Les Perles Ordonnees: Des Vertus Du Sultan Barquq: Al-durr Al-nadid Fi Manaqib Al-malik Al-zahir Abi Sa'id (Miroir De L'orient Musulman, 11) (French Edition) 2503596703, 9782503596709


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French Pages 150 [156] Year 2023

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Table of contents :
Avant-propos
Introduction
Muḥammad Ibn ‘Aqīl
Barqūq fondateur d’une nouvelle dynastie
Forme et composition du traité
Un genre composite
La légitimité du « bon souverain »
Sources et diffusion du traité
Description du manuscrit
Règles d’édition et de traduction
Edition et Traduction
Préface
Chapitre premier: Les débuts de la dynastie des Turcs
الباب الأوّلفي مبُتدأ دولة الترك
Chapitre deuxièmeDes questions juridiques
الباب الثانيفي المسائل الفقهيةّ
chapitre 3Des vertus du Sultan al-Malik al-Ẓāhir Abū Saʿīd Barqūq
الباب الثالثفي مناقب السلطان الملك الظاهر أبو سعيد برقوق خلدّ لله سلطانه ونصر جيوشه وأعوانه
Bibliographie
Sources
Instruments de travail et ouvrages de référence
Études
Index
Table des figures
Table des matières
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Les Perles Ordonnees: Des Vertus Du Sultan Barquq: Al-durr Al-nadid Fi Manaqib Al-malik Al-zahir Abi Sa'id (Miroir De L'orient Musulman, 11) (French Edition)
 2503596703, 9782503596709

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Les Perles ordonnées

MIROIR DE L’ORIENT MUSULMAN Volume 11 Directrice de la collection Denise Aigle, Directrice d’études émérite à l’EPHE Comité de direction Stéphane Dudoignon, Directeur de recherche au CNRS Anne-Marie Eddé, Professeur émérite à l’Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne Nicolas Michel, Professeur à Aix-Marseille Université

MuḤammad Ibn ʿAqiˉl

Les perles ordonnées Des vertus du sultan Barqūq (784-801/1382-1399) Al-Durr al-nad.īd fī manāqib al-Malik al-Z. āhir Abī Saʿīd

Édition et traduction annotées par abdallah cheikh-moussa et anne-marie eddé

F

© 2022, Brepols Publishers n.v., Turnhout, Belgium. All rights reserved. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted, in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise without the prior permission of the publisher. D/2022/0095/178 ISBN 978-2-503-59670-9 ISSN 2295-8169 E-ISSN 2565-9812 Printed in the EU on acid-free paper.

Avant-propos

L’édition et la traduction du traité d’Ibn ʿAqīl ont débuté au cours d’un séminaire qui a réuni à la Section arabe de l’Institut de recherche et d’histoire des textes (CNRSParis), de 2004 à 2006, chercheurs, professeurs et doctorants. Nous remercions chaleureusement tous les participants qui, par leurs suggestions et commentaires, nous ont aidés à approfondir notre réflexion. Nous les prions aussi d’excuser le retard pris par cette publication que seules les passionnantes et néanmoins lourdes charges universitaires qui ont été les nôtres, durant toutes ces années, peuvent expliquer. Notre reconnaissance s’adresse tout particulièrement au regretté Jean-Claude Garcin pour sa précieuse intervention sur le système politique mamelouk, à Jacqueline Sublet pour ses stimulantes remarques sur le monnayage du sultan, ainsi qu’à Christian Müller et au regretté Marc Geoffroy, pour leur participation à l’édition de certains passages de ce texte. Nous remercions, enfin, les éditions Brepols Publishers et Denise Aigle, directrice de « Miroir de l’Orient Musulman », qui ont bien voulu accueillir l’édition et la traduction de ce traité dans leur collection et nous sommes très reconnaissants envers les deux rapporteurs scientifiques pour leurs très utiles commentaires et suggestions.

Introduction

Muḥammad Ibn ‘Aqīl Le 15 ğumāda II 785/15 août 1383, neuf mois après l’accession au pouvoir du sultan Barqūq (784-801/1382-1399), un certain Muḥammad Ibn ʿAqīl achevait un traité destiné à louer les vertus du sultan et à lui prodiguer quelques conseils juridiques. Édité et traduit ici pour la première fois, cet opuscule de quarante-cinq folios, un unicum conservé à la bibliothèque nationale de Berlin1, est intitulé al-Durr al-naḍīd fī manāqib al-Malik al-Ẓāhir Abī Saʿīd (Les perles ordonnées : des vertus d’al-Malik al-Ẓāhir Abū Saʿīd)2. La seule indication sur l’identité de son auteur – ou de son copiste – figure au dernier folio de ce manuscrit avec la mention : « hommage (ḫidma) du mamelouk Muḥammad Ibn ʿAqīl ». La comparaison avec d’autres colophons de manuscrits montre que le terme de ḫidma était utilisé aussi bien par des auteurs que par des copistes qui écrivaient pour la bibliothèque et « au service » (ḫidma) d’un haut personnage. Ajoutons que le terme de mamlūk ne doit pas être compris ici au sens d’esclave militaire ou de membre de la dynastie mamelouke, mais bien comme une formule d’humilité telle qu’elle apparaît souvent dans les correspondances des oulémas3. Comme il n’existe aucune trace de cet ouvrage dans les sources postérieures, sa datation ainsi que l’identification de son auteur posent problème. Nous avons déjà eu l’occasion d’exposer en détail cette question dans une communication présentée





1 Staatsbibliothek zu Berlin, Wetzstein I, 133 ; Wilhelm Ahlwardt, Verzeichnis der arabischen Handschriften der königlichen Bibliothek zu Berlin, 10 vol., Berlin, Schade-Asher, 1887-1899, IX, p. 307 (no 9817) ; http:// orient-digital.staatsbibliothek-berlin.de/. 2 Le titre apparaît sur la page de titre (fol. 1r°) et dans la préface (fol. 7r°). Ce genre de titre imagé et versifié était fréquemment donné par les auteurs à leurs ouvrages. Voir par exemple un texte du viie/xiiie siècle qui est une « hagiographie » de la famille du Prophète : Muḥammad b. Ḥasan al-Qummī, al-ʿIqd al-naḍīd wa l-durr al-farīd, éd. ʿAlī Awsaṭ al-Nāṭiqī et al., Qom, Dār al-Ḥadīṯ, 1423/2002. 3 Cette expression n’est pas sans rappeler la formule française « Votre Serviteur » à la fin d’une dédicace. Voir par exemple le manuscrit destiné à la bibliothèque du sultan Qalāwūn de Šāfiʿ Ibn ʿAlī l-ʿAsqalānī (m. 730/1330), al-Faḍl al-ma’ṯūr min sīrat al-Malik al-Manṣūr, ms. Oxford, Bodleian, Marsh, 424, fol. 1r° (reproduit dans l’édition de ʿUmar ʿAbd al-Salām Tadmurī, Ṣaydā-Beyrouth, al-Maktaba l-ʿaṣriyya, 1418/1998). Pour de nombreux exemples de copistes utilisant cette formule, voir Vlad Atanasiu, Le phénomène calligraphique à l’époque du sultanat mamluk. Moyen-Orient, xiiie–xvie siècle, Thèse de doctorat inédite, École Pratique des Hautes Études (dir. F. Déroche), Paris, 2003, p. 255 sq. La notion de ḫidma était aussi employée dans un contexte politico-militaire avec un sens bien différent. Cf. Jo Van Steenbergen, Order out of Chaos. Patronage, Conflict and Mamluk Socio-political Culture, 1341-1382, Leyde, Brill, 2006, p. 72-75.

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en 2017 à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres4 et, par conséquent, nous ne ferons que résumer ici les grandes lignes de notre argumentation. Plusieurs indices textuels et codicologiques tels que l’expression après le nom du sultan sur la page de titre de ḫallada Llāhu sulṭānahu (« que Dieu pérennise son règne ») – qui indique que l’auteur ou le copiste écrit du vivant du sultan –, la datation du colophon – 785/1383 sans aucune date ultérieure de copie –, la nature du papier épais et non filigrané, ou encore la justification rectangulaire de la page de titre, semblent plaider pour un manuscrit de la fin du viiie/xive siècle, c’est-à-dire pendant le règne même de Barqūq5. Si tel était le cas, Muḥammad Ibn ʿAqīl aurait toutes les chances d’en être l’auteur plutôt que le copiste, étant donné le très court laps de temps (moins de neuf mois) entre l’avènement de Barqūq et l’achèvement de l’œuvre. On voit mal, en effet, un copiste recopier une œuvre tout juste achevée pour la bibliothèque du sultan sans en mentionner l’auteur. On peut donc en conclure, sans trop risquer de se tromper, que nous avons là affaire à un manuscrit autographe. Reste à identifier l’auteur. Le contenu même du traité ne nous livre que très peu d’informations sur lui. Tout juste peut-on déduire des questions et réponses juridiques qui figurent dans le deuxième chapitre qu’il était juriste, certainement chafiite, puisque l’une de ses réponses renvoie explicitement à al-Šāfiʿī (fol. 35r°). Ce détail a son importance, car il montre que le sultan Barqūq, hanafite comme la plupart des sultans mamelouks, restait ouvert aux différentes écoles juridiques. D’autres indices témoignent de cette ouverture d’esprit tels que la madrasa qu’il fonda au centre du Caire, à partir de 786/1384, consacrée aux quatre écoles juridiques du sunnisme (même si l’école hanafite y était prédominante)6 ou encore les visites qu’il aimait rendre à la tombe d’al-Šāfiʿī, au Caire, ainsi qu’à celle d’al-Sayyida Nafīsa, une descendante de ʿAlī, cousin du Prophète, vénérée par tous les Égyptiens comme une sainte7. Ailleurs dans le traité (fol. 9v°), Damas est qualifiée de maḥrūsa (la Bien-Gardée), ce qui suggère qu’aucune menace ne pesait alors sur la ville8 et que l’auteur entretenait





4 Anne-Marie Eddé, « Les perles ordonnées : un traité des vertus en hommage à un sultan mamelouk du xive siècle », Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (janvier-mars 2017), p. 127-147. 5 Dans son catalogue, W. Ahlwardt (IX, p. 307) datait le manuscrit du xe/xvie siècle, sans aucune argumentation ni preuve scientifiques. Sur le site de la bibliothèque, le doute sur cette datation est du reste indiqué par un point d’interrogation : http://orient-digital.staatsbibliothek-berlin.de. 6 Cf. Julien Loiseau, Reconstruire la maison du sultan, 1350-1450. Ruine et recomposition de l’ordre urbain au Caire, Le Caire, Institut français d’archéologie orientale, 2010, I, p. 230 ; Doris Behrens-Abouseif, Cairo of the Mamluks. A History of the Architecture and its Culture, New York, I. B. Tauris, 2007, p. 225-230. 7 Cf. Ibn Taġrībirdī, al-Nuğūm al-zāhira fī mulūk Miṣr wa l-Qāhira, Le Caire, al-Mu’assasa l-miṣriyya l-ʿāmma li-l-ta’līf wa l-ṭibāʿa wa l-našr, 1963-1972, XI, p. 245, 272 ; Jean-Claude Garcin « The regime of the Circassian Mamlūks », dans Carl F. Petry (éd.), The Cambridge History of Egypt, Volume 1, Islamic Egypt, 640-1517, Cambridge, Cambridge University Press, 1998, p. 313. Al-Šāfiʿī lui-même lui rendait souvent visite. Cf. EI2, « Sayyida Nafīsa » (Rudolf Strothmann). 8  Voir, sur cette formule propitiatoire ou atropaïque, al-Qalqašandī, Ṣubḥ al-aʿšā fī ṣināʿat al-inšā’, éd. Dār al-kutub al-miṣriyya, 14 vol., 1922 (réimp. de l’éd. du Caire, Dār al-kutub al-ḫidīwiyya, 1331-1338/1913-1920), VI, p. 184.

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des liens privilégiés avec elle. De son style en prose rimée (saǧʿ), dans les passages qui louent le sultan et sa justice, on ne peut rien déduire, car il s’agit là d’un style convenu et souvent codifié, riche en métaphores et en ressources rhétoriques, qu’on retrouve dans de nombreux panégyriques de souverains rédigés depuis le vie/xiie siècle dans les milieux de chancellerie notamment. On notera, par ailleurs, que les passages poétiques sont souvent empruntés à d’autres poètes. Ainsi à la fin de son premier chapitre, ce sont des vers du poète Ibn ʿUnayn (549-630/1154-1233)9 louant le sultan ayyoubide al-ʿĀdil (596-615/1200-1218) qu’il plagie pour les adapter à Barqūq. Deux juristes connus des dictionnaires biographiques sous le nom d’Ibn ʿAqīl pourraient correspondre au profil de notre auteur. Le premier, Nağm al-Dīn Muḥammad b. Nūr al-Dīn ʿAlī b. al-ʿAllāma Muḥammad b. ʿAqīl b. Muḥammad b. al-Ḥasan b. ʿAlī l-Bālisī, al-Miṣrī l-Šāfiʿī, né en 730/1329-30, était le petit-fils d’un traditionniste et juriste chafiite égyptien10. Il fit partie de l’entourage des émirs mamelouks du Caire, transmit de nombreux hadiths et enseigna le droit dans plusieurs madrasas dont la chafiite Ṭaybarsiyya fondée, au viiie/xive siècle, à l’intérieur de la mosquée al-Azhar. Après s’être retiré dans sa maison de la vieille ville du Caire (Miṣr), il mourut en 804/1401 à l’âge de soixante-quatorze ans11. Le second, le cadi Fatḥ al-Dīn Muḥammad (m. au Caire en ṣafar 789/février 1387)12, était le fils du grand cadi chafiite du Caire, Bahā’ al-Dīn ʿAbd Allāh b. ʿAbd al-Raḥmān Ibn ʿAqīl al-Šāfiʿī, mort en 769/1367-813. Homme de loi, mais également d’administration, Fatḥ al-Dīn Muḥammad Ibn ʿAqīl exerça les fonctions de secrétaire de chancellerie (muwaqqiʿ al-darǧ)14 au Caire, ce qui expliquerait qu’il ait rédigé le traité qui nous occupe ici. On notera, par ailleurs, que ce texte reproduit des vers de poésie composés par un cheikh chafiite égyptien connu

9  Cf. EI2, « Ibn ʿUnayn » (Réd). 10 Cf. ʿUmar Riḍā Kaḥḥāla, Muʿğam al-mu’allifīn, Beyrouth, Dār iḥyā’ al-turāṯ al-ʿarabī, 1957-1961, X, p. 296. 11 Cf. al-Maqrīzī, Durar al-ʿuqūd fī tarāğim al-aʿyān al-mufīda, éd. Maḥmūd al-Ğalīlī, Beyrouth, Dār al-Ġarb al-islāmī, 2002, III, p. 281 (no 1207) ; al-Fāsī, Taqī l-Dīn Muḥammad b. Aḥmad b. ʿAlī l-Makkī l-Ḥasanī l-Mālikī, Ḏayl al-Taqyīd fī ruwāt al-sunan wa l-masānīd, éd. Muḥammad Ṣāliḥ b. ʿAbd al-ʿAzīz al-Murād, La Mecque, Ǧāmiʿat Umm al-Qurā, 1997, I, p. 315, no 343 ; Ibn Ḥağar al-ʿAsqalānī, Inbā’ al-ġumr bi-abnā’ al-ʿumr, rééd. Beyrouth, Dār al-kutub al-ʿilmiyya, 1986, V, p. 49 ; id., al-Mağmaʿ al-mu’assas li-l-muʿğam al-mufahras, éd. Yūsuf ʿAbd al-Raḥmān al-Marʿašlī, Beyrouth Dār al-maʿrifa, 1992-94, II, p. 539-542, no 256 ; Ibn al-ʿImād, Šaḏarāt al-ḏahab fī aḫbār man ḏahab, éd. ʿAbd al-Qādir et Maḥmūd al-Arna’ūṭ, Damas-Beyrouth, Dār Ibn Kaṯīr, 1986-1995, IX, p. 73. 12 Cf. Ibn Taġrībirdī, Nuğūm, XI, p. 314 (an 789) ; al-Maqrīzī, Kitāb al-Sulūk li-maʿrifat duwal al-mulūk, éd. Muḥammad M. Ziyāda et Saʿīd ʿAbd al-Fattāḥ ʿĀšūr, Le Caire, Laǧnat al-ta’līf wa l-tarǧama wa l-našr, 1939-1973, III/2, p. 571 ; Ibn Ḥağar al-ʿAsqalānī, Inbā’, II, p. 272. 13 Bahā’ al-Dīn portait aussi la nisba d’al-Bālisī et al-Ḥalabī. Peut-être appartenait-il à la même famille que le précédent. Cf. Ibn al-ʿImād, Šaḏarāt, VIII, p. 367-369 d’après Ibn Qāḍī Šuhba, Ṭabaqāt al-Šāfiʿiyya, éd. ʿAbd al-ʿAlīm Ḫān, Hydarabad, Dā’irat al-maʿārif al-ʿuṯmāniyya, 1978-80, III, p. 129-132 (no 645) ; EI2, « Ibn ʿAḳīl » ( Joseph Schacht). 14 Littéralement : « celui qui signe les diplômes ». Il s’agit à l’époque mamelouke d’un secrétaire de chancellerie chargé d’inscrire la formule exécutoire sur les pièces officielles ou de signer les diplômes. Cf. Bernadette Martel-Thoumian, Les civils et l’administration dans l’État militaire mamlūk (ixe/xve siècle), Damas, Institut français de Damas, 1992, p. 44-45.

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sous le nom de Badr al-Dīn Muḥammad al-Bulqīnī15, qui n’est autre que le petit-fils du cadi Bahā’ al-Dīn Ibn ʿAqīl16, c’est-à-dire probablement le neveu de notre auteur. Les fonctions d’Ibn ʿAqīl dans la chancellerie mamelouke justifieraient à elles seules sa proximité avec le sultan et son désir de lui complaire, mais les administrateurs n’étaient pas les seuls à jouir de la faveur royale. Nombreux étaient les sultans et les émirs qui étaient prêts à accorder leur protection aux hommes de lettres et de religion dont les intérêts convergeaient souvent avec les leurs, et il n’était pas rare qu’ils dédient leurs ouvrages aux gouvernants et hommes de pouvoir. Des alliances matrimoniales unissaient parfois plus étroitement encore les familles des uns et des autres17. On connaît, par exemple, la proximité de Barqūq et du célèbre historien Ibn Ḫaldūn, nommé grand cadi malékite, en 786/1384, deux ans seulement après son arrivée en Égypte. Dans une lettre envoyée, cette même année, à la demande d'Ibn Ḫaldūn, au souverain hafside de Tunis, Abū l-ʿAbbās (772-796/1370-1394), pour lui demander d’autoriser sa famille à venir le rejoindre en Égypte, Barqūq exprimait son opinion sur les oulémas en ces termes : « les savants – que Dieu soit satisfait d’eux – sont les héritiers des prophètes, la prunelle des yeux des saints, les guides des créatures de Dieu sur la terre, en particulier ceux que Dieu a doués de l’intelligence profonde de ce qu’Il leur a enseigné et à qui Il a inspiré la meilleure voie d’accès au savoir18 ». Il est vrai que, parfois, leur appui s’obtenait par l’intimidation, comme en 791/1389, lorsque les adversaires de Barqūq forcèrent le calife et les grandes personnalités religieuses du Caire à approuver la fatwa les autorisant à combattre le sultan19. Cependant, même si ce dernier destitua et fit arrêter certains d’entre eux après avoir repris le pouvoir20, il accorda son pardon à d’autres et n’en tint pas rigueur à l’ensemble des oulémas. Le sultan avait, certes, le pouvoir de destituer tel ou tel détenteur d’une fonction religieuse, mais il devait aussi veiller à maintenir un juste équilibre entre son pouvoir personnel et l’influence qu’exerçaient les oulémas sur la population21 Dans l’ensemble,

15 Cf. infra p. 75. 16 La mère d’al-Bulqīnī était la fille de Bahā’ al-Dīn, donc la tante de notre auteur. 17 Cf. J.-Cl. Garcin, « The regime of the Circassian Mamlūks », p. 311. 18 Cf. Ibn Ḫaldūn, Le Livre des Exemples, I, Autobiographie, Muqaddima, trad. Abdesselam Cheddadi, Paris, Gallimard (« Bibliothèque de la Pléiade »), 2002, p. 165 (trad. légèrement modifiée) ; Jonathan P. Berkey, « Culture and society during the late Middle Ages », dans Carl F. Petry (éd.), The Cambridge History of Egypt, Volume 1, Islamic Egypt, 640-1517, p. 401 ; id., The Civilian Elite of Cairo in the late Middle Ages, chap. IV (Occupational Patterns of the Civilian Elite), Princeton, Princeton University Press, 1981, p. 200-311. 19 Dans ces situations critiques, toutefois, certains oulémas refusaient de plier sous la contrainte, tel le juriste malékite Šams al-Dīn Muḥammad b. Yūsuf al-Rakrākī (m. 794/1391) qui, refusant de déclarer, comme tous les autres juges, Barqūq impie (takfīr), fut alors battu, puis emprisonné sur ordre de l’émir Minṭāš. Cf. Ibn Taġrībirdī, Nuğūm, XI, p. 358-362 ; Amalia Levanoni, « Takfīr in Egypt and Syria during the Mamlūk Period », dans Camilla Adang, Hassan Ansari, Maribel Fierro et Sabine Schmidtke (éd.), Accusations of Unbelief. A Diachronic Perspective on Takfīr, Leyde-Boston, E. J. Brill, 2015, p. 162-163, 168-169. 20 Cf. Ibn Ḫaldūn, Le Livre des Exemples, I, p. 211 ; Clément Onimus, Les maîtres du jeu. Pouvoir et violence politique à l’aube du sultanat mamlouk circassien (784-815 A.H./1382-1412 A.D.), Paris, Éditions de la Sorbonne, 2019, p. 134. 21 Voir l’exemple de la destitution par Barqūq, en 784/1382-3, du grand cadi chafiite d’Égypte, Burhān al-Dīn Ibrāhīm ibn Ğamā‘a (m. 790/1388) dans Yaacov Lev, « Symbiotic Relations : Ulama and the Mamluk Sultans », Mamlūk Studies Review, 13/1 (2009), p. 1-26 (ici p. 7).

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les sources soulignent le profond respect et la grande générosité de Barqūq à leur égard22. En abolissant les taxes non canoniques (mukūs), en consultant les oulémas sur les questions fiscales23 et en soignant son image de défenseur de l’islam, le sultan réussit, le plus souvent, à gagner leur confiance. Dans le cas d’Ibn ʿAqīl, on ne sait pas si ce fut à la demande du sultan qu’il écrivit son traité, mais il est sûr qu’il se montra très soucieux de le flatter et de lui plaire tout en prenant soin de mettre en valeur, en lui prodiguant avis et conseils, ses propres qualités de juriste.

Barqūq fondateur d’une nouvelle dynastie Très vite, dans la tradition arabo-islamique, Barqūq (784-801/1382-1399) fut considéré comme le fondateur de la dynastie des Mamelouks circassiens (784-922/13821517) qui succéda à la dynastie des Mamelouks baḥrites24 (648-689/1250-1290) et qalāwūnides (689-784/1290-1382), dominée par les Turcs25. Dans les faits, cependant, son règne ne marqua aucune rupture brutale, mais consacra plutôt l’évolution dans le recrutement des mamelouks dont les premiers effets s’étaient fait sentir dès la fin du viie/xiiie siècle. En effet, les Circassiens, originaires du Nord-Ouest du Caucase, entre mer Caspienne et mer Noire, occupèrent, dès le début du sultanat mamelouk, une place importante dans l’armée, en particulier dans le régiment des Burğiyya créé par le sultan Qalāwūn (678-689/1279-1290)26. Avant même Barqūq, Baybars II (708709/1309-1310) fut le premier sultan sans doute d’origine circassienne, et quelques décennies plus tard, en 748/1347-8, sous le règne du sultan Ḥasan (748-752/1347-1351 et 755-762/1354-1361), les Turcs étouffèrent dans l’œuf un coup d’état circassien27. La rivalité entre mamelouks turcs et mamelouks circassiens n’était donc pas nouvelle en cette fin de viiie/xive siècle. C’est toutefois Barqūq qui installa durablement les

22 Cf. en particulier, al-Maqrīzī, Sulūk, III/2, p. 944-945. 23 Cf. Julien Loiseau, « L’armée du jour ou l’armée de la nuit ? Guerre, mobilisation des ressources et société civile sous le règne d’al-Ẓāhir Barqūq », dans Mathieu Eychenne, Stéphane Pradines et Abbès Zouache (dir.), Guerre et paix dans le Proche-Orient médiéval (xe-xve siècle), Le Caire, IFAO-IFPO, 2019, p. 235-250 (ici p. 244-245, 247-248). 24 Appelés « baḥriyya » (baḥrites), car ce corps d’élite était à l’origine cantonné, au Caire, dans une forteresse de l’île de Rawḍa, au bord du Nil (Baḥr al-Nīl). Ils furent également désignés par le terme de Ṣāliḥiyya ou « Maison d’al-Ṣāliḥ » en référence à leur ancien maître, le sultan ayyoubide al-Ṣāliḥ Ayyūb (637-647/1240-1249). 25 Cf. Ibn Taġrībirdī, Nuğūm, XI, p. 221 ; David Ayalon, « The Circassians in the Mamluk Kingdom », Journal of the American Oriental Society, 69/3 (1949), p. 135-147 (repris dans Islam and the Abode of War : Military Slaves and Islamic Adversaries, Aldershot, Variorum («Variorum collected studies series»), 1994) ; J.-Cl. Garcin, « The regime of the Circassian Mamlūks », p. 290-317 ; Amalia Levanoni, « Al-Maqrīzī’s Account of the Transition from Turkish to Circassian Mamluk Sultanate : History in the Service au Faith », dans Hugh Kennedy (éd.), The Historiography of Islamic Egypt (c. 950-1800), Leyde, Brill, 2001, p. 93-105. 26 Cf. Linda S. Northrup, From Slave to Sultan. The Career of al-Manṣūr Qalāwūn and the Consolidation of Mamluk Rule in Egypt and Syria (678-689 A.H./1279-1290 A.D.), Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 1998, p. 191 ; id., « The Baḥrī Mamlūk sultanate, 1250-1390 », dans Carl F. Petry (éd.), The Cambridge history of Egypt, Volume 1, Islamic Egypt, 640-1517, p. 258. 27 Cf. D. Ayalon, « The Circassians in the Mamluk Kingdom », p. 138.

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Circassiens au pouvoir en achetant systématiquement pour son armée des mamelouks de cette ethnie et en leur permettant de s’élever dans la hiérarchie émirale28. Lui-même, circassien d’origine, avait été acheté comme esclave en Crimée et vendu aux alentours de 764/1363, alors qu’il avait déjà plus d’une vingtaine d’années, à un puissant émir égyptien nommé Yalbuġā l-ʿUmarī (m. 768/1366)29. Après le meurtre de son maître par ses propres mamelouks, Barqūq fut emprisonné quelque temps dans la forteresse de Kérak, en Transjordanie, avant d’être libéré. Il se mit alors au service de l’émir Manğak, vice-sultan à Damas. Avec ce dernier, il revint ensuite au Caire, entra à la cour du sultan al-Ašraf Šaʿbān II (764-778/1363-1377) et fit partie du complot qui aboutit à l’assassinat de son maître. Promu atabeg des armées sous le règne d’al-Manṣūr ʿAlī (778-783/1377-1381), alors âgé de sept ans, il gouverna en coulisse et s’empressa d’éliminer ses adversaires parmi lesquels figurait son premier allié, l’émir Baraka (Berke). À la mort du jeune sultan, en 783/1381, il installa durant quelques mois son frère al-Ṣāliḥ Ḥāğğī (qui n’avait que onze ans) sur le trône, puis sous prétexte qu’il fallait un homme fort pour assurer la sécurité de l’État, il s’empara lui-même du pouvoir, le 19 ramaḍān 784/26 novembre 1382. En moins de vingt ans, Barqūq avait ainsi réussi à se hisser sur les plus hautes marches du palais. Il allait y rester jusqu’à sa mort, en 801/1399, avec une brève interruption, de ğumāda I 791/juin 1389 à muḥarram 792/janvier 1390, non sans avoir restauré provisoirement le principe dynastique en désignant, comme successeur, son fils al-Farağ (801-815/1399-1412)30. L’empire mamelouk sur lequel s’exerçait son pouvoir recouvrait un vaste territoire incluant l’Égypte et le Bilād al-Šām31, tandis que ses frontières septentrionales et orientales jouxtaient le sud de l’Anatolie et les rives de l’Euphrate. Dans les contrées 28 Cf. Julien Loiseau, Les Mamelouks, xiiie-xvie siècle, Paris, Le Seuil, 2014, p. 127, 196-200. 29 La date de naissance de Barqūq n’est pas connue, mais les sources disent qu’il mourut en 801/1399 à plus de soixante ans. Cf. un résumé de son règne dans la première partie de l’ouvrage intitulé al-Sulṭān Barqūq mu’assis dawlat al-Mamālīk al-ǧarākisa (784-801/1382-1398) min ḫilāl maḫṭūṭ ʿIqd al-ǧumān fī tā’rīḫ ahl al-zamān li-Badr al-ʿAynī, éd. Īmān ʿUmar Šukrī, Le Caire, Maktabat al-Madbūlī, 2002. Cf. aussi EI2, « Barḳūḳ » (Gaston Wiet) et EI3, « Barqūq b. Anas al-Malik al-Ẓāhir » (Warren C. Schultz) ; Sami G. Massoud, « al-Maqrīzī as a Historian of the Reign of Barqūq », Mamlūk Studies Review, 7/2 (2003), p. 119-136 ; J. Loiseau, Reconstruire la Maison du sultan, p. 146-153, 229-232, 264-268, 287-330 et C. Onimus, Les maîtres du jeu. Pour l’historiographie médiévale, cf. al-Maqrīzī, Sulūk, III/2, p. 476 sq. et 943-947 ; Ibn Taġrībirdī, al-Manhal al-ṣāfī wa l-mustawfī baʿd al-Wāfī, éd. Aḥmad Yūsuf Nağātī et al., 6 vol., Le Caire, Maṭbaʿat Dār al-kutub al-miṣriyya, 1956-1990, III, p. 285-342 ; id., Nuǧūm, XI, p. 221-227 ; Ibn Ḥağar al-ʿAsqalānī, Inbā’, IV, p. 50-54 ; al-ʿAynī, ʿIqd al-ǧumān fī ta’rīḫ ahl al-zamān (al-Nāṣir Faraǧ b. Barqūq, 801-806/1398-1403), éd. Islām Yušaʿ Bīnū, Amman, Dār al-Yāzūrī-Mu’assasat Ḥammāda li-l-dirāsāt al-ǧāmiʿiyya, 2012, p. 101-113 ; al-Saḫāwī, al-Ḍaw’ al-lāmiʿ li-ahl al-qarn al-tāsiʿ, Le Caire, Maktabat al-Qudsī, 1934-1936, III, p. 10-12 ; Ibn al-ʿImād, Šaḏarāt, IX, p. 16-17. Une biographie latine de Barqūq fut également rédigée en 1416 par le marchand siennois Bertrando de Mignanelli (qui ne cite malheureusement pas ses sources) et adaptée en anglais par Walter J. Fischel, « Ascensus Barchoch. A Latin Biography of the Mamlūk Sultan Barqūq of Egypt (d. 1399) Written by B. de Mignanelli in 1416 », I et II, Arabica, 6/1 (1959), p. 57-74 et 6/2 (1959), p. 152-172 ; pour une édition plus récente, voir Nelly Mahmoud Helmy, Tra Siena, l’Oriente e la curia : Beltramo di Leonardo Mignanelli e le sue opere, Rome, Istituto storico italiano per il Medio Evo, 2003 ; voir aussi Bernadette Martel-Thoumian, « Le sultan circassien Barqūq d’après les relations de voyage de trois pèlerins florentins (1384) », Cahiers d’études italiennes [en ligne http://journals.openedition.org/cei/3581], 25 (2017). 30 Cf. C. Onimus, Les maîtres du jeu, p. 138-143. 31  Bilād al-Šām au Moyen Âge comprenait la Syrie, le Liban, la Jordanie, la Palestine et Israël actuels.

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méridionales, sa souveraineté était reconnue jusqu’à la Mecque. Dès le début de son règne, le sultan dut faire face, toutefois, à plusieurs dangers extérieurs. Malgré la chute des États latins, un siècle plus tôt, la côte méditerranéenne restait menacée par les expéditions franques en provenance de Chypre. En 767/1365, Alexandrie fut ainsi pillée par les Chypriotes et en rabī II 785/juin 1383, deux mois seulement avant la rédaction de notre traité, une nouvelle attaque visa le port de Tina, à l’est de Damiette, faisant un mort et sept prisonniers32. À la frontière anatolienne, la pression ottomane commençait, elle aussi, à se faire sentir, et, si la menace mongole semblait moins immédiate, elle n’avait pas disparu pour autant, comme l’invasion de la Syrie par Tamerlan, en 803/1400, n’allait pas tarder à le rappeler. Pour contrer cette menace et empêcher toute tentative d’incursion mongole à l’ouest de l’Euphrate, Barqūq s’appuya sur les princes locaux aux frontières septentrionales et orientales de son empire33. À l’intérieur de ses territoires, Barqūq s’attela d’abord à restaurer l’autorité sultanale qui avait été mise à mal dans les années précédant son règne par les querelles incessantes des émirs34. Il eut néanmoins à faire face à plusieurs oppositions et révoltes, la plus importante étant celle qui fut conduite par les émirs syriens, Yalbuġā l-Nāṣiri et Minṭāš, qui le contraignirent à abandonner le pouvoir durant quelques mois en 791-792/1389-1390. À nouveau emprisonné dans la forteresse de Kérak, il réussit assez vite à s’en échapper et à reprendre possession de son trône, même si l’opposition de Minṭāš ne prit réellement fin qu’en 795/1393, lorsqu’il fut arrêté et exécuté35. Il faut noter, enfin, que des communautés chrétiennes – melkites et surtout coptes en Égypte, jacobites et melkites en Syrie – continuaient d’exister dans l’empire mamelouk, malgré leur déclin démographique dû aux persécutions sporadiques qu’elles subissaient depuis le milieu du viie/xiiie siècle36. Le témoignage d’Ibn ʿAqīl – on le verra – confirme la fragilité de leur situation.

Forme et composition du traité Le traité d’Ibn ʿAqīl, relativement court (45 folios), est organisé en quatre parties : une préface et trois chapitres. Dans sa préface, après les taḥmīdāt37, eulogies/ 32 Cf. al-Maqrīzī, Sulūk, III/1, p. 104-107 et III/2, p. 490. 33 Cf. Anne Broadbridge, Kingship and Ideology in the Islamic and Mongol Worlds, Cambridge-New York, Cambridge University Press, 2008, p. 172-173. 34 Sur les moyens qu’il mit en œuvre pour y parvenir (constitution d’une clientèle, arrestations, destitutions et bannissements), voir C. Onimus, Les maîtres du jeu, p. 88-100 et 356-380. 35 Cf. al-Maqrīzī, Sulūk, III/2, p. 785-786. 36 Sur les chrétiens d’Égypte à l’époque mamelouke, voir Terry Wilfong, « The non-Muslim communities : Christian communities », dans Carl F. Petry (éd.), The Cambridge History of Egypt, Volume 1, Islamic Egypt, 640-1517, p. 175-197 ; Tamar El-Leithy, Coptic Culture and Conversion in Medieval Cairo, 1293-1524 A.D., PhD Thesis, Princeton University, 2005 (consultable en ligne dans ProQuest Dissertations & Theses Global : The Humanities and Social Sciences Collection) ; cf. aussi infra p. 23, n. 81. 37  Cf. les références sur les taḥmidāt données par Ibrahim Géries, « Vers une nouvelle lecture de la Risāla attribuée à Sahl b. Hārūn par al-Ǧāḥiẓ », Arabica, 60/1-2 (2013), p. 75, n. 76.

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doxologies d’usage (louanges à Dieu et au Prophète), l’auteur fait l’éloge de la justice – celle des souverains en particulier – et expose les motifs de la rédaction de son ouvrage qu’il dédie au sultan Barqūq. Cette partie du texte, qui occupe plus de six folios, est truffée de citations du Coran, de hadiths et d’anecdotes. On n’y décèle pas beaucoup d’originalité, l’auteur ne faisant que reprendre des versets et des traditions sur la justice des souverains, souvent cités par les auteurs des miroirs des princes des siècles précédents. Le premier chapitre intitulé « Les débuts de la dynastie des Turcs » est un bref résumé des règnes des sultans mamelouks baḥrites et qalāwūnides, de l’avènement de la dynastie en 648/1250 à la prise de pouvoir par Barqūq en 784/1382. Il est intéressant de remarquer que l’auteur ne marque aucune rupture entre la fin de la dynastie qalāwūnide et le début de la dynastie circassienne instaurée par Barqūq, parce qu’à l’époque de la rédaction du traité cette rupture n’avait encore rien d’évident, la perception d’un Barqūq, fondateur d’une nouvelle dynastie circassienne, n’étant apparue que dans le courant du ixe/xve siècle38. Le titre même du chapitre montre que pour Ibn ʿAqīl, Barqūq était un souverain « turc » comme les autres. David Ayalon a, par ailleurs, justement souligné qu’à l’époque mamelouke, le terme « turc » était employé non seulement comme un terme générique pour désigner ceux qui étaient originaires de la steppe Qipčaq en Asie Centrale39, mais aussi comme un synonyme de Mamelouk. Autrement dit, « la dynastie des Turcs » signifie aussi « la dynastie mamelouke », ce qui explique qu’Ibn ʿAqīl y ait inclus Barqūq. Même une fois le caractère circassien de la dynastie bien établi, Ibn Iyās (m. v. 930/1524) parle encore du sultan Šayḫ (815-824/1412-1421) comme du « vingt-huitième roi [de la lignée] des Turcs et de leurs enfants en Égypte et le quatrième roi [de la lignée] des Circassiens et de leurs enfants en Égypte40 ». Une question demeure toutefois : pourquoi l’auteur s’est-il autant étendu – plus d’un quart de l’ouvrage – sur la succession des sultans mamelouks baḥrites et qalāwūnides dans un ouvrage destiné à louer les vertus de son maître circassien ? N’est-ce pas aussi pour souligner la continuité entre son règne et ceux de ses prédécesseurs, pour proclamer en quelque sorte sa légitimité à régner ? Il est, par exemple, frappant de constater qu’il n’omet jamais de mentionner la manière dont s’achevèrent les règnes des sultans. Sur les vingt-quatre souverains qui précédèrent Barqūq, seuls cinq ne furent jamais ni destitués, ni forcés à abdiquer, ni tués41. Le rappeler était sans

38 Cf. J. Loiseau, Les Mamelouks, p. 174. 39 Région s’étendant sur la Russie méridionale et le Kazakhstan occidental. C’est de cette région que provenaient la plupart des mamelouks durant la dynastie baḥrite-qalāwūnide (1250-1382). Cf. D. Ayalon, « The Circassians in the Mamlūk Kingdom », p. 137 et « Baḥrī Mamlūks, Burjī Mamlūks : Inadequate Names for the Two Reigns of the Mamlūk Sultanate », Tārīḫ 1 (1990), p. 3-53, reproduit dans id., Islam and the abode of war, Pt. IV, p. 3-53). 40 Cf. J. Loiseau, Les Mamelouks, p. 174. Sur la transition entre Qalāwūnides et Circassiens telle que relatée par al-Maqrīzī, voir A. Levanoni, « Al-Maqrīzī’s account », p. 93-105 et C. Onimus, Les maîtres du jeu, p. 206-217. 41 Dans leur cas, l’auteur prend le plus souvent soin de préciser qu’ils moururent « dans leur lit ».

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doute une façon implicite d’absoudre Barqūq de toute accusation d’usurpation et d'inscrire sa légitimité dans la longue durée42. Le deuxième chapitre intitulé Masā’il fiqhiyya (Questions juridiques) comprend une suite de trente-deux questions et réponses sur des sujets variés qui concernent aussi bien des piliers de l’islam (prière, aumône légale, jeûne, pèlerinage) que des questions de témoignage en justice, achats de biens, héritage, femmes, esclaves, divorce ou chasse. Souvent liée en Islam, théoriquement à tout le moins, au respect de la loi religieuse, la justice est toujours présentée comme la vertu essentielle du souverain idéal43. Elle était en principe rendue par les cadis selon la Loi religieuse (šarīʿa), mais il existait aussi, dès les débuts de l’Islam, des décisions de justice (maẓālim) rendues par le souverain assisté de juges. Cette justice réglait, en théorie, les affaires concernant l’administration de l’État en se fondant sur la coutume locale (ʿurf) et dans le respect de la šarīʿa. Elle servait aussi parfois de cour d’appel contre les jugements des cadis. Les souverains zenguides et ayyoubides l’exerçaient en tenant audience dans leur Palais de Justice (Dār al-ʿAdl) deux fois par semaine pour recevoir les plaintes de leurs sujets, et les sultans mamelouks ne dérogèrent pas à cette règle44. Il n’est par conséquent pas étonnant de voir notre auteur s’y intéresser. On remarquera, cependant, que les questions et réponses qu’il propose au sultan portent sur des sujets qui relèvent traditionnellement plus de la šarīʿa que des maẓālim ou siyāsa, c’est-à-dire de la juridiction du souverain. Le but avoué de l’auteur, comme il l’explique dans sa préface, est, en effet, de l’aider à « tester » les connaissances des juristes qui l’entourent45. En d’autres termes, le sultan pourra nommer aux postes clés ceux dont les réponses seront bonnes et devra se méfier des autres. L’objectif de l’ouvrage n’est donc plus seulement de faire l’éloge du souverain et de la justice, mais de l’aider à s’entourer d’hommes de confiance et à bien gouverner. On peut rappeler également qu’Ibn ‘Aqīl écrit à une époque où la juridiction des maẓālim s’étend progressivement vers des affaires relevant traditionnellement des cadis, telles que les affaires familiales ou les questions de dettes dont il est justement question dans 42 Faut-il donner une signification particulière au fait que certains souverains ont droit au titre de sultan et d’autres pas ? L’auteur commence à le donner à partir de Qalāwūn (678-689/1279-1290), mais certains comme al-Manṣūr Lāğīn (696-698/1296-1299), al-Muẓaffar Baybars (708-709/1309-1310), al-Manṣūr Abū Bakr (741-742/1341), al-Ašraf Kuğuk (742/1341-2), al-Nāṣir Aḥmad (742-743/1342), al-Kāmil Sayf al-Dīn Šaʿbān (746-747/1345-1346) n’ont droit qu’au titre d’al-Malik, des sultans qui ont en commun de n’avoir régné que peu de temps. 43 Cf. infra p. 27-28. 44 Cf.  EI2, « Maẓālim » ( Jørgen S. Nielsen) et « ʿUrf » (Gideon Libson - Frank H. Stewart) ; Jørgen S. Nielsen, « Mazạ̄ lim and Dār al-ʿadl under the Early Mamluks », Muslim World, 66/2 (1976), p. 114-132 ; id., Secular Justice in an Islamic State : Maẓālim under the Baḥrī Mamlūks, 662/1264-789/1387, Istanbul, Nederlands Historisch-Archaeologisch Instituut te Istanbul, 1985 ; Ḥamdī ʿAbd al-Munʿim, Dīwān al-maẓālim, naš’atuhu wa taṭawwuruhu wa ḫtiṣāṣātuhu…, Le Caire, Dār al-šurūq, 1983 ; Nasser O. Rabbat, « The Ideological Significance of the Dar al-ʿAdl in the Medieval Islamic Orient », International Journal of Middle East Studies, 27/1 (1995), p. 18 ; Albrecht Fuess, « Ẓulm by Maẓālim ? The Political Implications of the Use of Maẓālim Jurisdiction by the Mamluk Sultans », Mamlūk Studies Review, 13/1 (2009), p. 126 ; Mathieu Tillier, « The Mazalim in Historiography », dans The Oxford Handbook of Islamic Law, Anver M. Emon et Rumee Ahmed (éd.), Oxford, Oxford University Press, 2018 ; C. Onimus, Les maîtres du jeu, p. 130-131. 45 Fol. 6vo.

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ce traité46. Ainsi, notre auteur a peut-être voulu, par ses conseils, donner au sultan les moyens de juger par lui-même les cas qui lui étaient soumis. Il faut aussi replacer la démarche d’Ibn ‘Aqīl dans le contexte de lutte entre hanafites et chafiites, en Égypte, dans cette seconde moitié du viiie/xive siècle. Dans les années 1350-1360, en effet, les émirs qalāwūnides – Yalbuġā, ancien maître de Barqūq notamment – avaient prioritairement soutenu les savants hanafites (en particulier persans) aux dépens des chafiites. Vers le milieu du viiie/xive siècle, le grand cadi hanafite de Damas, Nağm al-Dīn b. ‘Alī l-Ṭarsūsī (m. 758/1357) rédigea un miroir des princes intitulé Tuḥfat al-Turk fī-mā yaǧibu an yuʿmala fī l-mulk dans lequel il chercha à montrer que le fiqh hanafite convenait mieux aux mamelouks47. La plus grande partie de son ouvrage était consacrée à des questions juridiques générales, contrairement à notre auteur qui ne traite que de cas particuliers, mais on peut se demander si ce dernier n’a pas voulu réagir à cet ouvrage avec la rédaction d’un traité destiné à promouvoir le droit chafiite, d’autant que Barqūq, en 1379, avait lui-même tenté de transférer certains privilèges du grand cadi chafiite vers son homologue hanafite48. Le troisième chapitre, intitulé « Des vertus (manāqib) de notre Maître le Sultan al-Malik al-Ẓāhir49 », qui aurait dû, d’après le titre du traité, constituer le cœur du sujet, n’est pourtant pas le plus étoffé, car l’éloge du sultan se fait, en réalité, en plusieurs fois : dans la préface, dans le premier chapitre, après l’évocation des sultans baḥrites (fol. 20 sq.), et dans le troisième chapitre (fol. 38 sq.). Contrairement au style dithyrambique du texte, la titulature attribuée au sultan par Ibn ʿAqīl reste assez succincte : « al-Sulṭān al-Malik al-Ẓāhir Sayf al-Dunyā wa l-Dīn Abū Saʿīd Barqūq50 ». Cette sobriété mérite d’être soulignée, car la titulature princière, riche en qualificatifs élogieux, n’était jamais le fruit du hasard, mais reflétait l’image que le sultan ou son entourage voulait répandre de lui-même. Inscrite, en général, en tête

46 Une extension de la juridiction des maẓālim, à partir des années 1350, liée également à l’évolution du rôle du chambellan (ḥāğib). Cf. Robert Irwin, « The Privatization of “Justice” under the Circassian Mamluks », Mamluk Studies Review, 6 (2002), p. 63-70 ; Kirsten Stilt, Islamic Law in Action. Authority, Discretion, and Everyday Experiences in Mamluk Egypt, Oxford, Oxford University Press, 2011, p. 24-37 ; Yossef Rapoport, « Royal Justice and Religious Law : Siyāsah and Shari‘ah under the Mamluks », Mamluk Studies Review, 16 (2012), p. 71-102 ; Christian Müller, « Mamluk Law : a reassessment », dans Stephan Conermann (éd.), Ubi sumus ? Quo vademus. Mamluk studies, state of the art », Bonn, Bonn University Press, 2013, p. 263-283 (en particulier p. 276-280). 47 Naǧm al-Dīn Ibrāhīm b. ʿAlī l-Ṭarsūsī (m. 758/1357), Kitāb Tuḥfat al-Turk. Œuvre de combat ḥanafite à Damas au xive siècle, étude, édition et traduction de Mohamed Menasri, Damas, Institut français de Damas, 1997 (1ère éd. par Riḍwān al-Sayyid, Tuḥfat al-Turk fī siyāsat al-mulk, Beyrouth, Dār al-Ṭalīʿa, 1992). 48 Le traitement de faveur accordé aux hanafites se poursuivit tout au long de la période circassienne. Sur ces questions de rivalité entre hanafites et chafiites, voir Leonor Fernandes, « Mamluk Politics and Education : The Evidence from Two Fourteenth Century Waqfiyya », Annales Islamologiques, 23 (1987), p. 87-98 ; Jo Van Steenbergen, « The Amir Yalbughā al-Khāṣṣakī, the Qalāwūnid Sultanate, and the Cultural Matrix of Mamlūk Society : A Reassessment of Mamlūk Politics in the 1360s », Journal of the American Oriental Society, 131/3 (2011), p. 423-443 (ici p. 439-441). 49 Tel est le titre donné à la fin de la préface qui diffère légèrement de celui qui figure en tête du troisième chapitre : « Des vertus du Sultan al-Malik al-Ẓāhir Abū Saʿīd Barqūq ». 50 « Al-Ẓāhir » peut avoir deux significations : « Celui qui s’est manifesté [par ses victoires] » ou « le Victorieux » ; « Sayf al-Dunyā wa l-Dīn » signifie « l’Epée du Monde d’ici-bas et de la Foi ».

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des documents officiels et des fondations monumentales, la titulature des souverains s’était progressivement complexifiée depuis le ve/xie siècle, et les auteurs l’étalaient volontiers dans leurs œuvres littéraires51. De la sobriété de la titulature de Barqūq telle qu’elle apparaît dans le traité d’Ibn ʿAqīl, il serait toutefois hasardeux de conclure qu’elle mit du temps à se développer. Il suffit, en effet, de se reporter à l’en-tête de la lettre adressée quelques mois plus tard par Barqūq au souverain hafside de Tunis pour constater que, dès le mois de ṣafar 786/avril 1384, elle avait atteint son plein développement52.

