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French Pages [244] Year 1979
au$tt/me/n£
Le retour des «entrepreneurs»: ils inventent collectivement une économie différente
Les 16-25 ans, vous connaissez ? Ouvriers ou bourgeois, quels son t leurs trajectoires, leurs choix : famille, école... e t après ? Quel rapport au travail, à l'argent, au plaisir ? Quels « projets » entre résignation, marginalisation e t révolte ? Une grande enquête sur des itinéraires, des pratiques qui nous concernent tous. En vente en librairie (37 FJ, dès le 9 octobre 1979. Diffusion Le Seuil.
Notre prochain « dossier, » en octobre 1979
39 F
n ° 20 septembre 79
Et si chacun créait son em ploi ? £ désir d’entreprendre Isressortent grand-papa du grenier
7 Jules Chancel, Pierre-Éric Tixier 15 Henry Dougier
lais qui sont donc ces « nouveaux entrepreneurs » ? es nouvelles coopératives a bande à Bulle a Menuise ou la dialectique des copeaux acharpente pour le plaisir es Tables Rabattues, un restaurant sans chef eGrain : s’inventer des compétences es éducateurs-entrepreneurs lace Voltaire, les enfants de Rousseau es Grillons : les écueils de l’accueil oie : asociaux + production esouvriers-sauveteurs larketube, le tube de l’autogestion apatron « cool » et les tisserands du Nord eBalai Libéré ou la parole déchaînée 5 tertiaires supérieurs este : Proudhon chez les ingénieurs
102 Jules Chancel, Annie Jacob
len quoi sont-ils différents ? i stratégie de l’affectif 'exercice du pouvoir : une scène cachée u communautaire au groupal : le cas français Dopératives ouvrières, pas si rétro que ça
112 122 129 138
17 26 36 40 47
Monique Astruc, Alain Ostalrich Jules Chancel Monique Astruc, Alain Ostalrich Jules Chancel Jules Chancel
56 Jules Chancel 65 Jules Chancel 77 Jules Chancel 80 Pierre-Éric Tixier 87 Daniel Carré 93 Bruno Mattéi
Marie-Odile Marty Pierre-Éric Tixier Renaud Sainsaulieu Claude Vienney
lels débats provoquent-ils ? ;travail au-delà de l’emploi si Big devenait beautiful ? iduire le contrôle de l’État Des trésors d’imagination, quand on est partie prenante » icc les « nouveaux économistes », allons tous au marché scrètes audaces d’un néo-libéral s pièges du do-it-yourself
147 Jacques Delors 153 Michel Rocard 161 Bernard Stasi 163 Charles Piaget 170 Élie Théofilakis, Bernard Rochette 179 Jean-Jacques Rosa 183 Jean-Pierre Garnier
comment s’y prennent-ils pour créer ? ! l’argent et des mille manières de ne pas le perdre s tribulations d’un créateur d’entreprise... Et son carnet d’adresses-clés !
186 Henri Le Marois 195 Jean-François Rouge 196 Christian Dupré
rec quel soutien des partenaires sociaux ? 0 millions, une prime à l’ingéniosité élu local, promoteur d’entreprises L’indépendance, c’est aussi le poujadisme » es collectifs de travailleurs ? Oui, mais... 11ne s’agit pas vraiment d’autogestion ! »
202 Alain de Romefort 207 Yves Laplume 210 Paul Appell 212 Jean-Louis Moynot 216 Jeannette Laot
l’étranger, mêmes scénarios ? «modèle allemand »... mais pas celui auquel on s’attend ! Québec, une économie tolérante ns l’Italie en crise, des coopératives de chômeurs
219 Joseph Huber 230 Harold Bherer, Fernand Piotte 234 Olga Patané
Vente en librairie (diffusion Le Seuil) ou par abonnem ent (27, rue Jacob, Paris 6e).
Autrement jette un regard critique, libre d ’a priori, sur les mutations, les innovations culturelles et sociales qui form ent l'actualité profonde de notre temps. Directeur-Rédacteur en C h ef : Henry Dougier.
Équipe : Nathalie des Gayets, Brigitte Gautier, Elizabeth Lambert, Michèle Decoust, Jules Chancel. Direction artistique : Atelier Pascal Vercken.
Conseillers :
Jacques Attali, Henri Atlan, Jean-Michel Belorgey, François BlochLainé, Françoise Héritier, Robert Jungk, Jacques Le Goff, Emmanuel Le Roy Ladurie, André Lichnerowicz, Georges Morel, Serge Moscovici, Claude Olievenstein, Joël de Rosnay.
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Abonnements : un an (6 ifs) .................................
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Diffusion en librairie : Éditions du Seuil.
Direction-Rédaction : 73, rue de Turbigo — 75003 Paris Tél. : 271.23.40
•ÙA aJUdwu dloctofrtû. Rencontres annuelles dans une ville de province des promoteurs d'expériences sociales et culturelles en France et à l'étranger
CH A M BERY - 5 au 7 octobre 1979 Les « Ateliers » auront pour thèmes : Atelier 1 et 2
Atelier 3 Atelier 4 Atelier 5 Atelier 6
Atelier 7
Atelier 8
Atelier 9
Atelier 10
Atelier 11
Nouveaux types de communication sociale au niveau local. (journaux de quartier, de région - expériences audiovisuelles — réseaux d'information — radios locales et radios libres). Les autres « boutiquiers » (boutiques de droit, de santé d'archi tecture, d'urbanisme — librairies différentes). Expériences d'animation culturelle en milieu rural (à l'initiative d'habitants, d'associations, de municipalités). Auto-impression, auto-édition (nouveaux rapports auteur-imprimeuréditeur). Usagers et expériences d'éducation sanitaire (actions syndicales, groupements d'usagers, associations de malades, luttes des fem mes, actions locales et globales, presse). Action culturelle en milieu immigré — Enfants et adultes (presse, théâtre, audiovisuel, éducation, musique,... par eux-mêmes ou avec des animateurs). Des « Nouveaux entrepreneurs » aux « emplois d'utilité collective » : les problèmes économiques (comment créer et gérer des micro entreprises, aux formes juridiques variées, agissant ou non sur le marché et visant l'autofinancement et l'autogestion). Expériences pédagogiques originales pour/avec des enfants de 6-12 ans (écoles parallèles, écoles nouvelles - expériences pédagogiques dans les écoles primaires, traditionnelles...). Loisirs des enfants de 6-12 ans : expériences de créations théâ trales, cirque,... (initiatives lancées par les enfants eux-mêmes en liaison avec parents, enseignants, municipalités et expériences lan cées par des professionnels). Diffusions parallèles de chansons, disques, vidéo, œuvres d'art (en dehors des circuits commerciaux traditionnels).
PROGRAMME Les participants Dnt attendus le jeudi 4 octobre en fin de journée à Chambéry (Maison de la Promotion sociale - 176, rue Sainte-Rose, Tél. : 79/33.12.45). Un buffet leur sera servi. Ils seront logés sur place et chez l'habitant. Les « Ateliers » se réuniront les vendredi 5 et samedi 6 octobre de 9 h 30 à 18 h 30, les repas seront pris à l'Ecole d'hôtellerie attenante. Des échanges inter-ateliers et des rencon tres avec des intervenants extérieurs auront lieu le samedi 6, après-midi et le dimanche 7 octobre, matin.
C O M M E N T S'IN SC R IR E Les participants ne payent qu'un droit d'inscription individuel de pour les « adhérents » de l'Atelier) qui couvre tous les frais.
