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French Pages 492 [513] Year 1975
LES ÉGLISES ET LES }IONl�STERES
DES GRANDS CENTRES BYZANTINS (Bithynie, Hellespont, Latros, Galèsios, Trébizonde, Athènes, Thessalonique) PAR
RAYMOND JANIN t
A. A.
Fresque de dédicace (Église du Sauveur à Verria)
Publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique
INSTITUT FRANÇAIS D'ÉTUDES BYZANTINES
PARIS - 1975 Réimpression PARIS — 2022
LES ÉGLISES ET LES MONASTÈRES DES GRANDS CENTRES BYZANTINS
GÉOGRAPHIE ECCLÉSIASTIQUE DE L'EMPIRE BYZANTIN
Cette collection a débuté avec la publication du tome III, Les [de la ville de Constantinople]. Le volume en cours de publication prend le rang de tome II. On ne peut prévoir la date de publication ni la répartition des autres volumes de cette collection, qui devrait comprendre la suite du répertoire pour l'Asie Mineure et la Grèce. Il est préférable (pour les libraires comme pour les utlllsateurs) d'éviter les références à la collection et de s'en tenir au titre du volume. Eglises et les Monastères
LES ÉGLISES ET LES }ION1�STERES DES GRANDS CENTRES BYZANTINS (Bithynie, Hellespont, Latros, Galèsios, Trébizonde, Athènes, Thessaloniqu e) PAR
RAYMOND JANIN t A. A.
Fresque de dédicace (Église du Sauveur à Verria)
Publié avec le concours du Centre Nalional de la Recherche Scientifique
INSTITUT FRANÇAIS D'ÉTUDES BYZANTINES PARIS - 1975
Réimpression PARIS - 2022
ISBN 978-90-429-3119-0 eISBN 978-90-429-5128-0 © 2022, Institut Français d’Études Byzantines, Paris No part of this book may be reproduced in any form or by any electronic or mechanical means, including information storage or retrieval devices or systems, without prior written permission from the publisher, except the quotation of brief passages for review purposes.
AVANT-PROPOS
Il y a déjà deux ans que le père Raymond Janin déposait le manuscrit de l'ouvrage qu'il avait préparé comme suite au tome III de la Géographie ecclésiastique de l'empire byzantin pour devenir le répertoire des églises et des monastères de province. L'espoir d'assister à la publication de cette œuvre semblait le seul lien qui rattachât l'auteur à la vie durant ses derniers mois, mais il s'est éteint le 12 juillet 1972, près de ses quatre-vingt-dix ans. Le plan général de la Géographie ecclésiastique, présenté dans l'Avant Propos du seul volume paru jusqu'ici, le tome III : Les Églises el les Monastères ( de Constantinople), prévoyait une distribution très logique des matières ; l'ensemble aurait formé une suite parfaitement harmonieuse, si les diverses parties avaient pu être réalisées dans l'ordre du plan. Les volumes antérieurs devaient fournir le cadre géographique où se situent les monuments, mais un inventaire alphabétique des églises et des monastères perd son sens et son utilité, tant que ces études plus générales des villes et des provinces n'ont pas paru. Dans sa rédaction originale, le présent volume se présentait comme un répertoire des églises et des monastères de toutes les provinces de l'empire byzantin, mais certaines parties étaient très développées et d'autres incomplètes ou très schématiques. Il était nécessaire de refondre l'ouvrage, d'en distribuer autrement le contenu, d'élaguer plusieurs chapitres et de renvoyer à un autre volume la continuation du répertoire. Après avoir hésité devant l'ampleur de cette refonte indispensable, nous avons pensé que la foi et le labeur de notre confrère méritaient cet effort et cet hommage. Dans la première partie nous avons suivi un ordre géographique pour ce qui concerne la Bithynie et !'Hellespont : rive asiatique du Bosphore, diocèse de Chalcédoine, îles des Princes, diocèse de Nicomédie, Nicée, région de !'Olympe, diocèse de Cyzique (Hellespont). La recherche et la description des monuments par petites unités géographiques, tout en simplifiant l'appareil bibliographique, aboutissent à des résultats plus concrets et à une présentation plus naturelle. Deux listes historiques de monastères, celle du synode de 536 et celle du concile de 787, sont jointes en appendice intégralement au lieu d'être citées en ordre différent et dispersées. Les monastères enregistrés en 787 n'appartiennent pas tous à la Bithynie, mais c'est à cette province que ceux qui ne sont pas identifiés ont le plus de chance d'appartenir. Pour l'histoire monastique byzantine, surtout durant la période centrale de la vie de l'empire, la Bithynie constitue certainement, avec les établissements de !'Olympe et des rivages de la Marmara, le centre le plus actif. En même temps, l'étude systématique de la région met en évidence une des principales difficultés de la topographie byzantine : les localisations se heurtent à la multiplicité des dénominations et au décalage qui existe entre les divisions civiles (thèmes des Optimates et de l'Opsikion)
VIII
AVANT-PROPOS
et les divisions ecclésiastiques (métropoles de Chalcédoine, Nicomédie, Nicée et Cyzique, avec des archevêchés). Dans la seconde partie on envisage des unités moins étendues, centres de peuplement et villes, dont le choix est dicté à la fois par leur importance histo rique et par l'état des recherches actuelles ou de l'édition des documents. Le Galèsios et le Latros sont connus grâce à des Vies de saints de bonne qualité et - en ce qui concerne le Latros - par des documents d'archives, dont il a paru nécessaire d'établir une liste chronologique et analytique (en appendice) pour les besoins de l'information. A Trébizonde, dont la place particulière s'affirme à partir du xn e siècle, la présence des Grecs jusqu'au début du xx e siècle se maintient à peu près dans les mêmes conditions qu'en Bithynie, mais les monuments et les documents ne fournissent pas beaucoup de données relatives à la période ancienne. A Athènes et à Thessalonique, l'intensité du développe ment moderne des villes, qui provoque quelques découvertes archéologiques, menace aussi les monuments mineurs et fait disparaître les vestiges de la période byzantine, dans la mesure où les archéologues tendent toujours à atteindre les origines et s'intéressent aux phases censées les plus nobles de l'architecture et de l'urbanisme. L'inventaire devrait tenir compte de sources variées et de valeur inégale ; citons seulement les inscriptions, les notes et les colophons de manuscrits, les correspondances, les actes d'archives, y compris les archives italiennes et turques dont on commence à exploiter les richesses. A part les chroniques et les documents hagiographiques, ces documents sont loin d'être accessibles au même degré. Ainsi, tant que l'ensemble des Acles de ['Athos et des dossiers mineurs ne sont pas entièrement édités, la topographie souffre de nombreuses lacunes. D'autre part, il devient de plus en plus difficile à un seul auteur de contrôler plusieurs domaines de la recherche, de lire et de critiquer les textes, de parcourir les descriptions archéologiques et les rapports des voyageurs anciens ou modernes, de vérifier enfin sur tous les lieux les diverses indications recueillies. Sans écarter a priori aucune source, on doit néanmoins se limiter et renvoyer aux ouvrages concernant l'architecture, l'archéologie, l'iconographie pour l'appréciation des édifices par séries contemporaines ou par groupes régionaux. Dans les régions où la population grecque s'était maintenue jusqu'à ces derniers temps, il faudrait aussi étendre l'inventaire aux ultimes témoignages de la tradition vivante. Mais de même que nous avons écarté les témoignages de l'archéologie concernant la période paléo-chrétienne antérieure à l'empire byzantin, les monuments modernes ne sont pris en considération que dans la mesure où ils attestent la permanence d'un vocable, d'un culte ou d'un toponyme byzantin. Un tel choix n'est jamais facile, surtout quand la date des édifices est indéterminée. Tout bien considéré, le répertoire des églises et des monastères d'Asie Mineure aurait gagné à être concentré en un seul volume. Les circonstances ne nous ont pas permis d'atteindre cet idéal et d'achever cette synthèse, mais au lieu de remettre à plus tard la publication au risque de laisser perdre le fruit de tout ce travail, il nous a semblé préférable d'éditer les parties les plus avancées et les plus utiles et de répondre ainsi à la noble ambition de l'auteur. Paris le 12 juillet 1973
J.
DARROUZÈS.
SIGLES. ABRÉVIATIONS Cette liste ne comprend que les ouvrages et articles cités en abrégé en plusieurs notices ; op. cil. signifie donc dans tout le cours de l'ouvrage que le titre complet vient d'être cité en début de notice.
1) Les historiens et les chroniqueurs sont cités d'après le Corpus de Bonn, éventuellement d'après les éditions plus récentes (De Boor, Heisenberg, etc.).
2) Pour les Acles de l'Athos, on indique le nom du monastère, le numéro de l'acte, l'auteur de l'édition et la page selon les deux collections (Suppléments au Vizanlijskij Vremennik et Archives de ['Athos). 3) En raison du nombre des documents hagiographiques cités, les références sont simplifiées par renvoi à Bibliotheca hagiographica graeca (BHG et un numéro), qui donne les titres originaux et les éditions. Ces pièces sont citées sous le titre conventionnel de Vie (parfois Discours, Éloge). 4) Les premières références d'une notice importante renvoient généralement à la notice antérieure ou à une notice d'encyclopédie qui contient la bibliographie plus complète du sujet (région, ville, monument).
AB = Analecta Bollandiana, Bruxelles. Acles de Vazélon = Th. OusPENSKY et V. BÉNÉCHÉVITCH, Actes de Vazélon,
Léningrad 1927. 'Ecp11µepis, Athènes. AHRWEILER, Charislicariat = Hélène AHRWEILER, Charisticariat et autres formes d'attributions pieuses aux x8-x1 e siècles : ZRV I 8, 1963 p. 1-27 (réimpression : Études sur les structures administratives et sociales de Byzance, VII, Variorum Reprints, London 1971). AHRWEILER, Smyrne = Hélène AHRWEILER, L'histoire et la géographie de la région de Smyrne entre les deux occupations turques (1081-1317), parti culièrement au xm e siècle : TM 1, 1965, p. 1-204. ANTONIN = Archimandrite ANTONIN, 0 drevnich chrislianskich nadpisjach v Athinach, S. Pétersbourg 1874. Arch. Dell. = 'Apxm0Àoy1Kov LleÀTiov, Athènes. Archeion Ponlou = 'Apxeïov TT6vTov, Athènes. AS, Jan. = Acta Sanctorum (Januarius, etc., et le tome du mois), Bruxelles; renvoi à l'édition Palmé, Paris-Rome, pour les volumes réédités.
AE
= 'ApxaioÀoy1KrJ
Alhen. Mill. = Milleilungen des ... deutschen archaologischen Instituts. Athenische Ableilung, Athènes. Alhèna = 'A611vêi: (revue), Athènes. BALLANCE, Churches = Selina BALLANCE, The Byzantine Churches of Trebizond : Analolian Studies 10, 1960, p. 141-175. Voir aussi Nineteenth-Century Monuments. BCH = Bulletin de Correspondance Hellénique, Paris. 1-1
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SIGLES, ABRÉVIATIONS
= H.-G. BECK, Kirche und theologische Literatur im byzantinischen Reich, M ünchen 1959. BHG ( +n ° ) = Bibliotheca hagiographica graeca, troisième édition mise à jour ...
BECK, Kirche
par François HALKIN, Bruxelles 1957. Renvoi au numéro de ce répertoire pour tous les documents hagiographiques (Discours, Éloges, Passions, Vies) dont il indique l'édition ; nous donnons la division du texte, quand elle existe, et la page de l'édition; le nom de l'auteur de l'édition est cité avant la page, lorsque le document comporte plusieurs éditions. En principe, c'est l'édition la plus récente ou la plus sérieuse que nous citons. BNJ = Byzantinisch-Neugriechische Jahrbücher, Berlin-Athènes. BoKOTOPOULos, Lairos = P. L. BoKOTOPOULos, t\érrpos: EEBS 35, 1966-67, p. 69-106. Bonn = Corpus Scriptorum Historiae Byzantinae, Bonn. BRANOUSÈS, Christodoulos = Era BRANOUSÈs, Tè: ô:y1oi\oy1Kè: Keiµevo: 'TOV 60-îov XptO"'Toôovi\ov iôpV'Tov ,-fjs èv TTérrµc:, µovfjs, Athènes 1966. BRYER, Littoral = A. BRYER, The littoral of the Empire of Trebizond in two fourteenth century portolano maps : Archeion Pontou 24, 1961, p. 97-127. Voir aussi Nineteenth-Century Monuments. Byzantis = Bv3cnrrîs (revue), Athènes. BYZANTIOS, Konslantinoupolis = Sc. D. BYZANTIOs, KCùVO"'TO:V'TtVOV1Toi\1s fi nep1ypo:q,� ... -rfjs µeyo:Àon6r.eCùs... Ko:l 'Twv npoo:O"'Teieùv mrrf\s... , I-III, Athènes 1851-1869. BZ = Byzantinische Zeitschrift, München. Catechesis (Magna, Parva) voir Théodore Stouditès. CHRYSANTHOS = CHRYSANTHOs, métropolite de Trébizonde, 'H 'EKKt.flo-!o: Tpo:m30Gv,-os (Archeion Pontou 4-5), Athènes 1933. CoLIAS, Les bibliothèques = Jeanne CoLIAS, Les bibliothèques de la région de Trébizonde et leurs manuscrits grecs (thèse dactylographiée), Paris 1971. CUMONT, Voyage = Franz et Eugène CUMONT, Voyage d'exploration archéolo gique dans le Pont et la Petite Arménie (Studia Pontica II), Bruxelles 1906. DACL = Dictionnaire d'Archéologie Chrétienne et de Liturgie, publié par dom F. Cabrol et dom H. Leclercq, Paris. DCAE = �er.Tiov xp10"1"1o:v1Kf\S o:pxo:ior.oy1Kf\S È'Tmpe{o:s, Athènes. DELATTE, Portulans II = A. DELATTE, Les Portulans grecs. II. Compléments, Bruxelles 1958. DELEHAYE, Deux typica = H. DELEHAYE, Deux typica byzantins de l'époque des Paléologues (Classe des Lettres, Mémoires, série II, tome XIII), Académie Royale, Bruxelles 1911. Der Latmos = Th. WrnGAND, Der Latmos (Milet III 1), Berlin 1913. DHGE - Dictionnaire d'Histoire et de Géographie Ecclésiastiques, Letouzey, Paris. DIEEE = b.er-Tiov,-fjs 'IO"'Top1Kf\S 1 EvçElv 116VTC:) auµTrap. Les matériaux enlevés à Chalcédoine étaient de gros blocs de pierre, restes des fondations des remparts de la ville, que Suleyman employa pour établir la terrasse sur laquelle fut bâtie la mosquée. Si la destruction de la basilique avait été l'œuvre du sultan, Pierre Gilles n'aurait pas manqué de le dire. Elle était donc entièrement ruinée avant le milieu du xvi e siècle. 6
Les édifices. On connaît la disposition de la basilique et de ses annexes par la description qu'en donne l'historien Évagre au vi e siècle s . C'était d'abord un premier péristyle à ciel ouvert, orné de colonnes sur les quatre côtés, puis un second péristyle de même forme, mais couvert; en dehors, sur le côté nord est, était l'olKoS de la sainte, édifice rond, surmonté d'une galerie circulaire permettant aux assistants de suivre les cérémonies qui s'y faisaient. Le corps de la sainte reposait sur le côté gauche de l'édifice, dans une châsse d'argent artistement travaillée. Ce sanctuaire était donc en dehors de la basilique, dans laquelle se tinrent presque toutes les sessions du concile de 461. L'olKoS était le martyrium, dans lequel on ne faisait d'offices qu'à certains jours, la fête de la sainte, le 16 septembre, et l'anniversaire de la dédicace. On n'a aucune donnée sur les dimensions de la basilique, très vaste, ni sur son ornementation. On voit par les Actes du concile de 461 que les commissaires impériaux, qui dirigeaient 1. Notre notice antérieure : EO 22, 1921, p. 379-385. 2. Peregrinatio : Gayer, p. 50. 3. SocRATES, Rist. Eccl. VI 6: PG 67, 677&, cite le µaprup1ov; SozoMENUS VIII 4: Bidez-Hansen, p. 354" (PG 67, 1524&), cite T6:�oç, EVKT17p1ov o{Koç. 4. JANIN, EM, p. 120-124. 5. Le récit de Constantin de Tios et les autres documents sur le culte sont rassemblés maintenant par F. HALKIN, Euphémie de Chalcédoine (Subs. hagiogr. 41), Bruxelles 1965; Constantin parle seulement du rétablissement d'un métropolite à Chalcédoine après la crise iconoclaste (p. 98). 6. BYZANTIOS, Konstantinoupolis II, p. 267. 7. PIERRE GILLES, BT III 10, p. 246. 8. Rist. Eccl. II 3 : Bidez-Parmentier, p. 39-40 (PG 86, 2492-2493).
II. CHALCÉDOINE : VILLE
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les débats, siégeaient devant les cancels qui séparaient la nef du sanc tuaire 1. Astérios d'Amasée (410) a laissé une description saisissante de cinq peintures sur toile qu'il a vues dans un des portiques de l'église, non loin du tombeau de la sainte et qui représentaient les épisodes du procès et du martyre 2• On n'a pas moins de dix Passions de la Sainte et les supplices variés y sont décrits. D'après Évagre 3 , un miracle se produisait de temps en temps au tombeau de la sainte. Son corps suintait du sang, que clergé et fidèles recueillaient en abondance; c'était la . Un autre miracle, plus fréquent, était le parfum qui s'ehxalait du tombeau. Il n'y a pas lieu de s'appesantir sur ces faits merveilleux dûs souvent à des procédés que l'on retrouve ailleurs. L'emplacement de l'église est indiqué par les Actes du martyre, qui situent le tombeau à un mille environ de Chalcédoine, et par le passage d'Évagre disant qu'il était à deux stades du Bosphore, sur une petite hauteur où l'on parvenait par une pente insensible et d'où l'on pouvait apercevoir la campagne environ nante et Constantinople. Par Bosphore, les anciens entendaient sa continuation jusqu'à la presqu'île de Chalcédoine et même plus à l'ouest. Les deux stades (environ 370 mètres) doivent être pris à partir du rivage du golfe qui avançait autrefois un peu plus à l'intérieur. Ils conduisent sur une hauteur voisine, en dehors de la ville ancienne, celle-ci se terminant probablement au nord du petit col d'Alti Yol. C'est pourquoi on a pensé que la basilique était près de la tranchée du chemin de fer, soit au sud, soit au nord, sur une petite éminence. Comme il ne reste plus rien de visible depuis longtemps, aucune recherche ne permet de trancher la question. Nous croyons que c'était au nord du chemin de fer. Une fontaine, située au sud-ouest de la petite vallée par où passe la route, était encore alimentée au début du xx e siècle par une canalisation souterraine qui pourrait bien être celle que signale Pierre Gilles. Elle ne coule plus. 2. Bao-cra (µapws) :
ÉGLISE SAINTE-BASSA
Cette sainte fut martyrisée sous Maximien dans l'ile d'Halônè, près de Cyzique4• Son culte s'introduisit à Chalcédoine au moins dans la première moitié du v e siècle. En 464, l'église était desservie par le monophysite Pierre le Foulon5, qui avait été chassé du monastère des Acémètes et qui devint patriarche intrus d'Antioche (470-485-489). A l'église fut ajouté un monastère dont l'exis tence est attestée en 536 : son higoumène, le prêtre Ioulios, souscrivit la supplique des chefs de couvent 6 • Au siècle suivant, saint Alype le Stylite, obligé de suivre son évêque à Constantinople, passa une nuit dans l'église, où il eut une vision7• Depuis lors on n'a plus de nouvelles mentions du monastère ni de son église.
