Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron 9782503591551, 2503591558

Située au carrefour de la linguistique, de la littérature antique, de la philosophie grecque et romaine ainsi que de l&#

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INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE. LE GREC ET LA PHILOSOPHIE DANS LA CORRESPONDANCE DE CICÉRON : ANALYSE FORMELLE ETPROSOPOGRAPHIQUE DU CORPUS
CHAPITRE I. DÉFINITION DU CORPUS
CHAPITRE II. LE GREC ET LA PHILOSOPHIE : FORMES, FONCTIONS, ORIGINES
CHAPITRE III. IDENTITÉS, FONCTIONS, LANGAGES
DEUXIÈME PARTIE. LES SOURCES PHILOSOPHIQUES DU GREC DANS LA CORRESPONDANCE DE CICÉRON
CHAPITRE I. PLATON, LES SOCRATIQUES ET LES ACADÉMICIENS
CHAPITRE II. ARISTOTE ET LES PÉRIPATÉTICIENS
CHAPITRE III. ÉPICURE ET LES ÉPICURIENS
CHAPITRE IV. LES STOÏCIENS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE, INDEX LOCORUM, TABLE DES MATIÈRES
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Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron
 9782503591551, 2503591558

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Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

HΦR Philosophie hellénistique et romaine

Collection dirigée par Carlos Lévy (Paris) & Gretchen Reydams-Schils (Notre Dame, IN)

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

Sophie Aubert-Baillot

H

F

© 2021, Brepols Publishers n.v., Turnhout, Belgium All rights reserved. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted, in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise without the prior permission of the publisher. D/2021/0095/187 ISBN 978-2-503-59155-1 eISBN 978-2-503-59156-8 DOI 10.1484/M.PHR-EB.5.121598 ISSN 2565-8816 eISSN 2565-9898 Printed in the EU on acid-free paper

SOMMAIRE

Remerciements

7

Introduction

9

Première partie. Le grec et la philosophie dans la correspondance de ­Cicéron : analyse formelle et prosopographique du corpus Chapitre I : Définition du corpus

35

Chapitre II : Le grec et la philosophie : formes, fonctions, origines

103

Chapitre III : Identités, fonctions, langages

193

Deuxième partie. Les sources philosophiques du grec dans la ­correspondance de Cicéron Chapitre I : Platon, les Socratiques et les Académiciens

285

Chapitre II : Aristote et les Péripatéticiens

435

Chapitre III : Épicure et les Épicuriens

487

Chapitre IV : Les Stoïciens

533

Conclusion

637

Bibliographie

643

Index locorum

683

Table des matières 693

REMERCIEMENTS

Ce livre est issu d’un mémoire inédit d’habilitation soutenu en Sorbonne le 30 novembre 2019. J’ai eu le privilège d’être guidée dans ce travail par M. Alessandro Garcea dont la supervision précise, exigeante autant que bienveillante, l’acribie philologique, les relectures minutieuses et les nombreuses suggestions d’enrichissements bibliographiques ont permis que ce travail fût moins imparfait. Qu’il trouve ici l’expression de ma profonde reconnaissance pour son soutien constant et pour la confiance dont il m’a honoré. Ma gratitude s’adresse également à Carlos Lévy, qui m’a conduite sur le chemin de la recherche depuis la maîtrise jusqu’à la thèse de doctorat, et m’a dispensé de nombreux conseils dans l’élaboration de cette étude. Sa rigueur, sa polymathie, son attention aux moindres nuances des textes et de leur contexte, sa capacité à s’élever des problématiques particulières vers les questions les plus abstraites, mais aussi sa passion contagieuse pour Cicéron et la philosophie antique, et enfin ses qualités humaines, son humour, sa remarquable gentillesse, son soutien sans faille durant toutes ces années, et en particulier dans la dernière ligne droite, en ont fait le plus extraordinaire de tous les maîtres. Jamais je n’aurais pu en rêver de meilleur : qu’il en soit remercié du fond du cœur. Avec Gretchen Reydams-Schils, il m’a fait l’honneur d’accueillir cette étude dans la collection « Philosophie hellénistique et romaine » de Brepols, et je leur en suis profondément reconnaissante. Mon jury d’habilitation comprenait également Mme Emmanuelle Jouët-Pastré ainsi que MM. Thomas Bénatouïl, Christian Nicolas et David Sedley. Tous m’ont adressé de précieuses suggestions qui m’ont aidée à approfondir ma réflexion et à améliorer mon texte : ce livre leur doit beaucoup.

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

Je tiens à remercier vivement Véronique Chankowski et Stéphane Gioanni qui, en tant que directeurs successifs du laboratoire HiSoMA (Histoire et Sources des Mondes Antiques) de Lyon, m’ont accueillie en délégation en 2018-2019, m’offrant ainsi d’excellentes conditions pour avancer dans mes recherches. Je n’aurais garde d’oublier mes collègues de l’Université Grenoble Alpes, avec lesquels je travaille depuis douze ans : mon étude a bénéficié des nombreuses discussions que j’ai tenues avec chacun d’eux, en particulier avec Isabelle Cogitore, Malika Bastin-Hammou, Laurence Vianès et Francis Goyet. Pour leurs encouragements et leurs conseils, je leur adresse mes remerciements les plus sincères. Mes amis et ma famille m’ont toujours entourée au fil de ces années : tous savent combien je leur suis redevable et quelle reconnaissance j’éprouve à leur égard. À tous, je promets d’être désormais beaucoup plus disponible ! Et pour finir… À Patrick, pour son sourire, son soutien de tous les instants, ses encouragements, ses relectures, son immense patience et sa curiosité à l’égard de mes recherches, quoiqu’elles lui parussent fort ésotériques ; à Juliette, Lucas et Guillaume, notre tribu câline, joyeuse et bondissante, je dédie ce travail avec toute mon affection.



INTRODUCTION

L’étude du grec et de la philosophie dans la correspondance de Cicéron que nous nous proposons de mener s’inscrit au carrefour de plusieurs disciplines : la linguistique, la littérature antique, la philosophie grecque et romaine, ainsi que l’histoire prosopographique et culturelle de Rome à la fin de la République. Elle naît d’intérêts croisés et anciens, de la part de la communauté scientifique, pour le bilinguisme gréco-latin, dont Cicéron est un représentant privilégié1, mais aussi pour le genre épistolaire à Rome, et enfin pour la philosophie cicéronienne, telle qu’elle s’exprime dans les dialogues ainsi que dans les lettres. La difficulté d’un tel travail, qui en fait également l’intérêt à nos yeux, provient de cette articulation entre des domaines de recherche dont les objets et les approches méthodologiques sont fort différents. Il convient tout d’abord de présenter les différents fils que nous entendons tisser au cours de cette étude, à savoir le bilinguisme antique, la philosophie cicéronienne et les spécificités du genre épistolaire. 1 Nous avons relevé de précieuses informations sur cette question dans des ouvrages de la fin du xixe siècle et du début du xxe, en particulier chez V. H. Clavel, De M. T. Cicerone Graecorum interprete, Paris, Hachette, 1868 ; A. Font, De Cicerone graeca vocabula usurpante, Paris, Bouillon, 1894 ; R. B. Steele, « The Greek in Cicero’s Epistles », AJPh, 21, 1900, p. 387-410 ; H. J. Rose, « The Greek of Cicero », JHS, 41, 1921, p. 91-116. On consultera encore avec profit d’autres travaux anciens qui attestent un intérêt scientifique persistant pour la question du grec chez Cicéron, en particulier dans sa correspondance : cf. R. Mücke, De locis graecis qui insunt in Ciceronis ad Atticum epistulis, Nordhausen, Druck von C. Kirchner, 1878 ; R. Boltzenthal, De Graeci sermonis proprietatibus quae in Ciceronis epistolis inueniuntur, diss., Cüstrin, 1884 ; R. Loew, Quaestiones de Graecorum verborum quae in epistulis Ciceronis exstant fontibus, usu, condicionibus, diss., Basel, 1889 ; H.  S.  Scribner, « Cicero as a Hellenist », CJ, 16, 1920, p.  81-92 ; M. Rothstein, « Griechisches aus Ciceros Briefen », Hermes, 66, 1932, p. 77-90.

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

Bilinguisme et « code-switching » Le bilinguisme gréco-latin a fait l’objet de travaux extrêmement nombreux depuis une trentaine d’années, portant soit sur le latin des Grecs2, soit sur le grec des Romains3, travaux qui se sont enrichis au fur et à mesure de la découverte et de l’analyse de papyrus, venus compléter le corpus littéraire à proprement parler4.

2 Cf.  M. Dubuisson, Le latin de Polybe. Les implications historiques d’un cas de bilinguisme, Paris, Klincksieck, 1985. 3 Les ouvrages de référence sur ce thème sont ceux de J. N. Adams, M. Janse & S. C. R. Swain (éd.), Bilingualism in ancient society : language contact and the written text, Oxford-New York, Oxford University Press, 2002 et J.  N.  Adams, Bilingualism and the Latin Language, Cambridge-New York, Cambridge University Press, 2003 (voir en particulier la section intitulée « Cicero’s letters », p.  308-347). Ces deux livres contiennent une abondante bibliographie sur le bilinguisme antique. Pour une approche linguistique centrée sur les emprunts du latin au grec, voir O.  Weise,  Die griechischen Wörter im Latein, Leipzig, S.  Hirzel, 1882 (Leipzig, Zentralantiquariat der DDR, 19642) et, plus récemment, les travaux de F. Biville, M. Dubuisson, B. Rochette et C.  Nicolas. Cf.  F. Biville, « Bilinguisme gréco-latin et créations éphémères de discours », in M.  Fruyt & C.  Nicolas (éd.), La création lexicale en latin. Actes de la table ronde du IXe  colloque international de langue latine, Madrid, 16  avril 1997, Paris, PUPS, 2000, p.  91-107 ; ead., « The Graeco-Romans and Graeco-Latin : a Terminological Framework for Cases of Bilingualism », in J.  N.  Adams, M.  Janse & S. C. R. Swain (éd.), Bilingualism in ancient society, op. cit., p. 77-102. Sur le bilinguisme antique, on se reportera également aux travaux de M. Dubuisson, « Vtraque lingua », AC, 50, 1981, p. 274-286 ; id., « Problèmes du bilinguisme romain », LEC, 49, 1981, p. 27-45 ; id., « Y a-t-il une politique linguistique romaine ? », Ktèma, 7, 1982, p. 187210 ; id., « Recherches sur la terminologie antique du bilinguisme », RPh, 57, 1983, p.  203-225 ; id., « Le contact linguistique gréco-latin : problèmes d’interférences et d’emprunts », Lalies : actes des sessions de linguistique et de littérature. 10 (Aussois, 29 août-3 septembre 1988 ; 28 août-2 septembre 1989), Paris, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 1992, p. 91-109. Voir encore B. Rochette, « Remarques sur le bilinguisme gréco-latin », LEC, 64, 1996, p. 3-19 ; id., « Le bilinguisme gréco-latin et la question des langues dans le monde gréco-romain : chronique bibliographique », RBPh, 76, 1998, p. 177-196 ; id., « Greek and Latin Bilingualism », in E. J. Bakker (éd.), A Companion to the Ancient Greek Language, Malden-Oxford, Wiley-Blackwell, 2010, p. 281-293 ; id., « Traces du bilinguisme dans la correspondance de Pline le Jeune », in A. Garcea, M.-K. Lhommé & D. Vallat (éd.), Polyphonia Romana. Hommages à Frédérique Biville, Hildesheim, Olms, 2013, p. 469-481. Très stimulantes sont également les analyses, plus culturelles que linguistiques, du bilinguisme antique qu’offre E. Valette-Cagnac, « Plus grec que le grec des Athéniens. Quelques aspects du bilinguisme gréco-latin », Mètis, 1, 2003, p. 149-179 ; ead., « “Plus attique que la langue des Athéniens”. Le grec imaginaire des Romains », in F. Dupont & E. Valette-Cagnac (dir.), Façons de parler grec à Rome, Paris, Belin, 2005, p. 37-80. 4 M.-H. Marganne & B. Rochette (éd.), Bilinguisme et digraphisme dans le monde gréco-romain : l’apport des papyrus latins. Actes de la table ronde internationale, Liège, 1213 mai 2011, Liège, Presses universitaires de Liège, 2013.



Introduction

Du bilinguisme, nous adopterons ici une définition au sens étroit de maîtrise active5 et entière de la langue grecque aussi bien que de la langue latine. Ainsi entendu, il ne caractérise que les classes supérieures de la société romaine qui ont pu bénéficier, dès leur plus jeune âge, d’une éducation in utraque lingua6. Dans son sens le plus large, il désigne « la connaissance de deux langues, sans préciser le degré de maîtrise de chacune d’elles », et s’applique à une grande partie de la population romaine à l’époque de Cicéron7. Il s’agit là d’un phénomène fondamental, marquant et durable dans le monde romain, qui illustre ses liens étroits avec le monde grec, au point que l’on ne saurait penser l’un sans l’autre dès l’origine de l’histoire de Rome, et ce jusqu’à la fin de l’Empire, dont il constitue « le principal fondement culturel »8. Longtemps abordé comme un simple effet de l’hellénisation de Rome produite par la conquête9, le bilinguisme antique comporte en réalité des spécificités qui ont fait l’objet de diverses approches scientifiques. À partir du livre pionnier de U. Weinreich sur les « langues en contact »10, des typologies ont été élaborées et l’on a identifié trois sortes de bilinguisme : un bilinguisme individuel, socialement valorisé, qui consiste à maîtriser et utiliser activement et consciemment une double compétence linguistique, comme dans le cas de Cicéron qui nous intéresse ici ; un bilinguisme social, pratiqué par un ensemble de personnes dans une région déterminée, et qui 5 Par opposition à une maîtrise passive, qui caractérise des personnes capables de comprendre une langue sans pouvoir la parler, comme dans le cas des spectateurs de pièces de théâtre de Plaute par exemple. 6 Sur l’apprentissage du grec dans les classes supérieures à Rome au début de l’Empire, cf. Quint., IO, I, 1, 12-13. Voir aussi P. Boyancé, « La connaissance du grec à Rome », REL, 34, 1956, p. 111-131 ; M. Dubuisson, « La place du grec dans la société romaine. À propos d’un ouvrage récent », RBPh, 63, 1985, p. 108-115 ; id., « Le grec à Rome à l’époque de Cicéron, extension et qualité du bilinguisme », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 47, 1992, p.  187-206 ; G.  O.  Hutchinson, Greek to Latin : Frameworks and Contexts for Intertextuality, Oxford-New York,  Oxford University Press, 2013 (chap. VI : « Two Languages »). 7 Cf. B. Rochette, « Le bilinguisme gréco-latin », art. cit., p. 177-196 (p. 179). 8 E. Valette-Cagnac, « Vtraque lingua. Critique de la notion de bilinguisme », in F. Dupont & E. Valette-Cagnac (dir.), Façons de parler grec à Rome, op, cit., p. 7-35 (p. 7). 9 P.  Grimal, Le siècle des Scipions. Rome et l’hellénisme au temps des guerres puniques, Paris, Éditions Aubier-Montaigne, 1975 ; J.-L. Ferrary, Philhellénisme et impérialisme. Aspects idéologiques de la conquête romaine du monde hellénistique, de la seconde guerre de Macédoine à la guerre contre Mithridate, Roma, École Française de Rome, 1988. 10 U. Weinreich, Languages in Contact : Findings and Problems, New York, Publications of the Linguistic Circle of New York, 1953 (London-The Hague-Paris, Mouton, 19672).



Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

a été analysé par exemple à l’échelle de l’armée, de cités, de certaines provinces de l’Empire telles que l’Égypte, ou encore des milieux populaires et aristocratiques dans un endroit donné ; enfin un bilinguisme stylistique, selon lequel deux formes de la même langue sont employées dans un même groupe social, avec des sphères d’emploi distinctes, ce qui pose la question du statut respectif de chacune des deux langues dans un groupe linguistique unique, ainsi que des effets du bilinguisme dans une société donnée11. Les travaux de socio-linguistique ont quant à eux permis d’effectuer une distinction entre le bilinguisme au sens strict, en tant que compétence active dans les deux langues dans tous les contextes, et la diglossie (ou « bilinguisme-diglossie »), en tant que répartition fonctionnelle des deux langues, employées chacune dans un cadre qui lui est propre, dans la mesure où leur statut et leur prestige ne sont pas identiques12. Pour finir, le livre de J. Kaimio intitulé The Romans and the Greek language, en appliquant la notion de « choix de langue » (« language choice ») au bilinguisme gréco-latin, a démontré que tout individu (ou toute communauté), au sein d’une société bilingue, effectue un choix conscient entre l’une ou l’autre des deux langues à sa disposition selon la situation de discours, la fonction qu’il a à accomplir, l’espace – public ou privé – dans lequel il intervient13. Plus récemment, les chercheurs anglo-saxons ont recouru au terme de « code-switching » (traduit en français par le « changement de code », l’« alternance codique », autrement dit le basculement d’une langue à E. Valette-Cagnac, « Vtraque lingua », art. cit., p. 7-35 (p. 9-10). Voir, pour l’Italie primitive, R.  Giacomelli, Graeca Italia. Studi sul bilinguismo-diglossia nell’ Italia antica, Brescia, Paideia, 1983, qui met en exergue l’élément grec dans la formation du latin dès les origines du Latium, où existait une situation de bilinguisme-diglossie. L’étude de la diglossie a entraîné de nombreux travaux sur les effets linguistiques produits par les contacts entre le grec et le latin, sur le plan de la phonologie, de la morphologie, du lexique et de la syntaxe. Sur les emprunts du latin au grec, voir en particulier les travaux de F. Biville, « Du modèle à l’imitation ou les avatars des mots grecs en latin », Latomus, 45, 1986, p. 848-854 ; ead., Graphie et prononciation des mots grecs en latin, Louvain-Paris, Peeters, 1987 ; ead., « Grec et latin. Contacts linguistiques et création lexicale. Pour une typologie des hellénismes lexicaux du latin », in M. Lavency & D. Longrée (éd.), Actes du Ve Colloque de linguistique latine, Louvain-la-Neuve/ Borzée, 31 mars-4 avril 1989, Louvain-Paris, Peeters, 1989, p. 29-40 ; ead., Les emprunts du latin au grec. Approche phonétique, 1 : introduction et consonantisme, Louvain-Paris, Peeters, 1990 ; ead., « L’emprunt lexical, un révélateur des structures vivantes des deux langues en contact : le cas du grec et du latin », RPh, 65, 1991, p. 45-58 ; ead., Les emprunts du latin au grec. Approche phonétique, 2 : vocalisme et conclusions, Louvain-Paris, Peeters, 1995. Sur la notion de « calque sémantique », nous renvoyons à C. Nicolas, Vtraque lingua. Le calque sémantique : domaine gréco-latin,  Louvain-Paris, Peeters, 1996. 13 J. Kaimio, The Romans and the Greek language, Helsinki, Societas Scientiarum Fennica, 1979. 11

12



Introduction

l’autre)14, que J. N. Adams, dans son ouvrage de référence intitulé Bilingualism and the Latin Language, définit comme « l’usage alternatif de deux langues ou variétés linguistiques au sein du même énoncé ou au cours de la même conversation »15. Le « code-switching » peut se produire entre des phrases ou bien à l’intérieur d’une seule phrase, ce dont les lettres de Cicéron offrent d’innombrables exemples, alors même que l’auteur condamne, dans le de Officiis, la pratique consistant à émailler un propos latin de termes grecs de façon intempestive (Graeca uerba inculcantes)16. En introduisant de force des mots grecs au sein d’un propos tenu en latin, en les tassant avec son talon, pour reprendre l’image du verbe inculcare, on contrevient à l’impératif du convenable, du decorum, et l’on s’expose à très juste titre au ridicule (iure optimo rideamur)17. Aussi l’usage du grec doit-il avant tout être adapté à la persona du locuteur18, mais aussi à celle de son destinataire, au thème abordé, aux circonstances ainsi qu’au contexte de façon générale. Une prise de parole publique, un dialogue philosophique relèvent notamment de genres plus formels qu’une lettre, surtout si celle-ci est privée19. À ce titre, le fréquent recours 14 P.  Gardner-Chloros, Code-switching, Cambridge-New York, Cambridge University Press, 2009. Pour son application à la correspondance de Cicéron, on consultera avant tout J.  N.  Adams, Bilingualism and the Latin Language, op.  cit., p.  297347 ; S. C. R. Swain, « Bilingualism in Cicero ? The evidence of code-switching », in J.  N.  Adams, M.  Janse & S.C.R.  Swain (éd.), Bilingualism in ancient society, op.  cit., p. 128-167. Voir encore G. E. Dunkel, « Remarks on code-switching in Cicero’s letters to Atticus », MH, 57, 2000, p. 122-129 ; J. Jackson, In utramque partem tum Graece tum Latine : Code-Switching and Cultured Identity in Cicero’s Letters to Atticus, MA (non publié), University of Kansas, 2014 ; A. Mäkilähde & V.-M. Rissanen, « Solidarity in Cicero’s letters : Methodological considerations in analysing the functions of code-switching », Pallas, 102, 2016, p. 237-246. 15 J. N. Adams, Bilingualism and the Latin Language, op. cit., p. 19. 16 Cic., Off., I, 111. Cf. Cic., Tusc., I, 15, où Cicéron se refuse à citer dans sa langue originale une maxime du poète comique grec Épicharme, préférant la traduire en latin : « Je le dirai, si je le puis, en latin. Tu sais en effet que je n’ai pas plus coutume de parler grec quand j’emploie la langue latine que de parler latin quand j’emploie la langue grecque » (Dicam, si potero, Latine. Scis enim me Graece loqui in Latino sermone non plus solere quam in Graeco Latine). Sauf indication contraire, toutes les traductions proposées au cours de notre étude sont personnelles. 17 Cic., Off., I, 111. 18 Nous reviendrons sur la célèbre théorie des quatre personae, inspirée du Stoïcien Panétius et exposée en Off., I, 107-115. Cf. infra, chapitre III, dans le préambule. L’application de la métaphore de la persona (i. e. « rôle », « masque ») à la parole sous l’égide du decorum figure en Off., I, 97-98. Chacun doit tenir un langage qui soit digne de sa persona pour obéir à la règle du convenable. 19 Si la lettre est vouée en revanche à une diffusion plus large, voire à une publication, elle se rapproche du formalisme d’un discours et elle est le plus souvent exempte de



Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

au grec y est mal considéré, à moins d’être justifié par une entreprise de traduction comme celle à laquelle se livre Cicéron dans les dialogues philosophiques de la fin de sa vie. En ce cas, l’auteur accompagne toujours d’un équivalent latin le vocable grec qu’il cite. La liberté de recourir aux termes grecs dans le genre épistolaire, genre moins codifié, plus familier, au ton proche de celui de la conversation (sermo), est infiniment supérieure, ce qui explique leur multiplication dans les lettres de Cicéron.

Cicéron et la langue grecque Avant d’analyser les paramètres qui favorisent dans la correspondance le « code-switching », il convient de rappeler à quel point Cicéron est immergé dans la langue grecque depuis sa jeunesse20. Sa formation intellectuelle l’avait conduit à fréquenter de nombreux maîtres grecs, tant dans le domaine rhétorique que dans le domaine philosophique. À Rome, il suivit les leçons de l’Épicurien Phèdre21, puis de Philon de Larissa, le dernier scholarque de la Nouvelle Académie, au contact duquel il se prit d’un amour incroyable pour la philosophie22, et enfin du Stoïcien Diodote, qu’il hébergea dans sa maison jusqu’à sa mort, tirant profit de son enseignement en matière dialectique23. Après avoir entamé le cursus honorum et s’être illustré en qualité d’avocat, Cicéron, qui souffrait d’une santé fragile, partit compléter sa formation à la faveur d’un séjour de deux ans en Grèce, de 79 à 77. Il passa six mois à Athènes, où il écouta avec ferveur le fondateur de l’Ancienne Académie, Antiochus d’Ascalon24, ainsi que les Épicuriens Zénon de Sidon, scholarque du Jardin25, et Phèdre26 ; il retrouva aussi le rhéteur Molon, rencontré précédemment à Rome, avec

grec, comme dans le cas des lettres métriques de Cicéron, autrement dit ses lettres les plus solennelles ou les plus soignées. 20 Sur l’attitude de Cicéron face aux Grecs en général, voir H. Guite, « Cicero’s Attitude to the Greeks », G&R, 9, 1962, p. 142-159 ; B. Rochette, « Sur φιλέλλην chez Cicéron (Ad Att., I, 15, 1) », AC, 68, 1999, p. 263-266 (pour une interprétation politique plutôt que culturelle de cet adjectif, dans la lettre à Atticus). 21 Cic., Fam., XIII, 1, 2 (à C. Memmius ; entre le 25 juin et le 6 juillet 51). 22 Cic., Br., 306. 23 Ibid., 309. 24 Cic., Tusc., V, 22. 25 Cic., ND, I, 59 ; Tusc., III, 38. 26 Cic., Fin., I, 16 ; ND, I, 93-94.



Introduction

lequel il s’entraînait à la déclamation en grec27. À Rhodes enfin, en 77, il fut l’auditeur du Stoïcien Posidonius28, qu’il disait lire plus que tout autre penseur du Portique29. C’est aux études philosophiques qu’il s’appliquait de préférence à tout le reste lorsqu’il se trouvait à Athènes30, au point qu’il demandait à ses amis de l’appeler « non pas orateur, mais philosophe » (μὴ ῥήτορα (…), ἀλλὰ φιλόσοφον), selon le témoignage de Plutarque31. Il existait donc un lien profond, dans la subjectivité de Cicéron, entre sa pratique de la philosophie et son usage de la langue grecque. De retour en Italie, il fut qualifié de Γραικὸς καὶ σχολαστικὸς (« Grec et écolier ») par les classes les plus basses de Rome32, ce qui prouve que sa culture hellénique était jugée hors du commun, même dans une société dont les classes dirigeantes étaient entièrement bilingues. Il poursuivit également ses exercices de délibération in utramque partem en grec, ainsi que le révèle une lettre datée des débuts de la guerre civile33, et l’on sait qu’il rédigeait des missives en grec34 que nous avons malheureusement perdues. De ce bref rappel biographique, il ressort que Cicéron maîtrisait remarquablement le grec à l’oral comme à l’écrit, ainsi que l’attestent non seulement l’ampleur du vocabulaire grec auquel il recourt, à la fois dans ses dialogues et surtout dans sa correspondance, mais aussi la réflexivité qu’il applique à son usage du grec, au moment de s’interroger sur les raisons de traduire la philosophie grecque en latin et sur les modalités d’une telle traduction. Nombreuses sont les études qui portent sur son bilinguisme35, en particulier tel qu’il se manifeste à travers ses lettres36. Plut., Cic., 4, 6. Ibid., 4, 5. 29 Cic., Fin., I, 6. 30 Plut., Cic., 4, 3. 31 Ibid., 32, 6. 32 Ibid., 5, 2. 33 Cic., Att., IX, 4 (10 ou 11 mars 49). 34 Plut., Cic., 24, 9. 35 P. Oksala, Die griechischen Lehnwörter in den Prosaschriften Ciceros, diss., Helsinki, 1953 ; M. Dubuisson, « Cicéron et le bilinguisme gréco-latin », ACD, 31, 1995, p. 43-48 ; C. Nicolas, Sic enim appello… Essai sur l’autonymie terminologique gréco-latine chez Cicéron, Louvain-Paris, Peeters, 2005. 36 L’article que nous avons jugé le plus précieux était celui de M.  Dubuisson, « Le grec de la correspondance de Cicéron : questions préliminaires sur un cas de bilinguisme », Ling, 41, 2005, p. 69-86. Voir encore P. Venini, « La distribuzione delle parole greche nell’ epistolario di Cicerone », RIL, 85, 1952, p. 50-68 ; F. M. Brignoli, « Le parole greche nelle opere di Cicerone », in id., Studi ciceroniani, Napoli, Armanni, 1957, 27 28

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Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

Le corpus épistolaire cicéronien Il s’agit du plus vaste corpus de la littérature latine où se déploie le « code-switching ». La correspondance de Cicéron présente de surcroît l’intérêt inestimable d’être authentique, c’est-à-dire composée de véritables lettres, envoyées à de véritables correspondants et fort peu remaniées en vue de la publication37. Quoique nous n’en possédions qu’une infime partie, que R. Morello évalue à 1% de sa taille initiale38, nous lisons aujourd’hui un total de 954 missives39 (dont 835 émanent de Cicéron, les autres provenant de ses correspondants), dont près de la moitié sont adressées à son complice et ami d’enfance Atticus40. Or ces lettres présentent à peu près 850 mots ou groupes de mots grecs41, dont aucun n’est utilisé à plus de trois reprises. La plupart ne figurent qu’une seule fois, de sorte que l’on compte presque autant de lemmes différents que p. 99-162 ; B. Baldwin, « Greek in Cicero’s letters », AClass, 35, 1992, p. 1-17 ; F. Boldrer, « Il bilinguismo di Cicerone : “scripta Graeca Latina” (fam. 15, 4) », in R. Oniga (éd.), Il plurilinguismo nella tradizione letteraria latina, Roma, Il Calamo, 2003, p. 131150 ; O. Elder & A. Mullen, The Language of Roman Letters : Bilingual Epistolography from Cicero to Fronto, Cambridge, Cambridge University Press, 2019. Nous remercions chaleureusement les auteurs de ce dernier ouvrage d’avoir eu la gentillesse de bien vouloir nous en communiquer les épreuves avant la publication du livre. 37 Sur la légende noire attachée à la publication de la correspondance, qu’Octave aurait ordonnée pour des motifs politiques afin de discréditer ceux de ses adversaires qui se réclamaient de Cicéron dans leur défense de la res publica, voir J. Carcopino, Les secrets de la correspondance de Cicéron, Paris, L’Artisan du Livre, 1947, et l’analyse qu’en livre C. Lévy, « Textes antiques et enjeux contemporains : J. Carcopino lecteur de la correspondance de Cicéron », in P. Laurence & F. Guillaumont (éd.), Epistulae antiquae. 4, Actes du IVe colloque international « L’épistolaire antique et ses prolongements européens » (Université François-Rabelais, Tours, 1-2-3 décembre 2004), Louvain-Paris, Peeters, 2006, p. 385-397. Sur la constitution, la publication et la transmission du corpus épistolaire cicéronien, voir A. Setaioli, « On the Date of Publication of Cicero’s Letters to Atticus », SO, 51, 1976, p. 105-120 ; J. Nicholson, « The Survival of Cicero’s Letters », in C. Deroux (éd.), Studies in Latin Literature and Roman History. 9, Bruxelles, Latomus, 1998, p. 63-101, et surtout P. White, Cicero in Letters. Epistolary Relations of the Late Republic, Oxford-New York, Oxford University Press, 2010, p. 31-61. 38 R. Morello, « Writer and Addressee in Cicero’s Letters », in C. E. W. Steel (éd.), The Cambridge Companion to Cicero, Cambridge-New York, Cambridge University Press, 2013, p. 196-214 (p. 196, n. 1). 39 La C.U.F. en recense 954  mais le découpage de quelques lettres est incertain. Ainsi, D. R. Shackleton Bailey en compte 887 dans son édition commentée de Cambridge University Press. 40 M. Dubuisson, « Le grec de la correspondance de Cicéron », art. cit., p. 69-86 (p. 70). 41 Ibid., p. 70, sur les différences que l’on peut observer entre chercheurs dans le décompte des termes grecs.

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d’occurrences – un fait exceptionnel dans l’ensemble de la littérature latine42. Ces termes grecs avaient déjà attiré l’attention de Jean Chrysoloras, ami de Coluccio Salutati et premier humaniste de la Renaissance à avoir eu connaissance de l’ensemble de la correspondance – autrement dit des lettres à Atticus, à Quintus (le frère de Cicéron) et à Brutus (le tyrannicide), redécouvertes en 1345 à Vérone par Pétrarque, ainsi que des lettres ad Familiares, envoyées à des amis proches, des alliés politiques ou de simples connaissances de l’épistolier. C’est Jean Chrysoloras qui, le premier, avait supposé que les curieuses séquences de majuscules déformées par les copistes médiévaux, voire retranscrites en latin, faute d’avoir été comprises, correspondaient à des mots grecs qu’il convenait de restituer43. Il s’agit là d’un point important à garder à l’esprit au cours de notre étude, car les difficultés d’établissement du texte cicéronien portent principalement sur des termes grecs. Lorsque le contexte semble indiquer qu’ils étaient pourvus d’une dimension philosophique, une extrême prudence s’impose au moment d’avancer une hypothèse exégétique à propos de leçons conjecturales ou de loci desperati44. Tels sont les principaux passages où les éditeurs de la correspondance de Cicéron dans la C.U.F., L.-A. Constans, J. Bayet et J. Beaujeu45, s’écartent de D. R. Shackleton Bailey, responsable de la publication du texte dans la collection Teubner46. En cas d’écarts entre les versions du texte proposées, nous avons suivi celle de D. R. Shackleton Bailey. Par ailleurs, nous n’avons retenu dans notre corpus d’étude, sauf exception, que les termes grecs rédigés en caractères grecs, et non translittérés en latin, car ces derniers nous semblent refléter une acclimatation, même timide, à la langue latine qui éloigne ce procédé du « code-switching » pour le rapprocher de l’emprunt. En revanche, si des termes grecs nous semblaient dotés d’une réelle portée philosophique, nous les avons systématiquement Ibid., p. 71. Ibidem. 44 Nous proposerons ainsi une hypothèse de reconstitution d’un locus desperatus en IIe partie, chapitre I, section I.A.3.iv.c., tout en ayant conscience de sa grande fragilité. 45 Cicéron, Correspondance, texte établi et traduit par L.-A.  Constans (I, II, III, IV), J. Bayet (IV et V) et J. Beaujeu (VI, VII, VIII, IX, X, XI), Paris, Les Belles Lettres, 1934-1996, 11 volumes. 46 D.  R.  Shackleton Bailey (éd.), M.  Tulli Ciceronis Epistulae ad Atticum. Libri I-VIII, Leipzig, Teubner, 1987, vol. I ; M. Tulli Ciceronis Epistulae ad Atticum. Libri IX-XVI, Leipzig, Teubner, 1987, vol. II ; M. Tulli Ciceronis Epistulae ad Familiares. Libri I-XVI, Leipzig, Teubner, 1988 ; M. Tulli Ciceronis Epistulae ad Quintum fratrem. Epistulae ad M. Brutum, Leipzig, Teubner, 1988. 42 43

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conservés dans notre corpus, même s’ils n’avaient pas été cités en premier par Cicéron mais par ses correspondants comme Atticus ou Cassius, que l’Arpinate se contente de les reprendre dans sa lettre ou qu’il ne les mentionne pas lui-même par la suite.

Facteurs globaux d’explication du « code-switching » À ce phénomène récurrent de « code-switching » dans la correspondance cicéronienne, il existe plusieurs facteurs d’explication, dont nous proposons ici une synthèse à partir des analyses de J. N. Adams47. D’une part, il faut tenir compte des caractéristiques du genre épistolaire en lui-même, auquel ont été récemment consacrés de nombreux travaux portant soit sur le monde grec48, soit sur le monde romain49, et plus précisément sur Cicéron50. Sa désignation sous le nom de sermo, en latin, qui signifie aussi le « dialogue » (notamment le dialogue philosophique), le rapproche d’une conversation orale. Ce point est confirmé par la célèbre définition qu’en donne Artémon, l’éditeur des lettres d’Aristote, selon lequel « il faut rédiger de la même façon les lettres et le dialogue, la lettre étant en quelque sorte l’une des deux parties du dialogue51 ». Au sermo épistolaire sont associées non seulement une liberté J. N. Adams, Bilingualism and the Latin Language, op. cit., p. 308-323. Cf. M. L. Stirewalt, Studies in Ancient Greek Epistolography, Atlanta, Scholars Press, 1993 ; P. A. Rosenmeyer, Ancient Epistolary Fictions : The Letter in Greek Literature, Cambridge-New York, Cambridge University Press, 2001. 49 Les travaux de P. Cugusi sur ce thème demeurent essentiels : P. Cugusi, « Studi sull’ epistolografia latina. Le età ciceroniana e augustea », Annali delle Facoltà di Lettere, Filosofia e Magistero, 35, 1972, p. 7-167 ; id., Evoluzione e forme dell’epistolografia latina nella tarda repubblica e nei primi due secoli dell’impero, con cenni sull’epistolografia preciceroniana, Freiburg im Breisgau-Roma, Herder, 1983 ; id., « L’epistola ciceroniana : strumento di comunicazione quotidiana e modello letterario », Ciceroniana, 10, 1998, p. 163189. Nous renvoyons aussi à l’ouvrage classique de H. Peter, Der Brief in der römischen Literatur : Litterargeschichtliche Untersuchungen und Zusammenfassungen, Hildesheim, Olms, 1901, ainsi qu’au livre récent de R. Morello & A. D. Morrison (éd.), Ancient letters : classical and late antique epistolography, Oxford-New York, Oxford University Press, 2007. 50 G. O. Hutchinson, Cicero’s Correspondence : A Literary Study, Oxford, Clarendon Press, 1998 ; A.  Garcea (éd.), Colloquia absentium. Studi sulla communicazione epistolare in Cicerone, Torino, Rosenberg & Sellier, 2003 ; A. Wilcox, The Gift of Correspondence in Classical Rome : Friendship in Cicero’s Ad Familiares and Seneca’s Moral Epistles, Madison, University of Wisconsin Press, 2012 ; M. Rühl, Ciceros Korrespondenz als Medium literarischen und gesellschaftlichen Handelns, Leiden, Brill, 2018. 51 Pseudo-Démétrios, Du style, 223 (trad. P. Chiron) : (…) δεῖ ἐν τῷ αὐτῷ τρόπῳ διάλογόν τε γράφειν καὶ ἐπιστολάς· εἶναι γὰρ τὴν ἐπιστολὴν οἷον τὸ ἕτερον μέρος τοῦ 47 48

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de ton plus grande que dans les discours et les dialogues philosophiques, mais aussi une familiarité, entendue à la fois comme un registre de langue plus relâché que dans le reste du corpus cicéronien et une proximité, voire une amitié, entre les correspondants. Or sur le plan stylistique, le « code-switching » caractérise avant tout un langage informel (typique du genre épistolaire, mais aussi de la comédie et de la satire à leurs débuts, qu’ils soient pratiqués par Plaute ou Lucilius par exemple), ainsi qu’un langage marqué par une certaine oralité. Même s’il ne saurait s’expliquer uniquement par l’intimité du lien unissant le scripteur d’une lettre à son destinataire52, il s’agit d’un paramètre à prendre en compte, car le « code-switching » figure avant tout dans des lettres échangées entre Cicéron et des proches, tels que son ami et alter ego Atticus, son frère Quintus, son affranchi Tiron, ou encore d’autres personnages auxquels l’épistolier était étroitement lié. Langage privé, à destination des intimes, le grec s’inscrit volontiers dans des lettres au ton badin, léger, humoristique, même lorsque sont abordés des développements scientifiques et techniques53, ou encore des questions philosophiques ardues, parfois polémiques, comme dans le cas de discussions relatives aux doctrines épicuriennes. D’autre part, le « code-switching » est un moyen d’établir une certaine relation avec un destinataire, que ce soit un sentiment de solidarité, de domination ou de détachement, de divergence ou de convergence, de partage d’une culture, d’un groupe, d’un statut social ou d’une identité au sens large. Il s’agit d’un choix stylistique marqué, aux effets consciemδιαλόγου. Cf. C. Poster, « A Conversation Halved : Epistolary Theory in Greco-Roman Antiquity », in C. Poster & L. C. Mitchell (éd.), Letter-Writing Manuals and Instruction from Antiquity to the Present : Historical and Bibliographic Studies, Columbia, University of South Carolina Press, 2007, p. 21-51. 52 J. N. Adams, Bilingualism and the Latin Language, op. cit., p. 312-316. 53 Sur la dimension savante et scientifique des lettres de Cicéron, dont le grec est le vecteur linguistique privilégié, voir P.  Menna, L’erudizione greca nelle lettere ciceroniane, Napoli, Pironti, 1955 ; A. Le Bœuffle, « Cicéron, traducteur du vocabulaire astronomique grec », in H. Vérine (dir.), Les Sciences et leurs langages, Paris, Éditions du CTHS, 2000, p. 39-48 ; C. Lévy, « Cicéron fondateur du genre de la correspondance scientifique ? », in C. Bonnet & V. Krings (éd.), S’écrire et écrire sur l’Antiquité : l’apport des correspondances à l’histoire des travaux scientifiques, Grenoble, Millon, 2008, p. 1929 ; J.-C. Jolivet, « L’apport des correspondances de Cicéron et de Sénèque à l’histoire de la philologie homérique à Rome », in J.  Desmulliez, C.  Hoët-van Cauwenberghe & J­.-C.  Jolivet (éd.), L’étude des correspondances dans le monde romain de l’Antiquité classique à l’Antiquité tardive : permanences et mutations, Lille, Université Charles de Gaulle-Lille 3, 2011, p. 293-306. Sur ce thème, nous renvoyons surtout au livre récent de C. Bishop, Cicero, Greek Learning, and the Making of a Roman Classic, Oxford, Oxford University Press, 2019.

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ment recherchés par celui qui l’emploie, et qui provient d’une adaptation au thème traité, aux circonstances de temps et de lieu d’émission du message, mais aussi et surtout à la persona du scripteur de la lettre et à celle du destinataire, dont les goûts, l’éducation, la culture, l’attitude à l’égard de l’hellénisme, l’éventuelle adhésion à une école philosophique donnée suscitent d’importantes variations dans l’emploi du grec de la part de Cicéron. La dimension sociale du « code-switching » est en effet primordiale et son emploi signe l’appartenance des deux correspondants à une même sphère –  un phénomène d’inclusion d’ordre intellectuel, social, symbolique que l’on peut désigner sous le nom d’« in-group ». Résumons-nous. Jusqu’ici, nous avons identifié trois facteurs principaux expliquant la multiplication des termes grecs dans la correspondance cicéronienne : les deux premiers sont généraux, le troisième s’applique au grec susceptible d’une lecture philosophique. D’un point de vue général, il faut tenir compte à la fois des spécificités stylistiques du genre épistolaire (oralité, familiarité, ton souvent badin, humoristique, dans un contexte d’amicitia entendue dans sa double dimension, politique et affective)54, et des implications sociales de ce même genre épistolaire (la rédaction d’une lettre s’apparentant à un acte de communication avec un destinataire dont la persona, tout comme celle du scripteur, influe sur la présence, la fréquence et la nature du grec cité, tandis que les modalités du recours au grec permettent à l’épistolier de façonner en retour sa propre persona, ses relations avec autrui, et de projeter une certaine image de lui). D’un point de vue thématique, l’alliance intime de la philosophie et de la langue grecque, dont Cicéron était l’héritier par sa formation intellectuelle et par sa culture de Romain bilingue, avant d’entreprendre le projet audacieux d’exposer la philosophie en latin, justifie que près du tiers des occurrences totales de mots ou expressions grecs dans la corres54 Dans la tradition latine, il faut attendre la systématisation de Julius Victor au ive siècle apr. J.-C. pour trouver un manuel de rhétorique qui propose, après les préceptes traditionnels en matière d’éloquence, deux chapitres parallèles de Sermocinatione (« La conversation »), sur le bon usage du discours ordinaire ou conversation, et de Epistolis (« Les Lettres »), sur la façon la plus efficace de rédiger des lettres. Les préceptes qui y sont donnés sont identiques mais dans le cas des lettres, l’auteur précise : « L’usage du grec ajoute quelque chose d’aimable (suaue) à la lettre, si l’on reste dans les limites de la convenance et de la modération ; il est parfaitement convenable d’utiliser des proverbes, quelques vers ou un fragment poétique connus » (L’art rhétorique, 27, 5 Fleury : Graece aliquid addere litteris suaue est, si id neque intempestiue neque crebro facias ; et prouerbio uti non ignoto percommodum est, et uersiculo aut parte uersus. Trad. P. Fleury). C’est là une trace des pratiques que Julius Victor pouvait trouver dans la correspondance cicéronienne, qui lui paraissent caractériser proprement ce type d’échanges.

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pondance (258 sur environ 850, selon notre décompte) soient susceptibles d’une lecture philosophique. Une telle alliance était de surcroît renforcée par l’existence de modèles littéraires qui nourrissaient la réflexion et la pratique de Cicéron, et qui rassemblaient les trois fils que nous avons isolés plus haut, à savoir le grec, la philosophie et le genre épistolaire : il s’agissait de lettres écrites par des philosophes grecs, à l’époque classique et hellénistique.

Quelques modèles épistolaires grecs De ce corpus qui fut immense et dont ne subsistent que quelques pans, des échos nous parviennent à travers la correspondance. Les Lettres de Platon, philosophe que Cicéron révérait plus que tout autre, sont citées à plusieurs reprises, en particulier la célèbre Lettre VII (seule jugée authentique aujourd’hui, avec la Lettre VIII)55, dans laquelle le fondateur de l’Académie décrit ses relations avec le tyran Denys de Syracuse, ce qui faisait écho à la situation de Cicéron face à César, avant même le déclenchement de la guerre civile56. Des Lettres d’Aristote, nous ne possédons plus que de rares fragments, dont l’authenticité est d’ailleurs contestée57. Cicéron puise dans les Lettres d’Aristote à Alexandre (Ἀριστοτέλους (…) πρὸς Ἀλέξανδρον) une partie de son inspiration au moment de rédiger sa Lettre de Conseils (Συμβουλευτικόν) à César en mai 4558, mais en l’absence du texte cicéronien et des écrits du Stagirite, nous ne pouvons que supposer, grâce au reste de la correspondance, que les épîtres aristotéliciennes 55 Sur ce point, je souscris pleinement aux analyses de L.  Brisson (éd.), Platon. Lettres, Paris, GF-Flammarion, 1987, p. 138-150. 56 Sur les termes grecs de la correspondance que Cicéron emprunte aux dialogues ainsi qu’aux lettres de Platon, voir infra, IIe partie, chapitre I. Sur les références aux Lettres de Platon en dehors de la correspondance, voir Cic., de Or., III, 139 (Lettre IV) ; Tusc., V, 100 et Fin., II, 92 (Lettre VII) ; Off., I, 22 et Fin., II, 45 (Lettre IX). Sur le rapport de Cicéron à la Lettre VII de Platon, cf. S. McConnell, Philosophical life in Cicero’s letters, Cambridge, Cambridge University Press, 2014, p. 62-114. À propos de l’influence de Platon sur la correspondance de Cicéron, voir surtout C. Bishop, Cicero, Greek Learning, op. cit., chapitre V (« Letters »). 57 Pour une excellente synthèse sur ce problème, voir C.  Natali, Aristotle. His life and School, éd. par D.S. Hutchinson, Princeton, Princeton University Press, 2013, p. 122-124. Les lettres d’Aristote englobent les fragments 651-670 dans l’édition Rose de 1886 (V. Rose, Aristotelis qui ferebantur librorum fragmenta, Leipzig, Teubner, 1886) et ont fait l’objet d’une republication par M. Plezia (Aristoteles. Priuatorum scriptorum fragmenta, Leipzig, Teubner, 1977), p. 7-33, avec les testimonia afférents. 58 Cic., Att., XII, 40, 2 (9 mai 45).

