Aux portes de Dijon... le Val Suzon [1 ed.]

1ère édition (1976), réédition mise à jour (1989) De Baulme-la-Roche à Saint Seine-L'abbaye, de Saussy à Ahuy, ce t

138 54 25MB

French Pages 128 Year 1989

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Table of contents :
Jacques Barré de Clairavaux
aux portes de Dijon...
LE VAL SUZON
PRÉAMBULE
1 A LA DÉCOUVERTE DU VAL SUZON
2 QU'EST-CE, LE VAL SUZON ?
3 DE DIJON A LA SOURCE DU SUZON
4 LE SUZON, TORRENT BOURGUIGNON
5 LA COMBE DE VAU DE ROCHE
6 L’ABIME DU CREUX PERCÉ
7 LE SITE DE VAL SUZON
8 DE SAINTE-FOY A SAINT-SEINE-L'ABBAYE
9 FRANCHEVILLE ET SES GOUFFRES
10 LE PARC DE JOUVENCE
11 LE BELVEDERE DE ROCHE-CHATEAU
12 LE PLATEAU D'ETAULES
13 AU DÉBOUCHÉ DU VALLON, MESSIGNY ET VANTOUX
Annexe
Les communes du périmètre touristique
BIBLIOGRAPHIE
TABLE DES MATIERES
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Aux portes de Dijon... le Val Suzon [1 ed.]

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Jacques Barré de Clairavaux

aux portes de Dijon...

LE VAL SUZON

à la Cave aux Bouquins 13, Place Emile Zola à Dijon, éditeur

Jacques Barré de Clairavaux

aux portes de Dijon... LE VAL SUZON

à la Cave aux Bouquins 13, Place Emile Zola à Dijon, éditeur

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© 1976. Jacques BARRé de CLAIRAVAUX

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A la mémoire de notre regretté ami, André BRENET, Le peintre du vallon

Dessins de Bernard LECHOUAN Sauf mention, les photographies sont de l'auteur

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PRÉAMBULE E n'apprendrai rien de nouveau lorsque j'affirmerai cette réalité bien contemporaine : la rapidité de nos déplacements minimise les distances et leur fréquence conditionne notre vie selon des normes inconnues dans les siècles passés.

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Nous assistons maintenant au mouvement inverse à celui qui suivit la révolution industrielle du XIXe siècle et dépeupla les campagnes : la ruée vers la nature des populations citadines. Son caractère encore sporadique, prélude à la naissante civilisation des loisirs, tend encore plus à démontrer ce besoin des masses d'une évasion libératrice. Ainsi, des villages condamnés à la ruine voici seulement quelques années commencent-ils à revivre grâce à ce processus de reflux, dont le facteur économique bienfaisant est loin d'être négligeable. Et cette soif généralisée de découvertes personnelles est devenue l'aventure moderne. Une aventure qui, souvent, commence dès le pas de votre porte... de garage ! Le Val Suzon, avec ses combes sauvages et ses hameaux que la frénésie de l'urbanisation anarchique n'a pas encore atteints, vaut mieux qu'une traversée éclair de quelques minutes sur la route des vacances. Ne vous contentez pas de l'agréable surprise que vous donnent les lacets de la route sinuant parmi les roches dont l'aspect montagnard étonne toujours après une longue randonnée sur le plateau à vocation agricole, ou au sortir de la capitale de la Bourgogne. Arrêtez-vous.

Je vais m'efforcer de vous présenter ce territoire trop peu connu, dont les réelles beautés se cachent loin des grandes routes ou sous le manteau vert de la forêt.

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Val-Suzon au XIXe siècle

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1 A LA DÉCOUVERTE DU VAL SUZON 'OU vient le nom de «Suzon» ? suzio pour les latins, Suzon pour les Dijonnais du haut Moyen-âge... Selon Belleforet (Cosmographie universelle), susio, en langage vulgaire approche du mot latial, lequel pourrait venir de latiens. qui veut dire «caché», à cause de la perte de ses eaux. Il existe un Suzon en Haute-Loire, un Cola Suzon dans les Pyrénées, ce dernier permettant de supposer que Suzon est un dérivé du radical sus, indiquant un gave ou un torrent dont le volume des eaux varie suivant la fonte des neiges... D’après Claude Kaiser «sisunus» est un mot signifiant »eau de la contrée des neiges»... «si» égale eau, «sun» égale neige, «us» égale pays.

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Pour découvrir le val Suzon et ses abords - j'écrirai son «périmètre touristique» - il eût fallu des jours et des semaines autrefois. Et maintenant ? Quelques jours de congés, un simple week-end, suffiraient au Parisien s'il savait trouver vite, sans trop de peine, les petites merveilles de ce coin de France connu seulement de quelques privilégiés, bourguignons en général ou amoureux de la nature comme moi-même. Quelques jours pour apprendre à l'aimer et sentir naître en soi l'envie d'y revenir pour le mieux apprécier, d'autant que chaque saison apporte aux sites un visage différent ! L'autoroute A6 met le Val Suzon à moins de trois heures de voiture de Paris. De la porte d'Orléans à Val Suzon un seul hameau doit être traversé : Sombernon. Un seul feu rouge stoppe les véhicules : celui du péage de Pouilly-en-Auxois. Existe-t-il, à portée de la capitale, hormis la forêt de Fontainebleau, un secteur homogène à vocation touristique, un ensemble aussi riche, massif montagneux modeste, sans doute, mais si varié, si charmant ? Non ! Et songeons, en premier lieu, à l’agglomération dijonnaise qui dépasse maintenant les deux cent mille habitants et s'accommoderait fort bien d'un

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Parc Régional dont les lieux pittoresques et les vastes horizons se situent à quelques minutes seulement du centre de la ville. Mieux encore : le quartier de Pouilly, Dijon de l'an 2000 est, tout près d'Ahuy, le point de départ idéal pour remonter le Suzon jusqu'à sa source !

Cette situation exceptionnelle n’est pas complètement passée inaperçue, bien au contraire : depuis quelques années, des sportifs de niveau international ont vécu ici de grands moments de leurs carrières. Depuis longtemps déjà les amateurs de vol à voile et de tourisme aérien se trouvent particulièrement favorisés : à Darois, la piste de l'aérodrome de Dijon - Val Suzon s'arrête à la limite de la combe de Chêneau. La position de ce terrain, très bien équipé, avec sa piste en dur, ses nombreux hangars et son restaurant panoramique, au cœur même du périmètre touristique, est un atout non négligeable pour l'avenir. Mais il n'est pas que le sport aérien pour bénéficier de ce cadre verdoyant. Depuis 1972, le premier stade automobile de France propose son circuit de 3 800 mètres aux professionnels (et amateurs) de la vitesse. Son profil tourmenté, modelé dans les combes de Presnois, présente des rampes de 5 à 11 pour cent et une ligne droite de 1 500 mètres où les bolides peuvent atteindre 300 kilomètres à l'heure. Les épreuves sportives qui s'y déroulent attirent un très nombreux public et son rayonnement est international. N'a-ton pas vu s'y disputer, au début de l'été 1973, les Championnats nationaux suisses de motocyclisme, qui furent «supportés» par plusieurs milliers de nos voisins d'outre-Jura ? Quant au tour de France automobile, il s'y arrête chaque année pour des classements chronométrés. En 1974, son succès s'affirme avec le Grand Prix de France que remporte Ronnie Peterson, sur Lotus, à la moyenne horaire de 192,721 kilomètres à l’heure. Et le 24 août 1975, la renaissance du Grand Prix Automobile de Suisse y est consacrée : il n'avait pas été disputé depuis 1954 en raison des règlements suisses qui interdisent les courses automobiles en circuit sur le territoire helvétique, décision prise l’année suivante au lendemain de la terrible catastrophe des 24 Heures du Mans... L'épreuve est remportée par le Suisse Clay Regazzoni, sur Ferrari, en 1 heure 01' 24”34, à 194,091 km/heure, devant 25 000 spectateurs, dont de nombreux venus de Suisse. Cette superbe structure a connu de grands moments du sport automobile et son palmarès s'est enrichi des noms les plus prestigieux avec cinq Grand Prix de Formule 1 comptant pour le Championnat du Monde : Ronnie Petterson, Mario Andretti, Jean-Pierre Jabouille, Alain Prost et le suédois Kéké Rosberg en 1984 devant près de 100 000 spectateurs, avant d'être sacré Champion du Monde... Après une éclipse «technique», le circuit de

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Prenois reprend intensément ses activités. Entre temps, le Tour de France cycliste a vu s'y terminer des étapes contre la montre décisives avec les victoires de Bernard Thévenet (1977), Bernard Hinault (1979) et Laurent Fignon (1983). Autant d'occasions qui ont fait découvrir certains aspects du site du Val Suzon à des foules considérables ainsi qu’à des dizaines de millions de téléspectateurs de nombreux pays !

Ainsi, avec des réalisations bien de notre époque, propres à convenir au dynamisme des jeunes, l'éventail des loisirs s'étend de plus en plus : aviation, automobilisme, chasse, randonnées à pieds en suivant les sentiers balisés qui totalisent plus de 170 kilomètres auxquels s'ajoutent les itinéraires étudiés par le Club Alpin Français et décrits dans le livre «Promenez-vous en Côte d'Or» (près de 100 km !) à parcourir carte IGN en main... Ou encore à bicyclette par les petites routes du plateau et les chemins forestiers, et à cheval... Bien des goûts peuvent être satisfaits, tels le camping, soit dans les camps (de grande classe) soit au hasard des clairières (déconseillé en raison des risques d'incendie) ou à la ferme. Citons aussi le mini-golf de Prenois, l'aile volante et le parapente à Baulme-laroche, le ski en période d'enneigement sur la Butte de Corniot (Signal de Darois) ou ailleurs... de même que le vélo tout terrain, préférable à la moto verte dans cet environnement. Quant à la varappe et l'escalade, de nombreux rochers offrent des difficultés de niveaux variés : falaise de Baulme-laRoche, combe d'Arvau, roche Beudon, roche Chateau, dont certains sont équipés pour la pratique de ce sport. Entre autres grandes manifestations sportives, nous pouvons rappeler, parmi les plus récentes : — Le samedi 25 juillet 1987 : le Val Suzon Juge de Paix du Tour de France cycliste avec une étape contre la montre de Dijon à Dijon en passant par Messigny, Sainte-Foy, Val-Suzon, Darois, Hauteville et Ahuy... Elle voit la victoire du bourguignon Jean-François Bernard à la moyenne de 47,2 km/h, mais c'est son second, Stephen Roche, qui remportera le Tour ! — Du 18 au 21 août 1988 : championnats d'Europe juniors de concours complet (hippisme) à Bonvaux. — Les vendredi 19, samedi 20 et dimanche 21 mai 1989 : deuxième épreuve du Championnat du Monde des voitures de sport prototypes à Prenois devant 15 000 personnes, avec la victoire de Wolleck et Jelinski sur Porsche à 178,339 km/h de moyenne.

Il ne m'appartient pas de prévoir quel sera dans le futur le développement des aménagements à apporter pour rendre plus facile l'accès des curiosités

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naturelles. La mise en valeur de certains sites exigera un minimum de travaux évidemment coûteux : ainsi en est-il de la très belle combe de Vau de Roche, avec son prolongement naturel, l'abîme du Creux-Percé de Pasques, dont la visite tient plus de l’expédition que de la simple ballade, ou encore de la superbe reculée que présente la combe d'Arveau, dite des «Mammouths», au-dessus de Lantenay, avec son monolithe «la roche virante» qui étonne par la fragilité de son assise... Heureusement, ce pittoresque endroit est maintenant inclus dans une zone verte protégée, de même que le prestigieux site de Baulme-la-Roche. Aussi le but de cet ouvrage, issu d'une étude menée de façon systématique, pas à pas sur le terrain, n'est-il que de faire apprécier l'ensemble des lieux dignes d'intérêt du «Périmètre touristique du Val Suzon et de ses abords».

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QU'EST-CE, LE VAL SUZON? E jour où, après maintes promenades pour mon seul plaisir, au fur et à mesure que croissait mon intérêt pour le Val Suzon, m'apparut la nécessité impérieuse d'en faire une étude approfondie afin que beaucoup d’autres puissent partager la satisfaction que j'en tirais moi-même, je me trouvais assez embarrassé au moment d'en fixer l'étendue. Bien sûr, il n'était pas question de me conformer aux limites administratives car elles ne tiennent aucun compte des réalités sur le terrain et sont, de ce fait, absolument empiriques. L'inclure au plateau de Langres posait le problème de son extension vers le Nord-Est. Or, les vallées de l'Ignon et de la Tille, si belles quelles soient, ont un caractère très différent du Val Suzon et dépendent plutôt du Châtillonnais pour la première, de la vallée de la Saône pour la seconde, surtout dans sa partie proche du Dijonnais. Je ne devais pourtant pas tarder à en découvrir les limites géographiques très naturelles que confirme d'ailleurs le simple examen d'une carte en relief. Au Sud, la vallée de l'Ouche de Mâlain à Plombières constitue une bordure bien précisée. La ligne de partage des eaux entre les bassins de la Seine et du Rhône, de Baulme-la-Roche à Saint-Martin-du-Mont, surplombant la vallée de l’Oze, marque la limite à l'Ouest. Au Nord et Nord-Est, en remontant depuis Saint-Seine-l'Abbaye les hauteurs de Francheville, Curtil et Saussy, constituent la partie où le périmètre se rattache au plateau de Langres et où s'arrête le territoire objet de cette étude. A l'Est, il suffit de suivre l'extrémité du plateau dominant la vallée de la Saône de Saussy à Ahuy. La région comprise dans ce quadrilatère constitue à elle seule une unité géographique. Elle se présente comme une immense table inclinée d'Ouest en Est, de l'Auxois aux plaines de la Saône. Elevée à plus de 600 mètres à la Roche Aiguë (Signal de Mâlain), magnifique belvédère dominant la vallée de l'Ouche, 589 mètres au Mont des Auges, elle s'incline en large ondulations jamais monotones de plus de deux cent mètres pour n'atteindre que 348 mètres au-dessus d'Ahuy. Serpentant au milieu, le Suzon l'entaille profondément. Bien souvent, le val prend l'allure de véritables gorges. Il suffit de le contempler depuis le belvédère de Sainte-Foy ou les hauteurs de

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Curtil pour en avoir un idée précise. L'analogie avec certains paysages jurassiens est évidente et le parcours de Val Suzon à Messigny en pleine tempête de neige m'a laissé un souvenir que je ne suis pas près d'oublier. Je ne m'étendrai pas ici sur des détails techniques que possèdent déjà tous ceux qui. depuis longtemps, se sont intéressés au Val Suzon, archéologues, géologues, botanistes et autres spécialistes fort bien documentés par des ouvrages tel que le guide de la Côte-d'Or, de M. André Guillaume, auquel je tiens à rendre hommage ici pour la précision de son travail, et aussi au Club Alpin Français, au Camping Club de France, dont les sentiers jalonnés, revus depuis quelques années, facilitent la pénétration vers des endroits bien isolés. Certes, il reste encore beaucoup à faire pour mettre tous les sites à la portée du simple promeneur avide de détente mais peu soucieux de performances sportives. Une amélioration des accès et une signalisation précise deviennent de plus en plus urgentes.

En quelques mots, je résumerai comment le Val Suzon, après le lent travail des éléments naturels au cours des millénaires, nous est parvenu tel que nous le découvrons. A l'ère secondaire, toute la région, de même que le Bassin Parisien, était recouverte par la mer. De là vient la nature des roches qui la composent, d'origine sédimentaire. Abandonnés par la mer vers la fin du secondaire, ces calcaires truffés de fossiles se trouvèrent soulevés à l'époque tertiaire lors du vaste mouvement de l'écorce terrestre qui donna naissance aux Alpes et au Jura. Alors que le Bassin Parisien ne se trouvait que faiblement soulevé et que les terrains à l'Est s’effondraient pour former la vallée de la Saône, commençait le long processus d'érosion qui devait donner au paysage sa physionomie. Selon la composition des calcaires et leur résistance, au hasard des failles, le plateau se modelait et apparaissaient ces petites buttes ou tasselots que nous observons maintenant et qui dominent les dolines et les larges ondulations couvertes de cultures, tandis que que la forêt envahissait les combes, entailles profondes dans le massif rocheux où les pluies diluviennes de la fin du tertiaire ont ruiné les versants arrachant les énormes blocs de pierre que nous rencontrons parfois jusqu'en bas des éboulis. Ici, l'altitude trop faible n'a pas permis la formation de glaciers. Néanmoins, une forme d'érosion péri-glaciaire (sol gelé en profondeur le rendant imperméable et favorisant un intense ruissellement en surface) a précédé l'action de la pluie, dissolvant le calcaire et facilitant les infiltrations, jointe à celle du froid, désagrégeant les roches, a-t-elle contribué à modeler ces

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L'alignement des roches BEUDONorne la Combe de VAU-DE-ROCHE

versants abrupts, à forte dénivellation, souvent couronnés d'une longue muraille rocheuse, où les pics isolés, arêtes aiguës, perçant le manteau vert de la forêt, ne sont pas rares et donnent au paysage ce caractère sauvage et montagnard tandis que s'ouvrent les gouffres, grottes et surtout les très nombreux abris sous roches, assez semblables aux pieds des falaises rongées par la mer. Cette partie du plateau voit ses terres disputées entre forêt et culture, un paysage à peine changé depuis le néolithique : il nous conte la naissance de notre civilisation. Comme l'écrit l'Abbé Chaume : «Voici maintenant, tout près de Dijon et sur le plateau qui sépare la vallée de l’Ouche de celle du Suzon, les trois villages de Pasques, d'Etaules, et de Darois. Pasques évoque le souvenir des premiers pâturages, pascua, et Etaules celui des premières étables, stabulae, qui furent installées au sein de l'antique forêt de chênes dont Darois, darilla, rapp elle le nom originel et marque peut-être l’un des premiers défrichements...» On ne compte pas moins d'une soixantaine de grottes, gouffres et abris sous roches sur le territoire cité dans ce livre et il est probable que des cavités souterraines creusées par les eaux n'ont pas encore livré tous leurs secrets. Nous évoquerons à leur place les grands réseaux : Neuvon, Val-Suzon, la combe aux Prêtres qui se placent parmi les plus importants de France. Au siècle dernier, Elie de beaumont prétendait que les monts de la Côted'Or étaient les plus anciens du monde. Cette région fut habitée dès l'apparition des premiers hommes comme en témoignent les fouilles effectuées en divers endroits, et sa population plus dense qu'actuellement où la plupart des hameaux sont à-demi abandonnés et les fermes désertées. D'un bout à l'autre du Val Suzon s'échelonnent les vestiges des Châtelets préhistoriques, éperons rocheux barrés vers l'intérieur des terres par des murés et des fossés taillés dans le roc, souvent encore très visibles. Datant certainement de la civilisation halstatienne (1000-800 avant J.-C.), il servaient de refuge en cas de danger à la population des environs qui vivait, déjà, d'agriculture et d'élevage. Nous les évoquerons par ailleurs. Plus près de nous, la vie n'était pas moins rude, comme nous le confie Seignobos, dans son livre sur le régime féodal en Bourgogne : «Les esclaves et colons de Bourgogne n'étaient, d’après la loi romaine, que des instruments de culture, un accessoire du domaine, légués, vendus, échangés et partagés avec lui. Du VIe au XIe siècles, leur devoirs avec leurs maîtres sont réglés et leur condition s'est élevée.»

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«Des esclaves ou des hommes libres de basse condition, logés les uns dans le hameau central, les autres dans les maisons isolées, chacun attaché à une parcelle qui le nourrit et que le maître lui abandonne à charge de lui apporter une part des fruits et de cultiver les parcelles qu'il se réserve : tous ces hommes surveillés et gouvernés despotiquement par les intendants du propriétaire, tel est le tableau que font entrevoir les rares documents de cette période et il s'accorde pleinement avec celui que permettent de tracer les registres terriers du XIVe siècle.» «Vers la fin du Xe siècle, la classe du paysan est dès lors constituée avec les distinctions en serfs et francs qui ne s'effacera plus et le caractère qu'elle gardera durant des siècles d'une foule demi-servile exploitée par les propriétaires du sol et exclue de la société politique.» Le meilleur exemple que nous en ait laissé l'histoire locale est celui de Teza, cette serve d'Ahuy donnée par son maître, Girard de Grancey, aux religieux de Saint-Etienne, puis revendiquée treize ans après par Guy de Grancey. En vain, d'ailleurs, car une charte, approuvée par le Duc Eudes 1er, vers le milieu du XIe siècle, confirme le bien fondé de la donation et l'abandon de toutes prétentions du requérant. La différence entre le serf et le paysan affranchi apparaissait dans les services qu'ils devaient à leur seigneur. Le premier, propriété vivante acquise à son maître, pouvait être mis à contribution au gré de celui-ci. Le second payait un tribut bien déterminé qui, d'impôt en nature, devint petit à petit une charge pécuniaire afin de procurer de l'argent au seigneur. Plus tard, le vallon resta un point de passage du bassin de la Seine à celui du Rhône, que délaissèrent les routes royales. Cependant, le village de Val Suzon, de même que Saint-Seine-l'Abbaye, furent des relais très fréquentés avant l'avènement du chemin de fer. De nombreux chevaux étaient nécessaires aux convois pour gravir les durs lacets menant vers le plateau. Aubergistes, artisans palefreniers formaient un petit monde vivant et actif, augmenté du personnel de la forge, depuis longtemps éteinte qui fondait le fer «récolté» sur le plateau (vers 1840, Val Suzon traitait 800 mètres cubes de mine par an). A ceux-là s'ajoutaient les habitants des moulins construits le long du torrent, réduits presque tous maintenant à l'état de vestiges. On en comptait au moins huit entre le Val Courbe et Ahuy. Mais le petit torrent soulevait autrefois bien plus d'intérêt qu'à notre époque. Je citerai A.-V. Chapuis, dont l'ouvrage sur Messigny abonde de détails précieux : «Aux siècles passés, Suzon était une petite fortune pour les usiniers et les

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Décor hivernal pour le Sinon àJouvence

riverains : outre la force motrice, la pêche était un revenu exploité en règle par les chambriers qui louaient le droit de pêche notamment 12 livres par an avec obligation de livrer au concessionnaire «deux truites en sa maison chaque fois que ledit amodiateur porterait vendre à Dijon dudit poisson, s'estant réservé ledit chambrier droit de pêche ou faire pêcher à sa volonté. En 1710, le droit de pêche était amodié 60 livres par an et les amodiateurs pouvaient porter fusils pour tuer les loutres dans l’étendue du Val Suzon et non ailleurs. A partir de 1777, la communauté de Messigny, ayant acheté ce droit, loue elle-même la pêche au prix de 100 livres, puis de 1781 à 1793, le pris de vente est de 130 livres par bail passé avec le sieur Demorey de Val Suzon.» Il est malheureusement certain que le Suzon a perdu depuis longtemps son régime pérenne. La présence de moulins jusqu a l'entrée même de Dijon (Porte aux Anes) faisait penser que, à la fin du XIVe siècle, le Suzon coulait toute l'année sur l'ensemble de son cours et qu'un déboisement excessif était à l'origine de la baisse des sources constatées au début du XVe siècle : dès 1418, suivant le rapport de l'ingénieur Darcy, une délibération fut tenue en la Chambre de Ville de Dijon pour étudier les possibilités de faire parvenir les eaux de façon continue jusqu'en ville afin quelles nettoient l'égout qui traversait celle-ci. Il semblait, à cette époque, suffisant de faire déplacer une grosse pierre située dans le cours du torrent, entre Sainte-Foy et Messigny «afin que par ce moyen l'eau dudit Suzon vienne plus souvent à Dijon qu'elle ne le faict». Autre constatation faite en 1561, à la suite d'une Ordonnance de la Mairie de Dijon par MM. Huguet Sambin et Fleutelot Aubert qui se rendirent à Sainte-Foy, que la source, puissante, qui jaillissait près de cette dernière localité, alimentait l'étang de retenue d'un moulin, mais que si l'on ouvrait les vannes de celui-ci, les eaux se perdaient dans les sables entre Sainte-Foy et Messigny. Le désir de rendre le cours du Suzon pérenne est séculaire. Déjà, en 1560, une visite avait permis de constater que les eaux se perdaient après Val Suzon. Au mois d'août 1780, l’ingénieur Delaveine, accompagné de plusieurs membres de l’académie de Dijon, visita le cours du torrent : il déclara que le moyen des barrages proposé par l'ingénieur Antoine était le seul moyen de rendre continu le cours de l'eau. Cet avis ne fut pas suivi car trois autres projets avaient été présentés. Le plus désastreux avait été adopté en 1769 : en creusant et redressant le lit, de nouvelles voies de filtration avaient été ouvertes... et 25 000 Livres perdues ! L'étang de Sainte-Foy où se déversait la fontaine qui alimentait le moulin, régularisait le cours du Suzon en aval du hameau, en direction de Messigny,

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même s'il était à sec, en été, vers l'amont où il devait déjà se perdre comme maintenant à la hauteur des «grands prés», soit quelques centaines de mètres plus loin. Le captage de la Fontaine au Chat, peu après Val Suzon-bas, s'il n'a rien arrangé, ne semble pas avoir réellement contrarié la pérennité du torrent... et encore cela reste à prouver car si le Suzon avait été aussi peu en eau qu'actuellement, les moines n'eussent pas tiré profit, entre autres, des pêcheries... Allez donc taquiner la truite entre Sainte-Foy et le Rosoir ! C'est dans l'acte de donation à la Sainte Chapelle de Dijon, daté de 1489, que l'on retrouve en effet la mention au droit de pêche et de chasse «deux fois l'an» accordé au Chapitre de la Sainte Chapelle, tandis que le donateur, Nachard, se réservait ce droit le reste du temps ainsi que l'usufruit du prieuré sa vie durant. Il est donc permis de supposer que ce droit de pêche, deux fois l'an, n'était pas négligeable puisqu'il représentait le seul avantage acquis aux bénéficiaires de la donation dans l'attente du décès du donateur ! Cet étang existait déjà à l'époque de la donation du hameau par Guy de Grancey, comte de Saulx, à l'Abbaye de Conques. Il est permis de penser qu'il fut aménagé au moment de la construction du moulin afin d'accroître sa retenue, ce que confirme l'existence des vannes signalées par Sambin et Fleutelot. Il assurait ainsi le fonctionnement du moulin toute l'année. L'inconstance du Suzon fut, pendant de longs siècles, un souci préoccupant pour les autorités dijonnaises, qui craignaient la violence de ses eaux avec l'apparition des pluies d'automne, mais se lamentaient, pendant les chaleurs estivales, des risques d'épidémies que contenait ce nauséabond égout à ciel ouvert dont l'absence de courant empêchait l'évacuation des déchets et eaux putrides qui s’y accumulaient ! Nous retrouvons la trace de décisions prises d'urgence contre ces dangers : «Le premier jour du mois d'avril 1599, les Chambres sont assemblées sur la proposition faite en la Chambre de la ville pour éviter aux infections et dangers, qu’il estoit expédient d’aviser à nettoyer le cours de Suzon et celui de Renes pour rendre leur cours perpétuel par la ville, s’il est possible, ou bien d’aviser et résoudre de les ôter du tout de ladite ville et pourvoir pour les cloaques et égouts des eaux pluviales, à l’advenir. Résolu que avant que y ordonner, que MM. les scindics et M. le Mayeur scauront à la vérité les moyens qu’il y aura pour rendre le cours de Suzon perpétuel et aussi de la seurté de la ville, en le faisant passer par icelle pour, après, le tout examiné, bien et diligemment y pourvoir, comme aussi sur la commodité et incommodité dudit cours tant de Suzon que de la Renes.»