1. Sur le sanctuaire au temps du concile voir A.-M. SCHNEIDER, Sankt Euphemia und das Konzil von Chalkedon, Das Konzil von Chalkedon I, p. 291-302 (carte p. 297). 2. BHG 623: PG 40, 333-337; depuis, le texte grec a été édité par F. HALKIN (cité à la note 5, p. 32) p. 4-8. 3. Hist. Eccl. II 3 : Bidez-Parmentier, p. 41 (PG 86, 2493-2496). 4. AS, Aug. IV, 419-421; notice sur Sainte-Bassa de J. PARGOIRE : BO 6, 1903, p. 315-317; JANIN, La banlieue asiatique, p. 385-386. 5. THÉODORE LECTEUR I 20 : PG 86, 176&; Éloge de Barnabé par Alezandre (BHG 226): AS, Jun. II, 441 (§ 42); cf. PG 87, 4099. L' Éloge ne dit pas exactement comment Pierre le Foulon quitta le monastère des Acémètes : il ne suit pas de ce témoignage qu'il est un ancien moine du monastère. 6. Voir la liste, p. 425 {n ° 92). 7. Vie d'Alype (BHG 65) : Delehaye, p. 155ts; cf. EO 11, 1908, p. 277.
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BITHYNIE
La signature de !'higoumène Ioulios précise le lieu : dans le ( quartier) Himérios, et la Vie de saint Alype dit : près de la mer. Or l'Himérios est un petit ruisseau (auj. Ayirlik Çe§me) qui se jette dans la mer près de l'ancienne gare de Haydarpa§a. Des travaux de terrassements faits au début du xxe siècle y ont mis au jour de nombreux vestiges chrétiens qui doivent avoir appartenu à une église. 3. reoopyios ("Ay.)
Les patriographes attribuent au patriarche Sergius (610-638) la construction d'une église Saint-Georges dans laquelle il fut inhumé. Malheureusement les manuscrits ne sont pas d'accord sur le lieu où elle s'élevait. Les uns portent -rà Xo:ÀKiSov et les autres sv Xo:ÀK1')66v1 1 . M. Gédéon ne semble pas admettre son existence2• Il n'y a cependant là rien d'impossible. Le quartier Ta Chalkidou est inconnu. Par contre, il existe encore une petite chapelle en bois dédiée à saint Georges au bord des jardins potagers au-dessous de la mosquée de Kizil Toprak, sur le territoire de l'ancienne Chalcédoine. 4. Tà EV"rpo,rîov: MONASTÈRE o'EUTROPE
D'après les Pairia, le protospathaire Eutrope, à qui on devait, suivant la tradition, le port de même nom à l'est de Chalcédoine, dans la baie de Kalami§, aurait bâti au même endroit un monastère vers la fin du v e siècle 3• En réalité, le port ne fut établi que par Justinien. Quant au monastère, dont on ne connatt pas le vocable, il n'a pas laissé de traces. Son nom venait peut-être seulement de ce qu'il était dans le quartier Ta Eutropiou, dans le moderne Kalami§'. 5. MtX0:1')Àhsf1 (µOVT) 'TOV) : MONASTÈRE DE MICHAÈLITZÈS
Le nom de ce monastère vient de celui de son fondateur Michel, un pieux chrétien de Chalcédoine qui se préoccupait tout particulièrement du culte à rendre aux moines victimes de la persécution iconoclaste. Le 27 déc. 840, saint Théodore Graptos, une des plus célèbres victimes de l'empereur Théophile, mourait d'épuisement à Apameia Myrléa de Bithynie {auj. Mudanya). Lorsque la paix fut rendue à l'église par la mort de Théophile (20 janv. 842), Michel forma le projet d'aller chercher le corps du martyr. Et pour le recevoir il bâtit un monastère qui hérita de son nom. Un cortège sacré alla ensuite chercher la relique à Apameia Myrléa5 • Ce fut probablement en 842 ou 843. Au témoignage de Syméon Métaphraste le monastère était en activité en son temps6• La localisation est imprécise. En 1925, des ruines byzantines furent découvertes à Kadikoy, derrière le bâtiment de la Compagnie des Eaux; elles pourraient indiquer les restes du monastère, car une partie appartenait sftre ment à une église. Tout a été détruit pour de nouvelles constructions. 1. P1uw1m, p. 280 (n° 208). 2. GÉDÉON, Byz. Héort., p. 96. 3. PREGER, p. 267 (n° 166). 4. JANIN, CB, p. 497 ; dans le même site s'illustra Luc le stylite. Il y a peut-être un rapport entre l'appelation moderne de Kalami� {Kalamitzion) et le Kalamion de la liste de 536. 5. SYMEON MAGISTER (Theoph. Cont.) : Bonn, p. 643 ; situé simplement à Chalcédoine. 6. PG 116, 684 (Vie de Théodore Graptos) ; le texte emploie le terme cppovrtO'T{iptov.
II. CHALCÉDOINE
6. Tèx Mo:ÀEÀtO:S : MONASTÈRE DE MALÉLIAS
'lepefo:
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Le nom de la demeure ou du quartier provient, au dire des Palria, d'un protoasèkrètis Léon, surnommé Malélias, qui en fut le constructeur. L'existence du monastère de même nom n'est attestée que par une variante du texte 1. En se fondant sur l'ordre suivi par le rédacteur des Palria, on situe cette fondation certainement sur la côte asiatique et selon toute probabilité entre Chalcédoine et le port d'Eutrope. 7. flT)ÀO:µvfüov : MONASTÈRE DE PÈLAMYDION
L'existence de ce monastère est attestée non seulement par les patrio graphes2, mais aussi par les chroniqueurs, comme Léon Diacre 3 et Cedrenus4• Selon les patriographes, Léon le Philosophe y aurait élevé une statue sous Constantin Porphyrogénète (912-959). Léon Diacre et Cedrenus situent le couvent sur la côte asiatique, en face de Constantinople. C'est là que Léon le curopalate et son fils Nicéphore Phocas débarquèrent en 970 pour tenter un nouveau coup d'État qui échoua. D'ailleurs le nom même indique le voisinage de la mer en raison des poissons que l'on y pêchait, les pélamydes. Il semble que ce lieu est dans les environs de Hiéria, du moins d'après l'ordre que suivent les patriographes dans leur nomenclature, qu'il n'est pas toujours prudent de suivre.
" B. COTE DE LA PROPONTIDE 'Iepeio: : HIÉREIA, H1ÉRIA
Cette petite presqu'île, située au sud de Chalcédoine 5 , acquit au vi e siècle une certaine importance parce que l'empereur Justinien (527-565), sur le désir de sa femme Théodora, y fit construire un magnifique palais et une église de la Théotokos. Hiéria est remplacée aujourd'hui par le quartier de Fenerbahçe (Jardin du Phare), nom donné par les Turcs à cause du phare voisin; les Grecs disent Phanaraki (Petit Phare). La forme du nom varie beaucoup depuis les premières mentions ; on trouve de ce fait des confusions de localités homonymes6 • Le monastère ToO 'lepiov (ou 'Epiov) 7 qui se trouve dans la liste de 536, n'a sans doute rien à voir avec Hiéria, et les localisations à Hiéron du Bosphore sont signifiées clairement 8 •
1. PREGER, p. 268 (n° 167); en apparat, une conjecture de Lambecius (MCOŒÀIO:S) paraît inutile. 2. PREGER, p. 268 (n ° 168) : variantes TTo:Ào:µv6o:, 'Tl'T'JÀO:µi6o:, 3. Bonn, p. 14521 : µovo:O'TT]ptov, o TTT]Ào:µvs... 4. Bonn II, p. 404' : ;rpo6:o-mov, o... TTT]Ào:µv6tov. Les deux historiens parlent du même fait. 5. J. PARGOIRE, Hiéria (!RAJK 4, 1899), p. 11-70; JANIN, CB, p. 498-499; IDEM, La banlieue asiatique, p. 50-59. 6. PARGOIRE, Hiéria,p. 34-35 et 42-56. L'origine du nom est aussi obscure que ses formes sont variées, au singulier et au pluriel, au féminin et au neutre. Les variations s'expliquent sans doute du fait que le lieu est un ancien "Hpo:tov, temple d'Hèra. 7. Voir la liste, p. 424 (n° 74). 8. Voir p. 10. Au 1x• siècle, on trouve une mention du monastère TWV 'lepwv, difficile à localiser: TM 4, 1970, p. 181 ; une confusion avec Hiéria semble possible, mais le monastère n'est pas attesté autrement.
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BITHYNIE
Hiéria ne semble pas avoir eu de monastère sur son territoire, mais seulement des églises. ÉGLISE DE LA THÉOTOKOS Justinien bâtit cette église près du palais qu'il avait construit pour répondre aux désirs de l'impératrice Théodora. L'historien Procope se déclare impuissant à en décrire la splendeur 1 . Elle dura certainement plusieurs siècles et la ruine ne vint sans doute qu'assez tard, car Pierre Gilles 2 en trouva encore les murs debout au xv1 e siècle. Par contre Byzantios n'en découvrait qu'à peine les traces trois siècles plus tard 3• ÉGLISE SAINT-ÉLIE Cette chapelle fut bâtie dans le palais de Hiéria, en l'honneur du prophète Élie par Basile Jer le Macédonien4 • ÉGLISE SAINT-JEAN CHRYSOSTOME Au témoignage de Pierre Gilles6 , le promontoire avait pris le nom de Joannis Calamoti. Il l'explique par l'abondance des roseaux au voisinage de l'église. En 536, la dédicace au saint patriarche n'est pas attestée et on ne peut dire non plus à quelle date elle peut remonter ; le toponyme en tout cas existait et donnait même son nom à un monastère Kai\aµ{ov Twv Kérrw 6 . La persistance du nom sous la forme Kalamitzion et le turc Kalami§ mérite d'être relevée en cet endroit7 , où l'emplacement d'un ancien monastère explique peut-être l'existence d'une église. EÛKTI')plC1', Év cr6p'1' Àt6I V1J . 6. Vie 138', p. 107 (Bartelink, p. 290). 7. Vie 12017-18, p. 85 (Bartelink, p. 248); le passage indique les diverses servitudes de la vie commu nautaire auxquelles répondait une organisation hebdomadaire des travaux. 8. Vie 118-119, p. 82-83 (Bartelink, p. 242-246); on remarque que les Acémètes chassés de la capitale usent d'abord du droit de refuge els TOÙS 'ATioCJT6°ÀOVS, TIÀT]crlov Ti\S µovijs 'Ymrrlov; chassés de là par ordre de l'évêque, qui appliquait les consignes, les Acémètes sont retenus par les moines d'Hypa tios, au moment où ils passent le long de leur monastère; la distinction des deux fondations est très nette. 9. PARGOIRE, Rufinianes, p. 450-451.
II. CHALCÉDOINE : 'Povq>1v1ava!
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Théodose II, qui l'avait en très haute estime, le visita deux fois et lui écrivit plusieurs lettres. Les sœurs de ce prince, Pulchérie, Arcadia et Marina, venaient volontiers demander la bénédiction du solitaire, lorsqu'elles résidaient dans la villa voisine bâtie par Rufin 1. Vers la fin de 451, saint Auxence, convoqué par l'empereur Marcien, y fit un séjour 2 . Saint Sabas, retenu à Constantinople en 512-513, se retira à Rufinianes pendant l'hiver 3 . En 536, !'higoumène était le prêtre Sabbatios ; il est en tête de liste dans le diocèse de Chalcédoine, avant même les Acémètes et il est parmi les quelques higoumènes qui ne savent pas écrire4 . Les Synaxaires signalent au monastère de Rufinianes, qui est sans doute celui de Saint-Hypatios, l'existence d'un saint Jean, fêté le 15 ou le 16 mars selon les textes5 ; on ignore à quelle époque il vivait. Il est probable que le monastère fut ravagé par les Perses lors de leurs incursions de 616 et 626 6. Il fut réparé, surtout par le patriarche Théophylacte (933-956) qui y mourut et fut enterré auprès de son père Romain Lécapène7 . En 1084, le patriarche Eustrate Garidas, forcé de donner sa démission, y fut interné8 . Pendant l'empire latin d'Orient (1204-1261), le monastère devint momen tanément une dépendance de l'abbaye cistercienne Saint-Ange de Constantinople. Les moines grecs restèrent à Rufinianes jusque vers 1219-1220. Sommés de se rallier, après le concile de Latran de 1216, ils refusèrent et le patriarche latin Gervais céda le monastère aux Cisterciens de Saint-Ange. Ce ne fut qu'après la mort de Gervais en 1219 et après une sommation du légat Jean Collona que les Grecs abandonnèrent leur couvent. L'abbé de Saint-Ange voulait y trans férer toute sa communauté, mais celle-ci refusa et recourut au Pape 9 • Honorius III approuva la concession de Rufinianes, mais à la condition d'y établir une communauté d'au moins quatre membres (29 mars 1222)1°. La fondation se fit en 1225 comme filiale de Saint-Ange. Il est probable que la nouvelle communauté augmenta, puisque le supérieur de Rufinianes est dit abbé dans les trois décisions du Chapitre Général de l'Ordre. Les religieux se maintinrent jusqu'à la fin de l'empire latin d'Orient (1261), comme on le voit par deux décisions du Chapitre Général en 126011. Un auteur grec du x1v e siècle affirme cependant que Jean III Vatatzès Doukas, empereur de Nicée (1222-
1. Vie d'Hypatios 11221 -31, p. 75-76 (Bartelink, p. 226-228)_ 2. Vie d'Auxence: PG 114, 1405 (cf_ p. 40 : Phialè). 3. Vie de Sabas (par Cyrille de Scythopolis) : Cotelier, p. 303; Schwartz, p. 145•-1. Le monastère n'est pas désigné nommément dans ce passage : rrpoâCJTEtov 'Povq>ivov TOÜ KaTà .Ô.1]µ6CJTpaTov; les éditeurs ne se posent aucune question concernant .Ô.1]µ6CJTpaTov où nous verrions volontiers la confusion avec 61jµoCJfa CJTpâTa. Il n'y avait pas d'autre villa de Ruflnus que celle qui était sur la route impériale du sud. 4. Liste, p. 423 (n° 69) : signature par le diacre Jean. 5. Syn. CP, 53820-21, 544••-". 6. THEOPHANES ad ann. 6117: De Boor, p. 31625-26• 7. MICHAEL GLYCAS : Bonn, p. 563 = SKOUTARIOTES : Sathas, p. 15236-31• D'après Cedrenus (Scylitzes) (Bonn II, p. 325), Romain Lécapène fut enseveli au monastère de Myrélaion qu'il avait fondé: JANIN, EM, p. 351. 8. SKOUTARIOTES : Sathas, p. 18228• 9. Dom R. CLAIR, Les filles d'Hautecombe dans l'Empire latin de Constantinople : Analecta sacri ordinis Cisterciensis 17, 1951, p. 271-272; Elisabeth A. R. BROWN, The Cistercians in the Latin Empire of Constantinople : Traditio 14, 1958, p. 88-91. 10. A. L. TXuTu, Acta Honorii III et Gregorii IX (Fontes s. III, v. III), Rome 1950, p. 133-134 ( = PRESSUTI Il, n ° 3914). li. J. M. CANIVEZ, Statuta Capitulorum Generalium ordinis Cisterciensis ab anno 1116 ad annum 1786, Louvain 1933, année 1260, 38, 58 (cité par R. CLAIR, op. cil., p. 275).
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1245), racheta aux Latins plusieurs sanctuaires byzantins, dont le monastère de Rufinianes 1. De ce fait, il y a une difficulté dans les renseignements fournis d'un côté par les Cisterciens et de l'autre par les Grecs. En effet, un décret du patriarche Germain II, daté de mars 1236, renouvelle et fait sienne2 une décision de l'empereur Jean III Vatatzès qui attribuait au monastère de Rufinianes celui de Zigritza situé près de Pylopythia (Kouri), sur la rive sud du golfe de Nicomédie, avec ses deux propriétés de Daph:haia et Axylos 3 • Mais, dans l'exposé qui motive cette mesure, il est dit que Germain, higoumène de Saint-Paul du Latros et supérieur en même temps de Rufinianes, sollicitait ces biens en faveur de la communauté qui n'avait plus de moyens de vivre suffisants. Auparavant donc, les autorités grecques avaient pris des mesures au sujet de Rufinianes, dont les moines en détresse étaient passés sous la protection de Saint-Paul du Latros. La distance entre les deux régions explique facilement l'inefficacité de cette union : on ne voit pas comment elle fonctionnait en pratique. Les Cisterciens quittèrent les lieux au plus tard dans l'été de 1261, lorsque les Grecs reprirent leur capitale. A l'automne de la même année, Arsène Autôreianos, qui allait prendre possession de son siège patriarcal, prit un temps de repos à Rufinianes 4 ; mais on ne sait s'il logea dans un monastère. Qu'il ait été rétabli ou non, le monastère ne figure plus dans les sources. Cl>1aÀT) : MONASTÈRE DE PHIALÈ
Après le concile de Chalcédoine, l'ermite Auxence, quelque peu suspect aux yeux des autorités, fut convoqué par l'empereur Marcien. L'escorte qui vint le chercher à sa résidence du mont Oxeia le mit sur un char et le conduisit à un monastère nommé Phialè5 et dédié probablement à saint Jean-Baptiste 8 • Avant la rencontre avec l'empereur, Auxence fut accueilli ensuite par les moines d'Hypatios, près des Saints-Apôtres de Rufinianes. Phialè se trouvait évidem ment sur la route qui menait d'Oxeia à Rufinianes, en un point indéterminé qui se situe entre les modernes Maltepe et Caddebostani7• rO:ÀCXKp'l')VO:i : GALAKRÈN AI
Le nom signifie sources de lait, c'est-à-dire d'eau fortement calcaire. C'est pourquoi on a essayé d'en découvrir qui puissent justifier cette appellation, mais la discussion est toujours ouverte8 . C'est uniquement sur la côte d'Asie 1. SKOUTARIOTES : Sathas, p. 509. 2. LAURENT, Regestes, n° 1286; texte : MM IV, p. 303-305. 3. DôI..GER, Regesten, n ° 1754; texte: MM IV, p. 304"; la décision est un horismos. Sur Pylopythia voir ci-dessous, p. 99. 4. PACHYMERES, Michael III 1 : Bonn, I, p. 172; ÈY TOÎS Povcp{vov. 5. Vie d'Auxence (BHG 199) : PG 114, 1401-1405. Bien que cette recension de la Vie paraisse la meilleure, il semble que èv Tij cp1À{'i) (PG 114, 1401C) ne peut soutenir la comparaison avec Tfjs cptaÀT)S: BHG 201, Clugnet, p. 8; cependant on observe une alternance taÀT)-taÀOS ailleurs : voir ci-dessus, p. 15. Quant à la forme 'A11T1cp{Àov, qu'on a pris l'habitude de citer d'après GÉDÉON (Byz. Héort., p. 215), elle n'est attestée dans aucune recension des Vies d'Auxence que nous avons parcourues. 6. La dédicace à saint Jean Baptiste s'applique à un monastère dans la Vie, BH G 202: Gédéon, p. 282; seulement à une église (vec.os), dans la Vie, BHG 203 (c'flst-à-dire celle qu'a rédigée Psellos) : JoANNou, Démonologie, p. 93•·11• 7. PARGOIRE, Mont Saint-Auxence, p. 25-28; JANIN, CB, p. 503; EO 37, 1938, p. 349. 8. JANIN, CB, p. 497-498.