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examinaient la nature de la gloire véritable ainsi que ses liens avec la vertu59. Comme les lettres d’Aristote appartenaient par ailleurs à sa correspondance privée, il est délicat d’y relever des échos de ses ouvrages philosophiques authentiques, qui permettraient d’établir la fiabilité de certains fragments60. Sur ce point, elles se distinguent non seulement des lettres de Platon, mais aussi de celles d’Épicure, qui sont essentiellement doctrinales. Ces dernières étaient également connues de Cicéron, qui cite le prologue de la courte Lettre à Idoménée, à propos des souffrances endurées par le fondateur du Jardin juste avant sa mort61, ainsi que plusieurs passages de la Lettre à Ménécée, texte qui récapitule la doctrine éthique épicurienne62. D’autres recueils épistolaires grecs, issus d’orateurs ou de philosophes, purent servir de modèles à Cicéron. L’éventail de leurs thématiques était très large et nous n’en citerons que quelques exemples63 : lettres politiques à caractère officiel (comme celles du roi Philippe de Macédoine)64 ; lettres de conseils (d’ordre philosophique ou politique : Lettre VIII de Platon, Lettres à Alexandre d’Aristote et Théopompe, Lettres V et VI d’Isocrate, Lettres I et III de Démosthène, parangon de l’art oratoire aux yeux de Cicéron)65 ; exposés philosophiques sous forme épistolaire (comme les Lettres rédigées par Épicure, mais aussi par le Péripatéticien Dicéarque et par les Stoïciens Panétius et Posidonius)66 ; lettres apologétiques (Lettres III, V et VII de Platon, Lettres II et IV de Démosthène) ; lettres de consolation67 ; lettres à valeur protreptique (le Protreptique d’Aristote)68. Sur ce point, voir infra, IIe partie, chapitre II, section II.A.2.ii. C. Natali, Aristotle, op. cit., p. 123. 61 Cic., Fam., VII, 26, 1 (à Gallus ; vers le 20 du 1er mois intercalaire 46 (?)) ; cf. Épicure, Idom., 22. 62 Cf.  Cic., Fin., I, 57 (à propos d’Épicure, Mén., 132, cité aussi par Cassius en Fam., XV, 19, 2 ; vers le 15 janvier 45) ; Cic., Att., VI, 9, 2 (15 octobre 50) et Épicure, Mén., 127 ; Cic., Att., VII, 1, 7 (16 octobre 50) et Épicure, Mén., 130 et 133. Sur ce point, voir infra, Ière partie, chapitre III, section III.H. (sur Idom., 22) et IIe partie, chapitre III, section III.B.3.ii. (sur Mén., 132). 63 Cf. C. Bishop, Cicero, Greek Learning, op. cit., chapitre V (« Letters »). 64 Cic., Tusc., V, 42 ; Off., II, 48 et II, 53. 65 Cic., de Or., III, 139 (sur Isocrate, Lettre VII) ; Br., 121 et Or., 15 (sur les Lettres de Démosthène). 66 Cic., Att., XIII, 32, 2 (29 mai 45) sur Dicéarque ; Fin., IV, 23 (sur Panétius) ; Off., III, 10 (sur Posidonius). 67 Cf. la lettre (epistula) de Panétius à Tubero sur le thème de la douleur (sans doute une Consolatio) : Cic., Luc., 135. 68 Voir infra, IIe partie, chapitre I, section I.A.3.ii.a. sur la possible forme épistolaire du Protreptique d’Aristote. 59 60

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La variété de ces thématiques que l’on pourrait qualifier de sousgenres épistolaires révèle l’existence d’une taxinomie issue des manuels de rhétorique grecs, recensant les types de lettres selon leurs effets ou leurs intentions69. Celle-ci était certainement connue de Cicéron, qui la met occasionnellement en pratique, même si son approche du genre épistolaire est essentiellement « empirique et fonctionnelle »70. En témoigne l’esquisse de typologie des epistolarum genera qu’il dresse en distinguant trois catégories principales : des lettres informatives, des lettres appartenant au genre « sérieux et grave » (seuerum et graue), et enfin des lettres appartenant au genre « familier et plaisant » (familiare et iocosum)71. Dans le cadre de notre étude, précisons que le grec susceptible d’une interprétation philosophique se rencontre quasi exclusivement dans les lettres relevant du genus familiare et iocosum72. Il est d’autant plus fréquent que les relations d’un correspondant avec Cicéron sont plus étroites et amicales, de sorte que ses occurrences participent souvent d’un « badinage philosophique » fort bien analysé par M. T. Griffin73, qui désigne par ce terme français une conversation plaisante et spirituelle.

Facteurs ponctuels d’explication du « code-switching » À ces facteurs globaux justifiant la récurrence du « code-switching » dans la correspondance, se joignent des facteurs plus ponctuels. 69 Cf. J.-E. Bernard, La sociabilité épistolaire chez Cicéron, Paris, Champion, 2013, p. 82 : le Ps.-Démétrios recense dans ses Τύποι ἐπιστολικοί vingt-et-une espèces de lettres : « amicale, allégorique, de recommandation, blâme, invective, consolation, censure, admonition, menace, vitupération, louange, conseil, supplication, interrogation, riposte, instruction, accusation, défense, félicitation, ironie, remerciement ». 70 Ibid., p. 84. 71 Cic., Fam., II, 4, 1 (à Curion ; vers le milieu de 53). Pour une présentation synthétique de cette question ainsi que des officia épistolaires respectés par Cicéron, voir J.-E. Bernard, La sociabilité épistolaire, op. cit., p. 71-104. 72 On trouve un signe du fait que la correspondance traite de questions philosophiques sans quitter le cadre du genus familiare et iocosum dans le refus de Cicéron de se conformer, lorsqu’il emploie des formules de salutation épistolaire, à l’usage instauré par Platon, qui avait remplacé le traditionnel verbe χαίρειν (« Salut ») par l’expression εὖ πράττειν (« (Com)porte-toi bien »), dotée d’une valeur éthique programmatique, suivi en cela par Épicure, qui avait adopté la formule εὖ διάγειν (« Aie une vie agréable » : cf. DL, III, 61). Nous remercions vivement Alessandro Garcea de nous avoir indiqué cette référence. 73 M. T. Griffin, « Philosophical badinage in Cicero’s letters to his friends », in J.  G.  F.  Powell (éd.), Cicero the Philosopher : twelve papers, Oxford, Clarendon Press, 1995, p. 325-346.

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Si nous reprenons le classement non exhaustif élaboré par J. N. Adams pour analyser les occurrences relevant du « code-switching » dans les lettres de Cicéron, nous relevons sept catégories, sur lesquelles nous reviendrons tout au long de notre étude74 : les termes critiques, le recours au secret et à une forme de codage, la mise à distance et l’euphémisme, les proverbes ou expressions figées, les mots justes, les termes médicaux (et, plus généralement, techniques), et enfin le caractère expressif des mots grecs75. Avant d’aborder la catégorie qui nous semble la plus problématique, à savoir la première, consacrée aux termes critiques, il nous faut évoquer le deuxième versant de notre réflexion sur le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron. Jusqu’ici, nous avons rappelé ses enjeux linguistiques à travers le bilinguisme et le « code-switching », mais notre sujet implique également de prendre en compte sa dimension philosophique. Si l’existence d’une philosophie romaine semble aujourd’hui acquise dans la communauté scientifique76, son originalité par rapport à la philosophie grecque est périodiquement contestée par certains chercheurs77, tandis que d’autres préfèrent la considérer comme un simple jeu d’esprit mondain, frivole, réduit à une fonction esthétique ou ornementale78. Dans ce débat, Cicéron occupe une place centrale, tant par l’abondance de ses ouvrages et l’ampleur de ses analyses que par la réflexivité qu’il applique à sa propre pratique de philosophe d’une part, de traducteur de la

J. N. Adams, Bilingualism and the Latin Language, op. cit., p. 323. Ibid., respectivement p. 323-329 (les termes critiques) ; p. 329-330 (le recours au secret et à une forme de codage) ; p. 330-335 (la mise à distance et l’euphémisme) ; p. 335-337 (les proverbes ou expressions figées) ; p. 337-340 (les mots justes) ; p. 340-341 (les termes médicaux) ; p. 341-342 (le caractère évocateur des mots grecs). 76 P. Grimal (éd.), La langue latine, langue de la philosophie. Actes du colloque organisé par l’École Française de Rome, Rome, 17-19 mai 1990, Paris-Roma, École Française de Rome, 1992 ; M. T. Griffin & J. Barnes (éd.), Philosophia togata I : Essays on Philosophy and Roman Society, Oxford, Clarendon Press, 1989 et Philosophia togata II : Plato and Aristotle at Rome, Oxford, Clarendon Press, 1997 ; G. D. Williams & K. Volk (éd.), Roman Reflections : Studies in Latin Philosophy, Oxford-New York, Oxford University Press, 2016. 77 Cf. G. M. Müller & F. M. Zini (éd.), Philosophie im Rom – Römische Philosophie ? Kultur-, literatur- und philosophiegeschichtliche Perspektiven, Berlin, De Gruyter, 2017. 78 Sur cette approche iconoclaste de la philosophie à Rome, avec laquelle nous aurons souvent l’occasion d’exprimer notre désaccord, voir P. Vesperini, La philosophia et ses pratiques d’Ennius à Cicéron, Roma, École Française de Rome, 2012. 74 75

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Introduction

philosophie grecque de l’autre79. Parmi les nombreuses études qui lui ont été consacrées, peu ont néanmoins abordé jusqu’ici sa pensée philosophique telle qu’elle apparaît au miroir de la correspondance80, et moins d’études encore ont examiné l’expression de sa pensée philosophique à travers son usage de la langue grecque en concentrant leur attention sur les lettres. Un tel angle d’approche de la philosophie cicéronienne peut certes sembler surprenant dans la mesure où il est doublement indirect : il s’attache à l’étude de la philosophie dans un genre marginal et informel, la correspondance, et il recourt à cet effet à une démarche d’ordre linguistique, centrée sur les emplois du vocabulaire grec pour véhiculer des réflexions philosophiques. Pour autant, notre approche nous paraît fondée sur le plan scientifique. Elle s’inscrit simplement en faux contre la césure qui sépare, dans le champ actuel de la recherche, les études linguistiques des études philosophiques. Afin d’illustrer notre propos, nous choisirons un exemple tiré de la grille d’analyse en sept points qu’avait proposé d’appliquer aux termes grecs de la correspondance cicéronienne J.  N.  Adams, dans son étude du « code-switching ». Ainsi que nous l’avons indiqué plus haut, sur les sept catégories identifiées, la plus problématique, la plus vaste et la plus hétérogène est sans conteste la première, intitulée « critical terms », car 79 A. Michel, Rhétorique et philosophie chez Cicéron. Essai sur les fondements philosophiques de l’art de persuader, Paris, PUF, 1960 (=  Louvain-Paris, Peeters, 2003) ; W.  Görler, Untersuchungen zu Ciceros Philosophie, Heidelberg, C.  Winter, 1974 ; J. G. F. Powell (éd.), Cicero the Philosopher, op. cit. ; Y. Baraz, A Written Republic : Cicero’s Philosophical Politics, Princeton, Princeton University Press, 2012 ; R.  Woolf, Cicero : the philosophy of a Roman Sceptic, London-New York, Routledge, 2015 ; J. W. Atkins & T. Bénatouïl (éd.), The Cambrige Companion to Cicero’s Philosophy, Cambridge, Cambridge University Press, 2021, à paraître. L’ouvrage de référence sur ce sujet demeure celui de C. Lévy, Cicero Academicus. Recherches sur les Académiques et la philosophie cicéronienne, Roma, École Française de Rome, 1992. 80 L’ouvrage majeur sur ce thème est à ce jour celui de S. McConnell, Philosophical life, op. cit., 2014. Voir encore F. Guillaumont, « Les philosophes grecs dans la correspondance de Cicéron », in L. Nadjo & É. Gavoille (éd.), Epistulae antiquae. 2. Actes du IIe colloque international « Le genre épistolaire antique et ses prolongements européens » (Université François-Rabelais, Tours, 28-30 septembre 2000), Louvain-Paris, Peeters, 2002, p. 61-76 ; S. Aubert-Baillot, « Philosophy in Cicero’s Letters », in J. W. Atkins & T. Bénatouïl (éd.), The Cambrige Companion to Cicero’s Philosophy, op. cit., à paraître. Pour une lecture à la fois littéraire et philosophique d’une partie de la correspondance de Cicéron, cf. A. Garcea, Cicerone in esilio. L’epistolario e le passioni, Hildesheim, Olms, 2005 ; F. Prost, Quintus Cicéron. Petit manuel de la campagne électorale. Marcus Cicéron. Lettres à son frère Quintus, I, 1 et 2, Paris, Les Belles Lettres, « Commentario », 2017. Enfin, l’une de nos principales sources d’inspiration dans cette étude a été le stimulant article de M. T. Griffin, « Philosophical badinage », art. cit., p. 325-346.



Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

elle englobe « de brèves caractérisations (souvent au moyen d’un simple adverbe grec ou parfois, au moyen d’une courte expression) des propos de quelqu’un. (…) Ce phénomène a été appelé “fonction métalinguistique” du “code-switching”81 ». Cette approche soulève une difficulté qui se pose lorsqu’on étudie le grec chez Cicéron de façon extérieure, purement linguistique et fonctionnelle – ici, en regroupant dans une même rubrique des termes caractérisant soit les mots de Cicéron, soit ceux d’Atticus, soit encore ceux d’autres correspondants au sein des lettres, mais aussi les appréciations portant sur d’autres écrits, non épistolaires, de Cicéron, et enfin des jugements sur le discours en général, au risque de mélanger des notations qui relèvent de domaines et de langages techniques aussi distincts que la stylistique, ou la rhétorique, et la philosophie. Une telle démarche paraît artificielle et méthodologiquement contestable, en ce qu’elle ne prend pas suffisamment en compte la signification précise de chaque occurrence ni son éventuelle origine, qui remonte souvent à la philosophie grecque d’époque classique ou hellénistique.

Enjeux philosophiques du choix de langue Du point de vue de la philosophie, qui nous intéresse dans cette étude, la démarche de J. N. Adams nous paraît d’autant plus problématique qu’elle ne cherche pas à rendre raison de l’emploi du grec, plutôt que de l’usage du latin, dans l’expression de propos de nature philosophique, comme s’il était indifférent de réfléchir dans une langue plutôt que dans une autre. Étant donné que la philosophie se déploie, comme toute pensée, dans le langage, elle s’infléchit nécessairement selon la langue dans laquelle elle s’exprime. Ainsi B. Cassin a-t-elle consacré un dictionnaire aux intraduisibles philosophiques82, ces concepts qui, de l’Antiquité à l’époque contemporaine, ne se développent que dans une langue donnée et voient leur signification altérée dès lors que l’on tente de les transposer dans une autre langue, sans pour autant que l’on cesse de (ne pas) les traduire. Si la philosophie est intimement liée à la langue dans laquelle elle s’exprime, on comprend que le « choix de langue », analysé plus haut en termes linguistiques, représente un enjeu intellectuel important chez des J. N. Adams, Bilingualism and the Latin Language, op. cit., p. 323. B. Cassin (dir.), Vocabulaire européen des philosophies : dictionnaire des intraduisibles, Paris, Le Seuil/Le Robert, 2004. 81 82



Introduction

penseurs romains dont plusieurs, comme Cornutus, Musonius Rufus, Favorinus et Marc Aurèle à l’époque impériale, privilégièrent le grec plutôt que le latin dans la rédaction de leurs œuvres philosophiques. Quant à Cicéron, la rédaction de son grand corpus philosophique à la fin de sa vie, au cours des années 46 à 44, fut assurément l’élément qui lui fit prendre conscience de l’importance de cet enjeu, qui est non pas seulement linguistique, mais aussi et surtout philosophique. Ainsi se met-il en scène, dans le prologue de la seconde version des Académiques, face à Varron, le plus savant des Romains de son temps83. Celui-ci contestait l’utilité de recourir au latin pour écrire la philosophie et préconisait de s’en tenir à la langue grecque, arguant que les Romains cultivés préféreraient lire les textes grecs et que les autres négligeraient des œuvres trop ardues et exigeantes pour qu’ils puissent y avoir accès. En outre, il se disait découragé par la perspective de créer des néologismes pour traduire le vocabulaire technique des philosophes grecs les plus subtils.

La théorie cicéronienne de la traduction À ces arguments, Cicéron répond que le fait de connaître les poètes grecs n’empêche pas les Romains cultivés de goûter les poèmes latins et que son entreprise de rédaction de la philosophie en latin, en instruisant ses concitoyens, représente sa manière de contribuer au bien public dans cette période d’inaction politique forcée84. Une fois justifiée sa décision, il lui reste à exposer sa méthode d’adaptation et de traduction de ses sources grecques. Quoiqu’il ne fût pas le premier Romain à tenter d’exprimer en latin des concepts philosophiques grecs, précédé en cela notamment par Ennius et surtout par Lucilius, et quoique Lucrèce entreprît au même moment que lui d’acclimater à Rome la pensée grecque du Jardin dans son poème de Rerum natura85, Cicéron, par le nombre de ses innovations terminologiques et conceptuelles, et surtout par son re Cic., Lib. Ac., I, 10. Ibidem. 85 Voir sur ce point D. N. Sedley, « Lucretius’ use and avoidance of Greek », in J. N. Adams & R. G. Mayer (éd.), Aspects of the Language of Latin Poetry, Oxford-New York, Oxford University Press, 1999, p.  227-246. Sur le rôle de Lucrèce dans la création d’une langue philosophique latine, voir Y. Benferhat, « Noua uerba. Réflexions sur la place des néologismes lucrétiens dans la création d’un vocabulaire philosophique latin », Latomus, 73, 2014, p. 596-614 ; A. Morenval, Le Tout et l’infini dans le De rerum natura de Lucrèce, thèse dactylographiée, Université Grenoble 3-Stendhal, 2015, p. 66125 et 126-179. 83 84



Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

jet d’une fatalité linguistique selon laquelle le latin aurait été inapte à exprimer la philosophie, fut considéré comme le principal créateur d’une langue philosophique latine86. C’est au livre III du de Finibus qu’il expose le plus précisément sa méthode, au seuil de l’exposé de Caton sur l’éthique du Portique. Or Pour une approche générale de la conception de la traduction dans l’Antiquité, voir B. Rochette, « Du grec au latin et du latin au grec : les problèmes de la traduction dans l’antiquité gréco-latine », Latomus, 54, 1995, p. 245-261, et surtout C. Lévy, « Du grec au latin », in J.-F. Mattéi (dir.), Encyclopédie philosophique universelle. Vol. IV : Le discours philosophique, Paris, PUF, 1998, p.  1145-1154. Sur l’activité de traducteur de Cicéron, voir H. E. Richter, Übersetzen und Übersetzungen in der römischen Literatur, diss., Erlangen, 1938 ; M. Dubuisson, « Non quaerere externa, domesticis esse contentos : Cicéron et le problème de la traduction du grec en latin », Ktèma, 14, 1989, p.  201204 ; M. Ballard, De Cicéron à Benjamin. Traducteurs, traduction, réflexions, Lille, Presses universitaires de Lille, 1992 ; J. G. F. Powell, « Cicero’s translations from Greek », in id. (éd.), Cicero the Philosopher, op. cit., p. 273-300 ; C. Nicolas, « La néologie technique par traduction chez Cicéron et la notion de verbumexverbalité », in M. Fruyt & C. Nicolas (éd.), La création lexicale en latin. Actes de la table ronde du IXe colloque international de langue latine, Madrid, 16 avril 1997, Paris, PUPS, 2000, p. 109-146 ; C. Lévy, « Quelques remarques sur le problème de la traduction dans l’Antiquité : Philon et Cicéron », in L. Bernard-Pradelle & C. Lechevalier (dir.), Traduire les anciens en Europe du Quattrocento à la fin du xviiie siècle : d’une renaissance à une révolution ?, Paris, PUPS, 2012, p.  17-30 ; J.  Kruck, The Modalities of Roman Translation : Source-representative, Allusive, and Independent, diss., University of Western Ontario, 2014 ; voir surtout S.  McElduff, Roman theories of translation : surpassing the source, New York-London, Routledge, 2013, p. 96-121. Sur la traduction cicéronienne de concepts philosophiques, voir H.-J. Hartung, Ciceros Methode bei der Übersetzung griechischer philosophischer Termini, diss., Hamburg, 1970 ; C. Moreschini, « Osservazioni sul lessico filosofico di Cicerone », ASNP, 19, 1979, p. 99-178 ; C. Nicolas, « À propos du lexique philosophique de Cicéron », in R.-P. Droit (éd.), Les Grecs, les Romains et nous : l’Antiquité est-elle moderne ?, Paris, Le Monde Éditions, 1991, p.  300-306 ; C.  Lévy, « Cicéron créateur du vocabulaire latin de la connaissance : essai de synthèse », in P. Grimal (éd.), La langue latine, langue de la philosophie, op. cit., p. 91-106 ; J. Kruck, Cicero as Translator of Greek in his Presentation of the Stoic Theory of Action, MA, University of Manitoba, 2008 ; H. Baltussen, « Cicero’s Translation of Greek Philosophy : Personal Mission or Public Service ? », in S. McElduff & E. Sciarrino (éd.), Complicating the History of Western Translation : The Ancient Mediterranean in Perspective, Manchester-Kinderhook, New York, St. Jerome Publishing, 2011, p. 37-47 ; J. Glucker, « Cicero’s Remarks on Translating Philosophical Terms : Some General Problems », in J. Glucker & C. Burnett (éd.), Greek into Latin from antiquity until the nineteenth century, London, Warburg Institute, 2012, p. 37-96 ; id., « Cicero, De Finibus, III 15 », Elenchos, 33, 2012, p. 109-114 ; id., « Cicero as Translator and Cicero in Translation », Philologica, 10, 2015, p. 37-53 ; G. F. White, Copia uerborum : Cicero’s Philosophical Translations, diss., Princeton University, 2015. Sur la traduction cicéronienne du Timée de Platon, voir R. Poncelet, Cicéron traducteur de Platon. L’expression de la pensée complexe en latin classique, Paris, de Boccard, 1957 ; M. Puelma, « Cicero als Platon-Übersetzer », MH, 37, 1980, p. 137-178 ; N. Lambardi, Il Timaeus ciceroniano. Arte et tecnica del vertere, Firenze, Felice Le Monnier, 1982 ; J. Ravaute, Le Timée cicéronien : traductions et commentaire, thèse en cours sous la direction de S. Luciani (Aix-Marseille Université). 86



Introduction

les Stoïciens avaient eux-mêmes élaboré une langue philosophique originale, soit en investissant de significations nouvelles des termes anciens et parfois courants, soit en forgeant, à partir de néologismes imagés, un lexique technique destiné à exprimer le plus adéquatement possible leurs concepts. Cicéron portait un grand intérêt à leur réflexion sur le langage, fût-ce dans une visée polémique, et lorsqu’il énonce ses principes de traduction du grec en latin, il s’inspire en quelque sorte du Portique. Lui aussi, en effet, préconise d’employer chaque fois que cela est possible des mots usuels, voire de rendre, si nécessaire, un mot grec par plusieurs mots latins. Il tient en revanche à se démarquer des interpretes indiserti, « des traducteurs à court d’expression », qui se contentent de calquer un mot latin sur un mot grec87. Enfin, malgré son aversion pour les néologismes, qu’il partageait avec d’autres Romains cultivés tels que César88, il admet qu’ils sont parfois inévitables mais prend toujours grand soin de les justifier, comme dans le cas de la qualitas89 ou de la medietas90. Ce procédé doit toutefois demeurer exceptionnel. En effet Cicéron, à l’inverse de Varron, vante la richesse de la langue latine et son aptitude à exprimer les pensées les plus subtiles, alors que Lucrèce déplore à la même époque l’indigence de la langue de ses pères91. L’Académicien lui-même avait d’ailleurs commencé très tôt à traduire des œuvres philosophiques grecques, telles que les Phénomènes d’Aratos, dans sa jeunesse, puis plus tard le Protagoras (peut-être en 49)92, et enfin le Timée de Platon en 45. Dans ses dialogues et ses traités, il ne renonce jamais à traduire les concepts les plus techniques, dont le Portique en particulier avait fait grand usage. En revanche, il ne s’astreint nullement à la même rigueur de traduction dans la correspondance. La situation est cette fois inversée par rapport à celle des dialogues et des traités, et il est exceptionnel qu’un terme grec y figure accompagné d’une traduction latine. Le cas le plus remarquable est sans doute celui de l’ἐποχή, un concept central dans la Nouvelle Académie, dont la traduction latine s’élabore progressivement dans la correspondance. D’abord exprimée Cic., Fin., III, 15. Aulu-Gelle, NA, I, 10, 4. Cf. A. Garcea (éd.), Caesar’s De analogia, Oxford-New York, Oxford University Press, 2012. 89 Cic., Lib., Ac., I, 24-26. Cf. C. Lévy, « Cicéron, le moyen platonisme et la philosophie romaine : à propos de la naissance du concept latin de qualitas », RMM, 1, 2008, p. 5-20. 90 Cic., Tim., 23. 91 Lucrèce, DRN, I, 136-139 ; I, 832. 92 Voir infra, IIe partie, chapitre I, section I.A.1.i. 87 88



Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

par le nom dubitatio – « hésitation » – dans une lettre à Atticus d’août 50, où elle ne revêt pas encore son plein sens néoacadémicien de « suspension de l’assentiment », elle fait l’objet d’une discussion terminologique précise entre Cicéron et Atticus cinq ans plus tard, à l’occasion de la rédaction des Academica. Le verbe ἐπέχειν est alors rendu par le verbe latin sustinere, et non par le calque inhibere93. Lorsque le grec demeure exempt de traduction dans les lettres, cela signifie fréquemment qu’il est présent à titre d’allusion, de mention ou de citation d’une source grecque que Cicéron cherche avant tout à indiquer à son correspondant, par clin d’œil humoristique ou pour enrichir une argumentation par exemple. L’ampleur des références à des sources, parmi les termes grecs du corpus épistolaire cicéronien qui étaient susceptibles d’une lecture philosophique, nous semble d’ailleurs avoir été largement sous-estimée jusqu’ici par les chercheurs, tant sur le plan numérique que sur le plan conceptuel. C’est pourquoi nous avons entrepris cette enquête. Dans une première partie, nous avons donc procédé à la définition de notre corpus (chapitre I), que nous avons présenté sous forme de quatre tableaux successifs récapitulant les mots et expressions grecs analysés, qui étaient à notre sens dotés d’une teneur explicitement ou implicitement philosophique. Nous avons ensuite proposé une première approche formelle du corpus obtenu, en livrant des analyses grammaticales, syntaxiques et stylistiques des occurrences grecques, classées en allusions, mentions, et citations, puis nous en avons dégagé les principales fonctions, avant d’examiner les modalités d’accès au savoir philosophique grec qui s’offraient à Cicéron, par le biais d’un enseignement oral, de la fréquentation de bibliothèques, de la consultation de livres sous forme intégrale ou résumée (chapitre II). Il ne convenait pas pour autant de négliger la dimension proprement humaine de notre sujet. Le corpus épistolaire de Cicéron est composé de lettres authentiques, envoyées à des destinataires souvent fort connus, dont la vie, la carrière politique, le statut social, les cercles amicaux, les goûts intellectuels influent fortement sur la présence, la fréquence et la qualité du grec qui leur est adressé. Aussi avons-nous rédigé une notice sur chacun des treize correspondants de Cicéron qui avaient reçu une ou des lettres renfermant un ou plusieurs termes grecs susceptibles d’une interprétation philosophique. Nous y avons décrit leurs identités, leurs fonctions et leurs langages, grâce à 93 Cic., Att., VI, 6, 3 (vers le 10 août 50) ; ibid., VI, 9, 3 (15 octobre 50) : ἐποχή / dubitatio ; ibid., XIII, 21, 3 (27 ou 28 août 45) : ἐπέχειν / sustinere (aux dépens de la traduction-calque inhibere).



Introduction

une approche d’ordre à la fois prosopographique, politique, linguistique et philosophique. En adaptant son mode d’expression et ses références grecques à chacun de ses destinataires, Cicéron se montre fidèle à l’enseignement du Phèdre platonicien qui enjoint, pour semer les graines du savoir à bon escient, de connaître la nature de l’âme à laquelle s’adresse le λόγος94 (chapitre III). Dans une seconde partie, nous avons examiné les sources philosophiques du grec figurant dans la correspondance cicéronienne en leur consacrant quatre études successives. La première porte sur Platon, les Socratiques – Xénophon et Antisthène – et les Académiciens – Arcésilas, Carnéade, Philon (chapitre I). La deuxième, plus brève, se concentre sur Aristote puis sur les Péripatéticiens Théophraste et Dicéarque (chapitre II). La troisième a trait à Épicure ainsi qu’à quelques Épicuriens, dont le plus connu est Philodème de Gadara (chapitre III). Enfin, la quatrième étude est consacrée aux Stoïciens et se conclut sur deux études de cas d’« intraduisibles », la φιλοστοργία (ou « amour parental  pour sa progéniture ») et l’εὐθυρρημοσύνη (« le parler droit ») (chapitre IV).

Platon, Phèdre, 277 b-c.

94



PREMIÈRE PARTIE LE GREC ET LA PHILOSOPHIE DANS LA CORRESPONDANCE DE CICÉRON : ANALYSE FORMELLE ET PROSOPOGRAPHIQUE DU CORPUS

CHAPITRE I DÉFINITION DU CORPUS

I.A. : Détail du corpus : liste des mots et des citations analysés (tableau 1) Dans ce chapitre, nous avons souhaité établir le corpus des termes grecs susceptibles d’une interprétation philosophique dans la correspondance en le présentant sous la forme d’un premier tableau (section I.A.) récapitulant six points : la date et le lieu de rédaction des lettres où figurent de tels termes tout d’abord, car ce sont deux facteurs dont nous verrons qu’ils influent sur la fréquence et parfois la nature du grec cité ; puis, une fois mentionnée la référence de la lettre, viennent le ou les mots grecs analysés. Rappelons que nous avons inclus dans notre étude le grec issu des correspondants de Cicéron eux-mêmes, mais que nous en avons exclu deux catégories de mots : ceux qui étaient translittérés en latin (sauf exception : cf. hypodidascal[us]) et sortaient du cadre strict du « code-switching » posé en introduction, mais aussi ceux dont les attestations fréquentes dans la langue littéraire classique ou hellénistique, voire la spécialisation dans une discipline technique1, rendaient trop hypothétique leur référence à une origine philosophique. Nous avons en C’est ainsi que l’expression grecque καθολικὸν θεώρημα (« règle générale », « règle universelle »), qui figure dans une lettre à Atticus du 11 mai 44 (Att., XIV, 20, 3), où Cicéron l’applique plaisamment à la croyance de tout poète ou de tout orateur en sa supériorité sur ses confrères, nous semble relever principalement du domaine de la médecine plutôt que de celui de la philosophie au sens strict, étant entendu que ces deux disciplines entretenaient dans l’Antiquité des liens étroits, comme l’illustre l’exemple de Galien. Nous l’avons néanmoins exclue de notre corpus d’étude. Pour ses occurrences dans les textes médicaux, voir Galien, In Hippocratis librum I epidemiarum commentarii III, p. 113, 3-4 Wenkebach ; In Hippocratis librum III epidemiarum commentarii III, p. 32, 18 Wenkebach ; SE, AM, I, 221. 1

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

suite tâché d’identifier la ou les source(s) philosophique(s) possible(s), sinon probable(s), des termes grecs en question. Lorsqu’il s’agissait d’un mot trop général, comme dans le cas du verbe φιλοσοφεῖν ou de son champ lexical, nous n’avons rien indiqué, et si la source était décidément sujette à caution, ce qui se produit fréquemment dans la correspondance étant donné le caractère fugace et implicite des allusions à la philosophie, nous l’avons signalé par un point d’interrogation. Pour conclure, afin d’éclairer notre interprétation du lexique grec présent dans les lettres, nous avons précisé si des livres philosophiques ou des noms de philosophes figuraient aux abords d’une occurrence donnée. Enfin, nous avons mentionné par des nuances de gris le titre ainsi que la date de rédaction des ouvrages cicéroniens contemporains de la correspondance, ce qui peut une fois encore guider l’interprétation d’un tel vocabulaire. À ce tableau, nous en avons adjoint trois autres, qui englobent respectivement le grec2 circonscrit aux dialogues et aux traités (tableau 2, section I.B.1.), le grec restreint aux lettres (tableau 3, section I.B.2) et le grec commun aux lettres et aux dialogues ou traités (tableau 4, section I.B.3.). Pour finir, nous avons formulé quelques remarques de synthèse destinées à mettre en perspective les enseignements fournis par ces tableaux (section I.B.4.).

Nous entendons par là le grec susceptible d’une interprétation philosophique.

2



Comm. Pet., 46

Premiers mois de 64



Fin juin ou juillet 61 (Rome) Fin juin ou juillet 61 (Rome) 15 mars 60 (Rome) Vers le milieu de juin 60 (Rome)

Att., I, 19, 8 Att., II, 1, 1

Att., I, 16, 13

Att., I, 16, 8

25 janvier 61 (Rome) Att., I, 13, 5 Fin juin ou juillet 61 Att., I, 16, 4 (Rome) Fin juin ou juillet 61 Att., I, 16, 5 (Rome)

Comm. Pet., 39

Protreptique philosophique

Hom., Il., XVI, 112-113 apud Platon, Rép., VIII, 545 d-e Platon

Ἕσπετε νῦν μοι, Μοῦσαι… ὅππως δὴ πρῶτον πῦρ ἔμπεσε παρρησίαν eripui φιλοσοφητέον

Philodème

φιλορήτορα

Diodore Cronos

ἀδύνατον

Premiers mois de 64

Stoïciens ?

οἰκεῖον

Entre avril et juillet 67 Att., I, 10, 3 (Tusculum) Peu avant le 17 juillet Att., I, 1, 2 65 (Rome) Premiers mois de 64 Comm. Pet., 3

Sources philosophiques probables

Mots et expressions en langue grecque

Date et lieu de Référence des rédaction des lettres lettres

Épicharme Aristote : Aristotelia pigmenta

Xénocrate

Démétrios de Phalère Épicharme : Ἐπιχάρμειον illud Platon : tibi homini Platonico

Philosophes ou livres philosophiques cités

Ouvrages contemporains

Chapitre I.  Définition du corpus

Att., II, 3, 2

Att., II, 2, 2

Att., II, 1, 8

Att., II, 1, 2



Début de 59 (Rome) Début de 59 (Rome)

ad Q.fr., I, 1, 23 ad Q.fr., I, 1, 29

Décembre 60 (Rome) Att., II, 3, 3 Décembre 60 (Rome) Att., II, 3, 4

Décembre 60 (Rome) Att., II, 3, 2 Décembre 60 (Rome) Att., II, 3, 3

Décembre 60 (Rome) Att., II, 3, 2

Décembre 60 (Rome) Att., II, 3, 2

Vers le milieu de juin 60 (Rome) Vers le milieu de juin 60 (Rome) Décembre 60 (Antium (?)) Décembre 60 (Rome)

Date et lieu de Référence des rédaction des lettres lettres

Platon, République

Sources philosophiques probables

ἔκχυσις radiorum Académiciens Σωκρατικῶς εἰς ἑκάτερον Nouvelle Académie (Arcésilas ?) τὴν ἀρέσκουσαν Θεοφράστου Περὶ Théophraste φιλοτιμίας

ἔστω ὄψις μὲν ἡ Α, τὸ δὲ Euclide ὁρώμενον ΒΓ, ἀκτῖνες δὲ δ κ.τ.λ. κατ’ εἰδώλων ἐμπτώσεις Démocrite, 68 A 1 DK ap. DL, IX, 44 εἴδωλα Démocrite et Épicure

in Platonis πολιτείᾳ

Mots et expressions en langue grecque

Xénophon Platon

Théophraste, Traité de l’ambition

Socrate

Dicéarque

Platon

Philosophes ou livres philosophiques cités Posidonius

Ouvrages contemporains

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

κατὰ τὸ πρακτικόν

Att., II, 7, 4

 σοφιστεύειν καὶ Κικέρων ὁ φιλόσοφος repente ἀναφαίνεσθαι φιλοσοφῶμεν ἐσοφίζετο

Att., II, 9, 3

Att., II, 12, 4

Att., II, 10

Att., II, 13, 2

Att., II, 16, 2

Att., II, 9, 2

Platon, Gorgias, 497 a

Platon, Banquet, 213 c : ἐξαίφνης ἀναφαίνεσθαι [Platon], Lettre VI, 323 c-d

Plat., Euthphr., 6 c ; Théét., 172 d, 180 b ; Lois, IX, 858 b Aristotéliciens

ἐπὶ σχολῆς

Att., II, 5, 2

Att., II, 5, 3

Première moitié d’avril 59 (Antium) Première moitié d’avril 59 (Antium) Première moitié d’avril 59 (Antium) 17 ou 18 avril 59 (Antium) 17 ou 18 avril 59 (Antium) 19  avril 59 (Les Trois Tavernes) 20  avril 59 (Forum Appii) Vers le 23  avril 59 (Formies) Vers le 1er mai 59 (Formies)

Πουλυδάμας μοι πρῶτος Hom., Il., XXII, 100 apud ἐλεγχείην ἀναθήσει Ar., EE, III, 1, 1230 a 20 ; EN, III, 11, 1116 a 23 ; MM, I, 20, 8 φιλοσοφεῖν

Première moitié Att., II, 5, 1 d’avril 59 (Antium)

Sources philosophiques probables

Mots et expressions en langue grecque

Date et lieu de Référence des rédaction des lettres lettres

Dicéarque

Théophraste

Philosophes ou livres philosophiques cités

Ouvrages contemporains

Chapitre I.  Définition du corpus

Entre le 2 et le 5  mai 59 (Formies) Entre le 2 et le 5  mai 59 (Formies) Juin ou début de juillet 59 (Rome) Milieu de juillet 59 (Rome) Milieu de juillet 59 (Rome) Milieu de juillet 59 (Rome) Milieu de juillet 59 (Rome) Milieu de juillet 59 (Rome)

 ἐν αἰνιγμοῖς

Att., II, 19, 5

Att., II, 19, 5

nimium τῷ προσπέπονθα ἀκκιζόμεθα

Att., II, 19, 1

Att., II, 19, 1

Att., II, 19, 1

Att., II, 18, 1

Att., II, 17, 2

Att., II, 17, 2

καλῷ Pl., Rép. ; Isocr., Él. Hél., 55 : προσπεπόνθαμεν Platon, Gorgias, 497 a : ἀκκίζῃ [Platon], Lettre II, 312 d : δι’ αἰνιγμῶν

ὁμολογουμένως τυραννίδα Platon, Alc. I, 135 b : συσκευάζεται τυραννίδα… παρασκευάζεσθαι εὐελπιστία Platon, Phédon, 63 c, 64 a ; Alc. I, 103 b : εὔελπις ἀδιαφορία Stoïciens (SVF, I, 360 ; I, 362 ; III, 26) σκοπός Platon (Lois, XII, 962 a-b) et les Stoïciens Dignitatis ἅλις, tamquam Théophraste et Dicéarque δρυός τυφλώττω Platon, République

τὸν πρακτικὸν βίον… τὸν Dicéarque / Théophraste θεωρητικόν εἰ δὲ μή dialecticiens

Vers le 1er mai 59 (For- Att., II, 16, 3 mies) Vers le 1er mai 59 (For- Att., II, 16, 4 mies) Entre le 2 et le 5  mai Att., II, 17, 1 59 (Formies)

Sources philosophiques probables

Mots et expressions en langue grecque

Date et lieu de Référence des rédaction des lettres lettres

Philosophes ou livres philosophiques cités Dicéarque ; Théophraste

Ouvrages contemporains

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron



Fam., V, 12, 7 : à Lucceius Att., IV, 8, 1

Fam., V, 12, 3 : à Lucceius

Platon, Phédon, 66 a

Stoïciens (SVF, III, 524)

Stoïciens (SVF, III, 524)

Sources philosophiques probables

μήπω μέγ’ εἴπῃς πρὶν Sophocle, Tyro, fgt 662 τελευτήσαντ’ ἴδῃς Radt, apud Platon, Sophiste, 238 a περίστασις Stoïciens (Épictète, Entr., III, 24, 87)

εἰλικρινὲς iudicium

εὐκαιρότερον

Att., IV, 7, 1

ad Q.fr., II, 6, 1

εὐκαίρως

Mots et expressions en langue grecque

ad Q.fr., II, 3, 6

Milieu de novembre Att., IV, 8a, 2 56 (Tusculum (?))

Juin 56 (Antium)

Juin 56 (Antium)

12 et 15 février 56 (Rome) Entre le 11 et le 15 avril 56 (Arpinum) Peu après le 16 mai 56 (Rome) Juin 56 (Antium)

Juillet 59 (Rome) Att., II, 20, 6 Entre le 25 oct. et le ad Q.fr., I, 2, 7 10 déc. 59 (Rome) Entre le 25 oct. et le ad Q.fr., I, 2, 14 10 déc. 59 (Rome)

Date et lieu de Référence des rédaction des lettres lettres

Xénophon : Herculem Xeno­ phontium Xénophon, Agésilas

Patron (Epicureum) ; Platon de Sardes (Epicureus)

Philosophes ou livres philosophiques cités Diodote Xénophon

Ouvrages contemporains

Chapitre I.  Définition du corpus



συμπάθεια συμπάθειαν φιλαλήθως

Att., IV, 16, 6

Att., IV, 15, 1

ad Q.fr., II, 15, 5

ad Q.fr., III, 1, 23

Fin août 54 (Rome)

Septembre 54 (Arpinum puis Rome) 21 octobre 54 (Rome) 24 octobre 54 (Rome) Fin octobre 54 (Tusculum) Fin oct. ou début nov. 54 (Tusculum) Fin oct. ou début nov. 54 (Tusculum)

ad Q.fr., III, 5, 7

ad Q.fr., III, 5, 1 Illud γνῶθι σεαυτόν

θετικώτερον ἐνθουσιασμός ἐμφιλοσοφῆσαι

in Πολιτείᾳ

Att., IV, 16, 3

ad Q.fr., III, 3, 4 ad Q.fr., III, 4, 4 Att., IV, 18, 2

ἐξωτερικούς

Att., IV, 16, 2

Mots et expressions en langue grecque

22 avril 55 (Cumes) Début de février 54 (Rome) Vers le 1er juillet 54 (Rome) Vers le 1er juillet 54 (Rome) Vers le 1er juillet 54 (Rome) 27 juillet 54 (Rome)

Att., IV, 10, 1 ad Q.fr., II, 9, 3

Date et lieu de Référence des rédaction des lettres lettres

Platon

Aristote Démocrite et Platon ?

Stoïciens (SVF, II, 532 ; II, 753 ; II, 1211) Stoïciens (SVF, II, 532 ; II, 753 ; II, 1211) Aristote, EN, IV, 13, 1127 b 3-5 : φιλαλήθης

Platon, République

Aristote

Sources philosophiques probables

Héraclide du Pont ; Aristote

Épicharme

Platon ; Socrate

Philosophes ou livres philosophiques cités Aristote Empédocle : Sallustii Empedoclea Aristote de Oratore (55) de Republica (début 54 -> début 51)

Ouvrages contemporains

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron



Att., V, 5, 2 Att., V, 10, 5 Fam., XIII, 1, 2 : à Memmius

15 mai 51 (Venouse) 27 juin 51 (Athènes) Entre le 25  juin et le 6 juillet 51 (Athènes)

Février 53 (Rome)

Fam., VII, 12, 1 : à Trebatius Fam., VII, 12, 2 : à Trebatius

Février 53 (Rome)

Décembre 54 (Rome) Fam., I, 9, 12 : à Lentulus Décembre 54 (Rome) Fam., I, 9, 18 : à Lentulus Décembre 54 (Rome) Fam., I, 9, 23 : à Lentulus

Fin novembre ou dé- Fam., VII, 16, 3 : but déc. 54 (Rome) à Trebatius Fin novembre ou dé- Att., IV, 19, 2 but déc. 54 (Rome)

Date et lieu de Référence des rédaction des lettres lettres

Sources philosophiques probables

διαλόγους

Platon

si tu statueris πολιτεύεσθαι Épicure non oportere

aequitatem animi mei et Platon, Phédon, 67 d : λύσις λύσιν (Shackleton Bai- (…) ψυχῆς ley : et ludum)

Mots et expressions en langue grecque

Aristus d’Ascalon l’Épicurien Patron (Epicurio) ; Phèdre ; Philon de Larissa

Aristote : Aristotelio more ; Aristoteliam… rationem oratoriam Épicure : Epicureum

Platon

Platon

Philosophes ou livres philosophiques cités Stoïciens

de Legibus (c. 52)

de Republica (début 54 -> début 51)

Ouvrages contemporains

Chapitre I.  Définition du corpus



Att., V, 18, 3

20  septembre 51 (Camp de Cybistra) 21  septembre 51 (Camp de Cybistra) 19 décembre 51 (Camp de Pindénissus) 11 février 50, ou peu après (Laodicée) 11 février 50, ou peu après (Laodicée) Deuxième moitié de fév. 50 (Laodicée)

Platon, Rép., VIII, 563 c

Sources philosophiques probables

Patron ; Épicure ; Phèdre Patron ; Phèdre

Philosophes ou livres philosophiques cités Patron ; Épicure

συμπαθῶς

Le Stoïcien Athénodore, fils de Sandon

Athénodore fils de Sandon Épicure : Epicuriis

Stoïciens

Patron Stoïciens (SVF, II, 532 ; II, 753 ; II, 1211) συμπάθειαν amoris tui Stoïciens (SVF, II, 532 ; II, 753 ; II, 1211) τὸ νεμεσᾶν interest τοῦ Aristote, Rhétorique, II, 9 Patron φθονεῖν et 10 Μώμῳ (texte SB ; sans Platon, Rép., VI, 487 a majuscule pour Budé)

οἵαπερ ἡ δέσποινα

Mots et expressions en langue grecque

Fam., III, 7, 5 : à Appius Pulcher Fam., III, 7, 5 : à εὐγένεια Appius Pulcher Fam., IX, 25, 2 : à Paetus

Att., V, 20, 6

Att., V, 19, 3

Fam., XIII, 1, 3 : à Memmius Fam., XIII, 1, 4 : à Memmius Fam., XIII, 1, 5 : à Memmius Att., V, 11, 5 Att., V, 11, 6 Att., V, 11, 7

Entre le 25 juin et le 6 juillet 51 (Athènes) Entre le 25 juin et le 6 juillet 51 (Athènes) Entre le 25 juin et le 6 juillet 51 (Athènes) 6 juillet 51 (Athènes) 6 juillet 51 (Athènes) 6 juillet 51 (Athènes)

Date et lieu de Référence des rédaction des lettres lettres

Ouvrages contemporains

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

20 ou 21 février 50 (Laodicée) 20 ou 21 février 50 (Laodicée) 20 ou 21 février 50 (Laodicée) Peu après le 20 février 50 (Laodicée) Début de mai 50, avant le 7 (Laodicée) 26  juin 50 (Camp du Pyrame) Deuxième moitié de juillet 50 (Tarse) Vers le 10 août 50 (Rhodes) Vers le 10 août 50 (Rhodes) Vers le 10 août 50 (Rhodes) 15  octobre 50 (Athènes)

 ἐποχῆς causae παλιγγενεσίαν

Att., VI, 6, 3

Att., VI, 6, 4

Att., VI, 9, 2

ἐπέχειν

Att., VI, 6, 3

Nouvelle Académie

Aristote, Pol., II, 8, 1268 b 26 [Platon], Lettre II, 312 d : δι’ αἰνιγμῶν Nouvelle Académie

Épicuriens

Platon

Eur., F 918 Kannicht ; Aristoph., Acharn., 661 [Platon], Sisyphe, 387 e

Sources philosophiques probables

Stoïciens (SVF, II, 613 ; II, 619 ; II, 620 ; II 627) nec me κενὸν in expetendo Épic., Mén., 127 : κεναὶ cognosces nec ἄτυφον in ἐπιθυμίαι ; Stoïciens, ap. abiciendo DL, VII, 117 : ἄτυφον

ἐν αἰνιγμοῖς

ἐπικούρειον

Fam., III, 9, 2 : à Appius Pulcher Att., VI, 2, 3

Att., VI, 7, 1

et tu belle ἠπόρησας

Att., VI, 1, 18

ἄλλο πρόβλημα

σχεδιάζοντα

Att., VI, 1, 11

Att., VI, 5, 3

Τὸ γὰρ εὖ μετ’ ἐμοῦ

Mots et expressions en langue grecque

Att., VI, 1, 8

Date et lieu de Référence des rédaction des lettres lettres

Dicéarque

Théophraste

Philosophes ou livres philosophiques cités

Ouvrages contemporains

Chapitre I.  Définition du corpus



Att., VII, 4, 2

Att., VII, 3, 1

Att., VII, 2, 5

Att., VII, 2, 4

τεκμηριῶδες

Πουλυδάμας μοι πρῶτος Hom., Il., XXII, 100 apud ἐλεγχείην ἀναθήσει Ar., EE, III, 1, 1230 a 20 ; EN, III, 11, 1116 a 23 ; MM, I, 20, 8 εὐπόριστον Épicure, Mén., 130 et 133 ; MC, XV et XXI φυσικὴν esse τὴν πρὸς τὰ τέκνα Patron

50 Att., VII, 1, 4

Ar., Rhét., II, 25, 1403 a 11 : τεκμηριώδη ἐνθυμήματα

Aristote

Nouvelle Académie

Dicéarque

πρόβλημα

50 Att., VII, 1, 2 

Att., VII, 1, 7

ἐπιχρονία ἐποχὴ

50 Att., VI, 9, 3

Nouvelle Académie

ἐποχή

Philosophes ou livres philosophiques cités

50 Att., VI, 9, 3

Nouvelle Académie

Sources philosophiques probables

ἐπειν

Mots et expressions en langue grecque

50 Att., VI, 9, 3

16  octobre 50 (Athènes) 25 ou 26 novembre 50 (Brindes) 25 ou 26 novembre 50 (Brindes) 9 décembre 50 (domaine de Trébule) 10 ou 11 décembre 50 (domaine de Pompéi)

15  octobre (Athènes) 15  octobre (Athènes) 15  octobre (Athènes) 16  octobre (Athènes) 16  octobre (Athènes)

Date et lieu de Référence des rédaction des lettres lettres

Ouvrages contemporains

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

 ἀστρατήγητος

Platon, Phédon, 88 d : συναποθνῄσκει Ego quid agam σκέμμα Platon, Prot., 351 e ; Rép., magnum IV, 435 c ; IV, 445 a Mira me ἀπορία torquet Platon

Att., VII, 13a, 1

Att., VII, 20, 2

Att., VII, 21, 3

Att., VII, 21, 3

8 février 49 (Calès)

8 février 49 (Calès)

καὶ συναποθανεῖν

ipsam ἀπορίαν tuam

[Platon], Alc. II, 142 a

Platon

Platon

Att., VII, 12, 4 

Att., VII, 11, 1

Att., VII, 9, 2

ego enim ἀπορῶ

φιλοσοφώτερον διευκρινήσομεν διευκρινήσεις πρόβλημα Aristote sane πολιτικόν qui ne umbram quidem Platon, République τοῦ καλοῦ uiderit !

