Cartulaire du chapitre cathédral de Langres 2503516262, 9782503516264

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Cartulaire du chapitre cathédral de Langres

ARTEM (Atelier de Recherches sur les Textes Médiévaux)

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Cartulaire du chapitre cathédral de Langres présenté et édité par HUBERT FLAMMARION

Edition augmentée

BREPOLS

légende du dessin de la page titre : Sceau du chapitre de Langres (fin du XIIIe siècle), dessin dans Emile JOLIBOIS, La Haute-Marne ancienne et moderne, Chaumont, 1858, p. 302.

© 2004

BREPOLS

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PUBLISHERS , Turnhout (Belgium)

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D/2004/0095/122 ISBN 2-503-51626-2 Printed in the E.U. on acid-free paper

Avertissement pour la deuxième édition

L'édition de 1995, réalisée et commercialisée par l'ARTEM de Nancy, comportait un certain nombre de coquilles qui ont été signalées par des lecteurs attentifs et qui ont été corrigées. L'index verborum, en particulier, n'apportait pas les services qu'on aurait pu attendre de lui. En outre, j'avais fait le choix d'exclure de la publication les chartes contenues dans le fonds d'archives du chapitre et qui n'ont pas été transcrites dans le cartulaire. Pour cette édition, elles sont ajoutées en annexe du cartulaire, en numérotation continue, et introduites dans les index. On aura donc ainsi une vue complète des archives du chapitre de Langres avant 1232.

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Introduction

Introduction

Le diocèse de Langres est l'un des grands ensembles ecclésiastiques et politiques de l'Est de la France au XIIIe siècle : l'évêque y exerce la puissance comtale, puis devient duc et pair de France, et à ce titre grand dignitaire du royaume. A Langres même, autour de lui, parmi d'autres clercs et laïcs, gravitent quarante-huit chanoines formant le chapitre cathédral ; c'est une personne morale de première importance, qui possède en particulier le droit d'élire l'évêque, et auquel l'évêque Manassès de Bar-sur-Seine donne en 1180 le tiers des revenus du comté. Dès avant 115 7, le chapitre possède une partie de la ville de Langres, et voit son patrimoine grossir par dons et achats. Peu à peu, s'impose la nécessité d'administrer correctement ce temporel. C'est ainsi que naît ce que nous appelons le Grand Cartulaire du chapitre, et que les chanoines du XIVe siècle appelaient leur "Livre Blanc". Dans sa forme actuelle, c'est un grand registre de trois centimètres d'épaisseur, long de trente-cinq et large de vingt-cinq, relié en veau vert pour le dos et en carton vert pour les plats. Il fait partie du fonds d'archives du chapitre de Langres, et à ce titre, il est conservé aux Archives départementales de la Haute-Marne sous la cote 2 G 921. Il contient 352 copies d'actes s'échelonnant de 889 à 1495. L'étude approfondie en révèle quelques points fondamentaux : Entre 1229 et 1232, et plus probablement durant l'hiver 1231-1232, cinq scribes s'attellent à la lourde tâche de transcrire collectivement et presque parallèlement, après les avoir classées, environ 300 chartes dont les plus anciennes remontent à la fin du XIe siècle. Ils ont pour cela confectionné un ensemble de neuf cahiers de parchemin de dix folios chacun, qu'ils se sont efforcé d'utiliser au mieux, parfois incomplètement.