II. CHALCÉDOINE t6:ÀT] • ro:ÀatLGER, Regesten, n° 1419. 11. M. TREU, Maximi monachi Planudis epistolae, p. 158-159. 3-1
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elle y est rattachée par une étroite bande de terre. Son emplacement est encore nettement indiqué par les ruines qu'on y rencontre; il y a même une citerne en assez bon état 1. Saint-Tryphon est souvent dit une île, car telle est l'apparence que présente le site en raison de son éloignement de la presqu'île principale. 3. MONASTÈRE DE LA THÉOTOKOS
C'est à la jonction de la presqu'île de Tuzla et de celle dite de Saint-Tryphon, sur une petite éminence au bord de la mer, que l'on rencontre des ruines qui sont probablement celles de l'église et du monastère de la Théotokos, que les chrétiens de cette région appelaient Panaghia. La première mention que l'on en a sous le vocable de la Théotokos n'est que de la seconde moitié du xue siècle. Ce monastère figure parmi les dix-huit dont un chrysobulle de Manuel Comnène garantissait les propriétés (mars 1158) 2• Il a continué à exister après la conquête turque et les patriarches ont dû s'en occuper aux xvue et xv111e siècles 3. Il ne reste plus aujourd'hui que des ruines informes et des débris de mosaïques. 4. MONASTÈRE SAINT-DÈMÈTRIOS
Manuel Comnène le cite en mars 11584. Le monastère dut subsister vaille que vaille ; fortement délabré au début de ce siècle, il était entouré d'un petit village habité par des Grecs6. Les Turcs les remplacèrent en 1924. Le cap Saint-Georges, au nord-ouest de la presqu'île, ne semble pas avoir abrité de monastère6•
•Ayia fÀVKepia :
ÎLE SAINTE-GL YKÉRIA
Cette sainte fut martyrisée à Héraclée de Thrace, au 118 siècle, d'après la tradition. Une église et un monastère lui étaient dédiés dans la petite île qui porte son nom ; ils sont tous deux connus dès le début du 1x8 siècle. Saint Nicétas, higoumène du monastère de Mèdikion, en Bithynie, y fut enfermé comme partisan des images par Léon V l' Arménien, vers 815-820. L'île relevait alors de l'eunuque Anthime, surnommé Caïphe, que l'empereur avait nommé exarque de tous les monastères de la région. Ce triste personnage fit subir au saint les pires tourments qui ne prirent fin qu'après l'assassinat de Léon V (24/25 déc. 820)7. Le monastère figure parmi les dix-huit maisons religieuses dont le chrysobulle de Manuel Comnène8 garantit les propriétés en mars 1158. Vers la même époque, l'historien Zonaras y écrivait ses Annales 9 • 1. JANIN, Akrilas, p. 295-296. 2. PG 133, 728° {cf. DôLGER, Regeslen, n ° 1419). 3. Voir note 1. Nous avons eu sous les yeux une édition de la Paraklèlikè (Venise 1538) portant la note de donation : + mnrêis fe&lpy1cs lepoµ6vaxcs Kcrl 1r11EVµcrnKoS To rnll µrroxlci> Tfjç -rrcx.p1cxpx1Kfiç µovfiç Tfis ê'!nÀE yoµÉIIT]S 'AvooÀéoo.11voO. 3. Données réunies par VoLK, Klosterbibliotheken, p. 170-173. 4. R. DEVREESSE, Codices Vaticani Graeci III, p. 337. 5. Hunterian Mus. 419 (V. 4-3), à Glasgow (University). 6. DôLGER, Schatzk. 105••, p. 280; Actes de Chilandar 14815 •11 : Petit-Korablev, p. 312, où le kellion est dit des Asomates; DouKAKÈB, Décembre, p. 169: monydrion des Taxiarques Kôphou.
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MARMARA
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Évêchés aux frontières de la Bithynie (Nicomédie) et de !'Hellespont (Cyzique).
100 km
VI. L'OLYMPE ET SA RÉGION Le mont Olympe de Bithynie, l'ancien Olympe mysien 1, a l'avantage de ne poser aucun problème géographique pendant l'époque qui nous intéresse, malgré l'existence de monts homonymes. De l'époque ancienne il y a peu de choses à dire ici, car cette région montagneuse qui s'étend au sud de Prousa ne fut jamais une zone de peuplement; sa réputation comme repaire de brigands2 ne semble pas imméritée. On ne connaît que quelques noms de solitaires qui s'y établirent à la haute époque chrétienne. Le martyr de Nicée Néophyte chercha la retraite dans une grotte, d'où il dut déloger un lion; la source voisine garda le nom du saint 3 • Sous l'empereur Constantin, un novatien du nom d'Eutychianos, qui vivait en ermite dans la région de !'Olympe, attirait les visiteurs par son renom de guérisseur 4 • Dès cette époque, les µép11 TOÜ 'OMµ,rov dont parle l'historien laissent toute latitude pour l'interprétation, comme aux temps postérieurs, lorsque le récit ne donne aucun nom de localité ni aucun itinéraire à partir d'un point repérable, par exemple la ville de Prousa ou l'une des rivières 5 qui se rattachent au massif. C'est le cas le plus fréquent, si bien qu'un nombre assez élevé de toponymes, même parmi les plus pittoresques, reste en l'air 6 ; comme les citations en série sont très rares dans le genre hagiographique, on ne dispose pas des moyens indispensables pour le contrôle de ces lieux-dits. Un monastère au moins apparait au v e siècle : Hypatios, traversant le mont Olympe pendant l'automne, fut surpris par un orage avant d'atteindre le monastère où il se rendait7 • L'histoire du monachisme dans la région ne
1. Voir RE 18, 314 (et avant et après). 2. L. ROBERT, Études Anatoliennes, p. 97-98 : sur une inscription du Musée de Brousse, dédiée à un éparchos victime de brigands, qui vérifie le jugement de Strabon. 3. Passion de Néophyte (BHG 1326): Joannou, p. 242-243. ScHULTZE (Kleinasien I, p. 255) rattache à !'Olympe la mémoire des trois Vierges établies près des Therma Pythia ; c'est une confusion, très fréquente, entre les thermes de Prousa et de Pythia (Yalova). 4. SOCRATES, HE I 13 : PG 67, 105. 5. En fait les deux rivières nommées par Strabon (XII 11 ), le Rhyndakos et le Makestos, ne jouent pas un rôle de premier plan pour la localisation des monastères. La seule rivière qui soit citée expres sément dans la Vie de Joannice (AS, Nov. II, 344), le Gorgytès, prend dans Métaphraste la forme ropa11TTJV (PG 116, 52) qui est une faute d'édition. 6. Nous citerons plusieurs fois le P. B. Menthon, notre confrère, qui fut missionnaire à Brousse. Malheureusement son interprétation des textes n'est pas à la hauteur de sa connaissance de la région qu'il parcourut en tous sens, avec une curiosité toujours portée vers les souvenirs byzantins : restes de constructions, débris de briques et de tuiles, etc. Ses observations sur le terrain valent dans la mesure où elles sont vérifiables, mais les identifications de monastères et la localisation des noms sur sa carte, après examen des textes, nous paraissent pour la plupart arbitraires. Ajoutons, en souvenir de nos deux confrères, B. Menthon et R. Janin, qu'ils reposent dans le même caveau, à Lorgues, dans un site médi• terranéen qui permet d'évoquer leur carrière commune en Turquie (note de J. Darrouzès). 7. Vie d'Hypatios 46 (BHG 760) : Bartelink, p. 272; noter que le saint traverse (61epx6µevos) la montagne et que le biographe n'indique aucune direction.
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commence effectivement qu'au vm e siècle et se trouve étroitement reliée à celle de l'iconoclasme. Au début du 1xe siècle s'est produit un certain mouvement de coordination, qui n'a pas abouti à la formation d'une confédération hiérarchisée ou d'un ordre religieux, comme en Occident. Il y eut certes des fondateurs de plusieurs monastères indépendants, mais les rapports mutuels n'existent que tant que le fondateur est en vie : c'est le cas des fondations de Joannice, de Pierre d'Atroa, qui ont un lien avec la personne du fondateur sans plus. Le monastère d'Agauros paraît le seul, à cette époque, qui dispose d'un certain nombre de dépendances, quatre ou cinq métochia : indice d'une organisation propre, sous la direction du couvent principal, favorisée ou commandée par le style de vie, par le nombre des moines, la nécessité des échanges et les situations géographiques {de l'Olympe au golfe de Kios). Ce qu'on a appelé la fédération studite ne semble pas au point de départ une institution nouvelle, si on considère qu'elle se forme autour d'un fondateur (Platon) et du monastère premier (Sakkoudion), et que sa cohésion tient surtout à la personnalité de l'animateur que fut Théodore Stouditès, dont l'établissement dans la capitale change aussi l'orientation de la vie monastique ; les liens personnels se relâchent après la mort de Théodore. A ce point de vue, il faudrait d'ailleurs étudier de plus près les antagonismes ou les différences de régime que sous-entendent des silences et des remarques dans les Vies de cette période. Sans doute chaque biographe ne se préoccupe que de son héros; il n'en est pas moins clair que la prédominance des Stoudites et leurs conflits avec la hiérarchie ont leurs répercussions dans l'Olympe durant tout le 1xe siècle et ne font pas l'unanimité dans la popu lation monastique. D'autre part, le trait particulier qui distingue la région de !'Olympe de celle de l'Athos est qu'elle n'a jamais évolué vers une organisation territoriale, avec un chef local : prôtos, ou archimandrite. Platon de Sakkoudion aurait pu passer pour tel au concile de 787, mais l'higoumène d'Hérakleion (à Kios) porte le même titre que lui, tandis que Grégoire d'Agauros, un monastère qui avait plusieurs dépendances, n'est pas nommé archimandrite. En fait, l'Olympe ne se définit pas comme une fédération monastique, dont il serait difficile d'ima giner l'étendue, le centre et les limites, d'autant plus que des parties importantes du territoire (Katabolos, Pandèmos, Atroa) peuvent disputer la prééminence, du point de vue monastique, à l'Olympe proprement dit. Sous le patriarche Photius, un moine Athanase paraît revêtu d'un certain pouvoir, sans doute celui d'un intermédiaire ou d'un arbitre, qui s'est imposé par son prestige personnel. Les deux affaires dans lesquelles il intervient\ la manière dont il réconcilie l'évêque d'Éristè et nomme un higoumène dans une circonstance difficile, suggèrent un arbitrage plutôt qu'une véritable juridic tion territoriale. A cette date - et depuis deux ou trois siècles-, l'administration patriarcale disposait d'archontes des monastères ; on ne connaît guère leurs attributions par rapport aux monastères locaux, mais leur office n'avait rien à voir avec une coordination des fondations monastiques sur le plan territorial. Le silence des sources, au xn e siècle, et l'absence de tout personnage marquant venu de !'Olympe témoignent d'un déclin. Même sous l'empire de Nicée, la région du massif montagneux où on imagine de nombreux monastères I. Lettres de Photius: II 70, 72, 73, 81, 92; cf. GRUMEL, Regestes, n °• 489-492. Ces lettres seraient utiles pour la localisation de l'évêché d'Éristè, si on savait où résidait Athanase; encore cela ne suffirait pas, car on connait le cas d'autres évêques venus de loin (par ex. d'Anchialos) qui cherchèrent refuge dans les monastères de !'Olympe.
VI. RÉGION DE L'OLYMPE
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paraît désertée. Cette évolution devait être déjà amorcée à la fin du x1 e siècle, du fait que les charisticaires s'intéressèrent surtout aux monastères productifs de la région côtière et des plaines; ce n'est pas l'amour de la solitude, du dénue ment et de la perfection qui attirait ces nouveaux clients. La conquête turque acheva de faire disparaitre les communautés isolées qui auraient pu subsister et qui expliquent peut-être le nom que reçut !'Olympe : Ke§Î§ Dag (montagne des moines), avant de devenir simplement l'Ulu Dag (grand mont). Mais si déjà Théodore Stouditès invoquait le péril arabe pour s'établir dans la capitale, le mouvement des départs avait dû s'accentuer à partir du x1 e siècle, si bien qu'il est difficile de dire combien de monastères subsistaient encore au moment de l'occupation complète, après la prise de Prousa. Dans cet inventaire, !'Olympe s'entend dans le sens large que lui donnèrent aussi les Byzantins, à savoir la région qui correspond en gros au territoire de la métropole de Prousa dans les derniers temps et qui, sur la côte du golfe, va du territoire de Kios à l'embouchure du Rhyndakos. Les frontières de l'est et du sud restent un peu vagues. D'après les remarques que nous avons faites au sujet de la répartition des évêchés des deux métropoles de Bithynie, Nicomédie et Nicée (la troisième, Chalcédoine, n'ayant aucun contact avec !'Olympe), on sait que le territoire de Nicomédie se maintint sans changement dans la partie sud-ouest, autour du golfe de Kios, jusqu'à la fin du xn e siècle. En pratique, Nicomédie n'est presque jamais citée durant l'époque byzantine pour avoir exercé une juridiction qui se traduirait par des érections d'églises, des nominations d'higoumènes, etc. A cause du voisinage, Nicée au contraire entre parfois en scène, en particulier pendant la période iconoclaste, soit parce qu'elle est la capitale du thème de l'Opsikion, soit que les moines aient plus de rapports avec ce siège proche et avec ses métropolites, que le prestige de la ville conciliaire mettait au premier plan. Ces rapports, dans la plupart des cas, ne s'expriment pas par des actes officiels. Pour la géographie ecclésiastique de la région à l'est de Prousa, nous avons aussi indiqué les deux difficultés qui concernent d'une part la localisation des sièges de Gallos et Kadôsia/Lophoi, de la métropole de Nicomédie, et d'autre part, celle de l'évêché Mélà/Modrinè, de la métropole de Nicée. En reconsidérant la carte de la région par rapport aux sièges épiscopaux, nous avons constaté l'incompatibilité des identifications proposées. Il est vrai qu'on n'a pas étudié le problème sous cet angle, mais par parties ; il résulterait en tout cas de la localisation de Kadôsia/Lophoi aux environs d'Inegol une concurrence de deux métropoles sur un même territoire, puisque, selon d'autres hypothèses, la même région abriterait soit l'évêché de Linoè (Ramsay) soit même Méla (assimilation avec le Modra de Strabon). Nous avons admis que Nicomédie n'étendait pas son pouvoir à l'est de l'évêché de Prousa et que tout le territoire qui s'étend de Nicée vers la Phrygie (selon une ligne passant par Inegol, quel que soit son nom byzantin) dépendait de la seconde métropole de la Bithynie. La plupart des évêchés de l'ouest sont bien connus : Prousa, Basilinoupolis et Apollonias en premier lieu, auxquels il faut ajouter l'archevêché (et métropole temporaire) d'Apameia. On est moins bien renseigné, à l'époque byzantine, sur Daskylion, Césarée, Adrianoi; et la seule localité que l'archéologie n'a pas identifiée porte les deux noms Néocésarée/Éristé. La région peu explorée, que les textes édités dernièrement doivent permettre de mieux définir, se situe au sud-ouest et au sud de !'Olympe : à savoir l'Atroa, sans doute le Pandèmos,
RÉGION OUEST DE L'OLYMPE
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VI. RÉGION DE L'OLYMPE : 'A�ÉpKloS
131
et des localités dont le rapport avec un des évêchés cités n'est pas indiqué dans les sources. Dans cette direction, les auteurs byzantins citent parfois des topo nymes selon un rapport avec la Mysie dont il faut déterminer chaque fois la portée. Les problèmes de topographie ne peuvent être dissociés ici des monastères et des églises à propos desquels ils se posent. Signalons au moins l'importance relative d'un toponyme peu connu qui désigne une région comprise en gros dans le triangle Kios-Prousa-Apameia (Myrleia/Mudanya), le Katabolos, dont la mention concerne les monastères d'Agauros et de Mèdikion. A l'ouest de la région envisagée dans ce chapitre se pose le problème des frontières, à l'intérieur du thème de l'Opsikion, entre les métropoles de Nicomédie (Bithynie I) et de Cyzique (Hellespont). Il crée moins de difficultés que celui des frontières entre Nicomédie et Nicée ; pour la commodité nous arrêtons la région de l'Olympe au Rhyndakos, qui est d'ailleurs une frontière naturelle, au moins de la sortie du lac d'Apollonias jusqu'à la mer. L'ordre des notices est alphabétique (alphabet grec), sans séparation des titres de monastères (noms de saints ou anthroponymes) et des noms de localités.
'AgépKlOS ("Ay.) :
SAINT-ABERCIUS
A Elegmoi, un petit monastère portait au xvm e siècle le nom de saint Abercius 1. On ne sait si le monastère existait autrefois ou s'il s'agit d'une dédicace nouvelle d'un ancien couvent qui portait le nom de la localité. En fait on ne sait pas non plus si Elegmoi s'est maintenu sans interruption depuis le Moyen Age pour désigner le même lieu2. On pourrait arguer de la rareté du nom pour supposer des relations anciennes entre le patriarcat (qui avait un oratoire dédié à saint Abercius au moins jusqu'au xn e siècle) et l'église d'Elegmoi. Les noms des églises en cet endroit ne sont pas encore identifiés avec certitude ; comme à Trigleia (voir p. 185), la période des xv1 e-xvm e siècles, durant laquelle les communautés grecques furent très actives, a entraîné des changements difficiles à déterminer. D'après une description récente\ l'église Saint-Abercius garderait encore des vestiges du xn e siècle : chose très probable pour des parties de l'édifice, moins sûre pour des fresques et pour le plan proposé de l'ensemble. C'est la conclusion tirée par C. Mango, après une inspection beaucoup plus approfondie6 : les peintures ne sont pas anciennes, mais la construction elle-même
1. Nous ne connaissons pas de mention antérieure à celle de Chrysanthe Notaras, dans ses notes de voyage citées par A. PAPADOPOULos-KÉRAMEus, IB IV, p. 202: le 9 juin 1724, visite à Elegmoi, où Chrysanthe rencontre !'higoumène Mélétios. 2. Voir Elaiobômoi/Elegmoi. L'église ou monastère Saint-Abercius est mentionnée à propos des inscriptions du lieu: VV 15, 1911, p. 283. 3. JANIN, EM, p. 3. 4. M. RAMAZANOGLU, Eine kleine Kirche in Bithynien: TTcrrpayµÉva (Actes du IX• Congrès Intern. des Études Byzantines), Athènes 1955, p. 440-442, avec les pl. 107-111 (16 phot.). Les indications de l'auteur concernant Myrlea, Prusias, Elegmi, surprennent quelque peu ; les Grecs retenaient la tradition que la hauteur de Filadar (Péladarion) était l'acropole ancienne d'une ville : KLÉONYMOs et PAPADO POULOS, p. 150 et 152. 5. C. MANGO, The Monastery of St. Abercius at Kur�unlu (Elegmi) in Bithynia : DOP 22, 1968, p. 169-176, avec un plan de l'église et quinze photographies; l'auteur parle de l'inscription concernant un moine Joseph, et il précise que sa date est 1446 (ibidem, p. 170).
