Le cinéma au Sénégal
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COLLECTION CINEMEDIA

La collection CINEMEDIA, créée par l'Organisation Catholique Internationale du Cinéma et de l'Audiovisuel, a pour but de faire plus largement connaître les productions cinématographiques des pays du tiers monde, contribuant ainsi à leur croissance et à leur développement. Cet effort s'inscrit dans le cadre de l'instauration d'un véritable dialogue culturel international. Sous la direction de Robert Molhant assisté par Philippe Gosseries, la collection CINEMEDIA fait appel à une large coopération internationale. Le présent ouvrage, coédité avec l'Harmattan, a bénéficié d'une aide à la diffusion de la part de l'Agence de Coopération Culturelle et Technique, Paris.

Photo de couverture: Fatim DIAGNE dans Taw de SEMBENE Ousmane (avec l'autorisation du Producteur Réalisateur).

LE CINEMA AU SENEGAL

CINEMEDIA CINEMAS D'AFRIQUE NOIRE sous la direction de Victor BACHY Parus:

Le Cinéma en Côte d'Ivoire par Victor BACHY La Haute-Volta et le Cinéma par Victor BACHY Le Cinéma au Mali par Victor BACHY A paraître:

Le Cinéma dans les pays des Grands Lacs: Zaïre, Rwanda et Burundi par Rik OTTEN (en collaboration) Le Cinéma au Cameroun par Arthur SIBITA Le Cinéma au Niger par Inoussa OUSSEINI CINEMAS D'AMERIQUE LATINE A paraître:

Cine Andino en co-édition avec l'Universidad de Los Andes (en espagnol) CINEMAS D'ASIE A paraître:

Cinema in Thailand, Indonesia and the Philippines

DU MEME AUTEUR Le cinéma et l'Afrique Editions Présence Africaine, Paris, 1970 Sembene Ousmane, cinéaste Editions Présence Africaine, Paris, 1972 Le cinéma africain, des origines à 1973 Editions Présence Africaine, Paris, 1975

PAULIN SOUMANOU VIEYRA

LE CINEMA AU SENEGAL

OCIC/L'HARMATTAN

C) OCIC 1983 Rue de l'Orme 8, B-1040 Bruxelles, Belgique D/1983/3375/4 Tous droits réservés

AVANT-PROPOS

Si l'on tient 1960 pour l'année des indépendances des pays africains parce que c'est l'année qui aura vu le plus de pays africains accéder à la souveraineté nationale, la première décennie qui a suivi aura été le témoin de bouleversements qualitatifs et quantitatifs dans les structures héritées de la colonisation. C'est l'évidence qu'il fallait un changement profond pour marquer la réalité des nouveaux statuts. Dans certains domaines, une simple réforme a suffi pour que les pays reprennent en main leurs propres affaires. Pour d'autres secteurs, une véritable révolution s'imposait. C'est l'évidence aussi que les changements doivent commander les nouvelles nécessités de la vie d'un peuple. C'est l'affaire des gouvernements de les canaliser et de créer les conditions de leur réalisation; c'est une question de politique, donc d'idéologie. Pour les lenteurs de mise en place constatées dans certaines activités que l'on peut légitimement tenir pour primordiales, on peut retenir l'argument d'opportunité parce qu'il est politique. On peut retenir également les ordres d'urgence pour des raisons tactiques et de doctrine. Si l'Afrique s'est attachée à résoudre en premier les problèmes économiques parce qu'ils sont vitaux, les questions culturelles, sans doute plus complexes, commencent à peine à recevoir des solutions. Le cinéma, qui en fait partie, a été abordé par les pays africains avec plus de circonspection. Est-ce à dire que rien n'a été fait en Afrique dans ce domaine? Les structures d'accueil qui doivent aboutir inévitablement à la mise sur pied dans chaque pays d'installations cinématographiques, aussi petites soient-elles, ont retenu l'attention des pouvoirs publics et certains pays africains ont même mis en route leur complexe cinématographique. Des ouvrages en ont témoigné, comme celui de Abdel Monem SAAD sur le cinéma égyptien, celui de Younes DADCI sur le cinéma algérien, ceux de Omar KHLIFI et de Victor BACHY sur le cinéma tunisien, les numéros-dossiers de CinémAction présentés par Guy HENNEBELLE, et la série «Les Cinémas en Afrique noire», de Cinemedia, sous la direction de Victor BACHY. C'est le cas du Sénégal qui nous retiendra en ces pages. Pour com7

prendre les structures ou la non structure du cinéma au Sénégal actuellement, il nous fallait expliquer le mécanisme de la création des circuits de distribution au Sénégal, c'est ce qui explique la partie que nous consacrons à leur histoire. Notre subjectivité s'est voulue le plus possible objective parce que nous avons voulu faire un travail d'«historien», avec l'inconvénient sans doute d'être trop proche des créateurs ici analysés, puisque nous sommes un des leurs. Nous prenons ici date, en mêlant la petite histoire à la grande, en faisant parfois du particulier l'essentiel, c'est l'avantage d'être contemporain de ceux dont on parle. Le film a maintenant une longue vie avec les moyens de conservation efficaces que nous connaissons. Ils sont donc appelés à durer et à passer à la postérité. D'autres regards et d'autres sensibilités seront appelés à les juger, ce qui permettra une étude comparative. Si cet ouvrage ne devait servir qu'à cela, il aurait donc déjà sa raison d'être. Mais il a aussi l'ambition de mieux faire connaître l'un des cinémas les plus importants d'Afrique, tel qu'il se présente actuellement, confronté à toutes sortes de difficultés qui freinent son épanouissement.

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INTRODUCTION : LE PAYS ET LES HOMMES

SITUATION GEOGRAPHIQUE Le Sénégal, avec la presqu'île du Cap Vert, occupe la position la plus avancée de l'Afrique de l'Ouest dans l'Océan Atlantique. Il se situe entre 12°30 et 16°30 de latitude nord, et 11°30 et 17°30 de longitude ouest. Le fleuve Sénégal au nord et au nord-est forme une frontière naturelle avec la Mauritanie, de même pour la rivière Falémé au sudest avec le Mali. Au sud, le Sénégal est délimité par les frontières de la Guinée et de la Guinée Bissau. La Gambie constitue de part et d'autre du cours inférieur du fleuve Gambie une enclave de 10.300 km 2 à l'intérieur du territoire (1). La superficie totale du Sénégal atteint 196.722 km' (2). Hormis la région du sud-est où le relief est quelque peu accidenté, sans que l'altitude y dépasse 681 mètres au point culminant des contreforts du Fouta Djalon, le Sénégal est un pays plat ne s'élevant pas audessus de 130 mètres. Le climat est soumis à la fois à des facteurs géographiques et à des influences atmosphériques. D'autre part la présence d'une façade maritime de plus de 500 km et la situation à l'extrême ouest du continent africain entraînent des différences climatiques entre la zone côtière et les régions de l'intérieur. D'autre part la circulation atmosphérique facilitée par l'absence d'obstacles montagneux place le territoire sous les effets de l'alizé maritime, de l'harmattan et de la mousson. Ces masses d'air vont déterminer deux saisons différentes par une pluviométrie très contrastée. L'influence du climat et de l'hydrologie, ainsi que la nature des sols, déterminent plusieurs zones de végétation. Au nord du pays, la zone sahélienne est couverte d'une brousse clairsemée où prédominent les épineux. La savane arborée riche en faune caractérise les zones subguinéennes, limitées à la région de Basse Casamance.

