Le peuple Bagandou en Afrique centrale: Une introduction 2343228221, 9782343228228

La balkanisation de l'ethnie Bagandou, peuple Bangala du monde BANTOU en Afrique centrale, suivie des déplacements

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French Pages 172 [155] Year 2021

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Le peuple Bagandou en Afrique centrale: Une introduction
 2343228221, 9782343228228

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Younous MADZENGUE est originaire du Congo-Brazzaville, né à Bodzama (Bolomo), dans le département de la Likouala, à l’extrême nord (septentrional) du pays. Il est docteur en économie de l’Université Paris I - Panthéon-Sorbonne.

Photographie de couverture : à gauche, couple bagandou (Bangala) à droite, couple babinga (Pygmée).

ISBN : 978-2-343-22822-8 18 €

Younous MADZENGUE

La balkanisation de l’ethnie Bagandou, peuple Bangala du monde BANTOU en Afrique centrale, suivie des déplacements massifs des individus dans d’autres contrées ou régions équatoriales, prend sa véritable source à partir de l’hégémonie coloniale des pays dits occidentaux. Ce partage du continent africain a abouti à la division des mêmes ethnies entre plusieurs pays, sur la base des frontières arbitraires et artificielles tracées sans rapport avec les affinités sociologiques et anthropologiques de ces populations. C’est pourquoi, il est important de chercher à maîtriser les racines de ses origines pour savoir d’où l’on vient, car c’est une perte immense de ne pas connaître sa propre histoire. Un homme fort et assuré possède un minimum d’atouts historiques sur lui-même, c’est-à-dire, sur sa propre personnalité. Vous deviendrez cet homme !

Le peuple Bagandou en Afrique centrale Une introduction Préface de Théophile Obenga

LE peuple Bagandou en Afrique centrale

LE peuple Bagandou en Afrique centrale

Younous MADZENGUE

© L’Harmattan, 2021 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-22822-8 EAN : 9782343228228

Younous MADZENGUE

Le peuple Bagandou en Afrique centrale Une introduction

Préface de Théophile OBENGA

À la mémoire de mes parents : Mon père MADZÉNGUÉ et surtout ma mère MOUNGO, qui m’avait édifié sur l’histoire des Bagandous et de notre propre famille. Paix à leurs âmes.

PRÉFACE

La conscience historique des Congolais et des Congolaises n’enregistre pas encore amplement le passé précolonial (et même colonial) du pays : •

assez approximativement le royaume de Loango



suffisamment mieux le royaume de Kongo



assez peu le royaume de Makoko



assez peu bien le rayon politique de Nganga Mabiala

• assez bien peu le royaume de Mbaya en pays ngangoulou • assez bien moins le royaume de Bétou dans la Likouala • assez moins les entités, seigneuries et chefferies du Congo septentrional : les okani et mwene mbochi-koyoakwa par exemple, jusqu’aux structures similaires du pays mbere/mbéti • encore bien moins les structures typiques de la Sangha. La conscience politique moderne, elle aussi flottante, n’a pas encore une compréhension claire : 1. que les familles forment les villages et les clans, les lignages qui, à leur tour, composent les tribus, et des tribus

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émergentes les ethnies (en grec ancien, ethnos veut dire "peuple"). Toutes les ethnies du Congo, au nombre de 52 environ, forment le substrat du peuple congolais, à égalité, dans la diversité géographique et culturelle, mais dans l’unité de destin commun. C’est le fait colonial qui a regroupé toutes ces ethnies du peuple congolais sur un seul et même territoire, le Moyen Congo français, devenu, à l’Indépendance, la République du Congo, sous la Révolution monopartiste, la République populaire du Congo, de nouveau République du Congo, après la Conférence nationale souveraine. Le peuple congolais habite donc un territoire géographique qui est l’étendue de la patrie congolaise, de la nation congolaise. Une seule et même Carte d’identité nationale est délivrée à chaque citoyen et chaque citoyenne, d’âge majeur de la nation congolaise ; 2. que le peuple congolais, fait de 52 ethnies environ, à égalité absolue, est le souverain ; 3. qu’entre tous les citoyens et toutes les citoyennes de la nation congolaise, il existe un contrat social dont l’expression suprême est la Constitution ou Loi fondamentale, pour éviter le caprice, l’arbitraire, le désordre, pour fixer les règles, les principes, les impératifs, pour restaurer et garantir la paix sociale, la justice, le travail, la solidarité, la concorde, le développement, l’épanouissement humain. Ainsi voulu et établi, l’État de droit, où nul n’est audessus de la loi, gère et gouverne la République (la "Chose publique") selon le régime démocratique.

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Assurément, il n’y a pas de "citoyenneté ethnique" parallèle à la citoyenneté congolaise. Le repli identitaire est une anti-valeur. Il n’est pas moins vrai que les partis politiques nullement idéologiques (à l’exception de quelques slogans à la mode), c’est-à-dire des partis foncièrement claniques, tribaux, locaux, constituent franchement de freins solides à la vie républicaine, abritant sectarismes aigus, et favorisant des guerres tribalo-politiques. La tribu ne protège pas la tribu. C’est à la nation entière de protéger la tribu en développant toutes ses potentialités pour le bien commun, le bonheur de tous. La clef est la conscience nationale. Elle se construit, s’édifie ; se nourrit de toutes les saveurs ethniques du Congo. Tel est le commentaire, long et nécessaire, de l’immense problématique du livre de Younous MADZENGUE, économiste de formation, sociologue et anthropologue par nécessité, universitaire de facture requise. Tel est le sens profond, philosophique et historique, que je reconnais au livre précis et documenté d’un homme d’État, ancien ministre, surtout homme d’idéal et de haute responsabilité, d’un patriotisme sans calcul, tout acquis aux combats pour la construction d’un Congo toujours radieux. Ainsi est Younous MADZENGUE, d’un calme attentif, et d’un courage constant pour le développement du Congo et d’une Afrique renaissante, moderne, panafricaine. Qui, dans ce pays qu’est le Congo, connaît scientifiquement, avant le travail de Younous MADZENGUE, l’ethnie des Bagandou, vaillant peuple du Congo, vivant dans la grande forêt équatoriale qui s’étend de la République Centrafricaine à la République démocratique du Congo, et de la République du Congo à la 9

République Unie du Cameroun : véritable peuple du bassin du Congo, maître de la forêt équatoriale, connaissant climat, flore et faune de la forêt équatoriale. Tout l’habitat est densément forestier. Les arbres, divers, sont gigantesques. Les fûts parlent de beauté, comme les êtres humains, les femmes en particulier, d’une élégance ondoyante. Qui, avant Younous MADZENGUE, connaissait scientifiquement le fier peuple des Bagandou de la Likouala ? Leurs danses si frénétiques ? Leurs rivalités inter-ethniques, avec l’arme bien caractéristique qu’est le couteau de jet « mossèlè » ? Leur idéal de la beauté féminine ? Leur spiritualité ancestrale qui semble remonter à la Vallée du Nil égypto-nubienne ? Chasseurs indomptables, maîtres de l’immense forêt, les Bagandou, nous apprend Younous MADZENGUE, ont plusieurs techniques de chasse : •

bokila, chasse au filet



essombon, chasse aux pièges



mabela, chasse aux trous



mbanon, chasse à l’arbalète.

On découvre ainsi des renseignements merveilleux dans ce livre de Younous MADZÉNGUÉ. On ne prend que grand plaisir à le lire. Il ouvre notre conscience nationale à d’autres ethnies congolaises peu connues. Travailler sur l’enrichissement de l’identité nationale, sur des aires culturelles moins visibles, c’est, incontestablement, faire avancer l’unité nationale en élargissant à tout le territoire national, notre vision de l’État, de la République, de la nation et la patrie, et du vivre ensemble.

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C’est toute l’importance, me plais-je à le souligner, du livre fort intéressant de Younous MADZÉNGUÉ, l’un des esprits congolais éclairés de notre temps. Le Professeur Théophile OBENGA, Philosophe, Linguiste, Égyptologue, Historien et Ancien Ministre au Congo-Brazzaville.

Professeur Théophile OBENGA et Younous MADZÉNGUÉ au cours des journées 6, 7 et 8 novembre 2018 dédiées à Cheikh Anta DIOP à l’Université d’Évry (Val - d’Essonne) en France.

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REMERCIEMENTS

Je me prénomme l’homme à trois (3) têtes : (ce sont les trois (3) cultures reçues par moi-même, c’est-à-dire, d’une seule tête à trois (03) dimensions culturelles. 1. Culture Bantou : Bagandou : (Sagesse du village) ; 2. Culture Orientale : Musulmane dans l’Islam : (crainte de Dieu Unique et Tout Puissant) ; 3. Culture occidentale : Française (Formation Scolaire et Universitaire). Au terme de mon travail, je tiens à dire ma gratitude à mon père Albert MADZENGUE et ma mère Thérèse MOUNGO. Grand Merci pour Tout. Que Dieu (ALLAH) ait pitié de vos âmes ! Que Papa DZABOULET Mahaman, né de père Foulbé ou Peul de N’Gaoundéré au Nord-Cameroun et de mère Gbaya, de l’ethnie de l’Ouest du Centrafrique (RCA), trouve ici, l’expression de ma profonde gratitude. Signalons que Papa DZABOULET fût arrivé en 1944 à Dongou, (Département de la Likouala au CongoBrazzaville). Au cours d’un de ses voyages commerciaux sur la rivière Libénga, il fera la connaissance de ma grande sœur, nommée NAWÉLÉNDÉ Madeleine (qui signifie en langue Bagandou, je vais mourir pour quelle cause ?), jeune fille d’environ 15 ans, habitant le village BÔ-DZAMA, chez nos parents.

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Papa DZABOULET épousera NAWÉLÉNDÉ, qui se rendra avec lui à Dongou et sera baptisée musulmane avec le prénom de Alima NAWÉLÉNDÉ. En intégrant ce foyer conjugal, elle sera la deuxième épouse de Papa DZABOULET, après maman Dzamilatou AKOTA, décédée. Elle fût de l’ethnie M’Bandza, dans le District de Bétou (Département de la Likouala, au Congo-Brazzaville). Papa DZABOULET et Alima, m’avaient adopté et converti à l’Islam depuis mon jeune âge à cinq (5) ans. À sept ans, ils m’avaient inscrit à l’École Primaire de Dongou. Grâce à Dieu (ALLAH) et à eux, me voilà devenu intellectuel, cadre et responsable, homme d’État. Papa DZABOULET est décédé à Dongou, le 4 mars 2007 et inhumé le même jour au Cimetière Musulman, conformément à la tradition islamique. Grand croyant musulman qu’il fût, que Dieu (Allah) lui accorde une (1) noix de kola blanche (atras) au Paradis. Amine ! Quant à Alima, elle a vécu très longtemps parmi nous à Dongou et a tiré sa révérence le mercredi 7 décembre 2016 à 16 heures locales à Dongou, ensuite inhumée le lendemain jeudi 8 décembre 2016 à 7 heures locales au Cimetière Musulman, conformément à la tradition islamique. Que Dieu (Allah) ait pitié de son Âme et lui accorde une bonne place au PARADIS Aamine ! Mes remerciements s’adressent également à mon Professeur, (feu) Monsieur André PIATIER, de nationalité française, Agrégé es-Sciences Économiques, Directeur de mon Mémoire de Maîtrise (D.E.S. en Économie) et de ma Thèse de Doctorat es-Sciences Économiques. Le Professeur PIATIER m’a enseigné et encadré à l’Université Paris I. PANTHEON-SORBONNE (de 1970 à 1974). Que son âme repose en paix !

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Je voudrais exprimer ma gratitude à : Monsieur Alphonse EBONDO, Inspecteur d’Enseignement et Historien, avec lequel, j’avais échangé à Impfondo autour du manuscrit du présent livre. Lors de chaque entretien avec lui, j’avais recueilli ses pertinentes observations, en sa qualité d’Historien émérite et très profond dans ses analyses. Qu’il me soit permis ici en guise de remerciements, de le saluer fraternellement (TSAKO OU BITO) à la bonne manière Likoualienne. Mon neveu Alain Michel NZAUTH, Professeur de Lycée, Enseignant au Lycée d’Enseignement Général à Impfondo (Département de la Likouala) ; Journaliste à la Radio Télévision d’Impfondo RTL, il m’a interviewé plusieurs fois sur la présentation de ce livre. Qu’il soit remercié ici, très affectueusement de la part de son Tonton. De même, qu’il me soit permis de remercier très sincèrement, mon fiston Amen M’PIKA KINDZIANA, pour le soin et l’ordre avec lesquels, il jeta son œil d’homme de lettres émérite sur ce texte qui lui doit maintes corrections. Puisse tous les membres de ma famille, amis et connaissances de près ou de loin, qui m’ont encouragé, conseillé, assisté et aidé à achever ce travail trouvent l’expression ma profonde considération. Mes vifs remerciements à Lionel Sheridan MOUSSAYANDI, Technicien en Informatique Certifié, collègue à ma petite fille Aïda MOUSSITOU, fille de ma première fille Rahamatou MADZÉNGUÉ qui me l’avait présenté afin de m’aider à saisir ce présent texte. Grand Merci à eux tous, en particulier Lionel qui a l’habitude de m’appeler affectueusement ‘’Pépé’’, par rapport à Aïda ma petite fille, qui réside actuellement en Suède (Europe du Nord). 15

Bon Courage ! À tous les Panafricanistes, avec lesquels je partage les idéaux depuis que j’avais lu le livre d’Autobiographie du premier Président du GHANA indépendant, KWAME KRUMAH, livre dont il est luimême auteur. Ce livre, je l’avais lu au cours des années 1960 et 70, pendant mon séjour estudiantin à Paris, en France, et j’en garde un très grand souvenir. Honneurs aux Héros Panafricanistes ! Enfin, Grand Merci à Son Excellence, Monsieur, (feu) André MILONGO, Premier ministre du gouvernement des Technocrates de Transition, issu de la Conférence Nationale Souveraine de 1991 à Brazzaville. Monsieur MILONGO, avait découvert et reconnu mes capacités intellectuelles et morales et m’avait nommé, ministre de la République dans son gouvernement, successivement à deux portefeuilles Ministériels, à savoir, Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Science et de la Technologie, ainsi que, celui du Ministère des Transports et de l’Aviation Civile. En tant que Républicains, ma famille et moi-même, lui devons à jamais cet HONNEUR de Titre d’Ancien ministre de la République du Congo, parce que, participer à un tel gouvernement à la fin de ce grand Évènement National et Historique, représentait un défi majeur. Heureusement que le hasard n’existe pas ; c’est la Destinée (MEKTOUBE et KADAR) en Arabe, « ce qui a été écrit et prédestiné par Dieu Allah ». Que sa mémoire repose en paix ! Merci à la République !

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DÉFINITIONS

ETHNIE : Ensemble d’individus que rapprochent un certain nombre de caractères de civilisation, notamment la communauté de langue et de culture. Autrement dit, un ensemble de tribus. TRIBU : Subdivision ethnique des peuples. CLAN : ‘’Famille’’ Division ethnique de la Tribu. Exemple : ETHNIE : BAGANDOU TRIBU : BÔDZOBI « Tribu à laquelle j’appartiens » CLAN : Cinq (5) au total : « dikanda ou dibanda » au singulier ; « Mâ-kandas ou Mâ-bandas » au pluriel : 1. Bôdzoma« clan de mon père MADZENGUE, auquel j’appartiens » ; 2. Bôgbato« clan de mon demi-frère Moungbéngbé Gabriel » ; 3. Bôlifémba« clan de mon oncle paternel Moubénga Antoine » ; 4. Bôguènguèlè ou Bôbèzèkè« clan de mes oncles paternels Egbouloukoussou et Essopa » ; 5. Bômandobo « clan de mon oncle paternel Balinza Raphaël » ; 17

NB : Il convient de souligner et de retenir que ces cinq (5) clans de la tribu Bô-dzobi ont eu jadis un seul aïeul (arrière-grand-père) nommé SALO. Ce nom SALO est transmis dans toutes les générations de la tribu Bô-dzobi jusqu’à nos jours et a été utilisé en un cri appelé (MOLO), d’exclamation ou de guerre des cinq (5) clans Bôdzobi précités. Ainsi, tous les sujets de la tribu Bôdzobi, se reconnaissent par ce nom SALO, leur ancêtre commun. De même, dans les autres tribus Bagandous, il existe ce cri d’exclamation qui se réfère à leur ancêtre commun. Par exemple, dans la tribu Bâkongonlon leur (MOLO), c’est ‘’DZASSOUKA’’. Chez les Bô-likala, c’est : ‘’EKOUMA’’ hé ! Et ainsi de suite, dans toutes les tribus Bagandous. Par ailleurs, notons pour mémoire que le clan Bôguènguèlè ou Bôbèzèkè appartenant à la Tribu Bôdzobi, avait connu jadis, une histoire d’adultère entre les deux frères. L’un, ayant entretenu des relations intimes avec l’épouse de l’autre, les deux frères s’étaient séparés définitivement pour la vie. Depuis lors, leurs descendants sont tenus d’avoir de bons égards envers leurs épouses respectives, ainsi que celles des autres clans Bôdzobi, et ceci, vice-versa. Déroger à la règle, c’est le KARMA (KOMBO), mauvais sort, qui agira promptement.

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ARBRE GÉNÉALOGIQUE ET BIOGRAPHIE DE L’AUTEUR

L’histoire commence vers la fin du 19e siècle, dès le début de la colonisation française en Afrique-Équatoriale Française. La révolution industrielle bâtait son plein en Europe occidentale qui avait un besoin pressant des matières premières tropicales. L’industrie d’automobile naissante devait remplacer les charrettes, véhicules à deux roues en fer, à traction animale, muni d’un brancard simple ou double et de deux ridelles pour transporter des charges, des bagages. À cet effet, l’administration coloniale française va instaurer la politique des travaux forcés en obligeant les indigènes, dénommés de la sorte par elle, à pratiquer la culture d’hévéa (caoutchouc) pour l’exportation à la Métropole française en vue de la fabrication des pneus et d’autres objets en caoutchouc, ainsi que le contrôle militaire des postes administratifs dans les nouvelles possessions d’Afrique noire. Les Bagandous, guerriers de nature par excellence, n’avaient pas accepté de gaieté de cœur cette forme de soumission au régime du travail forcé. C’est ainsi, qu’à chaque fois qu’ils avaient l’occasion, de jour comme de nuit, ils s’organisaient par vague de groupe pour fuir le Village Bagandou, créé nouvellement sur la rive

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droite de la rivière Lobaye, Région de M’Baïki en Oubangui-Chari (République Centrafricaine actuelle). Le but ultime de ces départs inopinés, était le Retour à leur Terroir Ancestral dans le Département actuel de la Sangha d’où ils venaient et sont encore de nos jours originaires, par rapport à la présence de l’une de leurs tribus les Bônguilis. Malheureusement pour ces partants, cet objectif cardinal n’était pas réalisé, ils étaient obligés de s’arrêter à michemin au bord du fleuve Oubangui, où ils avaient érigé le village MAKOUMOU (à Boyélé actuel) avec le Notable EKINA, de la tribu Bôtondo, en qualité de Chef de village. Parmi les Bagandous réfractaires aux mesures draconiennes coloniales françaises, figuraient mes aïeux de la tribu Bôdzobi, imbus de leur personnalité, avaient choisi délibérément, la liberté à l’esclavage. Étant donné que chacun de nous à sa propre histoire, c’est par ces phrases ci-après, que débute la mienne, pour mieux comprendre L’HOMME, comme dirait le psychologue. 1. Arbre Généalogique : Couple : MADZENGUE ET MOUNGO Mes parents paternels étaient des Chefs coutumiers (MOKODZIS), tel que le grand Notable LAMINE, Chef de Terre de la contrée Bagandou, appartenant à la tribu Bôbékiti, dont est issu mon grand-père BENDO, Père géniteur de MADZENGUE, mon père biologique. Quant à mes oncles maternels, frères et cousins de ma mère MOUNGO, des juges (DAMIS), tel que KOTOMA, du temps où régnait le Chef de terre, LAMINE. Plus tard, le neveu de KOTOMA, le nommé N’GOMBÉ Camille, sera également Chef de Village Bagandou.

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Tous étaient de la tribu N’Donda, la famille de MAFONGO, le père de ma mère MOUNGO. Mes ancêtres s’étaient succédé et illustré dans la chasse et les guerres interethniques traditionnelles de l’époque précoloniale française.

Culturellement, notre tradition étant basée sur l’oralité, cette descendance m’a été narrée essentiellement par ma défunte mère qui avait atteint le quatrième âge où la plupart des activités deviennent impossibles et qui correspond à la sénescence. Je me suis contenté de rapporter ces récits exposés cidessus tels qu’ils sont avec quelques insuffisances d’aller plus au-delà. 2. Biographie de l’Auteur

Je suis né le 11 novembre 1943 à Bô-dzama (Bolomo), Village situé sur la rive gauche de la rivière Libénga, dans le District actuel d’Enyellé (Département de la Likouala au Congo-Brazzaville). Mon père MADZENGUE Albert et ma mère MOUNGO Thérèse, tous les deux Bagandous, sont issus l’un et l’autre de familles traditionalistes. Mon père qui était un excellent chasseur rompu à toutes les techniques de chasse traditionnelle et surtout à l’arbalète (M’BANON) est décédé à Boyélé et inhumé le 12 février 1957. 21

Quant à ma mère, femme très belle, brune de teint, ménagère de son état, excellait dans les travaux champêtres afin d’élever et éduquer ses nombreuses progénitures. Son nom MOUNGO, signifie DIEU en langues Bagandou et apparentées. Je suis le dernier enfant de ses vingt-deux naissances obtenues avec trois hommes, cousins germains, de la tribu Bô-dzobi qui se remariaient successivement avec elle après le décès de l’un, parce que étant une femme féconde1 selon ce type de mariage coutumier (‘’MOKANO’’) et qui ne devait pas aller dans une autre famille pour agrandir la progéniture de celle-ci. Elle est décédée le 26 août 1986 à un âge très avancé et inhumée à Dongou dans le Cimetière familial. Les trois hommes avec lesquels ma défunte mère avait partagé son existence en fondant une grande et nombreuse famille sont les suivants : 1. GBÉTOU : 4 enfants nés à Makoumou : Trois (03) garçons : N’Gouama, Sékola, et Ebolomoto ;

Une (01) fille : Dama. Tous décédés à bas âges et inhumés à Makoumou. 2. MABÈKÈ : 1 enfant Moungbéngbé Gabriel, né à Makoumou et grandi à Bô-dzama. Décédé à l’âge adulte et inhumé à Dongou dans le Cimetière familial. 3. MADZÉNGUÉ : 7 enfants nés à Bô-dzama : Dans les sociétés traditionnelles Bagandou en particulier, et africaines en général, la stérilité ne concerne que les femmes ; alors qu’aujourd’hui, la science médicale moderne a démontré à suffisance dans ses recherches du corps humain, que la stérilité se rencontre aussi bien chez la femme que chez l’homme. Si le spermatozoïde de l’homme ne permet pas de procréer avec une femme –même féconde- au cours des relations sexuelles, eh bien, celle-ci ne pourra pas être à même d’avoir une progéniture.

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— NAWÉLÉNDÉ Alima, décédée à l’âge adulte et inhumé au Cimetière Musulman à Dongou ; — BASSILA Véronique, décédée à l’âge adulte et inhumée à Dongou, au cimetière familial ; — BODZOKA François, décédé à l’âge adulte et inhumé à Dongou au cimetière familial ; — MOIDZABITA Élise, vivante et domiciliée à Dongou ; — DZEKA Catherine, décédée à l’âge adulte et inhumée au cimetière ‘’LA GRÂCE ITATOLO’’ à Brazzaville ; — EBOLOMOTO, décédé à bas âge et inhumé à Bôdzama ; — MADZENGUE Younous, vivant et domicilié à Brazzaville. Je pense très sincèrement qu’avec ses vingt-deux naissances, même si beaucoup d’enfants n’ont pas survécu, ma mère MOUNGO a droit d’être décorée à titre posthume. Paix à son âme ! À ma naissance, mes parents paternels avaient décidé de m’appeler : MAKANOU et EGBOULOUKOUSSOU Michel, du nom et prénom de mon oncle paternel qui était ‘’Capita’’ Surveillant Général, du Village Bôdzama, et qui avait pour Chef de Village BOMBON, décédé et inhumé à Enyellé, après la dispersion en 1954 dudit Village. Mon homonyme et oncle paternel, porteur des noms MAKANOU et EGBOULOUKOUSSOU est décédé et inhumé à Boyélé après leur retour dans cette localité. MAKANOU, signifie en langues Bagandou et apparentées, le Carrefour. Quant à EGBOULOUKOUSSOU, il s’agit d’un buste ou d’une petite pierre que l’on se cogne dessus, par inattention lorsque l’on marche. 23

L’explication de ces deux noms est la suivante ; d’abord, MAKANOU ; un homme au sens large du terme, en tant qu’individu, tout en marchant, quel que soit le lieu, en ville ou en campagne, rencontrera un jour, un carrefour des routes. Cet homme sera tenu de s’arrêter un moment pour réfléchir en vue de choisir la voie qui l’amènera à la bonne direction. Tout comme EGBOULOUKOUSSOU, auquel il convient d’ajouter YÂMODANGUÉ, c’est-à-dire, le buste du bois. Cela signifie que toute personne au cours de son existence, depuis son jeune âge à l’âge adulte, arrivera un jour à se faire culbuter ‘’Libakou’’ contre un buste du bois, ou encore un morceau de pierre, voire une chose quelconque. Et lorsqu’un tel accident arrive, minime soit-il, la personne est tenue de s’arrêter quelques instants pour réfléchir en regardant autour d’elle, avant de continuer son chemin. À l’âge de cinq ans, je quittais pour la première fois, mon Village natal Bôdzama, en compagnie de ma grande sœur BASSILA Véronique, jeune fille mère, avec son bébé HONGO PEYA Marie Thérèse, dans une pirogue ramée avec des pagaies, pour se rendre à Dongou où elle devait intégrer son ménage avec pour conjoint PEYA Célestin, couturier-tailleur, de l’ethnie d’Enyellé. Arrivés à Dongou, nous habitâmes au domicile de PEYA Célestin, qui avait sa première épouse IMONGON Agnès, sa maman MOKÈLÈ et son frère Jumeau KOUMOU Eugène. Ledit domicile était situé dans l’allée des Enyellés ‘’Mossongon mwa Enyellés’’, en d’autres termes, le bloc des Enyellés situé à côté de celui des émigrés musulmans venus du Nord-Cameroun et de l’Afrique de l’Ouest, parmi lesquels, résidait papa DZABOULET Mahaman, époux de ma sœur ainée NAWÉLÉNDÉ Alima. 24

Avec mon tuteur, papa PEYA Célestin, très jeune, avant même de m’inscrire à l’École Primaire, il m’amenait de temps à autre avec lui à la rivière Motaba pour m’initier à la technique de pêche au harpon en vue de capturer les grosses carpes (mbotos). Un fait anecdotique. Un beau matin, avec mon promotionnaire (feu) PEYA Badjongué Gilbert, premier fils de PEYA Célestin avec sa femme IMONGON Agnès, nous jouons dans l’allée de notre quartier. En ce moment là, à sept heures, les élèves allaient à l’École Primaire de Dongou. Tous les deux, nous les avions suivis jusqu’à l’établissement scolaire. Le Maitre, c’est-à-dire, l’enseignant, Monsieur SOBI Mathias, de l’ethnie Bâkongo (Boko), retraité et décédé à Brazzaville, s’aperçut de notre présence à la cour de l’école. Ce dernier nous parla gentiment de repartir à la maison, puisque nous n’avions pas encore atteint l’âge de sept ans révolus, exigé à cette époque, pour se faire inscrire à l’École Primaire. Ce refus, nous a mis en colère et nous repartîmes en pleurant tout le long du trajet jusqu’à notre domicile, pour se faire consoler par nos parents. Plus tard, devenu Cadre, Gilbert avait été formé en Sciences Sociales en Allemagne de l’Est de l’époque en 1975 et terminera sa carrière administrative au grade d’Administrateur, Chef de District d’Impfondo dans le Département de la Likouala. Que ton âme repose en paix mon très cher frère et ami. En moins d’un an pendant mon séjour dans la famille PEYA, je faisais les va-et-vient chez papa DZABOULET et Alima, en milieu musulman qui, n’ayant pas d’enfants dans leur ménage, avaient décidé de m’adopter. Papa DZABOULET, grand commerçant à cette époque, avait épousé trois femmes : (feue) Dzamilatou, Alima ma sœur aînée, et Adama. Finalement, cette parcelle de la famille 25