Un genre composite L’opuscule d’Ibn ʿAqīl appartient à un genre littéraire qu’il est difficile de définir précisément. Il ne ressort pas du genre de la naṣīḥat al-mulūk (exhortation/conseil sincère au prince) dont la littérature arabe médiévale regorge d’exemples53. À aucun moment d’ailleurs l’auteur ne le revendique. Même lorsqu’il fournit au sultan les bonnes réponses aux questions juridiques, il prend soin d’ajouter que « la noble intelligence du sultan n’a pas besoin de guide pour trouver la bonne direction ». Le

51 Sur les titulatures islamiques en général, voir Ḥasan al-Bāšā, al-Funūn al-islāmiyya wa l-waẓā’if ʿalā l-aṯār al-ʿarabiyya, Le Caire, Dār al-nahḍa l-ʿarabiyya, 1965-1966. Sur les titulatures zenguides et ayyoubides, voir Nikita Elisséeff, « La titulature de Nūr ad-Dīn d’après ses inscriptions », Bulletin d’études orientales, 14 (1952-1954), p. 155-196 ; Anne-Marie Eddé, La principauté ayyoubide d’Alep (579/1183-658/1260), Stuttgart, Franz Steiner Verlag (« Freiburger Islamstudien », xxi), 1999, p. 197-204. Sur les titulatures mameloukes, voir L. Northrup, From Slave to Sultan, p. 171-172, 174-177 ; Denise Aigle, « Les inscriptions de Baybars dans le Bilād al-Šām. Une expression de la légitimité du pouvoir », Studia Islamica, 97 (2003), p. 57-85. 52 Cf. Ibn Ḫaldūn, Le Livre des Exemples, I, p. 163-164. Voir aussi la titulature du sultan sur l’inscription de fondation à la base de la coupole de sa madrasa au Caire (788/1386) : Mawlānā l-Sulṭān al-mālik al-Malik al-Ẓāhir Sayf al-Dunyā wa l-Dīn Abū Saʿīd Barqūq, al-ʿālim, al-ʿādil, al-muğāhid, al-murābiṭ, al-mu’ayyad, al-ġāzī, al-ḥākim bi-amr Allāh wa l-tālī li-kitāb Allāh, sulṭān al-islām wa l-muslimīn, nuṣrat al-ġuzāt wa l-muğāhidīn, ḥāmī ḥawzat al-Dīn, ḏuḫr al-aytām wa l-masākīn, ṣāḥib al-ṣadaqāt wa l-maʿrūf, al-muġīṯ li-kull maẓlūm wa malhūf (Étienne Combe, Jean Sauvaget, Gaston Wiet et al., Répertoire chronologique d’épigraphie arabe (RCEA), Le Caire, Institut français d’archéologie orientale, 1931-1991, XVIII, no 788) ; voir aussi J. Loiseau, Reconstruire la Maison du sultan, p. 264-265 et la titulature des sultans mamelouks dans al-Qalqašandī, Ṣubḥ, VI, p. 123-125. 53 Pour une mise au point relativement récente (2007), voir Louise Marlow, « Advice and advice literature », dans EI 3, et ajouter à la bibliographie indiquée en fin d’article Jocelyne Dakhlia, « Les miroirs des princes islamiques : une modernité sourde ? », Annales HSS, 5 (2002), p. 1191-1206 ; ʿIzz al-Dīn al-ʿAllām, al-Ādāb al-sulṭāniyya : dirāsa fī binyat wa ṯawābit al-ḫiṭāb al-siyāsī, Koweit, al-Maǧlis al-waṭanī li-l-ṯaqāfa, 2006 ; Neguin Yavari, Advice for the Sultan : Prophetic Voices and Secular Politics in Medieval Islam, Londres, Hurst, 2014 ; Regula Forster et Neguin Yavari (éd.), Global Medieval : Mirrors for Princes Reconsidered, Cambridge, Harvard University Press, 2015 ; Denise Aigle, « La conception du pouvoir dans l’islam. Miroirs des princes persans et théorie sunnite (xie-xive siècles) », Perspectives médiévales, 31 (2007), p. 17-44 ; Makram Abbès, Islam et politique à l’âge classique, Paris, PUF, 2009 ; Abdallah Cheikh-Moussa, « De la “communauté de salut” à la “populace”. La représentation du “peuple” dans quatre miroirs arabes des princes (viiie-xiiie s.) », dans Christian Müller et Muriel Roiland-Rouabah (dir.), Les non-dits du nom. Onomastique et documents en terres d’Islam. Mélanges offerts à Jacqueline Sublet, Damas-Beyrouth, Institut français du Proche-Orient, 2013, p. 497-524.

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terme de naṣīḥa (ou l’un de ses dérivés) n’est jamais employé par Ibn ʿAqīl54, sinon pour dire que c’est le sultan qui prodigue des conseils aux musulmans (fol. 5r°). Ce traité – comme l’indique son titre même – ressort davantage d’une littérature panégyrique généralement connue sous le nom de manāqib (vertus, qualités, actions louables, hauts faits, etc.), héritière, si l’on peut dire, des manāqib de la période pré-islamique (Ǧāhiliyya), c’est-à-dire une littérature à caractère laudatif destinée à faire l’éloge du sujet décrit55. Ce type d’ouvrages fut rédigé de très nombreuses fois en l’honneur de personnages révérés. Il concerna d’abord les fondateurs des écoles juridiques (maḏāhib), la famille du Prophète, les grands imams et saints personnages, puis il gagna progressivement certaines dynasties, grandes familles et importantes personnalités. Difficile à classer dans un genre précis, il emprunte ses codes à différentes formes littéraires. Dans le cas des souverains, à l’époque qui nous occupe, les manāqib peuvent emprunter quelques traits aux « miroirs des princes », car bien souvent, comme dans le traité d’Ibn ʿAqīl, l’auteur choisit d’insister sur les vertus du personnage décrit (justice, sécurité, prospérité des sujets, considération pour les oulémas) qui donnent de lui l’image du souverain idéal tel qu’il apparaît dans la littérature des naṣīḥat al-mulūk. Les références à des figures exemplaires telles qu’Alexandre ou Yazdegerd pour les périodes préislamiques, Muḥammad et les deux califes appelés ʿUmar (Ibn al-Ḫaṭṭāb et Ibn ʿAbd al-ʿAzīz) pour les débuts de l’Islam, en témoignent aussi. Même si l’objectif du traité d’Ibn ʿAqīl était davantage de flatter son souverain que de lui prodiguer des conseils de bon gouvernement, le portrait qu’il en dresse pouvait servir à l’éducation des princes, au même titre que les modèles dépeints dans les miroirs. On peut se demander si Ibn ʿAqīl ne suit pas l’exemple de Muḥammad b. ʿAlī Ibn al-Ṭiqṭaqā (alias Ibn Ṭabāṭabā) dont l’ouvrage, intitulé al-Faḫrī fī l-ādāb al-sulṭāniyya wa l-duwal al-islāmiyya et rédigé en 701/130256, comprend une première partie traitant des grands principes de gouvernement tels que nous les rencontrons, depuis l’époque omeyyade, dans la littérature dite d’adab57, ainsi que dans les miroirs des princes, et une seconde partie consacrée à un bref passage en revue des dynasties musulmanes qui se sont succédées depuis Abū Bakr, le premier des califes dits « bien guidés » (ḫulafā’ rāšidūn). 54 Sur l’usage de ce terme, voir Aḥmad Amīn Muṣṭafā, Adab al-waṣāyā fī l-ʿaṣr al-ʿabbāsī ilā nihāyat al-qarn al-rābiʿ, Le Caire, Maktabat al-anglū l-miṣriyya, 1990 ; voir Claude Gilliot, « In consilium tuum deduces me : le genre du “conseil”, naṣīḥa, waṣiyya dans la littérature arabo-musulmane. In Memoriam Père Louis Pouzet S. J. », Arabica, 54 (2007), p. 466-499. 55 Cf. EI2, « Manāḳib » (Charles Pellat). 56  Al-Fakhrî. Histoire du khalifat et du vizirat depuis leurs origines jusqu’à la chute du khalifat ʿabbāside de Bagdādh (11-656 de l’hégire = 632-1258 de notre ère), avec des prolégomènes sur les principes du gouvernement, par Ibn aṭ-Ṭiḳtaḳâ, éd. Hartwig Derenbourg, Paris, Librairie Émile Bouillon, 1895 ; traduction française par Émile Amar : Al-Fakhrî. Histoire des dynasties musulmanes depuis la mort de Mahomet jusqu’à la chute du khalifat ʿAbbâside de Bagdâdz (11-656 de l’hégire = 632-1258 de J.-C.), avec des prolégomènes sur les principes du gouvernement, Paris, Ernest Leroux, 1910. 57 Avec des auteurs tels que Sālim Abū l-ʿAlā’, secrétaire du calife Hišām b. ʿAbd al-Malik (105-125/724-743) ou ʿAbd al-Ḥamīd b. Yaḥyā, secrétaire du dernier calife Marwān b. Muḥammad (127-132/744-750) ; cf. ʿAbd al-Ḥamīd ibn Yaḥyā l-Kātib wa mā tabaqqā min rasā’ilihi wa rasā’il Sālim Abī l-ʿAlā’, éd. Iḥsān ʿAbbās, Amman, Dār al-šurūq li-l-našr wa l-tawzīʿ, 1988.

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Les ouvrages de manāqib, en se donnant pour objectif de dépeindre les vertus d’un personnage, pouvaient aussi frôler l’hagiographie quand ils ne se confondaient pas avec elle. Dans le traité qui nous occupe, par exemple, le sultan, par son simple avènement, met fin à la sécheresse en Égypte et ramène la prospérité dans le pays. Certes Ibn ʿAqīl n’en fait pas un saint pour autant, mais il est intéressant de constater à quel point ces différents genres littéraires pouvaient s’entrecroiser et s’influencer réciproquement. À l’époque mamelouke, plusieurs ouvrages louant les vertus des sultans furent rédigés, en particulier dans l’entourage de Baybars (658-676/1260-1277) et Qalāwūn (678-689/1279-1290). Le premier inspira un ancien secrétaire de l’administration ayyoubide de Syrie, ʿIzz al-Dīn Ibn Šaddād (m. 684/1285), réfugié en Égypte après l’invasion mongole de 658/126058, ainsi qu’un secrétaire de chancellerie, Ibn ʿAbd al-Ẓāhir (m. 692/1293)59 qui, après avoir servi Baybars, se mit au service de ses successeurs, al-Manṣūr Qalāwūn et son fils al-Ašraf Ḫalīl (689-693/1290-1293) dont il rédigea des biographies tout aussi laudatives60. Son neveu Šāfiʿ b. ʿAlī b. ʿAbbās (m. 730/1330) fut également l’auteur d’une biographie de Baybars, fondée en grande partie sur celle de son oncle avec cependant quelques correctifs et des éloges moins appuyés61. Toutefois, il se distingua surtout par un autre ouvrage destiné à louer le sultan Qalāwūn62. D’autres panégyriques furent dédiés à des sultans mamelouks du viiie/xive siècle, tel celui qu’un secrétaire nommé Ibrāhīm Ibn l-Qaysarānī l-Ḫālidī (m. 753/1352) dédia à l’un des fils de Qalāwūn, le sultan al-Malik al-Sạ̄ liḥ Ismāʿīl (743-746/1342-1345)63. Ibn Abī Ḥağala (m. 776/1375) offrit son ouvrage, Sukkardān 58 Ibn Šaddād, Tārīḫ [sic] al-Malik al-Ẓāhir, éd. Aḥmad Huṭayṭ, Wiesbaden, Franz Steiner Verlag, 1983. 59 Ibn ʿAbd al-Ẓāhir, al-Rawḍ al-zāhir fī sīrat al-Malik al-Ẓāhir, éd. ʿAbd al-ʿAzīz al-Ḫuwayṭir, Riyad, s.e., 1976. Cf. EI3, « Ibn ʿAbd al- Ẓāhir, Muḥyī l-Dīn » (Frédéric Bauden). 60 Tašrīf al-ayyām wa l-ʿuṣūr fī sīrat al-Malik al-Manṣūr (678-689 H.) [1279-90], éd. Murād Kāmil, rev. Muḥammad ʿAlī l-Naǧǧār, Le Caire, Wizārat al-ṯaqāfa wa l-iršād al-qawmī, 1961. Al-Alṭāf al-ḫafiyya min al-sīra l-šarīfa l-sulṭāniyya l-malakiyya l-Ašrafiyya. Seule la troisième partie sur les quatre qui composaient ce dernier ouvrage nous est parvenue et a été éditée par Axel Mober, Ur ʿAbd Allah b. ʿAbd eẓ-Ẓâhir’s Biografi över Sultanen el-Melik el-Aśraf Ḫalîl, Lund, H. Möller, 1902 (les trois derniers mois de 690/1291 et le premier mois de 691/1292). 61 Šāfiʿ b. ʿAlī, Ḥusn al-manāqib al-sirriyya l-muntazāʿa min al-Sīra l-ẓāhiriyya, éd. ʿAbd al-ʿAzīz al-Ḫuwayṭir, Riyad, Maṭbaʿat Safīr, 14102/19892. Peter M. Holt, « Three Biographies of al-Ẓāhir Baybars », dans David Morgan (éd.), Medieval Historical Writing in the Christian and Islamic Worlds, Londres, School of Oriental and African Studies, 1982, p. 26-27 ; id., « Some observations on Shāfiʿ b. ʿAlī’s biography of Baybars », Journal of Semitic Studies, 29/1 (1984), p. 123-130. 62 Šāfiʿ b. ʿAlī, al-Faḍl al-ma’ṯūr min sīrat al-Malik al-Manṣūr, éd. ʿAbd al-Salām Tadmurī, Ṣaydā-Beyrouth, al-Maktaba l-ʻasṛ iyya, 1998 ; éd. Paulina B. Lewicka, Varsovie, Dialog, 2000 ; Cf. Peter M. Holt, « The Presentation of Qalāwūn by Shāfiʿ b. ʿAlī », dans Clifford E. Bosworth et al. (éd.), The Islamic World from Classical to Modern Times, Princeton, The Darwin Press, 1989, p. 141-50 ; L. Northrup, From Slave to Sultan, p. 28-33 ; Tahar Mansouri, « Le portrait du sultan al-Manṣūr Qalāwūn d’après al-Faḍl al-ma’ṯūr fī sīrat al-Malik al-Manṣūr de Šāfiʿ b. ʿAlī », dans Denise Aigle (dir.), Le Bilād al-Šām face aux mondes extérieurs : la perception de l’Autre et la représentation du souverain, Damas, IFPO, 2012, p. 87-97. 63 Ibrāhīm Ibn al-Qaysarānī, al-Nūr al-lā’iḥ wa l-durr al-ṣādiḥ fī sṭ ị fā’ mawlānā l-Sultạ̄ n al-Malik al-Ṣāliḥ, éd. ʿUmar ʿAbd al-Salām Tadmurī, Tripoli, Dār al-Inšā’ li-l-ṣaḥāfa wa l-tịbāʿa wa l-našr, 1982. Cf. Jo Van Steenbergen, « Qalāwūnid Discourse, Elite communication and the Mamlūk Cultural Matrix : Interpreting a 14th-Century Panegyric », Journal of Arabic Literature, 43 (2012), p. 1-28.

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al-Sulṭān, qui est une anthologie, mais aussi un éloge du dédicataire, à al-Nāṣir Ḥasan b. al-Nāṣir Muḥammad (748-752/1347-1351 et 755-762/1354-1361)64. Quant à Ibn Duqmāq (m. 809/1407), connu pour son histoire d’Égypte, des premiers temps de l’Islam jusqu’au début de la période circassienne (808/1405-6), il fut également l’auteur d’un panégyrique de Barqūq qui n’est malheureusement pas parvenu jusqu’à nous65. Les éloges qu’un auteur aussi connu qu’Ibn Ḫaldūn (m. 808/1406) adressa au sultan dans ses leçons inaugurales, au Caire, reprennent, eux aussi, certains thèmes bien connus des biographies laudatives, tels que la justice et la générosité du souverain, la défense de l’islam et la lutte contre les « impies », la sécurité et la prospérité dont il fait bénéficier ses sujets, le bon choix de ses conseillers ou encore la protection accordée au califat sunnite66. Tout cela confirme – si besoin était – que la littérature panégyrique, très en vogue à l’époque mamelouke, loin de toujours répondre à des codes précis et de constituer un genre à part, reconnaissable à son style et à son contenu, pouvait revêtir des formes très diverses et être l’œuvre d’hommes de lettres et de religion aux personnalités et aux fonctions variées (historiens, juristes, poètes ou secrétaires)67. Le traité d’Ibn ʿAqīl présente lui aussi des particularités. Il ne comporte, notamment, aucun récit chronologique de la vie ou du règne de Barqūq et pour cause : Barqūq venait de monter sur le trône lors de la rédaction de l’ouvrage. Le but de l’auteur, en chantant ses louanges, était donc surtout – nous l’avons dit – de légitimer sa prise de pouvoir en le replaçant dans une longue lignée de sultans mamelouks, tout en profitant de cette occasion pour se rapprocher du sultan et lui faire valoir ses propres compétences de juriste. C’est ce qui apparaît notamment dans la deuxième partie

64 Ibn Abī Ḥağala, Sukkardān al-sulṭān, éd. ʿAlī Muḥammad ʿUmar, Le Caire, Maktabat al-Hā̱ nǧī, 1421/2001. Cf. Beatrice Gruendler, “Literary Sweets. Interlacing Motifs in the Sukkardān as-Sulṭān of Ibn Abī Ḥağalah (1325-1375)”, dans Nefeli Papoutsakis et Syrinx von Hees (éd.), The Sultan’s Anthologist – Ibn Abī Ḥaǧalah and His Work, Baden-Baden, Ergon-Verlag, 2017, p. 71-100. 65 Il était intitulé ʿIqd al-ğawāhir fī sīrat al-Malik al-Ẓāhir Barqūq, abrégé par la suite en Yanbūʿ al-maẓāhir fī sīrat al-Malik al-Ẓāhir. Cf. Ḥāǧǧī Ḫalīfa (Kâtib Çelebi), Kašf al-Ẓunūn ʿan asāmī l-kutub wa l-funūn, éd. Ş. Yaltkaya et Kilisli Rifat Bilge, 2 vol., Istanbul, Maarif matbaasi, 1941-1943 II, col. 1151 et 2052 ; EI3, « Ibn Duqmāq » (Sami G. Massoud) ; Sami G. Massoud, The chronicles and annalistic sources of the early Mamluk Circassian period, Leyde, Brill, 1987, p. 34. À propos de ces nombreux ouvrages d’éloge, qui continuèrent d’être produits au siècle suivant, on pourrait parler, à la suite de Frédéric Bauden, de « textes opportunistes » (Zweckschriften) ; cf. son compte rendu de Ayman Fu’ād Sayyid (éd.), al-Mawāʿiẓ wa l-iʿtibār fī ḏikr al-ḫiṭaṭ wa l-aṯār (Londres, al-Furqān Islamic Heritage Foundation, 1422/2002), dans Mamlūk Studies Review, XI/2 (2007), p. 177-178 et n. 2 pour la bibliographie. 66 Cf. Ibn Ḫaldūn, Le Livre des Exemples, I, p. 182, 186-188. Th. Marita Wijntjes, « Sultan al-Ẓāhir Barqūq as Seen by His Contemporaries Ibn Khaldūn and Bertrando de Mignanelli », dans Urbain Vermeulen et Kristof D’Hulster (éd.), Egypt and Syria in the Fatimid, Ayyubid and Mamluk Eras, VI, Louvain-Paris-Walpole Mass., Peeters (« Orientalia Lovaniensia Analecta », 183), 2010, p. 383-394. 67 Il est intéressant de noter que certaines biographies de sultans étaient a contrario assez critiques. On peut citer, par exemple l’ouvrage d’al-Yūsufī (m. en 759/1357-8 au Caire) intitulé Nuzhat al-nāẓir fī sīrat al-Malik al-Nāṣir (éd. Aḥmad Ḥuṭayṭ, Beyrouth, ʿĀlam al-kutub, 1986) dans lequel l’auteur se montre très critique à l’égard du sultan al-Nāṣir Muḥammad (693-741/1293-1341). Cf. Donald P. Little, « The Recovery of a Lost Source for Baḥrī Mamlūk History : Al-Yūsufī’s Nuzhat al-Nāẓir fī Sīrat al-Malik al-Nāṣir », Journal of the American Oriental Society, 94 (1974), p. 42-54.

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de l’ouvrage consacrée aux questions juridiques. Celle-ci relève de la littérature des furūq, alġāz, muʿāyāt, muʿammayāt, aḥāǧī, etc., qui remonte au viiie-ixe siècle, à tout le moins, et qui, par le jeu des questions et réponses (al-masā’il wa l-aǧwiba/ǧawābāt), permet de résoudre des cas paraissant a priori ambigus et appelant deux ou plusieurs réponses, qu’il s’agisse de grammaire, de jurisprudence ou de lexicographie68. Le juriste consulté (istiftā’) émet une fatwa et apporte un jugement (ḥukm). Il démontre ainsi, comme dans le cas d’Ibn ʿAqīl, sa parfaite connaissance des décisions de ses prédécesseurs, et plus particulièrement, celles des maîtres de son école juridique69. Ces « jeux », après avoir servi de divertissement aux savants dans les cénacles du savoir comme du pouvoir, vont former un genre à l’intérieur de la proliférante littérature de fiqh. Ils permettent de distinguer des cas semblables, pour le commun des mortels ou pour le disciple débutant, de montrer les exceptions à des règles supposées communes, offrant aux savants accomplis l’occasion d’attester de l’étendue de leurs connaissances, légitimant, de la sorte, leur supériorité et confirmant leur domination sur leurs disciples ou leurs collègues et rivaux. Ibn ʿAqīl se présente, par ce chapitre, comme habilité à mettre à l’épreuve juges, jurisconsultes et muftis, ou à parfaire le savoir juridique du sultan et renforcer la formation d’éventuels disciples, comme c’est aussi l’occasion de mettre à l’épreuve leurs connaissances du droit. Il est possible que l’auteur ait cru nécessaire d’introduire ce chapitre dans un éloge adressé à Barqūq, parce qu’il cherchait à se faire recruter soit comme enseignant de fiqh chafiite, soit comme cadi ou muftī. Enfin, il est important de souligner qu’un grand nombre de questions et de réponses de notre manuscrit figurent textuellement dans le Kitāb al-Muʿāyāt fī l-fiqh ʿalā maḏhab al-imām al-Šāfiʿī du cadi chafiite de Baṣra, Abū l-ʿAbbās Aḥmad b. Muḥammad al-Ǧurǧānī (m. 482/1089)70, qui semble être le plus ancien recueil

68  Sur l’importance de l’ambiguïté dans la culture islamique, voir Thomas Bauer, Die Kultur der Ambiguität : Eine Andere Geschichte des Islams, Berlin, Verlag der Weltreligionen, 2011. 69  Voir, entre autres, Wolfhart Heinrichs, « Structuring the Law : Remarks on the Furūq Literature », dans I. R. Netton (éd.), Studies in Honor of Clifford Edmond Bosworth, 2 vol., Leyde, Brill, 2000, I, p. 332-44 ; Elias Gabriel Saba, Harmonizing Similarities : a History of Distinctions Literature in Islamic Law, Berlin-Boston, De Gruyter, 2019, qui propose un état de la question et une étude très approfondie de cette littérature ; Matthew L. Keegan, « Levity Makes the Law : Islamic Legal Riddles », Islamic Law and Society, 27/3 (2019), p. 214-239 ; EI2, « Lughz » (M. Bencheneb) ; Yaʿqūb b. ʿAbd al-Wahhāb al-Bāḥusayn, al-Furūq al-fiqhiyya wa l-uṣūliyya, Riyad, Maktabat al-rušd, 1998. Voir aussi l’excellente introduction au Kitāb al-Muʿāyāt fī l-fiqh ʿalā maḏhab al-imām al-Šāfiʿī, d’Abū l-ʿAbbās Aḥmad al-Ǧurǧānī, thèse de Doctorat de Ibrāhīm b. Nāṣir b. Ibrāhīm al-Bišr, sous la direction de Muḥammad al-ʿArūsī ʿAbd al-Qādir, La Mecque, Ǧāmiʿat Umm al-Qurā, 1415/1994 [https ://dorar.uqu.edu.sa/uquui/handle/20.500.12248/93742] et ʿAbd al-Ḥaqq Ḥamīš, « Manhaǧ al-alġāz wa aṯaruhu fī l-fiqh al-islāmī », Maǧallat al-šarīʿa wa l-dirāsāt al-islāmiyya [Koweit], 18/54 (2003), p. 219-280. Voir aussi note suivante. 70 al-Ǧurǧānī, Kitāb al-Muʿāyāt fī al-ʿaql aw l-furūq, éd. Muḥammad Fāris, Beyrouth, Dār al-kutub al-ʿilmiyya, 1993 ; éd. Ibrāhīm b. Nāṣīr b. Ibrāhīm al-Bišr, Kitāb al-Muʿāyāt fī l-fiqh ʿalā maḏhab al-imām al-Šāfiʿī (http://www.archive.org/download/rwaq275/275.pdf ). On compte parmi ses maîtres, al-Māwardī (m. 450/1058), Hilāl b. al-Muḥassin al-Ṣābī (m. 448/1056), al-Ḫaṭīb al-Baġdādī (m. 463/1071), Abū Isḥāq al-Šīrāzī (m. 476/1083). En plus de ses ouvrages de fiqh, il est l’auteur d’al-Taḥrīr fī furūʿ al-fiqh al-šāfiʿī (éd. Muḥammad Ḥasan Ismāʿīl, 2 vol., Beyrouth, Dār al-kutub al-ʿilmiyya, 2008); il est également connu pour son anthologie littéraire, al-Muntaḫab min kināyāt

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chafiite de ce genre à nous être parvenu. En s’inspirant très largement de cet ouvrage (ou d’une source commune), Ibn ʿAqīl témoigne de la popularité nouvelle de cette littérature juridique à l’époque mamelouke71. L’ouvrage d’Ibn ʿAqīl n’a rien d’une chronique et n’a pas pour objectif de relater les événements qui marquèrent la prise de pouvoir de Barqūq. Il n’empêche qu’au fil des pages surgissent ici ou là quelques informations sur la situation égyptienne de son époque72. Dans le résumé de l’histoire des sultans baḥrites, on voit notamment s’affirmer, à partir de 741/1341, le pouvoir croissant des émirs qui font et défont les sultans et qui apparaissent désormais comme les véritables maîtres de l’État. Parmi eux, l’émir Sayf al-Dīn Yalbuġā l-ʿUmarī (m. 768/1366)73, l’ancien maître de Barqūq, fait l’objet d’éloges appuyés de la part d’Ibn ʿAqīl qui lui attribue même, comme à Barqūq, le titre rarement porté en Orient d’« émir des musulmans » (amīr al-muslimīn)74. Par ce titre, arboré à cette époque par les Mérinides de Grenade, Yalbuġā et Barqūq sont situés par l’auteur à un rang immédiatement inférieur à celui du calife. Faut-il y voir l’influence d’Ibn Ḫaldūn, si familier de la culture d’al-Andalus, alors présent au Caire ? Il est impossible de l’affirmer, d’autant que le titre de « sultan de l’islam et des musulmans » était déjà porté par les souverains zenguides de Syrie dès le vie/ xiie siècle, mais une chose est sûre : en qualifiant ainsi Barqūq et l’émir qui présida à sa destinée, Ibn ʿAqīl mettait en valeur le caractère fortement sunnite du sultan. Ce rôle de défenseur de l’islam fut bien souligné par Ibn Ḫaldūn lui-même dans la leçon inaugurale qu’il prononça en 786/1384 dans la madrasa al-Qamḥiyya où Barqūq venait de le nommer professeur75. Ibn ʿAqīl ne dit mot, en revanche, du meurtre du sultan al-Nāṣir Ḥasan (748752/1347-1351 et 755-762/1354-1361), commandité par l’émir Yalbuġā en 762/1361, et il observe, de même, un silence pudique sur le destin tragique de ce dernier assassiné à son tour, en rabīʿ II 768/décembre 1366, par ses propres mamelouks qui lui reprochaient son injustice, son pouvoir tyrannique et sa cruauté76. Serait-ce parce que Barqūq aurait participé à cet assassinat ? Un acte peu glorieux dont Ibn ʿAqīl



al-udabā’ wa išārāt al-bulaġā’, éd. Muḥammad Šams al-Ḥaqq Šamsī, Hyderabad, Dā’irat al-maʿārif al-ʿuṯmāniyya, 1403/1983 ; éd. Muḥammad Šākir al-Qaṭṭān, Le Caire, al-Hay’a l-miṣriyya l-ʿāmma li-l-kitāb, 2003. Pour sa biographie et la liste de ses oeuvres voir l’édition de Ibrāhīm b. Nāṣīr b. Ibrāhīm al-Bišr, p. 4-35. 71  Cf. E. G. Saba, Harmonizing Similarities. 72  Sur la dimension « historiographique » de ce type de littérature, voir J. Van Steenbergen, « Qalāwūnid Discourse », p. 7 sq, avec les références à P. M. Holt. 73  Cf. J. Van Steenbergen, « The Amir Yalbughā al-Khāṣṣakī », p. 423-443. 74 Un titre qu’il ne faut pas confondre avec le titre califal d’« émir des croyants » (amīr al-mu’minīn). 75 Cf. Ibn Ḫaldūn, Le Livre des Exemples, I, p. 182-183 ; David Ayalon, Le phénomène mamelouk dans l’Orient islamique, Paris, Presses universitaires de France, 1996, p. 46-49 ; EI2, « Laḳab » (Clifford Edmund Bosworth), « Amīr al-Muslimīn » (Réd.) et EI3, « Commander of the Faithful » (Andrew Marsham). 76 Cf. Ibn Taġrībirdī, Nuğūm, XI, p. 36. Le père d’Ibn Taġrībirdī était un mamelouk de Barqūq et devint chef des armées sous le règne de son fils en 810/1407. Il fut marié par Barqūq à l’une des filles du sultan al-Manṣūr Muḥammad (762-764/1361-1363), déposé par Yalbuġā. Ibn Kaṯīr (al-Bidāya wa l-nihāya, éd. Ṣidqī Ğamīl al-ʿAṭṭār et al., Beyrouth, Dār al-Fikr, 1998-2001, IX, p. 581), dont la chronique s’arrête l’année même du meurtre de Yalbuġā, confirme la joie éprouvée par les émirs du Caire et de Syrie à l’annonce

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chercherait à le dédouaner ? Son nom n’est pourtant pas cité par les chroniqueurs parmi les conspirateurs, et plusieurs épisodes de sa vie semblent plutôt confirmer son absence d’implication. Emprisonné quelque temps à Kérak après la mort de son maître – signe de la suspicion dans laquelle le tenaient les meurtriers de l’émir –, il fut traité avec beaucoup d’égards, quelques années plus tard en 791/1389, par la propre fille de Yalbuġā, épouse du gouverneur de Kérak, lorsqu’il fut emprisonné dans cette même citadelle77. Barqūq lui-même ne tint pas rigueur au fils de Yalbuġā qui s’était joint aux émirs révoltés, en souvenir de son ancien maître78. Enfin, il est peu probable qu’Ibn ʿAqīl ait pu être aussi élogieux à l’égard de Yalbuġā dans son traité, si Barqūq avait participé à son meurtre. Son silence doit peut-être tout simplement être attribué à son désir de ne pas faire resurgir un souvenir peu agréable pour son maître. Les fêtes et les processions donnaient souvent l’occasion aux sultans de parader dans la ville et, selon les cas, de montrer leur puissance, d’afficher leur piété ou de se rapprocher de leurs sujets pour obtenir leur soutien79. Les fêtes liées à la crue du Nil, qui remontaient à l’antiquité, étaient particulièrement populaires et rassemblaient les Égyptiens de toutes confessions et de tous milieux sociaux. L’une des plus importantes, celle de l’ouverture du canal, évoquée par Ibn ʿAqīl, marquait la rupture des digues au moment où la crue atteignait son niveau le plus haut. Plus ou moins interrompue depuis la mort de Baybars, en 676/1277, cette fête fut rétablie régulièrement par Barqūq dès l’année 785/1383, et elle était encore célébrée au Caire au xixe siècle80. Parmi les autres fêtes populaires, il y avait aussi celle du « Martyr » (ʿĪd al-Šahīd) que les coptes avaient l’habitude de célébrer, chaque année, à la mi-mai (8 baṣans dans le calendrier copte), à Šubrā dans la banlieue du Caire. Ils plongeaient, à cette occasion, dans le Nil un reliquaire en bois contenant le doigt d’un martyr, un geste symbolique censé favoriser la crue du fleuve. Cette fête donnait lieu à de vastes réjouissances (musique, chants, jeux, banquets, vin), mais parfois aussi à autant de



de cette nouvelle, ce qui contraste avec le témoignage de notre auteur ; Li Guo, « Songs, Poetry, and Storytelling : Ibn Taghrī Birdī on the Yalbugā Affair », dans Yuval Ben-Bassat (éd.), Developing Perspectives in Mamluk History. Essays in Honor of Amalia Levanoni, Leyde-Boston, Brill, 2017, p. 189-200. 77 Cf. Ibn Taġrībirdī, Manhal, III, p. 311. 78 Cf. id., Nuğūm, XII, p. 46. 79 Cf. J.-Cl. Garcin, « The regime of the Circassian Mamlūks », p. 312-313. 80 Sur cette fête à l’époque mamelouke, voir al-Qalqašandī, Ṣubḥ, IV, p. 47-48 ; al-Maqrīzī, Sulūk, III/2, p. 491 et Kitāb al-Mawāʿiẓ wa l-iʿtibār fī ḏikr al-ḫiṭaṭ wa l-aṯār, éd. Ayman F. Sayyid, Londres, al-Furqān Islamic Heritage Foundation, 2002-2013, II, p. 538 ; Ibn Taġrībirdī, Nuǧūm, XI, p. 233 ; Ibn Ḥağar al-ʿAsqalānī, Inbā’, II, p. 125 ; EI2, « Mawākib » (Paula Sanders) ; Behrens-Abouseif, « The citadel of Cairo : Stage for Mamluk ceremonial », Annales Islamologiques, 24 (1988), p. 25-79 ; Jean-Charles Ducène, « Rites religieux et crues du Nil en Égypte médiévale », Acta Orientalia Belgica, XXIII (2010), p. 74 ; id., « Prières, reliques et crues du Nil à l’époque mamelouke », dans Urbain Vermeulen et al. (éd.), Egypt and Syria in the Fatimid, Ayyubid and Mamluk Eras, VII, Louvain-Paris-Walpole, MA, Peeters, 2013, p. 416-418 ; Huda Lutfi, « Coptic festivals of the Nile : aberrations of the past ? », dans Thomas Philipp et Ulrich Haarmann (éd.), The Mamluks in Egyptian Politics and Society, Cambridge, Cambridge University Press, 1998, p. 269-273. Pour l’époque contemporaine, voir sa description en 1834 par Edward W. Lane, Manners and Customs of the Modern Egyptians, Londres-New York, J. M. Dent et E. P. Dutton, 1836, rééd. 1908, p. 499-504.

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désordres (prostitution notamment) et de troubles81. Interdite en 702/1303, sous le règne d’al-Nāṣir Muḥammad b. Qalāwūn, puis en 709/1309-10 par Baybars II, elle fut rétablie en 738/1338 et al-Maqrīzī estime qu’elle donna lieu à de nouveaux débordements. En 755/1354, alors que l’Égypte traversait, une fois encore, une période de persécution des coptes, la fête fut à nouveau interdite, le reliquaire saisi, brûlé, et ses cendres jetées dans le Nil. La fête, toujours selon al-Maqrīzī, aurait été alors définitivement supprimée. Cet auteur ne mentionne pas l’interdiction de Barqūq qu’Ibn ʿAqīl semble être le seul à rapporter82. Al-Maqrīzī relate, en revanche, une décision que Barqūq prit quelques années plus tard, le 22 rağab 787/29 août 1385, qui alla dans le même sens que l’interdiction de la fête du Martyr. Ordre fut donné d’abolir, cette fois, la fête très ancienne du Nouvel An des Coptes (Nawrūz)83 qui était célébrée le premier jour du mois copte de tūt (aux alentours du 11 septembre). À cette occasion, les souks fermaient et toute activité cessait durant plusieurs jours. Un « émir du jour de l’an » était promené nu et coiffé d’un bonnet sur un âne. De l’argent était réclamé aux riches passants qui risquaient, en cas de refus, de se voir jeter des œufs ou d’être arrosés d’eau sale : c’était, en quelque sorte, la revanche du commun (musulmans et chrétiens confondus) sur les élites, qui pouvait aussi entraîner des débordements en tous genres, d’où les tentatives de certains dirigeants, dès l’époque fatimide, d’interdire ces festivités. Barqūq les abolit à son tour, fit arrêter ceux qui y participaient et promit des châtiments atroces à ceux qui braveraient l’interdiction84. Des coptes nouvellement convertis à l’islam (musālima) furent au centre d’une autre affaire dont le sultan eut à s’occuper dans les premiers mois de son règne et à 81 Cf. Carl F. Petry, The Criminal Underworld in a Medieval Islamic Society. Narratives from Cairo and Damascus under the Mamluks, Chicago, The Center for Middle Eastern Studies, 2012 (index). 82 Cf. al-Maqrīzī, Ḫiṭaṭ, éd. A. F. Sayyid, I, p. 180-185 (selon lequel la fête avait lieu le 8 du mois copte de bašans, c’est-à-dire le 16 mai) et Kitāb al-Muqaffā l-kabīr, éd. Muḥammad al-Yaʿlāwī, Beyrouth, Dār al-Ġarb al-islāmī, 1991, II, p. 540 ; Ibn Taġrībirdī, Nuǧūm, VIII, p. 202-203 ; Ibn Ḥağar al-ʿAsqalānī, al-Durar al-kāmina, éd. Muḥammad Sayyid Ğād al-Ḥaqq, Le Caire, Dār al-kutub al-ḥadīṯa, 1966-67, II, no 1375, p. 37-38 ; Adam Mez, The Renaissance of Islam, trad. Salahuddin Khuda Bakhsh et David S. Margoliouth, Patna, The Jubilee Printing and Publishing House, 1937, p. 424. Sur les fonctions exercées par les coptes en Égypte à l’époque circassienne, voir Carl F. Petry, « Copts in Late medieval Egypt », dans Aziz S. Atiya (éd.), The Coptic Encyclopedia, New York, MacMillan, 1991, II, p. 618-635 ; H. Lutfi, « Coptic festivals of the Nile », p. 261-267. 83 Nawrūz est, à l’origine, une fête persane zoroastrienne. Cf. Encyclopædia Iranica, « Nowruz i. In the Pre-Islamic Period » (Mary Boyce), online edition, 2016 (http://www.iranicaonline.org/articles/ nowruz-i) ; EI2, « Nawrūz » (Ruben Levy-[Clifford E. Bosworth]). 84 Cf. al-Maqrīzī, Ḫiṭaṭ, éd. A. F. Sayyid, I, p. 724-729, II, p. 600-603 ; Ibn Iyās, Badā’iʿ al-zuhūr fī waqā’iʿ al-duhūr, éd. Muḥammad Muṣṭafā, Wiesbaden, Franz Steiner Verlag, 1960-1992, I/2, p. 363-365 ; A. Mez, The Renaissance of Islam, p. 425 ; Robert Griveau, « Les fêtes des coptes par al-Maqrīzī », dans Martyrologes et ménologes orientaux, XVI-XVIII (« Patrologia Orientalis », X/4), 19141, p. 341 ; René-Georges Coquin, « Les fêtes des coptes vues par les auteurs musulmans », La Nouvelle Revue du Caire, II (1978), p. 70-74 ; Boaz Shoshan, Popular Culture in Medieval Cairo, Cambridge, Cambridge University Press, 1993, p. 40-51. Les manifestations de cette fête peuvent être comparées, sous certains aspects, aux carnavals ou fêtes des fous en Occident. Cf. Jacques Le Goff et Jean-Claude Schmitt (éd.), Le charivari. Actes de la table ronde organisée à Paris (25-27 avril 1977) par l’EHESS et le CNRS, Paris-La Haye-New York, Mouton, 1982 ; Jacques Heers, Fêtes des fous et carnavals, Paris, Fayard, 1983 ; Henri Rey-Flahaud, Le charivari. Les rituels fondamentaux de la sexualité. Paris, Payot, 1985.

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laquelle Ibn ʿAqīl fait allusion dans le dernier chapitre de son ouvrage. Les sources rapportent qu’au mois de misrā 785/7 août-5 septembre 1383, des coptes convertis à l’islam célébrèrent un mariage dans la localité de Birmā, située dans le delta, sur la route du Caire à Alexandrie. Gênés dans leurs festivités par l’appel à la prière, ils maltraitèrent le muezzin, menacèrent de mort le prédicateur de la mosquée accouru à son secours et tuèrent même certains de leurs compagnons. L’affaire remonta jusqu’au sultan Barqūq qui chargea le grand cadi malékite de régler le sort des fauteurs de trouble. Ceux-ci furent jetés en prison et six d’entre eux furent exécutés au Caire, devant la madrasa al-Ṣāliḥiyya, sur la place Bayn al-Qaṣrayn, le 26 ğumāda II/26 août 1383, soit une dizaine de jours après l’achèvement de notre traité85. C’est donc l’immédiate actualité dont Ibn ʿAqīl se fait ici l’écho.

La légitimité du « bon souverain » Si ce texte permet de retrouver la trace d’événements réels, il pose aussi la question du discours sur la légitimité du pouvoir, sur ses fondements et sur les moyens mis en œuvre pour l’établir. Barqūq ne fut pas le premier sultan à accéder au trône par la force, tant s’en faut. Comme la plupart de ses prédécesseurs, il fut vite contraint, pour s’y maintenir, de trouver des arguments lui permettant de démontrer sa légitimité. Il pouvait bien sûr se targuer de sa puissance militaire et faire valoir qu’il était le seul capable de ramener l’ordre à l’intérieur de l’empire et de repousser les attaques venues de l’extérieur. Des arguments qu’en leur temps Saladin et Baybars avaient avancés en se présentant comme l’ultime recours contre les Francs pour l’un, contre les Mongols pour l’autre, mais il fallait aussi une caution plus officielle. Barqūq la trouva – comme Baybars en 659/1261 – auprès du calife abbasside du Caire. Même si ce dernier ne disposait plus des pouvoirs qui étaient ceux de ses prédécesseurs à Bagdad, avant l’invasion mongole de 656/1258, il restait une figure religieuse importante et avait même réussi à reconquérir un peu de prestige depuis le milieu du viiie/xive siècle. Pour asseoir leur autorité, les sultans mamelouks avaient encore besoin de son appui, quitte à le démettre s’il n’agissait pas dans le sens de leurs intérêts. C’est ce qui arriva à al-Mutawakkil (763-779, 779-785, 791-808/1362-1377, 1377-1383, 1389-1406), calife, à l’avènement de Barqūq, qui prit le risque de soutenir ses opposants. Destitué et emprisonné en rağab 785/septembre 1383 (quelques semaines après la rédaction de notre traité), il fut remplacé par un autre membre, plus docile, de la famille abbasside qui prit le titre d’al-Wāṯiq bi-Llāh (785-788/1383-1386)86. Al-Mutawakkil fut cependant libéré quelques mois plus tard en ḏū l-qaʿda 786/janvier 1384 et installé 85 Cf. al-Maqrīzī, Sulūk, III/2, p. 492 ; Ibn Qāḍī Šuḥba, Ta’rīḫ, tome premier, troisième partie du manuscrit (781/1379-800/1397), éd. ʿAdnān Darwīš, Damas, Institut français de Damas, 1977, p. 108-109 ; Ibn Ḥağar al-ʿAsqalānī, Inbā’, II, p. 126. 86 Al-Mutawakkil est brièvement mentionné par Ibn ʿAqīl (fol. 20r°). Sur ces événements, voir Ibn Taġrībirdī, Nuğūm, XI, p. 234-235 qui dit que Barqūq entra dans une telle colère contre al-Mutawakkil qu’il voulut lui trancher la tête. Les cadis toutefois ne lui accordèrent pas la fatwa l’autorisant à le faire qu’il réclamait. Cf. aussi al-Maqrīzī, Sulūk, III/2, p. 493-496 ; al-Suyūṭī, Ta’rīḫ al-ḫulafā’, éd. Muḥammad Muḥyī l-Dīn

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dans une demeure à l’intérieur de la citadelle87. En 791/1389, lorsque Barqūq sentit son pouvoir vaciller en raison de la révolte des émirs syriens, il se réconcilia avec le calife, le couvrit d’honneurs et de présents, lui rendit sa fonction et tous ses biens, espérant sans doute se concilier ainsi la population. Cela ne suffit cependant pas à le maintenir au pouvoir. À son retour sur le trône, quelques mois plus tard, Barqūq conserva son alliance avec le calife al-Mutawakkil88. Celui-ci – dont le nom ne figurait pourtant pas sur la monnaie – lui servait de caution et lui permettait d’affirmer son droit à régner89. Les souverains dépourvus de légitimité dynastique cherchaient aussi parfois à s’en « fabriquer » une en épousant une femme de la famille de leur prédécesseur. C’était, selon les cas, sa mère, sa veuve ou l’une de ses filles. En Syrie, cette pratique s’était répandue dès le début du vie/xiie siècle, sans doute sous l’influence des Turcs seljoukides. Tughtigin (497-522/1104-1128), atabeg de Damas, Zengi (522-541/1128-1146), émir d’Alep, et Saladin (569-589/1174-1193), fondateur de la dynastie ayyoubide, en firent tous l’expérience. C’est en se rattachant à la descendance du sultan Qalāwūn que Barqūq tenta de s’inventer une légitimité dynastique. Il épousa Ḫawand Hāğar, la nièce du sultan al-Ašraf Šaʿbān, et peut-être même la mère du jeune sultan Ḥāğğī qu’il venait de destituer, inscrivant ainsi son règne dans la continuité de la dynastie précédente90. Enfin, la légitimité d’un souverain avait peu de chances de s’imposer auprès des populations sans l’appui des oulémas qui vantaient, dans leurs sermons ou leurs écrits, ses vertus (piété, justice, générosité, probité…) censées le rapprocher du modèle de souverain idéal. Le traité d’Ibn ʿAqīl nous en donne un très bon exemple. Neuf mois après la prise de pouvoir par le sultan, l’auteur n’avait sans doute pas conscience – nous l’avons dit – de la naissance d’une nouvelle dynastie fondamentalement différente de la précédente. Depuis plus d’un siècle, en effet, les sultans montaient sur le trône

ʿAbd al-Ḥamīd, Le Caire, Maktabat al-Muṯannā, 1964, p. 501-505. Après la mort d’al-Wāṯiq bi-Llāh, son frère Zakariyyā’ lui succéda avec le titre d’al-Mustaʿṣim bi-Llāh (788-791/1386-1389) Cf. al-Maqrīzī, Sulūk,

III/2, p. 551-552 ; Ibn Taġrībirdī, Nuğūm, XI, p. 245. 87 Le sultan continua cependant à se méfier de lui et, face à la révolte des émirs syriens, son premier réflexe fut de renvoyer le calife en prison, mais il le fit libérer après avoir pris l’avis de ses émirs. Ibn Taġrībirdī, Nuğūm, XI, p. 236-237. 88 Voir le récit détaillé de ces événements dans Ibn Taġrībirdī (Nuğūm, XI, p. 268, 286) dont le père fut un proche du sultan. Le calife fut bien traité par les émirs Yalbuġā l-Nāṣiri et Minṭāš lorsque ceux-ci forcèrent Barqūq à abandonner le pouvoir. Il fut contraint de les soutenir et de signer (comme Ibn Ḫaldūn) la fatwa les autorisant à combattre Barqūq, mais ce dernier ne lui en tint pas rigueur lorsqu’il reprit possession du trône. 89 Dès la fin du viie/xiiie siècle, malgré le rétablissement du califat abbasside au Caire, le nom de ce dernier n’apparaît plus sur les monnaies. Sur le monnayage de Barqūq, voir Paul Balog, The Coinage of the Mamluk Sultans of Egypt and Syria, New York, American Numismatic Society, 1964, p. 249-275 ; Ra’fat Muḥammad al-Nabarāwī, al-Sikka l-islāmiyya fī Miṣr : ʿaṣr al-Mamālik al-ğarākisa, Le Caire, Markaz al-ḥaḍāra l-ʿarabiyya li-l-iʿlām wa l-našr, 1993, p. 43-49. 90 Mignanelli (Ascensus Barcoch, p. 73) est le seul à mentionner le mariage avec la mère de Ḥāğğī à qui il donne le nom de Bagaded. Ibn al-Furāt (Ta’rīḫ, t. IX/1, éd. Qusṭanṭīn Zurayq, Beyrouth, al-Maṭbaʿa l-amīrikāniyya, 1936, p. 48) mentionne la mort de la mère de Ḥāğğī sous l’année 790/1388, mais ne précise ni son nom ni son mariage avec Barqūq. D’après lui, elle fut l’épouse de l’émir Ṣalāḥ al-Dīn Muḥammad, fils de Sayf al-Dīn Tankiz al-Ḥusāmī à qui elle donna aussi un fils. Cf. C. Onimus, Les maîtres du jeu, p. 138 et sur les épouses et concubines de Barqūq, p. 472.

