Le Commandant Marien Ngouabi (1938-1977): Un leader charismatique et un modèle pour l'Afrique. Version enrichie avec les documents relatifs au Procès sur l’assassinat de Marien Ngouabi 2140254430, 9782140254437

Ce livre examine en profondeur la pensée et l'oeuvre de Marien Ngouabi. Il était au nombre de ces âmes élevées et p

122 33 85MB

French Pages 442 [428] Year 2022

Report DMCA / Copyright

DOWNLOAD PDF FILE

Table of contents :
PREFACE
AVANT-PROPOS
INTRODUCTION
I L’EPREUVE DU FEU
II L’INDEPENDANCE NATIONALE EN QUESTION
III ECHEC DE CONSENSUS
IV LE POUVOIR
V LE MAGISTRAT SUPREME
VII L’HOMME DES DEFIS
VIII LA TRAHISON
ANNEXE DOCUMENTS RELATIFS AU PROCES SUR L’ASSASSINAT DE MARIEN NGOUABI
TABLE DES MATIÈRES
Recommend Papers

Le Commandant Marien Ngouabi (1938-1977): Un leader charismatique et un modèle pour l'Afrique. Version enrichie avec les documents relatifs au Procès sur l’assassinat de Marien Ngouabi
 2140254430, 9782140254437

  • 0 0 0
  • Like this paper and download? You can publish your own PDF file online for free in a few minutes! Sign Up
File loading please wait...
Citation preview

Roch Cyriaque Galebayi

Le Commandant Marien Ngouabi

Roch Cyriaque Galebayi

Le Commandant Marien Ngouabi (1938-1977)

Marien Ngouabi était au nombre de ces âmes élevées et pures, sans faux éclat, sans charlatanisme, qui n’ont aimé le pouvoir et le commandement que pour le bien public, l’ont gardé sans orgueil, et n’ont su ni le tourner contre la patrie, ni le convertir en argent ou en biens matériels.

Un leader charismatique et un modèle pour l’Afrique

Ce qui caractérise avant tout Marien Ngouabi, comme dans toutes les natures franches et sincères, c’est sa simplicité et son austérité comme style de vie et sa rigueur dans la gestion des affaires de l’Etat.

Roch Cyriaque Galebayi est né à Brazzaville. Il étudie à l’école militaire Général-Leclerc puis est admis au concours d’entrée à l’École des officiers des corps techniques et administratifs à Paris. Diplômé de Sciences po (Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence), juriste, anthropologue et Docteur en histoire et études de défense, il enseigne à l’École nationale d’administration et de magistrature (ENAM) et à l’Institut Universitaire de Brazzaville (IUB). Il est auteur de plusieurs essais et romans. Le commissaire-colonel Roch Cyriaque Galebayi est commandeur dans l’ordre du Mérite congolais.

Illustration de couverture de l'auteur

ISBN : 978-2-14-025443-7

40 €

9 782140 254437

Le Commandant Marien Ngouabi

Ce livre examine en profondeur la pensée et l’œuvre de Marien Ngouabi.

Version enrichie par les documents relatifs au procès sur l’assassinat de Marien Ngouabi Préface du Pr Théophile OBENGA

LE COMMANDANT MARIEN NGOUABI (1938-1977) : Un leader charismatique et un modèle pour l’Afrique Version enrichie avec les documents relatifs au Procès sur l’assassinat de Marien Ngouabi

Roch Cyriaque GALEBAYI

LE COMMANDANT MARIEN NGOUABI (1938-1977) : Un leader charismatique et un modèle pour l’Afrique

Version enrichie avec les documents relatifs au Procès sur l’assassinat de Marien Ngouabi

Du même auteur : -

La force publique congolaise et le renouveau démocratique au Congo, Harmattan-Congo, septembre 2018 ;

-

La crise politique au Congo-Brazzaville, Echec du monopartisme et de l’autoritarisme politique, L’Harmattan-Congo, novembre 2018 ;

-

Le Mwene Dimi d’Aphani, L’Harmattan-Congo, octobre 2019 ;

-

Le bal tragique des crapauds, Le Lys bleu, Paris, mars 2020 ;

-

Les deux frères jumeaux, L’Harmattan-Congo, avril 2020 ;

-

La vengeance des élites, Les Editions Hémar, Brazzaville, juillet 2020 ;

-

De la souffrance à l’espérance, Les Editions Hémar, septembre 2021

1e édition, Brazzaville, Harmattan Congo-Brazzaville, 2021.

© L’Harmattan, 2022 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-14-025443-7 EAN : 9782140254437

PREFACE J’avoue, sans hésiter, avoir ressenti beaucoup de ris en parcourant lucidement ce livre, alors, dans son format manuscrit primitif. Le ton global est vif, mesuré, surtout sincère. Les faits relatés obéissent aux usages confirmés de la critique historique. La véracité du récit paraît concluante, sinon probante. La réussite littéraire – c’est d’elle qu’il s’agit à première vue – est donc là. Ce qui, d’avis sûr, n’est guère une caractéristique banale. L’effort a son mérite, le courage aussi : ils ne tarderont pas longtemps d’amener le succès, d’une part. D’autre part, l’évocation des « événements » est plutôt déchirante, aujourd’hui encore, comme si, et si comme, la tragédie de ce 18 mars 1977 se déroulait à l’instant par-devers nous, le sang chaud bientôt pers sur le beau corps inerte du Président charismatique. Crime ? On ne peut penser moins, ni moins penser. Effectivement, vétilles écartées, Marien Ngouabi est mort, jeune, à peine adulte, assassiné, en sa résidence officielle, le soleil au zénith, mais le firmament terne, et un vent de fin de monde parcourt toute la Cité, avec des tourbillons ardents de sable. Mortellement atteint, le Président est transféré à l’Hôpital militaire… Tous les responsables et tout le peuple congolais ont fait un long deuil de portée nationale : lugubres torrents de larmes, une immense tristesse, des veillées funèbres de toutes dimensions, des mélopées intarissables. La douleur est difficilement maîtrisée. Brève existence humaine, mais considérable destinée historique jusqu’à la gloire posthume des immortels. Le peuple congolais est toujours comme percé au poinçon, en quête de savoir, au nom du droit à la vérité. Ce qui signifie, pour les historiens, que le peuple congolais n’a pas oublié (comment ?) le "preux parachutiste", le "camarade Président", le "commandant", le "frère", l’"ami", le "patriote", l’"orateur opulent", le "révolutionnaire", le "compagnon", le "camarade de lutte", l’"idéaliste visionnaire", l’"internationaliste prolétarien", le "fondateur de parti de gauche", l’"homme des masses", l’"époux et le père prévenant", le "Saint-

7

Cyrien" forgé par toute la vertu militaire, ayant ses profondes racines dans la culture du terroir koyo (Owando), amoureux de la virile et spectaculaire danse èkòngò. Et aussi du kébé-kébé, danse rituelle du serpent primordial. Tel est et tel fut Marien Ngouabi, homme profondément affable en dépit de la rigueur des convenances. Marien Ngouabi, il est encore beaucoup trop peu et trop beaucoup peu étudié : ses choix, sa pensée, ses écrits et discours, son action, son dévouement responsable. Il va sans dire que l’on devisera longtemps encore, de génération en génération, sur la vie et l’action de Marien Ngouabi. D’évidence, il restera de commun accord, et intacts, son courage, sa bravoure, sa sincérité, son engagement franc, son amour instinctif pour les causes justes de l’humanité. Sur ces questions de vie publique et d’éthique, Marien Ngouabi est un homme d’école, sans flétrissure, modèle toujours, en cela exemplaire. C’est avec élégance de cœur et d’esprit (comme on disait au siècle des Lumières) que Roch Cyriaque Galebayi, déjà étoile brillante de la littérature congolaise moderne, revient sur la figure historique de Marien Ngouabi, héros national. Roch Cyriaque Galebayi a osé. C’est tout à son crédit. Sa délicatesse intellectuelle contraint à l’admiration et à la gratitude. Il n’est que de bon sentiment confraternel de louer et, avec ferme conviction, de recommander cet ouvrage, conçu et réalisé avec foi et hauteur : ce livre, entre vos mains, lecteurs, est un livre bien nécessaire, et si bénéfique.

Théophile OBENGA Brazzaville, décembre 2020

8

« … Déclarons, chacun pour soi et tous ensemble, la guerre aux paroles d’orgueil, regarde de près toute parole apparemment humble pour y déceler les œufs de coucou déposés par l’orgueil. Il ne s’agit pas là, et de loin, d’une tâche purement linguistique. C’est un appel à devenir responsables des mots et envers les mots, un devoir éthique par essence » Vaclav Havel, Quelques mots sur la parole, Editions de l’Aube, 1989.

9

AVANT-PROPOS Le commandant Marien Ngouabi a marqué l’histoire du Congo-Brazzaville par sa personnalité, son style de vie et de gouverner et surtout par son leadership charismatique. En quoi et pourquoi Marien Ngouabi est-il un leader charismatique ? Pourquoi doit-il être considéré comme un modèle pour l’Afrique ? Ngouabi était-il un saint homme politique ? Que peut-on retenir de sa vie et de son œuvre ? Voilà quelques-unes des questions auxquelles cet ouvrage s’efforce de répondre. Marien Ngouabi est né et a vécu à une époque où la politique était encore enchantée. Pour être porteur d’un véritable souffle historique, le « guide suprême » devait remplir deux conditions. En premier lieu, il devait incarner des valeurs supérieures et extérieures à l’humanité : à droite, la Nation, qui dépasse, et de loin, la somme des individus qui la composent ; à gauche la Révolution, qui, elle aussi, emporte les hommes vers une cause supérieure à chacun d’entre eux. En second lieu, il fallait qu’au nom de ces valeurs proprement grandioses les citoyens soient prêts au sacrifice de leur vie.1 Les deux guerres mondiales firent de dizaines de millions de morts au nom de la patrie, tandis que l’idée révolutionnaire décimait la Russie et la Chine. 2 Si l’on veut mesurer la force des symboles, tout à la fois transcendants et sacrificiels, qui animaient alors l’esprit public, il suffit de se souvenir de deux disparitions : celle du « Che », qui fit pleurer dans les chambres d’étudiants, et celle du commandant Ngouabi dont l’assassinat suscita une vive émotion nationale et internationale. Les jeunes générations recherchent toujours un modèle pour leur lutte. S’agissant de Che Guevara, le commandant Marien Ngouabi écrivait : « Notre jeunesse éprouve du respect et de l’admiration pour le camarade Che Guevara »3.

1

Voir Luc Ferry, Chroniques du temps présent. Le Figaro. 2009-2011. Paris, Plon, 2011, pp. 262-263. 2 Ibid.

11

En d’autres termes, cette jeunesse est à la recherche des leaders charismatiques : hommes de lettres ou hommes d’action, ils sont l’élite des générations. Ils représentent très souvent l’intelligence des multitudes. Ils sont même parfois la tête de la nation. Ces leaders charismatiques sont généralement les instruments vivants, les dépositaires d’un pouvoir spirituel redoutable et libre. Pour ne jamais oublier leur responsabilité, ils n’oublient jamais leur influence. Le Congo est très souvent appelé « le pays de Marien », confirmation de l’identification de l’amour d’un peuple à la personne de son dirigeant. Au lendemain de son assassinat, une chaîne internationale, à son sujet, disait : « La voix de la Révolution africaine vient de s’éteindre ». De quel homme politique pourrions-nous dire aujourd’hui la même chose sans prêter franchement à rire ? C’est qu’en vérité, Marien Ngouabi était aussi un dirigeant panafricaniste. Le peuple congolais cultivait des traditions révolutionnaires et avait une vocation internationaliste. Tout fait de Marien Ngouabi un personnage extraordinaire. On aurait dit qu’il serait sorti des mythologies anciennes un peu comme Annibal et César. Il savait adapter aux circonstances nouvelles ses talents et son savoir. Dans les circonstances troubles que traversait le Congo, il a su mêler à l’instinct de la lutte révolutionnaire l’intelligence générale des événements. C’est aussi que son âme était forte, que rien ne le déconcertait et qu’au milieu des pires traverses4, il montrait « cette sérénité dans la peine » qui est, suivant Voltaire, le premier don de la nature pour le commandement. Il semble que Dieu ait voulu que pendant son règne il soit martyrisé par tant d’épreuves difficiles comme s’Il lui réservait ailleurs une plus grande couronne. C’est avec un esprit pointilleux, susceptible et revendicatif qu’il a défendu passionnément les acquis de l’indépendance du Congo. Il n’entre pas dans le cadre de notre ouvrage de discuter sur le bien-fondé de ses choix politico-philosophiques. Que sommes-nous, d’ailleurs, pour nous arroger le droit de critique de ses choix philosophiques, idéologiques et politiques ? Quel est notre titre ? 3

Cf. Marien Ngouabi, Vers la construction d’une société socialiste en Afrique, Paris, Présence Africaine, 1975 p. 305. 4 Le commandant Ngouabi est le seul chef d’Etat congolais à avoir été confronté à au moins trois coups d’Etat, dont deux manqués, sous sa présidence. En effet, ces trois coups d’Etat sont révélateurs de l’instabilité politique qui régnait à cette époque : il s’agit des coups d’Etat du 23 mars 1970, du 22 février 1972 et du 18 mars 1977 qui a abouti à son assassinat.

12

N’avons-nous pas bien plutôt besoin nous-même de bienveillance et d’indulgence au moment où nous abordons l’étude d’un si illustre personnage ? Et puis, pour dire toute notre pensée, en aucun cas nous ne reconnaîtrons aux générations nouvelles ce droit de blâme rigoureux envers nos anciens et nos aînés. Comme le dit si bien Victor Hugo : « Qui n’a pas combattu a-t-il le droit de juger ? Nous devons nous souvenir que nous étions enfants alors, et que la vie était légère et insouciante pour nous lorsqu’elle était si grave et si laborieuse pour d’autres. Nous arrivons après nos pères ; ils sont fatigués, soyons respectueux. Nous profitons à la fois des grandes idées qui ont lutté et des grandes choses qui ont prévalu. »5 Soyons justes envers tous, envers ceux qui ont accepté l’idéologie marxiste-léniniste comme envers ceux qui s’y sont opposés. Comprenons l’enthousiasme et honorons l’opposition. L’un et l’autre ont été légitimes. Et, d’ailleurs, le droit de critique semble découler du droit d’apologie. Or, nous ne prétendons pas faire dans cet essai l’apologie du commandant Marien Ngouabi. L’œil humain – est-ce perfection ? est-ce infirmité ? – est ainsi fait qu’il cherche toujours le côté défectueux de tout. Boileau n’a pas loué Molière sans restriction. Cela est-il à l’honneur de Boileau ? Nous l’ignorons, mais cela est. Il y a quatre cent treize ans que l’astronome Jean Fabricius a trouvé des taches dans le soleil ; il y a deux mille trois cent soixante-dix-neuf ans que le grammairien Zoïle en avait trouvé dans Homère. Il semble donc que nous pourrions ici, sans manquer à la mémoire de l’illustre disparu, mêler quelques reproches à ses convictions philosophiques, ses idées marxistes-léninistes ou autres déclarations politiques. Nous ne le ferons pourtant pas. Et chacun de nous, en réfléchissant que si, par hasard, nous qui ne pouvons être que fidèles à des convictions hautement proclamées toute notre vie, nous articulions une critique au sujet du commandant Marien Ngouabi, cette critique porterait peutêtre principalement sur un point délicat et suprême, sur la condition qui, selon nous définit un homme d’Etat, à savoir la sincérité et l’intégrité. En songeant à ceci, on comprendrait aisément notre réserve et l’on approuvera sans doute notre silence. Humaniste, sans aucun doute, ses valeurs suprêmes sont l’homme et sa patrie. C’est pourquoi, les militaires et une grande partie de la nation congolaise reconnaissent en lui un véritable guide, un grand dirigeant. Serviteur toujours prêt à servir, ce qu’il écrit est le fruit d’une mûre réflexion découlant du fait d’avoir vécu les jugements des masses congolaises pendant

5

Cf. Discours de réception de Victor Hugo à l’Académie française. 21 juin 1841.

13

neuf ans de lutte et surtout pendant la période historique allant du mouvement du 31 juillet 1968 à la conférence nationale du 31 juillet 1972. Le commandant Marien Ngouabi est un leader charismatique et acclamé par une grande partie de ses contemporains. A Dieu ne plaise que nous refusons de jeter ici le blâme sur les esprits qui entouraient ce leader de leurs acclamations. Cet homme qui était pour certains l’étoile d’une nation, en était sur le point, pour d’autres, de devenir soleil. On pouvait sans crime se laisser éblouir par ce personnage. Le commandant Marien Ngouabi avait un caractère servi par une culture générale historique et dressé par une ascèse intellectuelle et morale. Exerçant l’empire d’une personnalité puissante, il personnifie devant l’Histoire le sursaut de la patrie. Il avait des dons de chef et l’audace d’en faire usage en un temps où le Congo succombait faute d’être conduite. Chez ce leader charismatique, il y avait cette constance du souci d’une indépendance pointilleuse. Durant son règne, il multipliait les bains de foule : il aimait ce contact direct avec les masses populaires. Grand tribun populaire et bon communicateur, il affectionnait les coups de théâtre, tels les meetings-surprises où il prenait le peuple à témoin pour différents événements politiques, notamment lors des coups d’Etat. A telle enseigne que ses détracteurs disaient qu’il avait une politique populiste. Très souvent en tenue militaire, homme simple et toujours proche de la population, le président Ngouabi est resté, du début de sa carrière jusqu’à la fin de sa vie, dédaigneux du luxe et des fastes. De fait, alors qu’à la suite du boom pétrolier de 1973, la plupart de hauts fonctionnaires se servaient de la redistribution de la rente pour construire des villas somptueuses dans les quartiers huppés de la ville, le commandant Ngouabi, pourtant président de la République et chef de l’Etat, faisait l’exception. Patriote désintéressé, austère, adoptant volontiers un mode de vie spartiate, le commandant Ngouabi force l’admiration. « Tout ce qui est grand, écrivait Nietzsche, s’écarte de la foire et de la gloire : loin de la foire et de la gloire habitent depuis toujours les inventeurs des nouvelles valeurs. » Homme de caractère, au sens où le général de Gaulle l’emploie6 et à l’instar de celui-ci lors des événements d’Alger ainsi que pendant des attentats dont le 6

Le caractère est justement, selon le général de Gaulle, « la vertu des temps difficiles ».

14

chef de l’Etat français est l’objet, le commandant Ngouabi fait face et triomphe des pronunciamientos du 23 mars 1970 et du 22 février 1972 : « Face à l’événement (mot capital chez de Gaulle), c’est à soi-même que recourt l’homme de caractère. Son mouvement est d’imposer à l’action sa marque, de la prendre à son compte, d’en faire son affaire (…) Le train ordinaire des choses le favorise mal. (…). Mais que les événements deviennent graves, le péril pressant, que le salut commun exige tout à coup l’initiative, le goût du risque, la solidité, aussitôt change la perspective et la justice se fait jour. Une sorte de lame de fond pousse au premier rang l’homme de caractère (…) car on s’appuie seulement sur ce qui résiste. » 7 C’est, en effet, grâce au courage politique et militaire du commandant Ngouabi, à sa lucidité, sa clairvoyance et son dévouement à la cause de la patrie que le pire fut évité. Rien ne peint le commandant Ngouabi plus fidèlement que ce qu’il a fait de plus beau. Toutes ses qualités constantes y paraissent. Toutes les acquisitions, non scolaires, mais personnelles, que son esprit a faites depuis la jeunesse s’y emploient. On y voit au premier rang une connaissance essentielle, qui est celle du soldat. Cela apparaît clairement dans la monographie qu’il rédige : Soldat du Peuple. En dehors de cette monographie, le Commandant Marien Ngouabi est resté peu disert sur le métier des armes, préoccupé qu’il était par l’action, la construction d’une société nouvelle, le combat pour le triomphe de grands idéaux. L’assassinat du Commandant Marien Ngouabi survient le 18 mars 1977. Dans cet ouvrage, on trouvera les documents inédits relatifs au procès sur l’ignoble assassinat du Président Marien Ngouabi, fondateur du Parti congolais du travail. Il s’est ouvert le 3 janvier 1978 sur instruction expresse du Général Joachim Yhomby-Opango, Président du Comité militaire du parti (C.M.P.). Ce procès a été radiodiffusé et télévisé en direct du Palais de Justice de Brazzaville. Les journaux nationaux se sont largement fait l’écho de cet événement désormais historique. La presse internationale, tantôt objective, tantôt provocatrice, a consacré plusieurs colonnes aux débats de la Cour révolutionnaire d’exception instituée par le Comité militaire du parti, Direction Politique du pays. Le peuple congolais a suivi avec une attention fortement soutenue ce procès qu’il attendait avec une fébrile impatience. L’opinion mondiale avait un regard tourné vers le Congo. 7

Cf. Général de Gaulle, Le fil de l’épée, Paris, Plon, 1959, pp. 62-65-66.

15

« Le Procès de Janvier » a-t-il comblé les attentes de tous les amoureux de la justice et de la vérité ? « Seule la vérité est révolutionnaire », déclarait le Général Joachim Yhomby-Opango. Les documents relatifs à ce procès historiques sont reproduits tels que reçus. Nous avons adopté une méthode scientifique dans cet essai consacré au commandant Marien Ngouabi. Et, s’agissant de la méthode scientifique, Alain Touraine écrivait : « L’explication scientifique consiste toujours à établir des relations et à éliminer tout recours aux essences et aux intentions »8. Nous comprenons par-là que l’objet scientifique est d’abord un objet construit. Et cette construction requiert nécessairement une rupture avec le sens commun, avec les idées reçues. Autrement dit, il s’agit pour nous dans cet essai sur le commandant Marien Ngouabi de partir des événements et des faits, avec le bénéfice qu’accorde le recul historique. Mais les faits, dans la science, ne parlent pas d’eux-mêmes : il faut les interpréter. C’est l’interprétation seule qui fait la caractéristique essentielle de la science, car elle laisse une marge à l’erreur. Par conséquent, ce qui se veut parfait n’est pas scientifique ; la science est aux antipodes des dogmes et de l’idéologie. Pour reprendre une expression de Karl Popper, c’est la falsifiabilité qui distingue la science des autres savoirs. Par ailleurs, la lecture attentive des archives, ouvrages, journaux, revues… nous a permis de rechercher des preuves à notre interprétation des événements. Et partant, nous nous sommes servi de la méthode de l’herméneutique, attachée qu’elle est à reconstituer et à interpréter les textes, à reconstruire les faits, à tisser les relations entre les événements et la situation des chercheurs. Une fois construit, ce « cercle herméneutique » (Paul Ricœur) aidera le chercheur à penser l’impensé des faits. Dès lors, ce n’est plus un procès d’intention qu’il entreprend ; c’est une interprétation qui s’efforce d’être scientifique, donc objective, qu’il tente d’élaborer. Et si, à cause de la finitude humaine, il arrivait que cette interprétation se révèle fausse ou caduque, on ne saurait, en revanche, lui contester la rigueur et l’effort d’objectivité qu’elle renferme. Doit-on vouer aux gémonies le commandant Ngouabi parce qu’il était ardent défenseur de la théorie marxiste-léniniste ? Nous ne le pensons pas. D’ailleurs, et ce que nous avons dit plus haut, ne devons-nous pas le répéter ici surtout ? Qui sommes-nous ? Qui nous a donné qualité pour trancher des questions relatives à un sujet si complexe et si grave qu’il n’a pas cessé d’alimenter des controverses ? Pourquoi la certitude que nous croyons sentir en nous se résoudrait-elle en autorité pour autrui ? La postérité seule – et c’est là encore une de nos convictions - a le droit définitif de critique et de jugement envers les talents supérieurs et les grands hommes d’Etat comme Marien 8

Alain Touraine, Pour la Sociologie, Paris, Le Seuil. 1974.

16

Ngouabi. Elle seule, qui voit leur œuvre dans son ensemble, dans sa proportion et dans sa perspective, peut dire où ils ont failli. Pour prendre ici le rôle auguste de la postérité, pour adresser un reproche ou un blâme à un grand esprit ou à un grand homme d’Etat, il faudrait au moins être ou se croire un contemporain éminent. Nous n’avons ni le bonheur de ce privilège, ni le malheur de cette prétention. Le travail scientifique se situe aussi dans le temps. De sorte qu’il est contemporain à d’autres travaux qui l’ont précédé. Au cours de nos recherches, nous nous sommes souvent inspirés des travaux de certains auteurs qui sont cités dans cet ouvrage. Et, la plupart de ceux-ci ont utilisé la démarche de l’individualisme méthodologique. Cette démarche n’est pas incompatible avec la méthode herméneutique. Elles sont complémentaires, car la démarche de l’individualisme méthodologique, en rompant avec les méthodes courantes de la sociologie, tente de pénétrer, par la réflexion, les microdécisions. L’interprétation des textes et des faits ou l’herméneutique ne fait qu’enrichir une telle démarche, lui apportant la lumière grâce à l’éclaircissement des situations.

17

INTRODUCTION La Première guerre mondiale vient de débuter. Alors que la France s’attèle à parachever la mise en dépendance du continent africain, face aux périls des années de guerre 1914-1918, elle sollicite et obtient le concours des forces vives de son empire colonial. L’appel à l’Afrique est entendu de l’Algérie à Madagascar ; du Maroc à la Côte-Somalis ; de la Tunisie aux immenses fédérations de l’Afrique Equatoriale Française (A.E.F.). Cette mobilisation humaine, économique et financière qui a des effets négatifs sur les Africains ainsi sollicités et sur le continent tout entier s’intensifie à compter des années 1916-1917 pour répondre aux multiples exigences d’un conflit qui perdure. Le 7 juin 1917, naît celui qui deviendra, en 1960, le premier président du Congo indépendant, Fulbert Youlou, dans le Pool, région du Bas-Congo. C’est une terre de prédilection des « messies noirs », des syncrétismes religieux : Kimbangou Simon Pierre, Matsoua André, etc. Fulbert Youlou est sorti de la première promotion des étudiants du Grand Séminaire Lieberman. Tirailleurs noirs, appelés improprement « Sénégalais » (car, ils ne furent pas tous Sénégalais), soldats marocains, spahis et tirailleurs algériens font l’épreuve du feu, tant dans l’enfer des tranchées qu’aux Dardanelles. Des milliers de travailleurs venus d’Algérie ou de Madagascar font tourner les usines et les mines métropolitaines. Cette mobilisation est sans conteste le fruit du loyalisme des « colonisés » envers la France. Des centaines de milliers de Maghrébins et de Noirs combattent pour ce qu’on appelle la « Mère-patrie ». Des dizaines de milliers d’entre eux versent leur sang dans la boue des combats du nord de la France, des Dardanelles et des Balkans, dès 1914 et jusqu’en 1918. Plus d’un sur cinq d’entre eux périssent par le feu ou la maladie durant ces années terribles. Des milliers d’invalides, de tuberculeux, de malades mentaux reviennent dans leurs douars9 ou leurs villages de brousse. Des dizaines de milliers de travailleurs viennent aussi contribuer à un effort de guerre d’une ampleur que jamais la France n’a connue jusque-là, dans les ateliers et les usines, dans les champs et les communications. On observe la présence de ces dizaines de milliers d’hommes dans les camps et dépôts de Provence, à Fréjus, Saint-Raphaël, Menton, Marseille… 9

Agglomération de tentes en Afrique du nord

19

L’Allemagne vaincue perd ses colonies au profit de vainqueurs. L’armistice français de 1918 est signé. La contribution des soldats des terres d’Afrique est importante. Les vainqueurs sont obligés d’admettre que bien que l’issue leur est favorable, ils doivent en disputer les fruits avec le reste du monde. Ils doivent assumer les conséquences de toutes ces pertes immenses en vies humaines et en biens. Nous sommes dans une époque dont les puissants moyens de production se changent en quelques jours en puissants moyens de destruction ; nous nous trouvons dans un siècle où chaque découverte, chaque invention vient menacer le genre humain au lieu de bien le servir. Pour notre chère Afrique, placée si près de la Métropole – trop près peut-être – cet appel a été inévitable. Il est l’un des facteurs principaux de la victoire. Car, les combattants d’Afrique ont apporté, à bien des moments de cet effroyable conflit, un appui essentiel sur la Marne, à Dixmude, à Ypres, à Verdun, sur la Somme, sur l’Aisne, devant Reims… On a voulu s’en souvenir après la guerre. Mais, la mémoire des hommes (notamment celle du colonisateur) est souvent courte et à sens unique. Ici, on a élevé quelques monuments aux morts ; là, on a célébré le sacrifice et la loyauté des colonies. Mais, tandis que les anciens combattants d’Afrique continuent à espérer d’une France qui est devenue aussi « Leur » Mère-patrie, une véritable reconnaissance, on ne se souvient d’eux et de leurs enfants que pour participer à une autre guerre : celle de 1939-1945. A l’approche de cette Seconde Guerre mondiale qui s’annonce, la Providence décide de la venue au monde, en 1938, de Marien Ngouabi, à Ombélé, un village koyo situé à dix kilomètres de Fort-Rousset (actuel Owando) au Moyen-Congo. Et, le pays où naît Ngouabi, l’actuel Congo-Brazzaville, est issu de la colonisation française. Il s’est constitué à partir de la conquête d’un territoire où existaient diverses populations. En effet, les grandes découvertes des 15ème et 16ème siècles ont donné lieu à l’installation des comptoirs de traite et des colonies par les puissances européennes. C’est le Portugais Diego Cao qui, le premier, découvre en 1482, le royaume du Congo. Mais, l’histoire coloniale du Congo actuel est véritablement inaugurée par le Français Pierre Paul-François Camille Savorgnan de Brazza qui, par ses missions exploratrices10 prend connaissance des terres comprises entre la côte congolaise et le bassin de la rive droite du fleuve Congo. C’est au cours de son second voyage de 1879 à 1882 qui 10

Voir Roch Cyriaque GALEBAYI, La crise politique au Congo-Brazzaville. Echec du monopartisme et de l’autoritarisme politique. L’Harmattan, 2018, pp. 2324.

20

l’emmène à Mbey-Duo, capitale du royaume Téké, que de Brazza signe, le 10 septembre 1880, avec le roi Makoko, un traité qui donne à la France la possession du territoire qui s’étend de la Léfinie à N’Couna, l’actuel Stanley Pool, sur la rive droite du fleuve Congo. Par le second traité du 3 octobre 1880, entre de Brazza et les notables de N’Couna11, de Brazza obtient le village de Mfoa pour l’installation d’un poste, qui est actuellement Brazzaville, capitale du Congo. Cependant, il faut attendre le 30 septembre 1882 pour voir le parlement français approuver les traités entre de Brazza, Makoko et ses notables. Ainsi, l’occupation du Congo français est-elle alors légitimée au parlement français et à la Conférence de Berlin de 1884-1885. Lors de son troisième voyage (1883-1885), de Brazza intime l’ordre au lieutenant de vaisseau, Robert Cordier, de signer des traités avec les souverains de la côte congolaise où apparaissent déjà des ambitions portugaises et belges. Le 12 mars 1883, Robert Cordier signe les traités avec le roi Ma-Loango Mani Macosso et André Loemba, chef de Punta-Négra, actuellement Pointe-Noire (seconde ville du Congo). Par l’accord de Bruxelles du 14 juillet 1885, le gouvernement français élimine les prétentions belges sur la vallée du Niari en échange de l’occupation de la rive gauche de N’Couna où est construite la ville de Kinshasa. La mise en valeur économique du Moyen-Congo s’inspire du modèle de l’Etat indépendant du Congo, la colonie belge. De fait, dès 1897, le pays est confié aux sociétés concessionnaires. Celles-ci échouent dans leur tentative de mise en place d’un système de traite. Plus tard, dans les années trente, l’Etat français prend la relève. Dès lors, commence la construction des voies de communication entre les différents postes qui vont permettre l’exploitation économique coloniale du territoire du Moyen-Congo. Ce processus aboutit à la mainmise économique, par l’implantation d’infrastructures, de mines, de routes, d’un chemin de fer et du port de Pointe-Noire. La région du Bas-Congo, notamment celle comprise entre Brazzaville et Pointe-Noire est favorisée en infrastructures et équipement grâce à cette mise en valeur.

11

Tels que N’Galiémé, représentant de Makoko, N’gaékala, chef de N’Couna et d’autres notables comme Juma Voula, Ngaeko, Taba.

21

I L’EPREUVE DU FEU « Quand j’étais jeune, la guerre me paraissait cruelle et amusante. Maintenant, elle me paraît toujours cruelle, mais je sais qu’elle est abominable. ». Winston Churchill 1. La conférence de Brazzaville Après le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, la France est submergée par les troupes allemandes. Marien Ngouabi n’a, alors, qu’à peine deux ans lorsqu’ en France, le général Maxime Weygand reçoit le 19 mai 1940 le commandement suprême des armées françaises. Il se voit, d’un seul coup, tomber sur ses épaules une charge écrasante qu’au surplus il n’est pas fait pour porter. Aussi, s’empresse-t-il de conseiller l’armistice le 12 juin. Mais, le Congo12, qui fait partie de l’Afrique Equatoriale Française (A.E.F.) rejoint le général de Gaulle quelques mois après la défaite de la métropole d’août 1940. L’idée d’ajuster aux circonstances le statut de l’Afrique et la condition des Africains a germé d’abord dans l’esprit des trois hommes qui, de Fort-Lamy à Brazzaville, ont été les pionniers civils de cette Afrique où de Gaulle est venu chercher les espaces, les armes et les hommes nécessaires à la libération : Félix Eboué13, Henri Laurentie14 et Pierre-Olivier Lapie15. Tous trois sont des « libéraux » qui sont enclins à des solutions orientant peuples et territoires africains vers leur émancipation. De fait, le Congo rallie le général de Gaulle le 27 août 1940. C’est de là que part la vaste opération de reconquête amorcée à la fin d’août 1940 et qui porte, comme une lourde vague, la France combattante aux portes mêmes de la métropole.

12

Qui est, à cette époque, appelé Moyen-Congo Gouverneur du Tchad, puis de l’AEF 14 Secrétaire général de l’Afrique combattante 15 Ancien député socialiste de Nancy, conseiller diplomatique de De Gaulle à Londres, puis successeur d’Eboué à Fort-Lamy. 13

23

Le 13 octobre 1943, René Pleven16 annonce à la radio de Brazzaville la réunion, trois mois plus tard, d’une conférence en vue « d’assurer le progrès des populations françaises du continent africain ». Charles de Gaulle saisit immédiatement l’intérêt du projet pour toute une série de raisons. En premier lieu parce qu’il prend conscience du caractère véritablement bouleversant de la guerre, jugeant dès 1941 que cette « révolution… peut amener une profonde et salutaire transformation… révélant l’Afrique à ellemême ».17 Il en conclut que, de cet ébranlement, les pouvoirs coloniaux ne pourraient sortir que réformés ou brisés. En second lieu et surtout parce qu’il voit se dessiner une vaste entreprise américaine de remise en cause du système colonial, sous forme d’internationalisation ou de trusteeship – sinon de simple transfert de souveraineté. Dans l’esprit du général de Gaulle, il est hors de question de subir en Afrique, de la part des Etats-Unis, l’opération de sape conduite par les Britanniques au Levant. Par conséquent, il faut à tout prix prendre les devants : la conférence de Brazzaville est censée manifester que la France entend faire évoluer l’Afrique de son propre gré et à son propre rythme, et accorder à ses « protégés » un meilleur statut que la ségrégation réservée aux Noirs d’Alabama ou de Caroline du Sud. Le préambule de la conférence proclame d’ailleurs que c’est « sans attendre la charte de l’Atlantique (que) la France a fait du principe ‟l’Afrique aux Africainsˮ l’origine et la fin de sa politique coloniale » … Quelques semaines avant l’ouverture de la conférence, Pierre-Olivier Lapie, devenu entre-temps délégué à l’Assemblée consultative, rendant visite au général de Gaulle, lui suggère de faire la réunion prévue au Congo une nuit du 4 août coloniale et d’ouvrir largement les portes au fédéralisme. Ce qui lui vaut cette réponse : « L’autonomie ? Je ne crois pas sage actuellement de l’accorder, pour diverses raisons dont la principale est celle-ci : les Européens d’Afrique du Nord saisiraient l’occasion pour s’en prévaloir, détacher l’Algérie de la métropole et créer une Afrique du Sud ségrégationniste à Alger : cela ne serait pas digne de la France, et nous ne pouvons pas en prendre le risque… »18

16

Commissaire aux Colonies, homme réputé intelligent, souple et prudent. Cf. Discours à la Royal African Society, Discours et Messages, I. p. 121. 18 Cf. Entretien avec Jean Lacouture, juin 1983. Voir Jean Lacouture, De Gaulle, I. Le rebelle, Seuil 1984, p. 750. 17

24

En janvier 1944, la guerre est loin d’être terminée. Mais, le général de Gaulle pense déjà à l’avenir de l’Afrique. C’est à la conférence de Brazzaville qu’il en fixe les grandes lignes : création des assemblées locales, avec accès des autochtones à tous les emplois, industrialisation, etc.»19. Le 30 janvier 1944, le général de Gaulle ouvre, à Brazzaville20, cette conférence par un discours où il proclame qu’« en Afrique française (…) il n’y aurait aucun progrès21 qui soit un progrès si les hommes, sur leur terre natale, n’en profitaient pas, moralement et matériellement, s’ils ne pouvaient s’élever peu à peu jusqu’au niveau où ils seront capables de participer chez eux à la gestion de leurs propres affaires. C’est le devoir de la France de faire en sorte qu’il en soit ainsi »22. Les dirigeants français font ici preuve de manque d’imagination et montrent leur incapacité à prendre des initiatives audacieuses. Cela est si vrai que le général de Gaulle, dans ses Mémoires, écrits au temps du débat colonial le plus aigu, fait mine d’applaudir à ces conclusions, assurant que les « questions constitutionnelles » ne pouvaient trouver de réponses à Brazzaville, mais que « la route était tracée ». Mais à l’issue de huit journées de travaux auxquels sont conviés dix-huit gouverneurs et hauts fonctionnaires – mais aucun Africain – en présence de neuf délégués de l’Assemblée consultative d’Alger conduits par leur président Félix Gouin et d’une vingtaine d’observateurs et experts, la conférence proclame, en exergue solennel de ses « recommandations » finales, que « les fins de l’œuvre de civilisation accomplie par la France dans ses colonies écartent toute idée d’autonomie, toute possibilité d’évolution hors du bloc français de l’Empire ; la constitution éventuelle, même lointaine, de selfgovernment dans les colonies est à écarter ». Plusieurs questions ici se posent : s’agit-il d’ouverture ou d’un « tour de vis » ? – d’une vision prospective ou d’un train-train administratif ? – Ou plutôt promotion des individus aux dépens d’une émancipation des collectivités ? Un des participants à cette conférence, Jacques Berque23, venu en « observateur » du Maroc, et qui n’a jamais péché par conservatisme ou timidité, estime pour sa part que : « … Bien qu’entamant un processus

19 Cf. François Gall, « Congo-Brazzaville, les trains pas comme les autres. », reportage télévisé Antenne 2, Paris 1989. 20 Haut lieu de souvenirs d’une France libre naissante. 21 Tournure typiquement gaullienne dont on voit ici l’une des premières applications… 22 Cf. Charles de Gaulle, Discours et Messages, I, Paris, Plon, 1959, p.373. 23 Depuis lors professeur au Collège de France.

25

gigantesque, le discours de Brazzaville n’entendait pas aller plus loin que Brazza »24. Cette conférence qui ne réunit malheureusement que des administrateurs est interprétée comme une sorte de reconnaissance du général de Gaulle à l’Afrique, surtout à l’A.E.F., qui le rejoint quelques mois après la défaite de la métropole d’août 1940. Et puis, il y a cette déclaration du général de Gaulle : « Parmi les puissances impériales aucune plus que la France ne sent la nécessité de s’inspirer plus profondément des leçons des événements pour s’engager sur les chemins des temps nouveaux les 60 millions d’hommes qui sont liés au sort de ces 42 millions d’enfants, aucun dis-je, plus que la France elle-même en premier lieu et tout simplement parce qu’elle est la France… » 25 Quoique le mot indépendance n’ait pas été prononcé dans le discours du général de Gaulle, certains esprits croient le trouver dans l’expression : « s’engager sur les chemins des temps nouveaux ». Pour sa part, Jacques Soustelle 26 pense qu’ « on a dit, écrit bien d’inexactitudes sur cette conférence. Le plus curieux c’est que De Gaulle et ses adversaires se sont trouvés d’accord pour lui prêter une signification qui n’était pas la sienne. Eux pour le regretter, lui pour s’en targuer, on a vu dans la conférence de Brazzaville le premier coup de pioche donné à l’édifice impérial et le point de départ d’une décolonisation… Il est contraire à la vérité et à la bonne foi de prétendre que les conceptions esquissées à Brazzaville aient tout naturellement engendré la décolonisation… des années 60. » A tout bien considéré, il n’en reste pas moins vrai que nombreux sont les Africains qui souscrivent à ce point de vue de Jacques Soustelle. Pour la majorité d’entre eux, l’objectif de la conférence de Brazzaville n’était pas d’accorder une indépendance : « L’objectif était de récompenser les Noirs qui avaient beaucoup contribué à la guerre, mais en restant impérativement dans le régime colonial »27. En tout état de cause, cette conférence de Brazzaville a posé les bases d’un processus qui a conduit inéluctablement à l’émancipation en faisant participer les colonisés à l’administration. Les actes et les discours qui s’en sont suivis 24

Lettre à Jean Lacouture, 9 décembre 1983, ouvrage op. cit. p. 752. Cf. Charles de Gaulle (général), Discours de Brazzaville 1944. Images sonores et visuelles de la Radiotélévision congolaise (R.T.C.) 26 Cf. Jacques Soustelle, Vingt-huit ans de gaullisme, 1968, pp. 277-278, op. cit. par Elikia Mbokolo, in « La réception des principes de Brazzaville par les populations africaines en A.E.F. », Brazzaville janv.-fév. 1944, Paris, Plon, 1988, p.247. 27 Cf. Elikia Mbokolo, citant son entretien du 17 avril 1977 avec Monsieur Létembet-Ambily, écrivain congolais et ancien ministre de la Culture, op. cit., p. 248. 25

26

constituent des faits marquants de l’histoire de la décolonisation. La conférence de Brazzaville en 1944 est une étape très importante dans le processus d’indépendance de l’Afrique noire française. Partant de la conviction qu’il n’y a pas de politique qui vaille en dehors des réalités, le général de Gaulle a une préoccupation essentielle : il s’agit prioritairement d’assurer l’évolution politique de l’Empire, et notamment des colonies africaines avec la métropole. Par-dessus tout, il est question de « rendre la personnalité » aux Africains par une émancipation et en même temps implanter dans leur conscience l’intérêt de la présence française après son retrait. Celui qui fut l’animateur et la cheville ouvrière de ces travaux, le gouverneur Henri Laurentie, propose, quarante ans plus tard, cette synthèse : « A Brazzaville, deux tendances s’affrontaient : assimilation d’une part (prônée par le gouverneur Saller) ou liberté politique octroyée aux territoires (proposés par Eboué et Laurentie). La première était pour une citoyenneté reconnue à tous, la seconde pour une évolution vers l’autonomie, et peut-être l’indépendance. Le général ne se prononçait pas clairement : selon sa méthode, il laissait mûrir. Pleven restait neutre. Eboué, qui était sourd, avait de la peine à suivre28… Le résultat est un tissu de propositions contradictoires qui ne tiennent pas debout. »29 Mais les Africains, bien que non conviés aux débats, les suivaient avec ferveur, persuadés que l’évolution était en marche : ainsi se créa la légende de Brazzaville – que devait conforter le général après son retour en France, lors de sa conférence de presse du 25 octobre 1944, se prononçant alors pour un système d’autonomie. L’idée chemina, qu’il devait quinze ans plus tard faire passer dans les faits… La Seconde Guerre mondiale a incontestablement « vu les Noirs se battre sous le drapeau français en Libye, puis en Europe comme s’étaient battus leurs pères en 1914 magnifiquement »30. Mais, il n’en demeure pas moins vrai que la France sort affaiblie, occupée, humiliée et pillée. Ses dirigeants ont commis l’erreur stratégique de se mettre en contradiction avec le caractère moral de cette guerre. On n’était plus au XVIIIème siècle, où Frédéric payait des gens à la Cour de Vienne pour pouvoir prendre la Silésie, ni au temps de la Renaissance italienne où on utilisait les sbires de Milan ou les spadassins de Florence (encore ne les mettait-on pas ensuite à la tête des peuples libérés).

28

Il devait mourir trois mois plus tard au Caire. Lettre à Jean Lacouture, 20 novembre 1983, ouvrage op. cit. p. 752. 30 cf. Hubert Deschamps, L’éveil politique africain, Q.S.J., Paris, P.U.F., n° 59, 1952. 29

27

Tout le monde sait dorénavant que la guerre se fait avec l’âme, le sang, la souffrance des peuples. En termes de géopolitique, les siècles qui séparent 1492 (découverte de l’Amérique) de 1945 marquent à la fois la mondialisation du théâtre des conflits et l’hégémonie des Européens – les Américains étant leurs héritiers. La dimension maritime du globe ne prend toute son importance qu’à partir du XVème siècle – au moment même où les nomades viennent de perdre leur supériorité militaire. Alors que l’Europe domine le monde, le nationalisme moderne, l’idéologie majeure du XIXème siècle qu’elle avait contribué, par l’intermédiaire de la Révolution française, à répandre est retournée contre elle par les peuples qu’elle avait subjugués. Le nationalisme moderne porte en lui la mort des empires : ce mouvement d’émancipation initié sur le continent américain s’étend progressivement à l’ensemble de la planète. Le Japon de Meiji cherche à échapper au péril blanc et y parvient. La Turquie de Mustapha Kemal réussit à éviter le statut semicolonial que les Alliés lui réservaient. Les peuples dominés par les empires ottomans et Habsbourg accèdent à l’émancipation ou y aspirent. Après la Seconde guerre mondiale, les empires coloniaux disparaissent. Ce phénomène finit par affecter l’empire soviétique lui-même à partir de 1988-1990. S’il est vrai que la guerre est cruelle, il n’en reste pas moins vrai qu’elle est aussi parfois porteuse de certaines bonnes choses. En effet, depuis plus de cinq mille ans, toutes les moissons s’ébauchent par la charrue et toutes les civilisations par la guerre. Mais lorsque la guerre tend à dominer, lorsqu’elle tend à anéantir des populations entières, quelque magnifique que soient les résultats ultérieurs, il vient un moment où l’humanité souffre. Et, comme le dirait Victor Hugo, « le côté délicat des mœurs s’use et s’amoindrit au frottement des idées brutales ; le sabre devient le seul outil de la société ; la force se forge un droit à elle ; le rayonnement divin de la bonne foi, qui doit toujours éclairer la face des nations, s’éclipse à chaque instant dans l’ombre où s’élaborent les traités et les partages de royaume ; le commerce, l’industrie, le développement radieux des intelligences, toute l’activité pacifique disparaît ; la sociabilité humaine est en péril. »31 Dans ces moments-là, il sied que les peuples fassent entendre leurs voix. Et, d’ailleurs, comment, sans avoir perdu l’esprit, peut-on songer encore à la guerre, plutôt qu’à la paix ?

31

Cf Victor Hugo, op. cit.

28

De tous les grands philosophes de l’époque qu’on appelle l’idéalisme allemand, Fichte fut le seul à être véritablement un écrivain. Ni Kant, ni Hegel, ni Schelling n’ont pu l’égaler. La Destination de l’homme, parue en 1800, est un chef-d’œuvre philosophique et littéraire. Grand admirateur de la Révolution française, Fichte repoussa de toutes ses forces son renversement pervers dans la dictature napoléonienne. Le césarisme lui était odieux : il n’aimait que la vraie démocratie.32 Les Discours à la nation allemande ne sont pas nés de la méditation pure, mais de la guerre. Dans le troisième livre de La Destination de l’homme, Fichte dénonce le malheur dans la guerre, dans la famine, dans la maladie et surtout dans la paresse où il voit le mal radical empêchant l’homme d’être heureux faute de travailler à son bonheur. Ne parlons que raison. D’aucuns pensaient que la guerre pouvait se justifier par ses résultats ; qu’elle pouvait se considérer, dans une moindre mesure, comme le passage, par la voie des armes, d’une situation définie à une situation définie. Mais avec la fin de cette Seconde Guerre mondiale, tous s’accordent à penser que l’univers politique a fondamentalement changé ; personne ne peut plus spéculer sur les bénéfices d’une sanglante entreprise. La froide raison oblige à admettre que celui qui entre en guerre ne peut plus prévoir contre qui, avec qui il l’achèvera. Il doit admettre qu’il s’engage par ce fait dans une aventure incalculable, contre des forces indéterminées, pour un temps indéfini. On constate que les dommages de cette guerre sont tels que tout ce qu’on exige des vaincus épuisés ne peut rendre qu’une infime fraction d’énormes ressources consumées. Il s’y ajoute une multiplicité de désordres et de bouleversements intérieurs incalculables. C’est ainsi que dans les colonies, on voit se créer des tensions explosives. En effet, partout le colonialisme français est soumis à de rudes épreuves. En Asie, il s’enlise dans la guerre d’Indochine en 1946. Elle s’achève par la défaite française de Dien Bien Phu en 1954. Dans ce sens, le mouvement de décolonisation s’articule autour de l’affirmation de l’identité politique et culturelle. Pour les peuples colonisés, la décolonisation signifie la volonté de retrouver à la fois une indépendance et une dignité, c’est-à-dire une égalité des droits politiques et économiques par la mise en exergue des valeurs fondamentales.

32

Voir X. Léon, Fichte et son temps, II, Paris, A. Colin, 1922, p.2.

29

Progressivement, l’institution de la Communauté Franco Africaine va aboutir aux indépendances des Etats africains. En Afrique, c’est l’Algérie qui entre en effervescence. Et, au CongoBrazzaville, s’éveille un nationalisme d’inspiration messianique fondé par André Matsoua, ancien sous-officier lors de la Première Guerre Mondiale. Il faut rappeler que sous la colonisation, on distinguait le citoyen, celui qui avait des droits politiques, de l’indigène, celui qui était né dans le pays. Les nationalistes comme André Matsoua trouvaient insupportable que la citoyenneté soit le privilège réservé à des titulaires plus ou moins nombreux, et non le statut de la population du lieu. Ils ne pouvaient admettre ni même tolérer que le corps civique se restreigne au petit groupe d’immigrés français. Cette période correspond aussi à l’enracinement du christianisme en terre congolaise : le 9 juin 1946, Youlou est ordonné prêtre par Mgr Biechy, en compagnie de Benoît Gassongo, Raphaël Dangui, Théophile Mbemba et Loubassou. Pendant ce temps, Marien Ngouabi entre à l’école primaire de Fort-Rousset en 1947. Il y reste jusqu’à l’obtention de son certificat d’études en 1953. 2. Une enfance militaire La formation d’un caractère ne peut être étudiée qu’en explorant les commencements d’une vie. Or, quand on veut connaître à fond certains leaders charismatiques comme Marien Ngouabi, il ne faut pas moins s’éclairer de leur caractère que de leur génie. Bonaparte estimait que la naissance était tout. Ceux qui viennent au monde pauvres et nus sont toujours désespérés. Cela tourne en action ou en suicide, selon le caractère des gens. Quand ils ont le courage, comme Ngouabi et bien d’autres leaders, de mettre la main à tout, ils font, comme on dit, le diable. « Il n’y a au monde que deux classes d’hommes : ceux qui ont et ceux qui gagnent. Les premiers se couchent, les autres se remuent. Il est important de comprendre cela de bonne heure et à propos pour aller loin ».33 Par conséquent, Marien Ngouabi doit trouver sa place et faire son trou. Le 14 septembre 1953, il est admis au concours d’entrée à l’Ecole des enfants de troupe Général Leclerc de Brazzaville où il reçoit une formation militaire de base de quatre ans.

33

Bonaparte, cité par A. de Vigny, Servitude et grandeur militaires, Œuvres complètes, Paris, Editions Gallimard, 1993 p.786.

30

Avec cette Seconde Guerre mondiale qui s’achève, il est grand temps pour la France d’en tirer des leçons. C’est ainsi que la politique militaire française en Afrique devient sujette à de profondes modifications. Du point de vue stratégique, la France mesure, à la fin de cette guerre, l’importance stratégique de l’Afrique. Le commandement militaire français prend conscience de la nécessité d’adapter ses conceptions stratégiques aux réalités politiques et techniques de l’après-guerre. Aussi, s’empresse-t-il, dans le cadre de l’accession à l’indépendance des anciennes colonies françaises, de repenser les bases de sa stratégie militaire. Sur le plan national et continental, le fait marquant est l’adoption de la loicadre ou loi Gaston Defferre34 le 23 juin 1956. Elle prévoit des réformes tendant à « accentuer la personnalité des territoires »35. L’application de cette loi donne lieu au renouvellement des assemblées territoriales et à la réorganisation des institutions locales. Plus précisément, il s’agit dans chaque territoire, d’élire au suffrage universel une assemblée par un collège unique. Elle vote le budget du territoire et délibère sur les projets administratifs. Ensuite, l’assemblée élit un gouvernement, organe du pouvoir exécutif qui dirige l’administration. Ses membres sont appelés ministres et sont présidés par le gouverneur territorial. Celui-ci reste le responsable des « services d’Etat » 36 toujours assurés par la France. Au mois d’octobre 1955, une délégation des Kongo, composée des quelques personnalités du groupe ethnique Kongo, demande à l’abbé Fulbert Youlou de se présenter aux élections législatives de janvier 1956 afin de « sortir les Kongo des pesanteurs du Matsouanisme ». Approuvant le choix fait par le conseil ethnique sur sa personne, l’abbé Fulbert Youlou se décide d’être candidat à ces élections. Mais, lorsqu’il pose sa candidature, son évêque, Mgr Bernard, un Européen, oppose son veto en 1955. Le 11 décembre, un mandat de l’Archevêque de Brazzaville est même lu en chaire dans toutes les paroisses, rappelant qu’aucun prêtre n’est autorisé à se présenter aux élections à venir. Refusant d’obéir à l’Archevêque, le 2 janvier 1956, Youlou maintient sa candidature lors du renouvellement de l’Assemblée nationale.

34

Ministre socialiste de la France d’Outre-mer Cf. Pierre Biarnès, Les Français en Afrique noire. De Richelieu à Mitterrand. 350 ans de présence française au sud du Sahara, Paris, Armand Colin, 1987, p. 341. 36 Il s’agit de la politique étrangère, de la défense, du contrôle de la justice, de la monnaie et de la politique économique et financière, des transports, des télécommunications et de l’enseignement supérieur. Article 2 du décret du 3 décembre 1956. 35

31

L’opposition de l’archevêché de Brazzaville est présentée comme une manœuvre suscitée par l’administration pour faire le jeu de Félix Tchicaya, déjà vilipendé par la propagande S.F.I.O. comme « l’homme de l’administration ». N’étant plus en odeur de sainteté avec ses supérieurs, et pour des raisons de discipline ecclésiastique, l’abbé Fulbert Youlou est affecté à Mindouli, ville minière située dans le Pool, où il fut directeur de l’école catholique. A une époque où la contestation du pouvoir colonial est vive, cette sanction contribue à faire de l’abbé Youlou la victime d’une église congolaise dominée par une hiérarchie européenne. Et, à Brazzaville, un commando de jeunes Lari manifeste son mécontentement contre ce qu’il considère comme un « édit » de l’Archevêque. Le 4 janvier 1956, ces derniers attaquent le Père Rameaux, curé d’une paroisse de Brazzaville. Ils vont plus loin en contribuant au boycott, le 8 janvier, des offices religieux dans les églises de Bacongo. Pendant cette période, une partie des gens de sa contrée, au demeurant christianisée, donnent à la personne de Fulbert Youlou une dimension mystique et magique. On dénote de la part de ses partisans une sorte de mysticisme ethnique. Ostensiblement réceptifs à son aura sacerdotale, ceux-ci ne l’appellent plus que « l’abbé », faisant de Youlou l’objet vivant d’un culte. A leurs yeux, c’est en lui qu’est investi tout ce qui se réfère à l’opposition coloniale. Selon une croyance populaire, Youlou aurait l’habitude de se rendre aux chutes de la Loufoulakari, où le corps de Boueta M’Bongo, un grand résistant Kongo, tué et décapité par les colonisateurs, fut jeté. Là, on le voyait descendre dans cette eau profonde pour prier et s’imprégner des puissances ancestrales avant de remonter à la surface avec des habits miraculeusement secs. Cette pratique qui renvoie, d’ailleurs, au culte matsouaniste n’est pas loin du fanatisme religieux. Et, nous sommes à l’époque où Raymond Aron, après avoir longuement analysé les « mythes de la gauche » française, dans son ouvrage L’opium des intellectuels termine son étude par cette invite : « Appelons de nos vœux la venue des sceptiques s’ils doivent éteindre le fanatisme » 37. Or, du fanatisme, il en sera surtout question trois années plus tard, lors de la guerre civile qui éclate en février 1959, à Poto-poto, un des quartiers de Brazzaville, entre partisans de l’UDDIA et ceux du MSA.38 A peine Youlou entre-t-il en politique que les Kongo lui procurent une voiture, un chauffeur et une allocation mensuelle, afin qu’il poursuive cette carrière sans aucun souci matériel. 37 38

Raymond Aron, L’opium des intellectuels, Paris, Calmann-Lévy, 1955, p.334. Voir infra.

32

Deux grandes formations politiques dominent l’activité politique congolaise depuis 1946 : le Mouvement socialiste africain (M.S.A.) – une section locale de la S.F.I.O. de Jacques Opangault – et le Parti progressiste congolais (P.P.C.) – une section locale du Rassemblement démocratique africain – de Félix Tchicaya. L’application de la loi-cadre qui institue un régime d’autonomie interne des territoires d’Outre-mer donne au Congo une nouvelle assemblée territoriale. Les résultats pour le renouvellement de l’Assemblée nationale sont les suivants : Tchicaya, 31% ; Opangault 29,1% ; Youlou 27, 6%. C’est à l’occasion de ces élections qu’ont lieu les premiers incidents violents. En effet, les jeunes militants du parti de Youlou, U.D.D.I.A., attaquent les militants du P.P.C. à Brazzaville, tandis qu’au Kouilou, un proche de Félix Tchicaya, Stéphane Tchitchelle, quitte son parti, le P.P.C. pour rejoindre l’U.D.D.I.A. De son côté, Opangault s’allie à Kikounga-Ngot du Niari. Désormais, la lutte politique oppose le M.S.A. à l’U.D.D.I.A. Et, aux élections municipales suivantes, l’U.D.D.I.A. confirme sa suprématie en gagnant les mairies de Brazzaville et de Pointe-Noire. 3. L’apprentissage de la démocratie A l’approche des élections prévues par la loi-cadre, la vie politique congolaise s’oriente vers le renforcement du bipartisme avec la création, en juin 1957, de l’Union démocratique pour la défense des intérêts africains (U.D.D.I.A.) de l’Abbé Fulbert Youlou. Le M.S.A. obtient 23 sièges, tandis que l’U.D.D.I.A. en obtient 22. Le P.P.C. complètement discrédité dans les « masses » n’obtient aucun siège. Jacques Opangault, leader du M.S.A. quitte son poste de greffier du tribunal de travail de Brazzaville pour former ainsi le premier gouvernement du Congo, soutenu en conséquence par une étroite majorité. En vérité, il s’agit d’un gouvernement de coalition. L’Abbé Fulbert Youlou, leader de l’U.D.D.I.A. occupe le portefeuille de l’agriculture. Son choix est judicieux car dans le cadre de ses prérogatives ministérielles, le responsable de l’agriculture peut officiellement entreprendre de nombreuses tournées en campagne où il est reçu par les « commandants », chefs de préfecture et de sous-préfecture avec tous les honneurs dus à son rang. Ce qui, selon Wagret, ne manque pas d’impressionner les villageois inaccoutumés à un cérémonial, jusque-là réservé au gouverneur. 39

39

cf. J.M. Wagret, « L’ascension politique de l’Union démocratique pour la défense des intérêts africains (U.D.D.I.A.) et sa prise de pouvoir (1956-1959) », in Revue

33

En effet, ses « inspections » se transforment bientôt en tournées électorales et occasions de propagande personnelle. Aux yeux de certains observateurs, Youlou se passe pour le dauphin de Matsoua, qui jouit d’une popularité immense auprès des villageois du sud du pays pour sa résistance et son nationalisme syncrétique contre l’exploitation coloniale et la misère de ses « frères ». A cet égard, Youlou déclare : « André Matsoua, le Christ noir, est venu pour sauver les Nègres et mettre à la mairie de Brazzaville un curé révolté ».40 En cette année 1957, Marien Ngouabi obtient le certificat d’aptitudes techniques n°1 (CAT1) au grade de caporal. Et, le 30 juillet 1957, il termine sa formation à l’école militaire préparatoire général Leclerc. Il réussit aux concours d’entrée à l’école militaire préparatoire de Strasbourg et à l’école militaire interarmes de Coëtquidam (Saint-Cyr). A Strasbourg où Ngouabi est en formation, le commandant de l’école militaire institue, pour les Africains de l’école, des causeries hebdomadaires sur les problèmes brûlants de l’Algérie, du Congo belge et de l’Angola où se déclenche, en 1961, la lutte armée 41. En Algérie, où la guerre vient d’éclater, se produit le 22 octobre 1956 un incident criminel: Ben Bella et d’autres chefs du FLN (Front de libération nationale) se rendant du Maroc en Tunisie voient leur avion détourné sur Alger. Max Lejeune, secrétaire d’Etat au ministère de la Guerre, a autorisé le général Lorillot à procéder à ce détournement d’avion. Guy Mollet étant mis devant le fait accompli, est obligé de couvrir cet acte de piraterie aérienne, car la presse et l’opinion jubilent. Des ministres protestent et Alain Savary démissionne. La France vient là d’inaugurer une méthode qui fera fureur quelques années plus tard… Au mois de décembre 1956, le commandement des forces françaises en Algérie est confié au général Raoul Salan, ancien commandant en chef en Indochine, dont chacun sait qu’il a été l’un des grands chefs les plus favorables à la solution de la « part du feu » et au règlement hâtif imposé à Genève par le désastre de Diên Biên Phû. Tel de ses rapports, publié – non sans son aval discret – par l’Express, a contribué à faire basculer l’opinion dans le sens de la paix immédiate obtenue aux moindres frais par Pierre Juridique et politique d’Outre-mer, R.J.F.O.M., 17ème année ; n°2, avril-juin 1963, pp 335-344. 40 cf. Midi Libre du 22 septembre 1956. 41 cf.Théophile Obenga , La vie de Marien Ngouabi 1938-1977, Paris, Présence Africaine, 1978, p.33.

34

Mendès France. D’où la réputation de « bradeur d’Empire » qui lui est faite à Alger au moment où il succède au général Lorillot. C’est peu de dire que Raoul Salan est alors la bête noire de tous ceux qui prônent l’Algérie française. Plus grave encore, au cours de cette année 1957, une affaire provoque une profonde crise morale au sein de l’armée française : le général Paris de Bollardière, héros de la Seconde Guerre mondiale, incomparable meneur d’hommes et prestigieux chef de « paras », quitte avec éclat l’Algérie pour protester contre l’usage de la torture, qu’il estime déshonorant. Il est relevé de son commandement. Va-t-on l’exclure de l’armée ? Non ! Il est mis aux arrêts, puis expédié en AEF. Avant de rejoindre sa nouvelle affectation, il fait deux visites, l’une au général de Gaulle, l’autre à Max Lejeune, ministre « socialiste » français. « Vous avez bien fait, vous avez montré le chemin de l’honneur »42, lui dit le premier. Le second juge bon d’objecter : « C’est grâce à moi que vous avez été nommé général. Avez-vous songé à votre troisième étoile ? -Monsieur le Ministre, coupe Bollardière, cette conversation n’est digne ni de vous ni de moi. »43 Presque, à la même période, l’expédition de Suez, le 05 novembre, répond à un élan d’enthousiasme nationaliste avant de s’achever en fiasco diplomatique. Là aussi, les députés français ont approuvé l’aventure (par 368 voix contre 182 communistes et poujadistes). Le samedi 8 février 1958, une escadrille française de B26 bombarde le village tunisien de Sakhiet-Sidi-Youssef où sont installées des troupes algériennes. Pourquoi ? La raison invoquée est que de cette agglomération frontalière où le FLN algérien a pris position et installé non seulement une infirmerie, mais des postes de combat, des tirs seraient partis contre un avion français survolant la frontière. « Légitime défense ! », argue l’état-major algérois en déclenchant une opération de représailles : elle fait 78 morts dont une vingtaine d’enfants, près de 100 blessés, et atteint un camion de la Croix-Rouge internationale où ont pris place des fonctionnaires suisses et suédois… Nouvelle initiative que le gouvernement français est obligé de couvrir. C’est la « bavure » maximale, la faute par excellence – alors qu’à Paris, le ministre de la Défense nationale n’a même pas été consulté, avant l’action, par Alger. Ce qui donne la mesure de l’abaissement du pouvoir central devant les militaires. 42 43

Général Paris de Bollardière, La Traversée du désert, p.143. Cf. J. Ferniot, De Gaulle et le 13 mai, Paris, Plon, 1965, p.91.

35

Le vieux gaulliste, Léon Noël, n’est pas plus tôt informé qu’il note sur son agenda : « On ne comprend pas comment ce pays aveuli peut accepter pareille maladresse criminelle (…). Importante étape dans la voie qui nous conduit à la perte de l’Afrique ». La réaction d’Habib Bourguiba, chef de l’Etat tunisien ne s’est pas fait attendre : dénonçant aussitôt cet acte de « piraterie » et faisant appel aux Nations unies, il rappelle son ambassadeur à Paris. Et, que dit le général de Gaulle, président de la République française, au sujet de toute cette série de massacres ? Le 29 janvier 1960, le chef de l’Etat français parle ainsi : « On ne reviendra pas sur la politique définie par le président de la République, décidée par le gouvernement, approuvée par le parlement, adoptée par la nation française (…). Qui sait si la lutte et le sacrifice des morts n’auront pas aidé les deux peuples (français et algérien) à mieux comprendre qu’ils sont faits pour marcher fraternellement ? »44 À la fin de ses études à l’école militaire préparatoire de Strasbourg et à l’école militaire interarmes de Coëtquidam (Saint-Cyr), il est fait obligation à Marien Ngouabi de servir dans l’Armée française pour une durée de cinq ans. C’est donc sur le front qu’il doit gagner ses galons. Il se retrouve à Bouar, dans l’Oubangui-Chari (actuelle Centrafrique) pour suivre un stage accéléré de quatre mois à l’issue duquel il passe avec succès le diplôme donnant droit au grade de sergent 1ère catégorie, c’est-à-dire au même titre que le militaire métropolitain. Au Congo, dès le changement de majorité en 1957, l’UDDIA revendique, conformément à la Constitution, la direction du gouvernement. Ces revendications deviennent plus dures quand une nouvelle ordonnance, de juillet 1958, fait de son chef le véritable président du Conseil du gouvernement – fonction occupée précédemment par le gouverneur général. Le 5 mai 1958, lors de l’élection du président de l’Assemblée territoriale, l’UD.D.I.A. remporte une victoire décisive du fait de la défection d’un député, Yambo, du camp opposé.45 C’est ainsi que l’abbé Fulbert Youlou parvient à renverser la majorité selon un plan manifestement bien ourdi qui lui permet d’obtenir la majorité de l’Assemblée territoriale. En vérité, l’UDDIA accède au pouvoir, à la suite d’une erreur politique du MSA. En effet, du 25 au 30 novembre 1958, les 44

Voir Yves Lequin, Histoire des Français du XIXème au XXème siècle. Tome 3. Les citoyens et la démocratie. J.L. Pinol, Y. Lequin, P. Ory, Paris, Armand Colin, , 1984, pp. 369-370. 45 Il s’agit du ralliement du député Yambo du M.S.A. à l’U.D.D.I.A.

36

dirigeants des partis politiques, des organisations syndicales et du Conseil du gouvernement de coalition se retrouvent à Pointe-Noire, capitale du Congo, pour se mettre d’accord sur la nouvelle forme des institutions à mettre en place. Les deux partis n’arrivent pas à s’entendre sur la Constitution. Au plus fort de la discussion, le 28 novembre 1958, le député socialiste Yambo annonce son passage à l’UDDIA. L’abbé Fulbert Youlou exige en conséquence d’assumer la fonction de vice-président du gouvernement en lieu et place de Jacques Opangault. Mais, celui-ci s’oppose à tout transfert de pouvoir. Et, nonobstant l’arbitrage des plus hautes autorités coloniales de l’AEF, la nouvelle opposition fait de la résistance. Le 20 août 1958, le général de Gaulle entreprend, de Fort-Lamy et Tananarive à Brazzaville, Abidjan, Conakry et Dakar, un périple africain qui le ramène à Alger après avoir jeté les bases d’une communauté à laquelle les Africains se voient reconnaître le droit de ne pas adhérer : le droit à l’indépendance est ainsi reconnu aux colonisés naguère membres de l’Union française. Et déjà, le leader guinéen Sékou Touré a proclamé son intention d’entraîner ses compatriotes à répondre « non » aux offres du général de Gaulle plus ou moins imité par d’autres dirigeants africains comme le Nigérien Bakary Djibo et certaines personnalités sénégalaises. L’accueil qui lui a été fait à Conakry (et bien que le choix de Sékou Touré n’ait pas semblé tout à fait définitif aux yeux de nombreux témoins) a profondément choqué de Gaulle. Le général Salan, venu le recevoir à l’aéroport de Maison-Blanche d’Alger, le trouve « sombre, torturé » et rapporte ce trait : « Me serrant le bras, il explose soudain : ‟Salan, ce qui s’est passé à Conakry est insensé… Je ne concevais pas pareille haine à l’égard de la France et de moi-même… Une vieille femme, sur le côté de ma voiture, a fait le geste de soulever sa jupe et a craché sur le véhicule. Puisqu’ils veulent l’indépendance, eh bien, qu’ils la prennent, mais ils n’auront plus un sou !ˮ »46. Si cordiale qu’ait été la réception faite au général de Gaulle par Tananarive (et brièvement Tamatave), c’est à Brazzaville qu’il comptait bien voir opérer son charisme. Il ne fut pas déçu. Le peuple de journalistes qui suivaient à la trace le chef du gouvernement français avait vu à travers le monde beaucoup de manifestations, cortèges et meetings. Mais peu d’entre eux avaient été témoins d’une aussi torrentielle adhésion à un hôte étranger. Il est vrai que le président du gouvernement local est l’abbé Fulbert Youlou, considéré comme l’un des plus extravagants personnages qu’ait produit l’Afrique tropicale au cours des dernières décennies : soutane de soie blanche au vent, cet ecclésiastique peu conformiste fait du retour du général sur cette terre familière une rutilante, une effarante kermesse. D’autres ont dit carnaval. 46

Général Salan, Mémoires, IV, 1974, p. 71.

37

Les réflexions qu’inspirèrent au général cet abbé surgi du Voyage au bout de la nuit n’ont pas été communiquées. Mais de Gaulle voyait-il autre chose alors que sa propre légende exaltée par un peuple sans malice?47 C’est ici, au lieu même où il avait salué en 1944 l’homme africain debout, qu’il a voulu manifester plus clairement encore qu’à Tananarive le droit de l’Afrique francophone à décider librement de son sort, et sous quelque forme pacifique que ce soit. C’est bien le discours prononcé au stade Félix-Eboué le dimanche 24 août qui va apparaître désormais comme la charte des relations franco-africaines : « On dit : ‟Nous avons droit à l’indépendance.ˮ Mais certainement oui ! (acclamations). Un territoire déterminé pourra la prendre aussitôt s’il vote ‟nonˮ au référendum du 28 septembre. Et cela signifiera qu’il ne veut pas faire partie de la communauté proposée et qu’il fait en somme sécession. Cela signifiera qu’il veut poursuivre son chemin lui-même, isolément, à ses risques et périls. La métropole en tirera la conséquence et je garantis qu’elle ne s’y opposera pas. Mais si le corps électoral, dans les territoires africains, vote ‟ouiˮ au référendum, cela signifiera que par libre détermination, les citoyens ont choisi de constituer la Communauté dont j’ai parlé. Alors, cette Communauté sera instituée. On la fera fonctionner. Je suis sûr que ce sera pour le bien de tous (acclamations). Mieux même ; à l’intérieur de cette Communauté, si quelque territoire, au fur et à mesure des jours, se sent, au bout d’un certain temps que je ne précise pas, en mesure d’exercer toutes les charges, tous les devoirs de l’indépendance, eh bien ! il lui appartiendra d’en décider par son Assemblée élue et, si c’est nécessaire ensuite, par le référendum de ses habitants. Après quoi la Communauté prendra acte, et un accord réglera les conditions de transfert entre ce territoire, qui prendra son indépendance et suivra sa route, et la Communauté elle-même. Je garantis d’avance que dans ce cas non plus la métropole ne s’y opposera pas. Mais bien entendu, la métropole elle aussi gardera à l’intérieur de la Communauté la libre disposition d’elle-même. Elle pourra, si elle le juge nécessaire, rompre les liens de la Communauté avec tel ou tel territoire, car il ne peut échapper à personne que la Communauté imposera à la métropole de lourdes charges, et elle en a beaucoup à porter. Je souhaite de tout mon cœur qu’elle persévère dans cette Communauté, qu’elle continue à porter ses charges, qu’elle le puisse et qu’elle le veuille, mais bien entendu, elle se réservera elle aussi la liberté de ses décisions. »

47

Voir Jean Lacouture, De Gaulle. 2. Le politique, Paris, Seuil, 1985, pp. 575-576.

38

Tout en ouvrant tout grands les bras en forme de « V » - ici, notamment, à Brazzaville -, il ferme en même temps les poings comme pour affirmer qu’il n’y a pas de liberté qui ne s’arme, pas d’ouverture sans verrou de sûreté. Aussi, complète-t-il la solennelle reconnaissance du droit à l’indépendance par ces rappels à quelques réalités : « …Nous allons former cette communauté franco-africaine qui me paraît indispensable à notre puissance politique commune, à notre développement culturel et, si c’est nécessaire, à notre défense, parce que nul n’ignore qu’il y a de grands dangers qui sont latents dans le monde, de grandes menaces qui pèsent au-dessus de nos têtes, et en particulier de grandes menaces qui pèsent sur l’Afrique. Il y a d’ailleurs dans le monde, particulièrement en Asie, de grandes masses humaines qui cherchent à s’étendre faute d’avoir chez elles les moyens suffisants de vivre (…). Derrière (l’) idéologie, il y a comme toujours l’impérialisme des intérêts (…) une tentative de trouver à l’intérieur de ces territoires une tête de pont politique qui (en) facilitera l’accès et au besoin l’invasion (…) Quand on est un homme, et un homme libre, on n’a pas le droit de se le dissimuler, et c’est la raison pour laquelle également la France offre aux Africains, vous offre, un ensemble commun, cet ensemble commun avec elle en particulier pour pouvoir détourner cette menace. J’ai parlé. Vous m’avez entendu. Les Africains choisiront… » « Les Africains choisiront… ». Les mots sont lancés, qui ouvrent largement les portes. Une ère est close. Le mot « indépendance » a cette fois été bel et bien prononcé, dans sa plénitude. L’effet en sera profond.48 Tous les leaders africains insistent ce dimanche 24 août sur la portée historique du discours de Brazzaville, mettant en parallèle celui de janvier 1944 – émancipation des individus – et celui d’août 1958 – émancipation des collectivités.

48

Ibid. pp. 576-577.

39

II L’INDEPENDANCE NATIONALE EN QUESTION « Les hommes qui gèrent les affaires de l’Etat me semblent, hors un petit nombre, des gens sans culture » Platon 1. Une vie politique mouvementée Le référendum est organisé le 28 septembre 1958. Le triomphe du « oui » à ce référendum est une opportunité pour l’abbé Fulbert Youlou de s’opposer à toute proposition de conciliation allant dans le sens d’un règlement pacifique de la crise que traverse le pays depuis l’affaire Yambo. Il s’en tient aux rapports de forces et ne veut négocier que s’il est préalablement installé comme vice-président du gouvernement à la place de Jacques Opangault. Après quelques échanges houleux, les députés MSA quittent la salle, laissant la place libre à la majorité UDDIA. Cette action qui fonde la première République du Congo sur l’illégalité, inaugure le premier « coup d’Etat civil » dans le pays, car, après le départ des membres MSA, l’UDDIA se met immédiatement au travail pour voter une Constitution qui lui est favorable. Pour ce faire, l’abbé Fulbert Youlou favorise l’accès au perchoir de Christian Jayle afin de diriger les travaux de l’Assemblée territoriale. Aussitôt élu comme président de l’Assemblée territoriale, Jayle fait voter une loi constitutionnelle proclamant la République et son autonomie. Dans la foulée, il fait élire l’abbé Fulbert Youlou comme Premier ministre provisoire. L’UDDIA remplace donc le Premier ministre Opangault par l’abbé Fulbert Youlou. Cette promotion est vivement contestée par une bonne partie de la population à Pointe-Noire. Se rendant compte de son impopularité dans cette ville, l’UDDIA décide de transférer le siège du gouvernement et de l’Assemblée législative49 de Pointe-Noire à Brazzaville, destination vers laquelle ses membres se rendent immédiatement. Etant dans son fief électoral en tant que maire de Brazzaville, l’abbé Fulbert Youlou et les siens sont accueillis en triomphe. Pendant que tous ces évènements se passent, Marien Ngouabi est en service militaire au Cameroun. Il y reste de 1958 à 1960.

49

Anciennement appelée Assemblée territoriale du Moyen-Congo.

41

Il fait partie du 2ème bataillon des tirailleurs du Cameroun (BTC 2). Ces troupes ont pour mission de mener des opérations de pacification contre les maquisards de l’Union du peuple camerounais (UPC). Le 1er juillet 1958, Ngouabi est promu au grade de sergent. A partir de là, il s’affirme de plus en plus aux Européens. De fait, « alors qu’en manœuvre à Koutaba, il fit une demande à son commandant d’unité pour avoir accès au Mess des sous-officiers, jusque-là réservé aux seuls Européens. Sa requête fut acceptée. Ce fut le seul Africain à jouir de ce privilège, mais bientôt tous les autres africains purent avoir accès au Mess »50. Le 28 novembre 1958, c’est la date de la proclamation de la République du Congo. Et le jour même, l’abbé Youlou forme, à Brazzaville, son gouvernement. Quelques mois plus tard, en 1959, pour éviter que l’UDDIA ne s’organise au pouvoir et consolide sa situation dans le pays, le MSA réclame en vain de nouvelles élections. Excédé, Kikhounga N’Got, le numéro deux du MSA, déclare en janvier, lors d’une réunion publique à Dolisie : « Je vous invite à vous unir et, s’il le faut, à faire la guerre civile pour obtenir l’écrasement de ce gouvernement qui ne représente rien et se refuse à de nouvelles élections ainsi qu’il en avait été précédemment convenu. » 51 D’aucuns considèrent que ce qui a envenimé le plus la situation est le discours prononcé, le 16 février, par le député P.P.C., Pouy, au bar Bouya, situé dans un quartier de Brazzaville : Poto-poto. En février, la guerre éclate à Brazzaville, et notamment à Poto-poto, entre partisans de l’UDDIA et ceux du MSA. Elle a pour motif l’éventration d’une femme enceinte Bembe52. L’intervention des forces de l’ordre n’arrête cette bataille qu’au bout de trois jours. On dénombre 200 morts, près de 177 blessés graves et plus de 350 cases détruites et 350 arrestations.53 L’armée française d’Outre-mer stationnée pourtant à Brazzaville n’intervient que tardivement.

50

cf. Théophile Obenga, ouvrage, op. cit., p. 26. Cf. Wagret J. M., Histoire et sociologie politique de la République du Congo, Paris, Librairie générale de droit et de jurisprudence, 1963, pp. 83-84. 52 Il s’agit d’un des sous-groupes Kongo : Vili, Yombe, Kunyi, Bembe, Kamba, Dondo, Hangala, Nsundi, Lari, Kongo, Kenge, Nyanga. 53 Cf . Bilan officiel, in « La chute de Youlou », archives du comité central du P.C.T., secrétariat général, sans références. 51

42

Ces émeutes, bien qu’elles se passent sous le regard bienveillant du colonisateur, prouvent suffisamment la faible consistance de l’idée de l’Etatnation et de la démocratie dans l’imaginaire politique des Congolais. Sinon, comment expliquer que plus de trente ans plus tard (1993-1994), l’instrumentalisation de l’ethnicité par les hommes politiques soit à nouveau à l’origine d’un nouveau conflit entre les membres des sous-groupes Kongo ? Les élections de juin 1959 se déroulent dans ce contexte trouble. En effet, en l’absence du MSA, les députés UDDIA procèdent au découpage des nouvelles régions électorales. La participation électorale se situe aux environs de 80%. Le parti gouvernemental obtient 51 sièges avec seulement 57,78% des voix, tandis que le MSA doit se contenter de 10 sièges malgré 42, 22% des voix obtenues. Ces élections de 1959, marquant la victoire de l’U.D.D.I.A., se sont déroulées dans un contexte d’exacerbation politique de l’ethnicité. Certes, il y a eu domination du corps des instituteurs, mais la bipolarisation partisane, engendrée par la compétition acharnée entre l’UDDIA et le MSA a cristallisé une passion conjoncturelle : à savoir le repli ethnique de la part des Brazzavillois. La compétition politique est décrite par les urbains sous la forme d’une opposition ethnique Kongo/Mbochi, se référant directement aux origines des leaders U.D.D.I.A. et M.S.A., alors même que leurs états-majors sont mixtes. Après cette victoire électorale, la nouvelle Assemblée prend le nom d’Assemblée nationale. L’abbé Fulbert Youlou est réélu comme Premier ministre puis, le 21 novembre 1959, comme président de la République. C’est le jour même de sa victoire électorale de 1959 qu’éclate la répression des matsouanistes. Les résultats montrent que 0,5% des électeurs a voté contre Youlou. Ce résultat est encore imputé aux matsouanistes qui ne veulent pas voir en Youlou la réincarnation de Matsoua. Ainsi, dès le 14 juin 1959, les matsouanistes sont-ils attaqués par les jeunes de l’UDDIA, leurs maisons brûlées et saccagées à Bacongo.54 On compte plusieurs morts. Le calme ne revient que le 19 juin. Il est reproché au président Youlou d’avoir laissé faire ces émeutes inter-lari opposant d’un côté les matsouanistes et, de l’autre, ses militants. Plus encore, le 27 juillet, une répression anti-matsouaniste se déclenche au cours d’une opération de police ayant pour but d’évacuer 2500 matsouanistes réfugiés dans un cantonnement à proximité de Brazzaville. On dénombre environ 37 morts et plus de 100 blessés parmi les matsouanistes.

54

Ce quartier de Brazzaville est occupé principalement par les habitants qui revendiquent une origine Kongo.

43

Le 2 août 1959, surviennent de nouvelles émeutes. Elles sont provoquées, cette fois-ci, par des matsouanistes qui, voulant venger leurs camarades, victimes de la tuerie du 27 juillet, attaquent les Lari. Ils en tuent 7 et en blessent 140. Tirant les leçons de tous ces troubles, l’abbé Fulbert Youlou entreprend une politique d’apaisement et d’unité. Le 31 octobre 1959, dans son discours à la Nation, il insiste sur « l’union de tous, qui est nécessaire, pour faire une seule Nation, un seul Etat, une seule République ». Peu de temps après, le 28 novembre 1959, à l’occasion du premier anniversaire de la proclamation de la République, l’abbé Fulbert Youlou convie encore le peuple congolais à l’unité : « Le premier des devoirs (pour les Congolais), c’est l’union de tous au-dessus des races et des partis. Dans le monde moderne, il est difficile de bâtir et de garder un pays libre et maître de son destin lorsqu’il compte moins d’un million de citoyens ; la tâche est impossible s’ils sont divisés et en lutte intérieure les uns contre les autres. »55 Le 23 décembre 1959, la cour criminelle spéciale se réunit. Elle juge 135 matsouanistes pour refus de payer l’impôt ou de se faire une carte d’identification. Les peines de condamnation prononcées vont de 2 mois à 2 ans d’emprisonnement. 2. Prise de conscience et engagement politique Nous sommes en 1960. Marien Ngouabi rentre de son service militaire au Cameroun. Il est marqué par sa participation à des guerres coloniales et surtout par les massacres et atrocités qu’il y a vues. Il n’a de cesse de se remémorer son séjour au Cameroun. Il le décrit comme étant la période la plus marquante de sa vie : « Il évoquait toujours avec émotion, nous dit son biographe, ce qu’il avait vécu au Cameroun : des massacres, des villages entiers brûlés avec tous les habitants sans distinction aucune, des femmes enceintes froidement éventrées, des fuites éperdues à travers les forêts et les montagnes. De la désolation sur l’ensemble du pays. »56

55

Cf. Fulbert Youlou, Discours prononcé à l’occasion du 1er anniversaire de la proclamation de la République, Brazzaville, le 28 novembre 1959. 56 Cf. Théophile Obenga, op. cit.

44

Quand ils ont subi de pareilles impressions, les esprits tendres et faibles restent tristes toute leur vie, les esprits élevés et fermes comme Marien Ngouabi demeurent sérieux. « Les idées du président Marien Ngouabi sur la lutte des peuples africains se sont consolidées à cette époque. Chaque jour, chaque semaine, il vivait des faits sanglants qui heurtaient sans cesse son esprit. Les forces ennemies de l’Afrique apparaissaient avec toute leur cruauté. » 57 C’est sans doute au nom de la morale (d’aucuns diront révolutionnaire) que Ngouabi éprouve ces sentiments. Et la morale, quoiqu’en pensent les nietzschéens ou les jobards, est évidemment nécessaire à toute vie humaine. Ce n’est pas l’homme qui fait la morale (car il ne pourrait le faire qu’à la condition d’être déjà moral, et ce cercle viderait l’explication de toute valeur), c’est la morale, bien plutôt, qui fait l’homme ou, plus exactement, c’est cela même qui produit la morale (la société, l’Histoire, la famille…) qui produit aussi l’Homme, nous voulons dire l’humanité de l’Homme.58 Marx, Freud, Durkheim, Levi-Strauss… vont tous dans le même sens : l’Homme, en tant qu’il est humain, n’est pas le principe, mais l’effet de son histoire. Et c’est sur quoi Althusser, à juste titre, nous semble-t-il, attira l’attention : « L’antihumanisme théorique de Marx dans le matérialisme historique, c’est dans le refus de fonder dans un concept d’homme à prétention théorique, c’està-dire comme sujet originaire de ses besoins (homo oeconomicus), de ses pensées (homo rationalis), de ses actes et de ses luttes (homo moralis, juridicus et politicus), l’explication des formations sociales et de leur histoire »59. Il s’agit de savoir ce qui fait qu’un homme est un homme : son essence (humanisme théorique) ou son histoire ? L’antihumanisme théorique répond que c’est l’histoire, à la fois naturelle (hominisation) et culturelle (humanisation). Autrement dit, l’Homme n’est pas d’abord principe, mais résultat ou, ce qui revient au même, qu’il n’est humain qu’à la condition de le devenir. Cela, qui est vrai chez Marx, est vrai aussi chez Freud : ce que la psychanalyse étudie, et de quoi elle rend compte, ce sont, écrivait aussi Althusser, les effets de « l’extraordinaire aventure qui, de la naissance à la liquidation de l’œdipe, transforme un petit animal, engendré par un homme et une femme, en petit animal humain », ce sont les séquelles, en chacun de la « longue marche forcée qui, de larves mammifères fait des enfants humains, 57

Cf. Théophile Obenga, op. cit. Voir André Comte-Sponville, Traité du désespoir et de la béatitude. 2. Vivre. P.U.F. 1988 ; Une éducation philosophique, P.U.F. 1990. 59 Voir Louis Althusser, Pour Marx. Maspéro, 1965 ; nouv. éd. Découverte, 1986 ; Positions Ed. sociales, 1976. 58

45

des sujets », et par quoi l’humanité s’enfante « comme culture dans la culture humaine ». L’antihumanisme théorique n’est pas un immoralisme : penser l’homme dans sa vérité (dans son histoire), c’est penser la morale dans son urgence. Ce n’est pas l’homme qui fait la morale, c’est la morale qui fait l’homme : l’humanité n’est pas une essence, mais une valeur.60 Un homme sans morale serait inhumain, c’est le mot que Spinoza utilise, et c’est celui, en effet, qui convient.61 Les faits sanglants vécus par Ngouabi sont moralement et humainement éprouvants. Ils sont d’une âpreté et d’une violence qu’il n’a plus jamais retrouvées durant sa carrière militaire. Ces faits ne sont pas étrangers à son adoption du marxisme-léninisme et à son adhésion au matérialisme historique comme principes philosophiques. En clair, pour des raisons que nous ne rappellerons pas ici, puisqu’elles ne sont pas l’objet de ce livre, nous ne pouvons jamais faire l’économie de l’idée que le futur est indéterminé et que nos actions traduisent des choix entre des possibles. Et les choix de Marien Ngouabi sont sans équivoque. Il est un humaniste. En effet, son expérience du commandement lui donne un profond respect de l’homme, non seulement des grands hommes qu’il admire, mais aussi des plus humbles, ceux qui souffrent, ses compatriotes et tous les opprimés. C’est à la condition humaine que Marien Ngouabi voue sa sympathie. Il le fait tout droit et de tout cœur. C’est un soldat et fier de l’être. En effet, pendant presque toute sa vie, il ne se hâte guère de se dépouiller de son treillis, même quand il s’agit de charmer chefs politiques ou hommes d’Etat étrangers peu suspects de militarisme, et ne se « met en civil » que souvent dans l’intimité familiale. Au début de sa carrière, le jeune lieutenant Ngouabi mène la vie des paracommandos dans leurs manœuvres. Son attitude froide, et presque sévère, est assez trompeuse. Elle ne trahit pas l’admiration, la sollicitude, l’affection fraternelle qui sont en lui pour ses soldats. Et, il n’est point de chef plus instruit de leurs besoins, plus ménager de leurs forces, plus ennemi des excès de rigueur et des exigences superflues ; et surtout, plus avare de leur sang. Le soldat peu à peu apprend à le connaître : il trouve l’homme en lui, l’homme qui, si éloigné de lui qu’il soit par le grade, ne se fait pourtant pas un personnage inaccessible, inabordable, un être d’une tout autre espèce. Il est, sinon paternel avec la troupe, tout au moins fraternel avec elle, goûtant son repas, payant de sa personne, riant même souvent de la plaisanterie d’un 60

Voir André Comte-Sponville, Traité du désespoir et de la béatitude. 2. Vivre. Paris, P.U.F. 1988 ; Une éducation philosophique, P.U.F. 1990. 61 Voir Baruch Spinoza, Œuvres complètes. Paris, Garnier-Flammarion.4 vol. 1965.

46

simple subordonné, oubliant aussi aisément les injures faites à sa personne. Et, plus tard, bien que devenu chef de l’Etat, Marien Ngouabi s’adonnera volontiers à ses loisirs favoris : le football et le ballon militaire. On le voyait souvent au stade Ornano de Brazzaville jouer avec les militaires de tous grades confondus. Il faisait aussi souvent le saut en parachute et la chasse.62 Ce "Saint-Cyrien" forgé par toute la vertu militaire, avait ses profondes racines dans la culture du terroir koyo (Owando) ; il était amoureux de la virile et spectaculaire danse èkòngò. Et aussi du kébé-kébé, danse rituelle du serpent primordial. « Une grande âme, écrit La Bruyère, est au-dessus de l’injure, de l’injustice, de la douleur, de la moquerie ; et elle serait invulnérable, si elle ne souffrait de la compassion. Il y a une espèce de honte d’être heureux à la vue de certaines misères… » 63 Qui oserait contester que Marien Ngouabi était au-dessus de l’injure, de l’injustice ou de la moquerie ? Au cours d’un meeting au stade de la Révolution, le jeune homme qui avait traité, dans une lettre, le chef de l’Etat de « petit bonhomme » avait certes été arrêté, exhibé à la foule, mais libéré à la demande de Marien Ngouabi. Des exemples de ce genre que l’on pourrait multiplier sans peine attestent de la magnanimité et de la clémence de Marien Ngouabi. S’agissant de la « compassion », on peut la faire remonter à l’époque où, étant au Cameroun, il a vu des massacres, des villages entiers brûlés avec tous les habitants sans distinction aucune, des femmes enceintes froidement éventrées, des fuites éperdues à travers les forêts et les montagnes. De la désolation sur l’ensemble du pays.64 Par ailleurs, Marien Ngouabi sait s’entretenir avec les soldats; il se fait une idée juste, et qui sera un jour bien précieux, du soldat congolais, de ce Soldat du peuple, pour reprendre l’intitulé de son ouvrage. Il sait également qu’un véritable chef ne peut se borner à dicter des ordres sans nul égard à leurs effets sur les esprits : ils ne seraient obéis que d’une obéissance cadavérique. Il doit arriver assez souvent qu’une troupe vaille exactement ce que vaut le chef à ses yeux. Marien Ngouabi est capable de longanimité dans le succès et de sérénité dans l’épreuve.

62

Au cours d’une partie de celle-ci, il faillit perdre sa vie dans un accident d’hélicoptère. 63 La Bruyère, Les caractères, De l’homme, Ed. Delagrave, ch. XI, p.255. 64 Cf. Théophile Obenga, op. cit.

