Autour de L'enfant noir de Camara Laye: Un monde à découvrir 2343147450, 9782343147451

Ce livre a été conçu pour accompagner la lecture de ce chef-d'oeuvre de la littérature africaine. Il met l'acc

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French Pages 220 [222] Year 2018

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Autour de L'enfant noir de Camara Laye: Un monde à découvrir
 2343147450, 9782343147451

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Autour de L’enfant noir de Camara Laye a été conçu pour accompagner la lecture de ce chef-d’œuvre de la littérature africaine. Écrit à quatre mains, il peut servir d’outil pour l’analyse et la réflexion dans des cours de français, pour les niveaux secondaires et universitaires, et pour tous ceux qui aiment la littérature en général ou qui veulent s’initier à la littérature africaine. Cet ouvrage met l’accent sur la langue, la culture et l’analyse littéraire. Il contient divers travaux dirigés pour améliorer et enrichir l’expression écrite, y compris une création littéraire consistant à écrire une autobiographie. L’expression orale, quant à elle, permettra l’organisation des idées et le développement du sens critique. De plus, des questions d’analyse stimulent la compréhension lexicale, syntaxique, stylistique et culturelle, et encouragent une lecture active et attentive de l’autobiographie de Camara Laye. Née en Haïti, Elsie AUGUSTAVE est diplômée en études de littérature et en langues étrangères des universités de Middlebury College dans le Vermont et Howard University à Washington DC. Boursière de la prestigieuse institution Fulbright, elle a travaillé en tant que chorégraphe du Théâtre national du Zaïre (aujourd’ hui RDC), ainsi que professeure de danse à l’Institut national des arts de Kinshasa. Après une longue carrière de professeure de français et d’espagnol aux États-Unis, elle se consacre désormais à l’ écriture suite au succès de son roman The Roving Tree. D’origine béninoise, Irène ASSIBA D’ALMEIDA est professeure émérite de lettres africaines et d’ études féminines à l’université d’Arizona. Elle est l’auteure, entre autres publications, du premier ouvrage de critique littéraire, en anglais, analysant les œuvres des écrivaines de l’Afrique francophone : Francophone African Women Writers: Destroying the Emptiness of Silence [Écrivaines africaines tuant le vide du silence. Irène Assiba d’Almeida est aussi traductrice et poète.

Photographie de couverture de Koffi Yves Parfait. ISBN : 978-2-343-14745-1

18 €

Elsie AUGUSTAVE et Irène ASSIBA D’ALMEIDA

Un monde à découvrir

Elsie AUGUSTAVE et Irène ASSIBA D’ALMEIDA

Autour de L’enfant noir de Camara Laye Un monde à découvrir

Autour de L’enfant noir de Camara Laye

Autour de L’enfant noir de Camara Laye

Autour de L’enfant noir de Camara Laye

Elsie AUGUSTAVE et Irène ASSIBA D’ALMEIDA

Autour de L’enfant noir de Camara Laye Un monde à découvrir

Des mêmes auteures Guide de lecture. L’enfant noir de Camara Laye, Wayside Publishing, 2004 Elsie Augustave The Roving Tree. A novel. New York: Akashic Books / Open Lens, 2013. Irène Assiba d’Almeida Une pluie de mots : anthologie bilingue de la poésie des femmes d’Afrique francophone, traduit par Janis A. Mayes. A Rain of Words: A Bilingual Anthology of Women’s Poetry in Francophone Africa, Charlottesville & London: University of Virginia Press, 2009. Francophone African Women Writers : Destroying the Emptiness of Silence, University Press of Florida, 1994 Essais et documentaires des Africaines francophones. Un autre regard sur l’Afrique, L’Harmattan, 2015 (avec Sonia Lee)

© L’Harmattan, 2018 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-14745-1 EAN : 9782343147451

À nos enfants et petit-enfant, Sébastien, Senami, Marlow et à tous les enfants noirs

La force du baobab se trouve dans ses racines. Proverbe malinké

PRÉFACE

Il y a maintenant plus d’une décennie que L’enfant noir de Camara Laye a été mis au programme de littérature francophone aux États-Unis pour des élèves de classe de terminale. L’idée d’enseigner une œuvre qui traite d’une culture et d’une littérature inconnues intimidait la plupart des enseignants. À cette époque-là, nous étions toutes les deux consultantes pour le College Board1 et membres du comité chargé de créer les épreuves de l’examen d’État en français (l’équivalent de l’épreuve de français au baccalauréat). Étant donné que nous étions professeures d’université et de lycée enseignant le français et les littératures francophones et que nous sommes de cultures africaine et caribéenne, nous avons proposé de préparer un Guide de lecture2 pour faciliter la tâche aux élèves, enseignantes et enseignants américains. Nous avons aussi conduit des ateliers de formation pour des enseignantes et 1

Le College Board est une institution à but non lucratif fondée en 1899 pour préparer les élèves des classes terminales à l’entrée à l’Université. Parmi ses nombreuses fonctions, le College Board crée et administre les examens standardisés pour l’ensemble des États-Unis. 2 Irène Assiba d’Almeida et Elsie Augustave, L’enfant noir de Camara Laye. Guide de lecture, Sandwich, MA: Wayside Publishing, 2004, 62 p.

enseignants dans plusieurs États des USA. Ces ateliers avaient pour but d’initier les professeures et professeurs à la littérature africaine et de les aider à comprendre la culture qui sous-tend L’enfant noir. Nous avons retravaillé, modifié et enrichi ce guide de lecture au profit d’un public plus élargi et plus divers tout en ciblant principalement les étudiantes et étudiants des niveaux secondaires et universitaires.3 Nous pensons prioritairement à celles et ceux qui vivent en Afrique et nous espérons que cet ouvrage sera utile à plusieurs générations d’élèves, d’étudiantes et d’étudiants. Certes, notre premier objectif est d’aider à approfondir la connaissance et la compréhension de L’enfant noir. C’est aussi de donner à découvrir plusieurs aspects de tout un monde à travers cet ouvrage devenu un classique de la littérature africaine. Un monde littéraire bien sûr et aussi un monde culturel pour, à l’instar de Camara Laye, préserver et ne pas abandonner les cultures africaines face à une mondialisation galopante. Au-delà de tout cela, un autre objectif est d’encourager deux éléments clefs de l’éducation : la lecture et l’écriture. Dans Un monde à découvrir, nous avons inclus des travaux dirigés pour permettre de tirer le plus grand profit de la lecture de L’enfant noir. En outre, nous guidons, encourageons et incitons toutes nos lectrices et tous nos lecteurs à la création littéraire, à la volonté d’écrire leur propre autobiographie. L’un des plus anciens préceptes de la 3

Dès lors que l’UNESCO a désigné Conakry Capitale Mondiale du Livre (2017-18), nous avons décidé de faire une publication plus élaborée de cet ouvrage en l’honneur de L’enfant noir, de Camara Laye et de son pays.

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création, surtout dans ses débuts, est l’écriture par l’imitation. L’enfant noir est un beau modèle à imiter, car Camara Laye maîtrise les techniques narratives. L’observation de son art, de ses multiples descriptions, de ses figures de style peut être une source féconde d’inspiration et un riche terrain d’imitation. Un monde à découvrir se veut un outil et un atout pour professeurs, professeures, étudiantes et étudiants et pour tous ceux qui souhaitent savoir mieux lire. Cet ouvrage permet d’aller au-delà de l’histoire narrée pour s’habituer à prêter attention au style. Grâce à la manière dont fonctionnent les procédés de narration et les choix stylistiques de l’auteur, on comprendra le processus de création de L’enfant noir, œuvre qui a si profondément marqué la littérature africaine. Toutes les écrivaines, tous les écrivains s’accordent à dire que pour bien écrire, il faut lire, lire et lire encore. On ne saurait trop insister sur les bienfaits de la lecture, car les avantages sont innombrables : elle développe l’imagination, elle permet d’acquérir un savoir, elle multiplie les capacités de penser, elle améliore la manière d’écrire et même de parler. La lecture génère aussi la créativité et constitue enfin une incomparable mine d’idées, capable d’ouvrir de nombreux horizons. Cependant, le goût de lire présuppose que l’on privilégie l’éducation à tous les niveaux et pour toutes et tous, filles comme garçons. L’éducation est la plus grande arme dont un individu puisse être pourvu. Elle est aussi la clé d’un développement durable. L’éducation et la connaissance qu’offre la lecture garantissent l’éradication de l’ignorance. Une fois que l’on possède la connaissance, personne ne peut l’enlever. Si les traditions africaines ne 13