132
BITHYNIE
garde les caractéristiques des xr e-xu e siècles. L'église de Saint-Abercius a toutes les chances d'être l'église de l'ancien monastère d'Elaiobômoi, restauré au xu e siècle (voir p. 145).
,A�pa:µiTa:1
MONASTÈRE DES ABRAMITES
D'après la légende d'Anne, qui se fit passer pour moine sous le nom d'Euphémien, le patriarche Taraise aurait accordé à la sainte un terrain qui prit ce nom 1. L'existence même d'un monastère de ce nom dans !'Olympe est incertaine, encore plus sa localisation2 , puisque le récit ne fournit aucun moyen de la préciser.
'Ayéx-mos ("Ay.)
SAINT-AGAPIOS
Métochion du monastère d'Agauros ; il se trouvait dans la montagne à une distance et dans une direction indéterminées 3• Un moine Élie y fut transporté de son ermitage pour y mourir4, vers 824.
"Aycxvpos ;
MONASTÈRE n'AGAUROS {AGAUROI)
Le nom de ce monastère est au singulier dans les mentions les plus anciennes : "Aycxvpos, Tà 'Aycxvpov5. Le biographe d'Eustrate dit que le mot signifie eunuque et que des eunuques avaient été admis dans la communauté; indirectement cela veut dire que le monastère n'était pas réservé à des eunuques et ne le fut pas non plus auparavant. Le singulier indique plutôt le personnage, un eunuque notable, qui avait joué le rôle de fondateur, dont le nom avait en tout cas supplanté celui de la localité, Kalymnos, où s'éleva le couvent 6 • La plus ancienne mention datée est celle du concile de 787, où !'higoumène Grégoire signe les actes ; il survécut jusqu'aux environs de 828 et c'est lui qui attira à Agauros son neveu Eustrate qui devait lui succéder. Vers 796, Joannice se présenta comme postulant, mais Grégoire le dissuada de rester et lui conseilla d'aller chercher ailleurs une formation mieux appropriée à son tempérament et à sa vocation particulière7 • Malgré ce refus, Joannice resta en bons termes avec Agauros et surtout avec Eustrate. On ignore quel fut le sort du monastère l. Syn. CP (29 oct.), p. 174-178; le témoignage des manuscrits (classe M) est peu favorable à l'ancienneté du récit ; TJ µOVTJ Té.ov •A�paµné.ov ( 175 .. ) devint le nom du lieu après une restauration. 2. MENTHON, p. 49, 84, 87. L'auteur identifie sans hésitation les lieux, sur lesquels la source citée n'a donné aucune indication : Abramites est à rayer de sa carte. GRUMEL (Regestes, n ° 350) comprend qu'un higoumène de !'Olympe reçoit don d'un terrain à Constantinople: ce n'est pas le sens du passage, puisque la fondation était destinée à recevoir les moines qui accouraient à !'Olympe auprès d'Euphémien. Ce passage ne paratt donc pas devoir être invoqué au sujet des Abramites de la capitale , comme l'a fait M. KRASCHENINNIKOV, Sancti Abramii archiepisccpi Ephesii sermones duo, Jureivi Livonorum 1911, p. LXX-LXXV. 3. Vie d'Eustrate (BHG 645) 18, p. 380; retour du proasteion de Saint-Agapios, pendant la nuit. Les références données par C. MANGO (DOP 22, 1968, p. 175, n. 34) ne prouvent pas que Saint-Agapios se trouvait dans le Katabolos. 4. Vie de Joannice (BHG 935) 26, 366; c'était un peu avant la conférence de Théodore Stouditès avec les moines. 5. MANSI 13, 152B. 6. Vie d'Eustrate (BHG 645) 4, p. 370; le singulier gardé par le copiste, Avyapov, Té.ov Avyapov (p. 376), jure avec l'étymologie d'ayavpcs donnée par l'auteur. 1. Vie de Joannice (BHG 935) 8, p. 339; né en 753, Joannice avait alors 43 ans. Un autre saint passa près d'Agauros sans s'y fixer: Vie d'Antoine le jeune (BHG 142) 27, p. 206.
VI. RÉGION DE L'OLYMPE : 'Agpaµha1-NAyavpcs
133
durant la persécution de Léon V. Un higoumène Grégoire reçoit une lettre de Théodore Stouditès, mais il s'agit d'un moine du Stoudios qui reçoit des directives en prenant la direction d'un monastère 1 . En fait Agauros semble rester à l'abri de l'agitation et c'est peut-être une des raisons de la rencontre, aux environs d' Agauros2 , entre Joannice et Théodore Stouditès, lorsque ce dernier revint d'exil. C'est un passage de la Vie de Joannice qui permet de dater la mort de Grégoire et nomme ses deux successeurs : d'abord un autre de ses neveux appelé Eustathe, puis Eustrate ; ayant rencontré Grégoire qui partait pour la capitale, Joannice lui annonça qu'il allait y mourir 8 • Après le décès survenu rapidement, la dépouille de Grégoire fut ramenée au monastère et vénérée comme relique". La chronologie de la vie d'Eustrate n'est pas bien établie, parce que l'événement qui pourrait contribuer à dater sa mort n'est pas connu avec précision. Le manuscrit présente une lacune à l'endroit où était peut-être mentionné le patriarche auquel Eustrate rendit visite peu avant sa mort, survenue dans la capitale6 • Le moine Pierre, biographe de Joannice, a connu Eustrate qui lui fit de nombreuses confidences, mais c'est un auteur indifférent à la chronologie ; l'autre biographe, Sabas, a pris grand soin au contraire de fixer les dates des faits racontés, et c'est d'après son récit que certaines dates de la vie d'Eustrate se précisent, sauf les deux principales, celles de la naissance et de la mort du saint, qui n'ont aucun rapport avec la carrière de Joannice 6• Eustrate naquit à Tarsia, près de Bitziniana, dans le thème des Optimates. Il avait vingt ans quand il rejoignit à Agauros ses deux oncles, Grégoire et Basile; un autre neveu de Grégoire (et cousin sans doute d'Eustrate), Eustathe, succéda à Grégoire comme higoumène et un frère d'Eustrate, du nom de Nicolas, dirigea un métochion d'Agauros dans la région du Katabolos (Bômoi)7. Très lié avec Joannice 8 , Eustrate se réfugia un certain temps près de lui durant la persécution de Léon V (816-820) 9, mais ses déplacements et son activité sont loin d'être aussi connus que ceux de Joannice. Devenu higoumène sous le règne de Théophile (829-842), Eustrate fut expulsé d'Agauros et remplacé par un higoumène Antoine, du parti iconoclaste, qui fut converti cependant sur sa fin par Joannice 10 . Eustrate ne reprit effectivement la direction d'Agauros qu'après la restauration de l'orthodoxie ; une donation de l'impératrice Théodora (842-856) date de cette époque 11 • L'higoumène fut peut-être mêlé, à la fin de sa vie, au conflit entre Ignace et Photius, si la lacune du récit provient d'une 1. Epist. II 99: PG 99, 1360; ce Grégoire doit être le même que celui qui est cité dans les lettres 41 et 47; PG 99, 1060B, 1072c. 2. Voir p. 188, note 8. Ce n'est que plus tard, sous le règne de Théophile, qu'Eustrate se signala par son opposition. 3. Vie de Joannice 32, p. 361 : le fait se produit vers la fin du règne de Michel II, avant la prise du pouvoir par Théophile, soit 828 environ. Le biographe en cet endroit donne seulement le lien de parenté du premier successeur de Grégoire; le nom est cité dans la Vie d'Eustrate 8, p. 373. 4. Vie d'Eustrate 7, p. 372. 5. Vie d'Eustrate 36, p. 392; on sait qu'Eustrate survécut à Joannice et livra ses souvenirs person nels au biographe Pierre : Vie de Joannice (par Pierre : BH G 936) 58, p. 422. 6. Sur la chronologie et le rapport des deux Vies de Joannice voir la préface de l'édition : AS, Nov. II, p. 317-318 ; on prendra garde que le tableau des dates, à la p. 322, doit être rectifié selon la note de la page 383-384 : toutes les dates de la vie antérieures à 825 avancent d'un an (donc 754 = 753, etc.) 7. Vie d'Eustrate 4, 8 et 35, p. 372-373 et 390. 8. Vie de Joannice 14-15, p. 345, 347 : autour de l'année 808; cf. Vie d'Eustrate li, p. 375. 9. Vie d'Eustrate 9-10, p. 374-375; à la fin, le biographe renvoie simplement à la Vie de Joannice. 10. Vie de Joannice 21, p. 352. li. Vie d'Eustrate 15, p. 378; le biographe d'Eustrate a omis toute allusion au règne de Théophile, qu'il traite cependant d'impie (p. 382).
134
BITHYNIE
suppression intentionnelle du texte 1• Il mourut un 10 janvier, à Constantinople, à l'âge de 95 ans, après 75 ans de vie religieuse2 ; son corps, ramené en cortège triomphal au monastère, fut inhumé dans un sarcophage, du côté gauche de l'église 3 dont on ignore le patron. Au 1x e siècle, le monastère avait cinq dépendances : Saint-Agapios, Saint-Kosmas, Saint-Hélie, Leukades et Bômoi. Un métoque proche de la ville de Prousa, cité au ch. 13 de la Vie d'Eustrate, reste anonyme ; le saint y passait en allant de la ville au monastère. Au x1v e siècle, le monastère extérieur à la ville n'existait peut-être plus. Un acte synodal d'octobre 1318 mettait le métropolite de Prousa en possession d'un monastère Saint-Eustrate, surnommé des Agauroi4 • Aucun document ne permet de distinguer s'il s'agit de l'ancien monastère d' Agauros, ou d'un nouvel établissement à l'intérieur de la ville. Jean Bekkos fut interné en 1285 dans un grand monastère, mais le nom n'est pas cité5 • Le site d'Agauros paraît identifié, à près de trois kilomètres à l'ouest de Prousa 6 ; on n'en a retrouvé cependant aucun vestige important.
'A&r)voyév11s (µapws) :
SAINT-ATHÈNOGÉNÈS
Constantin Porphyrogénète, auquel les médecins recommandaient le séjour à l'Olympe, rencontra le monastère du martyr Athènogénès sur la route qui conduit de Nicée à Prousa. L'higoumène lui montra une lettre de son père Léon le Sage à !'higoumène d'alors qui lui avait prédit la naissance d'un fils; Constantin reconnut l'authenticité de la signature au cinabre 7. En 1140, l'enquête concernant Constantin Chrysomallos révéla qu'un livre de ses écrits était détenu par un moine Pierre, du couvent d'Athènogénès 8 • L'itinéraire suivi par Constantin (par mer jusqu'à Prainétos, puis par terre en passant par Nicée) n'était pas sans doute le plus direct. Les moines (par exemple Eustrate d'Agauros) descendaient droit sur Kios, puis Pylai, quand ils se rendaient à Constantinople; mais l'empereur empruntait surtout les routes officielles à cause des bagages et du cortège ; peut-être aussi ne se rendait-il pas à Prousa, ou aux Therma Basilika, mais dans quelque résidence particulière. I. Vie d'Eustrate 37, p. 392; mais l'éditeur n'indique pas si le vide provient d'une perte de folios (qui ne sont pas notés en marge). 2. Ibidem 38, p. 393; Syn. CP (8 janvier), 381-382; on remarque que la vie abrégée du Synaxaire parle d'un séjour du saint dans sa patrie (1îpos Tr)ll êvey1«xµé111111 ô:q,lKSTo), durant la persécution de Théophile. 3. Ibidem 56, p. 397-398. Le successeur d'Eustrate serait son propre biographe, selon A. HERGÈS: EO 2, 1898-1899, p. 238; la conclusion de la Vie (63, p. 400) nous semble distinguer l'auteur de la Vie et l'higoumène. En offrant son récit, l'auteur invoque le saint pour lui-méme d'abord, puis pour l'higou mène et son troupeau. 4. MM 1, n°44, p. 80-81. 5. Voir p. 175, n. 5. 6. MENTHON, p. 52-53. L'identification repose uniquement sur les indications de la Vie d'Eustrate (§ 4, p. 370) ; l'auteur n'a aperçu que quelques fragments de briques dans le terrain d'une oliveraie. On peut lire aussi la notice ancienne sur Agauros de A. HERGÈS: EO 2, 1898-1899, p. 231-248. 7. Theophanes Conl. VI 49 : Bonn, p. 464; un mot fait difficulté : lTTops!o:s que l'éditeur propose de lire \'nrc.ope!as ; le voyageur n'atteint en effet que le pied de la montagne. Constantin retrouvait à !'Olympe son ami Théodore de Cyzique : CEDRENUS : Bonn II, 235; cf. J. DARROUZÈs, Épistoliers byzantins du xe siècle, Paris 1960, p. 325-327. 8. GRUMEL, Regestes, n ° 1007; MANSI 21,553; RHALLI et POTLI 5, p. 77. On a le choix avec un autre monastère situé à Constantinople (JANIN, EM, p. 11) qui est préférable, car le monastère de l'Olympe ne devait pas être très riche en livres ; cependant ce sont des moines d'un monastère un peu retiré (à Hiéron, voir p. 10) qui dénoncèrent les premiers ces écrits.
VI. RÉGION DE L'OLYMPE
• A6rtvoyévris - •A1TT{6tov
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,Av6péas (â-rr6crroÀos) Monastère en l'honneur de l' apôtre André,>, dans la région d' Atroa 1 : 1x e siècle. Le concile de 787 reçut des higoumènes de deux monastères Saint-André2 , dont on ignore la localisation.
'Aveµo:s :
LAURE n'ANÉMAS
En 1054, le moine Serge, copiste, appartient à la laure d' Anémas, qui est dans l'Olympe de Bithynie 3 • Anémas désigne un fondateur, ou plutôt, à cette époque, un ktètôr. Mention unique ; comme il s'agit d'un livre liturgique muni à la fin d'un calendrier de lectures (ménologe), il y aura lieu de vérifier si cette partie contient quelque indication concernant des saints locaux. Le calendrier de la capitale avait accueilli en masse les héros de la période iconoclaste, mais un manuscrit particulier, et surtout d'un copiste de l'Olympe, peut enregistrer des noms de personne et de lieu nouveaux.
"Avva CAyia) :
MONASTÈRE SAINTE-ANNE
Un manuscrit des homélies de Chrysostome sur Matthieu fut copié en 861/862 au monastère Sainte-Anne, du diocèse de Kios en Bithynie'. Le copiste spécifie dans le colophon qu'il exécuta le travail pendant l'exil d'Ignace le très saint patriarche, indiquant par là qu'il se rangeait parmi les partisans de l'exilé. Ce manuscrit, un des plus anciens datés de la minuscule grecque6 , fut donc copié par un moine qui avait fui la capitale ou un monastère du voisinage de la capitale. C'est une hypothèse que suggère peut-être la qualité de l'écriture ou l'emploi de la minuscule; mais le golfe de Kios était en relations fréquentes avec la capitale et l'hostilité du copiste à l'égard de Photius était partagée par d'autres moines de la province 6. > AVTi6tov
:
MONASTÈRE D' ANTIDION
L'histoire de ce monastère est entièrement liée à la vie de saint Joannice qui s'y rendit en 795 pour la première fois afin de s'initier à la vie monastique7• Le biographe, dès cette première mention, situe avec soin l'emplacement : parti d'Agauros, Joannice gagne le village de Kastoulos, du district d'Atroa; de là il se rend au monastère proche, de Télaos 8, situé au milieu des villages, 1. Vie de Constantin le Juif (BHG 370) 50, p. 642 : épisode de guérison. 2. MANSI 13, 153c ; voir p. 433, 436, les n•• 43 et 76. 3. Colophon du manuscrit Leningr. Bibl. Pub/. 217 ; fac-similé : LAKE, Dated Manuscripts VI, n ° 240, pl. 433. 4. Manuscrit Meteor. Metamorphosis 591, décrit par N. BÉÈs, Les Manuscrits des Météores (œuvre posthume) I, Athènes 1967, p. 622. 5. N. BÉÈS dans REG 26, 1913, p. 53-63. Les notes postérieures du même manuscrit n'indiquent pas son itinéraire jusqu'à la bibliothèque des Météores, en Thessalie, où il a été décrit. 6. Voir p. 173. 7. Vie de Joannice (BHG 935) 8-9, p. 340; les passages parallèles de la Vie écrite par Pierre n'ajoutent rien à celle qui est due à Sabas (seule citée dans cette notice). 8. MENTHON, p. 61, note 1. Télaos (Télai, selon l'auteur) s'identifierait avec Demirdji Keul : hypothèse très plausible, mais invérifiable.