47

Le cœur humain est tellement tortueux, notait Kant, qu’on ne peut savoir, même, si une seule action absolument morale fut jamais accomplie.65 Pas seulement parce que nous sommes des coquins, comme le dit Philonenko, ou parce qu’« on se heurte partout au cher moi », comme dit Kant. C’est là où Aristote, nous semble-t-il, voyait plus loin que Kant. Celui qui donne sans plaisir, disait-il, n’est pas vraiment généreux : quand bien même il donnerait par devoir, ce n’est qu’un avare qui se force.66 Mais Marien Ngouabi est naturellement généreux. Il est attentif aux pensées et aux peines des soldats, comme il l’est aux rites : parades, drapeaux et fanfares qui ennoblissent la servitude militaire. Marien Ngouabi est un politique. Ambitieux dans ses vues, ingénieux dans les procédures et implacable dans l’exécution, il veut rompre avec le système néocolonial du pays et parachever l’indépendance et l’unité nationales des Congolais. C’est un intellectuel dans le sens où sa vie, les décisions et les actes qu’il prend sont inspirés et motivés par des idées. Il est un homme aussi, pour cette raison que la jeunesse, son idéal, sa formation l’occupent par-dessus tout, elle qui est la source et la vie. Un homme enfin, parce qu’il a souffert. Il a la fermeté du soldat, soldat pur, d’un métal pur que rien n’étonne s’il s’agit du devoir. On trouve profondément en lui une ardeur constante et inébranlable au service de ses semblables, de l’Homme. La République du Congo accède à l’Indépendance le 15 août 1960. Cette date correspond également à une fête chrétienne : l’Assomption. L’abbé Fulbert Youlou, après avoir écarté tous les opposants politiques, s’attache à consolider la personnalisation de son pouvoir. Pour les gouvernants, il importe de maintenir l’unité nationale réalisée par la prise en compte de la « géopolitique », c’est-à-dire par la meilleure représentation des ethnies au niveau des postes de décisions. Dans cette perspective, l’abbé Youlou forme un gouvernement d’union nationale en y faisant entrer des personnalités comme Jacques Opangault, Kikounga-Ngot, Faustin Okomba du M.S.A. et Germain Bikoumat du P.P.C. L’intégration d’Opangault dans l’équipe gouvernementale vise idéologiquement à convaincre de la réalité de la réconciliation nationale. 65

Voir Emmanuel Kant, Critique de la raison pratique. Trad. F. Picarnet, P.U.F. 1971 ; Fondements de la métaphysique des mœurs, Vrin, 1980 ; Métaphysique des mœurs, Vrin 1968. 66 Voir Aristote, Ethique à Nicomaque, Vrin, 1979.

48

A bien y regarder, ce gouvernement d’union nationale regroupe des cadres d’instruction moyenne qui se sont formés au contact du colonisateur. Pour la plupart d’entre eux, ce sont des citoyens honnêtes, intègres et des grands commis de l’Etat. Leur amour du pays et leur sens des responsabilités sont attestés par certaines actions remarquables effectuées dans le domaine de l’urbanisme, de la construction, de l’enseignement et de l’organisation administrative. En outre, ils sont les premiers à poser les jalons de l’organisation législative et administrative du jeune Etat congolais. 3. La révolution des 13, 14 et 15 août La volonté de l’abbé Fulbert Youlou de rassembler tous les Congolais sous une même bannière en vue d’une bonne gouvernance du pays est perçue par ses adversaires comme une tentative d’instauration d’un régime du parti unique. Aussitôt, les critiques fusent de toutes parts, alimentées par l’arrogance, la gabegie dans la gestion des deniers publics et la corruption des membres du gouvernement. Comment peut-il en être autrement quand on assiste un peu partout dans le pays à l’exhibition des richesses et des pratiques d’ostentation politique exprimant l’abus du pouvoir ? La nouvelle classe politique porte le style de vie des « Viveurs »67 à un niveau tel que, devenu inaccessible aux simples citoyens, il se transforme en pratiques de distinction politique. De fait, certains ministres et certains députés ont vite fait de transformer les bars en scène de leur splendeur, en particulier Faigniond, à Poto-poto, et Lumi-Congo à Bacongo. Ils y rivalisent avec le peuple et le subjuguent. A l’instar de la plupart de ses compatriotes, Marien Ngouabi assiste, stupéfait, à l’augmentation des dépenses publiques et à la gabegie financière auxquelles se livrent les dirigeants du pays. L’immoralité des comportements des leaders politiques peut être jugée à l’aune de la paupérisation de la population dont le nombre des chômeurs ne fait qu’augmenter dans le pays. Cette situation est notamment dénoncée par certains observateurs tels que le journaliste Côme Mankassa : « Trop de voitures ont été payées aux frais de la princesse. Les salaires de ces fonctionnaires issus de l’africanisation sentimentale augmentent dans des proportions injustes. Non satisfaits d’exorbitants traitements et privilèges divers (voitures, logements et équipements, etc.) que le gouvernement leur

67

Il s’agit d’une catégorie de personnes qui ont un goût prononcé pour le luxe et de l’esthétisme dans leur style vestimentaire.

49

accordait, les ministres se livraient aux détournements des deniers publics, pour satisfaire leurs plaisirs, au mépris de nombreux chômeurs »68 La rumeur s’en prenait surtout au président de la République. Il ne se passait pas une semaine à Brazzaville sans que l’on n’entende des conversations alimentées par un nouveau scandale de Youlou. A partir du moment où l’opinion publique commence à envisager d’autres possibilités et à porter un jugement critique sur l’état de choses existantes, la situation n’est plus seulement objectivement révolutionnaire, elle commence à devenir politique. Par ailleurs, le contexte international est dominé par la crise du Katanga qui ébranle le Zaïre69 pendant les six premières années de son indépendance le 30 juin 1960. C’est dans la recherche de la « solution » à la crise katangaise que le chef de l’Etat congolais, Fulbert Youlou, extériorise son sentiment anti-communiste et son rapprochement pro-occidental. Lors de son séjour au Congo-Belge auprès de son « frère » Moïse Tschombé, un autre anti-communiste de la région, il prononce une allocution fracassante dont la teneur irrite les « marxistes » et les marxisants congolais, aussi bien dans l’armée que dans les milieux syndicaux : « L’Africain, dit-il, qui renierait ce capital civilisateur (la colonisation) au profit d’abstractions fumeuses, trahirait ses règles ancestrales… Le continent noir est démocratique et communautaire et il n’a pas attendu Marx pour mettre en commun ses ressources, mais il sait que rien de grand n’a été réalisé dans le monde en dehors de l’instinct naturel qu’ont les hommes de posséder, d’améliorer leur sort et de s’enrichir… La colonisation a été un bienfait pour les peuples colonisés, que la décolonisation ne doit pas signifier rupture mais persistance des liens intimes avec la patrie-mère… » 70 La politique du président Youlou à l’égard de l’autre Congo provoque donc hostilité chez les militants de la gauche congolaise. L’économie congolaise est ruinée. Le début d’industrialisation qui semblait s’amorcer au lendemain de la décolonisation n’a servi qu’à alimenter ou à satisfaire les appétits financiers de l’équipe gouvernementale. Le premier à être visé par les critiques est le chef de l’Etat en personne : « une fois, lors de l’un de ses voyages en Europe, il prit dans les caisses de l’Etat 30 millions de francs CFA pour frais de déplacement.

68

Cf. La Semaine Africaine du 4 au 11 septembre 1960. Actuellement République démocratique du Congo 70 Cf. Youlou. 69

50

Certains salaires de l’entourage du président se trouvaient multiplier par 10, 20 et même 30 fois »71 Marien Ngouabi, pour sa part, continue de se former. En septembre 1961, il est à Saint-Cyr et devient officier en juillet 1962. Peu de temps avant, le 18 janvier 1962, le 1er bataillon des F.A.C. voit le jour. Il compte deux compagnies de Brazzaville (celle du 16 novembre 1960 et celle du 1er octobre 1961) ainsi qu’une de Pointe-Noire, basée au Camp Génin, actuel camp 31 juillet. Le commandement de ce tout premier bataillon congolais est confié au commandant Félix Mouzabakani, secondé par le lieutenant Yhombi Joachim. En cette même année 1962, Marien Ngouabi est nommé adjoint au commandant de la compagnie d’infanterie de Brazzaville. Aujourd’hui qu’a disparu l’esprit des conquêtes tout ce qu’un caractère élevé peut apporter de grand dans le métier des armes nous paraît être moins encore dans la gloire de combattre que dans l’honneur de souffrir en silence et d’accomplir avec abnégation les tâches qui vous sont confiées. Marien Ngouabi remplit donc avec zèle les devoirs assez monotones de son Etat. Il mène cette existence toute régulière et laborieuse de l’officier de troupe auquel il faut tant de foi ou de résignation pour accomplir comme indéfiniment le cycle liturgique de l’année militaire : l’accueil des jeunes recrues, leur formatage, les tirs, les sauts en parachute, les manœuvres, marches et exercices commandos, etc. Face à la contestation de son régime, le président Youlou refuse de tenir compte du mécontentement populaire. Sûr de sa force, il entreprend, en août 1962, une tournée triomphale dans les régions du Haut-Congo. Il annonce même, par la voie des ondes, l’intention de son gouvernement de proposer au pays la formation et l’instauration d’un parti unique, l’UDDIA, afin de « sceller la réconciliation et l’unité nationale réalisée ». Il ne rencontre aucune opposition des partis. Au contraire, un mois plus tard, le leader du Parti socialiste congolais, Opangault, déclare à son tour que « l’union ne peut être franche qu’avec la création du parti unique » et que son parti souscrit à la proposition du chef de l’Etat. Le ministre Bicoumat, de son côté, assure que le noyau des militants P.P.C. « intègres » salue chaleureusement l’initiative gouvernementale. Il ne reste plus qu’à Youlou de convaincre les autres forces du pays et les masses populaires afin qu’elles adhèrent à sa proposition. Les mouvements 71

Cf. Konare (K.J.B.), L’armée et la relève politique en Afrique noire de « succession française » à travers le Monde. Les silences et les lacunes d’un grand quotidien, Mémoire de Maîtrise, CH.M.E.D.N., Université Paul Valéry Montpellier III, p. 19.

51

révolutionnaires les plus énergiques sont souvent déchaînés par l’indignation patriotique. Les syndicats, sortant de leur apolitisme, reprennent à leur compte les revendications de la rue. Leurs leaders sont le seul groupe d’hommes qui avancent des réclamations contre le pouvoir. Des réunions se tiennent dans les cellules. Des appels à la grève se multiplient pour des augmentations de salaires. Les premiers acteurs à stigmatiser la révolte générale sont des syndicats, notamment la Confédération générale africaine du travail (C.G.A.T.) de tendance communiste et les jeunes organisés au sein de l’Union des jeunesses congolaises (U.J.C.), proche de la C.G.T.A., et soutenus tous par une partie de l’armée72. Nous sommes à une époque où chaque jour est une journée, les choses marchent si vite, tout se développe si rapidement que les moindres propos, les moindres actes ont des conséquences incalculables. Sous l’influence de l’Eglise catholique, tous les syndicats et en particulier la puissante Confédération africaine des travailleurs chrétiens (C.A.T.C.) lancent une grève générale en signe de protestation. Les syndicalistes réussissent même à cristalliser toute cette contestation lors de la venue de Sékou Touré à Brazzaville, les 5 et 6 juin 1963, en réponse au voyage que Youlou avait fait en Guinée un an plus tôt. Les militants syndicaux, les jeunes et les « oubliés du régime » accueillent Sékou Touré avec des cris : « Longue vie au Président de l’Afrique » ! Vive l’indépendance de l’Afrique ! A bas Fulbert Youlou ! A bas les voleurs du Congo ! ». Sékou Touré le leur rend bien, car au cours des meetings et des conférences organisés par les responsables politiques congolais en son honneur, il condamne et fustige « l’impérialisme et ses laquais ». En outre, il demande aux peuples africains de « balayer les régimes qui exploitent les masses ». Par ailleurs, il convient de signaler que ce voyage est aussi l’occasion des promesses économiques. En effet, Sékou Touré déclare: « La Guinée est riche en minerais et elle est disposée, je le dis, à mettre à la disposition du Congo toutes les quantités de bauxite ou de fer nécessaires à la réalisation du barrage du Kouilou et plus tard à la rentabilité de l’usine qui sera construite ». Mais, Youlou ne veut pas tenir compte de la contestation qui a éclaté lors du voyage de Sékou Touré. Après le départ de ce dernier, il 72

cf. « La chute de l’Abbé Fulbert Youlou », archives du secrétariat général près la présidence de la République.

52

emprisonne des syndicalistes et reprend son projet d’instaurer un parti unique au Congo. S’il avait voulu ruiner les dernières chances pour sauver son régime, il ne s’y serait pas pris autrement. Il convoque une table ronde pour discuter de son projet d’instauration du parti unique avec les leaders des trois partis, les représentants de l’Assemblée nationale, les leaders syndicalistes et les représentants de l’armée congolaise. Et, dans la nuit du 12 au 13 août, certains syndicalistes se rendent au cimetière de la Tsiémé pour lier un pacte afin de se placer sous la protection des ancêtres. Cette même nuit, trois syndicalistes sont arrêtés. Le matin du 13 août, les manifestations commencent. La foule, composée principalement de chômeurs et de travailleurs revendiquant une augmentation de salaires, se rendent à la Maison d’arrêt de Brazzaville pour libérer les syndicalistes arrêtés la veille. Les forces armées semblent lentes à réagir. Cela a une explication : les problèmes de sécurité ou de défense sont de la compétence exclusive des forces françaises. Et celles-ci ne se déploient souvent qu’en cas de crise. Au cours de violents affrontements qui opposent les insurgés aux gendarmes, le patron de la gendarmerie, le colonel de gendarmerie Jean est blessé à la tête par un jet de pierre. Voyant ses hommes débordés de toutes parts, il ordonne d’ouvrir le feu sur la foule : trois syndicalistes trouvent la mort 73. Pris de colère, aidés par plusieurs badauds, les insurgés s’en prennent à la Maison d’arrêt de Brazzaville et parviennent à libérer tous les détenus. Par la suite, la manifestation se transforme en émeute. Et ce n’est pas l’entrée à Brazzaville des chars français venus de la République centrafricaine dans la nuit du 13 au 14 août qui pourrait calmer la situation. En effet, l’appel syndical aux émeutes générales des 13, 14 et 15 août 1963 est largement suivi en ville comme en campagne. Dans les régions sont organisées de gigantesques manifestations anti-gouvernementales, alimentées d’injures contre la personne même du président Youlou et de ses protégés. Le régime est soumis à toutes sortes de critiques abusives ou justifiées. Jusqu’au 14, le président Youlou semble conserver son influence. Mais, contre toute attente, le 15, les syndicalistes sont débordés par certains « éléments incontrôlés ». Il paraîtrait qu’une personne en mobylette serait passée devant la foule rassemblée au marché Total de Bacongo et aurait dit : « qu’est-ce que vous 73

Il s’agit de : Massamba Raphaël (trente-deux ans) ; Lenda Gaston, (vingt-neuf ans), Tsiété Pierre, (vingt-neuf ans). Ils sont consacrés « martyrs » de la Révolution et ont droit aux obsèques nationales qui se déroulent le dimanche 18 août 1963.

53

faites encore là ? Tout le monde est déjà au palais ». Aussitôt, un mot d’ordre est lancé : - « Au palais ! ». La foule s’y dirige, arrive la première et réclame la démission du président Youlou. Le « sauveur » se voit donc combattu principalement par ses propres partisans. Peu de temps après, cette foule est rejointe par les autres manifestants. Dans ces circonstances, Youlou, débordé, téléphone au général de Gaulle et lui demande de donner l’ordre à l’armée française d’intervenir en sa faveur. Mais, n’obtenant pas son appui, le président Youlou, conscient de son impopularité, finit par démissionner. C’est d’ailleurs à l’armée, et précisément à ses deux principaux chefs,74 qu’il remet sa démission. A la faveur de cette crise, et afin d’y trouver une issue pacifique, l’armée nationale congolaise fait ainsi son entrée sur la scène politique. A la suite de sa destitution, Youlou utilise la magie de la parole. Il lance la malédiction suivante : « Vous les Kongo, vous porterez un jour votre calvaire sans coussinet ». Cette sentence se réfère à une technique de portage. En général, lorsqu’une femme porte un fardeau sur la tête, elle le pose sur un coussinet afin de l’équilibrer et de protéger sa tête. Autrement dit, cette sentence promet aux Kongo d’être tyrannisés, pendant plusieurs années, parce qu’ils ont manqué de discernement politique en provoquant la chute du « leader » qui pouvait les protéger et préserver leurs intérêts. A la fin des émeutes, une chanson fuse : « Youlou a tout volé, nous bâtirons de nouveau, suffit la liberté, Congo ». 75 Le peuple congolais ne pouvait plus supporter un régime qui, outre la misère qu’il infligeait à sa population, était corrompu, dilapidait outrageusement les deniers publics. Plus grave encore, il se servait systématiquement des assassinats politiques comme moyen pour se débarrasser d’éventuels adversaires. A cet effet, il convient de rappeler le massacre par le régime de Youlou des matsouanistes. Ce fait reste l’une des tragédies de l’histoire du Congo postindépendance. Ceux qui avaient réussi à s’échapper se retrouvent aujourd’hui dispersés sur l’ensemble du territoire en particulier à Kinkala et à 74

Il s’agit des capitaines David Moutsaka et Félix Mouzabakani. Cette chanson était une adaptation d’un air matsouaniste dans lequel les paroles ont été changées. La chanson matsouaniste insiste sur la perte du pays, volé par les colonisateurs.

75

54

Gamboma où ils croient toujours à un éventuel retour de leur « messie » : Matsoua. Tout compte fait, l’année 1963 est une année-symbole dans l’histoire post décolonisation du Congo. Les journées insurrectionnelles des 13, 14, 15 août 1963 qui conduisent à la chute de Youlou sont qualifiées de « révolutionnaires ». Elles sont aussi dénommées les « Trois Glorieuses ». Ce symbolisme se réfère à l’histoire de France : à la royauté et au gaullisme. Cette terminologie correspond d’abord aux journées où la monarchie de juillet 1848 est remplacée par une monarchie constituante. Elle correspond aussi aux journées des 26, 27 et 28 juillet 1940, où les gaullistes prennent le contrôle de l’A.E.F. Au Congo-Brazzaville, elle symbolise à la fois le renversement du premier président congolais, Fulbert Youlou, le changement de politique générale et l’adoption de l’idéologie marxiste-léniniste. 4. Et Alphonse Massamba-Débat devint président de la République Nous sommes le 15 août 1963. Massamba-Débat accède à la magistrature suprême. Massamba-Débat qui a une réputation d’austérité et d’honnêteté est né en 1921. Protestant, il fait partie de la première promotion des instituteurs sortie de l’école des cadres Edouard Renard. De même, il appartient au contingent de fonctionnaires congolais qui furent expatriés par les autorités coloniales au Tchad et en Centrafrique afin de ne pas être influencés par les mouvements messianiques. Il s’est retrouvé dans la capitale du Tchad, au moment où Matsoua y séjournait lors de sa déportation vers Zouar, dans l’extrême nord du pays. MassambaDébat l’a rencontré à Fort-Lamy, durant ses deux jours d’escale. Dans le livre qui lui est attribué,76 Massamba-Débat, tout comme Youlou l’avait fait, tente de se présenter comme un des légitimes représentants de Matsoua, non plus par identification, mais tout simplement comme ayant soulagé quelque peu ses douleurs.77 Au Tchad, Massamba-Débat était président de l’Association des évolués.

76

Anonyme, De la Révolution messianique à la révolution politique. Cette différence d’attitude vis-à-vis de Matsoua se comprend en fonction de deux données. Matsoua était Lari et catholique, tandis que Massamba-Débat était Kongo 77

55

A son retour au Congo, Massamba-Débat adhère au P.P.C. Il est affecté à Mindouli dans les années cinquante, pour être directeur de l’école officielle au moment où Youlou est directeur de l’école catholique. Avant d’accéder à la magistrature suprême, Massamba-Débat a assumé des fonctions politiques importantes grâce à l’UDDIA. En effet, il fut sous ses couleurs, président de l’Assemblée nationale de 1960 à 1961 et ensuite ministre du Plan. Après l’indépendance, ses relations avec Youlou ne tardèrent pas à se détériorer. De fait, le 5 mai 1963, Massamba-Débat quitte le gouvernement avec fracas. Certains observateurs considèrent que c’est cet acte anti-Youlou ostentatoire, au moment même où le pouvoir personnel de celui qui incarnait l’Etat devenait le plus fort, qui va déterminer la suite de sa carrière politique. Massamba-Débat s’attellera par la suite à développer à son propre égard une vision de rédempteur, en marquant la date du 15 août comme date clé dans sa vie. Dans l’ouvrage qui lui est attribué78, il nous apprend que c’est lui qui était d’abord appelé, le 15 août 1955, par une délégation des membres importants du Pool, à « sauver le pays » mais qu’il aurait refusé cet honneur. A cet égard, il écrit : « En effet, une délégation composée entre autres de Senso Joseph, Locko Prosper, Pfouna Yves, me demanda instamment « pour sauver le pays », selon leur propre expression, de me présenter contre Tchicaya « défaillant ». Je décline cet honneur alignant comme argument mon manque d’expérience. La vérité est que je ne pouvais naturellement pas combattre mon chef de file dont l’action venait d’être sérieusement compromise par la maladie et l’hostilité que lui vouaient, malgré l’amendement qu’aurait pu constituer sa collaboration d’alors avec l’administration, tous les colons qui continuaient à l’accuser d’agent communiste et faisaient tout pour élever le leader Opangault. Après mon refus, le fameux Comité ira, deux mois après, solliciter Youlou à Mindouli, vers la mi-octobre »79. En 1963, c’est encore un 15 août que Massamba-Débat accède à la magistrature suprême. Il est désigné deux fois un quinze août et la deuxième fois est la bonne. Dans son témoignage, il affirme que, pendant les événements d’août 1963, il était en train d’assister à la session ordinaire du Conseil des et protestant. Les protestants Kongo furent moins matsouanistes et participèrent plus au kimbanguisme. 78 Anonyme, ouvrage déjà cité. 79 cf. Anonyme, ibid.p.78.

56

notables de Boko. En effet, il s’était retiré, après son départ du gouvernement, dans son village natal près de Boko. A la suite de sa désignation comme Premier ministre, les militaires sont allés le chercher et le placer au pouvoir. Puis ils sont retournés dans leur caserne. En cette même année 1963, le lieutenant Ngouabi est promu au grade de capitaine, puis nommé commandant d’armes de la ville de Pointe-Noire. La première intervention de l’armée sur la scène politique a lieu lors de la révolution. Après être allée chercher Massamba-Débat et avoir assuré la passation des pouvoirs, elle retourne dans les casernes. En appréciation de ce rôle constructif, le gouvernement accélère la « congolisation » du corps des officiers, en nommant David Mountsaka chef d’état-major, et en promouvant beaucoup d’officiers aux grades supérieurs. A la suite de la démission de l’abbé Fulbert Youlou, la population congolaise est enthousiaste et impatiente de voir la réalisation des promesses alléchantes faites par ses dirigeants au lendemain de l’indépendance. Les syndicalistes créent, dès le 16 août 1963, un Conseil national de la révolution (CNR) jouant le rôle d’une assemblée délibérative. Le CNR est chargé de prendre toutes les mesures propres à protéger, à consolider les acquis de la révolution et à l’étendre à l’intérieur du pays. En vérité, le CNR définit les principes généraux guidant l’action du gouvernement provisoire en renforçant la position de son représentant, le premier ministre. Le CNR détermine et conduit la politique de la république ; il dispose de l’administration, de l’armée, de la gendarmerie et des forces de police. Il nomme et révoque les ministres, détermine leurs attributions et exerce le droit de grâce. Le gouvernement provisoire ne doit qu’appliquer les décisions et les directives prises par le CNR. Il n’est guère de régime qui ne dresse de l’œuvre de son prédécesseur un bilan catastrophique. Le régime du président Massamba-Débat n’y échappe pas. Fustigeant les méfaits du régime Youlou, le président Massamba-Débat parvient à faire adopter le 8 décembre 1963 une Constitution dite démocratique. Peu après, il est élu président de la République. L’année 1964 voit l’officialisation d’un parti unique, le Mouvement national de la révolution (M.N.R). Il est créé lors d’un congrès constitutif tenu à Brazzaville du 29 juin au 6 juillet 1964. Ce parti unique, qui devient un parti de masse, recrute ses adhérents dans tous les milieux. A partir de ce moment, commence progressivement le basculement idéologique du Congo dans le camp socialiste : le président Massamba-Débat

57

s’oriente vers le socialisme socialisme « bantou ».

scientifique

et

notamment

vers

un

En réalité, il s’agit d’un régime monopartite, d’orientation socialiste ou, plus exactement, d’un parti unique, le Mouvement national de la révolution (M.N.R.), un syndicat unique, la Confédération syndicale congolaise (C.S.C.), une seule organisation de jeunesse, la Jeunesse du mouvement national de la révolution (J.M.N.R.) et un unique mouvement des femmes, l’Union révolutionnaire des femmes du Congo (U.R.F.C.). Une devise place toutes ces organisations sous la coupe du parti unique : « un seul peuple, un seul parti, un seul idéal, un seul combat ». Au mois d’août 1964, se tient le congrès constitutif de la Jeunesse du mouvement national de la révolution (J.M.N.R.) La J.M.N.R. est composée essentiellement de chômeurs et de déscolarisés qui trouvent là une occupation journalière. Beaucoup de jeunes enseignants et étudiants se réclamant des Basali ba Kongo s’enrôlent parmi les encadreurs. Des stages de formation sont organisés au profit des responsables J.M.N.R. et destinés à leur donner la culture politique nécessaire au fonctionnement de l’institution. La J.M.N.R. dispose d’un groupe de criminels tels que Mabouaka et Castro, impliqués dans le système de terreur mis en place et les assassinats politiques. Le 7 février 1964, une rumeur circule, selon laquelle Youlou va être jugé et exécuté. Affolée, une partie de ses sympathisants, notamment les Lari de Bacongo, tentent une attaque contre le camp Djoué de la gendarmerie où Youlou est détenu. Sept mutins sont tués et trente autres gravement blessés. Le capitaine Ngouabi apprend, à l’instar de tous ses compatriotes, la condamnation de ces troubles à l’ordre public par le président de la République, Massamba-Débat, en ces termes : « Je ne permettrai pas qu’une seule tribu, parmi celles, tout aussi valeureuses et capables, qui vivent au Congo, tente d’exercer sa domination sur les autres… Si encore, cette tribu (les Lari) s’était distinguée en une seule action ! Mais ses membres ont été les seuls à voter non au référendum et à mettre des bulletins nuls aux élections législatives. Il y a au Congo d’autres hommes plus capables qu’eux et la force n’appartient pas qu’aux Lari » 80

80

cf. Boutet R., Les trois glorieuses ou la chute de l’abbé Fulbert Youlou, Dakar, 1989, ed. Chaka, p.183.

58

Le discours très dur prononcé en langue kongo81 par le président MassambaDébat peut se résumer ainsi : « Ah mbé Ngundia Balari ku lu ladi ba tuka… » 82 5. Le socialisme « bantou » Le président Massamba-Débat affiche clairement sa volonté de s’orienter vers le socialisme scientifique et notamment vers un socialisme « bantou ». Toutefois, cette nouvelle idéologie pose nombre de problèmes à l’armée, restée de type classique, envers laquelle le nouveau président n’est pas reconnaissant. Le parti unique, le MNR, pose dès sa création des problèmes aux militaires. De fait, en août 1964, quelque temps après la mise en place de la JMNR, le commandant en chef des FAC, le commandant Mouzabakani, et plusieurs officiers sont exclus de l’armée pour un prétendu complot youliste qu’ils auraient préparé avec des armes en provenance de Léopoldville.83 Certains jeunes, poussés par un excès de zèle, ont réussi à pénétrer dans le camp Tchad (actuellement camp du 15 août) pour déjouer et faire échec à la tentative d’évasion du prisonnier Fulbert Youlou, orchestrée par ses partisans et par un commando venu de Léopoldville. Cette tentative d’évasion donne aux partisans du pouvoir le sentiment que la révolution est gravement menacée de l’extérieur et de l’intérieur. Les jeunes encadrés par André Hombessa, Martin Mbéri et Ange Diawara se constituent en « quartiers jeunesses », c’està-dire en petits groupes de cinq à dix jeunes. Ils se chargent d’assurer la sécurité des biens, des responsables et des points stratégiques de la capitale. Ils n’ont pour armes que des bâtons et des coupe-coupe et plus tard ils seront habillés en culotte kaki, coiffés d’une chéchia. Le président Alphonse Massamba-Débat crée, deux ans après son élection, le 20 juin 1965, sous l’impulsion du M.N.R., le Corps national de la défense civile (C.N.D.C.) qu’il établit en véritable adversaire des FAC. En d’autres termes, la J.MN.R. est doublée par une aile armée, le Corps national de la défense civile (C.N.D.C.), ayant pour chef le vice-président de la JMNR : Ange Diawara. 81

C’est la langue vernaculaire des Kongo « En réalité les « vrais » Lari viennent de Ladi. Bon, j’en ai assez de vous. Ce sont toujours les mêmes qui sont en cause. C’est toujours vous qui n’êtes pas contents. Youlou était là, vous n’étiez pas contents. Moi, j’arrive maintenant, vous n’êtes pas contents. J’en ai assez de vous. De toutes les façons, je ne prendrai plus part. Je ne vous protégerai plus. Et si on doit vous écrabouiller la tête, eh bien qu’on le fasse tant pis ! » (cité par Rémy Bazenguissa-Ganga, Les voies du politique au Congo, Editions Karthala, 1997, p. 104). 83 C’est l’actuelle Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo. 82

59

La création de la défense civile n’est pas décidément de nature à favoriser une harmonisation des rapports avec l’armée d’autant plus que la défense civile est dotée d’un matériel sophistiqué, ce qui inquiète les FAC. Les oppositions au sein du M.N.R. s’accentuant, un grand malaise règne dans le pays et la vie politique nationale se trouve ainsi compromise. Placé sous l’autorité du MNR et administré par le ministre de la Défense nationale, le Corps national de la défense civile regroupe les milices ouvrières et rurales ainsi que les brigades de vigilance. Il est chargé d’assurer l’éducation politique des citoyens et de collaborer au maintien de l’ordre. Il joue le rôle d’une police politique en montant des expéditions punitives contre tout Congolais soupçonné de dissidence, c’est-à-dire de contre-révolution. Il a l’autorisation de quadriller tout le pays, de lancer des patrouilles et de contrôler les agents de l’Etat. C’est ainsi que s’engage le processus du contrôle des FAC par les forces civiles. Cependant, certains officiers des FAC, dont la plupart sont sortis du rang, s’inquiétant de l’influence des militants de la JMNR et de la défense civile, admettent mal les encouragements du parti et du gouvernement à l’égard de ces deux organes politisés. Ces officiers sont alors catalogués comme étant de « droite ». Les tensions, trop vives à l’intérieur de la J.M.NR., empêchent que les congrès normalement prévus puissent être tenus. La défense civile constitue désormais le noyau politico-militaire sur lequel le régime doit compter. Elle prend un poids excessif qui inquiète l’armée, considérée par le pouvoir comme l’aile droite de la révolution. En effet, comme le fait remarquer justement J.A. Mambou, « l’influence prépondérante des jeunes insérés dans le corps de la Défense civile (aile militaire de la J.M.N.R.) caractérise l’impact politique grandissant des jeunes. L’éducation militaire, accompagnée des formations politiques, civiques, idéologiques et professionnelles, feront de la J.M.N.R. une force efficace et redoutable sur laquelle le parti comptait à tout moment pour la sauvegarde de la « révolution » » 84 Par ailleurs, le mode inquisitoire de contrôle politique met en avant le fait que le niveau de corruption dans les forces armées congolaises soit toujours élevé. Le capitaine Norbert Tsika, commandant de la gendarmerie de 1963 à 1966, est arrêté pour détournement de fonds. En cette année 1965, Marien Ngouabi vient d’être nommé au grade de capitaine. En outre, il est nommé commandant du groupement paracommando. 84

cf. J.A. Mambou, Le développement politique du Congo : Essai sur la théorie et la pratique du socialisme 1963-1977, thèse de Doctorat 3ème cycle, Paris I, Sorbonne 1978, p. 238.

60

Sur ordre du gouvernement et du Conseil national de la révolution (C.N.R.), il procède à l’organisation du premier bataillon para-commando des Forces armées congolaises. Marien Ngouabi sait qu’un chef ne doit laisser rien au hasard. Il doit être l’homme des plans conçus méthodiquement et poursuivis d’une âme égale. Il doit être optimiste et gaillard, payant beaucoup de sa personne, promenant de secteur en secteur un élan, un coup d’œil, un sens du combat, qui ne doivent être jamais en défaut. Il doit employer chacun au maximum. Il doit savoir ce qu’il veut et le vouloir bien, être rompu au métier tout en ayant plein d’idées et de sentiment. Il doit être autoritaire, mais humain et généreux, inébranlablement fidèle. Quant à l’ancien président de la République, l’abbé Youlou, jugé et emprisonné, il parvient à s’évader, le 25 mars 1965 en traversant le fleuve Congo, et, la France lui ayant refusé le droit d’asile, il se réfugie en Espagne. Il meurt à Madrid le 6 mai 1967. Hormis l’exclusion politique, l’évasion de l’abbé Youlou en 1965 accentue la friction entre les FAC et le MNR. Cette évasion serait rendue possible grâce à l’aide de quelques militaires et gendarmes. Et le MNR d’accuser l’armée française, installée au Congo, d’être impliquée dans cette évasion. Par la même occasion, il dénonce les accords militaires conclus avec la France dans le cadre de la Communauté francoafricaine. Le départ des Français pose un problème d’ordre financier au gouvernement congolais qui, cette fois, doit prendre en charge son armée. De nombreux soldats, commençant à percevoir des rémunérations inférieures à celles qui leur étaient allouées dans l’armée française, décident de quitter l’armée. 6. Création de l’APN : tensions entre FAC et MNR. Les tensions entre les FAC et le MNR culminent lorsque Ambroise Noumazalaye, premier secrétaire du bureau politique du MNR, devient le Premier ministre. L’un des indices de ces tensions est le jugement du commandant Mouzabakani et sa condamnation à mort, mais la sentence ne sera pas exécutée. Par ailleurs, le MNR décide de politiser l’armée. Le 22 juin 1966, le gouvernement Noumazalaye fait adopter par l’Assemblée nationale une loi portant sur la transformation des FAC en APN (Armée populaire nationale). Au sein de l’APN, le gouvernement et le MNR créent une direction politique et un Haut Commandement collégial dirigés par une commission politique composée de civils sous l’autorité d’un officier membre du parti, qui a rang et prérogative de commandant en chef de l’armée. Cette direction assure l’éducation politique des militaires à travers des cours de formation idéologique et leur organisation selon les directives du parti. Cette création

61

vise à imposer un plus grand contrôle sur une armée déchirée par des factions régulières et paramilitaires. Le capitaine Ngouabi gagne une audience nationale incontestable et sa présence inquiète de plus en plus le pouvoir qui veut s’en débarrasser en l’accusant de vouloir mener un coup d’Etat. Et, le 25 juin 1966, le capitaine Ngouabi est rétrogradé par le président Massamba Débat au rang de soldat de deuxième classe après son refus d’être muté à Pointe-Noire pour assumer les fonctions qu’il avait d’ailleurs déjà exercées en 1963. S’agit-il de simples problèmes de discipline ? Etymologiquement, on sait que « la discipline est l’attitude du disciple vis-àvis de son maître. Non seulement il obéi à son maître, mais encore il entre dans la pensée de son maître, adhère à son enseignement, se modèle sur lui. Sans cette adhésion en esprit, la discipline est incomplète ; elle restera formelle, passive, mécanique, proche de la servitude. L’adhésion magnifie l’obéissance, la spiritualise, la transforme en une participation active »85 Il faut rappeler que le père et la mère de Marien Ngouabi sont de familles « nobles » du village. Son père est l’enfant d’un obela (assesseur) de la famille d’un kani ou mwene (chef investi) et sa mère, la fille d’un kani du village Okuma. Alors, comment Marien Ngouabi, ce saint-cyrien, ce brillant officier, qui plus est un ancien enfant de troupe et faisant partie de la noblesse traditionnelle, élevé dans le climat de la plus traditionnelle discipline, sinon du conformisme le plus déférent, dans la dévotion aux gloires et aux institutions établies, peut-il décider d’enfreindre les règles de la discipline en refusant d’être muté à Pointe-Noire ? Les militaires congolais ne sont pas toujours muets. Ils ont l’habitude de débattre et d’intervenir dans les affaires de l’Etat, et pour la bonne marche du pays. Et les hommes politiques professionnels ont bien fait de ne pas toujours rendre difficile « l’intrusion » des militaires dans le forum politique. Depuis de nombreuses années, G. Balandier tente d’introduire un regard nouveau sur les sociétés traditionnelles auxquelles s’apparentent les armées. Ces sociétés « ne peuvent plus être vues comme des sociétés unanimistes », à consensus mécanique, figées dans le passé. En leur sein s’exprime une « dialectique de la contestation et de la conformité ».

85

cf. Amet (capitaine de frégate), Les militaires et leur formation, S.P.E.I., Symposium international de sociologie militaire sur « l’image du rôle du militaire », Paris, 1970.

62

Leur « rééquilibrage permanent » résulte d’un double jeu de mécanismes et de procédures : les uns, instaurateurs de conformité, masquent « les coupures et les inégalités » et attestent de l’unité du groupe, les autres assurent le « renouvellement du système social » par la revendication des différences ou « permettent de contrôler, transférer ou expulser » les tensions et conflits engendrés par le sentiment de différence.86 Tout militaire doit obéissance et respect à ses supérieurs. Il exécute loyalement des ordres qu’il reçoit. Tout abus de pouvoir vis-à-vis d’un subalterne, comme toute faiblesse relèverait de la part de l’officier d’un manque de discipline. Mais, l’homme de caractère sait aussi désobéir quand il s’agit de répondre à l’appel de l’intérêt supérieur de la Nation. Après la bataille navale du Jutland et l’occasion manquée par les Anglais de détruire la flotte allemande, Lord Fisher, premier Lord de l’Amirauté, recevant le rapport de l’Amiral Jellicoe, s’écriait avec chagrin : « Il a toutes les qualités de Nelson, sauf une : il ne sait pas désobéir ! ». L’acte de désobéissance du capitaine Ngouabi, bien que né d’un cœur révolté, est d’abord un acte d’obéissance à l’histoire. Un défi au destin, mais dicté par le bon sens, c’est-à-dire par l’art de deviner le monde. Cet esprit de résistance qui anime le capitaine Ngouabi n’est que l’application de la vertu militaire, faite de devoir et de sentiment de l’honneur. Le viril honneur militaire, dont parle Charles Péguy, est un sentiment complexe d’ordre social qui découle d’une représentation idéale de la nature. Servir et obéir jusqu’au bout, jusqu’au sacrifice suprême éventuellement. Rester fidèle à ses engagements à l’égard de l’Etat ou de la république, de la patrie, telle est l’attitude « militairement militaire », qui soit compatible avec le devoir militaire. Ngouabi avait déjà un pied dans la politique en étant le représentant de l’armée au comité central du MNR. C’est à ce titre qu’il avait vivement critiqué la politique menée par le président Massamba-Débat. C’était une semaine après la promulgation de la loi du 22 juin 1966 portant création de l’Armée populaire nationale. Il avait également dénoncé l’endoctrinement politique de l’armée et son futur englobement par la JMNR. Ensuite, il était devenu d’abord membre actif puis dirigeant du « groupe des officiers progressistes ». Par conséquent, il était déjà un officier politisé et idéologiquement marqué à gauche. En clair, il n’était plus tout à fait resté dans les cadres étroits de l’armée. Ce qui lui permit d’oser franchir le Rubicon. Ayant déjà un pied dans le monde politique, il était comme libéré de quelques liens. Ce qui lui donna un peu 86

Cf. Anthropologiques, Paris, PUF, 1974, p. 173 et s.

63

l’audace de désobéir. L’opposition n’est-elle pas dans la nature du métier politique ? Au demeurant, il n’entrait nullement dans les intentions du capitaine Ngouabi et de ses camarades de renverser par la force les institutions en place et de s’emparer par la suite du pouvoir. Le capitaine Ngouabi était de ceux qui souhaitaient faire triompher la révolution socialiste en Afrique, en général, et particulièrement au Congo, mais dans un cadre légal. Afin de lutter contre la répression que subissait le capitaine Ngouabi, certains patriotes, étant tous des civils, manifestèrent, les 27 et 28 juin 1966 à Brazzaville. Ils furent rejoints par un certain nombre de ses compagnons d’armes qui se mutinèrent dans leur garnison. L’Armée qui semblait craindre la JMNR n’osa pas bouger, mais elle avait maintenant, en Marien Ngouabi, son « martyr », son leader politique. Pour obtenir la réhabilitation de leur leader, ces militants et militaires investirent les immeubles gouvernementaux, arrêtèrent quelques hauts fonctionnaires, ainsi que l’impopulaire commandant Mountsaka, le chef d’état-major, et quelques officiers supérieurs puis mirent à sac la permanence du MNR.87 La défense civile, menée par des Cubains, rétablit l’ordre. Le gouvernement et le MNR firent arrêter de nombreux officiers de l’APN. De fait, le chef d’état-major, le commandant David Mountsaka, fut destitué et remplacé par un jeune officier : le capitaine Kimbouala-Nkaya. Le capitaine Ebadep devint le commandant en chef des forces armées. A ce titre, il dirigeait le Haut-Commandement collégial. Finalement, Marien Ngouabi est rétabli dans son grade de capitaine dans l’armée. Ensuite, il est affecté au bureau d’études de l’état-major général de l’APN sans tâche précise. Il sait être patient, attendre le signe de la providence. Il met à profit ce « passage à vide » pour rédiger une monographie militaire intitulée Soldat du Peuple dans laquelle il dégage les nouvelles orientations et les missions assignées à l’Armée qui vient de changer d’appellation. Selon ce que vaut un leader, la tribune ou l’endroit où il prend la parole, la table où il s’accoude, et d’où il parle aux intelligences, est quelquefois un tribunal, quelquefois une chaire. « Il faut que l’Armée populaire nationale, écrit-il, transforme toutes les structures héritées du système colonial afin qu’elles correspondent 87

Voir Decraene P. : « Huit années d’histoire congolaise » in Revue française d’Etudes politiques africaines, n°108, déc. 1974, p.75.

64

constamment à la politique de notre peuple. La cohésion, la solidarité de notre armée doit être la meilleure démonstration de l’application de la nouvelle orientation de l’Armée populaire nationale »88 L’idée du combattant et de son état est toujours présente et agissante dans les desseins de Marien Ngouabi, car, qu’est-ce que le commandement, si ce n’est le gouvernement des forces par la pensée, joint au tempérament de la pensée par la connaissance exacte des forces ? Comme l’esprit, quand il a fortement et distinctement conscience de son corps et de ses membres, se sent plus maître du réel et de soi-même, ainsi en est-il du commandement. Marien Ngouabi ne peut souffrir de commander sans participer de l’âme et de l’être de ceux qui doivent exécuter ses ordres. Voilà ce qui en tout temps et en toutes circonstances le pousse à donner les moyens de préserver non seulement ses troupes, mais l’honneur et peut-être l’existence même du pays. Peu de temps après, le capitaine Ngouabi est nommé, tout d’abord, chef du bureau des études générales à l’état-major de l’Armée, puis Commandant du bataillon des para-commandos de Brazzaville. Ce qui est lui donner, pour le futur, une base militaire importante. Plus tard, le capitaine Ngouabi réussira à transformer cette position purement militaire en capacité politique.

88

Cf. Marien Ngouabi, Vers la construction d’une société socialiste en Afrique, Paris, Présence Africaine, 1975, p. 266.

65

III ECHEC DE CONSENSUS « …Un homme, véritablement homme, ne hait point, sa colère et sa mauvaise humeur ne vont point au-delà de la minute : le coup électrique… L’homme fait pour les affaires et l’autorité ne voit point les personnes ; il ne voit que les choses, leur poids et leurs conséquences. » Napoléon Bonaparte 1. D’une révolution à une insurrection. Massamba-Débat se voit adresser deux types de critiques par les politiciens et les techniciens. Sur le plan idéologique, ils lui reprochent son adhésion au socialisme bantou, alors que c’est le socialisme scientifique qui est adopté par le parti MNR. Du point de vue de la répartition des postes politiques, on dénonce la pratique d’une gestion tribaliste du pouvoir. En effet, depuis qu’il a supprimé le poste de Premier ministre, il est reproché au Président de la République de ne s’appuyer plus que sur les siens pour gouverner. Par ailleurs, on observe un renforcement du contrôle du MNR sur l’APN. De fait, le 22 février 1968, lors de la réunion des cadres de l’armée, le capitaine Ngouabi déclare que l’armée renferme des ennemis du peuple et de la Révolution. Le lendemain, le 23 février, la radio annonce que le commandant Mouzabakani et le lieutenant Kinganga se sont enfuis. Rappelons que Mouzabakani était précédemment ministre de l’Intérieur. L’adaptation du capitaine Ngouabi à la vie politique et à ses coutumes se fait sans difficulté majeure. Sa personnalité a acquis les traits de l’homme politique, tout en gardant ceux du militaire. Le 12 juillet, lors d’un séminaire de formation idéologique de l’Armée populaire nationale, le capitaine Ngouabi invite les soldats à purger l’armée des éléments tribalistes et contre-révolutionnaires. Deux jours plus tard, l’affaire du commandant Mouzabakani est jugée et, trois semaines après, celle de l’adjudant Ndouna. A bien y regarder, l’épisode Mouzabakani est le plus important dans la réorganisation de l’armée. En effet, dès le 24 février 1968, deux décrets donnant la composition du haut commandement et de la direction politique de l’APN sont publiés. Au premier rang figure le chef de bataillon Marien Ngouabi, commandant en chef et chef d’état-major général de l’APN, chef de l’Etat.

67

En vérité, le coup d’Etat le plus marquant de cette année-là est celui tenté par Bernard Kolelas, car ses répercussions dans les forces armées sont telles que plusieurs hauts officiers sont limogés parmi lesquels le capitaine Norbert Tsika, commandant de la gendarmerie, qui, démis de ses fonctions, est renvoyé à la vie civile. Il était au courant du complot, mais n’en a pas averti ses supérieurs. Au mois de juillet 1968, un conflit éclate, entre les techniciens, les politiciens et les socialistes bantou. Pour combattre ses adversaires, Massamba-Débat utilise deux stratégies différentes : un discours destiné aux techniciens afin de les pousser à se démasquer et une action musclée, qui est l’emprisonnement des politiciens réfractaires. Le climat devient délétère dans le pays. Le 22 juillet 1968, après la suppression du poste de Premier ministre, le chef de l’Etat lance, pour la seconde fois la même année, un défi à son opposition, dans un discours arrogant, lui enjoignant de désigner leur candidat ayant des talents exceptionnels pour être président de la République à sa place.89 Force est de constater que dans ce discours, Massamba-Débat fait son auto portrait. Ce dernier, d’une manière arrogante, s’estime être le seul Congolais capable et digne d’incarner la fonction présidentielle. Cette attitude méprisante tranche avec l’humilité, la modestie dont fait preuve le commandant Marien Ngouabi pendant tout son mandat présidentiel. 89

En effet, on trouve dans La Semaine Africaine du 28 juillet 1968, p. 6, cet extrait de cette allocution : « S’il pouvait se trouver un frère particulièrement doué, un artisan plus intelligent, plus dynamique, plus expéditif pour réaliser rapidement notre bonheur en un temps record, quelle ne serait pas notre joie ! Ce citoyen, cet artisan génial existe très certainement. Je lui enjoins alors, très fraternellement de ne pas céder à sa modestie en se dérobant devant la tâche de salut de notre pays. Il trouvera toute notre aide. Il lui suffit de s’annoncer, je me ferai un agréable devoir de le présenter au prochain meeting populaire d’abord, l’entérinement officiel par les voies normales pouvant intervenir après les fêtes des 13,14 et 15 août. Civil ou militaire, tout ce que nous demandons ce n’est qu’un frère mieux doué, plus apte à sortir notre pays de son sous-développement, dans un temps plus rapide que nous n’avons pu le faire nous, voici cinq ans. Si le frère est civil, il éviterait en acceptant cette proposition, la grande gymnastique intellectuelle de toujours faire des calculs pour se bâtir une influence alors qu’on n’a besoin que de ses talents exceptionnels. Militaire, il éviterait d’entraîner notre belle armée dans la situation inconfortable, humiliante même de coup d’Etat militaire, avec ce que cela comporte de remords d’avoir usurpé le pouvoir par la force, alors que le peuple ne demande que le bonheur que tu es très capable de lui donner (…). Voyez donc, cher frère, combien votre tâche est facilitée et vous pouvez maintenant avoir un sommeil doux, le sommeil d’un honnête citoyen qui a le courage de servir son pays où routes, ponts, écoles, dispensaires, développement économique et industriel n’attendent que les talents d’un bon bâtisseur. Et vous l’êtes, ce bon bâtisseur ! Annoncez-vous avant samedi 27 juillet 1968 ».

68

Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, le 27 juillet, le président de la République enfonce le clou en déclarant que n’ayant vu aucun candidat, il décide de demeurer à son poste jusqu’à la fin de son mandat. Dans la cité platonicienne, où l’on pourrait bien regretter de vivre, les hommes sont divisés en trois classes : les hommes d’or, qui sont les philosophes ; les hommes d’argent, guerriers propres à défendre la cité, mais surtout policiers efficaces ; enfin les hommes de bronze, à l’esprit borné. On ne demande surtout pas à ces derniers de réfléchir : le philosophe-roi pense pour eux. Et, plus ils se tairont, mieux cela vaudra. Le 29 juillet 1968, décidé de réduire au silence ses opposants, Massamba-Débat tente de neutraliser plus efficacement tous ceux qu’il soupçonne de comploter contre lui. Pour ce faire, le gouvernement décide de s’appuyer, non pas sur la Défense civile qui est une organisation de masses fidèle au parti, le MNR, mais sur la gendarmerie. Il sait que la loyauté de ce corps de l’Etat ne fait aucun doute et nombre de ses chefs semblent s’être préservés des idées révolutionnaires. Les Forces armées congolaises (FAC) comptent 1800 hommes de troupes et 1400 gendarmes. Elles sont divisées et reflètent les mêmes clivages que la société globale. Ce même jour, le capitaine Ngouabi qui rentre d’un petit séjour à Fort-Rousset (Owando), son village natal, est arrêté. Ngouabi, à l’instar de la plupart des « officiers progressistes », est légaliste. Aussi, n’est-il pas étonnant qu’il soit désigné comme le représentant de l’armée au Comité central du MNR. Ces « officiers progressistes » sont liés aux politiciens et appliquent les directives du MNR. Ils veulent que l’armée soit politisée et cherchent à réduire l’influence des officiers ayant été promus directement par les troupes coloniales. Toutefois, étant un ancien enfant de troupe et ancien homme de troupe, du point de vue de ses dispositions, Ngouabi semble avoir certaines affinités avec des officiers dits de droite dans leur opposition à l’influence et à l’existence de la Défense civile. L’affrontement idéologique au sein du M.N.R. et surtout son incapacité à gérer le pays sur la base des principes marxistes-léninistes qu’il s’est lui-même fixés commencent à engendrer, chez les uns, le désintéressement et l’écœurement ; chez les autres, la peur et la méfiance. Pendant cinq ans, le régime de Massamba Débat se durcit. On assiste peu à peu à un revirement d’option « socialisme scientifique » vers un « socialisme Bantou » qui inspire fortement le chef de l’Etat congolais et aux assassinats politiques. Parmi les victimes, les plus connues, figurent Lazare Matsocota,

69

procureur de la République ; Massouémé, directeur de l’Agence congolaise d’information ; Joseph Pouabou, président de la Cour suprême. Ces assassinats jettent un discrédit sur les dirigeants au pouvoir. En ne s’appuyant plus que sur ses alliés ethniques et les socialistes bantous, le président Massamba-Débat prend le risque d’affaiblir politiquement sa position. Ce faisant, il permet au capitaine Ngouabi de cristalliser et de solidifier l’alliance entre les ennemis du chef de l’Etat. C’est alors que prend naissance une forte coalition anti-Massamba-Débat. 2. L’apparition d’un leader charismatique90 La formation d’une société est marquée par l’élaboration des valeurs à respecter, c’est-à-dire, les choix qui guident ceux qui définissent les politiques d’un pays. Le leader est, avant tout, un maître en matière de promotion et de protection des valeurs. Etant en position d’autorité, il est responsable des actions de ses subordonnés et se préoccupe d’abord de servir plutôt que de se servir. Et Marien Ngouabi est incessamment habité par le souci de servir. Par ailleurs, un leadership ne doit pas être axé sur la simple survie, auquel cas il serait voué à l’échec. La survie passe par le maintien des valeurs et d’une identité propre. 91 En d’autres termes, « le leader doit, selon Henry Kissinger, prendre les gens là où ils sont pour les emmener là où ils ne sont jamais allés. Il doit invoquer une grande vision. Celui qui ne s’y emploie pas est finalement considéré comme ayant échoué, même s’il est populaire sur le moment. » A tout bien considéré, créer une vision irréversible est un des privilèges du leader. Il s’agit là d’une des plus grandes et fortes responsabilités qui pèsent sur lui. Cette vision, le capitaine Ngouabi l’a exprimée dans sa vision de la société socialiste qu’il a si bien décrite dans son ouvrage92. Qu’entend-on par charisme ? Selon Max Weber qui l’a défini, le pouvoir charismatique est un régime de crise : quand la crise, la guerre et la subversion sont devenues la règle dans une société.

90 On sait que c’est Max Weber qui a défini ce type de domination, distinct de deux autres types, la domination corporative-patrimoniale et la domination traditionnelle. Cf. Economie et Société, Paris, Plon, 1971, pp.237-249. A ses yeux : « dans sa forme authentique, la domination charismatique est de caractère spécifiquement extraordinaire », op.cit. p. 253. 91 Voir Thomas Peters et Robert Waterman, Le Prix de l’excellence, 1983. 92 Voir Vers la construction d’une société socialiste en Afrique, ouvrage déjà cité.

70

Selon cet auteur, le pouvoir charismatique a une nature extraordinaire ; il est situé « hors de la quotidienneté économique, sociale et politique. »93 Du point de vue théologique, il s’agit d’une grâce imprévisible et passagère accordée par Dieu à un chrétien pour le bien de la communauté. D’une façon profane, l’homme charismatique est celui de qui se dégage comme qui dirait un magnétisme de confiance et même d’illusion. Et les hommes peuvent-ils vivre sans illusion ? Certainement pas. Qu’est-ce en effet qu’une illusion ? « Une croyance dérivée des désirs humains »,94 répondait Freud, et c’est la meilleure définition que nous connaissons. C’est assez dire que seule une conception illusoire de l’homme a pu imaginer des hommes sans illusions. Etant entouré comme d’un rayonnement d’admiration et de confiance, l’homme charismatique est l’incarnation, la personnification des désirs et de l’espérance des hommes qui le suivent. Sachant s’imposer la maîtrise de soimême, il jouit d’un extraordinaire prestige. C’est ce prestige même qui revêtait l’autorité des empereurs Alexandre et César d’un caractère surnaturel. Ramené à notre sujet, il s’agit du prestige, de l’ascendant extraordinaire du capitaine Ngouabi vis-à-vis de ceux qui l’abordaient. Le capitaine Ngouabi appartient sans doute à cette catégorie d’hommes qui, en les approchant, par le magnétisme qui se dégage en eux, on a l’impression d’avoir affaire à un homme sinon supérieur, tout au moins exceptionnel. Hoche, général en chef à 24 ans dans l’armée de Napoléon, faisait la même impression à ses contemporains. Par ailleurs, l’emprisonnement du capitaine Ngouabi modifie les données de la situation et contribue, comme en août 1963, à faire sortir l’armée de la légalité et à devenir l’arbitre du conflit. Nous sommes le mercredi 31 juillet 1968. A Brazzaville, comme dans le sud du pays, la couverture nuageuse est basse et continue de stratocumulus. On remarque aussi une faible insolation, des rosées et brouillards matinaux et une fraîcheur relative : c’est la saison sèche. Elle a une durée moyenne de cinquante à cent quarante jours de l’Equateur à la région côtière. Cette saison n’est pas intégralement sèche dans le nord du pays où les précipitations mensuelles atteignent de 10 à 50 mm. Mais, dans le sud du pays où est située Brazzaville, elle l’est rigoureusement avec deux à trois mois consécutifs sans pluie de juin à août.

93 94

Cf. Max Weber, Economie et Société, Paris, Plon, 1971, pp. 237-249. Voir Sigmund Freud, L’avenir d’une illusion.

71

Une manifestation de soutien au président de la République se déroule devant l’Hôtel de ville de Brazzaville, au cours de laquelle la dissolution du parlement et du bureau politique du MNR est exigée. Ce même jour, tout comme en 1966, une mutinerie de para-commandos, sous le commandement de l’adjudant Akouala, éclate. Ces para-commandos exigent la libération de leur leader : Marien Ngouabi. Ces huit para-commandos parviennent à libérer le capitaine Ngouabi et d’autres militaires. L’armée commence à s’organiser et l’unanimité se fait autour du jeune capitaine Marien Ngouabi, délégué de l’armée au comité central du M.N.R. En vérité, le 31 juillet 1968, il fallait trouver un homme capable qui puisse prendre l’action à son compte, affronter le destin, passion âpre et exclusive qui caractérise le chef. Le capitaine Ngouabi y est à la fois porté et préparé… D’ailleurs, qu’il ait en cela l’effet de ses propres tendances ou d’un concours de circonstances, il avait déjà, au cours de sa carrière professionnelle, exercé plusieurs commandements, notamment le groupement para-commando l’avait vu à sa tête. Le capitaine Ngouabi a 29 ans. Il a le goût du risque. Mais, dans de pareils événements, l’âge importe peu et l’intelligence ne suffit pas. Nous ne savons s’il l’avait pressenti ; mais il était fait pour le pressentir. Il est heureusement l’un des hommes les plus aptes en soi et des mieux préparés par une orientation instinctive de leurs pensées, à saisir, - ou plutôt : à ne pas refuser de saisir, - le caractère exceptionnel de la situation inédite dans le pays. Beaucoup des siens le pressent d’agir… Va-t-il rester indifférent à cet appel de ce peuple qu’il aime tant ? Et que doit-il faire de cette énergie qui le caractérise et qui le propulse déjà ? Il est conscient que les évènements qui pressent peuvent, d’un jour à l’autre, devenir tragiques et qu’il est d’une extrême urgence d’intervenir, de refaire l’unité nationale, de rétablir l’ordre dans l’Etat et de mettre les pouvoirs publics à la hauteur de leurs devoirs. Aussi, s’engaget-il dans cette épreuve avec héroïsme. On sait que telle heure peut sonner où la foi au pays, le sentiment patriotique, profondément exalté, fait tout à coup, d’un jeune homme qui s’ignorait luimême, un Tyrtée, rallie d’innombrables âmes avec le cri d’une seule, et donne à la parole d’un adolescent l’étrange puissance d’émouvoir tout un peuple. Et c’est ce qui se passa. Pour mener à bien le mouvement insurrectionnel du 31 juillet 1968, Marien Ngouabi est choisi parce qu’on l’en sait capable et qu’il est un drapeau. Cela n’est nullement le fait de l’erreur, habituelle à notre politique qui s’appelle : la facilité. Il fallait du génie et de l’audace pour oser une pareille entreprise ; il

72

fallait du caractère pour l’amener jusqu’à sa réussite. « Le génie, écrivait Victor Hugo, c’est le flambeau du dehors ; le caractère, c’est la lampe intérieure. »95 Contrairement à d’autres chefs qui bâtissent eux-mêmes et entretiennent leur légende, le capitaine Ngouabi est considéré dans les « milieux bien-pensants » non seulement comme le drapeau, mais comme le sauveur, le rempart en face du danger, du désordre, de l’anarchie. C’est par quoi son élévation s’est imposée. Le capitaine Ngouabi est désormais surnommé « l’homme du 31 juillet ». Et, à partir de cette date, il s’affirme en chef politique. En tant que leader, il sait qu’il doit se renouveler et se remettre en cause. En effet, pour faire tête au malheur, il faut se renouveler, rompre, du jour au lendemain, avec ses conceptions, un rythme et certains procédés. Le capitaine Ngouabi est l’homme qui peut le faire. Son âge, sans doute, le permet ainsi que sa tournure d’esprit, mais surtout, son tempérament. Ce 31 juillet 1968, les forces politiques coalisées96 qui avaient précipité la chute de Youlou et placé Massamba Débat à leur tête reviennent à la charge pour le renverser au profit de Marien Ngouabi. Elles savent compter sur le jeune capitaine pour apporter à la Révolution congolaise l’impulsion et la garantie de caractère. En effet, le capitaine Ngouabi est ce chef au caractère énergique et trempé dont la personnalité affermit les subordonnés à la manière d’une bouée de sauvetage qui rassure les passagers du navire. Ceux-ci veulent constamment savoir qu’elle est là et qu’ils peuvent s’y accrocher à chaque instant de confiance. Si Alexandre avait « l’espérance », César, quant à lui, avait la « fortune ». Selon César, il faut saisir le destin par la crinière. La Fortune passe vite. Il faut s’accrocher à elle, afin qu’elle vous entraîne. Cette fortune lui avait donné le prétexte de porter la guerre en Gaule, et de commencer ainsi la conquête de ce pays riche et de ces peuples nombreux. Mais, le capitaine Ngouabi – un autre avis est naturellement possible – avait à la fois « l’espérance » et la « fortune ». Le 31 juillet 1968, le capitaine Ngouabi prend la tête de ce mouvement insurrectionnel contre le pouvoir en place. Un homme fait rarement le contraire de ce qu’il est. Marien Ngouabi sait qu’il doit saisir sa fortune et se montrer à la hauteur de l’événement. Il prend sur lui la responsabilité d’assumer un rôle politique plus conséquent. Il sait qu’il doit dominer les événements qui se présentent ; il sait qu’il doit y imprimer une marque et qu’il doit enfin en assumer les conséquences. En fin de 95 96

Cf. Victor Hugo, op. cit. Il s’agit de : armées, jeunesses et syndicats.

73

compte, le 31 juillet 1968 n’est, dans la carrière exceptionnelle de Ngouabi, ni un miracle, ni une révolution. C’est un paroxysme. S’agit-il d’un coup d’Etat militaire ? « Le coup d’Etat militaire peut se définir comme une pratique volontaire et consciente de l’armée ou d’une partie de celle-ci pour s’emparer du pouvoir d’Etat. Il s’effectue généralement sous la forme de « coups de mains », c’est-àdire, sous forme d’actions armées de courte durée avec une nette précision dans l’occupation des centres névralgiques comme le palais présidentiel, la radiodiffusion et télévision nationale ou l’aéroport et certaines casernes. »97 Le coup d’Etat peut ou ne pas se réaliser avec l’aide des civils. Que se passe-t-il en cas d’échec ? Généralement, dans ce cas, « les auteurs du coup d’Etat s’ils ne sont pas en fuite sont arrêtés et sanctionnés sévèrement par le régime en place qui peut ou ne pas décider de les traîner en procès. En cas de victoire, il s’achève en apothéose par un défilé d’hommes en uniforme et les banderoles dénoncent les tares du régime et vantent les mérites du général, du colonel, du capitaine ou du sergent victorieux. De ce point de vue, le coup d’Etat se distingue, en effet, de la révolution par le fait même qu’il tire sa source d’un complot, souvent fomenté de l’intérieur et qui n’a souvent d’autre but que d’installer au pouvoir un homme ou une minorité qui s’y maintiendront par la force. »98 A cette conception classique du coup d’Etat, s’ajoute une autre assez large : le coup d’Etat est une appropriation irrégulière ou illégale de l’autorité de l’Etat. 3. Brazzaville sous les barricades Le 1er août, les alliés du président de la République installent des barricades dans les rues. Fort de ce soutien, le président Massamba-Débat dissout l’Assemblée nationale, le bureau politique et suspend la Constitution de 1963. En réaction, les para-commandos investissent, le 2 août 1968, la maison d’arrêt de Brazzaville. Irons-nous à l’extrême péril ? Qui nous tirera de ce pas ? C’est alors un seul nom que l’on prononce. Un seul homme est capable de parer au danger le plus grand que le pays ait couru dans une époque où les Congolais en ont traversés d’inouïs. Un seul homme peut aider à faire face à la crise et sauver le pays !

97

Voir G. Texier, « Les gouvernements militaires en Afrique noire » in Revue Juridique et politique, n°2, avril-juin 1967. 98 Cf. J.L. Quermone, Les régimes politiques occidentaux, Paris, Seuil, février 1986, pp. 33-34.

74

Des pourparlers sont engagés entre les militants de la Défense civile basée au « camp Météo » situé à Bacongo et les militaires du camp des paracommandos. Après quelques jours, intervient un accord entre les deux parties. Ce qui permet à la grande majorité des politiciens à accepter l’alliance avec l’armée et leur leader emprisonné, le capitaine Ngouabi. Le péril et la raison le désignent. Et sur l’heure, le seul bruit que l’on appelle Marien Ngouabi soulage les esprits angoissés. Quel honneur que de recevoir dans des conjonctures si formidables la direction de tout un pays, que de s’imposer à tous comme celui dont les circonstances proclament qu’il faut ou le prendre ou périr ! Acculé et poussé dans ses derniers retranchements, le président de la République accorde une amnistie générale à tous les détenus politiques. Plusieurs prisonniers politiques sont libérés. Parmi les militaires libérés figurent : le commandant Mouzabakani et le lieutenant Kinganga. Ces derniers avaient été arrêtés lors du prétendu complot pro-youliste de 1964. Et l’on voit le capitaine Ngouabi parader dans Brazzaville en compagnie du commandant Mouzabakani dans une Jeep découverte. Il convient de rappeler que le commandant Mouzabakani, ancien chef d’étatmajor des FAC issu des Trois Glorieuses, n’est pas un officier progressiste comme le capitaine Ngouabi. Cette alliance ponctuelle entre le capitaine Ngouabi et le commandant Mouzabakani montre que c’est toute une partie de l’armée qui s’oppose désormais au président Massamba-Débat. Le 3 août, le président Massamba-Débat, accompagné de quatre ministres, quitte le palais présidentiel pour se rendre dans son village natal. La bataille entre les différents protagonistes se passe maintenant à coup de communiqués. A la suite d’une réunion tenue à la base aérienne de Maya-Maya, le camp des parachutistes, les responsables de l’armée publient un communiqué invitant le chef de l’Etat à établir le dialogue avec eux. Le texte précise également qu’ils ont chargé le secrétaire d’Etat à la Défense nationale, le lieutenant Poignet, d’assurer, en l’absence du président Massamba-Débat, les prérogatives du président de la République et qu’ils ont nommé le capitaine Ngouabi, commandant en chef des forces armées. Nulle opération de domination ou d’envoûtement ne va sans quelque geste vers celui ou ceux que l’on prétend dompter. Si Marien Ngouabi est en voie d’incarner le pouvoir républicain, il ne peut éviter de reconnaître la source de ce pouvoir, le lieu où il jaillit, le type d’hommes et de mouvements qui provoquent sa montée sur le pavois. Fort de toutes ces considérations, le Conseil national de la révolution (C.N.R.) est mis sur pied le 16 août 1968. En tant que leader du groupe charismatique, le

75

capitaine Marien Ngouabi devient président du CNR et responsable de la sécurité. C’est lui qui dirige le CNR. Le président de la République, Massamba-Débat, n’est qu’un simple membre du CNR et accepte de composer avec ceux-là même qu’il avait poursuivis, emprisonnés et combattus.

76

IV LE POUVOIR « … Notre demeure est trop haute et trop escarpée pour tous les impurs et pour leur soif. » Nietzsche 1. Le cénacle Une pensée peut-elle se développer en solitaire ? N’étant ni Héraclite, ni Descartes, ni Hegel, mais seulement un patriote congolais imprégné de l’ambition du développement socio-économique de son pays, Marien Ngouabi prend compte des avis et conseils de ses compatriotes. En effet, avec un certain nombre d’entre eux, ils ont créé le « groupe d’officiers progressistes », fortement influencé par le mouvement révolutionnaire qui vient d’avoir lieu au Congo. Le capitaine Ngouabi en prend la direction lorsque le capitaine Kimbouala-Nkaya est muté à PointeNoire. Il faut considérer ce « groupe d’officiers progressistes » avec attention : car il n’est pas de véritable leader charismatique qui ne pousse ses racines dans une collectivité. Toutefois, Marien Ngouabi sait qu’il doit être un leader indépendant en ses jugements, irrécusable dans ses ordres et crédité par l’opinion. Cinq des officiers de ce groupe se retrouvent dans le CNR99 Deux personnalités du groupe des « officiers de droite » se retrouvent au CNR et au comité central du PCT.100 Ce groupe rassemble une majorité d’officiers ayant fait partie des troupes coloniales et qui sont devenus, dès l’indépendance, membres de droit de l’armée congolaise. Certains ont été nommés, sans avoir suivi un stage en France, pour remplacer les officiers métropolitains. Ils sont pro-Français alors que les accords militaires ont été rompus avec ce pays. Le CNR est un organe législatif provisoire qui garantit la continuité du pouvoir de l’Etat et des institutions révolutionnaires jusqu’à la mise en place 99

Il s’agit des capitaines Nkimbouala Kaya, Marien Ngouabi, Louis Sylvain Goma, Alfred Raoul et du lieutenant Denis Sassou-Nguesso. L’âge des officiers progressistes oscille entre 25 et 30 ans. 100 Il s’agit des capitaines Poignet Augustin et Yhombi-Opango Joachim. Les membres de ce groupe ont entre trente et quarante ans.

77

des institutions nouvelles. La constitution est abrogée et remplacée par un Acte fondamental qui détermine l’organisation et le fondement provisoire des pouvoirs. Le conflit entre le président Massamba-Débat et les nouveaux hommes forts du CNR culmine le 20 août à la suite de deux décisions : la nomination d’un premier ministre et l’englobement de la Défense civile par l’Armée populaire nationale. Ces deux décisions entraînent la mise à l’écart du président Massamba-Débat et de ses ministres. Le 4 septembre 1968, le CNR ordonne l’arrestation d’anciens sympathisants du régime Massamba-Débat sous prétexte qu’ils détiennent illégalement des armes, menaçant la Révolution, ou bien qu’ils ont soutenu le camp Biafra. Le président Massamba-Débat qui décide de donner sa démission le jour même est emprisonné dans un camp militaire. Beaucoup pensent que le 31 juillet 1968, il fallait « sauver la baraque » en recourant à des moyens expéditifs. Le droit congolais ne reconnaît pas le crime hypothétique. Il ne condamne que le délit effectif. Aucun dirigeant politique n’a été séquestré ni molesté et le transfert de pouvoir s’est fait sans coup férir. Peut-être, aurait-on vu le chantage par-ci ; l’intoxication par-là. Mais, globalement, le régime du président Massamba-Débat n’a pas capitulé sous les coups de boutoir des militaires. Il a certainement cédé à une combinaison de menaces et de pressions qui en auraient abattu beaucoup. Le régime de Massamba-Débat est descendu au tombeau sans beaucoup se faire prier. Quelques bruits de bottes à la cantonade, quelques négociations en surface et peut-être manipulations en sous-sol, un tonnerre lointain, et l’apparition, dans les nuées, d’un jeune officier talentueux armé d’un indéfectible sens patriotique. Non, Marien Ngouabi n’est pas un putschiste ; il n’est pas venu au pouvoir « dans les fourgons des paras ». Oui, il a suivi le processus régulier, ou presque. Les arguments pour et contre l’illégitimité des origines de ce pouvoir se contrebalancent à l’infini. Et il se trouve pourtant que le régime issu de ce mouvement insurrectionnel a été reconnu d’emblée par la majorité des citoyens et par la communauté internationale. Tout compte fait, ce sera l’éternel honneur du capitaine Ngouabi d’avoir su prendre sur sa personne, à ce moment-là, tout ce que ce mouvement insurrectionnel contenait de responsabilités, y compris celles qui ne lui revenaient pas de droit.

78

Le capitaine Ngouabi n’a jamais été partisan de coups d’Etat ou des pronunciamientos. Toute sa carrière et sa formation le situent aux antipodes d’un putschiste. Il aurait été d’accord avec le général de Gaulle pour reconnaître que : « Les pronunciamientos, ça ne donne rien, ça remplace un sergent-major par un autre, ça ne rend absolument aucun service au pays. (…) A moins qu’il n’y ait à la base, ce qui est tout à fait possible et qui arrive quelquefois, un consentement général. Alors là ça devient tout de suite l’opération nationale par laquelle un pays se débarrasse d’un régime et en met un autre à sa place… »101 Par ailleurs, la question qu’il convient de se poser n’est pas tant de savoir pourquoi les militaires réussissent à s’emparer du pouvoir dans les pays en voie de développement, mais plutôt pourquoi ils réussissent difficilement dans les pays hautement développés, là où la force armée est encore plus forte, pourquoi ils y ont rarement la tentation, pourquoi dans les sociétés « avancées », les coups d’Etat et les putschs échouent presque toujours, pourquoi dans les démocraties compétitives les plus évoluées le pouvoir civil n’éprouve plus aujourd’hui le besoin de se « couvrir », en offrant à un général ou à un colonel une place dans le gouvernement. De ce point de vue, la quasi-absence de militaires parmi les ministres dans la plupart de ces pays ne pourrait-elle pas être considérée comme un indice significatif de la solidité des vieilles démocraties ?102 En vérité, ce 31 juillet 1968 était le jour où l’on devait choisir entre la ruine et la raison : c’est en ces circonstances exceptionnelles que sont promus des chefs exceptionnels. Ce sont ceux-là mêmes qui sont excellents à saisir en tout l’essentiel, le pratique. Ils savent généralement dominer leur tâche par l’esprit. Leur entourage est émerveillé par le caractère de ces chefs, de ces maîtres qui dédaignent souvent la fortune des serviteurs. On admire la puissance de leur esprit critique sauvegardé des faveurs banales, la grandeur de leur indépendance qui reçoit l’ordre, capte le conseil, mais se ferme aux influences. On applaudit leur lucidité et la confiance qu’ils inspirent. C’est, en effet, grâce au courage politique et militaire du capitaine Ngouabi, à sa lucidité, sa clairvoyance et son dévouement à la cause de la patrie que le pire a été évité. En tant que bon patriote, le capitaine Ngouabi sait qu’il doit veiller sans relâche, du sommet de l’Etat, à la continuité des projets de la patrie. Fixé sur son but comme dans sa place, au fait de tous les problèmes, rouages et 101

Cité par Olivier Guichard dans son Mon Général, Paris, Editions Grasset, 1980, pp. 294-295. 102 Voir Mattei Dogan, Militaires sans épée, Revue Pouvoirs n°35. L’Armée. 1986.p. 124-125.

79

ressorts, il doit non seulement dominer par le conseil mais mêler à l’amour de la patrie la volonté d’initiative, la confiance lucide et le désintéressement. L’empereur romain Jules César animait de son propre souffle les forces morales des soldats : honneur, discipline, récompense et même justice. Le capitaine Ngouabi pressent que ce qu’on attend de lui, c’est de dominer les événements, d’y imprimer une marque et d’en assumer les conséquences. Il n’a pas l’intention de se dérober devant ses responsabilités. Il sait qu’on peut demander beaucoup à un militaire et même de mourir : c’est son métier. A la tâche commune Marien Ngouabi doit ajouter l’impulsion et la garantie du caractère. Son caractère énergique lui permet d’affermir ses subordonnés. Un leader sait également tenir à distance les individus opportunistes et les arrivistes, ces « tortues à double carapace ». En tant que leader, Marien Ngouabi sait, de prime abord, que le choix des hommes a une importance extrême, et ce bon choix, minutieux, révisable, patient, est le premier devoir et la charge principale d’un vrai chef. Un homme n’en vaut pas un autre. Tous ne sont pas également méprisables. La ‟fidélitéˮ n’est pas toujours un signe de dévouement. A l’endroit de son chef de la sécurité présidentielle, le lieutenant Engobo, qui lui présente le jeune sous-lieutenant Antoine Ngakosso rentrant d’un stage en Algérie et nouvellement affecté à la garde présidentielle, il lance, en badinant : - Mais, c’est un enfant que vous m’amenez là ! Et lui de répondre : - Vous l’apprécierez mieux quand vous le verrez travailler, Camarade Président ! L’assiduité et la rigueur au travail du jeune sous-lieutenant n’échappent pas au chef de l’Etat au point de lui confier peu de temps après son affectation des missions plus importantes nonobstant son grade et son jeune âge. En second lieu, Marien Ngouabi est conscient qu’on ne peut pas être novateur, ‟révolutionnaireˮ et être obnubilé par les titres. Lui-même gardera le grade de commandant pendant tout son règne. A ses yeux, un officier supérieur, un évêque, un diplomate, un haut fonctionnaire, un sénateur, un ancien ministre méritent tout au plus un préjugé favorable, et cela dans certains postes et pas dans tous. Ni Staline ni Hitler n’auraient eu leurs réussites, même temporaires, s’ils avaient été ‟embourgeoisésˮ dans le fond de leur âme. Marien Ngouabi ne se croit pas attendu comme le messie. Certes, son accession à la magistrature suprême, à juste titre, est unanimement saluée, et les espoirs de milliers de Congolaises et Congolais sont attachés à ce qu’il fera. Mais il est conscient que son crédit n’est pas illimité, loin de là. Il sait

80

aussi qu’il doit se méfier et qu’il doit être humain, en politique intérieure comme en politique extérieure ainsi que dans le choix de son entourage. Mais, il ignore encore en ce moment-là qu’il doit se tenir éloigné des fidèles dociles qui ne sont que des ambitieux roublards et sans valeur. Et ce sont précisément ces derniers qui le feront sans vergogne culbuter. 2. L’« homme du 31 juillet » Le capitaine Ngouabi est convaincu que l’Etat congolais hérite de la période coloniale non seulement ses dirigeants, ses cadres, ses institutions mais également sa logique de fonctionnement. L’indépendance politique acquise le 15 août 1960 n’a guère provoqué une rupture radicale avec cette logique patrimoniale de l’Etat. Par conséquent, il ne doit cesser de déployer au sommet de l’Etat, du premier jusqu’au dernier jour pour le service de la nation, des trésors de vigilance, de conscience, d’influence et de compétence. De toute évidence, le pays regorge des gouvernants dont le sens patriotique n’est pas jugé irréprochable ni les comportements éthiques. Qu’est-ce à dire ? « Ethos » en grec signifie nos mœurs, nos habitudes, nos façons de vivre et d’agir. C’est le philosophe Aristote103 qui, le premier, dans son bel ouvrage, Ethique à Nicomaque, nous en propose une interprétation. Il la désigne comme une connaissance « relative à la façon de se comporter ». En réalité, l’éthique porte sur des valeurs relatives et particulières : ce qui est bon ou mauvais pour tel ou tel. Elle est constituée par des conseils (des impératifs hypothétiques, dirait Kant) ou du point de vue du sujet, par des désirs et des connaissances. Par exemple : « Il n’est pas possible de vivre heureux sans être sage, honnête et juste » (Epicure) ; ou bien : « Un homme libre ne pense à aucune chose moins qu’à la mort » (Spinoza). L’éthique répond à la question « Comment vivre ? » ou, le plus souvent, « Comment vivre pour être heureux ? » A vrai dire, si la morale tend vers la vertu (comme disposition acquise à faire le bien) et culmine dans la sainteté (au sens moral, et non religieux, du terme, au sens où Kant appelle « volonté sainte » et une volonté qui ne serait

103

IVe s. av. J.-C.

81

« capable d’aucune maxime contraire à la loi morale »)104, l’éthique tend vers le bonheur (du moins le plus souvent : ce n’est pas le cas, par exemple, de l’éthique nietzschéenne) et culmine dans la sagesse. Et certes le saint peut être heureux, comme le sage peut être vertueux. Mais sagesse et sainteté, bonheur et vertu n’en sont pas moins différents. Or, l’éthique de la plupart des dirigeants congolais, ainsi que nous l’avons relevé précédemment, est fondée sur l’embourgeoisement, l’égoïsme, l’arrogance, la corruption et la dépravation des mœurs. Ce que réprouve fortement le capitaine Ngouabi qui, en tout point de vue, cultive les valeurs patriotiques, car le patriotisme fait naître des sentiments généreux et désintéressés comme un amour qui inspire de purs dévouements. Le patriotisme est un sentiment noble, une véritable foi et il a toujours inspiré de belles œuvres. En outre, il est le « levier qui soulève les montagnes ». Les événements tragiques de février 1959 comme ceux qui s’en sont suivis105 sont regrettables et condamnables. Cela est la nette manifestation d’une absence de patriotisme. Et l’histoire nous montre la décadence des nations qui voient diminuer l’ardeur de leur patriotisme. Il n’y a rien d’étonnant à cela puisque les mœurs et les comportements des hommes politiques sont vilipendés par les citoyens : dépravation des mœurs, corruption, faste, détournement des deniers publics. Toutes ces pratiques sont aux antipodes des valeurs incarnées par Marien Ngouabi. De là à dire que Marien Ngouabi est un saint, il y a un pas que nous nous garderons de franchir. On sait que dans la religion catholique, pour être déclaré « Saint », il y a plusieurs étapes à parcourir. Avant Rome, c’est l’évêque du diocèse où est mort le « serviteur de Dieu » qui a tous les pouvoirs. C’est lui qui, dans un délai de cinq ans après la mort (contre cinquante ans avant les nouvelles normes de Jean Paul II en 1983), reçoit l’« acteur », c’est-à-dire l’association ou la congrégation religieuse qui prend l’initiative d’une cause, puis le « postulateur » (clerc ou laïc), celui qui va enquêter et réunir tous les éléments biographiques, les écrits publiés et non publiés, les témoignages oraux. La « réputation » de sainteté doit être spontanée, durable, établie, argumentée. Deux théologiens « censeurs » du diocèse du futur « Saint » vérifient la conformité de la vie du « serviteur de Dieu » avec la foi et les bonnes mœurs, et l’évêque sollicite un premier nihil obstat de Rome. 104

Voir Emmanuel Kant, Critique de la raison pratique. Trad. F. Picarnet, P.U.F. 1971 ; Fondements de la métaphysique des mœurs, Vrin, 1980 ; Métaphysique des mœurs, Vrin 1968. 105 Il s’agit des guerres civiles qui se sont déroulées au Congo-Brazzaville entre 1992 et 1993 ; 1997 et 1998.

82

Avant d’arriver à cette étape, plusieurs barrages doivent être franchis. En effet, l’évêque doit prendre un décret d’« introduction de la cause », nommer un tribunal qu’il préside (ou déléguer à un assesseur), puis un « promoteur de justice » - hier appelé « avocat du diable » - dont le rôle est de s’assurer de l’exactitude des preuves, des écrits, des témoignages réunis, ainsi qu’un « notaire » (clerc ou laïc) chargé d’authentifier les actes. Ensuite doit avoir lieu, à Rome, une première séance du tribunal (primordialibus). Cette séance est la plus solennelle de toutes. Elle est présidée par l’évêque qui siège en camail et rochet. Il doit jurer sur l’Evangile de garder le secret des délibérations, rester à l’abri de toute influence, « accomplir avec fidélité et diligence » la charge qui lui revient. Pendant des mois, seront ensuite auditionnés les témoins « de visu » et « de auditu ». A ce stade, juges et parties prenantes, le confesseur du futur saint et le « postulateur » de sa cause sont écartés. Le tribunal procède, s’il le faut, à des commissions rogatoires, puis se « transporte en justice » jusqu’à la sépulture du « serviteur de Dieu » pour vérifier qu’il ne jouit pas déjà d’un culte populaire : (c’est l’enquête dite de « non-culte », qui remonte au pape Urbain VIII, en 1632) : les juges doivent statuer à l’abri de toute pression et en toute impartialité. L’original du jugement est placé sous scellés dans les archives du diocèse. Deux copies sont adressées à Rome. C’est ainsi que se termine la première partie de la procédure. La deuxième partie de la procédure de canonisation revient à la toute-puissante congrégation romaine de la cause des saints. Celle-ci se charge d’affecter au dossier un numéro. A cette occasion, elle se réunit au complet en congresso et nomme un rapporteur chargé de rédiger la positio : c’est un document majeur. En effet, il est la remise en forme de l’enquête diocésaine, le passage au crible des « vertus » de l’Eglise de toute la vie du candidat à la sainteté. Il comporte de milliers de pages, broché, ceint d’une couverture rouge, la couleur des martyrs et des cardinaux. La positio est examinée par des experts historiens, qui apprécient la qualité et la quantité des attestations fournies ; puis par des consulteurs théologiens qui, seuls, vont devoir se prononcer sur l’« héroïcité des vertus » du serviteur de Dieu. Si celui-ci a raison de tous ces pièges, il devient enfin « vénérable », mais ne peut encore bénéficier du culte public réservé au bienheureux ou au saint. Que tout ce cheminement paraît interminable ! Car, pour devenir bienheureux, un miracle devra lui être attribué, un deuxième pour être canonisé. Condition sine qua non. Double barrière infranchissable pour le commun des mortels. En effet, l’Eglise se montre prudente pour qualifier, par exemple, de « miracle » une guérison inexpliquée par la médecine. Le fait est qu’à Lourdes, sur de centaines de guérisons constatées en près d’un siècle et

83

demi, seules soixante-six ont été reconnues comme miracles par la hiérarchie catholique. Le même soin est apporté pour les bienheureux et les saints. Marien Ngouabi n’est pas un saint et il ne cherche pas à le devenir. Il se proclame lui-même, athée, dans sa conception du monde, c’est-à-dire contre la conception religieuse du monde. Il a confiance à la raison et veut croire, comme beaucoup de ses contemporains, au progrès. Il défend énergiquement la thèse marxiste de ‟l’incréationˮ du monde. A ses yeux, celui-ci est le résultat de l’évolution dialectique de la matière en mouvement : « Nous avons, écrit-il, une conception matérialiste du monde et pensons que la religion et toutes conceptions idéalistes du monde sont erronées ». 106 Cependant, le capitaine Ngouabi est incontestablement intègre et patriote. Son intégrité, son humilité, son courage, son amour de son pays et de son peuple, son engagement pour la liberté et l’émancipation des peuples opprimés font de lui un grand homme d’Etat. C’est un véritable leader. Il sait que certaines nations ont été rendues glorieuses par l’action héroïque de leurs chefs. La nation haïtienne, par exemple, en général, et son armée, en particulier, a été rendue glorieuse par l’action héroïque de ses chefs comme Toussaint Louverture, Capois, Dessalines, Henri Christophe, Pétion et autres leaders. Ils furent les chefs de la seule révolte servile de toute l’histoire, en obligeant une évacuation en catastrophe du corps expéditionnaire du général Leclerc. La rébellion haïtienne avait trouvé des chefs talentueux en son sein. En effet, des hommes comme Henri Christophe, le futur roi d’Haïti, avaient fait leurs armes dans l’armée de Rochambeau pendant l’insurrection américaine. Il convient de rappeler que la reconquête tentée par Bonaparte, et rêvée après lui, par les gouvernements de la Restauration, visait ni plus ni moins qu’à réduire les Haïtiens derechef en esclavage. En relisant l’histoire d’Amérique nous découvrons comment, en 1783, l’armée anglo-américaine toute victorieuse, ayant posé les armes et délivré la patrie, fut prête à se révolter contre le congrès qui, trop pauvre pour lui payer sa solde, s’apprêtait à la licencier. Washington, généralissime et vainqueur, n’avait qu’un mot à dire ou un signe de tête à faire pour être dictateur ; il fit ce que lui seul avait le pouvoir d’accomplir : il licencia l’armée et donna sa démission.107

106

Cf. Marien Ngouabi, Vers la construction d’une société socialiste en Afrique, op.cit. p. 33. 107 Vigny, Servitude et grandeur militaires, Œuvres complètes II, Paris, Editions Gallimard, 1993, p.814.

84

Marien Ngouabi était au nombre de ces âmes élevées et pures, sans faux éclat, sans charlatanisme, qui n’ont aimé le pouvoir et le commandement que pour le bien public, l’ont gardé sans orgueil, et n’ont su ni le tourner contre la patrie, ni le convertir en argent ou en biens matériels. Ce qui caractérise avant tout Marien Ngouabi, comme dans toutes les natures franches et sincères, c’est sa simplicité et son austérité comme style de vie et sa rigueur dans la gestion des affaires de l’Etat. Evoquant sa simplicité et sa sincérité, le jeune sous-lieutenant Antoine Ngakosso se souvient de beaucoup d’anecdotes : « Lorsque j’arrivais au travail, je n’allais pas à la cuisine solliciter illégalement des rations alimentaires comme le faisaient la plupart de mes collègues. Un jour, le chef de l’Etat qui, de sa résidence, observait souvent le manège qui se passait à la cuisine, interpella son maître d’hôtel : - Est-ce que le jeune Ngakosso prend-il le petit déjeuner en arrivant au travail ? - Non, Camarade Président ! - Vous agissez mal ! Désormais, il faut le lui proposer ! Le maître d’hôtel qui croyait que le jeune officier était allé se plaindre auprès du chef de l’Etat, dut se rendre compte lui-même que c’est celui-ci qui suivait tout de près. Un autre jour, dans l’après-midi, le chef de l’Etat voulait se rendre à l’Université de Brazzaville pour dispenser un cours. Il s’est trouvé, contre toute attente, que le chauffeur devant y conduire le chef de l’Etat n’était pas encore rentré d’une mission en ville. Et le président de la République de demander au jeune officier de prendre le volant de la voiture présidentielle. Pris de panique, il avoua honnêtement et timidement : - Mais, Camarade Président, je ne sais pas conduire. Aussitôt, le chef de l’Etat fit appel au directeur du parc automobile et lui ordonna : - Dans dix jours, je veux que ce jeune homme ait une voiture de fonction et un permis de conduire ! Attentif à l’exécution de ses ordres, au dixième jour, il interpella le jeune officier : - Où est ta voiture ? Roule ! Fais la marche arrière ! Où est ton permis de conduire ? Tout ce que le chef de l’Etat avait ordonné était accompli dans ce délai de dix jours.

85

Le jeune officier se souvient encore des moments où le chef de l’Etat, assis sur les marches des escaliers menant dans ses appartements privés, buvait gaiement du tsam-tsam108 et lui proposait de venir en partager avec lui. Dédaignant le luxe et les fastes, alors que, à la suite du boom pétrolier de 1973, la plupart de hauts fonctionnaires se servent de la redistribution de la rente pour construire de « belles maisons » dans les quartiers huppés de la ville, le président Ngouabi fait l’exception. Il construit, dans un sous-quartier modeste « La Ville », la Plaine, au bord du fleuve, une maison dont la clôture est simplement en grillage. Cette maison, contrairement à celles de tous les hauts fonctionnaires du pays, ne fait l’objet d’aucune rumeur. Exemple constant de modestie, il n’a de cesse de condamner, entre autres maux, la tendance à l’embourgeoisement et le goût du luxe. Il ne se lasse pas de lutter énergiquement contre le gaspillage, les détournements de deniers publics, la corruption, la concussion et le sabotage. En vérité, « dans toutes les sociétés où la valeur morale décroît, l’amour de la patrie s’émousse, car il est impossible que dans le cœur d’hommes corrompus, se développe un sentiment capable d’enfanter les héros »109. C’est l’histoire des Perses, des Egyptiens, des Grecs, de Rome, etc. C’est aussi l’histoire de nombreux pays qui connaissent des guerres civiles par défaut de patriotisme. Il convient de cultiver les devoirs envers la patrie, car un peuple chez qui la flamme du patriotisme brûlerait sans vaciller ne pourrait être qu’un peuple fort. Refusant de se laisser enfermer dans le luxe et la jouissance, le président Ngouabi ne cesse de dénoncer ces officiers et compatriotes « bourgeois » qui marquent leur style de vie par des pratiques ostentatoires. Ces pratiques sont notamment le fait des écrivains, fonctionnaires de l’époque coloniale et des hauts gradés de la force publique. Ils vivent entre eux et fréquentent les mêmes lieux comme le « Mess des officiers », où des bals sont souvent organisés. Durant ces bals, une catégorie d’officiers a l’habitude de s’exhiber et de s’autocélébrer. En outre, elle s’oppose à la politisation de l’armée afin de préserver ses intérêts en refusant de se soumettre à l’autorité politique des jeunes militaires qui, en retour, les qualifient d’« officiers de droite ».

108 109

Vin local du pays Cf. Charles de Gaulle, Le Fil de l’épée, Paris, Plon, 1959, p. 69.