Att., VII, 8, 3

Att., VII, 11, 3

Est πολιτικὸν σκέμμα

Att., VII, 8, 3

Vers le 15 décembre 50 (domaine de Formies) 26 décembre 50 (domaine de Formies) 26 décembre 50 (domaine de Formies) 27 décembre 50 (domaine de Formies) 19 ou 20 janvier 49 (Antium ou Terracine) 19 ou 20 janvier 49 (Antium ou Terracine) 22  janvier 49 (domaine de Formies) 23  janvier 49 (Minturnes) 4 février 49 (Capoue)

Stoïciens (SVF, II, 1176 ; III, 86 ; III, 93) Platon, Prot., 351 e ; Rép., IV, 435 c ; IV, 445 a

Sources philosophiques probables

δύσχρηστα

Mots et expressions en langue grecque

Att., VII, 5, 3

Date et lieu de Référence des rédaction des lettres lettres

Philosophes ou livres philosophiques cités

Ouvrages contemporains

Chapitre I.  Définition du corpus



27 février 49 (do- Att., VIII, 11, 2 maine de Formies) 4  mars 49 (domaine Att., VIII, 16, 1 de Formies)

Le Stoïcien Athénodore, fils de Sandon ? nam fere συνδιημερεύομεν Xén., Banquet, IV, 44 (= Antisthène, fgt 117 Decleva Caizzi), συνδιημερεύειν σκοπός Platon (Lois, XII, 962 a-b) et les Stoïciens ἀστρατηγητότατον [Platon], Alc. II, 142 a

εὐγενῆ

Πρὸς ταῦθ’ ὅ τι χρὴ καὶ Euripide, F 918 Kannicht παλαμάσθων/καὶ πάντ’ ἐπ’ ἐμοὶ τεκταινέσθων·  / τὸ γὰρ εὖ μετ’ ἐμοῦ. πολλὰ χαίρειν τῷ καλῷ Platon et les Stoïciens

Att., VIII, 8, 2

Platon et les Stoïciens

Sources philosophiques probables

τὸ καλὸν

Mots et expressions en langue grecque

Att., VIII, 8, 2

Att., VIII, 4, 1

Att., VIII, 2, 4

23 ou 24 février 49 Att., VIII, 8, 2 (domaine de Formies) 25 février 49 (do- Att., VIII, 9b, 1 maine de Formies) 25 février 49 (do- Att., VIII, 9b, 1 maine de Formies)

17 février 49 (domaine de Formies) 22 février 49 (domaine de Formies) 23 ou 24 février 49 (domaine de Formies) 23 ou 24 février 49 (domaine de Formies)

Date et lieu de Référence des rédaction des lettres lettres

Dicéarque ; Aristoxène de Tarente

Philosophes ou livres philosophiques cités Socrate

Ouvrages contemporains

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron



13  mars 49 (domaine Att., IX, 7, 3 de Formies) 13  mars 49 (domaine Att., IX, 7, 3 de Formies)

12  mars 49 (domaine Att., IX, 6, 5 de Formies) 12  mars 49 (domaine Att., IX, 6, 6 de Formies)

10 ou 11 mars 49 (do- Att., IX, 4, 2 maine de Formies) 11  mars 49 (domaine Att., IX, 5, 3 de Formies) 11  mars 49 (domaine Att., IX, 5, 3 de Formies) Stoïciens ?

Hom., Il., XVIII, 96, apud Platon, Apol., 28 d Hom., Il., XVIII, 98-99, apud Platon, Apol., 28 d

σύν τε δύ’ ἐρχομένω

Hom., Il., X, 224, ap. Pl., Prot., 348 d ; Banquet, 174 d ; [Alc. II], 140 a ; Ar., EN, VIII, 1, 1155 a 15 ; Pol., III, 16, 1287 b 14 μή μοι γοργείην κεφαλὴν Hom., Od., XI, 633, apud δεινοῖο πελώρου Platon, Banquet, 198 c Εἰδώς σοι λέγω Platon, Gorgias, 506 a ; Ménon, 98 b

Αὐτίκα γάρ τοι ἔπειτα μεθ’ Ἕκτορα πότμος ἕτοιμος Αὐτίκα τεθναίην, ἐπεὶ οὐκ ἄρ’ ἔμελλον ἑταίρῳ/ κτεινομένῳ ἐπαμῦναι αἰσχροῦ φαντασία

sumpsi mihi quasdam Aristote tamquam θέσεις quae et πολιτικαὶ sunt et temporum horum τυραννίδος κατάλυσιν Platon, Lettre VII, 327 a

10 ou 11 mars 49 (do- Att., IX, 4, 1 maine de Formies)

Sources philosophiques probables

Mots et expressions en langue grecque

Date et lieu de Référence des rédaction des lettres lettres

Philosophes ou livres philosophiques cités

Ouvrages contemporains

Chapitre I.  Définition du corpus



Plane ἀπορῶ

Att., IX, 10, 7

Att., IX, 13a, 1

25  mars 49 (domaine Att., IX, 15, 3 de Formies)

Αἱ γὰρ τῶν τυράννων δεήσεις, inquit Πλάτων, οἶσθ’ ὅτι μεμιγμέναι ἀνάγκαις Τέτλα (…) κύντερον

πειθανάγκην

γοητείαν

Οὐκ ἔστ’ ἔτυμος λόγος

θέσεις meas commentari

Att., IX, 9, 1

Att., IX, 12, 2

σοφιστεύω

Mots et expressions en langue grecque

Att., IX, 9, 1

22 ou 23 mars 49 (do- Att., IX, 13a, 4 maine de Formies) 22 ou 23 mars 49 (do- Att., IX, 13a, 4 maine de Formies) 22 ou 23 mars 49 (do- Att., IX, 13a, 4 maine de Formies)

17  mars 49 (domaine de Formies) 17  mars 49 (domaine de Formies) 18  mars 49 (domaine de Formies) 20  mars 49 (domaine de Formies) 22 ou 23 mars 49 (domaine de Formies)

Date et lieu de Référence des rédaction des lettres lettres

Panétius

Philosophes ou livres philosophiques cités

Stésichore, fgt 15 Page apud [Pl.], Lettre III, 319 e ; Pl., Phdr., 243 a, 244 a ; Rép., IX, 586 c Gorgias, Éloge d’Hélène, 10, 62 Gorgias, Éloge d’Hélène, 12, 75-79 Pl., Lettre VII, 329 d-e : τὰς Platon δὲ τῶν τυράννων δεήσεις ἴσμεν ὅτι μεμειγμέναι ἀνάγκαις εἰσίν Hom., Od., XX, 18, apud Pl., Phd., 94 d-e ; Rép., III, 390 d

Platon

Aristote

Sources philosophiques probables

Ouvrages contemporains

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron



2 mai 49 (domaine de Att., X, 8, 9 Cumes) 3 mai 49 (domaine de Att., X, 10, 1 Cumes)

2 mai 49 (domaine de Att., X, 8, 9 Cumes)

Hom., Od., III, 26-27, apud Platon, Lois, VII, 804 a Platon, Prot., 351 e ; Rép., IV, 435 c ; IV, 445 a

Sources philosophiques probables

Thcd, I, 138, 3 : τῶν τε παραχρῆμα δι’ ἐλαχίστης βουλῆς κράτιστος γνώμων καὶ τῶν μελλόντων ἐπὶ πλεῖστον τοῦ γενησομένου ἄριστος εἰκαστής τὸ ἄμεινον καὶ τὸ χεῖρον ἐν Thcd, I, 138, 3 : τό τε τῷ ἀφανεῖ ἔτι ἑώρα ἄμεινον ἢ χεῖρον ἐν τῷ μάλιστα ἀφανεῖ ἔτι προεώρα μάλιστα Est στοργή, est summa Stoïciens et Épicuriens σύντηξις (στοργή) ; Pl., Banquet, 192 d (συντῆξαι) συμπάθειαν Stoïciens (SVF, II, 532 ; II, 753 ; II, 1211) παραινικῶς Philon de Larissa ?

τῶν μὲν παρόντων δι’ ἐλαχίστης βουλῆς κράτιστος γνώμων, τῶν δὲ μελλόντων ἐς πλεῖστον τοῦ γενησομένου ἄριστος εἰκαστής

Att., X, 8, 7

Att., X, 8, 6

Att., X, 1, 3

ἄλλα μὲν αὐτός (…), ἄλλα δὲ καὶ δαίμων ὑποθήσεται τῶν πολιτικωτάτων σκεμμάτων

Mots et expressions en langue grecque

Att., IX, 15, 4

2 mai 49 (domaine de Att., X, 8, 7 Cumes)

25  mars 49 (domaine de Formies) 3  avril 49 (domaine du Latérium) 2 mai 49 (domaine de Cumes) 2 mai 49 (domaine de Cumes)

Date et lieu de Référence des rédaction des lettres lettres

Platon

Philosophes ou livres philosophiques cités

Ouvrages contemporains

Chapitre I.  Définition du corpus

ἀρετὴ non est διδακτόν

6 mai 49 (domaine de Att., X, 12a, 4 Cumes) 16  mai 49 (domaine Att., X, 17, 1 de Cumes) Entre le 3 et le 10 avril Att., XII, 2, 2 46 (Rome)



Deuxième quinzaine de mai 46 (Rome) Vers le 1er juin 46 (domaine de Tusculum) Vers le 1er juin 46 (domaine de Tusculum) Vers le 1er juin 46 (domaine de Tusculum)

Fam., IX, 7, 2 : à Varron Fam., IX, 4 : à Varron Fam., IX, 4 : à Varron Fam., IX, 4 : à Varron

Deuxième quinzaine Fam., IX, 7, 1 : à de mai 46 (Rome) Varron

Σύνες ὅ τοι λέγω

3 mai 49 (domaine de Att., X, 10, 3 Cumes)

Diodore Cronos et Chrysippe (SVF, II, 284) Diodore Cronos et Chrysippe (SVF, II, 284) Chrysippe (SVF, II, 284)

Περὶ δυνατῶν me scito κατὰ Διόδωρον κρίνειν τ ἀδυνάτων est te uenire nunc uide utra te κρίσις magis delectet

ἀποπροηγμένον

Hom., Il., X, 224, ap. Pl., Prot., 348 d ; Banquet, 174 d ; [Alc. II], 140 a ; Ar., EN, VIII, 1, 1155 a 15 ; Pol., III, 16, 1287 b 14 Stoïciens

Aristote

Pindare, fgt 105 a Maehler, apud Platon, Ménon, 76 d ; Phèdre, 236 d Platon, Ménon ; Protagoras ; [Platon], Sur la vertu, passim Stoïciens (SVF, III, 292)

Sources philosophiques probables

σύν τε δύ’ ἐρχομένω

πρόβλημα

ἐκτένειαν

Mots et expressions en langue grecque

Date et lieu de Référence des rédaction des lettres lettres

Cato (juin-juillet 46)

Brutus (janvier-­ avril 46)/Parad. Stoic. (avril 46)

Ouvrages contemporains

Chrysippe ; Diodote Cato (juin-juillet 46)

Diodore Cronos ; Diodote

Philosophes ou livres philosophiques cités

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron



Sources philosophiques probables

ἄκουσμα

Platon, Ion, 536 a : ὑποδιδασκάλων

Xénophon, Mém., II, 1, 31

Hoc etiam κατὰ Chrysippe (SVF, II, 284) Χρύσιππον δυνατὸν est. πρόβλημα Ἀρχιμήδειον Aristote

Fam., XVI, 22, 2 : à Tiron Fam., XVI, 17, 1 : à Tiron Fam., IX, 18, 5 : à hypodidascalo Paetus

Att., XII, 4, 2

Fam., IX, 4 : à Varron Att., XII, 4, 2

Mots et expressions en langue grecque

Vers le 20 du 1er mois Fam., VII, 26, 1 : interc. 46 (?) (domaine à Gallus de Tusculum) στραγγουρικὰ δυσεντερικὰ πάθη

καὶ Épicure, Idom., 22 

Fam., IX, 20, 1 : à Paetus Vers le milieu d’oc- Fam., IV, 4, 1 : à ε ἰ ρ ω ν ε ύ ε σ θ α ι   ; Platon ? tobre 46 (?) (Rome) Sulpicius Rufus εἰρωνευόμενος

Vers le 1er juin 46 (domaine de Tusculum) 13 ou 14 juin 46 (domaine de Tusculum) 13 ou 14 juin 46 (domaine de Tusculum) Fin juillet 46 (domaine de Tusculum) Juillet 46 (domaine de Tusculum) Peu avant le 25 juillet 46 (domaine de Tusculum) Début août 46 (Rome)

Date et lieu de Référence des rédaction des lettres lettres

Hortensius (octobre 46 -> février / mars 45 Platon Épicure ; Stoïciens

Orator (été 46)

Cato (juin-juillet 46)

Ouvrages contemporains

Épicure

Théophraste

Démétrios de Phalère

Philosophes ou livres philosophiques cités Chrysippe

Chapitre I.  Définition du corpus

Fin du 1er mois interc. 46 ou début 2e (Rome) Fin du 1er mois interc. 46 ou début 2e (Rome) 6e jour avant les calendes de déc. 46 (dom. de Tusculum) 2e quinzaine de décembre 46 (Rome) Décembre 46 ou janvier 45 (Rome) Vers le 1er janvier 45 (Rome) Vers le 1er janvier 45 (Rome) Vers le 10  janvier 45 (Rome) Vers le 10  janvier 45 (Rome) Vers le 10  janvier 45 (Rome)

Mots et expressions en langue grecque

Fam., XV, 18, 1 : à Cassius Fam., XIII, 16, 4 : à César Fam., XV, 17, 3 : à Cassius Fam., XV, 17, 4 : à Cassius Fam., XV, 16, 1 : à Cassius Fam., XV, 16, 1 : à Cassius Fam., XV, 16, 1 : à Cassius

Stoïciens (SVF, II, 532 ; II, 753 ; II, 1211)

Sources philosophiques probables

 Ἐπικούρειος

Épicure

τὸ καλὸν δι’ αὑτὸ αἱρετὸν Stoïciens esse ἀκενόσπουδος Antipater (SVF, III Antip. 62) κατ’ εἰδων Épicure ? φαντασίας διανοητικὰς φαντασίας Épicure ?

Fam., IX, 26, 1 : à ζήτημα Paetus Fam., IX, 26, 2 : à Paetus Att., XII, 11 συμπάσχω

Date et lieu de Référence des rédaction des lettres lettres

Catius l’Épicurien

Diodote

Platon

Aristippe le Socratique

Philosophes ou livres philosophiques cités Dion

Hortensius (octobre 46 -> février / mars 45

Ouvrages contemporains

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

ista

ipsa

Démocrite et Épicure

Démocrite et Épicure

Sources philosophiques probables

τὸ καλὸν δι’ αὑτὸ αἱρετὸν Stoïciens esse ἡδονὴν uero et  ἀταραξίαν Épicure uirtute, iustitia, τῷ καλῷ parari et uerum et probabile est

in

εἴδωλον

45 Fam., XV, 16, 2 : à Cassius 45 Fam., XV, 16, 3 : à Cassius 45 Fam., XV, 19, 1 : de Cassius 45 Fam., XV, 19, 2 : de Cassius 45 Fam., XV, 19, 2 : de Cassius αἱρέσει ; αἱρέσει

εἴδωλα

Vers le 10  janvier 45 Fam., XV, 16, 1 : (Rome) à Cassius

Vers le 10  janvier (Rome) Vers le 10  janvier (Rome) Vers le 15  janvier (Brindes) Vers le 15  janvier (Brindes) Vers le 15  janvier (Brindes)

Mots et expressions en langue grecque

Date et lieu de Référence des rédaction des lettres lettres

Stoïciens ; Catius

Philosophes ou livres philosophiques cités Épicure (« l’homme de Gargettos ») ; Démocrite

Hortensius (octobre 46 -> février / mars 45

Ouvrages contemporains

Chapitre I.  Définition du corpus



ἀλόγως

2  mai 45 (entre Ficu- Att., XII, 35 léa et Astura (?))



7 mai 45 (Astura)

Att., XII, 38a, 2

Att., XII, 12, 2 Att., XII, 23, 2

οὐκ ἔστιν ἡδέως ἄνευ τοῦ καλῶς καὶ δικαίως ζῆν Itaque et Pansa, qui ἡδονὴν sequitur, uirtutem retinet, et ii, qui a uobis φιλήδονοι uocantur, sunt φιλόκαλοι et  φιλοδίκαιοι omnesque uirtutes et colunt et retinent. ἀνεμέσητον γάρ

Vers le 15  janvier 45 Fam., XV, 19, 2 : (Brindes) de Cassius Vers le 15  janvier 45 Fam., XV, 19, 3 : (Brindes) de Cassius

16 mars 45 (Astura) 19 mars 45 (Astura)

Mots et expressions en langue grecque

Date et lieu de Référence des rédaction des lettres lettres

Platon, Cratyle, 401 a

Épicure, Mén., 132 ; MC, V Épicure ; Aristippe, ap. DL, II, 75 ; Aristote, EN, I, 1099 a 10-13

Sources philosophiques probables

Antisthène, Cyrus

Épicure Carnéade ; Épicure (Epicureus)

Philosophes ou livres philosophiques cités Épicure ; Catius ; Amafinius

Conso- Acadelatio mica et (6 mars de 45 -> Finibus fin mars 45) Academica et de Finibus (mi-mars 45 -> fin juin 45)

Hortensius (octobre 46 -> février / mars 45

Ouvrages contemporains

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

πολιτικὸν σύλλογον

σύλλογον

28  mai 45 (domaine Att., XIII, 30, 3 de Tusculum) 29  mai 45 (domaine Att., XIII, 32, 2 de Tusculum)

29  mai 45 (domaine Att., XIII, 32, 3 de Tusculum)

συμπαθῶς

Att., XII, 44, 1

13 mai 45 (Astura) πρόβλημα Ἀρχιμήδειον

Ἀριστοτέλους

Att., XII, 40, 2

9 mai 45 (Astura)

26  mai 45 (domaine Att., XIII, 28, 3 de Tusculum) 28  mai 45 (domaine Att., XIII, 31, 2 de Tusculum)

Συμβουλευτικὸν

Att., XII, 40, 2

Mots et expressions en langue grecque

9 mai 45 (Astura)

Date et lieu de Référence des rédaction des lettres lettres

Philosophes ou livres philosophiques cités Aristote, Lettre à Alexandre ; Théopompe, Lettre à Alexandre Aristote, Lettre à Alexandre ; Théopompe, Lettre à Alexandre

 Dicéarque

Dicéarque

Dicéarque, Sur l’âme ; Catabase ; Tripolitique ; Lettre à Aristoxène

Dicéarque : plusieurs livres, dont la Catabase Dicéarque

Stoïciens (SVF, II, 532 ; II, 753 ; II, 1211) Aristote Aristote

Aristote

Aristote

Sources philosophiques probables Academica et de Finibus (mi-mars 45 -> fin juin 45)

Ouvrages contemporains

Chapitre I.  Définition du corpus

31  mai 45 (domaine de Tusculum) 2 juin 45 (domaine de Tusculum) 2 juin 45 (domaine de Tusculum) 3 juin 45 (domaine de Tusculum) 5 juin 45 (domaine de Tusculum) Mai-juin 45 (?) (domaine de Tusculum (?)) 9 juin 45 (domaine de Tusculum) 10  juin 45 (domaine de Tusculum) Παναιτίου Περὶ προνοίας Panétius εὔλογον

Att., XIII, 8

Att., XIII, 7

 Nouvelle Académie et Portique ?

Nouvelle Académie et Portique ? Att., XIII, 6, 4 εὐλογώτατον Nouvelle Académie et Portique ? Att., XIII, 5, 1 εὔλογον Nouvelle Académie et Portique ? Fam., XIII, 15, 2 : Μισῶ σοφιστήν, ὅστις οὐχ Euripide, F 905 Kannicht à César αὑτῷ σοφός

εὔλογον

τέλος

Platon, Phd., 96 d ; Phlb., 24 a ; Tht., 147 a : Σκέψαι δὴ Platon, Phédon, 95 b

Sources philosophiques probables

Att., XIII, 33, 3

Att., XIII, 33, 2

Att., XII, 6, 2

Σκέψαι igitur

30  mai 45 (domaine Att., XII, 3, 2 de Tusculum) 30  mai 45 (domaine Att., XII, 3, 2 de Tusculum) Sed μελήσει

Mots et expressions en langue grecque

Date et lieu de Référence des rédaction des lettres lettres

Panétius, Sur la providence

Dicéarque : un livre et la Catabase

Philosophes ou livres philosophiques cités Academica et de Finibus (mi-mars 45 -> fin juin 45)

Ouvrages contemporains

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

Mots et expressions en langue grecque

Vers la mi-juin 45 (?) Fam., VI, 11, 2 : à (dom. de Tusculum Trebianus (?)) Vers le 15 juin 45 (do- Att., XIII, 9, 1 nihil possum dicere maine de Tusculum) ἐκτενέστερον, nihil φιλοστοργότερον Vers le 15 juin 45 (do- Att., XIII, 9, 1 εὐκαίρως maine de Tusculum) 23  juin 45 (domaine Att., XIII, 12, 3 d’Arpinum) 23  juin 45 (domaine Att., XIII, 12, 3 Περὶ τελῶν σύνταξιν d’Arpinum) 23 juin 45 Att., XIII, 12, 3 Ἀκαδημικήν (s.e. (domaine d’Arpinum) σύνταξιν) 25  juin 45 (domaine Att., XIII, 13, 1 ζηλοτυπεῖσθαι d’Arpinum) 25  juin 45 (domaine Att., XIII, 13, 2 ἀπορῶ d’Arpinum) 27  juin 45 (domaine Att., XIII, 16, 1 Ἀκαδημικὴν σύνταξιν d’Arpinum)

Date et lieu de Référence des rédaction des lettres lettres

 Académiciens

Stoïciens (SVF, III, 394, 412, 413, 414, 415) Platon

Académiciens

Stoïciens (SVF, III, 524)

Stoïciens (SVF, III, 292 ; III, 340 ; III, 731)

Sources philosophiques probables

Antiochus : Antiochia ratio

Antiochus : Antiochia

Philosophes ou livres philosophiques cités Siron Academica et de Finibus (mi-mars 45 -> fin juin 45)

Ouvrages contemporains

Chapitre I.  Définition du corpus



29  juin 45 (domaine d’Arpinum) 29  juin 45 (domaine d’Arpinum) 29  juin 45 (domaine d’Arpinum) 29  juin 45 (domaine d’Arpinum)

28  juin 45 (domaine d’Arpinum) 28  juin 45 (domaine d’Arpinum) 29  juin 45 (domaine d’Arpinum) 29  juin 45 (domaine d’Arpinum) 29  juin 45 (domaine d’Arpinum) 29  juin 45 (domaine d’Arpinum) περιπατητικὰ ἀζηλοτύπητον λογικώτερα ἕρμαιον

Att., XIII, 19, 4

Att., XIII, 19, 4

Att., XIII, 19, 5

Att., XIII, 19, 5

Stoïciens (SVF, III, 412, 413, 414, 415) Nouvelle Académie et Portique ? Platon ? (Banquet, 217 a ; Euthd., 273 e, 295 a ; Gorg., 486 e)

Aristote

Περὶ τελῶν

Att., XIII, 19, 4

L. Torquatus (Epicurea) ; M. Cato (Stoica) M. Piso

Aristote

Aristote

Ἀριστοτέλειον morem

Antiochus

Att., XIII, 19, 4

ἀκαταληψίαν

Att., XIII, 19, 3

Stoïciens (SVF, III, 394, 412, 413, 414, 415) Stoïciens (SVF, I, 57)

Philosophes ou livres philosophiques cités

Héraclide du Pont

ζηλοτυπεῖν

Att., XIII, 18

Philodème

Sources philosophiques probables

Att., XIII, 19, 4

πολυγραφώτατος

Mots et expressions en langue grecque

Att., XIII, 18

Date et lieu de Référence des rédaction des lettres lettres Academica et de Finibus (mi-mars 45 -> fin juin 45)

Ouvrages contemporains

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

29  juin 45 (domaine d’Arpinum) 30 juin ou 1er juillet 45 (dom. d’Arpinum) 30 juin ou 1er juillet 45 (dom. d’Arpinum) Vers le 2 juillet 45 (domaine d’Arpinum) 4 (?) juillet 45 (dom. d’Arpinum) 10 juillet 45 (domaine de Tusculum) 10 ou 11  juillet 45 (domaine de Tusculum) 12 juillet 45 (domaine de Tusculum) εὐγενέστερος φιλοσόφως εὐλογίαν

Att., XIII, 21a, 4

Att., XIII, 20, 4

Att., XIII, 22, 4



Att., XIII, 25, 3

Fam., IX, 8, 1 : à Varron

συμβίωσις

λόγοισιν Ἑρμόδωρος

Att., XIII, 21a, 1

Att., XIII, 23, 1

πιθανὰ Antiochia

Mots et expressions en langue grecque

Att., XIII, 19, 5

Date et lieu de Référence des rédaction des lettres lettres

Nouvelle Académie et Portique ? Antisthène, fgt 92 Decleva Caizzi apud DL, VI, 6

Le Stoïcien Athénodore, fils de Sandon ?

Hermodore, fgt 2 Parente

Stoïciens ?

Sources philosophiques probables

Antiochus : partis Antiochinas ; Philon de Larissa Antiochus : Antiochius (au sujet de Brutus)

Philosophes ou livres philosophiques cités Antiochia ; Antiochus Platon

Timaeus Tusc. (juillet Disp. 45) (été 45)

Academica et de Finibus (mi-mars 45 -> fin juin 45)

Ouvrages contemporains

Chapitre I.  Définition du corpus



27 ou 28 août 45 (As- Att., XIII, 21, 3 tura) 27 ou 28 août 45 (As- Att., XIII, 21, 3 tura)

18 août 45 (domaine Att., XIII, 41, 1 de Tusculum) 21 août 45 (domaine Att., XIII, 48, 1 de Tusculum) 24 août 45 (domaine Att., XIII, 51, 1 de Tusculum)

16 août 45 (domaine Att., XIII, 39, 2 de Tusculum)

15 août 45 (domaine Att., XIII, 38, 1 de Tusculum) 15 août 45 (domaine Att., XIII, 38, 2 de Tusculum)

Date et lieu de Référence des rédaction des lettres lettres

Sources philosophiques probables

Philosophes ou livres philosophiques cités Épicure : Epicureos

πότερον δίκᾳ τεῖχος Pindare, fgt 213 Maehler, ὕψιον/ ἢ σκολιαῖς apud Platon, Rép., II, 365 b ἀπάταις … / δίχα μοι νόος ἀτρέκειαν εἰπεῖν σκολιὰ Pindare, fgt 213 Maehler, Phèdre, Sur les dieux apud Platon, Rép., II, 365 b (Φαίδρου Περὶ θεῶν) ; Pallas ( Παλλάδος) σκολιαῖς ἀπάταις Pindare, fgt 213 Maehler, apud Platon, Rép., II, 365 b ἀλόγως omnino Platon, Gorgias, 501 a : ἀλόγως τε παντάπασιν πρὸς ἴσον ὅμοιόνque Philodème, Ind. Stoic. Herc., col. IX : πρὸς ἴσον τε καὶ ὅμοιον Id ab ἐποχῇ remotissimum Nouvelle Académie Carnéade est ἐποχῇ Nouvelle Académie Carnéade

Mots et expressions en langue grecque de Nat. deorum (août 45)

Tusc. Disp. (été 45)

Ouvrages contemporains

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

διάθεσιν numquae νεωτερισμοῦ Sed μελήσει audes dicere πολιτεύεσθαι quod est εὔλογον ἀπορία Sed μελήσει Ἡρακλείδειον aliquod

Att., XIV, 3, 2

Att., XIV, 5, 3 Att., XIV, 9, 1

Att., XIV, 17, 3

Att., XIV, 20, 5



Att., XIV, 22, 2

Att., XV, 4, 2

Att., XV, 4, 2

Att., XV, 4, 3

Platon, Phédon, 95 b

Platon ? (Philèbe, 11 d ; Rép., IX, 579 e) Platon, Rép., VIII, 555 e

Platon ? (Timée, 59 d)

Sources philosophiques probables

Héraclide du Pont

Platon, Phédon, 95 b

Nouvelle Académie et Portique ? Platon

μὴ Épicure

ἀμεταμέλητον

19 décembre 45 (do- Att., XIII, 52, 1 maine de Pouzzoles)

9 avril 44 (domaine de Tusculum) 11 avril 44 (Astura) 17  avril 44 (domaine de Pouzzoles) 3 mai 44 (domaine de Pompéi) 11  mai 44 (domaine de Pouzzoles) 14  mai 44 (domaine de Pouzzoles) 24  mai 44 (domaine d’Arpinum) 24  mai 44 (domaine d’Arpinum) 24  mai 44 (domaine d’Arpinum)

Mots et expressions en langue grecque

Date et lieu de Référence des rédaction des lettres lettres

Héraclide du Pont

Épicure

Socrate : O Socrate et Socratici uiri !

Philosophes ou livres philosophiques cités

de Fato (maijuin 44)

de Diuinatione (novembre /décembre 45) de Senectute (en 44, avant le 15 mars)

Ouvrages contemporains

Chapitre I.  Définition du corpus



σχεδίασμα ἐποχὴν uestram πάνυ φιλοστόργως Ἡρακλείδειον σκοπός perexigue et γλίσχρως

Att., XV, 19, 2

Att., XV, 21, 2

Att., XV, 27, 1

Att., XV, 27, 2

Att., XV, 29, 2

Att., XVI, 1, 5

Entre 16 et 19 juin 44 (dom. Tusculum) 21  juin 44 (domaine de Tusculum) 3  juillet 44 (domaine d’Arpinum) 3  juillet 44 (domaine d’Arpinum) 6  juillet 44 (domaine de Formies) 8 juillet 44 (en bateau)

11 juillet 44 (domaine Att., XVI, 2, 6 de Pouzzoles) Ἡρακλείδειον

φιλοστόργως

Att., XV, 17, 2

14 juin 44 (Astura)

14 juin 44 (Astura)

25 mai 44 (Athènes)

Fam., XII, 16, 2 : de Trebonius Fam., XII, 16, 3 : εὐθυρρημονέστερος de Trebonius Att., XV, 17, 1 φιλοστόργως

Mots et expressions en langue grecque

25 mai 44 (Athènes)

Date et lieu de Référence des rédaction des lettres lettres

Héraclide du Pont

Philosophes ou livres philosophiques cités Cratippe

Platon (Lois, XII, 962 a-b) et les Stoïciens Platon, Rép., VIII, 553 c : γλίσχρως καὶ κατὰ σμικρὸν Héraclide du Pont Héraclide du Pont

Stoïciens (SVF, III, 292 ; III, 340 ; III, 731) Héraclide du Pont

Stoïciens (SVF, III, 292 ; III, 340 ; III, 731) Stoïciens (SVF, III, 292 ; III, 340 ; III, 731) [Platon], Sisyphe, 390 c : σχεδιασμός Nouvelle Académie

Zénon (SVF, I, 77)

Sources philosophiques probables

de Gloria (juillet 44)

de Fato (maijuin 44)

Ouvrages contemporains

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

28  juillet 44 (Reggio de Calabre) Début d’août (?) 44 (Athènes) Début d’août (?) 44 (Athènes) Début d’août (?) 44 (Athènes) 19 août 44 (en mer) 19 août 44 (en mer) Milieu octobre (?) 44 (domaine de Tusculum) 25  octobre 44 (domaine de Pouzzoles) 25  octobre 44 (domaine de Pouzzoles) Vers le 28 octobre 44 (domaine de Pouzzoles)



Sources philosophiques probables

Varronis διάλογον Ἡρακλείδειον Nos hic φιλοσοφοῦμεν

Att., XV, 13, 3

Att., XV, 13a, 2

φιλοσοφούμενα

ἀνεμέσητα

Héraclide du Pont

Platon ?

Platon, Cratyle, 401 a

a philologia et cottidiana  Épicure, SV, 74 : ἐν συζητήσει φιλολόγῳ συζητήσει

Mots et expressions en langue grecque

Att., XV, 13, 3

Fam., VII, 19 : à Trebatius Fam., XVI, 21, 3 : Cic. fils à Tiron Fam., XVI, 21, 4 : Cic. fils à Tiron Fam., XVI, 21, 5 : Cic. fils à Tiron Att., XVI, 7, 2 Att., XVI, 7, 4 Fam., XI, 27, 5 : à Matius

Date et lieu de Référence des rédaction des lettres lettres

Héraclide du Pont

Varron

Phèdre

Cratippe

Aristote : Topica Aristotelea Cratippe

Philosophes ou livres philosophiques cités

de Officiis (octobre 44 -> décembre 44)

Topica (2027 juillet 44) de Amicitia (été 44)

Ouvrages contemporains

Chapitre I.  Définition du corpus



εἷς ἐμοὶ μυρίοι (cf. Att., II, Héraclite, 22 B 49 DK 5, 1 : unus est pro centum milibus) quippe cum in reprehen- Platon, Lettre VII, 344 b sione sit prudentia cum εὐμενείᾳ bella (…) εἰρωνεία Platon ? Ἡρακλείδειον Τὰ περὶ τοῦ καθήκοντος

Περὶ τοῦ κατὰ περίστασιν Posidonius καθήκοντος

Att., XVI, 11, 1

5 nov. 44 (domaine de Pouzzoles) 5 nov. 44 (domaine de Pouzzoles) 5 nov. 44 (domaine de Pouzzoles) 5 nov. 44 (domaine de Pouzzoles)

Att., XVI, 11, 3

Att., XVI, 11, 4

Att., XVI, 11, 4

Att., XVI, 11, 2

in

numquam ἀπορίᾳ fui

Att., XVI, 8, 2

Panétius

Héraclide du Pont

maiore Platon, Sophiste, 238 d

Stoïciens (SVF, III, 524)

εὐκαιρίαν

Att., XVI, 8, 2

Sources philosophiques probables

τὰ περὶ τοῦ καθοντος Panétius / Posidonius

Mots et expressions en langue grecque

Att., XV, 13a, 2

5 novembre 44 (do- Att., XVI, 11, 2 maine de Pouzzoles)

Vers le 28 octobre 44 (domaine de Pouzzoles) 2 ou 3 novembre 44 (domaine de Pouzzoles) 2 ou 3 novembre 44 (domaine de Pouzzoles) 5 novembre 44 (domaine de Pouzzoles)

Date et lieu de Référence des rédaction des lettres lettres

Posidonius ; Athénodore fils de Sandon

Panétius

Héraclide du Pont

Philosophes ou livres philosophiques cités de Officiis (octobre 44 -> décembre 44)

Ouvrages contemporains

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron



de Ἡρακλειδείῳ καθῆκον

Att., XVI, 12

Att., XVI, 14, 3

Att., XVI, 14, 4

καθῆκον

Att., XVI, 11, 4

Mots et expressions en langue grecque

46, 45 ou 44 ?

Fam., IX, 22, 1 : à Paetus 46, 45 ou 44 ? Fam., IX, 22, 3 : à Paetus 46, 45 ou 44 ? Fam., IX, 22, 5 : à ὁ σοφὸς εὐθυρρημονήσει Paetus 46, 45 ou 44 ? Fam., IX, 22, 5 : à Paetus 7 juin 43 (Rome) Fam., XI, 14, 1 : à σκιαμαχίαι D. Brutus Peu après le 15  juil- Ad Br., I, 15, 5 let (?) 43 (Rome)

5 nov. 44 (domaine de Pouzzoles) 6 ou 7 novembre 44 (domaine de Pouzzoles) 12 ou 13 novembre 44 (domaine d’Arpinum) 12 ou 13 novembre 44 (domaine d’Arpinum)

Date et lieu de Référence des rédaction des lettres lettres

Platon, Apologie de Socrate, 18 d : σκιαμαχεῖν

Zénon (SVF, I, 77)

Panétius / Posidonius

Héraclide du Pont

Panétius / Posidonius

Sources philosophiques probables

Stoïciens

Stoïciens

Platon

Socrate

Zénon de Citium

Athénodore fils de Sandon

Héraclide du Pont

Philosophes ou livres philosophiques cités

de Virtutibus (fin 44)

de Officiis (octobre 44 -> décembre 44)

Ouvrages contemporains

Chapitre I.  Définition du corpus



ἀβλάβειαν : innocentia ἄδηλα : incerta ἀθαμβίαν : animum terrore liberum ἀξίαν : aestimatione (Fin., III, 20)

Occurrences dans le texte et traduction(s) latine(s) éventuelle(s)

Traduction française des termes ou expressions grecs cités la probité incertain l’absence d’effroi la valeur

Luc., 130 Fin., I, 21 Luc., 26 Fat., 28 Tim., 27 ; Tusc., I, 19

Tusc., IV, 23 ND, I, 30

ἀρρώστημα ἀσώματος

ἀξιώματα : enuntiationum (Fat., 1) ἀπάθεια : ne sentire quidem ἀπειρίαν : infinitio ἀπόδειξις : argumenti conclusio ἀργὸς λόγος : illa ignaua ratio ἁρμονία : rationis concentionisque (Tim., 27) ; / (Tusc., I, 19) ἀρρωστήματα : aegrotationes ἀσώματον : sine corpore ullo

le mal chronique incorporel

l’insensibilité l’infinité la démonstration le raisonnement paresseux l’harmonie

ἀξία : aestimatio (Fin., III, 34) Luc., 95 ; Fat., 1 ; Fat., 20 ; ἀξίωμα : quidquid enuntietur (Luc., 95) ; l’énoncé, l’axiome Fat., 21 ; Tusc., I, 14 enuntiatio (Fat., 20) ; / (Fat., 21) ; pronuntiatum (Tusc., I, 14)

Tusc., III, 16 Luc., 54 Fin., V, 87 Fin., III, 20 ; Fin., III, 34

ἀπάθεια ἀπειρία ἀπόδειξις ἀργὸς λόγος ἁρμονία

ἀξίωμα

ἀβλάβεια ἄδηλος ἀθαμβία ἀξία

Mots ou expressions Références des extraits philosophiques en langue grecque d’ouvrages cicéroniens

I.B.1. : Le grec circonscrit aux dialogues et aux traités (tableau 2)

I.B. : Contrepoint : la comparaison avec le reste du corpus cicéronien Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron



δόγμα : decretum (Luc., 29) εἴδη : species εἱμαρμένην : illa fatalis necessitas (ND, I, 55) ; fatum (Diu., I, 125) ἐναργείᾳ : perspicuitatem aut euidentiam ἐνδελέχειαν : quasi quandam continuatam motionem et perennem ἐννοίας : notitias (Luc., 22) ; notitiae rerum (Luc., 30) ; notiones (Tusc., I, 57)

Luc., 27

Luc., 29 Top., 30 ND, I, 55 ; Diu., I, 125

Luc., 17 Tusc., I, 22

Luc., 22 ; Luc., 30 ; Fin., III, 21 ; Top., 31 ; Tusc., I, 57

δόγμα

εἶδος εἱμαρμένη

ἐνάργεια ἐνδελέχεια

ἐννοία

ἐννοίαν : intellegentiam uel notionem potius (Fin., III, 21) ; notionem (Top., 31)

δαίμονας : Lares la divinité διαλεκτικήν : artem (…) bene disserendi la dialectique et uera ac falsa diiudicandi (de Or., II, 157) ; iudicandi (…) scientia (Top., 6) ; / (Top., 57) δόγματα : de suis decretis (Luc., 27) le décret

Tim., 38 de Or., II, 157 ; Top., 6 ; Top., 57

Cf. δαίμων διαλεκτική

la notion

l’évidence le mouvement perpétuel

l’espèce le destin

βλάμματα : detrimenta βούλησιν : uoluntatem δαιμόνιον : diuinum quiddam

Traduction française des termes ou expressions grecs cités le dommage la volonté le génie

Fin., III, 69 Tusc., IV, 12 Diu., I, 122

Occurrences dans le texte et traduction(s) latine(s) éventuelle(s)

βλάμμα βούλησις δαιμόνιον

Mots ou expressions Références des extraits philosophiques en langue grecque d’ouvrages cicéroniens

Chapitre I.  Définition du corpus

Top., 42 Fin., III, 32

Fin., III, 57 Fin., V, 23 ; Fin., V, 87

Off., I, 142

ND, II, 29 Or., 128

Tusc., IV, 21 Or., 10 ; Lib. Ac., I, 30 ; Tusc., I, 58

ND, I, 50 ; ND, I, 109

Fin., III, 39 ; Fin., III, 40 ; Tusc., IV, 34

ἐπαγωγή ἐπιγεννηματικός

εὐδοξία εὐθυμία

εὐταξία

ἡγεμονικόν ἠθικός

θύμωσις ἰδέα

ἰσονομία

κακία

Mots ou expressions Références des extraits philosophiques en langue grecque d’ouvrages cicéroniens



l’emportement l’idée, la forme

l’hégémonique éthique

le sens de l’ordre et de la mesure

la bonne renommée la tranquillité d’âme

Traduction française des termes ou expressions grecs cités l’induction consécutif

κακίαν : malitiam (Fin., III, 40) ; uitiositas (Tusc., IV, 34)

ἰδέαν : speciem (Or., 10 ; Lib. Ac., I, 30 ; Tusc., I, 58) ἰσονομίαν : aequabilem tributionem (ND, la loi d’équilibre I, 50) ; aequilibritatem (ND, I, 109) κακίας : uitia ; malitias (Fin., III, 39) le vice

εὐταξία : ordinis conseruatio ἡγεμονικόν : principatum ἠθικόν : ad naturas et ad mores et ad omnem uitae consuetudinem accommodatum θύμωσις : excandescentia ἰδέας : has rerum formas (Or., 10)

ἐπαγωγή : inductio ἐπιγεννηματικόν : posterum quodam modo et consequens εὐδοξίαν : bonam famam ; gloriam εὐθυμίαν : animi tamquam tranquillitas (Fin., V, 23) ; / (Fin., V, 87) εὐταξίαν : modestiam

Occurrences dans le texte et traduction(s) latine(s) éventuelle(s)

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

Tim., 35 Fin., II, 20 ; ND, I, 85

Diu., II, 108 Tusc., III, 61

Tusc., III, 11 Leg., II, 32 ; ND, I, 55 ; Diu., I, 1

Diu., I, 95

λήμμα λύπη

μανία μαντική

Cf. μάντεις

Fin., III, 24 ; Fin., III, 45 ; Fin., IV, 15 ; Off., I, 8

κατόρθωμα

Cf. κατόρθωσις κόσμος κυρίαι δόξαι

Tusc., IV, 21

κατηγόρημα

Mots ou expressions Références des extraits philosophiques en langue grecque d’ouvrages cicéroniens

 μάντεις : sacerdotes

μαντική : diuinatio (ND, I, 55)

κατόρθωσιν : recta effectio (Fin., III, 45) κόσμον : lucentem mundum κυρίας δόξας : quasi maxime ratas (Fin., II, 20) ; in illis selectis eius breuibusque sententiis (ND, I, 85) λήμματα : sumptiones λύπην : ispam aegritudinem (…) quasi solutionem totius hominis appellatam μανίαν : insaniam μαντικήν : diuinationem (Leg., II, 32) ; praesensionem et scientiam rerum futurarum (Diu., I, 1)

κατόρθωμα : rectum factum (Fin., III, 45) ; rectum (Fin., IV, 15) ; perfectum officium, rectum (Off., I, 8)

κατηγορήματα : earum rerum quae dicuntur de quodam aut quibusdam κατορθώματα : aut recta aut recte facta (Fin., III, 24)

Occurrences dans le texte et traduction(s) latine(s) éventuelle(s)

les devins

la folie la divination

la majeure le chagrin

la rectitude l’univers les maximes capitales

l’action droite

Traduction française des termes ou expressions grecs cités l’attribut

Chapitre I.  Définition du corpus

Par. St. IV (titre)



Fin., III, 55 Luc., 30 ; ND, I, 43-44 ; Top., 31

Diu., II, 108

ποιητικός πρόληψις

πρόσληψις

agent de la production la prénotion

la mineure

πρόληψιν : anteceptam animo rei quandam informationem (ND, I, 43) ; siue anticipationem (…) siue praenotionem (ND, I, 44) ; notionem (Top., 31) πρόσληψιν : assumptio

toutes les fautes sont égales, les bonnes actions aussi tous les gens sans sagesse délirent tous les sages sont libres, et tous les gens sans sagesse esclaves seul le sage est riche la qualité

Traduction française des termes ou expressions grecs cités la folie furieuse la médiété la maladie le beau moral est le seul bien la vertu suffit au bonheur

ποιότητα : qualitate (ND, II, 94) ποιητικά : efficientia προλήψεις : notitiae rerum (Luc., 30)

omnes sapientes liberos esse et stultos omnes seruos quod solus sapiens diues ποιότητας : qualitates (Lib. Ac., I, 25)

omnes stultos insanire

Par. St. III (titre)

Occurrences dans le texte et traduction(s) latine(s) éventuelle(s) μελαγχολίαν : furorem μεσότητας : medietates νοσήματα : morbi quod honestum sit id solum bonum esse in quo uirtus sit ei nihil deesse ad beate uiuendum

Tusc., III, 11 Tim., 23 Tusc., IV, 23 Par. St. I (titre) Par. St. II (titre)

ὅτι μόνος ὁ σοφὸς ἐλεύθερος καὶ πᾶς Par. St. V (titre) ἄφρων δοῦλος ὅτι μόνος ὁ σοφὸς πλούσιος Par. St. VI (titre) ποιότης Lib. Ac., I, 25 ; ND, II, 94

μελαγχολία μεσότης νόσημα ὅτι μόνον τὸ καλὸν ἀγαθόν ὅτι αὐτάρκης ἡ ἀρετὴ πρὸς εὐδαιμονίαν ὅτι ἴσα τὰ ἁμαρτήματα καὶ τὰ κατορθώματα ὅτι πᾶς ἄφρων μαίνεται

Mots ou expressions Références des extraits philosophiques en langue grecque d’ouvrages cicéroniens

