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French Pages 1015 [949] Year 2005
La Suisse Portrait urbain Introduction Roger Diener Jacques Herzog Marcel Meili Pierre de Meuron Christian Schmid ETH Studio Basel Institut pour la Ville Contemporaine
Birkhauser - Editions d'Architecture Basel· Boston- Berlin
Livre Direction de la production John Palmesino Production Ann-Sofi R6nnskog, Christina Holona Iconographie et cartes, recherches Ann-Sofi Ronnskog, Christina Holona, Thomas Friberg, Jonathan Koellreuter, Stephanie Stratmann, Lukas Kueng, Ramias Steinemann, Ueli Degen, Jurg Keller, Florian Tschacher, David Vaner, Christian Muller Inderbitzin Organisation Martin Josephy Redaction Anna Schindler Collaborateurs scientifiques Manfred Perlik, Rene Bossart, Orlando Eberle, Roger Sonderegger Interpretation des statistiques Markus Krause Recherche de parrainages Martin Josephy, Thea Rauch-Schwegler, Esther Dilrrholder Assistants Reto Geiser, Marco Corti, Miriam Lahns, Max Schubiger Encadrement des etudiants, conseillers pour les travaux de terrain Emanuel Christ, Simon Hartmann
Livre 1: Introduction Reseaux, tronneres, differences 15 -Introduction 41 - Reseawc: 49 - Frontieres 115 - Differences 135 - Discussion Jacques Herzog, Marcel Meili 163 - Theorie Christian Schmid 225 - Generique
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Livre 2: Frontieres, Communes.
ereve rnstoire ou terntoire
245 - Introduction 251 - Surfaces et sedimentations Les sept formes du cloisonnement de la Suisse 285 - Frontiere, cellule, pacte These sur I'autonomie 307 - Empreintes L'organisation des frontieres romaines lue comme un palimpseste dans I'espace medieval 321 - Le pays germanique La refonte du territoire romain par les cultivateurs germains 339 - Communautes et communes La genese parallele de la confederation et de la commune 383 - Cristallisation La consolidation de la forme 431 - Autonomie et difference Le territoire constitue 455 - Generique
Livre 3: Materiaux pour un projet urbanistique
Potentiels urbains de la Suisse Carte synthetique
479 - Introduction 487 - Les regions metropolitaines 500 - Croissance et productivite economiques 513 - La region metropolltaine Jemanique 561 - La region metropolitalne Bale-Mulhouse-Freiburg 605 - La region metropolitaine de Zurich 649 - Les reseaux de villes 671 - La couronne urbaine de Berne 701 - Le reseau de villes de la Suisse centrale 719 - Le reseau urbain des lacs 737 - Les zones calmes 767 - La zone calme ouest: Gros-de-Vaud et Prealpes fribourgeoises 797 - La zone calme du centre: la region du Napf 827 - La zone calme est: Appenzell - Toggenbourg 865 - Les Alpes 899 - Alpine Resorts 919 - Le Cervin est-i1 une ville? 929 - Les friches alpine 945 - Le Safiental 961-Wassen 979 - Le Val Calanca 1007 - Generique
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Introduction
15
Introduction. Des evenements incroyables, tout simplement inimaginables se sont produits. Depuis que nous avons commence notre etude urbanistique de la Suisse en 1999, des elements sont intervenus, mettant en contradiction Ie cliche largement repandu sur la lenteur legendaire de ce pays et sur sa resistance a toute modification quelle qu'elle soit. Swissair s'est effondree et a tire une des mailles de l'economle suisse: des modeles connus et cependant pour la plupart encore non devoiles de la dernocratie helvetique ont ete reveles. La debacle de Swissair a declenche une guerre aupres des societes mediatiques et ravive de vieilles rivalites entre Zurich et Bale. Tout ceci pour aboutir a la conclusion toujours plus evidente qu'il nous faudra dans un futur proche nous passer d'une flotte aerienne nationale. Lors de la reprise de Swiss par Lufthansa en 2005, aucune opposition politique ni economique ne s'etait fait entendre. Le sentiment national a egalement souffert dans un autre domaine: l'Expo 2002 a certes eu lieu, mais sans representor la partie rurale de la Suisse et en evitant l'eternelle question explosive: de quoi la Suisse est-elle faite et que va-t-elle devenir? De rnaniere symptomatique, l'existence de l'exposition a ete remise en question jusqu'au dernier moment et quasiment personne ne s'est clairement avance pour la defendre, Le plus etonnant reste tout de meme l'incroyable reduction et la disparition previsible de l'arrnee suisse dont on a meme pense qu'elle pourrait bien finir par atre la dernlere arrnee rescapee de ce monde. L'essor de l'UDC, qui aux yeux des electeurs repond justement de ces symboles, doit faire face aces annonces de perte de symbole national. Les succes de la gauche et des Verts ont egalement pris de l'ampleur, de telle sorte qu'un solide centre politique est entre dans une veritable crise.
16 - Introduction
Notre « portrait urbain» est ne de la necessite de porter un regard plus pointu et different sur la Suisse du debut du XXl e steele. Justement parce que tous les intervenants vivent et travaillent depuis longtemps dans ce pays, ils sont persuades d'en connaitre tous les tenants et les aboutissants. L'objet de la recherche est juste sous nos yeux, mais nous avons voulu decrire cet objet bien trop connu et familier comme construction urbaine et si possible la comprendre dans une nouvelle forme. Notre interet a porte en particulier sur la question de l'urbanite speclflque it la Suisse. Malgre les diverses parutions dans les annees 90 sur les dlfferents scenarios urbanistiques, decrlvant les villes de ce monde it I'epoque de la globalisation comme generiques et de plus en plus indifferenciees, it I'ETH Studio Basel nous sommes partis de l'hypothese inverse: nous reconnaissions la propension absolue de la globalisation it renforcer les differents modeles de comportements urbains. Ces modeles se forment lneluctabtement dans la realite physique des villes, dans des formes speciflques d'urbanite. C'est cela que nous voulions analyser, avec I'aide de nos etudiants, en restant Ie plus pres possible du sujet, la Suisse. Nous voulions proceder de maniere meticuleuse et detaillee, sans pour autant analyser les vUles dans leurs moindres details, comme par exemple pour la ville de Bale, decrire sa culture urbaine d'immigration it Kleinbasel, ou pour la ville de Zurich evaluer statistiquement la discretion et I'exclusivite mythiques de la Bahnhofstrasse. Ces phenomenes urbains sont importants pour la culture urbaine du quotidien, mais ne s'appliquent pas pour autant it chaque culture que nous qualifions d'« urbanite specitique» et que nous essayons de decrlre par opposition par exemple it la culture urbaine en France, en Hollande ou en Chine. L'urbanite speclflque it la Suisse se revele etre une sorte de culture du refus, une esquive de la denslte, de la hauteur, de la masse, de la concentration, du 17
hasard et de presque toutes les particularltes que l'on souhaiterait voir dans une ville et que les Suisses egalement adorent pasaionnement mais surtout Ie plus loin possible, en dehors de leur territoire. Afin de comprendre Ie deroulernent du processus de transformation urbain en Suisse, la portee du developpement des tendances, la rnobilite des personnes, dans leur travail et dans leurs loisirs, nous avons mis sur pied differents moyens. Ce sont parfois les esquisses les plus archaiques qui nous ont permis d'acquerir une comprehension Ie plus rapidement et Ie plus directement possible des elements entre eux. Ces esquisses ont finalement permis de reallser un projet, une representation pour une future topographie urbanistique, qui repose sur cinq typologies: les regions metropolitalnes, les reseaux urbains, les zones calmes, les friches alpines et les « resorts». Nous nous sommes decides pour un projet radicalement nouveau qui encourage et renforce les differences mais egalement abolit les frontieres. Le projet est aussi simple et presque evident, puisqu'i1 met en valeur ce qui existe deja et renforce les tendances disponibles. Les cinq typologies de notre projet ne sont en realite rien d'autre que les grandes formes des tendances et des processus de transformation que nous avons observes. Elles n'ont ete ni arnenees, ni mventees, ni contraintes par un pouvoir exterieur ; elles sont simplement la, deja maintenant, et s'offrent comme alternatives pour un nouvel ordre, mais pas pour autant inconnu, et pour une nouvelle apprehension dans un pays ou les transformations urbaines sont tabous et a peine dirigeables. C'est plutot involontairement que notre « portrait urbaln» s'est transforme en une sorte de pamphlet silencieux rendant hommage a la difference des formes de l'urbanite dans un monde globalise. Paradoxalement, en prenant exemple sur un pays ou l'urbanite a constamment ete reprlrnee,
18 -Introduction
La SuisseReseaux, frontleres, differences
39
Reseaux
41
Reseaux. Les reseaux sont des svstemes bases sur l'echanqe, que ces systemes soient figuratifs ou lmmaterlels, Dans tous les cas, l'echanqe se consoli de dans un reseau mais s'appuie en fin de compte sur une infrastructure physique, qui determine ainsi un espace reel et une dimension concrete. Les villes sont la mise en forme des plus grandes densltes de reseaux, L'etendue de cette densite donne ainsi des informations sur Ie degre particulier du processus d'urbanisation d'une ville, et ceci suivant trois caracterlstiques: l'etendue du reseau, I'intensite de son utilisation et la complexite ou I'heterogeneite de sa construction. La ville deploie sa physionomie particuIiere dans un jeu de ces trois caracterlstiques ; l'etendue des reseaux et leur ancrage en proxlmite ; Ie nombre de reseaux performants differents, independants les uns des autres, et leur degre de capaclte a se completer mutuellement; la densite de la structure d'un reseau mais egalement sa resistance en situation de crise; Ie degre de developpement des entrelacs mais encore leur mobillte et leur ouverture aux transformations.
42- Reseaux
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Le slecle passe, 265 communes ont fusionne Depu is Ie debut de notre recherche, soit 1999, 135 communes ont deja disparu : 1900 1910 1920 1930 1941 1950 1960 1970 1980 1990
3164 3157 3136 3121 3107 3101 3095 3072 3029 3021
1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
2903 2899 2880 2865 2842 2780 2768
109
9 des 2768 communes lndependamment de leur taille ou de leur situation, les 2768 communes de Suisse rer;:oivent chacune un lot complet de zones. On trouve des zones noyaux, des zones d'habitation, des zones artisanales, des zones industrielles, des zones pour les constructions publiques, des zones sylvestres, des zones de protection naturelle, des zones agricoles et des zones lntermedlalres aussi bien dans les communes urbaines que dans res communes des regions de montagne.
110 - Frontieres
BellevueGE 378 m. s. m. /440 ha
Salnt-Clerges VO 700 m.s.m./644 ha
Monte Carasso TI 243 m. s. m./964 ha
Ermatingen TG 403 m. s. m./ 1044 ha
Reckingen VS 1321 m, s, m.l3384 ha
TherwllBL 309 m.s.m./763 ha
Wallisellen ZH
453 m. s. m./ 645 ha
RothristAG 406 m.s.m.l1184 ha
Pontresina GR 1822 m. s. m./ 11819 ha 111
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Zonenoyau Kernzone Kif KII; Zentrumszone; Dorfzone; K3; Zone du village; Dorfkernzone; Kernzone; Nucleo 0 centro storico; ...
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Zone d'habltation 1-2 Wohnzone W1.4, W1.9; Dorferweiterungszone; W1; Zone 5; Zone villas; Einfamilienhauszone; •••
-
Zone d'habltation 2-4 Wohnzone W2.4, W2.7, W3.0; Wohnzone 2, 3a+3b; W2, W2a, W2b, W3 ; Zone 3, 4A , 4B; Wohnzone 2, 3a, 3b; Wohnzone 2A, 2B, W3, W4; Wohnzone2-3 Geschosse; Residenziale 2-3 piani; ... Zone d'habitatlon et d'exploitatlon Industrlelle Wohnzone mit Gewerbeerleichterung WG3.5; Zone fUr touristische Bauten; WG2a, WG2b; Wohn- und Geschaftshauszone WG3a, WG3b , WG4; Hotelzone H4; Wohn- und Gewerbezone 2-3 Geschosse; ...