86

3. S’oriente-t-on vers l’instauration d’un « pouvoir militaire »? Les officiers congolais s’empressent de s’élever contre une telle appellation. D’une façon générale, depuis plus d’un siècle, nous sommes accoutumés à voir aux sommets de l’histoire ou à des moments dramatiques, surgir des chefs militaires qui se métamorphosent en chefs politiques. Parfois, il s’agit d’officiers supérieurs qui abandonnent le sabre ou l’épée, quitte à ce qu’on érige, par la suite, en leur mémoire des monuments où ils apparaissent – en dépit de l’évidence historique et d’une manière qui amuse les enfants – au dos d’un cheval cabré : de Washington à Ataturk, de Bolivar à Mannerheim, de Hindenburg à Franco, de Peron à Eisenhower. « Vous avez conquis ces contrées à dos de cheval, mais pourrez-vous les gouverner sans mettre pied à terre ? » demandait un sage mongol au Grand Khan. Bonaparte l’avait très vite compris : « Ce n’est pas comme général que je gouverne mais parce que la nation croit que j’ai les qualités civiles propres au gouvernement ». Ainsi, le capitaine Alfred Raoul, Premier ministre du gouvernement provisoire, va dans le même sens. En effet, au cours d’une visite de travail à Paris, il déclare le 11 septembre 1968 : « Nous sommes aujourd’hui deux militaires à la tête de l’Etat, ce sont deux nationaux. Nous sommes au pouvoir en tant que cadres et non en tant que militaires… Il n’y a pas de problème d’un gouvernement militaire ».

110

En réalité, bien que l’Armée ait joué un rôle éminent dans l’histoire du Congo, bien que Marien Ngouabi parle de « notre vaillante Armée populaire nationale »111, de sa « mission historique »112, de sa « vigilance »113, l’Armée congolaise reste une force subordonnée. Quoiqu’étant une force révolutionnaire, l’Armée congolaise reste conçue, somme toute, aux yeux de Marien Ngouabi, comme devant être une force subordonnée au parti, car « ce ne sont pas les militaires qui, affirme-t-il, avec leur fusil, vont encercler les bureaux et entreprises pour faire changer les méthodes de travail, mais bien les travailleurs, grâce à leur conscience sociale, leur détermination effective».114 Il en résulte donc que l’Armée n’est qu’une force au service du parti, qui est le véritable centre d’impulsion.

110 Cf. « Coups d’Etat et régimes militaires d’Afrique », Revue Française d’Etudes Politiques Africaines, décembre 1968, pp. 44-46. 111 cf. Discours du 23 février 1973, in Etumba, mars 1973, p. 8. 112 ibid., p. 10. 113 ibid., p. 8. 114 cf. Déclaration du commandant Ngouabi le 23 avril 1973 devant les congressistes de la C.S.C., ainsi résumée par Etumba du 28 avril au 5 mai 1973, p. 3.

87

Par ailleurs, Marien Ngouabi continue de s’investir pour qu’une même passion entraîne les combattants vers les mirages éclatants de la gloire. Pour ce faire, il met en exergue le sentiment de la grandeur. Celui-ci doit foisonner dans la nation… C’est à l’honneur qu’il faut recourir. En tant que leader, il sait qu’à chaque instant, il doit s’appliquer, tout en réprimant, à remédier aux peines des soldats, à veiller à leur bien-être, à soigner leur amour propre. Marien Ngouabi aime haranguer les foules tout comme l’empereur Jules César aimait haranguer les légions. Lorsque les hommes étaient là, alignés derrière leurs enseignes, César n’hésitait pas à les fustiger. Il considérait qu’un chef sans une troupe disciplinée n’est qu’un épouvantail ridicule ; que les soldats doivent trembler devant leur général, exécuter ses ordres à la lettre ! Par ailleurs, César, tout comme Ngouabi, savait prodiguer à ses soldats des largesses et des éloges. Le centurion de la guerre des Gaules, par exemple, n’attend que l’éloge de César. Chacun de ses soldats reçoit deux cents sesterces, et les centurions mille. Légats et tribuns ont une part de plus du butin, du tribut annuel de quarante millions de sesterces que la Gaule doit verser. C’est ainsi qu’on s’attache les hommes, et sans la fidélité et la force des légions rien n’est possible. Tout comme Alexandre, César, dans les campagnes contre les Helvètes et contre les Nerviens sut donner de sa personne. Il sut mieux que quiconque raffermir le courage des soldats : les légionnaires mouraient pour César. Marien Ngouabi est conscient qu’il doit s’attacher à rapprocher ses subordonnés de leur troupe et à provoquer l’avis des petits. Le jeune officier Antoine Ngakosso se souvient du jour où, étant de permanence, il regardait avec ses subordonnés une émission de télévision. Au cours de celle-ci, on montrait une image du chef de l’Etat et l’on demandait aux téléspectateurs de dire à quel endroit, quand et à quelle occasion cette image avait été prise. Le sous-lieutenant Ngakosso qui était ce jour-là et à cet endroit-là avec le chef de l’Etat téléphona aussitôt à l’animateur de l’émission et lui donna des éléments de réponse appropriés. Malheureusement, le journaliste objecta que ses éléments de réponse étaient erronés. Un débat s’en était suivi. Quelques instants après, quelle ne fut pas leur surprise de voir le président de la République en personne faire irruption dans la salle de permanence, décrocher le téléphone et dire : - Le citoyen Ngakosso a raison. C’est moi le président de la République. Tout est exact dans tout ce qu’il a dit.

88

Le journaliste ému, en reconnaissant le timbre de la voix du chef de l’Etat, se ravisa. Et la discussion fut close. Encore un exemple, parmi tant d’autres, de la capacité d’écoute et de la simplicité de Marien Ngouabi. Par ailleurs, le président Ngouabi ne cessait de veiller à la formation des cadres si tant est vrai qu’un des signes distinctifs des meilleurs leaders est leur capacité à se former des successeurs compétents. Les deux militaires qui sont à la tête de l’Etat congolais sont incontestablement des patriotes. Un vrai patriote doit rester fidèle à ses engagements à l’égard de l’Etat, de la République ou de la patrie. Telle est l’attitude convenable qui soit compatible avec le devoir patriotique. Il doit constamment avoir le sens de l’honneur, le bon sens, l’intérêt supérieur de la patrie. Il doit tracer la voie de l’honneur et de l’espérance. Le patriotisme est une vertu qui mérite d’être exalté. Il est distinct du chauvinisme : disposition d’esprit qui porte certaines gens à donner toujours et aveuglément raison à tous les actes, bons ou mauvais, de leur patrie à l’extérieur. Déroulède que d’aucuns considèrent comme le plus grand patriote français affirme : « Celui qui n’aime pas sa patrie plus que les autres patries, n’aime ni sa mère, ni sa patrie ». Tout bon patriote doit avoir l’amour naturel pour le sol qui l’a vu naître et grandir, pour les projets qui ont entouré son enfance et sa vie, pour la terre qui contient les cendres de ses aïeux. Il est tout à fait normal que chaque individu éprouve de la préférence pour les hommes dont le caractère, la langue, les mœurs, les traditions sont les mêmes que les siens, sans toutefois verser dans le tribalisme. Un véritable chef, un patriote est cet homme qui, toute sa vie, doit chercher à rassembler, sans admettre les clans, les catégories, les factions, les partis, mais sans céder sur ce qu’il juge essentiel. Rien n’est plus exaltant que l’idéal de grandeur et de dépassement. C’est à cet effort aux antipodes de la facilité que s’attèle avec abnégation Marien Ngouabi. Il est décidé plus que jamais à faire imposer la loi d’airain de l’intérêt national même si cela doit lui coûter. Le 4 septembre, le président Massamba-Débat démissionne de toutes les fonctions qui lui restaient. Et le 14 septembre 1968, le capitaine Ngouabi devient président de la République. Dans cette position nouvelle, son horizon s’agrandit. Il embrasse d’un coup d’œil à la fois plus ferme et plus étendu de vastes espaces. Les esprits comme le sien se fortifient en s’élevant. A mesure que leur point de vue se hausse, leur pensée monte. Il cumule les fonctions de président de la

89

République et de ministre de la Défense nationale, partageant les prérogatives de celui-ci avec le chef d’état-major général des armées, Joachim Yhombi Opango de 1970 jusqu’en 1974. Maître des destins des Congolais, il paraît aussitôt dans toute sa sagesse, bientôt, dans toute son humanité. Dès sa prise de pouvoir qui se fait dans une euphorie générale, il libère tous les prisonniers politiques, amnistie certains délits de droit commun afin, dit-il, de garantir l’unité nationale. Par-dessus tout, il parvient à restaurer une détente politique qui lui vaut l’estime de tout un peuple. Mais, cet enthousiasme ne sera que de courte durée. En effet, dans la nuit du 7 au 8 novembre 1969, un complot est démantelé. Plus exactement, il s’agit d’une tentative de coup d’Etat contre le gouvernement. Elle est dirigée par M. Bernard Kolelas et Batsimba. M. Kolelas, ancien youliste, est un récidiviste. Il a déjà été condamné à mort en 1965 pour complot anti-Massamba-Débat. Il venait à peine d’être gracié par le président Ngouabi et réintégré dans la fonction publique en 1968. Un homme d’Etat, qui plus est un notable, est celui qui pardonne, qui préfère la clémence à la terreur. Le père et la mère du président Ngouabi, nous l’avons vu, sont de familles « nobles » du village. Son père est l’enfant d’un obela (assesseur) de la famille d’un kani ou mwene (chef investi) et sa mère, la fille d’un kani du village Okuma. C’est un enfant du terroir. Cela transparaît clairement dans son langage où l’on trouve beaucoup d’expressions et d’adages du terroir tels que : « Dans un village, un enfant est brûlé par le feu. Mais, c’est autour de ce même feu que l’on pleure cet enfant et que l’on tente de résoudre des problèmes relatifs aux funérailles et faire le deuil ». Marien Ngouabi est fils de paysan et ayant beaucoup appris de ce milieu, il en a hérité des valeurs fondamentales : simplicité, honnêteté, intégrité. Rien à voir, en cela, avec l’image dévalorisante du paysan que peint Balzac dans son ouvrage, Les Paysans. L’orientation de Balzac est de montrer partout que pour le paysan voler c’est exister et exister c'est voler. Effrayé par le vol paysan généralisé, Balzac désespère de l’oligarchie française : « Une oligarchie de cent mille riches a tous les inconvénients de la démocratie sans en avoir les avantages. Le chacun-chez-soi, chacun pour soi tuera l’égoïsme oligarchique, si nécessaire à la société moderne et que l’Angleterre pratique depuis trois siècles. ». Or, Marien Ngouabi condamnera toute sa vie le vol et la corruption. Marien Ngouabi demeure fasciné par la terre de laquelle tout vient et où tout retourne.

90

« L’initiation otwere fait d’un homme un twere, c’est-à-dire un homme qui ne doit désormais vivre que pour le triomphe de la justice et de la dignité humaine »115. Rien d’étonnant que Marien Ngouabi soit humaniste. En ce sens, il semblait comme obéir à ce principe kantien : « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin et jamais simplement comme un moyen ».116 En lui, la hauteur des sentiments est en raison directe de l’intelligence et de la sagesse. C’est un homme d’esprit ; c’est aussi un homme de cœur. Le cœur et l’esprit ne sont-ils pas les deux plateaux d’une balance ? C’est aussi un homme clément. Le 20 novembre 1969, il annonce à la radio des mesures de clémence qu’il a prises par ordonnance : remise de peine pour quinze congolais condamnés ; amnistie accordée à M. Hombessa ; mise hors de cause de M. Banthoud Paul. 117 L’empereur Napoléon disait un jour à Sainte-Hélène : « Je crois que la nature m’avait calculé pour les grands revers ; ils m’ont trouvé une âme de marbre, la foudre n’a pu mordre dessus, elle a dû glisser. ». Il poursuivait en disant : « (…) Un homme, véritablement homme, ne hait point ; sa colère et sa mauvaise humeur ne vont point au-delà de la minute : le coup électrique … L’homme fait pour les affaires et l’autorité ne voit point les personnes ; il ne voit que les choses, leur poids et leur conséquence. » Bien qu’étant clément, le président Ngouabi sait aussi se montrer rigoureux et ferme. Ainsi, le 13 novembre 1969, le capitaine Norbert Tsika, commandant de la gendarmerie est-il démis de ses fonctions et rétrogradé au rang de gendarme de deuxième classe par décision du président Ngouabi. Il lui est reproché d’avoir détourné les deniers publics.

115

Cf. Obenga T., ibid. p. 17. Cf. E. Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs, deuxième section. 117 Ancien secrétaire général de la Confédération Syndicale Congolaise (CSC) 116

91

V LE MAGISTRAT SUPREME « Seul l’homme libre a quelque chose à faire » ARISTOTE

1. La naissance du Parti congolais du travail La fonction présidentielle et le bicéphalisme sont rétablis le 31 décembre 1968 par une modification de l’Acte fondamental qui déclare le CNR « organe suprême de l’Etat » et son président, chef de l’Etat. C’est ainsi que le président Ngouabi, présidant toujours le CNR, devient le chef de l’Etat le 31 décembre 1968. A ce titre, Marien Ngouabi sait qu’il doit être serviteur du seul Etat. Nul doute qu’il est dépouillé des préjugés. On sait qu’il est dédaigneux des clientèles. C’est un commis enfermé dans sa tâche, pénétré de longs desseins. Un véritable leadership exige que l’on soit au fait des gens et des choses du ressort. Marien Ngouabi est cet homme nouveau dont une grande partie du pays salue avec espoir l’accession à la magistrature suprême. Il est persuadé que le pouvoir lui est remis non pour subir, mais pour agir. Remis à un homme auquel un peuple entier se donne corps et âme. Et cet homme est à la hauteur de la tâche… Il écoute, il montre un profond désir de comprendre, de s’identifier à la patrie. En devenant le chef de l’Etat, le président Ngouabi sait qu’il doit être digne de ce noble titre et de cette fonction suprême et sévère. Il est tenu d’augmenter chaque jour la gravité de sa raison ; de descendre dans les entrailles de toutes les grandes questions nationales. Il est conscient qu’il lui faudra beaucoup de volonté, beaucoup de maîtrise de soi pour ne pas être emporté par le torrent des passions, des avidités, des ambitions, des conservatismes bornés, peut-être des désirs de revanche et d’aventure. Du 29 au 31 décembre 1969, il se tient à Brazzaville le congrès constitutif du nouveau parti unique, le PCT. Ce dernier se substitue au CNR et se proclame, conformément à la charte du MNR de 1966, parti d’avant-garde. Et, le 31 décembre 1969, le président Ngouabi créé officiellement avec ses compagnons le Parti congolais du travail, premier parti marxiste-léniniste au pouvoir en Afrique.

93

Selon le président Ngouabi, le Parti congolais du travail doit être un « parti d’avant-garde »118, car « le peuple, dit-il, a besoin dans l’action d’une direction, d’un état-major de combat conséquent… Le P.C.T. est notre étatmajor »119. Voilà, Marien Ngouabi vient ainsi de dévoiler ses batteries et de fixer l’objectif du P.C.T. Ce qui fait du P.C.T. « une force qui va », ce n’est pas seulement le dynamisme de ses dirigeants, la lucidité de ses militants et sympathisants, le sens de l’opportunité dont font preuve de centaines de compatriotes (civils et militaires) : c’est la manifestation d’une volonté profonde de rupture avec l’ordre politique et social hérité de la colonisation, la volonté d’instaurer une nouvelle société, socialiste, comme le veut Marien Ngouabi. La phase qui s’ouvre alors, à partir de ce 31 décembre 1969, est peut-être la plus significative de la vie de Marien Ngouabi, celle où le personnage se concentre, prend sa densité, son « eau », comme on dit d’une pierre. Non certes parce qu’en peu de temps, il élimine ses principaux adversaires. On verra plus loin comment Kinganga et Diawara se feront exécuter après l’échec de leur tentative de coup d’Etat militaire. Mais, par-dessus tout, ce qui est frappant, c’est que cette phase qui s’ouvre à partir de la création du PCT va symboliser la part irréductible de morale et de foi révolutionnaire qui entre dans toute grande politique. Marien Ngouabi s’affirme comme celui pour qui la politique est faite surtout de valeurs permanentes. Et la conscience qu’il en a décuple sa force. Le Congo devient une République populaire avec le marxisme-léninisme comme idéologie officielle. « La Congolaise », l’hymne national, est remplacé par les « Trois Glorieuses »120. Le drapeau national, qui avait trois bandes obliques vert-jaune-rouge, est changé. Il devient rouge avec en haut, du côté de la hampe, deux palmes vertes surmontées d’une étoile jaune et ayant en leur centre une houe et un marteau croisés. Le drapeau rouge souligne le lien avec l’Internationale prolétarienne. En vérité, l’insertion de la référence marxiste-léniniste dans le champ politique congolais remonte aux journées dites des « trois glorieuses » de 1963 au cours desquelles le régime pro-occidental de Fulbert Youlou est renversé. Elle s’est

118

cf. « Discours du Président Ngouabi », in Etumba du 25 août au 1er septembre 1973, p.2. 119 Ibid., p.12 120 En référence aux trois jours de la Révolution congolaise.

94

accompagnée de l’introduction du genre discursif marxiste-léniniste par l’élite intellectuelle et le prolétariat de Brazzaville.121 C’est l’époque où l’Afrique connaît, sans doute, plus que toute autre partie du monde, un affrontement des idéologies diamétralement opposées : d’un côté celle de l’Occident (capitalisme, libéralisme) et de l’autre, celle de l’Est (socialisme, communisme). Celle-ci, à grand renfort d’images, de symboles et de représentations tentent de modifier ou de perpétuer l’équilibre des rapports sociaux. De quoi s’agit-il exactement quand on parle de l’« idéologie » ? Le terme « idéologie » s’entend souvent dans des acceptions différentes. A suivre L. V. Thomas, trois significations possibles peuvent être données au terme « idéologie ». Au sens large, l’idéologie se « confond avec l’ensemble des conceptions et des représentations qui servent d’expression à une entité collective donnée ».122 Au sens étroit, l’idéologie est « un faisceau d’idées forces susceptibles non seulement de justifier un point de vue, mais encore d’animer un mouvement »123. A la limite, l’idéologie n’est plus que « tromperie consciente, mensonge intentionnel, pensée hypocrite… une connaissance déformée parce que trop en retard ou en avance sur le milieu où elle prétend s’inscrire »124. Quant à Y. Bénot, il distingue deux types d’idéologies: Celles qui visent « moins à donner un programme applicable qu’à masquer la réalité, qu’à détourner l’attention des problèmes vitaux, qu’à gagner du temps » et celles qui « s’efforcent de s’appuyer sur des bases de plus en plus scientifiques » 125 Toutefois, le concept « idéologie » implique une telle impureté, une telle multiplicité de significations superposant à la réalité sa représentation. Le marxisme-léninisme est l’idéologie choisie par les dirigeants congolais pour l’émancipation du peuple congolais.

121

Cf. Henri Ossébi, Affirmation ethnique et discours idéologique au Congo, Thèse de doctorat, 3ème cycle, Paris, 1982, p. 17. 122 Cf. L.V. Thomas, Les Idéologies négro-africaines d’aujourd’hui, Paris, A.-G. Nizet, 1964, p. 8. 123 ibid. 124 ibid. 125 Voir Y.Bénot, Idéologie des indépendances africaines. Paris, Maspéro, 1969, p. 27.

95

« Seule une conception idéologique de la société, disait Althusser, a pu imaginer des sociétés sans idéologie. »126 Althusser remarquait d’ailleurs, au même endroit, que « cette utopie (d’une société sans idéologie) est, par exemple, au principe de l’idée que la morale qui est, dans son essence, idéologie, pourrait être remplacée par la science ou devenir scientifique ». D’ailleurs, Althusser enfonçait le clou : « Dans une société de classes, l’idéologie est le relai par lequel, et l’élément dans lequel, le rapport des hommes à leurs conditions d’existence se règle au profit de la classe dominante. Dans une société sans classes, l’idéologie est le relai par lequel, et dans lequel, le rapport des hommes à leurs conditions d’existence se vit au profit de tous les hommes ». Le président Ngouabi reste constant dans son adhésion au marxismeléninisme. D’une manière générale, la conception du monde du président Marien Ngouabi prend racine dans le marxisme-léninisme, notamment dans la philosophie marxiste-léniniste (matérialisme dialectique et historique). En effet, « le marxisme-léninisme était pour lui, disait à l’époque le commandant Sassou-Nguesso, le commencement et la fin de tout… Si attentif que puisse être notre dire, nous ne saurions traduire totalement la conviction engageante de Marien Ngouabi au marxisme-léninisme »127. Il l’a assimilé profondément ; il l’a enseigné et l’a appliqué de manière créatrice dans les conditions concrètes et historiques de son pays. A cet égard, le président Ngouabi précise : « C’est un livre ouvert et non un dogme »128. En effet, on observe nettement chez lui une vaste culture générale, une opposition au dogmatisme d’école, bref un esprit non-conformiste et un peu contestataire. Parlant de l’héritage conceptuel du président Marien Ngouabi, son frère d’armes Sassou-Nguesso affirme : « Cette œuvre réflexive est née de l’expérience congolaise. Nous pouvons nous réjouir de ce que le fondateur du Parti congolais du travail ait pu apporter une contribution aussi valable que nécessaire à la pensée marxiste ».129

126 Voir Louis Althusser, Pour Marx. Paris, Maspéro, 1965 ; nouv. Ed. Découverte 1986 ; Positions, Ed. sociales, 1976. 127 Cf. Commandant Sassou-Nguesso, Oraison funèbre, op.cit. 128 Cf. Marien Ngouabi, Vers la construction d’une société socialiste en Afrique, Paris, Présence Africaine, 1975, p. 32. 129 Cf. Commandant Sassou-Nguesso, Oraison funèbre, op. cit.

96

Pour le matérialiste Ngouabi, le monde est connaissable, l’homme est en mesure de l’appréhender et de le transformer d’après ses aspirations : « C’est dans la lutte avec la nature, écrit-il, pour la production des biens matériels et par l’expérimentation scientifique que l’homme acquiert des connaissances ».130 Il s’était assigné pour but de comprendre sur la base du marxisme-léninisme, son propre univers et sa propre société pour mieux les transformer. L’une des caractéristiques fondamentales des meilleurs leaders est de se réinventer sans cesse sur le plan personnel. Ils sont toujours à l’affût de nouvelles connaissances et de nouveaux savoir-faire. D’où cette volonté constante chez Marien Ngouabi de se former, de s’instruire dans les nouvelles techniques. Le président Ngouabi met un point d’honneur à perfectionner sa formation technique, intellectuelle et morale d’officier supérieur rodé aux différents commandements, convaincu qu’il est que l’esprit de l’homme, sans progrès, sans instruction, sans culture, et tel qu’il sort des mains de la nature n’est pas en état de s’élever lui-même aux notions du développement économique et social. Il entreprend des études de sciences physiques et s’intéresse notamment à l’énergie solaire comme s’il devinait que là était le levier de l’émergence et du développement du Congo et de l’Afrique. Il entasse livre sur livre, preuve sur preuve, recherche sur recherche, démonstration sur démonstration. Merveilleux instinct de prescience qui n’appartient qu’aux sérieux esprits ! Comment ne pas insister sur ce point ? Il entreprend ces études avec passion et acharnement, comme s’il pressentait une grande urgence et la fin prochaine de sa courte et noble vie. On eut dit qu’il prévoyait l’avenir. On eut dit que, penché sur l’avenir, inquiet et attentif, sentant je ne sais quel ébranlement sinistre qu’une poignée de traîtres était en marche dans les ténèbres, il entendait de loin venir dans l’ombre la sombre et tumultueuse bande d’assassins, et qu’au milieu de cette rumeur obscure un vieux sage lui rappelait ce proverbe mbochi : « Abua ba dza akwoo ba wura otse ya obé »131 Juste après l’obtention de la maîtrise de physique, le commandant Ngouabi est nommé chargé de cours en physique à la faculté des sciences.

130

Cf. Marien Ngouabi, Vers la construction d’une société socialiste en Afrique, Paris, Présence Africaine, 1975, p. 48. 131 Traduction littérale : C’est du dessous de ton propre lit que viennent les souris qui te rongent les orteils. En d’autres termes, tes ennemis sont parmi tes proches.

97

2. Un nationaliste à la tête de l’Etat « Plus le trouble est grand, plus il faut gouverner »132. Cet axiome éminemment gaullien, le commandant Ngouabi le met en pratique durant ces années troubles. L’Etat reste, à ses yeux, le centre et le moteur de l’intérêt national et il se veut l’incarnation de la collectivité nationale. Le 22 février, il se tient une réunion des cadres de l’armée sous la présidence du chef de l’Etat à Brazzaville. Le président Ngouabi déclare que l’armée recèle des ennemis du peuple et de la Révolution. Plus tard, le 23 février, La Voix de la Révolution congolaise133 annonce la fuite du commandant Mouzabakani et du lieutenant Kinganga. Ils étaient soupçonnés de préparer un coup d’Etat. Tout continue à se développer si rapidement que le 25 février au meeting de soutien au CNR l’événement croit pour ainsi dire sous l’orateur à mesure qu’il parle, et, tout en lui donnant le vertige, lui communique sa grandeur. Le président Ngouabi y fait une déclaration et révèle que de nombreuses arrestations ont été opérées parmi les officiers, les civils et les policiers, à la suite de l’arrestation du commandant Mouzabakani. Ils sont jugés par le tribunal révolutionnaire de justice. Le commandant Mouzabakani ayant trouvé des complicités dans les services de sécurité, ceux-ci sont réorganisés. En juin de cette même année 1969, dix-neuf Congolais sont arrêtés. Ils sont accusés d’avoir tenté d’enlever et de renverser le président Ngouabi et de rétablir l’ex-président Massamba-Débat au poste de chef de l’Etat. Après la guerre de l’Angola contre l’occupant portugais, guerre au cours de laquelle le Congo et la Lybie ont servi de pont aérien pour l’acheminement des armements soviétiques et des troupes cubaines, le colonel Kadhafi tente de persuader le président Marien Ngouabi d’adhérer à l’islam. A cette proposition, il oppose catégoriquement une fin de non-recevoir. Et comme le soulignent justement H. Bourges et C. Wauthier : « Le président Ngouabi passe néanmoins pour ne pas aimer l’extrémisme, ni la violence. Mais c’est un homme déterminé qui ne mâche pas ses mots et ne tergiverse pas »134. Tout en proclamant l’indépendance économique et politique du Congo, les dirigeants congolais ne prétendent pas innover totalement au plan idéologique, puisqu’ils se réclament d’un courant déjà existant : le marxisme. De fait, les déclarations d’allégeance au marxisme abondent :

132

Cf. Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, III, Paris, Plon, 1959, p. 36. Il s’agit de la Radio et Télévision congolaises. 134 Cf. H. Bourges et C. Wauthier, Les 50 Afriques, tome 2, Paris, Seuil, 1979, p.120. 133

98

« Nous sommes marxistes ». 135 Le président Ngouabi prononce souvent des expressions telles que : « notre option, le marxisme-léninisme »136; ou encore « pour nous marxistesléninistes » 137. Comment réaliser le socialisme ? Pour le président Ngouabi, il est plus que jamais temps de promouvoir une société socialiste sur la base du marxisme-léninisme138. Mais, très vite, se pose la question de savoir comment doit s’effectuer le passage d’une « situation néocoloniale » à une société socialiste. Autrement dit, quel devra être concrètement l’instrument de transformation de la société congolaise ? C’est à ce niveau, précisément, qu’intervient le problème du rôle du parti unique, le P.C.T. : celui-ci est l’instrument de passage au socialisme. Quelle est l’originalité du « socialisme congolais » ? Les dirigeants congolais, nous l’avons vu, et le président Ngouabi le premier, ne cessent de présenter le marxisme-léninisme comme le fondement de toutes leurs analyses politiques. Mais, ce qui est original par rapport au « socialisme africain », c’est que le « socialisme congolais » ne se contente pas d’une simple référence au marxisme-léninisme. Il se veut surtout et se proclame fidèle à l’orthodoxie marxiste-léniniste dans sa globalité et en accepte officiellement toutes les propositions, notamment la lutte des classes, matérialisme… En revanche, la dimension nationaliste, inhérente au « socialisme africain » est l’élément qui rapproche celui-ci du « socialisme congolais », car les dirigeants congolais comprennent que pour éviter la rétraction nationale, conserver la cohésion du peuple, soutenir l’activité, atténuer les divergences et rassembler les dévouements, il est nécessaire d’entretenir quelque grand rêve national, quelque espérance commune, quelque idéal, quelque passion. Bref, quelque grand dessein. En effet, les hommes qu’unit une passion commune créent, suivant le mot de Barrès, « une âme qui dépasse tout individu ou énergie ou sagesse ou sens vital ». Aujourd’hui, le P.C.T. adopte comme ligne idéologique la social-démocratie : c’est à la mode dans la plupart des pays du monde. Mais, le moment où grandit le commandant Ngouabi est celui de la guerre froide sur le plan 135 Discours du président Ngouabi du 23 février 1973, in Etumba, 24 février au 3 mars 1973, p. 10. 136 Cf. Discours du 31 janvier 1973, in Etumba du 12 au 19 janvier 1974 137 Cf. Ibid. 138 Cf. Son ouvrage Vers la construction d’une société socialiste en Afrique, Paris, Présence africaine, 1975.

99

international, et le national-communisme est un phénomène général du communisme. A telle enseigne que, à des degrés divers, tous les mouvements communistes sont marqués par le national-communisme. Par ailleurs, l’effort considérable qu’implique la construction du socialisme est certes plus aisé à imposer aux masses au nom de la réalité nationale, de traditions nationales qu’au nom d’un idéal abstrait et général. La « dimension nationaliste » du « socialisme congolais » n’est pas poussée aussi loin qu’elle l’est généralement en Afrique. Alors que les « socialistes africains » considèrent qu’il existe une voie nationale dans chaque pays d’Afrique, les dirigeants congolais rejettent cette interprétation comme contraire au marxisme. À ce sujet, le président Ngouabi est particulièrement net et précis : « Nous avons nos réalités nationales qui différencient non pas le type de socialisme, mais notre construction de la voie socialiste. Jamais… il ne peut exister mille socialismes. Il y a un seul socialisme : ne pas exploiter l’ouvrier congolais, soviétique, américain… Donc il ne peut pas exister un socialisme congolais ou un socialisme africain. Il y a une seule voie socialiste. Cette voie est universelle : chaque pays selon ses moyens, ses difficultés, ses réalités ». 139

Dans le cas du Congo-Brazzaville, le marxisme l’emporte nettement sur le nationalisme. C’est l’époque où est employée par F. Brockway cette formule : « Il n’y a (qu’) un seul socialisme et (que) Le Capital en est la Bible infaillible »140. Par ailleurs, en tant que chef charismatique, Marien Ngouabi sait exalter l’émulation de l’honneur ; il s’attelle à nourrir la vigueur morale de la force publique. En principe, il doit régner, à ses yeux, une intense activité intellectuelle dans le pays en général et dans la force publique en particulier. Celle-ci doit cultiver le champ de l’intelligence. « Le talent, écrivait V. Hugo, est une magistrature ; le génie est un sacerdoce ». S’il n’est pas un génie, le président Ngouabi est talentueux. Et, à ce titre, il exerce bien sa magistrature pendant toute sa présidence en tant que premier magistrat du pays. Le 12 juillet 1969, au séminaire de formation idéologique de l’APN, le chef de l’Etat invite les soldats à purger l’armée des éléments tribalistes et contrerévolutionnaires.

139 140

In interview à Jeune Afrique, 11 août 1973, p. 56. In African Socialism, Dufour ed. Pennsylvania, 1962, p. 20.

100

Il s’investit à mettre chaque subordonné à sa place et les meilleurs au sommet, car « malheur, écrit le Général de Gaulle, oui malheur au peuple qui ne saura pas recruter, former et mettre à la première place le chef impavide et inflexible, capable d’orienter et coordonner dans la tempête morale les efforts de ses armées ! »141 Marien Ngouabi n’a de cesse de se piquer de faire comprendre à tous le pourquoi de ses décisions. Et sa thérapeutique consiste toujours à détendre et à refaire. S’agissant de l’A.P.N., le président Marien Ngouabi définit ainsi sa ligne politique : « Notre tâche immédiate, à notre avis, c’est d’organiser le Parti et à notre niveau de l’implanter dans l’armée afin qu’il puisse réellement diriger celle-ci. »142 L’A.P.N. doit être l’instrument du parti capable d’assurer et de garantir la paix et la sécurité du peuple. Le marxisme-léninisme est conçu comme une base idéologique de l’éducation des cadres et combattants de l’A.P.N. Les idéologues congolais, par le truchement de leurs déclarations et discours officiels, vont activer la « ressource APN » en tant que discours mobilisateur et unitaire. Ils se servent de ce discours dans le processus d’activation de leur stock de ressources politiques ainsi que l’ancien président Massamba-Débat l’avait fait avec la J.M.N.R. En janvier 1973, il est créé une Commission permanente à l’Armée au sein du P.C.T. Elle est chargée notamment d’« organiser un colloque dans l’armée pour étudier les problèmes relatifs à la démocratisation de l’armée »… 143

Les observateurs voient là une volonté de la part des autorités congolaises de présenter l’Armée comme un simple instrument du parti et non comme une force politiquement autonome. En cette période de son histoire, les deux traits qui caractérisent, a priori, le régime congolais sont : un aspect « militaire » d’une part et, d’autre part, un aspect « révolutionnaire ». Le président Ngouabi connaît les traîtres à la cause de la patrie, les défaitistes, ces pitres du désastre qui se démentent sans vergogne et retournent à l’instant leur habit suivant que le vent souffle de l’Est ou de l’Occident… ces pharisiens qui n’adorent que l’opportunité.

141

Cf. Charles de Gaulle, Articles et écrits, éd. 1975, p. 63 ; voir aussi Vers l’armée de métier, éd. 1971. 142 Cf. Marien Ngouabi, Vers la construction d’une société socialiste en Afrique, Paris, Présence africaine, 1975, p. 160. 143 Cf. Etumba, du 20 au 27 janvier 1973, p. 3.

101

Marien Ngouabi doit exorciser des cadres l’insouciance, il doit les galvaniser. Le trait essentiel de l’art militaire étant la prévoyance, la méthode et l’organisation, le président Ngouabi fait de la préparation et de la cohésion de la force publique son cheval de bataille. Il n’ignore pas que l’insouciance et son corollaire, l’impréparation, surtout au plan militaire, ont des conséquences néfastes. Rien n’est plus fatal pour une armée lorsque ses soldats s’en remettent à la seule inspiration ou au gré du destin. L’armée française du Second Empire manifestait un tel état d’esprit : « On se débrouillera ! », disait-elle. Et ce fut la sanction de 1870. En effet, l’idéologie, l’insouciance portaient leurs fruits amers et sanglants, car rien ne compense les erreurs, manques, insuffisances sinon le sang des soldats, la ruine des biens, les atteintes à la patrie. A force de capacité, de volonté et d’autorité, le président Ngouabi s’emploie à unifier le pays et à renforcer la cohésion au sein de la force publique. Faute d’avoir à temps adapté son armée aux nécessités nouvelles, la France s’est trouvée précipitée dans la pire crise de son Histoire. En effet, « les Français ont négligé les leçons de Vauban » permettant ainsi qu’une porte livrasse passage à tous les malheurs qui frappèrent la France à travers son histoire : c’est la porte par où avaient fui les enseignements du passé.144 L’attitude politique du président Ngouabi est véritablement celle d’un nationaliste, républicain, prêt à mourir pour son pays. A cet égard, il exprimait souvent ses convictions profondes en ces termes qui ont, avec le recul du temps, une valeur prémonitoire : « Quand il y a lutte, il y a sacrifice et la mort est une chose fréquente. Comme nous avons à cœur les intérêts du peuple, les souffrances de la grande majorité du peuple, mourir pour lui c’est donner à notre mort toute sa signification, tout son contenu. »145 Si l’avènement à la magistrature suprême du président Ngouabi est salué par la majorité de ses compatriotes, d’autres, en revanche, s’y opposent farouchement. D’ailleurs, le président Ngouabi le sait, et il l’écrit : « Celui qui est placé à la tête de la Révolution a toujours été le plus critiqué, le plus condamné. La responsabilité générale de l’échec du mouvement révolutionnaire, les tâtonnements, les improvisations de l’ensemble d’une direction politique sont toujours attribués à l’inertie, au manque de maturité, d’intelligence et d’analyse politique du chef. C’est lui qui paie tous les « pots cassés ». C’est de sa faute ! Entouré de ses conseillers des plus honnêtes ou 144

Cf. Charles de Gaulle, La France et son armée, éd. 1970, p. 30. Cf. Marien Ngouabi, Vers la construction d’une société socialiste en Afrique. Ecrits et discours du Président du Comité central du Parti congolais du travail, Président de la République populaire du Congo. Edition africaine, 1975, p. 63.

145

102

des plus « caméléons », il se trouve qu’au Congo tout chef n’a pas toujours réellement été chef, car au fait « tout le monde a été chef sans être chef » au nom de la démocratie ou de l’ultra-démocratisme »146. Et, pour le président Ngouabi commence le temps des épreuves avec le début des coups d’Etat militaires. De fait, trois mois seulement après avoir créé le PCT, Marien Ngouabi doit faire face et écraser, ce 23 mars 1970, un coup d’Etat militaire.

146

Cf. Marien Ngouabi, Vers la construction d’une société socialiste en Afrique, op.cit., p. 65.

103

VI LA DISHARMONIE « Je suis dans une ville des plus agitées de l’Afrique, une ville où très tôt, dès 1963, les masses populaires ont osé braver les canons et les chars de l’impérialisme pour décider elles-mêmes de leur propre histoire, l’histoire de leur pays. »147 1. Un président dans la tourmente (1970-1976) Que s’est-il passé ce 23 mars 1970 ? L’arrivée au pouvoir de Marien Ngouabi et ses propos trop marxisants inquiètent certaines capitales africaines 148 et le gouvernement français qui y voit ses intérêts menacés. D’autant plus que certaines de ses entreprises ont été nationalisées. Il en est de même de la radio-Brazzaville, radio à vocation internationale, la plus puissante de l’Afrique noire. Les accords de défense avec la France sont dénoncés en 1972 en ces termes par le président Ngouabi : « Nous n’avons pas besoin de nous mettre à genoux devant qui que ce soit (…), nous sommes un million d’habitants contre près de 60 millions de Français, mais nous discutons en tant que pays souverain ! (…) Sans le respect de notre option et de notre souveraineté, il n’y a pas de rapport du tout. » 149 Peu à peu, la politique du chef de l’Etat congolais est interprétée comme hostile à l’égard de certains officiers de l’armée. En effet, depuis le discours prononcé par le président Ngouabi en février 1969 au cours duquel il dénonçait « l’agitation » d’un certain nombre d’officiers qualifiés de « réactionnaires », le lieutenant Kinganga dit Siroko150 s’était senti

147

Marien Ngouabi, Vers la construction d’une société socialiste en Afrique…p. 63. Il s’agit notamment de : Libreville, Kinshasa, Bangui, Yaoundé, Abidjan, etc. 149 Cf. Marien Ngouabi, « Sur la coopération avec la France et les autres pays capitalistes. Le face-à-face de l’histoire », (Ngouabi et Georges Pompidou). Conférence de presse tenue à Paris, mars 1972. Service présidentiel de presse et d’information, imprimerie nationale du Congo, Brazzaville 1972, p. 3. 150 Il avait été condamné à mort par contumace par la Cour révolutionnaire de justice pour avoir trempé avec le Français Jacques Debreton, dans une tentative de mouvement insurrectionnel contre l’ancien président Massamba-Débat. Ensuite, il avait été gracié par le président Ngouabi. 148

105

personnellement visé. A cet effet, il avait pris la fuite et s’était réfugié à Kinshasa (Zaïre) où il bénéficiait du soutien du gouvernement zaïrois.151 Du Zaïre, il est parvenu à nouer des contacts multiples avec certains de ses complices et milieux d’affaires français. Ce lundi 23 mars 1970, Brazzaville est encore dans les brumes matinales. Nous sommes en pleine saison des pluies. Elle dure de septembre-octobre à mai-juin dans le sud du pays. Cependant, dans la partie nord du pays, elle va de mars à décembre. Elle se caractérise par des précipitations mensuelles égales ou supérieures à 100mm152, une fréquence pluviométrique élevée153, des séquences pluvieuses relativement plus longues, des abats journaliers plus importants, des durées de chute plus longues, une couverture nuageuse abondante, élevée et clairsemée de cumulus et cumulonimbus, une insolation forte.154 Dans les villages de la partie septentrionale du pays, cette saison est communément appelée Leka, Lekaa. Elle correspond à l’arrivée des fortes pluies. C’est généralement, du mois de mars au mois de mai que l’on assiste à ces terribles pluies de la saison Leka. Les paysans de ces contrées attendent généralement cette saison avec beaucoup d’impatience. En vue de cette saison, ils construisent de grands barrages dans les cours d’eau. Au milieu, ils mettent de grandes nasses dans des chenaux creusés par les pêcheurs : ces nasses s’emplissent de poissons après une forte pluie, une grande drue. Les Congolais sont surpris d’entendre une voix s’élever à la radiodiffusion nationale pour annoncer la chute du régime Ngouabi, l’abolition de toutes les institutions du P.C.T., de l’hymne national « Les Trois Glorieuses », son remplacement par « La Congolaise » et le remplacement du drapeau rouge par l’ancien drapeau vert, jaune et rouge. Les Congolais qui dormaient encore à 4 heures du matin se réveillent à la fois choqués et étonnés de ne rien comprendre, car une situation politique relativement calme prévalait il n’y avait pas longtemps encore dans le pays. La « Voix de l’Amérique » (VOA) et Radio-France Internationale (RFI) sont les premières radios à annoncer l’événement en ces termes : « Un coup d’Etat militaire vient d’avoir lieu contre la Révolution congolaise. Une poignée de 32 militaires dirigés par le lieutenant Kinganga dit « Siroko »

151

Cf. Le Monde, 25 mars 1970. A cela, il faut ajouter 2 maximums compris entre 2000 et 3000mm en mars ou avril et octobre ou novembre. 153 De l’ordre de 15 à 20 jours. 154 Il s’agit de 100 à 200 heures par mois et une plus grande chaleur avoisinant 24 à 26°C par mois. 152

106

ont occupé la radio nationale. On ne sait pas si le président Ngouabi a été réellement déchu et s’il est en vie… » En vérité, ce 23 mars 1970, un commando, essentiellement formé de gendarmes, venu de Kinshasa, tente un putsch. Il est dirigé par le lieutenant Kinganga. S’étant emparé de la radio, il fait diffuser une bonne partie de la matinée l’ancien hymne national, La Congolaise, et promet le rétablissement d’un ordre non-socialiste. Pendant que passent les discours subversifs du putschiste à la radio, Kinganga parade à Bacongo. Il harangue la foule pour qu’elle le rejoigne massivement et marche sur la résidence présidentielle. De toute évidence, il s’agit, pour lui, stratégiquement, de transformer le coup d’Etat en une émeute populaire. On voit des gens enthousiastes circuler dans différents quartiers de Brazzaville et notamment à Bacongo avec les anciens drapeaux. Tout le monde pense que c’en est fini pour le régime du président Ngouabi. Pendant toute cette agitation, le président Ngouabi est dans le Palais du Peuple, sa résidence officielle. Palais devant lequel coule le majestueux fleuve Congo qu’il aime si souvent contempler. Et, dans une situation de panique générale, le commandant Marien Ngouabi tente, depuis l’enceinte de l’état-major de l’armée, de rassurer les siens auxquels il donne des instructions précises. La panique semble gagner, de proche en proche, toute la ville de Brazzaville. Le chef doit toujours garder une sérénité silencieuse dans l’action sans être ébranlé par quoique ce soit. Il y a incontestablement cette impression inexprimable d’assurance, de réflexion, de maîtrise de soi et de majesté qui se dégage du leader charismatique. Il sait que ce qu’il ordonne doit revêtir le caractère de l’élévation. Il doit toujours viser haut ; voir toujours grand ; et juger toujours large. Il ne se doute pas que les décisions qu’il prend, les actes qu’il accomplit, les paroles qu’il prononce, viennent à lui comme si déjà tout était en place dans un autre monde où son destin est tracé. Il donne l’impression qu’il n’a plus qu’à lever la tête, comme pour regarder les étoiles, ce qu’il doit faire est comme inscrit dans le ciel. Face à la tentative de coup d’Etat militaire qui vient d’avoir lieu, le président Ngouabi se montre imperturbable et veut donner toute sa mesure. Ce grand chef va commander en chef. Surnommé par les siens « Etinga la ngwe, akwe la le bihi »155, il est né pour les actes du plus grand style, et il ne se sent être lui-même que dans les actions d’envergure. L’action l’habite et commande 155

Traduction littérale : « Petite forêt, située au milieu d’une plaine et abritant une panthère. Gare à quiconque oserait s’en approcher ».

107

chacune de ses pensées. Il est l’homme de l’énergie toute vive. Un homme de ce type est un homme invariablement, invinciblement attiré par la décision qui exige le plus d’énergie dans la conception et dans l’acte. Il semble assuré que tout doit plier devant une volonté tendue, qui veut dominer les réalités momentanées. Ce qu’il voit semble le toucher moins que ce qu’il veut. L’Etat a la durée pour lui. La patience lui est naturelle. Elle est mortelle aux putschistes. Avec la promptitude qui le caractérise, Marien Ngouabi ne tarde pas à prendre des dispositions qui font échouer le complot. Il dirige lui-même les opérations sur le terrain qui n’ont duré que trois heures.156 C’est la victoire ! Il ne suffisait pas de posséder les talents d’un grand capitaine pour l’obtenir : il fallait une âme d’homme juste et grande. Le commandant Ngouabi prouve par là à la fois une possession complète de l’art militaire et une personnalité de première force, car il n’est qu’une personnalité de première force pour entreprendre et réussir avec perfection ce genre d’exploit. Peu de temps après, le commando est décimé. Les cadavres du lieutenant Kinganga et de ses acolytes sont exhibés, dénudés, au stade de la Révolution pour dissuader d’éventuels protestataires. Le président Ngouabi attribue la responsabilité du coup de force manqué aux autorités zaïroises, surtout aux « impérialistes ». Ces derniers, selon lui, « voient dans notre Révolution démocratique, dans notre option socialiste, une menée de communisme en Afrique centrale. Ainsi se camouflant derrière cet impudent mensonge, ils sèment dans notre pays des foyers de subversion sous le prétexte fallacieux de défendre la liberté ». Sans haine ni crainte, le commandant Ngouabi, après avoir mâté les insurgés, punit la faiblesse des chefs ; il s’attaque en personne aux causes profondes du mal dans la force publique. Il interroge çà et là dans les casernes. Il parle d’homme à homme, apportant avec lui la justice dans les récompenses et l’équité. Il se soucie de la nourriture, du repos, du divertissement des soldats ; il les rassure, d’autre part, des espérances de la vaillante Armée populaire nationale. Ce coup d’Etat manqué du 23 mars 1970 qualifié de « droite » n’est que le prélude d’une situation douteuse au sein du parti et qui n’attend que le grand jour pour s’exploser. A peine le pays s’est-il remis de la secousse du 23 mars 1970, voilà qu’en novembre 1971, les lycéens et les étudiants déclenchent une série de grèves générales à Pointe-Noire et Brazzaville. 156

Cf. H. Bourges et C. Wauthier, Les 50 Afriques, tome 2, Paris, Seuil, 1979, p. 120.

108

En effet, après le coup d’Etat manqué du lieutenant Kinganga, la situation politique devient de plus en plus morose, avec la grève générale des élèves et étudiants du 23 novembre 1971. Ces derniers accusent les dirigeants de mollesse dans la mise en œuvre de la Révolution. Ils se plaignent également du manque de professeurs, de l’hypocrisie, mais surtout de la fausse attitude révolutionnaire du régime et de quelques-unes de ses figures représentatives, comme tous les pro-français : les capitaines Alfred Raoul et Joachim Yhombi Opango notamment. Les manifestants dénoncent leur mode de vie ostentatoire par ce slogan : « A bas les villas ! ». A bien y regarder, en 1971, la pratique des belles maisons s’est accentuée dans tout le pays. Lors de ces grèves de novembre 1971, le président Ngouabi, grand communicateur et excellent harangueur, tient un grand meeting imprévu à la place de la gare. C’est à cet endroit qu’avaient débuté, en 1963, les « Trois Glorieuses. » Ce qui frappe d’abord en lui, c’est cette promptitude extraordinaire des idées que marque sa parole. Il vole d’instinct à l’essentiel ; sa pensée se précipite à peine formée vers l’acte décisif, conçoit aussitôt l’événement de première grandeur ; sacrifiant le détail ; parfois, défiant le possible. Le temps se révèle être parfois un grand allié en politique. Mais le temps n’est jamais qu’un allié douteux. Marien Ngouabi, qui le sait, ne se fait pas prier pour fustiger, le même jour, les grévistes au cours d’un meeting populaire. A cette occasion, il accuse les étudiants de se laisser téléguider par des personnalités haut placées du pouvoir qui s’efforcent en vain de donner change, en adoptant des « attitudes faussement révolutionnaires »157. Les personnalités visées sont Claude Ernest Ndalla, dit « Ndalla Graille », ancien journaliste, premier secrétaire du bureau politique du parti et le lieutenant Ange Diawara, membre du bureau politique, ancien responsable de la Défense civile (milice). « Diawara, dit le président Ngouabi, s’est toujours présenté comme un marxiste conséquent et intransigeant. Notamment, il était réticent, au nom de la pureté doctrinale, à tout dialogue avec nos frères du Zaïre. A chaque fois qu’il fut désigné pour faire partie d’une délégation devant se rendre à Kinshasa, il demandait à se faire excuser et confiait à ses émules qu’il ne pouvait se résigner à serrer la main des responsables zaïrois. De même, à chaque traversée du fleuve du président Mobutu, Diawara trouvait une raison pour ne pas être avec les autres membres du Bureau politique et du Conseil

157

Voir Le Monde, 25 mars 1970.

109

d’Etat pour recevoir notre hôte. Tout cela au nom du marxismeléninisme »158. L’activité communicationnelle occupe une place importante pendant le règne du président Ngouabi. En matière de communication, le président Ngouabi est un artiste. Et les peuples ont si besoin de communication que, sans elle, il ne peut y avoir de gouvernement qui tienne, car seule l’activité communicationnelle peut établir ce qui vaut socialement dans l’intersubjectivité : représentations collectives, images du monde, normes sociales, valeurs morales, légitimations politiques, références esthétiques, symboles linguistiques, etc. Il y a, chez Marien Ngouabi, incontestablement une éthique permanente de la communication et de la discussion. Ensuite, le chef de l’Etat de s’en prendre vertement aux écoles de pensée au sein de la direction politique du parti avant d’annoncer : « ceux qui sont montés trop vite et trop haut dans la direction politique du parti doivent redescendre ». L’intervention ferme des forces armées lors de ce meeting populaire occasionne plusieurs morts et de nombreux blessés à Pointe-Noire. Du 27 au 31 décembre 1971, une session extraordinaire du Comité central est convoquée pour débattre des grèves des travailleurs et des étudiants. A cette occasion, le président Ngouabi prévient que « les éléments dégénérés et opportunistes doivent être expulsés du PCT. » Alors que le bras de fer entre l’aile gauche et les autres membres du PCT culmine, une rumeur circule dans Brazzaville selon laquelle le commandant Yhombi159 prépare un coup d’Etat, afin d’éliminer tous les opposants au président Ngouabi. Le 22 février 1972, certains membres du parti et du Comité central sortent des principes léninistes d’organisation du parti pour résoudre des contradictions qui s’y étaient développées, portant ainsi un coup sérieux à sa bonne marche.

158

Cf. Marien Ngouabi, Discours prononcé lors de la grève des étudiants, Brazzaville, 23 novembre 1971 ; voir aussi : Vers la construction d’une société socialiste en Afrique, op.cit., p. 302. 159 Officier de droite ayant rallié le président Ngouabi et qui occupait la position de chef d’état-major de l’APN.

110

2. Le stratège et le pragmatique Onze mois après le coup d’Etat manqué du lieutenant Kinganga, une campagne d’épuration est déclenchée dans tout le pays. Les agents de la police et quelques militaires en font les frais. Le lieutenant Diawara160 ne se fait pas prier pour réagir. Le 22 février 1972, profitant de l’absence du président Ngouabi en tournée officielle à PointeNoire, il tente de s’emparer par la force du pouvoir. Avec ses amis, les lieutenants Ikoko, Bakékolo, Oluka et autres, ils réussissent à contrôler la radio nationale et Brazzaville pendant un jour. Il s’agit d’un coup d’Etat essentiellement militaire avec les éléments du bataillon d’infanterie, où une grande partie des militants de la Défense civile avait été intégrée, sous le commandement du lieutenant Diawara. Ce coup d’Etat prend la même forme que celui du lieutenant Kinganga : prise de la radio et discours pour tenter de le transformer en émeute populaire. Le commandant Joachim Yhombi Opango, alors chef d’état-major général de l’armée, réagit énergiquement et fait échec au putsch. Le président Ngouabi est de retour à Brazzaville. Grâce à un plan bien élaboré par le commandant Yhombi et tenu secret par lui-même, le président Ngouabi reprend le contrôle de toute la situation politique et militaire du pays. Ensuite, il s’en prend vivement aux services de police et aux éléments de l’armée ayant facilité la fuite des putschistes. Le lieutenant Diawara, principal instigateur du coup d’Etat manqué, réussit à s’échapper avec quelques acolytes. Ils se réfugient, dans la région du Pool, sa région natale auprès de ses parents à Baboma ; et, de là, Diawara organise un maquis, aux environs de Ngoma Tsé-Tsé161 ainsi que dans d’autres villages faubourgs de Brazzaville. Les opérations militaires que le commandant Ngouabi dirige personnellement à Ngoma Tsé-Tsé sont un chef-d’œuvre de sang-froid.

160

Diawara fut un étudiant en sciences économiques. Il n’avait pas terminé ses études. Il était très influencé par Che Guevara et le socialisme cubain. Le sens commun avait développé plusieurs histoires à son sujet que ce soit sur sa supposée force physique (« il était le plus fort en karaté de tout le Congo » ; « il dormait sur des arbres »), sur sa prétendue intelligence (« il adorait les écrits de Nietzsche »), etc. Il a été nommément cité par le président Ngouabi dans son discours prononcé lors de la grève des étudiants à Brazzaville, le 23 novembre 1971. Voir supra. 161 C’est le nom d’un ancien chef matsouaniste. Cette localité est proche de Brazzaville. Le lieutenant Diawara s’inspire, dans son entreprise, de l’influence de Che Guevara et des maquis africains (camerounais (UPC) et du Zaïre.

111

Homme de caractère, au sens où le général de Gaulle emploie ce terme162, Marien Ngouabi fait face et écrase de nouveau cette tentative de coup d’Etat militaire, comme il l’avait fait lors du pronunciamiento du 23 mars 1970. Les bons réflexes intellectuels et moraux constituent le soubassement même de la formation du chef militaire dont la finalité suprême est l’aptitude au combat. Et le commandant Ngouabi qui a acquis ces réflexes dès son plus jeune âge sait que dans l’action il faut à chaque instant rester maître de soi. Combien d’échecs sont dus à des chefs hésitants pesant longuement le pour et le contre ? Aussi, est-il impérieux pour le chef de décider vite, juste, de réunir très vite les facteurs de décision, de faire un choix et s’y tenir. Pour cela, il doit avoir des convictions fortes, si tant est vrai que la conviction demeure, selon le mot d’Honoré de Balzac, la volonté humaine arrivée à sa plus grande puissance. Devant de tels événements, le président Ngouabi est porté à agir en chef pragmatique, attaché qu’il est à défendre l’empirisme, la leçon des faits, le bon sens, l’expérience. Ce bon sens exige que les hommes soient capables de voir, à travers les brouillards d’aujourd’hui, les réalités de demain. Les fugitifs sont de plus en plus acculés dans leur maquis par l’armée. Ironie du sort, Diawara et ses lieutenants sont obligés de trouver refuge au Zaïre. Arrivés à Kinshasa, ils sont arrêtés par des militaires zaïrois et livrés au Congo. A travers la gestion de cette crise, on voit clairement que le président Ngouabi a le goût du concret, le don de la mesure, le sens des réalités. Comme lors du coup d’Etat manqué du 23 mars 1970, il n’engage l’armée congolaise, le 22 février 1972, qu’après avoir méthodiquement tout disposé pour le succès. Et, la maîtrise de soi, la lucidité, l’obstination qui marquent essentiellement sa puissante personnalité le préservent de ce renoncement du chef par où passent toujours les épreuves. Au contraire, dès qu’il a discerné les divisions au sein de l’armée et l’effondrement moral de certains de ses dirigeants après les pronunciamientos, il s’est dressé vis-à-vis de lui-même et des autres comme d’autant plus résolu à l’emporter sur de nouvelles bases.

162 Le caractère est justement, selon le général de Gaulle, « la vertu des temps difficiles ». Depuis son accession à la souveraineté nationale, le Congo a connu plus d’une dizaine de tentatives de coups d’Etat dont sept sous le régime du président Ngouabi. Trois coups d’Etat sont révélateurs de l’instabilité politique qui règne à cette époque : il s’agit des coups d’Etat du 23 mars 1970, du 22 février 1972 et du 18 mars 1977 qui a abouti à l’assassinat du commandant Marien Ngouabi.

112

Lui appartiennent en propre : l’honneur de s’être imposé, le mérite d’avoir su risquer les enjeux suprêmes, la gloire d’une affaire menée par gradation, sinon jusqu’au triomphe, du moins jusqu’à la victoire. En février 1973, un autre complot de Diawara est dénoncé. Les comploteurs auraient persuadé environ vingt membres de l’aile de la jeunesse du PCT et des militaires de les rejoindre pour s’entraîner militairement en vue d’une action contre le gouvernement. A l’exemple de César qui ne s’emportait pas, la maîtrise de soi et passion d’agir sont les qualités maîtresses du président Ngouabi. Les dieux donnent parfois à certains de leurs élus la faculté d’avoir l’âme aussi bien ordonnée qu’un camp, avec des allées tracées au cordeau qui distinguent les idées, les textes à dicter, les mots, pareils aux espaces qui séparent les cohortes d’une même légion. Ils leur donnent aussi la patience. Ngouabi sait que c’est de la patience que naît la force. C’est dans l’ombre de la ruse qu’elle grandit. Le président Ngouabi fait partie de ces chefs qui ont par nature et par réflexion le goût de l’action longuement mûrie et préparée où la méthode se déploie. Un leader charismatique doit éviter que sa patience ne devienne une trop grande prudence. Aussi, faut-il toujours qu’il soit prêt à saisir sa proie, comme ces aigles que l’on aperçoit lors de la traversée des Alpes françaises : ils planent et paraissent immobiles, et puis d’un coup se laissent tomber avec la rapidité d’une pierre lancée et emportent un agneau entre leurs serres, avant de s’éloigner à nouveau, inaccessibles, invincibles. Le 24 avril 1973, les Congolais apprennent que le lieutenant Diawara et ses compagnons sont abattus par l’armée. Telle est la version officielle. Ce coup d’Etat du 22 février 1972 a révélé la complicité et la corruption de certains officiers de l’armée, ainsi que de la police nationale. Les cadavres des derniers maquisards, en particulier ceux de Diawara, Ikoko et Bakekolo, sont exhibés au stade de la Révolution à Brazzaville, pour prouver qu’ils sont réellement morts, car Diawara était perçu, par le sens commun, comme un « invincible ». Et, en tuant Diawara qui était considéré comme « le plus fort homme du Congo », le président Ngouabi s’affirme comme un « super man », un homme de poigne au caractère trempé. Ce qui agrandit son autorité et son aura de souverain. Dans un discours mémorable, le président Ngouabi déclare : « Tous ceux qui ont vu iront diffuser partout que Diawara et Ikoko sont bel et bien morts. Gare aux aventuriers qui demain recommenceront la même scène, ils finiront par la même chanson. Tous ceux qui comme Diawara auront à

113

prendre les armes, et à troubler les paisibles populations auront une fin semblable à celle de Diawara que voilà… » 163 Le premier coup d’Etat de Diawara prit le nom de M 22. Les maquisards rédigèrent un document intitulé Autocritique du M 22 qui circula clandestinement à Brazzaville. Le sigle M 22 voulait dire « mouvement du 22 février ». Mouvement qui prendra fin peu de temps après la mort de Diawara et de ses sbires. Après tant d’évènements douloureux, il est plus que jamais nécessaire de rassembler les Congolais. La stratégie se définit comme « l’art de combiner toutes les forces d’un ou de plusieurs Etats en vue d’obtenir un résultat déterminé par une politique »164 ou, mieux encore, la stratégie est « l’art de conduire, de comprendre les luttes d’intérêt qui constituent la trame de l’histoire humaine »165. Le but de toute stratégie est d’atteindre les objectifs fixés par la politique. Et les objectifs du président Ngouabi sont clairs : mener le combat de l’unité nationale, faire triompher les idéaux révolutionnaires en Afrique en général et au Congo en particulier. A ses yeux, rien ne compte plus que ceci : il faut sauver le Congo ! Il aime la rencontre directe avec le peuple. D’aucuns le traitent de populiste, mais c’est là la véritable attitude d’un révolutionnaire, d’un démocrate. Il ne veut pas être phagocyté par les élites, ou être prisonnier, encore moins l’otage d’un clan, d’un parti, fût-il le seul et unique du pays. Il veut aller au-devant, en contact du peuple. On le voit partout dans la ville, fondu dans la masse et, souvent, sans gardes de corps, en tenue décontractée : c’est un homme du peuple ! Le jeune sous-lieutenant Ngakosso eut la sueur froide le jour où le président Ngouabi lui demanda de l’accompagner, à Kinsoundi166, discuter avec les syndicalistes. Sans aucun collaborateur, ni élément de sécurité. D’ailleurs, il lui était assez fréquent d’apparaître, impromptu, dans une des salles de l’Université de Brazzaville, prendre part au cours ou séminaires qui s’y déroulaient, engager la discussion sur le thème abordé avec l’enseignant ou les étudiants.

163

Cf. Ngouabi M. Vers la construction d’une société socialiste en Afrique op.cit., pp 326-327. 164 Cf. Général Bauffre, Introduction à la stratégie, Paris, Armand Colin 1964, p. 16. 165 Cf. Général Bauffre, « La stratégie mondiale d’aujourd’hui », in Stratégies, 3ème trimestre 1972, p. 6. 166 Un des quartiers périphériques de Brazzaville.

114

Marien Ngouabi doit galvaniser le pays assez à temps et assez fort pour résister aux ultimes assauts de ses adversaires et de la trahison. Il doit marcher jusqu’à la victoire. Le chef de l’Etat dénonce des « campagnes de subversion et de dénigrement contre la direction politique »167. Il condamne aussi bien les « tendances réactionnaires » que « l’infantilisme de gauche »168. La Révolution préoccupe tant le président Ngouabi qu’il s’en fait le véritable défenseur. En mars 1973, la Police nationale, suite à ses manquements dans la gestion de l’« Affaire Diawara », est dissoute. C’est à cette occasion que le président Ngouabi déclare au cours d’un meeting tenu devant le Mess des officiers : « Je préfère mille fois un sous-officier révolutionnaire à un officier réactionnaire ». C’est le prélude à sa décision de nommer au grade d’aspirant des hommes de troupe qualifiés de révolutionnaires. Le président Ngouabi est incontestablement un nationaliste : cela transparaît dans une grande partie de ses interventions. C’est un thème majeur chez lui. Il convient de souligner que le nationalisme a deux dimensions complémentaires : d’une part, une dimension interne, et, d’autre part, une dimension externe. Concernant la dimension interne, il sied de noter que l’utilisation du terme « Nation » semble poursuivre chez lui deux buts simultanés : il est d’abord dirigé contre le tribalisme et le régionalisme. Ensuite, il est utilisé pour une mobilisation interne des ressources. En effet, le président Ngouabi n’a de cesse d’invoquer la « Nation » contre le tribalisme et le régionalisme pour une mobilisation des ressources. Le terme de « Nation » sert comme rempart contre le tribalisme et le régionalisme. En réalité, il s’agit de se protéger contre l’ennemi extérieur… et plus encore contre l’ennemi intérieur (persistance du tribalisme offensif), tendances irrédentistes et sécessionnistes. Le président Ngouabi tente, par tous les moyens qui sont à sa disposition, d’éviter au peuple congolais le spectre des ravages tribaux dont il a décelé très tôt les indices précurseurs. Un bon patriote doit faire tout ce que son devoir, son cœur et son amour pour la patrie commande.

167

Cf. Conférence de presse du président Ngouabi, in Etumba du 20 au 27 janvier 1973, p. 7. 168 Cf. Discours du Président Ngouabi lors de l’ouverture solennelle de l’Université de Brazzaville, in Etumba, du 19 au 26 janvier 1974.

115

A la suite du « complot Diawara », le commandant Marien Ngouabi vitupère le tribalisme comme l’un des maux ayant entravé les progrès de la Révolution congolaise : C’est ainsi qu’il s’emploie à vilipender la « bureaucratie tribale »169 ou à condamner « l’esprit de micro-nationalité ». Il faut, dit-il, « briser tout ce qui peut enraciner l’esprit de micro-nationalité »170. Le nationalisme ici s’inscrit dans une logique de création d’une entité politique et économique cohérente, sur la base d’une mobilisation des ressources disponibles. Cela s’illustre précisément dans l’emploi d’un certain nombre de symboles et mots-clefs, tels que : « Union de toutes les forces progressistes et patriotiques de notre pays »171. Il ajoute qu’il faut « unir toutes les forces vives de la Nation »172. Le président Ngouabi va plus loin : il est impérieux de créer un « front uni de toutes les forces vives de la Nation »173. Le but proclamé est alors de parvenir à la construction d’une « Nation forte et moderne ». 174 Mais ce nationalisme congolais ne peut remplir sa fonction intégrative que dans la mesure où il se détermine également vis-à-vis de l’extérieur. Quelle est donc la dimension externe du nationalisme congolais voulu par le président Ngouabi ? Il faut, d’entrée de jeu, affirmer que le but proclamé est l’indépendance nationale. L’indépendance nationale reste, à ses yeux, un absolu que l’on ne peut remettre en cause de quelque manière que ce soit. Et, la politique étrangère qu’il fixe pour son pays repose sur les « principes de paix, de non alignement, de solidarité, d’amitié avec tous les peuples et gouvernements épris de paix et de justice ».

169

Cf. Discours du 23 avril 1973 lors de l’ouverture du IVème Congrès de la Confédération des syndicats congolais, in Etumba du 28 avril au 5 mai 1973, p. 6. 170 Cf. Discours de clôture de la session ordinaire du Comité central du P.C.T., in Etumba, du 3 au 10 novembre 1973, p. 6. 171 Cf. Discours du commandant Ngouabi du 23 février 1973, in Etumba, 3 mars 1973. 172 Cf. Motion votée à l’issue du IIIème Congrès ordinaire de l’Union Révolutionnaire des Femmes Congolaises (URFC), in Etumba, du 7 au 14 janvier 1973, p. 8. 173 Cf. Discours de Ngouabi lors de la séance d’ouverture de la 1ère session de l’Assemblée nationale populaire le 20 juillet 1973, in La Semaine, 29 juillet 1973, p. 3. 174 Ibid.

116

Par ailleurs, à son entendement, « à côté du pirate de droite, il y a tout aussi dangereux, le pirate de gauche »175. Par conséquent, le P.C.T. se doit de lutter contre ces deux « ennemis du peuple ». En tant que détenteur de la vérité révolutionnaire, le parti ne peut tolérer que la ligne politique qu’il propage soit remise en cause : « Toute organisation ou toute personne qui niera l’existence de notre parti d’avant-garde… doit être considérée comme réactionnaire et s’attendre au sort qu’elle mérite en tant qu’ennemi du peuple »176. Nationaliste, il a la volonté et la farouche détermination de réaliser une véritable unité nationale. Telle est la raison pour laquelle il décide de convoquer la première Conférence nationale dans notre pays en juillet 1972. De quel type de nationalisme parle le président Ngouabi ? Tentant de dégager un critère permettant de différencier les divers nationalismes, R. Girardet en vient à déterminer ce qu’il appelle un « critère de motivation doctrinale et idéologique » et écrit : « Très schématiquement…, il serait possible de distinguer à cet égard un nationalisme de type libéral, un nationalisme de type autoritaire et un nationalisme de type socialiste »177. L’utilisation de ce critère permet aisément de caractériser le nationalisme congolais comme étant un nationalisme de type socialiste. A l’instar de la conférence nationale souveraine qui se déroulera plus tard du 25 février au 10 juin 1991, celle de juillet 1972 fut un haut lieu de dialogue national. Pourquoi le commandant Ngouabi convoque-t-il un tel forum ? Pourquoi décide-t-il librement d’ouvrir cet espace de dialogue sans être nullement contraint par la pression de la rue et des élites comme ce sera le cas pour la Conférence nationale souveraine du 25 février 1991 ? Dans l’histoire politique, militaire et sociale de toutes les civilisations, les révolutions, les guerres et les crises ont constamment été le point de départ des grandes réflexions et débats sur le devenir des peuples et des nations.

175

Cf. Discours du commandant Ngouabi du 23 février 1973, in Etumba, 3 mars, p.

6. 176

Cf. Discours du Président Ngouabi lors de l’ouverture officielle de l’Université de Brazzaville, in Etumba, 19 au 26 janvier 1974, p. 11. 177 R. Girardet In « Autour de l’idéologie nationaliste, perspectives de recherches », R.F.S.P., 1965, p. 436.

117

Le rôle des élites politiques, militaires, administratives et sociales a toujours été décisif aussi bien en amont qu’en aval dans les bouleversements qui se sont produits jusque-là sur la scène mondiale. En effet, nombreux sont les esprits – parmi lesquels nous comptons – qui s’accordent, par exemple, à trouver dans la Révolution française de 1789 et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de la même année, la réalisation des principes philosophiques des philosophes des Lumières du XVIIIème siècle et notamment les idées politiques et sociales développées par Jean-Jacques Rousseau dans son Contrat social. Sans oublier tout l’apport constructif de la franc-maçonnerie dont on ne soulignera jamais assez l’influence et l’action positives dans les grandes avancées de l’histoire de l’humanité. Les grandes nations modernes ont connu, à un moment donné de leur histoire, des révolutions (avec ou sans effusion de sang), des guerres, crises et tragédies diverses. A la suite de ces épreuves purificatrices, un travail de deuil (généralement initié par les élites) a été la plupart du temps entrepris pour bâtir un ordre nouveau. De fait, l’invention de la démocratie dans la Grèce antique fut précédée d’interminables guerres intestines qui déchiraient cette belle cité. Dans le premier texte écrit dans leur langue, l’Odyssée d’Homère, nous découvrons Ulysse qui, pendant dix longues années, prend part à la terrible guerre de Troie. Toute son histoire commence par le chaos, et le sens de sa vie consiste à retrouver l’harmonie perdue, dévastée par la guerre. Et le président Ngouabi, en homme de dialogue, veut faire retrouver l’harmonie entre les filles et fils du Congo, après les dures épreuves qu’ils ont subies depuis la proclamation de la République du Congo. A cet effet, il convoque et dirige en personne la première conférence nationale afin de réaliser l’unité des forces démocratiques et patriotiques. Ce grand rassemblement populaire doit permettre au PCT de réunir les données de base nécessaires à l’élaboration de son programme politique adopté lors des assises du Congrès extraordinaire de décembre 1972. Il convient de rappeler que l’Ecole de Francfort178 s’est constituée, pendant la Seconde Guerre mondiale, pour essayer de comprendre la barbarie nazie ; d’expliquer l’avènement du phénomène totalitaire afin de proposer des voies, sinon de sortie, tout au moins de lutte contre cette barbarie. Telle est toute la quintessence de la philosophie politique d’Hannah Arendt. Ce qui donne raison à Hegel : « L’oiseau de Minerve ne prend son envol qu’à la tombée de la nuit. » Tel est le terreau sur lequel a été bâtie la modernité occidentale. 178

Dont les piliers furent Habermas, Horkheimer et Adorno.

118

« L’hymne de l’avenir est paradisiaque », s’écriait Apollinaire au milieu des bombardements de la Grande Guerre. Du chaos naît un ordre qui n’est plus imposé du dehors. Ramené à notre problématique, après les guerres civiles et les troubles sociopolitiques qui se sont déroulés au Congo, il était grand temps que l’élite congolaise se ressaisisse et prenne conscience de sa mission. A la suite de ces différents événements politiques, le PCT s’est vu vidé de la grande majorité de ses membres. Aussi, fallait-il en avoir de nouveau et faire évoluer dans tous les domaines ce grand parti. Dans cette optique, des conférences régionales furent organisées dans tout le pays pour préparer la Conférence nationale qui devait se tenir du 31 juillet au 7 août 1972. Le président Ngouabi avait tôt compris que le débat sur la conférence nationale ne pouvait avoir sa signification plénière que s’il était conçu comme devant ouvrir un espace public d’échange entre individus libres sur le devenir de leur société en pleine mutation. Au cours de cette conférence qui réunissait près de 700 délégués, le président Ngouabi s’en était pris à la bureaucratie et aux chefs tribaux qu’il accusait de « valets locaux de l’impérialisme qui étaient dès lors sous le contrôle du peuple congolais ». La conférence nationale reconnaissait que le pays n’en était pas encore au socialisme, mais était dans une phase intermédiaire. Il était affirmé qu’il fallait avoir, à côté du secteur d’Etat, un secteur privé national, un secteur privé étranger, et un secteur mixte, mais aussi encourager la bourgeoisie à produire, tout en la contenant pour que, le moment venu, elle ne gêne pas le passage au socialisme. Par ailleurs, le commandant Ngouabi parle « des principes sacrés de la noningérence dans les affaires intérieures de chaque Etat »179 et insiste sur la nécessité de libérer le Congo du « contrôle économique des étrangers »180 sachant « qu’il nous faut compter sur nos propres forces »181. Mais comment réaliser cette indépendance nationale ? Le moyen prôné par le président Ngouabi et ses camarades est la lutte de libération nationale et la lutte anti-impérialiste. Ici, la stratégie est double. Autrement dit, elle comprend deux volets. Dans un premier temps, le président Ngouabi stigmatise la « situation néocoloniale »182 et la « dépendance à l’égard de notre ancienne puissance

179

Cf. Interview à Jeune Afrique du 11 août 1973, p. 57. Ibid, p. 55. 181 Discours du 23 février 1973, in Etumba, 24 février au 3 mars 1973, p. 10. 182 Cf. Discours du 23 février 1973, in Etumba du 3 mars 1973, p. 6. 180

119

coloniale »183. Il sait que son pays fait partie des territoires qui étaient conquis par la France. Territoires nommés la Fédération du Congo français, puis, après 1910, Afrique Equatoriale Française (A.E.F.). Celle-ci était considérée comme la « Cendrillon de l’Empire français ». Le Moyen-Congo, le futur Congo, en faisait partie. Et, les premiers éléments de l’administration étaient mis en place entre 1883 et 1885. L’importance du Moyen-Congo dans le dispositif colonial était d’autant plus incontestable que, en 1910, Brazzaville devint la capitale de l’A.E.F., tandis que Pointe-Noire, ville portuaire située sur la côte, celle du Moyen-Congo. Bien que devenu indépendant, il prédominait encore au Congo une situation néocoloniale. Dans le second volet, il était question de mettre en avant la nécessité de mener « la lutte de libération nationale »184 à partir d’une « politique anti-impérialiste conséquente »185. C’est ainsi que dans le discours du président Ngouabi sont fréquentes les dénonciations de « l’impérialisme », et tout particulièrement de « l’impérialisme français »186. Pour le chef de l’Etat congolais, c’est la « lutte anti-impérialiste »187 qui sera l’idée motrice reliant nationalisme et socialisme. Le Congo avait déjà affirmé clairement, nous l’avons vu, son choix pour « la voie non capitaliste du développement »188, à partir d’une extension du secteur économique d’Etat et d’une limitation corrélative du secteur privé, conditions d’une « victoire sur le capitalisme »189. Dans l’esprit du président Ngouabi, la lutte anti-impérialiste et la lutte anticapitaliste sont si indissolublement liées qu’elles tendent à devenir synonymes : « Nous menons, affirme-t-il, un combat anti-impérialiste, donc contre le capital monopoleur »190. 183

Ibid. Cf. Interview de M. Charles Ngouoto, membre du Bureau politique du P.C.T., chargé de l’organisation, in Etumba, 27 février au 3 février 1973. 185 Conférence de presse du Président Ngouabi, in Etumba du 15 au 22 septembre 1973, p. 5. 186 Discours du président Ngouabi devant le IVème Congrès ordinaire de la C.S.C. le 23 avril 1973, in Etumba, 28 avril au 5 mai 1973, p. 3. 187 Cf. Conférence de presse du commandant Ngouabi, in Etumba, 20 au 27 janvier 1973, p. 7. 188 Cf. Discours du 23 février 1973 du commandant Ngouabi, in Etumba du 24 février au 3 mars 1973, p. 10. 189 Cf. M. Ngouabi, interview à Jeune Afrique du 11 août 1973, p.56. 190 Cf. M. Ngouabi, message du 31 janvier 1973, in Etumba du 12 au 19 janvier 1974, p. 5. 184

120

VII L’HOMME DES DEFIS « Déçu par le fossé qui existe entre la volonté de réussir et ce que l’on obtient effectivement, déçu par les querelles de salons, les intrigues et les luttes d’influences, je voudrais essayer de ne pas être prisonnier de ceux qui en savent trop et, peut-être aussi, de ceux qui n’ont pas eu la chance d’en savoir un peu. » 191 Marien Ngouabi 1. « Si tu ne peux inspirer l’amour, suscite la peur » Ainsi parlait Jules César. Le président Ngouabi suscite plus d’amour et de respect que de peur. L’empereur Jules César pensait que son destin était de monter au sommet, comme un fils des dieux et des rois. Il était persuadé que les dieux veillaient constamment sur lui. Mais il fallait chaque fois qu’il aille à leur rencontre, provoquer leur intervention, relever les défis qu’ils lancent. Agir, leur montrer ainsi qu’on est digne de leur confiance. A la différence de l’empereur romain, le président Ngouabi qui est un athée agit en communion avec son peuple. En juillet 1974, assuré de soi, conscient de ce qu’il vaut, il organise un symposium sur la démocratisation et la politisation de l’armée. A la suite de l’« Affaire Diawara », le président Ngouabi cache mal son malaise face à une armée et à une police défiées pendant un an sur son propre territoire par une poignée de cinq lieutenants. Il fustige ainsi les responsables de la force publique en ces termes : « Les services de police dépassés par l’âge, la corruption, la routine par leur formation archaïque et coloniale n’étaient même pas capables de savoir que « madame » Diawara, mademoiselle Rama Diop, madame Ikoko passaient des nuits à Poto-poto du Djoué (quartier) chez Bindika avec les fugitifs… traversaient ainsi le fameux pont du Djoué avec la nourriture et tous les accessoires devant ravitailler le groupe Diawara ; tout cela par le pont du 191

Marien Ngouabi, Vers la construction d’une société socialiste en Afrique op.cit., p. 66.

121

Djoué gardé par les colons policiers, du moins mentalement, et traîtres à jamais égalés »192. Devant de tels événements, il ne suffit pas pour le président Ngouabi d’être savant et intelligent ; il lui faut avoir le crédit d’un esprit ferme et convaincu. Il sait que pour jouer un grand rôle national, il doit avoir précisément l’audace de l’entreprendre et la fermeté de s’y tenir. Il sait aussi qu’aucun grand homme d’Etat n’a jamais entrepris rien que le résultat n’ait payé. Au cours du mois de septembre, parmi des décrets importants adoptés par le Conseil d’Etat, on peut noter celui mettant en place un comité de défense pour reprendre le rôle qui était anciennement attribué au haut commandement militaire. Ce comité prend soin de l’organisation de l’armée, l’entraînement, l’utilisation des forces, l’instruction, la discipline et la promotion des militaires. Après la publication de ces décrets, une véritable purge intervient au sein du parti, de l’armée et de la police : 40 officiers193 et 251 sous-officiers194 sont mis à la retraite. Les officiers qui sont des patriotes, mais qui ne sont pas des membres du parti doivent recevoir une formation idéologique dans les pays socialistes ou dans les entreprises. Les officiers reconnus comme non favorables au socialisme sont mis à la disposition de la fonction publique, ou simplement licenciés. L’autorité politique du président Ngouabi est si affirmée qu’à la seconde conférence ordinaire du PCT, du 30 décembre 1974, il est réélu à l’unanimité comme président du comité central du PCT. Or constitutionnellement, cette position donne obligatoirement le droit d’être président de la République », car le « parti dirige l’Etat ». C’est ainsi que le président Ngouabi est réélu à la magistrature suprême. Le deuxième congrès ordinaire du PCT (tenu en décembre 1974) intervient dans une conjoncture marquée par un contraste entre la détermination des masses populaires à briser la domination néocoloniale et la tendance à l’embourgeoisement des dirigeants du parti. C’est alors que le président Ngouabi développe sa célèbre thèse sur « l’action créatrice des masses et le rôle déterminant des cadres ».

192

Cf. M. Ngouabi, Vers la construction d’une société socialiste en Afrique, op. cit., p. 291. 193 Dont 10 capitaines, 23 lieutenants et 7 sous-lieutenants. 194 Dont 6 adjudants-chefs, 1 adjudant, 5 sergents-chefs, 55 sergents, 147 caporauxchefs, 10 caporaux et 27 soldats de 1ère classe (cf. Archives de l’état-major général de l’armée, « Les militaires épurés et retraités en 1974 et la situation des effectifs de l’armée au 1er mars 1975 »).

122

Malheureusement, ce congrès ne réussit pas à établir une juste ligne et une direction politique solide, ferme et homogène, à la hauteur des exigences de la lutte révolutionnaire. Par ailleurs, on observe un blocage à tous les niveaux (politique, économique, social et culturel). En d’autres termes, il règne depuis un certain moment dans le pays un climat de crise politique, surtout économique, marquée par la nonexécution des programmes de production pétrolière et la dévaluation constante du dollar. Au plan politique, des luttes intestines se manifestent dans différentes institutions politiques. Le journal Etumba est transformé en une tribune à polémiques et à palabres. Les tenants du régime affirment que le blocage est causé par la « bourgeoisie bureaucratique et la bourgeoisie compradore » infiltrées dans l’appareil du parti et hissées à la direction politique. Le chef de l’Etat dénonce avec véhémence ce qui lui paraît être la source du mal congolais : « … Le noyau dirigeant du P.C.T. n’était qu’un groupe hétérogène ou ensemble de groupes plongeant dans leurs divergences, se contentant de reconnaître en paroles le but supposé commun : la construction du socialisme… Le parti d’avant-garde était donc faible. Les causes en sont diverses.195 La première a été le recrutement : l’appartenance au P.C.T. était la clé qui ouvrait l’accès aux postes de responsabilités dans l’appareil d’Etat (ambassades, administrations, armée, etc.). Le comité central était aux mains des fractions et non d’une véritable avant-garde révolutionnaire. Alors, il est clair que même dans les organisations de masses, les nominations aux postes clefs résultaient de cette incohérence organisationnelle. Loin de changer les choses, de poser fondamentalement le problème du pouvoir d’Etat, le P.C.T. était lui-même ligoté par ses propres contradictions. Il faut que ça change… » 196

Concernant la force publique, sa politisation a conduit à sa dénaturation, ou plus exactement, elle a favorisé une dérive clientéliste de l’institution militaire. Celle-ci se manifeste par l’invasion dans les hautes sphères de l’Etat et de l’armée des membres du P.C.T. Les militaires non membres du P.C.T. doivent se contenter, pour la plupart, des postes relativement moins attractifs et sont contraints de remplir des tâches strictement militaires ou crypto-militaires. Ceux d’entre eux qui réussissent à faire une percée au sommet de l’Etat doivent, le plus souvent, leur ascension professionnelle à leur allégeance idéologique au parti qu’à leurs qualités et compétences techniques. Or, la 195

Cf. Marien Ngouabi, Discours du 23 novembre 1974. Cf. Ngouabi M., « Pour un programme du Parti congolais du travail », Brazzaville 1972, édition du comité central du P.C.T., pp. 25-26. 196

123

dérive clientéliste d’une grande partie des militaires a pour effet d’affaiblir le sentiment national. Plus grave encore, est le fait que les influences étrangères ont accentué, chez certaines élites militaires, pour ne citer qu’elles, l’importance des valeurs économiques et matérielles. L’effort de modernisation entrepris à partir de 1963 aboutit à la genèse d’une économie ostentatoire soumise à un effet d’imitation du genre de vie occidental. Il engendre des besoins nouveaux (automobiles, logements somptuaires, voyages à l’étranger, etc.) dont la satisfaction exige des revenus monétaires substantiels. Ce qui rend les milieux politiques et militaires particulièrement vulnérables aux tentatives de corruption en provenance des centres de décision intérieurs et extérieurs… Les cadres militaires et les hommes engagés dans l’action politique viennent à considérer le pouvoir comme un moyen d’enrichissement rapide : ayant réussi à occuper un poste important de responsabilité, le chef militaire ou le leader politique tendent à accaparer les maigres ressources du pays et à organiser leur exploitation au profit exclusif d’une nuée de partisans, d’amis personnels, de sympathisants et de combinards de tout acabit. Au plan économique, les effets pervers de la dévaluation du dollar et de la baisse de production pétrolière se manifestent dans tout le pays. Ils sont durement ressentis par la population congolaise. Un homme d’Etat doit avoir un caractère trempé ; il doit garder le cap même quand ça tangue. Il doit voir juste et décider rapidement, sans confondre vitesse et précipitation. Il faut savoir garder la tête froide quand on est homme d’Etat. Et Hamlet écrivait : « Etre grand, c’est soutenir une grande querelle ». Tout en refusant le dogmatisme a priori, en tant que chef, Marien Ngouabi sait qu’il doit défendre le réalisme et le pragmatisme. Aussi, ne rejette-t-il pas totalement des accords de coopération, même avec la France qui est par ailleurs qualifiée de pays « impérialiste », à condition que ceux-ci « tiennent compte des principes sacrés de la non-ingérence dans les affaires intérieures de chaque Etat »197. Cette conception rejoint la politique « réaliste » de Richelieu, la « stratégie objective » de Turenne, celle de Louvois « amoureux du réel », l’« administration pratique » de Colbert, celle aussi de Guibert et de Broglie qui surent, en définitive, faire triompher dans la plupart des esprits la doctrine du réel. Au plan économique, la crise profonde qui secoue le pays contraint le président Ngouabi à envisager la réorientation de la politique extérieure par une ouverture sur l’Occident, attitude ne plaisant pas aux anciens partenaires 197

Cf. Interview du Commandant Ngouabi à Jeune Afrique, 11 août 1973, p. 57.

124

idéologiques. En effet, la rente pétrolière « mangée » et l’inflation internationale aidant, le pays est retombé dans une situation de crise économique catastrophique. « La bêtise n’est pas mon fort », disait M. Teste. Marien Ngouabi n’a pas repris la formule à son compte. Il aurait sans doute soutenu que l’économie, sans être son faible, n’est pas ce par quoi il compte imposer son nom à la postérité. Mais il sait qu’une stratégie globale, comme une chaîne, n’a que la force de son élément le plus faible, et que « le rôle de l’homme d’Etat n’est pas d’inventer de bonnes solutions en tous les domaines, mais d’arbitrer, entre deux, pour la moins mauvaise. »198 Nombreux sont les économistes, à l’instar de John Kenneth Galbraith, qui enseignent que leur art n’est fait que de l’application obstinée du bon sens à l’étude des choses de la vie pour que l’on conteste à Marien Ngouabi toute aptitude en ce domaine. 2. La déclaration du 12 décembre 1975 Eu égard à l’ampleur de la crise, deux actions sont mises en place : la révision de la politique extérieure, en particulier les relations avec les USA, et l’apparition des visées territoriales sur le Cabinda. Car, indépendamment de ses immenses richesses pétrolières, les dirigeants congolais considèrent que le Cabinda fait partie intégrante du territoire congolais. Fort de cela, le président Ngouabi en vient à déclarer que « le Congo entrera en guerre si le Cabinda était attaqué ». D’autre part, sur le plan interne, le président de la République, étant trop assuré pour renoncer, déclenche le mouvement de radicalisation, en septembre 1975. La politique de radicalisation vise une moralisation des pratiques politiques. En bon stratège, le chef de l’Etat décide de s’appuyer sur les organisations de masses et en particulier sur la jeunesse. L’élimination du « M 22 » avait vu la disparition de la majorité des cadres politiques. Pour les remplacer, le chef de l’Etat avait tenté, lors de la conférence nationale de 1972, de s’allier aux universitaires qui faisaient partie de l’AEC199 en France. En même temps que son pouvoir est renforcé par le dernier congrès de 1974, le chef de l’Etat s’appuie sur les universitaires pour lancer une politique de radicalisation afin d’épurer le comité central du PCT de ses brebis galeuses, en particulier de ses propres alliés, et de relancer le processus révolutionnaire. Le commandant Ngouabi décide de réunir le comité central du parti en session extraordinaire. 198 199

Voir Jean Lacouture, De Gaulle. 2. Le politique, Editions du Seuil, 1985, p. 665. Association des étudiants congolais.

125

Dans un livre important, Le courage dans la politique, le président Kennedy montrait qu’il faut savoir, en tant qu’homme politique, agir en tournant le dos à ses électeurs, non moins qu’au groupe ou à la tendance politique dont on se trouve dépendre. Selon Kennedy, un tel courage est rare. Mais, Marien Ngouabi savait être courageux sans toutefois tourner le dos à ses électeurs. Le 25 octobre 1975, il fait irruption dans la salle où se tient le congrès du comité central de l’UJSC200 et fidèle à son franc-parler, artiste par l’aptitude à discerner le trait essentiel, affranchi de l’entourage, impénétrable, il prononce un discours mémorable : « Tout ce que vous faites, c’est zéro. Je sais que vous allez encore prendre des motions et des résolutions comme par le passé. Tout cela ne sert à rien. Je vous parle franchement en tant que chef de l’Etat. Rien ne marche. Vous devez tout faire pour m’aider à me débarrasser de mon entourage actuel qui ne fait que dormir. L’heure n’est plus aux motions. Je suis prêt à vous faire aider par les militaires para-commandos. »201 Les participants au congrès du comité central de l’UJSC adoptent des motions et des résolutions, réclamant un vaste mouvement de purification des cadres et des instances dirigeantes du parti et de l’Etat qu’ils remettent au président de la République à l’issue d’une marche au cours de laquelle ils scandent : « il faut que ça change ». Deux jours après, une autre marche est organisée en direction des propriétés des dignitaires du PCT et du gouvernement au cours de laquelle les manifestants crient : « A épurer ! » Les jours suivants, des meetings sont organisés tant à Brazzaville que dans d’autres villes du pays pour appuyer cette campagne de purification du parti. Des grèves éclatent dans différentes entreprises d’Etat, notamment à la Société nationale de distribution d’eau (SNDE) et à la Banque commerciale congolaise (BCC). La démission des directeurs généraux de ces entreprises est exigée ainsi que celle de tous les dignitaires du régime. Cette épuration commence immédiatement au niveau de l’armée202 avant de s’étendre à la fonction publique. En effet, plusieurs agents se voient renvoyés de la fonction publique, des entreprises d’Etat et ses services paraétatiques. La « radicalisation » prônée par le président Ngouabi devrait également aboutir à la tenue du 3ème congrès extraordinaire du parti.

200

Union de la jeunesse socialiste congolaise (du 24 au 26 octobre 1975). Cf. Déclaration de l’Association des étudiants congolais (AEC), syndicat des étudiants basé en France et opposé au pouvoir, publiée à Paris le 13 décembre 1975, multigraphiée, 35p., p.9 202 26 officiers et plus de 600 soldats sont limogés. 201

126

Il en ressort une « Déclaration du 12 Décembre 1975 ». C’est une véritable critique et autocritique violentes de la direction politique, stigmatisée en particulier pour complaisance, duplicité, embourgeoisement, opportunisme, lutte d’influence (influence du modèle chinois contre le modèle cubain ou soviétique et /ou vice-versa), manque d’esprit de camaraderie.203 Cette radicalisation a pour conséquence de relancer et de faire éclater les réels problèmes politiques existants. Le bureau politique démissionne ainsi que le gouvernement. Un Etat-major spécial révolutionnaire (E.M.S.R.) est mis en place, dirigé par le président Ngouabi. Son but est de remédier au manque de cohésion et de dynamisme de la direction politique.204 Après cette série d’évènements, le chef de l’Etat éprouve de plus en plus la nécessité de faire appel aux cadres tenus en dehors du parti et de l’armée. Tel est, entre autres, le but de la convocation d’un congrès extraordinaire du parti en 1977. On murmure que cette perspective inquiète certains de ses compagnons de route. Tout comme le rapprochement de Marien Ngouabi avec la France ainsi que son insistance à réintégrer dans l’équipe dirigeante des intellectuels et anciens hommes politiques. Selon certains hommes politiques, le pouvoir est le plaisir des plaisirs, et c’est celui dont ils veulent remplir leur vie. Ces hommes politiques, qui sont en fait des opportunistes et arrivistes, veulent demeurer ceux vers lesquels le peuple tourne ses regards. Homme clément, le chef de l’Etat accorde sa clémence à certains de ses compatriotes condamnés lors du mouvement de radicalisation. En l’état où sont les esprits, en tant que leader charismatique, son attention et sa sympathie sont portées à tous les malaises individuels ; sa pensée est dirigée à tous les problèmes sociaux, son respect à toutes formes d’énigmes. Il sait qu’il doit appartenir à toutes celles et à tous ceux qui souffrent, à ceux qui errent, à ceux qui cherchent. Il est conscient qu’il doit laisser aux uns un conseil, aux autres une solution, à tous une parole. Il doit peser et juger ; il doit examiner et enseigner ; il doit consoler. Non contents de la mansuétude du président de la République, les « radicalisés »205 durcissent leur opposition et récidivent lors d’une absence prolongée du chef de l’Etat. Parti en safari dans les régions septentrionales du pays, le président Ngouabi est victime d’un accident d’hélicoptère, faisant deux morts. Les opposants profitent de cette occasion pour organiser une 203

Cf. Communiqué final du congrès du comité central du P.C.T. du 5 au 12 décembre 1975 à Brazzaville. 204 cf. Déclaration du 12 décembre 1975, édition du comité central du P.C.T., Brazzaville, 1975. 205 « La radiotrottoir » surnommait ainsi les personnalités politiques limogées.