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Mais le Suzon se moquait bien - et se moque encore - de la volonté des hommes à son sujet et il poursuit, dans son charmant décor, sa fantasque existence.

Pour comprendre l'étonnante diversité de la flore du Val Suzon, il importe de saisir le rôle des divers facteurs qui l'influencent. En premier lieu, sa situation géographique que l'on peut schématiser de la façon suivante : sa distance de l'océan, aggravée par la barrière du Morvan, d'une part, alors que son éloignement de la Méditerranée est compensé par le système de vallées du Rhône et de la Saône, couloir que ferme dans sa partie Ouest le Seuil de Bourgogne, d'autre part ; enfin, accentuant la tendance continentale, la bise venue du Nord-Est, qui souffle sur le plateau les troisquarts du temps. Il faut ajouter les caprices du relief, variant de près de 300 mètres, l'encaissement des combes et l'orientation de leurs versants... Tout cela contribue à maintenir en place et à faire cohabiter des espèces hôtes de climats très contrastés que lient un seul point commun : leur affection pour les sols calcaires ! Ainsi, l'intérêt ne se limite pas au seul paysage. La flore, variée, où abondent les espèces montagnardes nées d'un micro-climat dû à l'altitude et à un ensoleillement opposé à des hivers froids et humides, aux abondantes chutes de neige, attire les botanistes. La belle gentiane jaune, le somptueux lys martagon, la centaurée, l'aconit napel, les campanules, etc. garnissent les fonds de combes tandis que l'œillet sauvage, d’un rose vif, fleurit sur les rochers bien exposés au soleil du début du printemps au milieu de l'été. Le promeneur pourra découvrir avec étonnement un curieux bouton d'or : Ranunculus gramineus, remarquable par ses feuilles lancéolées-linéaires à nervures parallèles, très entières, presque toutes à la base, semblables à celles des graminées, dont la tige simple ou peu ramifiée porte une grande fleur de 2 cm d'un jaune d'or. Elle constitue un bon exemple de plante méditerranéenne atteignant ici sa limite : assez rare dans son aire de répartition, elle ne dépasse pas Dijon et elle est nulle dans le Nord-Est de la France. Affectionnant les pelouses sèches et les bois clairs, de préférence calcaires, elle n'est signalée dans la «Flore de la Côte d'Or» de Ch. Royer que (rare) dans les bois de la Côte ainsi que vers Gevrey et Marsannay ; de même, André Guillaume la considère comme rare dans le département. Précurseur des beaux jours, le Perce-neige (Galanthus nivalis), considéré comme très rare et rarissime dans le Sud-Est, se trouve dans les combes et les forêts de feuillus. Cette Amaryllidacée se rencontre en Europe et en Asie, mais toujours très rare.

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Sangliers

Amélanchier

Anémone pulsatile

Pommier sauvage

Genêt

Autre plante caractéristique, l'Amelanchier vulgaris est un arbuste de la famille des rosacées, aux fleurs blanches finement dentées très ornementales, des montagnes méridionales (300 à 1 800 m). Il voisine avec le chêne pubescent assez fréquent en Bourgogne sur les versants rocheux ensoleillés et avec la Renoncule graminée sous le Plain d'Avau, dans la montée vers Etaules. La belle Ancolie (Aquilegia vulgaris) attire irrésistiblement l'œil en raison de la beauté de ses fleurs et de sa taille. Encore considérée récemment comme assez commune en terrain calcaire, elle a tendance à devenir rare et devrait être protégée comme c'est le cas en Suisse. Elle pousse jusqu’à 2 000 m. Autre petit arbuste des montagnes, le Rosier des Alpes (Rosa pendulina) est assez rare dans notre région où il dépasse rarement cinquante centimètres de hauteur avec de belles fleurs roses, presque rouges, et de fines petites épines très espacées. Il est originaire du Sud de l’Europe où il est assez commun entre 500 et 2 600 m. Je conseillerai au chercheurs amateurs d'observer le contraste entre la flore des fonds de combes, typiquement forestière, et celle des clairières et chaumots du sommet des versants et du plateau où se mêlent les espèces communes des prairies et celles des montagnes de l'Est ou à caractère plus continental. Pour certaines, il s'agit de leur station située le plus à l'Ouest. Je citerai au passage quelques espèces sélectionnées, une cinquantaine environ, dont la variété atteste la richesse botanique du Val Suzon, éliminant les plus rares que seuls des spécialistes peuvent reconnaître. Les arbres sont très vigoureux dans les fonds, où les hêtres et les charmes dominent le taillis, tandis que les épicéas lancent leurs fûts vers le ciel, jetant ces taches d'un vert sombre à la manière de la Forêt Noire. Les sapins et les pins noirs envahissent les sommets, à la limite des rochers, où s'accrochent les chênes pubescents, tassés en petits boqueteaux, alors que les genévriers envahissent les chaumots pauvres en humus, à caractère de prés-bois.

La faune réunit à peu près toutes les espèces survivant dans les forêts européennes. La chasse est ici une des plus actives de France. Si les sangliers, très nombreux autrefois, se font un peu plus rares, les cerfs et les biches, les chevreuils se rencontrent encore assez fréquemment, formant au début de l'automne, à l'époque du brâme, de véritables petits troupeaux. Un plan de chasse rigoureux sauvegarde à la fois les intérêts des animaux, de la forêt et des chasseurs. Hélas, les braconniers n'ont pas désarmé, continuant leurs incontrôlables ravages, sans souci du déséquilibre qu'ils peuvent ainsi

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apporter à la Nature, et remettant sans cesse en cause les résultats de toutes études écologiques. Imagine-t-on que le cheptel des grands cervidés dépasse de loin en nombre la population humaine, sur la rive gauche du Suzon, dans la zone cynégétique numéro 9 ? C'est pourtant le cas ! Ce massif forestier, qui s'étend sur une grande partie du Canton de Saint-Seine l'Abbaye, abrite une faune sauvage parmi les plus riches de France et l'incidence économique de la chasse y est importante. Des comptages précis sont effectués, de nuit, par la Fédération Départementale des Chasseurs de la Côte d'Or en collaboration avec la Direction Départementale de l'Agriculture et les techniciens de l'Office National des Forêts et de l'Office National de la Chasse, souvent dans des conditions météorologiques difficiles. Les résultats de ces comptages permettent de déterminer le nombre des animaux qui pourront être abattus au cours de la saison de chasse afin de maintenir l'effectif dans des limites quantitatives tolérables. Les dégâts causés par le gibier sont d'ailleurs en constante augmentation : l'Office National de la Chasse, qui avait dû verser 633 227 francs d'indemnités en 1981, a déboursé 2 096 967 francs en 1987 aux agriculteurs à cause des pertes de récoltes. Ce sont les chasseurs qui paient... La zone cynégétique numéro 9 est la plus riche en grands cervidés du département de la Côte d'Or ; le massif forestier couvre 17 200 hectares sur une surface totale de 24 900 ha. Il se répartit en 6 800 ha de forêts particulières, 5 500 ha de forêts communales et 4 900 ha de forêts domaniales. Les terres cultivées sur Francheville, Curtil-Saint-Seine, VauxSaules, entre autres, constituent de vastes espaces, enclavés dans le massif, que n'hésitent pas à parcourir les hardes. Ce qui explique l'importance des dégâts (550 000 francs en un seul mois de l'été 1988). La zone numéro 9 est divisée en deux : le Groupement Cynégétique des Grolles, où le chevreuil est revenu en force après l'introduction de 80 têtes et l'interdiction de les chasser pendant quatre ans, et le Groupement Cynégétique de la Montagne. Celui-ci (13 379 ha) est le plus largement étendu sur le périmètre décrit dans ce livre et le nombre des grands cervidés, avant chasse, était estimé à environ 2 000 en 1988 ! Citons, pour mémoire, les réalisations du plan de chasse pour 1988-1989 : 72 cerfs, 196 biches, 169 jeunes cerfs, 133 chevreuils et 240 sangliers. Les cervidés trouvent ici un milieu favorable et le cheptel est de très bonne qualité. Un cerf tué à Francheville en 1928 a obtenu la Médaille d'Or du Conseil International de la chasse et a été classé 31ème au niveau national et de nombreux autres ont obtenu des Médailles d'Argent. Malgré leur

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nombre, il n'est pas facile de les observer : il faut avoir la patience de rester immobile, parfois pendant des heures, les pieds dans la neige,,. mais le passage d'une harde à quelques mètres de soi est toujours un grand moment, de même qu'assister au brâme la nuit ! Dans la précédente édition, nous avons mentionné l'introduction de mouflons en forêt domaniale de Val Suzon, Ils venaient de Chambord et s'étaient bien adaptés à leur nouveau milieu. Cette initiative de l'Office national des Forêts et de la Fédération des Chasseurs de la Côte d'Or a malheureusement tourné court : ils ont disparu, sans doute victimes d'un plan de chasse trop optimiste... et du braconnage. Le dernier a été découvert, tué, en janvier 1979 en bordure de la forêt de Val Suzon, certainement abandonné par des braconniers. Son trophée, classé 42ème au plan national, orne désormais les bureaux de la Fédération départementale. Dommage... Parmi les animaux de taille plus modeste, les renards, blaireaux, écureuils, lapins et autres petits rongeurs, sont toujours nombreux. Dernier félin représenté dans nos forêts, le chat sauvage (Felis sylvestris), le vrai, bien sûr, pas le «haret» issu du minet abandonné, pourchasse ce petit monde et sème la terreur dans les nichées. Ce bel animal, maintenant protégé, est beaucoup plus gros et plus robuste que le chat domestique, le poil est plus épais, la moustache plus touffue, la denture plus solide. 11 se reconnaît à sa tête plus volumineuse et sa queue plus fournie, cerclée d'anneaux noirs et plus grosse vers son extrémité. D'un poids de 5 à 18 kilos, d'une hauteur à l'épaule de 35 à 40 centimètres, d'une longueur totale d'un mètre à un mètre vingt, ce solitaire ne cherche la compagnie d'une épouse qu'à l'époque des amours et l'abandonne sans attendre la naissance des petits. Sa vigueur peu commune lui permet de tenir tête à plusieurs chiens et, si sa nourriture habituelle est constituée de petits rongeurs, il n'hésite pas, le cas échéant, à s'attaquer à de petits faons. Les chauve-souris, hôtes des nombreuses grottes, animent le paysage, au crépuscule, de leur vol désordonné, aux battements d'ailes précipités. Pour en terminer avec la faune, citons, parmi les diverses espèces d'oiseaux, un hôte des montagnes de l'Est récemment acclimaté dans le vallon : le pic noir, qui niche près de la Fontaine de Jouvence. Ce beau volatile, plus gros qu'un pigeon (il peut atteindre une longueur de 47 centimètres), dont le dessus de la tête est orné de plumes rouges, est très farouche et difficile à observer.

C'est, en 1975, que fut élaboré un projet de protection au titre de la loi du 2 mai 1930, avec la réalisation d'une étude paysagère de sensibilisation sur la qualité du site, suivie d'une campagne d'information des élus et, à la fin de

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1976, d'une enquête administrative préalable. Le 17 novembre 1977, le projet était présenté devant la Commission Supérieure des Sites qui donnait un avis favorable. Cependant, en raison d’une certaine opposition de la part de quelques habitants et communes, le Conseil d'Etat émettait des réserves et souhaitait un nouvel examen du périmètre proposé. L'idée de protection était enfin lancée et bien ancrée dans les esprits. Il était temps, car 1976 avait vraiment été l'année des espoirs et des craintes : le 23 mars, une annonce légale, émanant de la Direction Départementale de l'Equipement, paraissait dans les quotidiens régionaux... Elle concernait l'enquête préalable d'utilité publique faisant suite à l'Arrêté préfectoral 155/DDE/76 du 17 mars précédent ayant trait à l'élargissement de la chaussée du C.D. 107 entre Val-Suzon et Messigny, motivé par le besoin d'écoulement des véhicules fréquentant Prenois à l'occasion (une ou deux fois par an) de compétitions automobiles internationales. Il s'agissait de porter cette paisible route de campagne à une largeur de 13,50 mètres, non sans tailler allègrement dans les arbres et les rochers ! Le site aurait subi de ce fait un préjudice irréparable... Heureusement, ces travaux n’ont jamais été réalisés malgré l'Arrêté préfectoral du 6 juillet suivant autorisant l'Equipement à les entreprendre. Mais l'émotion avait été si grande, les protestations si véhémentes que ce projet contraire à l'esprit qui prédominait de protection de la nature est resté dans les cartons ! Entre temps, la première édition de ce livre était parue, suivie d'une exposition concernant le Val Suzon et son périmètre touristique au Centre Social Balzac, à Dijon, et, en août 1978, d'une autre au Pavillon de chasse de Val-Suzon, au cœur même du site. Les événements allaient se précipiter... Le 9 février 1979, la Commission Départementale des Sites et Perspectives du Paysage de Côte d’Or émettait un avis favorable au classement. Le 12 décembre 1979, le Préfet de Région de l'époque, M. Denizot, présidant une réunion des Maires du canton de Saint-Seine l’Abbaye, reconnaît que le canton est défavorisé : «Il est vrai qu'il y a beaucoup de choses à faire. Il faudrait inciter des artisans et des petits industriels à s'installer ici... Il faudrait améliorer encore l'état de la R.N. 71, éviter la fermeture d'écoles...». Trois jours après, les élus de douze communes du bassin du Suzon se retrouvaient sur le site de la source de Jouvence pour constater l'avancement des travaux de remise en état de celle-ci (travaux menés grâce au concours de l'Office National des Forêts, de la Ville de Dijon, des communes d'Etaules et de Messigny) et inaugurer la nouvelle route forestière reliant la route d'Etaules à la Combe à la Mairie, dont la réalisation avait fait naître

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quelques inquiétudes. Mais, comme le précisait un inspecteur de l'O.N.F. à cette occasion : «Il ne s'agit pas de transformer le site, d'en faire un LunaPark : il fallait lui conserver son caractère sauvage... Cette route répond à un besoin sylvicole pour le débardage du bois et à un besoin touristique pour la promenade des piétons et des cyclistes». Après cette visite sur le terrain, une réunion à la Préfecture concrétisait la naissance du «Syndicat Intercommunal de Défense, Protection et Restauration du Site du Val Suzon», regroupant Curtil-Saint-Seine, Darois, Etaules, Francheville, Hauteville-les-Dijon, Messigny-et-Vantoux, Panges, Pasques, Prenois, Saint-Martin du Mont, Saussy et Val-Suzon. M. Henri Revol, Maire de Messigny-et-Vantoux, était élu à la présidence. M. Jean-Pierre Soisson, alors Ministre de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs, qui était venu conclure la séance, avait tenu des propos très prometteurs : «En vous portant sur les fonds baptismaux, je vous demande de me présenter un projet qui lie l'aménagement rural, la protection de la Nature et le développement du tourisme. Je serai preneur car votre œuvre mérite non seulement le respect mais le soutien de l'Etat». Il souhaitait voir se réaliser là une des premières opérations nationales de développement intégré entre les Ministères de l'Agriculture, de l'Environnement et des Loisirs... Beaucoup d'eau a coulé depuis sous les ponts du Suzon et si, parmi les nombreux projets nés dans l'euphorie qui a suivi, plusieurs ont été réalisés, dix ans après, il reste encore beaucoup à faire. Mais un irréversible élan avait été donné et c'était bien l'essentiel ! Au printemps de 1986, les douze communes étaient d'accord sur le projet de classement du site revu et corrigé et, après enquête administrative, il était présenté le 27 mai 1987 devant la Commission Départementale des Sites et Perspectives du Paysage de la Côte d'Or qui émettait un avis favorable. Avec une superficie de 10 512 hectares, dont 6 752 classés et 3 750 inscrits, l'opération de classement du site du Val Suzon est l'une des plus importantes réalisées en France et c'est à l'unanimité et avec ses vives félicitations que, le 5 novembre 1987, la Commission Supérieure des Sites émettait à son tour un avis favorable. Au moment où ces lignes sont écrites, le dossier est déposé devant le Conseil d'Etat et il semble que plus rien ne s'oppose aux Décrets et Arrêtés d'application. Je pense que le lecteur excusera la longueur et le développement des généralités qui précèdent, mais elles me semblaient indispensables pour démontrer toute la valeur du périmètre touristique du Val Suzon. Maintenant, en route !

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Et suivons Lamartine, l'éternel Poète : Voici l'étroit sentier de l'obscure vallée Du flanc de ces coteaux pendent des bois épais, Qui courbant sur mon front leur ombre entremêlée Me couvrent tout entier de silence et de paix.

Aspect schématique de la végétation du plateau d'Etaules à l’ubac

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DE DIJON A LA SOURCE DU SUZON ANS le but de respecter un sens logique, j'ai choisi de découvrir le Val Suzon en partant de la source du torrent qui lui a donné son nom. Mais si le Parisien peut y parvenir directement par l'autoroute et la bretelle de Sombernon, le Dijonnais, quittant sa ville par les rives du lac, qui lui donnent déjà lame d'un touriste, pourra visiter en s'y rendant les curiosités qui jalonnent le flanc du plateau, face à la vallée de l'Ouche. Sitôt passé Plombières, une premières halte s'impose : la vue depuis le bas du viaduc de Neuvon est très impressionnante alors que, située à proximité, la source du même nom, bien que présentant peu d'intérêt pour le promeneur, constitue la partie visible d'un important réseau karstique lié à une faille du massif calcaire. La rivière souterraine qui l'alimente est toujours en cours d'exploration par les membres du Spéléo Club de Dijon. Ils ont déjà topographié plus de 15 kilomètres de galeries fréquemment noyées, ce qui, à cause des nombreux siphons, rend la progression difficile. Elles se dirigent vers le Nord-Est et pénètrent très profondément dans le bassin versant du Suzon, jusque sous le Bois du Chêne et à la limite de l'aérodrome de Darois. Cela démontre qu’une partie des pluies arrosant le Val Suzon se déverse dans la Vallée de l'Ouche. La source de Fontenotte, en bordure de la combe du même nom, dépend du réseau du Neuvon. Environ trois cents mètres après le viaduc, dans l'angle d'un virage, un sentier s'élève en direction du bois de Contard, à travers les taillis, et permet de gagner les chaumots d'où la vue est splendide, notamment sur le viaduc, surtout lorsque le passage d'un express ou d'un grand rapide anime furtivement le paysage. La grotte de Contard s'ouvre dans ces friches. L'entrée principale, d'un accès facile, permet de descendre à une série de galeries et de salles assez vastes. La visite de ces grottes non aménagées et très humides ne manque pas d'intérêt. Deux autres entrées, toutes proches, s'ouvrent en gouffres. Bien

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que distantes seulement de quelques mètres, elles crèvent le plafond de salles différentes. La plus grande laisse pénétrer assez de lumière pour que la végétation, surtout de mousses et de fougères, tapisse les parois. Cette grotte, située sur la commune de Plombières-les-Dijon, sur la droite de la route de Pasques, après le viaduc du Neuvon, a été vraisemblablement découverte au XVIIIe siècle. Des inscriptions attestent qu'elle a été visitée en 1808, mais c'est M.-L. Nodot qui en fit la première exploration sérieuse en 1815 et, surtout, en 1833. Il avait découvert des ossements d'animaux de grande taille qu'il n'avait pu identifier, mais aussi des restes de squelettes de loup, chien et hyène, autant de victimes du piège que présentait l'ouverture en aven à même le sol. Bien plus tard, devait être aménagée une entrée à flanc de coteau pour faciliter l'accès de cette cavité dont l'intérêt, incontestable à l'époque, est largement éclipsé par les autres gouffres Côte d'Oriens que nous évoquerons plus loin. L'aven de Contard, profond d'une dizaine de mètres, creusé dans le calcaire bathonien, donne accès à une série de galeries et de petites salles qui se développent sur une centaine de mètres. Une vaste salle, très décorée, est encombrée d'énormes blocs détachés de la voûte, soit à la suite d'un séisme, soit par l'action des eaux qui, s'infiltrant entre les failles, a fini par miner les roches qui furent entraînées par leur énorme poids. Leur chute date d'une époque relativement récente. Les stalactites et stalagmites ne sont là qu'en début de formation, alors qu'en divers endroits les bases d'autres concrétions, d'une vingtaine de centimètres de diamètre, furent brisées, hélas, par des vandales. Après cette visite, nous reprenons le D 10 en direction de Pasques jusqu'à l'embranchement du D 104 qui descend vers Lantenay à travers le bois de la combe des Echos. Ce parcours, presque toujours en vue de la vallée de l'Ouche, permet d'apprécier le panorama splendide des montagnes boisées dominées par la blanche statue de Notre-Dame-d'Etang, et vaudrait à lui seul le déplacement. Lantenay, humble village rural très fleuri, dont certaines maisons, hier abandonnées, se transforment en résidences secondaires, est niché au pied de la montagne. Il s'honore d'un château construit au XIIe siècle par les Ducs de Bourgogne sur un rocher escarpé dominant le hameau. On l'atteint par un sentier qui se détache, sur la route de Pasques, peu après les dernières maisons du village et monte en lacets jusqu'à une petite plate­ forme à laquelle on accède par un escalier taillé dans le roc, près d'un pan de mur, dernier vestige de l'entrée de ce véritable nid d'aigles. Alors que, du château, il ne reste que des murailles croulantes et les ruines

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Carte postale de 1931 montrant la roche virante, au fond de la Combe d'ARVAU

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encore visibles du donjon, la chapelle, par contre, est en très bon état, très bien entretenue au cours des siècles car elle resta longtemps un lieu de pèlerinage très suivi, consacré à Notre-Dame la Noire. Sa construction remonte au XIIIe siècle et sa sobriété extérieure tient plus de la bergerie que de l'église. Pas de clocher, pas de croix, pas de sculptures : des murs nus, aux pierres apparentes, que surmonte un toit couvert de lauzes comme toutes les vieilles constructions de la région. Seules les petites ouvertures taillées en arc roman, l'une sur la façade au-dessus de la très banale porte, les deux autres, ornées de vitraux, percées sur le mur du chevet plat qui prolonge de façon audacieuse le surplomb rocheux, rappellent qu'il s'agit bien là d'un édifice religieux. On ne peut deviner la splendeur des peintures polychromes, très anciennes, qui décorent les murs et surtout la voûte en arc brisé. Une trentaine de personnages, presque de grandeur nature, au dessin fin et délicat, s'alignent sous les yeux stupéfaits du spectateur ! Elle aurait été construite par la Duchesse de Bourgogne, Agnès de France, fille de Saint Louis. Nous quittons Lantenay pour aller visiter la belle combe d'Arveau, située au Nord-Ouest du village, entre les bois des Croisés et des Fontenottes. Encadrée de falaises rocheuses, elle se termine en bout du monde au pied de ces curieux rochers surnommés les «mammouths» en raison de leurs formes étranges façonnées par l'érosion. La «roche virante», détachée en avant des autres, est la plus originale. Elle pose sa masse énorme sur une fragile assise qui lui donne un peu l'apparence d'un champignon. Elle tournait d'un demicercle, selon la légende, la nuit de Noël au moment de l'élévation. Mais cette faculté est contredite : elle pourrait tout simplement «virer» de couleur en raison de la luminosité du ciel. Comme d'autres roches virantes (ou tournantes), son caractère insolite a pu faire d'elle un lieu de culte païen. Du rebord de la friche qui domine ces rochers, la vue sur la combe et, au fond, sur la vallée de l'Ouche, rappelle les reculées du Jura. En flânant alentour, nous admirons les évolutions des petits lézards, et en particulier, d'un grand lézard vert d'une trentaine de centimètres de long qui ne semble pas tellement affolé de notre présence. Profitons de ces instants de détente pour admirer la flore. Assez disséminés parmi les friches, la Laîche glauque (Carex flacca) plie ses épis sous le vent du plateau, en compagnie de la Brize (Briza media), appelée aussi Tremblotte, Amourette. L'Orobanche jaune (Orobanche lutea), plante parasite vulgairement dénommée Boyau-du-Diable ou fausse asperge en raison de la ressemblance de sa tige avec cette dernière, est dépourvue de chlorophylle.

