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CANADIANAROMANICA publies par Hans-Josef Niederehe et Lothar Wolf Volume 15
Dictionnaire des regionalismes du frangais de Terre-Neuve Patrice Brasseur
Max Niemeyer Verlag Tübingen 2001
A la memoire d'Emile Benott et Jo Bozec, de L'Anse-ä-Canards et de Charles Cormier du Cap.
J'ai le plaisir de remercier: Gerald T h o m a s , ä qui je dois m a rencontre avec les Franco-Terre-Neuviens, tous mes informateurs qui ont contribue, par leur patience, la qualite de leur accueil et la fine connaissance de leur langue ä nourrir ces pages, Jean-Paul Chauveau, qui a relu le manuscrit et m'a fait beneficier de ses c o m mentaires.
Die Deutsche Bibliothek - CIP-Einheitsaufnahme Brasseur, Patrice: Dictionnaire des regionalismes du franpais de Terre-Neuve / Patrice Brasseur. - Tübingen: Niemeyer, 2001 (Canadiana Romanica; Vol 15) ISBN 3-484-56015-0
Table des matieres Signes conventionnels et abrdviations
VI
Transcription phonetique Introduction 1. Generalit6s 2. Brtve histoire de la pöninsule 3. Aspects ethnographiques 4. Aspects sociolinguistiques 5. La marginalisation du franco-terre-neuvien 6. Le corpus 7. Les informateurs 8. Les articles du dictionnaire 9. Remarques phon6tiques 10. Particularismes morphologiques 11. Particularismes syntaxiques Lexique
VIII
franco-terre-neuvienne
IX IX ΧΙΠ XVII XXII ΧΧΠΙ XXV XXV XXVIII XXXVIII XLIV 1
Bibliographie
479
Annexe 1
492
Annexe 2
494
Signes conventionnels et abreviations • 0 • n
« »
*
>
f]
§ 0
a. absol. adj.
adv.
annonce les sens principaux. annonce les sens particuliers, secondares, figures, etc. annonce des formes verbales, parfois des emplois, specifiques. annonce une subdivision de chacune des deux rubriques pr6c6dentes. dölimitent une citation. encadrent le sens d'un mot ne figurant pas en entree du dictionnaire. -postpose ä une forme, signifie que celle-ci est traitee en entree dans le dictionnaire. -ant6pose (dans le commentaire etymologique) signifie que cette forme est reconstituöe mais non attestee. annonce les citations d'autres articles ou le mot traite en entree apparait avec cet emploi. -encadrent une transcription phonetique. -dans les citations, encadrent une intervention de l'auteur, pour donner une precision, indiquer le contexte, renvoyer ä une entröe du dictionnaire. paragraphe. indique l'absence d'une donnee dans une source. actif absolument (en construction absolue) -adjectif -adjectival, -ale -adjectivement -adverbe -adverbial, -ale -adverbialement
angl. ant. art. aux. bob. C.E.A. C.E.F.T.
comm. comp. compl. cond. conj. constr. d6f. d6m. dir. empl. enq. etc. ex. ext. f. fig. fr. FTN fut. hist. ibid. imper. impers. impft. ind. indef. inf. inteij.
anglais, -aise antonyme article auxiliaire bobine Centre d'6tudes acadiennes (Universite de Moncton) Centre d'6tudes franco-terreneuviennes (Universite Memorial de St-Jean-de-Terre-Neuve) -commentaire -communication comparatif compliment conditionnel -conjonctif, -ive -conjonction construction defini d6monstratif direct, -e employe, -ee enquete(s) et cetera exemple extension feminin figure fran^ais franco-terre-neuvien futur histoire ibidem imperatif -impersonnel -impersonnellement imparfait -indicatif -indirect, -e indefini infinitif -interjection
SIGNES CONVENTIONNELS ET ABREVIATIONS
interr. interrog. intr. invar. IPE litt. loc. m. NB Ν. B. num. orth. part. pers. P· pejor. phrast. pipop. poss. pp. prep. pres.
-inteijective interrogation interrogatif, -ive -intransitif, -ive -intransitivement invariable ile-du-Prince-Edouard litteralement locution masculin Nouveau-Brunswick nota bene numdral orthographe (dans les references au TLF) participe -personne -personnel, -eile page p6joratif, -ive phrastique pluriel populaire possessif pages -pr6position -prepositionnel, -eile present
pron.
prononc. pt q· qch qn s. sg· SPM sq. subj. subst. s. v. syn. tr. transcr. v. verb. vol. voy. vx
VII
-pronom -pronominal, -ale -pronominalement -prononciation (pron. angl.) prononciation (dans les references au TLF) point question quelque chose quelqu'un -siecle -substantif singulier Saint-Pierre et Miquelon sequentesque, et suivants subjonctif substantivement sub verbo, au mot synonyme -transitif, -ive -transitivement transcription -verbe -voir verbal, -ale volume voyelle vieux
Introduction 1. Generalites L'objet de ce dictionnaire est le parier des francophones de la presqu'ile de Port-au-Port, ä Γ extreme ouest de l'fle de Terre-Neuve, principalement celui des communautis de L'Anse-äCanards, Maisons-d'Hiver, La Grand-Terre et Le Cap-Saint-Georges. Quelques relevds concernent aussi Kippens et Stephenville. Ces villages coders sont assez eloignis les uns des autres : L'Anse-ä-Canards et La GrandTerre sont distants d'environ 25 km, par le chemin qui longe la cöte. La Grand-Terre et Le CapSaint-Georges sont distants d'une douzaine de km, par les sentiers de la montagne*. Depuis 1995, une route goudronnee relie directement ces deux villages, permettant ainsi aux enfants du Cap de frequenter l'«£cole fran9ais» de La Grand Terre. Le nombre total de locuteurs dont le fran;ais est la langue premiere n'atteint probablement pas un millier de personnes dans l'ensemble de la presqu'ile de Port-au-Port.
2. Breve histoire de la peninsule franco-terre-neuvienne 2.1 Des voyages de Jacques Cartier ä la fin du 18e siecle : quelques dates «Entre les voyages de Jacques Cartier [1534] et la fin du dix-huitieme siecle, la presence fran(jaise sur la cöte ouest ne semble pas s'etre traduite par une colonisation permanente» (Thomas 1983 : 26). En 1713, au traite d' Utrecht, la France perd 1' Acadie et Terre-Neuve, ne gardant que les droits de pecher et secher la morue. En 1755, les Anglais chassent les Acadiens de leurs terres de Nouvelle-Ecosse : cette deportation, le «Grand derangement» inaugure une pdriode d'errance pour une grande partie de cette population, qui aboutira ä l'implantation d'isolats francophones dans les Provinces-Maritimes. Comme on le voit, la presence fran9aise sur les bancs de Terre-Neuve est ancienne, mais l'implantation veritable et definitive de francophones sur cette partie de l'ile est restde longtemps clandestine, en raison de Γ interdiction explicite qui etait faite aux Fran9ais de s'etablir de maniere permanente sur la «cote fran9aise», mieux connue sous l'appellation anglaise de «French shore».
2.2 Le 19e siecle Au 19e siecle, la region abrite une population peu nombreuse, probablement fluctuante, composee de colons acadiens et de pecheurs fran9ais sedentarisis, qui n'est rattachee au reste du monde
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INTRODUCTION
que par les contacts avec les pecheurs saisonniers de l'armement fransais metropolitain et saintpierrais. Vers 1830, ä la Baie Saint-Georges, «la population est d'environ 2000 ämes qui peuvent se diviser en quatre parties, savoir : 400 Anglais, 1200 Acadiens, Fran9ais et Sauvages 400 [...] [Les premiers] etaient attir£s par cette contrde par 1'absence de lois et de contröle [...] [Les FranQais dtaient] en gendral des pecheurs qui avaient voulu se soustraire au service militaire et qui se trouvaient fort bien dans un pays oü la police 6tait en quelque sorte inconnue» (Charles de la Morandifere, cite par Thomas 1983 : 29-30). Comme le souligne bien Gerald Thomas «contrairement ä ce qui se passait sur la presqu'ile, oü les Fransais trouvaient des Spouses francophones avec qui fonder des foyers, les Fransais de la baie Saint-Georges finissaient le plus sou vent par se marier ä des Anglaises [... ] Les Acadiens qui p£n£traient dans la region ä cette ipoque itaient moins sujets ä Γ assimilation, parce qu'ils arrivaient souvent avec leur famille [... ] Entre 1825 et 1860, Γ immigration acadienne fut constante» (Thomas 1983 : 30). L'apport fransais de France est tres majoritairement issu de Normandie et du nord de la Bretagne, particulterement de la partie bretonnante, comme l'indiquent les patronymes Bozec, Comec, Lagatdu, Kerfont, Rivoalan, etc. Certains immigrants ont transit^ par Saint-Pierre-etMiquelon et leurs descendants sont, aujourd'hui encore, allies aux families de cet archipel. Les Franco-Terre-Neuviens, surtout les plus äges, parmi lesquels beaucoup appartiennent ä la seconde generation issue de la derniere immigration, gardent une nette conscience de cette double origine. Dans cette recherche de l'identite originelle, le role du patronyme est particuli£rement important. Tel informateur, soucieux de l'orthographe de son nom, tient beaucoup ä lui garder son accent de voyelle, preuve irrefutable de son origine fran^aise, puisque ce signe diacritique est inconnu de l'anglais ! A l'inverse, l'anglicisation des patronymes comme Leblanc en White ou BenoTt en Bennett (Magord 1995), par exemple, semblerait tdmoigner d'un certain renoncement ou meme d'une volontd d'assimilation au monde anglophone. Mais on peut tout aussi bien la considdrer comme l'expression d'un simple desir de passer inapenju, de ne pas se singulariser, command^ par la prudence, devenue traditionnelle ches les Acadiens : pour vivre en paix, vivons caches ! (Brasseur 1995c). L'lle-Rouge, situee ä environ deux milles au large du village de La Grand-Terre etait un de ces nombreux Etablissements temporaires qui jalonnaient la «cote fransaise». Une main-d'ceuvre nombreuse s'y activait l'ite, pendant la saison de peche, pour y traiter la morue (salage, sechage). L'hiver, les installations et le materiel n'etaient gardes que par deux hommes. A part quelques tombes, il ne subsiste aucun vestige de ces installations construites en bois. Des projets touristiques, conijus pour redonner vie ä ce lieu, n'ont pas encore abouti. Les Fransais qui travaillaient ä l'lle-Rouge se rendaient regulierement en visite ä la GrandTerre, apportant avec eux toutes sortes de boissons. Mais les contacts restaient, pour ainsi dire, marginaux, ces travailleurs £tant plutot considdres comme fauteurs de trouble. Certains d'entre eux, abandonnant des conditions de vie difficiles et un salaire derisoire, finissaient par rester definitivement sur le continent, rompant ainsi leur engagement pour la C a m p a g n e de peche. Iis menaient pendant quelques temps une vie sauvage dans la foret, avec Γ aide des autochtones en situation reguliere, craignant fort d'etre repris au cours des expeditions rigulierement menees par la troupe. Un nomme Boloche avait meme empruntd le patronyme de Rioux pour brouiller les pistes. Ces tentatives de rafles, ancrees dans la memoire collective, mais dont personne ne donne de temoignage sür, n'avaient probablement qu'une valeur dissuasive et restaient infructueuses. II en est cependant reste chez nos informateurs une crainte atavique, egalement due ä l'isolement, qui continue ä nourrir l'imagination. On raconte qu'un jour, un enfant qui jouait sur
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une plage isolie, ä la Barre, disparut pendant que ses parents etaient occupes ä cueillir des baies sauvages. A leur retour les parents n'aper^urent qu'une godlette au large: «Le bateau avait venu au plain pis il avont vu les pistes des hommes dans le sable». Ou encore : «Dans le vieux temps le monde, par ici, s'i voyiont un etranger il aviont peur». Pourtant, les Franco-Teire-Neuviens offrent aux etrangers ä leur communautd une hospitalite particulierement chaleureuse.
2.3 Les derniers immigrants Ce sont exclusivement des hommes, pecheurs par vocation ou par obligation, originaires de France, qui s'etablissent dans les anndes 1890. (V. Magord 1995). Le «patriotisme» est resti longtemps vivant parmi les «vieux Francis». Le dernier d'entre eux, Emile Leroy, arrive ä l'äge de 2 ans sur la cöte ouest, aprfcs un bref söjour ä Saint-Pierre, avait garde ses «papiers fran^ais» et affirmait qu'il n'etait pas canadien. Peu de temps avant sa mort en 1987, il racontait encore avec beaucoup demotion qu'il avait souhaitd s'engager pendant la guerre de 1914-18. Au Consulat de France ä Saint-Jean de Terre-Neuve oü il s'etait rendu ä grand peine, on l'avait cependant judicieusement dissuadd de se manifester et on l'avait renvoyd chez lui. Les «vieux Fransais», comme on les appelle localement, pouvaient pour la plupart lire et ecrire en fran^ais. Les Bozec, Letacanou et autres Kerfont, originaires de Bretagne celtique, bretonnant encore eux-memes jusque dans les anndes 1950, avaient ete scolaris^s en frangais, qu'ils ne parlaient probablement que comme langue seconde. Certains Etaient abonnes ä un journal quebdcois et ils avaient coutume de se reunir ä la veillie pour dcouter Tun des leurs lire pour le groupe les nouvelles ou le feuilleton. On s'emerveille encore de cet age d'or linguistique : «tous les Fran9ais d'ici ce tait du monde instruit, tout ieusses». Ces hommes sont les derniers locuteurs de reference et represented aujourd'hui pour les anciens, en quelque sorte, un id£al linguistique inaccessible. Ce module de fran^ais, maintenant hors de leur portee, est devenu purement emblimatique, sinon imaginaire. Le souvenir des «vieux Francis» reste vivant dans les memoires comme des temoins de l'identite culturelle franco-terre-neuvienne et leur apport a vraisemblablement τέξέηέτέ le fransais acadianise installe dans ces parages depuis dija un siecle. Iis auraient peut-etre quelque peine ä comprendre la langue de leurs enfants et petitsenfants, que nous dicrivons dans cet ouvrage.
2.4 La population franco-terre-neuvienne au 20e siecle L'immigration bretonne s'est tarie au tout debut du 20e siecle lorsque la France a renonci ä ses droits de peche sur la cote ouest de Terre-Neuve. D'apres quelques travaux d'6tudiants du Centre d'Etudes Franco-Terre-Neuviennes (C.E.F.T.) de l'Universitd Memorial, Γέvolution de la population de ces villages au 20·= siecle est rapide : - 14 families sont implantees au Cap-Saint-Georges, en 1911. Le nombre des habitants passe en 1921 ä 288, dont 102 de plus de 20 ans. 269 sont nds ä Terre-Neuve, les quelques nonnatifs comprenant probablement des gens de Saint-Pierre et Miquelon. La population tire alors ses ressources de la peche, mais aussi de l'elevage, puisque 309 moutons, 57 vaches, 70 autres betes ä comes, 26 chevaux, 142 volailles et 3 cochons sont denombres. Le recensement de 1945 montre un leger tassement de la population, qui se monte ä 256 personnes.
XII
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(D'apres Anna Elizabeth Kearney, 1975 : «Three census of the community of Cape St. Georges (1921,1935,1945)»). - A La Grand-Terre, il n'y a que 29 habitants en 1884, vivant dans 4 maisons. II s'agit d'une population jeune puisque 11 enfants ont moins de 10 ans et seulement 2 personnes sont äg£es de plus de 50 ans. La population passe de 33 en 1891 ä 110 (dont 33 enfants de moins de 10 ans et 6 personnes de plus de 60 ans) en 1911. 99 sont nds dans le village, 11 en France. Tous sont catholiques. En 1921, on trouve 25 maisons ä La Grand Terre, abritant 26 families, qui represented un total de 135 personnes. La population reste jeune et comprend 45 enfants de moins de 10 ans et seulement 5 personnes de plus de 60 ans. (D'aprfcs R. W. Barbour, 1975). Selon nos informateurs, il n'y avait lä qu'une seule famille anglophone au debut des ann&s 1930. La colonisation des trois principaux villages de rdfdrence est recente. Leur ddveloppement date de l'ipoque contemporaine. Bon nombre de locuteurs actuels appartiennent ä la seconde generation : leur parents itaient nes en France. Mais, une fois sur place, ces gens itaient rarement retournös en visite dans leur famille d'origine. Aujourd'hui, bien sür, les liens sont rompus. Mais, meme dans les annees 30, peu de temps apres Γ installation, on ne recevait pratiquement pas de nouvelles des proches restös sur le vieux continent. On parlait peu de cette famille lointaine. Apres leur immigration, surtout sans doute du fait de rillettrisme et de la difficulte de communications, beaucoup perdaient completement le contact avec leur famille de naissance. Le pere de GT 07, ne en France, repetait qu'il n'avait jamais plus entendu parier de son fröre Alphonse. Un an apres sa mort on a ddcouvert que celui-ci vivait depuis toujours ä 50 km de lä. De meme LC 189203 rapporte qu'on n'a retrouve la trace d'un jeune homme ayant quitti sa famille depuis plusieurs annees sans donner signe de vie, qu'ä l'occasion de son manage. Le pretre de la paroisse avait alors re£u une demande de certificat de bapteme pour dtablir son 6tat civil. II faut noter que ce thfeme est bien reprdsentd dans les contes franco-terre-neuviens : les jeunes gens quittent leur famille lorsqu'ils «viennent en äge», c'est-ä-dire atteignent la majorite legale.
2.5 La population amerindienne La plupart de nos informateurs savent qu'une population amerindienne, les «Sauvages», habitait autrefois Terre-Neuve. MH 069303 rapporte : «La derniüre qu'a 6t6 pris ici, ce tait έηε femme, qu'a ete pris ici sus Terre-Neuve. A tait ene grosse femme, a tait pas petite. II ont pas pu la mettre ä bord du train, les portes taient trop etroites [rires], Il-l'avont mis sus un flat truck [angl. ?]. A s'appelait Mary. Y a ene place qui s'appelle pareille comme ielle. Quo-ce qu'est... J'ai oublii son autre nom». Et encore : «Y a un endroit ä Corner Brook, y a comme un cave [angl. ], en-dessous les cailloux lä, i contont qu'y avait des Indiens qui restaient lä».
On ne cite cependant jamais les Beothuks, mais seulement les Micmacs, dont GT 10 affirme qu'ils ont 6t6 extermines par les Anglais (et non pas par les Terre-Neuviens). Les informateurs eux-memes, certains de leurs parents ou voisins, «ont du sang indien», identifie par la couleur de la peau. «Je sommes parents avec les Indiens, pis je m'en sens bien aussi», dit avec humour GT 07. L' attitude des Franco-Terre-Neuviens envers les populations autochtones est largement favorable, sympathique. «C'est du bon monde les Indiens», dit GT 07. Mais l'interet que mes informateurs portaient aux revendications des Mohawks du Quebec, lors des evenements de l'ete
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1990, etait sans doute aussi pretexte ä etayer leur animosity politico-economique envers cette province.
3.
Aspects ethnographiques
3.1
Notes sur les conditions d e vie en 1930
Cette etude sur le lexique de Terre-Neuve repose en grande partie sur des enregistrements d'entretiens ä caractere ethnographique avec les informateurs. Bien que notre propos soit avant tout d'ordre linguistique, il nous paratt intiressant de donner au lecteur un apergu des conditions de vie de cette petite communaute isolde, dans un passd qui n'est pas si lointain. La memoire de nos informateurs timoigne de faits qui ne remontent gucire, au plus loin, qu'ä 1925-30.
3.1.1 L a p a u v r e t e Le commerce local £tait regi par la compagnie Abbott and Aliburton, qui detenait le monopole de fait du commerce de la morue. Au printemps, la compagnie vendait ä credit aux pecheurs ce qui leur etait necessaire pour pecher et traiter le poisson (lignes, sei, etc.) et se payait avec la morue qu'elle leur achetait ensuite. Le solde itait remis aux families en denrees de base diverses (farine, melasse, essentiellement), dont l'acquisition etait impossible par d'autres moyens. Les benefices de la compagnie dtaient done au moins ä triple niveau. Tous s'accordent sur Γ extreme dinuement de la population ä cette dpoque: «Sus la peninsule de Port-au-Port, le monde tait pauvre comme des rats d'dglise» (GT 10). Les plus misöreux marchaient nu-pieds, dit-on, des le printemps, et ddcoupaient leurs vetements dans les sacs d'emballage du sei. Les produits de necessite etaient fabriques localement: on coupait ordinairement les couches de beb£s dans des sacs ä farine ; on confectionnait la plupart des vetements ä la maison, la laine invariablement teinte en bran au moyen de decoctions de mousse. On produisait les legumes au jardin familial et on brülait le bois que Ton abattait sur place. L'argent etait done rare dans la communauti, et Ton n'achetait guere que le thd, le sei, quelques vetements, le tabac et la farine. Le complement de ressources necessaire aux achats ä la boutique dtait fourni par le travail des hommes, occupes pendant les mois d'hiver ä l'abattage du bois destine aux scieries et aux fabriques de päte ä papier dans des chantiers forestiers situ£s parfois loin de la presqu'tle. Dans les cas extremes, les parents de families nombreuses confiaient un ou plusieurs de leurs enfants ä des membres de leur parente, qui les ilevaient, sans qu'il y eüt adoption vdritable. MH 019204 raconte qu'il a vecu chez son oncle des l'äge de 4 ans. Ses parents avaient quitti Maisons-d'Hiver pour Stephenville. II se souvient que lors de ses visites, il avait de la peine ä comprendre leur fran9ais, mele d'anglais. Dans les conditions de vie souvent miserables de cette epoque, les epaves qui echouaient sur la cöte pouvaient ameliorer l'ordinaire. Comme ä Saint-Pierre et Miquelon, les histoires de naufrageurs ne manquent pas : on aurait allume des fanaux dans la montagne pour provoquer l'echouage des navires. Quoi qu'il en soit de cette «tradition», la recuperation des materiaux echoues donnait lieu ä une farouche competition oü les plus ruses ne manquaient pas d'abuser de la credulite de leurs concurrents. Le grand-pere d'AC 07, par exemple, dissuadait ses voisins d'aller ä la cöte en racontant qu'il y avait trouve un cadavre sans tete.
XIV
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II n'y avait pas alors de representant de la loi sur place. La premiere station de police se trouvait ä une cinquantaine de km. Les petits dilits, essentiellement des vols n'etaient pas rares, semble-t-il, et restaient impunis. Mais les conflits se reglaient ä l'amiable. Et les informateurs ne font jamais etat d'une quelconque insicurite. Au contraire les valeurs d'entraide et de solidarity sont toujours mises en avant.
3.1.2 La nourriture Le poisson, dont l'approvisionnement etait abondamment assure par la peche locale, 6tait, bien sür, une source importante de nourriture : frais l'ete, s£ch£ et sali: l'hiver. La viande de phoque dtait, et reste, aussi tres apprdciee. On se la procure au d£but du printemps en abattant les animaux qui se refugient sur la banquise. La peau du phoque avait en outre de multiples usages, dont le plus important etait la fabrication des souliers* de peau. Les Franco-Terre-Neuviens pratiquaient aussi l'elevage : au Cap, les animaux dtaient laisses en liberte dans la montagne* du printemps ä l'automne. Le jardinage fournissait des legumes frais et assurait les provisions pour l'hiver. Pommes de terre, choux*-raves, choux et carottes dtaient conserves tout l'hiver en cave. La courgette et la tomate ne sont apparues que tres recemment dans les jardins. Quant aux fruits et baies sauvages, tres abondants et varies, leur cueillette occupe surtout les femmes des le milieu de l'ete. Les boissons alcoolisees itaient autrefois de production familiale. La biere de prusse*, obtenue par la fermentation des branches d'un coniföre, est riputie. Les baies conviennent aussi pour la fabrication de divers «vins». Cependant, c'est le vin de beluet*, issu de la fermentation de myrtilles qui est le plus populaire. On y ajoute du sucre pour 61ever le degrd alcoolique et parfois de la levure. (Voir, sur ce sujet, B. Bagola, «vin et bifcre : leurs disignations en fran9ais qu£b£cois», in Lavoie (id.), 1996, pp. 81-98). Quant ä la citrouille fermentee, elle fournissait un alcool, devenu rare, dont le goüt ivoque celui du rhum.
3.1.3 Les distractions Les Franco-Terre-Neuviens ont un sens aigu de la fete. Le succfes du festival qui se tient chaque annee au Cap-Saint-Georges le prouve : pendant plusieurs jours, musiciens et chanteurs, compositeurs ou interpretes, se relaient devant une foule parfois nombreuse. Chaque activite collective se terminait autrefois invariablement par de longues veillees de danse au son du violon. Les deguisements des mummers*, rdpandus dans toute l'ile de Terre-Neuve et ailleurs dans le monde anglo-saxon, ainsi que les festivites de la Chandeleur, ont recemment repris vigueur depuis la renaissance culturelle due ä la formation des «groupes fran9ais». Pour la Chandeleur, les jeunes gens quetaient dans les maisons du village, rassemblant une grande quantite de nourriture destinee au festin collectif qui precedait la soiree de danse. Chaque donateur nouait une cocarde sur une perche qui accompagnait les queteurs.
3.1.4 La medecine traditionnelle II n'y avait pas de medecin sur place. Le plus proche residait ä la Coupee, ä plus de deux heures de route ä cheval. Et, comme ailleurs ä cette ipoque, la mortalite infantile etait elevee. Les proprietes curatives des plantes etaient largement exploitees. Le souvenir, si ce η'est la pratique, de cette medecine empirique subsiste encore. On traitait le rhume avec des decoctions de sapin*
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XV
trainard, des emplätres ou des sirops de gomme de sapin*. On soignait les coupures en y appliquant une feuille de plantain ou un onguent de gomme de prusse*, chauffee et melangee ä du saindoux (LC 189204). La cigue* est aussi utilisee dans les emplätres (AC 059209). La racine* jaune soulageait les maux de ventre, la gomme de sapin* gudrissait la diarrhie (MH 069205). L'huile de foie de morue itait administrde aux poitrinaires et les cerises* bouillies permettaient de retrouver l'app6tit. On faisait boire aux nouveau-n£s une ddcoction de fenouil sauvage pour iliminer «les gaz, les vents dans le corps». Les decoctions de racines de cassis avaient une action sur le «sang faible». Des baies de genifevre maciries avec des raisins sees donnaient une boisson destinde ä «purifier le sang des femmes», c'est-ä-dire ä faire revenir leurs rfcgles. Le genievre est par ailleurs bien connu comme abortif, tout comme le tanesi*. D'autres plantes comme la salsepareille avaient dgalement un usage curatif, dont l'application s'est perdue. Les animaux dtaient igalement soignds de maniere empirique. Des ddcoctions de sapin* trainard facilitaient l'expulsion de l'arrifere-faix des vaches. On faisait respirer de la fumde de godron* se consumant dans un seau ä un cheval atteint de pousse. On donnait aussi aux chevaux du crin hachd avec de l'avoine comme vermifuge.
3.1.5 Les deplacements Les quelques fermiers possedaient des animaux de trait, chevaux, et surtout bovins, mais les pecheurs seulement des attelages de chiens pour les petits transports en traineau, l'hiver (ddbardage du bois surtout). On raconte qu'un chien pouvait tirer seul une charge correspondant ä un cordeau* de bois. On en attelait parfois deux, l'un derriere l'autre. Les hommes effectuaient de longs deplacements ä pied. Les fermiers, par exemple, se rendaient une fois Γ an ä la foire de La Coupee pour vendre des animaux. La plupart des pecheurs passaient l'hiver dans les chantiers des exploitations forestieres, parfois tres loin de leur domicile, menant une vie communautaire et ne rentrant ä la maison qu'ä la fin de la saison. AC 04 raconte que, dans sa jeunesse, lui et ses amis se rendaient au Cap pour des sdjours qui duraient plusieurs jours, voire quelques semaines : ils faisaient etape ä La Grand-Terre, village distant d'une journ^e de marche de chez eux. II n'etait, bien sür, pas question d'emprunter le cheval de la maison, rdservö aux travaux agricoles. Et les bicyclettes, trop cheres, etaient de peu d'utilitd dans les chemins boueux. Durant ces escapades, ä visdes essentiellement amoureuses et festives, ils accomplissaient quelques travaux pour assurer leur hebergement. Ces deplacements de jeunes ont et6, de toute Evidence, tr£s importants pour la cohesion de la communautd francophone et permettent sans doute d'expliquer la relative homogenste linguistique de la presqu'ile de Port-au-Port. Les femmes parcouraient des distances plus courtes, mais transportaient de lourdes charges, presque quotidiennement, pour s'approvisionner ou troquer des marchandises. Quant au voyage ä Saint-Jean, situd ä l'autre extremity de l'ile de Terre-Neuve, il constituait une veritable expedition, rarement entreprise. On raconte d'ailleurs plaisamment que seuls les fous allaient ä SaintJean (ä l'asile).
3.2
Croyances religieuses et manifestations diaboliques
Le pretre, en residence ä Lourdes, ne se rendait qu'une fois par mois ä L'Anse-ä-Canards et seulement une fois par an ä La Grand-Terre. Les offices etaient done rares. Pourtant, la pratique
XVI
INTRODUCTION
religieuse tenait une place importante dans la vie des families : on r&itait le chapelet chaque soir et ä l'heure de la messe dominicale, quand on ne pouvait pas y assister. Certains peres de families etaient connus pour leur intransigeance sur ce chapitre, obligeant les enfants ä prier ä genoux pendant un temps interminable (AC 01). L'autorite des pretres etait scrupuleusement rcspectee et on leur attribuait un pouvoir magique de guirisseur, meme si leur intercession n'etait pas toujours couronnee de succes. Father Pinault, bilingue, originaire de Γ lie du Prince-Edouard, a laisse la reputation d'un homme intransigeant, sinon enteti, et severe ä L'Anse-ä-Canards et Maisons-d'hiver. Pour cette population tres attachee ä la religion catholique, il etait essentiel d'avoir une «belle mort», de fa9on ä rejoindre plus facilement le paradis. C'est pourquoi on attachait beaucoup d'importance ä la toilette funebre. On «arrangeait» le defunt de fa9on ä ce que ses membres aient une position correcte et que son visage ne soit pas grima^ant. On gardait les morts ä la maison pendant trois jours, le corps dtant expos6 sur une planche, un lit ou dans le cercueil et νείΐΐέ par la famille et les voisins. Le cercueil n'dtait ferme qu'apres ces trois jours, delai au-dela duquel l'etat de mort pouvait etre considire comme irreversible. II semble que le gel hivernal du sol n'ait jamais rendu les enterrements impossibles. Comme ailleurs, on invoquait les saints pour toutes sortes de motifs, en particulier pour conjurer la foudre : «Sainte-Barbe et Sainte-Fleur sur la croix de Notre-Seigneur, tandis que le tonnerre ira, Sainte-Barbe nous conduira». Les feux-follets dtaient aussi considers comme des phenomenes inquietants : lorsqu'il surviennent, si Ton plante son couteau dans un arbre proche, on le retrouve tache de sang le lendemain. Les manifestations diaboliques, de tous ordres, tenaient et conservent encore une grande place dans l'imaginaire des Franco-Terre-Neuviens, en particulier ä travers les contes traditionnels. L'invocation du diable dans les jurons est particulierement crainte. GT 10, se trouvant avec un ami dans la foret, fut pris d'un besoin urgent. II s'executa sur place en disant: «Je m'en fous pas mal quand meme que le diable vient, faut que je fais mon besoin». II raconte : «J'avais pas les culottes en bas quand que j'avons vu un gros jubier*. Le chemin tait ä l'entour* de 8 ou 9 pieds de large et pis les ailes passaient, passaient le chemin». Les deux amis se precipitfcrent dans une cabane proche et s'y enfermerent. L'oiseau faisait le tour de la cabane. «Quand qu'i passait le chassis*, i venait* tout noir lä-dedans lä». Et cette apparition ne les a laisses qu'apres un long temps d'angoisse. A une autre occasion, dans les memes circonstances, dans un endroit ou la vegetation etait dense, notre informateur refit la meme «invocation». A cet instant «le bois s'a rouvri. C'est pareil comme t'arais fait un chemin». Les deux amis detalerent et, sortis de la foret, entendirent un air de gigue. (Cette musique est, dans ces circonstances, un tres mauvais presage : un conte traditionnel met en scene le diable joueur de violon, qui epuise les danseurs pendant des jours et des nuits de musique, au point que les malheureux finissent par s'y user les membres inferieurs. Des mois plus tard, seuls les cheveux continuent leur danse infernale !) Les evocations diaboliques ne manquent pas dans les recits spontanes de nos informateurs : - Un chien errant se manifeste et disparait brutalement, sous les yeux de plusieurs temoins. - Un homme rentre de la peche. Ses filles voient quelqu'un descendre du canot avec lui. Pourtant le pere affirme avoir ete seul ä tous moments. - Un informateur entend «comme une charge de planches qui tait garmchee * sus la place *». Entrant dans la piece il voit la chaise berceuse se balancer seule. Le diable se manifeste sous des formes diverses, mais il affectionne l'apparence du chat. GT 07 raconte une aventure survenue dans sa jeunesse : son oncle de L'Anse-ä-Canards lui avait donne
INTRODUCTION
XVII
un chat, et eile rentrait ä pied chez eile, ä La Grand-Terre, tenant dans ses bras cet animal et un rouleau de peau pour faire des mocassins. Au bout de quelques temps, ä la nuit noire, le chat commen5a ä miauler et voulut s'echapper. Elle vit alors des eclairs de feu de couleur bleue parcourir le dos de l'animal et trois silhouettes geantes la suivirent pendant un mille. Ces ombres ne l'abandonnerent qu'au moment de traverser le ruisseau de Trois-Cailloux. A son arrivee ä la maison, eile raconta cette aventure ä sa mere, qui lui expliqua : «un chat il a 7 poils qui partient* au diable dans sa queue. Si tu l'arais quitte* aller, les hommes-lä ariont...[disparu]». Le lendemain matin le chat avait disparu et n'est jamais rdapparu. «Faut croire les* hommes-la Γ a pris» conclut GT 07. La meme informatrice raconte aussi que son man etant absent pour travailler dans un chantier forestier, eile demanda ä sa soeur de venir passer les nuits chez eile afin de Γ aider en cas de probleme, car eile dtait enceinte. Sa sceur vint, accompagnde de deux jeunes gens. lis jouaient aux cartes chaque soir pendant une partie de la nuit, se comportant bruyamment et jurant. GT 07 pria Dieu de l'aider pour mettre fin ä ce tapage, avec succes : cette nuit-lä, plusieurs gros chats apparurent ä la fenetre. Chasses, ils ne disparurent qu'apres avoir franchi le ruisseau. Mais la soeur de notre informatrice fut tr£s impressionnee par cet episode : «Mon Dieu, mon Dieu, 9a vient des cartes 9a !» La mere de GT 07, en visite ä Piccadilly, passait la nuit chez une amie avec deux petites filles. Elle vit une ombre se faufiler sur le mur, venir se mettre ä genoux devant eile et faire le signe de croix avec son corps. Elle voulut palper cette apparition, mais sa main la traversa sans la toucher. L'ombre revint trois fois. La troisieme fois, prise de peur, Γ heroine de l'histoire bouscula des chaises en se reculant. Ses amis se leverent et la calmerent en passant de l'eau sur son visage. Elle avait reconnu son fröre, mort plusieurs annees auparavant dans ce village. La narratrice trouve une justification de cette aventure dans le temoignage de la Bible ou le Christ ressuscite et se reincarne. Profitant de la credulite ambiante, un individu facdtieux enferme un chat dans le four de la cuisiniere : le malheureux animal se ddbat et fait un tel tapage que les victimes de la farce croient ä des manifestations diaboliques. Tel autre se couvre d'un drap blanc et court dans le cimetiöre pour effrayer les gens.
4. Aspects sociolinguistiques 4.1 L'environnement anglophone et le bilinguisme Le village de Lourdes (prealablement Clam Bank Cove), qui a pris une grande extension, a ete peupledes 1935, sous la conduite d'un pretre irlandais, le pere O'Reilly (Thomas 1983 :46).Le gouvemement a alors concddd des terres ä une trentaine de families de pecheurs anglophones originaires de la cote sud-est de Terre-Neuve. Nos informateurs ignorent le plus souvent les veritables raisons de cette colonisation. Certains affirment que cette immigration a 6t6 provoqude par la rarefaction du poisson sur la cote sud, d'autres qu'elle a suivi le «tremblement de terre», deux explications qui ne font probablement que traduire symboliquement le marasme de cette epoque, suite ä la crise economique de 1929. Quoi qu'il en soit, il semble bien que les relations de la communaute francophone avec ces nouveaux venus d'origine irlandaise, pourtant catholiques eux aussi, n'aient pas toujours ete parfaites, au debut de cette colonisation. Les
XVIII
INTRODUCTION
critiques mutuelles se focalisaient alors sur les differences linguistiques. (V. l'article POULE, par ex.). Une histoire traditionnelle illustre bien le cloisonnement des deux communautes : «Y a un farmier qui s'en allait avec une... une charge de patates, avec son cheval. En chemin, il a renvarsi sa... sa charrette. Ses patates tiont pas en sacs ni rien... Pis lä i s'en vient un Anglais*. VAnglais arrive* ä lui, i dit: - Good day ! Le fermier y* d i t : - Oui ! J'ai renvarse* ! L'Anglais >> d i t : - What's that ? - Oh oui i dit, avec mes patates ! L'Anglais _y d i t : - Go to hell! - C'est 9a je fais, je trie les pus belles !»
L'histoire intitulee «we three» (G. Thomas 1983 : 361), montre aussi le veritable handicap que constitue l'incapaciti ä parier l'anglais. En resume : «trois jeunes gars [...] s'aviont dicidd d'aller charcher de l'ouvrage. Mais dame* asteure*, i parliont franfais, pas un mot d'anglais». lis apprennent chacun un membre de phrase : «we three» [], «lookin for a job» [, [3 d i R a ] (GT 10), [vu vivRa] . 9.1.7.2
[i] atone (initial) > [e] (qui peut se centraliser en [9]), rarement [ ε ] :
[senö] , [venjo] , [feniR] , [Repu:s] , [ d e s t i n e ] , [dastedge] , [despyte], [daspyte] , [meljce], [maljce], , [Jekaen] .
9.1.10 Nasalisations et denasalisations Ce phenomene est un des nombreux traits d'instabilite du FTN. II touche l'ensemble des communautes observees. On observe en effet une tendance ä la nasalisation des voyelles [ε], [a], [a], [o] et [a] dans un environnement consonantique nasal, aussi bien qu'au phenomene inverse de la denasalisation des voyelles du fran^ais dans un environnement consonantique oral ou meme nasal.
INTRODUCTION
9.1.10.1
XXXIII
Nasalisations
9.1.10.1.1 Voyelle suivie d'une consonne nasale : La nasalisation est complete, mais les exemples sont assez rares: [gäji] , [ g ä j i e ] , [oton] , [f£m] , [pen] . 9.1.10.1.2 Voyelle precidöe d'une consonne nasale : Le phdnom^ne ne s'observe que chez certains locuteurs et de ίβςοη episodique. La nasalisation est le plus sou vent incomplete ; les exemples sont cependant nombreux : [maid] , [amäRe] , [humäR] , [ m ä J w e R ] , [Ramäse] , [kanäR] , [kadnä] , [tuna] , [nap] , [mo] , [kan5] , [vinj5] , [n5f] , [nw§R] . 9.1.10.1.3 La nasalisation peut etre due ä Γ assimilation ä une voyelle nasale non contigue : [Jhöp5] ou meme se produire dans un environnement oral: [äfcR] , [1ε J ] . 9.1.10.2
Denasalisations
[α], [ä] et [δ] sont parfois presque totalement denasalis£s par certains informateurs : [bla] , [tady] (AC 05), [foten] (GT 09), [mo] (LC 02), [kofityR] (LC 18).
9.1.11
Diphtongaisons
Elles n'ont etέ observees qu'au Cap-Saint-Georges et peu frequemment. Elles pourraient etre dues ä des contacts recents avec le quebecois populaire. 9.1.11.1 Voyelles orales : [malayd] , [mej s] , [m5 pagR] , [magR] (LC 02), [afagR] . 9.1.11.2 Voyelles nasales : «Du mauvais [tef ]» .
9.1.12
Ouverture des voyelles entravees par [R]
9.1.12.1 [eR]>[aR]: Certains locuteurs comme LC 02 prononcent un [ε] particulierement ouvert, lorsque la voyelle a tendance ä s'allonger, dans les monosyllabes : [tCR] ou [ f e R ] , Mais l'ouverture aboutit le plus souvent ä [a], [CR] et [aR] se manifestent ainsi de maniöre qui semble aleatoire : [ p e R S o n ] , [paRson] , [faRm], [fεRm] , [taRncev], [taRnoev] , [ J a R j e ]
XXXIV
INTRODUCTION
, [ a v a R t i s m ä ] , [RävaRse] , y compris parfois en syllabe ouverte: [vaRite] . C e t t e tendance est c o m b a t t u e par celle qui mfene [ε] ä l'aiTondissement, c e qui produit des doublets du type [paRSweR] / [pcERSweR] ou [ p a R s e ] / [pceRse] . Α Γ inverse, certains locuteurs prononcent [peR] .
9.1.12.2 [or] > [aR]: [aRej] , [aRjle] , [bigaRno] , [aRmana] / [oRmonak] , [aRagä] (de *oragan) . Par hypercorrectisme : [aRinje] > [oRinje] . A l'inverse, en syllabe fermee finale [o] se ferme en [o] devant [ r ] : [noR] , [ ä k o R ] [moR] , [ f o R ] , [koR] .
9.1.12.3 [ur] > [OR] : [30Rnal] ( G T ) , [boRbje] , [toRbijö] , [toRne] .
9.1.13 Adjonction d'une voyelle prothetique de timbre [a], plus rarement [e], [ε] ou [ce], devant [R] initial + (semi-)consonne Ex.: [aRbyte] , [aRmaRk] , [aRpa] , [aRbuR] , [aRgaRde] , [aRje], [eRje] , [aRtiRe] , [aRSÖble] , [aRwa] ; [esple] (sur l'angl. to spell, de meme sens), [estfalet] ; [eRpaRe] (litt, re-parer); [ceRtiRe], [eRtiRe] ; [ceRwet] .
9.2
Les consonnes
9.2.1
Prononciation de r
La plupart des locuteurs du FTN prononcent le r comme en franfais general: [r] . Notons cependant qu'un informateur secondaire ηέ en 1891 produit rdgulierement un [r] apical (LC 118001). C'est dgalement le cas de AC 05 lorsqu'il chante.
9.2.2
[J] et [3] «saintongeais»
Nous relevons ä Terre-Neuve le meme trait qu'au Nouveau-Brunswick : «Le [J] «saintongeais» n'est done qu'une Variante individuelle ou combinatoire du phoneme [J"], laquelle se realise surtout devant les voyelles postdrieures, mais a tendance, chez certains sujets, ä etre gendralisee» (Lucci 1973 :95). Ces faits sont paralleles au traitement de [3], qui peut se realiser en une «aspiree». Nous transcrivons ces phonemes respectivement par [ Jh] et [36]. G. Massignon, qui les Signale aussi, les note cependant rarement, puisque, dans les 1000 premieres listes de son ouvrage, nous n'avons rencontrd, transposes en API, que [baRaJhwe] aux Iles-dela-Madeleine, [fiiRJhte] ä Chdticamp, [negfi] dans l'lle-Madame, [i ne3fiot] dans le comtd d'Halifax, [3fiuk] dans le comte d'Halifax et aux Iles-de-la-Madeleine. De son cote V. Lucci n'a rencontre qu'une seule fois ce traitement, «chez un locuteur tres äge de la rdgion de Cocagne» (ibid.).
INTRODUCTION
XXXV
A Terre-Neuve, ces prononciations, sans etre generates, sont tres repandues, particulierement ä L'Anse-ä-Canards : [JhaRpät] (AC 04), [i m a R j h ] (MH 05), [ v a j h ] [MH 05), [Jhato] (AC 01), [Jhdte] (AC 01), [Jhas5] (AC 01), [Jhäs] , [Jhos5] , [JhuRaev] , [ d e h ä j h e ] (GT 10), [ f o j h e ] ; [3fiaRde] (AC 05), [se 3fiö] , [aR3fiä] (AC 15), [3fiigote] , [3ficen] , [de3fi0ne] dejeuner>, [3fiolimä] (AC 04, G T 10), [3fion] (AC 04), [3fioRne] , [pi3fi5] , [bÖ3fiuR] (GT 10), [tu3fiuR] , [3fiuk] , [3fiybe] , [3fiYp] , [36(3)] , [aRa3fie] (LC 02), etc.
9.2.3 Les occlusives sourdes initales [p], [t], [k] Comme dans les pariere acadiens en general, l'explosion des occlusives sourdes initiales [ρ], [t], [k] non palatalisees, dont nous ne connaissons de correspondent europeen que dans le parier normand de Jersey, est probablement due ä l'influence de l'anglais. Elle est particulierement nette chez MH 03.
9.2.4 h initial II est assez fortement expire et transcrit [h] : [hajh] , [haRÖ] , [haRd] , [hibu] , [hotceR] , [hot] , [humaR] , [hceRle] , etc. Cette expiration aboutit parfois ä [R] : [Rale] , [RaRQ] , [RÖJ] , [ROS] , [dROR] , [RUI] .
9.2.5
Articulation du [t] final
Un t final amui en fran9ais se maintient, par exemple, dans [plat] (adj.), [dRwat] , [etRwat] , [pet] , [satisfet] , [let] , [goblet] , [fwet] , [swet] , [Rwet] , [etfet] , [lotfet] , [pivot] , [pot] , [a flot] , [tut] . Ν. B . : le FTN dit aussi [tRop] .
9.2.6 Le groupe dentale + [j] 9.2.6.1 Devant [e], [ε] et [έ], [tj] (correspondant ä la graphie f r a ^ a i s e -ti-) aboutit ä [tj] ou [ t j j ] : [metje] , [motje] , [etfet] , [binitjje] , [ s ä t j j e ] , [pitfe], [pitjje] , [atJjeR] , [tolet/jeR] , [scemtJjeR], [somtJjeR] , [tfjed] et ses derives. Nous avons egalement releve un exemple devant [o] : [t/jot] . 9.2.6.2 Devant [0] et [u], [dj] (correspondant ä la graphie fran9aise -di-) aboutit ä [d3j] : [d3j0] , [d3ju] , [d3jus] .
XXXVI 9.2.7
INTRODUCTION L e s groupes consonantiques, en position finale, se reduisent ä leur premier element.
9.2.7.1 L e groupe consonne + [ r ] : [ k a t ] , [pRet] ( M H 019202), [ v i t ] , [ l U t ] , [ v u t ] , [Räk5t] , [ a b ] , [ m ä b ] , [pud] , [ f 5 d ] , [ t ä d ] , [pRÖd] , [ t e d ] , [paRd] , [ e g ] , [ J a k ] , [ h a v ] , [ v i v ] , [ 3 3 j i e v ] . Par hypercorrectisme : [scevR] . 9.2.7.2 L e groupe [ b l ] : [nöp] (avec assourdissement de la consonne devenue finale), [lemab] , [hisab] , [sa:b] , [guRnarb] , [taRib] , 9.2.7.3 Les groupes complexes [st], [sk] : [pes] , [ w e s ] [Res] , [ v e s ] , [tRis] , [pis], [pis] , [balys] ( G T ) , [mas] , [ r i s ] .
9.2.8
A m u i s s e m e n t d e [ ν ] dans le groupe [ v w ] :
[ w c r ] , [aweR] , [saweR] , [puweR] , [awen] , [ a w e j e ] .
9.2.9
Assourdissement des consonnes sonores en finale absolue
9.2.9.1 [ b ] > [ p ] : [nap] .
9.2.9.2 [ d ] > [ t ] : [ t f j o t ]
9.2.9.3 [ g ] > [ k ] : [nek] , [boRdalck] (apres reduction du groupe [gR]).
9.2.9.4 [3] > [ J ] : [gamina: J ] , [pläta: J - ] , [RasinaJ] , [ v ö t R a : J ] , [bRUjaJ] , [ p l ä j ] , [ o r I o J ] , [ n e j ] , [neeJ] , [1εJ] . Par hypercorrectisme : [1§3] < [1ε J] .
[gRa:f] , [ha:f] (apres reduction du groupe [VR]), [n5f] , [dRaef] .
9.2.10
Un ancien [1] palatal devenu final perd son element palatal Ex. :
[medal] , [famil] (LC 138401). La plupart du temps, le [1] devenu final s'est amui: [fi] , [fami], [faemi] , [Jfi] , [tji] , [kotfi] , [ed3qi] . Ce cas rejoint celui, plus gdniral, de la chute du [1] final: [baRi] , [avRi] , tendance que l'on observe regulierement dans les parlers dialectaux.
9.2.11
[ji] final > [n] :
[d3in] , [sin da kRwa] .
9.2.12
La palatalisation de [k] et [g]
Devant les voyelles [e], [ε], [ce], [0], [a], [i], [y], la nasale [έ] et la semi-consonne [q], [k] et [g] aboutissent respectivement aux affriquees [tf] et [d3] : [pitfe] , [debaRtfe] , [etfeR] , [latjoel] , [tJcER] , [tja] , [estjalct] , [tjite] , [tjy] , [tJyRja] , [etjyso] , [otje] , [Ret/ε] , [viRbRCEtfe] , [tjez] , [best/qi] , [t/qiR] . [blad3e] , [d3ep] , [äd3i] , [d3in] , [sid3y] , [fid3yR] , [d3£baR3] , [ed3qi] .
9.2.13
Lametathese
La voyelle est le plus souvent de timbre [ce] ou [ε], parfois [0] ou meme [a]. 9.2.13.1 Metathese de [r] : [ p c e R m j e ] , [otceRmä] , [k5tceRvä] , [ ä t c e R p R Ö d ] , [ätoeRtJjed] , [bceRtel] , [ n ö b c e R ] , [povceRte] , [kceRve], [koRve] , [ b c e R t ö ] [beRtS] , [bceRbi], [bcRbi], [boRbi] , [dcERSWER], [doRswεR] , [ g o e R l o ] , [goRlo] , [ k a t c e R t ä ] , [kataRtä], .
10.1.2 Le participe passe des verbes en -ir et -re 10.1.2.1 Les participes passes des verbes en -ir sont formds sur le radical de l'infinitif avec la desinence -i: couri couvri decouvri offri ouvri rouvri de rouvrir souffri mouri
rarement avec la desinence -u : sentu .
10.1.2.2 Les participes passes irreguliers des verbes du 3e groupe en -re sont formes sur le radical de l'infinitif avec la desinence -u : avoindu de avoindre coudu deteindu de deteindre ressourdu de ressourdre
«Ces alouettes-lä i faisont \faire*] leu* nie* dans les lacs». (AC 059000). «Le demier [daRnje] coup de fusil que j'ai tire sus des alouettes Emile, j'ai tui 32». (AC 059000). [Narration humoristique, dans la tradition des contes de mensonges]. «I sont pas beaucoup* gros, i couront dessus* la grave* pis quand i prenont le vol i allont vite: e'est ce que j'appelons des alouettes». (LC 149803).
corlieu, privier.
Cet emploi est atteste en franijais depuis le milieu du 16e siecle pour alouette de mer (FEW 24, 292a ALAUDA). Dans les parlers du Canada, ce mot a le sens generique d'oiseau des rivages (ALEC 1498 ; ALVMA 385). II designe aussi les pluviers (ALEC 1499,1500, 1501), les becasseaux et les pluviers (Naud), la becassine (ALEC 1502) ou la maubeche (ALEC 1503).
ALOUETTE II [aluet], ALUETTE [alqet] s. f. •
Pommed'Adam. 1 2
«Je crois qu'y a une bosse sus ton alouette». « f a * qu'est dans le milieu de la gorge lä, Γ alouette». (GT 099201).
ALONDEMENT [al5dma] s. m.
>
•
Aluette est atteste en frangais depuis la fin du 16e siecle (FEW 14, 90a UVA), alouette (de la gorge) depuis 1611 (FEW, ibid.). Ces deux formes subsistent dans divers parlers dialectaux. Alouette a aussi ete note pour dans une localite du Quebec (ALEC 580i). Cette forme est egalement repandue en Acadie : «[...] des houmes avec du miel entre la langue et 1'alouette et des ressorts sous la plante des pieds [...]» (Maillet 1977b : 271, d'aprös Ε. R.) et en Louisiane (Daigle, s. v. alouette). L'emploi terre-neuvien est original.
Inondation. «T'arais t6 ici la semaine pass6e aprfes la pluie que j'avons iue, t'arais vu l'alondement que g'a fait» (LC 029201).
Όέπνέ original du suivant.
ALONDER (S'-) [s alode] v. pron. •
S'inonder. «I vient ene pluie pis s'alonde d'eau : l'eau passe par-dessus». (LC 029201).
Forme originale ( 0 FEW 4, 7 8 5 a - b INUNDARE et 14, 29b sq. UNDA), que l'on peut cependant rapprocher du wallon anonder (FEW 4, 785a).
ipais.
ΑΜΒΓΠΟΝΜΕ
ALRIGHT [oKajt], A'RIGHT [9Kajt] adv. • 1. Bien. 1 «Υ en a d'*ieusses* qu'est alright». > mais que 1, grandeur 4.
• 2. D'accord. (Dans une reponse). 2
«-Merci beaucoup ! -Ah ! Y a pas de quoi, i dit c'est alright!»
Emprunt ä Γ anglais alright, de meme sens.
15
(Daigle : ) ou en fran^ais reunionnais : (Carayol 1985 :68).
AMARRER [amaRe], [amdRe], MARRER [maRe], [ma:Re], [mäRe] v. tr. • Attacher. 1
ALUETTE V. ALOUETTE II.
AMANCHER [amdje] v. tr. •
Emmancher. «C'est deux morceaux de bois, ou n'importe quoi*-ce que tu veux amancher ensemble, tu prends deux morceaux de bois pis tu les croches*, tu fais un demi*-bois d'un bord*, pis un demibois de l'autre bord, pis tu les colles ensemble, pis tu les chutes* : 9a c'est amancher deux morceaux de bois fa». (LC 029201).
Ce derive de manche, enregistre depuis le moyen fran5ais, est atteste avec cette valeur dans quelques parlers dialectaux franijais, notamment en Saintonge (FEW 6/1, 222a MANICUS). II est egalement repandu au Canada (ALEC ; Clapin ; GPFC ; Belisle ; Poirier ; Naud) et en Louisiane (Daigle).
A M A R R E [amaR], [amäR] s. f.? • Attache, lien, cordon. 1
«Y a un rouleau, pis y a έηε amarre quisiment* ä chaque bout* [but]». (GT 109203). 2 [A propos du bceuf]. «II aviont une grande amarre hein pis... i tiennont [tiendre*] I'amarre, pour le faire aller, vite ou... longi* ou de quoi*, et... j'apppelions 9a des cordeaux». (LC 189802). > ceux-lä, crocher 2, crocheter 6, ddmarrer 1, tangon 1.
Extension d'emploi d'un substantif du vocabulaire de la marine : bele, bidon 2, ceuses-lä 1, chousse 3, chuille, cordon I, d i b a r q u e r , d i m a r r e r 2, 3, 4, ^longer 1, flotte 2, g\6, haler 1, menoire 3, noutre 1, poutine 1, repousse 2, tangon 2. Marrer : > havre 5, loin 2.
Extension d'un emploi du vocabulaire de la marine : attacher (un objet, une personne) avec des cordages> (Rob 1,291b), bien atteste hors de ce domaine specifique dans les parlers normands et en Ille-et-Vilaine (FEW 15/ 1, 2b *AENMARREN) ainsi qu'au Canada (Massignon 865,907,1659 ; Clapin ; Belisle ; Naud), en Louisiane (Daigle) aussi bien que dans les C r e o l e s frangais (Chaudenson 681 : [amare]). Marrer, par apherese (Brasseur 1996b : 296), se rencontre aussi dans les Creoles antillais (DCG 223b : mare ; Valdman 358 : mare).
AMBITIONNE [äbisjone], [abispne] adj. • 1. Qui ne se satisfait jamais de son etat, qui veut toujours aller de l'avant (pejor.). (LC 149802). • 2. Ambitionni ά + inf. Tres desireux de + inf. «II est ambitionne ä faire c't* ouvrage-lä». (AC 059207).
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AMB1TIONNE
Emploi adjectival du verbe ambitionner, qui est atteste depuis le moyen fransais pour (FEW 24, 402b AMBITIO) et a ete releve dans les parlers du Canada (GPFC : (GPFC 155a ; 0 FEW 24,464a sq. AMOR) est bien atteste au Canada (Clapin ; Dionne ; GPFC ; Belisle ; DFP) dans l'emploi terre-neuvien. Tomber en amour est egalement enregistre au Canada (Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier ; DFP) et en Louisiane (Daigle).
• Vieux (en parlant d'une personne). «I tait ancien». Cet emploi est atteste dans les dictionnaires fran9ais jusqu'au 18esiecle (Trevoux 1771), mais n'est admis aujourd'hui en fran^ais general que substantive et avec une valeur affective ou plaisante (Rob 1, 356b). II s'est maintenu dans les dialectes fran9ais, specialement dans le Centre, la Normandie et la Bretagne romane (FEW 24, 638 ANTE) et en C r e o l e hai'tien (Valdman 43 : ansyen). Au Canada, cet emploi n'est pas souvent signale (GPFC : . Ex.: «les personnes anciennes»).
ANCRE [dkR] s. m.. •
Ancre.
> souaillon, tangon 5.
Le genre masculin, probablement par hypercorrectisme puisque les mots ä initiale vocalique sont ordinairement feminises, est bien atteste sur les cötes fran5aises de l'Atlantique et de la Manche (ALCAM, enq. inedites, q. 50A ; FEW 24, 542b ANCORA); il est egalement signale au Canada (ALEC 1398 ; DHFQ 61 ; GPFC ; Poirier ; Maillet 1977b : 172, d'apresE. R.).
ANDLAIN [adle], LANDAIN [lade] s. m. •
Andain. 1
«Quand tu fauches pis tu... t'envoyais tout le foin d'un bord*, vois-tu, 9a c'est un andlain». 2 «Allons faucher le foin pis... 9a fait des landains». (GT 109206). [Allons, ici pour j'allons ]. 3 «Le foin va suire* son landain tout le long». (LC 029201). > finer.
La Variante landain, avec agglutination de Γ art. defini, se rencontre parfois dans les parlers de l'ouest de la France (FEW 24, 403b AMBITUS ; ALBRAM 128 ; ALO 24). (V. aussi landain, lanse, largent, lor, etc., en FTN). Au Canada, eile a une distribution typiquement acadienne (ALEC 810, 812 ; Massignon 700 ;
18
ANDLAIN
Poirier ; Boudreau). Elle est egalement attestee ä SPM (Brasseur-Chauveau, s.v. landain). Andlain est probablement une creation locale, par m£tathese de [1], ä partir de la forme landain.
ANIMAL). Elle a ete relevee au Canada (GPFC), mais n'est localisee que dans les parlers acadiens (ALEC 473x ; Poirier ; Boudreau; Naud).
ANGLAIS [ägle] s. m.
ANIS [äni] s. m.
•
• Plante non identifiee.
Anglophone.
«[...] un Anglais, quipartenait* de Saint-Jean». > cossarde 1, ieusses 8, joliment 2, langage 1, patate 1, pigassoux.
1
Cet emploi est considere comme un regionalisme du Canada (Rob 1, 371b; GPFC s. v. Canadiert: «habitant du Canada d'originefran9aise, par opposition ä Anglais, qui designe les habitants d'origine anglaise>; DFP).
2
3
ANGOISE [ägweze], ANGOISSE [agwe:se] adj. • Enroue, qui a la voix cassee. 1 2
[A l'enqueteur, au sujet du timbre de sa voix]. «Vous etes angoise ?» «Si t'as la grippe, pis t' as des fois la... ta gorge lä c'est ... [il fait mine de tousser] t'es angoisse lä, la voix sort pas comme 9a doit, be* lä c'est angoisse». (LC 149802).
V. le suivant.
ANGOISER [ägweze], GOISSER [gwe:se] v. intr. •
S'enrouer. «Pour quoi* faire j'ai goisse et pis pas toi ?»
Angoiser n'a ete note qu'en Normandie et en Nantais (FEW 24,574a ANGUSTIARE). La prononciation ancienne angoesse a ete relevee au Canada (GPFC). Goisser en est issu, par apherese. L'emploi terre-neuvien est original.
ANIMAU [animo] s. m. • Animal. (Confirme par LC 189802). 1
«Pauvre animau ! Apres* souffrir tant dans savie !» (AC 018103).
2
«N'importe queul*
a n i m a u peut trouver... II
a ddjä passe lä, i va repasser. Quand* qu'i
meme
voit rien, 9a fait pas de diffdrence
[difaRÖs]». ( Μ Η 0 6 9 2 0 3 ) .
> foie 4, forsure, haler 12, -n- 2.
Cette forme est largement repandue dans les parlers dialectaux frangais (FEW 24, 591a-b
«L'anis asteure*, quante* c'est coupd de bonne heure, l'anis i le mangeont, et les piquants* asteure, les chevals* vont le manger». «L'anis fleurit, 5a vient en graines. C't* affaire*-lä, que tu me faisais voir a matin*, 5a 9a vient pas en graines». (AC 059207). «Tagetes* des biscuits au magasin des fois, pis y a des petits grains dedans, en anglais is* appelont 9a des caraways [angl. ], caraway seeds, 9a c'est des graines d'anis [...] f a pousse... c'est des gros batons* pas mal*. Au Cap Saint-Georges y en a en masse*, de l'anis». (LC 149802).
Au Canada, anis ou anis sauvage denomme une plante qui n'est pas clairement identifiee par les lexicographes (PF 306 ; ALEC ; Poirier). II s'agit pour plusieurs de l'aralie ä fleurs en grappe (Dionne ; GPFC ; Massignon 201 : [äni]). A SPM, anis de montagne denomme Chiogenes hispidula (1887, Chambon 1992 : 282). L'emploi terre-neuvien est semblable ä celui d'une grande partie des dialectes d'oil, particulierement de l'Ouest, de la Normandie au Poitou, oü le mot designe aussi le fenouil (FEW 24, 600a ANISUM). La prononciation sans [s] final recommandee au 19c siecle en frangais (Feraud, cite par Thurot 2, 31), semble vieillie aujourd'hui (TLF 3, 49a). La nasalisation de l'initiale n'est pas rare en Acadie (C.E.A., Fichier E. R.).
ANISETTE, NISETTE [(a)ni:zet] s.f. • Fruit de Gauitheria procumbens hispidula [angl. maidenhair]. 1
et G.
«Des petites feuilles, commes des petites feuilles de nisette». 2 «Υ a du monde* qui use* des nisettes pour boire... en the* ou de quoi* de meme». 3 «Pis y a des anisettes aussi. Des anisettes 9a vient... 9a pousse dans des buttes de terre». (GT 109203). > beluet 4.
AOIR
Anisette denomme diverses plantes dans les parlers dialectaux de France, particulierement l'anis dans le nord-ouest du domaine d'o'il (FEW 24,600b ANISUM). Au Canada, le mot n'est atteste que dans les parlers acadiens et avec un emploi identique ä celui de TerreNeuve, meme s'il est parfois glose de mantere differente (ALEC 1042, 2310 ; Massignon : ; Massignon 210 et Naud : ). Nisette est une forme locale, par aph6r£se (Brasseur 1996b : 296).
aoindre est strictement acadienne (ALEC 2166 ; Massignon 1589 ; Poirier: aouaindre ; Thibodeau : aoindre ; Naud : aouindre ; Boudreau : avoinde ; Ditchy : aweindre). Notons, par ailleurs, que les formes conjuguees de TerreNeuve sont egalement attest6es au Canada (ALEC 2166s ; GPFC : aoueindu).
AOINE [awen], VOINE [vwen] s.f. • Avoine. 1
ANYHOW [eniha], [enihao] adv. • 1. Quoi qu'il en soit, de toutes fafons. 1
«Qa fait que anyhow, le soir je trouve έηε autre place pour la nuit». (LC 029205). > cabane 1, diligner, emprfes 3, manager 2, pointer (se -).
• 2. Peu importe. 2
«Je sais pas le nom de la place*, anyhow !»
mais
Emprunt direct ä l'anglais.
ANYWAY [eniwe] adv. • Quoi qu'il en soit. 1 2
«Anyway, j'ai couch6 la* soir6e-lä». «Morazi dtait de France. Ben... son pfere 6tait de France anyway». > chamail, chaton 3, retourner, tanesi.
Emprunt direct ä l'anglais, usuel en Acadie (C.E.A., Fichier E. R . ; Naud).
AOINDRE, AVOINDRE [a(o)wed] v. tr. • Pres. : j'aoins, ... ilavoindont. • Part, passe : avoindu. • Saisir, attraper. «Peux-tu 1-1'avoindre ?» (AC 159201).
En fran^ais contemporain, aveindre est vieilli et familier (TLF 3, 1070b), vieux ou regional (Rob 1, 759a) ou encore vieux ou dialectal (GLLF 341a). Avoindre est repandu dans divers parlers dialectaux de France (FEW 24, 192b-193a ADVENIRE). Les deux formes relevöes ici ont ete notees au Canada : aoueindre, avoueindre (GPFC), mais la distribution de
19
2
«I fout 9a dans un... un sac ä voine». (AC 018103). «Ene baillee* d'aoine». (KI 018001).
Des formes du type aoine se trouvent dans les parlers dialectaux de France, notamment dans le Perche et le Centre (ALF 81 ; FEW 1,187a AVENA), et dans l'ensemble des parlers du Canada (ALEC 763 ; Massignon 718). La forme tronquee est specifique du FTN (Brasseur 1996b : 296).
AOIR [aweR], AVOIR [avweR], rarement O I R [wCR] v. tr. 1
π 2" pi. forme interrog.: av'ous V. OUS. π 3e pi.: il avont. > abrier 3, aoir 9.
• Ind. impft 3epl. : aviont. > aoir 7.
• Ind. fut.: Π lre sg.: ara. > 9a 7.
π 2 e sg.: aras. > bouffie 1, signe de croix 1, verrure 1.
π y sg.: ara. > faroucher 4, hardes 3, reste (de -) 3.
• Cond. pres. : Π l re sg.: arais. > abolir 1, avant 3, bas 1-9, billionnaire, chance 1, farce, foie 1, moyen 2, proche 2, sicher, smart 9, tricoler 3.
π 2e sg.: arais, aras. Arais : > alondement, aoir 8, basement 3, bücheur, cap 3, et 3, f i e r l - l , negoce 1, racine4, raffraichir, pour 8, senon 3, soleil 2, suire 1, tant pus 8, tiendre 21, trainee 2. ara : > broad, partie 2, tirer 4, train 1-3.
π 3e sg.: arait, ara. Arait: > acter 1, arracher 1, baby 2, baril 2, booboo 2, boom 2, cause (ä - que) 2, chasse-galerie, condition (en - que), croire 1, dicoller II—2, donner 1-1, eau 6, icarder 2, engin 3, fier I—1, galendard, gare 4, handler 2, idde 11, ... Ara •. > chandelier 1, mauvaiseti, tiendre 23.
Aoir a ete note 9a et lä en France, notamment dans l'Ouest (Nantais, Vendee) et le Centre (FEW 4,361b HABERE ; ALF 82). Cette prononciation est passee au Canada (GPFC s. v. aoir). Oir est une forme locale, par apherese. «[L'homophonie possible avec le verbe oir ] ne parait pas tolerable dans le passage ä l'ecrit qui ne s'accommode pas de formes aleatoires. Mais l'exemple du fran9ais marginal de Terre-Neuve nous montre clairement que la langue orale ne craint pas la variation intrasystemique, qui ne constitue jamais un obstacle ä la communication» (Brasseur 1996b : 304-5). J'avons et j'ons pour sont largement attestes dans les parlers dialectaux franfais (ALF 91) et au Canada (Dionne : j'avons [acadianisme]; GPFC : j 'ons). Av 'ous est signale dans les parlers normands (Brasseur 1995a : 328-329) et gallos (Chauveau 1984 : 192), comme au Canada (Dionne : GPFC). La similitude morphologique du futur et du conditionnel est largement repandue dans les parlers fran^ais, notamment dans le Centre (ALF 99 ) et le radical ar- se trouve sporadiquement (ALF 97 et 98). Le participe passe iu se rencontre egalement 9a et lä fOuest et Nord] (ALF 102,103). • 1. Prendre (un repas, une boisson, ...). > coup 6, dijeuner 2, lunch 1.
• 2. Aoir qn Faire venir qn. 7
π l r c pl.: arions, arons. Arions : > booboo 2, dicoller II-2, dihaler 4, sans pour 3. Arons : > aoir 6, hormis 1, sans pour 2, tiendre 23.
π 2e pi.: ariez.
> coup 6, fortune 1.
π 3epl. : ariont, aront. Ariont: > comme 5, couple 4, drapeau 1, 6cole 1. Aront: > bete 6, broad, bücherie 3, chasse-galerie, dieu 8, icarder 2, farce, quinquin 3, tiendre 21, vasier 2. 6 «Ce qui tait ä la tete des protestants, y a plusieurs religions [...] lä j'arons dit un ministre. Mais pour la religion catholique ce* tait toujours le curi ou le pretre». (AC 099205). > billionnaire, cap.
• Part, passe : iu, rarementza. > place 7.
«Les femmes qui saviont [saoir*] coudre, bien*, i les aviont lä pour montrer ä* les autres femmes...» (LC 189206).
• 3. Aoir (geh ou qn) + part, passe Rendre + part, passe. 8
[Ä propos d'un oiseau apprivoisi]. «I tait hardi*... Tu l'arais [ty 11 aRe] pas iu apeuri ! Non ! Y a rien qui l'apeurait! [ki 11 ap0Re]». (GT 139202). > framer.
• 4. Aoir + adj. Dans la locution aoir aise [e:ze] Etre plus ä l'aise, avoir moins de mal. 9
«Mais asteure* il avont les power-saws [angl. ], il avont beaueoup pus aise, pis il avont j u s q u ' ä [ J k a ] vingt-quatre piasses* la corde* et plus». (MH 069201). 10 «Mais steure* le monde* l'avont si aise, asteure* i pouvont [pouoir*] aller pis prendre des cours». (LC 189206).
APILER
un marteau ou ene hache, pis tu le bats, tu le bats ä l ' e p a i s s e u r que tu le veux». (LC 029215).
• 5. Aoirä + inf. Avoir l'habitude de. 11 «C'est 9a qu'il aviont ä dire auparavant». (AC 059201).
• 6. Aoirl'eau. V. EAU. Les trois premiers emplois sont des caiques de l'anglais. Certaines constructions comportant un adjectif comme attribut d'objet direct se sont figees, Γ attribut formant avec le verbe avoir une locution verbale qui η'est plus guere analysable aujourd'hui [...] avoir aise, courant en Lorraine, est atteste parfois ailleurs» (Grevisse 1993 : 461 ; 0 FEW 24, 143b sq. ADJACENS). L'emploi de avoir ä + inf. est particulier.
AOÜT [au] s. m. Prononciation archaique ou dialectale (TLF 3, 193b ; ALF 47 ; FEW 25 910a sq. AUGUSTUS (MENSIS), d6jä condamnee par Vaugelas (Thurot 1, 505-6), repandue dans l'ensemble des parlers du Canada (ALEC 1697 ;Massignon 1377).
APARgOIR, PARgOIR [(a)paRSweR], PEURgOIR [poeRSWCR] v. tr. • Apercevoir(GT 109205). s'en venir». (GT
108001).
Dans les dialectes fran9ais, ce type de forme est tr£s localise, en Sologne : apargouer, et en Nantais : apergoir (FEW 8, 217b PERCIPERE). II n'a pas ete releve par les glossaires canadiens que nous avons consultes, mais figure dans des enregistrements realises en Acadie (C.E.A., collection Ε. Richardson, bob. 20, transcr. 20, p. 40 : [apaRSWCR]). Pargoir et peurgoir sont des formes locales, par apherese.
APETISSER [aptise] v. tr. • Rendre plus petit, diminuer (qch) d'epaisseur (LC 029203). 1
gages* apetissiont oussi* !» (LC 029204).
Les dictionnaires frangais considerent ce mot de la langue classique (GLLF 195a) comme vieux (Rob 1, 439a) ou rare et vieux (TLF 3, 209). II est bien atteste dans les parlers de l'ouest de la France (FEW 8, 344b *PETTITTUS) et au Canada (Dionne ; Poirier ; GPFC : ), notamment dans les deux emplois terre-neuviens aux Iles-de-la-Madeleine (Naud).
[ ( a ) p 0 R a b ] adj.
ä 14.
«A peur^oit un caberouet*
0 Empl. intr. Diminuer, devenir plus petit. 2 «De meme si tu le jouais, pas de danger, tes
APEURABLE, PEURABLE
• Aoüt. >
21
«Si tu veux l'apetisser, le battre plat*, [plat] pour le... tu le mets sus de quoi*, pis tu prends
• Effrayant. (Confirme par LC 149802). [A propos des pourcis*]. «C'est de quoi* qui va vite dans l'eau : i sautont, i s'arrachont* dans* l'eau pis... i sont apeurables des fois». (GT 139201). >
etre 5.
Cet adjectif, sous l'une ou l'autre de ses formes, n'est pas signale par les glossaires canadiens ni dans les parlers dialectaux de France ( 0 FEW 8, 86a sq. PAVOR). II s'agit peutetre d'une creation locale, un derive suffixe de peurer* ou d'epeurer (v. le commentaire s. v. epeurer), le suffixe -able etant bien represente localement.
APILER [apile], PILER [pile] I. V. tr. • Mettre en tas. 1
>
«Avant i piliont la planche sus le pont des bateaux». (MH 059202). 2 «Pis je quittais* 9a lä -je le debranchais* paspour tout* [tut] l'6t6. Pis 9a chessait*. £ a chesse bien. Mais dame* quand ς a venait* ä l'automne, j e le debranchais pis je l'apilais, pis je faisais un chemin pour* le boeuf aller au bout». (ΜΗ 069203). abattis 2, bücher 2.
II. V. intr. • Se mettre en tas (en parlant de la glace sur la mer). 3
«Auparavant lä la glace venait pis a pilait ä peu prfes ä un mille de la cote la, a pilait ä peu prfes vingt pieds de haut je pense, mais de* delä a* venir ä la terre ce* tail plange* comme... la place*».
APILER
22 4
>
«J'ai vu la glace piler ä se* [sa] brasses* d'eau. Vous avez vingt pieds en dehors* [dahoR]. Auparavant, mais lä 9a pile pus asteure* comme* que ce* tait. Les courants ont changi je pense». (AC 059207).
fouler 4, 5.
Apiler, atteste depuis le moyen fran9ais, est aujourd'hui typique des parlers de l'Aunis et de la Saintonge (FEW 8,477b PILA). Au Canada le mot a 6te note pour (GPFC), mais il n'a ete releve que dans les parlers acadiens, sous les deux formes enregistrees ä Terre-Neuve, pour (ALEC 1338 ; Massignon 322).
APILOTER, PILOTER [(a)pilote], [(a)pilote] v. tr. • Mettre en tas. 1
>
«J'avions que ien* que la peine ä piloter les chousses* pis les brüler». (AC 018304). 2 «La viande, i dit, pilotez-la dans le champ ! Pilotez-la !» (AC 019000). 3 «Α pied ! Dans c'te* glace rough* lä, toute apilotee». (LC 029201). debrancher 1, 2, pile 2.
Apiloter est un verbe typique des parlers du Poitou, de l'Aunis et de la Saintonge (FEW 8, 475a et 477a PILA). Au Canada, sa distribution est acadienne (ALEC 1216, 1338 ; Massignon 322 ; Naud). No tons que le parier cajun de Louisiane ne connait qu'une Variante prefixale, au meme sens : empiloter (Daigle). Piloter est issu du precedent, par apherese. II est note pour (Boudreau) et doit etre distingue de son homophone plus specifiquement quibecois, qui implique toujours l'idfe de piler, d'ecraser.
APILOTIS [apiloti] s. m. • Entassement de glace, banquise. 1
2
«J'allions pas ä travers les apilotis avec le chual*, j'allions jusqu'aux apilotis, de* delä ä* venir ä terre». «La glace qui serre ensemble 9a fait des apilotis». (LC 029201).
Ce substantif, qui n'a ete releve en France qu'en Saintonge pour un (FEW 8,475b PILA) est typiquement acadien
APLANGIR, PLANGIR [ ( a ) p l ä 3 i R ] v. tr. • Aplanir. 1 2
3
«I mouillait* assez* dur* que 5a plangissait l'eau». «Tu le laboures p i s . . . tu herses [aRs]... jusqu'*ä tant que c'est plange* : 9a c'est plangir de la terre». «C'est pour aplangir de la terre ou de quoi*, p't-ete bien». (GT 109203).
En France, aplangir n'a ete releve qu'en Anjou (FEW 9, 15a PLANEUS). Au Canada, ce type lexical n'est Signale que dans les points de peuplement acadien (ALEC ; Massignon 633 ; Poirier, Naud et Boudreau : ; Thibodeau : ) et en Louisiane (Ditchy ; Daigle), ä la difference d'aplanir et aplanchir. La forme plangir est egalement attestee dans les parlers acadiens (Boudreau ; Ditchy ; Daigle).
APPARENCE QUE [apaRäs k(a)] loc. adv. • II est certain que. 1 2 >
«Apparence qu'il a resti deconforte*». «Apparence que... iene* qui chantait bien, c'itait la femme [...]»
arrouser.
Cette locution, ä rapprocher de il y α apparence qui est enregistre en fran?ais du 16° au 18e siecle (FEW 25, 24a APPARENTIA), a ete relevee au Canada (Boudreau 1979 : 21 et Brun 1974 : 26, s. v. canadjenne, d'apres E. R. ; Clapin : ; Dionne : ; GPFC : ; Naud).
«Je ne sais pas s'il avait ene maniere ä partenir l'Ile-Rouge ou bien... un clame*
APPRENDRE
dessus ou quoi* que ce* tait comment* qu'i 1 avait fait ?a !» (MH 019204).
• 2. V.tr. ind. 2
«Ici, je crois, c'etait... autrefois la loi... tu peux pas... έπε tie peut pas t' appartiendre». (LC 149806).
0 Specialement: Appartenir de, Partenirde. π Appartenir ä. >
Saint-Pierre-Miquelon.
π Etre originaire de. (Confirme par LC 149802). 3 4
«I partenait de la Bane». «Mon pfere 6tait ηέ ä La Grand-Terre, mon grand-pfere partenait de la France». > anglais, oü 2.
L'emploi d'appartenir de est sans doute ä rapprocher du frangais , atteste jusqu'en 1932 (FEW 25, 34a APPERTINERE). II a ete releve au Canada (GPFC : ), specialement en Acadie (ALEC 2310 : appartenir (ä un endroit) ; Boudreau : appartiende ; Heon : «D'oü appartenez-vous ?» ; Naud). Poirier, qui note egalement appartenir, en emploi transitif, dans les deux sens relev6s äTerre-Neuve, y voit Γ influence de l'anglais. Partenir, qui n'est pas atteste en France apres l'ancien fran9ais (FEW 8, 283b PERTINERE), est une forme creee localement, par apherese (Brasseur 1996b : 296).
ner* le respect, pace qu'iV* tait mon parrain». (AC 098001).
• 2. Que j'appelons, Qu'on appelle, Qu'i appelont, ... loc. phrast. Comme on dit, ... (apres un substantif)· > balle I, beurgot 3, booboo 2, bouteille 1, buggy 2, carriole 1, charogne 1, cochon (de lait) 3, corail 1, corps, c'te 4, doballe 1, 2, escoffe 3, facterie 3, fort 2, furnier, gli, gouiliche 3, guepe 2, 3, 4, haut 14, ...
0 Specialement, avec ellipse de que : > go 3.
Emplois particuliers ( 0 FEW 25, 28a sq. APPELLARE). Peler est une forme originale issue d ' a p p e l e r , par aph£r£se (Brasseur 1996b : 296 ; 0 FEW ibid.).
APPLIQUER [aplike]
«£a c'est la premiöre chose sus la liste [Iis] quand il avont applique: fran^ais». (LC 189804).
Calque de l'anglais to apply, largement repandu dans le franfais d'Amerique (Dulong 1989 :
animau 1.
• 3. Dans les loc. verb. Se mettre apres, Venir apres, Aller apres S'interesser ä, se mettre en quete de. 2
«Aller aprfes les loups*-marins [...]»
3
[A propos des cocos*]. «/* guess qu'aprfes qu'i sont sees, les jubiers* allont apres». (AC 059209). [A propos de la mousse* irlandaise], «Les ann6es pass6es i s'avont mis apres». (GT 139202).
4
>
booboo 2, gueule 3.
• 4. V. aussi EMPRES. Ces emplois n'ont pas ete notes au Canada. Le premier est enregistre dans le Pays nantais : , ä rapprocher du fran^ais etre apres qch pigouiller 2.
Arager, atteste des le moyen frangais, a ete note en Picardie et en Normandie (FEW 10, 10b RABIES), mais cette forme ne figure pas dans les releves des lexicographes canadiens. A Terre-Neuve, il s'agit soit d'un apport normand, soit d'une forme locale, par assimilation ou denasalisation de l'initiale (v. acore, acornet, atendre), ou encore d'une fausse refection, comme celles qui se produisent apres apherese. [aRbuR] 1. D'arbours loc. adv. A l'envers.
ARBOURS •
1
«Je l'ai dit d'arbours la, j'ai pas bien fait 9a !» (AC 158001).
• 2. (A) 1'arbours loc. adv. A rebours. 2
>
«Asteure* vous allez raboter de quoi* lä hein, ben le bois est ä l'arbours, 9a 9a veut dire que le bois est pas bon». (GT 109203).
pati 1.
Cette forme est bien attestee au Canada : ä la rebours (Dionne ; GPFC ; Poirier ; Boudreau), ä I 'arebours (Clapin) et en Louisiane : ä la rebours (Daigle, s. v. a). D'arbours est une locution originale, ä rapprocher du saintongeais de rebours triquet.
Arignee, atteste en moyen fran5ais, a ete note dans quelques parlers d'o'il, notamment en Normandie, dans l'Orleanais et le Berry (FEW 25,78b-79a ARANEUS ; ALF 50), et est aussi ä l'origine de la forme du Creole hai'tien ariyen (Valdman 19). Les deux formes ont ete relevees au Quebec (ALEC 1564) et en Acadie (Massignon 454).
ARMANA [aRmana], ARMENA [aRmana], ARMENA [aRmena], ORMONACH [oRmonak] s. f. •
Almanach. 1
ARIEN [aRje], ERIEN
[crjc]
pron. indef. • Rien. V. aussi IEN QUE, RIEN DI TOUT. «Faulait \falloit•*] pas dire arien». (LC 008201). > charcher 1, difense, graisser (se -), leu II—6, lune 6, sentir.
25
2
«Auparavant j'avions des armenas lä pis i donniont tout le temps du soleil !» (MH 038001). «Vous voulez oir* ene armena, nen* v'la iene* !» (LC 039202).
Ces differentes formes sont attestees ici et lä dans les parlers dialectaux de France (FEW 19, 119a-b MANÄH). Au Canada, on a releve : armana (ALEC 484 ; Clapin ; GPFC ;
26
ARMANA
Boudreau), armena (GPFC ; Poirier), armena (GPFC). Ormonach est une prononciation particuliere, oü l'initiale subit le traitement habituel ä Terre-Neuve (evolution de [aR] ä [or] en syllabe fermee).
AROII, ROI I [(a)Rwa], [(a)Rwa] s. m. • Roi. «La fille de l'aroi». (GT 017705). >
ile-Prince-ßdouard 2.
0 Specialement: Mal de roi Ecrouelles ? La forme franfaise a subi l'adjonction d'une voyelle prothetique pour aboutir ä aroi (Brasseur 1996b : 300 ; V. aussi arien, argarder, etc.). La locution mal de roi, attestee en ancien frangais sous la forme mal le rei, n'est signalee que dans quelques parlers d'oc (FEW 10, 367b REX).
AROI II, ROI II [(a)Rwa], [(a)Rwa] s. m. • Rouet. V. aussi ROUET. 1
2
3
«Y a du monde* qui les appelle des rois, un roi, mais c'est des rouets* [Rwct] que le monde les appelait». (AC 059207). [A propos de V ecardon*]. «Y avait une brache dedans* le roi lä hein, pis lä* tu le mettais lä-dessus, sus la* broche-lä, dans le milieu, et pis tu virais* l'aroi avec ton pied pis... 9a allait tout le tour* de la broche-lä». (GT 109210). «Le roi lä, tu files, pis 9a va sus une broche. L'epinglier*, putöt d 'elonger* ta laine, tu la tiens de meme*. Et V epinglier la hale* et pis i la met de grosseur du meme temps». (LC 029212).
> entour 1, ipinglier 2.
Les formes [ R w a ] , [ R w a ] , par hypercorrectisme de [ R w e ] , sontbien attestees dans les parlers du Quebec et de l'Acadie (ALEC 329), mais n'ont de correspondant en France que dans l'Aube : rouat (FEW 10, 492a ROTA). Aroi, par adjonction d'un [a] prothetique est particulier au FTN.
ARPAS [aRpa] s. m. • Repas. [A propos de l'appetit des chats]. «Si un homme fait un gros arpas, tout ä fait un gros arpas, i mangeont pas tout* en grand 9a». (GT 109211).
Forme locale, par adjonction d'une voyelle prothetique (v. aussi aroi, etc.), probablement independante de formes similaires repandues dans les parlers fransais (FEW 7, 699a PASCERE).
ARPENT [ a R p ä ] s. f. • Arpent. 1
>
«Y avait une arpent de... de bois, de bois debout* [dbut]». 2 «Tu demandes, lä, comment* grand qu 'est un arpent ? Je sais pas ! Non ! J'ai tendu* parier mais je sais pas». (GT 099201). solairer.
Changement de genre dü ä l'initiale vocalique qui a aussi ete note au Canada (GPFC) et en Louisiane (Daigle). V. FEW 25, 177b AREPENNIS.
ARRACHER, RACHER [(a)RaJe] I. V. intr. • 1. Racher Arracher. 1
[A propos du chaouin*]. «S'i va pas s'enlever avec [la poule], d'aucuns* temps il arait iu, il arait rache le coeur de* dedans !» (GT 139202). > racine 1.
• 2. Enlever, faire sortir (qch ou qn). 2
«Les grosses femmes i s'embourbiont! Beau chemin ! C'est lä oü j'ai fait mon argent moi ! A* racher les femmes dans* la vase* !»(MH 059202). > dechirer 1, entendre 2, homme 3, lune 6, souquer 3.
• 3. (En) arracher Avoir des difficultes. 3
«Tout* en grand de* nous autres* a rache, tout en grand de nous autres a trape* de la misere*». 4 «J'avons arrache nous autres* : la faim et... le fret*». 5 «J'avons marie* nous autres*, mais gee !* J en arrachons !» > Dieu 9.
ARRIERE
II. V. pron. • S'arracher Sortir. 6
«Elle s'arrache de la cave». (Devoir d'itudiant du C.E.F.T.). 7 «Oes petites betes-lä, tu vas aller dans le bois*, la fin d'aoüt lä, les petites mouches lä i descendont en bas* dans la terre, i passont l'hiver lä, pis i vont pas s'arracher de* dedans avant le premier de juillet*. Le premier de juillet, i s'arrachont» (LC 029216). > apeurable, faire 7, macher.
Arracher est atteste en emploi pronominal au Quebec (ALEC 1065x : «il a de la misere ä s'arracher (du bourbier)» ; v. aussi PF 2723) et dans le parier acadien des iles-de-la-Madeleine (Naud). En arracher ete note comme un canadianisme (Belisle), particulierement en Acadie (Poirier : il en arrache ressourdre 2.
• 2. En arriere A l'interieur. 0 Specialement: ä l'interieur des terres (par opposition ä la cote). 1 2
«En arriere y a eu jusqu'ä huit pieds de neige». «J'avions notre cave pas mal* loin d'ici. Ici c'est trempe*, ici. C'est comme un swamp [angl. ], Mais tu vas pus en arriere, c'est pus sec. c'est lä qu'on avait notre cave». (MH 069202).
28
ARRIERE
3
[Ä propos d'un chat]. «Je l'ai vu en arriere, ά l'entour* de trois milles d'ici, le dernier coup*». (GT 109000). > barachois 2, bas 1-7, bätisse 2, bois 19, cabaner (se -) 2, platin, poire 2, rien di tout 3.
GPFC : ) ou de foin (Brasseur-Chauveau).
0 Specialement: Porte d'en arriere Porte de derriere.
ARRIME II
4
«La porte de devant, la porte d'en arriere». (AC 099204).
II. Dans la loc. p r e p . : • En arriere ou En arriere de Derriere. 5
[A propos des pollueurs]. «I faisont [faire*] pas attention quo*-ce qu'i faisont pour en arriere de zeux*». 6 «I m'a dit qu'y a des plantes, en arriere chez lui lä, si tu passes dedans, tu vas t'ecarter*». (AC 068102). > beluet 5, emparquer 1.
En arriere signifie dejä au debut du \T siecle (FEW 24, 183a *AD RETRO). (FEW 16, 716b *RIM), en Haute-Bretagne :ςαη'αaucunrime(Chauveau 1991 : 47) ou en fran9ais general: ςa n'a ni rime ni raison. Le fran9ais rime a ici ete refait en arrime, par fausse coupure et attraction paronymique du precedent. Cette evolution n' est pas propre ä Terre-Neuve, puisque la locution fa η 'a pas d'arrime a ete notee en Acadie avec le meme emploi (Poirier; Boudreau).
ARRIMER [aRime] v. tr. •
Mettre en tas. 1
«C'est 9a que j'avons fait aujourd'hui, j'avons arrime le bois dans le magasin*». 2 «C'est pour la morue salie hein... C'est tout arrime ieune* par-dessus l'autre». 3 [A propos de la morue]. «Quand on la rentrait on l'arrimait dans le magasin*, on la mettait dans des grandes piles*». (AC 059207). > pile 2.
En France, cet emploi n ' a ete note q u ' ä Cancale : (FEW 16, 721a RIMEN). Le verbe est considere comme un regionalisme du Canada avec un emploi voisin : (TLF 3 566a ; Belisle).
ARRISEE (DE VENT) [aRize (d vä)] s. m. ou f. • Coup de vent soudain, qui ne dure pas. Syn. : SQUALL (DE VENT). 1
«T'es-i*-au large aussi bien comme* ä terre, i fait calme lä. Asteure* i vient un vent p't-ete bien dix ou douze milles ä l'heure, vois-tu, be* 9a dure pas, 9a va p't-ete durer pour* une
ASSAVOIR
>
m i n u t e ou d e u x , 9a c'*fene a r r i s e e de vent»(AC 059207). 2 «C'est ien* qu 'un squall* de vent qui passe. C'est ien qu'un arrisee de vent pis c'est fini. C'est pas du vent. C'est pas comrae une brise* de vent. Une brise de vent c'est pour* deux trois jours». (LC 029202). squall.
Cette forme issue du frar^ais risee (TLF14, 1169b), probablement par fausse coupure de I'article, η'a pas ete notee en France ( 0 FEW 16, 708a RIF), mais a ete relevee au Canada : arrisee patate 1.
que j'ai arrive ä lui [...] (LC
U.V. pron. • 5 'arriver Arriver, survenir. 3 4 >
«J'en ai jamais vu s'arriver». (AC 078201). «Y a toutes sortes A'affaires* qui s'arrivent ä l'heure qu'il est». (MH 069203).
asteure 6, avartissement 3.
L'emploi intransitif est original. En France, l'emploi pronominal, est typiquement normand, ne debordant qu'en Ille-et-Vilaine (FEW 25,326a *ARRIPARE). II n'est pas atteste dans les parlers du Canada, mais a ete note ä SPM (Brasseur-Chauveau). Ces attestations conjointes temoignent d'un apport de la langue des Terre-Neuvas. River, par aph6rese, est aussi enregistre en Creole hai'tien (Valdman 480: rive).
ARROUSER [aRUze] v. tr. • Arroser. «Apparence* qu'i te l'arrouse !»
Cette forme du moyen fran9ais, disparue de la langue generale ä la fin du 17° siecle, survit dans de nombreux parlers d'o'fl (FEW 26, 334a-b et 340a *ARROSARE). Elle est egalement attestee au Canada (GPFC ; Poirier ; Boudreau).
ARTIRER ERTIRER •
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[aRtiRe], [ e R t i R e ] , [ o e R t i R e ] v. tr.
Retirer.
«Quand* que tu rouvres* le mouton, c'est la premiere affaire* que tu vois 9a ! La graisse, la graisse qu'y a dessus ! I avont έηε coiffe. T'artires tout ?a de* dessus». (LC 029210). [aRtiRe]: > cruds 2, ichouerie 3. [eRtiRe]: > bord 3, fale 1, premier 6. [ceRtiRe] :> dans 6, pelouse5.
La prothese est courante dans les parlers populaires d'o'il devant un groupe complexe (ici [Rt]) (FEW 6/1, 403b MARTYRIUM ; GPFC : ertirer). L'ouverture de la voyelle en [a] n'est pas rare non plus et caracterise le FTN.
«I laisse assavoir qu'i s'en venait». (AC 078201). «Chez nous, je disions quitter assavoir. OK ? Mais steure*, les Acadiens lä, ieusses* i usiont* [yzj5] le nom laisse. Chez nous, quitter !» (LC 149802).
Cette locution n'est attestee en fran9ais que sous la forme faire assavoir ou faire ä savoir, attestöe depuis le 16e sifecle (FEW 11, 194a SAPERE) et aujourd'hui consideree comme vieille (TLF 3, 671a ; Rob 1, 601b) ou familiere ou dialectale (GLLF 274a ; FEW, ibid.). Faire assavoir semble egalement plus courant en Acadie que les locutions enregistrees en FTN (Poirier ; Boudreau), mais la construction avec laisser y est connue : «Ouais... 9a sera pas long que je m'en vas te le laisser assavoir» (Coste 1950 : 213, d'apres E. R.). Elle est peut-etre influencee par l'anglais to let someone know.
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ASSAYER
ASSAYER [aseje] •
v. intr.
Essayer. 1
«A faisait le mieux qu' a pouvait pour assayer de I'encourager». (AC 019000). 2 «Assayer d'avoir quiqu 'un* ä faire de quoi*». (GT 109210). 3 «Les docteurs que j'avons asteure*, il assayont toutes sortes d'affaires*, qui*-ce qui va faire le plus». (LC 029215). > ä 35, casion, creux 10, douille 1, gueule 5, idie 4, iun 7, malicieux 1, minder, trempe 3, trompe II—2.
0 Specialement: • Assayer a Essayer de. 4
«Faut que t'assayes ä changer c't* homme-lä pour venir ä la religion encore*». (AC 058004). 5 «J'avais un fusil ici, lä. Lui il a essaye ä se tuer avec». (MH 069205). > amiauler 1, bacailtere 1, creuseur 1, envoyer2, gourmand 3, jambette 2, pousser 9, tiendre 22.
•
S 'assayer ä Essayer de.
> jambette 2.
Assayer est une forme d'origine picarde, repandue dans les dialectes d' oil, notamment du Centre et de l'Ouest, de Γ Anjou ä la Saintonge (FEW 3, 256b EXAGIUM). Elle est bien attestee dans les parlers acadiens (Poirier; Thibodeau ; Naud, s.v. asseyer; ALEC 1447), y compris avec la construction assayer a (Massignon 1766), mais aussi au Quebec (ALEC 1065x ; Clapin ; GPFC). En fran9ais, essayer ä + inf. est vieux ou litteraire (Rob 4, 141b) ou vieilli (TLF 8, 162b).
«Je tais assez Interesse* dedans que je tombe endormi». (AC 058004). 5 «Le vent a pousse la glace dans la nuit assez que les loups*-marins ont venu proche*». (LC 029201). > ä 23, aplangir 1, endurer (s'-), gate 4.
L'emploi d'assez apres le mot qu'il modifie n'est pas admis en franfais general, mais il est signale en picard et en Nantais (FEW 14, 184b AD SATIS ; Brasseur 1993 : 38b) ainsi que dans les parlers acadiens (Poirier ; Snow 1977 : 29, d'aprfes E. R.), comme en cr6ole hai'tien (Valdman 20 : ase). La locution est egalement bien atteste en Acadie (Clapin ; Maillet 1977b : 172 et Snow 1977 : 8, d'apres
E. R.). ASSIETTE EN OVALE [asjet än oval] s. f. • Assiette creuse (LC 029201, AC 059207). La locution adjectivale en ovale guepe 2.
Cette forme, qui ne figure pas dans les glossaires canadiens, se trouve dans divers parlers d'o'fl, notamment de Normandie, d'Aunis et
ASSIR (S'-) [s asiR] v. pron. •
S'asseoir.
de Saintonge (FEW 19, 69a HASiS).
«Y a rien ä faire que t'assir pis... blaguer*, garder* ! C'est joli tu vois la mer tout le tour*». > beurgot 10.
ASSEZ [ase], plus rarement [asa] adv.
• Ind. pres. :je m'assis, tu t'assis, i s'assit, je nous assisons,...
«Ä Calgary, pourtant i fait froid assez lä [... ]» «Pis i disont s '* tu crois dur assez, 9a va arriver». (AC 158001). «Tu peux pas... tu pourras pas demander eher assez pour*». (LC 189205).
1
• •
Ind. impft.: i s 'assisait.... Imper.: assis-toi ! assisez-vous ! 2 3
Forme populaire largement repandue dans les pariere dialectaux de France (FEW 11,395b396a SEDERE) ainsi qu'au Canada (ALEC ; Massignon 1156 ; B61isle ; Clapin ; Poirier ; Boudreau ; Thibodeau) et en Louisiane (Ditchy ; Daigle).
31
astheure ; Thibodeau : asteur, asteure), en Louisiane (Daigle, s. v. asteur), aussi bien que dans les Creoles franijais (Chaudenson 686 : [aste: r ]). Le sens 2 recouvre un emploi de maintenant, signale en fran9ais (TLF 11, 190a). Steure, par apherese, a egalement ete note ä l'lle-du-Prince-Edouard (Urbainville, 1974, d'apres E. R.).
ASSOUHAITER V. SOUHAITER.
ASTINEMENT [astinmä] s. m. •
Entetement. «I vont commencer ä s'insulter iun* l'autre. Et 9a vient* sus des astinements, pis la querelle se Ιένε et pis lä* c'est la bataille». (LC 029219).
ASTEURE, STEURE [(a)stceR] adv. [La seconde forme est rare]. Steure : > aoir 10, assavoir 2, bouchure 4, 9a 13, charcher 1, claircir 1, coment 8, dessus 11, icarde 3, εηέ 1, modfere, musique ä bouche, part 1, plywood 1, quinquin3, ramasser 19, saoir6.
Derive original d'astiner* ( 0 FEW 7, 290b OBSTINATIO).
•
1. Maintenant.
ASTINER
1
V. OSTINER.
«Asteure je m'en vas [aller*] vous confer* une histoire vraie». 2 «J'ai tä bon ä* ieusses*, 9a fait que je crois asteure i sont bons ä moi». (LC 138401). 3 «Y avait du bon bois dans ces temps-lä. C'est tout coupi, steure». (MH 069201). > ä 38, abolir 3, a g e t e r 1, aller 1, a l l o u e r 4, aoir 9, 10, apiler 4, archelet 1, as say er 3, autre 7, bailie 1, barrer 3, bätisse 2, battre 3, bidious 4, bord 6, boutique 4, broad, burette 2, 9a 9, ...
• 2. Mot qui «suggere la pertinence de l'enonce qui le comporte au point du discours ou on est parvenu» (TLF 11, 190a : maintenant). «Asteure faulait [falloir*]... trois cercles [saRk] par easier». 5 «Auparavant asteure, y avait des grandes families aux Maisons-d'hiver». 6 «Asteure, moi je savais pas que 9a s'avait arrive*». (MH 069203). > ä 39, anis, arbours 2, arrime I, anisde (de vent) 1, assavoir 2, barrer 7, bete 11, blague 1, bosse 1, bouchure 4, boule 2, 9a 8, charcher 1, charogne 1, chasse-galerie, comment 10, conter 1, couper 3, danseur de quatre, icarde 4, ... 4
Ce type lexical, enregistre depuis le moyen fran?ais et largement repandu dans les parlers d'oil (FEW 4, 468a-b HORA), est considere comme populaire, vieilli ou regional (TLF 9, 813b), ou encore vieilli ou rural (Rob 5,183a). II est egalement bien atteste au Canada (ALEC 1726 : ά cette heure ; Massignon 1403 ; Belisle ; Poirier : asteure ; Boudreau et Naud :
ASTIQUER, STIQUER [(a)stike] v. tr. ? • 1. Frapper, donner des coups. V. aussi PONER.
>
[Ä propos de la conduite d'un cheval]. «A d i t : astique ! Fouille* 9a a dit ! Pis la* c'est que j e te pousse et que je te hale* dessus. I astique, i pousse i pousse i pousse !» (AC 018305). pogner 2.
• 2. Au fig.: Faire une reponse cinglante. Ces emplois n'ont pas ete notes au Canada. Le premier est argotique (TLF 3 755b : ) ou populaire en franfais (FEW 17, 243a * STIKKAN ; Rob 1,636a). Le second, qui en est derive, est original. La forme locale stiquer a subi l'apherfese.
ATABLIR [atabliR] v. intr. •
S'etablir. «J'allons atablir ici, lä, moi et toi, i dit, mon eher maitre !» (AC 018001).
Forme specifique du FTN ( 0 FEW 12, 218a sq. STABILIRE), par changement vocalique ä Γ initiale. (V. aussi atal pour etal ou atablir pour etablir).
32
ATAL
ATAL V. ETAL.
ATANDIS (QUE) V. TANDIS (QUE).
ATENDRE V. ENTENDRE.
ATRICITE V. ECTRICITE.
ATTENTION [atösj5] s. f. • 1. Avoir attention pour loc. verb. Faire attention ä. 1
«[As-]tu fait attention ä la butte qu'y a lä ?» (LC 029207).
π S'occuper de, prendre soin de. > έΐένε 1.
La premiere locution est originale (0 FEW 25, 714b ATTENTIO). La seconde est ä comparer afar tension que recueilli ä Chamberet [Limousin] ou prinde atincion , ä Mouscron [Belgique] (FEW, ibid.).
ATTINER [atine] v. tr. • Taquiner. 1
«L'autre il est tout le temps ä l'attiner». (AC 059207). 2 «Maman ! Alle m'attine !» (GT 099201). > geezer (faire -) 1, 2, maganer 2.
At(a)iner v. a. , atteste en fran^ais du 12eau debut du \ T siecle, s'est maintenu dans les parlers dialectaux de l'ouest (de la Haute-Bretagne au Poitou), de Sologne et de Γ est de la France (de la Lorraine ä la Bresse) (FEW 17,291b-292aTAHEINS). Ce verbe est signale 5a et lä dans les parlers du Canada (ALEC 2275 ; Massignon 1777 ; Poirier ; Naud; Snow 1977 : 23, d'apres E. R.) et
«Quand j'ai trape le neuvifeme livre*». ans [...]»
«Quand* qu'il a trape dix-huit • 2. Etre victime de, subir. 3 4 5
«J'ai attrape une tempete en m'en venant». «Attraper les vents d'ouest». (AC 059206). [A propos des lutins]. «I trapont la misere* les chuals* avec 9a». (GT 109206). 6 «C'est lä qu'il a trape sa mort». (LP 008101). > arracher 3, brise 2, dieu 9.
• 3. Attraper une soülasse. V. SOULASSE. • 4. Empl. absol.: Saisir (intellectuellement). > avenir 3.
Les deux premiers sens sont consideres comme familiers en franijais (TLF 3, 883a : et ). Les emplois du FTN sont plus larges. Traper, par apherese, sans correspondent dialectal dans ces emplois (FEW 17, 355a TRAPPA), est peut-etre ici influence par trappe* (Brasseur 1996b : 296), mais il faut noter que cette forme est egalement attestöe dans les Creoles fran9ais (Chaudenson 939 : [trape] ; DCG 316a : trape; Valdman 540 : trape). L'emploi est un caique du verbe anglais to catch.
AUCUN [oce], [otje] I. Pron. indef. • Tout le monde, n'importe qui. 1
«Aucun passe par le chemin».
II. Adj. indef., dans les loc. adv.: • 1. Dans aucun temps Promptement; n'importe quand. 2
[Ä propos d'un chien de chasse], «I nageait deux fois ä la vitesse du jubier* ! 11* l'attrapait dans aucun temps !» (LC 029209).
AUTRE
• 2. D'aucuns temps Quelquefois. > anacher 1.
L'emploi d'aucun
cull 2, peuplage.
• 3. De I 'avant En avant. 2
«Y avait du monde* qu'avait tendu* ?a hein ! f a fait* ieusses* i sont partis de l'avant hein !» (GT 108001).
0 Specialement: Allerde I 'avant Continuer, se poursuivre. 3
[A propos des ecarderies*]. «On avait chaque* son tour. Moi j'arais iu six femmes et lä j'arais et6... J'arais rendu chaque leu* soir6e. Pis g'allait de l'avant quisiment* tout* [tut] l'automne, tout l'hiver comme 9a». (LC 189206).
II. Dans la loc. verb.: • Etre en avant (d'un recit) loc. verb. Avoir oublie de raconter (qch). 4
«Si t'es en avant de ton histoire, bien* 5a veut dire que... tu contais* ton histoire et pis t'as oublii queuque* chose lä». (AC 099207).
III. Conj. • 1. Aviwi(+ind.) Avant que (+subj.). 5
« f a veut dire te faire penser avant tu le fais». (GT 109211).
• 2. A l'avant que A mesure que. 6
[Ä propos de la ricolte du foin], «Y avait un autre dans le pare* pour jeter pus loin, ä l'avant que 9'allait, dans le pare* a foin je veux dire». (AC 059203).
La locution par avant, qui n'est pas enregistree en fran9ais apres le 17e siecle, a surv6cu dans les parlers normands ainsi qu'au Canada (FEW 24, 3a ABANTE ; Clapin ; GPFC). D'avant , n'est pas Signale au Canada, mais a ete note dans plusieurs parlers dialectaux frangais (FEW, ibid., 6b). Aller de l'avant constitue une extension d'emploi de la locution du fran9ais general (TLF 3,1048a ; GLLF 337b). Etre en avant de (un recit) est une extension d'emploi de la locution relevee au Canada pour (Clapin ; Poirier ; Boudreau). Les autres emplois sont particuliers.
AVENIR
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AVANTAGE [aväta3]
AVARTISSEMENT [avaRtismd]
• Prendre avantage de (qn, qch) loc. verb. Profiter de.
s. m. ? • Presage (qui se manifeste le plus souvent sous la forme d'un bruit insolite).
«Mais pour lui, toutes les chances* qu'il a iues ä aller prendre des cours, i n-n'*a pris avantage pace qu'i... voulait s'avancer un petit peu...» (LC 189201). > vieuard.
Cette locution est independante de prendre avantaige atteste en ancien fran^ais (FEW 24,5b ABANTE). II s'agit d'un caique de Γ anglais to take advantage of someone, something, de meme sens, qui n'a pas έίέ relev6 par les lexicographes canadiens, mais se trouve en Acadie : «C'est le maudit gouvernement qui encourage la paresse des jeunes qui sont intelligents assez pour en prendre avantage». (Comeau 1974 : 12, d'apres E. R.) et en Louisiane (Daigle).
AVANT-JOUR [avä 31m] loc. adv. • Avant le lever du soleil. V. aussi SOLEIL. «L'endemain* matin i se levont avant-jour». (AC 019000).
Cette locution, qui n'estpas signalee en France ( 0 FEW 3, 102b sq. DIURNUM), n'a ete relevee au Canada qu'en Acadie particulierement ä Riviere-Bourgeois, dans Γ lie du CapBreton (Boudreau) et aux Iles-de-la-Madeleine (Carbonneau 1974: 19, d'apres E. R.; Naud). Elle se trouve egalement avec le meme sens en Creole hai'tien (Valdman 24 : avanjou hissable 2.
Restriction d'emploi originale ( 0 FEW 24, 189a sq. ADVENIRE) d'un verbe du fran^ais general. Notons que advenir et avenir sont egalement traites en vedette double par les dictionnaires (TLF 1,761b prononc. et orth.). Le verbe avenir est aujourd'hui largement re-
36
AVENIR
pandu dans les parlers dialectaux de l'ouest de la France, de la Normandie ä la Saintonge (FEW 24,189b ADVENIRE), d'oü il est passe au Canada (ALEC 2253), toujours au sens de convenir. II est enregistre comme un regionalisme de Bretagne (TLF 1, 759b).
AVENTER V. EVENTER.
AVENTURE (MAL -) [mal avätyRe] loc. adj. • En mauvaise posture. «Y a du monde* lä, i sont mal aventures, il ont pus rien. S'i ont pas fait rien ä la peche [...]» (LC 189205).
Aventure signifie au Canada , mais aussi (GPFC). La locution, attestee avec un emploi voisin en ancien frangais : malaventure (FEW 24,196b *ADVENTURA), n'a pas ete notee dans les parlers contemporains, ni en France ni au Canada.
• 2. Tourne-avisse s. m. Tourne-vis. > encrot 2.
Forme attestee dans certains parlers dialectaux de France, par fausse coupure de Γ article la (FEW 14,558b VITIS), courante dans les parlers du Canada (ALEC 2293a) et signalee aussi en Louisiane (Daigle). (V. aussi Brasseur 1996b : 300).
AVISSER [avise] v. tr. • Visser. Derive du precedent, egalement signale au Canada (Clapin ; GPFC ; 0 FEW 14, 559a VITIS).
AVOINDRE V. AOINDRE.
AVOIR V. AOIR.
AV'OUS V. AOIR, OUS.
AVIREE [aviRe] s. f. • Sens (quand on tourne). «Tu changeais d'aviree». Derive de virer dans un emploi original ( 0 FEW 14, 386b-387a VIBRARE). Aviree represente probablement une fausse refection de viree, sur le modele de amener pour mener, par exemple.
AVISSE [avis] s. f. • 1. Vis. 1
«L'avisse y a toujours une coche dedans lä. C'est ?a qu'est V encrot* lä !» (AC 059201). 2 «Y a p't-ete ene avisse, lä, qu'est vissöe lä». (GT 109201). 3 « f a fait*, ce morceau lä lä qu'allait lä-dedans, j'avions des avisses, pis je le vissions sus la porte». (LC 029210). > encrot 1.
AVRI [avRi] s. f. ? • Avril (GT 109206). 1 2
«Le vingt d'*avri, la peche du homard ouvrait». «Toujours* une journee*, ce* taitdans* avri [••·]»
Cette prononciation vieillie, dejä denoncee au debut du 18® siecle (Thurot 2, 144), mais encore admise en 1930 (TLF 3, 1144b), est repandue dans la plupart des dialectes fran9ais (FEW 25, 59a APRILIS) et dans les parlers du Canada (ALEC 1697 ; Massignon 1373 ; Belisle).
AYOU, AYU V.OÜ.
Β
BABASSE [babaes] s. f. •
Oiseau limicole non identifle (AC).
BABINE [babin], [babin] s. f. • Levre (non pejoratif). «Elle avait les dents noires, 9a pendait pardessus la babine». (AC 019000). 2 «Faut que t'aies la babine coupde, i dit, pis le morceau parti de* dedans !» (LC 029211). > jaune 1, place 6. 1
Cet emploi du moyen fran9ais (FEW 1, 192a BAB) n'est aujourd'hui atteste que dans certaines locutions (Rob 1,793a). Au Canada, sa distribution est typiquement acadienne (ALEC 2101 ; Massignon 1473 ; Poirier ; Boudreau ; Naud).
BABY [bebi], BIBI [bi:bi] s. m. •
1. B6be. 1
«A dix-huit ans }'ai trouve* mon baby pis je savais pas plus qu'un enfant de sept ans». 2 «Alle Γ a mis dans ses bras pis alle Γ a bercö [bcERse] tout la nuit, comme* 9'arait te un petit bibi». (AC 018003). 3 «II esperiont* chaque* un bibi, 9a fait qu'il ont pas pu venir». (LC 138403). Baby : > allouer 3, burette 2, can 3, malade (etre pour), mousse 2, rebeurcer. Bibi: > etre 19.
• 2. Dernier-ne (d'une famille). 4 5
«Mon baby a dix-huit ans». «Garde* ! J'ai ieune*, la dernifere [daRnjCR] le bibi lä, ielle*, eh bien alle a trouve* son petit gar?on le premier hein, eh bien alle a pas Ιέ malade». (LC 138403). Bibi: > saoir 5.
Baby est directement emprunte ä l'anglais. Bibi n'a ete note que dans le parier acadien de la Baie Ste-Marie (Thibodeau). L'emploi de b i b i est bien atteste dans Γ ensemble des parlers du Canada (ALEC 1799).
BACAILLERE [bakajeR], [baekaejeR], BECAILLERE [bekajeR] s. f. •
Oiseau, huart ä collier, Gavia immer. 1
«I les coursont avec les outboards [angl. ] pace que... la becaillfere va assay er* a prendre son vol, pis c'est pas un jubier* qui peut voler vite». 2 «La bacaillere c'est un gros jubier*, c'est un jubier qui pfese ä peu prfes dans les... douze ä quinze livres*. Mais ceuses*-lä d'eau douce il iront jusqu'ä 20-22». (AC 059000). 3 « f a vit sus* le poisson, surtout les bacailleres d'eau saläe, i sont pires. Pace qu'y en a d'eau douce. Y en a pour l'eau salie, pis d'autres pour l'eau douce, qui se tient dans les lacs. I sont pus grosses, ςa me ressemble* i sont pus grosses ceux*-lä qui... ceux-la d'eau douce». (GT 139202). > cadrosse 2, feu 1.
Ces deux formes ont ete relevees en Acadie. (ALEC 1478 : bacaillere aller 10.
•
Venir back loc. verb. Revenir.
haler back direr au renard (en parlant d'un cheval)> (ALEC 423), revenir back (ALEC 2310) n'ont ete releves par l'ALEC que dans des points acadiens (v. aussi Naud), ils sont repandus egalement ailleurs, notamment en franco-ontarien.
BACKER [beke],
7
«Quand* qu'a va revenir back, i dit, a va savoir quoi faire». 8 «Pis lä* il est revenu back encore*». 9 «Je vas pas etre longtemps, une couple* d'heures et pis je vas revenir back». 10 «Jem'envas ! Mais je reviens pas back avant de [...]» > condition (en - que), encore 4, suet 3.
• S'en revenir backloc. verb. S'en retourner. 11 «Alors i s'en revient back, pis i ieux* dit 9a». > debout 1.
• Se revirer* back loc. verb. Se retourner. 12 [A propos de l'espadon]. «I content* que si tu les peches, et pis i vont se sauver lä, avec le bateau, pis le jour* qu 'i sont fatiques* de faire 5a, i se reviront back. Et pis fais attention ä toi ! I s'en venont lä ! I passont a trovers* de ton bateau». (LC 029211).
• Rendu back loc. adj. De retour. > taguer 1.
Tous ces emplois sont des anglicismes. Back! est usuel dans l'ensemble des parlers du Canada ALEC 466. Et si aller back lä crevenir la> (ALEC 739),
[boke]
v. intr. • Refuser d'avancer ou reculer (en parlant d'un cheval). «Le chual* arrete ! Allez je dis : come on ! [angl. ] Pis quand* que je dis 9a, i backe ! A voulait pas aller*, aprfes». (AC 019000). > starter 3.
Emprunt ä l'anglais to back (ALEC 423).
BÄDRER [ba:dRe], [badRe] v. tr. • Inquieter, troubler, importuner. 1 2
> larguer4, vironner.
• Revenir back loc. verb. Revenir.
rarement
«C'est pas de quoi* qui bädre le monde* beaucoup, pace qu'i tiont habituis». [A propos des revenants]. «S'i sont au ciel, i vont pas venir me bädrer, s'i sont en enfer i vont pas sortir non plus». (AC 058001).
0 Empl. intr. S'inquieter. 3
«Ben i d i t : bädre [ba:doeR] pas !» (MH 019202).
0 Empl. pron. S'inquieter. 4
«Le monde* se bädront pas de 9a». (LC 029207).
Ce verbe est tres repandu dans l'ensemble des parlers du Canada, en emploi transitif: (ALEC 2275), (ALEC 1842 ; Massignon 1780 ; Belisle). L'emploi pronominal «connait un certain recul de nos jours» (DFQpres.: 14b). L'emploi intransitif semble particulier ä Terre-Neuve. L'hypothese d'un emprunt ä l'anglais to bother est parfois combattue, notamment par DFQpres. 17a, qui fonde son argumentation sur une attestation du boulonnais : bädren (Dionne).
BAILLEE [baje:] s. f. • Contenud'une bailie *.
BAILER [bele] v. tr. •
Ecoper. 1 «La pluie... 9a... chavirait*, pis faulait \falloir*] que je bailais le dory*».
2 «II ont baile le bateau sec». (LC 027405). > escoffe 1.
Emprunt ä l'anglais to bail, de meme sens, egalement en usage en Acadie (Maillet 1971 : 63 ; 1976 : 40, d'apres E. R„ s. v. beler).
BAILLE [baj] s.f. • Baquet, cuve. 1
«Des bailies en bois, vous savez pace qu'i y avait pas de bailies en acier comme* qu'i y a
1
«Des fois tu portais de la morue... ta baillee.
Deux de meme* 5a te faisait le quintau*». (AC 059207). «Des fois t'avais quatre baillees ä boetter*». (LC 029203). > ambouri 3, aoine 2, loose 1. 2
Ce derive du precedent ( 0 FEW 1, 205b sq. BAJULA) n'est atteste que dans les parlers acadiens (Poirier, [Iles-de-la-Madeleine] ; Naud ; Boudreau ; Maillet 1971 : 73, d'apres E. R.).
BAISER [beze] v. tr. ?
• Demolir, deteriorer. (L'emploi argotique •ctromper, rouler> est igalement connu en 2 «II ont une bailie pour laver dedans pis il FTN). appelont 9a la bailie ä laver». (AC 059204). 0 Empl. pron. Se tromper (GT 099201). 3 «J'avions une grande bailie que ma mfere laL'emploi pronominal est atteste dans le vocavait des couvartes*, des hordes* et tout* ςa bulaire de la marine : «Je croyais en m'emdedans». (GT 109000). > banique 1, beurrier 1, bidon 2, cruds 2, ponchon, barquant ä bord de la Carmeline faire un quart 1-1. voyage d'agrement de Bordeaux jusqu'ä la 0 Specialement: Bailie (ά trawls*) Baquet Chine, mais je me suis baise ä fond, la barque pour ranger les lignes de peche. n'est qu'une sapine [...]» («La Carmeline», 4 «J'halais* les trawls* devant moi pis lui i les in Chants de marins traditionnels des cdtes mettait dans la bailie». (LC 028401). de France, vol. 1, Scop du Chasse-Maree, 5 «Tu coupais ta bailie au cercle d'en haut*, Douarnenez). Originaire des dialectes de pis tu prenais 5a pour mettre tes trawls* dedans». (LC 029203). l'Ouest, il appartient probablement ici ä l'ar> crocheter 3. got (FEW 1, 269a BASIARE). Ce mot du vocabulaire de la marine (Rob 1, 808b ; GLLF 358a), repandu dans les parlers BAKE [be:k] s. m. de l'ouest de la France (FEW 1, 206a • Fournee (de pain). BAJULA), est dejä considere comme vieux > stew 2. en 1831 (TLF 4, 32b). II est bien atteste au Emprunt du substantif anglais bake (Webster, d'apres ces-Maritimes pour divers contenants de bois OED). (ALEC 225), une auge en bois (Massignon 946), une cuve (Poirier; Boudreau) ou une asteure*».
40
BAKER
BAKER [be:ke] v. tr. • Cuire au four. «[...] pis ce* tait bon, le sang bake dans le four». 2 «Le demier plat ce* tait un jubier*, bake, un jubier* de mer, une bec-scie* que je l'appelons nous autres*». (AC 058004). 3 «Tu fais cuire du sang de mouton, tu mets... du lard* et... parmi* et parmi (a* la, pis des egnons* et ςα*, et pis tu fais baker 9a, dans le four». (GT 109208). > premier 6.
BALLE I [bal] s. f. • Petit paquet de morues. Syn.: BALLOT. [Aprfes avoir mis la morue en fumiers*]. «Je retirons les cailloux de* dessus, pis les planches, pis je Yeparons*, pis aprfes $a je la mettons en balles que j'appelons*, en petits ballots*, la longueur* d'eune morue je dirons». (LC 027405).
Emprunt ä l'anglais to bake, de meme sens, atteste surtout dans les parlers acadiens (ALEC 185x, 208).
L'emploi de balle , particulier au FTN ( 0 FEW 15/1, 40a sq. *BALLA), est une specialisation du fran^ais general (TLF 4, 88b).
BAKING POWDER [bekirj pawdce] s. m.
BALLE II [bal] s f
• Levure chimique. 1 2
«Je prends... comme (a de baking powder». «C'est fa* que c'est de la poudre ä cuire*, le baking powder». (AC 059208). 3 «Nus autres* c'dtait tout le temps du baking powder lä entour* ici, j'ai jamais tendu* le nom de 5a». (GT 109213). > beurdouille 2, doballe 1, 2, poudre anglaise, tassee 2.