(1) La Sénégambie, confédération Sénégal-Gambie, est née le 1" février 1982. (2) Plus que la Tunisie, moins que le Ghana, la Guinée ou le Gabon. 10

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Carte de la revue Vivant Univers reproduite avec l'aimable autorisation de l'éditeur.

DEMOGRAPHIE En 1981, la population du Sénégal dénombrée par un recensement général s'élevait à 5.810.000 habitants. Le taux de croissance démographique de 2,6% conduit à une estimation de 6.000.000 d'habitants en 1983. Cette population est très jeune, elle est constituée à près de 43% par des classes d'âge de moins de 15 ans. L'inégalité de sa répartition géographique constitue une seconde caractéristique marquante du pays. Le Sine Saloum, dans le bassin arachidien, région la plus peuplée, rassemble plus d'un million d'habitants, de même que le Cap Vert. La densité de la population varie de près de 2.000 habitants au km' dans le Cap Vert à moins de 20 habitants au km' dans la région de Louga, du Fleuve et du Sénégal Oriental. Dakar, la capitale, compte environ 1.000.000 d'habitants (1). La population autochtone comporte un peu plus de douze ethnies principales, inégalement réparties sur l'ensemble du territoire, qui peuvent être classées en quatre groupes. Le groupe sahélo-soudanien, le plus important, se compose surtout de Wolof et de Serer. Les Wolofs représentent 40% de la population et la langue Wolof constitue une langue véhiculaire parlée par les trois quarts des Sénégalais. Présents dans toutes les régions, notamment dans les villes, les Wolofs sont majoritaires au nord-ouest et à l'est. Les Serers, qui regroupent 18% de la population, sont établis dans le Sine Saloum et dans la région de Thiès. Le groupe Al Poular comprend les Peuls et les Toucouleurs. Les Peuls, environ 15%, le plus souvent pasteurs, sont disséminés dans tout le pays avec une forte concentration dans la vallée du Sénégal et le Ferlo. Les Toucouleurs, environ 10%, occupent la vallée du fleuve. Le groupe subguinéen, qui totalise environ 13% de la population, comprend de nombreuses ethnies parmi lesquelles dominent les Diolas, les Balants, les Bassaris, les Sarakolés etc., toutes locali-

(1) Estimation de 1983. 12

sées en basse Casamance, dans la région de Tambacounda et au sud-est du territoire. La religion musulmane est pratiquée par près de 90 07o de la population. Environ 5% des Sénégalais sont de religion chrétienne, notamment les Serers. Enfin l'animisme subsiste dans certaines zones de la Casamance et du sud du Sénégal Oriental.

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HISTOIRE Les premiers documents de l'histoire écrite du Sénégal sont ceux des voyageurs arabes. Il est vrai que les fouilles archéologiques effectuées au sud du pays peuvent témoigner de la présence humaine dans cette partie du continent au moins un millénaire avant notre ère. Mais la valeur des chroniques arabes reste déterminante et explique que l'on fasse généralement commencer l'histoire du pays au Xe siècle. A cette époque, Ibn Haoukal visite le pays du Tekkrour au nord du Sénégal et donne une description détaillée sur la vie des peuples qui habitent la région: un peuple noir de haute taille s'adonnant à l'agriculture et à l'élevage. En 1445, un Portugais, Cadamasto, découvre la presqu'île du Cap Vert où il est reçu par le roi, le Damel du Cayor. C'est alors que les Portugais s'installent à l'île de Gorée. En 1659, Louis Gaullier établit dans l'île de Ndar un corps de logis baptisé Saint-Louis. La petite bourgade allait se développer et devenir pour les Français une base sûre facilitant l'exploitation de l'intérieur, et en même temps un arsenal pour la lutte contre les Anglais et les Hollandais. Au XVIIe siècle, les Français fondèrent des Etablissements permanents qui se développèrent plus tard grâce à André Brue. Mais à l'exception de Gorée, ces Etablissements furent abandonnés à l'Angleterre en 1783. Rendus à la France vingt ans plus tard, ils ont été repris par les Anglais pendant les guerres du Consulat et de l'Empire, puis restitués en 1814. En 1850, le Sénégal offre l'image d'un pays morcelé, partagé entre les royaumes du Cayor, du Fouta et Walo, du Sine Saloum et du Rip, du Boundou et du Fouladou etc. Ces royaumes indépendants les uns des autres avaient à leur tête des Damels, des Bracks, des Bours, et des Maads, selon qu'on se trouvait en pays Wolof ou Serer. L'unité connue sous le règne des grands rois du Djolof qui avaient réussi à dominer tous les pays de la Savane avait été brisée depuis la révolte de Damel Amary Ngoné Sobel. C'est dire que beaucoup de conditions étaient réunies pour faciliter la pénétration européenne. 14

Les Français installés à Dakar et à Saint-Louis ne pouvaient être que désireux d'une unification de l'arrière pays, ouvrant ainsi un grand marché aux produits manufacturés à une époque où l'Europe entière connaissait un grand essor économique. Louis Faidherbe, alors gouverneur du Sénégal, obtint les moyens de réaliser une politique énergique et commença en 1857 par relier Dakar à Saint-Louis. En 1864 la colonie du Sénégal est née. L'arachide introduite depuis 1840 voit sa culture se développer et sa production atteindre 9.000 tonnes en 1870. Au moment où Faidherbe essayait de relier Dakar à Saint-Louis par la route et le chemin de fer, en passant par le plateau de Thiès, il se heurta à l'hostilité du Damel Cayor Lat Dior Ngoné Latyr Diop. Le Damel savait qu'autoriser la construction de la voie ferrée Dakar-Saint-Louis équivalait à renoncer à son indépendance, tant il est vrai que «Gann dou tabakh» (l'étranger ne construit pas). Pendant trente ans, Lat Dior mènera jusqu'à sa mort à Dékheulé en 1886 une lutte sans merci contre les Français. Il avait réussi à faire comprendre aux chefs des autres provinces qu'il était le rempart du pays et que lorsqu'il serait brisé, les autres le seraient à leur tour. Malgré la supériorité de l'armement français, la résistance africaine fut héroïque et la France occupée par la guerre contre les Prussiens en 1870 dut renoncer à la violence pour une politique de protectorat. Les Sénégalais avaient acquis la conscience qui allait permettre, plus tard, à la première colonie d'Afrique Noire de disposer d'institutions politiques et administratives aptes à limiter un jour la toute-puissance des gouverneurs. En 1914 lors du conflit mondial qui opposa la France et ses alliés à l'Allemagne, les quatre communes, Dakar, Gorée, Saint-Louis et Rufisque, furent entraînées dans la guerre. Le premier député du Sénégal à l'Assemblée Nationale Française, Blaise Diagne, nommé Commissaire au recrutément, oeuvra pour que les Noirs des autres territoires affluent sous les drapeaux pour la libération de la France. L'entre-deux-guerres fut calme. Dakar devint la capitale de l'Afrique Occidentale Française et la culture de l'arachide connut encore une expansion. En 1945, le professeur Léopold Sédar Senghor participe à la rédaction de la nouvelle constitution française. Dans la nouvelle 15