120 F.
(100 F
Le nombre de places est limité, il est recommandé de s'inscrire dès que possible (avant le 18 sept, en envoyant : 1. Une lettre d'inscription et un chèque de 120 F (à l'ordre de l'Atelier). 2. Une description brève (1 ou 2 feuillets) de l'expérience présentée (qui, quoi, où, quand, comment...).
I N S C R I P T I O N S : Ateliers d'octobre - 73, rue de Turbigo - Paris 3U
La passion des informations pratiques Une revue bimestrielle :1 2 F
Deux numéros spéciaux annuels :18 F
--------------------- A PARAITRE 7 9 - 8 0 --------
—
n° 11 — 18 Septembre 79
5e édition - 5 Octobre 79
AUTO-MOTO-VÉLO ..................
128 pages
..........
250 pages
........
160 pages
VACANCES-VOYAGES ..............
2 2 4 pages
n° 13 — 30 Janvier 80 LES JOBS ET L'ARGENT
GUIDE PRATIQUE L'ÉTUDIANT 79-80
................................................... 512 pages
n° 12 — 14 Novembre 79 LES GRANDES ÉCOLES
— A PARAITRE 7 9 - 8 0 -------- ------------
2e édition - 25 Avril 80 GUIDE DU PREMIER EMPLOI ET DE L'ENTRÉE DANS LA VIE « ACTIVE »
................................................... 272 pages
n° 14 — 26 Mars 80 n° 15 — 28 Mai 80 LES ÉTUDES SUPÉRIEURES COURTES
...................................................
2 2 4 pages
Déjà parus - 10 F n° n° n° n° n° n° n°
3— 5— 6— 7— 8— 9— 10 —
Décembre 77 - Les grandes écoles ............. Juin 78 - Le logement ................................. Septembre 78 - Les loisirs .......................... Décembre 78 - Les jobs ............................... Février 79 - Les études supérieures courtes Avril 79 ■ Vacances-voyages 79 Juin 79 - Les universités ............................
_________________ Déjà paru_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ 160 pages 96 pages 96 pages 120 pages 176 pages 1 76 pages 192 pages
1 ère édition - Mai 79
15F
Guide du premier emploi et de Centrée dans la vie a c t i v e .................................... 22 4 pages
Documentation gratuite sur toutes nos publications et vente par correspondance a L 'ÉTUDIANT, 11. rue de ta Ville-Neuve 7 5 0 0 2 Pans Té! 5 0 8 0 2 4 2 N o m ................................................................................................................................. Prénom .................................................. Adresse ............................................................................................................................................................................................... Code P o s ta ! ............................................................................................................... V i ll e .............................................................
chamberyiaix|parisilebourget en 1heuredevol avec le l=CKKIEI? 1=2»
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Direacteur acuDie flux 65 piaces p a s s a g e r s aitituûe Qe croisière 8 000 m caDine p re ss u r is ée viresse MACH 0 35 i 860 km. heure:
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Rencontres annuelles dans une ville de province des promoteurs d'expériences sociales et culturelles en France et à l'étranger
CHAMBERY -
5 au 7 octobre 1979
Les « Ateliers » auront pour thèm es : A telier 1 et 2
A telier 3 A telier 4 Atelier 5 Atelier 6
Atelier 7
Atelier 8
N ouveaux local.
types
de
c o m m u n ica tio n
sociale
au
niveau
(journaux de quartier, de région - expériences audiovisuelles réseaux d'information - radios locales et radios libres) Les autres « b o u tiq u ie rs » (boutiques de droit, de santé d'archi tecture, d'urbanisme - librairies différentes) Expériences d ’anim a tio n cultu re lle en m ilieu ru ra l (à l'initiative d'habitants, d'associations, de municipalités). A uto-im p re ssio n , au to éditio n inouveaux rapports auteur-imprimeuréditeur). Usagers et expériences d ’éducation sanitaire (actions syndicales, groupements d'usagers, associations de malades, luttes des fem mes, actions locales et globales, presse) A c tio n cultu re lle en m ilieu im m igré - Enfants et adultes (presse, théâtre, audiovisuel, éducation, musique, par eux mêmes ou avec des animateurs) Des « N ouveaux entrepreneurs » aux ·< em plois d ’u tilité collective »
les problèmes econom iques icomn ent creer et gerer des microentreprises. aux formes juridiques variées, agissant ou non sur le marché et visant l'autofinancement et l autogestion). Atelier 9
Expériences pédagogique s originales p o u r, avec des e nfants de 6-12 ans (écoles parallèles, écoles nouvelles expériences pédagogiques
Atelier 10
Loisirs des e nfants de 6 12 ans expériences de créations théà traies, cirque, (initiatives lancées par les enfants eux-m ém es en liaison avec parents, enseignants, municipalités et expériences lan
dans les écoles primaires, traditionnelles
)
cées par des professionnels) Atelier 11
D iffu sio n s parallèles de
chansons,
disques,
vidéo,
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d ’art
ten dehors des circuits commerciaux traditionnels)
PROGRAMME Les participants sont attendus le je u d i 4 o cto b re en fm de joumee à C ham béry (Maison de la Promotion sociale - 176, rue Samte-Rose. Tel 79,33 12 45) Un buffet leur sera servi Ils seront loges sur place et criez I habitant Les « Ateliers » se réuniront les vendredi b et sam edi 6 o cto b re de 9 h 30 à 18 h 30, les repas seront pris à I Ecole d hôtellerie attenante Des échangés mter ateliers et des rencon très avec des intervenants exteneurs auront neu e sam edi b, après-m idi et le dim anche 7 octobre, m atm
COMMENT S'INSCRIRE Les participants ne pavent qu un droit d m suip tion pour les « adhérents » de l'Atelier) qui v ouvre tous o s hais
individuel de
120 F
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Le nom bie de places est limite, il est recommande île s ’inscrire des que possible (avant le 18 sept en envoyant
1
Une le ttre d ’in s c rip tio n et un chèque de 120 h «a l'oidie rie / A te lie r/
2
Une de scrip tio n brève 11 ou 2 teuiHets) rie i oxpenence presentee iquc quoi, ou. quand, com ment )
INSCRIPTIONS : Ateliers
d ’o ctobre -
73, rue de Turbigo
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Au Québec, une économie tolérante Harold Bherer Fernand Piotte Le Québec présente au cartésianisme des intellectuels français une série de paradoxes et de contrastes décevants et trompeurs. On en prendra comme exem ple les hésitations de la « gauche » fran çaise face au nationalisme québécois, et, à l’inverse, la sympathie manifestée par la « droite » : l’une et l’autre attitude étonne le Québécois, le nationalisme constituant ici, indéniablement, une plate-forme de regroupement des forces de gauche (pour autant que ce terme corresponde encore à quelque chose d’univoque). Pourtant, la problématique nationa liste québécoise demeure simple, si on la compare au domaine beaucoup plus com plexe de l’évolution sociale et économique de ce pays. C’est dans le domaine socio économique en effet que les paradoxes québécois s’accumulent de la façon la plus désarmante. D’une part, l’économie québécoise constitue une économie ouverte, voire dominée par les influences extérieures et le capital étranger. Mais d’autre part, aucune autre société d’Amérique du Nord n’a fait autant pour domestiquer ce capi tal, l’encadrer et l’amener à se comporter en « bon citoyen du Québec ». Avec quel succès, demandera immédiatement l’obser vateur européen, un peu sceptique ? Mais la question principale et la question immédiate ici ne sont pas celles des résultats à court terme, mais plutôt celle du mouvement lui-même. Le Québec socio-économique doit s’apprécier moins en fonction de ce qu’il a atteint, que pour la « mouvance » qu’il présente, mouvance qui inquiète les maîtres tran quilles d’hier, fascine les observateurs et pousse (on dirait, ici, « ennime ») les Québécois à aller de l’avant. On examinera d’abord le mouvement coopératif, le plus ancien, pour terminer par les expériences nouvelles et l’implica tion de l’État.
professeur à Γ Université Laval, fonctionnaire du gouvernement québécois.
