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French Pages [168] Year 1991
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MONDE ET VOYAGES
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UN PAYS À AIMER, À COMPRENDRE, À CONNAÎTRE.
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° Le pays: les Antilles françaises, un archipel aux spécificités géographiques et économiques, un kaléido- | scope ethnique. ° À travers le temps : des Indiens Arawaks à nos jours, histoire et culture d'une région où les traditions sont toujours fortes. e Villes et régions : à travers les îles, les grandes étapes de la visite. e Encyclopédie: les Antilles de À À
LIBRAIRIE
LAROUSSE
17, rue du Montparnasse — 75006 Paris
MONDE
ET VOYAGES
Les textes ont été rédigés par :
Jean-Pierre Chardon, Myriam Cottias, Guy Lasserre,
Aude de Tocqueville. Révision des textes :
Guy Lasserre, professeur émérite à
l’université de Bordeaux.
LES ANTILLES
Coordination
éditoriale
Hélène Gouby Documentation iconographique
Viviane Séroussi Cartographie
Gilles Alkan et CART Mise en page
Juan Cousiño Conception graphique
Frédérique Longuépée Direction artistique
Henri Serres-Cousiné Fabrication
Janine Mille
La photo de la p.2 est de Ph. Dannic — Diaf. Nos couvertures
Plage dorée et palmiers, un décor de rêve dans l'île de Saint-Martin. S. Held.
La coiffe de madras indique traditionnellement l'état matrimonial de celle qui la porte. Boisberranger - Hoaqui.
© Librairie Larousse, Toute
reproduction,
1991
par quelque procédé que ce soit,
de la nomenclature contenue dans le présent ouvrage et qui est la propriété
de l'Éditeur,
est strictement
interdite. Librairie
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(Canada)
d'auteur
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exclusif au
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Larousse
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licencié quant aux droits d'auteur et usager inscrit des marques pour le Canada. ISBN 2-03-513168-5
LES ANTILLES
SOMMAIRE
Coup de cœur Le pays
L'archipel des Antilles Géographie Population … Economie
À travers le temps Le passé
Patrimoine culturel Vie quotidienne Villes et régions Encyclopédie Index
Guy Lasserre
LES ANTILLES
L'évasion créole eté comme
un pont discontinu
entre
les Grandes Antilles et le Venezuela, l’arc des Petites Antilles porte, en son milieu,
deux îles françaises, la Guadeloupe et la Martinique, terres de toutes les évasions. Évasion tropicale vers l'éternel été. Lorsque le froid, la pluie et le vent malmènent les pays d'Europe et d'Amérique du Nord, les Antilles offrent un climat de serre chaude. En quelques heures d’avion, le dépaysement est total. C'est l’éblouissement des tropiques, fait de chaleur, de lumière, d'eaux marines turquoise, de coraux ourlés d’écume
blanche, de végétation luxuriante ou grillée de soleil. Tous les sens sont frappés en même temps. Somptuosité des couleurs mêlées des hibiscus, des bougainvillées, des crotons et des sang-dragon ; géométrie élégante des grandes feuilles d’acanthe de l'arbre à pain ; parfums de vanille, de cannelle et de muscade flottant sur les campagnes ou concentrés dans les marchés jacassants ; silence des heures chaudes ; concert des nuits où les petites rainettes s’interpellent sur le fond du crissement continu
des « crins-crins
bois
». Saint-John
Perse et Aimé
Césaire
ont magnifié la
splendeur et la diversité des paysages végétaux antillais, des forêts denses toujours vertes du Matouba et des Pitons du Carbet aux steppes hérissées de candélabres épineux des Saintes ou de la Caravelle. Cette variété de paysages n’est pas l’un des moindres charmes des Petites Antilles. Dans ce décor vit une société dont les traits ont été façonnés par le passé colonial d’« Isles à sucre ». Les premiers occupants, Arawaks et Caraïbes, ont été chassés par
6
les colons européens amenant dans leur sillage les esclaves arrachés à l'Afrique par la traite des Noirs. Le binôme habitation sucrière — main-d'œuvre servile allait marquer d’un sceau ineffaçable la société antillaise. Noirs et gens de couleur constituent l'essentiel de la population actuelle de ces îles. Lorsque 1848 sonna la libération des esclaves, il fallut recruter d’autres travailleurs. Imitant l'Angleterre, la France fit massivement appel à l'Inde. Elle enrôla aussi des Chinois et des Indochinois. Des Libano-Syriens vinrent d'eux-mêmes faire du commerce. Le destin d'îles de plantation s’accompagna donc d’une prodigieuse mutation ethnique, chaque île ayant sa propre tonalité épidermique : Marie-Galante la noire et Saint-Barthélemy la blanche sont toutes deux guadeloupéennes. De ces mélanges sont nées les îles créoles françaises d'Amérique, tirant leur personnalité de cette diversité même. Malgré sa spécificité « créole », la vie antillaise d'aujourd'hui est emportée dans un processus de modernisation, source de nombreux problèmes. L'intégration européenne en marche s'accompagne de bien des interrogations, car, si la Guadeloupe et la Martinique, départements d'outre-mer, se sentent françaises, elles ne se perçoivent pas comme européennes. Elles savent, cependant, qu'elles ont toujours pu s'adapter au changement et que, en dépit des difficultés du quotidien, elle ne ment pas cette affiche touristique qui proclame : « Si t'es chanson, t'es Antilles.