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Parmi les rochers et sur les bandes gazonnées s'accroche l'Hélianthème jaune (Helianthemum nummularium), petit sous-arbrisseau des moyennes montagnes méditerranéennes, qui ouvre ses délicates fleurs d'or seulement sous les rayons du soleil. Nous le rencontrerons souvent sur le versant bien exposé des sommets. Egalement remarquée, la Piloselle (Hieracium pilosella), dite aussi petite épervière ou Oreille de souris, plante de l'Europe Centrale qui s'étend de la plaine jusqu'à 3 000 mètres en haute montagne et dont la fleur jaune, à l'extrémité des pétales finement ciselée, ne doit pas être confondue avec celle du pissenlit, commun partout, et qu'il est, je pense, inutile de décrire. Au bord du chemin d'accès croît l'Euphraise (Euphrasia rostkowiana) ou Casse-lunettes (?) aux fines fleurs blanches rayées de violet et tachetées de jaune, qui se rencontre dans les prairies, et également, en abondance, le plantain moyen (Plantago media). Dès le début du printemps, avant la poussée des feuilles, tandis que la Primevère acaule (Primula vulgaris), abondante, et sa cousine la Primevère officinale (Primula officinalis), moins fréquente, égaient les sous-bois encore dénudés, où elles voisinent avec la délicate Sylvie (Anemone nemorosa) dont les frêles et blancs pétales tremblent sous la brise, les clairières et chaumots, qui environnent les rochers, se parent de larges massifs de renoncules, où foisonne, toute velue, l'Anémone Pulsatille (Pulsatilla vulgaris) bien nommée Herbe au Vent, qu'accompagne, plus rare, la Pulsatilla montana, à la fleur violet foncé étalée en étoile. Cette jolie montagnarde ne dédaigne pas, si elle trouve des terrains calcicoles, de s'acclimater à de basses altitudes. En effet, diverses stations en sont signalées en Ile-de-France. Enfin, un hôte répandu dans tout le vallon et que j'aurai l'occasion de citer dans d'autres stations, la Centaurée des Montagnes (Centaurea montana), désignée aussi sous l'appellation de Bleuet de Montagne bien qu'ici la fleur soit plutôt d'une couleur mauve virant au rose, dans le ton de celle des sujets poussant en haute altitude dans les environs du Col du Lautaret. Avant de reprendre notre promenade, je tiens à souligner l'intérêt de cet axe qui, dans une direction sensiblement Nord-Sud, va de Val Suzon à Lantenay par la combe de Vau de Roche et ses grottes, le Creux-Percé, Pasques et les mammouths de la combe d'Arveau. Quel condensé de petites merveilles en quelques kilomètres seulement ! Comment douter des qualités touristiques de cette région ? De Lantenay, par sa montée très raide (13 %), nous quittons ce versant de la vallée de l’Ouche pour rejoindre Pasques. Après un beau parcours où la

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Le lavoir de BAULME-LA-ROCHE est alimenté par la source jaillie au pied de la falaise

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forêt alterne avec les champs cultivés, nous trouvons la route de Baulme-laRoche. Après 1 500 mètres environ, nous prenons à gauche, près d'une carrière, le chemin de chars, bien praticable aux voitures, qui mène au bord de la falaise, après quelques centaines de mètres parmi les chaumots et les bois de sapins où croissent la plupart des espèces déjà remarquées plus haut. Au fur et à mesure que l'on avance vers le surplomb rocheux, territoire conquis de longue date par les petits lézards qui fuient à notre approche, renonçant ainsi à leur sieste au soleil ou à leur guet aux mouches, au fur et à mesure, donc, la vue sur la vallée que domine, à gauche, le Signal de Mâlain, devient d'une beauté insoupçonnée et les derniers pas, près de cet àpic impressionnant, quand apparaissent à 130 mètres au-dessous les toits serrés des deux côtés de la route, récompensent largement votre curiosité. Et l'humble et coquet village, à vos pieds, semble vous dire : merci d'être venu. La route accrochée à la pente ramène, après un lacet serré, au pied de la falaise. Par beau temps, cette muraille blanche, teintée d'ocre, découpée sur le bleu du ciel, soutenue par la verdure des arbres poussés sur les éboulis, est un véritable spectacle. A l'entrée du village, derrière le lavoir, de belles et abondantes sources, aux eaux cascadantes, alimentent la pièce d'eau qui borde la route. De là, les sentiers mènent à plusieurs grottes dont la principale, le «Trou de la Roche», s'ouvre 80 mètres plus haut, sur la façade même de la falaise. Malgré son accès assez difficile, par un sentier très raide et parfois vertigineux, elle mérite une visite. Elle a servi de refuge aux hommes du néolithique. Des fouilles ont permis de découvrir plusieurs sépultures ainsi qu'un foyer de l'âge du bronze. Les parois de la première salle, étroite, haute d'une dizaine de mètres, sont tapissées de belles coulées de calcite de différentes couleurs où l'ocre se mêle à l'éclatante blancheur neigeuse. Après une pente assez douce d'une centaine de mètres, elle donne, en contrebas, sur une seconde salle plus basse et plus large où furent trouvées les sépultures. Dans le village, nous voyons, en passant, le prieuré en parfait état. La chapelle, datée de 1516, fut probablement construite par Claude de Sarcey dont l’écusson est gravé au-dessus de la cheminée monumentale de la cuisine et sur le colombier. Les bâtiments reconstruits au XVIe siècle, nous sont heureusement parvenus intacts et offrent l'exemple type de ces abbayes en réduction qui foisonnaient sur toutes les terres de la chrétienté, attestant la puissance matérielle de l'Eglise et contribuant fortement à son rayonnement sprirituel.

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Lafalaise de BAULME-LA-ROCHEest l'une des plus belles de Côte d'Or

Il n'est pas besoin de souligner le précieux rôle économique qu'ils jouèrent au cours des siècles. Celui-ci s'enorgueillit d'avoir été placé un certain temps sous l'autorité d'un personnage dont l'Histoire a conservé, à juste titre, le nom célèbre et dont les Bourguignons peuvent être fiers : Edme Mariotte. Né vers 1620, mort en 1684, il fut prieur de Baulme-la-Roche en 1655, avant de devenir l'un des premiers membres de l’Académie des Sciences. Il a confirmé, par ses expériences, la théorie du mouvement des corps de Galilée, avancé l'hydrostatique et la théorie de la vision. Ses recherches sur la compression des gaz en firent l'un des précurseurs de la physique moderne. Voici un détail historique sur la vie à Baulme-la-Roche pendant la Révolution. En décembre 1794, las d'être privés des cérémonies religieuses, les habitants n'ayant sans doute pas compris l’intérêt pour la République de supprimer toutes les survivances du passé, notamment la foi chrétienne, décidèrent Pierre Pasquier, le secrétaire de la municipalité, à faire battre le tambour pour annoncer à tous la réouverture du pieux édifice et les inviter à venir entendre la messe et les vêpres. Cette décision spontanée ne fut pas du tout du goût du représentant du Peuple pour la Côte d'Or, Calès, qui s'empressa d'ordonner l'arrestation de Pasquier, la fermeture de l'église et même le bris de la cloche, instrument évidemment propre à servir pour ameuter la population ! Les écraignes, ou veillées en commun, avaient été supprimées l'hiver précédent pour éviter tout risque de complot, puis rétablies en raison de la rareté du combustible pendant les froids rigoureux, sous la responsabilité morale des gens qui recevaient ainsi chez eux leurs voisins ou amis et s'engageaient à ne laisser en aucune façon les conversations s'égarer dans la politique ou les critiques envers le nouveau régime. Mesure prudente, certes, de la part du jeune pouvoir mais qui troublaient les habitants en supprimant une coutume ancestrale... A la sortie du hameau, à gauche, un chemin de chars se dirige vers le sommet du Signal de Mâlain (608 mètres), la plus élevée des montagnes situées sur la rive gauche de l'Ouche. Belle vue depuis le belvédère dominant le village de Mâlain et les ruines bien conservées de son château fort. Le Signal de Roche Aiguë doit son nom à un rocher devenu aigu à cause de diverses brisures qui se sont produites et qui ont enlevé au bloc de pierre sa forme primitive. Il s'agit probablement d'un autel servant aux druides pour leurs immolations. Cette pierre ressemble à un dolmen celtique. Sa situation dans ce lieu solitaire et sauvage, l'un des points les plus élevés de la Côte d'Or, convenait bien à nos ancêtres pour en faire un temple naturel apte à la

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célébration de leur culte. Le druidisme admettait un dieu unique et croyait à l'immortalité de l'âme. Le polythéisme ne s'établit qu'après la conquête romaine. Alors, les Gaulois adorèrent Mercure, sous le nom de Teutatès, Mars sous celui d'Esus et Apollon sous celui de Bélénus. Avant, ils n'avaient ni temple ni autel, imaginant que ce serait rabaisser la divinité que l'enfermer dans un temple ou en lui donnant une figuration humaine. Les sommets des montagnes formaient dans leur esprit des autels et ils y adoraient les divinités. César nous dit dans ses «Commentaires» : «Les druides sont les ministres des choses divines et président aux sacrifices publics et particuliers, et conservent le dépôt des doctrines religieuses.» «Le désir de s'instruire attire auprès d’eux une nombreuse jeunesse, qui a pour eux un grand respect. Les druides connaissent de presque toutes les affaires, de toutes les contestations publiques ou privées. S’il est commis quelque crime, quelque meurtre, s'il s'élève un débat sur un héritage ou sui­ des limites, ce sont eux qui décident, ils dispensent les peines et les récompenses. Si un particulier ou un magistrat ne défère point à leur décision, ils lui interdisent les sacrifices ; cette peine, chez eux, est la plus sévère de toutes, ceux qui l'entourent sont mis au rang des impies et des criminels ; on les évite, on les fuit comme si leur approche avait quelque chose de funeste». En embrassant du regard ce paysage, il nous revient tout naturellement à l'esprit cette pensée de Ch. Theuriet, dans son ouvrage sur Mâlain : «Là. comme à Babylone, à Carthage, furent des habitations, des maisons, des palais, des temples, des autels, où passe la charrue du laboureur ou la mail du vigneron». En fait, ce panorama, dominé par les ruines de son vieux château féodal, reste tout imprégné de romantisme. Il avait d'ailleurs la triste réputation, au moyen-âge, d'être un pays de sorciers et la légende veut que des sabbats se déroulaient entre Mâlain et Baulme-la-Roche, qu'une bonne fée habitait près de la puissante source, aux pieds de la falaise, tandis que dans les combes proches soufflaient ensemble Satan et le vent...

Panges, situé à 575 mètres d'altitude, près de la ligne de partage des eaux, est l'un des villages les plus élevés de la Côte d'Or. C'était jadis un bourg important desservi par la voie primitive qui, chevauchant les vallées de l'Ouche et de l'Oze, reliait Dijon à Alise-Sainte-Reine. Il ne s'est jamais relevé des ravages de la terrible épidémie de peste du XIVe siècle qui avait décimé ses habitants. Le lavoir est remarquable et de nombreuses maisons ont conservé dans leur cour un puits recouvert de laves.

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Son principal intérêt, archéologique, se situe près de la source du Suzon : c'est le four de tuilier gallo-romain de Fontaine-Merle, à la limite des communes de Panges et de Trouhaut. Nous l'évoquerons plus loin. Mais reprenons notre promenade. Un petit crochet jusqu'à Blaisy-Haut s'impose. Nous quittons Baulme-la-Roche par la même route que nous sommes venus, puis reprenons le D 10 jusqu’à Panges où nous tournons, à gauche, en direction de Charmoy. Après ce village et la traversée de la route de Sombernon à Saint-Seine-l'Abbaye, nous suivons la mince arête du plateau et arrivons au hameau de Blaisy-Haut, dont les restes du vieux château-fort, partiellement démantelé et transformé en ferme, constituait une position de premier ordre au-dessus de la vallée de l'Oze. Cette forteresse, qui a elle-même succédé à un camp préhistorique, fut élevée dès le Xe siècle, puis reconstruite aux XIVe et XVe siècle. Le logis et les communs sont du XVIIe siècle. Cette baronnie avait été érigée en marquisat en 1695 en faveur d'Antoine Joly, Conseiller du Roi. Les bâtiments sont, malgré les outrages du temps, assez bien conservés. L'entrée, avec son guichet latéral, montre, de part et d'autre du vaste porche, les feuillures du pont-levis. Deux grosses tours défendent les murs extérieurs et l'intérieur possède une vaste salle de garde et une chapelle de style Louis XIV. De ce belvédère, la vue s'étend, en enfilade, sur la vallée de l'Oze. marquée par le trait caractéristique de la voie ferrée qui paraît jaillir du pied de la montagne, à la sortie du tunnel et, à travers les maisons de Blaisy-Bas, s’éloigne au milieu de la campagne verdoyante, dominée à droite par les contreforts souvent couronnés d'escarpements rocheux de l'extrémité du plateau où émergent les croupes du Mont Tasselot et du Mont des Auges et, à gauche, les premières pentes de l'Auxois. De nombreux souvenirs historiques se rattachent à ce lieu maintenant si paisible. Ainsi, pendant une accalmie de la guerre de Cent ans, Philippe le Hardi, qui fut le premier des quatre Grands Ducs d'Occident, séjourna en Bourgogne. Se déplaçant fréquemment, il avait nommé Eudes de Grancey gouverneur du Duché, avec tout pouvoir pour veiller à la sécurité du pays, à armer des hommes et à fortifier les villes et les bourgs. Ce qui faisait l'affaire des seigneurs de la région qui entretenaient une garnison dans leurs châteaux. Et qui, aussi, ne manquaient pas de régler, par la force, au mépris de toute juridiction, leurs différends personnels. La petite histoire nous fournit un témoignage de ces tristes méthodes. En 1371. désireux de venger la mort de son cousin Garnier, Jean de Blaisy

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s'empara de Humbert, seigneur de Rougemont, et l'emprisonna après l'avoir dépouillé de ses biens. La Bourgogne entière se passionna pour cette affaire, les seigneurs se divisant pour l'un ou pour l'autre. Enfin, le Duc Philippe trancha la question en invitant, avec tout le poids de son prestige et de son autorité, les deux antagonistes à... boire ensemble ! Une preuve de plus, s'il en était besoin, du pouvoir réconciliateur des bonnes bouteilles de Bourgogne ! Le château de Blaisy-Haut fut assez malmené pendant les troubles de la Ligue. Que fut la Ligue ? D'abord une réaction des catholiques contre la montée de la puissance des protestants qui risquait même de mettre en cause l'unité du royaume. Fondée à l'origine, en 1576, pour soutenir le Roi, elle allait, par son fanatisme, devenir plus intransigeante que lui et complota, avec le Duc de Guise à sa tête, pour le supplanter. Mais l'assassinat de ce dernier, sur l'ordre de Henri III, puis après la mort de celui-ci, avec l'avènement d'Henri de Navarre, elle allait entrer en lutte ouverte contre le souverain. Dès lors, la France, profondément divisée, vit Henri IV obligé de conquérir son royaume et nous savons combien la lutte fut âpre, notamment en Bourgogne, et nous pouvons aisément imaginer les cas de conscience qui se posèrent aux notables de l'époque ! Mais l’abjuration de Henri IV, précédant de peu son séjour à Dijon, allait porter un coup fatal à la Ligue. Mais si le pouvoir royal se trouva consolidé pour deux nouveaux siècles, le château de Blaisy-Haut eut à souffrir des événements. Tandis que, dans toute la région, les troupes plus ou moins contrôlées, d'une part par le Duc de Mayenne, successeur de son défunt frère le Duc de Guise à la tête de la Ligue, et de l'autre par celles de Saulx-Tavannes, partisan du nouveau roi, se livraient à de nombreuses exactions, enlevant ici et là le bétail et les récoltes, rançonnant, tuant et saccageant sans vergogne, le château de Blaisy devait être pris et repris. Le chanoine Pépin, dans son livre de souvenance, puis Gabriel Breunot, dans son journal, nous apportent les meilleurs témoignages particuliers de ces affaires. Pris, le 29 juin 1593. à M. de Choiseul-Chevigny, qui était également seigneur d'Eguilly, le château de Blaisy sera annoncé comme démantelé. En réalité, il avait peu souffert, hormis un pillage en règle. 11 est vrai que les assiégeants, nombreux et armés de canons, ne laissaient aucune chance à la garnison, qui quitta les lieux pour se retirer à Eguilly tandis que la châtelaine, accouchée depuis quelques jours seulement, partait aussi, à pieds, un bâton à la main, accompagnée de ses filles, pour se réfugier à Mâlain.

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Mais les Ligueurs ne devaient pas conserver longtemps le château. Le 10 août suivant, le seigneur de Blaisy, aidé de paysans des environs qui pénétrèrent dans la place sous le prétexte d'apporter des munitions, en chassa les gardes du Prince. De là, le touriste peu pressé, pourra aller visiter les ruines de Château Lorrain, situées à gauche de la route descendant vers Blaisy-Bas, qui conserve deux salles voûtées encore en bon état, et l'amorce d'un boyau souterrain envahi par les eaux. Une fontaine, encadrée de lierre, coule dans le fossé de la route. Vers la fin du siècle dernier, le propriétaire, avocat à Dijon, y venait chaque semaine chercher l'eau nécessaire à sa consommation personnelle.

Plan en coupe du Seuil de Bourgogne à la hauteur de Val-Suzon

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Halte des randonneurs du ClubAlpin à la chapelle de la ROCHOTTE

4 LE SUZON, TORRENT BOURGUIGNON LE Suzon prend sa source près de la ligne de partage des eaux des bassins de la Seine et du Rhône, à Fontaine Merle, où se pressent des bâtiments de fermes, près du carrefour des routes de Val Suzon et de Pasques, sur le territoire de la commune de Trouhaut. Il dépend du système hydrographique rhodanien. Remarquons en passant que cette région se situe au carrefour de trois grands bassins fluviaux français : l’Arroux, affluent de la Loire, naît à quelques kilomètres seulement de là, près d'Arnay-le-Duc ; la Seine, à une dizaine de kilomètres au Nord... Le Suzon, né à 560 mètres d'altitude, se jette dans l'Ouche, à Dijon, à 238 mètres, soit avec une dénivellation de 322 mètres, qui lui confère son caractère torrentiel, pour un parcours de moins de 40 kilomètres, dont un bon tiers en plaine, à partir de Messigny. La superficie du bassin versant du Suzon est de 156 km2. Il se présente comme suspendu au-dessus de la vallée de l’Ouche, rivière à laquelle se rattache son système hydrologique. Il entaille la partie Sud-Est du Seuil de Bourgogne. Près de 45 % de la surface du bassin se situe à une altitude supérieure à 500 mètres ; 9 % seulement de son étendue est inférieure à 300 mètres et la dénivellation entre le lit du torrent et les hauteurs avoisinantes atteint et dépasse même parfois 200 mètres, aussi le terme «Gorges du Suzon» n’est-il pas exagéré. Dans le cours supérieur, entre la source et la Combe d’Eté, soit un quart du trajet, la pente est de l’ordre de 15 pour 1000, mais de façon irrégulière, ce qui donne naissance à des petits rapides en certains endroits et à de paresseux méandres ailleurs. De 9 pour 1000 entre la Combe d'Eté et Val-Suzon, la pente tombe à 1 pour 1000 ensuite jusqu'à Messigny. Une vingtaine de grandes combes entaillent profondément le plateau avant de s'ouvrir sur le vallon. Malgré cela, deux affluents seulement sont, en

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Un phénomène météorologique courant ici : un épais brouillard s'entasse dans le vallon tandis que le soleil brille sur le plateau

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principe, pérennes : le Rû Blanc et le ruisseau de la combe à la Bergère, ce dernier descendant des hauteurs de Fromenteau. Le total des eaux prélevées aux divers captages représente environ 200 000 mètres cubes par an (1983). Ceux-ci, même s'ils aggravent le processus d’assèchement, n'ont qu'une influence minime sur le phénomène lié à la capacité d'absorption des calcaires, surtout au niveau des failles. Les prélèvements des sources du Suzon pour les besoins de Dijon entre 1974 et 1983 ont représenté une moyenne de 37,51 %, le reste étant fourni par l'Ouche et la Saône. En période de hautes eaux, les ressources de la vallée du Suzon peuvent atteindre 30 000 m3 par jour, capacité limite de l'aqueduc. Il a été démontré qu'une partie des eaux fournies par les pluies est recueillie par les réseaux souterrains... et se déverse dans l'Ouche ! Or, en 1885, de peur de l'occupation par une armée ennemie de la vallée du Suzon qui pourrait priver la garnison d'eau, des études furent faites à l'initiative des militaires. D'où le captage de la source de Morceuil... Après une expérience de coloration, il a été acquis qu'une partie des eaux de cette dernière provenaient bien du bassin du Suzon. La pluviométrie, relativement modérée, présente une moyenne de 897 mm par an (Saint-Martin-du-Mont, période de 1950 à 1980). Quant à l'ensoleillement, avec 1 850 à 1 900 heures par an, il est nettement plus élevé qu'à Dijon. Cependant, les jours de beau temps fixe ne dépassent pas une centaine par an... même si, avec moins de brouillard (25 jours par an sur le plateau, contre 50 dans la plaine), c'est, là aussi, mieux qu'à Dijon ! Peu après Fontaine Merle, ayant reçu les eaux d'un petit étang, il descend au milieu des prairies. A 400 mètres du hameau, il passe près d'un four de tuilier gallo-romain, spécimen rare en France. Il va constamment disputer le fond du vallon au CD 7 qui suit le tracé de l'ancienne voie de Besançon à Alise-Sainte-Reine. Le four de tuilier gallo-romain de Fontaine-Merle n'est pas le seul : les vestiges d'un four de potier gallo-romain en moellons, haut de 2,50 m avec deux arcades d'un mètre d'ouverture chacune, est situé sur «Les champs du Vau» à Bordes-Bricard. Au Mont des Auges (commune de Turcey), a été signalé l’emplacement de plusieurs villas gallo-romaines ainsi que, sur les pentes Sud, un cimetière mérovingien. Cela témoigne de l’importance de ce plateau à cette époque. Il était desservi par une voie romaine qui, venant de Baulme-la-Roche, passait par Panges, Fontaine-Merle et Fromenteau, se dirigeant vraisemblablement vers les sources de la Seine. La présence d'un four de tuilier à cet endroit s'explique par l'affleurement

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Source de la DOUIX : un lieu considéré autrefois comme le séjour des Génies et des Fées...

des argiles du Trias (Toarcien), matière première de choix pour cette petite industrie. Le Suzon, qui naît au sommet de cette nappe d'argile, procurait l'eau nécessaire tandis que la forêt avoisinante fournissait le bois de chauffe. Les fouilles effectuées en 1958 et 1959 ont permis de révéler l'importance de ce four, spécimen rare en France. Il occupait une superficie de 16 m2, avec des murs d'une épaisseur d'un mètre (cf. Roger Martel, T. XXIV des «Mémoires de la Commission des Antiquités du département de la Côte d'Or», 1959). Tout de suite, le Suzon prend une allure rapide et coule sur un fond caillouteux. Il est alimenté par de nombreuses sources dont les plus puissantes sont captées, malheureusement, pour les besoins des hameaux environnants et de la ville de Dijon. Le paysage change, la vallée se resserre et les prés cèdent la place à la forêt. Le torrent entaille le plateau et plonge dans des gorges boisées. Il est rejoint, à l'angle de la route menant au Mont Tasselot, par le ruisseau de BordesPillot. L'embranchement de la route est dominé par le château Manchard, éperon barré préhistorique dont l'arête rocheuse ressemble à une étrave de navire. Il est protégé par des murés et des fossés et renferme plusieurs tumulus. C'est le premier ouvrage défensif du vallon. Nous en rencontrerons d'autres dont les positions aussi stratégiques nous donnent une idée de l'organisation de nos primitifs ancêtres. Il y a peu de choses à dire sur le Mont Tasselot, sinon son altitude : 598 mètres. Il se présente côté plateau comme une croupe dénudée. C'est de la vallée de l'Oze qu'il surplombe de plus de deux cent mètres, qu'il ressemble à une montagne. Sa seule originalité réside dans une erreur ; en effet, les anciennes géographies situaient sur ses pentes la source de la Seine, pourtant distante d'une dizaine de kilomètres ! Une erreur aisément rectifiable qui s'est néanmoins maintenue très longtemps. Or, qui ne sait pas que le grand fleuve qui arrose la capitale de la France naît près des ruines de thermes romains, au pied du Cul à la chèvre ! (voir la carte d'Etat-Major). Cascadant tout le long du Val Courbe, le Suzon reçoit bientôt les eaux de la belle fontaine de la Douix, qui jaillit dans un site rocheux et verdoyant, en bordure de la route. Par les grosses chaleurs, il se maintient toujours là une agréable fraîcheur, incitant à la halte et au pique-nique. C'est une source puissante. Souvent, l'été, le Suzon, à sec en amont, ne commence à couler qu'ici. Douix : un bien joli mot pour désigner une source ! Les douix sont nombreuses dans la région... «Le problème des douix apparaît complexe. Il s'agit d'un terme qui, à l'inverse des font, fontaine, ne s'accompagne jamais

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La source du Rû Blanc jaillit en force du sol rocheux

Le Rû Blanc cascade sur un escalier de tuf

Un groupe de cavaliers remonte le Rû Blanc

d'un qualificatif comme si ce nom avait paru sacré et se suffisant toujours à lui-même. Quelque divinité primitive ne se dissimulerait-elle pas derrière ce vocable ?» (Albert Colombet). Leur lointain caractère sacré est indéniable : elles étaient considérées comme le lieu de rendez-vous des esprits et des démons et auraient été l'objet de cultes païens : la vision de l'eau jaillissant au pied des rochers a toujours été fascinante, ne serait-ce qu'à cause du mystère entourant son origine... La route, aux nombreux virages, continue de descendre près du torrent, souvent masqué par la végétation. Bientôt apparaît, à gauche, la barrière rocheuse dominant le débouché de la combe Rat. qui entaille profondément le bois de Cestres. Là coule le ru Blanc, alimenté par une abondante source. Avec une chute de 35 mètres, sur 850 mètres de parcours, il forme une suite de jolies petites cascades formées par des barrages naturels de tuf. Il est surtout intéressant à visiter après de fortes pluies où son débit est puissant et sa largeur supérieure à celle du Suzon à cet endroit. Un bon chemin de chars, ombré d'hêtres séculaires, permet de le remonter presque jusqu'à sa source. Un peu plus loin, le val s'élargit et le sommet des versants apparaît souvent couronné de belles roches. Visible de loin, l'arête dominant la source aux Fées, située sur le rebord du Plain d'Ahuy, fait face à la pittoresque combe de Vau de Roche.