mettent pas assez l’accent sur la lecture, car elles sont généralement fondées sur l’orature, elles n’ont cesse d’insister sur la connaissance. Cela se voit dans de nombreux proverbes tels « la connaissance est comme un baobab, on ne peut l’entourer de ses deux bras. » Ce proverbe invite à la recherche incessante du savoir. On dit aussi que « la connaissance est comme un champ, s’il n’est pas cultivé, il ne peut donner aucune récolte. » Nous savons donc ce qui nous reste à faire pour avoir de bonnes récoltes, de riches récoltes, des récoltes de qualité. Le livre, mystère de signes que l’on doit déchiffrer ; le livre, mystère de mots, est un immense trésor que tous les enfants devraient pouvoir découvrir. Vous avez remarqué que nous dédions Un monde à découvrir à tous les enfants noirs. Comme les enfants qui illustrent la première page de couverture qui sont absorbés par le livre de Camara Laye qu’on leur lit, nous exhortons les parents et les aînés à lire aux plus jeunes afin de leur donner le goût de la lecture. Il faudrait leur expliquer que la lecture leur octroie un grand pouvoir, car ils peuvent faire du livre un objet vivant. En réalité, sans lecteurs, sans lectrices, un livre n’existe pas. Si nous avons insisté sur la lecture et ses multiples mérites, c’est que nous pensons qu’elle est la pierre angulaire, la fondation qui permet l’écriture dont les avantages ne sont pas négligeables. Effectivement, l’écriture donne l’occasion de poursuivre la quête de soi qui aboutit à une meilleure compréhension du monde et à une meilleure vision des êtres et des choses. Poussant à la découverte, ce médium est un puissant outil de communication et peut même avoir des effets thérapeutiques comme pour Camara Laye qui écrit L’enfant noir alors qu’il est loin de chez lui et éprouve le 14

mal du pays. Le pouvoir des mots étant immense, écrire constitue une façon de matérialiser la pensée, d’exprimer son intelligence conceptuelle et émotionnelle, de se libérer des carcans du quotidien et de laisser des empreintes durables. La lecture et l’écriture sont des activités souvent complémentaires nous permettant de mieux nous comprendre et de comprendre les autres afin de tisser des liens avec autrui. Les mots nous entraînent dans l’imaginaire, nous faisant voir le monde dans une nouvelle optique et, paradoxalement, nous rapprochent du réel. Tels sont les mots que L’enfant noir de Camara Laye nous offre en abondance et qu’Un monde à découvrir nous aide à apprécier dans toute son envergure. Elsie Augustave & Irène Assiba d’Almeida

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AVANT-PROPOS

Chères lectrices, chers lecteurs, Un monde à découvrir : L’enfant noir de Camara Laye, travail pédagogique et littéraire, est réalisé dans le but d’offrir une compréhension approfondie de L’enfant noir4 et partant, de découvrir tout un monde, comme le titre de notre étude le suggère. On pourrait même dire que vous irez à la découverte de plusieurs mondes : celui de la littérature et d’une écriture particulière comme point de départ et celui d’une société traditionnelle et d’une culture fascinante. Nous avons inclus des résumés de chaque chapitre parlant des moments clés. L’ensemble des chapitres donne une vision panoramique de l’ouvrage. Toutefois, il va sans dire qu’une lecture méticuleuse de l’œuvre complète est indispensable. Un monde à découvrir doit servir de complément à L’enfant noir et non pas en être une substitution. Nous vous conduisons vers une meilleure compréhension de L’enfant noir afin que vous puissiez saisir tout ce que l’auteur révèle, comprendre les pensées qu’il 4

Camara Laye, L’enfant noir, Paris, Éditions Plon, 1953. Dans cet ouvrage, toutes les citations sont tirées de l’édition 2012 et leur pagination figure entre parenthèses en fin de citation.

exprime, les sentiments qu’il ressent et découvrir la diversité des stratégies d’écriture. Ceci vous permettra de mieux apprécier la dialectique entre le contenu, soit le fond, et la manière dont ce contenu est formulé, soit la forme. En d’autres termes, il faudra remarquer l’entrelacement du fond et de la forme. Sous une fausse apparence de simplicité, Camara Laye guide les lectrices et les lecteurs à travers les différentes facettes de la culture malinké. Le profil de l’auteur situe Camara Laye dans son cadre géographique et littéraire tandis que le profil de l’œuvre se penche brièvement sur l’autobiographie en tant que genre littéraire et la manière dont Laye en fait à la fois une autofiction et une socio-fiction. Ce profil est suivi de façon détaillée des références stylistiques se focalisant sur la composition de l’œuvre et le style de l’auteur. Après le résumé de chaque chapitre, nous avons choisi un ou deux passages qui nous semblent emblématiques. Les questions sur les passages permettent une meilleure compréhension de l’ouvrage et les questions à choix multiples enrichissent le vocabulaire et encouragent l’usage du mot juste. Des questions à discuter en classe favorisent un travail collectif où les élèves, étudiantes et étudiants, peuvent partager et échanger leurs propres idées et développer ainsi leur sens critique tout en se fortifiant de diverses opinions. En ce qui concerne les personnages, nous avons commencé par vous donner un diagramme permettant de mieux discerner les personnages importants dans la vie de Laye et les liens qui les unissent. Ensuite, nous avons procédé à une analyse des protagonistes et à leur interaction les uns avec les autres.

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Enfin, nous vous proposons des exercices supplémentaires qui comportent des questions pour la discussion de l’œuvre tout entière ainsi que des lettres à rédiger. Nous vous invitons à composer des essais et à préparer des présentations orales. Pour vous aider à accomplir ces tâches, nous mettons à votre disposition les outils nécessaires, à savoir des conseils pour un essai et une présentation orale. Les exercices supplémentaires ont des aspects novateurs en ceci qu’on vous demande de répondre à des messages électroniques. Un monde à découvrir comprend aussi un projet littéraire appliqué qui consiste à vous guider pour que, à l’instar de Camara Laye, vous puissiez écrire votre propre autobiographie. Finalement, nous vous suggérons des listes de mots et expressions à considérer pour tous ces exercices et une liste de figure de style pour une rédaction et une présentation plus raffinées. En somme, les exercices supplémentaires aident à stimuler une meilleure lecture, peaufiner l’écriture et développer l’imagination. Un monde à découvrir se termine par un ensemble sémantique comprenant plusieurs types de vocabulaire ; les mots difficiles tirés du texte, un glossaire de vocabulaire en langue malinké et un autre en vocabulaire africain en langue française montrant ainsi les particularités des langages qu’utilise Camara Laye. La façon exhaustive dont nous avons traité des nombreux thèmes dans Un monde à découvrir jette une lumière particulière sur la démarche de Camara Laye dans la transmission de sa vision du monde. Le partage de sa réalité et de ses émotions émaille cette œuvre magistrale, produit et miroir d’une société et d’une époque. Il fait tout cela par le biais des thèmes tels que la famille et la 19

communauté, les croyances traditionnelles, l’amitié, les relations interpersonnelles et l’angoisse existentielle. Si ces thèmes reflètent des valeurs et des émotions liées à une culture spécifique — la culture malinké —, ils reflètent également des valeurs et des émotions universelles, traversant l’espace et le temps et faisant de L’enfant noir un ouvrage intemporel qui, publié à Paris en 1953, s’est imposé comme l’un des classiques de la littérature africaine.

