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French Pages [655] Year 2014
L'ASTROLOGIE GRECQUE PAH
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L'AS'rROLOGIE GltECQUE
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PRÉFACE
Ce livre est un chapitre de l'Histaire de la Divination dans l'Antiquité� repris et développé dans les limites de temps et
de lieu, nécessairement un peu indécises, qui circonscrivent l'histoire de l'« antiquité >>classique. Le sujet avait autrefois vivement piqué ma curiosité; mais, comme je ne devais pas, dans une étude générale sur les méthodes divinatoires, lui donner un développement hors de proportion avec l'en semble, je ne m'étais pas cru obligé de m'engager à fond dans cette selva oscur-a. Je me contentai alors d'en faire le tour et d'y pratiquer provisoirement quelques éclaircies. Une nouvelle poussée de curiosité m'y ramène au bout de vingt ans, avec le ferme propos de débrouiller enfin cette étrange association - unique dans l'histoire de la pensée humaine de raisonnements à forme scientifique et de foi masquée; avec l'espoir de saisir l'enchaînement des idées maîtresses qui supportent tout l'assemblage et de noter les étapes par courues par la logique achal'Dée à la poursuite des secrets de l'avenir. Je n'ai rien changé à ma méthode, soit de rechérche, soit d'exposition. Ell� consiste, pour la recherche, à remonter vers les origines jusqu'à ce que l'on retrouve l'état d'esprit où ce qui est devenu plus tard inintelligible ou déràisonnable était le produit d'un raisonnement simple, parfaitement intel ligible; pour l'exposition, à refaire en sens inverse le chemin parcouru. On me permettra de dire que j'ai été. encouragé à y persévérer par les constatations que j'ai pu faire depuis. En suivant, non pas de très près, mais avec assez d'attention,
II
PRÉFACE
les enquêtes sporadiques du fo1k-lore, je n'y ai rencontré aucun fait concernant les pratiques divinatoires,
aucun
usage, si bizarre soit-il, qui ne rentre sans effort dans les cadres que j'ai tracés pour la divination gréco-romaine et n'y trouve son explication. L'esprit humain est partout le même, et on le constate plus aisément qu'ailleurs dans les ques tions de foi, où il opère sur un très petit nombre d'idées. Il ne crée pas volontairement le mystère : il le rencontre au bout des spéculations métaphysiques, par impuissance de comprendre l'infini; mais, en deçà de ce terme, il n'est point d'arcane qui ne soit un oubli de sa genèse intellectuelle, du
circuit plus ou moins sinueux par lequel telle croyance ou pratique est issue logiquement de croyances ou pratiques antérieures. Les superstitions sont des survivances dont on ne comprend plus la raison d'être, mais qui ont été en leur
temps, et par un point de suture que l'on peut souvent retrouver, fort raisonnables.
Ce qui est vrai des superstitions en général l'est, à plus forte raison, de l'astrologie, qui a essayé de rattacher d'une façon quelconque aux sciences exactes, à « la mathéma tique»,les efforts les plus aventureux de l'imagination. L'as
trologie une fois morte- je crois qu'elle l'est, en dépit de tentatives faites tout récemment pour la revivifier- a été traitée avec un dédain que l'on ne montre pas pour des ques
tions d'importance historique infiniment moindre. On dirait qu'il entre encore dans ces façons méprisantes quelque chose de l'irritation qu'elle a causée autrefois à ses adversaires, à ceux qui, ne sachant trop par où la réfuter, se prenaient à la
haïr. Letronne, soupçonnant quelque « vision astrologique» dans un détail des zodiaques d'Esneh, estime que « cette par «
ticularité tient à quelque combinaison d'astrologie qui ne
cc
mérite guère la peine qu'on prendrait pour la découvrir».
Il constate que, une fois dépouillés
et � à des disques, l'un traversé par la lance de Mars, l'autre muni d'un manche, comme le miroir de Vénus, le troisième surmonté du caducée de Mercure.. Je me borne donc à inter préter les sigles et abréviations employés dans cet ouvrage. ·
PLANÈTES.
SIGNEs DU ZoDIAQUE.
Bélier (Kp�6ç-A1•ios). Taureau (Taüpoç-Tau1•us). Gémeaux (i!OufLo�-Gemini). Cancer (Kapxivoç-Cancer). Lion (AÉCùv-Leo). Vierge (llap6Évoç-Virgo). ,!!,. Balance (X'J)Àct(-Zuyoç-Libra). rn.. Scorpion (�x.op1t�aç-Sc01·pius). :Jo+. Sagittaire (To;o-r:'J)ç-Sagittarius). :6 Capricorne (Aty6x.sp. Vénus (Cùaq>opoç-'Eopoç-•Ea1te
nus).
poç-'Aq>poô(-r:'J)- Venus).
:::: . Verseau J(. Poissons
('rôpoxaoç-Aquarius). ('Ix6usç-Pisces).
�.
Mercure
(�-r:iMlv ocù-ro, dç -roù, "EÀÀ'flv"' è;i!vEy"K E -rà:ç .. u y y p ot :p .:i , (Joseph., C. Apion., J, 129). Be1•osus qui Belum intel'in·etatus est (Senec., Q. Nat., Ill, 29). Belum est le titre d'un grand ouvrage en 72 livres, " l'Illumination de Bel " ou « l'OEil de Bel (Namar-Beli ou Enu-Beli) ••, qui fut rédigé, dit-on, vers le xx• siècle (ou xxxvm• ? Cf. C.-R. Acad. lnsc1'., 9 avril 1897), par ordre de Sargon, roi d'Aganê, et copié au vn• siècle pour la bibliothèque d'Assourbanipal à Ninive. Épigène, au dire de Pline (VII, § 139), citait ces textes - obse1·vationes sidm·um coctilibus late1•culis insc1•iptas - sans doute d'après Bérose. Ces écrits fasci nent Vitruve, qui confond probablement avec eux l'ensemble de la littérature astrologique : E01·um autem inventiones, quas scriptis l'eliqtte1'ttnl, qua solertia
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CHAP.
U.