DZABOULET, dans laquelle j’ai grandi, fut mon second domicile à Dongou. Désormais, ma destinée m’avait amené vivre dans un milieu où prévalait le sérieux, loin des besoins élémentaires, des caprices irréfléchis et des distractions enfantines que j’avais rarement connus. L’année suivante en 1950, Papa DZABOULET, m’inscrit à l’École Primaire de Dongou. Grand commerçant, disais-je, il élevait plus de deux cents moutons et quelques cabris dans deux enclos installés dans une parcelle voisine qu’il avait achetée, située en diagonale de la sienne. Mes occupations étaient les suivantes : les jours ouvrables de lundi à vendredi, je fréquentais l’École Primaire, (matin et après-midi) ; le soir à dix-sept heures, trente minutes, aussitôt rentré à la maison, il fallait rassembler les moutons dans leurs enclos, pour un contrôle systématique par Papa DZABOULET. Dix-huit heures c’est la prière du soir au coucher du soleil ; trente minutes, c’est le dîner d’ensemble avec tous les musulmans y compris les enfants garçons. Entre dix-neuf heures à vingt une heures, nous tous, enfants musulmans, apprenions par cœur les versets coraniques chez un Maître (Moalim) HAMIDOU. C’est le début de ma conversion dans la Religion islamique en vue de préparer mon baptême qui interviendra plus tard par (feu) Maître (Moalim) GARBA, un des fils de (feu) Malam (Maître) OUMAROU(Peul), Chef des musulmans de Dongou et premier musulman du Nord-Cameroun à fouler ses pieds dans cette localité. Depuis lors, je portais désormais le prénom Younous (Jonas). Le nom MADZENGUE, interviendra après mes études universitaires en France, une fois rentré au CongoBrazzaville en août 1974. Toutefois, à l’École Primaire à Dongou, mes collègues élèves, et nos Maîtres (enseignants) ont continué à 26

m’appeler MAKANOU Michel, jusqu’à l’obtention de mon Certificat d’Études Primaires Élémentaires, en 1957. Dans le cadre de la religion islamique, Papa DZABOULET, dans le souci de me faire apprendre l’enseignement du Saint Coran, au cours des grandes vacances des années 1955 et 1956, m’avait amené avec lui chez Papa ADAMOU, son cousin, à l’Est du Centrafrique à Bambari pour étudier en mémorisant par cœur tous les 114 Sourates (Chapitres) du Saint CORAN. À notre retour à Dongou, une grande fête (SADAKAT) a été organisée à mon honneur par tous les musulmans de Dongou et ceux venus d’Impfondo, après un examen coranique de contrôle effectué par Maître (Moalim) (feu) GANA Pari (brun) domicilié à Impfondo. Que DIEU (ALLAH) LE TRÈS HAUT ait pitié de son âme ainsi que celle de Papa DZABOULET. Je loue DIEU (ALLAH) LE TRÈS HAUT de m’avoir permis de vivre cet évènement, et Il est à même de nous guider sur la meilleure voie. À la rentrée scolaire 1957-1958, adolescent, je me retrouvais à Brazzaville aux Cours modernes commerciaux, près du Lycée Technique, en sixième, première année à la Section : Comptabilité commerciale. Après l’obtention du Certificat d’Aptitude Professionnel (C.A.P) en 1960, et du Brevet Professionnel (BP) en 1962, c’est la fin des études à cette époque, sanctionnant le cycle secondaire au Lycée Technique, pour des raisons suivantes : À l’aube de l’indépendance du Congo, tous les emplois à responsabilités administratives, éducatives et techniques dans la plupart des domaines du Congo, étaient tenus et exercés par le personnel expatrié français, voire européen, et même ouest-africain. La nécessité pressante était de doter le pays en cadres nationaux tant dans l’administration publique que dans les entreprises privées. C’est pour répondre à cette exigence conjoncturelle que le cycle secondaire au Lycée Technique devait s’arrêter à ce niveau scolaire : car celui-ci, 27

avait pour vocation de former des éléments qui devaient très rapidement intégrés la vie active en lieu et place des expatriés étrangers. Dans le contexte de cette époque, les entreprises industrielles et commerciales adressaient aux écoles professionnelles et aux établissements techniques d’enseignement spécialisé, leurs besoins en personnel diplômé. Monsieur René GOURDIN, de nationalité française, Directeur des Études aux Cours Modernes Commerciaux près du Lycée Technique, répondait par Note-Circulaire à toutes les entreprises de la place, pour accueillir les nouveaux Diplômés en vue d’effectuer de stages pratiques et rémunérés dans leurs administrations et moyens de production. C’est à ce titre, que je vais effectuer un stage pratique d’un mois à la Direction Générale de la Compagnie Française du Haut et Bas Congo (CFHBC), localisée dans l’enceinte actuelle de l’Ambassade de la Russie au Congo à Brazzaville, jadis, la propriété de ladite Compagnie, fondée par les frères Tréchot, Henri (Matelot), Louis (mécanicien) et Emmanuel, implantée notamment, dans la partie Nord du Congo, la Sangha à MOKEKO et à ITOUMBI dans la Cuvette-Ouest pour la production d’huile de palme. Par la suite, j’ai effectué un autre stage pratique de plusieurs mois à l’Agence Comptable des Postes et Télécommunications à Brazzaville. Là, je me suis retrouvé dans un Bureau collectif avec mes aînés, dont certains sont déjà décédés, et qui avaient suivi comme moi, la même formation de gestion en comptabilité au Lycée Technique. Il s’agissait, de OKO Camille, (parent direct : oncle ou cousin) au Président de la République, Denis SASSOU N’GUESSO, et N’GAKOSSO Édouard, de LOUFOUA Désiré, de MOUAYA et de N’GANGA, etc., avec un Chef d’Agence Comptable, Monsieur Marcel BECKER, de nationalité française. J’ai bénéficié de ces ainés un 28

encadrement professionnel, qu’ils trouvent ici, l’expression de ma profonde gratitude. En 1964, une année après la révolution des trois glorieuses journées des 13,14 et 15 août 1963, je partais en France à Paris, pour m’inscrire en première année Universitaire : 1964-1965 en Sciences économiques, à l’École Pratique des Hautes Études, PANTHEONSORBONNE, UNIVERSITÉ PARIS I. A L’issue de dix années d’études et de durs labeurs, sanctionnées par un Certificat de Titularisation en Sciences économiques, d’une Maîtrise ou Diplôme d’Études Supérieures (D.E.S) essciences-économiques et d’un Doctorat 3e Cycle en Économie, j’ai fini par rentrer au Congo à Brazzaville, en août 1974. Après une visite familiale de trois mois à Impfondo et à Dongou, de retour à Brazzaville, je rentre dans la Fonction Publique Congolaise le 9 Décembre 1974 en qualité d’Administrateur jusqu’au grade d’Administrateur en Chef des Services Administratifs et Financiers, catégorie A1, 4e échelon, à la retraite. Dans le cadre de ma carrière Professionnelle, j’ai exercé successivement les fonctions administratives et politiques ci-après, à Brazzaville : — Cadre Expert au Ministère du Plan (du 9/12/1974 au 3/05/1975) ; — Directeur des Études et de la Coordination des Programmes Économiques au Ministère du Plan (du 3/05/1975 au 8/04/1977) ; — Conseiller Économique du Président de la République, S.E. Joachim YHOMBI OPAGUAULT (du 8/04/1977 au 14/12/1978) ; — Chef de Section Réflexions sur les Politiques Économiques à la Division Études et Planification du Département de Plan et de l’Économie du Bureau Politique du Comité Central du Parti Congolais du Travail (du 25/05/1981 au 30/12/1983) ; 29

— Directeur du Contrôle et de l’Orientation au Ministère de l’Économie Forestière (du 30/12/1983 au 16/10/1985) ; — Secrétaire Général à l’Industrie au Ministère de l’Industrie, de la Pêche et de l’Artisanat, chargé du Tourisme (du 16/10/1985 au 11/01/1990) ; — Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Science et de la Technologie (1991-1992) ; — Ministre des Transports et de l’Aviation Civile (1992) ; — Député à l’Assemblée Nationale du CongoBrazzaville (1993) ; — Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire du CONGO à CUBA (1994-1998) ; — Conseiller Départemental de la Likouala (2008 à 2013). Dans le même cadre administratif, j’ai participé à plusieurs conférences et réunions internationales ci-après : 1. C.N.U.C.E.D. — Expert à la Conférence Internationale de la C.N.U.C.E.D. à NAIROBI (KENYA) 1976 ; 2. C.E.E. – — Expert à la Réunion du IVe F.E.D. (C.E.E) Bruxelles (Belgique) 1976 ; 3. O.A.P.I — Expert à la 24e Session du Conseil d’Administration de L’O.A.P.I. à Cotonou (Benin) 1986 ; — Ministre – Plénipotentiaire à la 25e Session du Conseil d’Administration de L’O.A.P.I. à, Ouagadougou (BURKINA-FASO) 1987 ; — Ministre – Plénipotentiaire à la 26e Session du Conseil d’Administration de L’O.A.P.I. à Bangui (R.C.A) 1988 ; 30

— Président de la Réunion des Experts et Ministre – Plénipotentiaire à la 27e Session du Conseil d’Administration de L’O.A.P.I. à Douala (CAMEROUN) 1989. 1. O.N.U.D.I. — Expert et Ministre Plénipotentiaire à la Conférence des Ministres Africains de l’Industrie à Bujumbura (Burundi) 1986. — Expert à la Réunion d’Expert d’Afrique Centrale sur l’Industrie Sidérurgique à HARARE (ZIMBABWE) 1988. 2. UNESCO. — Chef de la Délégation Congolaise à la 26e Conférence Générale de l’UNESCO à Paris (France) 1991. En tant qu’universitaire, chercheur, j’ai réalisé dans les milieux professionnels, les travaux de recherche pluridisciplinaire, ci-dessous : — « Situation et caractéristique de l’Économie congolaise » 1975, p.42. Document réalisé pour le compte de la Commission Économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), en ma qualité de Consultant National à cette époque au Ministère du Plan ; — « Essai d’interprétation sur la planification économique : les éléments de base ». Ministère du Plan, 1977, p.109 ; — « Indications sur la Méthodologie de Redressement de l’Économie Nationale. Brazzaville, 1977 » ; — « Aide Mémoire sur l’économie Congolaise » Brazzaville. 1977. — « Propositions sur une méthode de contrôle d’exécution physique et financier d’un Programme ou Plan de Développement Économique, Social et Culturel », Brazzaville, 1978 ; 31

— « Propositions sur la création d’une Commission Nationale de Recherche de Financement Externe » Brazzaville, 1978 ; — « Politiques économiques face à la situation actuelle du Congo », Brazzaville, 1978 ; — « Aperçu sur la situation économique du Congo ». Document réalisé pour le compte de la Commission ad’ hoc Angolo – Congolaise sur la complémentarité économique entre les deux pays, 1980 ; — « Propositions d’actions de relance de l’industrie, face à la crise » — Secrétariat Général à l’Industrie, 1987. À l’avènement du multipartisme et de la démocratie au Congo – Brazzaville, à travers la Conférence Nationale Souveraine de 1991, mes activités politiques en dehors d’avoir été nommé membre du Gouvernement de Transition d’André MILONGO, à l’issue de ces assises, ont été les suivantes : 1990 à nos jours : Président du Mouvement des Écologistes Congolais (M.E.C.). ‘’LES VERTS’’ 1991 – 1992 : Conseiller de la République au Conseil Supérieur de la République (Organe Législatif de la Transition). 1993 : Député à l’Assemblée Nationale du Congo. — Aussi, la République m’a honoré par des décorations distinctives ci-après : — Chevalier du Mérite Congolais. — Officier du Mérite Congolais.

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Le chargé de la Jeunesse à ma gauche, et à ma droite le chargé de la sécurité du village.

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L’allée (Mosongon) des Enyellés au domicile de la famille PEYA, situé à gauche sous le grand arbre à Dongou.

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Photo des années 1950 de la famille DZABOULET devant sa maison où j’ai passé mon enfance. Assis : au milieu, papa Dzaboulet (Chef de famille) ; à sa gauche, maman Akota Dzamilatou, sa première épouse ; à sa droite Nawéléndé Alima, sa deuxième épouse et ma sœur aînée. Tous sont décédés. Debout : (de droite à gauche) : papa ABBA, cousin de papa Dzaboulet (décédé) ; Elise MOIDZABITA, sœur cadette de Alima Nawéléndé et ma dernière grande sœur en vie ; MAKOYO Adama, troisième épouse de papa Dzaboulet en vie ; Younous MADZENGUÉ, adolescent à l’École Primaire de DONGOU (Département de la Likouala).

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AVANT-PROPOS

D’octobre 1884 à février 1885, le partage de l’Afrique entre les puissances européennes à la Conférence de Berlin en Allemagne visait essentiellement les intérêts coloniaux et non les réalités sociologiques des populations africaines. Les frontières coloniales arbitraires et artificielles qui en découlèrent ont procédé à la division des mêmes ethnies partagées entre deux ou trois pays africains. Entre autres exemples en Afrique équatoriale, l’ethnie Bagandou, un peuple Bangala du monde BANTOU1, chasseur et guerrier, parti du Nil au sud du Soudan actuel, en passant par la région de Yokadouma au Cameroun présentement, s’était retrouvé parmi les originaires et sédentaires jadis, de la région forestière de la Sangha actuelle au Congo – Brazzaville même, le Centrafrique, le Cameroun et plus tard, au Congo-Kinshasa (RDC). Mais en réalité, qui sont les Bantous ? Clarifions cette dénomination avec les spécialistes en la matière, selon le récit ci-dessous : ‘’D’où viennent ces hommes de grande taille qui peuplent aujourd’hui le Congo et l’Afrique équatoriale ? Comment vivaient-ils ? Autant de questions auxquelles les archéologues et les linguistes ont commencé 1

Théophile OBENGA, « Les origines des Pharaons sont africaines », le Magazine trimestriel de l’histoire africaine, Afrique Histoire N° 7/ 1983 p.47, Dakar Sénégal. Dans cet article, le Professeur OBENGA, nous montre que le monde bantou va du Bar-el-Ghazal aux rochers du cap, de l’Océan Atlantique à l’Océan Indien.

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à répondre. Nos ancêtres les Bantous appartiennent à un peuple très ancien. Ce mot Bantou est le pluriel de ‘’muntu’’, qui signifie ‘’homme’’. Les Bantous parlent des langues qui possèdent les mêmes racines, les mêmes origines. Leur présence s’étend depuis le sud du Cameroun, sur toute l’Afrique centrale et la plus grande partie de l’Afrique orientale et australe. Il y a 4000 ans les Bantous ont migré. Ils sont partis d’un foyer pré-bantou de la région des hauts plateaux du Cameroun et du Nigéria actuels appelés les Grassfields pour se diriger vers le Sud et l’Est. Au premier millénaire de l’ère chrétienne, deux foyers proto-bantous sont connus : la région des Grands Lacs d’où proviennent la plupart des populations actuelles du Congo (Tékés, Kongos, Ngalas) et le plateau Oubanguien, d’où sont issus, entre autres, les Makas et les KaKas. Ces migrations de masse ont été très lentes et ont duré longtemps, jusqu’au XVe siècle. On ne sait pas grand-chose de la vie de ces hommes et de ces femmes, sauf qu’ils étaient très nombreux. Pour se nourrir, ils chassaient et ils pêchaient. Au fur et à mesure, ils se sont sédentarisés, et ont appris à maîtriser le fer pour fabriquer des outils (haches, houes, herminettes) et des armes. Ils ont aussi pratiqué l’agriculture sur brûlis et l’élevage. Tous ces atouts leur ont permis d’affronter les nombreuses épreuves rencontrées tout au long de cet exode. Une fois installés, les Bantous des zones marécageuses et forestières se sont organisés, en chefferies et seigneuries, et ceux des savanes en royaumes tels que ceux de Makoko (dit

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royaume d’Anzico ou royaume Téké), de Kongo et de Loango2. Après la clarification du long récit historique des origines des Bantous, rapportés par des éminents Professeurs de l’Université de Brazzaville, mentionnés dans ce présent travail, revenant à l’essentiel de notre sujet. Au moment où la renaissance du panafricanisme refait surface timidement à travers l’Union Africaine (U.A) et la reprise de conscience collective et politique moderne du monde noir, ce présent ouvrage raconte l’épopée de l’ethnie Bagandou composée de plusieurs tribus à savoir, (les = Bô) : Bônguili, Bô-dzobi, Bôtondo, Bôkoka,Bôdzambo, Bôlikala, Bôgbokou, Bôgomba, Bôganda, Bôbonlongon,Bôkoma, Bôtsako, Bâkongonlon, Békombo, Bôdossi, N’Donda, Bôbéssima, Bôbékiti, etc. En clair, ce livre présente et relate les origines des Bagandous en mettant un accent particulier sur les faits étayés par une suite ininterrompue de témoignages. Il est le résultat des travaux de recherche réalisés à partir des compilations, des citations, et des récits des Anciens et Sages des Villages Bagandou, ainsi que de diverses personnalités rencontrées au cours de plusieurs enquêtes menées sur le terrain dans les pays concernés ci-après : — Congo – Brazzaville : 1985, 1992 et 1993 ; — Centrafrique : 1977 et 1987 ; — Cameroun : 1996 et 1997. Il s’agit des : a) récits de ma défunte mère MOUNGO, le nom MOUNGO : signifie ‘’Dieu’’ en langues Bagandou et 2

Livre de Abraham Constant Ndinga Mbo « l’Histoire du Congo, racontée à nos enfants », aux Éditions du JAGUAR, Saint-Étienne France, 2015, P. 22.

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apparentées aux Villages : Enyellé, Mimbelly, Mindzoukou, Mimpoutou, Bissambi, Bolomo, etc ; situés au bord de la rivière Libénga (District d’Enyellé, Département de la Likouala au Congo – Brazzaville). b) enquêtes menées au cours de mon séjour familial en 1985 à Boucy-Boucy (Dongou) et au premier ancien village Bongoye (vestiges de l’épopée Bagandou à l’intérieur de la forêt) et au nouveau village Bongoye réinstallé aux abords de la rivière Motaba (Dongou, Likouala au Congo – Brazzaville). c) enquêtes que j’ai menées en pays Bonguilis, plusieurs fois en 1992 en qualité de Président de la Commission nationale de l’Organisation et de la Supervision des Élections (CONOSEL) du District de Mokéko (Département de la Sangha en République du Congo). Cet organe a été mis en place par le Conseil Supérieur de la République : instance parlementaire de transition de l’ère démocratique issue de la Conférence Nationale Souveraine à partir de 1991. Au cours de ces multiples enquêtes, en collaboration avec plusieurs Anciens et Sages Bonguilis des Villages de Liouesso, Moyoye, Lobo et Pikounda, etc, nous nous sommes entretenus directement en langue Bagandou sans aucun interprète sur l’histoire commune de notre ethnie. d) enquêtes que j’ai réalisées auprès de nos Anciens et Sages, originaires des localités situées au bord de la rivière Libénga pendant la campagne des élections législatives de 1993 en qualité de candidat à la Députation dans la première circonscription du District de Dongou, dans le Département de la Likouala au Congo – Brazzaville. e) Témoignages recueillis auprès des ressortissants Bagandous, du Village Bagandou au sud de la République Centrafricaine, s’exprimant dans la même langue ou (dialecte), au cours de mes multiples missions de service d’homme d’État congolais dans ce pays frère. 40

f) enquêtes réalisées à Yaoundé, et à Mouloundou au Cameroun qui témoignent de l’existence de l’ethnie Bagandou dans ce pays. À Bolozo au Congo – Brazzaville et dans la Commune de Moloundou précisément dans le Département ou la Région de Yokadouma, frontalière avec celle de la Sangha au Congo – Brazzaville, ils s’appellent les Bagandos comme ceux du Centrafrique et du Congo – Brazzaville. Toutefois, la langue parlée Bagandou est restée identique avec des légères déformations dues aux influences d’emprunts, d’origines extérieures qu’elle a subie depuis la fin du 18e siècle de séparation avec le terroir ancestral. L’économie de ce long travail est avant tout de donner à tout lecteur un minimum de connaissance sur la façon dont la communauté ethnique Bagandou a vécu et évolué au fil des années. C’est en grande partie un exposé descriptif et un essai qui introduit le sujet traditionnel sur le parcours de la civilisation Bagandou. Certains domaines des activités courantes de ce peuple forestier ont été abordés afin d’illustrer le mode de vie traditionnelle et culturelle des Bagadous. Ce travail intellectuel n’est nullement exhaustif et ne prétend pas éclairer toute l’histoire glorieuse des Bagandous ; des oublis, des approximations pourront apparaître. Néanmoins, on peut espérer que ce livre apportera à tous ceux et à toutes celles qui souhaitent s’informer sur la civilisation Bagandou, un tableau pratique, simplifié peut-être, mais aussi complet que possible, un moyen de comparaison, de correspondance dans le temps avec les autres peuples qui ont subi le même sort, par la connaissance des évènements du passé, parce qu’il n’y a pas de grand peuple, sans mémoire du passé. Car ne dit-on pas que la connaissance du passé, éclaire le présent, lequel présent illumine le futur ? Pour certains, ce livre n’a aucune valeur et ne mérite pas qu’on s’y attarde, parce qu’il déterre les vieux démons du tribalisme ; alors 41

que pour les autres auxquels, en effet, cet ouvrage est destiné, il sera un monument précieux. Ils l’accueilleront et le liront attentivement, puis ils donneront leurs points de vue ; critiques et remarques, approbations et désapprobations… L’analyse de cet ouvrage produira, j’en suis persuadé, vraiment, des fruits délicieux et c’est ce que je souhaite pour son contenu, ce qui me mettra sans nul doute d’être à l’abri d’un procès d’intentions. L’auteur de ce livre, Économiste et Chercheur de formation universitaire, appartient à la communauté ethnique Bagandou du Congo-Brazzaville, de son état d’être dans toutes ses fibres, espères-y avoir apporté une modeste et utile contribution historique. Il ose espérer également que ce livre écrit dans un style simple, à l’exemple du Professeur Antoine LUZY psychologue qui précise : « Les vrais savants ont, presque toujours, un langage simple, d’où ils savent élimer tous les mots pouvant ne pas être compris par tout le monde ; ils ne cherchent jamais à éblouir par l’étalage de leurs connaissances et n’en parlent qu’en y étant invités et toujours avec modestie »3.

Fort de ce qui précède, ce présent livre, destiné à la compréhension de tous et de toutes, permettra de faire connaître aux natifs et descendants Bagandous, à nos concitoyens (es) africains (es), a nos amis (es) et connaissances, ainsi qu’aux générations futures, l’histoire des origines sociologiques de ce grand peuple BANTOU.

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Antoine LUZY : « LA Puissance du regard », Éditions Dangles, 18 rue Lavoisier 45800 SAINT-JEAN-DEBRAYE, 1991, p. 57

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INTRODUCTION

Cette introduction met l’accent sur les sujets traités dans ce livre. C’est une étude historique et textuelle visant à donner une vue d’ensemble sur l’origine de l’ethnie Bagandou, les raisons de son démembrement vers la fin du 17e siècle ou au début du 18e siècle ; son émigration qui a abouti à sa résignation, par le pouvoir colonial européen, dans différentes contrées à travers le temps, condamnant à vie, certains membres de cette ethnie à demeurer à l’intérieur des frontières qu’ils n’ont pas choisies. Entre 1884-1885, longtemps après quatre siècles environs du système esclavagiste éhonté de l’Europe occidentale qui a vidé et dépeuplé l’Afrique noire, ce Continent sera de nouveau dépiécé ou balkanisé par la colonisation européenne, pour enfin, être abandonné, manipulé et instrumentalisé par la décolonisation. Il ne faut pas oublier que, bien des Nations africaines sont de création totalement artificielle. Comme la plupart des ethnies africaines, les Bagandous dont l’existence en Afrique Équatoriale, remonte depuis la nuit des temps immémoriaux, seront confrontés aux aléas et vicissitudes de l’histoire sociale contemporaine à partir du contact avec la culture d’emprunt européo-chrétienne. La tradition orale1 raconte et rapporte que jadis, leur territoire d’origine ancestrale, après le sud du Soudan actuel, est situé dans le Département de la Sangha (District de 1

Notons que, la culture traditionnelle africaine en général des premières générations, était essentiellement orale.

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Mokéko) au nord-ouest du Congo-Brazzaville. Habitants de la grande forêt équatoriale, les Bagandous vivaient essentiellement de la chasse traditionnelle aux filets, de la cueillette et subsidiairement des travaux champêtres. Dans cet espace géographique, de nombreuses familles Bagandous effectuaient des campements de chasse et cohabitait en bon voisinage avec les autres populations BANTOU, habitants la rive droite de la Mambili. La tradition orale raconte qu’à la suite d’une partie de la chasse traditionnelle aux filets, une antilope (Bongo) a été capturée. Lors du partage du gibier entre les différents membres de la communauté villageoise, les uns et les autres disputèrent la tête, les pattes avant et arrière de l’animal, etc. À la suite de ces disputes, une violente bagarre s’en était suivie au sein de la communauté villageoise. Ce litige avait déclenché l’éclatement définitif de l’ethnie Bagandou. Cette discorde avait amené les uns à rester sur place au terroir ancestral, tandis que les autres prenaient le chemin d’un long voyage « Sans Retour » à la découverte de diverses contrées pour leur survie. Il convient de souligner qu’avant la colonisation européenne en Afrique qui avait imposé ses frontières arbitraires et artificielles d’intérêts multiformes2, la plupart 2

Il n’est pas inutile de rappeler avec Joseph Roger de BENOIST, Assistant de recherches, IFAN- Dakar, Sénégal, en quelques mots les principales motivations de la colonisation européenne. Elles sont de trois ordres : - Premièrement, il y a la colonisation des marchands qui vont chercher, à bon compte, les matières premières là où elles se trouvent, pour alimenter leurs industries, et ensuite s’efforcent de vendre leurs produits manufacturés à un nombre croissant de consommateurs. - Deuxièmement, il y a la colonisation des militaires qui, en temps de paix, cherchent de nouveaux terrains de conquête et du même coup, assurent à leur pays des positions stratégiques et des réservoirs de recrues. Troisièmement, il y a enfin, la colonisation des clercs, religieux ou laïcs, qui, convaincus de la supériorité de leur culture ou de leur foi, veulent en

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des populations africaines en général se déplaçaient librement en dépit de quelques accrochages inter-ethniques à travers toutes les contrées en quête ou à la recherche de leur subsistance. Les différentes tribus Bagandou du groupe dénommé terroir ancestral restées sur place dans le terroir traditionnel des ancêtres, seront rassemblées au fil des années dans une grande tribu majoritaire les Bônguili que l’on rencontre dans les Districts de Mokéko et de Pikounda dans le Département de la Sangha, jusqu’au District d’Epéna à Miganga dans le Département de la Likouala au Congo-Brazzaville. Il convient de préciser ici, que depuis, la tribu Bônguili de l’ethnie Bagandou a pris la forme d’une ethnie à part entière, alors qu’au fond, malgré sa densité démographique, elle demeure culturellement et linguistiquement, une des tribus composantes de l’Ethnie Bagandou. Les partants qui ont quitté le terroir ancestral, ont été divisés en deux (2) groupes : le premier, aborde la rivière N’Goko au Nord ; tandis que le second, traverse le fleuve Sangha à l’Est. Ainsi, pour des raisons de compréhension, j’ai délibérément, dénommé chacun de ces deux (2) groupes : ‘’Groupe N’Goko’’ et ‘’Groupe Sangha’’. Les itinéraires suivis par les partants les ont conduits à la rencontre avec d’autres ethnies forestières ou riveraines, Bangala du monde BANTOU, les obligeant à coexister pacifiquement avec ces dernières après quelques échauffourées. Le ‘’Groupe N’Goko’’ après la traversée de la rivière N’goko, située au nord du territoire d’origine, va s’établir à faire bénéficier les autres. ‘’Coloniser, c’est projeter dans l’espace sa civilisation ‘’ disait René PLEVEN, Commissaire du Gouvernement français aux Colonies, et Membre actif de l’Académie des Sciences d’Outre-mer. La conviction de cette supériorité, affirmée par les derniers, donne bonne conscience aux autres lorsqu’ils imposent aux colonisés leur exploitation économique et leur domination politique.’’fin de citation.