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I. LE PROFIL DE L’AUTEUR

1. LA VIE ET L’ŒUVRE DE CAMARA LAYE Camara Laye est né le 1er janvier 1928 dans la ville de Kouroussa, en Haute-Guinée. Appartenant à l’ethnie des Malinké, il est le fils d’un forgeron de grande renommée, l’aîné d’une famille de douze enfants. Le nom de famille de l’auteur est Camara. Laye étant son prénom, est un diminutif de Abdoulaye.5 Voulant donner à leur fils une éducation à la fois traditionnelle et musulmane, les parents de Laye lui apprennent les traditions de son ethnie et l’envoient à l’école coranique. Plus tard, Laye ira à l’école primaire de Kouroussa pour une éducation de type français. Après ses études primaires, il va à Conakry, capitale de Guinée, où il fréquente le collège Poiret. En 1947, il obtient une bourse pour étudier en France à l’École centrale d’ingénierie automobile à Argenteuil,

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De nombreux Africains de la génération de Laye écrivaient leur nom de famille avant leur prénom. Il semble que cette pratique vienne de l’histoire coloniale de l’Afrique où les instituteurs français classaient les élèves par ordre alphabétique selon le nom de famille, plusieurs enfants portant le même prénom. Les élèves déclinaient donc leur nom comme ils le faisaient à l’école. Cette pratique est encore vivante en Afrique contemporaine.

dans la région parisienne. Cette école lui donne une formation de mécanicien. Camara Laye veut poursuivre des études plus avancées. Pourtant, pour des raisons financières, il doit les interrompre pour travailler. Il trouve un emploi aux usines SIMCA (Société industrielle de mécanique et carrosserie automobile), puis travaille à la RATP (Régie autonome des transports parisiens). En même temps, il suit des cours du soir au Conservatoire national des arts et métiers. Plus tard, il s’inscrit à l’École technique d’aéronautique et de construction automobile pour recevoir une formation d’ingénieur. C’est en poursuivant ses études qu’il a la nostalgie de son pays, de sa famille et de son enfance. Pour oublier l’atmosphère froide et grise de Paris, ville si différente de Kouroussa, il écrit L’enfant noir. Ce livre est un roman autobiographique qu’il dédie à sa mère dans un poème touchant précédant son récit. L’écrivain évoque ainsi les circonstances dans lesquelles il a écrit L’enfant noir : Vivant à Paris, loin de ma Guinée natale, loin de mes parents, et y vivant depuis des années dans un isolement rarement interrompu, je me suis transporté mille fois par la pensée dans mon pays, près des miens… Et puis, un jour, j’ai pensé que ces souvenirs, qui à l’époque étaient dans toute leur fraîcheur, pourraient, avec le temps, sinon s’effacer — comment pourraient-ils s’effacer ? — du moins s’affaiblir. Et j’ai commencé à les écrire… L’ouvrier que je suis racontait sa vie, un point c’est tout. Je ne pensais qu’à moi-même et puis, à mesure que j’écrivais, je me suis aperçu que je traçais un portrait de ma Haute-Guinée natale… Je vivais seul, seul dans ma chambre d’étudiant pauvre, et j’écrivais : j’écrivais comme on rêve, je me souvenais ; j’écrivais pour mon plaisir et c’était

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un extraordinaire plaisir, un plaisir dont le cœur ne se lassait pas.6

Le livre connaît un grand succès en France et reçoit le prix Charles Veillon, prix international du roman français, en 1954. Laurent Chevallier, réalisateur français, porte à l’écran L’enfant noir en 1994. Bien qu’ayant le même titre que le livre, ce film n’est pas strictement l’histoire de Camara Laye. Il s’en inspire fortement, dans une adaptation assez libre comme l’avoue Chevallier lui-même dans une inscription au début du film.7 Camara Laye finit ses études en 1956 et retourne en Afrique, notamment au Dahomey, l’actuel Bénin, et au Ghana. La Guinée devient indépendante en 1958 et Camara Laye rentre dans son pays. Il est nommé premier ambassadeur de Guinée au Ghana. Plus tard, il sera le directeur du Centre de recherches et d’études au ministère de l’Information à Conakry. Camara Laye est de plus en plus en conflit avec le régime de Sékou Touré, premier président de Guinée, qu’il dénonce dans ses écrits. En 1964, Camara Laye est brièvement emprisonné. Relâché, il se réfugie en Côte d’Ivoire avant d’aller en exil au Sénégal. En 1970, il devient chercheur en études islamiques à l’IFAN (Institut fondamental de l’Afrique noire) à l’université de Dakar (aujourd’hui l’université Cheikh-Anta-Diop). En 1975, Camara Laye tombe malade. Il va se faire soigner en 6

Camara Laye. Discours prononcé au Colloque sur la littérature africaine d’expression française, faculté de lettres de Dakar, 2629 mars 1963. Cité par Joyce A. Hutchinson, éd. L’enfant noir, Londres, 1966, p. 7. 7 Laurent Chevalier. Film : L’enfant noir, VHS/Secam. Paris : Films du Paradoxe, 1995 (92 minutes).

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France puis retourne au Sénégal. Cinq ans plus tard, il meurt à Dakar, le 4 février 1980. En dehors de L’enfant noir, Camara Laye a écrit Le Regard du roi, publié à Paris en 1954.8 C’est un roman allégorique où le personnage principal, un Blanc du nom de Clarence, subit une initiation qui lui fera découvrir la richesse de la sagesse africaine. En1966, Camara Laye écrit Dramouss,9 une suite de L’enfant noir. Contrairement à L’enfant noir qui évoque l’enfance heureuse de Laye, Dramouss, par la voix de Fatoman, le héros du roman, parle de son séjour en France et de sa déception une fois revenu au pays dans un climat dictatorial. La dernière œuvre de Camara Laye est Le Maître de la Parole (Paris, 1978)10, un récit historique basé sur la tradition orale narrée par le griot Babou Condé, ayant pour thème la vie de Soundjata Keita, grand empereur mandingue, qui régna au XIIIe siècle à la tête du puissant Empire du Mali. Le Maître de la Parole a reçu le prix de l’Académie française.

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Camara Laye, Le Regard du roi, Paris, Éditions Presses Pocket, 954. Camara Laye, Dramouss, Paris, Éditions Presses Pocket, 1966. 10 Camara Laye, Le maître de la parole. Kouma Lafôlô Kouma. Paris, Éditions Plon, 1978. 9

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2. LA GUINÉE, PAYS DE CAMARA LAYE a. Carte de la Guinée par rapport au continent africain

(Wikipédia)

b. Carte de la Guinée par rapport aux pays limitrophes

(Wikipédia)

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La Guinée est un État de l’Afrique de l’Ouest avec une superficie de 245 000 kilomètres carrés. Comme tous les États d’Afrique nés du partage colonial, l’espace guinéen est pourvu de frontières arbitraires, ne correspondant ni à des séparations naturelles, ni à des regroupements ethniques. Le pays est limité au nord par le Sénégal et une partie du Mali, au nord-ouest par la Guinée-Bissau, à l’ouest par l’océan Atlantique, au Sud par la Sierra Leone et le Liberia, à l’est par la Côte d’Ivoire et une partie du Mali. Géographiquement, la Guinée forme un demi-croissant comportant quatre grandes régions. La Basse-Guinée abritant Conakry, la capitale, longe l’océan Atlantique et jouit d’un climat tropical très humide. Au nord de la Basse-Guinée se trouve la Moyenne-Guinée dont la principale ville est Labé et où se situe le Fouta Djalon, une chaîne de hauts plateaux d’où naissent de nombreux fleuves et rivières — tels la Gambie, le Sénégal que l’on nomme Bafing en Guinée et les affluents du Niger. À cause de l’importance de cette hydrographie, on a donné à la Guinée le nom de « Château d’eau » de l’Afrique de l’Ouest. Le bassin du Haut-Niger forme la Haute-Guinée, région dans laquelle est né Camara Laye et qui abrite Kankan, la deuxième ville du pays. On trouve dans cette région des sites historiques tels les vestiges de Niani, la capitale du glorieux empire du Mali. Enfin, la Guinée forestière, région montagneuse, située au sud-est du pays, est la moins peuplée. Abritant toutes sortes d’animaux : éléphants, lions, léopards, phacochères, hippopotames, buffles et crocodiles, la forêt est dense. La végétation est abondante et la faune diverse. 26

Sur le plan économique, la Guinée possède un sous-sol riche encore insuffisamment exploité. Possédant des gisements d’or et de diamants, elle est le deuxième producteur mondial de bauxite. L’agriculture est dominée par la culture du riz dans les grandes rizières du Fouta Djalon où l’on cultive aussi l’arachide et le manioc. Les forêts produisent du bois et l’élevage est important. La langue officielle est le français. Toutefois, comme tous les pays francophones d’Afrique, la Guinée a de nombreuses langues nationales. Les plus parlées sont le poular, le malinké et le soussou. Le pays compte environ 13 000 000 d’habitants (2016) regroupés dans une vingtaine d’ethnies. Deux groupes prédominent : les Peuls (38,6 %) et les Malinkés (23,2 %). Puis viennent les Soussous, les Kissis, les Kpélés ainsi que d’autres ethnies dont les membres sont moins nombreux. La population est fortement islamisée et comprend 85 % de musulmans contre 8 % de chrétiens. Les autres pratiquent exclusivement leurs religions traditionnelles. La Guinée a une riche histoire qui, selon les données archéologiques, remonte au premier millénaire. La région a vu se succéder une série d’empires et de royaumes. Du IXe au XIe siècle, règne le royaume du Manding ; au XIIe siècle, règne l’Empire du Mali, dirigé par l’empereur légendaire Soundjata Keita. Grâce à ses exploits militaires, l’empire du Mali s’étend du nord de la Guinée jusqu’à Tombouctou dans l’ancien Soudan français, l’actuel Mali. Dès le début du XVIIIe siècle s’instaure un état théocratique avec des chefs qui ont marqué l’histoire guinéenne, tels que Karamoko Alfa (1725-50) et Ibrahima Sambego Sori (1751-84). Dans les années 1880, le Mandingue Samory Touré forme un 27