Emprunt direct ä l'anglais.
BALANCE [balös] s. m. ou f. • Equilibre. (Confirme par GT 099201). 1 2
«Si tu bois trop, tu vas perdre ton balance, tu tricoles*». «I perd sa balance». (AC 099201).
Cet emploi, qui a ete note en fran9ais moderne (FEW 1, 362b BILANX), est un caique du substantif anglais de meme sens, egalement repandu au Canada (Belisle).
BALIER [balje] v. tr. • Balayer. (Confirme par LC 149802). «On va aller chercher une brousse* pour balier le plancher». (AC 099202). > autre 14.
Cette forme etait encore courante au 18e siecle en frangais. Elle reste attestee dans les parlers dialectaux de l'Ouest (FEW 1, 232-233 *BANATLO), au Canada (ALEC 281 ; Massignon 1224), ä SPM (Brasseur-Chauveau), en Louisiane (Daigle), ainsi que dans les Creoles
• Testicule. Syn.: PELOTE. «II avait le cancer aux... aux balles». (LC 008201).
Cet emprunt semantique ä l'anglais balls est particulierement atteste dans quelques parlers acadiens (ALEC 2135 ; H. Carbonneau, glossaire manuscrit du parier des Iles-de-la-Madeleine, Centre d'etudes acadiennes, Universite de Moncton). Le fran9ais ne connait que ballots (FEW 15/1,40b *BALLA).
BALLOT [balo] s. m. • Petit paquet de morues. Syn. : BALLE I. «Premier* que tu la mets dehors* [dshoR], le soir tu la rentres pas, pace qu'alle est trop trempe* : tu la mets par ballots, et le lendemain s'i fait ene belle joumie, ben tu Vepares*. Pis quand* qu 'a vient* sec* dehors, l'eau est toute partie de* dedans, tu la rentres dans le magasin* ä* tous les soirs». (LC 029202). > balle I, fagot 1, morue 5.
Emploi specifique ( 0 FEW 15/1, 40a sq. *BALLA) d'un mot du frangais general (TLF 4,95b).
BANDONNER [bädone] v. tr. •
Abandonner. «J'avais bandonne pour* sept ou huit ans». (ΜΗ 019202).
L'apherese qui caracterise cette forme locale ( 0 FEW 15/1, 47a sq. *BAN) est egalement
BARBE
attestee en Creole hai'tien (Valdman 62 : bandonnen).
BANQUIER [bäkje] s. m. • Pecheur sur les bancs de Terre-Neuve. 1
2
[A propos des turbots]. «Les banquiers lä, de la cöte du su* lä par lä-bas i m'ont dit que... tu les prenais pas... en dedans* de soixante brasses* d'eau». «£a c'est les Frangais et... tous les autres qui venaient ici. I laissaient* la France pis i revenaient sus les grands bancs de Terre*-Neuve pecher, lä. £ a c'est des banquiers. Aussi bien comme* le monde* du su* de Terre-Neuve lä et de l'esf* [es], il alliont sus les grands bancs pecher. (Ja ce* tait tout des banquiers». (AC 059208).
Dans l'usage norme contemporain, il s'agit du
[A propos du homard]. «Quand* qu'i\ a les rogues* en dedans, le dessous de la queue, 9a c'est rouge 9a, et toutes les petites barbes 9a c'est tout* [tut] propre 9a. Et quand qu 'i commence ä perdre [paRd] ses rogues, ces petites machines-lä venont plein de gouemon*». (LC 029208). morue 6.
• 2. Antenne de crustace. V. aussi CORNE. • 3. Filament (de m6duse). > jelly 1.
• 4. Poil de la moustache (d'un animal). 0 Specialement: Barbes de chat Rayons du soleil qui percent ä travers les nuages. Syn. : BRANCHES. 2
«Mais si tu vois des barbes de chat au soleil, be* 9a c'est le soleil qui hale* I'eau, be 9a c'est signe de pluie. Tu vas p't-ete pas 1-1'aoir avant demain, mais tu vas 1-1 'aoir avant longtemps, pace qu'i hale I'eau en haut*». (AC 099202).
Barbes de chat est atteste en Haute-Bretagne pour un cirrus (FEW 1, 246b BARB A). En Creole reunionnais, il designe les aller 21.
Emprunt direct ä I'anglais.
BARGE [ b a R 3 ] s. f. • Meule de foin (entasse autour d'un pieu flehe en terre). 1
«Je faisons le foin quoi, pis je le mettons dans fene barge». (GT 109213). 2 « f a coule* pas une barge, le foin i reste sec dedans». (LC 149803). > muleron 1.
Ce type lexical est attest6 dans l'Ouest et le Centre, de la Normandie ä la Saintonge (FEW 1, 253a-b *BARGA), oü il est considere comme un regionalisme (TLF 4, 188a : ). Les dictionnaires precisent parfois qu'il s'agit d'une meule rectangulaire (Rob 1, 857a ; GLLF 378b). Au Canada, le mot est de repartition typiquement acadienne (ALEC 814b : gros meulon de foin ; 835 : meule de foin (pres de l'etable); Massignon 712 ; Poirier ; Boudreau ; Naud).
«Des barils de deux cent cinquante livres* lä tu sais, des barils ä viande lä !»(AC 059205). «Un baril e'est 9a que la farine tait dedans auparavant. Autrement de la melasse*, ou du Sucre, de quoi* de meme. C'est tout de diffarents [difaRÖ] grosseurs. Le baril de farine arait tenu [tiendre*] cent quatre-vingtseize livres*, le baril de melasse arait tenu des fois vingt-cinq ou trente gallons*, ä sept et* huit livres... par gallon, f a r ait fait un bon poids. Le baril de sei y a des fois arait tenu trois cents livres [...] Le baril de viande tenait deux cents livres aussi, vois-tu. Tout* [tut] tait paque* dedans, i faisiont 9a. Ce* tait tout [tut] des barils». (AC 059208).
3
«Les barils, pour la melasse*, c'est lä-dedans que la melasse venait. Y en avait qui aviont jusqu'ä quateur*-vingt-dix gallons*, des barriques*». (LC 029203). > beluet 3, beurrier 2, foissifere 2, garder 1-5, honze 1, ramasser 2, sauver 3, siau 4, vie 7.
En fran9ais, le mot designe un «petit tonneau de contenance variable selon sa destination, utilise pour le transport et la conservation de liquides, d'aliments ou de matieres seches» (TLF 4, 190b) ou simplement un (Rob 1, 857a ; GLLF 378c ; FEW 1, 331a BERA). La contenance du baril canadien est de 31 gallons (141 litres) (Belisle). Ce füt a divers usages particuliers au Canada (ALEC 225, 533, 553, 575, etc.).
BARRASSE, ABARRASSE [(a)baRase] adj. •
Embarrass6. «Je suis abarrassέe si j'ai trop* [tRop] de choses ä faire». (GT 099201).
Formes locales ( 0 FEW 1, 260a *BARRA). On peut considerer barrasse comme l'apherese d'embarrasse et abarrasse comme une fausse refection, selon un processus commun en FTN. Mais abarrasse pourrait tout aussi bien avoir subi une denasalisation, comme dans acornet [de encornet] et etre ä l'origine de barrasse, egalement par apherese (Brasseur 1996b: 299).
BARRIQUE
BARRASSER [baRase] v. tr. • Debarrasser. «A barrasse tout 9a, comme i faut, pis a nettoie [netwaj] tout* [tut] lä». (GT 017701). Forme locale, ay ant subi l'apherese (Brasseur 1996b : 299), qui n'est attest6e ni dans les parlers dialectaux de France ( 0 FEW 1,260ab *BARRA) ni au Canada.
• 2. Enfermer(qn). 4 5 6
• Dont le pelage est raye (en parlant d'une vache). >
fleuri.
Cet emploi est atteste dans les parlers dialectaux de France, notamment de l'Ouest (FEW 1,259a *BARRA). Au Canada, c'est un synonyme de raye (Belisle), considere aujourd'hui comme vieilli (DFP). Le meme emploi qu'ä Terre-Neuve a ete releve dans les parlers d'Acadie (Massignon 849 ; Poirier). Barre s'emploie aussi en parlant de fruits (ALEC 885d, 932), d'insectes (ALEC 641, 1567, 1577), ou encore d'une couleuvre (ALEC 1550). II est signale aussi en Louisiane (Ditchy : ; Daigle : ).
7
BARRER [baRe] v. tr. • 1. Ferner (une porte) ä clef, au verrou, etc. 1 2 3
«Alle a dit de pas barrer la porte». «La porte tait barree, y avait personne lä». «Je prends pas de chance* asteure*. J'ai fene grosse chaine, lä, pis je barre ma porte en dedans». (MH 069205).
[Dans la maison]. «Auparavant asteure* ben... 9a ce* tait barri en travers lä ben 9a ce tait le dining-room [angl. ] yu*-ce que je dinions* et de quoi* de meme». (AC 059206).
En fran9ais le mot signifie particuliferement (TLF 4,208a). II est parfois considere comme vieux ou dialectal (GLLF 381b). II s'emploie aussi au sens de ou dans divers parlers de France (FEW 1, 257a-b *BARRA) et au Canada (ALEC 49, 56 ; Massignon 1131; Poirier ; Thibodeau ; Naud ; Bdlisle ; DFP) comme en Louisiane (Ditchy) et ä SPM (Brasseur-Chauveau). L'emploi se trouve egalement au Canada (Belisle). Quant ä et , ils sont respectivement signales en cr6ole hai'tien (Valdman 53 : bare) et en Creole reunionnais (Chaudenson 698 : [bare]).
BARRIQUE [ b a R i k ] s.f. • Füt d'une contenance de 45 ä 90 gallons. 1
BARREAU [baRo] s. m. • Rayon de roue de charrette ? Cet emploi, qui n'est pas signale en France (0 FEW 1,256a *BARRA), semble marginal au Canada puisqu'il n'a 6te releve qu'en Gaspesie et en Ontario (ALEC 1130 : rayons de roue).
«Je barrions un morceau*, une telle grandeur*, pis j e mettions le cochon lä-dedans». (AC 018304).
• 4. Cloisonner (une maison).
[bciR da tRaveR] s. f.
BARRE [bdRe] adj.
«J'ai te barree pour* une semaine». «Pis pauvre Jack tait quitte* barre lä».
• 3. Enclore, clöturer (un espace).
BARRE DE TRAVERS • Jas, barre transversale d'une ancre (AC). Compos6 original (0 FEW 1,255b *BARRA ; 0 ALVMA 97).
43
2 >
Mais la barrique ä mesurer, comme la barrique ä sei, 9a c'est tout le temps la meme grosseur. Mais i usiont* [yzjo] pus la barrique, i usiont la bailie* : trois de meme* faisait la barrique». (AC 059208). «[...] dans des grosses barriques de quateur*vingt-dix gallons*». (LC 029207).
baril 3, berouette, loose 1.
En fran9ais, la barrique a une capacite variant selon les dictionnaires «entre 136 et 400 litres» (TLF 4, 214a), «d'environ 200 litres» (Rob 1, 865b), de 200 ä 250 litres (GLLF 382b). (V. aussi FEW 1, 331b BERA). Au Canada, le mot denomme un «contenant de bois» (ALEC 225). Sa capacite pour la biere est de 54 gallons, pour le vin de 63 gallons [286 litres] (Belisle).
44
BAS I
BAS I [ba] adv. I. Dans la loc. verb. • Etre bas ä la mer Etre ä la mer, ä l'eau. > varge 1.
II. En bas loc. adv. : • 1. A terre, par terre. 1 2
«Jeprends la cigarette, je la jette en bas [...]» [A propos du fil d'alimentation du magnetophone]. «Tant qu'i se brouillont* pas dedans pour se jeter en bas !» (LC 029202). > allee 1, battre 2, bouffie 3, calotte 6, larguer 1, ramaser 2, scier, tiendre 7.
0 Specialement: La figure en bas Face contre terre. 3 «I se couche la figure en bas». > oir 1-4.
• 2. Au fond (de la mer, surtout). 4
«Quand tu mets la faux* en bas, ben i venont sus la faux». > jouel 2, souquer 3.
• 3. Designe un lieu que Γ on se represente mentalement ou symboliquement comme moins elev6 ou plus proche. Ant.: EN HAUT. V. HAUT. 5
«La Pointe ä Luc, oui, ou le Digra. C'est en bas au Digra. Et par lä c'est en haut* au bout* [but] di* Cap». (LC 189203). [En fait le chemin ne monte pas pour aller «au bout du Cap»]. > bloc 2, blonde 1, boutique 1, crocheter 1, depassi, ipais, main 4, plat I-1, ramasser 17, runner 1-2, scallop 3, tant pus.
0 Specialement dans des caiques de Γ anglais : • En bas lä (angl. down there) La. 6 «[...] la dernifere maison en bas lä». (ΜΗ 069203). > feu 3, frigouiller 2, haut 8, morceau 3, prendre 1-18.
• En bas ici (angl. down here) Ici. 7
«Y en a p't-ete en arriere* aussi dans le bois*, mais... en bas ici lä y en a pas beaucoup». (GT 109205). > brochet 2, chaouin 4, de 18, habiter (s'-), poire 2, usque.
• 4. En dessous. > glace, pelleyer 2.
• 5. Right en bas. V. RIGHT. • 6. Empl. adj. Baisse. > oir 1-5, usse.
• 8. Dans des loc. verb, calquees le plus souvent sur l'anglais : > gournable 2.
• Aller en bas [angl. to go down] Descendre. > battre 2, dögout, derubler 3, gueule 3, queue 6.
• Caler en bas. V. CALER. • Couper en bas [angl. to cut down] Abattre. > dibrancher 1, etage 1.
• Haler en bas (qch) Descendre (qch). > debrancher 2, ecarre 2.
• Marquer en bas [angl. to write down] Ecrire, mettre par ecrit. 8 9
«I l'avait marque en bas». «Ah moi j'arais du marquer 9a en bas, ces mots-lä, pace* 9a c'est tout* [tut] nouveau a* moi !» (AC 099206).
• Taper en bas [angl. to strike down, to knock down] Renverser (d'un coup de poing, etc.) > poner 1.
• Mettre*, (ou foutre) en bas [met α ba] : - Ecrire [angl. to put down], 10 «Vous devrez le mettre en bas». 11 «Comment* que vous mettez votre nom en bas ?»
- Abaisser, dire du mal de. 12 «Je veux pas mettre votre fran^ais en bas !» 13 «Mettre une personne en bas». (GT 109206). 14 « f a ressemble* que les Francois* sont tout le temps mis en bas». (LC 189201).
- Jeter. 15 [A propos de cigarettes]. «Le bout de 9a de* long lä je le mettais en bas». > marque 4.
III. Loc. prep.: • En bas Sous. > misere 6.
• En bas de En dessous de. 16 «Iene* des sceurs de ma mere alle* restait ä L'Anse-ä-Canards justement* en bas d'Emile». (LC 149805). > ambouri 2, viron.
La seule locution d'emploi similaire dans ALEC 1270b : jete en bas et ALEC 2310 : jeter en bas ; a ete relevee dans des points acadiens. L'emploi d'en bas est souvent caique sur l'anglais, comme il apparait nettement dans les locutions verbales. Celui qui a ete note en II-3 parait populaire en fran§ais. (V. aussi par ex. monter ou descendre dans telle ville, dont le
BÄTISSE
sens semble varier selon les locuteurs). La loc. prep. en bas est attestee en Lousisiane (Ditchy) et dans les Creoles frangais des Antilles (DCG 48b : anba ; Valdman 29 : an ba) ainsi qu'en fran9ais reunionnais (Carayol 1985 :268). En bas de est usite au Canada, notamment en Acadie : «[...] ä cause de la temp6rature [...] qui descend en bas de zero» (Snow 1977 : 18, d'apres Ε. R.).
BAS II [ba] s. m. • Chaussette d'homme ou bas de femme. 1
«Les bas c'est pus haut. C'est pus... £ a va ici, gardez*. C'est ςα* lä. Mais des chaussons* 9a va lä et des chaussettes* 9a va de* delä, lä». (GT 109211). 2 «Le gars* qui voulait des bas lä, il a vu les miens, pis i nen* veut fene paire». (LC 149807). > aller 12, brocher 2, chaussette 1, 2, chausson 2, hardes 6.
Cette piece d'habillement varie avec les epoques et la definition des dictionnaires contemporains reste vague : (TLF 4,224a; FEW 1, 275b BASSUS). Cette definition recouvre egalement l'emploi dans certaines locutions comme bas de sport (Rob 1, 870a). Au Canada, le mot denomme ordinairement des chaussettes de laine (ALEC 1986h), plus rarement des chaussons de bebe (ALEC 1984). En Acadie, il designe des bas de femme (Massignon 1636). Poirier glose et . Mais on peut hesiter sur le sens qu'il donne ä ces mots.
BASSE [bas] s. f. • Plateau rocheux qui affleure ä maree basse (AC). En frangais une basse est un (souvent pejoratif) (TLF 4, 280a) ou de (Rob 1, 890a) ou encore de construction d'une certaine importance d'un caractöre particulier (parfois pejoratif)> (GLLF 393a). Au Canada, il a le sens general de (Belisle ; ALEC 352b), comme dans quelques parlers dialectaux de France (FEW 15/1, 77b *BASTJAN).
Ce type lexical designait le briquet ou pic de bois 3.
L'emploi du verbe bavoler , enregistre depuis le moyen frangais, est atteste dans les parlers dialectaux fran^ais de l'Ouest, de la Haute-Normandie ä l'Anjou, ainsi que dans le Centre (FEW 14, 605a VOLARE). Le derive bavoleux est specifique du parier de Terre-Neuve. Les formes bovoleux et bovoleur sont probablement dues ä l'attraction paronymique, par etymologie populaire : . B E ! [ b e ] inteij. • Eh bien ! > angoise 2, arrisee (de vent) 1, avartissement 1, barbe 2, bois 18, boite 6, bosse 1, couper 3, dehors 5, dessous 5, face 2, finer, gros 3, main 2, mais que 1, margau 3, pile 2, pogner 3, prendre 1-13, sourdre, ...
BEAU (AVOIR - A) + inf. [bo] loc. verb. • Avoir beau, s'efforcer en vain de. «Is* aviont beau a dire le booboo* s'en venait, i mindiont* pas !» (AC 068101).
6
«Y a έηε femme lä, pas beaucoup loin d'ici, qui nen* fait». (LC 189205). > dur 3.
• 2. Beaucoup des Beaucoup de. 7
«Υ a pas beaucoup des annees de 9a».
L'emploi avec un adjectif est issu de la langue classique (GLLF 403b ; FEW 2,868b COLAPHUS) et reste vivant regionalement (Rob 1, 912a), notamment en Acadie (ALEC 2184 : beaucoup malade dans l'ile du Cap-Breton ; Comeau 1974 : 8, d'apres E. R. : «J' peux point chanter beaucoup bien devant le monde») et en Louisiane (Daigle : beaucoup interesse connaitre 7.
• 2. Visiere (d'une casquette). 2
«C'est une calotte* qui va sus ta tete avec un bee dessus». (LC 029208). > calotte 3, 8.
• 3. Soc de la charrue.
Cette construction a ete relevee au Canada (GPFC ; 0 FEW 1, 319a sq. BELLUS). Le frangais de reference ne connait que avoir beau + inf.
>
BEAUCOUP [boku], [boku] adv.
• 4. Languette d'une planche ä encastrer. V. aussi LANGUE.
• 1. Tres. 0 (Suivi d'un adjectif ou d'une loc. adj.). 1 2
«Je tais beaucoup en amour* avec lui». «Avec*... pas d' accent grave sus Dubi, la prononciation sera pas beaucoup... bonne». (GT 109000). 3 «La beach [angl. ], lä, ςα vient* beaucoup chaud quand* que le soleil se montre». (MH 069202). 4 [A propos des cormes *]. «C' est pas beaucoup bon pour la confiture. Non ! Pas 5a !» (LC 029205). > alouette 1-3, corde 1, coudre 2, hissable 2, honteux 2, poule 3, pourcil 1, quoi 2.
0 (Suivi d'un adverbe). 5
«Y a pas beaucoup longtemps qu'y a des winches [angl. ]».
3
«Le bee de la charrue, hein, c'est ς a* ce qui passe sous la terre, c'est ςα ce qui gouvarne* la charrue dans la terre». (LC 029201). patin.
4
«Y a de la planche qui se met* ensemble lä, un bord* t'as ene groove [angl. ], pis l'autre t'as un bee qui se fait iun* dans l'autre». (LC 149802).
L'emploi est bien atteste dans les parlers de Belgique, de Suisse et de France (FEW 1, 305a BECCUS). II est d'ailleurs considere comme un regionalisme de Suisse, familier et enfantin (Rob 1, 915b). II est usuel dans Test du Canada (ALEC 1830 ; Massignon 1485 ; Belisle ; DFP). Bee designe aussi en fran9ais diverses choses presentant une analogie avec le bee d'un oiseau (TLF 4, 336b sq.) ou l'extremite en forme de pointe, de bee, de certains objets (GLLF 405a) mais l'emploi
[soemtjeR],
«Oh ! Y a un cemetiere sus l'lle-Rouge ! Oh oui!» (AC 059206). «II a pas voulu faire* la petite terrer* dans le cemetifere-ici*, il* l'a fait terrer en haut dans la montagne*». (GT 109000). «Y avait un homme, il avait deux gros bceufs, pis i halait* avec. Qa fait* quand* que ς'a venu* ä midi, il arrete pour donner ä manger ä ses deux boeufs pis ä lui-meme. f a fait que, y en a iun* qui demande ä l'autre, i dit : -quoi*-ce tu vas faire demain, toi ? i dit. Ben i dit: -je pense je m'en vas [aller*] haler, i dit, comme d'habitude [dabytyd]. Qa fait que l'autre yi* demande i d i t : -quoi-ce tu comptes* de faire, toi ? -Bien*, moi i dit, je m'en vas haler mon boss* au cemetiere ! Et le lendemain, comme* de fait, i hale son maitre au cemetiere !» (LC 029217).
allouer 3, de 2, grand-grand-pfere 4.
La forme cemetiere est attestee en franjais jusqu'en 1671, mais subsiste dans les dialectes, particulierement dans le Centre (FEW 2, 835a CfEMETERIUM). «Les Angevins et les Manceaux disent cemetiere, ecrivait Menage, il faut dire cimetiere. c'est ainsi qu'on parle ä Paris». Sometiere est egalement une forme dialectale signalee notamment dans le HautMaine et le Berry (FEW ibid.). Cemetiere est bien atteste au Canada (GPFC ; Poirier). Les prononciations recueillies ä Terre-Neuve sont typiques des parlers acadiens oü on les rencontre 9a et lä (ALEC 1901 ; Massignon 1939 ; Boudreau : som-tchere et seum-tchere, s. v. cemetiere).
(LC 149806).
Derive original, par changement de suffixe, sur le modele de cendrillon dont l'emploi est donne comme familier au 19e siecle et atteste particulierement en Bretagne romane (FEW 2, 685b CINIS). Cette forme en -oux est repandue dans les parlers acadiens du NouveauBrunswick et de Nouvelle-Ecosse (ALEC 1912 : cendrillouse ; Massignon 1623 : cendrilloux ; Carbonneau 1974 : 199, d'apres E. R. : Cendrillouse ). L'emploi terre-neuvien est original, directement lie au personnage des contes locaux : Cendrilloux (Thomas 1983 : 328 sq.).
CENT [sä] s. m. • 1. Centaine de (suivi d'une indication de poids, de distance). 1
2 3
[A propos d'un phoque femelle]. «Oh Gee* ! A tait grosse ! Y avait un cent livres* de viande !» «I pouvait marcher des cents et des cents milles». «J'avions trois piasses* le cent livres* la morue dans ces temps-lä». (ΜΗ 069201).
• 2. Sur le modele anglais, le mot cent est sous-entendu dans Γ expression de la date. >
dans 9.
L'emploi d'un cent pour est particulier, le fran^ais norme n'admettant que un cent de (TLF 5, 383b ; FEW 2, 589a-b CENTUS).
CERISE [SRI:S] s . f . • Fuit du cerisier de Virginie, virginiana.
Prunus
«Y en a qui poussent un petit peu, des cerises dans le bois, mais pas beaucoup ici. En anglais c'est des cherries [tfeKi]». (LC 149806).
V. le suivant.
CEUSES-LÄ
CERISIER [sRizje] s. m.
2
• Cerisier de Virginie, Prunus virginiana. «C'est le cerisier 5a, 9a pousse dans les plaines* 9a». (LC 029209).
L'emploi pour cet arbre americain et son fruit n'est pas Signale en fransais (FEW 2, 598a sq. CESRASCUM). ALEC 926, 927 donne et sans precision.
CESAIN [saze], CESAIN [seze] s. m. • Empeigne. (Emploi confirme par ΜΗ 069204). 1
2
[A propos des souliers* de peau]. «Je taillions le bout* [but], bien rond, pis je taillions le cesain qui allait dedans, pareil». (LC 027401). «Je les coupions pis je les taillions pour qu'i faisiont* sus le cesain du Soulier. Faulait [falloir*] que tu tailles le cesain pis tailler la hausse* [ROS] pour qu'a fasse dessus». (LC 027401).
Ce type lexical est bien atteste au Canada, specialement en Acadie (ALEC 1954x ; Dulong 1989 ; Massignon 1658 ; Poirier ; Boudreau ; Thibodeau, s. v. sezonne ; Naud). Cette forme n'est pas d'origine amerindienne, comme le propose Massignon ; eile est ä rapprocher de suzain adj. , atteste en anglo-normand (FEW 12, 463b SURSUM), enregistre egalement comme adjectif en Illeet-Vilaine (Haute-Bretagne): [ g f o n j e syze] (ALBRAM 584, pt 42) et comme substantif masculin en frangais aux 17cet 18e siecles pour la
«Cette-lä du Crossing [...]» «La laine qu ifaisont [faire*] asteure* 9a dure pas beaucoup, je trouve pas, 9a dure pas si bien que cette-lä qu'on faisait soi-meme». (LC 189206).
bord 3, couper 2, neuf 2, passager.
Survivance du moyen franfais, consideree comme un regionalisme de l'Ouest (Rezeau 1984 : 92b), egalement attestee dans les parlers dialectaux de France, specialement en Normandie (FEW 4, 820b-821a ISTE) et en Nantais (Brasseur: 1993 :95a, s. v. ςti-lä) ainsi qu'au Canada (GPFC ; Naud).
CEUSES-LA [s0z la], CESES-LÄ [sez la] I. Pron. dem. pi. aux deux genres. • Ceux-la, celles-la. Ceuses-lä : > bete 9, beurgot 3, 5, brulot, cage 2, devenir 1, epeurer 2, geezer (faire -) 2, Indes 1, le 1, marache 3, nen 2, nouvelle 1, oir 1-5, pecheur 1, 3, poire 1, queue 2. Ceses-Ιά : > maniere 2.
II. Pron. determinatif pi. aux deux genres. • Ceux, celles. 1
[Ä propos de la coutume de la Chandeleur]. «Tous ceuses-lä qu'il aviont une croix ben il amarriont* un ruban sus la perche [paRj]». (MH 019202). 2 «Tu prends les maisons de ce temps-lä, i sont pas faits comme ceuses-lä d'asteure*». (LC 028301). 3 [A propos des fraises]. «Asteure* ceuses-lä qu'i poussont* dans les jardins, i sont pas si... i sont pas si bonnes». (LC 189204). Ceuses-la : > bacaill£re 2, bec-scie 2, grappes 2, mourir 2, mouvee 2, sarvir 2, un 2. Ceses-lä : > grappes 2.
Attestee sous des formes voisines, avec [z] final, en fran9ais populaire et dans les parlers dialectaux, notamment de Picardie, Normandie et Bretagne romane (FEW 4,552b ILLE), ceuses-Ιά a ete aussi note dans les parlers du Canada (Clapin : ceuz-lä ; Thibodeau : ceuses-Ιά . Poirier ceuses ; Brun 1974 : 27 ; Boudreau
100
CEUSES-LA
1979 : 19 ; Maillet 1977b : 230 et 1979 : 45, d'apres E. R.).
CEUSSES [s0s] pron. determinatif m. et f. pi. • Ceux, Celles. > allieurs, queque 7, scallop 2.
0 Les ceusses qui Ceux, celles qui. > calima5on 2.
Au Canada, cette forme est Celle du pronom masculin (GPFC).
CEUX-LÄ
[S0
la] pron. determinatif
m. pi. • Ceux. «Ceux-lä qu'aviont des animaux ä vendre, i prendiont [prendre*] leus* animaux ä Vamarre* pis i s'en alliont ä pied jusqu'au Crossing». > bacaillere 3, danseur de quatre.
signalee dans les parlers dialectaux de France ( 0 FEW 2, 500a CATENA). • 2. Banc de roches, en mer. 2
«Tu peux voir le fond, les chaines tout* en grand [tu ä gRÖ], tout ce qu'y a sus le fond». (AC 128202). 3 «Ici c'est pas pareil [qu'ä La Grand-Terre], ici c'est diffirent [difaRQj. Quand t'es en dedans* de la chaine, t'es sauve. Ouais. Le houle* est pas si lourd». (MH 069201). 4 [Ä propos des piteaux*}. «Y a les chaines le long de la cöte lä, tu peux les ramasser lä, aussi». (GT 109205). > bigorneau 4, calimafon 2, creux 10, laiche 5, montagne 3.
Cet emploi, qui a ete note une fois au Quebec pour un (ALEC lOOOx) et aux Iles-de-la-Madeleine avec un emploi proche de celui du FTN (Naud), ne semble pas connu des parlers dialectaux de France ( 0 FEW 2, 498a sq. CATENA).
CHACOTER [Jakote] ν tr
CHAIR [JeR] S. f.
• Tailler au couteau, ä la plane.
•
1
«Chacoter c'est faire des ripes*, pour allumer le poele : i chacote les eclats». (GT 099202). 2 «Pis apres 9a tu prends un couteau* a deux manches [...] pis tu le chacotes, ä la grosseur que tu le veux». (LC 029209). > couteau 5, plange 4.
A l'exception de quelques releves dans le departement de la Marne, ce type lexical n'est atteste en France que dans l'Ouest, en Touraine, Poitou et Saintonge (FEW 13/2, 356b TS AK-; ALO 224). II a aussi ete releve ä SPM (Brasseur-Chauveau). Au Canada, sa repartition est typiquement acadienne dans cet emploi (ALEC 2051 ; Massignon 335 ; Poirier ; Thibodeau; Naud), ce que confirme son attestation en Louisiane (Ditchy ; Daigle).
Viande. [A propos des goelands]. « f a va pas dans la chair fa, 9a va pas dans la viande, je crois pas». (GT 109211).
Ce type lexical est atteste depuis l'ancien frangais. II garde, dans les parlers dialectaux de France (FEW 2, 383b CARO) et en Creole antillais (Valdman 108 : che ; DCG 92a : che) comme ici, un emploi plus etendu qu'en fran5ais. Les parlers du Canada, suivent, semblet-il, l'usage du frangais norme.
CHAISE [Jeζ] s. f. • Chaise ä barcer [J"ez a baRse], Chaise a beurcer [Jeζ a bceRse] Berceuse, chaise ä bascule. 1 2
CHAINE [Jen] ou [Je:n] s. f. • 1. Mesure de longueur de 66 pieds, soit 20,12m (1/80® du mille anglais). 1
«Un arpent c'est dix chaines sus iene*, dix chaines de long pis une chaine de large». (LC 029202).
Cette mesure de 66 pieds est attestee au Canada (ALEC 1088x ; Belisle). Elle n'est pas
«Je prends ma chaise a barcer et ma brochure* [...]» «Mais nous autres*, les Franqais* par ici, je m'en souviens pas d'avoir entendu parsonne appeler 9a έηε chaise beurceuse, c'est tout* [tut] ene chaise a beurcer !» (LC 189801).
Ce compose, qui n'est pas enregistre en France ( 0 FEW 1, 336b sq. *BERTIARE et 2, 506a sq. CATHEDRA), n'a ete note ailleurs que dans le parier acadien de l'lle-du-PrinceEdouard (ALEC 122 ; 0 Massignon 1165).
CHANCE
CHALE V. ACHALE.
CHALER V. ACHALER.
CHALOUPE [Jalup] s f. • Chaloupe, sorte de grande embarcation en usage ä l'epoque de la grande peche morutiere. «Y a des chaloupes oussi*. Des chaloupes, tu
101
Bouctouche, NB, 1978, d'apres E. R.), particulierement dans ceux de Nouvelle-Ecosse : Cheticamp (ALEC 67x), Riviere-Bourgeois (Boudreau), Baie-Ste-Marie (Thibodeau) ou il est probablement un caique de 1'anglais bedroom. Chambre de bains, egalement connu comme un regionalisme de Suisse (Rob 2, 472a) nous parait tres repandu au Canada, oü, par euphemisme, il correspond au frangais W.-C. II a ete enregistre gä et lä, concurremment avec chambre de toilette (ALEC 66a ; Belisle).
peux mettre six dedans, six personnes [paRSDn]». (GT 109206).
S'agit-il de Γ embarcation que le Dictionnaire de l'Academie enregistre au 18e siecle : chaloupe de pecheur (FEW 17, 84a *SKALA) ou du regionalisme du Canada : chaloupe (Rob 2, 469b) ? ALEC 1377 note egalement ce mot pourune (sans que l'emploi soit precise d'avantage). V. aussi les commentaires de Massignon 554 et Geistdoerfer 1987 : 101.
CHAMAIL [Jamaj], [Jamaj] s. m. • Dispute, chamaille.
>
«ζα* se cordait* pas ! Anyway !* Ce* tait la bataille, ä* tout* les jours ce tait du chamail !» (GT 017701). desputerie.
Ce substantif est feminin en frangais (FEW 6/ 1,118b MALLEUS) comme, semble-t-il, dans les parlers acadiens (Poirier ; Naud).
CHAMBRE [Jab] s. f. • Chambre ä lit [Jab a Ii] Chambre ä coucher. 1
•
«Tout le temps dans έηε chambre ä lit». (AC 078201).
Chambre de bains Salle de bains. 2
«Vous allez dans la chambre de bains, moi je m'en vas [aller*] dans le salon pis je me cache». (AC 059209).
L'emploi , issu de la langue classique (GLLF 660a), est vieux en frangais (TLF 5, 477b). Chambre ä lit n'a ete recueilli que dans des parlers acadiens (Brun 1974 : 91 ;
CHAMP (EN -) [α Ja] ioc. adv. •
Aupre. «Ce printemps ben lä i n-n'*avont trois [tRWQ] en champ, avec les veaux». (LC 189202).
Cette locution n'a ete relevee ailleurs qu'en Nantais (Brasseur 1993 :74a ; 0 FEW 2,156a sq. CAMPUS).
CHAMPEAU V. ECHAMPEAU.
CHAMPIGNON DE MER [J"häpinj5 d meR] s. m. • Anemone de mer. Ce compose est donne dans 1 'Encyclopedie et jusqu'ä la fin du 19e siecle comme le ou sous la forme champignon marin (FEW 2, 153b CAMPANIA). II n'est pas signale au Canada.
CHAMPON V. ECHAMPEAU.
CHANCE [Jas], [/has] s. f. 1. Occasion.
•
1
>
«Faudrait que j ' arais la chance de penser pour un bout* [but] premier*». (AC 158001). 2 «J'aimerais avoir έηε chance [d'aller en France]». (MH 019201). avantage, gueule 6, pigouiller 2, truck 2.
0 Donner une chance loc. verb. Donner une occasion, une possibilite.
102
3
CHANCE
«£a donnerait une chance ä ta mere ä se reposer».
• 2. Prendre une chance loc. verb. Prendre un risque, risquer. «Y en a iun* qui d i t : moi je vas prendre une chance, je m'en vas [aller*] rester, ä Terre*Neuve [taR n0v]». 5 «Y en a qui prenont des chances hein ! C'est pareil comme* des moose [angl. ], c'est pas alloue* mais...» 6 «Quiqu'un* q u ' a pas peur de prendre de chance...» (LC 149810). barrer 3.
4
>
• 3. C'est ene triste chance loc. phrast. C'est mauvais signe. >
smart 8.
Une chance peut signifier en franjais (Rob 2, 479a). Mais les deux premiers emplois paraissent caiques sur l'anglais chance ou . Prendre une chance est d'ailleurs stigmatise par Belisle, quoique cette locution soit attestee en creole hai'tien (Valdman 106 : pran chans, s. v. chans), ce qui pourrait plaider pour son anciennete en fran9ais. Notons que l'emploi de chance pour est aussi releve en Louisiane (Ditchy ; Daigle).
CHANCRE [Jäk] s. m. • 1. Crabe. 1
« f a * qui mange la chair* du monde*, chancre ?a !» (GT 109211).
un
• 2. Cancer. 2
«Les crabes c'est ä la mer, mais... sus la personne c'est un chancre». (LC 029209).
L'emploi est atteste depuis l'ancien f r a ^ a i s (FEW 2, 174b CANCER) et il subsiste aujourd'hui dans les parlers dialectaux des cotes de France, en Loire-Atlantique, Vendee et Charente-Maritime, ainsi que dans les lies anglo-normandes (ALCAM, enq. inedites, q. 247 et 249). Au Canada il n'est signale que dans les parlers acadiens (ALEC 1421x, 2310 ; Massignon 535 ; Poirier ; ALVMA 324, 325, 326, 327 ; Geistdoerfer 1987 : 55 ; Naud ; DHFQ 183). L'emploi , ancien en frangais (FEW, ibid.), aujourd'hui hors d'usage, a ete note au Canada (Dionne ; Poirier ; Boudreau) et en Louisiane (Daigle).
CHANDELIER [jadalje] s. m. • Montant vertical d'un traineau. 1 2
«Si y ara pas de chandelier, 9a tomberait de* dessus». (LC 027405). «Une fois que ta charge de bois tait rendue ä la moitie, tu passais le filin par-dessus le chandelier d'un bord*». (LC 027405).
Ce type lexical semble inconnu des parlers du Canada ( 0 ALEC 1093), mais a ete note ä SPM (Brasseur-Chauveau). En usage dans deux communautes cötieres, il represente probablement une extension d'un emploi du vocabulaire de la marine :
«Un chaouin c'est un jubier*... jubier du nord, il est tout blanc, lä». 2 «Y avait des chaouins, ici [...] I sont raide* jolis, is* ont ene grosse tete, pis un tit* bee croche*, des gros yeux. Tu leois* sus* le Τ. V.* des fois». (ΜΗ 069205). 3 «Avant y en avait joliment* ici des chaouins, mais asteure* tu les vois pus, y en a pus». (GT 139202). hibou, pic de bois 3, reposer.
«Bien*, par ici, y avait un... un gars* [gaR] plus loin en bas* ici, il* l'appeliont le chaouin». (LC 189801).
0 Specialement: Maudit chaouin ! Insulte. 5
«Chaouin ä* moi c'est juste un jubier* la hein ! Mais j'ai tendu* la parole* usee* ici avec le monde* comme dire... si tu lames* pas quiqu 'un* : maudit* chaouin ! Quiqu 'un qu'est mauvais lä hein, tu le laimes* pas hein, c'est comme un chaouin !» (GT 099202).
Ce type lexical, lemmatise sous chat-huant, mais avec la meme prononciation qu'ä TerreNeuve dans plusieurs points du Quebec, a ete enregistre pour un autre rapace, le grand-due de Virginie (ALEC 1511). Dans les parlers dialectaux de France, la meme forme designe le hibou 9a et lä, notamment en Ile-de-France et en Poitou (ALIFO 455 ; ALO 414); 0 FEW 2,548b sq. CAVANNUS). Ce n'est qu'ä SPM que chat-huant a ete enregistre pour le harfang des neiges (Brasseur-Chauveau). L'emploi depreciatif est aussi atteste aux Iles-de-la-Madeleine (Naud : heureusiti, marliot.
- Rechercher (qn). >
ieusses 10.
- Essayer de frequenter (qn). 4
«I me ressemble* que ce* tait un gargon qu'avait cherche sept ans pour sa fille*».
- Suivi de l'inf. Chercher a. >
pen.
Le premier emploi est une extension du frangais general, ä rapprocher de la locution en cherche de , attestee des le moyen frangais et recueillie dans les parlers dialectaux de l'ouest de la France (FEW 2, 696b CIRC ARE). La construction chercher pour, attestee en Acadie (Summerside, IPE, 1975 ; Moncton, NB, 1978, d'apres E. R.), est calquee sur les equivalents anglais to search for, to look for.
CHARGE (PRENDRE -) V. PRENDRE.
CHARGER [JaR3e] v. tr.
CHARITE [JaRite] s. m. ouf. (GT IO) •
Charite. «Je charge* personne [paRson], je fais f a pour du... du charite».
L' emploi au masculin est original ( 0 FEW 2, 376a-b CARITAS).
CHARMEIL [JaRmej] s. m. • Masse charnue du pis de la vache. 1
2
«Quand* que la peau est partie de* dessus, i reste ien* que le charmeil, ien que la... 9a c'est pas le lait* [let] 9a, e'est la viande du remeil*. J'appelons f a le charmeil». (LC 029219). «A donne pas grand lait* [let). C'est ien* que du charmeil». (LC 029219).
Alteration du type poitevin charnail m. Curate dans le pis des vaches apres qu'elles ont vele>, bas-gätinais (FEW 2, 381b CARNALIS), Civray : (1825 [Rezeau 1994]), Deux-Sevres : η 'avoir que du charnail , releve ä la Baie Sainte-Marie (Thibodeau). Le second emploi est specifique.
CHÄSSE [Jas] s. f. • Cercueil. 1 2
3
«Je cherche de la planche pour faire sa chässe». [On ne ferme le cercueil que trois jours aprfes le dices], «La raison pour trois jours lä hein, c'est qu'y a du monde* qu'a te trouve dans les chässes, vire* de bord». «C'est moi pis fimile qu'a fait la chässe de notre defunt* pfere a* nous autres* lä». (AC 049000).
Ce mot designe en frangais general le coffre pour les reliques d'un saint (FEW 2, 310b CAPSA). L'emploi pour un cercueil, issu du moyen franfais et atteste ici et lä dans les pariere dialectaux de France, notamment en Bretagne romane, dans les Mauges et en Saintonge (FEW 2 313b-314a), est aujourd' hui considere comme populaire ou regional (TLF 5, 584b). II n'a pas ete releve au Canada.
CHASSE-FEMME [Jasfem] s. f. • Sage-femme. «Les chasses-femmes, tandis* que 9'allait bien ce* tait bon». 2 «So [angl. ] ma defunte* mere ielle*, ce* tait ene chasse-femme, je pense alle a ene* plus [plys] qu'un mille-z*-enfants, ielle». (LC 189801). > frigouiller 1. 1
La metathese des consonnes de sage a ete relevee dans les pariere du Centre de la France (FEW 11, 203a SAPIDUS). La forme terreneuvienne est attestee dans bon nombre de pariere du Quebec et de 1' Acadie (ALEC 1797) ainsi qu'en Louisiane (Daigle).
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CHASSE-GALERIE [Jasgalm] s. f. • Troupe nombreuse de personnes. «Sus les chasses-galeries que je peux comprendre, que je vois asteure*, si y avait ene bände de monde* qu'arait venu lä [...] ben il aront dit la chasse-galerie arrive». (LC 189206).
Extension d'un emploi regional de l'ouest de la France et du Canada designant la (Rob 2, 515a ; TLF 5, 596a ; FEW 2, 320a *CAPTIARE), note avec une valeur ironique en Nouvelle-Ecosse, ä Pubnico-Ouest et Pointe-de-l'Eglise (Massignon 1833), ä rapprocher egalement d'une note de Clapin : «quelle chasse-galerie d'enfants, en parlant d'une troupe d'enfants se poursuivant ä la queue-leu-leu, et faisant force tapage».
CHASSE-PAREILLE [JaspaRej] s.f. • Plante, salsepareille ? Cette prononciation est bien attestee dans l'ensemble des pariere du Canada (ALEC 1625 ; Massignon 200) ainsi qu'a SPM (BrasseurChauveau) et en Louisiane (Daigle), mais n'a pas ete relevee dans les pariere de France ( 0 FEW 21, 181b salsepareille). Le mot a ete enregistre ä Saint-Pierre et Miquelon pour la salsepareille, Aralia nudicaulis (1887, Chambon 1992 :283).
CHASSIS [Jasi] s. m. •
Fenetre. 1 2
«A* nous autres* c'est un chassis». «Si tu gardes* ä travers* du chassis dans le matin*, t'oublieras les reves que t'as ius la soiree* d'avant». (G. Barter, C.E.F.T., 1974, p. 24). 3 «J'ai peinture* les chassis, de la* couleurlä». (GT 109203). > boite 5, chez 3, couteau 4, nouvelle 2, seillet, sueur.
Cet emploi est bien atteste au Canada (ALEC 23 ; Massignon 1125 ; Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier ; Boudreau ; Naud ; Belisle) et en Louisiane (FEW 2, 311a CAPSA ; Daigle, s. v. fenetre) ainsi qu'a SPM (Bras-
106
CHASSIS
seur-Chauveau), alors qu'en frar^ais general le mot designe l'encadrement de bois de la fenetre (TLF 5, 590a ; Rob 2, 517).
CHAT [Ja] S. m. I. Interj. • Pour chasser un chat. 1
«Oh oui ! Chat ! I va comprendre, va s'en aller !» (GT 109211).
Cette inteijection est repandue ä travers tout le Canada francophone (ALEC 672), en Louisiane (Ditchy ; Daigle), ainsi qu'ä SPM (Brasseur-Chauveau). En France, un usage equivalent est signale dans les Vosges (FEW 2, 51 a CATTUS) et dans le Maine (ALBRAM, enq. inedites) comme en poitevin, oü il se presente le plus souvent sous la forme a chat! (ALO 609). II. • Chat mouille [Ja muje] Colin-maillard. 2
«Y a iun* qui se cache les yeux et les autres s'allont se cacher. Qa c'est chat mouille ga. Pis... I'autre personne s'en va le trouver quoi». (GT 109211).
Ce compose n'a ete releve que dans quelques parlers acadiens : au Nouveau-Brunswick, aux Iles-de la-Madeleine et ä l'lle-du-PrinceEdouard (ALEC 2031 ; Massignon 1848). III. • Chat de mer [Jha d meR], [Ja d meR] Poisson de mer, Anarrhichas lupus. Syn. : LOUP (DE MER). (Mais MH 019203 distingue les deux). 3
«Y a des poules* de mer, y a des chats de mer, y a des raies* de mer, y a des plies* de mer». (LC 029219). > liopard, loup de mer 1.
Denomination attestee en Acadie (Massignon 523 ; ALVMA 225, 226), sur la Cote-Nord (ALEC 1425) et aux Iles-de-la-Madeleine (Geistdoerfer 1987 : 55 [Macrozoarces americanus]) ainsi qu'ä SPM (BrasseurChauveau), enregistree en frangais depuis le 17c siecle pour divers poissons (FEW 2, 518b CATTUS), mais disparue des dictionnaires contemporains.
CHATON [Jato] s. m. • Sorte de saule. 1 2
«Υ a rien qui pousse sus le chaton». «Υ a des vargnes*[vaRji], y a du chaton mais c'est pas le chaton qu'i y a en France».
3
«Le chaton... Sais-tu quoi* faire qu'il est jaune dans le coeur ? T'as jamais tendu* hein ! Quante* le Bon Dieu allait ä l'ecole, il a fait queuque* chose, mais anyway* quand il a venu chez lui, son pere y a foutu une douille* avec un... une branche de chaton... Je peux pas le dire en fran^ais mais je peux le dire en anglais... Et il a dit: curse be the willow-tree who maked me too smart. The willow-tree will be the first to decay in the heart. [Angl. bois 16.
Emploi particulier, par metonymie, d'un mot qui denomme en fran^ais l'epi de fleur du saule, du noyer, du coudrier, etc. (FEW 2, 518b—519a CATTUS), ä rapprocher de chatons dans les parlers du Canada (ALEC 1609).
CHAUSSETTE [Joset] s. f. •
Socquette. 1
«Et pis y a des chaussettes aussi, qu'est pus court que les bas*». 2 «On broche* des... des petits bas* comme 9a, pis on appelle 9a des chaussettes, pis y a les longs lä, ben on appelle 5a des chaussons*. Les petits courts lä il appelont 9a des chaussettes». (LC 189801). > bas II-1, chausson 2.
Emploi considere comme vieux en fran^ais : (ALEC 183 ; Massignon 1237 ; Boudreau ; Naud) ainsi qu'ä SPM (Brasseur-Chauveau) ou encore en frangais reunionnais : cretourner sens dessus dessous ; faire tomber ä la renverse> (Carayol 1985 : 46). Chavirer la terre signifie parfois est atteste en frangais depuis le milieu du 19esiecle (FEW 2, 146b CAMMINUS), mais n'est pas enregistre par les dictionnaires contemporains. La locution donner du chemin (ά une scie) correspondent au fran5ais general donner de la voie (TLF 16, 1239b) est signalee au Canada (ALEC 1301x ; Poirier ; Belisle). Chemin Saint-Jacques, atteste depuis le moyen fran?ais (FEW 5, 10b JACOB), est repandu au Quebec et en Acadie, mais les parlers du Canada, comme le frangais contemporain, lui preferent generalement chemin de Saint-Jacques(Rob2,539a ; GLLF698a ;ALEC 1153 ; Massignon 52; Naud).
CHENALS [Jnal] s . m . P i . • Rigoles d'ecoulement. «II ont creuse des chenals chaque* bord». (LC 029201).
Le FTN ne connait pas l'usage des pluriels irreguliers du fran9ais norme. V. aussi chevals, mais, orignals.
CHERCHER V. CHARCHER.
CHESSE [Jes] adj. f. • Seche. V. SEC. Cette forme, ou Γ on observe la metathese des consonnes, est attestee 9a et lä dans les parlers dialectaux de France (FEW 11, 586a SICCUS) et au Canada (Dionne ; GPFC), de meme qu'ä la Reunion (Chaudenson, communication personnelle: ravine chesse).
1
[A propos des vigneaux*]. « f a c'est pour chesser de la morue, parer* de la morue dessus, de la morue sec* lä». 2 «Une fois qu' alle est huit ou dix jours dans le sei, tu la laves,/)« lä* tu Yepares* au soleil, pis la chesses». (LC 029202). > ä 5, apiler 2, brousse 4.
La metathese des consonnes du verbe secher est attestee dans certains parlers de France, mais pas dans l'Ouest, oü c'est checher qui est la forme courante (FEW 11, 580a-b SICCARE); eile est frequente au Canada, surtout en Acadie (Massignon 615 ; ALEC 701, 1438), ainsi qu'en Louisiane (Griolet; Daigle), et ä la Reunion (Chaudenson, communication personnelle). Elle a egalement ete notee ä SPM (Brasseur-Chauveau).
CHESSERESSE [JesRes] s.f. •
Secheresse. «Pis quante* ςa vient* dans* l'ite eh bien, si tout est sec, oh ! Bien* ! on a ene chesseresse». (LC 189801).
Cette forme est signalee dans quelques parlers dialectaux de France, notamment du Centre, du Berry, de la Sologne bourbonnaise ou du Bocage nivernais (FEW 11,588a SICCUS ; ALCe 26). Elle a aussi ete relevee au Quebec (Dionne ; GPFC ; ALEC 1192x) et en Louisiane (Daigle).
«Y a des chesseuses asteure* mais nous autres* je disons... nous autresusons* le mot anglais, je disons le dryer». (GT 099202).
CHEZ 2
«Mais c'est sicheuse qu'est le vrai nom, mais nous autres* j e le pronor^ons chesseuse». (LC 189801).
Ce derive de chesser est egalement atteste avec le meme emploi ä SPM (Brasseur-Chauveau).
CHEVAL(S) [Jfal], CHUAL(S) [Jqal], rarement [Jwal] s. m. • Cheval, chevaux. 1
«Pis je leu* faisions des chuals et pis des petites charrettes lä avec du bois». 2 «II a vu le chual, ben ce* tait ien* qu 'un pilot* d'os». 3 «Les chevals faisont \faire*} 9a d'eux-memes, je sais pas comment* qu 'i faisont 5a ; c'est pas les lutins qui tressont les crins». (ST 018001). 4 «C'est le Diable ! Des pattes de chual, qu'il a !» (AC 019000). [Jfal] : > abrier 2, anis 1, arreter 2, cheveux, col, ecarre 2, faucherie 3, faux 2, gratte 5, guepe 5, mention 2, parcage 1, tiendre 12, 31. [Jqal] : > apilotis 1, attraper 5, backer, battre 2, bed 1, boit^e, embarquer 3, emparquer 1, gr£ement 1, guepe 2, larguer 3, muleron 3, picocher 1, taon 2, trempe 2.
0 Specialement: • Force de cheval Cheval-vapeur. 5
«En dernier [daRjie], ς 'α venu* que j'avions des engins*, des petites engins de trois forces de cheval». (LC 028302).
• Furnier chual. V. FUMIER. Le pluriel chevals est considere corame une «expression acadienne» (Dionne). Ceci est confirme par des releves plus recents (Poirier ; Massignon 891 ; ALEC 393b). Notons que, d'une maniere generale, le parier de TerreNeuve ignore les pluriels irreguliers du frangais. V. aussi chenals, mals, orignals, aussi chevals aux Iles-de-la-Madeleine (Naud). La prononciation [Jqal] est connue de quelques parlers dialectaux de France, en Haute-Normandie et en Nantais (FEW 2, 8b CABALLUS). [Jwal] et [Jqal] (au singulier) sont attestes dans les parlers du Canada (ALEC 393b ; 0 Massignon 890). Choual a aussi ete releve en Louisiane (Ditchy) et en Creole hai'tien (Valdman 115 : chwal). Force de cheval est un caique de Γ anglais horsepower . On le rapprochera de
109
force ä la Baie Sainte-Marie (Thibodeau).
CHEVALIER [Jfalje], CHUALIER[Jqalje], [Jwalje] s. m. • Oiseau, chevalier, Tringa. «Un chevalier oui aussi! C'est une bete de cöte 9a oussi* (...] C'est un tout petit jubier*, avec des grands* pattes [...] C'est lä que 9a prend sa vie*, le long de la cöte». (LC 029210).
Prononciations particulieres d'un mot qui peut avoir le meme emploi en franfais (Rob 2, 553a ; FEW 2,4a C AB ALLARIUS). Dans les parlers du Quibec et de 1'Acadie, ce type lexical designe cependant la maubeche tachetee (ALEC 1503) ou le becasseau (Poirier). II n'a ete releve qu'une seule fois en Acadie avec le meme emploi qu'ä Terre-Neuve (Massignon 422 ä Pointe-de-l'Eglise, Nouvelle-Ecosse).
CHEVEUCHE V. CHAVECHE.
CHEVEUX [Jf0] S. in. pi. • Criniere (du cheval) [Ä propos des lutins]. «[II alliont] entour* les chevals* ä la grange*, et le lendemain matin il aviont les chevals avec les cheveux tout* [tut] tress£s, jusqu'ä la peau». (LC 029217).
Cet emploi n'a ete enregistre ailleurs que dans trois parlers acadiens (ALEC 394 ; 0 Massignon 900 ; 0 FEW 2, 247b CAPILLUS).
CHEZ [Je] prep. • Chez nous Chez moi (ou chez nous), ä la maison, Chez vous Chez toi (ou chez vous), Chez ieusses Chez lui (ou chez eile, chez eux). 1 2
«Je vas pas chez nous». «Va done chez vous avec 9a ! Tu n-n' *a grand besoin !» 3 «I la porte chez ieusses*, i la met sus le chassis* dans un verre d'eau». (GT 017703). > äge 1, aller 5, blague 3, d£coller II-1, deconforti 1, emparquer 1, gagner 6, gomme 4, inquiet, lor II, niyer 4, pointer (se -), repasser, suit 3, tout chacun 3.
L'usage decrit ici est general dans les parlers du Canada (ALEC 1746 ; Chiasson 1976 : 13, Snow 1977 : 37, d'apres E. R.) et nous parait
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CHEZ
courant egalement dans les parlers regionaux de France, au moins dans ceux de l'Ouest ( 0 FEW 2, 446b sq. CASA).
CHICANE [Jekaen] s. f. • Avoir chicane avec Se disputer avec. «II allait avoir chicane avec sa mfere». (AC 019000).
Locution originale, dont la construction est ä rapprocher de celle de chercher chicane (FEW 13/2, 365b TSIKK-).
CHICKANANA [tfikanena] s. m. ? • Mesange (LC 029219). > quinquin 4.
Type lexical onomatopeique original, reproduisant le cri de la mesange, ä rapprocher des formes issues de l'anglais chickadee, notees dans plusieurs parlers du Qu6bec et de Γ Acadie (ALEC 1527 ).
CHIEN [Jje] I. S. m. • 1. En chien Au moyen d'un vehicule tire par un chien. 1
«J'ai hale* ma part de bois ä l'dglise en chien». (LC 028301).
• 2. Chien de mer Aiguillat ou requin-ha. 2
[A propos de la marache*]. «Le chien de mer est fait... tout ä fait la meme affaire*, mais il est pus petit». 3 «Les chiens de mer, c' est du bon manger pour aller aux chiens, 9a». (GT 139201). 4 «Le chien de mer c'est ien* que 9a de long ! C'est diable* done ! Qa mord aussi !» (LC 029211). > haut 3.
pour 9a qu'i disont que c't* un chien-mordant!»
• 5. Bois de chien. V. BOIS. La locution en chien a ete relevee au Canada (GPFC). Chien de mer, atteste en fran5ais depuis le 13 e siecle (FEW 2, 194a CANIS), est toujours enregistre dans les dictionnaires, en concurrence avec aiguillat. II est usuel en Acadie (ALEC 1424b ; Massignon 495 ; ALVMA 195). Chien-loup ne designe en frangais (TLF 5, 708a), comme dans les parlers du Canada (ALEC 648) qu'une race de chiens. II s'agit ici d'un emploi original, peut-etre influencd par loup-cervier . Chien-mordant est un type lexical original ( 0 FEW 2, 191a sq. CANIS et 6/2, 126b sq. MORDERE), ä rapprocher de chien (ALEC 1304) ou de chien defer (Boudreau). II. Inteij. • Pour chasser un chien (LC 149802). Sur le modöle de l'interj. Chat! Voir ce mot.
CHIQUE [Jik] s f • 1. Ou Chique de gomme Morceau de resine de conifere que Γ on mäche, avec ou sans preparation prealable. 1
• 3. Chien-loup Lynx. 5
«II aviont un mousquet* qu'i teniont* dans la grange* rapport* a* les chiens-loups». (AC 019000).
• 4. Chien-mordant Piece de bois pourvue d'une encoche qui sert ä maintenir avec des coins un tronc qu'on equarrit. 6
«J'appelons 9a un chien-mordant: ga c'est un morceau* de bois, tu veux quarrir* un morceau de bois ou de quoi* de meme t'es tout seul, tu mets ce morceau de bois lä-dedans pis tu le souques* avec des coins : c'est
«So [angl. ] dans notre temps nous autres*, t'allais pas au boutique* acheter des... de quoi* pour chiquer*, de la gomme*, y avait pas* rien comme 9a, mais on allait dans le bois*, pis on ramassait de la gomme, je sais pas comment que t'appellerais 9a en fran9ais : 9a coulait sus les äbres* lä. On allait dans le bois pis on ramassait 9a. Pis t'emmenais 9a ä la maison, tu mettais 9a dans un... dans un couvert* de can* ou de quoi*... On le mettait sus le poele ä fondre hein, pis lä, tu le quittais* bouillir un bout* d'ici* que 9a venait... je pense que c'£tait... dur assez* pour chiquer hein, pis lä on avait έηε chique de gomme. II appeliont 9a ene chique de gomme». (LC 189801).
• 2. Tablette de chewing-gum. 2 3
«Je chiquais* un paquet, dix chiques par jour». «Ah ben sus les sapins*, bien* j'appelions 9a de la chique, de la chique de prusse*\ Oh mais ce* tait bon ! Meilleur que la chique
CHOU-RAVE d'encens*. Pace qu'y avait la... celle t'achetais ä la boutique, ce tait la chique d'encens». (AC 099204). > encens 1.
«La mfere alle prenait du pain ou n'importe quoi d'autre, alle chiquait* 5a, pis lä, alle l'enlevait de sa bouche pis alle nourrissait les petits hein : i les nourrissiont ä la chique». (LC 189801).
Ces emplois n'ont pas ete notes en France ni au Canada. On a cependant releve chique pour un bonbon au caramel dans les parlers du Havre, Cancale et Saint-Malo (FEW 13/2, 371b TSIKK-).
CHIQUER [J"ike] v. tr. et intr. •
Macher. 1
>
[A propos de saumons bicards vus dans un livre]. «Ben comment* qu'i pouvont chiq u e r ?» (AC 059000). 2 [A propos des beurgots*]. «C'est dur ä chiquer !» (AC 059208 et ΜΗ 069202). 3 «I tiont trop petits pour chiquer ieusses*memes». (LC 189801). chique 1, 2, 4, encens 2, 3.
Extension du fran9ais chiquer (FEW 13/2,371bTSIKK-), relevee aussi en Louisiane (Daigle).
CHOUETTE [Jwet] s m • Ma chouette Terme d'affection ä une petite fille. (Confirme par AC 099203). 0 Specialement pour une petite fille remuante. 1
2
CHOUPINE V. CHOPINE.
CHOU-RAVE [JuRaev], [JhuRaev] s. m. • Navet. Syn. : NAVEAU. 1
• Mesure de liquide valant l/8 e de gallon*.
3 >
«Y en a huit chopines au gallon*». [Une jeune fille, apres avoir mange des cakes* sales avant de se coucher, est censee voir en reve son futur man]. «Pis i disiont c'est Selon quoi*-ce qu 'il a pour te donner de l'eau, hein ! Si c'est une choupine, tu seras pauvre, pauvre comme un rat d'dglise». (AC 098001). «I vendiont 5a se* piasses* pour έηε demichopine !» (LC 189204).
paquer 6, quart II-2.
Chopine est atteste depuis le 13e siecle en fran9ais pour une , etc.; Dionne ; GPFC).
CHUINEE [Jqine] s. f. •
Souche. «Pis i reste ien* que le chousson, ien que le chousson de l'äbre*». (LC 029214).
Cette forme, qui n'a pas 6te relevee en France ( 0 FEW 13/2, 348b sq. *TSUKKA), est bien attestee pour une dans les parlers du Quebec et de l'Acadie (ALEC 1298).
Cheminee. «De la boucane* qui sort dans* ene chuinee, ou dans un tiyau*». (GT 109212).
>
tiyau.
Cette forme, qui n'a ete relevee dans les parlers dialectaux de France qu'en Bourgogne (FEW 2, 138b CAMINUS ; ALB 1436), est bien attestee au Quebec et en Acadie (ALEC 71).
CHUAL(S) V. CHEVAL(S).
CIGALE [sigal] s. f. •
CHUALET [Jqale], [Jwale] s. m. •
>
C h e v a l e t ( p o u r s c i e r o u t r a v a i l l e r le b o i s ) . «Pis la* y a des bois* [...] pour tiendre* le chualet [Jwale] debout* [dabut]». (GT 099202). couteau 5.
Cette prononciation de chevalet n'est pas signalee dans les parlers dialectaux de France ( 0 FEW 2, lOa-b CABALLUS); elle est rare au Canada (ALEC 69).
CHUALIER V. CHEVALIER.
Libellule. 1
«Vous avez vu les sauterelles de foin, ben moi ς a me ressemble* le corps de la cigale est ä peu pres comme 9a mais ien* que 9a y* a deux ailes, deux grosses ailes». (AC 099203). 2 «Des cigales c'est des betes i sont comme*... deux pouces et un quart de long. I avont un dard, dans le derriere, pis 9a pique hein, c'est poison*. I avont des ailes hein, i volont [...] f a se tient au long des rousseaux* ou tout le tour* des lacs, de quoi* de meme». (GT 109211). 3 «Une cigale ben c'est comme 9a que j'appelons 9a aussi nus autres*. f a 9a se tient audessus de l'eau hein, au-dessus du russeau*, manger les mouches». (LC 029210). > oir 1-6.
Emploi de distribution typiquement acadienne au Canada (ALEC 1571), d'un mot qui desi-
CLAIR
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gne divers insectes dans les parlers dialectaux de France (FEW 2, 662b sq. CICADA).
d'apres E. R.). Elle est ä rapprocher de l'adv. icitte* .
CIGUE [sigy], [sid3y] s. m. ou f.
CLABORD [klaboR] s. m.
• Plante non identifiee.
• Bardeau long pose horizontalement, generalement ä clin.
1
2
3
«Oh ! Du cigue ! Ouais, 5a pousse ac* une [inaudible], c'estpareil comme* un bambou». (AC 059209). «I faisait de la soupe hein ! Vous savez quoi*· ce que c'est que la cigue ? Ouais ! Avec 5a. Et pis, le cormoran». (GT 128101). «C'est des grosses plantes. f a pousse... bien* asteure* y en a pas beaucoup qui pousse pace* c'est tout* [tut] coup£ hein, mais auparavant c'est des harbages* qui poussent, i appeliont 9a de la cigue. Cigue ! Je sais pas comment* suire 2.
-
Suivi d'un inf.: A part le fait de.
14 «Y avait rien ä faire, clair de couper du bois* äfeu». (MH 059202). > jaser 1.
Les trois premiers emplois sont des caiques de Γ anglais, egalement signales au Canada (Dionne : dibere, libre> ; Poirier). L'emploi , qui semble particulier, n'est atteste que par un seul exemple. Certains emplois de la locution prepositionnelle clair de ont ete notes au Canada : au Quebec (ALEC 1308x : tronc clair de naeuds ), en Acadie (Maillet 1973a : 201, d'apres E. R.). L'emploi boucane 2.
• 2. Se claircir, s'eclaircir (de qn, de qch) Se debarrasser (de). 4
[Ä propos du chiendent], «Pis 5a c'est du foin, y a pas moyen de s'en eclaircir, pis 9a c '*έηε saloperie». (AC 099204). 5 «Je vas m'eclaircir de c'te* job*-lä». (LC 189801). > bouque 1, ou 4, racine 3.
Claircir n'est atteste ä l'epoque contemporaine en France que dans les parlers normands et ä Loches (FEW 2,743b CLARUS). Les acceptions de claircir et eclaircir transitifs sont ici calquees sur l'anglais to clear, meme si ALEC 1292 note claircir dans I'lie du Cap-Breton et eclaircir au meme sens au Quebec. L'emploi intransitif a aussi ete releve ä SPM : claircir
casser 1.
L'emploi de clenche pour un verrou n'est atteste dans les parlers dialectaux de France qu'en Bretagne romane et dans le Bas-Maine (FEW 16,333a KLINKA). II n'est pas signale au Canada.
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CLEUSSER
CLEUSSER [klcese], CLOSSER [kbse] v. intr.
COCHER [ko/e] v. intr. • Faire une coche, une entaille. «Si tu veux mortaiser deux morceaux de bois, tu coches, tucoches ämoitii dans iun* [...] pis aprfes
• Faire un gloussement typique de la couvaison (en parlant des poules). 1 2
«I cleussont, pace q u ' i couvont». (AC 099203). «Les poules quand i voulont couver i clossont». (LC 189801).
Closser, atteste en moyen franfais, n'est enregistre apres 1700 que dans le Bas-Maine (FEW 4,159a-b GLOCIRE). II a ete releve au Canada surtout dans des parlers acadiens (ALEC 614 ; Massignon 954 ; Poirier, s. v. clousser ; Thibodeau 1976 : 109, d'apres E. R.). Cleusser est specifique du FTN.
9a 1'autre morceau tu 1 efittes*». (LC 029215).
Cet emploi intransitif n'est pas enregistre en fran9ais (TLF 5, 964b ; FEW 2, 822a COCCUM).
COCHON (DE LAIT) [ko J5 (d 1ε)] s. m. •
Cloporte. 1
2
CLINER [kline] v. tr. • Border ä clins. Ce derive de clin est propre aux parlers acadiens (Poirier ; 0 FEW 16, 332b KLINK).
3
CLOSSER V. CLEUSSER.
CLOUTER [klute] ν tr • Clouer, assembler avec des clous. > amancher, bloc 2, cant 1, de 23, icusson 2, forcir, gournabler 1, membre, plancher 1-2, rencontre 3, tete 2, tolfetiere 1.
D6rive de clou largement repandu dans les parlers dialectaux de l'ouest de la France (FEW 2,770a CLAVUS), releve dans cet emploi, distinct du franfais clouter (Rob 2, 668b), au Quebec (GPFC) et en Acadie (Boudreau) ainsi qu'en fran5ais reunionnais (Carayol 1985 : 95).
COAXER [kokse] v. tr. • Enjoler, entortiller. «ζα fait* ä force de coaxer sa femme, alle a dit oui». (GT 108002). > parole 2.
Emprunt ä l'anglais to coax, de meme sens, independent de celui qui a ete releve au Quebec (ALEC 2286a (TLF 5,987) a ici un emploi particulier. La loc. adv. de cceur, attestie en fran9ais depuis le 12e siecle (FEW 2,1173b COR), n'est enregistree par les dictionnaires modernes que dans des locutions comme de bon coeur ou de grand cceur.
CCEURAgON
[ t j 0 R a s o ] s. m.
• Brülures d'estomac. 1
2
«Tu vas manger une sorte de manger, 5a va rien te faire, pis tu vas manger d'autres sortes -surtout de la graisse- 9a te semble du gaz sus* l'estomac, pis la* t'attrapes le caeura^on. Ben la seule affaire* qu'est bon pour 9a c'est de la douceur*, hein, du sucre ou de la melasse*. Tu prends έπε cuveree* de 9a, par derrifere, pis 9a le gu£rit, 9a s'en va de* dessus». «Coeura^on oui, c'est du gaz qui se tient... en dedans* l'estomac. donne le
ccEuracon». (GT 109210).
Acadianisme. Au Canada, le mot a ete note sous forme de locution dans le parier de la Baie Sainte-Marie (Thibodeau), avec une etymologie populaire implicite : avoir le tcheur ά sang dans les parlers du Canada (ALEC 1918). Le second emploi a ete releve ä SPM (Brasseur-Chauveau). II est reserve en fran9ais aux animaux de boucherie (TLF 5,1046b ; GLLF 793b ; FEW 2, 912a COLLUM).
les cols de [...]»
COMME [kom], COUME [kum]
Cet emploi n'est pas atteste dans les parlers dialectaux de France ( 0 FEW 2, 911a sq. COLLUM) ni au Canada, mais il a ete releve en Louisiane (Daigle). II est probablement dü ä un caique de Γ anglais collar, qui signifie ä la fois et
«Bien* auparavant c ' e s t comme 9a qu'il appeliont 9a, les guernseys* [...] avec un collet rond lä oui. I appeliont f a des guernseys». (LC 189205). calotte 8.
• 2. Partie du corps du poisson proche de la tete. 2
«A retirait la peau de* dessus les collets, 9a c'est ien* que pour mettre la morue pus propre».
Cet emploi, atteste depuis l'ancien frangais (FEW 2,915b COLLUM) pour la
appeler 1, etre 5, moule.
Emploi egalement atteste en Acadie (Poirier). • 3. Dans les loc. adv.: • Comme de fait [kom da fet], Coume de fait [kum da f e t ] De fait, en effet.
COMME 4 5 >
«Comme de fait, le premier qui arrive lä, il etait malade aussi». «Coume de fait, eune coupeile* de semaines aprfes il est mort». (LC 118001).
cimetifere 3, quand 7.
Cette locution, egalement attestee dans les parlers du Canada (Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier ; Belisle ; Chiasson 1972 :269, d'apres E. R.) et ä SPM (Brasseur-Chauveau) n'est pas signalee par FEW 3, 362a FACTUM. Elle est d'un usage courant en Normandie (ALN enq. inedites). • Comme de raison [kom da RCZ5] Evidemment. 6
«I l'avont enterrie, comme de raison».
Cette locution est enregistrtie en fran^ais depuis la fin du \ T siecle (TLF 14,290a : FEW 10,108b RATIO : ), quoiqu'elle nous paraisse aujourd'hui regionale. Les deux exemples offerts par le TLF sont d'ailleurs tires Tun du Journal des Goncourt, l'autre de Maria Chapdelaine. De fait, les glossaires canadiens signalent egalement cette locution comme un regionalisme (ALEC 2310 ; Clapin, Dionne ; GPFC ; Belisle ; Dulong 1989). II. Conj. • 1. Introduisant le second terme d'une comparaison (avec un antecedent, adj. ou adv, marquant l'identite ou la quantite). Equivalent du fran^ais que. 7 8 9
«Α vient de la meme endroit comme vous ?» «Aussi loin comme j'ai t£». «Ce* tait aussi bien pour lui rester par ici comme... retoumer ä* tous les automnes et revenir α tous les printemps de France». 10 «Aussi peu comme possible». (ΜΗ 019204). 11 «Y a autant de menteries* de dits comme de v6rit6s [vaRite] tu sais !» (GT 008002). 12 [Ä propos de chats]. «Si i mangeont ä plein ventre, i vont manger autant comme un homme». (GT 109211). 13 «J'aurais autant de piasses* comme j ' a i donni de coups d'avirons dans ma vie... ! J'en ai d o n n i des pelles, j ' e n ai donne !» (LC 027404). > bouillee 1, dihaler 4, fumelle 3, king herring, mort-pel6 1, ortolan 1, ouest 2, pecheur 1, smart 7, vivre 2.
0 Specialement: comme que, avec le meme emploi.
>
119
moti6.
• 2. Dans les locutions : • Comme que Comme. - Exprimant la comparaison : 14 «II ariont dü le quitter* comme que ce* tait». 15 «I devrait rester comme qu'il est». 16 «Je parle comme que je parle». (GT 099202). > apiler 4, bailie 1, cabane 3, casser 3, devenir 2, enteurtiendre 2, havenet 1, i 1.
- Exprimant la simultaneite. 17 «Comme qu'il arrive ä la porte, i commence ä pousser des cris». (AC 018301).
- Exprimant la maniere. 18 «Quand tu comprends comme que ; a va [... ]» (MH 019201). grand 9, mien.
• Aussi bien comme Comme. >
acopeau 2, arrisee de vent 1, banquier 2.
• Pareil comme (que) Tout comme. 19 «C'est pareil comme le goueland*, une tapee* de monde* s'a d&ourni de* dessus, rapport... 5a ramassait* toutes sortes de saloperies hein». 20 «C'est pareil comme la vieille a [] d i t : c'est bon encore* !» (AC 059000). 21 «C'est pareil comme que c'est asteure*». (AC 069000).). > ä 33, ac 1, apprendre 1, arranger 4, autre 1, beurgot 12, b o u f f i e 2, brousse 1, cadrosse 2, carriole 2, castrole 2, chance 5, chemin, cigue 1, col, corce, dadin 3, divirer (se -) 2, diverse, divin, ...
L'emploi de comme pour que dans la comparaison est une construction ancienne (FEW 2, 1542b QUOMODO ; 11,576b SIC) restee en usage au Canada (Dunn ; Dionne ; GPFC ; Poirier ; Boudreau, s. v. coumme ; Naud : aussi... comme), en Louisiane (Ditchy), ainsi qu'ä SPM (Brasseur-Chauveau), de meme que dans certains parlers de l'ouest de la France (Brasseur 1993 : 82-83). Comme que, d'origine populaire, a ete relev6 au Canada (GPFC ; Coste 1950 :38 ; Brun 1974 :41 ; Snow 1977 : 49, 70, d'apres E. R.). Pareil comme, atteste egalement dans l'Ouest (Brasseur, ibid. ; Rezeau 1984 : 210), est considere comme un regionalisme du Canada (TLF 12, 976b). • 3. Si je serais comme toi, lui, ... loc. phrast. Si j'etais ä ta place,... ä sa place, ... 22 «Si je serais comme toi je referais pus ?a !»
Emploi atteste en Acadie (Poirier : «si j'etais comme vous, je lui dirais son fait»).
120
COMME
• 4. Comme ςa (que)... loc. phrast. C'est comme cela que...
• 2. (Modifie un adv.). • Comment loin que ? A quelle distance ?
> gl6, mesureur 2, scier, son de scie 2, vie 1.
6
• 5. Comme si. 23 «Λ* moi, 9a c'etait comme c'itait tout proche* !» (KI 018001). > baby 2, leu II-2.
• Comment longtemps que Combien de temps ? 7
0 Specialement: Pareil comme Exactement comme si. 24 «Ah ! I prend son chat dans ses bras pis i le souque* ! Avec son chat c'est pareil comme il £tait sauv6; il avait l'univers dans ses bras !» (AC 018001). 25 «C'est pareil comme c'est ien* qu'ieusses* qu'y a dans le monde*. I est hai'ssable pour 5a vois-tu. I croit pas q u ' y a personne [paRSon] d'autre comme lui». (AC 059203). > broad.
L'emploi de comme pour , original, est ä rapprocher de comme que atteste en moyen fransais (FEW 2, 1543a QUOMODO) et aujourd'hui encore en Acadie (Moncton, NB, 1978, d'apres E. R.). • 6. Quand. 26 «La crasse c'est comme c'est sale». (GT 099203). > courir 1.
L'emploi pour , atteste depuis l'ancien frangais (FEW 2, 1542a QUOMODO), est egalement signal6 ä SPM (BrasseurChauveau).
COMMENT [komä] adv. • 1. (Modifie un adj.). Quel, quelle + substantif equivalent. 1
2
«Mais pour dire la v£rit£ [vaRite] je sais pas comment haut faut... qu'elle ait une montagne* pour l'appeler une montagne». [A propos du caf€ soluble]. «Je sais pas comment fort tu le veux». (MH 069204).
«Nantes... Comment loin que c'est du port de Saint-Malo ?»
8
«Je sais pas comment longtemps que je tais lä». «Comment longtemps que tu vas rester par ici steure*!» (MH 059202).
Toutes ces constructions sont calquees sur les emplois de l'anglais how. Comment longtemps est atteste dans les parlers acadiens du Canada (Snow 1977 : 16, d'apres E. R.) et de Louisiane (Daigle). • 3. Dans les locutions : • Comment que Comment. 9
[A propos d'une chanson]. «Je sais pas comment que 9a va sonner». > appartenir 1, appeler 2, cheval(s) 3, chiquer 1, cigue 3, clian, eave 2, etre 23, give-up 2, handler 1, jelly 2, mocauque 3, moulin 1, plane 2, potache 2, survivre.
0 Specialement: Comment di Diou que, Comment di mausesse que... Comment diable... 10 «Comment di* Diou qu'il appelont 9a ?» 11 «Comment di* mausesse qu'il appeliont 9a ici asteure* !» (AC 059205).
• Comment que c 'est que Comment. >
travailler5.
• Comment est-ce que Comment. >
better.
• Comment-ce que Comment. > aiguille 3, brasser 3, my 4, ruiner.
Cette locution est attestee dans les parlers acadiens (Boudreau 1979: 39 ;Thibodeau 1976: 6 ; Moncton, NB, 1978, d'apres E.R.). • Comment-ce que c 'est que Comment. > trompant 1.
0 Specialement: Comment... que. 3
«Comment bon marche qu'i l'aviont de la France, quand i pouviont le porter ä SaintPierre et Miquelon pis le vendre encore par* ce prix-la ?» 4 «I tait du bon bord* i m'a dit ! Je sais pas comment vrai que c ' e s t , done !» (GT 109208). 5 «Pis tout le temps i poussait ä 9a : comment important que c'6tait d'apprendre ä lire pis ecrire». (LC 189201). > arpent 2.
COMPLAINTE [köplet] s. f. • Plainte. «Y avait jamais iu de complainte de* moi, de mon cookage*». (LC 138403).
Comme en Louisiane (Daigle), il s'agit ici plus probablement d'un caique de l'anglais complaint, de meme sens, que d'une survivance d'un emploi considere comme vieux aujourd'hui (Rob 2,756b : ; FEW 2, 979a
CONNA!TRE
*COMPLANGERE), meme si (FEW 2,997a COMPUTUS).
COMPTER [k5te] ν •
1. Compter que Estimer que. 1
2
[A propos des loups*-marins], «I comptont q u ' y en a trois millions et demi». (LC 029204). «I comptont que les arcs-en-ciel du soir, c'est pour des grains le lendemain». (LC 029206).
Des emplois similaires ont ete releves dans divers parlers de France (FEW 2, 992b COMPUTARE) ainsi qu'au Quebec : (ALEC 2310 ; Belisle). • 2. Compter de + inf. Compter (+ inf.). > cemetiere 3.
Construction originale.
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Cette locution, qui n'a pas ete relevee au Canada, est peut-etre une survivance du moyen fran?ais (FEW 2, 1019b CONDICIO).
CONNAISSANCE [konesäs] s. f. • Avoir connaissance que loc. verb. S'apercevoir que, se rendre compte que. «J'avons jamais iu connaissance que 9a faisait de quoi*».
Cet emploi est aujourd'hui rare en franijais (Rob 2,826b). Un emploi voisin : , signale par TLF 5, 1344b, est illustre par une citation empruntee ä un auteur quebecois. La locution, relevee ä SPM sous la forme avoir connaissance (de) (Brasseur-Chauveau ; FEW 2, 847a COGNOSCERE), n'est pourtant pas signalee par les lexicographes canadiens, malgre sa frequence (Thibault 1990/1991 :547).
CONNAITRE [konet] v. tr. •
1. Reconnaitre. 1 2
«Quand* qu'il* l'a vu il l'a connu hein !» «Je revais pas, je l'ai bien vu, pis je Tai connu». (GT 128003). 3 «Connais-tu c't* homme-lä, dis ?» (GT 139201). > casser 2, diroguer, fumelle 2, monde 1.
«Ce* tait son frere, eile l'a connu... par les epaules et ς a* [...]»
• Connattre qn avec qn Distinguer qn de qn d'autre. 5
[A propos d'un pretre]. «Tu le connais pas avec les autres hommes ! f a * danse et ρ a boit! Oh mon homme* !» (LC 029217).
• 2. Avoir des relations sexuelles avec. 6
7
«Et voulez-vous croire que j'ai jamais connu c't* homme-lä avant la premifere soiree* de mes noces ?» «J'ai te oir* ene autre moi, cinq ans ! Cinq ans ! J'ai jamais connu la fille ! No sir* ! Pas plus que yi* parier et yi faire un bee* de
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CONNAITRE
meme* ! Je l'ai jamais connue plus que 5a de la vie !» (LC 028401).
• 3. Νen connattre ConnaItre (qch). >
goddamment 2.
L'emploi , issu de la langue classique (GLLF 909a) et atteste dans les parlers dialectaux de l'ouest de la France (FEW 2, 847a COGNOSCERE ; Brasseur 1993 : 86), est vieilli ou litteraire en fran5ais (TLF 5, 1347b), mais il est reste courant en Acadie (Massignon 1738) et ä SPM (BrasseurChauveau). L'emploi est aujourd'hui considere comme litteraire (TLF 5, 1349b) ou de style biblique (Rob 2, 829a ; GLLF 909a). En connattre est une locution originale, parallele ä en savoir qch.
CONSINE [kosin], COSSINE [kosin] s. f. • Barre de fer que Ton chauffe pour brfiler le duvet d'un oiseau apres l'avoir plume. Syn.: GREILLE. «J'appelions 9a pour griller du jubier* ! Une cossine ! Asteure* je viens ä yi* penser !» (LC 029210).
Emploi specifique d'un mot atteste au 19esiecle dans le vocabulaire militaire sous la forme consigne (Bescherelle 18451877, cite par FEW 2,1069a CONSIGNARE), sans equivalent dans les parlers du Quebec et de l'Acadie.
CONSOMME POURRI
CONTE [kot] s. m. • Histoire, fait rapporte. Cet emploi est ä rapprocher d'un emploi classique ( G L L F 9 4 0 b ; FEW 2, 994b COMPUTARE), vieilli en fran9ais : ä 4, allouer 3, asteure 1, avant 4, back 12, bouillir 2, 5a 10, caIima9on 3, dessus 18, ecarderie 1, etre 20, gasoline, home-brew 2, ieusses 11, iun 8, jaser 1, menigance, mettre 5, ramasser 22, suet 3.
Survivance d'un emploi de la langue classique (GLLF 943b) considere en fran5ais comme litteraire (TLF 6,41 a) ou comme vieux ou regional (Rob 2, 865a). V. aussi FEW 2, 994b COMPUTARE. II est frequent en quebecois (Thibault 1990/1991 : 547).
CONTEUR •
[ k o t C E R ] prep.
Contre. «Pis toutes les cartes a venu toutes iun* conteur Γ autre hein !»
Cette forme avec metathese, qui est probablement independante de celle qui a ete notee en France dans le Morvan (FEW 2.111 lb CONTRA), est aussi attestee au Canada (GPFC, s. v. confer').
[kösome pu:Ri] loc. adj. • Completement pourri (GT 109203). Compose original dont le premier terme est employe comme adverbe intensif en Normandie dans des locutions comme consomme bon, consomme gras, etc. (ALN, enq. inedites ; Moisy 1887 : 153b ; 0 FEW 2, 1096a CONSUMMARE), ä rapprocher de pourriconsomme, releve ä SPM (BrasseurChauveau).
CONTEURVENT [ k ö t o e R v ä ] , CONTREVENT [ k 5 t R 9 v ä ] s. m. • Porte exterieure, generalement munie d' un ressort qui la ferme automatiquement. La porte d'entree elle-meme se trouve juste ä cote, quand il n'y a pas de tambour. 1 2
«J'ai oublie de fermer [foRme] la stormdoor [angl. ], le contrevent». «Mais pas nous autres* ! Nous autres disons toujous* le tambour, mais j ' a i tendu* le conteurvent». (GT 099203).
COQUILLE
3
«C'est ς a* que c'est:
un contrevent, pour
pas que le vent tape dans la porte d'en dedans». (GT 109211).
Ce type lexical pour un
cooker.
Emprunt ä 1'anglais bien atteste dans les parlers du Canada (ALEC 1284b).
V. ENCONTRER.
CONVARTIR (SE -) [s
«J'ai cooke un coup* tout seul, pas de cooky* ni rien de 5a, pour soixante-dix hommes pour* trois semaines. f a ce* tait de l'ouvrage !»(LC 138403). cook 1.
Emprunt ä Γ anglais to cook, egalement atteste au Quebec (ALEC 1285x) et en Acadie (Naud ; Moncton, NB, 1978, d'apres E. R.).
>
CONTRER
123
«Je tais cook, un hiver. J'ai cooke* pour soixante-dix hommes». «Je faisais la cuisine ä la maison... Je tais pas un vrai cook, mais dame* ! Je pouvais cuire* un petit peu».
Derive du suivant, egalement atteste dans les parlers acadiens (Arseneault 1973 :34, d'apres E. R.).
Carapace. 1 2
>
•
corail 2.
Emploi typiquement acadien (DHFQ 206 ; Massignon 531 ; ALVMA 287 ; Boudreau ; Brasseur-Peronnet 1993 : 63 ; Geistdoerfer 1987 : 56) ainsi q u ' ä S P M (BrasseurChauveau) d'un substantif qui denomme en France un autre coquillage, Cardium edule. A ajouter ä FEW 2, 823b COCCUM.
Emprunt ä 1'anglais qui n'est pas rare dans les parlers quebecois (Clapin, Dionne, Belisle, s. v. couque ; ALEC 1284a). Un emploi dans la marine est aussi signale au Canada (Dunn et GPFC, s. v. couque ; Geistdoerfer 1987 : 77).
COOKAGE [kuka3] s. m.
Coquillage, mye, My α arenaria. «Ben tu connais les moules pis les coques, les palourdes* est quisiment* pus r o n d » . (MH 019203).
«La coquille fend sus le dos, pis a tombe». [Ä propos du homard]. «Quand* que j e le laime* beaucoup c ' e s t fricasse avec des egnons* et du lard* lä [...] On le bouille* premier* par exemple. Pis lä* tu le tires dans* la coquille». (MH 069202). bete 12, cochon (de lait) 1, foret 2, loutre 1.
0 Specialement Bete ά coquille. V. BETE. Coquille, atteste en fran9ais general pour l'«enveloppe calcaire qui recouvre le corps de [...] quelques crustaces» (Rob 2, 922b), est une extension d'un emploi atteste depuis l'ancien frangais : (FEW 2, 1002b C O N C H YLIUM). Ce type lexical est largement repandu chez les pecheurs acadiens (ALVMA
124
COQUILLE
330 ccarapace du crabe et du homard>; Naud) comme dans les parlers frangais du sud de la Loire (ALCAM, enq. inedites, q. 251 •ccarapace (du crabe)>). La prononciation [kotfi] a ete relevee ä Sainte-Anne-du-Ruisseau, en Nouvelle-Ecosse, pour une coquille d'oeuf (Massignon 967).
COQUILLE [kotfije] adj.
(Massignon 397 ; Naud). Mais sous l'appellation est atteste dans la premiere moitie du 18esiecle en frangais et a aussi ete releve dans quelques parlers hautnormands (FEW 2,649a CHORDA). Cet emploi est largement repandu au Canada (ALEC 1340 ; Belisle ; Mont-Carmel, IPE, 1975, d'apres E. R.). Cordeau est particulier ä TerreNeuve, probablement par attraction paronymique de cordon.
CORDER V. ACCORDER.
CORDON I
[ k o R d ö ] s. m
• Cordelette entrant dans la fabrication d'une corde. «Y a trois cordons dans la trawl*. Tu passes 9a [le piquois*] dans iun*, tu fais un trou. Apr£s 9a, tu passes ton echampeau*, tu passes dans ce troulä, tu fais le tour de la trawl avec le bout* [but],
pis lä* tu \-Yamarres*». (LC 029220).
Cet emploi de cordon, atteste depuis 1700 (FEW 2, 645a CHORDA), est vieux en fran?ais (TLF6,181b ; Rob 2,931b ; GLLF987a).
CORDON II V. CORDEAU.
CORE [kOR] adv. • Encore. V. aussi ACORE. >
«Pas core tout de suite !» main 6, pour 18.
125
Cette forme, peu frequente, ayant subi l'apherese, est d'origine dialectale. Elle est largement repandue dans les parlers d'o'il (FEW 4, 474b HORA) et signalee au Canada (GPFC).
CORLIEU [kQRljo], COURLIEU [kuRlijce]
s. m.
• Oiseau, courlis, Numenius «Les alouettes*, les priviers*, les corlieus [...]»
La plupart des dictionnaires enregistrent courlis et courlieu, tandis que corlieu est une Variante moins fr6quente (TLF 6, 348a [prononc.]). Courlieu ne figure cependant qu'en entree secondaire dans Rob 2, 1011b. Dans les parlers dialectaux, corlieu est aujourd'hui atteste dans le nord du departement de la Manche et courlieu dans la Baie du Mont-Saint-Michel ainsi qu'ä Jersey (ALCAM, enq. inedites, q. 297 ; ALN 678 ; FEW 2,1188a KORLI). Ces deux formes sont absentee de la lexicographie canadienne ( 0 ALEC ; 0 Massignon 421 ; 0 ALVMA 338) mais ont ete relevees ä SPM (BrasseurChauveau). Elles y ont manifestement ete introduites par les Terre-Neuvas.
CORME [ k o R m ] s. f. • Fruit de Pyrus americana. Syn.: GRAINE DE (ou A) CHIEN. «C'est un bois qu'i pousse des cormes dessus lä, des petites graines* lä qu'i appelont des cormes». (LC 189802).
V. le suivant.
CORMIER [koRmje] s. m. • Arbuste, Pyrus americana. Syn.: BOIS DE CHIEN. >
«Un cormier ouais ! Mais moi je le connais pas ! Ma möre le connait». (GT 099203). graine 4.
Ce type lexical, qui designe aujourd'hui en France le sorbier et en Suisse romande le cornouiller (TLF 6, 186a-b ; FEW 2, 1188a-b CORMA), est usuel au Canada pour le sorbier d'Amerique (ALEC 1617 ; Massignon 185).
126
CORNAILLER
CORNAILLER [ k o R n a j e ] v. tr. • Heurter avec les cornes (en parlant des vaches). «A va avec sa come pis a comaille son veau ou de quoi*». (LC 189802).
Type lexical largement repandu dans les parlers dialectaux de l'ouest et du centre de la France (FEW 2, 1192a CORNU ; ALN 846 ; ALIFO 527 ; ALO 504) ainsi qu'au Canada (ALEC 511 ; Belisle ; Thibodeau 1976 : 31, d'apres E. R.), meme si Massignon 854 ne l'enregistre pas.
CORNE [koRn] s. f. • 1. Antenne (de crustace). V. aussi BARBE. • 2. Tentacule (de calmar). [A propos de Vencornet* farci]. «Tu prends les cornes, ben tu peux couper 9a pis mettre 9a dans ton stuffing* aussi». (MH 019203).
• 3. Patte d'une ancre ou d'une pigasse*. [Aussi au masculin, dans cet emploi (LC 029214)]. Le premier emploi a 6t6 releve en France aupres des pecheurs du nord du departement de la Manche et surtout sur la cote atlantique entre Loire et Gironde (ALCAM, enq. inedites, q. 250) ainsi qu'au Canada dans divers parlers acadiens du sud-est du NouveauBrunswick, de l'Ile-du-Prince-Edouard et de Γ lie du Cap-Breton (ALVMA 321). Les autres emplois sont originaux ( 0 FEW 2, 1191a sq. CORNU).
CORNER [kDRne] v. tr. • Donner un coup de corne. «I te corneront». > beurgot 12.
Emploi rarement enregistre par les dictionnaires (GLLF 989c), mais bien atteste dans les parlers dialectaux de France, particulierement en Normandie et Bretagne romane (FEW 2, 1192a CORNU ; ALN 846), comme au Canada (Dunn ; Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier ; Belisle), en Louisiane (Daigle) ainsi q u ' e n Creole g u a d e l o u p e e n ( D C G 1 7 8 b :
kdme, s. v. kdne).
CORPS [kOR] s. m. • 1. Age (de la charrue). • 2. Verge (d'une ancre). (LC 029214). • 3. Corps de glace Iceberg. «L'autre affaire* c'est les corps de glace, les icebergs [pron. angl.] qu'il appelont*, les corps de glace, 9a. f a fond pas, 9a». (LC 029218).
Emplois originaux. Le premier est ä rapprocher de celui qui est atteste au 19c siecle en frangais : (FEW 2, 1215a CORPUS). Corps de glace est probablement issu du vocabulaire de la marine : corps ; Thibodeau : ), cossarde n'etant atteste qu'en Acadie (Massignon 396 ) et en Louisiane (Ditchy :). Cossard releve ä La Plaine-sur-mer (ALCAM, enq. ine-
COULER
dites, q. 308) est probablement d'origine differente. Nous y voyons un emprunt recent ä Γ argot cossard dont la premiere attestation ne remonte qu'ä 1920 (TLF 6, 255a) en raison des mceurs de cet oiseau de haute mer, qui se nourrit en harcelant les especes qui partagent son environnement pour les forcer ä regurgiter leur nourriture.
COSSINE V. CONSINE.
COTE [kote] S. m. • L'autre cote Le Canada continental. V. aussi BORD. «C'est tout* [tut] parti de l'autre cote». (MH 038001). > poule 3.
En frangais cote s'emploie pour couturiaise 1 2.
• Subj. pres.: que je 3
coude,...
«Faulait [falloir*] que tu la coudes tout le tour*». (LC 027401).
• Part, passe : coudu. 4
«I m'a coudu le nez».
> logans 2.
V. aussi ACOUDRE. Ce type de forme a έίέ releve au Canada : coudant, -ais, -is, -u , (GPFC), particulierement dans les parlers acadiens : vouscoudez,j'ai coudu (Poirier); coudu (Thibodeau); ALEC 316, 316x ; Massignon 1254 . II n'est pas sans equivalent dans les parlers dialectaux de France. V. par ex., en Saintonge : incoudable (FEW 2, 1089a CONSUERE).
COUETTE [kwet] s. f •
Chignon. 1
2 3
«Les pus vieilles, i faisont \faire*] des couettes ici lä, i prenont leus* cheveux pis i les roulont comme 9a, i faisont une couette». (GT 099203). «C'est les cheveux d'fcne femme ramassös derrifcre, 9a c'*£ne couette». (GT 109211). «Dans notre temps nous autres* en grandissant on voyait pas les femmes ac* les cheveux coup6s, il aviont toutes une couette : les cheveux longs pis ce* tait tout* [tut] roul6 d'fene boule lä en anriere». (LC 189802).
Le sens usuel en Acadie est barge 2.
L'emploi factitif d'un verbe transitif s'observe pour d'autres mots en FTN. Le second emploi, qui a aussi ete note en frangais reunion-
128
COULER
nais : arrifere 3, bordie 4, boss 2, brise 2, -citte 1, cooker, corde 1, de 18, fois 4, haddeck 2, maudit4, patte4, pulp, trip. 2
COULEURE [kul0Re] s. m. • Homme de couleur. Emploi substantive original ( 0 FEW 2, 923a COLOR). V. le suivant.
COULEURER [kul0Re], [kulORe] v. tr. • Colorer, revetir de couleur. 1 2
3
4
«C'est de la boisson* mais q u ' e s t pas couleuree». [En parlant du trois-six*]. «Tu pouvais le couleurer si tu voulais ; tu le couleures avec du sucre, tu sais tu le brüles avec du sucre». [A propos du ragoüt]. «Faut tu... tu couleures. Si c'est pas couleure, c'est de la soupe». (GT 109202). «Pis lä si tu voulais la laine couleuree, i
faulait \falloir*] que tu vas au magasin, pis lä t'achetais de la teinture et des petites enveloppes, pis lä tu teindais [teindre*] la laine». (LC 189802). > divin, hardes 7, nouvelle 1, parle, plume, stew 3, un 2.
La refection du verbe colorer ä partir du substantif couleur est frequente dans les parlers regionaux de France (FEW 2, 922b-923a COLOR) comme au Canada (Dunn ; Clapin ; Dionne ; Poirier ; Naud) et ä SPM (BrasseurChauveau).
COULOIR [kulweR] s. m. •
Passoire. «Le thi qu'on a asteure*, c'est tout* [tut] fin, fa passe ä travers le couloir». (LC 189200).
Cette extension d'emploi du fran^ais : recipient perce de trous, destine ä passer ou egoutter la partie liquide de certaines preparations) (TLF 6,312b), qui s'applique generalement ä la passoire ä lait (FEW 2, 8 7 b - 8 7 8 a COLARE), est egalement signalee en Louisiane (Daigle).
COUME V. COMME.
0 Specialement dans la loc. conj. : Un coup que Une fois que. 5 «Un coup que t'as le knack* [...]» Cet emploi, issu de la langue classique (GLLF 1018b), qui a ete note aussi ä SPM (BrasseurChauveau), au Canada (Poirier ; Boudreau ; Naud) et en Creole hai'tien (Valdman 305 : kou), n'est admis en fran5ais contemporain que dans des locutions figees (TLF 6, 316a-b ; Rob 2, 992a). Un coup que est atteste dans l'ouest de la France (FEW 2,868a COLAPHUS), ä SPM (ibid.), au Canada (Dunn ; Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier ; Boudreau ; Belisle 216b) et en Louisiane (Daigle). Ν. B. : L'emploi (Brasseur-Chauveau). A Terre-Neuve, II ne s'agit jamais d'une collation, mais d'une simple mogue* de cette boisson, comme ce serait le cas en franijais populaire : 6
«Je croyais vous ariez iu [aoir*] un coup de the». (GT 008003). 7 «Je t'ai pas demandέ si tu voulais un coup de the non plus». (MH 059202). > greer 5, schnick, tassee 3.
COUPELLE V. COUPLE.
COURCIR
2
COUPER [kupe] v. tr. • 1. Couper un chemin Tracer un chemin. 1
«J'avons des chemins de coupes jusqu'en haut sus la montagne*».
• 2. Couper (une maison) l'etage. 2 3
Supprimer
[A propos d'une maison]. «Et j ' a i coupe cette*-lä au defunt* Ugene* Cornect». «Y a du monde asteure* bien... i aviont des grands* maisons comme 9a ici hein, pis lä... aprfes des annies leu* famille itait grandie et ςα*, be* lä i coupiont la maison hein ! I retiriont l'itage au-dessus». (LC 189802).
• 3. Couper au court Raccourcir, abreger. • 4. Couper le germe feaRm] Desinfecter. 4
>
«Je prenais de l'eau bouillante, pis je chauffais la... la pince dedans, pour tirer le... couper le germe». sarber.
Ces differentes locutions ne sont pas enregistrees par les dictionnaires fran9ais (0 FEW 2, 865a sq. COLAPHUS). Couper les chemins est cependant atteste dans les parlers du Canada (1276x). On a releve aussi au Quebec couper au plus court gaspareau 1.
• Un couple de, Une couple de Un petit nombre de, quelques.
«Une couple de piasses*, 5a sera toujours autant». 3 «Je sais fene couple de mots en breton : kik and bara, bara ο kik». [breton kig , bara , ο [ha ] ; angl. and ]. (GT 109212). 4 «Pis tu vas mettre ?a en bouteille pour* ene coupelle de jours». (LC 029212). Au masculin : > battre 1, 6pinette 3, mousquet 3, travailler 3. Au fiminin : > back 8, comme 2, 5, de 6, fier 1-1, livre II-2, ndyer 3, plumer, tiendre 19, vie 7.
Le mot est atteste avec les deux genres en fran9ais (FEW 2, 1159b COPULA ; Brasseur 1993 : 89). Les dictionnaires s'accordent mal sur ses emplois. Au feminin il est vieilli ou regional pour un (TLF 6,327b) ou bien il exprime, en emploi familier, un petit nombre mal determine (GLLF 1022b). Au masculin, il est regional : un couple d'heures (Rob 2, 999b) ou s'emploie avec un substantif exprimant la duree (TLF 6,328a). Un couple de a aussi ete note ä SPM (BrasseurChauveau). Dans les parlers du Canada, il n'a ete releve qu'au feminin (ALEC 217x, 538x, 1884x ; Dionne ; Arsenault 1975 : 63 ; Snow 1977 : 31 ; Savoie 1979 : 57 ; Maillet 1979 : 73, d'apres E. R.). Certaines prononciations terre-neuviennes illustrent le phenomene populaire de la disjonction du groupe [pi] en [pel] ou [poel]. Elles sont egalement en usage au Nouveau-Brunswick (Moncton 1978, d'apres E. R.).
COUPURE
[ k u p y R ] s.f.
• Fente (de la tete d'une vis, par ex.). [Ä propos du fer a galfat*}. «Y avait ene petite coupure dedans, pour ramasser* l'etoupe». (LC 149808).
Extension d'emploi originale ( 0 FEW 2,865a sq. COLAPHUS).
COURCIR
[kURSiR] v. intr. ?
• Raccourcir. «La jornee* 018103).
commen^ait ä courcir». (AC
Forme specifique qui peut representer les mots franfais accourcir (FEW 2, 1582b *CURTI-
130
COURCIR
ARE) ou raccourcir, par apherese, aussi bien qu'un d6rive original de court (Brasseur 1996b: 299).
Emploi original ( 0 FEW 2, 1208b sq. CORONA), ä rapprocher de couronne solaire (GLLF 1028b ; Rob 2, 1013a).
COUREE [kuRe] s. f. • Crepine (du mouton). «T'as la laine, t'as la peau si tu veux pour faire des hausses* [ROS], t'as la graisse, et t'as le sang, pis t'as la couree». (LC 037401).
Emploi original ( 0 FEW 2, 1178b sq. CORATUM), d'un mot que les dictionnaires frangais enregistrent comme vieux ou regional (Rob 2,1008b) ou vieux et provincial (TLF 6, 343a) pour les corail 2, gare 4.
• Deuxieme cousin, Cousin en deux Cousin issu de germain. • Troisieme cousin, Cousin en trois Cousin au troisieme degre. (Confirme par GT 099203). Les locutions premier cousin, premiere cousine, qui n'ont, en France, qu'un correspondant Savoyard (FEW 2, 1074b CONSOBRINUS), n'ont 6te relevees au Canada qu'en Acadie (ALEC 1874,1875 ;Massignon 1707). Deuxieme cousin est atteste 5a et lä au Quebec (ALEC 1876). Cousin en deux est ä rapprocher de cousin en second, de meme sens, qui a ete note au Canada (GPFC).
COUTEAU [kuto] s. m.
COURLIEU V. CORLIEU.
COURONNE [kuRon] s. f. • Halo de la lune. «Si la couronne entour* de la lune est tout proche* de la lune, i fera mauvais temps le lendemain ; si la couronne est au loin, i fera bon temps». (G. Barter, C.E.F.T., 1974, p. 24).
•
1. Coutre (de charrue). 1
«Le couteau oui ! I decoupe la pelouse*». (AC 059204). 2 «Y a le couteau, c'est lui qui... qui coupe. Pis la charrue c'est comme έηε aile*». (MH 059201). 3 «Le couteau coupe dedans, et pis 1 'aile* la chavire* en arrifere». (LC 029201). > pelouse 2.
• 2. Couteau ä deux manches Outil, plane (LC 029203).
COUVERT 4
«£a c'est pour pelurer*, comme des bois* de chassis*, si tu veux les mettre droit* [dRwat], bien*... (u prends le couteau ä deux manches pis... C'est quisiment* comme raboter». (GT 099203). 5 «Pis lä i mettiont leu* bois en-dedans la, pis... i chacotiont* 5a avec ieux* couteau ä deux manches qu'i appeliont fa : c'est 9a* ce qu'i appeliont un chualet*». (LC 189801). > chacoter 2.
L'emploi est atteste fä et lä dans les parlers dialectaux fran9ais (ALN 49 ; ALIFO 71* ; ALCe 256* ; ä ajouter ä FEW 2, 1498b-1499a CULTELLUS) et largement repandu au Canada (ALEC 724 ; Massignon 728). La lexie couteau ά deux manches possede une distribution typiquement acadienne (ALEC 2303a ; Thibodeau ; Boudreau ; Naud ; Ditchy). Elle a aussi ete enregistree ä SPM (Brasseur-Chauveau) et en Normandie (ALN, enq. inedites), mais aussi en Poitou (Civray : coutiau ä deux manches, 1825, Mauduyt [Rezeau 1994]), ce qui s'accorde mieux avec sa localisation acadienne.
COUTER V. ACOUTER.
COUTUME [kutyme] adj. • Accoutume, habitue. «Des paroles* que t'es coutume ä dire, f a c'est un diton*, 9a !» (GT 109210).
Forme specifique ( 0 FEW 2, 1091a sq. CONSUETUDO) qui represente probablement le fran5ais accoutume, par apherese, plutot qu'un deriv6 original de coutume (Brasseur 1996b : 296).
COUTURIAISE
[kutyRjez] s f
• Couturiere. V. aussi COUDEUSE. 1
2
«Y en avait qui coudaient [coudre*] leurs vetements ou... des couvartes*, de quoi* de meme, des couturiaises». (GT 109210). «Ene femme qui coudait [coudre*] bien, qui pouvait coudre toutes sortes de choses, i disiont c'*ene bonne couturiaise». (LC 189802).
Ce derive de couture n'a pas ete releve en France ( 0 FEW 2, 1098b-1099a *CONSUTURA) et n'est signale ailleurs que dans les
131
cr6oles f r a n f a i s (Chaudenson 1040 : [kutiryez]; DCG 186a : koutiriyez) et sous une forme voisine dans le parier acadien de Louisiane (Ditchy : couturieuse).
COUVARTE [kuvaRt] s. f. •
Couverture. 1
«L'autre de ses petits-gar^ons, a rentri, avec une couvarte devant lui pis il a couvri* son grand-pfere». 2 «Et par-dessus la paillasse, y a un autre drap de lit et par-dessus vous y a un autre drap de lit, pis lä* les couvartes. Y a un drap pou* mettre par-dessus, pis y a un drap pou mettre en dessous, par-dessous la couvarte». (GT 109207). 3 «//* l'ont abrie* avec ene couvarte». (LC 189804). > abrier 1, bailie 3, couturiaise 1, foulerie 1.
«Auparavant ma defunte* mfere ieusses* i appeliont 9a des couvartes piquees». (LC 189205).
En fran9ais couverte est vieilli et populaire (TLF 6, 393a, s. v. couverte), vieux (Rob 3, 3a) ou encore vieux ou dialectal (GLLF 1038c). La forme couvarte est attestee dans les parlers dialectaux de France, notamment dans le Haut-Maine, en Saintonge et dans le Centre (FEW 2, 1144b COOPERIRE). Elle est 6galement largement repandue au Canada (ALEC 136; Massignon 1242), comme en Louisiane (Ditchy).
COUVERT •
[kuveR] s m
Couvercle. 1 2
«Mets le couvert dessus». «Pis i met un couvert sus le pot* [pot]». (AC 018301). 3 «Tu pouvais retirer les couverts de* dessus aussi : y avait un couvert qu'i mettiont la plume dedans, pis i n-«'*aviont un autre qu'i mettiont par-dessus». (LC 189205). > beurrier 2, boite 3, carde 2, chique 1.
Derive de couvrir bien atteste dans les parlers de France, notamment de l'Ouest (FEW 2, 1145a COOPERIRE) ainsi qu'au Canada (ALEC 159 ; Massignon 1274 ; Belisle), en Louisiane (Daigle) et ä SPM (BrasseurChauveau).
132
COUVRIR
COUVRIR [kuvRiR] • Part, passe : couvri. 1
«La coiffe c'est par-dessus la panse, la panse du mouton. C'est couvri, c'est comme de la dentelle». (AC 099203). 2 «Tu voyais tout notre piste, pis les pistes du bceuf ce* tait tout couvri ac* la neige». (ΜΗ 069203). 3 «Pace que... quand* que le temps est couvri, il est pas beau !» (GT 109207). 4 «Si le soleil est couvri pis i tombe pas* riert lä, c'est du temps sombre». (LC 149804). > cabane 3, cfedre 1, clairon 1, couvarte 1, noix, nordet 2, pilot 3.
• Ind. impft. 3 e pl.: i couveriont. 5
[A propos des oursins]. «I tiont tant emmerdants [ a m a R d d ] quand j e pechions le houmard*. I se ramassiont* sus la boette*, i couveriont la boette». (MH 019203).
Ces formes locales ne sont pas signalees en France. Couvri se trouve au NouveauBrunswick (Moncton 1978, d'apres E. R.).
CRABE [kRa:b] s. f. • Crabe. «Une grosse crabe».
Mot feminin en franijais jusqu'au 18esiecle, qui a garde ce genre dans les parlers des cotes de la Manche (FEW 16, 350a KRABBI ; ALCAM, enq. inedites, q. 244-249), en Louisiane (Daigle) et ä SPM (Brasseur-Chauveau). Au Canada, le feminin est rare et ne se rencontre qu'en Nouvelle-Ecosse et dans l'lle-duPrince-Edouard (ALVMA 324,325,326,327), specialement, semble-t-il, quand le mot est emprunte ä l'anglais.
CRÄLOT [kRdlo] S. m. • Petit os au sommet du cräne de la morue. «C'est un morceau blanc, et j'appelons 9a le crälot, alle a 9a sus le haut de la tete». 2 «C'est le vieux diton* : un crälot de morue». 3 «I disont c'est vilain de quitter* le crälot de la morue avec la tete». > garrocher 4, roche 3.
CRAPAUD (DE MER) [kRapo (d meR)] s. m. • Poisson, scorpion de mer, Myoxocephalus scorpio. V. aussi PLOGOILLE. Type lexical nommant, sur les cötes de l'Atlantique, differents poissons (FEW 16, 363a *KRAPPA ; Rob 3, 16b) et particulierement le scorpion de mer gä et lä en Normandie, Bretagne et Vendee (ALCAM, enq. inedites, q. 166). Au Canada, il s'agit de la baudroie (ALEC 1424 ; Massignon 524 ; ALVMA 229). L'emploi est ici le meme qu'ä SPM (BrasseurChauveau) et nous parait propre au vocabulaire des Terre-Neuvas.
CRAQUE
[ k R a k ] s. f. • Fissure, crevasse. 1
«J'avons pris le meme pain* de glace, le meme, pis j'avons pas vu fene craque avant que j'avons arrivi ä [...] [inaudible], le meme pain de glace, plange* comme ςα* lä». 2 «Le mastic c'est use* joliment! f a c'est de quoi* qu'est use dans des craques que faut... remplir des craques, dans du bois et de quoi* de meme, tu sais !» (AC 059207). 3 «Pour boucher les craques». (LC 028301). > galfat 1, suire 2.
Mot bien atteste au Canada (ALEC 702,1243 ; Massignon 137 ; Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier; Thibodeau ; Belisle) et en Louisiane (Daigle), qui n'a ete releve dans les parlers dialectaux d'o'il qu'ä Jersey (FEW 2, 1269b KRAKK-).
CRAQUE [kRake] adj. • Fendille, crevasse (de la terre). 1
1
Substantif qui possede un correspondant aux Iles-de-la-Madeleine : crälo (Naud), peut-etre ä rattacher ä FEW 2, 1274a sq. CRANIUM.
2
«La terre est craquee pace que la terre est sec*... manque d'eau. I a pas mouille* pour* tel et tel temps et pis... la terre est craquee quoi». (GT 109211). «C'est si sec que la terre est craquee». (LC 189802).
Cet emploi atteste au Canada (ALEC 703 ; Massignon 138 ; GPFC ; Belisle) est ä rapprocher de celui que le verbe possede en Normandie (FEW 2, 1269b KRAKK-: Jersey kraki ).
CREUX
CRASER
[kRaze]
CRESSONNETTE
v. tr.
•
Ecraser.
>
«II* Γ a erase en mush*». charogne 1, froncle 1, mush 3.
[kResonet] s. f. • Plante condimentaire cultivee, non identifiee.
Apherese d'ecraser (Brasseur 1996b : 297), egalement attestee dans les Creoles fran5ais (Chaudenson 739 : [kraze] ; DCG : 187b : kraze ; Valdman 313 : kraze ; 0 FEW 16, 368a sq. CRASEN). Notons que la forme pleine du verbe ecraser est egalement employ 6e en FTN.
CRASSE [kRas] s. f. •
1. Poussiere (dans l'ceil). 1
«Tu peux aoir έηε crasse dans l'ceil o u . . . ou έηβ crasse sus la parle* de l'teil». (GT 109205).
• 2. Objet, be tail de mauvaise qualite. 2
[Ä propos de plantes condimentaires]. «La cressonnette e ' e s t tout ä fait bon pour mettre dans les... dans les poissons... si v o u s . . . f a i s e z [faire*] de la chapelure pour mettre dans la morue, pour la rötir. Vous mettez de la cressonnette dedans pis ?a e'est bon !» (AC 099206).
Autre nom de la cardamine en fran5ais (Rob 3, 35b ; GLLF 1057b), specialement en Normandie et Bretagne romane (FEW 16, 385a *KRESSO), du cresson des pres au Canada (B61isle).
CREUSEUR
CRAVATE [kRauat] s. f. Echarpe.
> ac 1, autour, turc.
Emploi egalement atteste aux Iles-de-la-Madeleine (Naud), qui n'est pas enregistre par les dictionnaires (FEW 16, 396a KROATE).
CRECHE
[ k R e J ] s. f. • Stalle (dans une etable).
1
planches*
5a. Tu nen* mets iun* de chaque bord*.
(Ja c'*fene creche 5a. I va έηε bete*
2
3
>
[Ä propos des mouettes]. «I vont plonger leu* creuseur pour assayer* ä traper* de quoi*, mais i plongeont pas c o m m e u n . . . » (GT 139202). «Y en a iun* qui mfene le cheval pis l'autre m£ne la charrue. ζui*-lä q u ' a la charrue il est en darriere*, il a les deux manches lui, e'est lui qui guide la charrue, la creuseur que faut q u ' a va, pis la d i s t a n c e q u e f a u t q u ' i coupiont». (LC 029201). [A propos des trappes* ä monies]. «S'il avont six ou sept brasses* de creux* i les tendont ä ce* creuseur d'eau-lä». (LC 029206).
bras, brasse.
Ce type lexical est atteste dans divers parlers dialectaux de France, notamment en Anjou, Sologne et dans le Centre (FEW 2, 1363b *KROSU-). II est caracteristique des parlers acadiens du Canada (ALEC 727 ; Massignon 732 ; Poirier ; Thibodeau ; Boudreau ; Naud) et de Louisiane (Daigle).
CREUX
«Tu mets un poteau de* delä, qui va lä, pis tu lä-dedans».
[kR0],
CREUSE
[kR0z]
adj.
•
Profond. Ant.: PLAT. 1
(LC 029218).
Emploi specifique des parlers du Canada (ALEC 385 ; 0 FEW 16, 390b sq. *KRIPPIA), quoique Massignon 867 ne semble lui donner que Γ emploi du fran9ais : .
[ k R 0 z o e R ] s. f.
• Profondeur.
[A propos des vaches]. «Ah ! Ici e'est ien* que la crasse q u ' y a ici, j e pense y avait dixi e * sortes tout melees ensemble !»
Le premier emploi, original ( 0 FEW 2,1280a CRASSUS), est issu du fran9ais general (TLF 6, 430b). Le second appartient particulierement au vocabulaire des TerreNeuvas, puisqu'il a aussi ete releve ä SPM (Brasseur-Chauveau). II est ä rattacher au fran5ais populaire (GLLF 1048b avec une citation de R. Vercel).
•
133
2
3
[A propos des piteaux*]. « C ' e s t seulement dans l ' e a u creuse, ou loin au large». (AC 099205). «I disont en dessous de la mer, c'est c o m m e sus la terre : y a d e s places* creuses pis d'autres p u s . . . plates*». ( M H 069201). «Ici l'eau est trop creux». ( G T 139202).
134
CREUX
4 5
>
«Υ avait creux d'eau !» (LC 029204). «Oh le lac est creux ! Y a des endroits qu'y a p't-6te cinquante brasses* d ' e a u !» (LC 029213). fontaine 1, houle 3, plat 1-2, 5, rivifere.
0 Empl. subst.: - Profondeur. 6 7
«Treis et* quatre brasses* de creux». «Des fois la terre etait gelde sus trois pieds de creux». > creuseur 3.
CREYATURE [kRejatyR] s. f. •
- Eau profonde. >
Prince-Edouard (Massignon 1216 ; Wellington 1974 : corver (la chandelle), d'apres E. R.). II repose sur un plus ancien tuer atteste jusqu'au 18e siecle en franfais et jusqu'ä l'epoque contemporaine dans les parlers dialectaux de l'Ouest et du Centre (FEW 13/2,446a TUTARI).
0 Empl. adv. «Labourer creux». «Se* jetombions, Wen*j'allions pas creux !» (LC 028501). 10 «Y avait un gars* qu'avait passe avec des bois* lä, qu'assayait* pour* l'eau, i m'a dit, i dit tu vas pas creuser creux, i dit, tu vas avoir de l'eau. Nom de Dieu j'ai creusi seize pieds, dans les pures chatnes* !» (LC 029202).
2
8 9
>
Femme. 1
eau 4.
margau 1, tant pus 2.
L'emploi adjectival est une survivance du moyen fran^ais, qui a ete enregistree dans divers parlers dialectaux de France, notamment en Nantais (FEW 2, 1362a *KROSU-; Brasseur 1993 : 93). En Amerique du Nord il ne semble atteste que dans les parlers acadiens du Canada (Poirier; Boudreau ; Maillet 1976 : 31, d'apres E. R.) et de Louisiane (Daigle). On le trouve aussi dans les Creoles fran^ais (Chaudenson 739 : [kre] ; DCG 187b : kre ). L'emploi substantival a aussi ete note au Canada (GPFC ; Belisle ; Naud). L'emploi adverbial a ete releve en Nantais (Brasseur, ibid.) ainsi qu'au Canada (ALEC 728 ; Massignon 732).
Dans les parlers dialectaux, comme au Canada et ä Terre-Neuve en particulier, ce type lexical, d'usage courant, n'a pas de valeur pejorative comme en frangais (TLF 6,446a ; GLLF 1051c ; FEW 2, 1297b CREATURA). La forme phonetique relevee ä Terre-Neuve est bien attestee au Canada (ALEC 1733 et Massignon 1713 : ). Dans les parlers dialectaux de France, eile est circonscrite ä un perimetre qui inclut la Normandie, le Perche et le Haut-Maine (FEW, ibid.).
CRITURE •
F o r m e locale ( 0 FEW 11, 339a sq. SCRIPTURA), par apherese d'ecriture.
CROC
CREVER [kRave] v. tr. I n d . p r e s . : je creuve
•
Eteindre (un eclairage).
Cet emploi, qui se rattache ä un sens popul a t e de crever (TLF 6, 480b), n'a de correspondant en France qu'en saintongeais : queurver ). Le premier emploi, releve ä SPM, recouvre des sens divers de crochet, mot inusite äTerreNeuve. L'emploi , qui n'est pas Signale en France ( 0 FEW 16,397a sq. KRÖK ; 0 ALCAM, enq. inedites, q. 332) est bien atteste au Canada, mais croc ä peche est une locution specifique. C R O C H A G E
[ k R o J a 3 ] s. m.
• Action de travailler au crochet ä ouvrage. «[...] des cours pour apprendre ä brocher* ou... faire du crochage, coudre». (LC 189206).
