 5 et 5, 10. 9 Selon le témoignage de Strabon (6, 3, 1), la statue de Zeus qui se trouvait à Tarente était la plus grande après le colosse de Rhodes : έ χ « бе (ή Ταρεντίνων πόλις) γυμνάσίον те κάλλιστον καΐ άγοράν βοιιεγέθη, èv η καΐ ό του Διός Ϊδρυται κολοσσός χαλκούς μέγιστος μττα τον 'Ροδίων. Pline ГАпсіеп (34, 39) en fournit une description assez précise : Audaciae innumera sunt exempla. Moles quippe excogítalas uidemus staluarum quas colossaeas uocant, turribus pares ... talis et Tarenti factus a Lysippo, XL cubitorum. M irum in €0 quod manut ut ftruntt mobilis — ea ratio libramenti est — nullis conuellalur procellis. Id quidem prouidisse el artifex dicitur modico inleruallo, unde maxime ßatum opus erat frangi, opposita columna. Itaque magniludinem propter difficultate mque moliendi non alligit cum Fabius Verrucosus, cum Herculem qui est in Capitolio inde transf errei. Haute de plus de 18 mètres, cette sta tue est la plus colossale qui ait été consacrée à Jupiter pendant toute l'Antiquité. Ses dimensions expliquent que, techniquement, Fabius Verrucosus ne Tait pas emportée, lors de la seconde prise de Tarente en 209. Tite-Live pense que des scrupules religieux s'ajoutèrent aux difficultés matérielles (deos iratos Tarentinis relinqui iussit : 27,16, 8). Les contemporains de Lucilius n'avaient aucune raison pour entreprendre ce que n'avaient pas fait les vainqueurs de la deuxième guerre punique. Il me paraît donc invraisemblable de supposer, après Marx et Lachmann, autista désigne le navire affrété pour déménager le colosse et que transeo signifie passer ta mer. Gomme cette action ne correspondait à aucune réalité historique, les éditeurs ont changé délibérément la leçon des manuscrits transmit en transibit. Il s'agirait d'une intention jamais réalisée. J'ai préféré donner à transiré le sens de % dépasser· qui est bien attesté, cf. Verg., Aen. 11, 719, où il est question de dépasser un cheval à la course (equum cursu) ; Lucan. 2, 265, où il s'agit de surpasser Pompée (Pompeium). Le Jupiter de Lysippe à Tarente a dépassé (transiuit) les autres statues du dieu {ista simulacra ? de Jupiter seulement, ou les statues dont parle l'un des personnages ?) en hauteur (quadraginta cubito alius). 10 Le fragment pose de nombreux problèmes : — 1) son texte est mal assuré : les manuscrits de Charisius proposent media e pistrina, mais le Coloniensis contient media a pislrina. L'auteur du traité De dubiis nominibus propose la leçon est pistrina, mais il attribue la citation à Varron. Ce dernier se contente d'une
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NOTES COMPLÉMENTAIRES, LIVRE XVII
simple allusion, sans référence aucune aux vers du poète. — 2) son attribution à un livre est mal établie : le Coloniensis parle du livre 10, mais la majorité des manuscrits du livre 16. — 3) son interprétation est particulièrement difficile. Varron écrit inde post in urbe Lucili pistrina et pistrix. Les éditeurs du grammairien, et en particulier Roland G. Kent, en déduisent que Tune des satires du livre 16 était intitulée VRBS. Marx en conclut que Lucilius décrivait sa maison de Rome, et que celle-ci contenait une boulangerie. Dans l'une des hypothèses, Lucili se rapporte à urbe, dans l'autre à pistrina : les deux mots sont alors commentés par in urbe (pistrina Lucili in urbe : la boulangerie que Lucilius possède à Rome). Ces deux interprétations ne conviennent guère à la démarche de Varron et ont le grave défaut d'oublier le mot pistrix. Le grammairien étudie les développements sémantiques du mot pilum, le pilon, qui fut utilisé pour le blé ; premier élargissement : le nom du moulin pislrinum (a quo : origine, ubi id fit : lieu) ; deuxième élargissement, le nom de la boulangerie et le nom de la boulangère, pistrina et pistrix, bâtis sur pislrinum (inde : origine) plus tard (post : temps), deux mots dont l'aire d'extension géographique se limite à la ville de Rome (in Vrbe). Le génitif Lucili désignerait simplement la boulangerie qui apparaît dans Vœuvre de Lucilius, selon la façon de citer habituelle aux Romains.
NOTES COMPLÉMENTAIRES DU LIVRE XVII 1-3 Les trois fragments critiquent les conventions que le poète épique ou tragique croit devoir s'imposer ; ils visent à détruire l'idée du Héros, telle qu'elle apparaît dans Homère et dans les grands genres. Il n'existe pas d'hommes entièrement invincibles, de femmes entièrement belles, de vertus entièrement inattaquables. Les valeurs morales, les types humains que la grande poésie a stylisés, ne sont que des fictions invraisemblables qui ne peuvent aider à vivre. Le thème n'est pas nouveau dans l'œuvre de Lucilius (15, 18 ; 15, 19 : Pérgula pictorum, ueri nihil, omnia fida...). Rarement il est traité avec une telle vigueur : le poète préfère le réel quotidien au conte imaginaire, l'engagement dans l'action concrète à l'abstraction idéalisée. Cette démarche appartient au moyen stoïcisme et particulièrement à Panetius qui condamne la perfection que l'épopée attribue aux êtres et aux choses (Aug., Ciu, 4, 27) ; on la retrouve dans Sénèque : Quaeris, Vlixes ubi errauerit, potius quam efflcias ne nos semper erremus?... Quid inquiris an Penelopa inpudica fuerit, an uerba saeculo suo dederit?... (Epist. 88, 7).
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1 Le fragment évoque une scène de pugilat et décrit un lutteur : gros muscles et carrure impressionnante magna ossa lacertique. Le vocabulaire appartient au style noble; cf. Verg., Aen. 5, 422 : et magnos membrorum art us, magna ossa lacerlosque / exuit atque ingens media consista harena. Le tableau correspond à ceux de Γ Iliade ou de VOdyssée, sans qu'il soit possible d'affirmer, avec Marx, qu'il y ait eu traduction littérale ; cf. σ 67 ... φαίνε бе μηρούς / καλούς те μεγάλους те · φάνεν бе ol βύρβες ώμοι / στήθβά те στιβαροί те βραχίονες... 2 Dans le fragment 2, rétablissement du texte pose de nombreux problèmes : — 1) La transcription des lettres grecques est très irrégulière, selon les mots et selon les manuscrits. Lucilius avait certainement écrit un mot dans l'alphabet latin : eupatereiam ; la graphie εύπατέρειαν rendait la scansion impossible en interdisant rélision du ν final. Or, pour cet adjectif, les manuscrits trans mettent ΕΤΠΑΤΕΡΕΙ αν : faut-il suivre Marx, quand il prétend que le poète transcrivait tous les mots grecs en latin et qu'un copiste maladroit a voulu corriger la version primitive ? Lucilius ne pouvait-il adapter seulement un mot ou deux, quand la métrique l'exigeait, mais laisser subsister toutes les autres graphies ? A condition que les manuscrits le permettent, en conservant quelques traces de leur alphabet originel, j'ai décidé de rétablir la forme grecque des noms et adjectifs qui sont cités dans leur déclinaison primitive, qui sont inconnus dans le vocabulaire latin, qui ne contrarient pas l'ordonnance du vers : c'est le cas pour καλλιπλόκαμον, καλλίσφυρον, Ακοιτιν, κούρην. — 2) Certaines leçons des manuscrits donnent la possibilité d'interprétations différentes : ainsi lenam, au vers 4, peut cacher un ancien Ledam ou Helenam. Avec Marx, j'ai choisi ce dernier nom, parce qu'il me semble mieux adapté au contexte : Hélène est plus célèbre et plus souvent citée que Léda, cf. Prop. 2, 34, 87 : haec quoque lasciui cantarunt scripta Catulli / Lesbia quis ipsa notior est Helena. Au vers 6, les manuscrits ont PIN eupatereiam : plusieurs éditeurs (Turnèbe et Scaliger) ont pensé que c'était un nom propre et ont lu Τυρώ, parce que l'adjectif est appliqué à la fille de Salmonée et d'Alcidice dans Homère λ 235. Marx propose κούρην, nom commun apposé à Helenam, parce que, dans l'épopée homérique, seule, l'épouse de Ménélas est ainsi qualifiée à deux reprises (Z 292 ; γ 227). Au vers 7, les manuscrits donnent dictum ; Marx propose punctum, une tache sur la peau ; malheu reusement, ce sens n'est attesté qu'à propos des marques que l'on peut voir sur les œufs de pintades, cf. Pline, N.H. 10, 144 ouorum alia sünt... punctis distincta ut meleagridum... Le mot s'applique aussi aux tatouages. Convient-il pour les imperfections
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NOTES COMPLÉMENTAIRES, LIVRE XVII
du visage d'Hélène ? J'ai préféré rictum, la bouche largement ouverte, la gueule, leçon adoptée par Dousa et Corpet, cf. Ον., Met. 2, 481 : Bracchia coeperunt nigris horrescere uillis / curuarique manus et aduncos crescere in unguis / ofjlcioque pedum fungi laudalaque quondam / ora Ioui lalo fieri deformia rictu. Tout le texte repose sur l'opposition entre les qualités les plus brillantes, dont la langue épique pare ses héroïnes, et leurs infirmités physiques, que Lucilius décrit dans les termes les plus vulgaires. L'une a de belles boucles καλλιπλύκαμον comme Cérès (Ξ 329), Tethys (Σ 407), Ariane (Σ 592), ou Circé (μ 220) ; elle a de belles chevilles καλλίσφυρον, comme Marpessa (I 560) ou Ino Leucothée (ε 533). Le poète prend plaisir à citer les épithètes homériques. Alcmène (dont le nom est pour la première fois orthographié Alcmena, au lieu de Alcumena) est l'épouse d'Amphitryon Amphitryonis Ακοιτιν, cf. λ 266 : Τήν δέ μετ' Άλκμήνην ϊδον, Άμφιτρύωνος ακοιτιν Hélène enfin est la fille d'un noble père : κούρην eupatereiam (A 235). En face de ces qualifications presti gieuses, les infirmités semblent encore plus sordides, surtout quand elles sont décrites dans un vocabulaire emprunté à la comédie, et qui souvent ne serait pas déplacé dans un corps de garde : les mésaventures des poitrines (uterum aique eliam inguina tangere mammis) alimentent les plaisanteries des auteurs comiques (cf. Laberius 19 R : mirabar quomodo mammae mihi descenderant ; Martial 3, 72, 3), ainsi que les genoux qui se touchent (conpernem) et les pieds en dehors (uarum, cf. Hor., Sat. 1, 3, 47). L'expression nolojdicere: tute uide atque disyllabon elige quoduis mêle les soucis d'un poète qui compose un hexamètre, et ceux d'un personnage qui veut respecter les convenances (un peu tardivement) et évite de prononcer un disyllabe tel que moecham ou scortum, la courtisane. Pour la tournure, cf. Marx, et, entre autres exemples, Iuu. 8, 275 : aut pastor fuit aut illud quod dicere nolo. Le vers 7 enumere des imperfections mineures : verrue (uerrucam), tache sur la peau (naeuum, cf. Sen., Vit. beat. 27, 4 ; Hoc taie est quale si quis pulcherrimorum corporum naeuos aut uerrucas derideat), bouche trop fendue {rictum, la gueule, mot vulgaire, qui s'emploie surtout pour les animaux), dent qui s'avance (dentem eminulum).
3 Le fragment 3 conserve le vestige d'un infinitif futur qui, primitivement, était impersonnel nupturum esse et, par conséquent, invariable ; le participe nupta est rapporté à negas, alors que, dans la langue classique, il s'emploierait à l'accusatif. Le fragment appartient encore au cycle homérique. Il met en scène un personnage qui s'adresse à Pénélope. Est-ce une simple servante ? un prétendant ? la nourrice Euryclée ? Icarius ? cf. Ον., Her. 1, 82 : Me pater Icarius uiduo discedere ledo / cogit el immensas increpai usque moras. ¡ Increpet usque licet! tua sum,
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tua dicar oportet; / Penelope coniunx semper Vlixis eto. Les déclarations enflammées que lui prête Ovide font ressortir la sécheresse des propos qui sont rapportés par le personnage de Lucilius. Pénélope indique clairement sa volonté de ne pas se remarier, simplement parce qu'elle est déjà mariée (nupla) et qu'elle attend (sperare s'emploie aussi pour des événements qui ne font pas un plaisir particulier; cf. Verg., Aen. 11, 275 : haec mihi sperando fuerunt) le retour d'Ulysse. Elle défend sa vertu au nom du droit ; elle ne la défend pas au nom de ses sentiments. Faut-il trouver là les paroles authentiques de la Pénélope de Lucilius, ou bien la déformation que leur a fait subir un interlocuteur intéressé Ì Pourquoi reprendre les propos de la reine ? Pour lui faire une demande en mariage ? Pour l'inviter à profiter de la vie ? Dans le premier cas, le prétendant s'exprime comme Agelaos, lorsqu'il déclare à Télémaque (υ 328 sq.) : Οφρα μέν υμιν θυμός évi στήθεσσιν εώλπει / νοστήσειν Όδυσηα πολύφρονα Αν δέ δόμον δέ, / τόφρ' об τις νέμεσις μενέμεν τ' ήν ίσχέμεναί τε / μνηστήρας κατά δώματ', έπεί τόδε κέρδιον ήεν... νυν δ' ήδη τόδε δήλον б τ' ούκέτι νόστιμος έστιν / άλλ' Αγε ση τάδε μητρί παρεζόμενος κατάλεξον / ...γήμασθ' 6ς τις άριστος άνήρ καΐ πλείστα πόρησιν. Dans le second cas, il s'agit peut-être des propos d'une servante, qui montre à Pénélope le danger de vieillir et lui conseille de se remarier (interprétation de Terzaghi), ou bien de se tenir prête à faire la conquête d'Ulysse quand il reviendra (Marx). Les deux hypothèses attribuent les considérations du Fragment 2 à la Reine, ou à son interlocuteur, mais n'est-il pas étrange de voir cette femme vertueuse accepter de prendre comme exemples les conduites d'Alcmène... et surtout d'Hélène ! En l'absence de tout contexte, je me contente de noter que Lucilius n'est pas particulièrement bienveillant pour les héros homériques, que le passage semble opposer des dires (negas) à des actes, qu'enfin la vertu de Pénélope a suscité de nombreuses discussions dans l'Antiquité, cf., entre autres, Sen., Epist. 88, 8 ; Ον., Am. 1, 8, 43 sq. :... casta est, quam nemo rogauit... / Penelope iuuenum uires temptabat in arcu;lqui latus arcuerei, corneus arcus erat. Hor., Sat. 2, 5, 79 (entretien d'Ulysse et de Tirésias) : ... Putasne / perduci poterii tam frugi tamque pudica / quam nequiere proci recto depellere cursu? / — Venit enim magnum donandı parca iuuentus / пес tantum Veneris quantum studiosa culinae. / Sic tibi Penelope frugi est; quae si semel uno / de sene guslarit tecum partita lucellum, / ut canis a cor io numquam abstcrrcbitur undo. Peut-être la satire de Lucilius dénonçait-elle la fragilité de l'amour de Pénélope : tu te dis vertueuse, tu affirmes que tu ne te remarieras pas, mais tu acceptes les prétendants. 4 Le sage méprise tous les biens (cetera) à l'exception de la vertu, car l'on ne possède pas (proprium) au sens propre du
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NOTES COMPLÉMENTAIRES, LIVRE XVII
terme ce qui est susceptible de changer avec le temps ; cf. Hor., Ер. 2, 2, 171 : ... lamquam / sit proprium quicquamt puncto quod mobilis horae / nunc prece, nunc pretto, nunc ui, nunc morte suprema ¡ permutei dominos ei cedat in altera iura. ¡ Sic quia perpetuus nulli datur usus et hères / heredem alterius uelut unda superuenit undam, / quid uici prosunl... L'homme n'en possède que l'usufruit pendant la courte durée de sa vie (usura non magna) ; l'image se retrouve dans Consol, ad Liu. 369 : uita data est utenda, data est sine faenore nobis mutua. Pour l'emploi de omnia ponit in, cf. 15, 19. Lucilius reprend ce thème dans la philosophie stoïcienne ; Varron, Menipp. 71 В : unam uirluiem proprium morlalibus fecit: cetera promisque uoluit communia habere ; cf. Cic, Fin. 3, 45-6 : Et quem ad modum opportunitas ... non fil maior productione temporis..., sic recta effeclio... item conuenientia denique ipsum bonum quod in eo positum est ut naturae consenlial crescendi ascensionem nullam habet. Les richesses, la santé... ne sont pas des biens par elles-mêmes ; elles sont simplement préférables. Lucilius par l'emploi de la double négation nil neminem (cf. Non. 532, 11 et, entre autres exemples, Plaute, Mil. 1411 : iura le nociturum non esse homini de hac re nemini) insiste sur leur caractère précaire et accessoire. 6 L'une des lois des douze tables (1, 1-3) décrivait les droits et devoirs du plaignant : Si in ius uocal, . Ni it, anlest amino. Igitur em capito. Si caluitur pedemue struit, manum endo iacito. Si le demandeur appelle le défendeur en justice, qu'il s'y rende. S'il n'y va pas, qu'il fasse constater. Qu'il le prenne par la force. S'il essaie de ruser et qu'il tourne les talons, qu'il mette la main sur lui. Lucilius cite partiellement ce texte. Plusieurs éditeurs s'y sont trompés et ont cru qu'il fallait rétablir endo manum iacito là où les manuscrits ont ergo fur dominum. En fait, ces paroles sont prononcées par un contradicteur qui interrompt la lecture de la loi. L'un des personnages rappelle le texte juridique qui lui permet de conduire un voleur devant le juge. Igitur em capilo ; son interlocuteur, pour terminer la discussion en cours (ergo), ou pour signaler l'absurdité d'un raisonnement, lui coupe la parole et ajoute ergo fur dominum (capiet). Alors le voleur traînera le propriétaire devant le juge (pour le sens de dominus, cf. Plaute, Rud. 969). Ce fragment prend un sens satisfaisant lorsqu'il est rapproché du fragment précédent. Lucilius écrivait proprium uero nil neminem habere : puisque personne ne possède de biens authentiques, il n'y a plus ni propriétaire, ni voleur. C'est sans doute une plaisanterie ; c'est surtout une critique de la doctrine stoïcienne de la société universelle du genre humain. Cette philosophie affirmait : Est enim primum, quod cernitur in uniuersi generis humani societate; eius autem uinculum est ratio et oratio: quae docendo, discendo, communicando, disceptando
NOTES COMPLÉMENTAIRES, LIVRE XVIII
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iudicando conciliat inter se homines, coniungitque naturali quadam societate... in qua omnium rerum, quas ad communem usum hominum natura genuii, est seruanda communitas... ut in Graecorum prouerbio est * Amicorum esse omnia communia ' (Cie, Off. 1, 50-51). Ces affirmations, très généreuses, ont profondément choqué les Romains qui y ont trouvé une grave atteinte au droit de propriété : sans doute le fragment de Lucilius apportait-il le môme correctif que Cicerón introduit dans cette définition lorsqu'il écrit ... est seruanda communitas utf quae descripta sunt legibus et iure ciuili, haec ita teneanlur ut sit constitutum (ibid. 51). Quant aux biens qui sont distribués par les lois et le droit civil, qu'on les garde, d'après ce qui a été décidé par les lois.
6 Le vers contient deux propositions par si qui semblent symétriques : dans Tune il est question de moisson : si messes facts ; l'expression se retrouve dans les ouvrages techniques, cf. Caton, Agr. 134, 1 : Priusquam messis facies..., Columelle 2, 21 (autres exemples dans Marx). Elle est placée en parallèle à Musas si uendis Lauernae : Laverna est la déesse des voleurs ; vendre les Muses de Laverna, c'est vendre les Muses de la déesse des voleurs et, par conséquent, plagier. Marx rapproche avec les vers d'Ausone (Epist. 14, 102-3) пес iam post melues ubique dictum : / Hic est ille Theon poeta falsus, bonorum mala carminum Lauerna. Il doit s'agir d'un cultivateur qui moissonne sur les terres d'autrui, d'un poète qui pille les autres écrivains. Le vers est incomplet : Marx a proposé d'ajouter et entre les deux propositions.
NOTES COMPLÉMENTAIRES DU LIVRE XVIII
1 Le narrateur dresse le bilan des récoltes d'un riche propriétaire avec lequel il s'entretient : le verbe tollere désigne les produits qui sont tirés du domaine. Marx comprend tollere ab area, cf. Cię., Vtrr. 3, 36 : exoritur peculiare edictum ...ne quis frumentum de area tollerei ante quam decumano paclus esset. Si l'explication vaut pour le blé, elle ne convient pas pour le vin. Il est préférable d'interpréter tollere e fundo (cf. Cie, op. cit., 119, où cette expression revient plusieurs fois). La production est colossale : deux cent mille médimnes de blé (102.000 hectolitres), mille tonneaux de vin (environ 390 hectolitres) ; mais ces chiffres n'ont vraisemblablement aucune signification précise et indiquent simplement
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NOTES COMPLÉMENTAIRES, LIVRE XIX
une très grande quantité. Lucilius emploie ducentum, une double centaine, là où l'on attendrait dacenta milia : la même forme se retrouve dans H 78. Elle est sans doute imposée, parce qu'elle entre plus commodément dans l'hexamètre. 2 Le narrateur compare sa situation à celle de son interlocuteur ; c'est un provincial, vraisemblablement un campanien, comme le suggère l'emploi du verbe fruniscor (cf. CLL. IV, 2953). Il jouit de son bien (aeque) tout autant que l'autre personnage, que de nombreux éditeurs ont voulu identifier avec un riche propriétaire (peut-être celui du fragment précédent), interpellé par le locuteur, dont la fortune est médiocre. Ainsi se trouverait préfiguré le thème qu'Horace développe dans Sat. 1, 1, 45 : Milia frumenti tua triuerit area centum / non tuus hoc capiet uenter plus ac meus... et dans Sat. 2, 3, 111 : Siqais ad ingentem frumenti semper aceruum / porrectus uigilel cum longo fuslet ñeque illine ¡ audeat esuriens dominus contingere дгапит...
NOTES COMPLÉMENTAIRES DU LIVRE XIX 1 Le fragment marquait une articulation logique dans le déroulement de la satire : sic résume toute une série de portraits ou de notations qui devaient précéder. Il s'agit sans aucun doute d'un vers conclusif d'un ou de plusieurs développements du livre 19. Lucilius dresse l'inventaire des mobiles qui font agir les hommes (mouelur), cf. Cic, Leg. 1, 41 : Tum autem qui non ipso honesto mouemur ut boni uiri simust sed utilitate aliqua atque fruclu, callidi sumus non boni. Le mouvement du passage où s'insérait le fragment 1 semble évoquer Horace, Sat. 1, 1 : О fortunali mercatorest grauis annis / miles ait... / Contra mercator nauim iaciantibus Auslris / militia est potior... L'énumération trouvait sa conclusion dans Vi bona pars hominum decepla cupidine falso... (1, 1, 61). De même, dans Lucilius, le fragment 1 introduisait une réflexion morale qui terminait la présentation de plusieurs types humains. On peut reconnaître l'une dans 19, 9 et les autres dans 19, 2-8. Encore faudrait-il être assuré que tous ces vers appartenaient au même développement. 2 Lucilius emploie le vocabulaire de la comédie (cf. les exemples de Nonius) pour dépeindre des vieillards ridés. Que recherchent-ils
NOTES COMPLÉMENTAIRES, LIVRE XIX
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avidement (quaerunl) ? Marx pense qu'il s'agit d'argent, cf. Hor., A.P. 169 eq. : Multa senem circumueniunt incommoda, uel quod f quaerit et inuentis miser abstinet ас timet uli, / uel quod res omnis timide getideque ministrat... D'autres éditeurs songent à la luxure (cf. 9, 6)... Si l'on admet que tout le sens porte sur eadem, Lucilius veut montrer que les vieillards sont esclaves de leurs habitudes, de leur passé ; ils souhaitent que tout soit toujours pareil ; ils ont horreur du changement. 3 Un poète tragique est dans l'angoisse pendant la représentation de sa pièce : les vers en sont massacrés (carmina perdit) comme le sont ceux de Damète dans Virgile {Bue. 3, 26) : ... Non tu in triuiis, indo cle, solebas ¡ stridenti miserum stipula disperdere carmen? / Son personnage d'Oreste (Oreste) est joué par un acteur qui est voué à l'extinction de voix (Rausuro Oreste : la tournure constitue peut-être l'un des premiers ablatifs absolus de la littérature latine ; il est formé avec le participe futur du verbe raucio) ; cf. Cic, De Orat. 1, 259 : ... nos raucos saepe attentissime audiri uideo: Unet enim res ipsa atque causa; at Aesopum, si paulum inraucueritf explodi. Van Heusde, Corpet pensent qu'il est question du Dulorestes de Pacuvius ; rien ne permet de l'affirmer : la légende d'Oreste a fourni de nombreuses tragédies ne serait-ce que celle d'Ennius ou celle d'Euripide... sans compter toutes celles qui ont été perdues. 4 Le sens n'est pas clair : le fragment est emprunté à un dialogue imaginaire, où l'un des interlocuteurs est sommé de choisir entre un homme et son or (aurum uis hominemne? Habeas), mais ni l'un ni l'autre ne lui paraissent particulièrement intéressants. Lucilius développe le thème de l'argent, qu'il aborde dans de nombreux fragments et particulièrement dans H 36 : aurum alque ambitio specimen uirtutis utrique esi : ¡ tantum habeas, tantum ipse sies tanlique habearis. La fortune tient lieu de vertu et de réputation pour l'individu qui amasse. Le livre 19 distingue Гог (aurum) et l'individu (hominem) qui le possède, que celui-ci soit un avare ou un nouveau riche. Pourquoi faut-il choisir (uis) ? En l'absence de tout contexte, les éditeurs ont émis plusieurs hypothèses : Mercier rapproche d'un passage de Cic, Off. 2, 71 : Quamobrem melius apud bonos quam apud fortunalos beneficium collocari puto. Danda omnino opera est ut omni generi satisfacere possimus; sed, si res in contentionem ueniet, nimirum Themislocles est auclor adhibendus. Qui quum consuleretur utrum bono uiro pauperi an minus probato diuiti filiam collocarci * Ego uero, inquit, malo uirum qui pecunia egeat, quam peeuniam quae uiro \ Un père de famille aurait à prendre pour gendre un homme 24
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NOTES COMPLÉMENTAIRES, LIVRE XIX
fortuné (aur u m =* pecuniara quae uiro egeat) ou un homme sans ressources (hominem = uirum qui pecunia egeat) ; le malheureux ne parviendrait pas à choisir 1 Marx pense qu'il est question d'un avare et de l'or qu'il a mal acquis. Le personnage serait, aux yeux du poète, tout aussi sordide que sa fortune. Terzaghi retrouve ici un développement sur l'inutilité de l'or en soi, et sur l'inutilité de l'homme qui ne cherche qu'à accumuler. 5 Précepte de morale pratique ou simple encouragement, le fragment invite à amasser des biens (Ulos fructus quaeras) pour pouvoir profiter de ce qui a été engrangé (delectare domi frui) lorsqu'arrive la mauvaise saison (aduersa hieme). Le thème est emprunté à la fable (cf. Esope 295), et se trouve abondamment développé dans la littérature latine, notamment dans Ног., Sat. 1, 1, 30 sq., où le passage termine une série de tableaux qui dénoncent l'avidité des hommes en des termes comparables à ceux de Lucilius (19, 1 et 19, 9) : ...hac mente laborem I sese ferre, senes ut in otia tuta recédant, / aiunt, cum sibi sint congesta cibaria; sicut / paruola (nam exemplo est) magni formica laboris / ore trahit quodcumque potest alque addii aceruo / quem struit, haud ignara ac non incauta futuri. / Quae simul inuersum contristai Aquarius annum, / non usquam prorepit et Ulis utitur ante / quaesitis sapiens, cum te ncque feruidus aestus / demoueat lucro, ncque hiems, ignis, mare, ferrum, / nil obstet tibi dum ne sit te ditior alter. 6-7 Selon Nonius, peniculamentum désigne le pan d'un vêtement. L'expression peniculamento reprehenderé, attraper par le pan du manteau, correspond au grec λαβέσθαι τίνος του Ιματίου et rappelle la coutume de ceux qui, pour arrêter un ami dans la rue, saisissaient le bout de son vêtement, cf. Plaute, As. 587 : Lacrumantem lacinia tenet lacrumans... La proposition est incomplète. Marx la termine en ajoutant le fragment 7. La syntaxe et le sens y trouvent leur compte. Mulierculam honestam devient ainsi le complément d'objet de noli reprehenderé. Il ne faut pas attraper les petites femmes comme il faut par le pan du manteau. Le précepte correspond bien aux mœurs romaines, cf. Plutarque, Romulus 20 : έξίστασθαι μεν όδοϋ βαδιζούσοας αίσχρον δέ μηδένα μηδέν ειπείν παρούσης γυναικός. Valére Maxime rappelle également : in ius uocanti matronam corpus eius adlingere non permi' serunt ut inuiolata manus alienae tactu stola relinqueretur (5, 2, 1). Les jeunes enfants échappent à cet interdit ; ils (pueri infantes) attirent l'attention de leurs parents par ce procédé : Marx indique qu'une scène de ce type est représentée sur ГАга Pacis Augustae (6, 22, 33 Petersen). Le diminutif muliercula qualifié par honesta
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évoque une femme de la bonne société, bien guindée dans ses principes. La retenir par son manteau est contraire aux bons usages. Cette interprétation repose sur l'hypothèse — non démontrée — que les fragments 6 et 7 formaient une seule et même phrase. 8 Le bonheur est très facilement accessible. H suffit de se remémorer les jours qui ont paru (uisus est désigne proprement l'impression subjective) les plus beaux (pulcherrimus unus). Le verbe sumere indique le choix (cf. Cic, Phil. 2, 110 : sume diem t uide qui te inaugurei I) et, ici, l'effort de reconstruction opéré par la conscience. 9 Stultus qualifie l'homme qui se laisse emporter par ses désirs, cf. 29, 1 : Cupiditas ex homine, cupido ex stulio numquam to II it ur. Son avidité porte essentiellement sur tous les biens matériels, cf. 5, 14 : Nam si quod satis est homini, id satis esse potisset, hoe sat erat; пипе сит hoc non est, qui credimus porro diuilias ullas animum mi expiere polisse? Une telle insatisfaction ne saurait atteindre le sage, cf. 27, 11 : sic amici quaerunt animum rem parasili ac dit ias. Celui-ci recherche un esprit, essaie de gagner l'amitié des autres ; il se détourne de l'intérêt immédiat et du plaisir grossier. Stultus a pour synonyme cui nihil sit satis et pour antonyme sapiens, cf. Ног., Ер. 1, 1, 41 : uirlus est uilium fugere et sapieniia prima / siullitia caruisse. Le vers de Lucilius joue sur l'opposition nil)omnia. Même quand il possède tout ce qu'il peut souhaiter, celui qui n'a pas la sagesse est encore insatisfait.