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron



Fin., III, 33 ; Fin., III, 69

ὠφέλημα

ὠφελήματα : emolumenta (Fin., III, 69)

le profit

ψευδομένους : / (Hort., fgt 26 Grilli) ὠφέλημα : illud etiam quod prodesset (Fin., III, 33)

le symbole la tempérance

tempérant la topique la prudence la physiologie le type intègre le temps menteur

Top., 35 Tusc., III, 16

σύμβολον σωφροσύνη

l’assentiment

sage les corps solides

Traduction française des termes ou expressions grecs cités la sagesse

σώφρονα : temperans τοπική : inueniendi (…) artem φρόνησιν : prudentiam φυσιολογίαν : naturae rationem χαρακτήρ : formam χρησίμους : frugi homines χρόνος : spatium temporis ψευδόμενον : mentientem (Diu., II, 11)

Luc., 37

συγκατάθεσις

Tusc., III, 16 Top., 6 Off., I, 153 Diu., I, 90 Or., 36 ; Or., 134 Tusc., III, 16 ND, II, 64 Diu., II, 11 ; Hort., 26 Grilli

σοφοί : sapientes στερέμνια : ea quae ille propter firmitatem στερέμνια appellat συγκατάθεσιν : de adsensione atque adprobatione σύμβολον : nota σωφροσύνην : tum temperantiam, tum moderationem (…), etiam modestiam ; (…) frugalitas

Tusc., V, 7 ND, I, 49

σοφός στερέμνια

σώφρων τοπική φρόνησις φυσιολογία χαρακτήρ χρήσιμος χρόνος ψευδόμενος

σοφίαν : sapientia

Off., I, 153

Occurrences dans le texte et traduction(s) latine(s) éventuelle(s)

σοφία

Mots ou expressions Références des extraits philosophiques en langue grecque d’ouvrages cicéroniens

Chapitre I.  Définition du corpus



ἀλόγως

ἄκουσμα ἀκτίς

ἀκενόσπουδος

Ἀκαδημικός

αἰσχρόν

αἱρετός

αἵρεσις

Mots ou expressions philosophiques grecs (à l’exception des citations littéraires) αἰνιγμός

sans raison

qui s’abstient de vaines entreprises ce qu’on entend le rayon

académicien

le déshonneur ; la laideur morale

que l’on doit choisir

τὸ καλὸν δι’ αὑτὸ αἱρετὸν esse : Stoïciens αἰσχροῦ φαντασία : Stoïciens ?

que l’on doit choisir

l’école philosophique

αἱρέσει in ista ipsa αἱρέσει τὸ καλὸν δι’ αὑτὸ αἱρετὸν esse : Stoïciens

Ἀκαδημικήν (s.e. σύνταξιν) : Académiciens Att., XIII, 16, 1 (45) Ἀκαδημικὴν σύνταξιν : Académiciens Fam., XV, 17, 4 : à Cassius ἀκενόσπουδος : Antipater (SVF, III (45) Antip. 62) Att., XII, 4, 2 (46) ἄκουσμα : Xénophon, Mém., II, 1, 31 Att., II, 3, 2 (60) ἔστω ὄψις μὲν ἡ Α, τὸ δὲ ὁρώμενον ΒΓ, ἀκτῖνες δὲ δ κ.τ.λ. : Euclide Att., XII, 35 (45) ἀλόγως Att., XIII, 48, 1 (45) ἀλόγως omnino : Pl., Gorgias, 501 a 

Att., XIII, 12, 3 (45)

ἐν αἰνιγμοῖς : [Platon], Lettre II, 312 d

Att., II, 19, 5 (59) Att., VI, 7, 1 (50) Fam., XV, 16, 3 : à Cassius (45) Fam., XV, 17, 3 : à Cassius (45) Fam., XV, 19, 2 : de Cassius (45) Att., IX, 6, 5 (49) l’énigme

Occurrences dans les lettres et sources Traduction française des philosophiques probables termes ou expressions grecs cités

Références et dates des passages cités dans la correspondance

I.B.2. : Le grec circonscrit aux lettres (tableau 3) Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

Att., II, 3, 3 (60) Att., XIII, 19, 4 (45) Att., XII, 40, 2 (45) Fam., XV, 19, 2 : de Cassius (45)

Att., VI, 9, 2 (50)

Att., IX, 13a, 4 (49) Att., XIV, 3, 2 (44)

ἄτυφος

γοητεία διάθεσις

et tu belle ἠπόρησας : Platon ego enim ἀπορῶ : Platon Plane ἀπορῶ : Platon ἀπορῶ : Platon ipsam ἀπορίαν tuam : Platon Mira me ἀπορία torquet : Platon ἀπορία : Platon numquam in maiore ἀπορίᾳ fui : Platon, Sophiste, 238 d τὴν ἀρέσκουσαν Ἀριστοτέλειον morem : Aristote Ἀριστοτέλους : Aristote ἡδονὴν uero et ἀταραξίαν uirtute, iustitia, τῷ καλῷ parari et uerum et probabile est : Épicure nec me κενὸν in expetendo cognosces nec ἄτυφον in abiciendo : Épic., Mén., 127 (κενὸν) ; Stoïciens, ap. DL, VII, 117 (ἄτυφον)  γοητείαν : Gorgias, Éloge d’Hélène, 10, 62 διάθεσιν : Platon ? (Philèbe, 11 d ; Rép., IX, 579 e)

Att., VI, 1, 18 (50) Att., VII, 11, 3 (49) Att., IX, 10, 7 (49) Att., XIII, 13, 2 (45) Att., VII, 12, 4 (49) Att., VII, 21, 3 (49) Att., XV, 4, 2 (44) Att., XVI, 8, 2 (44)



le sortilège la disposition

indifférent

la préférence aristotélicien Aristote l’ataraxie

l’embarras

être dans l’embarras

Occurrences dans les lettres et sources Traduction française des philosophiques probables termes ou expressions grecs cités

Références et dates des passages cités dans la correspondance

ἀρέσκουσα Ἀριστοτέλειος Ἀριστοτέλης ἀταραξία

ἀπορία

Mots ou expressions philosophiques grecs (à l’exception des citations littéraires) ἀπορεῖν

Chapitre I.  Définition du corpus

διανοητικὰς φαντασίας : Épicure

Fam., XV, 16, 1 : à Cassius (45) Fam., XV, 19, 2 : de Cassius (45) Att., II, 16, 4 (59)



ad Q.fr., III, 4, 4 (54) l’enthousiasme Fam., III, 9, 2 : à Appius épicurien Pulcher (50) Fam., XV, 16, 1 : à Cassius Ἐπικούρειος (45) Fam., III, 7, 5 : à Appius εὐγένεια : le Stoïcien Athénodore, fils de la noblesse d’origine Pulcher (50) Sandon

ἐνθουσιασμός Ἐπικούρειος

εὐγένεια

κατ’ εἰδώλων ἐμπτώσεις : Démocrite, 68 A 1 DK ap. DL, IX, 44 ἐνθουσιασμός : Démocrite et Platon ? ἐπικούρειον

Att., II, 3, 2 (60)

ἔμπτωσις

le choc, l’impact

l’empressement l’émission

Att., X, 17, 1 (49) Att., II, 3, 2 (60)

ἐκτένεια ἔκχυσις

pur, sans mélange dans un sens et dans l’autre

εἰλικρινὲς iudicium : Platon, Phédon, 66 a Σωκρατικῶς εἰς ἑκάτερον : Nouvelle Académie (Arcésilas ?) ἐκτένειαν : Stoïciens (SVF, III, 292) ἔκχυσις radiorum : Académiciens

ad Q.fr., II, 6, 1 (56) Att., II, 3, 3 (60)

οὐκ ἔστιν ἡδέως ἄνευ τοῦ καλῶς καὶ de façon juste δικαίως ζῆν : Épicure, Mén., 132 ; MC, V εἰ δὲ μή : dialecticiens sinon

mental

Occurrences dans les lettres et sources Traduction française des philosophiques probables termes ou expressions grecs cités

Références et dates des passages cités dans la correspondance

εἰλικρινής εἰς ἑκάτερον

εἰ δὲ μή

δικαίως

Mots ou expressions philosophiques grecs (à l’exception des citations littéraires) διανοητικός

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

Fam., IX, 22, 5 : à Paetus (46, 45 ou 44 ?) Fam., XII, 16, 3 : de Trebonius (44) Att., XIII, 22, 4 (45)

Att., XIII, 33, 3 (45) Att., XIII, 6, 4 (45) Att., XIII, 5, 1 (45) Att., XIII, 7 (45) Att., XIV, 22, 2 (44)

εὐθυρρημονεῖν



εὔλογος

εὐλογία

εὐθυρρήμων

Att., II, 17, 2 (59)

Att., XIII, 21a, 4 (45)

εὐγενῆ : le Stoïcien Athénodore, fils de Sandon ? εὐγενέστερος : le Stoïcien Athénodore, fils de Sandon ? εὐελπιστία : Platon, Phédon, 63 c, 64 a ; Alc. I, 103 b : εὔελπις ὁ σοφὸς εὐθυρρημονήσει : Zénon (SVF, I, 77) εὐθυρρημονέστερος : Zénon (SVF, I, 77)

Att., VIII, 9b, 1 (49)

εὐλογίαν : Nouvelle Académie et la logique Portique ? εὔλογον : Nouvelle Académie et logique, raisonnable Portique ? εὐλογώτατον : Nouvelle Académie et Portique ? εὔλογον : Nouvelle Académie et Portique ? εὔλογον : Nouvelle Académie et Portique ? quod est εὔλογον : Nouvelle Académie et Portique ?

qui parle droit, sans détour

parler droit, sans détour

l’espérance

noble, de noble origine

Occurrences dans les lettres et sources Traduction française des philosophiques probables termes ou expressions grecs cités

Références et dates des passages cités dans la correspondance

εὐελπιστία

Mots ou expressions philosophiques grecs (à l’exception des citations littéraires) εὐγενής

Chapitre I.  Définition du corpus

Att., XV, 27, 2 (44) Att., XVI, 2, 6 (44) Att., XV, 13, 3 (44) Att., XVI, 11, 3 (44) Att., XVI, 12 (44) Att., II, 16, 3 (59) Att., VI, 9, 2 (50)

Att., IV, 19, 2 (54)

θεωρητικός κενός

λύσις

ἡδέως

ζήτημα

Ἡρακλείδειον

εὐμενείᾳ : Platon, Lettre VII, 344 b εὐπόριστον : Épicure, Mén., 130 et 133 ; MC, XV et XXI ζήτημα

Att., XVI, 11, 2 (44) Att., VII, 1, 7 (50)

οὐκ ἔστιν ἡδέως ἄνευ τοῦ καλῶς καὶ avec plaisir δικαίως ζῆν : Épicure, Mén., 132 ; MC, V Ἡρακλείδειον aliquod : Héraclide du Pont l’ouvrage dans le genre d’Héraclide Ἡρακλείδειον : Héraclide du Pont Ἡρακλείδειον : Héraclide du Pont Ἡρακλείδειον : Héraclide du Pont Ἡρακλείδειον : Héraclide du Pont de Ἡρακλειδείῳ : Héraclide du Pont τὸν θεωρητικόν  : Théophraste contemplatif nec me κενὸν in expetendo cognosces nec manifestant une vaine ardeur ἄτυφον in abiciendo : Épic., Mén., 127 (κενὸν) ; Stoïciens, ap. DL, VII, 117 (ἄτυφον) aequitatem animi mei et λύσιν : Platon, l’affranchissement Phédon, 67 d (λύσις (…) ψυχῆς)

la question

la bienveillance facile à se procurer

Occurrences dans les lettres et sources Traduction française des philosophiques probables termes ou expressions grecs cités

Références et dates des passages cités dans la correspondance

Fam., IX, 26, 1 : à Paetus (46) Fam., XV, 19, 2 : de Cassius (45) Att., XV, 4, 3 (44)

Mots ou expressions philosophiques grecs (à l’exception des citations littéraires) εὐμένεια εὐπόριστος

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron





Att., II, 3, 2 (60)

Att., VI, 6, 4 (50)

Att., X, 10, 1 (49) Att., I, 16, 8 (61) Att., IX, 13a, 4 (49)

Att., XIII, 19, 4 (45) Att., IV, 8a, 2 (56)

Att., XIII, 19, 5 (45) Att., II, 1, 8 (60)

Att., IV, 16, 3 (54) Att., XIV, 20, 5 (44)

ὄψις

παλιγγενεσία

παραινικῶς παρρησία πειθανάγκη

περιπατητικός περίστασις

πιθανός πολιτεία

πολιτεύεσθαι

in Πολιτείᾳ : Platon, République audes dicere μὴ πολιτεύεσθαι : Épicure

οἰκεῖον : Stoïciens ? ἔστω ὄψις μὲν ἡ Α, τὸ δὲ ὁρώμενον ΒΓ, ἀκτῖνες δὲ δ κ.τ.λ. : Euclide ἔστω ὄψις μὲν ἡ Α, τὸ δὲ ὁρώμενον ΒΓ, ἀκτῖνες δὲ δ κ.τ.λ. : Euclide παλιγγενεσίαν : Stoïciens (SVF, II, 613 ; II, 619 ; II, 620 ; II, 627) παραινικῶς : Philon de Larissa ? παρρησίαν eripui : Platon πειθανάγκην : Gorgias, Éloge d’Hélène, 12, 75-79 περιπατητικά : Aristote περίστασις : Stoïciens (Épictète, Entr., III, 24, 87) πιθανὰ Antiochia : Stoïciens ? in Platonis πολιτείᾳ : Platon, République

Att., I, 10, 3 (67) Att., II, 3, 2 (60)

participer à la vie politique, prendre part aux affaires de la cité

convaincant, probable l’État

péripatéticien la situation, la circonstance

sur un ton de conseil le franc-parler la contrainte persuasive

la nouvelle naissance

le rayon visuel

approprié l’objet vu

Occurrences dans les lettres et sources Traduction française des philosophiques probables termes ou expressions grecs cités

Références et dates des passages cités dans la correspondance

Mots ou expressions philosophiques grecs (à l’exception des citations littéraires) οἰκεῖος ὁρώμενον

Chapitre I.  Définition du corpus



σοφίζεθαι σοφιστεύειν

σκοπός

σκέμμα

πρόβλημα

Mots ou expressions philosophiques grecs (à l’exception des citations littéraires) πρακτικός

Att., II, 18, 1 (59) Att., VIII, 11, 2 (49) Att., XV, 29, 2 (44) Att., II, 16, 2 (59) Att., II, 9, 3 (59) Att., IX, 9, 1 (49)

Att., X, 1, 3 (49)

Att., VII, 21, 3 (49)

Att., XII, 2, 2 (46) Att., XII, 4, 2 (46) Att., XIII, 28, 3 (45) Att., VII, 8, 3 (50)

Att., VII, 1, 2 (50) Att., VII, 9, 2 (50)

ἐσοφίζετο : Platon, Gorgias, 497 a σοφιστεύειν σοφιστεύω

κατὰ τὸ πρακτικόν : Aristotéliciens τὸν πρακτικὸν βίον : Dicéarque ἄλλο πρόβλημα : Aristote, Pol., II, 8, 1268 b 26 πρόβλημα : Aristote διευκρινήσεις πρόβλημα sane πολιτικόν : Aristote πρόβλημα : Aristote πρόβλημα Ἀρχιμήδειον : Aristote πρόβλημα Ἀρχιμήδειον : Aristote Est πολιτικὸν σκέμμα : Pl., Prot., 351 e ; Rép., IV, 435 c ; IV, 445 a Ego quid agam σκέμμα magnum : Pl., Prot., 351 e ; Rép., IV, 435 c ; IV, 445 a τῶν πολιτικωτάτων σκεμμάτων : Pl., Prot., 351 e ; Rép., IV, 435 c ; IV, 445 a σκοπός : Platon (Lois, XII, 962 a-b) et les Stoïciens

Att., II, 7, 4 (59) Att., II, 16, 3 (59) Att., VI, 5, 3 (50)

s’armer de sophismes faire le sophiste

le but

la question

le problème

actif ; pratique

Occurrences dans les lettres et sources Traduction française des philosophiques probables termes ou expressions grecs cités

Références et dates des passages cités dans la correspondance

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

Att., XII, 40, 2 (45) Att., VII, 20, 2 (49) Att., II, 5, 3 (59)

Att., II, 3, 3 (60)

Att., VII, 4, 2 (50)

ad Q.fr., II, 15, 5 (54)

Fam., XV, 19, 3 : de Cassius (45)

Σωκρατικῶς

τεκμηριώδης

φιλαλήθως

φιλήδονος

Att., XIII, 30, 3 (45) Att., XIII, 32, 3 (45) Att., XIII, 23, 1 (45)

Att., X, 8, 9 (49)

φυσικὴν esse τὴν πρὸς τὰ τέκνα : Stoïciens Est στοργή, est summa σύντηξις : Stoïciens et Épicuriens (στοργή) ; Pl., Banquet, 192 d (συντῆξαι) πολιτικὸν σύλλογον : Dicéarque σύλλογον : Dicéarque συμβίωσις : Antisthène, fgt 92 Decleva Caizzi apud DL, VI, 6 συμβουλευτικόν : Aristote καὶ συναποθανεῖν : Platon, Phédon, 88 d ἐπὶ σχολῆς : Plat., Euthphr., 6 c ; Théét., 172 d, 180 b ; Lois, IX, 858 b Σωκρατικῶς εἰς ἑκάτερον : Nouvelle Académie (Arcésilas ?) τεκμηριῶδες : Ar., Rhét., II, 25, 1403 a 11

Att., VII, 2, 4 (50)



livrant un indice certain, une preuve φιλαλήθως : Aristote, EN, IV, 13, 1127 b en ami de la vérité 3-5 (φιλαλήθης) φιλήδονοι : Aristippe, ap. DL, II, 75 qui aime le plaisir

à la manière de Socrate

la lettre de conseils mourir en même temps le loisir

la vie commune

le colloque

l’affection

Occurrences dans les lettres et sources Traduction française des philosophiques probables termes ou expressions grecs cités

Références et dates des passages cités dans la correspondance

συμβουλευτικόν συναποθνῄσκειν σχολή

συμβίωσις

σύλλογος

Mots ou expressions philosophiques grecs (à l’exception des citations littéraires) στοργή

Chapitre I.  Définition du corpus

φιλοτιμία

φιλοστόργως

φιλόστοργος

φιλόκαλος

Mots ou expressions philosophiques grecs (à l’exception des citations littéraires) φιλοδίκαιος



Att., II, 3, 4 (60)

Att., XV, 27, 1 (44)

Att., XV, 17, 1-2 (44) πάνυ φιλοστόργως : Stoïciens (SVF, III, 292 ; III, 340 ; III, 731) Θεοφράστου Περὶ φιλοτιμίας : Théophraste

l’ambition

avec affection

affectueux

φιλοδίκαιοι : Aristote, EN, I, 1099 a qui aime la justice 10-13 φιλόκαλοι : Aristote, EN, I, 1099 a 10-13 qui aime le beau

Fam., XV, 19, 3 : de Cassius (45) Fam., XV, 19, 3 : de Cassius (45) Att., XIII, 9, 1 (45) nihil possum dicere ἐκτενέστερον, nihil φιλοστοργότερον : Stoïciens (SVF, III, 292 ; III, 340 ; III, 731) φιλοστόργως : Stoïciens (SVF, III, 292 ; III, 340 ; III, 731)

Occurrences dans les lettres et sources Traduction française des philosophiques probables termes ou expressions grecs cités

Références et dates des passages cités dans la correspondance

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron



Cf. καταληπτόν

Cf. κατάληψις

καταληπτόν : comprehendibile compréhensible (Lib. Ac., I, 41) ; quicquam (…) quod comprehendi posset (Luc., 18)

Lib. Ac., I, 41 ; Luc., 18

/

καταλήψεις : uel comprehensiones uel perceptiones

Fin., III, 17

indifférent la négation de la compréhension

/

ἀδιάφορον : indifferens /

Fin., III, 53 /

l’indifférence

κατάληψιν : cognitio aut perceptio la compréhension aut (…) comprehensio (Luc., 17) ; comprehensionem (Luc., 31 et 145)

ἀδιαφορία : in is rebus neutram in partem moueri

Luc., 130

Traduction française des termes ou expressions grecs cités

Luc., 17 ; Luc., 31 ; Luc., 145

Occurrences chez Cicéron et traduction(s) latine(s) éventuelle(s)

Références des extraits d’ouvrages cicéroniens

/

/ Att., XIII, 19, 3 (45)

Cf. ἀδιάφορος ἀκαταληψία

ἀδιαφορία

Référence des passages cités dans les lettres et date de rédaction Att., II, 17, 2 (59)

Mots ou expressions philosophiques en langue grecque

I.B.3. : Le grec commun aux lettres et aux dialogues ou traités (tableau 4)

Chapitre I.  Définition du corpus

/

Cf. προηγμένον



le non-préférable

Traduction française des termes ou expressions grecs cités

Att., I, 1, 2 (65) ; Fam., / IX, 4 (46)

ἀδύνατος

/

περὶ δυνατῶν : quod possit fieri aut non possit (Fat., 1) ; quid ualeat id quod fieri possit (Fat., 17)

impossible

possible

προηγμένα : producta (…) uel promota (…) uel (…) praeposita uel praecipua (Fin., III, 52) ; producta (…), praeposita aut praecipua (Fin., IV, 72) ἡ ἀρετή : uirtus la vertu διάλογοι : in iis sermonibus le dialogue

Fin., III, 15 ; Fin., III, proëgmenis : praeposita (Fin., III, 15) le préférable 51-52 ; Fin., IV, 72 προηγμένον : quasi productum (…) ad dignitatem (Fin., III, 52)

Att., X, 12a, 4 (49) Par. St. II (titre) Att., V, 5, 2 (51) ; Att., Or., 151 XV, 13, 3 (44) Fam., IX, 4 (46) Fat., 1 ; Fat., 17

δυνατός

Occurrences chez Cicéron et traduction(s) latine(s) éventuelle(s)

Fin., III, 15 ; Fin., III, apoproëgmenis : reiecta (Fin., III, 51-52 ; Fin., IV, 72 15) ; remota uel (…) reiecta (Fin., III, 52) ; reiectanea (Fin., IV, 72)

Références des extraits d’ouvrages cicéroniens

ἀρετή διάλογος

ἀποπροηγμένον

Référence des passages cités dans les lettres et date de rédaction Fam., IX, 7, 2 (49)

Mots ou expressions philosophiques en langue grecque

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

ἐποχή : dubitatio (Att., VI, 9, 3) /

/ Fin., III, 69 Att., II, 3, 2 (60) ; Fin., I, 21 Fam., XV, 16, 1-2 (45) Att., XVI, 11, 2 (44) Luc., 15 / Fam., IV, 4, 1 (46) de Or., II, 270 ; Br., 298-299 ; Off., I, 108

/ Att., I, 14, 4 (61)

Att., IV, 16, 2 (54) Att., VI, 6, 3 (50) ; Att., VI, 9, 3 (50) ; Att., XIII, 21, 3 (45) ; Att., XV, 21, 2 (44)

Att., VI, 6, 3 (50) ; Att., VI, 9, 3 (50)

Cf. εὐχρήστημα εἴδωλον

Cf. εἰρωνεύεσθαι ; εἰρωνευόμενος

Cf. εἴρων ἐνθύμημα

ἐξωτερικός ἐποχή



Cf. ἐπέχειν

εἰρωνεία

/

Fin., V, 12 Luc., 59

Top., 55-56

suspendre son assentiment

exotérique la suspension de l’assentiment

l’enthymème

l’ironie ironiser ironique

εἰρωνείαν : dissimulatione / εἴρωνα : in hac ironia dissimulantiaque (de Or., II, 270) εἴρωνα : simulatorem (Off., I, 108) ἐνθυμήματα : illa rhetorum (…) ex contrariis conclusa ἐξωτερικόν : populariter scriptum ἐποχή : adsensionis retentio (Luc., 59)

l’avantage le simulacre

le désavantage

désavantageux

Traduction française des termes ou expressions grecs cités

εὐχρηστήματα : commoda εἴδωλα : imagines

δυσχρηστήματα : incommoda

Fin., III, 69

/

/

/

Occurrences chez Cicéron et traduction(s) latine(s) éventuelle(s)

Cf. δυσχρήστημα

δύσχρηστος

Références des extraits d’ouvrages cicéroniens

Référence des passages cités dans les lettres et date de rédaction Att., VII, 5, 3(50)

Mots ou expressions philosophiques en langue grecque

Chapitre I.  Définition du corpus

/ Tusc., IV, 17 / / /

Att., IV, 7, 1 (56) Att., X, 8a, 1 (49)

Att., XΙΙΙ, 13, 1 (45)

Att., XΙΙΙ, 18 (45)

Att., XΙΙΙ, 19, 4 (45)

Cf. εὔκαιρος ζηλοτυπία

ζηλοτυπεῖσθαι

ζηλοτυπεῖν

ἀζηλοτύπητος

/

ad Q.fr., II, 3, 6 (56) ; Att., XIII, 9, 1 (45)

 /

/

/

/ ζηλοτυπίαν : obtrectatio

/

εὐκαιρία : occasio (Off., I, 142)

qui n’excite pas la jalousie

jalouser

être jalousé

opportun la jalousie

de façon opportune

l’opportunité

εὐκαιρίαν : opportunitas (Fin., III, 45)

Fin., III, 45 ; Off., I, 142

Cf. εὐκαίρως

εὐκαιρία

Traduction française des termes ou expressions grecs cités

Occurrences chez Cicéron et traduction(s) latine(s) éventuelle(s)

Références des extraits d’ouvrages cicéroniens

Référence des passages cités dans les lettres et date de rédaction Att., XVI, 8, 2 (44)

Mots ou expressions philosophiques en langue grecque

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

Or., 46 ; Or., 125 ; Top., 79

Par. St., pr. 5

Fin., III, 20 ; Off., I, 8 καθῆκον : officium (Fin., III, 20) ; commune officium (Off., I, 8)

Att., X, 12a, 4 (49) ; Att., X, 10, 6 (49) Att., IX, 4, 1 (49) ; Att., IX, 9, 1 (49)

ad Q.fr., III, 3, 4 (54)

Att., XV, 13a, 2 (44) ; Att., XVI, 11, 4 (44) ; Att., XVI, 14, 3 (44)

θετικός

καθῆκον

θέσις

Traduction française des termes ou expressions grecs cités

Fat., 1

le caractère

 θετικά : /

θέσιν : uniuersi generis quaestione (Or., 125) ; propositum (Top., 79) relatif aux questions générales le convenable ; le devoir intermédiaire

θέσις : Haec igitur quaestio a la thèse, la question propriis personis et temporibus ad générale uniuersi generis orationem traducta (Or., 46)

ἡδονή : uoluptas (Fin., II, 12) ἦθος : mores

Fin., II, 8 ; Fin., II, ἡδονήν : uoluptatem (Fin., II, 8 et le plaisir 12 ; Fin., II, 13 ; Fin., 13) ; laetitiam, (…) quasi gestientis III, 35 animi elationem uoluptariam (Fin., III, 35)

Occurrences chez Cicéron et traduction(s) latine(s) éventuelle(s)

ἦθος

ἡδονή

Références des extraits d’ouvrages cicéroniens

Référence des passages cités dans les lettres et date de rédaction Fam., XV, 19, 2-3 (45)

Mots ou expressions philosophiques en langue grecque

Chapitre I.  Définition du corpus

/ κρινόμενον : quasi certamen (…) controuersiae (Or., 126) ; quae ex statu contentio efficitur (Top., 95)

/ / Or., 126 ; Top., 95

/ Fin., I, 22 ; Fat., 1 ; Tusc., IV, 33

Fam., XV, 19, 2 (45)

Fam., IX, 4 (46)

/

Fam., IX, 4 (46) Att., XIII, 19, 5 (45)

Cf. καλῶς

κρίνειν

Cf. κρινόμενον

Cf. κρίσις λογικός



λογικά : ea quae (…) enucleate disputant (Tusc., IV, 33)

/ λογική : quaerendi ac disserendi (Fin., I, 22) ; rationem disserendi (Fat., 1)

/

τὸ καλόν : honestum

Par. St. I (titre)

καλόν

Occurrences chez Cicéron et traduction(s) latine(s) éventuelle(s)

Références des extraits d’ouvrages cicéroniens

Référence des passages cités dans les lettres et date de rédaction Att., II, 19, 1 (59) ; Att., VII, 11, 1 (49) ; Att., VIII, 8, 2 (49) ; Fam., XV, 17, 3 (45) ; Fam., XV, 19, 2 (45)

Mots ou expressions philosophiques en langue grecque

le jugement logique

le point à juger

selon le beau, la beauté morale juger

le beau, la beauté morale

Traduction française des termes ou expressions grecs cités

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron



ὁμολογίαν : conuenientiam πάθη : perturbationes animorum ; morbos (Fin., III, 35) ; motus animi perturbatos (Off., II, 18) ; morbos ; perturbationes (Tusc., III, 7) ; perturbationes (…) magis (…) quam morbos (Tusc., IV, 10)

Fin., III, 21 Fin., III, 35 ; Off., II, 18 ; Tusc., III, 7 ; Tusc., III, 23 ; Tusc., IV, 10-11

/ Att., IX, 4, 2 (49) ; Fam., VII, 26, 1 (46) ; Att., XII, 3, 1 (45)

/

Cf. ὁμολογία πάθος

Cf. παθητικός

Or., 128

/ /

/ /

Att., XVI, 11, 4 (44) Att., II, 17, 1 (59)

Cf. ἀνοίκειος ὁμολογουμένως

παθητικόν : quo perturbantur animi et concitantur

πάθος : perturbatio (Fin., III, 35) ; animi perturbationem ; morbum, quicumque est motus in animo turbidus (Tusc., III, 23) ; perturbatio (Tusc., IV, 11)

οἰκεῖον : accommodatum ad naturam

Luc., 38

οἰκεῖος

Occurrences chez Cicéron et traduction(s) latine(s) éventuelle(s)

Références des extraits d’ouvrages cicéroniens

Référence des passages cités dans les lettres et date de rédaction Att., I, 10, 3 (67)

Mots ou expressions philosophiques en langue grecque

pathétique

l’accord le trouble de l’âme, la passion

inapproprié selon un accord unanime

approprié

Traduction française des termes ou expressions grecs cités

Chapitre I.  Définition du corpus

Fam., IX, 22, 5 (46, 45 Par. St. V (titre) ; ou 44 ?) ; Fam., XIII, Par. St. VI (titre) ; 15, 2 (45) Fin., II, 24 ; Tusc., V, 7

 Off., I, 153 ND, III, 28 ; Diu., II, 34 ; Diu., II, 124 ; Diu., II, 142

/ /

/ Att., IV, 16, 6 (54) ; Att., IV, 15, 1 (54) ; Att., V, 18, 3 (51) ; Att., X, 8, 9 (49)

Att., V, 11, 7 (51) ; Att., XII, 44, 1 (45)

Att., XII, 11 (46)

Cf. σοφία συμπάθεια

συμπαθῶς

συμπάσχω

le sage

la providence

Traduction française des termes ou expressions grecs cités

/

/

compatir

avec sympathie

σοφίαν : sapientia[m] la sagesse συμπάθειαν : quasi consensus (ND, la sympathie III, 28) ; coniunctione naturae et quasi concentu atque consensu (Diu., II, 34) ; quadam conuenientia et coniunctione naturae (Diu., II, 124) ; continuatio coniunctioque naturae (Diu., II, 142)

σοφοί : sapientes (Tusc., V, 7)

πρόνοια : uel prudentia uel prouidentia (ND, II, 58) σοφός : sapiens (Par. St. VI, titre) ; sapientes (Par. St. V, titre)

πρόνοιαν : prouidentiam (ND, I, 18 ; ND, II, 74)

ND, I, 18 ; ND, II, 58 ; ND, II, 74

σοφός

πρόνοια

Occurrences chez Cicéron et traduction(s) latine(s) éventuelle(s)

Références des extraits d’ouvrages cicéroniens

Référence des passages cités dans les lettres et date de rédaction Att., IX, 4, 2 (49) ; Att., XIII, 8 (45)

Mots ou expressions philosophiques en langue grecque

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

/

/ (ὑπόθεσις au sens de « sujet », de « thème ») Att., IX, 6, 5 (49) ; Fam., XV, 16, 1 (45)

Cf. τελικός

ὑπόθεσις

φαντασία

τέλος

Référence des passages cités dans les lettres et date de rédaction Att., XII, 6, 2 (45) ; Att., XIII, 12, 3 (45) ; Att., XIII, 19, 4 (45)

Mots ou expressions philosophiques en langue grecque

Lib. Ac., I, 40 ; Luc., 18



φαντασίᾳ : uisum (Luc., 18)

φαντασίαν : uisum (Lib. Ac., I, 40)

la représentation

τελικά : ad illud ultimum pertinen- relatif à la fin tia ὑπόθεσιν : causam la question déterminée

Fin., III, 55 Top., 79

τέλος : uel summum uel ultimum la fin uel extremum bonorum (Fin., I, 42) ; tum extremum, tum ultimum, tum summum (Fin., III, 26)

Fin., I, 42 ; Fin., III, 26

Traduction française des termes ou expressions grecs cités

Occurrences chez Cicéron et traduction(s) latine(s) éventuelle(s)

Références des extraits d’ouvrages cicéroniens

Chapitre I.  Définition du corpus

Att., I, 16, 13 (61) ; / Att., II, 5, 2 (59) ; Att., II, 13, 2 (59) ; Att., IV, 18, 2 (54) ; Fam., XI, 27, 5 (44) ; Att., XV, 13a, 2 (44) / /

Att., II, 12, 4 (59)

Att., VII, 8, 3 (50) ; Att., XIII, 20, 4 (45) Att., VII, 2, 4 (50)

/

Cf. φιλόσοφος

Cf. φιλοσόφως



Cf. φυσικοί

φυσικός

Occurrences chez Cicéron et traduction(s) latine(s) éventuelle(s)

/ φυσικούς : /

/ de Or., I, 217

/

/

/

φιλοσοφία : studium sapientiae (Off., II, 5)

de Or., I, 9 ; Off., II, 5 φιλοσοφίαν : / (de Or., I, 9)

Cf. φιλοσοφεῖν et ἐμφιλοσοφεῖν

φιλοσοφία

Références des extraits d’ouvrages cicéroniens

Référence des passages cités dans les lettres et date de rédaction /

Mots ou expressions philosophiques en langue grecque

les philosophes de la nature

d’origine naturelle

en philosophe

le philosophe

philosopher

la philosophie

Traduction française des termes ou expressions grecs cités

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

Chapitre I.  Définition du corpus

I.B.4. : Quelques remarques de synthèse Pour plus de concision, nous n’avons reporté dans les tableaux ci-dessus que les termes grecs présents dans la correspondance qui nous semblaient dotés d’une réelle portée philosophique par eux-mêmes. Aussi avons-nous exclu de nombreux mots ou expressions pourtant recensés dans le tableau 1 (section I.A., supra) mais ne rentrant dans le cadre de notre étude que parce qu’ils avaient été précédemment cités par des philosophes grecs et qu’ils pouvaient faire l’objet d’un jeu d’intertextualité de la part de Cicéron. Une fois cette précaution méthodologique établie, que pouvons-nous déduire de l’examen des tableaux 2, 3 et 4 rédigés ci-dessus ? Les tableaux 2 et 3 englobent les mots grecs qui demeurent circonscrits dans un domaine précis de la production de Cicéron, qu’il s’agisse de ses ouvrages philosophiques (revêtant la forme de dialogues ou, moins fréquemment, de traités) ou bien de sa correspondance. Ce vocabulaire ne semble pas se déplacer d’un corpus à l’autre, quoique la prudence s’impose au moment de tirer des conclusions puisque nous n’avons conservé qu’une part très réduite des lettres cicéroniennes. Le tableau 4, en revanche, récapitule les mots grecs communs aux lettres et aux dialogues ou aux traités, à la fois rhétoriques et philosophiques, de Cicéron – la préface du livre II du de Diuinatione incluant en effet parmi ses travaux philosophiques le de Oratore, le Brutus et l’Orator3. Nous énoncerons en premier lieu quelques remarques sur le tableau 2. Plusieurs facteurs concourent à expliquer que des mots grecs présents dans les ouvrages philosophiques de Cicéron ne figurent pas dans ses lettres. Le facteur thématique tout d’abord. En effet, la logique (en particulier la dialectique) et la physique sont des champs intellectuels dont le vocabulaire apparaît plus rarement dans la correspondance que celui de l’éthique ou de la politique, en raison des préoccupations principales de Cicéron avant ou pendant la guerre civile. Il en va ainsi des substantifs ἀπειρία – « l’infinité » –, ἀπόδειξις – « la démonstration » –, διαλεκτική – « la dialectique » –, εἱμαρμένη – « le destin » –, ἐνάργεια – « l’évidence » –, ἐννοία – « la notion » –, ἰδέα – « l’idée, la forme » –, τοπική – « la topique » –, φυσιολογία – « la physiologie » ou χρόνος – « le temps », pour ne citer que quelques exemples. Un deuxième facteur d’explication, qui peut ou non se combiner au précédent, a trait à la technicité du vocabulaire grec qu’abritent les ou Cic., Diu., II, 4.

3



Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

vrages philosophiques ou les traités de Cicéron. L’épistolier avait peu de raisons de mentionner à l’adresse d’un correspondant un vocabulaire très spécialisé, dont nous trouvons quelques illustrations dans les dialogues ou les traités avec le groupe nominal ἀργὸς λόγος – « le raisonnement paresseux » –, les adjectifs ἀσώματος – « incorporel » –, ἐπιγεννηματικός – « consécutif » –, ποιητικός – « agent de la production » –, les adjectifs substantivés ἡγεμονικόν – « l’hégémonique » –, ψευδόμενος – « le menteur » – ou encore les substantifs ἀξίωμα – « l’énoncé, l’axiome » –, ἀρρώστημα – « le mal chronique »  –, δαιμόνιον  –  « le génie »  –, ἐνδελέχεια  –  « le mouvement perpétuel »  –, ἐπαγωγή  –  « l’induction »  –, ἰσονομία –  « la loi d’équilibre »  –, κατηγόρημα – « l’attribut »  –, λήμμα – « la majeure (d’un syllogisme) »  –, μεσότης – « la médiété » –, ποιότης – « la qualité » –, πρόληψις – « la prénotion » –, πρόσληψις – « la mineure »  –, στερέμνια – « les corps solides » – et συγκατάθεσις – « l’assentiment ». Les lettres abritent certes un vocabulaire grec technique, mais souvent soumis dans ce cas à une investigation philosophique de la part de Cicéron, qui cherche à en établir une traduction latine satisfaisante (comme dans le cas de l’ἐποχή ou du καθῆκον) ou semble prendre acte du fait qu’il n’en existe pas4. Nous trouvons en troisième lieu un vocabulaire grec associé à un philosophe précis, et de surcroît marginal parmi les autorités philosophiques invoquées par Cicéron dans la correspondance : ainsi de l’εὐθυμία (« la tranquillité d’âme ») et de l’ἀθαμβία (« l’absence d’effroi »), que Pison, au livre V du de Finibus, rattache expressément à Démocrite5 : il n’est donc guère étonnant que ces termes grecs ne soient pas cités dans les lettres, alors que ce philosophe n’est mentionné qu’une seule fois au sein du corpus épistolaire, dans une lettre à Cassius, au sujet de la théorie de la vision dont s’était inspiré Épicure6. Un quatrième facteur d’explication réside dans la rareté relative d’un terme grec à teneur philosophique par rapport à son équivalent latin. En témoigne le substantif ἀβλάβεια, dont Cicéron précise dans les Tusculanes qu’il ne s’agit pas d’un nom usuel pour désigner l’innocentia latine, autrement dit la probité7 : en ce cas, son absence dans les lettres se justifie aisément. Quant à l’adjectif grec χρήσιμος, Cicéron indique dans le 4 Nous analyserons deux exemples de notions philosophiques grecques fort délicates à traduire dans la iie partie, chapitre IV, section IV.B.2., à propos de la φιλοστοργία (« l’affection ») et de l’εὐθυρρημοσύνη (« le parler droit »). 5 Cic., Fin., V, 87. 6 Cic., Fam., XV, 16, 1 (à Cassius ; vers le 10 janvier 45). 7 Cic.,Tusc., III, 16.



Chapitre I.  Définition du corpus

même dialogue que son sens est plus restreint (angustius apud Graecos ualet) que son correspondant latin frugi (« intègre, probe ») car il ne signifie qu’« utile » (tantummodo utilis)8. Lorsque le vocabulaire grec est jugé aussi déficient, il n’est pas employé dans les lettres en contexte philosophique. Pour finir, un cinquième facteur est à prendre en compte pour justifier que certains termes grecs demeurent cantonnés aux dialogues et aux traités sans se frayer un passage jusqu’aux lettres, même lorsque celles-ci sont contemporaines de la rédaction des grands ouvrages philosophiques de Cicéron. Ce facteur tient à la particularité du vocabulaire éthique du Portique, que Cicéron examine en plusieurs occasions, en particulier au livre III du de Finibus, dans les Tusculanes (surtout aux livres III et IV, consacrés respectivement au chagrin ainsi qu’à l’analyse stoïcienne des passions) et enfin dans le de Officiis, dont les livres I et II sont inspirés de Panétius. Ce vocabulaire englobe soit des termes fort techniques, voire des néologismes, soit des termes grecs plus courants, auxquels les Stoïciens confèrent une signification qui leur est propre. En témoignent les substantifs βούλησις – « la volonté »  –, εὐταξία  –  « le sens de l’ordre et de la mesure », et surtout ἀξία  –  « la valeur »  –, dont l’équivalent latin aestimatio s’entend dans les lettres de Cicéron au sens courant d’« évaluation, estimation »9, et non de « valeur des choses conformes à la nature », selon son acception stoïcienne10. Dans ces conditions, l’occurrence de l’un de ces termes dans la correspondance pourrait n’être pas suffisamment évocatrice par elle-même, fût-ce aux yeux d’un destinataire aussi cultivé qu’Atticus, qui ne saurait s’il faut l’entendre en son sens usuel, « à la façon romaine » (Romano more), ou « en accord avec le langage des Stoïciens » (quomodo Stoici dicunt)11. Or Cicéron veille autant que possible à l’univocité du vocabulaire philosophique grec qu’il emploie dans ses lettres, parce que son écriture y est rapide, allusive, et qu’elle ne saurait s’apparenter à un cours de philosophie par correspondance. La visée didactique n’y est pas prépondé Ibidem. Cf. Cic., Att., IV, 2, 5 (première moitié d’octobre 57) ; XII, 21, 4 (17 mars 45) ; XII, 25, 1 (21 mars 45) ; XIII, 33, 2 (2 juin 45). 10 Cic., Fin., III, 20 (= SVF, III, 143) ; ibid., III, 34 (= SVF, III, 72). 11 Cic., Fam., VII, 16, 3 (à C. Trebatius Testa ; fin novembre ou début décembre 54). Ces expressions figurent dans une lettre à Trebatius qui, aux dires du Stoïcien Balbus, est destiné à devenir riche, sans que Cicéron ne puisse démêler si l’adjectif diues est à entendre à la façon romaine, c’est-à-dire usuelle, ou à la façon paradoxale des Stoïciens, selon qui les hommes riches sont ceux qui peuvent jouir du ciel et de la terre. 8 9



Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

rante : Cicéron n’y cherche pas à établir des équivalences rigoureuses et systématiques entre des termes grecs et leurs équivalents latins ; bien au contraire, son vocabulaire grec y est presque toujours exempt de traduction. Le souci de la clarté prédomine néanmoins : il s’agit pour l’auteur d’être compris de son correspondant, sans risque d’ambiguïté ni volonté de s’appesantir sur le lexique grec qu’il emploie. Le tableau 3, qui recense le vocabulaire philosophique grec circonscrit au corpus épistolaire, est quant à lui à comparer au tableau 4 (englobant le vocabulaire commun aux lettres et aux dialogues ou traités), si l’on souhaite mieux cerner les raisons pour lesquelles les ouvrages philosophiques de Cicéron sont ou non perméables à un tel lexique. Pour commencer, certains des termes grecs présents uniquement dans les lettres (cf. tableau 3) trouvent aisément un équivalent en latin, de sorte que Cicéron, qui s’astreint à traduire tous les mots grecs dans ses dialogues et ses traités, n’a pas besoin de les citer dans leur langue originale dans ses ouvrages philosophiques ni même de justifier la traduction qu’il en offre : il ne les mentionne alors qu’en latin dans ces écrits. Il s’agit d’une part de noms propres renvoyant à des ouvrages philosophiques (Ἡρακλείδειον / « ouvrage dans le genre d’Héraclide »), à des philosophes grecs (Ἀριστοτέλης / « Aristote » ; Πλάτων / « Platon » ; Χρύσιππος  / « Chrysippe » ; Διόδωρος  / « Diodore »), ou encore d’adverbes (Σωκρατικῶς  / « à la manière de Socrate ») et d’adjectifs rattachés à un penseur ou à une école (Ἀκαδημικός / « académicien » ; Ἀριστοτέλειος  / « aristotélicien » ; Ἐπικούρειος  / « épicurien »), et d’autre part, de termes grecs possédant une traduction latine bien établie, à laquelle Cicéron recourt systématiquement dans ses dialogues et ses traités, sans ressentir le besoin de mentionner leur équivalent grec. De cette catégorie relèvent par exemple l’adjectif épicurien εὐπόριστος – « facile à se procurer »  – traduit en latin par quo facilius  (…) consequamur, l’adjectif substantivé αἰσχρόν –  « le déshonneur, la laideur morale » –, traduit en latin par turpe, ou encore la locution εἰς ἑκάτερον – « dans un sens et dans l’autre » –, traduite en latin par in utramque partem. Aussi ancienne et établie fût-elle, la traduction latine de termes philosophiques grecs ne laisse pas d’être parfois problématique : ainsi de l’adjectif probabile, chargé dès le premier ouvrage de Cicéron, le de Inuentione, de rendre à la fois les mots εὔλογος (« raisonnable », « vraisemblable ») et πιθανός (« persuasif »). Lorsque ces deux adjectifs sont cités en grec dans le corpus épistolaire, ils le sont dans des lettres datées de 45 et contemporaines de la rédaction des Académiques : Cicéron saisit alors l’occasion d’affiner son analyse de ces deux adjectifs centraux dans



Chapitre I.  Définition du corpus

la pensée néoacadémicienne, le premier étant issu d’Arcésilas, le second de Carnéade12. Une autre catégorie de termes cités en grec dans le seul corpus épistolaire comprend des mots issus de titres mentionnés dans leur langue originale à l’intention des correspondants cultivés de Cicéron : ainsi de la République de Platon – Πολιτεία  –, de l’ouvrage sur la noblesse (εὐγένεια) du Stoïcien Athénodore de Sandon, du traité De l’ambition – Περὶ φιλοτιμίας – de Théophraste, et de l’écrit de Posidonius Sur le devoir en fonction des circonstances – Περὶ τοῦ κατὰ περίστασιν καθήκοντος. On trouve également sous leur forme grecque, dans le seul corpus épistolaire, plusieurs occurrences de dogmes philosophiques épicuriens ou stoïciens tels que οὐκ ἔστιν ἡδέως ἄνευ τοῦ καλῶς καὶ δικαίως ζῆν (« il n’est pas possible de vivre avec plaisir sans vivre de façon bonne et juste »), τὸ καλὸν δι’ αὑτὸ αἱρετὸν esse (« le beau est à choisir pour lui-même ») ou φυσικὴν esse τὴν πρὸς τὰ τέκνα (« l’affection à l’égard de ses enfants est d’origine naturelle »), dogmes dont la traduction latine est bien attestée, comme le prouvent dans le de Finibus les expressions non posse iucunde uiui, nisi sapienter, honeste iusteque uiuatur13 ; per se (…) expetendum bonum14 ; natura fieri, ut liberi a parentibus amentur15. De même, sont mentionnées en grec, dans les lettres uniquement, des citations précises, ponctuelles, d’une source philosophique que le destinataire de Cicéron a pour charge de déceler et d’identifier, dans un défi érudit non dénué d’humour. En ce cas, le terme grec est souvent couplé à un terme latin, au sein d’une citation hybride effectuée in utraque lingua, comme dans les expressions εἰλικρινὲς iudicium (« un jugement pur »)16 ou quippe cum in reprehensione sit prudentia cum εὐμενείᾳ (« puisque la critique implique clairvoyance accompagnée de bienveillance »)17. D’autres termes grecs cités dans le corpus épistolaire, tels que les noms ἀκτίς (« le rayon »), ἔκχυσις (« l’émission »), ἔμπτωσις (« le choc, l’impact »), ὁρώμενον (« l’objet vu »), ὄψις (« le rayon visuel »), appartiennent au champ lexical de la vision, que Cicéron n’aborde en détail dans aucune des œuvres philosophiques que nous avons conservées, 12 Sur les enjeux de la traduction cicéronienne de l’εὔλογον d’Arcésilas et du πιθανόν de Carnéade par l’adjectif latin probabile, voir C.  Lévy, Cicero Academicus, op. cit., p. 276-290 (surtout p. 287-290 pour l’analyse de l’adjectif probabile). 13 Cic., Fin., I, 57. 14 Ibid., III, 21 (= SVF, III, 188). 15 Ibid., III, 62 (= SVF, III, 340). 16 Platon, Phédon, 66 a. 17 Platon, Lettre VII, 344 b.



Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

alors qu’il l’examine à la fois dans une lettre à Atticus, datée de 6018, et dans une lettre à Cassius, où il polémique contre la théorie épicurienne des simulacres19. Dans ces conditions, il est compréhensible qu’ils ne figurent en grec que dans la correspondance. En outre, certains mots grecs inclus uniquement dans les lettres possèdent en eux-mêmes une valeur peu technique. Il ne s’agit pas à proprement parler de notions, encore moins de concepts, alors que ce sont principalement de tels termes que Cicéron mentionne en grec dans ses dialogues et ses traités. Leur dimension philosophique tient moins à leur contenu intrinsèque qu’à la citation qu’en font en particulier Platon et Aristote, mais aussi Xénophon (ἄκουσμα : « ce qu’on entend ») ou Gorgias (γοητεία : « le sortilège » ; πειθανάγκη : « la contrainte persuasive »). Nous n’en citerons ici que quelques exemples : αἰνιγμός (« l’énigme ») ; ἀπορεῖν (« être dans l’embarras ») ; ἀπορία (« l’embarras ») ; πρόβλημα (« le problème »), d’ascendance aristotélicienne, ou encore σκέμμα (« la question »), d’origine platonicienne. Par contraste, certains mots grecs possèdent une indéniable dimension philosophique mais figurent tels quels dans les lettres, sans être accompagnés d’une traduction latine, pour trois raisons majeures. Soit ils sont difficiles à traduire (comme l’attestent les adverbes ou adjectifs composés tels que φιλαλήθως – « en ami de la vérité » –, φιλήδονος –  « qui aime le plaisir »  –,  φιλοδίκαιος –  « qui aime la justice »  –, φιλόκαλος – « qui aime le beau »  –, φιλόστοργος  – « affectueux »  –, φιλοστόργως – « avec affection », ou encore la thèse stoïcienne ὁ σοφὸς εὐθυρρημονήσει – « le sage parlera droit »  –, énoncée dans une lettre à Paetus alors que Cicéron s’abstient en règle générale de recourir au grec dans les lettres adressées à ce correspondant)20, soit ils évoquent une activité philosophique à laquelle Cicéron n’avoue s’adonner qu’à demi-mot, le grec permettant à la fois de traduire l’origine de cette pratique et de marquer la distance que prend avec elle le consulaire romain (σοφίζεθαι ; σοφιστεύειν ; φιλοσοφεῖν), soit enfin, et c’est là le principal point commun avec le grec des dialogues ou des traités (cf. tableau 4), ces mots sont cités en grec parce qu’ils renvoient à un lexique technique bien identifié, dont la seule mention suffit au correspondant de Cicéron pour comprendre la nature philosophique et même la source du terme grec cité. Cic., Att., II, 3, 2 (décembre 60). Cic., Fam., XV, 16, 1 (à Cassius ; vers le 10 janvier 45). 20 Ibid., IX, 22, 5 (à Paetus ; 46, 45 ou 44 (?)) (= SVF, I, 77). 18 19



Chapitre I.  Définition du corpus

La raison pour laquelle certains termes grecs techniques de la correspondance figurent également dans le reste du corpus cicéronien et d’autres, non, n’apparaît pas avec évidence. Le plus souvent, il semble que ce soient les termes les plus importants du lexique propre à une école ou à un philosophe qui soient cités en grec dans les lettres comme dans les dialogues. Nous n’en prendrons que quelques exemples, tels que l’ἀδιαφορία (« l’indifférence ») d’Ariston de Chios, l’ἀποπροηγμένον (« le non-préférable »), l’εὐκαιρία (« l’opportunité ») et la συμπάθεια (« la sympathie ») des Stoïciens, l’εἴδωλον (« le simulacre ») et l’ἡδονή (« le plaisir ») des Épicuriens, l’ἀκαταληψία (« la négation de la compréhension ») et l’ἐποχή (« la suspension de l’assentiment ») des Académiciens. En revanche, des termes plus mineurs ne surviennent en grec que dans la correspondance, mais cette règle souffre des exceptions. Le nom σκοπός (« le but ») ne figure ainsi en grec que dans les lettres alors que le τέλος qui lui est associé, en tant que terme ultime de l’éthique, apparaît en grec dans la correspondance (surtout sous la forme du titre Περὶ τελῶν, qui désigne le de Finibus) comme dans les dialogues. Quant au nom ἡδονή (« le plaisir »), central dans l’éthique épicurienne, il est mentionné en grec dans l’ensemble du corpus cicéronien, alors que l’ἀταραξία (« l’ataraxie ») n’est évoquée en grec que dans les lettres, par contraste avec les dialogues où elle n’est citée que sous sa forme latine de tranquillitas. Une fois encore, il convient de se garder de raisonner comme si nous possédions l’ensemble du corpus épistolaire de Cicéron – et même de son corpus philosophique, si l’on songe au de Gloria ou à l’Hortensius perdus. Nous conclurons ces brèves remarques relatives au tableau 4 en constatant qu’il existe très peu de termes grecs de la correspondance dont la première occurrence date de l’époque de la rédaction des principaux ouvrages philosophiques de Cicéron, en 46-44 av. J.-C. Autrement dit, dans son immense majorité, le lexique grec de l’auteur s’est constitué largement en amont de sa production philosophique. Il était évident que par sa formation et sa fréquentation continue de maîtres de philosophie, il s’était adonné très tôt à la lecture des penseurs grecs et n’avait cessé de perfectionner sa connaissance des principes et de la terminologie propres aux différentes écoles, mais l’étude du vocabulaire de la correspondance le confirme de façon indiscutable. Si nous examinons au sein des lettres les quelques mots grecs dont la première apparition remonte aux années 46-44, nous relevons soit qu’ils émanent d’un correspondant de Cicéron – comme le mot ἡδονή (« plaisir ») sous la plume de l’Épicurien Cas-



Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

sius pour qui il s’agissait d’un concept central21 –, soit qu’ils se trouvent au confluent de la rhétorique et de la philosophie, occupant ainsi une place prépondérante dans l’univers mental de l’auteur – comme le terme τὸ κρινόμενον (« le point à juger ») et ses dérivés verbaux ou nominaux κρίνειν et ἡ κρίσις, qui figurent à la même époque dans l’Orator22, dans une lettre à Varron de 46 sur la question des possibles (περὶ δυνατῶν)23 et plus tard dans les Topiques (44)24 –, soit enfin qu’ils entretiennent un lien étroit avec un ouvrage philosophique dont ils sont contemporains et incarnent des concepts-clés. Tel est le cas de la négation de la compréhension, ou ἀκαταληψία, dont Cicéron rappelle dans une lettre à Atticus de juin 45 qu’elle est combattue dans les Académiques par Varron, porte-parole d’Antiochus25. C’est encore ainsi que l’on peut interpréter le champ lexical de la jalousie (ζηλοτυπία) : à l’exception d’une mention du substantif sous la plume d’Antoine dans une lettre de 49 à Cicéron26, les deux occurrences du verbe ζηλοτυπεῖν ainsi que de l’adjectif ἀζηλοτύπητος se concentrent dans un intervalle de temps très court, entre le 25 et le 29  juin 45, et se rapportent toutes à la jalousie qu’éprouvait Varron à l’idée de ne pas occuper de rôle éminent dans la version des Académiques que venait d’achever Cicéron ou peut-être, plus exactement, parce qu’il constatait que d’autres personnages, sans doute Brutus et Caton, avaient remplacé Catulus et Lucullus dans le dialogue27. En outre, la ζηλοτυπία, traduite par Cicéron en obtrectatio (litt. « le dénigrement ») au prix d’un coup de force linguistique, constitue une subdivision de la passion qu’est le chagrin (aegritudo), dans la pensée stoïcienne, et elle fait l’objet à ce titre d’une analyse dans les Tusculanes28, qui sont rédigées à partir de juillet 45, juste après les lettres évoquées. Enfin, lorsque le mot καθῆκον est cité à trois reprises dans la correspondance, entre la fin du mois d’octobre et la mi-novembre 44, il est mis en relation avec le de Officiis que rédige Cicéron ainsi qu’avec les sources stoïciennes grecques dont il s’inspire (au Ibid., XV, 19, 2 (de Cassius ; vers le 15 janvier 45). Cic., Or., 126. 23 Cic., Fam., IX, 4 (= SVF, II, 284) (à Varron ; vers le 1er juin 46). 24 Cic., Top., 95. 25 Cic., Att., XIII, 19, 3 (29 juin 45). 26 Ibid., X, 8a, 1 (1er mai (?) 49). 27 Ibid., XIII, 13, 1 (25  juin 45) ; ibid., XIII, 18 (28  juin 45) ; ibid., XIII, 19, 4 (29 juin 45). 28 Cic., Tusc., IV, 17. 21 22



Chapitre I.  Définition du corpus

trement dit le traité de Panétius Τὰ περὶ τοῦ καθήκοντος et le traité Περὶ τοῦ κατὰ περίστασιν καθήκοντος de Posidonius), et sa traduction par officium fait l’objet d’une justification face à Atticus car contrairement au nom latin, le καθῆκον n’appartient pas au vocabulaire institutionnel grec. « Cette différence est importante, le choix d’officium montrant que pour Cicéron la philosophie du devoir est indissociable du monde de la cité29 ».

C. Lévy, Cicero Academicus, op. cit., p. 523-524. Cf. DL, VII, 107-108 (= SVF, I, 230). 29



CHAPITRE II LE GREC ET LA PHILOSOPHIE : FORMES, FONCTIONS, ORIGINES

Dans le chapitre précédent, nous avons établi la liste de tous les mots et expressions grecs susceptibles d’une interprétation philosophique dans l’ensemble de la correspondance, en la mettant en relation avec le reste du corpus cicéronien. À cette approche globale du corpus doit succéder à présent une analyse plus fine, que nous mènerons d’abord sur un plan grammatical. Après une récapitulation des occurrences à étudier (II.A.1.), auxquelles nous avons soustrait toutes les allusions à des philosophes ou à des doctrines philosophiques qui n’étaient pas exprimées en grec dans les lettres, nous étudierons leur fonctionnement grammatical en les répartissant en trois catégories principales (II.A.2.) : les substantifs, adjectifs, adverbes et verbes ; les titres d’ouvrages, groupes nominaux, groupes prépositionnels et propositions ; les proverbes ainsi que les citations en vers et en prose. Cette catégorisation nous donnera l’occasion de préciser le statut de citation, de mention ou d’allusion du grec de la correspondance qui est susceptible d’une interprétation philosophique. Il conviendra ensuite d’en analyser les enjeux, à la fois rhétoriques et philosophiques (II.B.), et enfin les origines (II.C.). Nous n’entendons pas par là les sources philosophiques du grec figurant dans les lettres, qui seront abordées dans notre seconde partie, mais bien la provenance de ce grec, par le truchement d’un enseignement oral ou d’une transmission écrite, au gré des fréquentations de bibliothèques ou des consultations d’ouvrages, qu’ils soient achetés, envoyés, prêtés, sous forme intégrale ou résumée.



ἀδύνατον

Att., I, 1, 2

φιλοσοφητέον in Platonis πολιτείᾳ

Att., I, 16, 8

Att., I, 16, 13

Att., II, 1, 8

Fin juin ou juillet 61 (Rome) Fin juin ou juillet 61 (Rome) Vers le milieu de juin 60 (Rome)

Protreptique philosophique Platon, République

Ἕσπετε νῦν μοι, Μοῦσαι… Hom., Il., XVI, 112-113 ὅππως δὴ πρῶτον πῦρ ἔμπεσε apud Platon, Rép., VIII, 545 d-e παρρησίαν eripui Platon

Att., I, 16, 5

Fin juin ou juillet 61 (Rome)

Philodème

φιλορήτορα

Att., I, 13, 5

25 janvier 61 (Rome)

Peu avant le 17 juillet 65 (Rome)

Diodore Cronos

Mots et expressions en Source philosophique langue grecque : allusions / probable mentions / citations, titres et proverbes οἰκεῖον Stoïciens ?

Référence des lettres

Entre avril et juillet 67 Att., I, 10, 3 (Tusculum)

Date et lieu de rédaction des lettres

II.A.1. : Tableau des occurrences grecques

II.A. : Formes du grec

nom commun au féminin singulier accusatif ; COD adjectif verbal au neutre singulier nominatif ; tour impersonnel nom commun au féminin singulier datif ; régime de la préposition in (au lieu d’un ablatif latin)

adjectif au neutre singulier accusatif ; épithète du pronom COD quid adjectif au neutre singulier nominatif ; attribut du sujet dans un tour impersonnel adjectif au masculin singulier accusatif ; attribut du COD citation en vers (deux vers)

Nature et fonction grammaticales du grec cité

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

Référence des lettres



Décembre 60 (Rome) Att., II, 3, 4

Décembre 60 (Rome) Att., II, 3, 3

Décembre 60 (Rome) Att., II, 3, 3

Décembre 60 (Rome) Att., II, 3, 2

Décembre 60 (Rome) Att., II, 3, 2

Décembre 60 (Rome) Att., II, 3, 2

Décembre 60 (Rome) Att., II, 3, 2

Date et lieu de rédaction des lettres Euclide

Source philosophique probable

proposition indépendante au subjonctif présent, 3e pers. sing.

Nature et fonction grammaticales du grec cité

Démocrite, 68 A 1 DK ap. groupe prépositionnel (préposition-­ DL, IX, 44 nom) au génitif + nom commun au féminin pluriel accusatif ; COD εἴδωλα Démocrite et Épicure nom commun au neutre pluriel nominatif ; sujet d’un verbe au pluriel (selon la syntaxe latine) ἔκχυσις radiorum Académiciens nom commun au féminin singulier nominatif ; sujet Σωκρατικῶς εἰς ἑκάτερον Nouvelle Académie adverbe de manière portant sur un (Arcésilas ?) verbe de déclaration sous-entendu + groupe prépositionnel (préposition-nom) à l’accusatif τὴν ἀρέσκουσαν adjectif substantivé au féminin singulier accusatif ; COD Θεοφράστου Περὶ φιλοτιμίας Théophraste titre d’ouvrage (groupe préposi­ tionnel au génitif ) + nom propre de l’auteur au génitif

Mots et expressions en langue grecque : allusions / mentions / citations, titres et proverbes ἔστω ὄψις μὲν ἡ Α, τὸ δὲ ὁρώμενον ΒΓ, ἀκτῖνες δὲ δ κ.τ.λ. κατ’ εἰδώλων ἐμπτώσεις

Chapitre II.  Le grec et la philosophie :formes, fonctions, origines



20 avril 59 (Forum Appii) Vers le 23 avril 59 (Formies)

σοφιστεύειν καὶ Κικέρων ὁ φιλόσοφος τὸν πολιτικὸν Τίτον ἀσπάζεται repente ἀναφαίνεσθαι φιλοσοφῶμεν

Att., II, 9, 3

Att., II, 12, 4

Att., II, 10

Att., II, 13, 2

Att., II, 5, 3 κατὰ τὸ πρακτικόν

ἐπὶ σχολῆς

Att., II, 5, 2

Première moitié d’avril 59 (Antium) Première moitié d’avril 59 (Antium)

Att., II, 7, 4

φιλοσοφεῖν

Att., II, 5, 1

Première moitié d’avril 59 (Antium)

Première moitié d’avril 59 (Antium) 17 ou 18 avril 59 (Antium) 19 avril 59 (Les Trois Tavernes)

Mots et expressions en langue grecque : allusions / mentions / citations, titres et proverbes Πουλυδάμας μοι πρῶτος ἐλεγχείην ἀναθήσει

Référence des lettres

Date et lieu de rédaction des lettres

Nature et fonction grammaticales du grec cité

proposition indépendante : groupe nominal sujet + groupe nominal COD + verbe Platon, Banquet, 213 c : verbe à l’infinitif présent ; inclus ἐξαίφνης ἀναφαίνεσθαι dans une infinitive sujet [Platon], Lettre VI, 323 c-d verbe au subjonctif présent, 1e pers. du pluriel, dans une proposition indépendante

Plat., Euthphr., 6 c ; Théét., groupe prépositionnel (préposi172 d, 180 b ; Lois, IX, tion-nom) au génitif 858 b Aristotéliciens groupe prépositionnel (préposition-adj. substantivé) à l’accusatif verbe à l’infinitif présent ; COD

Hom., Il., XXII, 100 apud citation en vers (un vers) Ar., EE, III, 1, 1230 a 20 ; EN, III, 11, 1116 a 23 ; MM, I, 20, 8 verbe à l’infinitif présent ; COD

Source philosophique probable

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron



Entre le 2 et le 5 mai 59 (Formies) Entre le 2 et le 5 mai 59 (Formies) Juin ou début de juillet 59 (Rome) Milieu de juillet 59 (Rome)

εὐελπιστία ἀδιαφορία σκοπός Dignitatis ἅλις, tamquam δρυός

Att., II, 17, 2

Att., II, 17, 2

Att., II, 18, 1

Att., II, 19, 1

Att., II, 16, 4

Vers le 1er mai 59 (Formies) Entre le 2 et le 5 mai 59 (Formies) ὁμολογουμένως τυραννίδα συσκευάζεται

εἰ δὲ μή

Att., II, 16, 3

Vers le 1er mai 59 (Formies)

Att., II, 17, 1

τὸν πρακτικὸν βίον… τὸν θεωρητικόν

Att., II, 16, 2

Vers le 1er mai 59 (Formies)

Nature et fonction grammaticales du grec cité

verbe à l’indicatif imparfait, 3e pers. du singulier, dans une proposition indépendante Dicéarque / Théophraste groupe nominal (adjectif-nom) + adjectif au masculin singulier accusatif ; COD dialecticiens proposition subordonnée hypothétique tronquée Platon, Alc. I, 135 b : proposition indépendante : adverbe τυραννίδα… de manière portant sur le verbe + παρασκευάζεσθαι nom commun au féminin singulier accusatif (COD) + verbe à l’indicatif présent, 3e pers. du singulier Platon, Phédon, 63 c, 64 a ; nom commun au féminin singulier Alc. I, 103 b : εὔελπις nominatif ; sujet Stoïciens (SVF, I, 360 ; I, nom commun au féminin singulier 362 ; III, 26) nominatif ; sujet Platon (Lois, XII, 962 a-b) nom commun au masculin singulier et les Stoïciens nominatif ; sujet Théophraste et Dicéarque proverbe (ἅλις δρυός)

Mots et expressions en Source philosophique langue grecque : allusions / probable mentions / citations, titres et proverbes ἐσοφίζετο Platon, Gorgias, 497 a

Référence des lettres

Date et lieu de rédaction des lettres

Chapitre II.  Le grec et la philosophie :formes, fonctions, origines

ἐν αἰνιγμοῖς εὐκαίρως εὐκαιρότερον εἰλικρινὲς iudicium μήπω μέγ’ εἴπῃς πρὶν τελευτήσαντ’ ἴδῃς

ad Q.fr., II, 3, 6

Att., IV, 7, 1

ad Q.fr., II, 6, 1

Att., IV, 8, 1

12 et 15 février 56 (Rome) Entre le 11 et le 15 avril 56 (Arpinum) Peu après le 16 mai 56 (Rome) Juin 56 (Antium)

Att., II, 19, 5

Milieu de juillet 59 (Rome)

Att., II, 19, 5

ἀκκιζόμεθα

Att., II, 19, 1

Milieu de juillet 59 (Rome)

Milieu de juillet 59 (Rome)

nimium τῷ καλῷ προσπέπονθα

Att., II, 19, 1

Milieu de juillet 59 (Rome)

Nature et fonction grammaticales du grec cité

 Sophocle, Tyro, fgt 662 Radt, apud Platon, Sophiste, 238 a

Platon, Phédon, 66 a

Stoïciens (SVF, III, 524)

Stoïciens (SVF, III, 524)

adverbe de manière portant sur le verbe προῳκονομησάμην adjectif comparatif au neutre singulier nominatif ; attribut du sujet adjectif au neutre singulier nominatif ; attribut du sujet citation en vers (un vers)

verbe à l’indicatif présent, 1e pers. du singulier, dans une proposition indépendante Pl., Rép. ; Isocr., Él. Hél., adjectif substantivé au datif neutre 55 : προσπεπόνθαμεν singulier, CC de cause + verbe à l’indicatif parfait, 1e pers. du singulier Platon, Gorgias, 497 a : verbe à l’indicatif présent, 1e pers. du pluriel, dans une proposition indéἀκκίζῃ pendante interrogative [Platon], Lettre II, 312 d : groupe prépositionnel (préposiδι’ αἰνιγμῶν tion-nom) au datif

Mots et expressions en Source philosophique langue grecque : allusions / probable mentions / citations, titres et proverbes τυφλώττω Platon, République

Référence des lettres

Date et lieu de rédaction des lettres

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

 ἐμφιλοσοφῆσαι

Fin octobre 54 Att, IV, 18, 2 (Tusculum) Fin oct. ou début nov. ad Q.fr., III, 5, 7 54 (Tusculum)

maxime delphique à valeur de proverbe

Platon

ἐνθουσιασμός

24 octobre 54 (Rome) ad Q.fr., III, 4, 4

φιλαλήθως

ad Q.fr., II, 15, 5

Fin août 54 (Rome) θετικώτερον

συμπάθειαν

Att., IV, 15, 1

21 octobre 54 (Rome) ad Q.fr., III, 3, 4

συμπάθεια

Att., IV, 16, 6

Vers le 1er juillet 54 (Rome) 27 juillet 54 (Rome)

Illud γνῶθι σεαυτόν

in Πολιτείᾳ

Att., IV, 16, 3

Att., IV, 16, 2

Att., IV, 8a, 2

Milieu de novembre 56 (Tusculum (?)) Vers le 1er juillet 54 (Rome) Vers le 1er juillet 54 (Rome)

Nature et fonction grammaticales du grec cité

nom commun au féminin singulier nominatif ; sujet adjectif au masculin pluriel accusatif ; attribut du COD Platon, République titre d’ouvrage (nom commun au féminin singulier datif ; régime de la préposition in au lieu d’un ablatif latin) Stoïciens (SVF, II, 532 ; nom commun au féminin singulier II, 753 ; II, 1211) nominatif ; sujet Stoïciens (SVF, II, 532 ; nom commun au féminin singulier II, 753 ; II, 1211) nominatif ; sujet d’une infinitive Aristote, EN, IV, 13, 1127 adverbe de manière portant sur un b 3-5 : φιλαλήθης verbe de déclaration sous-entendu Aristote adjectif comparatif au neutre singulier nominatif ; attribut du sujet Démocrite et Platon ? nom commun au masculin singulier nominatif ; sujet verbe à l’infinitif aoriste ; COD

Mots et expressions en Source philosophique langue grecque : allusions / probable mentions / citations, titres et proverbes περίστασις Stoïciens (Épictète, Entr., III, 24, 87) ἐξωτερικούς Aristote

Référence des lettres

Date et lieu de rédaction des lettres

Chapitre II.  Le grec et la philosophie :formes, fonctions, origines

 τὸ νεμεσᾶν interest τοῦ φθονεῖν

Att., V, 19, 3

Μώμῳ (texte SB ; sans majuscule pour Budé) εὐγένεια

συμπάθειαν amoris tui

Att., V, 18, 3

20 septembre 51 (Camp de Cybistra) 21 septembre 51 (Camp de Cybistra)

19 décembre 51 Att., V, 20, 6 (Camp de Pindénissus) 11 février 50, ou peu Fam., III, 7, 5 : à après (Laodicée) Appius Pulcher

οἵαπερ ἡ δέσποινα συμπαθῶς

Att., V, 11, 5 Att., V, 11, 7

6 juillet 51 (Athènes) 6 juillet 51 (Athènes)

Mots et expressions en langue grecque : allusions / mentions / citations, titres et proverbes Fin novembre ou Att., IV, 19, 2 aequitatem animi mei et début déc. 54 (Rome) λύσιν (Shackleton Bailey : et ludum) Février 53 (Rome) Fam., VII, 12, 2 : si tu statueris πολιτεύεσθαι à Trebatius non oportere 15 mai 51 (Venouse) Att., V, 5, 2 διαλόγους

Référence des lettres

Date et lieu de rédaction des lettres

nom commun au féminin singulier accusatif ; COD verbe à l’infinitif présent ; COD nom commun au masculin pluriel accusatif ; COD proverbe tronqué adverbe de manière portant sur le verbe scripta est nom commun au féminin singulier accusatif ; COD verbe à l’infinitif présent au nominatif (infinitif substantivé) ; sujet + verbe à l’infinitif présent au génitif (infinitif substantivé) ; complément du verbe interest nom propre au masculin singulier datif ; datif d’intérêt nom commun au féminin singulier nominatif ; sujet

Platon, Phédon, 67 d : λύσις (…) ψυχῆς Épicure Platon

Le Stoïcien Athénodore, fils de Sandon

Platon, Rép., VI, 487 a

Platon, Rép., VIII, 563 c Stoïciens (SVF, II, 532 ; II, 753 ; II, 1211) Stoïciens (SVF, II, 532 ; II, 753 ; II, 1211) Aristote, Rhétorique, II, 9 et 10

Nature et fonction grammaticales du grec cité

Source philosophique probable

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

et tu belle ἠπόρησας ἐπικούρειον ἄλλο πρόβλημα ἐν αἰνιγμοῖς ἐπέχειν ἐποχῆς causae παλιγγενεσίαν

Att., VI, 1, 18

Fam., III, 9, 2 : à Appius Pulcher Att., VI, 5, 3

Att., VI, 7, 1

Att., VI, 6, 3

Att., VI, 6, 3

Att., VI, 6, 4

20 ou 21 février 50 (Laodicée)

Peu après le 20 février 50 (Laodicée) 26 juin 50 (Camp du Pyrame) Deuxième moitié de juillet 50 (Tarse) Vers le 10 août 50 (Rhodes) Vers le 10 août 50 (Rhodes) Vers le 10 août 50 (Rhodes)

citation en vers (un vers)

Nature et fonction grammaticales du grec cité

verbe au participe présent, au nominatif singulier accusatif ; attribut du COD Platon verbe à l’indicatif aoriste à la 2e pers. du singulier, dans une proposition indépendante Épicuriens adjectif au neutre singulier nominatif ; attribut du sujet Aristote, Pol., II, 8, 1268 b groupe nominal (adjectif-nom) au 26 neutre singulier nominatif ; sujet [Platon], Lettre II, 312 d : groupe prépositionnel (préposiδι’ αἰνιγμῶν tion-nom) au datif Nouvelle Académie verbe à l’infinitif présent dans une infinitive Nouvelle Académie nom commun au féminin singulier génitif ; complément du nom Stoïciens (SVF, II, 613 ; nom commun au féminin singulier II, 619 ; II, 620 ; II 627) accusatif ; régime de la préposition propter

Att., VI, 1, 8

20 ou 21 février 50 (Laodicée) 20 ou 21 février 50 (Laodicée)

Att., VI, 1, 11

Mots et expressions en Source philosophique langue grecque : allusions / probable mentions / citations, titres et proverbes Τὸ γὰρ εὖ μετ’ ἐμοῦ Eur., F 918 Kannicht ; Aristoph., Acharn., 661 σχεδιάζοντα [Platon], Sisyphe, 387 e

Référence des lettres

Date et lieu de rédaction des lettres

Chapitre II.  Le grec et la philosophie :formes, fonctions, origines





ἐπιχρονία ἐποχὴ πρόβλημα Πουλυδάμας μοι πρῶτος ἐλεγχείην ἀναθήσει

Att., VI, 9, 3

Att., VI, 9, 3

Att., VI, 9, 3

Att., VII, 1, 2 

Att., VII, 1, 4

15 octobre 50 (Athènes) 15 octobre 50 (Athènes) 15 octobre 50 (Athènes)

16 octobre 50 Att., VII, 1, 7 (Athènes) 25 ou 26 novembre 50 Att., VII, 2, 4 (Brindes) φυσικὴν esse τὴν πρὸς τὰ τέκνα

εὐπόριστον

ἐποχή

Att., VI, 9, 2

15 octobre 50 (Athènes)

16 octobre 50 (Athènes) 16 octobre 50 (Athènes)

Mots et expressions en langue grecque : allusions / mentions / citations, titres et proverbes nec me κενὸν in expetendo cognosces nec ἄτυφον in abiciendo ἐπειν

Référence des lettres

Date et lieu de rédaction des lettres

adjectifs au masculin singulier accusatif ; attributs du COD

Nature et fonction grammaticales du grec cité

verbe à l’infinitif présent dans une infinitive Nouvelle Académie nom commun au féminin singulier nominatif ; attribut du sujet Nouvelle Académie groupe nominal : nom commun au féminin singulier nominatif + adjectif épithète ; sujet Aristote nom commun au neutre singulier nominatif ; attribut du sujet Hom., Il., XXII, 100 apud citation en vers (un vers) Ar., EE, III, 1, 1230 a 20 ; EN, III, 11, 1116 a 23 ; MM, I, 20, 8 Épicure, Mén., 130 et adjectif au masculin singulier accu133 ; MC, XV et XXI satif ; attribut du COD Stoïciens proposition infinitive de forme mixte (insertion de l’infinitif latin esse) ; sujet de l’infinitif probari

Épic., Mén., 127 : κεναὶ ἐπιθυμίαι ; Stoïciens, ap. DL, VII, 117 : ἄτυφον Nouvelle Académie

Source philosophique probable

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

Référence des lettres

φιλοσοφώτερον διευκρινήσομεν διευκρινήσεις πρόβλημα sane πολιτικόν qui ne umbram quidem τοῦ καλοῦ uiderit ! ego enim ἀπορῶ

27 décembre 50 Att., VII, 9, 2 (domaine de Formies)

19 ou 20 janvier 49 Att., VII, 11, 1 (Antium ou Terracine) 19 ou 20 janvier 49 Att., VII, 11, 3 (Antium ou Terracine)

 Platon

Platon, République

Aristote

Mots et expressions en Source philosophique langue grecque : allusions / probable mentions / citations, titres et proverbes τεκμηριῶδες Ar., Rhét., II, 25, 1403 a 11 : τεκμηριώδη ἐνθυμήματα δύσχρηστα Stoïciens (SVF, II, 1176 ; III, 86 ; III, 93) Est πολιτικὸν σκέμμα Platon, Prot., 351 e ; Rép., IV, 435 c ; IV, 445 a

26 décembre 50 Att., VII, 8, 3 (domaine de Formies)

10 ou 11 décembre 50 Att., VII, 4, 2 (domaine de Pompéi) Vers le 15 décembre 50 Att., VII, 5, 3 (domaine de Formies) 26 décembre 50 Att., VII, 8, 3 (domaine de Formies)

Date et lieu de rédaction des lettres

adjectif au neutre singulier nominatif ; attribut du sujet adjectif substantivé au neutre pluriel accusatif ; COD groupe nominal (adjectif-nom) au neutre singulier nominatif ; attribut du sujet adverbe de manière au comparatif portant sur le verbe + verbe à l’indicatif futur, 1e pers. du pluriel, dans une principale verbe à l’indicatif futur, 2e pers. du singulier, dans une indépendante + groupe nominal (nom-adjectif ) au neutre singulier accusatif ; COD adjectif substantivé au neutre singulier génitif ; complément du nom verbe à l’indicatif présent, 1e pers. du singulier, dans une indépendante

Nature et fonction grammaticales du grec cité

Chapitre II.  Le grec et la philosophie :formes, fonctions, origines

Référence des lettres



Att., VII, 21, 3

8 février 49 (Calès)

23 ou 24 février 49 Att., VIII, 8, 2 (domaine de Formies)

23 ou 24 février 49 Att., VIII, 8, 2 (domaine de Formies) 23 ou 24 février 49 Att., VIII, 8, 2 (domaine de Formies)

Att., VII, 21, 3

8 février 49 (Calès)

22 janvier 49 (doAtt., VII, 12, 4  maine de Formies) 23 janvier 49 (MinAtt., VII, 13a, 1 turnes) 4 février 49 (Capoue) Att., VII, 20, 2

Date et lieu de rédaction des lettres

Πρὸς ταῦθ’ ὅ τι χρὴ καὶ παλαμάσθων / καὶ πάντ’ ἐπ’ ἐμοὶ τεκταινέσθων· / τὸ γὰρ εὖ μετ’ ἐμοῦ. πολλὰ χαίρειν τῷ καλῷ

τὸ καλὸν

Ego quid agam σκέμμα magnum Mira me ἀπορία torquet

καὶ συναποθανεῖν

ἀστρατήγητος

Nature et fonction grammaticales du grec cité

Platon et les Stoïciens

verbe à l’infinitif présent (COD) + adjectif au neutre pluriel (accusatif adverbial) + adjectif substantivé au datif neutre singulier (COI)

nom commun au féminin singulier accusatif ; COD [Platon], Alc. II, 142 a adjectif au masculin singulier nominatif ; attribut du sujet Platon, Phédon, 88 d : conjonction de coordination à valeur συναποθνῄσκει adverbiale (« même ») + verbe à l’infinitif aoriste ; infinitif jussif Platon, Prot., 351 e ; Rép., nom commun au neutre singulier IV, 435 c ; IV, 445 a nominatif ; attribut du sujet Platon nom commun au féminin singulier nominatif ; sujet Platon et les Stoïciens adjectif substantivé au neutre singulier nominatif ; sujet Euripide, F 918 Kannicht citation en vers (3 vers)

Mots et expressions en Source philosophique langue grecque : allusions / probable mentions / citations, titres et proverbes ipsam ἀπορίαν tuam Platon

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

Att., VIII, 9b, 1

25 février 49 (domaine de Formies) 25 février 49 (domaine de Formies)



11 mars 49 (domaine de Formies)

Att., IX, 5, 3

10 ou 11 mars 49 Att., IX, 4, 2 (domaine de Formies)

27 février 49 (doAtt., VIII, 11, 2 maine de Formies) 4 mars 49 (domaine Att., VIII, 16, 1 de Formies) 10 ou 11 mars 49 Att., IX, 4, 1 (domaine de Formies)

Att., VIII, 9b, 1

Référence des lettres

Date et lieu de rédaction des lettres

Αὐτίκα γάρ τοι ἔπειτα μεθ’ Ἕκτορα πότμος ἕτοιμος

sumpsi mihi quasdam tamquam θέσεις quae et πολιτικαὶ sunt et temporum horum τυραννίδος κατάλυσιν

nom commun au masculin singulier nominatif ; attribut du sujet adjectif superlatif au masculin singulier accusatif ; attribut du COD nom commun au féminin pluriel accusatif ; COD + adjectif au féminin pluriel nominatif ; attribut du sujet

adjectif neutre pluriel nominatif ; épithète du sujet consilia verbe à l’indicatif présent, 1e pers. du pluriel, dans une principale

Nature et fonction grammaticales du grec cité

groupe nominal : nom au génitif féminin singulier (complément du nom) + nom au féminin singulier accusatif (COD) Hom., Il., XVIII, 96, apud citation en vers (un vers) Platon, Apol., 28 d

Platon, Lettre VII, 327 a

Aristote

Mots et expressions en Source philosophique langue grecque : allusions / probable mentions / citations, titres et proverbes εὐγενῆ Le Stoïcien Athénodore, fils de Sandon ? nam fere συνδιημερεύομεν Xén., Banquet, IV, 44 (= Antisthène, fgt 117 Decleva Caizzi) : συνδιημερεύειν σκοπός Platon (Lois, XII, 962 a-b) et les Stoïciens ἀστρατηγητότατον [Platon], Alc. II, 142 a

Chapitre II.  Le grec et la philosophie :formes, fonctions, origines

 μή μοι γοργείην κεφαλὴν δεινοῖο πελώρου Εἰδώς σοι λέγω

σοφιστεύω θέσεις meas commentari

Att., IX, 6, 5

Att., IX, 6, 6

Att., IX, 7, 3

Att., IX, 9, 1

Att., IX, 9, 1

12 mars 49 (domaine de Formies)

12 mars 49 (domaine de Formies)

13 mars 49 (domaine de Formies) 13 mars 49 (domaine de Formies)

17 mars 49 (domaine de Formies) 17 mars 49 (domaine de Formies)

σύν τε δύ’ ἐρχομένω

Att., IX, 5, 3

11 mars 49 (domaine de Formies)

Att., IX, 7, 3

Mots et expressions en langue grecque : allusions / mentions / citations, titres et proverbes Αὐτίκα τεθναίην, ἐπεὶ οὐκ ἄρ’ ἔμελλον ἑταίρῳ/ κτεινομένῳ ἐπαμῦναι αἰσχροῦ φαντασία

Référence des lettres

Date et lieu de rédaction des lettres

groupe nominal : adjectif substantivé au génitif neutre singulier (complément du nom) + nom au féminin singulier nominatif (sujet) citation en vers (un vers)

citation en vers (deux vers)

Nature et fonction grammaticales du grec cité

Hom., Il., X, 224, ap. Pl., Prot., 348 d ; Banquet, 174 d ; [Alc. II], 140 a ; Ar., EN, VIII, 1, 1155 a 15 ; Pol., III, 16, 1287 b 14 Hom., Od., XI, 633, apud citation en vers (un vers) Platon, Banquet, 198 c Platon, Gorgias, 506 a ; proposition indépendante  : partiMénon, 98 b cipe parfait apposé au sujet + pronom personnel à la 2e pers. du singulier (COI) + verbe à l’indicatif présent à la 1e pers. du singulier verbe à l’indicatif présent, 1e pers. du singulier ; proposition indépendante Aristote nom commun au féminin pluriel accusatif ; COD

Stoïciens ?

Hom., Il., XVIII, 98-99, apud Platon, Apol., 28 d

Source philosophique probable

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

Référence des lettres



Att., IX, 15, 3

25 mars 49 (domaine Att., IX, 15, 4 de Formies) 3 avril 49 (domaine du Att., X, 1, 3 Latérium)

25 mars 49 (domaine de Formies)

22 ou 23 mars 49 Att., IX, 13a, 4 (domaine de Formies) 22 ou 23 mars 49 Att., IX, 13a, 4 (domaine de Formies) 22 ou 23 mars 49 Att., IX, 13a, 4 (domaine de Formies)

18 mars 49 (domaine Att., IX, 10, 7 de Formies) 22 ou 23 mars 49 Att., IX, 13a, 1 (domaine de Formies)

Date et lieu de rédaction des lettres

Stésichore, fgt 15 Page apud [Pl.], Lettre, III, 319 e ; Pl., Phdr., 243 a, 244 a ; Rép., IX, 586 c γοητείαν Gorgias, Éloge d’Hélène, 10, 62 πειθανάγκην Gorgias, Éloge d’Hélène, 12, 75-79 Pl., Lettre VII, 329 d-e : Αἱ γὰρ τῶν τυράννων τὰς δὲ τῶν τυράννων δεήσεις, inquit Πλάτων, οἶσθ’ ὅτι μεμιγμέναι ἀνάγκαις δεήσεις ἴσμεν ὅτι μεμειγμέναι ἀνάγκαις εἰσίν Τέτλα (…) κύντερον Hom., Od., XX, 18, apud Pl., Phd., 94 d-e ; Rép., III, 390 d ἄλλα μὲν αὐτός (…), ἄλλα δὲ Hom., Od., III, 26-27, apud καὶ δαίμων ὑποθήσεται Platon, Lois, VII, 804 a τῶν πολιτικωτάτων Platon, Prot., 351 e ; Rép., σκεμμάτων IV, 435 c ; IV, 445 a

Οὐκ ἔστ’ ἔτυμος λόγος

Mots et expressions en Source philosophique langue grecque : allusions / probable mentions / citations, titres et proverbes Plane ἀπορῶ Platon

groupe nominal (adjectif au superlatif-nom) au neutre pluriel génitif ; génitif partitif

citation en vers (deux vers)

nom commun au féminin singulier accusatif ; COD nom commun au féminin singulier accusatif ; COD citation en prose de Platon avec transposition du verbe de la 1e pers. du pluriel (ἴσμεν) à la 2e pers. du singulier (οἶσθ) citation en vers (un vers)

verbe à l’indicatif présent, 1e pers. du singulier ; proposition indépendante citation en vers (un vers)

Nature et fonction grammaticales du grec cité

Chapitre II.  Le grec et la philosophie :formes, fonctions, origines

Référence des lettres



2 mai 49 (domaine de Att., X, 8, 9 Cumes) 3 mai 49 (domaine de Att., X, 10, 1 Cumes) 3 mai 49 (domaine de Att., X, 10, 3 Cumes)

2 mai 49 (domaine de Att., X, 8, 9 Cumes)

2 mai 49 (domaine de Att., X, 8, 7 Cumes)

2 mai 49 (domaine de Att., X, 8, 7 Cumes)

Date et lieu de rédaction des lettres

Source philosophique probable

Σύνες ὅ τοι λέγω

Pindare, fgt 105 a Maehler ; Pl., Ménon, 76 d ; Phdr., 236 d

Thcd, I, 138, 3 : τῶν τε παραχρῆμα δι’ ἐλαχίστης βουλῆς κράτιστος γνώμων καὶ τῶν μελλόντων ἐπὶ πλεῖστον τοῦ γενησομένου ἄριστος εἰκαστής τὸ ἄμεινον καὶ τὸ χεῖρον ἐν τῷ Thcd, I, 138, 3 : τό τε ἀφανεῖ ἔτι ἑώρα μάλιστα ἄμεινον ἢ χεῖρον ἐν τῷ ἀφανεῖ ἔτι προεώρα μάλιστα Est στοργή, est summa Stoïciens et Épicuriens σύντηξις (στοργή) ; Pl., Banquet, 192 d (συντῆξαι) συμπάθειαν Stoïciens (SVF, II, 532 ; II, 753 ; II, 1211) παραινικῶς Philon de Larissa ?

Mots et expressions en langue grecque : allusions / mentions / citations, titres et proverbes τῶν μὲν παρόντων δι’ ἐλαχίστης βουλῆς κράτιστος γνώμων, τῶν δὲ μελλόντων ἐς πλεῖστον τοῦ γενησομένου ἄριστος εἰκαστής

nom commun au féminin singulier accusatif ; COD adverbe de manière portant sur un verbe de déclaration sous-entendu citation en vers (un vers)

noms communs au féminin singulier nominatif ; sujets

citation en prose de Thucydide

citation en prose de Thucydide

Nature et fonction grammaticales du grec cité

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

ἐκτένειαν πρόβλημα

Att., X, 17, 1

Att., XII, 2, 2

Fam., IX, 7, 1 : à σύν τε δύ’ ἐρχομένω Varron

Fam., IX, 7, 2 : à ἀποπροηγμένον Varron

16 mai 49 (domaine de Cumes) Entre le 3 et le 10 avril 46 (Rome) Deuxième quinzaine de mai 46 (Rome)



Deuxième quinzaine de mai 46 (Rome)

proposition indépendante de forme mixte (insertion de la négation non et du verbe latin est) : nom commun au féminin singulier nominatif (sujet) + adjectif verbal au neutre singulier nominatif (attribut du sujet) nom commun au féminin singulier ; accusatif exclamatif (syntaxe latine) nom commun au neutre singulier nominatif ; sujet citation en vers (un vers)

Nature et fonction grammaticales du grec cité

Hom., Il., X, 224, ap. Pl., Prot., 348 d ; Banquet, 174 d ; [Alc. II], 140 a ; Ar., EN, VIII, 1, 1155 a 15 ; Pol., III, 16, 1287 b 14 Stoïciens adjectif substantivé au neutre singulier nominatif ; sujet

Aristote

Stoïciens (SVF, III, 292)

Mots et expressions en Source philosophique langue grecque : allusions / probable mentions / citations, titres et proverbes ἀρετὴ non est διδακτόν Platon, Ménon ; Protagoras ; [Platon], Sur la vertu, passim

Référence des lettres

6 mai 49 (domaine de Att., X, 12a, 4 Cumes)

Date et lieu de rédaction des lettres

Chapitre II.  Le grec et la philosophie :formes, fonctions, origines



13 ou 14 juin 46 (domaine de Tusculum) 13 ou 14 juin 46 (domaine de Tusculum)

nunc uide utra te κρίσις magis delectet Hoc etiam κατὰ Χρύσιππον δυνατὸν est. πρόβλημα Ἀρχιμήδειον ἄκουσμα

Fam., IX, 4 : à Varron

Fam., IX, 4 : à Varron

Att., XII, 4, 2

Att., XII, 4, 2

τ ἀδυνάτων est te uenire Diodore Cronos et Chrysippe (SVF, II, 284)

Fam., IX, 4 : à Varron

Vers le 1 juin 46 (domaine de Tusculum) Vers le 1 juin 46 (domaine de Tusculum) Vers le 1 juin 46 (domaine de Tusculum)

groupe prépositionnel (préposition-­ nom) à l’accusatif + adjectif substantivé au neutre singulier nominatif ; attribut du sujet groupe nominal (nom-adjectif ) au neutre singulier nominatif ; sujet

nom commun au féminin singulier nominatif ; sujet

groupe prépositionnel (préposition-­ nom) au génitif + groupe prépositionnel (préposition-nom) à l’accusatif + verbe à l’infinitif présent dans une infinitive adjectif substantivé au neutre pluriel ; génitif partitif

Nature et fonction grammaticales du grec cité

Xénophon, Mém., II, 1, 31 nom commun au neutre singulier nominatif ; attribut du sujet

Aristote

Chrysippe (SVF, II, 284)

Chrysippe (SVF, II, 284)

Diodore Cronos et Chrysippe (SVF, II, 284)

Fam., IX, 4 : à Varron

Vers le 1 juin 46 (domaine de Tusculum)

Source philosophique probable

Mots et expressions en langue grecque : allusions / mentions / citations, titres et proverbes Περὶ δυνατῶν me scito κατὰ Διόδωρον κρίνειν

Référence des lettres

Date et lieu de rédaction des lettres

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

 Antipater (SVF, III Antip. 62)

Fam., XV, 17, 4 : ἀκενόσπουδος à Cassius

Vers le 1 janvier 45 (Rome)

Stoïciens (SVF, II, 532 ; II, 753 ; II, 1211)

Fam., XV, 17, 3 : τὸ καλὸν δι’ αὑτὸ αἱρετὸν esse Stoïciens à Cassius

συμπάσχω

6e jour avant les calendes de déc. 46 (dom. de Tusculum) Vers le 1 janvier 45 (Rome)

Att., XII, 11

ζήτημα

Épicure, Idom., 22 

εἰρωνεύεσθαι ; εἰρωνευόμενος Platon ?