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Moloundou (District de la Région de Yokadouma) à l’Est du Cameroun actuel. Là, après quelques accrochages avec les populations sédentaires, la coexistence pacifique aura droit de cité. La convivialité légendaire des peuples africains gagna l’esprit des belligérants. Par la force de la colonisation européenne qui procéda aux tracés de ses frontières, cette ethnie Bagandou qui a su conserver sa langue, ses traditions et ses coutumes malgré quelques altérations, appartiendra désormais à la nouvelle contrée jusqu’aujourd’hui en tant que citoyens camerounais à part entière. Quant au ‘’groupe Sangha,’’ dans son parcours après la traversée du fleuve Sangha, situé à l’est du territoire d’origine, rencontre les populations riveraines et pêcheurs. De là, sur la base de l’unicité culturelle et linguistique, l’on assistera à la naissance des appellations telles que, N’Gabo et Bâdjaka déformées sous l’appellation de ‘’Bôdjanga’’ pour se désigner les uns et les autres. Ces appellations NGabo et Bôdjanga, utilisées dans le langage courant jusqu’à nos jours, ne se rapportent en aucune dénomination ethnique. Le sous-chapitre du présent livre qui traite de ce sujet, donnera de plus amples explications en vue d’éclairer la lanterne du lecteur. La longue marche du ‘’groupe Sangha’’ va conduire celui-ci, jusqu’au territoire de l’ethnie Bodji dans la tribu Bongoye habitant au bord de la rivière Motaba en amont du District actuel de Dongou, dans le Département de la Likouala au Congo – Brazzaville. Après avoir cohabité fraternellement, pendant plusieurs années avec la tribu Bongoye, laquelle a scellé des alliances de sang Moumbali et lié des brassages pour la postérité avec différentes tribus Bagandou, qui reprendront par la suite, leur périple en vue de la conquête d’un nouveau territoire en pays M’Bâti ‘’Issongos’’ dans la partie septentrionale de la contrée. 46

Arrivés sur les lieux, une guerre farouche interethnique opposera les BAGANDOUS à l’ethnie sédentaire, les MBÂTIS « Issongos ». Les Bagandous, guerriers par tradition, sortiront vainqueurs et imposeront leur diktat par la fondation du Village BAGANDOU à la rive droite de la rivière Lobaye, par là où ils étaient venus du Congo natal, afin de conserver pour la postérité leur point de départ en guise de repère3. Puis, survient, la colonisation française en Afrique en général et en Afrique Équatoriale en particulier qui, en 1908, sera divisée en quatre (4) Colonies : le Moyen – Congo, le Gabon, l’Oubangui – Chari et le Tchad. Au moment du partage colonial de l’Afrique-Équatoriale Française, dans un premier temps, vers le milieu du siècle dernier (XXe siècle), le village BAGANDOU, se trouvait dans le territoire du Département de la Likouala au Congo – Brazzaville actuel, qui s’étendait de Loukoléla au bord du fleuve Congo dans le Département de la Cuvette jusqu’en Centrafrique (ex-Oubangui – Chari) ; M’Baïki étant son Chef-lieu. Dans un deuxième temps, c’est à partir de la loi– cadre du 23 juin 1956 de Gaston DEFFERRE4, qui amorcera la dislocation de ces groupements cohérents et forts aux dépens des Colonies qui allaient aborder l’indépendance dans la division. Du coup, un nouveau découpage administratif avait eu lieu en Afrique-Équatoriale 3

La rive gauche de la rivière Lobaye c’est le fief des M’Bâtis (Issongos) avec les ethnies qui leur sont apparentées, telles que : les BOUAKAS, les BOULEMBAS et les GBAKAS. Du point de vue linguistique, ces ethnies se comprennent toutes entre elles, puisqu’appartenant à la même culture Oubanguienne. Tandis, que les Bagandous, appartenant à la culture Bangala, du Congo, sont seuls à être isolés là-bas. 4 DEFFERRE Gaston : né en 1910 à Marseille (France), mort en 1986. Homme politique français, Maire socialiste de Marseille (1944-1945 ; 1953-1986) , il fut ministre de la France d’Outre-mer (1956-1957) et ministre de l’Intérieur et de la décentralisation (1981-1984).

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Française (A.E.F) en général, et au Moyen – Congo, en particulier, dans sa partie Nord et Sud–Ouest. Le village Bagandou, situé au nord de la Région de la Likouala, qui dépendait administrativement d’elle, dans les frontières du Moyen-Congo, cette fois là, s’est retrouvé à tort à l’intérieur des frontières du territoire de l’Oubangui-Chari, l’actuelle République Centrafricaine. De même, dans sa partie Sud–Ouest, le Moyen – Congo, va perdre la région de Franceville qui sera rattaché désormais au territoire du Gabon, et ainsi de suite. Toutefois, il nous semble plausible que dans le cadre de la démocratie en gestation en Afrique francophone5, ces arrangements de la Métropole française avaient trouvé des échos favorables auprès des nouveaux dirigeants politiques congolais et africains, de l’époque, à l’aube des indépendances. Pendant ce temps depuis le 19e siècle en Europe, la révolution industrielle, avait créé un besoin croissant en matières premières, lesquelles sont produites essentiellement par les Colonies. En Afrique-Équatoriale Française, les Colonies sont spécialisées dans la mono – culture de toute sorte de spéculations. C’est ainsi qu’en Oubangui – Chari, dans sa zone forestière au sud du pays, la culture d’hévéa en vue de la production du caoutchouc lui a été imposée. Ce caoutchouc était destiné à approvisionner l’industrie d’automobile naissante en Métropole (France). Dans le même ordre d’idée coloniale, l’obligation était faite aux habitants des différents Villages de procéder systématiquement aux ouvertures des pistes qui devaient 5

Réseau d’organisation politique, regroupant les nouveaux chefs néocolonisés africains et leurs patrons métropolitains, notamment dans les réseaux FRANCE-AFRIQUE.

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traverser les forêts denses en longueur en vue de l’installation des poteaux en bois ou encore fixés sur les troncs d’arbres, dotés des fils télégraphiques ou téléphoniques (SINGA) entre différentes localités qui abriteront plus tard, les postes militaires et administratifs. L’ouvrage s’effectuait en ‘’travaux forcés’’ par les indigènes. Quelques tribus Bagandou au sein de leur Village, créé dans un environnement social qui leur est étranger et hostile, désobéirent à la règlementation de ces ‘’travaux forcés’’ et tentèrent en cachette un retour au bercail6. Cette tentative ne réussira que partiellement, puisque la milice coloniale, formée à cet effet, et instrumentalisée par son Maître (le Colon), veillait sévèrement sur ses intérêts en faisant obstacle à toute évasion des colonisés qui constituaient à leurs yeux, une main – d’œuvre gratuite. Après le retour en terre congolaise, de quelques familles Bagandous, ceux et celles qui ont été empêchés d’y être, en dépit du bon sens de leur propre volonté, ont été contraints à demeurer à jamais à l’intérieur des frontières actuelles de la République centrafricaine. Cette résignation coloniale forcée aura droit de cité sur la plupart des ethnies africaines dont les Dirigeants des nouveaux États indépendants du Continent, manipulés pour certains, par l’Europe occidentale, réunis le 25 mai 1963 à ADDIS – ABEBA en Éthiopie, lors de la création de l’Organisation de l’Unité Africaine (O.U.A), transformée à l’an 2002 en Union Africaine (U.A), à l’image de l’Union européenne, ont conservé les frontières arbitraires et artificielles héritées de la colonisation européenne. 6

Le bercail, entendu ici, le territoire du Congo-Brazzaville actuel ; là où les Bagandous sont originaires et comptent beaucoup des parents Bangalas, notamment, les Bâ -djakas ou Bôdjangas (amis et frères).

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Aujourd’hui, plus de cinquante ans se sont écoulés, chemin faisant, cette décision prise à l’époque par certains pères des indépendances africaines n’a cessé de contraster avec les réalités sociologiques des peuples africains. Les dirigeants panafricanistes, progressistes, tels que KWAME KRUMAH, SEKOU TOURE et autres, soutenaient le projet des États – Unis d’Afrique, plus réaliste et conforme à l’histoire sociale contemporaine africaine qui nous interpelle aussi, à mieux connaître les habitants de nos contrées pour mieux les administrer. La question de la nationalité est très sensible en Afrique. Cette question est instrumentalisée à des fins politiques et économiques. Elle permet aux uns d’exclure les autres, surtout sur la scène politique, alors qu’elle devait permettre l’intégration des nations africaines. Le concept d’État – Nation est dépassé. L’exemple de l’Europe est convaincant. L’Afrique, constituée d’États en multi – nationalités, doit regarder objectivement son histoire sociale afin de bâtir des Nations intégrées ; car au – delà des frontières, il y a le destin commun des peuples africains. C’est le défi du troisième millénaire qu’il faut relever.

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TITRE I : ÉPOQUE PRÉ- COLONIALE FRANÇAISE ET EUROPÉENNE

CHAPITRE 1 : GÉNÉALOGIE DE L’ETHNIE BAGANDOU :

1. Les Origines des Bagandous Pour bien connaître les origines des Bagandous, il convient de remonter dans les temps immémoriaux, avec les récents travaux de la recherche historique et culturelle en Afrique, qui ont dégagé les fondements des civilisations africaines, à partir de l’ancienne Égypte. À cet effet, le Professeur, Théophile OBENGA, Égyptologue, disciple de l’éminent Professeur, Cheikh ANTA DIOP, Sénégalais, confirme clairement sans ambages que « les origines des Pharaons sont africaines ». Ces deux Savants africains, ont fait de l’Égyptologie, une science vivante, en créant à Dakar, au Sénégal une nouvelle école historique africaine, animée par Cheik ANTA DIOP et ses disciples qui se proposaient de bâtir un corps d’études classiques, en Afrique noire, à partir des antiquités égyptonubiennes. Ainsi, les grands foyers des fondements des civilisations africaines, ont été saisis sur la base desdites antiquités égypto- nubiennes, c’est – à – dire, de la civilisation de l’ancienne Égypte qui fait partie intégrante de l’univers culturel négro – africain.

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Pour Théophile OBENGA : « Les auteurs grecs, DIODORE de Sicile en particulier avait déjà signalé l’unité égypto – nubienne qui existait, ainsi que l’antériorité de la monarchie nubienne. À en croire HÉRODOTE, le père de l’histoire des Pharaons et leurs sujets, responsables de la civilisation égyptienne, avaient la peau noire et crépus les cheveux (EUTERPE, 104). Ils étaient donc des Noirs africains, puisque l’Égypte se trouve en Afrique »1.

Le Professeur OBENGA estime que la nature des liens qui unissent la Vallée du Nil égypto – nubienne et le reste de l’Afrique noire traditionnelle est d’ordre intrinsèque. La haute magie pharaonique s’est perpétuée en Afrique noire profonde sous forme de fétichisme. En outre, le Professeur Théophile OBENGA réitère : « la civilisation nubienne et la civilisation pharaonique constituaient, dès le départ, un même ensemble culturel. L’antériorité de la royauté nubienne par rapport à celle de l’Égypte, vient d’être établie par l’archéologie préhistorique, par l’Égyptologie et par la linguistique générale aux techniques requises par la collecte et le dépouillement des traditions orales ». Ces traditions orales, rapportées dans toutes les générations Bagandous, soulignent que ce peuple Bangala, du monde BANTOU, est parti du Nil en NUBIE, ancienne appellation du sud Soudan actuel. Le mouvement migratoire l’a amené vers la région actuelle de YOKADOUMA au Cameroun pour enfin atteindre le Département actuel de la Sangha, dans le District de Mokéko au nord-ouest du Congo-Brazzaville où il va se fixer ‘’définitivement’’, et qui deviendra désormais, son territoire d’origine ancestrale. C’est le ‘’premier foyer’’ de l’ethnie Bagandou en Afrique équatoriale.

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Texte de Théophile OBENGA, déjà cité en amont.

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La tradition orale, à condition de ne pas la séparer de son contexte, doit être interprétée en fonction de l’environnement dans lequel elle est transmise, et peut aider à découvrir les réponses à toutes ces questions. À partir de la similitude linguistique, de la sociologie autour des mêmes noms de famille et de la culture à travers les contes, qui ont donné des parentés avec d’autres peuples du monde BANTOU, il est admis d’affirmer avec certitude que les Bagandous sont originaires de la contrée géographiquement indiquée ci-dessus. Plus tard, les migrations de ces derniers à l’occasion de longs parcours ont été des cas circonstanciels, sur la base des valeurs morales de combativité qui caractérisent ce peuple. Nos multiples enquêtes sur les différents sites énoncés plus haut, nous ont permis de découvrir les traces d’une civilisation primitive qui s’était épanouie, notamment, par la connaissance de l’usage des forges traditionnelles pour la fabrication des outils en fer qui perdurent jusqu’à nos jours. Peuple guerrier, l’usage du fer, leur permettait de fabriquer des sagaies et des couteaux (Mossèlè) pour les combats inter – ethniques ainsi que des outils aratoires pour les travaux champêtres. Les habitants se nourrissaient essentiellement de la viande de chasse (gibier) et de la banane plantain. Ce modèle de consommation est encore vivace au sein des tribus Bagandous. C’est la réponse en quelques lignes à la question de savoir, ‘’d’où viennent les Bagandous ? C’est la ‘’racine’’ du palétuvier des forêts équatoriales2, selon l’adage 2

À ne pas confondre avec l’arbre caractéristique des mangroves qui pousse au bord des rivages des mers et des océans aux racines aériennes très développées et dont le fruit (mangle), en forme de fléchette, se fiche fortement dans la vase lors de sa chute.

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Bagandou ‘’Mokobo na tina’’, (toute affaire a un fond ‘’racine’’) ; c’est le point de départ des origines de l’ethnie Bagandou.

Cheikh Anta DIOP (1923 – 1986), « Homme Universel », « Contemporain Capital », « Le Géant du Savoir », « Le Dernier Pharaon »… titrent les journaux sénégalais au lendemain de sa mort, le 7 février 1986

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2. La Sangha : Terroir ancestral des Bagandous À la suite de la découverte du nouveau territoire, les Bagandous s’organisèrent pour y demeurer très longtemps. Les récits et témoignages recueillis auprès des anciens et sages de la tribu Bônguili restés sur place, pendant plusieurs générations et rapportés par la tradition orale, révélaient au cours de nos enquêtes que l’organisation sociale était parfaite. Les chefferies qui se succédaient les unes aux autres s’affirmaient dans la conduite des affaires de la communauté villageoise. La zone forestière réservée à la chasse traditionnelle qui se pratiquait avec différentes techniques, était délimitée à partir de la localité actuelle de Liouesso (District de Mokéko) jusqu’à la rivière la Mambili et du District actuel de Pikounda au bord du fleuve Sangha. Toutefois, il sied de rappeler ici, au sujet des Bônguilis, ce qui a été déjà dit en Introduction, que ‘’les différentes tribus Bagandous restées sur place dans le territoire traditionnel de leurs ancêtres, après la débâcle qu’elles avaient connue, plus tard, s’étaient rassemblées au fil des années dans une grande tribu majoritaire ‘’les Bônguilis’’ que l’on rencontre dans les Districts de Mokéko et de Pikounda, dans le Département de la Sangha, jusqu’au District d’Epéna Nord à MIGANGA, dans le Département de la Likouala, au Congo – Brazzaville. Depuis lors, la tribu Bônguili de l’ethnie Bagandou a pris la forme d’une ethnie à part entière, alors qu’au fond, malgré sa densité démographique, elle demeure culturellement et linguistiquement, une des tribus composantes de l’ethnie Bagandou.

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3. La légende du litige de la séparation L’histoire se déroule vers la fin du 17e siècle ou au début du 18e siècle, bien avant la colonisation européenne en Afrique Équatoriale, une sorte de ‘’terra incongnita’’. Comme indiqué dans la partie introductive de la présente étude, la tradition orale nous édifie que, c’est à la suite de la prise d’une antilope rouge Bongo, capturée au cours d’une partie de la chasse traditionnelle aux filets, que naquit la discorde lors du partage du gibier entre les différents membres de la communauté villageoise Bagandou. Peuple forestier, le modèle de consommation des Bagandous est basé essentiellement, jusqu’à nos jours, sur la viande d’animaux sauvages ; cet héritage culturel, démontre à suffisance que ce récit de la tradition orale s’avère être authentique, puisque dans la nourriture de la société Bagandou, l’antilope rouge ‘’mbéba ou bongo’’ y tient une grande place. Les dissensions du partage de la viande de l’antilope provoquèrent des violentes querelles parmi les chasseurs, composés de l’ensemble des hommes valides du village. Les uns se disputèrent la tête de l’animal, tandis que les autres, les pattes avants et arrières de la bête, ainsi que le reste du gibier. Habitants de la grande forêt équatoriale, se nourrissant de la chair d’animaux sauvages, les Bagandous sont d’une attitude impulsive, ce qui déclenchera une bagarre sanglante au sein de la communauté ethnique. Cette attitude belliqueuse sera à la base de la séparation de la grande famille Bagandou et l’histoire retiendra pour la postérité que l’animal appelé antilope rouge ‘’mbéba ou Bongo’’ est le symbole de la renommée discorde ethnique Bagandou. 58

4. Le conflit originel de la séparation ethnique Cette situation explosive décrite succinctement ci – dessus, avait conduit au déclenchement d’une guerre fratricide qui avait abouti à un conflit qualifié, d’’’originel’’ quant à la séparation ethnique Bagandou. La structure sociologique de l’ethnie Bagandou, composée de plusieurs tribus, condamnées depuis la ‘’nuit des temps’’, à vivre ensemble à l’intérieur de leur territoire ancestral, va se trouver subitement, pour la première fois disloquée. La cohabitation conviviale qui régnait jadis, au sein de ce peuple, sera ébranlée par des différents courants idéologiques d’essence animiste et sorcière. Certains auraient imputé cette triste séparation à un mauvais sort (Ndoki) jeté sur l’unité séculaire des Bagandous. Cette croyance est généralement admise parmi tous les Bantous, aucun fait malheureux, la mort, la maladie, la famine ou un accident de chasse ne peut avoir une cause simplement naturelle. Tout évènement de ce genre est l’œuvre d’un ou des ndokis ou sorciers. Cette croyance aux ndokis est incontestablement une des pires calamités de la vie des Africains en général ; elle les maintient dans une terreur perpétuelle. D’une part, crainte de l’action des ndokis et, d’autre part, danger non moins grand d’être soi – même accusé d’être ndoki ou sorcier. Car lorsqu’un malheur survient, la victime ou ses parents, s’il s’agit d’un décès, va trouver le féticheur spécialisé dans la dénonciation des ndokis. Celui-ci, après consultation de ses fétiches, dénonce un ou plusieurs coupables. Les accusés n’ont d’autre ressource, pour prouver leur innocence, que de se soumettre à l’épreuve du poison. Ce poison, préparé avec une écorce d’arbre (m’bondo), est administré par un féticheur spécialisé. Si le prétendu Ndoki vomit ou pisse le poison, il est reconnu innocent ; dans le 59

cas contraire, le féticheur ou quelquefois les assistants le mettent à mort. Il semble qu’en réalité, le féticheur s’y connaît parfaitement pour doser le poison de façon à rendre le breuvage mortel ou non. C’est pourquoi, en dépit de ses pratiques fétichistes reconnues et jugées mystérieuses dans la société Bagandou, l’on peut supposer que le féticheur envoie délibérément à la mort des innocents. En général en Afrique, il y a toujours un rapport au surnaturel lorsque les gens ne comprennent pas quelque chose. C’est le diable, c’est l’envoutement, c’est la sorcellerie. La superstition gagne les consciences des gens, malgré l’appartenance pour certains aux croyances religieuses. Plus tard, l’introduction du christianisme allait de pair avec la lutte contre les fétichistes, et des quantités de fétiches furent brûlées. Les féticheurs étaient aussi des guérisseurs et représentaient une puissance de première force à l’intérieur du territoire Bagandou. Aujourd’hui, en pays Bagandou, malgré la présence des religions, telles que, le Christianisme, l’Islam et autres, les pratiques fétichistes demeurent vivaces et en vigueur. À titre d’illustration, dans les Districts de Dongou et d’Enyellé situés dans le Département de la Likouala en République du Congo ainsi qu’en République Centrafricaine, notamment dans la région Sud, la Lobaye (M’Baïki), dès qu’un problème quelconque lié au mauvais sort ndoki, survient dans une famille, celle – ci s’empresse de se rendre auprès des féticheurs voyants Bagandous, réputés pour ce genre de pratiques magiques. Pour revenir à la quintessence de notre sujet, les contradictions externes et internes, comme dirait le politique, étant réunies autour de cette histoire banale d’antilope rouge (‘’m’béba ou Bongo’’), la voie était toute

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ouverte, pour le démembrement de la communauté ethnique Bagandou. Dans ce contexte, tel que font les autres ethnies africaines sous d’autres cieux, les Bagandous d’Afrique Centrale et leurs descendants devraient se concentrer et s’organiser à décréter de commun accord, une journée chaque année, en vue de commémorer à titre rotatif par pays respectif, cet évènement historique qui avait causé la séparation ou le démembrement de leur ethnie. Au cours de la célébration de ces festivités, parmi les repas à présenter aux convives, la viande d’antilope rouge ‘’m’béba ou Bongo’’ sera mise à l’honneur de ces derniers.

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CHAPITRE 2 : DÉMEMBREMENT DE L’ETHNIE BAGANDOU

1. L’éclatement et la dispersion des différents groupes tribaux À la suite de cette histoire absurde et banale du partage de la viande de l’antilope rouge m’béba ou bongo, le démembrement de l’ethnie Bagandou va s’éclater en trois groupes1. Toutefois, leur dispersion ne s’appuya pas sur la lignée tribale pure à cause des liens inter-tribaux de mariage, d’une part ; et de la tribu étendue à la famille élargie intra-tribale, d’autre part. C’est ainsi que dans cette émigration forcée, les liens de consanguinité ont eu la primauté sur des considérations purement tribales. Par ailleurs, des alliances ou des accords de sang ‘’MOUMBALI’’ inter et intra tribus ont eu également droit de cité, ce qui avait permis quelques années plus tard, aux descendants de ces différents liens sociaux, de reconstituer sans trop de difficultés le nombre des tribus 1 Le point de départ de ces trois groupes, se situait jadis, sur le territoire Bagandou qui partait du village Yéngo actuel sur la rivière Mambili en passant par les villages Epoma, Lango, Moyoye, Liouesso et le District de Pikounda dans le Département actuel de la Sangha au Congo Brazzaville. Ces villages précités sont situés au nord-ouest du Congo sur la Route Nationale n° 2 (cf : Carte géographique du Congo-Brazzaville).

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Bagandous qui se déplaçaient les unes des autres et se reconnaissaient dans leur filiation familiale. 1.1. Un premier groupe reste sur place au Terroir Ancestral Ce groupe composé essentiellement de la tribu Bônguili avait pris délibérément la décision de rester sur place au terroir ancestral. Malgré la sagesse de cette décision salutaire pour sauvegarder le socle de l’ethnie Bagandou dans sa globalité, certains sujets de la tribu Bônguili avaient rejoint les partants dans le chemin d’exil. C’est le cas de leurs descendants à MIGANGA dans le District d’Epéna Nord, Département de la Likouala, au Congo – Brazzaville. Ceux-ci ont érigé et élus domicile dans cette localité y compris ses alentours, cohabitant en bon voisinage avec les Bomitabas qui seraient venus depuis le 17e siècle de la rive gauche du fleuve Oubangui.2. 1.2. Un deuxième groupe aborde la rivière N’GOKO et émigre à sa rive gauche Ce groupe, une fois constitué, s’engagea dans une aventure qui le conduit dans un territoire, situé au nord de leur terroir ancestral, par où leurs aïeux étaient venus. Après plusieurs jours de marche, dans les profondeurs de la forêt équatoriale, érigeant des campements circonstanciels de chasse pour sa survie, le voilà finalement aux abords de la rivière N’goko, en amont du cours d’eau jusqu’à Moloundou dans la Région actuelle de YOKADOUMA en République du Cameroun. Moloundou est arrosé par la rivière Boumba qui est un affluent de la rivière N’goko. 2

Propos rapportés par l’Inspecteur, historien, Alphonse EBONDO, au cours d’une émission intitulée : ‘’Panorama de la Culture Africaine’’, animée par Alain Michel NZAUTH, Professeur Certifié de Lycée, Journaliste et Directeur, de la Radio Télévision de la Likouala (RTL) à Impfondo, Département de la Likouala au Congo-Brazzaville, le 3 mars 2011, de 20 h à 21 h 15.

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Dans ce nouveau territoire, les Bagandous ne pouvaient prendre possession de ces terres en tant que premiers occupants. Le pays était déjà habité par les Bakouélés et d’autres ethnies qui faisaient prévaloir leur droit de propriétaires fonciers. Après quelques échauffourées inter-ethniques, les Bagandous par leur nature de bons guerriers se sont imposé par la force et s’installèrent finalement dans le pays. Jusqu’à ce jour, de génération en génération, ils y sont et s’appellent les Bagandos, formés des tribus et des clans hétéroclites basés sur leurs origines Bagandous.

1.3. Un troisième groupe traverse le fleuve SANGHA et émigre à sa rive gauche également Après avoir traversé par vague le fleuve Sangha, ce groupe composé de plusieurs tribus de l’ethnie Bagandou, sans le savoir, va commencer à emprunter le chemin de ‘’NON-RETOUR’’ dans l’immensité de la forêt équatoriale, à partir de l’emplacement actuel où a été fondée la ville forestière de Pokola et ses alentours. Affrontant avec bravoure, sa marche dans des forêts inondées et dans des zones humides, ce groupe, lors de son passage, s’accordera à autoriser quelques-uns de ses membres, notamment, ceux de la tribu Bônguili à demeurer à un beau site découvert en cours de route, semble-t-il, en pays ou terre Bôkabounga, nos autres frères et parents. Les Bônguilis résidant au lieu indiqué, vont devoir fonder le village MIGANGA, dans le District d’Epéna Nord, Département de la Likouala au Congo-Brazzaville.

2. Le groupe dénommé : ‘’TERROIR ANCESTRAL’’ En Introduction, ainsi que dans les pages précédentes, il a été souligné que lors du démembrement de l’ethnie Bagandou, quelques tribus, et en majorité les Bônguilis avaient manifesté le vœu de rester sur place au terroir ancestral. Tout ce grand chambardement causé au sein même de la tribu Bônguili avait abouti à une sorte de révolution, divisant ladite tribu en deux fractions : les Bonguilis dits de l’intérieur de la forêt et les Bônguilis dits du fleuve.

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2.1. La tribu Bônguili, dite de l’intérieur de la forêt Référons-nous à la Carte géographique du Congo-Brazzaville. En parcourant la Route Nationale N° 2 qui part de Brazzaville, Ville Capitale, jusqu’à Ouesso, Chef-lieu du Département de la Sangha, après avoir traversé la rivière Mambili, à partir des Villages actuels de Yéngo au bord de la Mambili, à Liouesso, c’est le territoire jadis, répétons–le, des Bagandous, aujourd’hui, peuplé essentiellement de sa tribu Bônguili dans le District de Mokéko, Département de la Sangha. Ce sont les Bônguilis, habitant la terre ferme de la forêt équatoriale, léguée par leurs ancêtres, dénommés « les Bônguilis de l’intérieur » de la forêt, et continuent à exercer les différentes pratiques de chasse, comme à l’accoutumée. Malgré leur densité démographique, les aspects culturels et linguistiques demeurant constants. Je me permets de signaler ici, que c’est dans cette contrée, que j’avais mené des enquêtes en 1992 auprès des populations de ces Villages, en m’adressant directement à eux, en langue Bagandou sans interprète.

2.2. La tribu Bônguili, dite du fleuve Disons que le démembrement de l’ethnie Bagandou avait causé du tort à ce peuple à double niveau : inter – tribu et intra – tribu. C’est dans ce contexte, que la tribu Bônguili connaîtra une division fractionnelle. D’abord, ceux des Bônguilis qui avaient fait défection en suivant le groupe ‘’Sangha’’ lors de sa traversée du fleuve Sangha ; Ensuite, ceux des Bônguilis qui avaient quitté le terroir ancestral, parcourirent la forêt équatoriale à partir des Villages actuels, d’Epoma et Lango jusqu’au fleuve Sangha, en fondant la Ville de Pikounda, devenue District dans le Département de la Sangha en aval de la Ville de Ouesso Chef-lieu du Département. (cf : Carte géographique du 66

Congo – Brazzaville, pour voir le trajet suivi dans l’espace forestier par ces derniers entre les Villages précités à la Nationale 2 qui les sépare jusqu’au fleuve Sangha). Ce sont ces Bônguilis, habitant à Pikounda, au bord de la rive droite du fleuve Sangha, qui ont été dénommés : « les Bônguilis du fleuve » ; parce que, ayant appris à pratiquer les différentes techniques de pêche auprès des autres peuples riverains, tels les Sanghas – Sanghas, contrairement, à la chasse du gibier forestier qui leur est traditionnellement coutumière. Enfin, pour la mémoire collective, le fleuve Sangha tire son appellation de l’ethnie Sangha-Sangha qui habitait jadis, le long dudit fleuve. Il en est de même pour la dénomination du Département actuel de la Sangha. 3. L’émigration des partants : les groupes dénommés : ‘’NGOKO’’ et ‘’SANGHA’’ Rappelons avec la tradition orale, que le point de départ des partants Bagandous était bel et bien situé dans leur terroir ancestral, choisissant un itinéraire quelconque, pour se fixer à un point donné. Dans ces conditions, quand un peuple se déplace, et se fixe quelque part, il amène avec lui sa civilisation et sa culture ; soit, en dominant celles des ‘’autochtones’’, c’est le cas des administrations coloniales Française et Européenne en Afrique ; soit, en cohabitant dans une symbiose avec les ‘’sédentaires’’, de manière complémentaire, mutuellement bénéfique, voire indispensable à leur survie. Ceci en dépit de la méfiance et des échauffourées inter-ethniques qui, généralement apparaissent dans des telles situations.