NOTES COMPLÉMENTAIRES DU LIVRE XX 1 Gausape, mot dont l'orthographe est mal fixée (cf. Varron, ар. Charisius, G.L.K. I, 104, 9) et dont l'origine est étrangère, désigne une étoffe à longs poils d'un côté, unie de Vautre, qui servait à faire des serviettes et des essuie-mains (A. Ernout, ap. Pline, N.H. 8, 193). Un jeune esclave essuie les tables comme dans Hor., Sat. 2, 8, 11 ; gausape purpureo mensam pertersit et alter sublegit quodcumque iacerel et inutile quodque posset cenantis offendere. Dans Lucilius, le maître de maison a disposé plusieurs tables, sans doute pour créer une atmosphère plus détendue, en supprimant encombrement (latas mensas) et protocole, cf. Petron.
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NOTES COMPLÉMENTAIRES, LIVRE XX
34 : Aequum, inquit (Trimalchio), Mars ämat, Itaque iussi saam cuique mensam assignari. Obiier et putidissimi serui minorem nobis aestum frequentia sua facient. La scène doit se dérouler lorsque les convives ont déjà mangé les entrées entre la gustalio et la cena proprement dite, comme dans les textes d'Horace et de Pétrone cités plus haut. 2 Le premier service du repas (cena) est composé d'un plat de viandes (praeciso) et de mets succulents (epulis opimis) : l'imprécision est sans doute volontaire ; le menu était très abondant et les convives disposaient d'un large choix comme le suggère capiuntur : ils se laissent séduire. Terzaghi, Bolisani, Marx, Warmington pensent que le fragment H 57 prenait place ici : tant de descriptions de repas interviennent dans les Satires que je n'ai pas cru devoir attribuer ces vers à tel livre, plutôt qu'à tel autre. Même en éliminant les tétines de truie, les loups de mer et autres spécialités de la cuisine romaine qu'ils énumèrent, la nourriture semble encore trop généreuse (opimis) pour mériter l'approbation d'un stoïcien... Mais, apparemment, Lucilius, d'après le contexte conservé, ne condamne pas l'excellence du repas. 3 Calpurnius Pison Frugi fit voter en 149 une loi qui demeura célèbre pour sa sévérité (Calpurni saeua lege ... Pisonis), car elle instituait, à titre permanent, la commission sénatoriale chargée de juger les voleurs dans les actions de repetundis. Composée d'une délégation de Patres, elle réclamait aux magistrats les sommes qu'ils avaient indûment extorquées aux provinces. Sa réputation semble surfaite : les pouvoirs des commissaires excluaient toute pénalité autre que la restitution avec, éventuellement, dommages et intérêts (repeleré) ; la procédure interminable permit de dissimuler plusieurs scandales. En 123, sous le tribunat de Caius Gracchus, il fallut limiter la durée des instances (lex Acilia). Le convive qui parle rappelle des souvenirs {reprendi, eduxi sont des parfaits) sur les événements politiques d'autrefois. Il s'est rangé parmi les adversaires de Calpurnius Pison : le verbe reprehenderé employé absolument signifie faire des critiques à propos de la loi (in + ablatif). C'est la réaction professionnelle d'un homme public ; il y eut aussi la réaction subjective de l'individu : eduxique animam in primoribus naribus. Les manuscrits ont in primoribus naris : le vers est incomplet ; les éditeurs ont corrigé in primoris faucibus naris (Marx), in primoribus oribus naris (Warmington), in primoribus pariibus naris (Mueller). Je n'ai pas cru nécessaire de compléter le vers, j'ai simplement rectifié la syntaxe. L'expression est sans doute assez
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familière, cf. Perse 5, 91 : sed ira cadal naso rugosaque sanna et surtout Pétrone (62) où elle traduit l'émotion violente de Niceros, découvrant que son compagnon est un loup-garou : Mihi anima in naso esse; slabam lamquam mortuus. L'image se retrouve également en grec, cf. Théocrite 1, 18 ; Hérondas 6, 37... Elle marque toujours un mouvement affectif. A l'occasion de la loi de Galpurnius Pison, les propos de ce convive révèlent ses sympathies pour Tordre équestre, ou, tout au moins, son hostilité au Sénat ; peut-on les attribuer à Crassus, comme le propose Bolisani, quand celui-ci, en 106, soutient la lex iudiciaria de Q. Servilius Gaepio retirant aux chevaliers le privilège exclusif de siéger dans les tribunaux pour le restituer aux sénateurs (Cic, De Orat 1, 225) ? 4 En l'absence de tout contexte, il est pratiquement impossible d'interpréter ce fragment : peut-être s'agit-il d'un cadeau, cf. Sen., De Benef. 3,2,1 : cui des, elige : ipse lecum si deceptus es querere... ; peut-être s'agit-il d'un esclave chargé de porter une lettre, cf. Cic, AIL 7, 9, 1 : si habebo cui dem collidie ; peut-être s'agit-il d'une courtisane ou d'un perverti qui se donnent, cf. Martial 2, 9, 2 ; 4, 7, 1 : Cur, here quod dederas, hodie, puer Huile, negasti?
5 Luciliue décrit un phénomène périodique (eodem uno tempore, eamdem ad quarlam) qui se reproduit toutes les trois heures et demie (horae dimidio et tribus confectie) et dure une demi-heure (eamdem ad quartam) : Marx interprète ad quarlam (horam) comme une expression de la langue parlée synonyme de eadem quarta hora, cf. Sen., Nat. 3, 16, 2 : quartana ad horam uenit, mais est-il vraisemblable que le poète utilise dans le même fragment eodem uno tempore et eamdem ad quartam avec la même valeur ? Il semble préférable de comprendre ad comme marquant le terme d'une évolution dont le début est très précisément indiqué par dimidio et tribus confectie. Terzaghi reprend la traduction de Marx et pense qu'il s'agit de l'intervalle qui sépare les repas d'un glouton. Tous les autres éditeurs ont rapproché ces deux vers de la description de la fièvre quarte, cf. Pline, N.H. 7, 169 : al hercule reliquie omnibus per singulas membrorum partes, qualiler nullis aliis animalibus, certis pestifer calor remeat hor is aut rigor, ñeque horis modo sed et diebus noclibusque.
6 La forme Guberna se rencontre dans Ennius (Ann. 482 V) ; elle est construite à partir de gubernare selon le modèle regnare: regnum. Les justifications métriques qu'en proposent les gram-
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NOTES COMPLÉMENTAIRES, LIVRE XX
mairiens (cf. Marius Victorinus) sont entièrement fantaisistes. Delundere (de-{-tundo, frapper) implique l'idée de faire tomber de haut en bas en frappant, de démonter. Le poète emploie le doublet en -eo d'un verbe normalement thématique. Les manuscrits ont del und ite, qui ne peut entrer dans le vers : detundete est une correction de Marx. Le verbe convient pour le démontage des deux grandes rames qui servaient de gouvernail (guberna). Despoliarey dépouiller, s'emploie pour les armes de guerre et ici pour les éperons (rosira) qui garnissaient la proue des navires (prora est une simple adaptation du grec πρώρα). Les paroles sont prononcées par le commandant d'une flotte de guerre qui ordonne aux matelots de désarmer les navires (après une tempôte ? après une série d'exercices ?). Faut-il prendre ces mots dans leur sens exact ? ou bien ont-ils une valeur symbolique ? Il existe un proverbe en grec et en latin où prora et puppis signifie être perdu de la proue à la poupe, c'est-à-dire corps et biens (cf. J. Heurgon, op. cit.) ; Philostrate, Her. 2, 140, 2, Kays : καΐ τα έκ πρώρας, φασί, καί τα έκ πρύμνης άπολεΐταί ; Cie, Fam. 16, 24, 1 : mihi prora et puppis, ut Graecorum prouerbium est, fuit a me tui dimillendi, Cichorius a pensé que cette image de la flotte que le commandant fait désarmer constituait un adieu de Lucilius à la poésie : le livre 20 contiendrait en effet les dernières satires du poète. Le livre 21 serait un recueil des poèmes d'amour adressé à Coll y га. L'hypothèse est ingénieuse, mais ne repose sur aucun fait certain l Rien ne permet d'affirmer que le livre 20 soit le dernier livre, cf. introduction générale ; Lucilius n'a pas un tempérament suffisamment sentimental pour consacrer un ouvrage entier aux thèmes lyriques qu'illustreront Tibullo ou Properce I Enfin Porphyrion parle de Collyra à propos du livre 16, et non à propos du livre 21. 7 Aulu-Gelle rapporte que les Marees avaient la réputation de charmer les serpents et de conjurer l'effet des blessures (16, 11, 1) ; Pomponius [C.R.F. 118 Ribb.) Mirum ni haec Marsa est, in colubras cailei cantiunculam. C'est un envoûtement de ce genre que décrit Lucilius dans une comparaison introduite par ut (ut Mars us colubras disrumpit cantu). Sous l'effet de l'incantation magique, le corps du serpent se gonfle, puis éclate (disrumpit) en son milieu. De la même façon, les veines d'un homme se gonfleront (uenas extenderit), puis le feront éclater (disrumpetur médius) en deux. Cf. Hor., Epod. 17, 29: Ergo negatum uincorut eredam miser / Sabella pectus increpare carmina / caputque Marsa dissilire nenia. En l'absence de tout contexte, les éditeurs ont émis des hypothèses très diverses et souvent inconciliables : pour Mueller, qui s'appuie sur Aristophane (Paix 31 : μή παύσαιο μηδέποτ' έσθίων τέως έως σαυτον λάθης διαρραγεις) il s'agit d'un glouton qui se fait craquer la bedaine à force de mangeailles. Pour
NOTES COMPLÉMENTAIRES, LIVRE XXII-XXV
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Marx, c'est un homme en colère qui présente des signes très nets de congestion, cf. Sen., Jr. 2, 35, 3 tumescunt uenae; concutietur crebro spiritu pectus, rabida uocis eruptio colla distendei... quanto illi intra pectus terribilior uultus est, acrior spiritus, intentior impetus, rupturus se nisi eruperit? Pour d'autres, il n'est pas question de colère, mais de rire... Il est inutile d'allonger la liste; toutes les interprétations sont aussi vraisemblables les unes que les autres, mais aucune ne s'impose, car le texte est trop fragmentaire.
NOTES COMPLÉMENTAIRES DES LIVRES XXII-XXV LIVRE
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1-3 Lucilius évoque les défauts de ses esclaves : L'un a le nez (nasum) cassé, les jambes (surae) et les pieds tordus. Avec ironie — et mauvais goût, mais les deux vont souvent de pair à Rome — le poète demande s'il y a quelque amélioration dans son état (rectius) : j'ai suivi le texte établi par Lachmann avec répétition de -ne ; nunc possède ici un sens temporel : ses jambes sont plus droites maintenant? Le fragment 2 évoque peut-être le môme esclave : le vers est un pentamètre ; c'est pourquoi au lieu de Lucilius lib. XII, que donnent les manuscrits de Nonius, il convient de lire Lucilius lib. XXII ; seuls, les livres XXII-XXV contiennent en effet des vers de ce type. Marx pense que le vers répond à la question du fragment 1, ce qui n'est pas évident ; l'adjectif insignis signifie distingué par une marque particulière (cf. Paul. Fest. 101, 16) ; l'esclave a des jambes cagneuses, genoux tournés en dedans, pieds en dehors (uaris, cf. 17, 2). Petiim appartient au vocabulaire de la campagne : Marx rappelle qu'on le trouve dans le chant des Saiiens. Zopyrion est batailleur (P. 3). Le vers est un pentamètre. L'expression labeas caedere appartient à la comédie et au langage familier, cf. Nonius et en particulier la citation du Maccus Exul (51) de Novius : uerberato populus homini labeas pugnis caedere où il est question de casser la figure d'un personnage. 4 Le fragment constitue l'épitaphe d'un esclave nommé Métrophanès. C'était le pilier de la maison : le mot columella est un diminutif de columen, cf. columen familiae (Ter., Phorm. 287), senati columen (Plaute, Cas. 536)... relevées par Marx. Lucilius lui adresse des louanges, mais par litote seruus neque infidus...
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NOTES COMPLÉMENTAIRES, LIVRE XXII-XXV
ñeque inulilis. Le compliment est très flatteur venant d'un stoïcien : Métrophanès était presque un sage, s'il est vrai que fundamentum aułem est iustitiae fides, id est dictorum conuenlorumque constantia et ueritas (Cie, Off. 1, 23) ; et que la vertu, c'est scire homini rectum, utile quid sitt honeslum (H 23). Marx maintient la leçon des manuscrits quanquam, en se fondant sur le texte d'une épitaphe grecque {I.G.S. I, 793 b Kaib.) : ει καί σου κεύθοι κάλλος νέον, ώ Κλεοπάτρα / τύμβος καί φροΰδον σώμα λέλογχβ κόνις / άλλ' άρετά βιοτας αΐέν ί,ώοισι μέτεστι.
5 Le fragment a été conservé, parce qu'il contenait la forme abzet qui appartient à Tosque ou, plus vraisemblablement, au pélignien, cf. afded, La glose du grammairien le transcrit par un féminin exlincta uel mortua, ce qui ne peut guère convenir avec le contexte. Bücheier (cf. Götz, C.G.L. VI, p. 11) a rapproché avec afded, mot transmis épigraphiquement, cf. Vetter 213 ; le nom propre Pacilius est attesté en osque sous la forme Paakul. D'autre part la réduction de la diphtongue au к о dans tesorophylax caractérise l'ombrien, mais non l'osque ou le pélignien. La langue de ce fragment est donc très composite ; il semble que Lucilius ait voulu créer une atmosphère non romaine, plutôt que restituer un dialecte donné (cf. I. Mariotti, op. cit., p. 97). La structure syntaxique du vers n'est pas évidente : Marx, Warmington, Bolisani considèrent pater comme une apposition à tesorophylax, ce mot étant lui-même apposé à Pacilius : tout d'abord Pacilius, mon trésorier, un véritable père pour moi, est mort. Plutôt que cette longue cascade d'appositions, qui place, d'une manière assez peu conforme aux usages latins, un simple esclave sur le môme plan que le père de Lucilius, Terzaghi propose d'admettre la construction : Primum Pacilius: 'tesorophylax, pater, abzet \ Pacilius vint d'abord vers moi et me dit : ton trésorier, ô père ( = ô patron), est mort. Cette ponctuation est peut-être préférable. Dans un cas comme dans l'autre, abzel correspond au latin abest : Marx énumère de nombreuses citations où ce mot équivaut à morluus est, cf. entre autres Cic, Mil. 97 : esse hanc (gloriam) unam quae breuitatem uitae posteritatis memoria consolaretur, quae efflceret ut absentes, adessemus, mortui uiueremus. LIVRE XXIII : L'unique fragment de ce livre décrit un jeune esclave qui léchait les gâteaux, cf. Juvénal 9, 5 : Nos colaphum inculimus lambenti crustula seruo. Hor., Saf. 2, 6, 109 : dans la description du rat de ville : fungitur officiis, praelambens omne quod affért. Dans Lucilius, il s'agit d'un type de gâteaux (placentas) que Caton a décrit dans Agr. 76 (6) : Primum solum substernit, tum singula tracta imponil, id est singulas slrues farinae subaclae,
NOTES COMPLÉMENTAIRES, LIVRE XXVI
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postremo opus Mam melle un g uit. Le plus-que-parfait flamberai) indique que le poète devait parler d'un esclave mort depuis quelque temps déjà. Il s'agirait donc d'une épitaphe (?). LIVRE XXV : Il est bien difficile d'imaginer comment ces deux mots entraient dans un vers dactylique : ărăbus artômô. Les manuscrits les attribuent au livre 25, alors qu'ils suggèrent plutôt un rythme trochaïque, et seraient mieux placés au livre 26. Pourtant il est bien question d'un esclave, comme le prouvent les deux noms : il est donc préférable de les maintenir avec les fragments qui évoquent les esclaves de Lucilius. Le texte est trop fragmentaire, pour qu'il soit possible de tenter la moindre restitution.
NOTES COMPLÉMENTAIRES DU LIVRE XXVI
1 Selon un procédé conforme à la vocation du sermo (cf. Varron, L.L. 6, 64), un personnage (Lucilius ?) dialogue avec un interlocuteur qui est présenté comme son adversaire, cf. Perse 1, 44 : quisquís es о modo quem ex aduerso dicere feci. Ce dernier se définit par son amentia, cf. 30, 73 : sic laqueis, manicis, pedicis mens inretita est. Il incarne la stultitia, la déraison (avidité, ambition ou avarice, cf. 19, 9 ; 29, 1...). En face de ce repoussoir, le locuteur apparaît comme le sage. La satire ne met pas en scène deux personnalités, mais deux principes, ayant chacun leur champion (Ног., Ер. 1, 1, 41). Dans une telle perspective, inspirée par la tradition sophistique, la diatribe cynique, ou simplement le modèle d'Ennius, l'un des protagonistes invoque les dieux par une formule solennelle, empruntée à la langue religieuse, mais aussi à Pacuvius {T.R.F. 112 Ribb.) : Di monerint meliora atque amentiam auerruncassint luam. A un mot près, les deux expressions sont identiques. 2 Les deux propositions interrogatives indirectes annoncent la réponse apportée par le poète (?) à des questions sur la sagesse ; le verbe censere implique une certaine emphase, l'auteur se plaçant dans le rôle du sénateur qui, interrogé par le président de séance, formule les mesures qu'il croit nécessaire de prendre (cf. Liu. 1, 32, 11). Dans ce rôle de praeceplor sapientiae (cf. Hor., Ер. 1, 18, 3), il distingue deux catégories d'objets : ceux qui réclament attention et vigilance (cauendum), ce qui implique
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NOTES COMPLÉMENTAIRES, LIVRE XXVI
une attitude intellectuelle ; ceux qui exigent un refus (uitandum), ce qui implique action. Cette classification correspond approximativement à deux attitudes de l'homme vertueux (H 23), qui possède un savoir (uirtus est homini scire id quod quaeque habeat res...), mais aussi combat énergiquement contre le mal (hostem esse atque inimicum hominum morumque malorum). La satire se veut educatrice (cf. Hor., Sat 1, 4, 103) ; elle est l'enseignement de celui qui connaît le bien (cf. 30, 32 ; 29, 37...) et qui conseille en ami (26, 76...). M. Piwonka {op. cit., p. 217) souligne, sur ce point, la dette de Lucilius envers Callimaque (cf. la. 1, 1 = Pf. 191, 1 ; la. 4, 6 « Pf. 194, 6...). 3 Le fragment, en forme de conclusion (quart), montre qu'il vaut mieux se consacrer à un objet (hoc, hic) plutôt qu'à d'autres (illa). Le contexte est très dimoile à définir. L'emploi du singulier (le pronom hoc, repris par l'adverbe de lieu hic), par opposition au pluriel illa, peut suggérer qu'il s'agit de la vertu, par opposition au vice, dont les manifestations sont multiples (cf. 3, 27 : ob facta nefantia ; H 23 : hominum morumque malorum...) ; le verbe consumere (H 30 : cum omnia in ista consumis squilla), le mot studium (H 41 : uni se atque eidem studio se dedere) se réfèrent habituellement à des comportements que Lucilius juge en fonction de critères moraux. Cependant plusieurs éditeurs pensent qu'il est ici question de critique littéraire et commentent le vers par la glose suivante : quare hoc (= sermones) colere est satius quam illa (= epos), studium omne hic consumere (Piwonka, op. cit., p. 125). 4 Le poète, si c'est bien lui qui parle, souhaite que son entreprise se signale par εοη efficacité ; aliqua est ici un adverbe (cf. Plaute, Epid. 100) et aliquid est sujet a'euadal. Lucilius fait peut-être allusion à son activité littéraire ; dans ce cas, le vers semble répondre aux propos de l'interlocuteur de 30, 21 : quod tu laudes, culpes, non proficis hilum. L'originalité de la satire (quod conatus sum) serait de se définir en fonction de sa finalité, par référence à son action morale sur un public. Rien ne garantit cependant que tel était bien le contenu du fragment. 5 Le verbe inrigare appartient au style noble, cf. Virgile, Aen. 1, 692; 3, 511... Le substantif pectus désigne les facultés humaines qui échappent à la mode, à l'instant ; cf. 12, 3 : flrmiter hoc par iterque tuo sit pectore flxum. Le locuteur (Lucilius ?) envisage comment son enseignement (haec ?) peut pénétrer dans le cœur de son partenaire. Cela implique un acte de volonté
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(uoles), cf. 26, 76 ; 30, 30-32. S'il en est ainsi, Lucilius parlerait ici de l'action du poète sur son public; celle-ci suppose une confiance réciproque qui caractérise l'amitié. β
L'adjectif monstriflcabil is implique l'idée de prodige; bat sur monstrum, l'hapax s'apparente aux formations de la langue tragique, telles que ludificabilis (Pacu viu ѳ, T.B.F. 348 Ribb. ; cf. Perse 1, 78 : Sunt quos Pacuuiusque et uerrueosa morstur I Antiopa, aerumnis cor luctificabile fulta?), tabiflcabilis (Accius, Mèdie, T.R.F. 421 Ribb. : perneici orbiflcor libsrorum Isto el tabiflcabili), ou encore horrífica bilis (Accius, Télèphe, T.R.F. 618 Ribb. : nam etsi opertus squamale est luctuque horriflcabili).
L'intention parodique semble probable ; elle est soulignée par
l'hendiadyn et l'allitération mirum ас monstrißcabile. Ignobilitas peut se comprendre comme l'absence de renommée, ou comme une naissance obscure (cf. Cic, Mur. 17). Marx pense qu'il s'agit des ambitieux (his), pour qui la médiocrité constitue la pire des monstruosités, cf. Lucrèce 3, 74. On peut aussi considérer qu'il s'agit des auteurs tragiques qui croient monstrueux de ne pas mettre dans leurs œuvres des hommes et des destins hors du commun. Cette interprétation semble conforme à l'usage qui est fait de la parodie dans les Satires : l'auteur balbutie avec l'ivrognesse (6, 7), prend le langage des corps de garde avec les soldats (11, 4), des précieux avec les raffinés (7, 1), des petits-maîtres hellénisants avec Albucius (2) ; c'est peut-être avec les auteurs tragiques qu'il compose des adjectifs appartenant au style noble. Dans cette perspective, le fragment critiquerait les grands genres qui ne s'intéressent qu'aux êtres d'exception et jugent monstrueux de dépeindre l'humanité ordinaire. Il illustrerait Yhumililas de Lucilius, cf. 17, 2 ; 15, 18 ; Petron. 4... 7 Lucilius caractérise les grands genres par deux traits : — 1) la recherche du mot rare, uerbum inusitatum ; à plusieurs reprises, les Satires raillent les composés savants tels que conlemnificus (26, 10), repandiroslrum, incuruiceruicum (5, 21), calliplocamon, callisphyron, eupatereiam (12, 2), aigilipes (3, 8)... Le poète critique ceux qui cherchent des sujets extravagants (10, 2), qui se croient supérieurs aux autres (SP) et qui perdent la faculté de juger (10, 1). — 2) les débats psychologiques et moraux ; l'hapax zetematium, introduit par le poète en latin, est un diminutif à valeur depreciative, construit sur le grec ζήτημα. On trouve ce mot dans Platon (Lois 10, 891 c) : rAp' οδν προς ΔΛς οίον πηγήν τίνα ανόητου δόξης άνηυρήκαμεν ανθρώπων ¿πόσοι πώποτ* των περί φύσεως έφήψαντο ζητημάτων. Il s'agit d'une enquête critique très minutieuse sur les lois ; c'est le type d'analyse que,
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dans le même ouvrage, poursuivent Clinias et l'Athénien (631 a) : ήμεΐς Sé φαμεν είναι το περί νόμους ζήτημα των εΰ ζητούντων ώσπερ νυν ήμεΐς ήρξάμεθα. Le mot trouve son équivalent dans le latin quaestio: in iudiciali autem materia dupliciter accipienda est: altero modo, quo dicimus multas quaestiones habere controuersiam, altero, quo signiflcamus summám Ulam in qua causa uertitur... Hanc igitur quaestionem ueluti principalem uocant ζ ή τ η μ α (Quintil. 3, 11, 1 sq.). Par le diminutif zetematium, il faut donc comprendre quaesliunculae, les petits débats qui suscitent la controverse (cf. Cic, De Orat. 1, 102). Lucilius vise sans doute de nombreux auteurs, mais certainement Euripide, cf. H 20 : Flecte, inquii, hoc uitio dat Lucilius poetae Euripidae, quod, quum Polyphonies rex propterea se interfecisse fratrem dicerei, quod ipse ante de nece eius consilium cepissel, Meropa, fratris uxor, hisce uerbis eluserit: Et γαρ σ' δμελλεν, ώς σύ φής, κτείνειν πόσςς / χρην καΐ σέ μέλλειν, ώς χρόνος παρήλυθεν. At hoc enim, inquit, plane stultiliae plenum est eo Consilio alque ea ţlni facere uelle uli numquam id facias quod uelis (Gell. 6, 3, 28). Des débats de ce genre sont évoqués par Perse (1, 63-117) et Pétrone (1-4), qui leur opposent la simplicité et le réalisme de Lucilius.
8 Lucilius (?) s'adresse aux poètes (scribilis) ; il envisage ceux qui n'acceptent pas de décrire des objets extraordinaires (portento) et, en particulier, des dragons ailés et emplumes, anguisque uolucris ac pinnatos ; ces monstres, inspirés par les contes égyptiens (Elien, Hist. anim. 2, 38), interviennent notamment dans la Mèdie de Pacuvius (Т.Н.F. 397 Ribb.) : angues ingentes alites iuncti iugo. Ils prennent leur place parmi les portento et les monstra que l'épopée et la tragédie se sont appropriées et que dénoncent plusieurs fois les Satires (cf. 15, 18). Le môme thème est développé dans Perse (1), dans Juvénal (1, 4-13) et dans Martial (10, 4). Vraisemblablement le fragment, intervenait au milieu de considérations sur la difficulté de se faire lire quand on refuse les grands genres.
9-12 Avec des intentions vraisemblablement parodiques, les quatre fragments illustrent le style et le contenu des genres nobles : — 1) Les sujets appartiennent au fonds commun qui s'est constitué à partir des poèmes homériques. Le fragment 9 évoque la lassitude des Achéens qui, désireux de regagner la Grèce, se préparent à abandonner le siège d'Ilion, cf. В 151 sq. : ...τοί δ' άλλ^λοισι κέλευον / άπτεσθαι νηών ήδ' έλκέμεν είς άλα δΐαν / ούρούς τ' έξεκάθαιρον . αυτή δ' ούρανον Ικεν ƒ οίκαδε ίεμένων * υπό δ' $ρεον ¿ρματα νηών. Il fait allusion au discours qu'Ulysse, après la diatribe de Thersite, prononça contre Agamemnon,
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cf. В 284 sq. : Άτρείδη, νυν δή σε, Αναξ, έθέλουσιν 'Αχαιοί / πασιν έλέγχιστον θέμεναι μβρόπεσσι βροτοΐσιν, / ουδέ τοι έκτελέουσιν ύπόσχεσιν ήν περ ύπέσταν / ένθάδ' ετι στείχοντες άπ* "Αργεος Ιπποβότοιο / "Ιλιον έκπέρσαντ' εύτείχεον άπονέεσθαι. Devant l'Assemblée, les héros reviennent sur la décision honteuse qu'ils avaient prise et expriment leurs regrets, à la pensée qu'ils ont contesté les pouvoirs du chef des Achéens, imperium regis paene inminuimus (pour l'expression, cf. Plaute, Asin. 508 : Hoccine est pielatem colere, mairi imperium minuere?). Le fragment 10 met en scène un combattant grec : il éprouve une grande aversion pour Agamemnon (pour la construction de fastidire, cf. Titinius, T.R.F. 93 Ribb. ; Turpilius, T.R.F. 103 Ribb...). Le passage rappelle les imprécations d'Achille, notamment I 376-8 : ... άλις δέ ol · άλλα Ικηλος / έρρέτω · έκ γαρ εύ φρένας εϊλετο μητίεντα Ζβύς, / Έχθρα δέ μοι του δώρα, τΐω δέ jnv èv καρος αϊση. Le fragment 11 fait allusion aux exploits d'Ajax, qui sauva la flotte lorsque les Troyens voulurent l'incendier, cf. О 685 : ¿>ς Αίας επί πολλά θοάων ΐκρια νηων / φοίτα μακρά βιβάς, φωνή δέ ol αίθέρ' ΐκανεν, / αΐεΐ δέ σμερδνον βοόων Δαναοΐσι κέλευε / νηυσί τε καΐ κλισίησιν άμυνέμεν. Le fragment 12 parle de la vengeance que les dieux tirèrent d'Ajax, parce qu'il avait arraché Cassandre à l'autel d'Athéna, en violation de toutes les lois religieuses, cf. Hygin, Fab. 116 : Ilio capto el diuisa praeda, Danai cum domum redirent, ira deorum quod fana spoliaueranł et quod Cassandram Aiax Locrus a signo Palladio abripuerat... naufragium fecerunl. — 2) Le style est particulièrement recherché. Le composé domuitio (de domus et ilio, nom d'action bâti sur ire) est une création de Pacuvius (T.R.F. 173 Ribb. : nam solus Danais hic domum ilionem dedil), reprise par Accius (T.R.F. 173 Ribb. : Nunc, Calcha, finem religionum fac, desiste exercitum / morari пес me ab domuitione arcere tuo obsceno omine. L'adjectif contemnificus (10) appartient à la série des adjectifs en -ficus que la tragédie a multipliés (cf regificus, dans Ennius, frg. var. 96 V)... Vim Vulcaniam (11) fait écho à uim Gallicam dans Accius (Decius, T.R.F. 3 Ribb.) : uim Gallicam obduc contra in äciem exercitum. Enfin nee minima ei prosperatur pax est une expression particulièrement solennelle, cf. Liu. 8, 9, 7 : Jane, Iupiter... uos precor, ueneror, ueniam peto feroque, uli populo Romano Quirilium uim uictoriam prosperetis. 13 L'un des interlocuteurs du livre 26 introduit une objection (At enim dicis) et rappelle l'argumentation de son adversaire : ... neu muttires... neu ecferres... ; l'imparfait du subjonctif transpose au passé l'idée de volition et indique ce que l'on devait refuser de faire (cf. Plaute, Rud. 841). Il ne fallait pas souffler mot (muttires), ni révéler publiquement des secrets (ecferres foras) ; le ton est solennel : mysteria implique l'idée d'initiation
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religieuse, quod commissum foret la confiance et la fidélité d'un homme. Tous les éditeurs pensent que c'est Lucilius qui s'exprime directement et qu'il reprend, pour les critiquer, les propos de ceux qui prétendent imposer à la satire une obligation de discrétion. Ce thème est amplement développé dans le livre 30 (15-32) : si le poète épie les démarches et les actions d'autrui, s'il décrit l'ordure, c'est parce qu'il est celui qui dénonce toutes les taches et les turpitudes de l'humanité. Le partenaire de Lucilius s'exprime comme le partenaire d'Horace {Sal. 1, 4, 84) : commissa tacere / qui nequitt hic niger est. Marx évoque la déclaration d'Aris to te (Rhet. 2, 1384 b 10) : ΚαΙ οίς ή διατριβή επί ταις των πέλας άμαρτίαις, οίον χλευασταΐς καίκωμψδοποιοΐς · κακολύγοιγάρ πως ούτοι καΐ έξαγγελτικοΐ. L'humour dans le fragment, provient sans doute du ton, solennel et emphatique, qui est appliqué à des réalités triviales.