empire en Haute-Guinée avec Bissandougou pour capitale. Chef charismatique et stratège militaire, Samory Touré prend le contrôle de l’intérieur du pays. Il deviendra l’un des héros de l’histoire précoloniale de Guinée et même de l’Afrique tout entière. Comme dans la majorité des pays africains, les explorateurs portugais sont les premiers Européens à atteindre les côtes de Guinée où ils établissent des comptoirs commerciaux pour l’or et l’ivoire. Ils pratiquent bientôt la traite des esclaves. Durant la seconde moitié du e XIX siècle, la France envahit la Guinée et se heurte à l’armée farouche de Samory Touré qui mène une guerre organisée contre l’occupation française. Après plusieurs années de résistance, Samory Touré est vaincu en 1888. En 1906, la Guinée est administrée par le gouvernement français et intégrée à l’AOF (Afrique occidentale française). La France y pratique la politique coloniale qu’elle a adoptée dans toutes ses colonies africaines, notamment l’imposition d’un système d’administration colonial au mépris des chefferies traditionnelles, l’imposition de la langue française, l’imposition d’un système d’éducation français, l’imposition de la religion catholique et l’exploitation des ressources locales pour les besoins de la métropole. C’est après la Seconde Guerre mondiale que la conscience politique des Guinéens se déploie. Des mouvements anticoloniaux naissent, des mouvements contestataires émergent et des syndicats de travailleurs se forment, tel l’UGETAN (Union générale des travailleurs de l’Afrique noire) qui a des branches dans toute l’Afrique. La branche guinéenne est dirigée par Sékou Touré qui deviendra en 1952 le chef du Parti démocratique 28

de Guinée (PDG), fondé en 1947. Sous l’impulsion du PDG et de Sékou Touré, la Guinée est le seul pays d’Afrique francophone à dire « non » au référendum organisé le 28 septembre 1958 par le général Charles de Gaulle. Ce référendum demandait aux pays africains s’ils voulaient l’intégration à la communauté française ou non. Après ce refus historique, la Guinée devient le premier pays de l’Afrique de l’Ouest francophone à accéder à l’indépendance, le 2 octobre 1958. Sékou Touré devient son premier président. À cette époque, il est un véritable héros. Néanmoins, il est vite contesté, car il dirige le pays avec un bras de fer, un pouvoir absolu et fait du PDG le parti unique du pays. Les opposants au régime sont emprisonnés ou exécutés. De nombreux Guinéens sont obligés de s’exiler, soit dans d’autres pays d’Afrique comme l’a fait Camara Laye, soit en Europe, notamment en France. Sur le plan culturel, la Guinée est connue pour la richesse de ses traditions orales, ses masques en bois et ses statuettes en terre. La musique traditionnelle joue un rôle primordial dans la vie des Guinéens, avec des instruments tels que la cora et le balafon. Les Guinéens écoutent aussi la musique contemporaine électronique, le reggae, l’afrobeat, la soul, le rap et le hip-hop, comme partout ailleurs. Ce pays est le premier État africain à avoir créé un orchestre national, le Bembeya Jazz, célèbre en Guinée et dans toute l’Afrique. Un autre groupe artistique ayant distingué la Guinée pendant de nombreuses années a été les Ballets de Keïta Fodéba, une troupe de danse, de musique et de théâtre qui a acquis un immense succès à travers l’Afrique et à travers le monde.

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3. LA LITTÉRATURE AFRICAINE À L’ÉPOQUE DE CAMARA LAYE Camara Laye vient d’une ethnie dont les traditions orales sont riches et variées. Contes, légendes et chants épiques, par exemple, forment ce qu’on appelle aujourd’hui l’orature, c’est-à-dire l’ensemble des textes oraux par opposition à la littérature qui est l’ensemble des textes écrits. De tout temps, l’orature a été transmise de génération en génération par les griots, ces historiensconteurs, mémoire des Malinké. Comme pour presque toutes les écrivaines et tous les écrivains africains, l’orature alimente l’imaginaire de Camara Laye. La littérature africaine d’expression française est fortement marquée par la parution, en 1953, de L’enfant noir, ouvrage fondateur. C’est à partir de cette date que l’histoire littéraire de la Guinée commence. Le seul écrivain guinéen qui précède Camara Laye est Keita Fodéba qui publie Poèmes africains en 1950, puis deux pièces de théâtre, Le maître d’école suivi de Minuit en 1952.11 Un autre écrivain guinéen de l’époque est incontestablement Djibril Tamsir Niane dont le livre Soundjata ou l’épopée mandingue, publié en 1960,12 est aussi un classique de la littérature africaine. Les années soixante voient un déclin, sinon un arrêt, de la production littéraire, car le régime de Sékou Touré se durcit et n’accepte comme art que la propagande en faveur de son régime. De nombreux intellectuels écrivent en dehors de 11

Keita Fodéba, Poèmes africains, Paris, Seghers, 1950. Le maître d’école suivi de Minuit, Paris, Seghers, 1952. 12 Djibril Tamsir Niane, Soundjata ou l’épopée mandingue, Paris, Présence africaine, 1960.

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leur Guinée natale. Les plus influents sont Mohamed Alioum Fantouré, Tierno Monénembo et William Sassine, décédé en 1997. De nos jours, la littérature guinéenne a repris son souffle. Les écrivains de l’extérieur continuent de produire tandis que, à l’intérieur du pays, on trouve d’autres écrivains tels que Lamine Kamara et Kiri di Bangoura sur la scène littéraire. La production littéraire se diversifie, car la littérature écrite par les femmes, ou littérature féminine, voit le jour avec Nadine Bari, une française dont le mari est guinéen. D’autres écrivaines suivront, telles que Sira Baldé de Labé, Kesso Barry, Mariama Barry et Zeinab Koumathio Diallo. Écrivant en français et en poular, cette dernière est à la fois romancière et poète. Pour revenir à l’époque littéraire de Camara Laye, on aimerait pouvoir dire qu’en plus des traditions orales, Camara Laye aurait été influencé par le mouvement de la Négritude qui encourage les écrivains à puiser dans leur culture et à la valoriser. Cependant, on ne pourrait l’affirmer avec certitude. Toutefois, on retrouve dans L’enfant noir des accents de la Négritude : « Il me semble que nous nous fussions abstenus de nous enlacer et bien que nous eussions, comme tous les Africains, la danse dans le sang » (186), écrit-il. Il convient tout d’abord de préciser que, créé à Paris, dans les années 1930 par des étudiants antillais et africains, la Négritude est un mouvement littéraire, culturel et même politique. Les trois fondateurs les plus connus sont Aimé Césaire de Martinique, Léon Gontran Damas de Guyane et Léopold Sédar Senghor du Sénégal. Pendant la colonisation — et même avant —, l’Occident avait dénigré les cultures noires et nié leur existence. Les fondateurs de la Négritude 31

se sont mis à écrire pour affirmer l’existence des cultures du monde noir et prouver leur richesse et leur vitalité. Exprimée d’abord à travers la poésie, la Négritude a produit une littérature engagée, une littérature de combat, une littérature écrite pour une cause politique ou sociale, qui se soucie néanmoins de la dimension esthétique. Elle exalte l’Afrique, ses origines, ses traditions et ses valeurs. Peu à peu, le mouvement de la Négritude se politise davantage. Il dénonce l’esclavage, la colonisation, la tentative de destruction des traditions ancestrales et réclame l’indépendance des pays africains. En somme, ce mouvement a fortement marqué l’histoire littéraire africaine et antillaise du XXe siècle et la conscience politique de plusieurs générations. Camara Laye appartient à la génération qui vient juste après celle des fondateurs de la Négritude. Il connaissait Senghor et Césaire, et surtout Alioune Diop, fondateur de Présence Africaine, à la fois journal et maison d’édition, qui a vu le jour en 1947 à Paris et qui existe encore aujourd’hui. Cependant, Camara Laye n’était pas un adhérent actif du mouvement de la Négritude. À la question de savoir si l’on pouvait tout de même lire L’enfant noir dans la perspective de la Négritude, Chérif Haidara Sékou, compatriote et contemporain de Camara Laye, répond : « On pourrait dire que non pas l’écrivain même, mais le contenu de son livre peut être lu dans la perspective de la Négritude, car, Camara a procédé à une mise en valeur de la culture malinké, donc de la culture des Noirs. »13 13