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3.1. Le groupe ‘’N’GOKO’’ Plus haut, il a été signalé que ce groupe avait atteint la rivière N’GOKO. Finalement, il s’était installé à Bolozo et dans ses alentours à la Commune de Moloundou, Région de Yokadouma au Cameroun, à la frontière Nord – Ouest : Congo/Cameroun, dans le Département actuel de la Sangha. L’itinéraire suivi par ce groupe, était de parcourir les vielles pistes de chasse, jonchées de multiples difficultés : branches d’arbres, reptiles de toutes espèces, maladies, etc. Aux dires de leurs descendants Bagandous à Bolozo et à Moloundou, beaucoup de leurs ancêtres périrent de la malaria et des morsures des serpents en cours de route avant d’atteindre leur destination ; ces récits sont devenus des contes rapportés par leurs parents, pendant plusieurs générations. En arrivant sur le point de fixation, ce groupe de Bagandous s’aperçut de l’occupation du nouveau territoire par d’autres ethnies parmi lesquelles les Bakouélés, qui ne tarderont pas à vouloir les repousser. Malheureusement pour eux, les Bagandous s’étaient imposés par la force, et depuis lors, les différentes communautés vivent en complémentarité dans la future société à Bolozo au Congo – Brazzaville et à Moloundou au Cameroun, sur la base des fameuses frontières arbitraires et artificielles issues de la colonisation française et européenne. 3.2. La longue marche du groupe ‘’SANGHA’’ Le chemin de NON-RETOUR de ce groupe a commencé disais-je, à l’emplacement actuel de la Ville forestière de POKOLA et ses alentours, dans le Département de la Sangha, pour se fixer momentanément, dans les forêts de l’actuel District d’Epéna (Nord) à MIGANGA, Département de la Likouala au Congo – Brazzaville. 68

Après un long trajet de plusieurs jours dans les forêts vierges avec toutes sortes de difficultés que l’on peut imaginer, les voilà enfin arrivés vers la fin du 18e siècle aux abords de la rivière qui s’appellera plus tard, la Likouala aux herbes, parce que remplies de roseaux. En ces lieux, c’est la rencontre des Bagandous avec les Yessouas apparentés aux Yambés, une ethnie venue du nord du District actuel de Dongou3dans le Département de la Likouala au CongoBrazzaville. Les Bagandous se comprenant linguistiquement avec les Yambés, il n’y a pas eu d’accrochages entre les deux ethnies, considérant qu’ils étaient des parents. Une fois que quelques-uns des leurs, essentiellement, les Bônguilis, s’étaient implantés et fondés le Village MIGANGA, au bout de quelques mois, les autres tribus Bagandous en quête de nouveaux territoires poursuivirent leur périple à l’extrême Nord de la contrée, dans les profondeurs de la forêt équatoriale. La poursuite de cette émigration effrénée dans les abîmes de la forêt équatoriale les conduira vers l’ancien Village de

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Le nom Dongou, prend sa source à partir d’un personnage du 19e siècle, appelé MOUDONGO, de l’ethnie Moudzombo, grand guerrier de cette époque. À cause de son esprit belliqueux, MOUDONGO avait quitté le village GBETOU (BETOU) chez lui, pour descendre par le fleuve Oubangui et enfin, venir s’installer à l’embouchure de la rivière Motaba et le fleuve Oubangui. – Plus tard, c’est la colonisation française qui occupe l’Afrique équatoriale. Son Administrateur débarque en ces lieux, et trouve MOUDONGO, lequel devait répondre à la question de savoir comment s’appelait son village. Ce malentendu ou confusion, avait fait que MOUDONGO, réponde par son nom MOUDONGO. Du coup, sur le champ, l’Administrateur français écrit que ledit village installé sur la rive droite du fleuve Oubangui, s’appelait DONGO. Avec la déformation linguistique, pendant plusieurs années cette appellation est devenue désormais : DONGOU. (Récit de mon ami d’enfance à Dongou, BEBA François, Administrateur, ancien Chef de District à DONGOU, Impfondo, et Madingou Kayes (Kouilou), à la retraite à Dongou, décédé et inhumé à Dongou. Paix à son âme).

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Bongoye dans le District actuel de Dongou, dans le Département de la Likouala au Congo – Brazzaville. 4. La naissance des appellations : ‘’NGABOS’’ et ‘’BÔ- DJANGAS’’ Arrivés à Bongoye, les Bagandous du groupe Bangala, habitant la grande forêt équatoriale, rencontra pour la première fois, les ethnies riveraines Bangalas du monde BANTOU, dérivées du peuple d’eau ‘’Moungala’’4. En écoutant les conversations des Bagandous qui échangeaient entre eux sur divers sujets, avec un ton généralement familier en disant, ‘’N’GABO-É’’, qui signifie ‘’je dis, n’est-ce pas ! ; Je dis hein ! Ou J’insiste que. Les ethnies riveraines Bangalas en déduirent et conclurent que les nouveaux venus s’appelleraient désormais les N’GABOS alors qu’il s’agissait là, explicitement, d’une expression linguistique : ‘’ÉWÈLÈ’’ (le parlé), c’est-à-dire, une manière de s’exprimer en langue Bagandou, au même titre que les autres ethnies BANTOUS : Kongo, Téké, Bochi, Bomitaba, Enyelle, etc... Du côté des Bagandous, ils comprenaient globalement, le langage des riverains Bangalas, et conclurent à leur tour, que ceux-ci, sont des ‘’BÂ-DJAKAS’’ ou ‘’BÔ-DJAKAS’’. BÂ et BÔ (les) sont des préfixes au pluriel. Alors ‘’BÂDJAKAS’’ ou ‘’BÔ-DJAKAS’’ signifie en langues Bagandou et apparentées, ‘’amis ou frères’’. Et comme dans la tradition coutumière Bagandou, l’amitié peut se 4

Lieu mythique, appelé ‘’Bassin de la Cuvette congolaise’’, situé sur le fleuve Congo, en amont de Brazzaville, capitale du Congo. Ce lieu est jonché de rochers de droite à gauche, avec un passage rétréci en forme d’une cuvette. C’est de là, qu’est née la dénomination du Département de la Cuvette. Plus tard, celui-ci, très vaste, a été séparé en 1995 en deux entités administratives : la Cuvette Centrale, Chef lieu, Owando et la Cuvette de l’Ouest, Chef lieu, Ewo.

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transformer en fraternité, forts de cette considération, les Bagandous ont considéré désormais, toutes les ethnies riveraines Bangalas de la Likouala comme des Amis, voire des Frères : ’BÂ –DJAKAS ou BÔ-DJAKAS ; peuples avec lesquels ils se comprenaient linguistiquement. Aussi, ces appellations « BÂ-DJAKAS ou BÔDJAKAS » ont connu une altération au cours de longues années sous l’appellation de BÔ-DJANGAS. De nos jours, surtout dans le Département de la Likouala, dans les Districts de Dongou, Enyellé et Bétou, notamment à Boyélé, ainsi qu’au Village Bagandou, situé au sud du Centrafrique, dans la Région de la Lobaye, ces appellations ‘’N’GABOS’’ et ‘’BÔ - DJANGAS’’, sont toujours utilisées par les concitoyens Bagandous et le peuple riverain Bangala, pour se désigner les uns les autres, dans une ignorance totale et pardonnable de la connaissance historique et linguistique dont les tenants et les aboutissants liés aux circonstances détaillées de cet évènement perdurent à marquer notre existence. J’ose espérer que ces explications pourront éclairer la lanterne de tout un chacun, en évitant d’utiliser quelque fois, de manière péjorative, de telles dénominations à l’égard des uns et des autres. En dehors, de ces éclaircissements mutuellement bénéfiques et nécessaires entre les deux communautés, le brassage amical et la cohabitation fraternelle entre les tribus Bagandous et les ethnies riveraines ‘’Bôdjangas’’, s’étaient effectués dans un esprit de convivialité totale. Par ailleurs, l’expression linguistique, selon Alain NZAUTH, déjà cité plus haut ‘’ÉWÈLÈ’’ (le parlé), s’apparente à l’expression linguistique MOUNDZOMBO ‘’MA WÉLÉ’’ qui signifie : ‘’je dis que’’. ‘’Chez les MOUNDZOMBO la parole s’exprime par le terme linguistique ‘’WÉ’’, ce qui démontre que les Bagandous ont 71

partagé le même espace géographique avec les Soudanais d’où on parle de la classification « Soudano-Bantou ». En fait, les Moundzombos tirent également leur origine au Soudan du Sud. La coexistence pacifique avec la tribu Bôngoye de l’ethnie ou du groupe Bodji, s’était déroulée dans une parfaite compréhension et le stricte respect des us et coutumes de nos ancêtres. Depuis lors, la liberté totale est donnée aux Bagandous de chasser dans les forêts des Bôngoyes. Pas de paiement d’amendes (N’zambo) en cas d’adultère entre les deux communautés, etc. Au bout de plusieurs années de cohabitation avec les Bôngoyes, un messager de l’ethnie Babinga (Pygmée) aujourd’hui, appelé ‘’peuple autochtone’’, revint d’un long voyage de chasse et allait immédiatement, informer son ‘’Maître’’, qu’il avait découvert une forêt giboyeuse dans la partie septentrionale de la contrée. Aussitôt dit, la nouvelle a été diffusée de bouche à oreille (téléphone arabe) au sein du peuple Bagandou, qui, sans tarder, a alerté tout le monde, pour les préparatifs de son déplacement. L’itinéraire suivi les à amener du Village Bôngoye jusqu’au territoire des M’Bâtis « Issongos ». Tout ce trajet s’était effectué à pieds dans des forêts inondées et les marécages des rivières de la Libénga et de la Lobaye. Au bout de plusieurs jours, le convoi finit par atteindre les lieux indiqués situés à la rive droite de la Lobaye. 5. La guerre inter - ethnique entre les Bagandous et les M’Bâtis (Issongos.) Dès l’arrivée des Bagandous en territoire M’Bâtis (Issongos) et leurs voisins, les Bolémbas et les Bouakas, ceux-ci, ne se comprenant pas linguistiquement avec les arrivants, ils avaient naturellement, aussitôt réalisé qu’ils 72

étaient envahis par un peuple étranger. C’est le déclenchement de la guerre interethnique entre les deux communautés. Les M’Bâtis (Issongos) et leurs alliés d’un côté, et les Bagandous de l’autre. Les Bagandous rompus aux techniques guerrières traditionnelles n’attendaient que de telles occasions pour démonter leur bravoure dans les combats meurtriers. À la fin des hostilités, la victoire, comme il fallait s’y attendre, était du côté des Bagandous, qui finirent par conquérir ce nouveau territoire en fondant le village BAGANDOU, à la rive droite de la rivière Lobaye, par où ils étaient arrivés sur ces présents lieux, en provenance du Congo-Brazzaville actuel. En le faisant ainsi, ils prirent la décision sécuritaire de ne pas traverser la rivière Lobaye sur sa rive gauche, du côté des M’Bâtis (Issongos) leurs ennemis. Ce n’est que plus tard, pendant la colonisation française, que la hache de guerre sera enterrée entre les deux communautés ethniques, à savoir, les M’Bâtis « Issongos », d’un côté, et les Bagandous, de l’autre. L’histoire contemporaine retiendra cet épisode qui les a unis par les armes en les condamnant à vivre ensemble dans un espace commun autour d’une paix définitive et durable. Toutefois, autour d’une calebasse de vin de palme (kangoya ou bolo), appelé Samba au Congo-Brazzaville, dont les deux communautés en sont friandes, ces récits de guerres inter-ethniques qui s’étaient déroulées entre les Bagandous et les M’Bâtis (Issongos), alimentent aujourd’hui et amicalement, les causeries des uns et des autres, afin que les générations futures s’en approprient à jamais. Tout comme au cours des veillées mortuaires, ces récits relatifs à ce passé historique sont également contés pour passer le temps ensemble. 73

Ces habitudes précitées ont traversé les frontières de bouche à oreille (téléphone arabe) pour gagner les Bagandous du Congo-Brazzaville et ceux du Cameroun, sur l’épopée héroïque de leur ethnie. 6. La guerre interethnique entre les Enyellés secourut par les Bagandous contre la communauté ethnique Bodji La cause directe et profonde de cette guerre n’a pas été élucidée ou encore, reste à clarifier auprès des anciens et sages d’Enyellé y compris les Bagandous, ainsi que ceux du groupe Bodji, à savoir, les tribus actuelles des Villages Boussi-Boussi, Bongoye, Bolomo (Boma) et B’Isambi, installés respectivement, dans les Districts de Dongou et d’Enyellé, dans le Département de la Likouala au CongoBrazzaville. Toutefois, il semble que, le conflit était né à partir du partage des étangs poissonneux (KOMBI) de la contrée. La tradition orale est la résultante des récits de mon frère aîné, le défunt MOUNGBÉNGBÉ Gabriel, inhumé à Dongou, récits confirmés entre autres, par des conteurs en pays Bodji, tels que : (les feus) MABOULA, fils du Chef de Terre BÉLÉMÉNI et Chef de village de Bousi-Boussi ; DIKOUNDA, Chef de Village Bongoye, BOBAKE (alias, le Gorille) à Bongoye, MONGAÏ et son frère cadet TÉDZÉKA à Bongoye ; l’ancien et sage (feu) MOISSA à Enyellé et qui demeurait à (N’guèlè dza-m’boka ‘’ce quartier en aval du village d’Enyellé’’). Tout ce beau monde, au cours des entretiens que j’avais eus avec eux de leur vivant, m’ont attesté sur l’honneur, de l’existence historique de la bataille que leurs ancêtres Bodjis, avaient eue avec les Enyellés, qui par la suite, s’étaient fait secourir ‘’Moussoungou’’ par les Bagandous. 74

Et que ces évènements s’étaient bel et bien déroulés avant la colonisation française en Afrique Équatoriale. (Enquêtes que j’ai menées en 1985 à Boussi-Boussi et Bongoye, ainsi qu’en 1993 à Enyellé auprès de mon beaufrère (feu) BOPANDA Paul). Après ces témoignages, pour revenir au propos qui nous occupe, en effet, le combat s’était engagé entre les deux camps ennemis. Le groupe Bodji avait asséné plusieurs coups aux Enyellés ; c’est alors que ces derniers avaient sollicité des secours aux Bagandous, en leur adressant des messagers pour demander leur assistance guerrière. En considération des liens de fraternité envers les ‘’Bôdjangas,’’ les Bagandous qui s’étaient installés fraichement dans leur nouveau Village qui porte leur nom, sur la rive droite de la rivière Lobaye, avaient répondu favorablement, en dépêchant à Enyellé leurs intrépides guerriers, appartenant à toutes leurs tribus confondues. Les guerriers Bagandous arrivaient à Enyellé, munis de tout leur arsenal de combat : sagaies, couteaux ‘’Mossèlès’’, Bouclier ‘’N’gouba’’, sans oublier toutes sortes de fétiches ‘’Ngoula’’, ‘’Djama’’, ‘’Bimbos’’, et totems : panthères (N’goyi), serpent (Mossonkè), tortues de terre (koudnou), oiseau épervier (kokobélé), singe (N’dikoli), etc. Il y en a tellement trop, chez ce peuple à moitié animiste, jusqu’aujourd’hui. Arrivés sur place à Enyellé, disais-je, ils étaient rassemblés tous, sur le site où se trouvent construits les bâtiments actuels du District d’Enyellé au port fluvial principal. C’est à cet instant, qu’un guerrier Bagandou de la tribu Bokoka, proposa aux Enyellés, qu’il doit procéder mystérieusement à l’envoi de l’index de sa main droite pour aller en éclaireur, prospecter le terrain en territoire Bodji, de l’autre côté droit de la rivière Libénga, en aval du village d’Enyellé. 75

Et, il ajouta, si mon index revenait sain et sauf, alors, nous irons combattre ; mais si le contraire se produit, nous n’irons pas au combat. Après une longue attente, l’index du guerrier Bokoka, fini par rejoindre sa place. Le cri de guerre retentit. Les Bagandous n’étant pas des riverains, les Enyellés étaient obligés et tenus de les transporter par plusieurs pirogues aux champs de bataille en pays Bodji. Ayant atteint la rive droite de la Libénga à la tombée de nuit, sur le chemin qui mène à la rencontre des Bodjis, les assaillants Bagandous avaient préféré marcher de pleine nuit pour aller surprendre les ennemis. Une fois, le signal donné, ils se rapprochèrent des lieux d’affrontement, et aussitôt le combat s’engagea avec rage jusqu’au petit matin. Le lendemain, la bataille se termina par une victoire décisive des Enyellés aidés et secourus par les intrépides guerriers Bagandous. Quand le calme revint, les vainqueurs notamment, les Bagandous en premier chef, procédèrent au comptage des captifs, surtout les femmes veuves avec enfants à bas âges, qui étaient partis avec eux jusqu’au Village Bagandou actuel pour être soumises aux différents travaux champêtres et autres. Plus tard, au début et au milieu de la colonisation française, les descendants de ces captifs, parmi leurs enfants qui avaient grandi et vécu dans la culture Bagandou, avaient sollicité de leurs familles d’adoption, l’autorisation de les libérer pour qu’ils rejoignent leurs familles d’origine biologique. Cette autorisation générale leur a été concédée, surtout à ceux qui avaient manifesté ce désir de rejoindre leur bercail, tout en conservant des relations de consanguinité avec les tribus Bagandous, au milieu desquelles, ils avaient évolué. 76

Parmi ceux du groupe Bodji qui avait quitté le village Bagandou pour renter au terroir ancestral, figurait, papa LIBONDON, qui avait habité le Village Lipénga en aval de Bissambi et qui a vécu très longtemps avec ses frères de la tribu Bôdzobi, tels : Madzéngué, Egbouloukoussou, Essopa et Mobénga, à Bodzama et à Bolomo. Dans mon enfance à Bôdzama, je les avais tous connus. Que Dieu ait pitié de leurs âmes !

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TITRE II : ÉPOQUE COLONIALE FRANÇAISE ET EUROPÉENNE

CHAPITRE 1 : L’ETHNIE BAGANDOU SURPRISE COMME LES AUTRES ETHNIES AFRICAINES PAR LA PÉNÉTRATION DE LA COLONISATION FRANÇAISE ET EUROPÉENNE DANS LE CONTINENT D’AFRIQUE NOIRE SUBSAHARIENNE

1. Les colonies au service de la Métropole Vers le quart du XIXe siècle, c’est la colonisation française qui pénétra en Afrique équatoriale. Parmi les trois principales motivations de cette colonisation, rappelées dans l’Introduction du présent livre, « figure la colonisation des marchands destinée à la recherche, à bon compte, des matières premières, pour alimenter les industries et ensuite vendre les produits manufacturés à un nombre croissant de consommateurs »1. Au fur et à mesure que l’Administration coloniale française occupait les territoires et s’installait, elle instaurait immédiatement le régime du « travail forcé » pour la production de diverses matières premières attendues par la Métropole. Lorsque la Métropole traversait une crise, elle regardait tout naturellement vers ses colonies pour voir comment y 1

Joseph Roger de Benoist : Op.cit.

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trouver un remède à ses difficultés. Pendant la 1èreguerre mondiale, la France était coupée d’une partie de ses sources d’importation, situées soit en territoire ennemi, soit chez les alliés ; ces ressources étaient toutes mobilisées pour la guerre. Dans l’espoir de trouver dans ses colonies le surcroît de matières premières dont la Métropole avait besoin, MAGINOT2 convoqua en 1917 une Conférence coloniale. Vingt ans plus tard, c’est la crise économique mondiale, provoquée par la surproduction. Louis Rollin, homme d’État français, initia de décembre 1934 à avril 1935 une ‘’Conférence économique de la France Métropolitaine et d’outre-mer’’ pour ouvrir le marché des colonies aux exportations. Les Bagandous qui avaient jadis affaire à leurs homologues africains noirs, peu inexpérimentés en matière de guerre, cette fois-ci, s’étaient retrouvés pour la première fois, face à des gens blancs de peau, munis des armes à feu, difficiles à maîtriser. Il ne leur restait qu’à bâtir d’autres stratégies pour fuir ou se soumettre à cette domination de tout ordre. 2. Le refus de soumission aux travaux forcés coloniaux : notamment le lancement de la culture d’hévéa (caoutchouc) et la pose des fils en câbles téléphoniques et télégraphiques (SINGA) En instituant le régime du ‘’travail forcé’’ par l’Administration coloniale française en Afrique équatoriale, c’était sans compter avec les coutumes africaines qui méritaient d’être respectées, en dépit de la supériorité militaire, politique et économique des colons.

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André Maginot : Ministre français de la Guerre, de 1922 à 1924 et de 1929 à 1932.

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Les Bagandous, un peuple guerrier traditionnellement imbu de sa personnalité, et qui allait librement dans différentes contrées, n’avait pas accepté cette dépendance au ‘’travail forcé’’ de la culture d’hévéa (caoutchouc) et de la pose des fils en câbles téléphoniques et télégraphiques (SINGA) qui partaient de Liranga en passant par Impfondo jusqu’à M’Baïki pour arriver à Bangui : « Plutôt mourir que se déshonorer »3. Les méfaits du ‘’travail forcé’’ étaient nombreux : le rassemblement dans des camps, de travailleurs jeunes, isolés de leur famille, aboutissait à la démoralisation et à la dénatalité. Ces travaux utilisaient des manœuvres mal payés ou pas du tout rémunérés. Les jeunes de 20 à 21 ans qui n’étaient pas pris pour le service militaire, étaient astreints à une année de service obligatoire du travail, uniquement sur des chantiers d’intérêt public. Pas de retraite pour tous les travailleurs. Pas de limitation de huit heures par exemple, de la durée quotidienne du travail. Pas d’observation du repos hebdomadaire. Pas d’inspection du travail et d’associations professionnelles, etc. À la Deuxième Guerre mondiale, un peu plus tard, en 1943 pendant que la France est occupée par les troupes allemandes depuis 1940, la tenue de la Conférence Africaine Française à Brazzaville, était proposée par René PLEVEN, Commissaire aux Colonies dans le Comité Français de Libération Nationale (CFLN), installé à Alger (Algérie) sous l’autorité du Général de Gaulle, qui l’accepta, pour préparer l’après-guerre en donnant aux colonisés qui ont contribué à la défense de la France une certaine participation à la gestion de leurs affaires et en les intégrant au monde économique de 3

Expression latine : ‘’Potus mori quam foedari’’ qui sert de devise à ceux qui préfèrent l’honneur à la vie. On l’attribue au Cardinal Jacques de Portugal (mort en 1459). Sous une forme un peu différente, elle à été la devise d’Anne de Bretagne et de Ferdinand d’Aragon : ‘’Malo mori quam foedari’’.

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la Métropole comme fournisseurs plus actifs et consommateurs ayant à la fois de nouveaux besoins et les moyens de les satisfaire. Cette Conférence se tint à Brazzaville, du 30 janvier au 8 février 1944, car cette Ville était la Capitale de l’AfriqueÉquatoriale Française, qui s’était ralliée à la France Libre du Général de Gaulle sous l’influence de son Gouverneur Général, Félix EBOUE, d’origine Guyanaise, de race noire. Celui-ci, fut l’un des principaux artisans de ladite Conférence. Il dénonça au cours de cette grande messe coloniale, le mauvais emploi de la main-d’œuvre indigène en parlant du ‘’travail forcé’’, et proposa des solutions qui s’étaient retrouvées dans les conclusions de la Conférence de Brazzaville. Toutefois, il est de bon aloi de convenir avec Joseph Roger de Benoist, Africaniste engagé, déjà cité, que ‘’la Conférence de Brazzaville fut bien un acte colonial’’. Cette affirmation résulte du fait que, le domaine où l’empire colonial français était menacé. Les Japonais occupaient l’Indochine et proclamaient que les Français ne reviendront plus jamais. Au Maghreb, les aspirations nationales s’exprimaient par la voix du Marocain Allal elFassi, de l’Algérien Ferhat Abbas, du Tunisien Habib Bourguiba. Ces revendications étaient encouragées par les deux super-grands. « Plus d’exploitation de l’homme par l’homme », proclamait à cette époque, l’ex-Union des Républiques Soviétiques Socialistes (U.R.S.S.)’’ ; « plus de marchés réservés aux métropoles coloniales », réclamaient les États-Unis d’Amérique du Nord. Et bien entendu, par la suite, les Nations Unies affirmèrent le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Au regard de ce qui précède, des réformes du système colonial français étaient indispensables et nécessaires, face aux aspirations nouvelles des colonisés auxquelles il fallait 84

donner des éléments de réponse, non seulement dans leur propre intérêt, mais aussi à celui de la France. C’est ainsi que, malgré eux, les gouvernants coloniaux français, réunis en février 1944 sur les bords du Congo ouvraient la porte à la décolonisation de leur empire. Aucun des participants de la Conférence de Brazzaville n’aurait imaginé que, contrairement aux affirmations solennelles de ces assises, cette évolution allait conduire ces colonies, en 16 ans, à l’indépendance politique. Les volets économiques et monétaires restaient pour l’intérêt de l’ensemble de la communauté française. Avec la présence de l’Administration coloniale française dans la nouvelle contrée Bagandou, conquise de haute lutte, leur grande préoccupation de l’heure, était de recourir en quelque sorte à la théorie de la dialectique marxiste de classification des contradictions, externes et internes, principales et secondaires. La contradiction principale qui s’imposait à eux, à cette époque, était l’obligation de s’éloigner aux contraintes coloniales du travail forcé. À l’issu de maintes concertations entre les différents Chefs de tribus Bagandous, ils décidèrent à l’unanimité d’abandonner leur nouveau Village, de création récente, pour repartir dans leur terroir ancestral, pensaient-ils que làbas, ils seraient à l’abri de la dictature coloniale française qui était localisée et ne sévissait que dans leur fief. Alors qu’en réalité, c’est un mouvement général en Afrique, et en Afrique noire en particulier. Malheureusement pour eux, ces opérations de fuites ne s’étaient concrétisées que partiellement. La milice coloniale, une organisation paramilitaire, composée essentiellement des citoyens africains, choisis strictement parmi les personnes sans scrupule, demi-instruits, et manipulés par l’Administration coloniale, pour défendre ses intérêts ; cette 85

milice, disons-nous, faisait obstruction systématique à tout départ inopiné d’un colonisé, programmé pour servir de main-d’œuvre gratuite à bon marché. Face à cette situation, oh ! combien difficile, aux dires des témoignages des ressortissants Bagandous, ceux-ci, résolus à partir, s’étaient mis à pratiquer leur fétiche appelé, ‘’EFOMBI’’ (l’invisibilité), qui avait permis le départ massif des hommes, femmes et enfants, du Village Bagandou jusqu’aux abords du fleuve Oubangui, là où est situé le village Boyélé actuel, dans le District de Bétou, Département de la Likouala (Congo-Brazzaville). Plus tard, au Village Bagandou, lorsque les Agents coloniaux s’étaient rendu compte du vide des cases, occasionnés par l’absence de leurs occupants, parmi plusieurs tribus Bagandous, des mesures coloniales draconiennes ont été prises à l’égard des habitants résidents, qui n’avaient pas pu avoir l’opportunité de s’en aller ensemble avec les autres dans ce nouvel épisode et seront désormais assignés en quelque sorte, en résidence surveillée. 3. La résignation forcée à l’intérieur des tracées des frontières coloniales arbitraires et artificielles qu’ils n’avaient pas choisies Les multiples pressions exercées par les milieux coloniaux sur le reste de la population Bagandou qui n’avait pas pu effectuer le voyage, aboutiront au maintien de celleci, par la chicotte des miliciens, servant à infliger des châtiments corporels. Le pouvoir colonial français avait réorganisé ses pratiques de répression, et devenait de plus en plus, féroce à

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l’égard de ceux qu’il appelait, les indigènes4 ou les macaques (singes)5. Le régime du ‘’travail forcé’’ dans toutes les activités productives coloniales, était renforcé par des mesures quasiment inhumaines, telles qu’une partie est décrite plus haut. Le système de surveillance rigoureuse des populations et des travailleurs aux champs de la culture d’hévéa avait été imposé, aux miliciens coloniaux, comme étant des directives fermes de l’administration coloniale. Face à cette nouvelle forme d’esclavagisme introduite par le colonialisme français, que pouvait faire le vaillant peuple Bagandou ? Les récalcitrants s’évadèrent au risque de leur vie avec l’espoir de rejoindre, leurs parents partis bien avant ; tandis que d’autres ont été contraints de subir la dictature coloniale française, en restant involontairement à l’intérieur des frontières qu’ils n’avaient pas choisies, en dépit de leur présence précoloniale sur cette contrée qui leur est étrangère. Par ailleurs, il convient de rappeler que sous la colonisation française, le Décret du 15 janvier 1910, portant création du Gouvernement Général de l’Afrique Équatoriale Française, stipulait que Brazzaville, devenait la Capitale de l’AEF. Centre administratif des quatre (4) Colonies : le Moyen-Congo, le Gabon, l’Oubangui-Chari (le Centrafrique) et le Tchad, géré par un Gouverneur Général. La région de la Lobaye y compris la Likouala, jusqu’à la Ville de Loukoléla avec M’Baïki, comme Chef-lieu, de 1910 à 1946 appartenaient au Territoire du Moyen-Congo.