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Au Creux- Percé de PASQUES : remontée hivernale d'un membre de l'Association Spéléologique de Côte d'Or. Les draperies de glace sont bien visibles à gauche. (Photo A.S.C.O.).

LA COMBE DE VAU DE ROCHE ETTE combe, qui reçoit maintenant de plus en plus de visiteurs, peut être considérée comme la plus sauvage et la plus intéressante de tout le périmètre du Val Suzon. Ici, le cours d'eau décrit de larges courbes dans une vaste prairie dont l'angle le plus éloigné de la route marque le point de départ réel de la combe, au milieu d'un joli bois de sapins, bien dégagé. Depuis la route, l'accès en est facile, par un sentier qui franchit le torrent sur une petite passerelle bordant un passage à gué, puis longe la prairie jusqu'au bois. De ce bois de sapins sortent deux chemins d'exploitation. Celui de gauche monte, en pente douce mais régulière, sur le flanc boisé, jusqu’au sommet des roches Beudon, magnifique belvédère dont le surplomb n'a d'égal que dans la falaise de Baulme-la-Roche. La vue s'étend sur une grande partie de la combe, en face sur la dépression du Saut à la Carpe dominée par les hauteurs de la forêt de Pasques, et, au Nord, jusqu'à la ferme du plain d'Ahuy. Le sentier de droite s'enfonce dans une série de petites clairières, le long d'un ruisseau, à sec en été, presque continuellement encadré par les falaises rocheuses du versant Ouest et des impressionnants à-pic des roches Beudon. Montant insensiblement, le chemin serpente en forêt. 11 laisse à droite un autre sentier menant au petit cirque du Saut à la Carpe, encadrant une curieuse roche percée. A l'opposé, un autre sentier, grimpant parmi les buis, permet de gagner le sommet des roches Beudon. Au passage, près d'un monolithe, beau point de vue en enfilade sur les roches et le cirque terminal. Cette partie de la combe, malgré sa verdoyante fraîcheur, apparaît comme un étroit et sauvage défilé. Une récente exploration, effectuée par les spéléologues dijonnais à la source du ruisseau cité plus haut, a permis de dégager un puits naturel, d'où l’eau doit jaillir abondamment en période d’hiver, à en juger par la quantité de galets finement polis issus de cette cavité où ils durent tournoyer longtemps, entraînés par la pression de l'eau. Quelques centaines de mètres plus loin, un nouveau sentier mène à un éboulis donnant accès aux grottes de Seullerons.

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A gauche de l'éboulis apparaît la première, dont le vaste porche, bien dessiné, évoque une voûte romane. Assez haute et large, elle constitue un excellent abri où séjournèrent certainement les hommes du paléolithique (les tumulus dispersés, en face, dans la forêt de Pasques, sont des vestiges de sépultures préhistoriques du premier âge du fer. Ils laissent à penser que ce pays était beaucoup plus peuplé que maintenant dans les temps reculés). Mais l'époque de celui qui a été appelé «l'homme des cavernes» est de beaucoup antérieure puisqu'elle remonte à la fin de la dernière glaciation. Et encore, si l'on en croit Jean Chaline (Histoire de l'homme et des climats au quaternaire), l'homme vivant à l'intérieur des grottes est une image simpliste, même s'il est incontestable qu’il s'y réfugiait en cas de danger. On sait maintenant qu'il s'installait aux alentours immédiats de l'entrée de la caverne, à l'air libre. La même observation vaut pour les abris sous roche, d'ailleurs plus volontiers habités. On a vu que la grotte de Baulme-la-Roche, avec ses sépultures de l'âge du Bronze, est de fréquentation humaine nettement plus récente. Le plafond de la grande grotte des Célérons, assez tourmenté, est intéressant. La couleur des roches, parfois d'une blancheur éclatante, prend des teintes ocres dues à l’apport du silicate de fer issu de la décomposition du calcaire lors de l'infiltration des eaux pluviales tombées quelques mètres seulement au-dessus. Néanmoins, grâce à cette faiblesse d'épaisseur du toit, la pénétration des eaux reste infime, empêchant la formation de mousses et de végétaux. Bien protégée des intempéries, assez élevée pour dissuader les vandales amateurs de graffitis, prenant des formes curieuses méritant le nom d'«ourson», de «chauve-souris», la voûte de cette grotte est digne d'un examen attentif de quelques minutes. De plus, par les chaudes journées d'été, la fraîcheur relative du lieu incite à la halte et à l'ouverture du sac à provisions. Quittant la grande salle, un couloir débouche sur le versant sud de la petite combe des Seullerons. En face apparaît le curieux trou creusé dans la roche et connu sous le nom de «boîte aux lettres». Le sentier prolongeant le couloir de sortie de la première grotte y mène parmi les buis. La découverte de cet orifice est amusante. Il commande l'entrée de la deuxième grotte, simple petit tunnel naturel au départ, encombré de roches, mais qui prend vite de la hauteur et permet de déboucher par une porte élevée et large, terminée en arc brisé, sur le cadre sauvage de la combe dominée par le curieux monolithe baptisé «Dame des Seullerons». La forme de ce rocher, torturé par l'érosion, est caractéristique, avec son front dessiné et le nez au vent.

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En montant, parmi les buis et les chênes rabougris, au belvédère qui surplombe les grottes, la vue sur le cirque rocheux qui les entoure étonne par son aridité : on se croirait subitement transplanté dans un maquis de montagnes corses. Malgré son âpre beauté, la vue est cependant moins étendue que depuis les Roches Beudon. Nous laissons le site des Seullerons en revenant par le même sentier qu a la montée, afin de retrouver le fond de la combe. Après quelques minutes de marche, nous passons devant l'amorce du sentier qui permet de gagner le plateau. Bientôt apparaît le fond de la dépression, formé par un cirque rocheux de courbe régulière dont la haute falaise blanchâtre perce le manteau vert de la végétation. C'est un bout du monde parfaitement sans issue tant la paroi, en demi-lune, s'élève à la verticale. La sécheresse du sol, au pied de la muraille, protégé par le surplomb, contraste avec l'humidité du fond de la combe. Depuis le bois de sapins annonçant le début de cette dernière, nous avons pu remarquer diverses espèces de plantes. D'abord, et comme partout dans le vallon où elle est très commune, la Campanule à feuilles de pêcher (Campanula persicaefolia) dont les fleurs en forme de cloche, larges et belles, ponctuent de leur bleu violacé la verdure des bords de sentier. On la trouve aussi, parfois, accrochée en touffes dans les rochers dont elle atténue la sévère grisaille. Sa cousine, la Campanule gantelée (Campanula trachelium), également très répandue, préfère les endroits plus frais et les lisières des bois. Ses feuilles, qui ressemblent un peu à celles des orties, permettent de la reconnaître aisément. Quelques stations de la belle Gentiane jaune (Gentiana lutea) se situent à flanc de pente après la combe des Seullerons. Ses racines donnent une liqueur apéritive très appréciée. Nous avons admiré un spécimen apparemment rare d'Herminium à un bulbe (Herminium monorchis), seul individu rencontré là. Il est signalé aux environs de Semur-en-Auxois, près du lac de Pont, et très peu répandu en France. Il s'agit d'une Orchidée à fleurs verdâtres, en épi grêle, composé de nombreuses petites fleurs parfumées, plus habituée aux pâturages montagnards. A protéger jalousement ici ! De même, le Chrysanthème à corymbe (Chrysanthemum corymbosum), appelé aussi Marguerite en ombrelle, semble peu fréquent dans la station. Cette belle et élégante plante, originaire des montagnes de l'Europe Centrale, est pourtant cultivée dans les jardins. Elle se différencie des marguerites à ses fines feuilles opposées.

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Le Sceau de Salomon (Polygonatum multiflorum), ainsi que son homologue officinal (Polygonatum odoratum), croissent de part et d'autre du sentier grimpant vers les roches Beudon. Leurs tiges courbées, d'une trentaine de centimètres, aux larges feuilles opposées, plus grêle pour le premier, garnissent le sous-bois où se rencontre aussi la Surelle (Oxalis acetosella), dite Oxalis petite oseille, dont les feuilles trifoliées, au goût piquant, contiennent un acide utilisé pour éliminer les taches de rouille. Après un temps de flânerie paisible dans le calme profond du cirque terminal, il faut revenir sur nos pas pour quitter la combe en montant par le sentier signalé plus haut. Une dénivellation d'une trentaine de mètres nous permet de déboucher sur un chemin d'exploitation bien entretenu qui se dirige droit vers le sud en suivant la ligne de thalweg. Cette ligne monte en pente douce. Elle n'est autre que le prolongement non effondré de la combe de Vau de Roche. La proximité du faîte, qui passe au hameau de Pasques, proche de 1 500 mètres environ, la faiblesse de la pente, ont rendu infimes les effets de l'érosion. Et pourtant, l’action des éléments n'a pas été nulle. En effet, après une marche de 500 mètres au-delà du cirque rocheux fermant la combe, nous parvenons au grand sujet d'intérêt de la promenade : c'est l'Abime du Creux-Percé.

Le cirque rocheux fermant la Combe de VAU-DE-ROCHE : l'Abîme du Creux-Percé est tout proche

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6 L’ABIME DU CREUX PERCÉ OUT en suivant au plus près la ligne de thalweg, le chemin arrive à une friche. La combe est devenue vallée. Un sentier mal tracé, parmi les genévriers, longe ces arides chaumots jusqu a un bois de sapins. C'est près de celui-ci que s'ouvre le gouffre, au milieu d'un boqueteau de chênes et de hêtres. L'approche de ce trou énorme, surtout après une longue marche en pleine lumière, alors que la semi-obscurité du fond se mêle à l'ombre des feuillus, est très impressionnante et donne une image baignée de flou qui se dissipe petit à petit au fur et à mesure que les yeux s'habituent à la pénombre. Mais la notion du danger réel que présente sous les pas ce vaste piège reste cependant très forte. Il faut approcher du bord avec précaution, surtout par temps humide, car la terre qui l'entoure est très glissante. Il se présente comme un cône inversé de soixante à quatre-vingts mètres de circonférence se terminant par deux pointes tronquées formant le fond du gouffre, à plus de cinquante mètres de son orifice. Une végétation assez vigoureuse de mousses, fougères, etc., en couvre les parois jusqu'à une certaine profondeur sans pour autant masquer les rochers et les éboulis. Il est bien facile de supposer la terreur qu'il pouvait inspirer à nos ancêtres : les terres cultivées plus haut, entre l'extrême saillie de la forêt et le village de Pasques, portent l'appellation de «Derrière la Chambre d'Enfer». L'Abime du Creux-Percé est une glacière naturelle. Ce phénomène, encore fréquent en haute montagne et notamment dans les Pyrénées, les Alpes et le Jura, peut être considéré comme une curiosité exceptionnelle à cette altitude de 475 mètres environ. Il fut exploré en 1892, de même que le Creux du Soucy, que nous verrons plus loin, par le grand Edouard-André Martel (1859-1938). Martel, agréé près le Tribunal de Commerce de Paris, devait trouver dans l'exploration souterraine, après des études touristiques et géologiques, un dérivatif à ses activités juridiques. Il peut être considéré comme le père de la spéléologie scientifique. Pionnier du Grand Canyon du Verdon qu'il explora le premier de bout en bout en suivant le fond des gorges, on lui doit également la

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reconnaissance systématique des grottes et avens des Causses dont l'extraordinaire Aven Armand, Padirac, et bien d'autres qui minent cette région calcaire dont la similitude avec les plateaux de Haute Bourgogne est évidente, bien que ces derniers présentent, heureusement, un aspect moins pauvre et moins désolé tout en restant cependant l'une des régions les moins peuplées de France (moins de dix habitants au kilomètre carré). A la suite de sa visite au Creux-Percé, il donna l'explication du phénomène : par sa forme il facilite la pénétration de la neige, de la pluie et des eaux de ruissellement. Le froid vif qui y règne l’hiver favorise la formation de ces cascades glacées, stalactites, stalagmites, voiles de glace transparente qui tapissent toute la paroi Nord-Est et persistent une bonne partie de l'année. Au cours d'une expédition en plein mois d’août, j'ai constaté au fond du gouffre la présence d'une large plaque de glace de plusieurs mètres carrés, malheureusement maculée par les déchets tombés du rebord supérieur. Le thermomètre marquait 25° à la surface. La température au fond monte rarement à plus de zéro. Sa visite en plein hiver, malgré les inconvénients qu'elle présente, est fortement conseillée, les draperies de glace étant les plus belles à cette époque de l'année. L'intérêt du gouffre ne s'arrête pas aux merveilles que l'œil peut découvrir depuis le plateau. En effet, une ouverture située au niveau du talus d'éboulis, soit environ à moins vingt mètres, mène à une série de galeries et de puits dont le dernier paraît avoir une hauteur de 80 mètres. A mon avis, ces cavités sont en relation avec la formation d'ensemble de la combe de Vau de Roche qu'elles prolongent sous terre et dont l'effondrement qui a donné naissance à l'Abime marque l'extrémité au Sud. L'hypothèse selon laquelle la résurgence de Baulme-la-Roche serait alimentée par un réseau hydrologique souterrain dont la tête se situerait à l’Abime du Creux-Percé reste encore à démontrer, ainsi que sa parenté avec la rivière souterraine de Val Suzon, toute proche. Et voici une anecdote pour en finir avec cette belle promenade : après bien d'autres, dans une charrette attelée, un chien loup tomba un jour dans le gouffre et, par une chance rarissime, ne se brisa pas les os, sa chute ayant probablement été amortie, depuis les éboulis, par les glissades sur les pentes qui donnent à cet énorme trou cette forme d'entonnoir. Le sauvetage s'organisa et deux hommes courageux descendirent, inquiets comme on s'en doute, de l'accueil qu'allait leur réserver l'animal. Mais celui-ci avait certainement compris le but libérateur de cette visite car, à peine parvenus au fond, ils ouvrirent le grand sac, apporté pour la circonstance, et le chien vint, sans hésiter, s'y précipiter, facilitant ainsi leur tâche !

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A la sortie de VAL-SUZON, la route s'élève en lacets en direction de DIJON

7 LE SITE DE VAL SUZON EVENUS au bois de sapins qui marque l'entrée de la combe du Vau de Roche, nous suivons le sentier comme à l'aller mais, au-delà du passage à gué, nous continuons le long du Suzon, en bordure de la forêt. Le sol porte les traces du gibier qui vient boire au bord du cours d'eau. On observe les «souillards» où les sangliers se vautrent dans la boue. Ce seigneur de la forêt, que je n'ai pas besoin de présenter, semble abonder dans ce secteur. Bientôt un petit barrage coupe le torrent et alimente une dérivation que nous allons suivre tandis que le courant principal continue ses méandres au milieu des prés. Et soudain nous apparaît une sorte de puits construit dans le lit même de ce petit canal, qui alimentait autrefois l'usine de Val-Suzon. Il fut construit pour empêcher les eaux de se perdre dans une cavité naturelle située en-dessous de leur niveau, et qui est en relation avec la rivière souterraine qui coule au fond de la grotte dont le vaste porche s'ouvre quelques mètres plus loin. C’est en effet la plus importante entrée de grotte que nous ayons pu observer sur le périmètre décrit dans cet ouvrage. Haute d'une dizaine de mètres, presque aussi large, elle est malheureusement très vite encombrée de blocs rocheux qui n'en permettent la visite qu'à des spécialistes entraînés, mais elle n'en confère pas moins un cadre très pittoresque à ses abords, proches des premières maisons du village. Cette grotte donne accès à l'un des grands réseaux hydrologiques souterrains du Val Suzon. Elle est décrite dans l'ouvrage de Pierre Minvielle, «Grottes et canyons», collection «Les Cent plus belles courses et randonnées», paru chez Denoël en 1977. Elle était connue dep uis très longtemps en raison de son vaste porche, mais c'est à partir de 1961 seulement que son exploration fut poussée plus avant à la suite de la désobstruction du fond du vestibule, encombré par un amas de dalles. Ce fut, depuis 1962, l'œuvre des membres du Spéléo-Club de Dijon. Franchissant une succession de lacs et de siphons, de vastes salles et d'étroits boyaux, ils portaient la longueur totale de la partie découverte du réseau à 4 312 mètres. Le débit de la rivière atteint 1 000 à 2 000 litres à la seconde en période de crue et elle coule vers le

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Nord-Est, à l'inverse de celle du Neuvon. Caprices et mystères des failles... Bien que toute proche de Val-Suzon, cette «Grotte de Rochechèvre» débouche sur le territoire de la commune de Prenois. Et voici Val-Suzon, niché au pied des lacets de la route de Dijon à Troyes, dont la situation avantageuse confirme une vocation touristique qui s'affirme de plus en plus, avec ses deux hôtels, séjours agréables et points de départ de belles promenades aux alentours. Une perspective d’avenir encourageante pour une commune de moins de deux cents habitants ! Les randonneurs contemporains ont bien du mal à imaginer la terreur qu’inspiraient autrefois ces lieux qui les enchantent : il suffit de lire la relation du biographe de Saint-Seine au VIe siècle sur «l'effroyable forêt de Cestre» située sur la commune de Saint-Martin-du-Mont : «C'est une forêt dans laquelle on ne pénétrait plus depuis longtemps et dont les arbres étaient si grands que leur sommet ébranlait presque les nuages... Tandis que Seine et ses compagnons cherchaient un passage qui leur permit de s'introduire sous le couvert, un sentier resserré s'offrit à leurs regards, mais si étroit, si encombré d'une telle quantité de branches qu’il leur semblait impossible de l'utiliser autrement qu'en s'y glissant de côté. Ils essayèrent cependant et, après bien es efforts, réussirent, non sans dommages pour leurs vêtements, à atteindre l'endroit le plus sauvage de la forêt». «Se courbant alors jusqu'à terre, ils se mirent à regarder autour d'eux, cherchant à pénétrer de leurs regards la profondeur obscure qui les cernait de tous côtés. A la longue, et à force d'attention, ils finirent par apercevoir, à demi dissimulée par des pousses de vigne sauvage et par des fougères, l'entrée fort étroite d’une caverne ; l’épaisseur et la complication des branchages qui abritaient cet endroit étaient telles, et l’obscurité de la caverne était si effrayante, que les bêtes sauvages n’auraient pas osé s’y risquer : bref, un vrai repaire de brigands, une retraite de démons». Il est vrai que, après la Paix Romaine, et surtout depuis le IIIe siècle, guerres et invasions avaient ruiné les campagnes et, sur de vastes espaces, la nature avait repris ses droits, forêts et broussailles gagnant sur les terres cultivées. Cette mauvaise réputation de la forêt allait se maintenir longtemps : au VIe siècle, le pays était encore livré aux traditions du Druidisme ! De nombreux textes latins signalent la présence de brigands et, comme le note l'Abbé Chaume, constatant un recul de la civilisation devant la sauvagerie : «Même là où Ton ne parle pas positivement de brigands, on représente les habitants des bois comme des sauvages tout prêts à répandre le sang, voire même comme des anthropophages... Il est curieux de constater que, jusqu'à une

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époque récente, la région conserve sa mauvaise réputation : témoin les itinéraires des pèlerins du XVIe et du XVIIe siècles». 11 fallait une belle dose de courage pour s'aventurer, entre Saint-Seine et le vallon, sur le chemin sinuant à travers la forêt qu'a remplacé la nationale 71. Le 10 juillet 1388, trois brigands, accompagnés d'un jeune garçon d'une douzaine d'années, attaquèrent deux hommes qui menaient une charrette et n'hésitèrent pas à les tuer pour les voler. Le garçon, arrêté un peu plus tard, décrivit dans ses aveux la tactique audacieuse des larrons, qui endormaient les soupçons de leurs futures victimes grâce à sa présence. Si les bandits ne furent point rattrapés, le gamin s’en tira avec une volée de verges. Publié deux siècles après, «Le Guide des chemins de France» de 1553 signale, entre autres, le périlleux endroit : «Du Val de Suzon jusqu'à SaintSeine, il faut passer les bois de Sestres, fâcheux chemin pour ceux qui ont beaucoup d'argent». Un hôpital fut fondé ici dès le Moyen-Age par les Ducs de Bourgogne pour venir en aide aux pèlerins de Sainte Reine. La Duchesse Agnès de France lui légua, par testament, en 1323, une somme de 40 sols. Il est vrai que ces bâtiments, souvent très modestes, comportant parfois une seule et vaste salle, ne correspondaient pas du tout à la destination, que nous leur attribuons aujourd'hui et servaient uniquement de lieux de refuge et de soins aux voyageurs mal en point. Quant aux habitants malades, ils dépendaient de la bonne volonté de parents ou de voisins... Cet hôpital fut réuni à celui de Dijon vers 1650. Si le paysage n'a guère changé depuis des siècles, il est heureusement plus accueillant à notre époque.

Le torrent, ombré de grands sapins, traverse le hameau de bout en bout, longeant la coquette place fleurie où s’élèvent les bâtiments de l'ancienne gare du tramway qu'occupent maintenant les services administratifs de la commune. Les solides maisons séculaires, aux pierres apparentes, le vieux pont sur le Suzon et, tout près, le verdoyant parc de l'Hostellerie que surplombent, au loin, les rochers, ajoutent à l'agrément de ce cadre montagnard. Partout, des fleurs, des pelouses bien entretenues... Ce village est à citer en exemple pour la qualité de son environnement, que déparent à peine les bâtiments assez vétustes de son ancienne usine. C'est devant cette dernière que se détache le sentier Anne. Il monte, en pente assez forte au début, en direction du plateau et traverse une intéressante zone botanique où croissent en abondance le Lys Martagon (Lilium martagon), aux splendides fleurs d'un rose pourpré piqueté de rouge

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Les ruines du BOIS JOSSAM : tout ce qui reste d'un lieu de culte gaulois. Au premier plan, vestiges de l'enceinte extérieure.

Le mur défensif du camp préhistorique d'ETAULES après sa restauration.