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Introduction

Il est bien sûr impossible de donner des noms aux auteurs de la transcription. Cependant, on peut supposer que l'ordre du classement et de la rédaction fut donné par le responsable du chapitre, en l'occurrence Gui d'Epoisse, doyen de 1229 à 1239. En même temps, le chapitre se dote d'un martyrologe propre, précédé de la règle des chanoines, et comportant dans les marges des mentions nécrologiques. Les deux volumes manuscrits présentent donc un ensemble idéologique cohérent, représentant l'ordre canonial, la communauté des morts et des vivants, la gestion des biens matériels. Ce travail fut complété par la suite jusqu'au XVIIe siècle, soit en transcrivant d'autres actes dans les endroits laissés libres par les cinq premiers scribes, soit en ajoutant d'autres cahiers de plus ou moins grande importance. Considéré comme terminé à la fin du XIIIe siècle, il fut doté de tables (des actes et des lieux) au début du siècle suivant. Il aura donc été évolutif durant un siècle, et sa forme actuelle est pratiquement celle du début du XlVe siècle (sauf points de détail comme un cahier déplacé, quelques actes transcrits postérieurement, et quelques mentions marginales). Sur les 352 chartes que contient le cartulaire, 295 ont été transcrites en 12311232 ; elles couvrent essentiellement le dernier quart du xne et le premier tiers du XIIIe siècles, comme le montrent les proportions établies à partir du nombre des actes : 6,6% de 1088 à 1167 ; 26,7% de 1168 à 1199 ; 66,7% de 1200 à 1232. D'après le fonds actuel, les archives du chapitre de Langres en 1232 se composaient d'au moins 323 chartes : - 145 chartes conservées actuellement en originaux et transcrites dans le cartulaire de 1232. - 150 chartes connues seulement par les copies du cartulaire. - 3 statuts capitulaires (perdus) transcrits dans le cartulaire après 1234. - 24 chartes conservées actuellement en originaux et qui auraient dû figurer normalement dans le cartulaire ; elles concernent en effet directement le chapitre au même titre que les autres chartes du cartulaire, et ont probablement été oubliées. Elles sont éditées ici, à la suite du cartulaire, en annexe I. -une charte de l'évêque de Langres Geoffroi de La Roche pour Notre-Dame de Châtillon-sur-Seine, dont la présence dans les archives du chapitre peut se justifier par la donation de certains droits par l'abbaye aux chanoines de Langres, éditée ici en annexe IL Il ne faut pas tenir compte des titres fondamentaux du chapitre antérieurs à 1100 : en 1232 comme maintenant, ils étaient conservés dans le fonds d'archives de l'évêché. Cet élément pourrait donner une indication sur la période de séparation des menses épiscopale et capitulaire. Il reste enfin dans le fonds d'archives actuel du chapitre de Langres 30 autres chartes originales. Elles n'ont pas été transcrites dans le cartulaire parce qu'elles ne figuraient pas dans le chartrier du chapitre en 1232 :

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Introduction

- six chartes transcrites dans le cartulaire après 1234, issues des fonds de Clairvaux, de Saints-Geosmes, et de l'hôpital de Grosse-Sauve, et dans lesquelles le chapitre est partiellement concerné. - dix chartes originales extérieures au chapitre en 1232 et qui se sont agglomérées au chartrier à des époques difficiles à déterminer (habitants de Langres, évêché, abbaye de Beaulieu, hôpital de Morment), éditées ici en annexe III. -la lettre du cardinal-légat Pierre de Capoue (1205) authentifiant la relique du chef de saint Mammès saisie à Constantinople lors du sac de la ville et rapportée à Langres en 1209, non reprise ici parce que d'un objet sans rapport avec le cartulaire. - une charte égarée, la seule connue d'ailleurs, classée dans la liasse "provisoire" 2 G 1169, concernant la maladrerie de Notre-Dame du Chêne (Dampierre, Haute-Marne), non reprise ici parce que ne concernant pas du tout le chapitre. - 12 chartes du prieuré langrois de Sainr-Amâtre, dépendant de Saint-Bénigne de Dijon, passé à l'époque moderne dans les biens des Carmes, puis classé en église paroissiale, non reprises ici parce que ne concernant pas le chapitre, au moins pour l'époque du cartulaire. La proportion des auteurs des actes à l'intérieur du cartulaire se révèle strictement classique, et à cet égard la comparaison (en pourcentage des actes) entre le chartrier du chapitre de Langres et celui de Molesme (analysé par Jacques Laurent) est fructueuse : - les souverains pontifes, les évêques et les responsables de communautés religieuses représentent respectivement 4,3%, 30,9% et 33,7% du total pour le chapitre, et 5,5%, 30% et 32,2% pour Molesme. - Les rois, ducs et comtes, les seigneurs laïcs et divers clercs et laïcs représentent 13,2%, 14,7% et 3,2% pour le chapitre, et 13,3%, 17% et 2% pour Molesme. En revanche, le classement des actes est peut-être moins traditionnel. Les actes se suivent dans le cartulaire, sans aucune rubrique, selon l'importance des auteurs : les souverains pontifes d'abord, puis les évêques (Langres, Troyes, Lyon, Reims), les rois, les ducs de Bourgogne, les comtes de Champagne, les seigneurs laïcs, et enfin, de manière plus enchevêtrée, les dignitaires du chapitre de Langres, les abbés, et encore les seigneurs laïcs. Et ce rapide énoncé n'est qu'un bref aperçu de l'ensemble, dans le fouillis duquel il a bien fallu établir une typologie. Le cartulaire du chapitre n'utilise donc aucun des trois modes de classement généralement adoptés au XIIIe siècle, en fonction des domaines (Auberive, Clairvaux), selon la nature des actes (Premier Livre des fiefs de l'Evêché de Langres) ou par régions et localités (deuxième cartulaire de Molesme, Deuxième Livre des fiefs de l'Evêché de Langres). Le classement en fonction des auteurs des actes, adopté par les chanoines de Langres, suppose que l'importance des actes dépend non pas tant des biens qu'ils représentent que des autorités qui les scellent. On dirait que l'objet de la charte est d'autant plus important que l'auteur est plus élevé dans la hiérarchie sociale : primauté du magistère de l'Eglise sur le pouvoir des rois, ducs ou comtes, précédant une population de clercs (titrés ou non) et de seigneurs, monde hiérarchisé où le pouvoir spirituel l'emporte sur le pouvoir temporel, reflet de l'idéologie pontificale dont Innocent III s'est fait le champion au début du XIIIe siècle.