14 Lucilius définit sa poétique. Dans la création, l'essentiel n'est pas ce que l'on donne au public (26, 13 : ecferres foras), mais ce qui vient de l'écrivain (ex praecordiis ecfero) ; ce qui exprime la sensibilité de l'auteur et s'adresse à la sensibilité du lecteur (cf. 26, 5 : pectus inrigari et 26, 15 : capere animum) ; praecordia, proprement Venveloppe du cœur, implique, au sens figuré, la spontanéité et la franchise absolues, cf. Hor., Sat. 1, 4, 89 : condita cum uerax aperit praecordia Liber. Lucilius écrit d'humeur ; il rejette l'esthétique d'apparat qui caractérise les grands genres ; ce sont bien de telles qualités qu'Horace reconnaît en lui (Sat 2, 1, 30 sq.).
15 Tel que Marx l'a restitué, le fragment semble opposer deux types de créations : — 1) l'œuvre des auteurs qui s'adressent à la masse (populo) ; cf. Hor., Sat. 1, 4, 73 : in medio qui / scripta foro recitent sunt multi quique lauantes. — 2) son œuvre personnelle (uoluimus) qui ambitionne de conquérir l'âme (animum capere ; cf. 27, 11 : amici animum quaerunl) de quelques individus (illorum), sans doute les pauci ac sapientes dont il est question dans 14, 6.
16-17 Les quatre vers, qui devaient s'intégrer à un môme ensemble syntaxique (jeu des négations, répétition de legere...), définissent les Satires de Lucilius, non pas par leur forme ou par leur contenu, mais par le public auquel elles s'adressent. L'auteur n'écrit ni pour les savants ou les sages (doctissimi), ni pour les rustres (indoclissimi). Parmi les premiers, il faut compter Persius et
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Manilius, auxquels, dans son commentaire de Fin. 1, 7, Ciceron ajoute Scipion et Rutilius. Parmi les lecteurs souhaités se trouvent Laelius Decumus, lunius Congus, auxquels, dans le même commentaire, Ciceron ajoute les habitants de Tarente, de Consentia et les Siciliens. De telles déclarations ne doivent pas être prises à la lettre : I. Mariotti (op. cit., p. 21) souligne avec raison que, dans le De Oratore, Ciceron place la citation de Luciliue dans l'intervention de Crassus : elle est utilisée comme un modèle de recusatio disputationis ; mais, en réalité, Crassus développe longuement les raisons qu'il a pour se taire, si bien que cette recusatio disputationis devient une disputano periucunda, ainsi que le note Tun des protagonistes du dialogue cicéronien. Cela permet de comprendre le ton de la recusatio de Crassus et, par voie de conséquence, le ton du passage de Luciliue. Il ne s'agit pas, pour le satirique, de proclamer sa modestie ou son incapacité à écrire pour des lettrés; il s'agit simplement d'une captatio beneuolentiae (I. Mariotti, op. cit., p. 22) qui permet au poète de préciser les bornes qu'il s'est fixées, de rappeler qu'il s'oppose à la rhétorique, au pedantisme, à l'érudition et qu'il entend conserver le ton de la conversation. J. Heurgon note que le classement des différentes personnes citées dans ces fragments devait, pour les contemporains, prendre un aspect particulièrement cocasse : quand le poète déclare qu'il récuse un homme qu'il juge trop savant, c'est une manière détournée de lui rendre hommage. De fait, on sait que C. Persius était literátus (Cie, Brut. 99) ; que M. Manilius, consul en 149, était parmi les uiri adprime dodi (Gell. 17, 7, 3) et avait l'amitié de Scipion Émilien (Cic, Вер. 1, 18) ; Rutilius Rufus fit la campagne de Numance (Appien 6, 88) en qualité de tribun militaire; Scipion Émilien est le puissant ami qui conseille Lucilius (cf. 30, β...). Inversement, quand le poète déclare qu'il veut être lu par une personne, ce n'est pas spécialement un éloge. Affectant une modestie extrême, il prétend, selon le passage du De Finibus, qu'il s'adresse aux habitants de Tarente, de Consentia et de Sicile, c'est-à-dire à des gens qu'il connaît bien (cf. livre 3), à ses fermiers, aux provinciaux, aux campagnards parlant osque et grec (H 130 : Brultace bilingui). Il leur assimile lunius Congus, personnage que l'on identifie, sans grande vraisemblance, avec le bourreau d'étude que dépeint Cicerón {De Orat. 1, 256) ; celui-ci mourut entre 91 (Cic, De Orat. 1, 256) et 54 (Cic, Plane. 58) et était trop jeune en 130 pour que Lucilius parlât de lui. Laelius Decimus est un inconnu ; mais il est, ainsi que lunius Congus, placé dans une telle compagnie, qu'il fait figure d'ignorant. 18 Le texte du fragment semble irrémédiablement corrompu. Les manuscrits donnent : si miseranlur se ipsi uide ne illorum causa superiore loco conlocauił. On comprend mal ce qui justifie
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la glose de Nonius datiuus pro accusaliuo. Depuis Lachmann et Mueller, tous les éditeurs supposent que le grammairien a interprété ipsi comme un datif ; mais est-il vraisemblable qu'un homme, dont le latin était la langue maternelle, ait commis une erreur aussi grossière et n'ait pas reconnu une tournure telle que Plaute, Epid. 534 : quae ipsa se miseralur ? L'expression superiore loco fait difficulté parce qu'elle n'entre pas dans le septénaire. Lachmann a proposé de lire superior e loco ; dans cette hypothèse, causa est un nominatif et se réfère à un procès où l'accusation (illorum causa) l'emporte (superior), cf. Ter., Ad. 344. W. Krenkel pense cependant que le vers est hypermètre et qu'il s'agit de la préposition causa. Il conviendrait donc de voir ici la tournure superiore e loco, cf. Gic, Tuse. 1, 117 : superiore e loco contionandum, il faut haranguer du haut de la tribune. Tous les éditeurs ont, depuis Guyet, corrigé l'indicatif conlocauit en conlocarit ou locata sit. Malgré toutes ces rectifications, le sens demeure obscur : le fragment fait intervenir le partenaire d'un dialogue au style direct (uide), des accusés [ipsi ? et illorum ?), des accusateurs (? illorum), un personnage qui les met en scène (conlocarit). Un seul fait semble incontestable : il doit être question de la commiseratio. Marx rapproche, avec raison, de Gic, De Oral. 2, 196 : Quam ob rem hoc uos doceo... ut in dicendo irasci, ut dolere, ut fler e possitis. Quamquam te quidem quid hoc doceam, qui in accusando sodali meo tantum incendium non oratione solum, sed etiam multo magis ui et dolore et ardore animi concitaras, ut ego ad id restinguendum uix conarer accedere ? Habueras enim tu omnia in causa superiora: uim, fugam, lapidationem, crudelitatem tribuniciam in Caepionis graui miserabilique casu in iudicium uocabas. Lucilius parlait peut-être de ceux qui, faisant appel à la pitié, prouvent du même coup la faiblesse de leur argumentation ; cf. Publil., mim. 353 : Mala causa est quae requirit misericordiam. S'adressant à son partenaire, l'un des interlocuteurs dirait : si ces personnes se lamentent sur leur sort, il faut s'efforcer que leur cause {illorum causa ; ille prend peut-être un sens emphatique et se réfère simplement à se ipsi), qui était la meilleure (superior), ne soit déchue (locala sit ?) de sa place (e loco). Le fragment est tellement obscur, altéré et lacunaire que toute hypothèse est grandement arbitraire.
19 Les allitérations (squalitate summa, scabie summa...), les préverbes privatifs, les négations soulignent ironiquement le désarroi physique et moral du personnage dépeint. Lucilius raille la grandiloquence et l'outrance des représentations tragiques ; les éditeurs s'accordent, depuis Mueller, pour trouver ici une allusion à ΓAntiope de Pacuvius ; la jeune femme, prisonnière de Lycos, était enfermée dans un cachot dont l'horreur était devenue proverbiale, cf. Schol. Pers. 1, 77 : Sunt quos Pacuuiusque
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et uerrucosa moretur / Antiopa : Anliopam uerrucosam Persius dicit quae apud Dircen seruitio oppressa in squalore fuit, sic: ' inluuie corporis I et coma promissa impexa conglomerala alque hórrida * {T.B.F, 20 a Ribb.). I. Mariotti {op. cit., p. 14) signale une ressemblance entre le fragment et Ovide {Trist. 4, 4, 65) : non inuidiosa nefandis nee cupienda bonis, passage où il est question du roi Thoae et qui, ainsi que les vers de Lucilius était peut-être imité du Chryses de Pacuvius {T.R.F. 598 Ribb.). 20 Télèphe, roi de Mysie, avait été blessé par Achille, mais un oracle lui avait prédit que seul l'auteur de sa blessure pourrait le guérir. C'est pourquoi, avant la guerre de Troie, il se rendit, è Aulis, habillé de haillons comme un mendiant, et offrit aux Grecs de leur montrer leur chemin, de guider la flotte des Achéens, si Achille consentait à le guérir. C'est peut-être au Télèphe d'Accius que Lucilius songeait en écrivant ces vers, où les allitérations (fame frigore ; in-), les préfixes négatifs concourent à accentuer la misère du personnage ; la tragédie présentait en effet de semblables descriptions {T.R.F. 617 Ribb.) : nam etsi opertus squamale est luctuque horriftcabili. On trouverait facilement d'au tree sources, cf. fragment 19. Emporté par l'élan, Lucilius fabrique deux substantifs qui marquent les privations ; inluuies est glosé par inbalnities, qui introduit un détail cocasse ; le héros n'est pas seulement accablé par la saleté, mais par l'absence de bains ; de plus, il n'a pas pu se passer à l'eau (inperfundies). Les trois termes sont pratiquement synonymes et se complètent avec incuria, proprement le manque de soins. Par ces railleries, Lucilius renoue avec les critiques dont Aristophane accablait Euripide ; ainsi, dans les Acharniens, Dicéopolis se rend chez le Maître pour lui demander tous les accessoires qui suscitent la pitié : il lui faut les haillons tragiques (τα ¿ακι' έκ τραγφδίας, 412), les guenilles de Télèphe (Τηλέφου £>ακώματα, 432), le rôle du mendiant, un corbillon tout brûlé par une lampe (σπυρίδιον διακεκαυμένον λύχνψ, 453), une petite écuelle ébréchée (κοτυλίσκιον το χείλος άποκεκρουμένον, 459), de vieilles épluchures... 21 Un héros tragique veut se suicider : — 1) il ne meurt pas comme un citoyen ordinaire ; l'expression boire l'air appartient au langage dramatique ; les Grecs disent τον αέρα έλκε tv. Marx rappelle les tournures équivalentes de Philemon {C.A.F. 2, p. 515 Koch, frg. 119), τον αυτόν αέρα έτέροισιν έλκεις, de Philyllios {C.A.F. 1, p. 787 Koch, frg. 20), τον άέρ' £λκειν καθαρόν, d'Aristote {De part. an. 2, 659 a 10). — 2) sa décision prend la forme de l'un de ces petits débats, zelematium, dont parle le fragment 26, 7. Faut-il que le héros se pende (suspendalne 25
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sese), ou se jette sur son épée (gladium incumbat) ? De telles discussions se rencontrent dans Γ Hélène d'Euripide et dans celle d'Accius qui imitait la tragédie grecque, peut-être aussi dans l'Antiope de Pacuvius. 22 Les manuscrits ont luporum exauctorem maluanum et fulgurilalem arborum. Le texte est établi grâce aux corrections notées sur le manuscrit F qui contient la forme fulguritarum, grâce aux indications de Lachmann, qui propose lucorum au lieu de luporum, de Duentzer, qui lit Albanum au lieu de maluanum, de Buecheler, qui donne sanctorum au lieu de exauctorem. Le bois d'Albe est cité par Cicerón, Mil. 85 : uos enim iam Albani tumuli atque lucit uost іпаиат} imploro atque oblestor. Rien ne prouve qu'il ait été consacré. Il n'a jamais été voué à un dieu, à la suite d'un acte religieux. L'adjectif sanctus signifie simplement vénéré. De nombreux éditeurs l'ont préféré à exauctorem, mot qui n'est pas attesté ailleurs avant l'époque d'Auguste, et qui introduit une image trop hardie dans un contexte trop incertain, puisque les arbres foudroyés seraient comparés (?) à des soldats démobilisés (?). On sait que les arbres foudroyés étaient considérés comme la propriété personnelle du dieu, cf. Varron, L.L. 5, 150 ; Festus, 92 M ; c'est ce qui justifie la correction sanctorum. Le fragment évoquait peut-être la description de lieux inspirés (?), ou les superstitions et les craintes (?) qui s'attachaient à quelques endroits prestigieux. Rien n'est certain. Ce qui est sûr, c'est que Lucilius, personnellement, ne ressent aucune angoisse religieuse dans des circonstances comparables, cf. 15, 19. 23 Le poète (?) s'adresse à un interlocuteur que les éditeurs identifient comme historien (ueterem historiam). Marx suggère le nom de Sempronius Asellio, contemporain et ami de Lucilius, mais constate que ce dernier s'occupait d'histoire moderne, cf. Gell. 2, 13, 3 ; il a en effet raconté la campagne de Numance. Le même critique, suivi par Cichorius (Unter, zu Luc, p. 109 sq.), propose lunius Gongus, personnage dont le nom est cité dans le fragment 17. Toutefois rien ne prouve que le partenaire du locuteur soit le jeune homme dont il est question dans 26, 74 (tuam probalam mi et spectatam adulescenliam), que le destinataire du fragment soit bien lunius Congus, que le lunius Congus du fragment 17 soit le lunius Gongus dont parle Cicerón ; celui-ci mourut entre 91 (De Oral. 1, 256) et 54 (Gic, Plane. 58) et était trop jeune en 130 pour que Lucilius parlât de lui 1 Rien ne prouve enfin qu'il s'agisse bien d'un historien ; dans Plaute, hisloria désigne un conte fabuleux, cf. Bacch. 158 : Fiam, ut ego opinor
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Hercules, tu aułem Linus. / — Pol mełuo magis ne Phoenix tuis facti* fuam, / teque ad patrem esse mortuum renuntiem. / — Satis historiarumst ; cf. Trin. 381 : historiam ueterem atque antiquam hace mea seneclus susiinet. L'expression uetus historia (cf. I. Mariotti, op. cit.t p. 75 ; Johannes Christes, Der frühe Lucilius, p. 26-7) évoque un récit peu crédible qui repose sur de vieilles légendes. Ad amores tuos appartient au vocabulaire de la passion et se réfère à Tètre aimé, cf. Piaute, Stich. 736 : mea suauis, amabllis, amoena Stephanium, ad amores tuos ¡ foras egredere. Pour le sene de studium, cf. Hor., Sai. 1, 4, 79. Le fragment devait s'accompagner d'une intonation interrogative, peut-être même ironique : le locuteur demande si, quand on écrit à sa maîtresse une lettre passionnée, on lui raconte de vieilles histoires empruntées à la mythologie; cf. Hor., Carm. 3, 7, 20. Visiblement, Lucilius se moquait d'une telle attitude. 24 Lucilius rappelle que le peuple romain a ignoré la honte, nescire flagitium, d'une défaite lors d'une guerre ; le terme flagilium indique primitivement le charivari fait à la porte de quelqu'un pour protester contre sa conduite (Ernout-Meillet), puis tout scandale public et la honte qui s'ensuit. La défaite est une marque d'infamie, ce qui suppose jugement moral publiquement approuvé. L'affirmation implique que la victoire du peuple romain est la confirmation de sa vertu eminente vis-à-vis de tous les autres peuples. Elle est la preuve de l'excellence d'un ordre social et d'une civilisation sur les civilisations barbares : dicebantur anliquilus omnes gentes exceptie Graecis (Paul. Fest. 32, 14 M), mais depuis que M. Ca ton a fustigé l'insolence des Grecs qui emploient ce mot (Pline, N.H. 29, 14), il désigne uniquement les étrangers. C'est la première fois qu'en latin le substantif s'applique à tous les non-Romains. Avec la conquête, l'idée nationale s'est fortifiée ; Lucilius la traduit dans tout ce qu'elle a d'exclusif. Pour illustrer ses propos, le poète cite deux hommes ; Hannibal le stratège habile, formé aux règles de la guerre ; Viriate, le pâtre lusitanien, qui pratiquait la guérilla. Ces deux hommes qui inquiétèrent Rome, qui détruisirent tant d'armées, ne sont que deux noms, parmi d'autres, que l'auteur aurait pu mettre en apposition à barbaro. En particulier, il est certain que les lecteurs de Lucilius devaient évoquer le désastre des légions de Mancinus : en 137, elles s'étaient rendues aux quatre mille Arévaques qui les avaient cernées en dehors de leur camp. L'étymologie que Nonius propose est fausse, cf. Pline, N.H. 33, 39 : uiriolae Celtice dicuntur, uiriae Celtiberice, armillae quas in lacertis habenl, ita ut Virialus sit tamquam Torquatus.
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Le fragment contient peut-être une proposition interrogative indirecte introduite par ut ; l'indicatif n'est pas une objection ; la vieille langue, Plaute et Térence, n'a pas encore généralisé le subjonctif. Lucilius développe l'idée de la grandeur ou, plus exactement, de l'invincibilité de Rome. Elle fut vaincue par la force dans de nombreux combats, mais dans une guerre jamais. Corpet souligne que Tite-Live reprend la formule dans sa comparaison de Rome et d'Alexandre (9, 18, 9) : qui eo exlollunl, quod populus Romanus, etsi nullo bello, miiltis tarnen proeliis uiclus sit, Alexandro uero nullius pugnae non secunda fortuna fuerit, non intellegunt... C'est là que, pour Lucilius, se trouve l'essentiel : in quo omnia sunt ; pour l'expression, cf. 6, 9 : omnia in una / suni komini balga. Les succès de Rome sont dus à sa force morale ; cf Cic, Off. 3, 11... 28
M. Popilius Laenas, consul en 139, après sa sortie de charge, fut envoyé en Espagne en 138 ; il y subit une défaite grave devant Numance (cf. Liu., Per. 55) : M. Popilius a Numanlinis cum quibus pacem faciam inritam fieri senatus censuerat, cum exercitu fusus fugatusque est. Le verbe percrepare, dérivé de crepare, signifle faire sonner haut, mais aussi crier après, se plaindre bruyamment, cf. increpare ; le mot implique toujours une idée déplaisante, cf. Cic, Verr. 6, 31 : locum ilium litoris percrepare totum muliebribus uocibus cantique sympnoniae. Il faudrait donc que le poète dénonce l'échec de Popilius dans ses vers. Par contre (asyndète), il devrait chanter, canere, la victoire décisive de Cornelius Scipion Émilien, qui sut obtenir la reddition et la destruction de Numance en 134 ; ce sont des faits que Lucilius a vécus personnellement, puisqu'il accompagnait le général (cf. introduction) ; pour les célébrer, il devrait composer un carmen, à la fois poème et épopée. Dans le livre 15 des Annales, Ennius avait ainsi glorifié le siège d'Ambracie, qu'avait dirigé Fuivius Nobilior ; Naevius avait chanté le Bellum Punicum, après avoir pris part aux combats. Horace fait écho à ce vers quand il fait dire à Trebatius dans Sat. 2, 1, 16 : Atiamen et iustum poteras et scribere fortem / Scipiadam ut sapiens Lucilius. Il devrait chanter César comme Lucilius a chanté Scipion ; Porphyrion commente : si non potes gesta Caesar is scribere, at potes iustitiam el fortiludinem, ut Lucilius Scipionis fecit, qui uitam iliius priuatam descripsil, Ennius uero bella. Ce commentaire éclaire la signification du fragment : l'interlocuteur demande à Lucilius d'être un nouvel Ennius ; il doit jouer auprès de Scipion Émilien, le rôle qu'avait tenu l'auteur des Annales auprès du vainqueur de Zama.
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27 Un général fait réunir (cogère) l'assemblée des soldats (contionem) ; pour ce faire, on utilise le cor, cf. Gell. 15, 27, 2 : Curiata per lictorem eurialini calări, id est conuocari; cenluriala per cornifleem.Ce sont des pratiques de l'époque classique et il serait vain de retrouver ici un souvenir de la Grèce et, en particulier, de VArmorum iudicium de Pacuvius, comme le veut Marx. L'expression rauco sonito est un cliché de la langue noble, cf. terribili sonito (Ennius, Ann. 5), rauco cornu (Properce 3, 3, 41), rauca sonane (Verg., Aen. 9, 125), aeris rauci canor (Georg. 4, 71) ; curuis cornibus reprend une épithète homérique ; les deux expressions réunies forment un hendiadyn. Lucilius fournit ici un échantillon de style épique. Il s'essaie à montrer ce que donne, parée de tous les ornements du poème, la narration d'un acte tout simple que César, plusieurs années après, décrit en deux mote, cf. B.G. 5, 52 : Postero die conlione habita rem gestam proponit. 28 Lucilius décrit le siège d'une ville : comme dans 11, 3, il est ici question d'établir une terrasse qui permette d'approcher les tours d'assaut, aggere in iaciendo ; le verbe lacere se justifie, car c'est à l'aide de remblais que l'on construisait la plate-forme. Pour mener l'opération à bien, il fallait protéger les soldats à l'aide de baraques, uinea ; au fur et à mesure que le terrain était préparé, la baraque était avancée ; c'est la manœuvre que le fragment décrit comme nécessaire si quost uineis aclis opus ; quo (= aliquo) est ici un adverbe indéfini, cf. Liu. 26, 9, 9 : si quo usus operae sit, cf. César, ß. G. 2, 8, 5... Le mouvement libère un espace découvert entre les baraques et les tours d'assaut ; il convient que les soldats commencent (primum) par mettre tous leurs efforts (id dani operam ul) à réduire cet espace, en approchant le plus vite possibie (quam primum) les tours d'assaut : le verbe appeltere, pousser vers, faire aborder, avait peut-être un complément uineas, qui semble impliqué dans uineis. La manœuvre s'effectue très rapidement pour éviter toute riposte des assiégés, cf. César, B. G. 2, 12, 5 : celeriter uineis ad oppidum actis, aggere iacto, lurribusque conslitulis. Lucilius, dans le fragment, adopte le langage du technicien ; peut-être évoque-t-il les travaux d'Émilien devant Numance, cf. 11, 3. 29 Le poète (?) déclare à son interlocuteur que, dans le cas où une hypothèse se réaliserait, il aurait l'air d'un ignorant ou d'un illettré. Le mot idiota, qui apparaît pour la première fois
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en latin, est la transcription du grec Ιδιώτης, simple profane, étranger à un métier ; cf. Platon, Sophiste 221 с : καΐ μήν έκεΐνό γ' ήν το ζήτημα πρώτον, πότερον ίδιώτην ή τίνα τέχνην έχοντα θετέον εϊναι τον άσπαλιευτήν. Il serait tentant de supposer que ce vocable, caractéristique de la langue des écrivains et des artistes, apportait une réponse à la suggestion introduite par le fragment 26. Lucilius passerait pour un incapable s'il entreprenait une épopée au sujet de l'expédition de Numance. Cette interprétation est plausible ; mais elle n'est pas prouvée. 80 L'un des interlocuteurs conseille à son partenaire de prendre une occupation qui lui apporte la fortune et l'approbation de ses concitoyens : laus signifie louange, titre de gloire, mais n'implique pas du tout que le mérite soit véritable, cf. H 106 ; il s'agit simplement de publicité ; fructus suppose des avantages matériels ; cf. 19, 5 : sic tu Ulos fructus quaeras, aduersa hieme olim / quis uli possis... La plupart des éditeurs pensent que c'est Lucilius qui reçoit ici des conseils, et qu'on l'invite à abandonner son travail d'écrivain pour se tourner vers des activités lucratives. La situation serait comparable à celle qui est présentée dans Hor., Sat 2, 1, 10 : ... aude / Caesaris inuicti res dicere, multa laborum \ proemia laturus. Cependant les deux textes ne sont pas identiques ; Trébatius propose à Horace de changer de manière, mais de continuer à écrire. L'interlocuteur de Lucilius, si c'est bien lui qui parle, invite le poète à abandonner complètement la poésie et à entreprendre une carrière financière, cf. 26, 31. 31 La scriptura était un impôt levé dans les pâturages publics sur chaque tête de bétail, au-delà d'un nombre déterminé de têtes franches de taxe. La perception en était confiée à des fermiers, publicani, ou plus spécialement scriplurarii, pecuarii (cf. Ernout-Meillet) ; Festus (446, 23 M) : scripturarius : ager publicus appellalur in quo ut pecua pascantur cerium aes est, quia publicanus scribendo conflcit rationem cum pastore. Plaute indique nettement les fonctions de cet homme, cf. Truc. 144 : Nam aduorsum legem meam ob meam scripturam pecudem cepit. \ — Plerique idem quod tu facis faciunl rei male gerentes ; / ubi non est scripturam unde dent, incusant publícanos. / — Male uertit res pecuaria mihi apud uos; nunc uicissim / uolo habere aratiunculam pro copia hic apud uos. Lucilius repousse vivement l'idée d'être publicain ou percepteur des droits sur le bétail dans la province d'Asie : en ce qui concerne le fermage des terres de ce territoire (cf. supra, p. 123 note 2 ; tome 1, p. 87), il a certainement commencé vers 129 avant J.-C. Vieux propriétaire qui a ses domaines, et les aime, en Lucanie et en Sicile, le poète se refuse
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à devenir administrateur ; Lucilius ne veut être que lui-môme, uno hoc non muto omnia. Il se sacrifie pas sa vie entière au gain et à Гог (cf. H 37 : nequam aurum est). 82 La plupart des manuscrits ont pulices ; Terzaghi maintient cette leçon et comprend : je ne me laisse pas convaincre de changer mes puces. Il trouve dans cette tournure familière l'équivalent de Pétrone (57, 7) : Tu autem tam laboriosus es ut post te non respicias. In alio peduclum uides, in te ricinum non uides. Malheureusement, les puces n'interviennent jamais dans le proverbe. Les manuscrits L et BA donnent publiées ; Marx corrige en publicis, et interprète le mot comme un complément de mutare. Je l'ai suivi. Le fragment ne serait qu'une glose du fragment précédent ; Lucilius y affirme qu'il ne veut pas être publicain ; pour ce métier, il ne veut pas vendre ses terres, meos (aqros), pour obtenir en échange (mutem) une charge achetée aux enchères (pubHcis). 33 Avec une franchise bourrue qu'il emprunte à la comédie, un personnage, sans doute Lucilius (?), déclare qu'il reste comme il est et qu'on ne le changera pas (qui sum et quo folliculo nunc sum indulus). L'expression évoque Plaute, Men. 471 : Non hercle ego is sum qui sum ni hane iniuriam \ meque ultus pulchre fuero. ; elle se rencontre aussi dans Arnobe {Nat. 2, 76) : nihil est enim nobis promissum ad hane uitam пес in carunculae huius folliculo constitutis opis aliquid s pons um est. Le poète affirme qu'il veut rester lui-même et conserver son identité. C'est bien, semble-t-il, ce qui est en cause dans le fragment 31 : Publicanus uero ut Asiae ftamf ut scripturarius / pro Luciliot id ego nolo... Par son contenu et par son ton (id ego nolo et non quso ; pro Lucilio et qui sum...)t le fragment 33 est apparenté au fragment 31 ; mais il est cependant trop mutilé pour que la personne qui parle soit identifiée avec certitude. 34 Un personnage parle d'un technicien en affaires commerciales : c'est un affranchi (liberlinus)i non un homme libre ; un gibier de potence, tricorius, qui mérite trois fois le fouet, cf. Plaute, Poen. 138 : ... heri in tergo meo / tris facile corios uapulando consumpsil. Le mot convient pour un esclave de comédie, cf. trifurcifer (Aul. 326), triueneflca (Aul. 86)... ; c'est un Syrien et, ainsi que le rappelle Marx, les Syriens ont très mauvaise réputation, cf. Firm., Math. 1, 3, 3 : Scißhae... crudelitate grassanlur... Galli stolidi... auari Syri ; c'est un homme à
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fouet, masligias (cf. Plaute, Cas. 361 : Fodico corculum; adeudaseis iam ex melu, mastigia) ; en compagnie de ce personnage, le locuteur devient uersipellis ; il s'habitue à changer de peau, comme Jupiter dans Amphitryon (122) : In Amphiiruonis uertit sese imaginem / omnesque eum esse censent serui qui uident, \ ita uersipellem se facit, quando lubet. L'adjectif uersipellis, qui, apparemment, s'oppose à qui sum, à pro Lucilio des fragments précédents, s'applique sans doute à celui qui fait du commerce par l'intermédiaire de ses affranchis, cf. Petron. 76, 9 : Sustuli me de negotiatione et coepi per libertos faenerare. S'agit-il de Lucilius ou de son interlocuteur, d'un fait réel ou d'un fait imaginaire ? II est impossible de trancher.
85 Les dîmes, decimae, sont les redevances que devaient payer aux publicains les occupants des terrains cultivables de Vager publicus. En raison de la date de la composition du livre 26, il ne s'agit pas ici de la dîme instituée dans la lex de Asia par G. Gracchus, en 123 ; mais de l'impôt établi en Sicile par P. Rupilius, en 132. L'expression maie accipere implique tourment et hostilité, cf. Gic, Verr. 2, 140 : Iste, qui aliquanlo plus co g Hassel, male accipit uerbis Habonium ; Plaute, Aul. 630 : ego poi te, praestrigialor, miseris iam accipiam modis. Nonius montre que maie prouenire caractérise des événements déplaisants. Dans Men. 964, Plaute fait dire à l'un des jumeaux, chassé de chez lui par sa femme et chassé de chez sa maîtresse : Nimis prouentum est nequiter. Une situation aussi déplaisante se rencontre dans Most. 414 : ... id uidendum est... quae dissignala sint et facta nequiter / tranquille cuneta et ut proueniant sine malo. Apparemment, le vers de Lucilius suggère que ce n'est pas le publicain qui parle, mais le locataire de Vager publicus. Il est possible que ce soit le poète, qui détenait des terres en Sicile (cf. 3, 6 ; 6, 21).