127

grève le 24 mars 1976, réclamant la réhabilitation du comité central. En fin de compte, la grève avorte et ses principaux meneurs sont arrêtés. Bien qu’étant condamnés à la suite d’un procès formel et envoyés en rééducation dans les villages en guise de sanction, les meneurs ne sont pas emprisonnés. Là encore, une preuve parmi tant d’autres de la mansuétude du chef de l’Etat, ils sont pour la plupart d’entre eux réintégrés dans la fonction publique. Dans la même période, l’EMSR se voit doté, à la suite d’un acte juridique, de tous les pouvoirs qui étaient autrefois dévolus au comité central, lui conférant ainsi un pouvoir hégémonique. Ce qui ne manque pas de provoquer le mécontentement non seulement des dirigeants de la CSC, d’une fraction de l’UJSC dans le mouvement étudiant mais aussi des politiciens exclus par le mouvement de radicalisation. Ces derniers, au nom de l’orthodoxie doctrinale, créent un collectif démocratique contre le pouvoir en place. Homme lucide en toute circonstance, ayant une bonne lecture des événements politiques, le président Ngouabi décide carrément d’annuler l’acte litigieux. Indifférent à la gloire personnelle et au culte de la personnalité, le chef de l’Etat sait qu’il ne peut pas se permettre de s’abandonner au repos. C’est maintenant, au contraire, qu’il faut rester vigilant même s’il vient de vaincre ses adversaires. Il sait aussi que c’est quand on est proche du sommet qu’on risque la chute. Et tout ce que l’on a gravi, si l’on tombe à quelques pas du but, devient inutile. Point de repos alors. Il poursuit la rédaction de son ouvrage majeur : Vers la construction d’une société socialiste en Afrique. Il doit inscrire son nom au nombre des grands écrivains. En tant que leader charismatique, il a pour devanciers des grands patriotes comme Toussaint Louverture, Pétion, Dessalines, Dona Béatrice206, Matsoua André, Boueta MBongo, Lumumba, et bien d’autres. En écrivant, il a en mémoire tous ces génies qui depuis trois mille cinq cents ans ont guidé ou égaré, éclairé ou troublé le genre humain. Ce qui se dégage de tous leurs travaux, ce qui résulte de toutes leurs épreuves, ce qui sort de toutes leurs œuvres, c’est l’idée de leur puissance. Homère a fait plus qu’Achille, il a fait Alexandre ; Virgile a calmé l’Italie après les guerres civiles ; Dante l’a agitée ; Lucain était l’insomnie de Néron ; Tacite a fait de Caprée le pilori de Tibère. Au Moyen-âge, qui était, après Jésus-Christ, la loi des intelligences ? Aristote. Cervantès a détruit la chevalerie ; Molière a corrigé la noblesse par la bourgeoisie, et la bourgeoisie par la noblesse ; Corneille a versé de l’esprit romain dans l’esprit français ; Racine, qui pourtant 206

Encore appelé Kimpa Vita.

128

est mort d’un regard de Louis XIV, a fait descendre Louis XIV du théâtre ; on demandait au grand Frédéric quel roi il craignait en Europe, il répondit : Le roi Voltaire. Les lettrés du XVIIIème siècle, Voltaire en tête, ont battu en brèche et jeté bas la société ancienne. Tout comme la génération d’Aimé Césaire et de Léopold Sedar Senghor ont conçu la négritude comme modèle d’humanisme. La négritude qui est une clef de compréhension, donc de conciliation, de coexistence pacifique, prête à se transposer en coexistence créatrice. Le terme de négritude imaginé par Aimé Césaire – Senghor aurait sans doute préféré dire négrité207 – comporte plusieurs nuances de signification : c’est d’abord l’ensemble des valeurs du monde noir, plus exactement du monde négro-africain. Cet ensemble de valeurs, une fois assemblé et structuré, constitue un modèle culturel proposé comme un modèle d’humanisme susceptible d’être accepté par tous. Dès lors, la négritude s’amplifie au point de devenir l’humanisme du vingtième siècle. En novembre 1976, s’ouvre une conférence du parti pour légitimer la nouvelle concentration du pouvoir. Par la suite, des rumeurs confirment la tenue imminente d’un congrès extraordinaire du PCT pour le renouvellement de son comité central au cours de l’année suivante. Une situation de tension règne dans le pays.

207

Comme on dit latinité et grécité.

129

VIII LA TRAHISON « Les hommes morts au combat sont vénérés comme des hommes de tous les temps. » Commandant Denis Sassou-Nguesso, oraison funèbre du président Marien Ngouabi 1. Les héros du peuple sont immortels Nous sommes le 18 mars 1977. Le président Ngouabi rentre à sa résidence présidentielle le Palais du Peuple, après avoir dispensé, comme d’habitude, un cours sur l’énergie nucléaire à l’Université de Brazzaville. Peu de temps après, le peuple congolais apprend, dans la plus grande stupéfaction, le lâche assassinat du chef de l’Etat. Comment expliquer et comprendre un acte aussi ignoble que crapuleux ? L’homme est, par nature, un assassin en puissance. Bien entendu, la puissance ne devient pas toujours acte. Calderon, dans La vie est un rêve, écrit : « le plus grand crime de l’homme, c’est d’être né ». Comment s’explicite ce crime et quelles en sont les figures, propres à l’homme et à l’homme seulement ? Il existe en fait quatre actes qui n’appartiennent qu’à l’homme et dont l’animal est incapable.208 Le premier est l’écriture. Le second acte proprement humain est la prohibition de l’inceste. Les animaux pratiquent l’inceste avec une innocence paradisiaque. Le troisième acte propre à l’homme est la guerre. Il existe des luttes animales, mais non point de guerres animales. La guerre suppose le langage, l’écriture et tous les moments de la symbolique générale.209 C’est l’assassinat qui, dans son sens le plus reçu (le meurtre d’un individu par un autre), constitue le dernier acte propre à l’homme. L’animal lutte, éventuellement tue, mais il n’assassine pas. L’assassinat suppose une

208 209

Voir Alexis Philonenko, L’archipel de la conscience européenne. Grasset, 1990. Ibid.

131

perception précise de la réalité de l’autre et une mémoire susceptible de la déterminer en dehors de l’instant.210 Les circonstances de la mort de ce grand homme d’Etat, assassiné en plein jour, alors que toute la force publique était ce jour-là consignée, demeurent jusqu’à ce jour un mystère. A ce sujet, beaucoup de mensonges ont été, ici et là, dits. Dans sa Doctrine de la vertu, le philosophe Kant observe justement que ce n’est pas par le crime, comme on le croit trop souvent, que le mal est entré dans le monde : c’est par le mensonge. Le mensonge est un acte ontologique. Mentir, c’est dire comme existant ce qui n’est pas et comme n’existant pas ce qui est. Mais, il faut ajouter, par ailleurs, que la bataille politique ou militaire fait malheureusement souvent appel à des choses très basses telles que l’appel du sang, de la violence et du meurtre. A cet effet, il importe de noter qu’aucune société n’a ignoré la violence, et qu’il ait été versé par le meurtre individuel ou par le terrorisme, le sang occupe dans l’Histoire souvent une place importante. Mais, cette violence a été plus fréquente à certaines époques et dans certaines sociétés que dans d’autres. De fait, l’histoire de la Russie est avant tout une histoire continue du meurtre continu. Du moment où se fonde la Russie, au IXème siècle, et où commence sa christianisation, jusqu’à l’apogée prévue par Tocqueville, il n’est guère de génération qui n’y ait assisté, pétrifiée, à l’éternelle liaison entre meurtres et politique. Aucun Tsar n’a renié ce qu’écrivait Yvan Pesresvetov, l’un des conseillers du célèbre Yvan : « Un Tsar faible et humble se condamne à l’affaiblissement de son autorité et de sa gloire. Un Tsar qui unit peur et sagesse accroît son autorité. Un Tsar qui exercerait son autorité sans la peur serait semblable à celui qui monte un cheval débridé. » On comprend pourquoi, à certaines époques, la place du Kremlin était hérissée de potences. D’Yvan IV à Pierre Le Grand et à Catherine, au-delà des ambitions personnelles et des rivalités politiques, cette volonté a la valeur d’une constante. Même les tentatives d’occidentalisation n’en atténuèrent pas la force : elles coupèrent la Russie en deux, celle du devenir historique, celle de l’espace culturel. L’essor du nihilisme et du terrorisme n’a sans doute pas d’autres explications. La violence perpétrée en 1917 contre la famille impériale entre dans un autre type de meurtre, celui qui permet d’assurer le triomphe de la révolution par l’effusion du sang des vaincus… Est-ce là le pur produit d’une révolution ou

210

Ibid.

132

bien la combinaison de la violence révolutionnaire classique et d’une culture russe de la violence ? Trotski aurait voulu un procès. Bien que nanti d’une formation juridique, Lénine n’était pas favorable au jugement, sans doute parce que supprimer le Tsar et l’héritier revenait à supprimer des symboles. Il s’agissait d’effacer toutes traces des Romanov. Pour Lénine, la révolution russe ne ressemblait à aucune autre, elle donnait naissance à un monde à neuf parce qu’elle créait l’irréparable. La pédagogie de Lénine était celle du « non-retour », l’heure de la terreur légale était arrivée. Mais, alors que Lénine justifiait son discours terroriste par les exigences de la révolution, Staline s’efforça de légaliser la terreur et de rationaliser le meurtre. Le meurtre – ceci est essentiel dans cette perspective – supprime le débat entre vrai et faux, entre mensonge et vérité, et peu importe, dès lors que cette vérité n’ait avec le réel, aucune ressemblance. Tenir Staline pour un simple meurtrier est une erreur, parce que c’est négliger la logique des crimes, « logique de l’utopie qui impose la destruction de ce qui existe et la construction de ce qui doit être au gré des fondateurs de cette utopie »211 Dès sa naissance, la philosophie a élaboré une théorie de l’utilisation des imbéciles. Ceux-ci seraient-ils responsables de la mort du président Ngouabi ? Platon insère les imbéciles dans le tissu social : il en faut, ils forment un rouage nécessaire, et, comme ils ont le « cuir mental » épais, les plus rudes et les plus sales besognes leur sont réservées. Leibniz eut un mot terrible : « La sagesse de Dieu n’a point failli en ôtant l’intelligence à certains ». Ces derniers auraient-ils été utilisés pour assassiner Marien Ngouabi ? Marien Ngouabi ne pourra donc jamais achever la délicate entreprise de redressement national qu’il a engagée. Il doit laisser à ses successeurs le soin de poursuivre et de mener à bien la réalisation de cette œuvre grandiose. Avec cet assassinat, les Congolais ont l’impression que l’espoir qu’avait fait naître l’arrivée du commandant Ngouabi au pouvoir vient à tout jamais de disparaître. L’action courageuse et persévérante qu’il a menée pendant neuf ans à la tête de l’Etat congolais justifie pleinement l’admiration que le peuple congolais voue et continuera à vouer à la mémoire d’un homme qui, fidèle à ses convictions révolutionnaires, œuvra avec une ardeur remarquable et un désintéressement total au progrès économique et social de son pays. Beaucoup 211

Voir Hélène Carrère d’Encausse, Le Malheur russe: Essai sur le meurtre politique. Paris, Fayard, 1988, 552 p.

133

de patriotes pensent que ses idées justes qu’aucune volonté ne saurait étouffer, qu’aucune arme ne saurait détruire doivent être reprises et répercutées en échos amplifiés pour faire avancer le Congo. Nombreux sont aussi ceux qui espèrent que les idées riches et profondes qu’il a semées dans les cœurs et dans les consciences trouveront au sein du peuple et sur le sol congolais les conditions nécessaires pour germer et produire les fruits mûrs de la révolution démocratique. A sa mort, un deuil national de plusieurs semaines est décrété. Pendant ce temps, le peuple congolais est appelé à se recueillir sur l’envergure du président Ngouabi, sur l’immensité de son œuvre et sur la profondeur de ses idées. Les marches silencieuses qui ont été organisées à travers le pays (aussi bien à Brazzaville que dans les campagnes), ont vu la participation effective de milliers de patriotes. En rangs serrés et en bon ordre, ceux-ci ont témoigné de leur engagement irréversible dans la lutte contre l’impérialisme, ennemi commun des peuples d’Afrique et du monde. Jamais regrets publics ne furent plus vrais et plus unanimes que ceux qui accompagnèrent jusqu’à sa dernière demeure ce leader charismatique. Il faut avoir été aimé ; il faut avoir bien vécu ; il faut avoir bien accompli son œuvre et bien rempli sa tâche pour être pleuré ainsi. C’est incontestablement une chose grande et morale que de rendre à jamais présentes à tous les esprits ces graves et touchantes funérailles. Ce fut un beau et consolant spectacle, en effet ! Cette foule qui encombrait les rues ; ces femmes et hommes de tous âges pleurant devant sa dépouille ; cette foule aussi nombreuse qu’un jour de fête, aussi désolée qu’un jour de calamité publique ; l’affliction de nombreuses délégations étrangères manifestée en même temps que l’attendrissement populaire. La douleur était partout ; le respect était partout ; le nom d’un seul homme était dans toutes les bouches ; le deuil d’une nation – que dis-je ? d’un continent – était dans tous les cœurs ! Par ces marches, les militants de la Révolution congolaise ont marqué leur attachement aux idées justes développées, diffusées et défendues jusqu’à sa mort par le commandant Marien Ngouabi. C’est qu’il était cher à toutes et à tous ! C’est qu’il y avait dans sa personne cette dignité sérieuse. Non seulement le commandant Ngouabi était estimé, mais il était aussi aimé. Depuis ses premiers jours jusqu’aux derniers, tout le monde s’apercevait qu’il honorait la nation par ses actions à la tête de l’Etat. Même en restant fidèle à d’autres idées que les siennes, il était applaudi du fond du cœur à tous ses pas dans sa radieuse carrière. Par ces marches enfin, les patriotes ont prouvé que rien ne saurait arrêter aucun peuple dans sa marche vers une société nouvelle débarrassée de toute forme d’oppression et d’exploitation.

134

Ce faisant, les patriotes congolais ont prouvé leur attachement et leur fidélité aux idées du président Ngouabi, apportant ainsi aux yeux de l’Afrique et du monde, une preuve supplémentaire que les héros du peuple sont immortels, car le président Ngouabi est bel et bien mort. Mais ses idées ne sont pas mortes ; elles sont debout, mais des choses qu’il a semées n’ont pas disparu. Pourquoi ? Ce n’est pas seulement parce qu’il était exceptionnel ; c’est aussi, c’est surtout parce qu’il était sincère. C’est qu’il croyait, c’est qu’il était convaincu, c’est qu’il allait à son but plein d’opiniâtreté et d’abnégation, plein d’une volonté unique, d’une foi profonde et d’une détermination inébranlable. Certes, nous ne sommes plus au temps des grandes épopées et des grandes luttes révolutionnaires. Ce sont là des enthousiasmes sur lesquels le triomphe de l’idéologie libérale et de la civilisation marchande ont passé. Mais, il y a place encore dans nos âmes, nos esprits et nos cœurs pour des croyances efficaces et profondes et la flamme patriotique et généreuse n’est pas éteinte en nous. Tout patriote en cette époque si critique et sujette à de nombreuses incertitudes ne peut manquer d’avoir une foi sainte à la patrie, à l’intelligence et à la liberté. Le commandant Ngouabi a été suivi de triomphe en triomphe avec cette joie profonde qu’éprouve toute âme élevée et honnête à voir le talent monter au succès et le génie monter à la gloire ! 2. Une vie riche d’enseignement Soldat, écrivain et homme d’Etat, Marien Ngouabi est le premier chef militaire qui inaugure une tradition congolaise où l’homme de guerre doit aussi savoir poser le fusil pour saisir la plume. Ce qu’il écrit est le fruit d’une mûre réflexion découlant du fait d’avoir vécu les jugements des masses congolaises pendant neuf ans de lutte. Grand chef militaire, il le fut ; politique, homme d’Etat, il le fut aussi incontestablement. Le commandant Ngouabi en tant que soldat faisait preuve d’un esprit militaire exceptionnel. Il était prédisposé en cela par sa formation qui se caractérisait par une grande cohésion. Il évoluait entre les difficultés sans jamais cesser d’être lucide, courtois et optimiste. Il était resté au-dessus des clans et dénué de tout esprit partisan. Leader charismatique, le président Ngouabi fut un patriote qui était destiné au plus bel avenir par un ensemble de qualités qui sont rarement réunies au même degré. Il avait su profiter de ses différentes fonctions pour développer sa culture. Tout laissait pressentir en lui un destin exceptionnel. Les chefs charismatiques ont cette particularité de développer dès leur jeune âge des qualités morales et intellectuelles qui font qu’ils soient destinés aux

135

plus hauts emplois dans le pays. Ils ont, la plupart du temps, une personnalité accusée, un caractère jeune, énergique, une culture, une intelligence développée, une haute valeur morale sans oublier les talents de meneur d’hommes. Le commandant Ngouabi appartient sans doute à cette catégorie d’hommes qui, en les approchant, par le magnétisme qui se dégage en eux, donnent l’impression d’avoir affaire à un homme sinon supérieur, tout au moins exceptionnel. Nature probe, réservée et sobre ; intelligence droite et logique, Ngouabi fut ce grand chef d’esprit clair, de caractère sûr. Il avait la science d’être noblement pauvre, modeste d’une sorte de modestie hautaine ; austère dans les choses aussi bien publiques que privées, difficile à entraîner. Il était offusqué de ce qui éblouissait les autres. Personnage emblématique, intègre jusqu’à sa mort et ce au moment où la corruption infestait toute la classe politique et même l’Armée ; simple dans ses manières, méprisant le luxe et dédaigneux des honneurs et des tracasseries protocolaires, Marien Ngouabi avait sans cesse un amour pour les autres. Sans se lasser, il exorcisait les démons du doute, du défaitisme et de la désunion. En tant que patriote, il s’est identifié, sa vie durant, aux intérêts, aux épreuves et aux aspirations du peuple. De grands services rendus l’avaient revêtu de la dignité d’un grand homme d’Etat. En vérité, le président Ngouabi fut un soldat, un homme, un chef qui fut grand quand c’était le plus difficile. Il a rendu de glorieux services au Congo et a œuvré pour la libération des peuples africains. En jugeant d’un point de vue élevé, au regard des idéaux qu’il a défendus, dans le livre des hommes illustres congolais et africains, la page Ngouabi doit toujours être ouverte. Cela est capital, le Congo et l’Afrique ne retrouveront les sentiers de l’espérance et du bonheur que sur un sol ferme et pur. Le commandant Ngouabi fut un patriote et un panafricaniste convaincu. On ne peut que rendre hommage à ce bon chef politique et militaire, à ce patriote exemplaire. Nous devons faire notre devoir d’hommes qui passent dans une patrie éternelle. Nous devons avoir aussi le culte des morts pour la patrie, ces morts qui doivent être notre deuil et notre orgueil. Sa vie est caractérisée par un dévouement sans limite à la cause de sa patrie et de bien d’autres nations du tiers-monde. Le président Ngouabi fut ce combattant de la révolution africaine et mondiale qui a su, par ses idées et par sa pratique sociale, gagner la confiance des

136

masses. Il allait constamment vers les masses pour les organiser, les mobiliser et s’éduquer auprès d’elles. Animateur populaire de haut mérite, le commandant Marien Ngouabi s’est identifié, par ses idées et ses actions, à la lutte multiforme que son peuple menait contre l’impérialisme et ses sous-produits. Le peuple congolais a pleuré Marien Ngouabi. Mais, il ne s’est pas contenté de pleurer son digne fils et son héros : il l’a immortalisé. Ainsi le peuple congolais a-t-il immortalisé à jamais le camarade Marien Ngouabi. Rien ne fut plus cruel que l’épreuve traversée par le commandant Ngouabi. Epreuve qui commença dès que sa mission suprême lui imposait de franchir les montagnes des intérêts particuliers, des intrigues et de l’incompréhension pour trouver l’aide instinctive du peuple. Epreuve qui se termina par l’abandon, la trahison et le martyre.

137

CONCLUSION Nous venons de parcourir partiellement dans cet ouvrage toute cette noble carrière du président Marien Ngouabi. Tirons-en maintenant l’enseignement qu’elle renferme. On estime qu’à compter de l’an 2000, la proportion des déments séniles, parmi la classe d’âge des plus de soixante-cinq ans, serait d’environ 20%. Le danger ultime ne serait donc pas les armes nucléaires, ni même la surpopulation, comme le veut Ehlich dans son ouvrage intitulé La Bombe P. Le vrai danger, ce serait la multiplication croissante de la folie ou de l’imbécillité. Si l’on intègre les débiles dans ce segment de la population, on pensera que la véritable menace est la bombe D (débilité-démence). Aujourd’hui, si les querelles idéologiques semblent avoir disparu, la lutte pour l’unité, la défense et la souveraineté nationales, le développement économique et social, tout cela ne s’est pas évanoui. A mesure que nous, générations nouvelles, nous voguons d’année en année vers l’inconnu, ces trois objets immenses que le commandant Ngouabi rencontra sur sa route, qu’il aima, contempla et combattit tour à tour, immobiles et vivants plus que jamais, sont loin de s’enfoncer dans la brume épaisse du passé. Ils sont plus que jamais d’actualité. Le commandant Marien Ngouabi fut un digne fils d’Afrique, combattant du prolétariat et un théoricien africain, auteur d’une œuvre importante212 qui se trouve désormais à côté des œuvres d’autres célèbres théoriciens africains. L’œuvre théorique du président Marien Ngouabi a pour but, comme l’indique si bien le titre, la construction d’une société socialiste en Afrique en général et plus particulièrement au Congo-Brazzaville. Comme le soulignait son frère d’armes, le commandant Sassou-Nguesso, lors de l’oraison funèbre qu’il prononça après son lâche assassinat, « l’unité systématique et doctrinale de ses nombreux écrits tient, pour ainsi dire, physiquement, de ce profond besoin d’une société et d’un homme nouveau, dialectiquement engendrés par et dans la lutte révolutionnaire. »213 Le commandant Ngouabi n’était pas un saint et il ne cherchait pas à le devenir. Chef charismatique et nationaliste, il fut un patriote hors pair qui déploya son génie et se consacra jusqu’à la fin de sa vie, avec un dévouement et un désintéressement sans faille, au service de son pays et à son rayonnement. 212

Marien Ngouabi, Vers la construction d’une société socialiste en Afrique, op.cit. Cf. Oraison funèbre du 2 avril 1977 lu par le commandant Sassou Nguesso lors de l’assassinat du président Marien Ngouabi.

213

139

Révolutionnaire et patriote, il l’était assurément. Sans conteste, il a incarné les valeurs patriotiques et nationalistes. Son intégrité, son humilité, son courage, son amour de son pays et de son peuple, son engagement pour la liberté et l’émancipation des peuples opprimés font de lui un grand homme d’Etat. En outre, Marien Ngouabi était un physicien, philosophe matérialiste et dialecticien.214 Il ne s’était pas arrêté à l’aspect isolé, fragmentaire des phénomènes, les embrassant toujours dans la complexité dialectique…, largement ouvert aux sciences les plus subtiles de notre siècle…215 Tout en étant homme politique, dirigeant révolutionnaire et théoricien de l’idéologie marxiste-léniniste, Marien Ngouabi est resté jusqu’à sa mort officier supérieur, fier de l’être, engagé corps et âme au service du Congo dans le métier des armes. S’il crée le Parti congolais du travail (PCT) le 31 décembre 1969 et systématise la doctrine marxiste-léniniste qui va l’inspirer, c’est surtout comme moyen de mener le combat libérateur du peuple congolais. Le président Ngouabi a été lâchement assassiné. Les idées qu’il défendait lui survivent. « La mort et l’écroulement, écrivait Victor Hugo, ne servent qu’à dégager cette valeur intrinsèque et essentielle des choses qui en est comme l’âme. Dieu met quelquefois des idées dans certains faits et dans certains hommes comme des parfums dans des vases. Quand le vase tombe, l’idée se répand ». A une époque aussi sérieuse, il faut de sérieux conseils. Beaucoup d’hommes intelligents gouvernent la terre. Ils doivent aider, guider, protéger. Ne pas fermer la porte du travail, ou alors la bombe D grossira. Nous vivons dans une époque magique et paradoxale qui se joue à mettre en défaut les jugements les plus sensés. Nous pouvons le dire avec calme, et nous n’avons pas besoin de hausser la voix pour une chose si simple et si vraie, l’Afrique en général, le Congo, en particulier, a besoin des patriotes comme le commandant Ngouabi. La nouvelle génération est gagnée par l’idéologie marchande. Or, partout où règne la marchandise il n’y a que des esclaves. C’est la raison pour laquelle il faut faire pénétrer dans son sang l’utile passion patriotique du commandant Ngouabi, non comme une maladie, mais comme une vaccine qui inocule le progrès et raffermit l’unité nationale. 214 215

Cf. Théophile Obenga, La vie de Marien Ngouabi 1938-1977, op. cit., p. 76. Cf. Commandant Sassou-Nguesso, Oraison funèbre, op. cit.

140

Nous ne sommes pas de ceux qui désespèrent de l’Afrique. Nous admirons notre continent et chacun de nos pays. Nous aimons aussi notre temps. Quoiqu’on en puisse dire, nous ne croyons pas que l’avenir du Congo soit voué à l’échec, pas plus que celui de l’Afrique. Le doigt éternel, visible, nous semble-t-il, en toute chose, améliore perpétuellement l’univers par l’exemple des nations courageuses et laborieuses ainsi que par l’intelligence des patriotes. N’en déplaise à l’esprit de diatribe et de dénigrement, cet aveugle qui regarde, nous croyons en l’avenir du Congo et de l’Afrique et nous avons foi en notre époque ; n’en déplaise à l’esprit de doute et d’examen, ce sourd qui écoute, nous croyons en Dieu et nous avons foi en Sa providence. Rien donc n’est perdu pour le Congo et l’Afrique. Il suffit de se réveiller et de tenir fort le flambeau de la vertu patriotique. Aujourd’hui que la belle âme du leader charismatique a disparu derrière l’horizon d’où elle nous envoie encore tant de lumière, rappelons-nous avec attendrissement son aube si éblouissante et si pure. Qu’une pieuse reconnaissance s’attache à jamais à ce leader charismatique ! Qu’elle suive le commandant Ngouabi, et qu’après avoir fait une couronne à sa vie, elle fasse une auréole à son tombeau ! Heureux le fils dont on peut dire : il a servi sa nation ! Heureux le leader dont on peut dire : il a sauvé et servi son peuple et sa patrie.

141

ANNEXE DOCUMENTS RELATIFS AU PROCES SUR L’ASSASSINAT DE MARIEN NGOUABI

PROLOGUE

143

19 mars 1977. Le soleil pointe à peine à l'horizon. Le peuple con­ golais, et plus particulièrement la population de Brazzaville, qui vient de passer une nuit sans sommeil, attend, inquiet...

La veille, Radio-trottoir avait lancé une rumeur troublante : « Le Pré­ sident a été agressé et blessé...» La Voix de la Révolution Congolaise avait depuis 17 h. 30 mn, inter­ rompu ses émissions habituelles pour ne diffuser que la musique mili­ taire et des chansons patriotiques. Le Ministre de l’information, avait dans un communiqué laconique annoncé l’instauration d'un couvre-feu.

Il est 7 heures... Les congolais ont tous l'oreille collée à leur poste récepteur. La bouleversante nouvelle tombe, comme une bombe.

D’une voix profondément émue, le Ministre de ta Défense, le Com­ mandant Denis SASSOU-NGUESSO lâche : « ...L'impérialisme aux abois, dans un dernier sursaut, vient par l'en­ tremise d’un commando suicide, d'attenter lâchement à la vie du dyna­ mique Chef de la révolution congolaise, le camarade Marien NGOUABI, qui a trouvé la mort au combat, l'arme à la main le vendredi 18 mars 1977 à 14 h. 30... »

L'indignation s'empare soudainement de tout le peuple ; hommes, femmes, enfants, jeunes et vieux. Elle était d'autant plus grande que cet acte odieux était un fait sans précédent dans l'histoire du Congo. « Qui a osé ? » s’interrogent les uns.

« Pourquoi ? » disent les autres. L'émotion était tellement intense que les militants, affligés, n'arri­ vaient pas à répondre eux-mêmes à ces questions pourtant élémentaires.

Là où il y a révolution, il y a nécessairement réaction et « la guerre que l'impérialisme et ses valets locaux mènent contre notre révolution est implacable, sourde, mais non moins réelle et violente ». Mis en place par le Comité Central du Parti Congolais du Travail le 19 mars 1977 avec pleins pouvoirs pour : « Préparer les obsèques na­ tionales de l’illustre disparu. — Coordonner les activités du Parti, gérer les affaires de l’Etat et assurer la défense du peuple et de la révolution, et ce jusqu’à nouvel ordre ». Le Comité Militaire du Parti (CMP), fidèle continuateur de l'œuvre grandiose de l’immortel Marien NGOUABI, met tout en œuvre pour faire 12

144

la lumière, autour de cette mort qui a consterné tous les peuples épris de paix, de justice et de liberté.

Une Commission d'Enquête est aussitôt instituée. La lettre de MASSAMBA-DEBAT (ancien Président de la République de 1963 à 1968) au Président Marien NGOUABI le 14 mars 1977, met les services de sécurité et la Commission d’Enquête sur la bonne piste, . En effet, dans son discours du 13 mars 1977 à l’occasion du 12e anniversaire de l’URFC, le camarade Marien NGOUABI avait fait état de cette lettre menaçante par laquelle le sinistre MASSAMBA-DEBAT lui demandait sans vergogne d’abandonner le Pouvoir : « Commandant,

« Neuf mois passés à Brazzaville, qui m’ont permis d’avoir des con­ tacts les plus divers de toutes tendances, m’ont ouvert les yeux sur la situation qui prévaut dans le pays.

« Le citoyen conscient que je suis, l'homme politique que je n’ai jamais cessé d’être, l’homme d’Etat que vous avez forcé de partir par votre intransigeance, vous suggère, après mûres réflexions, que le mo­ ment est plus qu’opportun de démissionner. « L honneur d un officier de votre rang est de respecter le peuple et non d’écouter aveuglement la voix de vos courtisans. « Votre vie et la survie de la nation commandent absolument, en ce moment de mécontentement généralisé, l'application de ce prin­ cipe aussi simple que généreux. « En rédigeant cette note, je tiens à dégager ma responsabilité d homme politique devant Dieu et devant la Nation des suites que pour­ rait comporter la non-observation par vous de ce conseil fraternel. « Veuillez croire à la sincérité de mes sentiments et à l’intérêt que je porte pour le salut de notre pays et du vôtre ». Appréhendé le 18 mars et interrogé par la Commission d'Enquête, MASSAMBA-DEBAT, entre en aveu. Il dévoile dans un cynisme révoltant ses plans machiavéliques. MAS­ SAMBA-DEBAT n’avait jamais pardonné au Président Marien NGOUABI de l’avoir fait partir du pouvoir ; MASSAMBA-DEBAT nourrissait contre le camarade Marien NGOUABI depuis 1968, des sentiments de haine. MAS­ SAMBA-DEBAT s’était par conséquent organisé pour son retour au Pou­ voir.

Il avait pour cela :

V — Pris de nombreux contacts clandestins avec les aigris de tout genre ;

2/ Organisé autour de lui pour un coup d’Etat pacifique un groupe de jeunes de l’ancien corps de la Défense Civile qui avaient juré depuis 1973, de le venger ;

145

3/ — Organisé des séances occultes en vue de reconquérir le Pou­ voir ; 4/ — Pris de nombreux contacts avec son homme de main, KlKADIDI.

A ces aveux, MASSAMBA-DEBAT ajoutait la liste de son gouver­ nement et les premières mesures qui allaient être prises.

« La dissolution du P.C.T. et des organisations des masses ; — le rappel des militaires épurés ; — le changement de l'option ; — et l’adoption du socialisme bantou ».

MASSAMBA-DEBAT avoue en outre qu'il était le chef spirituel d'une secte, à laquelle appartenait KIKADIDI, le chef du commando qui a don­ né la mort au camarade Marien NGOUABI. Les déclarations de MASSAMBA-DEBAT qui furent du reste radiodiffu­ sés permirent d'étendre l'enquête et de la poursuivre méthodiquement. Déjà les premiers faits établis par la Commission d'Enquête, permirent à la Cour Martiale instituée par la direction politique, de prononcer cer­ taines sentences qui furent immédiatement exécutées.

1/ — PEINE DE MORT POUR : — MASSAMBA-DEBAT auteur intellectuel du complot, et chef de file des conspirateurs.

— ONTSOU, agent de sécurité présidentielle, qui dans un aveu bouleversant a déclaré qu’il était de mèche avec le commando et qu'il avait tiré sur le Président pour l’achever. — NKOMO, le chef de poste qui avait facilité l’entrée du commando dans la résidence présidentielle. — ELOUO, chef d'un groupe de la garde présidentielle qui a refusé d’envoyer le renfort sollicité par OKAMBA. — MBORO, l’officier ayant fait fuir la sentinelle BAZONZA (con­ damné lui à mort par contumace). — KIKADIDI, en fuite, jugé, par contumace.

2/ — TRAVAUX FORCES A PERPETUITE POUR : — DIBAKALA, ; — KISSENGOU ; — OKAMBA ;

de la garde présidentielle. 14

146

3/ — DIX ANS DE TRAVAUX FORCES POUR : — — — — — — — —

ONTSOUROU, OVAGA, NGONDO, MANGATALI, NIANGUI, MOTABA, SAMA, TON DO,

tous de la garde présidentielle. Pascal LISSOUBA, ancien Premier Ministre de MASSAMBA-DEBAT, qui n avait pas perdu de contact avec son chef œuvrait pour le ren­ versement des institutions.

Il fut alors condamné par la Cour Martiale aux travaux forcés à perpétuité.

Il en fut de même pour NDALLA Claude-Ernest, ancien membre du Co­ mité Central du Parti Congolais du Travail, ayant participé au putsch du 22 février 1972, contre le Président Marion NGOUABi, comploteur insatiable. André HOMBESSA, ancien Président de la J.M.N.R. et Ministre de l'intérieur de MASSAMBA-DEBAT, l'un des piliers de la secte de ce dernier se trouvant à Paris, a été condamné à mort par contumace. Forte des éléments apportés par les premiers interrogatoires, et après les sentences de la Cour Martiale, la Commission d'Enquête poursuit sans relâche sa mission. Elle travaille sans désemparer.

Le 30 juillet 1977, dans son message à la nation (à l’occasion du 9e anniversaire du Mouvement Insurrectionnel du 31 Juillet 1968) le ca­ marade Joachim YHOMBY-OPANGO, Président du Comité Militaire du Parti, (investi depuis le 6 avril 1977), déclare : « Je dois dire au peuple que les enquêtes se poursuivent concer­ nant le très lâche assassinat du Chef de notre révolution. De nombreux documents ont été trouvés à Boko. Le plan machiavélique de MASSAM­ BA-DEBAT remonte à l'année même de la fondation de notre Parti.

« Le peuple, les militants seront informés de tout cela le moment venu. « Mais les coupables, les assoiffés de sang, les comploteurs in­ vétérés, tous, crapules sans vergogne, n'échapperont pas aux rigueurs de la loi, de la justice. L'assassinat politique, si contraire aux droits de l'homme doit être absolument écarté dans un pays comme le nôtre ».

15

147

30 décembre 1977. Le camarade Joachim YHOMBY-OPANGO adresse son message à la nation, à l'occasion du 8e anniversaire du P.C.T.

L'essentiel de ce message : les éléments de l’enquête sur l’ignoble assassinat du camarade Marien NGOUABI, Président-Fondateur du P.C.T. et l'annonce du procès :

« ...Peuple congolais, « Camarades militants, « Chers compatriotes, « Dans mon message à la nation le 30 juillet 1977, à l’occasion du mouvement insurrectionnel du 31 juillet 1968, et à l’occasion de l’ou­ verture officielle du « Musée Marien NGOUABI », et d'ailleurs à maintes autres circonstances, soit dans les interviews, soit ici même au pays, soit à l’étranger, j’avais dit le plus clairement possible, que les enquêtes se poursuivaient concernant le très lâche et très ignoble assassinat du Chef de notre Révolution et que je rendrais public, le moment venu, le ré­ sultat de ses enquêtes. Je sais que les enquêtes se poursuivent avec le maximum de lucidité et de courage. Aujourd'hui, je suis en possession des éléments d’enquête. Au nom du devoir qui est le mien, au nom de la direction politique révolutionnaire de notre pays, au nom de la re­ lation et de la patrie, je m’en vais livrer, à notre peuple, ces éléments d’en­ quête, aux militants de la révolution congolaise, aux patriotes ainsi qu’à tous ceux qui sont dans le monde épris de paix et de liberté et qui lut­ tent pour le progrès. « De tous les malheurs endurés par la révolution congolaise, il en est un, dont elle ne se relèvera pas de sitôt. Il s'agit bien évidement de l’horrible assassinat de notre grand camarade de lutte et de notre com­ pagnon d'armes, l’immortel Président Marien NGOUABI, héros de notre peuple. « Au plan de l’instruction criminelle, il ressort les faits suivants : A partir de 1969, MASSAMBA-DEBAT, qui s'était installé à Boko après sa démission de ia présidence de la République, avait commencé à réunir autour de lui des adeptes pour les initier aux pratiques contraignantes de l’orthodoxie protestante la plus dogmatique. Il a créé ainsi une secte dont il devenait le chef. Il en profitait pour faire entendre à ses partisans qu’il reprendrait le pouvoir politique à Brazzaville par ia volonté, l’inspira­ tion et la grâce de Dieu. Très rapidement, les cérémonies de prière reli­ gieuse se confondirent avec les rites préconisant des moyens d’action pour parvenir au pouvoir. André HOMBESSA, ancien Ministre de l’in­ térieur et de l'information de MASSAMBA-DEBAT et Jean-Pierre NDOUDIGANGA, un Administrateur de Travail, furent choisis par le démission­ naire de Boko comme principaux agents de liaison avec des groupuscules disséminés au Congo et à l’étranger. La mission de l’ex-Capitaine Barthé­ lémy KIKADiDI était de préparer militairement les partisans. Ainsi donc, au moment même où le P.C.T., notre grand et glorieux Parti, nouvelle-

16

148

mert créé, tentait de s'implanter, il se trouvait parallèlement et à contref°^,Clnt»4deS gr°up®s d agitation et de subversion qui dénigraient le Président Maiien NÇOUABI, calomniaient ses plus proches collaborateurs, trnr ^Ue Se,rie coups d'Etat que notre peuple a connus, tour à V6 GS! ^Sa Fe IX ^OUZABAKANY, les Barthélémy KIKADIDI Pascaî LISSOURA^t^ i®S Pherr!- KINGANGA' les An9e DIAWARA, les Pasvai LicSOUBA et autres bandits, tous obsédés par le pouvoir. . * E|? ,1976' MASSAMBA-DEBAT, ayant mesuré l'ampleur de la tenX%P°'?qU! q?' Se développait au Congo, tension que j'avais déjà décrite plus haut, quittait Boko pour venir s'installer à Brazzaville dans sa résidence de Bacongo. , / San? Perdre de temps, et de façon pressante, MASSAMBA-DEBAT ê? mis a pr.endre contact avec les représentants de toutes les vieilles ROHkîamIhÎ?ilt’3ues lnca™e®s par lcs Jacques OPANGAULT, Julien iiR^A^OD Germam BIKOUMA. Pierre KIKOUNGA NGOT, Pascal Maw^Ul?aA' >,NDALL A Graille, Pierre GOURA, Gabriel OBONGUI, Hilaire MAViOKA, Victor SATHOUD, David MOUNTSAKA, Bernard MATINGOU,

« Au courant du mois de janvier 1977, MASSAMBA-DEBAT avait ter­ mine ses contacts, tandis que KIKADIDI devenait de plus en plus impa­ tient et voulait passer à l'action directe. H « C'est ainsi que le 1er mars 1977, MASSAMBA-DEBAT fit parvenir au Pr!«iriînî ^ar'e" NGOUAB! la fameuse lettre dans laquelle il sommait le dnnt înk . hCT ; President de la République, Chef de l'Etat, Comman­ dant en Chef de notre vaillante Armée à abandonner le pouvoir Nous sa­ vons tous la réponse qui fut celle du Chef de la Révolution congolaise a ces pratiques pour les moins curieuses de MASSAMBA-DEBAT.

, «Découragé par la position démocratique et révolutionnaire du camaCAfi%Arencoer-$ Marien NGOUABI mais obnubilé par le pouvoir, MASSAMaA-DEBAr et ses maîtres penseurs ordonnent alors à KIKADIDI de faire intervenir ses hommes pour épreuve de force. C’est ainsi que le 18 mars 1977, KIKADIDI après avoir accompagné ses enfants à l'école, vers 7 heures du matin, se rendit au domicile de MASSAMBA-DEBAT pour pendre les dernières instructions. Il passa toute la matinée à pré­ parer son commando. Vers 14 heures, KIKADIDI rejoignit les autres memp^s au commando en question à savoir Tadet KOUDISSA, Albert MIENAKOU, Daniel KIANGUILA, Grégoire KOUBA et Daniel KANZA. Ils se trou­ vèrent donc tous au domicile de KANZA Daniel où ils organisèrent une seance de priere conformément au rite imposé par MASSAMBA-DEBAT Peu apres, KIKADIDI donna le signal du départ. C'est à ce moment précis

«■

" i/

"

« Le refus du Chef de la Révolution fut catégorique. D'abord au cours ce I audience qu’il accorda à MASSAMBA-DEBAT, puis publiquement et violemment au cours du grand meeting organisé à l'occasion de la lournee anniversaire de l’U.R.F.C., le 13 mars 1977.

17

149

que Grégoire KOUBA fit défection se faisant malade et se retira. Le reste du commando, c’est-à-dire Barthélémy KIKADIDI, Tadet KOUDISSA. Al­ bert MIENAKOU, Daniel KIANGUILA et Daniel KANZA entra dans la voi­ ture Peugeot 404 de KIKADIDI et arriva chez Albert KONDA, comptable à la S.N E. où il y avait un dépôt d'armes et dé munitions. « Le commando s’habilla alors en militaires chez Albert KONDA et de là, KIKADIDI toujours au volant, prit la direction de l’Etat-Major où les attendaient, prêts à faciliter leur triste besogne, le Chef de Poste de la Garde Présidentielle, Louis NKOMO, la sentinelle BAZONZA et l'agent de la Sécurité Présidentielle, Raphaël ONTSOU, tous déjà contactés par les éléments de MASSAMBA-DEBAT. « L’enquête précise que KIKADIDI savait, grâce à ses complices, qu'en arrivant à l’Etat-Major — Résidence, vers 14 h 30, il trouverait le Pré­ sident Marien NGOUABI en train de prendre son repas. « A l'entrée de l’Etat-Major Général, le commando, habillé en tenue militaire réglementaire, réussit à passer sans encombre la première bar­ rière. A la deuxième barrière, celle qui donne à la Résidence du Pré­ sident, le commando se trouva en face de la sentinelle BAZONZA qui reconnut le commando et le laissa passer. Stationné au perron de la Résidence, chose tout à fait curieuse et inadmissible, le commando fut reçu par Raphaël ONTSOU et fut introduit dons la salle du Secrétariat. C'est en ce moment qu'un autre agent de la Sécurité, nommé Auguste OKAMBA, trouvant suspecte l'arrivée de ces hommes, intervient pour les obliger à retirer leur véhicule de l'endroit où ils l'avaient laissé, c'està-dire à côté même du perron. Le même OKAMBA fit discrètement appel à un élément de secours qui n'arriva jamais. Pendant ce temps, Raphaël ONTSOU après avoir reçu le commando, laissa croire au Président que le Capitaine MOTANDO Yves était venu le voir. « Le Président qui venait de terminer son repas, ayant reconnu, à travers la vitre de la porte, l'ex-Capitaine KIKADIDI, se dirigea vers le Secrétariat pour faire des remontrances à Raphaël ONTSOU. C’est en ce moment que le commando se jeta sur le Président. L'échauffourée et la bagarre qui suivirent se terminèrent par la mort du Président, abattu par ONTSOU ; quelques instants avant, le Président avait réussi à tuer deux de ses agresseurs et à mettre en fuite le reste du commando, sans que l’agent OKAMBA qui avait assisté à toute la scène et les autres élé­ ments de la Garde et de la Sécurité Présidentielles ne viennent au secours du Président. Pire encore, le Sous-Lieutenant Oscar EWOLO, Chef de Corps de la Garde Présidentielle, alerté par les coups de feu, alors qu’il se trouvait à l'entrée de la Résidence présidentielle, au lieu de porter résolument secours au Chef de l'Etat, avait au contraire perdu du temps, volontairement, en manœuvres dilatoires et même bloqué la progression d'un élément qui s’avançait vers le lieu où luttait ie Président pour se dégager, pour se défendre. Ainsi donc, le Sous-Lieutenant Oscar EWOLO a permis à Raphaël ONTSOU de tirer sur le Chef de l’Etat et au reste du

18

150

commando à prendre le large. Au demeurant, les déclarations de Raphaël ONTSOU et de Paul BAZONZA mettent formellement à nu la complicité de la Garde et de la Sécurité Présidentielles avec le groupe politique qui a organisé l'assassinat du Président Marien NGOUABI. MASSAMBA-DEBAT et KIKADIDI n'ont pas bénéficié seulement des complicités internes. Si MASSAMBA-DEBAT a été exécuté par une Cour Martiale qui avait rendu son verdict à l'époque, il reste que Barthélémy KIKADIDI, condamné à mort par contumace, mène tranquillement sa vie à l'étranger. Tandis qu'HOMBESSA André, qui a été au cœur du complot qui a coûté la mort au Président Marien NGOUABI, est pris en charge par les ennemis de la Révolution congolaise et se prélasse dans certaines capitales euro­ péennes.

« Les déclarations enregistrées à la commission d’enquête, celles de NDOUDI-GANGA (agent de liaison), de KANZA Daniel, de KIANGUILA Da­ niel (membres du commando arrêtés) et de MIZELE Germain (l’homme de confiance de MASSAMBA-DEBAT), toutes ces déclarations ont éclairé sans bavure la commission d’enquête sur la conception, la préparation et l’exécution du complot qui a abouti à l’assassinat du président Marien NGOUABI avec deux autres victimes : le Sergent PEA et le Combattant PEA. Il existe tout un lot de documents écrits, de la main même de MAS­ SAMBA-DEBAT qui fixent tout le programme et tout le pérémonial de la prise de pouvoir, de l’organisation consécutive à cette prise de pouvoir, depuis la première proclamation à la Radio, du renversement du régime NGOUABI et de sa substitution par ie régime MASSAMBA-DEBAT jus­ qu’à la communication relative à la formation du nouvequ Gouvernement de la République dite du Congo et du nouveau Parti appelé « Union Démo­ cratique du Progrès ». Il existe une série d’agendas qui récapitulent toutes les activités religieuses et politiques de MASSAMBA-DEBAT, tant à Boko qu’à Brazzaville. « Peuple congolais, « Camarades militants, « Chers compatriotes, « Voilà des éléments nitive, nous nous trouvons international. Ce complot Pascal LISSOUBA, André ques.

d’enquête que je viens de voqs livrer. En défi­ devant un vaste complot ourdi par l’impérialisme a eu pour chefs de file : MASSAMBA-DEBAT, HOMBESSA et leurs différents groupes politi­

« Je demande que la commission d’enquête remette tous les dossiers et tous les éléments de cette affaire aux mains de la Cour d’Exception qui siégera à partir du 3 janvier 1978. « Je demande que le déroulement du procès de l’assassinat du grand communiste congolais et africain que fut le camarade Marien NGOUABI soit public, c’est-à-dire que la Cour d’Exception qui sera mise

19

151

en place siégera en audience publique, radiodiffusée et télévisée. Ainsi, le peuple congolais tout entier et l'opinion internationale pourront suivre en direct ce grand procès de la Révolution congolaise. , « Je demande que la Cour d'exception soit à la hauteur de sa tâche, il s'agira d’être très sérieux, très rigoureux, très méthodique. Il s'agira d avoir une certaine envergure dans la tenue des débats. Le dossier de I assassinat du Président Marien NGOUABI est un dossier de la plus haute importance. Il s’agira, pour fa justice révolutionnaire, de ne pas plaisanter, mais de prendre l'affaire très au sérieux comme il se doit ». Le mardi 3 janvier 1978, à 15 heures précises, le procès sur l'assas­ sinat du Président Marien NGOUABI, s'ouvre dans la salle des audiences du Palais de Justice de Brazzaville.

Les débats sont radiodiffusés et télévisés comme l’avait exigé le camrade Joachim YHOMBY-OPANGO, Président du Comité Militaire du Parti. Les quarante-deux accusés ont chacun un Avocat choisi ou commis d office. Les débats sont donc contradictoires. Ils auront duré tout le mois de janvier et se poursuivront jusqu'au 5 février 1978.

La Cour délibère dans la nuit du 5 au 6 février. Et le 6 février le verdict est rendu.

Dans les pages qui suivent, nous avons tenu à mettre à la disposition du lecteur, les éléments essentiels de ce procès historique, le Procès de janvier, le procès de la Révolution.

20

152

Ordonnance créant la Cour

153

LE PRESIDENT DU COMITE MILITAIRE DU PARTI, PRESIDENT DE LA

REPUBLIQUE, CHEF DE L’ETAT, PRESIDENT DU CONSEIL DES MINISTRES

Vu l'Acte Fondamental du 5 Avril 1977 ; Vu l'Acte no 005/PCT du 19 Avril 1977 portant création du Comité Militaire du Parti et fixant ses attributions ; Vu l’Acte no 001/PCT du 13 Avril 1977 portant structuration du Comité Militaire du Parti ; Vu l’Ordonnance no 2/69 du 7 Février 1969 portant création de Iq Cour Révolutionnaire de Justice ; Vu l’ordonnance no 039/77 du 5 Septemre 1977 portant institution d'une Commission d’Enquête ;

Vu les nécessités de la Révolution ;

LE COMITE MILITAIRE DU PARTI ENTENDU ; ORDONNE :

Art. 1er : Il est crée une Cour Révolutionnaire d’Exception chargé de juger les personnes traduites devant elle par la Commission d’Enquête instituée par l’Ordonnance no 039/77 du 5 Septembre 1977 portant institu­ tion d’une Commission d’Enquête à la suite de l'assassinat du Président du Comité Central du Parti Congolais du Travail, Président de la Républi­ que, Chef de l’Etat, le Grand Camarade Marien NGOUABI survenu le 18 Mars 1977. Art. 2. — La Cour Révolutionnaire d’Exception est compétente pour juger toutes les personnes, auteurs, co-auteurs et complices d'attentat contre la Sûreté intérieure et extérieure de l’Etat. Elle est également com­ pétente pour juger les personnes qui ont concouru, facilité, aidé à la prépa­ ration et à la consommation de l’assassinat du Président du Comité Central du Parti'Congolais du Travail, Président de la République, Chef de l’Etat, le Camarade Marien NGOUABI.

Art. 3 — La Cour Révolutionnaire d'exception se compose comme suit : — D’un Présdent — D’un Vice-Président — et des Membres

■v

23

154

nPmpnrtt AO= o,L-e^in'SAère Public est tenu par un Commissaire du Gouver­ nement assiste d un Commissaire de Gouvernement Adjoint. à 5— La procédure et les pénalités sont celles prévues par l’Ordon

XXSS" 7

>-°-

«Mon A KÏÏS

c” Ré,°“™“™

«■»

" -à «à

Fait à Brazzaville, le 2 Janvier 1978

Joachim YHOMBY-OPANGO, Général de Brigade

24

155

Les membres de la Cour Révolutionnaire d'Exception

- * V

./1

Le Procès *

157

Les Accusations

158

IDENTITE Nom : NDOUDI GANGA Prénoms : Jean-Pierre Nationalité : Congolaise Profession : Administrateur du Travail Domicile : rue C.F.C.O. n° 5 Poto-Poto Lieu de naissance : Boko Village Date de naissance : 15 Février 1935 Filiation : Fils de feu NDoudi-Ganga et de Kiabika Elisabeth Situation familiale : Marié, 3 enfants Condamnation : Jamais été condamné INCULPATION Il est accusé d'avoir à Brazzaville entre 1975 et 1977 en tout cas depuis moins de dix ans, porté atteinte à la sécurité de l'état Congolais dont le le but est de renverser les institutions politiques, créer la confusion et troubler l’ordre public. De s’être à Brazzaville le 18 Mars 1977, en tout cas depuis moins de dix ans rendu complice du crime d’assassinat commis par Kikadidi Barthélémy, Kanza Daniel, Kianguila Daniel, Kouba Grégoire, Koudissa Tadet et Miénakou Albert sur la personne du Camarade Marien Ngouabi. Président du Comité Central du P.C.T., Président de la Répu­ blique, Chef de l’Etat, Président du Conseil d'Etat.

IDENTITE Nom : MATINGOU Prénoms : Bernard Profession : Commissaire division­ naire Nationalité : Congolaise Domicile : 402, RueMalanda Rock à Bacongo Lieu de naissance : Kimpanzou (Boko) Date de naissance : 20 Février 1932 Fils de : Monéka Et de : Loutaya Julienne a déjà été condamné en 1968 à 5 ans d’emprisonnement à l’occasion de l’avènement du camarade Président du Comité Central du P.C.T. au pouvoir, pour sortie illégale d’armes et rébellion — INCULPATION Il est accusé de s'être le 18 Mars 1977 en tout cas depuis moins de dix ans rendu complice du crime d’assassinat commis sur la personne du camarade Marien Ngouabi, Président du Comité Central du PC.T., Président de la République, Chef de l’Etat, Président du Conseil d'Etat, et de s'être rendu complice du crime d'atteinte à la sécurité de l’Etat Congolais.

31

159

IDENTITE Nom :KOUNOUGOUS Prénom ; Paul Profession : Agent Administratif ces Hôpitaux de Paris Nationalité : Française Domicile : 266 Rue du Faubourg Saint-Martin à Paris Date de naissance : 12 Mai 1933 Lieu de naissance : Brazzaville Fils de : Feu Marnpouya Jean Et de : Sakouba Suzanne Marié, père de six enfants INCULPATION rord^enV.N?r 1r|SUivi.pou''.attelnte à la sécurité d’Etat dans le but de troubler de= institutions noim ^'^re, la tranquillité publique et le renversement aes institutions politiques nationales.

IDENTITE Nom : GANDzION Prénoms : Prosper Lieu de naissance : Onguima (Gamboma) Date de naissance : 1927 Fils de : Feu Galessan Et de feue Onkouni Nationalité : Congolaise Profession : Commerçant Marié, père de 3 enfants a déjà été condamné après le renversement du régime Youlou dont il était membre INCULPATION Il est inculpé d’avoir à Brazzaville, le 18 Mars 1977 en tout cas depuis moins de dix ans de s’être rendu complice du crime d’assassinat commis sur la personne du camarade Marien Ngouabi, Président du C.C. du P.CT. President de la République, Chef de l'Etat, Président du Conseil d'Etat et de s etre rendu complice du crime d’atteinte à la sécurité de l’Etat congolais dont le but était de troubler l’ordre public et de |eter la confusion dans le pays et de s’emparer du pouvoir. 32

160

IDENTITE Nom :TARANGANDZO Prénoms : Faustin Profession : Attaché des S.A.F. Situation militaire : ex-Sous-Lieutenant Officier épuré en 1974 et reversé dans le cadre civil des SA F Nationalité : Congolaise Domicile : 4, rue Ngamba à MPila Lieu de naissance : Ingouma terre Ossa district de Djambala Date de naissance : 1940 Filiation : Fils des feus MBali Et Odiossion n’a jamis été condamné Situation familiale : Marié, père de huit enfants INCULPATION Il est inculpé de s’être rendu complice du crime d'assassinat commis sur la personne du camarade Marien Ngouabi, Président du Comité Central du P.C.T., Président de la République, Chef de l’Etat, Président du Conseil d'Etat et de s’être rendu complice du crime d’atteinte à la sécurité d'Etat.

IDENTITE Nom : DIAZENZA Prénoms : Pierre Profession : Mécanicien Nationalité : Congolaise Domicile : 171, rue Vindza Plateau des 15 ans Lieu de naissance : Boko Date de naissance : 8 Juin 1945 Fils de : Kiessa Jacques Et de Loussaloussou Monique a déjà été condamné à 6 mois d’emprisonnement pour rébellion.

INCULPATION Il est inculpé d’avoir à Brazzaville le 18 Mars en tout cas depuis moins de dix ans ensemble et de concert avec les personnes citées, rendues coupables du crime d'assassinat sur la personne du camarade Marien Ngouabi, Président du Comité Central du P.C.T., Président de la République, Chef de l'Etat, Président du Conseil d'Etat en se transportant à l’Etat-Ma|or circonstances indépendantes de leur volonté à cause de l’intervention du service de sécurité à la porte principale. 33

161

IDENTITE Nom : KIANGUILA Prénoms : Daniel Profession : Chauffeur Nationalité : Congolaise Domicile : 13, Rue Mbakoua Kinsoundi Date de naissance : vers 1931 Lieu de naissance : Zinga (Boko) Fils de : Kianguila Daniel Et de : feue Nzoumba Madeleine Jamais condamné Marié trois entants

INCULPATION Il est inculpé d’avoir à Brazzaville le 18 Mars 1977, en tout cas depuis moins de dix ans ensemble de concert avec Kikadidi Barthélémy, Koudissa Tadet, Miénakou Albert Kanza Daniel volontairment donné la mort au camarade Marion Ngouabi, Président du Comité Central du P.C.T., Prési­ dent de la République, Chef de l'Etat, Président du Conseil d’Etat. IDENTITE

Nom : MOUTSAKA Prénoms : David Profession : ex-Colonel de l'Armée Nationalité : Congolaise Domicile : 107, Rue Moundzombo, Moungali (Brazzaville) Filiation : Fils de feu Mampouya Et de feue Samba Date de naissance : vers 1932 Lieu de naissance : Nd|éto (Boko) Situation familiale : Marié 2 enfants Condamnation : Jamais condamné

CHEF D'ACCUSATION Il est inculpé d’avoir à Brazzaville le 18 Mars 1977 en tout cas depuis moins de dix ans porté atteinte à la sécurité de l’Etat congolais dont le but est de renverser les institutions politiques nationales, de créer la confusion, et de troubler l'ordre public et de s’être rendu complice du crime d’assas­ sinat sur la personne du Chef de l’Etat. 34

162

IDENTITE Nom : EWOLO Prénoms : Oscar Profession ; Officier du génie militaire Nationalité : Congolaise Domicile : Camp 15 Août Date de naissance : 6 Janvier 1948 Lieu de naissance : Ekadouma Filiation : Fils de : Ewolo Bernard Et de Anna Régine n’a jamais été condamné Situation de famille : Marié, père de deux enfants

INCULPATION Il est accusé d’avoir à Brazzaville le 18 Mars 1977 en tout cas depuis moins de dix ans, porté atteinte à la sécurité de l’Etat en vue de renverser les institutions politiques nationales et de troubler l’ordre public, d'avoir dans les mêmes circonstances de temps et de lieu s’être rendu complice du crime d’assassinat commis par Kikadidi. Ontsou et autres sur la personne du camarade Marien Ngouabi, Président du C.C. du P.C.T., Président de la République, Chef de l'Etat, Président du Conseil d’Etat. IDENTITE Nom : KANZA Prénoms : Daniel Profession : ex Brigadier de Police Nationalité : Congolaise Domicile : 22, rue Louniangou (Mé­ téo) Lieu de naissance : Mbanza-Voula (Boko) Date de naissance : 15 novem­ bre 1939 Fils de : Biloumbou Et de feue Houmba Elisabeth Marié père de sept enfants n’a jamais été condamné INCULPATION Il est inculpé d’avoir le 18 Mars 1977 à Brazzaville en tout cas depuis moins de dix ans ensemble et de concert avec Kikadidi Barthélémy, Koudissa Tadet, Mienakou Albert, Kianguila Daniel volontairement donné la mort au camarade Marien Ngouabi, Président du C.C. du PCT Président de la République, Chef de l’Etat, Président du Conseil d'Etat. 35

163

IDENTITE Nom : KITADI Prénoms : André Profession : Commissaire de Police Nationalité : Congolaise Fils de : Samba Et de : Moukoula Lieu de naissance : Kindamba (Boko) Date de naissance : vers 1931 Domicile : 1398, Avenue des Trois Martyrs A déjà été condamné pour rébellion

INCULPATION Il est inculpé de s'être rendu complice du crime d’assassinat commis sur la personne du camarade Marien Ngouabi, Président du C.C. du P.C.T., Président de la République, Chef de l’Etat, Président du Conseil d'Etat et de s'être dans les mêmes circonstances de temps et de lieu rendu complice du crime d'atteinte à la sécurité de l’Etat Congolais.

IDENTITE

Nom : ABBA GANDZION Prénom : Gustave Profession : Attaché des S.A.F. Nationalité : Congolaise Domicile : 218 Quartier O.C.H. (Moungali) Lieu de naissance : Ipenata Date de naissance : vers 1939 Filiation : Fils de Ngalibali Et de Akouan Jamais été condamné Situation familiale : Célibataire père de quatre enfants INCULPATION Il est inculpé d'avoir à Brazzaville entre 1975 et 1977 en tout cas depuis moins de dix ans porté atteinte à la sécurité de l’Etat Congolais dans le but de troubler l’ordre public, de renverser les institutions politiques nationales, de préparer d’éventuels mouvements de désordre contre l'autorité de l’Etat.

36

164

IDENTITE Nom : BOUTETE Prénoms : Paul Profession : Commerçant Domicile : 576, Rue Madzia Plateau des 15 ans Date de naissance : 13 Août 1938 Lieu de naissance : Brazzaville Fils de : feu Mbitzi Georges Et de : Biyela Julienne n’a jamais été condamné Marié père de cinq enfants INCULPATION Il est inculpé d'avoir à Brazzaville courant 1975-1977 en tout cas depuis moins de dix ans porté atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat congolais Participer à un complot dont le but est de troubler l’ordre public, la paix in­ térieure, la tranquillité publique, de préparer d’éventuels mouvements de désordre dans le but de changer les institutions politiques nationales et de s'être rendu complice soit pour aide soit pour assistance soit pour instruc­ tion, consignes données ou par quelques moyens que ce soit, de la mort du camarade Marien Ngouabi. Président du C.C. du P.C.T., Président de la République, Chef de l'Etat, Président du Conseil d’Etat.

IDENTITE Nom : SISSOULOU Prénom : Simon Profession : Sans Nationalité : Congolaise Domicile : 284, Av. des Trois Martyrs, Plateau des 15 Ans, Brazzaville Lieu de naissance : Bouendzé-Boko Date de naissance : Vers 1944 Filiation : Fils de MAKANDA Et de KITOMBOLA Suzanne Situation familiale : Célibataire sans enfant Condamnation : Jamais condamné INCULPATION Il est inculpé d'avoir à Brazzaville, le 17 février 1977 en tout cas depuis moins de dix ans tenté d'assassiner le camarade NGOUABI Ma­ rien, Président du C.C. du P.C.T., Président de la République, Chef de l'Etat, Président du Conseil d’Etat, deuxièmement de s'être rendu com­ plice du crime d'assassinat commis par KIKADIDI Barthélémy et autres sur le camarade Marien NGOUABI, Président de la République, Chef de l’Etat, de s'être rendu complice du crime d’atteinte à la sécurité de l'Etat par Massamba-Débat et autres. 37

165

IDENTITE Nom : KOUBA Prénom : Grégoire Profession : Ex-Sous-Brigadier de Police a intégré ^Administration lors de la dissolution du corps de la Police. Nationalité : Congolaise Domicile : Rue Surcoût, 75. Bacongo (Brazzaville) Lieu de naissance : Matadi-Boko Date de naissance : vers 1946 Filiation : Fils de DIANKATA Et de feue MPOUELA Jamais condamné Situation familiale : Marié père de 4 enfants INCULPATION Il est inculpé d'avoir à Brazzaville le 18 Mars 1977 en tout cas depuis moins de dix ans rendu complice du crime d’assassinat commis sur la personne du camarade Marien NGOUABI, Président du C.C. du P.C.T., Président de la République, Chef de l'Etat, Président du Conseil d'Etat et de s’être rendu complice du crime d’atteinte à la sécurité de l’Etat congolais.

IDENTITE Nom : ONANGA Prénom : Jean-Pierre Nationalité : Congolaise Profession : Militaire, Capitaine Domicile : 1550, rue Gamboma, Ouenzé Lieu de naissance : Lékéti Date de naissance : 5 juin 1945 Filiation : Fils de ONANGA François Et de NDZOU BOULINGUI MarieAnne Marié, père de six enfants n’a (amais été condamné INCULPATION Il s’est rendu complice d’atteinte à la sécurité de l'Etat

38

166

IDENTITE Nom i BIKOUA Prénom ; Maurice-Dinard Profession . Militaire. Officier de l'APN grade Aspirant Nationalité Congolaise Domicile Brazzaville, Camp 15 Août Lieu de naissance ; Ouesso Date de naissance : vers 1951 Filiation : Fils de feu EBIA et do ABAHOLO Jeanne. Se disant ïamals condamné Situation familiale : Marié, père de quatre entants INCULPATION Il est inculpé d'avoir à Brazzaville courant 1977 et en tout cas depuis moins de dix ans rendu complice d'atteinte à la sécurité de l'Etat con­ golais. IDENTITE Nom BAZONZA Prénom : Robert Profession : Militaire Nationalité ; Congolaise Domicile : 40, rue des Palmiers à Makélékélé Lieu de naissance ; gare Motoumbou, district de Kinkala Dote de naissance : 20 avril 1955 Filiation : Fils de feu BAZONZA-SAMBA et de KIMOUANDI-SOUMOU Situation familiale . Célibataire, père d'un entant A déjà été condamné par contumace au lendemain de l'assassinat du Président Marion NGOUABI, par la Cour Martiale à la peine de mort,

INCULPATION Il est inculpé de s'être à Brazzaville le 1S mars 1977 en tout cas depuis moins de dix ans rendu complice du crime d'assassinat commis sur la personne du camarade NGOUABI Marien. Président du C.C. du P C T . Président de la République. Chef de l'Etat, Président du Conseil d'Etat et de s'être rendu complice ou crime d atteinte à la sécurité de t'Etat congolais.

39

167

IDENTITE Nom : KINANGA Prénom : François Profession : Comptable chez Pontéco Nationalité : Congolaise Domicile : 23, rue Zandés à Mounga'i Lieu de naissance : Mindouli Date de naissance : vers 1934 Filiation : Fils de MOUKOUMA Et de NGANGOULA Louise Situation familiale : Marié, père de dix enfants.

INCULPATION Il est inculpé d'avoir à Brazzaville courant 1975-1977 en tout cas depuis moins de dix ans porté atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat congolais dont le but est de troubler I’.ordre public, la paix intérieure, la tranquillité publique, de préparer d’éventuels mouvements de désordre dans le but de changer les institutions politiques nationales et de s’être rendu complice soit pour aide sort pour assistance soit pour instruction, consignes données ou par quelques moyens que ce soit de la mort du camarade Marier, NGOUABI, Président du C.C. du P.C.T., Président de la République, Chef de l'Etat, Président du Conseil d’Etat.

IDENTITE Nom : KONDA Prénom : Albert Profession : Comptable à la S.N.E. Nationalité : Congolaise Domicile : 142, rue Mpissa à Makélékélé, Brazzaville Lieu de naissance : Biéri-Boko Date de naissance : 24 mars 1943 Filiation : Fils de KOUBEMBA Marcel Et de VOUALA Monique Situation familiale ; Marié, père de cinq enfants INCULPATION Il est inculpé d’avoir à Brazzaville courant 1977 en tout cas depuis moins de dix ans s’être rendu complice d’atteinte à la sécurité de l’Etat congolais et de s’être rendu complice du crime d'assassinat en fournis­ sant à KANDZA, KIKADIDI, aide et local et en détruisant les pièces ayant servi au crime. 40

168

IDENTITE Nom : MOUNGOUNGA - KOMBO Prénom : NGuila Profession : Administrateur des SAF Nationalité : Congolaise Domicile : OCH C 48 Moungali I Lieu de naissance : Mouyondzi Date de naissance : 9 novembre 1940 Filiation : Fils de NKOMBO Casimir Et de NSOKO Madeleine Situation familiale : Marié, père d'un enfant N'a jamais été condamné INCULPATION Il est inculpé pour atteinte à la sûreté intérieure de l'Etat dont le but est de troubler l’ordre public, de porter atteinte à la sécurité de l'Etat et également de jeter la confusion et de renverser les institutions politiques nationales. IDENTITE Nom : MATOU3A ma NTOTO -Prénoms : Lylian Profession Attaché des SAF Situation militaire : Ex-militaire, a quitté l'armée pratiquement depuis 1973 et le mouvement d'épuration a juridiquement régularisé se situa­ tion. Est parti de ''Armée parce qu’il voulait évoluer au Ministère de l'Enseignement Technique Pro­ fessionnel et Supérieur. Nationalité : Congolaise Domicile : Pointe-Noire, Quartier Tié-Tié Lieu de naissance : Ngombé Date de naissance : 2 juillet 1941 Filiation : Fils de NTOTO Edouard N'a jamais été condamné Et de BATABOUKILA Dina . INCULPATION Il est inculpé d’avoir à Brazzaville le 18 Mars 1977 en tout cas depuis moins de dix ans s'être rendu complice du crime d'assassinat commis sur la personne du camarade NGOUABI Marien, Président du C.C. du P.C.T., Président de la République, Chef de l’Etat, Président du Conseil d'Etat et de s’être rendu complice dans les mêmes circonstances de temps et de lieu du crime d’atteinte à la sécurité de l'Etat congolais.

41

169

IDENTITE Nom : Mme KIKADIDI née FOUNZI Prénom : Angélique Profession : Fermière Nationalité : Congolaise Domicile : Domiciliée à Massissia Lieu de naissance : Brazzaville Date de naissance : vers 1935 à Brazzaville Filiation : Fille de BADI Joseph Et de NDONA Louise Situation familiale : Mariée, mère de 6 enfants INCULPATION Elle est inculpée d'qvoir à Brazzaville courant 1975—1977 en tout cas depuis moins de dix ans porté atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat congolais dont le but est de troubler l'ordre public, la paix intérieure, la tranquillité publique, de préparer d'éventuels mouvements de désordre dans le but de changer les institutions politiques nationales et de s'être rendue complice soit par aide, soit par assistance, soit par instructions, consignes données ou par quelques moyens que ce soit de la mort du camarade Marien Ngouabi, Président du C.C. du P.C.T., Président de la République, Chef de l'Etat, Président du Conseil d'Etat.

IDENTITE Nom : MALONGA MOUNGABIO Prénoms : Gaston

Porfession : Militaire Parachutiste Domicile : Camp du Djoué

Lieu de naissance Banza-Nguéri (Gamaba)

Date de naissance : bre 1937

21

Décem­

Filiation : fils de Moungabio Laurent Et de feue Dengoua Situation de famille : Marié, 7 enfants

INCULPATION Il est inculpé d'avoir à Brazzaville, le 18 mars 1977, en tout cas depuis moins de dix ans, porté atteinte à la sécurité de l'Etat congolais dont le but est de troubler l'ordre public, la paix intérieure, la tranquillité publique.

42

170

IDENTITE

Nom : MAKOUMBOU Prénom : Joseph Profession : Commerçant Nationalité Congolaise Domicile : 25, avenue des Trois-Martyrs, Plateau des 15 Ans Lieu de naissance : Louboundou, District de Kinkala Date de naissance : vers 1935 Filiation : Fils de DOUANI Et de MASSIKA Pauline N'a jamais été condamné Situation familiale : Marié, père de six enfants INCULPATION Il est inculpé d'avoir à Brazzaville courant 1975—1977 en tout cas depuis moins de dix ans porté atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat congolais dont le but est de troubler l'ordre public, la paix intérieure, la tranquillité publique, de préparer d'éventuels mouvements de désordre dans le but de changer les institutions politiques nationales et de s'être rendu complice soit pour aide, soit pour assistance, soit pour instruc­ tion, consignes données ou par quelques moyens que ce soit de l'assaut ou de la mort du camarade NGOUABI Marien, Président du C.C. du P C T., Président de la République, Chef de l'Etat, Président du Conseil d’Etat.

IDENTITE Nom : BANTSIMBA

Prénom :

Nationalité : Congolaise Profession :

Domicile Lieu de naissance :

Filiation : Situation de famille ; Condamnation :

INCULPATION Il est accusé pour profanation des tombeaux. 43

171

I D ENTITE Nom : MIZELE Prénom : Germain Profession : Tailleur Nationalité : Congolaise Lieu de naissance : Paris-Boko Date de naissance : 6 janvier 1931 Filiation : Fils de feu MAMPOUYA Et de feue LOUTAYA Situation familiale : Marié, père de 8 enfants N'a jamais été condamné INCULPATION Il est inculpé d'avoir à Brazzaville courant 1975—1977 en tout cas depuis moins de dix ans, porté atteinte à la sécurité intérieure de l'Etatcongolais dont le but est de troubler l’ordre public, la paix intérieure, la tranquillité publique, de préparer d'éventuels mouvements de désordre dans le but de changer les institutions politiques nationales et de s’êtré rendu complice soit pour aide, soit pour assistance, soit pour instruc­ tions, consignes données ou par quelques moyens que ce soit de l’assas­ sinat du camarade Marien Ngouabi, Président du C.C. du P.C.T., Pré­ sident de la République, Chef de l’Etat, Président du Conseil d'Etat.

IDENTITE Nom : BOKAZOLO Prénom : Albert Profession : Professeur certifié de Lycée Nationalité : Congolaise Lieu de naissance : Bolo-Boko Date de naissance : vers 1942 Domicile : Cité de l’OMS, B.P. 842 Filiation : Fils de MATSIKA Et de NZINDOU N’a jamais été condamné INCULPATION Il est inculpé d’avoir à Brazazville courant 1975—1977 en tout cas depuis moins de dix ans porté atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat congolais dont le but est de troubler l’ordre public, la paix intérieure, la tranquillité publique, de préparer d’éventuels mouvements de désordre dans le but de changer les institutions politiques nationales et de s'être rendu complice soit pour aide, soit pour assistance, soit pour instruc­ tions consignes données ou par quelques moyens que ce soit, de l’assas­ sinat du camarade Marien NGOUABI, Président du C.C. du P.C.T., Pré­ sident de la République, Chef de l’Etat, Président du Conseil d’Etat. 44

172

I D E N T I T E Nom : KINKOUBA Prénom : Etienne Profession : Tailleur Nationalité : Congolaise Domicile : 984, avenue des TroisMartyrs, Plateau des 15 Ans, Brazville Lieu de naissance : Mangola-Mindouli Date de naissance : Vers 1936 Filiation : Fils de feu MAYOULOU Situation familiale : Célibataire Et de feue NKENGUE Antoinette N’a jamais été condamné INCULPATION Il est inculpé d’avoir à Brazzaville courant 1975 — 1977 en tout cas depuis moins de 10 ans, porté atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat congolais dont le but est de troubler l’ordre public, la paix intérieure, la tranquillité publique, de préparer d’éventuels mouvements de désordre dans le but de changer les institutions politiques nationales et de s’être rendu complice soit pour aide, soit pour assistance, soit pour instructions, consignes données ou par quelques moyens que ce soit de l’assassinat du camarade Marien NGOUABI, Président du C.C. du P.C.T., Président de la République, Chef de l’Etat, Président du Conseil d'Etat. IDENTITE

Nom : SAMBA DIA KOUMBI Prénom : Dominique Nationalité : Congolaise : Profession : Comptable Domicile : 513, rue Louolo Plateau de 15 ans Brazzaville Lieu de naissance : Ngamissakou (Kinkala) Date de naissance : Vers 1935 Filiation : Fils de Koumbi Mahoungou et de Ntinou Banziemo Situation de famille : marié, père de 11 enfants INCULPATION Il est accusé d'avoir à Brazzaville, le 18 mars 1977, en tout cas depuis moins de dix ans, porté atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat congolais Participé à un complot dont le but est de renverser les institutions politi­ ques nationales et de s’être rendu complice du crime d’assassinat commis par Kikadidi, Ontsou et autres sur la personne du camarade Marien Ngouabi. Président du C.C. du P.C.T., Président de la République, Chef de l’Etat, Président du Conseil d'Etat. 45

173

IDENTITE Nom : MFOUNA Prénom : Yves Profession : Attaché à l'information retraité Nationalité : Congolaise Domicile : 1707, route du Djoué, Brazzaville Lieu de naissance : Pélo-Kinkala Date de naissance : vers 1912 Filiation : Fils de feu MOTOKA Et de TONGO Situation familiale : Veuf, père de S enfants. N’a jamais été condamné INCULPATION Il est inculpé d’avoir à Brazzaville, I e 18 mars 1977, en tout cas depuis moins de 10 ans, rendu complice du crime d’assassinat commis sur la personne du camarade Marien NGOUABI, Président du Comité Cen­ tral du Parti Congolais du Travail, Président de la République, Chef de I Etat Président du Conseil d'Etat et de s'être rendu complice du crime d'at­ teinte à la sécurité de l'Etat.

IDENTITE

Nom : GALIBALI Prénom : Lambert Profession : Attaché des SAF Nationalité : Congolaise Domicile : Face Dr Pyro, Centre ville Lieu de naissance : Lékana Date de naissance : vers 1940 Filiation : Fils de DIMA Et de N'TSAKA Situation familiale Marié. 10 enfants N'a jamais été condamné

INCULPATION Il est inculpé d'avoir à Brazzaville, le 18 mars 1977 en tout cas depuis moins de 10 ans, rendu complice du crime d'assassinat commis sur la personne du camarade NGOUABI Marien, Président du Comité Central du Parti, Président de la République, Chef de l’Etat, Président du Conseil d'Etat et de s’être rendu complice du crime d'atteinte à la sécurité de l’E­ tat. 46

174

IDENTITE Nom : MASSAMBA-LOUSSAKOU Prénoms : Louis Profession : ex-Officier de l'A.P.N. mis à la disposition de la Fonction Publique présentement Professeur d’histoire-géo au Lycée du 1" Mai. Nationalité : Congolaise Domicile : 1087, rue Vouvou, Plateau des 15 Ans — Brazzaville Lieu de naissance : Brazzaville Date de naissance : Né le 31 Mai 1945 Filiation : Fils de feu Loussakou Pierre et de Loukélo Pauline Filiation familiale : Marié, 6 enfants N’a |amais été condamné

INCULPATION Il est inculpé de s’être à Brazzaville, le 18 mars 1977, en tout cas depuis moins de dix ans, rendu complice du crime d’assassinat commis sur la personne du camarade Marien Ngouabi, Président du Comité Central du Parti, Président de la République, Chef de l'Etat, Président du Conseil d’E­ tat et de s’être rendu complice du crime d’atteinte à la sécurité de l’Etat.

IDENTITE Nom : BAKOULA Prénoms : Daniel Profession : Fonctionnaire Retraité Nationalité : Congolaise Domicile 77, Rue Mboko, Moungaii Brazzaville Lieu de naissance : Kingoma (Boko) Date de naissance : vers 1919 Filiation : Fils de feu Mbavou Et de feue MBila Situation familiale : Marié, père de 19 enfants INCULPATION il est inculpé d’avoir à Brazzaville, le 18 mars 1977, en tout cas depuis moins de dix ans, rendu complice du crime d’assassinat commis sur la personne du camarade Marien Ngouabi, Président du C.C. du P.C.T., Pré­ sident de la République, Chef de l’Etat, Président du Conseil d’Etat et de s’être rendu complice du crime d’atteinte à la sécurité de l’Etat congo­ lais. 47

175

IDENTITE

Nom : OKAMBA Prénoms : Auguste Profession : ex-militaire Lieu de naissance : Akola Date de naissance : 29 Juin 1948 Domicile : Maison d'Arrêt Filiation : Fils de Okamba Et de Komingou Hélène Situation de famille : INCULPATION

Il est accusé d'avoir à Brazzaville, le 18 mars 1977, en tout cas depuis moins de dix ans, porté atteinte à la sécurité de l’Etat en vue de renverser les institutions politiques nationales et de troubler l’ordre public, d’avoir dans les mêmes circonstances de temps et de lieu rendu complice du crime d’assassinat commis par Kikadidi, Ontsou et autres sur la person­ ne du camarade Marien Ngouabi, Président du Comité Central du P.C.T., Président de la République, Chef de l’Etat, Président du Conseil d’Etat.

IDENTITE

Nom : OBA

Prénoms : Marcel Profession : Militaire

Domicile : Camp 15 Août Filiation : Fils de Ngokayi Guillaume Et de feue Elibolekeka Lieu de naissance : District d’Ewo

Date de naissance : 20 Mai 1950 INCULPATION

Il est inculpé d’avoir à Brazzaville, le 18 mars 1977, en tout cas depuis moins de dix ans, porté atteinte à la sécurité de l'Etat en vue de renverser les institutions politiques nationales et de troubler l’ordre public. 48

176

IDENTITE

Nom : NKALA Prénom : Raphaël Nationalité : Congolaise Profession : Militaire Domicile : Allée du Chaillu Case D-12 Lieu de naissance: Singabanana (Boko) Date de naissance : vers 1931 Filiation : fils de Nkala Josué Situation de famille : Marié, 4 enfants Et de : Toukounou Thérèse N’a jamais été condamné INCULPATION Il est inculpé d’avoir à Brazzaville, le 18 mars 1977, en tout cas depuis moins de dix ans porté atteinte à la sécurité de l'Etat congolais dont le but est de troubler l’ordre public, la paix intérieure et de renverser les institutions politiques nationales.

IDENTITE Nom : HOMBESSA

Prénom : André Nationalité : Congolaise

Profession : Professeur de Lycée Domicile :

Lieu de naissance : Date de naissance :

Filiation :

Situation de famille : INCULPATION Il est inculpé d’avoir à Brazzaville, le 18 mars 1977, de s’être rendu complice d’assassinat commis sur la personne du camarade MarierNgouabi, Président du C.C. du P.C.T., Président de la République, Chef de l'Etat, Président du Conseil d'Etat et d’atteinte à la sécurité de l’Etat par Massamba-Débat et autres. 49

177

IDENTITE Nom : MALONGA Prénom : Joseph Nationalité : Congolaise Profession : Militaire Domicile : Saint-Cyr, Ecole Supérieu­ re Nationale de Sécurité Lieu de naissance : Bambama dis­ trict de Ngamaba Date de naissance : 14 janvier 1944 Filiation : Fils de feu MALONGA Bernard et de KIMPALA Madeleine Situation de famille : Célibataire six enfants Condamnation : N'a jamais été con­ damné INCULPATION

Il est inculpé de profanation de tombeaux.

IDENTITE

Nom : MENGA Prénom : Robert Nationalité : Congolaise Profession : Militaire Domicile : 16, Avenue des 3 Francs Brazzaville Lieu de naissance : Brazzaville Date de naissance : 16 septembre 1947 Filiation : Fils de BANZOUZI Rock et de MFOUNDI Madeleine Situation familiale : Célibataire, père de 3 enfants Condamnation : Jamais condamné INCULPATION

Il est inculpé de profanation de tombeaux et de distribution de docu­ ments susceptibles de troubler l'ordre public. 50

178

IDENTITE

Nom : MAKOUANGOU Prénom : Antoine Nationalité : Congolaise Profession : Officier de l'A.N.P. Domicile : 500, rue Louemé Plateau des 15 ans Brazzaville Lieu de naissance : Nzoungui (Boko) Date de naissance : Vers 1931 Filiation : Fils de feu MBIZI et de MFINA Situation de famille : Divorcé, père de 5 enfants Condamnation : Jamais condamné INCULPATION Il est accusé d'avoir à Brazzaville, le 18 mars 1977, en tout cas depuis moins de dix ans, porté atteinte à la sécurité de l’Etat congolais dont le but est de renverser les institutions politiques nationales et de troubler l’ordre public ou de rébellion contre l’autorité de l'Etat et de s’être rendu complice de la diffusion, propagation des films et des documents réalisés à Itatolo et s’est ensuite rendu complice du crime de profanation de tombeaux commis à Itatolo courant 1977.

IDENTITE Nom : KOUKA Prénom : Paulin Nationalité : Congolaise: Profession : Chauffeur Domicile : 282, rue Bayonne Brazza­ ville Lieu de naissance : Kimpoungui (Bo­ ko) Date de naissance : Vers 1947 Filiation : Fils de KOUKA Paul et de MAPOLO Suzanne Situation familiale : Célibataire sans enfant Condamnation : Jamais condamné INCULPATION Il est accusé d’avoir à Brazzaville, le 18 mars 1977, en tout cas depuis moins de dix ans, porté atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat congolais D’avoir participé à un complot dont le but est de troubler l’ordre public, la paix intérieure et de renverser les institutions politiques nationales.

51

179

IDENTITE

Nom : EWOLO Prénom : Bernard Michel Nationalité ; Congolaise Profession : Officier de l'Armée Domicile : Quartier Maya-Maya Par­ celle n° 24 Lieu de naissance : Ouesso Date de naissance 22 Juillet 1953 Filiation : Fils de Ewolo Bernard Et de Anna Régine Situation de famille : Célibataire sans enfant Condamnation : jamais condamné

INCULPATION

Il est accusé d’avoir à Brazzaville, le 18 mars 1977, en tout cas depuis moins de dix ans, porté atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat congolais Participé à un complot dont le but est de renverser les institutions politi­ ques nationales.

IDENTITE

Nom : GOMA Prénom : Gabriel Profession : Imprimeur Domicile : 1800, Avenue BouétaBongo (Makélékélé) Lieu de naissance : en 1940 Filiation : fils de Mahoungou Et de Bouissa Yvonne Situation de famille : marié, père de 10 enfants Condamnation : jamais condamné INCULPATION

Il est accusé d'avoir à Brazzaville, le 18 mars 1977, en tout cas depuis moins de dix ans, porté atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat congolais participé à un complot dont le but est de troubler l'ordre public, la paix in­ térieure et de renverser les institutions politiques nationales. 52

180

IDENTITE Nom : MIYEKAMENE Prénoms : Edouard Nationalité : Congolaise Profession : Directeur Commercial à Congo-Import Domicile : Domicile : 16, rue Etoumbi Lieu de naissance : Boko Filiation : fils de MPembélé Albert Et de N'Zoumba Julienne Situation de famille . Célibataire sans enfant Condamnation : déjà condamné dans ('Affaire de Kiganga INCULPATION

Il est accusé d'avoir à Brazzaville, le 18 mars 1977, en tout cas depuis moins de dix ans, porté atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat congolais Participé à un complot dont le but est de renverser les institutions politi­ ques et nationales.

IDENTITE Nom : MADZELA Prénoms : Louis Nationalité : Congolaise Profession : Officier de ('Armée Domicile ; Camp Milice Lieu de naissance ; Brazzaville Date de naissance : 20 Septembre 1940 Filiation : Fils de Mazela Louis et de Kitoto Louise Situation Familiale : Divorcé, père de 5 enfants Condamnation : N'a jamais été con­ damné INCULPATION Il est inculpé d'avoir à Brazzaville, le 18 mars 1977, en tout cas depuis moins de dix ans, porté atteinte à la sécurité intérieure de l t-at congolais dont le but est de troubler l’ordre public, la paix inferieure et de renverser les institutions politiques nationales.

53

181

L’essentiel sur l'interrogatoire des accusés

182

NDOUD! GANGA Inculpé des crimes de complicité d'assassinat et d'atteinte à la sécu­ rité de l'Etat Congolais QUESTION : Pouvez-vous nous parler fondamentalement sur les faits qui vous sont reprochés ? REPONSE : J'ai l'honneur de plaider non coupable devant votre cour. Cependant, je reconnais les faits suivants ;rle 7 Septembre 1974, je m'étais rendu à Boko pour prendre attache avec! mes parents notamment ma cousine Madame Massamba-Débat. Le but de ma mission concernait la «instruction des tombes de mes parents. Etant chez ma cousine sus­ nommée, qui est l’aînée de la famille, j’ai croisé également MassambaDébat. Celui-ci m'a demandé le but de ma visite. Je lui ai expliqué ce que je viens de citer plus haut. Ensuite Massambat-Débat m'a demandé si je priais. Je lui ai répondu par l'affirmative. Et il me dira qu'il me fera chercher en temps opportun pour une prière éventuelle. Après cet entretien, j’ai rejoint Brazzaville. En 1975, vers Mors, un cousin se présenta à mon bureau et m'informa que Massamba-Débat avait besoin de moi à Boko. Effectivement, un dimanche, je m’étais rendu à Boko. Etant à Boko, chez Massambat-Débat, j’ai trouvé Samba-Diakoumbi. Ce dernier me fera asseoir en attendant l'arrivée de Hombessa André. Après l'arrivée de ce dernier, nous avons fait une prière et avons terminé par amen. Nous nous étions entretenus sur le fait que l’Eternel a dit à MassambaDébat de nous retrouver de temps en temps pour l'intérêt de tous. Après nous avons mangé; Massamba-Débat a prié avant notre repas. Auparavant, il nous dira qu'il y a un groupe de jeunes qui faisaient une opération similaire. A la fin, j'ai rejoint Brazzaville. Cinq mois après c'est André Hombessa qui m'invitera un soir chez lui. S.: mba-Dia-Koumbi nous a rejoint. Nous sommés en 1975. Il était question que nous nous retrouvions chaque quinzaine du mois. Sur ce, nous nous sommes séparés. En juin 1975, nous nous retrouvions de temps én temps. Toutefois Samba-Dia-Koumbi devenait irrégulier. La situation a évolué de la sorte jusqu'en 1976. Mais avant décembre Hombessa nous dira qu’il avait reçu du vieux Massamba-Débat un ordre : contacter Tadet Koudissa. Et que le groupe cité plus haut jouait le même rôle sous la direction de « l'Eternel ». En décembre 1976, nous étions convoqués chez Massamba-Débat avec mission d'aller enlever le défunt Président Marien NGouabi pour qu’il démissionne de son poste. J’avoue que cette idée n’était pas mienne.

Je dois vous avouer que tout ce que j’ai déposé cfanê les procèsverbaux à la commission d'enquête n'était que sous contrainte. Mais le 15 Décembre, je me trouvais de nouveau chez Hombessa, Celui-ci rh’ap-

57

183

prenait que nos séances devaient prendre fin car il n'était pas du même avis que Massamba-Débat, C'est ce que j'ai accepté. Vers le 24 Décembre 1976, Koudissa Tadet viendra a mon bureau et me signalera que Massamba-Débat avait besoin de moi. Chez Massamba-Débat, j'ai trouvé Tadet, Sissoulou, Kanza et Albert Miénakou. Il s'agissait là d'une séance de réconciliation. Hombessa nous dira au cours de la séance que tant que l’Eternel ne lui fera pas la meme révélation qu'au vieux Massamba-Débat, il n'y aura pas de récon­ ciliation. Nous nous sommes séparés sans réconciliation. Et depuis ce jourla je ne suis plus allé chez Massamba-Débat et Hombessa. Le 8 Février 1977, j'ai croisé Tadet au marché du Plateau des 15 ans Je lui ai posé la question de savoir si leur groupe continuait à prier. Celui-ci m a répondu par la négative. Quelques jours plus tard, ce dernier m’invita à aller « prier » chez Kanza, j’ai trouvé Kanza, Miénakou, Sissoulou, Koudissa Tadet et Kianguila. Cependant, Mizélé n'était pas parmi nous. Le 18 Février 1977, j'étais de nouveau sur les lieux avec Kanza, Mienakou et Sissoulou Albert pour prier. Après la prière, j’ai aperçu une croix. Sur ma demande, Tadet m’expliquera qu'il devait sortir de Brazzaville pour une prière spéciale. Au cours de ce rapport, selon la révélation faite par Tadet Koudissa, l'Eternel les avait invité à aller prier avec le Président. Ayant obtempéré, ils ont été arrêtés et refoulés par la Garde Présidentielle. Je leur ai prodigué des conseils; aller prier avec le Président de la Répu­ blique, pour moi, c’était dangereux, la conséquence était leur arrestation par les Services de Sécurité. Après cela, je n'ai plus eu de contact avec les intéressés. Le 10 Mars 1977, à mon bureau Tadet Koudissa me demanda de l'emmener à 15 heures chez lui pour y retirer un colis qu’il déposerait chez Kanza. C'est ce que j'ai fait. C'est à la commision d’enquête que j'ai été informé que ce colis contenait une arme. C'est moi qui ai assuré le trans­ port de ce colis qui pésait 13 kg., de forme allongée. Ce colis sortait de der­ rière une armoire. Je reconnais que ce colis contenait bien une arme. Ce colis était déposé dans une maison en construction. Je n’ai plus revu Kan­ za et Koudissa Tadet jusqu’au 18 Mars 1977. Le 18 Mars 1977, après le travail, mon épouse et moi, nous avons re­ joint la maison à bord de notre voiture. De chez moi, j’ài entendu les coups de feu. L'après-midi, en me rendant au travail, j’ai constaté que toute la ville était bloquée J’ai rebroussé chemin. Après quoi j'ai décidé d’aller chercher du gaz. En cours de route, j’ai été sommé par un combattant de le conduire au camp des Paras. Je l'ai pris à hauteur de la pharmacie de Poto-Poto. En voiture, je n’ai pas cherché à connaître son nom et ne lui ai pas parlé de l'évènement. En cours de route, j’ai pris un second militaire. Le 10 Décembre 1976, je n’étais pas chez Massamba-Débat pour la fo/m jtio:i d'un Gouvernement éventuel. Je ne m'étais rendu chez lui que le 15 Décembre 1976.