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Introduction

Au cours des âges, on utilise le cartulaire : les copies d'actes supplémentaires et les mentions marginales sont là pour en témoigner. Mais on le recopie aussi, en particulier à la fin du XVII" et au début du XVIIIe siècle, dans le cadre du développement du goût pour les "pièces curieuses pouvant servir à l'histoire", dont le président Bouhier fut à Dijon un illustre représentant, Ainsi se dessine le tableau de la tradition du cartulaire lui-même : l'original du XIIIe siècle a été copié en 1701 (Paris, BnF, ms lat, 13872), et à partir de cette copie au XIXe siècle (Langres, BibL S.H.A.L, ms M71) ; en 1721 (Paris, BnF, ms lat, 17100), et à partir de cette copie au XVIIIe siècle (Paris, BnF, ColL de Bourgogne, t, VIII) ; au XVIW siècle en de larges extraits par le chanoine Mathieu (Langres, BibL Diocésaine, ms Mathieu) ; et en extraits (Paris, BnF, ms fr. 4901), Publier un cartulaire peut apparaître comme une entreprise un peu vaine, un travail de bénédictin suranné. Ce travail a fait l'objet d'une thèse de troisième cycle réalisée sous la direction de monsieur Jean Schneider, membre de l'Institut, et soutenue à Nancy en octobre 1980. L'étude qui a été dégagée de ce travail a été publiée dans Archiv für Diplomatik en 1982 sous le titre "Une équipe de scribe au travail au XIIIe siècle : le grand cartulaire du chapitre cathédral de Langres". Mais pour arriver à une véritable publication, il aura fallu les encouragements, les critiques et les corrections de monsieur Michel Parisse. Sans son aide matérielle, ce travail n'aurait pas non plus pu voir le jour : il a mis à ma disposition les clavistes de l'ARTEM pour la reprise sur ordinateur au cours des années 80, alors que l'ouvrage n'était disponible qu'en exemplaire dactylographié. C'est donc essentiellement à lui et au personnel de l'ARTEM que vont mes plus vifs remerciements. Un tel travail, éminemment personnel et solitaire, ne peut cependant jamais se passer du concours d'une telle équipe. La deuxième édition doit beaucoup à Marie-José Gasse-Grandjean, qui a relu l'ensemble des actes et veillé, avec précision et exigence, à la qualité de l'ouvrage. Elle aussi a droit à tous mes remerciements.