De la multinationale à la petite entreprise Le mouvement coopératif a pris une telle ampleur au Québec qu’on a parlé d’un « peuple de coopérateurs ». Il a connu ses succès les plus éclatants dans le domaine de l’épargne et du crédit, des produits agricoles, des pêcheries, et, plus récemment, des assurances. A l’heure actuelle, le mouvement coopératif totalise 2 700 entreprises, 4 millions de membres et 9 milliards de dollars d’actif, soit à peu près l’équivalent du budget de l’État québécois. Ce mouvement s’est pourtant établi de façon timide, avec, comme date mar quante, la fondation de la première Caisse Populaire à Lévis par Alphonse Desjardins en 1900. Il n’a pas été exempt de tendances corporatistes et moralisantes et, jusqu’à ces dernières années, il fallait, au moins théoriquement, être catholique et reconnu comme une personne de bon nes mœurs pour devenir membre de cer taines caisses populaires. Encore aujourd’hui, le mouvement Desjardins semble trop lourd et trop con servateur au gré de certains. En effet, le secteur instituant du monde québécois de la coopération, comme l’habitation, la production et la consommation, ne cesse de faire pression sur le secteur institué, afin que ce dernier mette sa force au ser vice du développement économique du Québec. On réclame donc, du secteur institué, qu’il dégage du capital de risque et qu’il favorise le développement de nouvelles coopératives et même petites et moyennes entreprises traditionnelles. Les Québécois font en effet une distinction très nette entre la grande entreprise multinationale et le monde de la petite et moyenne entreprise autochtone. Cette dernière apparaît, avec l’entreprise nouvelle, de type communautaire ou collectif, comme le principal vecteur du développement régional décentralisé. Leur importance, en termes de création d’emploi, de recon quête et de développement économiques, ne cesse de s’accroître. Le secteur institué est d’ailleurs loin
A l'étranger, mêmes scénarios ? d’être totalement fermé à l’investissement et au risque. On peut citer les exemples du rachat de plusieurs entreprises de mise en marché des produits de la pêche par les Pêcheurs Unis du Québec, ou l’acqui sition d’usines de fabrication de produits agro-alimentaires par le Mouvement Des jardins lui-même. Mais il s’est agi là, trop souvent, de manœuvres ponctuelles ou de simples opérations d’intégration, classiques de tous les holdings. La pous sée actuelle incite plutôt au dégagement d’une stratégie de soutien au risque, pro pre à favoriser de véritables initiatives pionnières. Si, à cet égard, le secteur institué commence à peine à bouger, il faut dire, à sa décharge, que les contraintes juridi ques et constitutionnelles ne lui facilitent pas la tâche. En effet, la loi québécoise distingue les coopératives des autres entreprises par trois critères : la notion de propriétairesusagers, celle de l’orientation et du con trôle démocratique et celle des modalités de répartition des excédents. Ces trois notions restreignent singuliè rement l’action des coopératives, puisqu’elles impliquent des interventions limitées aux seuls membres : les proprié taires sont obligatoirement les usagers, et les usagers sont obligatoirement proprié taires... De plus, le contrôle démocratique et le mode de répartition des excédents inhi bent tout réinvestissement du capital dans des opérations de risque. En effet, les textes législatifs excluent, pour les coopé ratives, la notion de profit et ne recon naissent que l’existence d’excédents ; ceuxci doivent être répartis entre les proprié taires usagers non pas en fonction de la quantité ou de la qualité de leurs investis sements, mais en fonction de leur utilisa tion des services de la coopérative (volume d’achat).
La mouche fait-elle vraiment avancer le coche ? A côté de l’immense poids économi que et politique du secteur institué, les secteurs en émergence ou en accélération présentent une image à la fois informe et inorganisée, mais novatrice et dynamique. Les coopératives de consommation, d’habitation et de production foisonnent dans les conditions les plus diverses, por tées par des valeurs culturelles souvent diamétralement opposées. Ainsi, on compte près d’une trentaine de coopératives funéraires. Evidemment,
231 celles-ci représentent moins un rejet qu’une adaptation du mode américain de disposition des morts et de mise en mar ché de la mort, qui laisse si souvent per plexe le visiteur européen. Tout à côté de ce secteur et souvent composé des mêmes membres, on retrouve un ensemble de petites coopératives issues à la faveur du vaste mouvement contre-culturel des années soixante et soixante-dix : coopéra tives d’artisanat, d’aliments naturels, d’édition, de production audiovisuelle et cinématographique, de théâtre, etc. Selon une recherche en cours, deux cents coopératives ouvrières de production et organismes assimilables fonctionnent sur l’ensemble du territoire et leur nom bre tend à s’accroître tant dans les zones urbaines que dans les régions éloignées. Ces coopératives s’occupent de production primaire ou manufacturière, de transfor mation, de réparation et de service. On y retrouve donc aussi bien des coopératives de bûcherons que des coopératives de transports par camions, ou des entreprises proprement manufacturières et des gara ges et ateliers de réparations mécaniques. Ce bourdonnement parviendra-t-il à accélérer de façon significative le mouve ment du secteur institué. Ou bien assistera-t-on à la mise sur pied d’un deuxième secteur institué, provenant de la croissance et du développement autonome des nouveaux secteurs, face à l’indiffé rence des secteurs traditionnels ? Quels sont, aussi, les perspectives de « récupé ration » des expériences novatrices ? Ces questions posent tout le problème du cheminement de l’expérience québé coise en matière de fonctionnement collec tif. Le rôle joué par l’État suscite, à cet égard, de nouveaux paradoxes pour l’observateur étranger.
Les limites de l'action étatique Au Québec, à la différence du Canada anglais, l’État a constitué, avec le déclin de l’Église, le seul levier d’action disponible aux jeunes cadres issus du développement de l’éducation. En effet, les entreprises multinationales demeuraient largement fermées au recrutement de cadres canadiens-français. L’État québé cois apparut dès lors comme l’instrument idéal pour être « maîtres chez nous », selon le slogan de la Révolution Tran quille. Cependant les différentes législations sur la langue et l’évolution politique en général changent rapidement cette situa-
232
Autrement 20/79
tion. Les grandes entreprises recrutent désormais du personnel francophone et doivent conduire leurs opérations en fran çais. De plus, la pression des impôts sur Téconomie et le dynamisme même des milieux populaires contribuent largement à mettre en lumière les limites de Taction étatique, trop aisément centralisatrice et technocratisante. Dans la foulée de la Révolution Tranquille, les législateurs québécois ont ouvert à la participation populaire un cer tain nombre de secteurs d’intervention étatique, comme la Santé et les Affaires sociales. Une réforme en ce sens est actuellement envisagée dans le domaine de l’Éducation, des Affaires municipales et de l’Aménagement du territoire. Cependant, après s’être emparés de leur État, et avoir utilisé au maximum ses possibilités de reconquête économique et d’action politique, les Québécois ont rapi dement réalisé les limites de l’action étati que. Désormais, une partie des énergies étatiques se trouve donc canalisée non plus dans des interventions directes, mais dans un appui aux autres mouvements collectifs de libération, comme le mouve ment coopératif, et, à certains égards, le mouvement syndical et la petite et moyenne entreprise autochtone. S’appuyant sur cette volonté mani feste des Québécois, le gouvernement a participé conjointement avec le mouve ment coopératif à la création de la Société de développement coopératif (S.D.C.) (1). Il a de plus adopté la loi des sociétés de développement de l’entreprise québécoise (2). Finalement, il a mis au point une opération de solidarité écono mique (O.S.E.) (3).