58

184

O — Quel est le nom de votre religion ? R — Il ne s'agit pas d’une religion mais d'un groupe d’étude biblique; mais Hombessa et moi ne sommes pas de la même religion. Q. — Reconnaissez-vous qu'en vertu d'une ordonnance de 1969, Il est interdit d'utiliser la religion à des fins politiques ? R. — Je reconnais qu’il est interdit de pratiquer la religion à des fins politiques. Q- — Vous êtes-vous rendu compte que vos prières avaient un but politique ? R. — Maintenant j'ai compris qu’il s'agissait de justifications politi­ ques, mais je ne suis pas à l’origine de ces révélations.

Q. — Reconnaissez-vous que ce sont ces s prieurs » qui étaient à l'Etat-Major assassiner le Président de la République ? R- — C’est bien ces « prieurs » qui sont allés à l'Etat-Major assassiner le Président de la République. Q. — Etes-vous toujours marxiste ? R. — Je suis marxiste. A mon avis, il n'y a pas d'incompatibilité entre le marxisme et la réligion. J'étais membre du CNR, je fus un vieux militant de la révolution Congolaise. Q. — Quel intérêt aviez-vous d'aller apprendre la bible chez André Hombessa ? R. — Je reconnais avoir éprouvé le besoin d'aller apprendre la bible chez André Hombessa. Pour moi, il s’agissait de s'épanouir vers l'Eternel. La bible est très vaste j'avais voulu connaître un peu plus. Q. — pensez-vous que ce groupe de « prieurs » avait une conscience assez élevée ? R. — Je n'ai pas eu le temps d’apprécier ce groupe. Q. — Pourquoi n'êtes-vous jamais entré en transe ? R. — J'aurais bien voulu atteindre ce stade. Q. — Savez-vous que tout cela était une mystification ? R. — Je reconnais que c'était une mystification. Q. — Quel est votre curriculum-vitae ?

R. — J’ai fréquenté à l'Ecole Primaire de Boko de 1941 à 1948. J'yétait avec Mbizi Samuel actuellement en service aux P.T.T. et Pélé, Mqlonga Abraham à Air-Afrique. J’ai fréquenté le Secondaire de 1948 à 1951, j’ai été renvoyé de l'école. Je n'ai jamais obtenu de Brevet par manque de soutien et pour insuffisance intellectuelle. Ensuite j'ai fait plusieurs mé­ tiers manœuvre, marmiton, apprenti-maçon, élève-dessiateur. Jai travaillé au Gabon où j'ai été licencié arbitrairement. Je suis passé par la C.G.A.T., une centrale syndicale de gauche. J'ai participé au mouvement ayant abouti aux Journées des 13, 14 et 15 Août 1963 avec les camarades Boukambou Julien, Ockyemba-Morlende etc... J'avais été envoyé à Dolisie 59

185

(actuellement Loubomo) encadrer les travailleurs. J'étais membre de fusion des syndicats. Ensuite, l’étais parti en France d’où je n'étais revenu qu’en 1967. Sous Massamba-Débat, j’ai été membre du M.N.R. En 1968, je suis resté membre du bureau syndical du la Direction Générale du Travail, mon service où j'ai occupé respectivement les fonc­ tions de : — Secrétaire Général Adjoint et Secrétaire Administratif. Je n’ai pas fait de demande d’adhésion au Parti car le Parti n’a pas besoin de croyants. Je n’ai pas été au Camp Biafra, ni appartenu à la Défense Civile. O. — Que! a été votre emploi du temps le 18 Mars à partir de 14 h. 30 ? R. — Le 18 Mars à 14 h. 30 j’étais chez moi. Ensuite, je devais me rendre au travail. Mon itinéraire était le suivant : Je suis parti de chez moi à 14 h. 30, j’ai emprunté l’Avenue des 3 Mar­ tyrs — le Rond Point de la Paix — l’Avenue de la Paix — le Rond-Point de Poto-Poto — l'Ecole Tchimpa-Vita — le passage à niveau gardé — l’Ecole de la Mfoa ,j'ai emprunté ensuite la rue qui mène vers les Relais Aériens — Mais auparavant j’ai viré à gauche en direction de la cathédrale du SacréCœur pour descendre ensuite en direction de l’E.N.A. et Africauto. Je reprécise qu’entre l’Ecoie de la Mfoa et le croisement de la rue qui mène à la Cathédrale j’ai rencontré le camarade Okoko qui roulait à vive allure. Au niveau de la statue Monseigneur Augouard, j'ai été intercepté par des enfants. Toutefois, je vous précise qu'à 14 h. 30 je n’étais pas au Cen­ tre Ville.

CONFRONTATION ENTRE LES ACCUSES NDOUDI-GANGA ET KANZA Q. — Est-ce bien vous Kanza qui avez été à l’Etat-Major le 18 Mars ? R. — C’est bien moi Kanza. Je reconnais avoir été à l’Etat-Major le 18 Mars 1977 à 14 h. 30 avec les armes à bord d’une voiture Peugeot 404 immatriculée 608 AF 4 couleur vert olive conduite par l’ex-Capitatne Kikadidi Barthélémy. Q — Avez-vous des amis parmi les éléments de la Garde Prési­ dentielle ? R. — Je n’en ai pas Question à NDoudi — Le réajustement du Mouvement Insurrectionnel du 31 Juillet etait-il digne de ce nom ? R. — Le réajustement du Mouvement Insurrectionnel du 31 Juillet 1963 était valable. Q. — En votre qualité de chrétien et de citoyen, comment appréciezvous l’acte du 18 Mars 1977 ? R. — En tant que chrétien et citoyen cet acte est condamnable. Cepen­ dant je n’étais pas à l’Etat-Major ce jour là. 60

186

Q. — Qui était chargé de la remise de l'arme à Kanza ? R. — C'est Tadet qui s’est chargé de cette opération, je n'étais pas sorti de la voiture.

Question à NDoudi — Les «prieurs» de votre Secte sont de quelle Région ? R. — Tous les « prieurs» de notre secte sont de la Région du Pool.

CONFRONTATION ENTRE L’ACCUSE NDOUDi-GANGA ET LES TEMOINS MADAME MASAMBA-DEBAT, LA NIECE DE MASSAMBA-DEBAT Q. — A la nièce de Massamba-Débat

A qui appartiennent les trois Agendas ?

R. — Les trois agendas que vous me présentez ont été pris par les Agents de Sécurité sur le bureau de Massambat-Débat en présence de sa femme qui vous parle. Question à la nièce de Massamba-Débat — Reconnaissez-vous que le manuscrit des Agendas dont il s'agit est celui de Massamba-Débat ? R. — C'est exact Question à NDOUDI GANGA — Selon vous, qui est Massamba-Débat, est-il un Dieu ? R. — Massambat-Débat n’est pas un Dieu c'est une personne

Q. — Où se trouve Hombessa actuellement ? R R. — Hombessa se trouve en Europe Q — Quel est le but de la mission d'Hombessa en France ? R. — Je l'ignore Q. — Que signifie « Ba dia Nséké ? » R. — Je ne sais pas que cela signifie : « Nous y sommes et nous y resterons » ' ■ Q. — Quels sont vos rapports avec Kikadidi ? R. — Kikadidi est mon voisin, nos domiciles sont distants de six métrés.

Q. — Votre groupe d’études bibliques est-il composé de femmes et d’enfants ? R. — Notre groupe n'avait ni femmes, ni enfants. O. — Avez-vous assuré le transport de l'arme précitée du domicile de Tadet jusque chez Kanza ?

61

187

R. — Je reconnais avoir transporté cette arme du domicile de Tadet jusque chez Kanza.

Mention. — Le camarade Commissaire du Gouvernement conclut que la complicité de NDOUDI-GANGA est bien établie.

INTERROGATOIRE DE L'ACCUSE MIZELE, QUESTION. — Pouvez-vous noirs parler fondamentalement sur les laits qui vous sont reprochés ?

REPONSE. — Je connais MASSAMBA-DEBAT alors qu'il fut Président de rAssamblée nationale et depuis la Paroisse du Plateau qu’il fréquentait. Je priais aussi. Durant tout son régime à la Magistrature Suprême de l'Etat je n'ai pas eu de contact avec lui. Après sa destitution et sa résidence surveillée MASSAMBA-DEBAT est rentré chez lui à Boko. J’avais accom­ pagné le convoi. J’étais revenu aussitôt. Un jour en me rendant chez moi à mon village natal dans le District de Boko, j'ai marqué un temps d'arrêt chez Massamba-Débat pour lui dire bonjour. Nos contacts se situaient également à l'occasion des prières à Boko. Nous sommes en outre pa­ rentés par aliance, c'est-à-dire que nous nous sommes mariés dans une même famille. Un jour, étant chez lui, il m’a confié une lettre destinée au Président de la République, mais que je devais transmettre à Monsieur le Premier Ministre. Au Cabinet du Premier Ministre, j'ai été reçu par Kala, alors chargé du protocole qui m’indiqua que le Premier Ministre était absent. C’est ainsi que je présentais ladite lettre à Kala qui me posera la question suivante : « Cette lettre vint-elle de Mbuta muntou ? Je lui ai répondu par l’affirmative. Il la prendra et la gardera. Après avoir accompli ma commission, j'ai rejoint mon domicile. Le soir, en revenant de ma sortie, on m'apprendra que Ka'a venait de me manquer et me faisait appel au Cabinet du Premier Ministre pour le lendemain matin.

Ayant répondu à son appel, Kala me dira que la lettre dont il s’agit étant destinée au Chef de l’Etat, il m’appartenait de la remettre en bonne mains par l'intermédiaire des services compétents, notamment le protocole d’Etat. C’est par la suite que Kala me conduira au protocole d'Etat où j'ai remis cette lettre au Commandant Mouassiposso. Etant au magasin Altex j'ai été rejoint par le chauffeur du Commandant Mouassiposso qui me ramènera au protocole d’Etat. Puis le Commandant Mouassiposso m'a conduit au Palais Présidentiel où j'ai été reçu par le Chef de l’Etat. Celui-ci m’a demandé si cette lettre a été écrite par Massamba-Débat. J'ai répon­ du par l'affirmative. A l'issue de cet entretien, j'ai été conduit à l'EtatMajor Général où je devais normalement être reçu par les autorités militaires. Mais je n'ai pas été reçu.

62

188

Q. — Quel a été votre emploi du temps dans la fournée du 18 mars 1977 ?

R. ' Le 18 mars 1977 dans la matinée, j'étais dans mon atelier où je va­ quais à mes occupations habituelles. Après avoir fait trois coupes de veste et trois coupes de pantalon, j'ai décidé d'aller à Altex pour acheter les fournitures qui me manquaient. Auparavant je suis passé dire bon­ jour à Massamba-Débat. Pendant ce temps Mme Massamba-Débat se trouvait à bord d’une voiture 404 en stationnement devant la porte de la concession. A mon retour de la Maison Altex, je suis repassé par là. Cette fois-ci Mme Massamba-Débat se trouvait dans la maison. Vers 14 heures, j'ai mangé avec Kouka Paulin chez lui, non loin du domicile de M. Mas­ samba-Débat. Après le repas, je me suis rendu chez Massamba-Débat qui s'est adressé à moi en ces termes : « Les enfants sont allés à l’EtatMa jor pour prendre le pouvoir ». J’ai réagi en disant : « En plein jour ? ». Q. — Quels sont ces enfants auxquels Massamba-Débat a fait allusion? R. guila.

Il s’agissait de Koudissa Tadet, Miénakou Albert, Kanza et Kian-

Après avoir entendu le coup de feu Kinanga est venu voir MassambaDébat et est reparti aussitôt. J'ai immédiatement pensé à mes enfants, qui étaient abandonnés seuls à la maison. Après m'être assuré de l'état des enfants, j'ai décidé de revenir chez Massamba-Débat. En cours de route j’ai croisé tout à fait par hasard Kianguila et Kanza. Sur leur de­ mande, je les ai conduits chez moi où je les ai habillés. Ensuite Kanza et Kianguila sont repartis en courant chez Massamba-Débat. Je les ai rejoints par la suite. Quelques instants après est arrivé un véhicule à bord duquel se trouvaient les militaires qui étaient venus prendre Massamba-Débat. Q. — Avez-vous l'habitude de prier avec Massamba-Débat et les groupes des « prieurs » ? R. — J'ai l'habitude de prier en famille avec Massamba-Débat. Cepen­ dant Massamba-Débat ne m’autorise jamais à prier avec les éléments des groupes auxquels vous faites allusion. A propos de ces éléments il s'agit de : Koudissa Tadet, Kanza, Kianguila, Kouba, Dianzenza et Sissoulou. Q. — Quelle est votre religion ? R. — Je suis protestant. J'étais diacre, mais j'ai été exclu. Q. — Avez-vous des rapports étroits avec Massamba-Débat ? R — Tout d'abord à Boko, je ne l'ai fréquenté qu'à deux reprises, c’est-à-dire à l'occasion du décès de mon père et au cours d’une prière. A Brazzaville, je le fréquentais en moyenne trois fois par semaine. Q. — Depuis quand connaissez-vous le groupe des « prieurs » ? R. — Je n'ai constaté l'existence de ce groupe qu'à partir du mois de février 1977. Les Bemba, Kouka n’étaient pas autorisés à prier avec le premier groupe. Lorsque les Kianguila et autres venaient, ils s'enfer­ maient chez Massamba-Débat pendant vingt à trente minutes environ.

63

189

Q. — Quelle a été la réaction de Kala lorsque vous lui avez remis la lettre venant de Massamba-Débat ? R. — Lorsque je lui ai remis cette lettre pour le compte du Premier Ministre, Kala a réagi me posant la question de savoir si cette lettre émanait de Massamba-Débat. Q. — Comment expliquez-vous l'attitude de Kala ? R. — Je crois que Kaia savait l’écriture de Massamba-Débat. Je précise que je suppose qu’il le savait et l’adresse portée sur l'enveloppe était ; Commandant Marien Ngouabi. Q. — Avez-vous assisté à l'audience accordée à Massamba-Débat et son épouse par ie Chef de l'Etat ? R. — Je reconnais avoir assisté à cette audience en présence du Directeur de la Sécurité d'Etat. Pendant la réception,, j'avais entendu dire : «Monsieur MassambaDébat, vous êtes libre de circuler partout où vous voudrez, même en France». A propos de la démission, le Président Marien Ngouabi avait dit qu'il ne démissionnerait jamais et qu’il mourrait l'arme à la main. Il ne pouvait le faire qu'à la suite d’un mécontentement populaire semblable à celui d'Août 1963. Il est à noter que l'accueil qui nous était réservé était très fraternel et très cordial. La preuve en est qu’un jus de fruit nous avait été offert. Après la réception de Massamba-Débat par le Président de la Répu­ blique, Kalia est venu me voir pour me demander ce qui avait été traité et le climat de cet entretien.

R.* S.I.

MIZELE -

Le 18 Mars 1977, mes va-et-vient vers le domicile de Massamba-Débat s’expliquent de la manière suivante. Le matin, je m étais rendu chez lui pour lui dire bonjour. C'est alors que son épouse m'a remis de l'argent pour lui acheter un produit de beauté car je devais me rendre en ville pour l’achat du nécessaire de couture. A mon retour, j'ai remis ledit pro­ duit à l’épouse de Massamba-Débat. Vers 1.4 heures, je me trouvais à proximité du domicile de MassambaDébat lorsque celui-ci m'interpela pour me dire que « les jeunes étaient partis à l’Etat-Major prendre le pouvoir» Après avoir entendu les coups de feu j'ai rencontré Kanza et Kianguila à la hauteur du croisement de la rue Foùékélé et la rue Ceinture,'ils ne pouvaient pas arriver chez eux dans cet état. Ils en avaient honte, car ils étaient habillés en guenilles. Je les ai conduits chez moi et leur ai donné des habits par pitié. Je n'avais pas signalé cela aux autorités. SJ.R. MIZELE — J'avais résolu de rester chez Massamba-Débat ce 18 mars 1977 pour mieux suivre l’évolution de cette situation. » S.I.R. : Sur interrogation, réponse.

64

190

R. S.I. Mizélé — Ce vendredi 18 Mars, avant les évènements, la voiture de Kikadidi se trouvait chez Massamba-Débat. Je n'avais pas vu Kikadidi de mes yeux. Ce n’est qu’à mon retour de la ville qu'à ma question de savoir le propriétaire de la 404 stationnée devant leur domicile que madame Massamba-Débat me dira que ce véhicule appartenait à Kikadidi. R. S.I. Mizélé — J'étais émotionné lorsque les militaires sont venus chercher Massamba-Débat R. S.I. Mizélé — Après avoir habillé Kanza et Kianguila, ils étaient partis d eux mêmes en direction de chez Massamba-Débat. Arrivés chez Massamba-Débat et pendant que Kanza. Kianguila et Massamba-Débat se trouvaient à l’intérieur de la maison, Kouba, Mme Massamba-Débat et moi étions dehors. R. S.I. Mizélé — Les militaires venus chercher Massamba-Débat n’é­ taient pas entrés dans la maison. Je ne leur avais pas signalé la présence de Kanza et Kianguila qu’ils n’avaient pas vus. R. S.I. Mizélé — J’avais accompagné Massamba-Débat qui avait été conduit à l'Etat-Major. C’est Kouka qui avait été désigné pour accom­ pagner Massamba-Débat. Il n'était pas parti par manque de place à bord de la 4 L. Il ne voulait pas monter à bord de la Jeep. R. S.I. Mizélé — Kanza et Kianguila n'ont pas la même pointure de chaussures ni la même taille d’habits que moi. J'ai été surpris de consta­ ter que ce que je leur avais donné leur convenait.

INTERROGATOIRE DE L’ACCUSE KALA S.I. R. Kala — Mizélé s’était bien présenté au cabinet du Premier Ministre où il avait été reçu par le planton Mabondzo c'est celui-ci qui me l’avait introduit. Mizélé était surpris de me trouver là parce qu’il croyait que j’étais encore à Pointe-Noire. Lui ayant demandé l'objet de sa visite, il m'a tendu une lettre en me précisant : « c'est à remettre au Premier Ministre de la part de MassambaDébat ». Mizélé s’en est allé. Comme le premier Ministre ne venait toujours pas, j’ai décidé de lire le contenu, car l’enveloppe n'était pas fermée. J'ai eu une forte émotion. J'ai décidé de rechercher Mizélé. C'est aq niveau du quartier Dahomey (Bacongo) que j’ai été informé qu'il habitait entre Saint-Pierfe et le Centre Sportif. Malheureusement Mizélé était absent de chez lui. Je l’ai enjoint de venir à mon bureau le lendemain matin. Lorsqu'il s'est présenté, à notre rendez-vous, je lui ai demandé pourquoi le « vieux » Massamba-Débat n’avait pas demandé une audience au Chef d'Etat au lieu d’écrire cette lettre Ensuite, j’ai décidé de conduire Mizélé au protocole d’Etat. Comme il ignorait le lieu, j’ai été contraint de l'y accompagner. Le Directeur 65

191

du Protocole d'Etat était absent. C'est alors que je J'ai confié à un Sergent tout en insistant qu'il avait le devoir de le présenter au Directeur du Protocole, quitte à le mettre en communication avec le Chef de I Etat de la part de Massamba-Débat. Après quoi, ('avais téléphoné au Premier Ministre pour lui parler de cette lettre sans lui donner les détails du contenu.

, . 0 sst par la voix des ondes que ('ai appris que Massamba-Débat était repu par le Président de la République, c’est alors que ('ai tenu à revoir Mizele pour qu'il me dise si cette lettre était à l'origine de cette audience. J

INTERROGATOIRE DE L’ACCUSE KANZA

â

KOUBA Grégoire à la Paroisse, j’ai fait la connaissance SISSOULOU est un parent; ('ai fait la connaissance de DIANZENZA par son intermédiaire. KlANGUiLA est un camarade d'en­ fance. Nous prions ensemble, nos prières se trouvaient être les « prières » d’aide. En 1968, ('étais affecté au Palais pour assurer la protection de Massamba-Débat alors Président de la République. Après sa destitution, je suis allé lui dire bonjour une seule fois. C'est KlANGUiLA qui viendra m’annoncer que Massamba-Débat voulait nous voir, cela m'avait surpris. Nous nous sommes rendus à son domi­ cile. Après une « prière », M. NDOUDI-GANGA est arrivé. Au mois de février, nous nous sommes retrouvés encore et à la fin d'une «pière», une révélation de MIENAKOU lui apprendra qu'il fallait aller « prier » avec le Président du Parti Congolais du Travail à I Etat-Major. Csttc révélation a insisté et a évoqué des peines ou des sanctions à notre encontre si nous n'obéissions pas — nous avons dé­ cidé alors d'y aller. A l'entrée de l'Etat-Ma (or, la sentinelle nous en a refuse l'accès et nous avons été arrêtés ce même jour 17 février 1977. Avant le 18 mars 1977, KOUDISSA me dit qu’il m'enverrait quelque chose : c'était une arme. Je l'ai enterrée. Le 18 mars 1977. aux environs de 13 heures, j’ai repu KOUDISSA Tadet, KOUBA, MIENAKOU, KlANGUiLA. Tadet nous a invités à la « prière ». A la fin de cette dernière, KIKADIDI a donné l'ordre de partir. A la question de KlANGUiLA de savoir où nous nous rendions, KIKADIDI n'a pas répondu. Lorsque nous nous trouvions sur la route du Djoué face au CEG de l'Angola Libre, Kikadidi nous a invités à entrer dans la voiture Peugeot 404 dont il était lui-même le conducteur. KOUBA n'avait pas pris place à bord de cette voiture. Nous avons pris la direction du rond-point de Makélékélé à partir duquel, nous emprunterons l’Avenue Fulbert Youlou. Aux environs de chez « Matour », j'ai demandé où on allait. KOUDISSA et KIKADIDI m'ont dit qu’on devait aller se changer dans l’herbe avant de nous rendre ,

66

192

à l’Etat-Maior. Je leur ai demandé qu'on aille le faire chez KONDA Albert, un ami habitant dans les environs. Après nous être changés, nous sommes remontés dans la voiture. Le conducteur a pris la direction de l’UAMPT en passant par l'ancienne Ecole des Cadres. A l'entrée de l’Etat-Major, le portail a été ouvert. A la deuxième porte, la sentinelle a egalement ouvert la porte. Nous nous sommes arrêtés juste à la porte de ia résidence prési­ dentielle, nous sommes descendus, KIKADIDI nous a demandé de prendre les armes. KOUDISSA s'y est opposé. Nous sommes rentrés dans ia résidence. Puis à la demande de l'un des agents de la sécurité présiden­ tielle, je suis ressorti pour essayer de garer notre voiture au parking officiel. Peu après KIANGUILA est sorti à son tour en courant. Et à sa demande, nous avons décidé de nous enfuir. Nous nous sommes emparés de deux armes, j’ai tiré pour inquiéter celui qui tenterait de nous arrêter, nous avons sauté le mur. Vers la flotille nous nous sommes débarrassés de nos habits et de nos armes. Nous sommes arrivés à la rue Fouékélé, c'est là que MIZELE nous interpellera. Là nous nous sommes changés. MIZELE nous a demandé d’aller chez Massamba-Débat. Ce dernier nous a posé la question sui­ vante : « Où est le Président — ou est KIKADIDI ? ». Nous lui avons répondu que nous ne savions pas où ils se trouvent. Peu après, sont arrivés des militaires.

INTERROGATOIRE DE L’ACCUSE KIANGUILA R. S.I. : C’est en 1975, au cours d'une réunion œcuménique que j'ai fait la connaissance de KANZA, KOUBA, SISSOULOU, DIANZENZA, KOUDISSA et MIENAKOU. C'est en cas de maladie que nous nous retrouvions pour « prier ». Nous nous sommes séparés un moment suite à mon affectation à Kinkala. Suite à mon licenciement de chez Gexco, j’ai rejoint Brazzaville où j’ai continué à être fidèle à ma « religion ». C’est en décembre 1976 que je suis reparti chez KANZA où j'ai trouvé KOUDISSA Tadet. Après avoir fait une « prière », nous nous som­ mes rendus chez MASSAMBA-DEBAT où nous nous sommes retrouvés au nombre de sept (7) une « prière » a été faite. Plus tard KANZA, SISSOULOU, KOUBA, DIANZENZA ainsi que MIENAKOU Tadet et moimême nous nous sommes rendus chez KANZA pour une « prière ». Au cours de cette dernière, KOUDISSA Tadet qui est entré en transe a fait la révélation que « Dieu » nous ordonnait d’aller « prier » chéz le Chef de l’Etat à qui nous devions dire que « Dieu » avait pitié des congolais et qu'il lui demandait de démissionner. Compte tenu de notre rang social, nous avons protesté. Mais KOUDISSA a persisté dans sa révélation, précisant que faute d’obéissance nous serions sévèrement

67

193

punis. Nous nous sommes rendus à l'Etat-Major. En y arrivant, nous ayons été refoulés par la sentinelle et arrêtés le même jour par les Ser­ vices de Sécurité. Ensuite, nos pièces d'identité ont été confisquées mais nous avons été libérés le lendemain. Après quoi notre groupe s’était disloque.

Le 18 mars 1977, dans la matinée, j'ai rencontré KOUDISSA en ville A cette occasion, il me demanda de me rendre chez KANZA après le travail. C’est ainsi que vers 13 heures, je me suis rendu chez KANZA ou se trouvaient déjà MIENAKOU, KOUBA, KOUDISSA, KANZA KIKADIDI (dont j'ignorais jusque-là de nom). Tadet nous demanda dé prendre part à une « prière ». A la fin de cette dernière, KIKADIDI a donne l’ordre de partir. A la question de savoir où nous nous rendions, je n ai eu aucune réponse. Lorsque nous nous trouvions sur la route du Djoué, face au CES de l'Angola Libre, KIKADIDI nous c invités à c*ans la voiture Peugeot 404 dont il était lui-même conducteur. KOUBA n'avait pas pris place à bord de cette voiture. Pour la suite de l'itinéraire emprunté le 18 mars 1977, je confirme les déclarations de KANZA. Arrivés à la résidence présidentielle, KIKADIDI a arrêté la voiture devant le perron. De là, nous sommes sortis et nous sommes entrés au Secrétariat de la sécurité présidentielle. Nous y avons été reçus par des combattants de la sécurité Présidentielle. L'un des combattants oous a priés de dégager la voiture du perron pour la garer au parkina. KIKADIDI a désigné KANZA à cet effet.

ensuite, il s est adressé au plus grand des deux en précisant qu’il desirait voir le Président du Parti Congolais du Travail pour lui rendre compte d'une mission et que c'était de la part d'Akim. Ledit militaire s en alla a l’imerieur nous laissant au Secrétariat. A son retour il nous invita a attendre un instant.

Pendant ce temps le combattant qui nous avait enjoint de dégager la voiture, assistait KANZA dans la manœuvre.

KIKADIDI suivit le couloir à gauche (qui menait respectivement à la salle à manger et au petit salon). KOUDISSA, MIENAKOU et moi, sommes restés au Secrétariat. Quelques instants après, nous avons vu venir le Président. Il s est adressé en des termes sévères au militaire resté avec nous au Secrétariat. Ce n'est que plus tard que j’aprendrais que ce militaire s appelait ONTSOU. Brusquement, le Président s'est retourné vers nous et s'est saisi de la poche de MIENAKOU. Une lutte s'est engagée. MIENAKOU et KOUDISSA se sont saisis de la même poche pour tenter d'empêcher le camarade Président de s'emparer de son contenu. Pendant ce temps, MIENAKOU et KOUDISSA entraînaient le camarade Président vers les marches du perron. C'est à ce moment que KOUDISSA ou MIENAKOU est tombé après avoir fait un faux pas. J'ai décidé alors de fuir. 68

194

J'ai rejoint immédiatement KANZA que j'ai invité à filer. Celui-ci m'a remis une arme et nous sommes passés à côté du grand kiosque à réception pour sauter le mur de derrière la résidence. En passant à côté du grand kiosque, nous avons entendu quelqu'un tirer à côté de nous. Nous sommes partis. Nous avons abandonné nos tenues militaires dans les jardins et nous nous sommes vêtus de ceux des pêcheurs. C'est au moment où nous étions en train de courir, que nous avons entendu une série de rafales du côté de la résidence pré­ sidentielle. Je précise que KIKADIDI n'était pas parti avec nous.

INTERROGATOIRE DE L’ACCUSE OKAMBA S I.R. : Lorsque la voiture Peugeot 404 transportant le commando s’est arrêtée devant le perron de la résidence présidentielle. ONTSOU et moi étions au Secrétariat. Lorsque les cinq militaires sortis de cette voiture se sont présentés au Secrétariat, j'ai constaté que l'un d'entre eux portait un bérêt rouge et des galons de capitaine. C'est celui-là qui s'est adressé à ONTSOU en lui disant qu'il venait rendre compte d'une mission au Commandant en Chef. J'ai aussitôt demandé à ONTSOU le nom de ce capitaine que je ne connaissais pas. Mais ONTSOU ne m'a pas répondu. Il s'est contenté d'en informer le Président de la République. Trouvant ces militaires supects, j’ai téléphoné au poste de police de la sécurité présidentielle. J'ai dit précisément au standardiste : « Estce que les éléments sont-là ? ». Comme il m'avait répondu affirmative­ ment, j'ai ajouté : « Envoie-les ». Ensuite j’ai demandé aux éléments du commando d'enlever leur voiture du perron pour la garer au parking présidentiel. Le capitaine désigna l’un des militaires du commando à cette fin. Comme ce dernier avait eu du mal à conduire cette voiture, j'entendis le capitaine lui dire : « la première, c'est en haut ! » Malheu­ reusement la manœuvre avait été effectuée brutalement et le conducteur heurta le portail. Le pare-choc avant ainsi que l’enjoliveur du phare tombèrent. Comme le Président exigeait toujours que ses visiteurs soient bien traités, j'ai accouru pour ramasser les deux pièces du véhicule afin de les remettre au conducteur. C'est à ce moment que jetant un coup d'œil derrière le siège arrière, je vis des armes enroulées dans un sac. Cela confirma l’inquiétude que j'avais éprouvée vis-à-vis de ces militaires. Comme je ne détenais que mon pistolet, j’ai décidé de me rendre immédiatement au magasin d'armes pour prendre mon PM-AK*. Peu après j'ai rencontré PEA qui remontait en direction de la résidence présidentielle. Après notre rencontre, j’ai entendu un coup de feu. J'ai continué en courant Dès que j'ai pris mon PM-AK, |'ai entendu d'abord une petite rafale suivie de plusieurs autres. i „. _

-

195

69

Je suis revenu rapidement mais prudemment car on tirait déjà en direc­ tion du hall de réception et de la villa « Shangaï ». A la hauteur du poste no 2, j'ai aperçu le groupe dans lequel se trouvait le Président au niveau du perron. Je ne pouvais pas tirer depeur d'atteindre le Présdent. En­ suite, j'ai entendu des rafales du côté de la balançoire. J'ai été détourné dans cette direction, pensant à une attaque géné­ rale. Mais auparavant, j'ai demandé à PEA, Chef de poste no 2 de la Garde Présidentielle de contourner le bâtiment présidentiel. Pendant que je me trouvais du côté de la balançoire, ONTSOU me rejoignit en courant et me dit que le Président était tombé. J'ai couru dans ia direc­ tion indiquée où j'ai trouvé le Président couché sur le côté. J'ai été rejoint par le petit Marien avec qui nous avons soulevé le Chef que nous avons mis dans la voiture pour le conduire à l'hôpital militaire.

INTERROGATOIRE DE L’ACCUSE BAZONZA 8.1.R. : Le 18 mars 1977, j'ai pris ma faction normale dans les pre­ mières heures de la matinée. J'ai ensuite été puni arbitrairement trois fois de suite. C'est dans ce cadre que je devais prendre la faction de 14 heures à 16 heures. Me trouvant à mon poste de garde, j'ai été d'abord in.terpelé par le Chef NKOMO qui m’annonça qu'un véhicule 404 ayant des combattants à bord passera pour aller chercher des pierres à l'ex-Etat-Major Général et que je devais les laisser entrer. Le Chef NKOMO me proposa de garder le butin des pierres achetées. Mais je refusais, car au niveau de la Garde Présidentielle, nous avions un trésorier. Quelques instants plus tard, est arrivé le Chef de Corps EWOLO Oscar qui me demanda également de laisser passer une voiture Peu­ geot 404 transportant quatre militaires qui iraient chercher les pierres à l’ex-Etat-Major Général. Vers 14 h 15 mn environ, arriva la 504 blanche de l’épouse du Pré­ sident de la République — à 14 h 30mn, est arrivée la Peugeot 404. Le militaire qui conduisait cette voiture s'adressa à moi, tout en m’exhi­ bant un papier portant le cachet de la garde : « C'est pour les' pierres de la part du Chef NKOMO ». Comme cela correspondait aux ordres que j’avais reçus de mes chefs, je les ai laissés passer.

Quelques instants après,- j’ai entendu un coup de feu d’abord, suivi des rafales à la résidence présidentielle. Ensuite, j’ai vu le Chef EWOLO Oscar venir en courant. Arrivé à la hauteur de ma guérite, il m'a Intimé l'ordre de lui remettre mon arme. Après avoir pris mon arme, EWOLO Oscar est parti avec. Il n'est revenu que quelques instants après, je l'ai alors vu disparaître derrière le bâtiment du Ministère de la Défense Nationale. 70

196

Comme de la résidence présidentielle on continuait à tirer dans fa direction de ma guérite, j'ai décidé d'aller faire mon camouflage derrière l'immeuble de la Marine Nationale. Je n'en étais ressorti qu'après que le calme ait été rétabli. J’ai été arrêté et incarcéré au B.C. Un matin pendant l'enquête, les agents de sécurité chargés de nous interroger m'avaient invité à monter dans un véhicule. Il y avait deux jeeps. On me prévint qu'on allait me tuer. A ma grande surprise lorsque nous nous sommes trouvés loin de Brazzaville sur la nationale no 2, le chef de la jeep à bord de laquelle |e me trouvais m’a ordonné de descendre et de m'en aller. J'ai hésité car j'avais peur. Comme il insistait, et à l'idée que j'étais innoncent et qu’on allait me tuer pour rien, j'ai exécuté cet ordre. Je suis descendu et je suis revenu vers Brazzaville en empruntant le même trajet. Je me suis rendu au District de Gamaba puis chez mes parents où j'ai été arrêté.

INTERROGATOIRE DE L'ACCUSE EWOLO OSCAR

J'ai été nommé Chef de Corps de la Garde Présidentielle le 16 juin 1976. Mon prédécesseur le Lieutenant ANGA était le Chef de Corps, gestionnaire et Garde de Corps. Lors de la passation de service, celui-ci dira devant la troupe «je m'en voit parce que je ne veux pas admettre qu quelqu’un d’autre que mon père m’insulte».

A mon arrivée, le Corps qui ne constituait qu’un, fut divisé en qua­ tre (4) services. Lieutenant TSANGABEKA gestionnaire des tonds — Lieutenant Engobo pour la Sécurité Présidentielle — le Capitaine OKEMBA Garde de Corps et j'assumais moi-même le rôle de Chef de Corps de la Garde Présidentielle. Nous dépendions tous du Chef de l'Etat. Prenant le commandement, mon adjoint me présentera une demande d'aide qui s'élevait à 143.000 francs que j'ai transmise au Chef de l'Etat. Celui-ci me demanda en retour d’entreprendre un travail d’explica­ tion à l’ensemble du Corps pour leur faire toucher du doigt les difficultés économiques que traverse le poys. Ce travail accompli n’a pas trouvé un écho favorable au niveau des combattants de la Garde Présidentielle. Je ne fus donc pas compris. Je fus considéré comme celui qui bloquait les avantages déjà acquis. Par la suite, je fus convoqué par le Chef d'Etat-Major Général qui m'entendra à cet effet. Le 18 mars 1977, le matin j'ai accompagné mon épouse au PTT, son lieu de travail. Je suis resté ensuite à mon bureau jusqu’à 8 heures. Après quoi je me suis rendu au Stade d'Ornano où j’ai assisté au ballon mili­ taire. Ensuite, j'ai accompagné le Sous-Lieutenant OBA Marcel à l’im­ primerie Nat.onale — retirer les diplômes destinés aux meilleurs athlètes de la manifestation sportive militaire prévue ce 18 mars 1977 (anniversaire de l'accident d'hélicoptère du Président du P.C.T.). A l’imprimerie

71

197

Nationale, je n’ai pas rencontré le Directeur en la personne de l’exColonel MOUNTSAKA David. Au retour, je suis resté à mon domicile. Après le repas, je me suis reposé avant de déposer mon épouse à son service à bord de ma voiture. C’est à mon retour, pendant que je roulais à hauteur du Ministère de la Défense que j’ai entendu un coup de feu vers l’Etat-Major. Je m'arrête d’abord là.

MENTION : Le standardiste de permanence ce 18 mars 1977 indique qu'EWOLO venait à pied jusqu'à l’entrée de l’Etat-Major. J’étais quand même porteur d’un petit P.A.* Je suis allé à la per­ manence m’enquérir de ce qui se passait. Je suis ressorti, toutefois sans un grand trouble. Au moment où je désirais me rendre chez moi, pour y aller chercher mon arme, j’ai vu les militaires en débandade. J’ai essayé de les arrêter par un mouvement des mains, mais en vain. C’est alors que j'ai décidé de m'emparer de l’orme de BAZONZA. Celle-là m’a permis d'arrêter la débandade. Après avoir restitué l'arme de BA­ ZONZA, je suis allé chercher mon arme à la maison.

A mon domicile, j ai trouvé mon jeune frère qui m'a demandé ce qui se passait. Je lui ai dit de rester à la maison. J’ai rejoint mes éléments qui m'attendaient. A mon arrivée, j'ai dirigé la progression vers la ré­ sidence.

CONFRONTATION ENTRE EWOLO ET LES TEMOINS DIMI ET TSANGABEKA S LR EWOLO — Ce matin du 18 Mars 1977, je n'étais pas à la Pré­ sidence au moment où le Président du P C.T. recevait. Je précise qu'en ce moment, je me trouvais avec OBA.

S.I.R. DIMI — Le 18 Mars 1977, je me trouvais au Palais, c’est-à-dire a la Résidence Présidentielle. De 11 heures à 12 heures, j'étais avec le Président lors des audiences. Au même moment, plus précisément vers 11 h 10, EWOLO, ONTSOU et moi, nous avons pris un verre de jus de fruit ensemble. S.LR. TSANGABEKA — Ce que vient de déclarer Balobéla est effecti­ vement vrai. Je lui avais dit, à propos de sa demande, que je ne pouvais pas le servir au cours des audiences du Chef de l’Etat. C'est par la suite que j'ai adressé un pli à Ewolo, son chef de Corps conformément à la déontologie militaire. Ewolo est revenu me voir en me reprochant d'avoir reçu son combattant directement sans respecter la voie hiéararchique.

S.I.R. EWOLO — Je reconnais ce film, mais la date de cet incident m’échappe. -v.

72

198

CONFRONTATION ENTRE EWOLO OSCAR-BAZONZA-OVAGA

3.1 R. BAZONZA : après m'avoir rendu l’arme, le Chef EWOLO Oscar est aljé se cacher à l’Etat-Major de la Marine. Il m'a demandé de rester à la guérite. Les militaires qui étaient aux environs fuyaient avec leurs ar­ mes. J'ai tenté de faire mon camouflage. S I.R. BAZONZA : Le Chef EWOLO Oscar m'a dit : « il y a une 404 à bord de laquelle se trouveront quatre (4) militaires qui passeront chercher les pierres. Il faut les laisser passer». C’est ce que m'a dit, textuellement le Chef NKOMO. S I.R. EWOLO OSCAR : Je tiens à préciser que je ne me rappelais plus que j'avais une arme sur moi. Je ne m'en suis rappelé qu'après tous ces événements. S I.R. OVAGA : Le 18 mars 1977, je me trouvais au poste de police au bas-fond. Vers 14 h 25 mn, il y a eu un coup de feu, puis une rafale s'en est suivie. J'ai demandé à mes camarades d'être en position de combat. Nous avons avancé vers l'entrée principale. Peu après, le chef NKOMO nous a rejoints. C'est à partir de ce moment qu'il a pris le commandement. Il a arrêté la progression. Peu après est arrivé le chef EWOLO Oscar seul. J'ai constaté que la sentinelle ne se trouvait pas dans la guérite. Il s'agit de la guérite no 1. Le chef EWOLO Oscar a disparu après. Puis le chef EWOLO est resté avec un élément. Il a ensuite donné l’ordre à ce dernier de traverser le mur et de pro­ gresser. C'est moi qui conduisais les autres. EWOLO Oscar nous a dévié de notre direction initiale. S I.R. EWOLO Oscar : Je les ai appelés. Ils sont revenus. Je leur ai indiqué une autre direction plus facile. S I.R OVAGA : Les pièces à conviction découvertes après le ra­ tissage à savoir : armes, tenues militaires et comprimé .acide, ont été remises au chef EWOLO Oscor MISE AU POINT DES CAMARADES NGOLO ET ANGA, MEMBRES DU COMITE MILITAIRE DU PARTI, CITES PAR L’ACCUSE EWOLO OSCAR DANS SA DEPOSITON. MENTION : Le Ministère Public vient de recevoir la lettre 0008 du 10/1/1978 par laquelle le Secrétaire Général, porte-parole du Comité Militaire du Parti autorise la Cour Révolutionnaire d'Exception à entendre le Lieutenant-Colonel NGOLO.et le Capitaine Pierre ANGA sur les ac­ cusations portées sur eux par le Lieutenant EWOLO. S I.R. LIEUTENANT-COLONEL NGOLO : Par respect pour la Cour, pour la justice et pour le Camarade Marien NGOUABI, j'ai tenu à comparaître spontanément dès que mon nom a été cité. Quand le Camarade Marien NGOUABI est mort, nous avons été indignés. Nous avons tenu à contrôler l’évolution de l’enquête. C’est

73

199

ainsi que [e m'étais présenté au Bataillon de Commandement où l’enquete se déroulait. Mais elle piétinait. J’ai notamment démandé que l’on me présente la sentinelle de la porte principale. BAZONZA s’est levé et s’est présenté. A ma question de savoir pourquoi il avait laissé passer le commando, il m’a répondu : « ce n est pas moi, c'est le Chef NKOMO» Je me suis retourné vers le Caporal-Chef NKOMO qui, au lieu de me répondre, s'est contenté de pleurer en aissant la tête. J’étas énervé et j’ai dit aux enquêteurs : « Voilà, vous dites qu'on ne parie pas, alors que les accusés parlent spontanément » je suis parti et j'ai rendu compte à l'Etat-Major Général. La j'ai donné les instructions nécessaires. Je n'ai rien entendu sur le compte d'EWOLO. BAZONZA n’a jamais été à ma connaissance étranglé pour l'empêcher de parler.

A propos de mes contacts avec EWOLO, lorsque j’ai tenu la réu­ nion à laquelle il a fait allusion, il s’agissait d’analyser les difficultés de la Garde Présidentielle. Le Lieutenant EWOLO se plaignait de n'avoir pas les mêmes prérogatives que son prédécesseur, principalement sur le plan financier, ce qui gênait son action et restreignait son audience au niveau des combattants. Je lui ai donné les directives pour convain­ cre ses éléments. Je me rappelle être parti à la Présidence de la République où je m’étais entretenu longuement avec les éléments de la Garde Présiden­ tielle. Cette réunion avait été tenue de 9 heures 15 à 11 heures. A la fin de cette réunion j’avais envoyé à l’endroit du Chef de l'Etat une riche dont le résumé est que je lui demandais d'accélérer la formation des éléments de ce corps.

Plus tard EWOLO qui venait de bénéficier d'une promotion excep­ tionnelle demandait au bout de quelques mois qu'il passe au grade de Capitaine.

Je le lui ai réfusé car cela était impossible, puisque dans les autres Corps il y avait des militaires qui faisaient des études difficiles pour accéder à un grade supérieur. Quand à ses altercations avec le Capitaine ANGA je lui avais de­ mandé de le voir et de discuter ensemble, surtout qu’ils étaient tous Membres du Parti. Depuis le 10 Mars 1977, tous les militaires étaient consignés au niveau de leurs corps respectifs. De sorte que l'évolution au niveau de la Présidence était impossible.

EWOLO comme tout autre Chef de Corps devait être consigné et ce auprès de ses éléments. Lorsque EWOLO prétend qu’il a perçu des coups de feu alors qu’il se trouvait entre l'Ex-Ccmmissariat de Police et le Ministère de la Défense, à ce moment, muni des éléments dont il dis­ posait, il aurait pu gagner le bâtiment Préidentiel et sauver la vie du Chef de l’Etat en moins de 5 minutes,

74

200

EWOLO avait trop réfléchi et perdu beaucoup de temps. Il va à la Permanence s'enquérir de la situation, il va voir la sentinelle; il va chercher une arme chez lui; il revient. Le P. A. qu’il avait sur lui est une arme suffisante pour lancer une attaque.

EWOLO a lamentablement échoué. Je l’ai puni pour cet échec. J’attire l’attention de tous les militaires sur le fait qu'on ne com­ mande pas une armée avec de l’argent.

MENTION : Le Ministère Public est très satisfait de la mise au point faite par l’éminent responsable du Comité Militaire du Parti, le Cama­ rade Raymond N’GOLO, Lieutenant-Colonel. 8.1.R. LE CAPITAINE PIERRE ANGA : La mise au point que je vais faire aura une importance particulière, tant qu’elle aura une grande portée politique. En outre, sur le point propre de l’assassinat, le monde entier et le peuple Congolais attendent sûrement cette déposition.

Tout le monde attendait ce procès, on attendait autre chose, EWOLO s’est contenté de nous distraire tous, l’opinion internationale et les militants Congolais. Tout de suite ie vais répondre point par point.

EWOLO veut dire, sinon mettre en relief le conflit qui opposait le Camarade Chef de l'Etat à moi. EWOLO est resté sous mes ordres pendant 5 mois. A propos de cette brouille avec le camarade Président, un jour je revenais d'une mission, j’étais fatigué, le Camarade Président m’appelle au téléphone et m’indique qu’il n’y avait pas de chauffeur à sa disposition, je lui ai dit qu’il y avait des responsables pour ce type de cas. Le Camarade Président m’a insulté, j'étais fâché. Car j'estime que les rapports qui existaient entre le camarade Président et moi, ne devaient être que ceux de militants, car je ne voyais que la ligne du Parti. Je m’étais rendu aussitôt à la Résidence. Dès que le Camarade Président est revenu, son épouse lui en a fait le compte rendu. Evidemment, vous comprenez que je ne pouvais plus rester à la garde Présidentielle. Et le jour où je quittais le corps, j'ai tenu à informer mes collaborateurs du motif de mon départ pour éviter des spéculations. En ce qui concerne la manière de commander, cela dépend de la qualité individuelle de choque Chef. Je n'ai pas à le déclarer, mes colla­ borateurs ont toujours sympatisé avec moi. D'ailleurs, lorsque j’étais nommé à la garde Présidentielle, les combattants ont demandé à me suivre.

75

201

Etre nommé commandant de Zone à Owando, tout le monde sait comment on y accède. Le Camarade EWOLO parle de ce que je l'ai menacé lors du ma­ riage du Colonel SASSOU. En fait, un combattant de son Unité était en pleine crise de folie. EWOLO n'était point en mesure de regter ce petit problème. Les parents de celui-ci nous assaillaient. Je le Uh ai reproché. Je lui ai demandé de prendre ses responsabilités. Voilà tout. Pour conclure, je déclare que je reste à l’entière disposition de la Cour Révolutionnaire dException pour d’éventuels éclaircissements.

NTERROGATOIRE DE L'ACCUSE MALONGA-MOUNGABIO S LR. : J’ai travaillé à la Garde Présidentielle pendant deux (2) mois. A la suite d’un cross militaire, j’étais essouflé et je suis tombé parce que j’avais forcé. J'étais ensuite hospitalisé à l’hôpital militaire.

Pendant la même période, ma fiancée avait accouché à l’hôpital militaire. Sorti de cet hôpital le 18 mars 1977, au matin, je m'étais rendu à mon service c’est-à-dire à l'Etat-Major rendre compte à mon chef hiérarchique que j’avais obtenu un repos médical. J’ai entendu les premiers coups de feu au moment où je me trouvais à la maternité de l’hôpital militaire. Aussitôt je suis sorti et j’ai couru vers la grande-route goudronnée qui mène vers l’école des cadets de la Révolution. Pendant que j'étais toujours entrain de m’enquérir de la situation, j’ai aperçu une 504 noire venant de l'Etat-Major ; c'est le petit Marien qui conduisait. Je l'ai vu passer en direction de l'hôpital militaire où l'on m’a interdit de voir le corps du Président.

Après avoir reçu mon arme et ma tenue de combat, le camarade gestionnaire de l'hôpital militaire me demandera de rester auprès de la famille présidentielle et ce jusqu’au moment où lesdits membres avaient été transportés à M'Piia.

INTERROGATOIRE DE L'ACCUSE OSA Dès que le Lieutenant EWOLO Oscar m'avait cité en qualité de témoin au cours de son interrogatoire, je m’étais déjà apprêté pour venir témoigner en toute franchise en réunissant les documents que j’avais reccueillis à l’imprimerie Nationale. J’ai connu l’ex-Colonel MOUNTSAKA à travers sa nièce en 1971. En outre, je l'ai connu lorsque j'étais Rédacteur du journal « Com­ battant Rouge », nos contacts ont continué jusqu’en mars 1977 pour le tirage des diplômes militaires qui devaient être délivrés aux lauréats 76

202

à l’issue du festival militaire organisé lors du 1er anniversaire de l'acci­ dent d'hélicoptère du défunt Président. Quant à EWOLO Oscar, nous nous connaissons depuis l'école des cadets. Ensuite nous avons travaillé dans une même unité où il est resté toujours mon chef. Nous ne nous sommes séparés qu’en 1972 lorsqu'EWOLO Oscar se rendra en stage en Europe. Je travaille à la garde présidentielle depuis le 3 septembre 1977. J y ai rempli les fonctions de Président du C.R. et adjoint au chef de corps de notre compagnie. A propos du festival militaire précité, j'avais été nommé Président de la Commission d'Organisation des Jeux.

Le 18 mars 1977, je suis venu à l'Etat-Major pour mettre au propre les résultats des jeux et exercices débutés le 16 mars 1977, J'y suis resté jusqu'à 10 h 30 mn environ. Après quoi, je me suis rendu au stade d'Ornano où se déroulait I épreuve de ballon militaire. C’est en ces lieux que j'ai croisé le Lieu­ tenant EWOLO Oscar. Sur ma demande, il a accepté de me conduire a l'imprimerie Nationale pour que je me rende compte de l'état d'a­ vancement des travaux des diplômes précités. Ce travail n'était pas prêt. A ma demande, les responsables de l'imprimerie Nationale, en par­ ticulier I ex-Colonel MOUNTSAKA avec qui j'ai pris attache, ont mo­ bilisé les ouvriers pour ce travail. En rentrant de l’imprimerie Nationale, nous avons emprunté le boulevard Patrice Lumumba, j’ai aperçu ma femme et je l’ai saluée en agitant la main. Je précise qu'elle m'avait bien vu car elle avait répondu à mon salut. Vers 13 h 15 mn, je me suis retrouvé à la RTC pour rectifier la teneur du communiqué car selon les informations recueillies, il résultait que le Chef d'Etat ne devait plus présider la cérémonie de remise de diplômes que j'ai cités plus haut. Je peux citer comme témoins, les journalistes Guy Noël Sam et Michel QDZOKI qui m'avaient reçu. Après quoi, je suis revenu, à l'Etat-Major pour libérer les mariés qui devaient aller manger chez eux, tandis que les célibataires ont rejoint le camp. Pendant que l’effectuais mes courses, mon adjoint devait me relever vers 14 heures. J'ai repris mes courses en compagnie du Sergent NGOUABI, en me rendant d abord à l'imprimerie Nationale où je devais remettre l’argent servant à l'achat de la nourriture des ouvriers retenus pour im­ primer les diplômes. J’ai été ensuite amené à conduire certains agents de l'imprimerie Nationale qui avaient des courses urgentes à faire avant de continuer notre travail. Après les avoir ramenés à l'imprimerie Nationale, j'ai rebroussé chemin en passant par l’Ambassade de Cuba où je devais remettre une carte d'invitation. Arrivé à cette Ambassade, j’ai rencontré un cubain qui rentrait à vive allure. M’ayant reconnu, il m’a déclaré : « camarade Marcel, ça tire à l'Etat-Major ». J’ai démarré aussitôt en passant par Blanche

77

203

GOMEZ, l’école des cadets de la révolution, jusqu'au camp 15 août. Cependant, à la hauteur de l’école des cadets de la révolution, nous avons croisé une voiture soviétique à bord de laquelle se trouvait un ami so­ viétique et un Adjudant de l’APN. Ils m'ont confirmé cette information.

Arrivé au camp du 15 août, j’ai constaté que toutes les troupes étaient paniquées après avoir entendu « rafaler » vers l’Etat-Major Prési­ dence. Je me suis rendu immédiatement à la caserne du Bataillon de Commandement pour me procurer un P.M. A.K. Peu après, j’ai vu passer deux 504 et un B.T.R. en direction de l’hô­ pital militaire. Je me suis emparé d’une jeep, j’ai suivi ce cortège et j'ai vu le corps du Président de la République. Puis, j'ai écouté le compte rendu du Capitaine OKEMBA avant de rejoindre mon camp où j’ai rassemblé certains éléments de notre bataillon qui se trouvaient sur place.

CONFRONTATION OBA-ODZOKI ET GUY NOËL SAM S I.R. ODZOKI : Je me souviens avoir vu OBA à la R.T.C au cours d’une matinée avant le 18 mars 1977. S I.R. Guy Noël SAM : Ce n’est pas le 18 mars 1977 que j’ai ren­ contré OBA. Néanmmoins je reconnais avoir été interpellé par un camara­ de combattant avant le 18 mars 1977. Il était accompagné d’un autre militaire et ils venaient de la part du camarade ODZOKI. Ils m'ont de­ mandé des renseignements que je ne pouvais leur fournir. Alors je les ai orientés à mon tour, vers les services compétents.

INTERROGATOIRE DE L’ACCUSE KONDA Je connais KANZA, nous nous fréquentions. Pendant nos fréquenttotions, ce dernier m’apprendra qu'il avait quelque chose de compro­ mettant dans la parcelle. Le 17 mars 1977, KANZA m'a manqué chez moi en compagnie d'un de ses amis. Ce sont mes enfants qui m’ap­ prendront cela.

R. 8.I. KONDA : Le 18 mars 1977, je me trouvais au travail. A treize heures, j’ai attendu une occasion qui n’était pas facile à avoir. J'ai finalement pris celle qui se dirigeait vers Moungali. Je précise que j’habite Makélékélé, je suis arrivé chez moi tard, vers 17 heures. C’est ma fille qui m’apprendra que KANZA et ses camarades se sont habillés en tenues militaires chez moi. Pris de panique, j'ai brûlé leurs habits civils et je suis allé jeter leurs chaussures dans le fleuve. 78

204

INTERROGATOIRE DE L'ACCUSE SAMBA-DIA-NKOUMBI Courant 1975, une matinée de dimanche, HOMBESSA André me sa voiture, et nous nous sommes retrouvés chez mûccamoa’RcoaÏ a Boko’ Peu après s'est présenté NDOUDI-GANGA. MASSAMBA-DEBAT nous a informé que c’est « ('Eternel » qui lui a de­ mande de nous reunir pour nous demander de beaucoup étudier la « bibie » afin de réhausser notre niveau de conscience. Après on s'est dit au revoir, et nous sommes rentrés à Brazzaville.

Une autre rencontre de ce genre s'est produite chez Massamba-Débat a Brazzaville. J’y suis arrivé en retard. J'ai manqué donc l'entrevue. septembre 1976, j'ai personnellement étouffé une grève à l'ASECNA. Depuis cette date jusqu'aux événements du 18 mars 1977, je ne suis plus rentré en contact avec le groupe de MASSAMBA-DEBAT. ma

Ce vendredi 18 mars 1977 vers 14 h 30 mn, alors que je me reposais dans mon lit, mon épouse m'informa que les militaires tiraient en ville, je lui ai répondu : « Ce’a n'est pas étonnant, demain, c'est l'anniversaire de I accident du Président. C'est donc un avant-goût ». Je me suis rendu au bureau. Pendant que j'étais là, j’ai constaté qu’il n'y avait pas assez d activités comme en temps normal. J’ai décidé alors de rentrer chez moi. „ J J'°' «té membre du Bureau Politique du M.N R. sous MASbAMBA-DEBAT, je suis donc connu dans ce pays. J'ignore les raisons aui ont fait que MASSAMBA-DEBAT porte mon nom dans son agenda. Ce que je sais c est qu’il m'avait demandé de régulariser ma situation de mariage vis-à-vis de l'église.

INTERROGATOIRE DE L’ACCUSE KINKOUBA ETIENNE Je connais Massarnba-Débat. C'est en 1970, au cours d'une visite à Boko que je lui poserai la question suivante : « Les rumeurs courent à Brazzaville que vous reviendrez au pouvoir. Qu’en pensez-vous ? » || me répondra en ces termes :

«Lorsqu un serpent vous mord, il peut vous mordre une seconde fois». En 1975, Dieu m’a envoyé rencontrer Massarnba-Débat. J'y suis allé Au cours de notre entretien ce dernier m’apprit que la situation économi­ que du pays était catastrophique. Il fallait remédier à cela.

Dans une révélation Dieu annonça que Ngouabi serait enlevé par des militaires et qu'il y aurait beaucoup de sang. Une autre révélation indiquait qu'André Hombessa voulait monter l'escalier. Ce qui veut dire prendre le pouvoir en qualité de Chef de l’Etat. 79

205

L'autre révélation m'apprendra que Massamba-Débat va bientôt mon­ ter l’escalier, c'est-à-dire qu'il allait monter aux deux, c'est-à-dire qu'il allait mourir. Dieu me dit ce |our-là : «Massamba-Débat sera recherché par des militaires qui le remettront au pouvoir. » R. S.I. Kinkouba — Je connais Samba-Dia-Koumbi depuis le 31-7-68 kl l’Etat-Major et au Camp 15 Août. Je nai pas eu de difficultés de retrouvât son domicile. Il était devenu mon professeur de comptabilité. R. S.I. Kinkouba — Dieu n’a jamais ordonné d'aller tuer, Dieu n'a ja­ mais ordonné de prendre le pouvoir. S'il y a une force qui s'oppose 8 notre option, le peuple est en droit de la mater.

INTERROGATOIRE DE L’ACCUSE KOUEA GREGOIRE Depuis 1975 je connais Kanza. Kianguila, Miénakou, nous priions en­ semble, Tadet aussi prenait part à nos séances de prières. Un jour Miénakou fera une révélation nous recommandant d'aller prier chez le Président du Parti Congolais du Travail. C'est ce que nous avons fait, malheureusement nous avons été arrêtés et relaxés le lende­ main. A partir de ce moment nous avons décidé de ne plus prier ensemble. Le 18 Mars 1977 Koudissa est venu me voir à mon service. Il me de­ manda de me retrouver chez Kanza avant 14 heures le moment venu. J’ai rejoint le domicle de Kanza où j'ai vu d'autres personnes. Nous avons prié de suite. Je me suis retiré pour me soigner à domicile car j'étais souffrant. J’habite près de chez Massamba-Débat. Plus tard des militaires sont arrivés et j’ai vu Massamba-Débat monter dans une voiture 4 L. qui était escortée par deux jeeps. Je reconnais avoir participé aux groupes des « prieurs », mais je ne savais pas que le commando s'était rendu à l’Etat-Major.

INTERROGATOIRE DE L’ACCUSE SISSOULOU En 1975, j'ai fait la connaissance de Kianguila, Kanza et d'autres gens. Nous avons décidé de prier ensemble. En Février 1977, l'un d’entre nous a été l'objet d'une révélation nous recommandant d'aller prier avec le Président du Parti Congolais du Travail. Nous avons eu peur mais cette révélation fut réitérée sur place. C'est ainsi que nous avons pris la décision d'y aller. A l’Etat-Major, nous avons été arrêtés et gardés à vue au Camp 15 Août. Le lendemain nous avons été rélaxés. On ne s’est plus jamais retrouvé jusqu'aux événements du 18 Mars.

80

206

INTERROGATOIRE DE L’ACCUSE DIANZENZA Je connais Sissoulou, Tadet, Kanza et Kianguila depuis 1974. On priait ensemble. Nous avons prié chez Massamba-Débat en Décembre 1976. NDoudiNganga est arrivé vers ia fin de îa prière.

Pendant que nous prions chez Kanza le 17 Février 1977, Tadet fera la révélation selon laquelle nous devions nous rendre à la Résidence Présidentielle pour prier avec le Président du Parti Congolais du Travail. Je confirme les déclarations de Sissoulou car jusqu’au 18 mars nous ne nous sommes plus jamais retrouvés.

S:I:R. DIANZENZA — Après le 18 Mars 1977, j'ai fui à 8oj^'est l'homme de la dé­ mocratie, l'homme de la tolérance tomme du dialogue, l'homme du par­ don, l'homme de la paix, le bon père de famille qui a toujours pàTdortné même dans les cas où personne n'osait croire à un pardon. Il va s'atteler àTnbtipn du Parti, il va s'atteler à l'action de l'Etat et vous verrez de 1968 jusqu'à sa mort malgré les tribulations, malgré les orages, les tornades, la trahison, les tortures, les opportunistes, il restera dans ia ligne pure du Parti, le socialisme scientifique tel que le peuple congolais, tel que le peuple congolais l'a choisi librement et tel que le peuple congolais veut le faire aboutir coûte que coûte. L'impérialisme, camarade Président, de concert avec ses valets lo­ caux à l'extérieur et à l'intérieur, ne va pas pardonner cela au Commandant Marien NGOUABI et c'est à partir de ce moment là que vont apparaître ces énergumènes de l'AEC venus de Paris où iis buvaient du champagne, où ils se pavanaient dans les voitures et les palaces, dans les hôtels,

133

258

nourris avec la bourse du Congo, habillés avec la bourse des paysans, nourris avec l'argent des travailleurs congolais. Vous verrez que l'AEC > partir de ce moment là va changer de blouse, l'AEC ne sera plus com­ bative, l'AEC ne sera plus cette institution des étudiants c'est-à-dire l'avant-garde, c'est-à-dire une association des étudiants œuvrant pour l'intérêt national.

L’AEC à Paris comme ailleurs va mener- une guerre sans merci contre le Président Marien NCOUABI et vous verrez d'abord un certain BADINGA de Grenoble (vous verrez ca dans Etumba) qui va écrire qu’au niveau de la France « ... nous les Bacongos, nous allons mener une guerre sans merci contre les CNRIENS, nous allons leur montrer ce que ca sent le Bacongo». Et le journal vous l’aviez tous lu et lorsque l'on re­ trouve dans les agendas de MASSAMBA-DEBAT le même BADINGA pro­ posé à un poste Ministériel, vous comprendrez la liaison qui existe entre ces éléments de l'AEC en France et MASSAMBA-DEBAT, qui tous vont se coaliser, pour abattre et la révolution et son Chef. L'AEC va devenir un instrument de l’impérialisme français, va être au service des puissances occidentales, l'AEC sera donc au service de la bourgeoisie à l'étranger, l’AEC -.ri combattre la révolution. l’AEC va combattre l’homme, elle va combcLte systématiquement l’homme parce que c'est pas MASSAMBA-DEBAT Et vous les avez entendus à la Con­ férence Nationale, ils sont venus injurier le Chef, injurier les institutions, ils réclamaient de l’eau, partout, déplorant qu'il n’y a pas de canalisation, qu'il y a les moustiques partout, qu’il manque ceci, qu'il manque cela. -Mais depuis longtemps ils sont rentrés au pays et sont devenus tous bourgeois, des bourgeois. Ils roulent dans les voitures, ils cherchent des villas, cherchent des belles femmes, cherchent des belles filles. Alors qu’à l’époque ils traitaient le camarade Président Marien NGOUABI comme étant l’homme vendu à l'impérialisme, qui de Marien NGOUABI et de l’AEC et de ses représentants en 1972, a trahi la révolution de 196^ ? C’est eux, camarade Président. Eux, la cause de la mort-de Marien NGOUABI, eux qui ont contribué à semer les mauvaises graines dans ce pays dès 1963« c’est eux, tribalistes, incorrigibles, tribalistes^et ils ne verront comme révolutionnaires que tous ceux qui sont natifs du Pool, les autres ce ne sont pas des congelais, les camarades du Kouilou ne sont pas congolais, ceux d’ailleurs ne so ,t pas des congolais, il n’y a que dans le Pool qu’il y a des révolutionnaires. C'est la guerre sans merci que l’AEC par ses tracts, par ses écrits diff '’.atbires va essayer d’atteindre le Chef sur tous les plans pour le déco rager, le démoraliser. Ces individus, vous les. connaissez, que sont-ils devenus, des bourgeois bureaucratiques au même titre que ceux qui sont à l’intérieur. Quelle est la différence entre eux maintenant et les autres ? C’est eux qui, par leurs écrits, par leurs paroles qui ont contribué à semer dans ce pays la haine et la désunion.

L’impérialisme va se servir de l'AEC. Mais est-ce que nos étudiants en Union Soviétique nous ont envoyé des tracts ici ? Est-ce que nos étu­ diants en Algérie nous ont envoyé des tracts ? Est-ce que nos étudiants 134

259

en Chine nous envoyé des tracts ? Est-ce que nos étudiants dans les autres pays socialistes nous ont envoyé des tracts ? Comment peut-on être à la fois ami et ennemi ? Ceux qui hébergent les ennemis de la ré­ volution congolaise sont les ennemis du peuple congolais Ces gens circulent librement à Paris, à Bruxelles et ailleurs. Le droit français que nous appliquons est pourtant le même que celui appliqué en France : l’assassinat d'un Chef d’Etat n’est jamais considéré comme un crime politique : il y a extradition. Est-ce que ces pays vont extrader HÔMBESSA ? Est-ce que ces pays vont extrader BINDI ? Est-ce que ces pays vont extrader BANTSIMBA, BADINGA et tous les autres qui con­ tinuent à nous déverser des écrits diffamatoires ? Où est MATSIKA ? Est-ce qu'il est à Moscou ? Où est MATSIKA ? Est-ce qu’il est à Pékin ? Est-ce qu'il est à Alger ? Voilà la différence avec les pays amis parce que ceux-là respectent notre option, parce que ceùx-là ils nous aiment.

Mais les autres, ils nous sourient et pendant le même temps, ils nous poignardent dans le dos. Camarade Président, on en a assez et ce n’est pas tout, l'impérialisme va se manifester sous différentes formes à l'ex­ térieur par les écrits diffamatoires avec ses valets à l’extérieur comme à l'intérieur. L'impérialisme va se manifester par un blocage économique : on a vu les usines se fermer, les bureaux se fermer, les magasins se fermer, tout se fermer, c’est quoi ? C'est ia contribution à la chute du socialisme dans notre pays. Le blocage économique est un crime contre la révolution, qa a con­ tribué à créer un climat malsain contre notre pays. C’est pas tout, cama­ rade Président, ceux que l'on envoie en mission comme MATINGOU, ceux que l'on envoie en mission au Japon comme MOUNGOUNGA-NGUILA, ils vont nous trahir,' pour qui vont-ils parler ? Au nom de la révolution ? Vous Voyez comment MOUNGOUNGA qualifie la révolution, vous voyez comment MOUNGOUNGA qualifie nos amis des pays socialistes, comment peut-il oser qualifier nos amis de la sorte ? Mais c'est la fourberie.

•«! Mais c'est pas franc ! Mais c’est pas honnête ! Comment alors ? Donc ces fonctionnaires, chacun dans son échelon, chacun dans son bureau, va paralyser l’appareil de l’Etat par l’absentéisme, par le refus du travail, ils vont tout bloquer. Ils se sont associés à l’élément extérieur pour ne pas importer, ils se sont associés avec l'extérieur pour colporter les faus­ ses nouvelles, pour donner les renseignements d’Etat, les renseignements économiques, c’est la trahison, c'est la trahison contre la Révolution et contre le peuple congolais, tout cela a été fait contre ta Révolution et contre l’homme qui était à la tête. L’impérialisme a jit et il agit de cette sorte, il a utilisé tous les moyens, le syndicat, les élèves, il a tout employé. Si à cela il faut ajouter notre comportement personne! à nous Congolais, qui nous fait croire que le Chef doit être seulement issu de sa tribu. / ■ ‘Souvenez-vOus ici de la gymnastique à laquelle s’est livrée la défunte Assemblée Nationale autour d’une prétendue gabégie que Marier, aurait

135

260

X f,9nd' ce ®°nt les dettes de la colonisation, ce sont les n YOULOU. ce sont les dettes de MASSAMBASnnn 5 effet arr,ve au moment où tous ces gens ont accudpo HP M f exceS8'vement important. Mais on voudrait mettre ça sur Le M°S- de Ma.rien- Comme si Marien avait été avec YOULOU comme eommp .Pfcn3® !e Pouvoir ovec MASSAMBA-DEBAT et de dire commeceux de , A.E 0. : il n y a pas de routes, il n'y a pas de dispensaires, il n y a pas d eau, il y a ceci, il y a cela. Mais alors ! Vous n'êtes pas m.frïtlf!?tUeSt ? Vous n® pouviez pas faire une analyse objective et dire que la situation qui prévalait en 1972 est le résultat d'une accumulation wÂ'.,?~ne "^cumulation d'erreurs dues à la mauvaise gestion de I Abbe YOULOU et de MASSAMBA-DEBAT. 9

Ils n ont pas le >ura;e de le dire, ils vont le mettre sur le dos de qi.feiqu un qui, lui, ne nt que pour le peuple, ne respire que pour le peuple n crme que le peuple Vous l'avez vu partout auprès des étudiants, auprès ces éieves dans les coles, dans les usines. Partout, Camarade Président i 1 ^GOUABI u'o-t-il pas mis pied ? Oui le Président Marien NGOUABI n j-t-il pas entendu ? A qui le Président Marien n'a-t-il pas donné un conssil ? A qui le Président Marien NGOUABI n'a-t-il pas pardonne ? Mais l'impérialisme international et ses valets locaux n’ont jamais pardonné au PCT et à son Chef, l'option choisie. C'est pourquoi a coté de cet impérialisme extérieur, de l'impérialisme tout court et de ces valets à l'intérieur, vous trouverez certains Chefs d'Etat qui vont egalement penser que notre option était un danger qu'il fallait combattre.

Il fallait combattre cette option. Tous ceux-là qui ont contribué à creer ce climat malsain dans le pays, à créer la zizanie, à discréditer notre pays, a paralyser l'économie, à décourager les investisseurs, à découra­ ger les gens de bonne volonté qui voulaient venir s'installer dans notre pays, tous ceux-là, ont tous une part de responsabilité. Oh ! Camarade President î A côté de ceux-là, il y a ceux qui ont miné l'action du Parti J étais en tram de lire tes « Pingouins », un article écrit dans « Etumba ». SaveMous qui est le pingouin ? Les gens sont méchants ! Ils qualifient le Chef de l’Etat de pingouin ! Et ils qualifient ceux qui ont fait la Révolu­ tion de pingouin. Cet oiseau sans ailes ! Et ils se mettent donc à combattre le Chef de la Révolution par des écrits diffamatoires. Ca commencera par l'article « les pingouins ». C'est la première fausse note : « Les pingouins », je l'ai là llLes « Pingouins » c est a l'époque où vous avez à la tête N DALLA Graille fet-tôus leS^AMs et ils parlent des pingouins — car pour eux Marien NGOUABI c’est là un homme-tampon. Il ne faut pas qu’il ait des parents ; il ne faut pas qu'il ait des amis. Quand le Président Marien NGOUABI reçoit un parent c'est une reunion réactionnaire. Mais quand DIAWARA réunit son mondé c'est révolutionnaire ! Mais quand le Président Marien NGOUABI se retrouve avec ses parents ou avec sa femme ou ses enfants, c'est réactionnaire Ils vont donc commencer par écrire une série d'articles dirigés contre lui sous le titre : « Les pingouins < 136

261

Et à côté des « Pingouins », vous allez assister à une gymnastique sans précédent au sein du Parti Dés sa création, plusieurs tendances, ces tendances, c’est le reflet du M.N.R. au moment des événements du 31 juillet 1968. « Les pingouins » ce sont en réalité ceux qui étaient au Parti contre la Révolution et contre son Chef. DIAWARA va par ailleurs essayer de discréditer le Parti par ses attitudes. Il va refuser, par exem­ ple, de dire bonjour à des Chefs d'Etat étrangers en visite dans notre pays.

Lui, révolutionnaire, ne veut pas serrer la main à un Chef d’Etat. Vous voyez l'outrage, l’offense à son Chef d’Etat qui reçoit un autre Chef d’Etat. Lui, Membre du Bureau Politique, n’assiste à aucune réunion à cette occasion. « Les pingouins », les carapaces, les tortues, touiours les mêmes ! Le Président Marien NGOUABI voudra faire la lumière sur le pro­ blème des assassinats parce que c’était une lourde hypothèque sur la Révolution. Il fallait que l'on sache ce qui s’est passé en février 1965. C'est le point de départ du complot. Il DALLA Graille va revenir à Brazza­ ville en menottes. On va demander à MASSAMBA-DEBAT et à LISSOUBA de s’expliquer. On va demander à NGAYO de s'expliquer, à LOUNDA de s'expliquer, que l'on sache que ces assassins existent et que le complot a été ourdi dans le bureau de Pascal LISSOUBA et que ces assassins ont été bel et bien dirigés par MASSAMBA-DEBAT et LISSOUBA. A partir de ce moment-là, au sein du Parti, on ne va plus pardonner au Commandant Marien NGOUABI d’avoir remis sur la sellette cette affaire de MATSOKOTA, de POUAEOU et de MASSOUEME. On va trou­ ver des formules, on va trouver des combinaisons pour essayer de ca­ moufler le profond désaccord, de trouver une espèce d'entente. Et ceux qui sont arrivés en menottes vont se retrouver Premier Secrétaire du P.C.T. et je pense à NDALLA Graille, toujours en pantoufles, toujours en guenilles pour montrer qu’il était le grand révolutionnaire. Je pense à DIAWARA qui essaie d'imiter CHE GUEVARA en mangeant de la viande crue, en mangeant des lézards.

Mais CHE GUEVARA a vécu dans d'autres conditions une Révolution tout à fait différente, avec des données différentes. Tandis que DIAWARA, tribaliste va s’installer à Goma Tsé-Tsé avec les siens, les parents, les enfants de 17 à 18 ans. Vous savez la suite. Oh ! Camarade Président, au sein du Parti, la lutte va être serrée et dès 1971, MBERI Martin lui, non content de voir le Pool rallier le P C.T., va imaginer une affaire où, soi-disant un commando va procéder à des enlèvements. Êt les membres du commando c'étaient tous des gens du Nord qui devaient l'enlever. Et pour se faire entendre au sein de la Direc­ tion Politique comme il ne pouvait pas faire autrement, il jette les pre­ miers tracts : « Tout pour le Nord, rien pour le Sud ».

Je vous l’ai dit la dernière fois, camarade Président. MBERI Martin

137

262

est celui qui a bénéficié de l'indulgence extrême du Chef de l'Etat, qui l'a aidé même à se soigner en l'envoyant en France avec une bourse ex­ ceptionnelle et un salaire exceptionnel. MBERI Martin bien que n'étant plus Membre du P.C.T. a continué, alors qu'en tant que révolutionnaire, il devait renoncer à toucher un traitement de Secrétaire Permanent du P.C.T., grâce à la magnanimité du Commandant Marien NGOUABL Et MBERI a continué à toucher ce salaire-là jusqu'au jour où on a parlé de la radicalisation. MBERI Martin devait donc se rallier à la thèse de la « tribu-classe » de Pascal LISSOUBA avec son groupe ABBA-GANDZION, MOUNGOUNGA, MOUMBERI et autres KIMBOUALA-NKAYA. « Tout pour le Nord, rien pour le Sud ». J'invite tous les Congolais à faire un jour un tour à Kellé où le dispensaire n'a même pas un comprimé de nivaquine ou d'aspirine. J'invite Ips camarades à aller à Mbomo où il faut deux jours pour aller à Kellé. Et en 1964, j'étais Procureur de la République à Owando. Début 1965, le Premier Ministre Pdscal LISSOU­ BA est venu en mission officielle. Et revenu à Owando, il disait : « Je ne mettrai plus pied ici. C’est l’enfer ! C’est l'enfer » Et le Nord, au moment où je vous parle continue à vivre à l’âge de la pierre taillée.

Il n'y a,pas de route, il n’y a pas de dispensaire. Et s’il y a 99 dispen­ saires, il n'y a pas de médicaments. Toutes les grandes écoles sont au Sud. Toute l'Administration centrale est au Sud. Aucune Paierie dans le Nord, aucun bureau d'enregistrement. Il n'y a pas de Douanes. Le Nord du pays manque de tout. Il lui manque même le minimum vital. Les compa­ triotes du Nord n'ont jamais vu une ampoule électrique : les compatriotes du Nord n'ont jamais vu de goudron. Ils ne savent pas ce que c'est que le goudron. A part quelques tronçons que l’on vient de faire et ca ne/ traverse qu’une petite contrée où il n'y a presque pas d’habitants, les compatriotes du Nord n'ont jamais vu un taxi ; ils ne savent pas ce que l'on appelle un taxi; les compatriotes du Nord ne connaissent pas ce que c'est qu’une boucherie, une épicerie, une pharmacie ! Le café est en train de pourrir faute de routes; le cacao dans la Sangha est en train de pourrir faute de routes.«Et s'il arrive un malheur un soir à partir de 9 heures à un habitant du Nofd.de la République, il lui est impossible de savoir qu'il a un parent qui est décédé, qu'il a un parent qui a fait un accident, impossible a'e téléphoner la nuit et. le dimanche. Aucune centrale téléphonique. iPour avoir un mandat, il faut attendre quinze jours, pour avoir une lettre à Owando, à Okoyo, il faut attendre deux mois ! Et nous sommes tous fils de ce pays ! « Tout pour le Nord, rien pour le Sud ». Allez-y voir ?

Mais au fond, MBERI Martin, sait très bien qu'il est intellectuel, ü se disait révolutionnaire. Mais est-ce que MBeri Martin qui est allé à Djambala comme Commissaire du Gouvernement a semé quelque chose ? üu’est ce qu’il a semé ? Il a semé la haine, la discorde, il a brimé les popu­ lations des Plateaux. Et si aujourd'hui MBéri Martin devait encore mettre pied là-bas, ce sera la révolte générale! Voilà un révolutionnaire ! un révolutionnaire qui ne fait sa révolution que dans Brazzaville en rédigeant

138

263

que jusque-là c'étaient les éléments les plus purs, c'étaient les éléments les plus propres. C’étaient les éléments les plus intransigeants, ceux qui, à I occasion de l'affaire KOLELA comme à l'occasion de l'affaire de XINGANGA, voulaient que l’on décime tout, que l’on tue tout, ces élémentslà vont donc pour les besoins de la cause, en Novembre et en Février 1972 publier des articles disons subversifs, des éditoriaux malins, des éditoriaux où transparaît, le complot disons la machination.

Ils vont donc tout mettre en œuvre. Et lorsque le Chef de l'Etat va aller à Pointe-Noire, les mêmes éléments, vont aller à l'Aéroport lui don­ ner le baiser de Judas. Ils vont dire « au revoir Chef ! Nous restons pour sauvegarder les intérêts de la Révolution. Vous pouvez compter sur nous » Mais Camarade Président, si on le savait, ce jour-là immédiatement après Maya-Maya, tous les assassins se sont retrouvés dans l’allée du Chaillu, juste à côté de la Maison d Arrêt, chez DIAWARA. Ceux qui sont revenus de l’Aéroport s’en sont rendus compte, mais comme il s'agissait d’un complot, personne n'a soupçonné. Le complot est donc ourdi, le com­ plot est donc préparé, il est à la fois civil et militaire, il est au sein du Parti. Il est d’une extrême gravité, sans précédent, parce que pour la première fois, le P C I. va se retrouver complètement ébranlé, le P.C I. va se retrouver complètement secoué en son sein, par les éléments que l'on croyait les plus puis.

Oh ! Quelle machination ! Quelle fourberie ! Lorsque le 22 Février au matin, Camarade Président, ils oseront, sur les antennes de la Voix de la Révolution dire « Nous, révolutionnaires, nous ne devons pas rester les bras croisés. C'est pourquoi nous sommes passés à l'attaque ». A l’attaque de qui, contre qui ? Camarade Président, ils ont menti, MANTESSA a menti, NOUMAZALAYI a menti, NDALLA Graille a menti, DIAWARA a menti. Tous, ils ont prétendu que c'était un coup d'état de la droite. Et comme toujours, comme à l'époque de KINGANGA, comme maintenant, ils ont vou­ lu dire que c'est le Général YHOMBY-OPANGO, alors que ce jour-là, je porte un témoignage solennel, c'est lui, c'est grâce à lui que la Révolu­ tion a été sauvée !

Tout seul, avec sa femme, il est allé à l’ex-Gendarmerie, à quatre heures du matin sonner l’alerte ! Tout seul avec sa femme ! S'il avait vou­ lu prendre le pouvoir, le Général YHOMBY-OPANGO avait tous les élé­ ments en main. Il était le seul maître à Brazzaville. Il a dit non, mon frère est à Pointe-Noire, ce n’est pas moi qui renverserai Marier, NGOUABL Et le 22 Février, le Général YHOMBY est resté dans la ligne du Parti. La ligne du Parti, c'est celle qui est tracée par le Parti. Oh ! Le Général YHOMBY est resté le 22 Février imperturbable alors qu'il y a eu, je pense, même des sollicitations ! Des gens ont pensé que le moment était venu pour prendre le pouvoir. Il a dit non, non à la réaction. Le comble, Camarade Président, c'est qu’à Pointe-Noire, il y avait un élément qui devait, assassiner le Chef de l'Eat. A Brazzaville DIAWARA, NOUMAZALAYI, NDALLA Graille et tous les autres avaient mis en place une machine criminelle et diabolique. Il était même

140

264

prévu que certains congolais seraient lâchés du haut d'un avion sur le Mayombe, Il était prévu que l'on déverserait sur certains quartiers de Brazzaville de l’essence. Il était prévu un nettoiement, c'est-à-dire des assassins comme en 1965, comme NDALLA Graille, comme LOUNDA, com­ me les autres l’ont fait en 1965, ont voulu rééditer le coup en 1972. Ces éléments là, ils sont incorrigibles, ils reviennent chaque fois quand l'oc­ casion se présente. Et lorsque le P.C.T. pardonne, pour eux, ce n'est pas le pardon. Et au moment où je vous parle, tous ces éléments du 22 se retrouvent régulièrement.

Il suffit de les observer. Quand il y a un « matanga » pour un, vous voyez tous les éléments du M 22. Quand il y a un enterrement, il y a tou­ jours les éléments du M 22. C est vous dire qu'il y a un pacte qui demeure entre les éléments du 22 Février 1972 qui, demain lorsque le P.C.T. se mon­ trera faible, reviendront à la charge pour abattre la Révolution. C'est pour­ quoi le P.C.T. doit être vigilant contre le mouvement du M 22 qui n’a pas désarmé ! Camarade Président, vous savez la suite. Le Président Marien NGOUABl, de Pointe-Noire, Ince un appel pathétique de Chef. « Je vous en sup­ plie éléments de Brazzaville, ne vous entretuez pas ! Je ne veux pas qu’il y ait effusion de sang »

n .

Tous les Membres, du Comité Central se sont tus dans la trahison. Dialogue ! Je ne trouve pas un terme meilleur que le dialogue ! C'est criminel ! L'Homme du 31 Juillet va rester imperturbable. Epena, Dongou, Loukoléla, Mossaka, Madingou-Kayes, Mvouti où ? Quel est le postes quel est le District, quel est le P.C.A., quelle est l'organisation politique, quelle est l'organisation syndicale, l’organisation de masses, quel est le milieu politique, qui de nous n'a pas demandé l'exécution de ces assas­ sins ? Qui de nous n’a pas demandé qu'on exécute... Le Président Marien NGOUABI, toujours lui, l'Homme de taille, seul devant sa conscience, I Homme du 31 Juillet a pardonné à ces Messieurs, les assassins, en cra­ vate, en tenue militaire, ou en tout autre.

Contre tout le peuple, les motions de l’Armée, les motions de tous les milieux, les motions des étudiants à l'extérieur, les motions de partout, Marien NGOUABI, Homme de paix, Homme de cœur, Homme de pardon' alors que le peuple criait au poteau, alors qu'on aurait déjà creusé à la Tsiémé la fosse pour y mettre les corps, alors que tout le monde savait déjà que ces gens allaient être exécutés, seul, devant sa conscience, l'Homme du 31 Juillet a pardonné à ces pires ennemis, ces assassins du peuple et de la Révolution ! Il a pardonné ! Le peuple un moment ne l'a pas compris. Et ensuite le peuple l'a approuvé. L’extérieur l'a approuvé. Les messages de soutien et d'pncouragement sont venus au moment où il était ébranlé. Au moment où sa conscience lui demandait de faire autre chose. Soutenu par son peuple et par l'extérieur, le Commandant Marien NGOUABI s'est montré non pas comme assassin mais comme un Homme digne de ce nom, c'est-

141

265

à-dire un Homme qui a du sang, un Homme qui a un cerveau. Un homme ré­ fléchi, un Homme de paix. Et à côté de ça, ces Messieurs là qui me regar­ dent et qui sont là et qui demain vont recommencer... qui plaident non cou­ pable et demain seront là encore à la barre ! Vous savez la suite, cama­ rade Président. La suite devait continuer contre les éléments opportunistes, gauchistes au-delà du 22 Février. DIAWARA se plie, DIAWARA se sauve et avec lui sa suite. Et vous savez, Camarade Président, ce fut la trahison la plus grave au sein du P.C.T. Le Vice-Président Aloïse MOUDILENOMASSENGO qui était dans ce complot du 22 Février, qui déjà était avec MATINGOU Bernard et KITADI, DIAWARA dans l'affaire des armes se retrouvera dans le coup du 22 Février et comme tout opportuniste, com­ me toute tortue, il va glisser ce 22 Février, dans le bon camp.

Et le voilà qui va même présider des Conseils du Gouvernement pour prendre des décisions. Oh ! Quel tribaliste ! Quel démagogue ! Pendant qu'il était là, il a trompé le peuple. Mais vous, Camarade Président de la Cour Suprême, Messieurs les Juges. Messieurs les Avocats, quel est l'héritage juridique que MOUDILENO-MASSENGO nous a laissé ? Sinon ia zizanie ! Sinon la tromperie ! Aloïse MOUDILENO-MASSENGO n'a rien créé, rien conçu, ce révolutionnaire en verbe ! Donc le 22 Février alors que MOUDILENO était dans le coup, on ne le savait pas,' MOUDILENO arrive donc à glisser entre les mailles. Et MOUDILENO-MASSENGO se retrouve de nouveau aux côtés du Prési­ dent Ma rien NGOUABI ! L'autre jour je vous disais « Qui allons-nous maintenant envoyer en mission d'Etat. Quand nous envoyons les gens si­ gner un contrat, ils vont le signer contre la République Populaire du Con­ go. Quand nous envoyons les gens pour nous représenter, ils vont faire le commerce. Quand nous envoyons les gens pour nous représenter, ils vont pour leur intérêt » ! MOUDILENO donc va en mission d’Etat en Guinée. Il profite d'une autorisation très ancienne que lui avait accordée le Chef de la Révolution pour une bourse de santé à l'étranger. Ans! MOUDILENO-MASSENGO qui apprend les événements de Poto-Poto Djoué a pris la tangente et vous savez la suite. Vous voyez le P.C.T. trahi par ses propres Membres. Le P.C.T. est trahi par ceux que le peuple croyait être les Chefs. MOUDILE­ NO-MASSENGO qui jusque-là avec N DALLA Graille, avec tous les autres prêchaient le socialisme scientifique, se retrouve maintenant dans un pays que vous connaissez. Et MOUDILENO-MASSENGO est là-bas. Et quelle est l'action de MOUDILENO. Il a écrit un livre ! Le livre de MOUDILENO, les congolais doivent le lire; le livre de MOUDILENO rejoint en tout point la philosophie de MASSAMBA-DEBAT.

Toutes les autres tribus ce sont des réactionnaires, les autres con­ golais n'ont pas le droit d'être au pouvoir. Le pouvoir c'est leur chose, c'est leur bien. Et dans ce livre, MOUDILENO se découvre, lui qui était révolutionnaire; il prêche le tribalisme, il prêche la division du peuple, il prêche la division des enfants de ce même pays, il prêche la haine, il pousse à la révolte, il incite les gens à tuer le Chef de l'Etat Ouvertement.!

142

266

Camarade Président, malgré toutes ces fautes, malgré ces crimes établis, malgré ces complots depuis 1968, à l'Hôtel de Ville, devant le peuple, le Chef de I Etat, Marien NGOUABI disait : « Même s’il est malade, qu il arrive même sur un lit, je veux qu'il vienne couper court à tous ces bruits ; je ne peux pas croire que MOUDILENO soit un réactionnaire 1 » Voijs vous souvenez, camarade Président de ce discours devant l’Hôtel det ville. MOUDILENO est resté muet, MOUDILENO est resté dans la tra­ hison, MOUDILENO est resté dans l'opposition. Et à partir de ce momentla, MOUDILENO va inonder le pays de tracts, d'écrits diffamatoires.

Le, Président a cru jusqu’à la Conférence Nationale que MOUDILENO arriverait, que MOUDILENO participerait à la Conférence Nationale pour apporter sa contribution, lui, le démocrate, lui qui croit à la démocratie, lui qui croit au centralisme démocratique Le Président Marien NGOUAEfi 2 P®nr®e 4ue MOUDILENO ne pouvait pas trahir. Mais, camarade Président, MOUDILENO a trahi. Et quel a été le comportement de Marien NGOUABI vis-q-vis de ces traîtres ? de ces assassins ? AprèS' Poto-Poto du Djoué, le Président lance un vibrant appel, demande a DIAWARA de déposer les armes et proclame au nom du peupie congolais, en sa qualité de garant des institutions et de l’unité na­ tionale, que lui, Président Marien NGOUABI, garantissait son retour, qu’il ne lui arriverait rien. Comme réponse, à l’instar de MOUDILENO, DIAWARA.a dit non à la collaboration, non à l’unité nationale, non à la construc­ tion nationale. DIAWARA s’est recroquevillé dans sa tribu, dans son clan, dans sa famille, là où il a enrôlé les enfants de 16 à 17 ans à qui il don­ nait un entrainement militaire. Quel entraînement militaire ? Pour quel interet ? Est-ce pour les intérêts de la Révolution ? Non ! C'était pour abattre la Révolution, pour abattre le socialisme scientifique.

Et Vous verrez ! DIAWARA fera des voyages à l’étranger, passant de­ vant les miliciens, passant devant la Police pour aller chercher des allian­ ces. Avec qui allait-il prendre ces alliances ? Avec les amis du peuple congolais ? A vous de conclure ! Encore une fois, camarade Président, le President Marien NGOUABI va lancer un ultime appel à DIAWARA : « Déposez les armes, je sais que vous êtes à Goma Tsé-Tsé ». Mais ce DIAWARA, cet illuminé, celui qui s’imaginait être CHE GUEVARA n’a pas voulu entendre la voix de la raison, la voix de la sagesse, la voix de l’unité nationale. r,,la fin',le Président a espéré, le Président a pardonné. Mais DIAWARA est resté imperturbable. Il ne change pas, il est demeuré le meme. Camarade Président, vous savez la suite !

, Après ca, l’amoureux de la démocratie, celui qui a juré de servir la Révolution, va s'entêter à sauver la Révolution.