assemblée qui est installée en 1946, le Sénégal est représenté par Léopold Sédar Senghor et Lamine Gueye. L'année 1956 sera décisive, avec le vote de la loi-cadre qui confère la semi-autonomie au Sénégal et aux autres territoires de l'AOF. Aux élections de 1957, le parti de Senghor, le Bloc Progressiste Sénégalais (BPS), obtient 47 élus contre 13 pour le Parti de l'Action Socialiste de Lamine Gueye. Au référendum de 1958, le parti de Senghor appelle à voter oui. Quatre pays vont essayer de se regrouper pour former la Fédération du Mali, mais le 17 janvier 1959 la Haute-Volta et le Niger se retirent. Dans la nuit du 19 au 20 août, par suite de divergences entre responsables soudanais et responsables sénégalais, la Fédération du Mali se disloque. Le Sénégal se retrouve seul. Le 17 décembre 1962, Mamadou Dia, alors Président du Conseil, est destitué par les représentants de la nation après avoir tenté un coup d'Etat. Le régime présidentiel est érigé au Sénégal aux élections de février 1963. Senghor est élu Président de la République. En février 1970, une réforme constitutionnelle crée un poste de Premier Ministre qui sera confié à Abdou Diouf. En 1976 est votée l'institution du multipartisme et le remplacement du Président de la République par le Premier Ministre en cas d'empêchement. Les élections de 1978 donnent la victoire au parti socialiste. Léopold Senghor est réélu Président de la République. Le 31 décembre 1980, le Président Senghor abandonne le pouvoir et, conformément aux dispositions de l'article 35 de la Constitution, le Premier Ministre Abdou Diouf devient le deuxième Président de la République. Il nomme Habib Thiam comme Premier Ministre. L'article 3 de la Constitution est modifié pour donner la possibilité à tous les courants politiques représentatifs de se manifester. Quatorze partis politiques existent en 1983 au Sénégal. Aux élections présidentielles et législatives du 27 février 1983, 5 candidats se sont présentés à l'élection présidentielle: Abdou DIOUF, candidat du Parti Socialiste, a été élu Président de la République. Huit partis ont présenté des candidats lors des élections législatives, pour une assemblée de 120 députés. 16

I. LES STRUCTURES

RETOUR EN ARRIERE A L'EPOQUE COLONIALE En 1895, à Lyon en France, les frères Lumière inventent le Cinématographe. C'est l'aboutissement dans le temps et dans l'espace des recherches et des travaux de techniciens et de savants du monde entier, au nombre desquels on relève le nom de Ptolémée l'Egyptien, donc l'Africain. Le Cinéma mettra cinq ans après sa découverte pour parvenir en Afrique. Et ce sera précisément au Sénégal qu'en 1900, et pour la première fois, un film sera projeté en Afrique au Sud du Sahara. Ce film est le fameux L'arroseur arrosé de Louis Lumière, qu'un marchand forain transportera ensuite en Afrique de place en place. Voilà amorcée la distribution sur le continent africain. Le Sénégal était l'une des huit colonies qui constituaient l'Afrique Occidentale Française, avec la Mauritanie, la Côte d'Ivoire, le Niger, la Haute-Volta, le Dahomey (1), le Togo et le Soudan (2). La capitale se trouvait à Dakar au Sénégal, ce qui donnait à ce pays une prédominance certaine sur les autres. Dakar, capitale fédérale abritant les organismes fédéraux, se trouvait être le centre de toutes les décisions qui concernaient l'Afrique Occidentale Française (AOF). Le Cinéma s'est donc fixé à Dakar pour l'essentiel de ses activités, qu'elles soient de distribution-exploitation ou de production. La distribution plus liée à l'exploitation relevait totalement de l'initiative privée. En 1926, la COMACICO s'installait en Afrique au Sud du Sahara après avoir pris son envol au Maroc, d'où son appellation de «Compagnie Marocaine de Cinéma Commercial». Cette compagnie allait être suivie avant la guerre de 1939, par la Société Archambault, qui donnera par la suite la SECMA, Société d'Exploitation Cinématographique Africaine. Ces deux sociétés étendaient leurs aires de diffusion sur l'Afrique d'expression française et sur Madagascar. Au Sénégal, elles couvraient plus de 70 salles équipées en 35 et 16 mm. La production relevait, elle, presqu'uniquement du gouvernement (1) Actuellement le Bénin. (2) Actuellement le Mali. 18

français. Au niveau de Dakar se trouvait un Service Cinéma fédéral, qui était le relais de ce qu'on avait coutume d'appeler «la rue Oudinot», parce que s'y trouvait, à Paris, le siège du Ministère des Colonies. L'administration française, par ce service de cinéma, produisait des documentaires sur les activités de la Fédération, notamment les déplacements des Gouverneurs Généraux, appelés plus tard Hauts Commissaires. Ce service gérait une cinémathèque qui envoyait des films dans les autres territoires. A côté de cet organisme, les Affaires Sociales avaient également un service cinéma. L'importance du service cinéma fédéral était très relative, puisqu'une seule personne s'en est occupée pendant des années, André JOUSSE, qui n'avait d'ailleurs pas une formation de cinéaste mais était photographe d'art de profession. L'Institut Français d'Afrique Noire (IFAN), qui a depuis l'indépendance pris la dénomination d'Institut Fondamental d'Afrique Noire, disposait également à l'époque coloniale d'une unité cinématographique que dirigeait POTENTIER. Ces trois services ont réalisé des films en 16 mm dont la plupart se trouvent actuellement à la cinémathèque de la Coopération.

En dehors de ces productions officielles, un certain nombre d'autres films ont été réalisés par des sociétés privées auxquelles l'Administration accordait des subventions ou prêtait son concours en prestations de services. Beaucoup de ces films ont sans doute disparu. Mais il en reste suffisamment, conservés à la cinémathèque du Ministère Français de la Coopération à Paris, pour justifier une étude qui est à faire. Pour l'heure, l'entreprise étant trop vaste pour s'insérer dans ces pages, nous avons réduit notre ambition au seul cinéma sénégalais, donc aux seuls films réalisés par des cinéastes sénégalais depuis l'indépendance en 1960. Bien entendu, le travail sur le cinéma colonial est à entreprendre au niveau de l'Afrique Occidentale aussi bien que de l'Afrique Equatoriale Française, comme on a commencé à le faire pour le Congo Belge (actuellement le Zaïre). PREMIER PAS: LES ACTUALITES