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après la déposition ou le meurtre de leur prédécesseur, et, de ce point de vue, la prise de pouvoir par Barqūq n’a pas dû sembler extraordinaire à ses contemporains. Nulle part il n’est fait allusion, non plus, à son origine circassienne, ce qui tendrait à montrer que sa prise de pouvoir ne s’est pas faite sur l’argument d’une quelconque supériorité circassienne, comme il l’affirmera lui-même dans l’une de ses lettres à Tamerlan une dizaine d’années plus tard91, ni sur une prétendue généalogie faisant descendre les Circassiens de la tribu arabe des Banū Ġassān, comme cela est rapporté par Ibn Ḫaldūn92. Il n’en demeurait pas moins nécessaire de trouver des arguments pour montrer qu’il était, parmi tous les prétendants au trône, le mieux placé et le plus légitime93. C’est donc le pouvoir d’un individu plus que celui d’une dynastie que l’auteur cherche à légitimer. Il s’y emploie en montrant que, dès 778/1377 et le règne de ses deux très jeunes prédécesseurs, al-Manṣūr ʿAlī et al-Ṣāliḥ Ḥāğğī, Barqūq ramena l’ordre dans le royaume, puis en insistant sur les vertus qui définissent le bon souverain et en taisant les événements gênants du début du règne de Barqūq, comme, par exemple, l’éviction, une fois au pouvoir, et l’exécution sur ses ordres de son frère d’armes, l’émir Baraka. L’énumération des qualités du sultan n’est donc pas tant intéressante pour connaître la véritable personnalité de Barqūq – que les autres sources décrivent, au demeurant, comme un vaillant et courageux guerrier – que pour percevoir l’image que l’on se faisait alors du souverain idéal. Au premier rang des vertus prêtées à ce dernier figure la justice. Ce thème, qui puise ses racines dans de très anciennes traditions hindoues, perses et hellénistiques, d’une part, et coraniques d’autre part, fut souvent repris et développé dans les miroirs des princes et les nombreux traités de gouvernement du monde islamique94. Les Mamelouks ne font pas exception, et Ibn ʿAqīl, juriste lui-même, ne pouvait faire autrement que d’ouvrir son traité sur un éloge appuyé de

91 Cf. A. Broadbridge, Kingship and ideology, p. 182-185. 92 Cf. Ibn Ḫaldūn, ʿIbar, éd. Naṣr Abū l-Wafā’ al-Hūrīnī, Bulaq, 1867, V, p. 472 ; Ibn Iyās, Badā’iʿ, I/2, p. 312. 93 Sur la nécessité de légitimer le pouvoir des sultans mamelouks usurpateurs, voir Peter M. Holt, « The position and power of the Mamlūk sultan », The Bulletin of the School of Oriental and African Studies, 38/2 (1975) p. 237-249 ; id., « The Virtuous Ruler in Thirteenth-Century Mamlūk Royal Biographies », Nottingham Medieval Studies, 24 (1980), p. 27-35 ; id., « Three Biographies of al-Ẓāhir Baybars », p. 19-29 ; id., « Some observations », p. 123-130 ; Lutz Wiederhold, « Legal-Religious Elite, Temporal Authority, and the Caliphate in Mamluk Society : Conclusions Drawn from the Examination of a “Zahiri Revolt” in Damascus in 1386 », International Journal of Middle East Studies, 31/2 (1999), p. 203-235 ; sur les différentes formes de légitimation, sous le règne de Barqūq (défense de l’Islam, légitimité religieuse, dynastique et symbolique), voir C. Onimus, Les maîtres du jeu, p. 125-157. 94 Il suffit de rappeler la sentence très souvent reprise, avec des variantes, depuis l’Antiquité, dont l’une des versions est : « Le monde est un jardin dont la clôture est l’État ; l’État est un gouvernement dont la tête est le prince ; le prince est un berger qui est assisté par l’armée ; l’armée est faite d’auxiliaires entretenus par l’argent ; l’argent est le moyen de subsistance fourni par les sujets ; les sujets sont les esclaves qu’asservit la justice ; la justice est le lien par lequel se maintient l’équilibre du monde ». Cf. al-Harawī, al-Taḏkira l-Harawiyya fī l-ḥiyal al-ḥarbiyya, éd. et trad. Janine Sourdel-Thomine, Bulletin d’Études Orientales, 17 (1961-1962), p. 205-266. Ce raisonnement circulaire a donné naissance au début de la période ottomane au concept de « cercle de la justice ». Cf. Linda T. Darling, A History of Social Justice and Political Power in the Middle East. The Circle of Justice from Mesopotamia to Globalization, Londres-New York, Routledge, 2013.

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la justice. On ne peut s’empêcher de penser qu’outre son désir de faire de Barqūq un modèle de souverain, il ait aussi cherché à mettre en valeur – notamment dans le deuxième chapitre – ses qualités personnelles de juriste. Barqūq y est décrit, en tout cas, comme un souverain s’entourant de conseils éclairés, respectueux de la loi, ferme dans ses jugements. Il est également présenté comme un ardent défenseur de l’islam et un protecteur des musulmans. « Épée affilée de la religion », il est celui qui fait triompher la vérité, prodigue des conseils aux musulmans, combat l’infidélité, protège les lieux saints et pourvoit à leurs besoins. À plusieurs reprises, l’auteur insiste sur son rôle de garant du bien des sujets grâce à ses actions efficaces contre la corruption, les rébellions et le banditisme de grand chemin. On notera, à ce sujet, que dès les premiers mois de son règne, le sultan se montra intraitable face à la corruption de ses gouverneurs. Il appliqua de sévères châtiments à plusieurs d’entre eux, accusés de mauvaise conduite, et nomma vizir Šams al-Dīn Ibrāhīm Kātib Arlān qui se montra, d’après al-Maqrīzī, exemplaire dans la gestion des biens publics, comme dans la simplicité de son train de vie, et sut imposer son autorité aux humbles comme aux puissants95. Le « bon souverain », tel qu’il est décrit par Ibn ʿAqīl, est également celui qui apporte la prospérité, une qualité qu’il tient de la protection que lui accorde Dieu. C’est Allah qui l’envoie, l’inspire, le fait souverain des hommes, lui confère son rang et ses vertus. Il est donc normal que, pour son accession au trône, Dieu envoie sur terre la pluie, gage de fertilité et de richesse. Les sources relèvent toutes que son intronisation se fit par un jour pluvieux, signe de la faveur divine. D’où l’alliance imagée du sultan et du Nil — tous deux, dans leur générosité, comblent les sujets de leurs bienfaits — qui fait penser à l’épisode au cours duquel, en 822/1419, al-Mu’ayyad Šayḫ, en bon « souverain thaumaturge », se plongea entièrement dans le Nil – alors qu’il était malade – pour provoquer la crue du fleuve96. Présenter Barqūq comme le garant de la justice, du respect de la religion, de la sécurité et de la prospérité du pays, pour légitimer son pouvoir, n’avait rien de très nouveau. C’était même la « marque de fabrique » de tous les panégyriques des sultans depuis au moins le viie/xiie siècle. Plus original, pour la période mamelouke, est l’argument de la piété filiale. Il était rare, en effet, qu’un mamelouk, enlevé à ses parents dès sa plus tendre enfance, fasse rechercher sa famille et l’accueille à ses côtés. Barqūq, lui, nous l’avons dit, fut capturé et vendu alors qu’il était âgé d’une vingtaine d’années. Il lui fut donc plus facile qu’à d’autres de retrouver la trace de sa famille par l’intermédiaire de marchands qui lui ramenèrent au Caire son père Anas et plusieurs membres de sa famille, dès ḏū l-ḥiğğa 782/février 1381. Barqūq, qui n’était alors que chef des armées, leur réserva un accueil triomphal dans une capitale en fête et nomma son père émir de « mille ». Mais il n’eut guère le temps de profiter de sa présence, car Anas, âgé de plus de quatre-vingt-dix ans, mourut quelques mois plus tard en šawwāl 783/décembre 1381-janvier 1382. Son fils lui fit faire un pèlerinage post-mortem dans le but sans doute d’en affirmer la

95 Cf. al-Maqrīzī, Sulūk, III/2, p. 482, 486-487, 490. 96 Cf. J.-Cl. Garcin, « The regime of the Circassian Mamlūks », p. 313.

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conversion sincère à l’islam97. Cette manifestation de piété filiale était aussi un geste dynastique destiné à montrer les dispositions pieuses de Barqūq, lui-même, et son inscription dans une lignée de bons musulmans98. Un geste qui n’est pas sans rappeler celui de Saladin qui, de même, fit venir au Caire la plus grande partie de sa famille, au lendemain de son installation au poste de vizir en 1169. Quand son père Ayyūb arriva au Caire, en avril 1170, il fut reçu en grande pompe, et le calife lui-même s’avança à sa rencontre, lui remit un vêtement d’honneur et lui conféra le titre d’al-Malik al-Afḍal99. Pour renforcer son autorité, Barqūq s’est-il trouvé un modèle ? A-t-il été sensible à la recherche d’exemplarité ? Plusieurs indices laissent penser qu’il tenta durant son règne, de rapprocher son image de celle de Baybars I, considéré, dès son époque, comme le fondateur du premier État mamelouk100. Comme lui, il choisit de porter le titre honorifique (laqab) « al-Ẓāhir » et, vers la fin de son règne, adopta le lion pour emblème sur certaines de ses monnaies101. Son titre d’Iskandar al-zamān (« Alexandre du Temps ») pourrait aussi évoquer Baybars, qui fut le premier à l’introduire au Proche-Orient102, bien que, depuis la fin du viie/xiiie siècle, ce titre fût devenu courant dans la titulature des sultans mamelouks comme en atteste al-ʿUmarī (m. 749/1349) dans ses ouvrages sur l’organisation de l’administration mamelouke103. Peut-on déceler des traces de ce rapprochement dans le traité qui nous occupe ? Ibn ʿAqīl donne certes une très bonne image de Baybars dont il dit qu’il était « le plus noble des souverains turcs » et qu’il « mena une vie de bien et de renommée ». Il n’en demeure pas moins qu’il ne cache pas qu’il fut le principal 97 Anas, qui ne parlait ni l’arabe ni le turc et qui s’était probablement converti à l’islam en arrivant au Caire, fut enterré dans un premier temps dans le mausolée de l’émir Yūnus al-Dawādār, au nord de la citadelle, avant d’être déplacé, en 1386, dans le mausolée familial de la madrasa fondée par Barqūq sur la place Bayn al-Qaṣrayn ( J. Loiseau, Reconstruire la Maison du sultan, p. 312-315). Barqūq confia au cheikh Ğalāl al-Dīn al-Tubbānī la mission d’effectuer le pèlerinage post-mortem de son père, moyennant 30 000 dirhams (1 600 miṯqāl d’or d’après Ibn al-ʿImād). Parmi les autres membres de la famille qui vinrent le rejoindre, il y avait aussi ses sœurs (ʿĀ’iša et Qānquz). ʿĀ’iša eut un fils qu’elle appela — est-ce un hasard ! — Baybars. Cf. Ibn Taġrībirdī, Manhal, III, p. 105-107 ; Ibn Ḥağar al-ʿAsqalānī, Inbā’, II, p. 14, 67 et VII, p. 231 ; al-Saḫāwī, al-Ḍaw’ al-lāmiʿ, III, p. 21 (Baybars b. uḫt al-Ẓāhir Barqūq), XII, p. 116 (Qānquz ibnat Anas) ; Ibn Qāḍī Šuhba, Ta’rīḫ, I, p. 70-71 ; Ibn al-ʿImād, Šaḏarāṭ, VIII, p. 481. 98 Cf. István Ormos, « The Doors of Sultan Barqūq and Their Inscriptions » The Arabist. Budapest Studies in Arabic, 39 (2018), p. 33-92. 99 Cf. Anne-Marie Eddé, Saladin, Paris, Flammarion, 2008, p. 60. 100 Cf. C. Onimus, Les maîtres du jeu, p. 143-146. 101 Cf. P. Balog, Coinage of the Mamluk Sultans, p. 268 (non daté), 271 (789H), 273 (n. d.), 274 (n. d.). 102 Sur l’emploi du titre Iskandar al-zamān par Baybars, voir D. Aigle, « Les inscriptions de Baybars », p. 57-85 ; Anne-Marie Eddé, « Baybars et son double : de l’ambiguïté du souverain idéal », dans D. Aigle (dir.), Le Bilād al-Šām face aux mondes extérieurs, 2012, p. 76-82. 103 Cf. al-ʿUmarī, Kitāb al-Taʿrīf bi-l-muṣtalaḥ al-šarīf, éd. Muḥammad Ḥusayn Šams al-Dīn, Beyrouth, Dār al-kutub al-ʻilmiyya, 1988, p. 118 ; al-Qalqašandī, Ṣubḥ, VI, p. 124 ; Ḥasan al-Bāšā, al-Alqāb al-islāmiyya fī l-tārīḫ [sic] wa l-waṯā’iq wa l-āṯār, Le Caire, al-Dār al-fanniyya li-l-našr wa l-tawzīʿ, 1989 (réimp. Le Caire, Maktabat al-nahḍa l-miṣriyya, 1957), p. 158-160 ; Muḥammad Qandīl al-Baqlī, al-Taʿrīf bi-muṣṭalaḥāt Ṣubḥ al-aʿšā, Le Caire, al-Hay’a l-miṣriyya li-l-kitāb, 1983, p. 32-33. Ibn ʿAqīl toutefois ne mentionne Alexandre dans son traité que pour dire que la détermination et le discernement de Barqūq dépassent ceux d’Alexandre (23vo).

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responsable du meurtre de Qutuz, mais sans que ce fait d’armes ne provoque chez lui la moindre condamnation – bien au contraire –, car il était plus ou moins admis, parmi les Mamelouks, qu’un régicide devait occuper le trône à la place de sa victime. Ainsi le biographe panégyriste de Baybars, Ibn ʿAbd al-Ẓāhir, reporte lui aussi sur Baybars la seule responsabilité du meurtre de Qutuz104. En outre, Ibn ʿAqīl prend soin de dire que Barqūq rétablit l’usage pour le sultan de présider en grande pompe l’ouverture du canal, sans préciser toutefois qu’il s’était perdu depuis la fin du règne de Baybars105. Ce qu’il ne dit pas, non plus, est que dès le début de son règne, Barqūq inaugura l’usage de siéger trois jours durant dans al-Qaṣr al-Ablaq (le Palais bigarré) de la citadelle du Caire, Baybars ayant lui l’habitude de résider dans le Qaṣr du même nom à Damas, près d’al-Maydān al-Aḫḍar (l’Hippodrome vert), quand il s’y trouvait106. Comme le traité d’Ibn ʿAqīl fut écrit très vite après la prise de pouvoir de Barqūq, il reflète un moment du règne de Barqūq, une sorte d’état de grâce. Barqūq y est décrit comme un souverain providentiel. L’auteur n’a sans doute pas pris conscience du tournant historique qu’allait constituer son règne, mais son propos est significatif de l’importance qu’il voulait donner à la légitimation du pouvoir royal et de la place qu’il souhaitait accorder à l’entourage religieux chafiite du sultan.

Sources et diffusion du traité Ce traité – nous l’avons dit – s’inscrivait dans une longue tradition d’ouvrages qu’ils fussent miroirs des princes ou traités juridiques. Ainsi, nous avons déjà souligné tout ce qu’il doit à l’œuvre du juriste al-Ğurğānī, ou peut-être à leur source commune107. Notre auteur a sans doute aussi utilisé d’autres ouvrages – sans qu’il ne soit toujours possible de déterminer lesquels –, car on retrouve dans ses propos sur la justice, notamment, des hadiths, des commentaires, des anecdotes ou des sentences souvent reproduits dans des ouvrages plus anciens108. De même, ses vers de poésie sont pour la plupart empruntés à des poètes antérieurs ou contemporains. Ibn ʿUnayn (m. 630 /1232)109, en particulier, était un poète qui avait vécu à la cour de Saladin et était connu pour sa poésie satirique qui n’épargnait personne, pas même les proches du souverain, ce qui lui valut finalement d’être exilé. Revenu se mettre au service d’al-ʿĀdil (596-615/1200-1218), dans les premières années du viie/xiiie

104 Cf. Amina A. Elbendary, « The Sultan, the Tyrant, and the Hero : Changing Medieval Perceptions of al-Ẓāhir Baybars », Mamlūk Studies Review, V (2001), p. 142-143. 105 D’autres sources le font. Cf. Ibn Ḥağar al-ʿAsqalānī, Inbā’, II, p. 125. 106 Cf. Ibn Taġrībirdī, Nuğūm, XI, p. 226 ; Manfred Meinecke, Die Mamlukische Architektur in Ägypten und Syrien (648/1250 bis 923/1517), Glückstadt, Verlag J. J. Augustin, 1992, II, p. 114. 107 Cf. supra p. 21-22. 108 Cf. par exemple infra p. 44-47. 109  Cf. Ibn Ḫallikān, Wafayāt al-aʿyān wa anbā’ abnā’ al-zamān, éd. Iḥsān ʿAbbās, 8 vol. Beyrouth, Dār al-ṯaqāfa, 1968-1972, V, p. 14-19 ; Jawdat Rikabi, La poésie profane sous les Ayyûbides et ses principaux représentants, Paris, G.-P. Maisonneuve, 1949, p. 78, n. 4. Cf. infra, p. 77, n. 65 et 83, n. 70.

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siècle, il se distingua aussi par ses vers célébrant Damas, sa ville natale, et l’éloge qu’il fit de son nouveau maître ayyoubide. Ce sont ces derniers vers qu’Ibn ʿAqīl reprend en les modifiant légèrement pour les adapter à Barqūq. Parmi les autres poètes connus de notre auteur, figurent Šaraf al-Dīn ʿAbd al-ʿAzīz b. Muḥammad Ibn Zarqāla (m. 662/1263-1264), cheikh soufi syrien, fils du cadi chafiite de Hama, né à Damas et ayant vécu à Baalbeck, Damas et Hama110 ; Badr al-Dīn Muḥammad b. ʿUmar b. Raslān al-Bulqīnī (v. 756-791/1355-1389), descendant par sa mère du cadi Bahā’ al-Dīn Ibn ʿAqīl – donc probablement comme nous l’avons dit neveu de notre auteur – qui était non seulement un homme de lettres, mais aussi et surtout cadi chafiite de l’armée111 ; enfin, Šihāb al-Dīn Aḥmad al-Dunaysirī (Dunaysarī), connu sous le nom d’Ibn al-ʿAṭṭār (746-794/1345-1392), juriste chafiite, à l’origine, qui vécut au Caire et se fit surtout connaître par sa poésie faisant l’éloge des grands, de Barqūq en particulier112. L’unique manuscrit qui conserve notre texte était destiné à la bibliothèque du sultan et ne semble pas avoir connu une diffusion plus large. Aucun autre manuscrit ne nous est parvenu et il n’est cité, à notre connaissance, par aucune source postérieure. Il semble donc qu’en faisant l’éloge du sultan, en démontrant sa légitimité à régner et en lui fournissant des réponses juridiques sur des cas précis, l’auteur ait surtout recherché les faveurs du nouveau maître et voulu se hisser au rang de ses conseillers.

Description du manuscrit Le manuscrit unique dont nous disposons est un petit opuscule de 45 folios (46 avec la garde postérieure ancienne). Une garde antérieure et une garde postérieure en papier blanc ont été rajoutées lors de la reliure qui est récente et en bon état. W. Ahlwardt ayant noté que le manuscrit n’en avait pas, on peut en déduire qu’elle est postérieure à 1897, date de la publication de son catalogue. Le papier du manuscrit est en assez bon état, jaunâtre, lisse et plutôt épais. Le premier folio est taché sur son recto et a été restauré sur le bord inférieur et du côté de la gouttière. Les pages sont de petite dimension (183 × 130 mm). La foliotation est moderne, inscrite au crayon en chiffres arabes (1, 2, 3…) dans l’angle supérieur extérieur des pages.

110 Cf. Kaḥḥāla, V, p. 259-260 ; Ibn Šākir al-Kutubī, Fawāt al-Wafayāt, éd. Iḥsān ʿAbbās, Beyrouth, Dār Ṣādir, 1973-1974, II, p. 354-363 ; al-Ḏahabī, al-ʿIbar fī ḫabar man ġabar, éd. Ṣalāḥ al-Dīn al-Munağğid et Ayman Fu’ād Sayyid, Koweit, Dā’irat al-maṭbūʿāt wa l-našr, 1960-1966, V, p. 268. 111 Cf. al-Maqrīzī, Sulūk, III/2, p. 687-688 ; Ibn Qāḍī Šuhba, Ṭabaqāt al-Šāfiʿiyya, III, p. 233-235 (no 703) ; Ibn Taghrībirdī, Manhal, X, 236-238 ; Ibn al-ʿImād, Šaḏarāt, VIII, p. 546 ; Kaḥḥāla, XI, p. 82. 112 Cf. Ibn Taġrībirdī, Nuğūm, XII, p. 128 ; Ibn Ḥağar al-ʿAsqalānī, Inbā’, III, p. 125-126 ; Ibn al-ʿImād, Šaḏarāt, VIII, p. 569 ; Kaḥḥāla, II, p. 130 ; Ḥusayn ʿAbd al-ʿĀl al-Lahībī, « Šihāb al-Dīn Ibn al-ʿAṭṭār al-Dunaysarī : ḥayātuhu wa mā tabaqqā min šiʿrihi, dirāsa wa tawṯīq », Ādāb al-Kūfa, 20/1 (2014), p. 221-293 (http:// journals.uokufa.edu.iq/index.php/kufa_arts/article/view/3035) ; Thomas David, « Ibn al-ʿAṭṭār », dans David Thomas et Alex Mallett (éd.), Christian-Muslim Relations, A Bibliographical History, vol. 5 (1350-1500), Leyde-Boston, Brill, 2013, p. 214-215.

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Le papier n’est pas filigrané. On peut y apercevoir des traces de vergeures en disposition simple (environ 33 mm pour 20 vergeures). Les fils de chaînette ne sont pas visibles. Le manuscrit est composé d’un premier cahier (quaternion) composé de huit feuillets. Les feuillets 9 à 19 compris semblent avoir été rassemblés par un onglet récent qu’on aperçoit entre les feuillets 19 et 20 (entre les feuillets 8 et 9 il est dissimulé par le talon de la feuille de garde rajoutée lors de la reliure). Un deuxième onglet rassemble les feuillets 20 à 31 (visible sur les folios 20ro et 31vo). Les folios 32 à 42 semblent former un cahier (quinion) dont la couture (prise dans la reliure ?) n’est cependant pas visible. Les feuillets 42 à 46 forment un cahier asymétrique de 5 feuillets (un binion auquel on a rajouté un feuillet) dont la couture est visible entre les feuillets 44 et 45. Le feuillet 42 a été rajouté sur le talon de la page de garde postérieure ancienne (fol. 46r°). Lors de la reliure, deux pages de garde (une antérieure et une postérieure) ont été rajoutées. Leur talon est visible pour la première à la fin du premier cahier, entre les feuillets 8 et 9, pour la seconde entre les feuillets 41 et 42. Il apparaît donc que le manuscrit a été à une certaine époque démembré puis reconstitué, ce qui explique certaines lacunes comme on aura l’occasion de le souligner plus loin113. La surface écrite de chaque page est de 128 × 87 mm (parfois 85 ou 86) et on compte 11 lignes par page. Il n’y a pas de trace de réglure. Les lignes sont cependant régulières et justifiées, même si parfois un mot, un signe de ponctuation, une lettre ou un groupe de lettres, figurent en marge de la ligne de justification. Sur l’un des folios (43ro), la dernière ligne ayant exagérément empiété sur la marge de gauche, les deux dernières lettres du dernier mot ont été coupées lors de la reliure, au moment de la rectification de la gouttière114. Tous ces cas sont signalés en note de l’édition arabe. Parfois, le dernier mot est entièrement ou partiellement écrit au-dessus de la ligne d’écriture dans ce même souci de respecter la justification du texte, mais ces cas n’étant pas significatifs, il ne nous a pas semblé utile de les relever. L’écriture est assez grande, claire, régulière et peu vocalisée. Les points diacritiques manquent à quelques endroits. Les titres des chapitres et sous-chapitres sont rubriqués en rouge et en plus gros caractères. En rouge également apparaissent les signes qui ponctuent la prose rimée et la poésie (un point dans un cercle, trois virgules disposées en triangle ou une seule virgule) ainsi que les termes qui introduisent la question (mas’ala) juridique et sa juste réponse (wa l-ṣawāb). Des réclames figurent sur tous les versos des feuillets (dans l’angle à gauche des marges inférieures). Celles des folios 1 à 3 sont cachées par la restauration. Le manuscrit ne comporte que très peu de ratures ou de corrections, ce qui laisse penser qu’il fut recopié d’un brouillon. À la première ligne du fol. 21v°, l’auteur ou le copiste a commencé à écrire les quatre premières lettres d’un mot sur la ligne de justification droite avant de se souvenir qu’il s’agissait de la fin d’un hémistiche et

113 Il manque en effet un feuillet entre les folios 30vo et 31ro. Cf. infra p. 100-101. 114 La première étape de la reliure, qui consiste à préparer le corps de l’ouvrage, est appelée « plaçure ». C’est alors que les cahiers sont « ébarbés », c’est-à-dire coupés de façon à égaliser la gouttière (tranche opposée au dos) et la queue (tranche inférieure) du volume. Voir les explications sur le site de la Bibliothèque nationale de France (http://classes.bnf.fr/pdf/reliure.pdf).

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qu’il fallait le centrer au milieu de la page. Au fol. 41v°, l’auteur ou le copiste marque une certaine fatigue, car sur deux lignes consécutives (2 et 3) il fait deux erreurs qui sont ensuite corrigées : la première est un mot biffé et remplacé par le mot correct au-dessus de la ligne, la seconde est l’oubli d’un mot qui est également rajouté au-dessus de la ligne. Enfin au fol. 22v° un mot a été gratté laissant apparaître par transparence les lettres du recto. Sur la page de titre (fol. 1r°) figure le titre de l’ouvrage, Kitāb al-Durr al-naḍīd fī manāqib al-Malik al-Ẓāhir Abī Saʿīd (centré) suivi de la mention ḫallada Llāhu sulṭānahu (Que Dieu pérennise son pouvoir) :

‫كتاب الدرّ النضيد‬ ‫في مناقب الملك الظاهر أبي سعيد‬ ‫خلّد الله سلطانه‬ Suivent trois vers de poésie dans lesquels leur auteur invite le sultan à l’aider dans son projet de pèlerinage à La Mecque : [mètre sarīʿ]

‫ل ساغَ لَنا‬ ٌ ِ ‫ض وَم َنْ جودُه ُ م َناه‬ ِ ‫ك الْأَ ْر‬ َ ِ ‫يا م َل‬ ‫ش َرابُها‬ ‫س ُِنّ و َها بُغْي َتي زِ يارَة ٌ تُرْجى �لَك ُ ْم‬ ّ ‫ق َ ْد كَبُر َ ال‬ ‫ثَوابُها‬ ‫ل بِك ُ ْم‬ ُ ُ ‫ْت الله ِ ق َصْ دي بِه ِ م َثوبَة ٌ تَسْه‬ ِ ‫حَ ج ّ ٌ لِبَي‬ ‫أَ سْ بابُها‬

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O roi de la terre, dont la générosité, pour nous désaltérer, a offert de douces sources J’avance en âge et mon désir est un pèlerinage qui, je l’espère, dans l’au-delà, vous sera rétribué Mon but est la visite de la Maison de Dieu, par vous elle sera facilitée. Trois marques de possession figurent dans la marge gauche. On peut y lire de haut en bas :

)‫العادلي (؟‬/‫من كتب الفقير محمد العادني‬ 1- Fait partie des livres de Muḥammad al-ʿĀdanī (ou al-ʿĀdilī)

‫لله الحمد والمنِ ّة‬ ‫في سِلك م ِلك أفقر الأنام‬ ‫بهرام بن عبد السلام‬ ‫المتفرقة … [دفاتر]عساكر‬ ‫الشام … … … الى يوم القيام‬ 2- Louange et grâce à Dieu En possession de la plus pauvre des créatures Bahrām b. ʿAbd al-Salām al-mutafarriq (müteferrika115)… [chargé des registres] des armées de Syrie… jusqu’au Jour de la Résurrection. En dessous de cette marque de possession, figure un sceau sur lequel on peut déchiffrer ʿAbd et au-dessus Bahrām.

115 Fonction liée à l’armée. Son introduction en Égypte en 1554-55 faisait partie de l’effort d’ottomaniser l’administration égyptienne. Cf. Stanford Shaw, The Financial and Administrative Organization and Development of Ottoman Egypt, 1517-1798, Princeton, Princeton University Press, 1962, p. 192-194 ; Jane Hathaway, The Politics of Households in Ottoman Egypt : The Rise of the Qazdağıs, Cambridge, Cambridge University Press, 1997, p. 37-38, 177. Sur ce propriétaire de manuscrits du début du xie siècle de l’hégire (fin xvie-début xviie siècle), voir la notice en ligne du catalogue de la Staatsbibliothek zu Berlin : http:// orient-digital.staatsbibliothek-berlin.de/receive/SBBMSSecentry_secentry_00000242.

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‫ رب ّه الباقي‬116‫في نوبة فقير [الى]عفوا‬ ‫محمد بن أحمد بن يوسف الطواقي‬ ۱۱۱۳ ‫سنة‬ 3- En possession de Muḥammad b. Aḥmad b. Yūsuf al-Ṭawāqī117, en quête de la miséricorde de son Dieu éternel qui demeurera. En l’année 1113 [1701-02] Deux autres mentions écrites sur la marge inférieure de la page ont été effacées. L’une d’elles, à droite, comprenait le mot ta’līf (composé). En-dessous de celle de gauche, figure un sceau difficilement déchiffrable. Au bas de la page, le tampon rouge de la bibliothèque royale de Berlin a été apposé : Ex Biblioth. Regia Berolinensi. Le colophon se trouve au fol. 45r°. On y lit ceci :

‫تم ّ الكتاب المبارك بحمد ﷲ وعونه وذلك في خامس عشر جمادى الآخرة سنة خمس‬ ‫وثمانين وسبعمائة للهجرة النبو ي ّة حسبنا ﷲ ونعم الوكيل‬ ‫لم‬ ‫خدمة المملوك محمد بن عقيل‬ Par la grâce de Dieu et Son assistance, cet ouvrage béni a été achevé le quinzième jour du mois de ǧumāda II, en l’an 785 de l’hégire du Prophète [15 août 1383]. Dieu nous suffit, quel excellent garant ! Amen118 Hommage (ḫidma) de l’esclave Muḥammad b. ʿAqīl.

116 Lire «ꜥafwi», sans alif. 117 Le nom complet de ce possesseur est Muḥammad Āġā b. Aḥmad b. Yūsuf al-Ṭa(w)wāqī (?) l-Ḥanafī, mort vers 1135/1722-23. C’était le propriétaire de plusieurs manuscrits connus de l’ancienne bibliothèque de la famille des Rifāʿī de Damas (http://refaiya.uni-leipzig.de/receive/CommonVIAF_viaf_00001244), bibliothèque privée achetée par Johann Gottfried Wetzstein à ʿUmar Afandī l-Rifāʿī en 1853. 118 « Amen » figure en écriture abrégée (lām-mīm ou alif-mīm). cf. Adam Gacek, Arabic manuscripts. A Vademecum for Readers, Leyde-Boston, Brill, 2009, p. 313.

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Règles d’édition et de traduction Afin de respecter la langue de l’auteur et la contamination, probable, par le dialecte, les erreurs de conjugaison ou d’accord des verbes et des nombres, ainsi que les déclinaisons défectueuses, ont été laissées telles quelles dans le texte et corrigées en note. En revanche, les erreurs évidentes de graphie ont été corrigées dans le texte avec indication en note du mot original quand il y a ambiguïté de lecture. L’orthographe a été mise en conformité avec l’usage courant pour l’alif maqsūra et les jours de la semaine : par exemple, ‫ الثلاثاء‬et non ‫الثلثا‬. Nous avons modernisé également l’écriture de la hamza, la plupart du temps absente ou indiquée dans le manuscrit par la lettre yā’. Il est, cependant, intéressant de remarquer que dans certains cas (pour l’écriture de ‫ شيء‬notamment) le copiste utilise la hamza. Il lui arrive même de combiner les deux formes, en accompagnant la lettre yā’ d’une hamza placée au-dessus ou en-dessous de la ligne, comme s’il hésitait entre les deux graphies, marquant ainsi une période de transition au cours de laquelle les deux formes pouvaient être utilisées119. Nous avons omis l’alif après la lettre waw d’un verbe défectueux conjugué à l’inaccompli à la troisième personne du singulier : ‫ ينمو‬au lieu de ‫ ينموا‬et nous avons opté pour l’orthographe moderne du verbe à l’inaccompli apocopé (muḍāriʿ mağzūm) après ‫ لم‬: ‫ف‬ ُ ْ‫ لم يَص‬au lieu de ‫لم يصفوا‬. Enfin, l’auteur écrit tantôt ‫ ابن‬tantôt ‫( بن‬fils de). Nous n’y avons rien changé. En ce qui concerne la mise en page et la ponctuation, les titres des chapitres et sous-chapitres qui apparaissent en rouge et en plus gros caractères dans le manuscrit ont été repris comme titres dans l’édition et indiqués en gras ou en petites capitales (pour les noms des souverains en particulier). Dans le chapitre deux, les mots qui introduisent la question (mas’ala) et la réponse (wa l-ṣawāb), qui apparaissent de la même façon en rouge et en plus gros caractères, ont eux aussi étés indiqués en gras dans l’édition. Pour les pages poétiques, la disposition des vers a été reproduite telle qu’elle figure dans le manuscrit. Les manuscrits arabes médiévaux comportent, comme l’on sait, très peu de signes de ponctuation. Dans celui qui nous occupe, des virgules rouges superposées par trois marquent (plus ou moins) les clausules de la prose rimée ou les vers de poésie. Parfois une seule virgule surélevée scande la phrase, signe que l’auteur, même dans certaines parties purement descriptives, est toujours soucieux de son style. Nous avons choisi d’indiquer ces signes de ponctuation dans notre édition par des virgules. Pour le reste, nous avons mis le plus souvent un point et commencé un nouveau paragraphe lorsque l’auteur lui-même revient à la ligne ou commence une phrase par un mot écrit en plus gros caractères (le plus souvent en rouge) ou encore lorsqu’il marque la fin d’une phrase avec un point dans un cercle incomplètement fermé, signe qui

119 Voir des exemples de hamza fol. 6vo (dernière ligne), 9vo (4e ligne avant la fin), 16vo (3e ligne), 25ro (6e ligne), 26vo (dernière ligne), 30ro (2e ligne et le même mot est écrit sans hamza à la 3e ligne), 33vo (dernière ligne), 34vo (6e ligne), 36ro (1ère, 7e et 9e lignes), 38ro (7e ligne), 43ro (5e ligne), 44ro (1ère et 2e lignes).

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indique aussi parfois la fin d’un paragraphe120. Pour faciliter la compréhension du texte, nous avons également ajouté deux points après « il dit » (qāla) et avant une phrase en style direct. Nous avons aussi introduit un point d’interrogation à la fin d’une phrase interrogative et un point d’exclamation après les invocations à Dieu et les expressions optatives. Enfin, nous avons, selon l’usage, procédé à la vocalisation des versets du Coran, des vers de poésie121, de certains noms propres, les verbes au passif et, de manière générale, quand il y peut y avoir ambiguïté de lecture ; nous avons aussi ajouté la šadda – sauf sur les lettres solaires après l’article – ainsi que les tanwīn. Dans la traduction, les mots que nous avons ajoutés pour la compréhension du texte figurent entre crochets; la transcription arabe de certains mots ou noms propres figure entre parenthèses. Les termes de sulṭān, malik, « maître », sont écrits avec une majuscule uniquement lorsqu’ils font partie d’une titulature (al-Sulṭān al-Malik al-Ẓāhir Barqūq et notre Maître le Sultan). Islam s’écrit avec une majuscule quand il s’agit de la civilisation islamique (pays d’Islam), et avec une minuscule quand il s’agit de la religion (il se convertit à l’islam). Enfin, nous avons adopté le système suivant de translittération de l’arabe vers le français préconisé par la revue Arabica. ‫ا‬

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‫ك‬

k

‫م‬

m

‫و‬

w, ū

‫ء‬



‫ن‬ ‫ه‬

‫ي‬

n h y, ī

120 Sauf erreur de sa part (cf. fol. 3ro). La ponctuation irrégulière et non systématique du copiste, ainsi que la nécessité d’aérer le texte et de faciliter sa lisibilité, nous ont obligés parfois à déroger à cette règle. 121 Pour les vers donnés dans les notes, nous avons reproduit la vocalisation des éditeurs des dīwān cités.

37

38

in tro ducti o n

Figure 1. Ibn ʿAqīl, al-Durr, © Staatsbibliothek zu Berlin- Preussischer Kulturbesitz, Orientabteilung, Wetzstein I, 133, page de titre.

i nt ro d u ct i o n

Figure 2. Ibn ʿAqīl, al-Durr, © Staatsbibliothek zu Berlin- Preussischer Kulturbesitz, Orientabteilung, Wetzstein I, 133, fol. 1v°.

39

40

in tro ducti o n

Figure 3. Ibn ʿAqīl, al-Durr, © Staatsbibliothek zu Berlin- Preussischer Kulturbesitz, Orientabteilung, Wetzstein I, 133, fol. 20r°.

i nt ro d u ct i o n

Figure 4. Ibn ʿAqīl, al-Durr, © Staatsbibliothek zu Berlin- Preussischer Kulturbesitz, Orientabteilung, Wetzstein I, 133, fol. 45r° (colophon).

41

‫محمد بن عقيل‬

‫الدرّ النضيد‬ ‫في مناقب الملك الظاهر أبي سعيد‬ Muḥammad Ibn ʿAqīl Les perles ordonnées Des vertus d’al-Malik al-Ẓāhir Abū Saʿ īd

‫الحمد ُ لله الذي أي ّد الإسلام بملكٍ ظاهرٍ غدا سيف ُه بالتأييد والنصر مأثورا‪ ً،‬وزاده من‬

‫فضله نصيبا ً موفورا‪ ً،‬وتكفّل له بمَزِيدِ الظَف َر والتمكين فلم يزل َ‬ ‫مؤي ّدا ً منصوراً‪ ،‬وح َكّمه في‬

‫ل المبينَ تأثيلا ً وتأبيراً‪ ،‬ومحى الظ ُلم َ وسهّل‬ ‫ل والإحسان ونحا السبي َ‬ ‫الأرض فاتّبع الع ْد َ‬ ‫مخل ِصه منيراً‪ ،‬ونشك ُره‬ ‫عسيراً‪ ،‬وحاط المُلك وأحسن تدبيراً‪ ،‬نحم َده حمدا ً يغدو به وجه ُ ُ‬

‫ن لا إله إلا ّ الله ‪2/‬و‪/‬‬ ‫على أن منح الإسلام ملكا ًعادلا ً لم يزل سعْي ُه مشكوراً‪ ،‬ونشه َد أ ّ‬ ‫ح صدورا ً وتمن َح سروراً‪ ،‬وتُنجح أموراً‪ ،‬وت ِّ‬ ‫ُرجح ُأجوراً‪.‬‬ ‫ك له شهادة ً تشر َ ُ‬ ‫وحد َه لا شر ي َ‬

‫ن سيّد َنا محمدا ً ‪ −‬صلّى الله عليه وسل ّم ‪ −‬عبد ُه ورسولُه الذي لم يزل علَم ُ ه ِدايته‬ ‫ونشه َد أ ّ‬

‫منشورا ً وعضْ ب ُه مشهورا ً وسَعي ُه معموراً‪ ،‬صلّى الله عليه وعلى آله الذين حقّق لهم تأميلا ً‬

‫ن‪ 1‬الرضوان آصالا ً‬ ‫ووف ّق تأميراً‪ ،‬صلاة ً ورضوانا ً يعم ُران دهوراً‪ ،‬و يصد ُران إلى مظا ّ‬

‫وبكوراً‪ ،‬وسل ّم تسليما ً كثيراً‪.‬‬

‫وأثبتت مفاخر ُ م َن قام به‬ ‫ْ‬ ‫ّرت مآثر ُ م َن حافظ عليه‪،‬‬ ‫سط ْ‬ ‫ل أحرى ما َ‬ ‫أمّا بعد فالعد ُ‬

‫ن و َإيتَاء ِ‬ ‫ن الله َ ي َأْ م ُرُ ب ِالْع َ ْد ِ‬ ‫وقدّم صالح َ عملِه بين يديه‪2/،‬ظ‪ /‬قال الله تعالى ‪ِِ ﴿ :‬إ ّ‬ ‫ل و َال ِْإحْ سَا ِ ِ‬

‫ن الْف َحْ شَاء ِ و َال ْمُنكَر ِ و َال ْبَغ ِْي يَعِظُك ُ ْم لَعَ�ل ّ َك ُ ْم تَذَك َّر ُونَ﴾‪ .2‬قال قَتاد َة‪: ‬‬ ‫ذِي الْقُر ْبَى ٰ و َيَنْهَ ى ع َ ِ‬ ‫ٰ‬ ‫ن الله تعالى أمر عِباد َه في هذه الآية بمكارِم الأخلاق ونهاهم عن ذميمِها ورُوِي عن‬ ‫إ ّ‬

‫النبيّ ‪ −‬صلّى الله عليه وسل ّم ‪ −‬أن ّه قال ‪ :‬عدل السلطان يعدِل عبادة َ ستّينَ سنة ً‪ ،‬وقال‬

‫ك العادل‪ ‬وقال ‪ −‬صلّى الله عليه‬ ‫أحب الناس إلى الله وأقر بُهم إليه المل ُ‬ ‫ُّ‬ ‫­‪ −‬عليه السلام ‪:‬‬ ‫‪ 1‬‬ ‫‪ 2‬‬

‫في الأصل‪ : ‬مطان‪.‬‬ ‫القرآن‪ ،‬النحل‪.٩٠ : ‬‬

[Préface] Au nom de Dieu le clément, le miséricordieux. Louange à Dieu qui a raffermi l’Islam par un souverain victorieux dont l’épée est devenue célèbre grâce à Son assistance et la victoire qu’Il lui a accordée. Par Sa bienfaisance Il lui a prodigué un mérite redoublé et lui a garanti davantage de victoire et de puissance. Il est sans cesse victorieux et assisté de Dieu qui l’a rendu maître sur terre. Il a suivi la voie de la justice et de la bienfaisance et fait fructifier les richesses en les rendant fécondes. Il a effacé l’injustice et aplani les difficultés, veillé sur la royauté et très bien gouverné. Nous louons Dieu d’une louange qui illumine le visage de celui qui Lui est dévoué. Nous Le remercions d’avoir offert à l’Islam un souverain juste dont le zèle ne cesse d’être célébré et nous témoignons qu’il n’y a pas d’autre Dieu qu’Allah, l’Unique, sans associé, une profession de foi qui dilate les poitrines, réjouit le cœur et procure de la joie, assure la réussite et offre un surplus de rétributions. Nous témoignons que notre Maître Muhammad – que Dieu le bénisse et le salue ! – est Son serviteur et Son envoyé dont l’étendard destiné à nous guider est toujours déployé, dont le sabre ne cesse d’être brandi et dont l’œuvre est toujours florissante. Que Dieu le bénisse lui et sa famille dont il a comblé l’espérance et à qui il a confié la gouvernance, d’une prière et d’une satisfaction éternelles qui, soir et matin, mènent vers les sources de la félicité. Que Dieu le salue abondamment ! La justice est pour celui qui l’exerce l’exploit le plus digne d’être consigné, le titre de gloire le plus établi et la meilleure œuvre à présenter. Dieu Très-Haut a dit : Oui, Dieu « ordonne l’Équité, la Bienfaisance et la Libéralité envers les proches. Il interdit la Turpitude, l’Acte blâmable et l’Insolence. Il vous exhorte, [espérant que] peut-être vous vous amenderez1. » Qatāda a dit2 : « Dans ce verset, Dieu Très Haut a ordonné à ses serviteurs les actions nobles et leur a interdit les actions blâmables. » On rapporte que le Prophète – que Dieu le bénisse et le salue ! – a dit :« La justice d’un souverain équivaut à soixante ans de dévotion3. » Le Prophète – que la paix soit sur lui ! – a dit : « Le souverain juste est celui que Dieu préfère et rapproche le plus de Lui4. » Le Prophète – que Dieu le bénisse et le salue ! – a dit : « Une peine légale appliquée 1 Coran, xvi, 90. Toutes les traductions du Coran sont reprises de celle de Régis Blachère, Le Coran (al-Qor’ân), Paris, G.-P. Maisonneuve et Larose, 1956. 2 Les commentaires de Qatāda (m. vers 117/735), célèbre exégète, traditionniste et lexicographe, sont aujourd’hui perdus, mais nous sont connus par des citations de nombreux auteurs postérieurs, en particulier par al-Ṭabarī, Ǧāmiʿ al-bayān ʿan ta’wīl āy al-Qur’ān, éd. ʿAbd Allāh b. ʿAbd al-Muḥsin al-Turkī, Riyad, Dār ʻālam al-kutub, 2003, XIV, p. 337-338 ; EI2, « Ḳatāda b. Diʿāma » (Charles Pellat). 3 Hadith, sans doute apocryphe, rapporté sous différentes formes par de nombreux auteurs. Voir par exemple Ibn ʿAbd Rabbih, al-ʿIqd al-farīd, éd. Aḥmad Amīn, Aḥmad al-Zayn et Aḥmad al-Abyārī, Le Caire, Laǧnat al-ta’līf wa l-tarǧama wa l-našr, 19653, I, p. 7. 4 Hadith tronqué, sans doute apocryphe, rapporté avec quelques variantes par plusieurs auteurs. Voir, entre autres, Henri Laoust, Le traité de droit public d’Ibn Taimīya, trad. annotée de la Siyāsa šarʿiyya, Beyrouth, Institut français de Damas, 1948, p. 20 ; al-Ġazālī, al-Tibr al-masbūk fī naṣīḥat al-mulūk, éd. Muḥammad Aḥmad Damaǧ, Beyrouth, al-Markaz al-islāmī li-l-buḥūṯ, 1987, p. 109 (qui donne sulṭān au lieu de malik).

‫ا لد ّر ا لنضيد يف منا قب ا مللك ا لظا هر‬

‫ن‬ ‫وسل ّم‪ : ‬ح ّد ٌ يُقام في الأرض خير ٌ من مطرِ أربعين يوما ً وقال ‪ −‬عليه السلام ‪3/ :‬و‪ /‬إ ّ‬ ‫الم ُ ْقسِطينَ في الدنيا على منابر لؤلؤ يوم َ القيامة‪.3‬‬

‫وح ُكي عن عمر بن عبد العزيز أن ّه لمّا و ُلّي الخلافةكتب إلى الحسن البصري أن يكت ُبَ‬

‫ن الله جعل الإمام‬ ‫إليه بصفة ِ الملك العادل فكتب الحسن إليه ‪ :‬اعل َ ْم يا أمير المؤمنين أ ّ‬ ‫ضعيف‪،‬‬ ‫ٍ‬ ‫ل‬ ‫ل فاسدٍ‪ ،‬وقوّة َ ك ّ‬ ‫حك ّ‬ ‫ل حائر ٍ‪ ،‬وصلا َ‬ ‫ل‪ ،‬وقصْ د َ ك ّ‬ ‫ل مائ ٍ‬ ‫العادل‪ ،‬ق ِوام َ ك ّ ِ‬

‫ح‬ ‫كالقلب بين الجوارح تنصل ِ ُ‬ ‫ِ‬ ‫ل مديونٍ‪ ،‬والإمام العادل‬ ‫ل مظلو ٍم‪ ،‬ومفزَعَ ك ّ‬ ‫ونصرة َك ّ‬ ‫بصلاحه‪ ،‬وتَفس ُد بفساده والإمام العادل هو القائم بين الله وبين خل ْقه يسم َع كلام الله‬

‫ويُسمِع ُهم وينظر ُ إلى الله ‪3/‬ظ‪ /‬وي ُريه ِم فلم يزل عمر بن عبد العزيز يتد َب ّر ُ هذا الكلام‪.‬‬

‫ن قيصر ملك‬ ‫ب الزمان‪ .‬قيل إ ّ‬ ‫ومن كلام الناس ‪ :‬عدل السلطان يقوم مقام خصْ ِ‬

‫الروم أرسل رسولا ً إلى أمير المؤمنين عمر بن الخطاب – رض ِي الله عنه – يكشِف أمور َه‬ ‫ط�ل�ِ ُع على أحواله‪ ،‬فلم ّا دخل المدينة سأل أهلها‪ : ‬أين م�لكُكم ؟ فقالوا ‪ :‬ليس لنا ملكٌ‬ ‫وي ََ ّ‬

‫وإنّما لنا أمير ٌ قد خرج إلى ظاهر المدينة فخرج الرسول في طلَبه فرآه نائما ً في الشمس على‬

‫الأرض فوق الرمل وقد وضع دِرّته‪ 4‬تحت رأسه مكان المخدّة له والعر َق يسق ُط من‬

‫ل يكون‬ ‫ل على هذه الحالة وقع الخشوع ُ في قلبه وقال ‪ :‬رج ٌ‬ ‫جبينه ‪4/‬و‪ /‬فلم ّا رآه الرسو ُ‬

‫ك الأرض لا يق َُر ّ لهم قرار ٌ هيبة ً له تكون هذه حالت ُه‪ ،‬و�لكن ّك يا عمر عدلتَ‬ ‫جمي ُع ملو ِ‬

‫ن الحقّ ولولا أن ّي‬ ‫ن دين َكم لَد ِي ُ‬ ‫ل خائفا ً ساهرا ً أشهد ُ أ ّ‬ ‫فنمتَ ‪ ،‬وملِك ُنا يجور فلا جَرَم َ لا يزا ُ‬

‫ل لأسلمتُ و�لكن ّي سأعود وأسل ِم ُ‪.‬‬ ‫رسو ٌ‬ ‫‪ 3‬‬ ‫‪ 4‬‬

‫«مة» في الهامش‪.‬‬ ‫في الأصل‪ : ‬ردته‪ ،‬والصواب ‪ :‬درّته‪.‬‬

‫‪46‬‬

Le s pe r le s o rd o nné e s

sur la terre vaut mieux qu’une pluie de quarante jours5. » Le Prophète – que la paix soit sur lui ! – a dit : « Ceux qui pratiquent l’équité en ce bas-monde seront assis sur des chaires de perles le Jour de la Résurrection6. » On rapporte que lorsque ʿUmar ibn ʿAbd al-Azīz devint calife, il écrivit à al-Ḥasan al-Baṣrī pour lui demander de lui décrire le souverain juste. Al-Ḥasan lui écrivit ceci : « Sache, Ô Émir des croyants, que Dieu a fait du souverain juste celui qui redresse tout ce qui est courbé, vers lequel se dirigent tous les égarés, qui remet dans le droit chemin tous ceux qui sont corrompus, qui fortifie tous ceux qui sont faibles, qui vient au secours de tous ceux qui sont victimes d’injustice, auprès de qui se réfugient tous ceux qui sont endettés7. L’imam (imām) juste est comparable au cœur par rapport aux membres. Les membres vont mieux quand le cœur est sain et vont mal quand il est corrompu. L’imam juste est celui qui se tient entre Dieu et Ses créatures, qui écoute la parole de Dieu et la leur fait entendre, qui regarde Dieu et Le leur fait voir. » ʿUmar ibn ʿAbd al-ʿAzīz ne cessa plus de méditer ces paroles8. Selon un dicton, « la justice du sultan vaut la fertilité du temps9. » On dit que Qayṣar, souverain des Rūm10, envoya un messager à l’Émir des croyants ʿUmar ibn al-Ḫaṭṭāb – que Dieu soit satisfait de lui ! – afin de s’enquérir de ses affaires et de s’informer de sa situation. Lorsqu’il entra à Médine il demanda à ses habitants : « Où est votre souverain ? » Ils lui dirent : « Nous n’avons pas de souverain, mais nous avons un émir qui est sorti à l’extérieur de la ville. » Le messager alla à sa recherche et le trouva dormant au soleil par terre à même le sable. Il avait placé son fouet sous la tête comme oreiller et la sueur coulait de son front. Quand le messager le vit ainsi, il fut saisi d’émotion et dit : « Un homme que les souverains de la terre redoutent au point de ne plus trouver de repos est dans une telle situation ? Ô ʿUmar, toi qui agis avec justice, tu dors. Notre souverain agit injustement ; il n’est donc pas étonnant qu’il soit toujours apeuré et en éveil. Je témoigne que votre religion est la religion de la vérité et si je n’étais venu en messager, je me serais converti à l’islam. Cependant je reviendrai et je me ferai musulman11. » 5 Cf. Arent J. Wensinck, Concordances et indices de la tradition musulmane, Leyde-New York-Cologne, Brill, 19922, I, p. 431. 6 Ibidem, V, p. 378. 7 Propos attribué à ʿAlī Ibn Abī Ṭālib (avec malhūf au lieu de madyūn). Voir, par exemple, Ibn Abī l-Ḥadīd, Šarḥ Nahǧ al-balāġa, éd. Muḥammad Abū l-Faḍl Ibrāhīm, Le Caire, ʿĪsā l-Bābī l-Ḥalabī, 1959-1964, VII, p. 194 (ḫuṭba 108). 8 Ce récit figure avec quelques variantes dans plusieurs ouvrages comportant des conseils de gouvernement ; voir, par exemple, Ibn ʿAbd Rabbih, al-ʿIqd al-farīd, I, p. 33-34 ; Ibn Ḥamdūn, Kitāb al-Taḏkira l-ḥamdūniyya, éd. Iḥsan et Bakr ʿAbbās, Beyrouth, Dār Ṣādir, 1996, III, p. 185 ; al-Nuwayrī, Nihāyat al-arab fī funūn al-adab, Le Caire, Dār al-kutub al-miṣriyya puis al-Hay’a l-miṣriyya l-ʿāmma li-l-kitāb, 1923-1998, VI, p. 37. Sur la prétendue correspondance entre Ḥasan al-Baṣrī (m. 110/728) et le calife omeyyade ʿUmar b. ʿAbd al-ʿAzīz (99-101/717-720), voir Suleiman Ali Mourad, Early Islam between Myth and History. Al-Ḥasan al-Baṣrī (d. 110h/728ce) and the Formation of his Legacy in Classical Islamic Scholarship, Leyde, Brill, 2006, p. 121-139. 9 Dicton rapporté par de nombreux auteurs dans des termes à peu près équivalents. Voir, entre autres, Ibn Qutayba, ʿUyūn al-aḫbār, Le Caire, Dār al-kutub al-miṣriyya, 1925, I, p. 5 et al-Māwardī, Naṣīḥat al-mulūk, éd. Muḥammad Ǧāsim al-Ḥadīṯī, Bagdad, Wizārat al-ṯaqāfa wa l-iʿlām-Dār al-šu’ūn al-ṯaqāfiyya, 1986, p. 43, n. 51 (avec de nombreuses références). 10 Dans les sources arabes médiévales, le terme de Rūm désigne les Byzantins. 11 On trouve le même récit dans al-Ġazālī, al-Tibr al-masbūk, p. 116-117. ʿUmar était célèbre pour son fouet (dirra) avec lequel il châtiait les contrevenants. Voir al-Ṯaʿālibī, Ṯimār al-qulūb fī l-muḍāf wa l-mansūb, éd. Muḥammad Abū l-Faḍl Ibrāhīm, Le Caire, Dār al-maʿārif, 1985, p. 85.