Chérif Haidara Sékou. Entretien téléphonique recueilli par Elsie Augustave et Irène Assiba d’Almeida le 28 décembre 2003. M. Sékou

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La réception critique de L’enfant noir a été positive parmi les Français. Les critiques et écrivains africains, par contre, ont sévèrement critiqué Camara Laye car, disaientils, cette autobiographie n’était pas engagée. Selon eux, Camara Laye avait peint une Afrique idyllique et était resté insensible aux problèmes politiques cruciaux de l’époque. Pourtant, Senghor a pris la défense de Camara Laye en ces termes : « À la réflexion, on découvrira qu’en ne faisant pas le procès du colonialisme, il l’a fait de la façon la plus efficace. Car peindre le monde négro-africain sous les couleurs de l’enfance, c’était la façon la plus suggestive de condamner le monde capitaliste de l’Occident européen. »14 On ne saurait clore ce survol de l’époque de Camara Laye sans mentionner un débat récurrent parmi certains commentateurs. Il a été dit que Camara Laye n’avait pas écrit L’enfant noir lui-même. Une Française l’aurait fait à sa place. Cependant, personne n’a pu affirmer ceci avec la plus complète des certitudes.15 Certains faits sont cependant irréfutables. Il s’agit incontestablement de l’histoire de la vie de Camara Laye, de son pays, de ses traditions malinké. Il convient de citer de nouveau Chérif est né en 1938 et décédé en 2015. Journaliste de profession, il a été directeur de la radio guinéenne, puis directeur des services de presse de Guinée, de 1959 à 1969, puis diplomate. Il est contemporain de Camara Laye qu’il a connu à Kouroussa, à Conakry et ensuite à Paris. 14 Leopold Sédar Senghor. « Laye Camara et Lamine Diakhaté ou l’art n’est pas d’un parti », Liberté I : Négritude et Humanisme, Paris : Seuil, 1964, p. 156. 15 Ceux qui s’intéressent à cette question devraient consulter le livre d’ Adèle King intitulé Rereading Camara Laye, Lincoln & London, University of Nebraska Press, 2002. Ce livre est le plus détaillé sur ce débat, mais il n’arrive tout de même pas à des conclusions définitives.

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Haidara Sékou : « Ce que je sais, c’est que c’est bien Camara qui a écrit le livre. Il m’a simplement dit que pour ce qui était de la mise en forme, il s’était fait aider par le célèbre Pierre Teilhard de Chardin. J’aimerais ajouter que pour ce qui est du contenu, tout vient de Camara Laye. Son livre est tellement authentique, tellement vrai qu’il ne saurait y avoir aucun doute. Son enfance, les totems de son père et de sa mère, les relations familiales à Kouroussa, tout cela, c’est authentique et précis. Je suis moi-même malinké. J’ai vécu à Kouroussa et je peux en témoigner. »16 S’il y a un enseignement à tirer de la critique moderniste c’est qu’aucun livre ne sort du néant. Aucun livre n’est écrit à partir de rien. Quelquefois, il est créé dans une atmosphère de collaboration avec des éditeurs et qu’on le veuille ou non, il y a une influence née de la lecture d’autres livres, de la rencontre d’autres écrivains, vivants ou morts. C’est ce qu’on appelle l’intertexte, c’està-dire une transformation et combinaison de textes antérieurs que Julia Kristeva, appelle « interaction textuelle ».17 Camara Laye a peut-être bénéficié de conseils éditoriaux, ou même d’aide pour la rédaction de son livre. Cependant, L’enfant noir est bien son livre. Il demeure un classique de la littérature africaine, lu par de nombreux élèves et étudiants en Afrique, mis aux programmes d’écoles et d’universités en France, en Amérique du Nord 16

Chérif Haidara Sékou. Entretien téléphonique recueilli par Elsie Augustave et Irène Assiba d’Almeida le 28 décembre 2003. 17 Julia Kristeva. « Dialogisme et intertextualité » in Semeiotikè. Recherches pour une sémanalyse, Éditions du Seuil, 1969 (réédition dans la collection « Points » n° 96, 1978).

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et dans la Caraïbe, traduit dans plus d’une douzaine de langues et faisant le délice des lecteurs qui savent, comme le dirait Roland Barthes, goûter au « plaisir du texte ».

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II. LE PROFIL DE L’ŒUVRE

Dans son œuvre autobiographique aux accents romanesques, Camara Laye raconte l’histoire de son enfance et de sa jeunesse à Kouroussa, à Tindican et à Conakry. Il présente les rituels de la tradition orale, le rôle de la magie et des croyances traditionnelles. Il décrit la vie paisible, rustique et communale de Tindican, village natal de sa mère, et évoque l’admiration que lui portent les villageois qui le considèrent comme un citadin, instruit de surcroît. Après avoir été élève à l’école coranique, Laye fréquente l’école primaire. Il est victime du mauvais traitement du maître, du directeur et des élèves plus âgés. Cela ne l’empêche pas d’aimer l’école et d’y exceller. Par ailleurs, comme le demande la tradition, il subit les épreuves de la rencontre avec Kondén Diara et les rituels de la circoncision. Le jeune Laye se rend ensuite à Conakry pour poursuivre ses études. Il y est accueilli par son oncle Mamadou et les deux épouses de ce dernier. Il fait des études techniques, tombe amoureux de Marie, une métisse qui fréquente la famille de son oncle. Après l’obtention de son Certificat d’aptitude professionnelle, Camara Laye bénéficie d’une bourse pour continuer ses études en France.

Considéré comme une œuvre capitale de la littérature africaine, L’enfant noir est un hommage à la vie et à la culture malinké. C’est un regard nostalgique porté sur l’enfance, sur les relations familiales et sur le rôle de l’école dans la vie de l’auteur. L’originalité de l’œuvre se trouve dans les descriptions vivantes des réalités malinké. En effet, cette œuvre est un miroir de la première moitié du XXe siècle en Haute-Guinée et à Conakry. Laye fouille dans sa mémoire et organise ses expériences pour transmettre son vécu. Ce qui demeure remarquable est que, selon la théorie de Julien Greimas, la construction de L’enfant noir correspond bel et bien à l’univers romanesque. Laye, le héros du roman, cherche à atteindre un objectif. L’oncle Mamadou et le père l’aident tandis que la mère s’y oppose. L’ouvrage se termine par une résolution, un équilibre retrouvé, bien que dans la peine. Puisqu’il est question d’une autobiographie aux formes romanesques, on peut dire qu’il s’agit d’un Bildungsroman ou roman de formation. Il peut paraître surprenant que L’enfant noir, qui présente une jeunesse malinké typique, soit néanmoins une histoire à laquelle les jeunes de tous les pays peuvent s’identifier. Il s’agit d’une culture peu familière et d’un milieu étranger pour de nombreux Européens, Américains, Asiatiques et même pour certains Africains venant d’autres régions du continent. Comme le dit Laye : « L’Afrique est grande, aussi diverse que grande » (73). Cependant, tous les êtres humains connaissent l’expérience de passer de l’enfance à l’adolescence et enfin à l’âge adulte. Avant de passer à ce stade, comme Laye, tous les jeunes appréhendent les problèmes de l’école, les bizutages des plus grands, la peur du tableau 38

noir, les ennuis avec les maîtres ou les directeurs, les discussions avec les parents sur l’avenir, l’intervention intrusive des parents, les problèmes identitaires et l’angoisse de l’avenir. Tout le monde comprend les préoccupations du narrateur pour son avenir, l’affection pour sa mère, le respect pour son père, les douceurs de l’amitié et de l’amour, les douleurs de la mort d’un être aimé, la peine de la séparation et les larmes versées au moment du départ. L’enfant noir a certainement un caractère universel qui prouve que tout compte fait, si l’on a raison d’affirmer que les cultures sont différentes, on doit reconnaître que la race humaine est la même, éprouvant les mêmes sentiments, sillonnant les mêmes chemins de l’expérience.