-
Zone Industrlelle et d'exploltation Industrielle Industrie- und Gewerbezone IG4, IG 6, IG 8; G1, G2; Zone industrielle et artisanale; Gewerbezone RG; Industriezone I; Zona artigianale; Zona industriale; •••
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Zone destlnee a des constructions d'utlllte publlque Zone fUr iiffentliche Bauten Oe; Zone aeroportualre: Zone ferroviale; Terrains destines a des equipements d'utilite publique; Zone de verdure et de construction d'utilite publique; Zone fUr iiffentliche Bauten und Anlagen DBA; Edifici pubblici; .•.
-
Zone sylvestre Wald; Zone de bois et torets; Aufforstungszone; Forstwirtschaftszone; Forstzone; Bosco; •••
-
Zone de protection naturelle Naturschutzzone; Landschaftschutzzone; Uferschutzzone; ...
-
Zone agrlcole Landwirtschaftszone 1, 2; Geschutzte Landwirtschaftszone; Zone agricole; Zona agricola; ... Zone Intermedialre Erholungszone E, Ea, Eb; Kommunale Freihaltezone F; Reservezone; Camping-, Sport- und Erholungszone; Zonen mit unbestimmter Nutzung; Zone de verdure; Zone sportive; Zone de jardins familiaux; Grunzone; Zone lnterrnedlaire; Lagerplatzzone L; Freihaltezone; ubriges Gemeindegebiet; Wintersportzone; Reservebauzone; Zona senza destinazione specifica; •••
112 - Frontleres
BellevueGE 378m.s.m.l440ha
Saint-Clerges VO 700m. s. m.l 644 ha
Therwil BL 309m.s.m./763ha
Wallisellen ZH 453m.s.m./645ha
Monte Carasso TI 243 m. s. m ./964 ha
Ermatingen TG 403m.s.m./1044ha
RothrlstAG 406 m. s. m./1184 ha
Reckingen VS 1321 m.s.m.l3384ha
Pontresina GR 1822 m. s. m./11819 ha
113
Differences
115
Differences. Les cultures urbaines se distinguent des villages par Ie fait qu'elles ne sont pas construites autour d'une particularite dorninante rna is autour d'un entrelacs de differences internes. L'espace urbain est ainsi purement heterotopique et asynchrone. La stratification de la ville en zones distinctes, en cultures et en actions connexes ne suffit pas it definlr une qualite urbaine. La ville se realise en quelque sorte dans les repercussions qui se forment entre les differences au sein du champ. Cet espace intermediaire renferme la probabilite que Ie jeu qui existe entre les diverses cultures, les formes de production et les divers groupes, ravive une dynamique urbaine plurielle et inattendue. II est meme possible que plusieurs mouvements commencent en rnerne temps it se superposer ou it s'opposer ou alors, iI peut meme arriver que des formes de developpement independant se derobent, dans I'ombre et en opposition, aux dynamiques predomlnantes, La dynamique des differences urbaines n'est jamais orientee vers l'hcrnoqeneite et la synchronisation mais uniquement vers la productivite engendree par la difference et vers la totalite des possibilites qui se cachent dans les interferences. L'epenoulssement de cette energie ne pouvant etre ni planifie de maniere complete ni maltrise globalement, la ville se retrouve continuellement prise dans cette epreuve de force.
116 - Differences
Scenarios tuturs possibles: Regions metropolitaines Bale-Zurich et Geneve-Lausanne I Metropole Zurich avec satellite 117
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Scenario futur possible: Concentration sur deux regions metropolitalnes : BiUe-Zurich et Geneve-Lausanne 118 - Differences
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ScenariC?futur regions frontaheres Dissolution de PIa°sSS!b~~:en UIS
119
Scenario futur possible· La Suisse comme un re~eau urbain 120 - Differences
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Forme urbaine de Geneve
121
Forme urbaine de Bale 122 - Differences
Forme urbaine de Zurich
123
Poebene-Lombardel
Esquisses pour une nouvelle typologie urbaine de la Suisse 124 - Differences
Zurich Metropolitanraum
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125
Esquisses pour une nouvelle typologie urbaine de la Suisse 126 - Differences
, 127
Typologie d'une Suisse urbaine Les esquisses des pages 117 3127 iIIustrent Ie processus de pensee et d'ebauche d'une nouvelle typologie de la Suisse urbaine, avec des friches alpines et des «alpine resorts ", des zones calmes, des reseaux urbains et des regions metropolitaines.
128 - Differences
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L'anglais au travail, 2000 25.0-53.6% 10.0-24.9% 5.0-9.9% 0.0-4.9% •
Pendulaires, 1990 Un trait correspond a 100 pendulaires
• Friches alpines Proportion des 25 a 50 ans sur I'ensemble de la population, 2000 . Communes de mo ins de 500 habitants et de plus de 1500 ha de surface, 2000. Diminution moyenne annuelle de la population, de 1980 2000 .
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199
tcIs que la structure des branches econorniques, la structure de la population, Ie developpement demographique, I'exploitation agricole atitre principal, les nuitees et la taille des communes. Les paragraphes suivants sont consacres aux definitions et aux caracteristiques de cinq types d'urbanisation. Lesanalyses detaillees se trouvent dans Ie troisierne volume du portrait urbain de la Suisse.
Les regions metropolitaines renferment un foisonnement de personnes, d'activites et d'usages les plus varies qui se cotoient et s'affrontent. Ce sont ces differences extremes qui caracterisent ces regions, differences qui sont dynamiques mais parfois aussi explosives. C'est pourquoi il est extremement important qu'elles ne se repoussent pas et ne s'isolent pas entre elles, mais qu'elles se reconnaissent, interagissent et deviennent ainsi creatives et productives. Une region metropolitaine est tout aussi bien cornposee d'elements ambiants, de cosmopolitisme et d'ouverture au monde que de problemes Les regions metropolitaines Les regions metropolitaines sont des regions urbaines, et de conflits. dotees d'un reseau et d'une influence fortement internationaux. ElIes forment des points nodaux dans Ie Ville mondiale et ville globale. Le terme general de reseau mondial des echanges et de la communication. metro pole caracterise une villejouissant d'une culture Une region metropolitaine se caracterise par un cosmopolite et d'une influence internationale. La fort lien des differents reseaux mondiaux: les reseaux du globalisation confere a ce terme une nouvelle significommerce et de la production, les courants financiers, cation: les metropoles d'aujourd'hui sont considerees les reseaux culturels et sociaux ainsi que les reseaux des sur Ie plan economique comme les centrales de flux migratoires, Lasuperposition et l'enchevetrement coordination de l'economie mondiale. Leterme utilise des reseaux engendrent une forte complexite economi- dans la litterature pour definir de telles villes est celui que, sociale et culturelle qui se refletejusque sur Ie plan de «world city» (ville mondiale) et de « global city» regional. Une region metropolitaine est formee d'une (ville globale). vaste zone d'influence qui relie entre eux les lieux Friedmann et Wolff (FRIEDMANN, WOLFF 1982; les plus divers pour en faire un ensemble hautement FRIEDMANN 1995) donnent la preference au terme de differencie et polycentre, Elle est composee d'un ou de «world city » pour qualifier les villes situees au sommet plusieurs centres urbains et englobe un reseau elargi de d'un systeme urbain mondial hierarchise. Le noyau moyennes et de petites villes ainsi que des territoires economique des villes mondiales est un secteur etroir, suburbains et periurbains, compose des sieges des multinationales, du systeme Grace a leur zone d'influence etendue, les re- financier global, des sysremes de transport et de comgions metropolitaines sont parcourues par diverses munication, des prestations de service pour les entrefrontieres. ElIes traversent pratiquement toujours des prises ainsi que des medias et de la culture. Les villes frontieres regionales mais egalement nationales. Les mondiales sont d'une part des lieux centraux propices regions rnetropolitaines ont pour caracteristique de ala concentration et au controle des flux de capitaux renfermer de nombreuses anciennes frontieres encore internationaux et d'autre part, elles sont des destinaactives mais fondamentalement modifiees : elles devien- tions pour une grande partie de la population migrante nent souples, floues et dynamiques. Contrairement aux dans le pays. Les structures internes de ces villes sont grandes villes classiques, les regions metropolitaines ainsi caracterisees par une forte polarisation sociale et n'ont pas de formes reconnaissables et leur extension spatiale et sont qualifiees par Friedmann et Wolff sous ne peut plus se definir clairernent, la metaphore de « Citadelle et Ghetto », 200 - Une typologie de la Suisse urbaine
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," Typologie d'une Suisse l1l'baine : indicateurs
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Inspiree par ces reflexions, Saskia Sassen (1994, 1996) developpe son concept de « global city", concept aujourd'hui tres important dans les debars theoriques portant sur I'urbanisation. Elle definit la ville globale comme un complexe economique dote d'un maillage tres dense, produisant une « capacite de controle» globale. Le controle de l'economie globale requiert des inputs varies voire complexes, qui vont des activites de I'industrie de la finance ala prise de decision, en passant par la comptabilite et Ie secteur publicitaire. Contrairement al'hypothese repandue selon laquelle les nouvelles technologies de telecommunication auraient un effet decentralisant, ces fonctions se concentrent aujourd'hui pour la plupart dans tres peu de centres . Sassenjustifie ce processus d'agglomeration en mentionnant la complexitc des inputs et des processus d'innovation, indispensables pour la production du controle mondial, mais egalernent I'intervention non negligeable du facteur temps, auquel ce processus est soumis . C'est ainsi que les villes globales ont vu naitre des complexes de production hautement specialises et etroiternent imbriques, composes d'un ensemble d'entreprises specialisees et d'institutions. ElIes ne sont pas uniquement cornposees de fonctions hautement qualifiees, mais reposent egalement sur toutes sortes d'activites mal remunerees, qui ne sont en general pas considerees comme faisant partie de l'economie globale, soit des travaux de secretariat, de maintenance ou de nettoyage. Ces travaux ne peuvent pas etre delocalises mais doivent etre effectues sur place, la plupart du temps par des femmes et des immigrants. Cette presence conjointe du centre et de la peripherie, du pouvoir d'entreprise et des groupes sociaux defavorises, donne aux villes globales des allures de « terrains de lutte », sur lequelles contradictions du nouvel ordre global s'affrontent (SASSEN 1994 :141SS.) . Metropolisation. Sur un plan plus general, les processus sous-tendant l'emergence des villes mondiales et des villes globales peuvent se concevoir avec Ie concept de la metropolisation (VELTZ 1996): l'economie globale est 202 - Une typologie de la Suisse urbaine
principalement organisee sous forme de reseaux. Sur certains points nodaux, les reseaux se chevauchent et s'intensifient jusqu'a devenir des espaces metropolitains. Cette intensification genere des effets specifiques et exerce une forte attraction sur les entreprises internationales: atravers ces noeuds logistiques, les espaces metropolitains n'offrent pas seulement une bonne accessibilite, mais egalement la possibilite de developper des chaines d'activites heterogenes. Un tissu dense se forme ainsi oil les aires d'action se chevauchent, offrant la possibilite de combiner aI'infini les elements les plus divers. La superposition de cultures varices favorise egalernent des processus d'innovation et d'apprentissage.Alors que des innovations sectorielles et techniques peuvent egalement surgir dans des centres de recherche isoles, i1 serait necessaire, si ron veut evoluer et decouvrir de nouvelles combinaisons surprenantes, de s'ouvrir ades impulsions exterieures. Les reseaux heterogenes des milieux metropolitains generent continuellement de telles impulsions. L'economic globalisee secaracterise done par un reseau interdependant des centres metropolitains et de leurs zones d'influence regionales (SCOTT 1998). Ces centres metropolitains generent des regions urbaines polycentriques qui comprennent souvent plusieurs villes . II est aussi possible d'avoir plusieurs centres fonctionnant comme une metropole. Une region metropolitaine designe ainsi une zone d'influence polycentree relativement grande, dotee d'un reseau global. Sa definition reste toutefois floue. Au sens Ie plus large du terme, on peut rajouter qu'une telle region devrait compter plus d'un million d'habitants etjouir d'une influence ou d'une reconnaissance internationale (BLOTEVOGEL 2001, BASSAND, POSCHET, WUST 2003). De telles definitions restent cependant problematiques ; premierernent, Ie nombre d'habitants n'est qu'un aspect parmi d'autres et ne donne que peu d'information sur I'importance d'une region urbaine. La these qui veut qu'une metropole ne puisse etre competitive sur Ie plan international que si