136
BITHYNIE
puis à Antidion, plus élevé et plus solitaire, qui est dominé lui-même par le mont Tête-de-Corbeau (K6pœ:as KecpaÀT)). Joannice resta là deux ans sous la direction de }'higoumène Jean. Après la période des déplacements d'un lieu à l'autre pour diverses raisons, le saint revint se fixer dans un ermitage près d'Antidion, vers 830; Eustrate d'Agauros l'accompagna pour l'installation 1. C'est après cette date que fut mise en construction l'église du, Prodrome du monastère dont on ne sait s'il avait un autre patron2• Le prestige de Joannice en imposant à l'empereur, Théophile envoya le protovestiaire et le grand curateur pour une consultation sur le dogme des images. Trois jours avant sa mort, Joannice reçut dans son ermitage le patriarche Méthode en personne 3, qui trouvait en lui un appui dans ses difficultés avec les moines de Stoudios. L'higoumène Joseph, qui présida aux funérailles de Joannice, dont le corps fut inhumé dans l'église du monastère, confia sans doute aussi au moine Sabas le soin d'écrire la vie du saint•. C'est au même higoumène qu'écrivait le métropolite de Nicée Ignace : la lettre5, composée après la mort de Joannice, déplore la fuite d'un novice que le métropolite avait présenté au monastère. Il n'y a pas de mention postérieure au 1x e siècle. 'ATréxµe1a : APAMEIA (MYRLEIA)
Un acte d'Athanase Jer situe expressément à Apameia un couvent patriarcal qui, par suite de la conduite scandaleuse de son higoumène, fut remis au monas tère voisin de la Mère de Dieu, Reine du monde et Bienfaitrice 6 ; du couvent patriarcal lui-même on ne sait rien de plus, ni son origine, ni son titre, ni son sort. Le voisinage du monastère de la Mère de Dieu doit donc correspondre au territoire d'Apameia, la ville et la campagne environnante ; mais ce territoire d'une ville qui fut une métropole ecclésiastique n'est pas bien déterminé. On sait que le nom ancien Myrleia 7 céda la place à celui d'Apameia, qui n'élimina pas tout à fait le précédent. La ville tirait son importance du port, au point d'arrivée des routes venant de Prousa et de la province d'Asie : pour son déplacement à Éphèse, Jean Chrysostome arriva par mer de la capitale
l. Vie de Joannice 35-34, p. 362-364. 2. Ibidem 38, p. 366. L'indication donnée par l'éditeur (p. 342, note h), qu'Antidion était dédié aux saints Côme et Damien, ne repose sur rien. La Vie ne parle que d'un métochion d'Agauros dédié à saint Kosmas. 3. Les derniers chapitres de la Vie de Joannice (44-49, p. 370-378) traitent des rapports avec le patriarche. La date exacte de la mort de Joannice est le 3 novembre (mercredi) 846: Vie 54, p. 384; la date mise en marge par l'éditeur confond le quantième du mois (TplTIJ) avec le jour de la semaine (TETécpTIJ), comme l'a fait peut-être aussi le Synaxaire qui marque la mémoire de Joannice au 4 novembre. Sur ce point, voir la note de J. PARGOIRE, EO 4, 1900-1901, p. 75. 4. Vie de Joannice 1 et 54, p. 333 et 383, et p. 375, note s. 5. M. GÉDÉON, Nécx f31�108riKT1 êK1>; ce fait rapporté par Théodore Stouditès concerne apparemment l'évêque Jacques cité ailleurs, mais sans rapport direct avec Éristè. Dans l'unique mention du monastère d'Éristè il est dit qu'il appartient à la Bithynie. Le lieu Pandèmos, à propos d'une retraite antérieure de Joannice se définit Èvopia, dans le même sens que Katabolos : un district comprenant plusieurs localités ; la première retraite de Joannice était un village nommé Hellespontos 6 • Après avoir pris l'habit à Éristè, qui est dit appartenir aussi à Pandèmos, Joannice ne reste pas sur place : il s'éloigne à quelque distance de ce monastère, gagne le lieu dit Mètata, sur la rive droite du Gorgytès et s'établit dans une caverne à Kritama7. Les localités secondaires ne sont pas identifiables, mais le nom d'Éristè est celui d'un évêché de Bithynie et Pandèmos est aussi le nom d'un monastère. Si l'indication relative à la grotte de Kritama 1. Il semble qu'on peut améliorer l'étude importante de C. MANGo, The Monastery of St. Abercius at Kur�unlu (Elegmi) in Bithynia : DOP 22, 1966, p. 169-176; d'après les observations sur place, Saint-Abercius doit représenter l'ancien Elegmoi, dont l'histoire est encore un peu obscure. 2. MICHEL PALÉOLOGUE, Autobiographie: Troickij, p. 19; Grégoire, p. 473. 3. Vie de Joannice (BHG 935) 13, p. 344. Le lien de Joannice avec Éristè est mentionné dans le Ménologe de Basile: PG 117, 141 ° . 4. Manière de dire qu'Anastase faisait office de témoin, peut-être un peu plus: de parrain (avéx6oxoç) de profession. 5. THEODORus STUDITA, Epis!. I 48 : PG 99, 1072 C; dans le passage concernant Étienne, après le nombre des moines qui partent avec lui du monastère, le nombre cent dix se rapporte à l'évêque. Il doit s'agir de l'ancien évêque d'Anchialos Jacques, qui mourut à l'âge de cent vingt ans, d'après la Vie d'Antoine le Jeune (BHG 142) 36-37, p. 212-213. L'impératrice Prokopia (épouse de Michel I Rhangabès) essaya d'obtenir le corps de l'évêque; si c'était après sa réclusion en monastère (le 10 juillet 813), la chronologie est viable; sinon, l'évêque ne pourrait avoir llO ans en 809, et mourir à !'Age de 120 ans sous Michel Rhangabès. 6. Vie de Joannice IO, p. 341 ; la position par rapport au point de départ n'est pas indiquée. 7. Ibidem 13, p. 344; il s'agit certainement de la rive droite du Gorgytès, parce que le saint doit traverser le cours d'eau pour se rendre en Lydie : 14, p. 344. Ce détail a son importance pour la localisa tion d'Éristè, car il est sous-entendu que Joannice, qui vient de prendre l'habit, reste à proximité du monastère qui l'a admis parmi ses moines.
VI. RÉGION DE L'OLYMPE ; •Eç rrapCXKE1µévep T6rrep XeÀ166va KaÀouµévep ; traduction : ad Lydiae silvarum montes et in castrum prope Lisum situm, in loco Chelidone vocato. On lira évidemment : mont Alsos de Lydie. 2. Ibidem 18, p. 350 : Joannice se rend de Trichalix Érrl TO rrpès /\v6fav aÀcroS KaÀovµevov - 19, p. 351: construction de l'oratoire au stratélate saint Eustathe - 20, p. 351 : mise en chantier de l'église de la Théotokos et de celle des Saints-Apôtres- 21, p. 352: Eustrate d'Agauros se rend à Lisos. 3. Ibidem 24, p. 355. Dans la Vie par Pierre, voir les chapitres 19-23, p. 394-397. Ce dernier ne mentionne pas la Lydie, mais l'éditeur qui lisait là en toutes lettres rnl TO opes TO KaÀovµevov vAÀcroç (p. 394, début de 19), n'a pas traduit en conséquence les passages de l'autre Vie, où il écrit si/varum montes, in silvam vocatam Ad Lydiam. Ces fondations se trouvent donc en Lydie, mais les noms ne semblent pas attestés autrement. Dans la carte dressée par Menthon, on rencontre FoRtT DE LYDIE au sud-est du lac d'Apollonias. 4. Vie de Joannice 49, p. 378. 5. J. DARRouzÈs, Épistoliers byzantins du X• siècle, Paris 1960, p. 374 et 376 (lettres 42 et 45). 6. vv 7, 1900, p. 579-580.
vr. RÉGION DE L'OLYMPE
EvcrraEhos - 'H7do:s
Zax,a:pia:s ("Ay.) : SAINT-ZAcHARrn
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Pierre d'Atroa, initié au monachisme par l'ascète Paul à Dagouta, en Phrygie, parvint à Saint-Zacharie vers l'an 800. Son maître Paul et le disciple déjà ordonné prêtre trouvèrent cet oratoire vacant dans la plaine d'Atroa au pied de !'Olympe et s'y fixèrent1 . A la mort de Paul, Pierre devint higoumène2 dans la trente-deuxième année de son âge, en 805/806. Comme la plupart des autres monastères de la région, celui de Saint-Zacharie subit la persécution de Léon V (816-820), qui oblige la communauté à se disperser 8 • Le monastère ne semble jamais avoir été complètement abandonné, mais Pierre n'y fait que de rapides visites. C'est durant l'accalmie du règne de Michel II que Pierre procéda à l'installation de son frère Paul comme économe et à l'agrandissement de l'oratoire primitif devenu trop petit 4 • Pierre lui-même s'était ménagé une retraite dans une grotte proche du monastère, dédiée à la Théotokos ; il y résidait habituellement, un peu à l'écart, comme dans ses autres monastères5 • A la mort de Pierre (1er janvier 837), l'économe Paul prit la succession du saint 6 et garda la charge jusqu'à sa promotion à l'épiscopat qui fut d'ailleurs empêchée par son décès (24 août 844)7. Son premier soin fut de faire transférer la dépouille de son frère de la chapelle Saint-Nicolas, près de Balaios, à la grotte de la Théotokos, près de Saint-Zacharie ; le tombeau fut creusé du côté nord et recouvert d'une dalle de marbre 8 • Le neveu de Pierre et de Paul prit la succes sion ; il s'appelait Jacques et c'est sur son ordre que Sabas rédigea le récit de la Vie 9• Le monastère était encore en activité au début du x e siècle. Un higoumène Pierre reçut en 926 comme postulant celui qui allait devenir le saint stylite Luc; celui-ci passa trois ans dans la laure en se faisant passer pour muet 10 • •HÀia:s (rrpoq>fiTrtS) : SAINT-ÉLIE (PROPHÈTE)
1. En 787, la liste des signataires comprend deux monastères de Saint-Élie dont l'un a pour higoumène Nicétas et l'autre Théophylacte11 • Ils ne sont pas identifiés, mais l'un de ces monastères pourrait être celui qui accueillit la confé rence de 824. A cette occasion, le monastère est cité comme métochion d'Agauros.
1. Vie de Pierre d'Atroa (BHG 2364) 9, p. 89. Sur la chronologie de la vie et le site d'Atroa, voir l'introduction de cette édition (par V. LAURENT), p. 26-27, 30, 37-39. 2. 3. 4. 5.
Ibidem 11, p. 93. Ibidem 14, p. 103. Ibidem 43 et 46, p. 158-159, 161. Ibidem 43, p. 159; cf. 75, p. 207 :
l'hésychastèrion de Saint-Porphyre. De même Joannice s'établissait un peu à l'écart, selon le système des laures. 6. Ibidem 84, p. 221 ; on remarque (lignes 42-44) que le saint mourant prononce presque textuelle ment la formule d'investiture qui évoque le don de l'Esprit ôtèc Tf\s -rrov ô:6GÀV Tptù>V Kapvwv. 8. BRYER (Littoral, p. 116-117) envisage une localisation possible; mais le terme vénitien doit désigner une demeure noble, la résidence d'un personnage dont le nom n'est plus reconnaissable.
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GRANDS CENTRES
de 93 marches taillées dans le roc 1 . Son histoire, pour laquelle on disposait encore au début du siècle de deux registres2 , s'étend surtout sur la période turque, durant laquelle le monastère exerça une activité notable. Une inscription de la conque de l'église aurait contenu, selon la copie du registre, la date de fondation 752 qu'il est impossible de vérifier. C'est une lettre de Gennadios de Trébizonde, en 1501, qui a conservé le nom du second fondateur: Théophane, venu de Souméla, rebâtit le couvent après 1398 et obtint un chryso bulle d'Alexis IV Comnène (1417-1429). Les successeurs de Théophane furent Méthode (1426-1459), Barnabé (1459-1472), Méthode (1472-1520). Ce dernier dut rebâtir son couvent, détruit par un incendie en 1483. La dernière reconstruc tion connue date de 1906, après l'incendie de 1904. L'archéologie ne peut donc se prononcer sur l'antiquité des édifices qui n'ont pu être étudiés 3• La bibliothèque du monastère, décrite par Mynas au cours d'une visite, en 1845, comptait 47 manuscrits4• Trois d'entre eux se trouvent à Paris, rapportés sans doute par Mynas : Supplém. gr. 1228, 621, 615; le dernier, complété par une copie de Mynas (Supplém. gr. 1231) ne figurait pas dans la description. Un autre manuscrit se trouve à Oxford : Bodleian. gr. lit. d. 6. Le manuscrit Berolin. 340 (qu. 46) pouvait aussi provenir du monastère. Enfin, le Musée Bénaki, à Athènes, a recueilli les manuscrits qui furent sauvés en 1922 : n °8 12, 75 et 149 du catalogue dactylographié. Les n °8 74 et 78, qui seraient des registres de Péristéra, étaient portés manquants en 1956 sur ce même catalogue5•
5. rewpy1os Xa:lvov : SAINT-GEORGES DE CHAINOS Les Gabras avaient fondé ce monastère dans la reg10n de Chériana, dont l'évêque était à l'époque le premier suffragant de Trébizonde. La dénomination TOV Xa:lvov désigne peut-être un premier fondateur, dont les droits auraient été repris par les Gabras. A une époque qui n'est pas déterminée, le monastère Saint-Eugène de Trébizonde allait s'approvisionner annuellement dans ce monastère en beurre et fromage. La caravane, dirigée par l'higoumène et un moine notable, partait dans la semaine de l'annonce de Pâques (avant le Carême). L'année où se produisit une intervention miraculeuse de saint Eugène, les higoumènes des deux monastères, associés par la volonté des Gabras, étaient frères et se nommaient Mélétios et Joannikios 6• Le fait doit dater vraisem blablement du xn e siècle. Sous les Comnènes, un duc de Chaldia, Jean Chabazitès, s'empara de Chériana, en août 1355 ; accouru sur les lieux en fin novembre, l'empereur
1. CttRYSANTHos, p. 499-503 ( et passim) : résume les diverses notices concernant l'histoire du monas tère; il ne cite pas J. E. EuPHROSYNIDÈS, 'lcnoptKc:xl O'SJd5es TfjS êv TT6VT't) lepà:s ... µovfjs TOV ây!ov rewpy{ov TTeptcnepewTc:x Kc:xi Tfjs rnc:xpx(c:xs rCXMt6:VT)S, Drama (vers 1930 ?). Cette brochure de 37 p., très brève sur la période ancienne, n'apporte cependant aucun renseignement nouveau. 2. Les registres connus au x1x• siècle provenaient d'une copie ou d'une révision par !'higoumène Callinique, en 1828, des anciens volumes délabrés : P. TRIANTAPHYLLIDÈS, 01 q,vy6:5es, Athènes 1870, p. 130. Des extraits de l'œuvre de Callinique se conservent dans la copie de Mynas du Paris. Suppl. gr. 1248, f. 200. 3. TALBOT R1cE, Notice, p. 70 (Ku�tul Monastir : monastère des Oiseaux). Liste des higoumènes dans CHRYSANTHOS, p. 501-502; notes de visite : WINFIELD, Churches, p. 135. 4. RICHARD, Répertoire, n °8 813-814. Le catalogue de Mynas (Paris. Suppl. gr. 1248, f. 194-213•) a été édité par Jeanne CoLIAs, Les bibliothèques, p. 93-104. 5. II y a peu de chance que ces deux volumes aient la même valeur que le registre de Bazélon ; les numéros de catalogue du Musée Bénaki doivent correspondre à des copies du x1x• siècle; mais ces copies elles-mêmes sont perdues. 6. Synopse des miracles (BHG 612) : Papadopoulos-Kérameus, p. 86-87 (§ 4).
IX. TRÉBIZONDE : rewpytoS
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fut repoussé, et Panarétos qui participait à l'expédition la qualifie de diabo lique en raison de l'insuccès. Une nouvelle tentative en plein janvier 1370 tourna au désastre ; l'empereur y perdit cent quarante hommes surtout à cause du froid 1. La Chaldia des Comnènes ne récupéra donc pas cette ville (ou région) qui se trouvait dans une haute vallée tournée vers le bassin du Lycus, où il fallait accéder à partir du centre de la Chaldia (Kanis: Gümü§hane) par des cols difficiles. Le récit du miracle indique l'existence d'une voie régu lière, impraticable en hiver, au moins pour le commerce, et qui assurait, d'après le récit, une liaison entre la Chaldia et Kolôneia (�ebinkarahisar) vers l'ouest. Les relations intérieures dans l'éparchie de Chaldia reprirent après l'occupation turque; la région de Chairiana comptait douze églises au début de ce siècle, mais on ne mentionne pas de monastère2 • Les explorations archéologiques dans cette région ne semblent pas non plus avoir abouti à la découverte et à l'identification du monastère de Chainos 3•
6. rewpy1os Xov-rovpwv : SAINT-GEORGES DE CHOUTOURA Un chrysobulle d'Alexis III (1349-1390) concernant le monastère de Choutoura subsistait, en original, dit-on4, jusqu'en 1848 ; un incendie détruisit alors la bibliothèque du lycée d'Argyropolis (Gümü§hane) qui le conservait. Une édition du texte d'après la copie d'un registre du monastère0 ne donne pas une haute idée de sa valeur; c'est un décalque du chrysobulle destiné au monastère de Bazélon, qui n'est connu lui-même que par la copie du registre 6 • La seule différence entre les deux textes est que le nom du Prodrome du Bazélon est remplacé par -r4' épe1 -rov K6:vews -rwv Xov-rovpwv; ensuite, la liste des villages est remplacée par une autre dont on n'a pas vérifié la signification7 • A notre connaissance, la plus ancienne mention authentique du monastère est la signature du hiéromoine Kosmas higoumène de Choutoura, possesseur du manuscrit 23 du monastère, en 1554. II est possible que la fondation remonte à l'empire de Trébizonde, mais les documents font défaut, d'autant plus qu'on ne dispose pas de renseignements sur les édifices. Le monastère recueillit un certain nombre de manuscrits, en général récents ; cependant, celui de !'higoumène Kosmas datait du xn e siècle. La bibliothèque reçut la visite de Mynas en 1845 : il ne dénombre que neuf manuscrits 8; en 1907, on en a compté trente-six 9• Entre les deux catalogues connus, deux numéros à peine coïncident et on sait par ailleurs qu'un manuscrit 1. PANARÉT0S 18, 20, 45 : Lampros, p. 279-280, 288; Lampsidès, p. 71-77. 2. Statistique publiée dans Xénophanès 3, 1906, p. 472; Chairiana ou Chériana correspond à �iran, ville et rivière de même nom dans la carte turque. La localisation exacte nous échappe. La place de Chériana comme premier siège des suffragants de Trébizonde est attestée dans la taxis du x• siècle : CHRYSANTHOS p. 154 {d'après Gelzer), 163. Voir aussi la notice de TRIANTAPHYLLIDÈS, Tà: TTOVTIK:s, dans Archeion Pontou 27, 1966, p. 106-107. 5. J. P. ELEUTHÉRIADi>:s, 'ICTTop1Kov O')(E6kxo-µa mpi Tfjs hro:px{o:s XM61o:s, Athènes 1903, p. 64-65. 6. Actes de Vazélon 103 p. 60-61. 7. Du moins Eleuthériadès, très désordonné, ne s'est pas attardé sur ce point. N. Oikonomidès (Actes de Dionysiou, p. 99) considère le chrysobulle comme authentique, ou du moins n'envisage pas l'éventualite d'un faux. 8. Paris. Suppl. gr. 1248, f. 151-153; d'après l'étude de Jeanne CouAs, Biblir,thèques, p. 159-163. 9. Catalogue de G. Th. KANDÈLAPTÈS : Archéion Pontou 28, 1967, p. 125-132.