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III. LES RÉFÉRENCES STYLISTIQUES

1. LA COMPOSITION DE L’ŒUVRE L’enfant noir est une autobiographie de type romanesque. Dans Le pacte autobiographique, Philippe Lejeune, autorité française de ce genre littéraire, définit l’autobiographie comme un « récit rétrospectif en prose qu’une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu’elle met l’accent sur sa vie individuelle, en particulier l’histoire de sa personnalité. »18 Il faut noter que cette définition ne cadre qu’en partie avec l’autobiographie africaine. La vie de l’auteur est aussi la vie de sa société. L’histoire d’une personnalité reflète la personnalité d’un peuple, comme on le voit dans L’enfant noir. Le « je » individuel devient un « je » collectif qui se transforme en un « nous. » Même le titre de l’ouvrage, L’enfant noir, est emblématique. C’est l’histoire d’un enfant noir, mais à travers cet enfant noir, c’est l’histoire d’une enfance heureuse que tous les enfants noirs pourraient avoir. Cependant, il s’agit bien de la vie de Camara Laye, placée au centre du récit. On sait qu’il a de nombreux frères et sœurs apparaissant dans la narration, 18

Philippe Lejeune, Le pacte autobiographique, Paris, Éditions du Seuil, 1975, p. 14.

pourtant leur rôle est négligeable et à aucun moment ils ne sont mentionnés par leurs noms. Il faut savoir qu’un livre doit remplir des conditions spécifiques pour être classé dans la catégorie de l’autobiographie. Pour qu’il y ait autobiographie, il faut que l’auteur, le narrateur et le protagoniste soient une seule et même personne. L’enfant noir remplit ces conditions puisque l’auteur est Camara Laye, le narrateur est Camara Laye, le protagoniste est Camara Laye. Ainsi, il n’est pas étonnant de voir que le récit est à la première personne. L’art de Camara Laye consiste à faire usage d’une approche narrative exprimée selon le point de vue d’un enfant. Son talent réside dans son immense capacité à se replonger dans le monde de l’enfance. Il y a aussi une vision de l’adulte qui réfléchit, en rétrospective, sur les événements de son enfance et qui donne par endroits, des réponses aux questions de l’enfant qu’il était. Camara Laye raconte son histoire avec des yeux d’enfant, mais souvent avec des mots d’adulte. Par conséquent, il y a une alternance féconde de la voix de l’enfant et de celle de l’adulte, étoffant le récit et ajoutant à la richesse des perspectives. L’enfant noir peut être classé dans ce qu’on appelle « littérature de témoignage », c’est-à-dire, tout simplement, une littérature où l’auteur témoigne de son temps. Camara Laye fait connaître sa culture et certifie, à plusieurs reprises, ce qu’il a vu et entendu : « Puis-je récuser le témoignage de mes yeux ? » (73) ou encore : « Je dis très simplement, très fidèlement, ce que j’ai vu, ce que mes yeux ont vu… » (75) Cette attitude explique le parti pris de l’auteur de ne rien démontrer, de ne donner aucune explication sur les événements narrés. Il ne 42

demande à personne de le croire ; il ne porte pas de jugement de valeur. Il relate seulement les faits tels qu’il les a vécus, laissant à la lectrice ou au lecteur le loisir de se faire sa propre opinion. L’ouvrage est divisé en douze chapitres et s’ouvre sur un poème. Si L’enfant noir est bien connu dans toute l’Afrique, le poème À ma mère, communément appelé « Femme noire » parce qu’il commence par ces mots, l’est encore davantage. C’est un poème que de nombreux enfants apprennent à l’école. À ma mère a été mis en chanson. Il est difficile de dire qui en est le compositeur. Pourtant, il existe plusieurs interprétations. Celle de Fojeba affirme que la mélodie est de Lokua Kanza, chanteur congolais, d’où le caractère panafricain de ce poème.19 Les douze chapitres illustrent chacun un événement décisif dans la vie de Camara Laye. On pourrait même donner un titre à chacun de ces chapitres : – Chapitre 1. Le serpent, génie de la race – Chapitre 2. Le travail de l’or et le rôle du griot – Chapitre 3. Les vacances chez la grand-mère à Tindican – Chapitre 4. La description de la moisson

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Cette version est la plus proche de l’originale que chantent les enfants au Bénin, par exemple : https://www.youtube.com/watch?v=EoBBHupKNjo. La version suivante est dédiée à toutes les mamans du monde : https://www.youtube.com/watch?v=86JI8M8MOPQ. Enfin, cette dernière version est la seule qui nous fournit les noms des artistes : Mélodie de Lokua Kanza. Reprise de Fojeba : https://www.youtube.com/watch?v=SGS5l1lmblY.

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– Chapitre 5. La mère de Camara Laye, sa place, son rôle et ses pouvoirs – Chapitre 6. L’école française – Chapitre 7. La nuit de Kondén Diara ou la cérémonie des lions – Chapitre 8. La circoncision – Chapitre 9. Le départ pour Conakry – Chapitre 10. L’acharnement aux études et l’éveil à l’amour – Chapitre 11. Les vacances à Kouroussa et la mort de Check – Chapitre 12. Le départ pour la France Cette autobiographie pourrait sembler épisodique. Toutefois, les épisodes sont si bien agencés chronologiquement qu’il y a une continuité dans la narration. La construction narrative est bien exécutée, sauf peut-être pour ce qui est de la fin du livre — le dernier chapitre notamment — qui paraît un peu trop rapide et beaucoup moins développé que le reste de l’ouvrage. En revanche, le tout premier chapitre est un exemple magistral de construction narrative. Si tous les procédés stylistiques de l’auteur s’y trouvent déjà, on y rencontre aussi les trois personnages principaux de L’enfant noir : Laye, son père et sa mère. Le premier chapitre contient des éléments qui vont être développés tout au long de l’ouvrage, à savoir : le monde de l’enfance, le domaine culturel, la relation de Laye avec ses parents, la nostalgie d’un passé qui change inexorablement, l’école française, le départ et la séparation.

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a. Le monde de l’enfance À l’âge de cinq ou six ans, Laye apprend que le petit serpent noir n’est pas qu’un simple reptile. Ce fait marque la fin de l’insouciance, du calme et de la sérénité de son enfance. Il exprime sa surprise en ces termes : « Bien que le merveilleux me fût familier, je demeurai muet tant mon étonnement était grand ». À partir de ce moment déclencheur, il commence à observer de près les mystères qui l’entourent. Pourtant, ce n’est qu’à l’âge de douze ans qu’il trouve le courage d’aborder ce sujet avec son père, malgré le malaise qu’il ressent. Il apprend ce soir-là que le destin l’amènera loin des siens et que l’école sera l’élément déterminant de ses futures années. Laye est tiraillé quant à la voie à suivre pour son avenir. Perturbé par la révélation que son père vient de faire, Laye plonge dans le désarroi et n’arrive pas à s’endormir tout de suite. « Père !... Père !... me répétais-je. Père, que dois-je faire pour bien faire ?... Et je pleurais silencieusement, je m’endormis en pleurant » (22). Il n’aura aucun rapport avec ce serpent noir malgré son ardent souhait. Finalement, le lecteur a l’impression que Laye ne retrouve un équilibre que lorsqu’il se prépare à partir en France et que son dilemme est résolu. L’enfance de Laye est d’ailleurs marquée par la curiosité. Il la montre par une attention minutieuse à tout ce qui l’entoure, notamment dans la description de la case de son père : A droite, il y avait le lit, en terre battue comme les briques, garni d’une simple natte en osier tressé et d’un oreiller bourré de kapok. Au fond de la case et tout juste sous la petite fenêtre, là où la clarté était la meilleure, se trouvaient les caisses à outils. A gauche, les boubous et les peaux de prière. Enfin, à la

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tête du lit surplombant l’oreiller et veillant sur le sommeil de mon père, il y avait une série de marmites contenant des extraits de plantes et d’écorces. (11)20

Le chemin de fer retient aussi son attention et montre qu’il observe bien les détails : « Les rails luisaient cruellement dans une lumière que rien, à cet endroit, ne venait tamiser. Chauffé dès l’aube, le ballast de pierre rouge était brûlant ; il l’était au point que l’huile tombée des locomotives était aussitôt bue et qu’il n’en demeurait seulement pas trace » (14). Pendant le voyage en train le conduisant à Conakry, on perçoit, une fois de plus, combien la force descriptive de Camara Laye est séduisante, au point qu’il nous fait voyager avec lui et nous fait partager son enchantement : Je regardais, et cette fois avec ravissement, se succéder cimes et précipices, torrents et chutes d’eau, pentes boisées et vallées profondes. L’eau jaillissait partout, donnait vie à tout. Le spectacle était admirable, un peu terrifiant aussi quand le train s’approchait par trop des précipices. Et parce que l’air était d’une extraordinaire pureté, tout se voyait dans le moindre détail. C’était une terre heureuse ou qui paraissait heureuse. D’innombrables troupeaux paissaient, et les bergers nous saluaient au passage. (167)21

b. Le domaine culturel Le surnaturel représenté par le serpent et le totem tient une place centrale dans le domaine culturel. Les descriptions de l’emplacement des cases du père et de la mère montrent l’utilisation culturelle de l’espace à l’intérieur de la concession. D’autres références culturelles 20 21

L’enfant noir, Camara Laye © Plon, 1953. Ibid.