»
Guy Lasserre
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| L’archipel des Antilles Modeste héritage du vaste empire colonial français d'Amérique du Nord du xvin' siècle, la Guadeloupe et la Martinique sont devenues françaises en 1635. Olive et Duplessis, en Guadeloupe, Belain d'Esnambuc, en Martinique, avaient
alors planté la croix du Christ et les armes de France sur les rivages de ces îles, au nom de la « Compagnie des îles d'Amérique ». Les Petites Antilles françaises dans la Caraïbe insulaire L'archipel des Antilles se déploie en arc sur 4700 km de long, de la pointe occidentale de Cuba à la petite île néerlandaise d’Aruba, au large du lac vénézuélien de Maracaïbo. Cet archipel s'étend du tropique du Cancer, qui passe à La Havane, capitale de Cuba, au 10° degré de latitude nord, qui longe les Petites Antilles néerlandaises du Sud. Il a 1 500 km à vol d'oiseau entre ces deux parallèles. En longitude, l'archipel antillais s’étire sur 2 000 km, entre les
85° et 60° degrés de longitude ouest. Au
nord,
constituées
les Grandes
Antilles
sont
de quatre îles : Cuba,
la
Jamaïque, Haïti et Porto Rico. Les Petites Antilles constituent la partie orientale de l'arc et s'étirent des îles Vierges à la Grenade. Au milieu de cet arc, séparées par 180 km, et par l’île de la Dominique,
la surface totale de l'archipel caraïbe, ne laissant que 13500 km? aux Petites Antilles (6 p. 100) et 11 800 km? à l'archipel des Bahamas (5 p. 100).
L'inégalité des surfaces des îles antil-
se trouvent la Guadeloupe, au nord, et
laises est un premier facteur de diversité.
la Martinique,
au sud, en pleine zone
L'île de Cuba, avec 110 000 km?, couvre,
tropicale et baignées par les eaux chaudes de l'Atlantique et de la mer Caraïbe. Au sud, se succèdent Trinité-etTobago et les îles Sous-le-Vent.
à elle seule, 47 p. 100 de la surface totale
Surface et population inégales
L'ensemble des terres émergées de l'archipel antillais représente 230 000 km?,
moins de la moitié de la surface de la France hexagonale (550 000 km2). Les Grandes Antilles occupent 89 p. 100 de
PAGES PRÉCÉDENTES : L'archipel des Saintes, vu de la Soufrière.
10
de l'archipel. Haïti, avec 27 750 km, est
deux fois plus étendue que toutes les
Petites Antilles réunies. Celles-ci sont terres d’émiettement. Rares sont les îles qui atteignent 1 000 km?, ce qui est, à peu près, la surface de la Martinique. Saint-Vincent n’a que 388 km2?, Montserrat 98 km? et Saba 13 km2. Les Grenadines s’éparpillent en 600 îles et îlots. Confettis de terres ! L'ensemble des îles antillaises a une
À DROITE: Les roches de la pointe Macré, sur la côte
atlantique de la
Martinique, attestent du travail de l'érosion sur l'arc
volcanique des Antilles.