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Régime administratif qui était appliqué aux indigènes des colonies françaises. Indigènes : personnes nées dans le pays qu’elles habitent, selon la définition du Dictionnaire, le Petit LAROUSSE 5 Singe d’Asie notamment en Inde où il est considéré comme animal sacré. Personne très laide.

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Le Décret du 16 octobre 1946, portant réorganisation administrative de l’A.E.F et tous les actes modificatifs subséquents, disposait la création des ‘’groupements cohérents et forts’’. Dix ans plus tard, en 1956, la loi-cadre de Gaston DEFFERRE, amorcera la dislocation de ces ‘’groupements cohérents et forts’’. En application des dispositions desdits textes précités, la région de la Lobaye était séparée de celle de la Likouala. La première relevait de l’Oubangui-Chari (Centrafrique), et la seconde du Moyen-Congo (Congo-Brazzaville). Dans le contexte de cette époque, c’est toujours le point de vue de la Métropole française qui prévalait au détriment des réalités sociologiques de ces populations. C’est ainsi que, dans les années 1960, ces territoires aborderont l’indépendance dans la division totale. C’est le fameux principe de « diviser pour régner ». Aussi, convient-il de retenir ceci : lorsque nous parlons des tracées des frontières coloniales arbitraires et artificielles, les raisons sont les suivantes : — D’abord, d’octobre 1884 à février 1885, le partage du continent africain s’est effectué autour d’une table, entre les puissances européennes à la Conférence de Berlin en Allemagne. Comme souligné dans l’Avant-propos du présent livre, ce partage de l’Afrique visait essentiellement les intérêts coloniaux et non les réalités sociologiques des populations africaines ; — Ensuite, à coup de Décrets, chaque puissance Européenne, procédait au découpage administratif du territoire acquis, sans tenir compte des affinités culturelles et linguistiques de ces populations.- Enfin, c’est le cas de la colonisation française en Afrique Équatoriale qui, en 88

réorganisant son administration par Décret du 16 octobre 1946, n’avait pas à se préoccuper des populations africaines qui venaient d’autres contrées, tels les Bagandous qui s’étaient retrouvés dans la région de la Lobaye, en Oubangui-Chari (Centrafrique), et même ailleurs, au Cameroun actuel, par la force de l’histoire contemporaine. Quant au travail forcé, le Bureau International du Travail (BIT) intervient à partir des années 1930 pour limiter l’usage de ce régime inhumain. La loi Houphouët-Boigny, du nom du député ivoirien à l’Assemblée nationale Française (qui deviendra Président de la République) l’a aboli définitivement le 11 avril 1946.

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CHAPITRE 2 : LES TENTATIVES DE RETOUR AU BERCAIL : TERROIR ANCESTRAL

1. La fondation du village : MAKOUMOU Il a été mentionné plus haut que les Bagandous fuyant l’oppression coloniale française, engendrée par le ‘’travail forcé’’, s’étaient fixés l’objectif du retour au terroir ancestral, mais ils étaient arrivés à mi-chemin au bord du fleuve Oubangui, après plusieurs jours parcourus dans les marécages de la forêt équatoriale. À leur arrivée sur ce site, ils trouvèrent une habitation familiale appartenant à un certain NIAGUÉNDI1de l’ethnie Moudzombo, de la tribu YÂ-MAMBA dénommée les Moudzombos de la forêt, en opposition aux Moudzombos du fleuve ou d’eau, c’est-à-dire, les forestiers et les riverains2.

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Propos rapportés par S.E Monsieur, Jean Luc MALÉKAT, ancien ministre des Finances et du Budget du Congo-Brazzaville (1991/ 1992). Mr MALÉKAT est de l’ethnie Moudzombo de BÉTOU 2 Notons pour la mémoire collective, que jadis, les YÂ-MAMBA, forestiers, habitaient effectivement l’intérieur de cette contrée, pour échapper semble-t-il aux guerres interethno-tribales qui sévissaient à cette époque ou encore d’autres contingences fortuites.

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NIAGUÉNDI, était un personnage de la fin du 18e siècle, visionnaire et grand mystique dans les pratiques traditionnelles. Seul avec sa famille, ils ne pouvaient faire face aux envahisseurs Bagandous, qui lui intima l’ordre immédiatement de déguerpir des présents lieux. Sans aucune dispute ni résistance, NIAGUÉNDI, arrangea ses bagages, et alla rejoindre ses parents YÂMAMBA vers le village LANZA, situé en amont du fleuve Oubangui, à quelques kilomètres de là où ils se trouvaient. Mais, NIAGUÉNDI, en tant que riverain, écœuré de la brutalité des Bagandous, lui obligeant de quitter cet endroit sans préavis, en quelque sorte, et en grand mystique de son état, avait pris soin, avant de partir, de laisser son totem de crocodile, au port dudit site. Aussitôt, après le départ de NIAGUÉNDI, les Bagandous s’organisèrent et fondèrent leur Village dénommé : MAKOUMOU ; ils désignèrent le notable EKINA de la tribu Bôtondo en qualité de Chef de Village. En conséquence, les Bagandous de cette première vague devenaient du coup, les premiers habitants de ces lieux.

À partir des berges de l’Oubangui, pour accéder a ce village YÂMAMBA qui avait pour chef, le nommé SÈGUÉDÉ, il fallait passer par les pistes agricoles ou encore la rivière ou le ruisseau dénommé LANZA. Un beau jour, un pêcheur nommé MABÉNGA, de l’ethnie Moudzombo, originaire d’IDONGO, actuellement DONGO-RDC, à cause de la mésentente avec les siens, traversa le fleuve Oubangui et créa son campement de pêche à l’embouchure de la rivière Lanza et dudit fleuve. C’est de là, que naîtra plus tard, le village LANZA avec le regroupement de la population YÂ-MAMBA, par la colonisation française, afin de faciliter entre autres, les opérations de recensement général. À ce titre, l’histoire retiendra désormais que MABÉNGA est le fondateur du village LANZA, qui porte le nom de la rivière ou du ruisseau Lanza. Par ailleurs, le village MOKINDA, c’est le regroupement des YÂ-BOTÉ (forestiers de l’intérieur et les BÂ-YI-MOKINDA (riverains).

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Mais malheureusement pour eux, c’est sans compter avec la colère et la ruse de NIAGUÉNDI et son totem de crocodile. Forestiers de leur état d’être, les Bagandous ont pour totem la panthère et non le crocodile qui vit dans l’eau. C’est ainsi, qu’à chaque fois qu’une personne (homme, femme et enfant), habitant de MAKOUMOU, allait au port du Village pour effectuer une activité quelconque : bain, lessive, vaisselle, etc., était menacée par le totem crocodile de NIAGUÉNDI jusqu’à ce qu’il y a eu des morts. Malgré ce danger permanent, de la présence du crocodile au port fluvial de MAKOUMOU, les Bagandous ont résisté à vivre dans cette localité, jusqu’à ce que le ‘’travail forcé’’ de la pose des fils en câbles téléphoniques et télégraphiques (SINGA), les rattrape. À la fin de ces travaux, le Chef de Village EKINA, tomba malade. Le Conseil des Sages du Village se réunit et décida de le transporter par pirogue à Lanza, en pays Moudzombo YÂ-MAMBA, ‘’l’ironie du sort’’, pour lui faire subir des soins traditionnels de santé chez un féticheur Moudzombo. En cours de route, entre Makoumou et Lanza, sur le fleuve Oubangui, une pluie torrentielle, accompagnée d’énormes vagues s’était abattue dans la zone, faisant chavirer la pirogue, et le Chef de Village EKINA, trouva la mort, noyé, laissant trois enfants : deux garçons et une fille nommés : MOUANIA décédé à Bôyélé ; GOUMBOU (garçons), décédé à GBÉTA (DZAMBÉ) et M’BONTON (fille), décédée à Bôyélé, laquelle avait épousé GBALA, récolteur des régimes de noix de palmiers à huile dans la palmeraie de Monsieur Louis GITION dit, MAYONGA à BOLOMO. Après les obsèques du Chef EKINA, son frère cadet nommé GBASSI, lui succéda à la tête du Village MAKOUMOU, sur décision unanime des notables et du collectif villageois. Pendant ce temps, le fameux totem de crocodile de NIAGUÉNDI continuait à sévir au port de 93

MAKOUMOU. Aucun habitant du village n’allait au fleuve pour accomplir ses activités, sauf les téméraires. Face à cette insécurité qui perdurait, le nouveau Chef du Village GBASSI, convoqua la tenue d’un Conseil du Village, en vue de trouver une solution définitive à ce problème, tendant à protéger la population du crocodile. Dans son propos, le Chef GBASSI rappelait à ses concitoyens, que le fleuve Oubangui était très grand et vaste pour un peuple forestier, ne sachant nager, tel que le nôtre. En plus de cela, avec la présence du totem crocodile de NIAGUÉDI, c’est aller droit à l’extermination de tout le monde, puisqu’il y a eu déjà des morts. En conséquence, le Conseil du Village Makoumou, concluait et décidait de l’envoi d’une mission, composée des pygmées (babingas), peuple autochtone, chargée de trouver un autre site au bord de la rivière Libénga, pour fonder un nouveau Village. À l’issu de cette mission prospective, les nouvelles étaient bonnes et favorables au déménagement de la population Bagandou de Makoumou, pour parcourir moins de dix kilomètres jusqu’au site localisé par les missionnaires expérimentés de la forêt. C’est de là que découle la fondation du Village Bôdzama. 2. La fondation du Village : Bô-dzama Arrivés sur le joli site indiqué, ils s’installèrent immédiatement et implantèrent l’arbuste ‘’EKOUMOU’’ (arbre symbolique, rassemblant tous les fétiches du Village). Les notables des différentes tribus, regroupés autour du Chef GBASSI, décidèrent à l’unanimité de nommer ce Village : Bô-dzama (ce qui signifie, le Village des guerriers). Bô (les), Dzama ou Djama (nom d’un fétiche de guerre chez les Bagandous). Les personnes qui possèdent un fétiche de guerre appelé Dzama ou Djama, leur permettait au cours des 94

affrontements de se métamorphoser ou encore de se dédoubler mystérieusement ou plutôt mystiquement. Après la dénomination du Village, ils procédèrent à la délimitation en creusant des tranchées continues et des fossés sur son périmètre, permettant de sécuriser les guerriers ainsi que toute la population lors d’un combat. Tout autour du Village, ces tranchées et fossés ne possédaient qu’une seule et unique porte d’entrée et de sortie. De nos jours, dans le Village Bô-dzama, ces ouvrages qui témoignent du passé laborieux et glorieux des Bangandous, existent et sont visibles à l’œil nu, et constituent un patrimoine précieux, légué par nos aïeux à la génération future, et font partie du Musée patrimonial de ce Village. Rappelons qu’au cours des premières années du 20e siècle, le Village Bô-dzama et ses habitants avaient vécu sous le régime de l’Administration coloniale française. Les hommes produisaient le copal avec l’assistance de la population pygmée (babingas), peuple autochtone, et s’acquittaient obligatoirement d’un impôt de capitation3. Les femmes quant à elles, rivalisaient dans les palmistes, en cassant à longueur des journées, des noix de palmiers à huile, afin de récupérer les amandes qui seront vendues par sacs à un concessionnaire français, Louis GITTON, alias ‘’MAYONGA’’, Ingénieur Agronome, installé à Bolomo, en exploitant une palmeraie, ainsi qu’une usine d’huile de palme et une savonnerie. Pour leur subsistance, ils s’adonnaient aux travaux champêtres, à la chasse et à la pêche. Ces activités étaient 3

Historiquement en France, il s’agissait d’un impôt prélevé par tête sur chaque individu mâle, de 1695 à la Révolution française de 1789 qui l’avait ressuscité et réinstauré dans le fonctionnement des colonies parallèlement au régime du travail forcé.

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florissantes. Dans toutes les familles, il y avait toujours de la nourriture. En réalité, il faisait bon vivre à Bô-dzama. Plus tard, dans les années 1950, les enfants commençaient à fréquenter l’École Primaire, qui s’était installée à Bolomo. C’est dans ce climat d’allégresse que le Chef du Village GBASSI sera emporté par la mort, après une courte maladie. Ce décès a été un coup dur pour toute la population de Bôdzama ainsi que les Villages environnants, aux dires de ma défunte maman MOUNGO. Du point de vue de l’Administration coloniale française, Bô-dzama y compris tous les autres Villages installés sur les trois axes fluviaux, la Motaba, la Libénga et l’Oubangui, étaient gérés administrativement, par le District de Dongou. Après les obsèques du Chef de Village Bô-dzama, GBASSI4de la tribu Botondo, son neveu, nommé MOVANIA, fils aîné du grand frère à GBASSI qui s’appelait EKINA, jadis Chef de Village MAKOUMOU, s’était autoproclamé digne dépositaire et initié traditionnel de son oncle paternel GBASSI et aspirait à continuer la Chefferie de Bôdzama, en lieu et place de ce dernier décédé. Mais MOVANIA était totalement analphabète. Lorsque l’information du décès du Chef GBASSI de Bô-dzama a été signalée à l’administration du District de Dongou, celle-ci, par la voix de son Chef de District un Administrateur français blanc, recommandait à ses Agents administratifs, d’aller sur place à Bôdzama, choisir quelqu’un qui parlait ou qui comprenait un peu la langue française de Molière de ‘’moi y a dit’’ pour succéder au Chef GBASSI, parce que disait-il, l’évolution de l’Afrique était amorcée. 4

Avec son épouse ODZEYA, ils avaient eu deux enfants : FOMBA (garçon) et KAYA Marie (plus tard épouse de GBEYI Richard, frère cadet de EKONZOLO à Boyélé)

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Fort de ces recommandations, l’interprète de l’époque au District de Dongou, le notable DZABATOU originaire d’Enyellé et ses collaborateurs, vont devoir choisir BOMBON, de la tribu Bakongonlon, pour assumer désormais les responsabilités de Chef du Village Bô-dzama5. Cette nomination causera la frustration de MOVANIA qui quittera en colère le Village Bô-dzama, dont son oncle paternel GBASSI était pourtant le fondateur, pour aller créer son campement sur la rive droite de l’Oubangui, à la sortie de MOUNOKOBOLI, l’embouchure de la rivière Libénga et le fleuve Oubangui, en aval de cet endroit. Depuis lors, ce dernier ne revenait à Bô-dzama que pour le recensement général ou à d’autres occasions officielles qui nécessitaient la présence de tous les villageois. Par ailleurs, il se rendait aussi dans son village Bô-dzama, pour se ravitailler en vivres : manioc, bananes, etc. auprès de sa famille. BOMBON a été intronisé officiellement Chef du Village Bô-dzama par le Chef du District de Dongou. Les tenues de cérémonies officielles de couleurs blanche et kaki, y compris la médaille de Chef de Village, frappée du drapeau français, bleue, blanc rouge, à accrocher à sa poitrine, lui ont été remises. Mon oncle paternel EGBOULOUKOUSSOU, homme influent, le secondait en qualité de Capita (Surveillance général) du Village. Leurs maisons se dressaient l’une en face de l’autre, dès qu’on affranchissait les deux embarcadères de la localité.

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Le choix de BOMBON par DZABATOU originaire d’Enyellé, a été effectué sur la base de la complaisance, puisque l’aîné de BOMBON, nommé GOTONGO, avec sa famille, vivaient depuis plusieurs années à Enyellé, et c’est là-bas aussi que le Chef BOMBON s’était retiré après la dispersion du village Bôdzama jusqu’à sa mort et enterré à Enyellé

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En voici la liste des noms des Chefs des Villages installés sur l’axe de la rivière Libénga6entre 1940 et 50 : — Village WALIYA

BERANDZOKO :

Chef

de

Village :

— Village MIMPOUTOU : Chef N’GONGO (père de N’Gongo Alphonse)

de

Village :

— Village MIMDZOUKOU : DJOUMBATA

de

Village :

Chef

— Village MIMBELLY : Chef de Village : BOPBÉNSSA et DÉMBO (père de Kélikéli Adrien) — Village ENYELLE : Chef de Village et de Terre : YÉNSSAHOU (père de BOUDO NESA Alphonse) — Village LIPENGA : Chef de Village : N’KOYO — Village BÔDZAMA : Chef de Village : BOMBON (Alias Moloufa)7. — Village BOLOMO : Chef de Village : BAYÉMÉLÉ (du village Boma à l’intérieur de la forêt). — Village GBÉNGO

N’GOMBAGOYE :

Chef

de

Village :

— Village ZITOYE : Chef de Village : EGONDON (père de Debagoyi, père de Mayélé). À l’issu de cette réorganisation administrative du Village Bô-dzama, ses habitants avaient vécu dans une entente et compréhension mutuelles. Avec leurs voisins immédiats des villages Lipénga, Bolomo, NGombagoye et Zitoye, ils vivaient en parfaite convivialité. 6

Rapporté par mon frère aîné François BODZOKA, domicilié et décédé à Dongou (Département de la Likouala) au Congo Brazzaville. 7 Moloufa : Surnom qui lui a été attribué par la population de Bôdzama, parce qu’il a été un grand fumeur de tabac à la pipe, qu’il tapait dessus avec force pour empiler le tabac, et le bruit de sa main résonnait partout.

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Dans ces Villages précités, voici ce qu’écrit, Marius BAKO8, au sujet de nos traditions en général : En cas d’un décès, ‘’tous ces Villages proches se retrouvaient autour du corps jusqu’aux obsèques ; de coutume avant leur retour, une assemblée se tenait, au cours de laquelle l’on posait la question à la famille du disparu, pour savoir si elle entendait organiser une dernière veillée dans le futur. Si oui, un calendrier indigène était établi à l’aide des petits morceaux de bois, tels que les bâtonnets troués et reliés par une corde. L’information atteignait tous les Villages quant aux préparatifs conclus, sur l’histoire (évènement) attendue. Le jour de la dernière veillée, les délégations venaient avec quelques vivres et boissons. Ces retrouvailles étaient heureuses dans ce sens qu’elles facilitaient certains débuts de mariage ou remettaient aussi en état les alliances entre les individus et les familles’’. C’est dans cette ambiance, du respect strict, de nos coutumes, traditions et cultures d’origines, que le Village Bô-dzama, vivait également en symbiose avec les habitants d’Enyellé, Mimbelly, Mindzoukou, Mimpoutou, avec lesquels, une seconde vague des Bagandous s’était installée et fixée, laquelle avait des liens tribaux de parenté. Ces liens ont été tissés dans les brassages et les alliances de famille dans un passé révolu et accompli. Les mêmes tribus de l’ethnie Bagandou se retrouvent entremêlées de générations, jusqu’aujourd’hui, dans ces différents Villages. Par exemple, on y rencontre les descendants des Bôgbokous, Bô-dzobis, Bô-tondos, Bâ-kongonlons, etc., et j’en passe. 8

) Marius M’BAKO : (Décédé en décembre 2020 à Pointe – Noire et inhumé dans la même localité). Ancien chef de Village de N’Gombagoye et ancien Délégué du Budget au Conseil Départemental de la Likouala (Impfondo). Article paru en page 2 dans le journal : ‘’LE DEFI AFRICAIN’’ n° 275 du 29 juillet 2008, intitulé : ‘’le Diable, le Perdu et les Traditions’’.

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Malheureusement, plus tard, à partir des années 1960 de notre indépendance politique, celle-ci a bafoué tout cet héritage ancestral. En effet, poursuit Marius M’BAKO, « la politique qui se caractérise par la ruse, l’hypocrisie, la médisance, la tricherie, la haine, le mensonge et le vol, ne s’accorde jamais avec nos coutumes et certaines alliances (SANGOLA, MOUMBALI et NGOUMBA). L’homme actuel rempli d’orgueil brille par des cultures d’emprunt ; dépassé par des intérêts égoïstes, ignore en retour ses origines et pire encore ses familles de sang ou conventionnelles ». ‘’En vertu d’une certaine confiance acquise par sa position dans la hiérarchie administrative ou politique, en profite pour nuire aux autres, capables de vendre aux plus bas prix ses frères, sœurs, enfants, et bafouer de suite sa culture d’origine9’’. Après ce survol, sur les aspects de nos valeurs culturelles, celles qui présidaient l’existence de nos parents dans l’axe de la rivière Libénga, le Village Bô-dzama, évoluait dans une sorte de conglomérat d’intérêts, rassemblant tous les Libénguois et toutes les Libénguoises10, dans une même matrice, jusqu’au jour où soudainement la catastrophe arriva. En effet, au bout de plusieurs années d’absence, et lors d’une journée ensoleillée de 1954, MOVANIA, revient à Bô-dzama. Très fâché et devant tout le monde, il prononça quelques incantations et obtient la sortie mystique de son totem ‘’SONGA’’ (le gros rat) qui selon les initiés mystiques, est le garant du Village Bô-dzama, légué par son oncle paternel GBASSI, l’ancien chef de village décédé.

9

Marius M’BAKO : déjà cité. Si j’ose m’exprimer ainsi : un Libénguois, une Libénguoise

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L’animal rongeur, se mettait à sautiller de tous côtés dans les ruelles (Mossongons) du Village. C’est du jamais vu dans notre Village, disent les uns ; c’est un mauvais présage ou encore un mauvais sort, ajoutent les autres. Ce geste de MOVANIA, dans la tradition Bagandou est porteur de malédiction et c’est ce qui se réalisa par la suite dans la dispersion du Village Bô-dzama. Cependant, ce geste est la cause qui a été à l’origine de la séparation du Village Bôdzama avec ses habitants, celle que l’histoire retiendra pour la postérité. Cette malédiction était la résultante de la jalousie, la sorcellerie liée à la conquête du pouvoir de Chefferie pour l’héritier déchu. 3. La création du Village BOYÉLÉ 3.1. L’exposé des faits Historiquement, la création du Village Boyélé actuel, s’est effectuée en deux phases, à savoir, la fondation du Village Boyélé, d’une part ; et le regroupement du Village Boyélé avec les Villages environnants, pour en faire une Cité Urbaine, d’autre part. Toutefois, que les récits qui seront évoqués par la suite ne fâchent et ne choquent personne. Car dans cet univers de mondialisation qui conduit à la globalisation, ce n’est pas une honte ni un pire péché en soi, de reconnaître ses origines. C’est une question d’honnêteté intellectuelle et de bons sens. Un Indien (Inka) de la forêt de l’Amazonie au Brésil, a beau s’appeler aujourd’hui ‘’peuple autochtone’’, il reste égal à lui-même, malgré la culture d’emprunt qu’il arbore. Tout comme, nos concitoyens pygmées (babéngas), peuple autochtone, d’Afrique noire, continueront à conserver leur 101

culture intrinsèque. De même, pour nous, le peuple BANTOU, malgré plusieurs années de civilisation européenne, les valeurs culturelles de notre civilisation ancestrale subsisteront encore en nous. D’abord, au plan spirituel, pour moi, qui suis de confession religieuse, musulmane, permettez-moi de rappeler les paroles révélées du Seigneur Allah (Dieu) dans le SAINT CORAN, qui disent ceci : « si Allah (Dieu) avait voulu, certes, Il aurait fait de vous tous une seule communauté ». (Sourate ou Chapitre 5, Verset 48). Et Il ajoute, « ô homme ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez ». (Sourate ou Chapitre 49, Verset 13). Ces Versets coraniques se passent de commentaires pour ceux qui réfléchissent. Ensuite, dans l’histoire de l’humanité, les flux migratoires ont peuplé les Continents de la planète Terre. Rappelons quelques faits historiques établis avec beaucoup de conviction : — Jadis, les Arabes sémites, venus du Proche Orient, avaient émigré en Égypte ancienne des Pharaons qui étaient d’origines noires africaines11, probablement sous le règne du Pharaon Nicoos, vers la fin du VII siècle avant notre ère. — Les ressortissants Européens : (Français, Anglais, Italiens, Allemands, Espagnoles, Portugais, Hollandais, etc.), au cours des siècles passés, avaient émigré dans le Nouveau Monde, les Amériques : ((Nord, Sud et Centre). Au Canada, ce sont les Bretons du Département de la Bretagne en France et les Anglais de la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, les deux langues française et anglaise sont parlées là-bas. En Australie, ce sont les Anglais, dont la première flotte est arrivée à Sydney en 1788. En Asie, (Chine), ce sont les Anglais à HONG KONG. Dans le 11

Théophile OBENGA, Op.Cit.