Le pragmatisme des syndi cats Par rapport à ce que nous venons de dire, quelle est l’attitude des syndicats ? Dans l’ensemble, les syndicats ont vis-à-vis le mouvement coopératif institué la même attitude que face à l’entreprise capitaliste. Ils estiment que, dans ce sec teur, le rapport travailleurs-patrons n’est guère modifié. Par rapport au secteur ins tituant de Téconomie sociale, les syndicats ont des attitudes plus diversifiées.
• La Centrale des Syndicats D ém o cratiques (C.S.D.) qui s’apparente à Force Ouvrière, est favorable à la participation des travailleurs, à la propriété et à la ges tion. En pratique, à cause même de sa taille, son influence demeure restreinte et ses interventions limitées.
• La Fédération des Travailleurs du
Québec (F.T.Q .)y centrale plutôt pragma tique dont l’idéologie n’est pas très mar quée, sauf en ce qui a trait à son adhé sion à la souveraineté-association, a choisi de cheminer et d’intervenir activement dans les projets participatifs et de redérinir son syndicalisme à la lumière de cette démarche.
• La Confédération des Syndicats Nationaux (C.S.N.), centrale bien mar quée au coin de l’idéologie, avec une aile d’extrême gauche active, rejette l’idée de participation dans des entreprises tradi tionnelles. Sur le plan pratique, elle s’intéresse au mouvement et s’implique parfois timidement.
Le spectre de la récupéra tion L’expérience québécoise confirme la plupart des observations réalisées dans les pays jouissant d’une solide tradition de développement coopératif et de fonction nement collectif : ces entreprises d’un type nouveau ne sont pas développées en con currence avec des entreprises traditionnel les. Bien au contraire, elles sont nées dans des secteurs négligés par l’entreprise traditionnelle, comme les caisses populai res, les coopératives de pêcheurs, d’agri culteurs, d’habitation, de consommation, etc. Toujours l’action des coopératives a vu le jour dans des régions éloignées ou dans les quartiers populaires des zones urbanisées. Il ne s’agit pourtant plus d’un mou vement marginal, sa propre croissance lui ayant finalement assuré une place primor diale dans Téconomie québécoise. Cette croissance devait assurément poser des problèmes aigus en termes de bureaucratisation du mouvement, de maintien de l’idéal participatif et démo cratique. Aussi graves qu’ils puissent être, ces problèmes ne sont pas différents de ceux que connaissent d’autres structures de démocratisation de la société, comme les syndicats ou certains partis politiques, par exemple. La force atteinte par le seul mouvement coopératif, l’impact de l’inter vention étatique dans les domaines des affaires sociales, de la santé, de l’éduca tion et, plus récemment, dans le secteur de la création d’entreprises communautai res, peuvent apparaître « inquiétants » aux yeux de certains ; de ce point de vue, l’expérience québécoise apparaît porteuse du germe de sa propre mort, parce qu’elle prête flanc à la récupération, et à la « restauration ». Cette façon de voir apparaît trop schématique et ne peut engendrer qu’un
A /'étranger, mêmes scénarios ? pessimisme stérile. Si les nouveaux sec teurs de la coopération aiguillonnent avec suffisamment d’ardeur le monde de la finance coopérative, si les entreprises communautaires parviennent à s’assurer un second souffle et à se constituer en un monde autonome, les inconvénients deviennent des avantages décisifs pour la reconquête de l’économie québécoise et son développement ultérieur par les Qué bécois eux-mêmes. On est évidemment encore loin de la perspective d’un Québec autogéré, mais on est déjà plus dans le Québec des mul tinationales. L’image qui se dégage est plutôt celle d’une économie québécoise tolérante, où les diverses formes d’entre prises publiques, privées (multinationales ou P.M.E. autochtones) et tiers-secteur de l’économie sociale, coexistent et compé-
(1) La Société de développement cooyératif :
La Société de développement coopé ratif a été créée le 26 août 1977 par l’Assemblée nationale du Québec (loi n° 44) grâce à l’initiative du Conseil de la coopération du Québec. Le gouvernement vient de porter sa contribution à 25 mil lions de dollars pour les cinq prochaines années. Ce budget est complété par des con tributions, en principe égales, provenant du mouvement coopératif. La S.D.C. peut consentir ou garantir des prêts et souscrire des actions, parts sociales ou parts privilégiées de capital social d’une entreprise coopérative. De plus, la société offre une aide technique telle la consultation, la forma tion, l’analyse et l’information, la gestion directe et temporaire ainsi que la supervi sion administrative d’une entreprise coo pérative. (2) Les Sociétés de développement de 'entreprise québécoise :
La loi des S.O.D.E.Q. sanctionnée le 30 juin 1976 veut encourager la formation de Sociétés de développement de l’entre prise québécoise dont les objectifs sont l’investissement de capitaux dans les P.M.E. du secteur manufacturier et l’aide en matière de gestion de ces entreprises. En principe, on établira une S.O.D.E.Q. pour chacune des dix régions administrati ves. Tout individu peut investir dans une S.O.D.E.Q. Pour le contribuable québé cois, chaque investissement lui permet de bénéficier de déductions fiscales. La déduction correspond à 25 % de l’inves-
233 tionnent à partir d’un segment économi que de base leur servant, à chacun, de sphère d’influence et d’assiette de puis sance. Pour le moment, la conjoncture éco nomique, les attentes sociales et la situa tion politique favorisent la volonté d’implication et de prise en charge d’acti vités économiques dans une perspective de développement alternatif. Il semble donc qu’au Québec, comme dans le reste du monde occidental, nous sommes entrés dans une ère de relance de la démocratisation industrielle. L’entreprise nouvelle chemine sans bruit. Elle est le produit de l’imagination créatrice d’entrepreneurs collectifs et elle montre déjà qu’« entreprendre à plu sieurs » représente un mouvement impor tant à travers le Québec, et tissement jusqu’à concurrence de S25 par action souscrite. Par contre, nul ne peut détenir plus de 40 % des actions d’une S.O.D.E.Q. (3) Opération solidarité économique : Le 21 octobre 1977, le gouvernement du Québec lançait le programme de sti mulation de l’économie et de soutien de l’emploi connu aujourd’hui sous le nom Opération Solidarité Économique (O.S.E.). Le programme comportait 27 activités, dont nous ne retiendrons que le programme expérimental de création d’emplois communautaire (P.E.C.E.C.) dont les objectifs correspondent au thème « entreprendre à plusieurs ». Traditionnellement, les citoyens ne jouent pas un rôle actif dans le domaine économique ; le P.E.C.E.C. veut changer cette situation et associer les citoyens au développement, tout en permettant une forme d’appropriation collective. Pour l’année 1978-79, un budget de 15 millions de dollars a été octroyé à ce programme. En 1979-80, ce budget a été porté à 16,5 millions de dollars. La gestion de ce programme ne com porte pas de grandes contraintes bureau cratiques. Les projets communautaires retenus doivent créer des emplois perma nents et s’autofinancer sur deux ans. Ils doivent aussi avoir une dimension écono mique signifiante, sans se substituer au bénévolat là où cette notion contribue à garder bien vivantes, la solidarité, l’inter dépendance et la gratuité. Globalement, il s’agit de réconcilier le social et l’économique, qui ont été arti ficiellement opposés. En 1978-79, ce pro gramme a subventionné 251 projets créant 2 505 emplois, oi
Dans l’Italie en crise des coopératives de chômeurs Olga Patané
En Italie , le mouvement coopératif date d'environ un siècle et sa vitalité a survécu aux vicissitudes de l'histoire nationale et surtout économique du pays. L'industriali sation tardive par rapport aux autres pays du N ord de l'Europe a pou r conséquence le maintien, partiel, jusqu'à nos jours, du secteur artisanal et des petites entreprises. Cette vivacité des arts et métiers et sa résistance par rapport à la centralisation des entreprises, a perm is en quelque sorte à l'économie italienne ou crise de ne pas s'effondrer totalement. Ainsi, les partis politiques, les syndicats s'interrogeant sur « come gestire la crisi » sont parvenus à cette conclusion que ce systèm e capillaire de petites entreprises fam iliales publiques, ou coopératives autogérées, a été l'oxy gène, la soupape de sécurité maintenant à un seuil de survie une économie fragile et socialement explosive.