Type lexical original ( 0 FEW 16, 397a sq. *KRÖK). C R O C H E [ k R D j ] adj. • 1. Crochu, courbe, recourbe en forme de croc*, tordu.
135
«II aviont un couteau au ras* ieux* sus la table [...] en tous cas* qu'y en ait iun* qui faisait son croche ac* les cartes». (MH 069204).
L'emploi adjectival , qui a aussi ete note ä SPM (Brasseur-Chauveau), est considere comme vieilli ou regional. II est particulierement bien atteste dans les parlers dialectaux de Basse-Normandie, du Maine et de Bretagne romane (FEW 16,399a *KROK) et il est bien vivant au Canada (TLF 6, 515b ; Rob 3,59a ; Belisle) et en Louisiane (Daigle). L'emploi substantival correspondant est egalement usuel au Canada (ALEC 1050 ; Belisle) et en Louisiane (Ditchy ; Daigle). Le sens de possede egalement des correspondants au Canada (GPFC amancher, rouvrir 6. 1 2
0 Empl. intr. S'accrocher.
«II arrive avec une pipe, une pipe croche, avec une grosse tete dessus». 2 «Deux dents tout croches comme 5a, lä, comme des comes de vache». (AC 019000). 3 «C'est pas du beau bois, c'est pas du grand bois, c'est du bois qu'est court, du bois rallu*. C'est croche et pis... y a pas grand bois lä». (GT 109203). > chaouin 2, icardes 4, falloir 2, fond (ä -) 3, rallu 2.
> fond (a—) 3, haler 13, jouel 2.
0 Empl. subst. m. Courbure.
«A s'en va, a se croche autour du cou, alle l'embrasse, pis a 1 'hale* en dedans* la maison !» (AC 018001). > gobarge 3, macher, repousse 2.
1
4
[Ä propos du fond du dory*]. «Faut que tu mettes un croche dans la sole». (LC 029206).
• 2. En qui on ne peut avoir confiance, voleur. 5
«Je disons pas voleur, je disons il est croche». (GT 109210).
0 Empl. subst. m. Personne malhonnete. 6
«Elle dit c'est un croche, elle dit c'est un voleur».
0 Specialement: Faire son croche Tricher.
• 2. Attraper d'un geste rapide. «I saute debout* [dsbut], i croche ses culottes, pis i hale* dessus, pis... i sepousse*». > ddchirer 2, limon 3, rasoir 1. 3
• 3. Prendre ä l'hameson. >
faucher 2.
II. V. pron. • 1. S'accrocher. 4
• 2. Se tenir mutuellement (par la main, le bras). 5
«Tout le monde se croche par la main».
L'emploi est vieux, regional ou appartenant au langage des marins : (Rob 3, 59b). Se crocher
•
[ k R w a R ] v. Ind. impft.: je criyais, ...
«Quo*-ce vous en croyez vous de la place* qu'il appelont... Irak?»
0 Specialement: Avoir une bonne opinion (de qn). 6
«I nen* croyait eune tapee* de son chat. C'est la seule compagnie qu'il avait, pour dire la franche viriti [vaRite]». (AC 018304).
1 'amarre*, les amarres se crochetont ensem- • 3. Croire de(+ inf.) Croire (+ inf). >
•
ble». (GT 139201). se pointer.
2. Attraper.
larges 2.
0 Empl. pron. S'en croire Etre vaniteux. 7
7
>
[A propos des grands requins]. «Je l'ai vu sus* le television [pron. angl.] : des fois i crochetont des hommes». 8 «II a crochete le cheval par la queue». (AC 019000). 9 [A propos des maraches*]. «Pace qu'i pourront aussi bien te crocheter la main comme rien». (GT 139201). becquer 3.
>
• 3. Prendre ä Γhameijon. Le sens general de est considere comme familier en fran5ais (Rob 3, 60b). II n'est pas marque ä SPM (Brasseur-Chauveau).
8
«II a un petit ventre ! I s'en croit de ga !»(AC 049000). «A s'en croit! I croyont qu'i sont... qu'i sont un peu hauts*». (LC 189802).
La locution 5 'en croire est vieillie en fran9ais (Rob 3, 63b ; GLLF 1072a). Elle n'a ete notee au Canada que dans des parlers acadiens, (ALEC 2285 : ) et en Louisiane (Ditchy : (Massignon 1230), un [= ?] (Dionne), une patisserie cuite dans la graisse> (GPFC), une bouchon 2.
• 2. Qui a la chair ä vif. 2
[A propos du fars* d'encornet*]. «Si tu viens ä aoir 9a sus ta peau pis tu vas au soleil aprfes, ben tu peux venir* tout cru [rires] 9a peut faire mal». (ΜΗ 019203).
138 3
CRU
«Quand tu lavais sus la planche, la planche ä laver, et les mains veniont tout [tut] usies, il
aviont les mains crutes». (LC 189802). La f o r m e f e m i n i n e ernte est u n e survivance du m o y e n frangais attestee dans q u e l q u e s pariere dialectaux d e France ( F E W 2, 1 3 6 8 a et 1 3 6 9 a C R U D U S ) et au C a n a d a ( G P F C ; P o i rier; B o u d r e a u ; S u m m e r s i d e , IPE, 1 9 7 5 et T h i b o d e a u 1 9 7 6 : 2 6 , d'apres E. R.). L e premier e m p l o i e s t u n e e x t e n s i o n du fran9ais bout 4, broc 1, brocher 3, cedre 2, clair 7, etre 18, galfeter2, lapin 1, mangeur 3, marchage 1, mausesse 3, queurve 2, reel. : > a s s a y e r 4 , connaitre 3, 6, criture, cuire 2, jeune 3, marque 2, ramasser 18, tapee 5, vasier 1. I I . A d j . d e m . f. • Cette. S y n . : C E . 5 «La laine de mouton, quand meme* que tu le mouilles tes mitaines* ou de quoi*, bien*, c'est pas fret* [fRet] comme c'te laine-lä». (LC 189205). > aller 11, ambitionne, anis 2, apiloter 3, citte 2, claircir 5, de 8, dope, 6chauffure 1, empres 3, enteur 6, fanche, honze 1, licence 1, mouiller 3, peine 1, peste, pitoune 2, prendre II, pulp 2, ... Cette f o r m e d e l'adjectif demonstratif f e m i n i n e s t b i e n attestee au C a n a d a ( C l a p i n et D i o n n e , s. v. c'te ; G P F C , s. v. ste ; Poirier, s.
Emprunt ä l'anglais regional crud ( D N E 125b),
v. cette).
l u i - m e m e representant l ' a n g l a i s standard curd
dialectaux d e France ( F E W 4, 8 2 0 a - b I S T E )
( O E D ) . A u x I l e s - d e - l a - M a d e l e i n e ,
et n o u s parait d ' u s a g e populaire en frangais.
[ k R 0 d z ] d e s i g n e d u avartissement 1, bois 9, brailloux 1, bruitet 1, chavfeche 4, chien 6, droit 1, goddam 1, gode, hibou, jackatar 2, pourcil 2, ras (ä -) 2, rond 2, souhait 3, souhaiter 4.
(Lait) caille. ( C o n f i r m e par A C 0 9 9 2 0 4 ) . 1 «C'est du lait crudze vous voulez dire vous autres*, crudze. Crudze 9a veut dire du lait caille, qui est crudze la, qui est... par tits* morceaux. Y a du lait cailli, qui est caille, c'est tout* en grand [tut α gRÖ] d'un morceau [...] pis c'est crudze aussi, c'est par tits morceaux». (GT 109210). 2 «Du lait crudze 9a c'est du lait qu'est aigre». (LC 189802).
D e r i v e original s u f f i x e sur la base du precedent.
C'TES [ste] adj. dem. m. et f. pi. • >
Ces. ramasser 14.
Cette f o r m e a aussi ete n o t e e aux I l e s - d e - l a M a d e l e i n e ( N a u d , s.v.
c'te).
ς'ΤΙ-CI [stisi], ς'ΤΙ-LÄ [stila] pron. dem. m. sg. •
CRUTE V. C R U .
E l l e est repandue dans divers parlers
>
C e l u i - c i , celui-la. 1 «Regarde 9'ti-ci !» 2 «As-tu jamais vu un pareil maudit* veau pour manger du beurre comme 9'ti-la !» maudit.
CUISINERIE
Formes populaires (FEW 4,820b-821 a ISTE), bien attestees au Canada (Clapin, s. v. ct'ici, c'tilä ; Dionne, s. v. c'tici, c'tilä ; GPFC, s. v. sti-ci, sti-Ιά ; Poirier, s. v. sti-cit; Thibodeau, s. v. sti-cette ; Naud).
CUERE [tJqeR], [t/wen], [tJwaeR], CUIVERE [tJqiveR], CUVERE [tJyveR] s. f. 1
«I mettiont leu* lait dans les plats ä crdmer, pis i tiriont la crfeme de* dessus avec une euere [tJqeR]». 2 «Des fois il aront mis dans une cuvere [tJyvcR], mais d'autres fois il aront justement* mis leu* doigt comme 5a lä, pis i plantiont dans la bouche». (LC 189801). > brasser 5, decremer, paisseur 3.
Les formes du type cuvere n'ont ete notees que dans des parlers acadiens, dans l'Ile du Cap-Breton et l'ile-du-Prince-Edouard (ALEC 155) ainsi q u ' ä la Baie Sainte-Marie (Boudreau). Mais Massignon 1287 ne les enregistre pas. Le type euere a ete releve au Nouveau-Brunswick et dans Γ lie du Cap-Breton en Nouvelle-Ecosse. Cuivere est particulier au FTN. Ces differentes formes ne sont pas attestees dans les parlers dialectaux frangais ( 0 FEW 2,827b sq. COCHLEAR ; 0 ALF 367).
[sqila], g U - L A [syla]
I. Pron. dem. m. sg. • Celui-lä. > beneri, galfat 1, malobligeant 3, paille-en-cul 3.
0 Specialement: Celui-Ιά lä Celui-lä. 1
«Cette*-lä e'est le vire*-z-aeufs, pis lä* ςιιίlä lä...» (AC 099205). 2 «Prends pas les autres, a dit, prends ?ui-lä lä !» (GT 108001). > clair 6, mal (pas -) 3.
II. Pron. determinatif m. sg. (antecedent d'un relatif, en particulier). • Celui. 3 4 5 6
Celui-lä, d'origine populaire, est frequemment prononce [sqila] et parfois ecrit (Rob 2,430b ; FEW 4,552b ILLE). La forme gu-lä est enregistree en Louisiane (Daigle). L'emploi comme antecedent du relatif nous parait egalement populaire.
CUIRE [tJqiR] v. tr.
• Cuiller.
ςυΐ-LÄ
139
« f u i - l ä qui voulait travailler, vivait pas pauvre». «Pus vite que ?ui-lä ä* Jack». (AC 048001). «Mais le chapelet du dimanche tait pus long que ςιιϊ-Iä de la semaine». (AC 098001). [A propos des cormes*]. « f a fait du bon vin pour ςυί-lä qu'il en fait». (LC 029205).
I. •
Cuisiner, preparer (un plat).
> garrocher 4, party 3.
0 N.B. cuire, en emploi transitif, se rencontre souvent pour le franfais de reference faire cuire. II. Empl. absol. • 1. Faire la cuisine, cuisiner. 1 «Elle a commenci ä cuire». 2 «J'ai cuit c't* hiver-lä». > baking powder 2, cook 2, goddamment 1, my 6, stew 2.
• 2. Faire cuire Faire la cuisine. 3
«Je fais cuire pour deux fois».
En fran5ais, l'emploi en construction absolue ne concerne que la cuisson du pain (TLF 6, 582b ; GLLF 1086b). L'emploi terre-neuvien est probablement un caique semantique de l'anglais to cook , comme en Louisiane (Daigle).
CUISINE [tfijizin] s. f. • Endroit du easier ou est placee la boette*. [A propos du homard], «Mais si i reste ä la cuisine tout le temps, bien* i pourra p't-ete trouver un trou». (GT 139201).
Denomination metaphorique originale ( 0 FEW 2, 1167b sq. COQUINA). En effet, comme ailleurs au Canada, «les repas de la famille se prennent dans la cuisine de la maison traditionnelle» (ALEC 64).
CUISINERIE [tfqizinRi] s. f. • Art de faire de la cuisine. «Bien* mon homme*, 9a c'*ene autre affaire* 5a ! f a e'est de la cuisinerie 9a !»
Derive de cuisiner, probablement independant de cuisinerie, atteste en moyen fran^ais au merae sens (FEW 2,1168b COQUINA), mais
140
CUISINERIE
qui n'est signale ni dans les parlers dialectaux de France ni au Canada.
compte du bois, des marchandises> (GPFC ; Dionne).
ςυ-LÄ
CULLER [kole] v. tr.
v. ςυι-LÄ.
• Trier (la morue seche, pour lui attribuer une qualite et un prix. «Y avait ä peu pres trois differents prix : [...] la grosse morue marchande... y a le Maderia [pron. angl.], la deuxieme. Alors y avait la troisifeme 9a, brül6 de sei, brüle de soleil, 9'allait ä West Indias [pour I'angl. West Indies ]. C'est lä qu'alle allait ielle*. C'est pour 9a que ce* tait culle de meme*». (AC 059201).
CUIVERE V. CUERE.
CULL [kol] s. f. • 1. Choix, qualite (de morue sechee). 1
«5 culls pensez done, e'est terrible [taRib] vous savez !»
• 2. Dernier choix (de morue s6chee). 2
3
>
«La cull, e'est de la morue qu'est cuit par le soleil, alle est chauffie. Et pis y avait de l'eau dessus pis le soleil a t6 dessus, 9'a cuit le derrifere de la morue, la peau lä, pis 9a e'est de la cull [...] C'est de la morue qu'est pus court lä vous savez, comme de la morue d'un pied ou deux pieds lä, ben 9a c'itait de la cull... i mettiont 9a pour la colle, d'avant*». (GT 109211). «La cull, 9a c'est la morue qu'est pas trop bonne. Ouais, la cull. Tu peux la vendre mais t'as pas beaucoup, un petit prixpour*». (MH 069202).
nombeur 2.
Emprunt direct ä l'anglais regional cull atteste dans les deux sens :
«Les rogues* de la morue c'est lä qu'i se tiennont [tiendre*], i se tiennont dans les culottines. C ' e s t lä q u ' a tient, comment dire... ses rogues, ses oeufs*». «C'est ien* que la fumelle* qu'a la culottine, le mäle l'a pas la culottine». «Les culottines non ! C'est lä que la petite morue devient*». (GT 139201).
rogue.
Derive original de culotte, peut-etre ä rapprocher du mot culottin enregistre par les dictionnaires des 17 e et 18esiecles (FEW 2, 1514b CULUS).
CUVERE
CUREE [tJyRe] s.f. • Cuilleree. >
relevee dans un parier quebecois (ALEC 1835x).
tassie 2.
Derive original de tchuere ( 0 FEW 2, 827b COCHLEAR), qui peut igalement etre dü ä une syncope de culleree, lui-meme atteste dans les parlers dialectaux du centre de la France et au Canada (FEW ibid., 828a).
• 2. C'est pas curieux loc. phrast. Ce n'est pas surprenant. [A propos d'un bon nageur], «C'est pas curieux ! En France, ä Saint-Malo, sa maison est au ras* l'eau sal6e». (MH 069201).
II. Adv. • Bizarrement. >
141
CURLER [koeRle] v. tr. • Boucler, friser. >
Emprunt ä Γ anglais to curl, de meme sens.
CUSSON V. ECUSSON.
CUVERE V. CUERE.
CUVEREE [tJyveRe] s. f. •
Cuillerde. 1
poule 1.
Cet adjectif signifie parfois en fran5ais : (FEW 15/2,49a-b D/ELA). Au Canada, le mot designe differents types de conduits pour l'6coulement de liquides (ALEC 20, 21 ; Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier ; Massignon 1122,1123 ; Thibodeau ; Boudreau). En particulier, on note un emploi (ALEC 381), similaire ä celui du FTN. Divers emplois ont egalement et6 enregistrds ä SPM, sp6cialement: (Brasseur-Chauveau), dans le vocabulaire des morutiers terre-neuvas : äge 1, allouer 2, apiler 2, becquer 1, cook 2, crocheter 4, devoir, faire 3, faucherie 2, fran9ais 6, gorlot 2, grole 1, gros 5, honte 1, jouel 1, kiss, manigane, piteau 1, privier, proche 12, ...
Cette inteqection familiäre est vieillie (TLF 6,686b-687a) ou r6gionale (Rob 3,144a). Elle est rarement signalee au Canada (Dionne).
DAMOISELLE [damwazel] s. f. Jeune fille, celibataire de sexe feminin. «Des jolies damoiselles».
En fran9ais, le mot est considere comme «sortant de la terminologie aristocratique» (TLF 6,691 b) ou archai'que «pour evoquer le moyenäge» (Rob 3, 146a ; FEW 3, 133a *DOMNICELLA). Au Quöbec, il n'est atteste que pour le nom de la libellule (ALEC 1571). Ä TerreNeuve il s'agit sans doute d'un emprunt, par l'entremise de la litterature orale, au vocabulaire des contes.
DANS [da] P re P . I. (Lieu). • 1. Ä. «Un petit peu dans l'£cole, pace que y* avait un cours de fran9ais». (AC 159201). > place 6. 1
• 2. Remplace en ou a (devant les noms de pays, de ville, etc. precedös ou non de Γ art. def.). 2 3
4
5
«Y avait pus de monde* lä-bas dans SaintPierre». «Peut-etre qu'y a du monde*, meme dans L'Anse-ä-Canards et les Maisons-d'Hiver, i vont dire ces paroles*-lä, mais je les atends* pas pace que c'est que... moi je suis pas fourri partout lä». (AC 099207). «Pas ici beaucoup, mais... dans le Canada i se tiennont [tiendre*] ä l 'entour* des fermes [faRm], dans les granges* et ς a*». (LC 149810). «Pis j'avons deux filles dans l'Amerique [amaRik]». (KI 018001).
143
> enteur 1, etre 6, haut 3, minder 2, mourir 6, part 6, ti 2.
Cet emploi a 6te not6 au Nouveau-Brunswick : «dans la Califournie» (Moncton 1978, d'apres E. R.). • 3. De, hors de. 6
«Va-t'en dire ä Jack, i dit, qu'il retire [il oeRtiR] sa vache dans le champ». (AC
II. (Temps). • 1. En (dans l'expression de la date, suivi d'une annee, d'un mois). «Je crois que 9a commence seulement dans septembre». 8 «Moi je tais ηέ dans 1930». 9 «J'ai perdu [paRdy] mon ceil moi dans dixneuf cinquante-quatre [cent*]». (AC 049000). > avri 2, battre 2, bior 3, boetter 2, botts 3, de 8, fun 4, jeepers 2, loup-marin 1, nouel 3, soixante-etdix 1. 7
0 Sp6cialement, pour les saisons : 10 «I d61ogeait lä de bonne heure dans le printemps, pis i restait lä jusqu'aux neiges». (LC 028401). > belette 3, biniri, bior 3, caband 3, carriole 3, chesseresse, d6pass6, droit 3, ichauffure 2, faucherie 3, gäche 2, grange 1, haier 11, hibou, huile 8, lapin 3, ligne 3, logans 1, magasin 1, marache 1, ...
V. aussi TEMPS. • 2. En, dans la duree de. 11 «Tu vas pas marcher lä dans une journie !» 12 «Je peux engraisser dans deux jours, moi ! Ouais ! J'engraisse vite !» 13 «Dans toute ma journ£e j'ai fait douze milles, dans toute ma joum6e !» (LC 029205). > gallon 2, guirission 2, mess 2, neillasse, plat 1-6, lune 4, 5, 6, quintau 2, soixante-et-dix 2, tassie 2.
L'emploi devant des substantifs denommant une periode de temps a 6te note ä SPM (Brasseur-Chauveau). II est aussi atteste au Canada (Dionne ; GPFC : darts un rien de temps ; Poirier : dans l'ete amour 6. De les : > binocles 2, igard (en - de) 1, ieusses 8, mop, passe-partout 1, päti 1, queue 6.
• 2. Parmi. 5
DARD [daR] s. m. • Espadon (LC 029210). Type lexical qui designe en fran5ais un (FEW 3,16bDAROi>). L'emploi terre-neuvien est original.
«Y en a d'ieusses* qui va jusqu'ä cent milles». 6 «I ariont te fene coupeile* de ieusses*, deux ou trois d'ieusses». 7 «Pace* moi je sais j'ai trois sceurs, pis i nn'*a pas d'ieuiiei* qui brocke* des sweaters*». (LC 189205). > alright 1, arracher 3, autre 9, bord 3, calotte 2, canadien, couple 4, Schollene 2, gang, guimbarge 3, siner 3.
• 3. Dans les dates, devant le nom du mois.
D(E) 8
«Le quinze de juillet* les fraises sont müres, pis c'f'*annde ce* tait dans* aoüt avant qu'il avont muri». 9 «Du vingt d'avril au cinq de juillet*». 10 «Quand* que je faisais le jardinage, je faisais mon jardinage le quinze de mai». (LC 029219). > ä 14, avri l.debout 5, dempis 2, muleron 3, nouel 2, par 10, peuplage. Emploi populaire en fran9ais. • 4. Suivi d' un adjectif indiquant une taille, une dimension. 11 «Deux pouces d'dpais». 12 «Y en a qui sont iert* que comme 9a de long». > bas 1-15, beurdouille 2, ddrublde, ddrubler 4, dinguette, driver 1-2, driver III-4, loutre 1, palourde 2. • 5. Al'6poquede. > petitesse 2. • 6. Au sujet de, ä propos de. > complainte, eau 6. • 7. De la part de, venant de. 13 «C'est bien gentil de toi». (AC 018004). 14 [Ä propos du sei]. «J'avions 9a de la Coupde». (ΜΗ 069201). > de 17. V. aussi ACHETER. • 8. Dans les locutions : • Dedelä D e l ä . 15 «J'avais une soeurde* maride un peu plus loin comme* un mille de delä». 16 «Je vas la tirer de delä». 17 «Je les avions de delä, je sais pas s'i tiont faits lä». 18 «Je m'avais coupd le doigt un coup* moi ici, de delä ά* venir jusqu'en bas* ici [...]» (AC 049000). 19 «De delä il ont montd jusqu'ä* Alaska, partout». (LC 189201). > apiler 3, apilotis 1, bas II-l, crdche, de 32, ddmarrer 3, faire 7, homme 3, lune 6, marcher 2, premier 7, pouoir 5, quatre 7, supposd 3. • De dega D e 9a. > rets 3. • De de lui De lui. 20 «Je suis dipote* de de lui». (GT 109210). • De de chez [da t J e ] De chez. 21 «Pis je tais ien * que quinze milles de de chez nous encore !» (LC 028501). • De dans, De dedans (en emploi prdpositionnel) De (marquant le prelevement, la provenance, ...). De dans : > ddchousser 1, dempis 5, group, Indes 1, pdrir, pitoune 2, soirde 2.
145
De dedans : > broc 4, doury 4, dräche 2, frimas, ieux 2, racine 1. 0 Specialement: Tirerqch de (de)dans Retirer qch. > ddchousser 1, drapeau 1, sdparateuse. • De dedans (en emploi adverbial): Εχρίέtif, en renforcement d'un verbe marquant le prelevement, la provenance,... 22 «Pis lä* faulait [falloir*] que tu coupes ce morceau-lä de dedans !» (LC 029210). 23 «Tu taillais ton morceau de dedans, pis aprfes qu'i/* tait tailld, tu le prenais pis tu le cloutais*». (LC 029210). 24 «Si l'dtoupe est pas partie de dedans, tu mets la peinture, pis 9a dtanche». (GT 109209). > arracher 1,7, babine 2, ballot, beurgot 4, bloc 5, bois 21, bouffie 1, bouillde 3, ddhaler 3, garrocher 4, haler 3, macher, os 3, premier 6, proche 4, queurvd 2, souquer 3, suit 3, tiper, tour4,... • De dessus, De sus : - En emploi prepositionnel. De (marquant le prelevement, la provenance, ...). 25 «Nus autres* prenait 9a de dessus les glais*». (GT 099201). 26 «Ca coupera beaucoup de dessus leu*... leu route». (LC 189203). De dessus : > berouette, bord 3, buggy 1, collet 2, gomme 4, lunot. De sus : > ddbarquer 1, 2, dedans 8, dessaquer 2, grand 4, machecoui 3, mort-peld 1, poutine 2, ramasser 1. - En emploi adverbial. Expl6tif, en renforcement d'un verbe marquant le pr61evement, la provenance,... De dessus: > artirer, balle I, baton 3, calotte 9, chandelier 1, charmeil 1, coeura^on 1, comme 19, couvert 3, cruds 2, dessus 15, dcharpe, estomac 3, guiber 2, jeton 3, limon 4, mien, monde 3, pelouse 2, piquois 1, ... De sus : > guigne 2. 0 Specialement: Tirer qch (hors) de dessus Retirer qch. > corcher 1, cuivfere 1, dcardon 1, empi 1. • De ςa (precede d'une indication de temps) II y a (suivi de cette indication). 27 «II est mort comme*un mois de 9a, lui». > adonner 2, end 1, mourir 8. Parmi ces locutions, quelques-unes sont signalees au Canada (GPFC, s. v. dede, ded'sous, ded'sus ; Belliveau-Village, N-B : de dans, s. v. dedans, d'apres E. R.). De delä est bien atteste dans les parlers dialectaux de France notamment dans l'Ouest (FEW 4,546b-547a
146 D(E) ILLAC ; ALN, enq. inedites ; Brasseur 1993 : 101b) ainsi qu'au Canada (Clapin ; Dionne ; Wellington, IPE, 1974 etMoncton, NB, 1978, d'aprfcs έ . R., s. v. de et fausse liaison). Mais d'une maniere g6nerale, il s'agit d'un trait populaire dejä signald par Frei (1929 : 49): «dans le langage populaire, les 61ements marquant une idee d'origine spatiale ou temporelle sont accompagnes d'un meme prefixe [de]». • 9. De ma connaissance A ma connaissance. 28 «Pas par ici ! Pas de ma connaissance !»(AC 098001).
II. Adv. • 1. Dans les locutions : • D 'a genoux A genoux.
• 3. (N')avoir que de (+ inf.) N'avoir qu'ä (+ inf.). > ddligner 1.
Cette tournure est usuelle en Basse-Normandie (ALN, enq. inedites).
DEBARQUEMENT [debaRkamä] s. m. •
D6barcadere. «I appeliont 9a la Grand Digue auparavant, y avait un debarquement lä ou de quoi* de mime, tu sais. Le monde*, les bateaux allaient lä däbarquer». (AC 059201).
Cet emploi, non signale en France ( 0 FEW 1, 251a Β ARC A), a ete releve par les lexicographes canadiens (Dionne ; GPFC).
29 «Faulait \falloir*] se mettre d'ä genoux aux balustres». 30 «Et pis alle a dit aux enfants : mettez-vous d'ä genoux !» (AC 098001). 31 «I venont d'ä genoux au ras* le corps, pis i disont leurs prifcres». (AC 128202). > mop.
DEBARQUER [debaRtJe], [dabaRtfe] v. intr.
• De quatre pattes A quatre pattes.
0 Empl. pron.
32 «Pis je nous avons traln6 de quatre pattes de* delä jusqu'ä traverser de l'autre bord*». (LC 027401).
De genoux a έΐέ relev6 au 16" siecle en fran^ais chez des auteurs de lOuest (Du Fail, Bouchet, Le Loyer, D'Aubign6, d'apres Huguet 4, 297). II est egalement enregistre dans les parlers dialectaux du Poitou (FEW 4, 114a GENUCULUM), de l'Anjou (VerrierOnillon 1908) et du Pays de Retz [Vendee] (Guitteny 1991). Au Canada, cette locution n'a ete releve qu'en Acadie (Poirier ; Mont-Carmel, IPE, 1975 ; Boudreau 1979 : 25, d'apres E. R.). De quatre pattes parait specifique ( 0 ALEC 2152 ). • 2. Expletif, suivi d'un participe passe. 33 «Elle va 1-1'aoir de feni* I* guess... pour le mois de dicembre». 34 [A propos d'un ornithologue]. «II a passe cinq mille sortes de jubiers* de... marquis, passe cinq mille !» 35 « f a me ressemble* que je Tai vu d'icrit». (AC 159201). > battre 3, distance 1, icarderie 1, entour 1, facterie 2, fenir 2, fier 1-1, gomme 4, grange 2, mouron 3, passi 2, prendre 1-17, rognon 4, ruiner, sailler, soudre 2.
• Descendre (d'un vehicule). 1
«I dibarquont de* sus le raft [angl. ], mais il* Vamarront* pas !» (LC 029204). > grand 4. 2
«Pis quand* qu 'il avont arrivi ä la cabane*, i s'a dibarque de* sus son dos». (AC 128201).
Emplois particuliers du verbe franfais (ä ajouter ä FEW 1,25 la BARCA). L'emploi intransitif est bien atteste au Canada (Massignon 674 ; Dunn ; Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier ; Thibodeau ; Boudreau; Naud), en Louisiane (Ditchy ; Daigle) et ä SPM (BrasseurChauveau). L'emploi pronominal est original.
DEBARRER (UNE PORTE) [debaRe], [dabcme] v. tr. • Ouvrir la fermeture de sürete (d'une porte). 1 2 3
«Elle quitte* la porte debarree». « f a * i fait, i debarre la grange*». (GT 108001). «Qa c'est έηε clef pour dibarrer la porte». (LC 138403).
Verbe enregistre avec un emploi plus restreint en fran9ais : (TLF 6,753b ; FEW 1, 258a-b BARRA), mais souvent considere comme vieux ou regional (Rob 3,166b ; GLLF 1117a), usuel dans les parlers du Canada (ALEC 54 et Massignon 1133 : ; Belisle), egalement atteste en Louisiane (Ditchy ; Daigle).
DEBOETTER [debwete] v. tr. •
Enlever la boette* des casiers, des lignes. [Ä propos des tanches*]. «C'est 9a qui diboette les pots* [pot]: i rentront dedans pis i mangeont la boette*». (GT 139201).
Deriv6 de boette, atteste ä Saint-Malo (FEW 20, 5b BOUED) et, de lä, ä SPM (BrasseurChauveau) et dans Γ lie du Cap-Breton (Boudreau : debouetter arpent 1.
• Se piquer debout [s p i t / e d(a)but] loc. verb. Se planter. 2
«I rentre, pis la* i se pique debout [dbut] devant la porte». 3 «Pis je me pique debout [dabut] sus la pile* de furnier* chual». 4 «Jack itait piqui debout [dbut] ä la porte, avec le petit chapeau de paille sus la tete». > entendre 2.
• 2. Levi, sorti de terre (en parlant d'une plante). 5
«Pis le quinze de* jin*, mes patates* tiont debout [dbut], mon jardinage* tait debout [dbut], pis lä* j'arrangeais mes jardinages pour Ι'&έ». (LC 029219).
Le maintien de la prononciation du [t] final est Signale dans de quelques parlers du nord-
Ebrancher. 1
Ce derivd de caret* ( 0 FEW 2, 434b CARRUS), egalement attests ä SPM (BrasseurChauveau), semble typique de la peche sur les bancs de Terre-Neuve.
DECHAINER [deje:ne] v. tr. •
Liberer (qn) de ses chaines. «C'est pas toi, a dit, tu vas me dechatner, pour sär*, a dit». (GT 017701).
Emploi enregiströ par les dictionnaires (GLLF 1131a; FEW 2,499b CATENA), mais consiάέτέ comme rare et vieilli en fran^ais (TLF 6, 812a) ou meme comme un archai'sme litteraire (Rob 3,199a).
DECHANTER
148
DECHANTER [deJäte], [dajate]
[DECIER (SE - ) ]
v. tr. • Desensorceler.
•
«Moi je me decie [tsi] pas d'autre soupe non pus». (LC 097401).
«Tu vas tout* [tut] dechanter la ville».
Avec cet emploi, ce verbe n' est pas attestö postörieurement ä la periode de l'ancien frarujais (FEW 4, 618a INCANTARE). II pourrait s'agir d'une creation locale.
DECHESSE [dajase] part. adj. • Dessechd. Ce derive de chesser* est atteste dans 1'Allier (FEW 11, 582a SICCARE), mais aussi en Louisiane (Daigle) et ä SPM (BrasseurChauveau) ainsi que dans les parlers du Canada (Dionne; GPFC).
v. pron. S' intdresser ä, se soucier de.
Ce verbe, qui n'est pas atteste au Canada, possfede un correspondant ä Guernesey : j'n'm'entscie pas piquer2, piqueur.
v. tr. empi.
DECROCHETER
149
Terme technique de la peche ä la morue enregistre par les dictionnaires (TLF 6,849b ; Rob 3, 218), atteste en franfais depuis la premiere moitie du 18e siecle (FEW 3, 26a DECOLLARE), en usage sur les cötes de Test du Canada (ALEC 1429, 1430x ; Massignon 597) et ä SPM (Brasseur-Chauveau).
aussi atteste au Canada (ALEC 2259a : ; Massignon 1747 : se deconforter ; Boudreau ; Naud; B61isle). Seul l'emploi adjectival, qui a plusieurs correspondents acadiens (Carbonneau 1974 : 104 ; Thibodeau 1976 : 93 ; Moncton, NB, 1978, d'aprfes E. R.), est atteste ä Terre-Neuve.
DECOLLER II [dekole]
DECORCHER
ν intr
• Partir vite, deguerpir. 1
«I dit decolle, d o o l i e chez* vous».
0 Empl. pron. 2
V. CORCHER.
«Si j'arions iu rented dans la maison, la premiere chose que le vieux* arait iu dit: eh ben decollez* d'hors* hein ! Pis lä*, ä la parole*, faulail \falloir*] que {a se d&ollait hein !» (GT 017703).
DECOUVRIR [dekuvRiR], [ d a k u V R l R ] v. tr • Part. pass6 : decouvri. 1
Ce verbe est familier en franfais (FEW 2,892a KOLLA), mais s'emploie aujourd'hui surtout negativement (Rob 3,219a). L'emploi intransitif a έΐέ relev6 au Canada (Massignon 1572; Bdlisle ; Naud ; Snow 1977 : 29 et Moncton, NB, 1978, d'aprfcs E. R.).
2 3
4
DECOLLEUR
[ d e k o l c e R ] s. m. • Pecheur qui decolle* la morue. >
ä
Cette forme de participe passe est specifique.
trancheur.
D6rive de decoller 1 enregistre par certains dictionnaires (TLF 6, 849b, s. v. decoller; GLLF 1141a; 0 FEW 2, 892a KOLLA) et atteste au Canada (ALEC 1429x, 1430x ; B61isle ; Savoie 1967 :18, d'aprös Ε. R.), ainsi qu'ä SPM (Brasseur-Chauveau) et dans le vocabulaire des Terre-Neuvas (Recher 1977 : 452).
[Ä propos des Antilles]. «C'est les premiferes terres q u ' a t6 decouvries sus* l ' A m i r i q u e [ a m a R i k ] , les Indes* du Ouest». (AC 059207). «J'avons decouvri qu'i restait ä Port-au-Port». (GT 079000). [A p r o p o s de la raie]. « C ' e s t ien* que queques* annies de ςα* lä qu'il ont decouvri que ce* tait bon ä manger». (ΜΗ 019203). «ζ"a p't-ete tout le temps έΐέ, pis 5'a jamais έιέ dicouvri». (LC 029217). 26.
«Alle arrive chez* ieusses* bien d e c o n fortie». «Mon guitar [angl. ] a cassi, pis je tais d£confort£e». (GT 099203).
apparence que 1.
Le verbe transitif deconforter est enregistre en franfais (TLF 6,859b), mais Rob 3, 224b le donne comme vieux ou litteraire. L'Edition de 1694 du Dictionnaire de l'Academie considerait dejä qu'il commenfait ä vieillir (FEW 2,1044b CONFORTARE). II est
DECREMER [dekReme] v. tr. •
icremer. «Avant, bien*, y avait des vaches entour* ici et pis... le monde* mettait le lait ä crimer dans des plats, vous savez et pis... quand* qu'y avait en masse* la c r i m e dessus lä, bien* ieusses* le d e c r i m a i t , soit avec έηε euere* [tJweR] ou...» (GT 109210).
Le mot est atteste en franfais dans le dernier quart du 19e siecle et a et6 releve dans les parlers de Γ est de la France (FEW 2, 1273a CRAMA), mais n'est pas enregistre dans les dictionnaires contemporains.
DECROCHETER [dekRoJte], [dakRoJte] v. tr. • Decrocher. (Emploi confirme par GT 109210). Ce verbe est attest^ en Haute-Normandie, en Saintonge et dans le Berry (FEW 16, 402b *KROK) ainsi qu'au Canada (Dionne ;
I. Adv. • 1. Y a pas d'argent dedans loc. phrast. Cela ne rapporte pas. 1
«Ah ! Y avait pas d'argent dedans ! Deux piasses* pour une corde* de bois». (ΜΗ 059201).
• 2. En dedans [α ndä] loc. adv.: - A l'interieur des terres. > ä 18.
- Dans la baie. 4
«[··.] en dedans ici lä sus le bord* du cap* lä». 5 «Υ en a queques*-unes ici aussi mais pas comme en dedans !» 6 «En dedans lä c'est pas large assez* pour faire de la grosse mer». 7 «Mon defunt* p£re itait en dedans ä la Couρέε ä queuque* part, pis il a parli de ;a». (LC 029211). > beurgot 3, cap 2, dehors 5, d6rubler 2, Port-äPort 2, pouffin 2, rasoir 3.
En dedans est une specialisation de l'emploi maritime «en parlant d'un navire qui est en de?ä d'une ile, d'un cap, etc.» (TLF 6, 904b). II. • En-dedans s. m. Interieur, partie interne. 8
«I grattaient la graisse de* sus l'en-dedans de la peau [...]» > poire 1, pouffin 1.
Cet emploi substantive est rare en fran?ais (TLF 6,904a). III. Prep. : • 1. Dans. > ar9on, aroi II-2, driver III-4.
L'emploi pr6positionnel de dedans est vieux en fran^ais (TLF 6,903b ; Rob 3,242a ; GLLF 1151c). II est encore bien atteste dans les parlers de l'ouest de la France (FEW 3, 31b DEINTUS) et en Acadie (Savoie 1972 : 43 ; Duguay 1975 : 39 et Moncton 1978, d'apres E. R.). • 2. Dans des loc. prep, signifiant (TLF 6, 930b ; FEW 3, 29a DEFENSA).
DEFILER [defile], [dafile] v. intr. • 1. Passer dans le ciel, en parlant d'une £toile fllante. 1
«C'est rare que tu vas voir έηε 6toile defiler asteure*».
• 2. Passer dans l'eau, porte par le courant. •2 >
«La glace defile, avec le courant, pis avec le vent». ä 17.
• 3. Empl. tr. : Passer le long de, suivre. V. aussi FILER I. 3
[Ä propos d'un oiseau de met qui dirive]. «Les vents battaient* du nordet*. I defilait la cöte». (ΜΗ 069205).
Emplois originaux ( 0 FEW 3, 526b sq. FILUM).
DEFONCER [defose] v. tr. • Percer, crever. [A propos du sapin*]. «Υ a des bosses* qui vient dessus, lä. Pis tu difonces 9a, pis 9a c'est de la gomme* toute claire, dedans. Pis si tu te coupes, lä, i faut mettre 9a sus la coupure, 9a va gu6rir deux fois pus vite qu'un docteur va te guirir». (MH 069205).
Extension d'emploi originale du fran^ais general defoncer (TLF 6,952b ; ä ajouter ä FEW 3, 870b FUNDUS).
«Mon d£funt pfere a passd un hiver lä gardien de l'lle-Rouge, lui pis son matelot». «lun* des oncles au defunt vieux». «Ma defunte mfere €tait... back* en France, mais alle a venu encore*». (LP 029000).
«II ont venu iun* aprds l'autre hein, defunt S c a r d i n , d l f u n t T a c a n o u , d έ f u n t Job Lecorre». (AC 118101). 5 «Mon difunt pfere ieusses*, ieusses, i usiont* tout* [tut] ces mots-lä». (LC 189801). > ac 3, arranger 4, bifere 3, boiveur, cödre 1, chässe 3, c h a s s e - f e m m e 2, cirage 1, c o u d r e 2, c o u p e r 2, couvarte 4, dedans 7, ddhaler 6, di 1, emprfes 3, i p i n g l i e r 3, f i n i r 3, gagner 2, grainages 2, j o l i ment 4, ...
Emploi considire aujourd'hui comme litteraire (Rob 3, 267b) et de «style administratif ou noble» (TLF 6,960b), vivant dans 1'usage dialectal normand (FEW 3, 30b DEFUNCTUS ; Brasseur, enq. inedites) et au Canada (Naud ; Moncton 1978, d'apres E. R.) ou encore dans les crioles fran^ais (Chaudenson 747-8 : [defe] ; DCG 101a : defen).
DEGARROCHER (SE -) [s degdROje] v. pron. • Se d6brouiller. «Je pouvais me dέgarrocher pas
mal*».
Ce type lexical, atteste sous la forme desgarrochier en ancien fran9ais pour et en moyen franijais pour (FEW 17, 624b *WROKKÖN), η'est pas signal au Canada. L'emploi terreneuvien est original.
DEGOUT [degu], [dsgu] s. m. • Egout (de la terre). «Mais quand i vient des pluies, le dέgout s'en va tout* [tut] en has*».
Ce substantif, considere comme classique et littiraire en fran5ais : (GLLF 1169c) et bien atteste dans les parlers dialectaux de France (FEW 4, 3 4 8 a - b GUTTA), n'est pas signale au Canada, mais se trouve avec cet emploi dans les Creoles fran£ais (Chaudenson 748 : [d6gu]).
DEGOUTTER [degute], [dagute] I. V. tr. Ou Regoutter • Traire ä fond. 1 2
«Y en a qu'y a pas besoin mais y en a d'autres, i faut qu'i les degouttont». [A propos des machines ä traire]. «I n'*a joliment* des vaches qui donnent pas tout leur lait. Pis lä* i font 9a : un homme va pour les regoutter aprös». (AC 059201).
152
DßGOUTTER
ILV.intr. • 1. S'egoutter (en parlant de la terre). 3
«On allait sus la butte. Comme 5a 1' eau 9' arait digoutti». (MH 069202).
• 2. Goutter, couler goutte ä goutte. 4
>
«Ou des fois si c'est trop plein, pis 5a coule, ben j'allons dire 9a degoutte. Moi je vas pas dire c'est trop plein, je vas dire 5a degoutte». (GT 099203).
moonshine 3.
se dit generalement egoutter dans les parlers d'ofl (ALN 827, ALIFO 517, ALCe 417). Degoutter est enregistr6 en fran9ais pour (TLF 6, 984a ; GLLF 1170b ; Rob 3, 277b [rare] ; FEW 4, 348a GUTTA) et dans des emplois voisins au Canada (Dionne ; Boudreau).
*HALON) et a aussi ete note ä SPM (Brasseur-Chauveau). U.V. intr. • S'arranger, s'accorder. 2
3
4 5 6
[dagutyR] s. f.
DEGREYER (SE -) [s [s dagReje] v. pron.
degReje],
• Se deshabiller. «Pis la* a se degreye, pis la a se baigne [...]» (GT 017701).
Greyer est une forme dialectale repandue dans les parlers de Haute-Bretagne (FEW 16, 55b GREIDA). Se degreyer est attest6 au Canada (ALEC 1908 ; Massignon 1624 ; Belisle). V. aussi se greer
[A propos du skidoo*]. «Je te garantis que 9a se dehale».
longi 2.
Le premier emploi, attestö en Bretagne romane pour ou (FEW 16, 131b *HALON) et dans les parlers acadiens pour (Thibodeau 1976 : 94), appartient au vocabulaire de la marine : «'eloigner, se tirer d'une position dangereuse, en parlant d'un navire> (Rob 3, 285a). L'emploi figure ballot, carrέ I - l , casser 4, chousse cruds 2, dalle 1, dichirer 2, jardinage 2, main miditi, ostiner2, plancherl-l, poudrerie 2, pour rallier, roughboarder 1, terre 6. D'hors : > bior 2, brise 4, calotte 5, carnasser decoller II-2, machecoui 2, soleil 2. Drors : > bardeauter, casser 1, dumet 2, pare 2.
153
3, 1, 3,
DEJEUNER [de30ne], [desftane]
3,
II. S. m. • Repas du matin.
I. V. intr. • Prendre le repas du matin. 1
I. • En dehors, plus rarement dehors loc. adv. Au large. 3
[Ä propos de certains bateaux], «I sont pas alioues* de s'en aller en d'hors». 4 «Tu vas en dehors, pis la premifere coche -y a έηε coche dans le cap* hein- tu vas au large, au large, deux caps en ligne [...] Toutes sortes de marques* !» (AC 128202). > apiler 4, brise 4, encore 4.
2
«I tiont en train de dejeuner ce* matinie-lä». «Al 'entour* de huit heures et demie il aviont* leu* dejeuner».
Cet emploi, enregistrd par les dictionnaires franfais sans marque d'usage (Rob 3, 288a) ou comme vieux et regional (TLF 6, 1008a), est trfes repandu dans les parlers dialectaux franiais (FEW 3,95a DISJEJUNARE). II est usuel au Canada (ALEC 178 ; Massignon 1355 ; Belisle ; DHFQ 232-233) et en Louisiane (Daigle).
Φ Empl. prep.: En dehors de Au large de. 5
>
«Quand le t e m p s est m a u v a i s , quand i viennont [venir*] d'en d'hors du Cap, en peche*, be* quand i vienniont en dedans* eh bien t'accostes* la cöte». (LC 149801). huile 5.
II. •
DELAVASSANT [delavasä] adj. • Abim6 (parTaction del'eau ?) «C'est comme un morceau* de linge qu'est tout* [tut]... tout [tut] tordu, tout [tut]... plissi tout* [tut] en grand... £ ' a td mis tout [tut] delavassant! J'appelons qa delavassant!»
Dehors de loc. prep. Hors de.
> dichirer 2.
«L'aspiration medievale s'affaiblit dans un certain nombre de mots des le XVIC siecle. Elle subsistait encore du temps de Vaugelas, qui dit (334): «Enhardir, eshonte, dehors» se prononcent «comme hardi, honte, hors, en h consonne et aspirante, et il faut bien se garder de prononcer ennardir, esonte et deors, comme Ton fait au-delä de la Loire» (Thurot 2,415). Au Canada, la prononciation [dahoR] possede une repartition typiquement acadienne. [dahoR] n'a aussi ete note qu'en Acadie, ä l'lle-du-Prince-Edouard (ALEC 1843). En dehors , ä rapprocher d'une loc. pr6p. du vocabulaire de la navigation en dehors de, qui s'emploie «en parlant d'un navire qui se trouve au-delä d'un point donne» (TLF 6, 1001b ; 0 FEW 3, 703a FORAS) se trouve aussi en Creole guadeloupeen (DCG 50b : andewö ). V. aussi breton er-maez La formation de la prep. dehors de est comparable ä celle de dedans ou dessus La forte expiration de [h] conduit ä une prononciation en [R], sembable ä celle qui est enregistree en Normandie septentrionale ou dans les Creoles antillais (0 FEW 3,702b-703a FORAS ; ALN, enq. inedites).
Deriv6 pejoratif en -asser d'un verbe du moyen fran9ais : delaver et dans les parlers dialectaux du nord-est de la Fance pour (FEW 5, 2 1 8 b LAVARE). Cf. guernesiais delavös (FEW, ibid., 215a). Cette forme est en rapport formel et semantique evident avec le verbe devalasser*.
DELIGNER [delijie], [dalijie] v. tr. ? • 1. Marquer avec une ficelle (Γ emplacement de la coupe, quand on scie en long). 1
•
«C'est de quoi* qu'est bleu, 9a fait une ligne anyhow*, pis 9a fait la marque vous savez hein ! [...] Si vous avez fene scie ä moteur, bien* vous avez in* que de* suivre la lignelä pis... c'est delign£». (GT 109209).
2. Equarrir. 2
«Et pis tu coupes avec la hache, tu d£lignes, pour le mettre droit* [dRwat]». (GT 109209).
L'emploi est atteste au Canada (Dionne). En fran5ais technique, le verbe peut signifier (Rob
154
DiLIGNER
3, 298b ; FEW 5, 352a LINEA). C'est cet emploi qui est courant au Canada (ALEC 1326 ; GPFC ; Thibodeau ; Boudreau : fagot 2.
Verbe issu, par changement de prefixe, d 'eparer ( 0 FEW 7,622b sq. PARARE).
156
DEPASSfi
DEPASSE [depose]
P re P .
(avec un substantif designant un element de l'espace) • Aprfcs, pass6. [A propos de la compagnie Abbott and Aliborton], «Dans* \'6t6 il aviont fene petite boutique ici en bas* au bord di* cap, pus loin lä, depasse l'iglise, en bas au Digrat». (LC 189203).
Cet equivalent de passe a aussi ete relev6 ä SPM (Brasseur-Chauveau), mais avec un element temporal ( 0 FEW 7,718b-719a PASSARE).
DEPENDRE [depäd], [dapad] v. intr. • Dependre sus Dependre de. «Υ a assez longtemps que je dipendons sus vous».
Caique syntaxique de Γ anglais to depend upon, dejä condamne par Dunn, signal6 egalement par Clapin et en Acadie (Snow 1977 : 57, d'aprös E. R.). V. SUS.
DEPIS [depi], [dapi], [tpi] V. aussi DEMPIS. I. Prep. • Depuis. > castrole 2.
II.Loc. conj. • Depis que Depuis que. «Seulement depis que je me rappelle, moi, les premieres ann£es que je peux me rappeler, y avait pas grand monde ά l'entour* ici». (LC 189201). > charge (prendre -) 2, groupe, pour 24.
Cette forme populaire est attestee dans divers parlers dialectaux de France, notamment dans l'Ouest (FEW 9,243a POSTEA), ainsi qu'au Canada (Dionne ; GPFC ; Boudreau ; Thibodeau) et dans les crdoles frangais (Chaudenson 747 : [depi]: DCG 106b : depi; Valdman 138 : depi).
DEPITER [depite]
v.'intr. • Manifester du d£pit, se depiter.
> tout 1.
Deriv6 original de pod ( 0 FEW 8, 509b sq. PILUS).
DEROGUER [deRoge] v. tr • Oter les rogues*. «Tu vas prendre un houmard*, qui est pleine de rogues*, tu vas la deroguer, dres* qu'i va la regarder i va la connaitre* !» (LC 029208).
Derive original de rogue ( 0 FEW 16, 247b HROGN).
DERUBLEE [deRyble] s f •
Eboulement. [A propos d'un pan de falaise qui s'est ibould], «ζ'avait comme* cent pieds de* haut je pense, la όέπιΜέε !» (LC 029211).
Ddrive original de de rubier* ( 0 FEW 10, 577a-b RUPES).
DERUBLER [deRyble], DEROUBLER [deRuble], [daRuble] v. intr. • Ind. pr6s.: [i deRyb], [i deRyp], • Tomber en roulant le long d' une pente, d6gringoler; s'ebouler. 1 2
3 4
«II a deroubli en bas». «J'ai vu des endroits yu*-ce que le cap* avait cass6 et tomb^ en dedans* lä : il avait diroubli». (AC 059201). « f a diruble d'en haut pis va en bas*». (GT 109210). «Jeez* ! Y avaitfenefente comme 5a de* large, qui descendait en bas*. f a fait que j'avons dit 5a va dirubler 5a apres un bout* [but]». (LC 029211).
Ce verbe, qui η'est pas atteste au Canada, a ete not6 ä SPM sous la forme deroubler (Brasseur-Chauveau). En France, derubler bois 3, mien (le -), morceau 3, pousser 2, solairer, terre 2.
Deserrer, sans rapport avec le verbe desairer guimbarge 1,3, racinage, son de scie 1.
• 2. En dessous de - Sous Γ au tori t6 de. 1 2
«Aprfcs que j'ons [aoir*] ιέ en dessous du Canada [...]» «On n'6tait pas dans le Canada dans ce tempslä, on 6tait en dessous de l'Anglais». (LC 189201).
- Moins de, en moins de, de moins de (en parlant d'une limite de temps, d'äge). 3 4 5
«J'avais en dessous de neuf dix ans, mais je m'en rappelle bien». (AC 048001). [Ä propos de l'allaitement], «S'i faisiont pas fa, il aviont leu* gamin en dessous d'un an». «Un petit gar^on en dessous de trois ans, be* tu croyais que ce* tait fene petite fille, en robe». (LC 138403).
L'emploi prepositionnel sans de a aussi ete notd ä SPM (Brasseur-Chauveau). II est 6galement attestd dans l'ouest de la France (FEW 12, 372a SUBTUS). Les autres emplois sont des caiques de l'anglais under: to be under thirty ; to be under someone .
«II est suppose* d'avoir... petit peu au-dessus de se* mille diffirents [difaitd] jubiers* dans le [...]» (AC 059000).
Dessus a perdu en fran9ais son emploi pr6positionnel, qui 6tait dejä vieux au 17' sifecle (GLLF 1269c) mais il l'a garde aussi bien dans les parlers regionaux de France que dans ceux du Canada (Clapin ; Dionne ; GPFC ; FEW 12, 436b SURSUM). Au-dessus de est un caique de 1' anglais over qui signifie dans cette langue ä la fois et . II. Adv. • 1. (Ou Lä-dessus) Avec cela, au moyen de cela (ä propos de nourriture ou de boisson, avec des verbes ou des locutions ayant trait ä ces notions). V. aussi SUS. 3
[A propos du loup*-marin]. « f a a goüt de poisson, c'est ;a que 9a vit dessus». 4 «J'avons vi [vivre*] pour* huit jours lä-dessus». 5 [A propos des ours en hibernation]. «I se graissont* les pattes. C'est lä-dessus qu'i vivont pour* l'hiver. f a absorbe pas de manger 9a». (LC 029207). 6 «Le vieux Chritien avait sept ou huit-z*-hommes qui pechaient pour lui. C'est lä-dessus qu'elle les nourrissait, ieusses*. La soupe aux noves* !» (AC 059206). > djagger (se -), fortune 4, quo 13, soülasse 1, soutenant.
0 Par ext., se dit de toute chose dont on peut tirer profit. 7
8
[A propos de la bifere du commerce]. «C'est pas fort. Tu viens* pas fou, lä-dessus». (ΜΗ 059202). «fine piasse* pour la joumie ! I vont pas venir* riches lä-dessus !» (LC 029207).
• 2. Dedans. 9
«La seule affaire* c'est que je trouvais qu'y avait un goüt de paraffine* dessus».
• 3. A ce sujet.
DESSUS [tsy] I. Prep. • 1. Sur. 1
«TU les mettais tout* [tut] iun* dessus Γ autre comme ?a». (LC 029210).
10 «Si t'avais de l'argent dans ta poche, ce* tait pour le meilleur* mais si t'en avais pas, 5a faisait pas grand tort, pace qu'y avait rien pour le dipenser dessus !» (MH 019202). 11 «P't-ete comme nous autres*, j'avions p't-ete un autre nom dessus. Je sarais [saoir*] pas steure*». (LC 189204).
> jig 1
DEVALASSER
• 4. En marche (d'un appareil), en cours (d'un evenement). 12 «Quante* la deuxifeme guerre tait dessus». (GT 017702). 13 «Le T.V.* &ait dessus». (GT 128003). 14 «Y*a des joumies qu'y α, je l'ai... j'ai pas le poele dessus». (LC 189205). 15 «Je le mets pour des nouvelles et pis aprfes 5a je le retire de* dessus». (LC 189205).
Plusieurs de ces emplois adverbiaux sont des caiques de Γ anglais on qui signifie coco 4.
Forme du verbe distinguer dans un emploi original (0 FEW 3, 100a DISTINGUERE).
DEVALASSER [devalase] v. tr. • Degrader (en parlant de Taction de l'eau). 1
DETEINDRE [deted] v. tr. • Part. pass6 : deteindu. • Eteindre. V. aussi ETEINDRE. 1 2
«Tu vas faire mine que la chandelle sera diteindue, tu vas deteindre la chandelle». «Si y a un feu, ben tu prends de l'eau pis tu le dSteins !» (GT 109210).
2 3
«C'est tout* [tut] divalassi, c'est de quoi* qu'est pus bon, c'est trop vieux ou... 9'a ιέ dans l'eau, trop longtemps dans l'eau, c'est tout [tut] dlvalass£». (GT 099203). «L'eau le divalasse». (GT 109210). «Mettons tu te mets dans la salle de bains pis tu restes dans l'eau par trop longtemps, pis ta peau 5a... 9a c'est d£valass£. C'est ςά* que c'est, devalasse ! [...] Si tu mets de quoi*
160 DfiVALASSER 2
dans de l'eau pis 9a change de forme, c'est devalasse». (LC 149807).
Type lexical original ä rapprocher du hautnormand devalasse [depuis 1511] (FEW, ibid., 142b). V. aussi DELAVASSANT.
DEVENIR
[ d v a n i R ] v. I. Empl. intr. (Suivi de la prep. de). • Venir, provenir. 1
>
«Ceuses*-lä j e sais pas d ' y u * - c e qu'i devenont!» 2 «Pace* comme* que c'est lä asteure*, du monde* qui... de Stephenville oü de n'importe qu 'eyou*-ce qu 'i devient, s'i venont par ici il allont au bout di* Cap lä, i faut qu'i revirent* [3rvir] de bord». (LC 189203). yi 2.
II. Empl. tr. • Venir de, provenir de. 3 4 5 6
«Ayou*-ce que vous devenez ? De Qu6bec ?» «C'est lä que je deviens». (AC 018003). «I dit ce* tu deviens lä, i dit, tout [tu] en sueur». (AC 018301). «Je ne sais pas you*-ce qu'i devient». (GT 128101).
>
culottine 3, part 1, 5.
III. Aller devenir. V. ALLER. Le premier emploi, atteste en moyen frar^ais et largement r6pandu dans les parlers dialectaux de France (FEW 3, 59b-60a DEVENIRE), est bien atteste au Canada (Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier; Boudreau). Le second, sans la prdposition de per$ue comme expl6tive, 6tant donn6 le prefixe, est repandu dans les parlers acadiens (Maillet 1973b : 35 ; 1975 :60 ; 1976 :90 et Urbainville, IPE, 1974, d'aprfes E. R.).
DEVIRER (SE -)
[s d e v i R e ] ,
[s d a v i R e ] v. pron. • 1. Seretourner. 1
>
«Et lä quand* que je me divire pour la regarder pour yi* parier, alle a disparu dans une bouillee* de brousses*». (GT 128003). blaguer 2.
• 2. Empl. impers.: f a se divire de bord que II se trouve que.
«Apres urt bout* [but], ςβ se devire de bord qu'alle a un petit gar5on, un petit gar?on poiloux*, pareil comme* son pöre, pas de difference [difaRÖs] ; il* tait raide* poiloux !» (GT 017701).
Le premier emploi, largement atteste dans les parlers dialectaux de France, notamment dans l'Ouest(FEW 14,392a-bVIBRARE),estconsidere comme un rdgionalisme du Canada (TLF 7,113b). La locution (se) devirerde bord n'a έίέ enregistree que dans les parlers acadiens (Poirier; Thibodeau ; Boudreau; Rens etLeblanc 1977 :37, d'aprfes έ . R.). L'emploi qui en est fait ä Terre-Neuve est specifique.
[DEVOIR] ν tr •
Ind. i m p f t . : jedoivais «I doivait de quoi* mais... i le payait. Mais dame* i voulait le sien ! Pas pus [pys] mais dame, juste le sien !» (AC 048001).
>
appeler 4.
Cette forme a aussi ete notee dans les parlers acadiens (Boudreau, p. 33 ; Maillet et Scalabrini 1973 : 109, d'aprfcs έ . R.). Elle 16moigne d'une tendance souvent observee ä Terre-Neuve ä la regularisation des paradigmes verbaux, ici sur le radical doi- du verbe devoir.
D'HORS V. DEHORS. D I [di] art. encl. • Du. 1
«Ma defunte* mfere s'a marii avec un homme di Cap premier*». (ST 018001). 2 «Di capelan». (ΜΗ 069201). 3 «Faire di mal, vous voulez dire mettre des souhaits* sus ieusses* ?» (GT 008001). > ä 2, bas 1-5, cacaoui 2, comment 10, 11, d6pass£, encore 4, marlillon 1. V. aussi ΝΟΜ.
0 Specialement: • Bout di Cap Bout du Cap (microtoponyme). > bas 1-5, devenir 2, fun 4, haut 8, job 3, pavilion 2, reste (de -) 3.
• Di tout du tout. V. aussi RIEN DI TOUT. 4 5
«Les trois-quart di temps moi j'ai pas de fun* di tout». «Mais non je chante pas di tout».
DINER
6
«Ä present y a pas* aucun jubier* ä oir*, pas di tout». > boqu6, comprenure 2, f r a ^ a i s 5, saoir 6,7, s6cher, signage.
0 Particuliferement: S(i) y a moyen di tout S' il y a une possibiliti. 7 8
«Oui, i dit, s'y a moyen di tout !» (AC 018004). «Pis si y avait moyen di tout, i faulait [falloir*] y aller». (LC 189201).
Forme originale, qui präsente une analogie remarquable avec des correspondents crdoles antillais (DCG 112a : ditoupa chien 4.
Maudit et diable sont synonymes ä TerreNeuve et peuvent avoir les memes emplois. Mais on evite souvent l'emploi du second, par crainte superstitieuse. V. aussi vilaine bete, s. v. BETE.
DIEU [dj0], [d3J0] s.m. • 1. Dans les loc. inteij. (Bon) Dieu de la vie ! Dieu de Dieu! (Mon) Dieu de Dieu! Mon grand Dieu ! Grand Bon Dieu ! Pour I 'amour du Bon Dieu! 1 2 3 4 5
«Dieu de la vie ! I prenont* tous les trois ä trovers* du bois* !» (AC 018301). «Ah ! I dit, mon grand Dieu, i dit quoi* que j'ai Ιέ faire !» (AC 018002). «Grand Bon Dieu, i dit! Garde* quo* que j'ai fait! J'ai tu barrer 7, icarderie 1, sorcier.
II. S. m. • Repas de midi. «Sa mfere fait le diner mais... i ne mange pas. Le souper* arrive, i ne mange pas». (AC 019000). > doballe 1, nouel 1, pare 1, signage, tassie 3.
Emplois aujourd'hui vieillis en fran9ais, mais qui se sont conserves dans les parlers regionaux de France (FEW 3,94b DISJEJUNARE) et du Canada (ALEC 179 ; Massignon 1356 ; B61isle ; DHFQ 237-238) ainsi qu'ä SPM (Brasseur-Chauveau).
Juronfaible. [L'informateur cherche un mot]. «Pis c'est ien*que comme 9a de* long. Ah ! Dinguette! Y a des äbres* de prusses* ici qui sont chargis de 5a ! Ah ! Dinguette !» (LC 029218).
Cette forme ne semble pas avoir ete relevee ailleurs. II s'agit d'une alteration de Dieu par euph6misme, avec adjonction d'un suffixe diminutif -ette. La base de cette formation est attestee dans les parlers poitevins : predingue (FEW 3, 58b DEUS).
DIOU [d3ju] s. m. • Comment di Diou que. V. COMMENT. • Nom di Diou. V. ΝΟΜ. Diou est une forme dialectale de dieu, attestee dans les Mauges (FEW 3, 57a DEUS) ou une simple altdration de Dieu, par euphemisme, dont aucun relevd ne semble avoir et£ fait au Canada.
DISPUTER V. DESPUTER.
DISTANCE [distäs] s. f. • (A) une distance, sus ene distance, distance Assez loin. 1
[Dans la neige]. «II aviont un souterrain de* creus6 d'une distance pour aller ä la cabane*». (LC 029205). 2 [Ä propos d'anguilles], «Et quand* qu'il avont arrivd ä ene distance, il ont vu 9a venir sus I'eau». (LC 029215). > butty, est 2, fouler 5, plange 3.
Locutions particuli£res. A une distance est un caique de l'anglais at a distance .
DITON [ditö] s. m. •
1. Dicton, proverbe. 1
DIPOTE [dipote] adj. •
•
Lassi (de qn).
II s'agit peut-etre d'une forme idiolectale de depite ( 0 FEW 3, 54a sq. DESPECTUS).
DIRE [dlR] v. tr. Ind. pres. 2 e pl. : vous disez.
>
9a 15, enforcir, glai 1, istorlet 1.
•
Imper. 2 e p l . : disez !
> encore 2.
0 Specialement: • Pour dire Pour ainsi dire. 1
«J'avions 038001).
pour dire pas d'ecole*».
(MH
• Aussi bien dire Pour ainsi dire. 2 3
«Y en a i allont [aller*] par les vieux ditons d'avant».
2. M o t ; tournure; expression. 2
«Dipote f a veut dire que... tu η'*as assez de quiqu'un* d'autre... quequ'un* qui te tourmente tout le temps... Dipotö, dipotl de ce* personnelä». (GT 109210). > de 20.
•
D'une
«Le chateau tait aussi bien dire feni* !» «I tait malade, i tiennait [tiendre*] le lit aussi bien dire». (AC 018104).
La forme de 2° personne du pluriel, populaire en francos, est attestee au Canada (Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier ; Boudreau, p. 34). La locution pour dire y est egalement enre-
«Je'pers* ! C'est ien* qu 'un diton... c'est pas έηε parole* ! C'est έηε parole que tu fais toimeme, vois-tu !» (AC 059000). 3 «I tait curieux* ! II avait toujours un diton ! [Rires]». (MH 069202). 4 «Tu uses* la meme parole* a* tout le temps. C'est un diton quoi!» (GT 109210). 5 «Ce* tait encore les memes vieux ditons, en masse* les vieilles paroles* que j'usons*». (LC 189201). > coutumd, crälot 2, nanane 4.
• 3. Croyance populaire. Cette prononciation du fran9ais dicton, d6jä rejetee au milieu du 16e siecle (H. Estienne cite par Thurot 2, 335), est repandue dans les parlers de l'ouest de la France (FEW 3, 71b DICTUM). Elle est egalement courante en Acadie (Massignon 1831 ; Thibodeau 1976 : 62, d'apres E. R.) et ä SPM (Brasseur-Chauveau), avec le second emploi. Elle a ete notee sous la forme ditant en Louisiane (Daigle). Le troisieme emploi est specifique du parier de Terre-Neuve.
DOCHE
DIVERSE [diveRs], [divoRs] s. m. • DiffSrence. (Non confirm^ par LC 02 et GT 10). «Et quand* qu'i\ a 6t6 trouv6, il 6tait pareil comme* la journee* qu'i tait mort. Le diverse qu'il avait c'est iun* de ses yeux qu'dtait tourne* blanc avec le soleil». (LC 097401).
L'adjectif divers peut etre synonyme de different en fran5ais (TLF 7, 343a). Des formes adjectivales 6pic£nes et substantivales du type diverse ont dte relevees dans divers parlers dialectaux, notamment de l'Ouest et du Centre (FEW 3, 107a DIVERSUS ; Brasseur 1993 :111-112). Cet emploi η'est pas signald au Canada.
DIVIN MEME [dive mem] loc. adj.
DJAGGER (SE -) [s d3aege], DJINGUER (SE -) [s d3ege] v. p r o n . • Se soüler. «Je m'en vas [aller*] pas me djinguer lä-dessus*».
DOBALLE [dobal] s.f. • «Dumpling», boulette de päte cuite ä l'eau qui accompagne g6n£ralement un plat cuit au four et qui se mange avec de la melasse. 1
2
• Exactement pareil. (Confirm^ par LC 149807). «Pareil comme* les autres ! Pareil comme les petits, lä ! Divin meine ! Tu pouais [pouoir*] les mettre* ensemble pis i tiont couleures* pareil !» (LC 029211).
Locution originale ( 0 FEW 3, 109a DI VINUS).
DIVISER [divize] v.tr. • Expliquer. «C'est de quoi* qu'est dur ä diviser, c'est de quoi qu'est dur ä... äpasser* ensemble».
Cet emploi particulier au parier de TerreNeuve est probablement un calque de l'anglais to devise plutöt qu'une extension d'emploi de la forme diviser enregistree en wallon pour ou dans le Perche pour (FEW 3, 109b *DIVISARE).
Emprunt ä l'anglais d'Amerique jagged, de meme sens.
163
3
«I faisiont des doballes avec du... baking* powder qu'il appelont* [...] Si vous faisez \faire*] un diner* un bon diner avec de la viande pis des patates*, pis des choux*-raves, de quoi* de mime, alors vous prenez vos doballes, vous mettez 9a par-dessus». «Bien* les doballes que j'appelons*, on fait 9a avec de la farine et puis... de la poudre* anglaise si vous voulez, du baking* powder, Ο. Κ., et de l'eau. Pis on fait des doballes quante* je cuisons de la viande sal6e et des patates, des naveaux* et des... pas vraiment des choux, mais seulement des patates et des naveaux». (AC 099204). «Tu vas faire de la soupe, tu peux faire des petites doballes, grosses comme 9a, pus petit que 9a, pour mettre dedans, pour l'6paissir». (LC 029206).
Forme relev6e egalement ä SPM (BrasseurChauveau), mais absente des glossaires canadiens. II s'agit d'un emprunt ä l'anglais d'Amdrique dough-ball, 6quivalent de doughnut (OED).
DOCHE [do/] s.f.? • Plante, Rumex. 1 2
«Je'pers* ! Le mausesse* de doche !» «I faisiont de la soupe, avec des doches : pis lä* je prenions de la farine pis de l'eau pis... je roulions 9a ensemble... pis j'appelions 9a du riz. Rice, du riz. Je mettions 9a dedans en place* d'avoir du riz, du vrai riz, ben... je faisions 9a pis je mettions 9a dans la soupe». > parsi 1, 2.
Type lexical releve 6galement ä SPM (Brasseur-Chauveau: ) mais non attests au Canada. En France, le mot ne s'etend guere hors de la Normandie (FEW 15/2, 63b DOCCE ; ALN 403 ; ALBRAM 198).
164
DONC 2
DONC v. ο υ , OUI.
DONNER I [done] v. tr. Dans les loc. verb.: • 1. Donner la main. V. MAIN. • 2. Donner le respect Temoigner du respect. >
appeler 5.
• 3. Donner l'eau. V. ΕAU. Donner le respect est une locution originale ( 0 FEW 10,3063b RESPECTUS). On la rapprochera de porter le respect (ά)
«Je m'en vas [aller*] te dire, les gouelands*, y a les dos-bleus, les petits gouelands blancs, et y a les dos-noirs*, les saddlebacks*, et y a les gris*». (AC 059201). dos-noir 2.
Denomination descriptive originale ( 0 FEW 3, 144a sq. DORSUM).
DOS-NOIR [do nwaeR] s. m. DOREY V. DOURY.
• Gotland marin, Larus marinus. SADDLEBACK.
Syn. :
1
DORISSEE [doRise] s. f. •
Contenu d'un doris. «Quand il est plein, c'est έηε όοΓίϊβέβ. Et pis, si ce* tait dans un canot* [kano], c'est une canotee* !» (AC 059201).
Derive de dory, attestd egalement aux Iles-dela-Madeleine (Naud) et ä SPM (BrasseurChauveau).
DORMITOIRE [doRmitwaR] s. m. ? • Eau de dormitoire . (Confirme par LC 029212). 1
«Un verre d ' e a u de dormitoire».
• Pilule de dormitoire .
>
«Le dos-noir est beaucoup plus gros que les bleus. Les bleus sont petits». (AC 059201). 2 «Y a des dos*-bleus pis des dos-noirs c'est des gouelands*, c'est des espfcces de gouelands». (LC 149807). dos-bleu, saddleback 2.
Denomination descriptive originale ( 0 FEW 3, 144a sq. DORSUM).
DOUBLER [duble] v. tr. •
Depasser (un obstacle fixe). [En allant chez lui ä pied]. «Et dres* que je doublais la butte [...]» (LC 029216).
Cet emploi est issu du vocabulaire maritime : doubler un cap
«Du thd douce». (AC 048001). «Le ρέρίη est right* dur. C'est des quoquortons* 5a. Mais c'est pas doux, c'est fade». (GT 109207). «Si votre pudding est pas douce assez*, mettez du sucre dedans !» (LC 0292).
licher 2.
Douce est attest6 dans quelques parlers dialectaux de France (FEW 3, 174a DULCIS). L'emploi n'est admis en fran9ais que dans certains composes comme pommes deuces, par ex. (GLLF 1409c), mais il est courant dans les parlers acadiens, au Canada (Poirier ; Boudreau ; Naud ; Mont-Carmel, IPE, 1975, d'apres E. R.) et en Louisiane (Ditchy), oü il peut etre du ä la rencontre avec 1'anglais sweet, de meme sens, quoi qu'il soit egalement enregistre dans les Creoles fran9ais des Antilles (DCG 113b : dou ; Valdman 161 : dous). Douce et doux sont ici employes aussi bien au masculin qu'au feminin.
DOUCEUR [dusoR] s f • Aliment sucre, sucrerie. 1 2
«De la douceur, pis de la melasse*». (AC 018302). «Faut pas manger trop de douceur». (AC 099204).
> coeura9on 1.
Douceur est atteste dans les parlers du Quebec et de l'Acadie (ALEC 246 ; Massignon 1348). En fran9ais, il ne s'emploie qu'au pluriel, pour des friandises (FEW 3, 175a DULCIS).
DOUILLE [duj] s f •
Volee de coups. 1 2
«I assayait* de faire peur aux enfants tu sais ä leu* donner des douilles». «Α l ' d c o l e faulait [falloir*] pas parier franiais. Si tu parlais fran^ais, eh bien... ce* tait έπε douille, et pis pas έηε petite».
> chaton 3.
Ce type lexical est enregistre avec cet emploi dans divers parlers dialectaux frangais, notamment dans la partie ouest de la Picardie, en Haute-Normandie et en Aunis (FEW 15/2,80b *DULJA). Dans les parlers du Canada, douille
165
n ' a ete n o t i qu'aux Iles-de-la-Madeleine (ALEC 1844 : ; Naud: ).
DOURY [du:Ri], DORY [doRi], DOREY [doRe] s. m. •
Doris, embarcation des pecheurs de morue. 1
«Y a une grande diffdrence [difaRÖs] entre le canot* [kano] pis le doury vous savez : les dourys d'avant... je le nagions, c'est tout petit; i pouvaient pas faire des grands pace que c'est trop dur ä nager». 2 «Un doury a έηβ sole, quoi*-ce que j'appelons έηβ sole, mais le canot* [kano] n-n'*a pas. [...] Le canot [kano] est membrd, et pis il est bordi de sa quille jusqu'en haut... Un doury a pas de quille». 3 «Un doury de seize pieds 9a c'est... de bout* [but] en bout [but] c'est pas mal* un grand doury». 4 «Auparavant y avait des dorys qu'i preniont pour dibarquer de* dedans les bateaux lä tu sais, dibarquer du fret de dedans les bateaux. £ a ce* tait des grands dorys, mais ce tait pas use* pour la peche». (AC 059201). Doury : > beurgot 9, bordi 2, carreau 1, icusson 1, ichampeau 2, engin 4, escoffe 2,4, houle 2, main 4, marde 2, n a g e 1, 3, pare 4, plywood 1, quo 15, ressourdre 2, sailler. Dory : > bailer 1, crocheter 1, dadin 3, dchouerie 3, escoffe 1, pi6ceter, wary.
Dory et dorey sont des emprunts directs ä Γ anglais d'Amerique (TLF 7,434a et Rob 3,636a, s. v. doris). Doury n'est signal6 ailleurs qu'ä Riviere-Bourgeois, dans Γ lie du Cap-Breton (Boudreau) et dorey, qui est la forme la mieux attestde au Canada, est rare en FTN (ALEC 1396 ; Massignon 554). Ceci est un nouveau temoignage des liens qui unissent le FTN aux parlers de Nouvelle-Ecosse. V. les explications de Massignon 554 pour les distinctions entre chaloupe*, dory* et wary*.
DOUX V. DOUCE.
166 DOYON 3
DOYON [dwajö] s. m. •
Doigtier. «Apres un bout* [but], eune fois que j'ai t6 maii6 lä, ma femme me faisait des doyons». (LC 027403).
Ce type lexical est atteste au Quebec et en Acadie (ALEC 2226 ; Massignon 1534 ; Dionne ; Poirier ; Thibodeau ; Naud, s. v. doillon) ainsi qu'ä SPM (Brasseur-Chauveau). Doyon semble specifique des parlers du Canada, particulierement d'Acadie, puisque les dialectes fran5ais ne connaissent que des formes voisines, du type doyot, ou, dans l'Ouest, deillot (FEW 3, 75a DIGITALE ; 3, 77a DIGITUS).
DRACHE [dRdJ] S. f. • Restes des foies de morue qui ont servi ä faire de l'huile. «Du savon de dräche». «L'autre savon que je faisions avec de la dräche lä, je prenions de la cendre de* dedans le poele, pis je bouillions la cendre dans l'eau, pis lä* j e prenions un morceau de laine... Si cuisait le morceau de laine eh bien, ce* tait fort assez* pour faire du savon». 3 «Pis quoi*-ce qu'i restait ben il appeliont 5a de la dräche, i usiont* 9a pour mettre sus les rouleaux». > savon.
III. 4
DRAGUER |dRiege] I. V. tr. • Trainer, tirer apres soi. 1
«Je croyais que ce* tait mon frfere qui draguait des chaises de quoi* de meme sus la place*». (AC 058101). 2 «I avont un petit chien lä hein, pis i porte toutes soites d'affaires* dans le* champ-lä, dans le champ, lä, pis i le drague lä». (GT 109208). 3 «Si tu trapes* quequ'un* pis tu le hales*, s'i veux pas tu le dragues». (LC 149807). > becquer 3.
II. V. intr. • Trainer, etre laisse sans etre range.
V. pron. • Se draguer Se trainer. «Je m'ai drague ä genoux au pied de mon lit». (GT 008001).
En fran9ais le verbe du vocabulaire maritime draguer est un emprunt du 17e siecle ä l'anglais (FEW 18, 53b DRAG). II a pris ä 1'έροque contemporaine le sens de (TLF 7,488a ; Rob 3, 663a). Au Canada, il s'agit d'un emprunt independant, qui n'a 6t6 enregistre que dans les parlers acadiens, ä la Baie SainteMarie (Thibodeau : ) et au Nouveau-Brunswick (ALEC 1314x : pt 156).
DRAGUEUR [dRaegceR] s. m. •
Chalutier. «Y avait un .. .dragueur qu'avait rentrd lä. Mais i ne tiont pas alloues* de prendre... les red-fishes [angl. , correspondant au FTN poissons* rouges]».
1 2
Ce mot est bien atteste sur la cöte canadienne (ALEC 229,986, 1785 ; Massignon 542) et ä SPM (Brasseur-Chauveau). II est enregistre par Littre et designe plus largement differents types de dechets dans les parlers fransais (FEW 3, 156b-157a *DRASCA).
[Ä propos du cable d'antenne de tilevision], «II est ä* d r a g u e r sus la place*». (GT 099000).
Drague dinomme en fran^ais, depuis le 16e siecle, un (FEW 18,53a DRAG) et il a ete relev6 pour un simple chalut ä l'epoque contemporaine dans les parlers cötiers de Vendee ainsi qu'ä Oleron (ALCAM, enq. inddites, q. 320A). Dragueur designe depuis le döbut du 17esi£cle un (FEW, ibid. ; TLF 7,488b). Mais l'emploi terre-neuvien, d'usage courant dans les parlers acadiens du Nouveau-Brunswick, de Nouvelle-Ecosse et de l'Ile-du-Princeidouard, ainsi qu'aux Iles-de-la-Madeleine (ALVMA 70 ; Geistdoerfer 1987 : 318), est vraisemblablement un emprunt recent ä 1'anglais dragger , issu de drag .
DRAPEAU [dRapo] s. m. •
Couche de b6be. 1
2
«S'i y avait έπε chemise qu'itait usie hein, qu'dtait pus bon hein, bien*, il ariont tire le meilleur de* dedans pis i ramassiont* qapou* faire un drapeau pou leu* petit». «Auparavant on faisait des drapeaux, mais 9a on les faisait nous-memes avec des
DRIVE II flannelettes
[angl. ] comme on avait
auparavant». (AC 099204).
Emploi attestd depuis le moyen frangais et considere comme vieilli ä partir du 18e sifecle, mais repandu encore ä l'epoque moderne ä travers tout le domaine d'oil (FEW 3, 155a DRAPPUS). Au Canada, ä l'exception d'une attestation qu£b£coise, cet emploi n'a ete enregiströ que dans les parlers acadiens (ALEC 1985 ; Massignon 1652 ; Poirier; Thibodeau ; Boudreau ; Naud). II a aussi έΐέ note en Louisiane (Daigle) et ä SPM (Brasseur-Chauveau).
DRAVE [dRaev], [dRaef] s. m. ou f. • Mesure de 224 livres*, pour la morue verte* (ce qui correspond ä 112 livres de morue seche). 1
«La morue sec* ce* tait vendu a* les Abbott un temps* etait... une drave de morue, cent douze livres*». (GT 109201). 2 «Je mettions un drave sus une cividre, et un de chaque bout* [but], je portions pis j e mettions sus la balance. Et faulait \falloir*] qu'y ait deux cent vingt-quatre livres* pour faire le drave». (LC 029212). > quintau 1.
Adaptation de l'anglais regional draft (DNE 149b).
DRET
[ d R e t ] adv. • Exactement. V. aussi DROIT. «Pis i marchiont pas sus le sidewalk [angl. ], ieux* ! Dret dans le melieu* de la rue !» (ΜΗ 038002).
Droit est atteste en ancien frangais avec cet emploi adverbial et a 6t6 relevö dans les parlers dialectaux de France, notamment sous la forme dret dans l'Ouest (FEW 3, 87b DIRECTUS), oü le [t] final est parfois encore articul6. Le mot a egalement etd not6 dans les parlers du Canada dans cet emploi et avec cette prononciation (GPFC ; Naud; Rens et Leblanc 1977 : 116, d'apres E. R.), comme dans les cr6oles frangais (Chaudenson 752 : [dret] ; Valdman 163 : dret).
DRTVAGE [ d R a j v a 3 ]
«J'ai des messages ä* venir sus le drive*, mais j'y* dis je vois pas grand drivage ä faire ici, j ' y dis tout est gel6 !» (LC 029204).
D6rive original de drive II.
DRIVE I
[ d R i v ] s. f. • Une bonne drive (AC). • En drive A la derive.
k ] loc. conj.
• Des que. 1 2
3 >
«Mais drfes que je relaxais encore*, la musique commeniait». (AC 058002). [Ä propos des poissons volants]. « D r t s que leurs ailes vient* sees*, i tombont». (AC 059000). «Mais dres qu'alle a bougi έηε patte, clac !» (LC 029207).
d6roguer, doubler, maringouin 2.
Cette locution, attestee en frangais depuis le 18e siecle, est largement repandue dans les parlers dialectaux de France (FEW 3, 28a DE EX). Elle a aussi ete relevee au Canada (GPFC ; Poirier; Thibodeau ; Snow 1977 :13, 67, d'aprös E. R.) et en Louisiane (Daigle, s. v. dreque).
s. m.
• Flottage du bois.
1
DRES QUE [dRC
167
2
«Le canot* [kano] va aller en drive mais pas la trawl*, la trawl va venir* en place encore*». «Et quand* qu 'il avont sorti* de manger, il avont regarde. Goddam* ! Leu* bateau s'en allait en drive !» (LC 029217).
Prononciation ancienne de derive, encore attest6e sur les cötes de l'Atlantique en France (FEW 18, 55b DRIVE) ainsi qu'au Canada (ALEC 1074, 2310 ; GPFC ; Poirier ; Thibodeau ; Boudreau ; Naud) et ä SPM (BrasseurChauveau).
DRIVE II [dRajv] s. m. • Flottage du bois. 1
>
«Un printemps j'avons t6 sus ce drive-lä ä... au nord du Lac Saint-Jean [...]» 2 «Comme* un mois aprfcs, je pense, j ' a i iu un message du boss*, oir* si je voulais descendre pour le drive». (LC 029204). drivage, flat.
168
DRIVE II
Emprunt direct ä l'anglais technique, 6galement en usage en Acadie (Massignon 311 ; Thibodeau 1976 :7 etMoncton 1978, d'apres έ. R.). Les parlers fran^ais du Canada utilisent genöralement une forme francisöe drave, de genre feminin (ALEC 1315), qui n'est pas attestee ä Terre-Neuve avec cet emploi.
DROIT [dRwat] I. Adj. epicene. • Droit, droite. 1
« f a c't* un bei äbre*, pis droit [dRwat] comme un jonc». > beurrier 2, cagouet 2, c a r r i II-2, couteau 4, pelurer 3, piquer 1.
II. (Ou [dRwa]). Adv. • 1. Exactement. V. ausi DRET. 2
DRIVER I [dRive] v. intr. • Ddriver. 1 2
«II a drive ä terre». (AC 128201). «fene fausse c'est justement* comme* deux pouces d'*6pais, en dessous, ene fausse quille, pour pas que 5a drive au large, vous savez !» (GT 109206).
Prononciation ancienne de deriver encore attestee en France sur les cotes de l'Atlantique (FEW 18, 55b DRIVE) et au Canada (ALEC 2310 ; GPFC ; Poirier ; Thibodeau ; Boudreau; Naud).
>
«Quante* que c'est un certain bout* [but] que tu vas au la^ge, ce cap*-Ik vient* droit [dRwat] carre*, ben lä on dit on est au Cap-Carr6». 3 [Ä propos des ours qui hibernent]. «Tu peux les trouver dans* l'hiver. Droit [dRwat] sus la pique* de leu* cabane*, y a un trou, p'tete la motie* gros comme 9a ici. C'est lä que leu chaleur monte». (LC 029207). 4 «Si vous voulez venir, i dit, je vous mettrai droit [dRwat] ä sa porte». (K1 028001). maringouin 1, virer 10.
• 2. Verticalement. 5
DRIVER II [dRajvceR] s. m. • Conducteur.
0 Specialement: Droitd'aplomb Meme sens.
«I dit ä son driver : c'est pas ici que ce* tait».
6
Emprunt direct ä l'anglais driver, de meme sens.
DRIVER III [dRajve] ν tr • 1. Conduire. 1 2
>
«Je vois pas assez pour driver un car*». «Je sus [etre*] pus alloue* de driver». (AC 049000). truck 2.
• 2. Faire descendre un cours d' eau par flottage (ä propos du bois). 3
«Je montons en haut*, je mettons tout* [tut] le bois dans le russeau*, pis je drivions tout* [tut] en bas». (LC 029204).
• 3. Enfoncer. (LC 029209 dit aussi chasser dans le meme sens). 4
5 >
«Je l'ai vu driver la fourche dedans* le derriere de 9a de* long lä, eile a pas seulement bougi !» «J'avais fene grosse masse pour driver des poteaux [...]»
gournable 2, menoire 2, piquois 1.
Emprunt ä l'anglais to drive, dont les sens sont similaires.
[A propos d'un canard]. «C'est fait pour dans les lacs dans le bois*. I va se reposer dans un tout petit lac, i va se poser dedans, pis i va s ' e n l e v e r droit [dRwat] en Γ air». (GT 139202). «J'ai vu le greement* : I montiont un cap*, droit [dRwat] d'aplomb de meme*, lä, qui avait p't-ete comme* cent pieds, j e pense, [avec] un capestan* [...]» (LC 029217).
La prononciation du [t] final de droit, encore recommandee par les grammairiens franfais du 17esiecle, et en usage aujourd'hui encore dans certains parlers de l'ouest de la France, est bien attestee au Canada (ALEC 724, 735, 1085, 1098, etc.; Thibodeau), en Louisiane (Daigle [egalement empl. adv.]) ainsi que dans les C r e o l e s antillais (DCG 116a : dwet ; Valdman 163 : dwat). V. aussi FEW 3,87b sq. DIRECTUS.
DROPER [dRope] ν tr ? • 1. Semer une graine ä la fois. (Distingue de semer). «Si vous dropez cinq ou six ä la fois c'est semer 5a, mais si vous plantez, c'est planter que c'est!» (GT 109210).
• 2. Lächer, laisser tomber. >
branches 3.
Emprunt direct ä l'anglais to drop, de meme sens.
DURER
169
• 2. Bidon.
«Parle pas trop dur, i vont t'entendre ä la cöte !» (AC 019000). 6 [A propos de encornet*]. «Faut que tu fais attention pas le fricasser trop dur». (MH 019203). 7 «Deux chats mangent aussi dur qu'fene personne !» (GT 109211). > aplangir 1, croquecignole 3, miditd.
> gas 1, lait 1.
• 2. Dur de Beaucoup de.
DRORS V. DEHORS.
DRUM [ d R o m ] s. m . • 1. Tympan (de l'oreille). Emprunt direct ä Γ anglais, inddpendant des emplois not6s au Quebec pour divers contenants (ALEC 22, 225, 533, etc.)
DUMET [dyme] s. f. ? • Duvet. (Confirmi par AC 059201). 1 2
«Un petit peu de dumet qui reste». «La plume est en drors* pis la dumet est en dedans !» (LC 029210).
Cette forme typique des parlers de l'ouest de la France, de la Normandie ä la Saintonge (FEW 15/2, 81b DUNN) n'est signalee que dans les parlers acadiens, au Canada (Poirier ; Thibodeau) et en Louisiane (Ditchy). Le genre feminin, douteux, serait particulier au FTN.
DUR
[dyR] I. Adj. • Fort, qui a une action violente. 1
[A propos du fars* d'encornet*]. «£a brule.
5
8 9
«II avont venu ä terre έηε jornee*, .. .dur de houle* ; y avait un gros houle». (AC 128201). «Υ a dur de courant dedans».
• 3. Si dur comme Autant que. V. aussi COMME. 10 «Je fume pas si dur comme je faisais».
Les contextes dans lesquels est employe Γ adv. dur sont plus larges dans les parlers dialectaux de France (FEW 3, 193 DURUS) et au Canada (Clapin ; Dionne : manger dur; Poirier : dormir dur; Moncton 1978 : «J'ai assay6 dur d' y aller», d' aprös Ε. R.) qu' en fran9ais d ' a u j o u r d ' h u i . V. aussi (BrasseurChauveau). Certains des emplois adverbiaux du FTN sont peut-etre caiques sur le correspondant anglais hard.
DURANT (EN
- ) [ ä d y R ä ] loc. P r i P .
C'est dur sus les mains». (ΜΗ 019203). > charogne 1.
• Durant, pendant.
0 Sp£cialement: • Dur de poids Lourd. • Dur au vent Qui a beaucoup de prise au vent.
Locution particulifcre ( 0 FEW 3, 188a sq. DURARE).
2
[A propos des maisons ä etage]. «Le monde* s'en avont aper9U que ce* tait dur au vent !» (LC 028302).
Emploi et locutions originaux. II. Adv. • 1. Avec intensite, fort (dans des contextes non admis en fran9ais norme). 3
«J'ai pousse comme 5a un tit* peu, pas beau-
coup* dur». 4
«Pus [pus] qu'i courait, pus [pu] dur que le chien jappait!» (AC 058001).
[Ä propos des fetes], «Y avait rien en durant le careme». (MH 019202).
DURER [dyRe] loc. P re P . • Endurer, supporter. «Faulait [falloir*] que 9a seit [etre*]... que 9a dure la chaleur». (LC 149803).
Forme attestee depuis l'ancien fran9ais, qui subsiste dans les parlers dialectaux de France, notamment ceux de l'Ouest (FEW 3, 188b DURARE).
Ε
Ε [β] (devant consonne) pron. pers. sujet 3e pers. f. sg. • Elle. > passer 5.
V. aussi A, ALLE. Les deux occurrences de cette forme dans le corpus, sont situees dans le meme exemple et sont peut-etre douteuses.
EAU [o] s. f. •
1. Eau fraiche Eau douce. 1
«Ici le printemps on en oil* [we] beaucoup, les canards de lacs, les canards d'eau fraiche, y a les canards d'eau salde». (MH 069205). > gaspareau 3.
• 2. Eau pourrie Liquide ä usage d'engrais, constitud de poisson qu'on laisse macerer dans de l'eau. 2 3
«J'ai fumi f a avec de l'eau pourrie, deux fois». «L'eau pourrie est bon, meilleur que le fertilizer [angl. ]».
• 3. A petite eau En eau peu profonde. 4
[Ä propos des plogoilles*]. « f a se tient ä petite eau, 9a se tient pas beaucoup dans le creux*. Les gros se tiennont [tiendre*] dans le creux, mais les petits, i se tiennont le long de la cote». (GT 139201). > eau 5, tanche.
• 4. Λ grand* eau [gRÖt ο] En eau pro-
fonde. 5
«Des fois le houmard* i est ä grand eau pis des fois i rentre äpetite eau*... c'est selon la fredeur* de l'eau».
• 5. Urine. 6
7
«I tait geni de* son eau un peu. Mais i m'a dit il arait vi [vivre*] tout ä fait vieux». (MH 069203). «Y en a, leu*-z-tau arrete tout ä fait». (MH 069203).
• Faire l'eau Uriner. > rognon 3.
• Eau arretee V. ARRETER. • 6. Sueur.
0 Spicialement: En nage d'eau Inondd de sueur. 8
«Mais moi je pouais \pouoir*] pas dormir, j'6tais en nage d'eau». (LP 008101).
• 7. Sacs d'eaux [sak d o] Poches d'eaux, eaux fcetales (de la vache). 9
«Y a des sacs d'eau qui vient».
• 8. Eau de dormitoire. V. DORMITOIRE. • 9. Donner I 'eau Ondoyer ; Aoir I 'eau Etre ondoy6. 10 «I donnont l'eau en cas de n£cessit£». (LC 039215). > mourir 4.
Eau fraiche est une locution originale ( 0 FEW 15/2, 173a sq. FRISK), peutetre ä rapprocher du fran;ais populaire fraiche (s. f.) (TLF 8, 1199a). Eau pourrie est aussi une locution originale, correspondent ä un usage local specifique. Remarquons cependant que le verbe pourrir peut signifier en fran9ais et qu'il s'applique dgalement, dans un emploi technique, ä la macöration des chiffons servant ä la fabrication du papier (FEW 9, 640a PUTRESCERE). A petite eau et ä grand eau ont ete notes dans des emplois similaires ä SPM (Brasseur-Chauveau) aux Iles-de-laMadeleine (Geistdoerfer 1987 : 58,60,61) et dans un point acadien de la Cöte-Nord au Quebec (ALEC 2310). Eau denomme en fran9ais diverses secretions corporelies (TLF 7, 585b). L'emploi est populaire dans la locution lächerde l'eau (Rob 3,710b). L'emploi se trouve dans des locutions comme etre (tout) en eau (Rob 3, 710a). A Terre-Neuve le mot est utilise sans concurrent, hors de la locution specifique en nage d'eau. Sacs d'eaux est un compose particulier. Enfin la locution verbale donner l'eau a aussi ete recueillie dans le parier acadien de Baie Sainte-Marie (Thibodeau, s. v. eau).
ßCARDERIE
EAYE [i:v] s. f. •
Dessous de toit, debord de toit. 1
«£a fait des grosses chandelles de glace sus les eaves de la maison». (AC 128201). 2 «Nis autres* je disons les eaves mais c'est pas des eaves, je sais pas comment* que t'appelles 9a en fransais». (GT 109210). 3 «Y a des trous en dessous de sa eave, pour Γ air. I montont lä-dedans, pis il avont leus* nies*». (LC 029216). > rencontre 1.
Emprunt ä Γ anglais eaves , attestd dans quelques parlers acadiens pour le (ALEC 19b) et £cardon 1, 2.
171
ECARDER [ekaRde], ACARDER [akaRde] v. tr. [La premiere forme semble rare], • Carder. 1
«I lavait sa laine, il* I'ipluchait, il l ^cardait, i la filait, i la bmchait*». (LC 097401). 2 «Peut-etre [ptet] bien qu'on arait iu sept ou huit femmes, qu'araient venu. Y en arait p'tete trois ou quatre qu'aront £card£, pis les quatre*-z-autres aront fil6». (LC 189206). > icarderie 2, 6cardon 3, plucher 2, quand meme 4.
Ecarder est une forme typique des parlers saintongeais (FEW 2, 370a CARDUUS) attest6e dans divers parlers du Canada (ALEC 893x, 1788 ; Massignon 1023 ; B61isle ; D i o n n e ; G P F C ; Poirier ; T h i b o d e a u ; Boudreau ; Naud), ainsi qu'ä SPM (BrasseurChauveau) et en Louisiane (Ditchy ; Daigle). Son origine acadienne est probable. Acarder est une forme locale, probablement due ä une fausse r6fection ä partir de carder, lui-meme issu d'ecarder par aphdrfese.
2
Variante de carde attestde depuis le moyenfran5ais, qui subsiste dans divers parlers de l'ouest de la France (FEW 2, 370a CARDUUS) et au Canada (ALEC 1788x ; Massignon 1024; Dionne ; GPFC ; B61isle ; Poirier; Thibodeau ; Boudreau ; Naud), ainsi qu'en Louisiane (Ditchy ; Daigle) et ä SPM (Brasseur-Chauveau).
ECARDERIE, CARDERIE [ ( e ) k a R d R i ] s. f. • Rassemblement de femmes pour carder la laine. 1
2
«Si y avait έηε ecarderie, ou έηε faucherie* ou έηε buchene*, y avait un grand souper* de* ρτέρατέ, et pis les femmes veniont filer. I portiont leu* rouet* [Rwet] sus leur dos. I s'en veniont filer. Et pis quante* ς a venait* au temps de diner*, i restiont ä manger et pis au temps de souper* ce* tait la meme chose, en blaguant* et... vous savez, confer* des histoires et pis filer. Pis quand i faisiont έηε bücherie ben ce tait la meme chose». (AC 099203). «On avait des... des icarderies. Dans ce temps-lä i faulait [falloir*] tout ecarder* la laine ä la main [...]» (LC 189206).
En fran9ais, carderie designe toujours un endroit et non pas un rassemblement de personnes (FEW 2, 371a CARDUUS). Les formes terre-neuviennes n'ont etέ notees ailleurs que dans des parlers acadiens : carderie en Gaspesie (ALEC 1788), ecarderie aux Iles-de-laMadeleine (ALEC 1788 ; Massignon 1027) et ä Cheticamp (Chiasson 1972 : 245, d'apres E.
172
ßCARDERIE
R.)· V. aussi bücherie, faucherie, foulerie ou scierie.
filerie,
ECARTER (S'-) [s ekaRte] v. pron. •
ECARDON [ekaRdö] s. m. • Paquet de laine cardee qu'on mettait sur la quenouille pour filer. 1 «Bien*, pour faire un ecardon, on prend un petit paquet de laine, pis on mit [mettre*] 5a
sus Vecarde*, pis on le carde. Pis lä* aprfes
tire de* dessus, o n mit la laine sus Vecarde et on roule... avec le dos de de l'autre on le
dcarde. Pis 9a 9a fait un rouleau. Pis c'est un & a r d o n » . (AC 099204). 2 3
>
«Des ecardons ce* tait rond. Ce tait fait... c'£tait roulö par des ecardes*». (GT 109210). «Eh bien tu sais, t'avais la laine ecardee*, i appeliont 9a des i c a r d o n s , des petits... des petits rouleaux de laine lä». (LC 189206).
i c a r d e 2.
Cette forme n'a ete notöe que dans des parlers acadiens, au Canada (ALEC 318x, [sud de la Gaspesie] ; Massignon 1026 ; Poirier; Thibodeau ; Boudreau; Naud) et en Louisiane (Ditchy : ). Elle n'a pas ete relev6e dans les parlers dialectaux franfais ( 0 FEW 2, 368a sq. CARDUUS).
ECARRE [ekcm] s. f. •
Angle. 1
[A propos de moulures]. «Mais 9a c'est des tringles [tRck], quand i sont... ä trois
ecarres». (GT 109203). 2
«}'halions* chevals*, j e
d e s b i l l o t s en bas* a v e c les les iquarrissions, sus quatre*-ze c a r r e s . l i n e fois q u ' i tiont 6quarris sus quatre-z-icarres, j ' a v i o n s un pied*-de-roi pis un equerre*, j e mesurions l'dpaisseur que j e voulions mettre le bordd». (LC 028401).
Quarre est une survivance du moyen fran9ais attestee dans bon nombre de parlers dialectaux de France (FEW 2,1392b QUADRARE). La forme terre-neuvienne est un hypercorrectisme de creation locale, probablement par analogie de la serie ecarde, ecarder, ecardon, s 'ecarter.
S'egarer. 1 2
«I s ' a 6 c a r t e , il a pas pu trouver son chemin». «Du bout du C a p i s'avont mis dans I'idee*
d'aller ä La Grand-Terre, pis i s'avont icartes». (LC 097401). >
arrifcre 6, piler I.
Cet emploi, atteste en poitevin (FEW 3,315b *EXQUARTARE), est considere comme un regionalisme du Canada (Rob 3,726a). II est usuel aussi bien au Quebec qu'en Acadie (ALEC 2310 ; Massignon 667 ; Dunn ; Clapin ; Dionne ; GPFC ; Thibodeau ; Boudreau ; B61isle) et a aussi 6te enregistre en Louisiane (Daigle).
«Y a du monde* qui parle des echampeaux, d'autres les appellent les empis*».
2
[A propos d ' u n e morue]. Quand j e Tai iue au
doury*, j'ai pris l^champeau de mime* dans m a main». (LC 028401). 3
[Α p r o p o s d ' u n e trawl*]. «Α* tous les six pieds y a un c h a m p o n » . (GT 109207).
Echampeau : > boetter 1, cordon, crocheter 3. Echampeau (FEW 23,109b naufrage), qui a ete recueilli, ä l'epoque moderne, avec un emploi voisin ä SPM : ). Parallelement, il n'a ete releve dans les parlers dialectaux de France qu'en Saintonge, pour une (FEW 3, 266a EXCALEFACERE).
173
m'eclate !» (LC 029214).
Cet emploi pronominal, particulierement dans la locution s 'eclater de rire, est vieilli en fran9ais (TLF 7, 664b ; FEW 17, 141b *SLAITAN), mais bien atteste au Canada (Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier ; Thibodeau ; Belisle) et en Louisiane (Daigle).
ECLATS [ekla] s. m. Pi. • Petits bouts de bois tallies ä la hache, pour allumer le feu. «[...] des eclats que j'allumons le poele avec le matin lä...» >
soire8 1.
Ce mot est bien atteste dans les parlers dialectaux de France pour un eclat de bois ou un copeau (FEW 17, 141b-142a *SLAITAN) et dans le meme emploi qu'ä Terre-Neuve au Canada (GPFC ; Thibodeau ; Boudreau ; Naud) et en Louisiane (Daigle).
174
ECOLE
ECOLE [ekol] s. f. • 1. Tiendre ecole. V. TIENDRE. • 2. Instruction, dans les locutions : • Aoir de I 'ecole Avoir de l'instruction. 1
>
«J'ai tout le temps dit que si* jamais que j'avais des enfants que si ce* tait dans mon pouoir* qu'i ariont de l'ecole». (AC 018304). 2 «J'ai pas d'ecole, moi, je sais pas lire». (MH 069204). dire 1, gros 5, pour 15.
• Sans ecole Sans aller ä l'ecole, sans instruction. >
vivre 3.
La locution avoir de l'ecole, enregistree en fran9ais jusqu'en 1932 (Academie), ne s'applique qu'ä un cheval: (FEW 11, 300b SCHOLA). Elle est ä rapprocher d'une locution acadienne (Poirier: «nous disons aussi, en parlant d'une personne instruite : il a bonne ecole»).
«Si vous etes debout* [dabut], et pis qu'y a de quoi* de haut, pis vous avez les bras par-dessus c'est s'ecorer dessus lä, s'accorer* dessus». (GT 109211).
(Dionne ; Boudreau ; Maillet 1979 : 53, d'apres E. R.).
ECRIRE
[ekRiR] • Ind. impft. :j'ecrisais,
>
ECRISAGE [ekRiza3] s. m. •
Ecossais. 1
>
«Alle tait Ecossois. Alle chantait ecossois ; j'aimais l'entendre chanter mais je comprenais rien !» 2 «Les M c D o n a l d lä, tout 5a ce* tait des Ecossois». 3 «Si t'es Anglais, Fran^ais ou Ecossois ou... n'importe quoi, je dis, ton accent le dit sus* toi». (LC 189203). carreaute 1, jackatar 2.
Cette forme ancienne (FEW 18,57b ECOSSE) est encore attestee dans les parlers du Canada
Forme originale. La derivation en -age du verbe ecrire est signalee ailleurs, notamment en Vendee : ecrivage (FEW 11, 334a SCRIBERE). La base de derivation est ici ecris-, par analogie de dire et d'autres verbes de ce type, comme le montre la f o r m e d ' i m p a r f a i t j'ecrisais. V. ECRIRE.
ECTRICITE [ektRisite], ETRICITE [etRisite], ATRICITE [atrisite], TRICITE [tRisite] s. f. •
ßlectricitö. 1 2
3 >
•
tiendre 19.
Cette forme d'imparfait est attestee dans un parier acadien de Γ lie du Cap-Breton (Boudreau, p. 34).
Emploi specifique d'un mot du vocabulaire de la marine (v. TLF 7, 689a), qui n'a pas ete releve dans les parlers de France ( 0 FEW 17, 55a SCHORE) et que nous n'avons pas trouve dans les glossaires canadiens.
ECOSSOIS [ekoswa] adj. et s. m.
...
«II icrisiont des lettres, comme... comme mes cousins, vois-tu». (MH 069205).
«Dans ce temps-lä tout le monde tait pauvre, y avait pas d'ectricite». «Ene laveuse* c'est... 9a va par... atricite, avec de... tricite lä, avec un moteur ä tricite. g a c'*ene laveuse». (GT 109207). «Y avait pas d'ectricite quante* j'allais ä l'ecole moi». (LC 149801).
grier 2, leu II-2.
D'autres formes avec apherese ont έίέ notees au Canada : ectriste (ALEC 2310), lectricite (ALEC 175d), etriste (ALEC 175d, 2310) et en France, en Saintonge : actricite (FEW 3, 211a ELECTRUM).
ECUSSON, CUSSON [(e)cys5], [(e)tfys5] s. m. •
Arriere d'un dory* ou d'un canot*. 1
«Le doury* a pas le cul carrd, le doury avait un... un ecusson, un petit ecusson, derrifere vous savez».
ELEVE
2 >
«L'etambot* [ e t ä b o t ] est cloute* sus l'ecusson». (LC 029206).
6tambot, premier 4.
Ecusson est egalement atteste dans deux points acadiens (ALEC 1376,1400), ainsi qu'ä SPM (Brasseur-Chauveau). II s'agit d'un emploi particulier du terme de marine ecusson
«Y avait p't-ete cinq ou six e g n e a u x ä tuer». [A propos des brebis et de leurs agneaux]. «Tu prends un hareng pis frotte sus l ' e g n e a u , pis t'>* donnes un m o r c e a u ä manger, pis lä* tiens !... pis lä liehe* ! A laime* le salange*, pis lä a vient ä le laimer !»
fringuer 1, langue 3.
Survivance du moyen fran5ais attestee 5a et lä dans les parlers dialectaux de France (FEW 24, 264a AGNELLUS). Au Canada, la distribution de cette forme est typiquement acadienne (ALEC 593a ; Massignon 936 ; Poirier, Naud et Boudreau, s. v. aigneau).
175
EGNON [εηρ], [ejiö] s. m. • Oignon ou echalote.
>
[A propos du boudin]. «I mettiont des raisins dedans, pis des i g n o n s , des p o m m e s [...]» baker 3, bouill6e 1, coquille 2, g o 2.
Forme attestee dans divers parlers dialectaux de France, notamment en Saintonge : eignon (FEW 14,43b-44a UNIO), mais qui n'est signalee au Canada que sous une forme proche phonetiquement: [0ji5] dans le parier acadien de Cheticamp (ALEC 914 ; 0 Massignon 778). II est possible qu' egnon subisse ici Γ attraction d 'egneau.
EGOUINE, LEGOUINE [(l)egwin] s.. f. • Egoine. V. aussi PASSE-PARTOUT. >
passe-partout 2.
La prononciation egouine est commune dans les parlers du Canada (ALEC 1348) et en Louisiane (Daigle), mais ne figure pas dans les releves de FEW 11, 316b SCOBINA, quoique quelques formes en [gw] aient ete notees en Normandie (ALN, enq. inedites): [agwin] dans le Domfrontais, [egwen] dans le Pays de Caux. L'agglutination de l'article se trouve aussi en Creole hai'tien (Valdman 335 : legoin).
ELEVE [elev] s. m. ? • Enfant adopte, eleve par des membres de sa famille. (Emploi confirme par LC 029212 et AC 099204). 1
2
«Prendre un i l e v e e ' e s t prendre un petit q u ' a pas de parents o u . . . ou que les parents peut pas leur faire attention*». (AC 099204). « D e s elfeves e ' e s t p r e n d r e un e n f a n t d e quiqu'un* d ' a u t r e et pis le lever*, le... le lever quoi, pareil comme* iun* de s e s . . . des enfants. Mais la* personne-lä a d'autres enfants». (GT 109209).
Au Canada, le mot s'applique ä un enfant adoptif (ALEC 1853 ; Poirier ; Boudreau ; Geistdoerfer 1987 : 79-80). II s'agit de la restriction d'un emploi atteste en frangais aux 17e et 18e siecles : (FEW 5, 273b LEVARE).
176
ELONGER
ELONGER, LONGER [(e)153e]
EMBEURRER
v. tr.
•
• Etirer sur toute sa longueur. «Tamarres* un bout* [but] et pis lä* tu t'en vas pis... tu le longes». 2 «Les narfs* dans le derriere de la jambe a venu* tout longes». (AC 078201). 3 [Ä propos de la laine qu'on filait]. «Si tu la voulais grosse, tu 1-1'elongeais pas tant». (LC 189206). > aroi II-3, gle.
1
1
Le verbe elonger, qui appartient au vocabulaire de la marine : est bien atteste pour ou dans les pariere dialectaux de France (Rob 3,868a ; FEW 5,41 lb LONGUS). En Amerique, des emplois pronominaux ont 6t6 notes (Dionne ; GPFC), mais l'emploi transitif n'a ete releve que dans les parlers acadiens du Canada (Poirier) et de Louisiane (Daigle). Longer, par apherese (Brasseur 1996b : 297), se trouve egalement en erhole hai'tien (Valdman 346 : lortje ).
EMBARQUER [äbaRtJe] v. intr. • Monter (dans un vehicule, sur un cheval). 1 2
«J'ai embarque ä bord du train*». «II aviont έηε civifcre qui tait fait ien* que pour une personne : deux siaux*, iun* chaque* bout [but]. Deux boites*, ieune* chaque bout [but], pis y avait un passage dans le melieu*, t'embarquais dans le melieu, pis i preniont 9a pis [...]» 3 «Et pis alors j ' avais entendu dire : si un chual* voit de quoi*, meme que tu le vois pas, eh bien, embarque sus son dos, monte sus de quoi, pis garde* enteur* ses deux oreilles, pis tu vas voir quo*-ce qu'i voit». (AC 019000). 4 «J'embarquions dessus, pis je le mettions sus le chemin, pis galope si tu veux !» (LC 029212). > prendre 1-10, ramasser 18, traine 1.
Cet emploi particulier du verbe fran5ais (ä ajouter ä FEW 1, 251a BARCA) est usuel au Canada (ALEC 1094, 1101, etc.; Belisle) et en Louisiane (Ditchy ; Daigle), ainsi qu'ä SPM (Brasseur-Chauveau).
[ a b o R e ] v. tr
1. Salir. «Tu peux tere* embeurre de vase*, la vase par-dessus toi. Embeurre 9a !»(GT 109209).
> 9a 11. • 2. (Comme insulte). Tenir pour negligeable, emmerder. 2 3
«Chfere, je t'embeurre bien toi!» «Je t'embeurre ! Ä ce moment-lä l'autre i va dire : tiens tu m'emmerdes !» (AC 059201).
Emplois originaux, le second etant euphemique, d'un type lexical attest6 en fran^ais pour (FEW 1, 664b BUTYRUM), releve ponctuellement en Acadie, au NouveauBrunswick (ALEC 2286a) et en NouvelleEcosse (Thibodeau, qui note aussi l'emploi ).
EMBIBER L'EAU [äbibe 1 ο] loc. verb.
•
Ne pas etre etanche. «La peau de loup*-marin, 9a embibe l'eau. L'eau passe ä travers... Tu te mouilleras avec 9a !»
Embiber est une survivance du moyen frangais signalee dans les parlers nantais, du Centre et de Saintonge (FEW 4,568b IMBIBERE), ainsi qu'au Quebec (ALEC 2310 ; Dionne ; GPFC). L'emploi terreneuvien est original.
EMBOULANGE [äbulÖ3e] adj. • Soucieux. (Non confirme par LC 029212 et LC 039212). «I tait assez chagrine, et tout* [tu] ςa ! Ce* tait dur! Pis i pensait ä la fille pis...il avait tout 9a dans la t&e. Ah ! I tait emboulange comme un... un ministre». (AC 018003).
Derive original de boulanger ( 0 FEW 15/1, 176b sq. *BOLLA).
EMBOUTEILLER [äbuteje] ν tr •
Mettre en bouteille*, en bocal.
«Comme de la viande, tu pouais [pouoir*] pas garder 9a. La seule manifere e'est que tu l'embouteillais». (LC 008201). > plumer.
Emploi particulier du mot fran^ais, suivant celui de la base de derivation. V. BOUTEILLE.
EMPRES
EMBOUVETER,
EMPLEYER [äpleje] v. tr.
REMBOUVETER [(R)äbufte]
•
• Encastrer, mortaiser. 1
Embouveter est atteste en fransais au 19esiecle dans le vocabulaire de la marine : (FEW 1,447a BOS). II est d'usage courant dans les parlers du Canada (ALEC 368x, 2300x ; Dunn ; Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier et Naud, s. v. embouffeter; Massignon 1105 ; Thibodeau ; Boudreau). A SPM, il a ete note en emploi intransitif: ^'encastrer dans une piece de bois> (BrasseurChauveau). Rembouveter en est un derive prefixe original.
EMPARQUER [äpaRke] ν tr
Depenser. [A propos du Juif errant]. «Et pis il avait cinq sous* dans sa poche, et quand* meme qu 'il* l'empleyait quand* qu'i rouvrait* sa poche ses cinq sous £taient encore dedans». (LC 178001).
v. tr. «Rembouveter du bois : Tu fais la räblure*, pis tu fais la langue* sus l'autre planche». 2 «C'est de la planche embouvetee». (LC 149807). > langue 2.
177
Forme attestee dans les parlers dialectaux de France, notamment en Normandie et dans le Beny (FEW 4,594b IMPLICARE) ainsi qu'au Canada (ALEC 2310 ; Moncton 1978, d'apres E. R.). Mais l'emploi n'a ete releve que dans le parier acadien de RiviereBourgeois (Boudreau).
EMPLIR •
1
•
[ ä p l i R ] v. tr.
Ind. i m p f t . :
j'emplisais,...
«[A propos des boudins*]. «Tu les virais* a I'emers, pis tu les emplisais de sang». (LC 149804).
Rassasier. 2
«Ene cuveree* ce* tait assez pour l'emplir». (GT 017701).
La forme d'imparfait j'emplisais est typique des verbes du 3 c groupe, dans l'usage local.
• Parquer, mettre dans un pare*. 1
«J'avions notre chual* emparque en arriere* de la grange*, lä». (AC 058001). 2 «Chez* nous les cochons tiont toujours emparques». (AC 099206). > parcage 1.
Ce verbe a ete enregistre en frangais pour (FEW 7, 665aPARRICUS ; GLLF 1567c) .AuCanada il n'a ete note que dans les parlers acadiens (Poirier). II est egalement atteste en C r e o l e reunionnais (Chaudenson 691 : [apa: r ke] ). E M P I [ d p i ] s. m. • A v a l o n . Syn.: ECHAMPEAU. 1
«J'ai tire les crocs* de* dessus, mais les empis pis les trawls* je l'ai pas coup6>. 2 «Les trawls * et les empis et de quoi* de meme taient fait en chanvre, mais les rets* ä harengs taient en coton». > echampeau 1.
Prononciation du franfais empile (TLF 7, 967b ; FEW 8, 477a PILA), attestee dans les parlers du Quebec (ALEC 1282x). V. aussi [zäpi] en C r e o l e reunionnais (Chaudenson 262).
EMPOISONNE [dpwazone] adj. • Infecte (ä propos d'une plaie). (AC 099207). Emploi original ( 0 FEW 9,255b sq. POTIO).
EMPRES
[ ä p R e ] adv. • Apres. V. aussi APRES.
1 «II est venu empres la guerre». (LP 008101). 2 «Le samedi d'empres». (LC 029207). > mort-pel6 2, peche 3.
0 Empl. adj. 3
« f a fait*, anyhow*, pas c'f* annie-lä mais l'empres, i s'a arrange avec ma defunte* mfere, i se sont mis ä aller s'oir* l'un l'autre». (LC 028301).
Cette forme, attestee depuis l'ancien frangais et aujourd'hui enregistree dans les parlers dialectaux de France, notamment de l'Ouest, en Normandie et Saintonge (FEW 24, 179a AD PRESSUM), n'a pas ete relevee au Canada ( 0 ALEC, Dionne, Dunn, Poirier, GPFC). L'emploi adjectival est original.
178
ENCANNER
ENCANNER [dkene] v. tr. • Mettre en cans*, en boites de conserves. Ce derive de can a ete note au Canada (ALEC 895x, 2310 ; Naud, s.v. earner).
ENCENS [äsä] s. m. Syn.: GOMME. • 1. Resine qui suinte de l'ecorce des coniferes. 1
«De l'encens e'est de la gomme* de bois, de l'encens. Tu te fais de la chique* avec de l'encens». (GT 109209). 2 «Tu pouvais chiquer* de la brai*... oui oui ! Coume* de l'encens, de la gomme*». > gomme 5.
• 2. Gomme ä mächer, chewing-gum. 3
«J'ai quitte* le tabac pis la* je chiquais* pour un mausesse* de bout*, je chiquais de l'encens lä hein, de la gomme* en palette* lä !» > chique 3.
Encens marbre est atteste en France au 18" siecle pour le (FEW 4, 620b INCENSUM). Mais les emplois terre-neuviens sont typiquement acadiens : (ALEC 1635 ;Thibodeau); (ALEC 1784); espirer 1, fille 6.
Le verbe encontrer, atteste en frangais pour (FEW 2,1113b CONTRA), n'est plus enregistre par les dictionnaires. II n'a pas ete releve au Canada. Contrer, par apherese (Brasseur 1996b : 298), se trouve aussi dans les Creoles antillais (DCG 181a : kontre ; Valdman : 304 : kontre). II est malaise de determiner si acontrer est issu d'une fausse refection ä partir de contrer ou d'une d6nasalisation de Γ initiale, par dissimilation, comme dans atendre .
ENCORE [äkoR], [äko:R] adv. • Se place apres le mot sur lequel il porte. > comme 20, c'te 2, εηέ 2, mourir 2, sans pour 1, trouver 2.
0 Specialement: A nouveau. Souvent comme equivalent du prefixe re-, parfois employe pleonastiquement. 1 2 3
«Toujours* la musique a starte* encore [...]» «Disez [dire*] encore !» (MH 059201). «A veut revenir jeune fille encore, t'sais !» (LC 029212). 4 «I venait de la Pointe, lä, de Sandy Point, i faisait tout le tour* di* Cap ici, il allait ä la Coupie en dehors* [dahoR] lä, pis i revenait back*, pis i retournait ä la Baie encore». (LC 189203). > approcher 1, assayer 4, back 4,5, 6, 8, course, crever, d£funt 3, demi 3, dessus 18, drfes que 1, drive I1, eparer 2, gare 4, morceau 1, 5, pare 2, pigouiller, pimper (se -) 1, piquois 1, quitter 14, ramasser 17, rebacker 2, ...
La position de cet adverbe est attestee au Quebec : «il a l'air smart encore» (ALEC 2180). Son usage pour marquer la repetition se trouve egalement dans des enonces oü il peut apparaitre comme un caique de Γ anglais again : , (ALEC 1721).
£Νέ
ENCORNET [äkoRne], ACORNET [ a k o R n e ] s. m.
ENCULANT [ätjylä] adj. • Emmerdant, embetant, genant. [A propos du tili phone], «C'est de quoi* qu'est enculant oussi* !» (LC 029203).
• Calmar. 1
«J'en ai pris en masse* de l'encornet avec la turlutte». 2 «Dans les premiers temps que je pechais ce* tait de l'acornet, y avait de l'acornet en masse*». > boette 2, fars 2 , 3 quand 4.
Encornet est le «nom usuel de divers calmars employes par les pecheurs comme appät pour la peche de la morue et dont certaines especes sont comestibles» (GLLF 1605c). C'est un terme regional et«[...] le terme normalise au Quebec» (Rob 3, 952a). Dans les parlers de France, c'est le mot usuel sur les cötes de la Manche et de l'Atlantique, jusqu'en Vendue (FEW 2, 1194b—1195a CORNU ; ALCAM, enq. inedites, q. 260A). Au Canada, ce type lexical n'est pas rare sur les cötes acadiennes (ALVMA 289 ; Naud). La denasalisation de Γ initiale est un ph6nomene phonetique courant en FTN (Brasseur 1996b : 296).