Regions metropolitaines 203
elle offre une masse critique, ne repose sur aucune donnee cmpirique concluante, Deuxiemernent, I'imporranee d'une region urbaine sur Ie plan international est tres difficile a determiner. La plupart du temps, une approche econornique unilaterale prevaut dans ce genre d'etude et se limite sou vent a l'enumeration des sieges des entreprises internationales, Le terme de region metropolitaine est aussi utilise pour le developpement regional. Pour obtenir un meilleur classement dans des statistiques et pouvoir etre ainsi competitif, le perimetre des zones d'influence attachees ala metropole est sou vent delimite de rnaniere si large qu'il est possible de relever statistiquernent un nombre eleve d'habitants et de compter sur une importante force economique. Bien que le terme de region metropolitaine soit problernatique sous plusieurs points de vue, no us Ie prendrons pour notre typologie et no us partirons tout de me me d'une comprehension qualitative plus generale de la metropole qui revet egalernent une importance sociale et culturelle. Une culture ouverte et cosmopolite, les differences dynamiques marquees et le potentiel innovateur, issu de I'enchevetrement de tous ces differents reseaux, sont pour nous les caracteristiques preponderantes des regions metropolitaines, Les innovations sociales sont souvent le resultat de processus aleatoires et spontanes, fortement bases sur Ie hasard, Plus vastes sont la diversite et l'ouverture d'un lieu, plus grandes sont les chances de telIes innovations. De ce fait, l'extension d'une region rnetropolitaine ne peut etre definie de maniere uniforme et explicite. Des systernes hautement differencies qui creent entre eux des aires d'interdependance s'y superposent. De nombreux criteres de delimitation peuvent etre ainsi invoques, en sachant que la taille des zones d'influence qui en resultent peut differer considerablemenr, Les mouvements pendulaires, les reseaux de production regionaux, les reseaux de transport public, les reseaux de consommation et de loisirs ou les systernes rnediatiques sont autant d'approches possibles pour envisager 204 - Une typologie de la Suisse urbaine
ces regions polycentrees et polymorphes, La superposition de ces caracreristiques permet une bonne approche de l'extension d'une zone metropolitaine. L'observation des processus locaux de transformation livre egalement d'importantes informations: les regions metropolitaines englobent tout territoire sur lequel presque chaque modification est la consequence ou la reaction au developpernent de l'ensemble de la region. Trois regions metropolitalnes transfrontalieres, Sil'on considere le vaste eventail de definitions, il est possible d'identifier une grande variete de regions metropolitaines en Suisse, en tenant compte aussi bien de leur taille que de leur nombre. L'identification diverge selon les interets et devient egalernent une question politique (pour un apercu, LERESCHE, JOYE, BASSAND 1995). L'Office federal de la statistique discerne cinq regions rnetropolitaines: Zurich, Bile, Geneve-Lausanne, Berne et le Tessin. Le choix de ces regions ne se base pas sur une analyse differenciee mais principalement sur un regroupement de regions voisines, notamment et avant tout sur Ie reseau pendulaire qui les lie. Cette definition reste fidele a la conception decentralisee federaliste, encore aujourd'hui dominante en Suisse: chaque region doit disposer d'une zone metropolitaine. En revanche, un groupe de chercheurs de l'EPF Zurich n'ont identifie que deux regions metropolitaines en Suisse: la region lemanique et Zurich. Us defendent la these selon laquelle une « Region metropolitaine europeenne de Zurich », qui s'etend du lac de Constance a Bile, prend forme a partir de quatre millions d'habitants (BEHRENDT, KRUS E 2001). Cette definition repose avant tout sur l'etendue des reseaux d'entreprise de la place financiere zurichoise. Lecritere de delimitation le plus important est cclui des agglomerations connexes situees a une heure de voiture du centre de Zurich. Ceci implique que seules les regions atteignant une certaine taille peuvent etre competitives au niveau international. Aucune recherche qui puisse corroborer cette these avec de plus amples arguments n'a ere faitejusqu'a cejour,
Sur la base de notre analyse, nous avons releve trois regions de Suisse correspondant plus ou moins aux exigences des regions metropolitaines: la region de Zurich, la region bipolaire lernanique et la region trinationale Bale-Mulhouse-Preiburg. Cestrois regions sont aujourd'hui indiscutablement les moteurs de croissance de l'economie suisse. Elles se retrouvent toutes les trois dans une meme orientation globale, se distinguent pourtant relativement fortement les unes des autres par leur economic et leur quotidien. Elle affichent une specialisation economique marquee et se positionnent ainsi en consequence dans la hierarchic globale des regions metropolitaines de maniere differente. Ces trois dernieres decennies, Zurich a vecu un processus de transformation fondamental et s'est develop pee de la plus grande ville industrielle de Suisse en centre financier global, en ville globale. Sa position centrale au sein de la Suisse, sa forte dependance aux conditions cadres nationales tels que le secret bancaire, Ie franc suisse et la stabilite sociale, mais egalement le pouvoir de controler le developpernent economique, medial et politique font de la ville de Zurich une « metropole helvetique » , Parallelernent it ses transformations economiques, Zurich a egalement vecu une mutation etonnante du quotidien. La commune provinciale it l'esprit de clocher est devenue comparativement une ville relativement ouverte et cosmopolite. Cette evolution n'est pas uniquement due it la globalisation mais egalernent it la revolte urbaine des annees quatre-vingt, renfermant les revendications d'une generation urbaine pour une «autre ville», plus de creativite et des espaces de liberte pour d'autres styles de vie. Ces conflits ont favorise un climat culturel exceptionnellement productif et d'ouverture au monde. La region de Zurich est situec au centre du Plateau suisse fortement urbanise et attire toujours plus d'agglomerations et de villes dans sa zone de rayonnement. La region initialement monocentrique s'est mutee au cours des dernieres annees en une zone de
rayonnement complexe et polycentree. Toutefois, en raison du « reflexe anti-Zurich » largement repandu en Suisse, aucune unite politique ne s'est encore forrnee pour la region metropolitaine de Zurich. Laseule unite politique qui structure cette regionjusqu'a aujourd'hui est le canton de Zurich. Geneve, la deuxierne place financiere suisse, se positionne de maniere differente: Geneve est plus une ville internationale qu'une ville globale et son passe en tant qu'Etat-cite est toujours present. L'economie genevoise se base aujourd'hui sur un etroit segment des finances, sur la forte presence d'organisations internationales ainsi que sur un secteur specialise dans la production d'articles de luxe. Cette combinaison specifique de reseaux confere it la ville de Geneve une teinte en merne temps cosmopolite et introvertie. De ce fait, Geneve cultive une relation ambivalente avec la region metropolitaine qui se developpe peu it peu le long du lac Leman. D'une part la region Iernanique forme un paysage urbain it rayonnement international. D'autre part, la region est bipolaire et partagee en deux parties: deux zones d'influence distinctes se sont formecs autour du centre international de Geneve et autour du centre regional de Lausanne. Bale presence encore une autre orientation ct une autre dynamique de developpement. Encore dans les annees quatre-vingt, Bale etait une ville fortement industrielle et montrait des symptomes distincts de crise. Depuis, la ville a developpe une economic globalisee, orientee essentiellement vers la gestion des entreprises internationales ainsi que vers la recherche et le developpement dans le domaine de la chirnie, de la pharmacie et de la biotechnologie. Les industries implantees de longue date etune forte conscience locale ont fait de Bale une ville relativement homogene sur le plan social et culturel. De plus, Bale s'etend de plus en plus au-dela des frontieres francaise et allemande. Sur le plan regional, la ville continue de s'etendre vers Ie nord en direction du Rhin superieur. Les efforts assidus vers une cooperation transfrontaliere pour former une 205
grande unite avecles centres voisins de Mulhouse etFreiburg au-dela dujura existent deja depuis des decennies, La region metropolitaine qui est sur Ie point d'ernerger prend alors une dimension tripolaire et trinationale. Dans ce cas, les frontieres remplissent clairement leur double fonction de separation et de potentiel. Les trois regions metropolitaines suisses affichent des specialisations econorniques tres differentes; leurs positionnements et caracteristiques respectifs different en consequence. II existe certainement entre ces regions toutes sortes de contacts et de liens, mais les synergies et les cornplementarites ne sont pas largement reconnaissables. Le developpement des trois regions suit des dynamiques differentes. La constitution regionale de ces trois regions differe egalernent considerablement, Laspecialisation forte et approfondie est egalement Ie critere determinant sur lequel no us no us sommes bases pour considerer les regions de Zurich et de Bale-Mulhouse-Preiburg comme deux entites separees, II existe certes une diversite d'interdependances entre ces deux regions , leurs zones d'influence s'etendent toujours plus loin et leurs frontieres commencent a se chevaucher. Cependant, les differentes cultures et orientations econorniques et quotidiennes en font deux unites clairement distinctes, bien plus encore que laseparation topographique faite par la chaine dujura et par ce reflexe encore marque de delimitation.
Leur densite et leur heterogeneite restent moyennes, Un reseau de villes dessert d'une partles cornplernenrarites, puisqu'il repartit des taches centrales dans les domaines de l'economie, de la culture, de la formation, de la consommation ou de l'administration. II genere d'autre part des synergies, c'est-a-dire qu'il dispose de fonctions et d'installations cornplementaires, qui entrainent des effets d'echelle considerables. La quasi-totalite des reseaux de villes est traversee par diversesfrontieres. lIs relient en principe plusieurs regions et vont parfois au-dcla des frontieres nationales. C'est pourquoi il existe des responsabllites politiques distinctes et des fractionnements marques. Une plus faible dynamique des reseaux confere aces frontieres un caractere plus fort, meme si leur potentiel peut etre eleve, Lesfrontieres exterieures des reseaux de villes ne peuvent souvent pas etre determinees de maniere precise. Les differences a I'interieur des reseaux de villes peuvent etre grandes, leurs consequences restent cependant en regle generale limitees, plutot passives voire meme statiques, Les milieux a caractere marque des petites villes a I'interieur des reseaux de villes montrent une tendance a un plus fort controle social et par consequent une propension a l'enfermement. La repartition regionale des institutions, des infrastructures et des installations previent la formation de trop fortes differences. Le potentiel urbain est divise et ainsi sectorise et affaibli.