86 Un personnage (Lucilius ?) expose son expérience de la gestion commerciale : il procède à des ventes qui rapportent des sommes dérisoires (nummo) ; tradere porro est ici synonyme de uendere foras, cf. Ovide, Met. 8, 8 7 2 ; Tite-Live 27, 51, 4. Cichorius ( Untersuch, zu Lucii., p. 103), Schmitt (op. cit., p. 24) comprennent alias comme équivalent de alio, l'adverbe de lieu. Ils pensent qu'il s'agit de livraisons aux greniers publics (horrea publica). C'est un fermier de Vager publicus qui parlerait : quand la récolte est mauvaise, il est accablé par les dîmes (cf. fragment 35) ; quand la récolte est bonne, sa situation financière n'est pas meilleure : il doit effectuer des livraisons très importantes afin de compenser le déficit des années antérieures. Dans cette perspective, quod mihi constat carius introduit un commentaire ;
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le fermier note qu'une telle pratique lui revient encore plus cher. Cette interprétation sollicite trop un contexte sur lequel nous ne possédons aucune indication explicite. En particulier, rien n'autorise à affirmer catégoriquement que le vers se situe à l'intérieur d'un développement sur l'avidité des publicains. C'est pourquoi il semble préférable d'admettre, ainsi que le fait Warmington, que le passage forme un tout et que la proposition quod mihi constai carius est l'objet de trado. Le fragment prendrait place parmi des considérations sur l'économie domestique : il faut se débarrasser, môme en les vendant à perte, des biens dont la conservation entraîne de trop grandes dépenses. 37
Le fragment renferme deux images empruntées au monde des cultivateurs : celle du vent qui souffle en tourbillons (difllatur), celle du gel qui durcit les objets (obrigescit), cf. Lucrèce 5, 215 : ... aut nimiis torret feruoribus aelherius sol, \ aut subiti peremunt imbres gelidaeque pruinae, / flabraque uentorum uiolento turbine uexant. Le fragment se situait-il dans un développement sur les risques courus par les agriculteurs, ou à l'intérieur d'une comparaison ? Il est impossible de trancher. 38 On demande à un individu s'il préfère (malis) refuser de manger si on lui offre une nourriture simplement préparée, pure lautum. L'expression est commentée par Festus (p. 243 M) : pure laulumt aqua pura laualum. Elle illustre le uiclus tenuis, par opposition au uiclus sordidus et au uictus exquisitus. Le premier terme caractérise une frugalité et une simplicité qui favorise la santé (Hor., Sat. 2, 2, 70) ; le second la ladrerie de celui qui se nourrit d'olives datant de cinq ans, de cornouilles sauvages, d'huile rance... (Hor., Sat. 2, 2, 55) ; le troisième les raffinements excessifs de ceux qui commettent des excès (Hor., Sal. 2, 2, 73). Le fragment peut s'adresser à un raffiné ou à un avare. Si l'on confronte le vers avec le fragment 39, c'est cette dernière solution qu'il faudrait sans doute retenir. 39 L'expression mordicus petere aurum e fiamma a valeur proverbiale, cf. Térence, Eun. 491 : E fiamma petere ie cibum posse arbitror. Cf. Pétrone 43 : Ab asse creuit et paralus fuit quadranlem de stercore mordicus petere ; Plutarque, Crassus 2 : τα δέ πλείστα τούτων, εΐ Bei μετά βλασφημίας είπεϊν το αληθές, έκ πυρός συνήγαγε καΐ πολέμου. Lucilius se sert de la tournure pour dénoncer l'avidité insatiable du personnage, cf. Hor., Sal. 1, 1, 38.
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Il est impossible de reconstituer le mouvement exact de la phrase, de préciser l'identité du sujet de uident et de pulani, de définir les biens, bona, dont il est ici question. Marx pense qu'il s'agit d'un philosophe épicurien : si les citoyens le voient toujours en quête de choses bonnes et s'ils pensent que la recherche du plaisir est indigne d'un homme, ils se trompent lourdement. Cette interprétation sollicite trop le texte. L'expression bona petere (cf. T.R.F., 277 Ribb.) n'implique pas forcément une référence à Epicure ; on en retrouve les éléments dans la définition de la vertu (H 23).
41 La particule ue- a valeur privative ou péjorative. Festus (512, 6) la définit uegrande significare alii aiunt male grande ut uecors, uesanus, mali cordis maleque sanus. Alii paruom, minutum, ut cum dicimus uegrande frumenlum et Plautus in Cistellaria (378) 'Quin is, si ilura^s; nimium is uegrandi gradu \ L'explication ne s'accorde guère avec celle que propose Nonius, uegrande, ualde grande. Marx pense, avec raison, que le lexicographe, dans sa glose, s'est laissé abuser par la double négation non-пес. Le mot appartient à la langue des paysans (cf. Ovide, Fast. 3, 445 : uegrandia farra coloni quae male creuerunt, uescaque parua uocanl ; Fest. 379, 5 M ; Varron, R.R. 2, 2, 13...) Pour l'emploi de extollere, cf. Lucrèce 2, 594 : Tum porro nítidas fruges arbustaque laeia / geniibus humanis habet unde extollere possit... Apparemment le vers, dans un style agreste, rejette l'une des justifications que les hommes prêtent à leur vie. Il peut s'agir du plaisir (hypothèse de Marx), comme de tout autre chose. 42 L'expression est très familière : Lucilius se plaît à philosopher avec des termes très concrets, voire triviaux (cf. fragment 41). La plupart des éditeurs rapprochent ce fragment et le fragment 33, où l'image est à peu près la même, qui sum et quo folliculo sum indutus ; dans les deux cas, il s'agit d'un sac, cf. Nonius : bulga est folliculus omnis. Toutefois le contexte est très différent : 1) dans le fragment 33, Lucilius insiste sur ce qui lui appartient personnellement, sur son individualité ; il est question du sac de peau qu'il a conservé depuis sa naissance, et qui lui donne sa personnalité : qui sum. 2) dans le fragment 42, la situation est inverse ; ce n'est pas l'originalité de chacun qui s'y trouve soulignée, mais au contraire l'uniformité de la condition humaine ; il ne s'agit pas de qui sum mais de quisque nostrum ; il ne s'agit pas d'une mère ayant telle affectivité ou telle personnalité mais de la fonction de la mère bulga matris. Ou bien l'expression est
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l'équivalent d'une sorte de proverbe en forme de lapalissade et, par conséquent, ressortit à l'agrément d'une conversation sans contrainte, sermo ; ou bien elle entre dans une démonstration et insiste sur le sort commun des mortels. 48-44
Les jeux de gladiateurs ne semblent guère appréciés de Lucilius ; ils font sans doute partie de ces plaisirs dont le sage se détourne. Dans le livre 3, le poète tourne en ridicule le spectacle qui est donné dans une ville d'étape. Ce sont des plaisirs du peuple, auxquels il renonce : cette aversion est partagée par de nombreux Romains, cf. Cic, Fam. 7, 1, 3 : Non pulo te Graecos aut Oscos ludos desiderasse, praeserlim cum Oscos uel in senatu üêitro іркіаге poiêii, Graêcos ita non amu ut ne ad uillam quidem tuam uia Graeca ire soleas. Nam quid ego te athlelas putem desiderare, qui gladiatores contempseris? in quibus ipse Pompeius confltetur se et operam et oleum perdidisse. Il arrive très souvent que des citoyens eminente quittent Rome pendant l'une de ces représentations, cf. Cic, AU. 2, 1 : Kal. Juniis eunti mihi Antium et gladiatores M. Melelli cupide relinquenti, uenit obuiam puer tuus; De Orat. 1, 24 : Quom igitur uehementius inueherelur in causam principum consul Philippus Drusique tribunatus pro senalus auctoritaie susceplus infringi iam debililarique uideretur, dici mihi memini ludorum Romanorum diebus L. Crassum quasi colligendi sui causa se in Tusculanum contulisse. Les jeux étaient souvent l'occasion de manifestations politiques ; c'était une raison supplémentaire pour éviter d'y assister. Metellus est Γ adversaire de Scipion Émilien ; c'est lui qui, avec l'appui de Scaevola, avait dans un premier temps soutenu, à leurs débuts, les entreprises de Tiberius Gracchus. Il représente le parti de l'argent et des opportunistes. Lucilius englobe toute la famille dans son aversion, Quintus Caecilius Metellus Macedonicus (consul en 143), son ills C. Caecilius Metellus Caprarius (consul en 114), cf. 5, 24 et H 86, et, éventuellement, C. Servilius Vatia, son gendre (28, 42). Comme dans le fragment 4, 1, on ignore pour quelle circonstance les jeux avaient été offerts (muñere) ; selon les mœurs de l'époque, ils devaient s'accompagner d'une mise en scène extraordinaire. Lucilius quitte Rome : repedare est un verbe archaïque, appartenant sans doute à la langue familière (pes) ; l'expression forumque uitat se rencontre dans Horace {Epod. 2, 7) ; c'est d'après elle qu'ont été établies les corrections Romam uitel et Roma iam (les manuscrits ont Romam). Marx maintient la leçon des manuscrits, sanctum, qu'il interprète comme le supin de saneio ; Lachmann lit hane tum, Fruter Antium ; Terzaghi, après Schmidt, juge qu'il s'agit de l'adjectif sanctus et qu'il se rapportait au lieu vers lequel le poète se dirigeait, peut-être au sanctum Albanum nemus (14) où se trouvait la villa d'Émilien. J'ai préféré suivre Marx, en supposant que le complément du supin sanctum se trouvait dans le vers précédent.
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45 Un individu tache ses habits, uestimenta eleuii lulo (le verbe elino n'est attesté que dans Lucilius). Sa maladresse (inprudens) provoque un grand rire (risum magnum) bruyant (cachinnum). Toute incongruité dans la toilette suscite de telles réactions de la part de l'assistance, cf. Hor., Sat. 1, 3, 30 : ... rideri possil eo quod I rusticius tonso toga defluii el male laxus / in pede calceus haeret. Cf. Ер. 1, 1, 94 : Si curalus inaequali tonsore capillos / occurri, rides; si forte subucula pexae / trita subest lunicae, uel si toga dissidet impar, ¡rides... Terzaghi signale avec raison que la situation dans le vers de Lucilius est très différente ; le poète indique que ce n'est pas par son étourderie, mais par son inattention passagère que le maladroit fait rire ; il s'agit sans doute d'un élégant qui s'était habillé avec le plus grand soin et dont tous les efforts sont réduits à néant par cet accident fâcheux. Il sufllt d'un peu de boue pour détruire le plaisir qui naît de la toilette (ici ab eo = inde). 46 Le vers démarque l'Hymnis de Cécilius {C.R.F. 70 Ribb.) : Mihi sex menses salVsunt uilae, septimum / Orco spondeo. Ciceron en donne le commentaire suivant dans Fin. 2, 22 : Sed tarnen nonne reprenderes, Epicure, luxuriosos ob earn ipsam causam quod ita uiuerent, ul persequerentur cuiusque modi uoluptates, cum esset praesertim, ais tu, summa uoluplas nihil dolere? Alqui reperiemus asólos primum ita non religiosos ul ' edinl de patella ', deinde ila mortem non límenles ul illád ex ore habeant ex Hymnide... Iam doloris medicamenta illa Epicurea tamquam de narlhecio proment 'Si grauis breuis; si longus, leuis '. Verum néscio quo modo possit, si luxuriosus sit, finitas cupidilaies habere. Lucilius décrit des hommes qui préfèrent prolonger leur vie de débauche pendant six mois (sex menses uitam ducunt), c'est-à-dire pendant un temps très court (cf. Plauto, Trin. 543, nemo extat qui ibi sex menses uixeril), même s'ils doivent abandonner le septième à Orcus, c'est-à-dire au démon de la mort. L'expression imagée et proverbiale contient la critique du plaisir, sur le ton de la philosophie populaire. 47 Pendant sa censure, en 131, Q. Caecilius Metellus Macedonicus (cité dans 26, 43-44) soutint devant le peuple l'avis qu'une loi devait contraindre tous les hommes à prendre femme pour avoir des enfants. Son discours de proie augenda connut, au temps d'Auguste, quand l'empereur élaborait sa loi sur le mariage, un regain d'actualité (Carcopino, op. cit., p. 232). Aulu-Gelle en a
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transmis un passage : Si sine uxore pos s emus, Quirites, esse, omnes ea molestia careremus sed quoniam ita natura tradidit ut пес cum Ulis satis commode, пес sine Ulis ullo modo uiui possit, saluti perpetuae polius, quam breui uoluptati consulendum (1,6). Lucilius fait directement allusion à ce discours, dont il reprend l'un des termes essentiels, molestia. Il faut que les hommes s'imposent volontairement (ultro) l'ennui (molestia), la souffrance [aerumna est plus fort que dolor) de prendre femme (ducunl uxores), d'avoir des enfants (producunt, avec jeu de mots sur ducunl, producunt), personnages qui leur font subir de nombreux tourments (haec reprend ici aerumna et molestia). Le fragment prend place parmi les vers où Lucilius manifeste son opposition aux femmes et à la famille, cf. livres 8 et 29, qui dépensent, dilapident, asservissent. 48 En un seul vers, Lucilius résume toutes les calamités du mariage (il les souligne par plusieurs allitérations, infidam, flaccam, familiam) : — 1) infidélité de la femme : coniugem infldamque ; il manque certainement un adjectif coordonné à infldam ; Marx et Terzaghi suggèrent adulteram ; dans les satires, l'adultère est la caractéristique essentielle de la femme mariée (cf. 15, 13) ; il apparaît dans les anecdotes des livres 28 et 29, dans les considérations morales du livre 8 ou du livre 30, cf. 87 : aul cum iter est aliquo et causam conmenta uiai / aut apud auri fleem, ad malrem, cognalam, ad amicam. Les femmes s'entourent de serviteurs aux fonctions mal déflnies ; elles font ripailles avec leurs amies... — 2) domesticité amollie, flaccam familiam : les manuscrits ont flaticam. L'adjectif n'existe pas ; Marx corrige en placitam, mais le mot s'accorde mal avec le contexte ; Boeckh lit palhicam ; paléographiquement, la lecture flaccam, que suggère Mariotti, est beaucoup plus simple (le changement de с en f est très fréquent) ; le terme signifierait amolli, cf. flacceo (cf. 8, 7), et efféminé. — 3) maison marquée par la souillure, inpuram domum : pour Lucilius, l'idée de famille, en tant que cellule de la gens, semble laisser la place à l'idée de maison : l'infidélité de la femme retombe sur les esclaves, sur la propriété. La maison marquée par la souillure, c'est celle où (30, 93) : lana, opus omne perit, pallor, tiniae omnia caedunt, où les esclaves volent tout (30, 95), où vivent des inberbi androgini, barbali moechocinaedi (30, 89). Apulée décrit un ménage semblable, cf. Apol. 75 : domus eius Iota lenonia, tola familia contaminala; ipse propudiosus, uxor lupa, filii similes prorsus diebus ac noctibus ludibrio iuuentutis ianua calcibus proculcata, feneslrae canticis circumstrepiiae, triclinium comissatoribus inquietum, cubiculum aduiteris peruium. Lucilius présente une femme qui est la négation même des vertus d'une vraie romaine, dont les mérites, sur une urne funéraire, sont résumés par la formule {CLL. 1, 1007) : Casta fuit, domum seruauit, lanam fecit.
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49 Véritable locus de mulieribus (cf. 27, 28; 29, 13; 30, 73; 30, 77...), la satire emprunte à la comédie le thème de la femme dépensière, cf. Plaute, Truc. 51 : Priusquam unum dederis, centum quae poscat, parał... Le fragment renferme quatre formes verbales, de création burlesque : depeculassere, deargentassere, decalauticare, des ρ eculassere. Trois d'entre elles sont apparentées aux désidératifs sigmatiques qui caractérisent la langue archaïque (cf. Plaute, Amph. 210 : oppugnassere) Le préverbe de- marque l'éioignement, possède une valeur privative et diminutive. Si l'on s'en tient au sens propre, la femme en cause espère (sperane) qu'elle dépouillera son amant, qu'elle lui prendra ses économies, son argenterie, ses chapeaux de mode, ses miroirs. L'expression n'a pas grand sens ; mieux vaut croire avec J. Heurgon que ce sont des formations analogiques de deperdere. La belle veut que l'amant dépense tout son argent en chapeaux et en miroirs. Elle travaille à le piller {depeculasseret cf. peculium) en coupes (cf. Dinarchus qui, dans Truc. 53 parle de vases d'argent), avec de l'argenterie, avec des chapeaux (calautica est défini par Servius, Ad Aen. 9, 613 : mitrae feminarum quas calauticas dicunt), avec des miroirs (speculum). 50 Un homme expose sa conduite envers une femme qui réclame des cadeaux, si rogel ; dans V Aulularia, Mégadore lui aussi envisage cette possibilité ; si les réformes qu'il propose aboutissent (498) : Nulla igitur dicat : Equidem dotem ad te adtuli / maiorem mullo quam tibi erat pecunia. / Enim mihi quidem aequum est purpuram atque aurum dari / ancillas, mulos, muliones, pedisequos, / saluligerulos pueros, uehicla qui uehar... Pour sauvegarder son bien, le personnage prend pour principe de ne pas donner en fer, produit encore moins coûteux que le bronze, ce que la femme réclame en or. Il envisage que la dame riposte : elle peut faire chambre à part, secubitare ; après une dispute, Pomponia utilisa cette vengeance contre Q. Cicerón, qui raconta la chose à son frère (AU. 5, 1, 4) : Quintus .. Aquinum ad me postridie mane uenit mihique narrauit пес secum Ulam dormire uoluisse et, cum discessura esset, fuisse eiusmodi qualem ego uidissem. Si elle agissait de la sorte, le mari a lui aussi prévu sa riposte : il ne donnerait plus rien, quae roget, non impetrel. A travers les Satires, la vie de ménage se présente comme une série d'escalades et d'interdits par lesquels chacun des époux tente d'asservir l'autre, cf. 30, 96... 51 Le fragment cite plusieurs instruments qui interviennent dans la vie d'une maîtresse de maison : cribrum, incerniculum désignent
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le crible et le tamis ; le premier sert à passer les produits solides, le second les produits liquides ; cf. Caton, Agr. 13, 1 : eo cribro terram incernito. Ce sont ici des outils de cuisine ; lucerna, la lampe à huile, est l'apanage de la femme, qui est responsable de l'éclairage ; licium, lalerem et telam se rapportent à la technique du tissage : avec la lisse, lici urn, on sépare les fils de la chatne de manière à laisser passer la navette et le fil de la trame (tela), cf. Virgile, Géorg. 1, 285 : et prensos domilare boues et licia telae / addere... Par extension, licium a fini par signifier toute espèce de fil ; cf. Virgile, Bue. 8, 73 : Terna tibi haec primum triplici diueraa colore I licia circumdo... C'est le cas dans le fragment : la bonne ménagère réclame du fil pour la trame {in telam, in ayant valeur finale). Later désigne primitivement une brique faite de terre crue ou cuite. Après Buecheler, Terzaghi a donné au mot le sens de peson, comprend qu'il s'agit des poids qui tendent les fils de la chatne et, par conséquent, supprime in ; c'est trop de désinvolture envers les manuscrits, d'autant que Marx a expliqué très clairement l'expression. Celle-ci se trouve dans Tibulle (2, 1, 65) : alque aliqua adsidue texlrix operata mineruam / canlat et a ρ pulso tela sonat latere. L'opération est décrite en détail par Ovide {Met. 6, 55) : Tela iugo uincta est, stamen secernit harundo. / Jnseritur medium radiis subtemen aculis, / quod digiti expediunl alque inter slamina dudum / percusso pauiunt insedi pectine dentes. La trame résonne quand cet instrument est approché ; quelques éditeurs pensent que laler désigne le peigne de tisserand ; le mot ne convient guère, car jamais l'on n'a retrouvé de peigne de tisserand en poterie, ce que suppose cependant le mot later. D'autre part, le peigne de tisserand n'est pas simplement adpulsus, mais, selor Ovide, percussus : il faut le ramener violemment sur la chaîne, en frappant. Une seule solution reste possible : later désigne la navette ; un morceau de poterie sur lequel on enroule le fil peut très bien en tenir lieu. La bonne ménagère demande du fil pour la navette, in lalerem.
52 Le fragment renferme une série de ' commandements ' adressés à l'épouse : — 1) elle sera la garde-malade de son mari, cf. 27, 29... — 2) elle subviendra aux frais, sumlum ... praebeat. L'expression est ambiguë ; elle peut désigner l'argent que les parents remettent à leurs enfants pour leurs menus frais, cf. Ter., Heaut. 205 : Vnius modi sunt ferme, paulo qui est homo lolerabilis : / scortari crebro nolunt, nolunt crebro conuiuarier, / praebent exiguë sumlum... Il est difficile de croire que la femme doit entretenir l'homme. Marx en a conclu qu'il n'était pas ici question d'une femme, mais d'un ami qui accomplit ses devoirs envers son ami, et il reconnaît ici les préceptes d'Épicure ; cf. Sen., Ер. 9, 8 : ut habeat qui sibi aegro adsideat, succurral in uincula conicelo, uel inopi. Sénèque commente {Ep. 78, 4) : Nihil aeque ... aegrum
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reficit atque adiuuat quam amicorum affectus. Cela relève du iueri et non du curare, qui implique toujours dans Lucilius l'idée de besogne matérielle, cf. 3, 21 : tempus curando corpor i honestum ; 30, 88 : curare domi sint... ancillae ... Curieux ami que celui qui serait parcimonieux, cf. la glose de Nonius : genium, parsimoniam. Il vaut mieux en revenir à l'interprétation qui veut qu'ftomim' soit le mari. Terzaghi note que praebere homini sumtum ne signifie pas nécessairement praebere id quod sumtum ab homine est. Il propose de comprendre praebere homini sumtum quod ab ea est factum. Ce que la femme doit payer, ce sont les frais qu'elle engage en s'achetant des objets de luxe, cf. Piaute, Aul. 498. — 3) elle se traitera durement, genium suum defrudei. L'expression, inverse de genio indulgere, implique que le personnage vit chichement, cf. Tér., Phorm. 44 ; Piaute, Aul. 724... — 4) elle épargnera le bien d'autrui : ce principe d'économie n'est que le corollaire de genium suum defrudet ; le commentaire de Nonius en apporte la preuve ; alieno forme neutre, désigne les biens du mari. 63 Delirare, de lira, le sillon, c'est quitter le sillon que l'on traces cf. Varron, αρ. Velius Longus, G.L.K. VII, p. 73, 2 : sicuti bouea cum se a recto actu operis detorserint delirare dicuntur, sic qui s recta uia uitae ad prauam déclinant, per similitudinem translationi, item delirare dicuntur. En envisageant l'idée de prendre femme, le poète renonce à tous les principes qu'il a posés pour diriger sa vie. Pourtant il n'envisage même pas de se marier par amour ; le mariage n'est pour lui que l'accomplissement d'un devoir, officium (fungor est toujours construit avec l'accusatif dans Plaute) : il accomplit la tâche d'un homme désireux d'avoir des enfants ; pour la forme liberum, cf. Cic, Orat. 155 ; officium évoque l'obligation imposée par la loi sur le mariage proposée par Quintus Caecilius Metellus Macedonicus, cf. 26, 47 ; il est possible que le mot évoque également le devoir que définissent les stoïciens, cf. Cic, Off. 1, 11 : Principio generi animantium omni est a natura tribulum ut se uitam corpusque tueatur declinei ea quae nocitura uideantur, omniaque quae ad uiuendum sint necessaria anquirat et parel... Commune autem animantium omnium est coniunclionis appelilus, procreandi causa ei cura quaedam eorum quae procreata sint. Le fragment prend place parmi les vers contre les femmes, cf. 26, 50 ; 26, 52...
54 Dans sa recherche de la sagesse, l'homme raisonnable s'établit au calme, in tranquillum, loin de l'agitation des tempêtes que sont les passions. L'image se trouve dans Lucrèce 5, 9 : qui princeps uitae rationem inuenit earn quae j nunc appellatur sapientia, quique per artem \ fluclibus e tantis uitam tantisque
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tenebris / in tam tranquilla et tam clara luce locauit. Marx rapproche du texte môme d'Épicure {Epist. 1, p. 4, 8 Vs) : 6θεν δη πάσι χρησίμης οΟσης τοις φκειωαένοις φυσιολογία της τοιαύτης όδοΰ παρεγγυών το συνεχές ενέργημα έν φυσιολογία καΐ τοιούτω ¡χάλιστο έγγαληνίζων τφ ßicp... cf. Epist. 3, p. 62, 17 Vs : 6ταν δέ άπαξ τοΰτο περί ήμας γένηται, λύεται πας ό της ψυχής χειμών. 55-7 Les trois fragments marquent le désaccord fondamental qui sépare l'auteur et son interlocuteur. Les positions sont très tranchées ; d'un côté, magno opere, summis opibus, in primis ; de l'autre, uehemenler, summis opibus, effugiam. Ce que l'un prend à cœur (cordi est), déplaît à l'autre (displicei), ce que l'un désire atteindre (cupere apisci)ţ l'autre le rejette (effugiam). Chacun des protagonistes se définit comme le refus d'être ce que l'autre représente, at ego contra ut dissimilis siem. Pour autant que l'on puisse en juger, le débat porte sur le rôle de l'écrivain en face de son public (5-22), sur la place que le créateur doit accorder à l'actualité (23-29), sur la richesse (30-40), sur le plaisir (41-54)... L'interlocuteur semble défendre tous les lieux communs de la réussite intellectuelle et sociale qui résument les aspirations d'un Romain de l'ordre équestre dans le deuxième siècle finissant. Il représente la multitudo (il n'est pas indifférent que la plupart des exemples mettent en cause la troisième personne du pluriel, cf. 26, 46 : uitam ducunt ; 26, 47 : homines ; 26, 40 : uident...). Il est l'expression de cette majorité d'hommes qui, par opposition aux pauci ac sapientes dont parle le fragment 7 du livre 14 (non paucis malle ac sapieniibus esse probatum / ή πασι νεκυέσσιν καταφθιμένοισιν άνάσσειν), se définit nécessairement comme celle des multi ас slulti aut insani (cf. 29, 1). 58 Les manuscrits ont re ; tous les éditeurs ont rétabli rere depuis Junius. Tel qu'il a été reconstitué, le vers répond à deux autres vers :— 1) il précise le fragment 55 : quod tibi magno opere cordi est est repris par tibi porro istaec res est cordi. Si l'interlocuteur tient tant aux principes qu'il soutient, c'est parce que (quod), à son avis, ils sont utiles, rere utilem (s. e. esse earn rem) ; le quod du fragment 55 est commenté par res ; res est expliqué par la proposition causale du fragment 58. — 2) il s'oppose au fragment 2 du livre 5 où le poète écrit : si tam corpus loco ualidum ac regione maneret / scriptorisf quam uera manet sententia cordi. Dans le cœur, cordi, le poète met uera sentenlia, alors que l'interlocuteur ne met que res utilis rata. L'opposition de ces deux notions est fondamentale : uera sententia, le jugement vrai, est la caractéristique essentielle de l'homme de bien, cf. 27, 7; SN 1... La moralité exclut le changement ; elle est constaniia et aequabililas, 26
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cf. Gic, Tuse. 4, 34..., notions qui manifestent l'activité de la droite raison comme fondement de la vertu, du juste et de l'honnête qui s'identifient avec l'utile, cf. H 23 : uirtus, scire homini recium, utile quid sit, honestum / quae bona, quae mala item, quid inutile, turpe, inhoneslum. Cf. Cie, Off. 2, 10. Res ulilis rata fait jouer des concepts bien différents : l'emploi du verbe reor dans les Satires met en cause une opinion essentiellement subjective et moralement pernicieuse. Dans 6, 18 : peccare inpune rati sunt / posse et nobilitale facul propellere iníquos, l'orateur du parti populaire déclame contre les nobles qui se sont imaginés qu'ils pouvaient faire le mal impunément. L'expression implique un jugement qui repose non pas sur la raison, mais sur la passion, cf. Cie, Tuse. 4, 34 : Huius igitur uirtulis contraria est uitiositas ... ex qua concilantur perturbailones quae sunt... turbidi animorum concitalique motus, auersi a ratione et inimicissimi mentis uilaeque tranquillae. Inportant enim aegriiudines anxias atque acerbas animas animosque adfligunt el debilitant melu ; Udem inßammant adpelitione nimia, quam tum cupiditatem, tum libidinem dieimus, inpolenliam quamdam animi a temper antia el moderatione plurimum dissidenlem. Par res ulilis rata, l'utile est défini comme la satisfaction momentanée d'un désir ; il n'est pas la vertu produite par la droite raison. 59 Tous les hommes pensent qu'ils échapperont à la maladie, aegriludo ; l'absence de tout contexte interdit de savoir si leur erreur vient de leur déraison, de leur confiance excessive dans les règles d'hygiène, de leur orgueil...
60 Lucilius cite son expérience personnelle ; siccus signifie sec, c'est-à-dire débarrassé des humeurs qui corrompent le corps ; l'adjectif est synonyme de sanus, cf. Cie, Brut. 202 : nihil erat in eius oratione nisi sincerum, nihil nisi siccum alque sanum. Syntaxiquement stadio et gymnasio sont sur le même plan que in duplici pila, le jeu de la double balle, dont on ne connaît rien de précis, mais dont on peut supposer qu'il ressemblait au jeu de paume, cf. 9, 21 : pilam in qua lusimus. Les deux mots ne désignent pas un lieu, mais un type d'exercices, la course, et la pratique des disciplines athlétiques. Marx rappelle que les médecins donnent une telle signification à γυμνάσιον, cf. Plutarque, De san., 6, p. 124 E : ώσπερ γαρ ... τω Σωκράτει γυμνάσιον ήν ουκ αηδές ή ορχησις ; cf. Placid., С. G.L. V, 24, 11. Ces sports n'étaient pas pratiqués dans la Rome du deuxième siècle ; il est probable que Lucilius évoque ici l'un de ses séjours en Grèce, comme le suggère le plus-que-parfait du subjonctif.