Un désir sociale
d'émancipation
Les coopératives sont nées de la ren contre dans la deuxième moitié du xixe siècle des idéologies socialistes et d’un désir de meilleures conditions de vie et d’émancipation sociale des classes rurales marginales et de petits artisans. Le mou vement coopératif se développa d’abord dans l’Emilie-Romagne, régions du centrenord de l’Italie, où la fertilisation de la base vallée du Po nécessitait l’emploi par intermittence d’une masse d’ouvriers agri coles. Les mobiles qui déclenchèrent un tel groupement d’associations furent, d’une part, l’instabilité du travail et les conditions extrêmes de misère, conditions qui ne peuvent se comparer à celles de la France à la même époque ; d’autre part, Journaliste.
la propagande socialiste qui avait profon dément pénétré dans les campagnes inci tait les paysans à se battre et à s’organi ser en entreprises collectives ; c’est-à-dire en constituant des coopératives pour la répartition et l’exécution des travaux agri coles. La première d’entre elles et la plus importante fut l'Associazione Generale degli Opérai Braccianti di Ravenna en 1883 (Association Générale des Ouvriers Agricoles de Ravenna). Cette initiative fut suivie d’autres, qui constituèrent les pre miers essais d’autonomie vis-à-vis du patronat foncier, et marquèrent le refus des pratiques des adjudicataires, lesquels assuraient l’exécution de grands travaux de fertilisation en exploitant intensément la masse des journaliers. Par la suite, le mouvement coopératif s’étendit dans le nord et centre-sud du pays, où le problème du Latifondo pré sentait les mêmes caractéristiques de « faim de travail » et de misère. Puis cette forme d’association collective passa du secteur agricole à plusieurs secteurs des arts et métiers. Des coopératives de production de consommation, de crédit, etc., se créèrent (regroupant les artisans isolés). Parallèlement à ce mouvement, il faut noter la constitution des Società di Mutuo Soccorso (sorte de Mutuelle), et les Società Operate di Bologna , les premiers organismes coopératifs, suivie par celles des Banche popolari en 1864, et celles des Casse Rurali ed Artigiane en 1883. L’expansion de ces formes d’associations et l’adhésion des travailleurs fut telle qu’en 1886, afin de coordonner entre elles les diverses coopératives autogérées, se tint à Milan le premier Congrès de la Coopération Italienne avec une centaine de délégués, représentant les 70 000 asso-
A l'étranger, mêmes scénarios ? ciés. A ce moment fut constituée la Fédé ration Nationale des Coopératives Italien nes qui se transforma en 1893 en Lega Nazionale del le Cooperative.
La période fasciste et les événements de la dernière guerre freinèrent pour un cer tain temps le mouvement coopératif. Il se reconstitua en 1945 sous le nom de Lega Nazionale delle Cooperative e Mutue. Avec la Confederazione Cooperative Italiane et l ’Associazione Generale delle Cooperative Italiane recréées à la même
époque, sont regroupées au niveau natio nal l’ensemble des coopératives. Elles sont reconnues par Décret ministériel et leurs statuts sont approuvés par le ministère du Travail. Ainsi, ces trois associations nationales représentées au niveau régional et provin cial, assument la défense du mouvement coopératif vis-à-vis des tiers en ce qui concerne les prêts financiers, la collabora tion avec les entreprises d’État et privées.
Face au travail noir, aux ris ques du marché, le regroupe ment des coopératives Le fichier général des coopératives a recensé pour l’année 1978, environ 64 500 affiliées au mouvement, et si l’on tient compte de celles non inscrites le chiffre global avoisine 83 500 unités. Leur impact est réel sur le marché économique, même si les divers secteurs de l’économie sont inégalement représentés dans les 19 régions italiennes, puisqu’elles contribuent pour environ à 6 % du revenu national. Ce mouvement coopératif se propose d’intervenir sur des points précis de la structure économique et sociale du pays. Selon les économistes, l’Italie « patauge » depuis quelque temps : c’est ce qu’ils appellent rE conom ie Sommersa (Écono mie submergée). Ceci s’exprime pratique ment par un arrêt des investissements des entreprises et un blocage des salaires. Cette situation, est régressive par rap port à la demande d’emploi croissante et par rapport au combat des syndicats pour l’échelle mobile des salaires. En outre, il faut mentionner aussi les effets de cette stagnation sur la situation sociale en générale, la recrudescence des maux chro niques de la société italienne : le travail noir, l’absentéisme, la désaffection pour la vie publique, le clientélisme, l’émigra tion, etc. C’est certain que les petites coopérati ves qui font leurs premiers pas dans le monde du travail, sont sérieusement con
235 currencées par les entreprises pratiquant le système du « travail noir ». Celui-ci s’exerce sous différentes formes : le tra vail à domicile touchant particulièrement la main-d’œuvre féminine, l’emploi d’ouvriers sans déclaration, l’exécution, à l’extérieur, de toute une partie de la pro duction. Les conséquences de ces manœuvres sont ; d’une part, le maintien à un niveau très bas du coût de la main-d’œuvre, ce qui la rend compétitive sur le marché ; d’autre part, la réduction du personnel et la garantie d’un profit élevé, étant donné qu’avec un nombre moindre d’ouvriers, l’entrepreneur n’est pas obligé de mettre en place certains services sociaux exigés par la loi lorsque le nombre de travail leurs dépasse le seuil fixé. Ainsi, la politique mise en œuvre par l’Association des coopératives face à des détournements de la législation du travail est la constitution d’un consortium entre deux ou trois petites coopératives pour mieux supporter les risques du marché.
Relancer et stabiliser l'emploi Cette démarche non une meilleure capacité résister aux fluctuations et stabiliser l’emploi :
seulement permet de gestion pour mais veut assurer
C ’est inutile de chercher m idi à quatorze heures, disent les responsables des coopératives. L ’Italie n ’a pas de matières premières, ce qui nous rend totalement dépendant vis-à-vis de l ’étranger, entraînant au moindre con f lit les paralysies économiques q u ’on con naît.