Les reseaux de vUles
Les synergies et les complementarttes. Le terme de reseau de villes existe deja depuis un certain temps. Dans la pratique, it est utilise pour designer toutes sortes de relations de cooperation entre les villes. II est egalement souvent utilise comme label pour les developpements regionaux ou pourlegitimer des investissements dans des infrastructures. Un exemple typique qui illustre une telle utilisation est celui du concept national du « reseau de villes suisses» qui part de I'idee que la Suisse est formee d'un reseau coherent de villes
Les reseaux de villes se composent de petits et moyens centres situes a l'exterieur des regions metropolitaines, Leurs formes et leurs caracteristiques peuvent varier fortement. Les centres sont relies par une etroite interdependance economique, culturelle et sociale basee sur une relation horizontale. Les reseaux de villes sont d'orientation principalement regionale et nationale, sans pour autant atteindre une dimension importante au niveau international. 206 - Une typologie de la Suisse urbaine
Reseaux de villes
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interdcpcndantes (cf. plus haut), Ce concept masque cependant les grandes differences existant entre chaque centre de la Suisse. Selon notre analyse , il est impossible d'identifier un reseau de villes coherent. Ce reseau se divise d'une part dans les regions metropolitaines et leurs zones d'influence elargies, d'autre part dans plusieurs reseaux de villes regionaux. Sur un plan general, on peut definir un reseau de villes comme un reseau non-hierarchise de villes de meme taille, base sur un ensemble de relations horizontales. La condition centrale est l'existence de cornplementarites et de synergies agissantes entre les villes (BERTRAND, ROBERT 1991). La proximite spatiale des villes ne signifie en soi pas grand-chose. La question primordiale est plutot celIe de l'etroite collaboration entre les villes, collaboration qui s'intensifie dans la division de travail de reseaux regionaux, Les infrastructures etatiques et privees sont irnportantes, en particulier les systemes de production regionaux qui font l'obiet depuis des annees de discussions au scin de la recherche regionale (par ex. STORPER 1997, CREVOISIER, CAMAGNI 2000). Les systernes de production regionaux sont des reseaux differencies d'activites economiques, determines d'une part par une structure des branches specifiques qui sont d'autre part implantees dans des milieux regionaux qui peuvent contribuer a encourager les processus regionaux d'innovation et d' apprentissage. Ces reseaux reposent sur une interdependance de plusieurs institutions etsur l'existence des relations externes aux entreprises: des amenagements sociaux et culturels, mais egalement des canaux de communication formels et informels permettant Ie transfert dusavoir. On compte en Suisse differents systemes de production regionaux (CREVOISIER, CORPATAUX, THIERSTEIN 2001). Hormis ceux de Geneve, Bile, Zurich et du systeme urbain touristique de Lausanne, il existe egalernent des systemes de production qui se superposent entierement ou partiellement aux reseaux de villes: les systernes industriels de la Suisse orientale et de I'Arcjurassien, Ie 208 - Une typologie de la Suisse urbaine
systeme industriel, touristique et tertiaire du Tessin et Ie systeme industriel touristique du Valais. Les developpernents speclttques de la Suisse. En
raison de sa structure federaliste et de son industrialisation decentralisee, la Suisse estjusqu'a cejour saturee de petits et de moyens centres caracterises par une forte structure traditionnelle de petite ville, pourvus d'ecoles superieures, d'hopitaux regionaux et d'amenagement culturels et sociaux. II existe ainsi vingt-six chefs-lieux de canton possedant chacun son administration. Viennent s'ajouter un grand nombre de centres regionaux qui beneficient egalement d'une aide particuliere. Plusieurs d'entre eux, notamment dans la region de Zurich, dependent de la metropole et doivent etre consideres comme faisant partie des regions metropolitaines. Cependant, une grande partie de la Suisse n'est pas directement sous l'influence des grands centres, en particulier dans Ie Plateau central, en Suisse orientale, au Tessin et dans les grandes vallees alpines. Ces petites et moyennes villes sont d'une part trop eloignees des centres metropolitains et, d'autre part, leur structure econornique est trop differente pour pouvoir beneficier de maniere determinante des impulsions de developpement des centres metropolitains, Plusieurs de ces petites et moyennes villes jouissent en partie depuis longtemps d'etroites relations culturelles et economiques, notamment en Suisse orientale, au Tessin, en Suisse centrale et au pied du lura. Si on ne peut identifier avec precision des reseaux urbains dans ces regions, il existe toutefois une certaine interdependance liee aux activites quotidiennes, commeon peut le voir dans les relations pendulaires. Au sein de ce tissu heterogene de relations, des structures precises clairement deterrninees se profilent, comme par exemple la couronne urbaine autour de Berne, Ie reseau de villes en forme de poche qui entoure le lac des Quatre-Cantons ou encore Ie reseau de villes transfrontalier « reseau urbain des lacs» (Rete Urbana dei Laghi) qui relie les cinq centres de Bellinzone,
Locarno, Lugano, Come et Varese. Alors que ces trois reseaux de villes sont centres autour de villes plus grandes telles que Berne, Lucerne et Lugano, et generent ainsi un mouvementen forme d'eroile, un reseau polycentre elargi sans reel centre s'est forme dans la zone urbaine de Aarau-Olten et dans la Suisse orientale. En raison de leur equilibre topologique relatif, ils ne presen tent presque aucune orientation dominante ni geometric marquante. Enfin, la vallee alpine industrialisee du Valais possede egalernent un reseau de villes lineaire. Meme s'ils ne forment pas d'unites delirnirees, ces reseaux ne forment pas un amas agglornere sans forme et sans fin, mais plurot des structures aux physicnomies uniques, des cultures urbaines et des identites particulieres, Ces territoires ont favorise l'ernergence d'une culture urbaine originale, marquee par un mode de vie specifique, ne relevant ni du village ni de la grande ville et distincte des grandes agglomerations. La campagne n' est pas loin: tous les reseaux de villes confinent aux zones calmes et/ou aux friches alpines. Typiquement, les passages sans transition aux regions metropolitaines, en particulier dans la region zurichoise. La plupart des reseaux de villes suisses sont encore attaches a la tradition industrielle suisse. Une grande partie de la production industrielIe, en particulier dans les moyennes et petites entreprises, est implantee dans ces reseaux de villes. II en va de meme pour les domaines de la haute technologie. Par contre, ces reseaux ont beaucoup perdu de leurs fonctions strategiques: une grande partie des prestations de service des entreprises a ete deplacee en region metropolitaine, ce qui rend la dependance des regions exterieures d'autant plus forte. La plupart ne presentent qu'une specialisation Iirnitee et n'affichent pas d'atouts econorniques forts: des clusters econorniques regionaux, generant des processus d'innovation, ne presentent souvent qu'une faible structure. Presque tous les reseaux de villes sont traverses par un entrelacs complexe de frontieres. Dans certains
cas, comme au Tessin ou en Suisse orientale, les reseaux de villes vont merne au-deli des frontieres nationales et la couronne urbaine autour de Berne est partagee par une frontiere linguistique. Dans tous les reseaux de villes regne un enchevetrement confus de frontieres cantonales er regionales. C'est pourquoi les reseaux de villes sont egalement geres par des competenccs politiques variees et qu'ils sont caracterises par des fragmentations marquees. Par consequent, les differences au sein des reseaux de villes ne sont que moyennement marquees et n'ont que peu d'effet. La forte aversion a l'encontre des concentrations urbaines ainsi que la repartition federaliste des institutions, des infrastructures et des amenagements ont conduit des le debut aeviter une concentration potentielIe de differences. De fortes identites locales ainsi que des marques d'anirnosite reciproque ont souvent pour effet de rendre les lieux plus homogenes et de renforcer encore le caractere marque des petites villes , Seules quelques timides tentatives ont ete faites jusqu'alors au sein des reseaux de villes pour creer des unites politico-territoriales plus grandes. La cooperation entre les villes s'est developpee de rnaniere differente mais toujours de maniere laborieuse. La for ce de repulsion entre les differents poles est considerable. Le regard se tourne plus facilement vers les centres metropolitains que vers Ie voisinage proche. D'ailleurs la proximite ou meme Ie chevauchement avec les regions metropolitaines rendent encore plus difficiles de telIes cooperations avec le voisinage proche. II existe peu d'alternatives a une cooperation regionales de par leur structure economique et leurs perspectives de developpernent, les reseaux de villes sont des territoires de predilection pour les crises avenir. Economiquement dependants des regions metropolitaines et ne possedant que peu d'atouts economiques, les potentiels les plus importants des reseaux de villes residentjustement dans leur structure urbaine, dans leur diversite et dans la qualite de leur structure paysagere. Isolees, la plupart des moyennes et petites villes de Suisse 209
n'ont que peu de perspectives. Par contre, eUesont toutes l'heterogene: diverses structures urbaines occupent ses les chances de generer des differences productives en territoires, aboutissent i une superposition, i une determination multiple et aux conflits d'utilisation qui combinant leurs activites quotidiennes. en decoulent, Les zones calmes
Leszones calmes sont des territoires de differentes grandeurs qui semblent tres peu urbanises. EUes ne font partie ni des reseaux de villes ni des regions metropolitaines. La caracteristique principale des zones calmes est par consequent leur relatif eloignement des grands et meme des petits centres. Ces territoires n'ont pour ainsi dire aucun centre propre autour duquel ils sont structures. Les reseaux des zones calmes sont avant tout orientes de maniere locale et sont d'une intensite moindre. Les zones calmes ne possedent egalernent pas de maillage dense interne. Ces zones renferment les derniers elements importants du secteur agricole et parfois des petites et moyennes entreprises industrieUes. Peu i peu, des reseaux urbains prennent forme merne dans ces zones qui finissent par s'inserer dans divers dispositifs. Lesfrontietes des zones calmes sont peu perrneables, Ce sont les frontieres traditionneUes des communautes villageoises et des vallees historiques, qui se deroulent souvent le long des frontieres topographiques, qui continuent de dominer. Mais les frontieres perdent de leur potentiel meme la Oil eUes sont plus souples parce qu'eUes relient ou separent des lieux de structure similaire: de par leur structure interne, les zones calmes sont isotopiques. Par consequent, meme si les differences sont presentes, eUes n'agissent que tres faiblernent. Entre les particularites locales et I'habitus urbain, les zones calmes restent statiques et inertes.Meme si leur quotidien se differencie toujours moins de celui de la vie urbaine, il garde toutefois quelques particularites: il est plus lent, plus continu, il est plus lie au lieu et plus hornogene. La proximite relative des centres urbains genere toutefois une lente augmentation de 210 - Une typologie de la Suisse urbaine