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GRANDS CENTRES
relativement ancien disparut du monastère, en 1898 ; il circulait en des mains connues à Trébizonde et le synode ordonna une enquête 1. D'après les renseignements historiques et archéologiques concernant la région autour d' Argyropolis, les églises qui ont pu être étudiées2 ne sont pas antérieures au xv1 e siècle. rp11y6p1os NVO'O'TlS
(Ay.) :
SAINT-GRÉGOIRE DE NYSSE
1. Un monastère dédié à saint Grégoire de Nysse reçut, en 1222, la visite d'Andronic Gido, qui se préparait à repousser l'attaque des Turcs 3 ; il était situé dans la localité de Béréneia, sur la Matzoukas {afiluent du Pyxitès). En 1349, ce monastère, représenté par son higoumène, le hiéromoine Macaire, vendait au monastère de Bazélon un champ qu'il possédait à Kounakalis (Kounaka)4• Saint-Grégoire se trouvait au sud de Bazélon, à deux heures de marche5• Au sujet d'une inscription sur une colonne, se pose un petit problème d'identification. Selon Paranikas 6 , cette inscription se trouvait sur une colonne du cimetière Saint-Grégoire à Trébizonde, tandis que l'archimandrite Panarétos Topalidès, citant comme source un registre de Bazélon, dit qu'elle se trouvait à Saint-Grégoire de Kounaka, non à Trébizonde7 • Une note cadastrale du registre de Bazélon nomme un autre monastère Saint-Grégoire 8 à propos d'un proasteion Chalabaina à Chortokopi. Le monastère paraît différent parce qu'il est désigné cette fois avec le déterminatif "l"oO Ia�a-r!oovos (un propriétaire plutôt qu'un toponyme). D'après cette note, Bazélon reçoit de la métropole, par sigillion, un droit détenu auparavant par le monastère Saint-Grégoire sur le dit lieu. L'inventaire des toponymes du Matzoukas indique que le souvenir de Saint-Grégoire s'est perdu dans la tradition populaire de la région9 • Quant à Sabatiôn, on ne le retrouve pas non plus, mais étant donné que les textes ont été recopiés, la forme éditée reste à vérifier et à expliquer. 2. Le seul renseignement que l'on ait sur l'église ancienne Saint-Grégoire de Nysse, détruite en 1863 pour laisser la place à la nouvelle métropole (cathé drale) dédiée au même saint, semble provenir de Joannidès 10. Quand celui-ci publiait son histoire de Trébizonde, en 1870, le nouvel édifice, commencé huit ans auparavant, n'était pas encore achevé; l'auteur déplore que ses compatriotes aient laissé détruire les fresques représentant Jean II et son épouse Eudocie. Elles se trouvaient sur le mur du pronaos : le manteau de l'impératrice se
I. EA 18, 1898, p. 337: il s'agit de deux évangéliaires un du x e siècle, l'autre du xn• ou xm• siècle, selon une estimation de M. Paranikas ; on ne dit pas clairement lequel des deux venait de Choutoura, dont !'higoumène devait être interrogé au sujet de la disparition du manuscrit. 2. Nineteenth-Century Monuments III, p. 324-349. 3. Synopse des miracles (BHG 612) : Fallmerayer, p. 75; Papadopoulos-Kérameus, p. 119'"'. 4. Actes de Vazélon, n ° 48, p. 25. 5. CHRYSANTHOS, p. 80, 400, 499. 6. ll';dition dans EPhS 29, 1902-1905, p. 298; l'auteur donne comme référence: Vèlle 'Io-cxCXK!ov 'lo-r. Tpcrn. m!A. 82; ce doit être l'ouvrage de Joannidès, mais ce dernier ne donne pas l'inscription. 7. ToPALIDÈs, Bazélon, p. 74-75 ; le texte donnait une première date 6378 (qui serait l'année 870 1) incompatible avec l'indiction 1; l'autre date ,sc.,ocx' se trouvait derrière {ou au-dessus?). 8. Actes de Vazélon, p. 75u1-1aa. 9. Inventaires de G. ZERZÉLIDÈS : Archeion Pontou 23, 1959, p. 87-192; 24, 1961, p. 243-290. 10. JoANNIDÈS, 'krrop{cx, p. 82; cf. CHRYSANTHos, p. 454 (qui, dans la note 8, renvoie à la p. 237 de Joannidès ?).
IX. TRÉBIZONDE : rpny6p1os - 'Et.eveéptos
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distinguait de celui de l'empereur du fait que les aigles qui le décoraient étaient bicéphales, tandis que l'aigle des empereurs de Trébizonde était monocéphale 1 . Selon Paranikas2 , une inscription se trouvait dans cette église et citait Eudocie comme grand-mère d'un Jean. En fait, il s'agit de l'inscription qui se trouvait à la Théosképastos. L'histoire ancienne de l'église reste donc inconnue : la présence des portraits impériaux laisse supposer qu'elle fut fondée ou patronnée par Jean II et Eudocie (1282-1297) 3• On ne peut dire si déjà à cette époque l'église était destinée à un monastère, mentionné seulement au xv11 e siècle : le métropolite Ignace le céda comme métochion à Vatopédi4 en octobre et décembre 1618. La métropole reprit le monastère pour en faire son siège officiel5, lorsqu'elle fut dépossédée de sa résidence à Saint-Philippe en 1665. Selon une communication de A. Bryer (par lettre), les fondations de l'ancienne église Saint-Grégoire ont pu être relevées et photographiées après la destruction de la métropole moderne. Un manuscrit ayant appartenu à l'église, est parvenu au Musée byzantin d'Athènes 6 •
.6.vvo:µ1s ('Ayio:) :
SAINTE-DYNAM1s
Une porte de la ville haute s'appelait 'Tf\S èxyio:s t:.w6:µews ; d'après le récit de la bataille de 1223, c'est celle qu'on ouvrit pour faire une sortie contre les Turcs venant du rivage 7• Par analogie avec Constantinople, où Dynamis formait une trilogie avec Sophia et Eirènè 8 , le vocable désigne sans doute aussi une chapelle voisine de la porte qui aurait pris le même nom.
'D.ev6ép1os ("Ay.) :
SAINT-ÉLEUTHÈRE
On situe une église Saint-Éleuthère dans le voisinage du fort Léontocastro qui protégait le port de Daphnous 9 • Une inscription latine, sur le mur gauche touchant l'iconostase 10 , retenait probablement le nom de famille des Lercari, mêlés aux luttes entre Génois et Trébizonde. Le vocable de l'église n'est connu que par la tradition grecque, sans documents anciens. Cependant, il est possible qu'une église dédiée à saint Éleuthère existât dès le xm e siècle, si l'image du saint sur le sceau de David Comnène 11, frère d'Alexis Jer, si gnifie autre chose qu'un culte personnel ou symbolique de la part du personnage : mais comme on ignore l'emplacement des églises latines et leur vocable, à part Santa-
1. MILLET, Trébizonde, p. 428; MILLER, Trebizond, p. 31 : cite le Journal inédit de Finlay qui visita l'église en 1850; il mentionne au moins les couronnes. 2. EPhS 29, 1902-1905, p. 298. 3. MILLET, Trébizonde, p. 438; FALLMERAYER, Orig. Fragm. I, 66; II 96. Il faut donc accorder peu de crédit à l'article de Paranikas sur les inscriptions de Trézibonde (note 2). 4. Textes des archives de Vatopédi, édités par CHRYSANTHOS, p. 553-555, avec fac-similés. 5. IDEM, p. 531. 6. vv 19, 1912, p. 249 (= RICHARD, Répertoire, n ° 809); PALLAS(= RICHARD, Répertoire, n ° 159), p. 10-12, n° 145. 7. Synopse des miracles (BHG 612) : Papadopoulos-Kérameus, p. 121... 8. JANIN, EM, p. 101. Ce vocable de Dynamis a été avancé également au sujet de la Rotonde de Thessalonique, mais sans appui sur des documents : voir ci-dessous, p. 361. 9. CHRYSANTHOS, p. 454. 10. PARANIKAS : EPhS 29, 1902-1905, p. 299; copie médiocre de l'inscription qui se trouvait entre deux écus gravés. 11. Publié par V. LAURENT : Archeion Pontou 19, 1954, p. 151-160; cette image du saint est unique en sigillographie.
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GRANDS CENTRES
Margarita 1 , on n'excluera pas l'hypothèse que l'église voisine de Leontocastro soit identique à Santa-Margarita ; elle aurait simplement changé de nom pour les Génois, ou pendant l'occupation du quartier par les Génois.
Evyév1os (Ay.) :
SAINT-EUGÈNE
Eugène était originaire d'Arménie seconde2 ; saisi à Satala, il fut d'abord relégué à Pityous en Lazique, puis ramené à Trébizonde, où il subit son martyre sous Dioclétien 3• Le récit de la passion développé par Jean Xiphilin parle de la déposition des restes près du lieu du martyre4. Celui-ci différait de la résidence que la tradition rattacha au souvenir du martyr ; il aurait eu sa maison paternelle près d'une grotte au lieu-dit Akanthai et c'est sa famille qui par la suite aurait assuré la préservation des reliques et le développement du culte autour du sanctuaire. Ces origines restent obscures, car les récits des miracles ne fournissent de points de repère vérifiables qu'à partir du milieu du 1xe siècle. L'histoire de l'église et du monastère repose entièrement sur quatre récits : celui de Jean Xiphilin5 atteste seulement l'existence de l'église et le culte du saint ; le Discours de Joseph Lazaropoulos sur l'invention de la fête 8, tout en contenant des données historiques, tend à justifier l'institution d'une fête de la naissance du saint (24 juin, le même jour que la fête du Prodrome) dont Jean Xiphilin n'a aucune connaissance; la Synopse des miracles, composée par le même Lazaropoulos7 , cite des faits datables du 1xe siècle au milieu du x1v e siècle ; la dernière série 8 se présente comme une continuation de la précédente, mais elle est peu importante et désordonnée. Un higoumène Antoine vivait sous l'épiscopat d'Athanase et sous le règne de Basile Jer, dans la seconde moitié du 1x e siècle. Deux personnes lui communiquèrent une révélation concernant le jour de naissance du martyr au 24 juin et lui-même eut une vision qui confirmait la nécessité d'établir une nouvelle fête (en plus de celle du 21 janvier) 9• Passons sur le procédé de la révélation ; l'institution de la fête, liée semble-t-il à une réorganisation du monastère et répondant sans doute à une commodité réelle (l'été au lieu de l'hiver) fit l'objet d'un récit édifiant colporté parmi les fidèles 10 et reçut l'approbation des autorités, Athanase de Trébizonde et le duc de Chaldia Jean, dont le père avait fondé un monastère. Un successeur d'Antoine, !'higoumène Ephrem continue cette expansion du monastère. Sous sa direction, en effet, s'organisent chaque année des caravanes l. 2. 3. 4.
Voir p. 281. Fête les 20-21 janvier : Syn. CP, 406, 408. Passion de s. Eugène (BHG 609 z) : Lampsidès, p. 163. Ibidem, p. 150. Ce sont des arrangements postérieurs qui introduisent la tradition familiale : Récit des miracles (BH G 610) : Papadopoulos-Kérameus, p. 56. Sur la grotte voir CHRYSANTHos, p. 457458; M. PARANIKAS, dans EPhS 29, 1907, 304-306; J. MÈLIOPOULOS, dans Archeion Ponto11 6, 1935, p. 159-168. 5. Récit des miracles = BHG 610, différent du récit de la Passion (BHG 609 z). 6. Discours sur la f�te de s. Eugène = BHG 61 l. 7. Synopse des miracles= BHG 612. 8. Synopse cont. = BHG 613. Ces quatre textes sont cités d'après l'édition de Papadopoulos Kérameus. 9. Discours (BHG 611) : Papadopoulos-Kérameus, p. 53-58 (§§ 2, 3, 5). 10. C'est à propos de la fête qu'est mentionnée pour la première fois la ville de Païpert (Bayburt), dont les fidèles se plaignirent de n'avoir reçu aucune notification concernant cette solennité : Ibidem, § 4, p. 56. L'éloignement de cette ville, avec laquelle les communications devaient être très difficiles durant l'hiver, suggère une raison moins mystique pour l'institution de la fête du 24 juin; cette date, en plus de la commodité de la saison, avait l'avantage d'associer la fête de saint Eugène à celle du Prodrome.
IX. TRÉBIZONDE : Evyév1oç
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qui se rendent à Païpert pour la collecte des revenus des terres. Le récit de plusieurs voyages mouvementés montre que les moines disposaient de deux itinéraires pour atteindre le bassin de l' Akampsis : l'un par le Matzoukas, l'autre par la vallée de Syrména. Ephrem lui-même se rend sur les lieux pour des achats de terrains 1. Il laissa peut-être le gouvernement à son neveu Théodore, un miraculé de saint Eugène2 • Un autre higoumène, Paul, date du règne de Constantin Monomaque (1042-1055) ; il venait du Galèsios, où il avait été disciple de Lazare (t 1053) et d'où une invasion de barbares l'avait chassé 3• Compte tenu de l'arrivée des Seldjoukides, à la fin du x1 ° siècle, on admettra que ces relations entre Trébizonde et l'intérieur datent de la période antérieure. Cependant et peut-être en compensation des pertes subies par le monastère dans la région de Païpert, les Gabras, dont le rôle est bien connu de la fin du x1 8 jusqu'au milieu du xn e siècle4 , favorisèrent de nouvelles relations avec la Chaldia. L'higoumène Mélétios, dont le propre frère était à la tête du couvent Saint-Georges de Chainos, fondé par les Gabras à Chériana, organisait aussi dans cette direction des caravanes annuelles pour l'approvisionnement5• Il semble que cette nouvelle fondation vient compenser la perte des revenus que Saint-Eugène tirait de Païpert, mais on ne dispose pas de renseignements suffisants pour établir la succession des faits. Ces données suffisent à montrer la puissance et le rayonnement du monastère durant deux à trois siècles. Un autre higoumène, Basile6, cité par le dernier collecteur de miracles, n'est plus datable. Un fait important de l'histoire de Trébizonde dut profiter aussi au monastère. Le passage de l'empereur Basile II à Trébizonde, en 1021-1022, dont les chroniqueurs byzantins ne parlent pas7 , a laissé des traces. Lazaropoulos met en parallèle ce pèlerinage à Trébizonde avec celui que Basile II fit à Athènes après les campagnes du Péloponnèse 8 ; des souvenirs littéraires se mêlent peut-être en ce point avec des traditions locales, conservées aussi dans les sources arméniennes. En tout cas, d'après cet auteur, l'église aurait été dotée, 1. Synopse (BHG 612): Papadopoulos-Kérameus, § 11, où les péripéties de l'achat sont décrites en détail. Les récits où est cité Éphrem comprennent les§§ 8-24 (p. 93-114). 2. Ibidem, p. 105•0-u. 3. Discours (BHG 611): Papadopoulos-Kérameus, p. 74; on ne voit pas bien comment concilier historiquement les données concernant Paul, dont le départ du Galèsios n'est pas mentionné dans d'autres sources; l'allusion aux barbares de la part de Lazaropoulos paraît un lieu commun, mais qui trouve une application à la fin du x1• siècle. 4. Voir surtout W. FISCHER, Trapezus im elften und zwôlften Jahrhundert. Ein Stück byzanti nischer Provincial-Geschichte, zugleich ein Beitrag zur Kritik der Anna Komnena, dans Mittheilungen des Inst. für 15sterr. Geschichtsforschung 10, 1889, p. 177-207 (tiré à part, p. 1-31); CHRYSANTHOS, p. 225228, 456-457. 5. Synopse (BHG 612) : Papadopoulos-Kérameus, p. 86-87 (§ 4). Si les récits sont exactement dans l'ordre chronologique, la fondation des Gabras et les voyages à Chériana peuvent être antérieurs à l'invasion seldjoukide. Sur le problème des frontières sud-est (direction de PaYpert-Bayburt), voir D. WIN FIELD, A note on the south-eastern borders of the empire of Trebizond in the thirteenth century: Anat. Stud. 12, 1962, p. 163-172. 6. Synopse cont. (BH G 613) : Papadopoulos-Kérameus, p. 144'. 7. Voir par exemple CEDRENUS : Bonn II, p. 478. 8. Synopse (BHG 612) : Papadopoulos-Kérameus, p. 84-86 (§ 3). Le recueil commence par le rappel des luttes intestines du début du règne qui eurent leur répercussion dans le Pont; l'auteur a donc divisé son sujet en utilisant peut-être deux recueils antérieurs, l'un concernant l'institution de la fête du 24 juin et les débuts du monastère (BHG 611), l'autre (BHG 612), une étape postérieure, mais chacun des deux récits prend un caractère d'actualité en finale, par l'addition d'un fait plus proche de l'auteur.
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grâce à l'empereur, de deux grandes absides, de deux grandes colonnes et de la coupole, telle qu'on la voyait encore de son temps. Mais l'archéologie de l'église est bien complexe. Dès les débuts de l'empire de Trébizonde, le saint et son église apparaissent avec éclat au cours de l'attaque de Mélik contre la ville 1, en 1223. Après ses essais infructueux contre la citadelle, le sultan occupa l'église dans l'intention de la détruire ; le récit quelque peu fantastique de sa préservation explique au moins les libéralités d'Andronic Gido après la libération de la ville. Jean Zanxès, qui avait péri au cours d'une sortie des assiégés, fut inhumé à Saint Eugène; pour le monument (ou en sa mémoire), sa veuve fit don au monastère de la ferme de Poutzéas à Ammodios2• Autre signe de la dévotion nationale au patron de la ville : son image figura régulièrement sur les monnaies des Comnènes. Une nouvelle invention de la fête du 24 juin se produisit sous le règne d'Alexis II (1297-1330), auquel !'higoumène Luc Tzathès présenta le livre des miracles du saint qui contenait le récit de la première invention. L'empereur contribua aux dépenses de la fête annuelle et le hiéromoine Grégoire Chioniadès composa des hymnes de circonstance 3. Ce même Chioniadès donna un ensei gnement dans le même monastère, où vinrent même des Arméniens4 ; Constantin Loukitès, protonotaire et protovestiaire, qui tint une place semblable, ne donne cependant aucune information sur l'école dans son Eloge du martyr. Il dit au moins que les reliques reposaient dans des châsses d'argent richement décorées, et qu'elles produisaient le myron indispensable aux dévots; la châsse était portée dans les processions6• On ignore cependant l'état exact du martyrium, si bien que les discussions sur la demeure du saint et la grotte des Épines (Akanthai) 6 restent bien académiques. D'ailleurs, les édifices subirent de très graves dommages pendant la sédition de 1339 ; les troupes loyales employèrent le feu pour déloger les séditieux retranchés à l'intérieur 7 • En 1341, une incursion turque porte de nouveau le feu dans toute la ville s . Les dégâts causés à l'église ne sont pas évaluables, mais il n'est pas certain qu'ils exigèrent une reconstruc tion. On a dit que les portraits d'empereurs (Alexis I à Alexis III) furent mis en place en cette occasion 9 • L'église et le monastère pouvaient être en service
1. Synopse (BHG 612), § 25 : p. 116-132 = FALLMERAYER, Orig. Fragm. I, p. 72-86. al TlpT) 'E1É'rm comme du culte que la maison épiscopale adresserait à cette église ; il faut com prendre que la demeure épiscopale entoure la chapelle dont il est question. Eustathe indique les trois formes connues du nom de la ville de Pisidie : K11 'A-rroc:rr6"Ac.>v 0eo-o-a"AovhTT} Té.Sv 'Ay!c.>11 •ATroc:rr6"Ac.>v 8eo-o-a"Ao11f1v •Ao-ooµœr(.)v : ce ne peut être que la troisième en partant du rivage, celle que les Turcs appelaient Porta Kapi. Le terme byzantin indique la proximité d'une église de même vocable\ qui se cache peut-être dès le 1x e siècle sous celui de !'Archange, cité par Théodore Stouditès6• 1. Hj. TORP, Qurlques remarques sur les mosaîques de l'église Saint-Georges à Thessalonique : Actu du JXe Congrès... des Études Byzantines, I, Athènes 1955, p. 489-498. Le même auteur a publié son œuvre principale sur les mosaiques en 1963, à Oslo; cr. BZ 59, 1966, p. 141-144. 2. A. XYNGoPouLos, 'H T01xoypacp!a TT1S 'AVS liv Tij âljlî61 Tov ây{ov f60.)py!ov Tiis 8SO-O'CXÀOV!K1')S : AE 1938 (1941), p. 32-53. 3. EusTATHE DE THESSALONIQUE {Tate!, p. 156; PG 136, 536B): Tfj Ka60).1tv 1> Robert de Dreux ne parle pas de myron. D'après P. N. Papagéorgiou, le monastère Saint-Étienne, devenu église Sainte-Théodora, s'identifie à l'église de même nom, à l'ouest de Sainte-Sophie; les Turcs l'appelaient Kizlar monastir (Monastère de femmes)3.