Alors qu’au sein du Parti, quelques éléments, comme les TAMBA TAMBA et tous les. autres s’opposaient à la convocation de la Conféreno Nationale. Le Chef de l'Etat va donc maintenir son idée et va convoque, la Conférence Nationale. Cette Conférence Nationale aura lieu au mois

143

267

de (uillet 1972. Vous y avez participé et vous savez ce qui a été dit, com­ ment le Chef a été traité, injurié. La Conférence Nationale terminée, cama­ rade Président, on va de nouveau au Congrès. Mais de nouveaux coups durs contre la Révolution et des coups durs vont se perpétrer continuelle­ ment. Donc après DIAWARA en 1973, un autre illuminé, Pascal LISSOUBA va saisir la balle au bond : « Voilà le moment venu pour moi, Pascaf LIS­ SOUBA, moi qui ne veux pas être... Ministre de ^Agriculture c'est trop petit. Je ne peux être que Chef de l’Etat, Premier Ministre ». LISSOUBA, avec Sylvain MBEMBA et les autres vont entrer en liaison avec « la montagne » Et Pascal LISSOUBA va donc entretenir les maqui­ sards et vous savez ce qui est arrivé : Un procès a eu lieu et ce procès, vous savez comment il s'est terminé. Et le Président de cette Cour disait : « Ce procès ressemble à une conférence idéologique ». J'ai lu le terme ce matin. C’est-à-dire ûu fond on a terminé ce procès par un pardon. Et à qui il doit ce pardon ? Il doit ce pardon à Marien NGOUABI, l'Homme du 31 Juillet, l'Homme du pardon, l'Homme de la paix.

Voilà pourquoi, camarade Président, au sein du P C.T. on va encore assister à une gymnastique, et continuellement. Les éléments négatifs vont revenir à l'attaque, ils vont de nouveau passer à l'action, les ABBAGANDZION, les MOUNGOUNGA-NGUILA et les autres vont donc reve­ nir en surface, ils vont revenir à la page, ayant pignon sur rue grâce à l'après Conférence Nationale. Ils vont entrer au Parti, mais quand ils vont venir au Parti, camarade Président, sachez-le, ce n'est pas pour venir col­ laborer avec le Président Marien NGOUABI et avec la Révolution. Ils viennent au Parti avec leurs tendances, c'est-à-dire avec la thèse de la tribu-classe, les thèses du « collectif démocratique des travailleurs » ou « des étudiants ». MOUNGOUNGA va venir, y restera très peu de temps, quand LISSOUBA va partir, MOUNGOUNGA Va partir, ABBA-GANDZION fera la même chose ainsi que tous les autres. Ils vont penser qu'ils sont des indispensables dans ce pays. Ils vont donc créer l'agitation par des tracts, ontinuellement, c'est eux dont on parle. C’est du coup d'Etat que l’on i rie C’est toujours eux, ils ne tra­ vaillent pas, leurs bureaux sont vides

Après une période d’accalmie apparente, les éléments de la subver­ sion seront actifs, ils vont tout mettie en œuvre pour abattre le P C P. C'est pourquoi le Président du Comité Central voyant que la Révolution était en péril, va donc réfléchir'en tant que Chef, en tant que Chef de la Révolution. Il va faire des consultations, il va interroger les Membres du Comité Central. Quant au sein du Comité Central, les gens comme TAMBATAMBA, les gens comme... je ne veux pas les citer tous, vous les con­ naissez, vont aller ouvertement injurier le Chef, ils vont non pas pour défendre la ligne juste du Parti mais, ils vont défendre la ligne de LISSOU­ BA, ils vont défendre des lignes extérieures, qu'est-ce que vous voulez y faire ?

144

268

Comme en 1971, le Président Merien NGOUABI, décida qu'il fallait épurer. L'épuration c'est pour tout le monde, épurer c’est-à dire enlever ce qui est sûte. Et quand ç>n doit enlever ce qui est sale, on doit enlever tout, sinon là saleté quf reste doit souiller le reste. Et pour bien épurer, il fallait done Commencer par le haut. Alors là, pomme en 1971, leurs in­ térêts privés, leurs intérêts personnels, leurs voitures de fonctions, leurs maîtresses, leurs cases, seront mis en jeu. Et de nouveau, ils vont essayer de faire le vide autour du Chef, ils vont calomnier fous ceux qui collaborent avec le Chef de l’Etat. Ils vont les traiter de réactionnaires. Ils vont les traiter de tribalistes. Ils vont faire tout pour que le Président r^ste seul, c'est pourquoi le Comité Central est convoqué et à l’issue de ses travaux par une publication courageuse, le Comité Central fait son autocritique.

Cette autocritique est sévère. Vous la connaissez. Cette autocritique n’épargne personne ni le Parti, ni l’Etat, ni les hommes. Tout le monde est passé au peigne fin. Et cette autocritique, c’est un acte courageux du Chef. C'est l’acte courageux du P.C.T. qui reconnaît ses faiblesses, ses torts ; et pour mieux bâtir, le P.C.T. a donc fait ce que l'on peut dire un inventaire, un constat. Ces éléments liés aux éléments extér eurs vont s’agiter comme en 1968, comme en 1972. La coalition va de nouveau se faire. Et cette coalition va se faire contre le P.C.T et son Chef. On verra ceux qui étaient Membres du Bureau Politique et cm hier tenaient jes meetings vous apostropher : « Que pensez-vous du : C.T. ? »

Et nous les avons tous vus, vous les connaissez C'est à ce momentlà que la deuxième personnalité de l’Etat, Pierre NZE e premier Respon­ sable de la C S C. vont se liguer contre le P.C.T. Pierre NZE qui voit ses biens, qui voit ses avantages diminués va créer de nouvelles alliances avec Pascal LISSOUBA et on arrivera donc aux tristes événements qui aboutiront à la grève du 24 mars 1976. Pourquoi cette grève ? Elle n'est pas un fait du hasard, c’est parce que le Chef voulait maintenir la ligne pure du Parti. Parce que le Chef a voulu préserver la Révolution. Parce que le Chef n'a pas voulu changer, parce que le Chef a vu les intérêts supérieurs de la Nation ; ces messieurs Pierre NZE, Pascal LISSOUBA, Anatole KONDO et tous les autres vont se liguer contre le Parti. Oh ! Camarade Président ! Mes souvenirs sont encore frais. On monte très haut, mais on monte trop vite. Et ce sont ces gens que le Président a bâtis de toutes pièces. Ce sont ces messieurs que le Pré­ sident a créés de toutes pièces chqi vont reprendre les armes, rediffuser des tracts, mener la subversion contre lui. Je prends un exemple : Ana­ tole KONDO habitait dans la rue Bûngala. En 1968, lorsqu'on a eu besoin de lui, il habite bien sûr pne mgison, mais il avait dans sa maison des rideaux déchirés, il avait pour lit dH'la paille, il avait pour table une caisse.

Donc en très peu de temps, Marien NGOUABI a sorti de l’ombre et de la misère celui qui n’qvait pas une table pour manger, il en a fait un haut cadre et Anatole KONDO va se retourner contre le Chef. Et il le sait

145

269

parce que c’est moi qui suis allé l'appeler. Ces messieurs ont trahi la Révolution en créant une situation-égale à celle qui existait entre le mois de novembre 1971 et le 22 février 1972, entre lé 12 décembre et le 24 mars. On ne voit plus la ligne du Parti, on voit ses intérêts personnels. On va se coaliser, KONDO, Membre du C.C. va pactiser avec les éléments extérieurs. ,, ■

Les gens ont pense qu’il fallait combattre le Chef dans ses options, dans sa manière de voir, dans sa politique, fc/lais c'était ne pas connaître Marien NGOUABI ! Oh! le comble, camarade président, au moment où Anatole KONDO, au moment où Pascal LISSOUBA, au moment où ces syndicalistes déclenchent la grève, que se passe-t-il ? Que se passe-t-il ? Le peuple est étonné, le peuple est abasourdi, le peuple est attristé. Que se passe-t-il ? Le Chef, le vrai Chef, l'Homme de paix, l’Homme de cœur fait un accident à Emboli, et pendant qu'on recherche le Chef en forêt, pendant que le Chef a les pieds blessés, pendant que le Chef n'est pas encore rétabli, Anatole KONDO, LISSOUBA et autres, ABBA-GANDZION, sablent le champagne à Brazzaville. Ils fêtent l’accident du Chef de l’Etat comme une victoire ! On fête l’accident du Chef comme une victoire, c’est-à-dire qu’ils condamnent s P.G.T et la Révolution. Ils n’atten­ dront pas, camarade Président. Ils refuseront le dialogue, ils refuseront les concertation.

Et, alors que le Chef est encore à Owanao auprès de sa mère, au­ près de ses chers enfants, des siens et des militants de Makoua et Owando, ces soit-disant syndicalistes devenus grâce à Marien des fonc­ tionnaires. qui Inspecteurs, qui Contrôleurs, et c'est pourquoi la Fonc­ tion Publique n’a jamais été refondue parce KONDO Anatole est devenu également fonctionnaire et un haut fonctionnaire sans diplôme, (com­ ment voulez-vous que l’on puisse refondre la Fonction Publique puisqu'il faut le reclasser en catégorie F 4 ou C 4), n'attendront pas le retour du. Chef. Ils vont déclencher une grève illégale,'sans avoir épuisé toutes les voies prévues par le Code du Travail, sans consultation. Et le matin de la grève, alors qu’ils avaient convoqué des camarades au siège de la C.S.C. à M'Pila, ils ne s’y rendent pas. On voit EKAMBA-ELOMBE, on voit les autres circuler dans les écoles, circuler dans les usines pour arrêter, pour susciter, pour provoquer, amener les gens à la révolte et au renver­ sement des institutions. C’est curieux de la part des révolutionnaires, c’est curieux de la part des gens que Marien NGOUABI a fabriqués, de la part des gens que Ma­ rien a créés. C’est ça la reconnaissance ? Vraiment de là où Marien les a tous sortis, les uns sans travail, les autres chômeurs, les autres au plus bas échelon de la Fonction Publique ou de la Convention Collective, du secteur privé ou public ! Quelle ingratitude ?

La grève est déclenchée. Elle est condamnée unanimement par le peuple. Les élèves ne suivent pasJAbba-Gandzion se débat, Moungounga se débat. Tous se débattent pour essayer de rallier tout le monde. Mats les gens ont compris et comme disait Marien Nguoabi «vous pourriez m’a146

270

battre mais vous n’abattrez jamais la Révolution congolaise parce que les idées révolutionnaires ont pénétré les masses populaires ».

Or eux, ils se sont trompés, ce n'est pas de la dialectique, ce n'est pas un calcul philosophique, ce n'est pas un calcul de marxistes, il fallait d abord vérifier a la base si cette grève allait être suivie. Curieusement, c est a partir de ce moment que nous verrons que Massambo-Débat, fort ae tous ces appuis va quitter Boko parce que Moungounga, Lissouba, Kondo Anatole, Pierre NZe et toute les autres ont créé un climat malsain un climat subversif pour permettre le renversement des institutions, Massamba-Débat va dire « O.K. ! le moment est venu, je peux aller à Brazzaville » il y a des mécontents non seulement en dehors du Parti, mais également au sein du Parti. Camarade Président, vous savez la suite” Mizélé vous a dit que le Président a rétorqué : « Je ne démissionnerai jamais si l'on me demande de démissionner, je mourrai l’arme à la main >. Maigre cela, le complot est parfait ,11 y a tout. Je vous ai démontré gu . y avait la ligue de toutes les tendances, il y avait l’aile militaire et vous retrouverez là en filigrane Kimbouala-Nkaya derrière Lissouba, toujours la caution de Kimbouala-Nkaya, vous avez de l’autre, Konro Anatole et toute son aile, tous ceux qui se sont ralliés à cette cause.

Malgré tout ça, Marien Ngouabi, l’Homme du 31 Juillet a encore une fois trouvé une solution révolutionnaire parce qu'il estimait qu’au sein du Parti tous les problèmes peuvent trouver des solutions. C’est pourquoi une commission politique a été créee pour entendre ces anarchistes, pour entendre ces comploteurs qui, dans d’autres pays seraient passés par les armes, parce que le complot est établit Quand on voit Abba-Gandzion. Moungounga transporter des gens dé nuit, pour les amener chez Lissouba, lorsque l’on voit Lissouba se mettre en coalition avec d’autres personnes pour abattre le Chef, lorsque l'on voit Kondo Anatole faire de même, le complot est parfait !

Il y a lieu d’entrer en condamnation. Mais Marien Ngouabi trouvera toujours une formule pour rester égal à lui même c'est-à-dire, le pardon. Il va encore pardonner à ses ennemis qui ouvertement, qui visiblement, qui directement en veulent à sa vie directe et veulent abattre le P.C.T. Ils seront pardonnés les uns et les autres. Ils vont aller les uns et les autres en campagne. Mais ils reviendront à la charge. Ils reviendront à la charge contre le P.C.T. Camarade Président, ils reviendront à la charge. Ils vont créer un nouveau mouvement, ils vont créer de nouvelles situations; ils vont créer de nouvelles manœuvres.

C’est ainsi que, nous allons terminer l'année 1976 dans un calme relatif, calme relatif, Et au Congo lorsque vous voyez que tout est calme dans le pays, c’est que tout est dangereux. C’est mon expérience person­ nelle depuis 1958. Quand tout devient calme, c’est qu’il y a quelque chose qui se trame. C’est à ce moment là que vont apparaître les Bikoua, que vont apparaître les Onanga, que vont apparaître les NGaiiba'i. que vont apparaître les Abba-Gandzion, que vont apparaître les Tara-Ganzo, et tous

147

271

les autres. Le pardon n'a pas suffi. Ils vont revenir à la charge et ils vont se mettre en liaison avec Pascal Lissouba qui va, lui, rencontrer Massamba Débat, NDalla Graille va le voir et ainsi de suite, vous avez toute la liste, toute la kyrielle de toutes les personnalités politiques, administra­ tives et militaires qui sont allées s'agenouiller devant Massamba-Débat.

1976 se termine donc dans l'agitation et le début de 1977 va doné. commencer également dans l'agitation. Et le Président curieusement va donc recevoir une correspondance, on va lui demander de démis­ sionner. Massamba-Débat, le 1" Mars écrit pour demander la démission du Chef de l'Etat. Et avant cette démission, il va y avoir plusieurs choses, j'y reviendrai.

A l’intérieur comme à l'extérieur, l’action de l'impérialisme, l'action des nationaux vendus à la cause extérieure va se renforcer autour de Massamba-Débat. Ils vont donc créer la situation et nous allons donc arriver au 18 Mars 1977. Mais avant cela, j'ai oublié de vous dire que comme toujours le P.C.T. et son Chef ont été victimes d'agressions — ça c’est au sein du Parti. Mais l'impérialisme, quels sont les cadeaux qu'il nous a envoyés ? Quels sont les biens qu'il nous a envoyés ? Dès 1969, vous savez camarade Président, c’est l'affaire de Koléla. Mais avant Koléla, nous avons de Breton. De Breton arrive avec sa suite.

Après de Breton, nous sommes agressés par Koléla. Les armes sont déposées au Stade de la Révolution, plutôt au Stade Eboué. Le peuple est appelé. 2.500 personnes assistent au meeting. Après Koléla, Camarade Président, la Révolution n'a cessé d’être victime des coups de force. Je pense à l'affaire de l'avion inconnu qui atterrit sur notre sol et dont on prétendait qu’il avait été immatriculé au Rwanda. Cet avion atterrit : le but. c'est d’agresser la République Populaire d'Angola, pays frère. Et par voie de conséquence le Congo, c'était le 26 Février 1974. Bien avant notre pays avait été agressé par différents coups et je songe à Kinganga. Là aussi la position de DIAWARA était louche. Le PCT est encore agressé, et le Chef est visé. Après KINGANGA, Camarade Président, nous avons eu ce que j'ai appelé le procès de l'affaire de MAKAYA et de MBERI Jean-Pierre. Ceux-ci ne sont pas encore jugés ! Voilà ! Il envoie au Chef de la Révolution un cercueil. Voici un extrait de ce tract : « Ta terreur et ta pensée concen­ trées sur lui t’annoncent le destin qui t'attend. Adieu, aujourd'hui, le peuple attend tes larmes. Adieu et à jamais diable ! Les montagnards ! ».

Voilà comment se termine'ce tract de MAKAYA et de MBERI. Et là aussi vous retrouverez en filigrane ceux qui avaient fait les tracts de 1971 bien que MBERI ait accepté la paternité de tous ces tracts. De même que MBERI et MAKAYA, se cachent to ces pingouins, toutes ces tortues. Mais le PCT est encore agressé pc André-Bernard qui, lui, divulgue les secrets d'Etat. Condamné à mort, ic Président Marier» NGOUABI va le gracier. Encore l’indulgence, la bonté, l'esprit de paix et de magnanimité ; André-Bernard est gracié. Le Congo est encore victime d’une agression 148

272

et cette agression juste avant la mort du Chef va venir également de l’impérialisme. Mais vous ne verrez jamais aucun pays socialiste nous attaquer. On va attaquer la ligne du réajustement du CFCO. Le FLEC attaque le Congo leîet le 16 janvier. Deux mois et demi avant la tnort du Chef, deux mois avant, pour paralyser de nouveau l'économie, pour arrêter la révolution, Camarade Président. Dans tout ça, il y a des hom­ mes, il y a les composants, ces composants n'ont pas favorisé la vie de Marien NGOUABI. Aujourd’hui, ils sont à midi avec lui, le soir, ils sont avec l’ennemi. Souvenez-vous du procès de MBERI, lorsque TAMBATAMBA est chargé immédiatement de faire le compte-rendu du Comité Central à LISSOUBA Souvenez-vous de ce qui a été dit au cours de ce procès. D’autres, les Membres du Parti n'ont pas facilité la vie du Prési­ dent, n'ont pas facilité la vie du Président par leur comportement, par leurs attitudes. Les Membres du Parti à quelque .niveau qu'ils se trou­ vent, chacun de nous est-ce que nous sommes sains ? Est-ce que nous sommes-propres, vis-à-vis de Marien ? C'est pourquoi ils vont faire tout pour essayer de salir le Président de la République. Son action internationale. Mais quel est le pays que Marien n’a pas visité ? Il a été en Guinée, en Côte d'ivoire, au Sénégal, en Mau­ ritanie, en Algérie, en Egypte, en France, en R.D.A., en Union Soviétique, en Chine, à Cuba, en Roumanie où Marien a énormément voyagé. Et l'opinion internationale a apprécié son œuvre. Mois où est la faute ? Quel est le crime de Marien ? C’est d'avoir été bon ? Quel est le crime de Marien ? C’est d’avoir été juste ? Marien donc est trahi au sein du Parti. Marien est combattu par l’impérialisme, par ses organes de presse Jeune Afrique, Hebdo, La Lettre Africaine. Marien est combattu par MOUDILENO à Paris, par MATSIKA, par BINDI, par tous les autres MABOUNGOU-BIMBA, par KOUNOUNGOUS qui est là, le Chef d’Etat-Major Gé­ néral de MATSIKA. Marien est combattu par plusieurs ennemis qui viennent, et de tous les horizons. Où est la faute de Marien ? Est-ce que Marien a mérité ce qu'on lui a fait ? A côté de cette œuvre immense, de construction natio­ nale, d’unité nationale, à côté de cette œuvre grandiose, à côté de ce qu’il o fait pour les paysans, pour les élèves, à côté de ce qu’il a fait pour les jalades. Camarade Président, je vous le disais l’autre jour. Je lisais une -ottre de Marien NGOUABI, pour l’Hôpital général de Brazzaville et il disait : . « Camarade Directeur, c’est la seule somme qui me reste. Songez à me rembourser cet argent. Je n'en ai pas d’autre, songez à mes enfants ». Et on a combattu Marien en disant qu’il avait des fonds à l’extérieur. Que c'était um tribaliste. Le Pool, ne l’a-t-il pas appelé Moïse ? Les Pla­ teaux, ne l'ont-ils pas acclamé ? La Cuvette ne l'a-t-il pas reçu ? Le Kouilou, ne l’a-t-il pas applaudi ? Le Niari ne l’a-t-il pas compris et applaudi ? Et alors où est le crime de Marien ? Quel est le secteur natio­ nal que Marien n'a pas vu et étudié ? Il a su mélanger sa vie de dirigeant, avec sa vie d'homme.

,

149

273

. 11 9,.su se cu|tiver, il n’a pas voulu rester vulgaire, il n'a pas voulu sacrificesé'eVé' " ° fait SeS études- Et au Pr'x de quels resoonqatJiitéc “n|u.9an‘ se(s responsabilités d'homme d’Etat avec ses S b de ?ere de famille. ü trouvait quand même un moment ml ™rpSnCfre» ses l0ls,re a ses études. Et bien alors ? Mo rien, quel est le S 1 ° f0|t. est-ce que parce qu’il est né dans le Nord, est-ce parce Mt le mol T M Bok°,n ^^îoe parce qu’il n’est pas né à Boko ? Quel est le mal de Marien ?Dans le Parti ? Mais où est la déviation. Mais Messieurs, repondez ? Assassins, les incorrigibles, mais répondez d vîtes e ? Mais qu est-ce que Marien a fait à côté de cela, il a prévu tout pour oî?K?.0rni»- eiïïan. eSJ boy“otté. H o prévu tout pour l’enseignement, tout est boycotte, I Eco.e du Peuple est boycottée, il a prévu tout pour l'agri­ culture, I agriculture est boycottée par l’impérialisme, on nous coupe tout, on nous prive de crédits. ■ ^lais.alors ? A Qui la faute, à Marien ? Alors MASSAMBA-DEBAT ■> Mais |e lui demande dans sa tombe, mais qu’est-ce qu’il a fait Marien pour mériter ce que tu lui as fait. MASSAMBA-DEBAT, dites-nous pour quel interet, vous qui avez bénéficié d’une bourse du Chef de l'Etat vous qui avez tout amené et Marien a garanti sa liberté de circuler, de parler d agir. MASSAMBA-DEBAT, mais dites-le, nous ? Est-ce parce qu'il est d7fs'e Nord du pays ? MASSAMBA-DEBAT, alors MATINGOU, KANZA. MOUNTSAKA, dites-le ? Il était votre compagnon d'armes ’ Est-ce qu’on va construire le pays uniquement avec le district de Boko ? Mais c’est pas tout Boko, ce sont ses adeptes, parce que tout Boko n’approuve pas les actes de MOUNTSAKA et des autres. Camarade Président donc à côté de cela à côté de l’œuvre grandiose, à côté de l’œuvre sans précédent approuvée, acceptée par les Amis et les pays socialistes qui ont reconnu que le P C T. est dans la voie socialiste, après que le PCT ait accepté mais alors où est le crime de Marien ? Est-ce qu'il faut changer l’homme pour changer l'homme ?

C’est pour cela, Camarade Président, qu’il y a à côté de MASSAM­ BA-DEBAT, à côté de HOMBESSA, à côté de LISSOUBA, KIMBOUALAK A VA et tous les autres une haine, ils n'ont jamais apprécié Marien, ils n’ont jamais voulu et HOMBESSA qui, à un moment donné à harangué les foules au stade Eboué est resté égal à lui-même protestant, MAS­ SAMBA-DEBAT est resté égal à lui-même protestant, tous ceux-là. C'est pourquoi, Camarade Président, vous leur demanderez, c'est quand vous arriverez à votre délibéré, et je vous parle que je suis convaincu que la mort d’un Chef d'Etat ne doit pas être marchandée, la mort d'un Chef d’Etat ne doit pas être discutée. •

Quand vous serez dans votre délibéré, Camarade Président, songez et je le dirai tout à l’heure, songez à ceux qui ont pleuré le 18 Mars et qui ont pleuré, songez aux larmes du Colonel SASSOU, songez au Camarade Joachim YHOMBY-OPANGO, songez au camarade NGOLO, songez aux Membres du Comité Militaire du Parti, les dignes continuateurs de l’œuvre ne Marien NGOUABI, songez à eux, songez à Marien, Maman MBOUALE, songez à Céline avec ses enfants tous seuls, songez à tout le peuple congo-

150

274

lais qui vous regarde. Votre décision ne doit pas avoir de compromission, Camarade Président, ceci à la première partie de mon exposé, j'ai voulu vous démontrer, je suis indigne parce que pour parler de l'œuvre de Marien NGOUABI... pour parler de l'œuvre de Marien NGOUABI, Cama­ rade Président, l'aurais plus de 500 pages. •Cinq cents pages ne suffisent pas pour parler de Marien NGOUABI, 500 pages ne suffisent pas pour parler du Parti Congolais du Travail, 500 pages ne suffisent pas pour parler de son action, de sa pénétration au milieu des masses, 500 pages n’ont pas suffi. Je suis indigne et je demande au peuple de me pardonner de n’avoir pas tout dit, mais à côté de ça, à côté de cette œuvre, p côté de cet homme, l'homme pacifique, l'hom­ me de tous les jours, l'homme dû paysan, .de l'élève qui était aü Lycée de là Libération, qui discutait avec les élèves au Lycée du 1" Mai, qui était à Tchimpa-Vitta partout à Lumumba, l’Ami de tous les Chefs d’Etat, l'Homme de l’Afrique Centrale, l’Ami de Mobutu, l’Ami de Néto, l’Ami de Bongo, l’Ami de tous les Chefs d’Etat, pas de contradictions, tous ces Chefs d'Etat l'ont pleuré, et à côté de lui, Camarade Président, cet homme international, à côté de nos frères des pays socialistes qui ne comprenaient rien qu’en pleine journée le Chef soit abattu.

il faut une explication, il faut que l’on sache. Le Président SEKOUTOURE vous demande des explications. Votre jugement doit être une explication. Le peuple algérien demande une explication, le peuple de Cuba vous demande une explication, les travailleurs de France vous demandent une explication, tout le monde vous demande une explication. Qui ne vous la demande pas ? Mon fils me demande : « Papa, mais com­ ment est-ce que ça se terminera » ? Oh, à côté de tout cela, qu’a fait MASSAMBA-DEBAT ? Camarade Président, en 1968, le 4 septembre 1968, MASSAMBA-DEBAT démisionne et. immédiatement, Marien NGOUABI, lance sur les antennes de la Voix de la Révolution un appel en disant qu’il garantit la sécurité, la personnalité, les biens de MASSAMBA-DEBAT et qu’il ne doit rien lui arriver. Et MASSAMBA-DEBAT se retire de Brazza­ ville avec tous les honneurs.

Il touche une retraite de Chef d'Etat. On met à sa disposition un véhicule. Et vous avez entendu l'autre jour le Chef de l’Etat qui continuait à lui envoyer des bons d'essence. MASSAMBA-DEBAT se retire à Boko et avant qu'il se retire à Boko, il y a eu le camp de la Météo. Et le camp de la météo, c'est l'armée de MASSAMBA-DEBAT. Et vous retrouverez donc MASSAMBA-DEBAT qui va s’installer à Boko. MASSAMBA-DEBAT se retire à Boko, il songe à André MATSWA, il songe à KIMBANGOU, ceuxlà étaient des prophètes, des messies.

Et.pourquoi pas moi ? Donc, MASSAMBA-DEBAT devient le messie. Ce messie, c'est une couverture, une mise en scène, une machination. C’est pour tromper le public, pour tromper l’œil vigilant. MASSAMBADEBAT s'installe donc à Boko. Il amène avec lui son cortège des membres de l'ancienne Défense Civile du camp Météo et vous retrouvez KQ U DI SSA Tadet, M+ENAKOU.et tous les autres. Et MASSAMBA-DEBAT, heureux 151

275

dans sa retraite prépare un coup dur contre le P.C.T. MASSAMBA-DEBAT préparé un coup dur contre son Chef. MASSAMBA-DEBAT prépare un coup dur pour diviser le pays. MASSAMBA-DEBAT n'était pas satisfait nrLT-?6 MATSOKOTA, POUABOU et MASSOUEME. M ASSAM B A®ta'!-Pas content de la mort du joueur des Aiglons. MASSAM­ BA-DEBAT n était pas suffisamment rassasié des morts des frères matswanistes. Il va donc mettre une nouvelle machine en œuvre. C'est diabolique, vraiment diabolique parce qu'à côté de Marien, à côté de ce que Marien lui a fait, MASSAMBA-DEBAT va donc réunir les éléments ae la Defense Civile sous prétexte de se retrouver et de prier Camarade President, les débats ont largement démontré que la prière n'est qu'un terme code, puisque je vous ai montré dans les documents ce LISSOUBA le vous ai montré dans les documents de DIANZEZA des photos où ces jeunes s'entraînent militairement. Dès 1969, MASSAMBA-DEBAT jure de revenir au pouvoir grâce aux éléments du camp de la Météo de la Dé’ensè Il va s'organiser d'une façon méthodique et d'une façon diabolique. U va s organiser à Boko, d'abord en recrutant les éléments de la Défense Civile. Tous anciens cantonnée par le tribunal et qui ont bénéficié de I amnistie du camarade Président Marien NGOUABI grâce à la complicité de MOUDILENO, Ministre de la Justice de l'époque Or MOUDILENO l’histoire maintenant démontre que MOUDILENO était au camp de la Meteo, que si la météo avait été attaquée la nuit, on aurait pu prendre MOUDILENO avec les autres éléments. MOUDILENO va en même temps s’occuper de MATINGOU Bernard, va donc s'occuper de KITADI, va donc s'occuper de tous les autres. Et dès 1973, une amnistie légale va intervenir en faveur de ces éléments qui ont porté les armes contre la révolution. Vous ne voyez même pas Cinq ans, les prieurs de Boko. vous avez lu l'agenda, vous avez eu les agendas Que dit MASSAMBA-DEBAT, toutes les prières de MASSAMBA-DEBAT de MIENAKOU, de Tadet, de tous les autres KIANGUILA, de KANZA, sont dirigées contre le P.C.T., contre le Président Marien NGOUABI, contre le Général YHOMBY - OPANGO, contre les SASSOU, contre le Colonel NGOLO, contre ceux qui sont acquis à la cause de la Révolution.

Et vous verrez dans une page où il dira l’homme à abattre, il faut d gbord abattre le Général. Et lorsque les gens viennent dire vous êtes méchants les Congolais. Sans faire l'enquête vous avez dit que c’est le C M.P. qui o tué le Commandant Marien NGOUABI. Vous êtes vraiment méchants. Mais les parents savaient que ce n'était pas le C M P. Donc tous les rêves de MASSAMBA-DEBAT sont dirigés contre le pouvoir, contre le P.C.T. Il va rêver qu’il va arriver au pouvoir assis sur uit trônes un bâton à la main et, autour de lui une grande armée. Il va rêver que Marien meurt au milieu d’une grande effusion de sang, il va rêver qu'il va arriver au Palais et qu'l! sera reçu en grande pompe. Il va rêver que le P.C.T. n’est pas le Parti qu'il faut. Il va rêver tout, tout, tout, rien que sur le P C T. ! Et son Chef ! Et ses collaborateurs ! MASSAMBA162

276

DEBAT va donc recevoir d'une façon régulière et répétée, de façon conti­ nue et permanente, tous ses anciens collaborateurs, tous ses anciens adepies,:tous ses fanatiques de l’époque. Sachez que MASSAMBA-DEBAT donnait du chanvre aux éléments de la J M.N.R. qui lui étaient acquis. Cet­ te fois, il leur a. donné la religion, « l'opinion du peuple » ! il les fanatise, il les conditionne, sous prétexte que l'éternel passe par sa voix pour leur parler. Quelle hérésie, lui qui était protestant et qui le dimanche allait assis­ ter a la messe; Il jette la confusion. Donc MASSAMBA-DEBAT, met tout en place, se renseigne et les services de Sécurité continuent à colla­ borer avec lui. Les anciens collaborateurs.lui sont restés fidèles. C’est ainsi que vous trouverez dans les documents saisis entre les mains de MASSAMBA-DEBAT, une note identique à celle rédigée au niveau de la Sécurité d Etat et cette note sera voisine de celle rédigée de la main de MATINGOU.

L’épuration doit se faire aussi dans les services de Sécurité. C'est le procès de la Révolution, nous ne pouvons plus continuer avec les mêmes éléments ; ils ne peuvent pas nous renseigner. Ils ne peuvent pas nous aider. Comment peut-on être à la fois l’ami et l’ennemi. iviASSAMBA-DEBAT donc consulte, reçoit. Oh MASSAMBA-DEBAT est mé­ chant; je dis qu'il est méchant, je songe à lui et je reviendrai tout à l’heure, il va faire venir le vieux Mfouna. Oh là ! Le vieux qui a besoin de sa paix de vivre en famille, MASSAMBA-DEBAT va faire une mise en scène ■Lui qu il appelait le petit Abbé. Il va aller s'incliner, oh ça c’est la pro­ fanation ça II va déposer une gerbe sur la tombe de lAbbé Fulbert YOULOU alors que le Président Marien NGOUABI et le P.C.T. avaient tout pris en charge et les frais de transport et les frais des funérailles Lui aussi, il va dire ah IPourquoi le P.C.T. et pas moi aussi. Moi aussi je vais aller mettre ma couronne pour obtenir le ralliement. C'est quoi ça ? C'est l'œuvre d’un assassin. Ce sont des calculs politiques. C'est ainsi que j’estime qbe MFOUNA a été trompé. Il va dira à MFOUNA : « Vous, vous êtes influent dans les milieux loris, mais il oublie lui que dans son carnet là il a tué;52 loris à Brazzaville, il a écrit lui-même. Il mène une guerre à outrance contre les loris et il va utiliser MFOUNA pour aller rallier les Lctris: Mais les Loris ne sont pas dupes. Et les Laris ont dit, quand MBERI voûtait jeter les tracts à Kinkala, «le Pool n'est pas la poule...» On est trompé une fois mais l’on ne peut pas être trompé tout le temps. C'est pourquoi, Camarade Président, MASSAMBA-DEBAT va tenter de rallier nos frères de Kinkala et des environs heureusement, il n'y a pas eu de suite. Heureusement, ils le connaisset suffisamment et l'on n’a pas oublié ses assassinats, ses viols. On n’a pas oublié tout ce qu'il a fait. Les brimades, les tortures, il y a des gens qui sont devenus impuissants dans ce pays grâce à MASSAMBA-DEBAT. A-t-on oublié MAKALA ? Qui de nous n’a pas souffert dans sa chair, soit directement par ses paroles soit indirectement par ses alliés ou ses amis ? Qui de nous ne connaît pas Makala de MASSAMBA-DEBAT dirigé par CASTRO et MABOUAKA ? 153

277

Donc, il va tout mettre en œuvre à Boko. il va tout arranger. Et lorsqu'il recevra la visite de Pascal LISSOUBA, de NDALLA-GRAILLE et de tous ceux que nous avons nommés dans l’agenda, lorsqu'il aura la caution de l'agitation de MBERI, de MOUNGOUNGA, ABBA-GANDZIQN, de tous les autres à Brazzaville, lorsqu'il aura reçu la caution de l'agita­ tion des élèves, lorsqu'il aura reçu la caution de NGALIBALI, de tous les syndicalistes, de KONDO Anatole, de Pierre NZE et de tous les autres, il vous a dit dans sa déclaration « Grâce aux contacts divers que j'aie eus, c est pourquoi moi MASSAMBA-DEBAT fort de cela, je reviens au pouvoir. J'ai été, je reste et je demeurerai le seul chef de ce pays. »

MASSAMBA-DEBAT va donc revenir à Brazzaville dès le mois de Juillet 1976. Alors il va s’organiser autour de la personne de MASSAMBADEBAT, le complot qui va aboutir à une action contre le PCT et son Président. MASSAMBA-DEBAT va recevoir les différentes tendances, va

organiser des prières et va prévoir un gouvernement. Il va prévoir un Parti, structurer l'Armée et la Police qu’il reconstitue. MASSAMBA-DEBAT va s'occuper de toute la vie de l'Etat, même prévoir les indemnités. MAS­ SAMBA-DEBAT va tout préparer et lorsque KANZA, conseillé par MtZELE et MOUNTSAKA après avoir été entendu régulièrement disait que c’est bien l'écriture de MASSAMBA-DEBAT, est venu essayer de jeter la confusion pour-dire «Oui il y a longtemps que j’ai vu l'écriture de MASSAMBADEBAT. Mais qui trompe-t-il ? »

2

Pas votre Cour ? Pas le peuple congolais ? Messieurs, Camarade Président, MASSAMBA-DEBAT va tout prévoir, les Ambassades. Dans les agendas de MASSAMBA-DEBAT, vous avez les comptes rendus des réunions. Si le P.C.T. n'avait pas un cœur, tous ceux qui ont été cités dans ces agendas seraient à la barre. Mais le P.C.T. reste toujours le PCT dans la ligne de son Chef, et juge inutile de foire comparaître-des cens qui n'ont peut-être jamais été contactés. Mais nous traduisons tous ceux qui ont pris contact, directement avec MASSAMBA-DEBAT. C'est pourquoi, Camarade Président, lorsque vous serez en délibéré, vous devez vous souvenir que ceux qui sont assis ici ne sont pas des saints. Ce sont des gens qui ont été traduits devant votre Cour en raison des charges énormes, des charges accablantes qui pèsent sur eux. MAS­ SAMBA-DEBAT forge donc tous ses appuis, va arrêter sa machine, avec ses dirigeants. Et quels sont ces dirigeants ? Il y a SAMBA-dia-NKOUMBI et les autres. Je reviendrai sur le cas de chacun d'eux un à un. Donc un groupe de conception se forme. Fort de l’appui que lui apporte MOUNTSA­ KA, MAZELA et les militaires, MASSAMBA-DEBAT va donc organiser le complot à Brazzaville. Il va prendre les contacts les plus divers dons tous les milieux (militaires, civils, politiques), partout. Et -MASSAMBADEBAT va polluer l’atmosphère à Brazzaville et au Congo. Il va embri­ gader les syndicats à travers KONDO, LISSOUBA et les autres. Il va faire paralyser l'appareil de l'Etat par ses agents qui sont parmi nous et qui sont encore parmi nous. MASSAMBA-DEBAT va tout organiser !«hi mu

154

>

278

et au su de certains de nos camarades qui habitaient aux alentours C'est ça la complicité.

Tous ceux qui étaient autour de MASSAMBA-DEBAT, autour de sa maison, tous ceux qui étaient à Boko, tous ceux qui sont allés le voir ou lui rendre visite, pour lui rendre la caution morale, même si ces per­ sonnes n ont pas comparu ici, ces gens-là ont contribué à détruire le Parti,Congolais du Travail et à assassiner son Cher. Ils n’ont pas dénoncé iis n ont pas eu le courage de se comporter comme de bons citoyens Oh ? | ai retrouvé un écrit d'un nommé SAMBA David qui, lui, travaille à I I.N.R.A.P. : « Hommage au Président Alphonse MASSAMBA-DEBAT ». Dans son écrit, il excite, il pousse, il dit à MASSAMBA-DEBAT que tu es le seul Messie, c'est toi le Chef, il faut revenir, le pouvoir est à toi. II n a pas comparu Camarade Président, la commission d’enquête s’occupe de lui. MASSAMBAT-DEBAT donc, avec HOMBESSA, avec NDOUDIGANGA, avec SAMBA-dia-NKOUMBI, avec les prieurs, s'organisent. Le but ? C'est de revenir au pouvoir. Et ils vont tenter les premières incur­ sions. MASSAMBA-DEBAT, va donc, le 17 février, du fait que ce jour-là Diables-Noirs allaient être reçus et lorsque l'on sait que c'est MOUNTSAKA qui finance les Diables-Noirs. L'on comprend aussi à un moment donné le Parti Congolais du Travail a raison de poser le problème des équipes. A travers ces équipes se cachent des Partis politiques. L'équipe DiablesNoirs va être reçu le 17 février et ce jour-là, les prieurs vont aller pour tenter d enlever le Chef de la Révolution, lis l'ont dit devant vous, vous leur avez posé des questions. Messieurs de la Cour, Messieurs les Juges, les Avocats ont entendu. Quel a été le but de leur visite le 17 février. « Nous étions partis pour « prier » et pour enlever le Chef, pour l'amener ». où ça ? Sur la route de Kinkala pour le mettre dans une grotte et lui foire obtenir sa démission.

Ces gens. Camarade Président, les prieurs, ceux qui ont été ie 17 février au Palais comme le commando du 18 Mars, sont semblables. Vous ne pouvez que réserver le même sort à Kianguila et à Kanza d'une part et à Sissoulou et aux autres d'autre part. Ce n'est pas possible, c'est une circonstance indépendante de leur volonté, la tentative est punissable, ils sont passés à l'exécution, ils vont donc être relaxés. Relâ­ chez dans les conditions que vous connaissez et c'est là la faiblesse de votre système. Pourquoi n'a-t-on pas fait des procès-verbaux ? Pourquoi ne les a-t-on pas suivi ? Pourquoi on n'a pas cherché à savoir quelle était leur religion ? Ce sont ces questions que moi en tant que Magistrat, en tant qu'homme, je continue à me poser. On aurait dû immédiatement procéder à leur arrestation et les interroger, on aurait mené une enquête immédiatement et on aurait épargné la mort au Chef de la révolution on aurait su qu'ils dépendaient de Massamba-Débat, ils auraient dit que Massamba-Débat les formaient pour faire un coup d'état et le Chef de la révolution ne serait pas mort. Oh ! Vous savez dans quelle condition ils étaient revenus et c’est là. Camarade Président qu’interviendra la responsabilité totale, criminelle 155

279

extrême, |e ne trouve pas les qualifications vis-à-vis de Ndoudi, cet administrateur du travail, qui va entretenir le climat de ces prieurs soidisant de ces militaires, Kanza a reçu une formation exceptionnelle de tireur d’élite, Kanza n'a pas été interrogé alors qu’il était connu ancien policier. Camarade Président, j'ai amené ici leurs dossiers, ils étaient 342 à comparaître au mois de Septembre 1968 au camp de la Météo, tous se retrouveront derrière Massamba-Débot, tous ils ont un dossier, comment ces jeunes ont été suivis ? Comment ces gens étaient libres d'agir depuis 1968 ? De s'entraîner dans notre pays sans qu'on le sache ? Com­ ment ? Camarade Président, donc Massamba-Débot à travers NdoudiNganga, Samba-Dia-Nkoumbi et Mizélé, va continuer son dessein crimi­ nel, ils ne vont pas s'arrêter. Pour eux le P C I. est à détruire, pour eux le P.C.T. est à anéantir, pour eux le socialisme scientifique au Congo n'est pas ce qui est bon. c'est le socialisme bantou prôné par MassambaDébot dans son livre : Le Messie. La guerre va revenir, ils vont persévérer dans leur dessein criminel, ils vont persévérer dans leur intention criminelle, ils ne vont pas désister. Oh ! Camarade Président Maître JACQUOT vous l'a dit : Mme NGOUABI attend de vous une décision, son Mari méritait il cela, Camarade Président, Messieurs ? Les petits NGOUABI se trouvent, désemparés sans Père. Heureusement que la révolution est là mais la révolution ne remplace jamais un père. L'affection, la chaleur familiale, la présence effective, la parole, le geste, le sourire, ce sourire. Oh ! Camarade Président, vous le connaissez, il était tellement beau, gentil et à côté de lui, quand on regarde les gens sans cheveux, vilains, j'ai entendu une femme le 2 avril qui pleurait en disant : « Ce n’est pas possible, mais ce n’est pas possible. Mais il était encore dans la fleur de l’âge, ce n'est pas possible ».

J’ai vu une femme déchirer ses habits Camarade Président, les Congo­ laises l'ont pleuré; vous, vous avez pleuré Camarade Président. Qui n'a pas pleuré le Président ? Et à côté de ce'a, il y a des assass’ns, ces mercenaires de l'impérialisme qui agissent sous les ordres de Matsika, de Matingou et de Moudileno, qui agissent sous les ordre de l’AEC, qui agissent sous les ordres de leur maître à l'étranger, qui agissent par personne directe ou in­ terposée. Ces assassins sont là et la révolution a encore une fois de plus autorisé à ces assassins de parler publiquement. Où a-t-on vu cela ? Ceux qui ont donné la mort au Chef de l'Etat, ont injurié la Cour, ont injurié les juges, les dirigeants, voyez la démocratie de notre pays, c'est ca qui fait la force du Parti Congolais du Travail.

C'est pourquoi, le PCT est comme le poisson dans l’eau, c’est-à-dire l'incarnation même de la masse, du peuple. S’agissant de NDOUDI-GANGA vous le retrouverez dans ses notes des 11 février et 3 mars, vous re­ trouverez donc NDOUDI GANGA qui est toujours omniprésent, qui prépare les prières, qui prépare les citations, qui reçoit les révélations, qui assiste, qu coordonne, qui dicte les directives de MASSAMBA-DEBAT, il est là, ils vont persévérer dans les intentions criminelles, ils ne vont pas avoir pitié. 156

280

Ip Ch^f H»9rct ! * e systeme de defense autour de lui, il va atteindre F p°r.sa la plus rapprochée, par sa garde la plus eloignee. la Garde Présidentielle et la Sécurité Présidentielle P

Oh ! Camarades souvenez-vous c'est EWOLO qui est devenu célèbre parce qu'on l'a trop appelé à cette audience EWOLO quel esUesorque vous allez réserver ! On vous jugera à travers ce que vous ahez pren rait mort d^Marien- ^OLO, sans EWOLO, Marien serait-il mort . Sans Bazonza, Marien serait-il mort ? sans MALONGA-MOUNGABIO Marien serait-il mort ? SeS r?PP°I-ts avec 0BA et à travers lui MOUNTSAKA, et MOUNTSAKA avec MASSAMBA-DEBAT ; EWOLO et OBA vont donc envoyer a MOUNTSAKA le 11 mars 1977 une lettre et dans laquelle ils l'informent d une manifestation sportive au sein du Palais Présidentiel à un moment ou les troupes étaient consignées,, où la vigilance est accrue, et où X militaires sont en armes. EWOLO, OBA vont imaginer. C'est diabolique messieurs. Ile "V.T imaginer le festival sportif au sein de la Garde Présidentielle, nm^ nrl. d!Frhan('S,!r tOUt 5e y a de plus Proche- tout ce qu'il y a le î 4°nt desorganiser le système de défense qui va permîsKlKAn,n?A^’?EBy et à Ses hommes de poille' à ses fommesorRéo° e eS outres de pénétrer facilement au sein de la Résidence Présidentielle. Leur responsabilité est grande. Leur responsabiliMais Messieurs, Camarades du Parti, sans EWOLO, votre Chef serait-il mort ? Donc, on va organiser à l'intérieur du Palais, on le dégarnit, on va le balayer et vous allez voir que curieusement pendant cette période tout sera mis en œuvre pour que les éléments les plus confiants, les plus fidèles du Chef soient absents.

Et qui va renseigner l’extérieur ? Ca ne peut être que les éléments les pkis reproches .EWOLO, OBA, OKAMBA, ONTSOU. La garde désorga­ nisée,la Sécurité Présidentielle désorganisée, MASSAMBA-DEBAT a la porte ouverte pour entrer au Palais et comment ? Comment va t-il opérer ? Avec quelle facilite ! C'est pourquoi, certains Chefs d'Etat ont hésité à venir assister a notre manifestation parce qu’ils voyaient qu'il y a de l'insécurité. Comment un Chef d Etat dans sa Résidence, au moment où il mange est assassine en plein jour alors que les troupes sont consignées ? Com­ ment Et c est la question Messieurs que nous avons maintenant résolue Pou? savons Nous savons que c'est grâce à EWOLO, à OBA, à MOUNGABIO, a OKAMBA, à BAZONZA. à NKOMO et ONTSOU qu'on a pu donc abattre le Chef parce qu'il y a la trahison au sein de la maison, ce sont ces messieurs, les plus gradés, les plus chéris. Or, camarade Président ie vous dis qu’EWOLO est le fils chéri de maman MBOUALE. C'est dans ces conditions qu'il a été à Owando, parce qu'il fréquentait la mère du cnet de I Etat. Il était continuellement à ses trousses.

159

281

Il était partout, à Owancio, à Ombélé, toujours à côté du Chef. EWOLO, c'était l'homme fidèle, l'homme modèle Et EWOLO va se servir du procès Owando-Etoumbi. Ils vont trouver là un prétexte tout fait, enfin il y a une atteinte. Les intérêts des Tékés et il se croit lui Téké et EWOLO comme ONANGA comme tous ceux que vous avez entendus ici vont trouver un prétexte. Camarade Président, j'ai une lettre du Camarade Président Marien NGOUABI, je la garde parce que c'est un Monument. Au moment où je pré­ side l'audience, le Président Ma rien NGOUABI m'a envoyé une lettre pour me dire : « Jacques, je t'en prie, laissez parler les gens librement,, il faut qu'il y ait la vérité, je veux ia vérité ». Laissez tes gens parler librement. Et le Président Marien NGOUABI autour de vous il y a des assesseurs qui étaient à cette Cour, le pouvoir n’est jamais intervenu au cours de ce pro­ cès pour dicter une directive comme maintenant, vous êtes libres de sta­ tuer, c'est la fierté de notre pays. Marien NGOUABI me l'a dit. J’ai été convoqué. Il m'a appelé, j'ai dit « Président ce Procès est difficile, mais moi ce sont mes parents ». Je tiens à ce qu'ils comprennent que l'on ne trafique pas avec la li­ berté des gens. Vous dévez châtier et châtier, très très fortement. Vous devez sévir et vous ne devez pas avoir de complaisance. Et Camarade Président, moi qui présidais cette audience, j'avais devant moi : et des parents, et des amis. Et je n'ai pas failli ! C'est pourquoi devant ce Procès de Marien NGOUABI, vous ne devez pas faillir parce que le Président Ma­ rien NGOUABI, comme le Général YHOMBY-OPANGO ne peut pas permet­ tre que vous allez faillir devant ce Procès parce que l'histoire va vous ju­ ger. Donc EWOLO va laisser la voie libre à MASSAMBA-DEBAT. pour pé­ nétrer au Palais. EWOLO va donc, parce qu’aigri, parce que rongé par l'amour d’argent, remplacé par le Capitaine ANGA, il va lui reprocher quoi !

? Il va lui reprocher le problème d'argent d'ANGA ? ANGA vôus a ex­ pliqué ici librement « que je suis parti, mais entre le Président et moi nous sommes restés des amis. Les missions politiques les plus délicates m'é­ taient confiées. Moi j'ai réagi en tant qu homme j'ai dit à mon Chef « Je m'excuse il y a des limites », c’est humain. Est-ce que vous accepterez que je vous gifle parce que vous êtes Président de la Coui Suprême ? Non C'est ce qui est attaché à la personnalité humaine. C’est pourquoi en dehors de ces petits conflits qui n'ont pas eu de lendemain, Martèn NGOUABI est resté avec ANGA dans de très bons termes. Et c'est pourquoi ces esprits malins vont essayer de salir son nom pour dire, oh ! Le Président est mort. Est-ce que ce ne serait pas ANGA ? Est-ce que ce n’est pas le Général YHOMBY ? Est-ce que ce n'est pas le Colonel SASSOU ? Est-ce que ce n'est pas le Colonel NGOLO ? Est-ce que ce n'est pas le Président ? Mais alors vous autres là on en a assez de vous maintenant. On a assez de vous maintenant. On vous connaît mainte^ nant. Ils vont essayer de mettre la confusion pour essayer de diviser le P.C.T. Ils vont essayer de jeter les rumeurs les plus diverses c'est leurs maîtres à l’étranger, Jeune Afrique, l'AEC, et tous les autres; les MATSIKA, les MOUDILENO. Au moment où nous parlons les tracts commencent à

160

282

venir comme si le Procès n'était pas réel en disant voilà c'est un procès fantoche. Alors qu’ils viennent assister, qu’ils viennent écouter KANZA, qu’ils viennent écouter KIANGUILA.

C'est quoi ça ? Mais on ne peut pas tromper le peuple tout le temps Camarade Président. L'homme de confiance l'a trahi, c'est EWOLO. EWOLO a trahi maman MBOUALE parce que maman MBOUALE au moment où je parle m’écoute. Elle avait aimé EWOLO, il est parti d’Owando ; il s'est retrouvé au Palais malgré ses intrigues. De sous-lieutenant, il passe Lieutenant. Et en un an, il veut passer Capitaine. Voilà le conflit avec les dirigeants, voilà ce qu’il reproche aux autres. Il veut la caisse, il veut l'argent sous le prétexte de couvrir les combattants. Mais c’était pour son intérêt personnel ! EWOLO va mettre tout en œuvre pour aider, assister la main de MASSAMBA-DEBAT, EWOLO orga nise donc cette fête, li avise tout le monde. Il avertit MOUNTSAKA. Il envoie les troupes au stade d'Ornano. Il ne reste autour du Chef, le 18 Mars, que huit petits P.D.L., c’est-à-dire des tout jeunes, qui n’ont jamais eu même une seule fois la solde de combattant, les gens qui sont dans le besoin. Et le Président dira, ce ramassis de chauffeurs de taxi et autres, c'est la physionomie exacte de la Garde Présidentielle. Mais main­ tenant je souhaite que nos chefs soient sérieusement gardés et qu'il n'y ait pas de flemmards qui, au premier coup de feu, fuient, parce quil faut craindre que si ça recommence, alors en ce moment là ça sera plus grave.

Ils ont instauré des méthodes dans notre pays. Demain ils risquent de recommencer ! Ils n’ont pas fini parce qu'ils n’acceptent jamais le pardon, parce qu'ils n’acceptent jamais qu'un autre fils de ce pays soit à la tête de l'Etat, ils sont sortis disons du ventre de MASSAMBA-DEBAT. Messieurs, la trahison atteint son extrême gravité lorsqu'on est garde de la Sécurité Pré­ sidentielle. C'est pourquoi le 18 Mars 1977, EWOLO va trouver BAZONZA et lui dira après que KO MO le lui ait dit qu’une voiture contenant des Mi­ litaires, une 404 viendra chercher des pierres. Et quelles pierres ? Je vous l'ai démontré ce sont des termes codés. Et j’ai trouvé dans un dossier... Plutôt c’est KONDA, le mot pierre signifie des millions et poussière...

C’est de l'argent comme MOUCHACHO, AKIM. Ce sont des termes codés pour le complot. Alors que la porte principale qui permettra de prendre les pierres c’est celle qui est en face de la librairie Populaire. On va entrer par la voie la plus difficile, franchir le barrage de la Mairie, franchir le deuxième et entrer dans la Résidence. Oh ! Camarade Président souvenez-vous, on vous a dit'que le 18 Mars il n'y avait plus une pierre à vendre au Palais Présidentiel, que pour la fête, les services des tra­ vaux publics avaient tout déblayé, tout enlevé. Donc c’est une machination, une mise en scène pour tromper, pour essayer de se justifier, pour trouver des excuses. C’est pourquoi camarade Président EWOLO et KONDA vont donner le prix de Marien. Oh là là, le prix de Marien. J’ai envie de pleurer le prix de

161

283

Marien Vingt cinq mille francs (25.000 frs) pour tirer sur Marien, pour faire entrer le commando dans le Palais 25.000 francs alors que lui, il en donnait à tout le monde. Il en donnait à nous tous, il en donnait au soldat ? A ('Offi­ cier. Qui n'a eu de la part du Président un don soit matériel, soit une consolation ? c'est plus cher une consolation. Un conseil pour 25.000 frs, on va vendre la tête du Chef » On va vendre le sang de Marien pour 25.000 frs. Messieurs on va vendre le Chef du Parti Congolais du Travail, de la Révolution, on va abattre la Révolution » parce que Marien assassiné, la Révolution tombe ? L’option tombe ? 25.000 frs. Est-ce qu'on peut croire à ça ? Un Chef est vendu pour 25.000 frs ça vous donne le niveau intellectuel de ces Messieurs; même pour 10 frs ils peuvent vendre tous les renseignements comme André-Bernard, le genre de tous ceux là, le commando rentre au Palais. Vous savez cama­ rade Président qu'au moment où le commando arrive au Palais, contrairement aux habitudes, il n'y a personne autour du Chef pas un seul officier, tout le monde est parti. Les troupes sont consignées il n’y a pas un seul Officier. Marien le fils d'Ombélé le fils de Mboualé est seul, lui qui a ai­ mé tout le monde. Il meurt seul sans être assisté. Il va se battre avant de mourir pendant 5 minutes avec les commandos pour arracher une arme, c'est le peuple qui serait descendu au Palais. Au lieu d'appeler la garde, il suffisait d’appeler le peuple. Peuple, la garde a trahi, la garde n'est plus au service du Chef de l'Etat, la carde n'est plus au service de la nation et de la Révolution, la garde est au service de l’impérialisme.

Le chef se bat seul, personne ne l’aide et le commando opère tranquil­ lement. Oh savez-vous pourquoi la voiture est rentrée à l’Etat-Major, c'est pour prendre le Président d'abord, s'il accepte, pour l'amener quelque part peut-être et le dissoudre dans un tonneau avec l’acide ou peut-être le faire mourir dans une grotte, peut-être encore l'amener à une destination incon­ nue et tout le peuple dirait voilà le Chef a disparu et pendant ce temps, Mountsaka, Madzela et tous les autres N’Doudi-Ganga, Mizélé, et ceux qui ne sont pas là, ceux qui nous écoutent et qui sont restés dans le village de MASSAMBA-DEBAT allaient s’organiser pour prendre le pouvoir. Mais le Chef conforme à ses idées, son option, son engagement de servir la Révolution jusqu’au bout, va donc lutter l’arme à la main. Il abattra deux commandos et au moment où il aura réussi à neutraliser les éléments qui sont venus lui donner la mort, tuer la Révolution, il sera lâchement abat­ tu de derrière. Oh quelle trahison ! grâce à Ewolo, grâce à ceux qui les ont nommés, grâce à ceux qui les ont mis autour du Chef, OKAMBA, et ONTSOU vont se sauver. OKAMBA d'abord va s'occuper de ramasser le parechoc, va s'occuper d’aller ranger la voiture du commando, et pen­ dant ce temps OKAMBA ne mettra plus pied à la résidence, vous avez été là. Figé pendant ce temps, EWOLO va faire une mise en scène. Quand il arrivera, le Chef sera déjà transporté à l’hôpital. Il ne verra même pas le corps du Chef. Il sera là impassible, imperturbable. Qu’est-ce qu'on va lui faire ? Oh demain il va se retrouver dans l’armée, sûrement l’amitié va 162

284

encore venir ! EWOLO on va le retrouver. Il y a des gens qui vont chanter sa gloire, qu'on en veut à EWOLO, moi je n'en veux à personne, j'ai mon âme et ma conscience tranquilles. S’il n'y a pas de preuves je ne change pas camarade Président, KANet KIANGUILA ont réussi à fuir, KIKADIDI également, ils sont partis. Ils sont partis dans les conditions que vous connaissez, c'est-à-dire EWO­ LO a désorganisé encore une fois le système de sécurité. jZA

Au lieu de boucler la résidence du Chef de lEtat, il va donner un ordre contraire c’est-à-dire que les éléments qui vont progresser vont aller dans le sens opposé de celui que vont prendre les fuyards. C'est pas criminel ça ? C'est parce que c'est au Congo, dans d'autres pays les EWOLO vien­ draient encore injurier la cour ici ? Est-ce que vraiment dans d'autres pays avec les éléments qui sont en votre possession, EWOLO parlerait encore ici ? La Cour Martiale lui aurait réglé son compte.

Mais le P.C.T. a voulu qu’il parle pour que l'on comprenne quelles sont ses attitudes, sa responsabilité pénale camarade Président, le complot est à l'intérieur du Palais et il était à l'extérieur du Palais. Il est à l’extérieur du Palais parce que les éléments, comme EWOLO et O LA, vont re­ joindre MOUNTSAKA et je ne voudrai pas vous dire et répéter ce qui s’est passé. Vous savez qu'OBA pendant 5 ans avait pour femme la nièce de MOUNTSAKA et c'est parce qu'il est allé dans un pays ami pour sa forma­ tion qu'il a abandonné cette fille pour épouser une femme à l'étranger. Vous savez aussi qu'EWOLO et OBA se sont retrouvés le 18 mars en­ semble et constamment, à l'imprimerie, et le travail qu'il faisait ne s'est jamais fait, vous savez aussi qu'OBA est allé à Bacongo et a suivi le même itinéraire que l’itinéraire suivi par le commando, il est allé au dispensaire de Makélékélé avec GOMA pour faire la couverture et il va amener un té­ moin pour justifier leur emploi du temps. Vous savez que dans les parages MOUNTSAKA attendait auprès de BABINGUI sa maîtresse, vous savez que dans les environs un peu plus loin KO N OA est là pour recevoir les fugitifs pour les habiller. Vous savez aussi que des gens ont aidé MOUNTSAKA pour financer l’opération. Vous savez aussi que les uns et les autres ont contribué, il y a des preuves à l’appui, je les ai apportées, leur gravité est extrême, Mountsaka va se faire baptiser pour les besoins de la cause, MASSAMBA-DEBAT dit dans son livre « il faut que tu te maries avec la secrétaire pour être conforme » et lorsque vous relisez le compte rendu fait par le pasteur, c'est une condition préa­ lable parce qu'il fallait qu’il soit en règle avec l’église protestante et 'es correspondances saisies chez Mlle Babingui démontrent que MOUNTSAKA est bien compromis dans le complot. Les termes chez MIZELE, chez KONDA comme ailleurs sont les mêmes, les mots codés, les lettres chiffrées et tout. Babingui comme MOUNTSAKA, la prière et le pouvoir MOUNTSAKA va tenter de tromper la Cour en vous disant « Oh mais je n’ai rien fait, on m’en veut, c’est sélectif. On n'en veut pas aux gens du Pool, ni aux gens de Boko.

163

285

Est-ce que les gens de Boko sont tous ici dans la salle ? C'est parce qu'ils ont été au pouvoir qu’ils ne veulent jamais lâcher le pouvoir ! c'est parce qu’il y a un intérêt au pouvoir que Mountsaka veut rester au pouvoir. Et Mountsaka va dire que je veux empocher la révolution. Que si je voulais, je mettrais la révolution... oh camarade Président, c'est l’expression fran­ çaise qui a changé. Il a voulu dire ceci. J'ai toujours voulu mettre la révolu­ tion dans ma poche. Vous êtes têtu voilà le fond de l’expression de MOUNTSAKA, c’est qu’il veut étouffer le P.C.T. et son comportement depuis 1963 jusqu'à maintenant le démontre, homme de main de MASSAMBA-DEBAT, chef des Armées, MOUNTSAKA est l’ami de HOMBESSA, le complot est établi, le complot est établi pourquoi ? Parce que les éléments objectifs du dossier vous per­ mettent d'entrer en condamnation et d’une façon extrême. MIZELE vous a dit que je voyais MOUNTSAKA venir chez MASSAMBA-DEBAT, NDOUDI-GANGA vous a dit MOUNTSAKA était avec nous ! Et le réveillon pour préparer les éléments, on l'a passé outre. Chez KlKADIDI tout l’Etat-Major du complot y était. Alors qu’il ne connaissait cas KANZA, il a été confondu devant vous, les témoins sont venus. Les amis du trésor sont venus. Ils vous ont dit qu’ils le connaissent. Alors lorsque MOUNTSAKA curieusement, son téléphone fonctionne, abandonne et se trouve aux alentours du PSP du Plateau des 15 ans pour téléphoner au ca­ pitaine VELA, camarade Président je crois qu'il doit se reprocher quelque chose. Heureusement pour lui, ce n’est pas par hasard que Mountsaka a été téléphoner chez le capitaine VELA, c’est que le capitaine VELA devait l'attendre. Malheureusement il tombe sur llourou. Qui est là ? C’est le co­ lonel MOUNTSAKA, est-ce qu'on tire là-bas ? Alors qu’il le savait déjà c’é­ tait pour savoir est-ce que ça marche là-bas ? Est-ce que je peux venir ? Est-ce que vous êtes O.K. là-bas ? Je peux venir ? L’administration des P T T. d’une façon scientifique vous a montré que son téléphone fonction­ nait que celui du P.S.P. fonctionnait, que le téléphone 13-35 est le télépho­ ne du Capitaine VELA et non celui de la permanence de l’Etat-Major et MIZELE l’a dit : lisez les procès-verbaux.

A quelle heure il est arrivé à l’Etat-Major au B C. ? 17 heures. Parce qu'entre temps, il a essayé de voir de quel côté a soufflé le vent. Quand il a vu que le P.C.T. ne s'est pas laissé abattre avec son Chef, que com­ me l'avait prédit le camarade Ma rien NGOUABI : « Vous pouvez m’assassi­ ner, mais lés idées justes restent ». Mountsaka s’est rendu compte devant la réalité qu'il était obligé d'aller faire disons : le moine. Il était allé là-bas pour dire qu’il était avec le P.C.T., ça c’est pour tromper qui ? Donc des éléments objectifs du complot sont réunis contre MOUNTSAKA.

Camarade Président, je ne voudrais pas perdre de vue ia person­ nalité de NDOUDI-GANGA, elle sait maintenant que j’entre dans l’exa­ men de ces personnes une à une. NDOUDI-GANGA, a non seulement excité, il n'a pas seulement ex­ cité mais il a provoqué, il n’a pas seulement provoqué, mais il a aidé,

164

286

il n’a pas seulement aidé, mais a collaboré, et comment ? Par la « prière ». C'est lui qui fournit les armes. Ces armes qu'il va déterrer. C’est lui qui se retrouve à la réunion de réconciliation. C'est lui qui engendra, il y a une valise entière de pièces à conviction. C'est le Chef de la bande. La responsabilité de NDOUDI-GANGA est sans limite. Je ne trouve pas quelle est peine lui appliquer ? La peine appliquée à NDOUDI, oh ! Camarade.

Mais la mort d'un Chef de l’Etat, comment on va réparer ça ? Com­ ment on va la réparer ? C’est la peine de mort que je requiers contre NDOUDI. La peine de mort, il n'y a aucune circonstance atténuante. Ce haut fonctionnaire a organisé, aidé, poussé, a assisté MASSAMBA-BEBAT. l’a conseillé, il est même son Ministre, les autres vous disant, je n'ai pas été consulté, mais il a été consulté. Je requiers donc ia peine de mort contre NDOUDI-GANGA comme pour les cas précédp6té. la mort du Chef et pour avoir tenté de renverser la révolution, de di­ viser la nation, NDOUDI va payer dans les mêmes conditions te sort qu'il a réservé au Chef de l’Etat. Je ne sais pas si les battes fc*mat, mais je crois que les balles contre NDOUDI-GANGA doivent être douces, mais faites que les balles contre NDOUDI-GANGA soient piquantes ce ' nrade Président. / . L'examen minutieux de ce dossier m’amène à porter d'un autre cas c'est-à-dire à vous parler du cas de MIZELE. Oh ! MIZELE ! Le compagnon fidèie, l'ami de tous les jours, MIZELE l'incorrigjbte, MIZELE omr",-pré­ sent ; partout à Boko, à Brazzaville, quel que soit te lieu où MASS/ MBADEBAT se trouve, vous avez MIZELE et MIZELE a donc aidé, 'j donc assisté, a donc provoqué, a donc fait en sorte que te Présilden»Marten NGOUABI trouve la mort. t S . > ! y..

• ’

En effet, que s'est-il passé ? MIZELE, 1e compagnon de M.ÀSSAMBADEBAT est celui qui est toujours présent à toutes tes « prières ». yh ! Nous n'attaquons pas la religion, nous àdnO éàptotoent^que to'religion ne doit pas retourner contre l'Etat congotate. Mate MIZEtcE est et demeu­ re le complice parfait. MIZELE a d’abord été présent toutes les réu­ nions, il a assisté MASSAMBa-DEOHT dans tous srf3 actes, dans son développement intellectuel et criMMWàW étath maêht de liaison, I agent qui recueille. Souvenez-véus que te 17 1977 il était déjà avec les « prieurs », il assisté -MASSAMBA-DEaA/r était avec NDOUDI-GANGA, SAMBA-dia-NKOUMBlKW était avec''SISSOULOU DIANZENZA, KOUBA, KANZA, KIANG4MÀ « est t«MZ„ ta et en plus c’est lui qui organise les chants du M marte «77 Oà^àn de fois'a-t-il vu MASSAMBA-DEBAT ? Quelle éjiat sonntMMté P^'êüe était intense, active, per­ manente. Il va même oser. » va mémo Aftex sous prétexte d'aller chercher des boutons. Il était là. 9t avanty” orime comme après le crime, vous avez MIZELE. MIZËLE un nrw.ilMtC

En effet, MIZELE'eat caiàtifeli’sfeaLséîÀMi va recueillir les éléments du Commando, c'e#-d-dWé KANtZA et KIANGUILA. Il va les

165

287

habiller et les chausser, il va les accompagner personnellement jusque chez MASSAMBA-DEBAT qui lorsqu'ils arriveront, leur dira : « Où est le Président ? Où est KIKADIDI ? » MIZELE, c'est l'assassin parfait, MIZELE ne va pas s'arrêter là. MIZELE va accompagner MASSAMBA-D.EBAT jusqu’au Palais, le 18 mars 1977, MIZELE sera à toutes les réunions. MIZELE va l’accom­ pagner avec les éléments de l’A.P.N. venus le chercher. MIZELE va se trou­ ver avec MASSAMBA-DEBAT pour « prier » après le coup, pour remercier Dieu. Tout à l'heure je disais, tu ne tueras pas, or il rendait une action de grâce. Merci d'avoir permis de tuer NGOUABL MIZELE était au do­ micile de MASSAMBA-DEBAT d’une façon permanente.

Quelle est la peine ? Messieurs, quelle est la peine ? Moi je vous demande camàrades révolutionnaires. Le Chef a été tué, quelle est la peine de MIZELE ? Moi je ne trouve pas d’autre échelle de peine. Moi je ne lui trouve pas des circonstances atténuantes. Comment ? D'une fa­ çon résolue, d’une façon permanente sans peur, sans regrets et tous de­ vant cette barre pendant un mois, vous n’avez jamais entendu : « Je re­ grette ce que j’ai fait ». Au contraire, ils se sont illustrés par leur mah ère de se défendre pour narguer la Cour et le peuple congolais. Quelle est la peine ? Je ne trouve pas de circonstances atténuantes, le c^nplice est puni de la même manière que l’auteur principal. Si te complice est poursuivi pour complicité d’assassinat, il est puni de la mê­ me pe-ne de mort. Mais alors, vous allez hésiter, vous ? Moi je n’hésite pas, m."1 conscience est tranquille. Je vous dis que ma conscience est tranquille C’est la peine de mort que je requiers contre MIZELE. Cama­ rade Président, MIZELE c’est un cas, mais MIZELE a aussi d’autres ca­ marades qu i sont avec lui et qui ont opéré avec lui. Je songe mainte­ nant à SAM(BA-DIA-NKOUMBI. SAMBA-OvA-NKOUMBI, oh ! SAMBA-DIA-NKOUMBI l’incorrigible, Ma­ dame KIKADIDI l'appetatt « te barbu », elle dit : oui à la maison, il y avait toujours « un bà>oV » qwtvpnol^ H est là, il est barbu. En 1968, il était là en perturbateur\ooHflR« ÙVMfefe Dahs le cadre de la J.M.N.R., qui a violé tes femmes v comporté d’une façon inhumaine ? Qui a volé des armes de à'WOe? éftMBA-DIA-NKOUMBI est I auteur d exci­ tation. Il est allé plusjeUnMofc à Bat» lisse Sont mis à «prier», c’est-adire à s’entraîner. Ils se V«* owéfcis don® le*; dessein criminel, SAMBADIA-NKOUMBI n’a jamaisX8®^ et SAMBA-DIA-NKOUM­ BI n’a jamais aidé MASSAM’SM’WAT * reculer, au contraire dans les agendas il lui est consacré V1 "*** *• pages par ses révélations toujours à Iiioi Miiiwi ** lfi P.C.T. SAMBA-DIANKOUMBI est comme de gravité de faits. Pour­ quoi ? . .I • >: ' \ Il a assisté MASSA MBA-DEBA^r âie^à, permanente dans les « prières », avant et après SAMBÂ^AA^^^WW! est là d une lassn permanente, et c’est grâce d son àM- «MUOn personnette

166

288

que MASSAMBA-DEBAT a été jusqu'à commettre, à diriger les faits qui lui sont reprochés, c'est pourquoi moi je ne trouve aucune circonstan­ ce atténuante. Les gens vont venir vous dire, les avocats vont dire, oh ! Il a prié, c'est un illuminé, c'est un Dieu, il n'est pas responsable. Ils vont tromper votre Cour. Vraiment vous trouvez des circonstances atténuantes pour un SAMBA-DIA-NKOUMBI ? Pour SAMBA-DIA-NKOUMBI quelles cir­ constances atténuantes ? Est-ce qu’il a eu pitié de Marien ? Il a eu pitié ? Je requiers s'il vous plaît de le condamner à la peine de mort, cama­ rade Président c'est difficile mais c’est comme ca. Je dis que la gravité des faits doit être proportionnelle aux événements.

J'arrive maintenant au cas KANZA. Oh ! Camarade Président, lorsque j'ai vu KANZA pour la première fois raconter ce qu'il a fait au Palais, j’ai eu une sueur froide couler le long du corps et j'ai eu la peine à suivre son exposé, KANZA tireur d’élite à l'époque de MASSAMBADEBA déjà poursuivi à plusieurs reprises, ancien policier, KANZA- était là pour assister. C’est un co-auteur, ce n'est même pas un complice. Il est co-auteur, il est actif. Il joue sur la scène, il est dans l'action. Quelle est la peine ? C’est la peine de mort pour KANZA. Oh ! ce matin, ce matin là qui, à un moment donné, a voulu parler en mounoukoutouba alors qu'il lit parfaitement la « bible » pour « prier » con­ tre le pouvoir ? C'est lui qui disait tatata-tatata... il décrivait comment le Chef de l’Etat faisait., quand les gens se battaient autour de la porte où il y avait l'armée TTT... Comment un Chef d'Etat... MASSAMBA-DEBAT est libre avec tous ses biens, MASSAMBA-DEBAT est libre chez lui... Vous n'avez pas pitié des petits Mariens ? de Céline ? de MBOUALE ? Du peuple congolais ? Et il va dire que je me suis sauvé. Il s'est sauvé où ? Il est allé prendre une arme et il est revenu dans la Direction du combat et il va rafaler. Oh ! KIANGUILA c'est tout à fait normal, c'est la peine de mort. Je requiers de le condamner à la peine de mort !

Pour KIANGUILA, je requiers qu'il vous plaise de prononcer la peine de mort camarade Président.

J'arrive au cas d'OKAMBA. OKAMBA a comparu devant la cour pour ses fautes militaires et OKAMBA a été condamné aux travaux forcés à per­ pétuité. On reviendra vous dire que c'est la chose jugée. Quelle chose ju­ gée ? Il n'y a pas de chose jugée pour la mort du Chef de l’Etat. Il est éta­ bli et au cours de l'enquête en présence de tous les avocats, qu'Okamba a tiré et participé avec Ontsou de la même manière. Il a même tiré dans la direction du Chef vous avez vu les points d’impact des balles. OKAMBA était là, OKAMBA sort, va enlever le couvercle et le pare-choc. Mais le couvercle et le pare-choc étaient-ils plus utiles que Marien, que le Chef de la révolution ? Alors que son travail de tous les jours c’est d'assister le Chef ? De servir de bouclier pendant qu'il y a des gens suspects. Comme il a dit, il sort, il se dérobe et ensuite il va tirer dans la direction du Chef. Il va tirer dans la direction de PEA. Camarade Pré­ skient, il n'y a pas d’autorité de la chose jugée en ce qui concerne OKAMBA et je requiers qu’il vous plaise de le condamner à la peine de mort. 167

289

Camarade Président, j’arrive à KOUBA. Il n'y a aucune différence en­ tre KOUBA et les autres. D'abord iis ont tenté d'enlever le Chef de l’Etat le 17 février et si KOUBA n'est pas allé au Palais, c'est parce qu'il n’y avait pas de place dans la 404. Et qu'est-ce qu'il a fait ? Il est allé attendre chez MASSAMBA-DEBAT, quand l’A.P.N. est arrivée, il était chez MASSAMBA-DEBAT. Par ses « prières », et ses révélations, il a excité MASSAMBA-DEBAT à faire ce qu'il a fait, je requiers qu'il vous plaise de prononcer la peine de mort contre KOUBA. Camarade Président, j’arrive à KIKOUBA Etienne. Son cas est iden­ tique à celui de SISSOULOU Simon, KINKOUBA Etienne et SISSOULOU Si­ mon c'est l’équipe ou mieux le moteur, la main armée de MASSAMBADEBAT.

Le 17 février 1977, ils sont allés au Palais. Ils ont tenté d'enlever le Chef. Circonstances indépendantes de leur volonté, crime parfait ensuite ; ils sont revenus dans les « prières », et ils ont accordé leur aide, leur as­ sistance, c'est la même chose. Je requiers la peine de mort'pour les deux. Camarade Président, j’arrive au cas de BAZONZA. Le cas de BAZONZA est très simple. Souvenez-vous que sans BAZONZA, la 404 ne se­ rait pas entrée au Palais ? Souvenez-vous que BAZONZA a reçu 25.000 francs (vingt cinq mille francs) pour sa mission ? Il a été contacté par KOMO et par EWOLO Oscar. Il l'a laissé passer. Et quand les coups de feux se sont m;s à éclater, il est allé se cacher pour ne rien faire. Alors quel est le sort de BAZONZA ? On viendra vous dire que BAZONZA a des circonstances atténuantes, c'est un enfant, c'est un jeune, il n’a pas eu de responsabilité et tout, il a reçu les ordres de ses Chefs, mais quand je lui avais demandé l'autre jour : « Si je vous demande de tuer un enfant, vous allez tuer ? » Mais il savait ce qu'il devait faire et il avait gardé l’argent dans sa poche jusqu'au moment des événements le prix du sang de Marien c'est 25 000 francs. Et c’est lui qui a reçu les 25.000 francs. Quelle est la peine que vous allez lui reserver ? Je demande la peine de mort. J'arrive au cas d'EWOLO. EWOLO Oscar vous savez, camarade Pré­ sident, au cours des débats, dans un esprit de recherche de la vérité, le débat entre EWOLO Oscar et l’accusation a été des plus durs. Mais je vais me limiter justement aux faits qui lui sont reprochés. Il est établi qu'EWOLO a donné des instructions à BAZONZA pour laisser passer la 404. Il est établi qu'EWOLO arrache l’arme de BAZONZA. Il est établi qu'E­ WOLO Oscar est arrivé à l'Etat-Major à pied. Il est établi qu'EWOLO Os­ car n'a jamais mis pied à l'Etat-Major avant la fin des coups de feux. Il est établi qu’au moment où des éléments essayaient d'avancer EWOLO les a appelés. Il est établi qu’EWOLO est arrivé après le départ du corps du Chef de l'Etat. Il est établi qu’EWOLO est reparti chez lui prendre une arme sem­ blable à la première. Il est établi qu’EWOLO n'a jamais rien fait pour essayer de sauver le Chef. De plus, c'est à cause de lui que les services

168

290

de sécurité ont été désorganisés au sein du Palais. C'est à cause d’EWOLO que tout cela est arrivé. Parce que si EWOLO Chef de corps s'était opposé, on allait pas assister à ce qui est arrivé. C’est pourquoi en vertu de toutes les charges lourdes qui pèsent contre lui et des rapports qu'il a avec l'extérieur qui a opéré grâce à lui. KOMO, et les autres, je demande qu'il vous plaise de prononcer la peine de mort contre EWOLO.

Camarade Président, j'arrive à OBA, MALONGA-MOUNGABIO et GOMA Gabriel. Il faut être honnête. OBA a commis des fautes, mais les fautes à OBA sont à un dégré moindre. OBA bien qu’ayant assisté EWOLO Oscar dans les actes qui lui sont reprochés a désorganisé le système de sécurité, OBA obéissait aux ordres de son chef. C'est pourquoi je lui trouve quelques circonstances atténuantes, c'est pourquoi je vous requiers qu’il vous plaise camarade Président pour OBA de le condamner à 20 ans de travaux forcés.

MALONGA-MOUNGABIO, c'est ce comédien, ce parachutiste moniteur qui se fait malade pour les besoins de la cause et qui se trouve à l'hô­ pital et qui ne bougera pas. Mais je ne vais pas cacher qu'il y a un té­ moignage qui a été fait en sa faveur. C’est Céline NGOUABI qui m'a dit qu'elle s'est retrouvée à l’hôpital militaire avec MALONGA-MOUNGABIO. Et en mon âme et conscience, je ne veux pas cacher une telle ré­ vélation. Madame la veuve a dit que lorsqu'elle se trouvait à l’hôpital militaire, elle a été assistée par MALONGA-MOUNGABIO, mais que par la suite MALONGA-MOUNGABIO a disparu et est parti. Par la suite vous savez que MALONGA-MOUNGABIO c’était sa responsabilité, c’était son jour. C'étaient ses hommes, il n'a absolument rien fait. Et on ne le rever­ ra jamais au Palais. Je requiers pour MALONGA-MOUNGABIO pour les faits qui lui sont reprochés la peine dé 10 ans de travaux forcés.

GOMA; c’est la fabrication de MOUNTSAKA, c’est MOUNTSAKA qui crée GOMA Gabriel. C'est cet imprimeur qui va aller avec OBA pour donner l'alerte à Bacongo. Et vous savez si j'ai retenu OBA, c'est parce qu'il est allé jusqu’à Bacongo pour attirer l’attention du commando. ET GOMA Gabriel va l’assister. GOMA Gabriel va faire tout avec lui. C'est pourquoi je requiers 10 ans de travaux forcés Camarade Président, j’arrive au cas de MFOUNA Yves. Oh ! Ce vieux, ce pauvre vieux qui n’a rien à voir avec les machinations de MASSAMBADEBAT. MASSAMBA-DEBAT joue le jeu. Il va déposer une couronne et comme MFOUNA est un vieux fidèle de l’Abbé YOULOU Fulbert il lui dit venez me voir. Il est allé le voir alors, c’est pourquoi camarade Pré­ sident, pour MFOUNA Yves, compte tenu des liens et la fréquentation constante qu'il a eue avec MASSAMBA-DEBAT, je demande 5 ans d’em­ prisonnement avec sursis. C'était pour essayer de soulever les taris également qu il avait fait cela. Mais MFOUNA Yves vous a expliqué qu'il n’est pas allé jusqu'au bout de ce que lui demandait MASSAMBA169

291

Camarade Président, l'arrive à un autre. C'est KONDA Albert. Oh ! KONDA Albert ! Dans le carnet de MASSAMBA-DEBAT vous le retrou­ verez, c’est chez KONDA que les gens se sont habillés militairement. C’est KONDA qui devait devenir le comptable de l’OFNACOM, pour le prix de sa complicité. C’est KONDA qui va [eter les chaussures dans le D|oué. Pour KONDA je demande la peine de mort.

J’arrive maintenant au cas de KOUKA Paulin le chauffeur de MAS­ SAMBA-DEBAT. Je vous ai dit que KOUKA Paulin ce n'est pas un hom­ me comme tous les autres, KOUKA Paulin vous avez les écrits, vous avez les tracts, vous avez les plans. Ils assistent aux « prières », l'excitation et autres. On vous dira : « oui c'est le chauffeur, il a obéi, circonstances atténuantes ». J'en veux bien, mais pourquoi ne s'est-il pas comporté com­ me un citoyen ? Je requiers qu’il vous plaise camarade Président d’infliger une peine de dix (10) ans de travaux forcés.

BAKOULA Daniel ,1e vieux BAKOULA Daniel, cet homme calme et sé­ rieux, et qui s’est retrouvé la deuxième personnalité de l'équipe de MAS­ SAMBA-DEBAT a pris des contacts avec lui mais il est très étonné que son nom figure là. Pour BAKOULA Daniel et compte tenu de son passé et de son âge, je demande une peine d’emprisonnement avec sursis. Dix ans avec sursis. BOUTETE Paul. BOUTETE Paul s’est trouvé avec toute son équipe le 31 Décembre ou le 1er janvier pour préparer les éléments et il était en rapport avec KIKADIDI. Je demande donc pour lui la peine de dix années d'emprisonnement, (10 ans).

MIYEKAMANOU Edouard. C'est lui qui est allé recueillir les fuyards. C’est lui qui a battu Brazzaville de part et d’autre à la recherche des fuyards et des renseignements. Je requiers qu’il vous plaise de le con­ damner aux travaux forcés à perpétuité. Je requiers la même peine pour MAKOUMBOU qui se trouvait avec lui dans la même voiture au Rond-Point de la Mairie. Ils sont revenus deux fois ; travaux forcés à perpétuité.

KNANGA François. — Pour KINANGA François, vous connaissez les faits. Ca ne vaut pas la peine de les répéter, ils sont constants. Je requiers une peine d’emprisonnement de 15 ans de travaux forcés. Camarade Président, comme je vous l’avais dit la dernière fois, les éléments de l'enquête ont permis d’établir que GANDZfON était hors de cause. C’est pourquoi je demande son acquittement pur et simple.

Voyons le cas de MA7INGOU Bernard. MATINGOU Bernard con­ damné par le Président Marien NGOUABI n’a jamais cessé de porter les armes contre la Révolution. Vous avez les éléments au dossier et vous avez les tracts ; vous avez les preuves de la lettre qu’il a adressée à MASSAMBA-DEBAT qu'il considère comme Chef de l’Etat. Pour la révi­ sion de son procès, MATINGOU Bernard, je demande les travaux forcés à perpétuité.

170

292

KITADI André, — MATNGOU Bernard c'était le Directeur de la Sécu­ rité, KITADI était le Commisaire de Police. Tous les deux condamnés pour vol d'armes dans les locaux de la Police. Ils se retrouvent aujour­ d'hui également contre la Révolution, contre le Président Marien NGOUABl. Vous connaissez, avec MOUNTSAKA, il est au courant, il est avec MASSAMBAT-DEBAT, il va le voir. Tout est établi, les éléments du com­ plot. Je demande donc pour lui 15 ans de travaux forcés. KALA Raphaël, c’est le facteur fidèle de MASSAMBA-DEBAT. Il va l’aider à transporter la lettre, à assister MIZELE avant et lorsqu’on lui remettra la lettre, il répondra instinctivement, ça vient de « MboutaMountou ». Il va fermer la lettre et la garder pendant 24 heures. Son as­ sistance, son aide à Massamba-Débat est établie. Je demande pour lui la peine de 10 ans d’emprisonnement.

MASSAMBA-SAKO Louis. -— Oh camarade Président, MASSAMBASAKO Louis c’est comme MATOUBA-MA-NTOTO. J’avais aban­ donné les poursuites, je reste égal à moi-même. Je vous dis cependant que j'ai retrouvé son nom dans l'agenda de MASSAMBA-DEBAT, mais il n'a pas de quoi, il n’y a absolument rien. Je maintiens pour le moment, je maintiens et je renouvelle ce que je vous ai dit la dernière fois. C'està-dire je demande l'acquittement de MASSAMBA-SAKO Louis et de MA­ TOUBA-MA-NTOTO. KOUNOUNGOUS. — Oh ! le chef d'état-major de MATSIKA venu pour les évènements. Il est venu attendre. Le Président est mort et le P.C.T. est toujours vivant, vous savez les pièces qui ont été versées, vous savez quelles sont en relation avec KIKADIDI. Je demande les travaux forcés à perpétuité. Camarade Président, je vous demande la relaxe de MATSIMOUNA François. Les faits ne sont pas établis, l’acquittement.

J'arrive aux cas de BIKOUA Maurice. ONANGA Jean-Pierre. C'est à cause d'eux, c’est à cause de leur comportement, de leurs actes que MASSAMBA-DEBAT a dit : « Grâce aux appuis que j'ai eus de toutes parts » qu’il a préparé son coup d’Etat. Vous avez les lettres, qui sont au dossier, ce qu'ils ont reconnu et autres. Je demande pour eux la peine de 10 années d'emprisonnement. ONANGA et BIKOUA 10 ans chacun. GALIBALI, vous savez ce qu'il y a. Ce code et toutes les réunions se faisaient chez lui d'une façon ostensible, les menées, les relations avec LISSOUBA en voulant rallier' les Tékés avec ABBA-GANDZION, je de­ mande pour GALIBALI la peine de 10 années d'emprisonnement.

J'arrive aux perturbateurs, aux deux incorrigibles MOUNGOUNGA, NKOMBO NGUILA et ABBA-GANDZION, ce n'est même pas la peine de vous relire ce qu’il y a dans les dossiers. D'un côté vous avez la preuve, les relations directes avec LISSOUBA, de l’autre vous avez les écrits contre la Révolution. L’incitation, l’excitation à la révolte et au désordre. 171

293

bn ce qui concerne ABBA-GANDZION, les contacts avec les différents milieux. Tout est établi pour chacun d’eux. Je demande 30 ans d'empri­ sonnement, 30 ans de travaux forcés.

MOUNTSAKA David. — J’ai parlé de lui mais il me semble ne vous avoir pas dit quelle est la peine que je requiers. Je reauiers qu'il vous plaise Messieurs... On ne peut pas faire un complot saris un chef d’ar­ mée. Je requiers la peine de mort contre MOUNTSAKA.

Quant à HOMBESSA, le chef, le patron, on ne peut même pas quali­ fier. Par contumace, je requiers dor.c la peine de mort.

J'arrive au cas de MADZELA Louis. MADZELA Louis c’est extraor­ dinairement celui qui, contrairement à ses habitudes, est arrivé pour attendre les événements au 8.0. à 14 heures et qui avait trouvé que son officier, le Lieutenant KIMBOURI était là, il a voulu se débarasser de lui. Et dès que les coups ont éclaté, il a pensé qu le moment était venu, Il a sauté la barrière, il est parti à la recherche de ce que vous savez, c'està-dire chercher à neutraliser les éléments acquis au P.C.T. Vous savez également l’itinéraire du soldat tracé par MADZELA. Je requiers donc pour lui la peine de 10 ans d'emprisonnement. Camarade Président, je demande la relaxe, l’acquittement en vertu de la loi. Les faits ne sont pas établis, il n'y a pas infraction contre Mme KIKADID! née FOUZI et contre BOKAZOLO Albert, la première épouse de KIKADIDI et le second frère de KIKADIDI. Il n'y a pas de res­ ponsabilité collective, pourqu’elle puisse retrouver ses enfants. Peut-être pourraient-ils servir la Révolution. Il me reste camarade Président les cas de MALONGA Joseph, MAKOUMBOU Joseph, MENGA Robert et BANTSIMBA. Quant à BANTSIMBA celui qui fuit avec les objets, les photos, les instruments et tout je requiers qu'il vous plaise la peine de 20 ans de travaux forcés. En ce qui concerne MAKOUANGOU, camarade Président, son com­ portement dans cette affaire est bizarre. Et je vous demande donc d'appré­ cier, mais en mon S me et conscience, je vous demande de tenir compte des fautes militaires excessivement graves des fautes professionnelles très graves, et dans le cadre de la compétence de la Cour Révolution­ naire d’Exception, de prendre une mesure contre MAKOUANGOU. Je demande son acquittement tout en attirant votre attention sur le fait qu'il y a des manquements graves sur le pian militaire. Je demande également l'acquittement de MALONGA et de MAKOUMBOU, de MENGA Robert qui ont agi conformément aux ordres de leurs chefs, et au cours de l’enquête, les éléments constitutifs de l’in­ fraction n'ont pas été réunis. Donc je demande l'acquittement de MAKOUMBOU Joseph, MENGA Robert et de MALONGA.

Il reste camarade Président le cas de TARA-GANDZO. Vous savez que Tara-Gandzo a donné la somme de 50.000 Francs à Ontsou pour abat-

172

294

tre le Chef de l'Etat. Le Chef a été tué. En mon âme et conscience, |e vous demande la peine de mort en ce qui concerne Tara-Gandzo. Je ne trouve pas mieux pour celui qui a financé l’opération. Je crois avoir fait le tour de tous les accusés, camarade Président. Après vous avoir donc fait le tour de la situation de chacun, je tiens à pré­ ciser que nous n’avons pas à faire ici des jugements collectifs, il s’agit de l'individualisation des peines, il s'agit d'une responsabilité personnelle. Camarade Président, je vous demande au moment où vous allez délibérer d’avoir à l’esprit, le peuple congolais qui vous regarde, d’avoir à l’esprit le corps du Président Marien NGOUABI, d’avoir à l’esprit, les enfants du Président Marien NGOUABI qui pleurent, d’avoir à l’esprit, maman MBOUALE, devenue presque veuve, d’avoir à l'esprit tout le peuple et toute la famille qui vous regardent, d'avoir à l’esprit tous ceux qui croient, ont confiance pour vous donner cette mission, camarade Président. Le procès est historique, il vous appartient de prendre vos responsabilités. Vous avez à peser d’un côté la mort du Président Marien NGOUABI et de l’autre la vie de ceux qui sont là et vous avez également à peser si oui ou non, si vous devez trouver des circonstances atténuantes.

Dans cette affaire-là, y a-t-il des circonstances atténuantes ? Est-ce que dans l’histoire on ne va pas vous le reprocher ceux qui directement, le commando, les « prieurs », le milieu de conception, ceux-là qui ont agi di­ rectement. Je ne crois pas camarade Président quelles sont les circons­ tances atténuantes que vous pouvez leur trouver. On viendra vous dire, oh ! ils ont agi, c’est l’éternel qui a agi. C’est ceci, c'est cela, il n’y a au­ cun écervelé. Tous sont responsables. C’est vous dire que le complot qu’ils ont ourdi contre le P.C.T., contre son Chef depuis 1968 a continué jusqu’à maintenant et ils ne vont pas cesser. Ils vont recommencer et je vous disais l'autre jour, il ne faut pas que l’on recommence et que l’on dise que Marien NGOUABI a été l’homme du moment. Il ne faut pas que ça recommence, il ne faut pas que l’on dise que maintenant le Chef de l'Etat en place est là pour faire la situa­ tion et que l’on doit maintenant tout mettre en œuvre pour l’abattre, pour le condamner. Camarade Président, ces méthodes, la Cour doit se pronon­ cer ouvertement parce que la zizanie, la tracasserie, les carapaces, les tor­ tues que nous avons connues par le passé doivent prendre fin. Il faut lais­ ser au Général YHOMBY-OPANGO le temps de diriger le pays librement, il a pris l’engagement de servir le pays, il a juré pour l’unité nationale, c’est pourquoi dans vos délibérés, dans votre âme et conscience, vous devez vous prononcer pour ou contre la Révolution.