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Principes d'édition

Principes d'édition

Au départ du travail à effectuer, devait absolument figurer une définition stricte du cadre dans lequel il s'inscrirait : bien que portant sur le fonds d'archives du chapitre de Langres, le résultat ne serait pas le même si l'on envisageait l'édition des chartes du chapitre dans des limites chronologiques arbitraires ou l'édition du cartulaire, c'est-à-dire la présentation des chartes du chapitre figurant dans le manuscrit. Celui-ci était un document à considérer comme tel, à respecter le plus possible, mais à définir absolument. L'édition respecte donc l'ordre des chartes du cartulaire ; cependant, chaque fois que cela est possible, c'est le texte de la charte originale qui est présenté, ou éventuellement une version corrigée. En outre, on a procédé à une recherche systématique des copies, éditions, analyses, mentions, indications, des mêmes actes. La DATE est indiquée de plusieurs manières : ou bien telle qu'elle figure dans l'original ou la copie ; ou bien rétablie en nouveau style (n.st.) quand l'acte a été donné entre le 1er janvier et le printemps (Annonciation ou Pâques, cf. actes n° 21 et 60); ou bien rétablie entre parenthèses quand l'acte n'est pas (ou n'est plus) daté: (1180) l'année est certaine. (1179-1192) le laps de temps à l'intérieur duquel l'acte a été donné est certain. ( ... 1179-1192 ... ) la fourchette chronologique pourrait bien être plus large. 1170( ... 1179-1192 ... )1194 : l'acte peut être placé de manière sûre entre 1170 et 1194, mais plus probablement entre 1179 et 1192. L'ANALYSE donne une synthèse courte de l'acte ; il n'est nul besoin d'en donner toutes les dispositions, puisqu'il figure en dessous.

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Principes d'édition

Le TABLEAU DE TRADITION donne les indications indispensables à la connaissance de la transmission des actes : A, l'original, avec ses dimensions (hauteur x largeur, en millimètres), l'indication du scellement et la cote d'archives, mais sans les mentions dorsales (qui sont d'ailleurs reprises dans les analyses du carrulaire). B, la copie du cartulaire, avec le folio et l'analyse médiévale de la charte. Sauf dans quelques cas, c'est toujours la première copie. C, D ... autres copies du même acte, dans l'ordre chronologique, avec mention du support de la copie, de l'auteur, de la date et de la cote d'archives. Afin de ne pas répéter 335 fois la même chose, j'ai été amené à éliminer les copies du cartulaire lui-même, et à reporter l'examen de sa tradition propre dans un paragraphe spécial. a, b, c... : éditions successives de l'acte, dans l'ordre chronologique. ANAL., IND. : analyse ou indication d'un acte dans un ouvrage manuscrit ou imprimé ; il va de soi que toutes les mentions n'ont pas pu être repérées. Après le tableau de la tradition, vient la justification de la DATE ou de la fourchette chronologique retenue quand l'acte n'est pas daté, ainsi que les indications concernant la précision ou l'imprécision d'une date.

Le TEXTE de l'acte est donné dans la forme où il figure sur l'original, avec indication des lignes, ou dans la copie, avec les modifications éventuelles quand la copie est fautive. Les abréviations ont été systématiquement développées, mais non soulignées. Il m'a semblé indispensable de considérer chaque acte en lui-même, et donc de l'éclairer par des NOTES comportant l'identification des noms de lieux et de personnes par ordre alphabétique des formes du texte. Pour ne pas alourdir ces notes, j'en ai éliminé toutes les références des ouvrages ou des cotes d'archives. Pour ce qui concerne le personnel capitulaire, les références figurent au répertoire biographique de ma thèse (prosopographie des chanoines de Langres aux XIIe et XIIIe siècles, accompagnée d'un tableau chronologique des dignitaires du chapitre, t. 1, p. 112139).

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1!lustrations

Figure 1 : Folio 17v0 . Premier folio du cartulaire primitif. Invocation au Seigneur ln nomine Domini. Amen. Initiale et titre rubriqués. Mentions marginales postérieures.

Cette illustration et les suivantes sont tirées du cartulaire (Arch . dép. Haute-Marne, 2 G 9 21 ).

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Figure 2 : Folio 47r 0 • Initiales ornées en rouge, bleu et vert. Titres rubrigués encre les actes.

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Figure 3 :Folio 45v 0 • Initiale absente, initiale simple. R ubrique dans la marge. Actes cancellés.

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Figure 4 :Folio 72v 0 • Initiales absentes. Rubriques entre les actes. Fin d 'un acte cancellé.

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I !lustrations

Figure 6 : Folio 38r0 • Dessin à la pointe fine, dans la marge du folio : tête de profil, cheveux bouclés, nez légèrement cassé. Portrait caricatural ou fruit des rêveries d 'un chanoine solitaire ?

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Archives départementales de la Haure-Marne, 2 G 757.- Cartulaire, fol. 35r0 -35v0 . Sceau épiscopal sur double queue avec contre-sceau de l'officialité.

Robert, évêque de Langres, assigne à son chapitre deux rentes pom· la célébration d'anniversa ires (1209 ).

Figure 7 : Acte 63.

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