-
L'ASTROLOGIE CHALDÉENNE
Il est clair que, en un temps où les philosophes grecs avaient déjà ébauché des systèmes cosmographiques pJausibles et espacé les sphères célestes à des distances harmoniques, au moment où les astronomes d'Alexandrie commençaient l'inventaire descriptif du ciel et appliquaient à l'astronomie la rigueur des méthodes géométriques 1 , plus d'un auditeur eût été tenté de prendre pour un bavardage enfan tin ou un radotage sénile les élucubrations chaldéennes, s'il n'avait pas été intimidé par l'énorme masse d'observations qui étaient censées supporter ce fatras de légendes. Le débat sur les prétentions respectives de la Chaldée et de l'Égypte à la priorité en matière de culture, débat qui dure ·enco.re aujourd'hui 2, devait être alors d'un intérêt tout actuel. Bérose, si l'on en croit nos auteurs, écrasait toute réclamation sous le. poids de ses chiffres. Il parlait d'observations poursuivies en Chaldée depuis 490,000 ans. Encore passa-t-il pour modeste par la suite , car Épigène de Byzance allait j usqu'à 720,000 ans, et Simplicius - au temps où le monde retombait en enfance qttibusque acuminibus et guam magi'ti fuerunt qui ab ipsa natione Chaldaeo1'Um p••ofluxe1'1tnl, ostendunt (IX, 4 [1]). Une partie des fragments de l'ouvrage retrouvés à Kouyoundjik ont été publiés dans le troisième volume de Raw tinson, I. W. A. ( Cunei(01•m Insc1·iptions of Westem Asia). Le British Museum possède près de 20,000 débris de la bibliothèque d'Assourbanipal et plus de 50,000 inscriptions cunéiformes en tout. Il est bon d'insister tout de suite sur une distinction, intelligible même pour les profanes , entre les anciens textes des vu• et vrn• siècles, qui sont à peu près exclusivement astrologiques, mais sans précision scientifique, inutilisables pour les astronomes, et les textes du temps des Séleucides et Arsacides (m• et n• siècles avant J . -C.), qui sont des documents astronomiques, sans rapport avec l'astrologie, sauf quelques thèmes généthliaques que l'on trouvera cités plus loin. Ces documents astro nomiques sont les seuls dont s'occupent les PP. Strassmaier et Epping, Asl1·o nomisches aus Babylon, ode1• das Wissen de1· Chaldüer übm• den gestir·nten Himmel, Freib. i . Br., 1 889. Il ne faut donc pas faire bénéficier les anciens Chaldéens, que nous nous permettrons de considérer comme des astrologues passablement ignorants, de la science des nouveaux Chaldéens, des astro nomes de Sippara, d'Ourouk et de Borsippa (cf. Plin., VI, § '123) que nous sup poserons, jusqu'à preuve du contraire, émules et probablement disciples des astronomes grecs. Parmi ces Chaldéens, qui formaient comme trois écoles, il y en avait même qui reniaient l'astrologie : �poa7toLoüvu� oé 'tL'n:; 1t:I! y:;vs6).L:x Àoys!v, o ü ç o 0 1t à. 1t o o é x: o v 't :x L o1 Ë't s p o L (Strab. , XVI, p. 739). 1 . Les observations de Timocharès et Aristyllos, qui permirent à Hipparque de découvrir la précession des équinoxes, datent de 293-272 a. Chr. Ptolémée cite d'Aristarque de Samos une observation de l'an 280. 2. Le débat parait tourner à J'avantage des Chaldéens. On assure que des documents où se trouve la première mention de Babylone remontent au xxxvm• siècle avant notre ère (C.-R. Acad. Inscr . , 28 août 1896). Cf. Fr. Hom mel, Der Babylonische U1·sp1'1tng de1· Aegyptischen CultU1'. München, 1 892.
BÉROSE ET LA TRADITION CHALDÉENNE
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ne s'effrayait pas du chiffre de i ,440,000 ans 1• Sans doute, les gens sérieux faisaient des réserves. Cicéron tient les Babyloniens pour des hâbleurs ; Diodore se défend de croire à une antiquité aussi fabuleuse, et il resta acquis, comme le dit Georges le Syncelle, que Bérose et Manéthon avaient voulu enchérir l'un sur l'autre aux dépens du bon sens 2• Cependant, les moins crédules restaient convaincus qu'ils avaient · affaire à une tradition très ancienne. A supposer que la cosmogonie ou la cosmographie chaldéenne parfit arriérée, les observations de faits gardaient toute leur vale ur, le point délicat étant en astrologie, comme en toute espèce de divination, d'établir le rapport entre le signe et la chose signifiée. A moins q u'il ne soit révélé, ce rapport ne peut être connu que par l'expérience, et l'expérience elle-même ne devient probante qu'à force d'être répétée. Si Bérose apporta à ses disciples des listes d'éclipses comme celles que l'on a retrou vées à Kouyoundjik, avec mention des événements consécutifs, il dut leur donner une haute idée du temps qu'il avait fallu pour insérer des observations d'éclipses à tous les jours de l'année. En groupant ce que nous savons auj ourd'hui des doctrines 1. Plin., VU, § i93 . Simplic. ad Aristot . , De Caelo, p. 475 B. Le chiffre de Bérose varie suivant les auteurs qui le citent : 470,000 (ap. Cie . , Divin., I, i9 ; II, 46), 473,000 (ap. Diod., Il, 3i), 468,800 (Fr. Hist. Gr., II, p. 5i0), 432,000 (ibid. , p. 499) . Naturellement, les partisans de l'Égypte ripostaient. Ils assu raient que, de Ptah à Alexandre, il s'était écoulé 48,863 ans, durant lesquels on avait observé 373 éclipses de soleil et 832 éclipses de lune (Diog. L., Prooem. , 2). Martianus Capella (VIII, p . 812) fait dire à l'Astronomie : Aegyptio ?'um clausa adytis occulebm· : quippe pm· ecce {el·me annm·um 11-I illic ?'eve ?'enti obse1·vatione delitui. Ces chiffres ridicules ont dû être enflés par l'in trusion d'une idée stoïcienne, celle de J' a '11' o >t e n ci. 0' ..., ctO' tç (redintegratio), traduite en astronomie par Y.,p.·fl engendré le Jour, le précède en temps et en dignité 7tpo't:i-net �T)v 'lux.-rœ 'ti\ ; on annonce abondance de poissons dans le pays. La même est en opposition avec Merc.ure ( ? ) ; le Roi « reste dans son pays », peut être par équilibre de deux influences égales et contrairés. Par le fait d'une opposition de Mars et de Vénus, > . Por phyre aime mieux supposer q u e > . Ce n'est pas une théorie, c'est un dogme ima giné après coup, pour j ustifier la pratique des « aspects >> et en l'honneur du nombre septénaire. Il ne dérive certainement pas du '!igle graphique à huit branches employé par les Chaldéens pour figurer les étoiles, et ce n'est sans doute pas se tromper d'adresse que d'attribuer toutes ces constructions géométriques à l'infusion de doctrines pythagoriciennes dans l'astrologie. On voit comment, de concession en concession, en tenant pour démontré ce qui n'était pas absurde a p1·io1·i, un adepte de l'astrologie pouvait arriver à la foi sans se croire brouillé avec la logique. Il dut y avoir des mathématiciens qui prirent tout à fait .