Trous verts dans Ie tissu urbain. Lesregions en dehors des Alpes ne sont pas to utes recouvertes par des regions metropolitaines ou des reseaux de villes. Certains endroits du tissu urbain laissent paraitre quelques franges, des espaces sont epargnes pour laisser place i une physionomie indeterrninee: au cceur de la structure dense de l'urbanisation, des «trous verts» se forment au milieu du tissu urbain. Les zones calmes se definissent sous deux aspects : vues de l' exterieur, eUesapparaissent comme des territoires qui se retirent lentement, dans lesquels Ie processus d'urbanisation s'infiltre peu i peu. D'autre part, eUes resistent activement i l'urbanisation. Les communes au cceur des zones calmes disposent encore d'une certaine autonomie. Laculture villageoise occupe toujours une place tres importante dans le quotidien. Dans les statistiques officieUes, ces territoires n'ont pas de designation particuliere. Comme la plupart des territoires alpins, ils tombent sous l'etiquette generale des territoires non-urbains exterieurs aux agglomerations et font ainsi partie des «espaces ruraux» (pour une analyse detaillee, SCHULER, PERLIK, PASCHE 2004). Us ont toutefois depuis longternps perdu leurs caracteres ruraux. Le paysage est certes encore marque par le secteur agricole mais ce dernier n'en assure plus la base economique. Us sont me me de plus en plus incorpores aux zones d'influence des regions metropolitaines et aux reseaux de villes . Comme par un mouvement de marees successives, ils sont saisis de plusieurs facons par le developpement des centres, que ce soit les pendulaires, habitant dans de vieiUes maisons de campagne, ou que ce soit pour profiter des amenagements de loisirs ou de l'amenagement des routes: les zones calmes deviennent de plus en plus periurbaines,
Zones calmes
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En Suisse, les recherches sur la periurbanisation ont tout d'abord ere effectuees dans le Gros-de-Vaud,au nord de Lausanne (cf, AYDALOT, GARNIER 1985, GARNIER 1985). Dans son sens le plus large, le terme periurbanisation decrir la relation que les centres entretiennent avec «I'arriere-pays» au niveau du quotidien. Ce processus fonctionne dans les deux sens: ce sont principalement les habitants issus des couches de la population plus aisees qui cherchent asortir des villes pour habiter toujours plus loin dans la campagne, alors que, inversement, les habitants des territoires peripheriques travaillant dans les centres, gardent leur lieu de domicile. Le processus de periurbanisation debute de maniere imperceptible, puisque dans sa premiere phase, il ne modifie ni le caractere bati du site, ni la structure paysagere, Peu a peu, des zones de logements individuels et diverses infrastructures font toutefois leur apparition. Les zones de separation. On denombre trois grandes regions du Plateau suisse, que 1'0n peut qualifier de zones calmes: les zones calmes occidentale, centrale et orientale. La zone calme orientale s'etend le long des Prcalpes, d' Appenzell a1'0berland zurichois en passant par le Toggenburg, Elle formait un des noyaux de la preindustrialisation et estjusqu'a cejour etroitement liee au reseau de villes de Suisse orientale. La zone calme centrale se situe sur le Plateau central autour du Napf. Elle reunit quatre regions tres differentes, orientees principalement vers l'agriculture et fortement introverties: I'Emmental, la Haute Argovie, I'Entlebuch et I'arriere-pays lucernois. La zone calme centrale est structuree du nord au sud par une forte ligne de separation: la frontiere qui separe Ie canton de Berne protestant et le canton de Lucerne catholique. Elle correspond ala ligne Brunig-Napf-Reuss, une vieille separation culturelle entre la Suisse orientale et la Suisse occidentale, encore active au milieu du Xx c steele dans la tradition populaire (cf. WEISS 1947). La zone calme centrale est orientee vers trois reseaux de 212 - Une typologie de la Suisse urbaine
villes et en merne temps les separe: la couronne de villes autour de Berne, le reseau de villes Aarau-Olten et le reseau de villes de la Suisse centrale. La zone calme occidentale est egalement parcourue par des frontieres cantonales et confessionnelles; elle englobe deux regions aux caracteres tres differents: le Gros-de-Vaud, ondoyant et resolument oriente vers l'agriculture et les Prealpes fribourgeoises, pays de paturages et de collines. Lazone calme occidentale est certes situee au sud du Rostigraben, qui separe la Suisse francophone et la Suisse germanophone, mais du point de vue urbanistique, elle forme tout de meme une zone de separation essentiellement plus importante, qui delimite la couronne de villes autour de Berne et Ie bassin lemanique. Ces trois zones calmes ne forment done pas des territoires homogenes, Chaque zone est composee de regions distinctes qui forment une unite sur le plan de la structure mais pas sur le plan de l'identite ou de l'histoire. Par consequent, toutes les zones calmes sont parcourues par des frontieres cantonales, culturelles et confessionnelles, encore vives aujourd'hui. Les trois zones calmes du Plateau sont d'une importance capitale pour Ia structure de l'ensemble de la Suisse urbaine: elles interrompent l'axe urbanise; elles font office de verrou ou de tampon entre les territoires fortement urbanises et structurent ainsi Ie Plateau. Elles creenr une distance entre les grands centres, delimitent les reseaux de villes et les regions metropolitaines entre eux. L'existence de ces zones calmes contredit I'Idee souvent exprirnee, selon laquelle le Plateau ne serait qu'une seule et unique ville ou une seule et unique bande urbanisee continue qui s'etendrait du lac de Constancejusqu'au lac Leman. Hormis les trois territoires du Plateau, Ie Jura suisse remplit egalernent plusieurs criteres relatifs aux zones calmes. II est relativement eloigne des grands centres et sa structure paysagere est marquee par l'agriculture. Parallelernent, il montre egalement des differences tres nettes: il est compose de plusieurs
petites et moyennes villes et la longue tradition industrielle, qui a permis d'atteindre une prosperite considerable, est toujours fortement presente. II existe cependant dans certaines regions une tendance nette au ralentissement et aux phenomenes de friche. Dans notre recherche typologique, le Jura apparait done comme un cas special pouvant egalernentjustifier d'un type d'urbanisation particulier. Contrairement au Jura, les zones calmes du Plateau etaient encorejusque dans les annees septante, des territoires affaiblis. Elles ont ete marquees par une forte migration de la population vers les grands centres. Aujourd'hui, le processus est partiellement inverse: certaines parties des zones calmes sont devenues les territoires affichant la plus forte croissance demographique de Suisse. C'est la que les zones peripheriques urbaines rejoignent la campagne. L'urbain est present de plusieurs facons et recouvre lcs zones calmes apparentes de divers reseaux, qui s'accaparent la generosite du paysage pour le transformer aussitot, Les zones calmes n'ont cependant pas vecu les changements les plus graves depuis l'Interieur, mais grace a la transformation complete de leur situation geographique: il y a cinquante ans, le territoire rural presentait encore la toile de fond devant lequel se dessinaient les centres urbains, les derniers territoires ruraux forment aujourd'hui un archipel de petites iles isclees, qui commencent a ressembler de plus en plus a une sorte de pare dans la topographie urbaine. C'est j ustement dans cette particularite que se trouve le potentiel des zones calmes: ce sont les seuls et uniques territoires qui ont encore conserve des paysages plus ou moins in tacts tout en etant relativement proches des centres. Ces ilots de verdure font partie de l'espace urbain, et revetent une importante signification au sein de la Suisse . Les ..alpine resorts ..
regions metropolitaines et n'ayant pas d'autre fonction economique importante que celle du tourisme. Les alpine resorts sont des surfaces urbaines temporaires et polycentriques destinees aux lo isirs. L'intensite et le caractere de leurs reseaux sont cycliques, Durant la courte haute saison, les reseaux ont un caractere national voire international, durant la saison intermediaire, avant tout local et regional. Les caracteristiques essentielles des alpine resorts sont une bonne accessibilite, un systeme de transport interne performant etendu et une infrastructure de tres haut standing, n'ayant plus rien a envier a celle des villes. Lesfrontieres des alpine resorts sont peu perrneables. Les frontieres exterieures sont en regle generale determinees par la topographie: la forte compartimentation des alpine resorts leur confere une structure insulaire marquee. Merne si les domaines skiables des differentes stations se chevauchent, cela n'influence que le comportement des usagers. Lorsque la neige est fondue et que les remontees mecaniques sont stoppees, la topographie apparait a nouveau comme un facteur de delimitation. Les resorts montrent ainsi toujours un caractere de monde a part, merne si elles sont fortement integrees dans des reseaux urbains. En raison des structures d'activite particulieres, les differences sont egalement cycliques. Durant la haute saison, les alpine resorts sont des lieux ou deux mondes differents s'affrontent, le monde local et Ie monde global. II en ressort une culture propre, qui se superpose a la culture alpine en y ajoutant des elements urbains. La separation typique entre habitants locaux et visiteurs limite toutefois les effets de cette forte heterogeneite sociale. Le fait que la vie des alpine resorts soit limitee aux loisirs entraine un processus d'homogeneisation. Durant la periode de latence qu'est la saison intermedialre, la plupart des alpine resorts retrouvent leur quietude et s'apparentent ace mornent-la aux zones calmes.
Les alpine resorts sont des territoires situes en monta- Les villes temporaires. Lesterritoires touristiques sont gne, ne faisant pas partie des reseaux de villes ou des un vieux phenomene urbain. L'histoire du tourisme 213
alpin s'apparente sous plusieurs aspects ala colonisation urbaine, qui aurait tout de meme garde des elements essentiels de la culture alpine. Laculture urbaine se superposait ala culture alpine. La mutation des anciens lieux touristiques en alpine resorts est survenue par etape, conjointement aux modifications survenues dans la culture touristique. Depuis le debu t du tourisme alpin au xxe siecle.Ia decouverte de la nature sous ses formes les plus diverses est ce qui a motive l' at tirance pour la montagne. Letourisme de masse , survenu dans l'espace alpin pour la sai son estivale des le milieu des annees cinquante et pour la saison hivernale dix ans plus tard, etait egalement fortement motive par l'attrait de la nature et particulieremenr par la culture alpine locale. Peu a peu les pratiques d'appropriation se sont transforrnees pour aboutir a une distanciation toujours plus grande des conditions incalculablcs de la nature. La montagne est devenue un outil de lois irs et de sport, les particularites des lieux ont ere releguees al'arriere-plan. Des l'instant OU la nature n'est plus vecue en opposition ala ville et lcs promenades en montagne perdent leur caractere compensatoire, les territoires touristiques deviennent parties integrantes de la culture urbaine quotidienne. Les alpine resorts amplifient ce developpcment en prevoyant leurs infrastructures et leurs programmes selon les nouvelles realites, C'est pourquoi Ie terme de « resort » sert de delimitation explicite aux anciennes formes d'implantation touristique. Aujourd'hui, les alpine resorts ont tout de rnerne garde une particularite principale, qui se distingue de route autre forme d'urbanisation : leur rythrne marque. Le quotidien suit un calendrier clairement structure: une ou deux fois par an nee, les resorts se remplissent pour quelques semaines d'une population densejusqu'a ressembler a des lieux rnetropclitains. La saison estivale voit plutot arriver une population nationale et des visiteurs d'un certain age, alors que la saison hivernale, la saison la plus importante, prend des allures nettement plus internationales. Non seulement le nom214 - Une typologie de la Suisse urbaine
bre des habitants mais encore le mode de vie organise, confere aux alpine resorts un caractere urbain notable. Lorsqu'une alpine resort est fortement impregnee par ce caractere urbain, tel Davos lors du Forum econornique mondial, elle peut meme se transformer temporairement en ville mondiale. Les « top-resorts .. et les vieilles regions industrielles.