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sont indiquées par l’emploi de termes africains, tels que la case, le boubou, les peaux de prière, les cauris, les grisgris, la concession. La colonisation a imposé le français comme nouvelle langue. Malgré cela, elle coexiste avec le malinké pour produire un métissage linguistique. Comme la plupart des écrivaines et écrivains africains, Camara Laye n’hésite pas à intégrer des mots autochtones dans son texte. Il le fait surtout quand ces mots représentent des réalités culturelles qui n’existent point dans les langues occidentales. c. Laye avec ses parents La relation de Laye avec sa mère est fondée sur l’amour et l’admiration. L’autobiographie commence par un poème dédié à la mère : Femme noire, femme africaine, ô toi ma mère, je pense à toi…

Il est intéressant de voir que, dès le début du poème, Laye mentionne l’identité noire et africaine de sa mère. C’est sans doute parce qu’il est en France et que, dans ce pays-là, les questions d’identité se posent de façon plus aiguë. Le poème se termine par une reprise des premiers mots de la première strophe et par une amplification qui exprime la gratitude du fils pour la mère. L’adage courant « loin des yeux, loin du cœur » se trouve interverti, car dans le cas de Laye, c’est loin des yeux que sa mère est au plus près de son cœur : Femme noire, femme africaine, ô toi ma mère, merci ; merci pour tout ce que tu fis pour moi, ton fils, si loin, si près de toi !

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La lectrice et le lecteur enrichiront leurs connaissances de la relation entre Laye et sa mère en lisant le poème dans son entièreté et en l’analysant. Il faudrait lier ce poèmedédicace à la conception de la femme africaine présentée par l’auteur : « Le plus souvent, on imagine dérisoire le rôle de la femme africaine, et il est des contrées en vérité où il est insignifiant… Chez nous, la coutume ressortit à une foncière indépendance, à une fierté innée ; on ne brime que celui qui veut bien se laisser brimer, et les femmes se laissent très peu brimer » (73). Dès le premier chapitre, on constate la relation étroite entre le père et le fils. Après que tous se sont retirés pour dormir, le père et le fils restent ensemble et cela permet à Laye de poser à son père toutes sortes de questions. Un soir, il l’interroge enfin sur le petit serpent noir qui l’intrigue énormément. Après avoir hésité, le père se confie au fils. Tout au long de l’ouvrage, le père joue avec compétence et amour le rôle de modèle, d’enseignant et de conseiller. Le fils absorbe avec enthousiasme et sensibilité ce que lui livre son père. Outre le respect, l’amour et l’admiration, il existe confiance, aisance et même complicité entre le père et le fils. d. La nostalgie d’un passé qui change La création de L’enfant noir est le fruit d’une profonde nostalgie. On ne s’étonnera pas de constater que cette nostalgie du passé se retrouve chez quelques personnages. À Kouroussa, Laye est encore trop jeune pour ressentir ce sentiment. Il le perçoit par le biais de ses parents, qui sont à la charnière d’un ancien monde qui se désagrège et d’un nouveau encore incertain. Cette période de transition qui 48

engendre la confusion — que les sociologues appellent une période d’anomie — est illustrée par les paroles de Laye : « J’ai quitté mon père trop tôt » (11) et le père avoue plus tard : « J’ai peur, j’ai bien peur, petit, que tu ne me fréquentes jamais assez... » (20). La mère, elle, aurait préféré garder son fils auprès d’elle au lieu de le voir partir pour Conakry et ensuite pour la France, en quête d’une éducation toujours plus poussée. Cependant, elle finit par accepter à contrecœur que son fils la quitte, car elle se rend bien compte que le passé change, inévitablement. e. L’école française Le thème de l’école est dominant dans la littérature africaine de l’époque de Laye. On le retrouve plus tard dans L’aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane (1961) et dans La petite peule de Mariama Barry (2000), par exemple.22 Il faut dire que l’école a été l’un des instruments les plus sûrs pour assoir la colonisation et assurer l’éclatement des systèmes d’apprentissage africains. Ce thème est résumé par les paroles prophétiques du père : « Tu vas à l’école et, un jour, tu quitteras cette école pour une plus grande. Tu me quitteras, petit... » (20). Qu’ils y aillent ou non, l’école française s’est imposée dans la vie des personnages, de manière constante ou intermittente, directe ou indirecte, devenant ainsi un puissant instrument de changement. L’arrivée de l’école est le prélude d’une disjonction graduelle avec le passé, une modification profonde des habitudes et de l’ancien 22

Cheikh Hamidou Kane, L’aventure ambiguë, Paris, Julliard, 1961 ; Mariama Barry, La petite peule, Paris, Mazarine, 2000.

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ordre des choses et des êtres. Avec l’école française, une nouvelle identité est en train de naître. f. Le départ et la séparation Ce thème, esquissé tout au long de l’autobiographie, est préfiguré par les deux avant-derniers thèmes, à savoir la nostalgie du passé et l’école française. Pour Laye, il s’agit d’une double séparation : séparation avec le milieu familial et aussi avec les traditions. La nostalgie, tonalité dominante du texte, caractérise souvent le genre autobiographique. La vie de Laye symbolise une Afrique en pleine mutation, une Afrique qui meurt tout en restant vivante au cœur de la conscience de Laye et de ses parents. Dans ces circonstances, on éprouve un sentiment de regret qui accompagne la perte inéluctable du passé ancestral. On ressent une angoisse face à la transformation d’une culture à laquelle on est lié affectivement, culture que l’on respecte, que l’on admire et dont on ne sait ce qu’il adviendra de sa métamorphose.

2. LE STYLE a. La narration La narration devient encore plus vivante quand Laye, le narrateur, parle des expériences qui l’ont marqué. C’est le cas dans le chapitre 5 qui évoque l’école. Laye raconte les déboires des jeunes élèves avec tant de cœur et de vivacité que l’on sympathise avec les enfants. De même, il nous fait partager l’angoisse et la terreur de la nuit de Kondén Diara et de la circoncision. Enfin, le rythme de la narration devient plus animé lorsque Laye montre son émerveil50

lement quand il regarde, médusé, son père transformer l’or en un magnifique bijou. Tout le monde est sous le coup du ravissement, Laye et la femme qui veut qu’on lui fasse un bijou d’abord, ensuite les apprentis, le griot et même le père à qui les louanges du griot donnent plus de vigueur et d’entrain. b. Les techniques stylistiques La ponctuation est à remarquer, car il y a une prédominance des points d’exclamation et des points d’interrogation. Effectivement, les nombreux points d’exclamation reflètent un sentiment récurrent dans le texte : l’émerveillement de l’enfant. D’autre part, la forme interrogative répond bien à l’état d’esprit de Laye qui passe de l’enfance à l’âge adulte en se posant mille et une questions sur ses traditions, sur son avenir, sur la vie et même sur la mort. Ces questions sont souvent rhétoriques. Il existe aussi des questions réelles dont le narrateur se sert pour s’interroger lui-même, pour interroger les autres ou pour se demander comment se sont déroulés une histoire, un événement ou comment s’est formée une pensée. L’une des techniques stylistiques les plus utilisées et les mieux réussies de Laye comprend les répétitions, les reprises et les redites qui donnent un rythme à la phrase, au récit et font penser à l’art de la parole dans les traditions orales : « Quand il m’arrive de penser à cette amitié, et j’y pense souvent, j’y rêve souvent — j’y rêve toujours ! —, il me semble qu’il n’y eut rien, dans le cours de ces années, qui la surpassât, rien dans ces années d’exil qui me tint le cœur plus chaud. » (182) Cette phrase est un

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excellent exemple de répétition, de reprise, d’utilisation du temps grammatical et de l’expression des sentiments. Notons que le texte contient des perles de sagesse et de philosophie qui font appel non pas à l’émotion, mais à une réflexion profonde. Ceci est évident quand le narrateur évoque sa douleur : « Est-ce que la vie était ainsi faite, qu’on ne put rien entreprendre sans payer tribut aux larmes ? » (157) ou quand il réfléchit sur ce que cela signifie que d’être un homme : « Officiellement, j’étais devenu un homme : j’étais initié ; mais suffit-il ? Et même suffit-il de se comporter en homme ? C’est l’âge seulement qui fait l’homme, et je n’avais pas l’âge. » (188) On retrouve ce genre de réflexion vers la fin de l’autobiographie lorsque Laye, devenu grand, médite sur la signification de la vie et de la mort : Je pense que Check nous a précédé sur le chemin de Dieu, et que nous prenons tous un jour ce chemin qui n’est pas plus effrayant que l’autre, qui certainement est moins effrayant que l’autre… L’autre ? … L’autre, oui : le chemin de la vie, celui que nous abordons en naissant, et qui n’est jamais que le chemin momentané de notre exil. (209)23

c. La richesse sémantique : métaphores et comparaisons Le texte compte des métaphores bien choisies qui enrichissent le texte : « Mon désarroi était à l’image du ciel : sans limites ; mais ce ciel, hélas ! était sans étoiles… » (21). En parlant des coups que leur administraient les grands élèves, Laye se souvient : « c’était du feu qui nous tombait sur les reins » (89). 23

L’enfant noir, Camara Laye © Plon, 1953.