.
1.. Après un bref exposé, très difficile à comprendre, dit le scoliaste (ôuo-x:x oretvÔ'l\-ret. Anon., p. 30), Ptolémée conclut : ot' 1\v ôè et!'t(:xv Otu-:œ' p.ovet' orbiv s,:xo-ora o-ewv 1tJCpeÀi)'f'61',o-etv, È"M- -rouorwv &v p.aeo,p.ev (Tetmb. 1, i4). C'était trop de mathé
matiques pour Porphyre et ses contemporains. 2. T&. y:!cp r > : autrement dit, il accepte les tons de la lyre pythagoricienne. Les alternances de mouvement direct et rétrograde, les déplacements en profon deur (�&6oc;) et en latitude (7tH'toc;), sont expliqués par quantité de cercles directeurs, correcteurs, isolateurs, dont chacun a pour L
Cf. ci-dessus, p. 24, 1. La théorie des épicycles est x:xÀ-1) p.èv thdvoL:x x:xl
'i'U)(.OtLÇ È(L7tpÉ7tOUcrOt ÀOj'LltOtLÇ1 'ti\ç
0� 't(;>V
OÀWV dicr'tO)(.OÇ cpucrewç, f,ç (LOVOÇ
&o/nÀJctantia sidera mundo (I, �59, 809. Cf. II, 1 19) - con tm nitentia signa (I, 309), - mais il a ajourné sa tâche (V, 1-H), et il aurait dû faire quelques palinodies pour leur rendre la prééminence qui leur con vient. Cependant, il sait que Utcunque stellae septem laeduntve juvantve, 1 Sic felix aut triste venit pet• singula fatum (Ill, 89-91). • . .
HÉGÉMONIE DES PLANÈTES
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« sorts )) ' qui s'ajustent à l'heure d e chaque géniture) , courait risque d'être relégué parmi les antiquailles, s'il n'avait été de bonne heure converti en domaines planétaires et, à une certaine époque, sous l'influence de la tradition « égyptienne », régénéré par l'invasion des « décans )) . Dans les calculs de l'astrologie savante, de celle qui se dit capable de suivre les mouvements des planètes et d'en noter·à tout moment la position, les étoiles fixes ne sont jamais qu'un appoint. Elles sont trop haut placées, trop pures, trop étrangères aux vicissitudes de notre monde sublunaire, pour rivaliser avec les planètes. C'était une question philosophique à débattre que de savoir si , dans la collaboration des signes et des planètes, l'harmonie venait de ce que les planètes répartissent des influences issues des étoiles, ou au contraire, de ce que les étoiles parti cipent de la nature des planètes et s'accommodent à leur tempé rament 1 • Les astrologues avaient tranché la question de pra tique en faveur des planètes. C'est par assimilation aux planètes qu'ils appréciaient la nature des étoiles fixes 2, et ce travail d'as similation, ils l'ont poursuivi et achevé sur les signes du Zo diaque, en y fixant à demeure, sous forme de droit de propriété,
1. Cicéron, qui exprime en termes vagues des Idées confuses, semble attri buer à ses " Chaldéens » la première solution : Vim quamdam esse aiunt signi fero in orbe, qui Graece Zwo�ot>toç dicitur, talem ut ejus orbis unaquaequae pw·s alia alio modo moveat inmutetque caelum perinde ut quaeque stellae in his finitumisque partibus sint quoque tempore, eamque vim val'ie movel'i ab iis side1•ibus quae vocantur en·antia, etc. (Cie. Divin . , Il, 44). On ne saurait dire si la vertu de chaque partie du cercle est une fraction de la vertu du cercle entier ou une vertu spéciale qui est suscitée (moveri) par les planètes supposées présentes (ut quaegue stellae in his finitumisgue pw·tibus [cf. les optot] ). L'au teur de l'Hermippus enseigne que les étoiles ajoutent un supplément considé rable (-ri p.éytaorot oroùç &1tÀotve!ç &a-répwv aup.liotÀÀo p.évouç) à l'action des planètes, et de même nature : oort p.Èv yècp >tex! où-rot [&1tÀcxvetç] or�� orwv s1t-ri 1tOt6n:-rt
xÉxpŒV'CIX� 1tp6't'Epov ' El?1".'�Ctt - xcd ôî)Àov Wt; o:etlrtOv av Èxe:lvtp 'itot·�aEtEV oU -ci\� >tpcia•wç èa1tcxaev (II, 7, § 60-62). - Suivant Hermès Trismégiste (tradition « égyp
tienne »), au contraire, c'est l'action des planètes qui est l'appoint, l'action principale venant des signes intelligents : �wotcx ycip ortvcx tcXO''tOv cpua�>tt,v È•1ipy•�cxv (ap . Stob.,
Ecl., I, 41-44, p. 948). Hermès songeait plutôt aux décans égyptiens qu'aux �wotcx grecs . 2. Voy. les estimations minutieuses faites, étoile par étoile, d'après les éta lons planétaires, dans Ptolémée et Héphestion de Thèbes, et portant même sur des constellations extra-zodiacales (Ptol., I, 9. Hephest., pp. 68-70 Ehgelbr. , >tot6wç 0 L à p )( ot ! 0 t >tCXL 0 6El0Ç fl'tOÀô fLOtÏOÇ È>tor(6e-.:cxt). Il faut toujours des à p l(, ex r o t au fond de la perspective !