» CI-DESSOUS : Dépendance éloignée de la Guadeloupe, l’île de Saint-Barthélemy.
CI-DESSUS : La côte caraïbe, en Guadeloupe, à
l'abri des vents d’est chargés de pluie offre un climat ensoleillé.
À GAUCHE : Extrémité est de Grande-Terre, la pointe des Châteaux, en Guadeloupe, où terre et eau semblent se mêler.
population d'environ 33 millions d'habitants. La densité moyenne est très élevée, dépassant 193 hab./km?2. Il en est de la
2 350 000 habitants, dont plus de la moitié dans l'État de Trinité-et-[obago. L'ensemble des Antilles françaises, représenté par la Guadeloupe et ses dépendances (Marie-Galante, les Saintes, la Désirade, Saint-Martin — pour les 2/3 de sa surface — et Saint-Barthélemy), et par l’île de la Martinique, porte 680 000 habitants. Les îles néerlandaises ont environ 220 000 habitants, répartis entre les
Grandes Antilles se taillant la part du lion. Avec 29 200 000 habitants, elles représentent 90 p. 100 de la population totale de l'archipel caraïbe, les Petites
(Saba, Saint-Eustache et le tiers méridional de Saint-Martin), et les « îles du Sud », ou « îles Sous-le-Vent » (Bonaire, Curaçao et Aruba). Les îles Vierges
les 10 p. 100 résiduels. Ces contrastes numériques de population sont le second facteur de diversité des Antilles.
mas et Saint John) n'ont qu’une soixantaine de milliers d'habitants. Elles vivent à l'ombre de Porto Rico. On voit donc que les Petites Antilles
population
comme
des surfaces,
les
« Îles du Nord
», ou « îles du Vent »
Antilles, avec 3 300 000 habitants, ayant
américaines
Les Petites Antilles
françaises ne représentent qu'une part
Les Petites Antilles relèvent de quatre souverainetés, héritées de l’époque coloniale. Les Petites Antilles britanniques sont les plus peuplées, avec
(Sainte-Croix,
Saint-Tho-
très modeste de la population insulaire caraïbe totale : le cinquième de la population des Petites Antilles et 2 p. 100 seulement de l’ensemble de la population des Antilles. Ces chiffres permettent
ia
de les situer dans le cadre géopolitique
de la Caraïbe. Les Antilles françaises Ces îles sont d’authentiques morceaux du sol français, depuis la loi de départementalisation du 19 mars 1946 qui en a fait des départements d'outre-mer (D.O.M.), aux côtés de la Réunion et de la Guyane française. La politique poursuivie depuis
cette date a cherché à mieux intégrer les D.O.M. à la métropole. Ils ont aujourd’hui le statut de départements-Régions et sont inclus dans le Tarif extérieur commun (T.E.C.) de la Communauté économique européenne (C.E.E.). La construction de l'Europe, l'engagement irréversible dans le Marché unique européen (1998), préoccupent les milieux d’affaires etles fonctionnaires antillais. La Commission de Bruxelles recherche des solutions permettant de reconnaître aux
D.O.M. des spécificités qui leur soient favorables,
facilitant la transition entre
l’ancien et le nouveau statut.
_ Le monde caraïbe
est
que mal consolidée de
|
l'écorce terres
ce qu'’attestent tremblements de terre e éruptions volcaniques. Les Antilles forment plusieurs arcs concentriques, témoins de chaînes sous-marines, entre|.