Les travailleurs sans perspectives de tra vail s’organisent d’une façon ingénieuse pour relancer ou créer des possibilités d’emploi :
• La coopérative agricole fut un des premiers succès du mouvement d’autoges tion à la fin du xixe siècle. Aujourd’hui, on constate qu’entre 1951 et 1974 les tra vailleurs agricoles ont diminué de 60 %. Sur trois millions d’agriculteurs, seule ment 15 % ont moins de trente ans. La production agricole est déficitaire ; ce qui oblige à des importations consistantes de produits alimentaires et de zootechnique, qui, avec le pétrole, constituent les factu res les plus onéreuses de la balance com merciale des paiements. On compte 14 120 coopérations dont 5 440 seulement dans l’Italie du Nord. • L ’autogestion
coopérative
se déve-
Autrement 20/79
236 loppe très fortement aussi dans le secteur du bâtiment avec 48 071 coopératives ; dans la production industrielle 8 572 ; dans l’industrie de la pêche 837 ; dans les groupements de consommateurs 5 667 ; dans le secteur des transports 1 277 ; cel les à activité mixte 5 014 ; et enfin, la dernière arrivée : la coopération culturelle avec 341 coopératives. Nous ne citons là que les branches les plus importantes. Il en existe d’autres plus capillaires, par exemple : les coopératives de petits détail lants et celles se groupant pour l’achat de machines et outils.
Une solution pour les jeunes et les travailleurs qualifiés au chômage Dans ce mouvement d’ensemble, deux facteurs importants ont amené les indivi dus à relancer et à redécouvrir la coopé ration : d’une part, la tendance des jeunes à rechercher à s’intégrer dans le monde du travail de façon indépendante et en cohérence avec leurs propres intérêts ; d’autre part, les travailleurs professionnellent qualifiés qui, à la suite de la ferme ture de leur entreprise, se sont retrouvés sans emploi : Les uns comme les autres expérimentent en premier lieu la difficulté de s’insérer à cause de l’asphyxie des structures économiques et sociales. Pour les travailleurs licenciés, le chemi nement vers l’autogestion est particulier : ils croient avant tout garder leur spéciali sation au sein de l’entreprise et garder l’entreprise elle-même. L’acharnement avec lequel les ouvriers occupent l’usine et défendent leur poste de travail est souvent couronné de succès face à un patronat conservateur et figé dans l’immobilisme de sa gestion. Ainsi, après maints jours de grèves et de tractations avec la police et les tribu naux, l’usine reprend son activité avec ses ex-ouvriers, ni dépendants, ni patrons, mais tous associés paritaires. C’est le cas, entre autres, de la Coope rativa
Lavoratori
G raf ici
di
Verona
(C.L.G.) (1) constituée le 4 mars 1976 avec 63 associés. L’occupation a duré cinq mois à la suite d’une décision sou daine du propriétaire de fermer l’usine et de mettre tous les dépendants in cassa integrazione a zero ore (chômage à 100 %), sans avertir au préalable ni les syndicats ni le conseil de l’entreprise. La C.L.G. est un des plus grands ensembles de reprographie (fotolito ) exis tant en Italie. Les travailleurs étaient con
vaincus que la fermeture n’était pas une conséquence des difficultés que traversait ce genre de fabrication, mais plutôt les visées d’investissement du patron vers un secteur plus lucratif. La réaction fut immédiate de la part des ouvriers. Ils se mirent en grève et obligèrent le patron à traiter avec les syndicats ; première victoire, ils obtinrent l’annulation de la demande de licencie ments économiques présentée par l’employeur. Au bout de trois mois de lutte, 50 ouvriers cherchèrent un autre emploi, les autres restèrent. Enfin, le 23 février 1976, le Tribunal de Verone décréta le dépôt de bilan. Aussitôt 25 travailleurs associés signè rent l’acte constitutif devant un notaire et demandèrent la location de l’entreprise auprès du tribunal. Le 1er avril, la coopé rative commença son activité. Le bénéfice net de la première année d’autogestion fut de 995 896 lires (environ 6 000 F). Elle est actuellement inscrite à la ligue. Les jeunes, à première vue, semblent être les plus attirés vers la coopérative. Ils sont, plus que les autres chômeurs, proté gés par une nouvelle loi « loi 285 pour l’occupation des jeunes de 18 à 29 ans » qui favorise leur formation professionnelle et leur facilite les moyens techniques et financiers pour entreprendre une expé rience d’autogestion ou autre. Ensuite la « loi 440 » a encouragé et réglementé l’occupation des terres non productives à 100 % ou laissées en friche.
Une politique de décentralisa tion qui favorise les coopérati ves de jeunes Pendant un an, des jeunes chômeurs ont fréquenté l’agence pour l’emploi, espérant un travail, même précaire. A la fin, ils ont décidé de se grouper et de se trouver un travail par eux-mêmes. L’un des chômeurs connaissait un terrain aux portes de Rome appartenant à l’hôpital psychiatrique et réservé, soi-disant au tra vail des patients. Pratiquement, ce terrain était laissé en friche. Le groupe formé alors de 22 personnes au début de 1977, décida de l’occuper et de rendre ces terres productives. Le syndicat des journaliers La Federbraccianti (Fédération des ouvriers agrico les et journaliers) les soutint pendant l’occupation en faisant valoir la « Loi 440 » pour les terres non productives. En avril 1977, l’association signa Facte de location des terres chez le notaire avec
A Fétranger, mêmes scénarios ? pour garant la Federbraccianti. Le domaine comprenait 70 hectares au moment de l’occupation, actuellement il est réduit à 50, grignoté d’un côté par l’élargissement de l’hôpital, de l’autre par les constructions abusives des particuliers senza casa .
Durant ces deux années d’activité, la Coopérativa Braccianti organizzati (Coo pérative ouvriers agricoles organisés) a pu survivre grâce aux petites indemnités pour la formation professionnelle des jeunes, 100 000 lires par mois (environ 500 F). L’organisme régional pour le développe ment agricole leur a prêté le tracteur et l’outillage nécessaire. Ils n’ont pas d’autres revenus en liquide que la vente de leurs produits agricoles : légumes, fourrages et céréales. La plupart d’entre eux logent chez les parents en attendant que la région leur attribue un prêt selon la loi, pour organi ser la production et concrétiser une pers pective de travail pour le futur. La moyenne d’âge de ce groupe, réduit actuellement à 15 personnes, est de 25-26 ans. Le fondateur-président est architecte de formation et le plus politisé. Cinq ont un diplôme de technicien supérieur ; les autres n’ont pas de formation profession nelle : ils étaient employés par l’agence de l’emploi pour des remplacements tempo raires de commis, etc. En outre, par la nature du contrat sti pulé avec l’hôpital psychiatrique, ils ont intégré dans leur équipe cinq jeunes han dicapés mentaux, suivis sur le terrain par deux « psychologues-paysannes ». Ces jeu nes, âgés de 16 à 23 ans, tout en travail lant dans les champs, suivent leur théra pie sur place avec les deux responsables ; ceci afin de permettre une meilleure inté gration dans la vie active et dans la famille où ils vivent actuellement. Ce groupe de chômeurs a choisi le sec teur agricole parce que c’est une activité libre, mettant en jeu leurs connaissances agraires et l’utilisation des machines. Ils vivent tous en ville, excepté les jours de permanence à la ferme, et ils avouent eux-mêmes que leur choix était plus lié à la possibilité de travailler qu’au mythe de la campagne. Donc, l’agriculture est pour eux un secteur d’intérêt économique et non un style de vie communautaire. Il est un fait que ce mouvement de relance de l’autogestion coopérative, en ce qui concerne les jeunes, a eu un grand essort pendant ces deux dernières années. La politique de décentralisation nationale donnant plus d’autonomie aux Régions et aux Communes a, aussi, avec les lois
237 citées auparavant, facilité l’insertion de ces groupes dans les réalités locales. L’exemple de la Cooperativa di Lanu vio en donne un nouvel aperçu.