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CHAP. VII. - COMBINAISONS DES SIGN;ES ET PLANÈTES
de présence virtuelle, de préférence voulue, l'influence prépondé rante des planètes. Cette répartition des droits de propriété des planètes « mai tresses de maison » (olxo�a=6-r�Xt) sur le contour du Zodiaque n'est pas la conception la plus étrange de l'astrologie, - celle de la répartition des influences zodiacales à la surface de la Terre l'est davantage, - mais c'est une des plus curieuses à analyser et peut-être des plus difficiles à ramener à des motifs intelligibles. L'astrologie classique, entre tous les systèmes que pouvait éla borer la fantaisie, en a adopté et couramment employé trois prin cipaux : celui des domiciles ( oTxot - domus) ; celui des exaltations et dépressions (ù4wflQ('tiX - -r�X'It'etvwp.�X-riX - altitudines - dejectiones) ; celui des termes ou confins (8pt�X - fines - termini). § 1. - DOMAINES PLANÉTAIRES 1 o Domiciles des Planètes ( otxot). - Au temps où l'on croyait que les planètes cheminent au milieu des étoiles fixes, il était naturel d'imaginer que chaque planète, considérée comme divi nité, et1t quelque préférence pour une des stations rencontrées sur la route, et, pour employer l'expression astrologique, s'y réjouit (x�Xlpm - gaudere) particulièrement 1• La science grecque, en espaçant les orbes planétaires et en reculant le ciel des fixes, ébranlait le principe même qui pouvait conduire à la théorie des domiciles planétaires et la justifier 2• Par conséquent, ce n'est pas en Grèce, mais en Orient, qu'il faut chercher les origines du système. Cela ne veut pas dire qu'il ait été importé tout fait et accepté tel quel. Le principe a pu être connu de 1. Le principe, suffisant à toutes les applications, est 't"wv 'ltÀavwjJ.ivwv > assignaient pour domicile aux pla nètes les signes que l'on appelait d'ordinaire les « exal lations » L Manil . , II, 433-452. Manilius suit l'ordre des signes, en commençant par le Bélier, et ne parait pas avoir remarqué la règle du diamètre, qu'il men tionne seulement pour le couple Jupiter-Junon (Et Jovis adverso Junonis Aqua1'ius ash·um est). Il n'y songe pas davantage pour Vulcain, qu'il ne met pas en relation avec Minerve : il suppose que Vulcain possède la Balance parce qu'il l'a fabriquée (fab1•icataque Libm 1 Vulcani)! Sa naïveté nous garantit qu'il n'est pas l'inventeur du système. Les tutelae des dieux susdits sont ordonnées de même sur l'autel de Gabies (Clarac, Musée du Louvre, pl. 171), où l'on voit les animaux symboliques, l'aigle de Jupiter, le paon de Junon, etc . , accolés aux signes du Zodiaque. On les retrouve encore, mais transposées d'un mois (Ju piter · dans le Cancer, au lieu du Lion), dans le Calendm·ium Rusticum (cf. Th. Mommsen, Riim. Ch1·on., 2• éd., pp. 305-308). L'ordonnance n'est pas ro maine, évidemment : les Romains auraient mis Mars dans le Bélier (mars) Junon dans le Cancer (juin), Janus dans le Verseau (janvier), etc. Les couples ne sont pas non plus appariés suivant la doctrine officielle des Xvil•i S. F. (cf. Liv., XXII, 10): Mommsen attribuerait volontiers le système à Eudoxe; mais la dose d'idées astrologiques qu'il contient montre qu'il doit être plus récent.
LES DOMICILES PLANÉTAIRES (ô•Jnh!J.œ't!lt) des dites planètes 1• En ce cas, la divergence se rédui sait à une querelle de mots, à un troc d'épithètes, les deux formes de propriétés (oTx.ot - ô> proprement dites, laissant aux deux « lu minaires >> leur domicile unique . C'étaient des IMC. gens fort ingénieux, et Fig. 23. Le thème du monde. ils n'étaient pas embar rassés de j ustifier un arrangement qui leur était visiblement imposé par la tyrannie des chiffres. Ils commençaient par affir mer que les planètes devaient avoir un domicile de j our et un de nui t ; cela posé, on trouvait rationnel que le Soleil, qui est le jour même, n'eô.t pas un domicile de nuit, et que la Lune, flambeau de la nuit, n'eô.t pas de domicile diurne. Les autres planètes se L L'extravagance consiste à confondre la présence réelle d'un astre avec son domicile, et à supposer que la planète, se déplaçant d'un domicile à l'autre, se " conjoint ,, par aspect diamétral, trigone, quadrat, avec le Soleil ou la Lune supposés immobiles. Par exemple, Saturne dans le Capricorne est associé à la Lune par le diamètre : mais, quand il a passé dans le Verseau (second domicile), il s'associe de même avec le Soleil (qui l'a sans doute attendu .dans le Taureau). Quant à la transmission du priricipat11-s tempo1·um (= zpovo-.tpoc-rop[oc) d'une planète à l'autre par mariage avec la Lune, elle est vraiment curieuse, et Firmicus enfle la voix pour la fairé valoir : Libet itaque divinae istius compositionis explicare commenta, ut con.functurae istius admirabilis mtio ma,qisterii studio pandatur. Ill, 1, 10). Les planètes arrivent l'une après l'autre, dans l'ordre descendant, en commençant par Saturne, et par l'effet de leur mouveme�:�t propre, à s'unir (se conj�J,ngm·e) à la Lune, ce qui leur donne la " principauté ,. (comme jadis les Pharaons parvenus se légitimaient en épousant des princesses royl!-les). Et voilà pourquoi l'histoire du monde a commencé par le règne d.e Satnrne et doit finir au règne de Quid ha.c potest inveni1·i dispositione sub.ti Mercure, l'âge de la « malice lius ? (III, 1, 14). Cela est subtil, el). etfet, et le conjugium de la L1.1ne et de Vénus est subtilement escamoté par l'ell.prëssjop. : post Martem dominandi Venus tempus accepit (III, 1, 13). "·
CHAP. VII. - COMBINAISONS DES SIGNES ET PLANÈTES
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partageaient les dix autres domiciles et en avaient par consé quent deux chacune, l'un du côté solaire, l'autre du côté lunaire. Ici , la logique était quelque peu violentée, car, à part l'andro gyne Mercure, les planètes avaient leur a'lpea!ç bien tranchée, et on ne voit pas pourquoi, étant pourvues d'un domicile du côté de leur chef de file, elles en ont un encore du côté adverse 1 • Mais, si la logique n'était pas satisfaite, le goüt de la symétrie l'était amplement. Le grave Ptolémée s'est chargé de trouver des motifs raison nables à un système qu'il n'avait pas inventé, mais qu'il voulait DOM ICILES ET PLANÈTES DOMICILIÉES
(A�pecrLç lunaire ou nocturne)
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DOMICILES ET PLANÈTES DOMICILIÉES
(A'(peaLc; solaire ou diurne)
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gone. Ou il a mal lu Dorothée, ou Dorothée complétait son explication dans un passage que nous n'avons plus ; car on ne trouve rien de pareil dans les treize vers 'lt s p l -. p ty w v w v qui nous ont été conservés par Héphestion de Thèbes.