Je vous remercie.

173

295

Conclusions des Plaidoiries de la Défense

296

1) — MATOUBÀ MA NTOTO. « Le dossier de mon client n'a aucu­ ne charge et je demande son acquit­ tement » 2) — EWOLO MICHEL-BERNARD. « Il en est de même pour celui-ci ».

M'“ BRUDEY

3) - MAKOUANGOU ANTOINE. « Makouangou ayant été affecté à un autre service, n'avait pas la responsa­ bilité de cette affaire sachant qu'il y a eu bel et bien passation de service. En conséquence je sollicite le retrait des sanctions militaires éventuelles requises par le Commissaire du Gou­ vernement ».

4) — MOUNGOUNGA-KOMBO NGUILA. « Concernant son affaire de grève du 24 Mars 1976, je pense que mon client a été déjà acquitté par une Cour Révolutionnaire de Justice. Par conséquent cette ancienne affaire est considérée comme réglée ». 5) — KOUNOUNGOUS. « Mon client n’a mené aucune activité en rapport avec l'assassinat du Président Marien Ngouabi. C’est pourquoi je demande son acquittement pur et simple, après avoir pris soin d’examiner son dossier ». 6) — MIZELE. « En définitive, je reconnais deux faits du côté de mon client à savoir : — La transmission de la lettre de Massamba-Débat et l'habillement par faiblesse de Kanza et Kianguila. Cependant mon client a permis à l'enquête d'évoluer en dénonçant les éléments du Commando suicide. Et en vertu de l'article 105 et suivants du Code Pénal, je sollicite des circonstances atténuantes en faveur de mon client».

7) — MADZELA. «Malgré certaines dépositions non ■ concordantes de certains témoins on peut poser la question de savoir : Est-ce que mon client a fait une mauvaise action ? Mais si mon client a peut-être commis une faute, je pense qu’il s'agirait d’une faute purement militaire. En conséquence je demande son acquittement». 8) — BIKOUA MAURICE-DINARD. « La loi pénale ne-prévoit pas les sanctions qui concernent les Membres du Parti. Je sollicite l'acquittement de Bikoua Maurice».

177

297

1) — GANDZION PROSPER. « Le dossier étant juridiquement vide c'est-à-dire qu’il n'y a aucune charge à lui reprocher, je sollicite son acquit­ tement pur et simple ». 2) - MADAME KIKADDI. « Elle est couverte par les disposi­ tions du Code Civil. C'est pourquoi je demande son acquittement sans condition ». 3) - MENGA ROBERT. « Mon client n'a fait que son travail conformément aux textes et à la dis­ cipline militaire. C’est pourquoi je demande son acquittement ».

M- MATONGO

4) — GOMA GABRIEL. « A propos du lien de mon client avec Oba en vue du contact avec Mountsaka et Mademoiselle Babingui, il n’y a pas eu relation de cause a effet. Je sollicite son acquittement». 5) — MAKOUMBOU JOSEPH. « Il na ni aidé ni assisté Massamba-Débat. En définitive les deux incul­ pations n ont plus de place aux débats et aux dossiers ». 6) - MIYEKAMANOU. « Son dossier juridique est complètement vide. Je sollicite l'acquittement pur et Simple ».

7) — KOUKA PAULIN. « Il y a un dossier vide. Mon client Kouka Paulin mérite un acquittement ». 8) - SISSOULOU. « Sissoulou ignore que la prière des autres avait un autre usage pour atteindre des buts politiques. Il est presque analphabète. Je sollicite de la Cour, de considérer que l'élément intentionnel fait défaut mais si la Cour estime que les faits sont constitués, le condamner à une peine d'emprison­ nement avec sursis ».

9) — MATINGOU BERNARD. « Il a reconnu qu'il connaissait Kikadidi mais n'avait aucune relation parti­ culière avec lui. Et ensuite en ce qui concerne les tracts dans son dossier, il s agit des tracts qu'il détenait dans le cadre de ses fonctions. Jespère que la Cour pourra rendre une décision d'acquittement». 178

298

10) — KINKOUMBA. . * « Kinkoumba est croyant. Il fait de révélations. Lorsqu'il rencontre Massamba-Débat c’est pour dire à ce dernier de ne point envoyer les jeunes à l'Etat-Major. C’est pourquoi je sollicite en sa faveur une décision d'ac­ quittement». SWWW'.WSW

1) — NDOUDI-GANGA. « Ndoudi-Ganga n'a jamais été la créature de Massamba-Débot. Il n’a jamais pris part à ces actes odieux commis au temps de MassambaDébat. Je demande tout simplement son acquittement». 2) — EWOLO OSCAR. « On ne peut pas entrer en condom nation d’Ewolo faute de preuves ». ÿ 3) — BAKOULA. « Lorsqu'on n’a contre quelqu'un que des éléments épars, c'est le cas de Bakoula, on ne peut rendre qu’une décision d'acquittement». 4)— BOUTETE PAUL. « Je suis amené à constater que son dossier est archi-vide. C’est pourquoi je demande son acquittement ».

5) MOUNTSAKA DAVID. « Dans l’agenda de Massamba-Débat mon client Mountsaka est cité com­ me membre d’un Comité de guerre qui se réunit deux fois l’an. Pour moi mon client n'a jamais été consulté sur ce point. ... A la lumière de ce qui précède je demande son acquittement ». 6) - KANZA DANIEL. « A mon avis solliciter l’acquittement de Kanza Daniel, c’est vraiment être insensé eu égard à l'importance du dossier».

7) — ONANGA JEAN-PIERRE. « Je ne vois pas Onanga responsable des faits qui lui sont reprochés. En tenant compte de la confiance que mon client a bénéficié depuis 1963 jusqu’en 1977 par le régime politique, je demande son acquittement ».

179

299

1) — BOKAZOLO ALBERT. « Je dois dire que ce dossier est un vide juridique total et conformément à l'article 61 du Code Pénal et en sa qualité de cadet de Kikadidi, je de­ mande sa relaxe pure et simple ».

2) — MALONGA-MOUGABIO. « Il résulte que Malonga est le seul officier jouissant d'un certificat mé­ dical de repos authentique. Son absence à l'Etat-Major le 18 Mars 1977 est donc justifiée. Il en est donc de même pour sa présence à l'hôpital militaire. En conséquence, je sollicite sa relaxe pure et simple».

DEVILLERS

3) - KOUBA GREGOIRE.

« Evidemment il y a; la participation à une secte ayant pour but de ren­ verser les Institutions et atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat, mais il ne peut pas avoir la peine de mort; c’est ainsi que je sollicite en faveur de mon client les circonstances atténuantes, au besoin son acquittement ». 4) — GALIBALI LAMBERT.

« En ce qui concerne le contenu des pièces à conviction, la lettre de 1968 dont le destinataire n'a pas été connu sur ordre du Commissaire du Gou­ vernement, n'a rien à voir avec le Président Marien Ngouabi; ensuite les autres pièces à Conviction on été réfutées par mon client. Je demande son acquittement pur et simple». 5) - KIANGUILA. « On peut lui reprocher d'avoir accepté d’aller à l’Etat-Major en tenue. Est-ce que la Cour que vous êtes, est en droit pour ces faits de condamner à mort mon client ? ».

6) — TARA-GANZO.

« Je demande l’acquittement de mon client non au bénéfice du doute, mais pour crime non constitué ».

180

300

1) — MASSAMBA-SAKO. « En ce qui concerne mon ciient dont les poursuites ont été abandon­ nées par le Commissaire du Gouver­ nement, je sollicite à la Cour l'acquit­ tement pur et simple ». 2) - MALONGA JOSEPH. « Il en est de même pour celui-ci ». 3) — SAMBA DIA NKOUMBI. « Il y a un grief qu’on reproche contre mon client. C'est le fait que son nom figure dans l'agenda de MassambaDébat. Mais celui-ci précise que c’est sur instructions de l’Eternel qu'il re­ Me BOB tient son nom. Il n'a jamais pris con­ tact avec Samba Dia Nkoumbi ». C'est pourquoi je m'en référé à la sagesse de la Cour pour que justice soit rendue». 4) BAZONZA. « Bazonza est relativement jeune et on peut comprendre ses attitudes. Je demande à votre Cour de pouvoir examiner son cas avec beaucoup de générosité ».

5) — KITADI André. « A propos de l’existence du nom de Kitadi dans l’Agenda de MassambaDébat, celu-ci avait retenu le nom de mon client par suite d’une recom­ mandation de l’Eternel. C'est pourquoi je demande son acquittement pur et simple ».

OKAMBA. « Le cas Okamba relève d’un princi­ pe extrêmement fort, celui de l’auto­ rité de la chose jugée. Tout le monde le sait, Okamba a été condamné aux travaux forcés à perpétuité par la Cour Martiale. ...Je conclus en conséquence à l'ac­

Cour ne retient pas qu’il y a autorité de la chose jugée ». quittement de mon client si la

M° CARLE

181

301

Réplique du Commissaire

du

Gouvernement

303

Camarade Président, je n’ai rien à dire ! Je ne trouve pas les mots ! Je ne trouve pas ce qu’il faut dire après ce qui vient d’être dit par la derense ! Mais le Ministère Public défendra la Mémoire de Marien NGOUABI. Au cours de ces débats, personne n'a voulu reconnaître que Ma­ rien NGOUABI a été assassiné. Et un avocat ici a voulu déformer la théorie de Karl Marx, alors qu’il était en train de soutenir la théorie de MOUDILENO. Je regrette que les avocats ne se soient pas comportés coi;ectement. lis prétendent que cette affaire, cette ou ces pièces à conviction et ces Procès-verbaux ont été ramassés ou fabriqués. Il y a eu neuf tentatives de coup d’Etat pendant les 9 ans de pou­ voir de Marien NGOUABI. D’où viennent les comploteurs des neuf coups d Etat ? de la Sangha ? de la Lékoumou ? de la Cuvette ? des Pla­ teaux? Ce qui est important enfin de compte c’est que l’on a pu cons­ tater que les principes de liberté, de démocratie sont respectés chez nous. Revenons-en aux faits : MASSAMBA-DEBAT démissionne en 1968 et se retire à Boko. Il n’a jamais cessé de croire qu'il était un messie pour le Congo. Il y a 15 jeunes qui croient à la reprise du pouvoir et qui était partis voir MASSAMBA-DEBAT. Sept de ces jeunes étaient restés en liaison avec lui; deux ont été tués à l'Etat-Major et cinq sont ac­ cusés dans ce procès. Ces jeunes devaient être dirigés par HOMBESSA, NDOUDI-GANGA, SAMBA-DIA-KOUMBi. Tous les « prieurs » devaient fai­ re partie d'un même groupe. On ne peut pas parler des « prieurs » du 17 Février 1977 et de ceux du 18 Mars 1977. MASSAMBA-DEBAT parle de tous les « prieurs » dans ses Agendas. Il leur donne des rôles à cha­ cun. Je renouvelle la peine de mort requise contre SAMBA-DIA-KOUMBI car il est omniprésent et en connaissance de cause. DIANZENZA va à Boko pour aller prier. Ici la «prière» signifie «entraînement militaire». Il habite avec SISSOULOU. Il y avait un groupe de jeunes « prieurs » qui sont au nombre de sept. Ce sont : KOU DISSA, MIENAKOU, KANZA, KIANGUILA, SISSOULOU, DIANZENZA et KOUBA. Ce sont là les jeunes qui avaient invité et incité MASSAMBADEBAT à revenir à Brazzaville pour prendre le pouvoir. Je demande la peine de mort contre DIANZENZA. Le cas KOUBA est de même gravité. Il fait partie du groupe des « prieurs ». Il est allé prier à Boko. Il était à l’Etat-Major le 17 Février 1977 ; il a prié avec KIKADIDI et les autres chez KANZA. Les autres sont allés à l'Etat-Major assassiner le Président. Il est resté par manque de place dans la 404 et est allé attendre les autres chez MASSAMBA-DEBAT. J'ai prouvé qu’il y a eu concertation. J’ai démontré que le 17 Février 1977, il y a eu tentative d'assassinat (car c’est la garde qui les avait empêchés d'entrer). Je demande la peine de mort contre KOUBA. En ce qui concerne KINKOUBA, souvenez-vous de ses déclarations : 185

304

« J'ai entendu la voix de Dieu qui me disait : « Va dire à MASSAMBADEBAT d'envoyer les gens chez NGOUABI et ensuite Dieu m'a montré un homme que je ferais venir ici » puis il continue.

Voilà camarade Président et la relation se rétablira, et la réconci­ liation se refera le 24 décembre, et vous les retrouverez le 17 février, le 18 février. Mais alors où est le regret depuis 1970 ? C'est KINKOUBA Etienne qui mijote, qui réfléchit, qui prépare l'assas­ sinat du Chef, le retour au pouvoir de MASSAMBA-DEBAT. Et les gens viennent vous dire non c'est un écervelé, c’est un fou.

Mais au fond, ils se moquent du peuple congolais, au fond j'ai l'im­ pression Camarade Président, qu'ils se moquent de Céline NGOUABI et de ses enfants, qu'ils se moquent de maman MBOUALE et de ses parents pour dire mais c’est un militaire, il est voué à la mort, parce qu’on a jamais vu un français devenir pape à Rome, comment voulez-vous que NGOUABI puisse devenir Président de la République à Brazzaville. C'est notre sol. Et ils vous diront même qu'ils vont rentrer chez eux à la nage ; et BATINA dira dans l’AEC « un jour ils sentiront les Bacongos ». Mais ne les incriminons pas tous, puisque la haine ce n'est pas seule­ ment envers nous, mais même envers ceux qui sont dans le Pool.

Alors messieurs, si vous avez des circonstances atténuantes méfiezvous que le peuple ne vous montre du doigt. Moi, je vous demande la peine de mort. J'arrive au cas de SISSOULOU. Ce n’est pas différent des autres. SISSOULOU c'est la même chose, et je vais me borner à lire ce que SISSOULOU a dit pour vous raffraîchir la mémoire parce que dans votre délibéré il ne faut pas que vous oubliez ce qui a été dit. « je me nomme SISSOULOU, je reconnais appartenir à un groupe de jeunes dont le chef était KOUDISSA Tadet, je connais fort bien KOUBA Grégoire et KOUDISSA Tadet. Ceux-ci travaillaient au Département du Commerce » c'est-à-dire chez TARA-GANDZO. « ... Cependant, j’entretenais déjà des relations familiales avec KANZA. Quant à KANZA Daniel, KOUBA Grégoire et KIANGUILA. ils se connaissaient bien avant. Je précise que KANZA et KOUBA Grégoire avaient l’habitude de se fréquenter et de « prier » ensemble et fréquentaient la même paroisse, c'est bien KANZA qui m’a fait la connaissance de KIANGUILA Daniel et des autres « prieurs » par la suite. Il y a eu des groupes et il y a lieu de vous faire préciser que KOUDISSA Tadet est de la réligion catholique, KIANGUILA Daniel salutiste, KOUBA Grégoire protestant et ainsi que moi-même. Un jour, je me suis rendu chez KANZA Daniel et j'ai rencontré KIANGUILA, ce dernier partageait une séance de « prière » avec KANZA Daniel. Et enfin, un jour, j’ai « prié » avec KOUDISSA Tadet, KIANGUILA Daniel

186

305

et KANZA Daniel. De fois DIANZENZA venait « prier » chez nous. C'est ainsi qu'est né dans ce groupe, le groupe de sept ». Vous entendez, c'est comme ça qu'est né le groupe des sept. « Parfois KOUDISSA Tadet se rendait au domicile de MASSAMBADEBAT à Bacongo et nous apportait des versets bibliques que lui remettait MASSAMBA-DEBAT. Il est à signaler que KOUDISSA Tadet ne nous disait jamais que MASSAMBA-DEBAT voulait revenir au pouvoir ». Il ment puisqu'ils sont allés à Boko pour lui dire nous sommes là, compter sur nous. « Pour la première fois, KOUDISSA Tadet nous a fait le compte-ren­ du de la séance de « prière » avec MASSAMBA-DEBAT et a révélé les versets qui étaient au centre de leur « prière ». Mais alors KOUDISSA Tadet avait pris l'habitude de nous ramener les versets bibliques. Pour moi, MASSAMBA-DEBAT était une personne à qui l'on pouvait obéir. Je reconnais que MASSAMBA-DEBAT faisait parvenir des versets bibli­ ques seulement à notre groupe de « prieurs ». Le fait pour le groupe de « prieurs » d'avoir été à l'Etat-Major en février dans le but de « prier » avec le Président NGOUABI rentre dans le cadre d'une séance de « prière » prophétique. Je reconnais que le terme selon lequel « Que Dieu fasse sa volonté » est la pratique de notre « prière », je sais que la séance de « prière » du 6 avril 1976 qui s’est passée au domicile de MASSAMBADEBAT, ont pris part à cette « prière » : KOUDISSA, MIENAKOU et moimême à tour de rôle, chacun de nous a donné des cantiques. Je ne pense pas que nos séances de « prière » ont un caractère politique ». Ils mentent. « Il est exact que la plupart de nos versets bibliques venaient de chez MAS­ SAMBA-DEBAT. Je reconnais maintenant que ce sont les écrits de MAS­ SAMBA-DEBAT que ces séances de « prière » avaient plus ou moins un but politique. Je reconnais mon appartenance avec l'ex-corps de la J.M.N.R. je reconnais bien le militaire TOTO. Je ne connaissais pas que KOUDISSA Tadet et MIENAKOU étaient allés à la résidence pré­ sidentielle. Je reconnais les intentions de MASSAMBA-DEBAT. Je re­ connais avoir dit clairement que KIKADIDI a été le 18 mars 1977 à l'EtatMajor-Résidence. Alors dans ce cas l’un de notre groupe de « prieurs » doit être concerné. Madame MIENAKOU était venue me menacer à l'an­ nonce de la mort de son.mari, c’était le vendredi 18 mars 1977, par contre ma rencontre avec NDOUDI-GANGA date du 19... » et ainsi de suite.

Camarade Président, pour celui-là comme pour les autres, tous les éléments constitutifs de l’infraction sont réunis. Il n’y a aucune circonstan­ ce atténuante pour ce groupe dé sept et des « prieurs » qui sont allés le 17 février 1977 pour enlever le Chef de l'Etat, pour l'amener sur la route de Kinkala soit disant pour le mettre dans une grotte et vous avez entendu un moment donné, il a été fait état du trou de Dieu, du nom de Dieu.

Alors le 18 mars 1977, ces éléments sont là ensemble, ils sont au courant, ils assistent MASSAMBA-DEBAT, ils assistent KIKADIDI, ils assis­ tent tous ceux qui sont là, ils « prient » ensemble. Et les gens viennent

187

306

vous dire, il n’y a pas de relation de cause à effet, entre ce qui était fait avant et le coup qui est arrivé le 18 mars 1977, c'est méconnaître le droit et le principe de la complicité. % Il y a complicité lorsqu’il y a aide, assistance, il y a complicité lors­ qu’il y a provocation, excitation, il y a complicité lorsqu’on donne des ins­ tructions. Voilà ce que les avocats n’osent pas dire pour les intérêts de l'argent. C'est pourquoi il n'y a aucune circonstance atténuante pour ceux qui ont préparé avec MASSAMBA-DEBAT, pour ceux qui ont mijoté, pour ceux qui ont agi en connaissance de cause.

Sanctionnez sans circonstances atténuantes pour ceux-là, pour SISSOULOU Simon comme pour KOUBA. Pour DIANZENZA, je demande la peine de mort et je l'ai reconfirmé camarade Président.

Oh ! Je ne voudrais pas être long sur le cas de KIANGUILA Daniel. Simplement, j’ai été choqué par la plaidoirie. C'est-à-dire, on s'est appitoyé sur le cas çle celui-là pour essayer de le mettre dans un groupe différent. Il n’appartient pas au groupe d’exécution c’est-à-dire que lui, il n’a pas pris l'arme, il n’a pas tué.

Mais vous étiez à l'Etat-Major avec moi, les avocats y ont été égale­ ment et pourquoi veut-on déformer la vérité. Ceux-là, qui le 18 mars 1977, au domicile de KANZA avec KIKADIDI ont préparé les tenues militaires, des armes, une voiture, sont allés à l'Etat-Major, souvenez-vous que l'un d'eux KIANGUILA Daniel et c’est lui, lorsqu'il est arrivé à la hauteur du centre culturel français, il vous a dit « je ne sais plus ce qui s'est passé », c'est vous dire que tous, compte tenu du fait qu’ils allaient traverser la zone militaire, vont baisser leurs têtes pour ne pas être vus et ils vont se redresser devant la barrière de l’Etat-Major. Camarade Président, moi je ne voudrais pas être long. Alors ou bien le Président s’est suicidé, NDOUDI ne le condamnez pas alors ; je vous demande simplement de les relaxer, relaxez donc KIANGUILA Daniel, il n'a rien fait ; il appartient au groupe des pacifiques lui. Il est allé au Pa­ lais, il a laissé les armes dans la voiture, il n'avait pas l'intention de tuer Marien. Relaxez donc KIANGUILA, il n'a rien fait.

Mais il est allé chercher les armes dans la voiture, et il est revenu. J'ai entendu l'autre jour quelqu'un vous dire, « mais il pouvait se servir des armes... Mais comment, ils ne sont pas allés dans la direction qu’il fallait ! »

Mais ils ont oublié la reconstitution. C’est qu’à un moment donné KANZA ou KIANGUILA a dit : « J'ai vu du côté du jet d'eau un militaire c’est pourquoi j'ai rebroussé chemin ». Mais s’il y avait un photographe,

188

307

un cameraman, on allait même photographier ses faits et gestes. Il a fait demi-tour, et c’est avec KANZA, ce que je retiens contre tous les deux. KANZA vous dira : « J'ai tiré une petite rafale ». Il y a une petite rafale ; la connaissez-vous messieurs ? Je ne sais pas si c’est-à-dire que, vous touchez à la gachette-là, la petite rafale partie, les balles sortent, en venant vous caresser les joues. Et voilà la petite rafale. Il a tiré une petite rafale. KANZA et KIANGUILA se sont enfuis en tirant « une petite rafale ».

Pour ces deux-là, non !.. J’avais amené avec moi la déposition de Mme Céline NGOUABL J’ai amené avec moi les dépositions de tous les témoins qui étaient là. Je vous en épargne la lecture camarade Président, parce que lorsque j’ai entendu les plaidoiries, je me suis dit, mais en définitive où allons-nous ? Où dérive ce bateau ? Où va ce procès ? Mais le Président s'est battu, KIANGUILA était là, KANZA était là, iis sont entrés jusq'au Secrétariat. Et l’un d’eux avait une arme cachée. Et la loi dit : Dès l'instant où vous êtes porteur d’une arme qu elle soit appa­ rente ou cachée, vous entrez dans les circonstances aggravantes, et dans ce cas-là, le complot est accompagné de l'attentat, deuxième degré de la gravité de l’infraction, c'est-à-dire la mort du Chef de l’Etat. Ceux qui sont là, co-auteur, acteur principal, on va venir dire ici qu'il y a deux groupes, le groupe de MIENAKOU; le groupe de Tadet et tout le monde va mettre le péché sur Tadet et sur MIENAKOU parce qu’ils sont morts, Hs ne peuvent se défendre et on va déformer la vérité. Et vous avez entendu tous les avocats, c’est l’affaire de Tadet, c’est l'affaire de MIENAKOU, c est l'affaire de KIKADIDI parce que celui-là n’est pas encore repris. Ils sont là à l'Etat-Major, ils ont participé activement à la mort du Pré­ sident, je ne vois pas des circonstances atténuantes. Comment peut-il y avoir des circonstances atténuantes ? Comment ? Depuis 1969, ils n ont jamais eu de regrets, ils n'ont jamais reculé. Comment, cet homme qui a été tué parce qu'il appartient à une tribu du Nord, parce qu’on ne peut pas être Pape à Brazzaville... ta haine, j’ai l’impression que c'est devenu maintenant la haine de toutes les tribus, c'est-à-dire le fait d’être Kouyou ça devient dangereux. Effectivement c'est vrai. Le Kouyou est devenu l’homme à abattre. Moi je vous dis franchement camarade Pré­ sident, qu’après ce procès, je serai tranquille. Si mon âme est tranquille, ma conscience est tranquille. Je n’ai rien, parce que je ne voudrai pas demain me demander est-ce qu'il yq eu une erreur judiciaire ? Ëçt-ce que j'ai fait condamner un innocent ? Mais que s'est-il passé ? Cet homme que l’on va tuer est-ce que vous pensez que moi Ministère Pu­ blic je vais venir ici... et lorsque j’entends Maître BOB dire ; « Mais le Commissaire du Gouvernement, mais pour qui se prend-il ?... Cest de l’ima­ gination fertile », c’est l'avocat qui me qualifie de la sorte.

Non ! J’ai ma conscience tranquille. Je vous demande la peine de mort pour KIANGUILA et pour KANZA. Et de tout cœur je ne vois pas comment faire autrement. 189

308

Je vous verserai tout à l’heure les photos des morts, pendant que vous allez délibérer, vous regarderez les cadavres des morts, ça vous fera réfléchir. Pour KANZA et KIANGUILA, il n'y a aucune circonstance atténuante; il n’y a en a pas, sauf dans l'esprit de ceux qui l’imaginent ; ils veulent créer ça de toutes pièces pour déformer le procès et vous jeter encore la confusion, pour que demain, le discrédit recommence. Oh ! Oui, c’est le Général YHOMBY-OPANGO le Chef, qui a tué les gens ; c’est le Colonel SASSOU, c’est l'Etat-Major, c'est le Comité Militaire du Parti. Au fond c’est ça ! qu’ils veulent jeter comme confusion. C’est vous dire que le discrédit va recommencer. Et comme le Général est en­ core de l’ethnie du Président, alors on va ressasser la haine que l’on a contre lui, car depuis 1968, tous les complots sont mis sur le compte du Général. Et les complots recommencent contre sa personne, on a l’impression que tout est remis en œuvre. On a l’impression qu’on pré­ pare un nouveau coup d’Etat contre le Général. Et on n'a jamais cessé de le dire. Je ne voudrais pas qu'on recommence parce qu’en définitive, le Général YHOMBY a aussi ses parents, ses amis dans le Parti ; ils ne le laisseront pas seul. Le Comité Militaire du Parti ne va pas laisser que l'on recommence, que l’on tue, parce qu’ils vont recommencer. Dans les Etats-Majors, on recommence la haine, la tribu-classe, la tiers tribu, MOUDILENO et tous les autres qui sont venus professer ici. camarade Pré­ sident, lorsque j’ai entendu la plaidoirie sur NDOUDI-GANGA : « Souvenez-vous que c’est un haut cadre. Souvenez-vous qu’il a beaucoup servi le pays. Souvenez-vous qu’il a beaucoup écrit ». On vous a même lu des textes qui ressemblent aux versets de M ASSAM B ADEBAT, aux prières de MASSAMBA-DEBAT. Et j'ai entendu ça. Il n’y a aucune différence, c’est-à-dire que comme les témoins de Jéhovah, c’est la même chanson. Donc quand on est cadre, si on commet un crime, un assassinat, on ne doit pas être jugé. Il n'y a que les petits KANZA, KIANGUILA que l’on va juger. Les grands-là, non ce sont des cadres. Ils sont utiles à la Révolu­ tion pour abattre de nouveau le Général YHOMBY-OPANGO. Il faut les préserver, comme ça ils vont recommencer. On va préserver les cadres pour que les complots recommencent. On va préserver les cadres pour que les tribus ne s'agitent pas. NDOUNDI-GANGA, Administrateur des S.A.F., mais quel est son degré de responsabilité dans cette affaire ? On vous l’a présenté tout à l'heure comme étant un innocent. Mais qui est allé à Boko le premier avec SAMBA-dia-KOUMBI ? Qui est allé à Boko avec HOMBESSA ? Qui préparait les « prieurs » ? Qui les entretenait ? Qui entretenait les flammes de la reprise du pouvoir ? Mais dites-le moi ? NDOUDI-GANGA est différent de MASSAMBA-DEBAT en quoi ? NDOUDI-GANGA est diffé­ rent de HOMBESSA en quoi ? Mais il suffit de relire attentivement tout ce qu’il a dit et fait. Tout ce qu’il, a. dit à l’audience. Je regrette ce qui a été dit en dehors de ce procès. Pour les enquêtes, il y a eu la torture, je l'admets. Mais NDOUDI-

190


! non, au contraire, cette lettre se retourne contre MIZELE, elle est importante, parce que dès 1968, vous retrouverez la per­ sonnalité de MIZELE.

MIZELE écrit à Massamba-Débat, acceptons-le, mais il dit en subs­ tance : « Voici le sujet important dont je vais pouvoir vous entretenir pour le moment: politique générale. » il demande une audience au protoco­ le d’Etat pour aller parler de politique générale, et on veut le présenter ici comme un homme à tout, faire, un pauvre type, un inconscient, on ose même demander l'application des .articles 61, t suivants du code pénal pour dire qu'il y a des excuses à trouver à l’endroit de MIZELE. Mais alors, ce droit devient donc dangereux. Ce droit se retourne contre le peuple. Mais on ne l’applique pas correctement. Je crois qu'il faudrait renoncer maintenant, parce que. nous devenons dangereux. Monsieur le Président, dès 1968, MIZELE se découvre homme politique s’occupant de là politique. Et MIZELE, non seulement il s'occupe de la poli­ tique en général, mais MIZELE prépare le retour de Massamba-Débat com­ me NDOUDI-GANGA, SAMBA-DIA-NKOUMBI et les autres. Il prie pour le pouvoir, pour la prise du pouvoir, epuis Boko jusqu’au retour à Brazzaville, est un parent qui rentre dans le cadre de la parenté normale, même au sens large ? Et on vous a présenté MIZELE ici comme étant, disons, l'homme qui a un rôle effacé ; il a un rôle important. MIZELE est le complice parfait ; aide et assistance, en connaissance de cause ; et il emprunte la qualité de l'auteur principal. Il sait que le 17 Février on va aller tenter d’enlever le Chef de l’Etat, il sait que Je 18 Mars des éléments sont allés à l’Etat-Major pour aller prendre le Chef dé l'Etat ou l’assassiner, puisqu'ils vont avec des

193

312

armes, Ml ZELE est là, il assiste, avant les événements il prie, après le coup d Etat, Il prie avec Massamba-Débat pour rendre grâce à Dieu, alors que Dieu dit : « Tu ne tueras pas ». MIZELE dit non c'est l'action de grâce, on a bien tait. Et vous, vous allez dire, MIZELE va vivre, parce que Marien Ngouabi n'est pas un homme; Marien Ngouabi n’était pas un cadre, Ma­ rien Ngouabi est un pauvre type, simple fils de paysans, d’une tribu kouyou. Et quand MOUDILENO a dit : « petite tribu là-haut perchée dans le nord ». C'est la division du peuple.

MIZELE ne va pas vous échapper camarade Président, parce que j'ai entendu quelqu'un dire ; « MIZELE va bénéficier de l'article 105 et suivant du code pénal. » Mais Maître, vous n'avez pas bien relu le texte alors ! Mais ce texte, c’est le cas où dans un complot, un attentat, un coup, celui qui au courant prend l'initiative et dénonce aux autorités les complices les auteurs; et pour lui donner donc une gratification, pour le recompenser de cette démarche, pour permettre de faciliter l'enquête, pour permettre de faciliter l'instruction, l'information, la loi dit que vous allez lui reconnaître la peine d'une échelle, vous allez descendre, ça sera une circonstance atté­ nuante, là au moins il y a un remords. Alors, mais où est le remords de MIZELE ? Les gens sont arrêtés, l'enquête est ouverte, l'Armée arrête tous les « prieurs », arrête tout ceux qui sont chez MASSAMBA-DEBAT, pendant six mois MIZELE est là, MIZELE ne parle pas, et à un moment donné MIZELE se met à parler, et on voudrait ici venir demander l’application de l'article 105 et suivants du code pénal. Mais est-ce que c’est MIZELE qui a dénoncé ou c'est l’enquête qui a permis de découvrir la vérité ? MIZELE, vous a-t-il aidé vous Messieurs de la Cour ? MASSAMBADEBAT va faire un coup d'Etat et vous retrouvez seulement ces lambeauxlà, ces débris-là. Mais tous les comploteurs ne sont pas là. Mais les mili­ taires de MASSAMBA-DEBAT, les civils de MASSAMBA-DEBAT, sont-ils tous dans cette salle? C’est avec ces éléments seulement que MASSAMBADEBAT allait faire le coup ? Est-ce que MIZELE vous a dénoncé les autres, ou bien les garde-t-il pour un nouveau coup d’Etat. « Ba dia Nséké » : ils vont recommencer. Où est le remords de MIZELE ? Comment va-t-on lui appliquer l'article 105 du code pénal ? Mais c’est travestir la vérité juridique, c'est pourquoi messieurs II est gênant de tout voir en détail pour une réplique comme celle-ci. il y a trop de grossièretés, juridiques.

Mais le matin du 18 mars, imaginez-vous ce que MIZELE a fait. Six fois le prétexte d'aller acheter des bçutons, se rendre à Altex, camarade Prési­ dent, j’ai entendu les avocats dire « mais le Commissaire du Gouvernement n'a rien fait » j'ai été jusque chez Altex, parce que moi lorsque l'Etat me confie un travail, je veux bien le faire et jusqu'au bout, je vérifie tout. J’oi été chez Altex. Mizélé est un vieux tailleur, personne chez Altex.. c'est par­ ce que je n'ai pas eu le temps de vous les faire entendre. Mizélé n'a jamais été acheter des boutons là-bas. Et lorsqu’on a regardé les ventes opérées ce jour-là, on a pas trouvé les achats de Mizélé comme il l'a dit. Et il vous dira ensuite « je suis allé en ville pour acheter les produits de beauté de 194

313

Madame Massamba-Débat » Mais alors on oublie quoi, que Madame Massamba-Débat habite a côté de chez Bibi et qu’avant la ville, il y a la phar­ macie de Bacongo où on vend du lait vichy, et on dit qu'il est allé en ville normalement chez Altex, ce n'est que pour essayer de détruire tout non ? Six fois, MIZELE est avec Massamba-Débat le 18 Mars le matin, l’aprèsmidi après le coup d’Etat, avant la mort de Marien Ngouabi, après la mort de Marien Ngouabi, qu’est ce qu’il a fait camarade Président. J’ai entendu un avocat dire : « Les rescapés du commando, KANZA et KIANGUILA, MIZELE les a rencontrés dans la rue. Mais vous n’avez pas lu les dossiers. Ce n’est pas comme ça qu’on doit défendre les gens, il faut lire attentivement le dossier, c’est en revenant de chez Massamba-Débat pour recueillir les éléments chez lui, il ne trouve personne, agité comme il était, il veut rentrer. Dans la rue, il voit l’un d’eux en sueur et nu. Il dit : « écoutez je viens de la maison vous n’étiez pas encore là. » Ils vont faire demi-tour. Et lorsque MIZELE va arriver chez lui, l'autre soit KANZA, soit KIANGUILA se trouve déjà au domicile de MIZELE. Et lorsqu'on vient vous dire « mais c’est dans la rue, c’est par hasard; ils pouvaient aller ailleurs », mais c’est faux, c'est archi-faux. C’est dénaturer la vérité.

Camarade Président, MIZELE va donc habiller KANZA, va donner des chaussures à KANZA et à KIANGUILA qui ont été au palais pour tuer le Président Marien Ngouabi. Et ensuite, avec MIZELE que l'on a présenté ici comme étant le beau frère, Mizélé qui était le matin six fois avec MasSAMBA-DEBAT et qui a depuis Boko juré d’abattre le PCT et son Chef, ils vont retourner chez MASSAMBA-DEBAT ensemble. Ils vont entrer en prière pour remercier Dieu d’avoir tué Marien NGOUABI.

, > Et s'agissant de MIZELE, lorsque j'ai entendu son avocat dire : « mais le Commissaire du Gouvernement a de l’imagination... il est d'une imagi­ nation fertile ». Je me dis, mais comment II! peut être que je suis fou, moi ! Ou alors peut-être est-ce que j’ai un don. Je ne sais pas si j’ai un petit don, mais |e n’oublie pas les évènements. Quand les militaires se présentent chez Massamba-Débat, qui fera le guet ? MIZELE Où est KIANGUILA ? Où est KANZA ? Où est KOUBA ? Le troisième que l’on a voulu dissocier des autres sous prétexte qu'il avait la fièvre. Ils sont dans le domicile de Massamba-Débat. Quand ces fuyards vont arriver avec MIZELE, MASSAMBA-DEBAT va lui demander « Où est le Président ? Où est KIKADIDI ? ». MIZELE est là. Alors, MIZELE a-t-il dénon­ cé les assassins aux autorités ? MIZELE a-t-il écrit à la police ? A la Sécu­ rité d’Etat ? Est-ce que MIZELE a dit aux militaires qui sont venus arrêter Massamba-Débat qu'il était au courant de tout et qu'il savait que les as­ sassins de Marien Ngouabi étaient là dans la maison ? Et on vient vous demander l'application de l’article 105 pour dire qu’il y.o des circonstances atténuantes ? Je ne comprends pas et je n’arrive pas à comprendre. MIZELE va accompagner Massamba-Débat à l’Etat-Major. Comme MIZELE avait accompagné Massamba-Débat le 3 Mars pour l’entretien avec le Chef de l'Etat, et c’est encore MIZELE qui ira au Cabinet du Premier Mi195

314

nistre. Et j'ai entendu « tout » ce matin. J'ai entendu tout » hier et avant hier. Mais MIZELE cannait KALA. Ils se connnaissent, ce n'est pas pour rien qu'il a dit qu’il est allé au cabinet du Premier Minstre. Il faudrait là aussi que l'on s'explique. Alors, où est le rôle effacé de MIZELE, où est le rôle de parent ? Lorsque j ai entendu un avocat dire « mais la famille congolaise !... » Mais la famille congolaise est ce qu’elle permet de couvrir les assassins les comploteurs ? Camarade Président, le cas de Mizélé est clair. Mizélé depuis Boko est constant; constant dans son idée de donner la mort à Marien avec Massamba-Débat, Hombessa, Ndoudi-Ganga et Samba via NKoumbi, avec le groupe des sept. Ls étaient (15) quinze au départ. Nous ne savons pas ce que sont devenus les autres car ici nous n’avons que le groupe choc. Les sept entretenus par MIZELE. Et on ose venir demander des circonstances atténuantes. Et on dit, « voulez-vous que nous plaidions tout? « Mais moi, je vous dis camarade Président, j'ai oublié de vous rappeler que le Général Yhomby-Opango a écrit à la cour, mais nous n’avons pas donné îectuie de cette correspondance. Le Président de la République a dit « si à un moment donné de la procédure mon nom était cité moi Chef de l'Etat, je ne ferai pas de dif­ ficultés, je viendrais » vous avez la lettre du Chef de l’Etat « parce que ma conscience est tranquille, je n'ai rien à voir avec la mort de Marien ». Et vous avez constaté camarade Président lorsque nous avons demandé la comparution des camarades membres du Comté Militaire du Parti avec quelle spontanéité, avec quelle rapidité (ça a surpris tout le monde, sans procédure, sans protocole) ils sont venus. Et le Général Yhomby-Opango vous a dit : « Je viendrais moi-même je n’attendrais pas que le Comité Militaire du Parti se réunisse». Parce qu’il est sain, il est propre.

Il y a des gens qui diront mais oui, la Cour est au service de qui ? Le Commissaire du Gouvernement, parce qu’ils me réprouvent moi puisque je suis de la même petite tribu, ils diront, oui il parle parce qu’il est de la même tribu. N'avez-vous pas cette lettre là ? Mizélé est donc le complice parfait. En connaissance de cause depuis Boko, il a aidé, il a excité, il a fait provoquer. Nous sommes arrivés à la situation du 18 Mars à cause de qui ? De Mizélé. Alors vous, vous le relaxerez si vous voulez. Mais moi en mon âme et conscience et je ne le regretterai jamais parce que ma conscience est tranquille, c'est la peine de mort que je requiers messieurs, qu'il vous plaise de prononcer contre Mizélé parce que c'est lui l’inspirateur, c'est lui l'organisateur, c’est lui disons qui a tout mis en place avec Massamba-Débat.

Ce n’est pas un parent; s'il a été un parent, mais il a été acquis à la cause, il a dépassé le cadre de la famille. C’est la peine de mort contre Mizélé et je la renouvelle en mon âme et conscience et je vous le dis franchement parce qu’après je vous dis que je serai à l’aise après ce procès.

196

315

Camarade Président, j'arrive au cas de KONDA. Au début KONDA est venu ici, il est apparu comme celui qui par accident a brûlé des habits, a jeté les chaussures au Djoué. Mais non ! vous retrouverez Konda dans les agendas de Massamba-Débat, l'auhenticité n'est plus à discuter Konda était prévu par Massamba-Débat pour devenir le Chef comptable de l’OFNACOM. C’est le prix de sa collaboration, c'est le prix du sang de Marier,. Comment ! celui-là qui donne sa maison, celui-là qui laisse son salon ouvert, celui-là qui le 17 Mars avait —jà reçu le groupe de sept les plus influents, les plus durs, le commando de la mort, celui qui le 17 Mars avait traité avec eux, avec minutie, méthode sur ce qui allait arriver le 18 en connaissance de cause .... Oh ! Je vous ai dit ia dernière fois, on dira encore, c'est l’imagination du Commissaire du Gouvernement. Je veux bien. Mais alors les différentes coupures de courant qui ont eu lieu avant la mort de Marier,, pourquoi ont-elles cessé brutalement après - Président, vous n'avez pas eu de coupures de courant ? Combien de fois ? Le 18 Mars, il va dit-il, se retrouver au travail pour faire sa comptabfité. Et quelle comptalibité ? Lorsqu'on retrouvera chez lui le nom codé de «pierres» et à côté (=) deux millions et poussières. Comment ! en con? naissance de cause celui qui laisse sa maison, celui qui aide Kanza, Kianguila, Kouba, Miénakou, Tadet, Kikadidi, sont allés chez Konda mois sa femme n’était pas là. Parce que Konda va avoir peur de sa femme; vous avez vu madame Kikadidi se rebeller contre son mari : « Pendant six (6) ans on a été tranquille. J'ai les enfants à élever. Mais non ! c’est terminé cette affaire-là ». Konda va donc dire à sa femme et à ses enfants de ne pas être à la maison pour laisser opérer librement Kikadidi et ses comparses. Et vont donc s'habiller en tenue militaire chez iui. ils vont laisser leurs habits civils et leurs chaussures. Ils vont aller à I Etat-Major à partir de chez Konda. Et Konda quiest à la S N.D E. ne vas pas rentrer chez lui, il va d'abord aller à Moungali se promener un peu partout comme ceux que nous verrons par la suite, Makoumbou et tous les autres. Alors messieurs quelle est la gravité des faits reprochés à Konda ? La complicité, les moyens,l’aide, l’assistance. Ensuite le recèle des mal­ faiteurs. La complicité en connaissance des causes car il soit bien qu’on va tuer le Chef de l'Etat. Depuis qu'il prie comme les autres car il priq, il rêve et c'est chez lui que j’ai trouvé les livres de rêves. Lorsque j’ai entendu Maître Choukroune dire à Paris « mais on a arrêté quelqu’un parce qu’il avait une constitution de l’ancienne République et un livre de rêves », est-ce que c’est pour cela que Konda est là ? Mais messieurs, même quand on est Avocat, lorsqu’on a prêté serment et qu'il y a des accords de coopération entre le Congo et la France, et qu'il y a des accords judiciaires, que les Avocats français peuvent venir chez nous et qu’ils sont liés par leur serment !... Et voilà donc un Avocat qui va tra­ vestir la vérité pour dire le contraire de ce qu’il c; vu et entendu.Dans un article que j’ai lu ce matin, paru dans « l’Aurore » on m’a qualifié moi Okoko, Commissaire du Gouvernement, de communiste alors qu'ici on me traite de réactionnaire.

197

316

Alors Konda ! mais vous n’avez aucun remords, vous n’avez aucune circonstance atténuante parce que depuis le 17 vous saviez que le Chef de I Etat devait être tué ; en tant que citoyen qu'avez-vous fait ? Avez-vous alerté les autorités ? Et après ? il ne fera rien non plus, comme l’avais ou­ blié tout à l’heure de relever le cas de Ndoundi-Ganga qui est allé déterrer les armes, lesquelles armes se sont retrouvées au Palais pour tuer le Chef de I Etat. C'est pourquoi, pour Konda, vous êtes et à chaque fois j’entendais les avocats dire « Monsieur le Président, vous êtes le Président de la Cour Suprême : est-ce que si cette affaire était soumise à la Cour cri­ minelle vous n'alliez pas casser ce jugement ? « ... Monsieur le Président, Messeurs les Magstrats...» comme si les autres ici, n’avaient pas un rôle à jouer? C'est l’affaire des Magistrats ici, ou c'est l’affaire de la Révolution ? C’est le procès des magisrats ? Combien sommesnous ici ? Quatre. Vous êtes là deux (2) à juger mais vous savez au moins que le complice est puni de la même peine que l’auteur principal, et que pour KONDA il n’y a aucune circonstance atténuante parce que depuis Boko, il a été, il a reçu... disons le prix du complot de la mort du Président. Je demande la peine de mort et je la renouvelle fermement, ma conscience est tranquille. Camarade Président, j’arrive au cas d'EWOLO. Non Camarade Pré­ sident, j'ai l'impression que Marien s'est suicidé ! J’ai l'impression que Marien s’est donné la mort ! Après avoir entendu l'Avocat qui a plaidé pour EWOLO, j'ai l'impression que comme on l'avait tout à l’heure dit pour NDOUDI-GANGA parce que EWOLO est un cadre, alors é râlement EWOLO, nous devons le conserver parce que c'est un cadre, c'est un officier. Et pendant ce temps je ne le cache pas à Ouenzé, les gens s'agitent, s'organisent ; on dit : « On verra, on verra ce qu'on fera au Commissaire du Gouvernement. » Mais Monsieur le Président, si je suis tué, si l’on m’as­ sassine, mais qu'est-ce qu’ils vont gagner, dumoins j’aurais dit la vérité. Mais il y a d’autres qui vont jusqu'à dire « le Commissaire c’u Gouver­ nement est contre EWOLO, pourquoi ? Mais parce qu’il y a eu le procès d’Owando—Etoumbi ». Je le sais, et les gens se sont agités. Des lettres anonymes ont été adressées partout. Le procès d’Owando, com­ ment s'est-il passé ? Le procès d'Etoumbi c’est le procès de Marien, son neveu a été poignardé à Etoumbi. On n’a jamais su qui l’a poignardé. C’est-à-dire qu’on a tiré le coup de feu par derrière dans les mêmes condi­ tions que pour Marien. Son neveu est mort. Et les gens disent que parce qu’il est Chef de l'Etat, Marien n’a pas à pleurer son neveu ; il n'a pas à pleurer son parent. On ne doit pas juger l’affaire du neveu du Président. Mais ce n'est pas possible ! mais vous n'êtes pas démocrate ! vous n'êtes pas juste ! Alors que maintenant, les assassins d'Etoumbi courent toujours, l'enquête a été boycottée, l'enquête a été bafouée, l’enquête a été anéantie on ne sait plus qui a tué; l'enquête n'a jamais vu de lendemain jus­ qu'à maintenant, c'est dans les mêmes conditions... On préparait la mort de Marien en commençant par les siens, et les gens vont faire une relation avec le procès Etoumbi. Ils vont s'agiter alors que les Mbokos, les Mbéfis,

198

317

les Kouyous, les Makouas, lesNgarés et les autres... mais vraiment mon pè­ re allait acheter les pointes d’ivoire à Odzala, à Mbomo et autre mais mon père avait un frère, ils étaient devenus frères parce qu'ils s’étalent blessés, l'un a donné le sang à l’autre, ils sont devenus parents,- il habitait Odzala, je l'ai vu et je l'ai toujours appelé mon père et maintenant on veut dire que nous sommes différents des Mbétis, des Mbokos et on va agiter tout un quartier pour dire qu'Ewolo, c'est le héros. Et on vient dire l'autre jour, j'ai entendu un Avocat le dire : « on applaudit Ewolo ».

Je suis d'accord. Mais les assassins on les applaudit toujours vous n'avez jamais vu qu'on applaudit les malfaiteurs ? C’est normal la victime c'est Marien et Marien n'a pas de place parmi vous. Marien c’est fini, il est mort Marien ne compte plus, c’est l’avenir qui commence.

Donc Ewolo, camarade Président le problème d’Ewolo est un faux pro­ blème. J'ai mon âme et ma conscience tranquilles. Tranquilles ! C’est pour­ quoi, j’ai demandé la peine de mort contre Ewolo. Alors messieurs on va tuer seulement les petits alors? Komo a été tué, l’adjoint d’Ewolo pour­ quoi ? Parce qu'il a fait ouvrir la porte - parce que le commando est entré parce que Bazonza a parlé. Alors Komo, parce qu’il est petit, il n'est pas of­ ficier, il peut mourir alors qu'Ewolo peut rester. Quand j’ai entendu l'Avocat le dire mais j’ai été scandalisé, mais l’Avocat ne peut pas dire cela ! Est ce que c'est une justice de classe ? Alors vous avez donc à choisir, à réhabiliter immédiatement Komo. C'est qu'il va y avoir erreur judiciaire. Komo est mort Ewolo est vivant donc erreur judiciaire, révisons le procès de Komo, Komo a été tué à tort. Ewolo ne peut pas être tué, nous réhabili­ tons Komo parce que Komo lui n'a pas d'appui, il n’a pas d’amis, il n’a pas un quarter à agiter.

Messieurs, mais le cas Ewolo est le plus simple ! D'abord avant d'ar­ river au 18 Mars, j'ai entendu les plaidoiries dans lesquelles on a présenté le festival sportif comme un événement normal et on a oublié que ceux qui font les coups d'état très souvent lorsqu'ils sont Chefs d’Etat-Major, lors­ qu'ils sont Chefs de compagnie. Commandant ou autre, procèdent de la manière suivante : dans un premier temps les Chefs d’Etat-Major généraux de l'air, de mer, de terre procèdent à des mouvements de troupes, à des affectations. Le Général qui était favorable au mouvement et qui se trouve dans une autre ville on l’affecte à l'endroit où on va faire le coup d'Etat et celui qui est défavorable on l'affecte à l'endroit où il ne va pas gênerfac­ tion. On déplace les troupes d'un point à l'autre et très souvent la troupe ne sait même pas où on l’envoie, disons en «mission». On lui assigne une telle action, la troupe va dans telle route, elle est là, elle s'entraîné. Mais très souvent pour ceux qui organisent le complot c’est que cette troupe ser­ vira à quelque chose parce qu'à un moment donné elle pourra permettre de barrer la route à une action quelconque en faveur de ceux qui sont contre ceux qu ont fait le coup. D’autre généraux, d'autres colonels, d’autres commandants, des capitaines ou des lieutenants, des sergents ou des adjudants procèdent de la même manière dans les gardes. On déplace les gens, on les punit, on les malmène, pour qu'à un momet donné à ISS

318

leur place l'on trouve la personne qui leur est favorable. Bien ! on a dit ce matin que l’action d’Ewolo est une action normale, que c'était pour com­ mémorer l'accident d'hélicoptère. Mais on oublie les éléments techniques militaires alors. On oublie les complots historiques, on oublie l’histoire, on oublie le passé.

Moi camarade Président, messieurs chers compatriotes, je vous dis ceci : Ewolo a désorganisé la garde présidentielle volontairement. Il a fait en sorte que pendant la période critique, il y ait très peu d'éléments au sein de la présidence. Et lorsque j’ai entendu son Avocat dire « mais, tous ces éléments étaient en place » l'Avocat oublie que Ewolo va épuiser les éléments. Il va les emmener à l'entraînement sportif, ils seront fatigués et vous savez que tous n'habitent pas la résidence. Ils iront manger entre 14 heures et 15 heures et à cette heure là il n’y a plus personne; les soldats sont fatigués par le cross, par les compétitions, par le football militaire. Ewolo fera tout ça là et on trouvera que c'est tout à fait normal parce que c’est fait par Ewolo le héros. ' ' Mais on oublie aussi qu'il n’y aura personne ce jour-là que tous les autres seront en permission et que le seul Officier valide, présent, c'est Ewolo le chef de Corps. Messieurs, soyons sérieux. Sérieusement sérieux, ou bien c’est un procès où on dira : « ils n'ont pas jugé, ils ont eu peur ». Comment allez-vous traiter le cas d’Ewolo autrement ? Comment allez-vous jugez Ewolo autrement ? Alors dans ces conditions enlevez toute la thèse de Bazonza. Bqzonza est un menteur, et je l'ai entendu ce matin, Bazonza est un fou, Bazonza 'a rien dit. Ensuite, enlevez tout ce que Nkounkou vous a dit, celui qui était à l'Etat-Major et qu’on a voulu ridiculiser à tra­ vers la plaidoirie. Nkounkou vous a dit j’ai vu Ewolo arriver d’Air Afrique à pied, évoluant en sautillant, je l’ai vu sans arme et j’ai vu Ewolo appeler Bazonza « don­ ne moi ton arme ». J’étais présent. Alors lui aussi Nkounkou a menti. Jetezça à l’eau, et prenez la thèse qui lui est favorable; tout ce qui est favorable à Ewolo. Il a été démontré lors de la reconstitution que Komo et Ewolo debout devant le portail en train de se concerter, de bavarder et de dialoguer vont ramener les éléments qui étaient en progression, vous avez vu Ewolo sautiller, vous avez vu Ewolo se mettre derrière un mur — Et à côté de lui il va placer un soldat non pas dans la direction d’où viennent les coups de feu mais il va le placer dans la direction de l'Etat-Major comme si le danger venait de l’Etat-Major, alors que le danger venait de la résidence. Messieurs vous avez oublié ça? Messieurs les Avocats, vous avez oublié ça ? Vous avez tu ça ? Pour présenter le côté favorable d’Ewolo ? Alors, Komo est mort pour rien. Komo c'est un accident. Là effectivement il y aurait une justice sélective. Komo appartient à une tribu, il est mort. Ewolo est d'une autre tribu, il n'est pas mort. Et demain, moi je vous le dis honnêtement si vous ne prenez pas vos responsabilités, vous aller jeter de nouveau la confusion -— Pourquoi - Les gqns vont dire : oui Ewolo a été épargné parce qu'Ewolo cache des choses. Et je ne veux

200

319

pas que l’on calomnie le Général, que l'on calomnie le C.M.P. à travers votre décision — Parce que parler comme l’a fait l’Avocat « qu’Ewolo n’a rien fait » c’est accréditer la thèse de la conclusion. C’est dire qu’Ewolo cache la vérité ! Je souhaite qu’Ewolo vienne ici dire : oui ! j’ai dit la vérité. Et quelle vérité ? Son Avocat vous a dit qu’il n’a aucune vérité à dire. Sa vérité c'est d'avoir trahi le Chef de l'Etat, d’avoir trahi maman Mboualé, d’avoir trahi Céline, d'avoir trahi les enfants qu’il caressait, Dire qu’il donnait des baisers aux enfants, qu’il a mangé avec maman Mboualé à Owando, qu’il a bu le « tcham-tcham ». J'ai vu Ewolo un jour entrer jusque dans la douche alors que le Chef de l’Etat était sous la douche. Il m’entend et je l’entends. Ewolo mais ce n’est pas possible ! sans Ewolo, est-ce que le Président serait mort ? Messieurs, sans Bazonza, alors ceux qui ont facilité l’entrée des militaires au Palais, et l’A­ vocat vient vous dire « non celui là n'a rien fait » — Mais s'il y a une responsabilité directe, immédiate, mais c’est celle d’Ewo’o ? Alors vous avez à choisir Messieurs — Je vous laisse avec votre conscience — Le peuple vous regarde, le peuple vous juge à travers ce que vous allez faire Messieurs, je vous plains. J'arrive à Bazonza. Bazonza, ce P.D.L. Oui ce jeune, était à la porte, plusieurs fois puni. Mais sans Bazonza qui a ouvert le portail, est-ce qu’aujourd’hui, ces femmes congolaises porteraient le deuil ? Est-ce qu’au jourd'hui on verrait Céline avec les cheveux coupés ? Céline se promener nu-pieds ? Est-ce qu’aujourd’hui on allait assister à ce spectacle des enfants dispersés, les uns à Owando, les autres ailleurs ? Manque de chaleur, manque de parents, manque d’amour — Est-ce qu’aujourd’hui sans Bazonza, Messieurs, maman MBoualé serait couchée sur le sol ? Est-ce que sans Bazonza, maman MBouclé serait en deuil ? Ses sœurs à Poto-Poto, sans ressource, sans soutien ? Le seul soutien de la famille a été assassiné — le seul soutien de la famille a été privé de vie.

Alors qui l’a fait, qui a aidé ? Oui a facilité ? Et BAZONZA de venir dire : « Messieurs je n’ai pas pris l'argent. » Mais est-ce que BAZONZA a rendu l’argent ? Est-ce que BAZONZA a rendu l’argent du prix de Marien ? Où est la pièce à conviction que constitue l’argent de BA­ ZONZA ? Où est l’argent qu’il a rendu à KOMO ? Alors, donc BAZONZA a menti ? BAZONZA a menti quand il a dit que des militaires ont tenté de l’étrangler. Alors BAZONZA a menti ? Qu’on l’a amené sur la route du Nord dans une voiture militaire ? Et qu'on lui avait dit qu’on allait l'exécu­ ter et qu’en cours de route on lui dit : BAZONZA tu peux partir » — C'est vous dire qu’une partie des militaires de MASSAMBA-DEBAT n’est pas là. Mais on devait au moins savoir cela ! Une enquête devait être ouverte. MBORO, l’officier qui a fait cela est mort. MBORO a été condamné à juste titre par la Cour Martiale. Mais BAZONZA qui a ouvert la porte ! On vous dira : « mais non, c’est un pauvre type, c’est un petit ». Mais quel petit ? Mais la responsabilité pénale commence quand ? Mais la responsabilité... on est émancipé, on devient conscient à quel âge ? Mais camarade Président Ig, petit Congo lais sait chasser à sept ans. Et moi, j'allais à la pêche à sept ans. A 201

320

huit ans je traversais le fleuve à la nage ; j'ai accompagné mon père vendre du manioc à Mossaka. Mais j'ai tout fait ! J'avais quel âge ? C'était tout juste au moment où j’entrais à l’école ? Mais le petit paysan ? Il sait taire sa nourriture ; le petit paysan, il sait chasser ; le petit paysan, il n'g_pgs besoin d'une assistance.-Et BAZONZA a besoin de quoi ? Ce n'est pas une baillonnette automatique ? C’est un homme qui réfléchit. Et je lui avais posé la question suivante : Est-ce que si je vous demande de tuer votre enfant, de tuer un enfant est-ce que vous pouvez le faire ? Il a dit non. Il savait, camarade Président, qu'une voiture viendrait. Il savait que dons cette voiture il y aurait des militaires en tenue de combat. On ne va pas chercher des cailloux en tenue de combat ! Et de l'endroit où il se trouvait, il avait vu que la voiture, contrairement aux habitudes, est entrée directement jusqu’au perron. Pour BAZONZA comme pour EWOLO, messieurs, vous avez un débat avec votre conscience. J’ai au moins cette fois, la chance de ne pas être de l'autre côté pour juger. Et moi je vous dis en mon âme et conscience, que vous ne devez pas oublier que vous avez déjà donné la mort à KO MO pour le même fait ; BAZONZA est vivant. Epargnez BAZONZA, épargnez EWOLO, alors en ce moment-là votre conscience sera tranquille messieurs ! Il ne faut donc pas faire une justice de sélection. NGOUABI n'a pas de parents, pas d'amis. Et il vous a dit et je vous l'ai répété tout à l’heure : ils vont négocier mon sang à causa d'EWOLO... Ces groupes qui se forment à Ouenzé, qui les organise ? Qui les entre­ tient ? Souvenez-vous peuple Congolais que le cycle du complot a recom­ mencé depuis Avril. J'arrive au cas d'OKAMBA, Messieurs, Maître CARLE a plaidé et je reconnais là effectivement qu’il faut être sportif. Quand quelque chose est juste, je le reconnais. J’ai relu, j’ai revu le passé — effectivement il y a autorité de la chose jugée en ce qui concerne OKAMBA — Si bien qu’après avoir requis la peine de mort contre OKAMBA je m'incline devant la plai­ doirie très sage et juste de Maître CARLE. Il y a autorité de la chose jugée. C'est pourquoi je vous demande de maintenir OKAMBA dans la peine qui était la sienne, c'est à-dire les travaux forcés à perpétuité. Mais cependant vous n'oubliez pas qu'OKAMBA a de la chance. Mais vraiment de la chance ! Mais, c'est un fait du hasard. On ne comprend pas comment OKAMBA est vivant ? OKAMBA , c'est le complice. Mais la loi c'est la loi. Je ne peux rien. Je ne peux pas créer la loi. Elle est favorable et je m’incline. Camarade Président, j'arrive au cas de MOUNTSAKA. Oh camarade Président ! Le droit est bon. Le droit est bon mais dangereux. Si bien qu'il faut que vous compreniez : Il y a des gens qui sont venus avec des textes pour les lire à moitié. Pour ma part, je vais vous lire les textes complets. On a cité des auteurs. J'ai ici Louis Lambert, professeur à l'Ecole nationale supérieure de Police. C’est le traité de droit pénal spécial qui parle des attentats, des complots et autres infractions contre l’autorité

202

321

de l'Etat et l'intégrité du territoire national. Lorsque j'ai entendu les gens taire allusion au code de 1810, je les plains parce que le juge doit appli­ quer la loi dans le temps et dans l'espace. Si bien que si l’on regarde de très près les articles du code on s'aperçoit que certains articles s'appli­ quent à la monarchie ou à l’empire. Et depuis 1939 ces dispositions ont été remplacées parce que nous sommes entrés dans une République et là, il y a lieu de tenir compte de l’évolution Voici ce que dit la loi : Selon les principes républicains en effet, le meurtre du Président de la République ou les coups et blessures commis sur sa personne, ou les membres de sa famille relèvent désormais du droit commun. Et ces crimes ou délits ne sont juridiquement ni plus graves ni moins graves que perpétrés envers des quelconques magistrats ou particuliers, peu importe légalement le mobile politique qui a pu les inspirer. Ainsi fut condamné à mort par la Cour d’Assises de Rome en 1894 et ensuite guillotiné, CASERIO, l’assassin du Président. CARNOT a été également condamné à mort par la Cour d’Assises de la Seine en 1932 et guillotiné lui-aussi pour avoir assassiné le Président DOUMER. C’est pourquoi les articles 86 et suivants du code résultant de l’ordonnance du 4 juin, s'ils repriment bien l'attentat dont le but aura été de détruire ou de Changer le régime constitutionnel n’incriminent pas spécialement l’attentat commis contre la personne du Chef de l’Etat ; l’atteinte à l’inté­ grité corporelle du Président de la République relève donc normalement, même inspiré par un mobile politique, de la Cour d’Assises ou du Tribunal correctionnel. De cela, il résulte que lorsque l’assassinat du Président de la République n'est pas seulement commis ou tenté sous un mobile quel­ conque telle que la haine, la vengeance, le désir de se poser en justicier, mais commis en vue de réaliser un coup d’Etat constituant ainsi l’entre­ prise visée par l’article 698 du code de procédure pénale ou en d’autres termes l’attentat contre le régime visé à l’article 86 du code pénal et puni de mort par l’article 91 du fait qu’il a été commis avec usage d'arme ; ce crime mixte relève désormais de la Cour de la Surêté d'Etat, c'est-àdire de votre Cour. Il dispose que si une juridiction ordinaire d’instruc­ tion ou de jugement ait saisi cet homicide volontaire le Ministère pub'ic près la Cour de Sûreté de l'Etat par décision qu’il aura prise sur l'ordre éèrit du Ministre de la Justice qui saisira de droit cette juridiction : quelle peine en pareil cas pour un tel double crime capital devra être prononcée par la Cour de Sûreté de l'Etat.

En principe la peine de droit commun doit être considérée comme plus forte au sein de l’article 5 du code pénal que la peine politique de même niveau dans une même étude sur la Cour de la Sûreté d'Etat, donc c’est la peine de mort. Retenons donc que si les incriminations répu­ blicaines, des actes commis contre l’Etat s'abstiennent de viser l’attentat commis sur la personne de son Chef, cet attentat peut dans certains cas réaliser tout ou partie de l'attentat commis contre l’Etat lui-même et à ce titre tombé sous le coup des textes que nous allons examiner. L'atten­ tat : l'article 86 punit l’attentat dont le but aura été soit de détruire ou de changér le régime constitutionnel, soit d'inciter les citoyens ou habitants

203

322

à s armer contre l’autorité de l'Etat ou s’armer les uns contre les autres ; soit de porter atteinte à l’intégrité du territoire national. Dans son second alinéa, I article précise que l’exécution ou l'attentisme constitue seulement l’attentat et plus loin j'ai retrouvé que le complot est qualifié complot, I entreprise plus ou moins clandestine, souterraine, ténébreuse, ayant pour objectif la réalisation de l'attentat dont il vient d’être fait mention, c’est-à-dire de l'attentat qui aura pour but selon l'article 86, soit de ren­ verser un régime constitutionnel, soit de faire éclater la guerre civile, soit de porter atteinte à l'intégrité du territoire, peu importe la forme que dans la pensée ou les projets des comploteurs devra prendre l'attentat ainsi préparé dans le secret. Et Messieurs les Avocats demandaient : « Commissaire du Gouver­ nement, où sont les preuves ? Où sont les preuves ? » Ils oublient que nous sommes dans un domaine où la preuve c'est la conviction du tribunal de votre Cour. Je repète : peu importe la forme que dans la pensée ou les projets des comploteurs devra prendre l'attentat ainsi préparé dans le secret. Marches sur les Ministères à l'effet de s’en emparer. Assassinats ou arrestations de telles ou telles personnalités politiques, il suffit que le but soit bien l'un de ce que vise l'article 86 Le complot n'est pas le fait d'individus simplement hostiles au régime. Il consiste dans une véritable résolution et cette résolution elle-même qui doit être collective a dû être entre les participants, prendre la forme d'une décision commune plus ou moins irrévocable de faire ce qu'il y a lieu de faire. On ne sait peut-être encore quoi exactement. Lorsque j’ai entendu ces avocats vous dire ; « Mais ils ne savaient pas ce qu’ils devaient faire ? » Mais ils savaient le but à atteindre, le renversement des institutions. Et le but c'est le Chef qui est mort, l’attentat et le tout est puni de la peine de mort, Messieurs. Il n’y a aucune distinction. On ne sait peut-être encore quoi faire exactement pour détruire ou changer autrement que par des voies licites, le régime constitutionnel. Le complot véritable, le crime de complot offre deux degrés de gravité. On peut également dire si l’on veut que la loi a prévu un complot simple et un complot qualifié. En son premier degré le complot est bien formé, pleinement consommé, mois n'existe encore qu’à l'état de résolution d’agir concertée et arrêtée entre deux ou plusieurs personnes : les comploteurs, conspirateurs ou conjurés n'ont encore rien accompli de physique, de matériel pour préparer leur attentat décidé contre le régime, la paix civile ou l'intégrité territoriale. Découvert et arrêté à ce stade de leur entreprise, alors que le complot n'a pas été suivi d’un acte commis ou commencé pour préparer l'exécu­ tion de l'attentat, il encourt ainsi que la détention criminelle à temps de 5 à 10 ans et chez nous ce sont les travaux forcés à temps, c'est-à-dire jusqu'à 30 ans. C'est le complot simple. En second lieu, autre degré de gravité pénale, le complot est devenu plus dangereux pour la sûreté intérieure. A la résolution d’agir ont mainte­ nant succédé un ou plusieurs actes commis ou commencés pour préparer l'exécution de l’attentat de l’article 86, c'est-à-dire qui aboutit à la mort du

204

323

Chef de l’Etat. Aussi la peine encourue à présent par ces membres est-elle celle plus grave de 10 à 20 ans de détention criminelle. C'est là le complot qualifié et s'il est suivi de la mort du Chef de l'Etat, c’est la peine de mort. Voilà messieurs ! Je vous épargne le reste. On venait de lire des parties de texte. Je peux mettre ca à la disposition de la Cour. Je n'invente pas, je ne lis pas des bribes de phrases messieurs. Tout ceci pour vous dire, que lorsque j'ai entendu plaider le cas de MOUNTSAKA, comme... je suis l'inventeur, comme je suis le créateur de ce procès. Je reconnais que c'est mon procès parce que je suis congolais, c’est le procès de notre chef, ça regarde tout le monde, mais identifié com­ me si c'était le Commissaire du Gouvernement qui a fait ce procès, c'est vraiment ne pas être honnête. Je fais mon devoir. Je fais mon travail, avec conscience, parfaitement et jusqu'au bout,__ coûte que coûte. Mais mes­ sieurs il y a des gens ici que je connais très bien, des gens à qui j'ai donné des conseils. Je prends le cas de MOUNGOUNGA NGUILA NKOMBO quand je viendrai à lui mais c'est un ami; on a mangé ensemble, on a bu ensemble, on a dansé ensemble, mais il est incorrigible. Il sait ce que je lui ai dit. J'en connais d’autres: ONANGA, c’est la même chose. Si bien que moi je ne comprends pas (et je ne suis contre personne) que l'on vien­ ne plaider ici en insinuant que le cas de MOUNTSAKA c'est un sélectif, un cas tribal. Mais en définitive alors, MASSAMBA DEBAT est fou. Alors qu’il y a des militaires au pouvoir, alors que le Chef de l'Etat lui a dit : « Je vais mourir l'arme à la main, je suis militaire. » Il se lance dans cette aventure sans appui de KIKADIDI, sans appui de MOUNTSAKA ? Et on vient ici tout déformer messieurs. Dans l’agenda de MASSAMBA-DEBAT à la page 33 MASSAMBA-DEBAT parle du ménage de MOUNTSAKA. Dans le même agenda, voici la prière que fait MASSAMBA-DEBAT : « Alors Seigneur que diras-tu à MOUNTSAKA David, à KIKADIDI Barthélémy, à TOTO, à SOUNG, à GANGA ZANZOU et au groupe des jeunes, maintenant que tu es prêt à faire triompher ton nom » je répète peut-être que vous n'avez pas compris. Alors Seigneur que diras-tu... ton nom et vous connaissez le sens. Dans tout cet agenda, ce sont des termes codés.

Il y a eu contacts entre MOUNTSAKA et MASSAMBA DEBAT. Si j'a­ vais eu à faire cette enquête dès le début, j'ai entendu un avocat dire « Oh, mais la safle serait petite. » effectivement elle serait petite, elle serait pe­ tite parce que je crois que nous n'avons ici qu’une partie des comploteurs de MASSAMBA-DEBAT, des groupes de « prieurs » et de militaires épurés ou autres de l'ancienne police qui en veulent à mort à Ma rien NGOUABI et même au Général. Alors dans l'agenda page 91 quand je vous ai rapporté le baptême de MOUNTSAKA, on a dit mais la Constitution reconnaît la liberté de religion, la liberté de culte, la liberté de pensée. Et à la page 91, MASSAMBA-DEBAT réglemente le baptême de MOUNTSAKA, mais alors c'est un fait du hasard ? Souvenez-vous de la définition que je viens de vous donner du complot. Et on viendra vous dire non, c’est l'œuvre de MASSAMBA-DEBAT, c'est l'écriture de MASSAMBA-DEBAT, mais alors qu'est-ce que je n'ai pas mon­ tré entre les écrits de MASSAMBA-DEBAT et ce qui s’est produit effective-

SVS

324

ment ? quand vous retrouvez NGOMA et lorsque vous retrouvez dans le li­ vre de MASSAMBA-DEBAT, non seulement le baptême mais également le mariage avec sa Secrétaire et elle l'a reconnu. « je ne voulais pas me ma­ rier à ce baron. Je n'aime pas ce baron. » Et cette fille vous a dit dans les proces-verbaux: « Je suis prête à me soumettre à une visite médicale. A 27 ans, je n'ai pas encore connu un homme parce que ['attends celui qui sera* mon mari. » C'est ce qui a fait mal à MOUNTSAKA et MOUNTSAKA voulait avoir cette femme de 27 ans qui n'a encore appartenu à personne. Vous le savez c'est écrit dans votre dossier, je n'invente rien.

Parlant des la ris avec MOUNTSAKA, voici ce qu'écrit MASSAMBA-DEBAT: Seigneur Jésus, tu vois combien les bacongos sont haïs de leurs frères les laris, des autres tribus du Congo au Zaïre et en Angola » Et vous retrouvez lorsque LISSOUBA ira voir MASSAMBA-DEBAT, il dira moi j’ai des comptes à demander aux laris. Je leur en veux. Ce sont eux qui m'ont fait partir du pouvoir. Or il oublie que c'est lui qui en 1963 est venu à la place de YOULOU et avant que YOULOU ne vienne au pouvoir, il avait fait brûler avec du goudron celui qui avait fait voter la loi à l'Assemblée sur les matsuanistes. Et MOUNTSAKA était là. Et lorsqu’il se trouve avec MOUNTSAKA et le groupe à la page 19 de l'agenda B voici ce que dit MASSAMBA-DEBAT : « Dans la nuit du 11 au 12 (il n’a pas mis le mois.) je fais un rêve où on me dit qu'à la fin de la petite saison sèche . « Muanga » je dois retourner au pouvoir. Alors effectivement le Président est mort, quand ? C’est pendant le « muanga «non ? Messieurs, donc dès le départ, MOUNTSAKA et KIKADIDI étaient liés à MASSAMBA-DEBAT. Lorsque j'ai noté le fait que c'est lui MOUNTSAKA’ qui avait fait chercher MASSAMBA-DEBAT dans la nuit du 15 Août 1963 pour lui confier le pouvoir après la Révolution, il a protesté énergiquement en me rétorquant que ce n'était pas le 15, mais le 16. Mais ce n’est pas vrai ! Car c’est dans la nuit du 15 au 16 vers 4 heures du matin que MAS­ SAMBA-DEBAT est arrivé au palais. Donc c’était le 16 au matin effective­ ment. Mais qui est allé le chercher? C’est KIKADIDI, avec l'accord de' MOUNTSAKA. Et il vous l’a dit « .. Je pouvais mettre la Révolution dans ma poche » Ouelle Révolution ?

Son orgueil, ses amitions n’ont jamais cessé, c'est pourquoi camàrade Président le cas de MOUNTSAKA, il faut l'analyser à travers les décla­ rations de BABINGUI Marie-Thérèse, à travers celles de KIONGAZI GANDOU Gérard, à travers celles de BAYA, FOUNDOU Paul, YELA Raymond,. ILOUROU Philippe, MOHOUSSA Potard, et ce matin comme j’ai entendu ’ se plaindre ce jeune des P T T. qui reçoit des menaces et les menaces émanent d'un collègue de travail de P T T. qui est prévu dans ('agenda de MASSAMBA DEBAT comme étant ministre et celui-là téléphone à ce jeune ; il dit : « Je vais t'en vouloir parce que tu es allé téléphoner, mais comme le système du téléphone se bloque, c’est le numéro de celui-là, il ne veut pas donner son nom. Les P T T. m’entendent. Ceux qui sont dans le bureau d'où est parti le coup de téléphone, sont prévus dans l’agenda de MASSAMBA DEBAT comme étant ministres.

206

325

MOUNTSAKA, Messieurs, mais MOUNTSAKA a été prévenu par EWOLO et OBA dès le 11 mars et on est venu vous dire que c’est tout à tait normal. C'est dans le cadre de ses fonctions, mais c’est faux. Mais MAZELA n'a jamais reçu la lettre de cadeau, lui qui était au B.C. Alors, on a éveillé l'attention de MOUNTSAKA et KIKADIDI tous liés, comme je vous ai dit qu'on déplace le tout, on désorganise, on fait des fêtes ,on fait des feux d’artifice, et le 18 Mars ce sont des hommes qui ont pensé d'abord au premier moment qu'il y avait des feux d'artifice. Donc MOUN1SAKA doit être au courant, il sait ce qui va se passer, sa responsabilité est totale. MOUNTSAKA mettra à la disposition d’OBA et des autres les moyens nécessaires, ils iront avertir KIKADIDI et les autres à Bacongo, à Makélékélé chez BABINGUI où II habitait. MOUNTSAKA, Camarade Président, mais l’avocat a présenté le cas de MOUNTSAKA comme étant normal, le coup de téléphone normal, mais son téléphone fonctionne, c’est établi. Mais il habite derrière le Poste de Sécurité Publique (P.S.P.) de Moungali, il se présente, il télé­ phone non pas à la permanence mais à un complice. Pour moi YELA est un complice, il restera pour moi un complice, toute la vie. Oui ? Ici Colonel MOUNTSAKA — On a tiré là-bas ? Oui, paf — il craque et il coupe, c'est suffisant, on n'a pas besoin d'un long langage, d'un long dialogue. Il sait ce qui se passe.

Alors on cherche les relations entre MOUNTSAKA et MASSAMBADEBAT, je les ai établies. On cherche les relations entre MOUNTSAKA et la garde présidentielle. Ce matin j'ai entendu, on a dit : « Le cas de MOUNTSAKA, c'est pas possible ! Ce n’est rien. » Mais alors, après que les gens se soient brouillés, ils ne se reconcilient pas ? Un moment donné le groupe des tueurs s'était disloqué ; ils ne se sont pas reconciliés le 24 décembre ? Mlle BABINGUI lisant sa déclaration, vous dit : « Mais je les voyais. KIKADIDI venait. Mais Camarade Président, c’est parce que moi je n'ai pas dirigé cette enquête, ou plutôt les camarades n'ont pas eu le temps... Et comme le disait l’avocat ce matin les témoins peutêtre ont eu pour mais qui ne sait pas que MOUNTSAKA était tout le temps avec KIKADIDI. Quel est le Congolais à Brazzaville qui n’a pas vu KlKADIDI à l’imprimerie. Et alors, on cherche, la liaison, mais elle est établie au Trésor avec KANZA, sous le couvert d’aller s’occuper des virements Quand on a vu le Chef de Service, on sort s’entretenir avec KANZA. Mais on vous l'a dit. Rappelez-vous la déposition du témoin qui entendait mal. Mais la liaison, lorsqu’elle est faite avec KANZA, lorsqu'elle est faite avec MASSAMBA-DEBAT, on g besoin d'aller chercher une autre liaison où ? MASSAMBA-DEBAT est fou alors ! Il va faire son coup d’Etat sans militaire ? Et on a voulu gêner le témoin NKOUNKOU en disant : « Oui, il s’est trompé de numéro de téléphone. C’était le 81-13-57, le 81-13 55, mais comment ? Mais il est là au moins une fois tous les six mois. Ce n’est pas le standardiste de la permanence, il était là parce que chaque unité envoie à tour de rôle quelqu'un pour assurer la permanence. NKOUN­ KOU passe seulement peut-être une ou deux fois par an. Et vous verrez 207

326

par la suite camarade Président, que MOUNTSAKA, après avoir pris connaissance que tout allait bien, après avoir cautionné l'action de MASSAMBA-DEBAT, ira s'habiller, et il n’arrivera au B.C. qu’à 17 h 00, MAZELA vous l’a dit. On dira aussi que MAZELA ment, mais qu'est-ce que MOUNTSAKA a fait dans l'intervalle ? A vous de conclure Camarade Président, de voir si c’est normal. C’est à vous et à votre intime conviction.

J'ai aussi d'autres relations à mettre en lumière : MOUNTSAKA et NDOUDI-GANGA. Mais ce sont des gens qui se connaissent.

NDOUDI-GANGA et MOUNTSAKA ont imprimé le Code du Travail clandestinement et ils l'ont mis en vente. Voici ce que dit un militant à ce sujet : « J'attire peut-être trop tardivement votre attention sur l’affaire du Code du Travail, tiré en cinq mille exemplaires (5.000) à l’imprimerie Nationale par NDOUDI-GANGA vendu par lui et le directeur de l'époque BITSINDOU Gérard au prix de 1:500 F (mille cinq cents francs) l’unité, soit 9.000.000 (neuf millions). Ce travail était fait avec la collaboration de MOUNTSAKA et au moment de la passation de service, il avait été présenté au Secrétaire Général à la Fonction Publique et au Travail, 87.500 francs déposés dans le coffre-fort et 150.000 francs déposés à l'inspection du Travail. Il restait en stock 1 373 ouvrages déposés dans les armoires du Secrétaire général à la Fonction Publique et 520 à l’imprimerie Nationale chez MOUNTSAKA. Il convient de vous rappeler que le tirage était fait selon les informations reçues, en deux phases : phase tirage officiel, trois mille codes, tirage demandé par NDOUDI GANGA, BITSIN­ DOU et les autres, vendus après dans des conditions ignorées par tous. Et vous avez au dossier un versement qui a été fait devant la commission d'instruction, je crois une somme de neuf cent mille francs. Ce qui établit la relation entre NDOUDI-GANGA et MOUNTSAKA et qui établit la relation entre la Secrétaire et NDOUDI pour le bureau d’Etudes, lisez la déposition de BABINGUI, elle vous dit : « C’est MOUNTSAKA qui m’apportera la décision à la maison. Il a dit qu’il s’en occupait, qu’il y avait quelqu’un à la Direction, à l'inspection qui le fera. Quelle est cette personne, c’est NDOUDI. Oh ! Camarade Président, je me fatigue pour rien. Parce que tout est prévu, et ici un avocat a dit j'ai entendu ça ce matin et j'en étais malade... Je me suis demandé quand j'ai entendu un avocat dire : « On a fabriqué des procès-verbaux (P.V.). » Comment ! Un avocat dire ça ??? On a fabriqué des P.V., mais c’est pourquoi ? Pour quel intérêt ? Mais pour protéger qui ? Pour gagner quoi ? Pour obtenir la condamnation de qui ? Ma conscience est tranquille. Si quelqu’un est condamné à tort, je suis un homme Mais de là à fabriquer le P.V., pourquoi ? Je vais aller prendre des pièces au cours de la perquisition, les inventer mais pourquoi ? Alors, je préfère carrément mourir camarade Président, je ne le ferai jamais, ça ne peut pas arriver. Ce procès-verbal est fait par Basile DAMBA, adjudant-chef, officier de police judiciaire, perquisition chez BABINGUI Et cette perquisition, d’après l’avocat, c’est une fabrication. Vous avez parlé de Mountsaka et cette fille qui ne voulait pas se marier avec le

208

327

baron, Je calomniateur, l’insolent, l'envieux, le coléreux, l'orgueilleux, et il y a là, Marien NGOUABI, Deuxième Congrès dé...

Le (i) c'est en sténo. Vous pouvez traduire ça ! Marien NGOUABI chez BABINGUI. « Très cher Monsieur David MOUNTSAKA, Brazzaville, 13-12. » Otez BABINGUI les lettres sont là, et on a dit qu'on a fabriqué ça. Mais Mite BABINGUI qui m'entend qu'elle revienne avec ses parents. Où est-ce qu’ànte ramassé ça ? Et ça c’est ce qu'on a trouvé. On a trouvé l’Eglise Evangélique du Congo, on a trouvé des cartes des relations entre les deux et on a trouvé des prières chez BABINGUI, on a trouvé des prières chez MOUNTSAKA et la Rose-Croix aussi. Mais c’est de l’mcpnséquenggJdéologique tout cela i-C’est pourquoi camarade Président, te cas de MOUN­ TSAKA, après avoir analysé le problème de téléphone, son comportement, après avoir démontré ses liaisons avec MASSAMBA-DEBAT, après avoir démontré ces quelques faits au niveau du P.S.P., après avoir démontré son problème de baptême, son-mariage, après avoir démontré le problème dy festival qui est connu par lui grâce à EWOLO et à OBA, après avoir démontré tout te système qui est mis en place, te problème d'argent au sujqt duquel on est venu dire ici que le chèque est sans provision, mais à l'époque, c'était des contributions pour le coup d'Etat. Après avoir démàntré les relations avec NDOUDI-GANGA, après avoir démontré le repas avec KIKADIDI et tous tes autres ! Ces P.V que l’on réunit, que l'on tape, et lorsque l'on vient vous dire : « Il n’y a pas de preuve. Qu’est-ce que le Commissaire a apporté. » Mais je vous ai lu la loi Messieurs, qu’est-ce qui manque ? Il y a complot, il y a attentat et qu’elle est’la peine ? C’est la peine de mort. C’est ce que je requiers qu’il vous plaise en votre âme et conscience, de prononcer contre MOUNTSAKA, à moins que vous fassiez la justice de classe et de cadre. Camarade Président, t'arrive maintenant au cas de TARA-GANDZO Oh ! Mon Dieu ! le Commissaire du Gouvernement invente tout, j'ai entendu tout à l’heure un avocat dire : « Mais je ne comprends pas le Commissaire du Gouvernement, pourquoi n’a-t-il pas fait interroger GANDZION ? » Mais je vous pi dit que je voudrais avoir ma conscience tranquille, mais ?! quelqu'un n'a rien fait, je ne vais pas l’acculer, je ne vais pas l’accuser pour rien. Il est.établi par la Commission d’Enquête que GANDZION a été absent de Brazzaville pour Pointe-Noire et Kinshasa. Moi je vous dis et. je ne cache pas Messieurs que je suis un ami de GANDZION car on insinue que tes gens cachent leurs relations, moi je suis un ami de GANDZION, mqi§ au moins scientifiquement NGANDZ1QN. n'était pas là. Mais il est établi qu’ONTSOU a été confronté avec TARA-GANDZO, il a déclaré : « TARA-GANDZO m'a dit : si vous dites mon nom (c'est ce que l’avocat n’a pas voulu dire à la Cour), personne ne croira parce que je suis sans argent, c’est bon de dire GANDZION comme ça on y croira, parce qum GANDZION a du pognon sur lui, parce que GANDZION a des relations » et GANDZION yous a expliqué que TARA-GANDZO et ABBAGANDZION ne i'aiment pas. Des querelles qui remontent à une époque avant la colonisation et pendant la colonisation, les NZikous et tes autres.

209

328

Alors, lorsqu'il est établi, d’une façon scientifique que quelqu'un n’a plus rien à voir, est-ce qu'on va hésiter à le mettre dehors ? Mais ést-ce que 1 avocat n a pas voulu dire ? Je sais où il voulait en venir, c’est qu'il vou­ lait plaider la thèse du doute devant deux accusés, Messieurs, lequel des deux je vais vous demander, lequel des deux vous allez juger ? Vous risquez de commettre une erreur judiciaire. Est-ce GANDZION ? Est-ce TARAGANDZO ? C'est pourquoi moi dès le départ, comme il n'y a pas d'erreur judiciaire, comme il ne doit pas y avoir d'erreur judiciaire, j'ai écarté immédiatement GANDZION parce qye c'est lui qui allait s'en saisir et vous le savez, camarade Président, jsi deux chasseurs tirent au même moment et qu ils blessent un autre chasseur, et que ce chasseur-meurt^— et qu’on ne retrouve pas les balles et les douilles qui ont blessé, qui ont provoqué la mort, devant cette situation, au bénéfice du doute, on va re­ laxer les deux, on va mettre hors de cause tous les deux pour éviter de commettre une erreur judiciaire. Et j’ai eu à l'expliquer et je l'ai dit à mes étudiants.

C’est le cas de cette élève à Djambala, qui, entre le 31 décembre et le 2 janvier, avait connu sept hommes. Elle était très jolie, le chef du P.S.P.. le directeur de C.E.G., les fonctionnaires, tout le monde a connu cette fille pendant sa période de fécondité et la fille était enceinte. Ses parents ont porté plainte pour mise en état de grossesse. On a commencé par arrêter le premier, on a arrêté le deuxième, on a arrêté le troisième et tous sont accusés jusqu’au septième et ici même, devant ce même Tribunal, j ai eu la comparution de ces sept accusés pour la même grossesse et lorsque j'ai demandé à la jeune fille mais lequel des sept est celui qui vous a mise en grossesse ? Elle a dit que c'est celui-là, je dis pourquoi ? Parce qu’avec celui-là c'est pas comme avec les autres. Je dis oh ! c'êst pas sérieux, comment ! C'est ça l'erreur judiciaire. J'ai évité l'erreur judiciaire et j'ai acquité les sept.

Ce qui n'est pas vrai dans le cas dé TARA-GANDZO. fl n'y a pas de doute TARA-GANDZO a vendu le sort de Marien pour 50.000 francs. Et on vient vous dire qu’il n'avait pas d'argent dans son compte en Banque. Et on vient vous dire qu'il est allé chercher un découvert, lui, il va deman­ der quinze mille francs, peut-il cautionner ? Peut-il trouver de l’argent ? Mais alors, mais l'argent de ses maîtres ? L'argent qui lui vient de l’exté­ rieur. Est-ce qu'on a besoin de se découvrir pour avoir un alibi ? tin pnimoard de cette taille va se mouiller, il va avouer qu’il a de l'argent ? Il préféra laisser son compte en rouge pour dire qu'il n'a rien. Est-ce qu'il meurt de faim ? J'ai entendu que lui aussi n’a pas de voiture. Mais est-ce qu’il se promenait à pieds ? Sa Fiat-600 dit-on est au garage, mais il n'a pas le droit de louer une autre voiture ? Il n’a pas le droit de se retrouver avec d'autres personnes qui possèdent d’autres Flots. Alors messieurs dans ces conditions ONTSOU est mort parce qu'ONTSGU a tiré. ONTSOU est mort parce que c'est la main armée. Mais celui qui donne les moyens, celui qui procure les moyens, celui qui donne l'argent est plus coupable que celui qui exécute, Monsieur le Président de la Cour Suprême, vous le savez. 210

329

Alors, on voit là aussi une distinction, ONTSOU c'était un pauvre type. Allez, hop ! Poteau d'exécution ; TARA-GANDZO, c'est un cadre, alors préservons la suite de la Révolution pour qu'il recommence les complots. Il va recommencer ça contre qui ? Contre le Général ? Donc on va le laisser là pour qu'il recommence contre le Général ? Oui, mais je le sais, on va le laisser là pour qu’il complote contre le C M.P et ses dirigeants, contre le P.C.T., laissons-le là. ONTSOU est mort mais TARAGANDZO qui a donné l’argent ? Ce matin j'ai entendu l’avocat lire la déclaration d'ONTSOU sur GANDZION. Mais l’avocat doit dire aussi qu’il y a eu une confrontation ; qu'ONTSOU a parlé. Mis en présence de GANDZION et de TARA-GANDZO, il a choisi TARA-GANDZO. Il a déclaré que c'est lui qui m’a dit « accuse-le parce qu’il a de l’argent ça se com­ prendra ». Mais est-ce que c’est pour cela que je vais demander la tête de GANDZION ? Moi je vous demande la tête de TARA-GANDZO, elle est juste, elle est justifiée parce que sans TARA-GANDZO, ONTSOU n'allait pas laisser pénétrer le commando au secrétariat. Sans TARA-GANDZO et « MOUCHACHO » on n’allait pas donner la mort au Président du P O T. « MOUCHACHO » a donné la mort au Président grâce à TARA-GANDZO, c’est pourquoi TARA-GANDZO mérite la peine de mort. Vous n’avez aucun choix. Messieurs je vous plains une fois de plus. Le peuple va vous juger Camarade Président. J'arrive au cas de MATINGOU. Oh ! C’est un cas très simple, mais en définitive, on veut jeter la confusion car j'ai entendu l’avocat plaider en s’en prenant aux autorités ; s’attaquer au Colonel SASSOU, s'attaquer au Général, s'attaquer à NGOLO, dans le cas de MATINGOU. Mais alors, qu'est-ce qu’il a y avoir avec le Général, avec le Colonel SASSOU et les autres ? Qu'est-ce qu'ils ont à voir avec MATINGOU ?

Quelles sont les raisons d'Etat ? Mais c’est jeter la confusion. C'est comme s’il y avait un pacte entre MATINGOU et les Membres du C M.P. Mais c’est quoi cette diffamation vis-à-vis des autorités ? mais vous devez le relever vivement ! Cet avocat, mais quand même, ce n'est pas sérieux ! Le procès est clair et les avocats, celui-là en particulier vient dire qu’il y a un problème de vie privée. Quelle vie privée ? Mais qui de nous n'a pas de vie privée ! Qu'est-ce que ça à avoir ici ? Avec la mort du Chef du P. C. T ? Cet avocat a prêté serment de respecter les autorités et les institutions. Là, il y a un manquement excessivement grave, parce que ça n’a rien à voir avec le dossier.