47

‫ا لد ّر ا لنضيد يف منا قب ا مللك ا لظا هر‬ ‫وقيل ليَزْدجَرْد‪ 5‬ملك الف ُرس ‪ :‬ما الذي أوجبَ لملوككم انتظام َ الأمور ودوام َ السرور‪ ‬؟‬

‫فقال ما معناه‪ : ‬إنّنا استعملنا العدل والإنصاف فعَم ُرت بلاد ُنا واستعملنا تأديبَ الخائ ِن‬

‫وتقريب الأمينِ فن َما م ُلْك ُنا ‪4/‬ظ‪ /‬واستعملنا الإحسان إلى ر َعايانا فملكْنا قلوبهم واستعملنا‬ ‫ن الس ُمعة وبَقاء الذِكر فاستقامت بذلك أمور ُنا وتم ّ سرور ُنا‬ ‫مكارم الأخلاق فاكتسبنا حُس َ‬

‫ل‬ ‫ل هذا الكلام ُ الوجيز على المعنى البسيط فالسعيد ُ من ألهم َه ُ الله في ولايتِه ف ِع َ‬ ‫ولقد د ّ‬

‫عز في هذا الزمان وجود ُ من يقوم ُ بالعدل حت ّى‬ ‫ال�خير ِ و�لكنّ التوفيق عزيز ٌ وكان قد ّ‬

‫أعز من ا�لكبريت الأحمر عند الناس‪.‬‬ ‫صار َ ّ‬

‫ل أظهر ال َحقّ وأزال الالتباس تعيّن ذكر ُ‬ ‫فلم ّا منّ الله تعالى على المسلمين بملكٍ عاد ٍ‬

‫وبث ما اشتمل‪5/‬و‪ /‬عليه من أدوات وسيمة‪ ،‬ولما‬ ‫ق قويمة ُ ّ‬ ‫أي ّامه وما اعتمده من طر ي ٍ‬

‫كان المقام الشر يف‪ ،‬العالي‪ ،‬المَو ْلوي‪ ،‬السلطاني‪ ،‬الم�لكي الظاهري‪ ،‬السيفي‪ ،‬أبو سعيد‬

‫برقوق – حفظ الله به الدين ووفاه أجر َه في نصح المسلمين – هو سيف الدين المرهف‪،‬‬ ‫ناط به المراد‪،‬‬ ‫ولَدْنه المثقّف‪ ،‬وحاكم ُه الأعرف‪ ،‬لما حكّمه الله تعالى في العباد‪ ،‬وجعله ي ُ ُ‬

‫ويُماط به الفساد‪ ،‬و يُحف َظ بس ُموِ هِم َمه البلاد‪ ،‬ويَنقطع بم َهابته الع ِناد‪ ،‬وخصّ ه بحميد‬

‫وشرف السَجايا‪ ،‬وحراسة الرعايا‪ ،‬وسياسة الب َرايا‪ ،‬ووهبه الفضل الجسيم‪ ،‬والقدر َ‬ ‫ِ‬ ‫المزايا‪،‬‬ ‫ح أحوال المسلمين‪،‬‬ ‫ل ا�لكريم‪ ،‬والنفع العميم‪ ،‬أد َرّ الأرزاقَ وأصل َ‬ ‫‪5/‬ظ‪ /‬العظيم‪ ،‬والمح ّ‬

‫وقمع الظَلَمة والمُبت َدعين‪ ،‬وردع الب ُغاة والمُفسدين‪ ،‬وأمّن الس ُبل ووف ّر الدواعي على مصالح‬

‫الدنيا والدين‪ ،‬وسلك طر يقة ً هادية ً م َ َ‬ ‫هدي ّة ً‪ ،‬وسار سيرة ً حميدة ً م َرضي ّة ً‪ ،‬وعمل أعمالا ً‬

‫ل الزمان بذكر أوصافه‬ ‫صالحة ً زكي ّة ً‪ ،‬واستجلب الدعاء َ من سائر الرعي ّة‪ ،‬أحبَب ْتُ أن ُأجم ِ ّ َ‬ ‫‪ 5‬‬

‫في الأصل‪ : ‬لبزدجرد‪.‬‬

‫‪48‬‬

Le s pe r le s o rd o nné e s

On dit un jour à Yazdegerd12, roi des Perses : « Comment vos souverains ont-ils assuré l’ordre et le bonheur permanent ? » Il répondit en substance : « Nous avons utilisé la justice et l’équité et nos pays ont prospéré ; nous avons châtié le traître et rapproché l’homme intègre, et notre royaume s’est développé. Nous avons bien traité nos sujets et conquis leur cœur, nous avons accompli de nobles actions, gagné une bonne réputation et laissé un souvenir durable. Ainsi le bon ordre a régné et le bonheur s’est accompli. » Ces paroles concises signifient simplement : heureux est celui à qui Dieu inspire durant son gouvernement l’action du bien, mais rare est le succès. À notre époque il est devenu rare de trouver quelqu’un qui agisse avec justice, plus rare même que de posséder le soufre rouge.

Dieu Très-Haut ayant accordé la faveur aux musulmans de leur envoyer un souverain juste qui a manifesté la vérité et fait cesser la confusion, il est un devoir d’évoquer son règne, la conduite droite qui fut la sienne et de répandre ses belles qualités. Son Altesse noble et sublime, notre Maître le Sultan al-Malik al-Ẓāhir Sayf al-Dīn Abū Saʿīd Barqūq – que Dieu, grâce à lui, préserve la religion et le récompense généreusement pour les conseils qu’il prodigue aux musulmans, car il est l’épée affilée de la religion et sa lance redressée, son gouvernant le plus savant ! Dieu Très-Haut lui a remis le gouvernement des hommes et de lui a fait dépendre ce que l’on souhaite ; [Barqūq] écarte par la grâce de Dieu la corruption, préserve par ses nobles desseins les pays et par la crainte qu’il inspire brise les rébellions ; Dieu lui a réservé des vertus dignes d’éloge, la noblesse du caractère, la protection des sujets, la conduite des hommes ; Il lui a fait don d’un mérite considérable, d’une immense dignité, d’un noble rang ; Il l’a fait œuvrer pour le bien de tous. Ainsi [Barqūq] a fait fructifier les subsistances et rétabli les affaires des musulmans, subjugué les oppresseurs et les innovateurs, réprimé les rebelles et les corrupteurs, rendu les chemins sûrs et fourni en abondance ce qui profite ici-bas et dans l’au-delà ; il a suivi une voie éclairante et très bien guidée, mené une vie louable et agréée par Dieu, accompli des actions vertueuses et pies et s’est attiré les invocations de tous les sujets. J’ai souhaité embellir cette époque par l’évocation de ses qualités

12 Cf. Touraj Daryaee, « Yazdegerd II », dans Encyclopædia Iranica, édition en ligne, 2012, consultée le 7 juin 2017 (http://www.iranicaonline.org/articles/yazdgerd-ii).

49

‫ا لد ّر ا لنضيد يف منا قب ا مللك ا لظا هر‬ ‫ح بلسانٍ‪ ،‬مع أن ّه لم يكن‬ ‫بعض فضائله وفواضله التي لا يحصِر ُها ماد ٌ‬ ‫َ‬ ‫ح‬ ‫الح ِسان‪ ،‬وأشر َ‬ ‫في ملوك الترك من اعتمد ‪6/‬و‪ /‬كاعتمادِه ولا تفر ّد بالملك كانفراده‪.‬‬

‫سلف من ملوك الترك ومن جلس منهم على كرسي الملك م ُعربا ً عن‬ ‫َ‬ ‫وقد ذكرتُ من‬

‫ل واحدٍ منهم بأخصر عبارة ٍ‪ ،‬مشيرا ً إلى أحواله بأخفى إشارة ٍ‪ ،‬ذاكرا ً أي ّام َ هذا الملك‬ ‫ك ّ‬

‫مجالسة َ‬ ‫أعز الله سلطانه – مكثر ٌ ُ‬ ‫ا�لكريم‪ ،‬شارحا ً ما اشتمل عليه من قد ٍر فخيم‪ ،‬إذ هو – ّ‬ ‫مجالسة ُ علماء‬ ‫وقت وأوان‪ ،‬وقد استفاض أ ّ‬ ‫ٍ‬ ‫ل‬ ‫العلماء في ك ّ‬ ‫ن من علامة الملك العادل ُ‬

‫ل فقهيّة ٍ تكون لغموضها‬ ‫أعز الله سلطانه‪ – ‬بمسائ َ‬ ‫ذلك الزمان‪ ،‬فأعقبتُ ذكر أي ّامه – ّ‬ ‫ق الاختصار والإ يجاز‪.‬‬ ‫كالألغاز‪6/ ،‬ظ‪ /‬سالكا ً في ذلك طر ي َ‬

‫ل مستخر َجة ٌ من فوائد أهل التحصيل‪ ،‬يحتاج المسئول عنها إلى تحرير‬ ‫وهذه المسائ ُ‬

‫ل عن سَواء السبيل‪ ،‬وأتبعتُها‬ ‫وتفصيل‪ ،‬فإن أجاب على الإطلاق إثباتا ً ونفْيا ً فقد ض ّ‬ ‫أحب فمن أجابه بالصواب زاد في تعظيمه وبر ّه‪،‬‬ ‫ّ‬ ‫ل عنها من‬ ‫ل أش ّد غموضا ً‪ 6‬يسأ ُ‬ ‫بمسائ َ‬

‫وإلا ّ فقدِ انكشف له بالاختبار حقيقة خبره‪ ،‬وقد أوضحتها أتم ّ إيضاح ذاكرا ً ما لها من‬ ‫تقرير وتعليل‪ ،‬وإن كان الذ ِهن‪ 7‬الشر يف السلطاني لا يحتاج في الاهتداء إلى دليل‪.‬‬

‫وختمت هذا الكتاب‪7/‬و‪ /‬بمناقبه ومثاقبه‪ 8‬وجحافله َ‬ ‫المؤي ّدة وك َتائبه وقصدت بذلك‬

‫ل دُرّ صفاته قلائد َ في نَحره‪ ،‬وعطّرتُ هذا التصنيف بذكر‬ ‫ل الزمان بذكره‪ ،‬وأَ جع َ‬ ‫أن ُأجم ِ ّ َ‬

‫أرق ع َرفا ًمن النسيم وأذكى‪ ،‬وذكرتُ مدائحه في آخر هذا الكتاب ليكونَ‬ ‫أخلاقه التي هي ُ ّ‬ ‫‪ 6‬‬ ‫‪ 7‬‬ ‫‪ 8‬‬

‫في الأصل‪ : ‬عموصاً‪.‬‬ ‫في الأصل‪ : ‬الدهن‪.‬‬ ‫في الأصل‪ : ‬مياقبه‪.‬‬

‫‪50‬‬

Le s pe r le s o rd o nné e s

et exposer quelques-uns de ses mérites et de ses bienfaits qu’aucun laudateur ne saurait épuiser, d’autant que nul souverain turc n’a agi de façon aussi résolue et n’a exercé le pouvoir, comme lui, sans partage. J’ai aussi évoqué les souverains turcs qui sont montés sur le trône avant lui, m’exprimant sur chacun d’eux de la façon la plus concise, donnant sur leur situation les indications les plus allusives, [avant] de relater le règne de ce noble souverain et d’illustrer son rang considérable. Ce sultan – que Dieu fortifie son pouvoir ! – se réunit fréquemment et en toute occasion avec les savants. Il est notoire que se réunir avec les savants de son temps est un signe de la justice du souverain. J’ai donc fait suivre le récit de son règne – que Dieu fortifie son pouvoir ! – de questions juridiques qui du fait de leur obscurité sont comparables à des énigmes, empruntant la voie de la concision et de la brièveté. Ces questions proviennent des enseignements fructueux des érudits. Celui à qui elles sont posées doit être capable [de répondre] de manière précise et détaillée, car s’il répond de manière absolue par l’affirmative ou la négative, il se met hors du droit chemin. J’ai fait suivre ces questions par d’autres plus obscures encore que le sultan pourra poser à qui il voudra. Celui qui y répondra justement sera traité par le sultan avec plus d’égards et de générosité. Dans le cas contraire, sa véritable nature se dévoilera par la mise à l’épreuve. J’ai parfaitement éclairci ces questions en exposant les faits établis et les causes qui les régissent, même si la noble intelligence du sultan n’a pas besoin de guide pour trouver la bonne direction. J’ai achevé ce livre par la mention de ses vertus et de sa sagacité13, de ses nombreuses troupes assistées de Dieu et de Ses régiments. J’ai voulu ainsi embellir le temps par son évocation et le parer du collier de perles de ses qualités. J’ai parfumé cet ouvrage en mentionnant sa nature plus subtile et plus pénétrante que la brise. À la fin de ce

13 Sur la signification de ce terme, voir muṯāqaba (intelligence vive, perçante, sagacité) dans Ibn Manẓūr, Lisān al-ʿArab (« ṯ.q.b. ») et Koṯayyir-ʿAzza, Dîwân, éd. Henri Pérès, Alger-Paris, Jules Carbonel-Paul Geuthner, 1928-1930, II, p. 20 ; Kuṯayyir ʿAzza, Dīwān Kuṯayyir, éd. Iḥsān ʿAbbās, Beyrouth, Dār al-ṯaqāfa, 1391/1971, p. 529.

51

‫ا لد ّر ا لنضيد يف منا قب ا مللك ا لظا هر‬ ‫ختام ُه م ِسكاً‪ ،‬وسم ّيت ُه الدرّ النضيد في مناقب الملك الظاهر أبي سعيد‪ ،‬ورتّبت ُه على ثلاثة‬ ‫أبواب‪ ،‬راجيا ً من الله الاهتداء إلى صوب الصواب‪ ،‬معتذرا ً من التقصير طالبا ً من الله‬

‫ن المعونة والتيسير وها أنا أشرَع ُ في المقصود‪ ،‬وعلى الله التكلان‪7/ ،‬ظ‪ /‬وبه المستعان‪.‬‬ ‫حُس َ‬ ‫الباب الأوّل في مبتدأ دولة الترك‬ ‫الباب الثاني في المسائل الفقهي ّة‬ ‫الباب الثالث في مناقب مولانا السلطان الملك الظاهر‬

‫‪52‬‬

Le s pe r le s o rd o nné e s

livre, j’ai rapporté ses éloges afin que le musc scelle cet ouvrage. Je l’ai intitulé « Les perles ordonnées : des vertus d’al-Malik al-Ẓāhir Abū Saʿīd » et je l’ai organisé en trois chapitres en espérant que Dieu me guiderait vers la vérité et en présentant mes excuses pour l’impéritie de mon propos, en demandant à Dieu de m’aider et de me faciliter la tâche. Me voilà donc commençant ce que je me suis fixé en me fiant à Dieu et en Lui demandant Son aide. Chapitre premier. Les débuts de la dynastie des Turcs Chapitre deuxième. Des questions juridiques Chapitre troisième. Des vertus de notre Maître le Sultan al-Malik al-Ẓāhir

53

‫الباب الأوّل‬

‫في م ُبتدأ دولة الترك‬

‫وأوّل ملوك الترك الملك المعز ّ أي ْب َك الن َجْ مي التركماني أصله من البحر ي ّة من مماليك‬

‫الملك الصالح نجم الدين أي ّوب بن الملك الكامل ناصر الدين محمد بن العادل أبي بكر بن‬ ‫أي ّوب‪ ،‬كانت مدّته سبع سنين إلا ّ ثلاثة وثلاثين يوما ً وقتلته زوجته شجر الدرّ في الحمّام‬

‫ليلا ً للغي ْرة ‪8/‬و‪ /‬وقتلتها الجواري‪ 9‬في بقي ّة الليل وذلك في شهور سنة أربع وخمسين‬

‫وستمائة وسُلطن ولد ُه‪.‬‬

‫الملك المنصور علي بن الملك المعز ّ أيبك المقدّم ذكر ُه وهو الملك الثاني من ملوك الترك‬

‫جلس على كرسي الملك بعد والده المشار إليه وهو صغير السنّ ودب ّر أمره الأمير سيف‬ ‫الدين ق ُطز‪ 10‬الصالحي وفي زمانه أخذ التتار بغداد وقتلوا الخليفة المستعصم وقصدوا مصر‬

‫ن الأمير قطز خلع المذكور من السلطنة فكانت مدّته سنتين وسُلطن‬ ‫فلم يصلوا إليها ثم ّ إ ّ‬

‫قطز المذكور‪8/ .‬ظ‪/‬‬

‫الملك المظفّر قطز الصالحي وهو الملك الثالث من ملوك الترك جلس على كرسي‬

‫الملك بعد خلع المنصور وأقام مدّة وخرج إلى قتال التتار ونصره الله عليهم وأسر منهم‬

‫جماعة وعاد قاصدا ً إلى الديار المصر ي ّة فخامر عليه من كان معه من الأمراء وكان‬ ‫‪ 9‬‬ ‫‪ 10‬‬

‫في الأصل‪ : ‬الجوار‪.‬‬ ‫في الأصل دائماً‪ : ‬قطر‪.‬‬

Chapitre premier

Les débuts de la dynastie des Turcs

al-malik al-muʿizz aybak al-nağmī l-turkmānī, premier souverain des Turcs, était à l’origine un mamelouk baḥrite d’al-Malik al-Ṣāliḥ Nağm al-Dīn Ayyūb, fils d’al-Malik al-Kāmil Nāṣir al-Dīn Muḥammad, fils d’al-ʿĀdil Abū Bakr, fils d’Ayyūb. Son règne dura sept ans moins trente-trois jours. Sa femme Šağar al-Durr le tua par jalousie, une nuit dans le bain. Les servantes la tuèrent à son tour durant cette même nuit. Cela se passa au cours de l’année 654/1257. Son fils fut alors désigné comme sultan14. al-malik al-manṢūr ʿalī, fils d’al-Malik al-Muʿizz Aybak qui vient d’être évoqué, deuxième souverain des Turcs, succéda à son père sur le trône alors qu’il était encore très jeune, et l’émir Sayf al-Dīn Quṭuz al-Ṣāliḥī dirigea ses affaires. Sous son règne, les Mongols s’emparèrent de Bagdad, tuèrent le calife al-Mustaʿṣim15 et marchèrent sur l’Égypte sans toutefois y parvenir. L’émir Quṭuz déposa le jeune sultan dont le règne avait duré deux ans. Il fut alors lui-même désigné comme sultan16. al-malik al-muẒaffar quṬuz al-ṢāliḤī, troisième souverain des Turcs, monta sur le trône après la déposition d’al-Manṣūr et régna quelque temps. Il alla combattre les Mongols et Dieu lui donna la victoire sur eux17. Il fit de nombreux prisonniers et reprit la direction de l’Égypte. Cependant, les émirs qui l’accompagnaient complotèrent contre lui

14 Sur les règnes d’Aybak (648-655/1250-1257) et de Šağar al-Durr en 655/1257, voir Peter Thorau, The Lion of Egypt. Sultan Baybars I and the Near East in the Thirteenth Century, Londres-New York, Longman, 1992, p. 43-52 ; Götz Schregle, Die Sultanin von Ägypten. Šağarat ad-Durr in der arabischen Geschichtsschreibung und Literatur, Wiesbaden, O. Harrassowitz, 1961, p. 84-95 ; Hans L. Gottschalk, « Die ägyptische Sultanin Šağarat ad-Durr in Geschichte und Dichtung », Wiener Zeitschrift für die Kunde des Morgenlandes, 61 (1967), p. 41-61 ; Amalia Levanoni, « Šağar al-Durr : A Case of Female Sultanate in Medieval Islam », dans Urbain Vermeulen et Jo Van Steenbergen (éd.), Egypt and Syria in the Fatimid, Ayyubid and Mamluk Eras, III, Louvain, Peeters, 2001, p. 209-218 ; Taef El-Azhari, Queens, Eunuchs and Concubines in Islamic History, 661-1257, Édimbourg, Edinburgh University Press, 2019, p. 372-382. 15 Dernier calife abbasside de Bagdad qui régna de 640/1242 à 656/1258. 16 Al-Manṣūr ʿAlī (655-657/1257-1259) avait quinze ans lorsqu’il fut nommé sultan. C’est en fait l’émir Fāris al-Dīn Aqṭāy al-Mustaʿrib al-Ṣāliḥī (m. 672 ou 673/1273-5), à ne pas confondre avec son homonyme, chef des Baḥrites, mort deux ans plus tôt, qui fut nommé régent. Quṭuz resta nā’ib al-salṭana (vice-sultan) et c’est à ce titre qu’il gouvernait l’Égypte. Il prit comme prétexte l’inexpérience d’al-Manṣūr face aux Mongols pour le déposer et prendre le pouvoir en 657/1259. Voir R. Stephen Humphreys, From Saladin to the Mongols. The Ayyubids of Damascus, 1193-1260, Albany, State University of New York Press, 1977, p. 330 sq. ; P. Thorau, The Lion of Egypt, p. 53 sq. ; EI2, « Ḳuṭuz » (Donald P. Little). 17 À la bataille de ʿAyn Ğālūṭ, le 25 ramaḍān 658/3 septembre 1260.

‫ُمبتد أ د ولة ا لرتك‬

‫رأسهم الأمير ركن الدين بيبرس البُندقداري فق ُتل مواجهة ً وهو على فرسه واجتمعت‬ ‫الأمراء على سَلطنة الأمير بيبرس فس ُلطن ولُقّب بالقاهر ثم ّ لُقّب بالظاهر ومن وقته‬

‫ترك العسكر بالمكان الذي سُلطن فيه وتوجّه إلى ‪9/‬و‪ /‬قلعة الجبل في ٍ‬ ‫خفيف وأمر‬ ‫ٍ‬ ‫جمع‬ ‫العسكر َ بالمسير على جاري العادة وكان ذلك يوم السبت حادي عشر ذي القعدة سنة‬

‫ثمان وخمسين وستمائة‪.‬‬

‫الملك الظاهر ركن الدين بيبرس وهو الملك الرابع من ملوك الترك تسلطن في اليوم‬

‫الذي قُتل فيه المظفّر قطز وتوجّه إلى القلعة وأقام بها سنتين لم يركب منها إلى مكان‬ ‫حت ّى دب ّر أمرَه فصار يركب ميدانا ً بمصر وميدانا ً بالشام وأظهر شجاعة ً وهِم ّة ً وهو أنبل م َن‬

‫و ُلّي من ملوك الترك وسار سيرة حسنة مشهورة وفي سنة اثنين‪ 11‬وستّين وستمائة ‪9/‬ظ‪/‬‬

‫سلطن ولده ب َرَك َه ولقّبه بالملك المظفر وأركبه بشِعار السلطنة وجعله وليّ عهده ولم يزل‬ ‫ست وسبعين وستّمائة بدمشق المحروسة ومات بها على‬ ‫أمره ينمو‪ 12‬إلى أن توع ّك في سنة ّ‬

‫فراشه ومدّته سبع عشر‪ 13‬سنة وشهران‪.‬‬

‫الملك السعيد ناصر الدين ب َرَك َه بن الملك الظاهر وهو الملك الخامس من ملوك الترك‬

‫تسلطن بعد وفاة أبيه وأقام مدّة سنتين وشيء ٍ وخلع نفسه وسلطن أخاه سلامش‪.14‬‬

‫‪ 11‬‬ ‫‪ 12‬‬ ‫‪ 13‬‬ ‫‪ 14‬‬

‫كذا في الأصل والصواب‪ : ‬اثنتين‪.‬‬ ‫في الأصل‪ : ‬ينموا‪.‬‬ ‫كذا في الأصل والصواب‪ : ‬عشرة‪.‬‬ ‫في الأصل‪ : ‬شلامس‪.‬‬

‫‪56‬‬

L e s d é b u t s de l a dy nast i e d e s T u rcs

avec, à leur tête, l’émir Rukn al-Dīn Baybars al-Bunduqdārī. Le sultan fut tué de front alors qu’il était à cheval. Les émirs se mirent d’accord pour remettre le sultanat à l’émir Baybars. Il fut désigné sultan et prit le titre d’al-Qāhir avant d’adopter celui d’al-Ẓāhir18. Il quitta sur le champ son armée, à l’endroit où il venait d’être reconnu sultan, se dirigea avec une petite troupe vers la Citadelle de la Montagne19 et ordonna au [reste de] l’armée d’avancer comme d’ordinaire. Cela se passa le samedi 11 ḏū l-qaʿda 658/18 octobre 126020. al-malik al-Ẓāhir rukn al-dīn baybars, quatrième sultan des Turcs, devint sultan le jour même où al-Muẓaffar Quṭuz fut tué, puis se dirigea vers la citadelle où il demeura deux ans. Il n’en sortit à cheval que lorsqu’il eut consolidé sa situation21. Il se livra alors à des exercices équestres dans un hippodrome du Caire et dans un autre, en Syrie. Son courage et son zèle se révélèrent. C’était le plus noble des souverains turcs. Il mena une vie de bien et acquit une grande renommée. En 662/1264, il nomma son fils Berke (Baraka) sultan en lui donnant le titre d’al-Malik al-Muẓaffar22. Il le fit monter à cheval avec les insignes du pouvoir et en fit son héritier présomptif. Son pouvoir ne cessa de s’étendre jusqu’à ce qu’il fût pris de fièvre, en 676/1277, dans Damas la bien gardée. C’est là qu’il mourut dans son lit après un règne de dix-sept ans et deux mois. al-malik al-saʿīd nāṢir al-dīn berke, fils d’al-Malik al-Ẓāhir, cinquième souverain des Turcs, fut nommé sultan après la mort de son père et régna un peu plus de deux ans. Puis il abdiqua et remit le sultanat à son frère Salāmiš23.

18 Ces deux titres sont pratiquement synonymes (le Victorieux). C’est après qu’on lui eut dit que le titre d’al-Qāhir avait porté malchance à tous les souverains qui l’avaient adopté que Baybars décida d’en changer. Cf. P. Thorau, The Lion of Egypt, p. 84. 19 C’est ainsi qu’on appelait la citadelle du Caire construite par Saladin et achevée au début du viie/xiiie siècle par son frère al-ʿĀdil (596-615/1200-1218) sur les hauteurs du Muqattam. 20 Les autres sources divergent sur la date exacte du meurtre d’al-Muẓaffar Quṭuz (657-658/1259-1260) : 15, 16 ou 17 ḏū l-qaʿda, mais aucune ne donne le 11. Comme plusieurs sources parlent d’un samedi, il devait plutôt s’agir du 16, le 11 étant un lundi. Cf. P. Thorau, The Lion of Egypt, p. 79-84. 21 Les sources s’accordent à dire que Baybars ne fit pas la traditionnelle procession à cheval des souverains intronisés à travers les rues du Caire ; il ne quitta cette ville qu’en rabīʿ II 661/février 1263. Voir P. Thorau, The Lion of Egypt, p. 93, 135. 22 Baybars (658-676/1260-1277) avait épousé Iltuṭmiš (m. 683/1284), fille du chef  khwarizmien Ḥusām al-Dīn Berke Khan, lors de son exil en Syrie. En 662/1264, il nomma leur fils Berke-Muḥammad co-sultan, alors qu’il n’avait que quatre ans, pour essayer sans doute d’imposer un principe dynastique (P. Thorau, The Lion of Egypt, p. 152-53). Berke succéda à son père avec le titre d’al-Malik al-Saʿīd (et non al-Muẓaffar), comme le dit Ibn ʿAqīl dans la suite de son récit. Ajouter aux sources indiquées dans P. Thorau, The Lion of Egypt, p. 157 n. 58 : al-Ṣafadī, al-Wāfī bi-l-Wafayāt, t. IX, éd. Josef Van Ess, Wiesbaden, Franz Steiner Verlag, 1974, p. 353 (Iltuṭmiš) ; al-ʿAynī, ʿIqd al-ğumān, p. 378-382 (avec le texte du décret de nomination) ; Ibn al-Dawādārī, Kanz al-durar wa ğāmiʿ al-ġurar : VIII, al-Durra l-zakiyya fī aḫbār al-dawla l-turkiyya, éd. Ulrich Haarmann, Le Caire, Deutsches Archäologisches Institut Kairo, 1971, p. 115, 219 ; al-Maqrīzī, Muqaffā, v, p. 459-467. 23 Sur al-Malik al-Saʿīd Baraka Ḫān (676-678/1277-1279) et son abdication forcée, voir L. Northrup, From Slave to Sultan, p. 75-80, 88-89.

57

‫ُمبتد أ د ولة ا لرتك‬

‫الملك العادل سَلام ِش ابن الملك الظاهر وهو الملك السادس من ملوك ‪10/‬و‪ /‬الترك‬

‫تسلطن بعد أخيه السعيد وسِن ّه إذ داك‪ 15‬سبع سنين ودب ّر الأمر الأمير سيف الدين‬ ‫قلاو ُن الصالحي فأقام خمسة أشهر وأي ّا ٍم‪ 16‬ثم ّ خ ُلع‪.17‬‬

‫السلطان الملك المنصور قلاون الصالحي‪ 18‬وهو الملك السابع من ملوك الترك جلس‬

‫على كرسي الملك يوم الأحد ثالث عشرين رجب الف َرد سنة ثمان وسبعين وستّمائة وكان‬

‫نائب الشام إذدّاك‪ 19‬قراسنقر‪ 20‬فخامر بالشام وسلطن نفسه ولُقّب بالملك الكامل ولم يت ِم ّ له‬

‫ن الملك المنصور سلطن ولده علي بالقاهرة ولُقّب بالصالح وجعله ولي عهده‪10/‬ظ‪/‬‬ ‫أمر وإ ّ‬ ‫وكُتب له تقليد شر يف وتوجّه إلى الشام وقر ّر الأمر وعاد إلى الديار المصر ي ّة وبعد‬

‫عوده تُوفّي ولده علي المذكور ثم ّ مات الملك المنصور في شهور سنة تسع وثمانين وستّمائة‬ ‫وتسلطن ولده خليل‪.‬‬

‫السلطان الملك الأشرف خليل بن الملك المنصور وهو الملك الثامن تسلطن في ذي‬

‫القعدة‪ 21‬سنة تسع وثمانين وستّمائة بعد وفاة والده وناب عنه حسام الدين طُرُن ْطاي ثم ّ‬

‫الأمير بَيْد َرا وقُتل الملك الأشرف بالب ُحيرة واتفق بعض الأمراء على سلطنة الأمير بيدرا‬

‫‪ 15‬‬ ‫‪ 16‬‬ ‫‪ 17‬‬ ‫‪ 18‬‬ ‫‪ 19‬‬ ‫‪ 20‬‬ ‫‪ 21‬‬

‫كذا في الأصل والصواب‪ : ‬إذّاك‪/‬إذذاك‪.‬‬ ‫كذا في الأصل والصواب‪ : ‬أياما ً و«م» في الهامش‪.‬‬ ‫«ثم خلع» في الهامش‪.‬‬ ‫«لحي» في الهامش‪.‬‬ ‫كذا في الأصل والصواب‪ : ‬إذّاك‪/‬إذذاك‪.‬‬ ‫كذا في الأصل والصواب‪ : ‬سنقر الأشقر‪.‬‬ ‫في الأصل‪ : ‬قعدة‪.‬‬

‫‪58‬‬

L e s d é b u t s de l a dy nast i e d e s T u rcs

al-malik al-ʿādil salāmiš, fils d’al-Malik al-Ẓāhir, sixième souverain des Turcs, devint sultan après son frère al-Saʿīd alors qu’il était âgé de sept ans, et l’émir Sayf al-Dīn Qalāwūn24 al-Ṣāliḥī dirigea le gouvernement. Il régna cinq mois et quelques jours avant d’être déposé25. le sultan al-malik al-manṢūr qalāwūn al-ṢāliḤī, septième souverain des Turcs, accéda au trône le dimanche 23 rağab al-fard26 678/29 novembre 1279. Qarāsunqur [sic]27 était à cette époque lieutenant de Syrie. Il complota en Syrie et se proclama sultan avec le titre d’al-Malik al-Kāmil, mais il ne put arriver à ses fins. Al-Malik al-Manṣūr nomma son fils ʿAlī sultan au Caire avec le titre d’al-Ṣāliḥ. Il le désigna comme héritier présomptif et fit rédiger à son intention un noble diplôme [d’investiture]. Puis il se rendit en Syrie où il reprit les choses en main avant de revenir en Égypte. Après son retour, son fils ʿAlī, ci-dessus évoqué, mourut. Al-Malik al-Manṣūr mourut à son tour au cours de l’année 689/1290 et son fils Ḫalīl fut alors nommé sultan28. le sultan al-malik al-ašraf Ḫalīl, fils d’al-Malik al-Manṣūr, huitième souverain, devint sultan en ḏū l-qaʿda 689/5 novembre-4 décembre 1290, après la mort de son père. Il eut comme vice-sultan Ḥusām al-Dīn Ṭurunṭāy29, puis l’émir Baydarā30. Ensuite al-Malik al-Ašraf fut tué [dans la province] d’al-Buḥayra. Certains émirs s’entendirent pour remettre le sultanat à l’émir Baydarā.

24 Les sources arabes donnent tantôt Qalāwun et tantôt Qalāwūn. Nous avons choisi dans le texte arabe de respecter la graphie de l’auteur, mais de restituer en français la forme la plus utilisée (Qalāwūn). 25 Sur le très court règne d’al-Malik al-ʿĀdil Salāmiš (678/1279), voir L. Northrup, From Slave to Sultan, p. 80-83. 26 Le mois de rağab était appelé al-fard (l’isolé) parce qu’il est isolé des autres mois sacrés qui se suivent (ḏū l-ḥiğğa, ḏū l-qa῾da et al-muḥarram). 27 Lire Sunqur al-Ašqar, frère d’armes, mais aussi rival de Qalāwūn. Sa tentative d’indépendance à Damas ne dura que quelques mois (rağab 678-ṣafar 679/décembre 1279-juin 1280). Voir L. Northrup, From Slave to Sultan, p. 90-97. 28 Sur al-Manṣūr Qalāwūn (678-689/1279-1290), voir la monographie que lui a consacrée L. Northrup, From Slave to Sultan, et sur l’investiture d’al-Ṣāliḥ ʿAlī comme co-sultan, p. 244-247. Le texte du diplôme d’investiture remis par Qalāwūn à son fils a été conservé par Baybars al-Manṣūrī, Zubdat al-fikra fī ta’rīḫ al-hiğra, éd. Donald S. Richards, Beyrouth, Orient-Institut der DMG Beirut (« Bibliotheca Islamica », 42) 1998, p. 185-188. Le jeune prince mourut en 687/1288-9 et son frère cadet Ḫalīl lui succéda comme héritier présomptif. 29 Celui-ci était déjà vice-sultan de Qalāwūn. Cf. L. Northrup, From Slave to Sultan, p. 206-208. 30 Baydarā, un ancien mamelouk de Qalāwūn d’origine mongole, avait été majordome (ustadār), puis vizir de Qalāwūn. Cf. L. Northrup, From Slave to Sultan, p. 217-218, 221. C’est lui qui assassina le sultan al-Ašraf Ḫalīl (689-693/1290-1293) en muḥarram 693/décembre 1293, au cours d’une partie de chasse dans la province d’al-Buḥayra, dans la partie occidentale du Delta du Nil. Cf. EI2, « Khalīl » (Ulrich Haarmann).

59

‫ُمبتد أ د ولة ا لرتك‬

‫فس ُلطن ولُقّب ‪11/‬و‪ /‬بالملك الرحيم ولم يتم ّ له أمر وقُتل و ُأحضرت رأسُه إلى‬

‫القاهرة‪22‬‬

‫صحبة العسكر على رمح وطيف بها واجتمعت الآراء على سلطنة الملك الناصر محمد ولد‬ ‫الملك المنصور‪.‬‬

‫السلطان الملك الناصر محمد بن قلاون الصالحي وهو الملك التاسع تسلطن وأقام في‬

‫هذه الولاية أحد عشر شهرًا وخُلع في حادي عشر المحر ّم سنة أربع وتسعين وستّمائة‬

‫وتسلطن بعده العادل كِتب ُغا‪.‬‬

‫السلطان الملك العادل كِتب ُغا وهو الملك العاشر من ملوك الترك تسلطن وجلس على‬

‫كرسي الملك ‪11/‬ظ‪ /‬بعد خلع الناصر وكان في أي ّامه الغ َلاء ولم تطب قلوب الناس به‬

‫وخُلع وكانت مدّته سنة وخمسة أشهر وعشرين يوم ًا ثم ّ تسلطن لاجين‪.‬‬

‫الملك المنصور لاجين المنصوري وهو الحادي عشر من ملوك الترك جلس على كرسي‬

‫الملك وراك البلاد وجهّز الملك الناصر إلى ا�لكرك فأقام م ّدة ً وقتله ك ُرجي مملوكه بالقلعة‬

‫ليلا ًوحصل الاتفاق على عود الملك الناصر فط ُلب من ا�لكرك سن ّه إذدّاك‪ 23‬أربع‬

‫عشر‪24‬‬

‫سنة فحضر وجلس على كرسي الملك واستناب سَل ّار وأقام م ّدة ً فلم يُعجب ْه حاله ‪12/‬و‪/‬‬

‫فأشاع أن ّه متوجّه ٌ إلى الحجاز من ا�لكرك وقصد التوجّه إليها فتوجّه في أوّل رمضان سنة‬

‫‪ 22‬‬ ‫‪ 23‬‬ ‫‪ 24‬‬

‫في الأصل‪ : ‬القاهر‪.‬‬ ‫كذا في الأصل والصواب‪ :‬إذّاك‪/‬إذذاك‪.‬‬ ‫كذا في الأصل والصواب‪ : ‬عشرة‪.‬‬

‫‪60‬‬

L e s d é b u t s de l a dy nast i e d e s T u rcs

Celui-ci fut nommé sultan et prit le titre d’al-Malik al-Raḥīm, mais il ne parvint pas à ses fins et fut lui-même tué. Sa tête fut rapportée au Caire par l’armée et brandie au sommet d’une lance à travers la ville31. Tous furent d’accord pour choisir al-Malik al-Nāṣir Muḥammad, fils d’al-Malik al-Manṣūr, comme sultan. le sultan al-malik al-nāṢir muḤammad ibn qalāwūn al-ṢāliḤī, neuvième souverain, devint sultan et conserva le pouvoir onze mois avant d’être destitué le 11 muḥarram 694/1er décembre 1294. Al-ʿĀdil Kitbuġā lui succéda32. le sultan al-malik al-ʿādil kitbuġā, dixième souverain des Turcs, devint sultan et monta sur le trône après la destitution d’al-Nāṣir. Sous son règne, la vie renchérit et les gens furent mécontents de lui. Il fut destitué après un règne d’un an, cinq mois et vingt jours. Lāğīn devint sultan après lui33. al-malik al-manṢūr lāğīn al-manṢūrī, onzième souverain des Turcs, monta sur le trône et fit faire le relevé cadastral du pays34. Il envoya al-Malik al-Nāṣir à Kérak. Il régna quelque temps avant d’être tué, de nuit, dans la citadelle par son mamelouk Kurğī35. On s’entendit pour faire revenir al-Malik al-Nāṣir de Kérak. Il était alors âgé de quatorze ans. Il arriva, s’installa sur le trône et choisit comme vice-sultan Sallār. Il régna quelque temps, mais ne fut pas satisfait de sa situation. Il répandit la nouvelle qu’il allait se diriger vers le Ḥiğāz en passant par Kérak. Il partit donc vers

31 Sur l’assassinat de Baydarā, quelques jours après celui du sultan, voir entre autres sources, Baybars al-Manṣūrī, Zubdat al-fikra, p. 297-298 ; Ibn al-Dawādārī, Kanz al-durar, VIII, p. 350 ; Maqrīzī, Muqaffā, II, p. 562-568. 32 Sur ce premier règne d’al-Nāṣir Muḥammad (693-694/1293-1294), qui n’avait alors que neuf ans, voir Ibn Ḥabīb al-Ḥalabī, Taḏkirat al-nabīh fī ayyām al-Manṣūr wa-banīh, éd. Muḥammad M. Amīn et Saʿīd ʻAbd al-Fattāḥ ʿĀšūr, Le Caire, al-Hay’a l-miṣriyya l-ʻāmma li-l-kitāb, 1976-1982, I, p. 169 ; Baybars al-Manṣūrī, al-Tuḥfa l-mulūkiyya fī l-dawla l-turkiyya, éd. ʻAbd al-Ḥamīd Ṣāliḥ Ḥamdān, Le Caire, al-Dār al-miṣriyya l-lubnāniyya, 1987, p. 138 ; al-Maqrīzī, Sulūk, I/3, p. 794 ; al-Yūsufī, Nuzhat al-nāẓir fī sīrat al-Malik al-Nāṣir, p. 113 sq. ; EI2 « al-Nāṣir » (Peter M. Holt) ; Willem Flinterman et Jo Van Steenbergen, « Al-Nasir Muhammad and the Formation of the Qalawunid State », dans Amy S. Landau (éd.), Pearls on a String : artists, patrons, and poets at the great Islamic courts, The Walters Art Museum (Baltimore), Asian Art Museum (San Francisco), Washington University Press, 2015, p. 87-113. 33 Notre auteur n’est pas le seul à juger sévèrement le règne d’al-ʿĀdil Kitbuġā (694-696/1294-1296), sultan d’origine mongole. Voir Ibn al-Dawādārī, Kanz al-durar, VIII, p. 357-67 ; Maqrīzī, Sulūk, I/3, p. 806-820. 34 Rawk, mot sans doute d’origine démotique (distribution de la terre) désignait dans la langue de l’administration égyptienne une sorte de relevé cadastral assorti d’une redistribution des terres arables. Al-Manṣūr Lāğīn (696-698/1296-1299) ordonna en 697/1298 le rawk al-ḥusāmī dans le but de restreindre le pouvoir des grands émirs. En vain, puisqu’il fut assassiné par ces derniers en rabīʿ II 698/janvier 1299. Durant son troisième règne, le sultan al-Nāṣir (709-741/1310-1341) ordonna d’établir plusieurs rawk-s en Égypte et en Syrie, regroupés sous l’appellation rawk al-Nāṣirī, qui permirent d’agrandir le domaine sultanien. Voir EI2, « Rawk » (Heinz Halm) et « Lādjīn » (Peter M. Holt) ; Peter M. Holt, « The sultanate of al-Manṣūr Lāchīn (696-8/1269-9) », The Bulletin of the School of Oriental and African Studies, 36/3 (1973), p. 521-532 ; Satō Tsugitaka, State and Rural Society in Medieval Islam : Sultans, Muqtaʿs, and Fallahun, Leyde, Brill, 1997, p. 124-152 ; id., « The Proposers and Supervisors of al-Rawk al-Nāṣirī in Mamluk Egypt », Mamluk Studies Review, II (1998), p. 73-92 ; Daisuke Igarashi, Land Tenure and Mamluk Waqfs, éd. Stephan Conermann, Berlin, E-B Verlag (« Ulrich Haarmann memorial lecture », 7), 2014, p. 5-6. 35 Kurğī était le chef du régiment des Burğiyya créé par le sultan Qalāwūn. Voir EI2 « Burdjiyya » (David Ayalon).

61

‫ُمبتد أ د ولة ا لرتك‬

‫ثمان وسبعمائة وأقام بها وأرسل يقول للأمراء إن ّه ما يعود إليهم ولا يتوجّه إلى الحجاز‬ ‫فات ّفقوا على سلطنة بَيبرس‪.‬‬

‫الملك المظفّر بيبرس وهو الثاني عشر من ملوك الترك جلس على كرسي الملك وأقام‬

‫م ّدة ً يسيرة ً و ُأ ِ‬ ‫رتج عليه حال المم�لكة وخامرت عليه الأمراء وتوجّه غالبهم إلى الملك‬

‫الناصر إلى ا�لكرك وسألوه في العود فتوجّه إلى دمشق المحروسة وصحبته ‪12/‬ظ‪ /‬العساكر‬

‫المنصورة ولمّا بلغ السلطان المظفّر بيبرس أمره هرب وتوجّه إلى الصعيد وحضر الملك‬

‫الناصر إلى الديار المصر ي ّة بعد جلوسه بقلعة دمشق وتمهيد الأحوال بالشام وجلس على‬

‫ٍ‬ ‫وقت وكان ذلك في شهور سنة تسع‬ ‫ٍ‬ ‫طالع وأسعد‬ ‫كرسي الملك بالديار المصر ي ّة في أيمن‬ ‫وسبعمائة وهذه ثالث ولاية‪ 25‬للملك الناصر وفيها عظ ُم أمره وشاع ذكره وخافته الملوك‬

‫ف‪ 26‬له الوقت غير أن ّه كان مهابا ً كثير الد َهاء ومات على فراشه في تاسع‬ ‫مع أن ّه لم يَصْ ُ‬

‫عشر ذي الحج ّة سنة إحدى ‪13/‬و‪ /‬وأربعين وسبعمائة وتسلطن بعده ولده أبو بكر بوصي ّته‪.‬‬ ‫الملك المنصور أبو بكر ابن الملك الناصر وهو الثالث عشر من ملوك الترك جلس على كرسي‬

‫الملك بعد وفاة والده‪ 27‬الناصر بوصي ّته ولم تطل مدّته وخلعه قَو ْصون ووجّهه إلى قوص‪.‬‬

‫الملك الأشرف ُ‬ ‫كجُك ابن الملك الناصر محمد بن قلاون وهو الرابع عشر من ملوك الترك‬

‫تسلطن بعد خلع أخيه أبي بكر بتدبير الأمير قَو ْصون وناب عنه قوصون ودانت البلاد‬ ‫‪ 25‬‬ ‫‪ 26‬‬ ‫‪ 27‬‬

‫هذه الكلمة مكر ّرة‪.‬‬ ‫في الأصل‪ : ‬يصفوا‪.‬‬ ‫«لده» في الهامش‪.‬‬

‫‪62‬‬

L e s d é b u t s de l a dy nast i e d e s T u rcs

Kérak le 1er ramaḍān 708/12 février 1309 et y demeura. Il envoya dire aux émirs qu’il ne reviendrait plus et qu’il ne se rendrait pas au Ḥiğāz. Les émirs s’entendirent pour désigner Baybars comme sultan36. al-malik al-muẒaffar baybars, douzième souverain des Turcs, monta sur le trône et régna une courte période. Il fut embarrassé par la situation du royaume et les émirs complotèrent contre lui. La plupart d’entre eux allèrent rejoindre al-Malik al-Nāṣir à Kérak et lui demandèrent de revenir. Celui-ci prit la direction de Damas la bien gardée, accompagné des armées victorieuses. Quand le sultan al-Muẓaffar eut vent de cette situation, il s’enfuit et se dirigea vers la Haute-Égypte37. Après avoir siégé dans la citadelle de Damas et réglé les affaires de Syrie, al-Malik al-Nāṣir vint en Égypte où il s’installa sur le trône sous les meilleurs auspices et au moment le plus faste. Ces événements se déroulèrent dans le courant de l’année 709/11 juin 1309-30 mai 1310. Ce fut le troisième règne d’al-Malik al-Nāṣir au cours duquel son pouvoir s’accrut et sa notoriété se répandit. Les souverains le craignirent bien qu'il ait connu une période troublée. Toutefois, il fut redouté et se montra habile. Il mourut dans son lit le 19 ḏū l-ḥiğğa 741/5 juin 1341. Après lui, et selon son testament, son fils Abū Bakr fut nommé sultan. al-malik al-manṢūr abū bakr, fils d’al-Malik al-Nāṣir, treizième souverain des Turcs, accéda au trône après la mort de son père al-Nāṣir selon le testament de ce dernier. Son règne ne dura pas longtemps. Qawṣūn le déposa et l’envoya à Qūṣ38. al-malik al-ašraf kuğuk, fils d’al-Malik al-Nāṣir Muḥammad fils de Qalāwūn, quatorzième souverain des Turcs, devint sultan après la déposition de son frère Abū Bakr sous la régence de l’émir Qawṣūn qui fut son représentant.