lesquels se creusent des fosses marines |
très profondes (— 7 289 m dans la fosse de Bartlett, au sud du rivage de Cuba). Dans l'Atlantique, la fosse de Brownson, également très creusée, longe les côtes
orientales des Petites Antilles. Les ano-
malies de pesanteur négatives enregistrées à l’est d’un arc antillais, et au large
de la côte septentrionale du Venezuela,
témoignent d’un déséquilibre entre des régions qui se soulèvent ou au contraire s'effondrent. Une structure marquée par le volcanisme La Guadeloupe et la Martinique appartiennent à l'arc volcanisé des Petites Antilles. Cet arc est une cordillère en gestation,
qui
se
caractérise
par
un
important volcanisme. Les Petites Antilles françaises possèdent deux volcans actifs célèbres. La montagne Pelée, dans l'île de la Martinique, est tristement célèbre par l'éruption du 8 mai 1902, qui détruisit la ville de Saint-Pierre et fit en un instant 80 000 morts. En Guadeloupe, la Soufrière eut plusieurs éruptions à l’époque historique. La plus récente, celle de 1976, déclencha un plan d'évacuation de 73 000 personnes pendant cinq mois. L'activité de la montagne Pelée a servi de modèle pour qualifier ce type d’éruption, baptisé « péléen » par le vulcanologue Alfred Lacroix. Cette manifestation volcanique très dévastatrice est liée à l'explosion, puis à la descente sur le flanc du volcan, à très grande vitesse, d’un mélange de gros blocs rocheux, de brèches et de vapeur d’eau à très haute température, détruisant tout sur son passage. Les éruptions péléennes sont
plus dangereuses que les éruptions hawaiiennes, au cours desquelles les laves s'écoulent lentement, comme à la Fournaise, dans l’île de la Réunion.
La Soufrière, en Guadeloupe, est également péléenne. C’est le point culminant des Antilles françaises, avec
1 467 m, contre 1 397 m pour la Pelée. Les autres centres éruptifs des Petites Antilles françaises ne sont plus en activité, mais ils conservent des formes vives
qui attestent de leur jeunesse. Ainsi, les pitons du Carbet (Martinique), en pains de sucre, dépassent 1 100 m d'altitude et le puissant massif de la Madeleine (Guadeloupe), dominé par un dôme péléen, culmine à 971 m.
de plaines. Dans le Sud, les « mornes »
offrent des paysages de collines usées par l'érosion : morne Acajou, montagne du Vauclin, presqu’îles du Diamant et de la Savane des Pétrifications. En Guadeloupe comme en Martinique, le volcanisme a engendré de nombreuses sources thermales : RavineChaude, Dolé, Bains-Jaunes, Matouba en Guadeloupe ; Didier et Absalon en Martinique.
Volcans anciens, volcans nouveaux
Sur les littoraux des îles volcaniques alternent pointes rocheuses et
En Guadeloupe, le volcanisme ancien est au nord de l'île. Les points culminants y atteignent rarement 800 m. Les formes sont souvent émoussées et profondément altérées. Les volcans récents se trouvent dans le Sud. Au contraire, en Martinique, les plus hautes montagnes et les volcans les plus jeunes sont dans le Nord. La partie centrale de l’île offre les plus grandes plaines, du Lamentin au Robert. On peut aisément se rendre de la baie de Fort-deFrance à la baie du Galion par ce couloir
anses sableuses, en fonction de la structure même des édifices éruptifs : cou-
12
lées et brèches caps
que
dures
séparent
forment
des baies
des
creusées
dans les roches tendres. En général, les roches volcaniques donnent des sables
noirs qui contrastent avec les sables blancs d’origine madréporique des plages de Grande-Terre et de MarieGalante. En Martinique, île d’origine essentiellement volcanique, les placages sédimen-
taires ne couvrent
que
des surfaces
CI-DESSUS : Surprenant contraste des paysages de la Guadeloupe ; montagnes tourmentées, mais paysages marécageux, au détour de la rivière Boncan.
limitées. C'est dans la presqu'île de . Sainte-Anne que les dépôts calcaires sont Je mieux représentés. En Guadeloupe, par contre, certaines îles (Grande-Terre et Marie-Galante) sont entièrement — ou presque entièrement — calcaires : des dépôts épais de calcaires coralliens y recouvrent un vieux
socle volcanique arasé. À La Désirade,
la partie centrale, la « Montagne », est une haute table calcaire soulevée qui atteint 273 m. À Saint-Martin et à Saint-Barthélemy alternent roches volcaniques et plateaux calcaires. Les Saintes sont entièrement volcaniques. Les îles calcaires, une structure géologique originale Les étendues horizontales des îles calcaires font un vigoureux contraste avec
les pentes escarpées des mornes volcaniques. Les plateaux du nord de la GrandeTerre,
ceux
du
Moule
et
de
Saint-
François, les plateaux des « hauts » de Marie-Galante, la « Montagne » désiradienne offrent un bel échantillonnage de formes karstiques, c'est-à-dire de modelés liés à la nature perméable et soluble du calcaire. Des vallées sèches, des dépressions fermées (dolines), y côtoient des gouffres, des lapiés. De hautes
falaises
calcaires
se
dressent
sur
les
_littoraux atlantiques battus par la grande houle et les vagues océanes. La région la plus originale est celle des Grands-Fonds,
en
Grande-[erre.