Mots et expressions en Source philosophique langue grecque : allusions / probable mentions / citations, titres et proverbes hypodidascalo Platon, Ion, 536 a : ὑποδιδασκάλων

Fam., VII, 26, 1 : στραγγουρικὰ καὶ à Gallus δυσεντερικὰ πάθη

Fin du 1er mois interc. Fam., IX, 26, 1 : 46 ou début 2e (Rome) à Paetus

Vers le 20 du 1er mois intercalaire 46 (?) (dom. de Tusculum)

Fam., IX, 18, 5 : à Paetus

Peu avant le 25 juillet 46 (dom. de Tusculum) Vers le milieu d’octobre 46 (?) (Rome)

Fam., IV, 4, 1 : à Sulpicius Rufus

Référence des lettres

Date et lieu de rédaction des lettres

verbe à l’infinitif présent ; sujet + verbe au participe présent, apposé au sujet groupe nominal : adjectifs au neutre pluriel accusatif, épithètes du nom πάθη + nom commun au neutre pluriel accusatif, sujet dans une infinitive nom commun au neutre singulier accusatif ; antécédent du relatif quod attiré dans la relative verbe à l’indicatif présent, 1e pers. du singulier, dans une proposition indépendante proposition infinitive de forme mixte (insertion de l’infinitif latin esse) ; COD de l’infinitif intellegere adjectif au masculin singulier nominatif ; attribut du sujet

nom commun au masculin singulier ; datif d’intérêt

Nature et fonction grammaticales du grec cité

Chapitre II.  Le grec et la philosophie :formes, fonctions, origines

 Épicure Démocrite et Épicure Démocrite et Épicure

Ἐπικούρειος εἴδωλα εἴδωλον

Fam., XV, 16, 1 : à Cassius Fam., XV, 16, 1 : à Cassius Fam., XV, 16, 2 : à Cassius Fam., XV, 16, 3 : à Cassius

Fam., XV, 19, 2 : τὸ καλὸν δι’ αὑτὸ αἱρετὸν esse Stoïciens de Cassius

Vers le 10 janvier 45 (Rome) Vers le 10 janvier 45 (Rome) Vers le 10 janvier 45 (Rome) Vers le 10 janvier 45 (Rome)

Vers le 15 janvier 45 (Brindes)

αἱρέσει ; in ista ipsa αἱρέσει

Épicure ?

Fam., XV, 16, 1 : διανοητικὰς φαντασίας à Cassius

Vers le 10 janvier 45 (Rome)

Vers le 10 janvier 45 (Rome)

Mots et expressions en Source philosophique langue grecque : allusions / probable mentions / citations, titres et proverbes Fam., XV, 16, 1 : κατ’ εἰδων Épicure ? à Cassius φαντασίας

Référence des lettres

Date et lieu de rédaction des lettres

groupe prépositionnel à l’accusatif (préposition-nom au féminin pluriel) + nom commun au génitif neutre pluriel (complément du nom) groupe nominal (adjectif-nom) à l’accusatif féminin pluriel  ; sujet d’une infinitive adjectif au masculin singulier nominatif, apposé au sujet nom commun au neutre pluriel accusatif ; attribut du COD nom commun au neutre singulier nominatif ; sujet nom commun au féminin singulier datif ; régime de la préposition ex (au lieu d’un ablatif en latin) + nom commun au féminin singulier datif ; CC de lieu (au lieu d’un ablatif en latin) proposition infinitive de forme mixte (insertion de l’infinitif latin esse) ; COD de l’infinitif persuadere

Nature et fonction grammaticales du grec cité

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

ἀλόγως Συμβουλευτικὸν

Att., XII, 12, 2

Att., XII, 35

Att., XII, 40, 2

16 mars 45 (Astura)



2 mai 45 (entre Ficuléa et Astura (?)) 9 mai 45 (Astura)

Aristote

Platon, Cratyle, 401 a

Épicure, Mén., 132 ; MC, V Épicure ; Aristippe, ap. DL, II, 75 ; Aristote, EN, I, 1099 a 10-13

οὐκ ἔστιν ἡδέως ἄνευ τοῦ καλῶς καὶ δικαίως ζῆν Itaque et Pansa, qui ἡδονὴν sequitur, uirtutem retinet, et ii, qui a uobis φιλήδονοι uocantur, sunt φιλόκαλοι et φιλοδίκαιοι omnesque uirtutes et colunt et retinent. ἀνεμέσητον γάρ

Fam., XV, 19, 2 : de Cassius Fam., XV, 19, 3 : de Cassius

Vers le 15 janvier 45 (Brindes) Vers le 15 janvier 45 (Brindes)

Vers le 15 janvier 45 (Brindes)

Mots et expressions en Source philosophique langue grecque : allusions / probable mentions / citations, titres et proverbes Fam., XV, 19, 2 : ἡδονὴν uero et ἀταραξίαν Épicure de Cassius uirtute, iustitia, τῷ καλῷ parari et uerum et probabile est

Référence des lettres

Date et lieu de rédaction des lettres

adjectif au neutre singulier nominatif ; tour impersonnel adverbe de manière portant sur le verbe nollem adjectif substantivé au neutre singulier accusatif ; COD

noms communs au féminin singulier accusatif ; sujets d’une infinitive + adjectif substantivé au neutre singulier ; complément d’agent au datif (au lieu de l’ablatif sans préposition en latin : cf. uirtute et iustitia) citation en prose (légèrement inexacte) d’Épicure nom commun au féminin singulier accusatif (COD) + trois adjectifs au masculin pluriel nominatif (attributs du sujet)

Nature et fonction grammaticales du grec cité

Chapitre II.  Le grec et la philosophie :formes, fonctions, origines

σύλλογον Σκέψαι igitur Sed μελήσει τέλος

Att., XIII, 32, 3

Att., XII, 3, 2

Att., XII, 3, 2

Att., XII, 6, 2

30 mai 45 (domaine de Tusculum)

30 mai 45 (domaine de Tusculum)

31 mai 45 (domaine de Tusculum)

Att., XIII, 28, 3

26 mai 45 (domaine de Tusculum) 28 mai 45 (domaine de Tusculum) 29 mai 45 (domaine de Tusculum) πολιτικὸν σύλλογον

πρόβλημα Ἀρχιμήδειον

Att., XII, 44, 1

13 mai 45 (Astura)

Att., XIII, 30, 3

συμπαθῶς

Att., XII, 40, 2

9 mai 45 (Astura)

 Platon, Phédon, 96 d ; Philèbe, 24 a ; Théétète, 147 a : Σκέψαι δὴ Platon, Phédon, 95 b

Dicéarque

Dicéarque

Aristote

Stoïciens (SVF, II, 532 ; II, 753 ; II, 1211)

Mots et expressions en Source philosophique langue grecque : allusions / probable mentions / citations, titres et proverbes Ἀριστοτέλους Aristote

Référence des lettres

Date et lieu de rédaction des lettres

groupe nominal (nom-adjectif ) au neutre singulier accusatif ; COD titre d’ouvrage (groupe nominal à l’accusatif ) ; COD nom commun au masc. singulier accusatif (cf.  le titre précédent) ; régime de la préposition ad verbe à l’impératif moyen aoriste, 2e pers. du singulier, dans une proposition indépendante verbe à l’indicatif futur, 3e pers. du singulier, dans un tour impersonnel ; proposition indépendante nom commun au neutre singulier accusatif ; régime de la préposition ad

nom propre au masculin singulier génitif ; complément du nom désignant l’auteur d’un ouvrage adverbe de manière portant sur le verbe scripsisse

Nature et fonction grammaticales du grec cité

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron



10 juin 45 (domaine de Tusculum) Vers le 15 juin 45 (domaine de Tusculum) Vers le 15 juin 45 (domaine de Tusculum)

Att., XIII, 33, 3

2 juin 45 (domaine de Tusculum) 3 juin 45 (domaine de Tusculum) 5 juin 45 (domaine de Tusculum) Mai-juin 45 (?) (domaine de Tusculum (?)) 9 juin 45 (domaine de Tusculum) εὔλογον nihil possum dicere ἐκτενέστερον, nihil φιλοστοργότερον εὐκαίρως

Att., XIII, 7

Att., XIII, 9, 1

Att., XIII, 9, 1

Παναιτίου Περὶ προνοίας

Stoïciens (SVF, III, 524)

Nouvelle Académie et Portique ? Stoïciens (SVF, III, 292 ; III, 340 ; III, 731)

Panétius

Mots et expressions en Source philosophique langue grecque : allusions / probable mentions / citations, titres et proverbes εὔλογον Nouvelle Académie et Portique ? εὐλογώτατον Nouvelle Académie et Portique ? εὔλογον Nouvelle Académie et Portique ? Μισῶ σοφιστήν, ὅστις οὐχ Euripide, F 905 Kannicht αὑτῷ σοφός

Att., XIII, 8

Fam., XIII, 15, 2 : à César

Att., XIII, 5, 1

Att., XIII, 6, 4

Référence des lettres

Date et lieu de rédaction des lettres

adverbe de manière portant sur le verbe uenit

titre d’ouvrage (groupe prépositionnel au génitif ) + nom propre de l’auteur au génitif adjectif au neutre singulier nominatif ; tour impersonnel adjectifs comparatifs au neutre singulier accusatif ; attributs du COD

adjectif au neutre singulier nominatif ; attribut du sujet adjectif superlatif au neutre singulier nominatif ; attribut du sujet adjectif au neutre singulier nominatif ; tour impersonnel citation en vers (un vers)

Nature et fonction grammaticales du grec cité

Chapitre II.  Le grec et la philosophie :formes, fonctions, origines

Att., XIII, 12, 3

23 juin 45 (domaine d’Arpinum)



28 juin 45 (domaine d’Arpinum) 29 juin 45 (domaine d’Arpinum)

27 juin 45 (domaine d’Arpinum) 28 juin 45 (domaine d’Arpinum)

25 juin 45 (domaine d’Arpinum) 25 juin 45 (domaine d’Arpinum) ἀπορῶ Ἀκαδημικὴν σύνταξιν πολυγραφώτατος ζηλοτυπεῖν ἀκαταληψίαν

Att., XIII, 16, 1

Att., XIII, 18

Att., XIII, 18

Att., XIII, 19, 3

ζηλοτυπεῖσθαι

Ἀκαδημικήν (s.e. σύνταξιν)

Stoïciens (SVF, III, 394, 412, 413, 414, 415) Stoïciens (SVF, I, 57)

Philodème

Académiciens

Stoïciens (SVF, III, 394, 412, 413, 414, 415) Platon

Académiciens

Mots et expressions en Source philosophique langue grecque : allusions / probable mentions / citations, titres et proverbes Περὶ τελῶν σύνταξιν

Att., XIII, 13, 2

Att., XIII, 13, 1

23 juin 45 Att., XIII, 12, 3 (domaine d’Arpinum)

Référence des lettres

Date et lieu de rédaction des lettres

titre d’ouvrage (groupe prépositionnel au génitif ) + nom commun au féminin singulier accusatif (COD) adjectif au féminin singulier accusatif  ; épithète du nom σύνταξιν sous-entendu verbe à l’infinitif présent passif dans une proposition infinitive verbe à l’indicatif présent, 1e pers. du singulier, dans une proposition principale titre d’ouvrage (groupe nominal au féminin singulier accusatif ) ; COD adjectif superlatif au masculin singulier nominatif ; épithète du nom homo verbe à l’infinitif présent dans une proposition infinitive nom commun au féminin singulier accusatif ; régime de la préposition contra

Nature et fonction grammaticales du grec cité

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron



29 juin 45 (domaine d’Arpinum) 30 juin ou 1 juillet 45 (dom. d’Arpinum) 30 juin ou 1 juillet 45 (dom. d’Arpinum) Vers le 2 juillet 45 (domaine d’Arpinum)

πιθανὰ Antiochia

Att., XIII, 19, 5

Att., XIII, 20, 4 φιλοσόφως

Att., XIII, 21a, 4 εὐγενέστερος

Att., XIII, 21a, 1 λόγοισιν Ἑρμόδωρος

ἕρμαιον

Att., XIII, 19, 4

Att., XIII, 19, 5

ἀζηλοτύπητον

Att., XIII, 19, 4

λογικώτερα

περιπατητικὰ

Att., XIII, 19, 4

Att., XIII, 19, 5

Περὶ τελῶν

Att., XIII, 19, 4

29 juin 45 (domaine d’Arpinum) 29 juin 45 (domaine d’Arpinum) 29 juin 45 (domaine d’Arpinum) 29 juin 45 (domaine d’Arpinum) 29 juin 45 (domaine d’Arpinum) 29 juin 45 (domaine d’Arpinum)

adjectif au masculin singulier accusatif ; épithète du nom morem titre d’ouvrage (groupe prépositionnel au génitif ) adjectif substantivé au neutre pluriel accusatif ; COD adjectif au neutre singulier accusatif ; attribut du sujet adjectif au neutre pluriel nominatif ; attribut du sujet nom commun au neutre singulier accusatif ; attribut du COD

Nature et fonction grammaticales du grec cité

Le Stoïcien Athénodore, fils de Sandon ?

adjectif comparatif au masculin singulier nominatif ; attribut du sujet adverbe de manière portant sur un verbe de déclaration sous-entendu

adjectif au neutre pluriel nominatif ; attribut du sujet Hermodore, fgt 2 Parente proverbe

Stoïciens (SVF, III, 412, 413, 414, 415) Nouvelle Académie et Portique ? Platon ? (Banquet, 217 a ; Euthd., 273 e ; 295 a ; Gorgias, 486 e) Stoïciens ?

Aristote

Mots et expressions en Source philosophique langue grecque : allusions / probable mentions / citations, titres et proverbes Ἀριστοτέλειον morem Aristote

Référence des lettres

Date et lieu de rédaction des lettres

Chapitre II.  Le grec et la philosophie :formes, fonctions, origines

Référence des lettres



27 ou 28 août 45 (Astura)

Att., XIII, 41, 1

18 août 45 (domaine de Tusculum) 21 août 45 (domaine de Tusculum) 24 août 45 (domaine de Tusculum)

Att., XIII, 21, 3

Att., XIII, 51, 1

Att., XIII, 48, 1

Att., XIII, 39, 2

Att., XIII, 38, 2

16 août 45 (domaine de Tusculum)

15 août 45 (domaine de Tusculum)

4 (?) juillet 45 Att., XIII, 22, 4 (domaine d’Arpinum) 10 juillet 45 (domaine Att., XIII, 23, 1 de Tusculum)

Date et lieu de rédaction des lettres

Mots et expressions en Source philosophique langue grecque : allusions / probable mentions / citations, titres et proverbes εὐλογίαν Nouvelle Académie et Portique ? συμβίωσις Antisthène, fgt 92 Decleva Caizzi apud DL, VI, 6 πότερον δίκᾳ τεῖχος ὕψιον/ ἢ Pindare, fgt 213 Maehler, σκολιαῖς ἀπάταις … / δίχα μοι apud Platon, Rép., II, νόος ἀτρέκειαν εἰπεῖν 365 b σκολιὰ Pindare, fgt 213 Maehler, apud Platon, Rép., II, 365 b σκολιαῖς ἀπάταις Pindare, fgt 213 Maehler, apud Pl., Rép., II, 365 b ἀλόγως omnino Platon, Gorgias, 501 a : ἀλόγως τε παντάπασιν πρὸς ἴσον ὅμοιόνque Philodème, Ind. Stoic. Herc., col. IX : πρὸς ἴσον τε καὶ ὅμοιον Id ab ἐποχῇ remotissimum est Nouvelle Académie

adjectif substantivé au neutre pluriel accusatif ; sujet dans une proposition infinitive citation en vers (un fragment de vers) adverbe de manière portant sur le verbe ueretur groupe prépositionnel (préposition-adjectifs substantivés) à l’accusatif nom commun au datif féminin singulier ; régime de la préposition ab (au lieu de l’ablatif en latin)

citation en vers (trois vers)

nom commun au féminin singulier accusatif ; COD nom commun au féminin singulier nominatif ; sujet

Nature et fonction grammaticales du grec cité

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

Att., XIII, 21, 3

27 ou 28 août 45 (Astura)



11 mai 44 (domaine de Pouzzoles) 14 mai 44 (domaine de Pouzzoles) 24 mai 44 (domaine d’Arpinum) 24 mai 44 (domaine d’Arpinum)

audes dicere μὴ πολιτεύεσθαι quod est εὔλογον ἀπορία Sed μελήσει

Att., XIV, 22, 2

Att., XV, 4, 2

Att., XV, 4, 2

Sed μελήσει

Platon, Phédon, 95 b

Nouvelle Académie et Portique ? Platon

Épicure

Platon, Phédon, 95 b

Platon ? (Philèbe, 11 d ; Rép., IX, 579 e) Platon, Rép., VIII, 555 e

διάθεσιν numquae νεωτερισμοῦ

Platon ? (Timée, 59 d)

ἀμεταμέλητον

Mots et expressions en Source philosophique langue grecque : allusions / probable mentions / citations, titres et proverbes ἐποχῇ Nouvelle Académie

Att., XIV, 20, 5

3 mai 44 (domaine de Att., XIV, 17, 3 Pompéi)

19 décembre 45 Att., XIII, 52, 1 (domaine de Pouzzoles) 9 avril 44 (domaine de Att., XIV, 3, 2 Tusculum) 11 avril 44 (Astura) Att., XIV, 5, 3

Référence des lettres

Date et lieu de rédaction des lettres

nom commun au datif féminin singulier ; complément de l’adjectif similem adjectif au masculin singulier accusatif ; attribut du sujet dans une tournure exclamative nom commun au féminin singulier accusatif ; COD nom commun au masculin singulier géntitif ; complément du nom verbe à l’indicatif futur, 3e pers. du singulier, dans un tour impersonnel ; proposition indépendante verbe à l’infinitif présent dans une tournure négative ; COD adjectif au neutre singulier nominatif ; attribut du sujet nom commun au féminin singulier nominatif ; sujet verbe à l’indicatif futur, 3e pers. du singulier, dans un tour impersonnel ; proposition indépendante

Nature et fonction grammaticales du grec cité

Chapitre II.  Le grec et la philosophie :formes, fonctions, origines

Att., XV, 17, 2

 πάνυ φιλοστόργως

Att., XV, 27, 1

perexigue et γλίσχρως

σκοπός

Ἡρακλείδειον

ἐποχὴν uestram

σχεδίασμα

φιλοστόργως

Att., XV, 21, 2

3 juillet 44 (domaine Att., XV, 27, 2 d’Arpinum) 6 juillet 44 (domaine Att., XV, 29, 2 de Formies) 8 juillet 44 (en bateau) Att., XVI, 1, 5

21 juin 44 (domaine de Tusculum) 3 juillet 44 (domaine d’Arpinum)

Entre 16 et 19 juin 44 Att., XV, 19, 2 (dom. de Tusculum)

14 juin 44 (Astura)

14 juin 44 (Astura)

Att., XV, 4, 3

24 mai 44 (domaine d’Arpinum) 25 mai 44 (Athènes)

adjectif substantivé au neutre singulier accusatif ; COD adjectif comparatif au masculin singulier nominatif ; attribut du sujet adverbe de manière portant sur le verbe pertulit adverbe de manière portant sur le verbe scriptae nom commun au neutre singulier nominatif ; attribut du sujet

Nature et fonction grammaticales du grec cité

nom commun au féminin singulier accusatif ; COD Stoïciens (SVF, III, 292 ; adverbe d’intensité portant sur le seIII, 340 ; III, 731) cond adverbe + adverbe de manière portant sur le participe scriptas Héraclide du Pont adjectif au neutre singulier accusatif ; épithète du pronom aliquid Platon (Lois, XII, 962 a-b) nom commun au masculin singulier et les Stoïciens nominatif ; sujet Platon, Rép., VIII, 553 c : adverbe de manière portant sur le γλίσχρως καὶ κατὰ σμικρὸν verbe praebere

Nouvelle Académie

Stoïciens (SVF, III, 292 ; III, 340 ; III, 731) Stoïciens (SVF, III, 292 ; III, 340 ; III, 731) [Platon], Sisyphe, 390 c : σχεδιασμός

Zénon (SVF, I, 77)

Mots et expressions en Source philosophique langue grecque : allusions / probable mentions / citations, titres et proverbes Ἡρακλείδειον aliquod Héraclide du Pont

Fam., XII, 16, 3 : εὐθυρρημονέστερος de Trebonius Att., XV, 17, 1 φιλοστόργως

Référence des lettres

Date et lieu de rédaction des lettres

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

Référence des lettres

Milieu oct. (?) 44 (domaine de Tusculum) 25 octobre 44 (domaine de Pouzzoles) 25 octobre 44 (domaine de Pouzzoles) Vers le 28 oct. 44 (domaine de Pouzzoles) Varronis διάλογον Ἡρακλείδειον Nos hic φιλοσοφοῦμεν

Att., XV, 13, 3

Att., XV, 13, 3



Att., XV, 13a, 2

Héraclide du Pont

Platon ?

Platon, Cratyle, 401 a

ἀνεμέσητα φιλοσοφούμενα

Épicure, SV, 74 : ἐν φιλολόγῳ συζητήσει

a philologia et cottidiana συζητήσει

Mots et expressions en Source philosophique langue grecque : allusions / probable mentions / citations, titres et proverbes Ἡρακλείδειον Héraclide du Pont

Fam., XI, 27, 5 : à C. Matius

11 juillet 44 (domaine Att., XVI, 2, 6 de Pouzzoles) Début d’août (?) 44 Fam., XVI, 21, (Athènes) 4 : Cic. fils à Tiron 19 août 44 (en mer) Att., XVI, 7, 2

Date et lieu de rédaction des lettres

verbe à l’indicatif présent, 1e pers. du pluriel, dans une proposition indépendante

adjectif substantivé au neutre singulier accusatif ; COD

nom commun au masculin singulier accusatif ; COD

adjectif substantivé au neutre singulier accusatif ; COD nom commun au féminin singulier datif ; régime de la préposition ab (au lieu de l’ablatif latin) adjectif au neutre pluriel nominatif ; attribut du sujet participe présent substantivé au neutre pluriel accusatif ; COD

Nature et fonction grammaticales du grec cité

Chapitre II.  Le grec et la philosophie :formes, fonctions, origines



numquam in maiore ἀπορίᾳ fui εἷς ἐμοὶ μυρίοι (cf. Att., II, 5, 1 : Héraclite, 22 B 49 DK unus est pro centum milibus) quippe cum in reprehensione Platon, Lettre VII, 344 b sit prudentia cum εὐμενείᾳ

Att., XVI, 8, 2

Att., XVI, 8, 2

Att., XVI, 11, 1

2 ou 3 nov. 44 (domaine de Pouzzoles) 2 ou 3 nov. 44 (domaine de Pouzzoles) 5 nov. 44 (domaine de Pouzzoles) 5 nov. 44 (domaine de Pouzzoles)

5 nov. 44 (domaine de Att., XVI, 11, 2 Pouzzoles) 5 nov. 44 (domaine de Att., XVI, 11, 3 Pouzzoles) 5 nov. 44 (domaine de Att., XVI, 11, 4 Pouzzoles)

Att., XVI, 11, 2

εὐκαιρίαν

Att., XV, 13a, 2

Vers le 28 oct. 44 (domaine de Pouzzoles)

Platon ? Héraclide du Pont Panétius

bella (…) εἰρωνεία Ἡρακλείδειον Τὰ περὶ τοῦ καθήκοντος

Platon, Sophiste, 238 d

Stoïciens (SVF, III, 524)

Mots et expressions en Source philosophique langue grecque : allusions / probable mentions / citations, titres et proverbes τὰ περὶ τοῦ καθοντος Panétius / Posidonius

Référence des lettres

Date et lieu de rédaction des lettres

nom commun au féminin singulier datif ; régime de la préposition cum (au lieu de l’ablatif latin) nom commun au féminin singulier nominatif ; sujet adjectif substantivé au neutre singulier accusatif ; COD titre : groupe prépositionnel (préposition-participe substantivé) au génitif, substantivé à l’accusatif neutre pluriel ; COD

nom commun au féminin singulier datif ; régime de la préposition in (au lieu de l’ablatif latin) proverbe

titre : groupe prépositionnel (préposition-participe substantivé) au génitif, substantivé à l’accusatif neutre pluriel ; COD nom commun au féminin singulier accusatif ; COD

Nature et fonction grammaticales du grec cité

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

Référence des lettres



7 juin 43 (Rome)

5 nov. 44 (domaine de Pouzzoles) 6 ou 7 nov. 44 (domaine de Pouzzoles) 12 ou 13 nov. 44 (domaine d’Arpinum) 46, 45 ou 44 ? de Ἡρακλειδείῳ καθῆκον ὁ σοφὸς εὐθυρρημονήσει

Att., XVI, 12

Att., XVI, 14, 3

Fam., IX, 22, 5 : à Paetus Fam., XI, 14, 1 : à D. Brutus σκιαμαχίαι

καθῆκον

Platon, Apologie de Socrate, 18 d : σκιαμαχεῖν

Zénon (SVF, I, 77)

Panétius / Posidonius

Héraclide du Pont

Panétius / Posidonius

Mots et expressions en Source philosophique langue grecque : allusions / probable mentions / citations, titres et proverbes Περὶ τοῦ κατὰ περίστασιν Posidonius καθήκοντος

Att., XVI, 11, 4

5 nov. 44 (domaine de Att., XVI, 11, 4 Pouzzoles)

Date et lieu de rédaction des lettres

titre : groupe prépositionnel (préposition-participe substantivé) au génitif + groupe prépositionnel (préposition-nom) enclavé à l’accusatif. Titre occupant la fonction de sujet participe substantivé au neutre singulier nominatif ; sujet adjectif substantivé au neutre singulier datif ; régime de la préposition de (au lieu de l’ablatif en latin) participe substantivé au neutre singulier accusatif ; COD proposition indépendante à l’indicatif futur, 3e pers. du singulier nom commun au féminin pluriel nominatif ; attribut du sujet

Nature et fonction grammaticales du grec cité

Chapitre II.  Le grec et la philosophie :formes, fonctions, origines



8,5 % Proportion par rapport au total des citations et proverbes 66,7 % 14,8 % 18,5 % Proportion par rapport au total des groupes de termes 23,3 %

2,1 % 19,7 %

47,3 %

Proportion par rapport à chaque catégorie (termes isolés / citations et proverbes / groupes de termes) Proportion par rapport au total des termes isolés 22,4 %

Titres : 10 23,3 % (3,9 % du total) Groupes prépositionnels : 11 (4,3 % du total) 25,5 % Groupes nominaux : 12 27,9 % (4,6 % du total)

Noms propres : 4 (1,5 % du total) Verbes : 37 (14,3 % du total) Adverbes : 16 (6,2 % du total) Citations et proverbes : 27 (10,5 % du total des occurrences) Citations en vers : 18 (7 % du total) Citations en prose : 4 (1,6 % du total) Proverbes : 5 (1,9 % du total) Groupes de termes : 43 (16,7 % du total des occurrences) Propositions : 10 (3,9 % du total)

Nature et nombre des occurrences (total : 258) / proportion par rapport au total des occurrences Termes isolés : 188 (72,8 % du total des occurrences) Adjectifs : 42 (16,3 % du total des occurrences) Noms communs : 89 (34,5 % du total)

II.A.2. : Analyse des occurrences grecques

11 12

Indépendantes Subordonnées 6 (60 % des propositions) 4 (40 % des propositions) 10

18 4 5

Proportion par rapport à la catégorie des adjectifs / des noms / des verbes Masculin Féminin Neutre 17 (40,5 %) 3 (7,1 %) 22 (52,4 %) Masculin Féminin Neutre 10 (11,2 %) 46 (51,7 %) 33 (37,1 %) 4 Infinitifs Participes V conjugués 16 (43,2 %) 2 (5,4 %) 19 (51,4 %) 16

Subdivision des occurrences en sous-catégories et proportion par rapport à la catégorie supérieure

Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

Chapitre II.  Le grec et la philosophie :formes, fonctions, origines

Dans son chapitre consacré en partie au « code-switching » dans les lettres de Cicéron, J. N. Adams indique que le champ de la recherche demeure ouvert sur un thème aussi vaste : « (…) a statistical survey of the parts of speech and inflectional forms admitted might be revealing. Ideally too a distinction should be made between the different forms which Greek takes in the letters : literary quotations, partial quotations, proverbs, single words, words from the koine, coinages, etc. What distinctions of function can be discerned between the various types1 ? ». C’est pour tenter de répondre à quelques-unes de ces questions, tout en nous concentrant sur le domaine qui nous occupe ici, à savoir la philosophie, que nous avons élaboré les tableaux ci-dessus. Ils ont en effet pour vocation de nous permettre de dégager quelques réflexions issues de l’analyse grammaticale et statistique des occurrences du grec susceptible d’une interprétation philosophique dans la correspondance cicéronienne. II.A.2.i. : Substantifs, adjectifs, adverbes et verbes Le premier constat a trait à l’écrasante majorité des termes isolés sur les groupes de mots, qu’il s’agisse de groupes nominaux, de groupes prépositionnels, de propositions entières, de citations en vers, en prose ou de proverbes, ce qui correspond aux conclusions générales tirées par P. Gardner-Chloros sur la prépondérance des mots isolés en cas de « code-switching »2. On compte en effet dans la correspondance 188 termes isolés sur un total de 258 occurrences de mots ou de groupes de mots en langue grecque justiciables d’une analyse philosophique. Même quand Cicéron recourt intensément au grec dans ses lettres, il le distille mot après mot, par petites touches, fussent-elles récurrentes, soit par leur nombre et leur variété au sein d’une même lettre, soit par leur répétition : plusieurs termes sont ainsi réitérés dans la correspondance, parfois sur une courte période (cf. l’adjectif εὔλογος – « raisonnable » –, l’adjectif substantivé Ἡρακλείδειον – « ouvrage dans le genre d’Héraclide »  –,  l’adverbe φιλοστόργως – « avec affection » –, le verbe ζηλοτυπεῖν – « jalouser » – et son dérivé adjectival ainsi que les noms σκέμμα – « question » –, ἀπορία –  « embarras » – et leurs dérivés verbaux), parfois à la façon d’un leitmotiv sur une durée plus longue (cf. l’adverbe εὐκαίρως – « de façon opportune, à propos » – ainsi que les noms συμπάθεια – « sym-

J. N. Adams, Bilingualism and the Latin Language, op. cit., p. 345. P. Gardner-Chloros, Code-switching, op. cit., passim.

1 2



Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

pathie » –, πρόβλημα – « problème » –, σκοπός – « but » – et ἐποχή – « hésitation » ou « suspension de l’assentiment »). À de rares exceptions près, comme dans la célèbre lettre où il énonce des « thèses politiques » (θέσεις πολιτικαί) afin de débattre en lui-même au sujet de la meilleure conduite politique à adopter au début de la guerre civile3, Cicéron n’oublie jamais qu’il n’écrit pas ses lettres en grec, mais en latin, de même qu’il ne fait pas le choix du grec mais du latin pour rédiger ses dialogues philosophiques. Sur ce point majeur, il se distingue de philosophes romains tel que Musonius Rufus, Cornutus ou Marc Aurèle. Il perçoit toujours le grec comme une langue étrangère (quoiqu’intimement sue et appréciée) et le latin, comme la langue première, le grec n’étant que la langue seconde4. En d’autres termes, et au risque d’énoncer une évidence, Cicéron ne philosophe pas en grec, même s’il emploie très fréquemment des termes grecs lorsqu’il aborde des sujets philosophiques, soit parce que ce sont des termes techniques dont il peine encore à trouver un équivalent latin exact (ce à quoi il s’astreindra dans les dialogues et les traités), soit parce qu’ils évoquent à eux seuls la doctrine d’un philosophe grec qu’il est par conséquent inutile de développer à l’intention de son correspondant, soit encore parce qu’ils confèrent à son propos une auctoritas comparable à celle que procurent dans les discours de prestigieux exempla empruntés à l’histoire de Rome5. Le second constat porte sur la prépondérance des substantifs sur les autres catégories grammaticales, parmi les termes grecs cités isolément, et sur leur importance à l’échelle du corpus entier : ils représentent en effet près de la moitié du total des occurrences. La pensée philosophique, telle qu’elle s’exprime en grec dans les lettres cicéroniennes, est principalement portée par des noms communs, qui relèvent surtout du genre féminin (c. 52 %)6 ou du neutre (c. 37 %), notamment dans le cas d’adjectifs substantivés récurrents tels que τὸ καλόν ou τὸ καθῆκον. Or P. Chantraine souligne bien que la langue grecque a volontiers recours aux mots féminins pour exprimer l’abstraction, en créant des noms de qualité en -ια Cic., Att., IX, 4 (10 ou 11 mars 49). Cette prédominance du latin sur le grec dans les lettres correspond au modèle élaboré par C.  Myers-Scotton, Social Motivations for Codeswitching : Evidence from Africa, Oxford, Clarendon Press, 1993, à propos du cadre matriciel de la langue, le latin jouant le rôle de la langue matrice (« matrix language ») et le grec, celui de la langue enchâssée (« embedded language »). 5 Cf. J.-M. David, « Maiorum exempla sequi : l’exemplum historique dans les discours judiciaires de Cicéron », MEFRA, 92, 1980, p. 67-86. 6 On retrouve la même observation chez J. Jackson, In utramque partem, op. cit., p. 21. 3 4



Chapitre II.  Le grec et la philosophie :formes, fonctions, origines

dérivés de noms ou d’adjectifs7. Les substantifs grecs cicéroniens sont donc des abstraits, qui désignent des notions ou des concepts. D’abord variés dans leurs occurrences et puisés dans des domaines divers (la politique, les mathématiques…), ceux-ci proviennent de plus en plus souvent des dialogues philosophiques contemporains de la rédaction des lettres, en 45-44 av. J.-C. Par ailleurs, ces substantifs grecs ne sont pas forcément cités en premier lieu par Cicéron : c’est parfois son correspondant qui en est à l’initiative et Cicéron saisit alors la balle au bond pour prolonger la réflexion sur un terme auquel il cherche à conférer une traduction d’abord approximative, puis plus adéquate. Ainsi en va-t-il de la suspension de l’assentiment ou ἐποχή citée initialement en grec par Atticus puis traduite en latin par l’Arpinate au moyen du substantif dubitatio (« hésitation »), puis du verbe sustinere (litt. « retenir ») lors de la composition des Académiques, dont elle constitue un concept central8. Cette prédominance des noms grecs au détriment des autres catégories grammaticales dans un contexte philosophique peut sembler attendue, étant donné la moindre appétence de la langue latine pour l’abstraction par comparaison avec la langue grecque, plus riche de substantifs (tels que les féminins aux suffixes en -σις, -ίᾱ ou -ειᾰ, dont l’ἔμπτωσις – « choc, impact » –, la περίστασις – « situation » –, la φιλοτιμία – « ambition » –, l’εὐελπιστία  –  « espérance »  –, l’ἀδιαφορία –  « indifférence »  –, la συμπάθεια – « sympathie »  –, l’εὐγένεια –  « noblesse »  –, l’ἀπορία – « embarras » –, la παλιγγενεσία – « nouvelle naissance » –, qui figurent dans la correspondance cicéronienne), plus apte à créer des composés aux riches nuances sémantiques (ainsi de la πειθανάγκη  –  « contrainte persuasive »  –, de l’ἀποπροηγμένον –  « non-préférable » – ou de l’ἐνθουσιασμός –  « enthousiasme »), plus disposée enfin à substantiver des adjectifs et des participes grâce à l’ajout d’articles (par exemple τὸ πρακτικόν – « le point de vue pratique » –, δύσχρηστα – « les désavantages » –, περιπατητικὰ – « les thèses péripatéticiennes » –, Ἡρακλείδειον –  « l’ouvrage dans le genre d’Héraclide »  –, φιλοσοφούμενα – « les réflexions philosophiques »). Elle entraîne néanmoins deux conséquences sur l’usage des termes grecs relevant d’autres catégories grammaticales, à savoir les adjectifs et les verbes. Abordons tout d’abord le cas des adjectifs. Lorsqu’il est question de philosopher en langue grecque dans ses lettres, Cicéron emploie à peu 7 P.  Chantraine, La formation des noms en grec ancien, Paris, Klincksieck, 1979 (19331), p. 78. Sur ce sujet, voir encore R. Poncelet, Cicéron traducteur de Platon, op. cit. 8 Voir infra, IIe partie, chapitre I, section I.C.2.

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près deux fois moins d’adjectifs que de noms (42 occurrences contre 89, selon notre décompte) et ces adjectifs sont de surcroît employés au neutre dans plus de la moitié des cas (soit c. 52 %). Ce constat est à rapprocher de la conclusion que tire J. Jackson de son étude statistique relative à l’ensemble des adjectifs grecs (de portée philosophique ou non) compris dans les lettres à Atticus, dont 63 % sont au neutre9. Voilà qui tranche sur l’usage qui est fait des adjectifs latins dans ce même corpus, où la proportion des adjectifs neutres est inférieure à la moitié10. Or les adjectifs grecs au neutre sont notamment employés dans des tournures impersonnelles dont voici quelques exemples : φιλοσοφητέον (« il faut être philosophe ») ; ἀνεμέσητον γάρ (« pas de risque de blâme en effet ») ; non esse ἀδύνατον + infinitive (« il n’est pas impossible de ») ; εὔλογον + infinitive (« il est raisonnable de »). Aussi renforcent-ils à leur manière l’abstraction du propos. Notons par ailleurs qu’il est rare que les adjectifs grecs de notre corpus apparaissent aux côtés de substantifs grecs dont ils seraient les épithètes. L’exception la plus notable concerne le mot πολιτικός, employé de façon récurrente pour caractériser une question, un problème, des thèses ou un entretien (πολιτικὸν σκέμμα ; τῶν πολιτικωτάτων σκεμμάτων ; πρόβλημα sane πολιτικόν ; θέσεις (…) πολιτικαὶ ; πολιτικὸν σύλλογον)11. S’ils sont moins fréquents que les noms dans la correspondance, les adjectif grecs à coloration philosophique n’en sont pas moins mis en exergue, car employés isolément dans un membre de phrase en latin. Ils ressortent d’autant plus et portent davantage le sens que les termes latins auxquels ils sont associés en tant qu’épithètes ou attributs. En voici quelques exemples : Est enim εἰλικρινὲς iudicium (« En effet, c’est là un jugement pur ») ; ut Aristoteles in iis quos ἐξωτερικοὺς uocat (« (…) à la manière d’Aristote dans les ouvrages qu’il appelle exotériques ») ; nec me κενὸν in expetendo cognosces nec ἄτυφον in abiciendo (« tu me verras sans vaine ardeur à rechercher , et sans indifférence à son abandon »)12. Pour conclure, il nous semble qu’à la différence des substantifs grecs, qui sont plus difficiles à assigner à une école philosophique en particulier, eu égard à leur plus grande généralité lorsqu’ils désignent des notions majeures, mais aussi en raison de leur circulation d’une école à l’autre J. Jackson, In utramque partem, op. cit. Ibid., p. 15. 11 Cic., Att., VII, 8, 3 (26 décembre 50) ; ibid., X, 1, 3 (3 avril 49) ; ibid., VII, 9, 2 (27 décembre 50) ; ibid., IX, 4, 1 (10 ou 11 mars 49) ; ibid., XIII, 30, 3 (28 mai 45). 12 Cic., ad Q.fr., II, 6, 1 (peu après le 16 mai 56) ; Cic., Att., IV, 16, 2 (vers le 1er juillet 54) ; ibid., VI, 9, 2 (15 octobre 50). 9

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(qu’on pense aux occurrences du nom τὸ καλόν, « la beauté morale », cher à Platon autant qu’aux Stoïciens, voire à un Platon stoïcisé annonçant le médio-platonisme)13, les adjectifs grecs pointent souvent plus précisément vers un auteur philosophique en particulier (cf.  Ἐπικούρειος ; Ἀριστοτέλειο)14, voire vers un extrait déterminé. Dans un jeu que favorisent sa connivence intellectuelle avec Atticus et leur parfaite maîtrise commune des textes philosophiques grecs, notamment platoniciens, Cicéron lance à son correspondant des défis en s’appuyant sur l’association d’un adjectif et d’un substantif grecs dans sa source pour la détourner dans sa lettre d’un double point de vue. Détournement contextuel tout d’abord : Cicéron ôte une part de leur substance philosophique aux termes platoniciens pour les appliquer à des domaines relevant de la politique romaine ou de la critique littéraire. Détournement linguistique et syntaxique ensuite : soit le substantif grec initial est traduit (fût-ce approximativement) en latin et seul l’adjectif qui lui servait d’épithète ou d’attribut est conservé dans sa langue originale, ce qui complique le déchiffrement de la référence (comme dans le contraste entre εἰλικρινεῖ τῇ διανοίᾳ, « la pensée pure » propre au philosophe, et εἰλικρινὲς iudicium, « un jugement pur », à propos d’un avis rendu par le sénat)15, soit la traduction partielle s’accompagne de surcroît d’un changement de catégorie grammaticale pour l’un des deux termes, comme lorsque le substantif φρόνησις (« sagesse ») est traduit en latin par son équivalent traditionnel prudentia et que l’adjectif εὐμενής (« bienveillant ») est transposé par l’Arpinate sous la forme du substantif εὐμενεία à propos de la critique par Atticus du texte de la Deuxième Philippique16. Un tel jeu d’érudition se pratiquait sans doute dans les cercles cultivés de cette époque car il n’est pas propre à Cicéron. Son fils, dans une lettre adressée à Tiron, glisse une allusion à une Sentence vaticane d’Épicure (chez Bruttius, son maître de déclamation latine, « la plaisanterie n’est pas séparée du travail savant et de la recherche en commun menée chaque jour » – a philologia et cottidiana συζητήσει)17 en conservant le Sur ce sujet, voir infra, IIe partie, chapitre I, section I.A.1.iv. Voir respectivement Cic., Fam., III, 9, 2 (à Ap. Claudius Pulcher ; peu après le 20 février 50) ; ibid., XV, 16, 1 (à Cassius ; vers le 10 janvier 45) et Cic., Att., XIII, 19, 4 (29 juin 45). 15 Platon, Phédon, 66 a et Cic., ad Q.fr., II, 6, 1 (peu après le 16  mai 56). Nous reviendrons sur ce passage dans la IIe partie, chapitre I, section I.A.3.iv.b. 16 Cf. Cic., Att., XVI, 11, 2 (5 novembre 44) et Platon, Lettre VII, 344 b. Voir infra, IIe partie, chapitre I, section I.A.3.iv.a. 17 Cic., Fam., XVI, 21, 4 (Cicéron fils à Tiron ; début d’août (?) 44). 13 14

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substantif grec au même cas que dans sa source philosophique (« Dans une recherche savante menée en commun  –  ἐν φιλολόγῳ  συζητήσει  –, c’est celui qui a eu le dessous qui a fait le plus, dans la mesure où il a appris des choses supplémentaires »)18, en respectant même la construction prépositionnelle initiale qui régissait le datif (ἐν + datif évolue en ab + un datif grec, qui équivaut ici à un ablatif en latin)19 et en convertissant l’adjectif épithète grec φιλολόγῳ en substantif latin (philologia)20. D’autres catégories grammaticales sont justiciables de tels clins d’œil reposant sur des allusions cachées à une source philosophique. Sur deux adverbes grecs coordonnés chez Platon, Cicéron choisit à plusieurs reprises de traduire l’un en latin et de laisser l’autre en grec à titre d’indice. Ainsi l’expression platonicienne γλίσχρως καὶ κατὰ σμικρὸν (« chichement et au compte-gouttes ») trouve-t-elle un écho en Att., XVI, 1, sous la forme perexigue et γλίσχρως (« au compte-gouttes et chichement »)21, tandis que l’expression consacrée ἀλόγως τε παντάπασιν (« absolument dépourvu de méthode rationnelle ») se transforme en ἀλόγως omnino (« absolument sans motif rationnel ») dans la correspondance22. De tels exemples pourraient laisser entendre que la teneur philosophique des adverbes grecs cités dans la correspondance de Cicéron – adverbes peu fréquents au demeurant, puisque nous n’en comptons que 16 dans notre tableau, ce qui représente 8 % des termes grecs isolés – est relativement mince. Ce point semble confirmé par la faible expressivité de ces adverbes : peu variés dans leur emploi (εὐκαίρως – « de façon opportune, à propos »  –, ἀλόγως –  « sans raison »  –, συμπαθῶς –  « avec sympathie » –, φιλοσόφως – « à la manière d’un philosophe » –, φιλοστόργως – « avec affection » – figurent plusieurs fois chacun dans la correspondance), ils sont de surcroît souvent accompagnés de termes de la même famille qui relèvent d’autres catégories grammaticales, tels que des adjec18 Épicure, SV, 74 (trad. D.  Delattre, retouchée) : Ἐν  φιλολόγῳ  συζητήσει πλεῖον ἤνυσεν ὁ ἡττηθεὶς καθ’ ὃ προσέμαθεν. 19 Pour un catalogue des termes grecs au datif, dans les lettres à Atticus, dont la construction exigerait un ablatif en latin, on se reportera à J. Jackson, In utramque partem, op. cit., p. 35. 20 Voir infra, chapitre III, section III.L. Il convient toutefois de noter qu’en l’espèce, le fils de Cicéron met indûment au datif, en grec, un complément qui relèverait des valeurs ablatives de l’ablatif latin, pour l’emploi desquelles le grec a recours au génitif. Peut-être son père aurait-il formulé autrement cette allusion. 21 Platon, Rép., VIII, 553 c et Cic., Att., XVI, 1, 5 (8 juillet 44 ; trad. J. Beaujeu). Voir infra, IIe partie, chapitre I, section I.A.3.v. 22 Platon, Gorg., 501 a et Cic., Att., XIII, 48, 1 (21 août 45). Voir infra, IIe partie, chapitre I, section I.A.3.i.b.

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tifs (φιλόστοργος), des verbes (ἀλογῶ, συμπάσχω, φιλοσοφῶ) ou des substantifs (συμπάθεια), comme si leur valeur intrinsèque était trop faible pour qu’on pût les employer seuls sans les réitérer au fil des lettres ou les doubler par d’autres mots23. Leur emploi n’est toutefois pas anodin, et nous n’en prendrons qu’un exemple. Dans une lettre à Atticus de juillet 45, on relève une déclaration à teneur éthique – « dans toute la vie, on ne doit pas s’écarter d’une épaisseur d’ongle de la voie de sa conscience » (in omni uita sua quemque a recta conscientia trauersum unguem non oportet discedere)24. La dignité d’une telle affirmation est rehaussée, de façon à la fois ostentatoire et plaisante, par l’emploi de l’adverbe grec φιλοσόφως (Viden quam φιλοσόφως ?, souligne Cicéron : « Tu vois combien cela est dit à la manière d’un philosophe ? »). Désireux de ne pas paraître dispenser d’austères leçons de philosophie morale à Atticus, Cicéron recourt à une formulation humoristique, qui naît du décalage entre la solennité de son affirmation et la métaphore triviale qui l’accompagne et provient de la comédie. La seule occurrence antérieure d’une telle expression figure en effet dans l’Aulularia de Plaute. Au début de la pièce, l’avare Euclion y apostrophe sa servante, dont il se méfie depuis qu’il a découvert une marmite pleine d’or, et lui promet les pires supplices « si [elle s’]écart[e] de cette place, par Hercule, d’un travers de doigt ou d’une épaisseur d’ongle » (Si hercle tu ex istoc loco  / digitum transuorsum aut unguem latum excesseris)25. À une époque où il vient d’achever la rédaction des Académiques et du de Finibus, Cicéron se défend dans cette même lettre de manier en vain (frustra) des ouvrages philosophiques26. L’adverbe 23 Comme Christian Nicolas nous l’a justement fait remarquer, ce procédé de variation grammaticale, grâce auquel une notion est véhiculée par n’importe quelle nature de mot de la famille lexicale choisie, est assez commun chez les auteurs latins en général et chez Cicéron en particulier (cf. Cic., Fin., II, 10 sur la notion de variation ou variété, qui désigne la ποικιλία grecque et s’exprime à travers le verbe uariare comme à travers l’adjectif uarius et le substantif uarietas, seul terme doté d’une véritable coloration technique dans ce passage). Certains adverbes de la correspondance cicéronienne sont toutefois plus expressifs que ceux que nous avons cités plus haut : cf. Σωκρατικῶς (« à la manière de Socrate » : Cic., Att., II, 3, 3 ; décembre 60), φιλαλήθως (« en ami de la vérité » : Cic., ad Q.fr., II, 15, 5 ; fin août 54) ou παραινικῶς (« sur un ton de conseil » : Cic., Att., X, 10, 1 ; 3 mai 49). 24 Cic., Att., XIII, 20, 4 (vers le 2 juillet 45). 25 Plaute, Aul., 56-57. Voir encore Cic., Fam., VII, 25, 2 (à Gallus ; vers le 24 août 45), où l’auteur recommande à M. Fabius Gallus, pour cultiver son éloquence, « ne pas s’écarter de sa plume, comme on dit, d’une épaisseur d’ongle (nec transuersum unguem, quod aiunt, a stilo) ». 26 Cic., Att., XIII, 20, 4 (vers le 2 juillet 45).