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foncé, juchées au sommet d'une tige de près d'un mètre environ aux feuilles lancéolées, et aussi l'Hellébore Fétide (Helleborus faetidus) appelée Rose de Serpent, utilisée autrefois en médecine car elle contient des alcaloïdes. Ce sentier permet, en suivant les marques bleues du Camping Club de France, par les lignes de coupes forestières, d'atteindre le rebord de la falaise rocheuse de la combe Rabot, où se succèdent les belvédères dominant le bassin de Val-Suzon. Très beau point de vue sur le hameau, les lacets de la route de Dijon et le chaos rocheux qui domine celle-ci. A cet endroit et pendant quelques centaines de mètres, le sentier, très pittoresque, est parfois vertigineux et demande certaines précautions, sans pour cela être réellement dangereux. Sa flore est intéressante. En effet, outre l'Hélianthème jaune, que nous avons déjà rencontrée audessus des «Mammouths» de la combe d'Arveau et qui est ici bien représentée, le Dompte-Venin officinal (Asclepias vincetoxicum) trouve ici un terrain à sa convenance. Cette jolie plante vivace, de 40 à 80 centimètres de haut, dont les feuilles rappellent le piment, est très décorative. Le seul Œillet sauvage acclimaté dans le vallon, l'Œillet des rochers (Dianthus silvestris ), se rencontre dans tous les lieux arides où il pousse parfois en touffes, à flanc de rochers. Ses délicates fleurs d'un rose très vif s'épanouissent au bout de tiges parfois très courtes. Egalement sur les rochers et dans les éboulis, le Sédum Album, aux petites fleurs blanches, est très résistant à la sécheresse au cours de laquelle ses feuilles virent du vert au rouge foncé, et demande très peu d'humus pour croître. Revenus au village, souvenons-nous qu'ici les Dijonnais vinrent accueillir la dépouille mortelle du Duc Philippe le Hardi, mort à Bruxelles le 27 avril 1404, à l'âge de soixante-trois ans. Les Maires, les Echevins, cent des principaux bourgeois à cheval et cent pauvres vêtus de noir et portant des torches de cire formaient un cortège plein de magnificence dans sa solennité. Il est vrai que les Grands Ducs d'Occident se trouvaient au faîte de leur puissance et commandaient aux destinées de l'un des plus riches Etats d'Europe : la Bourgogne. Quelques centaines de mètres plus loin, nous arrivons à Val-Suzon Bas. Il constitue le deuxième tronçon du hameau de ce nom. L'élégante flèche de l'église ajoute au charme du paysage. Celle-ci renferme trois cloches datées de 1748, 1852 et 1777. Une petite auberge accueille les promeneurs. Nous pouvons, de là, monter au châtelet d'Etaules, qui domine le village de ses hauteurs verdoyantes. Il s'agit d'un camp préhistorique, éperon barré

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protégé vers le plateau par un fossé creusé dans le roc. Le sol recèle des débris de poteries et des silex. Parmi les bosquets disséminés dans l'enceinte, de nombreux groseilliers (Ribes rubrum), dont les grappes de fruits sont comestibles. Les dimensions énormes du talus barrant le châtelet d'Etaules dans sa partie la plus étroite n'avaient pas manqué de frapper l'imagination populaire : la dépense d'énergie nécessitée pour l'édification d'un tel ouvrage ne pouvait avoir été causée que dans le but de cacher un bien précieux et, de bouche à oreille, on se confia qu'il pouvait receler un chariot d'or ! Curieusement, personne ne s'avisa de démanteler l'imposant muret : le fabuleux trésor de Vix, il est vrai, n'avait pas encore été découvert et la légende du trésor enfoui persista... jusqu’au XXe siècle. Pour d'autres, il s'agissait là d'une œuvre de Fées ! Premières fouilles sérieuses, les 30 septembre et 25 octobre 1898 : elles furent menées par Clément Drioton, Conservateur du Musée des Antiquités de la Côte d'Or. Elles ne firent que confirmer le caractère préhistorique de l'établissement. Reprises en 1964 par Claude Guyot, l'un des animateurs de la Brigade Archéologique, qui découvrit des fragments de céramiques et d'autres vestiges qui permirent de dater la présence humaine en ce lieu au néolithique moyen, au Bronze final et à l'âge du fer, elles devaient être menées très scientifiquement par Jean-Pierre Nicolardot avec le Groupe d'Etudes Régionales de Préhistoire et de Protohistoire pendant douze ans, de 1976 à 1987... sans mettre à jour de chariot d'or ! Point de trésor, donc, si ce n'est, comme l'écrit ce dernier, «les 4000 ans d'Histoire, liés étroitement à celle de toute la région, que révèlent les recherches sur ce site». Cet éperon rocheux a porté un village d'éleveurs et d'agriculteurs entre le IVe et le IIe millénaires avant Jésus-Christ. Abandonné vers 1800 avant J.C., les gens bénéficiant d'une relative sécurité étant descendus dans la plaine, il était réoccupé environ huit siècles plus tard et c'est de cette époque que date la partie la plus importante du barrage, telle que nous la voyons restaurée. Il devait être définitivement abandonné au Ve siècle avant notre ère. à la fin du premier âge de fer. Les fouilles ont mis en évidence l'importance du lieu, avec ses nombreux artisans et la richesse de ses habitants. Alors que la route, en direction de Messigny, suit le fond du vallon, une variante est possible pour regagner Dijon directement. La montée par les lacets, entre les rochers, est très «alpestre» et ne manque pas de surprendre l'automobiliste qui découvre le site pour la première fois. En arrivant sur le plateau, on remarque à gauche le puissant barrage du Châtelet. Le parcours continue par le plateau et coupe la route de Prenois à Etaules. Prenant celle-

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L'abri sous roche de la Combe du Diable a servi de refuge aux habitants d'ETAULES

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ci à droite, il faut s'arrêter environ deux cents mètres avant le village et gagner à pied, par un bon chemin, la Combe au Diable. Le vaste abri-sousroche qui la termine a servi de refuge pendant l'invasion allemande de 1940 à ue soixantaine d’habitants d'Etaules. pendant quatre à cinq jours. Il aurait connu, à plusieurs reprises, le même usage dans le passé. La route nationale file tout droit sur le plateau, laissant sur la gauche la Butte de Corniot tandis qu'apparaissent les montagnes surplombant la vallée de l'Ouche... Avant d'amorcer la grande descente sur Dijon, un chemin mène à l'ancien Prieuré de Bonvaux (propriété privée) fondé en 1215, dont il reste de beaux vestiges de l'église du XIVe siècle et du cloître roman. D'après Clément-Janin, la «Roche fendue» ou «Roche à la Bique» est un menhir naturel traversé par le sentier qui conduit de Bonvaux à Champmoron. Cette roche, d'une hauteur moyenne de trois mètres sur un de large, passait au Moyen-Age pour un lieu de sabbat ; elle servit longtemps de vente aux charbonniers et de point de rendez-vous aux Carbonari sous la Restauration. La ferme de Champmoron est une ancienne Maison-forte. Comme l’ancien Prieuré, elle est située sur la commune de Daix.

Le torrent poursuit son cours sinueux au milieu des prairies et parvient à la Fontaine au Chat, hélas captée elle aussi. Le lieu est très agréable, surtout pendant les chaudes journées d'été. Le Suzon forme un gué très large et peu profond où viennent s'ébattre les enfants. La maison forestière est dominée par un camp préhistorique, éperon barré défendu par trois murés précédés chacun d'un fossé taillé dans le roc et large de quatre mètres. Au bord de l'eau nous pouvons admirer la Grande Valériane (Valeriana officinalis) dont les propriétés la font encore utiliser en médecine. D'après une vieille croyance populaire, elle avait le pouvoir de conjurer les maléfices. Cueillie tout près, l'Eupatoire à feuilles de Chanvre (Eupatorium cannabinum). grande plante qui peut atteindre un mètre cinquante de hauteur, est également connue pour ses qualités médicinales. Depuis la route, un peu avant d'arriver à la Fontaine au Chat, on a pu découvrir un peu plus loin sur la gauche un chaos de beaux rochers dominant le val. 11 s'agit du magnifique belvédère de Roche-Gros. Sa visite, relativement facile, est à ne pas manquer. Nous l'atteignons en prenant un bon chemin qui, depuis la route de Messigny, monte en suivant le fond de la combe d'Envolle jusqu'à son extrémité, où elle rejoint les lignes de coupes. Nous prenons la ligne la plus à droite, qui ramène, après quatre cents mètres environ, au sommet du chaos.

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La très pittoresque sommière du Châtelet traverse la forêt domaniale de Val-Su:on

Les amateurs de petites escalades peuvent effectuer la montée depuis le début de chemin, d'abord parmi les arbres, puis à travers les éboulis et les rochers. Un petit exploit sportif amplement récompensé par la vue splendide qui se révèle au sommet. Le site, sauvage, avec ses boqueteaux de chênes rabougris, ses pics dressés dans les éboulis, torturés par l'érosion, ses pins noirs dispersés parmi les racailles et les blocs où pousse une flore variée, dégage une impression de solitude empreinte de grandeur et de paix. C’est l'un des plus beaux de la région. Tout en bas, le torrent décrit des méandres serrés dans le ruban étroit des prairies verdoyantes où paissent des vaches rendues minuscules par la dénivellation. Val-Suzon apparaît plus loin, paré de son clocher, dans son écrin de montagnes, souvent nimbé d'un léger voile de brume qui accentue les reliefs. A cet endroit, le vallon se transforme en véritables gorges, étroites et profondes, aux versants envahis par la forêt de hêtres ponctuée des taches sombres des conifères. Au premier plan, éclatantes sous le soleil, se dressent les falaises à pic formant les défenses naturelles des camps préhistoriques d’Etaules et de la Fontaine au Chat, situés face à face à la limite du plateau. Attardons-nous un peu à l'identification de quelques plantes. D'abord, très représentée ici où elle couvre de vastes plaques rocheuses, une immigrante des basses montagnes méridionales, l'Anthyllide des Montagnes (Anthyllis Montana) dont les fleurs rouges surmontent une tige d'une quinzaine de centimètres. Les feuilles opposées, très petites et velues, masquent les souches rameuses qui s'étalent en touffes entre les pierres. Une autre Anthyllide, plus connue sous le nom de Vulnéraire (Anthyllis vulneraria), pousse près de là dans les chaumots à Hélianthème que traverse une ligne de coupe parallèle au vallon. Elle diffère de la précédente par ses feuilles moins fournies et surtout par ses fleurs jaunes à corolles blanchâtres, finement velues. Elle était utilisée autrefois dans les pratiques de sorcellerie. Très abondant au bord du chemin de montée à son débouché vers le plateau, le Mélampyre des Champs (Melampyrum pratense) aux fines fleurs jaune pâle, disposées en grappes lâches, atténue la verdeur sévère des pelouses. Paradoxalement, et malgré son nom, cette plante vigoureuse ne croît jamais dans les champs. Son aire s'étend jusqu'en Sibérie Orientale. Rare en France, la Coronille couronnée (Coronilla coronata) nous vient des Alpes du Nord et ne se rencontre ailleurs que dans le Jura et, en Bourgogne, dans la région de Santenay. Nous la retrouverons plus loin, sur le chemin circulaire de Roche-Château. Elle affectionne les chaumots pauvrement

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gazonnés des sols calcaires. On la reconnaît à sa robuste tige de trente à cinquante centimètres à feuilles ovales, que termine une couronne de fruits à gousses pendantes de deux à trois centimètres de long. A protéger ici !

Avant de redescendre, nous devons aller voir un monument curieux situé à quelques centaines de mètres de là, en pleine forêt, dans le Bois Jossam. entre Roche-Gros et la sommière du Châtelet. Il s'agit des restes d'une cella qui était incluse dans un ensemble cultuel gallo-romain important. Les murs, assez bien conservés, forment une première enceinte à peu près carrée d'une cinquantaine de mètres de pourtour dont un angle a disparu. A l'intérieur, une autre construction, également en pierres sèches, bien alignées, plus longue que large, comporte une entrée. A chaque extrémité de cette salle, trois renfoncements étroits, ménagés dans la muraille, d'un mètre de hauteur environ, servaient sans doute de support à des pieux de bois qui soutenaient la charpente, le reste de l'édifice étant probablement fait de petits troncs ou de branches. Les fouilles effectuées dans ce temple ont permis la découverte, entre autres, d'armes, de fragments de poteries, de fibules de type gaulois et, en abondance, de dents et ossements d'animaux témoignant de nombreuses offrandes en nature, ainsi que des pièces de monnaie gauloises de type lingon et romaines des moyens bronze d’Auguste à Tibère, une trentaine en tout placée de façon telle qu'elles ne pouvaient être que de dons en hommage à quelque divinité... Elles étaient déposées en deux endroits bien déterminés : à l'entrée de l’enceinte et à l'entrée de la cella. Ces vestiges ont vraisemblablement précédé le village disparu de Goa, dont l'actuelle maison forestière perpétue le nom. Goa, dont nous retrouvons la trace dans l'acte de donation du domaine de Chevigny-Sainte-Foy, à l'Abbaye de Conques, laissait des ruines encore visibles vers 1740. Elles étaient situées, semble-t-il, plus à l'Est, en haut de la combe du même nom ou vers la maison forestière. Signalons une charte du début du XIIe siècle, passée devant Boniface, 29e abbé de Conques, d'après laquelle un certain Mainfred donne à Sainte-Foy l'église récemment abandonnée de Goes (Goa) avec l'atrium (espace vide) qui l'entourait. D'autres documents attestent que les hameaux de Curtil, de Chevigny (Sainte-Foy) dépendaient de la paroisse de Goa. Une autre donation, celle d'un meix (maison villageoise) par Odo de Ventes (seigneur de Vantoux) également signée du même abbé Boniface et construite près de l'atrium, confirme la présence d'autres bâtiments dont il ne subsiste aucune trace.

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Pourquoi, nous dirons-nous, cette église, ce village furent-ils abandonnés ? Simplement parce que les abbés de Conques, nouveaux propriétaires du hameau de Chevigny-Sainte-Foy, accrurent l'importance de leur prieuré, dépositaire des reliques de la sainte, mieux pourvu par la nature avec son abondante source et son écrin de verdure couronné de rochers. Un arrêté du parlement de Bourgogne du 6 février 1567 précise la prépondérance de la paroisse en tant que «mère église des habitants du Val-de-Suzon et de Sainte-Foy». Peu d'années après, le premier hameau, enfin pourvu d'une église et d'un cimetière, devenait paroisse à son tour sous la dépendance de Saint-Seine. Mais le prieuré de Sainte-Foy appartenait déjà à la Sainte Chapelle de Dijon depuis 1487. et le village de Goa était bien oublié. Reprenons la route de Messigny. Après un pont qui franchit le Suzon, s'ouvre la jolie combe à la Mairie, bordée sur toute sa longueur par un bois de jeunes sapins. Elle est très fréquentée par les fervents du pique-nique. Une petite source, à sec en été, coule en sous-bois. Une autre, à flanc de montée, jaillit au niveau des marnes et alimente un petit marais tuffeux envahi par les roseaux. Elle semble pérenne.

L'ancienne forge de Val-Suzon

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DE SAINTE-FOY A SAINT-SEINE-L'ABBAYE U U1S, voici Sainte-Foy, petit hameau de quelques feux, avec un restaurant-pension de famille. 11 est agrémenté d'un petit château à tourelles qui a remplacé le bâtiment principal de l'important prieuré que nous avons évoqué dans le précédent chapitre. Une tour a été ajoutée depuis et il subsiste encore la chapelle ainsi que la pierre tombale du chanoine

Guillaume Nachard. Celui-là même qui avait pris possession, en 1487, non sans mal, du prieuré, avec l'assentiment du Pape Innocent VIII, pour le compte de la Sainte-Chapelle de Dijon. Les bâtiments, négligés, menaçaient ruine, dans un environnement où personne à l'époque n'osait s'entourer hormis les voleurs, et le nouveau prieur s'empressa de les remettre en état tandis que l’Abbé de Conques, Louis de Crevant, s'estimant injustement dépouillé, s'efforçait en vain de reprendre un bien qui appartenait à son abbaye depuis quatre siècles. C'est en effet au XIe siècle que ce hameau devint un fief religieux grâce à la donation faite par Guy de Grancey à Etienne, 27e abbé de Conques. Ce village est construit au fond d'un bassin charmant, ombré de grands sapins, qui lui fait mériter le surnom de «petite Suisse». Il est surmonté d'une importante arête rocheuse d'où la vue s'étend, splendide, sur une bonne partie du vallon jusqu'à Val Suzon. Hélas, à cet endroit, déjà, le torrent est à sec pendant les mois d'été. Les différents captages ont affaibli son débit de telle façon qu'il devient insuffisant pour compenser les pertes dues à la porosité de son lit. Seul un petit barrage, en retenant les abondantes eaux d'hiver, permettrait de modifier cette situation si déplorable sur le plan touristique. Pour la petite histoire, je livrerai ce piquant souvenir historique, aussi égrillard qu'authentique. Jehan Boudot était, en 1459. prieur de Sainte-Foy. Les documents rapportant cette affaire ne nous précisent pas si sa chambrière était jolie mais nous avons de bonnes raisons de le croire car

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elle excita la convoitise de Alexandre de Saulx, seigneur de Vantoux. Celuici, accompagné de deux serviteurs, n’hésita pas à assaillir le Prieuré, à enfoncer la porte de la chapelle pour y dénicher le malheureux Jehan et la pauvre fille, réfugiés derrière l'autel. Après le pillage des lieux, celle-ci fut prestement enlevée et menée à Vantoux où elle dut subir les sévices que l'on imagine ! La suite ? Eh bien, le seigneur de Vantoux fut tout de même condamné envers le Duc à vingt écus d'amende ! Par la belle combe de Curtil, une route grimpe, en raides lacets, le long d'une verdoyante prairie encadrée de beaux sapins, surplombant les maisons du village, puis montant toujours à travers la forêt, rejoint le plateau. Des environs de Curtil-Saint-Seine, village rural, la vue s'étend, au Sud, sur le vallon dont l'affaissement apparaît nettement avec, au-delà, les villages de l'autre versant, tel Etaules. Au Nord, c’est la forêt à perte de vue qui s'étend sur le plateau de Langres, dominée par le cône de Saulx-le-Duc. Il n’est pas certain que la fondation de Curtil-Saint-Seine soit due à un Duc de Bourgogne de la première race qui aurait édifié en ce lieu une maison de chasse. Par contre, les Templiers y avaient un établissement et une chapelle; celle-ci, servant d'église, a disparu. Le Duc Robert autorisa le Commandeur du Temple de France. Hugues Perrault, d'élever la Justice au finage de Curtil en 1295. Les Hospitaliers devaient succéder aux Templiers, mais il reste peu de traces de leur présence, si ce n'est le bois de Malte, appelé autrefois «Bois du Temple» ... De là, par une petite route agréable et bien entretenue, presque toujours boisée, le D 103 E, nous nous dirigeons vers la Nationale 71, que nous retrouvons presque en haut de la côte venant de Val Suzon. Nous tournons à droite et continuons la montée jusqu'aux hauteurs de la Casquette. Ici, contrastant avec le cadre habituel de notre promenade, nous roulons au milieu des cultures. N'hésitons pas à faire une petite halte. Avant la première maison à gauche, un chemin mène, à 300 mètres, à l'intéressante fontaine couverte de SaintMartin, dite aussi de Parbeuf. Elle date du XVIe siècle. C'est près de là, légèrement à l'Est, dans le bois de Saint-Seine, que s'amorce la grande combe, d'abord ample vallée sèche, puis, vers la roche Aubin, véritable gorge, qui draine les eaux du plateau avec sa rivière souterraine et, par le Creux du Soucy et le gouffre de la Combe aux Prêtres, ressurgit enfin à la lumière au Creux Bleu de Villecomte. Laissant à gauche les hameaux de Cestres et de Saint-Martin-du-Mont, la route plonge en lacets vers Saint-Seine-l'Abbaye que nous ne pouvons manquer de visiter.

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Le «genou à l'âne » : une légende est attachée à ce lieuplein de mystère...

Près de VAUX-SAULES, la statue de la Vierge domine la vallée de l'Ougne

Le village, niché au fond d'une vallée très différente du Val Suzon, doit sa célébrité à son église abbatiale. Saint Seine, né vers 514, fils du Comte de Mesmont, vint s'installer en 536 dans ce site sylvestre très hostile et, aidé de ses moines, en fit très vite un lieu prospère. Il consacra tous ses efforts à son Abbaye jusqu'à sa mort que la tradition situe en 581. Puissante et riche, elle étendait ses possessions jusqu'en Suisse. Pillée en 731 par les Sarrazins, rénovée quarante-six années plus tard, ruinée par les Hongrois et reconstruite en 981 par l'Abbé Guillaume de Vienne, elle possédait quarante villages au XIIe siècle. La construction de l'église fut commencée par l'Abbé Olivier au début du XIIIe siècle, puis arrêtée faute d'argent en 1226. Elle devait reprendre en 1235, mais un grave incendie, survenu en 1255, compromit son achèvement. Celui-ci devait être mené à bien à la fin du XIVe et au début du XVe siècles sous l'impulsion de deux abbés : Guillaume de Vienne, puis Jean de Chaudenay-Blaisy. L'œuvre fut achevée par la tour Nord, seule construite, à l'initiative de Pierre de Fontette, abbé de 1439 à 1484. Les restes des bâtiments abbatiaux datent du XVIIIe siècle et appartiennent à des particuliers sauf le logis abbatial qui est devenu l'Hôtel-de-Ville. On remarque sur la petite place, devant l'église, qui était autrefois la cour de l'Abbaye, la jolie fontaine de la Samartaine. datée de 1715, en face de l'ancien Palais abbatial. A voir aussi dans le village la Porte du Lion, du XIVe siècle, restes des fortifications de l'Abbaye, un bas-relief du XIIe siècle encastré dans le mur d'une maison et la grande fontaine alimentant le lavoir. L'église appartient à la plus pure école gothique bourguignonne. Assez vaste, elle ne manque ni d'élégance, ni d'équilibre et renferme des œuvres d'art de qualité. Il faut particulièrement remarquer les peintures murales qui décorent le revers des stalles. Côté Nord, l'artiste a retracé en 1501 la vie du saint fondateur de l'Abbaye. Côté Sud, l'Arbre de Jessé (1521), suivi d'une figuration du chevalier Jean IV de Fontette, puis une illustration de la Vierge Marie surmontée du Christ. A voir également, parmi les nombreuses pierres tombales, toutes classées monuments historiques, celle de l'Abbé Jean de Chaudenay-Blaisy, représenté par son squelette, et celle de Pierre de Fontette, finement ciselée. L'ancien jubé, délicatement sculpté, est maintenant placé au fond du chœur. Surmonté d'une grande rosace, encadré par les stalles des moines, chefd'œuvre du XVIIIe siècle dû au ciseau de Guillaume de Theiss, il accroît la splendeur de cette partie de l'église. Sous ses arcades ont été placées sur consoles deux belles statues issues de l'atelier de Claus Sluter. dont le célèbre puits de Moïse de la Chartreuse de Champmol, à Dijon, fit la renommée.

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Les rues, parfois à forte pente, donnent au village un caractère presque médiéval. Saint-Seine-l'Abbaye garde le souvenir du passage du roi Henri IV, le 3 juin 1595. Il se rendait à Dijon pur y recevoir le témoignage de sa soumission et de sa fidélité, alors que les Ligueurs, tenant toujours le château, tiraient le canon sur la ville occupée par les troupes du Maréchal de Tavannes. Les habitants, las de cette guerre fratricide, attendaient le nouveau roi comme un libérateur. En ces temps troublés, la disette était telle que les gens de Saint-Seine, s'ils accueillirent joyeusement leur souverain, les jeunes filles du pays lui offrant des couronnes de fleurs, eurent bien du mal à pourvoir aux besoins de sa suite. Seul le roi put boire du vin, les autres seigneurs devant se contenter d'eau... Le lendemain, Henri IV entrait à Dijon. Il allait y séjourner jusqu'au 3 juillet, date de son départ pour la Comté. De Saint-Seine-l'Abbaye on peut gagner Vaux-Saules, accroché aux pentes de la vallée de l'Ougne. Il possède de beaux calvaires, mais c'est la statue de la Vierge, érigée sur un promontoire dominant le village, qui présente le plus d'intérêt. Elle fait l'objet d'un pèlerinage le dernier dimanche d'août. Le «Genou à l'Ane», situé dans les bois proches de Vaux-Saules, est à l'origine d'une légende : Saint Seine passant par là, son âne trébucha et heurta la roche de son genou, faisant jaillir une source d'eau claire où le Saint se désaltéra...