Un
elles des « mornes » aux versants convexes. Au-dessus de la plaine des Abymes, la masse calcaire s’effiloche en « meules de foin ». Dans les vallées à
fond plat, appelées
« coulées
» ou
bombement anticlinal a ployé en voûte la couverture calcaire. Celle-ci a été soumise à une érosion de type fluvio-
« fonds », des rivières à écoulement temporaire inondent les faubourgs de Pointe-à-Pitre après les grosses pluies. Ce
karstique, qui a sculpté tout un lacis de vallées à fond plat laissant subsister entre
à Marie-Galante.
phénomène et ces paysages se retrouvent
LES ÉRUPTIONS DE LA MONTAGNE PELÉE B Les premiers phénomènes avaient commencé dès 1889. En février 1902, des odeurs sulfhydriques atteignirent Le Prêcheur. Le 24 avril, une colonne de vapeurs et de cendres monta à 500 ou 600 m au-dessus du volcan. Le 5 mai, une énorme coulée de boue emporta l'usine Guérin. Dans la matinée du 8 mai, le ciel était clair. Les quelques témoins qui survécurent à la catastrophe entendirent de violentes détonations, puis virent arriver sur la ville de Saint-Pierre, avec une rapidité foudroyante, une nuée noire sillonnée d’éclairs, qui roula sur le sol et détruisit tout sur son passage. L'activité volcanique se maintint jusqu'au 6 juin 1902 et connut trois paroxysmes, les 20, 26 mai et le 6 juin. L’éruption
fut suivie d’une période de calme relatif
jusqu’au milieu d'août, interrompue par une brusque recrudescence volcanique le 9 juillet. Le 16 août, on aperçut un amas incandescent de laves. Un nouveau paroxysme éruptif eut lieu le 30 août. À partir d'octobre, le dôme
13
sommital, andésitique, fut surmonté par une curieuse aiguille de lave : « De toute sa masse
partaient de temps à autre des bouffées de vapeur et sans cesse s'écroulaient de ses flancs,
dans la rainure du cratère et dans la haute vallée de la rivière Blanche, blocs incandescents » et 1903, les nuées L'aiguille terminale
de vraies avalanches de (A. Lacroix). Entre 1902 ardentes réapparurent. atteint son maximum
(1 619 m) le 4 juillet 1908. En août et septembre
eut lieu une reprise modérée d'activité. À la fin de septembre 1903, le volcan entra dans une période de calme. Son activité se manifesta alors sous une forme atténuée, les accroissements du dôme ne compensant plus les éboulements. Une nouvelle éruption se produisit de 1929 à 1932. Le cycle volcanique ne se ferma que lentement, au début de 1933. Les nuées disparurent les premières, puis les phénomènes d’extrusion. Ces manifestations, à l'inverse de
celles de 1902, se déroulèrent dans une région déserte, et tout se passa sans mort d'homme.
|
_
pu | température moyennedu mois le plus chaud et celle du moisle moins
chaud) inférieure à 8 °C. C'est l'éternel
_
été, que tempère le souffle de l’alizé, vent _
d'est appelé « la brise » par les Antillais.