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φιλοσόφως révèle la réelle teneur éthique de la sentence cicéronienne, malgré sa formulation à la fois pompeuse et humoristique. L’heure n’est pas, en effet, aux longs et rigoureux développements doctrinaux, mais aux allusions légères (à la fois brèves et souriantes) plus conformes à l’esprit du sermo, d’une « conversation entre amis absents » (amicorum colloquia absentium), ainsi que se définit l’échange épistolaire27. Pour finir, voici quelques remarques sur les verbes grecs de la correspondance. Alors qu’ils devraient permettre à Cicéron d’incarner la philosophie, de montrer à travers sa correspondance qu’il la vit et se l’approprie, qu’il la perçoit comme une activité existentielle et pas uniquement comme un objet d’analyse (ce que tend à confirmer la plus grande proportion de verbes grecs dans les lettres antérieures à la guerre civile ou contemporaines de son déclenchement, au moment où il convient de déterminer comment agir et quel camp politique rallier), les verbes grecs sont presque trois fois moins usités que les substantifs (37 occurrences contre 89) en contexte philosophique dans les lettres. Il est vrai que d’un point de vue syntaxique, une phrase requiert plus de substantifs et d’adjectifs que de verbes, surtout dans le cadre de la correspondance où la liberté et la rapidité d’expression de Cicéron entraînent souvent la disparition des verbes au profit de phrases nominales. D’un point de vue sémantique en revanche, les verbes occupent une place fondamentale en tant que porteurs de sens et il convient d’étudier brièvement leur emploi dans la correspondance en contexte philosophique. Avant toute chose, il convient de rappeler que Cicéron ne se présente que très rarement en philosophe28. Le verbe latin philosophari n’est jamais employé à la première personne (du singulier ou du pluriel) dans l’ensemble de son corpus, y compris dans les lettres. Sur les vingt-trois occurrences de ce terme, seules huit semblent pertinentes à examiner29. Toutes sont tardives et remontent aux années 45-43, à une époque où Cicéron, une fois la res publica abattue par César, peut enfin revendiquer pleinement qu’il s’adonne à la philosophie, afin de continuer à faire œuvre utile auprès de la jeunesse de Rome et de la patrie tout entière30. Presque toutes les mentions de ce verbe ont une valeur programmatique Cic., Phil., IV, 7. Cf. A. Garcea (éd.), Colloquia absentium, op. cit. Sur l’acception du terme philosophus chez Cicéron, cf. H. Hine, « Philosophy and philosophi : From Cicero to Apuleius », in G. D. Williams & K. Volk (éd.), Roman Reflections, op. cit., p. 13-29. 29 Cic., Tusc., I, 89 ; II, 1 ; V, 2 ; Diu., II, 1 ; Fin., I, 1 ; ND, I, 6 ; Off., I, 2 ; Fam., IX, 24, 3 (à Paetus ; janvier (?) 43). 30 Cic., Tusc., I, 5. 27 28

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et interviennent au début d’un dialogue, ou d’un livre au sein d’un dialogue : ainsi dans les Tusculanes, au début du livre II (sur l’intérêt pratique de la philosophie) et du livre V (sur l’éloge de la philosophie)31 ; ainsi encore dans le de Diuinatione, au début du livre II32, mais aussi dans le de Finibus33, le de Natura deorum34, et le de Officiis35. Même dans les lettres, où la confidentialité des échanges qu’il entretenait avec Atticus en particulier, ainsi que l’expression de l’amitié et la familiarité de ton permises par le genre épistolaire auraient pu favoriser une plus grande liberté dans l’aveu de ses ambitions philosophiques, Cicéron demeure discret sur ce chapitre. Il tient à distance son activité, sans confondre sa persona de consulaire romain avec celle d’un philosophe grec. Soit il aborde sa pratique philosophique sur le ton de l’humour, lorsqu’il tâche par exemple de ramener Pansa vers l’épicurisme « en philosophant » (philosophando) au moyen d’une discussion sur les banquets36, soit il privilégie l’emploi de la première personne du pluriel à celui de la première personne du singulier, ce qui lui permet de diluer davantage son moi et de moins s’exposer, en tant que sujet, aux critiques liées à sa passion pour une activité jugée inappropriée à son statut social et politique. Cette première personne du pluriel équivaut certes parfois à un véritable pluriel, auquel cas Cicéron associe Atticus à son activité, ce qui contribue à la rendre plus excusable à ses yeux : ainsi lorsqu’il exhorte 31 Ibid., II, 1 où Cicéron estime qu’il lui est indispensable de philosopher (necesse mihi quidem esse arbitror philosophari) et qu’il ne saurait se contenter d’un peu (paucis) de philosophie. Ibid., V, 2 où il justifie la pratique de la philosophie (operam philosophandi) puisqu’elle permet d’approfondir la notion de vertu, qui suffit à garantir la vie heureuse. Voir encore ibid., I, 89 où pour démontrer que la mort n’est pas un mal, Cicéron estime qu’il n’est pas besoin de philosopher sur ce sujet ((…) quid opus est in hoc philosophari). 32 Cf. Cic., Diu., II, 1 sur le genre philosophique (genus philosophandi) qu’il privilégie, dans les Académiques, et qui est le moins présomptueux, le plus cohérent et le plus raffiné. 33 Rappeler l’hostilité à la philosophie de certaines personnes non dénuées de culture (totum hoc displicet philosophari) revient à évoquer en creux, de façon indirecte, l’activité à laquelle il entend se consacrer dans ce dialogue (Cic., Fin., I, 1). 34 Cicéron défend contre des critiques anonymes le zèle qu’il a manifesté envers la philosophie (hoc philosophandi (…) studium) en rédigeant des dialogues. Il s’agit d’un goût ancien (Nos autem nec subito coepimus philosophari), persistant (cum minime uidebamur, tum maxime philosophabamur) et lié à la pensée sceptique de la Nouvelle Académie, quoique celle-ci n’eût plus de scholarque depuis Philon de Larissa (Cic., ND, I, 6). 35 Cf. Cic., Off., I, 2 : Cicéron admet le céder à bien des hommes pour la science philosophique (philosophandi scientiam), mais non pour l’art oratoire. 36 Cic., Fam., IX, 24, 3 (à Paetus ; janvier (?) 43).

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son ami et lui-même à philosopher (Quare, mihi crede, φιλοσοφῶμεν)37 ou lorsqu’il l’invite à trancher avec lui un problème de façon plus philosophique (φιλοσοφώτερον διευκρινήσομεν)38. Lorsqu’il ne s’agit pas d’un véritable pluriel en revanche, le verbe φιλοσοφεῖν s’accompagne de précautions ou de justifications. Quand Cicéron écrit à Atticus en 59 σοφιστεύειν cogitamus (« nous songeons à faire le sophiste »)39, il s’agit non d’un constat, mais d’un projet (cogitamus), dont la formulation prudente transparaît à travers le refus de l’usage de la première personne du singulier40, comme si Cicéron ne pouvait entièrement assumer l’audace d’une telle initiative, ce qui sera le cas dix ans plus tard (σοφιστεύω)41. Par ailleurs, quand il déclare Nos hic φιλοσοφοῦμεν (« Ici, nous, nous faisons de la philosophie »)42, c’est qu’aucune autre activité ne lui est accessible à cete date, en octobre 44 (quid enim aliud ?), que le sujet de sa réflexion est noble (et τὰ περὶ τοῦ καθοντος), le style tout autant (magnifice explicamus), et que sa démarche philosophique s’inscrit à l’origine dans un cadre familial et privé (qua de re potius pater filio ?)43. Même dans la correspondance, l’activité philosophique demeure donc difficile à confesser pour Cicéron. Par sa discrétion, son allusivité, l’humour qui lui est souvent attaché, le grec dans les lettres illustre une forme de pratique de la philosophie exempte de publicité (il s’agit de clins d’œil à des sources, d’allusions détournées, voire masquées) mais pas tout à fait d’ostentation (puisque le grec se remarque nettement dans des lettres rédigées en latin). Par ailleurs, qu’ils soient présentés à l’infinitif – surtout dans la dépendance de verbes à la première personne du singulier ou du pluriel : cf.  cupio  (…) φιλοσοφεῖν (« je désire me consacrer à la philosophie ») ; σοφιστεύειν cogitamus (« nous songeons à faire le sophiste ») ; uobis ἐμφιλοσοφῆσαι possum (« il me reste la possibilité de philosopher avec vous ») – ou conjugués à la première personne du singulier ou du pluriel (la première personne du singulier étant la plus fréquente dans notre corpus, surtout pour désigner l’ignorance ou l’aveuglement), les verbes Cic., Att., II, 13, 2 (vers le 23 avril 59). Ibid., VII, 8, 3 (26 décembre 50). 39 Ibid., II, 9, 3 (17 ou 18 avril 59). 40 Le choix de la première personne du pluriel cogitamus nous semble ici délibéré et significatif, si l’on en juge par le verbe grec employé juste après lui, qui est conjugué à la première personne du singulier (ἐπαγγέλλομαι : « je m’engage »). 41 Cic., Att., IX, 9, 1 (17 mars 49). Voir infra, chapitre III, section III.J. 42 Ibid., XV, 13a, 2 (vers le 28 octobre 44). 43 Ibidem. 37 38

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grecs susceptibles d’une interprétation philosophique dans la correspondance renvoient dans leur grande majorité à Cicéron, qui est leur sujet grammatical. On pourrait y voir un effet de biais provoqué par le genre épistolaire, où l’auteur s’exprime avant tout en son nom, à la première personne du singulier ou du pluriel, mais selon J. Jackson, qui a mené une étude statistique sur l’ensemble des termes grecs inclus dans les lettres à Atticus, les proportions changent lorsque l’on examine les verbes latins : sur un échantillon représentatif de 850 d’entre eux, 45 % sont conjugués à la troisième personne et 40 % à la première, tandis que sur l’ensemble des verbes grecs du même corpus, 55 % sont conjugués à la première personne du singulier ou dépendent, sous une forme infinitive, de verbes à la première personne, tandis que 29 % seulement sont conjugués à la troisième personne du singulier44. Pourquoi un tel écart entre l’emploi du grec et du latin à propos de la syntaxe verbale ? C’est que les verbes grecs à connotation philosophique dans les lettres de Cicéron ont principalement trait à la définition de son identité de philosophe d’une part, et à sa délibération sur des sujets à la fois éthiques et politiques d’autre part. Cicéron décrit ainsi son activité de penseur en recourant à des termes grecs tels que ceux que nous avons énoncés plus haut (parfois sur le mode jussif, au subjonctif – φιλοσοφῶμεν – ou sous forme d’adjectif verbal traduisant l’obligation – φιλοσοφητέον – pour s’exhorter à l’activité philosophique) comme pour asseoir sa persona de philosophe alors qu’il est un Romain et de surcroît, un consulaire. Dans les moments de doute, ce sont des verbes moins techniques et assurés qui surviennent sous sa plume et expriment non sans euphémisme son désarroi face à la situation politique, un désarroi qu’il dépeint en des termes inspirés de Platon45 – ainsi de τυφλώττω (« je suis aveugle »), nimium τῷ καλῷ προσπέπονθα (« j’ai été trop affecté par le beau ») ou ἀκκιζόμεθα (« je fais l’ignorant »), tous employés dans la lettre à Atticus II, 19 de juillet 59, sous le consulat de César, peu de temps après l’adoption de Clodius par un plébéien, alors que Cicéron est désemparé par le tour que prennent les événements et ne sait comment agir. Les autres sujets de verbes grecs à coloration philosophique dans les lettres sont Pompée, auquel sont assignés des verbes péjoratifs qui traduisent son hypocrisie toute sophistique (ἐσοφίζετο), son goût pour la tyrannie (ὁμολογουμένως τυραννίδα συσκευάζεται) et son abandon de J. Jackson, In utramque partem, op. cit., p. 10. Voir infra, IIe partie, chapitre I, sections I.A.3.iv.a. et I.A.3.ii.c.

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l’honneur (πολλὰ χαίρειν τῷ καλῷ)46, puis C. Trebatius Testa, renvoyé au dogme épicurien selon lequel il ne faut pas s’occuper de politique (si tu statueris πολιτεύεσθαι non oportere)47, et enfin Varron, jaloux (ζηλοτυπεῖν) de la répartition des rôles qu’a effectuée Cicéron dans les Académiques entre les protagonistes du dialogue48. Quant à Atticus, il est le sujet soit de verbes qu’il avait le premier cités en grec dans ses lettres et que Cicéron lui emprunte explicitement (cf. ἐπέχειν te scripseras ; ἐπειν te scribebas)49, soit de verbes que son correspondant revendique également pour lui-même (cf.  et tu belle ἠπόρησας  / ego enim ἀπορῶ – plane ἀπορῶ – ἀπορῶ50 ; φιλοσοφώτερον διευκρινήσομεν / διευκρινήσεις πρόβλημα sane πολιτικόν)51. La fluidité du passage de ces termes d’un épistolier à l’autre renforce l’image de l’ami comme alter ego de l’auteur52. Tantôt Atticus est associé à la prise de décision (en l’occurrence, à la résolution d’un problème d’ordre politique relatif à l’inscription de Dolabella sur le testament de Livie) à travers le recours à la première personne du pluriel (φιλοσοφώτερον διευκρινήσομεν), tantôt il partage les affres de Cicéron et est lui aussi en proie au doute (et tu belle ἠπόρησας), confronté à une aporie, ne sachant quel conseil donner ni quel parti adopter. En conclusion, les quelques remarques d’ensemble que nous venons d’énoncer au sujet des termes grecs isolés et dotés d’une portée philosophique dans les lettres ne doivent pas nous conduire, pour reprendre une image employée par M. Dubuisson dans son article méthodologique consacré au grec de la correspondance de Cicéron, à « utilise[r] le texte comme une carrière et [à] le démembr[er]53 ». Comme nous y avons insisté, ces substantifs, adjectifs, verbes et adverbes grecs sont sertis dans une phrase latine qui les met en valeur, par leur singularité comme par leur isolement, et dans laquelle ils jouent en retour un rôle grammatical : 46 Voir respectivement Cic., Att., II, 16, 2 (vers le 1er mai 59) ; ibid., II, 17, 1 (entre le 2 et le 5 mai 59) ; ibid., VIII, 8, 2 (23 ou 24 février 49). 47 Cic., Fam., VII, 12, 2 (à C. Trebatius Testa ; février 53). Le même reproche est adressé à Atticus en Att., XIV, 20, 5 (11 mai 44). 48 Cic., Att., XIII, 13, 1 (25 juin 45) et ibid., XIII, 18 (28 juin 45). 49 Ibid., VI, 6, 3 (vers le 10 août 50) ; ibid., VI, 9, 3 (15 octobre 50). 50 Voir respectivement ibid., VI, 1, 18 (20 ou 21 février 50) et ibid., VII, 11, 3 (19 ou 20 janvier 49) ; ibid., IX, 10, 7 (18 mars 49) ; ibid., XIII, 13, 2 (25 juin 45). 51 Voir respectivement ibid., VII, 8, 3 (26 décembre 50) et ibid., VII, 9, 2 (27 décembre 50). 52 Ibid., III, 15, 4 (17 août 58). 53 M. Dubuisson, « Le grec de la correspondance de Cicéron », art. cit., p. 69-86.

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Chapitre II.  Le grec et la philosophie :formes, fonctions, origines

il est très rare qu’ils soient mis comme entre guillemets au sein du texte. Ce sont donc à la fois des termes isolés car ils ne sont pas insérés dans des groupes de mots homogènes en grec, mais aussi des termes intégrés dans une syntaxe, qui est le plus souvent latine, comme l’ont montré J. F. McCall et G. E. Dunkel54. Nous en prendrons deux exemples : celui où un sujet au neutre pluriel, εἴδωλα, commande un verbe à la troisième personne du pluriel, laborarent, et non, comme dans la syntaxe grecque, à la troisième personne du singulier55, ou encore l’exemple de l’accusatif exclamatif Quam in me incredibilem ἐκτένειαν !, alors que la syntaxe grecque commanderait le recours au génitif56. L’adoption d’une syntaxe latine nous semble traduire, sur un plan linguistique, la volonté cicéronienne, sur un plan philosophique, d’intégrer et d’assimiler l’idée véhiculée par un terme grec à sa propre langue, à sa propre culture, à son propre univers philosophique. II.A.2.ii. : Titres, groupes nominaux, groupes prépositionnels et propositions À l’issue de cette revue rapide des termes grecs isolés et dotés d’une portée philosophique dans la correspondance, il convient d’effectuer quelques remarques sur les groupes de mots rédigés en grec dans ce même corpus et pourvus eux aussi d’une résonance philosophique. Comme nous l’avons dit, les termes groupés sont beaucoup moins nombreux que les termes isolés, qui représentent près de 73 % des 258 occurrences du grec de portée philosophique dans la correspondance. Parmi eux, il convient de distinguer le cas des citations, de prose ou de poésie, et des proverbes d’une part, et les groupes de termes plus brefs, dépourvus de dimension sentencieuse ou littéraire, d’autre part. Nous commencerons notre étude, ὕστερον πρότερον57, par le second groupe, qui comprend les titres d’ouvrages, les groupes nominaux, les groupes prépositionnels et les propositions indépendantes ou subordonnées susceptibles d’une interprétation philosophique. Nous ne nous attarderons pas ici sur les dix titres d’œuvres philosophiques cités en grec car nous les aborderons dans la deuxième partie, au fil des études consacrées à leurs sources. Signalons simplement qu’ils concernent soit des ouvrages dont Cicéron réclame à Atticus l’envoi (le 54 J. F. McCall, The Syntax of Cicero’s Greek in his Letters, diss., State University of New York, 1980 ; G. E. Dunkel, « Remarks on code-switching », art. cit., p. 122-129. 55 Cic., Att., II, 3, 2 (décembre 60). 56 Ibid., X, 17, 1 (16 mai 49). 57 L’expression figure chez Cicéron en Att., I, 16, 1 (fin juin ou juillet 61).

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Traité de l’ambition de Théophraste58 – Θεοφράστου Περὶ φιλοτιμίας –, le traité de Panétius Sur la providence59 – Παναιτίου Περὶ προνοίας –, le chapitre de Posidonius Sur le devoir en fonction des circonstances60 – Περὶ τοῦ κατὰ περίστασιν καθήκοντος), soit des modèles littéraires avoués (ainsi de la Πολιτεία de Platon pour le de Republica)61, soit des œuvres philosophiques rédigées par l’Arpinate lui-même, qu’il s’agisse du Colloque politique (πολιτικὸν σύλλογον) à la manière de Dicéarque62, du de Finibus, désigné sous son nom grec de Traité des fins (Περὶ τελῶν σύνταξιν)63, des Academica (ou Traité académique, Ἀκαδημικὴν σύνταξιν)64 ou du de Officiis, situé dans la tradition panétienne et posidonienne des Questions sur le devoir (Τὰ περὶ τοῦ καθήκοντος)65. Les groupes nominaux grecs de notre corpus n’appellent guère de remarques eux non plus. Ils obéissent à des motivations variées, allant de la reprise par Cicéron d’une expression employée par Atticus pour désigner son « doute persistant » (ἐπιχρονία ἐποχή) quant à la nomination de Quintus au poste de gouverneur de Cilicie à l’issue du départ de son frère en 5066, au constat de la difficulté de trouver un équivalent latin exact de l’adjectif πολιτικός, qui de ce fait est régulièrement employé en grec dans la correspondance67 aux côtés du substantif πρόβλημα (« problème »), d’origine aristotélicienne (διευκρινήσεις πρόβλημα sane πολιτικόν – « tu résoudras ce problème d’ordre tout à fait politique »)68, et de son Ibid., II, 3, 4 (décembre 60). Sur la question des titres, nous renvoyons à la mise au point de C. Lévy, « Les titres des œuvres philosophiques de Cicéron », in J.-C. Fredouille et al. (éd.), Titres et articulations du texte dans les œuvres antiques. Actes du colloque de Chantilly, 13-15 décembre 1994, Paris, Institut d’Études augustiniennes, 1997, p. 191207. 59 Cic., Att., XIII, 8 (9 juin 45). 60 Ibid., XVI, 11, 4 (5 novembre 44). 61 Ibid., IV, 16, 3 (vers le 1er juillet 54). 62 Ibid., XIII, 30, 3 (28 mai 45). 63 Ibid., XIII, 12, 3 (23 juin 45) ; ibid., XIII, 19, 4 (29 juin 45) : Περὶ τελῶν. Sur la traduction latine du grec τέλος par le mot finis, voir C. Nicolas, Vtraque lingua, op. cit., p. 250-252. 64 Cic., Att., XIII, 16, 1 (27 juin 45). 65 Ibid., XV, 13a, 2 (vers le 28 octobre 44) ; ibid., XVI, 11, 4 (5 novembre 44). 66 Ibid., VI, 9, 3 (15 octobre 50). Voir infra, IIe partie, chapitre I, section I.C.2. 67 Voir sur ce point J. Zarecki, « Cicero’s Definition of ΠΟΛΙΤΙΚΟΣ », Arethusa, 42, 2009, p. 251-270. 68 Cic., Att., VII, 9, 2 (27 décembre 50). Notons que lorsqu’il n’est pas « politique », le problème est qualifié dans les lettres de « digne d’Archimède », Ἀρχιμήδειον, pour sa complexité (ibid., XII, 4, 2 : 13 ou 14 juin 46 ; ibid., XIII, 28, 3 : 26 mai 45). Voir infra, IIe partie, chapitre II, section II.A.2.iii.c. 58

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synonyme platonicien σκέμμα, qui désigne la « question » faisant l’objet d’un examen (Est πολιτικὸν σκέμμα – « Il s’agit là d’une question politique » – ; Magnum est et τῶν πολιτικωτάτων σκεμμάτων – « C’est une affaire sérieuse, relevant des questions éminemment politiques »)69. D’autres groupes nominaux se font l’écho d’une terminologie philosophique générale d’allure stoïcienne (αἰσχροῦ φαντασία – « représentation du déshonneur »)70, épicurienne (διανοητικὰς φαντασίας – « représentations mentales »)71 ou aristotélicienne, dans le cadre du débat entre vie pratique et vie contemplative (τὸν πρακτικὸν βίον (…), τὸν θεωρητικόν)72. Une dernière expression enfin se distingue par la spécificité de son vocabulaire, emprunté certes à un registre concret, voire trivial, quoiqu’elle puise bel et bien à une source philosophique. Cicéron évoque ainsi dans une lettre à Gallus ses problèmes de santé par une formule grecque décrivant « la rétention d’urine et la dysenterie » (στραγγουρικὰ καὶ δυσεντερικὰ πάθη)73. L’emploi du grec est ici triplement motivé : il sert à atténuer, par euphémisme, l’évocation des maux de Cicéron ; il fait appel à un registre médical dont la langue privilégiée est encore, à la fin du ier siècle av. J.-C., le grec74 ; enfin et surtout, il constitue une citation du prologue de la Lettre à Idoménée d’Épicure et fournit la matière d’un développement sur la polémique entre philosophes du Portique et du Jardin autour de l’origine et de la place à accorder aux souffrances physiques75. Passons à présent aux onze groupes prépositionnels revêtant un sens philosophique que nous avons relevés dans l’ensemble des lettres. Malgré leur petit nombre et leur caractère apparemment anodin, ils nous aident à préciser l’attitude de Cicéron à l’égard du grec qu’il cite. Certains correspondent à des locutions figées, comme ἐπὶ σχολῆς (« à loisir ») – employée par Atticus et reprise par Cicéron, sans doute en écho à une expression fréquente à l’époque classique, notamment chez Pla-

69 Ibid., VII, 8, 3 (26 décembre 50) ; ibid., X, 1, 3 (3 avril 49). Voir infra, IIe partie, chapitre I, section I.A.3.i.b. 70 Ibid., IX, 6, 5 (12 mars 49). Voir infra, IIe partie, chapitre IV, section IV.B.1.iii.b. 71 Cic., Fam., XV, 16, 1 (à Cassius ; vers le 10 janvier 45). 72 Cic., Att., II, 16, 3 (vers le 1er mai 59). Voir infra, IIe partie, chapitre II, section II.B.2. 73 Cic., Fam., VII, 26, 1 (à Gallus ; vers le 20 du premier mois intercalaire 46 (?)). 74 Sur les questions médicales abordées en grec à Rome, voir J.-M. André, La médecine à Rome, Paris, Tallandier, 2006. 75 DL, X, 22.

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ton76 – ou εἰς ἑκάτερον (« dans un sens et dans l’autre »). Dans ce dernier cas, on se demande pourquoi Cicéron n’a pas privilégié la tournure latine in utramque partem si fréquente sous sa plume, mais l’adverbe Σωκρατικῶς cité juste avant (Σωκρατικῶς εἰς ἑκάτερον) a sans doute entraîné, par contamination77, un basculement vers la langue grecque à propos de cette expression ainsi que de celle qui désigne la thèse philosophique que l’on préfère (τὴν ἀρέσκουσαν), et que Cicéron énonce, selon les habitudes des philosophes fidèles à Socrate (ut illi solebant), à l’issue d’un débat antilogique pour indiquer ce qui lui semble le plus vraisemblable78. Ces constructions prépositionnelles si courantes ont l’avantage de « faire grec », de conférer une impression d’aisance et de naturel au « code-switching » auquel procède Cicéron, au point que celui-ci en emploie en rafales, et non sans humour, dans une lettre à Varron au sujet des possibles et de la nécessité79. Elles rencontrent néanmoins un écueil : elles peuvent n’être pas identifiées par le destinataire de la lettre comme des allusions à une source philosophique précise – d’autant que parfois, Cicéron se trompe dans l’emploi d’une préposition, comme en témoigne l’expression ἐν αἰνιγμοῖς, probable réminiscence de la Lettre II de [Platon] où on lit δι’ αἰνιγμῶν (« par énigmes »). Seule la rareté du substantif grec incite à déceler une référence philosophique derrière cette formule80. Pour pallier cet inconvénient, Cicéron recourt à deux procédés. Dans certains cas, il associe à une préposition grecque courante un substantif rare, qui encourage le correspondant à puiser dans sa mémoire pour y trouver le texte-source de l’allusion (c’est le cas de l’expression κατ’ εἰδώλων ἐμπτώσεις – « grâce à des impacts de simulacres » – empruntée à Démocrite81, ainsi que d’une autre expression qui en est proche, κατ’ 76 Cic., Att., II, 5, 3 (première moitié d’avril 59). Nous reviendrons sur cette expression dans la IIe partie, chapitre I, section I.A.3.v. 77 Le fait qu’un mot grec en appelle un autre, ce dont la correspondance cicéronienne offre de nombreux exemples, a été décrit par O. Wenskus sous le nom de rafale, « triggering » (O.  Wenskus, « Triggering und Einschaltung griechischer Formen in Lateinischer Prosa », IF, 100, 1995, p. 172-192). 78 Cic., Att., II, 3, 3 (décembre 60). 79 Cic., Fam., IX, 4 (= SVF, II, 284) (à Varron ; vers le 1er juin 46) (trad. J. Beaujeu) : « Sur les possibles (Περὶ δυνατῶν), sache que j’en juge selon Diodore (κατὰ Διόδωρον κρίνειν) (…) ; ceci est possible même selon Chrysippe » (hoc etiam κατὰ Χρύσιππον δυνατὸν est). Voir infra, IIe partie, chapitre IV, section IV.B.1.i. Il est vrai que le latin ne possède pas de tournure aussi légère et commode que la préposition κατὰ + accusatif pour exprimer ce que le français traduit par « selon ». 80 Cic., Att., II, 19, 5 (milieu de juillet 59) ; ibid., VI, 7, 1 (deuxième moitié de juillet 50) ; cf. Platon, Lettre II, 312 d-e. 81 Cic., Att., II, 3, 2 (décembre 60) et Démocrite, 68 A 1 DK ap. DL, IX, 44.

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εἰδων φαντασίας, « grâce aux représentations de simulacres »82). Dans d’autres cas, il adopte une syntaxe volontairement choquante aux yeux d’un Latin, en créant une discordance entre une expression grecque qui eût pu sembler de prime abord banale et une conjonction de coordination latine -que greffée au second adjectif grec (πρὸς ἴσον ὅμοιόνque : « à un égal et un semblable »), qui crée un hybride de grec et de latin et dont le but, outre celui de faire sourire son correspondant, est de l’inciter à la vigilance lorsqu’il lira cette expression, décalque parfait d’une formule de l’Épicurien Philodème πρὸς ἴσον τε καὶ ὅμοιον83. Il existe donc chez Cicéron une tension entre le désir de déployer une culture philosophique grecque qu’il partage avec plusieurs de ses correspondants, en particulier avec Atticus, et le souhait de ne pas se prendre trop au sérieux dans cette activité, même dans une correspondance privée adressée à son meilleur ami. L’humour perceptible derrière le recours à une formation linguistique aberrante permet ainsi de tempérer la tentation cicéronienne de jouer au Graeculus84. Les propositions grecques chargées de résonances philosophiques, quant à elles, sont au nombre de dix dans la correspondance et se classent en deux rubriques principales, si l’on met à part la très courte subordonnée qui amorce la seconde branche de l’alternative dans un raisonnement antilogique (εἰ δὲ μή : « si en revanche ») conduit par Cicéron en mai 59, à propos du vote qu’il doit émettre au sénat sur les publicains d’Asie85, ainsi que la formule de salutation finale, non dénuée d’humour, de Cicéron (Κικέρων ὁ φιλόσοφος), présenté comme le défenseur de Théophraste et de la vie contemplative, à Atticus (τὸν πολιτικὸν Τίτον ἀσπάζεται), adepte de la pensée de Dicéarque et de la vie pratique86. Dans le premier cas, les propositions entières sont des citations plus ou moins précises issues de sources identifiables. Il s’agit d’une part d’un traité d’optique géométrique grecque, dit Catoptrique (dont l’amorce Cic., Fam., XV, 16, 1 (à Cassius ; vers le 10 janvier 45) (= Démocrite, 68 A 118

82

DK).

83 Cic., Att., XIII, 51, 1 (24 août 45) et Philodème, Ind. Stoic. Herc., col. IX, 1-2 Dorandi. 84 Rappelons que Dion Cassius, Histoire romaine, XLVI, 18, 1, se fait l’écho du terme Γραίκουλος (Graeculus) que Q. Fufius aurait adressé à Cicéron. Sur cette question, cf.  M.  Dubuisson, « Cicéron et le bilinguisme », art.  cit., p.  43-48 ; idem, « Graecus, Graeculus, Graecari : l’emploi péjoratif du nom des Grecs en latin », in S.  Saïd (éd.), Ἑλληνισμός : quelques jalons pour une histoire de l’identité grecque. Actes du colloque de Strasbourg, 25-27 octobre 1989, Leiden, Brill, 1991, p. 315-335. 85 Cic., Att., II, 16, 4 (vers le 1er mai 59). 86 Ibid., II, 12, 4 (19 avril 59).

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d’une démonstration mathématique est censée réfuter la théorie démocritéenne de la vision qu’expose Cicéron, à la suite d’une critique d’Atticus sur la petite taille des fenêtres de sa villa d’Arpinum : « Soit, en effet, le rayon visuel α, l’objet qu’on voit β, γ, les rayons solaires δ, et cetera » – Etenim ἔστω ὄψις μὲν ἡ Α, τὸ δὲ ὁρώμενον ΒΓ, ἀκτῖνες δὲ δ κ.τ.λ.)87, d’autre part de textes de Platon, avec deux allusions à l’aspiration de Pompée à un pouvoir tyrannique, toutes deux exprimées en grec tant parce qu’elles renvoient à un univers politique oriental que parce qu’elles sont frappées du sceau du secret, de la confidentialité. La première allusion est directe – « il se prépare, de l’aveu de tous, à la tyrannie » (ὁμολογουμένως τυραννίδα συσκευάζεται)88, la seconde indirecte, métadiscursive et consécutive à un parallèle polémique, mais justifié selon Cicéron, entre Pompée et Sylla – « Je te parle en connaissance de cause (Εἰδώς σοι λέγω)89 ». Dans le second cas, des propositions presque entièrement rédigées en grec constituent des thèses caractéristiques d’une ou plusieurs écoles philosophiques. « La vertu peut s’enseigner » est un thème cher à Socrate, répété tel un leitmotiv dans le Ménon, le Protagoras ou le dialogue apocryphe Sur la vertu, dont Cicéron ne peut se persuader de la fausseté (ἀρετὴ (…) est διδακτόν)90. « Le sage parlera droit » (ὁ σοφὸς εὐθυρρημονήσει)91 est une schola stoica (ou « enseignement stoïcien ») qui conclut une longue analyse sur l’obscénité du langage dans une lettre à Paetus. « L’affection à l’égard de ses enfants est d’origine naturelle » (φυσικὴν esse τὴν πρὸς τὰ τέκνα) est une thèse stoïcienne contestée par Carnéade et par les Épicuriens, et qu’Atticus avait luimême rejetée avant de se raviser, eu égard à son amour pour sa fille92. 87 Ibid., II, 3, 2 (décembre 60) : trad. L.-A.  Constans modifiée en fonction de l’article de G. Simon, « Aux origines de la théorie des miroirs : sur l’authenticité de la Catoptrique d’Euclide », RHS, 47, 1994, p.  259-272. Son interprétation nous semble plus satisfaisante que celle avancée par P. T. Keyser, « Cicero on Optics (Att. 2.3.2.) », Phoenix, 47, 1993, p. 67-69. Sur cette citation, voir infra, IIe partie, chapitre III, section III.B.2. 88 Cic., Att., II, 17, 1 (entre le 2 et le 5 mai 59) ; cf. Platon, Alc. I, 135 b : τυραννίδα (…) παρασκευάζεσθαι. Voir infra, IIe partie, chapitre I, section I.A.3.iii. 89 Cic., Att., IX, 7, 3 (13 mars 49) ; cf. Platon, Gorgias, 506 a et Ménon, 98 b. Sur cette formule, voir infra, IIe partie, chapitre I, section I.A.4.i. 90 Cic., Att., X, 12a, 4 (6 mai 49). Voir infra, IIe partie, chapitre I, section I.A.3.iv.a. 91 Cic., Fam., IX, 22, 5 (= SVF, I, 77) (à Paetus ; 46, 45 ou 44 ?). Voir infra, IIe partie, chapitre IV, section IV.B.2.ii. 92 Cic., Att., VII, 2, 4 (25 ou 26 novembre 50). Voir infra, IIe partie, chapitre III, section III.B.3.i.

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Enfin, « le beau est à choisir pour lui-même » (τὸ καλὸν δι’ αὑτὸ αἱρετὸν esse) est une thèse principalement défendue par les Stoïciens, partagée par Platon, mais contestée selon Cicéron par Cassius93, qui la cite à son tour en admettant qu’il est difficile d’en persuader les hommes, contrairement à l’idée épicurienne selon laquelle le plaisir et l’ataraxie s’acquièrent par la beauté morale94. À l’exception de la thèse stoïcienne ὁ σοφὸς εὐθυρρημονήσει, dont le verbe si singulier est intraduisible en latin autrement que par une périphrase, tous les autres énoncés présentent la particularité d’être émis en grec mais de se voir adjoindre un verbe « être » en latin (ἀρετὴ non est διδακτόν ; φυσικὴν esse τὴν πρὸς τὰ τέκνα ; τὸ καλὸν δι’ αὑτὸ αἱρετὸν esse). Ce dernier aurait pu être omis – ce qui aurait accentué le caractère sentencieux, concis et frappant de ces formules  – ou bien formulé en grec par Cicéron. La dissonnance provoquée par l’irruption du latin au sein d’une expression grecque participe, à notre sens, d’une volonté de se réapproprier les dogmes de la philosophie grecque, de les acculturer au monde latin, ou tout du moins (si l’on juge ce geste moins ambitieux que l’entreprise de traduction systématique de la philosophie grecque à laquelle se livre Cicéron dans ses dialogues), de ne pas les abandonner entièrement à la pensée grecque mais d’en revendiquer d’abord la pertinence, ensuite l’actualité pour des Romains du ier siècle av. J.-C., enfin l’aptitude à créer le débat – débat entre Stoïciens et Académiciens sur la question de l’obscénité du langage, débat entre Cassius et Cicéron sur le beau à choisir pour lui-même, débat entre Atticus et Cicéron sur l’amour filial, débat enfin en Cicéron lui-même lorsqu’il tâche de démêler si la vertu à ses yeux peut ou non être enseignée. II.A.2.iii. : Proverbes, citations en vers et citations en prose Après avoir examiné les mots grecs isolés puis groupés qui sont pourvus d’une dimension explicitement ou implicitement philosophique dans la correspondance, il nous reste à aborder le cas des citations en vers, en prose et des proverbes. Le mot même de citation est d’ailleurs piégé et son statut, problématique, comme l’ont bien montré de récents volumes consacrés à ses mécanismes et ses contours dans l’Antiquité95. Toutefois, 93 Cic., Fam., XV, 17, 3 (à Cassius ; vers le 1er janvier 45). Voir infra, IIe partie, chapitre III, section III.B.3.ii. 94 Ibid., XV, 19, 2 (de Cassius ; vers le 15 janvier 45). 95 C.  Darbo-Peschanski (dir.), La citation dans l’antiquité : actes du colloque du PARSA Lyon, ENS LSH, 6-8 novembre 2002, Grenoble, Millon, 2004 ; C. Nicolas (dir.), « Hôs ephat’ », « dixerit quispiam », « comme disait l’autre » : mécanismes de la citation

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pour reprendre les mots de C. Nicolas, « le caractère rétif de la citation, de la mention, de l’allusion à rentrer dans un tiroir terminologique n’empêche pas le surgissement des questions les plus fondamentales96 ». Quel est donc le statut du grec (et plus précisément pour notre étude, du grec à caractère philosophique) qui figure dans la correspondance de Cicéron ? Dans la mesure où les effets produits par l’apparition en grec de termes isolés ou de vers entiers, ainsi que les raisons de leur emploi, sont très différents et ne sont pas justiciables des mêmes analyses, il convient de distinguer deux plans dans notre approche : celui de la nature du grec cité (sous forme de citation, de mention, d’allusion) et celui des enjeux (englobant les raisons et les effets) de ce grec dans les lettres. Commençons par la nature du grec cité. Nous recourrons pour notre étude à une typologie ad hoc qui ne prétend nullement être transposable à un autre corpus ni à une autre problématique. Nous appellerons ici citation tout mot ou groupe de mots rédigé en grec dont la source est explicite, précise et reproduite avec exactitude dans le cas de la prose (par la mention d’un auteur et/ou d’un titre d’ouvrage), ou dont la référence à un modèle poétique est assurée par la scansion dans le cas de fragments en vers. Nous qualifierons de mention une référence qui, sans comporter la même exactitude que la citation, renvoie, par la spécificité de son vocabulaire ou de sa formulation, à un ou des textes précis que le correspondant de Cicéron ne pouvait manquer d’identifier. Nous nommerons enfin allusion une évocation fugitive d’un auteur, d’un ouvrage, d’une école ou d’une doctrine, qui ne répète pas un texte originel mais se réfère malgré tout à une, voire à des source(s) philosophique(s) identifiable(s) par le destinataire du message. Nous ne nous dissimulons pas cependant le caractère artificiel d’une telle catégorisation, notamment du fait que la frontière entre mention et allusion est poreuse, mouvante et dépendante de notre ignorance de modernes à l’égard de textes antiques que nous n’avons pas conservés en totalité et qui, si nous en avions la même connaissance que Cicéron, feraient apparaître comme des mentions ce que nous qualifierons ici de simples allusions. Rétrospectivement, parmi les termes isolés ou groupés que nous avons déjà abordés dans les sections II.A.2.i. et II.A.2.ii., seuls les titres d’ouvrages peuvent à la rigueur s’apparenter à des citations, dans le sens et de la mention dans les langues de l’Antiquité, Grenoble, ELLUG, 2006 ; C. Mauduit & P. Paré-Rey (éd.), Les maximes théâtrales en Grèce et à Rome : transferts, réécritures, remplois, Paris, de Boccard, 2011. Sur la théorisation de la citation, voir A. Compagnon, La seconde main ou le travail de la citation, Paris, Seuil, 1979. 96 C. Nicolas (dir.), « Hôs ephat’ », op. cit., p. 10.

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restreint que nous venons d’attribuer à ce terme. Tous les autres nous apparaissent comme des mentions ou – surtout – des allusions. Plus le terme choisi est vague, général et isolé dans une lettre, moins sa source philosophique peut être dégagée avec précision et plus le nombre d’occurrences à classer parmi les allusions grandit. Du point de vue des raisons de leur emploi et de leurs effets, mentions et allusions nous semblent néanmoins fort proches, à ceci près que les premières peuvent indiquer que Cicéron a procédé à la vérification d’une référence en consultant un livre ou des notes de lecture, tandis que les secondes révèlent qu’il fait principalement appel à sa mémoire au moment d’insérer dans ses lettres un terme grec à la résonance philosophique. Puisque nous avons déjà abordé les mentions et les allusions grecques par le prisme grammatical, en constatant qu’elles revêtaient tantôt la forme de substantifs, d’adjectifs, d’adverbes ou de verbes, tantôt celle de groupes nominaux, de groupes prépositionnels ou de propositions, il nous reste à examiner les citations à proprement parler, qu’elles soient ou non versifiées, ainsi que les proverbes, qui s’en rapprochent bien qu’ils soient anonymes. II.A.2.iii.a. : Les proverbes Les cinq formules grecques que nous regroupons pour plus de commodité sous le nom de proverbes ont en réalité des statuts différents. Deux d’entre eux possèdent une indéniable origine philosophique mais ne sont pas répertoriés comme des proverbes par E. L. Leutsch & G. F. Schneidewin dans le Corpus paroemiographorum Graecorum97 : il s’agit davantage de maximes, de sententiae. Toutefois, leur renommée ainsi que leur diffusion leur conféraient une portée générale qui favorisait leur application à des domaines très éloignés de leur contexte philosophique d’origine, et c’est cette généralité ainsi que leur répétition dans le corpus cicéronien qui justifient à nos yeux leur classement dans la catégorie des énoncés proverbiaux, connus de tous, transmis oralement et porteurs d’une vérité d’expérience. La première formule d’allure proverbiale est une maxime dont la célébrité est rappelée dans une lettre de Cicéron à Quintus par une tournure emphatique (illud γνῶθι σεαυτόν)98. Originellement attribuée aux Sept 97 E. L. Leutsch & G. F. Schneidewin (éd.), Corpus paroemiographorum Graecorum, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1839 et 1851. 98 Si le démonstratif illud nous semble ici souligner la célébrité de la formule grecque, il peut parfois avoir pour simple vocation d’introduire un segment autonymique, a fortiori lorsqu’il s’agit d’une manifestation de « code-switching ».

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Sages, comme le confirme Cicéron dans le de Finibus99, elle est qualifiée dans les Tusculanes, où elle fait l’objet d’une traduction latine (nosce te) et d’un commentaire détaillé conforme à l’interprétation qu’en donne le Premier Alcibiade, de « précepte d’Apollon » (praeceptum Apollinis)100, ce qui souligne sa valeur à la fois sapientiale et didactique. Si ce précepte a été attribué à un dieu, poursuit Cicéron, c’est que se connaître (cf. nosce te), autrement dit connaître son âme (cf. nosce animum tuum)101, est une tâche digne d’un dieu (diuinum)102. L’origine humaine de la formule n’en est pas pour autant écartée, l’Arpinate précisant qu’elle porte la marque « d’un esprit particulièrement pénétrant » (acrioris cuiusdam animi)103. L’allusion à Socrate paraît ici transparente, même si l’injonction qui lui est associée, et qui vise à « voir l’âme avec l’âme même » (animo ipso animum uidere)104, fait l’objet d’un détournement plaisant dans la correspondance : Cicéron encourage ainsi son frère à poursuivre sa rédaction de tragédies et à ne pas croire « que le fameux Connais-toi toi-même (illud γνῶθι σεαυτόν) ait été seulement formulé pour diminuer notre outrecuidance : il vise aussi à nous faire connaître nos qualités105 ». Il n’est pas question ici pour l’Arpinate d’inciter à l’examen de la nature divine et immortelle de l’âme, mais de porter l’analyse sur le terrain éthique (ad adrogantiam minuendam) et psychologique (ut bona nostra norimus) dans une optique humoristique. La deuxième formule d’allure proverbiale dont la source philosophique était sans doute encore discernable à l’époque de Cicéron, εἷς ἐμοὶ μύριοι, provient d’un fragment d’Héraclite (fgt 22 B 49 DK) dont Galien nous a conservé une version plus longue : « Un seul en vaut pour moi dix mille, s’il est le meilleur » (εἷς ἐμοὶ μύριοι, ἐὰν ἄριστος ᾖ)106. Ci99 Cic., Fin., III, 73 la classe parmi les uetera pracepta sapientium que Caton, en tant que porte-parole du stoïcisme, adopte également. 100 Cic., Tusc., I, 52. 101 Ibidem. 102 Ibidem. 103 Ibidem. 104 Ibidem. 105 Cic., ad Q.fr., III, 5, 7 (fin octobre ou début novembre 54) : (…)  illud γνῶθι σεαυτόν (…) ad adrogantiam minuendam solum esse dictum, uerum etiam ut bona nostra norimus. Notons que ce précepte sera traduit en latin vers 52, dans le de Legibus, I, 58, puis en 45, à la fois dans le de Finibus, V 44, et dans les Tusculanes, I, 52, où sa juste signification, conforme à celle du Premier Alcibiade, lui sera rendue. Sur une analyse plus approfondie de cette formule, voir infra, chapitre III, section III.B. 106 Galien, de Dign. puls., 8, p. 773 K. Sur la présence d’Héraclite dans l’œuvre philosophique cicéronienne, voir M. Bonazzi, « Héraclite, l’Académie et le platonisme : une

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céron expose d’abord cette formule en latin, dans une lettre à Atticus de 59, puis en grec, dans un message daté de 44 et adressé au même correspondant. Il reprend en outre l’expression sous une forme latine dans le Brutus, en 46, en la plaçant dans la bouche du poète Antimaque de Colophon. Employé pour faire l’éloge de trois personnages distincts, respectivement Caton le Jeune, Sextus Peduceus et Platon, ce vers du Présocratique « enseign[e] que c’est l’avis du sage qui compte, non l’opinion de la foule107 ». Il devait s’agir d’une formule vraisemblablement célèbre, connue d’Atticus et sans doute aussi du public cultivé auquel était destiné le Brutus, puisque Cicéron n’en précise pas la source. Elle n’est en tout cas citée dans aucun autre texte de la littérature latine108. Dans la lettre de 59, Cicéron traduit la citation en latin et de façon non littérale : « C’est notre grand Caton qui, à lui tout seul, vaut pour moi cent mille avis (Cato ille noster qui mihi unus est pro centum milibus)109 ». Le choix du latin peut surprendre étant donné la mention de deux vers homériques en grec quelques lignes plus haut110 ; aussi convient-il d’examiner le contexte de cette occurrence. Elle est destinée à louer Caton, un Stoïcien auquel il était particulièrement ingénieux d’appliquer la formule d’Héraclite étant donné l’influence qu’exerça ce penseur sur la philosophie du Portique111. Par ailleurs, la citation grecque fait ici l’objet d’une lecture à la fois éthique (plutôt qu’une multitude de médiocres, mieux vaut suivre un individu excellent autant que sage) et politique. En 59, au moment de la rédaction de la lettre, Caton vient de s’opposer à la mesure conférant à Jules César le commandement des Gaules pour cinq ans, avertissant les citoyens qu’ils établissaient par leurs votes le tyran dans la citadelle112. C’est à la fois le contexte policonfrontation entre Cicéron et Plutarque », in S. Franchet d’Espèrey & C. Lévy (dir.), Les Présocratiques à Rome, Paris, PUPS, 2018, p. 129-142. 107 C. Lévy & L. Saudelli, Présocratiques latins, op. cit., p. XXXVII. Voir ibid. : « Sénèque, quant à lui, en écrivant à Lucilius (epist. 7, 10), attribue à Démocrite une sentence assez semblable : unus mihi pro populo est, et populus pro uno. C’est enfin Symmaque qui, dans une lettre à Saecularis (epist. 9, 115), dira que pour Héraclite summam laudis […] placere uni, si esset optimus qui probaret ». 108 C. Lévy & L. Saudelli, Présocratiques latins, op. cit., p. 19, n. 27. 109 Cic., Att., II, 5, 1 (première moitié d’avril 59). 110 Hom., Il., XXII, 100 et 105. Sur l’insertion de ces vers dans la correspondance, voir infra, IIe partie, chapitre I, section I.A.4.iv.d. 111 C. Lévy & L. Saudelli, Présocratiques latins, op. cit., p. 20, n. 30. Cf. A. A. Long, « Heraclitus and Stoicism », in id., Stoic Studies, Cambridge, Cambridge University Press, 1996, p. 35-57. 112 Plut., Cat. Min., 33, 5.