Saint-Seine : l'établissement hydrothérapique

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La grotte de Roche-Chèvre, près de Val-Suzon, donne accès à un important réseau hydrologique souterrain

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FRANCHEVILLE ET SES GOUFFRES OUS quittons Saint-Seine-1'Abbaye, en direction de Val Suzon, par la belle route en lacets. Peu après Cestres, nous tournons à gauche dans la D 103. Quelques kilomètres plus loin, nous traversons Francheville et, derrière le hameau, en bordure de la grande combe qui, du bois de SaintSeine, descend jusqu'à Vernot, nous découvrons le Ceux de Soucy. Grottes et gouffres ont été longtemps, dans l'imagination populaire, le repaire de démons et d'animaux fabuleux, à l'origine de nombreuses légendes... On a longtemps cru que les gouffres s'ouvraient sur un cheminement débouchant plus ou moins à l'air libre : l'histoire du canard lâché dans le puitsnaturel du Soucy et réapparu au Creux bleu de Villecomte n'est, bien entendu, qu'une légende puisque de nombreux siphons jalonnent le parcours, même si les récentes explorations de ce réseau viennent confirmer la relation entre les deux points. Plutôt rare, ce cas où la réalité étaye la fiction ! Ce puits naturel de 57 mètres de profondeur est l'une des curiosités les plus anciennement connues de la région. Au fond coule la rivière souterraine qui alimente, à Villecomte, une puissante résurgence : le Creux Bleu. Par une curieuse analogie, celui qui attira le premier l'attention sur ce gouffre, en 1774, Louis Bernard Guyton de Morveau. était comme E. A. Martel, un juridique. Ses fonctions d'avocat général au parlement de Bourgogne ne l'empêchèrent pas d'attacher son nom aux premières expériences de la chimie moderne. A la suite d'une visite «de surface», car personne à cette époque n'aurait oser tenter une descente dans cet inquiétant orifice, il fit une communication aux membres de l'académie de Dijon. Il fallut attendre le 24 octobre 1904, date de la descente de Martel, accompagné de son fidèle Louis Armand qui devait donner son nom au célèbre Aven des Causses, et de Clément Drioton, libraire à Dijon, pour en savoir davantage, et notamment l'existence de la rivière souterraine.

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Ce fut l’année suivante, au cours des 6, 7 et 8 juillet 1905, que l'expédition, munie de bateaux démontables, fut poussée plus avant. On en profita pour remonter à la surface les restes d'un malheureux, suicidé en 1885, ainsi que le fusil qu'un chasseur y avait imprudemment laissé choir. Une nouvelle descente, le 29 mars 1929, organisée par les Eclaireurs de France, permit la remontée du corps d’un vieillard qui s'y était précipité l'année précédente. Les spéléologues dijonnais devaient prendre le relais et, parfaitement équipés, mener à bien une étude très poussée de la cavité. Il ne semble pas qu'elle puisse être un jour aménagée pour la visite du public. Comme dans la plupart des cas, nous devons au hasard une découverte de grande importance. Au cours d'une prospection géologique, M. B. Humbel s'intéresse à une carrière exploitée par un habitant de Francheville et située à 900 mètres du Creux du Soucy, en bordure de la route. Il remarque un trou mis à jour au cours d'une extraction, y jette une pierre qui tombe très bas : le gouffre de la combe aux Prêtres, dépendant du réseau de Soucy. est ainsi révélé. Dès le 11 décembre 1969, l'exploration allait être entreprise par les membres du Spéléo Club de Dijon qui allaient trouver là une éclatante consécration de leurs précédents efforts. Ils font vite la preuve que la rivière souterraine qui coule au fond est la même que celle du gouffre voisin, qui ressurgit à Villecomte. 11 s'agit donc d'un très important réseau hydrologique souterrain. En raison de la composition des roches, celui de la combe aux Prêtres est différent du Creux de Soucy et se prête mieux à la visite. Il est aussi plus étendu et comporte de nombreuses salles plus ou moins vastes et certaines très décorées. Mais laissons la parole aux pionniers : «Le vendredi 2 janvier 1970, une première équipe (F. Berger, J.-J. Chauvin, Frank et Laure Lanier. X. Marcone, J. Michel) découvre dans la partie aval de la rivière un hoyau situé au ras de l'eau, en partie noyé, particulièrement étroit et dangereux (50 cm de diamètre et 20 mètres de long). Celui-ci aboutit dans une salle d'où partent deux galeries. La première explorée se dirige vers le nord. Elle a jusqu'à 15 mètres de hauteur, et de 7 à 8 mètres de large. Elle est tapissée de concrétions de toutes formes : stalactites, stalagmites, penderies, feuilles de bananiers, cascades pétrifiées de colorations diverses : blanchâtres, oranges, bleuâtres, quelquefois transparentes à tel point qu'elles donne l'illusion d'être de glace, scintillante sous la lumière des lampes. Ce même enchantement devait se poursuivre dans la deuxième galerie fossile dont l'exploration se poursuit sur plus de 400 mètres alors que la galerie s'élève de plus en plus haut et qu'au plafond apparaissent de magnifiques

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cheminées dont le pourtour semble avoir été garni de dentelles. » cf. Sous le plancher, tome X, fasc. 4, 1971). Et il y a ainsi plus de six kilomètres de galeries, de boyaux et de salles, souvent parcourues par la rivière navigable en bateau par endroits, dont le débit est puissant même en période de basses eaux ! Citons-en quelques-uns : d'abord, de part et d'autre du gouffre, à moins de 52 mètres, la galerie de la rivière du Gouffre, de deux cents mètres de long, entièrement parcourue par le cours d'eau ; puis la salle de Chaos, encombrée de blocs et située à près de trente mètres au-dessus de la rivière ; la salle des Eboulis ; de plus de vingt mètres de diamètre ; la galerie des Merveilles, qui contient les plus belles concrétions de la région ; la galerie des Gours, d'une hauteur de près de 20 mètres ; le méandre des Cristaux ; la galerie des Marmites avec ses plans d'eau ; la galerie de la cascade ; la salle Castin. longue de quarante mètres et large de trente, la plus grande d'un ensemble de trois avec la salle du Laminoir et la salle supérieure... Mais un siphon (galerie entièrement remplie d'eau) d'une cinquantaine de mètres de longueur, situé à deux kilomètres de l'entrée du gouffre, a longtemps marqué le terme des explorations. Une dizaine d'années après la découverte de la combe aux Prêtres, les membres du Spéléo Club de Dijon, équipés de matériel de plongée, allaient donner au réseau une dimension considérable et le placer parmi les dix premiers de France. En juillet et août 1982, les spéléologues dijonnais poursuivent leurs efforts ; en septembre, l'un des plongeurs. Bernard Le Bihan. avance jusqu'à 6000 mètres de l'entrée... En 1984. après le franchissement de huit siphons dont un dernier long de 270 mètres, la jonction était effectuée entre le réseau aval du Creux du Soucy et celui de la combe aux Prêtres. C’est également en 1984, au mois de mai, que surgit un élément nouveau : sur les indications de M. Jules Girard, de Vernot, et de M. Dominique Giraudet (sourcier), de Tilchatel, le groupe spéléo d'Is-sur-Tille entreprend la désobstruction de ce qu'ils pensent être une tête de cheminée en relation avec la rivière souterraine. Cette supposition se révèle exacte : le week-end de la Pentecôte, après avoir creusé plus de 14 mètres avec de gros moyens de terrassement, ils découvrent le sommet d'un puits profond de 36 mètres... complètement noyé ! Le gouffre de Nonceuil entrait dans l'Histoire de la Spéléologie. Une nouvelle fois, Bernard Le Bihan entreprend toute une série de plongées et, le 11 juillet 1986, il réalise la jonction avec la partie explorée de La Combe aux Prêtres.

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Concrétions en draperies dans le gouffre de la Combe-au-Prêtre (Photo A.S.C.O.)

Le somptueux décor du gouffre de la Combe-au-Prêtre. (Photo A.S.C.O.)

Le Spéléo-Club de Dijon organise encore une expédition, avec l'appui de la «Fédération d'Etude et de Sport Sous Marin», au cours de laquelle, dans des conditions très difficiles nécessitant d'énormes et coûteux moyens, après trois heures en immersion, Bernard Le Bihan franchit le plus grand réseau noyé de Bourgogne : 1 080 mètres ! Et ce n'est pas fini : la résurgence du Creux Bleu de Villecomte est située à huit kilomètres à vol d'oiseau du point extrême atteint. De nouvelles expéditions sont prévues et elles devraient permettre de porter le développement, actuellement connu sur 23 km de galeries dont certaines grandioses et de toute beauté, à plus de 30 kilomètres ! En attendant, ce sont chaque année environ 2 000 spéléologues venus de toute l’Europe qui affluent à Francheville... Ce qui n'est pas sans poser parfois des problèmes d’accès au fond. La commune a fait un effort en créant un centre d'accueil, gîte d'étape, et des chambres d'hôtes... pour ceux qui ne font pas que passer.

Depuis la carrière où s’ouvre le gouffre, la route descend la verdoyante combe de la Roche Aubin. Un chemin forestier, sur la droite, mène à une source. Elle alimente l'ancien lavoir de Curtil-Saint-Seine, situé à plusieurs centaines de mètres du hameau, ce qui nous laisse imaginer la rude vie menée autrefois par les villageoises du plateau ! Nous rejoignons la nationale 396, que nous suivons, à droite, en direction de Vernot. Ce village ne conserve de son ancien château-fort que les souterrains. Des gouffres et cavernes s'ouvrent dans les environs. Le chemin départemental 103 débouche dans la vallée de l'Ignon où il atteint Villecomte. dont le Creux Bleu est la puissante résurgence de la rivière souterraine du Soucy. Comme à Bèze. cette source alimente un joli cours d'eau qui baigne les maisons du village. Après quelques instants de détente dans ce site agréable, il faut rebrousser chemin en direction de Vernot où nous reprenons la route de Dijon. Saussy mérite une halte. Un industriel lyonnais, Paul Bredin. qui avait fait fortune dans la teinture, fit édifier en 1877 la tour, monument insolite dont la vocation première de... château d'eau se solda par un échec, du moins en ce qui concerne l'alimentation de la commune en eau. Son édifice annexe, près de la source des Mousseneux, qui contenait la roue chargée en principe de «monter l'eau», haut de 16 mètres, était construit en contrebas, vers la maison forestière. Par mesure de sécurité, l'Office national des forêts a fait démolir cette ruine aux murs branlants voici quelques années. C'est

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dommage en ce sens qu'il s'agissait de la partie la plus originale de l'ensemble ! Les habitants de Saussy tiennent beaucoup à leur «tour», bien qu'elle soit ni classée, ni inscrite à l'inventaire des Monuments historiques : elle appartient désormais au paysage... Le vaste panorama circulaire s'étend, au loin, sur les Vosges, le Jura et, par temps très clair, sur la chaîne des Alpes tandis que, plus près, au Nord, l'immense forêt s'étale jusqu’à l'horizon, dominé par le mont Saint-Siméon, ou cône de Saulx-le-Duc, et, au Sud, au-delà de la profonde entaille creusée par le Suzon, vers le Mont Afrique. Plus réduite, mais néanmoins remarquable, la vue vers le Sud-Est, près du château des Charmes, situé à quelques centaines de mètres du village, est à ne pas manquer. De même, un autre point de vue, le belvédère de Molvaux, permet de découvrir, au-delà de la forêt, la vallée de l'Ignon et le cône de Saulx-le-Duc. Quant au château des Charmes, construit par Bredin vers la même époque que la tour, il a été gravement endommagé par un incendie et son devenir est toujours incertain. Tout proche et dépendant du même domaine, le magnifique manège accueille une école d'équitation avec chevaux et poneys. Ses animateurs organisent, outre les activités de dressage, des randonnées aux alentours. De Saussy, une route ramène à Curtil-Saint-Seine d'où, par une rapide descente dans la verdure, nous rejoignons Sainte-Foy et le fond du vallon. Depuis ce dernier hameau, la pente diminue mais les versants, où débouchent de jolies combes, sont toujours très abrupts. Un peu avant le Petit Moulin, maintenant transformé en chenil, s'ouvre, à gauche, la combe de Saint-Fol, belle et étroite prairie fermée au fond par son énorme rocher à la croupe dénudée. Une belle source jaillit à l'entrée du bois et alimente un petit ruisseau qui serpente dans le pré et où viennent s'abreuver les chevaux et poneys parqués en cet endroit. Le rocher de Saint-Fol, que l'on peut atteindre par une ligne de coupe partant de la route et longeant la combe, est très pittoresque, avec ses énormes blocs et ses monolithes. A l'opposé, le balcon de Roche Tire-Barbe domine le paysage. Il est agrémenté d'une petite grotte, excellent abri en temps de pluie. Cette grotte s'ouvre au pied du rocher, derrière un joli pin. Haute de trois mètres, longue d'une quinzaine, elle ne dépasse pas un mètre quarante dans sa partie la plus large pour ne plus former, vers le fond, qu'un étroit couloir. C'est en réalité une faille que les eaux ont élargie. Elles devaient autrefois jaillir puissamment à l'extérieur pour rejoindre le Suzon et il est permis de supposer qu'il existe toujours un courant souterrain, à une plus grande profondeur, qui alimente les sources situées plus bas.

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En effet, au fond de la caverne, après l'étroit passage où la faille se resserre, elle s'enfonce subitement et donne accès à plusieurs salles en contrebas. Malheureusement, il n'est pas possible de progresser davantage actuellement, car l'orifice du gouffre n'atteint pas trente centimètres de largeur.

Le château de SAUSSY... avant qu'il soit incendié

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10 LE PARC DE JOUVENCE E Suzon continue sa course. Tantôt serpentant dans la prairie, tantôt venant lécher le flanc de la montagne, il vient border le parc de Jouvence. Depuis la route, près de laquelle s'élève un monument élevé à la gloire du Lieutenant Raymond Sambain, tué sauvagement par les Allemands à cet endroit le 8 septembre 1944, jour du combat de Messigny, un chemin dans un pré mène à l'aqueduc du Rosoir, encadré de deux petits édifices où grondent les eaux de la source du même nom, hélas captée. Vers 1840, l'ingénieur Darcy réalisait ces travaux pour satisfaire les besoins en eau des Dijonnais. Mais d’autres solutions pourraient maintenant être envisagées et permettre au torrent de couler même en été. La nappe d'eau qui s'étale sous son bassin est très importante. Un puits de sondage creusé en 1965 par le Génie Rural au centre du vallon, à quelques dizaines de mètres de l'entrée du parc, est toujours abondant. De plus, il est fréquent de voir le Suzon se garnir de flaques d'eau claire qui monte dans son lit lorsque la nappe est à saturation. Nous avons constaté ce phénomène en plein mois d'août, comme nous avons vu le trop-plein de l’aqueduc venant de SainteFoy couler brusquement et envahir le Suzon jusqu’au-delà du petit pont, à la satisfaction des promeneurs ! A droite, un agréable chemin s'enfonce dans le parc ombré de beaux hêtres accrochés le long de la pente, tandis que les sapins et les épicéas cernent de jolies clairières parsemées de genévriers. Le sentier qui prolonge l'aqueduc mène en quelques centaines de mètres à la belle Fontaine de Jouvence dont les abords furent aménagés en parc public au siècle dernier par la ville de Dijon. Le site, restauré, est toujours très fréquenté. Jouvence, selon la mythologie Juventa, nymphe d'Italie aimée de Jupiter, fut métamorphosée par ce Dieu en une fontaine qui avait la vertu de rajeunir ceux qui s'y baignaient. La Fontaine de Jouvence joue un grand rôle dans les romans du Moyen-Age. On la plaça originairement dans le Paradis Terrestre, puis dans les Ardennes et dans de nombreux autres lieux. Lors de la découverte du Nouveau Monde, on crut que c'était là qu'il fallait la chercher !

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Le Parc de Jouvence, dominépar sa corniche rocheuse

En Bourgogne, une fontaine de Saint-Gengoux-le-National porte ce nom. On débouche dans une belle fûtaie aux arbres séculaires. En face, s'ouvre une petite grotte artificielle dont la voûte protège des intempéries une table de pierre jadis entourée de bancs. Une ouverture, que fermait une porte de fer, donne accès à une petite salle dont l'un des côtés est occupé par un bassin toujours plein d'eau fraîche, très utile pour recevoir les bouteilles du pique-nique. La porte de fer présente en relief sur toute sa surface les outils des artisans du bâtiment. «Les eaux de la Fontaine de Jouvence, sortant du terrain appelé FullersCarthe. jouissent de la propriété incrustante. L'excès d'acide carbonique tenant en dissolution le carbonate de chaux, le laisse déposer lorsque par son exposition à l'air cet excès d'acide est évaporé.» (Mémoires de l'Académie de Dijon, année 1841-42). Ce qui explique la formation de la motte de tuf de la cascade, encadrée de gros platanes et de gigantesques sapins dont les racines, entremêlées avec les blocs de rochers, livrent passage au ruisseau venant de la source située quelques mètres plus loin. Ces arbres sont parmi les plus beaux de la forêt. En montant derrière la cascade de tuf, de l'autre côté du chemin, on découvre le captage de la source. L'entrée de la grotte apparaît au-dessus : il s'agit du réseau fossile donnant naissance à la source... et il arrive, après de très abondantes pluies, que l'eau jaillisse depuis ce petit porche. Malgré l'étroitesse du boyau, les membres de l'Association Spéléologique de Côte d'Or l'ont explorée entre 1976 et 1978 dans des conditions de reptation extrêmement difficiles sur une distance de 90 mètres. Et cela continue, toujours en direction Nord-Ouest... La source coule toute l'année, même pendant les étés les plus secs, bien que l'effet soit plus agréable lorsque, après de fortes pluies, elle jaillit avec abondance et, dévalant à travers les arbres, rejoint le Suzon à l'ancien vannage. A quelques dizaines de mètres de là, à droite, au bord de la plate-forme où coule le ruisselet de Jouvence, la fontaine Baise-Ma-Mie laisse échapper son filet d'eau devant une grande table de pierre dont les bancs ont été hélas détruits. Selon la légende, les amoureux devaient y venir boire pour connaître le bonheur. Précisons que le sentier de grande randonnée pédestre (G.R. 7) passe à cet endroit-là. reliant les Vosges aux Pyrénées. Ce lieu était d'ailleurs très fréquenté autrefois quand le petit tramway de Dijon à Saint-Seine-l'Abbaye, remontant tout le vallon, s'arrêtait à l'entrée du parc, amenant des centaines de Dijonnais. Des fêtes, avec bals, buvettes et marchands de frites,

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L'aqueduc de Jouvencefranchit le Suzon juste à côté du captage de la source du Rosoir

donnaient à ce magnifique coin de nature une animation joyeuse, surtout le lundi de Pentecôte. (Les visiteurs restent néanmoins très nombreux, surtout le dimanche, où les voitures affluent par dizaines). Depuis quelques années, le service des espaces verts de la ville de Dijon s'occupe activement à rendre le cadre agréable. Les abords sont entretenus, des sacs-poubelles disséminés çà et là, des tables de bois avec bancs mises à la disposition des pique-niqueurs, des w.-c. discrets, peints en vert pur mieux se confondre avec le paysage et nettoyés régulièrement, etc. Un itinéraire de promenade fléché indique les points du parc les plus intéressants. La plus grande clairière est aménagée en terrain de jeux avec, autour, des troncs d'arbres répartis un peu au hasard pour servir de sièges... Il ne manque qu'un détail pour réjouir tout le monde : que coule le Suzon ! Pour ceux que ne rebutent pas de petites escalades, la promenade ne s'arrête pas là. Quittant la source, on monte par un raide pierrier jusqu'au fond du cirque rocheux. Il suffit de suivre le sentier rouge du Club Alpin Français. Quand celui-ci, passé le cirque, rejoint le sentier bleu à l'intersection de deux lignes de coupe, il faut prendre ce dernier à droite. Il mène, en quelques minutes, au belvédère de Jouvence. Cette promenade peut d'ailleurs être entreprise depuis la route d'Etaules et permet de suivre sans notable dénivellation la bordure du plateau jalonnée de beaux points de vue jusqu'au balcon de roche Tire-Barbe décrit plus haut, et même au-delà. Du belvédère de Jouvence, la vue s'étend sur le cirque rocheux et boisé qui encadre le parc dont les arbres séculaires, en-dessous, paraissent minuscules, puis sur le fond du vallon, aux champs cultivés et prairies cernées par la forêt aux pentes très abruptes avec, à gauche, dominant la route, les arêtes rocheuses de la roche au Cerf et de la roche au Diable. Au loin, les maisons de Messigny apparaissent, par-delà la vallée de la Saône, dominée par la ligne bleue des monts du Jura. En redescendant on peut, à la source, prendre le sentier qui mène aux ruines de l'ancien vannage. Le retour par les rives du torrent, quand il coule, est très agréable. Les plans d'eau succèdent aux petits rapides, venant lécher presque continuellement la bordure du bois de sapins où s'ébattent les écureuils.

La flore du parc de Jouvence est très riche et mérite un examen particulier. Outre que nous y retrouvons la plupart des espèces déjà citées, soit sous bois ou dans les clairières, soit sur les roches du sentier du belvédère, nous allons en étudier quelques autres.

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D'abord, sur les rives du Suzon. peu après l'ancien vannage, à l'endroit où il décrit une courbe profondément encaissée en bordure d'une prairie, pousse un véritable mini-jardin botanique. Plusieurs espèces de menthes se côtoient et s’entremêlent, plus ou moins parfumées : Mentha arvensis, Mentha aquatica et Mentha rotundifolia, d'ailleurs assez répanduesdans tout le vallon. L'Epilobe hérissé (Epilobium hirsutum), aux petites fleurs roses, et le Myosotis des forêts, petite plante des montagnes qui pousse en larges touffes parsemées de délicates fleurs bleues, se mêlent à quelques pieds d'Oseille sauvage (Rumex acetosa), appelée aussi rhubarbe des moines, très répandue dans les prairies et espaces verts humides, dont la présence ici est assez insolite, comme la Rénouée (Polygonium lapathifolium), autre plante de plaine immigrée là. Plutôt familière des cultures sarclées et même des dépotoirs ! Elle se reconnaît par ses petites fleurs rougeâtres disposées en épi au sommet des tiges. Plus somptueux, l'Aconit Napel (Aconitum napellus), belle plante à grande tige, aux feuilles très découpées, aux fleurs bleu violacé, nombreuses, en grappes terminales, nous vient des bois humides des régions montagneuses de France et de l'Europe Centrale. Elle est parfois cultivée comme plante d'ornement. On la rencontre souvent dans le vallon sur les bords du Suzon. Un peu plus loin, près du terrain de sports, belle station de Colchiques (Colchicum automnale) dont la notoriété vient de sa floraison tardive qui annonce la fin de l'été. La fleur, rose lilacé, en forme d'entonnoir, jaillit audessus de l'herbe rase et semble solitaire. En réalité, lorsqu'elle apparaît, les feuilles longues et étroites sont desséchées depuis le printemps et se confondent avec l'humus. La fructification intervient l'année suivante. Il s'agit là d'un cycle rare et étonnant qui se poursuit au-delà de l'hiver. Signalons la Gentiane d'Allemagne (Gentiana germanica), originaire d'Europe Centrale. Peu répandue en France, elle est toujours rare et parfois rarissime, notamment dans l'Ouest, le Plateau Central et la Provence, et inexistante dans les Pyrénées. Elle monte jusqu'à 2 200 mètres dans les Alpes. D'après Fournier, il s'agit d'une plante annuelle. Cosson et Germain en signalaient plusieurs stations en région parisienne, mais la classaient dans les plantes bi-annuelles ! Nous avons observé deux sujets à une quinzaine de mètres de l'angle du parc où le Suzon forme un virage brusque et cesse de côtoyer la route, et nul autre ailleurs. A l'automne, ses délicates fleurs d'un violet bleuâtre forment de parfaites petites étoiles à cinq branches tandis que les feuilles, ovales-aiguës, opposées sur des tiges rameuses dressées d'une trentaine de centimètres, virent au brun violacé d'un très bel effet décoratif.