Tout Etat accédant à l'indépendance aspire à disposer d'une information essentiellement nationale. La réception à l'Elysée du Chancelier allemand ne le concerne pas — ne l'a jamais directe19

ment concerné — et la finale de la coupe de France de football ne l'intéresse que médiocrement. Ce qu'il veut, ce sont les nouvelles de son pays. Dans tous les jeunes Etats libres, l'information cinématographique apparaît dès les premières semaines. Au Sénégal depuis l'indépendance, au niveau du Ministère de l'Information, a été créé un Service Cinéma qui a fonctionné un certain temps parallèlement au service cinéma de la Fédération du Mali, à l'époque où le Sénégal et le Soudan formaient une fédération, c'est-àdire de 1959 jusqu'au mois d'août 1960. Jusqu'au moment de cet éclatement, le Service Cinéma du Sénégal, animé par Mamadou SARR, avait réalisé des bandes en 16 mm qui n'ont pratiquement jamais été diffusées. Le Service Cinéma de la Fédération du Mali de son côté, sans pour autant disposer de plus de moyens que le Service Cinéma du Sénégal, s'était attaché à sortir tous les mois un magazine couleur en 16 mm sur les activités de la Fédération. Ce magazine était diffusé par l'intermédiaire des organisations nationales et fédérales. Les deux services, le sénégalais et le malien, ont fusionné en août 1960 et la Direction en a été confiée à celui qui dirigeait le cinéma de la Fédération du Mali, Paulin VIEYRA, qui avait assumé de 1958 à 1959 le service du cinéma fédéral de l'Afrique Occidentale Française. Les Actualités Sénégalaises ont été mises en route par le Ministre de l'Information de l'époque, Obèye DIOP, qui, faute de moyens techniques, en confia tout d'abord la confection à un privé, Pierre CELLIER, cinéaste à Dakar. Ce journal, consacré uniquement aux nouvelles nationales a paru tous les quinze jours durant quelques mois, avec beaucoup d'aléas. Journal test, il rencontra l'indifférence des distributeurs qui avaient déjà en charge des journaux d'actualités de plusieurs sociétés, dont les Actualités Françaises, Gaumont, Pathé, Fox Movietone, Eclair Journal, etc. Devant les réticences des deux sociétés de distribution à diffuser convenablement le journal filmé sénégalais, le gouvernement a été amené à supprimer, par un texte réglementaire, toutes les actualités étrangères sur les écrans du Sénégal. Ce qui imposait du même coup le journal sénégalais. Les sociétés étrangères d'actualités, devant cette prise de position du gouvernement, se sont concertées pour créer, avec la caution des services français de la coopération, le Consortium Audiovisuel International. Cet organisme s'est mis au service des Etats Africains qui en ont fait la demande, pour collaborer à la réalisation de leur journal filmé. Le Sénégal a été le premier pays à signer une convention avec le Consortium Audiovisuel International qui, aux 20

termes des accords, mettait à la disposition du pays un opérateur de prise de vues avec son matériel et prenait en charge son salaire ainsi que ses frais de voyage. L'Etat qui recevait ce technicien devait le loger et lui offrir les avantages dont bénéficiaient les coopérants. Après le Sénégal, un certain nombre d'Etats devaient suivre son exemple: la Tunisie, l'Algérie, le Tchad, la Côte d'Ivoire, le Dahomey (1), le Togo, Madagascar, le Cameroun. Le 4 avril 1961, jour anniversaire de l'Indépendance, les Actualités Sénégalaises devenaient hebdomadaires. Depuis, le journal est sorti régulièrement tous les samedis dans les salles d'exclusivité de Dakar avant de couvrir, en trois semaines, l'ensemble du territoire. Cela jusqu'en 1972, année où la télévision a commencé à fonctionner. Un sondage effectué à sa troisième année de parution a montré que le journal filmé était accepté, mieux, attendu. Et pendant dix ans l'intérêt du public ne s'est pas démenti pour les Actualités Sénégalaises. L'organisation du Service Cinéma, son existence même, a encouragé le démarrage d'une petite production, après que le journal eut été imposé aux distributeurs. Et c'est le lieu de voir comment la distribution est organisée au Sénégal.

(1) Devenu depuis le Bénin. 21

LA DIFFUSION LA DISTRIBUTION COMMERCIALE

Younès DADCI, dans son ouvrage sur le Cinéma Algérien, en situe les débuts en Afrique à l'année 1895, année même de la création du cinématographe par les Frères Lumière. A Alger en 1895, fut donc projeté L'arroseur arroséqui devait par la suite être diffusé au Sénégal, plus précisément à Dakar, en 1900, selon un rapport de Jean ROUCH (1). Les marchands forains ont commencé à exploiter cette nouvelle invention en parcourant l'Afrique. La citadelle des monopoles

En 1926 comme nous l'avons vu, du Maroc où elle s'était installée, la COMACICO (qui garde son sigle mais change son nom en Compagnie Africaine Cinématographique et Commerciale) prend pied au Sénégal. Elle va se développer par l'action dynamique de son animateur Maurice JACQUIN qui, à l'époque, ne faisait pas uniquement commerce de films mais encore de ferraille et de métaux non ferreux. Il vendait et achetait donc au même titre des produits aussi divers que le film et les métaux. Quelques années plus tard, la Société ARCHAMBAULT la rejoindra et, en 19361937, cèdera la place à la SECMA (Société d'Exploitation Cinématographique Africaine)(2). Ces deux sociétés, jouissant d'un monopole, ont contrôlé la distribution et l'exploitation dans la majeure partie des pays africains d'expression française pendant des années. L'Afrique est donc partie de l'exploitation pour aboutir à la distribution puis à la production, alors qu'en Europe et aux Etats-Unis, on a commencé par produire des films puis à les exploiter, avant d'organiser une distribution par vente de bandes, puis une distribution par location. La distribution, selon l'excellente étude de Blaise SENGHOR (3), consiste à permettre l'exploitation du film dans les salles de (1) Cinéaste ethnologue, auteur des films Moi un Noir, La Pyramide Humaine, La chasse au lion à l'arc, Les Maîtres-fou...

(2) MOKAERT a été le Directeur de la SECMA jusqu'à la disparition de cette société lors de la création de la SIDEC en 1974. (3) Cinéaste diplômé de l'IDHEC, licencié ès Lettres, Ambassadeur du Sénégal à l'UNESCO, décédé en 1976.

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cinéma pour le compte du producteur. L'intermédiaire que constitue le distributeur, lié par contrat aux propriétaires de salles, garantit de ce fait la diffusion du film et perçoit en revanche un pourcentage sur les recettes encaissées. En fait, il est difficile d'étudier en Afrique, et singulièrement au Sénégal, le système de distribution pratiquée si l'on n'y associe pas intimement l'exploitation. Les deux sont souvent réunies sous une même direction, coloniale jadis, étatique aujourd'hui. De plus, il ne faut pas perdre de vue que: — la programmation et l'importation des films est décidée en large partie à partir de l'Europe. — il n'existe pas sur place de distributeur au sens où on l'entend en France, par exemple. Il n'y a que des sociétés de films qui font de la sous-distribution. — ces sociétés, qui à l'époque possédaient chacune un circuit de salles s'étendant sur plusieurs pays d'Afrique Noire, ont établi un monopole de fait en matière de distribution et d'exploitation, et se sont partagé le marché (1). L'exploitation de films a commencé en Afrique Noire dans l'entre-deux-guerres. A l'époque, il n'existait pas en France de Centre National de la Cinématographie et pas de contrôle de recettes. Les colonies ne constituaient pas pour les producteurs français un marché cinématographique important car il leur était impossible d'en contrôler le rapport. Aussi les audacieux pionniers qui tentèrent d'implanter des salles dans les pays africains achetaient-ils au forfait des copies usagées de films accessibles au plus grand public possible, c'est-à-dire des policiers et des films d'aventure, que le public était susceptible de comprendre malgré l'écueil de la langue et de recevoir à satiété sans se lasser, le cinéma étant encore pour lui une attraction de fête foraine. Ces copies étaient d'un coût peu élevé, du fait qu'elles étaient déjà amorties au moment de leur vente à un marché cinématographique colonial considéré comme peu rentable car sous-développé. Avec le temps, l'organisation s'est developpée, les salles se sont multipliées et ont formé des circuits. A l'origine, les propriétaires de salles achetaient des films uniquement en vue de les exploiter dans leurs propres salles. Cependant, peu à peu, il leur a fallu (1) La SIDEC a remplacé la COMACICO et la SECMA depuis 1974, en tant que Société de distribution et d'exploitation. 23