_ Comme dans tous les pays tropicaux, le régime des pluies permet de distinguer les saisons. La saison sèche, de décembre
à avril, est appelé carême. Elle peut être sévère dans les petites dépendances de la Guadeloupe, notamment à Saint_ Martin et à Saint-Barthélemy, mais elle
cyclone Hugo, le _ 16 septembre 1989, elle en subit les effets secondaires ; ici, le front de mer à Fort-de-France,
balayé par d'énormes vagues, le jour du passage de celui-ci.
est devenue un atout pour le tourisme
balnéaire, qui est alors en haute saison. La saison des pluies, ou hivernage, s'étend de juin à novembre. Les Petites
Antilles vivent alors sous la menace des cyclones ou ouragans, qui sèment la ruine et la désolation sur leur passage, comme le fit « Hugo », le 16 septembre 1989, en Guadeloupe. Le climat antillais, habituellement
aimable,
connaît
2 000 mm de pluies annuelles au bord de mer à des chiffres impressionnants : 5 m par an à Deux-Choux, vers 600 m d'altitude, en Martinique ; de 8 à 10 m de pluies — et davantage — sur les hauteurs de la montagne Pelée ou de la
d'est
Soufrière, entre 1 100 et 1 800 m d’alti-
précipitations annuelles sont à nouveau
tude.. Des chiffres proches des records mondiaux de pluiel
de 1500 mm, parfois moins dans les” sites abrités (1 200 mm). Dans le sud de
Côte au vent, côte sous le vent La quasi-permanence
des vents
entretient une grande constance thermi-
que, une forte humidité de l'air et engendre de remarquables contrastes climatiques de part et d’autre des chaînes montagneuses volcaniques placées dans le lit de l’alizé : opposition entre la côte au vent, tournée vers l’est, et la côte sous
le vent, abritée des vents pluvieux d'est et tournée vers la mer Caraïbe.
Les masses d’air venues de l’Atlantique tropical, chaudes et humides, sont particulièrement instables. L'air a tendance
à s'élever,
à se détendre
et à
donner naissance à de puissants systèmes nuageux, générateurs de pluie. L'obstacle montagneux renforce cette tendance ascensionnelle : une très forte nébulosité et des pluies importantes caractérisent le versant est situé au vent.
Avec
l'altitude;
on
passe
ainsi
Inversement, la côte occidentale, dite sous le vent, est plus sèche. Les vents redescendent, se compriment, se réchauffent. Les nuages, accrochés au sommet, s’effilochent et disparaissent
alors
des paroxysmes de violence, heureusement rares.
sous
le vent. Au bord de la mer,
16 SEPTEMBRE 1989 : LE CYCLONE HUGO M Le centre de météorologie de Pointe-à-Pitre
Raizet alerta le préfet de la Guadeloupe et la direction de la protection civile, le 15 septembre 1989, des graves dangers qu’une dépression cyclonique très creusée, venant de l’Atlantique,
faisait courir à la Guadeloupe. Le cyclone commença à faire sentir ses effets dans l’aprèsmidi du samedi 16 septembre. Les bulletins ultérieurs précisèrent que Hugo était un ouragan de classe 4, voisin de la classes, et donc extrêmement dangereux. Un avion de reconnaissance américain fit savoir que l'œil du cyclone était creusé à 928 millibars, chiffre considérablement bas. Il fallait s'attendre à des rafales de vent de 280 km/h, à un gonflement du niveau de la mer de 3 m, à des vagues de 15 m et à des pluies torrentielles de 200 1 d’eau
de
14
par m2! Toutefois, quand Hugo traversa la Guadeloupe, sa pression avait remonté à
943 millibars. Il donna des vents soutenus à 230 km/h et des rafales à 260 km/h. Le grand cyclone du 12 septembre 1928, le plus dévastateur qu’ait subi la Guadeloupe, avait été plus puissant encore : Pointe-à-Pitre avait alors été presque entièrement détruite et
l'on avait dénombré plus de 600 morts ! En 1989, Hugo lui aussi fit connaître des moments
d’épouvante à la population : 35 000 personnes sinistrées, 10 000 maisons totalement détruites, 60 000 abonnés au téléphone coupés du reste du monde et la presque totalité des habitants privés d'électricité et d’eau potable. La remise en état de l’île devait coûter plusieurs milliards de francs |
les
16°30'
ETS
-
Mer des Caraïbes
K
;
OCEAN
| ATLANTIQUE
La Désirade 2
ancois
_ CI-DESSUS : Les Indiens Caraïbes taillaient
;
autrefois leurs embarcations dansle tronc de ces gommiers au fût clair. Aujourd’hui, leur
s
torches
|
DE POINTE-À-PITRE
Châteaux =
résine est utilisée pour confectionner des |
DIAGRAMME CLIMATIQUE
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