36 Le sultan al-Nāṣir trouva cet expédient pour se débarrasser des deux émirs qui assuraient jusqu’alors le gouvernement, Sallār (ou Salār) al-Manṣūrī, le vice-sultan, et Baybars al-Ğāšnikīr, le majordome (ustādār). Baybars monta sur le trône déclaré vacant, mais al-Nāṣir regagna bientôt son pouvoir (709/1310) avec l’aide des gouverneurs de Hama, Tripoli et Alep. Ce fut son troisième règne qui s’acheva avec sa mort en 741/1341. Voir EI2, « al-Nāṣir, i » (Peter M. Holt) et Amalia Levanoni, A Turning Point in Mamluk History : the Third Reign of al-Nāṣir Muḥammad ibn Qalāwūn (1310-1341), Leyde-New York-Cologne, Brill, 1995. 37 Sur al-Muẓaffar Baybars (708-709/1309-1310), premier sultan d’origine circassienne, voir le jugement très négatif d’Ibn al-Dawādārī (Kanz al-durar, IX, p. 156 sq.) qui n’a rien pour surprendre quand on sait que l’auteur était au service du sultan al-Nāṣir Muḥammad. Voir aussi EI3 « Baybars II, al-Malik al-Muẓaffar Jāshnikīr » (Leonor Fernandes). 38 Al-Manṣūr Abū Bakr (741-742/1341). Voir al-Šuğāʿī, Ta’rīḫ al-Malik al-Nāṣir Muḥammad b. Qalāwūn al-Ṣāliḥī wa-awlādihi, éd. et trad. Barbara Schäfer, Beiträge zur mamlukischen Historiographie nach dem Tode al-Malik an-Nāṣirs. Mit einer Teiledition der Chronik aš-Šuğāʿī, Fribourg-en-Brisgau, Klaus Schwarz Verlag, 1971, éd. p. 6-18, trad. p. 116-141 ; Maqrīzī, Sulūk, II/3, p. 551-70 ; Jean-Claude Garcin, Un centre musulman de la Haute-Égypte médiévale : Qūṣ, Le Caire, Institut français d’archéologie orientale, 1976, p. 202. Son règne ouvrit une période de grande instabilité dynastique au cours de laquelle huit fils d’al-Nāṣir Muḥammad se succédèrent au trône en treize ans, la réalité du pouvoir étant exercée par de grands émirs qui s’opposaient entre eux. Voir EI2 « Mamlūks » (Peter M. Holt) ; J. Loiseau, Mamelouks, p. 122-124 ; Frédéric Bauden, « The Sons of al-Nāṣir Muḥammad and the Politics of Puppets : Where Did It All Start ? », Mamlūk Studies Review, 13 (2009), p. 53-81 ; J. Van Steenbergen, Order Out of Chaos (index) ; id., « Caught between heredity and merit : the amir Qūṣūn and the legacy of al-Nāṣir Muḥammad b. Qalāwūn (d. 1341) », Bulletin of the School of Oriental and African Studies, 78/3 (2015), p. 429-450.

63

‫ُمبتد أ د ولة ا لرتك‬

‫للأمير قوصون ‪13/‬ظ‪ /‬وأطاعت له العباد وأمّر في يو ٍم واحدٍ أربعين أميرا ً ثم ّ خُومر عليه‬

‫و ُأمسك الأمير قوصون وخُلع السلطان ُ‬ ‫كجُك ولم تط ُل هذه المدّة بل كانت أشهر قلائل‪.‬‬

‫الملك الناصر أحمد ابن الملك الناصر محمد بن قلاون‪ 28‬وهو الخامس عشر من ملوك‬

‫الترك حضر من ا�لكرك وجلس على تخت الملك في شوال سنة اثنين‪ 29‬وأربعين وسبعمائة‬ ‫وأقام إلى ذي الحج ّة منها فتوجّه إلى ا�لكرك وصَ ح ِبته أكابر الأمراء فأقام بها وقتل جماعة‬

‫من الأمراء با�لكرك فحصل اتفاق الأمراء ‪14/‬و‪ /‬بمصر على خلعه فخُلع‪.‬‬

‫السلطان الملك الصالح عماد الدين اسماعيل ابن الملك الناصر محمد بن قلاون وهو‬

‫الملك السادس عشر من ملوك الترك جلس على كرسي الملك في ثالث عشرين المحر ّم‬ ‫سنة ثلاث وأربعين وسبعمائة ورسم بحصار أخيه أحمد با�لكرك وجهّز إليه العساكر فلم‬

‫يزل محاصرا ً حت ّى م ُسك وقُتل بمن قتله من الأمراء كان هذا الملك الصالح ملكا ً صالحا ً‬ ‫أجود من و ُلي من أولاد الملك الناصر أقام مدّة سنتين وشهر وعشرين يوما ً وضع ُف‬

‫ومات ‪14/‬ظ‪ /‬على فراشه‪.‬‬

‫الملك الكامل سيف الدين شعبان ابن الملك الناصر محمد بن قلاون‪ 30‬الصالحي وهو‬

‫السابع عشر من ملوك الترك جلس على كرسي الملك بعد أخيه شقيقه الملك الصالح‬ ‫ست وأربعين وسبعمائة وكان العلائي أرغون مدب ّر‬ ‫ّ‬ ‫يوم الخميس رابع ربيع الآخر سنة‬

‫‪ 28‬‬ ‫‪ 29‬‬ ‫‪ 30‬‬

‫في الأصل ‪« :‬قلاون» ز يادة فوق "بن"‪.‬‬ ‫كذا في الأصل والصواب‪ : ‬اثنتين‪.‬‬ ‫كذا دائما ً في الأصل وهذا الاسم يُكتب أيضا ً قلاوون‪.‬‬

‫‪64‬‬

L e s d é b u t s de l a dy nast i e d e s T u rcs

Les territoires et les populations se soumirent à ce dernier qui nomma, en un seul jour, quarante émirs. Puis l’émir Qawṣūn fut victime d’un complot et arrêté, et le sultan Kuğuk déposé. Cette période ne dura pas longtemps, quelques mois seulement39.

al-malik al-nāṢir aḤmad, fils d’al-Malik al-Nāṣir Muḥammad fils de Qalāwūn, quinzième souverain des Turcs40, arriva de Kérak et monta sur le trône en šawwāl 742/10 mars-7 avril 1342. Il resta [en Égypte] jusqu’en ḏū l-ḥiğğa de cette année/8 mai-6 juin 1342 avant d’aller, accompagné des plus grands émirs, s’établir à Kérak où il fit tuer un certain nombre d’émirs. Les émirs d’Égypte s’entendirent alors contre lui et le déposèrent.

le sultan al-malik al-ṢāliḤ ʿimād al-dīn ismāʿīl, fils d’al-Malik al-Nāṣir Muḥammad fils de Qalāwūn, seizième souverain des Turcs, accéda au trône le 23 muḥarram 743/28 juin 134241. Il ordonna d’assiéger son frère Aḥmad à Kérak et envoya des troupes à cet effet. Le siège dura jusqu’à ce qu’Aḥmad fût capturé, puis tué par l'un des émirs. Al-Malik al-Ṣāliḥ était un souverain vertueux, le plus remarquable des fils régnants d’al-Malik al-Nāṣir. Il régna deux ans, un mois et vingt jours, avant de s’affaiblir et de mourir dans son lit.

al-malik al-kāmil sayf al-dīn šaʿbān, fils d’al-Malik al-Nāṣir Muḥammad fils de Qalāwūn al-Ṣāliḥī, dix-septième souverain des Turcs, succéda au trône à son frère utérin al-Malik al-Ṣāliḥ, le jeudi 4 rabī῾ II 746/4 août 1345. Al-῾Alā’ī Arġūn fut le régent

39 Sur l’émir Qawṣūn et le sultan al-Ašraf Kuğuk (742/1341-2), voir le récit détaillé d’al-Šuğāʿī, Ta’rīḫ, éd. p. 18-86, trad. p. 141-219 ; Maqrīzī, Sulūk, II/3, p. 571-593 ; EI2 « al-Nāṣir, II » (Peter M. Holt). 40 Voir EI2, « al-Nāṣir, II » (Peter M. Holt). 41 Sur al-Ṣāliḥ Ismā῾īl (743-746/1342-1345), voir EI2 « [al-Malik] al-Ṣāliḥ, 1 » (Amalia Levanoni).

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‫ُمبتد أ د ولة ا لرتك‬

‫الدولتين فإن ّه زوْج أمّهما ولم تطل مدّة شعبان هذا لأن ّه أكثر الاجتماع بالأراذل وأكثر‬ ‫النزول إلى المدينة بالليل وفعل أمورا ً لا تليق بالمم�لكة ُفأمسك وقُتل في شهور سنة سبع‬

‫وأربعين وسبعمائة‪15/ .‬و‪/‬‬

‫السلطان الملك المظفّر حاجّي ابن الملك الناصر محمد بن قلاون وهو الملك الثامن عشر‬

‫من ملوك الترك جلس على كرسي الملك في مستهل جمادى الآخرة سنة سبع وأربعين‬ ‫وسبعمائة وأقام م ّدة ً لطيفة ً وركب عليه العسكر بقب ّة النصر وقتله بَي ْب ُغاروس‪ 31‬في رمضان‬

‫سنة ثمان وأربعين وسبعمائة‪.‬‬

‫السلطان الملك الناصر حسن ابن الناصر محمد بن قلاون وهو التاسع عشر من ملوك‬

‫الترك جلس على كرسي الملك يوم الثلاثاء‪ 32‬رابع عشر رمضان سنة ثمان وأربعين ‪15/‬ظ‪/‬‬

‫وسبعمائة وناب عنه الأمير بَيب ُغاروس وفي سنة تسع وأربعين حصل الفناء ا�لكبير ثم ّ‬ ‫تحر ّك الأمير طاز فخلعه وسلطن أخاه صالح‪.‬‬

‫السلطان الملك الصالح صالح ابن الملك الناصر محمد بن قلاون وهو الملك المُتمِّم‬

‫للعشرين من ملوك الترك جلس على كرسي الملك يوم الإثنين ثامن عشر‪ 33‬جمادى‬ ‫ألف وأفرج‬ ‫شي ْخوا وأمّره على ٍ‬ ‫الآخرة سنة اثنتين وخمسين وسبعمائة وأفرج عن الأمير َ‬

‫عن بَيب ُغاروس ومنجك واستقر ّ بيبغاروس في نيابة حلب وناب بمصر سيف الدين‬ ‫‪ 31‬‬ ‫‪ 32‬‬ ‫‪ 33‬‬

‫«روس» في الهامش‪.‬‬ ‫في الأصل‪ : ‬الثلثا‪.‬‬ ‫كذا في الأصل والصواب‪ : ‬عشرين‪.‬‬

‫‪66‬‬

L e s d é b u t s de l a dy nast i e d e s T u rcs

du règne des deux frères, ayant épousé leur mère. Le règne de Šaʿbān ne dura pas longtemps, car il fréquentait beaucoup la populace, descendait souvent en ville la nuit et accomplissait des actions incompatibles avec la royauté. Il fut arrêté et tué au cours de l’année 747/134642. le sultan al-malik al-muẒaffar Ḥāğğī, fils d’al-Malik al-Nāṣir Muḥammad fils de Qalāwūn, dix-huitième souverain des Turcs, accéda au trône au début de ğumādā II 747/19 septembre-17 octobre 1346 et régna durant une brève période. Au mois de ramaḍān 748/5 décembre 1347-3 janvier 1348, une troupe à cheval l’attaqua près de la Coupole de la Victoire43 et Baybuġā Rūs le tua44. le sultan al-malik al-nāṢir Ḥasan45, fils d’al-Nāṣir Muḥammad fils de Qalāwūn, dix-neuvième souverain des Turcs. Il monta sur le trône le mardi 14 ramaḍān 748/18 décembre 1347, et c’est l’émir Baybuġā Rūs qui gouverna en son nom. En [7]49/1348-9, survint le grand anéantissement46. Puis l’émir Ṭāz se souleva, déposa al-Nāṣir Ḥasan et remit le sultanat à son frère Ṣāliḥ. le sultan al-malik al-ṢāliḤ ṢāliḤ, fils d’al-Malik al-Nāṣir Muḥammad fils de Qalāwūn, vingtième (al-mutammim li-l-ʿišrīn) souverain des Turcs, accéda au trône le lundi 18 ğumāda II 752/ 12 août 135147. Il libéra l’émir Šayḫū et le nomma émir de 1 000. Il libéra de même Baybuġā Rūs et Manğak. Baybuġā établit solidement son pouvoir au poste de vice-sultan d’Alep, tandis que Sayf al-Dīn Qubilāy était vice-sultan au Caire,

42 Sur ce sultan, tué le 3 ğumāda II 747/21 septembre 1346, voir EI2 « Sha῾bān, 1 » (Peter M. Holt) et sur l’émir Arġūn al-ʿAlā’ī (m. 748/1347-8), voir Maqrīzī, Muqaffā, II, p. 25-26 ; al-Ṣafadī, al-Wāfī bi-l-Wafayāt, XVI, éd. Wadād al-Qāḍī, Wiesbaden, Franz Steiner Verlag, 1982, p. 153-155. 43 Ou Qubbat al-Naṣr, située à l’est d’al-Qāhira et au nord de la citadelle, près du mausolée de Yūnus al-Dāwādār, dans la nécropole du Désert (al-Ṣaḥrā’). Voir J. Loiseau, Reconstruire la maison du sultan, p. 321. 44 Al-Muẓaffar Ḥāğğī (747-748/1346-1347) fut tué le dimanche 12 ramaḍān 748/16 décembre 1347 après avoir lui-même fait assassiner un grand nombre d’émirs. Voir al-Maqrīzī, Muqaffā, III, p. 121-125. Sur l’émir Baybuġā Urūs Sayf al-Dīn al-Qāsimī (m. 753/1352) et sa révolte à Alep dont il est question ci-dessous, ibid., II, p. 559-561 ; Mounira Chapoutot-Remadi, « Mamlakat Ḥalab, une vice-royauté des confins de l’empire mamlūk (648-784/1250-1382) », Alep et la Syrie du Nord, n° spécial de la Revue du Monde Musulman et de la Méditerrannée, 62 (1991), p. 87. 45 Sur al-Nāṣir Ḥasan (748-752/1347-1351 puis 755-762/1354-1361), voir EI2, « Ḥasan » ( John Wansbrough) et « al-Nāṣir, III » (Peter M. Holt). 46 Certains auteurs tels al-Maqrīzī (Ḫiṭaṭ, éd. A. F. Sayyid, II, p. 212, 224, n. 1) emploient cette expression pour désigner la Peste Noire qui toucha les populations des pays d’Islam dès 1347 avant de gagner l’Europe en 1348. Cf. Michael W. Dols, The Black Death in the Middle East, Princeton, Princeton University Press, 1977 ; Stuart Borsch, The Black Death in Egypt and England : A Comparative Study, Austin, University of Texas Press, 2005 ; Nükhet Varlik, Plague and Empire in the Early Modern Mediterranean World. The Ottoman Experience, 1347–1600, Cambridge, Cambridge University Press, 2015, p. 90-127. 47 Lire 28 (ʿišrīn au lieu de ʿašara) ğumāda II/2 août. Sur le sultan al-Ṣāliḥ Ṣāliḥ (752-755/1351-1354) et sur les émirs très influents (Šayḫū, Ṭāz, Ṣarġatmuš) qui l’entouraient, voir EI2, « al-Ṣāliḥ, 2 » (Amalia Levanoni) et ajouter à la bibliographie Ibn Ḥağar al-ʿAsqalānī, Durar, II, p. 305-306 (biographie de Ṣarġatmuš).

67

‫ُمبتد أ د ولة ا لرتك‬

‫قُب ِلاي ‪16/‬و‪ /‬والأمير سيف الدين طاز أتابك والأمير شيخوا رأس نوبة وفي سنة‬

‫ثلاث وخمسين وسبعمائة خامر الأمير بيبغاروس بحلب وحضر الى الشام بعساكر كثيرة‬ ‫تركمان وغيرهم‪ 34‬فتوجّه إليه الملك الصالح بالعساكر المنصورة فلم ّا بلغ بيبغاروس حركة‬

‫العساكر هرب هو ومن معه ودخل السلطان إلى دمشق هو ومن معه في مستهل شهر‬

‫رمضان من السنة المذكورة وقر ّر أحوال المم�لكة وعاد إلى الديار المصر ي ّة و ُأحضرت‬

‫ن الأمير شَيخُوا خلع ‪16/‬ظ‪ /‬الصالح وأعاد الملك‬ ‫رأس بيبغاروس ومن هرب معه وإ ّ‬

‫الناصر حسن في ثامن شو ّال سنة خمس وخمسين هذا والأمير شيخوا قائم ٌ بأعباء المم�لكة‬

‫مطاع الكلمة نافذ الأمر إلى شهور سنة ثمان وخمسين و سبعمائة ض ُرب الأمير شيخوا‬

‫بالإيوان وجرح وانقطع في بيته وهو مطاع الأمر مع ضعفه وجميع الأمراء يتردّدون‬ ‫إليه و يقوم‪ 35‬له بالخدمة على العادة والأمير صَرْغَتْم ُش أيضا ً كذلك ثم ّ تُوف ِ ّي َ إلى رحمة‬ ‫الله تعالى وتحدّث الأمير صَرْغَتْم ُش �لكن لم يكن كما كان الأمير شيخوا وقويت كلمة‬

‫ل بالملك وفي رمضان‪ 36‬سنة تسع وخمسين‬ ‫الملك الناصر ‪17/‬و‪ /‬حسن وشوكته واستق ّ‬

‫ن الناصر حسن غدر‬ ‫وسبعمائة مسك الأمير صَرْغَتْم ُش وتفر ّد السلطان بالأمر ثم ّ إ ّ‬ ‫بالأمير يَلب ُغا فنصر الله الأمير يلبغا عليه وخلع الناصر حسن في تاسع جمادى‬ ‫سنة اثنتي‪ 38‬وستّين وسبعمائة‪.‬‬

‫‪ 34‬‬ ‫‪ 35‬‬ ‫‪ 36‬‬ ‫‪ 37‬‬ ‫‪ 38‬‬

‫«هم» في الهامش‪.‬‬ ‫كذا في الأصل والصواب‪ : ‬و يقومون‪.‬‬ ‫«ن» في الهامش‪.‬‬ ‫كذا في الأصل والصواب‪ : ‬الأولى‪.‬‬ ‫كذا في الأصل والصواب‪ : ‬اثنتين‪.‬‬

‫الأوّل‪37‬‬

‫‪68‬‬

L e s d é b u t s de l a dy nast i e d e s T u rcs

l’émir Sayf al-Dīn Ṭāz atabeg, et l’émir Šayḫū chef des mamelouks du sultan48. En 753/1352-3, l’émir Baybuġā Rūs complota contre son maître à Alep et s’avança en Syrie avec une armée nombreuse composée, entre autres, de Turcomans. Al-Malik al-Ṣāliḥ marcha contre lui à la tête des armées victorieuses et lorsque Baybuġā Rūs prit connaissance de ce mouvement de troupes, il prit la fuite avec ceux qui l’accompagnaient. Le sultan et ceux qui étaient avec lui entrèrent dans Damas au début du mois de ramaḍān de cette année/11 octobre-9 novembre 1352. Il y régla les affaires du royaume puis retourna en Égypte. On fit venir la tête de Baybuġā Rūs ainsi que les têtes de ceux qui avaient fui avec lui. Puis, le 8 šawwāl [7]55/26 octobre 135449, l’émir Šayḫū déposa al-Ṣāliḥ et remit sur le trône al-Malik al-Nāṣir Ḥasan. Lui-même dirigea les affaires du royaume. On lui obéissait et on exécutait ses ordres jusque dans le courant de l’année 758/1356-7. Il fut ensuite frappé et blessé dans l’īwān50. Il se retira dans sa maison, mais continua d’être obéi malgré son état de faiblesse. Tous les émirs, y compris l’émir Ṣarġatmuš, se succédaient chez lui et se mettaient à son service comme d’habitude. Puis il rendit l’âme dans la miséricorde de Dieu le Très Haut51. L’émir Ṣarġatmuš exerça ensuite l’autorité, mais pas telle que l’exerçait l’émir Šayḫū. La parole et la force d’al-Malik al-Nāṣir Ḥasan s’affirmèrent et il gouverna en toute indépendance. Au mois de ramaḍān 759/7 août-5 septembre 1358, il s’empara de l’émir Ṣarġatmuš et exerça seul le pouvoir. Puis le sultan trahit l’émir Yalbuġā. Dieu donna la victoire à ce dernier qui déposa al-Nāṣir Ḥasan le 9 ğumāda I 762/17 mars 136152.

48 Sur l’importante fonction de chef des mamelouks du sultan (ra’s nawba), voir David Ayalon, « Studies on the structure of the Mamluk Army-III », The Bulletin of the School of Oriental and African Studies, 16 (1954), p. 60 ; Clément Onimus, « La question du cursus honorum mamelouk au tournant des xive-xve siècles », Histoire et anthropologie des odeurs en terre d’Islam à l’époque médiévale, numéro spécial du Bulletin d’études orientales, 64 (2015), p. 365-390 (ici p. 371). Sur l’émir Qubilāy (m. 756/1355) qui resta vice-sultan au Caire jusqu’en 755/1354, voir Ibn Taġrībirdī, Nuğūm, X, p. 321 et Ibn Kaṯīr, Bidāya, IX, p. 506, 508. 49 En réalité le 2 šawwāl 755/20 octobre 1354. Voir EI2 « al-Nāṣir, III » (Peter M. Holt). 50 L’īwān désignait l’endroit dans la citadelle du Caire où le sultan tenait ses audiences et exerçait sa justice. Cf. N. Rabbat, « The Ideological Significance of the Dār al-ʿAdl », p. 13-18. 51 Voir la nécrologie de l’émir Šayḫū (ou Šayḫūn) dans Ibn Taġrībirdī, Nuğūm, X, p. 324-325 et Ibn Ḥağar al-ʿAsqalānī, Durar, II, p. 293-294. D’après ce dernier, il mourut des suites des blessures, au visage et aux mains, infligées par un mamelouk dans Dār al-ʿAdl, en présence du sultan. 52 L’auteur ne dit pas qu’il fut mis à mort par Yalbuġā au lendemain de sa déposition.

69

‫ُمبتد أ د ولة ا لرتك‬

‫الملك المنصور صلاح الدين محمد بن الملك المظفّر حاجّي بن الملك الناصر محمد بن‬

‫قلاون وهو الحادي والعشرين من ملوك الترك جلس على كرسي الملك في يوم الأربعاء‬

‫تاسع جمادى الأوّل‪ 39‬سنة اثنتين وستّين وسبعمائة بتدبير أمير‪17/ 40‬ظ‪ /‬المسلمين سيف‬

‫الدين يَلب ُغا أتابك العساكر المنصورة تغمّده الله برحمته واستقر ّ المشار إليه أتابكا ً وساس‬ ‫المُلك أحسن سياسة وعَظ ُم شِعار السلطنة وسار سيرة ً لم يُسمع بمثلها فيمن تقدّمه من‬ ‫ملوك الترك واذّخر الأموال والغلال بالأهراء وأكثر الصدقات واشترى المماليك النافعة‬

‫وأصرف عِنايته لأمر المم�لكة وأصلح أحوال الرعي ّة وانتصب للأحكام وفي أثناء هذه‬ ‫المدّة خلع المنصور لأمر بلغه عنه وسلطن شعبان‪.‬‬

‫السلطان الملك الأشرف شعبان ‪18/‬و‪ /‬ابن حسين بن الملك الناصر محمد بن قلاون‬

‫وهو الملك الثاني والعشرين من ملوك الترك جلس على كرسي الملك يوم الثلاثاء‪ 41‬المنتصف‬

‫من شعبان سنة أربع وستّين وسبعمائة بتدبير أمير المسلمين يَلب ُغا أتابك العساكر المنصورة‬

‫وأقام الأمر على ذلك والناس في د َعة وأمان إلى أن انقضت أي ّام المقر ّ السيفي يلبغا‬ ‫وفي آخر أي ّامه سلطن سيف الدين أَ نوك أخو‪ 42‬السلطان شعبان ولقّبه بالمنصور‬

‫بجزيرة‪43‬‬

‫أَ ْرو َى مدّة يومين ولم يتم ّ له أمر وحضر السلطان‪ 44‬شعبان من البحيرة وعاد إلى كرسي‬

‫الملك ‪18/‬ظ‪ /‬ومات الأمير سيف الدين يلبغا تغمّده الله برحمته واستقر ّ الأمير سيف‬

‫‪ 39‬‬ ‫‪ 40‬‬ ‫‪ 41‬‬ ‫‪ 42‬‬ ‫‪ 43‬‬ ‫‪ 44‬‬

‫كذا في الأصل والصواب ‪ :‬الأولى‪.‬‬ ‫في الأصل‪ : ‬الأمير‪.‬‬ ‫في الأصل‪ : ‬الثلثا‪.‬‬ ‫كذا في الأصل والصواب‪ : ‬أخا‪.‬‬ ‫«يرة» في الهامش‪.‬‬ ‫«ن» في الهامش‪.‬‬

‫‪70‬‬

L e s d é b u t s de l a dy nast i e d e s T u rcs

al-malik al-manṢūr ṢalāḤ al-dīn muḤammad ibn-al-malik al-muẒaffar fils d’al-Malik al-Nāṣir Muḥammad fils de Qalāwūn, vingt-et-unième souverain des Turcs, accéda au trône le mercredi 9 ğumādā I 762/17 mars 1361 sous la régence de l’émir des musulmans53 Sayf al-Dīn Yalbuġā54, atabeg des armées victorieuses – que Dieu l’ait en sa miséricorde ! Ce dernier raffermit sa fonction d’atabeg et exerça le pouvoir royal de la meilleure façon qui fût. Les insignes de la royauté en furent rehaussés. Il mena une vie telle qu’aucun souverain turc, parmi ses prédécesseurs, n’en avait menée. Il amassa les biens et les récoltes dans les greniers, multiplia les aumônes et acheta des mamelouks profitables [au royaume]. Il consacra tous ses efforts aux affaires du royaume, améliora la situation des sujets et rendit lui-même des jugements. Au cours de cette période, ayant appris quelque chose au sujet d’al-Mansūr, il le déposa et remit le sultanat à Šaʿbān. Ḥāğğī,

le sultan al-malik al-ašraf šaʿbān55, fils de Ḥusayn fils d’al-Malik al-Nāṣir Muḥammad, fils de Qalāwūn, vingt-deuxième souverain des Turcs, accéda au trône le mardi de la mi-šaʿbān 764/30 mai 1363, sous la régence de l’émir des musulmans, Yalbuġā atabeg des armées victorieuses. Les choses demeurèrent ainsi, les populations vivant dans la tranquillité et la sécurité, jusqu’à la fin de l’époque de son Excellence Sayf al-Dīn Yalbuġā. Vers la fin de ses jours, il nomma sultan dans l’île d’Arwā56, Sayf al-Dīn Anūk, frère du sultan Šaʿbān, en lui décernant le titre d’al-Manṣūr, mais pour deux jours seulement, car il ne parvint pas à mener cette affaire à son terme. Le sultan Šaʿbān arriva en provenance de [la province] d’al-Buḥayra et reprit le trône. L’émir Sayf al-Dīn Yalbuġā mourut – que Dieu l’ait en sa miséricorde ! – et

53 Sur ce titre adopté pour la première fois par les Almoravides, qui se situait un degré au-dessous du titre amīr al-mu’minīn (émir des croyants) réservé au calife, voir supra p. 22, notes 74 et 75. 54 Yalbuġā l-ʿUmarī l-Ḫāṣṣakī (m. 768/1366) fut le maître du sultan Barqūq qui fut appelé, pour cette raison, « al-Yalbuġāwī », ce qui explique les éloges appuyés de l’auteur sur ce personnage. Cf. Jo Van Steenbergen, « On the Brink of a New Era ? Yalbughā al-Khāṣṣakī (d. 1366) and the Yalbughāwīyah », Mamluk Studies Review, 15 (2011), p. 117-152 ; id., « The Amir Yalbughā al-Khāṣṣakī », p. 423-443. 55 Voir EI2 « Shaʿbān, 2 » (Peter M. Holt). 56 L’île d’Arwā, appelée aussi l’île médiane (al-Wusṭā), se situait au milieu du Nil entre al-Rawḍa et Būlāq. En raison des variations du cours du Nil, elle est aujourd’hui englobée dans la partie sud de l’île d’al-Ğazīra (Gezira). Voir Jean-Claude Garcin (dir.), Grandes villes méditerranéennes du monde musulman médiéval, Rome, École française de Rome, 2000, atlas hors texte, cartes 4 et 5.

71

‫ُمبتد أ د ولة ا لرتك‬

‫سنْدَم ُر أتابك ولم تطل مدّته ثم ّ تفر ّد السلطان شعبان بالكلام وأقام إلى شو ّال‬ ‫الدين أَ َ‬

‫سنة ثمان وسبعين وسبعمائة قصد‪ 45‬الحجّ واستصحب معه جماعة من الحريم فنفرت‬

‫منه الخواطر بسببهم وعاد من العقبة وقبل عوده خُلع ومات في ذي القعدة سنة ثمان‬

‫وسبعين وسبعمائة‪.‬‬

‫السلطان الملك المنصور علي بن الأشرف شعبان بن حسين وهو الثالث والعشرين من‬

‫ملوك الترك جلس على كرسي الملك ‪19/‬و‪ /‬قبل وفاة أبيه بيومين ودب ّر الأمر سيف الدين‬ ‫ق َر َطاي ثم ّ أَ ي ْنَبك ثم ّ الأمير سيف الدين طَشتَم ُر ثم ّ ردّ الله عاقبة المسلمين إلى خير بعد‬

‫ن المقام‬ ‫أراجيف وخوف ولم يكن في هذه الأي ّام يأمن الشخص على نفسه ولا ماله وإ ّ‬ ‫الشر يف أمير المسلمين برقوق دب ّر الممالك الإسلامي ّة أتم ّ تدبير وساس أمور المسلمين وقمع‬

‫المُفسدين وأصلح أحوالهم أولا ً فأوّلا ً‪ 46‬فأقام الحال م ّدة ً ثم ّ توع ّك الملك المنصور ومات‬

‫على فراشه – تغمّده الله برحمته – في ربيع الأوّل سنة ثلاث وثمانين وسبعمائة‪19/ .‬ظ‪/‬‬ ‫السلطان الملك الصالح حاجّي بن شعبان بن حسين وهو الرابع والعشرون من ملوك‬

‫الترك جلس على كرسي الملك بعد وفاة أخيه وحصل في أي ّامه غَلاء مدّة يسيرة هذا‬

‫والمقام الشر يف السيفي أمير المسلمين برقوق متولّي أحوال الملك وسياسته وحفظ نظامه‬

‫ن أكابر الأمراء وأهل الدولة الشر يفة بذلوا له‬ ‫والأحوال مسددّة بسعادته وتدبيره ثم ّ إ ّ‬

‫‪ 45‬‬ ‫‪ 46‬‬

‫كذا في الأصل والصواب ‪ :‬وقصد‪.‬‬ ‫في الأصل‪« : ‬أوّلا ً فأول» و «ل» في الهامش‪.‬‬

‫‪72‬‬

L e s d é b u t s de l a dy nast i e d e s T u rcs

l’émir Sayf al-Dīn Asandamur affermit son pouvoir d’atabeg, mais pour peu de temps57. Le sultan Šaʿbān gouverna ensuite en son propre nom et régna jusqu’en šawwāl 778/11 février-11 mars 1377. Il voulut faire son pèlerinage et partit accompagné d’une partie de ses femmes qui furent la cause de la dispersion de ses pensées. Il revint de ʿAqaba et, avant même son retour, fut déposé. Il mourut en ḏū l-qaʿda 778/12 mars -10 avril 137758.

le sultan al-malik al-manṢūr ʿalī ibn al-ašraf Šaʿbān, fils de Ḥusayn, vingt-troisième souverain des Turcs, monta sur le trône deux jours avant la mort de son père59. La régence fut assurée par l’émir Sayf al-Dīn Qaraṭāy auquel succédèrent Aynabak, ensuite l’émir Sayf al-Dīn Ṭaštamur60. Puis, après une époque de rumeurs et de peur au cours de laquelle nul ne pouvait assurer sa sécurité et celle de ses biens, la situation des musulmans grâce à Dieu se rétablit. Sa noble Altesse, l’émir des musulmans Barqūq, exerça la régence des royaumes musulmans d’excellente façon. Il gouverna les affaires des musulmans, soumit ceux qui semaient la corruption et restaura progressivement la situation. Cet état dura quelque temps, puis al-Malik al-Manṣūr tomba malade et mourut dans son lit – que Dieu l’ait en sa miséricorde ! – au mois de rabī῾ I 783/26 mai-24 juin 1381.

le sultan al-malik al-ṢāliḤ Ḥāğğī, fils de Šaʿbān, fils de Ḥusayn, vingt-quatrième souverain des Turcs, monta sur le trône après la mort de son frère61. Sous son règne il y eut une courte période de cherté de vie. Sa noble Altesse Sayf al-Dīn, l’émir des musulmans Barqūq était alors en charge des affaires et du gouvernement du royaume. Il en assura la bonne marche. Sous ses auspices et sa régence, les affaires furent bien dirigées. Puis les grands émirs et l’élite de la noble dynastie le sollicitèrent,

57 Sur l’émir Sayf al-Dīn Asandamur al-Nāṣirī (m. 769/1367-8), voir Maqrīzī, Sulūk, III/1, p. 164 ; Ibn Taġrībirdī, Nuğūm, XI, p. 103. 58 L’auteur passe sous silence le fait qu’il fut assassiné dans un complot dont faisait partie Barqūq. 59 Il n’avait que sept ans quand il monta sur le trône. Il mourut cinq ans plus tard de la peste. Voir Ibn Taġrībirdī, Nuğūm, XI, p. 148-206. 60 Sur l’émir Qaraṭāy (m. 779/1378), voir al-Maqrīzī, Sulūk, III/1, p. 326 ; Ibn Taġrībirdī, Nuğūm, XI, p. 191 ; Ibn Ḥağar al-ʿAsqalānī, Inbā’, I, p. 256 ; Sur Aynabak (m. 780/1378), voir Ibn Taġrībirdī, Manhal, III, p. 221-224 ; Ibn Ḥağar al-ʿAsqalānī, Inbā’, I, p. 262. Sur Sayf al-Dīn Ṭaštamur (m. 786/1384-5), voir Ibn Taġrībirdī, Nuğūm, XI, p. 304. 61 Sur al-Ṣāliḥ Ḥāğğī (783-784/1381-2), qui n’avait que onze ans lors de son accession au trône, voir EI2 « al-Ṣāliḥ, 3 » (Amalia Levanoni).

73

‫ُمبتد أ د ولة ا لرتك‬ ‫حب ّته والابتهال‪47‬‬

‫السؤال وأظهروا النصح وأخلصوا الطاعة هذا وقد جُبلت قلوب الرعي ّة على م‬

‫بطول بقائه فخُلع الصالح في تاسع عشر شهر ‪20/‬و‪ /‬رمضان سنة أربع وثمانين وسبعمائة‪.‬‬ ‫السلطان الملك الظاهر سيف الدنيا‪ 48‬والدين أبو سعيد برقوق – خلّد الله م�لكه –‬

‫جلس على كرسي الملك يوم الأربعاء تاسع عشر رمضان سنة أربع وثمانين‪ 49‬وسبعمائة‬

‫بعد صلاة الظهر بحضرة قضاة القضاة ومشايخ العلم وأتابك العساكر وزعماء الجيوش‬

‫المنصورة وبايعه مولانا أمير المؤمنين المتوكّل على الله بحضور المشار إليهم وحين عهد إليه‬ ‫أرسل الله مطرا ً رحمة ً على الناس في تلك الساعة فاستبشر المسلمون ‪20/‬ظ‪ /‬لذلك وكان‬

‫يوما ًمشهودا ً ابتهج الناس به غاية الابتهاج وأنشد الشيخ بدر الدين البُلقيني قاضي العساكر‬ ‫المنصورة ارتجالا ً في ذلك المجلس ‪:‬‬ ‫شعرا ً [المجتث]‬ ‫ك‬ ‫ض سُل ْطا ْن و َصار َ مِن ْ َ‬ ‫ل ٱلْأَ ْر ِ‬ ‫بُش ْراك َ أَ ن ْتَ لِك ُ ّ ِ‬ ‫لِهذا ٱل ْمُل ْكِ عُم ْرا ْن‬

‫ظهيرَة ِ في ظُهورِ مَل ْكٍ لَه ُ‬ ‫يا ظاه ِرا ً ب َدا و َق ْتَ ٱل َ ّ‬ ‫بَيْنَ ٱل ْوَر َى شا ْن‬

‫س ٱل ْب َقاء ِ لَه ُ ق َواعِدٌ ثَبَت َْت أَ ي ْضا ً‬ ‫ك في ُأ ّ ِ‬ ‫أَ ب ْشِرْ فَمُلْك ُ َ‬ ‫و َأَ رْكا ْن‬

‫‪ 47‬‬ ‫‪ 48‬‬ ‫‪ 49‬‬

‫«بهتال» في الهامش‪.‬‬ ‫«نيا» في الهامش‪.‬‬ ‫«نين» في الهامش‪.‬‬

‫‪74‬‬

L e s d é b u t s de l a dy nast i e d e s T u rcs

lui prodiguèrent leurs conseils et manifestèrent leur obéissance sincère, tandis que les sujets lui témoignaient de plus en plus leur affection et priaient Dieu de prolonger ses jours. Al-Ṣāliḥ fut déposé le 19 ramaḍān 784/26 novembre 1382.

le sultan al-malik al-Ẓāhir sayf al-dunyā wa l-dīn abū sa῾īd barqūq – que Dieu prolonge son règne ! – monta sur le trône le mercredi 19 ramaḍān 784/26 novembre 1382 après la prière de midi, en présence des grands cadis, des grands savants, de l’atabeg des armées et des chefs des armées victorieuses. Notre maître l’Émir des croyants al-Mutawakkil ʿalā Llāh le reconnut sultan en présence des personnes ci-dessus mentionnées62. Une fois le sultan investi, Dieu envoya la pluie en signe de Sa miséricorde pour les populations, en cet instant, et les musulmans en tirèrent bon augure. Ce fut un jour mémorable qui emplit les gens d’une joie extrême. Lors de cette séance le cheikh Badr al-Dīn al-Bulqīnī63, cadi des armées victorieuses, improvisa ces vers : Quelle bonne nouvelle ! Tu es le sultan de la terre entière, De toi est venue la prospérité de ce royaume, O Ẓāhir, tu es paru à l’heure du midi, instaurant un règne Qui s’illustrera parmi les hommes, Réjouis-toi, ton règne est établi durablement sur des fondations Et des assises solides,

62 Sur ce calife (763-785/1362-1383 puis 791-808/1389-1405) que Barqūq n’allait pas tarder à arrêter pour nommer un calife plus conciliant, voir Ibn Taġrībirdī, Nuğūm, XIII, p. 154-155. En 791/1389, toutefois, Barqūq le rétablit pour se concilier la population. Voir J.-Cl. Garcin, « The regime of the Circassian Mamlūks », p. 303. 63 Badr al-Dīn Muḥammad al-Bulqīnī (m. 791/1389) appartenait à une famille de lettrés égyptiens sur laquelle voir EI3, « al-Bulqīnī family » (Robert Moore) et Kaḥḥāla, XI, p. 82.

75

‫َت‬ ‫و َٱبقى‪ 50‬م َدى ٱل َد ّهْرِ لا بِد َعًا و َلا عَجَبا ً ما دام ِ‬

‫ُمبتد أ د ولة ا لرتك‬

‫َ‬ ‫ْس و َٱلْجانْ‪21/‬و‪/‬‬ ‫ن ٱل ِْإن ُ‬ ‫ٱلث ّق َلا ِ‬

‫وعمل الشيخ شهاب الدين أحمد الدُنَي ْسري الشهير بابن العطّار أديب العصر بيتين هما ‪:‬‬ ‫شعرا ً [السر يع]‬

‫ظُهور ُ يَو ْ ِم ٱلْأَ رْب ِعاء ِ ٱب ْت َدا ب ِٱلظّاهِرِ ٱل ْمُعْتَز ِّ ب ِٱل ْقاهِرِ‬

‫ن ب ِٱلظّاهِرِ‬ ‫ل ٱ ْمر ِء ٍ مُن ْشَر ِ ُ‬ ‫و َٱل ْبِشْر ُ ق َ ْد ع َ َ ّم‪ 51‬وَك ُ ُ ّ‬ ‫ح ٱل ْباطِ ِ‬

‫بعض العصر ييّن ‪:‬‬ ‫وقال ُ‬ ‫شعر [الكامل]‬

‫سعادَة ِ‬ ‫نجْم ُ ٱل َ ّ‬ ‫ق َ ْد أَ صْ بَح ْ‬ ‫َت مِصْر ُ ٱلْع َزيز ِ ع َزيزَة ً و َب ُِأفْق ِها َ‬ ‫زاه ِر ُ‬

‫ي بِلادِ ٱل ْمُسْل ِمينَ وزانَها م َلِكٌ ِبإحْكا ِم ٱل ِْإرادَة ِ‬ ‫كُر ْس ِ ُ ّ‬ ‫وما أح َ ّقه بأن يُقال ‪:‬‬

‫ظاه ِر ُ‬

‫شعرا ً [الطو يل]‬

‫ل م ِنْ ر ُمْ ِ ح ‪21/‬ظ‪/‬‬ ‫ك مِن ْه ُ بِعَزْمَة ٍ بِها طا َ‬ ‫م َليكٌ تَحلَ ّى‪ 52‬ٱل ْمُل ْ ُ‬

‫‪ 50‬‬ ‫‪ 51‬‬ ‫‪ 52‬‬

‫كذا في الأصل والصواب‪ : ‬و َٱبق‪.‬‬ ‫في ابن تغري بردي‪ ،‬نجوم‪ ،‬ج ‪ ١١‬ص ‪ : ٢٢‬تم ّ‪.‬‬ ‫في بعض نسخ ديوان ابن عنين ‪ :‬تجلى‪ ،‬ص ‪ ،1٨‬الهامش ‪.1‬‬

‫‪76‬‬

L e s d é b u t s de l a dy nast i e d e s T u rcs

Il durera jusqu’à la fin des temps : rien d’étonnant, rien d’inouï, Tant que durent humains et génies.

Le cheikh Šihāb al-Dīn Aḥmad al-Dunaysirī, connu sous le nom d’Ibn al-ʿAṭṭār, grand lettré de ce siècle a composé ces deux vers64 : Le jour du mercredi s’est levé avec al-Ẓāhir par Dieu rendu puissant, La joie s’est répandue, et grâce à al-Ẓāhir chacun est soulagé.

Un contemporain a composé ces vers : Miṣr grâce à ce souverain puissant est devenue inexpugnable Et son horizon par l’étoile du bonheur éclairé, Trône des pays d’Islam, rendu plus beau encore par un souverain Qui brille par sa ferme volonté.

Quoi de plus juste que ces vers65 : Souverain tout puissant dont la volonté a embelli le royaume Et élevé ses ambitions,

64 Sur ce faqīh et homme de lettres, mort en 794/1392, voir supra page 31, note 112. Ces deux vers sont également reproduits dans Ibn Taġrībirdī, Nuğūm, XI, p. 222. 65 Les vers qui suivent ont été empruntés par l’auteur, avec quelques petites variantes, au Dīwān d’Ibn ʿUnayn (voir supra p. 30, note 109 ). Dans ces vers, le poète chantait les louanges du souverain ayyoubide de Damas, al-Malik al-Muʿaẓẓam ʿĪsā b. al-ʿĀdil (615-624/1218-1227), sur lequel voir EI2, « al-Muʿaẓẓam » (R. Stephen Humphreys) ; Ibn ʿUnayn, Dīwān, éd. Ḫalīl Mardam Bey, Damas, Maṭbūʿāt al-mağmaʿ al-ʿilmī l-ʿarabī bi-Dimašq, 1365/1946, p. 18.

77

‫ٱل ْم َعالي‬

‫ق َصير ُها‪53‬‬

‫ُمبتد أ د ولة ا لرتك‬

‫َت ٱلْجَو ْزا‬ ‫هيب فَلَو ْ لاقى ٱ�لْكَواكِبَ عاب ِسا ً تَساقَط ِ‬ ‫مَ ٌ‬ ‫وَخ َرّ‬

‫ع َب ُور ُها‪54‬‬

‫َت مِن ْه ُ ٱلْأَ ه ِلَ ّة ُ غ َضْ ب َة ً‪ 55‬نَهاها سُطاه ُ‬ ‫و َلَو ْ أَ نِس ْ‬ ‫أَ ْن تَت َِم ّ بُدور ُها‬

‫ح م َ َك ّة َ غ َداة َ م ِنى ً و َٱل ْب ُ ْدنُ‬ ‫ت أَ باطِ ُ‬ ‫ح َلَفْتُ بِما ض ََم ّ ْ‬ ‫تَدْمى نُحور ُها‬

‫لَق َ ْد زانَ ح ُ ْكم ُ ٱلظّاهِرِ ٱل ْمُل ْكِ ُأ َمّة ً‪ِ 56‬إلى عَدْلِه ِ ٱل ْمَش ْهورِ‬ ‫ت ُأمور ُها‬ ‫ر ُ َدّ ْ‬

‫ل والإحسانَ‪ ،‬وأخلص لله نِي ّت َه في السرّ والإعلان‪،‬‬ ‫وإن ّه خلّد الله سلطانه بسط العد َ‬

‫وسهّل ‪22/‬و‪ /‬الأرزاق‪ ،‬وقلّد المِنن الأعناق‪ ،‬وحَك َم وحَكّم وعَلم وعَل ّم‪ ،‬وعم ّر المم�لكة وأصلح‬

‫أحوالها‪ ،‬وسهّل المضايق وأوسع مجالها‪ ،‬وتشب ّث في متاجر الحاضرة‪،57‬وابتغى فيما أتاه الله الدار‬

‫َ‬ ‫الشكّ ومن ألسنتهم الشكوى‪ ،‬واكتسى‬ ‫الآخرة‪ ،‬وأزال البلوى‪ ،‬وأذهب من قلوب الرعي ّة‬

‫بج ِلباب الإنصاف‪ ،‬ونشر العدل في الجهات والأطراف‪ ،‬وأحسن ترتيب المُلك الشر يف‪،‬‬ ‫ومنح الأمراء من صدقاته التالِد والطر يف‪ ،‬وأرخص الله ببركاته الأسعار‪ ،‬وع ّم الرَخاء سائر‬

‫ل من رمح السِماك ق َصيرها‪.‬‬ ‫‪ 5 3‬كذا في الأصل و�لكن في ديوان ابن عنين‪ ،‬ص ‪ : 1٨‬بها طا َ‬ ‫تساقطت الجَو ْزا وخرّتَ عبور ُها‪ .‬و�لكن في بعض‬ ‫ِ‬ ‫‪ 5 4‬كذا في الأصل وفي ديوان ابن عنين‪ ،‬ص ‪: 1٨‬‬ ‫المخطوطات ورد هذا البيت كما أورده ابن عقيل‪.‬‬ ‫‪ 55‬في الأصل‪ : ‬عصبة ً‪.‬‬ ‫‪ 56‬كذا في الأصل وفي ديوان ابن عنين‪ ،‬ص ‪ : 1٨‬لقد فاز بالملكِ المعظّم أمة ٌ‪.‬‬ ‫‪ 57‬في الأصل‪ : ‬في متاجر الآخرة الحاضرة‪.‬‬

‫‪78‬‬

L e s d é b u t s de l a dy nast i e d e s T u rcs

Il inspire la crainte et s’il venait à froncer les sourcils, Bételgeuse66 et Sirius67 chuteraient. Quand de la lune les croissants rencontrent sa colère, Sa fougue l’empêche de devenir pleine. Je jure par tout ce que contient la vallée basse de La Mecque, au matin de Minā Quand les animaux sacrifiés ruissellent encore de sang, Que le jugement d’al-Zāhir68 a embelli la communauté qui a confié ses affaires À sa célèbre justice.

Le sultan – que Dieu pérennise son règne ! – a répandu la justice et les bienfaits et a voué à Dieu un culte sincère, secrètement et publiquement ; il a facilité les subsistances et s’est attiré notre reconnaissance, en parant nos cous de ses bienfaits ; il a exercé son pouvoir et l’a fait exercer, il a acquis du savoir et l’a fait acquérir, il a rendu le royaume prospère et a mis de l’ordre dans ses affaires, il a aplani les difficultés et desserré leur étreinte ; il s’est occupé des affaires d’ici-bas. Avec ce que Dieu lui a donné, il a recherché la demeure de l’au-delà ; il a mis fin au malheur, chassé le doute du cœur de ses sujets et éloigné les plaintes de leurs lèvres ; il s’est drapé du manteau de l’équité, a répandu la justice dans les régions et les confins et a très bien organisé le noble royaume ; par ses aumônes, il a fait don aux émirs de biens anciennement et nouvellement acquis. Avec la bénédiction de Dieu, les prix ont baissé et cette aisance

66 Le nom de l’étoile Bételgeuse vient de l’arabe Bayt al-Ğawzā’ (Maison des Gémeaux), expression qui a sans doute été confondue avec Yad al-Ǧawzā’ (bras d’Orion), c’est-à-dire le nom donné en arabe à l’étoile située dans la constellation d’Orion. Cf. Marcel Devic, Dictionnaire étymologique des mots français d’origine orientale, Paris, Imprimerie nationale, 1876, p. 67. 67  Sirius, étoile située dans la constellation du Grand Chien, porte aussi le nom d’« Alhabor », de l’arabe al-ʿAbūr ; cf. [Louis-Nicolas] Bescherelle aîné, Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française, Paris, Garnier Frères, 1856, I, p. 126. 68  Jeu de mots du poète : ẓāhir correspond au titre honorifique de Barqūq et signifie « celui qui est apparu » ou « celui qui s’est manifesté », comme nous l’avons signalé supra p. 16, n. 50.