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Pacifique, ce sont les Français. En Afrique du Sud, ce sont les Hollandais, les Allemands, et les Anglais, etc. Il convient de préciser ici, qu’il s’agit des flux migratoires à travers le monde, en dehors des actions de colonisation européenne qui sont intervenues par la suite en Asie, et en Afrique, après l’esclavage, l’une des institutions les plus honteuses de l’Occident chrétien : le 8 août 1444, le navigateur portugais Lazarote, débarquait à Lisbonne et y vendait deux cent trente-six esclaves africains. C’était le début de la traite. Dès ce moment, un trafic intense s’organisait entre le Portugal et les côtes nouvellement découvertes d’Afrique. Enfin, les Africains n’ont pas échappé à ce courant migratoire. En Afrique du Nord, le MAGHREB en général, et en Algérie en particulier, les émigrants, semble-t-il, depuis le 5e siècle avant Jésus-Christ, venaient, du Yémen et de la Syrie, à dos de chameaux pour peupler ces territoires du désert du SAHARA. Seuls les faibles étaient restés dans leur pays d’origine. En Afrique noire, l’inexistence des frontières à l’époque précoloniale européenne, permettait aux Africains de circuler librement dans toutes les contrées, malgré quelques guerres inter-ethniques. Avec la colonisation européenne, en dépit des frontières arbitraires et artificielles, avons-nous souligné, celles-ci étaient quasiment perméables pour les familles africaines qui émigraient de part et d’autre, dans certains villages ou endroits ; soit, volontairement ou par contraintes multiformes, à savoir ; la mésentente familiale, ou la sorcellerie. Par conséquent, dans la plupart des pays africains, sans vouloir les citer nommément, les populations citoyennes qui les composent sont cosmopolites ; et devraient faciliter dans le futur l’unité et l’intégration panafricaniste du Continent. Surtout que ces dernières années vers la fin du 20e siècle et 103

du début du 21e siècle, l’Afrique, a connu beaucoup de conflits sociopolitiques, qui ont causé des déplacés internes, des réfugiés et des émigrés dans certains pays, dont quelques-uns ne pourront pas rejoindre ou repartir dans leur pays d’origine sitôt, parce que disent-ils vivant en Afrique et de ce fait, ils sont africains. Par ailleurs, le retour d’un réfugié dans son pays d’origine est volontaire, selon les organisations humanitaires des Nations-Unies. Sur la présente sous-section relative à l’exposé des faits, concluons avec les versets du SAINT CORAN, cités cidessus, que l’humanité s’était rendue à l’évidence Providentielle. Bien qu’appartenant à des nations et tribus différentes, les hommes et les femmes qui peuplent cette terre ont l’obligation Divine de s’entre-connaître par le biais de multiples relations amicales et intimes, d’une part ; d’émigration et d’immigration d’autre part. 3.2. La fondation du Village BOYÉLÉ Lorsque les Bagandous arrivaient sur le site qui abrita le futur Village MAKOUMOU, fuyant les travaux de SIGA (téléphoniques et télégraphiques) instaurés par ‘’le travail forcé’’ colonial, les habitants du Village BOGONDON, installé en amont, à l’embouchure d’une rivière appelée Ongnon, affluent du fleuve Oubangui, avaient également abandonné leur village BOGONDON, à cause des mêmes affres coloniales pour se refugier en face du fleuve Oubangui au Congo ex-Belge, où ils vont ériger un nouveau Village dénommé Bossangoa. Plus tard, les Bogondons en apprenant la présence des Bagandous à côté de leur ancien Village seront encouragés à rejoindre celui-ci, en refondant un nouveau Village sur les mêmes cendres en l’appelant désormais LIDOMA. Par la suite, ils seront rejoints par les parents de la famille SÉLÉMÉ venus d’en face également. Peu après, à l’issue d’un léger malentendu, semble-t-il, la famille SÉLÉMÉ, 104

descendra plus bas du fleuve Oubangui, à sa rive droite, pour créer son propre Village dénommé, Boyélé (déformation de Bô-yéli ou de Bâ-yéli) ; ce qui signifie en langues MBodjo et apparentées : ‘’Bango Bâ-yéli na Bôyéli’’, c’est-à-dire,’’ ceux-là, sont venus en venant’’. En clair, ‘’ceux-là, sont des nouveaux arrivants ou encore des nouveaux venus’’ rapportés par la tradition orale, en les restituant comme tels, et que l’on ne nous tienne pas rigueur ; car il s’agit d’un sujet sensible à l’espèce humaine, qui n’est pas à l’abri, d’un débat contradictoire qui fera certainement jaillir la lumière. Un peu plus tard, les autres familles, les Bâ-Bobas (guiris) partiront des Villages Moloumba, Egalango et Mataxma-Yango, (l’ex-Congo Belge), vont traverser le fleuve Oubangui en allant créer leur Village, dénommé MOKASSA, dont l’un des fondateurs était le nommé MOTIBA, toujours à la rive droite dudit fleuve, en aval du Village Boyélé, de la famille SÉLÉMÉ. Plus loin, à 10 kilomètres environs de Boyélé, sur la même rive droite du fleuve Oubangui, c’est le campement ‘’GANDA-YÂ M’BOUMA’’ (qui signifie le campement des baobabs). Ganda = campement, yâ = des, et M’Bouma = baobabs. Jadis, ce site, devenu campement, dans son état naturel, on y dénombrait plusieurs baobabs ; d’où partira son appellation de campement des baobabs. Depuis les années 1940 et 50, la Société française de transports, dénommées, Compagnie générale de Transports en Afrique (C.G.T.A), notamment, dans le domaine des transports fluviaux avait installé sur tout le long de l’épine dorsale du fleuve Congo, ainsi que celui de l’Oubangui, soit 1200kms, des dépôts de fagots de bois de chauffe, destinés au fonctionnement des chaudières de ses premiers bateaux à vapeur. 105

C’est dans ce cadre que le site de GANDA-YÂM’BOUMA avait été créé, avec quelques manœuvres d’origine Oubanguienne (actuellement Centrafricaine), chargés de couper des fagots de bois de chauffe et de les stocker par stère (1 min 3 s de bois) au dépôt indiqué pour cela. Ainsi, tous les bateaux à vapeur y accostaient à chaque passage, pour s’approvisionner de cette matière énergétique, vitale à leur déplacement. 3.3. Le regroupement du Village BOYÉLÉ avec les Villages avoisinants, pour en faire une Cité Urbaine L’ancien site qu’occupait le Village MAKOUMOU, était devenu ‘’EGAGO’’, (c’est-à-dire, l’ancien Village abandonné par les Bagandous en langue Bagandou). Par la suite, après plusieurs années, probablement, vers les années 1980, les habitants du Village LIDOMA (Bogondon) vont progressivement peupler ces lieux, en s’agglomérant avec le village Boyélé. Aujourd’hui, avec l’agrandissement et l’urbanisation du Village Boyélé, ladite agglomération, s’appelle ‘’GAGO’’ ou ‘’GAGOU’’, et, est devenue le deuxième quartier nord de l’actuel Village Boyélé. Le nom véritable ‘’EGAGO’’ à été déformé en ‘’GAGO’’ ou ‘’GAGOU’’ et a perdu du coup, toute sa signification en langue Bagandou. De même, dans le cadre de l’urbanisation de Boyélé, le village MOKASSA et ses habitants vont intégrer BOYÉLÉ, après le départ de la famille ÉKONDZOLO. Ils vont occuper le centre du Village Boyélé où était bâtie la demeure de Monsieur MEUNIER, Agriculteur français, qui avait créé une caféière dans les années 1950 à Boyélé. En plus, des anciens habitants du village MOKASSA, cette agglomération cosmopolite s’est agrandie avec les anciens travailleurs, manœuvres d’origine Oubanguienne (Centrafricaine), de MEUNIER et leurs descendants. C’est le premier quartier du village BOYÉLÉ. 106

Quant à l’ancien campement GANDA-YÂ-MBOUMA, devenu, entre-temps, un village, à part entière, peuplé d’une population cosmopolite également, et possédant un port fluvial en eau profonde, sera annexé à BOYÉLÉ, et deviendra son troisième quartier, dénommé, désormais : BOYÉLÉ-PORT. De nos jours, pour des raisons probablement administratives, les quartiers précités de Boyélé, ont été érigés en Villages par Arrêté Préfectoral n° 030/MID/DL/P/SG du 06/03/2013 portant nomination des Chefs et Secrétaires des Quartiers et des villages du Département de la Likouala. À ce titre, Boyélé apparait présentement, comme l’un des grands villages du Département de la Likouala, qui pourrait devenir plus tard, une Commune de plein exercice et pourquoi pas, par la suite, un Chef-lieu d’un District en création dans l’avenir à cause de sa croissance démographique ? 4. La dispersion en 1954 du village BÔ-DZAMA MOVANIA, après avoir commis son forfait, progressivement, par famille, les habitants de Bô-dzama ont commencé à faire leurs bagages pour rejoindre le village Boyélé, où Monsieur MEUNIER, Agriculteur français, dans la filière café, était parti de la région de M’Baïki dans la Lobaye en Oubangui-Chari (Centrafrique), pour venir s’implanter à Boyélé, toujours dans le territoire français de l’Afrique-Équatoriale Française. Au fur et à mesure que la population de Bô-dzama arrivait à Bôyélé, les hommes valides, se faisaient recruter en qualité de manœuvres agricoles dans la caféière de Monsieur MEUNIER. À la fermeture de l’entreprise MEUNIER, tous nos parents qui étaient partis de Bô-dzama

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à Boyélé sont restés sur place, et ont terminé leurs vies, dans cette localité. Quant à mon père MADZÉNGUÉ Albert, à son retour à Boyélé, avec son cousin ESSOPA et leur gendre MABÉLÉ ainsi que leurs familles (épouses et enfants), vont habiter l’ancien Village (ÉGAGO) de MAKOUMOU12. Malheureusement pour eux, l’administration coloniale française avait concédé ce domaine à Monsieur MEUNIER, pour l’implantation de sa caféière. Informé de la situation, Monsieur MEUNIER dépêcha sur ces lieux, ses gardiens (capitas), GANDZA et KOSSIMBA de l’ethnie Bolémba (Oubangui-Chari : Centrafrique), pour faire déguerpir mes parents. Une bagarre s’en est suivie. Mes parents considéraient qu’ils avaient réoccupé leurs anciennes terres de MAKOUMOU, face à Monsieur MEUNIER, un nouvel occupant. Monsieur MEUNIER, étant un homme de race blanche et de surcroit français, l’administration coloniale française installée à Dongou (District), qui avait à cette époque, la pleine autorité sur les territoires de l’Afrique Équatoriale, intima l’ordre à mes parents d’arrêter leur revendication ; sous peine de sanction disciplinaire qui leur coûterait la prison. Sans aucune forme de procès, Monsieur MEUNIER, continua son activité économique en argumentant que c’est pour l’intérêt du développement de la localité de Boyélé. Par la suite, le neveu à mes parents ÉKONDZOLO, leur proposa de le rejoindre aux alentours de leur habitation familiale à Boyélé centre, c’est ce qui fût fait. À cause de cette affaire, mon père MADZENGUE Albert, écœuré, n’a jamais sollicité à travailler chez Monsieur MEUNIER, comme ses autres concitoyens. Il a vécu ses derniers jours de la chasse à l’arbalète, aux filets et aux pièges, 12

Élève à l’École Primaire de Dongou, j’avais passé mes grandes vacances des années 1954 / 1955 à ces lieux auprès de mes parents.

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accompagnés des produits champêtres, de ma mère MOUNGO Thérèse, son épouse. C’est une fierté de ma famille. Il est décédé le 12 février 1957 et inhumé derrière sa maison à Boyélé où sa tombe a été érigée par moi-même en 1989. Paix à son ÂME ! Le Chef du Village de Bô-dzama, BOMBON, avait lui aussi, déménagé de son Village à la fin, après le départ de tous les habitants, et avait rejoint son frère aîné GOTONGO à Enyéllé, où sa sépulture se trouve. Son surveillant général, EGBOULOUKOUSSOU mon oncle paternel, comme les autres, a terminé sa vie à Boyélé, où se trouve sa tombe. Quant à MOVANIA, mystico-fétichiste de son état, avait vécu lui-même à Boyélé jusqu’à la fin de ses derniers jours, là où il a été inhumé. Durant son existence à Bôdzama, lorsque le Chef GBASSI, mourut, MOVANIA avait hérité (likita) de l’épouse de son oncle paternel GBASSI, nommée OZÉYA. De cette union conjugale, sont nés leurs enfants : BOTANGUÉ (garçon) ; DZOMBO (garçon) GBÈYI (garçon) et SÉLÉBAMBA (fille). Tous sont décédés, excepté quelques petits enfants. Ainsi va la vie ! La presque totalité de nos parents (hommes, femmes et enfants) Bagandous, habitants jadis, le Village Bôdzama, ont terminé leurs destinées à Boyélé, sur les terres de MAKOUMOU, leur ‘’ÉGAGO’’ (ancien village).

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TITRE III : ÉPOQUE POSTCOLONIALE FRANÇAISE : EXISTENCE DES FOYERS DE LA COMMUNAUTÉ ETHNIQUE BAGANDOU EN AFRIQUE CENTRALE : CONGO-BRAZZAVILLE, CENTRAFRIQUE, CAMEROUN ET UNE MINORITÉ EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

CHAPITRE 1 : AU CONGO BRAZZAVILLE

1. Dans le Département de la Sangha La tribu de l’ethnie Bagandou, à savoir, les Bônguilis qui étaient restés sur place, dans le groupe dénommé, ‘’terroir ancestral’’ sont divisés en deux sous-groupes : — Les Bônguilis de l’intérieur de la forêt ; — et les Bônguilis du fleuve. 1.1. Les Bônguilis de l’intérieur de la forêt Ils habitent dans les Villages en bordure de la Route Nationale n° 2, à partir de Liouesso à Yéngo, dans le District de Mokéko. 1.2. Les Bônguilis du fleuve Ils habitent dans la Ville du District de Pikounda et ses environs, en aval de la Ville de Ouesso, Chef-lieu du Département, sur la rive droite du fleuve Sangha. 1.3. Les Bagandos (ous) du village Bolozo Le groupe N’GOKO, avant de traverser la rivière N’goko, pour aller vers la Commune actuelle de Moloundou au Cameroun, une partie dudit groupe, s’était arrêté à michemin sur un site qui deviendra plus tard, le village Bolozo 113

dans le District de N’GBALA et qui abrite actuellement quelques tribus Bagandous. 2. Dans le Département de la Likouala 2.1. Au village MIGANGA Après la traversée du fleuve Sangha, sur le chemin de leur émigration en profondeur de la forêt équatoriale, une frange de la tribu Bônguili, s’était arrêtée sur ce territoire, et avait fondé ce village MIGANGA après leur séjour au village LIKÉLÉBA sur la rive gauche du fleuve Sangha. Le village MIGANGA, situé dans la partie nord du District d’Epéna, ses habitants y vivent jusqu’à nos jours, et en bon voisinage avec les ethnies Bô-Kabounga et Bômitabas, avec lesquelles, ils partagent la même culture linguistique, avec de légères altérations de prononciations dans certains mots. 2.2. Au village Bô-DZAMA Après sa dispersion en 1954, le village Bô-dzama renaît sur ses cendres, le 10 juin 1996, soit 42 ans de mis en veilleuse. En tant que, mon Village natal, je me suis organisé avec quelques moyens financiers et matériels substantiels, pour la remise en état de cette localité des Bagandous. Aujourd’hui, au plan administratif, c’est chose faite ; puisque le village Bô-dzama, situé sur la rivière Libénga, fait partie intégrante des Villages qui composent le District d’Enyellé (cf : Arrêté Préfectoral n° 030/MID/DL/P/SG du 06 /03/2013) déjà cité plus haut. 2.3. Aux Villages : DZANGA, N’DONGO 1 et N’DONGO 2, MOUAÉ, AMISSOKÈ et les autres Villages environnants. Tous ces Villages, peuplés en majorités des différentes tribus Bagandous y compris leurs Chefs de Village, situés en 114

amont du District d’Enyellé, à l’intérieur des frontières congolaises, dans les zones forestières et surtout minières (or, diamant,), font appel aux Autorités Congolaises, de leur accorder une attention particulière. Car ces habitants, à cheval, entre la frontière du Congo-Brazzaville et du Centrafrique, sont abandonnés à leur triste sort ; tantôt, considérés de Congolais, par l’Administration centrafricaine, tantôt traités de Centrafricains, par les Agents administratifs congolais, mal intentionnés. Ces populations sont congolaises, puisque vivant à l’intérieur des frontières congolaises1. Depuis, le régime du Président Marien N’GOUABI, ce débat avait été clos entre les deux Gouvernements congolais et centrafricain. Disons, clairement, que c’est du côté congolais, où l’on déplore une certaine négligence et léthargie à régulariser la situation d’état civil de ces citoyens congolais. C’est un préjudice flagrant que les Autorités congolaises actuelles font subir à la République du Congo. Rappelons, pour mémoire, qu’au cours des années 2010 ou 2011, cette affaire avait été inscrite à l’ordre du jour, d’une des sessions administratives, du Conseil Départemental de la Likouala, par le Distingué BELMOND, Conseiller Départemental du District d’Enyellé, où dépendent administrativement, les localités villageoises précitées. À la suite du débat y relatif, une Recommandation au Gouvernement de la République, avait été prise, par le plénum de cette auguste Institution locale, et qui demeure sans réponse, jusqu’aujourd’hui. Dans ce cas d’espèce, il s’agit d’interpeller les Autorités Départementales ou Préfectorales de la Likouala, de diligenter ce travail, en régularisant la situation d’état civil 1

À Consulter, la Carte géographique du Congo – Brazzaville.

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de ces citoyens congolais, en leur délivrant les Cartes Nationales d’Identité, ainsi que d’autres actes administratifs subséquents. Dans la même affaire, tout récemment, en mai 2014, au cours d’une session d’interpellation du Gouvernement de la République à l’Assemblée nationale, l’honorable DéputéSuppléant, l’Avocat, Maître, Rigobert Sabin BANZANI, avait attiré l’attention de Son Excellence, Monsieur, Raymond Zéphirin M’BOULOU, ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, à ce sujet. Car, il s’agit d’éviter à ces braves personnes d’apparaître comme des apatrides, pourtant ressortissants du territoire Congolais à la frontière du Centrafrique. Finalement en 2020, dans le cadre de la coopération Congolo-Centrafricaine sur les tracées des frontières entre les deux pays, des solutions idoines sont trouvées. 2.4. Au village BOYÉLÉ Après la dislocation du village Bôdzama, ses habitants, répétons-le, étaient repartis à Boyélé. Ils y ont vécu là, jusqu’à leurs morts et leurs restes se reposent dans le grand cimetière Bagandou de Boyélé. Leurs descendants sont les résidents de l’ancien quartier n° 1 de Boyolé transformé en Village Boyélé II, par Arrêté n° 030/MID/DL/P/SG du 06/03/2013, déjà cité plus haut. 3. Les Conséquences de la balkanisation européenne au sein de quelques ethnies congolaises Cette balkanisation qui a abouti à une fragmentation des entités ethniques des peuples africains est un mal connu de tout un chacun, notamment, en Afrique noire, en général.

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3.1. Dans la Likouala — Les ethnies Moundzombo et M’Bandza habitent dans le District de Bétou au Congo-Brazzaville, ainsi que dans les territoires de Libéngué et de Kungu dans la Province de l’Équateur en République Démocratique du Congo. Les Moudzombos sont également habitants dans la Souspréfecture de Mongoumba dans la Préfecture de la Lobaye en République centrafricaine, notamment, dans les localités de Mougoumba, Saboulou et Igomba située sur la rive droite du fleuve Oubangui, en amont de Bétou au CongoBrazzaville. Ces deux ethnies, Moudzombos et M’Bandzas ont également des relations familiales avec leurs parents installés sur la rive gauche de l’Oubangui ; chacune d’elle se communique respectivement, dans sa langue maternelle avec leurs congénères. — Les Enyellés du District d’Enyellé, partis jadis, d’Enyélé ‘’YÂ-TANDA’’ dans la même Province de l’Équateur en République Démocratique du Congo, conservent des liens de descendance avec les générations actuelles de leurs parents restés sur place au terroir ancestral. — Les tribus Bâ-bémou, N’Gondzi et Bogongo de l’ethnie KAKA dans le District de Dongou sont à cheval entre le Congo-Brazzaville et le Sud-ouest du Centrafrique à partir de la Sous-préfecture de Nola, dans la Préfecture de la Haute Sangha, Chef-lieu Berberati. Ils ont pour activités principales la sculpture des pointes d’ivoires d’éléphants et du bois d’ébène. — Les MBôndjos d’Impfondo, déformation du mot (Boudjou), c’est-à-dire, les personnes de race blanche ‘’les blancs’’ en langue vernaculaire Sango, dérivée de l’ethnie SANGO à l’est du Centrafrique, parlée par les indigènes Oubanguiens, habitant jadis cette localité ; pour désigner les premiers Blancs qui avaient débarqués en ces lieux. De 117

même, parmi les cultures vivrières desdits indigènes, on dénombrait autour des cases, plusieurs vergers de bananiers (fondo ou fondon) toujours en langue Sango. Notons que c’est une pratique coutumière au mode de vie du monde BANTOU et autres, d’avoir chez soi, un petit champ de dépannage en cas de nécessité, composé essentiellement, des cultures vivrières, telles que : manioc, canne à sucre, patate douce, ananas, taros, papayers, manguiers, avocatiers, figuiers, safoutiers, bananiers, etc. Au regard de ces nombreux bananiers, les Blancs posèrent la question aux indigènes, de savoir comment s’appelait leur localité ; en d’autres termes, exactement, quel est le nom de leur Village. Les indigènes Oubanguiens, par malentendu, voyant que les Blancs avaient fixé leurs regards profonds sur les bananiers, pensaient-ils à cette plante et répondirent par inadvertance ‘’fondo ou fondon’’. D’où l’origine historique de l’appellation du nom ‘’I-fondo’’, Chef-lieu actuel du Département de la Likouala. C’est ainsi que les M’Bondjos d’Impfondo, disons-nous, ont eux aussi, des parents issus, de l’ethnie LOBALA et autres à partir des Villages actuels de MOKAME, BUBURU dans la Zone ou territoire de Bomongo, en face de la rive gauche du fleuve Oubangui en République Démocratique du Congo. Ils conservent tous, les mêmes rites, coutumes et culture, notamment, les danses de lutte ‘’Pongo’’ et guerrière ‘’Gombé’’, pratiquée par la communauté MBôndjo, lors des grands évènements sociaux : tels que, décès d’un notable, manifestation politique, etc. — Chez certains BOMITABAS des villages Botala, Bosséka et Liouesso, sur la route d’Impfondo-Epéna, ces derniers s’expriment linguistiquement, avec des mots apparentés et similaires aux ethnies MAKOUTOUS, MAGBAS, LOBALAS et LIBINZAS du territoire de 118

Bomongo en République Démocratique du Congo, déjà cité, ci-dessus. 3.2 Dans le reste du pays : Plus loin, dans le Centre et le sud du Congo-Brazzaville, nonobstant les autres ethnies congolaises qui se trouvent être dans la même situation, retenons deux grandes ethnies d’Afrique centrale, à savoir, les Bâ-tékés du royaume Téké (Makoko à M’Bey) et les Bâkongos du royaume Kongo (Mani-Kongo à M’Banza Kongo)2. Les premiers sont divisés entre trois pays : La République Démocratique du Congo, le Congo-Brazzaville et le Gabon. Les seconds sont partagés également entre trois pays, à savoir l’Angola3, la République Démocratique du Congo et le Congo-Brazzaville.

2

E.MENDIAUX, ‘’Histoire du Congo : des origines à Stanley’’, Editeur charles Dessart, Bruxelles (Belgique), 1961. 3 Pays qui abrite l’ancienne capitale du royaume Kongo, rebaptisée San Salvador par les premiers explorateurs Portugais au 15e siècle.

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CHAPITRE 2 : EN CENTRAFRIQUE

1. Au village BAGANDOU Peuplé de plusieurs tribus de l’ethnie Bagandou, ce Village qui porte leur nom ethnique, depuis sa fondation, vers la fin du 18e siècle, a connu une croissance démographique exponentielle. Il est situé, nous l’avons déjà souligné, dans le territoire de l’ethnie M’Bâti, surnommé : Issongo, pace que dans ce pays, l’on dénombrait jadis, beaucoup de (sossongos), c’est-à-dire, une espèce fine de canne à sucre ou encore des roseaux, qui s’apparentent aux bambous de Chine. Rappelons que le village BAGANDOU, se trouve dans la Région ou Préfecture de la Lobaye, Chef-lieu M’Baïki, au sud de la République Centrafricaine, frontalière avec le District d’Enyellé en République du Congo-Brazzaville. C’est là, une des vicissitudes qui a affecté la vie humaine des Bagandous, un peuple Bangala parmi des peuples oubanguiens. 2. De la fatalité coloniale au NON-RETOUR acquis Le système colonial français, avait mis en exécution une politique, tendant à faire en sorte, que dans tous les territoires administrés par la France, les colonisés devaient 121

se déployer à l’intérieur de l’ensemble français. Dans un numéro de la revue RENNAISSANCE, voici, ce qu’écrivait René PLEVEN, Commissaire aux Colonies, déjà cité, ‘’Partout les habitants de nos terres coloniales ont déjà suffisamment goûté de la France pour ne jamais accepter volontairement des changements qui mettraient en cause leur appartenance à la famille française’’. En clair, pour le colonisateur français, peu importait pour lui, la provenance ethnique ou tribal, des individus qui peuplaient leurs terres coloniales dans la maison française, ou encore dans l’empire français. Face à ce fatalisme colonial français, les Bagandous, qui espéraient repartir à leur terroir ancestral de la Sangha, avaient été contraints, malgré eux, de demeurer pour certains, à ce Village Bagandou. C’est le NON-RETOUR acquis. 3. Problèmes des frontières arbitraires et artificielles imposées aux États africains par la colonisation européenne Dans les années 1960, au moment des indépendances des États africains, ceux-ci, avaient conservé les frontières arbitraires et artificielles héritées de la colonisation européenne en Afrique. Nous l’avons signalé dans l’Introduction du présent texte, que cette décision des nouveaux dirigeants africains contrastait avec les réalités sociologiques des peuples africains. En sociologie, les éléments qui caractérisent un peuple à la similitude d’un autre, ce sont : la civilisation, la culture et le langage. Dans la plupart des États africains, les problèmes d’appartenance à tel pays, à telle ethnie, à telle tribu, subsistent et empoisonnent le climat social, entraînant parfois des guerres fratricides entre peuples africains. Alors 122

que, l’on a oublié très rapidement, que, la colonisation Européenne en Afrique, a divisé plus d’une ethnie, dans deux ou trois pays africains, voire, plus. Dans le cas des Bagandous, en considération de leur civilisation, leur culture et leur langue, ce peuple appartient incontestablement au groupe Bangala forestier, du monde BANTOU. Le refus de quelques États de délivrer des cartes nationales d’identités à certains citoyens africains, isolés à l’intérieur des frontières qu’ils n’ont pas choisies, poseront de tout temps de tels problèmes entre les États africains, que seuls, l’esprit et la conviction panafricaniste, pourront les surmonter au bonheur du Continent africain.

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CHAPITRE 3 : AU CAMEROUN

1. À MOULOUNDOU Depuis, son départ du terroir ancestral, le groupe N’GOKO, composé de plusieurs tribus de l’ethnie Bagandou, s’est installé à partir du village Bolozo, à la frontière Congo/Cameroun, jusqu’aux bords de la rivière Boumba dans la Commune de Mouloundou, Région de YOKADOUMA. Dans le Village Bolozo et aux alentours de la Commune de MOLOUNDOU, les Bagandos (ous) partagent leur existence en cohabitant essentiellement, avec l’ethnie Bakouélé, dans la culture du cacaoyer. 2. La conservation séculaire de l’appellation ethnique Bagandou ou Bagando Ici, rendons hommage aux premiers arrivants Bagandous dans cette contrée qui ont conservé leur dénomination, comme ce fût le cas de leurs concitoyens au CongoBrazzaville et en Centrafrique. C’est une marque de personnalité, afin de mieux les situer par rapport à la multiplicité des ethnies africaines qui, à cette époque, se déplaçaient librement à travers la forêt équatoriale.

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De nos jours, plusieurs voyageurs1qui passent par là, sont surpris de rencontrer au Cameroun, l’existence de l’ethnie Bagandou qui est habituellement au Congo-Brazzaville, dans les Départements de la Sangha, et de la Likouala. Tout aussi en Centrafrique, dans la région de la Lobaye (M’Baïki). À la question de savoir, si les Bagandous ont un foyer historique qui leur est propre voici, la réponse ! Avec le démembrement de l’ethnie Bagandou, entre les trois pays d’Afrique Centrale, à savoir le Congo-Brazzaville, le Centrafrique et le Cameroun, il convient de répondre et de retenir qu’il y a précisément trois foyers repartis entre les trois pays précités et énumérés ci-dessus. Toutefois, l’histoire contemporaine nous renseigne que le foyer principal des Bagandous, portant sur leur civilisation, leur culture et leur langage a été confirmé dans les Départements de la Sangha et de la Likouala, au CongoBrazzaville, ainsi que dans les autres foyers secondaires, précisément en Centrafrique et au Cameroun.

1

Témoignage du Colonel BONGA, de l’ethnie KAKA dans le District de Dongou dans le Département de la Likouala (Congo-Brazzaville), ancien Directeur Départemental de la Police Nationale à Ouesso (Sangha), Brazzaville, le jeudi 9/05/2013 à 14 h 22 min. Dans son récit, au cours d’une mission de service, il a été surpris de rencontrer les Bagandos (ous) dans ces contrées.

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CHAPITRE 4 : MINORITÉ BAGANDOU EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO (R.D.C)

En face du village MAKOUMOU, sur la rive gauche du fleuve Oubangui, se trouvaient les Villages de l’ethnie LOBALA, à savoir, N’GONA et EGALANGO, ainsi que plusieurs d’autres. De la présence des Bagandous ont résulté avec ces derniers, des brassages nés des émigrations, des mariages coutumiers et des liens de sang (MOUMBALI), ainsi que des alliances entre familles. Les amitiés qui s’étaient nouées entre les individus, à la longue s’étaient transformées en famille par une convention ou un pacte de sang, c’est-à-dire, que deux bons amis s’échangent quelques goutes de sang pour symboliser cette nouvelle alliance ; ce qui fait la fusion des deux familles ; surtout que les langues Bagandou et Lobala s’apparentent et se comprennent réciproquement. Le non-respect des règles établies par ce pacte, est passible d’une sanction mortelle. C’est dans le cadre desdites alliances que mon père Albert MADZÉNGUÉ, habitant à Boyélé après son départ de Bôdzama, avait scellé une alliance de sang entre notre famille et celle du nommé MALIGBA à N’GONA, qui perdure jusqu’aujourd’hui. De nos jours, à cause des guerres sociopolitiques récurrentes, dans la partie septentrionale de la Province de l’Équateur en République Démocratique du Congo, les 127

descendants de ces Bagandous ont traversé le fleuve Oubangui, et se sont constitués en réfugiés au CongoBrazzaville, notamment dans le District de Dongou dans le Département de la Likouala. La plupart de ces réfugiés descendants Bagandous de la R.D.C au Congo-Brazzaville, ont retrouvé leurs parents Bagandous de ce côté-là, et se sont rapidement intégrés. C’est le cas, dans ma propre famille ; nombreux de mes parents Bagandous de la tribu Bodzobi, venant des Villages Mogouma, Liméssé et Mokolo en R.D.C vivent actuellement, dans un nouveau Village des réfugiés de la RDC, dénommé Talanamisso, créé pour la circonstance, sur la rive droite du fleuve Oubangui, en amant de la VilleDistrict de Dongou, dans le Département de la Likouala au Congo-Brazzaville. Les fréquentations familiales sont régulières entre nous, dans un cadre convivial ; ce sont les familles BOMÉLA à Limessé, d’autres à Mokolo, MAKOMA à Mogouma, etc. En ce qui concerne notamment, la famille MAKOMA à Mogouma, il faut retenir : pendant que les Bagandous habitaient le Village MAKOUMOU, une femme, tante (Ebounali) de la tribu Bô-dzobi se retrouva l’épouse de ÉMIKOLA1 un ressortissant du village MOTABA situé sur la rivière Motaba qui s’était déplacée pour aller habiter le premier village des ZITOYES en aval de MAKOUMOU, situé sur la berge droite du fleuve Oubangui, après l’embouchure de la rivière Libénga, dénommée MONOKOMBOLI, un lieu mythique. Plus tard, au bout de quelques années, un séisme englouti dans les eaux oubanguiennes, ledit Village avec quelquesuns de ses habitants. Les rescapés se diviseront en deux 1

Récit rapporté par MABAKA Gérard, Enseignant, Directeur de l’École des Réfugiés de la RDC à Talanamisso (Dongou, Département de la Likouala, Impfondo).