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61 La fièvre se manifeste par une impression de froid, frigus et par des frissons, horror ; cf. Celse 3, 3, p. 77, 21 Daremb. : Aliat enim protinua a calore incipiunt, aliat a frigore, aliat ab horrort (autres références dans Marx). Le meilleur remède consiste à se couvrir, cf. Celse 3, 6, p. 86, 27 Daremb. : ... tune dtmum dari polui calidam aquam cuius salubris effectue est, si sudorem per omnia membra diff undit. Huius auttm rti causa contintrt aeger sub utstt satis multa manus dtbtt eademque crura pedesque contegere: qua plerique aegros in ipso febris impetu male habent. 62
J'ai suivi le texte du manuscrit G de Nonius qui donne la leçon uescum cum fastidio ; Gerlach et Marx éliminent cum fastidio. Il s'agit d'un malade qui a la nausée ; il préfère subir des mésaventures que nous ignorons (la mort ? un traitement énergique ?...) plutôt que de vivre sans appétit. 63 La vie ne dure que quelques jours, paucorum (s. e. dierum est) si l'on prive complètement un homme de nourriture. La mort intervient avant le neuvième jour, internundino ; les nondines sont les marchés qui se déroulaient à Rome tous les neuf jours ; sur le modèle de propemodo (Plaute, Trin. 780), de exaduorso (29, 57), Lucilius construit un adverbe en -o. Le thème de la fragilité du corps qui exige des soins continuels appartient au fonds commun de la diatribe morale des cyniques et de la philosophie antique. Presque toutes les réflexions sur la condition humaine l'abordent, cf. Lucrèce 1, 809 : Scilicet et nisi nos cibus aridus et tener umor / adiuuet, amisso iam corpore uita quoque omnis I omnibus e neruis atque ossibus exsoluatur. Il intervient en particulier dans Panétius qui se sert de l'existence de la douleur pour prouver que l'âme n'est pas immortelle (Cic, Tuse. 1, 79). 64 Les Anciens donnaient le nom de φυσικοί aux philosophes dont l'œuvre accordait une large place à la physique, à la médecine, cf. Thaïes, Anaximandre, Anaximène, Heraclite, Empedocle ; en gros, le terme peut recouvrir l'idée de naturaliste (?), cf. Cic, De Oral. 1, 217 : 7 : eademque raiione dicantur ei quos φυσικούς Graeci nominant idem poelae, quoniam Empédocles physicus egregium poema fecerit. Ces auteurs affîrment en premier lieu (principio, pour l'emploi du mot, cf. Lucrèce 1, 271 Principio uenti uis uerberat incita pontúm) que l'homme est composé de deux éléments : l'âme et le corps. Lucilius les
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distingue pour les confronter dans les fragments 65 et 66, qui opposent corpus et animus, La comparaison ne se Jimitait certainement pas à deux vers, et il semble bien que s'y trouvent englobés tous les fragments de 59 à 68. Le poète y développerait le thème : de même qu'il existe des maladies du corps, il existe des maladies de l'âme ; de même qu'on soigne les maladies du corps, il faut soigner les maladies de l'âme. Cicerón traite ce sujet dans de nombreux chapitres des Tusculanes et tout particulièrement dans 4, 28 : Quo modo autem in corpore est morbus, est aegrotalio, est uitium, sic in animo. Morbum appellant totius corporis corruplionem, aegrotationem morbum cum imbecillitale, uitium cum parles corporis inier se dissident ex quo prauilas membrorum, distortio, deformitás. Itaque Ula duo, morbus et aegrotatio, ex lolius ualetudinis corporis conquassatione et perlurbatione gignuntur, uitium autem integra ualeludine ipsum ex se cernitur. Sed in animo tantum modo cogitatione possumus morbum ab aegrotalione seiungere; uitiositas autem est habitus aut adfectio in tota uita inconstans et a se ipsa dissentiens. Ita {il ut in altera corruptione opinionum morbus effìcialur et aegrotatio, in altera inconsiantia et repugnantia ... Atque ut in malis attingit animi naturam corporis similitudo, sic in bonis. Sunt enim in corpore praecipua pulchriludo, uires, ualetudo, firmitas, uelocitas, sunt item in animo... Si l'argumentation de Lucilius est, dans ses grandes lignes, semblable à celle de Cicerón, son raisonnement pourrait être le suivant : tous les hommes s'imaginent à tort que la santé est l'état naturel du corps (59) ; pourtant pour la conserver, il faut pratiquer des exercices physiques (60) ; sinon la maladie survient, la fièvre se soigne avec quelques remèdes simples (61) ; la nausée est insupportable (62) ; la privation de nourriture entraîne la mort (63). De même la vertu n'est pas un état, elle suppose un entraînement journalier, sinon la passion survient ; un désir peut se guérir, mais la déraison complète entraîne la mort de l'âme.
65-6 Marx note que Lucilius distingue entre animus et anima ; le premier est l'équivalent sémantique du grec θυμός et désigne le principe pensant ; le second correspond à ψυχή, le souffle, Vair. Anima (64) et animus (65-6) s'opposent à corpus et s'opposent entre eux : Les anciens s'efforcent de séparer les deux mots, du moins à Vorigine (Ernout-Meillet), cf. Accius, Trag. 266 sapimus animo, fruimur anima; sine animo anima est debilis. Toute maladie de l'esprit affecte aussi le corps ; toute souffrance du corps affecte aussi l'esprit. L'idée est développée par Aristippe, cf. Diog. Laërt. 2, 8, 94 : τήν εύδαιμονίαν δλως αδύνατον είναι · το μέν γαρ σώμα πολλών άναπεπλήσθαι παθημάτων, τήν бе ψυχήν συμπαθεΐν τώ σώματι καί ταράττεσθαι... (cf. Terzaghi, op. cit.T p. 131).
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67 Avant de prescrire des remèdes (priusquam), le médecin commence par ausculter (tangere) les veines et le cœur du patient, cf. Perse 3, 88 : înspice, néscio quid trepidat mihi pectus et aegris / fauci bus exsuperat grauis halitus, înspice sodes / qui dicit medico, iussus requiescere... cf. Sénèque, Epist. 22, 1 : non potest medicus per epislulas cibi aut balinei tempus eligere: uena tangenda est ; il faut tâter le pouls. 68 Le malade qui prend une purge ne doit pas utiliser de médicaments trop énergiques dont l'effet se ferait sentir omnibus
mis ( a p$r os et per umtnm). L'image est triviale; elle eat
présentée comme une comparaison (ut). Elle était peut-être placée en parallèle avec des considérations sur les remèdes qu'il convient d'utiliser pour lutter contre les maladies de Pâme, c'est-à-dire contre les passions. Si ceux-ci sont trop violents, ils tuent le malade ; cf. 29, 1 : cupiditas ex homine, cupido ex stulto numquam töllitur. Marx compare la pensée de Lucilius et celle de Lucrèce, cf. 3, 510 : Et quoniam mentem s anar i, corpus ut aegrum / cernimos et flecti medicina posse uidemus, / id quoque praesagit mortalem uiuere mentem... Pour Lucrèce, l'âme n'est qu'une partie du corps, cf. 3, 548 : Et quoniam mens est hominis pars una, loco quae / fixa manei certo, uelut aures atque oculi sunt / atque alii serieus qui uitam cumque gubernanl.., Dans Lucilius il n'en va pas de même ; la confrontation du corps et de l'âme n'est qu'une comparaison ; les deux éléments sont côte à côte ; le poète prend grand soin de ne pas les assimiler entièrement; dans le fragment 65, si l'âme est malade, le corps porte les symptômes de cette maladie (signum dare) ; il n'a pas la même maladie. Dans le fragment 66, si le corps est malade, il gêne le fonctionnement de l'esprit (obsistere) : l'esprit n'est pas à proprement parler atteint par la maladie.
69 Un véritable ami se montre empressé à donner, munificus; cf. Cic., Off, 2, 18 : Conueniet autem cum in dando muniftcum esse, tum in exigendo non acerbum ; c'est une des formes de la liberalitas. L'adjectif comis désigne la bonté de l'homme de bien (bonus uir), cf. Cic, Fin, 2, 80 : At coluit ipse amicitias. Quis, quaeso, Uium negat et bonum uirum et comem et humánum fuisse? Ciceron (Off, 1, 42) souligne que la liberaliias ne consiste pas à donner n'importe quoi à n'importe qui : Videndum est enim primum ne obsit benignitas et Us ipsis, quibus benigne uidebitur fieri, et céleris ... ne maior benignitas sit quam facúltales; tum, ut pro dignitate cuique tribuatur : id enim est iusliliae fundamentum,
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ad quam haec referenda sunt omnia. Nam et qui gratiflcanlur cuipiam quod obsit illi cui prodesse uelle uideanturt non benefici neque liberales, sed perniciosi assentatores iudicandi sunt; et qui aliis nocent, ut in alios liberales sint, in eadem sunt iniustilia ut si in suam rem aliena conuertant. Sunt autem multi, et quidem cupidi splendoris et gloriae, qui eripiunt aliis quod aliis largiantur; hique arbitrantur se benéficos in suos amicos uisum iri, si locuplent eos quacumque ratione. Id autem tantum abesi officio, ut nihil magis officio possit esse contrarium. Videndum est igitur ut ea tiberalitate utamur, quae prosit amicis, noceat nemini. Lucilius établit la même distinction entre la vraie et la fausse li bera litas, cf. 26, 75.
70 Le substantif conbibo s'apparente à tous les noms en -o(n) qui ont valeur depreciative, cf. lurcones, comedones (2, 8) mandones (SP 3), trico (11, 9)... Ciceron l'emploie dans une lettre à Papirius Paetus, Fam. 9, 25, 2 : Cum. M. Fadio ... mihi summus usus est ualdeque eum diligo cum propter summám probitatem eius ac singularem modesliam, turn quod in Us conlrouersiis, quae habeo cum tuis combibonibus Epicuriis, optima opera eius uli soleo. Le mot désigne les compagnons de bouteille et semble impliquer l'idée d'excès. Dans la grande troupe des compagnons de beuveries (magnis ex copiis), le locuteur a trouvé sans doute (repperii, pour la forme, cf. G.L.K. I, 371, 2) des clients ou des parasites, mais certainement pas des amis véritables.
71 Le texte est gravement altéré ; les manuscrits donnent : non te multiludinem tuorum quam in album indidit a dextera confieis ibi. Il est impossible de maintenir deux accusatifs, te et multitudinem, comme régimes de confieis ; c'est pourquoi, après Duebner, tous les éditeurs ont corrigé non te en nonne. La tournure a dextera est incompréhensible sémantiquement et métriquement ; la seule possibilité de reconnaître un septénaire trochaïque dans cet énoncé serait de couper : nonne \ multiludinem tuorum quam in álbum indidit a dextera / confieis ibi. Encore faudrait-il admettre qu'une lacune sépare nonne et multitudinem, que tuorum possède une prononciation dissyllabique, non attestée en dehors de l'initiale de vers, qu'indidii puisse entrer dans le mètre... Il convient donc d'éliminer a et de considérer dextera comme le sujet de la proposition relative. D'autre part, il est impossible d'accepter un tribraque de forme confieis ibi dans un septénaire trochaïque ; c'est pourquoi j'ai repris la correction tibi proposée par Terzaghi. Ainsi modifié, le vers n'a pas de césure au quatrième pied ; c'est une anomalie assez courante dans les Satires, cf. 26, 13 ; 26, 72 ; 27, 19... Le verbe conflcere prend ici le sens de compter ; Marx rapproche son
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emploi avec celui que Ton rencontre dans des contextes où il est question de dénombrement, cf. César, B.G. 2, 4 : Plurimum inler eos Bellouacos et uirtute et aucloritale et hominum numero ualere: hos posse conflcere armata milia centum. La tournure indere in album tuorum démarque indere in album iudicum, in album decurionum, in album senatörüm... Elle se réfère à l inscription sur les tableaux officiels de tous ceux qui exercent une charge importante dans la cité ; en raison de la solennité du terme, Marx refuse de conserver le texte, corrige album en aluum et pense qu'il est question d'un parasite qui a ingurgité d'importantes quantités de nourriture et d'argent. W. Krenkel maintient l'expression et l'applique à l'un des membres du Collegium poetarum, siégeant dans Vaedes Camenarum qui ferait l'inventaire de ses collègues, Dei conscripli Musarum albo (Apul., Met. 6, 23,2). Il est possible que le locuteur, par multiludo tuorum et album} désigne simplement, avec une emphase ironique, la foule des gens qui se proclament officiellement les amis de son partenaire (tui) ; or l'idée d'amitié exclut l'idée de nombre ; elle implique la recherche de la sagesse (cf. 27, 11) et la sagesse est l'apanage d'une petite communauté, cf. 14, 7 : pauci ac sapientes. La question posée dans le fragment servait peut-être à montrer combien, dans le besoin, les amis ou plutôt ceux que l'on considérait comme tels, disparaissent. 72 La véritable amitié a pour devise prodes amicis (H 27) ; cf. Cic, Fin. 3, 70 : in amiciţia alii dicant aeque caram esse sapienti rationem amici ac suam... Le fragment décrit des personnes dont le sacrifice pour l'interlocuteur sera entier ; ce sont incontes tablement de vrais amis. Il est impossible de savoir de qui il est question ; ni même s'il est question de personnages historiques (par exemple les quelques intimes de Tibérius Gracchus) ; on ne sait même pas si l'énoncé est assertif ou interrogatif ; enfin le futur inciterait plutôt à identifier le fragment comme un énoncé général dont le sujet serait amici. 73 Le texte est très altéré ; les manuscrits ont doctior quam ceteris is asa mitlis mutes aliquo tecum satra facta uitia. J'ai suivi les corrections de Marx qui s'écartent moins de la tradition. L'adverbe aliquo désigne le lieu où l'on va, cf. Tér., Andr. 329 : dum proflciscor aliquo. Quand on se lasse d'un ami, il faut le quitter sans tarder ; depuis Corpet, tous les éditeurs comparent la fin du second vers et Tér., Eun. 973 : ubi salías coepit fieri, conmuto locum. C'est la sagesse (doctior) qui le commande ; l'amitié ne peut longtemps survivre à elle-même ; les rapports d'individu à individu sont alors régis par l'intérêt, par l'ambition...
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Dans le de Amiciţia (33) Ciceron prête à Scipion Émilien une réflexion de ce genre : Quamquam ille quidem nihil di/flcilius esse dicebat quam amicitiam usque ad exlremum uilae diem permanere : nam uel ut non idem expedireis incidere saepe, uel ut de re publica non idem sentiretur; mutări etiam mores hominum saepe dicebat, alias aduersis rebus, alias aetate ingrauescente. Atque earum rerum exemplum ex similitudine capiebat ineuntis aelatis, quod summi puerorum amores saepe una cum praelexla toga ponerentur ; sin autem ad adulescentiam perduxissent, dirimi tarnen interdum conleniione uel uxoriae condicionis, uel commodi alicuius, quod idem adipisci ulerque non posset. Dans des cas semblables, il faut prendre l'initiative de rompre et refuser, à l'inverse de la foule (ceteris), de jouer la comédie de l'amitié qui, dans son essence, exclut la satiété. 74 Lucilius s'adresse à un homme dont, pendant la jeunesse, il a éprouvé la valeur morale ; cf. Perse 5, 34. L'amitié est recherche de la perfection, cf. Cic, Offl. 2, 46. A la suite de Cichorius ( Unter, zu Lucii., p. 121) les éditeurs ont voulu identifier le personnage avec Junius Congus. Vers 130, date de composition du livre 26, il n'était plus adulescens — ce que semble suggérer le texte. En outre, le personnage aurait été l'ami de Lucilius. De telles affirma tions sont difficilement contrôlables. Lucilius déclare simplement qu'il souhaite avoir Junius Congus parmi ses lecteurs (26, 17), au même titre, selon Cicerón {Fin. 1, 7), que les habitants de Tarente ou de Consentia. On ne peut guère en conclure que Junius Congus était son ami ; une telle déclaration est tout à fait arbitraire ! Rien ne prouve non plus que l'homme en cause était beaucoup plus jeune que l'écrivain ; c'était peut-être son contemporain. Enfin Junius Congus n'est sans doute pas le destinataire du fragment 23 du livre 26. Dans ces conditions, il paraît suffisant de constater, en dehors de toute identification, que l'amitié (?) implique pour le poète une observation morale qui débute dès l'enfance de l'intéressé. La distinction assez artificielle que Nonius établit entre probare et spedare, provient de ce qu'il a voulu reconnaître dans le rangement de ces deux mots un climax ascendant.
75 Les manuscrits donnent porro amici est bene praecipere, tueri, bene praedicare ; la forme praedicare ne peut être maintenue pour des raisons métriques (septième pied ïambique) ; c'est certainement une faute de graphie pour praedicere. Dans le texte du fragment, rien n'est à changer : plusieurs éditeurs ont été embarrassés par tueri ; pourtant le Dictionnaire Étymologique d'Ernout et Meillet signale qu'il existe un doublet ancien tuor,
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tueris qui est également attesté, tant dans le verbe simple que dans les composés, cf. Plaute, Most. 836-8, intuor, optuere, contui ; ces formes ont été conservées par les poètes dactyliques pour éviter le cré tique. Il n'est pas nécessaire, par conséquent, de bouleverser Tordre des mots ou d'imaginer un praedicant en finale. Le vers définit les principales fonctions d'un ami (amici est) : l'adverbe bene répété devant deux formes verbales qui se répondent par des allitérations, souligne que celui-ci travaille au progrès moral et qu'il recherche constamment la vertu, cf. H 23 : uirtus, scire komini rectum, utile quid sil, honeslum... / hősiem esse alque inimicum hominum morumque malorum, / contra defensorem hominum morumque bonorum, / hos magni facere, his bene uelle, his uiuere amicum... Cf. Cie, Laet. 20 : Qui autem in uirtute summum bonum ponunt, praeclare illi quidem; sed haec ipsa uirtus amicitiam et gignit et continet; nee sine uiriute amiciţia esse ulto pacto polest ; cf. Diog. Laërt. 7, 124 : λέγουσι δέ καΐ τήν ωιλίαν èv μόνοις τοις σπουδαίοις είναι, δια τήν όιιοιότητα ' φασί δ* αυτήν κοινωνίαν τινά εϊναι τών κατά τον ßlov, χρωαένων ημών τοις φίλοις ώς έαυτοΐς · δι' αυτόν θ' αίρετον τον φιλον αποφαίνονται καΐ τήν πολυφιλίαν αγαθόν, εν τε τοις φαύλοις μή είναι φιλίαν μηδενί τε τών φαύλων φίλον είναι. Déjà Platon, dans le Lysis 210 c-d, avait montré que l'amitié n'est justifiée que par une science qui rend χρήσιμος καΐ αγαθός, utile et bon. Toutes ces définitions impliquent des mesures pratiques, cf. H 27 : Prodes amicis ; SP 10 : a me auxiliatus sies. Cette aide est avant tout une aide morale ; cf. 27, 11. Elle prend deux aspects principaux ; elle est enseignement de principes généraux qui régissent toutes les actions ; praecipere suppose des règles de conduite (cf. 26, 2) indiquant par exemple les moyens pour conquérir le bonheur (cf. 26, 54) ou pour lutter contre les passions ; praedicere implique une intervention directe et autoritaire dans la vie courante. Ce sont des ordres, des injonctions, cf. César, B.C. 3, 92, 2 : Sed Pompeius suis praedixerat ut Caesaris impelum exciperent... Il n'est pas question ici de Yamicus dulcis dont parle Horace (Sat. 1, 3, 69) ; c'est au contraire l'homme (30, 32) quem seis scire tuas omnes maculasque notas que. La seconde fonction de l'amitié, c'est de protéger tueri : sous ce mot, il faut comprendre toute une foule de services plus ou moins importants, cf. Cic, Lael. 32 : Quam qui adpetiuerunl adplicant se ... ut et in usu eius quem diligere coeperunt, fruantur et moribus, sintque pares in amore et aequales propensioresque ad bene merendum quam ad reposcendum alque haec inter eos sit honesta certatio. Sic el utilitates ex amiciţia maximae capientur et erit eius ortus a natura quam ab imbecillitale grauior et uerior... Ainsi l'ami rendra visite à son ami malade, cf. 5, 1... L'amitié consiste à mettre deux vies en commun au service de la vertu, cf. 29, 69 : cum amicis, quantum est inter humánum genus / rerum, quae inter se coniunganl, communicat. Ciceron développe les mômes idées dans Off. 2, 6.
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La contruction syntaxique n'est pas évidente : l'adverbe facile porte-t-il sur le verbe (nous offrons une prise facile à la dérision du satirique) ou sur la phrase (nous acceptons facilement qu'on se moque de nous) ? Qui doit se garder de la colère ? le satirique qui doit seulement sourire ou faire sourire ? ou les victimes qui doivent prendre ses critiques en bonne part ? La réponse à ces questions se trouve vraisemblablement dans le livre 30, où Lucilius invite son interlocuteur à ne pas s'irriter des railleries auxquelles le public offre une prise facile : (30, 17) Quid seruas quo earn, quid agam? quid id attinet ad te? (30, 18) el maledicendo in multis sermonibus differs. (30, 22) gaudes cum de me ista foris sermonibus differs. En détaillant les défauts de son public, le poète irrite ; on le menace (30, 24) : inde canino ritu oculisque / inuolem. Les gens se sont reconnus ; ils considèrent la raillerie comme une insulte personnelle. Lucilius essaie de les rassurer (30, 30) : Nolito tibi me maledicere posse putare. En décrivant ses contemporains avec leurs ridicules, le poète ne veut pas critiquer pour critiquer, mais pour améliorer, pour corriger. La colère interdit de comprendre le sens de l'ouvrage. La satire se définit essentiellement comme les conseils d'un ami exigeant qui déclare à son lecteur (26, 1) : Di monerint melioral amenliam auerruncassint luam l II recherche simplement 1'efflcacité, cf. 26, 4 : Euadat saltem aliquid aliqua quod conatus sum! Le rire n'est qu'une affaire de ton qui apparente l'œuvre à la comédie et ші donne l'allure d'une conversation enjouée, cf. ludo ac sermonibus nostris (30, 85). 77 Marx a corrigé les manuscrits d'après la leçon de L qui au lieu de haut paucos contient seul ad paucos. Pour l'emploi de inlellegebar, cf. Cic, De Orat. 3, 110 : Nunc enim inopia relicere inlellegunlur. Pour celui de is, cf. Plaute, Merc. 632 : ego me credidi I homini docto rem mandaret is lapidi mando maximo ; Cie, Fam. 12, 14, 7 : alque haec omnia is feci qui sodalis et familiarissimus Dolabellae eram. Lucilius a envoyé ses satires à un petit groupe d'amis qui le croyaient capable d'écrire ce genre d'ouvrage. Le poème est hommage à un petit cercle d'amis qui ont présidé à sa composition (30, 6 : producunt me ad te, tibi me haec oslendere cogunl). Le poète, qui se confie entièrement à ses vers (Hor., Sal. 2, 1, 30) se contente de l'approbation de quelques personnes (cf. 14, 7 : non paucis malle ac sapientibus esse probatum) ; ce sont les amici dodi des fragments 26, 16-17 ; les Satires sont le journal intellectuel de ces quelques privilégiés (cf. Hor., Episi. 2, 1, 126). Peu importent les réactions des slulli et insani, de la foule qui s'obstine à poursuivre ses passions, qui recherche la sensation plutôt que la réflexion. Horace prend la même attitude que Lucilius, cf. Sal. 1, 4, 173.
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NOTES COMPLÉMENTAIRES DU LIVRE XXVII 1 Les manuscrits donnent (i)tem populi salute (m) et fletis uersibus Lucilius quibus potest impertit totumque hoc studiose et s ed и lo. L'expression salute aliquem impertiré, adresser ses compliments à quelqu'un, appartient à la comédie, cf. Plaute, Pseud. 455 : Erum saluto primum, ut aequomsl; postea ¡si quid superfit, uicinos inpertio. Cf. Tér., Eun. 270 : ... Plurima salute Parmeпопет I summum suom impertit Gnatho... La construction habi tuelle du verbe impertiré impose de prendre la forme šaluU comme un ablatif. Quelle est alors la fonction de (i)tem populi ? Lee manuscrits contiennent certainement une faute : Lachmann propose de lire rem populi ; l'expression ne peut s'interpréter que comme l'équivalent de rem publicam, cf. Perse 4, 1 : Rem populi tractas? Plusieurs éditeurs en font l'objet du verbe impertiré; cependant les exemples empruntés à la comédie montrent que l'on salue toujours un individu (erum ou Parmenonem...), mais jamais une entité juridique. Le même argument vaut contre la conjecture de Mueller, re populi salutem. Marx lit te, Popii, le second mot est le vocatif de Poplius, forme syncopée de Publilius, qui n'est attestée nulle part ailleurs. Terzaghi maintient la leçon rem populi, mais constate que les deux mots ne peuvent entrer dans le même énoncé où se trouve impertiré et que, par conséquent, ils devaient appartenir à la phrase précédente. Le fragment comportait donc une ponctuation forte séparant des énoncés différents : il est peu vraisemblable que, dans les citations de Nonius, deux mots restent ainsi isolés sémantiquement et syntaxiquement. Il paraît plus naturel de les insérer dans la rection du verbe impertiré : l'expression est sans doute inhabituelle ; elle traduit cependant une recherche stylistique. Le poète, avec une emphase comique, adresse son salut à l'État romain ; cf. 27, 2 où la tournure est reprise salute impertit plurima ; conversation, la satire n'ignore pas la politesse et admet une certaine bonhomie ; salute est coordonné à fletis uersibus ; le zeugma ressortit à l'enjouement et iden tifle à un acte d'urbanité l'acte même de la création littéraire, cf. 15, 18 ; 15, 19... Cic, Off. 3, 39 ; fleti uersus désigne les vers qui ont été composés (cf. commentaire de Nonius) par l'imagination de l'écrivain. Mais si saluer, c'est écrire ; saluer c'est aussi sauver selon la définition que propose le fragment 16 du livre 6 : ...saluere iubere salutem est mittere amico. Saluer, c'est agir en ami qui veut, par ses écrits, améliorer le sort d'autrui. Préoccupations littéraires et préoccupations morales se confondent avec l'amitié. Il n'est donc pas surprenant que Lucilius envisage avec
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sérieux (cf. 26, 76) ce qu'il entreprend : totumque hoc aludióse et sedulo. L'action tout entière (totumque hoc reprend la proposition précédente) se fait avec application, studiose, comme le veut une enquête sur le bien, cf. 26, 3 : Quare hoc colere est satius quam illa, studium omne hic consumere. Elle se fait également sans idée de tromper ou de nuire, sedulo, cf. 27, 7 : Parcat illi magis qui possit, cui fldem esse existimel ; cf. 30, 30 : Notilo Ubi me maledicere posse pulare. Lucilius adresse le salut du sage qui, exempt des passions dépravées de l'humanité moyenne, ne s'intéresse qu'à la recherche de la vertu. Ce n'est ni le salut de l'ambitieux (27, 15), ni le salut du flatteur (27, 11-4) ; le poète n'est pas sûr du résultat ; il n'appartient pas au groupe des auteurs inspirée qui peuvent crier in arce bouem descripsi magnifice (10, 2). Son œuvre n'est qu'une série d'essais qui se caractérisent par leur humililas ; il fait de son mieux (uersibus) quibus potest, cf. 26, 31 : ego ...qui sum ... non queo ; 26, 4 : quod conaius sum ; cf. 30, 14 : his le uersibus interea contentus teneto. Le fragment se plaçait sans doute dans une sorte de préface, de dédicace, ou d'avis au lecteur. 2 Sospilare est un verbe archaïque qui signifie conserver sain et sauf, cf. Piaute, Aul. 546 : Plus plusque istuc sospitent quod nunc habes. Le poète donne des conseils pour maintenir santé physique (cf. 26, 60) et santé morale. Il est très possible que les deux énoncés juxtaposés sospilal, salute imperlit constituent un hendiadyn (cf. commentaire du fragment 1) ; saluer et sauvegarder ne sont qu'une seule et môme chose. L'idée est renforcée par toute une série d'allitérations et d'assonances. 3 Le fragment met en scène deux interlocuteurs dont l'un, qui s'exprime à la première personne du singulier, est apparemment Lucilius, et dont l'autre est un simple partenaire. Sur ce point l'esthétique du livre 27 ressemble à celle du livre 26 ; mais elle ne s'y identifie pas du tout. Le premier ouvrage de Lucilius est un écrit érietique qui, à travers de nombreux fragments, met aux prises les champions de deux types de vie irréductibles. Dans le livre 27, pour autant qu'il est loisible d'en juger, il n'y a pas à proprement parler de dialogue : l'un des personnages parle devant l'autre (postulo, si uolueris, credis, spero..,) qui écoute une sorte de leçon. L'auteur dit poslulo, quodsi paulisper captare haec alque obseruare uolueras (27, 4) ; cf. 29, 72 : ...nostris ánimos adtendere dictis / alque adhibere uelis... Le poème se veut démonstration. Avec juste raison, Piwonka {op. cit., p. 62), reconnaît là un procédé de la comédie, cf. Plaute, Cas. 9, aures uociuae si sunt, animum / aduorlite ; cf. Men. 5 ; Poen. 3 ; Amph. 95...) ;
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cf. Tér., Andr. 8 : nunc quam rem uitio dent quaeso animum adtendite ; cf. Eun. 44... Lucilius réclame deux efforts à son auditeur. Il faut qu'il apprenne à connaître le sujet (rem cognoscas) ; il faut qu'il apporte une attention soutenue aux propos du poète. La satire prend un ton doctoral comparable à celui de 9, 1 : labora / discere ne te res ipsa ас ratio ipsa refellal. 4
Lucilius insiste sur l'effort que l'auditeur doit accomplir pour se pénétrer de son enseignement : captare, fréquentatif de capere, indique volonté de saisir, cf. Hor., Sat. 1, 1, 68 : Tantalus a labris siliens fugientia captat ƒ flumina... Le mot suppose résistance de la part d'autrui. Obseruare donne simplement l'idée d'application pratique, cf. obseruare praecepta et d'examen minutieux, cf. 27, 15 : quodsi obseruas hominem... 5 On ne peut étouffer la vérité. Personne ne pourra faire taire Lucilius en comptant sur sa fatigue ou sur son épuisement : 1) Les interlocuteurs ont «rompu» le poète; le verbe rumpere appartient à la langue comique, cf. Plaute, Capt. 14 : Ego me tua causa, ne erres, non ruplurus sum. Cf. Merc. 151 : Vin tu te mihi obsequentem esse an neuis? — Opera licet / experiri, qui me rupi causa currendo tua. Si Lucilius est brisé, c'est parce qu'il a fait l'impossible ; comme dans beaucoup d'autres vers, l'élément coordonné explique : summa omnia fecerim ; cf. Cic, De Orat. 2, 85 : sin uidebilur, cum omnia summa fecerit tarnen ad mediocris oratores esse uenturus... ; AH. 15, 13, 5 : Dolabella ... scripsit... sese de atlribułione summa omnia fecisse. 2) Le poète ne se taira pas pour autant. Il l'indique par une proposition interrogative : credis, tu crois? Normalement les verbes déclaratifs se construisent avec une proposition infinitive : le sujet n'en est pas exprimé, comme cela se produit assez souvent dans Lucilius quand le sujet de la principale est identique à celui de la proposition subordonnée ; cf. 26, 49 : depeculassere aliqua sperans me... Il convient donc de comprendre ici : credis tu te conlenlurum esse Lucilium ; tu crois que tu vas refréner Lucilius. Le verbe continere est ici employé transitivement ; cf. Cic, De Orat. 2, 85 : Si plane abhorrebit et erit absurdus, ut se conţineai aut ad aliud studium transferat admonebo. Lucilius parle de lui-même à la troisième personne, Lucilium. C'est peut-être le style de la dissertation morale ; mais il redevient dans la même phrase ego, avec l'objet de ruperint. Il y a sans doute là une forme d'humour.