79

‫ُمبتد أ د ولة ا لرتك‬

‫ل البَغ ِْي والفساد‪ ،‬ولم يشتغل عن‬ ‫ّدت‪22/ 58‬ظ‪ /‬البلاد‪ ،‬وقمعت أه َ‬ ‫الأقطار‪ ،‬هذا مع مَهابة ٍ مه ْ‬

‫الدرجات في الدار الآخرة‬ ‫ِ‬ ‫سياسة أمور المسلمين بمَتاع الدنيا الفانية‪ ،‬بل هو قائم ٌ بما يُعلي له‬

‫ل ولا حريم ٌ‪ ،‬بل هو متأب ّ ِر على فعل ال�خير واتِّباع‬ ‫الباقية‪ ،‬ولم يلُْه ِه […]‪ 59‬عن القيام بالمصالح ما ٌ‬ ‫ح الجمهور‪.‬‬ ‫ن التدبير لما ِ فيه إصلا ُ‬ ‫المنهج القويم‪ ،‬مع إمعانه النظر َ في عواقب الأمور‪ ،‬وحُس ِ‬ ‫شعر ‪[ :‬الطو يل]‬ ‫ن ٱلْأَ ْمر ِ‬ ‫ل مِ َ‬ ‫ل مُ ْ‬ ‫ي ُر يه ِ دقي ُ‬ ‫شكِ ٍ‬ ‫ق ٱلْفِكْر ِ في ك ُ ّ ِ‬ ‫ما تُفْضي‪ِ 60‬إلَيْه ِ‬

‫ٱلْع َواق ِبُ ‪61‬‬

‫ٍ‬ ‫وخشوع‪،‬‬ ‫خشْيَة ٍ‬ ‫ظ ِما ً للش َرع الشر يف وحُكّامه‪23/62‬و‪ /‬ذا َ‬ ‫متثب ّتا ً في أحكامه مع ّ‬

‫ٍ‬ ‫وإنابة ٍ لله ِ‬ ‫ن للفقراء والمساكين‪ ،‬متأب ّ ِر على مصالح المسلمين‪ ،‬وليس لأحدٍ‬ ‫محس ٌ‬ ‫وخضوع‪ُ ،‬‬

‫ل في أمر ِ رعي ّته على أحدٍ سواه‪ ،‬ولقد عاهد أولياء‬ ‫ك ٌ‬ ‫عليه اعتراض فيما ي َراه‪ ،‬ولا هو مت ّ‬

‫ل الأوقات‪ ،‬فإذا طولع بأمر ٍ كشف الظلامة وأزال‬ ‫دولته بمُطالعته بأحوال رعي ّته في ك ّ‬

‫َ‬ ‫المقر ّبين‬ ‫ل له من الملائكة‬ ‫المَحذورات‪ ،‬والله المسؤول أن يكون له عو ْنا ً وعَضُداً‪ ،‬و يجع َ‬ ‫ل سعادة ٍ‪ 63‬وسِيادة ج َددا ً لا ينقط ُع أبداً‪ ،‬فلقد سار في‬ ‫ك به إلى بلوغ ك ّ‬ ‫م َدداً‪ ،‬ويسل ُ َ‬

‫‪« 58‬ت» في الهامش‪.‬‬ ‫‪ 59‬كلمة مطموسة‪.‬‬ ‫‪ 60‬في الأصل‪ : ‬تُقضي‪.‬‬ ‫‪ 6 1‬هذا البيت اقتبسه ابن السمّان (‪ )16٧٧ -16٤٥‬و قد أورده المحب ّي في نَفحة الر َيْ حانة ورَشحة طِلاء الحانة‪، ‬‬ ‫ج ‪ 1‬ص ‪: ٢٤٠‬‬ ‫ق المضارب‬ ‫يف ٱلرقي ِ‬ ‫س ِ‬ ‫من ٱلأمر ِ كٱل َ ّ‬ ‫ل‬ ‫ل مـشـكـ ٍ ‬ ‫بفكر ٍ دقي ِ‬ ‫ ‬ ‫ق ٱلفكر ِ في ك ّ ِ‬ ‫‪« 62‬مه» في الهامش‪.‬‬ ‫‪« 63‬دة» في الهامش‪.‬‬

‫‪80‬‬

L e s d é b u t s de l a dy nast i e d e s T u rcs

s’est répandue dans toutes les contrées, tandis que la crainte [inspirée par le sultan] a rendu sûrs les pays et a frappé les rebelles et les corrompus. Le sultan ne se laisse pas détourner de la gouvernance (siyāsa) des musulmans par les affaires du monde d’ici-bas, mais se consacre aussi à ce qui lui permet de parvenir aux plus hauts degrés de la demeure éternelle ; aucune somme d’argent, aucune femme ne peut le détourner des intérêts du bien public ; il s’attache sans cesse à faire le bien et à suivre la voie droite, en tenant compte sans relâche des conséquences de ses actions et du bon gouvernement (tadbīr) dans l’intérêt des populations.

Vers : Son esprit subtil lui montre dans tout problème Les conséquences qui en découlent.

Ferme dans ses jugements, respectueux de la noble loi et de ses juges, rempli de crainte et d’humilité, confiant en Dieu et soumis à Lui, bienfaiteur des pauvres et des misérables, veillant sur les intérêts des musulmans, personne ne s’oppose à ses décisions et il ne s’en remet qu’à lui-même pour toute affaire concernant ses sujets ; il exige de ses auxiliaires, par serment, qu’ils lui exposent la situation de ces derniers à tout moment ; le cas échéant il dévoile l’injustice et fait cesser les craintes. Demandons à Dieu de lui apporter aide et assistance, qu’Il lui envoie pour l’assister des anges honorés et qu’Il le guide sur la voie qui conduit au bonheur et au pouvoir sans aucune interruption.

81

‫زماننا سيرة ً ضاهت بحسنها سيرتي‬

‫الظاهر‪64‬‬

‫ل لِل ْآخِر ِ»‪.65‬‬ ‫قول من قال‪« : ‬ك َ ْم ت َرَك َ ٱلْأَ َ ّو ُ‬

‫ُمبتد أ د ولة ا لرتك‬

‫‪23/‬ظ‪ /‬والناصر وعرف بجميل اعتماده‬

‫شعر [الكامل]‬ ‫ل ما بَيْنَ ٱل ُث ّر َي ّا‬ ‫ك ٱل ْغاب ِري َ‬ ‫بَيْنَ ٱل ْمُلو ِ‬ ‫ن و َبَي ْن َه ُ في ٱلْف َضْ ِ‬ ‫و َٱل َث ّرى‬

‫ل َ‬ ‫ٱلصّ يْدِ في‬ ‫لا ت َ ْسمَع ََنّ ح َديثَ مَل ْكٍ غَيْرِه ِ يُرْوى‪ ،‬فَك ُ ُ ّ‬ ‫ْف ٱلف َرى‬ ‫جو ِ‬ ‫َ‬

‫كس ْرى‬ ‫ْب ع َنْ ِ‬ ‫َت خ َلائِق ُه ُ ٱ�ل ْك َريم َة ُ ما أَ تَى في ٱ�لْكُت ِ‬ ‫نَسَخ ْ‬ ‫ك وقَي ْص َرا‬ ‫ٱل ْمُلو ِ‬

‫ل و َراءَه ُ‪ 66‬ع َْزم ٌ وَر َأْ يٌ‬ ‫تخ ُ ِّف لَه ُ ٱلْج ِبا ُ‬ ‫حلْم ٌ َ‬ ‫ِ‬ ‫كنْد َرا‬ ‫ٱل ِْإسْ َ‬

‫حقّرا‪67‬‬ ‫َ‬

‫سؤْدَدِه ِ‬ ‫ك ٱلمُسَ َ ّدد ُ و َٱل َ ّذي ما في ف َضائِلِه ِ و َ ُ‬ ‫يا أ ُ ّيها ٱل ْمَل ِ ُ‬ ‫م ِرا‪24/ 68‬و‪/‬‬

‫لا زِل ْتَ مَم ْدود َ ٱل ْب َقاء ِ مُظَ َ ّفرا ً حَت ّى ت َرى عيسى َ‬ ‫ٱلن ّب ِ َيّ‬ ‫مُسْتَنْص ِرا‪69.‬‬

‫‪« 64‬هر» في الهامش‪.‬‬ ‫‪ 65‬ديوان أبي تمّام‪ ٢ ،‬ص ‪ ،161‬راجع أيضا «مقدمة» تاج العروس‪ ،1 ،‬ص‪.٨٠‬‬ ‫‪ 66‬في الأصل ‪ :‬وراوه‪.‬‬ ‫‪ 6 7‬في ديوان ابن عنين‪ ،‬ص ‪ ،٧‬من قصيدة في مدح الملك العادل أبي بكر سيف الدين محمد بن أيوب‪: ‬‬ ‫حقّر»‪.‬‬ ‫«عزم ٌ ورأيٌ يحق ِر»‪ .‬وفي بعض المخطوطات ‪« :‬رأي وعزم يحق ِر» أو «عزم ٌ ورأيٌ َ‬ ‫ئله وسؤد َده ومحتده مرا‪.‬‬ ‫‪ 6 8‬في ديوان ابن عنين‪ ،‬ص ‪ : ٨‬يا أيها الملك الذي ما في فضا ‬ ‫عيسى بعيسى في الورى مستنصرا‪.‬‬ ‫‪ 6 9‬في ديوان ابن عنين‪ ،‬ص ‪ : ٨‬لا زلت ممدود َ البقا حتى ترى ‬

‫‪82‬‬

L e s d é b u t s de l a dy nast i e d e s T u rcs

Sa conduite de nos jours rivalise de beauté avec celles d’al-Ẓāhir et d’al-Nāṣir69 ; grâce à sa belle détermination, il sait ce que veut dire l’expression : « Que laisse le premier au dernier ? »

Poème70 : Entre les souverains du passé et celui-ci, en fait de mérite, il y a le même écart qu’entre les Pléiades et notre terre, N’écoutez pas ce que l’on peut raconter d’un autre souverain, car c’est lui qui s’est taillé la part du lion71, Son caractère généreux a effacé tout ce que rapportent les livres au sujet du grand Chosroès et de César, Les montagnes pèsent peu comparées à sa longanimité derrière laquelle sa détermination et son discernement déprécient ceux d’Alexandre, Ô roi, toi qui es dans le bon chemin, dont le mérite et la gloire ne font aucun doute, Puisses-tu demeurer longtemps victorieux jusqu’au jour où le prophète Jésus sera appelé à notre secours72 !

69 Il s’agit sans doute d’al-Ẓāhir Baybars I, considéré comme le véritable fondateur de la dynastie baḥrite et d’al-Nāṣir Muḥammad b. Qalāwūn sur lequel voir supra p. 61, n. 32 et p. 63, n. 36. 70 Les vers qui suivent ont été écrits par le poète Ibn ʿUnayn (Dīwān, p. 6-8) pour louer al-Malik al-ʿĀdil b. Ayyūb. Ils ont également été reproduits, dans un ordre différent, par Ibn Ḫallikān dans sa notice biographique sur al-Malik al-ʿĀdil (Wafayāt, V, p. 77). 71 Ce proverbe, mis dans la bouche du Prophète, dit littéralement : « Toute la chasse est dans le ventre de l’onagre ». Cf. al-Maydānī, Maǧmaʿ al-amṯāl, éd. Muḥammad Muḥyī l-Dīn ʿAbd al-Ḥamīd, 2 vol., Beyrouth, Maṭbaʿat al-milla l-muḥammadiyya, 1955, II, p. 136 (no 3010) ; Ibn al-Aṯīr Maǧd al-Dīn, al-Nihāya fī ġarīb al-ḥadīṯ wa l-aṯar, éd. Ṭāhir Aḥmad al-Zāwī et Maḥmūd Muḥammad al-Ṭanāḥī, 5 vol., Le Caire, Dār iḥyā’ al-kutub al-ʿarabiyya-ʿĪsā l-Bābī l-Ḥalabī, 1963-1965, I, p. 290 et III, p. 422. 72 C’est-à-dire jusqu’au retour du Messie à la fin des temps.

83

‫الباب الثاني‬

‫في المسائل الفقهي ّة‬

‫مسألة ‪ :‬انسان يصلّي على سج ّادة فلم ّا أحرم بالصلاة وأراد السجود نظر على موضع سجوده‬

‫من السج ّادة نجاسة ً فأخذ طرف السج ّادة وسجد على موضع طاهر صح ّت صلاتُه أم لا ؟‬ ‫إن أجيب بالصح ّة أو بالإبطال فهو خطأ والصواب من الجواب أن ّه إن أخذ الطرف‬

‫الطاهر من السج ّادة وغطّى‪ 70‬به النجاسة وسجد على الموض�ِع الطاهر الذي وضعه على‬ ‫الموضع النجِس لم ‪24/‬ظ‪ /‬تبط ُل صلاتُه وإن رفعه عن موضع سجوده وسجد على الطاهر‬

‫بطلت صلاته لأن ّه حمل نجاسة في صلاته فبطلت صلاته‪.71‬‬ ‫ْ‬

‫مسألة ‪ :‬جماعة صل ّوا خل َْف إما ٍم صلاة َ الصبح فقرأ الفاتحة فلحن في آخرها لحنا ً يغي ّر‬

‫المعنى فنبّهوه على ذلك بالتسبيح فلم يع ُد إلى الصواب ففارقوه وأتم ّوا لأنفسهم فهل تصِ حّ‬ ‫صلاتهم أم لا ؟‬

‫ن لحن َه إن‬ ‫إن أجيب فيها بالصح ّة أو البطلان فهو خطأ والصواب من الجواب أ ّ‬

‫ن إحرامَهم خل ْفه لم ينعقد وإن كان لحنه‬ ‫كان طبعا ً لم تصِ حّ صلاتهم وعليهم الإعادة َ فإ ّ‬

‫خطأ ً صح ّت صلاتهم‪.72‬‬ ‫‪ 70‬‬ ‫‪ 71‬‬ ‫‪ 72‬‬

‫في الأصل ‪ :‬عطى‪.‬‬ ‫الجرجاني‪ ،‬ص ‪.1٨٧‬‬ ‫الجرجاني‪ ،‬ص ‪.1٩٠‬‬

Chapitre deuxième

Des questions juridiques

Question : Un homme prie sur un tapis. Il entre en état de consécration pour sa prière et veut se prosterner, quand il aperçoit une impureté à l’endroit de sa prosternation. Il replie le bord du tapis puis se prosterne à un endroit non souillé. Sa prière est-elle valide ou non ? Si l’on répond par oui ou par non, c’est une erreur. La bonne réponse est la suivante : si cette personne a saisi le bord pur du tapis et en a couvert l’impureté avant de se prosterner sur le bord pur placé sur l’impureté, alors sa prière est valide, mais s’il déplace son tapis de l’endroit de sa prosternation avant de se prosterner sur le bord pur, sa prière est invalide, car il a transporté une impureté durant sa prière et celle-ci cesse donc d’être valide. Question : Un groupe de personnes fait la prière du matin derrière un imam. Celui-ci lit « La Liminaire (al-Fātiḥa)73 » avec une mauvaise prononciation à la fin, de sorte que le sens en est altéré. Les présents l’avertissent en disant « Gloire à Dieu » (tasbīḥ), mais il ne rectifie pas sa lecture. Ils s’en séparent74 alors et terminent leur prière tout seuls. Celle-ci est-elle valide ou non ? Ce serait une erreur de répondre par oui ou par non. La bonne réponse est la suivante : si sa mauvaise prononciation lui est naturelle, alors leur prière est invalide et ils doivent la refaire, car leur état de sacralisation (iḥrām) derrière lui ne s’est pas constitué, mais si elle a été faite par erreur, alors leur prière est valide.

73 Littéralement « [la sourate] qui ouvre », expression qui désigne la première sourate du Coran. 74 Il faut comprendre qu’ils se libèrent de sa direction de la prière.

‫ا ملسا ئل   ا لفقهيّة‬

‫ل‪ 73‬جلس في آخر صلاته للتش ُهّد فحصل له شكّ هل سهى في‬ ‫مسألة ‪25/ :‬و‪ /‬مص ّ ٍ‬

‫صلاته أم لا ؟‬

‫إن أجيب فيها بالإثبات أو النفي مطلقا ً فهو خطأ والصواب من الجواب أن ّه إن‬

‫ل عد َم الز يادة ِ وإن‬ ‫ن الأص َ‬ ‫كان شك ّه في ز يادة ٍ زادها‪ 74‬في الصلاة فلا يسج ُد للسهوِ لأ ّ‬

‫كان شك ّه في نُقصان شيء من هيئات الصلاة كالقنوت والتشهّد الأوّل يسجد للسهو‬ ‫يأت به‪.75‬‬ ‫لأصل أن ّه لم ِ‬

‫مسألة ‪ :‬رجلان دخلا مسجدا ً َ‬ ‫ن صلاتَه وقعت جماعة‬ ‫وصل ّيا واعتقد كل واحدٍ منه ُما أ ّ‬

‫مع صلاة صاحبه ثم ّ فرغا‪ 76‬وانصرفا فهل صح ّت صلاتهما لاعتقادهما ‪25/‬ظ‪ /‬أم لا ؟‬ ‫ل‬ ‫إن أجيب فيها بالإثبات أو النفي مطلقا ًفهو خطأ والصواب من الجواب إن كان ك ّ‬

‫واحدٍ منه ُما يعتقد حصول الجماعة ِ له مع صاحبه �لكونه إماما ً وصاحبه مأموما ً فصلاتهما‬

‫ل واحدٍ منه ُما يعتقد أن ّه مأموم وصاحب ُه إمام ٌ فصلاتهما باطلة‪.77‬‬ ‫صحيحة وإن كان ك ّ‬

‫ِصاب وجبت عليه فيه الزكاة ولم يجد السِنّ المفروض‬ ‫ٌ‬ ‫ن له من الإبل ن‬ ‫مسألة ‪ :‬إنسا ٌ‬

‫عليه فهل يجوز له أن يصعد َ إلى سنّ أعلى منه و يأخذ ال�جُبران أو إلى سنّ أنزل منه‬ ‫و يعطي ال�جُبران أم لا ؟‬ ‫‪ 73‬‬ ‫‪ 74‬‬ ‫‪ 75‬‬ ‫‪ 76‬‬ ‫‪ 77‬‬

‫في الأصل ‪ :‬مصلى‪.‬‬ ‫«ها» في الهامش‪.‬‬ ‫الجرجاني‪ ،‬ص ‪.1٩٥‬‬ ‫في الأصل‪ : ‬فرعا‪.‬‬ ‫الجرجاني‪ ،‬ص ‪.1٩٨‬‬

‫‪86‬‬

D e s q u e st i o ns ju ri d i q u e s

Question : Un homme en prière s’assied à la fin de sa prière pour prononcer la profession de foi (tašahhud), mais il est soudain pris par un doute : a-t-il été distrait durant sa prière ou pas ? Ce serait une erreur de répondre catégoriquement par oui ou par non. La bonne réponse est la suivante : si son doute porte sur un ajout qu’il aurait fait durant sa prière, il n’a pas besoin de faire la prosternation de l’oubli, car cet ajout n’existe pas dans la prière canonique, mais si son doute porte sur le rituel de la prière, tel le manque de profond recueillement (qunūt)75 ou l’omission de la première profession de foi (tašahhud), il doit faire la prosternation de l’oubli76. Question : Deux hommes entrent dans une mosquée et prient. Chacun croit que sa prière est une prière collective77 en raison de la prière de son compagnon. Ils terminent et s’en vont. Leur conviction rend-elle leur prière valide [en tant que prière collective] ? Ce serait une erreur de répondre catégoriquement par oui ou par non. La bonne réponse est la suivante : si chacun d’entre eux croit avoir accompli avec son compagnon la prière collective en étant lui-même l’imam et l’autre celui qui prie derrière lui, alors leur prière est valide, mais si chacun pense qu’il est celui qui est conduit et que son compagnon est l’imam, alors leur prière est invalide78. Question : Un homme possède le nombre minimum (nisāb) de chameaux qui l’oblige à payer l’aumône légale (zakāt) et il ne trouve pas de chameau ayant l’âge requis. Peut-il remettre des chameaux plus âgés et recevoir l’ajustement (ğubrān) ou des chameaux moins âgés et donner ou pas l’ajustement79 ?

75 Terme religieux employé avec différents sens. Cf. EI2, « Ḳunūt » (Arent J. Wensinck). 76 Autre lecture proposée : si son doute porte sur les parties superfétatoires de la prière, alors il n’a pas besoin de faire la prosternation de l’oubli, car celles-ci ne font pas partie du fondement de la prière. Si son doute porte sur les attitudes et les formules (hay’āt) de la prière, telles que le manque de profond recueillement (qunūt) ou l’omission de la première profession de foi (tašahhud), alors il doit faire la prosternation de l’oubli. Sur la prière en Islam, voir Marion Holmes Katz, Prayer in Islamic Theory and Practice, Cambridge, Cambridge University Press, 2013. 77 C’est-à-dire la prière du vendredi midi. 78 La récompense liée à la prière en communauté est en effet supérieure à celle obtenue par la prière individuelle. « La prière qu’un homme fait dans l’assemblée vaut vingt-cinq fois sa prière dans sa maison ou dans le marché » dit un hadith (al-Buḫārī, al-Ǧāmiʿ al-ṣaḥīḥ, éd. Muḥibb al-Dīn al-Ḫaṭīb, Muḥammad Fu’ād ʿAbd al-Bāqī et Quṣayy Muḥibb al-Dīn al-Ḫaṭīb, Le Caire, al-Maṭbaʿa l-salafiyya, 1400/1979, « Aḏān », bāb 30 et 31, et « Ṣalāt », bāb 87 ; Muslim b. al-Ḥaǧǧāǧ, Ṣaḥīḥ Muslim, éd. Muḥammad Fu’ād ʿAbd al-Bāqī, Le Caire, Dār iḥyā’ al-kutub al-ʿarabiyya-ʿĪsā Bābī l-Ḥalabī, 1412/1991, « Masāǧid », no 245-248). Cf. EI2, « Ṣalāt » (Guy Monnot). 79 Le nombre minimum de chameaux obligeant leur propriétaire à payer l’aumône légale (zakāt) est généralement fixé à cinq. La zakāt doit normalement être acquittée avec des animaux adultes et en bonne santé. Il est généralement admis que l’âge élevé augmente la valeur des animaux. S’il ne peut fournir les bêtes dont il est redevable, le propriétaire de chameaux peut payer (ou recevoir si la valeur des chameaux qu’il remet est jugée supérieure à ce qu’il doit) un « ajustement » en monnaie ou en autres bêtes. Cf. EI2, « Zakāt » (Aron Zysow).

87

‫ا ملسا ئل   ا لفقهيّة‬

‫إن ُأجيب فيها بالإثبات أو النفي مطلقا ً فهو خطأ ‪26/‬و‪ /‬والصواب من الجواب أن ّه‬

‫صحاحا ً فيجوز له الصعود وأخذ ال�جبران وإن كانت كل ّها م ِراضا ً فيجوز له‬ ‫إن كانت إبلُه ِ‬ ‫ض من أماثل إبله لا أشدّها عيبا ً ودفع ال�جبران ولا يجوز له الصعود وأخذ‬ ‫ل لمر ي ٍ‬ ‫الن ُزو ُ‬

‫ال�جبران لأن ّه مُضِرّ بالفقراء‪.78‬‬

‫ل كثير وخل ّفت زوجا ًوابنا ًمنه وو َجبت‬ ‫مسألة ‪ :‬امرأة ماتت في شهر رمضان ولها ما ٌ‬

‫عليهما زكاة ُ الفطر فأخرج الأب من ماله زكاة‪ 79‬الفطر عنه وعن ولده فهل يجوز إخراج ُه‬

‫عن ولده مع كونه غني ّا ً أم لا ؟‬

‫إن ُأجيب فيها بالإثبات‪ 80‬أو النفي مطلقا ً فهو خطأ والصواب من الجواب ‪26/‬ظ‪/‬‬

‫أن ّه إن كان صغيرا ً جاز وإن كان كبيرا ً رشيدا ً لم يج ُز لاشتراط ني ّته‪.81‬‬

‫ن وجَب عليه الصوم ُ بح ُكم النذْر فمرِض فأفطر هل يلزَم ُه قضاؤه أم لا ؟‬ ‫مسألة ‪ :‬إنسا ٌ‬ ‫إن ُأجيب فيها بالإثبات أو النفي مطلقا ً فهو خطأ والصواب من الجواب إن كان‬

‫نذْره صوم الدهر فلا يجب القضاء لتعذّره وإن كان غيره فيلزمه القضاء‪.82‬‬

‫‪ 78‬‬ ‫‪ 79‬‬ ‫‪ 80‬‬ ‫‪ 81‬‬ ‫‪ 82‬‬

‫الجرجاني‪ ،‬ص ‪.٢16-٢1٥‬‬ ‫«ة» في الهامش‪.‬‬ ‫«ت» في الهامش‪.‬‬ ‫الجرجاني‪ ،‬ص ‪.٢٣٢‬‬ ‫الجرجاني‪ ،‬ص ‪.٢٤٩‬‬

‫‪88‬‬

D e s q u e st i o ns ju ri d i q u e s

Ce serait une erreur de répondre catégoriquement par oui ou par non. La bonne réponse est la suivante : si ses chameaux sont en bonne santé, il peut en donner de plus âgés et recevoir l’ajustement. S’ils sont tous en mauvaise santé, il peut donner un chameau moins âgé, parmi les mieux portants – mais pas le plus malade – et payer l’ajustement. Il ne peut, en revanche, en donner de plus âgé et recevoir l’ajustement, car ce serait nuire aux pauvres. Question : Une femme qui a beaucoup de biens meurt durant le mois de ramaḍān en laissant un mari et un fils de ce mari. Ils doivent payer l’aumône de la rupture du jeûne (zakāt al-Fiṭr)80. Le père la paie avec son argent pour lui-même et pour son fils. A-t-il le droit de payer pour son fils alors que celui-ci est riche ? Ce serait une erreur de répondre catégoriquement par oui ou par non. La bonne réponse est la suivante : si [son fils] est encore enfant, il est autorisé à le faire. S’il est grand et responsable, il n’est pas autorisé à le faire, car l’intention formulée par le fils est une des conditions nécessaires [pour que l'aumône soit valide]. Question : Une personne doit jeûner suite à un vœu et tombe malade. Elle rompt le jeûne. Doit-elle rattraper ou non son jeûne ? Ce serait une erreur de répondre catégoriquement par oui ou par non. La bonne réponse est la suivante : si son vœu est celui d’un jeûne perpétuel, elle n’est pas obligée de le rattraper parce que ce serait impossible81, mais si c’est un autre jeûne, elle doit le rattraper.

80 Cette aumône est due par tout musulman à la fin du jeûne de ramaḍān. Pour les hanafites et les chiites duodécimains, elle est également due par les non-musulmans vivant sous autorité musulmane. Le montant versé purifie le payeur de son éventuelle mauvaise conduite durant le jeûne et évite au pauvre d’avoir à mendier sa nourriture pour la fête qui marque la fin du jeûne (ʿĪd al-Fiṭr). Cf. EI2, « Zakāt » (Aron Zysow). 81 Le jeûne perpétuel était le plus souvent condamné par l’orthodoxie musulmane qui le rangeait parmi les excès de l’ascétisme. D’autre part, des passages du Musnad d’Ibn Ḥanbal définissent le jeûne perpétuel comme le jeûne du ramaḍān plus six jours du mois de šawwāl, ou plus trois jours dans n’importe quel autre mois. Cf. Ulrich Haarmann, « Regional Sentiment in Medieval Islamic Egypt », Bulletin of the School of Oriental and African Studies, 43/1 (1980), p. 55-66 (notamment p. 64, n. 104) et EI2, « Shawwāl » (Arent J. Wensinck).

89

‫ا ملسا ئل   ا لفقهيّة‬

‫ج من المعت َكف‬ ‫مسألة ‪ :‬رجل معتكف طُلب لأدآء شهادة ٍ هل يجوز له أن يخر َ‬

‫لأدائها أم لا ؟‬

‫ُ‬ ‫َ‬ ‫إن أجيب فيها بالإثبات أو النفي مطلقا ً فهو خطأ والصواب أن ّه إن كان تحمل ّها ابتداء ً‬

‫تعيّن عليه فيجوز أن ‪27/‬و‪ /‬يخرج لأدائها وإن كان تحمّلها ما تعيّن عليه فلا يجوز له أن‬ ‫يخرج لأدائها لأن ّه هو الذي أدخل نفسه فيها باختياره‪.83‬‬

‫مسألة ‪ :‬رجل أراد أن ُيحرِم َ بالحجّ هل يجوز له أن يق ّدم َ الإحرام‪ 84‬على الميقات‬

‫المعيّن له أم لا ؟‬

‫إن ُأجيب فيها بالإثبات‪ 85‬أو النفي مطلقا ً فهو خطأ والصواب من الجواب أن ّه إن‬

‫كان قدّمه على الميقات الزماني لا يجوز وإن قدّمه على الميقات المكاني فيجوز‪.86‬‬

‫مسألة ‪ :‬إذا قطع المُحرم شعره لدفع الأذى فهل يجب عليه ضمانُه بالفدية أم لا ؟‬ ‫إن ُأجيب فيها بالإثبات‪ 87‬أو النفي مطلقا ً فهو خطأ والصواب من الجواب‪27/‬ظ‪/‬‬

‫أن ّه إن كان الأذى من الشعر بأن نزل إلى عينيه فلا ضمان عليه وإن كان الأذى من‬

‫‪ 83‬‬ ‫‪ 84‬‬ ‫‪ 85‬‬ ‫‪ 86‬‬ ‫‪ 87‬‬

‫الجرجاني‪ ،‬ص ‪.٢٥٩‬‬ ‫«م» في الهامش‪.‬‬ ‫«ت» في الهامش‪.‬‬ ‫الجرجاني‪ ،‬ص ‪.٢6٤-٢6٣‬‬ ‫«ت» في الهامش‪.‬‬

‫‪90‬‬

D e s q u e st i o ns ju ri d i q u e s

Question : Un homme qui fait retraite est appelé à témoigner. Peut-il quitter sa retraite pour témoigner ? Ce serait une erreur de répondre catégoriquement par oui ou par non. La bonne réponse est la suivante : s’il a été désigné dès le départ pour témoigner, il est autorisé à sortir de sa réclusion pour s’en acquitter, mais s’il n’a pas été désigné pour témoigner il ne doit pas en sortir, car, dans ce cas, son engagement à témoigner relèverait de sa propre initiative. Question : Un homme souhaite entrer dans l’état de consécration lié au pèlerinage. Est-ce qu’il peut avancer cet état de consécration (iḥrām) par rapport au moment et au lieu (mīqāt) qui lui sont prescrits ou pas82 ? Ce serait une erreur de répondre catégoriquement par oui ou par non. La bonne réponse est la suivante : il n’est pas autorisé à l’avancer quant au moment, mais il peut l’avancer quant au lieu. Question : Si un homme en état de consécration se coupe les cheveux pour se débarrasser d’une nuisance, est-il redevable d’une compensation ou pas ? Ce serait une erreur de répondre catégoriquement par oui ou par non. La bonne réponse est la suivante : si le dommage est causé par les cheveux eux-mêmes qui lui tombent sur les yeux, il n’est redevable d’aucune compensation. Si le dommage

82 Le terme d’iḥrām désigne l’état de consécration temporaire de celui qui accomplit le pèlerinage à La Mecque. Cet état s’accompagne de rites qui doivent être accomplis à une période et en des lieux précis. Pour le grand pèlerinage, qui se déroule entre le 8 et le 12 ḏū l-ḥiğğa, dernier mois du calendrier de l’hégire, il faut entrer en principe dans l’état de consécration durant les deux mois précédents ou au début de ḏū l-ḥiğğa. Les lieux sont définis en fonction des régions d’où vient le pèlerin. Cf. EI2, « Iḥrām » (Arent J. Wensinck [ Jacques Jomier]).

91

‫ا ملسا ئل   ا لفقهيّة‬

‫ل فأزال الشعر ليزول القمل فيجب عليه الضمان لنسبة‬ ‫غير الشعر بأن كان في رأسه قم ٌ‬

‫الأذى لغير الشعر‪.88‬‬

‫محرم معه كلب فأرسله على صيد فأصابه هل يجب عليه ضمانُه أم لا ؟‬ ‫مسألة ‪ُ :‬‬ ‫ن الكلب‬ ‫إن ُأجيب فيها بالإثبات أو النفي مطلقا ً فهو خطأ والصواب من الجواب أ ّ‬

‫إن [كان] َ‬ ‫معل ّما ً و َجب عليه الضمان وإن كان غير َ م ُعلّم ٍ فلا ضمان عليه إذ فعل غير المعل ّم‬ ‫لا يُنسَب إلى م ُرسِله‪.89‬‬

‫ل محرم ٌ رمى بسهمه ‪28/‬و‪ /‬إلى صيدٍ فأصابه فسقط الصيد المَرمي على صيد‬ ‫مسألة ‪ :‬رج ٌ‬

‫آخَر َ فماتا‪ 90‬كِلاهما فهل يجب على الرامي ضمانُهما أم يجب عليه ضمان الأوّل دون الثاني ؟‬ ‫ن الصيد‬ ‫إن ُأجيب فيها بالإثبات أو النفي مطلقا ً فهو خطأ والصواب من الجواب أ ّ‬

‫الأوّل المَرمي بالسهم إن تحامل بعد الرمي ومشى قليلا ً ثم ّ وقع على الآخر وجب عليه‬

‫ل وجب‬ ‫ضمان الأوّل دون الثاني وإن وقع عليه بحِدّة السهم وشدّة الرمي من غير تحام ٍ‬

‫عليه ضمانهما لنسبتهما إليه‪.91‬‬

‫‪ 88‬‬ ‫‪ 89‬‬ ‫‪ 90‬‬ ‫‪ 91‬‬

‫الجرجاني‪ ،‬ص ‪.٢٧٢-٢٧1‬‬ ‫الجرجاني‪ ،‬ص ‪.٢٧٨‬‬ ‫كذا في الأصل والصواب‪ : ‬فمات‪.‬‬ ‫الجرجاني‪ ،‬ص ‪.٢٨٠‬‬

‫‪92‬‬

D e s q u e st i o ns ju ri d i q u e s

n’est pas dû aux cheveux, mais causé par les poux qu’il a sur la tête et qu’en coupant ses cheveux, il se débarrasserait de ses poux, alors il est redevable d’une compensation, car la nuisance n’est pas liée aux cheveux83. Question : Un homme en état de consécration est accompagné d’un chien ; il le lance sur un gibier qu’il atteint. Est-il redevable d’une compensation ou non ? Ce serait une erreur de répondre catégoriquement par oui ou par non. La bonne réponse est la suivante : si le chien est dressé, alors il est redevable d’une compensation. S’il n’est pas dressé il n’est pas redevable, car l’action du chien non dressé ne peut pas être imputée à celui qui le lance. Question : Un homme en état de consécration vise et atteint un gibier de sa flèche. Celui-ci tombe sur un deuxième et tous deux meurent. Celui qui a lancé la flèche est-il redevable d’une compensation pour les deux ou pour le premier seulement à l’exclusion du second ? Ce serait une erreur de répondre catégoriquement par oui ou par non. La bonne réponse est la suivante : si le premier gibier touché par la flèche a pu se traîner et avancer un peu avant de tomber sur le deuxième, l’homme ne sera redevable que du premier, mais si le premier gibier à cause du tranchant de la flèche et de la force du lancer est tombé sur le second sans avoir pu se traîner, l’homme sera redevable des deux, car il est à l’origine [de la mort] des deux.

83 L’état de consécration implique l’interdiction d’accomplir certains actes dont celui de se raser ou de se couper les cheveux. C’est à la fin du pèlerinage, après le sacrifice, qu’on se fait raccourcir les cheveux. Il est également interdit de chasser et de tuer qui ou quoi que ce soit, y compris des poux. Cf. EI2, « Ḥadjdj » (Arent J. Wensinck [ Jacques Jomier, Bernard Lewis]).

93

‫ا ملسا ئل   ا لفقهيّة‬

‫ل له عبد مملوك محرم فباعه فاشتراه إنسان‪ 92‬آخر ولم يعلَم أن ّه محرم ٌ فهل‬ ‫مسألة ‪ :‬رج ٌ‬

‫يثب ُتُ للمشتري ‪28/‬ظ‪ /‬الخيار أم لا ؟‬

‫ن إحرام‬ ‫إن ُأجيب فيها بالإثبات أو النفي مطلقا ً فهو خطأ والصواب من الجواب أ ّ‬

‫العبد إن كان بإذن مولاه ُ البائع فيثبت خيار الفسخ للمشتري إذ لا يقدر على تحليله‬ ‫وإن كان إحرامه بغير إذن مولاه فلا خيار له إذ يمكن تحليلُه‪.93‬‬

‫مسألة ‪ :‬أجير است ُؤجر ليَح َُجّ عن غيره أو ليعتمِر فحجّ فال ُأجرة لا يستحقّها لمخالفته‬

‫ك الذي أتى به من الحجّ أو العمرة هل يق َ ُع عنه أو عن من نوى له ؟‬ ‫س َ‬ ‫و�لكن الن ُ ْ‬

‫ن الإجارة َ‬ ‫إن ُأجيب فيها بالإثبات أو النفي مطلقا ًفهو خطأ والصواب من الجواب أ ّ‬

‫إن كانت عن ح ٍيّ فلا ‪29/‬و‪ /‬يق َ ُع المأتي به عنه لعدم إذنه فيه وهو شرط و يقع عن‬

‫ن إذن المي ّت ليس شرطًا‬ ‫الأجير وإن كان ذلك عن مي ٍّت فيقع عنه دون الأجير فإ ّ‬ ‫ولهذا لو حج ّ عن المي ّت تب ُر ّعا ً منه صح ّ وسقط به الحجّ الذي كان واجبا ً على المي ّت‪.94‬‬

‫ل بعد القبض ثم ّ‬ ‫مسألة ‪ :‬رجل اشترى حيوانا ً حائلا ً لا حب َل به ثم ّ تجدّد به حب َ ٌ‬

‫عيب قديم بعد الوِلادة ولم يتجدّد له عند المشتري عيب فهل يجوز له أن‬ ‫ٍ‬ ‫اطّ لع به على‬ ‫ير َدّه على البائع‪ 95‬بالعيب القديم أم لا ؟‬

‫‪ 92‬‬ ‫‪ 93‬‬ ‫‪ 94‬‬ ‫‪ 95‬‬

‫«ن» في الهامش‪.‬‬ ‫الجرجاني‪ ،‬ص ‪.٢٨٤‬‬ ‫‪ 37‬الجرجاني‪ ،‬ص ‪.٢٩٠‬‬ ‫«ئع» في الهامش‪.‬‬

‫‪94‬‬

D e s q u e st i o ns ju ri d i q u e s

Question : Un homme possède un esclave mamelouk en état de consécration. Il le vend à un acheteur qui ne sait pas qu’il est en état de consécration. L’acheteur a-t-il ou non le choix [de résilier le contrat] ? Ce serait une erreur de répondre catégoriquement par oui ou par non. La bonne réponse est la suivante : si l’état de consécration de l’esclave s’est fait avec l’autorisation de son maître vendeur, l’acheteur peut choisir de résilier son contrat, car il ne peut retirer à son esclave l’état de consécration, mais si son état de consécration s’est fait sans l’autorisation de son maître, l’acheteur ne peut choisir la résiliation, car il peut défaire l’état de consécration de son esclave. Question : Une personne loue les services d’un homme pour effectuer le pèlerinage ou la ʿumra84 à la place d’une tierce personne. Ce dernier fait le pèlerinage, mais n’obtient pas son salaire parce qu’il a enfreint le contrat. Est-ce que l’action méritoire acquise par le pèlerinage ou la ʿumra lui revient ou revient à celui qui l’a envoyé ? Ce serait une erreur de répondre catégoriquement par oui ou par non. La bonne réponse est la suivante : s’il a été envoyé pour le compte d’un homme en vie, celui-ci n’acquiert pas l’acte méritoire, car il n’a pas donné son autorisation85, ce qui est une condition ; l’acte méritoire revient donc à l’homme dont on a loué les services. Si l’action a été accomplie pour un mort, alors le mérite en revient au mort et non à l’homme dont on a loué les services, car l’autorisation du mort n’est pas une condition ; ainsi si cet homme avait été envoyé pour accomplir le pèlerinage pour le compte d’un défunt, sans contrepartie, cela aurait été valide et le pèlerinage qui incombait au mort acquitté. Question : Un homme achète une femelle (ḥayawān86) qui n’est pas pleine. Elle se retrouve grosse après qu’il en eut pris possession. Après la naissance, l’acheteur s’aperçoit d’un ancien défaut alors qu’aucun autre défaut ne s’est déclaré depuis l’achat. A-t-il le droit ou non de la rendre au vendeur à cause de son ancien défaut ?

84 ῾Umra est le terme qui désigne le « petit pèlerinage » vers La Mecque, acte de piété individuel qui, contrairement au grand pèlerinage (ḥağğ), peut être accompli à n’importe quel moment de l’année. Cf. EI2, « ῾Umra » (Rudit Paret [Éric Chaumont]). 85 L’autorisation d’accomplir le pèlerinage à sa place n’existe plus parce que le contrat a été rompu. 86 Le terme ḥayawān (animal) est employé parce qu’en droit musulman, l’esclave est considéré, lui aussi, comme un bien vivant.

95

‫ا ملسا ئل   ا لفقهيّة‬

‫إن ُأجيب فيها بالإثبات أو النفي مطلقا ً فهو خطأ والصواب من الجواب ‪29/‬ظ‪/‬‬

‫ن الحيوان المشترى إن كان بهيمة ً فيجوز له الردّ وإن كان جار ية ً لا يجوز له الردّ لحُرمة‬ ‫أ ّ‬ ‫التفر يق بين الأمّ وولدها قبل سبع سنين ويتعيَ ّن حقّه في الأَ رش لتعذّر الردّ شرعا ً‪.96‬‬

‫مسألة ‪ :‬رجل أقام البي ّنة العادلة بإفلاسه بعد تقدّم الدعوى فهل لمن له الدَين عليه‬

‫ل له في الباطن أم لا ؟‬ ‫أن يُحل ّفه أن ّه لا ما َ‬

‫إن ُأجيب بالإثبات أو النفي مطلقا ً فهو خطأ والصواب من الجواب أن ّه إن كان‬

‫أقام البي ّنة على تلَف ماله لم يكن له تحليف ُه لما فيه من تكذيب الشهود وإن أقام البي ّنة َ أن ّه‬ ‫ل له فيكون واجب ُه أو مستحب ّه ‪30/‬و‪ /‬على وجه‪.97‬‬ ‫لا ما َ‬

‫ض معلو ٍم وبيّن مقدار المسِيل‬ ‫ض ماء ٍ في م ِ�لكه بع ِو ٍ‬ ‫مسألة ‪ :‬رجل صالح رجلا ًعلى أر ٍ‬

‫ولم يبيِّن قدر الماء الذي في المسيل فهل يصِ حّ الصُلح أم لا ؟‬

‫إن ُأجيب فيها بالإثبات أو النفي مطلقا ً فهو خطأ والصواب من الجواب‪ 98‬إن كان‬

‫المسيل على الأرض صح ّ وإن كان‪ 99‬على السطح لم يصحّ ‪.100‬‬

‫‪ 96‬الجرجاني‪ ،‬ص ‪.٣٢٤-٣٢٣‬‬ ‫‪ 97‬الجرجاني‪ ،‬ص ‪.٣٢6‬‬ ‫‪« 98‬ب» في الهامش‪.‬‬ ‫‪« 99‬ن» في الهامش‪.‬‬ ‫‪ 100‬الجرجاني‪ ،‬ص ‪.٣٨1‬‬

‫‪96‬‬

D e s q u e st i o ns ju ri d i q u e s

Ce serait une erreur de répondre catégoriquement par oui ou par non. La bonne réponse est la suivante : si la femelle achetée est un animal il peut la rendre, mais si c’est une esclave il n’en a pas le droit, car il est illicite de séparer la mère de son enfant avant l’âge de sept ans. Dans ce cas il lui revient un droit de dédommagement parce que la restitution est légalement impossible. Question : Un homme apporte la juste preuve attestant de sa faillite lors d’un procès. Son créancier peut-il ou non lui faire prêter serment qu’il ne possède pas d’argent caché ? Ce serait une erreur de répondre catégoriquement par oui ou par non. La bonne réponse est la suivante : s’il a apporté la preuve qu’il a perdu tous ses biens, le débiteur n’a pas le droit de lui faire prêter serment, car ce serait dire que les témoins ont menti87. S’il a apporté la preuve qu’il n’a pas d’argent, alors le serment est, selon qu’il s’agit du débiteur ou du créancier, un devoir ou une recommandation. Question : Un homme conclut un accord à propos d’une terre irriguée qu’il possède en échange d’une compensation déterminée. Il établit les dimensions du lit du cours d’eau, mais pas de son débit. Cet accord est-il valable ou non ? Ce serait une erreur de répondre catégoriquement par oui ou par non. La bonne réponse est la suivante : si le lit du cours d’eau est naturel, l’accord est valide et s’il est aménagé88, il ne l’est pas.

87 Dans le cadre juridique musulman toute preuve doit être attestée par au moins deux témoins. 88 Littéralement : s’il coule sur une surface plane.

97

‫مسألة ‪ :‬عبدٌ كاتب‬

‫مولاه‪101‬‬

‫تجوز الحَوالة عليه أم لا ؟‬

‫ا ملسا ئل   ا لفقهيّة‬

‫ثم ّ بعد الكتابة صار يَبيع ويشتري فاشترى سِلعة ً فهل‬

‫إن ُأجيب فيها بالإثبات أو النفي مطلقا ً فهو خطأ والصواب من الجواب إن كان‬

‫المكاتب قد اشتراها ‪30/‬ظ‪ /‬من أجنبي جازت الحوالة وإن كان قد‬ ‫مولاه لم يج ُز‪.103‬‬

‫اشتراها‪102‬‬

‫من‬

‫ل حِنطة وأكلها فيماذا‪ 104‬يضمنُها بالمِثل أو بالقيمة ؟‬ ‫مسألة ‪ :‬رج ٌ‬ ‫ل غصب من رج ٍ‬ ‫إن ُأجيب فيها بأحدهما مطلقا ً فهو خطأ والصواب من الجواب أن ّه إن أكلها على‬

‫جهتها حِنطة ضمنها بالمثل وإن طحنها وأكلها ضمنها بالقيمة أكثر َ ما كانت من وقت‬ ‫ق من ذوات القيم‪.105‬‬ ‫ن الدقي َ‬ ‫طحنها إلى أن أكلها فإ ّ‬

‫ِقص فهل تثب ُت فيه الش ُفعة أم لا ؟‬ ‫مسألة ‪ :‬زقاق أو دهليز مشتر َك ُأبيع منه ش ٌ‬ ‫إن ُأجيب فيها بالإثبات أو النفي مطلقا ً فهو‬

‫خطأ‪106‬‬

‫‪« 101‬ه» في الهامش‪.‬‬ ‫‪« 102‬ها» في الهامش‪.‬‬ ‫‪ 103‬الجرجاني‪ ،‬ص ‪.٣٨٩‬‬ ‫‪ 104‬كذا في الأصل والصواب ‪ :‬بماذا‪.‬‬ ‫‪ 105‬الجرجاني‪ ،‬ص ‪.٤٣٨‬‬ ‫‪ 1 06‬في الأصل ورقة مفقودة بعد « فهو خطأ» ‪ ،‬فالجواب علی هذه المسألة مقتبس من الجرجاني‪ ،‬ص‬ ‫‪.٤٥٢-٤٥1‬‬

‫‪98‬‬

D e s q u e st i o ns ju ri d i q u e s

Question : Après avoir conclu un affranchissement contractuel89 avec son maître, un esclave se met à commercer. Il achète une marchandise. Peut-il endosser la traite ou pas ? Ce serait une erreur de répondre catégoriquement par oui ou par non. La bonne réponse est la suivante : si l’esclave contractant a acheté la marchandise à un étranger il peut l’endosser. S’il l’a achetée à son maître il ne peut l’endosser. Question : Un homme usurpe du blé à un autre homme et le mange. Est-il redevable d’une compensation selon le principe du même au même ou selon la valeur ? Ce serait une erreur de répondre catégoriquement par oui ou par non. La bonne réponse est la suivante : s’il l’a mangé sous forme de blé, il est redevable d’une compensation selon le principe du même au même, mais s’il l’a moulu avant de le manger, il est redevable d’une compensation selon sa valeur acquise depuis le moment où il l’a moulu jusqu’au moment où il l’a mangé, car la farine fait partie des choses dont la compensation est acquittée selon la valeur. Question : Une partie d’une allée ou d’un vestibule en commun est vendue. Est-ce que le droit de préemption s’applique ou pas90 ? Ce serait une erreur de répondre catégoriquement par oui ou par non.

89 L’affranchissement contractuel (kitāba ou mukātaba) recommandé par le Coran (XXIV, 33) consiste pour le maître à octroyer à l’esclave sa liberté moyennant le versement d’une somme convenue entre eux. Afin de pouvoir payer son dû, l’esclave est autorisé à commercer. Cf. EI2, « ʿAbd » (Robert Brunschvig) ; Ramon Harvey, « Slavery, Indenture, and Freedom : exegesis of the ‘mukātaba Verse’ (Q. 24 :33) in Early Islam », Journal of Qur’anic Studies, 21/2 (2019), p. 68-107. 90 Sur le droit de préemption dans le droit musulman, cf. EI2, « Shufʿa » (Mawil Y. Izzi Dien).