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Tout près de là, en direction de l’aqueduc, nous avons admiré un spécimen apparemment assez peu répandu ici d'une grande orchidée, la Céphalanthère blanche (Cephalanthera damasonium), qui se rencontre dans les bois calcaires de toute la France. Les feuilles lancéolées embrassent la tige que surmontent les fleurs, grandes, blanches, disposées en épi peu serré. Elle pousse çà et là dans une pelouse où nous avons également remarqué la Lysimaque (Lusimachia nummularia), appelée vulgairement Herbe aux écus, dont les tiges rampantes font racine. Les feuilles rondes, opposées, régulièrement dessinées, se couvrent de jolies fleurs jaune d'or. En remontant vers la source de Jouvence, on croise un chemin d'exploitation qu'il faut prendre à gauche. Il passe près d'un marais tuffeux qui succède aux sapins et monte à travers la hêtraie jusqu'au fond de la combe aux Anes. Là, le vaste espace dégagé d'une coupe forestière s'enrichit d'une flore vigoureuse. Nous cueillons la petite et savoureuse fraise des bois (Fragaria vesca) - comme dans bien d'autres endroits d'ailleurs ! Et nous admirons aussi, en abondance, le grande Epilobe à feuilles étroites (Epilobium angustifolium), appelé aussi Laurier de Saint Antoine, qui diffère, surtout par sa taille, de celui que j'ai signalé plus haut. Il s'agit d'une grande plante dont les belles fleurs s'épanouissent progressivement en grappes au sommet d'une tige bien droite élevée de plus d’un mètre. Voisinant avec cette dernière, la Digitale jaune (Digitalis lutea), de taille un peu plus modeste. La tige dressée, aux feuilles lancéolées, se termine par de nombreuses fleurs jaune pâle, très décoratives. Nous revenons vers l'aqueduc et prenons, juste au-dessus, un petit sentier qui ramène, tout près de là, au bord du Suzon dominé par des rochers abrupts couverts de lierre. Entre ceux-ci et la rive pousse la Parisette (Paris quadrifolia), curieuse petite plante qui porte quatre grandes feuilles ovales surmontées par une unique fleur qui se transforme en une baie bleu noirâtre sans doute à l'origine de son appellation populaire : Raisin d'Ours. Son nom viendrait, selon une légende, de la rencontre de Pâris, fils de Priam, avec les déesses Héra, Athéna et Aphrodite, représentés par les quatre feuilles... L'Hépatique (Hepatica nobilis ou Anemone hepatica) accompagne, dans ce sous-bois, la précédente. Ses feuilles trilobées persistent l’hiver. Elle se mêle au lierre avec lequel il ne faut pas la confondre. Sa fleur, d'un bleu intense, annonce le printemps. Une autre printanière, la Primevère des bois (Primula eliator), plus connue des promeneurs : le coucou, aux fleurs jaunes, est assez répandue dans le vallon. Dans la pelouse qui s'étend le long des sapins, dans l’angle du parc où le

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La grotte de Jouvence, au-dessus du captage, par un hiver rigoureux

Suzon fait un coude près de la route, qui le ramène vers le petit pont, plusieurs espèces attirent l'attention. Une belle station de Crise sans tige (Cirsium acaule), mêlée à la Centaurée des montagnes, prend le relais après la floraison de cette dernière. Ce petit chardon, aux feuilles étalées ras du sol, porte une belle fleur rouge de trois à quatre centimètres de largeur, unique, presque dépourvue de tige. C'est une montagnarde de l'Europe Centrale qui se retrouve aussi en Italie et en Espagne, mais qui ne pousse pas en plaine. Près de là, abondante, la Succise (Succisa pratensis), dont la tige, peu feuillue, porte une fleur en capitules globuleux d'un bleu violacé. Un peu plus loin, de nombreux pieds de Grande Brunelle (Prunella grandiflora) qui, malgré son nom, est plus petite que la précédente. Sa tige se termine par une tête de belles fleurs violacées qui surmonte quelques paires de feuilles opposées, ovales et légèrement pubescentes. Sa présence ici témoigne du microclimat aux étés secs et chauds particulier au Val Suzon.

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L'étroit vallon vu de la corniche de Jouvence. Le camp préhistorique de Roche-Château s'élevait sur la gauche.

11 LE BELVEDERE DE ROCHE-CHATEAU PRES le Parc de Jouvence, le vallon s'élargit de plus en plus. Le Suzon atteint l'ancien moulin du Rosoir, niché dans les arbres, tout près du pavillon rose construit par la ville de Dijon sur l'aqueduc souterrain pour contrôler le débit des eaux et les assainir. A gauche se dressent des rochers à la limite du plateau. C'est le belvédère de Roche-Château. Le versant étant beaucoup trop raide pour l'atteindre directement, il faut suivre la route jusqu'à la maison forestière de Messigny. De là, un sentier signalisé monte en pente douce jusqu'au pied du rocher dont le surplomb, impressionnant, incurvé à sa base, présente un abri sous roche très sec et assez vaste. Un passage assez difficile contourne le rocher et mène, par une curieuse poterne taillée dans la pierre, sur l'esplanade. On se croirait au sommet des ruines d'une tour médiévale. C'est la partie la plus avancée du dernier camp préhistorique, le plus important aussi. Il défend l'entrée du Val Suzon au débouché de celui-ci dans la vallée que domine son escarpement rocheux. Il s'agit d'un belvédère de premier ordre d'où la vue s'étend, au-delà des plaines de la Tille et de la Saône, jusqu'à la chaîne du Jura. Nous ne connaissons pas ce que fut l'importance réelle de ce camp aménagé à l'âge du fer. Les vestiges des fortifications qui en restent, développées sur 1 860 mètres, couvrent 21 hectares. Cela nous amène à penser qu'il s'agissait d'une véritable ville. Il n'en subsiste pratiquement rien, hormis les entailles du rocher, le trou de la poterne, les traces de murs et de fossés du puissant retranchement dont le système défensif atteignait 42 mètres de largeur du côté Ouest, le plus vulnérable, des pierres rougies par le feu et des traces de chaux. L'entrée Ouest du camp est nettement visible. Découvertes en 1869 par M. Chapluet, quatre médailles impériales, dont l’une à l'effigie de Néron (an 54 à 68), et

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un fer de cheval antique attestent de l'occupation romaine au cours du premier siècle de notre ère. L'horizon se dégage de plus en plus dès que l'on monte le long du retranchement jusqu'au balcon de la Roche au Cerg (442 mètres), situé presque à pic au-dessus du moulin du Rosoir. En direction de Sainte-Foy apparaît, bien dégagée, la barrière rocheuse du cirque de Jouvence qui, en hiver, se couvre de draperies de glace. A l'Est, éloigné de quelques centaines de mètres, apparaît Messigny, dominé par le clocher carré de son église. Puis Asnières, Dijon et ses quartiers modernes, la butte d'Hauteville, le Mont Afrique agrémentent ce vaste paysage. Au loin, par temps clair, se distingue la masse sombre du Mont Blanc, couronné de ses neiges éternelles. Malgré son éloignement de deux cents kilomètres, il est très visible à l'œil nu. Entre la Roche au Cerf et le Plain d'Avau, situé en face à six cents mètres environ, au-dessus de la rive opposée, le Suzon coule dans des champs larges de deux cents mètres. Cela donne une idée de la raideur des versants, qui apportent au vallon cet air de véritables gorges. Si nous continuons à suivre le sentier circulaire qui longe sensiblement la limite du camp préhistorique et ramène en quelques centaines de mètres au belvédère en découvrant, après la combe d'Avau, un vaste panorama, plus étendu que le précédent en direction du Nord-Est, nous retrouvons la fiorule des lieux secs et arides déjà citée et quelques autres variétés. L'une d'elles, rencontrée seulement ici, semble assez rare en Côte d'Or : l'Inule des Montagnes (Inula montana), plante des montagnes du Sud-Est et du Plateau Central, aux fleurs jaunes juchées au sommet d'un tige dressée, dont les feuilles légèrement dentées, sont couvertes de poils soyeux. Plus commun, le Millepertuis (Hypericum perforatum) porte de nombreuses fleurs jaune d'or au sommet d'une tige très ramifiée, aux feuilles ovales opposées. Il était autrefois utilisé en médecine, notamment pour soigner les maladies nerveuses. La Linaire commune, ou Lin sauvage (Linaria vulgaris), est une des plus belles espèces du genre. Les fleurs, nombreuses, à grappes serrées, de couleur jaune soufre à fond orangé, surmontent une tige aux fines feuilles lancéolées qui peut atteindre 50 centimètres. En revenant par le sentier en direction de la maison forestière, nous apercevons, sous bois, le Fragon piquant ou Petit houx (Ruscus aculeatus), assez peu commun ici. Les rameaux aplatis près du sol se terminent par une épine et portent des feuilles aux pointes aiguës également très piquantes.

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En face, la combe de Chêneau rejoint le vallon. Elle mène à la source du même nom et, quelques centaines de mètres plus loin, à la jolie Fontaine de la Trouvée, qui faillit au pied de rochers verticaux qu'encadrent de grands sapins. Cette grande combe se dirige vers Darois. Elle laisse à droite la combe de Ragot, couronnée de beaux rochers, qui rejoint le plateau vers Etaules. De bons chemins permettent de visiter ce vaste secteur, toujours boisé, sur plusieurs kilomètres, sans rencontrer la moindre construction. La route d'Etaules, en forte pente, emprunte à son début le flanc de cette combe et la surplombe un moment, dégageant une belle vue, en arrière, sur la Roche-Château.

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Le lavoir d'ETAULES : l'édifice qui protège la source est dû à l'architecte P.J. GUILLEMOT et remonte au XVIIIe siècle

12 LE PLATEAU D'ETAULES la route, toujours montante, décrit une belle épingle à cheveux. Dans l'angle de celle-ci part un sentier qui mène en quelques minutes, à travers les rocailles et les chaumots, sur les plains d'Avau d'où le panorama est également très étendu. Dans l'angle même de la route croît la Gesse (Lathyrus tuberosus), papilionacée de l'Europe centrale et méridionale, peu commune ici. Sa tige rampante porte des feuilles longues et fines terminées en vrille et des fleurs rose carmin très odorantes qui rappellent les pois de senteur. Un peu plus loin, le long du talus, nous remarquons le Géranium des bois (Geranium sylvaticum), aux belles fleurs d'un rouge violacé larges de deux à trois centimètres. Après une longue ascension, la route quitte la forêt et débouche sur le plateau d'Etaules. Après ce village, le parcours est très pittoresque. Nous longeons des prés à moutons parsemés de boqueteaux de pins noirs. A droite, la Butte de Corniot domine de ses 545 mètres Darois et son aérodrome, toujours animé par le mouvement des avions de tourisme et des planeurs. En montant vers le sommet, la vue, presque circulaire, est très étendue et de plus en plus belle, tant sur Dijon et au-delà que sur les montagnes de l'arrièrecôte. Fréquemment enneigées l'hiver, ses pentes attirent les amateurs de ski. Les appareils de l'Aéro-Club de Côte-d'Or, basés à Darois, ont atteint le chiffre record de 4 318 heures de vol en 1985, animant de plus belle le ciel environnant. La nouvelle piste en dur a été inaugurée le 13 novembre 1987 après d'importants travaux ( 5 050 000 francs !) ; pour les planeurs, la bande gazonnée était achevée au printemps de 1988. Mais l'aérodrome n'est que l'un des atouts de Darois, dont l'activité principale reste l'usine de construction d'avions de tourisme Pierre Robin ainsi que l'atelier d'entretien et de réparations des avions déjà commercialisés (Robin S.A.). S’ajoute un atelier de construction de matériel de signalisation électronique (JPC Aviation), indépendant des précédents, qui exporte dans le monde entier. Ajoutons que la patrouille «Martini», spécialisée dans les acrobaties aériennes, est basée à Darois. ientôt

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Le lavoir de DAR01S est construit dans un joli site rocheux

Avant de quitter ce plateau, je voudrais rappeler brièvement les faits historiques de la guerre de 1870 qui s'y rattachent et que commémore le monument dressé à l'entrée de Pasques. Après le désastre de Sedan et malgré Paris assiégé, le délégué à la Guerre, Freycinet, n'avait pas perdu tout espoir de redresser la situation. Et tandis qu'une ligne de défense s'organisait sur la Loire, il songeait à reprendre l'initiative dans l'Est, afin de couper les communications de l'ennemi. Il fallait reconquérir les places fortes déjà investies, d'une part, et, d'autre part, dégager les places assiégées, tel Belfort qui allait connaître la gloire, afin d'augmenter de leurs effectifs cette Armée de l’Est assez disséminée et composée en majorité de jeunes recrues insuffisamment encadrées. La délégation de Tours, qui exerçait le commandement directement dans cette région, préconisait d'incessantes actions de harcèlement. Les Badois du XIVe corps, dirigés par Werder, s'étaient emparés de Dijon le 30 octobre. Une opération de dégagement fut envisagée dans le courant de novembre, avec l'appui de l'Armée des Vosges. Celle-ci était placée sous les ordres de Garibaldi, l'artisan de l'unité italienne, qui était venu combattre à nos côtés malgré ses soixante-quatre ans et ses crises de goutte. D'Autun, où il s'était replié, il s'avance avec 4 000 hommes, envoyés par petits paquets pour ne pas éveiller l'attention de l'ennemi, jusqu'à Lantenay, par la vallée de l'Ouche. Il commence par les harceler avec des attaques d'avant-postes, si bien que, afin de reconnaître la situation, l'Allemand Werder envoie un détachement le 26 novembre 1870 sur le plateau par la route de Val Suzon. Un accrochage se produit vers Prenois et l'ennemi se replie sur Hauteville et Daix, poursuivi par les Garibaldiens qui ne peuvent confirmer leur succès et se retirent à Autun en ne laissant à Pasques qu'une arrière-garde. Le lendemain, les Allemands contre-attaquèrent, repoussant nos troupes qui laissèrent une centaine de prisonniers entre leurs mains.

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108 L'église de MESSIGNY

13 AU DÉBOUCHÉ DU VALLON, MESSIGNY ET VANTOUX UELQUES centaines de mètres après la route d'Etaules, on arrive à Messigny. Une croix de mission, à l'angle de la rue menant vers la route départementale 996, marque l'entrée du pays. L'intérêt de ce charmant hameau réside dans sa situation face à la large échancrure du vallon. Les maisons, pour la plupart très anciennes, sont étagées depuis les rives du Suzon jusque sur le plateau. La route, venant de Dijon, traverse l'agglomération puis la contourne par le flanc de la combe d'Avaux. Le vaste point de vue sur la vallée de la Saône, Dijon et ses clochers, le Mont Afrique et les villages voisins, se dégage de plus en plus tandis que l'on approche de Saussy. Du moulin d'Ahuy, situé dans la plaine à mi-chemin de cette commune et de Vantoux, jusqu'à l'entrée de Saussy, point le plus élevé au Nord-Est du vallon, l'altitude passe de 277 à 560 mètres, soit une dénivellation de près de 300 mètres. Dans Messigny, propre et coquet, avec sa place ombrée de beaux tilleuls, l'église du XIIIe siècle mérite une visite. Elle possède un intéressant mobilier, des statues, une Sainte Anne polychromée, deux autres de Dubois (Saint Abdon et Saint Eloi), un tableau du XVIe siècle et, bien mis en valeur sur la chaire, quatre panneaux peints provenant d'un retable du XVe siècle. Au cours de l'ère chrétienne, Messigny ne connut pas une vie très mouvementée. Il le doit en grande partie au fait qu'il appartenait à des maîtres religieux. En effet, le bourg fut donné par Gontran, roi de Bourgogne, au VIe siècle, aux abbés de Saint-Bénigne. Or la puissance de ces derniers maintenait souvent éloignées les bandes de pillards. Et l'autorité de l'Eglise, moins despotique qu'une suzeraineté laïque, était mieux supportée par les habitants, d'où les moindres risques de troubles et, évidemment, incitait au respect les seigneurs voisins.

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Néanmoins, il eut à souffrir des invasions normandes en 888 et 893 et, suivant la «Chronique de Saint-Bénigne», s'il fut long à se repeupler, il ne comptait pas moins de cinquante serfs des deux sexes en 895. On retrouve, dans la «recherche des feux» de 1395 pour «la levée du subside de 6 600 francs octroyés par les Etats de Bourgogne au duc pour l'aider à vider et mettre hors du pays les gens d'armes, bretons et gens de compagnie, qui au mois d'août étaient au dit pays». 108 feux, dont 3 francs, 78 serfs et 28 misérables, qui faisaient de Messigny, avec environ 540 habitants, l'un des hameaux les plus peuplés du Dijonnais. Vers 1540, un nouveau comptage des feux laisse apparaître une importante décadence : 50 feux seulement sont dénombrés. Les grandes Compagnies sont passées par là : Ecorcheurs, Routiers, Brabançons, Côtereaux, etc., massacrant et brûlant partout dans le pays. Les épidémies qui suivent leur passage achèvent de décimer les malheureux habitants. Messigny, ravagé par les «Grandes Compagnies» en 1450, a particulièrement souffert pendant les guerres de Religion et sa population plusieurs fois pillée et rançonnée, notamment en 1569 et 1576 par les reîtres de Casimir, Duc des Deux Ponts. Mais les Ligueurs étaient aussi terribles que les Huguenots : le 12 août 1593, «ceux de Saulx-le-Duc avaient emmené 25 charettes de blé de dixmes» appartenant au Chanoine Mathey, titulaire de la Cure du village. Mais, très vite, les rescapés de tant de misères vont se ressaisir et ce sera le début d'une longue prospérité : en 1470, 54 feux seront recensés, tous francs. La vie de la petite cité ne sera guère troublée pendant de nombreuses générations, à peine à la Révolution, et plus cruellement au cours des guerres napoléoniennes. Si bien qu'elle comptera, en 1785, 875 habitants. Le roi Charles IX, qui avait quitté Paris le 24 janvier 1564 pur un long voyage de vingt-sept mois à travers les provinces de son royaume, a fait halte à Messigny le vendredi 19 mai suivant pour déjeuner. Il devait rester ensuite trois jours aux Chartreux, attendant que les festivités dijonnaises pour l'accueillir soient prêtes. Le lundi 22 mai, il faisait son entrée dans la capitale de la Bourgogne... Le Duc Philippe le Hardi était un habitué de Messigny, où il fit plusieurs séjours. Il y passait pour se rendre dans les Flandres, mais y allait chasser et y dînait souvent, accompagné de sa Dame, de l'Archevêque de Lyon ou de Carpentras. Nous citerons enfin la personnalité, haute en couleurs, du Commandant Fremiet, vétéran des guerres napoléoniennes, qui souhaita, dans ses lointaines campagnes, de ne plus voir son village souffrir de la sécheresse et

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réalisa son vœu en amenant l'eau de la source de Jouvence jusqu'aux fontaines qui agrémentent la place de l'Eglise. Nous avons vu qu'autrefois, le fer était «récolté» dans la région. A Messigny, des mines de fer — modestes — furent exploitées en divers endroits de la commune et le minerai était lavé au Suzon. M. de Berbisey passa, en 1656, un marché avec dix habitants du village pour «l'extraction et le charroi, à ses lavoirs, de 750 queues de minerai de fer. à trente sols la pièce» (Claude Kayser). On peut s'étonner de découvrir, devant l'église de Messigny, un monument élevé à la mémoire de l'Armée des Vosges qui combattit ici pendant la guerre de 1870-71. C'est vers la partie haute du village que, le 21 janvier 1871, les troupes composant l'aile droite de l'armée de Garibaldi, les 310 «Enfants perdus de la Montagne», barra la route aux Poméraniens. Se dirigeant vers Dijon, ceux-ci débouchaient de la route d'Is-sur-Tille, sous les ordres du Major Conta. Ils s'emparèrent du cimetière et de trois maisons dont ils furent vite délogés. Mais, supérieurs en nombre, ils allaient venir à bout des francstireurs quand le Commandant Riccioti Garibaldi vint à leur secours avec 600 hommes. Les Allemands durent battre en retraite vers Savigny-le-Sec. ayant perdu plusieurs dizaines d'hommes, dont deux capitaines et cinq lieutenants, et un grand nombre de prisonniers. Les pertes françaises s'élevèrent à vingt tués ou blessés. Six d'entre eux furent enterrés dans le cimetière où un monument commémore leur sacrifice. Le même jour, d'autres actions non moins glorieuses se déroulaient entre Talant et Darois, où s'illustrait la brigade de Bossak-Hauké, un Polonais venu combattre dans les rangs de l'armée française. En repoussant les troupes du Général de Manteuffel, elles allaient même accomplir un des plus brillants exploits de cette guerre désastreuse en enlevant le drapeau à l'ennemi. A l'angle d'une des dernières maisons, à gauche, en descendant en direction de Dijon, on voit un Dieu de Pitié dans une niche datée de 1696. A la sortie de Messigny, il faut prendre à droite la route qui franchit le Suzon et mène à Vantoux-les-Dijon. Niché dans la verdure, au pied des hauteurs où s'étale la zone de cultures des fermes de Grandchamps, cernées par la forêt qu'entaille la combe Grivot, dont la première a été créée en 1601 par Jean Blondeau. Conseiller au Parlement, l'ancien château des Présidents du Parlement de Bourgogne domine le parc et les communs de son élégante silhouette imitée du Petit Trianon de Versailles. Sa construction est attribuée à Jules Hardouin-Mansart et les jardins ont été dessinés par un élève de Le Notre. Résidence privée, il ne se visite pas.

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Vantoux est un ancien fief de la Maison de Saulx - Thomas de Saulx, le «loup de Vantoux», décédé en 1391, fut un compagnon du Duc Philippe le Hardi - qui demeura quatre siècles dans cette famille. L'actuel château a été érigé sur les restes de l'ancien donjon. Poursuivant cet itinéraire, on arrive à Ahuy, coquet village, construit à l'entrée d'une combe. Il présente une certaine similitude avec ceux de la Côte vineuse, même si ses vignes ont été depuis longtemps arrachées. Il conserve les vestiges de l'aqueduc romain auquel il doit son nom (Aquaeductus). Son église est du XIIe siècle mais le clocher, qui avait été incendié par la foudre en 1735, a été reconstruit à cette époque. Des deux châteaux que possédait Ahuy, il ne reste, dans le village, ornant le parc de l'ancien prieuré des Abbés de Saint-Etienne de Dijon, qu’une tour moyenâgeuse. Deux autres tours encadrent le portail d'entrée. La chapelle du cimetière est de 1511. Nous traversons un site qui fut le témoin d'un événement dont l'issue devait, par ses conséquences, peser sur le destin de notre nation. Si nous en croyons Camille Jullian (La bataille de Dijon, Pro Alésia n° 31-32, janvier-février 1909), l'avant-demier acte de l'épopée gauloise s’est joué ici. Les deux armées cheminaient vers ce point de rencontre qui ouvre, par la vallée de la Saône, la voie vers le Midi. Vercingétorix arrivait d'Alésia, avec sa cavalerie, par un itinéraire qui deviendra plus tard la route des pèlerins de Bourgogne : Boux-sous-Salmaise, Bligny-le-Sec, Saint-Seine ou Saint-Martin-du-Mont, puis Val-Suzon, Darois et Hauteville. «Il campe sur les hauteurs d'Hauteville, dont trois avant-corps reçoivent ses trois campements. De là. il guette l'arrivée des Romains sur la route d'en face (à Bellefond). Là, il tient sa ligne de retraite sur Alésia. Là, il est à l'abri de toute surprise, protégé, derrière par les bois, devant par les pentes du vallon de Suzon et le cours de la rivière. Nous connaissons deux autres campements de Vercingétorix : tous deux sont dans les mêmes conditions» (Jullian). Dans le même temps, «César... suit, étant chez les Lingons, ses alliés et en pays d’ailleurs fort découvert, le tracé de la célèbre route romaine, visible aujourd'hui encore sur les collines du nord de Dijon, et qui passe entre Gémeaux et Pichanges, au pont de Norges et à Bellefond» (Jullian). Il a passé la nuit sur une colline dominant la Tille et s'avance par cette importante voie romaine dont subsistent encore les vestiges de nombreuses portions entre Bellefond et Norges. C'est de là qu'il gagne les hauteurs proches du Signal d'Asnières, face à la bordure du plateau. Il domine ainsi

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le lit du Suzon, devenu vallée, qui amplifie ses méandres à la recherche de l'Ouche. 11 est évident que, si les deux grands guerriers considéraient le Suzon comme un obstacle sérieux, c'est qu'il n'était pas à sec ! César nous a conté cet événement dans la guerre des Gaules. Il est clair que Vercingétorix, à qui incombait d'engager la bataille, a vite compris le désavantage de sa position par rapport à l'ennemi. Sa cavalerie attaque par Bellefond, d'une part, et en direction d'Asnières, d'autre part, tandis qu'un troisième corps tente de contourner l'armée romaine par Ruffey. Le chef gaulois, à la tête des troupes à pieds, attend l'adversaire devant Ahuy. Mais la descente vers le cours du Suzon favorise l'armée romaine et Vercingétorix va préférer conserver l'essentiel de ses forces pour une occasion plus favorable et la retraite va s'effectuer sur Alésia, par les sentiers qui, à travers la forêt et les rochers, mène sur le plateau de Darois et d'Etaules. Cette attitude prudente, en le privant d'une victoire nullement impossible, en le forçant à la défensive sur les hauteurs du mont Auxois, sonne le glas de l'indépendance gauloise. La suite, qui ne la connaît pas ? Elle appartient à l'Histoire de France. Nous pénétrons dans Dijon au bout de quelques minutes. La ville a depuis toujours lié son destin au Suzon, tandis que l'Ouche n'est venue que tardivement s'inclure dans son agglomération. Dès l'époque romaine, dès la naissance de Divio, le fougueux torrent, avec ses absences et ses colères, où se juxtaposent bienfaits et méfaits, faisant tourner les moulins mais aussi, surtout, assurant la défense en noyant les pieds de la ceinture de murailles, va participer à la vie de la Cité. Il contribuera peu à son essor qui, après l'éclat de l'époque grand-ducale, après le faste de la période parlementaire, semblera somnoler sous sa gloire jusqu'à l'éclatement soudain, avec la projection des voies ferrées vers tous les horizons. Certes, on n'ignore point que Paris a la Seine, Toulouse la Garonne. Lyon le Rhône et même la Saône, et Tours, Nantes la Loire, et que c'est à ces cours d'eau-là que ces villes doivent leur fortune. Mais Dijon n'avait même pas l'Ouche, et qui donc savait qu'elle cachait le Suzon ? Alors, à quoi attribuer le prestige et la splendeur de la capitale de la Bourgogne, si ce n’est au génie même de ses enfants et à l'incroyable diversité des ressources naturelles qui l'entourent ? Comment l'apprécier mieux qu'en descendant lentement, le plus lentement possible, le cours du Suzon, en folâtrant un peu dans les combes et sur les rochers, en découvrant, par échappées, les plantureuses vallées et les lointaines montagnes qui ferment la province ?