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β L'expression dare manus se retrouve dans César (В. G. 5, 31, 3) : Bes dispulatione ad mediam noctem perducitur. Tandem dat Cotta permotus manus: superai senlentia Sabini ; cf. Cie, Laet. 99 : Nee enim facillime agnoscitur: quippe qui eiiam aduersando saepe adsenletur et litigare se simulans blandialur, atque ad exlremum del manus uincique se patiatur, ut is, qui inlusus sii, plus uidisse uideatur. Le sens n'est pas douteux : il ne faut admettre (concedere) et donner la main (dare manus) que lorsque les arguments que nous utilisons ont été éliminés par la discussion (in eo quo superatur).
7 Le sens n'est pas clair. Nonius range le fragment sous la rubrique parcere seruare en môme temps que Verg., Aen. 10, 531 : argenti atque auri memoras quae multa talenta / gnalis parce tuis. Servius glose ces deux vers : Parce autem est secundum antiquos serua, ut apud Lucilium et Ennium inuenitur. Les deux vers de Virgile ont incité les éditeurs à comprendre que Luciiius parlait d'argent, d'épargne, voire même d'héritage... L'interprétation est abusive ; dans le vers de Virgile lui-même, le contexte seul contient cette idée ; ce n'est pas le verbe parcere qui l'implique ; il signifie seulement seruare, c'est-à-dire conserver. Maius cui possit a été corrigé en magis qui possit par Corpet, Gerlach, Lachmann... Autrement, le vers n'est pas scandable. Luciiius compare deux choses et l'une d'entre elles est conservée parce qu'elle possède le plus d'etficacité ; cui fidem esse existiment : les manuscrits ont eximent ; Dousa a justement corrigé en existiment. Mais plusieurs éditeurs ont suivi Mueller qui suppose un sujet identique à parcat et à existimet ; il fallait donc un singulier. Marx commente : paterfamilias seruel polius rem Uli filio aut amico, si liceat non omnia consumere uiclu, cui fidem et probitatem esse existimet, non ganeoni aut parasito infido. Ce commentaire implique que parcere est employé ou absolument, ou transitivement avec un accusatif d'objet qui se trouvait dans le vers précédent. La construction apparaît dans Plaute, cf. Cure. 380 : Qui homo mature quaesiuit pecuniam / nisi earn mature parsit, mature esuril. Cf. Mil. 1220 : Ne parce uoeem, ut audiat... L'interprétation de Marx suppose qu'il est ici question d'un héritage que deux personnes doivent se partager. C'est sans doute prêter beaucoup au contexte. Rien dans le commentaire de Nonius, rien dans la formulation du vers de Luciiius n'impose cette version des faits. C'est pourquoi, en désespoir de cause, j'ai considéré que le datif illi représentait l'objet de parcere. Peut-être s'agit-ii d'un argument (cf. 27, 6) ?
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8 Luciliu8 espère très vivement (maxime quod spero) que son auditeur partagera ses opinions. L'expression muluum hoc mecum faeit appartient à la langue courante : on la rencontre dans la comédie, cf. Plaute, Trin. 438 : — Bene uult tibi. — Edepol muluum mecum facit. Dans les Satires, il ne s'agit pas d'une simple formule de politesse. La démonstration d'une vérité n'a pas pour but de révéler l'intelligence remarquable de l'interlocuteur ; elle ne se fonde ni sur l'humiliation, ni sur l'orgueil. Elle est partage, c'est-à-dire mise en commun.
9 Le eens du fragment change considérablement selon les interprétations syntaxiques qui en sont proposées : — 1) Marx et Lachmann corrigent proferat ergo en proferam ego ; ils pensent que Lucilius dénonce personnellement les crimes commis par le Sénat ; cette modification, abusive, ne s'impose pas dans le contexte. — 2) uester ordo peut être analyse comme le sujet ayadmiserit. Un personnage, cité précédemment, doit révéler les crimes commis par le Sénat. Une telle déclaration conviendrait à l'un des tenants du parti populaire ; il semble improbable que le pronom se soit le réfléchi indirect se rapportant au sujet de proferat : on peut en effet reconnaître la construction in se admittere, cf. Plaute, Phorm. 270 : Si est, patrue, culpam ut Antipho in se admiserit / ex qua re minus rei foret aul famae lemperans, / non causam dico quin quod meritus sit feral. — 3) uesler ordo peut être analysé comme le sujet de proferat ; le Sénat devrait révéler au grand jour les crimes qui ont été commis ou bien par un individu désigné dans le contexte, ou bien par lui-même, selon le sujet que l'on attribue à admiserit. La première solution (retenue par Cichorius, Unter, zu Lucii., p. 147 sq.), paraît moins vraisemblable que la seconde (Warmington). Le Sénat, en effet, n'a jamais hésité à dénoncer les crimes d'autrui ; mais il a rarement eu le même courage en ce qui concerne ses propres crimes. De plus, la construction de in se comme réfléchi indirect n'est guère satisfaisante en face de l'expression ín se admitiere, se permettre (cf. supra). Malgré des divergences sensibles, tous les éditeurs s'accordent pour reconnaître que le fragment est prononcé par un personnage qui n'est pas lui-même sénateur, mais qui s'adresse à un sénateur ou à des sénateurs, uester ordo. Le mot désigne la classe à laquelle un citoyen appartient, ordo senatorius, equesler ou plebeius. Marx rapproche de Plaute, Aul. 232 : El te ular iniquiore et meus me ordo irrideat ; de Gic, Brut. 180 : nostri ordinis Q. Sertorium, equeslris C. Gargonium ; Verr. 3, 225 : perniciosum uestro ordini. Si Lucilius prend en charge les propos contenus dans le fragment, il emploierait certainement noster ordo en s'adressant à un chevalier. Toutes les
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allusions historiques contenues dans le fragment prennent un éclairage différent selon la structure syntaxique que l'on retient. S'il s'agit de crimes commis contre le Sénat, sans doute parce que différentes mesures jugées scandaleuses avaient été prises pour limiter ses droits, le responsable peut être identifié avec Tibérius Gracchus qui, lui-même, dénonçait et combattait le pouvoir de la noblesse (cf. Salluste, lug. 42, 1) ; Gichorius pense alors que le fragment est adressé au pontifex maximus, P. Mucius Scaeuola (cf. Gic, Plane. 88 : P. Mucius arma Ti. Graccho interemplo iure oplimo sumpia esse défendit). S'il s'agit de crimes commis par le Sénat, il s'agit peut-être du meurtre de Tibérius Gracchus (cf. 27, 10), ou encore de l'affaire de Frégelles (cf. 30, 98), des lois scélérates ordonnant l'expulsion des peregrins (cf. 30, 99).
10 Les manuscrits ont nullo honore displelu nullo funere. Il s'agit sans aucun doute des honneurs que l'on rend à un mort. Marx rapproche de Cic, Mil. 86 : ut sine imaginibusi sine cantu atque ludis, sine exsequiis, sine lamentis, sine laudationibus, sine funere, oblilus cruore et lulot spoliatus illius supremi diei celebritate, cui cedere inimici eliam soient, ambureretur abiectus. Dans displelu, il propose de reconnaître heredis fletu ; cf. Publilius Syrus, T.R.F. 221 Ribb. : heredis flelus sub persona risus est. Sans aucun doute, il est question d'un personnage de haut rang pour que l'on s'indigne de l'absence de toute cérémonie funèbre, cf. Cic, Calo, 75 : De qua non Ha longa disputatione opus esse uidetur, cum recorder... L. Paulum qui morte luit collegae in Cannensi ignominia temeritalem, non M. Marcellum cuius interitum ne crudelissimus quidem hostis honore sepullurae carere passus est. Il n'y a pas non plus de cortège funèbre (nullo funere). Marx pense qu'il s'agit du cadavre de Tibérius Gracchus. Plutarque écrit en effet : ού γαρ επέτρεψαν άνελέσθαι το σώμα τφ άδελφω δεομένφ καΐ θάψαι νυκτός, άλλα μετά τών άλλων νεκρών εις τον ποταμον έρριψαν (Tib. Gracchus, 20). Lucilius, bien qu'adversaire de Tibérius et de tout le parti ' démocratique ', ne pouvait admettre l'acharnement des sénateurs dans des circonstances semblables (cf. 6, 17-20).
11 Lucilius présente un cuisinier en train d'examiner un oiseau ou un poisson ; il se moque que la queue de l'animal (caudam insignem esse) soit remarquable du moment que la bête est grasse (dum pinguis siel). Cette image triviale permet d'assimiler des personnages dissemblables. Gomme le cuisinier, les amis et les parasites dédaignent les apparences et s'intéressent aux seules réalités, mais les amis s'intéressent aux réalités de l'âme et les parasites aux réalités des biens de fortune. Pour la première fois
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dans la littérature latine, le parasite est présenté en dehors du théâtre. Il se définit par la recherche d'un patrimoine (rem) et de richesses (diiias) dont il essaie de s'emparer (cf. H 36 ; 4, 5 ; 27,14...)· Inversement l'amitié apparaît comme un mouvement de Tâme qui s'adresse â l'âme (26, 76), c'est-à-dire comme recherche de la vertu (cf. H 23). De telles déclarations ont une résonance stoïcienne. Un thème comparable est développé par Horace Saf. 2, 2, 19 sq.). 12 Le poète oppose ötre et paraître ; son personnage a une attitude pour l'intérieur, une autre pour l'extérieur; seule subsiste la description de ce qu'il fait pour la galerie, inter plures, fori*. Il est toute douceur; cf. Cie, Off. 1, 120 : Earn muïalionem si tempora adluuabunt facitius commodiusque faclemus, ein minus, sensim erit pedetemtimque facienda. Il agit avec une démarche insensible (sensim) et retenue (pedetemtim), dans tous les domaines (omnia suppose un facil sous-entendu). Le seul mobile, c'est de ne vexer personne (ne quemlaedat). Le fragment décrit peut-être un homme d'affaires (cf. 26, 35) ou encore un homme politique (cf. Cic, Ad Q. fr. 3, 23). 18 Cicerón écrit dans Off. 1, 44 : Videre etiam licet pieros que, non tam natura liberales, quam quadam gloria duetos ut benefici uideanlur, facere multa quae proflcisci ab ostentatione mag is quam a uoluntaie uideanlur. Talis autem simulatio uanilali est coniunctior quam aut liberalilali aut honestati. Le fragment semble illustrer cette pensée. Par pietas est impliquée l'équité envers les dieux, envers les parents, envers les hommes. Le poète s'indigne : quelle est cette piété dont tu parles?; cf. Cic, Tuse. 1, 105 : Quem Heciorem? aut quam diu ille erit Hedor? Pietatem uocant marque l'indignation du poète : on n'accomplit pas ses devoirs envers l'humanité quand on invite cinq misérables ; pour les décrire, Luciliue emploie monogrammus, mot qui appartient à la technique picturale ; ce sont les lignes, les contours qui représentent la silhouette sur la toile avant toute application de peinture. Il s'agit peut-être de quelques parasites ou de clients misérables invités à un repas. 14 Le substantif cibicida est un hapax que Luciliue a créé sur le modèle du grec σιτόκουρος et des autres composés qui, dans la comédie grecque, désignent les parasites σκατοφάγος ; cf. Athénée, 6, 247 E : Τφ δέ παράσιτος 6μοιά έστιν ονόματα έπίσιτος... καί οικόσιτος, σιτόκουρός τε καί αύτόσιτος... 27
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Lucilius propose à son lecteur d'étudier (obseruas) le comportement d'un homme qui est prêt à tout oser (audeat : je reprends la conjecture de Junius au lieu de gaudeat que contiennent les manuscrits) pour conquérir le pouvoir (regno) et son profit (commodo). L'individu se classe parmi les audaces (cf. Ch. Wirezubski, Audaces. A Study in Roman political phraseology, J.R.S. 61, 1961, p. 12-22) que les Satires décrivent en plusieurs passages; cf. H 41 ; 26, 32...; Cic, Off. 1, 26 : Maxime autem adducunlur plerique ut eos iustiiiae capiat оЫіиіо cum in imperiorum, honorum, gloriae cupiditatem inciderint. Le fragment parle d'un type de citoyens. Il semble parfaitement vain de chercher à identifier le personnage. 16 Les manuscrits transmettent des leçons très différentes à propos des premiers mots du vers. Warmington comprend rerum exploratorem (E%) et pense qu'un amant trompé veut faire suivre sa maîtresse par un misérable mendiant qui lui rendra compte de la situation. La plupart des autres éditeurs ont conservé rerum expilalorem (AK). Marx prête ces paroles à Pénélope qu'Eumée a incitée à éprouver Ulysse, déguisé en mendiant (P 508). W. Krenkel lit regum expilatorem et comprend rex comme le patron de clients faméliques (Plaute, Capi. 92 ; Asin. 919 ; Men. 902...). La correction ne semble pas nécessaire. Le fragment, sous la forme d'une interrogation, indique le refus d'un personnage, sans doute un apprenti parasite, qui refuse d'abandonner un captateur d'héritages (cf. 11, 11) pour suivre un mendiant. 17 Les troupeaux qui dans leur transhumance passaient d'Apulie dans le Samnium devaient être déclarés au publicain, cf. Varro, Rust. 2, 1, 16 : itaque grèges ouium longe abigunlur ex Apulia in Samnium aestaiiuum, algue ad publicanum profltentur, ne, si inscriplum pecus pacauerint, lege censoria conmittant. Les marchandises qui étaient embarquées devaient être déclarées pour acquitter un droit de douane, cf. Cic, Verr. 3, 171 : Canuleius uero, qui in portu Syracusis operas dabat, furta quoque istius permulta nominatim ad socios perseripserat, ea quae sine portorio Syracusis erant exportata; portum autem el scripturam eadem socielas habebal. Le terme inscriptum désigne donc les marchandises qui n'ont pas été déclarées et qui, par conséquent, sont exportées en fraude pour ne pas payer les droits de port (porlorium). Lucilius décrit les manœuvres délictueuses d'un homme qui trompe le fisc et qui, par conséquent, augmente ses profits personnels (commodo)
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au détriment de l'intérêt général. Ce comportement est replacé au milieu d'autres qui lui sont comparables : facit idem quod illi. Ils se définissent tous par le dol et la tromperie (elaneulum) : cf. Cic, Off. 3, 60 : cum ex eo quaererem quid esset dolus malus, respondebal, cum esset aliud simulatum, aliud aclum ... Ergo et Pythius et omnes aliud agentes, aliud simulantes, perfidi, improbi, maliţioşi sunt. Nullum igitur eorum factum potest utile esse, cum sit tot uitiis inquinaium. 18 Le texte est très mutilé : j'ai suiviA Marx qui rétablit ac pultem au lieu de a pulte (L) et apud te (B ) et qui propose e Magonis au lieu de et Magonis (G) et maconis (L). Il est question d'une personne qui reçoit une nourriture détestable, canicas ас pultem : les deux mots, comme très souvent dans Lucilius, forment un hendiadyn ; ils désignent une bouillie (puis) à base de son (canica). C'est l'aliment habituel des chiens, cf. Paul. Fest. : Canicae, furfures de f arre a cibo canum uocaiae (46 M) ; cf. également Phèdre 4, 19, 4, où l'on parle de furfuribus consparsum panem. C'est aussi l'ordinaire des mendiants, cf. Martial 10, 5, 5 : inlerque raucos ultimus rogaiores / oret caninas pañis inprobi buceas. Le personnage en cause recevrait une telle pitance de la main d'un nommé Magon, e Magonis manu. Ce dernier est un inconnu ; il porte un nom qui trahit une origine carthaginoise ; peut-être s'agissait-il d'un esclave ou d'un affranchi. C'est sans doute un homme très âpre. Ses victimes semblent préférer vendre (leur récolte ?) au prix que leur propose une tierce personne plutôt que de subir ses conditions ; quam répond à un potius qui devait se trouver dans la principale ; quanti uellet avec un génitif de prix est symétrique de tournures telles que, Cic, Ad Brut. 1, 16, 4 : potuimus... beneficila atque honoribus ut participes frui, quanlis uellemus, ou encore Pétrone 43 : uendidit enim uinum quanti ipse uoluit. 19 Lucilius se situe par rapport aux ambitieux, aux flatteurs et aux avides. Les plaisirs (deliciae) de ces gens-là ne le font pas loucher. Strabonem fieri a son équivalent dans Horace (Ep. 1, 14, 37) : Non islic obliquo óculo mea commoda quisquam / limat, non odio obscuro morsuque uenenai. Marx y voit l'adaptation du grec έποφθαλμίαν, cf. Suidas sous le mot εποφθαλμιάς φθονήσας ή έπιθυμητικώς έπιβαλών. 20 Les manuscrits ont ego enim an per eiciam ut me amare expediam : Marx a déflnitivement établi le texte. Il lit en effet
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an perflciam ut... expédiai ; pour la construction, cf. Cic, Phil. 2, 7 : ilaque hodie perflciam ut intellegat, quantum a me beneficium tum acceρ er it. Un personnage se demande s'il parvien dra à se faire aimer. Cette question implique une définition de l'amour assez nouvelle dans la Rome du и · siècle — exception faite des œuvres de Plaute et de Térence. La passion se présente comme désir de créer la passion chez l'autre. Elle est exigence que l'autre aime librement. Pour les Stoïciens, il s'agissait simplement du désir de s'acquérir des amis, à cause d'une apparence de beauté, cf. Diog. Laërt. 7, 113 ; pour Lucilius, l'amour est asservissement volontaire de l'esprit (cf. 30, 96-97...)· Encore faudrait-il être sûr qu'il s'agit ici d'un amour véritable I Qui parle dans le fragment ? Est-ce le poète ? ou bien l'une des nombreuses meretrices qu'il met en scène ? ou bien un homme politique désireux d'accrottre sa clientèle ?
21 Le locuteur remarque que son partenaire, ou bien parce qu'il est passionné (?), ou bien parce qu'il a subi des expériences malheureuses, refuse de voir une femme ; il redoute de se laisser saisir (copiare) par l'aspect et par la beauté d'une autre (aspectu et forma constitue un hendiadyn ; l'amant n'envisage pas forma alia mais forma altera). Il reste volontairement esclave de celle qu'il a élue, cf. Phédria dans Tér., Eun. 84 : Totus Parmeno / tremo horreoque postquam aspexi nane. Cf. Hor., Saf. 2, 7, 46 sq. 22 Le fragment s'éclaire par comparaison avec Tibullo (2, 34, 25) : Lynceus ipse meus seros insanii amores 1 / solum te nostros laetor adire déos. / Quid tua Socraticis tibi nunc sapientia libris / proderit aut rerum dicere uias? / Aut quid Erechthei tibi prosunt carmina leda? Quand il est saisi par la passion, l'homme ne comprend plus ; il devient incapable de se raisonner ; les ouvrages des philosophes ne servent plus à rien, même ceux de Platon ; les traités où intervient Socrate (Socratici carti) n'ont plus aucune utilité (cf. Phèdre 253 b...) ... Sophocle a soutenu la même idée dans le fragment 666 de Nauck : Οταν δέ δαίμων ανδρός ευτυχούς ' το πρίν / πλάστιγγ' έρείση του βίου παλίντροπον, / τα πολλά φρούδα καΐ καλώς είρημενα. 28 L'amant est incapable de juger : le vers apporte un exemple de son égarement. Le sureau (sabucus) est l'arbre sauvage qui a le plus de moelle, cf. Pline, N.H. 16, 103 : ... sabucus cui medulla plurima... L'arbre a pour fruits de petites baies noires, cf. Pline,
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N.H. 16, 180 : Sabuci acinos habenł ni gros atque partios, umoris lenti... Riche en sève, il forme d'abondante bouquets d'arbustes. Pour Tamant n'importe quel morceau de bois (lignum, depuis Junius, tous les éditeurs ont corrigé les manuscrits qui contiennent signum), complètement desséché (ardum est la forme syncopée de aridum), misérable et stérile mérite ce nom : J'ai conservé miserinum, diminutif de miser, que contiennent les manuscrits F et H ; les deux adjectifs miserinum et infelix constituent un hendiadyn ; pour le sens, cf. Pline, N.H. 16, 108 : infelices aulem existimantur damnataeque religione quae ñeque serunlur unquam ñeque fructum ferunt. Le fragment devait s'insérer dans un développement comparable à celui de Lucrèce 4, 1153 : Nam tăciuni homines plerumque cupidine cacci / et tribuuni ea quae non sunt his commoda iure. / Multimodis igiiur prauas turpisque uidemus / esse in deliciis summoque in honore uigere... / Nigra melichrus est, inmunda et foetida acosmos, / caesia Palladium, neruosa et lignea dorcas, / paruula, pumilio, chariton mia, tota merum sal... II est possible également que Lucilius ait simplement voulu souligner le caractère néfaste du sureau auquel on assimile tout ce qui est stérile, cf. Pline, N.H. 16, 108 ; Macrobe, Sat. 3, 20, 3. 24
La glose de Nonius est erronée. Appellare prend simplement ici le sens de saluer avec le titre de mattresse. La plupart des éditeurs (sauf Marx qui en fait une assertion) considèrent que le vers est la question posée par un passionné ; ses jeunes esclaves (seruuli) l'abordent (adeunt) avec toutes les marques de respect et de soumission qui conviennent, cf. Catulle 8, 16. Pourquoi, devant eux, l'amant ne donnerait-il pas à la belle le titre de maîtresse, domina (ou le titre de mea ?) ; pour l'emploi de ce mot dans le vocabulaire amoureux, cf. Ovide, Am. 3, 7,11 ; 2, 17, 23... 25 Le vocabulaire appartient à la comédie : la tournure ad me recipio se trouve dans Plaute, Mil. 230 — Tu, unus si recipére hoc ad te dicis, confldentiasl / nos inimicos posse profligare posse. — Dico et recipio / ad me... Cf. Tér., Heaut. 1056 : Vxorem ut ducas — Pater... — Nihil audio. — Ad me recipio. Faciei. Sostrata prend sur elle de faire changer la décision de Chrêmes. Dans le fragment l'expression est employée absolument. Un personnage qui se trouve dans une situation difficile (qua tempestate uiuo évoque les saeuae tempestates des passions dont parle le fragment 26, 54) demande l'indulgence (sine). En l'absence de tout contexte, il est difficile d'interpréter le fragment. Peut-être s'agit-il d'un amant éperdu qui, incapable de prendre des décisions raisonnables, se laisse guider par les événements. La correction chresin pour certe sine n'améliore guère le texte.
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26 Ciceron écrit dans Tuse. 4, 75 : Omnibus enim ex animi perlurbationibus est profeclo nulla uehemenlior... Nam ul illa praeleream quae sunt furoris, haec ipsa per sese quam habent leuitalem, quae uidentur esse mediocria (Tér., Eun. 1, 1, 14) : ... iniuriaet / suspiciones, inimiciliaef induliae, / bellum, pax rursum I incerta haec si tu postules / ratione certa tacere, nihilo plus a gas, / quam si des operam, ul cum ratione insanias. Haec inconstantia mutabililasque mentis quem non ipsa prauitate delerreat? Le fragment de Lucilius donne de l'amour la même image de lutte. L'amant essaie de faire la paix, d'apaiser la belle, de lui manifester sa soumission (pour le sens d'adeo, cf. 27, 24), de l'appeler son amour (meam, cf. Ter., Ad. 289). De semblables scènes se retrouvent dans lee Satim> cf. 29, Il ; 29, 40-47... 27 Insania désigne trés précisément la folie de celui qui n'a pas la sagesse et qui se laisse guider par la déraison qu'impliquent toutes les passions ; cf. Cic, Tuse. 3, 8 : Quia nomen insaniae significai mentis aegrolationem et morbum, id est insanitatem et aegrotum animum, quam appellarunt insaniam. Omnis autem perturbaliones animi morbos philosophi appellant neganlque stultum quemquam his morbis uacare. Qui autem in morbo sunt, sani non sunt, et omnium insipientium animi in morbo sunt; omnes insipientes igitur insaniunt. Sanitätern enim animorum posilam in tranquiUitate quadam constantiaque censebanl; his rebus mentem uacuam appellarunt insaniam, propterea quod in perturbato animo sicul in corpore, sanitas esse non posset. Cette définition que les Tusculanes attribuent à l'Académie et au Stoïcisme, était déjà celle de Lucilius, cf. 15, 15 ; 29, 12... Dans le fragment de Lucilius, un homme, vraisemblablement le Sage, appelle insensé (insanum) celui que les autres appellent publiquement (dici uidel) maltam ac feminam. (J'ai repris la correction de Marx uoeat, au lieu de uoeant, leçon des manuscrits ; il est préférable d'admettre que le verbe uoeare et le verbe uidere avaient le môme sujet.) Malta désigne un enduit mou dont on se servait pour calfater les navires, cf. Pline, N.H. 2, 235 : In urbe Commagenes Samosata slagnum est emittens lignum — maltham uoeant — flagrantem; cum quid aitigit solidi, adhaeret; praeterea laclu el sequitur fugientes ; sic defendere muros oppugnante Lucullo : flagrabal miles armis suis... Un poisson à chair molle s'appelait aussi malta, cf. M.L. 5271. C'est sans doute la transcription du grec μάλθ/j ; cf. Pollux 10, 58 : « ό δ ' ένών τη πινακίδι κηρος ή μάλθη ή μάλθα ; » cf. Scholiaste de Théocrite 7, 105, à propos de μάλθη : αΰτη бе έστι κηρος άμόργη συνηψημένος. Un homme que l'on compare à de la cire molle ou à une femme se trouve dans la pire turpitude morale, cf. Porphyrion (Ad Hor. Sat. 1, 2, 25 :
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Mallhinus lunicis demissie : sub Malikini nomine quidam Maecenatem suspicant иг signi flcari. Ab re tarnen nomen flnxit. Maltha enim malucos dicitur. Porro aulem tunicis demissis ambulare eorum est qui se molles ас delicalos uelint haberi. La passion séduit, brise complètement la volonté ; cf. 29, 47 ; cf. Tibulle 1, 1, 57 : Non ego laudari curo, mea Delia, tecum \ dum modo sim, quaeso segnis inersque uocer.
28 Le fragment décrit une femme avide. C'est un thème très courant dans Lucilius, cf. 26, 49 : Depeculassere aliqua sperane me ae deargenlassere... Cf. 29, 13 ; 30, 78-80 ; et plus spécialement 30, 77 : Quid dare, quid sumti facere ac praebere potisset. Les allitérations deuorare, deuerrere soulignent 14dée d'arracher qui caractérise la femme dans les satires : elle dévore, cf. edere (29, 78).
29 Lucilius décrit les travaux d'une bonne servante. Le vers se trouve déjà dans Plaute {Merc. 397) et le poète l'avait purement et simplement inséré dans la satire : Nil opust nobis aneilla nisi quae texal, quae molai, / lignum caedat, pensum facial, aedis uerrat, uapulet; / quae habeat coltidianum familiae coctum cibum. Les travaux ne sont guère différents de ceux d'une femme mariée, cf. les instruments de travail décrits dans 26, 50, crlbum, incer· niculum, lucernám, in laterem, in telam licium. L'une comme l'autre filent chaque jour leur quantité de laine (pensum), entretiennent la maison (aedis uerrat). La servante s'occupe de ce qui exige plus d'efforts physiques, comme fendre le bois (lignum caedat). Ce qui lui appartient en propre (?), ce sont les coups (uapulet) ; cf. 29, 40 : ... tu qui iram indulges nimis ¡ manus a muliere abstinere melius est. 80 Lucilius fait la louange d'un homme qui s'est arraché à l'esclavage de sa passion avec un grand courage, qua uirtute. Il s'est, sans doute, imposé un traitement comparable à celui qu'évoque Cicerón dans les Tusculanes (4, 74) : Sic igitur adfecio haec adhibenda curatio est ut et illud quod cupiat ostendatur quam leue, quam contemnendum, quam nihili sit omnino, quam facile uel aliunde uel alio modo perflei uel omnino neglegi possit. Abducendus etiam est non nunquam ad alia studia, sollicitudines, curas, negotia... Est etiam illud quod in omni periurbatione dicitur demonstrandum nullam esse nisi opinabilem, nisi iudicio susceptam, nisi uoluntariam.