ENCROT
[ ü k R o ] s. m. ? • 1. Filetage, pas de vis. 1
«Les encrots sont tout le tour* de V avisse*, pou* visser. Pis... c'est tout le tour*, c'est 9a qui fait l'avisse aller dedans lä». (GT 109209).
• 2. Fente de la tete d'une vis. 2
«L'encrot c'est yu*-ce que tu mets le... le tourne-avisse* lä pour le virer*, de quoi* de meme». (AC 059201). > avisse 1.
Ce mot n'est pas signale au Canada. II doit pou voir se rattacher ä un derive d'un verbe atteste en ancien et moyen fran^ais encroer , comme encros m. releve en angevin et oncrou , ä l'Ile d'Elle (FEW 16, 397b *KRÖK); on y ajoutera des mots classes sous ANCORA (FEW 24, 543a) : ancrau cousin, grand-grand-pdre 3, jackatar 2.
Forme originale ( 0 FEW 7,18a NASCI), probablement due ä 1'attraction paronymique d'aine (Brasseur 1996b : 300). Notons qu'une tournure du type je tais ene ou j 'ai te βηέ pour je suis ne, qui semblerait un caique de l'angl. I was born , a ete recueillie au point 19 de l'ALN, dans le sud du departement de la Manche, en limite de la Bretagne romane (j 'ai ete ne).
ENER [e:ne] v. tr. • Faire naitre, mettre au monde. 1
[A propos d'une sage-femme]. «Quand alle est morte, alle avait enc passd trois cents enfants». (LC 138403). 2 «C'est telle* qui les a βηέβ». (LC 138403). 3 «I veniont la chercher [JaRfe] ici, pour aller ä La Grand-Terre, pour ener des enfants». (LC 189801). > chasse-femme 2.
Cette forme verbale originale ( 0 FEW 7,18a NASCI) est probablement refaite sur le participe ene. On la rapprochera du cajun de Louisiane ainaitre (Daigle, s. v. naitre).
ENFANT [äfä] s. m. • Cher enfant! loc. inteij. Mon eher ! Mon pauvre ! [Ä propos des bandes magndtiques enregistries en enquete], «Pis i faut aller le travers* de tout 9a ! Oh eher enfant!» (AC 099202).
En fran^ais, enfant a ete enregistre pour un (Poirier).
ENFAROUCHER V. FAROUCHER.
ENFORCIR [äf DRsiR]
v. tr. • Renforcer, rendre plus solide. V. aussi FORCIR, RENFORCIR. «L'etrave c'est le morceau de bois que vous disez [dire*] lä, pour l'enforcir».
Le verbe enforcir est vieux (Rob 3, 982a) ou vieux ou litteraire en fran9ais (TLF 7, 1102b). V. aussi FEW 3, 728a FORTIA.
ENGIN [ά3έ] s. f. •
Moteur. 1
«II avont έηε mecanique*, un engin quoi, pou* faire du steam [angl. ] hein !» 2 «Ces petits engins-lä faisaient pas de train*». (AC 059204). 3 «I mettait tous ses voiles pis son engin, pour se pousser* en temps pace que le cutter [angl. ] l'arait attrape». (MH 069205). 4 «Un canot* [kano] c'est malaisi ä nager. Un doury* c'est fait pour l'aviron. Mais un canot c'est fait pour la voile ou un engin». (LC 029206). > cabane 3, cheval(s) 5, faucher 3, fier 1-4, gas 1, moonshine 3, pic-a-poc, starter 1, -z- 2.
Ce caique de Γ anglais engine est bien attesti au Canada (ALEC 69x, 820x, 862s, 1321x, 1346x, 1378x ; Naud ; B61isle) et en Louisiane (Daigle).
ENGLACE [äglase] adj. • Pris dans la glace, gele. «J'arrive la-bas, Jeez* ! Tout englace ! Les lacs et tout* [tut] taient tout plein de glace». (LC 029204).
Survivance du verbe englacer (FEW 4, 140b GLACIES) en emploi adjectival, dont un sens regional est encore enregistre en fran9ais : cast 2.
• A atendre Qu'on peut entendre, audible (toujours dans des phrases negatives). V. une tournure du meme type sous OIR. 7
«Tout d'un coup y avait pus rien ä atendre». (AC 018002).
La forme atendre, avec denasalisation de l'initiale (Brasseur 1996b : 296), est commune en Acadie (Massignon 1506 ; Chiasson 1972 : 269 etMoncton, NB, 1978, d'apres E. R.). Elle est egalement signage en Louisiane (Daigle, s. v. attendre). Tendre, par apherese, est atteste en Creole guadeloupeen (DCG 303b : tann). Entendre de qn est un caique de la construction anglaise to hearfrom someone . Entendre haut, qui n'est pas enregistre dans les dictionnaires fran5ais ( 0 FEW 24, 367a sq. ALTUS et 4, 740a sq. INTENDERE ; TLF 7,1201 b), est signale aux Iles-de-la-Madeleine (Naud, s. v. haut), en Nantais (Brasseur 1993 : 123a) et ä Rennes (FEW 24,369b ALTUS), le synonyme ouir haut etant atteste ä Jersey et dans le Perche (FEW 25, 841b AUDIRE).
ENTEUR
[ätceR] prep.
• 1. Entre. 1
«J'avons des patois, des affaires* que j'avons enteur nous autres* hein ! Ben ieusses* aussi il avont 9a enteur zeux* hein ! Dans* la France il ont 9a aussi ieux*. I sont pas supposes* mais il avont... une parole* anglais ou... italien ou... german* ou queuque* chose hein ! II avont! Pareil comme* nous autres». 2 [A propos des poules]. «Je pense qu'i se parlont enteur ieusses*, mais quoi* qu'i disont, je sais pas». (GT 109212). 3 «Chez nous oussi*, y avait έηβ allee enteur les champs, justement* t'sais... ene place que tu marches, lä». (LC 149802). > arriver 1, bior 2, brun de la nuit, brunante, carnasser 4, embarquer 3, fond (ä -) 2, gargoton 2, jouc 2, Mgfere 1, litr6e, machecoui 2, marie 1, soleil 5, souquer 1.
• 2. (Devantunsubstantifouunpronom,accompagne d'un determinant de quantite). Exprime une idee d'ensemble. 4 5
6
«Enteur nous deux lä, je sommes pire qu' une femme !» «Comme nous autres*, ben je tions trois fibres, ben je couchions ensemble ; mais enteur les trois 9a faisait de la chaleur, apres un petit bout* [but]». (AC 018302). [A propos de la chasse ä l'orignal]. «Y a vingt permis [paRmi]... enteur le monde* [... ] Mon gar9on en a iu iun* c'r'*annee-i'ci*». (GT 139202).
Cette prononciation, attestee dans quelques parlers dialectaux de France (FEW 4, 747b INTER), a ete aussi notee au Canada (Dionne ; GPFC, s. v. enter ; Moncton 1978, d'apres E. R.). L'emploi de entre dans des expressions comme entre tous, entre nous tous est bien atteste au Quebec (GPFC) II est egalement d'usage courant ä SPM (Brasseur-Chauveau). Littre l'attribue encore au frangais familier. (V . aussi Rezeau 1986 : 138).
ENTEURPRENDRE
[ätceRpRäd]
v. tr.
• Entreprendre. «N'importe* qui-ce qui veut enteurprendre la job*, ben y a tout le temps quequ'un* ä l'entour qui peut yi* montrer quoi*-ce qu'i veut apprendre». (MH 019201).
LA metathfese de [R] est frequente dans les parlers dialectaux de France (FEW 9, 349a PREHENDERE). La forme terre-neuvienne est aussi attestee au Quebec (ALEC 1279x, 2310). V. aussi ENTEUR.
ENTEURTIENDRE [ a t c e R t / j e d ] , ENTRETIENDRE [ a t R 9 t f j e d ] , TEURTIENDRE [ t o e R t f j e d ] v.tr. • Entretenir. 1
2
3
«Qui*-la qui garde* pas de betes*, 9a le paye pas beaucoup d'entretiendre la terre en bouchures*». (AC 018304). «Je m'en rappelle pas d'aoir vu le cimetifere si bien enteurtenu comme* qu'i sont asteure*». (MH 019202). «£a veut dire de quoi* qu'est pas teurtenu quoi». (GT 109207).
ENVOYER
Ce type de forme est bien atteste au Canada (Dionne : entertiendre ; Poirier : entretiendre ; Thibodeau : entertchindre), Mais teurtiendre, avec apherese de [α], est typique du FTN (Brasseur 1996b : 298 ; 0 FEW 13/1, 213b TENERE). V. aussi ENTEUR et TIENDRE.
183
de, ä peu pres, autour de, vers>; Thibodeau : ), comme ά l'entour de (Clapin). Dans les pariere acadiens, l'usage prepositionnel de entour de, ä I 'entour de semble concerner aussi des emplois autres que ceux indiquant le lieu (Poirier).
ENTIERE
[ ä t j e R ] adj. epicene • Entier, non castre. «II est entfcre. I rode, i rode apres les fumelles* lä». (GT 109211).
ENTRETIENDRE V. ENTEURTIENDRE.
La prononciation du [R] final au masculin, ancienne en fran9ais (16 e siecle), est attestee dans quelques parlers dialectaux (FEW 4,734b INTEGER). Elle est repandue au Quebec et en Acadie (ALEC 401 ; GPFC, s. v. enquiere).
ENVALER [ovale], ENVELER, VELER [(a)ve:le] v. tr.
ENTOUR
Envaler est atteste dans les pariere dialectaux de France, notamment de Picardie, de HauteNormandie, de Bretagne romane et du Centre (FEW 14, 149a VALLIS ; ALN, enq. inedites). II est courant dans les pariere du Quebec et de Γ Acadie (ALEC 1426 ; Massignon 1479 ; Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier et Boudreau s. v. anvaler; Thibodeau), ainsi qu'en Louisiane (Ditchy ; Daigle) et en Creole reunionnais (Chaudenson 693 : [ovale]). Enveler et, par apherese, veler sont des formes particulieres.
• Avaler. «Les gar£ons qu'ont vele le coeur d'un jubier* [...]» (GT 017703).
[ ä t U R ] prep. • 1. Autour de.
>
cheveux.
• 2. Entour ici, A I 'entour ici, A I 'entour lä loc. adv. Par ici, dans la region. 1
«Pis y en avait de* faits de boutique* [...] Mais le monde* faisait leus* amis* entour ici ieusses*-memssy>. 2 «Quand* que j e suis entour ici lä, avec ieusses*, avec les Comect et... ces gars*-lä pis les enfants d'ieusses, ςα* parle pas anglais. C'[ce*]est franijais». (GT 109212). 3 [A propos de l'orignal], «I va se tiendre* lä, i se tient ä l'entour lä, mais c'est ene bete qu'est dure ä oir*». (GT 139202). > baking powder 3, belette 1, bouteille 3, calotte 4, depis, d£crimer, gobarge 2, goueliche 3, lapin 3, nie 3, ruine-babines, sarbeuse, tapie, truite.
• 3. Entour de, Λ l'entour de loc. prep. Vers, aux environs de, ä peu pres. 4
«Une matinie, y a entour de dix-huit ans de
ia [...]» 5 6
«Υ avait ä l'entour de douze pieds de neige». «Quisiment* tous les pecheurs de France veniont d'entour de Saint-Malo, je crois, la pus grande partie». (MH 019204). > arriere 3, cassie 4, couronne, dans 4, dijeuner 2, morue 2.
Entour est bien atteste avec cet emploi dans les pariere normands, et aussi en Saintonge (FEW 13/2, 52b-53a TORNARE). Entour de a ete note dans les pariere du Canada (ALEC 2310 : d6clairer 1, se 2.
• 1. Chasser, renvoyer.
184
ENVOYER
2 3
«II assaie* ä vous envoyer !» « f a veut dire qu'i/* l'a enwoyi, il le veut pus sus la job*, il l'a saque* !» (AC 059201). > saboter, saquer 1.
• 2. Envoyer pour Envoyer chercher. 4 5
«Alle envoie [äwcj ] done pour sa mfere». (GT 108001). «Je vas envoyer pour mon cheval pour qu'i vienne me rencontrer*». (LC 027401).
L'emploi d'envoyer est atteste en franijais pour (FEW 4, 797a INVIARE) et dans les parlers du Canada pour (GPFC ; Poirier ; Thibodeau s. v. en 'oyer). Envoyer pour est une construction calquee sur Γ anglais to send for, de meme sens.
EPAIS [ape] adj. • Avoir un goüt epais Avoir mal ä la gorge. «Mon alouette* est en bas*, e'est pour £a que j'ai un goüt epais». (GT 099201).
Cette locution, qui n'est pas signage en fran5ais ( 0 FEW 4,341b sq. GUSTUS et 12,198a sq. SPISSUS), est ä rapprocher du quebecois avoir la langue epaisse balle I, ballot, chesser 2, fagot 2, nen 4. Parer: > bloc 1, brasseyer 2, chesser 1, grave 1, muleron 2, 3, vigneau 2.
acadienne (ALEC 31 Ox, 754 ; Massignon 1006,1197 ; Poirier ; Thibodeau ; Boudreau ; Naud ; Ditchy ; Daigle). Parer, avec cet emploi, est aussi signale en angevin (FEW, ibid.) mais il s'agit sans doute ä Terre-Neuve d'une forme locale, par apherese.
EPARGNE (D'-) •
1
2
«Ene chambre d'epargne ?a pourrait tere* fene chambre que tu mets queque* chose dedans [...] ou* mets done έπε chambre que vous avez lä pou* quiqu'un* d'autre». (GT 109211). «Si tu n-n'*as d'epargne, bien*, j'en prendrai, oui !» (LC 189801).
EPAULE [ e p o l ] ,
[ a p o l ] s.f. • Charge qu'on porte sur l'epaule. V. aussi EPAULEE. «Y a quequ'un* qui venait oir* la maison pis i larguiont* έηε epaule de planches hein. f a faisait du train* lä, comme une charge de planches, pis lä* a savait qu'y a quequ'un qu'allait mourir». (AC 048001).
Emploi metonymique qui n'est pas signale en fran?ais ( 0 FEW 12, 146a sq. SPATULA).
EPAULEE [ e p o l e ] ,
[ a p o l e ] s. f. • Charge qu'on porte sur l'epaule. V. aussi EPAULE. «Ene £paulee de bois». (AC 059201).
1
0 Specialement: Parer les hardes* Mettre les vetements ä secher sur la corde ä linge. Eparer est atteste avec ce sens dans les parlers dialectaux fran5ais notamment dans l'Ouest, du Nantais ä la Saintonge (FEW 7, 623a PARARE). En Amerique du Nord, ce verbe possede une distribution typiquement
[ e p a R j i ] loc. adj.
En reserve, s u p p l e m e n t a l .
Ce derive d'epaule, bien atteste dans les parlers de Haute-Normandie (FEW 12, 148a-b SPATULA), est vieux ou technique en fran9ais (Rob 4,447b),.
EPELAN [ e p l ä ] , •
[ a p l a ] s. m.
Eperlan. 1 2
«Tu prends les epelans ä la parche* aussi». «L'eperlan ! Mais nous autres* je l'appelons de l'epelan, mais e'est l'6perlan qu'est le fran9ais pour*». 3 «Un epelan e'est pareil comme*... le capelan lä, in* qu'il est... pus blanc, il a le dos blanc, il a le dos moniere* de quisiment* blanc». (GT 109209). > ä 1, gaspareau 3, tapee 4.
Cette prononciation d'eperlan, attestee depuis l'ancien fran5ais, est courante aujourd'hui au
EPINGLIER
Canada (ALEC 1411 ; Massignon 501 ; GPFC ; Poirier ; Boudreau ; Thibodeau ; Geistdoerfer 1987 : 57) et ä SPM (BrasseurChauveau), de meme que dans les parlers de Normandie (FEW 17, 180 SPIERLINC).
3
>
EPEURER, PEURER [ep0Re], [ ( 3 ) p 0 R e ] , v. tr. • Apeurer, faire peur ä. 1 2
«I s'en vientpou* les epeurer». (MH 058101). « f a fait que ceuses*-la taient pus ais£s ä p e u r e r p a c e q u ' i saviont rien !» ( M H 019201).
«Je les ai peures ä mort». «[...] Peures ä mort, peures ! leu* sang tout toum
«L'epinglier a ene roue aussi, mais c'est grand». (AC 098002). 2 «Un epinglier c'est un roi* ! Pour filer de la laine». (LC 029212). 3 «Ma defunte* mfere ielle* alle filait avec un epinglier, mais quisiment* tout* [tut] les autres mondes*, que je me rappelle, i filiont juste sus la broche, il aviont pas d'epinglier». (LC 189206). aroi II-3, rouet 2.
Les dictionnaires contemporains n'enregistrent plus ce mot qui etait atteste en franijais depuis la fin du 17e siecle : (FEW 12, 185a SPINULA). Au Ca-
186
EPINGLIER
nada, plusieurs emplois techniques ont ete releves : (ALEC 330h) et, specialement dans les parlers acadiens : (Massignon 1035), (Poirier ; Leger 1940 : 62 [«De l'epinglier du rouet, la laine est devidee sur le travouil et, de lä, sur le devidoir pour la mettre en echeveau»], d'apres E. R.) et ä la Baie Sainte-Marie : (Thibodeau, s. v. epingeullier). A SPM, il a ete note pour la (Brasseur-Chauveau).
ESCARPE, SCARPE [(e)skaRpe] adj.
• Dissemine, epars. 1
2
V. le suivant.
ESCARPER, SCARPER [(e)skaRpe] v. intr. •
•
Equerre.
L'hesitation sur le genre de ce mot en franijais populaire (FEW 2, 1396b QUADRARE), est due ä son initiale vocalique.
ERIEN V. ARIEN.
ERPARER
[ e R p a R e ] v. tr. • Etaler, etendre ä nouveau.
Se disperser, s'eparpiller. [Ä propos du Grand Derangement des Acadiens]. «II avont tout* en grand... il avont escarpi, pis c'est comme 9a qu'il avont venu ici». (LC 149806).
EQUERRE [etJaeR], [at/aeR] s. m. > £carre 2.
Ce verbe ne se trouve ailleurs qu'aux Iles-dela-Madeleine, dans un emploi pronominal : s'escarper fagot 1.
Derive de parer prefixe en -re, avec prothese de [ε] devant le groupe complexe [Rp] de
2
[RpaRe].
ERTIRER V. ARTIRER. s
E S [ e ] forme contractee de Γ art. def. pi. • Aux. 1 2
«Lui i le vendait pas es sports*, il* le vendait au distributeur». «J'ai iu mal es doigts». (KI 018001).
Cette forme d'article contracte, vieillie des le 17esiecle (FEW 4,614b IN), ne survit en fran9ais que dans quelques emplois figes, mais son usage reste courant dans les parlers regionaux, notamment de l'ouest de la France, comme ä SPM (Brasseur-Chauveau). Elle n'est pas attestee au Canada.
«Si j'avons te ä bne danse y avait pas grand monde, iun* ici et iun lä, c'est scarpe» (GT 099202). «C'est scarpe, c'est iun* ici et iun lä». (GT 109203).
3 4
«J'appelions 5a ene escope, pour bailer* le dory*i>. «Auparavant il alliont pecher en doury* ou en petit bateau, ben il avont έπε escoffe dedans pour tirer l'eau pour le jeter ä l'eau». (AC 099206). «Je sautons sus les siaux* que j'avions, pis I'escoffe que j'appelons* [...]» (LC 028401). «L'escoffe, i vouliont pas que 9a seye [etre*] vire* le fond en l'air, 9a, dans leu doury*». (KI 018001).
La premiere de ces variantes d'ecope est admise ou signalee par les dictionnaires (TLF 7, 683b ; Rob 3, 766a ; GLLF 1473a ; FEW 17, 127a *SKÖPA) et en usage en Haute-Normandie (ALCAM, marges de la q. 40, enq. inedites ä Yport, Seine-Maritime). Les deux formes ont ete notees ä SPM (Brasseur-Chauveau). Escoffe est en usage dans la region de St-Malo (v. marge d'ALBRAM 485, pt 35) mais n'est pas Signale ailleurs.
ESPRES 4
ESCOPER, SCOPER [(e)skope] v. tr. • Ecoper. Escoper, forme sur escope, a egalement ete releve ä SPM (Brasseur-Chauveau ; 0 FEW 17, 127a sq.*SKÖPA). Scoper est une forme locale, par apherese (Brasseur 1996b : 297): devant un groupe complexe, le [e] initial est considere par les locuteurs comme une simple voyelle d'appui. On peut aussi y voir l'attraction de l'anglais to scoop (Brasseur 1996b : 298).
ESPELAGE [espla3] s. m. • Epellation, prononciation. «Ben, 9a il ont pas pu changer l'espelage». (LC 189201).
Derive du suivant.
ESPELER [esple] v. tr. • Epeler, prononcer. 1
2
«Saint-Jean ä New-Brunswick est espeli j e a η [en epellation anglaise], Saint*-Jean-TarreNeuve c'est jean and apostrophe s [pron. angl.] !» (AC 059204). «I saviont pas comment l-1'espeler». (LC 189201). [Mais le merae temoin et son fils disent aussi epeler].
Cette forme locale, sans rapport avec l'ancien frangais espeler (FEW 17, 176b *SPELLON), est adaptee de l'equivalent anglais to spell.
ESPERER [cspcRc], ASPERER [aspeRe], SPERER [spaeRe] v. tr. • 1. Attendre qch ou la venue de qn. 1 2
«Quand* que je viens lä, i m'aspere, lä, i vient me contrer* [...]» «J'ai pas voulu sperer lundi, j'ai te [aller*] dimanche, aprfes-midi». (LC 029209).
«Je sperions les danseurs ä venir, mais i sont pas venus».
Sous la forme esperer, le premier emploi est considere par les dictionnaires fran9ais comme vieilli et regional [Picardie, Ouest, Midi de la France, Quebec] (TLF 8,139a) ou comme un regionalisme du Midi (Rob 4,128b). II est typique des parlers de la moitie ouest du domaine d'oil, de la Wallonie ä la Saintonge et est tres repandu au Canada (ALEC 2258 ; Massignon 1749 ; Belisle ; DFP) et en Louisiane (Daigle), comme dans les Creoles frangais (DCG 120b : espere ; Valdman 175 : espere). II a aussi ete not6 ä SPM (Brasseur-Chauveau). Espere oir est en usage en Acadie. (Moncton 1978, d'apres E. R . ; Brasseur, observation personnelle). La forme asperer, relevee en Saintonge (FEW 12,164b-165aSPERARE), figure dans des enregistrements realises au NouveauBrunswick : [aspeRe] (Moncton 1978, d'apres E. R.), mais aussi en Creole reunionnais, avec ce sens (Chaudenson 49 : [aspere]). Sperer, par apherese, est, ä l'epoque moderne, specifique du FTN. Quant ä esperer pour, il s'agit d'un caique de la construction anglaise to wait for.
ESPIRER [espiRe] v. tr. •
Respirer.
>
boucaner 2.
Survivance du moyen frangais, ce mot est atteste dans le parier dialectal de Saintonge (FEW 12, 188b SPIRARE), mais n'est pas signale au Canada.
ESPRES [espRe], [espRa] adv. •
Expres.
>
pare 3, scoff, tar-can.
Prononciation d'origine dialectale (FEW 3, 313b EXPRESSUS), devenue populaire en franfais, attestee au Canada (Dionne ; GPFC ; Moncton 1978 et Mont-Carmel, IPE, 1975, d'apr&s E. R.).
188
ESPRIT
ESPRIT [espRi], [aspm] s. m. • Q'a pas d'esprit, Qa fait pas d'esprit loc. phrast. £a n'a pas de sens. V. aussi ARRIME Π, SENS. «Ieusses* i disont plus tot pour plus tard, ä Qu6bec. Mais plus tard, ςβ fait pas d'esprit pour plus tot». (GT 109201). > ä 31.
ζ a fait pas d'esprit est forme sur le modele de ςα fait pas de (bon) sens, locution ellememe calquee sur l'anglais. V. SENS. L'emploi d'esprit pour ou n'a fait l'objet, en France, que de rares releves dialectaux (FEW 12, 194b SPIRITUS).
ESQUELETTE [estfalet], [estfelet] s.. f. •
Squelette. «Maigre comme un esquelette».
Prononciations populaires. La premifcre, en particulier, a aussi ete relevee dans les parlers dialectaux de France (FEW 12, 3a-b SKELETOS), au Canada (ALEC 2176b ; Clapin ; Dionne ; GPFC ; Boudreau), en Louisiane (Daigle) et dans les Creoles fransais (Chaudenson 18 : [eskelet] ; DCG 120a : eskelet).
EST [es]
s. m. • Est (point cardinal). 1
[A propos d'un feu-follet]. «Quand* qu'il haliont* un bord ä ouest*, i se faisait oir* ä I'est [es]». (AC 058101). 2 «Je tions ien* qu'ene petite distance* ä Test [es]». (LC 029211). > banquier 2, clairon 1, clairte 2, fret 3, poule 2, ressentir (se -).
Prononciation populaire ( 0 FEW 15/2, 90a EST), relevee sur les cotes frangaises (ALCAM, enq. inedites, q. 27), comme sur Celles du Canada (ALVMA 60 ; ALEC 1199 ; Massignon 101) et caracterisee par la simplification du groupe consonantique final.
ESTINER V. OSTINER.
ESTOMAC, STOMAC [(e)stoma], LESTOMAC [lestoma], s. m. •
1. Poitrine. 1
[A propos de fumee de tabac]. «J'ai pas pu le haler* en dedans* mon estomac !» 2 «J'avais un rhume sus l'estomac». > brochet 1, goueliche 1, group, menage, pesant3.
• 2. Seins, poitrine de femme. 3
«Elle avait un cancer dans l'estomac... ζ"a commenci l'estomac premier*, pis aprfes il ont coup6 Γ estomac de* dessus, mais les pattes*... partout».
L'emploi , vieux en fran^ais (Rob 4, 156a) ou dialectal (FEW 12, 281b STOMACHUS), est usuel dans les parlers du Canada (ALEC 2130 ; Massignon 1527 ; Dionne ; GPFC ; Poirier ; Boudreau). L'emploi , egalement dialectal (FEW, ibid .,281 b-282a) y est egalement bien atteste (ALEC 2131 ; Massignon 1528 ; Clapin). Meme si des formes sans voyelles prothetiques se trouvent dans les parlers dialectaux de France (FEW, ibid.) et si d'autres exemples du meme type, comme scoper montrent que, devant un groupe complexe, le [e] initial est considere par les locuteurs comme une simple voyelle d'appui, dont 1'articulation depend du contexte phonetique, stomac est sans doute dü ici ä 1'influence de l'anglais stomach (Brasseur 1996b : 297). L'agglutination de l'article, dans lestomac, se trouve aussi en Creole (Chaudenson 788 : [lestoma]). E T [ e ] conj.
• Ou. (S'emploie entre deux nombres pour donner une approximation). 1 2 3
4
5
«Elle avait trois et quatre vaches». «I faisiont six et sept pigasses*, pis i alliont ä l'Ile[-Rouge] pis i vendiont £a». «Si tu n-n '*avais assez, t'arais p't-ete bien dix et douze quintaux* de morue dans enepile*». (AC 059207). «Faut chesser* ta morue pis lä* je vendions 9a pour trois et quatre cents [angl. ] la livre*». (MH 059201). [A propos du festival du Cap]. «Dans ce temps-lä quand i venait quatre et cinq mille par semaine ce* tait pas grand monde : y avait du monde pas mal». (LC 149805).
«Je tions jusqu'ä soixante, cinquante et pis soixante par cabane*». (LC 118001). «Si le terrain est sec ga va deux pieds et pis trois pieds». (LC 149806).
Etambot. « f a prend* des membres, 5a prend Γ etambot [etäbot], 9a prend Yecusson*, pour faire un bateau». (LC 028302).
0 Specialement: Et pis Meme sens. 6
189
>
6cusson 2.
Cet emploi de et a egalement 6te note ä SPM (Brasseur-Chauveau). II semble inconnu ailleurs. L'usage de et pis avec le meme emploi est particulier au FTN.
La prononciation du [t] final d' etambot, bien attestee en Vendee et dans les Cotes-d'Armor (ALCAM, enq. inedites, q. 35), est de regle sur les cotes de l'est du Canada (ALEC 1376x, 1377x ; ALVMA 80). V. FEW 17, 194b *STAFNBORD.
ETAGE [eta3] s. f.
ETANCHIR [etäJiR], [atäJiR]
• Etage, dans des emplois calqu6s sur Γ anglais floor.
v. tr. • Etancher, rendre etanche.
7
>
«Dfes que ma famille a parti, bien*... j'ai aband o n ^ la deuxifeme etage, je l'ai coupe en bas* !» (AC 058004). 2 «L'etage d'en-bas lä, y avait pas de chambres lä-dedans. Les chambres tiont en haut». (LC 028301). neuf 2.
1
1
Caique semantique de l'emploi de l'anglais floor. Ex. '.first floor ; second floor . ETAIN V. TAIN.
ETAL [etal], plus rarerement ATAL [atal] s. f. • Sorte de table pour travailler le poisson, ä terre. Extension d'un emploi technique signale en fran9ais : etal
(Rob 4, 165 a) egalement signale aux Iles-de-laMadeleine (Geistdoerfer 1987 :139). La forme atal ( 0 FEW 17, 206a sq. *STAL), ou Γ on observe un changement vocalique ä l'initiale, est originale. (V. aussi avangile pour evangile ou atablir pour etablir).
2
>
«I faisiont 9a pour... mettre sus des couvertures [kuvaRtyR], itanchir». «Une tapee* de vieux cordonniers qui usont* 9a, la brai* ! Et pis c'est use pour dessus* des bateaux aussi, pour... £tanchir des bateaux».
galfiter 1, rosine 2.
Dans certains parlers dialectaux de France et de Belgique, ce changement de conjugaison est dü ä une evolution phonetique des formes originelles en -ier (FEW 12, 231a STANTICARE). II n'a ete note ailleurs au Canada que dans le parier acadien de la Baie Sainte-Marie (Thibodeau). A
ETATS [eta] •
toponyme
Etats-Unis. 1 2
«Dans le su* des Etats... yu*-ce qu'ü avont Γ hurricane [angl. ] asteure* lä». «Υ en a de zeux* qui a έιέ a* la Louisiane, aux Etats». (LC 149806).
Forme tronquee bien attestee au Canada (ALEC 1680x ; Dionne ; GPFC ; Belisle).
ETEINDRE [eted], [ated] v. intr. •
Se conjugue comme teindre.
>
souper 1.
•
S'eteindre. V. aussi DETEINDRE. «Les lampes iteindiont».
Les verbes intransitifs ont parfois, comme ici, une valeur reflechie ä Terre-Neuve ( 0 FEW 3, 320a EXSTINGUERE).
190
ETOILE
ETOILE [etwal] s. f. • Les petites etoiles de mer Les lueurs de phosphorescence de l'eau, la nuit (AC). Locution originale ( 0 FEW 12, 252a sq. STELLA).
«Je tions trois freres pis je couchions dans le meme lit tandis* que je tions ä la maison». > back 3, blige 2, booboo 2, boom 1, boule 4, brise 2, 5, carnasser 3, enteur 5, est 2, fun 4, int6ress6.
- 2e pi.: tiez. > etre 23, ouest 5.
- 3e pi.: tiont.
«£a peut tere n'importe quoi». (GT 109201). «Faut qu'i s'habille avec joliment* des hordes* sus lui pou* tere chaud, il est fredilloux* !» (GT 109208). > boubou 1, clairon 2, cochon (de lait) 3, dessaquer 2, embeurrer 1, encontre (ä Γ-) 2, ipargne (d'-) 1, päte 2, scorbu, taure 2.
10 «Moi j'ai t£ mettre du... mail*, poster des... lettres dans ma... boite ä lettres, lä lä-bas lä, et pis i tiont lä hein, et pis y en a iun* qu'a venu ä moi pis i dit bonjour». (GT 109208). > ä 26, allouer 3, bädrer 1, brouiller 1, canton, cass6e 2, chavfeche 2, course, couvrir 4, darnier 1, de 17, debout 5, dejeuner 1, descendant, divin, dragueur, 6carre2, emparquer2, entendre6, etage2,...
• Ind. pres. - l re sg.: je sus.
Dans l'ex. qui suit, l'emploi de l'imparfait est probablement un calque de l'anglais.
1 2
«Des chemises avec des manches longues, je sus pas capable de user* 5a moi». 4 «Je sus de quoi*, i dit, qu'est pus valeureux* qu'un chat!» (AC 018001). > de 4, dempis 1,8, driver III-2, fatique 2, 3, finir 6, fort 1, meilleur4, partie 1, partir 1, pour 13, quand meme 5, smart 3, toumd.
11 «Je tais έίενέ parmi les Franjais qui venaient de Saint-Pierre». (MH 019201).
3
Forme attestee au Canada (GPFC ; Boudreau, p. 30). - l r e pl.: je sons. 5
«Peurable* mon homme* ! Je vois pas comme* je sons en vie ! Je vois pas !» 6 «Dans* Quebec, i disont nous sommes/.../ ayou*-ce que nous autres* je disons je sons, we are, en anglais». > allouer 1, beurton 2, capon 1, haut 8, jubet, loin 3, ramasser 4, row 2.
Forme attestee en Acadie (Boudreau, p. 30). • Ind. impft. - l re sg. : tais. > assez4, beaucoup 1, besson 3, beurgot6, carlingue, comment 6, cook 1, 2, corde 1, dans 8, deconfoiti 2, εηέ 1, 2, fayot, fille 1, inquiet, leu 5, malade, moyen 7, my 2, pour 15, pousser 13, ...
- 2e sg.: tais. 7
«Ici ä 1'£cole tu tais pas alloue* de parier fran5ais».
> hormis, popie 1, qufcque 8, you 3.
- 3C sg.: tait. V. aussi ce tait, s. v. CE. 8
«Pis son lait 6tait riche c'etait comme la crfeme ! Ce* tait assez beau ! []». (AC 099205). > ä 18, 33, 34, achaler, aoir6, airport, alambic, aller 8, 14, ancien, aoir 6, 8, apiler 3, 4, appartenir 1,
• Ind. fut.: je sera, ... • Passe simple l re sg.: je fus. 12 «Je fus lä comme* deux heures».
• Subj. pres.: - l re sg.: que je seis [se], que je seye [sej]. - 2e sg. : que tu seis [se], que tu seyes [sej]. >
13 «Pis faut que tu seis lä pour la cassee* du jour». (AC 018001). fatiquant.
- 3 e sg.: qu'i soit [swe], qu'i soye [swej], qu'i seit [se], qu'isiye [sc]], qu'i seise [sez]. 14 «Faut ?a soit tout des filles». (MH 068101). 15 «[...] d'ici qu'a seit bonne pour le marche». (LC 029202). 16 «Faut qu'i seit lä pour six heures ä soir*». 17 «Je sperais* pas qu'i seit onze heures pour aller travailler !» 18 «C'te* jeune homme-lä, faut qu'i seye [...]» 19 «Une femme qui trouvait* un bibi* chez nous dans ce temps-lä, fallait qu'a seise neu* jours couchde». (LC 138403). Soye : > framage 2. Seit: > bätisse 1, durer, faire 9. Seye: > refiler.
- 3 e pl. -.qu'isoyont,
qu'iseyont.
20 «Avant, a dit, que je conte* mon histoire, eh bien je veux que toutes les portes soyont fermees». (GT 008002). 21 «I disent que ce sera comme* έηβ... semaine et demi ou deux semaines encore avant qu'i seyont müres». (LC 189204). > bordelingue 2, crocheter 1, escoffe 4.
EYET
•
1. Avoir (un age).
EVENTER [eväte], [avate], VENTER [vote], AVENTER [avate] v. tr.
>
croire 1.
•
• Part, passe : te. 22 «Je ne sais pas. Ces petits jubiers*-lä, j'ai jamais Ιέ instrait sur leur nom». (AC 059209).
• 2. Aller, se porter.
Sentir (avec l'odorat). 1
23 «II a demandi comment* que vous tiez».
Ces deux emplois sont des caiques de l'anglais to be : to be twenty ; to be better , how are you ? comment vous portez-vous ?> La forme tere, qui η'est employee que par un seul informateur, est peut-etre issue de [ctR] par disjonction du groupe [tR], avec insertion d'une voyelle d'appui, comme celles qui ont ete relevee en Anjou : Montjean : eter'(etere), Briollay : eteur' (Verrier-Onillon), dans Test du departement de la Gironde (ALF 499) ou en Suisse : etar (FEW 3, 246 ESSE), mais aussi en Acadie (Moncton 1978 : eteur, d'apres E. R.), et apherese.
ETRICITE V. ECTRICITE.
ETROIT
[ e t R W a t ] adj. epicene
•
Etroit.
>
«Pis tu prends un autre morceau, qu'est pus etroit [etRwat], pis tu le mets lä». (LC 029215). racoin.
La prononciation du [t] final de ce mot est encore attestee ä l'epoque moderne dans des parlers dialectaux frangais (FEW 12, 298b STRICTUS) ainsi qu'au Canada (ALEC 1059X, 2310 ; Massignon 1254 ; Clapin : etreite ; Maillet 1977a : 26, d'apres E. R.) et dans les Creoles frangais des Antilles (DCG 121b : etwet; Valdman 178 : etwat).
EUNE [oen] art. indef. f. Une. V. aussi ENE. E U X [ 0 ] pron. pers. 3 e m. pi. 0 Specialement: • Eux autres [0Z ot] Eux. Ce tour, qui etait usuel ä l'epoque classique (GLLF 327a), est considere comme populaire en frangais (TLF 3, 1019a). • D'eux-memes. V. IEUSSES.
2
>
191
«Tü peux eventer... de la morue ä la cote pace que ςα* lä 5a pourrit, de quoi* de meme ! [Rires]». (AC 059201). «Mais quand on est pris dans un storm [angl. ] comme 9a, on croit q u ' o n est smart*. Mais c'est pas nous qu'est smart, c'est le boeuf qu'est smart. II a du instinct [angl. ] t'appelles 9a. II a venti ses pistes. Pour sür qu'i les voyait pas, mais i pouvait aventer ses pistes». (MH 069203).
voutre.
Cette extension d'emploi d'un mot qui ne s'emploie en frangais general qu'ä propos des animaux (TLF 8, 351b ; FEW 14, 265a VENTUS), est bien attestee dans les parlers du Canada (GPFC ; Poirier ; Boudreau ; Naud ; Maillet 1977a: 54 ; 1979 :170 ; Moncton 1978, d'apres E. R.) et de Louisiane (Daigle). Aventer a peut-etre subi Γ attraction du vocabulaire de la marine : aventer (FEW 14, 267b VENTUS). Plus probablement, il s'agit d'un changement vocalique de l'initiale, comme il en existe beaucoup dans le frangais de TerreNeuve. Venter, par apherese, est aussi atteste en Creole hai'tien (Valdman 551 : vante).
EXCES (D') [d ekse:] loc. adv. •
Trop. (Surtout dans une phrase negative). «Mais pas d'exces longtemps έηε fois qu'i l'avont quitte* aller, alle a trouve* son gamin».
Locution adverbiale correspondant au frangais äl'exces, attestee au Canada (Dionne ; GPFC ; Poirier ; Boudreau ; Naud) et ä SPM (Brasseur-Chauveau), comme dans l'ouest de la France (FEW 3, 273b EXCESSUS).
EYET [eje] conj. •
Et.
>
buggy 1, gäche 3, gadelle 1, vasier2.
Cette prononciation est attestee en Hainaut picard (Brasseur, enq. inedites) et en Morbihan : (e)ye ä Saint-Martin-sur-Oust (G. Straka ed., Les dialectes de France au Moyen-Age et
192 ΕΥΕΤ aujourd'hui, Paris, 1972, p. 264 ; 0 FEW 3, 248a ET), selon le modele de et + yod antihiatus + oü, qui donne eyou . Elle n'est pas signalee au Canada.
EYOU V.OÜ.
F
FACE [fas] s. f. •
1. Figure a deux faces Hypocrite. 1
«Par chez vous vous avez-ti* tendu* parier d'eune figure ä deux faces ? Non ? Eune figure ä deux faces c'est... vous dire ene chose asteure* lä, pis demain vous dire different
[difaRÖ]». (GT 109203).
2
«Mettons que moi et vous je serons en chicane. Be* s'il est d'accord avec toi pis il est d'accord avec moi, 9a c'est έηε figure ä deux faces». (LC 149807).
• 2. Ne pas pouvoir voir qn en (pleine)face. V. FIGURE. • 3. Mettre la face sus la terre (ou sur la roche) Ruiner, depouiller (GT 109203). 3
«Tu m'as mis la face sus la roche». (AC 018003).
• 4. Faijade (d'une maison). (GT 109209). En frangais, l'emploi , vieux (Rob 4, 352a) ou vieilli ou littdraire (TLF 8, 552b et 553a), reste bien atteste au Canada (ALEC 3 ; Massignon 1095). Les locutions sont originales ( 0 FEW 3, 355a FACIES).
FACER [fese] v. tr. • Faire face ä. 1
«Quand tu descends ä La Grand Terre, du Cap, si tu regardes ä ta gauche tu vois l'lle-Rouge. Pis sus le coin lä, sus le coin qui te face, y a ene petite bätisse* lä». (LC 149806).
0 Empl. pron. : Se faire face. 2
«Les deux maisons se faciont iene * ä 1' autre». (LC 028302).
Emprunt ä Γ anglais avec adaptation morphologique du verbe to face , plutöt que survivance d'un emploi de la langue classique (GLLF 1850b).
un morceau de beurre et un morceau de pain». (LC 189206). > jouerie 1.
En fran5ais, cet emploi est vieilli (TLF 8, 566b ; FEW 3, 359a FACTIO), mais il a encore ete note ä l'epoque contemporaine dans les parlers acadiens du Canada (Boudreau ; Snow 1977 : 35 et Moncton 1978, d'apres E. R.) et de Louisiane (Daigle) ainsi qu'en Creole hai'tien (Valdman 190 : fason).
FACTERIE [faktRi] s. f. • Conserverie, atelier oü etaient traites le poisson et surtout le homard. 1 2 3
«II ownait* la facterie». «Y a une grande facterie de* bätie lä». «Sus les premiers temps* ben y avait des facteries que j'appelions* ; i paquetiont* le houmard*, i mettiont le houmard en cans*». > paqueter 2, 3.
Emprunt ä 1' anglais factory , bien atteste au Canada (ALEC 336x, 1782x, 1788x, 2310 ; Dunn ; Dionne ; Clapin ; GPFC ; Belisle, s. v. facterie ; FEW 18, 60a FACTORY), en Louisiane (Ditchy ; Daigle) et ä SPM : (Brasseur-Chauveau), ici dans un emploi regional: factory (DNE 166b), egalement atteste aux ilesde-la-Madeleine (Geistdoerfer 1987 : 84 ; Naud, s. v.factrie).
FAGOT [fago] s. m. • Petit ballot de morue en cours de sechage. 1
FA£ON[fas5] s.f. • Comportement, maniere d'etre. «Les pecheurs, ά* tous les fois qu'i veniont ä la maison, faulait \falloir*] qu'i mangiont. Pis ici il avont encore la meme fa;on : ä tous les fois qu'i rentrent, i faisont [faire*] du the pis i mangeont
2
«Si ce* tait έηε belle joumie de soleil, ben tu la mettais en petits ballots*, en fagots comme j'appelons... le soir, Vendemain* t'erparais* 9a». «Quand* que tu laves ta morue, si έηε belle joum6e tu la laves, tu Vepares*, pis le soir, en guise* de la rentrer dans le magasin*, tu la mets en fagots sus les vigneaux*. Tu mets toute ta morue dans un fagot de meme* pour
194
FAGOT
le lendemain matin. Le lendemain matin s'i fait chaud, s'i fait beau, en rien de temps tu 1l'as depare* back*». (LC 029213).
Cet emploi semble particulier au FTN (0 FEW 3, 364a *FACUS ; Massignon 614 ne donne que javelle). II est ä rapprocher du frangais fagot vie 6. (Urbainville, IPE, 1974 ; Wellington, IPE, 1974 ; Moncton, NB, 1978, d'aprfes E. R. : «qu'elle/οη faise»). Faisse : > brochure 2, 6charpe, 6chouerie 3, farauderie 3, pelliyage.
- 3esg. : qu'ifeuse [faz]. Vous faisez a ete note au Canada (Clapin ; GPFC ; Boudreau). Ifesont est une forme acadienne (Boudreau). Que je faisse a ete note au Canada (GPFC), comme que je faise (GPFC ; Poirier ; Boudreau). Les formes de futur et de conditionnel sont construites sur le radical fais- du verbe, par analogie avec nous faisons, jefaisais, etc. I. V. tr. • 1. Atteindre, aborder (une terre). 4
«Y en a qu'a fait l'lle-Rouge, nous autres* j'avons fait la cöte». > revirer 4.
0 Specialement, en emploi tr. ind.: Faire sus, Faire ä, Faire pour Meme sens. 5 >
«II avont manqui ce bord*-ici* il ont fait sus l'autre bord, il ont fait ä l'Ile-Rouge». mäti.
- 3e pi.: ifaisont [i νζδ] (LC 189201). > all6e 4, alouette 1-1, arriere 5, autre 6, bätisse 2, begassine 1, bouchon 2, cacaoui 2, calotte 7,8, cettelä 5, chaton 4, cheval(s) 3, couette 1, dempis 7, dessus 17, f a f o n , gäche 2, genevre, goueland 3, jonglement, ... [fszRa], [fezRa].
«P't-ete ä soir* on faisera de quoi* d'autre pour manger». (LC 189202). > ä 32. • Cond. pres. 2esg : tu faiserais [ty f a z R c ] , > stuffing.
• 3. Qa fait £a fait que.
FAIRE
• Ind. fut. 2e et 3e sg. : faiseras,
1
faisera
«Qa fait toujours* il a fait tant de ses pieds et de ses mains toujours i s'a arrache* de* delä». (GT 108001). > avant 2, avisse 3, bouchon 2, calotte 2, cast 1, cemetiere 3, coaxer, coup 2, emprfes 3, matte 4.
• 4. Faire + agent + inf. Faire + infinitif + agent. V. aussi Introduction § 11.5. > arreter 3, cemetiere 2.
0 Specialement: Faire + agent + faire qch. Faire faire qch ä + agent. 8
«II a fait sa m£re faire un sac».
Des locutions comme faire (le nord) sont notees en frangais dans
FALE
le vocabulaire de la marine depuis le \ T sied e (FEW 3,347a FACERE). Les pecheurs les utilisent aujourd'hui encore, meme si les dictionnaires modernes ne les enregistrent pas. La locution faire pour est un caique de I'anglais to make for . Qa fait, pour le franijais familier ςa fait que (TLF 8, 601b), est une locution particulifere avec l'ellipse de que, phenomene fr6quent en FTN. Faire complot est peut-etre idiolectal. II. Empl. absol. • 1. Reussir. > reraarque 2, sans pour 2.
195
L'emploi est atteste dans le parier normand de Jersey (Le Maistre 1966 : 235a, s. \.faithe). La mer sefait se dit aussi au meme sens ä SPM (Brasseur-Chauveau) et on a releve dans le parier normand de Jersey, par exemple : i s'fait d' la me (Le Maistre, ibid.). Ces locutions sont ä comparer avec celles qui sont employees dans le vocabulaire de la marine : la brise, le vent sefait (Bonnefoux et Paris, 1847 : 356). ζα se fait que est une Variante locale du fran9ais familier gafait que. Se faire pour est une locution particuliere.
0 Specialement: Bien faire Bien reussir. > pour 15.
• 2. Avoir une action, une influence. 9
«Le monde*... qu'i seit [etre*] rouge ou noir... tout* en grand [tut ά gRÖ] est bon pour moi, c'est tout* [tut] du monde ! La couleur fait pas !» 10 «Lapeurpeut faire joliment*». (AC 058101).
3. S'adapter, aller. > cesain 2.
Faire est usite en construction absolue dans l'ouest de la France pour loche 1-3, russe (petite -), sapin 2.
Ce type lexical, enregistre depuis l'ancien fran9ais, a ete releve en Normandie pour une rime d'arbre (FEW 15/2, 129a *FIRST). En Amerique du Nord il a ete note dans les parlers acadiens, au Canada (ALEC 1062x pour une attestation ä 1' Ile-du-Prince-Edouard ; Massignon 17, 278, 1115 ; Poirier ; Boudreau ; Naud) et en Louisiane (Ditchy ; Daigle) ainsi qu'en Creole ha'ftien (Vadman 192 :fe ).
FALE [fal] s. f. • 1. Jabot d'un oiseau. 1
«Quand tu nettoies le jubier* t'ertires* la fale, le gegier* et... son go*... Y a des jubiers qu'ont pas de gegier et... d'autres qui ont des gegiers». (AC 059201).
• 2. Ventre d'un oiseau. 2
[En parlant des godes*]. «La fale est blanche».
• 3. Gorge, poitrine d ' u n etre humain (GT 109209). Substantif d'emploi general pour le au Canada (ALEC 598 ; Dunn ; Clapin ; Dionne ;
196 FALE
Poirier ; Boudreau ; Thibodeau ; Naud ; Belisle), atteste aussi pour la (GPFC ; Belisle) et la (ALEC 1479, 1523s ; Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier ; Boudreau ; Belisle). On l'emploie pour le jabot des oiseaux en Louisiane (Ditchy ; Daigle), pour le jabot et la poitrine en Creole haitien (Valdman 188-189 : fal) pour l'estomac, la poitrine [et le ventre des oiseaux] en Creole guadeloupeen (DCG 123a : fal). Les trois emplois du FTN sont aussi notes ä SPM (Brasseur-Chauveau). II s'agit d'un mot d'origine normande egalement usite en Haute-Bretagne et dans le Maine. II a, dans ces regions de France, les memes emplois qu'au Canada (FEW 15/2, 105 FALR).
[FALLOIR]
v. impers. • Ind. impft. 3 e sg.: - I faulait. [LC 18 prononce toujours [(i) foli]. 1
«Les Fransais laissaient leurs affaires lä, tabac et... et boisson et... tout ce qu'i faulait pour la peche et tout* [tut]. I laissiont tout* [tut] 9a lä : faulait des gardiens». 2 «J'avais tendu* que... pour coudre i faulait des aiguilles croches* hein». (AC 019000). > aller 3, appeler 5, couleurer 4, di 8, £carderie 2, faucherie 3, jardinage 2, pace, teindre 2, toletieire 2.
- Foulait (sans pron. pers., en tete de phrase). > 9a 5, crocheter 1.
Faulait a ete note en Saintonge (FEW 3,389a FALLERE). Les deux formes sont signalees au Canada (ALEC 2310).
2
FANCHE [fdj] adj. •
Humide (en parlant du temps). «Des annees qu'y* a il aviont presque fini le foin, ce* saison-ici* ! Mais c'i'*annee, le temps est si fanche !» (LC 189204).
Forme originale, probablement ä rattacher au fran^ais fange (FEW 15/2, 108b sq. FANI).
FARAUDERIE •
[ f a R o d R i ] s. f. Caractere, comportement faraud. 1
«I prenront [prendre*] par-dessus leurs moyens pour aoir de quoi*, mais 9a c'est ien que la farauderie qui fait faire 9a». (AC 059201). 2 «La farauderie c'est... aoir de quoi* que, tu sais, de quoi de neuf, tout le temps». (GT 109209). 3 «Oh ! La farauderie, 9a 9a te regarde 9a ! f a c'est de quoi* que faut que tu faisses \faire*] de toi-meme, 9a !» (LC 029213). > morceau 5.
Derive de. faraud releve dans quelques parlers dialectaux, notamment du Haut-Maine et du Centre (FEW 16, 200a *HERIWALD), rare en franfais (TLF 8, 658b ; Rob 4, 408b), atteste dans les parlers acadiens du Canada (Poirier : ; Naud : * dis oui je sus [etre*] pas mal* fatique». (LC 029201). > accorer (s'-) 2, afuster (s'-) 2, back 12, menterie 2, partement 1, rebute 1, solairer, spell 3.
Forme recueillie 5a et lä dans les parlers dialectaux de Normandie, particulierement dans le departement de l'Eure (ALN, enq. inedites) et bien attestee au Quebec et en Acadie (ALEC 2182a, 2266 ; Massignon 1762 ; Boudreau). V. aussi FATIQUER.
FATIQUER [fatitfe] I. V. tr. • Fatiguer. 1
« f a fatique les bras».
II. V. intr. • Se fatiguer. 2
«Quand* que t'avais hale* lä... p't-ete trois quatre cinq six cents monies p't-ete trente-
198
FATIQUER
cinq ou quarante brasses*, tes bras commenijaient ä fatiquer, tu sais. Ce* tait pas tout* [tut] du fun* de ce temps*-lä !» (LC 027401). > force (ä la -).
Forme bien attestee en France dans les Mauges, en Saintonge et dans le Berry (FEW 3, 434a FATIGARE) ainsi qu'au Canada (ALEC 1842s, 2173s, 2265 ; GPFC ; Dionne ; Poirier).
FAUCHER [fo/e], [fo/he] v. tr. • Pecher ä la faux*. 1 2 3
«Faucher la morue». «Ben quand* que tu fauches, ben tu les croches*». «S6* ce* tait ä Vengin*, t'arretais 1'engin pis iun* prenait les avirons pis arretait le bateau, pis i tenait le bateau pour que Γ autre fauche, s'i ventait, s'i ventait un petit peu».
Emploi lie ä celui de la faux* , atteste ä SPM (Brasseur-Chauveau ; 0 FEW 3, 377b FALCARE) ainsi qu'aux Ilesde-la-Madeleine (Geistdoerfer 1987 : 43).
FAUCHERIE
[fo/Ri] s f • Rassemblement d' hommes pour faucher le foin. 1
«Comme des faucheries, pour faucher du foin pour... les betes* hein !» 2 «I faisaient des faucheries : y en avait qu'avaient pas de betes*, mais dame* i... avaient des coups ä boire, pis la* i faisaient des faucheries : dix et* douze personnes». (AC 018302). 3 «C'est comme les... pour faucher le foin dans* l'etd, y a en masse* du monde* qui faisiont des faucheries aussi, pace qu'y a pas beaucoup de monde qu'avait des faucheuses pis des chevals*. I faulait |falloir*] qu'i coupiont tout ä la main, ä la faux». (LC 189206). > icarderie 1.
A Terre-Neuve, plusieurs derives en -erie, comme bücherie, carderie, filerie, foulerie ou scierie designent des travaux effectues en commun. De ce fait, le mot, releve au pi. avec le meme emploi aux Iles-de-la-Madeleine (Naud), est probablement independant du moyen francjais faucherie et de ses attestations dans les parlers dialectaux de l'ouest de la France (FEW 3,377b FALCARE).
FAUSSE-PIECE [fospjes] s. f. • Partie du doris non identifiee [angl. deadwood]. (AC 059201). Emploi particulier.
FAUTE • C'est pas faute qu'y en a pas loc. phrast. [fot k j a n a pa] Ce n'est pas faute qu'il y en ait. «V'lä comme* quatre cinq ans je pense y a pas iu de loups*-marins. Pourtant c'est pas faute qu'y en a pas !» (LC 029202).
Locutionoriginale ( 0 FEW 3,389b FALLERE).
FAUX [fo] s. f. • 1. Lame de faux (ou de tondeuse). 1
«Ce* tait ä la petite faux* ! On faux-manche*, pis une faux emmanchie sus le bout* [but] !» (LC 028301).
• 2. Petite faux Faux (pour faucher I'herbe). 2
«Tout ä la petite faux hein ! Ce* tait pas avec des chevals* pis des mecaniques* a ce temps*-lä». (LC 028301).
• 3. Engin de peche ä la morue, fait d'un plomb moule en forme de poisson pourvu de deux hame9ons. 3
«Ä la faux, ä la ligne pis sus des trawls*». (MH 069201). > bas 1-4, caret 1, 2, dadin 3, decareter, ligne 2, marque 4, trawl 1.
Le mot est usuel pour la lame de la faux dans certains parlers dialectaux de France, notamment en Normandie et en Ile-de-France et Orleanais (ALN 110* ; ALIFO 121), comme au Canada (ALEC 800a). Petite faux designe la faux en tant qu'instrument complet dans les parlers du Quebec et de 1'Acadie (ALEC 798), «par opposition ä la grande faux, nom popul a t e de la faucheuse» (Belisle). Le dernier emploi est lie ä celui du substantif fran^ais (FEW 3, 404 FALX), par analogie avec les mouvements de bras du faucheur, caract6ristique de la peche avec cet instrument (Recher 1977 : 83). Le terme et l'objet sont dejä attestes en 1684 sur les bancs de Terre-Neuve (La Morandiere 1, 86-87 ; 174-176), et aujourd'hui encore ä SPM (Brasseur-Chauveau), ainsi qu'aux Iles-de-la-Madeleine (Geistdoerfer 1987 : 143).
FEILLETON
199
FAUX-MANCHE [fo mäJ] s. m.
FEELER [file] v. intr.
• Manche de faux.
• Se sentir (bien, mal, etc., en parlant de la sante). «I tait malade, i feelait pas bien». (LC 118001). Emprunt ä 1'anglais tofeel, de meme sens, egalement attest6 dans les parlers du Canada (ALEC 267s, 2179s, 2183x).
> faux 1.
Mot usuel pour designer le manche de la faux en France dans les parlers du Centre et de l'Ouest, du Pays de la Mee, en Bretagne romane, ä la Saintonge (FEW 6/1, 225a MANICUS ; ALCe 288 ; ALO 15) ainsi que dans les parlers acadiens du Canada (DHFQ 263 ; ALEC 799 ; Massignon 696 ; Poirier ; Thibodeau ; Boudreau ; Naud).
FAUX-MOUCHET [fo muJe] s. m. • Oiseau, rapace non identifi6, plus petit que le marlillon* selon certains. «Les marlillons*, c'est 5a qu'il appeliont les fauxmouchets». (AC 059209).
Ce type lexical n'est atteste que dans un point acadien du sud de la Gaspesie (ALEC 1494 : [fumuje]) et ä SPM pour le (Brasseur-Chauveau). En France il designe le male de l'epervier en Champagne, en Haute-Normandie et surtout en Haute-Bretagne (FEW 6/3, 256a MUSCA).
FAYOT [fajo] s. m. • Haricot blanc. «Je tais en train de manger des beans [angl. ], des fayots lä [...]» (ΜΗ 069204). > ίένε 1.
Ce mot est familier en frangais pour (TLF 8, 709b) ou (Rob 4, 438a). II est bien atteste dans les parlers dialectaux de France, specialement dans l'Ouest, de la Bretagne romane ä la Saintonge (FEW 8, 373a PHASEOLUS). Au Canada, il n'est signale que dans les parlers acadiens (Massignon 784 ; Clapin ; Dionne ; Poirier ; Boudreau ; Naud).
Forme de faineant consideree aujourd'hui comme populaire (TLF 8, 721b) ou familiere (Rob 4, 444b), largement repandue dans les parlers dialectaux de France (FEW 3, 555a FINGERE), attestee au Quebec et en Acadie, ou elle est enregistree sous les graphies faignant, faigniant ou fainiant (ALEC 2262a ; Massignon 1760 ; Clapin ; Dunn ; Dionne ; Poirier; GPFC).
FEILLE [fej] s. f. • Feuille. «Le cochon mange des patates, i boit du lait ou... des feilles de chou, des feilies de chou*-rave, i mangeait tout 5a, mais le dernier [daRjie] mois, ä peu prfes un mois avant qu'i tue le cochon lä, i achetait un sac de ble* d'Inde, pour finir le cochon». (LC 149803). > glai 1, 3.
Cette prononciation est attestee en France dans quelques parlers dialectaux, notamment en Anjou (FEW 3,677b FOLIUM), et au Canada dans le parier acadien de Γ lie Madame (Massignon 260).
FEILLETON [fejto] s. m. •
1. Feuilleton.
«II appeliont 5a le feilleton, un morceau qu'y avait dans Is papier*, je pense ce* tait comme ene histoire, i appeliont 9a le feilleton. I alliont au feilleton !» (LC 189206). > ramasser 23. 1
• 2. Journal. 2
«Tu peux dire feilleton pis tu peux dire journal». (GT 109209).
Forme attestee en Anjou (FEW 3, 682b FOLIUM). Le second emploi est metonymique : les Franco-Terre-Neuviens avaient cou-
200
FEILLETON
turne de se rassembler pour ecouter la lecture du journal, et surtout du feuilleton, par Tun des leurs.
FENDURE [fädyR] s. f. •
Fente, coupure. «Ce* tait ien* qu 'έηε fendure hein, pis 9a guirissait pas ! Saloperie !» (LC 029211).
Ce type lexical est atteste 9a et lä dans les pariere dialectaux de France, notamment d'Anjou et de Vendee (FEW 3, 550b FINDERE). Au Canada, il n ' a ete note que dans deux points acadiens (ALEC 702, 1400x).
FENER [fene] v. tr. •
Le verbe fener, enregistre en ancien et moyen fran9ais, est bien atteste dans les dialectes d'oi'l. On le trouve aussi sous la forme fener, particulierement en Normandie (FEW 3,458a FENUM). Ce type est egalement signale dans les parlers du Canada (GPFC, s. v. fener ; Boudreau, s. \.feuner).
FENIR [feniR] v. tr. «Ben lä c'est tout feni». «Pour le dernier [daRjie] de mars il aviont leus* casiers de* fenis». 3 «I tait un bon chanteur defunt* Papa, i chantait frangais. I halait* ses trawls*, pis i chantait. I faisait beau. Pis moi me couchais sus le dem ere du canot* [kano], en esperant* qu'i tait feni». (MH 069204). 4 «La tempete est fenie lä, asteure*». (LC 149801). de 33, dire 2, justement 1.
0 Specialement: Finir de qch Finir qch. 5
«Ene fois que j'avons iu feni de 9a [...]» (LC 029204).
0 Empl. pass. Eire feni (ou fini) de : - Suivi d'un infinitif. Avoir fini de. >
•
Assemblage de chevrons. «Avant ieusses* faisaient des fermages avec un plomb, pour mettre une sill [angl. ] droite ou de quoi* de meme». (GT 109205).
Derive de ferme, lui-meme bien atteste au sens de dans les parlers du C a n a d a (ALEC 358), mais pas en France ( 0 FEW 3, 570a FIRMARE).
FERME [feRme] adj. •
Complet, total (ä propos de la nuit). «Mais la soiree c'est ien* que quand* que la nuit est fermee». (LC 029207).
Caique de l'anglais par attraction d ' u n e expression comme the night closes in .
Finir. 1 2
>
FERMAGE [feRma:/] s.m.
Faner. « f a fait des landains*, et pis lä* je fenons 9a, pour chesser*. Pis quand* que c'est sec be* j e ramassons* ensemble, le foin ensemble quoi, pis je faisons un muleron* avec». (GT 109206).
•
Le verbe fenir, atteste en ancien fran^ais, est largement repandu dans les parlers dialectaux de France et se trouve aussi avec la prononciation en usage ä Terre-Neuve, notamment dans le Haut-Maine et le Centre (FEW 3,556b FINIRE). Ce type est bien atteste dans les parlers du Canada, specialement au Q u e b e c (ALEC 226a, 277, 320, 1247, 1272, 1992, 2184, 2266, e t c . : Dionne). La tournure passive est probablement un caique de Γ anglais I'm finished with it, de meme sens.
caret 1, virer 13.
- Suivi d'un complement nominal. En avoir assez de. 6
«Je sus [etre*] fenie de 9a».
FESSER [fese] v. tr. • Frapper. (GT 109209 ne connait que le sens frangais). Ce verbe est usuel dans les parlers du Canada (ALEC 461 , 1846 , 2044 ; M a s s i g n o n 1591 ; Dionne ; GPFC ; Poirier ; Belisle ; Thibodeau et Boudreau : feusser). II est considere comme un regionalisme du Canada, avec l'emploi (TLF 8,789b). En fran9ais, il a garde un sens restreint, etymologique : (Rob 4, 476b). Mais il est atteste avec l'emploi canadien dans quelques parlers dialectaux, notamment en Eure-et-Loir ou dans le Haut-Maine (FEW 3, 425a FASCIA).
FIERII
FEU
[ f 0 ] s. m. • 1. Plongeraufeuloc. verb. Eviterlecoup de fusil en plongeant (en parlant d'un oiseau de mer). 1
2
«N'importe queul* jubier* de mer, les... les canards, les garrots, les moyacs*, les... les becailleres* et tout* [tu] ς a, les carculots* et... les... y en a toutes sortes, les jubiers- lä 9a plonge au feu, les john-bulls*, les godes*, tout 9a, les cacaouis*...» (AC 059201). «Un garrot! I sont durs ä tuer, i plongeont au feu. Quand* qu'i voyont le feu lä dans le fusil lä, quand tu le tires lä, i pouvont oir* le feu du fusil, i savont quand que le plomb s'en vient». (MH 069205).
• 2. Prendre en feu loc. verb. Prendre feu. 3
«Je restais dans la maison en bas* lä, la maison a pris en feu pis brüte mon T.V.*». (MH 069204).
La locution plonger au feu a ete recueillie egalement ä SPM (Brasseur-Chauveau). La locution prendre en feu est attestee au Canada (Belisle ; Boudreau ; Moncton 1978, d'apres E. R.) et en Louisiane (Daigle). Elle est ä rapprocher du normand de la Hague prendre ä feu trancher 4.
Extension d'emploi originale (0 FEW 3,512a sq. FIGUR A). • 2. Ne pas pouvoir voir qn en (pleine) figure (ou face) Ne pas le supporter du tout. > prendre 1-6.
Locution originale ( 0 FEW 3, 355a sq. FACIES et 3, 512a sq. FIGURA). • 3. Figure ά deux faces. V. FACE. • 4. Lavette ä (ou de) figure. V. LAVETTE.
FILER I [file] ν tr • Suivre (une direction). V. aussi DEFILER. [A propos du chemin]. « f a passait pas en haut, 9a filait la cote». (LC 028301).
> pen.
Cet emploi, qui n'est usite en frangais qu'avec un anime comme complement (TLF 8, 880a ; Rob 4, 515b ; FEW 3, 536b FILUM), n'est pas signale dans les parlers du Canada. Mais il a ete note ä SPM (Brasseur-Chauveau).
FILER II V. AFFILER.
FILERIE
[filRi] s. f. • 1. Rassemblement de femmes pour carder la laine. «Y avait en masse* du monde* qui filait. f a c'est έηε filerie 9a». (GT 109210).
• 2. Fa?on de filer ? Le premier emploi a ete note en Haute-Bretagne pour une
«J'allais voir ma fille». «J'avions chaque* une fille, les deux sceurs». «II avait fene fille, lä, qu'il avait contree* ä Saint-Jean, sa girl friend [angl. ] on appelle f a en anglais». (MH 069204).
F I T [ f i t ] adj. epicene • Bon, propre, convenable. 1 2
«Pus gras que 9a c'est pas fit ä manger !»(AC 018103). «Le vent a tape* pis ce* tait pas fit, non !» (AC 128202).
Emprunt direct ä l'anglais fit, de meme sens.
blonde 2, charcher4, ramasser 17.
Le premier emploi est fran9ais (TLF 8,890a ; FEW 3, 516b FILIA), mais nous le considerons comme vieux et regional aujourd'hui (Rob 4, 520b) et usite dans des locutions figees comme resterfille . Son emploi ä Terre-Neuve est plus etendu, comme en Louisiane oü Daigle glose fille : . Le second emploi, qui en est une extension, n'est pas signale en France ( 0 FEW 3,516b sq.) mais est bien attest6 dans les parlers du Canada (ALEC 1879 ; GPFC ; Belisle).
FITTER [fite] v. tr. •
1. Adapter.
>
cocher.
•
2. S'adapter a.
>
brocher 3.
Emprunt ä l'anglais to fit, attest6 avec ces emplois au Canada (ALEC 2310 ; Naud ; B61isle).
FLAMBE [flab] s. f. •
•
Film.
>
un 2.
2
Emprunt direct ä l'anglais.
FIN [fe] s. f. 1. En seulefin que loc. conj. Pour que. 1
Flamme. 1
FILM [f aloem] s. m.
•
203
[En parlant du soc de la charrue]. «C'est fait en seule fin que (a chavire*».
«[...] tout rouge, comme la flambe, comme du feu». (AC 128201). «J'avons regardi, j'ons [aoir*] vu la boucane* pis la flambe !» (LC 028302).
Cette forme issue du moyen frangais flamble , bien attestee dans les parlers dialectaux de France, notamment dans l'Ouest et le Centre (FEW 3, 602a FLAMMULA), est usuelle dans l'ensemble des parlers du Canada (ALEC 78 ; Massignon 1205 ; Dunn ; Clapin ; D i o n n e ; G P F C ; Poirier ; T h i b o d e a u ; Boudreau ; Naud).
• 2. En fin de loc. conj. Avant de. 2
«Mais en fin de casser, 5a vienf (AC 128202).
pus etroit».
En seule fin que est une Variante du frangais populaire ä seulefin que (FEW 3,562a FINIS). La locution en fin de est originale.
FISTRONER [fistRone], FISTRONIER [fistRonje] •
v. intr.
Fouiller. «Alle est lä ä fistronier, a Estrone, a fouille !» (GT 099201).
Ce verbe n'est pas signale au Canada. V. BISTRONER.
FLAT [flat] s. m. •
Bateau ä fond plat, utilise sur les lacs. «Les flats c'est les petits bateaux que j'avions dans les... sus le drive* dans les lacs, f a j'appelions ?a les flats». (AC 059202).
Emprunt ä l'anglais flat , releve dans les glossaires quebecois : (Dunn); flatte (Clapin); (Dionne); (GPFC ; Savoie 1967 : 23, d'apres E. R.).
204
FLATTER
FLATTER [flate], [flaete] v. tr. • Caresser (un animal). «Je l'ai pris pour le flatter». > ien 9.
Emploi enregistre en fran9ais (Rob 4, 552a ; vieilli pour TLF 8, 959a ; FEW 15/2, 139b *FLAT), bien atteste dans les parlers acadiens (Massignon 991).
FLEUR
[floeR] s. f.
• Farine. [En riponse ä une question de l'enqueteur]. «Y en a ! Les Fran^ais auparavant i parliont de la fleur, mais nous autres* j'ons [aoir*] toujours appeli la farine». (AC 059202).
Fleur est atteste dans les parlers du Quebec et de l'Acadie (ALEC 875c) ainsi qu'en Louisiane (Ditchy). Les dictionnaires franfais considerent comme un regionalisme du Canada (TLF 8, 974b) cet emploi d'origine bas-normande, qui s'etend dans l'ouest de la France jusqu'ä la cote nord de la Bretagne romane (FEW 3, 632a FLOS).
FLEURI
[ f l 0 R i ] adj. • Tachete (en parlant du pelage d'une vache). «C'est pas souvent je dira moi une vache barree*, plus fleurie hein !» (GT 099201).
Cet emploi est attest^ dans quelques parlers dialectaux francjais, notamment en Anjou (FEW 3, 628b-629a FLORERE), et au Canada (ALEC 488).
FLICKER LA QUEUE [flike la tje] loc. verb. • Fouetter de la queue. « spadron 1,2.
Ce mot est egalement atteste aux Iles-de-laMadeleine : flot (Geistdoerfer 1987 : 55) et ä la Baie Sainte-Marie : «flo . Les marins disaient que le flö et le dard allaient de concert pour attaquer un autre gros poisson» (Thibodeau). II est ä rapprocher de flas , note ä SPM (Brasseur-Chauveau) et represente un type lexical atteste depuis l'ancien fran9ais sous les formes flais, flet, flat (FEW 17, 433a VLETE et 21, 2521a).
FLOT (A -) [a flot] loc. adv. • Ä la surface de la mer. 1
«Vous halez* le fil jusqu'*a tant que la morue vient ä flot». 2 «Le maquereau lä c'est eune bonne boette* pour la morue, mais ^'amüne pas de morue, pace qu'alle est trop ä flot. f a c'est une sorte de poisson qu'est tout le temps ä flot hein !» (LC 027404). > gl6, vent 5.
Cet emploi particulier, ä rapprocher de la locution etre ä flot bel \fwa mou forsure, go 2, 3, heaves 1.
FOIS [fwa] s. f. •
Unefois le temps De temps ä autre. 1
«I reste* ä Stephenville lui, mais une fois le temps i sort me oir*». (MH 059202). 2 «Ene fois le temps, tu les ois* ici». (MH 069205). > amarrer 4.
• Par une bonne fois Un jour, une fois. (Formule d'ouverture de contes). 3
«Ben toujours* par une bonne fois, y avait une place* qui s'appelait [...]» 4 «Un autre coup* par une bonne fois, y avait trois frferes [...]» > coup 1.
La locution unefois le temps n'a ete relevee qu'en Haute-Bretagne (FEW 14,41 lb VICES) ainsi qu'ä SPM (Brasseur-Chauveau) et dans les Creoles des Seychelles et de la Reunion (Chaudenson 766, s. v. [fwa]). La locution par une bonne fois est originale.
1
• 2. Foie mou, Foies blancs Poumons. 3
4
«Le cceur, mais pas les foies blancs. Les foies * noirs, oui. Le foie blanc on le mange pas». (AC 099204). «Chez nous ςα* j'appelions des foies mous c'etait les poumons, d'un animau*». (LC 149808).
• 3. Foie dur, Foies noirs Foie. 5
«Le foie dur lui... il est pas bon, y a ien* que 1 efoie* mou qu'est bon hein, ä manger».
FOISSIERE [fwasjeR], [fwasjeR], [fosjeR], [fosjeR] s. f. • Baril* dont Tun des fonds a ete ote pour servir de recipient oü Γ on met les foies de morue pour faire de l'huile. 1
2
«Auparavant i mettiont tous les foies de morue lä-dedans et pis i vendiont l'huile, i vendiont l'huile de morue auparavant. Asteure* la c'est pus ramasse* les foies. Dans les foissieres bien sür». (AC 059202). «fine foissiere c'est un baril*, avec... έηε rets* dedans, ene rets, tu sais, ene rets... y a un morceau de bois de meme* pour tiendre*
206
FOISSIERE la rets ä moitie, ä moitii baril [...] et pis... lä-dedans i mettont des foies, de morue, et
3
pis 9a vient en huile*». (GT 109209).
Terme technique disparu des dictionnaires modernes (TLF, Rob, GLLF), mais bien atteste aux 18 e et 19 e siecles (FEW 3, 491a FICATUM), et aujourd'hui encore ä SPM (Brasseur-Chauveau).
FOLIE [foli] s.f. • Enfolie, Pour folie Pour rire, par plaisanterie. 1 2
«J>* ai ien* que dit 9a en folie». (AC 058102). «Mais c'est ien* que dit 9a pour folie, voistu». (AC 059207).
Cet emploi, qui n'est pas atteste en France ( 0 FEW 3, 689b-690a FOLLIS) est parfois sig n a l dans les parlers quebecois (ALEC 894x ; PF 2943). Les deux locutions sont des caiques de l'anglais in fun, for fun, de meme sens.
FOLLERIE
[folRi] s f • Plaisanterie, parole ou action extravagante. 1
2 3
«J'ai jamais pu dessiner. Oh par follerie c o m m e ς α* lä, j e p e u x . . . m a i s . . . » (AC 099204). «Mais 9a ce* tait ien* que des blagues, ce tail ien que des folleries». (ΜΗ 038001). «Y a du monde* qui croit qu'i peut faire toutes sortes dans ce monde ici*, qu'i pouvont, tu sais, faire toutes sortes de folleries». (GT 008001).
Type lexical atteste au Quebec (ALEC 189 lx, 2310 ; GPFC : ), et en Acadie (Maillet 1978 : 64 et Boudreau 1979 : 36, d'aprfes E. R.) mais qui n'est Signale dans quelques parlers dialectaux de Test de la France que sous la formefoulerie (FEW 3, 690a FOLLIS).
FOND (Ä -) [a fo] loc. adv. • Au fond (de la mer). 1 2
«Si vous envoyiez 9a ä fond ben 9a allait... 9a coulait vite». «Mais tu prends le hareng et de quoi* de meme c'est de la boette* qui se tient enteur* deux eaux pis ä fond, 9a fait que la morue la course». (LC 027404).
>
[Ä propos des pattes d'une ancre]. «C'est croche*. C'est 9a qui croche* ä fond». (LC 029214). trawl.
0 Specialement: Aller ά fond Aller au fond ; Couler (en parlant d'une embarcation). 4 5 >
«II ont trape* des crampes ; il ont te ä fond». (AC 128201). «II a alle ä fond». (ΜΗ 059201).
decareter, trawl 2.
Cette locution, qui n'a pas ete relevee au Canada, est ä rapprocher de mettre äfond , enregistre en franfais aux 16eet 17esiecles (FEW 3, 872a FUNDUS).
FONDRE [f5d] v. intr. • 1. Faire se röduire en huile (ä propos des foies de morue). 1 2 >
[A propos des foissieres*}. «Le monde* mettait des foies, ä fondre lä-dedans». «Le soleil fondait les foies pis tu separais le... 1'huile*, pis l'eau». (LC 149806).
huile 1.
Emploi particulier du franijais fondre c'te 4.
Ce type lexical, que nous n'avons pas trouve dans la lexicographie canadienne, designe egalement un insecte qui perce le bois, le lepisme argente, dans le parier wallon de Liege (FEW 3,699a FORARE).
FORMAGE •
[ f D R m a 3 ] s. m. Fromage. [Ä propos des cruds*]. «Je pense 9a serait comme
du formage asteure* hein ! C'est le seul formage
qu'on connaissait dans ce temps-lä». (LC 189802). Survivance de l'ancien fran9ais attestee dans les parlers dialectaux du nord-ouest et du centre de la France (FEW 3, 717a FORMATICUM) ainsi qu'au Canada, particulierement en Acadie (GPFC ; ALEC 248B en NouvelleEcosse ; Poirier ; Boudreau).
FORSURE [foRsyR] v. tr. •
Fressure. «T'avais la forsure, les foies* Ο. K. ?, les foies. C'est du foie d'animau*, nus autres* j'appelions 9a la forsure». (LC 149808).
Les formes de fressure comportant la metathese de [R] sont repandues dans les parlers dialectaux de France et en fran9ais populaire du 19° siecle (FEW 3, 814b FRIXURA), ainsi qu'au Canada : forsure (ALEC 562 ; GPFC : charger 2.
• Conteur de fortune Diseur de bonne aventure. 4
«[...] un vrai conteur de fortune, ifaisait sa vie* lä-dessus*».
En franijais, bonne fortune comme synonyme de bonne aventure est vieux (Rob 4,643b) ou vieux et regional (TLF 8, 1122a) ou encore classique et litteraire (GLLF 2036a). V. aussi FEW 3, 736a FORTUNA. Les locutions diseur de fortune, tireur, -euse de fortune, liseur,
FOUET [fwet] s. m. [parfois f.] • Fouet. «C'est fouetter, de quoi* de meme, avec un... avec fene fouet [fwet] vous savez...» (GT 109209).
La prononciation du [t] final de ce mot, encore attestee au milieu du 18e siecle en fran?ais (Feraud 1761, selon Thurot 2, 87), se trouve au Canada (ALEC 459 a-b), en Louisiane (Daigle) ainsi que dans les Creoles fran?ais (Chaudenson 766-7 : [fwet]; DCG 136b : fwet; Valdman 216 : fwet). V. aussi ALF 599.
FOUILLER [fuje] v. intr. • Fouetter ? >
astiquer.
Cet hapax represente probablement une forme idiolectale de fouailler , atteste en fran^ais depuis la fin du 17c siecle (FEW 3, 372b FAGUS).
FOULER [fule] I. V. tr. • Tasser (le foin). 1
2
[A propos d'une barge* de foin], «Tu sais commencer par en bas sus des brousses* ou de quoi* de meme, pis c'est foule, i foulont ?a». (GT 109213). «Tu le foules, tu marches dessus, lä». (LC 149803).
II. V. intr. • Se tasser. 3 4
«I va fouler, i va tiendre* plus». «Pis la glace a commence ä fouler, ä piler*, vois-tu». 5 «Si y a un platier sus ene distance* au large, ben la glace va arreter lä-dessus. Pis lä*, quand i va nen* venir d'autre, 9a commence ä fouler pis ga monte, 9a monte, 9a peut pas venir ä terre, c'est plein. Pis lä 9'arrete, pis lä 9a pile*, pis des fois pus haut que la maison, vingt vingt-cinq pieds de haut». (AC 059207). > souquer 1.
III. 6
V. pron. • Se fouler Se tasser. [A propos de la laine]. «.Quand* ce que tu le* braches*, c'est un petit peu... c'est pas serri lä, mais si tu le laves pis tu le frottes comme i faut lä, a se foule». (LC 149808).
Fouler le foin, qui est a ete releve 9a et lä dans les parlers dialectaux fran^ais, notamment
FRANgAIS
dans le Pays de Caux, en Haute-Normandie, pour (ALN 202) et dans les departements de la Sarthe et du Loir-et-Cher pour (ALIFO 150), aete aussi note dans un point du Quebec (ALEC 826x) et dans quelques parlers acadiens (Massignon 716). Une acception plus large est egalement signalee en Creole ha'itien (Valdman 2 1 1 : foule). L'emploi intransitif en est une extension. V. FEW 3, 844a sq. FULLARE.
FOURRER [fu:Re] v. intr. ? • Effectuer Γ acte sexuel. V. aussi FRISER, PLANTER. L'emploi argotique du fran9ais est transitif (TLF 8,1174b : fourrerunefemme ; Rob 4,669b ; FEW 15/2, 159a *FODR).
FRAMAGE •
1
2
«Chez nous y avait pas de fouleries mais... ä travers de la Baie ici lä, ä Codroy lä, ieusses* aviont des fouleries. I aviont des mitiers, i faisiont des couvartes*, pis il aviont des fouleries». (LC 149808). «II aviont έηε foulerie qu'il appeliont 9a : il aviont έηε grand* table, pis il aviont des chaises tout le tour*». (KI 018001).
Cet emploi, distinct de ceux du fran^ais qui designent un atelier de foulage (Rob 4,659a ; GLLF 2045c) ou Taction de fouler les draps (FEW 3, 844b FULLARE), n'est atteste que dans des parlers acadiens (ALEC 1788 ; Massignon 1071 ; Poirier ; Naud; Chiasson 1972 : 244, d'apres E. R.). V. aussi buchene, carderie, faucherie, filerie ou scierie.
FOURCHE [fuR/] s. f. • Mortaise, partie qui rejoit le tenon (LC 029215).
2
«Avec le marisier* oh ! Y a du monde* qui faisait de la fourniture !»
Emprunt semantique ä l'anglais furniture, de meme sens, egalement Signale ä la Baie SainteMarie (Thibodeau 1978 : 26, d'apres E. R.) et en Louisiane (Daigle).
«Un grand frame*, du framage long, vous savez, et large, pis ce* tait des barreaux tout le tour*». (AC 099203). «Faut que 9a soye [etre*] tout* [tut], tout [tut] le framage». (MH 019201).
Derive du suivant, qui a 6te recueilli dans un point du Quebec pour le (ALEC 756s).
FRAME [fRem] s. m. ou t. •
Cadre, armature. 1 2
«Une petie scie, avec une frame en fer». «La charrette ici 9a usait* pour tout. Tu mettais la frame dessus pis... pour haler* ton foin pis si tu voulais haler du furnier tu la retirais pis tu mettais έηε boite* dessus». 3 «Tu mets ton frame pour s'adapter avec 9a». (MH 019201). > affiler3, framage 1, matte 1, melieu 2, roughboarder 2.
Emprunt ä l'anglais, bien atteste dans les parlers du Canada pour differents cadres (ALEC 305x, 330a, 433s, 756s, 1347x, 2079, etc.)
FRAMER [fReme] v. tr. • Edifier (en parlant de l'armature d'une construction). «Quand* qu'\\ a iu [aoir*] le pont frame et tout* [tu] ςa [...]» (AC 018102).
Emploi original ( 0 FEW 3,884b sq. FURCA).
FOURNITURE [fuRnityR] s. f. • Meubles.
[ f R e m a 3 ] s. m.
Encadrement. 1
FOULERIE [fulRi] s. f. • Reunion de personnes pour fouler les tissus.
209
Derive du precedent, atteste 9a et lä au Canada (ALEC 353x, 2310).
FRAN^AIS [fRdse] s. m. •
1. Francophone. 1 2
«C'est tout* [tut] Fran^ais, tout le long de la cote». «A La Grand-Terre, y a plusieurs Frai^ais aussi. Ici y avait Bolloche, i parlait breton lui». (MH 069303).
210
FRANGAIS
3
«Le gardien de but lä avec nous autres*, avec le match de hockey lä, i vient de Qudbec, c'est un F r a n c i s » . (LC 149809). > bas 1-14, chaise 2, foreman 1, goddam 1.
• 2. Frangais ou Viewκ Frangais Frangais ηέ en France. 4
«C'est les Fran;ais ici qu'a appris le monde* par ici ä faire la bifcre». (MH 059202). 5 «Les Vieux Frangais i sont tous* [tu] partis. Ouais ! Je crois pas qu'il en reste di* tout!» (ΜΗ 069206). > zeux 4.
tonge (FEW 3,798b FRIGIDUS). Au Canada, oü il se differencie du quebecois fredileux (ALEC 2191), sa distribution est typiquement acadienne, mais toutes les attestations component la metathese du [R] (Massignon 1596 ; Naud : fordilloux). II a egalement ete note en Louisiane (Ditchy : fredilloux, ferdilloux).
FREDIR 1
• 3. Empl. adv. En franfais. 6
«Sien*, lui i parlait franjais, dame* i tait pas instruit frangais non pus». (LC 189201).
2
[fRejyR],
FRAYEUR
[fRejceR] s. f. • Frai. 1
2
«De la morue y en avait en masse* ! I les gaffiont avec des gaffes, le temps de la frayure, le temps que le hareng frayait sus la beach [angl. ], (AC 128202). [Ä propos du capelan], «Oh ! J'ai vu marcher jusqu'au genou dans la frayure !» (LC 029213).
Emplois originaux ( 0 FEW 3, 781a sq. FRICARE).
Ce type lexical, sous cette forme ou sous sa Variante ferdir, avec metathese de [r], est repandu dans les parlers dialectaux de France, notamment dans l'Ouest et le Centre, de la Haute-Normandie ä la Saintonge (FEW 3, 799a FRIGIDUS). II est aussi bien atteste dans les parlers du Canada (ALEC 1201 a-b, 1785x, 2310 ; Dionne ; Clapin et GPFC, s. v.freidir) et de Louisiane (Ditchy) ainsi qu'en creole reunionnais (Chaudenson 191 : [fredi]).
•
V. FRET.
•
«Quand* que je croyions que ce* tait bouilli assez* eh bien... je le mettions le bord* ä fridir».
FREE [fRl] adj.
FREDE FREDEUR
«£ne fois que 9a bouille [bouillir*], fredisle !» (LC 008202).
0 Empl. intr.
Emplois originaux.
FRAYURE
Libre. 1 2
[ f R e d c e R ] s f.
Froidure.
«Si je suis free, ben je vas [aller*]·». «Si tu peux faire les deux autres i dit, t'es un homme free, t'es clair*».
Emprunt direct ä l'anglais free, de meme sens.
«La fredeur rentre hein, le fret* rentre, i faut du feu, i faut un tit* peu de feu». (GT 109208). > eau 5.
FRET
Forme attestee dans les parlers dialectaux de France, en N o r m a n d i e et en Saintonge (freideur: FEW 3, 798b FRIGIDUS) ainsi qu'au Canada (GPFC ; Naud).
1 2
FREDILLOUX [fRediju] adj. •
[f R e d i R ] v. tr.
• Refroidir.
Frileux.
«Je suis fredilloux asteure*». > etre 2.
Ce mot est bien atteste dans les parlers dialectaux de France, notamment dans l'Ouest, du Pays de la Mee, en Bretagne romane, ä la Sain-
[ f R C t ] (rarement
FREDE
[ f R e d ] au feminin) adj. I. Adj. • Froid. «Fret comme le Diable». «Pis la sueur fret coulait sus lui, ouais, par* le mal». 3 «Et les vents d'est* [es], 5a peut y* etre ςa* ce que 9a voudra, les vents d'est vont le* passer ä travers. Yes sir* ! C'est Γ air la pus fret qu'y a dans le temps*, les vents d'est». (LC 029217). > abrier 1, bout 10, c'te 5, fort 2, gelauder 3, huile 8, moonshine 3, plat II, quand meme 5, sueur, tout que 3.
II.S.m. 1. • Froid. 4
«Je peux pus-/*-aller au fret».
FRIMAS 5
[Ä propos de la misange]. «C'est ien* que gros de meme*, pis c'est tough* au f r e t ! » (LC 029219). > acroüti, arracher 4, frddeur, hardes 4, par 4, tendre 1-1.
La forme femininefrede η'est pas attestee dans les parlers du Canada (ALEC 1204), mais eile est largement repandue en Normandie (ALN 561*), en Ile-de-France, dans le Perche, en Orleanais, en Touraine (ALIFO 443), en Bretagne romane (ALBRAM 538) ou dans le Centre (ALCe 3), par exemple. Frete se trouve dans les parlers du Canada, au masculin comme au feminin (ALEC 1202,1204 ; Massignon 1188), ainsi que dans les cr6oles fran9ais des Antilles (DCG 136a : fwet; Valdman 214 : fret). En France la prononciation du [t] final, au masculin, semble aujourd'hui cantonnee ä la Bretagne romane, aux Mauges et ä la region de Loches (FEW 3,797b FRIGIDUS ; ALBRAM 538 ; ALCe 2). L'emploi substantive au masculin n'a ete releve en France que dans la rdgion de Loches (frette : FEW 3, 797b ; ALCe 1). L'emploi n'est pas signale dans la lexicographie canadienne. II a ete relevd en Belgique et dans Γ est de la France (FEW 3,798a), dans des regions qui n'ont pas joue de role dans le peuplement terre-neuvien. Sa presence ä Guernesey n'est pas un obstacle ä y voir ici un caique de l'anglais cold .
[FREUMER] ν tr •
Fermer. «Freume [fRoem] ta goule* !» (AC 018002).
Cette forme temoigne de l'instabilite des groupes occlusive + [r] dans lesquels la metathese n'est pas rare et affecte, pour ce mot, les parlers dialectaux de France, notamment de Picardie, Normandie et du Centre (FEW 3, 572b-573a FIRMARE). Son absence au Canada montre qu'il pourrait s'agir d'un apport de Γ immigration issue directement de France comme celle des pecheurs terre-neuvas.
211
FRIDGE [fRid3] s. m. • Refrigerateur. «Y avait pas de fridge ni de deep-freeze* dans ces temps-lä». > 16gfere 2, salade.
Emprunt ä l'anglais fridge, de meme sens, qui a aussi ete note dans des points acadiens (ALEC 2310 ; Moncton 1978, d'aprös Ε. R.).
«Pis j'allouais* pas les chasses-femmes* aller frigouiller [...]» (AC 019000). «Mais qu'est-ce qu'i frigouille en bas* lä ?» (GT 099203).
Ce type lexical original est peut-etre issu d' un croisement de fouiller avec le fran£ais populaiT&frigousser (FEW 3,794a FRIGERE ; TLF 8, 1262a). Notons que des formes frigocher, frigoucher sont notees au Nouveau-Brunswick (Moncton 1978, d'apres E. R.).
FRILL [fRll] s. f. (le plus souvent au pi.) • Frange, volant. «De la dentelle, vous savez, ou mettons un morceau de coton avec des morceaux qui pend dessus lä [...] 9a c'est des frills ςα* Ια». (GT 109208).
Emprunt ä l'anglais frill qui a ete note avec un emploi voisin au Quebec : (ALEC 132x) \fril m. (Belisle).
FRIMAS [fRima] s. m. • Embruns, eclaboussures d'ecume. [A propos des poissons* noirs\. «1\ι voirais [oir*] des fois, i en sort des bandes lä, de* dedans la baie ! Des centaines ! C'est ien* qu 'un frimas d'eau ! I sautont!» (LC 029211).
Emploi de la langue de la marine rarement enregistre par les dictionnaires recents (Rob 4,720a) mais atteste en franiais depuis la fin du 18e Steele (FEW 16, 239a *HRIM) et releve ä SPM (Brasseur-Chauveau).
212
FRINGUER
FRINGUER [fRege] v. intr. • Gambader, courir gä et lä. 1
2
«Tu ois* des petits egneaux* le printemps se mettre äjouer lä, pis sauter en l'air et courir: i fringont. Ben 9a va pour le monde* aussi, la j e u n e s s e . . . i sont a* fringuer». (AC 059202). «Si t' as trois et* quatre gamins pis... i couront tout le temps lä, i fringont; c'est 9a le terme [taRm] chez nous». (LC 149808).
Cet emploi, vieilli en fran9ais (TLF 8,1266a ; Rob 4, 721b ; FEW 3, 804a-b FRING-), est atteste dans les parlers acadiens du Canada (Massignon 930 ; Thibodeau) et de Louisiane (Ditchy : ).
FRIPONNER [fRipone]
v. intr. • 1. Manger souvent par petites quantites, grappiller de la nourriture. >
«T'as pas besoin mais tu friponnes». fripon.
• 2. Boire en aspirant. Syn. : SUPER. Un emploi voisin , est enregistre en fhrnjais aux 17eet 18e socles (FEW 3, 397b FALUPPA). Les parlers de l'Anjou et du Maine en ont garde la trace et le mot signifie en Bas-Maine, en Anjou, dans les Mauges (FEW, ibid.). Le second emploi est original.
FRIPER
[ f R i p e ] v. tr. • 1. Löcher. 1
«Quiqu'un* qui mange, pis i mange tout ce qu'il a, pis lä i fripe son assiette... c'est friper lä». (LC 149808).
FRIPONNOUX [fRiponu] adj. et s. m. • Qui mange souvent par petites quantites. « F r i p o n n o u x 9a veut dire f ' * u n e personne [paRson] qui mange tout* en grand [tut ö gRÖ], a quitte* rien lä». (GT 109208).
• 2. Manger tout ce qui reste dans un plat. 2
«I a fripi tout* en grand [tut α gRÖ]». (GT 109208).
• 3. Nettoyer (le plancher). (Devoir d'etudiant du C.E.F.T.). Ce verbe familier pour est aujourd'hui consider6 comme vieux en franijais (Rob 4, 722a). L'emploi , atteste en France dans le parier des Mauges (FEW 3, 397a FALUPPA), possede en Amerique une repartition typiquement acadienne (ALEC 983 ; Massignon 1482 ; Poirier ; Thibodeau ; Boudreau ; Naud; Ditchy : ). a ete note dans le parier de Blois (FEW, ibid.). Le troisieme emploi est une survivance du moyen fran9ais fripper atteste comme verbe pronominal en Haute-Normandie (FEW 3, 396b).
FRIPON [fRipo] s. m. • Personne qui grappille de la nourriture. «Friponner* oui 9a des personnes qui veut chercher de quoi* ä manger, de quoi* de meme, i cherche de quoi de bon : c'est un fripon. [Rires]». (AC 059202).
Extension d'emploi du moyen frangais fripon , qui est atteste en France dans le parier des Mauges (FEW 3,397b FALUPPA).
Derive original du pr6cedent ( 0 FEW 3,397b FALUPPA).
FRISER [fRize] v. intr. ? • Effectuer Γ acte sexuel. V. aussi FOURRER, PLANTER. «A Quibec i disont friser la tete, pis 9a c'est un vilain mot. Friser c'est un vilain mot. Mais c'est... curler* qu'i devront dire». (GT 109208).
Cet emploi n'est pas Signale par les lexicographes canadiens.
FRISOUSE
[ f R i z u z ] s. f. • Femme legere. «C'est toute une bände de frisouses».
Derive original du precedent.
FRONCLE •
[ f R Ö k ] s. m.
Furoncle. 1 2
3
«I preniont du plantain pis i crasiont* 9a sus les froncles». «C'est comme un... un froncle ou... ou bien done* un peneris*, ou du mal comme 9a». (AC 099207). «Des froncles d'eau salee, oui ! Ben oui mais 9a c'est du mal, c'est des bosses* qui te pous-
FUSILLER
sent dans la chair, pis qa pourrit* !» (LC 029201). > puron 1.
Survivance du moyen fran5ais feroncle, bien attestee dans les parlers dialectaux de France (FEW 3, 912a FURUNCULUS) et de r6partition typiquement acadienne au Canada (ALEC 2220 ; Poirier ; Thibodeau ; Boudreau ; Naud ; Urbainville, IPE, 1974, d'apres E. R.).
FRONTE
213
seur-Chauveau), est issu du sens ancien de furnier debout 3, whatever 3.
V. AFFRONTE.
FUMELLE [fymel] s. f. •
1. Femelle. 1
«Les fumelles de houmard* va ä terre en dessous des cailloux* pis les males de houmard les coursent, en dessous». (AC 128202). 2 [A propos des margaus*]. «No* connatt* pas le male de la fumelle». (GT 139202). 3 «Les families aviont autant de males comme* de fumelles». (LC 028401). > culottine 2, entifere, shaker 3, tit 2.
• 2. Femme, fille. (Parfois pejoratif). 4
[Ä propos du sida]. «Si vous allez avec üne fumelle, faites sür* que la* fumelle-lä...» 5 «I faut faire attention les fumelles tu vas avec, faut tu les connais !» 6 «J'dtions au club moi pis un autre homme lä, i rentre ene fumelle, alle est nurse [angl. ] ä l'höpital [...]» (LC 138403). > gare 2.
Prononciation attestee depuis l'ancien fran9ais qui survit aussi bien au Canada (ALEC 1579, 1594,1733 ;Massignon 1713), ä SPM (Brasseur-Chauveau) et en Louisiane (Ditchy ; Daigle) que dans les parlers regionaux de France (FEW 3, 447b FEMELLA). Notons que l'emploi est admis en fran9ais (TLF 8, 731a, s. v. femelle) mais qu'il nous parait populaire et pejoratif (Rob 4,449a), ce qui n'est pas necessairement le cas au Canada et en FTN.
FUMIER [fymje] s. m. • 1. Tas de monies lavees avant de les mettre ä secher. [En parlant de la morue]. «Je la mettons en filmier nusautres*, quej'appelons*». (LC 027405).
Cet emploi, atteste egalement ä SPM (Bras-
FUN [f on] s. m. •
Plaisir, amusement.
1 «C'est f a qui fait du fun !» 2 «J'avions des funs». > di 4, mummer 2, raide 2, set 2.
0 Sp£cialement: • C'est lefun, c'est du fun C'est plaisant, on s'amuse. 3
«J'ai iuplus de misere* avec la roue* de neige qu'avec tout le reste ! [Rires]. Mais c'est le fun quand meme !» (AC 099206). 4 «Ce* tait du fun ce temps*-la pour nus autres*. J'allions au bout di* Cap, dans le temps* du loup*-marin, des bandes de nus autres, je faisions des feux, je nous amusions. Et... quand* que les loups-marins veniont, bien*, je tions lä ! Je les esperions* ! Dans* mars* [maR] j'avions rien ä faire». (LC 029204). > fatiquer 2.
•
£tre en fun Avoir du plaisir, etre joyeux. 5
«Alle tait tout le temps en fun, Maman !» (LC 138403).
Emprunt ä 1'anglais fun egalement atteste au Canada (ALEC 2272 ; Dionne ; GPFC ; Belisle, s. v.fonne) ainsi qu'ä SPM (BrasseurChauveau).
FUSILLER [fyzije], [fizije] v. tr. •
Tuer(partousmoyens).
«Si tu tues de quoi*... 149808). > s6 6, trangler.
tu 1-1'as fusille». (LC
Extension d'emploi originale ( 0 FEW 3, 650b-651 a FOCILIS).
214
FCITER
FÜTER [fy:te] v.tr. • Affüter. «Mais les haches, asteure*, mecanique*
ben... i
futons ä
la
asteure*».
Forme locale ( 0 FEW 3, 915a sq. FUSTIS) issue d'affüter par apherese (Brasseur 1996b : 296). V. aussi [fite] en Creole reunionnais (Chaudenson 192).
G GABOTER [gab te] v. intr.
GÄCHE [ga/] s. f.
• 1. Fläner, aller ici et lä; entrer et sortir (de la maison); voyager.
• Sorte de gateau.
1 2
3
«Elle est ä gaboter ici et lä». «C'est ien* que qu'il a fait, lui, avant qu'il a venu ä Terre*-Neuve [taR n0v], gaboter sus les gouelettes*». (LC 028301). «Υ a pas grand monde qui le connait pas, pace qu'il a gabotö partout». (LC 029216).
• 2. Se deplacer ä pied, marcher. • 3. Se deplacer sur l'eau (en parlant d'une embarcation). 4
«II avont fait un beau grand boom*. pouait [pouoir*] porter έηε dizaine d'hommes. I aviont 9a asteure* pour gaboter». (LC 029204).
• 4. Empl. tr. Transporter (qn) dans un νέhicule. 5
«Toi tu nous gabotes». (LC 029208).
Cette forme a 6t6 notee pour dans les pariere acadiens (Poirier ; Boudreau). (V. aussi Creole hai'tien gabotaj [Valdman 218]). En France, seuls les derives gaboteur et gabotage, localises en Nantais, sont signales (FEW 2,344b CAPUT). Le premier emploi est bien atteste dans les parlers du Canada (ALEC 2153 ; Massignon 1570 ; Dionne ; GPFC ; Thibodeau ; Naud; Belisle). Le second a aussi ete releve aux Iles-de-laMadeleine (Naud). L'emploi transitif est original.
1
«I faisiont des... des cakes* lä, des gäches qu'il appeliont 9a, des gäches, des gäches au lait». 2 «Quante* que c'est que la vache amene*, dans* le printemps, le premier ou le deuxifeme lait, mais je crois que c'est le premier lait, i faisont \faire*] cuire 5a comme un gäteau, pis c'est appeli de la gäche. Pis y a beaucoup de monde qui aime 5a». (AC 099204). 3 «Tu peux faire de la gäche la manifere que tu veux. Tu peux faire έηε gäche avec du lard*, de la melasse* et de quoi de me me. Eyet* tu peux nert* faire d'autres avec d'autres sortes de stuff*, du sucre ou n'importe quoi*-ce tu veux mettre dedans. Tu boulanges 5a pis tu... Quand* que c'est boulangi, tu le mets dans le four, pis quand que c'est cuit, tu le retires pis il est pare* pour manger». (LC 029213). > melasse 1, montrer 1.
Ce mot n'est pas atteste au Canada, mais il a ete note ä SPM pour un (Brasseur-Chauveau). Dans l'ouest de la France, de la Normandie ä la Saintonge, il designe depuis le 16°siecle une espece de pain ou de gateau (FEW 17,542b *WASKON).
GADELLE [gadel] s. f. • 1. Groseille ä grappes. > cassis 1.
• 2. Gadelle noire [iiwer] Cassis. 1
GABOTEUR [gabotceR] adj. • Vagabond, qui aime fläner. 1
«Un chat gaboteur».
0 Empl. subst. 2
«J'avons un journal qui s'appelle le gaboteur». (GT 109203).
Emplois originaux d'une forme qui, en France, n'a ete recueillie qu'en Nantais pour un (marin qui cabote> (FEW 2, 344b CAPUT). Le quebecois connait la forme gaboteux, -euse en emploi substantival (Belisle).
2
«Les gadelles noires que j'appelons 9a, c'est des graines* noires, pis t'arraches la racine eyet* tu bouilles [bouillir*] 9a [...]» (MH 068101). «Je dis je bois de la gadelle noire, je dis. Ah ! A dit, bois pas trop, a dit, fa donne trop de sang». (ΜΗ 069205).
Dans les parlers dialectaux de France, cette forme d'origine normande est localisee dans l'ouest de la Seine-Maritime, l'Eure et Test de l'Ome mais s'etend dans l'ouest de l'Eureet-Loir et le Maine (FEW 16, 5b GADDR ; ALN 370 ; ALIFO 261). Au Canada c'est le nom usuel de la (ALEC 918; Mas-
216
GADELLE
signon 806 ; Belisle). Gadelle noire y est egalement d'usage courant pour le cassis (ALEC 920 ; Massignon 807 ; Belisle).
GAGES [ga3] s. f. Pi. •
Salaire.
>
«Ce* tait pas des autres gages». apetisser 2, bücheur, haut 2, tant pus 8.
0 Specialement dans la loc. verb. Travailler a gages Etre paye ä l'heure (et non ä la tache ?). Emploi ancien d'un mot qui designe plutot aujourd'hui la (FEW 1, 363a BILANX).
GALENDARD [galädaR], [galädoR] s. m. • Scie passe-partout; (rarement) scie de long. Emprunt au quebecois (LC 029213). En FTN la scie passe-partout est generalement denommee «scie de travers». 1 2
«Tu croirais que 9'arait t i coupe avec un galendard [galodaR] !» «Avant... ici avant les moulins* i aviont des grandes scies qu'i coupiont... i faisiont de la planche avec, ς a prenait* deux hommes hein, des grandes scies. Nous autres* j'appelions 9afenescie de long, mais les Canadiens*fran(ais appeliont 9a un galandard [galüdoR]». (LC 149808).
Type lexical usuel dans les parlers du Canada (ALEC 1301 ; Massignon 299 ; Clapin ; Dionne ; GPFC), qui n'a ete enregistre dans les parlers dialectaux de France, notamment dans TOrne, le Maine, l'Anjou et les Mauges que sous la forme godandart (FEW 16, 47a G(EDENDACH ;
217
«Ene galette, ben 9a c'est plus... un morceau de pain qu'est fricass6, dans le beurre, ou dans la graisse de lard* si vous voulez, sus le poele». (AC 099204). «La galette c'est de la pate qu'est boulangöe et pis... fait par... T\i prends 9a et pis tu le mets par morceaux sus le poele, pis tu la passes sus le poele. f a c'est des galettes. Lä tu le vires* sus l'autre bord* pis tu cuis l'autre bord, et pis 9a fait fene galette [...] Y a du monde* qui fait des galettes je pense asteure* dans un four... mais avant nus autres* pour faire des galettes, y avait ien* que le poele pour faire des galettes». (GT 109208).
0 Specialement: Galette douce Patisserie non identifiiee. 3
«Alle avait des galettes douces dans le four ä cuire». (LC 027401).
Le mot galette designe parfois en Normandie un morceau de päte ä pain cuit rapidement ä l'entree du four (ALN 1055). Cet emploi n'est pas Signale par FEW 4,43a *GALLOS.
GALFAT [galfa] s. m. • Fer ä galfat Outil pour calfater. 1
2
«Un fer ä galfat c'est pour galfeter* les bateaux, c'est un fer qu'est fait comme un coin, c'est pour galfeter les bateaux, mettre l'etoupe dans les craques* des bateaux. II aviont un petit mince premier* de tout, il est mince ςui*la, ben i rouvront* (ui-lä et pis lä* aprfes 9a il avont iun* pus ipais pis i... for9ont dedans. £ a c'est le fer ä galfat». (AC 059203). «Υ avait un fer ä galfat, c'itait fait comme... tu sais comme un ciseau ä bois, quisiment* comme un ciseau ä bois [...] mais le taillant itait pas... i tait un petit peu epais, ce* tait pas coupant». (LC 149808).
Cette prononciation de calfat est attestee au Canada (DFQpres. 3 8 a ^ 0 a ; ALEC 376x, 1400x) ainsi qu'ä SPM (Brasseur-Chauveau), comme dans les parlers dialectaux de Bretagne romane et Saintonge (FEW 19, 80a QALFATA).
218
GALFETER
GALFETER [galfete], [galfete], plus rarement CALFEUTER [kalfoete] v. tr.
Emprunt ä Γ anglais, peu frequent au Quebec au sens de (ALEC 2046x) ou (GPFC ; Belisle).
• Calfater.
GAMINAGE [gamina3], [gamina:/] s. m.
1
«Tu chavires* le bateau le fond en Γ air, pis tu mets de l'itoupe dans les coutures, pour Vetanchir* : 9a c'est galfeter un bateau, pis apres 9a on met de la rosine* ou de la brai* par-dessus». 2 «Tu vas galfeter un bateau ou de quoi* de meme, ben si t'as pas de... du godron* pour faire... ou de la brai* pour faire de quoi* pour aller par dessus l'itoupe [atup], tu mets c'te* mastic-lä par-dessus». (AC 059207). 3 «Les coutures du fond aviont de l'itoupe ieusses*, i tiont galfetees ieusses». (LC 029206). > galfat 1.
Calfeter est atteste en France au 16e siecle et galfeter a ete releve en Saintonge (FEW 19, 80b QALFATA) ainsi qu'ä SPM (BrasseurChauveau). Ces deux formes sont aussi en usage dans les parlers du Canada (DFQpres. 37b-43a; ALEC 1400).
• Ensemble des jeunes enfants, jeunesse. 1 2
«Meme le gaminage avant, i usiont* les chiens». [A propos d'un pretre]. «I course pas les gaminages, lui, i course les femmes de son rang». (LC 029217).
Derive original du precedent ( 0 FEW 21, 449a).
GAMINERIE [gamiimi] s. f. • Ensemble des jeunes enfants, jeunesse. «I va p't-ete n-n'*avoir des enfants de... de sept ou huit ans ä... douze ou quinze ans. C'est toute la gaminerie vois-tu». (AC 059203).
L'emploi est vieux (GLLF 2142b-c) ou vieilli, rare et populaire en fran9ais (TLF 9,62a).
GALLON [galo] s. m.
GANG [gaerj] s. f.
•
•
Mesure de liquide. 1
«Avant ce* tait quatre quarts* pour un gallon, asteure* c'est ien* que trois quarts et demi». 2 «L'autre annie j'ai ramassi quatre-vingt gallons dans* deux jours». 3 «Le gallon amiricain est pus petit que ςui*lä de fran9ais ; 9'a tout le temps έιέ !» (LC 029203). > baril 2, 3, barrique 2, bidon 1, can 2, chopine 1, garder 1-5, jeez 4, paraffine 3, pate 3, siau 1, troissix 1, un 1.
Le gallon anglais equivaut ä 4,5461., le gallon americain (et canadien) ä 3,787 1.
GAME [gem] s. m. •
1. Jeu.
«Si tu joues une game tout seul, le Diable viendra jouerlagameavec toi». (G. Barter, C.E.F.T., 1974, p. 15). > trois-sept 1.
• 2. Partie. > minder 4.
Bande, groupe de personnes. «J'avais une gang, y avait vingt-trois d'*ieusses* qui [...]»
Au feminin, cet emprunt ä Γ anglais est considere comme un regionalisme du Canada (TLF 9,66b).
GARDE [gaRd] s. f. • 1. Faire une garde Retenir qn en lui parlant. 1
«I parle joliment* aprfes [?] ce* personne-lä : i fait ene garde». (GT 109208).
Faire une garde est une locution originale ( 0 FEW 17, 510a sq. *WARDÖN). Prends garde !, prenez garde ! est un caique de l'anglais take care .', de meme sens.
GARDE-ZYEUX
GARDE-GRAIN [gaRtto gRe],
GARDER II [gaRde] ν tr
[gaRde gRÖ] s. m. • Plaque d'assise. (Confirm6 par LC 149808).
• Regarder. V. aussi ARGARDER.
«Le garde-grain c'est le... le wall-plate [angl.
filier.
Ce type lexical n'a pas 6te note en frar^ais (0 FEW 17, 510sq. *WARDÖN). II est cependant atteste au Canada, surtout pour un
«Je gardais deux vaches et... j ' avais un bceuf, j'halais* mon bois avec». 2 «J'ai ien* que garde un cochon, toute ma vie». (AC 059204). 3 «II a έηβ ferme pis i garde des poules pis i vendont les ceufs». (LC 149806). ä 19, bete 1, entretiendre 1.
• 2. Loger, avoir sous son toit. 4
«Auparavant je gardais toujours les mattresses d'icole». (LC 189205).
• 3. Avoir en vente (dans une boutique). 5
[L'iti, ä la boutique Abbott au Cap]. «Pis lä* i gardiont le sei, hein pour le poisson [...] i gardiont de la chandelle, les... les grosses affaires*, et de la viande et de la melasse* en gros barils* lä de... de quatre vingt-dix gallons* lä». (LC 189203).
• 4. Garder aller Maintenir en (etat de) marche. >
aller 15.
• 5. Garder par Maintenir (une direction, un cap). 6
«Je m'adonnais* ä garder par le large, par lä, par le nord». (MH 068101).
Ces emplois sont des caiques de l'anglais to keep.
1
>
219
«Du beau temps ou... j'allons-ii* aoir du mauvais temps ! Ou de quoi* de meme. Mais asteure* le monde* passont i te gardont pas !»
0 Specialement: • A l'imperatif, pour attirer Γ attention de l'allocutaire : Garde ! Gardez ! (V. aussi GARE !). 2
[A propos d'une vache]. «Garde, i dit, alle a sauti dans le champ !» (AC 018301). > baby 5, bas II-1, boom 2, dieu 3, embarquer 3, loup-marinier, varge 1.
• Garder oir. V. OIR. Garder , atteste depuis l'ancien fran9ais, a ete note dans les parlers dialectaux de France, notamment de Normandie, du BasMaine et du Poitou (17,510a *WARDÖN). II est egalement repandu dans les parlers acadiens (Naud ; Mont-Carmel et Summerside, IPE, 1975 ; Moncton 1978, d'apres E. R.) et dans Test du Canada en general, ä l'imperatif : garde ! gardez ! (Massignon 1498 ; Clapin ; Dionne ; GPFC) ainsi qu'en Lousiane (Ditchy ; Daigle). Par apherese de regarder, cette forme a aussi un equivalent dans les Creoles franijais des Antilles (DCG 137a : gade ; Valdman 218 : gade).
GARDE-VUE [gaRda vy] s. m. Pi. • (Eilleres (d'un cheval). Cet emploi original est ä rapprocher du frangais : (TLF 9, 93b ; Rob 4, 832b ; FEW 17, 521b *WARDÖN).
GARDE-ZYEUX [gaRds zj0] s. m. pi. • (Eilleres (d'un cheval). Type lexical usuel dans les parlers du Canada (ALEC 430 ; Massignon 912 ; Dionne ; GPFC ; Belisle), atteste en Louisiane sous la forme garde de yeux: (Daigle), ä ajouter ä FEW 17, 521b sq. WARDÖN.
220
GARE
GARE! [gaR] interj.
GARROCHER [gaRoJe] ν tr
• Regarde ! Mot qui sert ä attirer l'attention.
• 1. Jeter, lancer, envoyer ä quelque distance de soi.
1 2
«Gare ! J'ai vu... ici, lä [...]» (AC 059206). «Y en a qui disont la truie apres... aprfcs έηε fille. I vont dire... gare la truie, lä. (Ja veut dire c'est έηε fumelle*». (GT 109201). 3 «Gare ! Y a soixante-quinze ans, il avont commenci ä tuer les loups*-marins sus* Terre*Neuve». (LC 029204). 4 «Moi j ' a v a i s έηε premiere cousine* ä Stephenville, 9'arait t6 premier et deuxiέme avec ielle*, pis gare alle ressemblait* [aRsäble] assez* ma cousine lä, je croyais que c'dtait ielle qu'etait lä encore*». (LC 189203). > cagouet 2.
Gare ! et garde ! (s. v. GARDER II) sont confondus en frangais par fausse etymologie (FEW 17,538b *WARDÖN).
GARGOTON [gaRgotö], GORGOTON [goRgotö] s m • 1. Gosier. 1
«Nous autres* je disons le gargoton de la borbis*». (GT 099201).
• 2. Pommed'Adam. 2
«Tu coupes la gorge pour le* faire saigner hein, tu passes le couteau enteur* le gargoton, et pis le cou». > go 5.
• 3. Trachee. Considere comme un regionalisme du Canada (GLLF 2159b), ce type lexical est courant dans les parlers du Quebec et de l'Acadie pour le gosier (ALEC 2110 ; Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier; Boudreau ; Naud ; v. aussi Daigle, pour la Louisiane), la pomme d'Adam (ALEC 2111 ; Massignon 1462 ; GPFC ; Naud ; Belisle) et l'oesophage (ALEC 494), mais seulement Signale ä la Baie Sainte-Marie (Thibodeau) et en Louisiane (Daigle) pour la trachee. Ä SPM, il se dit pour haddeck 2.
• 2. Je une gars Jeune homme. > musique ä bouche, ramasser 17, temps 17.
Extension d'emploi du fran9ais familier (TLF 9, 107b sq. ; Rob 4, 838b), bien attestee au Canada (ALEC 1732 ). Cette prononciation, typique du parier gallo de l'Illeet-Vilaine (FEW 17,617b *WRAKKJO), n'a ete notee au Canada que dans le parier aca-
GAZON
dien de Riviere-Bourgeois, dans Γ lie du CapBreton (Boudreau).
GAS [gas], [ga:s] s.m. • Essence. 1 2 >
«C'est un drum* qu'on mettait le gas pour... la peche hein, pour les engins*». «Pareil comme* un car* ! Vous mettez ieri* que du gas dedans, du gas pur».
scie.
Emprunt ä l'anglais familier d'Amerique gas, de meme sens, bien atteste au Canada (ALEC 2083) et en Louisiane (Daigle).
GASOLINE [gasolin] s. m. • Bateau ä moteur. «Le gasoline ä Jo qui s'en vient! Pis i contiont* pis i disiont pic*-a-poc pic-a-poc pic-a-poc. I faisiont pareil comme* le... le gasoline hein, le motor-boat [angl. ]». (GT 128101). > moonshine 3.
France, oü il est enregistre sous la forme gasparot du debut du 19" siecle ä 1930, le mot n'est pas en usage chez les pecheurs des cotes de Γ Atiantique et de la Manche ( 0 ALCAM, enq. inedites). Pascal Poirier le classe dans ses vocables algonquins.
GAVIGNER [gavinje], [gavijie] v. tr. • Gaspiller. (Confirme par AC 059209). Ce mot n'est enregistr6 que sous la forme gavagner au Canada (Dionne ; GPFC ; Poirier ; Boudreau ; Naud), en Louisisane (Ditchy ; Daigle) et ä SPM (BrasseurChauveau), comme en Poitou, Aunis et Saintonge, d'oü il est originaire et oü il a le meme sens (FEW 4, 2a *GABA).
GAVIGNERIE [gavinRi] s. f. • Gloutonnerie, gaspillage.
Extension d'emploi, par metonymie, d'un emprunt ä l'anglais d'Amerique gasoline bien atteste dans les parlers du Canada (ALEC 2083) et de Louisiane (Daigle) ainsi qu'ä SPM (Brasseur-Chauveau).
GASPAREAU, SPAREAU [(ga)spaRo] s. m. • Poisson non identifie. Sorte de hareng. 1 2
3
«Tu nen* prendras p't-ete un couple* ici lä par lä mais, bien peu, des gaspareaux». «J'ai jamais vu, les gaspareaux. I sont lä... en Nouvelle-ficosse y en a. C'est de quoi* comme un hareng». (AC 059203). «Ici y en a pas ici, mais au Cap-Breton y en a des gaspareaux. Vous connaissez un epelan* ? Ben, c'est comme un epelan. I vont dans Γeau* fraiche pour frayer, des gaspareaux». (LC 149808).
Type lexical bien atteste au Canada, specialement dans les parlers acadiens, pour un poisson de la famille du hareng, Alosa pseudoharengus (ALEC 1414x ; Massignon 505 ; ALVMA 197 ; Poirier; Thibodeau), l'alose tyran (Dionne) ou l'alose (Boudreau), egalement signale dans la langue des Terre-Neuvas, que La Morandiere 1, 173 : gaspereau rattache au toponyme Gaspe. En
221
1 2
«Gavignerie, 9a c'est pas un mot fran^ais, 9a c'est un mot... savage* aussi». (AC 059209). «De quoi* qu'est suppose* de... te tiendre* un tit* peu longtemps pis tu le manges tout d'un coup quoi, c'est de la gavignerie hein». (GT 109208).
Derive original du precedent ( 0 FEW 4, la sq. *GABA).
GAZON [gazo] s. m. • Motte de terre et d'herbe. 1 2
3
>
«Des pelouses* de terre lä, vous savez, du gazon». (AC 048001). «Du gazon c'est de la pelouse* coup£e par en dessous et pis c'est coupd par carris». (GT 109208). «Nus autres*, ce que j'appelons un gazon, tu vas dans le morceau* pis tu coupes une bloc* de terre, pis tu l'emportes. Tiens j e t'apporte un gazon de terre !» (LC 029213).
aile 2, chavirer 1, pelliyie.
Emploi attest6 depuis l'ancien fran^ais (FEW 17, 543b *WASO), considere aujourd'hui comme vieux en fran^ais (Rob 4, 855a), releve ä SPM (Brasseur-Chauveau) et au Canada : (Belisle).
222 GEE! G E E
! [d3i:] interj.
• I. g a alors ! Oh la la ! 1 2 3
«Gee ! Ah ce* tait pas beau !» «Geequand* ^u'ellel'avu ! Lebelhomme !» «Ah ! Gee ! Mausesse* ! La pire affaire* qu'y a pas !» > arracher 5, cent 1.