résoudre le problème de programmation d'autant plus impérieux que des changements de programme très fréquents étaient nécessaires pour tenir en haleine un public de plus en plus avide d'images. Elles ont dû s'adresser aux organisateurs des circuits et accepter leurs conditions rigoureuses. Ceux-ci, voyant les salles indépendantes se multiplier, ont obtenu par contrat soit l'exclusivité de leur programmation, soit la prise en location de ces salles pour un loyer modique. Ce système s'est développé à l'abri du Centre National de la Cinématographie Française qui était né entretemps. Ce recours à l'histoire nous a paru nécessaire pour expliquer la situation actuelle. En Afrique, le distributeur n'a pas à prendre de risques au stade de la production d'un film en consentant des avances sur les futures recettes. Il n'accepte pas non plus de garantir au producteur un minimum de recettes (1). Il ne connaît pas, par ailleurs, la nécessité de se lier par contrat à des salles quï assureront la diffusion du film. Tout ceci pour deux raisons très simples, à savoir qu'il n'existe pas encore de productions régulières dans ces pays et que, d'autre part, le distributeur possède ses propres salles. Disons tout de suite que ce système a connu d'illustres précédents en Amérique dans l'entre-deux-guerres, à l'époque où quelques grandes sociétés se partageaient le marché cinématographique international du fait qu'elles contrôlaient rigoureusement la distribution et l'exploitation des films qu'elles produisaient. Ce monopole a été sapé plus tard par la naissance d'industries cinématographiques nationales, dont le développement a été protégé dans les divers pays intéressés par des lois rigoureuses. Une lente évolution

La manière de se procurer des films en vue de les exploiter sur le marché africain a évolué dans le temps. Nous avons dit au début de ce chapitre que les producteurs européens, pendant longtemps, aussi bien avant l'existence du Centre National de la Cinématographie Française qu'après sa création, n'ont eu, du fait de l'autonomie des circuits vis-à-vis de cet organisme, aucun moyen de se renseigner sur le marché cinématographique africain. Aussi s'en désintéressaient-ils complètement. Dans ces conditions, pour se procurer un film, il suffisait de s'adresser à un revendeur de copies usagées, dont les prix modiques garantissaient un amortissement aisé. (1) C'était encore le cas avec la SIDEC en 1982. Voir ci-après. 24

Cependant avec le temps et en raison de la solide implantation en Afrique des circuits propriétaires d'un stock considérable de films touchant un public de plus en plus important, des producteurs étrangers ont commencé à s'intéresser à ce nouveau marché. Ils le considérèrent désormais comme un «marché étranger» (un marché étranger étant un marché rentable, mais dont il n'est pas possible de connaître le rapport exact) et se mirent à exiger une cession de droits au forfait avant toute exportation d'un film vers les pays d'Afrique. Il en résulta un début de normalisation des rapports entre les circuits africains et les producteurs européens, ce qui explique une nette amélioration de la qualité des films projetés aujourd'hui en Afrique. En effet, si le produit de consommation courante reste le film policier, le film d'aventure et le film arabe ou indien, il est aussi possible de voir des films destinés à une audience internationale. Mais le marché africain reste néanmoins mal connu des producteurs européens, d'où aussi le prix relativement peu élevé des droits d'un film exporté en Afrique et son amortissement encore aisé.

Les films africains Cependant, il arrive que les circuits prennent un film en distribution sans garantir au producteur un minimum de recettes et encore moins lui consentir une avance. Ce cas est d'autant plus intéressant que les quelques films africains et les coproductions réalisées ces dernières années entrent dans cette catégorie. On l'a compris: ces circuits, sans lesquels il est impossible de montrer un film en Afrique, se trouvent en position de force pour négocier avec les producteurs africains qui, étant étrangers, ne sont pas protégés par la juridiction du Centre Français de la Cinématographie, alors qu'aucun règlement cinématographique n'existe dans les pays d'Afrique pour défendre leurs droits. Ainsi le producteur africain se voit dans l'obligation d'abandonner aux circuits un pourcentage variant entre 50 070 (salles de simple programme) et 75 070 (salles à double programme) de leurs recettes nettes, avec la conséquence qu'il est impossible de rembourser l'organisme de crédit qui lui a permis de financer son film. Aussi longtemps que le producteur ne sera pas défendu par une législation adéquate, qu'un Centre National de la Cinématographie sera chargé de faire respecter, il est inutile d'envisager l'existence d'une production rentable. Constatons que la production de films africains dans les conditions citées n'est intéressante que pour les circuits qui ne 25

prennent aucun risque en matière de distribution et exigent des pourcentages de recettes importants en matière d'exploitation. Le premier film africain distribué, Le mandat de SEMBENE Ousmane, l'a été en 1969. Sa distribution s'est faite au pourcentage et en commun par les deux sociétés COMACICO et SECMA sur tout le circuit africain. Ensuite, les deux circuits, sentant le vent tourner, ont accepté de distribuer d'autres films africains. Après Le mandat, la SECMA a distribué Diankhabi de Johnson TRAORE. Cette société a coproduit le deuxième long métrage de Johnson TRAORE Diègue-bi. La SECMA a distribué par ailleurs, à partir du Sénégal, Karim de Momar THIAM, Badou boy de Djibril DIOP Mambéty, Emitai d'Ousmane SEMBENE; de la Côte d'Ivoire, Concerto pour un exil et A nous deux France de Désiré ECARE, La femme au couteau de TIMITE Bassori, Mouna ou le rêve d'un artiste de Henri DUPARC; du Niger, FVVA et Le retour d'un aventurier de Moustapha ALASSANE, Cabascabo et Le Wazzou Polygame de Oumarou GANDA. La voie était ouverte à une distribution de films africains. Les Services Officiels diffusaient leurs productions dans le même circuit. Il s'agit essentiellement des Actualités Sénégalaises, qui étaient tirées en 6 copies 35 mm et 6 copies 16 mm. Les deux sociétés les diffusaient simultanément tous les samedis, date du changement de programme. Les droits de cession étaient alors de 30.000 F CFA pour chacune des deux sociétés. Le journal d'actualités mettait trois semaines à couvrir l'ensemble du territoire en commençant par la capitale et les salles d'exclusivité. La SIDEC Une création