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tique et le statut sénatorial de Caton, dont la sententia hostile à César n’est qu’implicitement évoquée dans l’éloge que lui décerne Cicéron, qui nous semblent ici dicter la traduction de la formule héraclitéenne en latin. Quoique la fin n’en soit pas conservée par Cicéron (« Un seul en vaut pour moi dix mille, s’il est le meilleur » – εἷς ἐμοὶ μύριοι, ἐὰν ἄριστος ᾖ), celui-ci pouvait, comme Atticus, l’avoir à l’esprit et escompter que son correspondant tracerait comme lui un parallèle entre le superlatif grec ἄριστος, qui s’entend vraisemblablement en un sens éthique dans le fragment d’Héraclite, et son équivalent latin, susceptible de revêtir au pluriel une interprétation politique. Les ἄριστοι représentent en effet la traduction grecque usuelle des optimates, autrement dit du camp politique auquel se rattachait Caton face à César et aux populares. « Un seul en vaut pour moi dix mille, s’il est le meilleur » – et s’il appartient de surcroît au camp des optimates. Dans le Brutus (daté de 46), les raisons du passage au latin sont différentes. Alors que Cicéron établit une équivalence entre les orateurs prisés de la multitude et ceux qu’a distingués le jugement des connaisseurs, il admet qu’un poème, raffiné par essence, n’a besoin de plaire qu’à un petit nombre. Ainsi le célèbre poète alexandrin Antimaque, auteur d’une volumineuse épopée, La Thébaïde, dont la lecture avait mis en fuite tout son public sauf Platon, déclara-t-il : « Je n’en lirai pas moins : Platon seul vaut pour moi cent mille auditeurs » (Plato enim mihi unus instar est centum milium)113. Quoiqu’il ne soit plus question ici de politique mais de critique littéraire énoncée par des Grecs, Platon et Antimaque, ce qui pourrait justifier que fût conservé dans sa langue originale le fragment d’Héraclite, la règle selon laquelle Cicéron s’astreint dans ses discours, ses dialogues et ses traités à traduire tous les termes et citations grecs s’applique. Aussi l’auteur adopte-t-il une formulation qui s’apparente à celle de la lettre à Atticus de 59 (Cato ille noster qui mihi unus est pro centum milibus / Plato enim mihi unus instar est centum milium). Quoique prêtée à Antimaque, l’expression formulée au discours direct aurait pu être reprise à son compte, comme la première, par Cicéron lui-même, dont on connaît la vénération pour le fondateur de l’Académie, au point qu’il préfère se tromper avec lui qu’avoir raison avec tous les autres114. Pour finir, dans une missive à Atticus de 44, la citation héraclitéenne figure en grec. Le contexte en est à nouveau littéraire, puisque Cicéron 113 Cic., Br., 191 (trad. C. Lévy et L. Saudelli) : (…) « Legam » inquit « nihilo minus ; Plato enim mihi unus instar est centum milium ». 114 Cic., Tusc., I, 39.

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s’en remet au jugement de son ami, le Césarien Sextus Peduceus, pour évaluer la qualité de sa deuxième Philippique, grâce à son bon goût qui le distingue d’une foule de profanes : « Un seul en vaut pour moi dix mille » (εἷς ἐμοὶ μύριοι)115. Dénuée en apparence de toute dimension politique, insérée dans une lettre privée et non dans un dialogue ou un traité, il était légitime que cette maxime d’essence aristocratique et d’allure proverbiale fût formulée cette fois dans sa langue originale. Toutefois, comme dans le Brutus, le vers d’Héraclite pouvait s’appliquer à Cicéron lui-même. Dans le violent conflit qui l’opposait à Antoine, ainsi qu’en témoigne précisément la deuxième Philippique, il pouvait s’imaginer adopter la position du sage, seul au-dessus de tous, voire seul contre tous. Les trois dernières citations grecques que nous étudierons à présent correspondent à des proverbes au sens strict du terme, que G. Achard définit par les cinq traits suivants : « une sentence ramassée, souvent imagée, aisément mémorisable grâce à une forme particulière, exprimant la sagesse populaire, et souvent répétée116 ». Si nous les avons incluses dans notre corpus, c’est qu’elles mettaient indirectement en scène un philosophe ou qu’elles étaient apparues au préalable chez un philosophe grec auquel se réfère Cicéron en citant ces proverbes, par un jeu d’intertextualité. Dans le premier cas, il cite le proverbe en relatant tout d’abord une anecdote relative à Hermodore puis en introduisant la formule grecque par une relative (ex quo λόγοισιν Ἑρμόδωρος), qui explicite le parallèle entre Atticus, qui avait publié le de Finibus fin juin 45 sans instructions de la part de Cicéron, et Hermodore, un auditeur syracusain de Platon, accusé de diffuser des ouvrages composés par son maître en Sicile et d’en faire commerce117. « Dis-moi, te plaît-il tout d’abord de publier sans instructions de ma part ? Cela, même Hermodore ne le faisait pas, lui qui a eu coutume de diffuser les livres de Platon, d’où l’expression Hermodore des ouvrages (λόγοισιν Ἑρμόδωρος)118 ». Cic., Att., XVI, 11, 1 (5 novembre 44). G. Achard, « Les proverbes dans l’œuvre de Cicéron », in F. Biville (éd.), Proverbes et sentences dans le monde romain : actes de la table-ronde du 26 novembre 1997, Paris, de Boccard, 1999, p. 91-104 (p. 91). 117 Cf. Zénobios, Proverbes, V, 6 (ap. E. L. Leutsch & G. F. Schneidewin (éd.), Corpus paroemiographorum Graecorum, op.  cit., I, p.  116) : « Hermodore trafique des ouvrages » (Λόγοισιν Ἑρμόδωρος ἐμπορεύεται). 118 Cic., Att., XIII, 21a, 1 (30 juin ou 1 juillet 45) (= Hermodore, fgt 2 Parente) : Dic mihi, placetne tibi primum edere iniussu meo ? Hoc ne Hermodorus quidem faciebat, is qui Platonis libros solitus est diuulgare, ex quo λόγοισιν Ἑρμόδωρος. 115 116

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En s’indignant de ce qu’Atticus, chargé de l’édition de ses dialogues, ait fait circuler le de Finibus avant qu’il n’ait pu y apporter des corrections, privant au passage Brutus de la primeur de l’ouvrage alors qu’il lui était dédié, Cicéron se compare implicitement au fondateur de l’Académie, victime lui aussi d’actes indélicats en raison de la célébrité de ses livres. Peut-être est-ce toutefois pour ménager la susceptibilité d’Atticus que Cicéron abrège le proverbe en ne citant pas le verbe litigieux qui porte l’accusation (ἐμπορεύεται, « il fait commerce, il trafique »), d’autant que son ami ne tirait pas de bénéfice financier de la diffusion prématurée du dialogue119. En laissant la formule en suspens, il révèle en tout cas que celle-ci était suffisamment célèbre pour qu’Atticus la reconstituât sans difficulté. Le deuxième proverbe au sens strict, quant à lui, a pour particularité, comme le troisième, de ne présenter aucun contenu intrinsèquement philosophique mais d’être employé chez Platon, tandis que le troisième proverbe figure chez les Péripatéticiens Théophraste et Dicéarque, dans des contextes que Cicéron avait manifestement à l’esprit au moment de les citer dans sa correspondance. Le deuxième proverbe est introduit par le démonstratif illud, qui insiste sur sa célébrité, sa généralité, ainsi que par l’adjectif uerum, qui souligne sa dimension de vérité universelle (si uerum illud est οἵαπερ ἡ δέσποινα) dans un contexte où Cicéron, en 51, se félicite que l’entourage qu’il a choisi pour l’accompagner dans son proconsulat en Cilicie soit jusqu’ici irréprochable et dévoué à sa réputation : « Quant à la suite, si le fameux Telle la maîtresse… (οἵαπερ ἡ δέσποινα) dit vrai, ils demeureront ainsi, assurément. En effet, ils ne me verront rien faire qui leur donne l’occasion de commettre une faute120 ».

Nous reviendrons plus loin sur l’intertexte platonicien sous-jacent à l’emploi de ce proverbe, dont une scolie au livre VIII de la République de Platon propose non seulement une version complète (οἵα περ ἡ δέσποινα, τοία χ’ ἡ κύων : « telle la maîtresse, telle la chienne »), mais aussi une glose sobre, selon laquelle tous les gouvernés imitent leurs gou-

Il pouvait toutefois en espérer des compensations en termes d’officia. Cic., Att., V, 11, 5 (6  juillet 51) : Quod superest, si uerum illud est οἵαπερ ἡ δέσποινα, certe permanebunt. Nihil enim a me fieri ita uidebunt ut sibi sit delinquendi locus. Cf. E. L. Leutsch & G. F. Schneidewin (éd.), Corpus paroemiographorum Graecorum, op. cit., II, p. 44. 119 120

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vernants121 – une interprétation précisée par le recueil de Proverbes issu de Diogénien, au iie siècle de notre ère. Ce recueil insiste sur le caractère péjoratif d’une telle expression, qui s’emploie « lorsque les sujets sont en harmonie avec leurs dirigeants pour le pire » (οἱ ὑποχείριοι τοῖς ἄρχουσιν ἐπὶ κακῷ συμφωνῶσι)122. Dans la lettre de Cicéron en tout cas, l’emploi du proverbe grec, dont la formulation triviale, certes suspendue par la troncation, était assurément présente à l’esprit d’Atticus, contraste avec son application à une réalité politique plus noble et crée, par ce décalage quasi burlesque, un effet humoristique. Quant au troisième et dernier proverbe grec stricto sensu que nous étudierons dans la correspondance, ἅλις δρυός (« assez du chêne »), que Cicéron cite dans une lettre à Atticus en juillet 59, alors qu’il est préoccupé par l’attitude de Clodius, qui vient de se faire adopter par un plébéien et va être élu tribun pour l’année 58, il attire notre attention du fait de sa formulation très particulière : « Tu diras peut-être : “Assez de l’honneur, comme du chêne (Dignitatis ἅλις, tamquam δρυός) ; veille, si tu m’aimes, à ta sûreté”. Malheur de moi ! Pourquoi n’es-tu pas ici ? Rien, assurément, ne t’échapperait. Moi, je suis aveugle sans doute et j’ai été trop affecté par le beau123 ».

La structure syntaxique en chiasme (Dignitatis ἅλις, tamquam δρυός) rejette les deux génitifs, l’un exprimé en latin (dignitatis), l’autre en grec (δρυός), aux extrémités du groupe de mots tandis qu’en son centre, l’adverbe grec ἅλις jouxte l’adverbe tamquam. Ce chiasme se double d’un parallélisme dans l’emploi des langues : à un terme latin succède, par deux fois, un terme grec. Une telle structure à la fois savante et très artificielle, qui sépare les deux termes que leur source proverbiale réunissait sous la forme ἅλις δρυός et instaure de surcroît une comparaison (tamquam δρυός) absente du texte initial, comme si l’expression originelle 121 Scolie à Platon, Rép., VIII, 563 c bis : « les chiennes etc. Notez le proverbe “les chiennes ressemblent à leurs maîtresses” au sujet de tous les gouvernés qui imitent leurs gouvernants. Le voici en entier : “telle la maîtresse, telle la chienne” » (αἵ τε κύνες κτλ. ση τὴν παροιμίαν, αἱ κύνες οἷαί περ αἱ δέσποιναι, ἐπὶ τῶν ὁμοιουμένων πάντων ἀρχομένων τοῖς αὐτῶν ἄρχουσι. Ἔστι δὲ ἡ ὅλη – οἵα περ ἡ δέσποινα, τοία χ’ ἡ κύων). Voir infra, IIe partie, chapitre I, section I.A.4.i. 122 Diogénien, Proverbes, V, 93. 123 Cic., Att., II, 19, 1 (milieu de juillet 59) : Dices fortasse : « Dignitatis ἅλις, tamquam δρυός ; saluti, si me amas, consule ». Μe miserum ! Cur non ades ? Nihil te profecto praeteriret. Ego fortasse τυφλώττω et nimium τῷ καλῷ προσπέπονθα. Cf. E. L. Leutsch & G. F. Schneidewin (éd.), Corpus paroemiographorum Graecorum, op. cit., I, p. 42 ; Zénobios, Proverbes, II, 40.

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était « assez de l’honneur » (dignitatis ἅλις) et non « assez du chêne » (ἅλις δρυός), tend à la fois à masquer la référence à un sous-texte et à signaler, par la singularité même de sa formulation, qu’un jeu d’intertextualité est à l’œuvre dans ce passage et qu’Atticus se doit de le déchiffrer. Or l’expression ἅλις δρυός, dont la dimension proverbiale renvoie au passage de la cueillette à l’agriculture, devait être appréciée de Cicéron, qui y fait une allusion sous une forme latine dans l’Orator124. Elle revêt surtout une signification intéressante si l’on songe qu’avant l’époque de l’Arpinate, elle n’est citée que par deux auteurs grecs, selon le TLG : les Péripatéticiens Théophraste et Dicéarque, dont la controverse sur le choix de la vie contemplative ou de la vie active apparaît dans la correspondance deux mois avant que ne soit mentionné ce proverbe, et qui tous deux éprouvaient de l’intérêt pour les origines de l’humanité et pour le proverbe ἅλις δρυός, témoin d’un jalon de son histoire125. Pour conclure, l’examen des trois dernières formules corrobore les analyses effectuées par G. Achard à propos des proverbes dans l’œuvre de Cicéron : « le proverbe est en effet rarement repris dans la forme qui devait être la sienne dans le parler populaire ou le langage théâtral : Cicéron le “déproverbialise” en quelque sorte, en ne conservant pas toujours les trois caractéristiques importantes que doivent présenter les vrais proverbes et qui ont été définies plus haut : un jeu formel sur les sonorités ou les rythmes, la breuitas et une image forte. (…) Cicéron prend aussi plaisir à faire seulement allusion aux adages, sans les reprendre textuellement : il préfère sans conteste l’allusion à la citation, allusion qui permet un clin d’œil au correspondant ou à l’auditeur (…)126 ». II.A.2.iii.b. : Les citations versifiées Après les proverbes, tournons-nous à présent vers les citations versifiées. La correspondance cicéronienne en comprend quatorze différentes qui soient pertinentes pour notre étude127. La raison de leur insertion dans notre corpus réside moins dans leur contenu intrinsèquement 124 Cic., Or., 31 (à propos de la polémique contre les Atticistes qui admirent le style hérissé de Thucydide) : « Mais quelle est cette si grande absurdité chez ces hommes, qu’ils se nourrissents de glands après la découverte des céréales ? » (Quae est autem in hominibus tanta peruersitas, ut inuentis frugibus glande uescantur ?). 125 Porphyre, Abst., II, 5, 1 et 6 (= Théophraste, Περὶ εὐσεβείας, fgt 2 Pötscher) ; ibid., IV, 2, 3 et 5-6 (= Dicéarque, fgt 56 A Mirhady). 126 G. Achard, « Les proverbes », art. cit., p. 91-104 (p. 95 et 97). 127 Nous en avons compté dix-huit occurrences cependant, ce qui justifie le chiffre indiqué dans notre tableau.

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philosophique, que seuls les vers de Sophocle (Μήπω μέγ’ εἴπῃς πρὶν τελευτήσαντ’ ἴδῃς : « Ne te vante pas encore avant de voir la fin »)128 et d’Euripide paraissent recéler (Μισῶ σοφιστήν, ὅστις οὐχ αὑτῷ σοφός : « Je hais le maître de sagesse qui n’est pas un sage pour lui-même »129 ; τὸ γὰρ εὖ μετ᾽ ἐμοῦ : « Le bien est en effet de mon côté »)130, que dans le jeu d’intertextualité auquel se livre Cicéron en les citant. En effet, par-delà Homère, Pindare ou Stésichore, c’est à un penseur grec (surtout Platon et dans une moindre mesure Aristote) ayant déjà livré une analyse philosophique de ces textes qu’il fait référence. Nous nous intéresserons ici à leur aspect formel avant tout, puisque l’analyse de leur dimension philosophique sera développée en seconde partie. Huit de ces citations grecques proviennent d’Homère (cinq de l’Iliade, trois de l’Odyssée)131, deux de Pindare, deux d’Euripide, une de Sophocle et une de Stésichore132. Poésie épique, poésie tragique et poésie lyrique sont donc représentées dans notre corpus, même s’il s’agit d’un échantillon fort restreint par rapport à l’abondance des citations poétiques grecques relevées par D. R. Shackleton Bailey dans l’ensemble des lettres de Cicéron133. Certains de ces vers, tous issus de l’Iliade, sont répétés plusieurs fois (Πουλυδάμας μοι πρῶτος ἐλεγχείην ἀναθήσει : « Polydamas, tout le premier, me couvrira d’opprobre »134 ; σύν τε δύ’ ἐρχομένω : « quand deux hommes marchent ensemble »135) ou empruntés à un même passage homérique et scindés en deux dans le texte cicéronien136. Les citations grecques sont en outre effectuées de façon exacte et conservées au discours direct. Cicéron se met ainsi en scène, en prenant la place de personnages d’épopée ou de tragédie. Il est tour à tour Ulysse auquel s’adressent les Muses (Ἕσπετε νῦν μοι, Μοῦσαι… ὅππως Sophocle, Tyro, fgt 662 Radt. Voir infra, IIe partie, chapitre I, section I.A.4.i. 129 Euripide, F 905 Kannicht (trad. J. Beaujeu). Voir infra, chapitre III, section III.J. 130 Euripide, F 918 Kannicht. Voir infra, IIe partie, chapitre I, section I.A.1.iv. 131 Homère, Il., X, 224 ; XVI, 112-113 ; XVIII, 96 et 98-99 ; XXII, 100 ; Od., III, 26-27 ; XI, 633 ; XX, 18. 132 Pindare, fgts 105 a et 213 Maehler ; Euripide, F 905 Kannicht ; Euripide, F 918 Kannicht ; Sophocle, Tyro, fgt 662 Radt ; Stésichore, fgt 15 Page. 133 D.  R.  Shackleton Bailey, Onomasticon to Cicero’s Letters, Stuttgart-Leipzig, Teubner, 1995, p. 155-156. 134 Cic., Att., II, 5, 1 (première moitié d’avril 59) et VII, 1, 4 (16  octobre 50) ; cf. Homère, Il., XXII, 100. 135 Cic., Att., IX, 6, 6 (12 mars 49) et Fam., IX, 7, 1 (à Varron ; deuxième quinzaine de mai 46) ; cf. Homère, Il., X, 224. 136 Cf. Homère, Il., XVIII, 96 et 98-99 en Cic., Att., IX, 5, 3 (11 mars 49). 128

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δὴ πρῶτον πῦρ ἔμπεσε : « Et maintenant, ô Muses, dites-moi comment éclata l’incendie »)137, Hector que blâme Polydamas (Πουλυδάμας μοι πρῶτος ἐλεγχείην ἀναθήσει : « Polydamas, tout le premier, me couvrira d’opprobre »)138, Achille s’exhortant à mourir à la suite de son ami Patrocle (Αὐτίκα γάρ τοι ἔπειτα μεθ’ Ἕκτορα πότμος ἕτοιμος : « Car au destin d’Hector le tien soudain se lie » ; Αὐτίκα τεθναίην, ἐπεὶ οὐκ ἄρ’ ἔμελλον ἑταίρῳ/ κτεινομένῳ ἐπαμῦναι : « Que je meure aussitôt, puisque je ne pouvais / au moment qu’il périt défendre mon ami »)139, ou encore Télémaque conseillé par Athéna (ἄλλα μὲν αὐτός (…), ἄλλα δὲ καὶ δαίμων ὑποθήσεται : « des idées, il en est une partie que toi-même , Et une autre partie que la divinité aussi te fournira »)140. Notons que les citations grecques versifiées de notre corpus sont concentrées dans la correspondance à Atticus, à l’exception d’un fragment de vers homérique dans une lettre à Varron et d’un vers d’Euripide dans une lettre de recommandation fort singulière adressée à César141. L’auteur de ces citations n’est jamais précisé, sauf dans la lettre à César mentionnée à l’instant (confero me ad uera praecepta Εὐριπίδου) et dans un message à Atticus où Cicéron explicite le parallèle qu’il trace entre la situation d’Achille et la sienne (sicut apud Homerum)142. Dans tous les autres cas, seule leur formulation en grec et leur scansion permettent d’y reconnaître des citations versifiées. Les modalités d’insertion dans le contexte (au sens étymologique) des lettres cicéroniennes varient : parfois, les citations interviennent sans la moindre introduction ni la moindre rupture syntaxique puisqu’elle constituent au sein du latin des unités autonomes, sous forme de phrases entières143 ou tronquées dont la fin reste alors en suspens144, à charge pour le destinataire de reconstituer le fragment manquant. Elles peuvent éga Cic., Att., I, 16, 5 (fin juin ou juillet 61) ; cf. Hom., Il., XVI, 112-113. Cic., Att., II, 5, 1 (première moitié d’avril 59) et VII, 1, 4 (16  octobre 50) ; cf. Hom., Il., XXII, 100. 139 Cic., Att., IX, 5, 3 (11 mars 49) ; cf. Hom., Il., XVIII, 96 et 98-99. 140 Cic., Att., IX, 15, 4 (25 mars 49) ; cf. Hom., Od., III, 26-27. 141 Voir respectivement Cic., Fam., IX, 7, 1 (à Varron ; deuxième quinzaine de mai 46) ; ibid., XIII, 15, 2 (à César ; mai-juin 45 (?)). 142 Cic., Att., IX, 5, 3 (11 mars 49). 143 Ibid., IV, 8, 1 (juin 56) ; cf.  Sophocle, Tyro, fgt 662 Radt. Cic., Att., VI, 1, 8 (20 ou 21 février 50) ; cf. Euripide, F 918 Kannicht. Cic., Fam., XIII, 15, 2 (à César ; mai-juin 45 (?)) ; cf. Euripide, F 905 Kannicht. 144 Cic., Att., IX, 6, 6 (12 mars 49) et Fam., IX, 7, 1 (à Varron ; deuxième quinzaine de mai 46) ; cf. Homère, Il., X, 224. 137

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lement ouvrir une lettre et entraîner avec fluidité le rebondissement de la phrase latine sur cette entame grecque, comme dans le cas d’un message adressé à Atticus en mars 49 où la brusquerie de l’amorce in medias res, par le biais d’un célèbre vers de Stésichore, ainsi que son caractère mystérieux obligent Cicéron à préciser ensuite son propos au moyen du démonstratif masculin singulier ille, qui reprend le substantif grec λόγος (Οὐκ ἔστ’ ἔτυμος λόγος (…), ille de ratibus : « Non, ce discours n’est pas vrai (…), celui qui concerne les navires »)145. Parfois encore, les citations grecques versifiées sont précédées d’un verbe de déclaration, qu’il s’agisse de l’infinitif exclamasse qui commande une citation d’Euripide au style direct146, ou des verbes dixisset et respondit dans le cas d’une insertion de deux passages homériques au style direct, entre lesquels Cicéron effectue une jonction en latin en précisant l’identité des protagonistes du dialogue, Achille et sa mère Thétis (et mater et dea dixisset (…), matri ipse respondit (…))147. La lacune que comble Cicéron entre les vers 96 et 98-99 du chant XVIII de l’Iliade, pour ne retenir que les propos des interlocuteurs homériques, correspond au vers 97, qui est un vers formulaire relatif à l’irritation d’« Achille aux pieds rapides ». Ce héros est tellement célèbre que Cicéron ne le nomme même pas mais le désigne par une périphrase, ille apud Homerum, « le héros d’Homère » : voilà qui justifie dans la lettre la mention de l’auteur du passage. Cicéron comme Atticus connaissaient sans doute l’Iliade quasiment par cœur et il était donc superflu de citer le nom d’Homère, sauf si l’Arpinate, soucieux de fuir le reproche d’outrecuidance en se comparant au Péléide, préférait par euphémisme ne pas le nommer. Socrate est quant à lui plus explicite, lorsqu’il évoque « le fils de Thétis » (ὁ τῆς Θέτιδος ὑός)148 dans le passage de l’Apologie qui sert sans doute de source intermédiaire à Cicéron dans cette lettre149 : aussi bien ne se comparait-il pas à Achille… Cic., Att., IX, 13a, 1 (22 ou 23 mars 49) ; cf. Stésichore, fgt 15 Page. Cic., Att., VIII, 8, 2 (23 ou 24 février 49) ; cf. Euripide, F 918 Kannicht. 147 Cic., Att., IX, 5, 3 (11 mars 49) : « (…) mais je vois clairement qu’il [i. e. César] ne fait rien d’autre, n’a rien fait depuis le début sinon viser à tuer ce dernier [i. e. Pompée]. Me voici donc comme le héros d’Homère à qui sa mère, déesse de surcroît, avait dit : “Car immédiatement après Hector, c’est la destinée qui t’attend”. Et il répondit, lui, à sa mère : “Que je meure aussitôt, puisque je ne pouvais / au moment qu’il périt défendre mon ami” » ((…) sed uideo plane nihil aliud agi, nihil actum ab initio, nisi ut hunc occideret. Ego igitur, si quidem ille apud Homerum, cui et mater et dea dixisset : Αὐτίκα γάρ τοι ἔπειτα μεθ’ Ἕκτορα πότμος ἕτοιμος (= Homère, Il., XVIII, 96), matri ipse respondit : Αὐτίκα τεθναίην, ἐπεὶ οὐκ ἄρ’ ἔμελλον ἑταίρῳ κτεινομένῳ ἐπαμῦναι (= Homère, Il., XVIII, 98-99) (…)). 148 Platon, Apol., 28 c. 149 Ibid., 28 b-d. Pour l’analyse de ce passage et l’interprétation philosophique des vers homériques, voir infra, IIe partie, chapitre I, section I.A.4.iv.a. 145 146

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À l’usage d’un verbe déclaratif peut se joindre le procédé de la troncation, où un premier vers de l’Odyssée se voit raccourci – ce qui met au défi la sagacité et la mémoire d’Atticus – puis en quelque sorte comblé par une incise en latin signalant la citation et la célébrité de son auteur, à défaut de son nom (ut ait ille). Il est ensuite complété par le vers suivant du poème afin de faciliter l’identification du passage évoqué150. Une telle coupure entre deux vers consécutifs dans le poème homérique comporte un équivalent sur le plan microtextuel, au sein d’un seul vers. Dans une lettre à Atticus du début de la guerre civile, en mars 49, un mois au cours duquel Cicéron semble s’être tout particulièrement penché sur l’interprétation platonicienne de passages homériques, l’Arpinate ne retient que deux mots d’un vers de l’Odyssée (XX, 18), un verbe (Τέτλα) et un comparatif adjectival (κύντερον), et il les accole dans son texte en les faisant dialoguer, comme si l’impératif grec (Τέτλα : « Supporte-le ») était prononcé par Atticus et que la phrase suivante, qui s’ouvre sur le comparatif κύντερον (« plus terrible ») pour souligner la cruauté du malheur qui le frappe, constituait la réponse de Cicéron à l’injonction de son ami, une réponse énoncée dans le respect des règles de la syntaxe latine (Κύντερον ne illud quidem nostrum proprium). La citation sélective à laquelle procède ici l’Arpinate vise avant tout l’efficacité et l’expressivité, afin de susciter l’émotion de son destinataire151. 150 Cf. Cic., Att., IX, 15, 4 (25 mars 49), où Cicéron s’apprête à rejoindre Pompée et doit rencontrer César, arrivé soudainement, avant d’avoir pu voir Trebatius, comme il l’avait initialement prévu : « (…) il me faut agir en tout sans m’y être préparé (omnia nobis imparatis agenda). Mais toutefois, “des idées, il en est une partie que moi-même…” (Sed tamen ἄλλα μὲν αὐτὸς), comme dit l’autre (ut ait ille), “et une autre partie que la divinité aussi te fournira” (ἄλλα δὲ καὶ δαίμων ὑποθήσεται) ». Cf. Hom., Od., III, 26-28 (trad. L. Brisson, retouchée) : « Des idées, Télémaque, il en est une partie (ἄλλα μὲν αὐτὸς) que toi-même tu concevras dans ton cœur, / Et une autre partie que la divinité aussi te fournira (ἄλλα δὲ καὶ δαίμων ὑποθήσεται), car selon moi, / Tu n’es pas né ni n’as grandi sans quelque bon vouloir des dieux » (Τηλέμαχ’, ἄλλα μὲν αὐτὸς ἐνὶ φρεσὶ σῇσι νοήσεις, / ἄλλα δὲ καὶ δαίμων ὑποθήσεται· οὐ γὰρ ὀίω / οὔ σε θεῶν ἀέκητι γενέσθαι τε τραφέμεν τε). Pour l’analyse de ce passage et l’interprétation philosophique des vers homériques, voir infra, IIe partie, chapitre I, section I.A.4.ii. 151 Cic., Att., IX, 15, 3 (25 mars 49) : « Quand toi, tu liras ces mots, moi, je l’aurai peut-être rencontré. “Supporte-le” (Τέτλα). Même ce fameux événement qui m’a personnellement frappé [i. e. l’exil] n’était pas plus terrible (κύντερον). En effet, il y avait l’espoir d’un retour proche, il y avait la protestation générale. Aujourd’hui je désire partir, mais avec quel espoir de retour ? Cela du moins, mon esprit ne le conçoit jamais » (Cum tu haec leges, ego illum fortasse conuenero. “Τέτλα”. Κύντερον ne illud quidem nostrum proprium. Εrat enim spes propinqui reditus, erat hominum querela. Νunc exire cupimus, qua spe reditus mihi quidem numquam in mentem uenit). Cf. A. Garcea, « Le langage des émotions dans les lettres d’exil de Cicéron », in L. Nadjo & É. Gavoille (éd.), Epistulae antiquae. 3. Actes du IIIe  colloque international « L’épistolaire antique et ses

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La guerre civile est un malheur plus terrible encore que l’exil qu’il avait connu neuf ans plus tôt : une telle comparaison confère à ce conflit une gravité hyperbolique, dans l’esprit de Cicéron. Ce souci d’intégrer la citation homérique grecque à son propos, de favoriser son insertion dans la phrase latine se traduit enfin par un adroit tissage à la faveur duquel le vers grec demeure intact, tout en étant inséré dans une syntaxe latine parfaitement rigoureuse. Ainsi en va-t-il de la lettre Att., IX, 7 où Cicéron, après avoir évoqué le danger qu’incarnait la figure de César, prend également ses distances à l’égard de Pompée, qu’il soupçonne d’aspirer à la royauté : « (…) mais je crains d’imposer quelque fardeau à Pompée, et “qu’il ne lance contre moi la tête de Gorgô, de ce monstre terrible” ((…) sed uereor ne Pompeio quid oneris imponam, μή μοι γοργείην κεφαλὴν δεινοῖο πελώρου intorqueat)152 ».

Le vers grec qu’il cite est emprunté au chant XI de l’Odyssée (v. 634) : à la fin de la nekuya, Ulysse, après avoir rencontré Héraclès, espère encore apercevoir d’autres vaillants héros mais la foule des morts se rassemble tout à coup dans une grande clameur. Effrayé à l’idée que Perséphone ne fasse apparaître autour de la fosse de la nécromancie la tête de l’horrible Gorgone dont la vue l’aurait pétrifié, ce qui l’aurait privé de tout espoir de retour de cette aventure dans l’au-delà, il retourne rapidement à son vaisseau et quitte les Enfers : « Une pâle terreur me saisit à la pensée que, du fond de l’Hadès, la noble Perséphone pourrait m’envoyer la tête de Gorgô, de ce monstre terrible » (ἐμὲ δὲ χλωρὸν δέος ᾕρει,  / μή μοι Γοργείην κεφαλὴν δεινοῖο πελώρου / ἐξ Ἄϊδος πέμψειεν ἀγαυὴ Περσεφόνεια)153.

Grâce au verbe de crainte uereor, qu’il construit avec une première subordonnée complétive en latin introduite par ne (ne Pompeio quid oneris imponam), Cicéron justifie la seconde proposition subordonnée prolongements européens » (Université François-Rabelais, Tours, 25-27  septembre 2002), Louvain-Paris, Peeters, 2004, p. 153-167. Pour l’analyse de ce passage et l’interprétation philosophique des vers homériques, voir infra, IIe partie, chapitre I, section I.A.4.iv.c. 152 Cic., Att., IX, 7, 3 (13 mars 49) : (…) sed uereor ne Pompeio quid oneris imponam, μή μοι γοργείην κεφαλὴν δεινοῖο πελώρου intorqueat. Pour l’analyse de ce passage et l’interprétation philosophique des vers homériques, voir infra, IIe partie, chapitre I, section I.A.4.i. 153 Hom., Od., XI, 633-635.

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annoncée, sous la forme du vers homérique, par la négation μή (μή μοι Γοργείην κεφαλὴν δεινοῖο πελώρου), puis il complète le vers grec par un ultime verbe au subjonctif présent, intorqueat, conforme à la construction latine, comme si le μή grec était l’exact équivalent du ne latin et le subjonctif intorqueat, le correspondant du verbe grec à l’optatif πέμψειεν. Au terme de cette analyse, nous constatons l’habileté et la variété avec lesquelles Cicéron sertit les vers grecs dans sa phrase latine. Même dans un échange épistolaire avec son ami Atticus qui n’était pas, dans son ensemble, destiné à la publication, le souci de charmer (delectare), voire d’émouvoir (mouere), demeure présent à son esprit. II.A.2.iii.c. : Les citations en prose L’effet visé par les citations grecques en prose à caractère philosophique dans la correspondance nous semble bien différent. Nous en comptons quatre, de longueur variable, issues respectivement de Platon (inquit Πλάτων)154, Thucydide (ut ait Thucydides)155 et Épicure (Ipse enim Epicurus (…) dicit). Du fait qu’elles sont accompagnées du nom de leur auteur, elles octroient au propos une indéniable auctoritas. Cet effet est particulièrement marqué dans la lettre qu’adresse l’Épicurien Cassius à Cicéron en janvier 45, à propos du fondateur du Jardin, dont le nom est introduit avec une grande insistance (Ipse enim Epicurus (…) dicit), conformément au culte que vouaient à ce philosophe les membres de son école : « En effet, il est difficile de persuader les hommes que le bien doit être choisi pour lui-même (τὸ καλὸν δι’ αὑτὸ αἱρετὸν) ; mais que le plaisir (ἡδονὴν) et l’ataraxie (ἀταξίαν) s’acquièrent par la vertu, la justice, le beau (τῷ καλῷ), c’est à la fois vrai et facile à démontrer. Épicure luimême en effet, dont découlent tous les Catius et Amafinius, mauvais traducteurs de ses paroles (mali uerborum interpretes), le dit : Il n’est pas possible de vivre avec plaisir sans vivre selon le beau et le juste (οὐκ ἔστιν ἡδέως ἄνευ τοῦ καλῶς καὶ δικαίως ζῆν)156 ».

154 Voir dans l’ordre Cic., Att., IX, 13a, 4 (22 ou 23 mars 49) et Platon, Lettre VII, 329 d-e ; Cic. Att., X, 8, 7 (2 mai 49) et Thucydide, I, 138, 3 ; Cic., Fam., XV, 19, 2 (de Cassius ; vers le 15 janvier 45) et Épicure, Mén., 132. 155 On compte en réalité deux citations de Thucydide dans la même lettre, ce qui explique notre total de quatre. 156 Cic., Fam., XV, 19, 2 (de Cassius ; vers le 15  janvier 45) : Difficilest enim persuadere hominibus  τὸ καλὸν δι’ αὑτὸ αἱρετὸν esse ; ἡδονὴν uero et  ἀταξίαν uirtute, iustitia, τῷ καλῷ parari et uerum et probabile est ; ipse enim Epicurus, a quo omnes Catii et

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Ici, la citation d’Épicure revêt un rôle argumentatif –  elle est d’ailleurs introduite par l’adverbe enim – et tend à justifier l’affirmation, vraie (uerum) selon Cassius mais néanmoins paradoxale, selon laquelle le plaisir et l’ataraxie s’acquièrent par la vertu. Il s’agit également pour le correspondant de Cicéron de se reporter directement à la source de l’enseignement du Jardin, par-delà d’éventuels intermédiaires qui auraient pu distordre son message et qui sont ici qualifiés de mali uerborum interpretes157. Cela n’empêche pas néanmoins Cassius de modifier légèrement, et sans doute consciemment, la formule originelle d’Épicure en en supprimant l’adverbe φρονίμως (« avec prudence »). Selon la Lettre à Ménécée en effet, la philosophie enseigne « qu’il n’est pas possible de vivre avec plaisir sans vivre conformément à la prudence, le beau et le juste (ὡς οὐκ ἔστιν ἡδέως ζῆν ἄνευ τοῦ φρονίμως καὶ καλῶς καὶ δικαίως), et qu’il n’est pas possible de vivre conformément à la prudence, au beau et au juste, sans vivre avec plaisir ( ἄνευ τοῦ ἡδέως) (…)158 ». Nous reviendrons plus loin sur les raisons et les enjeux de cette modification159. La citation de Platon, quant à elle, formulée intégralement en grec à l’exception d’une incise mi-grecque mi-latine (inquit Πλάτων), est empruntée à la célèbre Lettre VII, 329 d-e, à laquelle se réfère souvent Cicéron dans sa correspondance et que connaissait assurément Atticus, en tant qu’éditeur des œuvres du fondateur de l’Académie160. Elle intervient juste après que Cicéron a traduit l’alliance contre-nature de persuasion et de violence dont fait preuve César en ce début de guerre civile au moyen d’un néologisme grec absent de sa source platonicienne, la πειθανάγκη ou « contrainte persuasive » : « Quant à moi, je crains moins de sa part un sortilège qu’une contrainte persuasive (Ego autem non tam γοητείαν huius timeo quam πειθανάγκην). Car les prières des tyrans, dit Platon, sont mêlées, tu le sais, de contraintes  (Αἱ γὰρ τῶν τυράννων δεήσεις, inquit Πλάτων, οἶσθ’ ὅτι μεμιγμέναι ἀνάγκαις)161 ». Amafinii, mali uerborum interpretes, proficiscuntur, dicit : οὐκ ἔστιν ἡδέως ἄνευ τοῦ καλῶς καὶ δικαίως ζῆν. 157 Nous analyserons plus loin le rôle de Catius et d’Amafinius, dans la IIe partie, chapitre III, section III.B.1. 158 Épicure, Mén., 132. 159 Voir infra, IIe partie, chapitre III, section III.B.3.ii. 160 Voir infra, IIe partie, chapitre I, section I.A.1.ii. 161 Cic., Att., IX, 13a, 4 (22 ou 23 mars 49) et Platon, Lettre VII, 329 d-e. Voir infra, IIe partie, chapitre I, section I.A.2.ii.b.

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À l’exception de la transposition du verbe οἶδα de la 1ère personne du pluriel (ἴσμεν : « nous savons »), dans la source platonicienne, à la 2e personne du singulier (οἶσθ : « tu sais ») dans la lettre à Atticus, et mis à part la modification de l’accusatif initial chez Platon (τὰς δὲ τῶν τυράννων δεήσεις), dû à la prolepse du groupe nominal, en nominatif dans le texte cicéronien (Αἱ γὰρ τῶν τυράννων δεήσεις), la citation se présente avec exactitude. D’apparence anodine, d’autant qu’il provient peut-être d’une simple erreur de mémoire, le changement de personne grammaticale pourrait éventuellement refléter de la part de Cicéron le souhait de s’approprier le texte platonicien et d’en faire l’enjeu d’une confidence adressée à Atticus. Passer de la généralité paradoxale du « nous savons » (ἴσμεν), qui inclut Platon et les destinataires de la Lettre VII (en l’occurrence les proches et les partisans de Dion) mais peut aussi faire figure de vérité universelle, à l’énoncé particulier du verbe « tu sais » (οἶσθ) promeut la citation grecque au rang de secret, que seuls partageraient Cicéron et Atticus dans un contexte politique empli de périls. Sa formulation en grec correspondrait donc à un « langage privé », traduisant à la fois l’intimité des deux correspondants et la confidentialité de leurs propos162, qui ressortissent de surcroît à une réalité grecque, ou du moins perçue comme orientale, celle du tyran. Les deux dernières citations en prose à caractère philosophique de la correspondance proviennent du livre I de La guerre du Péloponnèse de Thucydide. Dans une lettre du 2 mai 49, en réponse au conseil d’Atticus de ne pas quitter immédiatement la péninsule, Cicéron livre à son ami son analyse du conflit entre César et Pompée en citant au style direct (introduit par les formules ut ait Thucydides et ut ait idem), avec une grande précision, un portrait élogieux de Thémistocle rédigé par l’historien grec163. Cette référence semble appelée par des motifs tant militaires que 162 C’est ce que J. N. Adams nomme « code-switching as a form of coding or exclusion » (Bilingualism and the Latin Language, op. cit., p. 329-330). 163 Thucydide, I, 138, 3 (trad. J.  de Romilly, retouchée) : « Par son intelligence (ξυνέσει) propre, à laquelle l’étude n’avait ni préparé les voies ni rien ajouté, il excellait à la fois pour se faire, dans les problèmes immédiats, grâce à la réflexion la plus brève, l’avis le meilleur (τῶν τε παραχρῆμα δι’ ἐλαχίστης βουλῆς κράτιστος γνώμων), et pour formuler à propos de l’avenir la plus juste conjecture sur les perspectives les plus étendues (τῶν μελλόντων ἐπὶ πλεῖστον τοῦ γενησομένου ἄριστος εἰκαστής). Une affaire étaitelle entre ses mains, il savait aussi l’exposer ; n’en avait-il pas l’expérience, il n’en portait pas moins un jugement valable ; enfin, les avantages ou inconvénients pouvaient être encore indistincts : il savait au mieux les prévoir (τό τε ἄμεινον ἢ χεῖρον ἐν τῷ ἀφανεῖ ἔτι προεώρα μάλιστα). Pour tout dire, par les ressources de sa nature et avec très peu de peine, cet homme fut sans pareil pour improviser ce qu’il fallait » (οἰκείᾳ γὰρ ξυνέσει καὶ οὔτε προμαθὼν ἐς αὐτὴν οὐδὲν οὔτ’ ἐπιμαθών, τῶν τε παραχρῆμα δι’ ἐλαχίστης βουλῆς κράτιστος

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politiques et psychologiques. Militaires parce qu’à l’instar de l’homme d’État athénien, Pompée, dont Cicéron embrasse la cause, privilégie une tactique maritime dans son combat contre César164. Politiques et psychologiques du fait que Cicéron s’identifie cette fois en personne à Thémistocle, en raison de son exil, mais aussi de ses prédictions et de sa clairvoyance, cette dernière pouvant toutefois être prise en défaut (l’auteur prophétise ici la chute du tyran d’ici six mois tout en envisageant qu’il puisse se tromper, comme l’illustre politicien grec avant lui) : « Je n’ai pas à récapituler tous les points que tu perçois avec une extrême acuité, mais place-les devant tes yeux ; tu comprendras désormais que ce règne peut à peine durer six mois. Toutefois, si je fais erreur, j’en subirai les conséquences, comme les ont subies de nombreux hommes tout à fait illustres, qui ont exercé d’éminentes responsabilités politiques (sicut multi clarissimi homines in re publica excellentes tulerunt), à moins peutêtre que tu ne juges que je préfère mourir à la façon de Sardanapale dans son petit lit plutôt qu’en exil, à la manière de Thémistocle ? Or celui-ci, selon les mots de Thucydide, alors qu’il s’était fait “à propos du présent, grâce à la réflexion la plus brève, l’avis le plus solide, et à propos de l’avenir, avait formulé la plus juste conjecture sur les perspectives les plus étendues” (τῶν μὲν παρόντων δι’ ἐλαχίστης βουλῆς κράτιστος γνώμων, τῶν δὲ μελλόντων ἐς πλεῖστον τοῦ γενησομένου ἄριστος εἰκαστής), est néanmoins tombé dans des malheurs qu’il aurait évités s’il n’avait commis aucune erreur. Même si celui-ci était, comme le dit le même auteur, l’homme qui “les avantages ou les inconvénients étant encore indistincts, savait au mieux les voir” (τὸ ἄμεινον καὶ τὸ χεῖρον ἐν τῷ ἀφανεῖ ἔτι ἑώρα μάλιστα), il n’a cependant pas vu comment échapper ni à la jalousie des Lacédémoniens ni à celle de ses propres concitoyens, ni quelle promesse faire à Artaxerxès165 ». γνώμων καὶ τῶν μελλόντων ἐπὶ πλεῖστον τοῦ γενησομένου ἄριστος εἰκαστής· καὶ ἃ μὲν μετὰ χεῖρας ἔχοι, καὶ ἐξηγήσασθαι οἷός τε, ὧν δ’ ἄπειρος εἴη, κρῖναι ἱκανῶς οὐκ ἀπήλλακτο· τό τε ἄμεινον ἢ χεῖρον ἐν τῷ ἀφανεῖ ἔτι προεώρα μάλιστα. Καὶ τὸ ξύμπαν εἰπεῖν φύσεως μὲν δυνάμει, μελέτης δὲ βραχύτητι κράτιστος δὴ οὗτος αὐτοσχεδιάζειν τὰ δέοντα ἐγένετο). 164 Cic., Att., X, 8, 4 (2 mai 49). 165 Ibid., X, 8, 7 (2 mai 49) : Non sunt omnia colligenda quae tu acutissime perspicis, sed tamen ea pone ante oculos ; iam intelleges id regnum uix semenstre esse posse. Quod si me fefellerit, feram, sicut multi clarissimi homines in re publica excellentes tulerunt, nisi forte me Sardanapali uicem in suo lectulo mori malle censueris quam exsilio Themistocleo. Qui cum fuisset, ut ait Thucydides, τῶν μὲν παρόντων δι’ ἐλαχίστης βουλῆς κράτιστος γνώμων, τῶν δὲ μελλόντων ἐς πλεῖστον τοῦ γενησομένου ἄριστος εἰκαστής, tamen incidit in eos casus quos uitasset si eum nihil fefellisset ; etsi is erat, ut ait idem, qui τὸ ἄμεινον καὶ τὸ χεῖρον ἐν τῷ ἀφανεῖ ἔτι ἑώρα μάλιστα, tamen non uidit nec quo modo Lacedaemoniorum nec quo modo suorum ciuium inuidiam effugeret nec quid Artaxerxi polliceretur. À propos de ce texte, nous nous permettons de renvoyer à notre article intitulé « Prudentia,

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Le grec et la philosophie dans la correspondance de Cicéron

En s’assimilant à un homme, Thémistocle, que ses contemporains surnommaient Ulysse en raison de sa φρόνησις166, vertu inspirée de la μῆτις du héros de l’Odyssée, Cicéron insinue qu’il se dispense fort bien des conseils de son ami Atticus, auquel il prête pourtant dans d’autres lettres une prudentia exemplaire. Quant aux qualités de l’Athénien que Thucydide subsume sous le nom d’« intelligence » (ξύνεσις)167 et qu’exalte l’Arpinate – « agilité d’esprit, sûreté du coup d’œil, intelligence immédiate d’une situation nouvelle » –, « ce sont les vertus canoniques du prudent » alliées à une clairvoyance politique hors pair168. Thémistocle est en outre qualifié d’homme qui formule la meilleure conjecture, ἄριστος εἰκαστής. Semblable au personnage du conseiller avisé de l’Iliade, il s’appuie sur son expérience du passé pour deviner ce qui va se produire et il est apte à rapprocher le futur des événements passés. Or la capacité du prudens/prouidens à prévoir (prospicere) les événements politiques fait partie intégrante de l’activité d’un homme d’État, comme en témoigne notamment le de Republica, où Cicéron mentionnait pour la première fois, par la bouche de Scipion, l’étymologie du mot prudentia