8e66wpo1 ("Ay101) :
SAINTS-THÉODORE
1 - Le règlement liturgique du métropolite Syméon prévoit pour le 1er septembre, fête de l' Indiction, une cérémonie à l'église de ces saints, à laquelle l'archevêque peut se rendre4 • 2 - Le manuscrit Alhen. B.N. 2009, synaxaire de mars-août, fut copié aux x1v0-xv 0 siècles dans un monastère des Saints-Théodore de kyr Mamas5 . Il se peut que le monastère soit hors de Thessalonique mais le vocable se confond sans doute avec le précédent : ce serait une explication du fait que la fête du 1er septembre, qui est aussi la fête de saint Marnas, avait lieu dans cette église. Un ktétôr du nom de Marnas aurait pu instituer cette fête en l'honneur de son propre patron.
0eoT6Kos Comme partout dans l'empire byzantin, la Mère de Dieu a fait l'objet d'un culte intense à Thessalonique. On ne connaît pas moins d'une vingtaine d'églises et de monastères placés sous son vocable dans cette ville. Nous les classons dans l'ordre alphabétique du nom le plus courant. 1 - 'Axe1po,ro{f}TOS : BASILIQUE DE L' AcHEIROPOIÈTOS Malgré son ancienneté, cette église de la Mère de Dieu6 n'est guère mentionnée qu'à partir des 1x0-x 0 siècles. Comme il arrive parfois, c'est la mention la plus ancienne, connue en dernier lieu, qui fait peut-être le lien avec 1. loANNES ANAGNOSTES, De excidio: Bonn, p. 516. 2. H. PERNOT, Voyage en Turquie du R. P. Robert de Dreux, Paris, 1925, p. 99-100. 3. BZ 10, 1901, p. 148; on trouva en 1880 dans les combles de cette église un ménée de novembre, manuscrit du x1• siècle. Il est possible que ce manuscrit ait été recueilli ensuite dans la collection du Gymnase; il ne semble pas avoir été reconnu dans les catalogues. 4. Athen. B.N. 2047, f. 9v_ 5. Athen. B.N. 2009, f. 205 (provient du Gymnase de Thessalonique). 6. Le vocable ancien de la Théotokos, ou Mère de Dieu, devient Acheiropoiètos au x1v• siècle. 13-l
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le monument primitif tel que l'archéologie a pu le reconstituer; le terme Acheiropoiètos n'apparaît en effet qu'au x1v e siècle. Histoire. Léon le Mathématicien, qui passa quelque trois ans sur le siège de Thessalonique avant d'être démis en 843, raconte dans une homélie 1 le miracle de la guérison d'une juive qui se serait produit vers la fin du v e siècle, sous l'évêque André. La demeure sacrée de la Théotokos se trouvait non loin de la voie Egnatia, sur l'emplacement ou dans le voisinage d'un temple de Dionysos; elle était pourvue d'un baptistère, son entrée était latérale, et on vénérait à l'intérieur les images de la Théotokos et de saint Dèmètrios. C'est l'église que Jean Kaminiatès2 considère comme une des plus importantes du centre de la ville, avec Sainte-Sophie et Saint-Dèmètrios ; elle subit le pillage de Léon de Tripoli en 904. Son personnel est représenté probablement en 941 par les témoins d'un acte de Lavra3 : Dèmètrios protopapas, Epiphanios prêtre et Basile diacre kouboukleisios. En 1110, un diacre Georges Sapônas est skévo phylax de la Théotokos ; en 1115, il ne mentionne pas sa charge, qui a pu varier'. Avec Eustathe de Thessalonique apparaît la première mention d'une image de l'Hodègètria5 , qu'il est cependant difficile de rattacher à un sanctuaire bien précis : sa demeure, que l'image refusait de réintégrer après une procession, n'est pas nécessairement la grande église de la Mère de Dieu. Dèmètrios Chômatènos eut à trancher un appel d'un habitant de Thessalonique, Dèmètrios Krabophôkas : celui-ci disait dans sa lettre que le duc de Thessalonique Georges Phrangopoulos, nommé par Marie de Montferrat, rendait la justice, assisté par les évêques du diocèse, dans la grande église de la Théotokos6 • Au x1ve siècle, les témoignages se multiplient, tandis que se fait jour le vocable d'Acheiropoiètos7 , dans l'Histoire de Jean Cantacuzène, puis dans les documents liturgiques sur lesquels nous reviendrons. Visitée en 1405 par Ignace de Smolensk, qui la désigne comme une des quatre églises publiques principales 8 , l'église doit avoir un clergé et des revenus assez importants, comparables à ceux des cinq ou six grandes églises qui versent des sommes à la métropole; le prêtre chartoularios Kalothétos est seul cité comme exécuteur des paiements, mais le clergé a son protopapas nommé Chalkiopoulos 9 • Ainsi, l'église doit avoir même rang ou même fonction dans un quartier que celle des Asomates et celle de Saint-Ménas. A la conquête de la ville par les Turcs, l'église devient mosquée, peut-être
1. É:dition et commentaire par V. LAURENT, dans Mtlanges Eugène Tisserant (Studi e Testi 232), t. 2, p. 282-302. 2. De excidio 11 : Bonn, p. 502 ; l'église dite simplement olKoS ... Tfis 8eoµT}TOPoS, au second rang (après Sainte-Sophie et Saint-Dèmètrios : un ordre hiérarchique). 3. Actes de Lavra i a1 -11: Lemerle, p. 91 (et p. 89). 4. Ibidem 59"', 6070: p. 311 et 315. On remarquera dans ces mêmes actes, les plus anciens de Lavra (origines à 1204), que les trois grands centres ecclésiastiques de Thessalonique sont Sainte-Sophie (la Grande É:glise), Saint-Dèmètrios et la Théotokos; on y trouve aussi la mention du quartier des Asomates et de la Kataphygè. 5. De Thessalonica capta 130 : Tafel, p. 303. On élimine naturellement le témoignage sur l'Acheiropoiètos tiré des lettres 68-69 de la même édition de Tafel, puisqu'elles appartiennent à Michel Psellos. 6. PITRA, Analecta sacra et classica Spicilegio Solesmensi parata, VII, 454. 7. Massacre des Zélotes refugiés dans l'église : CANTACUZÈNE, Hist. III 93 : Bonn II, p. 571'·11• 8. KHITRowo, ltintraires, p. 147; LASKARIS, Naoi, p. 327; ce dernier montre le rapport avec le témoignage de Jean Kaméniatès au x• siècle. 9. KouGÉAS, Notizbuch, n•• 4, 10, 28, 30, 32, 38, 50, 52; dans ces notes, l'Hodègètria se distingue clairement de l'Acheiropoiètos.
XI. THESSALONIQUE : 0EoT6KoS
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parce qu'elle était centrale, ou à cause de ses dimensions; elle est nommée alors Vieille mosquée (Eski Cami) et, sans doute plus tard, Eski Cuma Cami. De Cuma (vendredi) les Grecs prirent peut-être l'habitude de nommer cette église Hagia Paraskévi, par transposition de sens 1. La question est de peu d'intérêt, faute de témoignages convaincants2 • La liturgie au X /Ve siècle. Plusieurs textes édités depuis peu montrent que l'histoire de l'église au x1v e siècle se complique d'allusions à une icône, comme on le voit déjà dans le récit d'Eustathe de Thessalonique, puis à un lieu dénommé Kataphygè3• La veille de la fête de saint Dèmètrios, il y avait une cérémonie à l'église de l'Acheiropoiètos : c'est pour cette occasion et dans cette église que le thessalonicien Harménopoulos compose son discours4• Il exalte l'impression aérienne que donnent les colonnes à l'édifice et décrit la représen tation de la Vierge, debout, en position d'orante, qui s'apparente à celles qui ne furent pas faites de main d'homme. Mais, le jour même de la fête, la procession qui se rendait à Saint-Dèmètrios partait d'une sorte de souterrain où le saint aurait exercé un ministère caché. Pour Grégoire Palamas, cette Kataphygè symbolise aussi bien la Vierge que le saint, comme refuges des chrétiens6 • Au temps de Syméon de Thessalonique, soixante à quatre-vingts ans plus tard, les choses ne devaient pas être bien différentes, puisque les cérémonies suivaient sensiblement les mêmes coutumes dans les mêmes lieux. En particulier la procession du 26 octobre partait toujours de la Kataphygè et, certains jours, le saint patron de Thessalonique était célébré encore à l'Acheiropoiètos6 • Mais cette église était bien la principale après Sainte-Sophie et Saint-Dèmètrios, puisque ce sont les trois pour lesquelles l'archevêque prescrit une prière spéciale de dédi cace ; de plus, le jour de l'Annonciation, une prière particulière est dite devant les portes de l'Acheiropoiètos7• Aussi clairement que les notes du Parisinus 2953 8 , Syméon distingue cependant l'icône (et l'église) de l'Hodègètria de celle de l'Acheiropoiètos. Il faut les distinguer sans doute aussi dans la période antérieure, comme nous le disons à propos de l'Hodègètria. L'image de l'Acheiropoiètos el les Abramiles. L'allusion d'Harménopoulos au type de l'image est à l'origine d'un rapprochement, développé par A. Xyngopoulos9 , avec l'image de l'Acheiropoiètos qui était la propriété des 1. A. XYNGoPouLos, Al =pl Toii vaoii Ti'js 'Axe1porro1f}Tov 0�0-o-aÀ011IKflS el6fiae1s Toii Koo11CJTavrl11ov 'Apµe110,rovÀov, dans T6µoç Koo11CJTa11Tl11ov 'ApµevorrovÀov, Thessalonique 1952, p. 2-3. 2. II faut cependant éliminer l'identification avec une sainte Paraskévè, attestée en 1432, proposée par Bakalopoulos : BZ 37, 1937, p. 372; cr. XYNGOPOULOS, art. cil., p. 3. 3. Voir plus loin 0eoT6Koç '06T)Yf1Tpla et KaTaq>vyfi, p. 382 et 389. 4. Discours pour la vigile des. Démétrius (BHG 547) : éd. D. S. GKINÈS, dans EEBS 21, 1951, p. 150-162; passages principaux dans XYNGOPOULOS (op. cit., p. 3-11) et SoTÈRIOU, Basilique, p. 32. 5. PG 151, 544D. 6. Rituel de la fête publié et commenté par B. LAOURDAs, 2'.vµew11 0eo-o-aÀ011IKT)S œv
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octogonale, à l'emplacement de la mosquée Akçe Mescit. Cet édifice était dans la partie de la ville occupée par le palais de Galère, d'après E. Dyggve. Faute de mieux, on a donné à ces vestiges anonymes le nom de leur forme 1. L'Octogone n'a qu'une ouverture au sud en direction de la mer. A l'intérieur, il y a sept conques, la huitième étant remplacée par la porte. La plus grande, vis-à-vis de l'entrée, mesure 7,20 m, les autres seulement 5,22 m. L'édifice est plus vaste que la Rotonde Saint-Georges, la distance d'angle à angle à l'intérieur étant de 24,95 m (contre 24,15 m). Il est du genre des mausolées, mais il se rapproche plutôt de San-Vitale de Ravenne et des Saints-Serge-et-Bacchus de Constan tinople. Il a été transformé de bonne heure en une église chrétienne de nom inconnu, dotée d'un ambon, qui a été retrouvé dans les fouilles, et d'un baptistère, découvert en 1955, au cours d'un sondage2 • Ce baptistère est de forme circulaire, avec un diamètre intérieur de 14 mètres. Il se trouve à droite de la porte d'entrée. Il fut plus tard approfondi et transformé en réservoir qui était encore en usage au xrv e siècle, d'après les tessons qu'on y a recueillis. Selon R. F. Hoddinott, on pourrait envisager l'hypothèse que !'Octogone soit en réalité la véritable église des Asomates, au lieu de Saint-Georges la Rotonde3• A cela il y à au moins une objection capitale : !'Octogone, au sud de la porte de Kalamaria et de la voie Egnatia, n'aurait pu transmettre le nom d'Asomates à la porte qui est ainsi désignée d'après l'église importante la plus proche. La fonction chrétienne de l'édifice est encore obscure et l'existence même d'un baptistère ne signifie pas nécessairement que !'Octogone fut la cathédrale de la ville ; pour en décider, il faudrait mieux connaître non seulement l'histoire de !'Octogone, mais aussi l'évolution de l'habitat et des édifices publics de la cité. TT, mais que l'on n'y fait guère les offices que le jour de la fête patronale. Comme il craint qu'elle ne tombe aux mains des Turcs et que par ailleurs une bonne partie du clergé a été emmenée en captivité, il en confie le soin à un certain Hodègètrianos, de Kastoria, et à ses fils Dèmètrios et Jean. Ils ont la charge de rétablir le minimum requis de culte et d'assurer le luminaire, mais ils paieront chaque année une redevance de 4 aspres à la métropole'. L'archevêque Méthode confirme cette donation 5 en octobre 1453. Enfin, le mercredi 25 juin, Michel Cantacuzène, fils d'un ancien grand domestikos, décédé de la peste, fut inhumé dans cette église 6 • Dans le premier de ces documents on voit que l'église avait été auparavant confiée aux épitropes de Sainte-Sophie, ce qui laisserait croire qu'elle ne devait pas être éloignée de celle-ci. La chapelle moderne de Sainte-Parascève, petit édifice (d'une seule pièce construite dans la cour d'une maison particulière à l'est de la Panagouda, remplace probablement une église ancienne de même nom, sans qu'on puisse dire si c'est bien cell� des documents du xv e siècle7 •
1. DIEHL - LE TOURNEAU - SALADIN, p. 167-175; EBERSOLT, Monuments, p. 168, 2. BCH 78, 1954, p. 138-140. 3. M. GÉDÉON, 'Apxeîov êoo110-1aO'T1Kfjç !O'Toplas, Constantinople 1911, p. 387. 4. S. EUSTRATIADÈS, ·o vaès TI)S 'Ay!as µsyaÀoµapTVpoS TTo:po:O'lœVfjç êv 860'0'aÀOVÎK1J : Gr. Pal. 1, 1917, p. 130-132 (et dans tome 11, 1927, p. 366). 5. IDEM, p. 133. 6. Sp. LAMPROS et K. I. AMANTos, Bpo:xéo: Xpovn«x, Athènes 1932, p. 61; la note, tirée du Vaticanus 1369, est un autographe de Manuel Gérakès, qui a inscrit des événements familiaux. 7. TAFRALI, Topographie, p. 183; EBERSOLT, Monuments, p. 15; EEBS 12, 1936, p. 245 (médiocre photographie).
XI. THESSALONIQUE : TTcxp6:µ011oS - TlhpoS lv Tovpxc.>v À,iq>&Icrav ; on ne sait à quel événement l'historien fait allusion. 10. TAFRALI, Topographie, p. 195.