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CHAP. VII.
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COMBINAISONS DES SIGNES ET PLANÈTES
aux trigones, jettera peut-être quelque lueur subobscure sur le grand arcane des ùpLCt 4° Confins ou Termes (ùptoc - fines - termini) . - On entend par ùptoc des fractions de signe séparées par des bornes intérieures et dis tribuées dans chaque signe entre les cinq planètes 1 , à titre de propriété domaniale représentant leur influence spécifique et équivalant à leur présence réelle 2• Ces propriétés sont inégales en étendue, inégales en tre elles dans le même signe et inégales d'un signe à l'autre pour la même planète, ce qui est un premier mystère : les planètes qui les possèdent sont rangées dans un ordre qui varie pour chaque signe, sans former jamais, ni dans un signe, ni dans l'ensemble des signes, une série connue et intelligible, ce qui achève de dérouter même les docteurs en astrologie. Ptolémée, cette fois, renonce non seulemen t à com prendre, ce qui a dô lui arriver plus d'une fois, mais à affecter de comprendre. Se trouvant en présence de deux systèmes, l'un , absolument capricieux, mais généralement accepté, sur la foi des '' Égyptiens », l'autre, plus intelligible, ·mais garanti seulement par la tradition chaldéenne, qui inspirait moins de confiance, surtout à Alexandrie, - Ptolémée n'est pas médiocrement embarrassé. Il fait des objections à l'un, critique l'autre, et finit par en proposer un troisième, qu'il n'ose pas donner comme sien, mais qu'il prétend avoir trouvé dans un vieux livre, rongé par le temps, mutilé et en certains endroits indéchiffrable. A l'entendre, ce troisième système, fondé sur des raisons « naturelles )) et d'accord avec une foule de constatations expérimentales que contenait le vieux livre en son neuf, est le vrai système égyptien, expurgé des erreurs et retouches maladroites qui l'avaient défiguré. Cette page de Ptolémée est un document psychologique de haute valeur ; elle nous montre l'état d'esprit des croyants et les . •
t . 'E1tal où Wiov-rcxt 'tOLÇ 'f'Wat optcx (Ptol . , Tetrab . , 1, 21). 2. Licet ipsum signum alienae sit potestatis et alterius habeat domicilium, ta men pm·tes ejus quasi p1·opriae singulis stellis dividuntu1·, quae pa1•tes fines stella1•um nominantur : hos fines Graeci 8 p t cx vocant (Firm. , Il, 6 Kroll) . Cf. l'expression de finitumae partes dans Cie. Divin ., 42 (ci-dessus, p. 181, 1).
- "Optcx oÈ cia-répwv 1tpoacxyopEuouatv Èv hola-r
(7tp oaw7t:x) qui sont accolés aux planètes, sinon confondus avec elles. Cette triple série d'agents paraît composée des décans et d'hypostases ou émanations des décans ; les décans en haut, les paranatellons au niveau du Zodiaque et les bi v, pp. 192-193 Junct. Cf. Anon., pp . l.00-103. Le scoliaste trouve à l'analyse six questions : i • s'il y a ou y aura des frères ou sœurs ; 2• s'il y en a peu ou beaucoup ; 3• s'ils sont bien faits et heureux ; 4• si ce sont des frères ou des sœurs ; 5• quels sont les aînés, des frères ou des sœurs ; 6• s'il y aura entre eux amitié ou inimitié (Anou., p. 101).