Vous nous donnez les terres ou nous les occupons ! C’est une petite ville de 6 000 habitants dans la région des Castelli Romani con nue par son fameux vin de Frascati. La majorité des habitants possède chacun un morceau de terre, mais celui-ci ne suffit pas à assurer une vie d’agriculteur à leurs enfants. Ces derniers, d’ailleurs, ont pres que tous un diplôme de technicien supé rieur qui devait leur assurer « la place dans un bureau » : Mais ce n’est pas le cas, le marché du travail est saturé de diplômés et licenciés. En avril 1976, les fils de ces agricul teurs distribuent une affiche à Lanuvio en dénonçant trois grandes fermes qui occu paient toutes les terres disponibles à cet endroit, mais dont la production agricole était fantomatique : il y avait plantation au moment de l’attribution des fonds pour l’aide régionale à l’agriculture et déracinement aussitôt après. L’opinion publique fut alertée. Le deuxième avertissement de ce groupe intervint en juillet 77, avec le slogan : ou vous nous donnez ces terres ou nous les occupons. Enfin, étant donné la mobilisa
tion des syndicats, des partis de gauche, de la population, ils obtinrent en location 160 hectares. Le groupe initial était de 19 associés. Maintenant, ils sont 170. Des petits agri culteurs se sont associés au groupe appor tant de leur côté un total de 5 hectares, les machines et leur expérience. La Ligue des coopératives s’est portée garante auprès d’une banque pour un prêt de 40 millions de lires. Un consortium faisant partie de la Ligue leur a envoyé les semences à crédit. La Province, au titre d’investissements réels en agriculture, leur a donné 20 millions à fonds perdus, somme investie pour creuser le premier puits. Ensuite vint l’aide de la Région sous forme de crédit pour la mécanisation de 15 millions de lires. Ils sont en pourparler pour obtenir d’autres prêts afin d’équiper la coopérative d’une étable, de panneaux de chauffage solaire pour agrandir le réseau d’irrigation et prévoir plusieurs récoltes par an. Lorsqu’ils arriveront à la réalisation de ces travaux, la coopérative pourra fonc-
238 donner avec 25 personnes permanentes, et l’aide au moment des récoltes, des autres agriculteurs associés de la région. Cette coopérative réalise un des buts du mouve ment d’association, celui de s’intégrer dans l’économie en faisant participer l’environnement, les syndicats et les pou voirs publiques.
Dans la ville des sans travail une coopérative de chauffage solaire Bien que la relance des coopératives agricoles soit prépondérante actuellement, à cause de l’abondance de terres laissées en semi-abandon depuis quelques décen nies, d’autres secteurs de l’économie sont également concernés par le mouvement coopératif. En 1978, un quotidien signalait la for mation à Naples d’une coopérative de 25 jeunes ingénieurs, physiciens et artisansforgerons pour l’utilisation de l’énergie solaire comme alternative aux centrales nucléaires. Ils ont été aidés dans ce projet par des professeurs d’université et par les partis de gauche. « La coopérative pour l’énergie solaire » selon l’article, voudrait valoriser le concept fondamental de la coopération, franchir la discrimination entre travail intellectuel et manuel. Tout d’abord, en réduisant la disparité des salaires, et celle des tâches : tous dans la coopérative par ticipent par roulement au cycle complet de travail ; l’étude pour l’énergie alterna tive pourrait développer des emplois, car l’entretien des panneaux solaires demande une gestion moins centralisée que celle du nucléaire. Leur premier objectif, est d’équiper les quartiers populaires de Naples avec le système de panneaux et de collecteurs aux parois, pour le chauffage des maisons. La Ligue est en train d’évaluer ces projets afin de pouvoir traiter avec la Région de l’application du plan. Des contacts ont été pris avec la Mairie et la Société du gaz. Mais le but principal de ces jeunes est surtout d’impliquer les pouvoirs publics et politiques de sorte que la ville des « sans-travail » devienne une ville productive par ses propres initiatives. En effet, selon l’Article 45 de la Cons titution italienne : La République recon naît la fonction sociale de la coopération à titre de mutuelle et sans but lucratif. La Loi en favorise Vorganisation et Vexpansion et veille à ce que soit main
Autrement 20/79 tenu son caractère particulier et ses finali tés...
Puis, d’après l’Article 2511 du Code Civil : ... Les sociétés coopératives ont été distinctes des autres entreprises ou socié tés proprem ent dites. Cette distinction est fo n d é d*après la nature de mutuelle des coopératives , qui consiste à fournir aux membres de l*association des services , des biens ou des occasions de travail à des conditions plus avantageuses que celles du marché...
Face aux pouvoirs publics, organiser un réseau auto nome ? Néanmoins, la reconnaissance des pou voirs publics pour ces associations de tra vailleurs ne se concrétise pas toujours en aide matérielle. La difficulté qu’ont les membres des coopératives à impliquer la classe dirigeante pour que leur insertion dans le système économique soit plus concurentielle et plus efficace socialement, reflète les obstacles que rencontre toute application de Loi. De ce fait, les trois associations repré sentant l’ensemble des coopératives ont constitué leur propre réseau économique comprenant une banque la « Fincooper », une assurance « Unipol » et d’autres ser vices parallèles afin d’être un interlocu teur de poids lorsqu’il s’agit de traiter avec les organismes publics en matière de subvention, de prêts, etc. Cela dit, il ne faut pas oublier que les banques ou les entreprises d’État sont étroitement liées au patronat et aux par tis. Si nous mesurons l’impact social et politique de cette forme d’association, il apparaît évident que c’est avec une cer taine crainte que les pouvoirs en place regardent l’autonomie et l’organisation dont font preuve les coopératives. Il paraît donc difficile, à la fois d’igno rer ce mouvement et/ou de l’intégrer car la structure sociale et économique propre de la coopérative se prête mal à cette récupération. Songeons, parmi d’autres facteurs innovateurs apportés par les coo pératives, à la diminution d’antagonisme entre patron-employé faisant ainsi que le rapport de pouvoir créant un front de lutte ailleurs est ici beaucoup plus faible. De ce fait les relations avec les syndi cats, les partis paraissent plutôt ambigus. D’une part, les syndicats et les coopérati ves partent d’intérêts communs : la défense des travailleurs, de leur salaire,
A l'étranger, mêmes scénarios ? des postes de travail, la pression qu’ils peuvent exercer sur les partis politiques, etc. D’autre part, ils divergent sur la finalité de ces luttes. Pour les uns la sau vegarde de leurs positions est primordial, pour les secondes il est aussi important qu’il y ait une implication sociale au niveau de l’individu, du milieu ambiant.
Une intégration nécessaire dans le tissu social Cette situation amène, parfois, les orga nismes officiels à envisager une collabora tion avec les coopératives seulement comme dernière solution, « par salvare et salvabile » (« sauver les meubles »)
(1) L ’autogestione nelTindustria, Ed. de Donato, Bari, 1976.
239 lorsqu’il s’agit de secteurs économiques en forte crise. Mais, selon les responsables des coopé ratives, cette investiture même par « faute de mieux », est un signe de reconnais sance de la valeur de l’autogestion coopé rative. Actuellement, ce qui préoccupe le plus le mouvement, c’est la « floraison », par ci et par là, de petites coopératives. Leur souci n’est pas certes la fréquence avec laquelle elles se multiplient, mais leur coordination, car le risque d’échec en cette époque de recherche d’alternatives est grand. Les laisser à elle-même, sans pouvoir d’intégration dans le tissu social ambiant et sans structures économiques définies, c’est nier un des principes essentiels des coopératives, a
Rencontre u A lM W t au Forum des Halles
Tous les mardis, de 12 h 30 à 14 heures, un débat autour d'une expé rimentation culturelle ou sociale. Une confrontation directe avec des individus et des équipes qui fo n t « autre ment » sur le terrain dans tous les champs de la vie quotidienne : santé', éducation, animation culturelle, vie de quartier... A utour de la revue Autrement, la rencontre de ceux qui veulent repérer les nouveaux courants, les nouvelles initiatives concrètes et participer directe ment, là où ils sont, à l'expérimentation quotidienne.