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31 Lucilius décrit un homme dont la sensibilité est entièrement mobilisée et l'esprit aliéné par le désir : ses yeux (oculi ipsi) sont attirés irrésistiblement (deducere implique détournement du droit chemin, cf. Gic, Verr. prol. 25). L'espoir s'empare de lui. La cause de tous ces troubles est indiquée par les adverbes illuc, ilio. Cf. Tibulle 2, 6, 67. 32 Parfois une verrue (uerruca) ou une cicatrice (cicatrix) serait préférable (melius) à d'autres disgrâces : j'ai suivi Marx qui propose melius au lieu de médius que contiennent les manuscrite. Parmi les maux les plus graves sont les éruptions de boutons, cf. Celse 5, 28, 18 : Papularum uero duo genera sunt. Alterum in quo per mínimas pústulas cutis exasperatur et rubet leuiterque roditur: medium habet pauxillo leuiust tarde serpil... C'est un mal bien différent (differunl) et beaucoup plus gênant pour la femme qu'une petite imperfection, cf. livre 17, 2... Le fragment se situait peut-être dans un développement sur la fragilité de la beauté, cf. Lucrèce 4, 1091. 33 L'âge détruit les qualités physiques : pernix désigne la souplesse d'un corps rompu à tous les exercices, cf. Liu. 28, 20, 3 : corporum multa exercilalione pernicium. C'est l'adjectif que Lucilius emploie dans 8, 6 pour décrire la femme idéale : gracila est, pernix ... pectore puro ... puero similis. Ces qualités concernent un passé révolu : le parfait fuimus prend ici la valeur d'un aoriste. L'agilité ne dure qu'un temps. C'est un avantage illusoire ; la jeunesse s'y laisse tromper, croyant qu'il serait éternel (aeternum id nobis sperantes fore). Marx souligne que la tournure est empruntée à la comédie, cf. Plaute, Most. 194 : ... Stulia es plane / quae Шит tibi aeternum putes fore amicum et beneuolentem. Cf. Tér., Eun. 872 : Al nunc dehinc spero aeternam inter nos gratiam / fore, Thais. 34 Le fragment parle de retour (reditum), de prédictions (portendebant), de mauvaises rencontres sur la mer (neque alia in mare ulta offendere : mare est un ablatif, cf. Lucrèce, 1, 161. Ces indications évoquent les propos de Tirésias (λ 111-114) ou de Circé (μ 140) lorsqu'ils prévoient que la navigation d'Ulysse se fera sans encombre, si seulement ses compagnons laissent intacts les bœufs du soleil. Les deux devins prédisaient que le retour
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s'effectuerait comme ils Pavaient indiqué (reditum... talem) et que la mer serait calme (neque alia ... ulia offendere) à partir de l'Ile du Trident : hic est un adverbe de temps qui porte à la fois sur reditum talem (esse) et sur offendere ; il situe l'époque où tout deviendra facile. On sait que l'impiété des compagnons d'Ulysse empêcha ce résultat. Le rappel de l'épopée homérique servait sans doute à montrer combien les situations les plus favorables sont susceptibles de se bouleverser. Il serait insensé de se fier à son étoile. Ce thème avait été développé par Scipion Émilien, comme le signale Ciceron (Off. 1, 90). 85 L'acrobate fait des tours : cernuus est l'équivalent du grec κυβιστητήρ qui rappelle la glose d'Hésychius κερανίξαι * κολυμβήσαι, κυβιστησαι (Ernout-MeiUet). C'est du moins son exercice habiluel dans son métier; il en résulte que son cou {collus, au masculin est un archaïsme) est tantôt en haut, tantôt en bas (modo surs umf modo deorsum). Le destin de cet homme n'est que l'image de la fortune qui dans ses vicissitudes, fait alterner bonheur et malheur (l'image de la roue de la fortune est peut-être so u s-jacente dans sursum deorsum), cf. Cic, Off. 2, 6, 19 : Magnam uim esse in fortuna in utramque partem, uel secundas ad res, uel aduersas, quis ignorat? Nam et quum prospero flatu eius utimur, ad exitus peruehimur óptalos; et, quum reflauit, aßigimur. Dans le contexte, cernuus, précisément glosé par Nonius, peut difficilement désigner une chaussure, ainsi que le prétend Marx (cf. 3, 33). 86 Certains hommes se laissent entièrement mener par les événements : dans le succès (re in secunda), ils prennent courage (tollere ánimos) et s'enflent d'orgueil ; dans l'échec (in mala ; et que les manuscrits mettent devant in mala doit être supprimé pour des raisons métriques), ils sont abattus. De tels hommes se laissent désarçonner par les événements ; cf. Cic, Tuse. 5, 40 : Qui enim poterii aut corporis flrmitate aut fortunae stabilitate confldere? Atqui nisi stabili et fixo et permanente bono beatus esse nemo potest. Quid ergo eius modi istorum est? ut mihi Laconis illud dictum in hos cadere uideatur qui glorianti cuidam mercatori, qui multas nauis in отпет oram marilimam dimisisset, non sane optabilis quidem ista, inquii, rudentibus apia fortuna. Le même thème est développé dans Hor., Carm. 2, 3, 1. 87
Nous ne savons ni ce qui est sujet de fieri possit, ni à quel fragment d'Archiloque Lucilius songeait. Cependant, à la suite
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de Dousa, la plupart des éditeurs ont reconnu une allusion au fragment 74 В : χρημάτων Αελπτον ουδέν έστιν ούδ' άπώμοτον / ουδέ θαυμάσιον... έκ δέ του καΐ πιστά πάντα κάπίελπτα γίγνεται / άνδράσιν... Or, dans le livre 27, plusieurs vers montrent clairement qu'il faut supporter avec constance les revers du sort. On voit mal comment, sur ce point Lucilius s'opposerait à Archiloque (excido). Il semble raisonnable d'admettre que le poète reconnaît qu'une chose lui semble impossible ; puis discute sur un point qui l'oppose à Archiloque. I. Mariotti (Miscellanea philologica, Genova, 1974, p. 133-9) propose justement de placer une ponctuation forte après possit et, au lieu de corriger la leçon quo des manuscrits en antiquo, de lire quor, sur le modèle proposé par Hor., Sat. 2, 2, 101 : ... Ergo ¡ quod superai non est melius quo insumere possis? J Cur eget indignus quisquam te diuite? 88-89 Les deux fragments font appel à l'expérience des paysans. Il y est question de l'intérêt des capitaux investis dans l'exploitation (usura), de moisson (messe), de vendange (uindemia). Plusieurs caractéristiques sont communes aux deux vers : — 1) ils contiennent des comparaisons : paulo minus, potius quam ; — 2) toutes les qualifications indiquent la médiocrité : minus magna usura (пес porte sur toute la phrase), non magna messe, non proba uindemia (pour l'emploi de probus, cf. Plaute, Rud. 373 : improbas sunt merces). Les terres à blé et les terres à vigne s'excluent mutuellement, cf. Verg., Georg. 2, 227 : Rara sit an supra morem si densa requires, / (altera frumentis quoniam tauet, altera Baccho, / densa magis Cereri, rarissima quaeque Lyaeo)... Toutes les récoltes sont donc « médiocres »; — 3) il semble que les agriculteurs qui sont opposés à ceux des deux fragments ont pour politique maior usura, maior messis et probior uindemia ; ils s'apparentent sans doute à ceux qui, à l'époque de Lucilius, se mettent à pratiquer la monoculture sur d'immenses domaines. Le poète leur préférait peut-être ceux qui, cultivant un peu de tout, courent le risque de tirer de moindres profits de leurs terres, mais gardent leur indépendance ; cf. 17, 4 : cetera coniemnit et in usura omnia ponit I non magna... 40 Quelles que soient les réalités qui existent réellement ou non, quid sit, quid non sit (cf. 15, 19 : les Lamies...) l'essentiel est de tout supporter avec constance, aequo animo, et courage, forliter. Lucilius développe un thème abondamment traité par Cicerón ou Sénèque, cf. Off. 1, 80 : Fortis uero et constantis est non perturban in rebus asperis пес tumultuantem de gradu deici, ut dicitur, sed praesentis animi uli Consilio, пес a ralione discedere.
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Le seul fondement de l'attitude humaine est la raison qui échappe aux humeurs, aux sentiments, aux événements ; cf. Off. 1, 90 : Alque etiam in rebus prosperis et ad uoluntatem noslram fiuentibus, superbiam, fastidium, arrogantiamque magnopere fugiamus. Nam ut aduersas res, sic secundas immoderate ferre leuilatis est; praeclaraque est aequabilitas in omni uita et idem semper uultus, eademque frons, ut de Socrate, itemque de C. Laelio accepimus. Le thème se retrouve dans Hor., Carm. % 3, 1...
41 Le fragment porte deux jugements sur un môme objet : d'un côté (hoc), il est défini melius quam mediocre ; d'un autre côté (hoc), il est défini comme moins défavorable que s'il était très mauvais, minus malum quam ut pessumum. Ainsi que le note Piwonka {op. cit., p. 49), la symétrie des deux tournures permet de constater que melius quam mediocre occupe la place qui normalement devrait revenir à minus bonum quam ut optimum en face de minus malum quam ut pessumum ; il conviendrait alors d'écrire : hoc minus bonum quam ut optimum = hoc paulo melius quam mediocre. Et ensuite : hoc minus bonum quam ut optimum =- hoc minus quam ut pessimum. Mediocre tient donc lieu de moyen terme entre optimum et pessimum ; c'est très exactement le juste milieu. La sagesse exclut les extrêmes. Il est possible que, dans le contexte, Luciliue ait voulu désigner le juste milieu moral ; c'est du moins, ce que semble suggérer Nonius qui, dans son commentaire assimile le texte des Satires avec Gic, Off. I, 130 : Adhibenda est praelerea munditia, non odiosa ñeque exquisita nimis, tantum quae fugiat agrestem et inhumanam negligentiam. Eadem ratio habenda est uestitus, in quo, sicut in plerisque rebus, mediocriias optima est.
42 Le fragment développe un thème cher à Lucilius ; l'homme ne possède rien — rien que son âme — qui puisse lui appartenir ; cf. 17, 4 : cetera contemnit et in usura omnia ponit / non magna: proprium uero nil neminem habere. Le commentaire de Nonius qui, visiblement ne porte pas sur proprium (qui signifie particulier, spécifique), mais peut-être sur le contexte du fragment, suggère que ce qui subit la durée n'appartient pas à l'homme (mortali); cf. Ног., Ер. 2, 2, 171 : ... tamquam / sit proprium quicquam, puncto quod mobilis horae / nunc prece, nunc pretio, nunc ui, nunc morie suprema / permutet dominos et cedat in altera iura.
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NOTES COMPLÉMENTAIRES, LIVRE XXVII 48-44
Les deux fragments semblent emprunter leur vocabulaire au môme domaine sémantique ; ils font référence à des objets ou à des événements qui sont considérés comme commodum ou detrimentum. Les deux mots sont peut-être pris dans leur sens banal : il existe des objets bien définis que l'on peut échanger sans faire de tort (27, 43) : c'est ce principe qui régit le troc et d'une manière générale le commerce, môme celui de la prostitution, si, avec W. Krenkel, on reconnaît dans le texte la situation décrite par Horace dans Sat. 1, 2, 83 : Adde hue quod mercem sine f ucis gestat, aperte quod uenale habet oslenditt пес, si quid honesti est, / iaetat habelque palam, quaerit, quo turpia celei. D'autre part, il est certain que si un objet prêté ou un héritage, ou un bateau ne revient pas, il s'agit d'un bénéfice qui est perdu (27, 44), cf. Pétrone 141, 1. Cependant Marx constate que le fragment 43 évoque un précepte de Panétius cité par Cicerón dans Off. 1, 51 : ... una ex re satis praecipitur ut quidquid sine detrimento possit commodori, id tribuatur uel ignoto. Ex quo sunt ilia communia: non prohibere aqua profluente, pati ab igne ignem capere... Il est des actions que l'on peut accomplir sans inconvénient dans l'intérêt de la société humaine. Dans cette perspective, commodum et detrimentum prennent une signification philosophique : de fait Cicerón révèle que commodum (Ф incommodum) et detrimentum (Ф emolumenium) transcrivent les notions stoïciennes εύχρηστηματα (Φ δυσχρηστήματα) et βλάμματα (Φ ωφελήματα), cf. Fin. 3, 69 : VI conseruetur omnis homini erga hominem societas, coniuncłio, caritas, et emolumenta et detrimento, quae ωφελήματα et βλάμματα appellant, communia esse uoluerunt; quorum altera prosunt, nocent altera. Neque solum ea communia, uerum esse paria dixerunt. Incommoda autem et commoda (ita enim εύχρηστη ματα et δύσχρηστη ματα appello) communia esse uoluerunt, paria esse noluerunl. Ea enim quae prosunt aut quae nocent, aut bona sunt aut mala; quae sint paria necesse est; commoda autem et incommoda in eo genere sunt quae praeposita et reiecta diximus; ea possunt paria non esse. Sed emolumenta communia esse dicuntur, recle autem facla el peccala non habentur communia. Dans cette perspective le fragment 43 signifierait que certains actes utiles peuvent s'accomplir sans dommage et le fragment 44 que les avantages qui ne se définissent pas en fonction de l'individu ne sont pas des avantages. 45 Le fragment parle d'un individu qui, une fois pour toutes, a pris une décision (semel) et qui la considère comme entièrement utile (omnino utile). S'agit-il d'un maniaque ? d'un sage (cf. SN 1 : eadem ... una maneai in sententia) ?
NOTES COMPLÉMENTAIRES, LIVRE XXVIII
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NOTES COMPLÉMENTAIRES DU LIVRE XXVIII 1 Les derniers jours du mois de décembre sont traditionnellement consacrés à la joie et aux fêtes qui accompagnent les Saturnales. Rien n'évoque alors l'effroi (laetri), le malheur (miseri), l'angoisse religieuse (religiosi). Cette atmosphère funeste correspond très précisément aux derniers jours du mois de février qui, jusqu'en 153, marquaient officiellement la fin de l'année civile et qui, bien après 153, furent encore considérés comme la fin de l'année par l'opinion publique (cf. Cichorius, p. 170). Du 13 au 21 février sont célébrés les Feralia : « toutes les affaires cessent ; les temples sont fermés, la célébration des mariages est interdite. On offre aux morts des libations et des sacrifices. La journée du 22 février est celle des Caris tia ou Cara Cogna tio ; les membres de la famille se réunissent en un repas auquel aucun étranger ne peut être admis ; on offre un sacrifice aux ancêtres et, si quelque mésintelligence a séparé les parents, chacun s'efforce de la faire disparaître. Les Parentalia succèdent aux Feralia... » Cf. Ovide, Fast. 2, 557 : Dum tarnen haee fluni, uiduae cessate puellae / exspeetet puros pinea taeda dies / пес tibi, quae cupida matura j comal uirgineas hasta recurua comas / Di quoque. Le fragment s'insérait peut-être dans un prologue où Lucilius évoquait les circonstances de la composition du poème, cf. β, 1 : ... seruorum est feslus dies hic / quem plane hexámetro uersu non dicere possis. 2 Le vers contient un dialogue. Un personnage demande ce qui va lui arriver (pour la construction ; cf. Lucrèce 1, 981 : Quid (let telo? ; Cie, Verr. 2, 40 : Quid hoc homine facias?). L'interlocuteur — vraisemblablement le poète — lui suggère de ne pas fréquenter les hommes malhonnêtes (improbis). Le passage donnait sans doute des préceptes de morale pratique et relevait du bene praedicere dont parle le fragment 76 du livre 26. 8 Le poète (?) conseille à un jeune homme (le personnage du fragment précédent ?) de profiter de son adolescence, iam nunc adulescentia, pour préparer sa vieillesse, in senectam. Dans quel but? Pour amasser (cf. Verg., Georg. 1, 186 : ...atque inopi metuens formica senectae) ? Pour acquérir la sagesse (cf. Perse 5, 64 : Petite hine puerique senesque / finem animo certum miserisque uiatica canis) ? Le texte ne permet pas de trancher.
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NOTES COMPLÉMENTAIRES, LIVRE XXVIII 4
Le vers est obscur. Il décrit un individu qui ne bouge pas et ne fera rien qui compromette ce qu'il considère comme un bien. Est-ce un avare auprès de son trésor, un bon vivant auprès de sa nourriture, un amant auprès de sa maîtresse... ? L'absence de tout contexte interdit de décider. б Les manuscrits donnent par uocat ullo prélio. La leçon est certainement fautive. Tous les éditeurs s'accordent pour lire paruo pretio : il s'agit d'une dépense qui n'est pas petite. Le reste du fragment a suscité plusieurs hypothèses : pour certains calullo désigne l'objet acheté, une chienne (catula Lachmann), un jeune chien [calillo Mueller), un loup friand du Tibre (Corpet)... ; pour les autres, il convient de reconnaître le nom propre Ca tulus qui indique l'acheteur. Cichorius et Bolisani croient pouvoir identifier ce personnage avec Q. Lutatius Catulus qui, d'après le témoignage de Pline {N.H. 7, 128) et de Suétone (de gramm. 3), avait acquis le grammairien Daphnis pour un prix extraordinaire. Le texte est trop mutilé pour qu'on puisse apporter de telles précisions. Je me contenterai de considérer que le fragment fait allusion à un nommé Catullus (?) pour qui un achat représentait une dépense importante. β
Summum et optume sont mis en relief dans les hémistiches. L'ironie est évidente : la louange s'adresse à un raccommodeu»· (cf. Piaute, Aul. 515, où le mot a valeur depreciative), à un spécialiste du rapiéçage (cento est un vêtement fait de différentes pièces cousues ensemble). L'expression apparaît souvent dans la langue de la comédie où elle s'applique aux vantards, cf. Epid. 454 : Hic non est locus; / proin tu alium quaeras cui centones sarcias. Marx en trouve la trace chez les auteurs grecs, cf. Eschine, Contre Ctésiphon 166 ; Eschyle, Ag. 1604... cf. la tournure homérique κακά ^άπτειν Σ 367... Terzaghi rapproche avec le fragment d'Horace (Sat. 1, 3, 124) : ... Si diues, qui sapiens estf / et sutor bonus et solus formosus et est rex, ¡cur optas quod habes? non nosti, quid paler inquit, ¡ Chrysippus dicai; sapiens crepidas sibi numquam / пес soleas fecit, sutor tarnen est sapiens. Peut-être le vers raillait-il les prétentions du sage stoïcien dont la compétence est universelle ? Le thème n'est pas isolé dans l'œuvre de Lucilius ; il se retrouve dans H 32 (cf. commentaire de Porphyrion). Sa présence dans le livre 28 se justifierait par l'anecdote sur Aristippe le Socratique qui occupe le fragment 7 (?).
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7 Aristippe (435-356) avait suivi l'enseignement de Socrate et, après la mort de ce dernier, se réfugia, ainsi que Platon, à la cour de Denys de Syracuse. Diogene Laërce consacre plusieurs chapitres à énumérer les bons mots et apophtegmes dont furent émaillées les conversations entre le philosophe et le tyran. Luciliue reprend l'un des récits qui ont été colportés par la légende (aulumant). Il s'agit d'un objet qu'Aristippe a adressé (misisse) à Denys. Les manuscrits ont quiddanle : Lindsay corrige en quiddam et considère que le pronom indique l'objet de misisse ; j'ai préféré la lecture quidam que Marx a proposée ; cette forme convient mieux comme sujet de autumant, comme terme introducteur d'une anecdote. Quel objet Aristippe pouvait-il envoyer à Denys ? En l'absence
de contexto, il est difficile de trancher. Marx rappelle que le
philosophe avait dédié plusieurs ouvrages au tyran ; cf. Diog. Laërt. 2, 8, 83 : Του бе Κυρηναΐκου φιλοσόφου φέρεται βιβλία τρία μεν Ιστορίας των κατά Λιβύην, απεσταλμένα Διονυσίω. L'expression απεσταλμένα Διονυσίω est traduite par tyranno misisse. De plus, il existait aussi un discours adressé à Denys Χρεία προς Διονυσίον (Diog. Laërt. 2, 8, 84). L'identification de ces ouvrages n'était pas admise par tout le monde ; Panétius et Sotion contestaient certaines attributions ; cf. Diog. Laërt. 2, 8, 85 : κατά δέ Σωτίωνα έν δευτέρω καί Παναίτιον Ζστιν αύτφ συγγράμματα τάδε... La comparaison entre les différentes listes montre que seuls certains auteurs lui attribuaient les livres d'histoire sur la Libye. Marx en conclut que ce sont ces travaux que Lucilius cite d'après le témoignage de quelques critiques, ce qui justifierait du même coup l'emploi de quidam dans quidam autumant. Terzaghi croit qu'il s'agit plutôt de la déclamation adressée à Denys. Je me contenterai de noter que le fragment parle, peut-être, d'un livre dédié à Denys; il est impossible de préciser davantage, sans tomber dans l'arbitraire. 8 Un personnage se vante avec beaucoup de complaisance (iactare). Le vers s'apparente peut-être au fragment 6 et à l'anecdote d'Aristippe. Terzaghi note l'opposition très forte entre les deux hémistiches : d'un côté, le résultat ridicule de l'action proprement dite; de l'autre côté l'orgueil. Il trouve dans ce passage une allusion à la boutade qu'Aristippe adressa à Diogene, cf. Diog. Laërt. 2, 8, 68 : Παριόντα ποτέ αυτόν λάχανα πλύνων Διογένης Ισκωψε, καί φησιν, εΐ ταΰτα έμαθες προσφέρεσθαι, ούκ άν τυράννων αύλας έθεράπευες ό δέ · καί σύ, είπεν, είπερ $δεις άνθρώποις όμιλεϊν, ούκ άν λάχανα έπλυνες ; cf. Hor., Ер. 1, 17, 13 : Si pranderet holus patienter, regibus uli) nollet Aristippus — Si sciret regibus utit \ fastidirei holus, qui me notai... Dans le fragment, Aristippe expliquerait qu'il dédie un
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ouvrage au tyran, parce que Denys lui assure sa nourriture et remarquerait que ceux qui ne savent pas agir comme lui, bien qu'ayant un comportement tout aussi risible, ont encore l'audace de s'en vanter. L'interprétation est ingénieuse, mais bien complexe. Peut-être est-il question du paradoxe du sage stoïcien qui sait tout faire, ou encore d'un comportement emprunté à la vie courante... et qui ne doit rien à l'attitude d'Aristippe. 9 Le style direct, l'emploi de la deuxième personne semblent révéler une sorte de dédicace où Luciliue présenterait le poème à l'un de ses amis. Marx rapproche le fragment et la lettre Fam, 7, 10, 3 : scire enim cupio quid a gas, quid exspedes, quam longum İ8lum iuum discmum a nobis futurum putes ou encore 7, 10, 4 ; quare omnibus de rebus fac ut quam primum sciam. Ce n'est pas le se ul exemple où la satire de Luciliue affecte la forme d'une lettre familière, cf. 5, 1 : Quo me habeam pacto, tametsi non quaeris, docebo ... cf. 3, 1 : Tu partem taudis caperes, tu gaudia mecum / partisses ... Cicerón raconte que Clitomaque avait adressé l'un de ses ouvrages à Lucilius, cf. Acad. 102 : ... accipe quemadmodum eadem dicaniur a Clitomacho in eo libro, quem ad С. Lucilium scripsil poetam ... Cichorius, suivi par J. Heurgon, croit que l'on peut légitimement reconnaître ici la réponse du poète au cadeau du philosophe grec. On voit cependant assez mal comment un tel fragment s'insérerait dans une discussion académique. Terzaghi s'étonne que la satire soit adressée à l'un des chefs de l'Académie. Il préférerait identifier Panétius comme interlocuteur du poète. Toutes ces affirmations sont parfaitement arbitraires. J'ai délibérément renoncé aux hypothèses de Bolisani et Warmington qui, après Cichorius, replacent le passage dans le banquet des philosophes. Rien ne permet d'affirmer que Nonius s'est trompé en donnant pour interpellare le sens de dire au lieu du sens d'interrompre. Toutes ces identifications sont gratuites ; de même que celle de W. Krenkel qui, comparant avec Hor., Sal. 2, 7, 21, voit dans le fragment une discussion entre le poète et l'un de ses esclaves. 10 Le poète suggère que son interlocuteur (celui du fragment 9 ?) puisse éventuellement lire le présent poème (haec opera). La proposition par si doit être complétée : si quando uoles legeret cf. 26, 5 (haec tu si uoles per auris pectus inrigarier). Pour caractériser son œuvre, Lucilius emploie l'adjectif subseciuus (de sub et seco) qui appartient à la langue des agrimensores : il y désigne une portion de terre qui est retranchée du partage comme étant en sus de la mesure, cf. Suétone, Dom. 9, 3... Il s'est appliqué ensuite au temps retranché sur le temps des affaires (Ernout-
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Meillet), cf. Cie, De Orat. 2, 364 : quae ego sero, quae cursim arripui, quae subsiciuis operis... Marx voit dans l'expression l'équivalent du grec πάρεργα. Pour le poète, la satire n'est qu'un repos de plus grand travail ; ce caractère convient parfaitement aux fragments en sénaires ïambiques dont l'inspiration est très proche de la comédie (cf. livres 28 et 29 : attaques de maisons, anecdotes, récits de banquets ou mésaventures du mari trompé). Leur ambition essentielle reste d'amuser et de détendre. Il convient également de mettre le mot en rapport avec ceux qui désignent les Satires : ludus ac sermones, cf. 30, 18 ; 30, 22 ; 30, 85... ; schediuniy H 14... 11-16 Les cinq fragments restituent une atmosphère grecque ; l'emploi des mots pareulactonf scolen, eidola ; les noms propres Chrêmes, Demaenelus ; les allusions à Polémon et à Epicure ont incité les critiques à considérer que Luciliue décrivait ici un banquet de philosophes et permettait à ses lecteurs d'assister à une discussion sérieuse. Le poète n'était-il pas l'ami de Clitomaque et de Panétius, n'avait-il pas suivi les cours des plus illustres maîtres d'Athènes ? Terzaghi juge que tout l'ensemble du passage est dédié à l'un de ceux-ci et plus particulièrement à Panétius. Une telle conclusion me paraît arbitraire et l'examen précis des fragments me semble suggérer qu'il est ici question de parodie.
11 Luciliue évoque la disposition des convives autour de la table ; l'un d'entre eux s'est installé sur le lectus médius (B), l'autre sur le lectus summus (A). En l'absence de règles fixes, il n'est guère possible de définir quel était le personnage -tedtiU Jjwmftmu le plus considérable. La place d'honneur était peut-être Vimus in medio ¡(E) ; parfois les convives les plus importants se trouvaient dans le médius in medio (F). Ceux qui exerçaient des fonctions moine brillantes étaient placés sur le lectus summus ; le maître de maison se mettait habituellement dans le locus summus in imo (G). Si ces usages sont -UcXU4 *wu¿4 respectés dans le repas dont parle Lucilius, Chrêmes est un homme plus important que Demaenetus. Aucun philosophe portant l'un de ces deux noms n'est cité par les œuvres des anciens. Ils n'apparaissent que dans 28
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la comédie où ils désignent des grotesques : Chrêmes est le type même du vieillard de la comédie nouvelle, cf. Aristophane, Assemblées des Femmes... Terence, Andrienne... Demaenetus (celui qui flatte le peuple) évoque le vieux beau que Plaute met en scène dans VAsinaria. Les deux personnages semblent exclure l'hypothèse d'une description de faits réels et introduisent dans le monde de la parodie.
12 Le fragment se rattache aux fragments qui évoquent la Grèce ; il présente sans doute un compagnon de Chrêmes et de Demaenetus. Il s'agit d'un éphèbe, c'est-à-dire d'un jeune homme en age d'accomplir son service militaire. L'adjectif pareulaclon transcrit le grec παρεύτακτος et désigne la recrue qui tient garnison sur les frontières de l'Attique, cf. Aristote, Constitution d'Athènes 43, 4 ; cf. 9, 31. Terence utilise le mot dans Γ Andrienne pour railler les garçons inexpérimentés qui sortent tout juste de l'influence de leurs parents ou pédagogues (51 sq.) : Nam is postquam excess ił ex ephebis, Sosia, f liberius uiuendi fuit potestas (nam antea f qui scire posses aut ingenium noscere> / dum aetas, meius, magisler prohibebant)... Le banquet des philosophes mettrait donc en scène deux vieillards grotesques et un jeune homme qui sort de ses classes.
13 Le fragment décrit un philosophe austère (seuerus) et sombre (Irislis). Tous les éditeurs ont voulu reconnaître Xénocrate dont Diogene Laërce écrit dans la Vie des Philosophes (4, 2, 6) : Σεμνός бе τά τ' άλλα Ξενοκράτης καΐ σκυθρωπός άεί, ώστε αύτφ λέγειν συνεχές τον Πλάτωνα * Ξενόκρατες, θυε ταις Χάρισι. Jacques Heurgon voit dans adde eodem la transcription latine de τά τε άλλα. L'explication est ingénieuse ; encore faudrait-il être certain que le successeur de Speusippe à la tête de l'Académie soit le seul philosophe auquel ces traits puissent convenir. Or tristis et seuerus ne permettent guère d'identifier un individu. Ciceron emploie les deux adjectifs pour caractériser le style de Rutiliue {Brut. 113) ou l'ironie de Crassus {De Orat. 2, 289). Tout ce qu'il est possible de retenir, c'est que Lucilius parle ou fait parler d'un philosophe qui n'est évoqué que par ses attitudes ou sa mimique ; il est austère et sombre. Son système philosophique ne paraît pas impliqué dans cette description.
14 Le fragment évoque les différents chefs qui se sont succédés à la tête de l'Académie. Polémon succéda à Xénocrate, cf. Diog. Laërt. 4, 3, 19 : Έφκει δή ό Πολέμων κατά πάντα έζηλω-
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κέναι τον Ξενοκράτην καΐ έρασθηναι αύτοΰ φησιν 'Αρίστιππος... Crates succéda à Polémon, cf. Diog. Laërt. 4, 4, 21 : Κοάτης πατρός μέν ήν Άντιγένους ('Αθηναίος), Θριάσιος δέ τών δήμων, ακροατής άμα καΐ ερωμένος Πολέμωνος. Marx comprend que Crates est l'objet de amauil ; par conséquent Polemon est bien un nominatif et l'on peut supposer que et indiquait que l'amitié que Polémon voua à Crates était identique à celle que Xénocrate voua à Polémon. Lucilius introduit le mot scolen, terme technique désignant l'Académie; il le présente à l'aide de quam dicunt, cf. 28,12 : quem pareutacłon uocanł. L'ablatif morte est comparable à adulescentia (28, 3). 16 Le fragment permet de dater la première allusion à Epicure qui ait été jamais faite par un auteur latin. Lucilius introduit deux termes techniques atomus, accusatif pluriel qui transcrit très exactement le grec άτόμους, et e idola, cf. είδωλα. Ce dernier terme n'a pas survécu en latin ; Lucrèce lui a préféré simulacra ou imagines ; cf. 4, 33 : nune agere incipiam tibi, quod uehementer ad has res I attinet, esse ea quae rerum simulacra uocamus ; / quae, quasi membranas summo de corpore rerum / dereptae, uolitant ultroque citroque per auras, / alque eadem nobis uigilantibus obuia mentes / terri ¡leant alque in somnis, cum saepe figuras ¡ contuimur miras... Pour la forme atomus, cf. Lejeune, Phonétique, p. 200 : c'est seulement à l'époque classique que l'écriture, comme la prononciation, cesse de distinguer entre ou ancienne diphtongue et õ secondaire. Dans tous les dialectes à l'époque hellénistique, ou est réduite à voyelle longue. Cette longue était, dès l'origine, un õ très fermé (de timbre intermédiaire entre о et u) et elle a continué à se fermer tendant vers une prononciation п qui est celle de la κοινή : c'est alors par ou que le grec transcrit ü latin ; l'accusatif atomus illustre la transcription de ou par п. Le verbe uincere a pour sujets atomus et eidola. Dans un mouvement d'enthousiasme, l'un des interlocuteurs s'écrie : je voudrais que la théorie des atomes et celle des simulacres triomphent ! Ces propos ne peuvent être tenus que par un épicurien. Ils témoignent de la pauvreté intellectuelle de celui qui les prononce : cet individu est incapable de suivre un raisonnement ; il se contente de porter des jugements de valeur d'autant plus passionnés qu'ils ne reposent que sur une approbation sentimentale. Cette attitude caractérise le snobisme (cf. les opinions que les Femmes Savantes portent sur la physique cartésienne) ; elle ne peut trouver place que dans un texte où l'on veut ridiculiser la spéculation métaphysique. Loin de s'insérer dans une discussion philosophique, les fragments 11-15 illustrent la conversation de fantoches qui citent une chronologie, sans doute connue de toutes les personnes cultivées, et se réfèrent à des idées auxquelles ils ne comprennent rien, puisqu'ils n'en envisagent que l'aspect anecdotique. Dans 28—1
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cette perspective, le passage entier ne serait que Γ illustration, par l'exemple, de ce que Lucilius écrit dans 15, 17 : paenula, si quaeris, cantherius, seruus, segestre / ulilior mihi quam sapiens,
16-31 Les seize fragments décrivent l'attaque de la maison d'un leno ; le thème appartient spécifiquement à la comédie (cf. Introduction au livre 29, note 2). Il ne s'agit peut-être pas uniquement d'un poncif littéraire comme en témoigne l'Apologie d'Apulée (75) : prorsus diebus ae noctibus ludibrio iuuenlulis ianua calcibus propulsala, fenestras eanticis circumslrepilae, triclinium comissatoribus inquietum, cubiculum aduiteris peruium; neque enim ulii ad inlroeundum metus est... Il est difficile de reconstituer le récit; l'organisation des fragmente reste en grande partie incertaine. On peut en gros distinguer trois moments : explications avec le leno (16-20) ; l'attaque (21-26) ; menaces d'un procès en justice devant Lupus (27-31).