PRONOSTICS CONCERNANT LES FRÈRES
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autrement dit, le lieu occupé par Vénus, si la naissance est diurne ; par la Lune, pour les génitures nocturnes. Suivant que ce lieu sera en relation avec un nombre plus ou moins grand de planètes sympathiques et bienfaisantes, le nombre des frères nés ou à naître sera plus ou moins grand. Le caractère des signes où se trouvent les planètes susdites peut atténuer ou exalter leur influence fécondante, laquelle sera plus forte dans les signes bicorporels que dans les signes simples . De même, les planètes malfaisantes tendent à produire la stérilité. On comprend de reste que les planètes masculines annoncent des frères, et les fémi nines, des sœurs ; que les planètes à l'Orient dominent les pre miers frères ou sœurs, et les planètes à l'Occident, les derniers ; enfin, que les positions des planètes par rapport aux too> 3• L On voudrait savoir quel est l'homme d'esprit qui a imaginé que les pla nètes donnaient la, moyenne juste quand l'Horoscope était dans la Balance (Firmic., II, 25 , 10 Kroll) ! 2. Voy. ci-dessus, pp. 208-209. J'imagine qu'un j eu de mots fait sur opta = fines = limites de la vie a pu suggérer aux astrologues cette solution et servir ensuite à la confirmer. 3. Ci-dessus ( p . 208, 2), le texte du scoliaste. De mêmt>, Paul d'Alexandrie ; "
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ANNÉES DE
VIE
OCTHOYÉES PAR LES PLANÈTES
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Pour fixer le minimum, les astrologues puisèrent au hasard dans ce qu'ils savaient d'astronomie ou donnaient pour tel. Je crois que Scaliger et Saumaise leur font un honneur immérilé en s'évertuant à découvrir la raison d'être de leurs chiffres 1• On voit bien que le minimum de Saturne (30 ans) est égal à la durée de sa révolution (l a ( a. 7tap(o3oç) ; de même, pour Jupiter (12 ans) . Mais les 15 ans de Mars, les 8 ans de Vénus 2 et les 20 ans de Mercure sont probablement à classer parmi les arcanes. Quant à la moyenne, c'est, comme de raison, la moitié de la somme des extrêmes. Bien que les luminaires fussent exclus de la maîtrise des géni tures et du tableau des opt:t, on finit par les replacer dans la liste des « donneurs de vie ,, 3• Il y avait, en effet, quelque chose de choquant à leur ôter l'exercice d'une prérogative qu'ils pos sédaient par excellence. Ils purent donc l'exercer quand ils se trouvaient dans les � auditions imposées aux « œcodespotes de la géniture >> . Le maximum, que ne donnaient pas les opw. de la tradition égyptienne, fut élevé pour eux à des chiffres plus que centenaires ; le minimum fut emprunté au cycle de Méton (19 ans) pour le Soleil, et, pour la Lune (25 ans) , à la durée approximative (en jours) du mois tropique 4• otdt ydtp 'tWVOa 'tWV ôp[wv ol O"O'f'OL 'tWV Atyu7r'tlWV è'tëlt!J.i}p1XV't0 'tOV 7rëpt o1>tOOê0"7rO 'têliXÇ Àoyov, à.'!'' ou XIXL ô 7rëpt xpovwv Çw·i\ç O"UVla'tiX'tiXt. Kilt! y2p XIX�dt &vû.oy[:xv ëlç au tJ.7rÀf,pwatv -rôiv -rf rwtpôiv -roü Ç w o rp o p o u xuû.o:; (encore un jeu de mots sur Çwf, et Çworpopoç) Ô 'tWV Ô p ( w V &pt6!J.àÇ &7r1)p'tLO"'t:XL, -ri\ç 7rOO"O't't\'tOÇ 'rWV p.otpôiv ·1\ç 1t1X6' �x:xa-rov Çwotov ËxiXa'toç 'tW'' à.a'tépwv È>tÀ't\pwano 'tov cipt6p.ov 't dt -r é À ;: t :x 't�, ç Ç w 1\ ç ii 't T, otooua'f\Ç (C 1. ). En dernier recours, les astrologues invo
quaient les observations et expériences faites. C'est ce que répond Ciruelo (op. cil. , Prolog. II, 7) à Pic de la Mirandole. 1 . Voy. Scaliger, pp. 262-266 ; Salmas., pp . 209-222 . 2. Ce chiffre figure dans les Tables chaldéennes du temps des Arsacides (ci-dessus, p. 209, 3). C'est aussi le nombre de degrés mesurant l'écart de Vénus en « lever héliaque ., (ci-dessus, p. 11.1, 3) et l'efficacité de son rayon (ci-après, p . 421, 2). Nous retrouverons toutes ces cotes au ch. xrv, dans la dist?·ibutio tempomm ou système des chronocratories. 3. C'est peut-être la raison pour laquelle fut confectionné le système de l' h -r & Ç w v o ç (ci-dessus, pp. 213-215). 4. Voy. le texte cité par Saumaise (p. 247) où il est dit que le !J."'VLot!oç >tuûoç est x a -r dt p. o ! p ot v ·�p.Épaç x;:'. Malgré l'écart considérable (la durée réelle est de 27 j. 4 h. 43'), le chitl're de 25 comme 1 o [ IX 7rëp[oooç de la Lune est attesté par Valens (ap. Salmas., p. 209), Firmicus (Il, 25, 9 Kroll), Nicéphore Choniata (ap. Fabric., S. Empiric., II, p. 236) etc. Pruckner (Firmic., II, 28-29) écrit 29. J,e tableau ci-j oint (p. 410) est donné par Pruckner (Firmic., II, 28-29) et Sau m aise (p. 215), qui prend la peine inutile d'ajouter des 1 /2 aux moyennes des sommes impaires, mais oublie de corriger l'erreur de moyenne (9 42) com-
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CHAP. XII . - LA GÉNÉTHLIALOGIE
On dressa donc, pou r les sept datores vitae, le tableau suivant. Bien entendu , les éclectiques ne se firent pas faute - surtout quand ils avaient à rendre raison de la durée d'une MOYENNE I!INIMUM MAXIMUM PLANETES existence déjà terminée de mélanger les divers 43 ans. 30 ans. 57 ans. 9 procédés, d'emprunter aux 45 12 19 '1f signes ou aux « lieux >> ce 40 15 66 r3" -qui pouvait manquer à 69 1 20 :19 0 45 8 l'apport des planètes, de 9 82 16 48 20 combiner un maximum 9 l OS 25 66 c avec un minimum, ou de faire les soustractions con venables en invoquant l'intervention de planètes antagonistes ou de crises climatériques 1• Un astrologue intelligent n'était jamais à court de raisons pour sauver la théorie des bévues de la pratique. Ptolémée, qui ne prenait pas fort au sérieux lé s op:a. et savait à quoi s'en tenir sur les prétendues « périodes )J planétaires y
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mise par Pruckner. Il a été dressé d'après Valens, Firmicus (Il, 25 Kroll, Quis deo1·um quot annos decemat) et Paul d'Alexandrie (T 1). On sait combien les chiffres des manuscrits sont sujets à caution. Les éditeurs récents de Firmicus auraient dû y songer et ne pas enregistrer, ici encore (cf. ci-dessus, p. 195 , i , 207, 1 ) , des méprises aisées à rectifier. C'est à de pareilles méprises que j'attribue les bizarreries des chiffres de mois, jours et heures ajoutés par Firmicus aux chiffres du minimum. Les astrologues avaient songé à accommoder leur tableau au calcul de la vie des ch p o