99

‫ا ملسا ئل   ا لفقهيّة‬

‫[فإن كان بحيث إذا ق ُسم لم ينتفع كل واحد من الشركاء بما يحصل له منه فلا‬

‫شفعة وإن كان بحيث ينتفع به بعد القسمة وكان للمشتري طر يق غيره ثبت فيه الشفعة‬ ‫وإن لم يكن له طر يق غيره ففيه ثلاثة أوجه‪:‬‬

‫أحدها‪ :‬لا شفعة فيه لما فيه من الضرر على المشتري فلا يزال ضرر الشفيع بضرره‪.‬‬ ‫والثاني‪ :‬فيه الشفعة ولا يُمنع المشتري من الاستطراق فيزال الضرران‪.‬‬ ‫ن المشتري‬ ‫والثالث‪ :‬تثبت فيه الشفعة ويمنع المشتري من الاستطراق وهو الأصح ّ لأ ّ‬

‫دخل فيه على بصيرة]‪.‬‬ ‫[مسألة]‬

‫[إذا طلق الزوجة في بيته وأفلس قُدّمت المرأة بسكناها على سائر الغرماء لتعلق حقها‬

‫بعينه كالمرهون وهل للحاكم بيعه في عدّتها ؟‬

‫إن ُأجيب فيها بالإثبات أو النفي مطلقا ً فهو‬

‫خطأ]‪107‬‬

‫‪31/‬و‪ /‬والصواب من الجواب أنّها إن كانت معتدّة بالحمل أو بالإقراء لا يجوز ذلك‬

‫لجَهالة المدّة المستحَقّ فيها السكنى وإن كان عدّتها‪ 108‬بالأشه ُر فيجوز ذلك على أحد القوليَ ْن‬ ‫كالدار المستأجرة في مدّة الإجارة‪.‬‬

‫‪ 107‬المسألة مقتبسة من الجرجاني‪ ،‬ص ‪.٧٠1‬‬ ‫‪« 108‬تها» في الهامش‪.‬‬

‫‪1 00‬‬

D e s q u e st i o ns ju ri d i q u e s

[La bonne réponse est la suivante : si tous les associés n’en tirent pas profit, point de préemption ; dans le cas contraire et si l’acheteur dispose d’un autre passage, il y a préemption, mais s’il n’en dispose pas, trois cas de figure se présentent : 1 - nulle préemption, car elle serait dommageable à l’acquéreur, et [dans ce cas], le dommage subi par celui qui demande la préemption ne peut être supprimé par un dommage [imposé] à l’acheteur. 2 - il y a préemption si l’acquéreur n’est pas interdit de passage ; [dans ce cas], aucun n’est lésé. 3 - il y a préemption et le passage est interdit à l’acquéreur, car il l’a acheté en connaissance de cause, et c’est la réponse la plus adéquate]91. [Question : Si un homme répudie son épouse et se ruine, alors qu’elle est encore dans sa demeure, la femme aura la priorité sur tous les créanciers, du fait que ses droits sont attachés à la demeure elle-même92, tel un objet mis en gage ; les autorités peuvent-elles mettre en vente la maison pendant sa période de viduité ? Ce serait une erreur de répondre catégoriquement par oui ou par non.] La bonne réponse est la suivante : si sa période de viduité93 est calculée selon la grossesse ou selon les menstruations, cela n’est pas permis, car on ignore la durée de son droit d’y séjourner. Si sa période de viduité a été comptée en mois, cela est permis, conformément à l’une des deux réponses [d’al-Šāfīʿī], comme dans le cas [de la vente] d’une maison qui est louée pour une durée déterminée94.

91 Le manuscrit présente ici une lacune qui est confirmée par l’observation codicologique (des feuillets indépendants ont été rassemblés dans un onglet) et par le contenu même du texte, la réponse qui commence au début de folio 31ro n’ayant aucun rapport avec la question posée. Nous avons cru bon de restituer entre crochets le texte de la réponse et celui de la question suivante à partir de l’ouvrage d’al-Ǧurǧānī, p. 451-452 et 701. 92 Et non à sa valeur. 93 Le terme de ῾idda désigne la période de viduité ou délai imposé à la femme divorcée ou veuve avant qu’elle puisse se remarier. Cette période est calculée soit en mois et jours (Coran, II, 234 : 4 mois et 10 jours) pour la veuve ou la répudiée n’ayant plus ou pas de règles, soit sur la survenance de trois menstruations (iqrā’) pour les divorcées (Coran, II, 228). Pour la femme enceinte, c’est l’accouchement qui marque la fin de la ʿidda. Cf. EI2, « ʿIdda » (Y. Linant de Bellefonds). Cf. al-Nawawī, Rawḍat al-ṭālibīn, éd. ʿĀdil Aḥmad ʿAbd al-Mawǧūd et ʿAlī Muḥammad Muʿawwaḍ, Riyad, Dār ʿālam al-kutub, 1423/2003, VI, p. 360-361. 94 Dans le droit chafiite, deux cas de figure sont envisagés pour ce qui concerne les droits de la femme répudiée, lorsque sa période de viduité est calculée en mois et jours : si elle habite dans une autre maison qui lui appartient ou qui est louée, elle ne peut regagner le domicile conjugal ; si elle cohabite avec un autre homme, elle ne peut davantage y retourner, mais une pension lui est due pour la période précédant cette cohabitation. Cf. al-Ğurğānī, p. 701-702 et al-Šāfiʿī, Kitāb al-Umm, éd. Rifʿat Fawzī ʿAbd al-Muṭṭalib, al-Manṣūra, Dār al-wafā’, 1422/2001, VI, p. 601 sq.

101

‫ا ملسا ئل   ا لفقهيّة‬

‫ل اشترى جار ية ولم يَطأْ ها وأراد أن يز ّوجَها قبل أن يستبرأَ ها هل يجوز‬ ‫مسألة ‪ :‬رج ٌ‬

‫له ذلك أم لا؟‬

‫إن ُأجيب فيها بالإثبات أو النفي مطلقا ًفهو خطأ والصواب من الجواب أن ّه إن كان‬

‫جها‬ ‫قد اشتراها من امرأة أو من ولي صغير أو ممن استبرأها ثم ّ باعها فيجوز له أن يزو َ ّ‬

‫ل لم يستبرأها قبل المَبيع فلا يجوز‪.109‬‬ ‫‪31/‬ظ‪ /‬وإن كان قد اشتراها من رج ٍ‬ ‫مسألة ‪ :‬رجل له زوجة صغيرة وله أخ ولأخيه زوجة ٌ لها اب ٌن‬

‫رضعات فهل ينفسخ نكاحُها بهذا الر َضاع أم لا ؟‬ ‫ٍ‬ ‫الصغيرة خمس‬

‫فأرضعت‪110‬‬

‫زوجت َه‬

‫ن اللبنَ‬ ‫إن ُأجيب فيها بالإثبات أو النفي مطلقا ً فهو خطأ والصواب من الجواب أ ّ‬

‫إن كان لأخيه انفسخ نكاح الصغيرة لأنّها صارت بنت أخيه فحر ُمت وإن كان لغيره‬ ‫خ �لكونها ربيبة‪.111‬‬ ‫فلا ينفس ُ‬

‫ل له زوجة ٌ وهو م ُعس ِر ولها عليه نفقة ٌ فرضيت بالقيام معه بغير نفقة‬ ‫مسألة ‪ :‬رج ٌ‬

‫‪32/‬و‪ /‬فهل يجوز ذلك‪ ‬؟‬

‫ن الزوجة‬ ‫إن ُأجيب فيها بالإثبات أو النفي مطلقا ً فهو خطأ والصواب من الجواب أ ّ‬

‫إن كانت حرّة ً جاز ذلك وإن كانت أَ مة ً لا يجوز إذِ الخيار لسي ّدها دونها‪.112‬‬ ‫‪ 109‬‬ ‫‪ 110‬‬ ‫‪ 111‬‬ ‫‪ 112‬‬

‫الجرجاني‪ ،‬ص ‪.٧٠٥‬‬ ‫«ضعت» في الهامش‪.‬‬ ‫الجرجاني‪ ،‬ص ‪.٧1٢-٧11‬‬ ‫الجرجاني‪ ،‬ص ‪.٧٢٠‬‬

‫‪102‬‬

D e s q u e st i o ns ju ri d i q u e s

Question : Un homme achète une esclave sans cohabiter avec elle. Il désire la marier avant la fin du délai de viduité imposé (istibrā’)95. Peut-il le faire ou pas ? Ce serait une erreur de répondre catégoriquement par oui ou par non. La bonne réponse est la suivante : s’il l’a achetée à une femme ou à un maître encore enfant ou à quelqu’un qui a respecté le délai avant de la vendre, alors il peut la donner en mariage, mais s’il l’a achetée à un homme qui n’a pas respecté le délai, il ne le peut pas. Question : Un homme a pour épouse une petite fille. Son frère est marié à une femme qui a un fils. Celle-ci allaite la très jeune épouse cinq fois. Le mariage est-il dissous à cause de cet allaitement ou pas ? Ce serait une erreur de répondre catégoriquement par oui ou par non. La bonne réponse est la suivante : si le lait de [la nourrice] lui vient du frère de cet homme, alors le mariage de la petite fille est dissous, car elle devient sa nièce et elle lui est donc interdite. Si le lait lui vient d’un autre homme, le mariage n’est pas dissous, car la petite fille est alors considérée comme la belle-fille [de son frère]96. Question : Un homme dans le besoin a une épouse à laquelle il doit l’entretien, et qui accepte de vivre avec lui sans être entretenue. Cela est-il permis ou pas ? Ce serait une erreur de répondre catégoriquement par oui ou par non. La bonne réponse est la suivante : si l’épouse est libre cela est permis. Si elle est esclave, cela n’est pas permis, car le choix revient à son maître.

95 L’istibrā’ était à la femme esclave ce que la ʿidda était à la femme libre, c’est-à-dire une période de continence qui lui était imposée lorsqu’elle changeait de maître ou lorsqu’elle était affranchie. Sa durée était en général d’une menstruation complète. Cf. EI2, « Istibrā’ » (Yvon Linant de Bellefonds). 96 Littéralement : une enfant élevée.

103

‫ا ملسا ئل   ا لفقهيّة‬

‫مسألة ‪ :‬إذا دخلت طائفة ٌ من غ ُزاة المسلمين دار الحرب وأسروا وغن ِموا وكان في‬

‫الأَ سرى أسير ٌ له زوجة ٌ في عقد نكاحه فهل ينفسخ في الحال نكاحُها أم لا ؟‬

‫ن الأسير‬ ‫إن ُأجيب فيها بالإثبات أو النفي مطلقا ً فهو خطأ والصواب من الجواب أ ّ‬

‫ن الإمام لا‬ ‫خ في الحال لجوازِ أ ّ‬ ‫إذا كان‪ 113‬بالغا ً لا ينفس ُ‬

‫يرى‪114‬‬

‫‪32/‬ظ‪ /‬استرقاقه وإن‬

‫كان صبي ّا ً غير َ ٍ‬ ‫بالغ ينفسخ في الحال لأن ّه بنفس الأسر يصير ُ رقيقا ً فينفسخ في الحال‪.115‬‬ ‫ل وكان فيه سهمٌ له أو لغيره والشرط‬ ‫مسألة ‪ :‬إذا رمى في المسابقة إلى الع ُرض رج ٌ‬

‫إصابة العرض فأصاب برمْيه فوق السهم الثابت في العرض فهل يُحسب له ذلك أم لا ؟‬ ‫إن ُأجيب فيها بالإثبات أو النفي مطلقا ً فهو خطأ والصواب في الجواب أن ّه إن كان‬

‫بينه وبين فوق السهم المصاب وبين العرض مسافة ٌ طول السهم لم يُحسب له ولا عليه‬

‫لاحتمال الإصابة وعدمها وإن لم يكن بينهما ‪33/‬و‪ /‬مسافة السهم بل دونه بأن كان‬

‫السهم قد نفذ في العرض وبقي فوقه لا غير حُسب له إذ لولا الفوق لأصاب العرض‬ ‫والله أعلم‪.116‬‬

‫ج‪ 117‬إلى تفصيل كالجواب في‬ ‫ل في أنواع متفر ّقة ليس الجوابُ فيها محتا ٌ‬ ‫وهذه مسائ ٌ‬

‫المسائل التي تقدّمت‪.‬‬ ‫‪ 113‬‬ ‫‪ 114‬‬ ‫‪ 115‬‬ ‫‪ 116‬‬ ‫‪ 117‬‬

‫«ن» في الهامش‪.‬‬ ‫«ى» في الهامش‪.‬‬ ‫الجرجاني‪ ،‬ص ‪.٧٨٢‬‬ ‫الجرجاني‪ ،‬ص ‪.٨11-٨1٠‬‬ ‫كذا في الأصل والصواب ‪ :‬محتاجاً‪،‬‬

‫‪1 04‬‬

D e s q u e st i o ns ju ri d i q u e s

Question : Si un groupe de combattants musulmans pénètre dans le territoire de la guerre, fait des prisonniers et du butin et que l’un des prisonniers est marié légalement à une femme, le mariage de celle-ci est-il ou non dissous sur le champ ? Ce serait une erreur de répondre catégoriquement par oui ou par non. La bonne réponse est la suivante : si le prisonnier est majeur, le mariage n’est pas dissous sur le champ parce que l’imam peut ne pas stipuler sa mise en esclavage, mais s’il est encore jeune et non majeur, il est dissous sur le champ, car par le fait même d’être prisonnier il devient esclave et son mariage se dissout sur le champ97. Question : Dans une compétition, dont le but est d’atteindre une cible, un homme lance une flèche vers la cible qui a déjà été atteinte par une flèche, la sienne ou celle de quelqu’un d’autre. Si la flèche se plante dans la coche de la flèche déjà en place, cela peut-il lui être compté ou pas ? Ce serait une erreur de répondre catégoriquement par oui ou par non. La bonne réponse est la suivante : s’il y a, entre sa flèche, la coche de celle qui est plantée et la cible, une distance d’une longueur de flèche, cela ne peut être compté ni pour ni contre lui, car il aurait pu l’atteindre ou ne pas l’atteindre, mais s’il y a moins d’une longueur de flèche, dans la mesure où sa flèche a transpercé la cible et qu’il n’est resté que la coche de la flèche [précédente], alors cela peut lui être compté, car s’il n’y avait eu cette coche, il aurait atteint sa cible. Dieu est le plus savant ! Voici maintenant des questions diverses auxquelles il n’est pas besoin d’apporter des réponses détaillées comme dans le cas des questions précédentes.

97 Sur le sort des captifs en Islam, cf. Alfred Morabia, Le Gihad dans l’Islam médiéval, Paris, Albin Michel, 1993, p. 232-236 et Giulio Cipollone, Cristianità-Islam. Cattività e liberazione in nome di Dio. Il tempo di Innocenzo III dopo « il 1187 », Rome, Pontificia Univ. Gregoriana, 1992, p. 191-203.

105

‫ا ملسا ئل   ا لفقهيّة‬

‫َ‬ ‫ليتصي ّدا فوجدا صيدا ً فقصداه ورم َياه‪ 118‬بسهمَيْهما على التعاقب‬ ‫مسألة ‪ :‬رجلان خرجا‬

‫أحدهما بعد الآخ َر فجرحاه ومات بعد ذلك ما الحكم فيه ؟ هذه المسألة يتعل ّق بها أحكام ٌ‬

‫كثيرة ٌ والجواب فيها يتحرّر ُ في‬

‫ثبوت‪119‬‬

‫الملك للصيد لمن حصل ‪33/‬ظ‪ /‬وفي أَ كْله هل‬

‫ل أم لا وفي الضمان هل يجب لأحدهما على الآخ َر أم لا وفي مقدار ما يجبُ من‬ ‫يح ِ ُ ّ‬ ‫الضمان ؟‬

‫الجواب ‪ :‬أمّا‬

‫ثبوت‪120‬‬

‫الملك في الصيد فهو لمن أزال امتناع َه منه ُما وإذا تنازعا‬

‫ل الأكل فإن كان الأوّل صي ّره بجرحه إلى حركة المذبوح‬ ‫ح ّ‬ ‫فالقول قول الثاني وأمّا ِ‬ ‫ل أكل ُه وإن كان أزمنه وما أوصله إلى حالة الزهوق‬ ‫ولم يؤث ّ ِر فيه جرح الثاني فإن ّه يح ّ‬ ‫فأرماه الثاني فأصاب مذبحه كان حلالا ً وإلا ّ فيحر ُم أكله وأمّا وجوب الضمان فإن ّه‬

‫ح وفي ‪34/‬و‪ /‬القيمة خلاف‬ ‫لا يجب على الرامي الأوّل شيء ٌ للثاني لأن ّه رماه وهو م ُبا ٌ‬ ‫والله أعلم‪.121‬‬

‫ل فأقر ّ لهم وقال ل�لكبير ‪« :‬عليّ ألف درهم‬ ‫ل له ثلاثة أولادٍ لهم عليه ما ٌ‬ ‫مسألة ‪ :‬رج ٌ‬

‫إلا ّ نصف ما للأوسط» وللأوسط ‪«:‬عليّ ألف درهم إلا ّ ثلث ما للأصغر» وللأصغر ‪:‬‬ ‫«عليّ ألف درهم إلا ّ ربع ما للأكبر» فكم جملة ما لهم عليه ؟‬

‫‪ 118‬‬ ‫‪ 119‬‬ ‫‪ 120‬‬ ‫‪ 121‬‬

‫«ه» في الهامش‪.‬‬ ‫في الأصل‪ :‬ثبوب‪.‬‬ ‫في الأصل‪ :‬ثبوب‪.‬‬ ‫الجرجاني‪ ،‬ص ‪.٨٠1-٨٠٠‬‬

‫‪1 06‬‬

D e s q u e st i o ns ju ri d i q u e s

Question : Deux hommes vont à la chasse, voient un gibier, le suivent et le visent de leur flèche l’un après l’autre. Ils blessent le gibier qui meurt peu après. Quel doit être le jugement ? Il en est de nombreux concernant cette question. La réponse a trait à la propriété du gibier – à qui revient-il ? –, à sa consommation – est-elle licite ou pas ? –, à sa compensation – incombe-t-elle à l’un plutôt qu’à l’autre ? –, et au montant de la compensation. Réponse : La propriété du gibier revient à celui des deux qui lui a ôté toute résistance. S’ils ne sont pas d’accord, c’est le deuxième chasseur qui l’emporte. Quant à la licéité de sa consommation, si c’est le premier qui, par la blessure qu’il lui a infligée, l’a comme égorgé, et si la blessure infligée par le second n’a pas eu d’influence, sa consommation est licite. Si la blessure du premier n’a fait que différer la mort et n’a pas tué le gibier, et si le second l’a tiré et l’a atteint à la gorge, sa consommation est licite. Autrement, elle est illicite98. Quant à l’obligation de la compensation, le premier lanceur de flèche ne doit rien au second, car il a lancé sa flèche en toute légalité. Sur son montant, il y a divergence. Dieu est le plus savant. Question : Un homme a trois fils auxquels il reconnaît devoir de l’argent. Il dit à l’aîné : « Je te dois 1 000 dirhams moins la moitié de ce que je dois au cadet. » Puis il dit au cadet : « Je te dois 1 000 dirhams moins le tiers de ce que je dois au benjamin. » Enfin il dit au benjamin : « Je te dois 1 000 dirhams moins le quart de ce que je dois à l’aîné. » Quelle est la somme totale qu’il leur doit ?

98 Pour que la consommation du gibier soit licite, il faut qu’il soit égorgé de façon rituelle. Cf. EI2, « Ṣayd » (François Viré).

107

‫ا ملسا ئل   ا لفقهيّة‬

‫الجواب ‪ :‬المال الذي أقر ّ به هو ألفا درهم ومائتا درهم فللكبير ستّمائة وأربعون‬

‫درهما ً‪ 122‬وللأوسط سبعمائة‪ 123‬وعشرون درهما ً‪ 124‬وللأصغر ثمانمائة درهم وأربعون‪.‬‬ ‫ل له زوجتان اسم الواحدة هند والأخرى زينب فنادى‬ ‫مسألة ‪ :‬رج ٌ‬

‫إحداهما‪125‬‬

‫ق ثلاثا ً مع زينب» وقال ‪« :‬ما في ني ّتي إلا ّ طلاق‬ ‫أنت طال ٌ‬ ‫‪34/‬ظ‪ /‬فقال ‪« :‬يا هند ِ‬

‫هند»‪ .‬فهل يُقب َل دعواه أم لا ؟ وإذا لم يقبل دعواه فماذا يق َع على واحدة منه ُما ثلاث‬

‫طلقات أو طلقتين ؟‬

‫الجواب ‪ :‬يُقبل دعواه في إرادته هند وإذا لم يُر ِد زينب لا يق َع شيء والله أعلم‪.‬‬ ‫ل مات وخل ّف ورثَته المستحقّين لميراثه بنتا ً له وبنت ابنه وأخت َه لأبو يه‬ ‫مسألة ‪ :‬رج ٌ‬

‫وأمّه فق ُسم الميراث بينهم بالفر يضة الشرعي ّة للبنت النصف ولبنت الابن السدس وللأمّ‬

‫السدس والباقي للأخت ثم ّ أقر ّ انسان وقال لور َثة ‪35/‬و‪ /‬فلان‪« :‬عليّ ألف درهم»‬

‫فحضروا وقبضوها منه ومات عقيب ذلك فكيف تُقسم ؟‬

‫نص الشافعي _ رضي الله عنه _ على ح ُكم هذه المسألة وقال ‪« :‬يُقسم المُق َر ّ به للورثة‬ ‫ّ‬

‫المقر ّ لهم بالسو ي ّة»‬

‫و يكون‪126‬‬

‫ذكر ُ ذلك صفة تعر يف لا يكون مقسوما ً على المواريث‬

‫في ُصر َف للن ِسوة الأربع كل واحدة ٍ منهنّ ربع الألف»‪.‬‬ ‫‪ 122‬‬ ‫‪ 123‬‬ ‫‪ 124‬‬ ‫‪ 125‬‬ ‫‪ 126‬‬

‫في الأصل ‪ :‬درهم‪.‬‬ ‫«ئة» في الهامش‪.‬‬ ‫في الأصل ‪ :‬درهم‪.‬‬ ‫«هما» في الهامش‪.‬‬ ‫«ن» في الهامش‪.‬‬

‫‪1 08‬‬

D e s q u e st i o ns ju ri d i q u e s

Réponse : la somme qu’il leur concède s’élève à 2 200 dirhams : 640 dirhams à l’aîné, 720 au cadet et 840 au benjamin. Question : Un homme a deux femmes. L’une s’appelle Hind et l’autre Zaynab. Il appelle l’une d’elles et lui dit : « Ô Hind, par trois fois je te répudie avec Zaynab. » Puis il dit : « Je n’avais l’intention que de répudier Hind ». Cette formulation est-elle recevable ou pas ? Si elle ne l’est pas, chacune d’elles est-elle répudiée par deux ou trois fois99 ? Réponse : Sa formulation est recevable pour Hind et, pour Zaynab, il n’y a pas de répudiation s’il n’en avait pas l’intention. Dieu est le plus savant. Question : Un homme est mort en laissant comme héritières une fille, une petite-fille [la fille de son fils], une sœur de même père et mère que lui, et sa mère100. L’héritage fut partagé entre elles selon les parts fixes légales : la moitié à la fille, le sixième à la petite-fille et à la mère, le reste à la sœur. Puis survint un homme qui déclara aux héritiers : « Je devais au défunt mille dirhams ». Les héritiers se présentèrent et prirent l’argent. Cet homme mourut ensuite. Comment cet argent doit-il être partagé ? Al-Šāfiʿī – que Dieu soit satisfait de lui ! – a indiqué le jugement qu’il convient de donner à cette question en disant : La dette reconnue aux héritiers doit être partagée à égalité entre les ayants-droits. » Ceci indique qu’elle ne doit pas être partagée entre les héritiers [selon le droit successoral]. Que l’on donne à chacune des quatre femmes un quart des mille dirhams.

99  Cf. al-Subkī, Ṭabaqāt al-šāfiʿiyya l-kubrā, éd. Maḥmūd Muḥammad al-Ṭanāḥī et ʿAbd al-Faṭṭāḥ Muḥammad al-Ḥulw, Le Caire, Dār iḥyā’ al-kutub al-ʿarabiyya, 1964-1976, V, p. 10. 100 Sur la question complexe du droit successoral en Islam, voir Joseph Schacht, Introduction au droit musulman, Paris, Maisonneuve et Larose, 1983, p. 143-146 ; Bernard Durand, Droit musulman, droit successoral, Paris, Litec, 1991 ; EI2, « Akdariyya » (Réd.), « Farā’iḍ » (Theodor Wilhelm Juynboll), « Mīrāth » ( Joseph Schacht), « ῾Awl » (Réd.).

109

‫ا ملسا ئل   ا لفقهيّة‬

‫ن وخل ّف مالا ً فأخذ الور َثة يقسِمون التر ِكة فجاءت امرأة ٌ‬ ‫مسألة ‪ :‬مات انسا ٌ‬

‫ل فإن وضعتُ بنتا ً ورثت هي وورثتُ أنا وكنّا‬ ‫حُبلى وقالت ‪« :‬لا تقسموا فإن ّي حام ٌ‬ ‫ش ُركاءَكم في التركة وإن وضعت ابنا ً لم يرث ‪35/‬ظ‪ /‬هو ولا أنا وإن وضعتُ بنتين‬

‫ورثنا كلّنا وإن وضعتُ ابنا ً وبنتا ً لم يرث من ّا أحدٌ» فمن كانت هذه الحبلى من المي ّت‬

‫ومن هم الور َثة ؟‬

‫وأب‬ ‫ٌ‬ ‫ج‬ ‫ن هذه الحبلى بنت بن بن المي ّت وصورة المسألة امرأة لها زو ٌ‬ ‫والجواب ‪ :‬أ ّ‬

‫وأمّ ٌ‬ ‫وبنت ولها بنت بن بن مزوّجة بابن بن اختها مات عنها وتركها حبلى وهي التي‬ ‫ٌ‬

‫ل واحد السدس‬ ‫قالت لهم «لا تقسموا» فلزوج المي ّت الربع ولبنتها النصف ولأبويها لك ّ‬ ‫فإن وضعت هذه الحبلى‬ ‫درجة ٍ واحدة‬

‫فيُنسبان‪129‬‬

‫بنتا ً ورثا‪127‬‬

‫كلاهما السدس بينهما‬

‫تكملة‪128‬‬

‫الثلثين لأنّهما في‬

‫‪36/‬و‪ /‬إلى المي ّت بأنّهما بنتا أبيهما وتعول المسألة إلى خمسة َ‬

‫عش َر فيكون للزوج ثلاثة وللبنت ست ّة وللأب سهمان وللأمّ سهمان ولهذه الحبلى سهمٌ‬

‫واحدٌ ولبنتها سهمٌ واحدٌ وكذلك‪ 130‬إن ولدت بنتين كان السدس الباقي بينها وبين بنتيها‬

‫يتقاسَم ْن َه سَواء ً وإن وضعت ابنا ً أو ابنا ً وبنتا ً فلا شيء َ لواحدٍ منهم لأنّهم صاروا عصبة ً‬

‫بالذك َر ولم يبق بعد الفروض شيء ٌ لي ُصر َف للعصبة‪.131‬‬

‫‪ 127‬‬ ‫‪ 128‬‬ ‫‪ 129‬‬ ‫‪ 130‬‬ ‫‪ 131‬‬

‫كذا في الأصل والصواب ‪ :‬ورث‬ ‫في الأصل‪ : ‬تكلمه‪.‬‬ ‫«ن» في الهامش‪.‬‬ ‫«لك» في الهامش‪.‬‬ ‫الجرجاني‪ ،‬ص ‪.٥66-٥6٥‬‬

‫‪110‬‬

D e s q u e st i o ns ju ri d i q u e s

Question : un homme mourut en laissant des biens. Les héritiers commencèrent à se partager l’héritage quand une femme enceinte arriva et dit : « Ne procédez pas au partage, car je suis enceinte. Si je mets au monde une fille, elle et moi hériterons et nous partagerons l’héritage avec vous. Si je mets au monde un fils, ni lui ni moi n’hériterons. Si je mets au monde deux filles, nous hériterons toutes les trois et si c’est un fils et une fille, aucun d’entre nous n’héritera ». Qui est donc cette femme par rapport à l’homme décédé et qui sont les héritiers ? Réponse : cette femme enceinte est l’arrière-petite-fille du défunt dans la lignée de son fils et de son petit-fils. La forme de la question est la suivante : une femme (A) a un mari, un père, une mère et une fille. Son arrière-petite-fille (B), dans la descendance de son fils et petit-fils, est mariée au petit-fils (fils de son fils) de sa sœur, qui est mort en laissant son épouse (B) enceinte. C’est elle qui leur a dit « ne procédez pas au partage ». L’épouse (A) du défunt reçoit un quart [de l’héritage], sa fille reçoit la moitié, le père et la mère de l’épouse, chacun un sixième. Si la femme enceinte met au monde une fille, elle et sa fille hériteront chacune d'un sixième totalisant [avec les parents de l’épouse du défunt] les deux tiers, car elles sont au même degré de parenté avec le mort, étant dans sa lignée. La question se réduit à quinze [parts] : l’épouse hérite de trois, la fille de six, le père et la mère héritent chacun de deux parts, la femme enceinte et sa fille d’une seule part chacune. De même si elle met au monde deux filles, elles se partageront toutes les trois à égalité le sixième restant101. Si elle met au monde un fils ou un fils et une fille, aucun d’eux n’héritera de quelque chose, car ils seront considérés en tant qu’agnats (ʿaṣaba) par les mâles et qu’après le partage en parts réservataires (farā’iḍ), il ne restera rien à répartir entre eux102.

101 Le sixième qui, dans le cas précédent, revenait à sa fille unique. 102 Le droit successoral musulman, en particulier chafiite, prévoit le partage de la succession d’une part entre les héritiers réservataires qui bénéficient d’une part fixe ou obligatoire (farā’iḍ) : les filles, père et mère, mari et femme, frères et sœurs, filles du fils et grands-parents ; et d’autre part entre les parents agnats (ʿaṣaba ou parenté par les mâles). Ces dispositions visaient à modifier un système préislamique purement agnatique dans lequel seuls les hommes pouvaient hériter. Cf. supra p. 109, n. 100.

111

‫ا ملسا ئل   ا لفقهيّة‬

‫أب مملوك ٌ فاشترت البنتان أباهُما‬ ‫ل مملوك له بنتان حرّتان وله ٌ‬ ‫مسألة ‪ :‬رج ٌ‬

‫ن‪36/ 133‬ظ‪ /‬ا�لكبرى من البنتين اشترت هي وأبوها جدّها‬ ‫عليهما وصار حرّا ً ثم ّ إ ّ‬

‫ع ُتق‪132‬‬

‫عتق‪134‬‬

‫الأب بعد‬ ‫ٌ‬ ‫عليهما وصار الجميع أحرارا ً فمات أبوهما ثم ّ مات ج َ ُ ّدهما فكيف تُقس َم تر ِكة‬

‫تركة الج ّد ؟‬

‫والجواب ‪ :‬أمّا تركة الأب لأنّها لا إشكال فيها فإنّها بين ابنتيه وأبيه للبنتين الثلثين‬

‫ن الج ّد قد خل ّف بنتي‬ ‫وللأب الثلث وإنّما الإشكال في ميراث الج ّد وتفصيل الحكم فيه أ ّ‬

‫ابن فلهما الثلثان فرضا ً يبقى من التركة الثلث ول�لكبرى الو َلاء على نصف الج ّد لأنّها‬

‫اشترت نصفه فلها نصف الثلث فيبقى السدس كان يستح ُ ّقه ‪37/‬و‪ /‬مولى نصفه الآخ َر‬

‫وهو وابنه مي ّت وليس له عصبة ٌ فيكون نصيبه لمعتقه والبنتان معت ِقاه فيكون السدس‬

‫بنت منه ُما أربعة ٌ بحكم الق َرابة‪ 136‬ثم ّ‬ ‫بينهما نصفين فت ُصب ِح‪ 135‬المسألة من اثني عشر فلكل ٍ‬ ‫ن ل�لكبرى من الأربعة الباقية بحكم ولائها على الج ّد سهمان ثم ّ السهمان الباقيان بينهما‬ ‫إ ّ‬

‫نصفين‪137‬‬

‫لكل واحدة منهنّ سهمٌ واحدٌ و يصير ل�لكبرى سبعة أسه ُم وللبنت الصغرى‬

‫خمسة أسه ُم‪.‬‬

‫وبنت أحرار فاشتر يا أباهما ثم ّ إ ّ‬ ‫ٌ‬ ‫مسألة ‪ :‬عبد مملوك ٌ له اب ٌن‬ ‫ن الأب اشترى عبدا ً‬

‫وأعتقه ثم ّ مات الأب فاكتسب العتيق ‪37/‬ظ‪ /‬مالا ً ثم ّ مات فكيف تُقس َم تركته ؟‬ ‫‪ 132‬‬ ‫‪ 133‬‬ ‫‪ 134‬‬ ‫‪ 135‬‬ ‫‪ 136‬‬ ‫‪ 137‬‬

‫كذا في الأصل والصواب ‪ :‬عتقاً‪.‬‬ ‫في الأصل«ثم ّ إنّ» مكر ّرة‪.‬‬ ‫كذا في الأصل والصواب ‪ :‬عتقاً‪.‬‬ ‫في ألأصل ‪« :‬فتصح»‪.‬‬ ‫«بة» في الهامش‪.‬‬ ‫كذا في الأصل‪.‬‬

‫‪112‬‬

D e s q u e st i o ns ju ri d i q u e s

Question : un esclave (mamlūk) a deux filles de condition libre. Il a aussi un père esclave. Les deux filles achètent leur père pour l’affranchir et celui-ci devient donc libre. Puis l’aînée des deux filles et son père payent l’affranchissement du grand-père. Tous deviennent ainsi libres. Le père meurt, ensuite le grand-père. Comment se fait le partage de l’héritage du père, après celui du grand-père ? Réponse : l’héritage du père ne comporte aucune ambiguïté, car il se fait entre ses deux filles et son père. Aux deux filles reviennent les deux tiers et à son père un tiers. L’ambiguïté est dans l’héritage du grand-père. Les détails du jugement sont les suivants : le grand-père a laissé comme héritières les deux filles de son fils. Il leur revient les deux tiers en parts réservataires (farḍ). Il reste donc le tiers de l’héritage. À l’aînée revient le droit d’affranchissement sur la moitié [des biens] du grand-père, car elle l’a racheté pour moitié. Elle reçoit donc la moitié du tiers. Reste un sixième qui aurait dû revenir à la personne qui a racheté l’autre moitié [du prix grand-père], c’est-à-dire son fils défunt qui n’a pas d’héritiers mâles agnats (ʿaṣaba). La part de ce dernier revient alors à la personne qui l’a affranchi, c’est-à-dire à ses deux filles qui se partageront le sixième. Ainsi cette affaire peut être divisée en douze [parts] : chaque fille recevra quatre parts pour cause de parenté, puis l’aînée aura deux parts sur les quatre parts restantes pour son droit d’affranchissement du grand-père. Les deux parts restantes seront partagées pour moitié et chacune d’elle recevra une part. L’aînée recevra ainsi sept parts et la plus jeune, cinq parts. Question : un esclave a un fils et une fille de condition libre. Ceux-ci rachètent leur père. Ce dernier achète un esclave puis l’affranchit. Le père meurt. L’affranchi gagne une certaine somme d’argent avant de mourir. Comment se partage son héritage ?

113

‫ا ملسا ئل   ا لفقهيّة‬

‫وهذه من المسائل المشكلة حت ّى قيل إن ّه غلط في جوابها وأخطأ في إصابة صوابها‬

‫ل فضلا ً عن غيرهم فإنهم قالوا ما هو المتبادر إلى فهم م َن لم يكن قَدَم ُه‬ ‫أربع ُمائة ِ فاض ٍ‬ ‫راسخ‪138‬‬

‫ال َ ّدَين‪139‬‬

‫ن ميراث الابن والبنت‬ ‫في التحقيق ولا لحظَت ْه الع ِناية الر َب ّاني ّة بعين التوفيق إ ّ‬

‫اشتر يا أباهما معتق هذا العبد فإنّهما معتقا معتِق ِه ير ِثاه وهذا غلط قبيح وخطأ‬

‫ن جميع التركة للابن لأن ّه عصبة ُ المعتق وأمّا البنت فإنها معتقة ُ‬ ‫فاحش والحقّ في الجواب أ ّ‬

‫المعتق ولا ‪38/‬و‪َ /‬‬ ‫حقّ لمعتق المعتق مع وجود عصبة المعتق من النسَب والابن عصبة ُ‬ ‫البنت فكان المال له‪.‬‬ ‫ِ‬ ‫المعتق دون‬

‫‪ 138‬كذا في الأصل‪.‬‬ ‫‪ 139‬كذا في الأصل والصواب ‪ :‬اللذين‪.‬‬

‫‪114‬‬

D e s q u e st i o ns ju ri d i q u e s

Ceci fait partie des questions ambiguës au point que quatre cents hommes émérites se sont trompés dans la réponse, sans parler des autres. Ils ont répondu ce qui vient immédiatement à l’esprit de celui qui n’est pas très docte et que la Providence divine n’a pas distingué, à savoir que l’héritage revient au fils et à la fille qui ont racheté leur père, qui a lui-même affranchi cet esclave, car ils sont les affranchisseurs de celui qui a affranchi l’esclave et peuvent donc en hériter. C’est une grossière erreur et une énorme faute. La bonne réponse est que l’ensemble de l’héritage revient au fils, car il fait partie des agnats (ʿaṣaba) de l’affranchisseur. En ce qui concerne la fille, elle est celle qui a affranchi l’affranchisseur, mais en tant que telle elle n’a pas de droits étant donné que l’affranchisseur [de l’esclave] laisse une descendance mâle. C’est donc au fils, non à la fille, que revient l’argent.

115

‫الباب الثالث‬

‫في مناقب السلطان الملك الظاهر أبو‪140‬سعيد‬

‫برقوق‪141‬‬

‫خلّد ﷲ سلطانه ونصر جيوشه وأعوانه‬

‫خص ﷲ به هذا الملك الجليل من الأوصاف الحسان‪ ،‬المُبو ّءة ع ُرُفات‬ ‫ّ‬ ‫أوّل ما‬

‫الجنان‪ ،‬ب ُر ّه بوالد له كريم‪ ،‬ومعاملته له بمزيد الإكرام‪142‬والتعظيم‪ ،‬واعتنائه‪143‬بأمره في‬

‫حالتي الحياة والموت وسائر الأحوال‪ ،‬وصرفه على الحجّ عنه بعد موته جز يل الأموال‪،‬‬ ‫وهذه مزي ّة ‪٣٨/‬ظ‪ /‬لا تُسامى ولا تُسام‪ ،‬ومنحة وهبها له‬

‫ذا‪ 144‬الجلال‪145‬‬

‫والإكرام‪،‬‬

‫فإنه – خلّد ﷲ سلطانه‪ – ‬اتّبع ما أمر ﷲ به في حقّ الوالدين من الاحترام وحافظ على‬

‫ما جاءت به الس ُن ّة عن سي ّد الآنام‪.‬‬

‫حسْنًا‪ .﴾146‬وقال ﷺ‪« :‬لا يجزي ولد ٌ والده‬ ‫صي ْنا ٱلْإن ْسانَ ب ِوالِدَيْه ِ ُ‬ ‫قال ﷲ تعالى‪﴿ :‬وَو َ َ ّ‬

‫إلّا أن يجده مملوك ًا فيشتر يَه في ُعتق َه‪ .»147‬وقد منّ ﷲ على مولانا السلطان بمجازاة والده‬

‫‪ 140‬كذا في الأصل والصواب ‪ :‬أبي‪.‬‬ ‫‪« 141‬برقوق» في الهامش‪.‬‬ ‫‪« 142‬كرام» في الهامش‪.‬‬ ‫‪ 143‬كذا في الأصل والصواب ‪ :‬واعتناؤه‪.‬‬ ‫‪ 144‬كذا في الأصل والصواب ‪ :‬ذو‪.‬‬ ‫‪ 145‬في الأصل«ل» في الهامش‪.‬‬ ‫‪ 146‬القرآن ‪ :‬العنكبوت‪.٨ ،‬‬ ‫‪ 1 47‬انظر ‪ :‬البخاري‪ ،‬الأدب المفرد‪ ،‬تحقيق محمد فؤاد عبد الباقي‪ ،‬القاهرة‪ ،‬المطبعة السلفية‪ ، 1٣٧٥ ،‬ص ‪ ،٣1‬ع‬ ‫‪« : ٣٠1‬حدثنا قبيصة قال ‪ :‬حدثنا سفيان عن سهيل بن أبي صالح عن أبيه عن أبي هريرة عن النبي صلى الله عليه‬ ‫وسلم ‪ :‬قال ‪ :‬لا يجزي ولد والده إلا أن يجده مملوكا ًفيشتر يه فيعتقه»‪ ‬؛ انظر أيضا‪ : ‬ابن الجوزي‪ ،‬كتاب البر والصلة‪،‬‬ ‫تحقيق عادل عبد الموجود وعلي معوض‪ ،‬بيروت‪ ،‬مؤسسة ا�لكتب الثقافية‪ ،1٩٩٣/1٤1٣ ،‬ص ‪ ٧٥‬والحاشية الأولى‪.‬‬

c hapitre 3

Des vertus du Sultan al-Malik ­al-Ẓāhir Abū Saʿīd Barqūq

Puisse Dieu rendre pérenne son règne et invincibles ses armées et ses auxiliaires ! Le premier privilège que Dieu réserva à cet illustre souverain, celui qui, au Paradis, fait accéder aux degrés les plus élevés, est sa piété filiale pour un noble père103 : il le traita avec considération et libéralité sans cesse renouvelées. Il l’entoura en toutes occasions, vivant aussi bien que mort, de ses attentions. Après son décès, il dépensa des sommes considérables pour qu’en son nom, le pèlerinage fût accompli. Voilà une grâce inestimable, à nulle autre pareille, et un don que Dieu, majestueux et généreux, lui fit. Il observa ce que Dieu — puisse-t-Il rendre son règne pérenne ! — ordonna au sujet du droit des parents d’être traités avec respect et préserva ce que la Sunna [du Prophète] rapporte du Seigneur des hommes. Dieu — glorifié soit-Il ! — dit : « Nous avons recommandé à l’homme d’être bon envers son père et sa mère », et [le Prophète] dit : « Un fils n’oblige jamais son père, à moins qu’il ne le trouve esclave, l’achète et l’affranchisse. » Dieu fit la grâce à notre Maître le Sultan qui obligea son père et le traita avec bonté. C’est là un don qui atteste de la providence de Dieu à son égard et de Sa guidance qui met sur la bonne voie.

103 Barqūq fit venir au Caire, du pays des Circassiens, son père et une partie de sa famille dès le mois de dhū l-ḥiğğa 782/mars 1381. Cf. J. Loiseau, Mamelouks, p. 177-180, 184-186 et supra p. 28-29.

‫منا قب ا لسلطا ن ا مللك ا لظا هر أ بو سعيد برقو ق‬ ‫ن له‪ 148‬من رب ّه عناية‪ ،‬وتوفيق‬ ‫ومعاملت ِه له بالإحسان‪ ،‬وهذه موهبة دالّة على أ ّ‬

‫إلى سلوك طرق الهداية‪.‬‬

‫مرشد‪149‬‬

‫ن صلاح الملِك يوجب خِصب الزمان‪،‬‬ ‫‪39/‬و‪ /‬ولقد حقّق ما جاءت به الس ُن ّة من أ ّ‬

‫و يُعين رعي ّته على طوارق الحدثان‪ ،‬ولا جرم أن ّه حصل الخ ِصب بالديار المصر ي ّة وسائر‬

‫خاف ما حصل في بلاد الحجاز الشر يف من‬ ‫الأقطار‪ ،‬في أي ّامه السعيدة الآثار‪ ،‬وليس ب ٍ‬ ‫الجدب وتأخّر الأمطار عنهم عدّة سنين‪ ،‬حت ّى ُأبيع القمح في المدينة الشر يفةكل غرارة‬

‫بخمس من المئين‪ ،‬وفي أي ّامه الشر يفة ُأمطروا مطرًا أخصبت به البلاد‪ ،‬وطابت بالرخاء‬

‫نفوس العباد‪ ،‬وفي العام الذي استقر ّ ‪39/‬ظ‪ /‬فيه جلوسه على تخت الملك الشر يف‪،‬‬

‫لم يحصل لأحد من أهل مصر توع ّك في ربيع ولا خر يف‪ ،‬بعد أن كان فيما مضى‬

‫أعزائه عين‪ ،‬ولقد‬ ‫يعتادهم الوباء في أحد هذين الفصلين‪ ،‬ولم تقر ّ لواحد منهم لفقد ّ‬ ‫أمنوا في الأنفس والأموال‪ ،‬وأصلح ﷲ بصلاح مليكهم لهم الأحوال‪ ،‬وأجرى لهم‬

‫النيل من غير توقف ولا تترى‪ ،‬ووفّى في عام خمس وثمانين ستة عشر ذراعا في الخامس‬ ‫من مِس ْرى‪ ،‬بحيث أن ّه في يوم وليلة زاد أربعة وسبعين إصبعا بالقياس‪ ،‬وتجاوز في هذه‬

‫الز يادة ‪40/‬و‪ /‬ح ّد القياس‪ ،‬وكأن ّه تشبه بمليكه فحمل في الوفاء راية مجده‪ ،‬وحفظ في‬

‫الصفاء آية ودّه‪ ،‬وقد لاذ بعتبات أبوابه الشر يفة فأمسى لترابها مقب ّلا‪ ،‬وملأ بمنافعه‬ ‫بقاع الأرض فابتهجت سرور ًا به أسرار الملأ‪ ،‬وتهذب بأخلاق سلطانه فلذ ّ في الأفواه‬

‫‪ 148‬في الأصل ‪« :‬له» فوق السطر‪.‬‬ ‫‪ 149‬كذا في الأصل والصواب ‪ :‬توفيقا مرشدا‪.‬‬

‫‪118‬‬

D e s v e rt u s d u s u ltan a l- M a li k a l-z. āhi r A b ū S a ʿ ī d Barq ū q

Il mit en œuvre ce que la Sunna rapporte, à savoir que la vertu du souverain est cause de prospérité et, pour les sujets, soutien contre les vicissitudes du sort. Assurément, pendant son bienheureux règne, la prospérité se répandit en terre d’Égypte, comme dans toutes les régions. La sécheresse et l’absence de pluie pendant plusieurs années, dans les contrées bénies du Ḥiğāz, sont connues de tous. Elles étaient telles qu’en la cité bénie de Médine, une ġirāra de blé104 se vendait cinq cents [dirhams], mais, durant son règne béni, il y eut des pluies abondantes qui firent prospérer le pays et qui comblèrent d’aise cœurs et esprits. Pendant l’année où son accession au noble trône fut établie105, pas un habitant de Miṣr ne connut, ni au printemps ni à l’automne, d’affection, alors qu’auparavant l’épidémie était coutumière pendant l’une ou l’autre saison, et tous eurent à verser des larmes abondantes d’avoir perdu un être cher. Leurs vies et leurs biens étaient, désormais, en sécurité et, grâce à la vertu de leur seigneur (Malīk), leur situation, par Dieu, bien améliorée. Dieu fit couler le Nil sans arrêt ni interruption. En l’an [7]85, le cinq du mois de misrā106, la crue fut complète et atteignit seize coudées107. Rien qu’en une journée et une nuit, le Nil augmenta très précisément de soixante-quatorze doigts au Nilomètre, dépassant ainsi le niveau requis108. On eut dit qu’à l’image de son seigneur, le Nil, [en] loyal féal, porta haut son glorieux étendard et lui témoigna sa pure et sincère affection. À la recherche d’un refuge jusqu’aux nobles demeures de son sultan, le Nil couvrit la terre de baisers et les contrées de ses bienfaits. De tout leur cœur, le visage radieux, les foules s’en réjouirent, et dans leurs bouches, le Nil, imitant les mœurs de son sultan, se fit doux comme le miel.

104 La ġirāra était une mesure de capacité utilisée pour les céréales. Son volume variait selon les régions. Celle de Damas a été évaluée à 208,740 kg de blé. Cf. EI2, « Makāyil » (Eliyahu Ashtor). Voir aussi Walther Hinz, Islamische Masse und Gewichte : Umgerechnet ins metrische System, Leyde-Cologne, Brill, 1970 (19551). 105 Barqūq monta sur le trône le mercredi 19 ramaḍān 784/26 novembre 1382. Cf. Ibn Taġrībirdī, Nuğūm, XI, 181. 106 Miṣrā ou mesore, douzième mois du calendrier copte, commençant le 24 juillet (tammūz dans le calendrier syrien). Cf. Marius Chaîne, La chronologie des temps chrétiens de l’Égypte et de l’Éthiopie, Paris, Paul Geuthner, 1925, p. 73 sq ; Venance Grumel, La chronologie, Paris, Presses universitaires de France, 1958, p. 167. 107 La coudée est une mesure de distance qui a beaucoup varié selon les époques et les lieux. À l’origine, elle se rapportait à la partie du bras qui s’étend du coude à l’extrémité du majeur. La coudée du Nilomètre de l’île de Rawḍa au Caire, qui date de 247/861, mesurait en moyenne 54,04 cm. Chaque coudée contenait en principe 24 doigts. Cf. EI2, « Dhirā῾ » (Walther Hinz). 108 L’impôt foncier (ḫarāğ) pouvait être levé lorsque la crue atteignait seize coudées. Si le niveau dépassait vingt coudées, la crue était jugée néfaste, tandis qu’un niveau inférieur à douze coudées annonçait une année de sécheresse et de stérilité, EI2, « Miḳyās » ( Julius Ruska [Donald R. Hill]). Cf. al-Idrīsī, Opus geographicum sive Liber ad eorum delectationem qui terras peragrare studeant, éd. Istituto universitario orientale di Napoli, Leyde, E. J. Brill, 1970-1987, I, p. 325-326 (éd. et trad. Reinhardt Dozy et Michael J. De Goeje, Description de l’Afrique et de l’Espagne, Leyde, E. J. Brill, 1866, arabe p. 144, trad. fr. p. 173).