• II. Commandement pour faire tourner le cheval ä droite. Le premier emploi est issu de l'anglais d'Amerique (OED suppl. I, 409c : , forme abregee de geewhillikins, gee-whizz). Le second, bien attest6 dans les parlers du Canada (ALEC 467c ; Massignon 921), est egalement issu de l'anglais gee arreter 3.
Nom vulgaire du genevrier (GLLF 2199b) ou denomination rögionale (Rob 4,879a), ce type lexical est courant dans les parlers dialectaux de France (FEW 5,74b-75a JUNIPERUS). II est egalement attest6 au Canada (ALEC 1644 ; Dionne ; GPFC) et ä SPM (BrasseurChauveau).
[En parlant d'un alcoolique], «Mais asteure* lä il a fait give-up». «Mais quand* qu 'il a vu comment* que ga se tournait, il a fait give-up». (GT 128001).
Emprunt ä l'anglais to give up de meme sens. L'adjonction du verbe faire est rendue necessaire par l'impossibilit6 d'adjoindre ä up les marques verbales.
• Allemand. > enteur 1.
GLACE [glas] s. f.
Emprunt direct ä l'anglais, comme ä la Baie Sainte-Marie (Thibodeau 1976 : 43, d'apres E. R.).
• Bloc de glace detache de la banquise. Syn.: GLA£ON.
GIANT [3jä] s. m. • G6ant. «Le giant commence ä chercher [JaRje], dans le foin». (GT 017701). > sorciaise 1.
Forme attestee dans les parlers du Canada (Dionne ; GPFC ; Poirier), peut-etre issue de geiant (FEW 4,134b GIGAS) avec traitement de [ej] en [j] (comme dans lat. necare > [neje], [nje]).
[A propos d'un loup*-marin], «I tait sus une glace en haut*, pis la vieille* tait en bas* !» (LC 029201). > peuplage.
En fran5ais cet emploi est rare au singulier (Rob 4, 922b). II n'est meme parfois admis qu' au pluriel (TLF 9,259b). Ä ajouter ä FEW 4,139a sq. GLACIES.
GLACEUX [glasce] adj.
GIG [gig], [gik] s. m.ouf.
• Couvert de glace. Deriv6 de glace attesti en fran5ais aux 16eet 1Τ siecles (FEW 4,140a GLACIES), mais que les dictionnaires modernes n'enregistrent pas.
• Cabriolet, voiture ä cheval ä deux roues, pour la promenade.
GLACIERE [glasjeR] s. f.
1
2
«Moi c'etait toujours un gig que j'appelions ?a nous autres* auparavant. C'est... un sifege, deux roues, seulement deux roues, et puis y a les menoires* pour le cheval pis tu t'assis [im/r*] sus le sifege». (AC 099201). [Pour cet informateur, buggy* et gig sont synonymes]. «Mettons que tu voulais aller ä queuque*part, aller au magasin, ben t'avais έηε petite gig. Ο. K. ? Ce* tait pas un caberouet*, mais c'dtait une gig, ä deux roues». (LC 149809).
Emprunt direct ä l'anglais gig .
• Cabane dans laquelle on conservait la provision de glace coupee l'hiver, en la protegeant de la chaleur avec une couche de sciure. Cet emploi, vieux en fran9ais pour un caveau oü Γ on conserve de la glace (FEW 4, 139b GLACIES ; TLF 9, 263b ; Rob 4, 926a) a ete note au Canada (ALEC 222X, 335X, 2310) et en Louisiane (Daigle : ).
224
GLAgON
GLAgON [glasö] s. m. • Bloc de glace detachi de la banquise. Syn.: GLACE. «Y en avait trois ou quatre qui camassiont* sus les gla^ons, 9a fait que tout d'un coup i en tombe iun* ä la mer». (LC 027403). >
attestee dans les parlers dialectaux de France (FEW 4, 144b GLADIUS).
GLE [gle] s. m. • Piege pour attraper les goelands. «Les gles que j'appelons* nus autres*, c'est des crocs* que tu tends pour les gouelands*. [...] Premier* tu prends un bois*, et le croc. Tu mets le croc sus le bout du bois, pis Velonges* -t'as έηε ligne amarree* dessus -tu 1-1 'elonges pis tu 1ε passes εη long du hareng, de l'ambouri* ä la gorge. Tu sors le croc lä, dans la gueule du hareng. Pis tu tends 9a avec un gros caillou, pis tu mets un morceau de bois pour tiendre* ta ligne äflot*. Pis tu ti8ns. Tu mets ton gle sus ce* ligne-la. Comme* ςa que je pechions 1ε goueland, nus autres». (LC 029213).
mati, pain 4.
Emploi canadien (ALEC 1234,1248 ; Massignon 132; Naud) du mot fran9ais de sens voisin : (TLF 9, 264a ; Rob 4,926b ; FEW 4, 139b GLACIES).
GLAI [gle] s. m. •
1. Iris sauvage. 1
«Y en a avec des fleurs bleues dessus, comme vous disez [dire*] lä hein, pis y en a avec pas* de fleurs dessus. Y a deux sortes de glais. C'est... ien* qu 'un coeur dedans, y a un coeur dans le melieu*, lä avec les feilies*». (GT 109208).
• 2. Plante non identifee ressemblant au jonc, mais moins haute. 2
3
>
«£a c'est le jonc le grand jonc i pousse haut lui, mais le glai i pousse court [...] Les beurbis* i sont f o u s pour 9a l ' h i v e r , i laisseriont le foin pour manger 9a». (AC 059203). «Du glai c'est des feilles* qui... Y a pas d'autre foin qui pousse lä, pace que... la terre est pas... est pas bonne hein, c'est in* que du glai qui pousse». (GT 109208).
de 25.
Type lexical qui designe ordinairement le gla'ieul, parfois Γ iris, en fra^ais, mais que les dictionnaires modernes n'enregistrent plus (FEW 4, 144a GLADIUS). Dans les parlers dialectaux de France, le mot est rare dans l'ouest. Notons qu'il designe le roseau dans la Marne (FEW, ibid.). Au Canada, sa repartition est specifiquement acadienne, pour Γ iris des marais (ALEC 1671 ; Massignon 237), l'iris sauvage (Naud), l'iris (Boudreau : glais) ou le gla'ieul (Poirier : glais).
Emprunt ä Γ anglais regional gly (DNE 218a). Le vocalisme specifique est probablement du ä Γ attraction paronymique de glai*.
GLOIRE-DU-MATIN [glweR dy mate] s. f. • Plante sauvage grimpante dont les fleurs, qui s'ouvrent le matin, ne durent qu'une journee. «Les gloires-du-matin lä, si tu mets un morceau de bois ben lä 9a va pousser tout le tour* dessus».
Type lexical atteste au Quebec pour une plante grimpante non precisee (ALEC 1694s). Probablement un caique de l'anglais regional glory-in-the-morning (DNE 217a) ou de l'anglais standard morning-glory (Harrap's); (Le Robert & Collins).
GO [go] •
s. m. 1. Estomac (du poisson).
1 2
GLAIE [gle] s. f. • Fleur ou fruit du glai* (au second sens). «C'est du foin comme ... comme έηε blade [angl. ] de couteau, et sus le bout* [but] i pousse ς a* que j'appelons έηε glaie». (GT 099201).
Forme locale, par feminisation de glai, plutöt que survivance de l'ancien fran9ais glaie, non
3
«Le go ben c'est lä que son manger v a : 9a s'appelle 1ε go». «I mangiont 1ε g o . . . Vous les netteyez* comme i faut pis vous prenez des foies*, pis de la farine et pis des egnons* pis mettre* ensemble, pis vous les remplisez [remplir*], pis vous les mettez ä bouillir. Vous n'avez jamais mangi 9a ?» [Ä propos des noves*]. «Le monde* 18S cuisait plus avec lesfoies* pis les... les gos, les gos de morue [...] C'est yu*-ce que le man-
GODDAMMENT
ger va la dans la morue, le go, j'appelons*». (GT 099201). > fale 1.
• 2. Gosier. 4
«Son go il est... en dedans, dans le dedans* de son corps». (AC 059201). 5 «Y a le gorgoton*, 5a ici, la petite bosse, le gorgoton lä, et pis le restant c'est le go, la gorge quoi». (GT 109208). 6 [A propos des oiseaux de mer qui n'ont pas de gisier]. «Le goueland* est iun* d'ieusses* et pis... il a ien* qu'un go la goueliche*...» (AC 059201). > haler 4.
Type lexical atteste tout le long de la cote canadienne pour l'estomac de la morue (ALEC 1428 ; Massignon 594 ; ALVMA 173) et aussi pour le gosier des etres humains (ALEC 2110; Massignon 1463), egalement recueilli avec ces deux emplois ä SPM (Brasseur-Chauveau). D'origine inconnue, ce mot est dejä dans la langue en 1672 (La Morandiere 1,2), mais les dictionnaires franfais ne l'enregistrent que de 1772 ä 1948 : gau m. (FEW 22/2,165bentraillesdupoisson) ;dans les parlers dialectaux, il est localise en Saintonge (Müsset: got ; FEW, ibid. ; 0 ALCAM, enq. inedites, q. 92), d'oü il a pu passer en Acadie.
225
poisson (ALEC 1425, 2310 ; ALVMA 215 ; Massignon 513 ; Thibodeau ; Poirier [gobage] ; Boudreau : gobarge ; Geistdoerfer 1987 : 441 ; DHFQ 282-283) et ä SPM (Brasseur-Chauveau). Les quelques exemples de ce terme releves en ancien fran$ais proviennent du Poitou et de Saintonge (God. 4, 244a), ce qui s'accorde bien avec la localisation du mot dans les parlers acadiens. L'origine de ce mot est inconnue (DEAF).
GOBELET [goblet] s. m. • Pour certains : grande tasse, sorte de chope. Pourd'autres : simple verre. (Mot rare). «Un gobelet eh bien 9a c'est-ri* pas un verre, un verre avec un... un pied dessus ?» (AC 099204).
Emplois particuliers du fran5ais gobelet (TLF 9,309a ; FEW 4,181a*GOBBO-)attestesau Canada particulierement pour un cverre ä boire> (ALEC 148 ; Massignon 1278 ; Boudreau) ou une (ALEC 151b). Mais le maintien de l'articulation du [t] final n' a ete notee que dans un point, au Quebec (ALEC 148).
GODDAM ! [goddem] interj. • Nom de Dieu ! 1
GOBARGE [gobaR3] s. f. ou m. ? • Poisson, lieu noir, Pollachius virens. 1 2
3
«Vous avez jamais vu un gobarge ? C'est un joli poisson, quisiment* comme un saumon». «J'attrappons des fois des gobarges. C'est rare ä Yentour* ici... C'est de quoi* que je mangeons pas, les gobarges. ζ " a la chair noire». (GT 139201). «Une gobarge, c'est un poisson. Qa c'est rare aussi man homme* ! Oui c'est rare ! C'est un petit poisson quasiment comme un saumon. Quand* que 9a se croche* sus la ligne 9a, 9'a un pouoir* du diable !» (LC 029213).
Les dictionnaires fran^ais ont enregistre goberge jusqu'au debut du 20 e siecle, toujours pour un genre de morue pechee sur les bancs de Terre-Neuve (Littre : * dis je nen connais goddamment pus que toi !» (LC 029208).
Derive original du precedent.
226
GODE
GODE [god] s. f. • Petit pingouin, Alca torda. «La gode... c'est fait... quasiment comme une poule... I sont blancs et noirs ieusses* [...] c't* un jubier* de glace». > bull-bird, feu 1, john-bull 1, 3.
Nom d'oiseau de mer bien atteste au Canada (ALEC 1508x) pour le pingouin commun (Dionne ; Poirier). Ä SPM, gode a ete note pour d'autres alcidds, les marmettes (BrasseurChauveau). Les dictionnaires fran5ais signalent ce mot depuis le 18e sifecle, mais il est atteste des le d6but du 17 c dans la langue des Terre-Neuvas (La Morandiere 1, 146). En France, il n'a 6te not6 dans les parlers contemporains que sur les cotes de la Manche, en Haute-Bretagne et Picardie pour , , (FEW 4,185 GOD-; 17,487a; 21, 241a).
GODRON [godRÖ], [godRÖ] s. m. • Goudron. 1
«La brai*, je crois que c'est fait, un peu, avec du godron, et pis... de la rosine*». 2 «Du godron c'est pareil comme* du coaltar, c'est pus 6pais que le coaltar, du godron». (GT 109208). > galföter 2, rosine 2.
Forme bien attestee dans les parlers dialectaux de France (FEW 19, 90b QATRAN), du Canada (ALEC 470x, 509x, 1329x, 1400x ; Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier; Thibodeau ; Boudreau) et de Louisiane (Daigle).
GOGUES [gog]
s.f.?Pi. • Sorte de boudin cuit dans la crepine de mouton. (Non confirm6 par AC 059203). «La panse de la beurbis*... 5a venait* blanc blanc blanc et pis je faisais des... des gogues. Ben je prenais le sang de mouton pis je hachais [3 ha Je] des oignons et du poivre et du sei lä-dedans comme i faut lä pis de la melasse* du lait et pis je mets tout 5a ensemble dans la coiffe hein ; c'est un sac la coiffe hein». (LC 037401).
En fran9ais, le mot est considere comme un regionalisme (notamment d'Anjou et d'Auvergne) pour une (FEW 4,187b GOG-). Un emploi voisin a aussi ete releve au Qu6bec : (ALEC 586x).
Goudronne. «L'itoupe c'est... 9a pourrit pas, c'est coaltare vois-tu, godronne ! L'etoupe. £ a pourrit pas 5a». (AC 059203).
Comme la base godron, le verbe godronner est bien atteste dans les parlers dialectaux de France (FEW 19, 90b QATRAN), au Canada (Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier ; Boudreau) et en Louisiane (Daigle).
2 3
4
«Je vas dans le bois* pis je ramasse de la gomme moi, pis je /'*ai fait prendre 9a pou* trois semaines, de la gomme pis du lait». (AC 058004). «Le prusse* c'est un bois qui a de la gomme, beaueoup». (MH 069204). «Mais la gomme de sapin* lä hein, c'est bon, pour... le rhume. Si vous avez le rhume, si vous avez du fret* en vous vous savez, c'est bon pour 9a, vois-tu». (GT 109209). «De la gomme de* dessus les sapins* lä, des bouffies* hein ! Tu vas dans le bois*, tu ramasses 9a pis t'apportes 9a chez* vous pis tu coupes 9a, pis tu prends comme* ς α* lä, quasiment plein d'eau, pis tu coules ton... ta gomme lä-dedans. Pis quand* que t'en as assez de* couli, tu l'allumes, tu la brüles. Asteure*, si tu veux que ta gomme hale*, tu la brüles ien* qu'k un certain point, pis si tu
GOUßLAND veux pas qu'a hale, ien que guirir, tu la quittes* bruler noire». (LC 029202). > bogue, bouffie 1, 3, chique 1, d£foncer, encens 1,2,3, lever I, lunot, monde 3, salve.
0 Specialement: • Chandelle (de gomme) Concretion de resine (sur les coniferes). 5
«De Vencens* c'est... des bosses* de gomme sus le bois du prusse*. I appelont 5a des chandelles, des chandelles de gomme [...] Tu prends 5a pou* de Vencens. C'est le meilleur pour faire de Vencens, pour faire de la gomme». (GT 109209).
GORLOT [goRlo], GUEURLOT [gceRlo] s. m. •
1. Grelot. 1
2
6
Le premier emploi, atteste 9a et lä dans les parlers dialectaux frantjais (FEW 4, 324a GUMMI) ainsi qu'en Creole hattien (Valdman 227 : gonm ), est tres repandu au Canada (ALEC 1635,1784a). «Le terme gomme s'applique toujours en Acadie ä la secretion du sapin baumier ; exceptionnellement ä celle du tsuga ou ä celle de I'epicea» (Massignon 249). L'emploi n'est pas Signale au Canada, mais se trouve en Louisiane (Daigle). Les dictionnaires fran^ais enregistrent pourtant gomme ά mächer (TLF 9, 323b ; Rob 4, 959b) ou gomme, par abreviation (Rob). On dit gomme (a chiquer) ä SPM (Brasseur-Chauveau).
GORGER [goR3e] ν tr • Avaler. «Si tu voulais vivre faulait [falloir*] que tu gorgeais 9a ! Ou bien tu queurvais* !»
Forme locale, par apherese, d'engorger ovaler [...]> (FEW 4, 336a GURGES).
GORGOTON V. GARGOTON.
«Des gueurlots c'est... des cloches, des petites cloches lä hein, qu'est... en cuir, et pis c'est mis sus fene bete*. C'est des gueurlots, les gueurlots sont lä-dedans asteure* lä». (GT 109208).
• 2. Baie du plant de pomme de terre. Par ext.: Tres petite pomme de terre.
• Bosse de gomme. V. BOSSE. • 2. Chewing-gum. «De la gomme de boutique* c'est justement* 5a comme j'ai dit du caoutchouc, de quoi* qu'est... tu sais, pis c'est justement* mis pardessus, c'est pas bon. Mais... ςa* qu 'est dans le bois bien* 9a vient du bois quoi hein !» (GT 109209). > palette 1.
227
3
«Mais dame* les gueurlots ce* tait... 9a venait sus les patates* auparavant, aprtis la fleur. C'est 9a qu'est les gueurlots. Mais, les petites patates ben i... i tiont pas pus gros que les geurlots [...] Mais y en a pus, y a pus de gueurlots sus les patates asteure* ! Je sais pas quoi*-ce qu 'il y ont fait pour... les άέtruire, mais y en a pus». (AC 059203). «Des gueurlots c'est sus le bäton*. C'est pareil comme* fene patate*, ien* que c'est petit! Mais c'est vert pareil comme le baton de patate». (LC 029213).
Les deux prononciations ont ete relevees au Qu6bec et en Acadie (ALEC 434 ; Dionne ; GPFC ; Poirier ; Boudreau). La seconde est bien attestee dans divers parlers dialectaux fran?ais (FEW 16, 58b GRILLEN). Ce type lexical designe en outre la dans la Somme (FEW, ibid., 59b). Le second emploi est egalement bien atteste au Canada (DHFQ 291 : vieilli pour la baie du plant de pomme de terre ; familier pour une petite pomme de terre ; ALEC 783 ; Boudreau ; Massignon 799 : ).
GOUELAND [gwelä] s. m. • Goeland. 1
«C'est iun* de mes meilleurs jubiers* de mer moi, les gou£lands». 2 «Ben y a les g o ^ l a n d s blancs..., y a les bleus, y a les saddlebacks*». 3 «Et de l'autre bord* de 9a c'est Cap Goulland. C'est lä qu'i faisont \faire*] leurs nics* : Cap Goueland». > comme 19, cossarde 2, dadin 1, go 6, dos-bleu, dos-noir 2, gli, goueliche 2, hibou, paille-en-cul 1, pigeon 3, varge 1.
228
GOUELAND
0 Specialement: • Goueland bleu [gwelä ble] (AC), Goueland d'harengs [gweld d haRÖ] (AC) Goeland argente, Larus argentatus [angl. herring gull]. Syn. : DOS-BLEU. • Goueland blanc [gwelä blä] (AC) Goeland bourgmestre, Larus hyperboreus ; Goeland arctique, Larus glaucoides kumlieni. La prononciation disyllabique de goeland est donnee comme regionale ou vieillie par les dictionnaires (TLF 9, 317a; Rob 4, 955b ; FEW 20, 10b GWELAN). Elle est frequente au Canada (ALEC 1505 ; Massignon 428) et a aussi ete notee ä SPM (Brasseur-Chauveau).
GOUELETTE [gwelet] s f •
Goelette. 1
«Dans mon temps* moi y avait des gouelettes ä rhum lä, qui rödaient* ä l'entour, qui venaient de Saint-Pierre, pis i alliont queri* leu* boisson* !» 2 «C'est έηε vraie endroit de peche, pour la morue, tout 5a. Faut croire que c'est pour 5a qu'il ont venu si loin de la France avec des petites gouelettes». (MH 069205). 3 «Je crois qu'i ont venu en gouilette ä Terre*Neuve [taR n0v]». (LC 028301). > dessein (aoir -), gaboter 2, magasin 2, quitter 6, sauver 8.
Diminutif forme ä partir de goeland (0 FEW 20, 10b GWELAN), atteste seulement dans les parlers acadiens pour une sterne (ALEC 1507 ; Poirier), un petit goeland (ALEC 1505x), et avec cet emploi aux Iles-de-la-Madeleine, ä l'lle Madame et dans Γ lie du CapBreton (Massignon 429 ; Naud) ainsi qu'ä SPM (Brasseur-Chauveau).
GOUEMON [gwem5] s. m. •
Goemon. 1
«J'avons pas de noms pour le gouemon nous autres* ! Non ! C'est tout* [tut] du gouemon !» 2 «Tout ce que je peux oir* lä-dessus moi, tout ce que je connais lä-dedans, c'est du gouemon. Le g o e m o n ben y en a que j'appelons les queues*-de-vache et de quoi* de meme lä». (AC 059204). 3 «Quo* que j'appelle gouemon c'est quo*-ce qui vient ä la cote [...] C'est pus petit pis 5a se tient sus le fond. Mais tout* qu 'i vient des grandes marees et de quoi* de meme, lä ?a vient ä la cöte, du g o ^ m o n » . (GT 139202). 4 «C'est έηε sorte de goulmon oussi*. Mais il avont des petites bosses* dessus. Y a du vide l ä - d e d a n s , ces petites bosses-lk». (LC 029213). > barbe 1, grappes 3, le 2.
La prononciation disyllabique, signalee dans les dictionnaires franfais comme plus conforme ä l'origine du mot (TLF 9,317a-b ; FEW 20, 10b GWELAN), est bien attestee au Canada (ALEC 1396 ; Massignon 553).
La prononciation disyllabique de goemon, conformement ä l'etymon breton (FEW 20, 10a GOUMON), est consideree comme regionale (Rob 4, 956a). Elle est tres repandue sur la cote canadienne (ALEC 1678 ; ALVMA 345 . Massignon 244 ; Thibodeau ; Naud) et a ete notee ä SPM (Brasseur-Chauveau).
GOUELICHE [gwelij], [gwelij]
GOULE [gul] s. f.
s. f. • Mouette tridactyle, Rissa tridactyla.
•
1
>
«Les goueliches... il avont les ailes couleur de plomb, pis Vestomac*... blanc [...] Je garantis que deux ou trois peut faire un bon repas». 2 «J'avions tout le temps notre fusil avec nous autres* dans le canot* [ k a n o ] . Et les gouelands* et les goueliches... toute sorte qui passait. Si 9a volait 9a tombait!» 3 «La goueliche y en a en masse*, ä l'entour* ici, i pondont dans le cap*, y en a des mille de ieusses*, au Cap Goueliche qu'il appelont*». (GT 139202). go 6, pigeon 3, taguer 1.
Bouche. 1 2
>
«I se tordait la goule». «I s'en vient chez le fermier [faRmje] avec la langue sortie de la goule comme* trois pouces de long».
freumer.
Cette forme de gueule est consideree par les dictionnaires fran9ais comme regionale et familiere (Rob 4,975b) ou simplement familiere (GLLF 2264c). Typique des parlers de l'ouest de la France pour denommer le visage ou la bouche (FEW 4, 310b-315a GULA), eile est bien attestee pour la bouche au Canada (Massignon 1472 ; Dunn ; Clapin ; Dionne ;
GOUVARNER
driver* en bas* dans le bois, pou* faire des blocs* ou de quoi de meme, tu sais des wharfs*. (Ja c'est des gournables qui vont lä-dedans». (AC 059203).
GPFC ; Poirier ; Boudreau ; Naud) et ä SPM (Brasseur-Chauveau), parfois cornme denomination pejorative (ALEC 2100).
GOULEE [gule:] s. f. • Bras de mer (AC). Derive du precedent, considere comme familier en fransais pour une ou une (TLF 9, 354a), dans un emploi original ( 0 FEW 4, 31 l a sq. GULA), ou changement de genre pour goulet.
GOURMAND [guRmä] adj. •
Avide. 1 2
«Y en a qu'est gourmand, putot de tuer iun* i vont tuer deux». «J'appelons ?a ene personne qui est gourmand, nus autres* : i veut tout aoir pour lui, pis rien pour toi». (LC 029201).
>
«Mais un vrai gourmand, c'est un homme q u i . . . une p e r s o n n e [paRSon] qui veut assay er* avoir tout ce que... les autres avont». (AC 059203).
Cet emploi figure, releve dans le parier poitevin de Niort (FEW 16, 91b GROM) ce qui pourrait etre l'indice d ' u n e origine acadienne, n'est pas signale au Canada.
GOURMANDISE [guRmadi:s] s. f. •
Avidite. 1
2
«La gourmandise ! Bien*... C'est έηε personne [paRSon] qui veut avoir tout* [tut] pour lui-meme. £ a c'est de la gourmandise !»(AC 059203). «Cent-dix mille il avont tue ! [...] C'est la maudite* gourmandise hein !»(LC 029204).
Emploi original, suivant celui de la base gourmand.
GOURNABLE [guRnarb] s f • Tige de fer servant de cheville, pour relier des pieces de charpente, par ex. 1
2
«Pour cheviller deux morceaux de bois ensemble, au lieu des chevilles en bois i mettont des gournables». «Ene gournable 9a c'*£ne gaule de fer, un morceau de fer, tu sais, avec une tete dessus comme un clou ou de quoi* de meme, pour
bolte 1.
Emploi issu du vocabulaire de la marine : (TLF 9 , 3 6 4 a . ; Rob 4 , 9 8 1 b ; FEW 1 6 , 4 7 a - b *GORDNAGEL). Son extension hors de ce vocabulaire a ete aussi releve dans l'Ile du CapBreton pour une (ALEC 1006 : pt 163).
GOURNABLER [gimnable] v. tr. • Relier deux pieces de bois au moyen d' une gournable*. 1 2
0 Empl. subst.: Personne avide. 3
229
«[...] pour clouter* ou gournabler deux gros morceaux de bois ensemble». «Faut gournabler le bois pour faire des slips [angl. ], pour faire des blocs* et de quoi* de meme, vois-tu. Faut gournabler le bois!» (AC 059203).
Ce mot est enregistre par certains dictionnaires (Rob 4 , 9 8 l b ; G L L F 2268b ; FEW 16,47b GORDNAGEL), mais n'est pas particulierement signale au Canada.
GOÜTER [gute]
v. intr. ?
• Avoir du goüt (GT 109203). Gouter est atteste en moyen fran9ais (FEW 4, 340a GUSTARE). Un emploi voisin est considere comme un regionalisme du Nord et de la Belgique (Rob 4, 984b). Ce verbe est egalement usuel au Canada : (ALEC 244) et en Louisiane (Daigle).
GOUVARNER [guvaRne] v. tr. • Diriger, conduire (un instrument, un attelage, une embarcation). «Je le gouvarnions, avec les cordeaux». (LC 029212). >
bec 3, brise 5, patin.
Extension d'emploi d ' u n verbe issu du vocabulaire de la marine : (TLF 9, 377b ; FEW 4, 299b GUBERNARE), vieux en fran9ais pour (GLLF 2273c).
230
GRACHER LES DENTS
GRACHER LES DENTS
GRAINE [gRen] s. f.
[gRaJe le da] ioc. verb.
•
1. Baie sauvage.
• Grincer des dents. Gracher , qui est tres largement supplante par grincher au Quebec, a cependant ete releve dans une localite de cette province (ALEC 2106). Cette forme est sans doute ä rattacher ä grincher, d'origine normande dans cet emploi (FEW 16, 393b *KRISAN).
[Ä propos des merles]. «Ene ann6e qu'y a joliment* des graines i resteront». 2 [A propos du genevrier], «La fourche ä trois brocs* tu vois dans la graine* [...]» 3 «I appeliont 9a la plaine* brül6e. Lä, aprfes 5a... toutes sortes de graines s'a mis ä pousser lä-dessus, vois-tu». (AC 059209). > ä 22, berry 1, bois 17, 18, bouillie 2, brülage 2, corme, gadelle 1, genevre, harbe-ä-la-fumelle, masse (en -) 1, mocauque 2, pimpina 3, plaquebifere 2, poire 1, quatar-temps 2, saqude 1, tass6e 1.
GRAFIGNER [gRafijie] v. tr.
0 Specialement: • Graine a chien ou Graine de chien Baie de Pyrus americana. Syn.: CORME.
e
• Ind. pres. 3 sg.: [i gRafin], • Griffer, dgratigner. «Une fois qu'i tait dans la maison i grafignait, i grafignait les meubles». > malicieux 3.
Verbe familier (TLF 9,394) ou regional (Rob 4,1001a), bien attest^ dans les parlers dialectaux de France (FEW 16, 350b KRAFLA), ainsi qu'au Canada (ALEC 2026 ; Massignon 1538 ; Dunn ; Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier ; Thibodeau ; Boudreau; Naud), en Louisiane (Ditchy ; Daigle) et en Creole guadeloupeen (DCG 143a : grafinye).
GRAINAGE
[ g R e n a 3 ] s. m. • Graine de semence. 1
«Tu vas dire au roi, a dit, de te bätir un bateau, et pis de remplir la cale tout plein de grains, de toutes sortes de grainages». (GT 108001). 2 «I portait des plantes de choux ä mon defunt* p£re, toutes sortes d'affaires*, des grainages, tout ?a». (GT 128003). > ftve 1.
Cette forme represente une survivance du moyen fran9ais grenage dessus 5.
0 Empl. absol.: Enduire son pain de mattere grasse alimentaire. Graisser est atteste dans les parlers du Centre de la France (FEW 2, 1282b CRASSUS); cet emploi est bien connu au Canada (DHFQ 287 : graisser (familier) ;Massignon 1314 : graisser ) ainsi que dans la locution graisser son pain (GPFC ; Poirier). L'emploi pronominal du FTN est original.
GRAMMENT [gRämä] adv. •
Beaucoup. «Y a granment de choses que je time* pas».
Cette forme est une survivance du moyen fran5ais dans les parlers dialectaux de France oü eile est bien attestee avec cet emploi (FEW 4, 220a GRANDIS).
231
«Quand* que je debarquons* de* sus le train*, i tombait de la grand neige». (LC 027401). «I commence ä tomber de la grand neige Vendemain*». (LC 028501).
II. • Grande journee* (ou jornee*) Journee entiere. 6 7
«Toute seule la grandejornee* ! Mon Dieu !» (LC 028401). «Des grandes journees ä [l]a table, ä essayer de...» (LC 189201).
III. Empl. adv. • 1. Tres. 8
«[...] pis bientöt a se leuve [lever*], pas grand contente... !»
• 2. Pas grand de Pas beaucoup. 9
«Tu sais par ici un temps* etait eh bien... y avait pas de... des magasins lä, des boutiques lä, comme* que je disons lä hein, y avait pas grand de ?a hein !» (GT 109210).
Dans 1'usage ancien, l'adjectif grand avait la meme forme au feminin qu'au masculin. Ceci est encore atteste ä SPM (Brasseur-Chauveau), dans les Creoles fran^ais de l'Oc6an Indien (Chaudenson 778 : [grä] et dans les parlers du Canada (Massignon 1702, 1725 ; Poirier), dans quelques lexies comme grand biche cjeune fille elancee> (Dionne) ou grand charrette (GPFC). V. aussi ALF 514. II faut rappeler par ailleurs qu'en regle generale, ä TerreNeuve, l'adjectif ne prend pas obligatoirement la forme feminine quand il qualifie un substantif feminin. L'emploi dans la locution grande journee est ä rapprocher du fran5ais : [en parlant d'une duree, d'une distance, d'une quantite] (TLF 9,412b). Un emploi similaire
232
GRAND
a ete releve au Nouveau-Brunswick : «[...] toute une grandejournee ä rien faire» (Monoton 1978, d'apres Ε. R.). L'emploi adverbial oü grand equivaut ä un adverbe d'intensite est considere comme un regionalisme de Suisse romande (TLF 9, 416b ; Rob 4, 1012a). Des enonces comme il (n')ya (pas) grandpatates barrer 6, -ici 2, mouron 1, pain 2.
0 Specialement: (Toute) la grandeur (d'un espace, d'un temps) La totalite de cet espace, de ce temps. > aile 1, pavure 2, virer 4.
0 Empl. adv. Sur toute Γ etendue de. 2
[Ä propos des marionnettes*]. «Ben des fois c'est toute la grandeur du temps*». 3 [Ä propos d'eczima]. «Sa chair cassait partout, que qa saignait la grandeur de son corps». (AC 078201). > bete 12.
• 2. Taille (d'une personne). 4
«Vous etes justement* bien pour votre grandeur, cent soixante lä ; si vous pouvez tiendre* 9a, c'est alright*».
• 3. Äge. 5
«Moi j'avais deux cousines avec moi, de ma grandeur».
Le mot peut designer en f r a ^ a i s une (FEW 4,220a GRANDIS), mais les exemples terreneuviens temoignent d'une extension d'emploi plus large qu'en franijais moderne : (TLF 9,418b). Le premier emploi est signale au Quebec : grandeur (de la maison) (ALEC 2x); «le tra-
versin faisait la grandeur du lit» (ALEC 134x) et en Creole hai'tien (Valdman 232 : grande). Le second est considere comme vieilli en franfais : (Rob4,1013a). L'emploi est particulier au FTN.
GRAND-GRAND-PERE [gRÖ gRÖ per] s. m. • Arriere grand-pere. 1
«D'yu*-ce que votre grand-grand-pere vient done ?» 2 «I m'a dit que le monde* de Quebec avont encore leur meme parier que leur grandgrand-pire a porte* ä Quebec». 3 «Mon grand-grand pere, le premier qui a venu ici, i tait ene* ä dix-huit cent home*. C ' e s t un bon petit bout* [but] !» (MH 019204). 4 «Mais... mon grand-grand-pere c'est la qu'il est enterr6, sus l'lle-Rouge. Y avait un cemetiere* itou* lä, sus l'Ile-Rouge». (LC 149806). > grand-grand-grand-pere.
Ce compose est bien atteste dans les parlers du Canada (ALEC 1870 ; Massignon 1691 ; Dionne ; GPFC ; Poirier, s. v. grand). II est egalement signale ä SPM (Brasseur-Chauveau) et en Louisiane (Griolet 1986 : 89). II est rare dans les parlers dialectaux de France, oü il n'a ete not6 qu'en Haute-Normandie et en Anjou (FEW 4, 221b GRANDIS).
GRAND-GRAND-GRANDPERE [gRÖ gRü gRä peR] s. m. • Trisai'eul. «Mon grand*-grand-pere, non mon grand-grandgrand-pere, a venu de... a venu de Saint-Malo». (ΜΗ 019201).
Ce compose, que nous n'avons pas trouve au Canada, est signale en Haute-Normandie, dans l'Eure (FEW 4, 221b GRANDIS).
GRAND-TERRIER [yRÜ tCRje] s. m. • Habitant du village de La Grand-Terre (LC 149804).
GRAVAIL
ses grattes pour peigner les chevals, sus le corps partout». (AC 059203).
GRANGE [gRÖ3] s. f. Bätiment qui sert ä la fois d'etable et de grange. 1
«Dans* l'hiver y a ene grange ä moutons aussi». 2 «II avait d'*arrang£ dans la grange». > ä 6, allee 1, 2, cheveux, chien 5, dans 4, debarrer 2, emparquer 1, eparer 2, fontaine 2, guimbarge 2, 3, mousquet 2, muleron 3, pour 9, rallier, taille 2, tiendre 4.
Cet emploi est considere comme un regionalisme du Canada, de Suisse et egalement de certaines regions de France (TLF 9,424 ; FEW 4, 225b *GRANICA).
GRAPPES [gRap] s. f. pi. • Algue marine, Fucus. 1 2 3
«Les grappes il 6tiont plein de petites bosses* d'eau». «Ceuses*-lä qu'ont les... bosses* dessus la c'est ceses*-lä qu'on appelle les grappes». «Y en a du gouemon* c'est comme des grappes, j'appelons 9a les grappes». (AC 059204).
Grappe de raisin a parfois ete enregistre au 19esiecle dans les dictionnaires pour une algue marine, le goemon grumeleux (FEW 16, 359b *KRAPPA). Sur la cote est du Canada, grappes denomme parfois les algues marines en general ä Cheticamp, dans l'Ile du CapBreton (ALVMA 345) et le fucus dans une localite du Nouveau-Brunswick (ALVMA 348). Nous ne l'avons pas rencontre sur les cotes fran^aises de de Γ Atiantique et de la Manche (0 ALCAM, enq. inedites).
GRATTE [gRat] s. f. • 1. Houe. 1 2 3
c'est έηε gratte hein ! C'est meilleur pour mettre* la terre pus plange*». «Y a des grattes ä patates*». (AC 059203). «Ene gratte, j'en ai iene* ici ä queuque*part. Ene gratte, j'appelons 9a pour arracher des patates*». (LC 029213).
• 2. Sorte de rabot, utilise pour la boue, en particulier. 4
«Si i veut ramasser les acopeaux* lä d'un pilot*, ben y a... i peut user* un... ene gratte, ou un räteau ä fer». (GT 109208).
• 4. Gratte ά patates* Räpe ä pommes de terre. 6
«Y a des peignes pour les chevals*, il appellent ga les grattes ä cheval. Ouais, des gros-
«Y a des grattes ä patates* ! [...] Auparavant i grattiont des patates pour faire... dans du hops [angl. ], pour faire le levain». (AC 059203).
En franfais ce deverbal de gratter est atteste depuis la fin du 18e siöcle dans le vocabulaire de la marine pour une (FEW 16, 374a *KRATTÖN). C'est, depuis la premiere moitie du 18e siecle, un synonyme de sarcloir (TLF 9, 444a ; Rob 4, 1028a ; FEW, ibid., 375b). Au Canada, il est frequent pour une binette (ALEC 924a ; Massignon 794 ; Dionne) et un grattoir pour l'entretien des chemins l'ete (ALEC 1062) ou l'hiver (ALEC 1076 ; Dionne) ou encore un räble (B61isle). Le mot se trouve aussi en creole reunionnais : [grat] (Chaudenson 775-6) ainsi qu'en Louisiane (Daigle : mausesse 5, queue 5.
Gratteur a ete note ä SPM pour le bruant fauve (Brasseur-Chauveau ; ä ajouter ä FEW 16, 371a sq. *KRATTÖN).
GRAVAIL [gRavaj] s. m. • Gravier. 1
• 3. Gratte (ä cheval) Etrille. 5
233
2
«Ben tu peux le dire comme tu voudras ! J' appelons 9a le gravail nus autres* !» (LC 029209). «C'est du matiriau qu'i faisiont des chemins avec, du gravail». (LC 149809).
234
GRAVAIL
Cette forme masculine n'est signage que dans les parlers acadiens du Canada (ALEC 1438s : pt 163 ; Massignon 11 ; Poirier ; Boudreau ; Naud ; 0 FEW 4, 254a sq. *GRAVA). V. le suivant.
ploi pour est egalement atteste dans les parlers dialectaux de France, notamment dans l'Ouest, du Maine ä la Saintonge (FEW, ibid. 254b), ainsi qu'au Canada (ALEC 1063 ; GPFC ; Thibodeau).
GRAVAILLE [gRavaj] s. f.
GRAVEAU [gRavo] s. m.
• Gravier (LC 029214). Ce mot a ete recueilli en Suisse romande : (FEW 4, 256b *GRAVA). Au Canada, il est presque uniquement acadien (ALEC 1063 ; Thibodeau), ce que confirme son attestation en Louisiane (Daigle). V. le precedent.
• Gravier, en tant que materiau.
GRAVE [gRa:v], [gRa:f] s. f. • Greve. 1 2
«II* l'avont pare* sus la grave». «I va ä la cote, i s 'assit [assir *] sus la grave [...]» (GT 017705). 3 [A propos du capelan]. «Tu peux en ramasser sus... sus la grave, f a mule* sus la grave !» (GT 109209). 4 [A l'Ile-Rouge]. «II avont hale* des cailloux d'en bas pour faire des vigneaux* en haut sus l'ile pour faire chesser* la morue. Y avait pas assez de place sus la grave». (LC 029204). > alouette 1-3, jackatar 3, ρέπΓ, soleil 3, vie 6.
0 Au pi.: Graviers de la cote. 5
«T'arrives ä terre, tu jettes ta morue sus les graves». (LC 029202).
Ce mot est encore enregiströ par les dictionnaires comme regional [Terre-Neuve, Cevennes] (TLF 9, 452b) ou vieux (Rob 4, 1032a). II s'agit d'une Variante dialectale du fran5ais greve bien attestee dans l'ouest de la France, particulierement au sud-ouest (FEW 4,254a-b *GRAVA). II est repandu sur la cote canadienne (ALEC 1063x, 1442x ; Massignon 23 ; Boudreau ; Naud). Aux Iles-de-laMadeleine et ä SPM, il designe particulierement l'etendue de pierres sur laquelle on etalait les morues pour les faire secher (Naud ; Brasseur-Chauveau ; 1861, Chambon 1992 : 282). Cela semble aussi le cas dans quelques points acadiens (Massignon 608). Cette technique est moins courante ä Terre-Neuve, oü Γ on utilise plutöt des tables ä claire-voie, les vigneaux*, pour le sechage de la morue. L'em-
«T'as besoin d'fene charge de graveau, tu prends un truck* ou un cheval avec un truck, pis tu vas yu*-ce qu'\ y en a. Pace* c'est pas partout qui y en a ! Oh non ! Tout le long ici lä, y avait pas de ?a. C'est tout* [tut] des gros cailloux». (LC 029214).
Ce type lexical, qui n'a pas ete recueilli au Canada, est atteste sous la forme dialectale graviau en France, dans le Haut-Maine et le Centre (FEW 4, 255b *GRAVA).
GRAVIER [gRavje] s. m. • Ouvrier, generalement tres jeune, qui etait employe au sechage de la morue. 1
«Les graviers... c'est le petit monde* lä, ce* tait pour faire chesser* le poisson, 9'allait pas au large. (Dominique Juhel, devoir d'itudiant, C.E.F.T.). 2 «II aviont fa* pour des graviers, pour faire chesser* le poisson. f a c'est des gamins de quinze seize ans, dix-huit ans. I preniont ςa avec ieusses* pour faire chesser leu* poisson». (LC 029203). > jackatar 3.
Derive de grave qui denomme les personnes qui s'occupaient du sechage des morues, sur la cote canadienne (ALEC 1440s ; Poirier ; Naud) et ä SPM (Brasseur-Chauveau). Ce mot atteste depuis la seconde moitie du 19esiecle (FEW 4, 254a *GRAVA), a aujourd'hui disparu des dictionnaires.
GRAVOIS [gRavwa] s. m. • Gravier, galet. «Y a du sable pis y a du... du gravois». (AC 128202).
Ce type lexical, enregistre avec cet emploi en fran9ais jusqu'au 17e siecle, est tres bien atteste dans les parlers de Normandie et du Maine (FEW 4, 255a * GR AVA). II a egalement ete releve au Canada pour du gravier (Massignon 11 ; GPFC ; Belisle ; Maillet
GREER
1973a : 149 et Snow 1977 :42, d'apres E. R.), du sable (Clapin) ou des (Dionne), en Louisiane, au pluriel: (Daigle) et dans les Creoles fran9ais (Chaudenson 778 : [gravua] ; Valdman 231 : gravwa ).
GREEMENT [gRemä] s. m. •
1. Equipement (quel qu'il soit). 1
«Nous autres* y a le gr&ment de chual*, le greement de peche, y a du gr&ment pour faire du foin et de quoi* de meme, c'est des outils quoi !» > droit 6.
• 2. Harnais (du cheval). 2
«Le griement de son cheval i tait en argent et pis son caberouet* pareil». (GT 108001). 3 «Quante* tu le mets dans έπε charrette ou dans un caberouet* ou dans έηε traine*, ben tu mets son greement sus lui». (AC 059203). 4 [Pour dresser un cheval]. «Je mettions le greement dessus, pis je l'attelions dans les traine s*». (LC 029212). > sellette.
0 Specialement: Poche du greement Portebrancard (du harnais). 5
«Tu mettais les menoires* dans les poches du greement».
• 3. Vetement. 6
«J'ai vu des sauvages* sus* le Τ. V.*, moi, avec des greements de meme*». (LC 029211).
Le premier emploi est considere comme un regionalisme du Canada : brailler 2.
A Terre-Neuve, comme au Canada, ce verbe n'est pas limite au vocabulaire de la marine. Le premier emploi est bien atteste au Canada (Dunn ; Clapin ; GPFC ; Poirier ; Boudreau) et en Louisiane (Ditchy ; Daigle) ainsi qu'ä SPM (Brasseur-Chauveau). Le second Test particulierement dans les parlers acadiens (Massignon 1232 ; Dionne ; Poirier ; Thibodeau ; Boudreau ; Naud). L'emploi pronominal est egalement repandu au Canada (Massignon 1620 ; Dunn ; Dionne ; GPFC ; Poirier ; Boudreau ; Naud), en Louisiane (Ditchy) et ä SPM (ibid.). L'emploi semble rare au Quebec (ALEC 249x). Au Canada, comme en Haute-Bretagne, aux Iles-dela-Madeleine et ä SPM, la forme usuelle est greyer (FEW 16, 55b-56a GREIDA ; ALEC 1904 ; Naud). Quant ä la forme [ g R i j e ] , elle n'a ete relevee que dans les parlers acadiens (Massignon 1232, 1260 ; Mont-Carmel, IPE, 1975 ; Belliveau-Village, NB, 1975 ; SteAnne-de-Kent, NB, 1976, Moncton 1978, d'aprfes E. R.).
236
GREILLE
GREILLE [gRej] s f. • Barre de fer que Ton chauffe pour brüler le duvet d'un oiseau apres l'avoir plume. Syn.: CONSINE. «Tu chauffes la greille sus le feu [...] la greille ä jubier*, pour greiller* le jubier». (GT 099203).
La forme grille pour est bien attestee au Canada (ALEC 87), mais greille n'y a pas 6te recueilli. En France, greille n'a ete releve que dans le Morvan et l'Yonne et dans des emplois totalement distincts de celui de TerreNeuve, pour designer des morceaux de lard (FEW 2,1288b CRATICULA).
GREILLER [gReje] ν tr • Griller, faire griller. 1
[Ä propos d'une tige de fer]. «I mettiont fa dans le feu, quand est ce que 5a venait* rouge, pis lä* i greilliont leu* jubier*, avec». (AC 099203). 2 «C'est comme un morceau de fer. Tu chauffes 9a right* rouge, au feu. Pis aprfes 5a tu le passes sus le jubier*, tu greilles le jubier». (GT 099203). > greille.
Cette prononciation n'est pas attestee dans les parlers du Canada (ALEC 573). Elle est limitee en France aux Cotes-d'Armor (ALBRAM, enq. inedites, comm. pers. de J.-R Chauveau) et ä quelques parlers de l'Est (FEW 2, 1287b CRATICULA).
GRESILLANT [gRezijä] adj. • Grouillant. [A propos des nids de mouettes]. «I prenont* dans le bas ä la mer pis i montont jusqu'en haut, les nics*... comme des machines. C'est gresillant les nies». (GT 139202).
Cet adjectif est ä rapprocher des formes relevees en Bretagne romane (Bain): ά guersille ; guersillee et dans le Centre (Loches): gresiller (FEW 16, 86a *GRISILÖN).
2
3
«Tu peux aoir les cheveux griches, les cheveux pas peign6s, c'est des cheveux griches, tu sais c'est tout* [tut] mele». (GT 109208). «Tu te leves le matin lä, tes cheveux sont regriches». (LC 149809).
L'adjectif griche est atteste avec cet emploi dans les parlers du Canada, specialement ceux d'Acadie (ALEC 2115; Massignon 1455). V. le suivant.
GRICHER [gRiJe] v. intr. ? • S'ebourriffer. «La plume a commence ä gricher par-dessus sa tete».
Seul un emploi pronominal est atteste en Nouvelle-Ecosse : un chien se griche (Thibodeau) et en Louisiane : se gricher (FEW 16, 82a *GRIS).
Cet emploi est ä rapprocher des expressions qui ont 6t6 relevdes ä SPM : grosse cuisine ,gros vent , gmsfonctionnaire (Brasseur-Chauveau). • 2. Sp&ialement: • Gros mot Mot savant. 4 5
GROLLE [gRol] s. f. • Oiseau, Corneille d'Am6rique, Corvus brachyrhynchos. 1
«Je les* vois pas de difference [difaRÖs] moi i disent que ies... les grolles sont pus petits que les corbeaux* mais... pour moi c'est tout des memes. Le corbeau est pus gros, pareil. Mais dame* c'est p't-ete les males, les vieux corbeaux de quoi* de meme hein ! [...] Le crow [angl.] c'est le corbeau et le raven [angl.] c'est la grolle. Faut croire que c'est difförents [difaRÖ] jubiers* ! Mais la grolle est beaucoup pus petit». (AC 059203). 2 «Le corbeau* c'est le pus petit. Les grolles c'est les gros». (GT 139202). 3 «Un corbeau* pis une grolle c'est le meme plumage. Ien* que le corbeau est joliment* pus gros !» (LC 029210). > corbeau 2, ielle 3.
Mot considere comme regional (ouest de la France selon TLF 9,537b-538a ; Ouest, Berry selon Rob 5,14a) ou dialectal (GLLF 3,2324c), synonyme de ). II est particuliörement repandu dans les parlers dialectaux de 1' Ouest et du Centre, du pays gallo au Poitou et ä la Saintonge et de la Touraine au Berry (FEW 4,204a GRACULA).
GROS [gRo] I. Adj. antepose. Feminin : grosse. • 1. Important, en quantite importante. V. aussi GRAND. 1 2
«De la grosse argent». «Le vent a pris [prendre I *] du suet* et pis il a commence ä tomber de la grosse neige». 3 «Du monde* avec du gros savoir lä hein, be* a me dit i savont s'*une personne [paRson] qui dit des menteries*». (GT 008002). > jaune 2, repasser.
237
«I usait* ces gros mots-lä mais... i savait you* les mettre». (AC 059203). «Je peux lire έηβ lettre, pis je peux lire des livres, mais dame* y a des mots que je peux pas comprendre pace que j ' a i pas assez d'ecole*, des gros mots, j'ai pas assez d'icole pour 9a». (MH 069204).
• Grosse famille breuse. 6 7
[gROS
fami] Familie nom-
«J'ai έίενέ une grosse famille». «Ces gens-lä i veniont des grosses families, pis y avait pas beaucoup de temps qui les sipare iun* de l'autre». (LC 149802).
• Gros gris. V. GRIS. Cette acception est ä rapprocher du franfais : (TLF 9,543a). Mais les emplois nous paraissent notables. Gros mot a et6 note dans un sens voisin aux 17eet 18csi£cle : bossy.
• 2. Gros de Beaucoup de. > pouoir 5.
La premiere locution est un calque de l'anglais to talk big, de meme sens. La seconde est ä rapprocher du fran9ais familier (en parlant d'une chose mesurable) (TLF 9,547a), comme dans gagner gros, par exemple. Elle est bien attestee dans les parlers du Canada (Clapin ; Dionne). III. S. m. • 1. Au pl. Grosse filasse ? > slip 1-2, virer 4.
Ce substantif d6nomme en fran9ais general une
guepe 4.
• 2. Guepe ά cheval* Insecte non identifie. (Estre? 4
5
«Υ a les guepes* ä miel, et pis y a les guepes a cheval, que j'appelons*. I sollt mauvaises les guepes ä cheval. £ a pique, 9a !» (LC 029214). «£a c'est les... les guepes ä cheval. C'est lä qu'i mettont leurs ceufs*, sus le cheval. T'as vu 9a comme des lentes sus les chevals*, ben 9a c'est les aufs». (AC 059208).
> guepe 2.
Ces composös ne sont pas signales dans les parlers dialectaux de France ( 0 FEW 14,342b VESPA), mais ils ont ete enregistres au Canada : guepe ä miel (ALEC 642 ; Massignon 459); guepe ä cheval (ALEC 641) ou (ALEC 1567). G U E R I S S I O N [ d 3 e R i s p ] s. f. • 1. Gu6rison. 1
2
«[...] et pis vous demandez au Bon Dieu pour* une guirission, ou k la Sainte-Vierge pour une guerission». «Quand j'ai vu dans* trois jours 9'avait pas guiri, 9'avait pas pris de guirission dedans [...]» (AC 078201).
• 2. Remede. 3 4
5
«Y a pas de guirission pour*, asteure*». «Quoi*-ce qu'est dans le coin lä hein, as-tu tendu* dire c'est une guerission ? Qa guirit 9a hein ! La fleur lä !» «Υ en avait qui connaissaient des guirissions. Mais les guirissions [...] dans ces temps-lä taient meilleures que ce que t'as des docteurs». (MH 068101).
Derive original de guerir ( 0 FEW 17, 526a sq. *WARJAN). G U E R N S E Y [ g e n z i ] s. m. • Chandail de laine. 1 2 3 >
«Tirez votre... guernsey !» «I le faisiont ieusses*-memes, il appeliont 9a un guernsey». «Je brochions* des sweaters*, des guernseys... c'est des sweaters 9a».
collet 1.
Prononciation locale de Guernsey, nom anglais de l'ile anglo-normande de Guernesey, pour la denomination d'un chandail de laine ä mailles serrees, tres efficace pour la protection contre le vent (ALN, enq. inedites dans
239
les lies anglo-normandes), enregistr6 egalement en anglais : «a thick, knitted, closelyfitting vest or shirt, generally made of blue wool, worn by seamen» (OED). Ce vetement traditionnel des pecheurs guernesiais a probablement 6t6 popularise ä Terre-Neuve par les compagnies jersiaises etablies au ^ s i e c l e en Acadie. Le mot n'a cependant ete not6 au Canada que dans l'ile d'Anticosti pour une est atteste aux Iles-de-la-Madeleine (Naud). Massignon 309 releve une acception courante en Acadie: . (V. aussi Naud :
«J'ai vu travailler en slip*, les obres* craquer par* la gelie, travailler ien* qu 'en hardes de dessous». (LC 027401). 6 «Les bas*, les culottes, les hardes de dessous, les gilets, les chemises, tout* en grand [tut α gRÖ] fait avec de la laine de mouton !» (LC 097401). brocher 2, cane9on 3, long-johns 1, 2.
• 3. Bleu ά hardes Bleu de lessive.
244 7
HARDES «Du bleu ä hardes c'est έηε bloc* de bleu qu'est mis dans un morceau de linge pis qu'est sauce* asteure* dans l'eau pour couleurer* l'eau. Qa met les hardes* pus blanches, c'est ςa* que c'est». (GT 109207).
• 4. Complet d'hardes Costume. 8
«Je m'en vas [aller*] aller queri* un complet d'hardes, pis j'allons t'habiller comme i faut».
• 5. Hardes de lit Draps. [On dit aussi «draps de lit» (GT 109207)]. • 6. Morceau d'hardes. V. MORCEAU. • 7. Ligne ά hardes. V. LIGNE. Hardes est atteste en frangais depuis le 18e siecle pour et c'est cette acception qu'il a gardd dans bon nombre de parlers d'oil, notamment dans l'ouest de la France (FEW 19,45b FARDA) et en cr6ole hai'tien (Valdman 460 : rad ), mais les dictionnaires contemporains ne l'enregistrent plus. II designe aujourd'hui en franijais des vetements pauvres et usagds (TLF 9, 678b ; Rob 5,102a). Ce mot est bien attest6 dans les parlers du Canada (ALEC 1907 ; Massignon 1617), tout comme la locution hardes de dessous (ALEC 1960 ; Poirier; Thibodeau 1976 : 80, d'aprös έ . R.). Complet d'hardes est un caique de Γ anglais suit of clothes. Hardes de lit, caique de l'angl. bed-clothes, a έΐέ aussi note ä la Baie Sainte-Marie (Thibodeau 1978 : 14, d'apres έ . R.). Bleu ά hardes semble particulier au FTN.
HARDI [haRdi] adj. • Effronte. «Le pus de monde* qu'y a, pus hardis que les enfants sont». > aoir 8, honteux 2, mettre 4.
Cet emploi, atteste depuis le moyen fran9ais : ( F E W 16, 155a *HARDJAN), est aujourd'hui pejoratif (TLF 9, 679b), vieilli (Rob 5, 102b) ou litteraire (GLLF 2377a). II est connu de quelques parlers acadiens (ALEC 1839 ; Massignon 1800 ; Naud : ) et du creole hai'tien (Valdman 460 : radi ; GPFC ; Poirier ; Boudreau ; Belisle). Le second emploi est motive par une connotation sexuelle de cette pifece en forme de fourreau. La forme avec [R], qui n'a ete
HAUT
245
not6e que chez un couple d'informateurs au Cap-Saint-Georges repr6sente une dvolution phonetique locale du [h] initial plutot que le dörive prifixd rehausse.
en bas, en bas du chemin. Nous autres* ici je sons [etre*] quisiment* au bout* [but] di* Cap». (LC 189203). > bailie 5, barbe 2, bas 1-5, beurteile, driver III-3, glace, hamois 2, mouv^e 2, pomonaire, ramasser 17, remport 2, supposd 3, tiendre 4.
HAUT [ho] adj.
0 Specialement, dans les loc. verb. Mettre en haut, Haler en haut oü les emplois d'en haut sont calquds sur la prep, anglaise up. - Hisser.
• 1. De grande taille (en parlant d'une personnel 1
«//* tait pas haut, mais il tait large. I prenait un quart* de farine lä, pis i mettait 9a sus son dos». (LC 028301).
Emploi aujourd'hui dialectal en fran9ais (FEW 24, 367a ALTUS), attestd au Canada, specialement dans les parlers acadiens (Massignon 1557 ; GPFC ; Poirier ; Thibodeau ; Boudreau; Naud), en Louisiane (Daigle) ainsi qu'en Creole hai'tien (Valdman 568 : wo). • 2. Είενέ (en parlant d'un prix, d'un salaire); eher. 2 3
4
«Les gages* sont beaucoup pus hauts au Canada qu'i sont en Amdrique [amaRik]». «Les chiens* de mer e'est le poisson le plus haut dans* l'Amdrique [amaRik] (a, le chien de mer. C ' e s t eher j a dans l ' A m i r i q u e [amaRik] le chien de mer». (GT 109203). «I faisiont bien la peche, pas mal, mais... le prix itait pas haut comme asteure*». (LC 189203).
Emploi atteste en fran9ais depuis le 17csiecle (FEW 24, 367b ALTUS), mais qui n'est plus enregistre par les dictionnaires modernes. • 3. De rang eleve. 5 6 >
«Les pretres avaient des pouoirs* de la loi*, i tiont pus hauts que la loi lä». «Faudrait qu'i serait pus haut que le Bon Dieu». (GT 008001).
croire 8.
Emploi qui n'est plus enregistre en franijais que dans des syntagmes figes (Rob 5, 124a ; GLLF 2388c-2389a). • 4. En haut loc. adv. : - La-bas. (D6signe un lieu trös eloigne). Ant.: EN BAS ICI. V. BAS. 7
«J'ai fene fille qu'est en haut ä Ottawa [...]»
- Designe un lieu plus έίενέ ou suppose tel. 8
-Informateur : «Υ a ces noms-lä en bas* la. Plus qu'en haut ici. En haut ici c'est pas si pire* que qa !» -Enqueteur : «Comment estce que vous dites en haut et en bas, lä ? C'est quoi 9a ?» -Informateur : «C'est plus loin par
«Je mettions la voile en haut, 9a nous emmenait joliment* pus vite». 10 « f a fait qu'il avont i t έ avec un... deux bateaux, pis il* l'avont haU en haut». (LC 029214). 11 «Le hauban c' est... ςa * qu 'est sus le mät pour haler la voile en haut». 12 «Ces petits grappins-lä pesaient i peu prfes... de cinq ä dix livres*, quinze livres. Ce* tait pus ais£ ä haler en haut». main 4, santier 1, tangon 1.
9
>
- Oter, en general. 13 [A propos de grands caberouets*]. «Tu pouvais haler le seat [angl. ] en haut».
Emplois particuliers, qui nous paraissent caiques sur l'anglais. Ex. haler en haut , de l'anglais to haul up. • 5. En haut loc. pr6p. . >
ä 18.
• 6. Haut mal s. m. Epilepsie. 14 «Pis ma femme a tait... malade, alle avait... a prenait des... des fits [angl. ] qu'il appelont*, des hauts-mals». 15 «La premiere femme ά* Iimile alle a trape* le haut mal, ielle*». (AC 099205).
Specialement: Tomber du haut mal Avoir une crise d'epilepsie. 16 «II a tombi du haut mal, i tait tout* [tut]... tout [tut] dans l'aprfes-midi et pis toute une soirde lä, il a pas revenu ä lui-meme». (AC 059203).
Haut mal, vieux en franijais (Rob 6,177a), est largement röpandu dans les parlers dialectaux de France, notamment en Normandie, dans le Maine, en Bretagne romane et dans le Centre (FEW 6/1126b MALUS). La locution est 6galement admise en fran?ais (TLF11,223a). En Amerique du Nord, eile n'est attestee que dans les parlers acadiens, au Canada (ALEC 2207 ; Massignon 1611; Thibodeau; Naud) comme en Louisiane (Daigle), le queb6cois pr6ferant
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HAUT
tomber dans les mals, ...dans un mal, ...d'un mal. • 7. Se mettre haut sus la tete loc. verb. Se mettre dans un etat second (en prenant de la drogue, par ex.) 17 [Ä propos des champignons]. «Y en a qui les mangeont pou* se mettre haut sus la tete ! Fou assez* !»
Calque de Γ anglais argotique high (OED), to be high (on drugs) (Le Robert & Collins).
HAVENET [havne], [haevne] s. m. • Sorte d'epuisette ä deux manches croises pour pecher le capelan. 1
2
3
«Les havenets, comme* que j'avons nous autres*, c'est deux morceaux de bois, i sont en croix quesiment* [...] Je les brochions* en faijon de sac». «Le havenet est fait pour le capelan, pis la salebarde* est fait pour... la morue une salebarde, pis la salebarde est ronde, mais le havenet est fait carri le havenet». [Ä propos du capelan]. «J'avons des havenets, des machines avec deux fourches, pis une rets* dedans. Je les pechons avec 5a». (LC 029213).
Ce mot d'origine normande, accepti en fran9ais depuis le 18e siecle pour une epuisette servant ä pecher la crevette (TLF 9 , 7 3 4 a ; Rob 5,132a), est vivant dans les parlers de l'ouest et du centre de la France (FEW 16, 112a *HAFR-NET). En Amerique du Nord, il a 6t6 not6 avec la meme forme et le meme emploi ä SPM (Brasseur-Chauveau). II est peu atteste au Canada (1387 ) et toujours prononce sans [t] final.
HAVRE [hav], [ha:f] s. m. •
Portnaturel. 1 2 3
4
«Le seul havre qu'y a ici un peu, pis encore, c'est Piccadilly hein !» «De la Barre ä Saint-Georges, y a pas de havre». [Ä propos de 1 'encornet*]. «Peut-etre c'est un poisson* qui se tient plus dans les havres que d'autre chose». (MH 019203). «Un havre c'est pour... ayu*-ce que les bateaux se mettont». (GT 109207).
0 Specialement: (Petit) havre Abri pour les bateaux. 5
«Les petits havres la, c'est pour marrer* les bateaux dessus. Tu sais, tu rentres dans le havre et pis y a de quoi* lä pour marrer les bateaux». (GT 109207).
Mot vieilli ou rögional en franijais (TLF 9, 7 3 4 b ; R o b 5, 132b ; F E W 16, 186b HAVENE), mais bien attesti sur la cote est du Canada (ALEC 1394a et Massignon 548 ).
HAVRER [havRe]
v. intr. • Se mettre ä Γ abri (en parlant d'un bateau). (Confirme par LC 149810). «II a havrf ici, έηε soiree* ou deux, ä l'abri du vent, de la mer». (AC 059204).
D6rive du pricedent, attestd en moyen fran9ais pour (FEW 16,186b HAVENE), relevö dans les parlers acadiens (Naud; Comeau 1974 :19, d'apres έ . R . ; Poirier : . Thibodeau : ).
HEAVES [hi: v] •
s.m?Pi. Pousse (maladie du cheval). 1
2 3
«C' est son vent*. Y a de quoi* de wrong* avec son haleine... les foies*. Les heaves prend dans les foies. vient par* έηε echauffure*». «Pace que les heaves lä hein, 9a c'est du vent arrete*». (GT 109207). «Les heaves, c'est un cheval qu'a έηε toux». (LC 029214).
Emprunt direct ä Γ anglais heaves, de meme sens, bien attest6 dans les parlers du Canada (ALEC 469s).
HEUREUSITE [0R0zite] s. f •
Bonheur. (Confirme par GT 109207). «Tout le monde charchait* pour l'heureusitä ; ce* tait assez de souffrance, pis je charchions pour έηβ heureusite. Pis c'est encore pareil asteure*. Tout le monde charche pourbne heureusite». (AC 018103).
Une forme voisine heureusete, vieille en fran9ais, et maintenue en Normandie et Saintonge (FEW 25,889a AUGURIUM ; Littre ; Rob 5, 184a), a aussi ete notee au Canada (GPFC).
HONTE
HEURLER [hoeRle] v . intr.
2
• Hurler. «Pousser des cris de rage, de quoi* de meme lä, qa c'est heurler. Tu vas tendre* les chiens lä, des fois i... C'est pas japper, i poussont des cris, ben ?a c'est heurler». (AC 059203).
Cette forme ancienne du franfais hurler, qui est attestee en franfais jusqu'au 18 e siecle ^ r a u d 1868, cite par TLF 9, 996b) et survit 5a et lä dans les parlers dialectaux de France, notamment dans l'Ouest (FEW 14, 14a ULULARE) et en crdole hai'tien (Valdman 471 : rele ), n'est signalee au Canada que dans les parlers acadiens de l'Iledu-Prince-Edouard et de l'Ile du Cap-Breton (ALEC 658a, 1580b) et localement au Nouveau-Brunswick avec l'emploi (Massignon 899). V. aussi DFQpres. 83a-b.
HIBOU [hibu] s. m. • Oiseau, grand-duc d'Amörique, Bubo virginianus. «J'en ai ien* que vu iun* de ma vie, i tait pos6 dans un arbre dans le fond de Picadilly lä. C't* un gros jubier* lä, il est pus court, comme un... II est pas fait comme les chaouins*, pace que il est... il est pas si long. Un chaouin est long, il est quasiment comme un... comme un goueland*, mais le hibou est pus court, pus gros [...] £ui*-lä que j'ai vu moi ce* tait dans* je pense, il* tait tout gris». (AC 059205).
Nom usuel de cet oiseau dans les parlers du Canada (ALEC 1511; Massignon 394).
HIGHWAY [hajwe] s. m • Route ä grande circulation, transcanadienne, qui traverse Terre-Neuve d'ouest en est. «[...] comme* quinze milles du Crossing, sus le highway, lä». > igard (en - de) 4.
Emprunt direct ä Γ anglais highway
«Quiqu 'un* qui dit des affaires* qui t'avient* pas ou de quoi* lä, quiqu'un qu'est hissable, qui est pas beaucoup* a i m a b l e » . (LC 149810). plutöt de.
Cette forme du franijais haissable, spicifique du FTN ( 0 FEW 16, 178a sq. *HATJAN ; 0 ALEC 1838 et Massignon 1796) est derivöe sur le radical hi- du verbe hair. V. ce mot.
HOME-BREW
[ h o m b R u ] s. m. • Sorte de biöre faite ä la maison. 1
2
«Tout le monde se ramassait* dans eune place*. I faisiont du home-brew, y avait pas de biüre en bouteille dans ce temps-lä !»(AC 118101). «I alliont veiller dans les maisons, pis i contiont des contes et i chantiont, i jouiont aux cartes, boire de la biüre, du home-brew». (LC 118001).
Emprunt direct ä Γ anglais, de meme sens (OED), repandu 6galement au Canada (ALEC 254b ; Abram Village, IPE, 1976, d'apres E. R.).
HOMME [Dm] s m • Mon homme Mon vieux (fr. pop.). V. aussi MY SON. 1 2 3
«Mon homme qu'i tait pas content !» «Ce* tait triste, mon homme !» «Tu l'arrachais* de* delä, mon homme, ce* tait teindu [teindre*], ce tait joli, couleur d'or». (LC 029207). > connaitre 5, cuisinerie, etre 5, gobarge 3, hausse 4, laimer 2, lait 1, piocher 4, premier 6, tough 1, 2, treater bien.
Emploi particulier, ä rapprocher de celui qui est Signale en Louisiane : (Daigle). H O N T E [ h o t ] s. m. • Timiditi. 1
«Ah ! Mais dame*, les deux genoux 5a tapait ensemble comme ςα* lä ! La honte !» (AC 018001).
0 Spicialement: Aoir honte Etre intimide. 2
«T'as peur que ce monde*-lä va se moquer de toi, t' sais ! C'est comme 9a que c'est ! C ' e s t 9a q u ' u n e personne [paRSon] q u ' a honte». (AC 059204).
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HONTE
Survivance d'un emploi atteste en fran5ais du 16eau 18e siecle (FEW 16,181b *HAUNII>A). La prononciation avec [h] initial, attestee 5a et lä dans les parlers dialectaux de France (FEW, ibid.) a 6galement 6t€ relevee au Canada (Dunn).
HONTEUX [höt0] adj. • Timide. 1 2
«Y a en masse* du monde* qu'est honteux». «Mais i tait honteux, i tait pas beaucoup* ... hardi*».
Cet emploi, vieilli en fran?ais (TLF 9,91 la : ; Rob 5, 244a : ), possfede aujourd'hui «une forte coloration provinciale, ridicule» (Brunot, cite par FEW 16, 181b *HAUNII>A). La prononciation du FTN semble rare au Canada (ALEC 2052).
Au debut du 18e siecle, PAcadömie indique : «onze se prononce comme si on escrivoit avec h aspiree» (Thurot 2, 411). Cette prononciation ne semble pas avoir laiss6 de traces en France (0 FEW 14, 34b UNDECIM ; 0 ALF 943) et ne reste attestee que dans les parlers acadiens du Canada (Massignon 1437 ; Poirier, Boudreau : s. v. onze). On trouve aussi wonz en cr6ole guadeloupden, ou w represente une evolution du [R], qui peut etre issu d'un [h] initial (DCG 331a).
HORLOGE DE TABLE [ORIOJ" DG t a p ] s. f.
• Pendule. Horloge est connu au Canada pour une pendule (Massignon 1171 ; Clapin). Mais la lo-
cution horloge de table est particuliere ( 0 FEW 4,483a sq. HOROLOGIUM).
HORMIS [hoRmi] I. Prep. • Sauf, ä part. II. Dans les locutions : • 1. Hormis que (+ ind.) A moins que. 1 2
«Je pouvons pas aller* hormis que j'arons quatre quintaux* de morue sus le dos». «J'ai jamais entendu parier, hormis que c'est, tu veux dire... les gros jubiers* qu'i y a dans les ddserts lä, en Amdrique lä, et au Canada, lä». (AC 059209).
• 2. Hormis de (+ inf.) Α moins de. 3
«Tu tais obligi de faire ton service [saRVis], hormis deddserter [dezaRte]». (AC 058001).
Cette preposition est vieillie ou litteraire en fran5ais (Rob 5,249b), mais se trouve encore dans la litterature acadienne (Maillet 1977b : 84 et 1979 : 49, d'aprös E. R.). La locution hormis que, egalement vieillie en fran9ais (TLF 9,925b), a έίέ notde en Saintonge (FEW 3,702a FORAS) et en Acadie (Maillet 1979 : 16, d'aprfcs έ. R.); eile est consideree comme un canadianisme (Bdlisle). La locution hormis de (+ inf.) est encore en usage en Bretagne romane (Brasseur, enq. in6dites) et en Acadie (Maillet 1979 : 246, d'apres έ. R.).
HORS DE
[hOR • 1. Au large de. 1
d(9)] loc. prep.
«lelle* a venait de l'lle-aux-Marins lä, hors de Saint-Pierre». (LC 189201).
• 2. Dans les locutions : • Hors de place Deplac6. 2
«II a des disques usds dans son dos, hors de place».
• Hors de shape D6forme. > patte 1.
• Hors de sa tete. Voir TETE. • Venir hors de pratique Perdre la pratique. 3
«Tu viens hors de pratique hein ! T'oublies pas hein ! Tu connais les mots, mais... tu viens hors de pratique. Faut que t'arretes d'y penser». (LC 149801).
«Y en a un Caribbean lä, il ont pas de pattes* ieusses*... il avont pas de grosses pattes*». (AC 059000). «Quand tu vas au su*, les h o u m a r d s caribbeans je crois que ... i avont pas des grosses pattes* comme notre houmard*». (LC 149805).
Houmard est atteste dans les parlers dialectaux de France, en Normandie et en Nantais (FEW 16, 264b HUMARR). Les formes en [u] sont 6galement communes dans les parlers acadiens (ALEC 1421 ; Massignon 534 ; Poirier ; Thibodeau ; Boudreau ; Naud). (Houmard) carribean est une denomination originale.
HUILE
[ q i l ] (avec valeur consonantique
ou non de l'initiale), rarement LUILE [ q i l ] s. m. • 1. Huile. 1
[A propos des foies de morue]. «Avant je les ramassions* pour faire... je faisais du huile avec, je les fondions*. Je les fondions pas, le soleil les fondait». 2 «Du huile de morue». (GT 109202). 3 [A propos des souliers* de peau]. «Je les graissions avec du huile de morue». (LC 027401). > catapläme, foissifere 2, fondre 2, lessi 2, mollir 2, sauver 3.
•
2. Petrole brut.
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4 5
6
HUILE
«Y avait de l'huile qu'est venu du bateau comme du coaltar». «L'huile lä, en dehors* [dahoR] de SaintJean, si 5a vient ä travailler* 9a, p't-ete qu'y a pus d'ouvrage pour le monde* de Terre*Neuve». «La meme chose qu'i se servont quante* que... quand i perdont du huile ä la mer, les choses q u ' i mettont tout le tour* pour attrapper l'huile lä, je sais pas comment tu les appelles en fran9ais [...]» (LC 149804).
• 3. Mazout. 7
«Tout le monde se chauffait au bois ä ce temps*-lä, y avait pas d'huile». (LC 028301). 8 «La moiti£ du temps ici j'avons pas d'huile, pas d'huile dans l'dglise, lä. Frei* ä geler dans* l'hiver. Pas de furnace [angl. ]. Furnace broke down [angl. ], Ou pas d'huile. Pas d'argent pour acheter du huile». (LC 029217). > tank.
• 4. Calme comme un huile, Calme ä l 'huile (en parlant du temps). (Confirmö par AC 059204 et LC 149805). Le second emploi est vieux en franijais : l 'huile (Rob 5, 272a). Ä Terre-Neuve il s'agit plutöt d'un calque de l'anglais (mineral) oil. L'emploi est egalement un calque de l'anglais (fuel oil). La locution est une extension d'un emploi metaphorique concernant initialement la mer. Le mot 6tait masculin en ancien et moyen frangais. II a d'ailleurs garde ce genre
dans certains parlers occitans et franco-proven9aux et dans quelques parlers de l'est du domaine d'oil (FEW 7,341a-342a OLEUM). La forme luile, par agglutination de Γ article, se trouve aussi dans les Creoles franijais des Antilles (DCG 214a et Valdman 347 : luil). (V. aussi landain, lanse, largent, lor, etc., en FTN). H U I T [ q i t ] s.m.
• Danse qui s'execute ä huit danseurs, sorte de quadrille. 1
«Ce* tait appele des huit 9a, un huit, ce tait dans6 ä huit». 2 «Le huit, tu te mettais pareil, dans la meme position, mais il est pas dans£ pareil [...] Mais le sept* lui il est vraiment... C'est simple, et pis c'est... Ah ! C'est int£ressant!» 3 «Mais je crois ςα* ce qui fait qu'i appeliont 9a un huit, c'est pace qu'i y avait huit personnes». (LC 189802). > set 2, 3.
Cet emploi, inconnu en fran5ais ( 0 FEW 7, 305a sq. OCTO), n'a ete note ailleurs que dans le parier acadien de Cheticamp (ALEC 2066s ; Chiasson 1972 : 210, d'aprös E. R.). HUSER
V. USER.
I I [i] pron. pers. sujet 3 e pers. I. Masculin. • 1. Singulier. II. V. aussi IL. - Devant consonne : > ä 33, 40, abat de vent, abrier 1, acter 1,2, affiler 2, affronti 2, age 2, air 2, aller 3, 8, 9, 10, acouter 1, 3, alonder (s'-), alright 2, amarrer 4, ambouri 3, amour 2, 3, 6, ancien, animau 2, anis 1, aoine 1, aoir 8, ... - Devant un verbe commenjant par [a] : > ä 6, acouter 1, acter 2, affrontd 2, astiquer, avartissement 3, brasser 4, bücherie 2, castrole 2, ce 2, claircir 3, comme 10, condition (en -) que, craqud, douille 1, friper, gagner 3, knack 1, mourir 6, pain 4, ... 1 «I fait comme* qu 'i a fait ä* les autres malades». (GT 008002).
• 2. Pluriel. Iis. V. aussi IL. - Devant consonne : > ä 8, abrier 1, accordiyon, accorder4, acheter 2, ajouter 1, alambic, all£e 3, allieurs, allouer 2, 3, ambouri 3, aoir 7, 10, apeurable, apiler 1, aprfes 3,4, archelet 2, armana 1, arpas, arreter 2, 3, arriöre 5, ... - Devant un verbe commen9ant par [a] : > amiauler 1, amour 2, artirer, baril 3, becquer 3, berry 3, bois 5, botts 3, bücherie 3, c a n e f o n 3, changeage, chemin, cigale 2, clair 6, cochon (de lait) 1,3, coco 2, collet 1, couple 4, couvarte 3, dibarquement, ...
II. Feminin pluriel. • Elles. 2
[A propos de femmes]. «I sont maladifs [...] i se soignont pas». (LC 138403). > alouette 1-1, amarrer 2, aroi 4, arracher 2, 7, bacailldre 3, batterie (en -) 1, bigassine 1, belette 2, bete 12, 13, beulle 1, bouchon 2, brocher 1, brouiller2, burette 1, cacailler2, ceuses-lä 1, 3, chavirer 2, chousse 2, cigale 2, cleusser 1, ...
L'emploi d'ici pour -ci est egalement signale au Canada (Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier; Snow 1977 : 13,d'aprösE. R.). II. • D'ici que (+ ind.) loc. conj. Jusqu'ä ce que. > chique 1.
ICITTE [isit], [isit] adv. •
Ici. 1 2 3
« f a vous plairait p't-ete de vivre icitte !» «Je serai icitte pour te queri*». (AC 018003). «Quand* que j'avions notre charge de morue, ben läje venions icitte lä». (ΜΗ 069201). 4 «Vous avez pas vu grand soleil depuis que vous etes icitte !» (LC 039214). > cast 2, chou-rave 1, c'te 1, joliment 2, pomonaire.
Cette forme, consideröe comme un r£gionalisme, notamment de l'ouest de la France et du Canada (TLF 9,1060b ; Rob 5,336b ; FEW 4,423b HIC), est aussi attestee en Creole ha'ftien (Valdman 243 : isit). Sur l'origine de cette prononciation, v. Le frangais moderne 38 (1970), pp. 147-150.
IDEE [ide] s. f. • 1. Esprit. 1 2
0 Specialement dans les loc. verb. : • Avoir son idee Avoir tous ses esprits. 3
ICI [isi] I. Adv., comme deuxieme terme du demonstratif: • -ci. 1
«Va par lä ! Et moi je m'en vas [aller*] aller par ce bord*-ici !» 2 «Je sais pas si c'est la grandeur* de ce* maison-ici». (AC 159201). 3 «Y en a sus les* eaux-ici mais pas... pas beaucoup». (GT 139201). > bord 2, bord6e 4, cemetiere 2, dehaler 6, enteur 6, faire 5, fanche, folie 3, haddeck 2, modfere, nie 3, paisseur 3.
«Mais l'äme c'est pas du monde*, c'est l'idee, le souffle ou autre chose». «[...] pour tiendre* l'idee occupie». (LC 189201).
«J'ai entendu une femme parier sus* le T.V.* lä, pis alle avait son ίΰέε comme üne jeune personne. Alle avait cent... cent iun* ans». (ΜΗ 069205).
• Pardre son idee Perdre l'esprit, delirer. (V. aussi § 2). 4 5
«£ui*-lä qu'assayera* de d6couvrir l'histoire de la Sainte-Trinit£ i pardra son idee». «Asteure* le roi croyait que Jack avait pardu son idee». (AC 018103).
• Avoir qch dans l'idee Avoir qch ä l'esprit. 6
«C'est p't-ete qu'il avait f a dans son idee». (AC 058101).
252 ΐϋέΕ >
ostiner 2, reel 1.
• Venir dans I 'idie Venir ä 1' esprit. 7 >
« f a * que j'ai vu lä, hein, 9a m'a vena dans l'idee». (GT 128101). oussi 2, parvenir 2.
• Se mettre dans l'idee Se mettre ä l'esprit. 8
>
«Toutes sortes d'affaires* qu'i se mettont dans l ' i d i e , il* le [il la] faisont». (LC 008201). 6carter (s'-) 2.
• Taper dans l'idee Venir ä l'esprit. «Le vieux Secardin 9a y* a tape dans l'idee, hii... I dit si j'avions queuques* casiers [...]» 10 «De temps en temps 9a me tape dans l'idie». (AC 048001).
9
• Faire son idee Se r6signer. 11 « C ' e s t aussi bien que j e fais m o n idee asteure* i dit pis... aller dans le fond de l'enfer». (AC 018003). 12 «Aussi bien que j e fais mon idee !» (AC 018305).
• 2. Memoire. 13 «Moi j'ai pas d'idie ! [Rires]. Tant* pus que tu viesis*, ton idie s'en va». (MH 068101). [Le rire est provoqud par l'ambiguit6 du mot idee. Voir § 1.]
0 Specialement dans les loc. verb. • Perdre son idie Perdre la memoire. (V. aussi §1). 14 «Quand* que tu viens* vieux, tu perds ton idie». (LC 029219).
• Tiendre dans I 'idee Retenir en memoire. 15 « £ ' a r a i t ίέ dur ä les tiendre toutes dans l'idee !» (AC 098001).
• 3. D'eune bonne idee loc. adj. Avise, sage. 16 «A wise person [angl. ] c'est έηε personne d'eune bonne idee».
• 4. Vieille-idee [vjej ide], [vjej ide] Canard pilet, Anas acuta. (Meme prononciation au pluriel). 17 «Les vieilles-idies [ v j e j ide] leur patte [c' estä-dire la disposition des doigts] est en croix de meme* [...] old wise*, έηε vieille-idee, il avont le cou long. C'est un jubier* quasiment comme un bec-scie*».
Le premier emploi n'est enregistre en franijais que dans des locutions comme avoir qch dans l'idee, (TLF 9,1074a ; Rob 5,344b ; FEW 4, 534b IDEA). Mais venir dans l'idee, atteste depuis le milieu du 18esiecle (FEW, ibid.), n'est plus enregistre aujourd'hui par les dictionnaires. Perdre son idie est signale au meme sens en Louisiane : achantd 3, amour 2, baby 5, bete, blaguer 3, boiler, brailler 2, breumer 2, caband 3, carlingue (vieille -), chasse-femme 2, coin d'oeil, cousin, culler, dchauffure 1, ener 2, dpinglier 3, gare 4, mal 12, hors de 1, marier5, ... Ielles : >beulle 1.
0 Ν. Β.: Ielle s'emploie apres le verbe, lä oü le franijais utiliserait la avant le verbe. «Son amie venait ici trouver ielle».
Ielle(s) est atteste dans quelques parlers dialectaux de l'ouest de la France, specialement en Haute-Bretagne (FEW 4,550b-55 la ILLE). En Amerique du Nord, ielle n'a 6te note qu'en Acadie (ALEC 2255b, 2310 ; Poirier ; Arseneault 1973 : 47 ; Comeau 1974 : 18 ; Maillet 1976 : 32 ; 1977a : 30 ; 1977b : 58 ; Boudreau 1979 :39, d'apres E. R.) et en Louisiane (Ditchy). IENE,
V. IUN.
I E U N E
mux
IEN QUE [jek], IN QUE [ek] adv. •
1. Rien que, seulement. 1 [Dans un conte], «Υ avait ien que les cheveux qui dansaient!» 2 «C'est ien que la seule chose qu'y a moyen de faire». 3 «Le taureau i va ien que beugler s'i s'enrage, lui !» 4 «Y a έηε tapee* d'affaires* que je nommons ien que fran;ais pis d'autres affaires c'est ien qu'anglais». (LC 029209). 5 «£a c'est de la terre qu'est runnee out [de l'angl. run out ] pis 9a c'est ien que de la petite herbe [aRb] qui pousse». (LC 029201). Ien que : > accorddyon, adonner 5, afuster (s-) 1, apiloter 1, arrisde (de vent) 2, batterie (en -) 2, bdndri, bete 12, bidious 4, bior 3, boire 4, bois 11, bord 8, boucane 3, breumer 2, brochet 1, bruitet 2, brfllot, butteux, 9a 10, ... in que : > casse-vent, ddligner 1, glai 3, oü 11, paisseur3, plancherl-l, queue 6. 0 Specialement: ien que porte sur un segment plus eloigni. 6 «J'ai ien que t6 lä une journde». 7 «I reste pas lä. II a ien que venu aujourd'hui, mais...» (MH 059202). Ien que : > adonner 3, aller 4, allouer 2, ddhaler 6, fille 3, folie 1, 2, garder 1-2, hibou, monde 14, mourir9, mug 1, otarde, prusse 1. 0 Empl. absol., en fin de phrase. 8 «I sont pas sürsJustement i... prdsumont in que. Pis 9a c'est pas bon». (GT 109205). 9 «Si vous flattez* un animal, ben vous le flattez in que, c'est tout. Y a pas de nom pour 9a». (GT 109202). > haler 2. • 2. Sauf que. Ien que : > arranger 4, cadrosse 2, cassis 2, cigale 1, gorlot 3, grolle 3, john-bull 3, loche 1-3, loutre 1, marisier 1, paloude 3,4, pelouse 3, plaineau. In que : > ipelan 3, palette 2. Yen que, ain que (GPFC, s. v. rien), inque (Dumont 1979 : 72 ; Moncton 1978, d'aprös Ε. R.), ien que (Clapin ; Dionne), yinque (Belisle ; Brun 1974 : 12 ; Snow 1977 : 37 ; Lebouthillier 1979 : 135 ; Moncton, NB, 1978 ; Urbainville, IPE, 1974, d'apres E. R.) ne sont s i g n a l s qu'au Canada (FEW 10,286a RES).
253
IEUSSES
[ j 0 S ] (avec valeur consonantique de l'initiale) pron. pers. 3e pers. du pi. aux deux genres • Eux, elles. I. Emploi non pr6positionnel. 1 «Asteure* Adam et five c'est ieusses qu'dtaient supposes* y* etre premiers mondes*». 2 «Le Diable il est parti, mais la musique est lä, pis ieusses i sont usds jusqu'aux genoux !» 3 «I disont le mur ieusses. C'est pas le mur, c'est le rambris*». (GT 109201). > affiler 1, assavoir2, avant2, bec-scie 1, bete 13, bigomeau 4, coco 1, comme 25, couvarte 4, ddcrdmer, ddfunt 5, dessus 6, enteur 1, entour 1, envoyer 1, esprit, fermage, foulerie 1, galfdter 3, gode,... 0 Spdcialement: Ieusses-memes Eux-memes. 4 «I savont pas chanter ieusses-memes». 5 [Ä propos des lemmings]. «C'est des petites betes lä, qui se ddtruisont ieusses-memes». 6 «Le monde* donnent les noms ieusses-memes a* les jubiers* la moitid du temps, tu sais». (AC 059201). > boutique 3, cartron, chiquer 3, guernsey 2, knack 2, roulette 2. II. Emploi prepositionnel. 7 «Ma mdre pis mon p£re avont travailld avec ieusses, sus l'lle-Rouge». (LC 029203). 8 «Disposer lä hein, je l'ai dit ä ieusses, je dis vous avez νοίέ 9a de* les Anglais*». (GT 109201). 9 «Les plogoilles*, oui ! Y en a en masse* de [de] ieusses !» (GT 139201). 10 «II aviont venu de France charcher* pour y en a d'ieusses». (LC 189203). > acheter 5, alright 1, asteure 2, bord 3, boutique 2, brasse, calotte 2, carnasser 4, charcher 1, chez 3, condition (en - que), de 5, 6, 7, ddconfortd, ddhaler 2, di 3, dchouerie 2, enteur 2, entour 2, gang, go 6, goudliche 3, ... 0 Spicialement: D'ieusses-memes d'euxmemes, par eux-memes. 11 «Mais ieusses* i le contiont* d'ieusses-memes pace qu'il aviont pas de livres». (AC 088101). > ieux 2. La forme ieusses n'est pas signalee au Canada. m u x
[j0(z)]
I. pron. pers. 3 e pi. aux deux genres. V. aussi ZEUX. • 1. Sujet. Eux. > dret, enteur 1, ramasser 3. • 2. Compliment pröpositionnel. Eux.
254
mux
> croche 7, suivant 1. • 3. Compliment d'objet indirect. Leur. 1 «J'ieux demande pas pour aller jouer, i me demandent tout le temps». 2 [A propos des oiseaux]. «Je crois que la moitii de 5a c'est des noms que le monde* d'ici ieux a donne d'ieusses*-memes vois-tu. £a vient pas de* dedans les livres». (AC 059205). 3 «Y en a qui s'avont rendus aprfes ce que je crois que 5a ieux a pris trois mois, je pense». (ΜΗ 019202). 4 «Si tu ieux demande cinquante piasses* pour* un sweater*, mon Dieu ! I trouveront que c'est eher». (LC 189206). > avenir 3, back 11, brailler 1, convartir (se -), farce, fortune 2, nanane 5, poner 2. Aucune mention de ieux pour eux au Canada ( 0 A L E C 1746 ). Cette forme a pourtant ete recueillie en Louisiane (Ditchy) et eile est bien attestde en Normandie, HauteBretagne et Touraine (FEW 4, 551a ILLE). L'emploi pour est connu en Picardie et Normandie (ibid.). II a aussi 6t6 releve dans les parlers acadiens de la Baie Sainte-Marie (Thibodeau, s. v. leu ; Boudreau 1979 : 15 ; Chiasson 1972 : 269 ; Moncton, NB, 1978 ; Mont-Carmel, IPE, 1975, d'aprfcs t . R.) et de Louisiane (Ditchy). II. (Rare). Adj. poss. • Leur(s). 5
«Les vieux avaient pas d'argent. S'i vouliont de quoi* de la boutique*, faulait \falloir*] qu'il alliont vendre ieux poisson.pis lä* acheter ieux provisions pour l'hiver». (ΜΗ 059201). > couteau 5. Emploi particulier.
I GUESS ! [aj ges] I. Loc. adv. • Oui bien sür. A n t . : I D O N ' T GUESS. 1 «Oh my* gosh ! I guess ! C'est bon ä manger !» 2 «Oh ! Le jubier* de mer ! Oh oui ! oh ben y a les moyacs* I guess !» > de 33, pimpina 2. II. Loc. verb. • Sürement que. 3 [Ä propos d'une photographie de poisson]. «I guess 9a c'est vilain hein ! 4 «I guess c'est 9a que vous voulez dire». (GT 109203). > encontrer 3, rivet. 0 Specialement: I guess que.
5 6
«I guess qu'y en a sus le chemin asteure* !» «I guess qu'y en a sus la cöte de Test». (ΜΗ 069205). > aprfcs 3. Emprunt ä Γ anglais d'Amerique I guess . I guess que a ete aussi not£ au Nouveau-Brunswick (Moncton 1978, d'aprfcs E. R.). I L [ i l ] pron. pers. 3 e pers. V. aussi I. I. Masculin singulier. II. • 1. Devant voyelle. > ä 7,23, achale 1, 2, acheter 3, acroütiri, allie 3, aller 3, 8, allouer 3, ambitionnd, amour 7, animau 2, apparence que 1, appartenir 1, apprendre 3, arracher 1, arranger 3, arriver 4, attiner 1, attraper 2, 6, avantage, avartissement 3, ... • 2. Devant [1]. > acheter 4, acter 1, aucun 2, becquer 1, cemetifere 2, cceur 1, connaitre 1, eraser, dipaquer 1, icarder 1, empliyer, entendre 2, envoyer 3, is 1, haddeck 2, IlePrince-fidouard 2, jubier 1, ou 10, paqueter 1, proche 6,... • 3. Devant initiale [t] du v. etre : II tait II etait. > appeler 5, ddvirer (se -) 2, de 23, iparer 2, fatiqui 1, haut 1, hibou, lequeul, micanique 4, soleil 4. II. Masculin pluriel. lis. • 1. Devant voyelle. > abattis, abolir 2, 3 abrier 2, accoster, affaire 1, affiler 3, alambic, allde 3, aller 13, 17, aoir 9, 11, aprfes 1, ar^on, arignie, aroi 4, arreter 3, assay er 3, autre 6, avartissement 3, aventuri (mal -), bailer 2, ... • 2. Devant [1], > assaziner, bigorneau 2, bout 8, chaouin 4, condition (en - que), couvarte 3, debarquer 1, diclairer 1, defaire 1, grave 1, haler 1, haut 10, idie 8,1 wonder 2, justement 4, manquer 2, miette (une-), monde 1, mouron 3, reparer 1, ... III. Feminin pluriel. Elles. [A propos de filles]. «II l'avont laime !» (AC 158001). > aroi 4, baby 3, bacaillöre 2, bailie 2, bete 12, bordee 5, chousse 2, couette 3, era 3, de 8, gelauder 1, goudliche 1, grappes 1, id£e 17, jelly 1, jonglement, laiche 5, morue 6, nanane 4, neillfere 1,... Cet emploi, populaire en fran9ais, se trouve aussi au Canada (Peronnet 1989a : 152-156 ; Maillet 1977b : 107, d'apres E. R.) et ä SPM (Brasseur-Chauveau).
ISTORLET
ILE-PRINCE-EDOUARD (L'-) [1 il pRes edwaR] toponyme • L' Ile-du-Prince-idouard. [Confirme par AC 059204], 1
2
«Y a un truck* qui vient de l'ile-Prince£douard, i vient ici ä Terre-Neuve*, i nen* vend». (MH 069205). «Au dibut, ja c'itait des Acadiens ä l'ilePrince-Edouard. Au dibut c'dtait l'lle-SaintJean, et lä il* l'avont nommi apres* iun* des arois* d'Angleterre». (LC 149810).
L'absence de proposition dans ce composd a egalement 6t6 not6e ä SPM (BrasseurChauveau). Elle peut reprdsenter un archai'sme syntaxique ou, plus probablement, un caique de l'anglais Prince Edward Island.
INDES (LES -) [lez ed] s. f.. • 1. Antilles. 1
«Je crois que ceuses*-lä venont de*... dans le su* lä, par les Indes, lä». (AC 059208).
0 Sp£cialement: Indes du Ouest [ed dy wes] Meme sens. 2
«Mais y a des lies qui s'appellent les Antilles [fltil], vois-tu, dans les Indes du Ouest». (AC 059207). > dicouvrir 1.
• 2. Indes de l'Est [cd da 1 es] Inde. 3
«Christopher Columbus croyait qu'i s'en allait aux Indes de l'Est, mais i s'a trompi, il a te ä ouest*». (AC 059207).
Caiques de l'anglais West Indies et East Indies .
IN QUE V. IEN QUE.
INQUIET [etjet] adj. epicfene •
Inquiet. «Je tais inquiet [et/ct] pour che?* nous». (LC 029218).
La prononciation du [t] final est bien attestee au Quebec (ALEC 2239s, 2256x) et en Acadie (Poirier ; Thibodeau ; Boudreau ; Naud), comme en Louisiane (Daigle, s. v. inquiet) ou en creole guadeloupeen (DCG 118b : enkyet). Elle se trouve en moyen frangais mais n'est pas signage dans les parlers dialectaux d'oi'l (FEW 4, 706a INQUIETUS).
255
INQUIETER (S'-) [s etjete] v. Pron. • Se soucier (de). Seulement en emploi ηόgatif dans le corpus. 1
«I s'inquifete pas de l'air, i dit que c'est les paroles qu'i veut». 2 «Mais i ne s'en inquietait pas quo*-ce qu'i te faisait!» (LC 029204). > £chauffure 1.
Cet emploi, attestd en fran^ais depuis le 17e sifccle (FEW 4,705b INQUIETUS), n'est plus enregistre aujourd'hui paries dictionnaires, si ce n'est: assez 4. 2
La premiere construction est attestee en fran5ais (TLF 10,422b), mais nous parait calquee ici sur l'anglais to be interested in. I S [ i z ] (devant voy.) pron. pers. sujet 3 e pi. aux deux genres (rare). • lis. > anis 3, beau (avoir - ä), chaouin 2.
ISTORLET [ i s t O R l e ] , [ i s t O R l e ] , rarement ISTARLET [istaRle], ISTEURLIN [ i s t c e R l e ] s. m. • Oiseau, sterne. 1 2
3 >
«f«/*-/ä qu'a la queue fourchue vous disez [dire*] ? J'appelons les istorlets». «Y en a ä la Coup£e, pis i pondont sus έηε ile, lä. Des istorlets, on les appelle ;a, nous autres*». (MH 069205). «Les isteurlins a la queue pointue ieusses*. C'est tout petit!» (GT 139202).
taguer 2.
256
ISTORLET
Esteriet a έίέ enregistre en fran5ais du milieu du 18eau milieu du l^si^cle (FEW 17, 229b STERN). Au Canada, le mot parait typiquement acadien, mais seules les deux premieres formes y sont attest6es (ALEC 1507, s. v. esterlet; Massignon 427; Boudreau : istorlais ; Naud: istorlet ALVMA 384). Isteurlin est une forme locale.
ITOU [itu], ITOUTE [itut], [ i t U t ] adv. • Aussi.
6 «Υ en a ieune qui vient [...]» Iun : > a 35, billi, bruitet 2, capetaine 2, cemetifere 3, chance 4, chat 2, crfcche, creuseur 2, croche 7, d6funt 2, diverse, dear de 2, έ ΐ έ ν ε 2, embarquer 2, enteur 6, etre 10, galfat 1, glajon, gou£land 1 , . . . Iene : > all6e 4, apparence que 2, armana 2, assir (s'-) 3, bas 16, blaguer 3, chaine 1, facer 2, fille 3, gratte 3, loche 1-3, magani 1, mitaine 2, paqueter 2, partir 1, piteau 2, quisiment 1, reste (de -) 1. Ieune : > acheter 5, all£e 3, arrimer 2, baby 5, boyard 2, embarquer 2, f o r t u n e 3, otarde, rare (bien -) 2, shed 3.
Il.Pron. indef. • L'un (surtout dans les contextes oü «l'un» est differencie de «Γ autre»). 7
«Iun assayait* d'apeurer l'autre, pour pas aller ä la cöte».
8
«Et tout ce que je faisions ce* tait de conter*
«Y avait le village de La Barre lä, il aviont έηε icole lä itoute, y avait assez de monde lä pour avoir έηε dcole lä oussi*». (LC 149805). >
grand-grand-p£re 4, king herring.
Itou est familier (TLF10,612a) ou familier et vieilli en fran5ais et ne s'emploie aujourd'hui que par plaisanterie (Rob 5,768a). II est bien attesti dans les parlers dialectaux de France (FEW 13/2, 125a TOTUS) et au Canada (Dunn ; Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier ; Thibodeau). La forme avec [t] final articule, qui η'est pas clairement signage dans les releves dialectaux fran9ais, est analogique de tout (v. ce mot). Elle n'est pas signalee au Canada, si ce n'est par cette note de Poirier qui le laisse penser: «les Canadiens disent etout et itout. Je n'ai entendu que itou en Acadie».
IUN [je] ; IENE [jen], IEUNE [joen] adj. num. ou indef. en fonction pronominale ou nominale (avec valeur consonantique de l'initiale ?) I. • Un ; une. 1 2
3 4 5
«L'anguille moi c'est iun de mes meilleurs poissons lä, frais». (AC 059205). «J'en avais iun moi, un gros noir, un chien qui pesait comme* cent livres* [...]» (LC 029209). «Ifene que j ' ai baptisde [...]» «Nen* voulez-vous ifcne ?» «T'as έηε femme asteure*, iene c'est assez !» (MH 059202).
des histoires iun et l'autre». 9 [A propos des pourcils*]. «Iun derrifere [daRjeR] l'autre i plongeont de me me*». (GT 109203). 10 «Tu prenais έηε scie pis tu coupais deux coches, ä peu prfes ä dix pouces de distance iun de l'autre». (LC 027405). > amener I, astinement, bee 4, cocher, conteur, cordon I, ddfunt 4, dimarrer 4, dessus 1, go 6, gros 7, faucher 3, guimbarge 3, jambette 2, juif 1, leu II-3, main 4, pile 2, pointer (s8 -), rower (se - ) , . . .
Les formes avec [j] initial sont attestSes dans divers parlers dialectaux de France (FEW 14, 5 4 a - b U N U S ) et dans les Creoles antillais (DCG 335a et Valdman 574 : yon). Au Canada, elles ne sont signages que dans les parlers acadiens : ien (Boudreau ; Poirier); iune (Poirier) ; yain, yune (Thibodeau); yin, yun, yeune (Moncton, NB, 1978, d'apres E. R.). V. aussi Massignon 1429 et 1430.
I WONDER [aj wondce] loc. phrast. •
Je me demande. 1
>
«Pis il a commenci ä pens8r, 1ε Diable : I wonder si cc sera pas ma fille qui fait ; a , lä ! I wonder!» 2 [A propos de l'arche de Νοέ]. «I wonder si c'est bien vrai... i disent qu'i/* l'avont trouv6e hein !» quo 17, sunfish.
Emprunt direct ä Γ anglais.
J JACKATAR •
[ d g a e k a t a R ] s. m.
1. Metis, bätard. 1
2
3
«Un Fran9ais s'arait marid avec une Canadienne ou une femme de Terre*-Neuve, il appeliont 9a... Leurs enfants ce* tait des jackatars». «Un jackatar 9a c't* un enfant qui tait ene* avec un £cossois* ou un Anglais ou de quoi* de meme, vois-tu. Pis 9a il appeliont 9a des jackatars.IIavaitpas... Sesparentsitiont.... diffirents [difaRÖ], diffirentes [difaRdt] nations». (AC 059204). [Ä propos du mitissage des Acadiens]. «Pis les enfants tiont ä moitii fran;ais ä moitiö indiens pis... c'est 9a qu'i appeliont des jackatars [...] Mais moi la meilleure explication j'ai jamais entendu pour les jackatars - les Anglais avont changfi - les Jacques de terre, vous avez jamais entendu 9a, les Jacques de terre ? Si tu tais un pecheur i t'appeliont un pecheur, si tu travaillais sus la grave* i t'appeliont un gravier*, OK ? Les Indiens c'itait des petits pecheurs, mais c'6tait des fermiers [faitmje], i travaillont la terre, pis c'itait des Jacques de terre, OK ?» (LC 149810).
• 2. Surnom que les Francophones donnent aux Anglophones. 4 5
«J'appelions le monde* de Test des poules*, et ieusses* nous appelaient des jackatars». «N'importe qui sus le west coast [angl. ] s'il est fran9ais, s'il est fran9ais c'est un jackatar». (LC 149810).
Emprunt ä l'anglais de Terre-Neuve independant de celui que fait le franfais de SPM, sous la forme jacotard, de sens different (BrasseurChauveau). Le premier emploi est ici celui de l'anglais regional : (DNE 272a). Le second est egalement issu de l'anglais local, par extension : (ibid.). V. l'anglais standard jack-tar (OED).
JALOUSERIE foaluzRi] s. f. •
Jalousie. 1 2
«T'as de quoi* pis je voudrais 1-1'aoir lä, 9a c'est la jalouserie». (AC 059204). «De la jalouserie... il est jaloux de ςα* que quiqu'un* d'autre a». (GT 109207).
Ce type lexical est largement atteste dans les parlers dialectaux de France (FEW 14, 659a ZELOSUS) ainsi qu'au Canada (Clapin ; Dionne ; G P F C ; Poirier ; T h i b o d e a u ; Boudreau ; Moncton 1978, d'apres έ . R.) et en Louisiane (Ditchy ; Daigle).
JAMAIS ! bame] interj. • Marque la surprise, l'incredulite. Ä rapprocher de la locution jamais de la vie ! (GLLF 2837b), qui figure egalement dans les glossaires canadiens.
JAMBETTE [3äbet] s. f. •
1. Enjambde. 1
«A tous les jambettes qu'i faisait, i faisait un mille !» (GT 108002).
• 2. Dans les loc. verb. : • Donner (ou Sacrer) ene jambette Faire un croc-en-jambe. (AC 059209 : donner...» ; LC 149810: sacrer...). • Jouer a la jambette Sorte de lutte qui se pratique dans la position allongee. 2
«£a c'est auparavant, le monde* jouait 9a a la jambette : deux se mettaient couchds 1un* contre l'autre, assayaient* a culbuter l'autre. I se couchiont sus la place*, pis i crochetiont* leurs jambes ensemble, i s 'assayiont ä chavirer* iun l'autre». (AC 059209).
Le premier emploi est specifique. Jambette pour un est bien atteste dans les parlers de l'ouest de la France, du BasMaine ä la Saintonge (FEW 2,118a C AMB A) ainsi qu'au Canada (ALEC 2151; Massignon 1546) et en Louisiane (Daigle), comme dans les Creoles fran9ais de l ' O c i a n Indien (Chaudenson 888-9 : [zäbek]). L'emploi terre-
258
JAMBETTE
neuvien est original. Donner la jambette ά qn est vieux en fran9ais (Rob 5,786a ; GLLF 2839a). En Louisiane on releve/owire une jambette (Daigle), et au Canada : Aonner une jambette au meme sens (Massignon 1547 ; Snow 1977 :61, d'apres E. R . ; Dunn ; Clapin ; Dionne). Jouer ä la jambette a 6galement ete note au Canada (ALEC 2036 ; Massignon 1872). «La jambette est un jeu qui fut popul a t e dans les chantiers forestiers : deux hommes allongds par terre, cöte ä cote, tete-beche et bras immobiles, essaient de se faire culbuter en s'accrochant par les jambes» (ALEC, ibid.).
JAMBETTER [3äbete] v. tr. •
Faire un croc-en-jambe (LC 029214). «"Πι cours fort pour l'attraper, pis putöt que de le perdre tu le tapes dans les jambes, tu le jambettes : tu le fais tomber». (LC 149810).
Deriv6 du prec6dent, non attest6 dans cet emploi (FEW 2, 118b CAMBA : afr. jambeter ).
JARDIN
foaRde] s. m. • Le compose les petits jardins pour (Barter 1986) ne semble usit6 que comme toponyme pour disigner une prairie naturelle, un endroit naturellement non boise (LC 149806). On connait aussi en toponymie le grand jardin.
JARDINAGE
[ 3 a R d i n a 3 ] s. m. • Legumes (que Ton cultive dans le jardin potager). [Empl. au pi. ou au sg. collectif]. 1
[Ä propos de la poule* de mer]. «I faisont... du furnier avec, pour les jardinages la, pour planter des patates* ou...» (GT 109203). 2 «Quand* que tu mettais dujardinagerfeftors* [dahoR], 9a poussait lä-dedans 5a ! Pis i faulait [falloir*] que tu 1-1'arraches !» (LC 029217). 3 «Les femmes 5a plantait, vous savez le printemps, 9a faisait des jardinages, ci et 9a». > 9a 5, debout5.
Vieux en f r a n ^ a i s ( R o b 5, 7 9 1 b ; G L L F 2843b ; F E W 16, 19b GARD), cet emploi est bien atteste dans les parlers acadiens du Ca-
nada (Massignon 773 ; Naud : ; Thibodeau 1978 : 10 et Snow 1977 : 40, d'apres E. R.) et de Louisiane : vegetables (in general)> (Daigle).
JARS •
[3CIR] s. m. Canard male. (Confirmö par LC 029214).
1 2
3
«Lui tait le jars pis elle tait la cane». «Le canard je sais, pace que j'ai έίενέ des canards, f a c'est le jars et la cane. Et puis... Mais pour le noie*...» (AC 099205). «I nagiont dans le lac, pis le jars faisait couac couac couac !» (GT 128002).
Cet emploi, qui n ' a 6te note en France que dans les Vosges : zäRa (FEW 16,17b *GARD) est atteste dans les parlers du Canada (ALEC 627x).
JASER feaze] v. intr. •
Parier, bavarder. S y n . : BLAGUER.
«Mais clair* de jaser comme 9a, eh bien s'i contiont* un conte, ce* tait tout* [tut]». (AC 098001). 2 «Bientöt il entend du monde qui jasait». (AC 018301). 3 «I voulait jaser, et pis j'avons jase pour* deux heures». (LC 149801). > blague 5. 1
Emploi attest^ dans quelques parlers dialectaux de France (FEW 4, 72b GAS-), considere comme familier en franfais (Rob 5,795b), ou comme un regionalisme du Canada (TLF 10, 664b ; DFQpr6s. 85a sq.). Ce verbe, peu usite en FTN, est probablement un emprunt recent au franijais quebecois.
JAUNE [30η], [3fion] adj. •
Blond (en parlant de cheveux). 1
2
«Les joues tout [tu] rouges, les babines* tout rouges, les grands cheveux jaunes, et les yeux bleus ! Et c'est si beau, i dit!» (AC 018001). «Si belle petite fille pis si aimable, des gros* cheveux jaunes, oh !» (LC 008401).
Cet emploi pejoratif en fran5ais (TLF 10, 671a ; 0 F E W 4, 24a sq. GALBINUS), n'est pas marque aux Iles-de-la-Madeleine (Naud) ni en FTN.
JETON
259
J ( E ) [ 3 ( 9 ) ] pron. pers. sujet l r e pers., aux
Troncation d e Jesus, Jeez est e m p r u n t e ä l'ar-
deux genres
g o t am6ricain ( O E D suppl. II, 4 1 1 a ) .
•
1.
A v e c un verbe au singulier. Je.
•
2 . A v e c un verbe au pluriel. N o u s . «Ce temps*-lä je roulions les cigarettes ä la main». (LC 029216). > ä 1,16, 22, 35 abat de vent, ac 1, accorder 1, acheter 1, adonner 7, advenir, alfegne 2, aller 2, 19, alondement, allouer 1, amonter, amour 1, aoir5, 6, apiloter 1, apilotis 1, apprendre 3, arager (faire -), armana 1, arracher 4, 5, ...
JELLY [d3eh] s. m. •
Gel6e. 1 [A propos des miduses], «Y en a c'est ien* que du jelly... y en a d'autres, il avont des grandes... des grandes barbes*».
0
S p 6 c i a l e m e n t : Jelly-fish M d d u s e . 2 «Les jelly-fishs lä qu'i appelont*, j'ai vu 9a d6jä mais je sais pas comment* qu'i s'appellent9aenfran9ais, jesaispas !»(GT 109207). Emprunts ä l'anglais, d e m e m e s e n s .
Jesus ! M o n D i e u ! 1 «Jeepers! C'est plusfeneparole* qu'i usont* en parlant, jeepers !» (GT 099203). 2 «Ene petite peau d'ours du printemps que tu vas tuer lä, dans* octobre lä, c'est joli ! Jeepers Christ c'est noir comme du corbeau, pis du beau petit fur [angl. ] lä comme 9a de long !» (LC 029207). diton 2, doche 1, jeez 3, mausesse 10, quitter 7.
Jeepers,
d e Jesus, est emprunte ä l'argot amdri-
cain ( O E D suppl. II, 4 1 0 c ) .
0 Nom di Jesus. V. Ν Ο Μ . Prononciation a n g l a i s e d e Jesus.
>
tout e n m i l i e u rural» ( R o b 5 , 8 0 5 b ) .
JETON [J"t5] s. m. •
Jesus ! M o n D i e u ! 1 «Jeez ! I s'avise, ce* taildes loups*-marins !» (LC 029204). dirubler 4, englaci, tough 3.
•
•
0
Specialement:
•
By Jeez! [ b a j d 3 i : z ] (litt. ). 2 [Ä propos du flitan], «By Jeez ! Qa c'est bon, sal6 ! My* gosh /» (MH 069206).
•
By the Jeez!
[ b a j d a d 3 i : z ] (litt. ). 3 «Oh des crabes y en a en masse* ! Ouais ! Pis des... des gros borgots*, des gros borgots blancs, by Jeez c'est bon ä manger ! Jeepers* Christ! Tu mets 5a la gueule en Γ air, sus le poele, pis i cuit dans son eau ! By the Jeez c'est bon ä manger !» (LC 029209). •
Fi de Jeez ! [ f i d d 3 i : z ] (litt. ). 4 [A propos des pimpinas*]. «Oh 5a se trouve... Π de Jeez ! Auparavant je ramassais deux et* trois gallons*... dans mon champ lä». (AC 059206).
En franfais,
cette inteijection etait «courante naguere, sur-
JEEZ ! [d3i:z] interj. •
interj.
J6sus ! (Traduit la crainte o u la surprise). «J'arrive ä la Coupöe. I neigeait! Jesus!» (LC 029205). > arranger 4, repasser.
1. 1
R e j e t o n d ' u n e plante ; marcotte. «Le bouleau, 9a 9a poussera* toujours des jetons, mais pas leprusse* ou le sapin*». (AC 059208). 2 . G e r m e d ' u n e p o m m e d e terre. 2 «Les jetons sont ä peu prfes 9a de long 9a pousse sus fene patate*, le printemps, avant que tu les mets dans la terre». (AC 059204). 3 . Tronc d'arbre mort. 3 «Un jeton, je l'appelons nus autres*, c'est un vieux-f*- ( F E W 5, 1 7 b - 1 8 a J A C T A R E ) n ' e s t plus enregistrd par l e s dictionnaires, m a i s il est e n c o r e atteste au Canada ( A L E C 1 2 9 9 ; M a s s i g n o n 2 6 7 ; G P F C ; N a u d ) . L e s e c o n d e m p l o i e n est deΓΐνέ. L e troisieme est original.
260
JEUNE
J E U N E [ 3 c e n ] , [ 3 f i o e n ] s. m. • Amoureux, galant. 1 «Alle a-t-i un jeune ?» 2
«Asteure* les filles va avec les jeunes asteure !» 3 «J'ai t i oir* mon jeune lä, mon homme je dirons, j'ai t6 oir c't* homme-lä trois ans». > nonne 2.
Emploi original ( 0 FEW 5,92b sq. JUVENIS). J I G [ d 3 i g ] s. f., rarement m. • Gigue. «La jig du cacaoui* ! Oui, le monde* avont fait une jig dessus* !» (LC 029209). 2 «Y avait ene jig, la jig des mariounettes*, pis i veniont tout* [tut] proche*». (KI 018001). > bord 10, recorder 2, reel 1, refion 2.
a... c'est lui qu'avait iu la job lä... ä* soigner 9a». (LC 189201). > claircir5, dessaquer2, enteurprendre, envoyer3, ramasser 19, saquer3, stuff 2, tiendre 15.
En franfais familier, cet emprunt ä l'anglais d6signe un prendre 1-12.
Derive original du precödent. J I N [ 3 ε ] s. m. • Juin. «Du commencement de jin ä* allerau mois d'octobre». > debout 5.
Ce type lexical, plus repandu sous la forme jun, est bien atteste dans les parlers dialectaux de France, notamment en Poitou et Saintonge : ze (FEW 5,76a JUNIUS) ainsi qu'au Canada (ALEC 1697 ; Massignon 1375 ; GPFC ; Poirier ; Thibodeau ; Boudreau), en Louisiane (Ditchy : jun) et dans les Creoles antillais (DCG 156a : jen, s. v. jwen ; Valdman 249 : jen). J O B [ d 3 o b ] s. f. • Emploi, travail. 1 2 3
«As-tu fait ta job ?» «Pis c'est ta job ?a ?» (MH 059201). «Pis y avait un lighthouse [angl. ] lä au bout di* Cap lä, et pis quand il a revenu il
J O H N - B U L L [ d 3 Ö n b u l ] s. m. • Oiseau de mer, mergule nain, Alle alle. Syn. occasionnel: BULL-BIRD. 1
«Le john-bull il est je pense un quart de la grosseur de la gode*». 2 «Ce* tait pareil comme* un nuage ces petits john-bulls-lä, je suis sfir qu'y avait passe un mille [...]» 3 «C'est de la meme famille, la famille des godes*, ien* que c'est beaucoup pus petit, les petits j o h n - b u l l s , les bull-birds*». (AC 059209). > feu 1.
Emprunt ä l'anglais de Terre-Neuve john-bull, de meme sens (DNE 279b). J O I N D R E [ 3 w e d ] ν tr • Entrer dans (une congrdgation, une association). «S'i vous plait pas que je marie* le gar^on, je vas joindre le couvent».
Cet emploi, qui possfede un equivalent vieilli en franfais dans le vocabulaire militaire : joindre son corps, son unite (Rob 5, 823b) est egalement attest6 en Louisiane (Daigle). II s'agit probablement ici un caique semantique de l'anglais to join ( 0 FEW 5, 67a sq. JÜNGERE). J O I N T [ 3 w e ] s. m. • Articulation, quelle qu'elle soit. «C'est un joint 5a, c'est f a qui tient votre pied ensemble». (GT 109211).
0 Specialement: Joint de pied Cheville. Emploi atteste depuis le moyen fran^ais (FEW
JOUE
5,67a sq. JÜNGERE) aujourd'hui vieilli (TLF 10,726a ; Rob 5, 824a).
0 Specialement : Jongier ä mort Se faire beaucoup de souci (LC 149810). • 2. Parier seul. 2
JOLIMENT [3fiolimd] adv. •
1. Beaucoup, bien (intensif).
1 «J'avons joliment en masse* du bois ici». > beulle 2, bord 7, chaouin 3, c'te 3, faire 10, garde 1, gelauder 3, grolle 3, haut 9, mangeur 5, meme (de -) 1, poisson 3, stropid.
• 2. Tout ä fait, c o m p l e m e n t . > bois 19, craque 2, ddmancher, plaqud 3, ramasser 16, rond 3.
• 3. Joliment (de + art. άέί.) Beaucoup (de). 2 3
«Υ avait joliment des Anglais* par icitte*». «On perd la pratique de joliment des affaires*». 4 [A propos des rouets]. «Y a joliment du monde qui les faisait par ici. Mon defiint* pfere les faisait». (MH 059201). > achanti 1, avenir 1, basement 2, bidious 3, cochon (de lait), ddgoutter 2, igard (en - de) 4, etre 2, graine 1, langage 1, p6chi, recorder 2, savane 2, tiendre 13, trois-sept 1, trompell-l, virage.
Le premier emploi, largement attestd dans les parlers dialectaux de France (FEW 16,286ab JÖL) est familier et populaire en fran9ais (TLF 10,732b). Le second en derive. Le troisieme est atteste dans le parier acadien de Riviere-Bourgeois, dans Γ lie du Cap-Breton (Boudreau) et en Louisiane (Daigle).
JONGLEMENT [35gbmä] s. m. • Bavardage solitaire. [A propos des poules, au moment de la couvaison], «Et puis lä i vont... faire ces jonglementslä lä en esperant*, pis quante* qu'il allont sus le nie* i faisont [faire*] la meme chose». (AC 099203).
Derive original du suivant ( 0 FEW 5,41a sq. JOCULARI). Les parlers du Canada connaissent jonglerie au meme sens.
261
«Jongier c'est penser ou* bien done... se parier tout seul». (AC 099203).
Le premier emploi est un r^gionalisme du Canada (TLF 10, 736b ; Rob 5, 828b ; FEW 5, 41b JOCULARI), egalement atteste en Louisiane (Daigle). Le second n'a ete notd que dans le parier acadien de la Baie Sainte-Marie : (Thibodeau).
JORNEE V. JOURNEE.
JOUC [311k], [3fiuk] s. m. •
1. Joug. 1
«J' appelons 9a des joucs [... ] Y avait un gros morceau par-dessus, avec des renes chaque* bord». (MH 069203). > ar9on, col.
• 2. Tribart, pour les brebis. 2
«Tu faisais 9a pour mettre 5a sus les beurbis* pour... pour les empecher de passer dans des... de rentrer enteur* les Iices* de quoi* de meme. Ouais c'est pour 9a, les joucs». (AC 059204).
Les dictionnaires fran9ais enregistrent joug avec prononciation de [k] final de la fin du 17 e jusqu'au 19 e siecle. Cette forme est surtout attestee dans les parlers dialectaux du sudouest du domaine d'o'fl (FEW 5,60a JUGUM ; ALF 726). C'est la prononciation usuelle au Canada (ALEC 483 ; Massignon 825), ä SPM (Brasseur-Chauveau), en Louisiane (Daigle), comme dans les Creoles antillais (Chaudenson 892 ;Valdman 252 : jouk).
JOUE [311:] s. f. JONGLER [35gle]
v. intr. • 1. Penser, reflechir, mediter ; se faire du souci. 1
«Quand tu penses, que t'es tout le temps ä penser des affaires*, tu jongles, vois-tu. Tu vas... ronger tes ongles, de quoi* de meme, ben c'est... tu jongles lä, l'es ä* jongier». (AC 059210). > penser 2.