16 Le fragment est difficile à interpréter; au cours d'une discussion, un personnage demande à son interlocuteur de convaincre et de passer, ou bien de dire pourquoi il veut passer. En l'absence de tout contexte, il est impossible d'établir définitivement ce que peut signifier transiré : Buecheler interprète : Alhenas transeundum esse persuade nobis et sinemus te transiré aut die aliquam transilionis tuae causam. Marx comprend : ut alii transeanl persuade et transi: sed da quam ob rem tránseos. Après Schmitt {op. cit., p. 41) Terzaghi comprend qu'il s'agit de passer d'un système philosophique à un autre. Le vers trouverait sa place dans la discussion des philosophes ; l'un des participants expliquerait les difficultés métaphysiques entraînées par le changement de système philosophique {op. cit.t p. 172)... Peutêtre le vers était-il simplement prononcé par le portier de la maison du leno ?
17 Les manuscrits ont coicite ou conicite ; Mercier a rétabli coice. Sous cette forme, le vers rappelle Terence, Heaut. 276 : Anus quaedam prodil; haec ubi aperuit ostium, ¡continuo hic se coniecit intro, ego consequor. L'expression bono animo es appartient également à la comédie, cf. Tér., Phorm. 965 : At ueréor ut placări possit — Bono animo es. Terzaghi pense que le fragment rapporte les adieux de l'amant à sa belle. Il peut tout aussi bien s'agir des paroles ironiques que le léno adresserait à la femme. L'absence de tout contexte permet difficilement de décider.
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18 Marx note que l'expression uitam ac fortunas concredere alicui s'applique généralement à un ami véritable, en particulier à un mari, cf. Plaute, Merc. 700 : Miserior mulier me песfielпес fuit, /, tali uiro quae nupserim. Heu miseras mihi t ¡ Em cui te et tua quae habeas commendes uiro. Dans Ciceron, elle caractérise un général, cf. Cie, Verr. 6, 6, 13 : quae ad uitam et ad fortunas périmèrent, Phil. 7, 9, 27 : uita et fortunae optimi cuiusque. En l'absence de tout contexte, il est impossible de savoir si ces mots sont prononcés par le leno (Terzaghi), par l'amant ou par la belle (Marx). 19 Il semble que le fragment, adressé à la femme, veuille lui faire préciser que, depuis un an, elle a abandonné son mari ; anno signifie sans doute Van passé, cf. Plaute, Amph. 91. La procédure du divorce se trouve impliquée dans le passage, cf. Dig. 24, 2, 3 : Diuortium non est nisi uerum, quod animo perpetuam consliluendi discessionem fil. Itaque quidquid in calore iracundiae uel fit uel dicitur, non prius ratum est, quam si perseueranlia apparuit iudicium animi fuisse. Peut-être est-il fait allusion à la procédure de mariage par usus (Gaius, Instit. 1,109) ? Le texte est trop imprécis pour qu'une solution soit avancée sans arbitraire. 20 Le fragment semble montrer que l'amant et Lucilius constituent un seul et même personnage. Marx attribue ces mots à un esclave du leno qui dirait mox ille iram sentiel Lucili, si in amore inritarit suo ; Terzaghi comprend le passage comme une intervention directe du poète bada che ognuno incorre nelVira di Lucilio, se lo irrita nel suo amore. Le même critique note que Lucilius parie souvent de lui-même en employant la troisième personne, cf. 26, 1 ; 27, 5. Si l'on retient la seconde interprétation, il s'agirait d'un avertissement sérieux, d'une sorte d'ultimatum que l'auteur adresserait à son adversaire, avant de passer à l'attaque, et après avoir longuement parlementé au cours de débats sans doute évoqués dans les fragments 16-19. 21 Commentaire du poète, ou propos qui serait prêté à l'un des spectateurs, le fragment utilise la langue militaire ; les esclaves vont faire l'assaut de la maison; pour l'emploi de subire, cf. Liu. 27, 2, 7 : Primae legioni tertia, dextrae alae sinistra subiil, et apud hostis integri a fessis pugnam accepere.
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J'ai repris l'interprétation de Marx qui donne à submittere une valeur très proche de celle que possède subire dans 27, 21 : lancer à l'assaut. Les propos sont sans doute adressés par le poète à l'un de ses amis. 28
Le Uno s'adresse aux assiégeants : agite, agile est l'équivalent de age, age, cf. la comédie et en particulier Plaute, Pers. 606 : ... Age, age nunc tu; in proelium / uide ut ingrediare auspicalo. Tous les éditeurs, après Marx, lisent mendaci et comprennent mendaci lingua. Ce sont les insultes avant la bataille proprement dite. 24
Le fragment rapporte sans doute les cris du leno, lorsque l'assaut débute. Les amis de Lucilius commencent par briser les gonds, confectores cardinum. Marx explique l'expression à l'aide de Poly be 7, 16, 5 : οδτοι μεν έξωθεν προσπεσόντες πειρώνται διακόπτειν τους στροφείς καΐ το ζύγωμα τών πυλών, αυτοί δέ τον μοχλον ενδοθεν καΐ τάς βαλανάγρας. En ce qui concerne la formule d'exécration malo hercle uestro, elle est comparable à celle que l'on trouve dans Ennius (Sat. 1,1, Vähien) : malo hercle magno suo conuiual, ou encore dans Plaute, Asin. 471 : Malo hercle iam magno tuo, ni isti пес recie dicis. 25 Le mot ballista désigne aussi bien les projectiles que la machine qui les lance. Nonius en fournit plusieurs exemples, cf. Sisennä, Hist. 3 : bullistas qualluor talentarias. L'usage de Plaute le confirme, cf. Trin. 668 : Ita est amor, ballista ut iacitur; nil sic celere est ncque uolat. Marx pense que le vers est prononcé par le maître : quid fil? traduirait l'irritation de l'assaillant qui constate les retarde que les esclaves apportent dans la réalisation de ses ordres, cf. Verr. 4, 36 : Ede mihi scriptum ... unde quidque aut quanti emeris. Quid fit? quamquam non debebam ego abs te has litteras poseere: me enim tabulas tuas habere el proferre oportebat. Le môme éditeur, au lieu de la leçon des manuscrits iaclans, propose iaclas et comprend : Qu'est-ce que cela signifie? Tu te décides à lancer des pierres de cent livres?. J'ai préféré suivre Lachmann qui lit iaclant et donner à quid fii? valeur de surprise. Les paroles sont alors prononcées par le leno qui s'inquiète.
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26 Les manuscrits donnent aeneis alque aeneis (eis atque aeneis F'.). Cette lecture ne peut se conserver. Lachmann pense que la répétition est due à une correction intempestive du copiste qui aurait rétabli une graphie eis pour la finale de datif pluriel en is ; il propose donc ueneis atque animeis ; Lindsay conjecture nasaque aeneis. Terzaghi affirme que fulmentas est l'objet de subducere et veut que Tun des aeneis au moins soit intact. Il comprend le mot comme désignant une arme ou un outil en métal. J'ai repris cette interprétation. La proposition se situerait au milieu de toute une enumeration des actions accomplies par les assaillante (atque rattacherait aux énoncés précédents). Marx signale que taimenta s'emploie au féminin dans Caton (Agr. 14, 1) et avec signification spéciale dans Plaute, Trin. 720. Le passage du neutre au féminin caractérise la langue parlée. Pour l'expression fulmenla subducere, cf. Cic, Fin. 4, 42 : rerum illarum pulchrarum atque admirabilium fundamenta subducere. 27 Insérés dans un récit (style indirect), les deux énoncés présentent les actions du leno à l'aide d'un hendiadyn. Le propriétaire menace les assiégeants de porter plainte ; il fixera un jour de comparution devant le préteur (diem dicturum) pour accuser Lucilius de crime capital (capitis : génitif de la peine). Pour la législation en cause, cf. Dig. 4, 2, 7, 1 : Proinde si quis in furto uel adulterio deprehensus uel in alio ftagitio uel dedit aliquid uel se obligauil, Pomponius ... recle scribit eum ad hoc edictum pertinere: timuit enim uel mortem uel uincula. Quamquam non отпет adulterimi liceal occidere, uel furem, nisi se telo defendat : sed potuerunt uel non iure occidi, et ideo iuslus fuerit metus. 28 Le manuscrit L attribue le fragment au livre 29 ; G et B A le situent dans le livre 28 ; j'ai suivi la seconde solution, car les deux vers conviennent parfaitement au contexte judiciaire du livre 28. Le leno exposerait sa conduite : il portera plainte. Marx explique cerium est par la langue de la comédie, cf. Plaute, Mil. 303 : SC. Visne, abi intro tute; nam ego mi iam nihili credi postulo. I PA. Cerium est facere. Pour persequi, exercer des poursuites judiciaires, cf. Cic, Flacc. 47 : hune aestuantem et tergiuersantem iudicio ille persequilur. Pour déferre nomen, cf. Cic, S. Rose. 64 : nominaflliorumde parricidio delata sunt. Le fragment reprend au style direct les énoncée du fragment 27.
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29 Toute l'anecdote de l'assaut de la maison du léno visait sans doute à introduire un bon mot sur le juge L. Cornelius Lentulus Lupus (cf. livre 1 des Satires ; H 44). Le leno (?) discute avec un de ses amis qui envisage plusieurs éventualités, toutes exprimées par le futur (cum feceris ... tradetur ; non ader it ; adfuer it anima et corpore) : — l) hoc cum feceris : le vers fait écho au fragment 27, capitis dicturum diemt et au fragment 28 persequi \ el nomen déferre hominis. Si le leno porte plainte, l'accusé (reus) et tous ses compagnons seront déférés devant Lupus, cf. Plaute, Rud, 857 : lube Ulos in urbem ire obuiam ad portum mihi ¡ quos mecum duxi, hunc qui ad carnifleemtraderent. Il s'agit dans Lucilius d'une accusation de ui, cf. Dig. 48, 6, 11 : Hi qui aedes alienas aut uillas expilauerinl, effregerinl, expugnauerinl, si quid in turba cum lelis fecerint, capite puniuntur. Telorum autem appellalione omnia ex quibus singuli homines nocere possuni, accipiuntur, — 2) non aderii : le défendeur peut refuser de se rendre à la convocation du juge ; cf. Cic, Уerr, 2, 41 : Heraclius inlerea ... capii consilium de amicorum et propinquorum sententia non adesse ad iudicium. Il se condamne alors à l'exil (cf. la fin du Pro Milone) ; on lui interdit l'eau et le feu sur tout le territoire romain selon la formule consacrée interdictio igni el aqua, cf. César, В.G. 6, 13, 6. Lucilius présente cette éventualité sur le ton du badinage : ignis et aqua évoquent l'idée des quatre éléments dont l'eau et le feu constituent les deux premiers, les autres étant la terre γη et l'air πνεύμα. Ces principes, véritable lieu commun de la philosophie, sont désignés par l'hendiadyn άρχαΐς et stoechiis(— στοιχεία). Άρχαΐς serait le premier datif grec employé pour un ablatif latin (cf. Mariotti, op. cit., p. 74). S'il part en exil, le défendeur disposera encore de deux éléments (duo habet stoechia), la terre et l'air, c'est-à-dire la vie (le corps et l'âme). — 3) adfuerit anima et corpore : le défendeur peut se rendre à la convocation du juge (Marx note que le futur antérieur prend ici la valeur d'un futur simple, cf. dixeris, Hor., Sat. 2, 6, 39). La langue parlée utilise souvent l'expression adesse animo, être présent avec son esprit, cf. Cic, Caecin. 30 : Verumtamen is testis, ut facile intellegeritis eum non adfuisse animo, cum causa ab Ulis agerelur ; Suli. 33 : adeste omnes animis qui adestis. D'après cette expression, Lucilius construit adesse anima et corpore, être présent avec son âme et son corps. Lupus est un juge si cruel et injuste que, si tel est son bon plaisir, il privera quand môme (tarnen) le demandeur des deux éléments qui viennent d'être cités les derniers, c'est-à-dire Гаіг et la terre qui ont été nommés après l'eau et le feu. Autrement dit, l'accusé sera condamné à mort.
NOTES COMPLÉMENTAIRES, LIVRE XXVIII
331
ao Les manuscrits ont exeatis ; après Marx et Junius, j'ai repris la correction is exeat, La proposition par ne introduit une sorte de mise en garde. Le sujet de faciat (le leno ?) n'est pas le même que celui de exeat (is » le poète, l'assaillant ?). Le vers pourrait ötre prononcé par un arbitre ou un conciliateur qui tenterait d'empêcher que la victime porte plainte (hoc faciat) et que l'accusé soit traîné devant le tribunal de Lupus (hac aerumna). 81 Le vers, vraisemblablement prononcé par l'assaillant, terminait sans doute le récit de l'assaut. S'adressent à un ami (celui de la
dédicace ? cf. fragment 9 : uerum tu quid agii f... ; fragment 10 ; haec subsiciua si quando uoles / opera), le poète (?) lui fait confidence de ses mésaventures. Marx note que le fragment est imité de Terence (Нес. 194) : Habes отпет rem; perдат quo coepi hoc iter. 82 La structure syntaxique n'est pas claire : nihil părui ac pensi constitue une expression toute faite, cf. Salluste, Iug. 41, 9 : nihil pensi ncque sancii habere. Toutefois Lucilius lui donne un sens très différent. Nonius insiste sur la valeur d'exaequatum, c'est-à-dire équilibré. La tournure est un hendiadyn (cf. en grec ού μικρόν ουδέ μισθωτόν). Marx interprète uti comme introduisant une comparative conditionnelle : hominem intemperantem cui nil prosit philosophia describil: huic in libidine nil părui ac pensi, uti litteras doceas. Plus respectueux de Nonius, j'ai préféré lire avec Terzaghi non è affatto cosa piccola né facile, come se insegnasse al fango a leggere e scrivere. Le verbe docere a deux objets, Шит et litteras. Litteras docere signifie apprendre les lettres, apprendre à lire. Il s'agit sans doute d'un proverbe. 88 Marx rapproche le premier vers et Hor., Sat. 2, 3, 80 : ... hue propius me / dum doceo insanire omnis, uos ordine adite. Il s'agirait donc d'une invitation à changer ses habitudes morales (quitte ton système de vie et prends le mien). Malheureusement les efforts (licet) sont généralement vains, tant l'emprise de l'habitude est forte dans l'esprit. La vieille retourne toujours à son pot à vin. Le personnage de l'ivrognesse est courant dans la comédie et la satire; cf. 8, 5 (uinibuas), Aristophane, Thesm. 393; Plaute, Cure. 96, monologue de Lééna : Flos ueteris uini meis naribus obiectust... L'expression entrait sans doute dans un proverbe que Marx retrouve dans Apulée, Met. 6, 22 et 9, 29...
332
NOTES COMPLÉMENTAIRES, LIVRE XXVIII 85
Tout le passage se trouvait sans doute dans une construction au style indirect; l'infinitif fore a pour sujet la proposition indéfinie si alio opus sit (cf. grec έί τις... Cette tournure est courante dans les Satires, cf. 26, 7 : si quod uerbum off enderum. Tout ce que l'interlocuteur du poète peut souhaiter et n'obtient pas (alio) se trouve dans un ailleurs défini par hinc aliquo cesseris ; aliquo est ici un adverbe de lieu, cf. 26, 74 : ab amicis mutes aliquo te ; 30, 87 : cum iter est aliquo. Le sens est obscur. Marx croit qu'il est question de ceux qui pensent toujours que le bonheur est là où ils ne sont pas. 36 Des trésors sont à portée de la main, cf. Cic, Fam. 6, 10, 3 : sed magni mea interest hoc tuos omnis scire... omnia Ciceronis patere Trebiano. Terzaghi pense que les fragments 34-6 se suivaient de près et décrivaient une sorte d'Eldorado ; peut-être ces vers adressés à un avare (?) révélaient-ils combien imaginaires sont les satisfactions que procure le désir d'amasser ? (op. cit., p. 174). 87 Fragment de dialogue, le passage présente un personnage qui accuse son interlocuteur d'avoir dévoré volailles et poissons. L'autre ne nie pas. Est-il question d'un goinfre, d'un esclave voleur ? Il est impossible de trancher. Est-ce une discussion entre un maître et son serviteur ? Pour l'emploi d'interflcere avec le sens d'engloutir (*en signifie dans; *ier a valeur separative; inler fleere c'est proprement mettre à l* intérieur en séparant), cf. Claude Sandoz, Du latin interflcio au védique anlár dhã, in B.S.L. 71, 1976, 1, p. 207-219. 88 Dans Plaute, Men. 891, le médecin interroge : Num eum ueternus aut aqua intercus tenet? Le patient est-il atteint par la léthargie ou par l'hydropisie ? La tournure médicale est reprise par Lucilius et appliquée au domaine moral. Son personnage est victime d'hydropisie mentale ; sa vision du monde est déformée ; il grossit démesurément certains faite, sans doute parce qu'il est victime d'une passion trop violente (est-ce un avare, un amoureux ? Cf. 29, 1, 1). Pour l'emploi de intercus, cf. Gell. 13, 8, 5 : nihil enim fieri posse indignius neque intolerantius dicebat quam quod homines ignaui ac desides, operti barba el pallio, mores el emolumenta philosophiae in linguae uerborumque artes conuerterent et uilia facundissime accusarent, intercutibus ipsi uitiis múdenles.
NOTES COMPLÉMENTAIRES, LIVRE XXVIII
333
89 Lucilius décrit un esclave mutin; l'emploi du génitif après mille n'est pas rare dans les Satires, cf. 9, 21 : meille hominum ; 18, 1 : mille plagarum. 40 Le fragment repose sur le jeu de mots salue et saluo tergo. Salue est à la fois équivalent de bene ualere et de salutem facere ; cf. Plaute, Asin. 593 : Salue — Saluere me iubes, quoi tu abiens offers morbum? Marx note que le vocabulaire appartient essentiellement à la comédie, cf. Most. 60 : Orationis operam compendi face f nisi te mala re magna mactarl cupis. Poen. 351 : ... Sel sapias, curam hane facere compendi poles.
41 Après la citation de Lucilius, Nonius ajoute : slalus masculini. M. Tullius, de Offici is, Lib. I (126) in corporis denique motu et statu cernilur. Lachmann, Lindsay... ont cru que status appartenait au vers de Lucilius et qu'il convenait de lire : quare pro facie, pro statura Accius status. Dans cette hypothèse, Lucilius aurait raillé Accius parce que celui-ci donnerait à status le sens de faciès ou de statura. Cette explication est invraisemblable et Marx l'a définitivement rejetée. En effet l'article de Nonius n'a plus aucun sens s'il n'oppose pas STATVRA generis feminini à Status masculini ; la citation de Cicerón n'a aucune justification ; enfin, il serait absurde d'employer status pour faciès ou statura I L'explication du fragment se trouve peut-être dans Pline qui écrit dans N.H. 34,19 : Notatum ab auctoribus et L. Accium poetam in Camenarum aede maxima forma statuam sibi posuisse, cum breuis admodum fuisset. Malgré sa petite taille et sa laideur, l'auteur dramatique était célèbre pour son orgueil, cf. Val., Max. 3, 7, 2 : Is Iulio Caesari (= César Strabon) amplissimo et florentissimo uiro in collegium poetarum uenienti numquam assurrexit, non maieslalis eius immemor, sed quod in comparalione communium sludiorum aliquanto superiorem se esse conflderet. Avec ironie, Lucilius affecte de penser (?) que la statue du temple des Camènes est proportionnée à l'apparence physique du poète. Marx suggère que le fragment établit une comparaison entre l'intelligence, le talent et l'aspect extérieur : ingenium eius exiguum, siculi statura et corpus. Il est impossible de trancher entre ces différentes hypothèses, toutes également arbitraires. Le sens général reste pourtant le môme : ridiculiser l'orgueil extrême d'Accius.
334
NOTES COMPLÉMENTAIRES, LIVRE XXVIII 42
Le fragment est difficile à interpréter. Luciliue parle d'une race illustre et ancienne (progeniem antiquam) d'où sont sortis deux personnages (?) : — 1) Maximus Quintus : tous les éditeurs identifient l'un des Fabii ; Marx songe à Quintus Fabius Maximus Aemilianue, frère de Scipion Émilien et consul en 145, qui reprit du service en tant que légat de Scipion Émilien pendant la campagne de Numance (cf. Appien 6, 90). Depuis Gichorius {Untersuch, zu Lucii., p. 154), la critique a retenu le Шз du précédent, Quintus Fabius Maximus Allobrogicus qui fut questeur de son oncle pendant la campagne de Numance (cf. Appien 6, 84). Il est impossible de trancher. — 2) uaricosus uatax : S'appuyant sur Perse 5, 189 : Dixeris haec inter uaricosos centuriones, Marx pense que le terme appartient à l'argot militaire où il désigne des hommes qui, à force de rester debout, ont les mollets variqueux. L'adjectif (cf. Mariotti, op. cit., p. 107) est étroitement uni à uatax par allitération ; comme uatius et le surnom uatia, le mot désigne ceux qui ont les jambes en X ; cf. Varron, L.L. 9, 10 : ac si quis puerorum per delicias pedes male poneré atque imitari uatias coeperit, hos corrigi oportere... Il s'agirait donc d'un gradé que le poète dépeindrait avec le vocabulaire des camps. Gomme le même critique pense que progenies désigne une seule et môme famille, il identifie uaricosus uatax avec le questeur Quintus Fabius Maximus Allobrogicus, sous les ordres duquel le poète dut servir quand il accompagna Scipion Émilien en Espagne. Depuis Cichoriue, tous les éditeurs considèrent que uatax n'est qu'une sorte de clef qui, en réalité, désigne le cognomen Vatia : il serait question de C. Servilius Vatia, père de P. Servilius Vatia (consul en 79). Ce personnage était le gendre de Q. Caecilius Metellus Macedonicus : il appartient à une famille contre laquelle Lucilius se déchaîne, cf. 26, 44. Dans cette perspective, il faudrait comprendre que progenies représente la race romaine, dont deux enfants se sont distingués, l'un en bien (Fabius Maximus), l'autre en mal (C. Servilius Vatia). 43 Les deux vers sont transmis dans un très mauvais état. En plus d'importantes lacunes, les manuscrits contiennent dee leçons qui ont surpris les critiques : Marx interprète presse comme représentant prae se. Terzaghi objecte que prae se ferre n'a guère de sens quand il s'agit de voleurs et que prae se auferre ne saurait se rencontrer dans un texte. Il convient donc de lire presse, cf. C.G.L. 5,327 : pressius: strictius. L'expression uiscatis manibuê appartient à la langue courante ou à la comédie, cf. ¿υποκόνδυλοι dans Aristophane (C.A.F. 1, p. 556, 718 K), piperata manus dans Martial 8, 59, 4. Terzaghi pense que le fragment raillerait l'avarice d'Accius.
NOTES COMPLÉMENTAIRES, LIVRE XXVIII
335
44 L'allitération fuga flngitur se rencontre déjà dans Plaute, Capt. 207 : At f идат flngitis : sentio quam rem agilis ; pereitus appartient à la langue de la comédie, cf. ira peretta (Cas. 628). Il est possible que les rappels de syllabes dans timido pede percitus soulignent un mélange entre le ton de la conversation courante et celui de la tirade noble (timidus). Rien ne permet d'affirmer qu'il s'agisse ici d'un esclave. 46 Marx note que Lucilius reprend la distinction que Xénophon établit dans τα δυσχβρή entre τα δυσειδή et τά δυσώδη (cf. Memorables 1, 4, 6). Le poète dramatise. Peut-être raille-t-il des personnages tragiques, cf. livre 26, 20 : squalitate summa ас scabie summa in aerumna obrulam, / ñeque inimicis inuidiosam neque amico exopta bilem. 4β
J'ai suivi les corrections de Marx. Il faut admettre que le génitif nemoris a valeur de qualifiant et se rapporte à montes. Le vers semble évoquer une vision grandiose ; avec emphase, le poète parle de montagnes qui s'élèveront jusqu'aux étoiles (cf. voyage en Sicile, 3, 8, où les collines de Sétia sont décrites comme asperi Athones...). Est-ce une parodie des prophéties que les auteurs tragiques prêtent aux devins ? Lachmann lit tantis e tenebrie montes eis aethera tollent et, considérant qu'il s'agit d'un orage, compare avec Lucrèce 2, 325.
CONCORDANCE ENTRE L'ÉDITION DE F. MARX ET LA PRÉSENTE ÉDITION Leg références à l'édition de F. CHARPIN sont données par un nombre unique quand les fragments sont classée dans le môme livre que dans l'édition de F. MARX.
M
о 11
м
с 11 *~
С
(livre 9) 374 411-2 15 15 375-6 413-5 9 16 319 21 377-8 14 416 19 320 22 379-380 13 417 20 321 31 10 418-420 17 381 322-3 24 421 note frg. 10 18 382 324-5 1 23 p. 789 326 30 [(livre 10) 422-4 11 327 33 383 notice, n. 1,1 425 12 328-9 25 p. 456 16 426 330 28 384 notice, n. 2, 331-2 26 (livre 12) p. 456 333 32 5 427 4 385 334-5 27 428-9 386-7 4 1 336-7 29 7 430 2 388 338-340 2 3 389 431 7 341-347 3 390 1 8 432 348 notice, n. 4,1 391 3 433-4 2 p. 123 1 392 5 435-6 6 349-350 1 393 6 437 notice, n. 1, 351 4 p. 123 (livre 11) 352-5 5 (livre 13) 356 6 394-5 8 396 note frg. 8І438-9 357 7 2 358-361 8 p. 678 440-1 3 362-3 397 9 2 442-3 4 364-6 398-9 10 4 444 5 367-8 400 11 6 445 6 369-370 401-4 12 7 446 1 405-6 371 13 1 447 7 372 1 407-8 14 3 448 11 D 1 373 5 1 449 1 409-410 10
338
M I 450-1
452
TABLE DE CONCORDANCE
С I 8 9
454-5
456 457-8 459-460 461 462-3 464-5 466 ' 467-8 469-470
471 472 473 474-5 476 477 478-9 (livre 15) 480-3 484-9 490-1
492 493-4
495 496 497-8 499-500 501-2 503 504-5 506-8 509 510
511 512-3
514 515-6 (livre 16)
517
1] M 1
С
518
notice, n. 4,1 p. 678
519-520
1 2 3 8 9
522-4 525-6 527-9
530 531
6 10 7 9 4 2 8
6 7
532-3 534-6
1 5
16
537
3
(livre 14)
453
M 1
521
17
(livre 17)' U 538-9 12 540-6 13 547-8 14 5 I 549 550-1 4 552-3 15 H 179 (livre 18) 10 554 555-6
18 19 12 6 8 14 16 7 9 10 11 13 5 4 2 3 1 15 17
3 2 1 6 4 5 2
1
(livre 19)
557 558
!
559-560 561-2
563 564 565 566 567
2
9 4 5 1
582 583 584 (livre 23)
585 586 ¡(livre 26)
1
587
8 15 22 16
588-9 590-1 592-3
594 595-6 597-8 599-600 601 602 603-4 605 606 607 ;
1 608 1 609 610 611 612
6 7 3
618-9
568
1
569 570-2 573-4 575-6
2 5
1 622 1 623
617 620 621
(livre 20)
(livre 22) notice, n. 1, 579-580 p. 456 il 581
1
(livre 25)
613-4 1 615-6
577 578
1 2 3
1
8
3 7 4 6
С
624
I 1 1 1
4 5
625 626 627 628 629 630 631 632
II
cf. 16
17 19 20 21 62 18 27 11 9 6
2 5 75 23 25 24 74 52 31 26 30
42 40 58
54 3 57 55 56 41 4
339
TABLE DE CONCORDANCE
Μ Ι
č [1 M [
28 64 63 65 66 59 60 67 61 14 68 45
691 692 693 694 695 696 697 698 699 700 701 702
10 8 3 15 45 4 44 37 36 40 42 41
649
29
703
35
757
9
650
7 13 1 10 72 12 76 39 71 38 46 69 70 37 35 36 34 32 73 33 43 44 47 48 50 49 51 53 77
19 31 39 38 22 18 5 30 11 14 7 12 17 6 13 34 16 26 24 25 27 23 20 21 29 28 43 2 33 32
758 759 760 761
16 35 34 36 10 38 32 33 39 37 40 24 20 23 25 26 22
ο
Μ~Ί 633-4 635-6
637 638 639 I 640 641 642 I 643 644 645-6 647-8 651-2
653 654 655 656-7
658 659 660-1
662 663 664 665 666 667 668 669-670 671-2 673-4
675 676 677 678-9
680 681 682-3 684-5
686 687
Ι
(livre 27) 688-9
1
690
9
1
704-5
706 707 708 709-710
711 712-4 715 716-7
|
718 719 720-1 722-3
724 725 726-7
728 729 730 731 732 733 734 735 736 737 738 739 740 741
1
(livre 28)
I 742
1
7
3 4 1 6 8 2 5 11 12 15 13 14
743 744 745-6
747 748 749 750
I
751
752 753 754 755-6
762-3
764 765 766-7
768 769-770 771-2
773 774 775 776 777 778 779 780 781 782 783 784-790
791 792 793 794 795 796-7 798 799 800-1
0
1
21
18 19 17 27 29 30 31 SN 6 41 44 43 45 46 42
TABLE DES MATIÈRES
Livre IX Livre X Livre XI
7 25 33
Livre XII Livre XIII Livre XIV Livre XV Livre XVI Livre XVII Livre XVIII Livre XIX Livre XX Livre XXI Livres XXII-XXV Livre XXVI Livre XXVII Livre XXVIII
43
!..
51 57 65 77 87 93 97 103 111 115 121 151 167
Notes complémentaires
185
Concordance entre l'édition de F. Marx et la présente édition
337
Ce volume, de la Collection des Universités de France, publié aux Éditions Les Belles Lettres, a été achevé d'imprimer en novembre 2002 sur presse rotative numérique de Jouve ll,bdde Sebastopol, 75001 Paris
№ d'édition : 4553 Dépôt légal : décembre 2002 Imprimé en France
0184-1
782251"011080 й