119

‫منا قب ا لسلطا ن ا مللك ا لظا هر أ بو سعيد برقو ق‬ ‫وحلا‪ ،‬وكأنّما صافحته راحته فس�لكت به سبل السماحة‪ ،‬وهدته إلى طرق الندى فلا‬ ‫غرو أن أتى بماء الراحة‪.150‬‬

‫وإن ّه – خلّد الله سلطانه – أحيا بركوبه إلى معاهد النيل في تلك السنة ما للملوك‬

‫السالفة من سنة قويمة‪ ،‬وقابل ‪40/‬ظ‪ /‬أصابع ز يادته بأياد له كريمة‪ ،‬وتجلّى لرعي ّته في‬

‫ذلك اليوم السعيد‪ ،‬و بحر النيل على الوفاء ثابت ويزيد‪ ،‬ف�جبر بكسر سدّه قلوب الملأ‪،‬‬

‫سو ْرة الغلاء‪.‬‬ ‫وكسر َ‬

‫شمس النهار‪ ،‬وكاثر بمكارمه أمواج البحار‪،151‬‬ ‫َ‬ ‫وﷲ د َ ُرّه من ملك أخجل سناء ُ وجهه‬

‫وطب ّق الأرض بمهابته‪152‬شرقًا وغربا‪ ،‬وبعدًا وقربا‪ ،‬حت ّى ضاهت هممه النجوم في‬

‫أعدادها‪ ،‬وفاقت مكارمه البحار في أمدادها‪ ،‬وكيف لا ! ومصالح الأمّة المحمّدي ّة بيده‬ ‫الشر يفة م َنوطة‪ ،‬وأوامره العالية لأحوال البلاد والعباد محيطة‪41/ ،‬و‪ /‬وعزمه الشر يف‬ ‫للأعداء مبيدًا مبيرا‪ ،153‬وكلمة ا�لكفر ببقائه لا تجد لها ً‬ ‫ولي ّا ولا نصيرا‪ ،‬ويد ا�لكفر مشلولة‪،‬‬

‫وأعناقه مغلولة‪.‬‬

‫ن به شهيد‪،155‬‬ ‫وقد برزت مراسيمه بإبطال ما تعتمده النصارى‪ 154‬في صندوق عيدهم أ ّ‬

‫وكف أكفّهم عن إظهاره وقابلهم بالبطش الشديد‪ ،‬ولما ات ّصل بمسامعه الشر يفة ما‬ ‫ّ‬

‫‪ 150‬‬ ‫‪ 151‬‬ ‫‪ 152‬‬ ‫‪ 153‬‬ ‫‪ 154‬‬ ‫‪ 155‬‬

‫الكتاب المقدس‪ ،‬سفر المزامير‪ ،‬المزمور ‪.)٢٢( ٢٣‬‬ ‫في الأصل«بخار»‪.‬‬ ‫«بته» في الهامش‪.‬‬ ‫كذا في الأصل والصواب ‪ :‬مبيد مبير‪.‬‬ ‫«رى» في الهامش‪.‬‬ ‫كذا في الأصل‪ ،‬والصواب ‪ :‬شهيدا‪.‬‬

‫‪120‬‬

D e s v e rt u s d u s u ltan a l- M a li k a l-z. āhi r A b ū S a ʿ ī d Barq ū q

On eût dit qu’en le touchant, la main [du sultan] l’avait conduit sur la voie de la libéralité et l’avait mis sur le chemin de la générosité. Nulle surprise donc qu’il eût apporté « les eaux du repos109 » ! Il ressuscita aussi — puisse Dieu rendre son règne pérenne ! — l’heureuse coutume des anciens souverains de se rendre en grand équipage aux lieux de rassemblement (maʿāhid), au bord du Nil110, et sa main se montra aussi généreuse que les doigts [de la crue] du fleuve. En ce jour béni, il s’offrit aux regards de ses sujets, alors que la crue se maintenait, voire augmentait. Le sultan fit abattre la digue111, et aussitôt les cœurs affligés furent réconfortés et la fureur de la cherté domptée. Quel souverain magnifique ! L’éclat de son visage fait rougir d’envie le soleil de midi. Ses libéralités rivalisent avec les vagues et les flots. La crainte et le respect qu’il inspire ont soumis Orient et Occident, proche et lointain. Ses hauts desseins rivalisent en nombre avec les astres et ses libéralités par leur étendue surpassent les marées. Peut-il en être autrement ! Les affaires de la communauté muhammadienne sont entre ses nobles mains, ses ordres impérieux sont pleins d’attention pour l’état du pays et de ses habitants, sa noble résolution contre les ennemis ne leur laisse que dévastation et désolation. Par sa présence l’infidélité ne se trouve ni amis ni défenseurs. Les mains des infidèles sont paralysées et leur cou enchaîné. Ses décrets n’abolirent-ils pas ce que les chrétiens avaient délibérément prétendu, que le reliquaire, porté en procession pendant leur fête, renfermait un martyr112 ! Ne mit-il pas fin à ce que leurs mains l’exhibent ! Ne leur opposa-t-il pas les pires

109  Possible réminiscence du « Psaume 23 (22) » ; cf. La Bible de Jérusalem, Paris, Éditions du Cerf, 1984, et al-Kitāb al-Muqaddas, Beyrouth, Ǧamʿiyyat al-Kitāb al-muqaddas, 19934 (al-ʿAhd al-ǧadīd)-199530 (al-ʿAhd al-qadīm), p. 736. 110 Cf. EI2, « Mawākib » (Peter M. Holt) ; J.-Ch. Ducène, « Rites religieux et crue du Nil », p. 63-76. 111 Allusion à l’ouverture du canal (kasr al-ḫalīğ). Sur cette cérémonie, cf. supra p. 23. 112 Sur la fête du martyr, au Caire, au cours de laquelle les coptes plongeaient, dans le Nil, le 8 bašans (16 mai dans le calendrier grégorien) le doigt d’un martyr, conservé dans un reliquaire, pour obtenir une bonne crue, cf. supra p. 23-24. Ibn ʿAqīl semble être le seul à signaler son interdiction par Barqūq qui n’a pu le faire, étant donné la date de rédaction du traité, qu’en mai 1383.

121

‫منا قب ا لسلطا ن ا مللك ا لظا هر أ بو سعيد برقو ق‬ ‫اعتمده أهل برمة‪ ،156‬قابلهم على فعلهم وأوقع بهم أش ّد نكال‪ ،‬وقلّد أمرهم للسادة الحُكّام‬ ‫أعز ﷲ أنصاره _ في نصرة الدين‪.‬‬ ‫قضاة المسلمين‪ ،‬وقام _ ّ‬

‫هذا مع ني ّة خالصة يضاهي ‪41/‬ظ‪ /‬بها السيل‪ ،‬وهو ممتطيا‪ 157‬لفعل المعروف أشهب‬

‫الصبح‪ ،‬وأحمر الشفق‪ ،158‬وأصفر الأصيل‪ ،‬وأدهم الليل‪ ،159‬ولم يزل يتعاهد أهل‪ 160‬الحرمين‬

‫الشر يفين بجز يل الصدقات‪ ،‬وتجهيز الغلال وتتابع المبر ّات‪ ،‬مستخدم ًا منهم بصدقاته‬

‫جيوش أسحار يُشرعون من الألسنة الأسن ّة‪ ،‬ويرسلون من الأدعية الأعن ّة‪ ،‬وي ُرجفون‬

‫إلى التوجه إلى ﷲ تعالى صفوفا‪ ،‬وينتضون من الخواطر السقيلة سيوفا وأي سيوفًا‪.161‬‬

‫فهو‪ – ‬خلّد ﷲ سلطانه‪ – ‬قد أضاف لاستخدام جنود النهار جنود الأسحار‪ ،‬وإلى‬

‫العسكر‪42/ ‬و‪ /‬المجاهد على ظهور الخيل‪ ،‬العسكر َ المتهج ّد في جوف الليل‪ ،‬وإلى رجال قلم‬

‫التجريد‪ ،162‬رجال قدم التجريد‪ ،‬وإلى ذوي الإقطاع‪ 163‬ذوي الانقطاع‪ ،‬وإلى أصحاب‬

‫السيوف أهل الصفوف‪ ،‬إلى مناقب لا يحصى عددها‪ ،164‬ولا ينتهي واصف إلى مَد َدها‪،‬‬ ‫وهذه أوصاف‪ 165‬اجتمع عليها الموافق والمباين‪ ،‬ومناقب تستوعب القوافي والقرائن‪ ،‬وقد‬

‫سطّرتُ منها ما يُتّخذ منه لجيد الوجود قلائد‪ ،‬ويُثبت في مجاميع الفضلاء منها فرائد‪،‬‬

‫‪1 56‬‬ ‫‪ 157‬‬ ‫‪ 158‬‬ ‫‪1 59‬‬ ‫‪ 160‬‬ ‫‪ 161‬‬ ‫‪ 162‬‬ ‫‪ 163‬‬ ‫‪ 164‬‬ ‫‪ 165‬‬

‫في الأصل«برمال» والتصحيح من ياقوت‪ ،‬معجم البلدان‪ ،1٩٥٧-1٩٥٥ ،‬ج ‪ 1‬ص ‪.٤.٥‬‬ ‫كذا في الأصل والصواب ‪ :‬ممتط‪.‬‬ ‫خط مغاير‪.‬‬ ‫في الأصل ‪ :‬كلمة «الأصيل» مشطوبة و«الشفق» مكتوبة فوقها ب ّ‬ ‫توجد العبارة في الروض الزاهر في سيرة الملك الظاهر لابن عبد الظاهر (ت ‪ )1٢٩٣/6٩٢‬ص ‪.٤6٢‬‬ ‫في الأصل ‪« :‬أهل» ز يادة فوق السطر‪.‬‬ ‫سيوف‪.‬‬ ‫ٍ‬ ‫كذا في الأصل والصواب ‪:‬‬ ‫كذا في الأصل والصواب ‪ :‬التجويد‪.‬‬ ‫«ع» في الهامش‪.‬‬ ‫«ها» في الهامش‪.‬‬ ‫«ف» في الهامش‪.‬‬

‫‪1 22‬‬

D e s v e rt u s d u s u ltan a l- M a li k a l-z. āhi r A b ū S a ʿ ī d Barq ū q

châtiments ! Quand parvint à ses nobles oreilles ce que les habitants de Birma113 avaient commis, il leur en fit payer le prix et sévit contre eux très sévèrement. Il remit leurs affaires à messieurs les vénérables cadis des musulmans et se dressa — que Dieu Très Haut prête main-forte à ses auxiliaires ! — en défenseur de la religion. Ne parlons pas de ses intentions, aussi pures que les eaux déferlantes du torrent ! Il chevauche le destrier de la générosité, de l’aube claire au midi rougeoyant, et du pâle crépuscule à la nuit obscure. Jamais il ne cesse de prendre soin des habitants des deux lieux saints [de l’islam]. Il leur accorde des aumônes considérables, leur envoie des provisions et jamais ses actes de charité ne s’arrêtent. Grâce à ses aumônes, il recrute parmi eux les armées de l’aube dont les langues sont des lances brandies et les prières des destriers au galop lancés. Leurs invocations de Dieu retentissent et font trembler leurs rangs. Leurs vœux sont sabres dégainés et quels sabres ! Il joignit — puisse Dieu rendre pérenne son règne ! — aux armées du jour celles de l’aube, aux cavaliers combattant pour le jihad dans la voie de Dieu les troupes qui prient au cœur de la nuit, aux hommes de calame les combattants aguerris, aux bénéficiaires de concessions (iqṭāʿ) ceux qui font retraite, aux hommes d’épée ceux qui, pour prier, serrent les rangs. Ses autres vertus sont innombrables et ne peuvent être recensées. Ses qualités sont unanimement reconnues des partisans comme des opposants, mais pour chanter sa louange, rimes et clausules manqueraient. Cependant j’en ai tressé des colliers que les hommes arboreront et enfilé les perles rares que les hommes de mérite dans leurs florilèges enchâsseront.

113 Birma, dans le district occidental, sur la route entre Fusṭāṭ et Alexandrie d’après Yāqūt, Muʿğam al-buldān, Beyrouth, Dār Ṣādir, 1955-1957, I, p. 403. Il s’agit d’une allusion à l’affaire des coptes convertis qui avaient menacé un muezzin lors d’une fête et l’avaient empêché de faire l’appel à la prière. Cf. Ibn Qāḍī Šuhba, Ta’rīḫ, I, p. 108-109.

123

‫منا قب ا لسلطا ن ا مللك ا لظا هر أ بو سعيد برقو ق‬ ‫سارح ًا‪ 166‬منها في هذا الكتاب ما اطّ لعتُ عليه إلى حين هذا ‪42/‬ظ‪ /‬التدوين‪،‬‬ ‫على ذلك بما يتجدّد من صالح اعتماده – أمدّه ﷲ بمزيد التمكين‪.‬‬

‫مديلا‪167‬‬

‫وﷲ أسأل أن يجعل جمعه مشمولا ً بالتأييد‪ ،‬وشمله مجموعًا على التأبيد‪ ،‬وإسعافه هاميًا‬

‫على القريب والبعيد‪ ،‬وسعادته متجدّدة في كل يوم جديد‪ ،‬وأوصافه الجميلة تزيد عن الح ّد‬ ‫ل وتعظم عن التعديد‪ ،‬ولا بر ِح المُلك ببقائه ثابت الأركان‪ ،‬والزمان بنعمته ونعمائه‬ ‫وتج ّ‬

‫مهترا ً‪ 168‬كاهتزاز الغصن في البان‪ ،‬ومدائحه متجددة َ البهجة بتكر ّرها ما كر ّ الجديدان‪.‬‬

‫وهذه كلمة أشرح فيها بعض صفاته ‪43/‬و‪ /‬نظم ًا – وماذا عسى أن أقول في من‬

‫رفع ﷲ قدره وأسمى‪! ‬‬ ‫شعر [الطو يل]‬

‫ص َب ّر َني صَ ح ْبي‬ ‫صدْرا و َ َ‬ ‫محَب ّتِك ُ ْم َ‬ ‫شَر َحْ تُ ل ِوَجْدي في َ‬ ‫صب ْرا‬ ‫فَل َ ْم أَ سْ تَط �ِعْ َ‬

‫شي ْئًا‬ ‫جئ ْتُم ُ َ‬ ‫و َقلُ ْتُ ل ِعُذّالي أَ ل َ ْم تَعْرِفوا ٱل ْه َوى فَق َ ْد ِ‬ ‫بِعَذْ�لِكُم ُ‬

‫‪169‬‬ ‫نُك ْرا ‬‬

‫لَعَمْري لَق َ ْد طاوَعْتُ زايِد َ لَوْع َتي عَلَيْك ُ ْم و َما‬ ‫ز َيْد ًا و َلا عَم ْرا‬

‫‪ 166‬‬ ‫‪ 167‬‬ ‫‪ 168‬‬ ‫‪ 169‬‬ ‫‪ 170‬‬

‫كذا في الأصل والصواب ‪ :‬شارح ًا‪.‬‬ ‫كذا في الأصل والصواب ‪ :‬مذيّلا‪.‬‬ ‫كذا في الأصل والصواب ‪ :‬مهتز ّا‪.‬‬ ‫شي ْئًا نُك ْرًا‬﴾‪ ،‬سورة ا�لكهف‪.٧٤ ،‬‬ ‫جئ ْتَ َ‬ ‫﴿‫لَق َ ْد ِ‬ ‫«وَعْتُ » في الهامش‪.‬‬

‫طاوَعْتُ ‪170‬‬

‫‪124‬‬

D e s v e rt u s d u s u ltan a l- M a li k a l-z. āhi r A b ū S a ʿ ī d Barq ū q

De ces vertus, le présent ouvrage n’expose que celles dont j’ai pris connaissance avant sa rédaction. Je le ferai suivre d’une continuation qui relatera ses nouvelles bonnes résolutions – puisse Dieu raffermir son pouvoir ! Je prie Dieu de combler ses hommes de Son assistance et de pérenniser leur union. Qu’Il répande la bienfaisance du sultan sur le proche et le lointain et qu’Il renouvelle chaque jour sa félicité ! Que jamais ses belles et grandes qualités ne puissent être circonscrites ni dénombrées ! Que, par son maintien sur le trône, le royaume ne cesse d’être affermi ! Que l’époque, par ses bienfaits et ses faveurs, épanche toujours sa joie comme le saule répand ses branches ! Que, dans la beauté et la joie, ses louanges soient renouvelées, tant que le jour à la nuit succèdera ! Voici, en vers, un bref exposé de quelques-unes de ses qualités — que puis-je en effet dire de celui que Dieu a élevé en dignité et placé au sommet114 ! Par amour pour vous j’ai laissé l’ardeur inonder mon cœur, Mes compagnons m’ont exhorté à la patience mais je ne le puis, N’avez-vous donc jamais connu la passion, dis-je à mes censeurs ? Par vos blâmes, vous commettez un acte infâme, J’ai obéi, par ma vie, à ma douleur par vous avivée et n'ai obéi Ni à Zayd ni à ʿAmr115.

114 Les sept premiers vers et les deux derniers sont empruntés (parfois dans le désordre) au cadi Šaraf al-Dīn ʿAbd al-ʿAzīz b. Muḥammad, surnommé šayḫ šuyūḫ Ḥamāt (586-662/1190-1263), né à Damas et mort à Hama, grand juge, poète et grand lettré, l’un des maîtres d’al-Nawawī et d’Ibn Ǧamāʿa. Cf. Ibn Šākir al-Kutubī, Fawāt al-Wafayāt, II, 354-363, no 289 et la note pour des références complémentaires ; Ibn Taġrībirdī, al-Manhal, VII, p. 293-299, notice 1443. Exceptionnellement, pour des raisons de mise en forme de la traduction française, nous n'avons pas pu reproduire la disposition des vers telle qu'elle figure dans le texte arabe. 115 Expression pour signifier « à personne d’autre » et pourrait se traduire par : « ni à Pierre ni à Jean ».

125

‫منا قب ا لسلطا ن ا مللك ا لظا هر أ بو سعيد برقو ق‬ ‫ْط الل ِّو َى ق َ ْد بدا لَنا فَلا‬ ‫سق ُ‬ ‫خ َليل َيّ ها ِ‬ ‫بَلْ ق ِفا نَب ْكِ م ِنْ ذِك ْرا‬

‫ت َ ْقط َعاه ُ‪171‬‬

‫تَباعَد َ مَسْر َى مِصْر ِنا م ِنْ ِحجازِه ِ و َق َ ْد زار َنا لَي ْلا ً فَسُب ْحانَ م َنْ أَ س ْرى‪43/ 172‬ظ‪/‬‬ ‫ن م َ َع ال ْعُسْر ِ ال َ ّذي‬ ‫خ َو ّفَت ْني م ِنْ تَحَن ّيه َ‪ 173‬ع ُ َ ّذل ِي ف َِإ َ ّ‬ ‫لئَ ِ ْن َ‬ ‫ز َع َموا‬

‫يُس ْرا‪174‬‬

‫ل‬ ‫و َِإ ْن بانَ ذ ُل ِّي و َانْكِساري لِبَي ْن ِه فَم َنْ قَي ْصَر ٌ عِنْد َ الْوِصا ِ‬ ‫كس ْرى‬ ‫وَم َنْ ِ‬

‫ك‬ ‫فلله ِ أَ وْقاتي بِه ِ ما أَ س َ َرّها وَلِله ِ مَدْحي في م َعالي َ‬ ‫ما أَ س ْرى‬

‫ض بَرْحى رِكابُنا م ُيَمِّم َة ً م ِنْ نَي ْلِك‬ ‫ك الْأَ ْر ِ‬ ‫ك م َلي َ‬ ‫ِإلَي َ‬ ‫ل و َال ْب َحْ را‬ ‫النِّي َ‬

‫ك ٱلله ُ م ِنْ مَل ْكٍ أَ ن َاَف عَلى ال ْو َرى بِعَزْم َتِه ِ ال ْيَقْظى‬ ‫لَ َ‬ ‫وَه َِم ّتِه ِ ا�لْكُب ْرى‬

‫س ب ِاسْمِه ِ و َيَب ْدو فَيُسْتَسْقى‬ ‫ن ال ْبُؤ ْ ِ‬ ‫سَم ّي فُيُسْتَشْفى م ِ َ‬ ‫بِطَلْع َتِه ِ الْقَطْرا ‪44/‬و‪/‬‬

‫‪« 171‬ه» في الهامش‪.‬‬ ‫جدِ الْأَ ق ْص َى﴾‪ ،‬سورة الإسراء‪.1 ،‬‬ ‫س ِ‬ ‫جدِ الْحَرَا ِم ِإلَى ال ْم َ ْ‬ ‫س ِ‬ ‫ن ال ْم َ ْ‬ ‫سب ْح َانَ ال ّ َذ ِي أَ سْر َى بِعَبْدِه ِ لَي ْل ًا مّ ِ َ‬ ‫‪ُ ﴿ 1 72‬‬ ‫ٰ‬ ‫حذفت الراء والألف المقصورة أثناء تجليد المخطوط‪.‬‬ ‫‪ 173‬كذا في الأصل والصواب ‪ :‬تجنِّيه‪.‬‬ ‫نَ م َ َع ال ْعُسْر ِ يُسْر ًا﴾‪ ،‬سورة الشرح‪.٥ ،‬‬ ‫‪﴿ 174‬ف َِإ ّ‬

‫‪1 26‬‬

D e s v e rt u s d u s u ltan a l- M a li k a l-z. āhi r A b ū S a ʿ ī d Barq ū q

Mes amis, voici que Siqṭ al-Liwā nous apparaît, n’allez pas au-delà116 ! Faisons halte, et que le souvenir nous fasse pleurer ! Le voyage nocturne nous éloigne du Ḥiğāz vers l’Égypte, Nous la vîmes en songe – « Gloire à Celui qui a fait accomplir le voyage nocturne117 ! » Les censeurs me font craindre les reproches [de ma bien-aimée], Après leur prétendu tourment, survient la délivrance ! Si l’on me voit humilié et abattu par la séparation, Qui donc sera César ou Chosroès, quand viendra l’union ! Dieu, comme sont joyeuses mes heures en sa compagnie ! Dieu, comme ta majesté porte au ciel mes louanges ! Vers toi, grand seigneur de la terre, nos montures épuisées se tournent Dans l’espoir de tes dons, du grand Nil elles prennent la direction. Par Dieu, quel souverain ! Par sa vigilance résolue Et par ses hauts desseins, il domine les êtres, Sublime, que son nom soit prononcé et le malheur, à l’entendre, aussitôt se dissipe ! Il apparaît, et l’eau du ciel, à sa vue, se déverse,

116 Allusion à un vers tiré d’al-Muʿallaqa d’Imru’ al-Qays ; cf. Pierre Larcher, « La Muʿallaqa de’Imru’ al-Qays. Introduction, traduction et notes », Arabica, 45/2 (1998), p. 251 ; Heidi Toelle, Les Suspendues (Al-Mu’allaqât), trad. et présentation, Paris, Flammarion, 2009, p. 68-96. 117 Référence au Coran, XVII, 1.

127

‫منا قب ا لسلطا ن ا مللك ا لظا هر أ بو سعيد برقو ق‬ ‫ل ما أَ ن ْكى‬ ‫ل ف َِإ ْن صا َ‬ ‫ل وم ِقو َ ٌ‬ ‫ن لَه ُ خَصْ م ًا ف ِعا ٌ‬ ‫يُدي ُ‬ ‫ل ما أَ دْرى‬ ‫قا َ‬

‫ن‪175‬‬ ‫و َإ ْ‬

‫سطى و َلا غَي ْثَ إلا ّ ما‬ ‫فَلا لَي ْثَ ِإلا ّ م َنْ سَطى هذِه ِ ال ُ ّ‬ ‫ك ال ْم َجرى‬ ‫ج َرى ذل ِ َ‬

‫ض م ِنه ُ لَذا‪ 176‬ال ْو َغى ب ِأَ مْن َعِه ِ ْم جار ًا‬ ‫تَلوذ ُ ملوك ُ الْأَ ْر ِ‬ ‫و َأَ رْف َعِه ِ ْم‪ 177‬قَدْرا‬

‫و َأَ وْفَرِه ِ ْم ن َ ْفسًا و َأَ بْطَشِه ِ ْم ي َدا و َأَ ثْقَبِه ِ ْم ر َأْ ي ًا‬ ‫و َأَ نْفَذِه ِ ْم أَ مْرا‬

‫حبِه ِ ْم باعًا و َأَ ق ْر َبِه ِ ْم جَدّا و َأَ غ ْلَبِه ِ ْم حَرْب ًا‬ ‫و َأَ ْر َ‬ ‫وأَ طْ يَبِه ِ ْم ذِك ْرا‬

‫ْس و َال ْبَدْرا‬ ‫شم َ‬ ‫ل ال ْ َ ّ‬ ‫ج ُ‬ ‫ف َت ًى تَبْه َر ُ الْأَ ب ْصار َ عَن ْه ُ مَهابَة ٌ عَلى نورِ وَجْه ٍ يُخ ِ‬ ‫‪44/‬ظ‪/‬‬

‫ل يَس ُُُنّ لَنا َ‬ ‫س يوجِبُ‬ ‫ش َ ّده ُ ب َأْ ٌ‬ ‫الن ّدى و َ َ‬ ‫بِلُط ِ‬ ‫ْف أَ فاعي ٍ‬ ‫ح و ََالن ّص ْرا‬ ‫الْفَت ْ َ‬

‫ن الْعَل ْياء ِ في م َتْنِ ِ‬ ‫ل ال ْعِلْم ِ‬ ‫شامخ َ‬ ‫ح َلَل ْتَ م ِ َ‬ ‫شدَدْتَ ل ِأَ ه ْ ِ‬ ‫في أَ ْوجُه ٍ‪ِ 178‬إزْرا‬

‫‪ 175‬‬ ‫‪ 176‬‬ ‫‪ 177‬‬ ‫‪ 178‬‬

‫«ن» في الهامش‪.‬‬ ‫كذا في الأصل والصواب ‪ :‬لدى‪.‬‬ ‫في الأصل ‪ :‬أرفع ُهم‪.‬‬ ‫جه ِ‪.‬‬ ‫كذا في الأصل والصواب ‪ :‬في أَ ْو ِ‬

‫‪128‬‬

D e s v e rt u s d u s u ltan a l- M a li k a l-z. āhi r A b ū S a ʿ ī d Barq ū q

Par les actes et les propos [du sultan], l’adversaire est soumis, Ses attaques deviennent inoffensives et ses paroles insensées. Il n’est de lion véritable sans de tels assauts, Il n’est de pluie [bienfaisante] sans cette abondance, Au plus fort de la mêlée, tous les rois se terrent, Dans le feu de la guerre les souverains de la terre auprès de lui cherchent refuge. Lui dont le protégé est invincible et la dignité plus élevée, Lui dont l’âme est plus généreuse et le bras plus vigoureux, Lui dont l’esprit est plus pénétrant et le commandement plus impérieux, Lui dont l’hospitalité est la plus grande et la fortune la plus heureuse, Lui dont les victoires sont les plus nombreuses et la renommée immaculée, Jeune homme accompli qui éblouit les regards, son visage radieux inspire la crainte et fait pâlir le soleil et la lune, Par ses bienfaits à notre égard sa générosité fait loi Et sa grande force lui vaut victoires et succès. Descendu du firmament, du faîte de ta gloire,

129

‫منا قب ا لسلطا ن ا مللك ا لظا هر أ بو سعيد برقو ق‬ ‫ل واجِبا ِإذا اسْ تَغْر َقوا في‬ ‫ول َ ْم ي َ ْق ِ‬ ‫ض أَ رْبابُ الْف َضائ ِ ِ‬ ‫شكْرِك َ َ‬ ‫الن ّ ْظم َ و ََال ّن ْثرا‬ ‫ُ‬

‫ن لَه ُ ال ُد ّن ْيا‬ ‫فَلا زِل ْتَ ذا مُل ْكٍ ج َديدٍ م ُؤ ََي ّدٍ ت َدي ُ‬ ‫و َتَصْ فو لَه ُ ا ْل ُأخْرى‬

‫ل ِإلا ّ أَ ْن‬ ‫طو ْ ُ‬ ‫ل عَلى ال ْو َرى و َما ال َ ّ‬ ‫ل لِل َْأي ّا ِم َطو ْ ٌ‬ ‫و َلا زا َ‬ ‫امين‪ ،‬امين‪ ،‬امين‪45/ .‬و‪/‬‬

‫ك ال ْعُمْرا‪.‬‬ ‫ل لَ َ‬ ‫يُطي َ‬

‫تم ّ الكتاب المبارك بحمد ﷲ وعونه وذلك في خامس عشر جمادى الآخرة سنة خمس‬

‫وثمانين وسبعمائة للهجرة النبو ي ّة‪ .‬حسبنا ﷲ ونعم الوكيل‪.‬‬ ‫لم‬

‫خدمة المملوك محمد بن عقيل‬

‫‪13 0‬‬

D e s v e rt u s d u s u ltan a l- M a li k a l-z. āhi r A b ū S a ʿ ī d Barq ū q

Aux hommes du savoir, en son apogée, tu prêtas main-forte, Jamais les hommes de mérite ne pourront te rendre grâce, Dussent-ils tarir prose et poésie ! Que ton règne soit sans cesse affermi ! Qu’il domine ici-bas et, dans l’au-delà, béni ! Que, jour après jour, il soumette le monde ! Il suffit que Dieu te prête longue vie. Amen, amen, amen ! Par la grâce de Dieu et Son assistance, cet ouvrage béni a été achevé le quinzième jour du mois de ǧumāda II, en l’an 785 de l’hégire du Prophète (15 août 1383). Dieu nous suffit, quel excellent garant ! Amen. Hommage (ḫidmat) du serviteur Muḥammad b. ʿAqīl.

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Index

Abbassides  25, 26, 55 ꜥAbd al-Ḥamīd b. Yaḥyā 18 Abū l-ꜥAbbās, souverain hafside (r. 772796/1370-1394) 10 Abū Bakr, premier calife (r. 11-13/632634) 18 Affranchissement (kitāba, mukātaba, ꜥitq)  99, 113, 115, 117 Ahlwardt, Wilhelm  8, 31 ꜥᾹ’iša, sœur de Barqūq  29 Alep  26, 63, 67, 69 Alexandre  18, 29, 83 Alexandrie  13, 25, 123 ꜥAlī Ibn Abī Ṭālib, quatrième calife (r. 35-40/656-661)  8, 47 Almoravides 71 Amīr al-mu’minīn (émir des croyants)  22, 47, 71, 75 Amīr al-muslimīn (émir des musulmans)  22, 71, 73 ꜥAmr 125 Anas, père de Barqūq  28, 29, 117 Anatolie  12, 13 al-Andalus 22 Anūk, voir al-Malik al-Manṣ ūr  ꜥAqaba 73 Aqṭāy, voir Fāris al-Dīn  Arġūn al-ꜥAlā’ī, régent  65, 67 Arwā (île d’)  71 ꜥAṣaba (agnats)  111, 113, 115 Asandamur, voir Sayf al-Dīn  Asie Centrale  14 Atabeg  26, 69, 73 Atabeg des armées  12, 71, 75 Aybak, voir al-Malik al-Muꜥizz  ꜥAyn Ğālūṭ 55 Aynabak, régent  73

Ayyoubides  9, 11, 15, 17, 19, 26, 31, 77 Ayyūb, voir al-Malik al-Afḍal  al-Azhar, voir Mosquée al-Azhar  Baalbeck 31 Badr al-Dīn Muḥammad al-Bulqīnī  10, 31, 75 Badr al-Dīn Muḥammad Ibn Ğamāꜥa 125 Bagaded, épouse de Barqūq  26 Bagdad  25, 55 Bahā’ al-Dīn ꜥAbdallāh Ibn ꜥAqīl 9, 10, 31 Bahrām b. ꜥAbd al-Salām al-mutafarriq (chargé des registres de l’armée)  34 Baḥrites  11, 14, 16, 22, 55, 83 Banū Ġassān  27 Baraka/Berke, émir  12, 27 Baraka/Berke Muḥammad, voir alMalik al-Saꜥīd  Barqūq, voir al-Malik al-Ẓāhir  Baṣra 21 Baybars, voir al-Malik al-Muẓaffar et al-Malik al-Ẓāhir   Baybars al-Ğāšnikir, ustādār (majordome) 63 Baybuġā Rūs (Urūs), vice-sultan à Alep  67, 69 Baydarā, vizir puis vice-sultan  59, 61 Bayn al-Qaṣrayn (au Caire)  25, 29 Berlin  7, 35 Bételgeuse 79 Bilād al-Šām, voir Syrie  Birmā  25, 123 al-Buḥayra  59, 71 Bulqīnī, voir Badr al-Dīn  Burğiyya (régiment)  11, 61 Burhān al-Dīn Ibrāhīm Ibn Ğamāꜥa 10

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ta bl e d e s m at i è r e s

Cadi  9, 10, 15, 16, 21, 25, 31, 75, 123, 125 Captifs 105 Caspienne (mer)  11 Caucase 11 César  83, 127 Chafiites  8, 9, 10, 16, 21, 22, 30, 31, 101, 111 Chasse  15, 59, 83, 93, 107 Chiites 89 Chosroès  83, 127 Chrétiens, voir aussi melkites, coptes, jacobites  13, 24, 89, 121 Chypre 13 Circassiens  11, 12, 14, 16, 20, 24, 27, 63, 117 Citadelle du Caire  26, 29, 30, 57, 61, 67, 69 Citadelle de Damas  63 Citadelle de Kérak  23 Coptes  13, 23-25, 119, 121, 123 Crimée 12 Dār al-ꜥAdl  15, 69 Ḍamān (compensation)  91, 93, 99, 107 Damas  8, 12, 16, 26, 30, 31, 35, 57, 59, 63, 69, 77, 119, 125 Damiette 13 Divorce, voir aussi ṭalāq  15, 101 Égypte (voir aussi Haute-Égypte)  8, 10, 12-14, 16, 19, 20, 23, 24, 34, 55, 59, 61, 63, 65, 69, 119, 127 Esclaves  12, 15, 95, 97, 99, 103, 105, 113, 115, 117 Euphrate  12, 13 Farağ, voir al-Malik al-Nāṣir  Farḍ, pl. farā’id (part réservataire)  111 Fāris al-Dīn Aqṭāy al-Mustaꜥrib alṢāliḥī 55 Fatḥ al-Dīn Muḥammad b. ꜥAbdallah Ibn ꜥAqīl  7-11, 13-19, 20-28, 30, 31, 35, 57, 121, 131 Fatwa  10, 21, 25, 26 Femmes, voir aussi Bagaded, Iltuṭmiš, Qānquz  15, 73, 109 Ğāhiliyya 18 Ğalāl al-Dīn al-Tubbānī  29

Ġirāra (mesure de capacité)  119 Grenade 22 Ğubrān (ajustement de la zakāt)  87, 89 Ğurğānī Abū l-ꜥAbbās Aḥmad b. Muḥammad  21, 30, 101 Hafsides  10, 17 Ḥāğğī, voir al-Malik al-Muẓaffar et alMalik al-Ṣāliḥ  Ḥāğib (chambellan)  16 Hama  31, 63, 125 Hanafites  8, 16, 89 Hanbalites 89 Ḫarāğ (impôt foncier)  119 Ḥasan al-Baṣrī 47 Haute-Égypte 63 Ḫawand Hāğar, épouse de Barqūq  26 Hay’āt (formules de la prière)  87 Ḥayawān (animal)  95 Ḫidma (hommage/au service de)  7, 35, 131 Ḥiğāz  61, 63, 119, 127 Hind 109 Hišām b. ꜥAbd al-Malik (r. 105-125/724743) 18 Ḥusām al-Dīn Ṭurunṭāy, vicesultan 59 Ibn ꜥAbd al-Ẓāhir  19, 30 Ibn Abī Ḥağala   19, 20 Ibn ꜥAqīl, voir Bahā’ al-Dīn ꜥAbd Allāh, Fatḥ al-Dīn Muḥammad et Nağm alDīn Muḥammad  Ibn al-ꜥAṭṭār Šihāb al-Dīn Aḥmad alDunaysirī  31, 77 Ibn Duqmāq  20 Ibn Faḍl Allāh al-ꜥUmarī 29 Ibn Ğamāꜥa, voir Badr al-Dīn et Burhān al-Dīn  Ibn Ḫaldūn  10, 20, 22, 26, 27 Ibn al-Qaysarānī Ibrāhīm al-Ḫālidī 19 Ibn Šaddād ꜥIzz al-Dīn  19 Ibn Taġrībirdī  22 Ibn al-Ṭiqṭaqā (Ibn Ṭabāṭabā) Muḥammad b. ꜥAlī 18 Ibn ꜥUnayn  9, 30, 77, 83

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Ibn Zarqāla Šaraf al-Dīn ꜥAbd al-ꜥAzīz b. Muḥammad  31, 125 ꜥĪd al-Šahīd (fête du Martyr)  23, 24, 121 ꜥIdda (délai de viduité d’une femme libre)  101, 103 Iḥrām (sacralisation)  85, 91 Iltuṭmiš, épouse d’al-Malik al-Ẓāhir Baybars   57 Imru’ al-Qays  127 Iqrā’, voir ꜥidda  Iqṭāꜥ (concession)  123 Istibrā’ (délai de viduité d’une esclave)   103 Jacobites 13 Jésus 83 Jeûne  15, 89 Kasr al-ḫalīğ (ouverture du canal)  23, 30, 121 Kazakhstan 14 Kérak  12, 13, 23, 61, 63, 65 Kitbuġā, voir al-Malik al-ꜥĀdil  Kuğuk voir al-Malik al-Ašraf  Kurğī, mamelouk d’al-Malik al-Manṣūr Lāğīn 61 La Mecque  13, 33, 79, 91, 95 Le Caire  8- 12, 17, 20, 22-26, 28-31, 57, 59, 61, 67, 69, 117, 119, 121 Maḏāhib, voir aussi chafiites, hanafites, hanbalites, malékites  18 Madrasa al-Qamḥiyya (au Caire)  22 Madrasa al-Ṣāliḥiyya (au Caire)  25 Madrasa al-Ṭaybarsiyya (au Caire)  9 Madrasa al-Ẓāhiriyya (au Caire)  8, 17, 29 Malékites  10, 25 al-Malik al-ꜥĀdil b. Ayyūb (r. 596615/1200-1218)  9, 30, 57, 83 al-Malik al-ꜥĀdil Kitbuġā (r. 694696/1294-1296) 61 al-Malik al-ꜥᾹdil Salāmiš b. Baybars (r. 678/1279)  57, 59 al-Malik al-Afḍal Ayyūb, père de Saladin 29 al-Malik al-Ašraf Ḫalīl b. Qalāwūn (r. 689-693/1290-1293)  19, 59

al-Malik al-Ašraf Kuğuk (r. 742/13411342)  15, 63, 65 al-Malik al-Ašraf Šaꜥbān II (r. 764778/1363-1377)  12, 26, 71, 73 al-Malik al-Kāmil Šaꜥbān (r. 746747/1345-1346)  15, 65, 67 al-Malik al-Manṣūr Abū Bakr (r. 741742/1341)  15, 63 al-Malik al-Manṣūr ꜥAlī b. al-Ašraf (778783/1377-1381)  12, 27, 73 al-Malik al-Manṣūr ꜥAlī b. Aybak (r. 655657/1257-1259) 55 al-Malik al-Manṣūr Lāğīn (r. 696698/1296-1299)  15, 61 al-Malik al-Manṣūr Muḥammad (r. 762764/1361-1363)  22, 71 al-Malik al-Manṣūr Qalāwūn (r. 678689/1279-1290)  7, 11, 14-16, 19, 26, 59, 61 al-Malik al-Mansūr Sayf al-Dīn Anūk b. Ḥusayn 71 al-Malik al-Mu’ayyad Šayḫ (r. 815824/1412-1421)  14, 28 al-Malik al-Muꜥaẓẓam ꜥĪsā b. al-ꜥĀdil (r. 615-624/1218-1227) 77 al-Malik al-Muꜥizz Aybak (r. 648655/1250-1257) 55 al-Malik al-Muẓaffar Baybars II (r. 708709/1309-1310)  11, 15, 24, 63 al-Malik al-Muẓaffar Ḥāğğī b. al-Nāṣir Muḥammad (r. 747-748/13461347) 67 al-Malik al-Muẓaffar Sayf al-Dīn Quṭuz (r. 657-658/1259-1260)  30, 55, 57 al-Malik al-Nāṣir Aḥmad (r. 742743/1342)  15, 65 al-Malik al-Nāṣir Farağ b. Barqūq (r. 801815/1399-1412) 12 al-Malik al-Nāṣir Ḥasan (r. 748752/1347-1351, 755-762/1354-1361)  11, 20, 22, 67, 69 al-Malik al-Nāṣir Muḥammad b. Qalāwūn (r. 693-741/1293-1341)  20, 24, 61, 63, 65, 83

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al-Malik al-Nāṣir Ṣalāh al-Dīn b. Ayyūb (r. 569-589/1174-1193)  25, 26, 29, 30, 57 al-Malik al-Raḥīm, voir Baydarā  al-Malik al-Saꜥīd Baraka/Berke Ḫān (r. 676-678/1277-1279) 57 al-Malik al-Ṣāliḥ ꜥAlī b. Qalāwūn  59 al-Malik al-Ṣāliḥ Ayyūb (r. 637647/1240-1249)  11, 55 al-Malik al-Ṣāliḥ Ḥāğğī (r. 783-784/13811382)  12, 26, 27, 73, 75 al-Malik al-Ṣāliḥ Ismāꜥīl (r. 743746/1342-1345)  19, 65 al-Malik al-Ṣāliḥ Ṣāliḥ b. al-Nāṣir Muḥammad (r. 752-755/13511354)  67, 69 al-Malik al-Ẓāhir Barqūq (r. 784801/1382-1399)  7-17, 20-31, 37, 49, 53, 71, 73, 75-83, 117-131 al-Malik al-Ẓāhir Baybars al-Bunduqdārī (r. 658-676/1260-1277)  19, 23, 25, 29, 30, 57, 83 Manāqib (vertus)  16, 18, 19 Manğak, vice-sultan à Damas  12, 67 al-Maqrīzī  24, 28 Marwān b. Muḥammad, calife (r. 127132/744-750) 18 al-Masā’il wa l-ağwiba (questions et réponses) 21 Maydān al-Aḫḍar (Hippodrome Vert à Damas) 30 Maẓālim (décisions de justice rendues par le souverain)  15, 16 Médine  47, 119 Melkites 13 Mérinides 22 Minā 79 Minṭāš, émir  10, 13, 26 Mīqāt (lieu et moment de la consécration lors du pèlerinage)  91, 93 Mīrāṯ (héritage)  15, 109, 111, 113, 115 Miṣr, voir aussi Le Caire et Égypte  9, 77, 119

Mongols  13, 19, 25, 55, 59, 61 Mosquée al-Azhar (au Caire)  9 Muḥammad (Prophète de l’Islam)  7, 8, 14, 18, 35, 45, 47, 83, 117, 131 Muḥammad al-ꜥĀdanī (ou alꜥĀdilī) 34 Muḥammad b. Aḥmad b. Yūsuf alṬawāqī 35 Mukūs (taxes non canoniques)  11 al-Muqaṭṭam (au Caire)  57 Mustaꜥṣim bi-Llāh, dernier calife abbasside de Bagdad (r. 640656/1242-1258) 55 Mustaꜥṣim bi-Llāh, calife au Caire (r. 788-791/1386-89) 26 Mutafarriq/müteferrika (chargé des registres de l’armée)  34 Mutawakkil ꜥalā Llāh, calife au Caire (r. 763-779, 779-785, 791-808/1362-1377, 1377-1383, 1389-1406)  25, 26, 75 Muwaqqiꜥ al-darğ (secrétaire de chancellerie) 9 Nağm al-Dīn b. ꜥAlī l-Ṭarsūsī 16 Nağm al-Dīn Muḥammad Ibn ꜥAqīl 9 Nā’ib al-salṭana (vice-sultan)   12, 55, 59, 61, 63, 67, 69 Naṣīḥat al-mulūk (conseils au prince)  17, 18 al-Nawawī   125 Nawrūz (fête du Nouvel An)  24 Nikāḥ (mariage)  103, 105 Nil   11, 23, 24, 28, 59, 71, 119, 121, 127 Nisāb (nombre minimum d’animaux soumis à la zakāt) 87 Noire (mer)  11 Ottomans  13, 27, 34 Oulémas/savants  7- 11, 15, 16, 18, 20, 21, 26-28, 30, 31, 49, 51, 75 Pèlerinage à La Mecque  15, 28, 33, 34, 73, 91, 93, 95, 117 Peste Noire  67 Qalāwūn, voir al-Malik al-Manṣūr   Qānquz, sœur de Barqūq  29 Qaraṭāy, voir Sayf al-Dīn  

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Qaṣr al-Ablaq (au Caire et à Damas) 30 Qatāda b. Diꜥāma 45 Qawṣūn, régent  63, 65 Qayṣar 47 Qipčaq 14 Qubbat al-Naṣr (Coupole de la Victoire au Caire)  67 Qubilāy, voir Sayf al-Dīn   Qunūt (recueillement pendant la prière) 87 Qūṣ 63 Quṭuz, voir al-Malik al-Muẓaffar  Ramaḍān (jeûne du), voir aussi jeûne  15, 89 Ra’s nawba (chef des mamelouks du sultan) 69 Rawḍa (île de)  11, 71, 119 Rawk (cadastre)  61 Rifāꜥi (famille de Damas), voir ꜥUmar Afandī l-Rifāꜥī  Russie 14 Šaꜥbān, voir al-Malik al-Ašraf et al-Malik al-Kāmil  Ṣadaqa (aumône)  71, 79, 123 Šāfiꜥ b. ꜥAlī b. ꜥAbbās 19 al-Šāfiꜥī (m. 204/820)  8, 101, 109 Šağar al-Durr  55 Šahāda/Šuhūd (témoignage/ témoins)  15, 91, 97 Saladin, voir al-Malik al-Nāṣir Ṣalāh al-Dīn  Ṣalāḥ al-Dīn Muḥammad b. Sayf al-Dīn Tankiz al-Ḥusāmī 26 Salāmiš, voir al-Malik al-ꜥᾹdil  Ṣalāt (prière)  15, 25, 75, 85, 87,123 Ṣāliḥiyya voir Baḥrites  Sālim Abū l-ꜥAlā’ 18 Sallār al-Manṣūrī, vice-sultan  61, 63 Šams al-Dīn Ibrāhīm Kātib Arlān, vizir 28 Šams al-Dīn Muḥammad b. Yūsuf alRakrākī 10 Ṣarġatmuš  67, 69

Šarīꜥa (loi religieuse)  15 Ṣayd, voir chasse  Sayf al-Dīn Asandamur, atabeg  73 Sayf al-Dīn Qaraṭāy, régent  73 Sayf al-Dīn Qubilāy, vice-sultan au Caire  67, 69 Sayf al-Dīn Ṭaštamur, régent  73 Sayf al-Dīn Tāz, atabeg  67, 69 Sayf al-Dīn Yalbuġā al-ꜥUmarī, atabeg des armées  12, 16, 22, 23, 69, 71 Šayḫ, voir al-Malik al-Mu’ayyad  Šayḫū, chef des mamelouks du sultan  67, 69 Sayyida Nafīsa  8 Seljoukides 26 Siqṭ al-Liwā  127 Sirius 79 Šubrā 23 Šufꜥa (préemption)  99, 101 Sunnites  20, 22 Sunqur al-Ašqar  59 Syrie  12, 13, 19, 22, 26, 34, 57, 59, 61, 63, 69, 119 Taḥmidāt (eulogies, doxologies)  13 Ṭalāq (répudiation), voir aussi divorce  101, 109 Tamerlan  13, 27 al-Ṭarsūsī, voir Nağm al-Dīn  Tašahhud (profession de foi)  87 Ṭaštamur, voir Sayf al-Dīn   Tāz, voir Sayf al-Dīn  Tina, port égyptien  13 Transjordanie 12 Tripoli 63 Tughtigin (r. 497-522/1104-1128)  26 Tunis 10 Turc(s)  11, 14, 26, 29, 51-73 Turcoman 69 Ṭurunṭāy, voir Ḥusām al-Dīn  ꜥUmar b. ꜥAbd al-ꜥAzīz (r. 99-101/717720)  18, 47 ꜥUmar Afandī l-Rifāꜥī 35 ꜥUmar Ibn al-Ḫaṭṭāb, deuxième calife (r. 13-23/634-644)  18, 47

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al-ꜥUmarī, voir Ibn Faḍl Allāh et Sayf al-Dīn Yalbuġā  ꜥUmra (« petit pèlerinage »)  95 ꜥUrf (coutume locale)  15 Ustādār (majordome)  59, 63 al-Wāṯiq bi-Llāh, calife au Caire (r. 785788/1383-1386)  25, 26 Wetzstein, Johann Gottfried  35 Yalbuġā l-Nāṣirī  13, 26 Yalbuġā l-ꜥUmarī, voir Sayf al-Dīn  

Yazdegerd  18, 49 Yūnus al-Dawādār  29, 67 Zakāt (aumône légale)  15, 87 Zakāt al-Fiṭr (aumône de la rupture du jeûne) 89 Zayd 125 Zaynab 109 Zengi (r. 522-541/1128-1146)  26 Zenguides  15, 17, 22

Table des figures

Fig. 1 Ibn ꜥAqīl, al-Durr, ms. Staatsbibliothek zu Berlin, Wetzstein, I, 133, page de titre38 Fig. 2 Ibn ꜥAqīl, al-Durr, ms. Staatsbibliothek zu Berlin, Wetzstein, I, 133, fol. 1v°39 Fig. 3 Ibn ꜥAqīl, al-Durr, ms. Staatsbibliothek zu Berlin, Wetzstein, I, 133, fol. 20r°40 Fig. 4 Ibn ꜥAqīl, al-Durr, ms. Staatsbibliothek zu Berlin, Wetzstein, I, 133, fol. 45r° (colophon)41

Table des matières

Avant-propos5 Introduction7 – Muḥammad Ibn ꜥAqīl7 – Barqūq fondateur d’une nouvelle dynastie11 – Forme et composition du traité13 – Un genre composite17 – La légitimité du « bon souverain »25 – Sources et diffusion du traité30 – Description du manuscrit31 – Règles d’édition et de traduction36 Édition et traduction – Préface – Chapitre premier : Les débuts de la dynastie des Turcs – Chapitre deuxième : Des questions juridiques – Chapitre troisième : Des vertus du Sultan al-Malik al-Ẓāhir Abū Saꜥīd Barqūq

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Bibliographie133 – Sources133 – Instruments de travail et ouvrages de référence137 – Études138 Index145 Table des figures151 Table des matières153