• Versoir (de la charrue). Cet emploi, qui semble inconnu des parlers dialectaux de France ( 0 FEW 4,6a-b GABA), est peu frdquent au Canada, oü il n'est releve que dans les parlers acadiens (ALEC 722, dans I'lie du Cap-Breton ; Poirier ; 0 Massignon 729 ).
262
JOUEL
JOUEL [3wel] s. f.
JOUR [3UR] s. m.
•
•
Jas (d'une ancre). 1 «La jouel de l'ancre dame* c'est la barre qui va ä travers !» 2 «La jouel est beaucoup plus longue, comme 9a... quand tu hales* dessus, la jouel va tomber en bas* pis... lä l'ancre croche*». Cette forme est usitee 9ä et lä sur les cotes de France, notamment en Basse-Normandie et dans l'ile d'Oleron (ALCAM, enq. inddites, q. 50C), mais n ' a pas et6 enregistree par les d i c t i o n n a i r e s f r a n 9 a i s ( 0 F E W 5, 6 1 b JUGUM). Au Canada, eile est bien attestee au Nouveau-Brunswick, particulierement au ίέπιϊηϊη dans le nord-est de cette province, comme aux Iles-de-la-Madeleine (ALVMA 9 7 ; Naud).
JOUER [3we] v. tr. • Jouerä. • Ind. impft. 3e p i . : i joussiont (MH 019202). > musique ä bouche. 1 «Jouer les cartes». 2 «I sont en train de jouer le poker [...]» 3 «C'est pour 5a qu'i joue Γ accordion». 4 [Ä propos de l'harmonica], «Je garantis qu'y avait iun* qui travaillait avec nous autres*, dans le bois* i pouvait jouer ce* musiquelä !» (AC 059206). > boule 1, refion 1, trois-sept 1, 2, trompe I. Construction qui est peut-etre calquee sur Γ anglais to play, transitif avec cet emploi. Notons que le verbe est aussi transitif en cr6ole haitien (Valdman 253 : jwe).
JOUERIE •
[3UR1] s f
Mantere de jouer, jeu. 1 «C'est sa/afon* ä lui-meme, sa jouerie». 2 «I joue pus ! Sa jouerie de violon est finie, lui». (MH 059201). Derive de jouer dont l'emploi, independant du franfais jouerie (TLF 10, 749b, s. v. jouer), est atteste en Nantais (FEW 5 , 3 7 b JOCARI) ainsi que dans les parlers du Canada (GPFC).
1. Par un bon jour Un jour. «Par un bon jour il aviont un ganjon [...]» • 2. Le jour que Quand. > back 12. Emplois particuliers.
JOURNAL [3URnal], JORNAL [30Rnal], JOURNAU [3URno] s. m. [Mernes formes au pi.] • Journal. S y n . : PAPIER. 1 «II avait le journau pour* un an, pour six piasses*». 2 «Alle a t6 trouvie dans un journau, que Tantine Louise avait». 3 [A propos des feuilletons]. «Ca s'en revenait ä* tous les semaines dans le journau». (AC 058004). 4 «Je crois que c'est dans les journals». (GT 008002). La forme de singulierjournau a έΐέ not6e dans quelques parlers d'o'il, notamment en Anjou (FEW 3, 103a DIURNUM).
JOURNEE
[3URne],
JORNEE
[3fioRne] s. f. •
1. Journee. 1 «Une jornee ä chier sur la pelle et ä pisser sur le manche», [c'est-ä-dire ], (C.E.F.T., Transcription d'&udiant). Jornee : > courcir, dur 8, grand 6, poudrerie 1. 0 Specialement, equivalent de «jour» en fran9ais de reference. 2 «Une j o u n ^ j'avons battu du lin». 3 «Je reviendrai έηβ autre j o r ^ e !» (LC 029211). > avri 2, ce 4, -citte 2, diverse, haddeck, honze 1, marchage 2, pimper (se -) 1. • 2 .La grande journee. V. GRAND. La forme jornee, attestee dans quelques parlers dialectaux de F r a n c e ( F E W 3, 103a DIURNUM), n ' a ete notee au Canada que dans les parlers acadiens (ALEC 1702 ; Massignon 1385 ; Dionne ; Poirier : [forme] archai'que ; Boudreau). Comme en fran5ais de SPM (Brasseur-Chauveau), on constate en FTN une tendance plus poussee qu'en fran5ais general ä remplacer jour par journee. V. aussi SOIREE.
JUPE
JUBET [3fiybe] s.m. • Gibet, potence. [Ä Stephenville]. «Faut que j'allons lä pou*... pour que je sons [etre*] au jubet! [Rires]». (GT 109206).
Prononciation specifique ( 0 FEW 16,34b sq. GIBB) d'un mot devenu rare, probablement sur le module de jubier .
JUBIER [3fiybje] s. m.
ibid.). Jubier de neige est un caique de Γ anglais snow bird, qui denomme familiiirement cet oiseau de Γ Arctique en Nouvelle-Ecosse, ou il passe aussi l'hiver. Jubier des matelots est particulier au FTN.
JUIF •
[ 3 W l f ] s. m. 1. Petity'uf/Jeune garijon remuant.
1
• 1. Oiseau, quel qu'il soit. «I croyait pas que le coucou dtait si gros que hein ! //* le croyait pas ! I croyait que c'itait de quoi* qui tait un petit jubier hein !» 2 «II arait venu n'importe quelle sorte de gros jubier il avait le nom pour* mais... il avait jamais vu le* jubier avant!» (AC 059205). 3 [Ä propos de la chasse ä l'orignal]. «Pareil comme* la chasse au jubier ! Si vous etes chanceux assez* de nen* oir* iurt* eh bien, c'est ?a !» (GT 139202). 4 «Y en a έηε autre sorte, des petits jubiers noirs, i pondont dans la couverture [kuvautyR] de la maison du voisin». (LC 029216). > aprfes 3, aucun 2, au-dessus de, bacaillfere 1, 2, baker 2, bavoleux2, bec-scie 1, bigassine 2, bdniri, bior 2, bord 3, cacaoui 2, cadrosse 2, chaouin 1, 5, chavfcche 1,4, chevalier, coco 4, consine, de 34, dessus 2, ...
1
0 Specialement: Jubier de mer Oiseau de mer. > baker 2, bec-scie 1, feu 1, goudland 1, I guess 2, moyac 3, 4.
• 3. Jubier de neige Bruant des neiges, Plectrophenax nivalis. Syn.: BENERI. Le vocalisme [y] est repandu dans les parlers de Γ est de la France (FEW 16, la *GABAITI), mais la prononciation terre-neuvienne est peutetre due ä l'environnement phonetique. En ancien franfais «gibier designait exclusivement la chasse aux animaux ä plumes» (DEAF, G 695a). Les parlers acadiens gardent la trace de cet archai'sme (ALEC 1466 ; Poirier ; Boudreau ; Geistdoerfer 1987 : 112), qui a aussi ete enregistre ä SPM (BrasseurChauveau) alors qu'il n'est pas signale dans les parlers dialectaux de France ( 0 FEW,
263
«Pis un petit garfon, un petit male, c'est un petit j u i f ! Oui ! Je m'en souviens de ?a asteure* ! Si c'est iun* qui tait... un petit peu terrible [taRib] lä hein,, i disont c'est vrai petit juif!» (LC 189801).
Ddnomination metaphorique, probablement par allusion au Juif errant dont la 16gende est tr£s populaire chez les Franco-Terre-Neuviens. • 2. £tre juif de tous metiers loc. verb. Savoir tout faire, etre touche-ä-tout. 2
«Pis lui i tait... i tait juif de tous metiers ! Oh oui, il 6tait... il itait charpentier, il itait smith [angl. ], i tait... musicien». (MH 019202).
Locution particulifcre ( 0 FEW 5, 53a sq. JUDAEUS), calqude sur l'anglais jack-of-alltrades, de sens similaire.
JUILLET [3yjet] s. m. • Juillet. > arracher 7, de 8,9, dempis 2, normal, y 8.
Au debut du 16e siecle,«[...] en ce mot juillet, l'i ne sonne aucunement, mais le seul u» (Palsgrave 1530, cite par Thurot, 1,422). La prononciation terre-neuvienne est attestee dialectalement en Belgique et en France, spdcialement en Nantais (FEW 5, 76b JUNIUS ; ALF 734 ; Brasseur 1993 : 162), ainsi qu'au Canada, oü le [t] final est le plus souvent articule (ALEC 1697 ; Massignon 1376), comme en cr6ole reunionnais (Chaudenson 893 : [ziiyet]). J U P E [ 3 f i v p ] , [3YP]s.f. • Jupon ou robe de dessous (LC 029215). V. aussi QUEUE (DE ROBE). 1
«[...] et pis la robe et pis έηε petite jupe en dessous». (LC 189205).
0 Specialement : Jupe de nuit Chemise de nuit.
264
2
JUPE
«fene queue* de robe, ä Qudbec il appelont 5afenejupe, OK ? Ici j'appelons ?aέηε queue de robe, pis la jupe c'est ςα* que la femme porte en dessous. OK peut etre έηε jupe de nuit hein !» (LC 149810).
Cet emploi est ä rapprocher d'un emploi ancien : jupe aplangir 2, boivasser, dicariter, entendre 2, flot (ä -) 1, mourir 5, paille-en-cul 3, plange 4, tetuse, tiendre 26. Yusqu 'ä tant que : > solairer.
Jusqu'ä tant que (+ subj.) est considere comme vieux ou regional (Rob 5, 865a), classique et litteraire (GLLF 2899b) ou meme non marque (TLF 15, 1359a). Cette locution, d£su£te en fran9ais ä partir du 18e siecle, reste bien attestee dans les parlers dialectaux de France, notamment dans l'Ouest (FEW 14, 73a USQUE), ainsi qu'au Canada (Dunn ; Clapin ; GPFC, Poirier ; Boudreau) et ä SPM (Brasseur-Chauveau). Les formes avec [j] initial sont ä rapprocher de yusse , recueilli
JUSTEMENT
dans le parier acadien de Moncton, N B (d'aprös E. R.).
JUSTEMENT [3ystamä] adv. •
1. Exactement, precis6ment, tout juste. 1 «£a s'a donne* qu'alle avait justement/em* de baratter lä». 2 «Quand mon defiint* pöre a venu ici premier*, tu sais yu*-ce qu'est Lourdes, pis y a trois milles et demi d'ici, y avait ien* gu'un petit chemin, justement large assez* pour marcher». (MH 069201). > bas 16, boite 6, brune 2, cassie 2, 3, casser 7, d6faire 2, gomme 6, grandeur 4, milou 3. 0 Dans la loc. conj. Justement que Precisement au moment oü. 3 [Dans un conte, ä propos du roi des poissons].
265
«Justement qu'i tiont sus la teire, son p£re a sourdu [sourdre*] dans* l'eau». (GT 017701). • 2. Seulement. 4 «II* Yageteront* justement pour... pour έπε fois ä manger ou de quoi* de meme, mais... i pourront pas 1-1'acheter pour... l'aoir tout le temps». (LC 189204). > blague 5, casse-vent, cuivfcre 3, driver 1-2, enteur 3, gelauder 2, gomme 6, ien 7, laveuse, marionnettes 3, nom 5, pavilon 2, queue 6, quinquin 1, roulette 2, sourdre, tet (de moutons), veste. Le premier emploi est attest6 dans la langue c l a s s i q u e ( G L L F 2 9 0 0 c ; F E W 5, 88b JUSTUS). Le second est, de toute evidence, un caique semantique de Γ anglais just, 6galement attestd ailleurs en Amdrique du Nord (Moncton 1978, d'aprös έ . R. ; Daigle).
κ KICKER [kike] v. tr.
KISS [kis] s. m.
• Frapper (qch, avec le pied).
• Baiser.
«II a kicke la chousse* ac* son pied». (MH 069202). > proche 6.
«Asteure* il arait bien voulu lui demander pour* un baiser ou un kiss, mais dame !* i voulait pas etre trop effrontd !»
Emprunt ä Γ anglais to kick, de meme sens, attests au Canada (ALEC 409 ; GPFC ; B£lisle).
Emprunt ä l'anglais attestö dans les parlers du Canada (ALEC 1830,1831 ; GPFC ; Dionne). Nous enregistrons ce mot qui parait etre distingue de baiser.
KING HERRING
[kirj hcRirj],
[ k i r j h a R i r j ] s. m. • Sorte de hareng qui se peche dans la Baie de Fundy. «King herring, j'en ai vu hein itou*. C'est un meme hareng comme* les autres mais y a iun* qui est... deux fois pus gros que les autres. Ici j'en ai vu ien* que deux ou trois». (AC 059204).
Ce compose, emprunte ä l'anglais, n'est pas signal en anglais de Terre-Neuve. II n'a pas non plus 6t6 releve sur les cötes acadiennes ( 0 ALVMA 199).
KNACK [nak] s. m. • Tour de main. 1 2
«I avait le knack, i savait comment faire». «Υ en avait qui tourdissaient* leur bete* ieusses*-memes, y en avait qu'avaient le knack ä 9a, i tiont habituds hein». > coup 5.
L 2
«Quante* tu dis ä έηβ personne [paRson] que tu veux faire croire n'importe quoi, tu dis qu'il est
[Ä la peche ä la truite*]. «J'aime mieux pecher au croc*, ä la laiche». (MH 019203). 3 «C' est un... ver, un ver lä, qui se tient dans... le furnier ou en dessous d'un morceau de bois n'importe quoi, c'est un lainche 9a». (GT 109207). 4 «Des laiches ici, c'est ςa* ce que tu uses* pour pecher : tu boettes ton croc*, des laiches». (LC 149810). > ramasserö, truite.
pas tout lä». (AC 059201).
•
LA V. LE.
LA [la] adv. I. • II est pas tout lä [tu la] loc. phrast. II est stupide.
II. • Pis lä loc. conj. Et puis. > ac 2, accoutume (d'-) 2, acheter 3, allde 1, aller 7, aroi II-2, arreter 3, astinement, astiquer, atendre 2, autre 5, back 8, black (ä poele), bois 14, boitie, bouchon 1, bouchure2, bouler, brailler 2, bruitet 1,...
La locution il est pas tout lä, qui ä 6galement 6te not£e ä Cheticamp (ALEC 2280b ), n'est pas signalee dans les parlers de France ( 0 FEW 4, 546a-b ILLAC). La locution pis lä appartient au fran9ais populaire ou familier. Sa frequence en FTN est particulierement elevee.
LACHE [laJ], [la: J] adj. •
Paresseux. 1 2
«Ce* tait pas une femme qui tait lache». «II est trop lache pour travailler». (LC 029208). > charogne 2, goddamment 1, sordilloux.
Cet emploi, attestö depuis l'ancien fran^ais, n'est plus enregistrd par les dictionnaires contemporains, mais survit dans quelques parlers dialectaux fran?ais (FEW 5, 231a-b LAXICARE) ainsi qu'au Canada (ALEC 2261a; Massignon 1760).
LAICHE [1 e:J], [le:Jh], LAINCHE [1εJ"], LAINGE [1έ3] s. m., parfois f. • 1. Ver de terre. 1
«Des laiches 9a se tient en dessous des morceaux de bois ou dans le furnier de bete*».
2. N6r6ide, ver marin. 5
«Des laiches ? Des vers qu'on trouve en dessous des cailloux*, dans la chatne*, lä, yoü*ce qu'y a la... you-ce qu est le ruisseau* lä [...] II ont des poils sus le cöti lä. i'usions* 9a pour... pecher les truites* et les anguilles». (AC 059204).
Laiche est issu d'esche, par agglutination de l'article difini. II est enregistre dans VEncyclopedie : laiche chaouin 7, mourir 1, nove 1.
0 Specialement: Laimer de (+ inf.) Aimer (+ inf.). 4
«I laime pas d'engraisser».
Laimer, sans doute par agglutination du [1] du pronom personnel sujet il(s), elle(s) (oü le [z] du pluriel n'est jamais articul6 en FTN) ä toutes les formes verbales ä initiale vocalique, n'est pas Signale dans les parlers de France ( 0 FEW 24, 386a-387a AMARE; v. aussi Brasseur 1996b : 301). II a 6t6 implicitement note au Qu6bec et au Nouveau-Brunswick (ALEC 2310). Lamer est une forme originale, peut-etre issue d'amer, attestd en fran^ais jusqu'au 16c si£cle (FEW, ibid., 386a). Notons que la construction aimer de est consideree comme litteraire en franfais (TLF 2, 349b), mais qu'elle se trouve egalement dans les parlers populaires acadiens (Moncton, NB, 1978, d'aprös E. R., s. v. de).
LAISSER [lese] v. tr. • 1. Quitter. 1
>
«J'avais honze* ans quandj'ai laissel'icole». (AC 058001). banquier 2.
• 2. Dans les loc. verb.: • Laisser aller Lächer (un animal captif)· >
taguer 1.
• Laisser savoir Faire savoir, annoncer. 2
«On nous a pas laisse savoir qu'il arrivait». (AC 058101).
L'emploi est bien atteste au Canada et en Louisiane (ALEC 98b, 613 ; Clapin; Dionne ; Ditchy ; Daigle ; FEW 5, 221a LAXARE). II est parfois signal en fran^ais : (GLLF 2931c). Laisser savoir est probablement un calque de l'anglais to let someone know something.
LAIT [let], [le], [le] s. m. [let] : > ageter 2, bete 5, can 4, charmeil 1, 2, cruds 2, fort 2.
•
1.
VRIJU]
Lait verioux [1ε v a R j u ] , Lait vrioux [1ε Lait revoyoux [1ε Rvwaju] Colostrum.
«Du lait revoyoux... i mettiont un tit* peu de farine dedans pis... un tit peu de... pearl ash* [poRlaJ], i brassiont 9a pis fous 9a dans le drum* pis... mon homme* ! I mangiont 9a !» tirie. 1
LAINCHE
>
V. LAICHE.
• 2. Lait aigre [le ek] Petit lait (obtenu ä la fabrication du beurre).
LAINDE [led] s. f. ? • Aide. V. AINDER. «Se* t'avais besoin de lainde, t'avais pas peur d'aller demander ä ton voisin». (LC 028301).
Forme spöcifique du FTN, issue d'ainde, par agglutination de l'article. (V. aussi landain, lanse, largent, etc.). Ainde n'est signal6 qu'en Normandie (FEW 24, 162 b ADJUTARE), mais le verbe ainder est largement repandu dans les parlers dialectaux de France, notamment dans ceux de l'Ouest (FEW, ibid. 161b). Ces formes nasalisees ne semblent pas connues au Canada.
2
«Tu peux boire le lait aigre. Y a du monde* qui laimont* pas». (GT 099203).
• 3. Lait crudze. V. CRUDZE. • 4, Rogue de lait. V. ROGUE. La prononciation du [t] final est largement minoritaire dans le corpus. Bien attestee dans certains parlers dialectaux de l'ouest de la France (ALF 195), eile s'est maintenue au Canada (ALEC 332a ; Dionne ; GPFC) et dans les cr£oles antillais (DCG 208b et Valdman 340 : let). Lait aigre n'est consigne que dans le glossaire acadien de la Baie Sainte-Marie : (Thibodeau). Lait verioux et lait
LANGUE
vrioux, sans correspondants en France, ne sont attestes au Canada que dans des parlers acadiens (ALEC 526 ; Massignon 874 ; Dionne : lait veriou ; Poirier : laivriou ; Thibodeau et Boudreau : lait vriou. Selon J.-P. Chauveau (comm. pers.), comme «on sait que c'est la caracteristique du colostrum de tourner lorsqu'on le met ä chauffer» (Massignon 874), il pourrait s'agir d'un derive (en -ösu) de vrille, qui a la forme veurlle en domaine poitevin (FEW 14,554b VITICULA). V. les derives en -ata qui designent le liseron dans les parlers d'o'il du sud-ouest: vrillee, veriee (ALO 388 ; FEW, ibid., 553b). La derivation sur verir (FEW 13, 184a VARIUS ; 13,359a VETERESCERE), proposee par Massignon, se comprend mal morphologiquement.
che de revetement>). Ambris est une forme locale, par fausse coupure de lambris.
LAMER V. LAIMER.
LANCER (SE -) [s läse]
v. P ron. • Partir rapidement, de maniere precipitee. «Quand* qu 'i ont vu que les enfants taient bien... s t a r t s * ä couper du bois, eh bien i se lan^ont pour* la maison, ieusses*». (GT 108002). > paquer 5.
Cet emploi pronominal, qui a un equivalent en franfais aux 17'et 18 e siecles : se lancer (FEW 5, 156a LANCEARE), est egalement Signale en Louisiane : se lancer (Daigle).
LAMBIC
LANDAIN
V. ALAMBIC.
V. ANDLAIN.
LAMBOURNE [läbuRn] s. m. ?
LANGAGE [läga3] s. m.
•
• Langue.
Lambourde.
> sill 1.
Cette prononciation de lambourde, qui a des equivalents en France dans le parier gallo de Plechätel, mais aussi dans les Hautes-Alpes (FEW 16, 435a LADO) est signalee ä SPM (Brasseur-Chauveau). Au Canada, eile est presque exclusivement attestee dans les parlers acadiens (ALEC 57 ; Massignon 1103 ; Poirier ; Boudreau ; Naud).
LAMBRIS [ l ä b R i ] , AMBRIS [ ä b R i ] , RAMBRIS [ R ä b R i ] s. m. • Cloison interne ou externe (consideree de l'interieur) d'une maison. «AM ras* l'ambris». > ieusses 3, pourcil 2, rough-boarder 1, tapis.
Ambris et rambris ne sont pas attestes en France ( 0 FEW 5, 109a LABRUSCA). Mais rambris a fait l'objet de plusieurs releves au Canada pour embouveter 1.
• 4. Languette de chaussure. • 5. Langue-de-baeuf Plante toxique ä feuilles longues, non identifiee, qui pousse en touffes dans les bois. 3
4
«Asteure* les langues-de-baeuf qu'on appelle* lä, ä* tous les ans mes moutons... les egneaux*... p't-ete bien quatre ou cinq qu'attrapaient les coliques lä». «Ene langue-de-boeuf 5a pousse ayu*-ce... coume* le long des petits ruisseaux* et ςa*, quante* le terrain est bien trempe* lä, c'est lä que 9a pousse les langues-de-boeuf». (LC 149810).
Aucun de ces emplois du mot langue n'est Signale au Canada ni en France (0 FEW 5,358a sq. LINGUA). Les emplois 3 et 4 au moins sont des caiques de l'anglais tongue. Languede-baeuf «designe regionalement de nombreuses plantes» (Rob 5,947a) et particuliörement la sauge en Vendue, Saintonge et Berry et la piloselle dans le parier gallo de Plechätel (FEW, ibid., 362a).
LAPIN [lape] s. m. • Lievre americain, Lepus americanus. 1
«Y avait des lapins en masse* c'te* temps* lä». 2 «Le lapin, je faisons un fricot, avec du lard*, en masse* dedans, et des patates*, des chouxraves* [...]» (LC 097401). 3 «Y a des lapins entour* ici. Pis ieusses*, dans* l'hiver i sont blancs on* dirons, pis dans l'automne lä, i sont gris». (GT 109212). > corcher 3, licence 3, plumer, porte, repousse 2, trainee 1.
L'emploi de lapin pour «lievre» est bien attest£ au Canada, sp6cialement dans les parlers acadiens (ALEC 1593 ; Massignon 386 ; Poirier ; Thibodeau ; Naud). On le trouve aussi en Louisiane (Daigle) et ä SPM (BrasseurChauveau). Cet usage est inconnu en France (FEW 5,175-176 *LAPPARO).
LAQUEULLE V. LEQUEUL.
LARD [Ior] S. m. • Viande de pore.
LANSE [las] s. m. ?
1
«I fricassait du lard lui, toute la soiree». (GT 008001). 2 [Ä propos des beurgouilles*]. « f a c'est fait avec de la melasse*, de la graisse de lard, pis du pain». (LC 029206). 3 «C'est bon les tetes de morue ! Oh oui c'est bon, avec de la graisse de lard et pis des patates* ! Vous laimerez* ?a !» (LC 039216). > baker 3, beurdouille 1,2, boucaner 1, coquille 2, gäche 3, galette 1, lapin 2, naveau 3, pain 1, premier 6.
• Anse (de panier, de seau). En France, cette forme a 6t€ notee dans quelques parlers de l'Ouest, notamment dans le sud de la Normandie et en pays gallo, ainsi que dans le Centre (FEW 24, 633b ANSA). L'agglutination de Γ article d£fini n'est pas signage pour ce mot au Canada, mais on la trouve dans les crdoles antillais (DCG 200a et Valdman 334 : lans). (V. aussi landain, largent, Cet emploi metonymique est parfois enregislor, etc., en FTN). tr6 comme un regionalisme, notamment canadien (Rob 5, 956b). Attest6 depuis le 16c sifecle, il survit dans certains parlers regionaux LAPAGE [lapa:3] s. m. de France (FEW 5,190a LARIDUM) et ä SPM • Recouvrement ä clin. (Brasseur-Chauveau) mais il est quasi gene«Le lapage du clabord*». (LC 029214). ral au Canada (ALEC 572x ; Belisle). Derive de l'angl. to lap , enregistre au Quebec pour la lor I.
L'agglutination de l'article defini n'est signalee ni au Canada ni en France (0 FEW 25, 192a sq. ARGENTUM), mais est ä l'origine
LAVAGE
des formes repandues dans les crdoles fran?ais (Chaudenson 349 : [la:rzä] ; DCG 195b et Valdman 324 : lajan). (V. aussi landain, lanse, lor, etc., en FTN).
LARGES [laR3] s. m. Pi. • Large, haute mer. 1 2
«Et ä l'arrivie dans les larges, lä ä queuque* part, le vent a cassi ses mäts». (LC 029218). «I croyiont de* faire loin assez* dans les larges pour doubler tout* [tut] les caps». (LC 029218).
0 Specialement: aller aux larges S'eloigner. > garrocher 2.
L'emploi au pluriel est specifique des parlers du Canada (Poirier; GPFC ; 0 FEW 5, 184a LARGUS).
LARGUER [laRd3e] I. V. tr. • 1. Lächer, laisser tomber. 1
>
«Pis v'lä Jack qui largue sa peau en bas*». (AC 098001). £paule.
• 2. Lacher, mettre en liberte (des animaux). 2
«I les larguait le matin».
• 3. Evacuer (des excrements). > pilot 1.
0 Empl. absol. Defequer. > paille-en-cul 3.
• 4. Larguer ene odeur, un pet*, un vent Peter. 3
«Le chual* nen* larguait des vents !» (AC 018004).
II. V. intr. • Se detacher, se separer. 4
«A* toutd'un coup, la glace largue, ben vous pouvez pas revenir, venir back*».
Ce verbe, issu des cötes de l'ouest de la France, n'est utilise dans la langue maritime moderne qu'en emploi transitif (TLF 10,1005-6 ; Rob 5,960b). L'emploi lessi 1.
272
LAVAGE
Le premier emploi est parfois signale par les dictionnaires franjais (FEW 5, 215a LAVARE ; Rob 5, 974b ; 0 TLF, GLLF). II est courant dans les parlers du Canada (ALEC 299 ; Massignon 1189 ; Dionne ; Poirier) et a egalement ete releve en Louisiane (Daigle).
LAVETTE [lavet] s. f. • 1. Lavette ά figure, Lavette de figure [lavet da fid3yR] Carre de tissu servant ä la toilette. (Confirme par AC 059204). 1
«Y a έπε lavette de figure, pis y a un torchon... pour suyer*». (GT 109207).
• 2. Lavette de place* (AC 059204), Lavette de plancher (LC 149810) Serpilliere . >
mop.
• 3. Lavette de plat (AC 059204), Lavette de vaisselle (LC 149810) Lavette ä vaisselle. 2
«T' as έηε lavette de vaisselle, pis έπε lavette * de plancher, c'est Selon quoi*-ce tu fais avec». (LC 149810).
Lavette, qui denomme ordinairement un torchon pour laver la vaisselle, est enregistre en frangais comme un regionalisme de Suisse pour un
rallier.
III. Complement d' objet indirect, aux deux genres. • Lui. 2
«I va te dire de quoi*, toi tu vas toujours le dire le contraire, 9a c'est estiner* une personne». (AC 059206). > fret 3, gomme 1, gueule 5.
IV. Complement d'objet direct, aux deux genres, au sg. • Expletif. 3
LAVEUSE [lavez] s. f. • Machine ä laver le linge (AC 059204). «fene laveuse 9a veut dire... 9a c'est justement* de quoi* pour... pour une famille, pas pour plusieurc families, c'est ien* que pour une famille». (GT 109207). > ectricit6 2.
Emploi enregistre en fransais depuis le dernier quart du 19e siecle (FEW 5, 216b LAVARE), «courant en franfais du Canada» (Rob 5, 977b ; 0 TLF 10, 1043b-1044a), atteste egalement ä SPM (Brasseur-Chauveau) et en Louisiane (Daigle), tandis qu'en France on prefere aujourd'hui pour l'appareil domestique machine ä laver et, plus recemment, lavelinge.
«I vont manger tout ςa* que je l'a [aoir*]». (GT 109203).
LEGERE
[le3CR], [l3CR] adj. epicene.
• Leger. 1
[A propos des meduses]. «Oh c'est right* legere, 9a se tient enteur* deux eaux 9a». (GT 109207). > mort-pele 2, raide 1.
0 En empl. adv. dans la loc. verb. Saler legere Saler legerement (par opposition ä saler lourd*). 2
«Tu peux prendre la morue pour manger pis la saler tout* [tut] legere, lä. Pis lä* tu la quittes* saler toute la nuit. Pis Yendemain* tu la leves* pis tu la mis [mettre*] dans ton fridge*». (MH 069201).
«Au XVIIe siecle, on continua ä prononcer l'r [de leger], et par consequent Ye fut prononce
LEU Ii
ouvert» (Thurot 1,56). Cette prononciation est attestee ä l'epoque moderne dans divers parlers dialectaux de France (FEW 5, 287a *LEVARIUS). Elle est repandue au Quebec (ALEC 875x, 1606x, 1916x, 2289 ; Clapin ; GPFC) et en Acadie (ALEC 867x, 1915x ; Poirier ;Thibodeau : l'gere ; Boudreau), ainsi qu'en Louisiane (Ditchy). Elle est aussi ä l'origine de la forme du cr6ole ha'itien leje (Valdman 335). Les deux prononciations du FTN ont ete relevees en Acadie (Massignon 1424).
LEGOUINE V. EGOUINE.
LENVERS
[IÖVCR] s. m.
• Envers. Cette forme est attestee dans les parlers du Canada (Dunn ; Clapin ; Dionne ; GPFC ; Boudreau ; 0 FEW 14, 313a-b VERSUS) et dans les Creoles antillais (DCG 200b et Valdman 335 : lanve).
LEOPARD-FISH [lepcedfi J] s m Poisson de mer non identifie. >
liopard.
Emprunt direct ä l'anglais.
LEQUEUL [Istjoel], L A Q U E U L L E [latjoel] pron. interrog. • Quel, quelle. «Pour dire asteure* dans laqueulle place* qu'il* tait [...] je peux pas m'en rappeler». (AC 098001).
Cette prononciation avec [cel], dejä condamnee au 1Τ siecle (Thurot 1,467), subsiste dans divers parlers dialectaux de France (FEW 2, 1412a QUALIS). Elle est egalement signage au Canada (Dionne ; GPFC), en Louisiane (Ditchy) et dans les parlers dialectaux de France, specialement de l'Ouest (FEW 2, 1412a QUALIS).
273
LES [le] I. Art. def. V. LE. II. Pron. pers. complement d'objet indirect, 3® pi. aux deux genres. • Leur. > dessus 16, grolle 1, monde 6, rallier, sau vage 1.
II s'agit sans doute d'un effet de regularisation du paradigme du pronom personnel plutöt que de constructions transitives originales.
LESSI [lesi] s. m. • Eau de lessive. 1
«Tout* [tut] le lessi pour laver le lavage* et tout* [tut] vient tout en liquide». 2 «La cendre... Vous mettiez de Γ eau chaude dessus, pis vous mettez ä bouillir, pis 9a faisait du lessi, pis i brassiont 9a avec du huile* de morue, pis 9a faisait du savon». > potache 2.
Specialement: Lessive de soude. 3 4
«(Ja du lessi, 9'a pas te use* beaucoup 9a : i faisiont du savon avec de l'huile de morue». «I mettiont un petit peu de lessi et un pot* [pot] d'eau, i bouilliont* 9a et pis i mettiont leus* hardes* dedans».
Type lexical largement repandu dans les parlers dialectaux de France, notamment dans l'Ouest (FEW 5,384b LIXIVUM), usuel dans les parlers du Canada (ALEC 303, 1783, 1785b ; Massignon 1190 ; Dunn ; Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier ; Thibodeau ; Boudreau; Naud).
LESTOMAC V. ESTOMAC. L E U I [I0] pron. pers. 3ε pi. compliment d'objet indirect, aux deux genres Leur. > cheval(s) 1, douille 1, main 1, ramasser 23.
L E U II, L E U S [I0] adj. poss. I. Au sg. Leu Leur. V. aussi LOR. 0 Devant consonne: 1 2 3
«I faisont \faire*] chaque* leu the». «(Ja a pass6 ä travers* de leu corps, comme* 9'arait t6 de Yectricite*». «Notre defunt* pfere, surtout, i nous parlait tout le temps de la parentd et tout 9a, pis... mais y a du monde* i savont pas leu parente,
274
LEU II
pis de [de] iun* ä l'autre 9a se perd». (LC 189203). > abattis 2, affaire 1, alouette 1-1, avant 3, botts 2, boucaner 1, brocher 1, chaque 3, charcher 1, ccouper 3, outeau 5, creuseur 1, cuivere 1,3, de 26, difense, dijeuner 2, d61ivrer, dessous 4, drapeau 1, drive 1-2, ...
«Dans notre temps* nus autres*, si fene personne [paRSon] se coupe, s'arait coupe la main ou de quoi* avec des outils, i alliont sus les prusses* pis i leviont -il appeliont 9a de... la gomme*-, mais 9a c'est un nom anglais mais je pense que c'est ien* que 9a qu'on a entendupour*». (LC 189204). > ligfere 2, litrie.
0 Devant voyelle : - Liaison en [n].
> par 2.
4
«Les v'lä parti trouver leu-n-oncle Henry».
- Liaison en [z], 5
«Je tais satisfait de leu-z-ouvrage !» (LC 029211). 6 «Tu faisais toute leu-z-ouvrage* pour arien* !» (LC 029217). > brocher 1, eau 7, dchouerie 2.
II. Au pl. Leus Leurs. 0 Devant consonne : [I0] > affaire 1, 9a 1, corbeau 2, couette, desputer, eave 3, lessi 4, loup-marin 3, peuplage, poule 3, rets 2, sauvage 2, tirer 3.
0 Devant voyelle : [l0z] > burette 1, cacaoui 2, ceux-lä, entour 1, famille (en -), harbe-ä-la-fumelle, mess 1.
LEUR LEUR [I0RI0R] pron. poss. • Le leur. «S'i avont sine* comme quoi que... c'est pas ä ieusses* pou* le restant de leurs jours, bien*... c'est ?a, c'est leur leur». (GT 109209).
Une forme pronominale similaire est signalee au Canada (Dionne leux leurs ).
LEVEE DE LA MER [lave d la m a e R ] loc. nom. f. • Maree montante. Levee se dit en fran^ais pour le (Rob 5, 1016b ; FEW 5, 269b LEVARE). Un emploi particulier est Signale aux Iles-de-la-Madeleine : (Poirier). Mais l'emploi terre-neuvien est specifique ( 0 ALCAM et ALVMA).
LEVER I [lave], [lve] •
Ind. pres. : je leuve, ...
> comme 3, grand 8.
I. V.tr. • 1. Recolter, recueillir, ramasser.
•
2. Enlever (un vetement).
II. V. intr. • Monter (en parlant de la mer). L'emploi , qui subsiste dans quelques parlers dialectaux, notamment en Normandie et dans le Centre (FEW 5, 280b LEVARE), n'est plus enregistre par les dictionnaires, qui ne retiennent que έΐένβ 2.
Forme originale, issue d'elever, par apherese (Brasseur 1996b : 297). L I [li] pron. pers. 3 e sg. • 1. En fonction de sujet masculin, en emploi disjoint. Lui. 1 «II etait au lit li». > arranger 4, gagner 2, jurement 1, smart 2, suyer.
• 2. En fonction de complömentd'objet indirect, aux deux genres. Lui. V. aussi Y. 2 «J'allions li donner la main*». (LC 028301). > affronte 2, appeler 5.
LICE [lis], [lis] s. f. •
Barre de bois, perche. 1
[Ä propos du s&hage des chiens* de mer], «I les fendiont en deux, yusqu'*au haut ä la queue, pis i les quittiont* ensemble tous les deux... I les mettiont par-dessus une lice, de bois,pis la* chesser* pour...» (GT 139201). > abattis 2, carr£ I I - l , chaque 4, guimbarge 1, jouc 2.
0 Specialement: Montant horizontal de cloture.
LIGNE 2 3
«Une bouchure* en lices». [Ä propos d'abattis*]. «C'est έηε bouchure*, i'arretait les betes*, mais c'est pas fait en lices ni en... ni en wire [angl. ]». (AC 059207).
Emploi metonymique ä partir de lice atteste dans divers pariere regionaux de France comme en fran9ais littöraire (FEW 16,472a-b *LISTJA). En Normandie, le mot designe particulierement des traverses mobiles (servant de barriere) (ALN 498). Au Canada, spdcialement dans les parlers acadiens, ce type lexical nomme plusieurs perches (ex.: ALEC 827 ; Boudreau : ), mais l'emploi possfede une distribution typiquement acadienne (ALEC 1004 ; Massignon 637 ; Poirier; Boudreau; Naud), tandis qu'au Quebec, le mot designe surtout divers rails (ALEC ; Clapin ; Dionne ; GPFC). Notons que les emplois terre-neuviens ont aussi ete releves ä SPM (Brasseur-Chauveau). L I C E N C E [ l i s ä s ] s. f. ou m. • Permis. 1 2 3 4
[A propos de la chasse ä l'orignal]. «C't* anηέε j'ai tendu* qu'y avait vingt licences». [A propos de la chasse ä l'orignal]. «I te faut ene licence hein, trente-cinq piasses*». «Si tu tends des collets pour les lapins* faut que t'aies έηε licence». «Mon licence coüte vingt-cinq piasses* par an». (LC 149801).
Ce mot d£signe en frangais une ögneau 2, vaisseau.
0 Par ext. Manger avec delectation. Ce verbe est considerd en fran^ais comme familier et populaire (TLF 10, 1189a : ) ou familier et vieilli (Rob 5,1039b : ). II est particulierement bien atteste dans les parlers de l'ouest de la France (FEW 16,459a-b LEKKON), au Canada (ALEC 983 ; Massignon 1482 ; Dunn ; Clapin ; GPFC ; Poirier), en Louisiane (Ditchy ; Daigle) et dans les Creoles fran5ais (Chaudenson 791 : [lise] ). L I G N E [ l i j i ] , [ l i j i ] s.f. • 1. Mesure de longueur equivalant ä l/8 e de pouce. 1
[A propos des poux* de morue], -Informateur: «I sont ä peu pres 9a de long lä !» -Enqueteur : «Ah oui, un pouce !» -Informateur: «Oui ä peu prds un pouce de long, ä peu prfes trois lignes ä un demi-pouce de... d'dpais». (AC 059207).
• 2. Fil de peche. 0 Specialement: Ligne ά main, Ligne de main Ligne de peche tenue ä la main. 2 3
«Je pechons ä la ligne ä main, je pechons ä... ä la trawl* pis ä la faux*». «T'avais des trawls* de tendues. f a ce* tait dans* le printemps. Pis dans l'automne, bien* ce tait tout ä la ligne ä main». (LC 028401).
• 3. Ficelle, quelle qu'elle soit. 4
«On faisait έηε marque premier* avec έηε ligne, pis lä* on plantait les patates* comme 9a de distance». (MH 069303). > chuille, pelure, pivot.
• 4. Ligne de trawl. V. TRAWL. • 5, Ligne de casiers Filiere de casiers ä homards. (Confirme par LC 029213). V. aussi TRAWL A CASIERS. 5
«Vingt et* vingt-cinq casiers par ligne». (AC 059202).
• 6. Ligne ä hardes*, Ligne a linge [1ε/] Corde ä linge.
276
LIGNE
6
«J'en ai une derrifere [daRjeR] lä moi έηβ ligne ä linge». (GT 109207). > manquer 4.
• 7. Dans les locutions : • Homme a demi-ligne Matelot remunere au quart de la peche, nourri et loge par le patron. 7
«I prenaient toujours un homme ä demiligne». > qufeque 7.
• Pecher ä demi-ligne Etre remunere pour son travail ä la peche dans ces conditions. 8
«Y en avait qui pechiont de meme*, ä demiligne». 9 «Pecher ä demi-ligne, 9a veut dire chacun notre part. I pechiont pour lui, et pis i tiont nourris et habiltes». (GT 008001). 10 «C'est du monde* qui peche ä demi-ligne : il avont ien* qu'hnepiasse* dessus* quatre». (LC 029211).
En frangais, la ligne est une ancienne mesure de longueur equivalant ä la douzieme partie du pouce (GLLF 3051b ; FEW 5, 351a LINEA). C'est un regionalisme du Canada avec la valeur enregistrie ici (Rob 5, 1052a). Ligne de main a έίέ releve ä Cheticamp (ALEC 1381x) ainsi qu'ä SPM (BrasseurChauveau). Poirier note ligne ä la main. La locution pecher ä demi-ligne est signage aux Iles-de-la-Madeleine (Naud). De meme ä demie ligne a des paralleles ä SPM : ä la demie ligne franche (Brasseur-Chauveau) et dans les parlers acadiens : ä moitie ligne : «l'on n'aque la moitie de ce que l'on prend, l'autre moitie allant ä l'embarcation» (Poirier, s. v. pecher). L'emploi est aussi enregistre en Nouvelle-Ecosse (Thibodeau) et ä SPM : (Brasseur-Chauveau). Ligne ä hardes semble localise dans le sud-est de la NouvelleEcosse (ALEC 310; Thibodeau ; Rens et Leblanc 1977 : 173, d'apres E. R.). Les autres emplois ou locutions sont particuliers. Les locutions homme ä demi-ligne, pecher a demiligne sont originales ( 0 FEW 3, 80b DIMIDIUS).
LIMON [limö] s. m. • 1. Mucus. 1
«Faut de l'eau chaude, pas bouillant mais de l'eau... chaude hein, bien chaude ! Ben lä le limon s'en va mais les icailles se dicollent bien». 2 «La morue, 9'a du limon aussi». (AC 099205). 3 «Y a un limon dessus, pis quand* que tu croches* fa* lä, 9a te glisse dans les mains». (LC 029215). > calima^on 4, limoneux 1.
• 2. Graisse qui enveloppe les tripes ? 4
[Ä propos des tripes de bovins]. «I grattiont tout le limon de* dessus».
Le sens de est connu en fran^ais (FEW 5,349a LIMUS) mais n'est pas enregistre par les dictionnaires contemporains. Sur les cötes de France, l'emploi est localis6 en Normandie (ALCAM, q. 93, enq. inedites). II est bien atteste au Canada (ALVMA 168A ; ALEC 1403x ; Belisle). Le second emploi est original.
«Limoneux 9a veut dire c'est... tout* ä fait [tut a fet] plein de limon*». (GT 109207). «L'anguille est limoneux. Oh oui! Ene anguille tu peux pas la tenir». (AC 059204). [Le meme timoin confirme aussi limone],
Limoneux n'est plus enregistre avec cet emploi en franfais depuis la fin du 18 e siecle (FEW 5, 349a LIMUS) mais il est Signale au Canada (Belisle : ). Notons que le substantif limoneuse nomme la limace dans un point du Quebec (ALEC 1552). Limone est un derive original de limon.
LIOPARD [ljopaR] s. m. • Leopard. «Et y a le... leopard-fish*. 11 est tapini* pareil comme* un... le liopard lä. Mais c'est pareil comme un chat* de mer».
Cette forme originale est peut-etre due ä I'attraction paronymique de lion (0 FEW 5,257a LEOPARDUS)
LOCHE II
1
LIRE [liR] V. tr. • Part, passe : Ii. > beulle 2. 1 «Elle a Ii la lettre». 2 «J'avons Ii 9a dans les livres, dans les livres anglais».
0 Specialement: Lire la tasse Faire de la divination en observant le fond d'une tasse (de th6). La forme Ii du participe passe, signage aussi au Canada (GPFC), est un archa'isme bien represente dans les parlers dialectaux d'o'il, notamment dans l'Ouest (ALF 775 ; FEW 5, 244b LEGERE, note 1). Lire la tasse est une locution originale.
LITREE •
[ l i t R e ] s. f. Contenu d'un litre.
«Et pis, enteur* l'dcorce et le... l'äbre*, y avait de la s£ve hein, de la seve, pis c'itait bon ä manger. Tu levais* 5a par grandes [gRät ]... litrees lä, pis... le monde* mangiont 9a de ce temps*-lä». (LC 189204).
Ce derive de litre est peut-etre emprunte ä Γ argot du 19 e siecle : litrie (FEW 5, 376b LITRA).
LIVRE I [liv] s. m. • Premier livre, deuxieme livre, troisieme livre, etc. Premiere, deuxieme, troisieme annee de l'ecole primaire. 1 2
«Quand eile a iu le neuvieme livre [...]» «Du premier livre j'ai Ιέ au troisifeme». (AC 058001). > attraper 1.
Calque de 1'anglais regional book , dans des enonces comme : «I was in number 4 book and Ki in number 5» (DNE 57b), egalement atteste ailleurs au Canada (Mont-Carmel, IPE, 1975 ; Riviere-verte, NB, 1976, d'apres E. R.).
LIVRE II [liv] s f • Unite de poids valant 16 onces, ou 0,45359 kg> bacaillfere 2, baril 1,2, cage 2, cent 1, 3, drave 1,2, et 4, haler 13, iun 2, morue 2, moyen 5, par 9, poisson 5, quart 1-2, quintau 1, tar-can, venir 12.
2
277
«I pesait comme* deux cent cinquante livres, ce* tait un gros-f*-homme». [A propos des raies]. «Une coupeulle* de fois i les avont achetees, mais... j'avions rien ! trois ou quatre cents [angl. ] la livre». (GT 139201).
Emploi regional au Canada (Rob 6, 38b).
LOCHE I [loj] s f •
Poisson non identifie. [Angl.: rock eel ?]. 1
«J'appelons des petites anguilles, mais c'est pas des anguilles, pis c'est pas des loches non plus». 2 «La tete est plus gros que le corps, la loche». 3 «C'est un poisson pareil... il est pareil comme* l'anguille quasiment, ien* que l'anguille a pas d'aileron. Mais la loche alle a un aileron dessus* le ventre qui monte ä la tete. Et a nen* a iene* qui prend sus le dos, de la queue jusqu'au fait* de la tete». (LC 029215). > oui 5.
Loche designe plusieurs poissons dans les parlers du Canada : le brosme (ALEC 1409 ; Massignon 515), un poisson nomine rock eel en anglais (ALEC 1409 ; Poirier ; Thibodeau), la lotte maculee (Dionne) ou encore un (Belisle). V. aussi DHFQ 345-346. Ce type lexical a aussi 6te note ä SPM ou le poisson n' a pas ete identifie (Brasseur-Chauveau). En France, loche (de mer) denomme d'autres poissons : la motelle, l'anarrhique (FEW 5, 262b *LEUKA), la blennie (ALCAM, enq. inedites au Havre et Jard-sur-mer [Vendee]).
LOCHE II [b J] s f •
Louche.
> tichecoune 2.
Cette forme hapax n'est pas attestee en France ni au Canada dans cet emploi ( 0 FEW 16,483a *LÖTJA et ALEC 168). Elle est probablement due ä 1'attraction paronymique de loche /, en raison de la proximite phonetique de [U] et [ο].
LOGANS
278
LOGANS [logcens] s. f. ? • Grandes bottes dont le haut est en cuir et le bas en caoutchouc (GT 109207). 1
2
«Ben des logans, ga c'*tne botte, avec des lacets, fene botte avec des lacets dans le devant. I usonl* 9a dans* l'hiver». (AC 099205). «Des logans, ρ a* ce qu' il appeliont des logans, y avait... le pied etait avec du caoutchouc [ k a u t j u k ] , pis le haut [ho] ce* tait du cuir, pis y avait des lacets dedans : i tiont coudus [coudre*] ensemble». (LC 149810).
Emprunt direct ä Γ anglais de Terre-Neuve logon : (DNE 310b). L O I ( L A -) [la l w a ] s. f. ä valeur collective • Les agents de police. 1 2 3 >
«La loi avont pas moyen de les arreter». «L'autre jour il avont saisi vingt-deux tonnes, la loi». «Y avait pas grand monde mais t'itais blige* d'appeler la loi des fois».
haut 5, solairer, survivre.
Emploi metonymique qui a des correspondants ailleurs : En Normandie «la loi» est le nom parfois donne au garde-champetre (qui portait autrefois sur la poitrine un insigne ou figurait le mot «loi»). En Louisiane, le mot peut designer un agent de police ou un sheriff (Daigle), en Creole guadeloupeen il signifie (DCG 197a : lalwa) et en Creole reunionnais «tous les representants de Γ ordre sont generalement designes par le terme [la lwa]» (Chaudenson 116). Ä ajouter ä FEW 5, 291a sq. LEX.
3
Loin ä loin
amarre 2.
Type lexical bien atteste dans les parlers dialectaux de France, notamment dans l'Ouest, de la Normandie ä la Saintonge (FEW 5,406a LONGINUS) de repartition typiquement acadienne au Canada (ALEC 2269 ; Massignon 1765 ; Poirier ; Thibodeau ; Naud), egalement enregistre en Louisiane (Ditchy) et
LOUPDEMER
en Creole reunionnais (Chaudenson 794—5 : [lözi] ).
LONGINER [153ine]
v. intr. • Lambiner, tarder (ä faire qch) (LC 029215). «Je vas te demander pour venir faire de quoi* avec moi, pis tu vas te mettre ä faire, tu vas etre ici p'tete une dizaine ou une vingtaine de minutes avant que tu bouges, ben 9a c ' e s t longiner». (AC 059204).
Ce verbe est atteste en France dans les parlers de Picardie et de l'Est (FEW 5, 416a LONGUS). II n'est pas signal^ au Canada.
Emprunt direct ä Γ anglais. Notons que le second emploi a aussi 6te releve au Canada (Dionne ; GPFC ; Naud : däche ; peu serre>) et en Louisiane (Ditchy : lousse
Long-Jones a ete releve dans un point de l'Ile du Cap-Breton (ALEC 1961x).
LONGUEUR [15d3ceR] s. f. • La longueur de loc. pr6p. De la longueur de.
>
«Je mettions ene planche d'un pouce la longueur du easier sus les trois sills*». balle I.
Locution originale ( 0 FEW 5,410a-b LONGUS).
LOOSE [lu:s] adj. •
1. En vrac, non conditionne. 1
«Le sei, quante* le sei tait loose, c'est tout* [tut] d6barqu£ par baillees*. Trois baillees faisait έηε barrique*». (AC 059207).
• 2. Ample, flottant. 2
«Tu peux pas le souquer*, faut que tu laisses 9a un peu loose».
279
«Y a du medicament pour 9a hein ! Vous prendez [prendre*] 9a pis 9a tire le loquet». (GT 109207). «Je sais pas quoi*-ce qui te donne le loquet, c'est ton coeur qui fait 9a». (LC 138403).
Loquet est bien atteste en francos populaire ainsi que dans bon nombre de parlers dialectaux (FEW 4,451a HOK-). Ce type de forme avec agglutination de Γ article a aussi ete not6 au Canada (Dionne ; GPFC [avec ou sans [t] final articule]), en Louisiane (Daigle) ainsi qu'en Creole guadeloupeen (DCG 212a : loket). (V. aussi landain, lanse, largent, lor, etc., en FTN).
LOR I [IOR] s. m. •
Or. «Je veux tout* en grand [tut ö gRÖ] votre lor et votre largent*, i dit, que vous avez». (GT 108002).
Cette forme locale ( 0 FEW 1,182b AURUM), par agglutination de Γ article, possede un equivalent dans les Creoles fran^ais des Antilles (DCG 211b et Valdman 345 : Id). (V. aussi landain, lanse, largent, etc., en FTN). L O R I I [IOR] adj. poss. • Leur. V. aussi LEU. «Si une personne [paRSon] va ä la chasse ou de quoi* de me me, bien*... sus les darrieres*, loin de lor... de lor chez* ieusses*, bien* faut qu'i restont lä la nuit». (GT 109212).
LOUP DE MER [lu d maeR] s m • Poisson de mer, Anarrhichas lupus. Syn.: CHAT DE MER. 1
«Y avait plusieurs que le monde* mangiont pas, comme les... comme y avait les loups de mer et les chats* de mer et tout* en grand
280
LOUP DE MER
[tut ä gRÖ] les... ςa* que j'appelions les... les sculpins [angl. ] lä». (MH 019203). 2 «Un loup, en anglais c'est un wolf, un wolffish. Y a un wolf-fish, y a un loup de mer». (LC 149810). > plaqui 3.
Les dictionnaires du fran9ais enregistrent des emplois analogues : Loup designe «un poisson vorace de diverses especes (anarrhique, brochet et bar notamment)» (TLF 11, 16a), mais l'espece denommee varie selon les regions (FEW 5,460a LUPUS). En FTN, l'emploi est issu du vocabulaire des Terre-Neuvas, puisque loup de mer designe ici le meme poisson qu'ä SPM (Brasseur-Chauveau).
LOUP-MARIN [lu maRe] s. m • Phoque. 1
«Quand* que la glace est sus la cöte, dans* le mois de mars*, y avait des loups-marins». 2 «Oh my* gosh / Y a une tapee* de monde* qui mange du loup-marin ! Je croirais* ! La chair est noire [...]» 3 «Quand* que ce* tait dans le temps les loupsmarins qu'il aviont leus* petits, j'allions tu sais deux et* trois et quatre ensemble [...]» > achant6 3, aller 2, assez 5, croquecignole 1, embiber l'eau, faute que, foie 2, fun 4, gate 3, jeez 1, poisson 4, sus 8.
Type lexical enregistre par les dictionnaires f r a ^ a i s (TLF 11, 16a ; Rob 6, 80a ; FEW 5, 459b LUPUS), mais qui est d' usage beaucoup plus rare que phoque en Fnmee, alors que c'est le terme usuel dans les parlers du Canada (ALEC 1443 ; Dionne ; Poirier ; Boudreau ; Naud ; Belisle) et ä SPM (BrasseurChauveau).
LOURD [IUR] adj • Empl. adv. dans la loc. verb. Saler lourd Saler tres fort. V. aussi LEGERE. «Mais dans les temps passes lä, quand* qu 'on pechait, mon defiint* pere, dans ce temps-lä fallait que tu salais lourd pour sauver* ton poisson». (MH 069201).
Dans cette locution originale, lourd a un emploi metonymique ( 0 FEW 5, 465a sq. LURIDUS), par opposition ä saler legere*.
LOURDIR [luRdiR] ν tr • Alourdir. «Je mettions de quoi* dedans pour les lourdir, je mettions un caillou». (LC 027403).
Ce mot, qui a un correspondant en Creole guadeloupeen (DCG 213b : loudi ), represente le verbe alourdir par aperese plutöt qu'un derive de lourd ( 0 FEW 5,469b LURIDUS). Notons qu'il a €ti note comme un terme de tissage ä la Baie Sainte-Marie :
(Thibodeau).
LOUTRE [lut] s f • Toute espece d'insecte autre que les mieux connus (comme les guepes, les mouches, etc.). (Le mot est aussi employe avec le sens du frangais de refdrence). 1
LOUP-MARINIER [lu maRinje] s. m. • Bateau arme pour la chasse au phoque. «J'y* dis ä mon butty* garde* ! Deux bateaux ! Je dis 9a c'est des loup-mariniers !»(LC 029204).
Derive du precedent releve avec le meme emploi aux Iles-de-la-Madeleine (Naud) et dans le parier de la Cöte-Nord pour un (ALEC 1460 ; 0 FEW 5,459b sq. LUPUS).
2
«Y en a tant de sortes, c'est toutes des loutresparici, cesaffaires*-\k, ouais ! [...] C'est qua... c'est comme une guepe, ien* que 9a vole pas, vois-tu, c'est sus la terre, 9a. Y en a qui volent, mais je pense comme d'autres choses, apres un bout* [but] y en a qui prend des ailes, mais i les perdont [paRdo] aprfes, voistu. Y en a de 9a de* long, y a... de quoi* de meme, y a... avec des coquilles*, des manieres* de coquilles dessus, mais j'ai jamais atendu* parier de 9a clair* des loutres». (AC 059209). «Ben les loutres i sont... i puont. £a pue pis 9a va yu*-ce qu 'y a des affaires* sales, comme dans la vase*,yu-ce qu'y a de quoi* qu'est... £ a se tient dans l'ordure». (AC 099203).
Des emplois metaphoriques de loutre sont attestes en moyen frangais : ( 0 FEW 5, 476b LUTRA) ainsi qu'au Quebec : acopeau 2, marisier 1.
• 2. Pisser sus le machecoui Avoir ses regies. (C.E.F.T., Devoir d'6tudiant). Emprunt ä une langue amerindienne de distribution typiquement acadienne dans les Provinces-Maritimes du Canada (ALEC 5x, 1 lx, 1612x ; Massignon 252 ; Thibodeau ; Boudreau), aux Iles-de-la-Madeleine (Heon ; ALEC ibid.) et ä Miquelon (Brasseur-Chauveau). Pisser sur le machequoui creluquer les filles> a ete releve ä Cheticamp, dans rile du Cap-Breton (Chiasson 1972 : 232, d'apres E. R.).
MACHER [maJe] v. tr. • Dechiqueter, mettre en pieces. [Ä propos de la loutre]. «Pis si a se croche* dans le pifege, si a peut trouver un caillou, ou un äbre*, a va macher le piege, pis a va s'arracher* de* dedans». (LC 029215).
Plutöt qu'au frangais mächer, ce verbe se rattache ä macher arrime I, arrimer 3, ballot, brasseyer 2, fagot 2, salerie, soleil 2, virer 10.
[Ä propos des hirondelles]. «I culbutont, i faisont [faire*] toutes sortes de magies». (GT 109208). «I fait des magies, i danse, i chante, toutes sortes d'affaires*». (LC 039215).
Extension d'un emploi , rare en fran^ais (Rob 6, 139a), mais bien atteste dans les parlers du Canada : (Clapin ; Dionne ; GPFC ; Belisle) et generalement pluriel depuis le moyen-fran?ais (TLF 11,139b ; FEW 6/1,25a MAGIA).
MAGINER [ma3ine] v. tr. •
Imaginer. «[...] tout ce que tu peux maginer».
Issue d'imaginer par apherese (Brasseur 1996b : 298), cette forme est egalement attestee en Saintonge (FEW 4,563a IMAGINARI) ou en Creole reunionnais, quoique dans un
MAIS QUE
emploi different (Chaudenson 805 : [mazine] ), mais n'est pas signalee au Canada. >
et... tout* en grand [tut ä gRÖ]». (ΜΗ 019201). adonner 7, Ii 2, malobligeant 3, ou 3.
0 Specialement en constr. ind.
MAI [mai] s. m.
>
• Mais. V. aussi BLE D'INDE.
• Se donner la main S'entraider.
1 2
>
mush 5.
MAIL [mel] s. m. • Courrier. 1 2 >
«I charriait le mail». «Asteure* mon p£re i portait le mail». (AC 018302).
etre 10, office, ramasser 18, runner 1-2.
Emprunt ä Γ anglais, qui n'a ete note qu'au feminin dans les parlers du Canada (ALEC 662x, 2310; Maillet 1958 [1977]: 106, d'aprös Ε. R.).
MAILMAN [melmen] s. m.
>
«C'est comme en bas* ä la cöte, le monde* pechiont lä, mais tout* [tut] tout [tut] se donnaient la main. Si y avait un doury* qui venait ä la cöte, bien* lä les autres hommes alliont y* donner la main, ä haler* le doury en haut*». (LC 189206). 5 «Avant on se donnait la main iun* ä Γautre, vous savez !» (GT 109210). pifece 3.
• Venir ä la main Se presenter. • 2. Pli, levee (aux cartes). 6
• Quand. 1
runner 1-2.
2 3
• 1. Dans les locutions verbales : • Donner la main Aider. 1
2
3
[Ä propos des ßtats-Unis]. «Faut qu'i est dehors* [dahoR], sus la rue, avant que le gouvernement leu* donne la main». «Je pense un homme des fois, qu'un homme qu'est tout seul be*... sa femme arait p't-ete venu y* donner la main comme 9a». (AC 059207). «Faulait \falloir*] yi* donner la main ä tout sus la ferme [faRm], sus la... pour la peche
έ η ε autre m a i n » . (AC
MAIS QUE [me k], [me k] loc. conj.
Emprunt direct ä l'anglais d'Amerique.
MAIN [me] s. f.
«II a v o n t core* 018003).
La locution donner la main, attestee depuis le 17e siecle, est toujours enregistree par les dictionnaires franijais (TLF 7,416b et 11,184a ; Rob 6, 157a ; GLLF 3168c ; FEW 6/1, 286a MANUS). Mais, dans l'usage courant, elle a ete remplacee par donner un coup de main. Elle est signalee ä SPM (Brasseur-Chauveau) mais n'a pas 6te notee dans les parlers du Canada. Venir ά la main n'a ete releve que dans un parier acadien de Gaspesie (ALEC 1808x). L'emploi est aujourd'hui vieilli en fran?ais (FEW, ibid.; TLF 11,178a).
• Facteur, prepose des postes. >
ainder. 4
«De l'huile de mai». «Y a deux choses que je peux pas manger, c'est des cucumbers [angl. , ici confondu avec la courgette], du mai", et des tomatoes [angl. ]».
Cette prononciation particuliere du fr. mai's n'est pas inconnue des parlers dialectaux fran?ais (FEW 20, 70b MAHIS). On la trouve aussi dans les Creoles (Chaudenson 796-7 : [mai] ; DCG 226a et Valdman 363 : mayi). L'usage concernant ce mot semble indecis : au 18e siecle, on recommande mai (Föraud 1861, cit6 par Thurot 2, 22); au debut du 19e l's se prononce (Domergue 1805, ibid.).
285
>
«Mais que tu pouvais passer le pont, be* ce* tait alright*». (AC 158001). [A propos des pores]. «Mais qu'i te oyiont* arriver, i s'en veniont manger». (AC 099206). «Je vas aoir un bateau neuf, mais que je le trouve». (MH 059202).
alambic.
Locution attest6e depuis l'ancien fran^ais et aujourd'hui encore dans les parlers dialectaux de France, notamment de l'Ouest (FEW 6/1, 30b MAGIS), ainsi qu'au Canada (ALEC 2254b ; Dunn ; Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier s. v. meque ; Thibodeau s. v. mesque ; Naud s. v. mi que).
286 MAL (PAS -)
1. Assez, passablement.
moiti£ du 17esiecle etre malade (ibid., 88b).
1 2
MALAISE [malez] adj.
MAL (PAS -) [pa mal] loc. adv. •
«Pas mal gros». (GT 109213). [A propos de corneilles apprivoisöes]. «I parlent pas comme du monde*, mais i parlent pas mal bien». (LC 029216). 3 «ζιιί-Ιά* lä c'est pas mal du bon coton». (LC 189205). > anis 3, aller 6, arrifere 2, baton 2, bois 20, carr6 II4, carreauti 2, damager 2, degarrocher (se -), doury 3, igard (en - de) 3, fatiqui 3, fier II-2, longi 2, pire 5, poisson 3, ramasser 6, sür 5.
• 2. Largement. 4
Incommodö, souffrant, dans les loc. verb. : • Venir malaise Avoir une indisposition, etre malade. 1
• Mettre malaise Provoquer une indisposition.
«C'est pas mal midi».
Cette locution, admise en fran5ais lorsqu'elle est suivie d'un adjectif (Rob 6, 176a), est attestee dans les parlers du Canada (Dionne; Bdlisle).
MAL(S) [mal] s. m. • Mal, maux. «C'est bon pour toutes sortes de mals». (LC 008201). > marcher 5, racine 2, scorbu.
Le pluriel mals est egalement atteste dans les parlers acadiens du Canada (Thibodeau 1976 : 10 ; Moncton 1978, d'apres E. R.) et de Louisiane (Daigle). V. aussi chenals, chevals, orignals, en FTN.
MALADE [malad] adj. • Etre malade pour loc. verb. Etre enceinte de. «Moi, quand je tais malade pour mon baby* je savais pas ce* [le] baby arait venu».
Locution attestee avec le meme sens pour un animal, dans un point du Charlevoix (ALEC 539), mais qui n'est pas signalee ailleurs ( 0 FEW 6/1, 88b MALE HABITUS). Une locution voisine : rester malade a ete relevee au Quebec (GPFC).
2
• Rfegles, menstruation. Emploi qui n'est pas Signale en Amerique du Nord, mais qui a eu des correspondants en France, comme en ancien fran^ais privees maladies (FEW 6/1,90b MALE HABITUS) ou pendant la premiere
«C'est pas poison*. Qa ne mettrait pas malaise. C'est bon !» (MH 069202).
L'emploi adjectival de malaise n'est pas attest^ avant l'epoque moderne. II a ete recueilli ä SPM (Brasseur-Chauveau). Dans les parlers de l'ouest de la France, seuls ceux de Normandie le connaissent (FEW 24/ 1,153b ADJACENS).
MALICE [malis], [malis] s. f. •
Mechancete. 1
«Les raies* de mer, c'est έηε affaire* qu'est plate oussi* ; 9'a le dos rough*, mais ?a 5'a pas de malice 9a !» (LC 029211). 2 «I les ont tu6s, c'est de la malice». (LC 039216). > malicieux 3, racoquiller 2.
Cet emploi attestd depuis Γ ancien franfais (FEW 6/1,109b MALITIA), encore en usage au Quebec (ALEC 405x, 409x, 48lx, ...) ou en Creole et fran^ais reunionnais (Chaudenson 799-800 : [malis] ;Carayol 1985 :129), n'est enregistre aujourd'hui par les dictionnaires que dans un emploi restreint: bavoleux 1, cossarde 1.
• Mangeur de souris Oiseau non identifie, sorte de faucon bran avec croupion blanc et bout des ailes blanches. > cossarde 1.
Les cinq premieres locutions sont des blasons populaires. Ce sont des creations locales ä valeur depreciative, dont le type est repandu au Canada (ex. : ALEC 1739). Notons que mangeur de tetes de morue a un certain succes chez les pecheurs des bancs puisque cette appellation a egalement et6 notee ä SPM, oü c'est le surnom des habitants de l'lle-auxMarins (Brasseur-Chauveau). Mangeur de poule ou mange-poule d6signe les oiseaux de proie et specialement le busard des marais dans les parlers du Canada (ALEC 1493, 1494); Poirier : mangeux de poule ; Thibodeau : mange-poule ). A SPM, il a et6 note pour le (Brasseur-Chauveau). Ce compose a egalement des correspondants en Louisiane : mangeur de poulet (Daigle) et aux Iles-de-la-Madeleine : mangeur de poulets (Naud). II s'agit la, comme pour mangeur de souris, de denominations descriptives (ä ajouter ä FEW 6/1, 174 MANDUCARE). M A N G E U R E [mÖ3yR], [mä3fiyR] s.f. • Nourriture.
> echauffure 1, loutre 1, mouron 2, sauvage.
Cet emploi est vieilli (TLF 11, 312b) ou litteraire (GLLF 3208b) en frangais. II est bien atteste dans les parlers acadiens (Savoie 1979 : 48 ; Maillet 1979 : 46, d'apres E. R.). II. Empl. adv. • 1. Pour ainsi dire. 1
«Alle avait maniere fait une cabane en brous-
ses*». • 2. Maniere de (suivi d'un adj.) Comme, pour ainsi dire. 2
«Ceses-Ιά* i disent qu'i sont... i sont maniere
de poison*». 3
«Pis i parlait maniere de dröle, vous savez, en anglais !» (MH 038001).
4
[A propos de la morue* barbuse], «Alle est
mantere de jaune». (LC 029203). > cadrosse 2, ipelan, ffeve 1, miditi, paille-en-cul 2, rond 2, tarrible.
Des emplois adverbiaux sont attestes dans les parlers acadiens du Canada: maniere coumme (Thibodeau 1976 :71, d'apres E. R.) et de Louisiane : maniere (Ditchy). Une locution comparable : (etre) maniere de (+ adj.) a ete notee en Nouvelle-Ecosse (ALEC 2310 ; Boudreau ; Chiasson 1972 : 269 ; Thibodeau 1976 : 28, d'apres E. R.), au Nouveau-Brunswick (Poirier) et aux Iles-dela-Madeleine (Naud). En France, le seul emploi adverbial Signale de maniere a ete recueilli en Loire-Atlantique (Mee): maniere (adv.) (FEW 6/1 281a MANUARIUS). III. • Faire maniere de loc. verb. Faire semblant de. 5
«I faisait maniere de pleurer». (AC 018103).
«Faulait tfalloir*] payer avec de la mangeure :
des patates* [. . .]» II s'agit probablement d'un derive local de manger, plutöt qu'une survivance du moyen franfais, sans attestation ailleurs (FEW 6/1, 167a MANDUCARE).
M A N I G A N E [ m a n i g a n ] s. f. • Manivelle. «Mais dame*, j'avais le phone*..., avec... la... la manigane vous savez, et j'ai calle* ä Corner Brook».
Cette forme originale η'a ete relevee qu'aupres d'un seul informateur ( 0 FEW 6/1,289a-290b MANUS).
MARCHER
MANQUER I. V. tr. • Souffrir de l'absence de (qn ou qch). 1 «Je manque mon violon ; j' ai pas joui de violon de l'hiver et 5a se perd la pratique». 2 «II* l'avont manque mon defunt* pfere quand i... i tait tout ä fait un bon homme». (MH 069203). 3 [Dans un conte]. «I dit si je te donne un Ιίέvre, i dit, eh bien, i dit je vas nen* manquer iun* ä soir* i dit dans l'icurie hein !» (LC 118002). I I . V. intr. • Tomber en panne. 4 «Mon dryer [angl. ] a manque pis lä* je m'ai fait une ligne* ä hardes». 5 «Tu sais pas quoi*-ce qu'i peut airiver hein ! De quoi* qui peut manquer et pis [...]» > soudre 2.
0 Au fig. Etre defaillant. 6
«Faut qu' y a έπε part qui manque hein, quand tu viens* vieux ! Si c'est pas έπε affaire* c'est Γ autre». (LC 028301).
Ces deux emplois, dont le premier est largement repandu au Canada (ALEC 2310 ; Dunn ; Clapin ; Dionne ; GPFC ; Thibodeau; Naud), sont probablement des caiques semantiques de Γ anglais to miss, quoique le second soit voisin du fran5ais classique et litteraire : (GLLF 3219a ; FEW 6/1, 140b MANCUS).
MARACHE [maRaJ] s. f. •
Requin. 1
«Les maraches oh 9a !... i venont dans* l'automne». 2 « f a c'est une marache ! Par* sa gueule ! Oh ! f a c'est vilain !» 3 «Les maudites* maraches, lä, ceuses*-la j'en ons Iaoir*] peur !» (LC 029211). > qualite 1.
0 Specialement : Marache bleu? 4
bleue Requin
«J'y* disais que les petites maraches les petites maraches bleues que j'avions ici lä [...]»
Ce type lexical est atteste sur toute la cote canadienne, et particulierement en Acadie, pour un requin (ALEC 1424 ; ALVMA 192, 193, 194, 195 ; Massignon 496 ; Poirier ; Thibodeau ; Boudreau), ainsi qu'ä SPM (BrasseurChauveau ; La Morandiere 1,176) et aux Ilesde-la-Madeleine (Geistdoerfer 1987 :55). Sur les cötes frangaises de l'Atlantique et de la Manche, il designe, selon les endroits, soit un
MARCHAGE [maRja3], [ m a R j h a 3 ] s. m. • Marche, deplacement ä pied. 1 2
«Ce* tait tout* [tut] marchage, c 'te* temps* lä», (AC 018102). «Tu pouais [pouoir*] pas revenir la meme journee* : trop de marchage !»(LC 028301).
Ce derive de marcher a aussi ete note dans les parlers du Qu6bec (GPFC ; Belisle). II n'a pas cet emploi en fran9ais (TLF 11, 379b s. v. marcher; FEW 16, 528b M A R K Ö N ) .
MARCHE [maR/he] s. m. • Dans le marche En vente, dans le commerce. > potache 1.
Caique de Γ anglais (to come) into the market dadin 3.
Type lexical repandu depuis le 16e siecle (FEW 6/2, 30b-31a MERGUS), margau est attesti en Picardie et Normandie (ALCAM, enq. inedites, q. 300), sur la cote est du Canada (ALEC 1481 ; Dionne ; ALVMA 394 ; Geistdoerfer 1987 : 112) et ä SPM, s. v. marga, margot (Brasseur-Chauveau).
MARICAIN •
[ m a R i t j e ]
s. m. et adj.
Americain. «Les maisons de Maricains».
Forme locale, par aph6r£se et ouverture de [ε] en [a] devant [r].
MARIER [maRje] • Ind. impft. 3e sg.: marissait. 1
«La m£re de la fille lä voulait pas asteure* qu'a marissait un homme qui tait pauvre. A voulait asteure qu'a mariait un homme qui tait tout* ä fait [tut a f e t ] riche avec en masse* de l'argent». (GT 108001). I. V. tr. • Epouser. 2 «Elle tait paree* ä marier Alexis». 3 «Alle a mouri [mourir*] pis il a marie la soeur de mon defunt* pfere lä». 4 «Υ en avait qui me coursaient pour me marier, mais non !» (GT 128101). > c'te 1, joindre, langage 1, marier 1, veuve 2. II. V. intr. • Se marier. 5 «J'avais quesiment* marie ac* ielle*». (MH 068101). 6 «Les premiers Franfais qu'habitaient la Baie Saint-Georges, c'itait des Benoit, c'itait des
MARISIER
291
Acadiens. Pis i avont marie pis i s'avont meli avec les Indiens». (LC 149810). > arracher 5, demi 2.
MARIONNETTES [maRjonet], MARIOUNETTES [maRjunet]
Ces deux constructions du verbe marier sont bien attestees en ancien et moyen fran5ais. L'emploi transitif, signal comme un regionalisme du Nord, de la Belgique et du Canada (Rob 6, 259b), a 6te relevd dans divers parlers dialectaux de France (FEW 6/1, 348b MARITARE); il est reste commun au Canada (ALEC 1887 ; Dunn ; Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier ; B61isle) et en Louisiane (Ditchy ; Daigle). L'emploi intransitif, note en Normandie ä l'6poque moderne (FEW, ibid.), se trouve aussi dans les cr6oles fran^ais (Chaudenson 802: [marye]).
s. f. pi. • Aurores boriales.
MARINGOUIN [maRegwe] s. m. •
Moustique. 1
«Y a un maringouin qu'est droit* [dRwat] sus votre tete. Comme fa ! II est parti ! Vous l'avez quisiment* iu, quand meme». (AC 099203). 2 «Le maringouin, dres* que la gelde finit au printemps, il arrivont. Pis i sont lä tout le temps !» (LC 029216). > c'te 2.
Ce type lexical, atteste en fran^ais depuis 1566 (Arveiller 1963 : 333), est enregistre par les dictionnaires pour un (TLF 11, 404a ; Rob 6,262b). Dans les releves realises ä l'epoque moderne au Canada, il a ete identifie comme un (ALEC 1566 ; PF 732 ; Poirier) ou comme le (Belisle). II n'est pratiquement pas usite en France (FEW 20, 72a MARUIM ; ALN 652), mais se trouve dans les Creoles des Antilles, de la Guyane et de la Reunion (Bollee 1993 :300 ; Chaudenson 1974 :279 ; DCG 216b : maengwen; Valdman 359 : marengwen) ainsi qu'en Louisiane (Ditchy ; Daigle) et ä SPM (Brasseur-Chauveau). «Maringouin est comme le dit Chaudenson (1974:616)un mot du «vocabulaire des isles» ne en Amerique centrale mais connu des voyageurs et des premiers colons» (Brasseur 1996a : 21).
1
«I disont comme les machines lä, les... les marionnettes lä, i disont que c'est des anges qui souffrent». 2 «Les marionnettes... y a une chanson lä-dessus pour les faire venir... bas ! Oh tu peux les faire venir ä ras* devant toi. Si tu chantes longtemps assez*, i venont* tout rouges dans le temps*. Pis ä force de chanter i venont right* en bas, et pis i soufflont*, tu peux les entendre souffler». 3 «Justement* t'as ien* qu'k dire 9a : [en chantant] Marionnettes oh marionnons, alle y font font font font les jolies petites marionnettes, alle y font font font font marionnettes oh marionnons ! Et pis tu chantes 9a par-dessus* par-dessus et pis i vont venir nous oir*». > jig 2.
Marionnettes est la denomination typiquement canadienne des aurores boreales (ALEC 1161; Massignon 68 ; Dionne ; GPFC ; Boudreau ; Naud ; Belisle), attest£e egalement ä SPM (Brasseur-Chauveau) et en Louisiane (selon Poirier). Dans les parlers dialectaux de France, notamment ceux de l'Ouest, marienne, marionnette s'appliquent uniquement ä la vibration de l'air sous l ' e f f e t de la chaleur (ALBRAM 559 ; ALN 541 ; FEW 6/1, 337 MARIA ; 6/2, 31b MERIDIANUS).
MARISIER [maRizje] s. m. • Arbre, bouleau jaune, Betula lutea. 1
«Le marisier c'est quisiment* comme un bouleau, ien* que le machecoui* qu'est dessus est pus fin». 2 «I n-n'*avait du marisier ici un temps* etait, bien*... pas en masse* mais i n-n 'avait». (GT 109206). 3 «Le marisier, ben 9a c'est du bois dur ! Tu vas faire des manches de hache ou de quoi* de meme». (LC 029216). > fourniture.
Le type merisier est un rögionalisme du Canada avec cet emploi (TLF 11, 684b ; ALEC 1611 «bouleau jaune» ; Poirier et Thibodeau «yellow birch» ; GPFC et Belisle «bouleau merisier»), (V. FEW 24, 393a-b AMARUS).
292
MARLE
MARLE [maRl], [mäRl] s. m.
MARQUE
• Oiseau, merle d'Amerique, Turdus migratorius.
•
1
1
0 Specialement: Marie noir [ m a R l n w e R ] (GT) et Marie rouge [ m a R l R 1 1 3 ] (GT). «Y en a jamais venu beaucoup par ici mais j'en ai vu sou vent, des marles noirs». (AC 059205).
D6nomination usuelle de cet oiseau au Canada (ALEC 1533 ; Dunn ; Clapin ; Dionne ; GPFC). Les lexicographes donnent parfois au merle son autre nom regional: rouge-gorge (Poirier ; Thibodeau ; Boudreau). Merle noir et merle rouge sont egalement attestes, mais presque exclusivement dans les pariere acadiens (ALEC, ibid.) et ä SPM (BrasseurChauveau). II semble que ces deux appellations ne soient que des variantes pour designer le meme oiseau.
MARLILLON [maRlijS] s. m. • Oiseau, rapace diurne non identifie. 6pervier ? «Y en a plusieurs di* ieusses*. Y a le tit* marlillon, les petits marlillons, 9a c'est tout petit. Ieusses* y en a ici». (GT 139202). 2 «Chez nous y avait des marlillons pis y avait des pecheurs*». (LC 149807). > bavoleux 2, cossarde 1, faux-mouchet, mangeur 5, pecheur 3.
«Quand j'allons au large, c'est nos marques
fa».
«Y en a pus de marles, c'est tout parti».
> ramasser 6.
2
[ m a R k ] s. f. 1. Repfere, amer.
2
«5'* t'aurais pas de marque ni rien, tu retrouveras pas c't* endroit-lä apres». 3 «Υ en avait un gars* ici, i pechait, pis i s'en allait tendre sa trawl*. II avait mis έηε marque mais... ce* tait pas...ce tait έηε vache ! [Rires]». (MH 069201). > dehors 4, pavilion 2.
• 2. Par ext. Lieu de peche. 4
«Tu vas au large, tu vois le bout* [but] du cap* qui sort: le Petit banc. Pis c'est des bonnes marques ! Quand tu vois {a, mets ta faux* en bas*, pace que c'est tout plat* [plat]. J'appelons 5a un petit banc pace qu'il est plat [plat]». (AC 128202).
Au pluriel, ce mot a ete enregistre en f r a n 5 a i s de la fin du 17 e siecle ä la seconde moitie du 19epour des (FEW 16,553b MERKI). II a etέ releve sous la forme marque de terre aux Iles-de-la-Madeleine (Geistdoerfer 1987 : 114). A SPM, c'est la forme remarque qui est usitee (Brasseur-Chauveau). Le second emploi est particulier au FTN.
1
Cette forme originale ( 0 FEW 17, 157a-b *SMIRIL) represente le type emerillon. On la rapprochera d'une forme voisine notee en Gaspesie : [emaRleo] (ALEC 1494x).
MARLIOT [maRljo] s. m. • Jeune marie*. «Tout d'un coup v'lä un marliot qui cherchait* pour de la nourriture aussi [...]»
Derive original de marie, dont on peut noter certaines formes voisines, comme merlot ou merleau en fran5ais ( 0 FEW 6/2, 36b-37a. MERULA), marleau dans la region de Moncton (d'apres E. R.)
MARRER V. AMARRER.
MARS [ma:R] •
[mÖR],
[maRs]
s.m.
Mars.
> fun 4, loup-marin 1.
La prononciation [ma:R], bien representee en France (FEW 6/1, 390a MARTIUS), est majoritaire dans les parlers populaires du Canada (ALEC 697 ; Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier ; Thibodeau ; Boudreau). [mÖR] est une forme locale, nasalisee, qui en est issue.
MASSACRER [masakRe] •
v. intr.
S'abimer, se gäter.
[A propos du poisson]. «Oui 9a massacre vite quand y a du soleil». (AC). 2 «Pourri, f a c'est de quoi* qu'est massacre». (LC 189802). > canir 3. 1
Massacrer pour a ete releve dans quelques parlers dialectaux fran^ais (FEW 6/
MATTE
I, 516a *MATTEUCCULARE); cet emploi est aussi atteste au Canada (Belisle : massacrerses hardes). Ce verbe intransitif a, comme beaucoup d' autres, une valeur pronominale en FTN.
MATIN [mate] s. m. • 1. Demain au matin loc. adv. Demain matin. >
virer 11.
• 2. A matin loc. adv. Ce matin. >
«Vous avez pas fait votre ouvrage comme i faut ä matin !» amener II-2, anis 2, clair 6, dempis 1, rough 2, ti 1.
• 3. Dans le matin Dans la matinee. >
chassis 2.
«Oh des graines*, y a des graines en masse par ici lä !» 2 «Si c'est le Bon Dieu qu'a fait tout 5a mais il a eu en masse de l'ouvrage ä faire !» 3 [A propos de la morue]. «J'en ai ramassi en masse moi meme sus la grfeve : a coursait le capelan». > anis 3, barboux, batterie (en -) 3, battre 2, berry 2, bois 18, 20, capon 2, dicrimer, diton 5, encornet 1, 2, faucherie 3, filerie, frayeur 1, jeez 3, gou61iche 3, honteux 1, ieusses 9, joliment 1, lapin 1, 2, marier 1, ...
Au matin, qui parait vieilli et regional (FEW 6/1,539a MATUTINUS) est parfois enregistre par les dictionnaires (GLLF 3270b ; 0 TLF 11, 506a). A matin, qui est donne comme un regionalisme de l'Ouest et du Canada (TLF 11,506b ; Belisle ; FEW, ibid.), est egalement atteste ä SPM (Brasseur-Chauveau) et en Louisiane (Ditchy 38, 146 ; Daigle, s. v. a).
Cette locution fra^aise (FEW 6/1,442b-443a MASSA) est aujourd'hui consideree comme populaire (TLF 11, 466b) ou familiere (Rob 6, 288b), mais l'usage courant qui en est fait dans les pariere du Canada doit la faire admettre ici comme un regionalisme (ALEC 1176a, 1755c, 2054, 2310 ; Clapin ; Dionne ; GPFC ; Thibodeau ; Naud; Belisle). La locution est egalement signalee en Louisiane (Daigle).
1. Tapis ä mettre sur le sol.
MATTE [mat], [maet], [met] s. f. 1
>
MATE [mate] adj. • Debout, dresse. [Dans un recit de chasse aux loups*-marins], «Quand* qu'i tombont endormis, j e cours. Et quand que je fais le dernier saut pour mettre mes mains sus le glagon*, i se reveillont. £ a fait qu'y en a deux qui fait* pour l'eau, et l'autre reste mate au-dessus de moi». (LC 029204).
Le verbe mater est enregistre en franfais (TLF II, 490a ; Rob 6, 297b). En France, il est cependant peu courant en dehors du vocabulaire de la marine, ce qui η'est pas le cas au Canada (Clapin ; GPFC ; Poirier) ni en Louisiane (Ditchy ; Daigle). L'emploi adjectival a ete note dans les pariere normands (ALN, enq. inedites ; FEW 16, 540b MAST) et canadiens (ALEC 1342a) ainsi qu'en Creole reunionnais (Chaudenson 804 : [mate]).
«Avant i faisiont des mattes pour la place* ; il aviont 9a dans un frame*, pis il aviont des crocs*, i piquetiont des brayons* lä-dedans pis i faisiont des mattes». 2 [A propos de la peau de loup*-marin]. «Si c'est bien netteye* 9a fait des belles mattes». 3 «Auparavant les femmes hookiont [de l'angl. to hook ] les mattes, avec des sacs pis du brayon*. I preniont les sacs pour faire la matte et pis i preniont leu* brayon. Toe ! I d£chiraient 9a...» (AC 059209). brayon 2.
2. Matte de table Nappe. 4 5
«Maman disait 9a aussi la matte de table, ζα fait* ielle* alle tait franchise». (GT 109206). «Des grandes mattes de table pis des gros paquets de roses sus la table. Oh ! Ce* tait beau ! Oh ! Ce tait mignon !» (LC 138403).
Emprunt ä Γ anglais mat cnatte ; paillasson ; carpette>, bien atteste dans les parlers acadiens de la Cöte-Nord, de la Baie des Chaleurs, des Iles-de-la-Madeleine, du Nouveau-Brunswick, de l'lle-du-Prince-Edouard et de NouvelleEcosse pour une ou un (ALEC 59a), un brülot.
• Comment du mausesse. V. COMMENT. • 3. Avec valeur d' adj. Mausesse de Diable de, sacre. 7
«Des mausesses de grandes priores !» (ΜΗ 038002). 8 [A propos de visons sauvages]. «Υ en a des mausesses de grosses». (GT 139202). 9 «J'ai trape* un mausesse de rhume Γ autre soir!» (LC 029211). 10 [A propos des loches*]. «Pis y en a des grosses ! Jeepers* Christ ! ... comme 9a de long ! Des mausesses de grosses !» (LC 029215). > doche 1, encens 3.
Ν. B. AC 059202 emploie une forme crois6e avec Bon (Dieu): Bonsesse [b5zoes]. 11 «Y a pas de bonsesse de danger !» (AC 059202).
• 4. Chose que l'on craint. 12 [Ä propos des premieres relations sexuelles], « f a f '*un mausesse 9a !»
• 5. Faire du mausesse loc. verb. Faire des degäts. 13 [A propos des gratteux*]. «£a venait dans les jardins, 9a faisait du mausesse auparavant». (AC 059203).
M£DECINE
Alteration euphemique de maudit, ä valeur de juron attenue, egalement attestee au Canada (B61isle ; Moncton, NB, 1978, d'apres E. R . : moses [angl.] popie 2.
Type lexical attest6 avec le sens de en franfais depuis 1791 et s i g n a l dans divers parlers dialectaux de France (FEW 6/1, 568a MECHANICUS). L'emploi , correspondant ä l'usage terre-neuvien, a aussi ete note aux Iles-de-la-Madeleine (ALEC 2052 ; Naud).
MECAUQUE V. MOCAUQUE.
MECREDI [mekRedi], [mekRedi] s. m. •
1. Signifier, vouloir dire.
>
«Je sais pas quoi* que f a meane». beurgot 12.
• 2. Certifier, assurer. Emprunt ä l'anglais to mean, avec adaptation morphologique.
MECANIQUE [mekanik], [mekanik], [maekaenik] s. f. •
1. Machine. 1
2
«Une mecanique ä brocher*, une mecanique ä coudre, une mecanique ä faucher, une mecanique ii laver». «Le gars* qui fauche mon foin, lui i met le sien en ballots pace qu'il a la mecanique pour*».
Mercredi. « f a se fait* que le pretre lui a dit, i d i t : tu vas venir travailler, ben, mettons, mardi, ou mecredi».
MEANER [mi:ne] v. tr. •
295
(MH 019202).
Des formes similaires, avec chute du [R] implosif, ont ete notees en fran^ais populaire et dialectal (FEW 6/2, 19a MERCURIUS), comme dans les parlers du Canada (ALEC 1698 ; Dionne ; GPFC ; Poirier) et en Creole hai'tien (Valdman 369 : mekredi).
MEDECINE [metsin] s. f. •
Medicament. 1 2
3 4
«Je m'en vas [aller*] te donner une petite bouteille de medecine». [A propos de la biere* de prusse]. «C'est comme έηε medecine quand 5a travaille*». (MH 069204). «I faisait des medecines. I mettait toutes sortes dedans !» (GT 128101). «Qa c'est de la bonne medecine oussi*». (LC 029212).
296
MEDECINE
> aoir 1, cabinet, genevre, genievre, rognon 2, sauvage 2, tablette. Atteste depuis l'ancien fran9ais, cet emploi est devenu desuet en fran^ais ä partir du 18 e sied e (TLF 1 1 , 5 6 2 a ; Rob 6 , 3 3 0 a ) , mais il s'est conserve dans de nombreux parlers dialectaux (FEW 6/1, 5 9 9 b M E D I C I N A ) ; il est aussi repandu au Quebec et en Acadie (ALEC 2185 ; Poirier; Thibodeau ; Boudreau) ainsi qu'en Louisiane (Daigle) et dans les Creoles frangais delOceanindien(Chaudenson807: [medsin]).
MEILLEUR
«I nous disiont 9a, si j'allions marcher le soir [SWCR] hein : jamais marcher dans le melieu du chemin». [C'est lä que passent les avartissements*]. (AC 068101). > bosse 1, boucaner 1, bun 3, dret, embarquer 2, filier, glai 1, loin 2, pain 4, rigole, sauver 7, shaker 3, slip 1-1. Ces formes sont attestees dans les parlers dialectaux de France, notamment dans l'Ouest et le Centre (FEW 5 , 3 9 4 a - b L O C U S ) et au Canada : milieu (GPFC). 3
MEMBRE [mäb] s.f. [ m e j O e R ] adv. (comp, de
bien) • Mieux. 1 «C'est meilleur ä y* etre dans la maison». (MH 059201). 2 «lelle* alle arait du saoir* meilleur !» (LC 008402). 3 «I parle meilleur que moi». (LC 008402). > dessus 10, slip II-2. 0 Specialement: Tant*meilleurlsxA mieux. 4 «Je sus [etre*] pas suppose* de fumer [...] Mais je fume pareil. Pus [v. tant* pus] vite 5a me tue, tant meilleur !» (MH 059201). Neutralisation de la distinction entre adjectif et adverbe, c o m m e pour pire substitue ä pis.
MELASSE [mlas], [mlaes] s. f. •
Melasse. 1 «Je faisons des cakes* ä la melasse, des cakes rondes, pis des gateaux aussi, des gäches* [...]» 2 «Du pain ä la melasse, c'est nourrissant!» (GT 109211). > baril 2, 3, beluet 3, berouette, beurdouille 1, 2, bosse 2, bun 2, candy, caeuracjon 1, douceur 1, gäche 3, garder 1-5, gogues, lard 2, licher 1, paraffine 2, ponchon, poutine 1, travailler4, venir7. Prononciation attestee en Saintonge ( F E W 6 / 1 , 6 8 0 b M E L L A C E U M ) et r e p a n d u e ä travers tout le C a n a d a ( A L E C 241 ; G P F C ; Belisle).
•
Membre (dans la construction d' un bateau). «La membre est cloutee* sus la sole ielle*». (LC 029206). > carreau 3, rencontre 3. L e g e n r e f e m i n i n n ' e s t p a s s i g n a l e au Canada ( 0 A L E C 1376x, 1396x). II n'a ete note que dans l'fle anglo-normande de Jersey (FEW 6/1, 6 9 0 a M E M B R U M ) .
MEME (DE -) [d mem] loc. adv. 1. Ainsi, c o m m e 9a. 1 «Apres que la peche tait finie, ben i restiont ici, ieusses*, y en a joliment* qui restiont ä La Grand-Terre ici lä pis... au Cap, c'est de meme qu'il ont venu ä rester ici vois-tu». 2 [A propos des casiers ä homards]. «Mais nus autres* je tendions pas des de meme». (LC 029213). > adonner 5, aroi II-3, baillee 1, barrique 1, battre 1, beurgot 12, bloc 3, boucaner 2, bouffie 1, brasser 5, cant 3, carri I-1, chavirer 2, connaitre 7, culler, droit 6, 6carde 4, 6champeau 2, engorger, fagot 2, ... • 2. De quoi de meme. V. QUOI. Cette locution, qui «jusqu'au XVIIP [ . . . ] pouvait s'employer avec une valeur d'adjectif au sens de » (Rob 6 , 3 5 5 a ) , est donnee c o m m e un regionalisme de l'Ouest et du Canada (TLF 11, 616a). V. aussi FEW 4, 8 0 7 b - 8 0 8 a IPSE. •
MENAGE [mena3], [menae3] MELIEU [maljce], MELIEU [meljoe] s. m. •
Milieu. 1 «Dans le melieu de la soiree». 2 [A propos de la planche ä laver]. «La frame* tait en bois, et pis le melieu tait de la vitre* epaisse».
s. m. • Oiseau de petite taille, non identifie. «On appelait 5a les petits menages ; i sont couleur de plomb..., mais le dos est noir, pis tout le stomac* ici... couleur de plomb hein !» Ce mot, qui n'a ete releve qu'aupres d'un seul informateur, est peut-etre ä rapprocher de
MENTION
meinage ou menage, qui designent un (petit) enfant au sud-ouest du domaine d'oi'l (FEW 6/1,186bMANERE). M E N D E R [ m a d e ] v. intr. • S'amender, s'ameliorer. Forme locale, par apherese d'amender ( 0 FEW 3,217b sq. EMENDARE), dans un emploi specifique du FTN, oü les verbes intransitifs peuvent avoir une valeur pronominale (Brasseur 1997 : 151). Μ Ε Ν Ε ! [mene], M E N E N N E ! [ m e n e n ] inter). • Cri repete pour appeler les moutons. V. aussi MINI!, NANANE !, NANNY ! «Μέηέ ιηέηέ πιέηεηηε ! Pis i cromprenont aussi hein ! Mais c'est pas tout le monde qui dit la meme chose !» (AC 099205).
Mene a 6te note ä deux reprises au Quebec (ALEC 595 et PF 1397 ). On le rattache ä venez (ALEC, ibid.).
M E N I G A N C E [ m e n i g ä s ] s. f. • Mensonge. (Confirm6 par GT 109206). des
Forme locale de manigance, dans un emploi original ( 0 FEW 6/1, 289b MANUS). MENOIRE • Brancard.
MINARE ; ALN 227 ) et repandu ä travers tout Test du Canada (ALEC 1119; Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier ; Naud ; Belisle). M E N T E R I E [ m d t R i ] s. f. • Mensonge.
> gagner 6.
«Le monde* contait* des menteries*, n^nigances lä, des menteries quoi».
297
[manweR] s. f.
1
«C'est... deux roues, c'est juste [un mot inaudible] pis c'est tout, pis y a comme des menoires dessus». (GT 099202). 2 «Pis sus la traine*, y avait des menoires qu'on appelait 9a [...] pis on drivait* ?a dans la rene». (MH 069203). 3 «Pis une fois qu'il est amarre* tu passes tes deux menoires dedans [...] pis pare* pour le chemin !» (LC 029209). > gig 1, griement 5, harnois 2, quisiment 2, tapon.
Type lexical atteste depuis l'ancien fran^ais pour le timon d'une voiture, encore enregistre dans divers parlers dialectaux de France, notamment en Picardie, dans le Centre et dans le sud-est du domaine normand (FEW 6/2,103b
1
«Mais tout ce qu'elle m'a dit ce* tait des menteries». 2 [Le magnitophone tombe en panne]. «II est fatique* d'entendre des menteries». (AC 059208). 3 «Υ avait p't-ete bien queques* menteries dedans, mais y avait eune tapee* de viriti [vaRite]». (GT 128101). 4 «Je pense les menteries m'ont tourni la langue !» (LC 029208). > comme 11, gros 3.
0 Specialement: Conter* une (des) menterie(s) Dire un (des) mensonge(s). 5 «Regarde la menterie qu'i m'a contee !» 6 «£a paie pas de conter des menteries !» > minigance, ramasser22.
Atteste en fran^ais depuis le 13esiecle, menterie relive du style familier depuis le 18e. Depuis le 19'siecle, il est populaire ou dialectal. Les dictionnaires contemporains le considered comme vieux, populaire ou regional [Centre, Ouest, Canada] (TLF11,653b), vieux et familier (GLLF 3314a) ou encore rural ou employe par plaisanterie (Rob 6,370b-371a). II s'est conserve dans les parlers dialectaux de France (FEW 6/1, 745 MENTIRI), au Canada (ALEC 2288 ; Dunn ; Clapin ; Dionne ; Poirier ; Thibodeau ; Boudreau), en Louisiane (Daigle) ainsi qu'en Creole et fran9ais reunionnais (Chaudenson 806-7 : [mötri] ; Carayol 1985 : 132), de meme que la locution conter des menteries (FEW 6/1,751 note 38 ; ALEC 2105, 2240 ; Daigle, s. v. conter). M E N T I O N [ m ä s j ö ] s. f. • 1. Presage, prevision, signe. 1
[A propos des hirondelles]. «Tous les printemps ici lä l'6t& tu les oyais*, surtout quand* qu'i y avait mention de pluie».
• 2. Y a pas mention de II n'est pas question de. 2
«Υ avait pas mention de mettre les chevals* dans la neige qu'y avait lä». (LC 027401).
298
MENTION
La locution il est mention de est attestde en franfais de la fin du 17e sifecle ä la seconde moitie du 19° (FEW 6/1,738a MENTIO). Mais cet emploi, ainsi que la locution, n'ont ete releves au 20e siecle qu'au Canada, dans le parier acadien de RiviereBourgeois, dans I'lie du Cap-Breton (Boudreau).
MERE
[ m e n ] , [maeR] s. f. • De mere loc. adj. Maternel. «Mon difunt* grand-pfere de mere, hein, eh bien ce* tail un berton*». (GT 128001).
Emploi original ( 0 FEW 6/1, 467b sq. MATER).
MESS [mes] s. m. • Faire un mess (avec, sus qch) Salir (qch).
MENUIT [me:nqi] s. m. • Menuit (ou minuit) du soir Minuit. «£a venait, je sais pas, je crois que c'est ä minuit du soir». (ΜΗ 068101). 2 «3'ons [aoir*] montd ä la maison manger, et de lä j 'ons et6 trancher*. J'avons fini ä minuit du soir». (LC 027401). > coeur 1.
1 2
1
Menuit a 6te enregistre en fran9ais populaire au 19e siecle, ainsi que dans divers parlers dialectaux de l'Ouest et du Centre (FEW 7, 215b NOX). [menqi] est egalement bien atteste dans Γ ensemble du Canada (ALEC 1717 ; Dunn, Poirier, Boudreau : menuit; Clapin, Dionne, GPFC : menuit) et en Louisiane (Daigle, s. v. minuit). La locution est cependant originale. M E R [ m e R ] , [maeR] s. f. • 1. Mer salee Mer. 1
«Le long de la mer salee, lä je peux dormir tout le temps». (LC 138401).
• 2. Mer douce Eau douce. 2
«C'est pareil comme* des garrots pis des becs*-scie lä, c'est pas des jubiers* de la mer salee 9a, c'est des jubiers de la mer douce, de Γ eau douce». (LC 029208).
Meme si mer peut parfois s'appliquer en fran9ais ä une gratte 1, pari 3, poire 1, tain.
0 Empl. pron. 4 >
«A se pousse* ielle*, a se met hardie* assez* pour aller y* parier».
pari 5.
Le premier emploi, qui n'est atteste en franfais que dans la locution mettons que , possfcde un equivalent saintongeais (FEW 6/2, 187a MITTERE). Le second emploi est une extension du fran5ais general (TLF 11, 761b). Les pariere du Canada offrent des exemples similaires (ALEC 295 : mettre brillant, mettre reluisant ; ALEC 705 : mettre pret ä labourer ; ALEC 1400 : mettre etanche . • 3. Mettre ensemble : - Melanger. >
divin, go 2.
- Reciter d'un bout ä l'autre sans erreur (en parlant d'un conte, d'une chanson). 5
6
«Si je les conterais* asteure*, hein, ce serait diffirent [difaRÖ] hein ! Pace que je pourrais les mettre ensemble !» (GT 017703). [A propos d'un conte]. «Je peux pas l'attraper ! Pas moyen de le mettre ensemble». (GT 017704).
Ces deux emplois sont caiques sur Γ anglais to put together. 0 Empl. pron. Se joindre, s'accoupler. 7
>
[A propos des orignaux]. «Mais bientöt lä tout* qu'i vont commencer ä se mettre ensemble lä, ben lä i allont sus un terrain grand». (GT 139202). bee 4.
Restriction d'emploi du fran^ais general se mettre avec qn (TLF 11, 763b). • 4. Mettre en bas. V. Β AS. • 5. Mettre en cour Attaquer en justice. Locution originale. • 6. Mettre aller Mettre en marche. 8
[A propos du moteur du doris, dans sa cabane*]. «Quand tu le mettais aller, tu fermais [fDRme] les portes». (LC 149805).
299
0 Specialement, en emploi pron.: Se mettre aller S'habiller pour sortir. 9
«Si tu veux sperer* que je me mette aller, je vas y aller». (LC 189801).
MICHON [mi/5] s. m. • Agneau nouveau ne. (GT 109206). Ce mot, qui n'a pu etre νέπίϊέ, represente peutetre une forme locale du fran9ais bichon ou se rattache ä des noms du bouc attestes dans le Haut-Maine : michaud et ä Vendöme : michau, (FEW 6/2, 78a MICHAEL). II est peut-etre ä comparer avec vichon , enregistre en Haute-Bretagne et Anjou (FEW 14, 99a VACCA ; 22/1, 281 veau).
MIDITE [midite] s. f. •
Humidit6. «Si i mouille* dehors* [dahoR] pis... dur*, tout le temps qu'y a pas de feu dans les maisons, eh bien y a de la midite, qui rentre. Les hardes* vont venir* humides, maniere* de trempes*, lä». (GT 109206).
Forme issue d'humidite, par apherese, typique du FTN ( 0 FEW 4, 510b-511 a HUMIDUS).
MIEN, TIEN, SIEN (LE -) [1 m j e ] , [1 t j e ] , [1 s j e ] pron. poss. • Ma, ta, sa propriete. «Comme* que j e peux me le rappeler moi, si t'avais pas de terre, t'avais ien* qu'a aller pis... deserrer*, couper le bois de* dessus, pis nettoyer, faire de la bouchure* ä l'entour, pis... ce* tait le tien».
Caique de la tournure anglaise, oü Γ on emploie le pronom mine dans ces conditions.
MIETTE (UNE -) [yn mjet]ioc. adv. •
Unpeu. [A propos d'une vache accidentie]. «Α marche dessus [sur sa patte]. Alle est juste une petite miette... perdue, mais il* l'avont strapee*, avec des... des straps* pis...» (LC 189202).
Cette locution familifere est attestee dans divers parlers dialectaux de France (FEW 6/2, 69a-b MICA) et au Canada (Dionne ; GPFC ; Poirier ; Thibodeau ; Boudreau ; Naud).
300
MIETTER 3
MIETTER [mjete] v. tr. •
Emietter. «[...] de prendre son pain et tout de le mietter dans sa poche». (GT 108002).
Apherese d' emietter, peut-etre par attraction de miette (Brasseur 1996b : 297, 298), qui n'est signalee ailleurs que dans un parier acadien de Gaspesie (ALEC 195 ; 0 FEW 6/2, 69b MICA).
MIEUX [mj0] •
Faire ä son mieux Faire de son mieux.
> aller 20.
La locution etre mieux de a ete relevee au Quebec (ALEC 2245x ; GPFC ; 0 FEW 6/1,669b MELIOR).
MILOU [milu] s. m. •
Rocher qui affleure en mer. 1 2
3
«Asteure* n'oubliez pas qu'un milou c'est un caillou* en mer !» (GT 10). «Y a un caillou*. £ a c'est un milou 9a. Y a un milou ici lä, dans le nordet*, de l'ile, pis dans l'ouest de l'ile y a encore un autre milou : y a le petit milou, pis le grand milou». (GT 109202). «C'est des cailloux qu'est justement* au niveau de l'eau, des milous, chez nous j'appelons fa des milous. Quand tu vas de chez nous ä aller* par le Bout du Cap lä, y en a iun* lä, ä la mer haute tu le ois* pas, il est justement au niveau de l'eau, ä la mer basse, i sourde [sourdre*] : il appeliont 9a le Crapaud ; c'est des milous». (LC 149803).
Ce type lexical, que je n'ai pas trouve dans FEW, n'est pas signale au Canada.
MINDER [majnde], [majne] v. tr. •
• 2. En emploi tr. ind. Minder pour Se soucier de. 5
«Α mindait pas pour la vache, a voulait le veau, ben j'avons sauv6 le veau».
Emprunt ä 1'anglais to mind, avec adaptation morphologique. L'emploi au conditionnel est caique sur Γ anglais I wouldn 't mind, de meme sens. Ce verbe, qui est en concurrence avec s'inquieter*, est usuel ä Terre-Neuve.
Etre mieux (de) Faire mieux de.
> niyer 2.
•
4
«Je minderais bien de 1 'assayer*, oir* me gagnera* !» «Minderais-tu d'aoir un game* avec moi ?»
1. Se soucier de, faire attention ä. 1
«Y avait des vieux avant i... i mindiont pas la brume». > beau (avoir - ä), quand meme 5.
0 Specialement: Ne pas minder de Ne pas s'inquieter de. 2
«Je tais veuve*, ma femme tait morte... Je mindais pas d'aller dans* le Germany [angl. ]».
0 Empl. au conditionnel Je minderais Cela ne me deplairait pas de...
de...
MINI! [mini], MININE ! [minin] inteij. • Cri repete pour appeler les moutons. V. aussi ΜΕΝΕ !, NANANE !, NANNY ! Ce cri pour appeler les moutons n'a pas ete releve au Canada, mais il doit etre rattache ä ΜΕΝΕ. Voir ce mot.
MINUIT V. MENUIT.
MISERE [mizeR], [mizaeR] s. f. • Peine, difficult*;. 1 2
3
[A propos de la fabrication du boudin] .«C'est trop de misere pour les femmes». «Alle acoutait* dire sa fille combien de misires que sa mfcre y* disait ä la fille». (AC 059209). «Ieusses*, i nous ont pas dit de nous mettre dans la misere». (LC 028501).
Φ Specialement dans des loc. verb, signifiant : • Avoir (de la) misere. 4
«Pis j'ai de la misere ä parier, avec mon rhume». 5 «J'ai tant vu de monde avoir de la misere avec les femmes !» 6 «Si vous avez... misere avec une personne [paRson] et pis vous etes bon avec votre poing, tapez-le en has* l'oreille ici lä, pis vous avez tourdi* lä... pis vous avez pas besoin de taper un gros coup !» (GT 109201). > brasser 3, debrancher 2, famille (en -) 2, fun 3, narf 1, pauveur 2, varite 1.
«La misfere ! Oh ! II avont passe de la misire !» (AC 128201).
Cet emploi de misere est usite au Canada (ALEC 1065x ; Dunn ; Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier ; Thibodeau ; Naud; Bdlisle), ä SPM (Brasseur-Chauveau), en Louisiane (Ditchy ; Daigle), en Creole guadeloupeen (DCG 230a : mize ) ainsi que dans l'ouest de la France (FEW 6/2, 169a-b MISERIA). La locution avoir de la misere, consid6ree comme un rigionalisme de l'Ouest et du Canada (TLF 11, 886a ; Brasseur 1993 : 175-176), est aussi attestde en Louisiane (Daigle).
3
«Pace qu'i avont les autres lä les... les cranberries [angl. ] qu 'il appelont* lä, je sais pas comment* que c'est appeli en fran9ais. Vous achetez 9a ä la boutique. Ben c'est comme une mocauque mais i sont plus grosses». (AC 099205). > berry 2.
Emprunt ä une langue amerindienne typique des parlers acadiens pour Γ (ALEC 1655 ; Massignon 212 ; Poirier ; Boudreau ; Naud ; Summerside, IPE, 1975, d'apräs E. R . : mecoque).
MODE [mod] s. f. •
MITAINE [miten] s.f. • Moufle (dont, outre le pouce, l'index est parfois degagd). 1
«C'est pas des gants c'est des mitaines, y a ien* qu 'un pouce». 2 «Y a deux sortes d'affaires* : y a les mitaines, y en a iene* avec un doigt, pis y en a d'autres qui avont pas de doigts, i sont faites toutes du meme, toutes du mime morceau». (LC 029217). > bouchon 2, brocher 2, c'te 5, plucher 2, suit 4.
Atteste depuis le 12° sifecle, mitaine est devenu, depuis le 18e, le nom d'un gant qui ne couvre que les doigts. II est considere en fran^ais comme vieilli ou comme un regionalisme du Canada pour (TLF 11,893b ; Rob 6, 491a ; DHFQ 368). II a aussi ete enregistre en Louisiane (Daigle). A SPM, c'est egalement une sorte de moufle (Brasseur-Chauveau 1990: 456). Dans les parlers dialectaux de France et au Canada, il designe toujours le gant qui n'a qu'une division pour le pouce (FEW 6/2, 177a M I T - ; ALEC 1949 ; Massignon 1664 ; Dunn ; Clapin ; Belisle).
MOCAUQUE [mokok], MECAUQUE [makok] s . f., parfois m. • Airelle canneberge ou atoca, fruit de Vaccinium oxycoccos. 1 2
«Le mocauque 9a je crois que c'est έπε parole* indien». «Les mocauques 9a c'est des... des graines* de plaine* ; 9a pousse dans les plaines, autour deslacs[...]Yadesgrisesetyades rouges».
301
Prendre mode sus Prendre module sur. «Le vieux temps*, je pense, i preniont mode sus toutes sortes d'affaires*». (LC 029211).
Locution originale ( 0 FEW 16/3, 19b sq. MODUS), ä rapprocher du fran9ais prendre modele.
MODERE [modaeR] adj. •
Moddre (en parlant du vent). «De ces temps*-ici* lä steure* ben tu vas aoir des vents modferes vois-tu. C'est pas des grandes brises* le temps est chaud pis c'est pas souvent que t'asfenegrande brise». (AC 059205).
Forme originale ( 0 FEW 6/3,4b sq. MODERARI).
MODERER [modeRe] v. intr. • Mollir, baisser d'intensite (en parlant du vent). «Quand i vente un peu dur, ben tu dis 9a va modirer. Le vent va moderer vois-tu, i va descendre ä quinze ä vingt milles ä l'heure». (AC 059205). > jusque 2.
Cet emploi intransitif n'est pas enregistre par les dictionnaires fran^ais (FEW 6/3, 5a MODERARI). Au Canada, les emplois signales concernent Γ automobile (Belisle : ä 10, accorddyon, accorder 3, achant6 3, amiauler 1 anisette 2, aoir 10, aroi II-1, arreter 1, 3, avant 2, avartissement 3, aventuri (mal -), bädrer 1, 4, banquier 2, bätisse 1, 2, bavater, beurgot 11, bior 2, boivasser, boutique3, ...
0 Specialement: • Du bon (ou beau) monde Des braves gens. 6
7
MOMENT (AU -) [o momä] loc. adv. • 1. En ce moment. 1
«Jusqu'au moment, j e pense qu'y a des charrues ä cheval». (LC 149802).
• 2. Α ce moment-lä. 2 >
«Moi je savais pas au moment, quand il a ete [aller*]». (LC 189201).
reparer 2.
Cette locution est enregistree en fran^ais au 19e siecle (FEW 6/3, 61b MOMENTUM), mais ne figure pas dans les dictionnaires contemporains.
Le monde est attestd en fran9ais (TLF 11, 996 ; FEW 6/3, 219a MUNDUS), mais Γ emploi qui en est fait ä Terre-Neuve nous parait notable et sa frequence elevee. Du (bon) monde est un regionalisme du Canada et de l'ouest de la France (TLF 11,996b), comme le monde + verbe au pluriel. • Le (du) grand monde Les (des) adultes. 8 >
MONDE [mod] s. m. •
1. Etrehumain. 1
«[Ä propos du Diable]. «Des fois il* l'avont connu* pace qu'il avait un pied de monde et une patte de cheval». (AC 058101).
«C'est du beau monde ! I sont bons ä* toi pis i faut pas les* faire tort ni rien du tout. I te feront ς a* qu' i pouont [pouoir*] pour toi ! f a c'est du beau monde !» (AC 059205). «Le bon monde hein, qu'y avait par ici !» (MH 059202).
«C'est pas des enfants qu'avont fait 9a, c'est du grand monde». (LC 008402).
brailler 1.
Cette locution, qui n'est pas enregistree dans cet emploi par les dictionnaires franfais ( 0 FEW 6/3,218a sq. MUNDUS), est bien attestee dans les parlers du Canada (Dionne ; GPFC ; Poirier ; Thibodeau ; Boudreau ; Belisle) et dans les Creoles (Chaudenson 815 :
MONTRER
[mun]; DCG 144a : granmoun ; Valdman 233 : granmoun ). • Le vieux monde Les vieilles personnes.
MONTAGNE [mötaji] s. f. • Colline rocailleuse. 1
9
«Quand* qu'i venait du vieux monde ä la maison, ben, j'itions pas alloues* de parier ä ieusses*». 10 «Le vieux monde croyait* dans rien de 5a, ieusses* !» (GT 017701). 11 «C'est le vieux monde qui aviont ce nomlä». (LC 029214).
>
>
12 «Je pense c'est des nouveaut£s pour le jeune monde». (LC 189203). vieuard.
Jeune monde a ete releve au Quebec pour (ALEC 1877). • Le petit monde - Les enfants, les jeunes. >
gravier 1.
- Les lutins. 13 «Les fairies [angl: ] que ieusses* appelaient les fairies lä, du petit monde quoi ! C ' e s t du petit monde que c'est ! C'est... c'est pas gros, i sont pas gros, i avont des ailes». (GT 109206).
Le petit monde est atteste en fran?ais (TLF 11, 996a; GLLF 3432c), mais il nous parait avoir une valeur affective. II est egalement repandu au Canada (ALEC 1814x ; Dionne ; Poirier ; Thibodeau) et en Creole ha'itien (Valdman 531 : timoun ). L'emploi est original. • 3. Ancetres, personnes de la famille. >
berton 4.
Son monde est admis en franijais pour (TLF 11, 996a). A TerreNeuve, cette expression evoque les origines familiales piutot que les personnes qui vivent dans la meme maison. • 4. Dans le monde Au monde, sur terre. 14 «Tu peux ien* que les nomraer quand* qu'i sont dans le monde». (LC 029205). >
2
3
dempis 3, parsi 1, tick 2.
Cet emploi est atteste au Qu6bec (ALEC 1895x), en Acadie (Urbainville, IPE, 1974, d'apres E. R.), ainsi qu'en Creole et fran^ais reunionnais (Chaudenson 40 : [vye mun] ; Carayol 1985 : 306). • Le jeune monde Les enfants, les jeunes.
comme 25, creyature 2, moi-meme.
Locution originale.
303
«Les montagnes c'est de quoi* qui doit etre a u - d e s s u s de mille pieds de haut». (AC 059209). «έπε montagne c'est rocheux, c'est pus rocheux que d'autres choses. Y a du bois dessus mais c'est du bois rallu* lä, c'est du bois qui pousse tout* äfait [tut a f e t ] bas». (GT 109206). «Y a pas grand bois lä. C'est ien* que dans les all6es qu'y a du bois. Clair* de 9a, c'est ien que la montagne unie : ien que des chaines*, ien que des chaines pis des cailloux*». (LC 029217).
> ä 22, ac 2, beluet 5, berry 2, cemetiöre 2, comment 1, couper 1, maudit 2, plange 2, poire 2, sarvir 1. Le mot d6signe les hauteurs de l'arriöre-pays, dont les sommets, peu eleves, sont rocailleux et parfois depourvus de vegetation ( 0 FEW 6/3,100b sq. MONTANEA). Le mot a ete note ä SPM pour la
6pinette 3.
• 2. Faire montrer Montrer, faire voir. 1 2
«Elle a fait montrer la gäche* [...]» «Vous devrez faire montrer ä Maman votre jeu». (GT 108001).
• 3. Etre montre Etre instruit (ä faire qch) 3
«Quand* meme je le oirais* je sarais [saoir*] pas. J'ai pas te montri vois-tu».
Montrer voir est une extension du fran5ais familier montre voir, qui ne semble atteste qu'ä l'imperatif (TLF 11, 1051a). Faire montrer, qui a ete releve en Normandie (Brasseur 1990 : 119) et resulte probablement d'une contamination entre montrer et faire montre (ou faire voir ?), a aussi ete note ä SPM (BrasseurChauveau). Cette locution est largement usitee en fran9ais populaire contemporain (observations personnelles). L' emploi de montrer pour est considere comme vieilli en fran^ais (Rob 6,563a). II est bien atteste au Canada (Clapin ; Dionne ; GPFC) comme dans l'ouest de la France (FEW
304
MONTRER
6/3, 95a MONSTRARE). Mais etre montre, en emploi passif, n'a etd releve qu'en Nantais (Brasseur 1993 : 178b) et en Acadie (Snow 1977 : 34, d'apres E. R.: «C'est comme si la fafon qu'on a ete montres ä parier nous avait paralyses»).
en Louisiane (Daigle) et ä SPM (BrasseurChauveau), mais aussi en Belgique (premiere attestation en 1949, selon Goosse 1984 : 42). Mais ce mot n'est masculin que dans le parier acadien de Petit-de-Grat et Arichat, dans lie du Cap-Breton, ä Terre-Neuve et ä SPM.
MOONSHINE, SHINE [(mun)Jajn] s. m.
MOPPER [mope] v. tr.
• Alcool trfes fort fabrique ä partir de melasse fermentee et distillee. 1
2 3
«Donne-moi cinq piasses* je te dirai, i dit, cinq dollars, je te dirai qui*-ce qui fait le moonshine i dit dans le... Moonshine Valley». (AC 018004). «Je faisions de la bifere, du shine». (LC 028401). «Le moonshine, tu fais ta bifcre, pis une fois que ta bifere est travaillee*, tu prends fa pis tu mets ?a dans une can*, pis tu prends les feed-pipes [angl. ). Shine en est une abreviation familiere.
• Passer la mop*. D£rive du pricedent dgalement attestd avec cet emploi au Canada (ALEC 287x, 289x) et ä SPM (Brasseur-Chauveau).
MORCEAU [moRSo] s. m. •
1. Piece de terre. 1
[A propos d'une vache]. «L'endemain*, i la remet encore* dans un autre morceau». (AC 018301). 2 «Un morceau de patates*». (AC 059204). 3 «Moi j'ai un morceau en bas* lä, j'ai deserre* la moitiö moi-meme». (LC 028301). > allde 3, bairer 6, gazon 3, naveau 2, racoin.
• 2. Dans les composös : • Morceau (d'hardes*) Piiice de vetement. 4
«Le sac [ä farine] tait lave pour faire un morceau d'hardes pour les petits». 5 «User* un morceau comme... aujourd'hui pis user un autre morceau demain encore*, c'est la farauderie* 9a !» (GT 109209). 6 «S'i manquait un morceau d'hardes ou de quoi*, eh bien, je l'achetais !» (LC 027401). > brayon 3, paraffine 2.
• Morceau de linge Linge, tissu. > ddlavassant.
• Morceau de bois Tronc d'arbre. > boom 2, chien 6, quarrir 2, slip II-2.
• Morceau de(+ nom d 'arbre) Pied de (+ nom d'arbre). > dpinette 3, rare 1, vargne 2.
MOP [mop] s. m.
• Morceau d'outil Outil.
• Balai ä franges ? (Mot entre recemment dans la langue).
• Morceau d'argent Piece de monnaie.
«Au lieu de* les lavettes* de place comme i usiont* auparavant i prenont le mop asteure*. II ont pas besoin de se pliyer* pis se mettre d'*a genoux». (AC 059205).
Emprunt ä l'anglais mop , egalement atteste au Canada (ALEC 289,290 ; Dunn ; Clapin ; Dionne ; GPFC ; Belisle, s. v. moppe),
7
8
«Un passe-partout 9a c'est un morceau d'outil». «Toujours* Gerald me donne un morceau d'argent; j'ai mis 9a dans sa caisse».