Le tract de MATINGOU; mais MATINGOU est allé à Boko, mais MA­ TINGOU est allé chez MASSAMBA-DEBAT. Mais imaginez-vous ce qui est fait dans les documents saisis chez lui. Je vous ai lu « Origine Bal » encore « Source soko 3 date du 27 Janvier 1976, destination somme Bal pour tra­ vail infatigable objet de la situation politique au sein de nos forces armées; et je repète le prendre de gré ou de force». C'est-à-dire les militaires se préparent à aller prendre l'ex-président MASSAMBA-DEBAT pour le re­ mettre au pouvoir de gré ou de force ’« Je repète le prendre de gré ou de force» c’est le style de MATINGOU (Mais peut-il nier MATINGOU ? Il peut tout nier, mais MATINGOU peut nier cet écrit qui établit sa liaison 211

330

avec MASSAMBA-DEBAT ? Sa connaissance qu'on allait tuer le Chef de l'Etbt? Sa connaissance du complot et de-l'attentat ? Sa complicité, il va amener ses dossiers à MASSAMBA-DEBAT et j’ai entendu son avocat dire « oh, oui mais c'était pour avoir de plus amples renseignements ». Mais est-ce que MASSAMBA-DEBAT c'était le Chef de l'Etat ? Mais Messieurs ce n'est pas sérieux ! Je vais vous relire la lettre de MATINGOU à MASSAMBA-DEBAT. « Comme convenu, je suis donc passé te remettre le fameux dossier, je passerai demain pour t'en parler en détail. D’une manière générale il com­ prend : les documents qui mont nommé ou servi à la condamnation, ils expliquent ou plutôt confirment la situation qui m’a été prêté. Les lois ou règlements qui ont motivé la condamnation dont j’ai été l'objet. Ni l'es­ prit ni la lettre ne sont conformes à cette condamnation, les documents d’analyse en permettant une analyse objective et motivant la raison de cette condamnation arbitraire, les documents montrant ma pratique de cadre venant confirmer la justesse d’une analyse et de cette pratique de cadre de la Révolution etc. etc. livre de NGOUABI non joint. J’ai fait un bon voyage et LOUFOUMA... » LOUFOUMA c’est un nom codé « m'a en­ core agréablement surpris. La mission a été une fructueuse opération, je t'en parlerai demain également, Bernard ». Mais messieurs ce n’est pas suffisant ça ? On a besoin des tracts de ONDZIEL, on a besoin des tracts des autres et lorsque l’on a voulu jeter la confusion, c’est que ces tracts, c’est MATNGOU qui les avait rédigés avec ONDZIEL ! C’est ce que je n'ai pas voulu dire la dernière fois. Ce sont les tracts d’ONDZIEL et MATIN­ GOU les avait rédigés avec ONDZIEL, ça rien à voir avec le Général YHOMBY, avec le Colonel SASSOU et le Colonel NGOLO ! Où est la rai­ son d’Etat ? Voici le document. Et on a voulu jeter la confusion. Raison d’E­ tat, quelle raison d’Etat ? C’est le tract d’ONDZIEL.

Voici le tract qu’ONDZIEL et son frère avaient jetés à travers Brazza­ ville, parlant d’EYABO, parlant du Colonel SASSOU, pariant des autres, mais il n’y a rien ! Là dedans, rien de compromettant. Il n'y a rien qui com­ promet les autorités dans la mort du Président ! Mais qu'est-ce qu'il y a à cacher. Je n’ai pas voulu dire la dernière fois parce que j’ai estimé qu'on a pas besoin de prononcer les noms de nos responsables qui au sortir de ce procès n’ont rien à se reprocher et j'avais dit que le C M.P.,c’est le «Moulangui ya pembe». Alors l’avocat et MATINGOU viennent jeter la con­ fusion et les gens vont dire, vous avez entendu on avait parlé du Général, on avait parlé du Colonel SASSOU, on avait parlé du Premier-Vice-Prési­ dent, du Deuxième ainsi de suite. Mais non, ce n’est pas sérieux camarade Président, tout le reste, les codes, les tracts, les photos, les plans sont là qui établissent d'une manière scientfique et il vous a dit que ce qu’il a mis là c'est le résultat d’un code au cours d'une conférence, mais il va tromper qui ? Mais moi-aussi j’ai fait de la criminologie, j’ai fait de la criminal'stique au même titre que lui. La police scientifique je l'ai faite, j’ai été à l'identité judiciaire à Paris, j’ai été à l'identité judiciaire à Lyon, si bien que Messieurs, je suis à l’aise.

212

331

Et comme je disais que je ne demande les têtes que pour ceux qui vraiment n’ont pas de circontances atténuantes, je trouve qu'en ce qui concerne MATINGOU la seule peine Messieurs, c'est les travaux forcés à perpétuité. C'est lui qui entretient le réseau avec MASSAMBA DEBAT. C'est lui qui espionne le Ministre des Affaires Etrangères. On est venu vous dire que c'est un fonctonnaire exemplaire, c'était lui qui a fait l’école Saint-Vincent. Mais j’ai fait aussi l’école Saint-Vincent ! Vous avez enten­ du mon nom dans un complot? Jamais. Ça n'arrivera jamais. Ni hier ni aujourd'hui, ni demain. Jamais, on me traite de réactionnaire, mais jamais ! Travaux forcés à perpétuité je le confirme.

Messieurs MAKOUMBOU et MIYEKAMANE, alors ceux-là qu’on vous a présentés comme des simples curieux. Ils disent « mais est ce qu’on n'a plus le droit de se renseigner, mais est-ce qu’on n’a plus le droit de Le promener ? Mais est-ce qu’on n’a plus le droit d'aller à l’Etat-Major ?» Alors qu’ils étaient à l’Etat-Major au moment où tout le monde était en fuite. Ils étaient là 14 heures 30, 14 h. 10, 14 h. 20, ils étaient là alors qu'aucun bureau n’est ouvert et on vous dit : « Mais ils étaient à l'opposé des fuyards, ils sont allés vers Bacongo, ils sont au rond-point, mais que savaient-ils ? Est-ce qu'ils devaient savoir quelle direction devaient prendre KANZA' et KIANGUILA ? Non ce n’est pas sérieux ça ? Ce n'est pas normal » je dis qu’ils sont allés là pour recueillir les fuyards, ensuite ils vont faire la même chose que MOUNTSAKA ! c’est-à-dire se renseigner, voir si tout est au point parce qu’il faut être prudent. De quel côté va souffler le vent ? S’il est favorable on passe à l'action, si c’est favorable MOUNTSAKA va passer au nettoyement. Donc pour MAKOUMBOU et MIYEKAMENE, je confirme ce que j'ai demandé, c’est clair comme de l’eau de source.

Monsieur KOUNOUNGOUS ! J'ai entendu le citoyen congolais non le citoyen français, ou encore le citoyen congolais-français. En 1954 lui, il était français mais il n’a pas lu la constitution de 1946 alors, if n’avait pas acquis la nationalité française en ce temps-là. C’était la chair à canon, il n'avait aucun statut de français, on ne lui a jamais appliqué le.droit.civil, le code civil ne s’applique à ce monsieur là qu’en 1954. Et en I960,.a-t-il fait prévaloir qu’il était français était-il coopérant, était-il assistant techni­ que ? Je vous dis Messieurs j’ai relu à votre attention la loi sur le com­ plot et l'attentat. KOUNOUNGOUS est venu à Brazzaville à la demande de KIKADIDI. Madame KIKADIDI admet « nous attendions KOUNOUNGOUS». Alors il va y avoir ce troubadour, il va y avoir un perturbateur. C'est-à-dire KOUTOUPOT, dont on va se servir, il va tomber dans le coup, il va tomber dans le complot. Mon cher ami KOUTOUPOT, oh ! il comprendra par la suite... Mais c’est établi. Il est venu à Brazzaville à la demande de KIKADIDl. KIKADIDI va se fâcher, il dit : « Tu vas le livrer aux tiens ». La mère est malade oh ( Camarade Président, mais cette mère est toujours malade, et lorsque j’ai entendu parler du certificat médical... C'est la mère de KOU­ NOUNGOUS, ça fait rire. Mais elle vient à peine d'entrer à l’hôpital, mais si elle a la lèpre, ça ne finira pas aujourd'hui! Mais la lèpre ne va pas faire déplacer KOUNOUNGOUS, il sait que sa mère a toujours la lèpre et que ce n’est pas urgent, sa vie n'est pas en danger, donc KOUNOU213

332

NGOUS Chef d Etat-Major de MATSIKA et on demandait que je donne des preuves, mais j’ai fait la liaison entre lui et KIKADIDI c'est suffisant. A vous Messieurs en vos âmes et consciences de juger. Je demande les travaux forcés à perpétuité. Et lorsqu'on veut dire « oh ! Mais c’est le té­ moin parfait, KOUTOUPOT, il était là avec lui». Mais KOUTOUPOT avait laissé à KOUNOUNGOUS sa voiture pour opérer, librement pendant qu’il est au travail. Où allait KOUNOUNGOUS ?.. Travaux forcés à perpétuité je n’ai pas à recommencer.

Messieurs j'arrive au cas de MOUNGOUNGA et d’ABBA-GANDZION

MOUNGOUNGA et ABBA-GANDZION, ce n’est pas possible que l'on puisse dire : « Ces gens ont agi dans le cadre de la liberté d’expression dans le cadre du Parti, dans le cadre des opinions » mais j’ai entendu éga­ lement l’avocat dire « mais moi j’ai le dossier de MOUNGOUNGA, l’ordon­ nance qui le renvoie devant la Cour Révolutionnaire, mais on le met hors de cause, on I a écarté » Mais on n'a pas bien lu le dossier, on connaît très bien ce qu’était Marien NGOUABI, mais Marien NGOUABI c’est l’homme du pardon ! Si MOUNGOUNGA est dehors, mais MOUNGOUNGA sait quels sont les rapports qui existent entre lui et moi. MOUNGOUNGA sait ce qu’il a fait le 18 et je n'ai pas voulu faire venir des témoins, mais, MOUNGOU­ NGA sait... on me traite de. tribaliste. Je connais ici des ministères où vous entrez, les gens ne parlent qu'une même et seule langue. Et MOUNGOUNGA le sait très bien que j'ai mangé avec lui, j’ai bu avec lui, quand j’ai dit à MOUNGOUNGA retourne là où tu es, ta présence ne s'explique pas à Brazzaville. Mais retourne, mais tu vas encore avoir des ennuis, MOUNGOUNGA est resté ici trois mois à attendre les événements. Et je n’ai pas voulu déposer contre MOUGOUNGA, voilà tout. Mais plaidant tout, disant tout, on veut dire que MOUNGOUNGA n'a rien fait ? Mais l’excitation ! mais la provocation f mais LISSOUBA ! mais cette lettre ! mais c’est quoi ! Elle intervient après 1971, elle est de 1973, et on vous demandait de quand date la lettre9 Mais le complot de MASSAMBA-DEBAT date de quand ? De 1969, ce complot est permanent. Messieurs, pour vous convaincre, je vais vous donner lecture de la déclaration de Pascal LISSOUBA Messieurs, on a parlé de tout. J'ai entendu un avocat dire : « Mais pourquoi Pascal LIS­ SOUBA n’est pas venu ici ? Pourquoi NZE n'est pas venu ici ? » Mais s’il ne s agissait que de moi, mais je poursuivrais NZE aussi ; vous pensez que NZE aurait épargné la vie de Marien NGOUABI ? « Mon nom est Pascal LISSOUBA. J'ai toujours retenu, qu’un débat à ce sujet était engagé au niveau d’une cellule, sur l’idée des enlève­ ments ou des assassinats, notre cellule de reflexion était composée des camarades suivants : NOUMAZALAYI, HOMBESSA, MAVOUNGOU-BOUNGOU, NDALA Claude, LOUNDA Jean-Baptiste, VANDEN REYSEN. Voilà le groupe qui avait décidé de la mort de MATSOKOTA, de POUABOU et de MASSOUEME ». C’est LISSOUBA qui parie, ce n'est pas moi, préco­ nisant les flagrants délits autrement dit la mobilisation pour surprendre les comploteurs éventuels et LISSOUBA avait dit quelques jours avant

214

333

*



les comploteurs éventuels et LISSOUBA en avait dit quelques jours avant : « Nous assisterons à une gymnastique ». Parlant du complot avec MBEMBA Sylvain, lorsque MBEMBA Sylvain viendra pour le solliciter, à travers le grand frère du défunt DOUNGANGOYE « la pression familiale malgré mon refus obstiné, m'oblige à recevoir MBEMBA Sylvain sous le prétexte que moi j’étais bien placé pour obtenir de DIAWARA l’information sur la présence ou non du Lieutenant à ses côtés ? Je pensais toujours camarades, m'étant proposé sur le discours... » et ainsi de suite. Le 24 mars je pensais honnêtement apporter ma mo­ deste contribution... et vous voyez bien ce qu’il fait. Voilà ce que MOUNGOUNGA dit dans son procès-verbal que Maître n’a pas voulu lire. « Le camarade LISSOUBA qui est mon ami, m'a informé qu’il venait de rencontrer fortuitement à une station d'essence un cama­ rade qui lui a demandé d'avoir une entrevue avec lui, ils se sont vus une soirée du mois de février à 19 h. au domicile de LISSOUBA. Je suppose que je devais me tenir au salon. Le camarade LISSOUBA l'a reçu à son bureau. Le jour de la rencontre, NZE, KONDO et LISSOUBA, ABBA-GANDZION est venu me parler de ce que NZE avait demandé à être reçu par LISSOU­ BA, il m’avait donc prié de l’accompagner au Zoo. C’est donc au Zoo à bord de sa voiture qu’il prendra NZE et KONDO et que nous nous rendrons au domicile de LISSOUBA. Arrivés au domicile de LISSOUBA, NZE, KONDO, ABBA-GANDZION et LISSOUBA entrent dans le bureau et moi je devais m'installer au salon. J’ai pris un livre et je lisais » pour faire le guet ! Maî­ tre vous avez lu ça ? Vous avez gardé ça pour induire la Cour en erreur et tout ça pourquoi ! C'est l’excitation, c’est la provocation, c’est l'aide à LISSOUBA et souvenez-vouS de la lettre de MASSAMBA-DEBAT qui disait « Tous les engagements, les contacts, j’ai pris...» qui vont le reconforter dans sa mission. C'est pourquoi camarade Président, sans hésitation le dossier de MOUNGOUNGA est clair, je requiers la peine que j’ai requise la dernière fois. C'est-à-dire celle des 20 ans de travaux forcés. C’est le même cas pour ABBA-GANDZION, ce sont les diviseurs du peuple, c’est le diviseur des Plateaux, c’est lui qui tient les réunions. Mais j'ai entendu tout à l’heure son Avocat déformer la vérité et dire : « Mon client ABBA-GANDZION, c’est un grand militant des premiers jours, vous devez vous en souvenir » comme s’il n'y a pas de grands militants ici hormis ABBA-GANDZON. ABBA-GANDZION est revenu quatre mois après son affectation à Kinkata. Du mois de septembre au mois de décem­ bre, il sera à Brazzaville pour attendre son congé, pour attendre les évé­ nements et ensuite, il va rester à Brazzaville ! Lui qui avait quitté Kinkala pour aller à son village pour s’occuper de ses enfants. Il ne partira pas, il restera à côté de ses enfants. Il reconnaissait le tract et il reconnaît tout, c’est le P.-V. du 25 mai 1977 qui n’a pas été contesté et j’ai entendu I Avocat dire parlant d’un document : « Oui effectivement il y a un document dont on ne parle pas ici » J’ai le droit de dire tout ouvertement; de ne rien cacher. Il n’y a pas 215

334

de sous-entendu dans ce procès. Le document en question, c’est la lettre LOPES, c'est la lettre de THYSTERE TCHICAYA, c'est la lettre de LlbbuUBA rédigés ensemble à l'époque, que je n’avais pas demandé de lire I autre jour parce je ne voulais pas en faire .état. Il s'agit de cette lettre, elle na rien à voir avec la mort du Président présentement. G est la lettre que ces personnalités avaient.écrite à l'époque, pour .dire qu eux aussi avaient trouvé une nouvelle voie pour la conduite des-affaires du pays.

Alors ABBA-GANDZION organise les Nzikous,’les Bobomas, tes.Bakoukouyas, les Ngounis, il prend les contacts avec A, avec B, avec C, il va chez TARA GANDZO, il va chez les Nzikous, chez, tes Mbés^ chez les Nguengues, il va chez ANZI, chez MPE. chez 1PÎNASSA, citez NKO1JNKOU... et il y a les tests de plusieurs personnes. Et comme je l'avais dit Lautre jour, la personnalité pénale est une responsabilité consciente. Il faut un élément moral, une connaissance de mal agir, de mieux commettre les infractions. ABBA-GANDZION a agi en connaissance de cause c'est le disciple de la « tribu-classe », c'est le disciple du « collectif démo­ cratique », c'est le disciple du « collectif des travailleurs » de LISSOUBA, C est eux qui ont agité les étudiants ainsi que le milieu des travailleurs Ce qui a abouti à la situation du 18 mars 1977. Je confirme ce que l'ai demandé. Camarade Président, penchons-nous sur le cas de KiNANGA. On l’a présenté comme celui qui a seulement donné-du poisson àMASSAMBADEBAT, non ! Il a été avec MIZELE, ensuite il est allé à 14 h. 30 mn a son lieu de travail, avant l’heure normale d'ouveruture des bureaux On le trouve chez MASSAMBA-DEBAT le 19 alors qu'il habite dans la rue Zandé. Et ce matin on dit « mais il y est allé après avoir vu que tout est en ordre ». Je confirme donc ce que je vous ai demandé : la même peine.

KITADI André, Camarade Président. Pour KITADI, il n'y a pas de KITADI est celui-là qui a eu de'fortes responsabilités-sous MASSAMBA-DEBAT. Commissaire Central de Police, il est allé à Boko, il est allé chez MASSAMBA-DEBAT à Makélékélé, Il est allé le voir, il s'est aligné pendant deux jours. On le connaît, on l’a vu avec KIKADIDI à son lieu de travail. Et on a voulu dénigrer, injurier les témoins qui l'ont vu avec KIKADIDI. Mais Messieurs, les lois sont établies, je confirme ce que je vous ai demandé : c’est-à-dire la même peine. J’arrive camarade Président, au cas d'OBA. S’agissant du cas O BA, comment peut-on soutenir que Madame OBA était une femme inconsciente au moment de son audition ? Comment on peut affirmer qu'OBA et EWOLO n’ont pas désorganisé le Palais ? Alors dans ces conditions dites que Marien s'est suicidé et cela, chez OBA. OBA a bien fait. On l’a présenté comme un homme normal qui n'a rien fait. J'ai reconnu qu’OBA a agi sur les ordres d’EWOLO Oscar, je lui *ai reconnu les circonstances atténuantes, mais vous ne pouvez pas dire qu’OBA n’a rien fait. Lors­ que Maître BRUDEY disait : « Est-il -possible de se rappeler de son em-

216

335

ploi du temps d'il y a dix mois ? Mais est-ce que le Commissaire du Gouvernement est capable de faire une telle chose ? ». Ah ! Le verbe est dangereux ! Le verbe est contraire à l’action. OBA a donné son emploi du temps qui était faux. Son emploi du temps n'a rien avoir avec ce qu'il a fait -— il a amené les éléments ou camp d’Ornano. 7 h. 00 rassemblement terminé pour tous les candidats au champ de tir, 8 h. 00 début du tir de précision P.A. 55, P.M., F.M. 8 h. 00 départ du champ de tir, marche de 25 km avec sac au dos. 15 h. 00 match de volley-ball. Vendredi, 8 h. 00 ballon militaire 2e compa­ gnie contre compagnie d'appui au stade d'Ornano. 9 h. 15 mn, 1ère com­ pagnie contre le commandement ; finale du volley-ball à 15 h. 00 et ainsi de suite... alors vous voyez que tout ceci a été communiqué à MOUNTSAKA David qui n'avait rien à voir avec tout cela et vous avez dans les dossiers, je vous l'ai montré dans les dossiers d’impression. Tout ceci a été communiqué à MOUNTSAKA. Dans quel dessein ! C’est pour tirer les diplômes ? et ces diplômes qu'est ce qu'ils ont à y voir ! Mats qui devait signer ces diplômes ? Vous voyez que dans ces diplômes, ce~ n'est pas le Chef d'Etat-Major Général qui doit les signer, il n’y a même pas le Ministre ce la Défense, il n'y a même pas le Chef de l’Etat et ce matin on vous a dit et hier on a osé verser après les débats, des photos pour dire : « mais voyez, il y a eu inauguration. Mais c’est normal ça «. Mais je vous ai dit que quand on désorganise les troupes, quand on déplace les éléments pour préparer un coup, est-ce qu’on a besoin de-dire çà à tout le monde ? OBA donc va désorganiser tout le sys­ tème de défense à la Présidence. Alors, écartez EWOLO Oscar, écartez OBA ! Dans ces conditions il n'y a rien, MASSAMBA-DEBAT est venu là avec son équipe, la garde présidentielle, la sécurité présidentielle ont fait leur travail correctement, acquittez-les, camarade Président, acquittezles, vous serez tranquille avec votre conscience. Acquittez-les, si vous le pouvez. Mais moi je vous dis que si vous les acquittez, le peuple va vous condamner tous, nous tous. Ils se diront : « mais ils ne sont pas hon­ nêtes ces gens-là ». Je confirme la peine que j'ai demandée

J'arrive à MADZELA. Oh ! Celui-là, nous avons fait le parcours du sol­ dat ensemble. Quand j'ai entendu son avocat dire que son parcours est nor­ mal, t’ai compris -qu'ils ont profité du fait que la dernière fois je n'ai pas développé le côté juridique de la chose. Ils pensaient que j'allais m’arrêter là. Mais MADZELA va contrairement à ses habitudes, lui qui n'arrive jamais au travail avant 9 h. 00, lui qui n'arrive jamais au travail avant 15 h. 00, il sera 1à ce jour là. Il sera là à 13 h. 00, il va s’étonner de trouver KIMBOURI le lieutenant, il va dire : « mais va-t-en » parce qu’il le trouve gênant. Ensuite, mais j'ai condamné moi la déposition du sous-lieutenant ABOYA parce qu'elle était passionr.'éerparce que je ne comprenais pas cette attitude, mais il y a eu même malgré cette passion, la vérité dans la déposition d’ABOYA. Parce que le document qu’ABOYA a versé est un document officiel, c'est un dôcument envoyé officiellement par la voie hiérarchique qui retrace les activités subversives d’ONANGA,

217

336

de BIKOUA, de MADZELA au camp. Ils ont été entendus au sein du Parti et ABOYA a eu raison. Le Président et la Commission Politique ont don­ né raison à ABOYA. Et maintenant, on vient dire que c'est ABOYA le passionné, ABOYA le kouyou, ABOYA le sauvage, mais c’est eux, c’est le droit d’ABOYA de défendre son Chef. Est-ce que c'est une honte de dé­ fendre son Chef ? Mais, je n'ai pas honte de vous dire, je défendrai coûte que coûte la mémoire de Marien et que je n'ai pas honte de dire que je défendrai coûte que coûte l’action du Général. Mais alors qui a contesté l'action d’ONANGA sur le plan du Parti ? Ce document officiel où les ONANGA et les BIKOUA annoncent qu’ils vont prendre les armes, le Président est au courant, on envoie des gens procéder à une enquête : c’est ABOYA qui a raison. Et maintenant on va dire : « oui, c’est dans le cadre de la libre expression. On a rien fait ». Relaxez-les, camarade Président, vous avez raison, ce sont les cadres, il faut les protéger pour qu’ils reviennent en action dans les complots, pour que la zizanie au sein du PCT recommence, on va les relaxer parce que ce sont des cadres, voilà c'est un cadre qu’il faut protéger, reloxez-le, il n’a rien fait. Mais moi, je vous dis en mon âme et conscience que les éléments sont acca­ blants. C’est parce que NZE n’est pas là, mais alors qu'est-ce qui dit que demain le C.M.P. ne va pas traduire NZE devant un tribunal ? Est-ce que demain si on découvre qu'il y a un autre complice dans la mort de Marien NGOUABI, il ne sera pas jugé ? Et si demain on découvre qu’il y a une aile militaire de MASSAMBA-DEBAT par exemple ce capitainelà qui a reçu le coup de téléphone, si demain il est établi que lui, ii est complice, mais nous serons encore là pour juger. Le procès de Marien ne s’arrête pas aujourd’hui et le Général vous l’a dit, il a laissé entendre que c’est le procès de la révolution et la révolution ne s'arrête pas au­ jourd’hui, donc MADZELA, je ne vous répète pas ce qu'il est allé faire, on a dit qu’il voulait rendre visite à qui ? Au Lieutenant-Colonel NGOLO. Mais non, mais soyons sérieux mes amis, soyons sérieux ! Ils voulaient donner la mort à ces grands cadres acquis au PCT et au Chef. Est-ce que c’est une honte de dire que le Lieutenant-Colonel NGOLO est acquis à Marien NGOUABI ? Est-ce que c'est une home pour le Capitaine OKONGO d’être fidèle à son Chef ? Est-ce que c’est une honte pour le Comman­ dant KOUMA d'être fidèle à Marien NGOUABI ? Qui ne connaît pas l’action de MADZELA au camp? Mais qui avait entendu les soldats dans J’affaire ONANGA, BIKOUA et ABOYA ? Qui allait avoir raison ? ONAN­ GA le sait, BIKOUA le sait, pourquoi il sont allés chercher les armés ? Je confirme la peine. J'arrive au cas de MALONGA-MOUNGABIO. Camarade Président, je suis très honnête. Je vous ai laissé entendre la dernière fois que Madame Cé'ine NGOUABI m'a dit que s'agissant de MALONGA-MOUNGABIO, au moment où ils se trouvaient à l'hôpital militaire, elle a vu MALONGAMOUNGABIO et par la suite MALONGA-MOUNGABIO qui était venu là pour les raisons qui lui sont propres, a disparu. C'est pourquoi j’estime que MAI ONGA-MOUNGABIO qui avait sa troupe là en intervention, n’a rien fait ! Pourquoi a-t-on condamné OVAGA ? Pourquoi a-t-on condamné 218

337

les jeunes ? Parce que ce sont les P.D.L. ? Et les officiers, on va les épargner ? Je redemande la confirmation de ce que j’ai développé en long et en large en ce qui concerne MALONGA-MOUNGABIO. NGOMA ! On a dit : « Le Commissaire du Gouvernement a inventé aue c’est l'homme de MOUNTSAKA ». On a présenté ses diplômes com­ me étant des diplômes normaux. Mais c’est faux, il n’a jamais fait des études supérieures ; nous avons tous les dossiers, je les ai mis à votre disposition. C’est l'œuvre de NDOUDI, c'est l'œuvre de MOUNTSAKA, Ce sont eux. C'est MOUNTSAKA qui ira le chercher en France et NDOUDI vous a répondu quand je lui ai posé la question technique : NDOUDI vous qui êtes Administrateur du Travail : rayé de la Fonction Publique et révoqué, pouvait-on de nouveau embaucher NGOMA ?» Il a répondu : « non ». Alors comment cela se fait-il qu’on l’ait réintégré ? Comment cela se fait-il qu’on s'est occupé de lui ? Et c'est NGOMA qui ira à 8acongo, qui fera la mise en scène, qui ira voir KIKADIDI et les autres alors Messieurs, libérez-le puisque le Président Marien NGOUABI s’est 3’ icidé tout seul.

Messieurs, j’arrive au cas de KALA. On l'a présenté comme ayant tdit son service normal. Je veux bien ! Mais le peuple aussi à son juge­ ment parce que ce procès a eu une chance : c'est d'avoir été radiodiffusé et télévisé. L'opinion nationale nous juge et l'opinion internationale aussi. Comment cet officier qui reçoit la lettre de demande de démission du Chef de l'Etat, lettre ouverte, pendant vingt quatre heures, il va la garder. Pendant vingt quatre heures, il va repartir chez MIZELE, pen­ dant vingt quatre heures, il va s'occuper de la lettre, il prétend qu'il ne l’a pas dit au Premier Ministre, c'est son affaire je le veux bien et pourtant, c’aurait été normal de dire « oui, le Premier Ministre a vu la lettre, c’était trop grave, c’est pourquoi nous avons jugé utile de l’amener au Protocole ». Mais non, KALA fait une mise en scène. Mais Messieurs, j’ai ma conscience, j'ai mon débat de conscience en tant qu’homme. je trouve que c'est anormal ce comportement, mais ça ne s'explique pas, ça ne peut expliquer que le comportement de complicité ; il a aidé, il a assisté, il ne peut en être autrement parce que s'il n’a pas aidé, s’il n'a pas assisté, comment ne l’a-t-il pas dit au Premier Ministre ? Alors que tous les jours, il va à la Commission Economique pour lui faire signer des papiers, alors que tous les jours, il est là à côté du Pre­ mier Ministre, il est à quelques centaines de mètres, il a un téléphone, il dit au Premier Ministre au téléphone qu’il a une lettre de MASSAMBADEBAT et il veut vous faire crojre qu'il n' a pas vu le contenu, qu’il n'a pas raconté le contenu de la lettre, ah ! Non, sincèrement c'est de l’exa­ gération ; c’est là le point culminant du mensonge. Personne ne peut croire à ça. Ensuite, après que le Président ait reçu MASSAMBA-DEBAT, KALA ira à son domicile voir MIZELE. Mais il n’ira pas demander à MAS­ SAMBA-DEBAT. Ils se connaissent. On a choisi ce trajet là parce que c'est le trajet le plus sûr pour obtenir la démission de Marien NGOUABI. Le Cabinet du Premier Ministre parce que KALA est là. C’est pourquoi, 219

338

camarade Président, là aussi, à vous de juger. Je confirme ce que j’ai dit. Il y o aide, il y a assistance, on ne peut pas qualifier ça autrement, à moins que maintenant'je devienne moi aussi fou.

NGALIBALI, camarade Président, on a dit qu'on a rien trouvé et j'ai entendu l’avocat dire « mais les parents de NGALIBALI ont écrit pour dire que .lors de la première perquisition on a rien trouvé. Pour la deuxième per­ quisition des policiers sont passés, mais où le Commissaire du Gouverne­ ment a-t-il.trouvé ce qu’il a lu ». J’autorise NGALIBALI à poursuivre, à déposer plainte contre ceux qui ont perquisitionné, ceux qui ont ramené ces écrits, mais ce n’est pas la faute au Commissaire du Gouvernement, mais il y avait des gens présents. Le P V. de perquisition est un P.V. au­ thentique jusqu'à inscription de faux, les gens ont perquisitionné devant les parents. Oh ! Camarade Président, « le cousin de qui ?» « le grand fis­ ton de Moungali » .« le papa professeur de Bacongo » « le tonton de l’agri­ culture » « le neveu du commerce » « le jjrand frère » « le cousin des relais aériens » « le petit oncle du quartier dp la librairie » « le petit Franclin de l’habitat » « le beau-frère de l'OCH » si je vois ici NGALIBALI avec OFLIKA, et on dit que la police fabrique les P.V. comme si le PCT avait besoin de cacher des choses de fabriquer c^ procès. Les faits sont éloquents, l'avo­ cat vient dire : « c’est l'affaire du Commissaire du Gouvernement ». Oh ! Que les gens sont aussi faux ope CHOUKROUNE. Quand je vous disais qu'ils sont tous les mêmes ! Je retrouve une lettre ici, \p lettre de Pascal LISSOUBA, de Henri LOPES,, Edouard-SATHOU et d» Jean-Pierre THYSTERE-TCHICAYA, cette lettre chez NGALIBALI quand Jè vous disais que c'est le type de LISSOUBA, l’aide de LISSOUBA pour agHer le milieu Téké, pour lui qu’on a présenté comme le bon Maire, le grqqrf Maire, le grand militant du CNR. Mais oui, c’est normal, mais ils ont tgjjs trahi. Quand NGALIBALI a gréé de toutes pièces le septième arrondisse­ ment, le Centre Ville. Et ^CALIBALI allait chercher les Tékés en voiture pour les amener gu Centfé Ville, Messieurs vous ne l’avez pas vu ? C’est pas de la subversion çq ? Alors, Messieurs vous ne l’avez pas vu, vous n'é­ tiez pas à Brazzaville ? Vous n’avez pas connu le septième arrondissement que voulait créer NGAJJBALI ? Et quand il va quitter le poste de Maire, il s’est .agité et il est passé, lui qui haïssait LISSOUBA, lui aui haïssait les au­ tres, il est devenu son condisciple avec ABBA GANDZiON, après le regrou­ pement des populations dans les plateaux Koukouya, et c’est NGALIBALI qui sera l’auteur dp document qui viendra des Plateaux avec certains camarades de Brazzaville à la Conférence du Parti, et on dit que c’est normal dans le cadre du Parti. Non c’est pas sérieux ! Je renouvelle ici fermement que pour NGALIBALI, les faits sont constants, je vous ai lu la loi, les liaisons sont établies. Comme c’est vous qui jugez, chacun de nous joue son râle, chacun de nous joue son jeu.

Camaraçle Président, pour.ONANGA, comme pour ABBA-GANDZION, je neivoudrais pas vraiment continuellement exposer ce qui a été déjà expo­ sé, mais c-est vous dire que ces lettres, ces correspondances suffisent à 220

339

elles-mêmes, ces correspondances parce que, on s'étonne, on dit ONANGA est en prison, NZE n’est pas là, les GAMBEG et les autres qui ont déposé, mais ils vous ont dit la vérité ! OBONE, Gabin - Yvon - Norbert ont déposé et maintenant ici, c’est le nouveau complot contre le PCT qui commence, au fond je vous dis, en mon âme et conscience que l’on prépare pour les besoins de la cause, la nouvelle désorganisation du Parti, c'est-à-dire qu’ONANGA et BIKOUA sont l’aile pure du Parti et maintenons-les pour de nouveau créer des difficultés à l’homme du moment, comme Marien Ngouabi a été l'homme du moment. Le Général est l'homme du moment, alors on va de nouveau assembler ces gens, alors que le complot est établi ! Et l’avocat vient vous dire le contraire L’homme du moment ? oui on va l’abattre. Non, je confirme ce que j'ai dit contre BIKOUA et contre ONAN­ GA. Camarade Président, j'arrive à BOUTETE Paul. Oh ! que de choses je n’ai pas entendues ? N'est-il pas possible de se réunir, de faire une surprise-party ? J’ai été jusqu’aux P.T.T. parce que j'aime l'actualité, la re­ cherche. BOUTETE volts avait dit, j'ai résilié pour compter du 30-1-1971. En réalité c'était avant cette date, après le réajustement du 31 Juillet 1968 le 5 Septembre, BOUTETE cesse de travailler. « Tant que Ngouabi est au pouvoir, je ne peux plus être moi, fonctionnaire » lui, qui était contractuel ! Les documents sont là. Monsieur BOUTETE qui n'a fourni aucun certificat médical à l'appui de sa demande, m’a fait savoir en présence du Chef de là deuxième division et, en présence du Chef de l'inspection Générale, cons­ cient qu'il avait quitté le service pour gérer des affaires familiales et que son état de santé ne s'était pas complètement amélioré, qu'il souffre enco­ re des fréquentes céphalées, le 6 mai 1969, et j'ai ici une lettre de BOUTE­ TE, le 3 mai 1969, « j’ai l’honneur de vous demander de bien vouloir me la décision du 20 octobre 1968 qui m'accorde un congé sans solde de trois mois parce que dès le mois d'octobre, dès le mois de septembre » lui-même BOUTETE ; alors Messieurs puisqu'on dit que le Commissaire du Gouver­ nement invente. Mais c’est ça l’écriture de BOUTETE, j’ai pris ça dans son dossier administratif, je n'invente rien sinon ma conscience ne serait pas tranquille. Et alors lorsqu'on vient, on va se rallier à KIKADIDI on dit voilà il y a les enfants, il y a les Abbés, oh ! Messieurs vraiment, je respecte énormément i'Abbé KOMBO, mais c'est mon ami, nous nous fréquentons, mais le fait que l'avocat est venu après que les débats soient clos pour déposer la lettre de I’Abbé KOMBO, mais c'est de l’escroquerie intellectuel­ le. Comment ! Oh ! un Abbé mais qu’est ce qui l'a interdit de venir ici pour dire cela à la Çpur; pour déposer régulièrement ? Comment ces cadets comme Clause BIVOUA à la tête’de Mweti et lui il va... Alors il faut main­ tenant changer. Claude BIVOUA, vous l'avez entendu l’autre jour, attaquer la justice, attaquer le Parti qui a fait tout, et c'est lui le Directeur de Mweti. C’est la mKme école que Guy MENGA et n'oubliez pas messieurs, je les connais tpys. Mais au cours de ces débats, il y a même eu un Prêtïe, Mon­ sieur le Président qui dit que le Président OKOKO condamne les religions. Non ! Noÿs avons fait ici une distinction entre la secte de MASSAMBA-DEBAT et les religions. Moi je condamne personnellement toutes ces petites

221

340

religions qui se créent, qui jaillissent comme des champignons pour créer l’agitation, qui ne sont que des foyers d'agitation, de subversion pour at­ teindre le PCT. ca, ce ne sont pas des religions, mais lorsque les frères Kimbanguistes au boulevard des Armées passent : pan-pan-pan-pan pan-... est-ce que vous n'êtes pas contents non ? Alors, le père va écrire pour dire « voilà, je ne comprends pas j'étais là » Mais pauvre père, mon père, mais je vous dis que vous ne pouvez pas savoir ! Mais quand les gens complo­ tent, ils se servent de vous, de votre présence comme alibi, mais mon cher ami, c'est pas possible que vous puissiez porter un tel témoignage. Alors KIKADIDI réunit son Etat-Major, ils vous prennent avec votre soutane pour dire, voilà il y avait un curé qui était là. Lui et moi on ne fera rien, on dira que c’est normal, comme ça les passants diront: mais tiens ! il y a un curé qui est là, ça se passe normalement chez KIKADIDI. Mais, mon père ce n'est pas normal, ou bien vous êtes de l'autre côté, alors dites-le ouverte ment. BOUTETE, ces procès-verbaux qui sont là, des réunions ou les gens vous disent, tout ce que je vous ai dit là ! BOUTETE qui va à Boko chez MASSAMBA-DEBAT, BOUTETE qui ramène les correspondances pour ceux qui sont à Brazzaville, ça ne vous suffit pas, alors lisez la loi. Je confirme ce que je vous ai demandé vraiment, je n’ai rien à vous dire, c’est à vous de juger, ce n'est pas mon affaire Messieurs. J'arrive au cas de KOUKA Paulin. On l’a présenté comme étant le chauffeur de MASSAMBA-DEBAT, et donc il n'a rien à voir. Mais je vous ai lu les procès-verbaux messieurs, KOUKA Paulin est arrivé dès les débuts, MASSAMBA-DEBAT qui demande que dois-je faire de KOUKA Paulin ? Et c’est KOUKA Paulin qui fera le relais entre Boko et Brazzaville. On dira que c'est son parent, c’est son beau-frère, les enfonts de KOUKA Paulin et ceux de MASSAMBA-DEBAT sont des frères, c’est la coutume, mais ce n'est pas possible, mais est-ce qu’il n’est pas citoyen Congolais ? Est ce qu'il ne sait pas qu'on est en train d’attenter à la révolution ? Il n'y a pas immu­ nité et alors on lit la loi à l'envers ? Mais la coutume est plus sévère, la coutume est plus rigoureuse que la loi française. KOUKA Paulin prieur, KOUKA Paulin qui prie avec KANZA, SISSOULOU et les autres, KOUKA Paulin qui fait les relais, KOUKA Paulin qui est partout, qui sait tout, qui connaît tous les militants et vous laissez KOUKA Paulin sortir ? C'est pour que KOUKA Paulin aille continuer l'action de MASSAMBA-DEBAT; lui, il connaît tout. Qui est-ce qu'il ne connaît pas ? Il sait tout, tout et tout On l'a vu avec KIANGUILA, KANZA et KOUBA chez MASSAMBA-DEBAT entrain de prier ,on l’a vu partir à l’APN. On l'a vu avec MIZELE. Il était présent après l'attaque chez MASSAMBA-DEBAT ! Il est là. Monsieur le Président, je vous demande ce.n’est pas un salarié, ce n’est pas un beaufrère. c'est un citoyen, alors consacrez ça. C’est-à-dire que maintenant les chauffeurs qui sauront que leur patron vont commettre des crimes contre la Révolution. Vous n'allez pas les condamner parce qu'ils ne sont pas sa­ lariés. Mais non. la complicité est établie. Messieurs je reconfirme mes déclarations sur MATSIMOUNA François. Je demande l’acquittement, je n'ai pas suffisamment de charges. Je vous

222

341

*

laisse le choix de juger Camarade Président. Ce n'est pas parce que j'ai demandé l'acquittement que vous allez acquitter. Les éléments que j’ai découverts par la suite en ce qui concerne MATOUBA MA NTOTO, dans le carnet, dans les déclarations des prieurs ou autres, m’ont obligé de relire attentivement mon dossier. Je vous ai deman­ dé I acquittement. Je reste égal à moi-même. Mais vous n’êtes pas libres vous devez juger. MASSAMBA-SAKOU. c’est la même chose camarade Président. J'ai de­ mandé, j ai abandonné les poursuites. L'examen du dossier par la suite fait ressortir que ce garçon et tous les autres, devaient aller en stage à l’étran­ ger pour être soit des Lieutenants, soit des Capitaines ! ça ressort clai­ rement dans les agendas de MASSAMBA-DEBAT, je les ai relus attentive­ ment. Donc Messieurs... mais je reste égal à moi-même comme je n’ai pas d autres preuves, je ne peux pas asseoir mon accusation uniquement sur Messieurs je n'ai pas de problèmes contre GANDZION, je l'ai démon­ tré ici... il a de la chance ce garçon, on a failli l'envoyer au poteau pour rien. Maintenant c'est dangereux d’avoir un peu d'argent. Si vous avez de l'argent, vous devenez dangereux ! Je vous demande d’acquitter GAND­ ZION. Je vous demande d’acquitter BOKAZOLO Albert, la coutume serait plus sévère contre BOKAZOLO Albert. Selon la coutume, c’est BOKAZOLO Qui répondrait des actes de son frère. Comme nous avons dit: la responsa­ bilité n’est pas collective. La responsabilité est individuelle. Les actes de KIKADIDI sont les actes de KIKADIDI. Mais cependant vous retiendrez une chose, c’est que BOKAZOLO a été honnête et courageux. Il a été voir son frère. Il lui a dit : « ne va pas, ne continue pas ». Mais son frère ne l’a pas écouté. Camarade Président. C’est donc en toute quiétude que je vous demande l’acquittement pur et simplentle BOKAZOLO parce que ce qu’il a fait est vraiment normal. 9 Camarade Président, je vous demande également et on me l'a repro­ ché, on a dit « mais pourquoi ils sont là tous ». Quand le procès a com­ mencé, mais est-ce qu'eux et moi nous connaissions le dossier ? Est-ce que moi je pouvais laisser d'autres personnes dehors et poursuivre d’au­ tres ? J’ai mis tout le monde dans le paquet. Voilà, et la Commission d'Enquête nous les a envoyés, je les ai tous inculpés. Et c'est devenu l’affaire du Commissaire du Gouvernement ! C'est pourquoi pour Madame KIKADIDl, elle au moins selon la coutume serait épargnée parce qu’on dira qu'elle est étrangère ! D'ailleurs, elle-avait déjà menacé son mari de partir, de re­ joindre ses parents à Boko parce qu’elle disait « six ans de tranquillité, vous recommencez ? Mais les enfants qui va les nourrir ? » Alors KIKADIDI ne l'a pas écouté ! Elle est protégée par la loi, je vous demande donc de l’ac­ quitter purement et simplement, de la renvoyer aux côtés de ses enfants.

Messieurs, MENGA Robert, MALONGA Joseph comme MAKOUANGOU, je vous ai dit Camarade Président, à vous d’apprécier ! Mais MAKOUANGOU sait très bien que c'est un frère et à chaque fois que nous 223

342

nous retrouvions, il est étonné de voir mon attitude parce que je fais mon devoir. C'est l'attitude que j'ai et que tous connaissent dans le cadre de ma profession. Je ne transige pas. Mais je ne trafique pas avec mon tra­ vail. C'est pourquoi je suis resté égal à moi-même vis-à-vis de MAKOUANGOU Et lorsque je me suis rendu compte que les faits sont faibles, qu’il a agi suivant les ordres qu’il a reçus du CMP, qu'il y a eu des gens qui ont peut-être mal interprêté ses instructions, s’il y a des déterreurs à Boko, les « MUNZULAS », MAKOUANGOU n'est pas « MUNZULA » ! alors c’est pour­ quoi moi j’estime que vous devrez acquitter MAKOUANGOU. Et j'espère que MAKOUANGOU comprendra que le rôle du Commissaire du Gou­ vernement est un rôle difficile. Je demande purement et simplement l'acquittement de MAKOUANGOU. Je demande également celui de MALONGA, et je demande l’acquitte­ ment de MENGA Robert. Et là son avocat, oh ! là celui-là, il est entré je ne sais pas où, il a oublié le dossier, l’avocat a oublié le dossier II est allé plaider comme s'il était au Sahara. Ha ! ah ! ah ! ça me fait rire, vraiment alors que le Commissaire du Gouvernement a demandé l’acquittement, vous avez vu l'avocat s'en prendre au Commissaire du Gouvernement, comme si j’avais commis un crime, mes amis. Mais non, messieurs ! vous avez prêté serment d'être auxiliaire de la justice, respectez les autorités ! Pour MALONGA et MENGA, je demande l’acquittement et je confirme ce que j'ai dit. Messieurs, j'ai réservé deux cas. Deux cas dont j'estime que la plume est acerbe, mais la parole est libre. J'estime moi en mon âme et conscien­ ce que le cas de MFOUNA Yves... j'ai relu effectivement le dossier de MFOUNA Yves, messieurs je vous demande d’acquitter MFOUNA Yves parce que MASSABA-DEBAT qui hait les loris a voulu prendre ce pauvre vieux qui était en retraite, qui n'a rien fait. Effectivement je me suis rendu compte qu’il a refusé d'accomplir la mission de MASSAMBA-DEBAT. Sou­ venez-vous de la déposition de NZIMGOULA Alphonse. J'ai, trouvé que NZINGOULA Alphonse a dit la vérité, et MFOUNA a dit la vérité. Il manque donc l’élément moral de l’infraction ,c’est-à-dire la connaissance. Je vous demande d’acquitter purement et simplement MFOUNA. Ce vieux n’a com­ mis aucune faute, il a pensé que la visite qu’on avait faite à la tombe de l’Abbé Fulbert YOULOU était tout à fait normale. Or, MASSAMBA-DEBAT avait derrière la tête une idée. Et vous connaissez la haine qu’a MASSAM­ BA-DEBAT vis-à-vis des Laris, tous, MFOUNA c'est une victime de MAS­ SAMBA-DEBAT, Marien NGOUABI est également une victime de MASSAM­ BA-DEBAT. Je vous prie donc d’acquitter purement et simplement MFOU­ NA Yves. Je vous avais demandé yne peine de 5 ans avec sursis mais, j'ai relu attentivement le dossier, sinon ma conscience ne sera pas tranquille. J’arrive au cas Bakoula Messieurs. Oui, j'ai également relu attentive­ ment le cas de Bakoula. Je me suis rendu compte que dans son passé comme dans ses relations, Bakoula n’a pas d’attitude criminelle, mais Bakoula savait ce que faisait Massamba-Débat, Bakoula était à Boko, mais il n’a pas eu le courage ! C’est un ami ! Il ne voulait pas le trahir. Mais compte tenu de ce qu’il savait que Massamba-Débat, était en 224

343

train de préparer son retour au pouvoir, c'est la raison pour laquelle je vous avais demandé 10 années avec sursis. Mais c’est juste, cama­ rade Président, parce que je tiens compte de son honneur, parce que je tiens compte de sa famille. Il a plus de 15 enfants, il n'est pas du type assassin, il n'a pas l'air de Samba Dia Koumbi. Il n'est pas Kanza, il n'est pas Mizélé, il n'est pas Konda ! Et vous aurez pu mon cher Maître... je demande à mon cher maître Bakoula parce que c’est aussi mon maître, tous ceux qui nous ont enseigné sont nos maîtres ! mais il aurait pu le dire aux autorités, les avertir à temps, dire « faites très attention, mais là-bas ça se prépare, moi je ne suis pas d’accord ». Mais on vient affirmer ici qu'il a été oublié par Massamba-Débat, c'est faux. Quand on est conseiller culturel, quand on est conseiller dans une Ambas­ sade, mais on est responsable ! C’est pourquoi Bakoula sachant que Massamba-Débat, préparait son coup, et ne l’ayant pas dénoncé, il a commis une faute. Il aurait pu le dire : Il n'a pas dénoncé vous devez en tenir compte, camarade Président dans votre appréciation des faits. Voilà messieurs il reste les absents. C’est Hombessa. Hombessa c'est la peine de mort. Je n'ai pas besoin de le décrire vous le connaissez suffisamment. BANTSIMBA, je vous demande de prononcer une peine de 20 ans de travaux forcés, c'est lui qui a amené les photos pour aller discréditer le PCT et les Chefs. 20 ans de travaux forcés. Messieurs, j’ai passé là en revue cas par cas la situation de tous les accusés. Ce sont les Avocats qui m'ont invité à sortir de mon état naturel, à revoir tous ces points pour que le procès de Marien ne soit pas entaché d'irrégularités, de mensonges et qu'on ne change pas les r- faits tels qu'ils se sont passés. Messieurs, vous allez bientôt vous rétirer pour délibérer. Mais, je vous dis qu’avant de vous rétirer, vous devez avoir présent à l'esprit que la haine de Massambg-Débat contre le Président Marien Ngouabi ne date pas d’aujourd’hui. I Vous devez vous souvenir qu'il n’y a aucune différence entre «le groupe des sept» ceux qui sont allés au Palais et ceux qui attendaient chez Massamba-Débat. Il n’y a aucune différence entre les actes posés le 17 février, c'est-à-dire la tentative... et j’ai entendu un Avo­ cat dire «ce n'est pas une tentative d’assassinat», mais si l’on analyse les évènements du 17 février 1977, si on s'aperçoit que sauf pour ceux qui sont de l'autre côté de la barre c'est-à-dire ceux qui pensent que Marien s’est suicidé, que tous les éléments constitutifs de l'infraction.SQni._ré.uni.s. il y a eu élément matériel, les gens sont allés sur les lieux avec le dessein de demander la démission du Chef de l'Etat et vous savez que le 18 Mars, dans ce même esprit, ils allaient aussi demander la démission ou enlever le Chef de l'Etat. Et vous savez ce qui est arrivé le 18 Mars. Et vous savez que dans la nuit du 17 février après 18 h 30, alors que l’équipe des DiablesNoirs allaient être reçue, les «Ba dia nséké». Ces jeunes se sont présentés, ils ont été arrêtés, renvoyés, donc circonstances indépendantes de leur volonté. Ils sont arrêtés et quel était leur but? C'était d'enlever le Chef de l’Etat, de lui demander sa démission; parce que vous savez que Ma-

225

344

rien Ngouabi n'était pas pratiquant, Marien Ngouabi ne priait pas, Marien Ngouabi est un communiste, Marien Ngouabi est le chef de la Révolution Congolaise, c’est le défenseur de la ligne juste du Parti, et on va aller au palais sous le prétexte d'aller prier. Donc, élément suffisant. Elément légal, la loi existe. Elément moral, c'est la connaissance qu’ils ont d'aller sur les lieux, de vouloir enlever le Chef. Et il y a des avocats qui vous ont dit « mais ce n'est pas grave »... Messieurs, je vous laisse devant votre conscience. A vous de juger. Ou vous vous ralliez à la thèse qui est la thèse claire et nette, c’est-à-dire qu’ils étaient allés pour donner la mort au Chef de l'Etat, et que vous révo­ lutionnaires, vous devez sanctionner, ou bien vous dites, mais II n'y a rien et vous les relaxez. Et le peuple qui est aussi juge, va vous juger.

Messieurs, au moment où vous allez vous retirez pour juger le procès de Marien Ngouabi, pour juger le procès de la Révolution, souvenez-vous de ce que je vous ai dit la dernière fois ? Ça forme un tout. Un tout indispensable. Messieurs souvenez-vous que nous sommes tous des juges ! Et quand je jarle de juges ici, je veux dire que chacun de nous a suivi le procès et a son jugement. Qu’il n’y aura pas de jugement sur d'autres faits que ce que le peuple a entendu. Messieurs, Marien Ngouabi, s’est-il suicidé ? Dans ces conditions, relaxez tout le monde ! Ne condamnez personne, acquittez Kanza, acquit­ tez Kianguila, comme ca, Céline Ngouabi et ses enfants vont continuer à pleurer ! Céline Ngouabi et ses enfants vont continuer à se résigner, comme ça Céline Ngouabi et ses enfants vont toujours s'interroger, s’in­ terroger et encore s’interroger ! Mois qu'est-ce qu’il fait ? Quels sont ceux qui lont tué ? Moi je sais ceux qui l’ont tué, ifs sont là, ils sont là, Mes­ sieurs ! jugez-les.

Messieurs avant d’aller dans cette salle de délibération, souvenezvous de Maman Mboualé, de cette pauvre femme. Il faut avoir le courage de Marna Mboualé pour survivre ! Monsieur le Président, le 19 Mars 1976, j’étais à Owando, et, lorsque les gens ici viennent pour calomnier le Gé­ néral, je dis que c’est très méchant, parce que quand le Président a disparu dans la forêt avec l’hélicoptère, c’est le Général Yhomby qui était à cette date-là à Owando, qui n'était plus en activité, mais qui a pris la direction des opérations malgré tout ce qu’on a dit sur son compte pour essayer d'isoler Marien Ngouabi. Oui il s’est occupé de cette affaire, pour recher­ cher le Chef. J’ai vu le Général pleurer dans la nuit, j’ai vu le Général rester debout ; faire de grands pas de long en large. Ewolo est là. Comment peut-on nuire à quelqu’un de cette manière ! Comment peut-on nuire à la même personne ! Comment est-ce qu'on peut nuire tout le temps à quelqu'un ! Messieurs, au moment où vous allez vous retirer, songer donc à Maman Mboualé, songez donc à sa pauvreté, songez que Marien est mort pauvre; que Moudileno, que tous ceux qui sont venus vous dire ici tribu classe, l'A.E.C., tous, l’impérialisme, les journaux. Jeune Afrique, Choukroune et autres, qu'ils sachent qu'il n’y a même pas un franc dans son compte. Que Marien n’avait pas d’économies, que Marien n’avait pas 226

345

un franc de côté, que Mounthault qui est allé à l’Assemblée Nationale pour parler de gabegie, que Mounthdült, oh ! Mounthault... récrivez votre livre. Vous êtes méchant !

Messieurs, avant de vous retirer, vous allez songer à tous ceux qui ont nui à Marien et à la Révolution, vous allez songer à tous ceux qui, dans les états-major continuent à préparer des coups durs contre le P. C. T. Vous allez songer aussi à faire la Révolution à travers votre jugement.

Messieurs avant de vous rétirer et au nom de la Direction Politique, je tiens à vous dire ceci, qu'il y a éu des thèses développées ici, et, la Direc­ tion Politique par ma voix tient à dire que tout au long de sa plaidoirie, Maître Matongo est revenu plus d’une fois sur la définition d’un certain nombre de concepts philosophiques, économiques, sociologiques et même politiques ! procédant par suggestion, Maître Matongo hélas a répondu à un certain nombre de ces propres questions. Je voudrais pour ma part, relever dans cette foule de conceptions erronées, des éléments qui malgré toutes ces figures oratoires inutiles pour_ la défense m’ont choqué. J’allais dire, ont semé la confusion dansTëê esprits. Alors févôns l’équivoque. A entendre Me MATONGO parler du tribalisme, on a la nette impression que le P.C.T. méconnaît l’existence de ce fléau et même l’existence des tribus. Non, le Parti Congolais du Travail n’est pas à ce point. Souffrez Maître que je vous renvoie à l’introduction du programme du Parti Con­ golais du Travail. La contradiction principale à cette étape reste sans conteste, celle qui oppose le peuple congolais tout entier au capital monopoleur étran ger, et principalement l’impérialisme français qui est l'impérialisme dominant dans notre pays. Les autres contradictions telles que la con­ tradiction entre l’unité nationale, le tribalisme et le régionalisme ; la contradiction entre les classes fondamentales les plus exploitées et la bourgeoisie nationale ; la contradiction entre tes intellectuels et les manuels, sont et restent des contradictions qui ne trouveront leurs solu­ tions définitives qu’aprés la résolution de la grande contradiction qui nous oppose à l’impérialisme international en général et à l’impérialisme français en particulier. En d’autres termes Maître, le tribalisme est une contradiction secon­ daire par rapport à l’impérialisme international qui est la contradiction principale — ennemi no 1 — du peuple congolais. Voir le contraire, Maître c’est affirmer oh ! quel sophisme ! qu’un arbre peut cacher la forêt. Dans sa stratégie le P.C.T. définit les voies et moyens permet­ tant d'extirper à la longue ce mal. Je dis bien à la longue car la lutte contre le tribalisme est une lutte de longue haleine. Elle, sera le fruit de nos victoires sur l'impérialisme et le néo-colonialisme, contre la misère, l’ignorance et la maladie. La misère, l’ignorance et la maladie n’ont ni tribu ni région. On les rencontre dans la Likouala comme on les rencontre dans le Kouilou. Elles existent chez les Sangha-Sanghas comme elles existent chez les Bayakas, c’est pourquoi toutes les tribus, toutes les 227

346

régions ont intérêt à faire la révolution d'abord contre l'impérialisme, qui est la cause de nos maux. De même que toutes les tribus, toutes les régions doivent lutter contre les valets locaux de l'impérialisme, ces réac­ tionnaires indécrotables. Il n'y a pas de tribus ni de régions essentielle­ ment réactionnaires, mais il ya des réactionnaires dans chaque tribu, dans chaque région. Une tribu n'est pas une classe. Mais dans une tribu il y a des classes antagonistes, c'est pourquoi je m'en vais avec foi, une foi révolutionnaire lancer encore ce pressant appel à notre peuple : Révolu­ tionnaires de toutes les tribus, de toutes les régions, unissons-nous contre les réactionnaires de toutes les tribus et de toutes les régions. Voilà qui peut nous couvrir dans une lutte énergique, sans merci, contre l'impérialis­ me et ses sous-produits. C'est à ce seul prix que la victoire est certaine. Venons-en à cette autre thèse défendue à corps et à cris par Me Matongo, remettant en cause le matérialisme dialectique. Oh j'ai compris à travers les balbutiements de notre Avocat que ce dernier avait lu trop rapi­ dement Marx et il l’a mal digéré. Je l'en excuse. Mais relevons très rapide­ ment que ce n’est pas en survolant l'univers politique que l'on peut déter­ miner la thèse marxiste. Gardons-nous d'une telle présomption. Tout phy­ sicien fut -il le plus célèbre n’est pas nécessairement matérialiste. Le phy­ sicien a une conception du monde ; elle est idéaliste ou matérialiste. Descartes, grand physicien français était bel et bien un idéaliste. Je puis vous prêter ses méditations métaphysiques, est-ce sur lui ou sur tous ceux qui pensent comme lui qu’il faut s'appuyer pour nier le matérialis­ me ? Je laisse ces débats à d’autres milieux en d'autres moments. La guerre entre l'idéalisme et le matérialisme doit être permanente, que le Parti en prenne acte.

Voilà chers camarades ce que je tenais à vous dire. Mais je ne veux pas vous quitter comme ça. Au moment où vous allez vous retirer Messieurs, que le corps de Marier, vous accompagne. Que les photos de ces militaires abattus par KANZA, KIANGUILA, KIKADIDI et tous les autres vous accompagnent. Au moment de délibérer Messieurs, regardez, jetez un coup d'œil, ne voyez pas vos intérêts personnels, ni les régions, ni les partis, ne voyez pas ceux qui vous ont mandatés, regardez la révo­ lution. Vous n’êtes pas au service d’une tribu. Vous n’êtes pas au ser­ vice d une région ou d une classe. Vous êtes au service de la nation. Je ne peux pas vous laisser partir Messieurs sans vous donner les photos de « Delta le Dieu » et je voudrais que vous entendiez le message que vous lançait le Colonel SASSOU-GUÉSSO. Je voudrais que vous enten­ diez le message qu’il vous a lancé le 2 avril 1977.

Ecoutez, réfléchissez, vengez votre Chef. N’ayez pas peur. Jugez sans haine et sans crainte. Jugez Messieurs ! Refléchissez un moment Avez-vous oublié que le Général YHOMBY-OPANGO vous a parlé ? Ou­ bliez-vous que le peuple vous entend ? Oubliez-vous que le monde vous regarde ? Est-ce que vous avez été choisis parce que vous appartenez à telle ou telle tribu ? Est-ce que vous avez été choisis parce que vous appartenez à telle ou telle classe ? Est-ce que vous avez été choisis parce 228

347

*

*

que la région vous a nommé ? Est-ce que vous avez été choisis parce que vous êtes... quoi ? Vous êtes congolais. Vous vengez votre Chef. Vous devez juger Messieurs les jurés. Je vous rappelle le serment que vous avez prêté le 3 janvier 1978 : c'est celui de rendre la justice, la vraie justice. Celle que le peuple congolais attend. Messieurs, songez à ces enfants, songez à Marien, songez à la révolution, songez à Céline et à ses enfants, songez à tous ceux qui ont porté le deuil, songez au P.C.T., songez au Comité Militaire du Parti, songez à tous, Messieurs. Je vous demande de juger, de juger pour que demain les combi­ naisons politiques, les Etats-Major ne reprennent pas contre la situation nouvelle qui s'est créée dans le pays pour que le pays vive en paix, dans la démocratie et le progrès. Je vous remercie.

229

348

Dernières déclarations des accusés

349

PRESIDENT : avez-vous quelque chose à ajouter pour votre défense ? N'DOUDI : Je n'ai rien à ajouter Monsieur le Président de la cour sinon qu’à regretter sincèrement ce qui s’est passé le 18 Mars.

KIKOUMBA Etienne : Non Monsieur le Président je n'ai rien à ajouter; je m’en remets à la cour. SAMBA DIA KOUMBI Dominique : Je n’ai rien à ajouter Monsieur le Président, sinon remercier sincèrement. J’ai refait l’examen de ma cons­ cience, je ne me reproche rien devant le jugement de l'histoire et celui de l'humanité. Je m'en tiens à la haute conscience de la cour et à son esprit d'équité. KANDZA Daniel : Non Monsieur le Président je n’ai rien à ajouter je me remets à la disposition de la cour.

KIANGUILA Daniel : Je dis seulement que je me donne entièrement à cour.

la

KOUBA Grégoire : Je n’ai rien à ajouter, je m'en remets à la sagesse de la cour. MIZEL.E Germain : Je n'ai rien à ajouter Monsieur le Président, je m’en remets à la sagesse de la cour.

KONDA Albert : Je n’ajoute rien Monsieur le Président, je m’en remets à votre conscience. Madame KIKADIDI, née FOUZI ; Je n’ai rien à ajouter, je remercie le Commissaire du Gouvernement, d'avoir abandonné ses accusations.

BOKAZOLO Albert : Je n'ai absolument rien à ajouter Monsieur le Pré­ sident, sur ma déposition. Sinon, je tiens seulement une fois de plus à re­ mercier la Cour Révolutionnaire d’Exception de m’avoir donné un Avocat en la personne de Maître DEVILLERS, qui a su défendre valablement mon cas. Je tiens aussi à remercier Monsieur le Commissaire du Gouvernement de s'être prononcé bien avant ma déposition sur la relève de mon inculpation en vue de mon innocence absolue sur le forfait du 18 Mars 1977.

MFOUNA Yves : Je n'ai rieh à ajouter Monsieur le Président, sinon, je remercie le Commissaire du Gouvernement, la Cour et la Défense. SISSOULOU Simon : Non je n’ai rien à ajouter. Je me remets à la dis­ position de la Cour.

DIAZENZA Pierre : Non, Monsieur le Président, je me remets à la dis­ position de la Cour. 233

350

MATINGOU Bernard : Je n'ai rien de spécial à ajouter à mes déclara­ tions. Je regrette la Mort du Président. Et je crois vous avoir écrit pour ex­ pliquer le sens de ce qui ne pouvait pas être déclaré. C'est tout ce que je déclare. KITADI André : Je n'ai rien à ajouter à ma déclaration, j’ai' confiance en la clairvoyance de la Cour.

MOUNTSAKA David ; Monsieur le Président, après la plaidoirie de ma défense, je voudrais tout simplement vous dire que je ne suis pour rien dans ce qui s'est passé, et je regretterai toujours la mort du Président Marier, NGOUABI. KOUNOUNGOUS Paul : Je n'a rien à déclarer Monsieur le Président, mais j'estime quand même pouvoir vous dire que je regrette la mort du Commandant Marier, Ngouabi qui fut mon ami quoi qu'on en dise. Mais, j'ai confiance en la justice de ce pays et en votre sagesse. MASSAMBA-SAKO Louis : Je regrette très sincèrement l’acte qui a été commis le 18 mars sur la personne du Camarade Marier, Ngouabi. Mais je remercie aussi le Commissaire du Gouvernement de m’avoir acquitté et je crois que la Cour prendra le même acte à mon endroit. MIYEKAMANOU Edouard : Je n'ai rien à ajouter, mais je regrette de constater que ma curiosité pouvait faire l'objet d’un délit. Je m’en remets à l'exigence du Tribunal. KOUKA Paulin : Camarade Président, c'est pour vous rappeler seule­ ment que la veuve Massamba-Débat est ma mère je vous remercie. Je me confie à la Cour. BOUTETE Paul : Monsieur le Président, Messieurs de la Cour, j'ai le grand respect de vous dire que la mort du camarade Président nous touche tous. Je n’ai pratiquement rien à ajouter à la Cour. KINANGA François: Je m’en remets à la sagesse de Monsieur le Pré­ sident et à la disposition de votre Cour. MAKOUMBOU Joseph : Non camarade Président. BAKOULA Daniel : Non Monsieur le Président. MATOUBA-MA-NTOTO : Je remercie Monsieur le Commissaire du Gou­ vernement, pour le sentiment de justesse dont il a fait preuve en retirant son accusation contre ma personne. Reconnaissant d'abord et confirmant ensuite et prouvant par cet acte une fois de plus la conscience et l'inexis­ tence des charges. Je prie Monsieur le Président de la Cour et ses émi­ nents collaborateurs, ceux qui ont entériné cette déclaration de croire aux sentiments de ma sincère gratitude. Et j'ai été très affligé en apprenant la mort du Camarade Président Marier, Ngouabi, et je le demeure encore, je suis trop ému pour continuer davantage.

GOMA Gabriel : camarade Président, je n’ai rien à ajouter à ma dé­ fense, sauf que je veux quand même dire que ce que j'ai fait ce jour-là, c’est le travail qui m’a été demandé tous les jours. Je m’en remets à votre sa­ gesse. 234

351

TARA-GANZO Faustin : Je suis innocent, je n'ai jamais, au grand ja­ mais financé ONTSOU. Les événements du 18 Mars ont été pour moi une grande surprise. ABBA-GANDZION Gustave : Pas grand chose Camarade Président, je pense que je suis un militant, je ne suis pas rancunier, je n’ai pas de problè­ me avec les gens de chez moi, je ne milite non plus pour la division de mon pays. C’est tout ce que j'aurais à dire, je remercie les autorités qui ont maintenu la tradition du procès public, parce que ça a permis à tout le mon­ de de m’entendre, de comprendre ce dont je suis coupable, ce qu’on me re­ proche. Je vous remercie.

MOUNGOUNGA NKOMBO NGUILA : Camarade Président, camarades de la Cour, je suis un militant qui a adhéré totalement à la Révolution, je suis seulement surpris aujourd’hui d’être l’otage des révolutionnaires. Parce que de tous les révolutionnaires qui dans le passé ont posé des actes au nom de la Révolution que l’on veut juger aujourd'hui, je suis le seul à cette barre. Vous me permettrez Camarade Président de dire tout simplement en ce qui me concerne ainsi que mes confrères, qu’il n’y a rien de plus désas­ treux pour les militants de la Révolution que le triomphe du liquidationisme sur le droit; que le réveil de vieux démons de la haine. Il n’y a rien de plus préjudiciable pour ce pays qu'une justice sans justice. Ce serait une agres­ sion volontaire contre la vérité. Camarade Président j'ai pleinement con­ fiance en cette Cour qui heureusement rendra la vraie justice, en hommage au grand disparu dont j'honore la mémoire. Merci. GANDZION Prosper : En effet Monsieur le Président, Messieurs de la Cour, c'est avec beaucoup d'émotion, de gratitude de soulagement que je veux bien espérer que la juridiction que vous présidez saura, prendre, eu égard aux dispositions de l'accusation et à la demande de ma défense, prendre une décision qui une fois pour toutes énonce clairement mon inno­ cence dans cet ignominieux complot qui a su salir mon honneur et celui de ma famille. ONANGA Jean Pierre : Rien Camarade Président, j'ai pleinement con­ fiance en votre Cour. BIKOUA Maurice : Rien Camarade Président, je m’en remets à votre sagesse. GALIBALI Lambert : Camarade Président je tiens d’abord à remercier tout particulièrement, les autorités de notre pays, qui nous ont permis de nous exprimer librement devant cette cour que vous présidez. Ensuite je dois remercier le Camarade Commissaire du Gouvernement qui tout à l’heu­ re a porté des précisions sur ce document qui aurait été trouvé chez moi en présentant et à la Cour et à ropinioh, les noms des auteurs du document de 1968, comme le précisait hier mon Avocat. Et je dois également ajouter Camarade Président, que les deux dernières notes qui ont été ajoutées par le Commisaire du Gouvernement en ce qui me concerne, vous avez tous les éléments dans le dossier, sont dénuées de tout fondement, notamment en ce qui concerne le document des plateaux qui a été fait pendant que je n’é­ tais plus mmbre du Parti et deuxièmement en ce qui concerne ce point il y a

235

352

des camarades parmi vous, qui connaissent parfaitement la situation et en­ fin en ce qui concerne cette dernière basculade vers Monsieur Pascal Lis­ souba, j ai suffisamment apporté des précisions là-dessus, aussi bien au cours de I enquête préliminaire qu’au cours de ces audiences. Et en termi­ nant camarade Président, je remercie respectueusement votre Cour et je m'en remets pour le respect à votre disposition.

,

MAZELA Louis : Camarade Président, je ne connais absolument rien de tout ce qui m'est reproché et je dois vous dire aussi que je souffre enco­ re de cette disparition brutale du Commandant Marier, NGOUABI, mon Chef qui a été mon ancien et mon guide à l'école des Enfants de Troupe Général LECLERC.

EWOLO Oscar : Juste pour rassurer la maman du Président qui a beau­ coup fait pour moi; je me suis retrouvé auprès du Camarade Président à cause d'elle. J’en profite juste pour ici la rassurer au fait qu'en aucun mo­ ment, je n'ai trahi le camarade Président. Je l'ai servi dignement, honnête­ ment, jusqu'à la dernière minute. Je regrette que le sort des armes m'ait été contraire en cette journée du 18. Je vous rassure Camarade Président que Je n'ai trahi le Camarade Président aussi je suis prêt à endurer toutes les sanctions que vous pouvez m'infliger. EWOLO Michel-Bernard : Rien Monsieur le Président, je m'en remets à la sagesse de la Cour.

OBA Marcel ; Camarade Président. En comparaissant devant cette barre, i avais un tempérament pas tellement sérieux, cela parce que je pensais que J'étais en position de faiblesse et mes arguments n’étaient pas pris au sérieux. Mais par après quand j'ai pensé que c'était une bonne chose que le peuple m’écoutait, que ce peuple représenté par vous qui m'écoutait, donc je n'étais pas en position de faiblesse, j'ai repris mes sens, j'ai repris mon tempérament habituel je tiens simplement à exprimer à votre égard la sincère reconnaissance de m’avoir laissé m’exprimer librement et sans con­ trainte, je n'ai pas de rancoeur à votre égard, je vous reconnais révolution­ naires, je serai humain. En tant que révolutionnaires vous serez juste. En tant que révolutionnaires vous ne serez pas passionnés.

En tant que révolutionnaires vous avez pu découvrir à travers la franche parole, à travers mon avocat et moi-même que je suis innoncent que je ne connais absolument rien et que je porte dans mon coeur les doctrines du Camaradae Marier, Ngouabi. Et j'ai dans mon esprit les justes et nobles idées révolutionnaires. Pour preuve le Camarade Commissaire du Gouver­ nement l’avait déjà dit ici en perquisitionnant chez moi, confirmé encore par mon avocat, chez moi on a rîen trouvé. Vous trouverez dans ma maison, partout, le portait du Camarade Ma rien NGOUABI. Si j'ai mille photos chez moi, 900 photos appartiennent au Camarade Ma rien NGOUABI. Je me remets donc à la sagesse de votre Cour. MALONGA MOUNGABIO Gaston : Je n’ai rien à ajouter je regrette la mort du Camarade Président Marier, Ngouabi que j'ai servi deux mois à la Sécurité Présidentielle, je me remets à votre sagesse, je suis innoncent.

236

353

-

OKAMBA Auguste : Je remercie la Cour pour m'avoir commis un avo­ cat d office pour ma défense et je tiens à insister que je n'ai jamais été complice de personne. NKALA Raphaël : Merci Camarade Président, je dirai pour ma part que très sincèrement je suis très touché par la mort du Camarade Président qui a été d abord mon Chef de Section et que pour le reste je m’en remets à vo­ tre Cour. BAZONZA Robert : Monsieur le Président, je suis très innoncent je ne connais absolument rien, je n'ai exécuté que l’ordre donné.. MAKOUANGOU Antoine : Je vous remercie Camarade Président, Camarades Juges. Non je n'ai rien à ajouter. MALONGA Joseph : Non je n’ai absolument rien à ajouter Camarade Président. MENGA Robert : Non camarade Président, je me remets à la sagesse de la Cour. BANTSIMBA : (en fuite)

237

354

ARRET DE LA CODR REVOLUTIONNAIRE D'EXCEPTION

355

AFFAIRE

MINISTERE PUBLIC et Famille Marien NGOUABI, '■uïnC représentée et plaidant par : Maître Roger MARTIN et Jean-Claude JAC­ QUOT, Avocats à la Cour,

CO NTR E HOMBESSA André, N’DOUDY-GANGA Jean-Pierre et autres^ respecti­ vement accusés :

— d'assassinat et de complicité d’assassinat, .

;1 •. „+,»■

— d'atteinte à la sécurité de l’Etat et de complicité d’atteinte à là sécu­ rité de l’Etat, "

— d’omission de porter secours à personne en danger,

''

— de profanation des tombeaux et de diffusion de documents sétjifieux;

■J,.■■■' ro«»oritoj!

s

241

356

A l’audience publique de la Cour Révolutionnaire d'Exception tenue au Palais de Justice de Brazzaville, République Populaire du Congo, confor­ mément à l'Ordonnance N. 01/78 du 2 Janvier 1978, le six Février mil-neuf cent soixante dix huit, à onze heures dix minutes, et où siégeaient Mes­ sieurs : — Charles ASSEMEKANG, Président de la Cour Suprême de la Républi­ que Populaire du Congo, Président ; — Richard EYENI, Congolais, né vers 1939 à N’Gouangala (Ouesso), En­ seignant, marié, six enfants, domicilié, 5, rue du Marché à M’Pila Brazzaville ; Vice-Président ; — Jean-François TCHIBINDA, Magistrat, Membre ; — MASSENGO Pierre, Congolais, né vers 1929 Kiuvimba (Brazzaville), Secrétaire d’Administration, Président du Comité du Parti, Adjoint au Maire par intérim de l’Arrondissement n. I (Makélékélé) à Brazzaville, divorcé, 13 enfants, domicilié 329 Avenue Mabiala-Maganga à Bacongo-Brazzaville, Membre ; — N'TSIETE Dominique, Congolais, né le 25 Janvier 1940 à Brazzaville, Enseignant, Président du Comité du Parti, Adjoint au Maire par inté­ rim de l’Arrondissement n° 2 (Bacongo), marié , 6 enfants, domicilié, 44, rue Bayonne à Bacongo-Brazzaville, Membre ;

— N’GATSEKE Thomas-Gilbert, Congolais, né le 8 Juin 1940 à Motokomba (PCA Makotopoko), District de Gamboma, Région des Plateaux, Enseignant, Président du Comité du Parti, Adjoint au Maire de l’Ar­ rondissement n° 3 (Poto-Poto), marié, 8 enfants, domicilié, 47, rue des Batékés à Poto-Poto Brazzaville, Membre ; —- M’VIRI Serge-Raymond, Congolais, né le 23 Janvier 1948 à Odzion (Djambala), Assistant Social, Président du Comité du Parti,, Adjoint au Maire de l’Arrondissement n. 4 (Moungali), veuf, sans enfant, do­ micilié à Brazzaville, Membre ; — EMOUENGUE Gabriel, Congolais, né le 14 Juillet 1945 à Brazzaville, Enseignant, marié 7 enfants, Président du Comité du Parti, Adjoint au Maire de l’Arrondissement n. 5 (Ouenzé), domicilié 1473, rue Mayama à Brazzaville-Ouenzé, Membre ; — N.TSONO Martin, Congolais, né vers 1942 à Oyana (Gamboma), fils de N’GATSE (feu) et de ONDAYE, Enseignant, marié, 5 enfants domi­ cilié, 14 rue des Jardiniers à M’Pila Brazzaville, Membre ; Le Vice-Président et les Membres non Magistrats susnommés ont régu­ lièrement prêté serment à l’audience conformément aux dispositions de l’article 255 du Code de Procédure Pénale ;

Messieurs : — Jacques OKOKO et MAMPOUYA Gilbert, Magistrats, respectivement Commissaire du Gouvernement et Commissaire du Gouvernement Adjoint, tenant le siège du Ministère Public ;

242

357

— ALINGUI-N’GASSAKI et MABIALA-MALANDA Anatole, Greffier Prin­ cipaux ;

Tous nommés Membres de la Cour Révôlutionaire d'Exception par dé­ cret n. 78/01 du 2 Janvier 1978 ; — MALONGA Nestor, interprète assermenté ; . A rendu l'arrêt contradictoire suivant :

Entre : Monsieur Jacques OKOKO, Premier Président de la Cour d'Appel, Commissaire du Gouvernement, pour qui domicile est élu au Palais de Justice de Brazzaville, et Famille Marien NGOUABI; d’une part ; ET LES NOMMES :

1) — André HOMBESSA, (en fuite) ; 2) — N’DOUDY-GANGA Jean-Pierre, Congolais, né le 15 Février 1935 à Boko, fils des feusDOUDY-GANGA et KIABIKA Elisabeth. Administrateur des S.A.F., marié trois enfants, domicilié 5, rue du C.F.C.O. à Poto-Poto Brazzaville, se disant jamais condamné, détenu à la Maison d'Arrêt de Brazzaville, inculpé de complicité d'assassinat et d'atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat ; 3) — KANDZA Daniel, Congolais, né le 15 novembre 1939 à M'BanzaVoulou (Boko) fils des feus Bilombo et Oumba, ex-Sous-Brigadier de Poli­ ce, marié père de 7 enfants, se disant jamais condamné, domicilié 22, rue Lounianga (Quartier Météo) à Brazzaville, détenu à la Maison d’Arrêt de Brazzaville, inculpé de complicité d'assassinat et d'atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat ; 4) — KIANGUILA Daniel, Congolais, né vers 1941 à Zinga (Boko), fils de KIANGUILA Daniel et de N'ZOUMBA Madeleine, chauffeur, marié trois enfants, jamais condamné, domicilié 13, rue M’Bankoua à Kinsoundi Braz­ zaville, détenu à la Maison d'Arrêt de Brazzaville, inculpé de complicité d'assassinat et d’atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat ; 5) — MIZELE Germain, Congolais, né le 6 Janvier 1931 à Paris (Dis­ trict de Boko), fils des feus Mampouya et Loutaya, marié 8 enfants, domi­ cilié 377, rue Malavou Laurent à Bacongo Brazzaville, se disant jamais con­ damné, inculpé de complicité d'assassinat et d’atteinte à la sécurité inté­ rieure de l'Etat; détenu à la Maison d'Arrêt de Brazzaville ; 6) — MATINGOU Bernard, Congolais, né le 20 Février 1932 à Kimpanzou (Boko) fils de feu MONEKA et de LOUTAYA Julienne, marié 9 enfants, domicilié 402, rue Malanda-Roch à Bacongo-Brazzaville, déjà condamné à 5 ans d'emprisonnement en 1968 pour port illégal d’arme de guerre par le Tribunal Correctionnel de Brazzaville, inculpé de complicité d’assassinat et de complicité d’atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat, détenu à la Maison d'Arrêt de Brazzaville ; 7) — KINKOUBA Etienne, Congolais, né en 1936 à Mangola (Mindouli) fils de Mayoulou et de N:KENGUE, célibataire sans enfant, domicilié 984 ter, Avenue des Trois Martyrs à Moungali-Brazzaville, se disant jamais con-

243

358

damné, inculpé d'atteinte à la sécurité de l’Etat et dé complicité d'assassi­ nat, détenu à la Maison d'Arrêt de Brazzaville ; 8) — KOUBA Grégoire, Congolais, né vers 1946 à Matadi (Boko),. fils de BIATOTA Benoît et de feu KOUELA Anne, marié 4 enfants, domicilié 76, rue Surcoût à Bacongo-Brazzaville, S/Brigadier de l’ex:corps de Police, se disant jamais condamné, inculpé dé complicité d'assaèsinat et de com­ plicité d'atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat, déténu a la Mdlsdn d'Ar­ rêt de Brazzaville ; , ,, . ,, ,,

9) — XOHDA Albert, né le 24 mars 1943 à Biendi (Bôkô),Tîls dë KOUBEMBA Marcel et de VOUALA Monique, marié 5 enfants, comptable à la S.N.E. domicilié 142, rue M'Piessa à Makélékélé, se disant jamais condam­ né, inculpé d'attente à la sécurité de l’Etat, détenu à la Maison d'Arrêt de Brazzaville ; „ , 10) — BOKAZOLO Albert, Congolais, né vers 1942 à Kolo (Boko), fils de MASSA K A et de N'ZIMBOU, Professeur de Lycée, marié 3 enfants, do­ micilié à la Cité de l'OMS, B.P. 842 à Brazzaville, se disant jamais condam­ né, inculpé d’atteinte à la sécurité de l'Etat et de complicité d’assassinat, détenu à la Maison d’Arrêt de Brazzaville ; 11) — SISSOULOU Simon, Congolais, né vers 1944 à Bouenzé (Boko) fils de MAKANDA et de KITOMBOLA Suzanne, célibataire sans enfant, do­ micilié 984, Avenue des Trois Martyrs au Plateau des 15 ans à Brazzaville, se disant jamais condamné, inculpé de tentative d'assassinat, de compli­ cité d'assassinat et de complicité d'atteinte à la sécurité de l’Etat, détenu à la Maison d'Arrêt de Brazzaville ; 12) — DIANZENZA Pierre, Congolais, né le 8 Juin 1945 à Boko, fils de KINSA Jacques et de LOUSSALOUSSOU Monique, mécanicien, céliba­ taire sans enfant, domicilié 171, rue Vinza au Plateau des 15 qns à Brazza­ ville, déjà condamné par le Tribunal Correctionnel de Brazzaville en 1968 à 6 mois d'emprisonnement pour rébellion, inculpé de tentative d’assassinat, de complicité d'assassinat et de complicité d’atteinte à la sécurité de l'E­ tat, détenu à la maison d'Arrêt de Brazzaville. 13) — KITADI André, Congolais, né en 1931 à Kindouta (Boko), fils de feu SAMBA et de LOUKOULA, Commissaire de Police, divorcé; 7 enfants, domicilié 1.398, Avenue des Trois Martyrs au Plateau des 15 qns à Braz­ zaville, se disant jamais condamné, inculpé de •complicité d’assassinat et de complicité d'atteinte à la sécurité de l'Etat, détenu à la Maison d'Arrêt de Brazzaville ; 14) — MOUNTSAKA David, Congolais, né vers 1932 à N'Zieto (Boko), fils de feu MAMPOUYA et de N-’TANDA, Colonel de l'A.P.N., marié deux eitr fonts, domilié 107, rue Moundjombo à Moungali-Brazzaville, se.disant (pmais condamné, inculpé de complicité d'assassinat et de complicité Hatteinte à la sécurité de l’Etat, détenu à la Maison d’Arrêt de Brazzaville ;

15) — KOUNOUNGOUS Paul, Français, né le 12 Mai 1930 à Brazzavil­ le, fils de feu AMPOUYA Jean et de SAKOUBA,1 Agent Administratif des Hôpitaux de Paris (France), marié six enfants, domicilié 266, rue Faubourg 244

359

St. Martin à Paris 10e, se disant jamais condamné, inculpé d'atteinte à la sécurité de i'Etat et de complicité d'assassinat, détenu à la Maison d'Arrêt de Brazzaville ; 16) — MIYEKÀMANE Edouard, Congolais né le 11 Février 1942 à Boko, fis de feu M’PEMBELE Albert et de N'ZOUMBA Julienne, Directeur Commercial à Congo Import à Brazzaville, célibataire sans enfant, domici­ lié 16; rue Etoumbi à Moungaii-Brazzaville, déjà condamné dans l'Affaire de KINGANGA, inculpé d'atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat et de complicité d’assassinat détenu à la Maison d'Arrêt de Brazzaville ;

17) — KOUKA Paulin, Congolais né vers 1945 à Kimpoungui, fils de feu KOUKA Paul et de MAMPOLO Suzanne, chauffeur en service chez M. Massamba-Débat, célibataire sans enfant, domicilié 282, rue Bayonne à Bacongo-Brazzaville, se disant jamais condamné, inculpé de complicité d'assas­ sinat, de complicité d’atteinte à la sécurité de l'Etat et de non dénoncia­ tion de crime, détenu à la Maison d'Arrêt de Brazzaville ; 18) — BOUTETE Paul, Congolais né le 13 Août 1938 à Brazzaville, fils des feus M'BIZI Georges et BIYELA Julienne, Commerçant, domicilié 576 rue Madzia au Plateau des 15 ans à Brazzaville, inculpé d’atteinte à la sé­ curité intérieure dé l’Etat et de complicité d'assassinat, détenu à la Maison d'Arrêt de Brazzaville ; 19) — MAKOUMBOU Joseph, Congolais, né vers 1935 à Louboundou (Kinkala), fils de DOUANI et de MASSIKA, Commerçant, marié, 6 enfants, domicilié 25, Avenue des Trois Martyrs du Plateau des 15 ans à Brazzaville, se disant jamais Condamné, inculpé d'atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat et de complicité d’àssassindt, détenu à la Maison d'Arrêt de Brazza­ ville ; 20) — BAKOULA Daniel, Congolais, né vers 1919 à Kingoma (Boko), fils des feus M'BAVOU et DILA, Fonctionnaire retraité, marié, 19 enfants, domicile 77, nue M’Boko à Moungaii-Brazzaville, se disant jamais condam­ né, inculpé d'atteinte à la sécurité de l’Etat, détenu à la Maison d’Arrêt de Brazzaville; 21) — MATOUBA MA NTOTO Lylian, Congolais, né le 2 Juillet 1941 à N’Gombé (Boko), Lieutenant, fils de N'TOTO Edouard et de BATABOIJKILA, marié, 12 enfants, domicilié Quartier Tié-Tié à Pointe-Noire, se disant ja­ mais condamné, inculpé de complicité d'assassinat et d'atteinte à la sécu­ rité de l’Etat, détenu à la M®ispn d’Arrêt de Brazzaville ; 22) — KINANGA François, Congolais, né vers 1934 à Marchand (Mindouli) fils de feu MOUKQUMA et.de GANGOULA Louise, Caissier-Compta­ ble en service à la Ponteoo, marié, 10 enfants, domicilié 1.303 rue Maysmbe et résidant 23, rue Zandé à Moungaii-Brazzaville, se disant jamais con­ damné, inculpé de complicité d’assassinat et d'atteinte à la sécurité inté­ rieure de i'Etat, détenu à la Maison d'Arrêt de Brazaville ; 23) — SAMBA DIA KOUMBI Dominique, Congolais né vers 1935 à N’gamissakou (Kinkala), fils de KOUMBI-MAHOUNGOU et de MOUTINOU-BANDZIEMO, Comptable à l’AStCNA. marié, 11 enfants, domicilié 513, rue 1

360

245

fants, domicilié B.P. 100 à Brazzaville, inculpé de complicité d'assassinat et de complicité d'atteinte à la sécurité de l’Etat, détenu à la Maison d’Arrêt de Brazzaville ; 32) ONANGA Jean-Pierre, Congolais, né le 5 juin 1945 à Léké’y (Okoyo), fils de ONANGA François, et de N'ZOUABOULINGUI Marianne, Capitaine de l’APN, marié, 6 enfants, domicilié 1.550, rue Gamboma à Ouenzé/Brazzaville, se disant jamais condamné, inculpé d’atteinte à la sécurité de l’Etat, détenu à la Maison d’Arrêt de Brazzaville ;

33) — BIKOUA Maurice-Dinard, Congolais, né vers 1951 à Ouesso, fils de feu IBIA Thomas et de AB AOL) LO Jeanne, Aspirant de l’APN, marié 4 enfants, domicilié Camp 15 Août à Brazzaville, se disant jamais con­ damné, inculpé d’atteinte à la sécurité de l’Etat, détenu à la Maison d Ar­ rêt de Brazzaville; 34) GALIBALI Lanbert, Congolais, né en Décembre 1940 à Lékana, Région des Plateaux, fils de DINA et de N’SAKA, Attaché des S.A.F. ma­ rié 11 enfants, domicilié, impasse Dr Cureau, face D.S.E., se disant jamais condamné, inculpé d’atteinte à la Sécurité intérieure de l’Etat, détenu a la Maison d’Arrêt de Brazzaville ; 35) — MADZELA Louis, Congolais, né le 20 Septembre 1940 à Brazza­ ville, fils de feu MADZELA Louis et de KITOTO Louise, Commandant de l’A.P.N., divorcé, 5 enfants, domicilié Camp Milice à Brazzaville, se disant jamais condamné, inculpé d'atteinte à la sécurité de l'Etat, détenu à la Maison d’Arrêt de Brazzaville : 36) — EWOLO Oscar, Congolais,né le 6 Janvier 1948 à Yakodouma (Ouesso), fils d’EWOLO Bernard et de ANNA Régine, S/Lieutenant de l’A.P.N.. marié, 2 enfants,.domicilié Camp 15 Août à Brazzaville, se disant jamais condamné, inculpé d'atteinte à la sécurité de l’Etat et complicité d’assassinat, détenu à la Maison d’Arrêt de Brazzaville ; 37) — EWOLO Bernard-Michel, Congolais, né le 22 Juillet 1953 à Ouesso, fils de EWOLO Bernard et de ANNA Régine, Militaire, célibataire, sans enfant, domicilié Quartier Maya-Maya, parcelle nO 24 à Brazzaville, se disant jamais condamné, inculpé de complicité d atteinte à la sécuritée de l’Etat et d’omission de porter secours à personne en danger, détenu à la Maison d’Arrêt de Brazzaville ; 38) — OBA Marcel, Congolais, né le 20 Mai 1950 à Endouo Région de la Cuvette, fils de N'GOKAYI Guiyaume et de feue ELIBO-LE^EKA S/Lieutenant de l’A.P.N., marié sans enfant, domicilié Quartier de la Poste Bâtiment 36, se disant jamais condamné, inculpé de complicité d’assassi­ nat et de complicité d’atteinte à la sécurité de l'Etat, détenu à la Maison d’Arrêt de Brazzaville ; 39) MALONGA-MOUNGABIO Gaston, Congolais, né le 21 Décem­ bre 1937 à Banza-N'Gueri (Ngamaba), fils de MOUNGABIO Laurent et de feue DENGOUA, Aspirant de l’A.P.N. marié 7 enfants, domicilié camp Djoué à Makélékélé/Brazzaville, Case 657, se disant jamais condamné,

247

361

complicité d'atteinte à la sécurité de l'Etat, détenu à la Maisod d Arrêtée Brazzaville ; .......

J0KAMBA Auguste, Congolais, né le 27 Juin 1948 à Voula (Za-nagaj, fils de OKAMBA David et de M'BOUNGOU Hélène, Militaire, marié, entants, domicilié e Brazzaville, déjà condamné aux travaux forcés à perpetmte par la Cour Martiale en 1977, inculpé de complicité -d'assassi-pqt, de.complicité d'atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat et d'omission de porter secours-.à personne en danger, détenu à la Maison d’Arrêt de Brazzaville.; ^^Ury^AzblSiZA Robert, Congolais, né le 20 avril 1955 à Matc&mbwGare de,.BA?ONZA7SAMBA et de KIMOUADI-SOMBO, Militaire, éétipataire. w enfqnt, domicilié 140, rue des Palmiers à Makélékélé/Brazzaville ,se disant jamais condamné, inculpé de complicité d’assassinat ét a. la sécurité de l'Etat, détenu à la Maison d’Arrêt de Brazzaville; .^zT^KALA Raphaël' Congolais, né le 2 Avril 1939 à Singa-Banana (pokp)jils de N KALA Josué et de TOUKANOU Thérèse, Militaire marié 4 enfcm.ts; domicilié Allée du Chaillu, Case 0-12 à Brazzaville se disant ïamais condamné, inculpé de complicité d’atteinte à. la sécurité de l’Etat detenu q la Maison d’Arrêt dp Brazzaville ; " ' ■.MAKQUANG’OU Antoine, Congolais, né vers 1931 à Nzoungui f ,(B^.o), fi|s çle M’BIZI et de N’SOUKOULA, Militaire, divorcé, 5 enfants domicilie qoo, rue Louémé au Plateau des 15 ans à Brazzaville, sé disant lamais condamne, inculpé de profanation de tombeaux, de complicité de diffusion et de propagation de films et de documents séditieux, détenu à ‘•la Malsdh d'Arfet de Brazzaville ; j>-.. â —. MAEOHGA Joseph, Congolais né le 14 Janvier 1944 Bdmbo.’âîWWtM/