La SECMA et la COMACICO ne pouvaient garder leur hégémonie. Il fallait que leur édifice s'écroulât un jour. Cela vint doucement. Au début de 1970, le gouvernement de la Haute-Volta prit la décision de nationaliser le marché du cinéma. La création de la SONAVOCI (Société Nationale Voltaïque de Cinéma) n'arrangea pas tout, ni tout de suite, mais elle assénait un premier choc à l'édifice qui, par ailleurs, avait perdu de sa solidité. Nous sommes en 1972: les deux partenaires français cèdent la main à une nouvelle société, la SOPACIA (Société de Participations Cinématographiques africaines), dont la puissante UGC (Union Générale 26

Cinématographique) reçoit la gestion (1). La société commence à fonctionner en 1973, elle travaille avec les stocks de films répartis entre les trois dépôts de Dakar, Abidjan et Douala. Mais des difficultés surgissent. Le Sénégal refuse d'entériner la cession des salles SECMA et COMACICO à la nouvelle SOPACIA. Après dix mois de négociations, un compromis intervient par la création, le ler janvier 1974, d'une Société Nationale de Distribution: la SIDEC (Société d'Importation, de Distribution et d'Exploitation Cinématographique). C'est une Société d'Economie Mixte au capital de 750 millions CFA d'apports partiels d'actifs en provenance des ex-SECMA et COMACICO, comptant deux partenaires, l'Etat Sénégalais à 80% et la SOPACIA, que les Sénégalais continuent avec lucidité à appeler UGC, à 20%. Au moment de sa création, l'équipe de direction de la SIDEC se compose d'un Président Directeur Général en la personne de Blaise SENGHOR représentant le Sénégal, CADILLAC, Président Directeur Général Adjoint représentant l'UGC; puis d'un Directeur Général, qui était Yves DIAGNE, et d'un Directeur Général Adjoint en la personne de ROUMENGAS, ancien Directeur de la COMACICO. Cette structure très lourde semble avoir été mise en place pour paralyser la gestion de l'entreprise, surtout lorsqu'on sait que, pour toutes les opérations, il fallait une double signature. C'est bien ici qu'on peut dire que le mieux est souvent ennemi du bien (2). Théoriquement, la SIDEC a désormais le monopole de la distribution et de l'exploitation. La COMACICO et la SECMA, sociétés de distribution de la place, disparaissent du Sénégal et leurs avoirs sont repris par la SOPACIA-UGC à qui doivent être remboursés les capitaux comptabilisés par ces deux sociétés pour la cession des salles, du matériel et des films en cinémathèque dont elles disposent et que chacune a estimé à 500 millions CFA. Comme tous les pays africains n'ont pas encore pris en main leur circuit de distribution, la COMACICO et la SECMA continuent dans certains pays une activité marginale à l'UGC. Le siège de cet organisme se trouve provisoirement à Dakar. (1) L'UGC provient du rachat de l'ancienne société allemande «La Continentale» qui dominait le cinéma français pendant la guerre et l'occupation, et qui fut mise sous séquestre en 1945. Au moment qui nous intéresse ici, l'UGC est davantage, en France, une société d'exploitation (plus de 600 salles) que de distribution. (2) Voir document La SIDEC deux ans d'existence. 27

Pratiquement, la SIDEC est encore loin de disposer de la liberté qu'elle vise. Elle est totalement ligotée par une convention qu'on n'ose montrer et qui donne l'autorité à l'UGC dans la société, alors qu'elle ne possède que 20% de participation. Tout cela à cause des erreurs commises dans les négociations. Le Directeur Général Adjoint nommé par l'UGC a autant de pouvoir que le Directeur Général nommé par le Sénégal, lequel détient pourtant 80% des actions. En outre tous les actes doivent comporter une double signature, celle du Directeur Général et celle du Directeur Général Adjoint. Par ailleurs, toutes les décisions doivent être prises à la majorité, c'est-à-dire que l'UGC obtient ainsi un droit de regard sur toutes actions de la Société, mieux, un droit de veto sur la marche même de la société. Une contrainte supplémentaire est que la SIDEC ne peut acheter des films ailleurs qu'à l'UGC, à moins que le prix d'achat soit de 20% inférieur à celui que l'UGC pourrait lui accorder. Autant dire que l'UGC conserve le monopole de fait dans la distribution des films occidentaux au Sénégal, tout comme à l'époque la COMACICO et la SECMA, pour la simple raison qu'il serait difficile à la SIDEC, distribuant uniquement sur le Sénégal, soit sur 80 salles, d'avoir de meilleures conditions d'achat que l'UGC qui, en Europe, dispose de 600 salles au moins et en Afrique des anciens circuits COMACICO et SECMA. Yves DIAGNE est forcé de le reconnaître. Il écrit à la fin de 1975: «Les productions étrangères sont de loin les plus nombreuses (en regard des productions nationales). Plus de 75%, près de 400 films par an. Elles sont constituées dans leur grande majorité de films français, à peu près 65%, le reste étant constitué surtout de films hindous, égyptiens et de divers pays, parmi lesquels on trouve quelques italiens et américains. Certainement, on ne manquera pas de nous demander la raison de la grande supériorité du nombre de films français. Elle est bien simple. C'est que, d'une part, notre partenaire est une société française qui a d'énormes possibilités dont elle peut nous faire bénéficier avantageusement. D'autre part, la SIDEC... ne dispose ni d'informations ni de personnel suffisamment qualifié pour organiser directement et efficacement l'importation de films étrangers. Enfin, la SIDEC doit disposer de fonds suffisants et acquérir une expérience solide en la matière avant de se lancer dans une telle opération». Certes tous les problèmes ne sont pas résolus mais une étape est quand même franchie, l'impulsion est donnée, le mouvement est irréversible. 28

L'AFRAM

Un autre fournisseur est pourtant entré en lice. A l'approche puis après la proclamation de l'indépendance, les jeunes nations furent considérées par les maîtres américains de l'industrie du film comme un vaste marché à conquérir: «time is ripe to strike in emergent Africa. Planned is a united invasion of the Dark Continent», lit-on dans «Variety» (1). Premier objectif: les pays anglophones. Puis les francophones bien sûr. En septembre 1969, la Motion Pictures Export Association of America créait l'AFRAM chargée de distribuer les films américains dans toute l'Afrique francophone. Un bureau fut ouvert à Dakar en 1970, mais il resta longtemps en veilleuse: la SECMA et la COMACICO tenaient à leur monopole et les quelques exploitants indépendants, au fur et à mesure de leur apparition, hésitaient à recourir aux services d'un concurrent des grandes maisons françaises. Lors de la création de la SIDEC en 1974, Blaise SENGHOR considérait comme une victoire de la liberté commerciale d'avoir pu signer un contrat avec les Américains. Avait-il raison? Toujours est-il que, depuis 1975, l'AFRAM fournit des films à la SIDEC. L'AFRAM est aujourd'hui bien ancrée à Dakar et est en train de faire la conquête des écrans ouest-africains. Redressement