L'enfermement topographique des alpine resorts leur confere un fort caractere insulaire. Sur une carte geographique, elles apparaissent comme des taches parsernees, distribuees de maniere irreguliere sur tout l'espace alpin. En raison de l'attrait touristique qu 'eUes suscitent, trois grandes regions aforte densite de resorts et munies d'un modele complexe de reseaux regionaux se sont forrnees dans les zones de haute montagne: la partie orientale des Grisons avec Klosters-Davos et la Haute-Engadine, l'Oberland bernois et le sud du Valais. Comparativement aux pays voisins, le tourisme alpin suisse n'est pas seulement apparu plus tot mais il s'est aussi distingue des le debut par son caractere international (BATZING 2003). II semblerait cependant que la periode de gloire appartienne au passe. La plupart des stations alpines suisses accusent depuis les annees quatre-vingt une regression lente et continue. Le nombre de nuitees etcelui des places de travail esten diminution sur la quasi-totalite des stations. Les alpine resorts subissent des pressions de toute part: d'une part, les consequences de l'urbanisation globale se font nettement ressentir. Laconstruction massive des moyens de transport et la chute dramatique des prix des billets d'avion ont elargi la concurrence aux destinations plus lointaincs, En raison de la position forte du franc suisse et du niveau eleve des prix du rnarche interieur, les vacances en Suisse deviennent un produit de luxe pour les touristes internationaux. D'autre part, l'heterogeneite de la societe et la diversite des styles de vie entrainent une diversification de comportement du vacancier, que ce soit sur la periode,
«Alpine resorts » 215
Ie genre ou Ie lieu de vacances. Autrefois, passer des vacances de ski etait une evidence en Suisse et elles representaient en meme temps les revenus principaux pour la plupart des resorts. Aujourd'hui cette evidence n'est plus aussi forte. Le changement de climat global a plonge les stations de bassealtitude dans une situation d'insecurite en ce qui concerne l'enneigement et provoque une perte de rendement proportionnelle. De plus, les banques ont commence, dans les annees nonante, a allouer des credits de rnaniere selective. Actuellement il est presque impossible d'investirdans l'infrastructure de plusieurs petites stations qui se retrouvent par consequent au bord de l'etranglement. L'hotellerie, les telepheriques et les remonte-pentes de certains domaines tournent a perte. Des reparations ou des renovations plus consequentes peuvent provoquer la fermeture d'un hotel voire meme d'un petit domaine skiable. Le tourisme partage un sort semblable a beaucoup d'autres produits de qualite suisses. Plusieurs resorts, en particulier les resorts en basse altitude commencent a prendre certaines allures de vieilles regions industrielles. L'alternative choisie pour sortir de cette crise insidieuse est celIe de la specialisation ciblee sur un segment de clientele et des offres specifiques, n n'est plus possible aujourd'hui de classer la variete actuelle des alpine resorts sous les categories de stations de luxe pour mondains ou de stations familiales simples. La production d'un profil touristiquequi implique egalement un label cible specifique necessite un capital eleve et conduit par consequent au renforcement du processus de concentration. Lesalpine resorts sont certes considerees comme une categoric en soi, elles forment cependant un groupe de regions hautement heterogene.Alors que des resorts telles que St. Moritz, Davos, Zermatt ou Grindelwald ont pris des allures de centres globaux specialises, les stations telles que Andermatt ou la vallee valaisanne d'Obergoms font deja partie des friches alpines. 216 - Une typologie de la Suisse urbaine
Friches alpines
Les friches alpines sont des zones en declin et en processus de lent affaiblissement. Elles ont pour caracteristique commune une emigration continue. Elles comprennent les territo ires alpins qui ne sont pas relies par un reseau de villes a l' econornie urbaine et ceux qui n'ont pas pu mettre sur pied une industrie touristique propre. L'effet d'aspiration exerce par le reseau urbain sur ces territoires a declenche une dynamique negative et leur absorbe toujours plus d'energie, Les reseaux des friches alpines sont avant tout locaux. Un grand nombre de territoires sont fortement marques par des activites locales et par l'agriculture. L'enfermement topographique empeche ou complique une large extension des reseaux; de plus, les distances jusqu'aux prochains centres sont sou vent trop grandes. Meme si ces territo ires sont relies aux grands centres par une autoroute, ils n'en restent pas moins peripheriques: ce sont moins les connexions au monde urbain que la presence physique me me de l'urbain qui fait defaut, Lesfrontieres des friches alpines sont fortement deterrninees par la topographic. Elles sont moins permeables et ne disposent que d'un potentiel limite. Leur fonctionnement est similaire a celui des zones calmes: elles separent ou relient des territoires de meme nature. Le territoire des friches alpines ne se limite pas seulement aux fonds des vallees mais inclut egalernent l'arriere-plan, les mayens et les Alpes,les lacs de barrage et les chaines de montagne. Les differences ne sont la plupart du temps que faiblement marquees et Ie phenomene de migration a plutot tendance ales rendre encore moins importantes. L'aspect qualitatif de la migration pese plus lourd que l'aspect quantitatif, puisque c'est principalement la partie de la population ayant acquis une bonne formation qui migre dans les centres. La perte des places de travail est une des causes importantes de la diminution de la diversite professionelle. Les differences res tent done petites et le spectre d'un deploiement futur limite.
Friches alpines 217
Les friches alpines souffrent en grande partie du man- Contrairement aux toiles montagneuses des resorts, il que de perspective. existe dans les friches alpines peu de territoires amenages pour le ski ou pour le Trendsport (sport en vogue). Les zones d'affaiblissement. L'emigration dans les Elles n'ont pas le glamour du Matterhorn ou de lajungAlpes est un vieux phenomene, Elle a debute dans frau, meme si on y trouve des paysages d'une beaute les vallees tessinoises au debut du xxe siecle et provoque exceptionnelle. Elles incitent a un genre touristique le declin economique des villages et des mayens, plutot calme et traditionnel et attirent plutot des Dans I'ensemble de I'espace alpin europeen, environ randonneurs et des alpinistes. Ce genre de tourisme un cinquierne de toutes les communes a enreglstre, respecte pleinement la nature et l'environnement, mais entre 1870 et 2000, un recul demographique constant reste cependant trop peu valorise pour permettre (BATZING 2003). d'assurer un revenu a un grand nombre de personnes. C'est pourquoi les territoires d'emigration dans Lepassage des friches alpines aux resorts et inversement les Alpes font depuis longtemps l'objet de recherches semble donc flou, D'une part, lcs ressources paysageres scientifiques. Les standardisations des communes les peuvent etre utilisees pour I'elaboration d'un nouveau plus recentes ne livrent pas une image homogene des projet touristique. D'autre part, plusieurs resorts sont regions montagneuses suisses. Lavariation sejoue d'une susceptibles de finir en friche si elles n'arrivent pas a part au niveau de l'evolurion de la migration (BATZING renouveler et adevelopper leur assise touristique. 2003) et d'autre part au niveau des caracteristiques La deuxierne caracteristique importante est structurelles et econorniques (SCHULER, PERLIK, PASCHE celie de I'eloignement des grands centres. Les friches 2004). alpines ne sont certainement pas isolees du monde La superposition et la generalisation comme urbain, puisque les reseaux urbains se sont depuis longnous I'avions concue dans notre typologie, revele une temps infiltres jusque dans les plus petites vallees recuimage etonnamment precise: bien que le terme de lees. Elles restent cependant distantes des centres er de «regions en marge », souvent utilise pour qualifier les la diversite de leurs offres de travail, de consommation regions alpines, soit le plus approchant, ces territoires et de culture. C'est pourquoi lcs friches alpines sont les ne sont pas situes en marge de la Suisse et ne sont pas seuls territoires de Suisse a etre veritablement aspires disposes comme un patchwork sur l'espace alpin.Acote par la force du processus d'urbanisation plutot que des versants isoles et mal viabilises, il existe aussi des d'en subir la pression. On trouve toutefois des formes territoires situes sur les grands axes de transit. II est vrai de periurbanisatlcn principalementsur les terrasses encependant qu'il s'est forme une grande zone en friche soleillees qui surplombent la fin des vallees, Lesvallees au centre geographique et mythologique de la Suisse, plus reculees sont dans Ie meilleur des cas considerees autour du Gothard. Zone que nous avons appelee par les centres comme des espaces temporaires de «friche centrale »; Elle s'etend de Surselva aux Grisons retrait. jusqu'a Obergoms en Valais et des bords de la region La situation economique en patit de maniere metropolitaine de Zurichjusqu'aux contreforts de la inquietante, Les friches alpines ne profitent ainsi region metropolitaine de Milan. presque pas des impulsions economiques des centres. Lasituation geographique de ce territoire sou- La concentration grandissante des prestations de serligne deux caracteristiqucs essentielles des friches alpi- vice des entreprises dans les grands centres, ressource nes en Suisse: le manque d'attractivite touristique et un principale du processus complexe de production, eloignement des grands centres urbains. limite la structure economique a des domaines a 218 - Une typologie de la Suisse urbaine
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perspective. Ce sont les « arrieres-cours » oubliees de la Suisse urbaine. Le terme provocant de «friche alpine» laisse entendre ici une situation problernatique mals egalement un potentiel. II montre clairernent que Ie modele traditionnel qui vise adefendre leur existence n'ouvre plus aucune perspective pources territoires. Si ce terme montre une certaine ouverture, ce n'est que pour envisager de nouvelles strategies differenciees de developpement, Une politique de retrait ou de laisser-faire pourrait avoir des consequences fatales: si les friches alpines deviennent une decharge urbaine, elles perdent Un changement de paradigme. En raison de la faible irremediablement leur eventuel pctentiel pour les situation economique, la plupart des friches alpines generations futures. recoivent differentes sortes de prestations financieres et de subventions. Lessubventions aallouer aux exploitations montagnardes sont actuellement au coeur des Les differences: un potentiel urbain debars, rnais ne representent cependant qu'une petite Leportrait urbanistique demontre que la Suisse est bien partie de l'ensemble des transferts.Mis apart les contri- plus urbaine qu'elle veut bien Ie croire, Merne si le butions a l'infrastructure, les differences mesures de my the d'une Suisse rurale est defendu avec acharneprotection pour la securite des villages et pour l' infra- ment, et si l'opposition «ville-campagne» persiste structure des voies de communication contre les dan- jusque dans les discussions sur l'amenagement et les gers naturels sont considerables, etudes scientifiques, la Suisse est aujourd'hui un espace Toutes ces aides apportees ouvertement ou de urbanise sur l'ensemble de son territoirc, surlequel une maniere tacite sont resrees longtemps incontestees, diversite de reseaux economiques, sociaux et culturels Comparativement ad'autres territoires alpins, notam- se sont developpes, Cet espace est devenu une sorte de ment en France ou en Italie, les regions de montagne supermarche, proposant les offres les plus avantageuses en Suisse ont beneficie, depuis les annees septante, en matiere de lieux, d'evenements et d'lnstallations a d'un large encouragement financier. Si le declin des ceux qui en ont les moyens financiers et la mobilite. II friches alpines a pu etre ralenti, il n'a cependant pas pu leur permet ainsi de se construire leurs propres reseaux etre steppe. En raison de la deregulation accrue et de quotidiens. Cet espace urbain n'est pourtant absolument la pression grandissante exercees par la verite des couts et de la rentabilisation, les friches alpines sont pas uniforme ni homogene, II est au contraire plus aujourd'hui plus quejamais sous pression. Le recul diversifie qu'on Ie dit. Meme si tous les territoires d'une politique agricole et d'infrastructure qui couvre devaient etre entraines dans le processus d'urbanisala totalite du territoire reflete une nouvelle apprehen- tion et transformes, Us montreraient tous des formes, sion nationale de l'espace: Ie renoncement progressif a des caracteristiques et des problernatiques differentes, la doctrine d'une relative « justice spatiale ». Lesfriches Si on schernatise les cinq types d'urbanisation, on aperalpines sont les seuls territoires suisses pour lesquels coit quelques traits dominants des processus actuels et Ie modele d'urbanisation actuel n'entrevoit aucune une problernatique principale: de nouveaux espaces 220 - Une typologie de la Suisse urbaine moindre valeur ajoutee. Le declin de l'industrie classique dans les plus grandes vallees alpines aggrave encore la situatlon. Les activites economiques des friches alpines se voient considerablernent reduites aux activites agricoles et locales. A l'affaiblissement economique vient souvent s'ajouter la deterioration des infrastructures locales. Certains territoires ont du fermer leurs magasins et leur ecole. L'approvisionnement medical est egalernent difficile agarantir, Cesdeficits sont de moins en moins compenses par la solidarite des communes villageoises.
urbains regionaux se developpent et se distinguent de plus en plus sur Ie plan economique, social et quotidien. lIs ont une dynamique et une rapidite de developpement differentes et leurs differences ont tendance ase renforcer. C'est justement dans cette dynamique que reside le potentiel urbain de la Suisse. Parallelernent, les nombreux interets regionaux et locaux ainsi que les conflits, continuent de jouer un role preponderant. Les espaces urbains sont parrages non seulement par des frontieres nationales, cantonales et communales, mais egalement par des frontieres linguistiques, confessionnelles et culturelles qui les morcellent en territoires extremernent petits. Lesnouvelles differenciations urbaines, qui se sont developpees ces dernieres annees, ne suivent pourtant justernent pas cette orientation traditionnelle, mais se superposent avec un nouveau modele. II ressort de ces deux ordres une diversite de superpositions et d'interferences. Cedeveloppement est diametralement oppose aI'idee entretenue depuis des decennies d'une Suisse «systematiquementx mise en reseau. C'est pourquoi la strategie de I'egalite jusqu'a ce jour dominante, se brise aujourd'hui contre la realite urbaine. Ladiversite federaliste a certes de grandes qualites mais elle masque les nouvelles realites urbaines. ElIe empeche ainsi de reconnaitre les potentiels inherents a ces differences. Les elements pour une Suisse urbaine existent bel et bien, mais ils ne sont pas exploites afond.Au contraire, on essaie par tous les moyens de separer les differences, de les delimiter et de les domestiquer. Les representations cartographiques ne sont jamais anodines. Elles sont des representations de l'espace; elles ont pour but de structurer la realite et egalement de l'influencer. Comme dans toute representation de l'espace, ce portrait de la Suisse urbaine comprend egalement des composantes normatives, II part du point de vue que l'urbain, la difference, est un facteur productif, un potentiel. La topographie urbaine, telIe qu 'elle apparait sur les cartes, peut egalement erre lue comme une analyse des potentiels urbains.