XI. THESSALONIQUE : flp6Spoµcs - ('Ayla) LOq>{a
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archéologues au sujet de la date de sa construction. Ses formes lourdes et son infériorité manifeste au double point de vue technique et architectural ont porté divers auteurs à croire que l'édifice n'était qu'une maladroite imitation de la basilique de Justinien et donc postérieure à celle-ci. Au contraire, Strzygovski 1 voyait dans la lourdeur même du monument et dans certains procédés de l'architecture des tâtonnements qui devaient aboutir au magnifique édifice qu'est Sainte-Sophie de Constantinople. D'autres savants se sont rangés à cette opinion comme Ch. Diehl2, G. Millet3, N. P. Kondakoff4 • Par contre, certains, se basant sur les mosaïques de la coupole, ont soutenu qu'elle était de beaucoup postérieure à Justinien, comme O. Wulff5 et J. Laurent6 • Ce dernier pense qu'elle ne pouvait avoir été construite qu'un siècle après Justinien, à cause d'une inscription de la coupole portant la date de 645. La thèse de M. Kalligas aboutit à la conclusion que l'édifice ne peut être plus ancien que le début du vu e siècle, ni plus récent que le milieu du vm e siècle et il propose le règne de Léon III (717-741), mais la date est peut-être un peu plus ancienne7 • H isioire. Sainte-Sophie est mentionnée pour la première fois par saint Théodore Stouditès exilé à Thessalonique vers 795, dans une lettre à son oncle Platon : reçu par le préfet (archôn) de la ville, Théodore est envoyé à l'arche vêque ; après avoir prié à Sainte-Sophie, il est reçu par l'archevêque dans son propre oratoire 8 • La réception montre le caractère officiel de l'église et la proximité de la résidence épiscopale. Jean Kaminiatès 9 en parle au début du x e siècle à propos de la prise et du sac de la ville par les pirates arabes en 904 : c'est l'une des trois églises principales, avant celles de la Théotokos et de saint Dèmètrios. D'après les mentions les plus anciennes des actes athonites, il est clair que la Grande Église de Thessalonique, ou la très sainte métropole ne font qu'un avec Sainte-Sophie 10, qui est, comme dans la capitale, le centre liturgique et le centre administratif. Mais le relevé des charges et des titres ecclésiastiques métropolitains, qui dépend en grande partie de l'édition critique des actes, fait encore défaut. Notons qu'à l'anniversaire de la dédicace de l'église il se tenait au Moyen Age une foire célèbre qui durait huit jours11 . Pendant l'occupation de Thessalonique par les Occidentaux (1205-1224), Sainte-Sophie devint la cathédrale latine, comme à Constantinople. Elle eut ainsi son chapitre de chanoines, comme on le voit par trois lettres d'Innocent III, en 1208, 1209 et 1212 12 • Durant l'occupation latine, la situation de la métropole I. Die Sophienkirche in Salonik : Oriens I, 1901, p. 163. 2. Manuel d'art byzantin, Paris 1926, p. 131-132. 3. L'art byzantin, dans A. MICHEL, Histoire de !'Art I, Paris 1906,p. 145. 4. Makedonija, S. Petersbourg 1909, p. 89-107. 6. Die Koimesiskirche in Nicaa und ihre Mosaiken, Strasbourg 1903, p. 46-52. 6. Sur la date des églises Saint-Démétrios et Sainte-Sophie : BZ 4, 1895,p. 431-433. 7. Nous ne connaissons la thèse de M. Kalligas que par compte rendu : BZ 37, 1937, p. 164-167 (H. Koethe); EEBS 12, 1936, p. 487-490 (A. Orlandos); Oriens Christianus 12, 1937, p. 127-129 (A. M. Schneider). La datation du début du vm• siècle est enregistrée par KRAUTHEIMER, Architecture, p. 206-210, pl. 114,116. Édition critique des deux inscriptions (mosa!que de l'abside,avec monogrammes, et base de la coupole): J. M. SPIESER, TM 5, 1973, p. 159-160 (n°• 9-10). 8. Epist. I 3 : PG 99,9180, 9. De excidio 11 : Bonn, p. 602. 10. Un exemple typique dans un acte de 1097. Étienne, clerc de Sainte-Sophie et primicier des nomikoi, signe: Étienne clerc de la Grande Église à Thessalonique, montrant l'équivalence des deux termes : Actes de Laura 5336 ..', éd. Lemerle, p. 278. 11. TAFRALI, Topographie, p. 119. 12. Epist. X 171, XIII 13, XV 76: PL 215, 1478; PL 216,213, 604°. 14-1
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grecque devient obscure, mais au départ des occupants, Sainte-Sophie retrouve son rang jusqu'en 1523-1525, date à laquelle l'église fut transformée en mosquée. Grégoire Palamas, métropolite de Thessalonique, honoré comme un saint, y fut enseveli 1 en 1359. Ignace de Smolensk la signale comme métropole2 en 1405. On ne peut dire exactement ce que signifient les comptes relevés dans le Parisinus 2953, par rapport à la métropole, ou à l'administration. Sainte-Sophie ne s'y distingue pas des autres églises mentionnées, sauf en ce qui concerne une panégyrie qui met Sainte-Sophie au même rang que Saint-Dèmètrios3 • Le fonctionnaire qui bénéficie des diverses opérations devait agir pour son propre compte, ou comme intermédiaire privé. En 1425 et 1429, les habitants de la ville demandèrent aux autorités vénitiennes qui gouvernaient depuis 1423, que le droit d'asile fût reconnu à Sainte-Sophie selon l'ancienne coutume'. Par un firman de 1459, Mahomet II déclara l'église propriété de la sultane Mara, sa belle-mère5• En 1890, l'église fut ravagée par un incendie et resta en ruines pendant 18 ans. Les Turcs la restaurèrent de 1908 à 1910, mais sans la défigurer. C'est alors que les mosaïques disparurent sous une couche de peinture qui les conserva. Elle fut rendue au culte chrétien à la fin de 1912. Depuis lors, elle a été minu tieusement étudiée et restaurée. En février 1941 une bombe d'avion endommagea l'angle nord-ouest de la coupole et le toit des tribunes (gynécée ) 6•
La liturgie au début du XVe siècle. Après la publication des œuvres complètes de Syméon de Thessalonique, on pourra sans doute dresser un tableau plus précis du rôle que jouait Sainte-Sophie dans la vie liturgique de la métropole. Il est possible qu'à cette époque, comme a voulu peut-être le dire Ignace de Smolensk, le terme mètropolis désignât la demeure épiscopale ; c'est le cas plusieurs fois dans le rituel du métropolite7 • Sainte-Sophie était vraiment l'église de l'évêque : même quand il se rendait solennellement à Saint-Dèmètrios pour une célébration, le clergé métropolitain assurait l'office à Sainte-Sophie. C'est de Sainte-Sophie que partaient toutes les processions qui se rendaient soit à l' Acheiropoiètos, soit à Saint-Dèmètrios, lorsque le métropolite devait y officier. Exceptionnellement, le dimanche de l'Orthodoxie, la procession partait de Saint-Dèmètrios à Sainte-Sophie pour la liturgie qui comportait la lecture du Synodikon 8• Pour la dédicace, dont le jour 1. PG 151, 649. 2. KHITROWO, Itinéraires, p. 147; LASKARIS, Naoi, p. 318 et 328-329; THÉOCHARIDÈS, Asomates, p. 52-54. Ce dernier pose la question s'il faut distinguer Sainte-Sophie et la métropole ou si le second terme est en simple apposition au premier ; il conclut que le visiteur russe désigne Sainte-Sophie comme église métropolitaine. Néanmoins l'opinion courante devait souvent confondre Sainte-Sophie et le centre métropolitain, non seulement à cause des imbrications administratives, mais probablement aussi en raison de la proximité de l'église et du palais épiscopal. 3. KouoÉAS, Notizbuch, n 08 5, 12, 17, 22, 27, 41, 89; on y trouve les noms des prêtres Galadiôtès et Constantin comme chartulaires de Sainte-Sophie. A l'occasion de la panégyrie de Sainte-Sophie, l'annotateur reçoit 10 aspres, tandis qu'il en reçoit 12 pour celle de Saint-Dèmètrios (n ° 27). Ce verse ment doit correspondre à un remboursement, comme le laisse entendre une lettre de 1453 relative à la fête-panégyrie de Saint-Dèmètrios : REB 22, 1964, p. 120. 4. K. D. MERTZIOS, MIIT)µeîa µaiœSovtKfiS !O"Toplas, Thessalonique 1947, p. 61 et 77. 5. Texte édité et commenté par F. BABINGER: BZ 44, 1951, p. 11-20. 6. BCH 64-65, 1940-41, p. 249. 7. Par exemple, le 14 septembre, on se réunit à la métropole au coucher du soleil pour se rendre à Sainte-Sophie: Athen. B. N. 2047, t. 12?, 8. Athen. B. N. 2047, t. 22.
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est peut-être indiqué quelque part dans le rituel, Syméon avait composé de nouvelles prières 1. Il y a plusieurs indications sur l'ordonnance des cérémonies à l'intérieur de l'édifice : dans la grande nef, sous la coupole, dans le narthex, avec l'indication des portes utilisées. En particulier le rituel mentionne l'icône de l'archistratège (Michel), qui se dressait dans une conque dans le côté droit du narthex, au levant2• Il faudra attendre la publication de ces opuscules pour en tirer tous les rensei gnements qu'ils contiennent sur les édifices. Quant à la métropole elle-même, confondue ou non avec Sainte-Sophie, on en sait peu de chose, parce que les renseignements qui peuvent se tirer des listes de signataires dans les actes métropolitains n'ont pas été rassemblés et comparés. Les mentions ne sont pas nombreuses et on ne connaît guère les rapports des archontes de l'officialité métropolitaine avec l'église Sainte-Sophie. D'après le rituel ils interviennent seulement pour des lectures pendant la semaine sainte3• La procession de Saint-Dèmètrios à laquelle participaient tous les corps de la ville comprend les lecteurs, les chantres avec les domestikoi qui entourent le protokanonarchos, les diacres sans offikion, les diacres avec offikion. La châsse est escortée par les kandylaptes et suivie par le deutéreuôn des diacres, les diacres stravrophores et l'archevêque, flanqué lui-même de deux stavrophores, le chartophylax à droite. Les notaires se tiennent des deux côtés de l'archevêque. Ensuite viennent les évêques suffragants, les prêtres stavrophores juges, les higoumènes, le grand protopapas ( de Sainte-Sophie) et son deutéreuôn, les autres membres de l'officialité et les prêtres ekdikoi (defensores). Au milieu de la foule, le second kanonarchos dirige le chant 4 • On remarque dans cette énumération l'insistance sur les stavrophores, prêtres ou diacres. Il s'agit du clergé métro politain affecté spécialement à Sainte-Sophie, qui partageait le privilège de porter la croix sur sa coiffure, accordé par Jean VI Cantacuzène aux archontes de première classe5 • Sainte-Sophie disposait de quelques manuscrits, dont certains se confondent sans doute avec ceux qui passèrent de Thessalonique à la Bibliothèque Nationale d'Athènes. Une seule mention extérieure est connue : Malaxos dit dans son Nomocanon que le chapitre sur l'aphorismos est tiré d'un livre de Sainte-Sophie, à Thessalonique6.
Plan et décoration. Sainte-Sophie est une basilique à trois nefs avec coupole sur pendentifs, construite probablement vers le début du vm e siècle sur un édifice antérieur dont on a retrouvé les restes sur une longueur de plus de 69 mètres. La nef centrale mesure 21,40 m jusqu'au commencement de l'abside et 19, 75 m de largeur sous la coupole. Les nefs latérales ont une largeur de 5,55 m en moyenne. A l'intérieur on voit quatre gros piliers et six colonnes de I. J. M. PHOUNT0ULÈS, LVµewv 9sO'O'CXÀOV1KT)S Tà /\SITOVpytKà O"VYYPCXµaTa. 1. Evxcxl Kal 'Yµvol, Thessalonique 1968, p. 49. 2. Athen. B. N. 2047, t. l0v, 3, Ibidem, f, z3r·v, On rencontre une indication sur ce rôle du clergé métropolitain dans une notice de Chypre qui rapporte des usages particuliers à la province : J, DARRouzÈs, Recherches sur les offikia de l'Église byzantine, Paris 1970, p. 557-558. 4. L'énumération est donnée dans le rituel de la fête édité par B. LA0URDAS : Gr. Pal. 39, 1956, p. 327-336. 5. MM I, no 113, p. 258. Dans l'énumération on remarque la place accordée aux archontes et une classe spéciale de prêtres juges qui ont aussi le privilège des stavrophores (les cinq ou six premiers archontes). 6, Note relevée pour la première fois par X. Sidéridès: EPhS 30, 1908, p. 195,
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marbre vert aux chapiteaux sculptés, qui soutiennent les tribunes. Au-dessus il y a le même nombre de piliers et de colonnes mais plus minces, aboutissant aux quatre grands arcs qui supportent la voûte. Les murs étaient jadis recouverts de marbre; il n'en reste plus trace. Des mosaïques, n'ont été conservées que celles de la coupole, de l'abside et de la voûte en berceau qui la précède. L'abside et le chœur sont flanqués de deux chapelles en coupole surbaissée sur pendentifs. L'atrium a disparu. L'église est maintenant précédée d'un portique à arcades légèrement ogivales avec des colonnes de marbre antiques, surmontées de chapiteaux de style ottoman. Ce portique date de la transformation de l'église en mosquée. Le minaret est de construction byzantine à sa base. C'est ce qui reste du clocher 1 • Les mosaïques ne sont pas contemporaines de la construction et appar tiennent à diverses époques. Dans la coupole est représentée l' Ascension : au centre, le Christ est emporté au ciel dans un disque polychrome que soutiennent deux anges. Dans l'axe de l'abside la Sainte Vierge est représentée en orante, entre deux anges qui montrent aux apôtres le Christ montant au ciel2• Ce tableau a suscité bien des controverses concernant la datation. On pense aujourd'hui que le Christ est du milieu du vu e siècle, tandis que la Vierge et les Apôtres ne remontent qu'à la fin du x1 e ou au xu e . Il y a des traces certaines de remaniement et de restauration3 • Dans l'abside est représentée la Théotokos assise sur un trône et tenant l'Enfant Jésus de face sur ses genoux. Primitivement il était de biais, comme on peut s'en rendre compte par des restes d'une mosaïque antérieure. L'ensemble est du vm e siècle. Cette mosaïque en a remplacé une autre représentant une grande croix. Les extrémités des croisillons sont encore visibles près des épaules de la Vierge. La voûte en berceau entre la coupole et l'abside est ornée d'une grande croix dans un cercle et de petites croix dans des carrés. Cette décoration, qui donne l'impression d'un tapis de couleurs, est de la fin du vm e siècle. Les recherches que l'on a faites ont permis des découvertes intéressantes. C'est ainsi que l'on a retrouvé l'abside d'une chapelle à l'angle nord-est. La voûte du nord du narthex est un remaniement relativement tardif. Il y avait probablement à cet endroit un escalier montant aux tribunes. On a également retrouvé des restes du dallage du vu e siècle en plaques rectangulaires et trian gulaires, de marbre vert et blanc, et des plaques intéressantes de cancel paléo chrétien. Enfin on s'est rendu compte que la restitution de l'édifice est très différente de celle que l'on supposait jusqu'à une époque récente. Il y avait, du moins à l'ouest, un étroit vestibule voûté ; la tribune ouest est une addition assez tardive. Jadis les calottes du narthex étaient visibles. De nouvelles recherches permettront probablement de se faire une idée plus exacte de la véritable forme de l'église. Dans le narthex à cinq compartiments on a mis au jour des fresques repré1. Les résultats des recherches modernes ne sont pas tous connus : BCH 62, 1938, p. 473; 63, 1939, p. 314-315; 75, 1951, p. 117; S. PÉLÉKANIDÈs, Communication, Actes du IX• Congrès international du atudes Byzantines, Athènes 1955, p. 398-407. Descriptions anciennes : D1EHL - LE TouRNEAU SALADIN, p. 116-149; TAFRALI, Topographie, p. 166-168; EBERSOLT, Monuments, p. 51, 160, 163. 2. E. R.rEDIN, La mosalque de la coupole de Sainte-Sophie à Thessalonique (en russe) : VV 6, 1899, p. 370-379; Ch. DIEHL et M. LE TouRNEAU, Les mosaiques de Sainte-Sophie : Monuments Piot 16, 1909, p. 29-60. 3. S. PÉLÉKANIDÈS, op. cit. (note 1), p. 404-407.
XI. THESSALONIQUE : LTÉwTE1vàv TOV 60100TCXTOV rni01v. Non identifié. 76 (8) - Polychronios, µovf)s 'Mcrné6c.>v ('AMa-). Non identifié. 77 (9) - Paul, µovf)s Tf)s TT11yf)s. Non identifié. 78 (10) - Sévèrianos, µovf)s TOOV Ivpc.>v. A la même date, les Syriens avaient au moins un autre monastère dans la capitale ; leur higoumène Cyriaque figure comme signataire (n° 8) dans la partie précédente de la liste du concile. 79 (11) - Eirènikos, µovf)s Toov Zooypacp11Toov. Non identifié ; l'épithète indique peut-être une particularité du costume des moines, comme Trichinaréa au mont Saint Auxence : voir p. 46. 80 (12) - Mégalèméros, µovf)s Kpavi6c.>v. Non identifié. 81 ( 13) - Marcellin, µovf)s Tov âyiov êv66çov âpxa.yyéÀov M1xa.11À 'Povcp1v1a voov. Mention unique. 82 (14) - Jean, µovf)s Bapv6:�a. Le monastère est désigné par le fondateur, un inconnu. 83 (15) - Théodore, µovf)s 'A,roMooviov. Nom d'un fondateur, un inconnu. 84 (16) - Paul, µovfis fCXÀCXKpllvoov. Le nom se maintient dans la suite, mais l'emplacement n'est pas identifié avec certitude : voir p. 41. 85 (17) - Étienne, µovf)s Toov 'AVT1oxe1avoov. Non identifié. 86 (18) - Étienne, µovf)s TOOV 'Ayioov Tecrcrapéov 1TÀ11criov Toov 'Povcp1v1avoov. Mention unique. Au même moment, il y avait dans la capitale trois monastères des Romains (n°8 11, 12 et 68 de la liste); !'higoumène Julianus (n° 12) écrivait le grec en caractères latins. 90 (22) - Jordanès, µovfis Tf)s TThpas. Non identifié. 91 (23) - Marcel, µovf)s TOU .l\CXÀµa.Tiov. Non identifié. Le monastère de la capitale (n° 1 de la même liste) s'intitulait TOV êv âyio1s .l\a.Àµa.Tiov. Comme l'emploi des qualificatifs de sainteté n'est pas très codifié pour des saints peu anciens, le nom
1. LES MONASTÈRES DE CHALCÉDOINE EN 536
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pourrait désigner le même personnage que dans la capitale. Dans cette hypothèse, la question est de savoir si le monastère fut fondé par le même Dalmatos (Dalmatios), ou bien si on lui dédia déjà une église au vi e siècle. Cependant rien n'oblige à conclure qu'il s'agit d'un seul Dalmatios. 92 (24) - Ioulios, µovfis Tf\s àyias µéxpTVpos Béco-o-ris èv T� 'lµepiv, KeÀÀ{c.:,v 43781• Ke)(IOVlaµévi, : sans rapport avec Kirov 225. K11g1a6:, K11cp1a16: 328. K11Mov, KéÀÀ1a 161. K1Koov1ov, K11 Koov1ov, K1xoov1ov 22•. KÀTjµaTOS : KÀTJµ(ev)T(OS) 114'. KMµ11s : Clément. Kolµ11a1s : Dormition, Assomption. K6pTTJ, acropole, palais (Trébizonde) 2611, 2701• KopTtêis, KovpT3êis 261. KoVKovÀÀOOTc.:>v, variant.es 364'. KOVÀéx : S. Dèmètrios, citadelle 369. Kovvlv, Kovv1oii 164. Kovmp100Tov, Kv,r6:p1aaos 163. KOVpaTOplKWÇ 60VÀeVOVTa 1807• Kpl3c.:,v, Kph3ovs 43511•
Kp1À11S : BplÀ11S 169•. Kvmpov611 : Tlmepov61ov 28. Kiip KÀTJµ11s, Kirclimi 59. Kvpl3ov, Tfis et Toii 155'. KvplKOS, KtipVKOS, Kvptatv, Kc.:,6c.:,vëis 69, 701• Kc.:>Àaa{a : Ka6c.:>ala 781• Kc.:>µal: Bc.:>µol 115, 1431• Aayo6i6:TTjs, nom incertain 392. /\6:T311 : XaT3fi 2871• AaT6µos, /\aT6µ01 392. /\aTplV6s, /\aTpflV6s 2381• AegeVTlaTpa, ÀegéVTTJs, Àe�éxp1os 203. /\e6VTtOS : Léonce, Léontios. AeVK6:6es, els AevKas 164. AeVKa61ov (Tà), AEVK6:TTj5 425". /\16:pflv (els TTJV), 'EaT1À6:p1ov 210. /\{µgov (/\1µgoO), Atiµvov 43670• /\oyyivos : Longin. Àoyo6éa1ov, bureau du fisc 165'. AoVK... : Luc, Lucien. Aocp6:61ov, Mcpo1 791• Av6a (Tà), Av6&v, AvSSc.:,v 4261•1• Map1vatV (T«iV) 881·•. METaµ6pcpc.:>a15 : Transfiguration. M1Kp6s, Méyas toponymes corrélatifs 1611 , 195. M116IK1ov, M16iK1oov (M16iK1wvos) 165 1, 43411• Mvi,µoavvc.:,v, Moavvc.:>v 430••, 440m. Mo6p11VTJ, variantes 107•, 1081• Movaxeïov : Maxéx61ov, Xaaµéx6iov 71. Mov6xe1p, -xepéxptos 2021• Moavv&v: Moavvc.:>v 440111• MovVTéxv1a, -ve1a 138. NtKT}TlaTOV, -Tc.:>V 94•. N1Koµti6ovs (l'i), Nicomédie
77.
�evo6oxeiov 97' (impérial), 244' (Galèsioa). �p0Kti1rov, -K61rov 43011• 'OµT}p!Kwv, Homericensium 43311• 'Oµ0Àoy11Tal, confesseurs de la foi, Homologètes. ·oVToS eeoii, du Christ, vrai Dieu 247. 'O�eia 65 (vfiacs), 51• (1réTpa). 'O�eia 'AVTIÀ1llfl1S {Théotokos) 225, 311 1. 'O�hpov, Oxypetri, -petrae 44oua. 'Opcpav6s, Toov 'Opcpavoov 400. ovpav6TV"lrov axfiµa {d'une église}
Tléxvayvcs (9eOT6Kos) 2061• ,rav6oxeiov 901• TlaVTElx1ov, XCXÀKEÎOV 8. TTapaaKEVTJ, turc Cuma 377, 404. Tlapovalas : Tlpovalas 176.
1791•
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II. INDEX GREC TT