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groupes. Le premier, choisira de remonter l’intérieur de la rivière Libénga, pour aller fonder un deuxième nouveau village ZITOYE à l’abri des eaux troubles et des vagues du fleuve Oubangui ; quant au second groupe, il traversera le fleuve Oubangui pour se réfugier à sa rive gauche, en fondant le Village MOGOUMA. Le couple EMIKOLA, épargné par la catastrophe, provoquée mystiquement, selon la tradition orale, par une vielle femme, sorcière, qui s’estimait être rejetée par les habitants dudit Village ; ce, contrairement à l’assistance aux personnes âgées, tel que l’exige la coutume BANTOU. Se sentant abandonnée à son triste sort, sans aucune aide alimentaire, la femme sorcière, procédera à invoquer traditionnellement les génies d’eau les (sirènes), qui causeront ce drame précité. Le couple ÉMIKOLA, faisait partie de ceux qui avaient pris le chemin de l’exil, en allant peupler le nouveau Village MOGOUMA. C’est ainsi que, de ce couple, naîtront deux enfants, un garçon du nom de MAKOMA et une fille, nommée DZASSÉMBO. MAKOMA aura plusieurs enfants, parmi lesquels deux garçons LIKOKO et DIKOLO, ainsi qu’une fille MOUKOA. Pour l’instant, nous n’avons pas connaissance des progénitures de LIKOKO et de leur sœur MOUKOA. Quant à DIKOLO, nous notons MABAKA Gérard et SÉMBO. De DZASSÉMBO, la sœur de MAKOMA, celle-ci épousera SÉLÉMÉ de Boyélé et aura trois enfants : deux garçons ÉKONDZOLO, GBEYI Richard et une fille BODZANGOLA, la mère de MOKOMO Maurice, l’Enseignant à la retraite. Les descendants du couple SÉLÉMÉ et DZASSÉMBO, sont très nombreux. Parmi leurs petits-enfants, nous notons particulièrement, 129

LINDOLO Guillaume et son Cadet MOKALANGA JeanMarie, Moualo Adolphe, Molibo David, Mafoundi Héleine, Pauline, et disons, qu’il s’agit ici, de tous les enfants ÉKONDZOLO, son frère cadet GBÈYI et leur sœur BODZANGOLA. Voilà, succinctement, décrite la manière dont la minorité de l’ethnie Bagandou s’est retrouvée dans la Province de l’Équateur en République Démocratique du Congo actuelle (R.D.C).

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CHAPITRE 5 : LES BAGANDOUS ET LES GUERRES INTERETHNIQUES DU PASSE PRÉCOLONIAL FRANÇAIS

1. Au Congo-Brazzaville : avec le groupe ethnique Bodji À l’origine, ce conflit relaté plus haut, celui qui avait opposé les Bagandous au groupe ethnique dénommé Bodji : (Boma ou Tongombé : Issambi et Bolomo actuels), n’était pas le leur au départ des hostilités. Ledit conflit qui avait eu lieu à la veille de la colonisation française en Afrique équatoriale, était l’affaire des Enyellés, qui disputaient, semble-t-il, avec ces derniers, le partage des étangs poissonneux (KOMBI) de la contrée. Il convient de noter que le groupe Bodji et les Enyellés sont séparés par la rivière Libénga. Le premier situé à la rive droite, tandis que le second à sa rive gauche en amont de la Libénga. Dès le début des affrontements, les Enyéllés avaient subi de lourdes pertes humaines. À leur retour au village Enyellé, ils vont demander secours (Mossoungou) aux Bagandous, leurs ‘’Bâdjakas’’ (frères), qui habitaient déjà le nouveau Village Bagandou, situé à quelques kilomètres d’Enyellé, sur la rive droite de la rivière Lobaye, du côté du Centrafrique actuelle, en pays M’Bâtis : (Issongos). 131

À la fin de l’intervention Bagandou dans ce regrettable conflit, un pacte de non-agression a été conclu entre les trois parties : groupe Bodji, Enyellé et Bagandou. Depuis lors, ces peuples ainsi que leurs descendants vivent dans une parfaite cohabitation renforcée par des liens de mariage interethnique et de pacte de sang (MOMBALI), dans une convivialité légendaire. 2. En Centrafrique : avec l’ethnie M’Bâti (Issongos) : À l’issu de la guerre de conquête territoriale interethnique qui opposa les Bagandous aux M’Bâtis (Issongos), un pacte de paix durable avait été scellé entre les deux belligérants. Désormais, les deux communautés apprenaient à vivre ensemble en bon voisinage. Les Bagandous s’attelaient plus facilement à parler la langue M’Bâti, pour une parfaite communication mutuelle ; tandis que les M’Bâtis éprouvaient jusqu’à nos jours, quelques difficultés, peutêtre de locution familière, à apprendre la langue Bagandou. Est-ce à dire, que ces derniers, en dépit des accords de paix conclus entre eux, n’ont jamais acceptés dans leur for intérieur de génération en génération les envahisseurs Bagandous ? Cette attitude des M’Bâtis (Issongos), nous fait penser un peu aux BOERS, colons de l’Afrique australe, d’origine néerlandaise. (Hollande). Leurs descendants sont les Afrikaners, ou Afrikanders. Ces derniers éprouvent jusqu’aujourd’hui des difficultés à faire apprendre leur langue Afrikaner aux noirs sud-africains qui ont préféré parler la langue anglaise du deuxième colon, envahisseur, les Britanniques avec lesquels les BOERS avaient connu la guerre de 1899 à 1902, dénommée la guerre des BOERS. 132

Les Anglais sortirent victorieux et annexèrent les provinces d’Orange et de Transvaal peuplés par les BOERS et imposèrent leur langue anglaise dans toute l’étendue du pays. Malgré ces vicissitudes du passé, les mariages et les brassages interethniques avaient forgé des liens amicaux entre les Bagandous et les M’Bâtis qui cohabitaient pacifiquement depuis que la colonisation française les avaient obligés à partager leur existence ensemble dans un même espace territorial, renforçait ainsi, le pacte de paix conclu entre les deux communautés. 3. Au Cameroun à Moloundou : avec un peuple hétéroclite sédentaire Tel qu’indiqué plus haut, concernant l’émigration du groupe ‘’N’Goko’’, après quelques échauffourées interethniques rencontrées par les Bagandous, jadis, dans les localités actuelles de Bolozo, au Congo-Brazzaville et à Moloundou, au Cameroun, les différentes communautés, depuis plusieurs générations, partagent leur existence ensemble dans une société cosmopolite. Par la suite, les frontières tracées par la colonisation française étaient venues baliser le terrain, en faisant de la communauté Bagandou habitant à Mouloundou, des citoyens camerounais, par opposition à celle vivant à Bolozo, des Congolais. Toutefois, la langue parlée Bagando (ou) demeure la même, de part et d’autre. La cohabitation avec le reste des concitoyens est parfaite, tant du côté camerounais, que Congolais.

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TITRE IV : CIVILISATION ET CULTURE DES BAGANDOUS

CHAPITRE 1 : DIMENSION CULTURELLE

1. Un peuple Bangala du Monde Bantou Depuis les travaux pertinents de recherche menés par les éminents Professeurs, Cheikh ANTA DIOP et Théophile OBENGA, en faisant foi d’une approche pluridisciplinaire, on est maintenant arrivé à établir des faits consistant à formuler des hypothèses intéressantes et originales sur ‘’le monde BANTOU qui va du Bahr el-Ghazal aux rochers du Cap, de l’Océan Atlantique à l’Océan Indien’’, déjà cité plus haut. 1.1. L’appartenance des Bagandous au monde BANTOU Rappelons que les Bagandous jadis, venus du NilNubien, à la faveur du mouvement migratoire, vont se retrouver originaires d’une contrée dans les forêts d’Afrique équatoriale. En tant que peuple d’Afrique noire, au même titre que les autres peuples de la planète Terre, ils étaient porteurs de leur culture intrinsèque qui avait largement contribué à l’émergence de leur existence dans ce nouveau territoire, car la culture ne se débarrasse pas facilement de ses droits ; puisque « la culture est le fondement de la

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mémoire d’un peuple, sa force, son âme et sa source de développement »1 Le Professeur Georges BALANDIER, Sociologue et Ethnologue français, à l’Université PARIS I SORBONNEPANTHEON, dans son livre « le royaume de Kongo du XVIe au XVIIIe siècle » (40) écrit qu’‘’en sociologie, les éléments qui caractérisent un peuple à la similitude d’un autre, ce sont : la civilisation, la culture et le langage’’. Dans le cas des Bagandous, en considération desdits éléments précités, ce peuple appartient incontestablement au groupe bangala du monde BANTOU. 1.2. La communauté du langage Bagandou avec les autres peuples Baganlas En prenant un seul élément, le langage, énoncé par le Professeur Georges BALANDIER, pour le cas qui est le nôtre, le langage Bagandou, s’apparente à plusieurs ethnies du Congo-Brazzaville, voire même, du Congo-Kinshasa (R.D.C). C’est ainsi, que parlant de l’unité linguistique de la Likouala, nous convenons avec M’bondo GNESSAHOU2 que ‘’l’unité linguistique sur l’ensemble du territoire régional est de fait, mis à part quelques groupes périphériques, toutes les populations de la Likouala parlent la même langue d’Epéna à Enyellé’’. ‘’Les habitants du Sud Epéna et du District de Betou, malgré la particularité de leur

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Luc Daniel Adamo MATETA, ‘’Appui aux valeurs Socio-culturelles Congolaises’’. Édition 2016, graphic print Brazzaville, p 9. (40) Georges BALANDER, ‘’le royaume de Kongo du XVIe au XVIIIe siècle’’. Édition Fayard / Pluriel, Paris (France) 2013. 2 M’bondo GNESSAHOU (Boudo-Nésa Alphonse) : « Pour le Développement de la Région de la Likouala » Brazzaville, 2000, pp 80, (citation à la page 6).

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langue, baignent dans le même magma culturel : chants, danses, rites et croyances sont rigoureusement identiques ‘’. Ces similitudes se rencontrent au Congo-Brazzaville, dans le Département de la Likouala :(du Nord au Sud) ; dans le Département de la Sangha : les Bônguilis, notamment ; dans le Département de la Cuvette Centrale : Likoubas, et quelques expressions chez les Makouas, M’Bochis et Kouyous, etc., pour ne citer que ceux-là, parmi les peuples Bangalas. Dans le Département du Pool, parmi le peuple Kongo, du monde BANTOU, quelques mots communs, tels que : ‘’N’ZALA’’ : lieu où l’on jette les ordures ménagères ; ‘’DiKoundi’’ : piquet qui sert à soutenir une case ; ‘’Boulou’’ en kikongo ou Bacongo, et ‘’Bolo’’ en Bagandou : vin de palme récolté sur un palmier à huile abattu, ‘’Moièguè’’ : cœur ou milieu du palmier à huile, etc. Au Congo-Kinshasa (R.D.C), dans la Province de l’Équateur, située à la partie septentrionale du pays, notamment, chez les LOBALAS, ethnie localisée plus haut, habitant le long de la rive gauche du fleuve Oubangui, ainsi qu’à son intérieur, en face du Département de la Likouala, situé à la rive droite dudit fleuve. Quant au Lingala, la langue vernaculaire utilisée par les populations nordistes des deux Congo, est dérivée des langues des ethnies BANTOU du groupe Bangala à partir du Bassin de Moungala, le couloir des géographiques, la partie la plus fascinante du fleuve Congo, en amont de Brazzaville et Kinshasa, dont celle des Bagandous, qui s’apparente carrément à la langue Lingala, dans plusieurs de ses expressions. Au regard de ce qui précède, l’appartenance des Bagandous à cet ensemble de peuples africains au groupe Bangala du monde BANTOU, ne fait aucun doute, du point de vue linguistique, à la moindre différence que les 139

Bagandous sont de peuples Bangalas forestiers, puisqu’ils habitent dans la grande forêt équatoriale ; tandis que, certains de leurs concitoyens Bangalas sont des riverains, puisqu’ils habitent aux bords des fleuves et des rivières. L’essentiel, c’est d’appartenir à un même ensemble Bangala, et de se communiquer pour se faire comprendre approximativement dans un même langage. 2. La conservation des liens de parenté entre la communauté ethnique Bagandou et leurs descendants Malgré le démembrement de l’ethnie Bagandou, entre les pays d’Afrique Centrale ; le Congo-Brazzaville, la Centrafrique, le Cameroun, et subsidiairement, le CongoKinshasa (RDC), les liens de parenté entre les différents membres des tribus Bagandous, et leurs descendants, demeurent soudés pour la postérité. Les fréquentations s’effectuent, et s’affermissent entre familles dans toutes les générations, renforçant ainsi la culture ancestrale. Les descendants Bagandous, demeurant dans les pays précités, en dépit des langues d’emprunt, dues à leur présence séculaire, dans les sociétés respectives dans lesquelles, ils vivent, ont su conserver les traditions Bagandous ; c’est, notamment, les cas de ceux qui habitent en République Démocratique du Congo, dans le territoire de l’ethnie LOBALA. Quant à ceux, du Congo-Brazzaville, ils n’hésitent pas à se rendre en Centrafrique, auprès de leurs parents, pour y effectuer des consultations chez les féticheurs Bagandous qui excellent dans cette science occulte, lorsqu’il s’agit d’un décès, ou d’un autre problème mystique au sein d’une famille quelconque.

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En arrivant au Village Bagandou, ils sont toujours accueillis, par les membres de leurs tribus, telles que, Bôgbokou, Bô-dzobi, Bô-koka, Bô-tondo, Bâkongonlon, Bôbonlongon, etc. Dans le sens inverse, ceux du Centrafrique, viennent également, en cas de besoin, rendre une visite familiale à leurs parents du Congo-Brazzaville, notamment dans le Département de la Likouala : (Les Villages installés le long de la rivière Libénga, dans le District d’Enyellé ; et aussi dans le District de Bétou à Boyélé). Dans les Villages Bagandous, à savoir, Dzanga, N’Dongo 1 et N’Dongo2, Moualé et Amissokè, ainsi que dans les autres Villages environnants, situés en amont du District d’Enyellé, à la frontière du Centrafrique et du Congo-Brazzaville, les va-et-vient s’effectuent régulièrement, surtout du côté de la Ville District d’Enyellé, dont ils sont administrés. De part et d’autre, ils ont des parents, et les échanges commerciaux, ainsi que les communications, se déroulent en langue Bagandou, qui est comprise où assimilée par les frères Bôdjangas, habitants le long de la rivière Libénga. Du côté du Cameroun, les contacts et les relations familiaux sont permanents et suivis à cause de la proximité entre les Bagandos ou Bangandous de Bolozo (CongoBrazzaville) jusqu’à leurs concitoyens de la Commune de Moloundou, région de YOKADOUMA (Cameroun), avec leurs parents Bônguilis des Districts de Mokéko et de Pikounda, dans le Département de la Sangha, Chef-lieu Ouesso.

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3. Les danses propres aux Bagandous et celles d’emprunt Depuis belle lurette, en Afrique en général, la danse3, était un ensemble de rythmes organisés selon les circonstances pour représenter certaines réalités de la vie : — Combats : ce sont des danses guerrières, dont le but était de se mettre en condition physique et psychologique, pour neutraliser les forces de l’ennemi ; — Chasse : c’était un ensemble de danses qui visait un but analogique aux précédentes, et stimulait le combat éventuel contre les animaux dangereux ; — Abattage des gros arbres : pour cultiver des champs ; — Danse des jumeaux : elle servait à exprimer la joie à la naissance, et la tristesse à la mort des jumeaux. Ces différentes danses sont accompagnées des chansons qui ont une forme fixe, mais avec des visées diverses. On distingue : « la chanson populaire » avec diverses paroles de joie de danser pour festoyer au cours de la célébration des manifestations évènementielles ; « la chanson Satirique » pour ridiculiser le délinquant ; « la chanson proverbe » pour régler des palabres entre deux clans ou deux familles ; « la chanson rituelle » propre à certaines situations (naissance ou mort des jumeaux) ; « la chanson funèbre » pour les veillées mortuaires. En effet, point n’est besoin de rappeler que, là où il existe un peuple, il y a obligatoirement une civilisation et une culture. Depuis toujours, les Bagandous possèdent leur propre civilisation, ainsi que leur culture intrinsèque. À partir du démembrement de leur ethnie en Afrique Équatoriale, leur comportement a subi des influences extérieures dans les rapports sociaux avec leurs cohabitants. 3

Luc Daniel Adamo MATETA, déjà cité, pages 25 à 26.

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3.1. Les danses propres aux Bagandous Il faut aller les chercher dans leur terroir ancestral, habité jusqu’à nos jours, par leur tribu Bônguili, dont les membres s’illustrent avec ces danses, au cours des fêtes nationales et des cérémonies familiales. Il s’agit, entre autres, de la danse « ÉZÉNGUI », rythmée autour de ses rites initiatiques pygmées BAMBÉNGA peuples autochtones, empruntée et pratiquée par les hommes Bônguili du village MIGANGA au nord du District d’Epéna dans le Département de la Likouala. Notons que les bambéngas premiers habitants du pays, ont toujours été depuis les temps anciens, les collaborateurs et les compagnons des Bantous répartis dans les grandes forêts équatoriales. Les Bagandous, en tant que peuple guerrier, rompu aux techniques des guerres traditionnelles, possèdent la danse « MOKENGA » à l’instar de « EKONGO », chez les KOUYOUS du Département de la Cuvette Centrale, au Congo-Brazzaville. Cette danse « MOKENGA », leur est restée coutumière, depuis l’époque des guerres interethniques, jusqu’aujourd’hui, et qui se pratique, essentiellement par les hommes, lors du décès d’un notable, chef de village, chef de famille, ou d’une grande personnalité Bagandou. En plus, de la danse « MOKENGA », les hommes Bagandous, d’un âge avancé, pratiquent, la danse ‘’BÈNDÈ’’, lors des cérémonies officielles. Habillés et déguisés en peaux des bêtes féroces, telles que, la panthère et autres grands félins, ils prononcent des incantations en s’exhibant, pour obtenir, à leurs côtés, la présence mystique de leurs totems, le tout au rythme endiablé des tams-tams, accompagné par des chants appropriés.

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3.2. Les danses d’emprunt Au cours de leur périple en pays frère, les « Bôdjangas », peuple riverain, la cohabitation des Bagandous avec ces derniers, les a amenés à adopter leur danse « ESSÉLÈKON ». De même, une fois arrivés en pays M’Bâtis (Issongos), là où les Bagandous fondèrent le Village qui porte le nom de leur ethnie, du côté du Centrafrique actuel, là aussi, cette cohabitation leur a fait adopter la danse populaire et mixte, le « MODOUGBA ». Quant aux jeunes femmes et filles Bagandous, elles se rivalisent dans la danse « YONLÈ », empruntée chez les M’BÂTIS (Issongos) et les GBAKAS de cette contrée ; etc. L’influence des danses d’emprunt, se trouve plus ou moins chez les Bagandos du Cameroun, malgré que ceux-ci, ont conservé leur originalité.

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CHAPITRE 2 : ACTIVITÉS DE LA VIE COURANTE EN SOCIÉTÉ

1. La chasse Les Bagandous, habitants la grande forêt équatoriale, pratiquent différentes techniques de chasse qui sont : a) la chasse appelée : BOKILA. Il s’agit des filets tressés avec la liane appelée KOSSA, que l’on trouve dans la forêt. Cette chasse aux filets est pratiquée par les hommes et les jeunes garçons âgés à partir de dix ans et plus ; disons à partir de l’âge de la puberté. Les femmes sont exemptées. b) la chasse aux pièges : Appelée : ESSOMBON au singulier ou BISSOMBON au pluriel. Ces pièges sont fabriqués avec la même liane KOSSA, ils sont placés sur les passages des animaux sauvages. De nos jours, le « KOSSA » a été remplacé par le câble. c) la chasse aux trous : Appelée : MABÉLA au pluriel ou DIBÉLA au singulier. Il s’agit de creuser des trous dans des zones giboyeuses. Au fond des trous sont fixés des morceaux d’arbustes, bois dur et résistant : « MODINDO », taillés de manière pointue et couverts au-dessus des trous, par des brindilles et des feuilles mortes d’arbres (l’humus), en vue de piéger les animaux sauvages qui passeront par là. Cette technique de chasse, est même dangereuse pour les humains, qui 145

s’hasarderaient à emprunter ces endroits. Heureusement que, les chasseurs en question, prennent soin de marquer par des signes particuliers, pour indiquer l’interdiction formelle de passage. d) la chasse à l’arbalète, appelée : MBANON. C’est en d’autres termes, le fusil traditionnel des Bagandous. Cette chasse se pratique avec des flèches de bambous de Chine taillées, pointues et empoisonnées avec les écorces, racines et feuilles de l’arbre BONDO, que l’on fait bouillir tous les ingrédients, en vue de chasser les primates, en particulier, les singes, etc. 2. La Pêche Cette activité est pratiquée par les femmes Bagandous dans les étangs de moyenne dimension. Il s’agit de vider l’eau de cet étang jusqu’à sa lie, en vue d’attraper toutes espèces de poissons qui s’y trouvent. Il convient de noter que dans les ruisseaux, les rivières et les fleuves, les Bagandous, étant un peuple forestier, l’activité de la pêche dans ces eaux à grande échelle, leur a été, une activité d’emprunt, auprès des peuples Bangalas riverains, au cours de leur émigration. 3. L’Élevage Habitants la grande forêt équatoriale, les Bagandous se nourrissent principalement de la viande de chasse et ignoraient l’élevage des animaux domestiques, sauf les chiens qui leur tenaient compagnie au cours des parties de chasse.

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4. La Forge Venant du Nil-Nubien, et grands guerriers, depuis les siècles passés, notamment vers la fin du 17e et début 18e siècle, les Bagandous connaissaient la forge. C’est ainsi que les forgerons fabriquaient les lances, les sagaies, les couteaux, surtout le fameux couteau de guerre, appelé ‘’MOSSÈLÈ’’, qui perdure jusqu’à nos jours. Sans oublier la hache traditionnelle que l’on trouve encore aujourd’hui chez certains peuples autochtones, pygmées (Bambéngas), ainsi que les houes traditionnelles servant à retirer les racines tuberculeuses dans les forêts. 5. Le mariage Les Bagandous pratiquaient quatre types de mariages : a. Le mariage arrangé entre jeunes époux ; b. Le mariage par succession à la suite d’un décès de l’un des époux ; c. Le mariage par lequel on peut l’appeler par cession ; d. Le mariage de libre connaissance entre les futurs époux. a) Le mariage arrangé : Il concernait un arrangement ou une entente entre les parents du jeune garçon et ceux de la jeune fille, d’unir leurs enfants en mariage. Ceci, pour sceller l’alliance et l’amitié entre les deux familles, jusqu’aux progénitures des futurs époux, et éviter ainsi, les problèmes inhérents à la sorcellerie et surtout à la fainéantise, qui était banni dans la société Bagandou. Il faut avoir un homme brave et travailleur pour s’occuper de sa femme et nourrir sa famille. La femme doit être forte pour servir son homme et sa famille, par les produits champêtres, etc. 147

b) Le mariage par succession à la suite d’un décès de l’un des époux Lorsqu’un homme, marié à une femme, légalement avec versement d’une dot réglementaire selon la tradition et la coutume, venait à rendre son âme à Dieu, la veuve ayant des enfants, après les obsèques et le veuvage, devait immédiatement être remariée ou reprise par le cadet du mari défunt ou encore par l’un de ses cousins germains. Les raisons évoquées par la tradition coutumière, c’est que, une femme féconde, mariée et dotée auprès de ses parents, doit continuer à vivre au sein de sa belle famille, afin d’agrandir la procréation de celle-ci. Rappelons que chez les Bagandous, le système social est fondé sur la filiation patrilinéaire, système dans lequel les pères exercent une autorité exclusive ou prépondérante ; les enfants, sont récupérés par les parents paternels du défunt y compris son épouse ou même ses épouses avec ou sans progéniture. C’est cela, le droit coutumier chez les Bagandous il est dénommé : MOKANO. Quand c’est le cas d’une femme décédée, légalement mariée avec dot, et qui laisse son mari avec leurs enfants, après son inhumation, au moment de régler tous les problèmes inhérents à ce genre de situation entre les deux familles, les parents de la défunte femme, vont poser les deux questions ci-après, au mari veuf et à sa famille. Voulez-vous, que nous vous libérions en vue d’épouser une femme dans une autre famille ? Ou que vous préfériez rester dans notre famille ? Si la volonté du mari veuf et de sa famille est de continuer à rester au sein de la famille de la défunte, alors celle-ci, articule, en disant que nous vous proposons une kyrielle de nos filles et femmes non mariées, donc célibataires ; à vous de choisir parmi ces belles créatures, celle qui doit dignement combler ce vide laissé par sa parente décédée. Les raisons évoquées par la tradition coutumière, c’est de sauvegarder l’éducation des enfants 148

laissés par leur défunte mère, d’une part ; surtout lorsqu’ils sont à bas âges ; et d’éviter de livrer les enfants entre les mains d’une autre femme rivale, qui pourrait inconsciemment par excès de jalousie les maltraiter, d’autre part. Ce type de mariage qui intervient à la suite d’un décès de la conjointe, s’appelles-en langue Bagandou, le LIKITA ou encore MOKITANI, c’est-à-dire, la remplaçante ; en d’autres termes directs, celle qui succède à sa parente. c) Le mariage par cession Ici, il s’agissait des époux qui, après leur mariage qui a duré quelques années de vie commune, sans procréer. Dans la société traditionnelle Bagandou, la stérilité n’est pas l’affaire de l’homme, elle est l’expression d’une honte monumentale pour lui, si jamais, l’on découvre avec la médecine moderne d’aujourd’hui qu’il en est la cause, c’est un grand scandale. Chez les Bagandou c’est toujours la femme qui est accusé de stérilité. Ainsi, pour sauvegarder l’honneur, de son conjoint, la femme lui propose de prendre en mariage, de type LIKITA, une jeune fille ou une jeune femme célibataire au sein de sa propre famille consentante. Cette personne peut être, une cousine ou une nièce à elle, en vue de procréer avec ledit mari. À partir du moment, où les familles des époux se sont mises d’accord, et que la nouvelle épouse a pris possession du ménage, la première maîtresse du foyer conjugal, cesse immédiatement, les relations intimes ou sexuelles avec son conjoint, mais elle reste là, pour aider sa parente, à effectuer les travaux ménagers, et éventuellement, en cas de naissance d’enfants, à l’assister en qualité de la maman nourricière.

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d) Le mariage de libre connaissance entre les futurs époux Ce type de mariage est du domaine classique. Les rencontres qui aboutissent à la connaissance entre les futurs époux s’effectuent en tous lieux et dans toutes circonstances. Les fréquentations se déroulent dans la stricte discrétion, avant de procéder à la présentation de l’un et l’autre chez les parents respectifs. Ici, les prétendants au mariage sont totalement libres de leur choix. Pas de contraintes à leur égard. Ce type de mariage se noue entre les hommes et les femmes du même Village, ou appartenant à des ethnies et tribus des autres Villages. Les dots obéissent aux us et coutumes des Villages dont, la femme est ressortissante. ‘’Par exemple, chez les Bomitabas, les parents acceptent volontiers la cohabitation de leur fille avec son prétendant avant toute acceptation de la dot, affaire d’observer le sérieux dans cette relation pour s’engager sans crainte. Après l’accouchement, la femme est prise en charge par ses parents (notamment sa mère) en leur domicile ou au domicile conjugal pendant une période allant de 3 à 6 mois ; c’est le ‘’Bouakélé’’, c’est-à-dire, la période et la pratique qui consistent pour une mère de prendre totalement en charge sa fille qui vient d’accoucher, de la nourrir convenablement, d’être attentive à sa beauté afin qu’elle rejoigne le foyer en pleine forme et sans aucune altération due à la maternité. Il s’agit aussi pour les parents de surveiller à la loupe l’évolution du bébé dans ses tout premiers mois et d’entrainer leur fille au rôle de la maternité42. 42

Brochure conçue et publiée par certains Cadres politiques de la Likouala avec la Conclusion du Professeur Charles Zacharie BOWAO, Philosophe, lors du 45e Anniversaire de l’Indépendance Nationale Congolaise, dont la fête a été célébrée à Impfondo, lundi 15 Août 2005, pp.53 : (Consulter la page 39, relative à la Likouala. Culturelle).