On peut en deduire une strategic urbaine basee sur la reconnaissance des differences, leur assise et leur maturation. Une telIe strategie signifierait qu'il ne faut plus traiter de la meme maniere tous les territoires suisses mais au contraire renforcer les differences au lieu de les n iveler et developper ainsi dans chaque territoire les diverses qualites et situations urbaines. Lamise en application d'une telle strategie ne peutavoir lieu que dans une prise en compte publique. C'est pourquoi le portrait urbanistique renonce consciemment aux propositions et mesures concretes qui finiraient a nouveau instantanement hachees menues dans Ie travail de precision des politiciens. IIs'agit d'un portrait, d'une image possible d'une Suisse urbaine differenciee , Ni plus, ni moins,
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Generique
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Credit des iIIus·irations/Copyrights/Soufces L'ensemble des illustrations a ete produit par ETH Studio Basel, © ETH Studio Basel, Bale, 2005, saut exceptions rnentionnees. Jaquette - © Emil Schulthess Erben Photoarchiv, Zurich Images panoramiques - © Emil Schulthess Erben Photoarchiv, Zurich 43-47 - swisstopo (2003): VECTOR200 51 - «Image and data processing by NOAA's National Geophysical Data Center DMSP data collected by US Air Force Weather Agency" 52-55 - Konferenz der kantonalen Erziehungsdirektoren (Hrsg.) (1981): Schweizer Weltatlas. Orell Fusali, Zurich: 78f 57/59 - swisstopo (1994): Landeskarte der Schweiz 1:1 000000, Geophysikalische Ausgabe 60/61 - Office federal de la statistique: recensement de la population 1990; swisstopo (1994): carte nationale de la Suisse 1 : 1000000, donnees geo-physiques 62/63 - swisstopo (1994): carte nationale de la Suisse 1:1 000000, donnees geo-physiques; swisstopo (2003): VECTOR200 64-109 - Office federal de la statistique: Gemeindenamen 2003, 2005; swisstopo (1994): carte nationale de la Suisse 1 : 1000000, donnees geo-physiques; swisstopo (2003): VECTOR200 111 - Plan des zones, Commune de Pontresina 1988/1992; - Plan des zones, Commune de Wallisellen 1993; - Plan des zones d'affectation, Commune de Bellevue 2002; - Plan d'amenaqernent des zones, Commune de Reckingen (VS) 2001; - Plan des zones, Commune de Rothrist 1976; - Plan des zones, Commune de Saint-Cierges 1999; - Plan d'arnenaqement zone urbanisee, Commune de Therwi11991; - Plan des zones, Comune di Monte Carasso 1999; - Plan des zones, communes unifiees Ermatingen 1984 132-161 - Photographies Arnold Odermatt, © Urs Odermatt, Windisch 177 - swisstopo (2003): VECTOR200 179 - Mesmer, Beatrix (Red.) (1983): Geschichte der Schweiz und der Schweizer. Entstanden unter der wissenschaftlichen Betreuung des «Oornite pour une Nouvelle Histoire de la Suisse". Basel: Helbing & Lichtenhahn, 1982-83, Bd, II: 111; Walter, Francois (1994): La Suisse urbaine 1750-1950. Editions Zoe, Geneve: 52 180-183 - Office federal de la statistique: recensement de la population 189 - Meili, Armin (1941): Landesplanung in der Schweiz. Impression tiree du Neue Zurcher Zeitung, Zurich: 10 - Roth, Ueli (1980): Chronik der Schweizerischen Landesplanung. Beilage zur DISP 56, Zurich: 18 - Bundesrat (1996): Bericht uber die Grundzuqe der Raumordnung Schweiz. Schweizerischer Bundesrat, Bern: 43 197 - Infoplan-ARE 1 Geostat-BFS 199 - Office federal de la statistique: recensement de la population 1990 - Office federal de la statistique: recensement de la population 2000 - swisstopo (2001): PK200 - Office federal de la statistique: recensement de la population 1980, 2000; swisstopo (2002): Geo-Daten Gemeinden Echelle des reproductions cartographiques 1 : 25000, 1 : 50000, 1 : 100000, 1 : 200000,1 : 300000, VECTOR200, Atlas de la Suisse, Swissimage, Landsat Mosaic 25 reproductions autorisees par Swisstopo (BA046483): 43 - 44 - 45 - 46 -47 -177 Tous les efforts necessaires ont ete entrepris par les auteurs pour obtenir I'autorisation de reproduction des rnaterlaux d'illustration presentes dans cet ouvrage. Malgre leurs recherches, les auteurs n'ont pas toujours reussi 11 retrouver les detenteurs des droits. Les auteurs se declarent prets 11 s'acquitter des droits legitimes dans Ie cadre des conventions habituelles. 226
Remerciements Pascal Couchepin, conseiller federal ETH Ecole polytechnique federale de Zurich Prof. Dr. Olaf KObler, Prof. Dr. Konrad Osterwalder, Prof. Dr. Ulrich W. Suter, Prof. Dr. Gerhard Schmitt, Prof. Dr. Vittorio Magnago Lampugnani, Prof. Adrian Meyer, Prof. Dietmar Eberle NSL Netzwerk Stadt und Landschaft, Prof. Christophe Girot Dr. Benno Schubiger, Dr. Philipp Egger Swiss Re Centre for Global Dialogue, Walter B. Kielholz, Dr. Fritz Gutbrodt Avenir Suisse, Thomas Held, Angelus Eisinger, Michel Schneider Benedict Hentsch Prof. Dr. Rene Frey, Prof. Dr. Peter Rieder, Prof. Luigi Snozzi Christoph Koellreuter, BAK Basel Economics MOiler + Hess: Beat MOiler, Wendelin Hess, Maja Siebrecht, Peter Wittwer Lars MOiler Cornel Windlin Ludmilla Azragainou Birkhauser: Dr. Robert Steiger, Nicole Fischer, Werner Handschin, Dorothea Wagner, Katharina Kulke Continue: Christoph Kloetzli, Dieter Kessler, Monika Hafliger Nous remercions tous ceux qui nous ont aides dans nos recherches, qui nous ont conseilles et qui nous ont communique des informations importantes ou des remarques constructives au cours du semestre et lors de nos discussions. En particulier nous remercions tous nos etudiants.
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La Suisse Portrait urbain Frontieres, Communes Breve histoire du territoire Roger Diener Jacques Herzog Marcel Meili Pierre de Meuron Christian Schmid ETH Studio Basel Institut pour la Ville Contemporaine Birkhauser - Editions d'Architecture Basel· Boston- Berlin
Alfred Messerli, Markus Stromer Livre Direction de la production John Palmesino Production Ann-Sofi Ronnskog, Christina Holona Iconographie et cartes, recherches Ann-Sofi Ronnskoq, Christina Holona, Thomas Friberg, Jonathan Koellreuter, Stephanie Stratmann, Lukas Kueng, Ramias Steinemann, Ueli Degen, Jurg Keller, Florian Tschacher, David Vaner, Christian Muller Inderbitzin Organisation Martin Josephy Redaction Anna Schindler Collaborateurs scientifiques Manfred Perlik, Rene Bossart, Orlando Eberle, RogerSonderegger Interpretation des statistiques Markus Krause Recherche de parrainages Martin Josephy, Thea Rauch-Schwegler, Esther Durrholder Assistants Reto Geiser, Marco Corti, Miriam Lahns, Max Schubiger Encadrement des etudiants, conseillers pour les travaux de terrain Emanuel Christ, Simon Hartmann
Livre 1: Introduction Reseaux, rronueres, differences 15 - Introduction 41-Reseaux 49 - Frontieres 115 - Differences 135 - Discussion Jacques Herzog, Marcel Meili 163 - Theorie Christian Schmid 225 - Generique
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Livre 2: Frontieres, Communes.
tsreve rustorre ou terrrtorre
245 - Introduction 251 - Surfaces et sedimentations Les sept formes du cloisonnement de la Suisse 285 - Frontiere, cellule, pacte These sur I'autonomie 307 - Empreintes L'organisation des frontieres romaines lue comme un palimpseste dans I'espace medieval 321 - Le pays germanique La refonte du territoire romain par les cultivateurs germains 339 - Communautes et communes La genese parallele de la confederation et de la commune 383 - Cristallisation La consolidation de la forme 431 - Autonomie et difference Le territoire constitue 455 - Generique
Livre 3: Materiaux pour un projet urbanistique
Potentiels urbains de la Suisse Carte synthetique
479 -Introduction 487 - Les regions metropolitaines 500 - Croissance et productivite economiques 513 - La region rnetropolitaine lernanique 561 - La region metropolttaine Bale-Mulhouse-Freiburg 605 - La region rnetropolitaine de Zurich 649 - Les reseaux de villes 671 - La couronne urbaine de Berne 701 - Le reseau de villes de la Suisse centrale 719 - Le reseau urbain des lacs 737 - Les zones calmes 767 - La zone calme ouest: Gros-de-Vaud et Prealpes fribourgeoises 797 - La zone calme du centre: la region du Napf 827 - La zone calme est: Appenzell - Toggenbourg 865 - Les Alpes 899 - Alpine Resorts 919 - Le Cervin est-i1 une ville? 929 - Les friches alpine 945 - Le Safiental 961-Wassen 979 - Le Val Calanca 1007 - Generique
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Introduction
245
Introduction. De par sa forme, la Suisse presente une structure cellulaire latente. Mais l'actualite fait ressortir toujours plus nettement, comme un contretype, ce que cette configuration a de particulier. L'urbanisation en cours depuis 1960 agit non sans conflits comme un revelateur de la saturation d'une organisation traditionnelle confrontee a des impulsions nouvelles auxquelles un organisme cellulaire ne peut plus faire face.
Quelle est donc cette organisation et pourquoi est-elle depassee ? L'assemblage des difterentes cellules devait sa cohesion au fait qu'il assurait la deconcentration spatiale et l'equilibre politique des contradictions et des differences heritees du passe. Entre les territoires s'etait etsbf un reseau de frontieres subtilement ajuste qui constituait comme une Iigne de demarcation traversant Ie dissemblable. Au sein de cette structure, c'est la cellule -Ia commune plus encore que Ie canton - qui formait I'espace ou s'imbriquaient la parente des conditions de vie a I'interieur et I'affirmation reflechie d'une autonomie envers l'exterieur, C'est a ce principe de deconcentration spatiale et d'equllibre federaliste que se heurte la ville moderne, car au XXl e siecle, les differences ne sont plus localisables spatialement. La paralysie urbaine que connait la Suisse cache donc la crise d'un tres ancien reseau de frontieres auquelle present a ote toute signification. En retracant I'histoire de ces frontieres, nous remonterons aux origines de la cellule primordiale: Ie village rural qui a peu a peu donne naissance a la commune. Nous mettrons ainsi en evidence la forme interne ou se concretisent spatialement et materiellement autant Ie succes de la Suisse que les Iimites de ses possibilttes. Par la force des choses, nous sommes ainsi arnenes a ecrire une breve histoire du territoire en Suisse.