L'emploi n'est signale qu'en Nantais (Brasseur 1993 : 179), en Suisse romande (FEW 6/3, 145b MORSUS : morcel) et dans les parlers acadiens, ä Cheticamp, dans I'lie du Cap-Breton (Chiasson 1972 : 256, d'apres E. R.) et aux Iles-de-la-Madeleine
MORUE (Naud). En fransais morceau est, dans ce cas toujours suivi d'un d£terminant (morceau de terre, de terrain,...) (TLF 11,1071a). Ailleurs au Canada, le mot peut designer, entre autres, une soleil 3. • 4. Morue barbouse [moRy b a R b u z ] , Morue barbuse [moRy baRbyz] Variete de morue non identifiee, qui possede un barbillon.
306
6
MORUE
«Υ en a d'*ieusses, les monies barbouses, il avont une barbe* en dessous de la...» (GT 139201).
Le premier emploi est une extension de mere (TLF 11, 618a), ce qui lui confere une taille adulte et quelques rondeurs. Morue de gaffe a ete releve au Nouveau-B runs wick (ALEC 1425), aux Iles-de-la-Madeleine (Naud) ainsi qu'ä SPM (Brasseur-Chauveau). Le compose morue verte est attest£ dans la lexicographie depuis le debut du 18e siecle (FEW 14, 507a VIRIDIS), mais il 6tait dejä employe au milieu du 17e(La Morandifere 1866 : 1, 374). II est courant dans les parlers acadiens (Massignon 509 ; ALEC 1425) et ä SPM (BrasseurChauveau s. v. vert) et est toujours enregistre par les dictionnaires (TLF 11,1103b ; Rob 6, 589b ; GLLF 6449). Morue barbuse a ete reΙενέ au Nouveau-Brunswick, en NouvelleEcosse et ä l'ile-du-Prince-Edouard pour l'ogac (Gadus ogac) (ALVMA 212). Mais, dans les parlers acadiens, morue barbue s'applique aussi ä un poisson du genre Urophycis (Massignon 514 ; Naud : morue barbeuse). Au Qu6bec, c'est un Equivalent de merluche (Rob 6,589b), ce qui semble etre aussi le cas dans certains parlers acadiens, puisque Poirier donne de barbue Γ equivalent anglais hake . A SPM, la morue barbue est signalee, sans que ce poisson soit identifie (Brasseur-Chauveau). En France, c'est l'un des noms de la lingue (Molva molva) depuis le 18e siecle (La Morandiere 1866 :1,4 et 187). L' adjectif barbou est atteste en poitevin (FEW 1,244a BARB A), oü le feminin attendu est barbouse. Barbuse est ä rapprocher de barbusse, feminin de barbu dans la Somme (FEW, ibid.), mais il est possible que l'attraction de barbouse joue un role dans 1'adoption de cette forme.
MOTIE [motfe] s. f. •
Moitie. 1
«I fait pas la moti£ si froid ici asteure* comme* qu'i faisait auparavant». (AC 058101). 2 «Ici lä, notre parier, nous autres*, c'est πιοϋέ anglais pis πιοϋέ franfais !» > aller 3, droit 3, morteraiser 1, mouron 1, pearl ash 2, peser 1.
Cette forme est attestde en franfais populaire au debut du 19e siöcle, comme dans divers parlers dialectaux de France (FEW 6/1, 607a MEDIETAS) et au Canada (Clapin ; GPFC ; Mont-Carmel, IPE, 1975 ; Saint-Paul de Kent, NB, 1975 ; Moncton, NB, 1978 ; Thibodeau 1976 : 32 ; Maillet 1973a : 44 ; 1976 : 33, d'apres E. R.).
MOUCHE A CHEVALS s f • Insecte, cestre du cheval ? (LC 029214). Ce type lexical est bien atteste dans les parlers du Canada pour un taon (ALEC 1567 ; GPFC). Les dictionnaires fran5ais enregistrent mouche des chevaux (FEW 6/3,250a MUSCA).
Cet emploi du verbe mouiller est donn6 comme un r6gionalisme [Ouest et Canada] (TLF 11, 1142a). II est, en effet, usuel au Canada (ALEC 1176 ; Massignon 77 ; Dunn («le plus canadien des mots») ; Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier ; Thibodeau ; Boudreau ; Naud ; Belisle). II a egalement 6te note en Louisiane (Ditchy ; Daigle) et ä SPM (Brasseur-Chauveau). En France il n'est atteste que sur les cötes de 1'Atiantique, du sud de la Haute-Bretagne ä la Saintonge (FEW 6/3,48a *MOLLIARE).
MOULE [mul] s. m. • Gabarit. «Je m'en vas [aller*] me faire un moule, un gabarit, pis je m'en vas pouoir* marquer comme* faut que je le coupe». (LC 029207).
Emploi 6galement attesti en Louisiane (Daigle ; 0 FEW 6/3, 14b sq. MODULUS).
MOULIN [mule] s. m. • 1. Outil mecanique mü par l'ölectriciti. 1
«I avont des petits moulins asteure* avec une scie lä, mais je sais pas comment* qu'il appelont 9a. C'est neuf ä* nous autres*». (GT 109203).
• 2. Usine. 2 3 4
«Ce* tait pour du pulp*, pour les moulins». «Aprfes 9a ben il ont iu un moulin ä carder ä Stephenville». (AC 059201). «Bien*, asteure* comme nous autres* ici, i faut envoyer... ä Nouveau-Brunswick. Y a des
moulins lä, tu peux acheter la couleur tu veux». (LC 189205). > bätir 2, bois 7, proche 8, runner 1-1.
0 Sp6cialement: • Moulin, Moulin ά planches, Moulin ä scier de la planche Scierie. 5
«Le premier moulin ä planches qu'y a eu ici ä La Grand-Terre [...]» 6 «Tout ce qu'y avait c'est de la ferme [faum] et pis la peche, et pis des moulins ä scier de la planche». (KI 018001). > bordi 2, galendard 2.
• Moulin ä papier Usine de päte ä papier. Le premier emploi est ä rapprocher du franfais moulin ά papier (FEW 6/3, 38a MOLINUM), par exemple. Le fran9ais a aussi connu moulin ά scier boivasser.
•
Ind. pres. 3 e p l . :
«I vivont jusqu'*ä tant qu'i mourissont». [Ä propos du Sida]. «Le monde* mourissont dans* I'Amirique [amaitik] avec ςa* lä». Ind. f u t . : je mourirai,...
• Part. pass6 : mouri. 7 8
Le participe passe mouri est signal6 dans les parlers acadiens de Moncton, au NouveauBrunswick (d'apres E. R.) et de Riviere-Bourgeois, en Nouvelle-Ecosse (Boudreau). L'indicatif present je mours, il mourt a 6te releve au Canada (GPFC ; Maillet 1971 : 82). Le subjonctif que je moure n'est signal6 que dans les parlers acadiens (Poirier ; Maillet et Scalabrini 1973 : 109, d'aprös t . R.).
MOURON
[muRo],
MURON [my:RÖ] s. m. • Plante non identifi6e, nuisible aux cultures, dans les jardins. 1
«Si tu laisses un pied de mouron i va venir* la motie* de la grandeur* de la maison !» 2 «Mettons asteure* que vous plantez des patates*, y a... y a du foin, έηε maniire* de foin lä de l'herbe [aRb] lä qui pousse lä hein, ben fa* lä e'est des murons, faut tu tires, ςa lä». (GT 109203). 3 «Du mouron ! Oui ! On η'en a pas ici ! Goddam* ! II* l'avont de* coupi !» (LC 029217). > harbage 1.
Ce type lexical ddsigne plusieurs plantes en fran9ais, particuli£rement le mouron des oiseaux et le mouron des champs (TLF 11, 1161b ; FEW 16, 570b-571b MUER). La plante n'est pas toujours identifi6e dans Γ ALEC (941 : ; 1664x, 1667x, 1676x : ). Par ailleurs, la forme muron a ete aussi not6e dans le Pas-de-Calais (FEW, ibid., 570a) et en Haute-Normandie (ALN 404).
mourissont.
5 6 •
de* ςa, le vieux Jo Leroy qu'i tait son nom». (MH 059201). 9 «Son homme est ien* que mouri l'annie passte». (LC 0292). > croire 1, demi 2, marier 3, pour 7, sdnon 2, temps 6.
«Elle a mouri aprfes qu'elle a eu son petit». «Tous ces Franjais-lä qu'a venu par ici i sont tout* [tut] morts. Y en a pus qui restent. Le dernier [daRjie] a mouri comme* deux ans
MOUSQUET [mustfe] s. m. • Fusil de module ancien, tres long (jusqu'ä 2 m.) qui se chargeait par le canon. 1
«J'appelions des mousquets : i chargiont 9a avecfenebaguette. II aviont έηε corne pis... de la poudre dedans, des balles et du plomb, de quoi* de meme, il aviont έηε bourre et lä il aviont έηε baguette et i... bourriont la pou-
MOYAC
2
dre dessus, i mettiont la capsule et pis... du plomb oufeneballe, pis i remettiontfeneautre bourre par-dessus. Et lä bang !» «Asteure*, dans la grange*, i teniont [tiendre*] un mousquet lä, pour les... les loups-cerviers [lu s a R v j e ] ettoutes sortes, voyez-vous». (AC 018102).
3
«J'ai tird le mousquet. J'ai tird un couple* de coups dedans». (AC 059201). > chien 5.
Type lexical attest6 en franfais pour une (TLF 11, 1162a-b ; FEW 6/3, 256a MUSCA).
MOUSSE [mus] s. m. Ou Petit mousse : • 1. Jeune gar?on. 1
«Asteure*, les Fran^ais qui avaient l'ile lä, il en aviont fcne bände de 9a, ces petits mousses-lä, des enfants de quatorze quinze ans les pus vieux». (LC 029217). > tough 3.
• 2. B6be. 2
«Un petit mousse c'est un petit baby*». (GT 109206).
En franfais courant, mousse designe exclusivement un batterie (en -) 3.
Ce type lexical est attestd depuis le 16esiecle pour une grande quantite d'etres animes, surtout des oiseaux et des poissons, exclusivement dans l'ouest de la France et plus specialement au sud de la Loire (FEW 6/3, 165 MOVERE ; 6/3,12 MODIUS ; Rezeau 1984 : 200a). II est rdpandu ä travers tout l'est du Canada (ALEC 1406 ; GPFC) et particulierement bien implantd en Acadie (Massignon 536 ; Poirier; Boudreau; Naud) ainsi qu'a Miquelon (Brasseur-Chauveau).
MOUYAC V. MOYAC.
MOVIE [muvi] s. m. • Film. Emprunt direct ä Γ anglais d'Amerique.
«Υ en a deux ou trois sortes, de ces moyacslä». «Asteure* la moyac est appelde canard aussi. C'est tout de la famille des canards». «Des jubiers* de mer, toutes sortes, des becs*scie, des garrots, des mouyacs, des pigeons*». (MH 059201).
310
MOYAC
4
[Ä propos des oursins], «Les moyacs lä, les jubiers* de mer les mangeont». (LC 029209). > cadrosse 3, feu 1, I guess 2.
Type lexical emprunt6 ä une langue amdrindienne, repandu fä et lä ä travers tout Test du Canada, oü ces differentes prononciations sont attestees (ALEC 1491 ; Dionne ; Boudreau ; Naud ; ALVMA 375), ainsi qu'ä SPM (Brasseur-Chauveau). V. aussi DHFQ 379.
MOYEN [mwaje] I. S. m. • 1. Avoir pas moyen de Ne pas pouvoir, n'avoir pas la possibilite (ou le droit) de. 1 2
«T'as pas moyen de faire 9a». «La routine ? J'arais pas moyen de vous dire». (GT 109203). 3 «J'ai pas moyen de dire de quoi* que j'ai jamais vu et pis que j'ai jamais atendu*». (GT 008002). > partie 2, smart 4, tiendre 23.
• 2. Υ α moyen ally a moyen de, ilest possible de. 4
[Ä propos du passe-partout*]. «Pour couper des trous, ayu*-ce que d'autres scies y a pas moyen ä aller». (GT 109207).
0 Specialement dans la loc. adj. Moyen petit Assez petit. 6
«II aviont une moyenne petite maison de fait [fe], c'est lä-dedans que j'ai venu au monde». (LC 028301). > boule 4.
; Chiasson 1972 : 46 ; Brun 1974 :16 ; Maillet 1976 :38, d'apres E. R.).
• 2. Jeune. 7
«Je travaillais ac* mon pfere en bas ä la cöte, quand je tais moyenne gamine lä». (LC).
• 3. Difficile (en parlant d'un enfant). 8
«Oh c'est un moyen gamin !»
0 Empl. subst. (Confirme par GT 109208). 9
«£ui*-lä qu' y a lä, 9a 9'en est un moyen 9a !»
La locution avoir moyen de est attestee au 17c siecle (FEW 6/1, 585b MEDIANUS). ÄTerre-Neuve, eile n'est employee que negativement. Dans les parlers du Canada, l'adjectif, qui est egalement antepose, a souvent le sens de (ALEC 826,2086, ...). Belisle enregistre un emploi pejoratif ä rapprocher de
MULERON
[ m y l R Ö ] s. m. • Petit tas de foin. 1
«Les petites 9a c'est appeld un muleron, pis les grosses ce* tait appeli des barges* de foin». 2 «Le foin, ce* tait ratete, c'itait pare*, pour le faire secher pis lä* c'est mis en mulerons». (AC 099203). 3 «Quand* que le muleron est... est fait, Yendemain*, je re-*parons* le* muleron-lä pour qu'i chesse*, pis quand* qu 'il est sec, ben je le mettons ensemble et pis... je le portons avec le chual* dans le... je le portons dans la grange*». (GT 109206). > f6ner, guimbaiges 3.
MY!
Au Canada, cette denomination est employee surtout dans les parlers acadiens (ALEC 814ab ; Massignon 703 ; Dionne ; GPFC ; Poirier ; Thibodeau ; Boudreau ; Naud). Elle est egalement attestee ä SPM (Brasseur-Chauveau) et en Louisiane (Ditchy). Les parlers dialectaux de France emploient surtout la forme mulon, d'oü est issu le type acadien (FEW 6/3, 307b-308a MUTULUS).
MUMMER [momoe] s. m. • Masque, personne deguis6e. 1 2
3
« f a vient dans les temps* de Nouel* par ici 9a les mummers». «L'hiver je nous ddguisions en mummer ; j'allions de maison en maison, j'avions du fun*, f a ce* tait beau !» « f a commenjait έηε semaine avant Nouel* et pis 5a fmissait le six de* fevarier* euh... de janvier. Oh ouais ! Des mummers ouais ! Jusqu'ä trente-cinq dans eune bände !» (LC 118001).
Emprunt ä l'anglais de Terre-Neuve mummer (DNE 337a).
MUNUTE [mynvt] s. f. • Minute. Cette prononciation specifique, avec assimilation r6gressive, sans rapport avec les equivalents lorrain et wallon (FEW 6/2,137b-138a MINUTUS) n'est pas attestee dans les parlers du Canada, oü la forme dominante est de type [mgnyt] (ALEC 1729).
MURON
311
MUSH [raoj] s.f. •
1. Bouillie, choses ecras6es. 1
«C'est de la mush, comme tu dirais ben c'est tout icras6 ensemble». (AC 099205).
0 Specialement: En mush En bouillie. 2
[Ä propos de la fabrication de l'huile de foie de morue]. «Ce* tait tout en... en mush, les foies. Ce tait pareil comme* de la soupe». 3 «I vont dire c'est tout en mush, en voulant dire que c ' e s t tout* [tut] erase*, c ' e s t tout [tut]...» (AC 099205). 4 «Comme un morceau de pain, ou de quoi* qu'est parti par petits morceaux, c'est parti en mush». (GT 109207). > eraser.
• 2. Bouillie de mai's. Employe une fois au masculin. (AC 059204). 5
«Auparavant i cuisiont du... du mat* tu sais, pour manger, il appeliont 9a la mush». (AC 059204).
Emprunt ä Γ anglais gosh, juron ou simple exclamation (OED), euphemique pour god. • My son! [maj son] (litt. ). Cette locution equivaut au franfais populaire mon vieux. V. aussi HOMME. 8
«Oh ! My son ! Y a un bon bout* [but] !» (GT 017703). > arranger 4, brulot, proche 14.
Emprunt ä Γ anglais de Terre-Neuve my son : < 1. Among males, a familiar, friendly mode of address regardless of relationship or age. 2. Exclamation expressing wonder or surprise> (DNE 505a).
N' V. NEN. N A B L E [ n ä p ] s. m . • Bouton de porte, en bois (AC). Extension d'emploi originale ( 0 FEW 16, 596b NAGEL) d'un mot qui, dans le vocabulaire de la marine, designe le (FEW 7, 61b-62a NAVIGARE). N A I G L E [ n e g ] s. m. • Aigle. [Dansunconte]. «Un vieux naigle». (AC 018003).
Forme particuliere par agglutination du [η] de I'art. indefini et mauvaise coupure, non signalee au Canada ni en France ( 0 FEW 25, 72a sq. AQUILA ; 0 ALEC 1494 ). (V. aussi noie).
N A I T R E [ n e t ] v. tr. • Faire naitre, mettre au monde. «Oes saumons-lä, i vont naitre leurs petits, pis lä* i crevont tout* [tut]».
Emploi transitif ä valeur factitive, original ( 0 FEW 7, 18a sq. NASCI). N A N A N E [ n a n a n ] s. m. • 1. Friandise, chose delicieuse, nanan (mot enfantin). 1
2
3 4
«Ben 9a c'est auparavant que des mfcres disiont ä leur : du nanane, c'est du manger». (AC 099205). «Un enfant lä, pis tu donnes ä manger ä la tchuere* [tJwaeR] bien* tu dis nanane, pour qu'i mange, quoi !» (GT 109206). «Veux-tu du nanane ?» (LC 029217). «Nanane, c'est les femmes. II aviont 9a pour les petits ! C'est ien* qu'un diton* 9a, c'est ien qu'un jargon 9a !» (LC 029217).
• 2. Cri pour appeler les moutons. V. aussi ΜΕΝΕ !, MINI!, NANNY ! 5
«Nanane ! T'as ien* qu 'ä ieux* pousser un cri pis i vont venir mais si tu veux les appeler tu prends nanane». (AC 059205).
Equivalent du substantif fran9ais nanan enregistre depuis le 17e siöcle. Avec le premier emploi, la Variante nanane est donnee comme un regionalisme du Canada (TLF 11, 1310a ; ALEC 247 ; Massignon 1350 ; Poirier ; FEW 7, 6a NANN-; DHFQ 381). Elle est egalement attestee en Louisiane (Griolet; Daigle). Des cris d ' a p p e l similaires [ n d n n ä n ] , [na: na:n], [nan nan], etc. ont ete notes dans les parlers du Canada pour appeler les moutons (ALEC 595). Par ailleurs nanane est le nom de la brebis ä Cheticamp (ALEC 595X). N A N N Y ! [ η ε η ΐ ] interj. • Cri pour appeler les moutons. V. aussi ΜΕΝΕ !, MINI!, NANANE ! Ce cri, qui a ete note sous des formes voisines de type nane-nane dans les parlers du Canada
314
NANNY!
(ALEC 595), est peut-etre ä rapprocher de l'anglais nanny .
NARF [naRf] s. m.
Canada (TLF 12, 28b). Elle est attestee dans divers parlers dialectaux fran^ais, notamment en Anjou, Bretagne romane et Saintonge (FEW 7, 10b NAPUS).
• Tendon, ligament. 1
2
3 >
«T\i vas oil* si tu vis jusqu'ä [Jka] quatre* [katoeR]-vingt-cinq ans, tu vas pas aoir mal lä ! C'est lä que tu aoir de la misere* ä marcher ! Les narfs de jambes lä ! Pis lä* 9a tombe dans la panse* de la jambe !» (AC 059206). «II a tap6 le narf de sa jambe, ici, pis 9'a fait comme un kick [angl. ] dans le narf». (MH 069203). «Un narf ? J'en avons dans les bras !» (LC 029217).
dlonger 2.
Cet emploi de nerfe st admis en franfais (TLF 12, 91a), mais on le considere generalement comme vieux (Rob 6, 736a ; GLLF 3598a). La prononciation du [f] final est un archai'sme. «Ä partir du XVIIP s. et encore au debut du XX e s., hesitations dans la prononciation soignee. Littre recommande d'apres le dictionnaire de 1'Academie [neRf] au sg. seulement mais note des exceptions [...]»(TLF 12,91b). La prononciation [narf] est attestee dans les parlers dialectaux fran9ais, en Anjou et dans le Centre (FEW 7, 100b NERVUS). Le [f] final est egalement articule au Qu6bec (ALEC 1606x, 2262x, ... ; GPFC), mais si Poirier indique explicitement «ner, tant au singulier qu'au pluriel», narffe est signald aux Iles-dela-Madeleine (Naud).
NAVEAU [navo] s. m. •
Navet. Syn.: CHOU-RAVE. 1 2
«[...] des choux, des naveaux, des carottes». «Faut qu'i me laboure un morceau* pour mettre mes naveaux». (AC 098001). 3 «I faisait de la soupe avec des ... len* que du lard* et des patates*, pis des naveaux. Oh ! Pis sa soupe tait bonne !» (MH 069201). 4 «Nous autres* j'appelons 9a des choux-raves* : i sont jaunes, OK ? Mais asteure* y en a qui sont blancs. La chair est blanche. f a j'appelions 9a des naveaux. I les poussiont* pis i donniont 9a aux animaux». (LC 149803). > chou-rave 1, doballe 2.
Cette forme est consideree comme une Variante regionale du Centre de la France et du
NAY [ne:] adv. • Non (negation renforcee). Syn.: NIN. Emprunt direct ä l'anglais.
NEGOCE [negos],
parfois
[nagas]
s. f., rarement m. • 1. Relations entre les personnes. >
changeage.
• 2. ϋέβο^Γβ. 1 2
«Si t'arais vu la ^ g o c e q u ' i aviont les gars* !» «Υ avait pas de negoce de meme*. Pis les femmes pis les hommes restiont ensemble». (LC 029217).
0 Specialement dans la locution C'est maudit* negoce ! II y a un grand desordre (dans la pi£ce). Ces deux emplois sont specifiques. Le premier est ä rapprocher d'un sens vieilli en fran9ais : armana 2, auteurment 2, bas II-2, beaucoup 6, bete 9, bidon 1, calotte 7, couple 1, cröche, croire6, croquecignole3, fouler 5, gäche 3, gaspareau 1, goddamment2, gimbarge3, Ile-Prince-idouard 1, iun4, jubier 3, larguer 3 , . . . (devant [a] : > loche 1-3. N-n' (devant [a]): > avantage, beurrier 2, champ (en -), chez 2, couvert 3, doury 2, ipargne (d'-) 2, et 3, gaminerie, neilldre 3, quart II-1, quo 18, ramasser 15, rare (bien -) 2, peinturer 2, piteau 4, teindre 4, trainfe 2, traite, tricoler 2. (devant [5]) : > siner 2. N' (devant [a], [e]): > dipot6, nie 3, poire 2, pourcil 3.
0 Specialement: I nen a, In'a, I n-n'α Π y en a. 5
«I nen a des fois ici qui rentrent dans la maison ici lä». (GT 109211). / nen a : > boubou 1, oeuf, partie 2. / n'a : ddgoutter 2. 1 n-n 'a : de 7, marisier 2, oir 1-9.
Ces formes, qui nous paraissent populaires en franijais, sont parfois signalees dans les glossaires dialectaux (FEW 4,635b INDE ; Moncton, NB, 1978, d'apres E. R., s. v. fausse liaison). N E T [ n e t ] adv. postpose • Completement, tout ä fait. 1 2
«Quand j'avons dti passi le petit russeau* qu'est lä le chat a parti net». «II ont pas trouvi de cable du tout. I tait tout parti net».
0 Specialement: Tout net [tu net]. 3 4
«II est dicouragi tout net!» [A propos de la peche]. «Asteure* c'est ferme tout net». (LC 189205).
Cet emploi est attests en franfais (TLF 12, 101a ; FEW 7,147b NITIDUS), mais son extension ä Terre-Neuve, comme en Acadie (Thibodeau) nous parait plus etendue.
316
NETTEYER
NETTEYER [neteje] v.tr. • Nettoyer. 1
2
3
«Le fiel de la morue c'est quesiment* comme du savon, pis 5a nettfeye votre main propre : il appelont 5a le savon* du pecheur». «Alle a fait cuire un fricot, pis alle a tout* en grand [tut ά gRÖ] nettiye, tout en grand [tut ä gRÖ] brille* avant qu'alle a quitte*». «Je coupais pis, je mettais la glace ä cöt6, je nettlyais le trou, pis lui i mettait le dynamite [angl. ]». (LC 029204).
(ALEC 1905)
«Y a έηε coupelle* de gars* qui s'a neyi lä, par l ä : i traversiont de l'ile[-Rouge] dans le mauvais temps». «J'y* dis j'ai pas parti de chez* nous venir ici me niyer !» (LC 029204).
plat 1-2.
Cette forme est attestde dans de nombreux parlers dialectaux de France comme en fran9ais populaire (FEW 7, 74b-75a NECARE) et repandue ä travers les parlers de Γ est du Canada (ALEC 1393 ; Dunn ; Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier ; Thibodeau ; Boudreau ; Naud) et en Louisiane (Ditchy). L'emploi intransitif est egalement atteste en cr6ole guadeloupden (DCG 237a: neye ).
NEZ [ne] s. m. • 1. Nez de pif [ne d pif] Nez crochu. [Locution obsolete, souvenir des vieux Frangais*]. 1
• 1. Neuf, neuve. 1
«l'ons [aoir*] niye cinq chats l'autre jour. TVs pas mieux* les tiendre* !» (GT 109211).
«Vous avez vu des nez avec une bosse dessus, lä ? ζα* lä c'est des nez de pif!» (GT 109201).
• 2. Nez blanc Pretentieux ignorant. 2
«I sont des nez blancs : 9a 9a veut dire que c'est une bände de monde*, i croyont qu'i savont tout* en grand [tut ά gRÖ] mais i savont rien». (GT 109201).
Ces deux locutions sont originales ( 0 FEW 7, 30a sq. NASUS). La premiere, qui a ete evoquee comme un souvenir par Tun des informateurs, est douteuse. Elle rappelle l'emploi de piffe en argot de la premiere moitie du 19e siecle : (FEW 7, 444a PIFF-). La seconde est l'equivalent du franfais blanc-bec.
NO
NIC [nik], [nik] s. m. • Nid. «I voulont couver, i vont se ramasser* leur nie d'eeufs*». (AC 099203). 2 «Tu vas les queri* dans leu* nie quand i sont tout petits». (GT 017703). 3 [A propos du margau*]. «(Ja pond pas dans ces places*-ici*. Je η '*ai jamais vu iun* qu'a fait son nie ä l'entour* ici». (GT 139202). > alouette 1-1, bigassine 1, corbeau 1, 2, eave 3, goudland 3, grtjsilant, guepe 2, jonglement, peste, pic de bois 2.
317
seur-Chauveau), plutöt qu'emprunt au picard (ALF 922 ; FEW 7, 183a NON).
1
Cette forme, usitee en franfais aux 15eet 16e sifccles, est largement repandue dans les parlers dialectaux de France (FEW 7,119b-120a NIDUS). Elle est dominante dans les parlers du Canada (ALEC 1467 ; Dunn ; Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier ; Thibodeau ; Boudreau ; Belisle) et a aussi ete enregistr6e en Louisiane (Daigle, s. v. nique).
NIN TATA [ηέ tata], NINT AT ALL [ηέ tatol] adv. • Non, pas du tout (negation renforcöe) (AC 05, LC 02). Nint at all: > solairer.
Ces deux formes sont issues de l'anglais not at all , avec attraction paronymique de la n6gation nin (v. ci-dessus). La premiere a peut-etre dgalement subi Γ attraction d'inteijections onomatopeiques comme taratata ou tatata.
NIS AUTRES V. AUTRE.
NISETTE NICE [najs] adj.
V. ANISETTE.
• Charmant, gen til. «Elle tait nice personne».
Emprunt direct ä l'anglais nice, de meme sens.
N'IMPORTE
[n e p o R t ( a ) ] I. • N'importe qui-ce qui [n epoRta t j i s ki] loc. pron. indef. Qui que ce soit qui. >
enteurprendre.
II. • N'importe (e)you [n cpoRt (e)ju] loc. adv. N'importe oü. «Dans ces temps-lä ben pour la compagnie ben tu tais... tu tais bienvenu n'importe you». (MH 019202). > sarvir 2.
N'importe eiou a ete releve au Canada (ALEC 2310 ; Moncton, NB, 1978, d'aprfcs E. R.). Eyou est bien attesti dans les parlers dialectaux de France, notamment dans l'Ouest, de la Normandie au Pays nantais, comme au Canada (GPFC ; Poirier).
NIN [ηέ], [ne$], ['ηέ] adv. • Non (negation renforcee). Syn.: NAY. [Ä propos de la raie]. -Enqueteur : «Et la chair est bonne, de 9a ?» -Informateur : «Nin ! C'est rien de bon pour rien 5a !» (LC 029211).
Modification de la negation non du frangais, par expressivit6, attestee aussi ä SPM (Bras-
N-N' V. NEN. N O [ n o ] , rarement N O N [ n 5 ] pron. indef. • On. 1
«Quand* qu'on veille les morts, no travaille pas !» 2 «Pis la* aprfcs no les latte, no prend des lattes pis no les lattes». 3 «Non sauve* le sang». (LC 037401) No : > aller 19, bosse 1, cadrosse 2, fumelle 2, premier 4, salange 2.
Non est une forme d'origine dialectale attestee dans le Haut-Maine, la Saintonge et le Centre (FEW 4,457a HOMO), qui a peut-etre evolue localement en no, par denasalisation. Mais les deux formes peuvent aussi bien etre d'origine distincte, puisque no est typiquement normand et qu'il est meme signal en francjais populaire de Paris ä la fin du 19esifecle (FEW, ibid.). II est interessant de noter que les autres parlers acadiens ne connaissent que η 'on (Poirier).
318 NOIE
NOIE [nwa] s. m.
• 2. Faux nom [fo nö] Surnom. 5
• Oie (male ou femelle). (Rare : AC 099205). V. aussi OIE et ZOIE.
N O I X [ n w a ] s. f. • Moyeu (d'une roue de charrette). «La noix ce* tait pas dur ä faire. T'avais ien* qu 'ä faire le trou pis mettre le morceau de fer dedans. C'est tout! [...] C'est pas la noix qu'est le pire. La noix tait couvri* de fer chaque* bout [but], vois-tu, pis... un trou dans le milieu avec... un tiyau* fourri dedans yu*-ce que Yaxle [angl. ] allait dedans». (AC 059206).
1
«Un temps* etait... 9a c'est pas dit beaucoup, mais... Moi je disais nom de dessous, souvent!» (GT 109210).
• Nom de Dieusse! [n5 de djces] (LC 029207). • Nom de Diousse ! [n5 de d3jus] 2
«(Ja 5'a t6... porte* par ici aussi par... les Fran;ais de France, nom de Diousse !» (GT 109210).
• Nom de Gouette! [nö de gwct] (juron faible). • Nom de Queu ! [nö de kce]. 3
«Nom de Queu ! (Ja c'itait dit par les Fran9ais de France, 9a ! Mais je sais pas si c'est beurton* ou fran9ais de France». (GT 109210).
• Nom di* Diou ! [n5 di d3ju], • Nom di*Jesus ! [nö di d3i:zoes], 4
«Nom di Jesus, j'allons pas pouoir* [pweR] aller au large !» (LC 029208).
que tu dis de meme*
(GT 109211).
Tous ces jurons ne sont pas recenses par les lexicographes ( 0 FEW 3, 57a DEUS). L'un au moins, nom de Diousse, nous parait ripandu en frangais. II s'agit de formes euph6miques, oü la diformation de Dieu permet d'eviter le blaspheme. Faux nom se dit parfois en Normandie et en Haute-Bretagne pour (ALN et ALBRAM, enq. inedites). On le Signale aussi en Wallonie et dans les Vosges (FEW 7, 177a NOMEN)
NOMBEUR •
Ce type lexical a de nombreux emplois techniques en frangais (FEW 7, 255b NUX) comme celui d' (Rob 6, 782b), dont il est proche. Mais l'emploi terre-neuvien n'a 6te note que dans le parier acadien de St-Louis-de-Kent (NouveauBrunswick) (ALEC 1127). N O M [ n o ] S. m . • 1. Dans les jurons : • Nom de Dzou! [n5 de dzu] (AC 008101), Nom de Dessous ! [n5 de tsu].
un... un faux nom, un
hein, un nom que tu mets sus une personne».
> jars 2.
Des formes agglutin6es avec maintien du genre feminin ont ete relevees en Walllonie et au Quebec ( 0 ALF 936 ; 0 FEW 25, 758a AUCA). (V. aussi naigle).
«(Ja c'est justement* nom qu'est justement...
[ n ö b o e R ] s. m. ?
Numöro. 1
2
«^a c'est trier la morue, la grader [gRe:de] [angl. to grade ], Y a nombeur iun* nombeur deux, de quoi* de meme !» (AC 059201). «Des petits tom-cods [angl. rigional ], 9a 9'a tout le temps έΐέ de la cull*, 9a dempis* que je m'en souviens, 9a a tout le temps passä pour de la nombeur trois». (LC 027405).
0 Specialement: Nombeur iun* loc. adj. Num6ro un, formidable. 3
«C'est tout* ä fait [tut a f e t ] un bon morceau, c'est nombeur iun* !» (GT 109206).
L'emploi de nombre pour numero est un caique de Γ anglais number. Ii a aussi έΐέ note en franco-ontarien (ALEC 101 lx) et ä la Baie Sainte-Marie, en Nouvelle-Ecosse (Thibodeau). NON V. NO.
NONCLE [n5k] s. m. •
Oncle. «Le defunt* noncle Ben».
Forme particuliere par agglutination du [η] de I'article indefini et fausse coupure, attestee ailleurs (FEW 1, 189a AVUNCULUS).
NOUEL
NONNE [non] s.f.
NOUC [nuk], nuk] s. m.
•
•
Religieuse. V. aussi ALLER. 1
«Pis toujours*, la vieille nonne, la m£re lä qu'il appelont* [...]» 2 «Y a iu un show* sus* la ίέΐένίχίοη... une nonne comme 5a, alle tait en amour* avec un... un jeune*». > amour 4.
En franijais ce mot est vieux ou employe avec ironie ou par plaisanterie (Rob 6,799a ; TLF 12, 223b ; FEW 7, 187b NONNA). II n'est nullement connote ä Terre-Neuve.
NORDET [noRde], [noRde] s. m. •
Nceud. «Nous je disons des noeuds, et ieusses* lä-bas ä Stephenville i disont des noucs».
La forme nouc ( 0 FEW 7,171a sq. NODUS) est bien attestee en poitevin et saintongeais ainsi qu'en Basse-Normandie, dans le Bessin et la Plaine de Caen (ALF 915 ; ALO 67* ; ALVMA 53 ; ALN 143). Au Canada, eile n'est signalöe que dans des parlers acadiens (ALEC 1969 ; Poirieret Naud, s. v. noucle ; Thibodeau ; ALVMA 105A-B).
Nord-est.
NOUEL [nwel] s. m.
1
•
«£a fait que j ' avions buche* au nordet, tout* [tut] nus autres*». (LC 029205). > ä 17, difiler 3, milou 2.
0 Specialement: Vent de nordet Vent de nordest. 2
3
«Quand tu vois 9a couvri* de... le haut, couvri de... de brume, un coup de vent de nordet ou de norott pour Γendemain*, oui !» «See comme les vents de nordet».
Cette Variante de nord-est, attestee depuis la fin du 17e si&cle (TLF 12, 230a), est enregistree par les dictionnaires fran9ais comme caracteristique de la langue des marins (GLLF 3661a), comme un regionalisme de l'Ouest et du Canada (TLF, ibid.) ou comme un regionalisme du nord et de l'ouest de la France utilise en marine (Rob 6, 803a). Cette prononciation est gen6rale sur les cötes de Γ Atiantique et de la Manche ainsi qu'au Canada (FEW 16,602a NORD ; ALCAM, enq. inedites, q. 27F ; ALEC 1194 ; ALVMA 63 ; Belisle), ä SPM (Brasseur-Chauveau) ou dans les crioles franfais de l'Ocean indien (Chaudenson 821 : [no:'de]).
NORMAL(S) [noRmal] adj. • Normal; normaux. «D'habitude, vous savez des £t£s... normals, bien*, le mois de juillet* on a du beau temps». (LC 189202).
319
1. Noel. 1
«La veille de Nouel toute la famille se ramasse* ensemble et on a un reveillon*, on mange le dtner*, de Nouel». (AC 099206). > ä 13, 14, mummer 1, 3, portrait 3, suit 3, temps 4, 5, venir 7, 8.
•
2. Le Vieux Nouel La fete des Rois. 2
3
«£a commen^ait huit jours avant Nouel et pis... 9a allait jusqu'au Vieux Nouel, le six de* janvier». «Nouel est dans* dicembre, et douze jours aprös, j' appelions 9a le Vieux Nouel, ben c' est les Rois mages». (AC 099206).
• 3. Mois de Nouel [mwa d ηννεΐ] Mois de döcembre. 4
«II a iu cinquante ans le dix du mois de Nouel».
Cette prononciation, vieille, dialectale ou populaire en frangais (TLF 12, 176b ; Thurot 1, 542 ; FEW 7,37b NATALIS), est repandue dans Γ ensemble des parlers du Canada (ALEC 1990) comme dans les Creoles antillais (DCG 239b et Valdman 399 : Nwel). Le vieux Noel pour la fete des Rois est une locution originale ( 0 FEW ibid., 37a sq.). Le compose mois de nouel (0 FEW 6/1,713a sq. MENSIS) a des correspondants au Canada, ou mai est le «mois de Marie» (ALEC 1697x), juin le «mois du SacreCoeur» (ALEC 1697x ; PF 8), juillet le «mois de Sainte-Anne» (ALEC 1697x ; PF 9), aoüt le «mois de l'Assomption» (Buctouche, NB, d'apres Ε. R.). Decembre est nomme le «mois de 1'Enfant-Jesus» dans la region du Lac-SaintJean-Ouest (PF 12) et le «mois du Petit Jesus» ä Buctouche, NB (d'apres Ε. R.).
320
NOUSAUTRES
NOUSAUTRES
NOVE [nov], [nov], [nöf] s.f.
V. AUTRE.
• 1. Partie de l'areteprincipale de la morue sur laquelle est fixee la vessie natatoire.
NOUTRE [nut], NUTRE [nyt],
1
[nYt] adj. poss. • Notre. 1 2
«Je ramassions* nutre voile pis je 1 'amarrions* par places*». «Pour noutre noce, il aviont valsi !» (LC 028401).
2
«Y a έηβ... έηε peau de quoi* par-dessus, c'est ipais, par-dessus la nove. Pis c'est 9a qu'i lamont*». (AC 099205). «Les noves, y a en masse* du monde* qui cuisait 9a avec les foies». (GT 099201).
• 2. La vessie natatoire elle-meme. 3 4
> brocher 3. >
«Faudra faire cuire des noves de morue». «Υ a un morceau noir par-dessus Γ arete, ah ben 9a c'est la nove». (AC 059206).
dessus 6.
La forme [nut] est attestee dans divers parlers dialectaux de France, notamment en poitevin et saintongeais (FEW 7,194aNOSTER) ainsi qu'en Creole reunionnais (Chaudenson 821 sq.). Au Canada, eile n'a ete notee que dans les parlers acadiens de l'lle-du-Prince-idouard etduNouveau-Brunswick(ALEC 1727 ; Wellington, IPE, 1974 ; Moncton, NB, 1978,1979, d'apres E. R.). Nutre est le produit d'une evolution phon6tique locale. (V. Introduction § 9.1.8.1). V. aussi nus autres*.
Mot de la langue des pecheurs de morues depuis le 14e sifecle, qui designe selon les lieux, soit les entrailles et la langue de la morue, soit la vessie ä air de la morue. Ä l'epoque moderne, le mot est atteste sur la cöte nord de la Bretagne romane et ä Guernesey (FEW 7,39b NATARE) et tout le long de la cöte canadienne (ALEC 1404x, 1431 ; GPFC ; Poirier ; Boudreau ; Naud ; ALVMA 173), ainsi qu'ä SPM (Brasseur-Chauveau).
NOUVELLE [nuvel] s. f.
NUIT (EN -) [α ηιμ] loc. adv.
• Sorte de papillon nocturne.
• Pendant la nuit.
1
2
3
«Les papillons que tu paries toi c ' e s t . . . couleure* lä, mais y avait les nouvelles c'est des tout petits... i tiont pas beaucoup pus que... trois-quarts de pouce de long. I tiont blancs. bican, guepe 5, nie 1, raie de mer 1. 0 Specialement: CEufde loup Vesse de loup. La consonne finale est gdneralement muette au 17esi£cle en fran;ais (Thurot 2,134,137). La prononciation [cef] au singulier et au pluriel est attestöe 9a et lä dans les parlers dialectaux de France (ALF 935) et au Canada (ALEC 609a-b ; Poirier). (Eufde loup n'a ete utilise que par un informateur et η'est pas signale ailleurs. Ce compos6 pourrait etre issu d'une confusion avec vesse de loup.
OFFICE [ofis] s. f. •
Bureau. Un bay-boat [angl. rigional ] qu'i appeliont*, pis i apportiont le mail* sus le* bateau-lä. I venait ä la cote pis il allait apporter le mail aux offices. Y avait des petites offices partout les... petits coins lä». (LC 189206).
Emprunt direct ä Γ anglais atteste dans d'autres parlers du Canada (ALEC 1277x, 1285x ;
oiR ι
Dunn ; Dionne ; GPFC ; B6Iisle), plutötqu'extension d'emploi du fran^ais frimas, montrer 3, rond 3.
• Subj. pres.: quej'oie [wej], > temps 13.
I. • Α oir loc. adj. Visible. V. une toumure du meme type sous ENTENDRE. 8
ΟΙΕ [wa] s. m. • Oie. V. aussi NOIE et ZOIE. Ce mot est le plus souvent masculin dans les parlers normands, quand il nomme l'espfcce (ALN 748*), parfois aussi en Ile-de-France et Orleanais (ALIFO 603) et dans le nord-est de la France (ALF 936). V. FEW 25, 761-762 AUC A. Le genre masculin est aussi attest6 au Canada (GPFC). [VWCR] V. tr. ([w] initial a valeur consonantique, ä l'inf.) • Voir. «Je veux le oir, lui parier». «Faut que j'alle [aller*] le oir avant de mourir». 3 «Si tu chantes dehors dans la nuit, tu vas oir le Diable». (G. Barter, C.E.F.T., 1974, p. 15). Oir: ä 10, armaria 2, bed 2, blonde 1, brülot, fame 2, connaitre 7, criture, emprfes 3, entour 3, dpaule, est 1, feu 2, fier I-1, fois 1, fortune 1, goudmon 2, haler 6, jeune 3, jubier 3,...
• Ind. pr6s. - 2 e et 3e sg.: ois, oil [we], rarement [wa]. > calima^on 4, chaouin 2, eau 1, fois 2, fringuer 1, milou 3, piler I, vers. e
- 2 pl.: vous oyez [vu weje].
> amarrer 2, quatar-temps 1.
[i wej5],
> cochon (de lait) 2.
- I veyent. «I veyent ene homme, la figure en has* comme 9a, avec un couteau dans le milieu du dos».
• Ind. impft.: j'oyais, [3 weje] ... > clabord, mais que 2, mention 1, poudrin 2.
• 2. Garder* oir Regarder. • 3. Espere oir ! V. ESPERER. III. • Oir si loc. conj. Pour voir si.
1 2
4
II. Dans les loc. verb.: • 1. Aller oir Fr6quenter (un jeune homme, une jeune fille).
11 «I gardait* partout oir s'il arait vu ce* fillelä mais... alle tait pas ä oir*».
OIR I [WER], VOIR
- 3e pi. : - Ioyont
«Je regarde ! Pas de Dubi ä oir !» (LC 028401). 9 «Des esprits, i n-n'*a pas ä oir !» (GT 008001). 10 «Si y avait un jubier* k oir, il* l'arait vu avant toi!» (LC 029209). > di 6, oir I-11, pas 2.
je
12 «Je m'en vais aller chercher oir si je peux trouver un joueur de musique». 13 «J'y* ai jamais demande, oir s'il avait beaucoup de parents !» (AC 018304). 14 «Pis i y* a demandi done hein, sa femme sperait* un petit pis... oir si alle arait et6... faire 9a». (LC 189801). > drive II-2, minder 3, pour 8.
La prononciation oir est courante dans les parlers du Qu6bec et de l'Acadie (ALEC 2096 ; Poirier et Thibodeau, s. v. voir), correspondant ä we en erhole haitien (Valdman 567). En France, eile est sutout signalee dans Test (FEW 14, 420b VIDERE), mais on la reteve aussi dans le Pays de Retz (Vendee), par exemple (Guitteny 1991 : 284, s. v. ouair). Les formes de futur et de conditionnel du type je voirai(s) sont r6pandues au Canada (Dionne ; GPFC ; Brun 1974 : 54, 56 et Harcourt, Kent, NB, 1975, d'aprfcs E. R.). Notons que la forme i veyent , unique en son genre ä TerreNeuve, ressortit ä une forme d'infinitif [ver], signalee dans les parlers de Test de la France, mais typique des parlers de l'ouest (FEW,
324 oiR ι ibid.). Aller voir est atteste au Canada (ALEC 1880s ; s. v. voir: Clapin ; Dionne ; GPFC, Poirier ; 0 FEW 24,414a sq. AMBULARE).
est repandue dans les parlers dialectaux de l'ouest de la France, de la Normandie ä la Saintonge (FEW 8,70a PAUSARE).
OREILLE
OIR II V. AOIR.
OLD WISE [ol wez] s.f.? • Canard pilet, Anas acuta. Syn.: VIEILLEIDEE. > id lapin 3, taure 2, tichecoune 3.
Cette forme originale ( 0 FEW 7, 192b NOS) est bien attest6e ä Terre-Neuve. Remarquons qu'elle est en concurrence avec je et qu'elle est proche phonetiquement de non et no, pour . Elle tömoigne de la variabilite du systeme du pronom personnel en FTN. Ajoutons enfin que 1'usage varie selon les locuteurs, ä l'interieur d'une meme communaute. O N S ( J ' - ) [ 3 5 ] forme de 1" pi.
I. Nous avons. V. AOIR, AVOIR. II. Nous allons. V. ALLER.
OPPOSER [opoze] v. tr. • Empecher. [A propos des grappins]. « f a oppose de glisser, dessus* la glace».
Cette acception du verbe opposer est bien attestee au Canada (Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier; Belisle) et ä SPM (Brasseur-Chauveau) comme en Creole guadeloupeen (DCG 244b : opoze ). Elle
[oRej], [ a R e j ] s. m. • Nageoire. Syn.: AILERON. A SPM, ce mot designe la
1
Eremophila
«Aussi bien comme* les o r t o l a n s lä hein, auparavant y en avait en masse* aussi hein ! Y en a pus asteure*. «L'alouette, c'est 9a que j'appelions les ortolans nous autres*... c'est 9a que les Canadiern* appellent l'alouette».
όέηέπ.
En franfais, c'est le nom d'une espece de bruant, depuis le 16' siecle (TLF 12, 662a ; FEW 4, 488b HORTULANUS). Au Canada, il designe divers oiseaux (ALEC 1503, 1540, 1547 ; Dionne ; GPFC ; B61isle), mais surtout l'alouette cornue (ALEC 1531), comme ä SPM (Brasseur-Chauveau). La prononciation du type artolan est attestie dans diverses localites, aussi bien au Quebec qu'en Acadie (ALEC 1531). Pour ce changement vocalique, v. aussi bigarneau (Brasseur 1996b: 301302).
OS [os], rarement [o] s. f. (Meme prononciation au sg. qu'au pi.) • Arete de poisson. 1 2
Ο Specialement: Os du dos Colonne vertdbrale. Cet emploi n'a pas 6te releve en France ( 0 ALC AM ; 0 FEW 7,426b sq. OS). II est bien attestd dans les parlers acadiens pour une arete quelconque (ALVMA 177) ou l'dpine dorsale (ALVMA 175). II y reprisente probablement un emprunt simantique de l'anglais bone, qui ddsigne un os aussi bien qu'une arete. La denomination descriptive os du dos a aussi 6t6 notee dans un point du Quebec (ALEC 2122).
• S'enteter, soutenir une opinion avec obstination.
ORTOLAN [ o R t o l a ] , ARTOLAN [aRtolä] s. m. 1
[Ä propos de la morue], «Avec ton couteau tu la tranches*, tu finis, tu tires l'os [os] de* dedans, lä». (GT 109205).
OSTINER [ostine], ASTINER [astine], ESTINER [estine] v. intr.
V. ARMANA.
• Oiseau, alouette cornue, alpestris.
325
«[...] juste assez de-z*-os [os]». (AC 018003). «Par ici c'est tout* [tut] des os [os] : morue, poisson, c'est tout des os [os] !»(AC 059202).
>
«Moi je dis d'fene manifere pis l'autre dit de I'autre : c'est astiner». (GT 109206). 2 «Astiner toute la journie, toute la journde. Des fois i venait chez nous lä. Ma defunte* mfere mena9ait de le jeter dehors* [dahoR], Mais 9a le faisait pas slacker [de l'angl. to slack ] ! S'il avait de quoi* dans 1 'idee*, il astinait pour* !» (LC 029218). le 2, repasser.
0 Empl. pron. : Se quereller par entetement mutuel. >
repasser.
L'emploi transitif d'obstiner est considere comme un regionalisme du Canada (TLF 12, 371b). L'emploi intransitif, qui n'est pas signal6 par les glossaires canadiens que nous avons consultes (Clapin ; ALEC 2277 : (s')obstiner), est pourtant usit6 en Acadie (J. Boudreau 1979 : 57, cit6 par E. R . : «Essaye pas d'ostiner, c'est vrai». Ostiner est une forme repandue dans les parlers dialectaux de France, notamment de Normandie, d'Anjou et du Centre (FEW 7, 290b OBSTINATIO). Astiner, avec [a] initial, est bien attestd au Quebec (PF 1501 et 2873 dpargne (d'-) 1. Ou bien done : > beurdouille 1, boisson 3, froncle 2, jongler 2, tamure.
Ou mets done, qui est peut-etre une forme idiolectale, est une deformation de ou mettons, qui n'est plus compris (v. mettons entre deux elements de la proposition , familier en frangais selon TLF 11, 760b). Ou bien done est une formation semblable ä ou bedon , atteste ailleurs
-
«Ayou-ce qu'est le Paradis ?» «D'yu-ce que vous appartenez* ?» «Ces... Acadiens, lä, 5'a venu ... de l'Acadie. Yu-ce qu'est l'Acadie en France je ne sais pas !» «A dit: ce tu vas ?»
Dans Γ interrogation indirecte : 5 6 7 8
«I savait you aller». «Je pourrais pas vous dire ce qu'il a td». «Tu l'a mis ä queuque* part, je sais pas you». «Je sais pas d'u-ce qu'i venait». (LC 118002).
0 Specialement N'importe (e)you. V. ΝΊΜPORTE. II. Pron. ou adv. relatif. 9 «J'ai vu yu-ce que j'ai fait des fautes». 10 «Au Canada lä, yu-ce qu'est mon gar^on [...]» Oü-ce que : > äge 1. You : > gros 4, saoir 6. You-ce que : > allde 1, barachois 2, devenir 6, laiche 5, parvenir 1, pimpina 1, rendu, yi 2. You que c'est que : > savane 1. Ayou-ce que : > clairon 2, devenir 3, shed 2, pidceter, soutenance 1. Ayou que : > ichouerie 1. Eyou-ce que : > devenir 2, sarvir 2. Yu-ce que : > amiauler 2, äbre, barrer 7, bete 11, busynose 1, cap 3, coiffe, ddrubler 2, diserrer 2, devenir 1, encrot 2, Etats 1, garde-grain, go 3, graveau, justement 2, loutre 2, noix, parlour 2, partir 3 , . . . Ayu-ce : > langue 4, part 5. Ayu-ce que: > havre 4, houle 5, moyen 4, prussifere 2, racoin. U-ce que : > aller 3, echouerie 2, reparer 2, routine. Ce : > basement 3, devenir 5, malade (etre - pour).
Ousque est une forme populaire (TLF 12, 6 9 5 a - b ) , commune au Canada (Dunn ; Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier ; Belisle) et
ous en Louisiane (Ditchy). You, largement repandu dans les parlers dialectaux de France (FEW 14, lb UBI), a ete notd au Canada (GPFC ; Moncton, NB, 1978, d'aprös Ε. R.). Yousque est 6galement signale en Nantais (FEW 14, 2b UBI) et bien atteste au Canada (Clapin et GPFC, s. v. iousque ; Dionne, s. v. ioiis que ; Poirier), oü il est considdrd comme un trait de l'«acadien traditionnel» (P6ronnet-Kasparian 1998 :252). V. 6galementyou-ce que c'est que (Moncton, NB, 1978, d'apr&s έ . R. Ayou semble circonscrit en domaine d'oil ä la Wallonnie et ä la Haute-Normandie (FEW, ibid., 2a). Eyou-ce que a aussi €\€ relev6 ä Cheticamp (Chiasson 1972 : 228, d'aprös t . R.). III. Dans les loc. conj. • Ayou-ce que, Ayuce que Tandis que. 11 «Y a trois... livres ayu-ce qu'y en a in* que iun*, lä». 12 «Le monde* sus la pininsule de Port-au-Port vivra ayu-ce que ieusses* mourront de faim». 13 [Les Qu6b£cois] «I disont contre ayu-ce que nous autres je disons ä la rencontre*». (GT 109201). Ayou-ce que : > etre 6, terre 3. Ayu-ce que : > pouoir 5.
Cet emploi est original.
OUAIS V. OUI.
OUEST [wes] ([w] a une valeur consonantique) s. m. 1 2
«Au ouest du Canada». «Asteure* sus la cote du ouest, i prenont pas les mSmes monies comme* nous autres*». 3 «Le vent prend* du ouest, et du suroit». (LC 029204). > Indes 3.
• Le vent est ouest Le vent vient de l'ouest. 4
«Les vents sont ouest aujourd'hui». (MH 059202).
• (Aller, Etre) ä ouest (Aller) ä l'ouest. 5
«Tiez-vous ä... ouest Ί Av'ous* te ä ouest, ä LaGrand-Terre ?T'as vul'Ile-Rouge ?»(MH 059201). > est 1.
Cette prononciation, attestee en Picardie, Normandie et Saintonge (ALCAM, enq. inedites, q. 27D ; ALFSuppl. 231 ; FEW 17, 572a
327
WEST), est courante au Canada (ALEC 412a, 1200, 1350x ; Massignon 102 ; ALVMA 61 ; GPFC ; Naud) ainsi qu'ä SPM (BrasseurChauveau). La valeur consonantique de Γ initiale est attestde ä Jersey (Le Maistre 1966 : 379b), ä SPM et au Canada, plus fr6quemment en Acadie qu'au Qu6bec. L'emploi sans article, dans la locution aller ά ouest ( ä SPM) est probablement calqui sur l'anglais to go west oller en direction de l'ouest; passer l'arme ä gauche, mourir>.
OUI
[Wl] adv. • 1. Si (en rdponse ä une interrogation negative). 1
-Enqueteur : «£a gfele pas lä devant !» -Informateur: «Oh oui 9a gfcle ! La mer gfcle !» 2 -Enqueteur : «C'est pas bon, 5a ?» -Informateur: «Oh oui! oh oui c'est bon ä manger!» 3 -Enqueteur : «Vous n'atteliez pas votre bceuf comme un cheval ?»-Informateur : «Oh oui! Pareil !» > darrifere, nen 1.
Cet emploi, egalement commun au Qu6bec (Thibault 1990/1991 : 547) et ä SPM (Brasseur-Chauveau) est enregistre aussi en fran9ais (TLF12,707a), oü il nous parait regional et/ou populaire aujourd'hui. • 2. Oui-da ! [wida], Ouais-da ! [weda] Oui-dia ! [widja] Oui-donc ! [wid5] Oui (ou si) en verite. 4 5
«Oui-da ! Je croirais* !» -Informateur: «C'est des petites loches* !» -Enqueteur: «Non !» -Informateur: «Ouaisda ! Tu peux etre sür de 9a !»
La particule da renfor5ant le mot oui est vieillie en franifais (TLF 6, 670a ; 12, 706a). O U S [ u ] pron. pers. sujet 2 e pi. postpose au verbe • Vous. [Seulement ä la forme interrogative, avec les verbes aoir/avoir et aller]. - Avec avoir: 1 «Av'ous t i ä l'icole ?» 2 «Av'ous tendu* 9a dejä ?» 3 «Av'ous jamais td en Australie ?» 4 «Vous Γ av'ous mange ? i dit». (LC 029211). > ouest 5.
- Avec aller:
328 5
ous «All'ous v e n d r e votre j u m e n t ?» (LC 029212).
L'usage de cette forme interrogative postposee s'accompagne de l'apocope de la marque verbale. II n'est signale au Canada que dans la r6gion de Moncton, NB (sa-vous , d'apres έ . R.), mais il est bien atteste dans les pariere normands et gallos (FEW 14, 634b VOS ; Chauveau 1984 : 192 ; Brasseur 1995a : 328-329 et 344).
OUSSI [usi] adv. •
Aussi.
«Vous pouvez faire 5a oussi». (GT 109207). «Faut que 9a vient dans mon idee* ! Je commence ä y* etre vieille oussi, tu sais !» (LC 118001). > ä 27, apetisser 2, autre 1, bl6 d' Inde, boule 4, busynose 1, canir3, chaloupe, chausson 2, chevalier, enculant, enteur 3, gouimon 4, haler 13, itou, malice 1, midecine 4, quitter 8, repasser, salve, ... 1 2
Cette forme est attestee en Wallonie, dans la Somme (FEW 11, 576a SIC) ou encore en Hainaut picard (Brasseur, enq. inödites). Elle a egalement 6t£ relevee au Canada (GPFC).
•
[ u v R a 3 ] s. f.
Ouvrage. «C'est de la dure ouvrage, pour sur*». 189204).
(LC
> bile, brocher 2, leu II-6, magand 1.
L'emploi au föminin, bien represente dans les parlers dialectaux de France (FEW 7, 362a OPERA), est aujourd'hui populaire ou plaisant en fran9ais (Dupre 1972, cit6 parTLF 12, 733a). II est egalement rdpandu au Canada (Clapin ; GPFC ; Poirier ; Belisle)
OUVRIR
[UVRIR] v. tr. • Part, passe : ouvri. 0 Specialement: Ouvrir les cartes Montrer son jeu (AC 018003). Le participe pass6 ouvri n'est pas signale au Canada, mais cette forme s'accorde parfaitement avec les restructurations observables dans les parlers acadiens, ind6pendamment des attestations dans le Rhone et en Saintonge (FEW 25, 3a APERIRE). La locution est originale ( 0 FEW, ibid., la sq.).
OVRIER
OUTARDE V. OTARDE.
OUVERIER
OUVRAGE
V. OUVERIER. [uvsRje],
OVRIER
[ o V R l j e ] s. m. • Ouvrier.
OWNER [one] v. tr. • Pos seder, etre proprietaire de. 1
«II appeule [appeler*] ses ovriers».
Ouverier est attest6 au Canada (GPFC ; 0 ALEC 1781). La disjonction du groupe complexe [vrj] avec insertion d'une voyelle d'appui, dans ouverier, est un trait populaire, que Ton observe dans divers parlers dialectaux de France (FEW 7, 369a OPERARIUS). Ovrier se rencontre en picard ou dans le Berry (FEW, ibid.), mais n'est pas signale au Canada.
>
«Si y a rien d'icrit vous savez eh bien... vous pouvez pas le owner. Se* le Gouvernement IguvaRnamä] veut le prendre i va le prendre». 2 «Mais j e sais pas qui-ce* qui tait l'armateur de mon defunt* pfere mais aprfes 9a... c'est le vieux Chr6tien lä qui ownait l'Ile-Rouge». facterie 1.
Emprunt ä l'anglais to own, de meme sens, avec adaptation morphologique.
Ρ
PAILLE-EN-CUL [paj α tfv] s. m.
morceau de glace lä, qu'est la grandeur* de la maison [...] Ben (a c'est un pain de glace». (AC 059206). 3 [A propos des jeunes loups*-marins], «Sus des pains de glace, grands comme 9a ici, jusqu'ä trois ! Oui, le pain de glace plein !»(LC 029204). 4 «La glace est tout par glagons*, par glagons grands de meme*, pus grands, pus petits, pis dans le melieu* de 9a, tu vas oir* un grand pain de glace, i a p't-ete quatre ou cinq milles». (LC 029218). > craque 1.
Ces compos6s ont des emplois originaux ( 0 FEW 7, 543b sq. PANIS).
PACE [pas] conj. • Parce que. (V. aussi G. Barter, C.E.F.T., 1975 : parce). > accoutume (d'-) 2, bas 1-9, brise 4, cigue 3, de 7, devenir 2, ffeve 2, flotte 2, graveau, pire 6, pour 24, salage, tough 2.
L'ellipse de la conjonction que se trouve dans d'autres contextes ä Terre-Neuve (v. Introduction §11.11).
1 2 3
«Le paille-en-cul i va courser le... goueland* ou...» «Υ a un autre, il est moniere* de blanc et gris aussi, il appeliont 9a le paille-en-cul». «Mais le paille-en-cul il est... noir sus le dos lui, et pis il a une grande paille... ou deux pailles dans sa queue... C'est ςui*-lä qu'il appelont le mange-marde*, pace qu'i va forcer les jubiers* jusqu'*ä tant qu'i faisont... qu'i larguont*».
Denomination descriptive plaisante attestee depuis le debut du 18 e siecle, du phaeton, palmipede des mers tropicales (TLF 12, 786b ; Rob 7, 10b ; FEW 7,500b PALEA). Au Quebec et en Nouvelle-Ecosse, ce compose designe le canard pilet (ALEC 1487 ;Thibodeau), ä SPM la harelde male (Brasseur-Chauveau). L'emploi terre-neuvien est celui des pecheurs d'Yport en Haute-Normandie (ALCAM, enq. inedites, q. 308).
PAIN [ρέ d glas] s. m. •
1. Pain brüte Pain grill6, chapelure. 1
[Pour faire de la farce]. «Avant i usiont* du pain brfile et du... lard* et... du savoury [pour l'angl. savoury herbs ]». (MH 019203).
• 2. Pain de glace Bloc de glace d'un seul tenant, sur la banquise. 2
«Tu sais la glace y a des fois, alle est tout cassie par morceaux ben i va p't-ete avoir un
PAISSEUR [pesoeR], [pesceR] s. f. •
Epaisseur. 1
2
3
«Tu lignes sus le billot, premier* de tout, voistu la paisseur que tu veux, si tu veux de la planche tu le lignes ä un pouce [...]» «On le quarrissait* sus les deux bords*, et pis tu le lignais la paisseur de la planche que tu voulais, pour scier avec les scies de long lä». (AC 059201). «£a va in* qu'une certaine de... paisseur dedans, vous savez, comme p't-ete la paisseur de ce* euere* [tJ"qcR] ici* lä». (GT 109210).
Forme originale, par apherfese d'epaisseur ( 0 FEW 12,199a SPISSUS ; Brasseur 1996b : 297)
PALETTE [palet] s. f. •
1. Tablette (de chewing-gum). 1
«C'est de la gomme*, c'est en palettes, dans des paquets». > encens 3.
• •
2. Aviron (AC). 3. Palette del'epaule 2
Omoplate.
«La palette de l'ipaule c'est un morceau qu'est jointd sus l'dpaule, pareil comme* έπε mortaise, in* que c'est rond». (GT 109205).
En fra^ais, c'est le «nom usuel de divers coquillages bivalves comestibles» (TLF12,834). Au Canada, il est largement röpandu dans les parlers acadiens sous ces deux formes (ALEC 1419) et designe des coquillages du genre Venus (Massignon 532 ; Poirier), la palourde de baie, Mercenaria mercenaria (ALVMA 284) et la palourde noire, Arctica islandica (ALVMA 285) ou encore Spisula solidissima (Geistdoerfer 1987 : 556-57. Au sens de «palourde est standard au Quebec» (Thibault 1990-1991 :548). L'emploi terre-neuvien a aussi ete note ä SPM (Brasseur-Chauveau). II est ä rattacher ä celui qui est atteste en France ä Boulogne-sur-mer : (FEW 8, 172a PELORIS).
PANSE DE LA JAMBE [päs da la 3äb] s. f. • Cuisse. (Confirme par AC 059206). « J ' a p p e l o n s 9a nous autres* jambe». (AC 099205). >
la panse de la
narf 1.
Denomination descriptive originale ( 0 FEW 7, 565b sq. PANTEX), ä rapprocher de boulette du genou , palette de l'epaule , gros de la jambe . V. ces mots.
PAPIER [papje] s. m. • 1. Journal. V. aussi JOURNAL. 1 2 >
«Y avait six papiers ä* tous les deux semaines». (GT 108001). [Ä propos des feuilletons]. « f a continuait d'un papier ä l'autre». (LC 189206).
feilleton 1.
• 2. Faire des papiers Faire un accord ecrit. • 3. Papier sable [papje sable], Papier sableux [papje sable], Papier de sable [papje d sab] Papier de veire. 3 4 5
«Le papier sable 9a c'est pour unir* du bois». «Υ en a qu'il unit* et y en a qui finit y a trois ou quatre sortes de papier sable». [A propos du chien* de mer], «ζ"a la peau rough*, c'est pareil comme* du... du papier sableux lä». (GT 139201).
L'emploi , qui est vieux et employ6 le plus souvent au pluriel en fran^ais (TLF 12, 893a-b), nous parait plus probablement ici un emprunt semantique ä Γ anglais paper, comme en Louisiane (Daigle). Au Canada, il n'a d'ailleurs 6t6 note que dans les parlers acadiens, les plus soumis ä l'influence anglaise (ALEC 2310 ; Poirier; Thibodeau ; Boudreau ; Naud). La locution/ai're des papiers, qui nous parait repandue en fran9ais, mais n'est pas enregistree par les dictionnaires, est issue de l'emploi du mot comme baril 2.
• 3. Remballer, ranger. 7
«Oh ! Tu peux bientöt paquer ton livre !»
II. Empl. pron. • Se paquer de colere Se mettre en colere. > bouquer (se -).
L'attestation de ce verbe ä SPM (BrasseurChauveau) montre qu'il s'agit peut-etre d'une
331
survivance du verbe pacquer, paquer , atteste en moyen-frangais et toujours en usage dans les parlers de la region de Saint-Malo et Cancale, en Bretagne, avec le sens de (FEW 16,613a PAK), bien que tous les emplois transitifs soient egalement ceux de l'anglais to pack. Quoi qu'il en soit, ce verbe est absent des glossaires canadiens. La locution se paquer de colere est originale.
PAQUETER [pakte] v. tr. •
Emballer. 1
«II* l'a paqueti dans son mouchoir».
0 Specialement: Conditionner pour la vente. Syn.: PAQUER. 2
«Asteure*, i... i paquetiont le houmard*. II aviont έηεfacterie*, iene* ici iene ä... ä l'IleRouge hein». 3 «Les Fran9ais avaient des facteries*, i paquetiont le houmard*, i mettiont le houmard en cans*». (MH 059201). > facterie 3.
Paqueter , egalement attesti dans les parlers acadiens du Canada (Naud ; Maillet 1975 : 109, s. v. pacter ; 1977b : 329d'apr£s E. R.) et de Louisiane (Daigle : ), est un synonyme du franijais empaqueter (TLF 12,907b ; FEW 16, 614a PAK). Mais il peut tout aussi bien s'agir d'une evolution de ce dernier mot, par apherese. P A R [ p a R ] prep. • 1. Du cöte de, vers. 1 2
«Y en a iun* par West Bay lä [...]» «Leuve [lever I*] ta robe pis tourne-toi par lui !» (AC 018104). > cap 2, su 1.
• 2. A cause de, du fait de. 3 4
«I tricolait*, par la faim». [A propos de l'eczdma]. «Qa venait par le fret*, pis, l'eau». (LC 149801). > beguer 1, faroucher 4, fret 2, haler 6, hardes 5, marache 2.
Specialement: (Suivi de Γ inf. present) Du fait de. 5
«C'est comme 9a a dit par pas saoir*». (AC 018003).
II. Compartiment dans un bateau ou un bätiment. • 1. Compartiment pour lepoisson, dans une embarcation. (II y en a deux dans un doury*). • 2. Pare ä mouillages* Compartiment ä l'avant du doury* oü Ton range les cordages.
7 8
[Ä propos des rep£res de navigation]. «J'allions par la terre». «C'est pas de quoi* qu'dtait fait de juste, par ce que je peux me rappeler». (LC 189802).
• 4. A (dans 1'expression de la vente de marchandises). 9 «Avant ce* tait du Λέ par la livre*». > comment 3.
4
• 5. Pour (dans l'expression de la date). 10 «Alle dit p't-ete par le premier d'*octobre 9a va p't-ete s'ouvrir». (LC 189206).
Les deux premiers emplois ont egalement ete recueillis ä SPM (Brasseur-Chauveau). lis sont consideres aujourd'hui comme vieillis en fran?ais (Rob 7,64a-65a ; TLF 12,91 la). «Par + inf., comme äquivalent d'une proposition causale en parce que ou d'un gerondif ä valeur explicative, est sorti de l'usage au XIX® s.» (TLF, ibid.). Les autres emplois sont des caiques de I'anglais by.
PARAFFINE [paRafin], [paRafin] s. f. • Petrole lampant. 1 2
«J'avions une lampe ä la paraffine». «J'achetions le thi et... la paraffine, j'achetions 9a, du tabac, du sucre, de la melasse*, queques* morceaux* de hardes [...]» 3 «Pour une paire de chaussons, eh ben t'avais un gallon* de paraffine». (GT 128003). > dessus 9.
Emploi emprunte ä l'anglais paraffin (oil), 6galement note dans les parlers acadiens du Canada (Poirier ; Thibodeau : ; Naud ; Chiasson 1972 : 182, d'apres E. R.) et de Louisiane (Daigle).
PARC [ p a R k ] s. m. I. Enclos exterieur pour les animaux. 1 2
3
«Elle rentrait les betes* dans le pare». «Quand i venont le soir [SWCR], tu les mets dans le pare pour les tirer* et Vendemain* tu les re*-fous drors* encore*». «Asteure* c'est pas 9a ! Faut aoir les animaux en pare et pis, s'il allont sus le chemin pis... quequ'un* tape dedans, mais y en a... p't-ete
«Le nez c'est l'dtrave. Et en suite* de 9a ben y a le pare ä mouillages. Le pare ä mouillages i va en dedans* de 9a lui. II est fait pareil comme* l'avant du doury*. C'est un morceau que tu mets en dedans, pour mettre ton mouillage*, tapicasse*...» (LC 029217).
• 3. Pare (ä fain) Compartiment pour le foin, dans la grange*. 5
«Sus un bord* ce* tait les betes*, sus l'autre bord ben ce tait le pare ä foin vois-tu». (AC 059203). > avant 6.
• 4. Repasser les pares. V. REPASSER. Le sens d'enclos pour les animaux est τέpandu ä travers les parlers dialectaux de France. Dans l'Ouest il n'est atteste qu'en Normandie et en Saintonge (FEW 7, 663b PARRICUS). II a aussi ete enregistre dans les parlers du Quebec et de Γ Acadie (ALEC 518, 520, 549 ; Boudreau ; Naud), ä SPM (Brasseur-Chauveau), en Louisiane (Daigle) et dans les crdoles (Chaudenson 828 : [pa:rk] ; DCG 248b : pak; Valdman 410 : pak). En frarujais cet emploi est restreint ä une , igalement en usage ä SPM (Brasseur-Chauveau) et aux Iles-de-la-Madeleine (Naud), est issu du vocabulaire de la marine (FEW ibid., 664a), et specialement de celui de la peche sur les bancs de Terre-Neuve (Recher 1977 : 459 : pares reparation du pont par des planches amovibles entre les epontilles> ; La Morandiere 1, 152). Pare ä mouillages en est une extension. Pare ά foin est ä rapprocher de pare ά patates recueilli dans un point de la Beauce, au Quebec (ALEC 116) ou de pare ä eharbon ä SPM (Brasseur-Chauveau).
PERDRE
PARCAGE [paRka=3] s. m. • Pre cloture. 1
2
«I sont emparques* la dans le pare*. I sont auparcage [...] et pis les jeunes chevals* qui travaillent pas, i les mettont tout* [tut] au parcage lä, t' sais dans le pare». (AC 059206). «Un parcage e'est unpare* pour les animaux, e'est un pare dans un champ pour les animaux [...] Y a έηβ gate [angl. ] et pis... έηε bouehure* quoi [...] Un parcage e'est de quoi* qu'est fait pour parquer les betes». (GT 109205).
atteste en France. II apparait dans l'lsere : perche (FEW 8, 279a PERTICA) et, sous la forme dialectale [peRk] , dans le nord de la Manche (ALCAM, enq. inedites, q. 342). Parche ά pavilion a ete note ä la Baie Sainte-Marie (Thibodeau).
PAR£OIR V. APARgOIR.
Extension d'un emploi metonymique du fran5ais parcage : (TLF 12, 960b ; FEW 7, 665a PARRICUS), atteste aussi en Louisiane (Ditchy).
PARDRE PERDRE
PARCER [paRse] v. tr.
> lune 3, foie 1, parole 4, rogue 2, vanouir 1.
• Percer.
• 2. Νen pardre Decliner (avec l'age).
> alegne 3, bruitet 1, tolfetifere 2.
0 Parcer la sueur [paRse la sqceR] Transpirer. «Y a personne [paRson] qui par^ait la sueur». (AC 018302).
Locution originale, formee sur un emploi intransitif du verbe percer atteste en frangais de la fin du 17esiecle ä la fin du 19e: (FEW 8, 285b *PERTUSIARE), aujourd'hui considere comme vieilli: (TLF 13, 49a). On notera la coexistence de deux evolutions differentes de [ε] devant [R], dans le verbe percer : parcer est ici largement d'origine canadienne (ALEC 615, 951, ...), tandis que la forme [pceRse] (v. plus bas peurcer) est probablement issue des parlers du sud-ouest du domaine d'o'fl (FEW, ibid., 285a), ce qui ne reste qu'une hypothese puisqu'elle ne semble pas attestee dans les parlers acadiens.
PARCHE [paRj] s. f. • 1. Gaule (pour la peche). [A propos du poulamon*]. «Tu peux le prendre ä l'automne, ä la parche». > ipelan 1.
• 2. Hampe (de drapeau). > courir3, pavilion 1, tout 6.
Le premier emploi est courant au Canada (ALEC 1382a ;ALVMA455), maisrarement
333
[paRd], [peRd]
I. V. tr. • 1. Perdre.
1
[A propos d'une perruche]. «I parlait pas beaucoup : tupouais [pouoir*] oir* qu'i nen* pardait». (GT 139202). > queurver 3.
• 3. Empl. avec valeur pronominale. > avant 1.
II. V. intr. • Baisser, se retirer (en parlant de la mer). 2
[Ä propos d'un barachois*]. «La mer monte et perd dedans». 3 [A propos des epelans*]. «I rentront dans les rivieres*, pis... quand la mer perd i sortont». 4 «La marie, 5a e'est la mer qui perd et pis qui monte, 5a e'est la maree». (GT 109206). > barachois 1.
La locution la mer perd est attestee depuis le milieu du 19esiecle (FEW 8, 221b PERDERE) et Test encore parfois aujourd'hui dans le vocabulaire general (TLF 13,60b), rarement sur les cotes (ALCAM, enq. inedites, dans la Baie du Mont-Saint-Michel). Elle a ete egalement notee ä SPM (BrasseurChauveau) et dans les parlers acadiens (Massignon 31 ; ALVMA 18 ; Poirier, s. v. perdre ; Boudreau, s. v. parde). Mais, en franfais contemporain, on reserve plutöt ce verbe ä la decroissance du coefficient de maree (TLF 13, 60b ; Rob 7,264b). La locution en perdre decliner (avec l'age)> n'est pas enregistree par les lexicographes ( 0 FEW 8, 221b sq. PERDERE). Elle est cependant au moins connue en Normandie (ALN, enq. inedites).
334
PARE
PARE [paRe], [paRe] adj. • Pret. 1 2
«Quand i venait eh ben ! J'avais le diner* pare». « f a * cardait la laine, pour la mettre paree ä filer».
0 Specialement: Tout pari Tout ä fait pret. 3 4
«C'est tout pari !» [A propos de bois de chauffage]. «Trente et* quarante piasses* la charge. Tout pari seid». (ΜΗ 069202). 5 «Tout part ! [...] Oh bien, je pense faudra que je me mette* paree done». (LC 149801). > crocheter 1, 3, flotte 2, gäche 3, marier 2, menoire 3, soleil 2.
Emploi caracteristique en fransais de la langue de la marine (TLF 12,985a ; Rob 7,94b ; GLLF 3971c), mais qui, ä Terre-Neuve, comme ä SPM (Brasseur-Chauveau), au Canada (ALEC 277 ; Massignon 1233 ; Dunn ; Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier; Thibodeau ; Boudreau ; Naud ; Bilisle), en Louisiane (Ditchy ; Daigle), dans les Creoles des Antilles et de l'Oc£an indien (Chaudenson 828 : [pare]; DCG 250a : pare) et dans les parlers regionaux des cotes de l'ouest de la France (FEW 7, 623b PARARE), peut s'employer dans d'autres domaines.
Compose bien atteste dans les parlers du Canada (ALEC 2094 ; Massignon 1494 ; Thibodeau : ), mais qui n'est pas signale en France ( 0 FEW 8, 253a PERNA).
PARLEMENT [paRbmä] s. m. • Fa9on de parier, langage. 1 2
«C'est pas le parlement de par ici !» «Vous croirez p't-ete c'est des betises, mais non c'est notre parlement!»
Cet emploi est considere comme regional et vieilli en fran^ais (TLF 12,1007a). II est bien atteste dans divers parlers dialectaux de France, specialement de l'Ouest et du Centre (FEW 7, 608b-609a PARABOLARE), ainsi que dans ceux du Canada (GPFC ; Snow 1977 : 9, 10, d'apres E. R.) et de Louisiane (Ditchy).
PARLER [paRle] v. tr. ind. • 1. Parier serieusement, avoir une conversation sur un sujet serieux. • 2. Parier enfant Parier un langage enfantin. > boubou 1.
On distingue parier de blaguer. V. ce mot.
PARLOUR [ρακίοε] s m PARENTE [paRÖte] adj. •
Apparente. 1 2
«Ce* tait parente avec ieusses*». (AC 048001). «Sa mfere tait parentee avec mon mari». (LC 189201).
Forme originale ( 0 FEW 7,642b sq. PARENS), parapherese d'apparente, sous l'attraction de parent.
• Partie du easier d' oü le homard ne peut pas sortir. SYN.: PEN. 1 2
«En dedans y a ene autre tete* lä, j'appelons ga le parlour». «Y a les deux... les deux tetes* chaque* bord yu*-ce qu'y a les... le houmard* rentre dans le easier, pis lä* y a έηβ autre tete qui va dans l'autre bout* [but] 5a c'est le parlour.
Emprunt ä l'anglais regional parlour (DNE 369b).
PARER V. EPARER.
PARMI [paRmi] adv. • Au milieu.
PARLE DE L'CEIL [paRl da 1 cej] s. f.
1 2
• Prunelle (de l'ceil). «La parle de l'oeil c'est... le bleu lä, le couleure* lä». (GT 109205). > crasse 1.
3 4
«Pis tu le faisais bouillir sus le poele, avec un peu de sang parmi». [A propos des mummers*]. «Y en avait des vilains parmi. f a faisait peur aux petits enfants». (AC 018303). «C'est pas rien que du galet. Y a des gros cailloux* parmi». (GT 109203). «Υ en a des petits pis y en a des gros parmi». (GT 139201).
PART
> baker 3, stropii.
Cet emploi est considere comme typique de la langue classique (GLLF 3993a), comme vieux ou populaire (Rob 7, 110b) ou encore comme vieilli et litteraire (TLF 12,1020a-b). II est encore atteste au Canada (ALEC 1240), ä SPM (Brasseur-Chauveau) et dans les parlers de l'ouest de la France (FEW 6/1,622a-b MEDIUS).
PAROLE •
[ p a R o l ] s. f.
l . Mot. 1
«C'est des curieuses paroles, mais... je les usons*». 2 «Coaxer* bien* 9a c'est la parole anglais». (LC 189801). > acopeau 2, avenir 1, chaouin 5, chou-rave 1, coutume, dans 3, diton 2, 4, 5, enteur 1, jeepers 1, lasticot I, mocauque 1, plutöt de, quinquin 4, saquer 1, sarber.
0 Specialement: Parole pour parole Litteralement, mot pour mot. 3
«Pis je comprenais pas quoi* que c'itait mais je l'apprenais tout* [tut] parole pour parole». (LC 189201).
• 2. Maniere de parier.
335
PARSI [paRsi] s. m. •
Plante, probablement liveche ecossaise. 1 2
«Le vieux monde* faisiont de la soupe au parsi, ou ä la doche*». (LC 029212). « f a c '*έηε affaire* pareil comme* le parsi qui pousse dans les caps*, hein ! C'est la premiere affaire qui pousse, 9a : les doches* pis le parsi». (LC 029212).
En fran9ais la prononciation du [1] final de persil a 6te restituee recemment sous Γ influence de l'orthographe (TLF 13, 137a ; Thurot 2, 145). Les parlers du Canada ont garde usuellement la prononciation traditionnelle (ALEC 904 ; GPFC). La forme terreneuvienne est attest6e ici et lä, dans les parlers dialectaux de France (FEW 8,325b-326b PETROSELINUM), mais son emploi n'est Signale ä l'epoque moderne qu'aux Iles-de-laMadeleine (Massignon 202 ; Naud, s. v. persil de mer) et ä SPM (Aubert de la Rue, cite par Massignon ; persil marsigoin ddgusticum scoticum; Archangelica Gmelinb : Chambon 1992 : 283). V. aussi persil-sauvage (Brasseur-Chauveau).
> autre 7.
• 3. Äla parole A l'enonce de ces mots. > dicoller II-2.
• 4. Parde* parole Perdre la parole. 4
«I parlait pas lui, il avait pardu* parole, i s'avait tap6 la tete dans...» (AC 048001).
• 5. Avoir une parole (avec qn) Sedisputer (avec qn), Avoir une parole ensemble Se disputes 5
«C'est un bon homme Emile ! J'avons jamais eu une parole ensemble, jamais jamais !»
L'emploi est admis en fran^ais au pluriel ou dans certains 6nonces (TLF 12,1027b1028a). II est plus etendu en FTN. C'est egalement le cas de (TLF 12, 1027a). A la parole est une construction originale ( 0 FEW 7,603a sq. PARABOLA). Parde parole est ä rapprocher du fran9ais perdre la parole, avoir une parole (avec qn) de la locution vieillie en fran9ais avoir des paroles (avec qn) (TLF 12, 1028a), de meme sens.
PART [paR] S. f. •
1. Partie. 1
[En s'adressant ä l'enqueteur], «Steure* de quelle part de France que vous devenez* vous autres*». (LC 189206).
• 2. Dans les loc. adv. A queque part, A queuque part, A quique part, En queuque part Quelque part, Ä nulle part Nulle part. 2 3 4
5 6 7
8
«Pis si tu te coupes ä queque p a r t [...]» (LC 029201). «J'avons decidi de nous en aller, travailler, chercher de l'ouvrage ä queuque part». «Si t'allais te promener ä queuque part, ben tu tais jamais pressi de revenir, surtout la jeunesse !» (MH 019202). «Et pis ayu*-ce 9a devient*, je sais pas. f a vient d'a queuque part!» (GT 109206). «C'est fran9ais, 9a doit etre dans* la France ä quique part». «Tu voudrais aller en queque part, mais tu ne veux pas aller* pace que... 9a te coüte Α'aller». (AC 059204). «I n'ont pas la peine d'aller ä nulle part pour oir* !» (LC 028401).
336
PART
A queuque part: > bord 4, dedans 7, gig 2, gratte 3, larges 1, oü 7. Λ quique part: >hall. En queuque part: > magasin 1, repasser 2.
Le premier emploi est un emprunt semantique ä 1'anglais part, de meme sens. Les locutions ä quelque part (GPFC, s. v. part) et en quelque part (Dionne GPFC, s. v. part) sont attestees au Canada, mais pas en France ( 0 FEW 7,671b PARS).
PARTEMENT
[ p a R t a m a ] s. m. • Piece d'habitation. 1
«I tait fatique* de le voir röder* de partement ä partement». (GT 108001). 2 [Ä propos du homaid]. «Si i va dans cette*la pis i tombe sus l'autre bord*, dans l'autre partement du easier, bien* i se fait prendre lä». (GT 139201). > brasser 4.
Forme locale, avec aph6rese, du mot appartement (Brasseur 1996b : 296), dont l'emploi est considere comme un r6gionalisme (en particulier canadien) (TLF 3, 274b ; DFQpres. : 8a-10a ; FEW 7, 672b PARS).
PARTIE [paRti] s. f. I. Partie de blague. V. BLAGUE. II. Etre de la partie loc. verb. Etre en voyage, en promenade. 1
III. Portee. 2
PARTIR •
[paRtiR] 1. Partir le galop Partir au galop.
1
V. APPARTENIR.
• Ou dans les loc. adj. Parti de la tete, Parti fou/folle Devenu fou (folle). 1 2
«Oh ! I dit je sus [etre*] parti de la tete, i dit, je sus parti!» (AC 018002). «Je serais partie folle».
Parti est atteste ä SPM (BrasseurChauveau). La locution parti de la tete nous parait populaire, sur le meme modele que partirdu ciboulot (TLF 12,1067a). Parti fou, oü les deux elements du compose sont redondants, est ä rapprocher de locutions comme consomme pourri (v. ci-dessus, s. v. consomme), dont les exemples ne manquent pas dans les parlers de l'ouest de la France (Brasseur, enq. inedites ; 0 FEW 7, 687b PARTIRE).
«I nen* a... Y a des chats qu'a trois parties par an, pis y en a qui a quatre ou cinq chats par partie. T'aras jamais moyen* de nourrir ces chats-lä». (GT 109211).
L'emploi de la locution etre de la partie est original ( 0 FEW 7, 687b PARTIRE). L'emploi , peut-etre idiolectal, est probablement dü ä 1'attraction paronymique de ce mot.
PARTENIR
PARTI [paRti] adj.
«Ton homme est ä la maison tout le temps, mais moi je sus [etre*] toujours de la partie».
[A propos des mouches* a cheval], «Tu vas oir* un cheval manger, lä. I mange, la. Pis tout d'un coup i part le galop : Y en a iene*, lä, qu'arrive yu*-ce qu 'il est. Je pense pas que 9a les mord, mais 9a chie sus le cheval. Pis le cheval lä, apres un bout* [but] ς a vient* que 9a d6mange. f a fait que i le mord, pis 9a forme les vers dans le corps : j'appelons 9 a les botts*, nus autres*. C'est des vers, f a tue le cheval». (LC 029213)
• 2. Partir ά s 'en venir Quitter un lieu pour se rendre chez soi (AC 058001). 2
«J'ai parti ä m'en venir pis j'ai arrivd ici ä trois heures du matin».
Partir le galop est une construction originale, qui peut etre rapprochee, par exemple, de s 'en aller le grand galop (FEW 17, 484a *WALA HLAUPAN). Partir ά s 'en venir, releve egalement ä Cheticamp, dans l'lle du Cap-Breton (Chiasson 1972 :269, d'apres E. R.), est ä rapprocher de partir äs'en aller, qui a ete note en Nantais (Brasseur 1993 : 191a ; 0 FEW 7, 678b PARTIRE) ou encore de partir ä se sauver en Louisiane (Ditchy). Ces locutions paraissent issues d'un emploi vieilli en fran^ais de partir ά (TLF 12,1066a).
PASSE-PARTOUT
PARTY [paKtl] s. m. •
Fete. 1 2 3
>
«J'ons [aller*]-ti* aoir* un party ä soir* ?» «II aviont des partys pis i faisiont des amusettes». «I cuisiont* un bon feed [angl. ] la, pis y avait un grand party aprfes f a aussi».
autre 10, tiendre 14.
Cet emprunt ä Γ anglais a ete releve au Canada (ALEC 2272b), egalement au masculin (ALEC 893x ; B61isle).
PARVENIR [paRvaniR] •
v. intr. 1. Parvenir de qn Advenir de qn.
1
«I ont jamais su d'you*-ce que... quoi*-ce qu'avait p a r v e n u de lui ni r i e n » . (LC 189203).
337
La double negation pas rien, pas aucun, qui n'est pas enregistree dans les dictionnaires, est populaire en franfais. Elle a ete relevee au Canada (Dionne : pas rien ) et en Louisiane (Daigle). Pas en tout est largement repandu au Canada (ALEC 2248x, 2310 ; Dunn, Clapin, Dionne et Poirier, s. v. tout; GPFC, s. v. en). Avec pas de , typiquement canadien (Clapin, Dionne, GPFC et Naud, s. v. avec ; FEW 24, 30b AB HOC), est considere comme «barbare» (Quillet 1965 : «il est parti avec pas un sou en poche», cite par TLF 3, 1069b).
PASSAGE (AIGUILLE A -) V. AIGUILLE.
• 2. Parvenir par-dessus qn Survenir ä qn. 2
«Mais i dit je sais pas quoi*-ce qu 'a parvenu par-dessus moi, i dit. Qa m ' a venu dans l'idee* de faire ma bätisse* lä [...]» (LC 029217).
PASSAGER [pasa3e], [pasa3fie]
Constructions originales ( 0 FEW 8, 291b sq. PERVENIRE).
«Asteure* la laine, lä, de mouton lä, qu'on agete* asteure*, alle dure pas si bien non plus que cette*la qu'on faisait soi-meme dans le temps. Mais... tu peux la passager, si y a des trous [...]» (LC 189206).
PAS [pa] adv. • 1. Avec un indefini ä valeur negative : «rien», «aucun»,... 1 2 3
«I dit pas rien». «Y avait pas rien ä oir* lä». «J'ai t6 six semaines sus le carreau, je pouvais pas rien faire». 4 «Je sais pas rien ä l'igard des Franfais... ä l'Ile[-Rouge] et de quoi* de me me». > blague 4, boutique 5, chique 1, couvrir 4, di 6, soulasse 2.
• 2. Dans la loc. adv. Pas a peine. V. PEINE. • 3. Pas en tout [pa α t u t ] loc. adv. Pas du tout, absolument pas. 5 6
Emploi original d'un verbe atteste en moyen franfais (FEW 7,714b *PASSARE). Ce type lexical n'est pas signale au Canada (ALEC 321 ).
PASSE-PARTOUT
«Avec pas de feu». (AC 018103). « C ' e s t dur avec pas de compas !» (MH 069201). 9 «Des jeunes filles, avoir des families : cinq et* six enfants, avec pas d'homme». (LC 029217). > beaucoup 2, glai 1, hardes 4, rognon 4, survivre, veste.
[parspaRtu]
s. m. • Petite scie ego'fne dtroite ä bout pointu. 1
2
«Je disons pas en tout ! No way [angl. ] c'est en anglais ?a !»(GT 109206). «I dormont pas en tout». (LC 029207).
• 4. Avec pas de, ac pas de loc. prep. Sans. 7 8
v. tr. • Repriser.
3
«Quand tu mettais des serrures vois-tu, pour faire des trous de* les cl6s et tout* [tu] ς a* lä, ?a c'est des passe-partout». «Une petite egouine*, un passe-partout. J'appelions 9a des petits passe-partout. C'est pour... faire des trous... des trous de clefs de quoi* de meme dans les portes». (AC 059204). «C'est έπε scie qu'est toute itroite pis point u e , ; a c'est un passe-partout». (GT 109207).
Cet emploi technique est signale au Canada pour une (Dionne) ou pour une (Belisle, avec une illustration qui correspond ä l'outil utilis6 ä Terre-Neuve). II semble peu courant en fran5ais, ou il est surtout atteste en apposition : scie passe-partout (TLF 12 1107a ; FEW 7, 723b *PASSARE).
PASSER [pase] v. tr. • 1. Depasser en age. 1
«I passe ninety [angl. ], I doit aoir ninety-one [angl. ]». (LC 097401).
• 2. Evacuer (de Γ urine, des excrements). >
2 «I passe ga comme i mange». arreter3.
0 Specialement, empl. absol. 3
«Quand vous passez, la merde [maRd] vient* tout noir».
• 3. Supporter. 4 5
0 • • de
«Pis mon amour tait forte assez* pour passer tout ce que j'ai passe». [A propos de la femme]. «E* nen* passe e nen passe, pus qu'un homme !»
Specialement: Passer de la misere. V. MISERE. Passer sa part Avoir son lot de difficultes, malheurs. 6
«J'ai passe ma part auparavant».
• 4. Passer ensemble Expliquer. >
diviser.
• 5. Passer les maisons Aller de porte en porte. V. aussi PARCS (REPASSER LES -)· 7
«I passait les maisons, blaguer* monde*». (MH 069203).
ac* le
Les deux premiers sens sont des caiques de l'anglais to pass. L'emploi est une survivance du moyen fran^ais (FEW 7,708b709a *PASSARE). Passer les maisons a ete note dans les parlers acadiens (Naud ; Snow 1977:42, d'apresE. R.).
PATATE [patat] s. f. • Pomme de terre. « Y a un fermier [ f a R m j e ] q u i s'en allait avec une... une charge de p a t a t e s , avec son cheval. E n chemin, il a renversi [RQvaRse] sa... sa charrette. S e s p a t a t e s tiont p a s e n s a c s ni rien... Pis lä* i
s'en vient un Anglais*. L'Anglais arrive* ä lui, i dit: - Good day ! [angl. ]. L e fermier y* d i t : - O u i ! J ' a i renverse*
[RävaRse]!
VAnglais y dit: - What's that ? [angl. ]- Oh oui i dit, avec mes patates ! L'Anglais y dit: - Go to hell / [angl. ]- C ' e s t q a q u e je fais, je trie les pus belles !» ( A C 0 5 ) .
Emploi familier ou populaire en fran^ais, considere comme un regionalisme du Canada (TLF 12,1155a ; DHFQ 398), atteste en Louisiane (Daigle) et largement repandu dans les parlers dialectaux, essentiellement dans l'ouest et le centre de la France (FEW 20, 57b BATATA). En FTN, patate est le seul mot qui denomme la pomme de terre.
PATE [pate], [pate] s. m. • Tourte, sorte de tarte aux fruits ou ä la viande couverte d'une abaisse. 1
2
«Si je faisons un päte qu'est dans έηε grosse... έηε assiette ou de quoi* de meme, j'allons dire c'est un pät£. Si je fais un tout petit, je vas appeler 5a έηε tarte. Je pense que je suis I 'arbours* de* les autres». (AC 099205). «Un pät£ 9a pourrait tere* έηε tarte ou ?a pourrait etre έηε cake*...» (GT 109205).
0 Specialement: Päte de lapin (GT 109205). L'emploi , vieilli en franijais (TLF 12, 1159b ; FEW 7, 745a PASTA), est bien atteste au Canada (DHFQ 404-405 ;Thibodeau).
PATIN [pate] s. m. • Sep de lacharrue(LC 029210). «Υ εη a iun* que j'appelons le patin. C'est un morceau de fer, qui prend du bout de la charrue, yu*-ce que le bec* va [...] C'est lui qui gouvarne* la charrue sus la terre [...] les deux bras* allont sus cc morceau-lä». (LC 029210).
Emploi original d'un mot qui designe egalement un (TLF 12,1176b). Cette denomination descriptive n'est attestee ni en France ni au Canada pour le sep de la charrue ( 0 FEW 8, 32b-33a PATT-; 0 Atlas linguistiques par regions de la France d'oil).
PAV£
[PÄTIR] ν
intr • Supporter des privations. «I pätissaient [patise] pas». Cet emploi, vieilli en franfais (TLF12,1180a), a le sens de dans les parlers acadiens (Hache 1978 : 14 ; Maillet 1979 : 155 ; Boudreau 1969 : 65, d'apres E. R.).
339
Le premier emploi est bien atteste en France sur les cötes de Loire-Atlantique et de Vendee, egalement sous la forme grosse patte (ALCAM, enq. indites, q. 252A ; 0 FEW 8, 29b sq. PATT-), et en Acadie (ALVMA 329). Le second emploi est original ( 0 FEW, ibid.). Pattes-rouges est une denomination descriptive originale ( 0 FEW 8, 31b PATT-).
PATOIS [patwa] s. m. • Mot patois. «C'est des patois qu'il aviont comme f a !» (LC 138403).
Cet emploi est egalement atteste au Canada (GPFC), mais n'est pas signale en France ( 0 FEW 8, 35a PATT-).
PÄTON [pat5] s. m. • Morceau de päte (que Ton fait cuire avec la soupe). (Devoir d'etudiant du C.E.F.T.). «Des pätons, c'est de la farine qu'est τοιιΐέε dans ta main, vous savez hein, qu'est mis dans de la soupe aux choux». (GT 109205).
Ce terme technique du vocabulaire de la boulangerie : (TLF 12,1183b) possede ici un emploi particulier, egalement atteste dans un point du Quebec (ALEC 238 ), non signale en France ( 0 FEW 7, 745b-746a PASTA).
PATTE [pat], [paet] s. f. • 1. Pince (du homard). 1
>
«J'avais les deux mains, ce* tait pareil comme* des pattes de houmard*, i tiont rouges et toutes enfl6es, hors* de shape». houmard 3.
0 Spicialement: Grosse patte Meme sens. 2 3
>
«Les grosses pattes a* homards». «Le houmard* par les deux coquilles comme 9a, par les deux pattes, pis la queue trainait sus la terre. La grosse patte tenait un gallon* d'eau !» (LC 029218). houmard 3, 4.
• 2. Metastase (d'un cancer). >
estomac 3.
• 3. De quatre pattes. V. DE. • 4. Pattes-rouges [pat RI13] s. f. Oiseau, tournepierre ä collier, Arenaria interpres. 4
«Des pattes-rouges j'en ai tui, j'en ai tue quatorze un coup*, d'un coup de fusil».
PAUVEUR
[pOVCeR] adj. epicene ante-
pose • Pauvre. 1 2 3
«Mais a dit mon pauveur vieux a dit peux-tu me dire quo*-ce que t'as attrapi ?» «La pauveur femme alle a iu de la misire* ielle* !» (AC 018304). «Ma pauveur mere y a bien... vingt-six ans, vingt-sept ans qu'alle est morte, vingt-six ans». (LC 189804).
La disjonction du groupe [VR], qui ne s'observe que lorsque l'adjectif est antepose, a ete notee au Canada (ALEC 700, 1756c, 2310 ; GPFC : pauver [povaR]). Ce type de forme est egalement signale dans les parlers dialectaux du centre de la France (FEW 8, 56b PAUPER).
PAUVEURTE [povceRte] s. f. • Pauvrete. Ce type de forme est egalement atteste au Canada (Clapin, Dionne : pauverte ; GPFC : pauverte [povceRte]) et en Louisiane : pauverte (Ditchy), comme dans divers parlers dialectaux de France (FEW 8,60a PAUPERTAS).
PAVE [pave] s. m. • Plate-forme en bois legerement surelevee oü se couchent les bestiaux dans la grange*. «Nous autres* j'allons dire un platform [angl. ] pis d'autres va dire un pave». (AC 099205).
Emploi courant au Quebec et en Acadie (ALEC 379 : ), non signale en France ( 0 FEW 8,81a sq. PAVIRE).
340
PAVILLON
PAVILLON [pavijö] s. m. •
rine et de l'eau, et un peu de pearl ash [poRlaJ"]». (GT 099201). boitee, lait 1.
Drapeau.
>
1 2
Cette extension d'emploi d'un mot du vocabulaire de la marine, signalee en franfais moderne, n'est pas enregistree par les dictionnaires contemporains (FEW 7, 576a PAPILIO); au Canada, eile n'aete not£e que dans les parlers acadiens (Thibodeau ; Boudreau ; Carbonneau 1974 : 21, d'aprös E. R.).
Perlasse est bien atteste au Quebec pour la potasse (ALEC 1758 ; Clapin, s. v. perlasserie ; Dionne ; GPFC : parlasse). II est egalement admis au 19 e siecle en frangais (FEW 8, 254b PERNA ; Littre : ). Mais c'est seulement dans les parlers acadiens du Nouveau-Brunswick (Lameque), de Nouvelle-Ecosse et des Ilesde-la-Madeleine qu'ont ete notees, avec le meme emploi qu'ici, des formes en [J], empruntees ä l'anglais (Massignon 1300 : ; Boudreau : perlatche ; Naud : porlache).
PAVURE [ p a v y R ]
PEAU [po], [po] s. f.
•
• Avoir sa peau Faire Γ amour (en parlant d'un homme), posseder sexuellement.
>
«Une parche* de pavilion». «Au Bout di* Cap y a... la Botte, ςα* ce qu 'i appelont la Botte c'est fait comme έηε botte lä dans le cap, pis en haut de 9a y avait un... je pense c ' i t a i t les Fran^ais, j e pense c'itait comme έηε... ce* tait pas έηε ferme ce tait justement*... y avait un pavilion lä, le pavilion de la Botte, ce tait pou* une marque*, je pense». (LC 149807).
tout 6.
s. f. 1. Trottoir devant la maison. 1
«Nous autres* j'appelons 9a un walk [angl. ], mais 9a c'est une pavure: tu peux le faire en bois, tu peux le faire en ciment [...]»
• 2. Sol de l'6table. 2
[Ä propos de l'itable]. «La pavure c'est toute la grandeur* ![...] C'est du bois dur, du gros bois rond, tout* [tut] colli ensemble». (LC 029218).
Ce derive de paver n'est atteste en fran5ais qu'au 12 e siecle : paveüre (FEW 8, 82a PAVIRE). Au Canada, il a 6te releve dans des emplois voisins de ceux du FTN. (ALEC 379x au Nouveau-Brunswick [?], 1048 : dans la Baie des Chaleurs ; Thibodeau : ).
PEARL ASH [paRlaJ], [poRlaJ], [ p U R l a / ] s. m. ou f. • Levure, bicarbonate de soude. 1 2
3 4
«I boiviont [boire*] du pearl ash [poRlaf] pour le mal ä l'estomac». « f a c'est un mot qu'est pas use* beaucoup asteure* le pearl ash [poRlaJ] ! Tout est motie* anglais asteure !» «Auparavant ce* tait la pearl ash [puRlaJ] qui tait usee* par ici surtout». (AC 099204). «Nous autres*, le plus que j'husons* 9a c'est avec la viande sal6e. Je faisons ?a avec la fa-
«II avont έηε habitude par ici lä que... si tu vas avec une fille vois-tu, i te demanderont: as-tu iu ta peau ?»
La locution voisine aller ä la peau signifie ici et lä au Canada
brise 2, trape.
•
(Venir) de peche .. .de la peche. 4
du poisson. C'est des pecheurs (LC 149807).
«Je venais de peche, notre echouerie* itait
>
Ce type lexical n'a ete note au Canada que pour le martin-pecheur (ALEC 1509), emploi atteste depuis le moyen fran9ais et Signale egalement dans les parlers dialectaux du HautMaine et de l'Anjou (FEW 8, 581a PISCATOR). La lexicographie fran9aise enregistre aussi aigle pecheur depuis le milieu du ^ s i e c l e (FEW, ibid., 581b).
•
•
Empl. comme inteij. Quel dommage ! sauvage 1.
de... C'est dommage de.
«Ben moi j'ai joliment* des chemises, lä pis... c'est ρ&ΐιέ de les jeter».
C'est (un) peche (que) de + inf. est une locution familiere en fran$ais (TLF12,1244a). L'emploi de peche seul, comme interjection, est particulier au FTN ( 0 FEW 8, 98b-99b PECCARE).
PECHER [ρε/e] v. tr. Immerger. 1 2
«I prend le panier pis i le peche dans le lac [...]» (AC 018003). «Je pechons ici trois cents casiers». (GT 139201).
Emploi particulier ( 0 FEW 8, 577a sq. PISCARI).
PECHEUR [pej0R], PECHEUX [ρε Joe] s. m. • Oiseau, haliaetus. 1
2
3
rapace,
balbuzard,
Grain (de neige). (Confirme par GT 109205). [Ä propos de la neige]. «Y en avait pas tombi d'avance. Pas un peck !» (LC 028301).
>
C'estpeche
marlillon 2.
PECK [pek] s. m.
PECHE [peje], [paJe] s. m.
•
ceuses*-lä».
en bas d'une butte [...]» (LC 029216).
La premiere locution n'est pas usitee sur les cötes de France ni en Acadie (ALCAM, enq. inedites, q. 61 ; ALVMA 125 ; 0 FEW 8,577a PISCARI), mais elle a ete notee ä SPM (Brasseur-Chauveau) et a des equivalents dans la langue des Terre-Neuvas : etre en peche (Yvon 1937 : 235), en peche (Vercel 1939 : 160), en peche, mettre en peche (Recher 1977 :57,60). La seconde locution est peut-etre particuliere auFTN.
•
341
Emprunt ä Γ anglais de Terre-Neuve peck (DNE 373a).
PEINE [pen] s. f. •
•
«C7'*ann6e c'est tard, pour la peine. C'est un mois pus tard que...» (LC 189204).
2. Pas ά peine loc. adv. Presque pas. 2
«Asteure* y a pas ä peine qui plantent des potatoes [angl. ]».
La premiere locution n'est pas enregistree en fran9ais (FEW 9, 114a sq. P(ENA). Elle signifie beaucoup dans les parlers du Canada (ALEC 2310 ; GPFC) et en Hainaut picard, par exemple (Brasseur, enq. inedites : le plus souvent au pluriel: pour les peines). La seconde est originale ( 0 FEW ibid., 117a-b).
PEINTURER [petyRe] ν tr •
Peindre. 1 2
Pandion
Le pecheur c'est pareil lä, lui i peche dans les... ruisseaux* dans la mer et de quoi* de meme tu sais, mais c'est le meme jubier* comme* ceuses*-la, c'est de la meme race, c'est la race de aigle tu sais». (AC 059205). «C'est quisiment* comme un aigle, i l'appelont les pecheurs. leusses* prenont leu* vie* dans la mer». (GT 139202). «Les marlillons* c'est juste sus la terre, mais les pecheurs i preniont des petits oiseaux ou
1. Pour la peine loc. adv. Pour le coup. 1
>
«Je peinturons les bou£es, vous savez... chacun, chacun une couleur». (GT 139201). «Les petits avions qui vient ici lä i n-n '*avont iun* de peinture sus la q u e u e lä». (LC 149805).
chassis 3.
En fran9ais, cet emploi est considere comme vieux, regional (Canada) ou technique (TLF 12, 1281a). II est bien attest6 dans les parlers dialectaux, notamment dans l'Ouest et le Centre (FEW 8, 430b PICTURA). II se trouve aussi en Creole guadeloupeen (DCG 254b : pentire).
342
PELER
PELER V. APPELER.
PELLETTE [pelet] s. f. • Spatule de cuisine. 1 2
«Tu prends 9a avec ene pellette». «Tu peux aoir une pellette pour virer* la päte». (GT 109205).
Cette forme, attestee avec cet emploi dans le canton de Vaud, en Suisse (FEW 7, 477b PALA), semble peu courante au Canada. Elle n'a ete enregistree qu'au Nouveau-Brunswick pour une tapette ä mouches (ALEC 144) et une pelle ä enfourner (Massignon 1302).
cette forme qu'en Mayenne, les parlers de l'Ouest et du Centre employant le type palleyer (FEW, 7,481 a PALA). Pellier est une evolution phonetique reguliere dans l'Ouest, ä partir de pelleyer, comme neyer aboutit ä [nje].
PELOTE [plot] s. f. • Testicule. Syn.: BALLE. Cet emploi, parallele ä celui qui a donne Γ argot ballots, de meme sens (FEW 15/1, 40b *BALLA), a aussi ete note ä SPM (BrasseurChauveau), aux Iles-de-la-Madeleine (H. Carbonneau, glossaire manuscrit, C.E.A.) et ä la Baie Sainte-Marie (Thibodeau).
PELLEYAGE [peleja3] s. m. •
Pelletage.
PELOTINAGE [pbtina:/] s. m.
«Et c'est moi que faulait [falloir*] qui faisse \faire*] tout* [tut] le pelleyage pour 9a». (AC 018304).
• Action de pelotonner. Oh ! Pelotiner* ? Faire du pelotinage ! Faire έηε pelote quoi ! fine pelote de laine. Pelotiner*, ouais, c'est bien dit!» (GT 109205).
Derive original de pelleyer ( 0 FEW, 7, 481a PALA).
Derive original du suivant.
PELLEYEE [paleje] s. f.
PELOTINER [plotine] v. tr. ?
• Pelletee. «Tu peux faire du gazon* avec έπε pile* aussi, coupd tu sais par pelleyies». (GT 109208).
Ce derive de pelleyer η'est signale que dans le parier acadien de la Baie Sainte-Marie, en Nouvelle-Ecosse (Thibodeau).
PELLEYER [peleje], PELLIER [pelje] v. tr. • Ind. impft 3° pi. : ipelleyont [i pelejo], • Pelleter. 1
«Y a des petites pelles, tu peux pellier de la terre avec». 2 «I pelleyont comme* quatre pieds pis i restait core* comme deux pieds en bas* : 9a ce* tait ene bordee* de neige !» (LC 027401). Pelleyer : > dalle 1, prendre 1-17. Pellier : > poudrin 1.
Le verbe pelleyer possede une repartition typiquement acadienne au Canada (ALEC 1235 et Massignon 659 : ; Boudreau, Thibodeau et Naud : ). II a egalement ete note ä SPM (BrasseurChauveau). En France, il n'est signale sous
• Pelotonner. >
pelotinage.
Ce derive de pelote ( 0 FEW 8,480a sq. PILA) n'est enregistre que dans un point du NouveauBrunswick pour la neige qui fond (Massignon 117).
PELOTON DE SAPIN [plot 5 t sape] s. m. • Cone de sapin*. Emploi original ( 0 ALEC 1633 ; 0 FEW 8, 481a-b PILA).
PELOUSE [pluz], [plu:z] s.f. • 1. Etendue de terre couverte d'herbe, non labouree. 1 2
3
«£a c'est dans la pelouse, dans la terre... neuf». «Quante* tu laboures dans la pelouse, quand tu laboures dans la vieille terre* tu peux retirer le couteau* de* dessus si la vieille terre est molle assez*»· (AC 059204). «La terre lä, que tu vas prendre dans le champ lä hein, c'est de la pelouse ςα* lä, ien* qu'y
PENSER
a du foin dessus, qui pousse dessus». (GT 109208). > couteau 1, gazon 1,2, racinage, revirer 2, terre 3.
• 2. Motte herbeuse. 4
«Ce* tait fait avec des racines, et de la mousse, et des pelouses ; ce tait eune petite cachette qu'il aviont». (AC 018001). 5 «Si tu veux mettre queuque* chose dans la terre, t'ertires* [ceRtiR] la pelouse». (LC 029213). > gazon 1.
Ces emplois ne sont pas attestes en franijais ( 0 FEW 8, 503b-504a PILOSUS). Au Canada, le mot a ete note presque exclusivement dans les parlers acadiens pour une
«Maman avait attrape un pineris dans son doigt». (AC 099207). froncle 2.
Ce type de prononciation n'est atteste au Canada que dans des parlers acadiens (ALEC 2222a ; Massignon 1544 ; Poirier; Naud). En France, une forme avec e initial est signalee en Moselle (FEW 7,535b PANARICIUM).
PENSER [päse] v. tr. • Penser ά soi-meme Penser. Empl. pron.: 1 2
«I s ' a pense ä lui-meme [...]» «I jonglait*, b e n . . . i se p e n s a i t » . ( A C 099203).
La locution penser ä soi-meme, qui n'est pas enregistree dans les dictionnaires, nous parait populaire en fran9ais. L'emploi pronominal, populaire ou regional en franfais (TLF 13, 21a ; FEW 8,194a PENS ARE), est egalement
344
PENSER
atteste ä SPM (Brasseur-Chauveau), mais ne semble pas connu au Canada.
PESER [paze], [peze] v. tr. •
1. Presser, fouler. 1
PEPINAN V. PIMPINA.
• 2. En emploi tr. ind. Peser sus Appuyer sur, presser sur. 2 3
PERDRE V. PARDRE.
PERIR •
[ p e R l R ] v. intr. Se perdre, mourir.
«Je l'avons d6brouill6 de* dans les rets* pis je l'avons quitte* p i r i r sus la grave*». (LC 029211).
Cet emploi, qui est une extension du franijais n'est Signale ni au Canada ni en France (FEW 8, 2 4 6 b - 2 4 7 a PERIRE). II est cependant usuel en Hainaut picard (Brasseur, enq. inedites).
PESANT [pezä], [pazä] s. m. • Cauchemar. (Toujours avec Γ art. defini). 1 2
3
«Vous savez ce que c'est que le pesant, il a trape* 9a !» (GT 128101). «Une personne qui dort, pis i se met ä rever, i reve ä toutes sortes d'affaires*, i se riveille ä moitie en pleurs, epeure* ä mort, j'appelons 9a le pesant nus autres*. II attrape le pesant en dormant». (LC 029220). «Surtout i disiont auparavant, s'i se couchiont le... Vestomac* en l'air lä comme ς α* lä, bien* lä il attraperont le pesant. C'est comme... i diront en anglais des nightmares [angl. ]». (LC 189204).
0 Specialement : Pesant rhabille sens ?
«Tu peses le foin ; comme 9a tu prends la motie* pus».
Meme
4
«Des fois i disont que tu peux attraper le pesant rhabille, mais i dit qu'il avait pas le pesant». (AC 098001). Ν. Β. [A propos d'un cauchemar], «J'arais mouru, i m'araient pas rhabille». (LC 039220).
Pesant est le type lexical usuel dans les parlers du Canada pour un cauchemar (ALEC 2173 ; Massignon 1594 ; Clapin ; GPFC ; Poirier ; Thibodeau ; Belisle). II estegalement atteste en Louisiane (Ditchy). En France, cet emploi n'est connu qu'en franco-proven9al et en prove^al (FEW 8, 191a PENS ARE).
«Va-t-en peser sus le foin». «Pis lä* je pese sus son corps ici hein [...]»
Un emploi du vocabulaire de la marine (peser la voile : Dionne ; peser sur la voile, d'apres le Pere Potier [1743], selon GPFC et Halford 1994) est peut-etre ä l'origine de Γ emploi transitif manigane, sus 13.
Teliphoner.
> capetaine 2.
0 En emploi tr. dir. : «Je phone ma sceur, je la phone,pis la* 9a ringue* et 9a ringue et 9a ringue et 9a ringue». (AC 01).
Emprunt ä l'anglais to phone, troncation de to telephone. Les deux emplois (transitif direct et indirect) sont egalement caiques sur l'anglais.
PIASSE [pjas], [pjaes] s. f. •
Dollar. 1
«Asteure* i sont payes douze et* quatorze piasses ä l'heure !» 2 «Je payais cent piasses pour un boeuf pis je faisais deux cents avec». 3 «Asteure* t'es chanceux si tu peux aoir du coton pour... pour mettre dedans, pour cinquante ou soixante piasses, t'es plus que chanceux». (LC 189205). > aoir 9, autre 4, 5, bidious 4, boisson 1, cabane 1, can 2, cent 3, chopine 3, clair 1, comme 13, couple 2, dedans l,dessus 8, dime 1, honze 2, ieux 4, journal 1, licence 3, 4, ligne 10, moonshine 1, ...
Piastre, egalement enregistre en Louisiane (Daigle), est considere comme un regionalisme du Canada, «synonyme populaire de dollar» ( T L F 13, 314a ; F E W 3, 223a E M P L A S T R U M ) , bien atteste sous la m e m e f o r m e
(La seconde forme semble etre la plus courante). • Sorte de grappin de fabrication locale, leste avec une pierre.
• 1. Poteau. [Ä propos d'une Corneille apprivoisee]. «Alle tait sus un pic de bois, ielle*. A s'enlevait pis a s'en venait pis a se posait sus mon ipaule». (LC 029216).
• 2. Pinis.Syn. : BILINGUE, BISTICOUETTE. Pic est le mot le plus usuel. Emplois originaux ( 0 FEW 8, 432a sq. PICUS), dont le second est peut-etre dü ä Γ attraction paronymique de Γ anglais prick .
PIC-A-PIOCHE [pik a ppj], PIC-ET-PIOCHE [pik e p p j ] s m. • Pioche (possedant une pointe d'un cöte et une panne de l'autre). Ä distinguer de PIOCHE. «I revait toujours y avait de l'or lä. Pis i descendait avec sa pelle et son pic ä pioche, mais i trouvait rien !» (MH 069202).
Denomination descriptive originale ( 0 FEW 8,432a sq. PICUS).
PIC-A-POC [pikapok], POC-APOC [pokapok] s. m. • Onomatopee du bruit des premiers moteurs de canots*. >
1
«Une pigasse et 2, flying set, pare 4, pigassoux, tangon 5.
Ce type lexical est bien atteste sous la forme picasse tout le long de la cöte est du Canada pour une ancre rudimentaire lestee avec une pierre (ALEC 1398 ; Massignon 551 ; GPFC ; Poirier ; Boudreau) ou un grappin (Geistdoerfer 1987 : 145 ; Naud). La Variante phonetique pigasse, moins frequente, a ete notee dans la Baie des Chaleurs (ALEC 1398), au nord-est du Nouveau-Brunswick (ALVMA 117) et ä SPM (Brasseur-Chauveau). En France, les 6quivalents de ce mot ont generalement de tout autres acceptions (FEW 8,456a *PIKKARE ; 23, 98a), sauf dans les Cötesdu-Nord oü pigasse designe une , atteste dans le Bas-Maine et l'Anjou (FEW 8, 466a *PIKKARE).
piCOTE
PIC DE BOIS, PIC DU BOIS [pik da (dy) bwa] • Oiseau, pic. 1 2
3
«£a fait leur maison 5a, les pics de bois». (AC 099205). «Un pic de bois c'est un jubier* qui perce dans du bois sec, qui fait un nie*, qui fait ses nics dans le bois sec». (GT 109205). «L'hiver ici i reste les pics de bois et le blue [angl. ]..., le geai lä, le geai bleu et... la pie, le bovoleux* et... le chaouin* blanc...» (LC 029219).
Pic de bois est atteste au Canada, specialement en Acadie (ALEC 1519 et 1521 ecarre 2.
Emploi particulier d'un compose qui designe une unite de mesure utilisee en France avant
1'adoption du systeme metrique et valant 0,324 m., enregistree du 15esiecle ä la seconde moitie du 19 e siecle (FEW 8, 298b PES). Au Canada, il a ete note avec des emplois voisins de celui du FTN : (Clapin), (Dionne), (Poirier). C'est aussi l'emploi qui est signale en Louisiane (Daigle). Ce compose designe une simple dans l'ile du Cap-Breton (Boudreau); il est aussi donne pour une (Belisle). (Notons que le pied, en usage au Canada comme aux Etats-Unis, represente la mesure anglaise de 0,3048 m). V. TLF 13, 338a.
PIERRE [pjeR] s. f. •
Noyau. [A propos d'un fruit, que ne connait pas l'informateur], «Y a ti* une pierre dedans ?» (LC 149808).
Cet emploi n'est pas signale au Canada. Caillou designe parfois un noyau en Normandie, dans la Hague, le Val de Saire et le Pays de Bray, notamment (ALN 360 ; FEW 2,96b CALJO-), ainsi que dans le sud de la Bourgogne, oü se trouve egalement une attestation du type lexical pierre au meme sens (ALB 630). Pierrette a aussi ete note avec le meme emploi dans le nord de la Plaine de Caen (ALN 360). Mais pierre est localise precisement dans les Cotes-d' Armor entre SaintBrieuc et Saint-Malo (ALBRAM 294 ; 0 FEW 8, 313b sq. PETRA), d'oü il est passe ä Terre-Neuve.
PIGASSE V. PICASSE.
PIGASSOUX [pigasu] s. m. • Petit poisson d'eau douce non identifie. (Correspondant anglais : [minoz] ou pin-fish). V. aussi PICASSOUX ?
PILER I 1 2
«I pechait ces pigassoux-lä, avec des rets*». «Y a un lac lä, ici lä, pis c'est plein de... de petits poissons comme 9a de long hein, des pigassoux. I nous demandiont, les Anglais* i nous demandiont: -What's that in english ? [angl. ] - Killick drunk... [Rires]: unepigasse* soül !»
Picassou est Signale aux Iles-de-la-Madeleine pour Myoxocephalus (Geistdoerfer 1987 :55) et dans un parier acadien de la Cöte-Nord pour un tetard (ALEC 1558). II est probablement ä rattacher ä FEW 8,466a *PIKKARE.