t )..( p. :x aL f, ô"' à 't'd> quelconque. Les cycles réglés par les intégrés dans une nombres 7 et 1 2 portent l'empreinte astrologique, originelle ou ajoutée après coup. Tel le système, prétendu toscan, des 12,000 ans répartis entre les douze maisons astrales (Hist . de la Divin . , IV, p. 98), système qui se retrouve dans la cosmogonie mazdéenne de l'Oulama -i Islam (E. Blochet, in Rev. Hist. Relig., XXXVII [1898) , pp. 40 sqq.). Chaque millénaire est régi par un signe du Zodiaque : Gayomarth nalt sous le Taureau ; Adam et Ève sous le Cancer (qui est aussi, dans le thema mundi, l'horoscope du monde), etc. On aurait plus tôt fait de chercher où n'a pas pénétré la monomanie astrologique. Au xm• siècle, Joachim de Flore enseignait que le monde avait vécu sous la loi du Père, puis sous celle du Fils, en attendant celle du S. Esprit, durant des périodes di visées en raison septénaire ; ces révélations successives étant entre elles comme l a lumière des Étoiles, du Soleil et de la Lune. Avec ou sans emprunt, ces idées repoussent d'elles-mêmes dans les cerveaux mystiques. «
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XIV. - INITIATIVES GÉNÉTHLIAQUES
l'é ternel féminin, l'ouvrière par excellence de la génération , d'autant plus active qu:ene est plus rapprochée d e l a Terre e t en communion plus intime avec elle. La série platonieienne des étapes descendantes de l'âme pouvait être utilisée - elle l'a été - pour régler les phases de la vie intra-utérine ; mais le platonisme lui-même traçait à la vie consciente une marche inverse. Le but de la vie est de rouvrir à l'âme le chemin des hautes régions ; elle s'y élève d'abord par le désir, en attendant sa délivrance, et, dans cet élan de volonté intelligente, elle en traîne pour ainsi dire le corps avec elle. Les stoïciens, héritiers de la physique d'Héraclite, disaient que l'âme se sèche de plus en plus et redevient de plus en plus ignée, de plus en plus intel ligente. Aussi les étapes de la vie se succèdent-elles dans l'ordre ascendant des planètes : la Lune humide, l'âge des langes, de l'allaitement, des bouillies .1 , au plus bas ; la vieillesse, froide e t sèche, avec Saturne, au haut d e l'échelle. On trouve toujours Ptolémée du côté de la « physique "· Il commence donc sa série par la Lune et finit par Saturne . Mais comment mesurer les périodes intercalées ? Les physiologistes, arithméticiens et pythagorisants de toute sorte, tenaient pour des périodes septénaires ou novénaires, périodes égales ou iné gales, séparées par des « années critiques n , dont les astrologues avaient fait ou allaient faire des « climatères » irrégulièrement et même capricieusement semés le long de la route 2• Ptolémée, guidé par uri égal souci de suivre la « nature » el de raccorder ses chronocratories avec les méthodes généthlialogiques 3, se décide pour les cotes qui sont censées représenter les « périodes propres )) des planètes. Seulement, la somme de ces périodes allait à 129 ans 4, e t on ne pouvait pas· décemment prolonger la première enfance jusqu'à vingt-cinq ans révolus ou faire com mencer la vieillesse à quatre-vingt-dix-neuf ans. Il fallait pra1. Ptolémée le dit : il allègue -ri> -r w v -r p o q> w v è1tbtoov u ô oc -r w ô s ç (p. 822 J.) . 2. Sur les hebdomades soloniennes, hippocratiques, platoniciennes ou pytha goriciennes, etc., rudiments d'astrologie inconsciente, voy. ci-dessus, pp. 281. 324-325. 411, 2, et ci-après, pp. 509, 528, et les innombrables répétitions éparses dans les textes de Cicéron et de son commentateur Macrobe, de Philon, de Censorinus, de Théon de Smyrne, de Servius, de Proclus et tutti quanti. 3. Il dit qu'ayant examiné jusque-là, en gros et en détail, les règles de la généthlialogie, ÀOL1tOV iiv SLT\ -r,poa6e!vOtt lt Ot 't à 't 0 v Ot 0 't 0 v 't p 61t 0 v a aoc ltOtL -:tspt -rotpÉastç oq>dÀ ; mais il déclare intolérable que l'on ait la prétention de faire intervenir les astres dans nos délibérations intérieures et de transformer l'homme, animal raisonnable, en une marionnette (neurospaston) dont les planètes tiennent les fils . Conçoit-on que le caprice d'un homme qui veut aller au bain, puis ne veut plus, puis s'y décide, tienne à des actions et réactions planétaires 1 ? Cela est fort bien dit, mais nos actes les plus spontanés peuvent dépendre, et étroi tement, des circonstances « extérieures ». Que l'on suppose notre homme apprenant que , la salle de bains où il voulait se rendre s'est écroulée par l'effet d'un tremblement de terre amené lui même par une certaine conjonction d'astres, dira-t-on que les astres n'influent en rien sur sa décision? Favorinus croit avoir arraché aux astrologues l'aveu que les astres ne règlent pas l'existence humaine jusque dans l'infime détail, et il se retourne aussitôt contre eux en soutenant que cela .est contradictoire, et que, si l'on peut prédire l'issue d'une bataille, on doit pouvoir aussi bien prévoir la chance au jeu de dés ou à la roulette 2• Il se bat ici dans le vide, car il ne man quait pas de charlatans prêts à lui donner satisfaction a, et il ne 1 . Favorin. ap . GeU., XIV, 1 , 23. D e même, Sextus Empiricus admettrait que les astres, en agitant l'atmosphère et modifiant par là sa composition, puissent faire " des corps robustes et des mœurs farouches "; mais il proteste que l'air n'a rien à voir avec Je détail de la . vie, les dettes, la prison, Je nombre des enfants, la condition des pauvres et des rois. Ceux qu'il attaque répondaient sans doute qu'il limite arbitrairement les effets du tempérament et des mœurs. 2. Ac si, inquit, potuisse praedici adfirmant, Pyn·husne rex an M'. Curius p1•oelio victurus esset, cur tandem non de alea quoque ac de calculis et alveolo audent dicere, quisnam ibi ludentium vincat ? An videlicet magna sciunt, pa�·va nesciunt, et minora majoribus inperceptio1•a sunt ? (GeU., XlV, :1., 24). La réponse prévue de la part des astrologues n'est pas si mauvaise. Tout est écrit là-haut, mais on déchiffre mieux les gros caractères que les petits. Favorinus l'esquive en disant : l'homme est si petit par rapport à l'Univers que rien de lui n'est grand : Volo, inquit, mihi respondeant, quid in hac totius mundi contempla tione, praestantis naturae operibus, in tam pm·vis ac b1·evibus negotiis fortu nisque homin!lm magnum putent ? (ibid., 25). Mais, à ce compte, le « roseau pensant " est trop petit pour que Dieu s'occupe de lui ; l'argument atteint toutes les religions. 3 . Voy. ci-dessus, p. 471-474, les questions résolues par la méthode des xœ-.œpzœi. Les pronostics sur le résultat des courses du Cirque étaient les plus demandés. On voulait les prévoir - c'est la part de l'astrologie - et aussi les provoquer ou les empêcher, au moyen de formules magiques des tinées à " lier " les jambes des chevaux de tel cocher ou de ses concurrents.