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6. La circoncision des jeunes garçons D’emblée, l’excision qui est pratiquée chez certains peuples africains sur les petites filles et qui est un crime par la loi en France, notamment, n’existe pas dans la société Bagandou. Quant à la circoncision, rituel pratiqué sur les jeunes garçons Bagandous, prend sa source ‘’au pays des Pharaons’’, souligne le Professeur Théophile OBENGA. Ce dernier, ajoute que, «ce geste qui s’inscrit dans une cosmogonie, est millénaire en Afrique, dans la vallée du Nil et en dehors de celle-ci». À l’âge de la puberté, les jeunes garçons Bagandous devaient subir obligatoirement, l’épreuve de la circoncision rituelle. Cet acte se pratiquait au petit matin, à l’aube. Il se perpétue jusqu’aujourd’hui dans certaines familles Bagandous attachées aux traditions et coutumes de leurs ancêtres. L’opération chirurgicale s’effectue à l’aide d’un rasoir traditionnel appelé Étèmbou en langues Bagandou et apparentées. Ladite opération appelée Mokouba, rassemblait individuellement ou collectivement un groupe de jeunes garçons, ayant atteint l’âge de la puberté. Au cours de cette opération chirurgicale, le praticien mâchait des feuilles médicinales, il aspergeait le liquide alcoolisé sur la plaie du pénis, en vue d’arrêter l’hémorragie. À ce rituel, la présence des femmes est strictement interdite. Une fois, l’opération terminée, le praticien bandait la plaie du pénis avec une mixture de feuilles médicinales. Pendant la période de guérison, le circoncis, devait se nourrir uniquement des Bibonguis, une espèce de souris comestible, rongeur essentiellement des tubercules de manioc et des ignames, dont les poils de leurs peaux sont 151

tachetés de couleurs noires, jaunes et blanches, que l’on chasse à l’aide des pièges aux alentours des champs. Cette nourriture est accompagnée de la banane plantain. Le tout cuit par brûlure ou braisé au feu de bois de chauffe. Ce régime alimentaire doit accompagner le patient, jusqu’à la cicatrisation complète de la plaie du pénis, qui dure deux à trois semaines. La circoncision des jeunes garçons atteint l’âge de la puberté, est considéré chez les Bagandous, comme un acte d’hygiène et surtout une étape importante en vue d’accéder de l’âge d’adolescent à l’âge d’adulte. Personnellement, j’avais été circoncis traditionnellement, à l’âge de 11 ans à Boyélé par papa MOBOBA paix à son âme, le seul praticien en la matière, dans le Village à cette époque. Il convient de noter que, la tradition Bagandou exige que la circoncision des jeunes garçons s’exécute à l’âge d’adolescence ; c’est pour que ceux-ci endurent et ressentent une seule fois la douleur d’une partie de leur corps toute leur vie ; surtout que l’opération chirurgicale s’effectue sans anesthésie. Pour la petite histoire, plus tard, lorsque deux garçons se disputeront, l’un fâché, dira à l’autre, «si je ne te tiens pas pour la bagarre, tu diras que j’ai été circoncis deux fois dans ma vie». En disant cela, il se rappelle de la douleur qu’il avait ressentie au cours de sa circoncision. 7. Les faiseurs de pluie et des voyants traditionnels Le Professeur Théophile OBENGA rapporte que, ‘’la haute magie pharaonique s’est perpétuée en Afrique noire profonde sous forme de (fétichisme)’’. En effet, dans la plupart des sociétés africaines, les faiseurs de pluie et des voyants traditionnels existent. Les Bagandous, animistes et fétichistes, par excellence, en dépit 152

de la présence des religions monothéistes : (Christianisme et Islamique), n’échappent pas à la règle. Ces pratiques mystico-fétichistes tendent à se perpétuer dans la société Bagandou. Pour exceller dans cette magie, les voyants traditionnels s’appuient sur des personnages mystiques, qu’ils sont seuls à maîtriser, pour en faire des consultations onéreuses auprès des tiers. Sans trop tarder sur un domaine occulte dont la compétence nous échappe, nous disons simplement et reconnaissons que ces ‘’N’GANGAS’’ (féticheurs voyants traditionnels) existent de nos jours, chez les Bagandous. D’autres personnages, tels que les ‘’ÉMAKAS’’, voyants, chez les frères Bô-djangas, sont de plus en plus, en déclin, à cause du phénomène naturel d’âge. Les vieux sages, détenteurs et dépositaires de cette connaissance scientifique, disparaissent avec leur savoir. Les propos d’Amadou Hampaté Bâ corroborent à cette réalité lorsqu’il dit : « En Afrique, lorsqu’un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ». Toutefois, cette boutade appelle aujourd’hui, quelques réserves de la part de certains chercheurs historiens africains et africanistes étrangers, qui pensent que certaines personnes âgées, frappées par une sorte d’amnésie de fixation des évènements, ou ruinées par l’usure du temps et par la maladie, atteintes d’amnésie partielle ou totale, sont considérées comme des vieillards ‘’inutiles’’ pour le chercheur. La tradition orale étant admise comme source privilégiée de l’histoire des peuples qui n’ont pas légué à la postérité des récits écrits, certains jeunes gens sont souvent des informateurs que l’on aurait tort de négliger, à condition qu’ils n’aient pas été restés sourds ou indifférents aux récits et aux multiples facettes de la vie quotidienne d’autrefois,

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que leurs parents tentaient de leur communiquer dans leur enfance. 8. La connaissance de DIEU UNIQUE ET TOUT PUISSANT Les Bagandous, connaissaient l’existence de Dieu Unique et Tout Puissant, appelé ‘’MOUNGO’’. C’est ainsi qu’ils le vénéraient par une chanson qui reste d’actualité. En voici l’articulation : « DIEU (MOUNGO) est plus GRAND et au-dessus de tout le monde » ; « DIEU (MOUNGO) est plus GRAND et au-dessus des sorciers (ndokis ou bâ-lémbas) » ; « DIEU (MOUNGO) est plus GRAND et au-dessus des féticheurs (N’gangas y compris les magiciens) ». Mais, malgré cette connaissance Divine, les Bagandous sont restés parmi les plus grands associateurs et hypocrites dans le domaine d’adoration des petits dieux traditionnels. Tout en vénérant Dieu le plus GRAND, ils sont dominés par leurs totems et leurs pratiques mystico-fétichistes, en péchant énormément, jusqu’à l’avènement du Christianisme, et plus tard, des autres religions, telles que l’Islam, et récemment, les Églises de Réveil. De nos jours, l’association des petits dieux aux Grand Dieu, tend à se perpétuer dans la société Bagandou, en général, y compris le fétichisme qui sévit dans le même milieu. De plus en plus, les religieux reconnaissent la dérive Bagandou dans ce domaine. Que faire, dans ce contexte, surtout auprès de ceux qui sont basés du côté du Centrafrique, où tous les courtisans vont les consulter.

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Les missions religieuses, les vraies et sérieuses, surtout pas les commerçants ou marchands qui monnayent la parole de Dieu, devraient notamment contribuer progressivement, à un enseignement de masse d’où se dégageraient des élites religieuses, pour un enrichissement spirituel des populations. Nous sommes conscients qu’il est difficile, d’enrayer par un coup d’un bâton magique, ces traditions fétichistes qui se sont enracinées dans la mémoire collective des Bagandous, depuis leur existence sur terre, et qui relèvent aujourd’hui, d’un autre temps révolu. Nonobstant, le fait que c’est un travail à long terme, il suffit de commencer, en posant le premier pas ; comme dit, le proverbe, ‘’il n’y a que le premier pas qui coûte’’ ; c’està-dire, le plus difficile en toute chose est de commencer. D’où, la nécessité pour les religieux de cette contrée, d’organiser des campagnes d’explication Divine, face à l’étiquette mystico-fétichiste qui caractérise cette communauté Bagandou du Centrafrique, en la qualifiant injustement de l’‘’Inde’’ de ladite contrée. Il faut reconnaitre que ce n’est qu’une suggestion parmi tant d’autres, en dépit de ce que certains considèrent que ces pratiques mystico-fétichistes sont normales et relèvent de la civilisation intrinsèque chez les Bagandous, par des faits de culture portés par notre imaginaire collectif. Le débat reste ouvert sur la question.

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CONCLUSION

Jules MICHELET (1798-1874), Historien français et Professeur au Collège de France à Paris (1838), lorsqu’il amorça sa gigantesque et monumentale entreprise qui prit quarante ans de sa vie, pour écrire L’HISTORE DE FRANCE, il disait que pour lui, ‘’l’histoire n’est pas un musée de cires, c’est-à-dire, un musée où sont exposées de reproductions en cire de personnages célèbres ou encore des scènes mémorables’’. Chef de la section historique aux Archives nationales (1831), MICHELET avait eu accès à une quantité énorme de documents originaux, de manuscrits d’époque. Ses ‘’sources primitives’’ étaient toujours crédibles, et avaient défini ‘’l’Histoire comme étant une Résurrection’’. L’histoire des Bagandous que j’ai essayé de retracer dans ce présent texte, sous-tendue par une recherche approfondie pendant plusieurs années de ma vie, plus de trente ans à compter de 1985, c’est en effet, une sorte de résurrection de ce peuple qui répond à trois interrogations simples. D’abord, qui sont les Bagandous ? Ensuite, d’où viennent-ils ? Enfin, ont-ils un foyer historique qui leur est propre ? C’est en définitive, se connaître soi-même, avant qu’autrui vienne à s’intéresser à vous découvrir, comme dit l’adage : ‘’si vous ne parlez pas de vous-même, personne ne parlera de vous’’, ou encore ‘’se nommer soi-même, c’est exister’’. Cette histoire des Bagandous existe depuis la nuit des temps en Afrique orientale et se déroule à l’aube de la 157

colonisation française et européenne en Afrique Équatoriale. Par analogie, les mêmes faits relatés dans ce texte, se rencontrent approximativement dans la plupart des ethnies africaines qui ont été confrontées aux aventures et conquêtes fatalistes coloniales européennes. Disons que, la colonisation européenne avait provoqué la rupture dans l’évolution normale du pouvoir politique en Afrique noire, elle est à l’origine de la plupart des crises actuelles. Néanmoins, malgré ses affres, il nous semble indiqué de reconnaître que cet épisode colonial européenne était porteuse de sa civilisation, complémentaire à celle des habitants du Continent noir africain qui, au demeurant, se trouvait à peu près en situation de déclin. C’est le cas de ces dernières années du monde occidental menacé par le péril jaune, notamment, la Chine, dans le cadre de la mondialisation. Toutefois, à quelque chose malheur est bon. Les colonisations française et européenne, en érigeant leurs frontières arbitraires et artificielles en Afrique noire, sans rapport avec les réalités sociologiques de certaines ethnies africaines qui se retrouvent aujourd’hui divisées entre deux ou trois pays d’Afrique noire, privilégiaient à cette époque, à court et moyen termes, uniquement leurs intérêts multiformes. Mais, à long terme, pour toutes les ethnies africaines qui sont présentement dans cette situation y compris les réfugiés africains à l’intérieur du Continent noir, c’est un évènement qui peut être considéré comme un heureux présage dans la construction future du panafricanisme cher à William Edward Burghart DU BOIS, Afro-Américain, métis du Massachusetts (1868), au Ghana de NKWAME KRUMAH (1963), fondateur et champion de la cause panafricaine, qu’il avait soutenue et défendue au cours de plusieurs Congrès et Conférences panafricains. En 1957, la Gold-Coast (Ghana actuel) accédait à l’indépendance. En 1961, NKRUMAH invita DU BOIS à se 158

rendre au Ghana pour entreprendre la rédaction d’une encyclopédie africaine. Ce projet était cher à DU BOIS car, dès 1909, il avait préparé le plan de ladite encyclopédie où le rôle que jouait l’Afrique dans l’histoire du monde serait reconnu. KRUMAH, grand militant et chantre du panafricanisme, qui, dès mai 1963 à Addis-Abeba en Éthiopie, lors de la création de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), avait soutenu devant ses pairs Présidents africains de l’époque, la fondation des États-Unis d’Afrique à l’instar des États-Unis d’Amérique. L’Union fait la force, disait-il. De nos jours, la raison de l’histoire rattrape ses successeurs dans la même capitale Éthiopienne. DU BOIS, après avoir renoncé à la nationalité américaine, s’était établi à Accra comme citoyen Ghanéen, où il mourut le 27 août 1963, six ans après l’indépendance. DU BOIS eut une longue vie et avait atteint l’âge de 95 ans, toujours obsédé par le problème du 20e siècle : la décolonisation de l’Afrique noire qu’il avait prédie lors de la première Conférence panafricaine tenue à Londres, en Angleterre en juillet 1900. La référence faite ici, très largement, à DU BOIS, s’inscrit dans l’optique que ce dernier, en tant qu’AfroAméricain, ne percevait pas la condition du Noir américain comme un problème isolé. Pour lui, au contraire, il existait un lien fondamental entre la condition des Noirs du monde entier. Aussi, cette vision était partagée, entre autres, par plusieurs panafricanistes, tels que, le Trinidadien Georges PADMORE et le Jamaïquain Marcus GARVEY, etc. Plus tard, à l’aube des indépendances africaines, certaines personnalités, parmi les premiers leaders africains, ont emboité le pas, notamment, SEKOU TOURE et MODIBO KEITA en Afrique Occidentale, ainsi, que, Barthélémy 159

BOGANDA, homme politique, visionnaire par rapport à sa formation de prêtre catholique, en Afrique Centrale, qui avait très tôt en 1958/1959, proposé à ses pairs, du MoyenCongo (actuel Congo-Brazzaville), du Gabon et du Tchad, la création des États-Unis d’Afrique centrale, pour en faire une grande République Centre-Africaine, au-delà des frontières de l’Oubangui-Chari, son pays natal, issu de l’ethnie Gbaka, dans la Région ou Préfecture de la Lobaye. Cette histoire qui porte principalement sur la connaissance des Bagandous, constitue une remise en question, face aux amalgames et polémiques contemporaines, particulièrement, en politique politicienne, où le rejet de l’autre est systématique dans certains pays africains. Car rappelons-le, là où la Providence a placé sur une portion de la planète terrestre, un peuple, une ethnie ou des ethnies avec des groupes de tribus et des clans, il y a naturellement, une civilisation et une culture qui régissent leur existence. En clair, c’est affirmer avec une forte dose de conviction qu’un ‘’peuple sans histoire est un monde sans âme’’. Heureusement que, grâce à Dieu, Tout Puissant, l’on ne trouve nulle part, au monde, l’existence d’un quelconque peuple sans aucune histoire. Ainsi, la bonne gouvernance exige, entre autres, la bonne connaissance de son peuple afin de dissiper tout esprit nébuleux ou malentendu, voire machiavélique qui constituerait une entrave au développement ou au changement structurel dont la finalité aboutit à la croissance, changement dimensionnel, des États africains vers l’émergence, afin que les nouvelles et futures générations s’en approprient. La présente œuvre est fondée sur les traditions écrites et orales du monde BANTOU (Bangalas). Elle contribue à débroussailler le terrain, qu’il conviendrait de semer afin de commencer à récolter quand le destin se présentera pour faire le bilan escompté. 160

Parlant de moi-même, né des parents paysans et ayant été élevé depuis mon jeune âge au cours des années 1950 dans une famille commerçante et profondément religieuse, j’ai foi à ma race, à ma culture et je crois à l’unité et à la fraternité des Africains, de tous les hommes, lesquels, en principe, en tant que naturalistes par essence, sont condamnés à vivre en symbiose avec leur environnement naturel. C’est pourquoi, conformément à mes convictions philosophiques, ainsi qu’à mes sensibilités politiques de Panafricaniste (disciple de DU BOIS) et d’Écologiste, homme de gauche (disciple du Professeur René DUMONT, Ingénieur Agronome, ‘’évènements de mai 1968 à Paris, France,’’ durant mes années estudiantines à l’Université PARIS I. SORBONNE -PANTHEON, il a été le premier Écologiste français, candidat aux Élections Présidentielles de 1974), et aussi celui qui, au début des années 1960, des indépendances du Continent noir d’Afrique, avait écrit un célèbre livre, intitulé : ‘’l’Afrique Noire est mal partie’’, lequel livre avait fait du tollé à cette époque en Afrique. Chemin faisant, plus de 50 ans après les tumultes du développement de l’Afrique, l’histoire politique contemporaine du Continent africain lui a donné raison et l’a acquitté. C’est ainsi que dans toute mon existence, j’ai vécu et continue à vivre dans une espèce de ghettoïsation, dans la modestie, la simplicité et le mépris des biens matériels. Vivant essentiellement du minimum vital pour ma subsistance, selon la parole coranique qui dit : ‘’SEIGNEUR, Accorde-nous une belle part (équivalent à 50 %) dans ce bas-monde et une belle part (50 %) dans l’audelà et Préserve-nous du châtiment du feu (enfer)’’, Saint Coran : Chapitre 2, verset 201. C’est, contrairement, à ceux qui sont dépourvus de l’éducation spirituelle, qui disent qu’ ‘’on ne vit qu’une fois’’ et qui réclament l’acquisition de 100 % des biens 161

matériels dans ce bas monde. Quoi qu’il en soit, c’est une question de choix personnel et individuel à faire dans la présente vie et qui ne fait intervenir, aucune polémique, puisque le Seigneur Dieu l’avait déjà prédit dans le Saint Coran : Chapitre 2, verset 200 : ‘’qu’il y a des gens qui disent seulement Seigneur, accorde-nous (le bien) ici bas ! ’’ ; ‘’Pour ceux-là, comme le précise le Saint Coran nulle part d’acquisition (des biens) dans l’au-delà’’. À ce titre, permettez-moi, comme l’ont déjà fait les hommes de sciences africains, d’interpeller la conscience des décideurs africains, leurs intellectuels, leurs sociétés civiles et leurs religieux, sur les enseignements et les leçons à tirer dans les domaines pluridisciplinaires, notamment, des sciences humaines, quant à scruter l’avenir de notre Continent qui est déjà porteur de grandes avancées endogènes et convoitises exogènes. Car, ne dit-on pas qu’un ‘’édifice construit sans fondation s’écroulerait au premier vent ? ’’. À bon entendeur, Salut !

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BIBLIOGRAPHIE

BALANDIER Georges, « Le royaume de Kongo du XVIe au XVIIIe siècle ». Édition Fayard/Pluriel, Paris (France) 2013 BENOIST de Joseph Roger, « Conférence de Brazzaville en février 1944 » publié dans le Magazine trimestriel de l’Histoire Africaine N° 7/1983, Dakar, Sénégal. BOWAO Charles Zacharie, « Brochure conçue avec la collaboration de certains cadres politiques de la Likouala en août 2005 à l’occasion du 45e anniversaire de l’indépendance nationale congolaise à Impfondo », p.39, Likouala Culturelle. COTTA Alain « l’exercice du pouvoir ». Éditions Fayard, Paris, (France) 2001. MBOUDO NESA (Mbondo GNESSAHOU), « Pour le Développement de la Région de la Likouala 2000 ». Brazzaville, pp.80. (Citation à la page 6). M’BAKO Marius, « Le Diable, le Perdu et les Traditions ». Le journal Le Défi Africain N° 275 du 29 juillet 2018, Brazzaville. Abraham NDINGA-MBO, « Histoire du Congo, racontée à nos enfants ». Éditions du JAGUAR, Saint-Étienne, 2015, France.

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KRUMAH Nkwamé, « Autobiographie de Nkwamé KRUMAH’’. Édition Présence Africaine, Collection le Panafricanisme Paris (France) 1960. LUZY Antoine, «La puissance du regard». Éditions Dangles, 18 rue Lavoisier 45800- Saint-Jean, DEBRAYE, Mai 1991 (France). MATETA Luc Daniel, «Appui aux valeurs socioculturelles Congolaises». Éditions GRAPHIC PRINT, 75, rue Kinkala – Moungali, Tel : 05-576-10-87. Brazzaville, Congo. MENDIAUX E., «Histoire du Congo : des origines à Stanley». Éditeur Charles Dessart, Bruxelles, (Belgique), 1961. Bibliothèque de la Documentation Française à Paris, située au Quartier Latin, au bord de la rive droite de la Seine. OBENGA Théophile, «Les Origines des Pharaons sont africaines», article publié dans le Magazine trimestriel de l’Histoire Africaine n° 7/1983, Dakar, Sénégal. OBENGA Théophile, «Introduction à la connaissance des peuples de la République Populaire du Congo». Brazzaville

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Table des matières PRÉFACE ....................................................................................7 REMERCIEMENTS ....................................................................13 DÉFINITIONS ............................................................................17 ARBRE GÉNÉALOGIQUE ET BIOGRAPHIE DE L’AUTEUR ...........................................................................19 AVANT-PROPOS .......................................................................37 INTRODUCTION ........................................................................43 TITRE I : ÉPOQUE PRÉ- COLONIALE FRANÇAISE ET EUROPÉENNE CHAPITRE 1 : GÉNÉALOGIE DE L’ETHNIE BAGANDOU

: ...............................53 1. Les Origines des Bagandous ...........................................53 2. La Sangha : Terroir ancestral des Bagandous .................57 3. La légende du litige de la séparation ...............................58 4. Le conflit originel de la séparation ethnique ...................59

CHAPITRE 2 : DÉMEMBREMENT DE L’ETHNIE BAGANDOU .........................63 1. L’éclatement et la dispersion des différents groupes tribaux ....................................................................63 1.1. Un premier groupe reste sur place au Terroir Ancestral .......................................................64 1.2. Un deuxième groupe aborde la rivière N’GOKO et émigre à sa rive gauche..............................64 1.3. Un troisième groupe traverse le fleuve SANGHA et émigre à sa rive gauche également ...........65 2. Le groupe dénommé : ‘’TERROIR ANCESTRAL’’ ......65 2.1. La tribu Bônguili, dite de l’intérieur de la forêt........................................................................66 2.2. La tribu Bônguili, dite du fleuve .............................66 3. L’émigration des partants : les groupes dénommés : ‘’NGOKO’’ et ‘’SANGHA’’ ..............................................67 3.1. Le groupe ‘’N’GOKO’’ ..........................................68

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3.2. La longue marche du groupe ‘’SANGHA’’ ............68 4. La naissance des appellations : ‘’NGABOS’’ et ‘’BÔ- DJANGAS’’ ..........................................................70 5. La guerre inter - ethnique entre les Bagandous et les M’Bâtis (Issongos.) ....................................................72 6. La guerre interethnique entre les Enyellés secourut par les Bagandous contre la communauté ethnique Bodji .....................................................................74 TITRE II : ÉPOQUE COLONIALE FRANÇAISE ET EUROPÉENNE CHAPITRE 1 : L’ETHNIE BAGANDOU SURPRISE COMME LES AUTRES ETHNIES AFRICAINES PAR LA PÉNÉTRATION DE LA COLONISATION FRANÇAISE ET EUROPÉENNE DANS LE CONTINENT D’AFRIQUE NOIRE SUBSAHARIENNE ..................81

1. Les colonies au service de la Métropole..........................81 2. Le refus de soumission aux travaux forcés coloniaux : notamment le lancement de la culture d’hévéa (caoutchouc) et la pose des fils en câbles téléphoniques et télégraphiques (SINGA) ..................................................82 3. La résignation forcée à l’intérieur des tracées des frontières coloniales arbitraires et artificielles qu’ils n’avaient pas choisies ..........................................................86 CHAPITRE 2 : LES TENTATIVES DE RETOUR AU BERCAIL : TERROIR ANCESTRAL ..............................................................91 1. La fondation du village : MAKOUMOU ........................91 2. La fondation du Village : Bô-dzama ...............................94 3. La création du Village BOYÉLÉ ..................................101 3.1. L’exposé des faits ..................................................101 3.2. La fondation du Village BOYÉLÉ ........................104 3.3. Le regroupement du Village BOYÉLÉ avec les Villages avoisinants, pour en faire une Cité Urbaine...........................................................106 4. La dispersion en 1954 du village BÔ-DZAMA .......107

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TITRE III : ÉPOQUE POSTCOLONIALE FRANÇAISE : EXISTENCE DES FOYERS DE LA COMMUNAUTÉ ETHNIQUE BAGANDOU EN AFRIQUE CENTRALE : CONGOBRAZZAVILLE, CENTRAFRIQUE, CAMEROUN ET UNE MINORITÉ EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO CHAPITRE 1 : AU CONGO BRAZZAVILLE ....................................................113 1. Dans le Département de la Sangha ................................113 1.1. Les Bônguilis de l’intérieur de la forêt ..................113 1.2. Les Bônguilis du fleuve.........................................113 1.3. Les Bagandos (ous) du village Bolozo ..................113 2. Dans le Département de la Likouala .............................114 2.1. Au village MIGANGA ..........................................114 2.2. Au village Bô-DZAMA ........................................114 2.3. Aux Villages : DZANGA, N’DONGO 1 et N’DONGO 2, MOUAÉ, AMISSOKÈ et les autres Villages environnants. ..................................................114 2.4. Au village BOYÉLÉ .............................................116 3. Les Conséquences de la balkanisation européenne au sein de quelques ethnies congolaises ........................................116 3.1. Dans la Likouala....................................................117 3.2 Dans le reste du pays : ............................................119 CHAPITRE 2 : EN CENTRAFRIQUE ...............................................................121 1. Au village BAGANDOU ..............................................121 2. De la fatalité coloniale au NON-RETOUR acquis ........121 3. Problèmes des frontières arbitraires et artificielles imposées aux États africains par la colonisation européenne ........................................................................122 CHAPITRE 3 : AU CAMEROUN ......................................................................125 1. À MOULOUNDOU .................................................125 2. La conservation séculaire de l’appellation ethnique Bagandou ou Bagando.......................................................125

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CHAPITRE 4 : MINORITÉ BAGANDOU EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO (R.D.C)................................................................127 CHAPITRE 5 : LES BAGANDOUS ET LES GUERRES INTER-ETHNIQUES DU PASSE PRÉCOLONIAL FRANÇAIS ......................................131 1. Au Congo-Brazzaville : avec le groupe ethnique Bodji ..................................................................................131 2. En Centrafrique : avec l’ethnie M’Bâti (Issongos) : .....132 3. Au Cameroun à Moloundou : avec un peuple hétéroclite sédentaire ........................................................133 TITRE IV : CIVILISATION ET CULTURE DES BAGANDOUS CHAPITRE 1 : DIMENSION CULTURELLE .....................................................137 1. Un peuple Bangala du Monde Bantou...........................137 1.1. L’appartenance des Bagandous au monde BANTOU .....................................................................137 1.2. La communauté du langage Bagandou avec les autres peuples Baganlas ..................................138 2. La conservation des liens de parenté entre la communauté ethnique Bagandou et leurs descendants ..........................................................140 3. Les danses propres aux Bagandous et celles d’emprunt ..........................................................................142 3.1. Les danses propres aux Bagandous .......................143 3.2. Les danses d’emprunt ............................................144 CHAPITRE 2 : ACTIVITÉS DE LA VIE COURANTE EN SOCIÉTÉ ....................145 1. La chasse .......................................................................145 2. La Pêche ........................................................................146 3. L’Élevage ......................................................................146 4. La Forge ........................................................................147 5. Le mariage .....................................................................147 6. La circoncision des jeunes garçons ...............................151 7. Les faiseurs de pluie et des voyants traditionnels..........152

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8. La connaissance de DIEU UNIQUE ET TOUT PUISSANT ......................................................154 CONCLUSION .........................................................................157 BIBLIOGRAPHIE .....................................................................163

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Younous MADZENGUE est originaire du Congo-Brazzaville, né à Bodzama (Bolomo), dans le département de la Likouala, à l’extrême nord (septentrional) du pays. Il est docteur en économie de l’Université Paris I - Panthéon-Sorbonne.

Photographie de couverture : à gauche, couple bagandou (Bangala) à droite, couple babinga (Pygmée).

ISBN : 978-2-343-22822-8 18 €

Younous MADZENGUE

La balkanisation de l’ethnie Bagandou, peuple Bangala du monde BANTOU en Afrique centrale, suivie des déplacements massifs des individus dans d’autres contrées ou régions équatoriales, prend sa véritable source à partir de l’hégémonie coloniale des pays dits occidentaux. Ce partage du continent africain a abouti à la division des mêmes ethnies entre plusieurs pays, sur la base des frontières arbitraires et artificielles tracées sans rapport avec les affinités sociologiques et anthropologiques de ces populations. C’est pourquoi, il est important de chercher à maîtriser les racines de ses origines pour savoir d’où l’on vient, car c’est une perte immense de ne pas connaître sa propre histoire. Un homme fort et assuré possède un minimum d’atouts historiques sur lui-même, c’est-à-dire, sur sa propre personnalité. Vous deviendrez cet homme !

Le peuple Bagandou en Afrique centrale Une introduction Préface de Théophile Obenga

LE peuple Bagandou en Afrique centrale

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Younous MADZENGUE