246 - Introduction
Surfaces et sedimentations Les sept formes du cloisonnement de la Suisse
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Frontieres et territoires. La Suisse, pays de la maitrise de la surface et des frontieres bien tracees. Les trontleres ne sont pas des zones de passage, mais des separations. II n'est rien qui ne soit ancre dans Ie sol avec une certitude presque immuable. Un sol exigu, confine, controle et replle sur soi. OUse reflete une perception partlcullere de la proximite et de l'eloiqnernent, de l'interieur et de l'exterleur, de la distance entre les choses et les hommes, de la grandeur, de la hauteur et de la proxirnite du sol, de la limitation de I'espace et de la violation de frontieres, Tracer des trontteres, meUre des limites, ne pas depasser les bornes: I'espace suisse est essentiellement organise par Ie cloisonnement. De ce fait, Ie pays est compartirnente en une infinite de cellules, visibles et plus souvent encore invisibles. Nous avons tendance a attribuer a un espace tout ce qui marque notre existence. Nous aimons les espaces qui ont une seule signification: ce sont des lieux que nous conservons. Les frontieres qui les separent dernelent les signi fications et les competences, Tout ce qui remet en question cette organisation spatiale, Ie recoupement, l'indetermination, Ie flou, mais aussi Ie flux et Ie mouvement, impose un eclaircissement ininterrompu. La nettete offre aux espaces une autonomie particuliere, mais favorise peut-etre aussi I'engourdissement, parfois l'indlfference. La Suisse est un conqlomerat de cellules relativement nettes, passablement petites et relativement autonomes.
252 - Surfaces et sedimentations
254 - Surfaces et sedimentations
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L'etat dans I'etat dans I'etat••• En inscrivant en son sein la fragilite meme de la construction, la Suisse accentue Ie caractere artificiel des etats nationaux decoupes a un moment precis dans Ie terrain continental. Telle une poupee russe, trois territoires etatiques dotes de leur propre souverainete s'emboitent les uns dans les autres: la commune, Ie canton et la Confederation. En reallte, la stabilite du pays, dans I'interaction de ces trois formes, n'est qu'une ega lite entre Ie pouvoir et I'autonomie. L'idee d 'une division politique du pays est source de malentendu. Car Ie territoire n'est pas divise, mais compose de communes et de cantons. La frontiere nationale n'enceint pas une communaute a partir de I'interieur, mais delimite un assemblage de l'exterieur, En Suisse, l'autorite nationale est par consequent une delegation du pouvoir du bas vers Ie haut et non I'inverse. Tout en bas de l'echelle, la frontiere communale est la plus discrete, mais auss i la plus ancienne, la plus stable et la plus lourde de consequences. C'est dans la commune, dans les villes et les villages, que se fonde l'experlence de la souverainete et de l'identite, non dans la Confederation et pas toujours dans les cantons. La plupart des cantons n'ont ni un territoire particulierernent stable ni une tradition particulierement ancienne. II est vrai que dans les tiraillements entre la Confederation et les communes, les cantons sont des constructions etatiques hybrides ou de nombreux droits ont fini par se deposer. Mais l'equilibre entre commune et etat les pousse dans la rea lite administrative d'un rapport de forces quasi inerte. Et pourtant, les trontieres politiques en Suisse sont instables, non dans leur situation mais dans leur signification. Lors de la definition des proprietes d'un espace assez vaste - comme une agglomeration ou une ceinture naturelle - on assiste plutot a une pression centrifuge du bas vers Ie haut qu'a la concretisation d'une intention superieure dans cet espace. L'amenagement du territoire ne fait en realite que prendre acte des sequelles de la «querre» qui oppose les communes entre elles.
256 - Surfaces et sedimentations
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Les espaces linguistiques. Les espaces Iinguistiques sont des territoires sans «frontieres », Leur trace n'en est pas moins suffisamment reel pour manifester les divergences d'avec la carte politique. De nos jours encore, la culture linguistique est une realite autonome qui perce a travers Ie monde des objets, dans des couleurs et dans des signes, dans I'ordonnance des choses ou des maisons. II semble que les langues se cotolent silencieusement et ne se comprennent pas par-dele les frontleres, Le « Rostigraben » n'est pas une tranchee de tirailleurs, mais un mur invisible de mots auquelles hommes tournent Ie dos. En Suisse, Ie monde paysan a presque toujours ete un monde peu mobile. Les comrnunautes restaient dans leur vallee ou leur village, ou alors elles emigraient. Le commerce ou Ie service etranqer representaient certes une ouverture au monde, mais on sejournait au village ou I'on y revenait. L'enracinement local est reste jusqu'a nos jours une rnaniere d'etre, La diversite des dialectes, des journaux et des sortes de pain est a mettre au compte d'une entropie etonnamment faible . Les cultures locales sont ici d'une extraordinaire inertie. C'est la raison pour laquelle les maisons parlent leur propre langage, aujourd'hui encore. Certes, la civilisation urbaine contemporaine apianit bon nombre de ces differences, tandis que les langues parlees par les irnrniqres et par les medias font perdre de leur importance aux cultures linguistiques. Mais la ville contourne la capacite d'attachement au lieu, Ie poids des origines, plutot qu'elle ne I'annule. Les aires Iinguistiques sont restees des territoires autonomes et perceptibles. La faiblesse des communi cations et la survivance de nombreuses differences montrent que sur cette ligne de demarcation, il n'y a pas d'echanqes, Ni de coups de feu, ni de paroles.
260 - Surfaces et sedimentations
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Biasca; Pontresina 262 - Surfaces at sedimentations
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Delemont; Niederuzwil 264 - Surfaces et sedimentations
Commune, langue, nation: un tout. Les langues deplolent un effet centrifuge qui continue a defier I'edifice national. Pour qualifier la cohesion de la Suisse, on utilise Ie terme de «nation volontalre», agglomerat peu solide de cellules tirees d'aires culturelles plus vastes et reunles avec pragmatisme. Cette notion convertit en nation un etat qui ne peut pas compter sur I'effet gravitationnel d'une langue dominante ou d'un territoire nature!. Mais dans ce processus, la ee volonte» est souvent un refus, car la Suisse doit I'essentiel de sa cohesion a I'intention pragmatique de ne pas appartenir a un autre systerne de pouvoir, plus vaste. L'espace Iinguistique etend les dimensions du territoire Iinguistique au-dele des frontleres nationales: en tant qu 'espace de migrations, de relations economiques ou de mass medias par exemple. Mais les espaces linguistiques transnationaux restent du domaine des individus et des petites cornmunautes et non de la pol itique d'etat; les contacts d'entreprises, les projets cu lturels, la formation, les voyages, les jumelages de villes ou les initiatives regionales sont plutot Ie fait de relations personnelles. Ce n'est qu'avec I'unification europeenne qu'apparait un autre presuppose. Sous la menace de la centralisation continentale, les regions Iinguistiques, pour ne pas etre aspirees par Ie centre, commencent a s'associer politiquement. Oonslderees depuis la Suisse, les alliances Iinguistiques internationales posent, par-dela les trontleres, un nouveau critere de reference qui s'appuie sur les voisinages locaux.
266 - Surfaces et sedimentations
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Vers 500, la majeure partie de la Suisse est depeuplee et couverte de forets. L'espace habite a repris un aspect archa'ique. Des habitats paysans se regroupent pres des ruines, Ie long des cours d'eau et des routes comme en bordure d'une foret vierge. Lorsque les Germains recommencent s'etendre, ils recolonisent les sites des anciennes villae et des villages gallo-romains. Mais ce faisant, ils substituent a I'ordonnance territoriale latine une organisation germanique du pays.
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326 - Le pays germanique
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Territoires habltes au Ive_v e s. castrum du Bas-Empire ou nceud routier burgus du Bas-Empire (limes) decouverte rnonetaire et habitat du Bas-Empire sepultures du Bas-Empire Territoires habltes du Ie. au IVe s. ville romaine etablissement rural gallo-romain
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Territoires habites de 540 600 castrum du Bas-Empire ou nceud routier a l'epoque franque o decouverte monetalre et habitat franc .. sepultures franques noms pre-germaniques
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Extension des terres du Vile au IXe s. Iieux en -ingen, -ikon, -wiI
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Fermes, hameaux et villages. Essentiellement rurale, la civilisation germanique du haut Moyen Age introduit un type d'habitation archa"ique dont les origines remontent au Neolithique. Leurs maisons a poteaux et pans de bois occupent une grande parcelle entouree d'une cloture qui materialise une circonscription juridique. Cet espace parcellaire est plus stable que la maison elle-rneme, qu'iI faut periodiquement reconstruire. L'usage et Ie droit du sol opposent donc au principe territorial romain un modele d'habitat septentrional, agraire et instable. Lorsque les Alamans arrivent dans Ie pays gallo-roman, les deux groupes de population sont controles par les Francs merovingiens. Les « Alarnans» sont un peuple relativement jeune, ethniquement disparate, de guerriers d'abord et de cultivateurs ensuite, qui ne connait pas la ville. Ses petites comrnunautes archa"iques semblent presenter deja une organisation pre-teodale, Le droit foncier germanique et la structure des seigneuries et des clans villageois marquent I'introduction d'une organisation sociaIe et territoriale qui est a l'oppose des principes romains. Un groupe de fermes constitue un hameau ou un village possedant et exploitant les terres environnantes. Les habitats ne sont pas necessairement autarciques, mais ils ne disposent plus de la structure ni du reseau de I'ancienne province romaine. La maison germanique elle-meme est I'expression condensee de cette nouvelle conception du territoire. Ce n'est plus Ie batirnent qui marque et localise la propriete, mais la parcelle cloturee, et de ce fait la terre. Tous les trente ans environ, il faut reconstruire des maisons de bois qui n'ont pas de fondations solides. L'habitation migre done, tandis que la cloture fixe la circonscription juridique du maitre de la maison.
328 - Le pays germanique
Reconstitution du village ala man de Lauchheim (0)
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Grenier de fa culture de la Ceramique rubanee 5300-5000 avo J.-C.
.. Mlihlhausen-Ehingen (0)
Ville s.
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Un pays germanique. Les locatltes nouvellement tondees par les Germains et les anciens sites gallo-romains presentent un aspect etonnamment uniforme. L'extension des terres cree un maillage de petits noyaux d'habitat qui ne sont ni proches ni eloignes les uns des autres. Ce reseau n'est plus concu a partir de la ville, mais forme par la production agraire et par Ie voisinage. Le pays germanique se distingue du pays romain en ce qu'i1 n'est lrnpreqne ni d'une hierarchie claire ni de dependances economiques ou politiques complexes. Meme s'il ne peut etre entlerernent reconstitue, Ie pays germanique presente une forme relativement etendue et reguliere. II se fonde sur des rayons d'action plus restreints et sur des lieux davantage tournes sur eux-mernes. L'uniformite des intervalles n'est pas Ie fruit d 'un projet, mais fait plutot croire a une proxernique rurale. Le voisinage entre les hameaux est marque par Ie type d'exploitation agricole, par Ie pouvoir local, par Ie petit commerce et par Ie besoin de securite. Entre eux se tisse un reseau de fermes lsolees distantes d'environ un demi kilometre, Ie plus souvent provisoires et soumises a des deplacernents perpetuels, Meme si un site gallo-romain est reoccupe, sa signification change. Le reseau des noms de lieux en -ingen, -ikon ou -wi! s'inscrit dans Ie systems plus vaste de la feodallte medievale, La seigneurie fonciere en train d'ernerqer s'oriente maintenant vers la maitrise et la mise en valeur de la terre. L'eglise, et plus tard Ie chateau, en sont les premiers symboles architecturaux de pierre. Ce n'est qu'a partir du xe/Xle steele que les anciennes villes recouvrent peu a peu leur ancien statut de centres.
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Toponymes pre-germaniques (gallo-romains) Toponymes germaniques Toponymes actuels
330 - Le pays germanique
Construction
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a poteaux a Berslingen (SH), XO_Xll e s.
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