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CHAP. XVI.
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' L ASTROLOGIE DANS Ll> MONDE ROMAIN
lui aurai t pas suffi, pour avoir gain de cause, de constater leurs méprises, celles-ci étant toujours imputables à l'ignorance des praticiens et non pas à l'astrologie elle-même. Sextus Empiricus recourt à la vieille logomachie philoso phique 1 jadis employée pour ou contre la divination en général, en disant que, comme les événements procèdent de trois causes : la Nécessité, la Fortune ou hasard et le libre arbitre, il est. inutile de prévoir ce qui doit nécessairement arriver et impossible de fixer d'avance soit le jeu du hasard, soit l'orientation de la volonté. Il ellt sans doute été fort en peine de faire la part de la Nécessité, qui peut être très grande et suffire aux astrologues, de définir le hasard et de spécifier ce qu'il entendait réserver au libre arbitre. Dire que l'astrologie est inutile parce qu'elle ne peut modifier la fatalité, ce n'est pas la discréditer comme science. Tous ces dialecticiens, plus ou moins sceptiques, se préoc cupaient fort peu du critér·ium moral proprement dit, lequel con siste à juger des doctrines par leurs applications et à rejeter comme fausses celles qui sont réputées immorales 2 • Ils étaient gens à penser que, au cas où une vérité scientifiquemen t démon trée irait contre la morale, ce serait aux moralistes à reviser leurs principes et à tracer autrement la distinction du bien et du mal. Du reste, tant que le stoïcisme fut debout, il prouvait par le fait, argument irréfutable en morale, que le fatalisme n'est pas incom patible avec la vertu virile et agissante. Il en alla autrement quand les théologiens, néo-platoniciens et chrétiens, s'attaquèrent au fatalisme, représenté principalement par l'astrologie. Ceux-là considéraient le fatalisme comme impie à double titre, parce que, la responsabilité dont il dépouille l'homme, il la reporte sur Dieu, devenu auteur du mal comme du bien . · Les astrologues avaient eu le temps de se préparer à la lutte. L Elle était beaucoup plus compliqul'e que ne le dit Sextus . On distinguait parmi les causes l't. � . À. (Porphyr., Ep. ad
Aneb., § 40. Cf. Porphyr. ap. Philopon., De mundi aeat., IV, 20 : infra, p. 603, 2!. 2. Voy. l'extrait ii o p cp u p ( o u 1t e p l � o ü c! cp ' -/j tJ.rv dans Stobée (Ecl., II, 39-42 [IJ, pp. i03-i07 Meineke] ). Il admet que Platon a emprunté le canevas de son mythe aux Égyptiens ("twv 7totp' A1yu7t"tto\c; ao:pwv "toùc; �(ouc; h "twv wpoa>to 'ltv 111}fLE\OUtJ.Évv), mais qu'il ne s'accorde pas avec eux dans le détail. Ces sages Égyptiens sont, bien entendu, les Néchepso et Pétosiris, les Hermès Trismé-' gis te, Tat, Asklépios, etc . , tous les fantômes que faisaient parler les fabricants de livres apocryphes. Porphyre retrouve même la doctrine des deux exis tences dans Homère !
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CHAP. XVI . - L'ASTROLOGIE DANS LE MONDE ROMAIN
trous qu'elle compte de degrés. Au moment voulu, poussée par la Justice, qu'on appelle aussi la Fortune, telle âme, l'âme d'un chien, par exemple, passe par le trou horoscopique, et, l'instant d'après, une âme humaine par un autre trou 1 • O n a peine à tenir son sérieux en face d e ces graves élucubra tions : on croit voir s'allonger à la porte du théâtre de la vie cette queue de figurants qui attendent leur tour et présentent au contrôle de la Justice leur carte d'entrée estampillée de carac tères astrologiques. Porphyre ne dit pas si ces âmes, une fois entrées par l'horoscope, von t animer des embryons ou des corps tout faits, dans lesquels elles se précipitent avec la première inspiration d'air atmosphérique. Mais il connaît les deux variantes du système, et il montre qu'on peut les combiner dans une solu tion élégante, qui dispense de recourir à l'exhibition préalable e t adjudication des lots dans la « terre céleste » . I l suffit pour cela de supposer que l'âme fait le choix d'une condition au moment où elle voit passer devant elle un horoscope de conception : elle entre alors dans un embryon, et l'horoscope de naissance où com mence la « seconde vie » ne fait plus que manifester le choix antérieur 2• Voilà de quoi satisfaire et les astrologues et les phy siologistes qui les ont obligés à calculer l'horoscope de la concep tion en affirmant que l'embryon ne peut vivre sans âme. Par ce qu'admet Porphyre, l'esprit fort de l'école néoplatoni cienne, on peut juger de la foi d'un Jamblique ou d'un Proclus, des mystiques affamés de révélation et qui eussent été des astro logues infatigables si la magie, sous forme de théurgie, ne leur avait offert une voie plus courte et plus süre de communiquer avec l'Intelligence divine 3• l, 'H oT} o:Jv f1 p.èv éÀop.ÉVT} l �fov Ëpze-raa i11tl -rovÔe 't"ÔV wp0 ' O