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Soudain, la flèche de Saint-Bénigne est là, fine et élancée, puis, plus trapue et plus puissante à la fois, non loin apparaît la tour de Jean-sans-Peur, fière balise qui marque le cœur même de ce qui fut la ville aux cent clochers. Le Suzon est devenu inutile. On l'escamote dès l'entrée de la ville après lui avoir mis un frein de béton pour calmer ses périodiques colères. Discrètement, assurant comme avec résignation son obscur et plusieurs fois centenaire rôle d'égout, il se glisse sous la rue du Général Fauconnet, héroïque défenseur de Dijon pendant la guerre de 1870-71. Un peu plus loin, près du Cellier de Clairvaux, seuls les noms des rues de Suzon et petite ruelle de Suzon le rappellent au souvenir des passants. Et oui ! Il est là et bien là, perpétuelle cause de soucis : «Le Duc de Mayenne, gouverneur de Bourgogne, qui résidait souvent à Dijon, fut un de ceux qui contribuèrent le plus à la clôture du Suzon. Le 10 novembre 1587, il rendit une ordonnance qui enjoignait aux magistrats de faire procéder sans délai à la fermeture des cours de Suzon et de Rennes, à cause de la mauvaise odeur qui s'en exhalait» (Vallot et Garnier, Rapport sur le cours de Suzon). Tandis que par un déversoir il alimente les fossés de la ville, son cours naturel la traverse. Il longe sensiblement les actuelles rues du Bourg et de Berbisey, bifurque vers le champ de Suzon devenu par la suite la place du Morimond, qui fut pendant des siècles le théâtre des exécutions capitales et autres supplices, appelée maintenant place Emile Zola, où il borde les bâtiments de l'Hôtel de l'Abbaye de Morimont dont on aperçoit encore les vestiges au fond de la cour Madeleine : un modeste cellier à une nef rehaussé de fenêtres géminées en plein cintre qui mérite mieux que le sort auquel il est désormais destiné ; au niveau de factuelle rue Condorcet, près du couvent des Carmes, il recevait les eaux de la Reynes, détournées au XIXe siècle vers l'Ouche, au-delà de la voie ferrée et qui autrefois entraient dans la ville par la tour de Rennes, arrosaient l'enclos de l'Abbaye de SaintBénigne, se glissaient entre les églises Saint-Philibert et Saint-Jean et longeaient la rue du Tillot. Le Suzon quittait alors la ville par la porte d'Ouche. Ainsi, pendant des siècles, son lit folâtra dans Dijon avant de recevoir, imposé par les nécessités, celui que nous lui connaissons et qui longe la rue d'Auxonne. Le Suzon est devenu inutile, écrivions-nous plus haut. Inutile ? Pas si sûr... Ne lui a-t-on pas confié la tâche de ramener vers l'Ouche, d'inclure à nouveau, propres, dans l'immuable cycle de l'élément liquide, les eaux sorties de la station d'épuration, ces eaux usées, martyrisées, oserions-nous écrire, pour que vive une grande cité moderne ?

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Qu'il serait beau, ce torrent aux eaux limp ides, s'il coulait toute l'année depuis sa source jusqu'à la capitale de la Bourgogne ! Mais, assagi depuis près de deux siècles grâce aux travaux de captage entrepris par l'ingénieur Darcy, il n'est plus le dangereux cours d'eau dont les fougueux débordements devaient autrefois faire naître ce dicton : «Dijon périra par le Suzon». Ainsi se termine cette agréable promenade dans un milieu naturel à peu près intact. L'action entreprise depuis peu en faveur de l'environnement nous incite à penser qu'il sera sauvegardé et mis en valeur, pour le plaisir et le bien-être de tous. Messigny, le 2 septembre 1973 (1) (1 ) Texte revu et complété, 1989.

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Annexe Les communes du périmètre touristique(1) AHUY. - Cette commune de 640 ha, située à 273 m d'altitude, avec 1 188 habitants et une zone pour toutes activités artisanales de 17 ha jouxtant le nouveau quartier dijonnais des « Clos de Pouilly », est intégrée au District de l'agglomération dijonnaise, même si sa combe verdoyante et rocheuse donne accès à la forêt giboyeuse.

ANCEY. - Avec 847 ha et 330 habitants, ANCEY se situe en partie sur l'antique cité de MEDIOLANUM. Le signal de MALAIN (Roche Aigue), point le plus élevé du territoire décrit dans ce livre, domine le village. Celuici, aux belles maisons rurales, conserve un lavoir... et un café-brasserie.

BAULME-LA-ROCHE. - Nichée au pied de sa falaise, cette commune de 650 ha et de 88 habitants présente l'un des plus beaux sites de la Côte d'Or, largement décrit dans cet ouvrage. BLAISY-HAUT. - 831 ha, 73 habitants et un ancien château-fort construit sur un éperon rocheux dominant l'Auxois. BLAISY-HAUT n'a pas, comme son homonyme situé plus bas, bénéficié du passage de la ligne de chemin de fer dont le tunnel, qui fut longtemps le plus long d'Europe, passe sous son territoire.

CHAIGNAY. - Avec 2 505 ha et 338 habitants, CHAIGNAY est riche de vallons verdoyants propices aux promenades équestres et pédestres. La municipalité, dans un souci de sécurité, a fait aménager un ralentisseur rue du Puits dessous, près de l'école. CURTIL-SAINT-SEINE. - Comme la plupart de celles de la « Montagne dijonnaise », cette petite commune de 1 200 ha, voit sa population grandir à nouveau : une centaine actuellement, alors que le dernier recensement donnait 91 habitants. Elle réhabilite son patrimoine (église, four à pain,

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aménagement du village, lavoir de la Combe de la Fontaine..., aménagement et protection de la forêt...). Le sentier de grande randonnée GR 7 la traverse. (S.P.A.V.S.) (2).

DAIX. - Cette commune doit à la proximité de DIJON une forte augmentation de sa population depuis quelques années, atteignant actuellement environ 900 habitants. Outre le coquet village, la ferme du chêne d'Observe et son point de vue sur la vallée de la Saône, la ferme de Champmoron, ancienne maison forte pour les habitants de Plombières, et l'ancien prieuré de Bonvaux, centre équestre réputé, constituent, avec le plateau Saint-Laurent, classé NA et réservé aux activités de plein-air, les points forts. Hôtel, restaurant, menuiserie et, surtout, un important laboratoire pharmaceutique contribuent à la vie économique. Devraient s'ajouter dans un avenir proche un second hôtel et une maison de retraite. DAROIS. - Cette commune de 813 ha et 272 habitants est à la fois un lieu tourné vers le futur avec ses petites industries aux technologies de pointe (matériel de signalisation électronique), son usine de construction d'avions légers et son aérodrome, siège de l'Aéro-Club de la Côte d'Or, et aussi vers un lointain passé avec ses sites préhistoriques dont l’éperon barré «châtelet d'Etaules », élevé à l'époque néolithique. Son camping privé avec piscine, sur la route de Messigny, complète un équipement moderne qui a su s'intégrer au paysage sans trop lui nuire. Le lavoir de la Motte, sur le GR 7, s'élève dans un pittoresque site rocheux. (S.P.A.V.S.) (2).

ETAULES. - Village du plateau, côté rive droite du Suzon, Etaules comptait 221 habitants au dernier recensement (1982) sur ses 1 676 ha, presque tous regroupés dans la coquette agglomération rurale. Parmi les aménagements réalisés depuis la création du Syndicat Intercommunal de protection, citons : la réfection du site du Châtelet ; la restauration en cours du lavoir et de la source (XVIIIe siècle) ; l'église avec son chœur du XIIe siècle ; la Fontaine et, surtout, l'ensemble polyvalent comprenant un gîte d'étape affilié aux « Gîtes de France » avec 10 lits tout confort (3 épis), une salle polyvalente de 100 m2, un bar, une mezzanine, une cuisine équipée, des sanitaires et deux salles d'exposition, soit en tout 324 m2. La forêt, qui recèle de beaux sites rocheux et les fontaines de Jouvence. Chênaux et la Trouvée, est traversée par le GR 7. (S.P.A.V.S.) (2).

FRANCHEVILLE. - Cette commune est célèbre dans les milieux spéléologiques de toute l'Europe grâce à ses gouffres et sa rivière souterraine, largement évoqués dans ce livre. Avec 3 114 ha et 142

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habitants, ses forêts sont riches en grands cervidés. Dans l'ancien presbytère restauré est aménagé depuis quelques années un Centre d'accueil (Auberge de la jeunesse, gîte d'étape 3 épis avec une salle à manger, deux salles de réunions, 30 lits en dortoirs et petites chambres, sanitaires et douches). L'ancien lavoir, près de la mare centrale, est aménagé en salle d'exposition. Au hameau de Prairay (passage du sentier jaune), le lavoir restauré est un bel exemple de l'architecture d'autrefois avec son toit de laves. (S.P.A.V.S.) (2).

HAUTEVILLE-LES-DIJON. - Cette commune d'une superficie de 901 ha a vu sa population augmenter depuis quelques années en raison de la proximité de DIJON. Elle est actuellement estimée à 950 habitants, mais dépasse vraisemblablement le millier. Le village domine toute l'agglomération dijonnaise avec vues sur les buttes de Talant, de Fontaine et de Daix, et, par temps clair, le Mont-Blanc. A voir, l'église qui présente une particularité rare en Bourgogne : la façade et le mur Nord sont construits en « Opus spicatum » (arêtes de poissons ou épis) du XIe siècle. Ravagée par un incendie, elle fut reconstruite par Jean III de Berbisey, seigneur d'Hauteville, aux alentours de 1720. Le porche de bois, resté intact, remonte à la fin du XVe siècle ou au début du XVIe siècle. Belles statues à l’intérieur dont une vierge en bois polychrome du XVe siècle récemment restauré. Hauteville, qui possède un hôtel-restaurant, est un bon point de départ pour des promenades en sous-bois (chemin de Messigny) et dans les combes et la forêt domaniale de Val-Suzon (par le chemin de Pied-de-Mont ou le chemin de la Paisse). Le sentier jaune balisé « Tour du Val-Suzon » passe au village. (S.P.A.V.S.) (2).

LANTENAY. - 1 713 ha, 302 habitants, près de la Combe d'ARVAUX, dite des Mammouths, site classé avec rochers d'escalade, ce village est blotti au pied du plateau de Pasques. Le château des Bouhier (XVIIe siècle) possède des escaliers intérieurs monumentaux classés Monument historique. Vestiges du château des Ducs de Bourgogne (voir dans le texte). MESSIGNY-ET-VANTOUX. - Situé au débouché du vallon vers la plaine, ce bourg est le passage obligé de toute visite. La commune (3 392 ha) est née en 1973 de la fusion de MESSIGNY et de son village voisin, VANTOUX. Malgré sa proximité de DIJON, elle a su conserver son caractère typiquement campagnard, très fleuri, adoptant une « croissance douce ». Elle compte actuellement environ 1 050 habitants et dispose de tous les services (poste, école, etc.) d'un gros bourg. La zone artisanale (5 ha) de la Combe Belle Fille s'intégre au paysage sans lui nuire (à noter, des artisans du bois et

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une armurerie avec un tunnel d'essai des armes de 100 m de longueur). Les lavoirs de MESSIGNY et de VANTOUX ont été restaurés et le réaménagement de la place de l’église est en cours. En projet : l'installation d'un point de vue sur la vallée du Suzon depuis le CD 996 en direction de Saussy. Départ du sentier bleu près de la maison forestière, route de Val-Suzon. A voir, dans la rue principale de MESSIGNY, un « christ aux liens » (classé) et, dans l'église du XIVe siècle, un riche mobilier (statues, chaire aux panneaux peints, dalles funéraires...), belles maisons. Nombreux sites archéologiques sur le territoire de la commune. A VANTOUX, château du XVIIIe siècle. (S.P.A.V.S.) (2).

PANGES. - Ce village, très important autrefois, n'a plus qu'une seule rue. D'une superficie de 606 ha, la commune compte environ une soixantaine d'habitants. A 575 m d'altitude, c'est l'un des plus élevés du plateau. A voir, à l'extrémité du village, l'ensemble architectural récemment restauré qui se compose d'un puits couvert dont la source ne tarit jamais, d'un lavoir et d'une petite mare. (S.P.A.V.S.) (2). PASQUES. - Village célèbre pour son gouffre « Abîme du Creux Percé ». La commune de 2 041 ha compte 209 habitants. Un terrain de sport et un tennis ont été aménagés. Gorges du Suzon (Val Courbe) toutes proches. (S.P.A.V.S.) (2). PLOMBIERES-LES-DIJON. - Une partie du territoire de cette commune (1 500 ha) est située dans les sites décrits dans ce livre (Neuvon, Contard...) bien que le bourg soit situé dans la Vallée de l'Ouche et compte actuellement plus de 2 000 habitants. A partir de la Cité La Flamme, accès à l'ancien Prieuré de Bonvaux et à la ferme de Champmoron, parcours pittoresque dans les bois.

PRENOIS. - Au cœur du plateau verdoyant et boisé, cette commune de 1 915 ha, avec 320 habitants, a été rendue célèbre par son circuit automobile, tracé dans les combes, où se disputent des compétitions internationales. Passage du GR 7. Coquet village avec des bâtiments communaux aux pierres apparentes. Mini-golf sur la route d'Etaules. (S.P.A.V.S.) (2). SAINT-MARTIN-DU-MONT. - Avec ses 3 784 ha, ses villages (dont Cestres, Bordes-Bricard et Bordes-Pillot), cette commune de 262 habitants est l'une des plus étendues du territoire décrit dans ce livre elle offre une variété de sites très riche : ru blanc, étang des anglais, Fontaine de Parbœuf..., nombreux calvaires. L'église du XIIe siècle présente deux colonnes de granit d’origine gallo-romaine. (S.P.A.V.S.) (2).

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SAINT-SEINE-L'ABBAYE. - Cette petite commune de 388 hectares, qui compte environ 350 habitants, fut le siège d'une Abbaye bénédictine fondée au Ve siècle par Saint Sequanus (Seine), fils du Comte de Mesmont, qui connut son apogée au XIIIe siècle. Ceci explique la dispro portion entre son importante église et le modeste bourg qui se serre autour d'elle. L'ensemble, malgré une certaine austérité, ne manque pas de grandeur. Chef-lieu de canton, SAINT-SEINE-L'ABBAYE, qui souffre incontestablement de son éloignement de DIJON, veut dynamiser son potentiel touristique et économique et des projets sont à l'étude dans ce sens.

SAUSSY. - Commune de 929 ha et 106 habitants, SAUSSY, à 585 m d'altitude, domine la vaste forêt et les gorges du Suzon. Dans l'église, une statue polychrome de Sainte Madeleine de la fin du XVe siècle. Le GR 7 traverse le village en direction de l'école d'équitation proche du château des Charmes et conduit au belvédère de MOLVAUX, sur la route forestière des GROLLES, et son vaste panorama. (S.P.A.V.S.) (2). TROUHAUT. - Agréable village situé au débouché d'une combe, au pied du mont Tasselot. La commune s'étend sur 940 ha et compte 156 habitants. Fontaine-Merle, où le Suzon prend sa source, est situé sur son territoire, de même que le hameau de FROMENTEAU. Un ancien prieuré du XVe siècle et un château du XVIIIe agrémentent TROUHAUT. Panorama sur l'Auxois et le Morvan. TURCEY. - La chapelle rurale de la Rochotte, ancien lieu de pèlerinage consacré à Saint Hubert, du XVIe siècle, près du Mont des Auges, est située sur le territoire de cette commune couvrant 1 245 ha, avec 155 habitants. Mais TURCEY, qui possède une Maison-forte du XVe siècle avec enceinte flanquée de tours, est situé dans la vallée de l'Oze. VAL-SUZON. - C'est la petite capitale de ce territoire, le cœur du site classé. Avec 1 800 ha, une population de 178 habitants en 1982, en augmentation, cette commune aux trois villages (Val-Suzon Haut, ValSuzon Bas et Sainte-Foy) est la seule dont l'habitat est situé dans les gorges mêmes du Suzon. Si son animation n'est plus ce qu'elle était au XIXe siècle avec son haut-fourneau (en ruines), son potentiel touristique est important avec trois hôtels et restaurants à Val-Suzon Haut, un restaurant à Sainte-Foy. La maison sur pilotis, restaurée en 1987, est un monument classé. Beaux points de vue depuis les chemins de grande randonnée, dont le GR 2, qui rejoint le GR 7 à Sainte-Foy. VAL-SUZON est le lieu de séjour rêvé pour découvrir les beautés naturelles qui l'entourent. (S.P.A.V.S.) (2).

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VAUX-SAULES. - Cette commune de 2 789 ha, 105 habitants, domine à 540 m d'altitude la vallée de l'Ougne. Par la qualité de son site, ses calvaires, ses fontaines et lavoirs, sa statue de la vierge élevée sur un vaste terre-plein (point de vue), elle mérite une visite. Le clocher de l'église (remanié au XIXe siècle) a fait l'objet d'une réfection en 1986.

VERNOT. - Sur la route pittoresque de Messigny à Moloy, 1 291 ha et 71 habitants, cette petite commune recèle un souterrain-refuge et les vestiges d'un château-fort ainsi que des gouffres et grottes dans les bois environnants. Passage du GR 7. VILLECOMTE. - L'intérêt principal de ce village ( 1 641 ha, 200 habitants) est dans le Creux Bleu, résurgence de l'importante rivière souterraine qui a façonné des kilomètres de galeries, le Creux du Soucy, les gouffres de la Combe aux Prêtres et de Nonceuil. Ses eaux jaillissent dans un site aménagé, près des bâtiments des anciennes forges ; elles alimentent une turbine électrique. L'ancien lavoir, les cygnes ajoutent au pittoresque du lieu. Les deux tiers de la commune sont couverts de bois abritant des cerfs, chevreuils et sangliers.

(1)11 s'agit des vingt-deux communes évoquées dans ce livre, même si le territoire de certaines d'entre elles en débordent largement le cadre. (2) S.P.A.V.S. : commune membre du « Syndicat de Protection et d'Aménagement du Val Suzon ».

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BIBLIOGRAPHIE DES PRINCIPAUX OUVRAGES & DOCUMENTS CONSULTES — HISTOIRE DES DUCS DE BOURGOGNE, par le Duc de BARANTE, Furne éditeur, Paris, 1842. — LE MEMORIAL DE LA TERRE DE FRANCE, Tome III (Bourgogne), par le Général d'Armée A. DOUMENC, Arthaud éditeur, Grenoble, 1946. — AUTOUR DU DRAPEAU TRICOLORE, par le Général THOUMAS. Chez A. Le Vasseur et Cie, Paris, 1890. — LES CELTES DEPUIS L'EPOQUE DE LA TENE ET LA CIVILISATION CELTIQUE, par H. HUBERT, La Renaissance du Livre, Paris, 1932. — LES RACES ET L'HISTOIRE, INTRODUCTION ETHNOLOGIQUE A L'HISTOIRE, par Eugène PITTARD, La Renaissance du Livre, Paris, 1926. — LA COTE-D'OR, GUIDE DU TOURISTE, DE L'ARCHEOLOGUE ET DU NATURALISTE, par André GUILLAUME, Dijon, 1963. — FLORE COMPLETE PORTATIVE DE LA FRANCE, DE LA SUISSE ET DE LA BELGIQUE, par Gaston BONNIER et G. DE LAYENS, Librairie Générale de l'Enseignement, Paris, 1970. — LES QUATRE FLORES DE FRANCE, par P. FOURNIER, Paul Lechevallier, Paris, 1946. — LES OISEAUX DE FRANCE, par A. MENEGAUX, chez Paul Lechevallier, Paris, 1932. — LE REGIME FEODAL EN BOURGOGNE, par SIGNOBOS, Paris, 1882. — MESSIGNY, par A.-V. CHAPUIS. chez Nourry, libraire, Dijon, 1907. — LE PRIEURE DE CHEVIGNY-SAINTE-FOY et les origines de la Maison de SAULX, par J. d'ARBAUMONT, chez Darantière, Dijon, 1879. — UNE STATION GALLO-ROMAINE EN BOURGOGNE, MALAIN, par Charles THEURIET, imprimerie Jobard, Dijon, 1890. — JOURNAL DE GABRIEL BREUNOT, précédé du LIVRE DE SOUVENANCE DE PEPIN, chez Rabutot, Dijon, 1866. — SOUS LE PLANCHER, Tome X, Fascicules 3 et 4, Spéléo-Club Dijonnais, Dijon, 1971. — ETAULES, VILLAGE DU PLATEAU BOURGUIGNON — LE MILIEU NATUREL, par Michel HORTIGUE, édité par l'auteur. — GUIDES GEOLOGIQUES REGIONAUX — BOURGOGNE MORVAN, par Pierre RAT, Masson et Cie, éditeur, Paris, 1972.

123

— ARBRES ET FORETS DE BOURGOGNE, de Marcel JACAMON, André BRUNAUD. François BUGNON, Editions SAEP, Ingersheim. 1983. — HISTOIRE DE L'HOMME ET DES CLIMATS AU QUATERNAIRE, par Jean CHALINE, chez Doin, Paris, 1985. — LES FORETS DE BOURGOGNE, par Georges PLAISANCE, chez Horvath. Le Coteau, 1988. — LES ORIGINES DU DUCHE DE BOURGOGNE, par l'Abbé CHAUME, librairie Rebourseau, Dijon, 1937. — MEMOIRES DE LA COMMISSION DES ANTIQUITES DE LA COTE D'OR, Tome XXIV, Dijon, 1959. — LA COTE D'OR MYTHOLOGIQUE, par Albert COLOMBET, L'Arche d'Or, Dijon, 1985. — MESSIGNY ET VANTOUX, il était une fois fois... 1900, par Claude KAYSER. chez l'auteur. Messigny, 1983. — LE RESEAU SOUTERRAIN DE FRANCHEVILLE, COTE-D'OR, par Jean—Paul K1EFFER. Pierre CASTIN, «Sous le plancher», Dijon, 1971. — — LES RESSOURCES EN EAU DU VAL SUZON, COTE-D'OR, par Jean—Paul REBOU1LLAT, Université de Dijon, 1984. — CARTE MICHELIN, au 1/200 000e, n° 66 : DIJON-MULHOUSE, plis 11-12. — CARTE éditée par l'Institution Géographique National 3022 : SAINTSEINE-L'ABBAYE. au 1/50 000e, ou 3022 Ouest et 3022 Est, au 1/25 000e. — JOURNAUX REGIONAUX.

124

TABLE DES MATIERES Préambule................................................................................

9

1.

A la découverte du Val Suzon................................................

11

2.

Qu'est-ce que le Val Suzon ?..................................................

15

3.

De Dijon à la source du Suzon ...............................................

31

4.

Le Suzon, torrent bourguignon...............................................

45

5.

La Combe de Vau-de-Roche ...................................................

55

6.

L'Abîme du Creux-Percé........................................................

59

7.

Le site de Val-Suzon...............................................................

63

8.

De Sainte-Foy à Saint-Seine-l'Abbaye...................................

75

9.

Francheville et ses gouffres....................................................

83

10.

Le Parc de Jouvence...............................................................

91

11.

Le Belvédère de Roche-Château............................................

101

12.

Le plateau d'Etaules................................................................

105

13.

Au débouché du vallon, Messigny-et-Vantoux.......................

109

Annexe - Les communes du périmètre touristique..........................

117

Annexe - Décret ministériel de classement du site..........................

122

Bibliographie....................................................................................

123

Les douze communes du site............................................................

125

Les balcons du Suzon....................................................................... 126-127

Composition, maquette : Interligne (12, rue du Chaignot, Dijon) Achevé d’imprimer sur les presses de I.C.O. Dijon le 24 novembre 1989 Dépôt légal n° 9549 - 4e trimestre 1989

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SUZON LE VAL

L'AUTEUR Jacques Barré de Clairavaux, charentais d'origine, est devenu dijonnais en 1974. Passionné d'écriture et de nature, il a publié en 1977 la première édition de « Aux portes de Dijon, le Val Suzon » avant de tenir la chronique judiciaire dans les colonnes du grand quotidien régional « Les Dépêches ». Il a publié de nombreux articles sur divers sujets, tant dans ce journal que dans « Le Progrès de Lyon ».

J. BARRE DE CLAIRAVAUX.

De Baulme-la-Roche à Saint Seine-L'abbaye, de Saussy à Ahuy, ce territoire entaillé par le Suzon constitue la partie sud, la plus élevée, du plateau de Langres émergé à la fin de l'époque tertiaire, après une très longue occupation des eaux marines. C'est l'accumulation des calcaires, truffés de fossiles, qui lui donne ce caractère particulier • qui n'est pas sans rappeler le Jura. Les châtelets préhistoriques et les éperons barrés témoignent de l'ancienneté de l'occupation humaine. C'est cela aussi que fait découvrir « Aux portes de Dijon, le Val Suzon »