Le cheminement est long pour la SIDEC. Elle piétine. En 1976, deux ans après sa création, elle connaît de graves ennuis financiers. Elle dépend du Ministre des Finances: celui-ci place à sa tête un jeune technocrate, Abdourahmane TOURE, gestionnaire de formation, avec la mission de redresser la situation. Il y parvient avec le concours de l'Etat. En effet, sur les 30% des taxes revenant aux pouvoirs publics (15% pour les municipalités et 15% pour l'Etat), l'Etat abandonnait sa part à la SIDEC. Cette somme que l'on peut estimer à environ 300 millions a permis à la SIDEC, en moins de trois ans, de refaire surface et de réaliser de substantiels bénéfices, d'autant qu'une énergique réorganisation devait réduire le nombre des employés. Les pleins pouvoirs donnés à Abdourahmane TOURE pour redresser les finances de la SIDEC ont eu comme conséquence qu'il s'est davantage attaché à la rentabilité des films qu'à l'aspect culturel. Sans doute la qualité des (1) Le 17 mai 1961, «C'est le moment de frapper un grand coup en cette Afrique qui commence à émerger. Une invasion concertée du continent noir est à l'ordre du jour». 29

programmes a été améliorée. Le programme simple a été institué, c'est-à-dire à chaque séance la projection d'un film de long métrage et une première partie constituée par des documentaires. Cette nouvelle formule a, semble-t-il, été assez bien acceptée par le public. Encore qu'un certain fléchissement se soit manifesté dans la fréquentation des salles. La Direction de la SIDEC a recherché et trouvé une nouvelle attraction: les séances se sont multipliées le soir dans certaines salles, avec des films différents. Au lieu d'une seule séance à neuf heures du soir comme auparavant, avec deux films de long métrage, on est passé en mai 1977 à un seul film. Dans le courant de 1978, les salles programmaient un film à 18h30, un autre à 20h30 et un troisième à 22h30. On retrouvait ainsi le nombre de films antérieurement diffusés. La SOPACIA de son côté bat de l'aile. Elle décide l'africanisation progressive de toutes ses salles, puis abandonne. En été 1979, l'UGC, sa gestionnaire, devient majoritaire et donne à la société le nom d'Union Africaine de Cinéma (UAC), appellation officielle à partir du t er janvier 1980. Le Sénégal entre dans la nouvelle structure. Le Gouvernement sénégalais a pris ses responsabilités, marqué son accord sur un taux réduit de la TVA et amorcé une réforme fiscale. La SIDEC consent des investissement importants, elle est décidée à renouveler son matériel et à retrouver l'aisance antérieure du secteur. Au sein de la SIDEC, l'UAC, au lieu des 25 ou 30% des bénéfices de jadis, ne recevra plus qu'une part symbolique de 5%. Tout va bien. Par contre l'UAC garde la haute main sur la programmation, donc maintient largement son influence idéologique. D'hier à aujourd'hui

La SIDEC, après la promotion de Abdourahmane TOURE à un autre poste, a été un moment présidée par Tidiane LI qui a cédé la place en juillet 1980 à Moustapha NDIAYE, Administrateur civil, ancien directeur de Cabinet du Ministre des Finances et de l'Economie. La société, depuis sa fondation a dépendu de ce dernier ministère, avec pour objectif le profit. On se serait attendu à ce qu'une société d'Etat accorde la priorité à la promotion du cinéma national, mais ce ne fut pas le cas. La SIDEC est donc une société de distribution et d'exploitation travaillant pour elle-même avec les contraintes éventuelles — et il y en a — de ses fournisseurs: son propre stock de copies SOPACIA racheté le ter janvier 1980 lors du passage de cette société à l'UAC; les films qu'elle acquiert, non 30

plus directement à l'UAC qui a officiellement disparu, fondue dans le Consortium Interafricain de Distribution Cinématographique (CIDC), mais au CIDC/France; les films fournis par l'AFRAM qui s'impose de plus en plus, et les films achetés ailleurs chez des indépendants. Et les films sénégalais? Sans doute, la Société de Distribution est une firme commerciale qui doit rechercher ses intérêts. On peut admettre qu'elle soit libre de refuser la diffusion d'un film qu'elle estime ne pas être rentable. Mais elle est aussi une société nationale, donc au service des films nationaux. Au vrai, dans les conditions actuelles, il n'y a aucun risque pour la SIDEC à distribuer n'importe quel film sénégalais, voire africain, puisqu'elle refuse les avances sur recettes et que par ailleurs, elle demande au producteur de fournir lui-même les copies et le matériel publicitaire. Un contrat de distribution dans ces conditions lui permet de couvrir largement ses frais. Le producteur, lui, doit se contenter de 40% de la recette de la salle, diminuée des taxes... Ce système est évidemment loin de satisfaire les revendications légitimes des cinéastes sénégalais. En mai 1981, la SIDEC qui dépendait, rappelons-le, du Ministère des Finances, ce qui explique partiellement son objectif, a été rattachée au Ministère de la Culture. Un nouvel esprit, une nouvelle orientation pourraient naître de ce changement. Au début de juin 1981, les cinéastes sénégalais qui avaient organisé des Journées d'Etudes sur le cinéma national, ont accablé la SIDEC de toutes les erreurs, de tous les manquements, de toutes les responsabilités. «Vingt ans après, le cinéma sénégalais est-il possible?» se sont-ils demandé. Mais la SIDEC a aussi ses propres problèmes. Elle est, par exemple, contrainte par l'Etat de construire dans chaque capitale régionale une salle de bon standing, elle doit investir chaque année 500 millions CFA, payer 500 millions de taxes aux municipalités et 450 millions de salaires... Une globalisation des problèmes du cinéma dans un seul organisme apporterait la solution, pensent certains. LA DIFFUSION NON COMMERCIALE Le Service Cinéma du Ministère de l'Information, en plus du journal filmé hebdomadaire, réalise également des dossiers sur des 31

événements nationaux particuliers, tels que les voyages officiels des Chefs d'Etat étrangers au Sénégal et les visites officielles du Président de la République à l'étranger. Ce Service réalise également des documentaires. Tous ces films, des courts métrages essentiellement, circulent dans le pays soit par les camions cinéma, soit par prêts consentis aux collectivités, aux organismes de jeunesse, aux lycées, à l'Université, etc... Il existait un camion cinéma dans chaque région du Sénégal, sauf dans la région du Cap-Vert. Hélas, depuis 1972, ces camions ont disparu. Seul reste en activité le camion-cinéma de l'Armée. La diffusion non commerciale des films se fait aussi par les Centres Culturels étrangers qui existent sur le territoire. On en compte trois: les Centres Culturels français, américain et soviétique. Au niveau de son Ambassade, chaque service culturel dispose d'un matériel approprié, y compris des films, qui font l'objet de prêts ou qui sont projetés à l'intérieur des Ambassades lors des réceptions qu'elles organisent pour leur propagande. Les Centres Culturels étrangers sont alimentés en films par les organismes du cinéma des pays dont ils relèvent. C'est ainsi que le Centre Culturel soviétique obtient des films de l'Etat, puisque le cinéma, en URSS, est un organisme d'Etat. Les Centres Culturels américain et français, via leur gouvernement, achètent la plupart des films aux sociétés privées et en reçoivent d'autres de leurs organismes officiels, surtout des courts métrages. Les Centres Culturels français sont en outre alimentés en films africains par le Ministère français de la Coopération, qui achète aux producteurs de ces films les droits d'exploitation non commerciale. Souvent ces droits de cession sont obtenus lorsque les prises de vues sont achevées et que le réalisateur africain, qui est généralement son propre producteur, cherche de l'argent pour terminer son film. Les Services français de la Coopération avancent l'argent nécessaire à l'achèvement du film. Cette somme est retenue sur le montant définitif de la cession des droits. Ce type d'aide a été supprimé le 31 décembre 1980. Désormais ces droits ne sont achetés qu'une fois le film terminé.