« Une équipe, une expérience novatrice » Mardi 9 octobre :
En marge du monopole, un autre mode de relation avec l'auditeur Les radios de la Fédération des radios libres, R. 93, R. 95, Cortisone, les Radioteuses... présentent leurs pratiques. Depuis deux ans, elles essaient d'instituer sur les ondes un autre mode de relation avec l'auditeur. Les libres antennes pourront-elles faire naître un nouveau type de media face aux institutions politiques et aux intérêts commerciaux ?
globale de la Ville Nouvelle, pendant les vacances (spectacles de rue, cinéma en plein air, voyages...). Elle vient de créer une « Hô tellerie populaire » pour accueillir des familles défavorisées et permettre une insertion pro fessionnelle des jeunes chômeurs.
Mardi 30 octobre :
Mardi 16 octobre :
Asains-en-amienois, un service d'entraide par in terphone pour les person nes du 3e âge
Pour de nouvelles relations soignants/soignés à l'hôpi tal, l'association du ma lade hospitalisé
La mairie met gratuitement à la disposition des personnes âgées isolées, des interphones reliés à la maison du Garde Champêtre ou à celle des voisins bénévoles. Une expérience unique dont la publicité et la multiplication inquiéteraient les P.T.T. ?
L'A.M.H. à Baune (Maine-et-Loire) fait con naître aux malades leurs droits, se mobilise avec eux pour les faire respecter, apporte un appui dans leurs démarches administra tives et intervient au niveau de la formation psychologique des personnels des hôpitaux.
Mardi 23 octobre :
Animation de rue et créa tions d'emplois à ia Ville Nouvelle d'Evry L'A.C.A.V.E. (association de club et ateliers de prévention) est à l'origine de la coordi nation de 25 associations et collectivités lo cales, pour la réalisation d'une animation
Mardi 6 novembre :
Une vie communautaire autogérée pour des an ciens détenus Quatre unités de logement en Région Pari sienne mis en place par l'A.R.A.P.E.J. (asso ciation de réflexion et d'action sur les prisons et la justice). En les aidant à trouver un em ploi, cette association tente depuis trois ans de sensibiliser le public à l'univers carcéral par le biais d'une exposition itinérante. Elle essaie également de remettre en question la réinsertion sociale avec les sortants de pri son et leur famille.
Tous les mardis de 12 h 30 à 14 heures, au petit forum des Halles, entrée Saint-Eustache, niveau 3, Paris 1er. D em andez le program m e à Autrement, 73, rue de Turbigo - Paris 3 e. Directeur de la publication : Henry Dougier. Revue publiée par l’Association Autrement. Comm. par. n° 55778. Imprimerie Corlet, Condé-sur-Noireau. N° 4257. Réédition 3e trimestre 1979. I.S.S.N . 0336-5816 - l.S.B .N . 2.86260-020-2
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M o n i q u e A s l r u e , A la i n O stalrich J u le s C h a n c e l M o n i q u e A s t r u e , A la i n O stalrich J u le s C h a n c e l J u le s C h a n c e l
Les é d u c a te u r s - e n tre p r e n e u r s P l a c e V o l t a i r e , les e n f a n t s d e R o u s s e a u L es G r i l l o n s : les é c u e il s d e l ’a c c u e i l É ole : a so c ia u x + p r o d u c tio n
J u le s C h a n c e l J u le s C h a n c e l J u le s C h a n c e l
Les o u v rie rs -s a u v e te u rs M a r k e t u b e , le t u b e d e l ’a u t o g e s t i o n U n p a t r o n « c o o l » et les t i s s e r a n d s d u N o r d L e B a la i L i b é r é o u la p a r o l e d é c h a î n é e
P ie r r e - É r ic Ti.xier D a n ie l C a rr é B r u n o M a t té i
Les tertiaires su p é rie u rs G e s t e : P r o u d h o n c h e z les i n g é n i e u r s
J u le s C h a n c e l, A n n i e J a c o b
E t en q u o i so n t-ils d iffé re n ts ? L a s t r a t é g i e d e l ’a f f e c t i f L ’e x e r c i c e d u p o u v o i r : u n e s c è n e c a c h é e D u c o m m u n a u t a i r e a u g r o u p a l : le c a s f r a n ç a i s C o o p é r a t i v e s o u v r i è r e s , p a s si r é t r o q u e ça
M a r ie - O d ile M a r t y P ie r r e - É r ic Ti.xier R e n a u d S a in s a u lie u C la u d e V ie n n e y
Q uels débats p ro v o q u e n t-ils ? L e t r a v a i l a u - d e l à d e l ’e m p l o i E t si B ig d e v e n a i t b e a u t i f u l ? R é d u i r e le c o n t r ô l e d e l ’É t a t « D e s t r é s o r s d ’i m a g i n a t i o n , q u a n d o n est p a r t i e p r e n a n t e » A v e c les « n o u v e a u x é c o n o m i s t e s », a l l o n s t o u s a u m a r c h é D i s c r è t e s a u d a c e s d ’u n n é o - l i b é r a l L es p iè g e s d u d o - i t - y o u r s e l f
J a c q u e s D e lo r s M ic h e l R o c a rd B e r n a r d S ta s i C h a r le s P ia g e t É lie T h é o fila k is , B e r n a r d R o c h e tt e Jea n -J a cq u e s R o sa J c a n - P ie r r e G a r n ie r
E t c o m m e n t s ’y p r e n n e n t - i l s p o u r c r é e r ? D e l ’a r g e n t et d e s m ille m a n i è r e s d e n e p a s le p e r d r e L es t r i b u l a t i o n s d ’u n c r é a t e u r d ’e n t r e p r i s e . . . ... E t s o n c a r n e t d ’a d r e s s e s - c l é s !
H e n r i L e M a r o is J e a n - F r a n ç o is R o u g e C h r is tia n D u p r é
Avec quel soutien des p a rte n aire s so ciau x ? 120 m i l l i o n s , u n e p r i m e à l ’i n g é n i o s i t é L ’é lu lo c a l , p r o m o t e u r d ’e n t r e p r i s e s « L ’i n d é p e n d a n c e , c ’est a u s s i le p o u j a d i s m e » D e s c o ll e c t if s d e t r a v a i l l e u r s ? O u i , m a i s . . . « Il n e s ’ag it p a s v r a i m e n t d ’a u t o g e s t i o n ! »
A la in d e R o m e fo r t Y v e s L a p lu m e P a u l A p p e ll J e a n -L o u is M o y n o t J e a n n e tte L a o t
A l ’é t r a n g e r , m ê m e s s c é n a r i o s ? L e « m o d è l e a l l e m a n d » . . . m a i s p a s c e l u i a u q u e l o n s ’a t t e n d ! A u Q uébec, une éco n o m ie to lé ran te D a n s l ’I talie e n c r is e , d e s c o o p é r a t i v e s d e c h ô m e u r s
V e n te e n lib r a ir ie ( d i f f u s i o n
Jo sep h H u b er H a r o l d B h e r e r , F e r n a n d P io t t e O lg a P a t a n é
L e S e u i l ) o u p a r a b o n n e m e n t ( 2 7 , r u e J a c o b , P a r i s 6 e).