PIGEON
[pi3Ö], [pi3fio],
[py3Ö]
s. m. • Oiseau de mer, guillemot ä miroir, Cepphus grylle. 1
«Le pigeon il est quesiment* blanc l'hiver, blanc et noir... \'6t6 il est noir». 2 «Y a des pigeons, aussi. f ' * u n beau jubier*. Y a du pigeon blanc. Y a des blancs pis y en a de noirs. Ä La Grand-Terre, y a des pigeons noirs, lä. Ceux-lä ici les petits pigeons blancs i sont pus petits». (MH 069205). 3 «Y a des gouelands*, des cormorans, des goueliches*, et des pigeons». (GT 109201). > moyac 3.
Les dictionnaires franfais enregistrent pigeon de mer comme un des noms du pitrel damier (TLF 13, 358a ; Rob 7,400a). Mais pigeon et pigeon de mer sont frequemment attestes au Canada pour le guillemot noir (ALEC 1508 ; Naud ; 0 FEW 8, 556a sq. PIPIO). L'emploi terre-neuvien est identique ä celui de SPM (Brasseur-Chauveau). Notons que pigeon est aussi atteste en anglais de Terre-Neuve avec le meme emploi, depuis 1774 (DNE 376b).
PIGOUILLER [piguje] ν tr •
1. Embeter, asticoter. 1
2
«A commence ä pigouiller son homme encore* : des coups de coude dans le derrifere [daRjeR], des coups de pied». «I te pigouille pour te faire arager*, pour avoir έηε chance* d'avoir la bataille». (LC 029220).
• 2. Lutiner. Pigouiller est enregistre en fran5ais avec un emploi regional (TLF 13, 364b). Ce verbe est particulierement bien represente dans
349
les parlers de l'Ouest, en Normandie et de la Vendee ä la Saintonge, avec un emploi notable : dans le Bas-Gätinais (FEW 8, 458a *PIKKARE). Au Canada, le mot n'est atteste que dans les parlers acadiens oü il signifie : (ALEC 76 ; v. aussi Boudreau), (Poirier) (ALEC 1065) et surtout (ALEC 2142), (ALEC 2275), (Thibodeau), (Naud) ou (Snow 1977 : 30, d'apres t . R.).
PILE [pil], [pil] s. f. • Tas (de monies, de bois, de foin, ...). 1
«T'avais vingt-cinq trente billots... une belle pile !» 2 «Une arrime* be* c'est piloter* du bois, comme tu vois la pile de bois lä, iun* pardessus l'autre. Au lieu de l'avoir tout ä la traine, tu l-l'arrime* tout* [tut]». (AC 059207). 3 «J'avons toujours ti dit, nous autre5*, qu'y avait un homme sus la lune, ä califourchon par-dessus έηε pile de bois». (GT 017703). > arrimer 3, brassdyer 2, bois 18, debout 3, et 3, pell£y6e, roue de neige.
0 Specialement dans la loc. adv. D'une pile En tas. 4
«Les trois-quart du monde* i vont... pas mourir d'ene pile lä mais... tu sais i vont mourir par paquets ici et lä». > debrancher 1.
Emploi du mot fran9ais frequent dans les parlers dialectaux franfais pour des tas de vegetaux (FEW 8, 476b PILA), semblable ä ceux qui ont ete notes ä SPM (Brasseur-Chauveau), au Canada (ALEC 814a, 815, 1309, 1316, 1329, 1442 ; Thibodeau), en Louisiane (Daigle) ou en Creole haitien (Valdman 430 : pil).
PILER I [pile] v. intr. • Marcher, poser le pied (dans, sur). «I dit si tu ois [oir*] ce* plante-lä, i dit, pile pas dedans, pace qu'i dit tu t'ecarteras*». (AC 058102).
350
PILER I
Cet emploi est bien attesti depuis l'ancien fran9ais et survit dans les parlers dialectaux de France, particuliferement dans l'Ouest (FEW 8, 491b PILARE). II est aujourd'hui considere comme un r£gionalisme du Canada (TLF 13, 367a). II est egalement passd dans certains cröoles fran9ais (Chaudenson 834: [ρίΐέ] ; DCG 256b : pile). P I L E R II V. APILER. P I L O T [ p i l o ] S. m. • Petit tas. 1
«II avont passd lä avec un cheval, pis en face de lä, il a largue* son pilot». 2 [Ä propos du gouemon*]. «On ramasse le long de la cöte ; 9a vient par pilots». 3 «Salt-bulk... C'est sali en pilot et... couvri* de sei». [DNE 433a, salt bulk 3 : ]. > brülage 1, cheval(s) 2.
En France, l'extension de ce d6riv6 de pile dans les parlers d'oil est limitde, depuis le moyenfran^ais au Poitou, ä l'Aunis et ä la Saintonge, avec Γ emploi (FEW 8,477a PILA). De lä, il a parfois et6 releve pour un (Rob 7, 406a; 0 TLF). Au Canada, il est enregistre pour (Belisle); il n'est pourtant atteste que dans les parlers acadiens pour denommer divers petits tas (ALEC 284, 849, 1441, 1442, 1215, 1309, 1313; Poirier ; Thibodeau ; Naud). On le note aussi en Louisiane (Ditchy ; Daigle), ä SPM (BrasseurChauveau) et en cr6ole guadeloupeen (DCG 256b : pilo ). PILOTER V. APILOTER.
P I M P E R ( S E - ) [s p e p e ] v. P ron. • Faire des frais de toilettes (en parlant d' une femme). 1
2
«La deuxifcme journee* a va en haut du grinier* encore* pis... a commence ä se pimper encore». (GT 108001). «I se pimpont pour la jeunesse, pour les males, f a !» (LC 029220).
Ce type lexical n'est bien atteste avec cet emploi que dans les parlers franco-proven9aux et provenfaux (FEW 8,516a PIMP-). Un emploi transitif est par ailleurs considere comme regional en fran9ais : (TLF 13,377b). Au Canada, se pimper, qui est enregistri par Belisle pour , n'a ete note sur le terrain que dans les parlers acadiens (ALEC 1904x, äl'ile-du-Prince-Iidouard: renchausseuse.
351
techniques (TLF 13, 399). II s'agit probablement ici d'un emprunt semantique ä Γ anglais pipe , atteste dans les parlers du Canada (ALEC 21 : , 386x, 2310 ; GPFC), et de Louisiane (Daigle).
PIQUANT [pikä] s. m. • Chardon. > anis 1.
Emploi bien atteste dans les parlers du Quebec et de Γ Acadie (ALEC 1026 ; Thibodeau ; Boudreau) qui pourrait etre une survivance du moyen fra^ais (FEW 8,452b *PIKKARE).
1
Cet emploi du fran5ais pioche, Signale dans les Vosges : (FEW 7, 435a PICUS), est egalement bien atteste en Normandie, dans Test de l'Eure (ALN 321). II est usuel dans les parlers du Canada pour une binette (ALEC 924a) ou une houe (Dunn ; Clapin ; Dionne ; GPFC ; B£lisle) et 9a et lä, en composition, egalement pour une houe : pioche ä terre (neuve), a dents, ä griff es, ä main (ALEC 924b). II a aussi ete releve en Louisiane (Daigle) et ä SPM (Brasseur-Chauveau : ) ainsi que dans les cröoles de l'Ocean indien (Chaudenson 843 : [pyös]).
PIOCHER [pjo/e] ν tr. • Travailler (la terre) avec la houe. «J'husons* la pioche* pour piocher la terre, pour trouver les patates*». (AC 099205). > pioche 1.
Derive dont l'emploi est lie ä celui de la base.
PIPE [pip] s. f. • Tuyau. [Ä propos de la radio]. «I croyait que ce* tait du monde* qui parlait dans une pipe !»(AC 128202).
L'emploi , attestö en ancien et moyen fransais (FEW 8, 560b *PIPPARE), ne concerne plus aujourd'hui que certains domaines
PIQUE [pik] S. f. • Sommet (d'une construction). > droit 3.
Cet emploi, que je n'ai pas trouve dans FEW 8, 450a sq. *PIKKARE, est ä rapprocher du quebecois : (ALEC 9x).
PIQUE [pitje] adj. • Dresse. «Pis les deux oreilles etaient comme ?a, toutes piqu&s, lä !»
0 Pique debout. V. DEBOUT. L'emploi depiquer pour les humains est atteste au Quebec : pique, -ee adj. (GPFC), etre pique lä (ALEC 1881). II est aussi en usage en Normandie (ALN, enq. inedites ; FEW 8, 464a *PIKKARE : ).
PIQUER [pitje] I. V. tr. • Fendre (la morue) et l'eviscerer. 1
«Le couteau ä trancher* est pleye*, le couteau ä piquer est droit* [dRwat]». 2 «Je piquais la morue, et decollais* pour* lui la trancher* [ trancheur.
Les dictionnaires frangais ignorent le verbe piquer bouqud 1.
• 2. Empirer, dans les locutions : • Venir en pire . 6
2. Pic, epieu. 2
«II avait fait faire un piquois, une barre de fer, pis, il avait 9a tout pointu. C'est pareil comme* έηε aiguille». (AC 018104).
Ce derive de pique est atteste en fran9ais comme une Variante de piquoir (Rob, 424b ; FEW 8, 452a *PIKKARE). Les pecheurs terre-neuvas connaissent ce mot dans des acceptions similaires (Recher 1977 :459 ; Brasseur-Chauveau), mais l'emploi du FTN est original. Piquois est aussi parfois atteste
« f a va pas pire». «Les cormorans, les grands cous longs lä, 9a ce* tait pas pire aussi !»
•
«Pis i bougeait assez, i pouvait pas dormir aprfcs, pace* 9a venait en pire en pire en pire». (MH 069203).
Venir pire et pire. V. ausi PUS ET PUS. 7
«Pis 9a venait* pire et pire tout le temps». (MH 069203).
L'emploi est atteste au Canada (GPFC ; Clapin : Aussi pire ; Poirier : Je ne suis pas trop pire ; Belisle). «Pire n'etant pas toujours senti (notamment au Quebec) comme un comparatif ou un superlatif, moins pire, plus pire, aussi pire ou tres pire peuvent apparaitre dans la langue pop. ou parlee» (TLF 13,418a,
PLACE
remarques generates ; FEW 8, 154a PEJOR). Venir en pire est une locution originale.
PITEAU [pito], [pito] s. m. • Coquillage bivalve, non identifie. (Equivalent anglais : deap sea clam). «Ben lä asteure* le piteau, que j'appelons* nous autres* lä, moi dame*, que je sais, c'est les moules noires qui sont dans... dans le large, dans la mer. Pis les morues, ben i mangeont ces piteaux-lä. C'est comme 9a qu'i les appelont, des piteaux de morue, au rapport* qu'i mangeont la... Pis quand tu casses la morue tu les trouves dedans. C'est tout ä fait bon bon». (AC 099205). 2 «C'est de quoi* qu'est rare. Y a des places* que 9a se tient les piteaux. f a . . . C'est... comme* trois pouces de longs, avec έπε... y a έηε coquille dessus [...] Y a deux coquilles oui, iene* chaque* bord. C'est de quoi que la morue mangeait, les piteaux». (GT 139201). 3 «Les piteaux c'est έηε autre sorte A'affaire* 9a. C'est bon ä manger [...] Y a ien* qu'bne coquille de chaque bord*, pis le restant c'est tout* [tut] du manger. Le bout est jaune [...] Tu trouves 9a dans la morue». (LC 029209). > rasoir 4.
353
PITIE [pitfje], [pitje] s.f. •
f a fait pitie ! loc. phrast. C'est incroyable ! «I nous faisait rire, 9a fait pitie vous savez !»(AC 098001).
Locution originale ( 0 FEW 8, 438b-439a PIETAS).
1
Ce type lexical, ä rattacher ä pitaut m. , atteste en fran5ais au 19e siecle (FEW 8,443a PIETOSUS), ne semble connu en France dans le vocabulaire de la peche que dans la region de St-Malo sous la forme [pitay ] , coquillage considere par un informateur comme «l'amiral des boettes» (ALCAM, enq. inedites). «A cöte du bulot, il y a le pitot, sorte de grosse moule dont la morue est extremement friande. «Un pitot, une morue», disait-on autrefois» (La Morandiere (1,32 ; 1,153). Au Canada, le mot est specifique des parlers acadiens (Poirier : (GPFC).
PIVOT [pivot] s. m. • Support de l'appät dans le easier ä crustaces. [A propos d'un pifege ä ours]. «Pis j'ons [aoir*] mis un pivot pis une ligne*, pis la boette* tait dans le fond». (LC 029207). > repousse 2.
Emploi particulier d'un mot du franfais general, sous une forme regionale ( 0 FEW 9,510b511a *PUGA)
PLACE [plas], [plaes] s. f. • 1. Sol de la maison, plancher. 1 2
«Quand* qu'i s'a riveilld, i tait couche sus la place». «Asteure*, dans ce temps-lä nous autres*, quand les Fran9ais etiont ici, lä, ben ce* tait tout* [tut] du... bois lä les places».
354
PLACE
3
«Fourbir les places avec un morceau de rets* pis du sable». (AC 088101). 4 «I prenont du plywood* pour faire les places». (LC 029220). > apiler 3, autre 14, becquer 3, draguer 1, 4, gu6nille 1, jambette 2, jiguer, matte 1, mess 2, roulette 3, toile 1, 2.
• 2. Fausse-place Sous-sol (de la maison). (LC 029220). • 3. Marcher la place. V. MARCHER. • 4. Lavette de place. V. LAVETTE. • 5. En place de A la place de. > doche 2.
• 6. Endroit, lieu. 5 6
«C'est pas une belle place ä vivre». «Mon fröre il a zu la mächoire cassie dans* deux places, et le nez coupi, la babine* fendue en deux». (AC 019000). 7 [Le homard, dans le easier]. «I continue ä manger pis ä charcher* une place pour sortir». (GT 139201). 8 [Ä propos de la pomonaire * ].«Y en avait tout proche* d'ici lä. C'est la seule place qu'y avait lä». (LC 029220). > anyhow 2, bord 6, casser 2, ce 1, creux 2, croire 5, dimarrer 4, dchouerie 1, fois 3, home-brew 1, lequeul, nie 3, noutre 1, piteau 2, prussifere 2, pulp 2, qudque 4, savane 2, tet (de moutons), vasier 2,...
• 7. Hors de place. V. HORS. L'emploi est commun dans l'ouest de la France et le Val de Loire (FEW 9,37b-38a PLATEA). II est considerd en fran?ais comme un regionalisme du Canada (TLF 13,448a-b : ), et en Louisiane (Ditchy ; Daigle) les parlers quebecois ne connaissant que [ p l ä j ] (ALEC 675a , 73 lx, 732x, 789x ; Dionne : ; GPFC : ). L'adj. planche (Belisle) est considere comme vieilli et regional (notamment Canada) (TLF 13, 491b). L'emploi substantival est specifique.
PLAQUE [plak] s. f. • Tache (de couleur). «Si ene vache est rouge, pis y a des... des plaques blanches [...]» (LC 149803).
0 Specialement: Tache qui apparait dans une analyse radiologique. >
pomon.
Au Canada, l'emploi de ce substantif est etendu ä des domaines oü il n'est pas usite en frangais general (ALEC 488 χ ; GPFC : ). On releve aussi en Suisse romande : plaque (FEW 16, 627b PLACKEN).
PLAQUE [platfe] adj. • Qui a des taches de couleur. 1
2 3
PLANGIR V. APLANGIR.
PLANTAGE [pläta: J] s. m. • Plantation. Ce substantif frangais (FEW 9, 23b PLANTARE), signald aussi en Louisiane (Ditchy ; Daigle) et dans les C r e o l e s de la Reunion et de Maurice (Chaudenson 836 : [pldtaz] ) n'est plus enregistre par les dictionnaires contemporains qu'en entree secondaire.
4
«Des fois ce* tait plaque, ce tail pas teindu [teindre*] comme i faut, mais 9a faisait pas de diffirence [difaRas]». «Tapine* ben c'est... N'importe quoi*-ce qu'est... plaqui». (AC 099206). «Et y a les loups* de mer qu'est joliment* pareil comme* ga aussi mais... i sont plaques. I sont plaques... blanc, quique* affaire comme un... un leopard [angl. ] lä». (ΜΗ 019203). «C'est une vache noire et blanche, une vache noire plaquee blanche». (LC 149803).
Cet emploi, atteste au Canada, surtout dans des parlers acadiens (ALEC 488 ), n'est pas signale dans les parlers dialectaux de France ( 0 FEW 16, 626b sq. PLACKEN ; 0 ALN 803* et 804* ).
PLAQUEBIERE [plakbjeR], PLATEBIERE [platbjeR] s. f. • Fruit de Rubus chamaemorus.
PLANTER [plate]
v. intr. ? • Effectuer Γ acte sexuel. V. aussi FOURRER, FRISER. Cet emploi argotique est dejä atteste au 15e siecle (FEW 9, 21a PLANTARE).
1 2
«Les plaquebieres 9a pousse dans la plaine* aussi, i sont jaunes». (AC 099206). «Y a ene grande plaine* en haut lä, eh bien lä-dedans y a des platebieres, c'est des graines* qui vient*... grosses comme mon pouce, avec des tout petites graines dessus, c'est tout ensemble, vous savez». (GT 109205).
PLATIN 3
>
«Et pis on a des framboises [fRübwcz], des fraises [fRez], et pis des platebieres». (LC 189202).
beluet 1.
Plaquebiere, enregistre par les lexicographes sans mention de localisation (Belisle ; GPFC), possede au Canada une repartition acadienne (ALEC 1659 ; Poirier; Boudreau ; Naud ; Lameque, NB, 1972 ; Saint-Louis de Kent, NB, 1975 ; Snow 1977 :40 ; Hache 1978 :44, d'apres E. R.). La forme platebiere est egalementenregistree ä SPM (Brasseur-Chauveau ; plate-biere, plate-pierre, 1887 : Chambon 1992 :283). Les deux formes concurrentes du FTN sont attestees ä la Baie Sainte-Marie (Thibodeau). Sur l'origine discutee du mot, voir Faribault 1995 : 270-274.
PLAT I [plat] adj. epicene. >
«Y avait six pieds de neige d ' ä plat qu'a tombe dans* trois jours». (LC 028501).
Locution originale ( 0 FEW 9, 44b-45a PLATTUS).
PLAT II [pla] s. m. • Recipient creux. >
«J'ai demande pour* un plat d'eau frete*». moonshine 3.
Ce type lexical est parfois atteste dans les parlers dialectaux de France pour des recipients creux, notamment pour une soupiere dans la Manche ou une assiette dans le Morvan (FEW 9, 46a-b PLATTUS). II a parfois egalement ce type d'emploi au Canada (ALEC 22
6
357
[A propos des balbuzards]. «I pechont en bas* dans le fond de la baie lä, l'eau est plate vous savez. I allont en haut pis i voyont le fond». (GT 139202). 2 «Oh ! I dit c'est pas trop plat [plat] ! C'est creux* assez* pour te neyer*, i dit». (LC 029204). creux 2, marque 4, rivifere.
0 Specialement: Eauplate Eau peu profonde. 3 4
5
«A* aller jusqu'k vers dix brasses* d'eau, c'est ien* que l'eau plate pour nous autres*». [A propos de la morue]. «A monte dans l'eau creuse*, a monte pas beaucoup par ici dans l'eau plate». «Asteure* i sont arrives ä trois et* quatre brasses* d'eau. C'est la que le houmard* se tient, dans l'eau plate hein !» (AC 128202).
La prononciation du [t] de plat est bien attestee dans les parlers du Canada (ALEC 731 ; GPFC ; Poirier; Thibodeau), en Louisiane (Daigle) ainsi que dans les Creoles fran^ais (Chaudenson 366 : [plat] ; DCG 259b : plat; Valdman 435 : plat). Eau plate est une survivance du moyen fran9ais (FEW 9, 44a PLATTUS), qui n'est pas signalee en France, mais qui a ete recueillie dans les parlers acadiens de Nouvelle-Ecosse pour un haut-fond (ALVMA 51). Hors de la locution, plat signifie parfois aussi en Acadie. • 2. D'aplat [d apla] loc. adv. De niveau (?)
PLATEBIERE V. PLAQUEBIERE.
PLATE-FORME [platfoRm] s.f. • Seuil de porte, sorte de petite rampe en bois qui permet d'acceder ä la maison, qui est ellememe surelevee par rapport au sol. Emploi particulier d'un mot qui, dans le vocabulaire de la marine, designe un plywood 2.
L'emploi de pliant est vieilli ou litteraire en fran9ais (TLF 13, 577b ; FEW 9, 68b PLICARE).
PLEYE [pleje] adj. •
• Poisson, plie. [Ä propos d'appäts pour la peche]. «Les plies de mer... N'importe quoi est bon, tandis* que e'est frais !» (GT 139201). > chat 3.
Cette dönomination originale tient sans doute ä l'homophonie de pli et plie en FTN ( 0 FEW 9,42a-b PLATESSA).
Courbe.
> piquer 1.
PLOGOILLE [plogoj] s m.
Cet emploi est atteste au Canada dans un compose comme fouet plie (ALEC 459b ).
• Gros crapaud* de mer. Syn. : POISSON DU DIABLE.
PLEYER [pleje] v. tr. • Plier. 1
«Quand* qu'i tapait sus son doigt, le papier 9a pleyait». 2 «Je prenais la morae par la queue, si ce* lait pas une trop grosse morue, mais fallait qu'alle restait droite ; si a pleyait a tait pas sec* assez* !» 3 [Ä propos d'appät, dans le easier ä homards], «Je mettions de la morue ou du hareng ρΐέγέ, du hareng sali pliy6 en deux». (LC 029218). > cast 1, mesureur 2, moonshine 3, repousse 2.
0 Empl. pron.: Se baisser. >
4 «Oh ! Ien* que me pleyer 9a me fait mal». mop.
Cette forme, issue de l'ancien frangais, est bien atttestee dans les parlers dialectaux de France (FEW 9, 6 5 a - b PLICARE), au Canada (GPFC ; Poirier ; Thibodeau ; Boudreau ; Naud) et en Louisiane (Ditchy, s. v. pleier).
«J'appelons 9a le poisson* du Diable moi un plogoille». 2 «Ici i les appeliont les plogoilles, je ne sais pas si e'est le vrai nom pour* ou pas, avec des gros yeux». (ΜΗ 019203). > ieusses 9. 1
Des formes voisines ont €t€ recueillies pour la baudroie aux Iles-de-la-Madeleine: plogueil (ALEC 1424s), dans l'Ile du Cap Breton : plagueil (ALEC 1424s), plagoille (ALVMA 236), pour le : plogäille (Boudreau), pour le crapaud de mer dans l'lle-du-Cap-Breton : plagoille (ALVMA 229) et sur la Cöte-Nord : pleugueil (ALEC 1555) ou encore pour l'hemitriptere d' Amerique ä l'Ile Madame : plagouille (Massignon 521) et aux Iles-de-la-Madeleine : pleugouille (Geistdoerfer 1987 :55). L'anglais regional de Terre-Neuve connait egalement plug-eye pour une variete de crapaud de mer, (DNE
PLUTÖT DE
383b). L'origine amerindienne evoquee par Massignon ne repose que sur le temoignage de De la Pylaie, cite par Cuvier.
PLONGETTE [plo3et] s. f.
359
PLUMA), n'est plus enregistre par les dictionnaires. II n'est pas signale au Canada, mais a έίέ note en Louisiane (Daigle : ). En FTN, ce mot pourrait tout aussi bien etre issu d'emplume, par apheröse.
• Plongeon. [Ä propos dupourcil*]. «Lui lä, i... plonge, i fait ien* que la plongette de meme*». (GT 109203).
PLUMER [plyme] v. tr. • Ecorcher (un animal).
Derive original de plonger ( 0 FEW 9,93a sq. *PLUMBICARE).
PLUCHER [plyJe] v. tr. • iplucher (la laine). 1 2
«Quand on tond les moutons on lave la laine et on la pluche». (AC 099204). «J'avions έηε douzaine de moutons, a* tons les printemps, et pis faut tondre 9a et pis laver la laine, plucher, acarder*, filer, brocher*, pis on vendait 5a hein, on vendait des mitaines [...]» (GT 128003).
Cette forme est attestee dans les parlers dialectaux de France, notamment en Saintonge pour (FEW 8, 505a *PILUCARE). On la trouve aussi en Creole guadeloupeen (DCG 260b : pliche). Au Canada, eile figure dans GPFC, mais n'a ete notee ä l'epoque contemporaine que dans le parier acadien de Saint-Louis-de-Kent, au Nouveau-Brunswick (ALEC 203) oü eile est d'ailleurs en concurrence avec eplucher (ALEC 896, 898). A Terre-Neuve, elle peut etre issue d' eplucher par apherese (Brasseur 1996b : 297).
PLUGUER [plcege], [ploge] v. tr.
«Une coupeile* de lapins*... Je plume 9a pis on... on les embouteille*».
Verbe atteste depuis l'ancien franijais pour et avec l'emploi dans les parlers du Centre de la France (FEW 9, 88b PLUMA), comme au Canada (ALEC 568 ; Dunn ; Dionne, Clapin, GPFC : pleumer), en Louisiane (Ditchy) et en criole reunionnais (Chaudenson 837 : [plime]).
PLUS [ply], [plys] adv. •
Plutot. «Pour faire des pierres ä faux fusions* cailloux de la cöte».
plus des
Emploi qui a un correspondant au NouveauBrunswick (Moncton 1978, d'apres E. R. ; 0 FEW 9, 102a sq. PLUS).
PLUSIEURS [plyzjceR(z)] adj. indef. • Denombreux. «Auparavant y avait plusieurs enfants qui mouriont tout petits. II appeliont 9a quick death». (LC 189203).
Emploi qui a un correspondant au NouveauBrunswick (Moncton 1978, d'apres E. R . ; 0 FEW 9, 101b-102a PLURIORES).
• Brancher (un appareil electrique). «C'est pas plugue ni rien».
Emprunt ä l'anglais to plug, de meme sens, egalement atteste au Quebec (Thibault 1990/ 1991 :548).
PLUME [plyme] adj. • Emplume, couvert de plumes. «Ene cane* de roche pis un cacaoui*, c'est ä peu pres ene grosseur. Mais la cane de roche est un pus beau petit jubier*. C'est bien plume hein, pis bien couleure*». (LC 029209).
Cet adjectif, atteste en fran9ais au 19csiecle : plume (FEW 9, 87a
PLUTOT DE [plyto d] loc. conj. • Plutöt que de. [Ä propos du Diable]. «Plutöt de dire des paroles* de meme*, ben lä c'est trop hissable*, comme 9a, on ne parle pas de lui de meme». (AC 099201).
Cet emploi, qui nous parait populaire, n'est pas signale en fran9ais ( 0 FEW 13/2, 120a TOSTUS).
360
PLYWOOD
PLYWOOD [plajwud] s. m.
POGNET [pojie] s. m.
•
• Poignee de porte, anse de panier.
Contre-plaque. 1
«Surtout, steure* ifaisont [faire*] des dourys* avec du plywood, tu peux haler* 9a ien* qu'k έπε main». (MH 069202). 2 «Du plywood c'est du... du bois darpleyant*, du bois pleyant, du bois dur. C'est... mis en son* de scie, pis c'est fait pus large». (GT 109203). > bordi 1, place 4.
Emprunt direct ä l'anglaisplywood, de meme sens.
POC-A-POC V. PIC-A-POC.
POGNEE [ponje], [pojie] s. f. • Poignee, quantit6 que peut contenir la main fermee. «Ben si c'est ene pognie, on va dire έηε pognee de raisins». (AC 099201).
Prononciation ancienne, en usage aux 16e et 17esiecles (Thurot 2, 530), repandue dans divers parlers dialectaux de France (FEW 9, 517b-518a PUGNUS) et bien attestee au Canada (ALEC 800c, 837b ; Clapin ; GPFC, s. v. poignee ; Poirier).
POGNER [pojie], POIGNER [pwajie] I. V. tr. • Empoigner, attraper. 1
«Si t'esperes* aller* pis quequ'un* va te poigner, ben lä9a te surprend». (LC 138403).
II. V. intr. • Pogner sus qch Attraper qch. 2
«A dit pogne [poji] dessus a dit. Fais-le aller ! II astiquait*, lui. Pis lui il accostait*, il accostait, pis il accostait vite, pus vite que ieusses* qu'il alliont ieusses !» (AC 018305).
«Le pognet du panier». (AC 059204).
Meme type que le moyen franfais poignet [m.] ddvirer (se -) 2.
Cette forme, repandue dans divers parlers dialectaux et attestee en franfais aux 18e et 19e sifccles (FEW 8,503b PILOSUS), n'est signalee au Canada qu'en Acadie (Poirier; Naud).
POINTER (SE
[Ä propos des bagarres au hockey]. «Si tu peux attraper le premier pis le taper le premier, be* lä t'es... Mais apres 5a, i se pognont par les chandails pis 9a...» (LC 149809).
Formes bien attestees dans les parlers dialectaux de France (FEW 9, 515b PUGNUS) et au Canada (ALEC 2165 , 2166 ; Dunn s. v. poigner; Clapin ; GPFC et Belisle s. v. poigner ; Poirier ; Naud).
pwete]
v. pron.
[Un soir de tempete]. «£a fait que, anyhow*, a se pointe pour* chez* ieusses* pis nus autres*, je nous crochetons* iun* sus Γ autre, pis je poussons* pour chez nous». (LC 029218).
Cet emploi pronominal (FEW 9, 589b PUNCTUS), distinct du f r a ^ a i s familier (TLF 13,675a), n'est plus enregistre par les dictionnaires.
POIRE [pwaR] s. f. • Fruit de l'amelanchier. 1
III. V. pron. • Se pogner S'attraper, se tenir l'un l'autre. 3
- ) [s
• S'en aller, partir.
2
«Y avait les poires, ςa* que j'appelions les poires, 9a 9a poussait... c'est des graines* c'est pas des fruits ; 9a poussait dans les plaines*, aussi... i sont noires ceuses*-la [...] Quand tu les manges, 9a te met* Yen-dedans* de la bouche tout rough*». «Des poires oui ! Des poires farouches*. Y en avait pas tellement beaucoup mais, en arriere* ici sus les montagnes*, un temps* etait, j'atendais* nommer les poires, mais moi je n'*ai jamais ramassees. J'ai entendu le nom mais... C'est pas de quoi* qui poussait en bas* ici». (LC 189204).
Cet emploi est bien atteste dans les parlers du Canada (ALEC 1658 ; Dionne ; Boudreau ;
POLER (SE-)
Naud: petite poire) ainsi qu'ä SPM (BrasseurChauveau). Ä ajouter ä FEW 8, 572b sq. PIRUM.
POISON [pwazö] I. S. f. • Poison. 1
«II ont pas quitte* les petits jubiers* faire, il ont fait une poison». 2 «Si vous ditruisez le jubier* qui*-ce qui va ddtruire le ver ? Ben vous devez faire de la poison pour le tuer». 3 [A propos d'un emplätre de bois* de violort], «Ben vous allez mettre 9a dessus pis f a va le guirir. f a tire la poison». (AC 099207). > haler 3.
II. Adj. • Qui contient du poison, toxique. 4
[A propos des piquants d'oursins]. «I disont que des endroits i sont poisons». (MH 019203). > cigale 2, foret 1, malaise 2, manifere 2.
Le genre feminin, atteste depuis l'ancien frangais et repandu dans divers parlers dialectaux de France, notamment dans l'Ouest (FEW 9, 256a POTIO), est courant dans les parlers du Canada (Dionne ; GPFC ; Poirier ; Boudreau ; Belisle). L'emploi adjectival, qui a ete releve en Suisse et dans l'Ouest (FEW, ibid., 256b ; ALN, enq. inedites), est egalement bien atteste au Canada (ALEC 1548, 1554x, 1673 ; GPFC ; Belisle), en Louisiane (Daigle) et ä la Reunion (Chaudenson 842 : [pwazö]).
POISSON [pwas5] s. m. • 1. Animal marin en gendral. 1
[Ä propos d'une photo d'os de seiche], «C'est un poisson aussi, bon ä manger ?» 2 «Une palourde* ? Oh c'est... un poisson ä coquille lä en mer ! La palourde c'est... un tres beau poisson». 3 «C'est de quoi* qui voyage joliment* ! Un houmard* c ' e s t . . . un poisson pas mal* vite*». (GT 139201). 4 «C'est un poisson fort 9a, un loup*-marin !» (LC 029201). > havre 3, rivet, vite 1.
• 2. Poisson noir Dauphin ? 5
«J'appelons 9a les poissons noirs [...] Oh c'est gros... Y en a qu'allont [?] comme* un mille livres* ou plus». (LC 029211).
• 3. Poisson rouge [pwasö RU: J] Sebaste (appele plus souvent red-fish). 6
«Y a du poisson rouge. En dessous de la mer c'est comme par dessus la terre, y a du monde*
361
rouge y a du monde noir y a du monde blanc !» (GT 109203).
• 4. Poisson du Diable, Gros crapaud* de mer, plogoille*. > plogoille 1.
• 5. Poisson ä Saint-Pierre Eglefin. Syn. : HADDECK. L'emploi (TLF 13, 654a, qui reprend la definition de Littre) ou < [regional] tonneau pour le vin ou d'autres boissons> et (Rob 7, 533a). A Terre-Neuve, le mot
apparait aux locuteurs comme un emprunt ä Γ anglais regional puncheon (DNE 395b).
PONER [pone], [pone] v. tr. ? • Frapper. V. aussi ASTIQUER. 1
2
«Poner f a veut dire taper fene personne [paRson] en bas*, le poner, le frapper, avec ton poing». (GT 109205). [Ä propos du capuchon d'une espfece de loups*-marins], «Quand* que tu te mets ä poner dessus, 9a grossit [...] Pis tu peux poner, tu ieux* fait pas mal». (LC 029204).
Emprunt ä Γ anglais to pound, avec adaptation morphologique, egalement atteste ä Cheticamp, dans l'lle du Cap-Breton (Chiasson 1972:237, d'apres E. R.).
POPA [popa] s. m. • Papa. 1
«Je m'en vas [aller*] descendre acouter* si Popa s'en vient». 2 «Defunt* Popa i tait avec moi». > fille 1.
Cette prononciation est bien attestee dans les parlers dialectaux de France (FEW 7, 588b PAPPUS) ainsi qu'au Quebec et en Acadie.
POPIE [popi]
s.metf. • Bätonnet, dans un jeu d'enfants. SYN. MECANIQUE. 1
«Quand* que tu garrochais* ton popie, faulait [falloir*] que tu mettes ton baton sus la terre. Pis l'autre, s'i pouvait toucher le bäton avec... Mais tant qu'i pouvait pas le toucher eh bien toi tu tais le...» (AC 098002). 2 «Popie c'est de l'anglais pis la mecanique* c'est en fran^ais». (LC 039208). > rotte 2.
Ce mot, etranger aux denominations canadiennes du jouet (ALEC 2052), comme ä Celles de 1' ouest de la France (v. Brasseur-Chauveau, s. v. pipet) est peut-etre ä rapprocher du verbe anglais to pop est original. Le compose pot a the, qui a egalement ete releve dans les lies anglo-normandes (Le Maistre 1966 : 421a; De Garis 1982 : 136b), est probablement un caique de Γ anglais teapot comme pot ä cafe pour coffeepot. L'emploi est un caique de l'anglais lobster-pot, de meme sens.
POTEE [pote] s. f. • Contenu d'un chaudron ou d'une marmite. 1 2
«Une potee de soupe». [A propos du lessi*]. «Je faisions du savon avec, avec du foie de morue, ou de la graisse, n'importe quelle graisse au lieu de n'importe qu'elle graisse». 3 «II a saigni environ deux potees de sang». (AC 128201). > stuff 1.
Derivi de pot* dont l'emploi est lie ä celui de la base.
POU V. POUR.
POU A MORUE [pu a moRy] s. m. • Parasite de la morue. Un compose similaire pou de morue a ete enregistre avec le meme emploi ä SPM (Brasseur-Chauveau). Ces formations sont ä rapprocher de pou de mer et pou de poisson enregistres au 19e siecle pour des crustaces parasites tels que les cymothoes (FEW 8, 149a-b PEDUCULUS).
POUDRE ANGLAISE [pud dglez] s. f. • Levure chimique.
POTACHE [potaj] s. m. •
Potasse. 1
«Du potache 5a c' est de quoi* que vous achetez dans le marche*, c'est en cans*, du potache». 2 «I usiont* du potache, du... comment* que j'appelions 5a... du lessi* ! Ce* tait fait avec de la cendre, de la cendre dans* le poele». > savon.
Cette forme en [J] est enregistree dans le parier picard de St-Pol et en fran9ais aux 18e et 19e siecles : postasche (FEW 16, 648b POTASCH). Au Canada, eile n'est signalee que dans des parlers acadiens, sur la CoteNord, ä l'lle-du-Prince-Edouard et en Nouvelle-Ecosse (ALEC 1783 au point 163 ; Wellington, IPE, 1974, d'apres E. R.).
«C'est dit aussi, de la poudre anglaise, pace que le baking* powder, bien* c'est de quoi* qu'a venu...» (AC 099204). > doballe 2.
Compose original ( 0 FEW 9, 563b sq. PULVIS).
POUDRER [pudRe] v. impers. •
Faire une tempete de neige fine. «Aprfes 9a il a commenci ä poudrer et pis j'avons perdu notre chemin...»
Verbe consider6 comme un regionalisme du Canada dans cet emploi (TLF 13,919a ; Rob 7, 651a ; FEW 9, 562b PULVIS), egalement signale ä SPM (Brasseur-Chauveau).
POULE
POUDRERIE
[pudRORi] s f • Neige fine chass6e par le vent. Syn. : POUDRIN. 1
2
«Et dans majornee*, j'ai fait dix milles äpied, dans la neige et pis dans la poudrerie». (LC 027401). «Le vent tait changi, le vent tait du noroit: έπε poudrerie que tu pouais [pouoir*] pas aller dehors* [dahoR]». (LC 027401).
Rigionalisme du Canada (TLF 13, 919b : (1867, Chambon 1992 : 283). Les definitions de Littr6 : (d'apres FEW 9,563b PULVIS) et de Rob : (7, 652a) ne correspondent pas ä l'emploi que font nos informateurs de ce mot. Ce substantif est moins usuel que poudrerie dans les parlers du Canada, oü ses attestations sont principalement localisees dans les parlers acadiens (ALEC 1209 : poudrerie legere>; Boudreau, s. v. poudrain; Naud).
POUFFIN [pufe] s. m. • Variete de petite morue, Gadus ogac ? 1
>
«Tout* [tut] 1'en-dedans* du pouffin est tout* [tut] noir». 2 «Celles*-lä que j'attrapons qa en dedans*, j'appelons £a les poufBns». aile 1.
Ce type lexical a egalement ete note ä SPM (Brasseur-Chauveau) pour un poisson non
365
identifie. Cette denomination est peut-etre d'origine onomatopeique, ä partir de pouf, pouffer (FEW 1, 598a-b BUFF-). L'identification ä TeiTe-Neuve n'est pas süre, mais eile ne semble correspondre ä aucun des deux emplois de l'anglais regional puffin et (DNE 394-395).
POULAMON [pulamo] s. m. • Poisson, Micmgadus tomcod. Ce mot est glose par I'angl frost-fish (LC 029213). Ce type lexical a 6t6 releve 5a et lä dans les parlers du Canada (ALEC 1425x) et nomme un (Dulong 1989 : 352a), synonyme de (Belisle). Les glossaires acadiens le donnent comme l'equivalent de l'anglais tomcod (Poirier ; Thibodeau ; Boudreau ; v. aussi Massignon 511). Mot d'origine micmac (DHFQ 424-425).
POULE [pul], [pul] s. f. • 1. Surnom des habitants de Lourdes, village anglophone voisin de L'Anse-ä-Canards. 1
2
«D'autres qui les appeliont des Poules... i parliont curieux*... c'est un curieux* langage* !» «Les vrais Broads* c'est la cöte de Vest* [es]! I venont de la cote de I'est [es], ieusses*. ζα* ici [ceux de Lourdes] ςa vient de la cote du su*. I les avont appelds les Poules apr£s, mais j'ai jamais entendu ieusses parier des poules avant». (AC 059204).
> jackatar 4.
Deux 6tymologies populaires de ce surnom sont avancees par les informateurs. On l'attribue generalement au fait que la langue de ces anglophones, venus du sud de Terre-Neuve vers 1930, etait aussi incomprehensible pour les Franco-Terre-Neuviens que le caquetage des poules. Une autre explication a 6galement cours : «La raison pour 9a, ce monde*-lä quand* qu 'i mouille*, i vont pas dehors» (GT 109203). II faut en fait probablement y voir un jeu de mot sur le sens du mot anglais broad*, qui est un autre surnom des anglopho-
366
POULE
nes de Lourdes. Broad qualifie en elfet un accent, un parier. Mais cet adjectif substantive signifie aussi en anglais d'Amerique . • 2. Poule de mer Poisson de mer, lompe, Cyclopterus lumpus. 3 «Quoi* faire qu 'il achetont les poules de mer, c'est pour leus* rogues*. Les rogues, les rogues est beaucoup* eher. I disont c'est un... un manger eher, sus I'autre cote*». (MH 069206). 4 «La poule de mer ? C'estfenepetite affaire* qu'est tout courte. Mais c'est gros, pis c'est gras. Y en a des rouges, pis y en a des vertes [vaRt]». (LC 029219). > chat 3. Ce compos6, egalement relevd ä SPM pour la lompe (Brasseur-Chauveau), a 6te enregistr6 comme un canadianisme (Dulong 1989 :352b. V. aussi Dionne). Poule de mer designe en effet la lompe sur Γ ensemble des cötes acadiennes (ALVMA 230 ; Geistdoerfer 1987 : 56). Notons que cet emploi ne correspond pas ä ceux des parlers des cötes de France : , (FEW 9, 537b PULLUS). • 3 .La poule et ses poulets Les P16iades, groupe de six etoiles, dans la constellation du Taureau. Denomination originale, ä rapprocher de la poussiniere, considerd comme vieux en fran?ais (TLF13 974b-975a), qui designe le meme groupe d'6toiles.
POUOIR I. > • -
[ p U W C R ] , rarement [ p W C R ]
V. aux. et tr. • Pouvoir. aller 7, fatiquant, moule, nom 4, pitoune 2. Ind. prös.: l r c p l . : je pouons. 1 «Bien* lä le commis a venu ä lui; i dit quoi*ce que je pouons faire pour toi ?» (AC 018001). - 3 e pl. : ipouont, ipouvont, ipeuvont. I pouont: > monde 6, tough 1. I pouvont: > aoir 10. • Ind. i m p f t : - je pouais,... > battre 1, bogue, clair 7, divin, eau 8, embouteiller, gaboter 4, marchage 2, pardre 1, poudrerie 2,
prendre 1-6, ramasser 3, routine, saboter, sermenter, vasier 2, vie 5. - je peuvais,... 2 «Du monde* qui peuvait taper sus des tambours, et taper sus des cans* pour faire un train* du diable quoi !» (GT 008002). > quo 14, ramasser 3. • Cond. pr6s.: je peurrais, ... 3 «Si tu peurrais faire 9a [...]» (AC 018305). • Subj. p r e s . : que je peuve,... > dchouerie 3, gagner 6. U . S . m. e t f . > 6cole 1, haut 5. • 1. Puissance, force, energie. > gobarge 3. • 2. Electricite. 4 «Couper notre pouoir». 5 «Le Quibec i vend le pouoir de* dela ä l'Am&ique [amaRik], pis i fait lä gros* d'argent, ayu*-ce que Terre*-Neuve est lä la gueule ouvert». 6 «Lä il aviont du pouoir, i pouviont amener des parents ou des grands-parents pour de l'abri». (LC 149806). > salage. • 3. Scie ä la pouoir Scie m6canique, tronfonneuse. Ces emplois sont caiques sur ceux de l'anglais power. Le second est d'ailleurs enregistre comme un canadianisme sous la forme pouvoir (Dulong 1989 : 353b ; Belisle). La forme terre-neuvienne, d'origine dialectale (FEW 9, 231b POSSE), est attestee dans les parlers acadiens (Poirier; Thibodeau). Scie a la pouoir est un caique de l'anglais power saw.
POUOIREUX [puweRce] adj •
Qui a du pouvoir. 1 «Alle est p't-ete bien si pouoireux que 9a !» 2 «La croix c'est pouoireux». (AC 01). Derive original du precedent ( 0 FEW 9 , 2 3 l b sq. POSSE).
POUQUE [puk], [puk] s.f. • Vulve, sexe de la femme. S y n . : BOUSTINIQUE, MOUQUE, PRISE, PRUNE, TIOUNE. Denomination d'origine dialectale, le mot designant un sac en Normandie (FEW 16,638a *POKKA). Un emploi sexuel est egalement
POUR
fait de pouque ä Jersey (Le Maistre 1966:425a).
POUR
[puR],
POU
I. Ρτέρ. • 1. Pendant. 1 2 3
«J'ai buche* pour un mois». «Je joue pour une demi-heure de temps». «C'est une fleur pour dans la maison ^a, les eastern lilies [angl. ] ; je l'ai hivernie [ivaRne] pour trois ans, pis vous parlez que ce* tait beau dehors* [dahoR] !» 4 «Alle a term [tiendre*] ecole pour trente-neuf . ans, ielle*». (LC 189206). Pour : >accoutume ( d ' - ) 2 , arrisie 1, 2, bandonner, barrer4, beluet 3, cooker, couple 4, craqui 1, dessus 4, 5, famille (en -) 2, fier 1-1, grandeur 1, jaser 3, joumau 1, lune 6, neillfere 2, neu 1. Pou : > gomme 1.
Caique d'un emploi de 1'anglais/or, de meme sens, atteste au Canada (GPFC ; Maillet 1979 : 236 et Moncton, NB, 1978, d'apres E. R.). • 2. En vue de, pour obtenir. 5 «J'avais 6crit pour des livres anglais [...]» > breumer 1, creux 10, dessus 15, faire 14, famille (en -) 2. V. aussi ENVOYER POUR.
0 Specialement: • Demander pour Demander. 6 7
9
[pu]
Pou: > aller 8, beurrier 1, bligd 3, cabarouet 3, carde 1, cast 1, couvarte 2, demander pour 1, drapeau 1, encrot 1, engin 1, 6pargne (d'-) 1, 6peurer 1, etre 2, gomme 5, gournable 2, haut 14, jubet, leur leur, pavilion 2, ... Pour : beaucoup plus frequent.
«I m'a demandi pou du pain». «Quand* qu 'il a mouri [mourir*], il a demande pour moi, il ont pas pu me rdveiller». (MH 069203).
>
8
«T'arais t i ici assis sus le bord du cap* lä, ä* regarder au large pour du jubier*, oir* s'* t'en arais vu [...]» (LC 029209).
Cette construction, qui n'est pas signage en fran?ais (0 FEW 17,510a-511 a *WARDÖN), est un caique de 1' anglais to look for, de meme sens. • 3. Comme, en guise de.
«II a pris la maison qu'i restiont* pour eune grange*». (AC 018304). [C'est-ä-dire : clairte 2, lancer (se -), pointer (se -), prendre I14, 16, reprendre.
Ce caique d'un emploi de Γ angl. for a aussi ete releve dans les lies anglo-normandes, notamment ä Guernesey (Brasseur, enq. inedites) ainsi qu'au Canada (Moncton, NB, 1978, d'apres E. R.). • 5. C'estpour (souvent avec indication d'un phönomfene met£orologique) C'est signe de. > oeil 2, porter 1, 2, reposer.
• 6. Etre parrain (ou marraine) pour Etre le parrain (ou la marraine) de. 13 «Je sus [etre*] marraine pour le gar
15 «Mais moi je crois, pour aoir pas d'ecole*, et pas d'Scole ni rien* di tout, j e crois que le monde* a bien fait* : i ont tiendu [tiendre*] leur langue». (GT 109205). haleine 1.
Cet emploi est admis en fran9ais, mais avec l'infinitif passe (TLF 13, 942b), qui n'est pas en usage ä Terre-Neuve. • 8. Etre pour (+ inf.) : - Etre dispose ä, destine ä. >
16 «Α tait pas pour la ouvrir». paquer 3.
- Etre sur le point de. 17 «Α dix heures tapant i tiont pou se quitter». (GT 017701).
368
POUR
18 «Je tais pour aoir Alcide. I tait pas core* au monde». (GT 128101). 19 [A propos d'une chienne]. «Elle est pour trouver* des petits». (LC 029201). >
•
apiler 2, piquer 2, proche 5, tet.
L'adjonction d'un accusatif sujet ä l'infinitif precede de pour appartient ä «une langue plus spontanee, d'inspiration populaire» (Grevisse 1993 : 1278). La l l e edition de cet ouvrage indiquait que ce «tour [est] frequent en Wallonie et, plus g6n6ralement, dans les dialectes de Γ Est et du Nord» (Grevisse 1980 : § 2656). • 10. Empl. adv. (En fin de phrase ou de proposition). Pour cela, ä propos de cela. (Toujours sous la forme pour). 20 «Une personne [paRson] qui veut aller lä pour rester [Raste], i faut qu'i se priparera pour». 21 «/ me ressemblait* que j'avais entendu un nom pour». (AC 059205). 22 «Quand* meme tu vendais de quoi* ä la boutique t'avais pas d'argent pour, faulait [falloir*] que tu prenais de la boutique*. C'est des Juifs 9a, qu'avaient des boutiques». (ΜΗ 059201). 23 «Mais 9a j 'avions pas de prix* pour». (GT 139201). 24 «Je disons tout le temps un car*,pace* depis* qu'on... qu'on a... que 9a a sorti par ici, eh bien, on a tout le temps use* [jyze] le nom anglais pour». (LC 189801). > allieurs, assez 3, attention 1, boucane 3, car, casion, cull 3, e c h a u f f u r e 1, i p e l a n 2, faire 14, guirission 3, jubier 2, lever I, micanique 2, ostiner 2, plogoille 2, staffer, suiter 1, user 2.
Extension d'un emploi adverbial, neologique selon TLF 13, 941a, qui est enregistre dans les locutions c 'estfait pour, etudie pour, quoique certains exemples puissent etre egalement ici des caiques de l'anglais.
[ p u R s i ] s . f.
Marsouin. 1
aller 8, casser 4, faiblir 2.
Les emplois (Grevisse, 1993 : 1196) et (Rob 7,660a) sont enregistris en fran9ais. Mais ce tour, atteste depuis le 15" siecle et «signale dans diverses regions» [FrancheComte, Ouest, Picardie, Midi de la France], avec un emploi marquant le futur prochain, etait «condamne par les puristes» et avait «une couleur archai'que» pour Gougenheim (1929 : 120-121). • 9. (Introduisant une proposition infinitive finale). Pour que + subj. >
POURCIL
2
3
4
«Y a les pourcils que j'appelons*, 9a c'est queuque* chose comme έηε baieine, y a que c'est pas beaucoup* gros...» «Υ a des pourcils aussi. Qa plonge comme έηε baleine aussi, mais c'est tout petit. C'est long comme d'ici le rambris* lä lä. Une pourcil. C't* un joli poisson». (MH 069206). «Une pourcil a de la viande pareil comme* de la viande meme, de quoi* de meme. J'en ai trape* dans les rets* parfois, des pourcils, mais... je η '*ai jamais mang6». (GT 139201). «Les pourcils c'est έηε autre petite affaire* ! C ' e s t ien que* comme* quatre pieds de long !» (LC 029211).
Ce type lexical est employi pour le tout au long des cotes de Test du Canada (ALEC 1423 ; Dionne ; GPFC, s. v. poursi; Thibodeau et Boudreau, s. v. pourcie ; Naud; ALVMA 238 ; DHFQ 425^*26), ainsi quä SPM (Brasseur-Chauveau). II est atteste en France depuis le 14e siecle, mais uniquement sur les cötes du Poitou et de la Saintonge (FEW 9, 187a PORCELLUS). Son origine acadienne est tres probable.
POURRIE (EAU -) V. EAU.
POURRIR
[pURlR] ν intr. • Pait. passe f . : pourrite. • S'infecter. >
dempis 5, froncle 3, paquer 3.
Restriction d'un emploi du franijais (TLF 13, 951b). La forme feminine du participe passe, populaire en f r a ^ a i s , est attestee dans les parlers du Canada (ALEC 1247, Dionne ; GPFC).
POURRITURE •
[ p u R i t y R ] s. f
1. Pus. 1
>
•
«Pour un mal qu'y a d8 la pourriture dedans». (LC 008202). dempis 5.
2. Plaie purulente. 2
«Si t'avais έηβ pourriture... une infection, b8n vous p r e n i e z d8 Γ epinette*, vous bouilliez* 9a, vous preniez l ' i c o r c e , pis
ρουτίΝΕ vous... vous battez comme i faut, pis vous faisiez des emplätres avec, pis vous laviez 5a avec le jus... le jus... de l'icorce, pis dans* un rien de temps ce* tait guiri».
Emplois particuliers, differents de celui du franfais: (TLF 13, 956a ; FEW 9, 641b PUTRESCERE). Le premier se trouve aussi ä la Baie Sainte-Marie (Thibodeau 1976 : 10, d'aprfes έ . R.). Le second a 6t6 note ä SPM (BrasseurChauveau) et en Louisiane (Ditchy : ).
l'avant> (FEW 9, 552b PULSARE), peut etre aussi rapproche de ceuses-lä 3, gruselle 3, naveau 4.
• 2. Developper, produire. > jeton 1, queue 1.
Caiques de l'anglais to grow, de merae sens. Le premier emploi est egalement atteste en Acadie (Maillet 1976 : 63 et Mont-Carmel, IPE, 1975, d'aprös Ε. R.). II. V. intr. • 1. Croitre (en parlant de la lune). 4
5
6
«Faut que tu le coupes dans le bon temps de la lune, je crois que c'est quand* que la lune pousse». (AC 158001). «Mais si la lune pousse, avant qu'alle est pleine, tu vas bucher* du bois [...] pis le bois va pourrir». (AC 128202). «La lune alle a affaire avec tout* [tut]. Quand* qu'a pousse». (LC 029219).
• 2. Se developper, vivre. 7
[Ä propos d'animaux marins]. «Y a pas toutes sortes d'affaires* qui poussent ici !» (LC 029209). > rasoir 2.
• 3. Avancer, progresser sur son chemin. 8 «fa* va, ςa va, ςa pousse !» > pointer (se -).
Emplois particuliers, dont le second est issu de qui ne s'applique en fran9ais qu'ä une plante ou ä la croissance d'un enfant (TLF 13, 968b). Le troisieme emploi, atteste en franfais au 17e sifecle : qui est d'ailleurs encore connu dans l'ouest de la France (FEW 9,549-550 PULS)» (Brasseur-Chauveau).
FREE [pRe] s. f. • Clairifcre humide. >
«Une prie c'est un endroit qu'est trempe* et pis qu'est tout seul dans le bois*». (LC 029219). plaineau.
Ce mot est attesti jusqu'au 18e sifecle en fran9ais et, ä l'6poque moderne, dans les parlers de l'Ouest et du Centre (FEW 9, 334a PRATUM). Donn6 pour une prairie (GPFC), il est de repartition strictement acadienne au Canada (ALEC 519 , 695 , 1353 ä 17, gros 2, ouest 3, vie 2.
L'emploi (FEW 9, 341b PREHENDERE) n'est plus enregistre par les dictionnaires, mais reste en usage en Acadie (Naud ; «Y en a ben d'autres [...] qu'avont pris ä parier anglais» : Boudreau 1979 :45 ; «mon fröre a pris ä boire», «i a pris ä courir»: Moncton, NB, 1978, d'apres Ε. R.). Cet emploi conceme particulifcrement le temps qu'il fait (Snow 1977 :17 : «La tempete prend pour de bon», d'aprös έ . R.) et a egalement 6t6 releve ä SPM : et (Brasseur-Chauveau). • 2. Se diriger. 9
«Et pis il a pris sus le bord du chemin». (GT 008001). > dieu 1.
• 3. Monter. 10 «£a fait qu'i prenont dans le boom*, pis i embarquont* dessus pis... i se polont* au large». (LC 029204).
III. V. pron. • 1. Commencer. 11 «V'lä la bataille se prend» [pour «...qui se prend»]. (GT 017701). 12 «Je pouvais me prendre lä le soir et pis je pouvais jiguer* toute la nuit». (LC 008401).
0 Specialement: Se prendre ä Commencer ä. 13 [Ä propos des pourcils*]. «Tout* qu'i se prenont ä aller, be* 9a va vite». (GT 139201).
Se prendre ä + inf. est admis en fran^ais pour , mais l'emploi terre-neuvien nous parait spöcifique. • 2. S'en aller, partir. 14 «Lä le chien s'a pris pour* le nord». 15 «Pis il attrapont fene frousse, pis lä* i se prenont». (AC 098001). 16 «Lä j'ai vire* de bord lä, pis je m'ai pris pour* la cöte». (MH 058101). 17 «line fois que j'ai iu tout* [tut] le bois de* trouv6, j'ons [aoir*] t£ obouge* de nous prendre, pis pelleyer*, tout* [tut] les chemins». (LC 029205).
IV. Empl. impers. • Qa prend: - Cela demande (tel laps de temps). 18 «£a nous prenait έηε heure et demie pou* descendre en bas* lä». (AC 059206).
372
PRENDRE I
>
19 «Dans ces temps-lä ; a pranait la... la vie d'fcne personne [paRson] pour bätir sa maison». (MH 019201). bätir 3, bout 4, longi 1.
-
II faut, il est necessaire d'avoir.
20 «Qa prenait deux trois hommes pour la tiendre*». (AC 099205). 21 «Les hommes f a prenait neuf pouces de large pour faire un Soulier, pis les enfants amener I, i t a m b o t , galendard 2, grandeur 1, groseile 1, houmard 2, tiendre 14, trancheur, travailler 4.
0 Specialement: ζα να tout [tut] prendre C'est le maximum. 22 «Ici s'i y avait une vingtaine de families hein, £a va tout* [tut] prendre !»
La locution ςa prend est consid6r6e comme un rögionalisme du Canada (TLF 13, 1075b). V. aussi Lepelley 1987.
PRENDRE II •
[pRüd]
PRISER [pRi:ze] v. tr. •
PRESSION
[ p R C S j o ] s. f. Grand nombre.
«Y en avait έηε pression ä La Grand-Terre lä. Oh oui ! Y en avait έηε tapee* ä La Grand-Terre: Morazi, et Briand, et...» (LC 029203).
Emploi original par attraction paronymique du fran9ais presse (TLF 13, 1137b) ou, plus vraisemblablement, de Γ anglais press .
PRESUMATION [pRezymasjo], [pRezymasj5] s. f. Supposition. 1 2
« £ a c ' i t a i t ien* que la presumation du monde*». «C'est la pr&umation d'une personne. C'est une personne qui prisume 5a». (GT 109203).
D6rive original de presumer ( 0 FEW 9,320ab PRAESUMERE).
Vanter, faire l'61oge de. «Pis lä* i commence ä lui priser son vin : ce* tail du bon vin !» (GT 008002).
Cet emploi, attest^ en fran9ais jusqu'au 18e siecle, a 6t6 relev6 dans les parlers dialectaux du nord et de Test de la France (FEW 9,372b PRETIUM). II n'est pas s i g n a l au Canada.
PRIVIER [pRivje] s. m. •
Oiseau, pluvier. «Deux priviers lä, peut faire un bon nepas pour une personne [paRSon] ! Oh ! Dame* oui par exemple ! Pis fait de la bonne soupe ! Ah ah ! Aussi bien les alouettes* !»
ν tr.
Forme locale par aph6r£se d'apprendre. V. aussi APPRENDRE.
•
• Vulve, sexe de la femme. Syn.: BOUSTINIQUE, MOUQUE, POUQUE, PRUNE, TIOUNE. Emploi original ( 0 FEW 9, 339b sq. PREHENDERE).
Apprendre. «J'avais comme* dix ans quand j'ai pris c'te* chanson-lä».
•
PRISE [pRiz] S. f.
>
corlieu.
Cette forme particuliere de pluvier n'est attestee que dans un parier acadien de Γ lie du Cap-Breton (ALEC 149 : pt 163) et ä SPM (Brasseur-Chauveau). En France, les formes les plus proches, du type pivier, ont 6te relev6es en Anjou, Poitou et Saintonge (FEW 9, 107b *PLUVIARIUS), ce qui corrobore l'hypothese d'une origine acadienne. Notons que pivier est £galement atteste en Louisiane (Griolet 1986).
PRIX [pRi] s. m. • Ne pas avoir de prix : - Ne pas obtenir un bon prix (de qch). >
pour 23.
- Etre tres bon march6, de peu de valeur. «Lä ce* tait pareil le poisson n'avait pas de prix; quand j'ai vu 5a j'ai abandonni la peche».
Cette locution est ä rapprocher du fran9ais etre sans prix qui a ete enregistr6 au 19C siecle pour comme 23, öcarde 4, jig 2.
•
Venir proche S' approcher. 5 6
«I venait pas proche assez* pour* moi tirer dessus». «II a venu proche assez* qu'i'/* l'akicke* ac* le pied». (MH 069205).
• 2. Au proche Tout pres. 7
8
[A propos des marionnettes*]. «Si tu joues le... ou tu chantes, tu vas les amener au proche». (AC 078201). «P't-ete comme le moulin* tait lä au proche». (GT 099201).
• 3. Proche ä proche Pres Tun de l'autre. 9
«I tiont les deux bateaux, i tiont tout proche ä proche». (LC 029204).
II. Loc. prep. • 1. Proche de Pres de. 0 Emploi temporel. 10 «[...] depuis proche de cent ans [...]»
0 Emploi spatial. 11 «II s'en vient proche du sac». 12 «Mais dame* y en a iun* qu'est proche de moi». 13 «I commenciont ä arriver proche de la Terre Sainte». > batterie (en -) 3, £ame 2, course.
0 Specialement: • Tout proche de Tout pres de. > couronne, place 8.
•
Venir proche de Etre bien pres de, faillir.
14 «Ben my* son j ' ai venu proche de vomir sus la table !» > aller 8.
• 2. Au proche de Prös de (emploi spatial). 15 «Y a fene femme lä, au proche de ieusses* [...]». (LC 189204). 16 «Faulait [falloir*] que tu bätisses au proche de l'eau ; y avait pas de lieu d'avoir de l'eau clair* de ?a». (LC 029202).
373
Pres ne se trouve dans notre corpus que dans la locution ά peu pres. Ici, comme dans le parier acadien de Riviere-Bourgeois (Boudreau), proche a tous les emplois du fran^ais pres. V. aussi RAS (AU -). Les emplois adverbial et pr6positionnel de proche (de), attests dans divers parlers dialectaux de France (FEW 9, 450b *PROPEANUS) sont vieillis en fran?ais (TLF 13,1244a-b). La locution proche ä proche a ete notee au Quebec (ALEC 367x, 1053x). Au proche a et6 releve en Saintonge et au proche de en Anjou (FEW, ibid.). Au proche (de), en emploi adverbial et pröpositionnel, est attestö au Canada (Dionne ; GPFC ; Poirier ; Naud).
PROCHER V. APPROCHER.
PROFESSEUSE [pRofesoz] s. f. • Professeur de sexe feminin. «La* fille lä, alle est professeuse lä, alle enseigne ä comme* dix milles de [...]» (LC 189201).
Ce substantif f6minin, attesti en franfais, est peu usit6 ; il a eu cours egalement au Canada, mais y est aujourd'hui supplante par professeure. (TLF 13,1266b, s. v. professeur; FEW 9,430a PROFESSIO ; GPFC).
PROFITER [pRofite] v. intr. • 1. Se developper, grossir (en parlant de plantes, de fruits). 1
«Les fraises j'avons lä, i profitont tout le temps tout le temps tout le temps, jusqu'ä* les gel£es».
• 2. Croitre (en parlant de la lune). V. aussi LÜNE PROFITANTE. 2
«Quante* la lune... profite lä... 9a pousse pus vite».
Le premier emploi, qui a ete note au Canada (ALEC 1255x ; Dionne ;Thibodeau ; Dulong 1989) et en Louisiane (Ditchy), est attestö depuis le moyen francjais ä propos des plantes, et survit dans les parlers dialectaux de France, notamment dans l'Ouest (FEW 9,427b-428a PROFECTUS), mais il n'est plus enregistre aujourd'hui par les dictionnaires fran5ais que pour des personnes et il est considere comme
374
PROFITER
familier. Le second, qui n'est pas signale en France, n'a ete note, ä une exception pres, que dans des parlers acadiens (ALEC 570a, 1158s).
PROGER V. APPROCHER.
PROGRAMME [pRogRam] s. m. • Emission (de ίέΐένίβϊοη). «Ix programme «encore sus la route», «on the mad again» [...]»
Emprunt semantique ä Γ anglais program , consider6 comme un canadianisme (Dulong 1989).
PRUNE [pRyn], [pRYn] s .f. •
1. Pruneau ; prune. «6ne prune vient sus des arbes de prunes». (GT 109203).
• 2. Vulve, sexe de la femme. Syn.: BOUSTINIQUE, MOUQUE, POUQUE, PRISE, TIOUNE. L'emploi est un caique de Γ anglais prune, de meme sens, signale aussi en Louisiane (Daigle). L'emploi , mötaphorique, en est issu.
PRUSSE [pRys], [PRYS], PRUSTE [pRyst] s. m. •
1. Arbre conifere, Picea. 1
«J'ai bäche* un mois, tout le jeune bois, le sapin* pis tout le crev6, pis j'ai ien* que reste* les prusses». > chique 3, coco 1,2, dinguette, gomme 2,5,jeton 1, lever I, lunot, pelurer 2, 3, pitoune 2, prussiere 2, rallu 2, sapin 3, sapinard, trouver 1.
«Avec du pruste noir... i faisiont du sirop pour la toux». «Aussi bien comme* le pruste noir, c'est ien* que l'icorce qu'est noire !»
• Prusse rouge : Pour l'un des informateurs, il s'agit de vieux prustes blancs. • 2. Biere de prusse. V. BIERE. La forme prusse est typique des parlers acadiens (ALEC 1639 ; Massignon 152 ; Dionne,
s. v. pruce le donne comme un equivalent d'epinette «dans le langage acadien» ; Poirier; Thibodeau ; Boudreau, s. v. pruce ; Naud ; ä ajouter ä FEW 16, 649 PREUSSEN) tandis que prusse noir, prusse blanc et prusse rouge ont €i€ releves pour diverses vari6t6s, respectivement pour l'6picea marial et l'epicea glauque, en ce qui concerne les deux premiers (ALEC 1640). Pruce (s. f.) a ete enregistre par Littre : (FEW 16, 649b PREUSSEN). II est ä noter que le parier de SPM ne connait plus que spruce, empruntö ä l'anglais (BrasseurChauveau), prusse y 6tant atteste au 19e siöcle (Chambon 1992 : 282). La forme pruste, par hypercorrectisme, est plus localisee, puisqu'elle n'a έΐέ recueillie que dans le sud du Nouveau-Brunswick (ALEC, ibid.) et ä la Baie Sainte-Marie (Thibodeau).
PRUSSIERE [pRysjeR] s. f. • Endroit oü les prusses* poussent en grand nombre. 1
2
«Ce* tait tout* [tut] des bourbiers et pis des petites prussiferes et pis ci et 9a [...]» (AC 018001). «Une prusstere c'est... έηε place* ayu*-ce qu'y a en masse* du petit prusse*, lä». (GT 109203).
D6riv6 de prusse, de distribution strictement acadienne (ALEC 1641 ; Massignon 153 ; Snow 1977 : 61, d'aprös E. R . ; 0 FEW 16, 649 PREUSSEN).
PUCE DE MER [pvs da meR] s. m. • Crustace d'eau salee non identifie (GT 109203). Ce compose n'a 6t6 notee au Canada que dans les parlers acadiens (ALEC 1559x ; ALVMA 311 ; Thibodeau ; Poirier). Mais ce crustace, synonyme de talitre en fran^ais (TLF14,15b ; FEW 9, 522b PULEX) est ici souvent mal identifie, si ce n'est aux Iles-de-la-Madeleine: auteurment 1, moulin2. Cet emprunt ä l'anglais est atteste 5a et lä au Canada, sp&ialement dans les parlers acadiens (ALEC 1312 ).
PURON •
[ p y R Ö ] s. m. Boutondepus.
1 2
3 4
«I vient un puron, mais dame* 9a tourne en froncle*». «La figure plein de purons ! Qa s'en va aprfes qu'i grandissont, mais y en a beaucoup qu'ont les...» (AC 099206). [A propos de la picote*]. «£a ressort par purons sus la figure». (LC 029209). «II appelont chickenpox [angl. ] en anglais, 9a sort tout* [tut] des petits purons hein, pis 9a dömange en masse*». (LC 189203).
Ce type lexical n'est pas Signale en France avec cet emploi ( 0 FEW 9, 608b sq. PURARE et 620b PUS). Au Canada, il semble rare au Quebec (v. ALEC 2216 ; GPFC), mais est bien atteste dans les parlers acadiens (Poi-
375
rier ; Boudreau ; Thibodeau ; Naud : fouler 6. Quand que : > adonner 7 age 2, aller 3, arriver 2, artirer, attraper 2, avartissement 2, back 7, backer, ballot, barbe 1, batterie (en -) 2, battre 2, beaucoup 3, boette 1, boqud, bord 3, boucane 2, boucaner 2, bouque (faire la - ) , . . . Quante : > amour 1, anis 1, barachois 1, broad, caler 3, canir 3, car, cassde 3, chaton 3, chesseresse, diclairer 1, dessus 12, doballe 2, dcarde 2, icarderie 1, ectricitd 3, faire 11, grdement 3, honze 3, lä,... Quante que : > appeler 5, droit 2, gäche 2, huile 6, jonglement, plaine, terre 6. La prononciation quante dans toutes positions est issue d'une g6n6ralisation ä partir de la f o r m e normale en liaison. Elle nous parait populaire en franijais et est aussi repandue au Canada (GPFC). L'adjonction de que aux conjonctions est par ailleurs courante en fran5ais populaire. Quand que, atteste dans de n o m b r e u x parlers d e F r a n c e ( F E W 2, 1 4 1 6 b Q U A N D O ) , est considere c o m m e r6gional au C a n a d a ( T L F 14, 1 0 3 a ; D u n n ; C l a p i n ; D i o n n e ; G P F C ; Poirier). Quand-ce que et quante que c'est que sont d e s variantes d e quand c'est que, releve dans le centre d e la France (FEW, ibid.) et egalement atteste au Canada (Dionne ; G P F C ; Boudreau).
QUANDIS QUE [kadi k(a)] ioc. conj. •
Quand, lorsque, pendant le temps que. V.
aussi T A N D I S Q U E . «Quandis qu'y avait moyen de tiendre*, i dit, j'allons tiendre sa place». (LC 138403). > chou-rave 1, fille 1.
QUATAR-TEMPS
Forme originale de tandis que, par attraction de quand que.
QUART I [kaR] S. m. • Füt utilise pour la farine, contenant 200 livres*.
QUAND MEME (QUE) [kä mem
1
( k ( a ) ) ] loc. conj. gouvemant l'ind. • Meme si, quand bien meme que.
2
«Quand meme j ' a i pas de vache, y a de la peau en masse* !» (LC 027401). 2 «Tu n'dtais pas alloue* [...] quand meme que tu le prenais...» 3 [A propos des choux], «Quand meme que •ja gfele, c'est still [angl. ] bon». 4 [Pour travailler avec 1'epinglier*]. Et pis i pouvont prendre la laine quand meme qu'alle est pas ecardee* pis roulde». (AC 099201). 5 «Si je sus [etre*] assis au ras* le poele et pis que c'est chaud, quand meme qu'i fait/rer* allieurs*, tu mindes* pas !» (LC 189204). > animau 2, c'te 5, empldyer, montrer 3, pour 22, suiter 1.
1
Ces locutions sont des variantes de quand meme suivi generalement du conditionnel en franijais, plus rarement d'un temps de l'indicatif (TLF 11, 618b ; Rob 7, 932b) Quand meme est atteste au Quebec (GPFC, s. v. qua meme) et en Louisiane (Daigle); quand meme que l'est au Quebec (GPFC, s. v. quand que ; Belisle), en Acadie (ALEC 1743x ; Boudreau 1979 : 46, d'apres E. R.), ä SPM (BrasseurChauveau) et dans les parlers de Haute-Bretagne (FEW 2, 1416b QUANDO).
QUARRIR
[ k a R i R ] ν tr
• Equarrir. 1
>
«Auparavant quand on le sciait ä la main, oh ben lä on le quarrissait». (AC 059201). 2 «Allons le rondir*, le morceau* de bois lä : avec la hache. Quarrir avec la hache, et pis... tu sais, et pis aprös 5a prendre le rabot pis le... le faire, le mettre rond quoi». (GT 109203). 3 «Une fois que ce* tait q u a m , tu le lignais, l'ipaisseur que tu voulais ton bordi, l'£paisseur que tu voulais ta sole». (LC 029206). chien 6, paisseur 2.
377
>
«I faisait des douelles pour faire des bailies* et des quarts». «Dans ce temps-lä ce* tait tout* [tut] des quarts de deux cents livres* de farine». (LC 029203).
haut 1.
Type lexical atteste en fran9ais depuis le 17e si£cle et rdpandu dans les parlers dialectaux du centre et de l'ouest de la France pour un •cbaril contenant le quart d'un muid> (FEW 2, 1423a QUARTUS), mais qui n'est plus enregistr£ par les dictionnaires contemporains. Le mot ddsigne au Canada un (Clapin ; Dionne ; Poirier ; Belisle) ou un
«Tu vas semer un quart d'avoine [avwcn], tu vas n-n '* aoir comme* vingt quarts lä-dessus». (LC 029201). 2 «Y a deux chopines* dans fene quart». (LC 029203). gallon 1.
Emprunt ä Γ anglais quart, de meme sens.
QUATAR-TEMPS [ k a t a R t ä ] , QUATEUR-TEMPS [ k a t c e R t ä ] , QUATEURTON [katceRt5],
QUOQUORTON
[kokDRto] s m • Cornouiller du Canada, Cornus canadensis, la plante et la baie. 1
Forme locale, par apherese d'equarrir ( 0 FEW 2, 1395b-1396a QUADRARE ; Brasseur 1996b: 297).
>
[Ä propos des plaquebieres*]. «Un quateurton est queuque* chose comme 9a ! Le mflre est queque* chose de meme*. Vous oyez* les petites boules qu'est dessus lä !» (AC 099206). 2 «Des quoquortons c' est... έηε sorte de... de graine* qui pousse pis qui-n*-a plusieurs graines ensemble et pis... i sont tout bas sus la terre». (GT 109203). 3 «Des quateur-temps y en a, j e pense qu'y en a encore qui poussent par ici. Avant y en avait, c'itait des champs tout rouges, des quateurtemps». (LC 189202). douce 2.
378
QUATAR-TEMPS
Le type lexical quatre-temps n'est pas signali avec cet emploi en France ( 0 FEW 2,1440ab QUATTUOR et 13/1, 190a-b TEMPUS). Consider6 comme un regionalisme du Quebec (TLF 14,126b), il est usuel dans l'ensemble des parlers du Canada (ALEC 1661 ; Massignon 199 ; Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier ; Thibodeau : ; Boudreau ; Naud ; Belisle) et ä SPM : (Brasseur-Chauveau); (1887, Chambon 1992 : 283). La forme avec metathöse quateur-temps est attest6e au Canada (ALEC 1661). Les autres prononciations relevöes ici sont specifiques du FTN. Elles sont formöes sur une prononciation locale de l'adjectif quatre avec metathfcse de [R] : quateur. V. ce mot.
QUATERIEME
[ k a t o e R j e m ] adj.
• Quatrieme. Cette forme est attestie au Canada (GPFC ; ALEC 2310 ; Moncton, NB, 1978, d'apres E. R . ; 0 FEW 2, 1440a QUATTUOR).
• [katz] devant un mot ä initiale vocalique. V. aussi -Z-. 5 6 >
[Ä propos des cigales*]. « £ a a quatre-zailes». « ? a fait quatre-z-heures». (LC 189206).
^carder 2, icarre 2, nage 2.
Prononciation signalee au milieu du 17esiecle (Thurot 2,38), devenue dialectale et/ou popul a t e ( 0 FEW 2, 1440a-b QUATTUOR). II. Quatre par quatre [kat par kat] s. m. • Vöhicule tous terrains ä quatre roues motrices. 7
«Pis il allont avec leu*... leu quatre par quatre lä, i venont de* delä avec 9a asteure*, dans* l'6t6». (LC 189203).
L'usage fran^ais est d'ecrire 4 X 4 et de prononcer «quatre-quatre», bien que ceci ne soit pas indiqu6 par les dictionnaires (TLF 14, 126a). L'usage canadien est celui qui est atteste ä Terre-Neuve (Dulong 1989), caique de I'anglais/our by four. III. Danser des quatre. V. DANSER.
QUEIMENT V. QUISIMENT.
V. QUATAR-TEMPS.
QUEQUE [tjek], [t/jek], QUEUQUE [tjcek], [tfjcek], QUIQUE [kik] (Au pl„ pas de [ζ] de
QUATRE [kat] adj . num.
liaison devant un mot ä initiale vocalique). I. Adj. indef. • Quelque.
QUATEUR-TEMPS, QUATEURTON
Quatre. I. Prononciations : • Souvent [katceR], devant un mot ä initiale consonantique. 1
«Quateur jours».
0 Sp6cialement dans le nom de nombre Quateur-vingts Quatre-vingts. 2
>
«Mon pfere avait quateur-vingt-deux ans, pis tous les jours [...]» (MH 069203). 3 «I avait quateur-vingt-deux quand* qu 'il est mort». (GT 128101). 4 «Alle a iu quateur-vingt quatre avant*-zhier». (LC 097401). baril 3, barrique 2, narf 1.
Cette prononciation est attestee au NouveauBrunswick (Moncton, 1978, d'apres E. R . ; 0 FEW 14,443b VIGINTI).
«Υ avait queuque chose !» «Un cabinet c'est ene place* que tu mets queuque chose dedans... pareil comme* des hardes* ou de quoi* de meme». (GT 109212). 5 «C'est-ίί* le nom de queque affaire ?» Queque chose : > cruds 2, epargne (d'-) 1, nfegre noir, quatar-temps 1.
«Oui y en avait quequ'uns : ceusses* qu'aviont pas de gar^on : i preniont un homme ά demi-ligne* s'i pouviont le trouver». (LC 029211). 8 [Ä propos des Indiens]. «Α Stephenville y en avait quiqu'uns lä». (LC 189201). Quiqu'uns : > gueule 5.
IV. Dans les loc. adv. Λ queque (ou queuque, quique) part, En queuque part. V. PART. Queque et queuque sont des prononciations courantes dans les parlers dialectaux de France, notamment dans l'Ouest (FEW 2, 1412a-b QUALIS), devenues populaires. Queque, qualifie aujourd'hui de neglige (TLF 14,140a), est bien atteste et souvent admis au 17e siecle (Thurot 2, 2 6 3 ^ ) . Queuque a ete releve au Canada (Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier; Naud, s. v. tcheuque). Quique, egalement atteste au Canada (Clapin ; GPFC), est d'origine normande (FEW 2, 1464b Q U I ; ALN, enq. inedites). Les prononciations de quequ'un(s), quiqu'un(s) qui ont ete relevees en Normandie (ALN, enq. inedites ; 0 FEW 2, 1412b QUALIS), suivent Celles de la base. Tcheuque affaire a ete recueilli au Nouveau-Brunswick (Moncton, 1978, d'apres E. R.).
379
QUERI [kRi] v.tr. • Dans les loc. verb. Aller queri Aller chercher ; (S'en) venir queri Venir chercher, Enwoyer* queri Envoyer chercher. 1 2
«La b£te ä sept tetes s'en vient queri sa fille». [A propos des vaches], «Elle allait les queri pour les tirer*». 3 «J'en ai pas ä la maison, asteure*. Je vas aller nen* queri bientöt!» (ΜΗ 059202). 4 [Ä propos du dressage des chiens de chasse]. «Je les apprenions avec un morceau de bois, premier* de tout. Je garrochions* 9a au large, il alliont le queri». (LC 029209). 5 «Quante* la premifcre guerre a commencd, i 1-Favont enwoyi queri». (LC 149805). > accoutume (d'-) 2, back 6, comme 1, ddclairer 1, gouilette 1, hardes 8, icitte 2, nie 2, si 2, tain, tour 2.
Le verbe querir, sous la forme [kri], est largement r6pandu dans les parlers dialectaux de France, comme dans le fran9ais populaire du ^sifccle (FEW 2, 1408a-b QUAERERE). II est passe en Louisiane (Ditchy) et dans les parlers du Canada (ALEC 42, 2166 ; Clapin, s. v. qu'rire ; Naud, Dionne et GPFC, s. v. qu'ri ; Poirier et Boudreau s. v. querir, Thibodeau, s. v. cri), mais il est aujourd'hui considere comme vieillot (ALEC 42).
QUESIMENT V. QUISIMENT.
QUEUE [tj0] S.f. • 1. Specialement: Queue (d'un ancre) Jas ? (LC 029214). • 2. Petite queue Coccyx. Denomination originale. • 3. Queue de vache Algue marine, sorte de laminaire. 1
«Les queues de vache 5a pousse* un baton ä peu prfes... gros comme mon pouce, un peu pus gros, pis 9'a ä peu pres dans les sept ä huit ä dix pieds de long». 2 «Dix et* douze pieds de long ceuses*-lä. J'appelons 9a les queues de vache». (AC 059204). 3 «Y a des queues de vache, 9a se colle sus les roches*». (GT 139202). 4 «Y a des queues de vache que j'appelons*. £ a c'est des grands son* of a bitch ! Y a les autres aussi, pus courts [...]» (LC 029213). > gouemon 2.
380
QUEUE
Queue de vache est un compose metaphorique atteste en Normandie (ALC AM, enq. ίηέdite ä Granville : queue de vache ; FEW 2,531b CAUDA : coue d'vaque ) et ä SPM (Brasseur-Chauveau), qui n'est pas signale au Canada. • 4. Queue-blanche Oiseau, passereau non identifie. Equivalent anglais : white tail. 5
«Y en a tant de sortes qui venaient par ici la vois-tu. Auparavant... Y avait les queues blanches, y avait les gratteux* gris, y avait les gratteux rouges, y avait... y avait les πιέsanges. Ah ! Je me rappelle pus la moitie du temps!» (AC 059203).
Denomination descriptive enregistree ailleurs au Canada pour le tyran tritri (ALEC 1522). En fran9ais queue-blanche a d6sign£ un tout autre oiseau, le circafete (1655-1875, FEW 2, 530a CAUDA). • 5. Queue de robe Jupe. V. aussi JUPE. 6
«Une queue de robe c'est... έηε robe avec in* que justement* pas* rien lä en haut, f a c'est une queue de robe : justement un morceau, d'ici, de* les hanches ä* aller en bas*». 7 «II appelont 5a des skirts en anglais. En frangais nous autres* j'appelons 9a une queue de robe. C'est juste la queue de la robe». (LC 189205). > jupe 2.
Ce compose, issu d'un emploi du fran^ais queue boisson 2, gorger.
Des formes avec metathese sont attestees en France dans divers parlers dialectaux (FEW 2,1317a CREPARE). Au Canada, elles ne sont signalees que dans les parlers acadiens (ALEC 96, 2310 ; Thibodeau ; Naud ; Maillet 1971 : 84 ; 1973b : 44 et Brun 1974 : 19, d'aprös E. R.).
QUI-CE QUI [tfi S ki] pron. interrog. • 1. Qui ? Qui -est-ce qui ? > chanter, poison 2.
Cette locution a ete relevee aussi au Canada (Dionne ; Savoie 1967 : 50 ; Rens et Leblanc 1977 : 34 ; Wellington, IPE, 1975 ; Moncton, NB, 1978, d'apres E. R.) et en Louisiane (Daigle, s. v. qui).
QUISIMENT
• 2. Dans l'interr. ind. Qui; ce qui. >
«Je peux pas dire qui-ce qui a venu aprfes 9a». assayer 3, moonshine 1, owner 2, ramasser 22.
• 3. N'importe qui-ce qui. V. N'IMPORTE.
QUIFF [kwif] s. m. • Individu, lascar (terme injurieux). 1
«C'est quequ'un* qui te fait mal, 5a c'est un quiff». (GT 099203).
«Oh toi mon quiff! £ a veut dire c'est comme jurer sus quequ'un*». (GT 099203).
Ce mot, qui η'est pas signale dans les parlers du Canada, est peut-etre issu de Γ anglais dialectal et argotique quiff (OED, suppl. Ill, 981b).
(FEW 16, 324b KIND) ou d'une Variante nasalis6e du fran9ais vieilli quiqui '«volatile, poulet, poussin> (Rob 7, 970b), enregistre pour un oiseau ä Αΐεηςοη (FEW 2,671 a KIK-) ou le pinson des pres ä SPM (BrasseurChauveau, s. v. kiki) ?
QUINTAU [ceto] s. m. • Mesure de 112 livres*, pour la morue stehe (ce qui correspond ä un poids de 224 livres de poisson fraichement sale (salt-bulk: v. PILOT) et 308 livres de poisson frais). 1 2 3
QUINQUIN [cece], [keke], QUINQUINQUE [cecek], [kekek] s. m. • 1. Petit oiseau quel qu'il soit (vocabulaire enfantin). 1
2 3
«C'est pas vraiment le nom d'un jubier*, je crois pas, c'est justement*... un quinquinque voulait dire le jubier». (AC 099206). «Un petit quinquinque, j ' ai tendu* le monde parier du [le*] petit jubier*-lä». (GT 099201). «Mais steure* comme nous autres* lä, en grandissant, si y avait un petit jubier*, c'est un nom qu'i aviont mis dessus, un quinquinque ! Un quinquinque ! [...] Je pense qu'i parlaient pour les enfants. O u i ! I y* aront d i t : -bien*, j'ai vu un petit quinquinque !» (LC 189204).
381
>
«Cent douze livres pour un quintau et deux cent vingt-quatre pour un drave*». «J'ai tranche* jusqu'ä quinze quintaux par jour dans* une journie». «Si ce* tait de la mauvaise morue ce tait une piasse*, piasse quinze le quintau». [L'absence d'art. ind6f. dans «piasse quinze» est un caique de l'anglais],
arrime I, baillie 1, chesser 3, et 3, hormis 1.
Le quintal, d'une valeur de 100 livres (TLF 14,172a), a 6t6 remplac6 par le quintal metrique, de 100 kg vers le milieu du 19c siiicle (FEW 19,94a QUINTAR). Mais chez les pecheurs de morue de la Cote-Nord, qui connaissent aussi la forme quintau (ALEC 2310), ainsi qu'ä SPM (Brasseur-Chauveau), le quintal a sensiblement la meme valeur qu'ä TerreNeuve, soit respectivement 112 et 110 livres.
QUIQUE V. QUEQUE.
• 2. Oiseau, mesange ? 4
«Des quinquins que j ' a p p e l o n s 9a nous autres*, i... chantont le matin de bonne heure, des quinquins ! C'est des tout petits jubiers* ; j'ai tendu* dire des chickananas*, mais c'est pas 9a. Chickanana c'est ien* que le son du... de la parole* qu'i disont».
Ces denominations semblent rares au Canada. Quinquin et quinquinque ont 6t6 notes pour la mesange ä tete noire, respectivement dans la Baie des Chaleurs et au Saguenay ainsi qu'en Gaspesie (ALEC 1527). Petit quinquin designe aussi le junco ardoise en Gaspesie (ALEC 1542). S'agit-il d'une extension d'emploi d'un mot d'origine dialectale picarde : quinquin
«Ici y a trois teles* de easier : iine* de chaque bord* qui rentre et y en a iene en dedans qui va quesiment au bout* [but]». «Et pis le cheval [...] il a pas voulu passer, il a quisiment tout* [tut] brisi les menoires* et tout* [tu] ςα». (AC 048001). «Quisiment tout* en grand [tut ä gRÖJ d'fene bete* est bon ä manger».
382
QUISIMENT
Quisiment: > aller 11, amarre 1, assaziner, avant 3, batterie (en -) 3, boubou 1, cadrosse 2, chavfeche 3, coque, couteau 4, entour 6, ipelan 3, dpinglier 3, galfat 2, geezer (faire -) 1, gelauder 3, gobarge 1, haut 8, maringouin 1, marisier 1, ... Que'iment: > terre 6. Quesimenl: > havenet 1, marier 5, mouiller 3, nettiyer 1, palourde 1, pigeon 1, queurvd 1. Quisiment a etέ releve dans la rigion de Chicoutimi au Qu6bec (PF 1781) et de Moncton, au Nouveau-Brunswick (d'aprüs Ε. R.). Les autres formes sont sp6cifiques ( 0 FEW 2, 1428b QUASI).
QUITTER [tfite] I. V. 1 2 3
tr. dir. • Laisser. «Quittez 9a, je vas arranger 9a !» «J'avais quitt£ le tabac pour* trois mois». [Ä propos de poisson]. «Je quitte la tete dessus, i l'achetont de merne* asteure*». 4 «I tait p't-ete bien pauvre tout le temps de sa vie, mais il avait quitte l'lle-Rouge ä sa famille». (MH 019204). > allie 4, apiler2, barrer5, chique 1, comme 14, crälot 3, dibarrer 1, 6charpe, encens 3, friponnoux, lice 1, mort-ρεΐέ 2, neu 1, repousse 1, rigole, seinte, vent 5. Cet emploi avec un nom de chose comme compldment est vieilli en franfais, mais il est reste vivant dans bon nombre de parlers regionaux (TLF 14,179b ; FEW 2,1474a QUIETUS). II est bien attestö au Canada (Clapin ; GPFC ; Boudreau ; Naud) et ä SPM (BrasseurChauveau), ainsi que dans les Creoles fran9ais des Carai'bes c o m m e des Mascareignes (Chaudenson 1974 :729 ; Valdman 281 : kite). II. V. tr. ind. • Quitter de Partir de. 5 «Quand je quittons de la cöte [...]» 6 «I a quittl de France en gouelette* pour venir ä Terre*-Neuve, pecher». (MH 068101). 7 «J'avons regard6. Jeepers* Christ! £a quittait d'en haut!» (LC 029211). > ramasser 17, refion 2. 0 Empl. absol. 8 «Si mon gar^on quitte, je quitte oussi* !» (GT 017701). > netteyer 2. Emplois originaux, correspondant ä la construction directe du fransais. III. V. aux. ä valeur factitive (suivi d'un inf.). • Laisser.
9 «Quitte-nous dormir !» 10 «Je le quitte faire, pis je le veille*, lä». 11 «I vouliont pas quitter savoir au monde* que [...]» > excös (d'-), gomme4, ligfere 2, pirir, poison 1, rencontre 1, ru, travailler 2, vargne 3. 0 Sp6cialement: • Quitter aller Laisser partir. 12 «J'ai quitti ma taure* aller pour six piasses* !» (GT 07). > excfes (d'-). • Se quitter aller Se laisser aller. 13 «Quitte-toi pas aller comme 9a !» (AC 018305). IV. Empl. pron. 14 [Ä propos des hirondelles], «Pis des fois i se quittont tomber, le ventre en l'air pis le dos en bas, pis... tu sais bien avec les ailes, pis lä* i se trapont* encore*». (GT 109208). Cet emploi ä valeur factitive est attest6 en Normandie (Brasseur, ALN enq. inedites) et en Saintonge (Rözeau 1984 : 236b). II est passö au Canada (ALEC 529 ; Dionne ; GPFC ; Boudreau ; Dulong [1989]) en Louisiane ( D i t c h y ; D a i g l e ) et ä SPM (BrasseurChauveau), ainsi que dans les cr6oles fran9ais de Γ Ocean Indien et des Carai'bes (Chaudenson 1 9 7 4 : 7 2 9 ) .
QUO [ko], QUO-CE [kos], QUO-CE QUE [ko s k(o)], QUO-C'EST QUE [ko se k(a)], QUOI-CE [kwa s], QUOI-CE QUE [kwa s k(a)], QUOI QUE [kwa k], DE QUOI-CE QUE [d kwa s k(a)], DE QUOI QUE [d kwa k] loc pron •
1. 1 2 3 4
Dans l'interr. dir. Qu'est-ce que ? «Quo je peux faire pour toi ?» (LC 027401). «Quo-ce tu dis ?» «Quo-ce qu'y a aujourd'hui ?»(LC 029212). «J>* dis quoi-ce tu rödes assez töt ici du matin ?» (LC 029204). 5 «Le nom me sonne bien, un abattis*, mais, de quoi-ce que c'est ?» (AC 099201). Quo-ce : > croire 5, souris-chaude 2. Quo-ce que : > dieu 4. Quoi-ce : > cemetifere 3, goddamment 2. Quoi-ce que : > pouoir 1. Quoi que : > dieu 2, vieux 2.
Quoi
•
( O u Quo que). C e que. «I savont pas quo c'est, marcher !» (LC 189203). 7 «Ben, quo-ce qu'i faisont [faire*] asteure*, i chantont tous* [tu] des nouvelles [nuvcel] affaires*...» 8 «Je ne sais pas quo-c'est qu'i appeliont 9a». 9 « Τ ' α ί ton äge*, tu peux faire quoi-ce tu veux». (AC 018304). 10 «J'ai pas trape* quoi-ce vous voulez dire, lä ! Redisez-le encore !» (AC 048001). 11 «Je ne sais pas quoi-ce que les Framjais l'appellent». 12 «Ben j'avions quoi-ce qu'il appeliont des capestans*». 13 «Quoi-ce que le monde* vivait dessus* dans ce vieux temps-lä [...]» 14 «J'ai tout mis quoi-ce qu'y avait ä la boutique, quoi-ce qu'on peuvait [pouoir*] aoir mais... » ( M H 059201). 15 «Y en a quoi-ce que le doury* peut porter». (GT 139201). 16 «Je pourra pas dire quoi-ce qu'est le nom en anglais». (LC 189801). 17 «Je disais moi-meme bien*, I* wonder quoi que c'est». (GT 008002). Quo-ce que : > äge 1, arrifcre 5, arriver 1, chou-rave 1, embarquer 3, inquiiter (se -) 2, pauveur 1, remarque 2, sole, wagon 2. (Bathurst, NB, 1974, d'aprfes έ . R. : «I ont jamais pu finder out quo-ce qui faisait ?a»). Quoi-ce : > lavette 2. Quoi-ce que : > a f f i l e r 3 , battre 1, bavasseur 1, carculer 2, chopine 2, cigue 2, c'te 4, dieu 8, doury 2, dräche 3, enteurprendre, ffeve 2, gorlot 2, guirission 4, manquer 5, parvenir 1, 2, proche 2, tough 1, zirable. Quoi que : > apartenir 1, apprendre 3, boule 3, bücherie 3, coupe-vitre, enteur 2, fortune 2, meaner, parole 3, premier 5. Quo-que : > aoir 3, dieu 3, gouimon 3. •
2. 6
3.
N'importe
quoi-ce
(que) (+ i n d . j Q u o i
q u e c e soit q u e ( + subj.). 18 «N'importe quoi-ce que t'as, si tu «-«'*as plus que tu peux t'en servir [saRviR], bien*...» (LC 189801). > ä 2 7 , amancher, bord 10, boucaner 1, chousse 1, gäche 3, jurement 2, plaque 2, suitcase 2. 0
S p e c i a l e m e n t : N'importe
quoi-ce
que c 'est
Q u o i que c e soit. >
caret 1, plain I-1.
La f o r m e quo pour quoi e s t attestee dans divers parlers dialectaux, ainsi q u ' e n fran9ais populaire au 1Ψ sifccle ( F E W 2 , 1 4 6 7 a Q U I D ) . Quoi que est u n e l o c u t i o n populaire ( T L F 14,
383
1 8 3 b ) s i g n a g e aussi au C a n a d a a v e c sa Variante quoi ce que ( D i o n n e ; G P F C ; N a u d ) .
QUO-CE QUI [ko s ki], QUOIC E Q U I [ k w a S k i ] loc. pron. • Cequi. Quo-ce qui: > gouimon 3, rogue 6. Quoi-ce qui: > loquet 2.
QUOI [kwa] •
1. 1 2
De quoi pron. ind6f. Q u e l q u e c h o s e . «Si t'avais de quoi ä faire [...]» [A propos du marisier*]. «C'est pas de quoi qui pousse beaucoup* haut». 3 «C'est de quoi qui m ' a jamais arrivi». 4 «Mais c'est de quoi faut que t'apprends ! II apprenont 5a en France». (MH 069201). > abrier 3, achale 2, adonner 5, aiguille 2, ajouter 2, allongir, apetisser 1, apeurable, arbours 2, arreter 2, assayer 2, attention 1, avenir 1, bädrer 1, barachois 2, bete 10, beurteile, blig6 2, bogue, brasser 5, ... 0
Sp6cialement:
• Ou de quoi O u autre c h o s e . > a m a r r e 2, a p l a n g i r 3, c a b o c h e r 1, chique 1, cornailler, c ' t e 5, desputerie, faiblir 2, hardes 8, hissable 2, lever I, mush 4, orier 2, rognon 2, siau 4, teindre 4, toile 2. • >
Ou de quoi comme ςα O u q c h c o m m e 5a. capable de, musique ä bouche, souhait 2.
•
De quoi de meme
Quelque chose c o m m e
9a, q c h d e s e m b l a b l e . > baril 2, bete 9, bidon 1, brailloux 1, buggy 3, candy, cigale 2, conter 1, couturiaise 1, doballe 1, draguer 1, encrot 2, iventer 1, fouet, fripon, grolle 1, harnois 2, heurler, jongier 1, jouc 2, ... • Et de quoi de meme Et autre, et cetera. > abattis 1, auteurment 3, barrer 7, bätisse 2, baton 1, c r a q u e 2, e m p i 2, f o n d (ä-) 2, g ä c h e 3, gouimon 2, 3, gournabler 2, gröement 1, harbage 2, pas 4, pecheur 1, salerie, sus 10, tarrible, teindre 3, terre 2, ... • Et de quoi comme ςα Et cetera. > bordee 4. •
Ou de quoi
de meme
Ou quelque chose
c o m m e 9a. 5 «Tu m ' a s m a n q u i de tourner le sang ! Je croyais, i dit, que ce* tait un loup-cervier [lusaRvje] ou de quoi de meme». (AC 018001). > anisette 2, barachois 3, boubou 1, boyard 1, brai 1, brayon 3, chien 6, damager 1, debarquement, fermage, fouler 1, galfiter 2, g a r d e r l l - l , gournable 2,
384 Quoi grichi 1, jackatar 2, justement 4, lor II, maganer 1, marisier3, ...
• 2. (Pour) quoi faire (que) ?[puRkwafeR k(a)] Pourquoi ? - Dans Γ interrogation directe. 6 7
«Quoi faire te* l'as pas demandi ?» «So [angl. ] le roi y* dit: quoi faire que tu me donnes pas le* pot* [potj-lä ?»(AC 158001). > angoiser, chaton 3, poule 3.
-
Dans Γ interrogation indirecte. 8
«Je sais pas quoi faire qu'il auront pas έΐέ bons [...]» > bouillir 2, tough 5.
- V. aussi QUO. L'emploi de de quoi pour , repandu dans les parlers dialectaux de Normandie (FEW 2,1467b QUID), est egalement bien atteste au Canada (ALEC 1255x, 1791a,
1916x, etc.; GPFC ; Boudreau ; Naud; Snow 1977 : 72 ; Wellington, IPE, 1974 ; Summerside, IPE, 1974 ; Monoton, NB, 1978, d'apres E. R.) et ä SPM (Brasseur-Chauveau). Pourquoi faire (que) ? a 6te enregistre au Canada (GPFC, s. faire ; Boudreau) et ä SPM (Brasseur-Chauveau). En France, cette locution n'a ete relevee qu'en Bretagne romane (FEW 9, 401a PRO). Quoi faire (que) ?, signalö dans le Berry et en Saintonge (FEW 2, 1467b QUID), est mieux atteste dans les parlers du Canada (Dunn ; Dionne ; Clapin ; Poirier ; Naud); cette locution a aussi ete not6e en Louisiane (Daigle, s. v. pourquoi).
QUOQUORTON V. QUATAR-TEMPS.
R
RABLURE [RdblyR] s. f. • Partie en creux d'une planche qui refoit la langue*. > embouveter 1.
Cet emploi original est une extension de la langue de la marine oü räblure est atteste depuis la seconde moitid du 17esi£cle pour une bätir 1.
• 2. Racine blanche Plante medicinale non identifiee. 4
«Si t'avais pas de sang ben t'arais fait arranger έηε bouteille de racine avec la racine blanche, pis des raisins, pis 9a te donnait du sang en masse*». (AC 099204).
Racine jaune est atteste dans divers parlers du Qudbec et de Γ Acadie, pour cette plante ordinairement nommee savoyane (ALEC 1043). En France, cette denomination est principalement signalee dans l'Est et en franco-proven?al pour la carotte (FEW 10,18b RADICINA). Racine blanche est un composd original.
RACINAGE [Rasinag], [RasinaJ] s. m. • Racine. «Y a des racines qui courent sus la terre en dessous... en dessous* la pelouse*, ben c'est des racinages ?a». (GT 109203).
Derive de ratine, qui a un correspondent en France dans le Gard : racinaje repousse 1.
Forme locale, par apherese d'enracine, plutot que survivance d'un emploi atteste en fran9ais du 13 e au 16 e siecle (FEW 10, 19b RADICINA).
RACOIN [Rakwe] s. m. •
Recoin. «Des racoins c'est des petits morceaux*, des pe-
tits morceaux de... de terre vous savez qui... qui restent, ayu*-ce que c'est etroit* [etRwat] et pis c'est des coins, des racoins, 9a. C'est pas si grand que le grand morceau». (GT 109203).
Cette forme, populaire au ΧΨ siecle, est massivement attestee dans les parlers dialectaux d'oi'l (FEW 2, 1537a-b) ainsi qu'au Canada (Dunn ; Clapin ; Dionne ; GPFC ; Poirier ; Thibodeau ; Boudreau) et en Creole hai'tien (Valdman 462 : rakwen).
386
RACOQUILLER
RACOQUILLER [Rakotfije, RACROQUILLER ? [RakRokije] v. tr. •
1. Ratatiner, rider. 1 2
«La figure tout racoquillee». «Pis la malice* a commence ä venir derriere ses oreilles, Lä ! Pis 9a commen^ait ä le racoquiller ! Hou ! La malice lä !» (AC 018103).
(> Empl. intr. 3
«Quand ce* tail le temps mou, lä, dans le temps mou, de la pluie, ben les souliers* de peau f a rallongeait, pis 5a venait* comme des raquettes ! Et pis quand* que 5a gelait, ben lä 9a racoquillait, 9a venait tout* [tut]... dur». (AC 018303).
• 2. Se racoquiller Se ravigoter ? (LC 029219). Cette Variante de recoquiller, lui meme vieilli en fran9ais (TLF 14,538b), est repandue dans divers pariere dialectaux d'o'il, dont ceux de l'Ouest (FEW 2,1004a CONCHYLIUM), de meme qu'au Canada (ALEC 2119 , 2125 ; Dunn ; Dionne ; GPFC ; Poirier ; Thibodeau ; Naud), ä S P M (BrasseurChauveau), en Louisiane (Ditchy) et dans les Creoles fran9ais (Chaudenson 844 : [rakokiye] ; Valdman 9 : akokiye, rakokiye v. tr. ).
RAFRAICHIR (QN)
[RafReJm]
v. tr.
• Lui rappeler qch, le lui remettre en memoire. «Senon* que tu m'arais pas rafraichi, i dit, j'avais oublii 9a». (AC 018001).
Cet emploi, atteste en moyen fran9ais : rafreschir qn de qch , n'est pas signale au Canada ni dans les parlers dialectaux de France (FEW 15/2, 176b FRISK). II s'agit peut-etre ici d'une ellipse de la locution du fran9ais moderne raffraichir la memoire ä qn.
RAGE BLANCHE [Ra3 bid J] s. f. • Rage de dents ? Ce composi, qui n'est pas signale ailleurs avec cet emploi, est apparu en fran9ais ä la fin du 17 e siecle pour designer la (FEW 10,9a RABIES).
RAGUENASER [Ragnaze] v. intr. • Radoter, repeter sans cesse la meme chose. (AC 099206). Cette forme typiquement acadienne (ALEC 2244 ; Massignon 1786 ; Poirier ; Thibodeau ; Boudreau) reprisente une Variante de raguenasser, dont quelques rares exemples se τέΐέrant ä l'activite humaine et non ä la parole ont έΐέ recueillis en France dans les departements de l'Indre et de la Charente-Maritime (FEW 10, 2 9 b - 3 0 a RAG-). Notons que c ' e s t raguenasser , qui a et6 releve ä SPM (Brasseur-Chauveau).
«II aimait le fun* ! I parlait raide, lui. I savait toutes sortes de tricks [angl. ] !» (AC 0128202).
Cette valeur adverbiale de raide, qui n'est pas enregistr6e en fran9ais (TLF 14,277b), est bien attestee dans les parlers dialectaux, notamment de l'Ouest (FEW 10, 403a RIGIDUS) ainsi qu'au Canada (ALEC 1756A, 2281 ; Dionne ; GPFC ; Belisle) comme en Creole hai'tien (Valdman 479 : red) avec les memes emplois qu'en FTN.
RAIE DE MER
[Re d maeR], [Re
d m e R ] s. f. • Poisson, raie. 1
>
«Je te disais que ce* tait des aufs* de raies de mer regarde ! En v'lä lä !» 2 «Les raies de mer aussi oui ! C'est tout* [tut] bon ä manger». (GT 139201). chat 3, malice 1.
RAMASSER
Ce compose n'aete enregistre ailleurs que dans le nord-est du Nouveau-Brunswick (ALVM A 196 ; 0 FEW 10, 34b RAJA).
RALLIER [Ralje] v. tr. • Rassembler pour rentrer ä l'abri (des animaux). «Tu rallies les moutons pis, mettons qu'y a de quoi* comme un pare* devant votre grange*. Vous le* ralliez, vous le mettez lä-dedans, pour les* donnr rä manger dehors* [dshoR]». (GT 109203).
En fran9ais ce verbe ne s'emploie pas au sens de pour les animaux, sauf dans la langue de la vdnerie oü il se dit pour des chiens (TLF 14,31 lb ; Rob 8,10 b). L'emploi terreneuvien, egalement attestö ä SPM (BrasseurChauveau), derive de celui que le mot a dans la langue de la marine : rallier ses vaisseaux (FEW 5, 326b LIGARE).
RALLU [Raly] adj. • Rabougri, de mauvaise venue (en parlant du bois). 1 2
«Le bois est rallu vois-tu». «Sus le bord* des plaines* vous allez trouver 9a, du petit prusse* qui pousse comme* trois quatre pieds de haut lä, e'est tout* [tut] cröche* lä, e'est du bois rallu 9a». (GT 109203). > croche 3, montagne 2.
Ce deriv6 de ralle signifie dans quelques parlers du Canada (ALEC 1293x, 1642x ; Thibodeau ; Dulong 1989) et ä SPM (BrasseurChauveau). Dans les parlers dialectaux de France, cet adjectif est atteste avec des emplois proches dans toute la moyenne vallöe de la Loire, jusque dans l'Yonne (FEW 10, 83a *RASCLARE).
RAMASSER [Ramase], [ R a m ä s e ] (prononciation attestee dans quelques parlers acadiens (Wellington, IPE, 1974 et Moncton, NB, 1978, d'aprös E. R.). I. V. tr. • 1. Recueillir. 1 2
«Y a du monde* qui ramasse l'eau de* sus leur maison». «Pis il aviont un baril* en has* pour ramasser l'eau, vois-tu».
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3
«Ici auparavant, bien*... le monde* peuvait [pouoir*] boire 5a, pace que c'itait... Si ieux* pouaient [pouoir*] le ramasser dans έπε bouteille ou de quoi* de meme, ce* tait bon... pour le sang, pour la sant6 quoi». (GT 109209). > coupure, dalle 1, foissifere 1, tichecoune3.
Emploi repandu au Quebec (ALEC 22x) et en Normandie (ALN, enquetes inedites). • 2. Amasser. 4
«Je sons [etre*] obliges de le faucher pace que 9a ramasse trop de neige autour des bätisses*». 5 «Toutes les maisons y a pas mal* du pignon qu'i appelont 9a, pace que 9a ramasse pas tant de neige. C'est pour 9a les maisons sont pas mal pointues». (LC 149805). > fdner.
Emploi άέπνέ du prdcedent, egalement atteste en Normandie (ALN, enq. inddites). • 3. Prendre (qch) ä terre pour s'en nourrir (en parlant des oiseaux). 6
«C'estpareil comme* les marles* qui ramassent les latches*». > comme 19.
Extension d'un emploi du franijais dans lequel «le compliment designe un fruit, un ligume, un animal ou une chose qui y pousse, y vit ou s'y trouve naturellement» (TLF 14, 319a). • 4. Rentrer, mettre ä l'abri. 7 8
«Ramasser le bateau, pour l'hiver». «£a fait pareil comme* un avion ramasse ses roues». 9 [Dans un conte]. «S'i ramassait pas ses cinq cents lifevres a* tous les soirs [...]». > dehors 1, machecoui 1, noutre 1, son de scie 3.
L'emploi caret 2, drapeau 1, huile 1.
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RAMASSER
Cet emploi [] a aussi ete note ä SPM (Brasseur-Chauveau), aux Iles-de-la-Madeleine (Naud) et en crdole rdunionnais (Chaudenson 846 : [ramase] ). • 7. Eniegistrer. 13 «Y avait έηβ autre famille sans 5a, i restiont au Bout di* Cap lä, ben ieusses* c'est la meme chose : i tiont fran^ais tous les deux, mais la femme avait ramasse de Γ anglais assez pis lui aussi, ü*-ce qu'ü avait t£ dans* la premiere guerre et ςα*, pis i aviont ramasse un petit peu d'anglais eh bien... Alle a parlait anglais ac* ses enfants. Mais lä i veniont ieusses i pouviont parier, ac les professeurs. Nous autres* on pouait [pouoir*] pas dire un mot. On le comprenait pas ! On comprenait pas un mot qu'i nous disiont!»(LC 189804). > acouter 1.
0 Specialement en parlant d'enregistrements audio-visuels.
19 «Auparavant ici i pouviont ramasser enejob * n'importe quand, a* tiendre* ecole, mais steure*...» (LC 189206).
Emploi particulier. U.V. intr. • S'amasser. 20 «[...] pour pas que le dust [angl. ] arait ramassl dessus».
Emploi particulier. III. V. pron. Se ramasser. • 1. Se rassembler. 21 «I se ramassiont dans une maison, si a tait grande assez* pour danser; y avait toujours de la musique en masse* !» (AC 058004). 22 «I se ramassiont dans des maisons, et pis i contiont* des histoires, qui*-ce gu'arait conte la plus belle menterie !» (MH 058101). 23 «Les hommes alliont ä la cöte pecher 9a pis i se ramassiont lä des bandes ä la maison pis i leu* lisait le feilleton*». (LC 189206). > couvrir5, home-brew 1, nie 1, nouel 1.
• 2. S'agglom6rer.
14 «Tous ceux-lä de maintenant c'est pris sus c'tes* chansons-lä, c'est... Γβπιβββέ de lädessus». 15 «Une personne [paRson] qu'arait iu les... les TV cameras [angl. ], une personne [paRS3n] n-n'*arait iufeneä ce temps*-lä pis, ramasser tout* [tut] 9a...» 16 «I aviont joliment* un mölange de fran5ais pis anglais. Je ne sais pas yu*-ce qu'ü aviont... s'il aviont r a m a ^ 9a aprfes qu'il avont ti ici ou...» (MH 019204). > tape 2.
> bouffie 3, ceil 2.
Extension de l'emploi precddent, specifique duFTN. • 8. Emmener (qn) avec soi en le faisant monter dans un vehicule.
V. AMIAULER.
17 «Je m'en rappeile quand je tais jeune gars*, j'avais bnefille* en bas* aux Trois-Cailloux. Je quittais* d'ici pour aller aux TroisCailloux, je la ramassais, je la menais en haut* lä-bas ä Lourdes ä la danse, et aprds la danse faulait [falloir*] que je re-*marchais encore* [...]» (ΜΗ 019202). 18 «I s'en venait ac* son mail* pis c't* hommeIa a voulu le ramasser. II a pas voulu, lui, il a pas voulu embarquer*». (MH 069203). > bus, reparer 2.
Extension d'un emploi, souvent pejoratif en franfais : (TLF 14, 320a). • 9. Ramasser ene job* Trouver un emploi.
L'emploi pronominal est bien attestd ä travers tout le Canada (ALEC 1216b bete 11, piteau 1.
Cette locution est une Variante locale de rapport que, consideree comme populaire et regionale en fran9ais (TLF 14, 376b), relevee dans le Hainaut beige (FEW 25, 48a APPORTARE) et bien attestee au Canada (Dunn ; Clapin ; Dionne ; GPFC).
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RAPPORTER •
[ R a p o R t e ] v. tr. Signaler, denoncer (qn) ä la police.
«II avont jamais
rapportes pour de quoi* de
meme, en egard* de tuer ou de quoi* de meme». Calque de l'anglais to report, de meme sens, atteste en Acadie (Snow 1977 : 50, d'apres έ . R.), indöpendant de l'emploi absolu familier du fran9ais (TLF 14, 379a-b).
RAQUEMODER [Rakmode] v. tr •
Raccommoder, repriser. «Pis lä* s'i vouliont un reel* de fil, pour raquemoder queuque* chose [...]» Prononciation en usage dans l'ensemble des parlers du Canada (ALEC 321 ; Massignon 1256 ; Clapin, Dionne, GPFC etThibodeau s. v. racmoder; Poirier ; Boudreau, s. v. raccommoder), en Louisiane (Ditchy : rac 'moder) et ä SPM (Brasseur-Chauveau), comme dans bon nombre de parlers dialectaux de France, notamment de l'Ouest (FEW 24/1, 83a ACCOMMODARE).
RARE (BIEN -), RARE (BIEN QUE) [bje RaR (ka)] loc. adv. qui se place en tete de phrase • Rarement. 1
«Bien rare tu vas trouver un morceau* de
bouleau asteure*». 2
[A propos des flounders*]. «Bien rare tu vas n-n'*aoir ieune* beaucoup pus gros que trois pieds». > bätisse 1.
Ces locutions, qui sont des variantes de c'est rare que, vieux et populaire en fran9ais (TLF 14, 388b), ne sont pas signalees en France ni au Canada ( 0 FEW 10, 75a sq. RARUS).
RARENG [RaRä], HARENG [haRÖ] s. m. • Hareng. V. aussi MANGEUR DE HARENGS. «Tout* [tut] poissons : y a le rareng, et la... la morue, et le haddeck* ; 9'a des icailles aussi».
Dans les parlers du Canada, le [h] de hareng est articule, parfois meme fortement, mais aucune forme avec [R] n'est enregistree (ALEC 1414 ; ALVMA 199). Dans les parlers dialec-
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RARENG
taux de France, les prononciations avec [h] initial ne sont pas rares (FEW 16, 162b-163b HARING), mais revolution en [R] n'est attestöe qu'en Normandie (ALCAM, enq. inedites, q. 117 ; ALN 604). En FTN, le renforcement de Γ articulation peut aboutir dgalement ä [R] (ex. ranche ), mais il s'agit probablement d'une dvolution indöpendante de celle des parlers normands.
RAS (AU
Ä -) [o R a ] , [a
rq]
I. Loc. adv. • Au ras, plus rarement Α ras Tout pres. > magasin 1, marionnettes 2, reprendre, right 4.
II. Loc. pr6p. • Au ras (de) Präs de. 1 2
«Tu vas venir au ras le chäteau». «C't* un autre gars* qui tait lä, au ras de moi». 3 «Le squelette vient ici, au ras moi, i marche avec moi!» (AC 01). 4 «Pis lä i rentront ä la maison lä, et pis lä i s'assisont [s'assiV*] ici au ras le poele». (LC 189803). Au ras: > assir (s'-) 3, boite 6, bouillde 3, croche 7, curieux, de 31, lambris, quand meme 5, saoir 5. Au ras de : > amour 2, bior 2, rasoir 1.
Ces locutions sont signages dans les parlers dialectaux de l'ouest et du centre de la France (FEW 10,102a RASUS) avec un emploi plus large qu'en franfais. Ä ras est bien attesti au Canada, specialement en usage prepositionnel (ALEC 70a, 679, e t c . ; Dunn ; Clapin ; Dionne ; GPFC ; Belisle; Naud), parfois sous la forme au ras (GPFC ; Poirier; Naud ; B61isle ; Maillet 1978 : 124 ; 1979 : 77, d'aprös E. R.). V. aussi en Louisiane : au ras (de) (Daigle) et ä SPM ras, ä ras, au ras loc. prep. (Brasseur-Chauveau).
RASOIR •
[ r q z w e r ] S. m. Coquillage bivalve, couteau. 1
2
«Et savez-vous comment attraper les rasoirs ? Avant que la mer commence ä monter i sortont au ras* de l'eau, tu le croches* apres l'autre bout* [but] pis i faut que tu hales* vite pace que... si tu prends ton temps tu vas les casser». «Y a toutes sortes qui poussent* lä : les clams [angl. ] pis les rasoirs». (AC 0128202).
3 4
«Y a des rasoirs, t'attrapes 9a dans le sable, en dedans* lä». (ΜΗ 069202). «Des piteaux* pis [...] des rasoirs, que j'appelons*. I n-n'*aviont en masse* ä Piccadilly [pikdili] !» (LC 029215).
En France, rasoir a ete note dans le Nord au debut du siecle pour le solen, coquillage de la famille des couteaux (FEW 10, 93b RASORIUM), mais cette denomination est absente des relevds effectuds dans les annees 1980 (ALCAM, enq. inedites, q. 204). Au Canada, le mot designe igalement le couteau chez les pecheurs du nord-est du Nouveau-Brunswick (ALVMA 286) et ä la Baie Ste-Marie, sous la forme rasoue (Thibodeau). II s'agit probablement ici d'un caique de l'anglais razor-fish ou razor-shell, de meme sens.
RAVEILLON V. REVEILLON. R E - prefixe
> dempis 5, muleron 3, pare 2, ramasser 17, sacrer.
REBACKER •
[ R b e k e ] v. intr.
Reculer. 1 2
«I rebacke en arrifere comme 9a ! II avait peur !» «I fait 9a, comme il arait parld hein ! I rebacke encore*».
Derivd de backer (v. ce mot), par croisement avec reculer.
REBEURCER [RbceRse] ν tr. •
Bercer. «Α rebeur^ait son baby*, pis a chantait c'te* chanson-lä». (GT 017703).
Forme specifique, oü le pr6fixe re- marque la continuite du proces. Beurcer est attest6 dans divers parlers dialectaux de France (FEW 1, 336b *BERTIARE).
REBUTE [Rbyte], [aRbyte] adj. •
1. Rebute Fatigue, las. 1
•
«Rebute ! Oh oui ! Mais e'est pas ien* que pour le manger ! C'est rebute de travailler. Comme... t'es fatique*, t'es rendu, t'as pus de...» (AC 099206).
2. Gave de nourriture, rassasie.
REJEUNIR
2
«Ben y a du monde* qui mangeont assez pis qu'i venont* rebutis !» (AC 099206).
Emploi original ( 0 FEW 15/2, 37b BUTR).
[RECEIGNER] ν tr. •
Encercler. «II avont pas receigi^ [ORsejie] le bois».
Refection originale, dont nous n'avons cependant qu'un exemple, ä partir de formes conjuguees de receindre, sans rapport avec l'ancien proven9al recenher ( 0 FEW 2, 680a CINGERE). Les restructurations de ce type ne sont pas rares en FTN.
REFILER [Rfile] v. tr. •
D6biter en planches. Syn.: RESCIER.
«Pis une fois que ce* tait tout* [tut] refill, je le rabotions c o m m e f a u l a i t [falloir*] que 5a seye [eire*]». (LC 027401). > santier 1.
Cette forme n'est signalee qu'en Normandie (FEW 3, 536a FILUM) et ä SPM (BrasseurChauveau).
REFION •
[ R f j ö ] s. m. Ornement (en musique) ? 1
V. RENCHAUSSER.
2
RECORD
[ R e k o e d ] s. f. • Disque (de musique). Emprunt direct ä Γ anglais.
•
[RkoRde]
ν tr
Enregistrer. 1
«£a c'est pas de quoi* ä recorder !»
2
«II a joliment* de ses jigs* de recordees».
La prononciation de ce mot n'est pas conforme ä la base record empruntee ä l'anglais (v. cidessus). S'agit-il ici d'une extension d'emploi du verbe vieux en fran9ais recorder (TLF 14, 539b) ?
REEL [Ri:l] s. m. •
«Vous jouez* un vielon*, et pis vous tapez votre bois par deux fois, vous faisez [faire*]
des refions. C'est des refions, ςa* la. Le son
RECHAUSSER
RECORDER
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est different [difaRÖ]». (GT 109203). «Le refion, bien* c'est le dilire [?], yu*-ce que la jig* change, lä, qu'a quitte* d' un bord* pis qu'a va sus l'autre bord. C'est le refion de la jig, ?a». (LC 029219).
Derive original d e f i o n , attest^ en franfais depuis la fin du 18e sifecle, avec une valeur familiäre, pour le