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L'EXPLOITATION LE CINEMA COMMERCIAL

On l'a déjà rappelé plus haut: en Afrique, pendant de longues années, l'exploitation cinématographique a été intimement liée à la distribution sur place, elle-même n'étant qu'un prolongement de la distribution installée en métropole. En 1973(1), le Sénégal comptait quatre-vingt salles de cinéma, offrant un total de 59.560 places et accueillant 4.461.000 spectateurs par an, dont 3.708.000 à Dakar. Ces salles relevaient de deux circuits: le circuit SECMA (vingt-cinq salles en 35 mm et six en 16 mm) et le circuit COMACICO (trente-neuf salles en 35 mm), dont vingt-neuf salles ou points de projection dans la seule capitale Dakar. Mais, depuis lors, la situation a évolué. Elle a été, bien sûr, étroitement liée aux changements intervenus dans les deux grandes maisons françaises et leur politique d'africanisation des salles, puis de fusion en SOPACIA, de passage à l'UAC, enfin de reprise pour la distribution par le CIDC. En 1980, au moment de l'effacement (du moins officiel) des Français devant le CIDC qui constitue peut-être un grand tournant, la situation de l'exploitation sénégalaise était la suivante: cinquantedeux salles réparties sur l'ensemble du territoire, dont trentequatre (c'est-à-dire 65%) appartiennent à la SIDEC. La seule région de Dakar compte dix-sept salles SIDEC, six salles privées, plus deux salles militaires françaises. La «sénégalisation» de l'exploitation cinématographique a été entièrement accomplie en sept ans. Il convient peut-être d'apporter quelques précisions: deux salles seulement, à Thies et à Dakar (le «Paris») ont le standing des cinémas des grandes villes européennes. Le Paris et le Plaza offrent normalement des films en première exclusivité, tandis que le Vog et l'ABC les reprennent en deuxième exclusivité et que le Club se spécialise en films hindous, toujours très prisés. Après ces passages, les films circulent dans les faubourgs et dans les régions. Rappelons enfin que le confort des salles et la qualité de la projection varient des quatre salles d'exclusivité aux «salles» de quartier et (1) Cf. notre «Le Cinéma Africain, des origines à 1973». 33

des régions qui ne sont pas encore toutes couvertes: la programmation et le prix des places y sont liés. LES SEANCES CULTURELLES

Diffuser la culture cinématographique n'est pas pécuniairement rentable, bien au contraire. Même si, dans la plupart des cas, les dirigeants des associations culturelles dispensent généreusement et gracieusement leurs efforts, même si une certaine diffusion peut se faire sans frais de location — on en a parlé plus haut sous le titre «diffusion non commerciale» — il est difficile souvent d'équilibrer le budget... Le principe général de financement de ces organismes de culture cinématographique est de faire payer les bénéficiaires de fait et les bénéficiaires en puissance. Dans le premier cas, les organismes sont privés et les adhérents paient une cotisation par séance, ou par mois, ou par an. Dans le second cas, ce sont des organismes d'Etat, tels les Centres Culturels et les diffusions par camion de cinéma. C'est donc le produit des impôts qui les fait fonctionner. Naturellement, il existe aussi des financements par dons, par subventions d'organismes internationaux... L'argent provient dès lors des nationaux d'autres pays plus privilégiés. Il se trouve également que des organismes étrangers privés à but philanthropique financent des associations, des sociétés de diffusion de la culture par tous les moyens et naturellement les moyens audiovisuels. Quoiqu'il en soit, les frais de fonctionnement sont souvent trop élevés pour ces groupements qui vivent difficilement. Pour faire profiter de la culture cinématographique ou de la culture par le cinéma, il faut que le prix demandé pour avoir accès à cette forme d'expression soit modique. Les séances sont même souvent gratuites lorsqu'il s'agit d'organismes gouvernementaux. Le Ciné Club de Dakar, qui a fonctionné jusqu'en octobre 1970 en toute indépendance des pouvoirs publics, a vécu des cotisations de ses adhérents. Une carte mensuelle avait été préférée à la carte annuelle, pour tenir compte du mode particulier de vie au Sénégal, contrairement à ce qui se passe en France pour des organismes similaires. Les tarifs pratiqués y étaient naturellement inférieurs aux prix des places dans les salles commerciales. Il se trouve également des foyers de projection de films qui s'apparentent aux Ciné-Clubs. Là, le prix est payé pour chaque séance sans qu'il soit nécessaire de posséder une carte. Il faut citer -

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aussi, à l'époque où elle fonctionnait, la diffusion de films par la télévision éducative (1). La facilité d'adhésion et de fréquentation est contenue dans les statuts de ces organismes. Le Ciné-Club et les organismes de culture cinématographique sont ouverts à tous, à condition évidemment d'en respecter les statuts. Comme les organisateurs des ciné-Clubs ne disposaient pas en propre de salles de projection, ils devaient se faire «héberger» par différentes organisations ou sociétés privées, selon le format des films qu'ils avaient à projeter. Il y a des salles qui sont gracieusement mises à leur disposition; pour d'autres, ils sont obligés de payer une location. Dans ce dernier cas, le prix de revient de la séance devient important. C'est en raison des frais généraux trop élevés que le Ciné-Club de Dakar a dû fermer ses portes. Il existe également l'association Film et Culture animée par la mission catholique. Les projections essentiellement destinées aux enfants des écoles ont lieu tous les jeudis à la salle Daniel Brothier. Le Centre de Bopp, animé par une équipe dynamique, a inscrit à son programme également des projections de films suivies de débat. La Maison des Jeunes à Dakar quand elle existait encore, ainsi que les Centres Culturels africains (2) organisent eux aussi des projections de films. Ils empruntent leurs films aux Centres Culturels étrangers, n'en ayant pas eux-mêmes à leur disposition. Les Lycées du Sénégal et l'Université de Dakar organisent eux aussi des projections, dont certaines ont nettement le caractère d'un ciné-club. Un groupe est particulièrement efficace, celui de Mohamed DIOP au CESTI. L'Armée française et l'Armée sénégalaise organisaient périodiquement des manifestations cinématographiques dans leurs centres et casernes. Elles ont un caractère à la fois éducatif et distrayant. Dès son avènement en 1972, la télévision nationale est devenue également un centre de diffusion de films, généralement des films étrangers, surtout français et américains.

(1) Remplacée depuis 1972 par la télévision nationale. (2) Comme le Centre Culturel Blaise SENGHOR (ainsi appelé en mémoire d'un cinéaste sénégalais) qui fonctionne depuis 1974. Son nom actuel lui a été donné en 1976. 35

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Le programme des salles de Dakar (extrait du journal «Le Soleil»).

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