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Enfin, en décrivant la mer, Camara Laye évoque « … cette grande plaine… cette plaine liquide… » (189). Les comparaisons parsèment l’ouvrage : « Notre maître était comme du vif-argent » (84), ou encore « L’histoire de la correction de Himourana se répandit comme une traînée de poudre » (94). Et, quand l’auteur décrit la presqu’île de Conakry, il dit joliment ceci : « Je l’aperçus de loin comme une grande fleur claire posée sur les flots » (168). On remarquera la richesse sémantique dans l’utilisation abondante d’adverbes et d’adjectifs qui donnent aux descriptions des êtres, des choses, des émotions et des situations une remarquable spécificité. Nous en donnons de nombreux exemples, tant cette tournure de style est fréquemment utilisée par Camara Laye : – L’appétit était merveilleusement aiguisé. (66) – Son habileté d’artisan était abondamment établie. (68) – J’ai donné un exemple des pouvoirs de ma mère ; j’en pourrais donner d’autres, autrement étranges, autrement mystérieux. (76) – Nous étions extraordinairement attentifs. (84) – Ces bêtes galopaient follement dans la brousse, comme si un essaim les eût constamment turlupinées. (87) – Il va de soi que ses interventions sont toujours, sont forcément délicates. (87) – Gare à nous, si le ventre de ces bêtes efflanquées n’apparaissait pas suffisamment arrondi. (87) – Gare à nous, et dans une proportion bien autrement inquiétante s’il eut manqué une tête dans ce troupeau. (87)

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– … parce qu’ils étaient plus âgés que nous, plus forts que nous et moins étroitement surveillés… (88) – Kouyaté ne fut pas plus tôt dans la cour de l’école qu’il interpella Himourama, le grand qui, la veille, l’avait si férocement brutalisé. (92) – Pour elles comme pour nous, bien que dans une proportion infiniment moindre, cette nuit serait la nuit de Kondén Diara. (107) – Déjà la ville même, la nuit même devaient leur apparaître très suffisamment suspectes. (107) – Ils y ajoutent en... les avertissant de tenir rigoureusement closes les portes des cases. (121) – Eh bien, ils ne disent pas une parole, ils tiennent leur science strictement secrète. (121) – Je n’ignore pas qu’un tel comportement paraîtra étrange, mais il est parfaitement fondé ! (122) – Plus tard, j’ai vécu une épreuve autrement inquiétante. (123) – Il y avait une part importante du rite, l’essentielle, qui demeurait secrète et dont nous n’avions qu’une notion extrêmement vague. (124) – Il avait suffi de redresser et de fixer sur une armature d’osier le tissu primitivement rabattu à l’intérieur. (133) – Nous sommes allés nous promener dans la ville, très fiers, immensément fiers de notre nouvel accoutrement. (151) – Peut-être n’aurait-elle pas été autrement satisfaite d’avoir été surprise à se lamenter. (157) – La chambre où j’ai dormi était suffisamment vaste. (169) – Toute criaillerie était résolument bannie. (173) 54

– Je ne sais plus si son attitude était consciente ou si elle était purement instinctive. ((188) – La mer... au-delà elle est comme entièrement nacrée. (190) – Je ne me sentais aucunement rassuré. (211) d. La verve poétique On trouve dans L’enfant noir une fluidité du langage et un style élégant auxquels s’ajoutent des passages poétiques. Bien que cette autobiographie soit une œuvre prosaïque, Camara Laye insère souvent des envolées poétiques qui enjolivent le texte. Cette insertion ne manque pas de séduire le lectorat. L’auteur montre aussi une grande sensibilité pour la nature. À Tindican, il a le loisir de l’observer et de s’en émerveiller. Il la voit, il la sent, il l’entend. Il en jouit certainement. Il nous fait sentir avec volupté le parfum des fleurs : « Les fleurs, que l’approche du soir réveillait, exaltaient de nouveau tout leur parfum et nous enveloppaient comme de fraîches guirlandes » (67). Il nous fait « entendre le passage de la brise dans les cocotiers » et « le frémissement des cocotiers » (192). Décrivant la belle saison à Tindican, il écrit : « En décembre, tout est en fleur et tout sent bon ; tout est jeune ; le printemps semble s’unir à l’été, et la campagne, longtemps gorgée d’eau, longtemps accablée de nuées maussades partout prend sa revanche, éclate ; jamais le ciel n’est plus clair, plus resplendissant ; les oiseaux chantent, ils sont ivres, la joie est partout, partout elle explose et dans chaque cœur retentit » (57). 24 24

Ibid.

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Ce passage décrit la lumière qui émane du ciel et de la belle saison de la campagne. Avant même que les êtres humains n’en profitent, c’est une joie dont la nature ellemême se délecte. La force de ce changement dans la nature éclatant de joie fait, comme par osmose, retentir cette joie chez les êtres humains. Et Camara Laye de continuer : « À mesure que la matinée avançait, la chaleur gagnait, prenait une sorte de frémissement et d’épaisseur, une consistance à quoi ajoutait encore un voile de fine poussière faite glèbe foulée et de chaume remué » (59). Camara Laye crée avec ce décor une image évocatrice. On passe ensuite au physique des moissonneurs dont les yeux attirent Laye : « ... j’étais frappé, délicieusement frappé, délicieusement ravi par la douceur, l’immense, l’infinie douceur de leurs yeux » (62-63). Il y a un contraste entre les moissonneurs qui passent souvent pour des gens rustres et une grande délicatesse qui s’exprime par leurs yeux. Laye, en observateur méticuleux, le constate et en est « délicieusement ravi. » On découvre ainsi la sensibilité de l’auteur. Lorsqu’on examine l’utilisation du langage de Camara Laye, le rythme qu’il donne à ses phrases par la répétition et par la ponctuation, ses choix lexicaux, syntaxiques et ses tournures de phrases, on ne peut que conclure qu’il maîtrise les procédés stylistiques. On a l’impression que Camara Laye savoure lui-même tous les ressorts du langage, si bien que les lectrices et les lecteurs sont enclins, eux aussi, à apprécier la qualité de la langue que leur offre l’auteur. L’écriture de Camara Laye, tant dans son contenu culturellement séduisant que dans sa forme consommée, devient un précieux cadeau.

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e. La complexité grammaticale Sur le plan grammatical, on remarquera les temps verbaux. Outre l’abondance de l’imparfait et du passé simple, qui sont les temps du récit, il y a une heureuse alternance du passé et du présent. Le passé relate les faits d’autrefois, bien sûr, mais il est interrompu par le présent quand il y a une action spécifique ou ponctuelle, comme dans le passage suivant : « Depuis qu’on m’avait défendu de jouer avec les serpents, sitôt que j’en apercevais un, j’accourais chez ma mère. — Il y a un serpent ! criais-je » (14). Le présent est aussi utilisé lorsque l’enfant, devenu adulte, fait des commentaires sur des événements révolus : « C’est ainsi que se décida mon voyage, c’est ainsi qu’un jour je pris l’avion pour la France. Oh ! ce fut un affreux déchirement ! Je n’aime pas m’en souvenir » (219). On trouve cette alternance entre le passé et le présent, non seulement dans des phrases individuelles, mais aussi dans des paragraphes entiers. Par exemple, au chapitre 10, lorsque Laye parle de sa relation avec Marie, les pages 189 et 190 nous en offrent un exemple saisissant. Le premier paragraphe est à la fois au présent et au passé : Je ne me le rappelle pas par vantardise, encore qu’à l’époque je fusse assez fiérot de ma chance ; non, je m’en souviens avec une poignante douceur, je m’en souviens et j’y rêve, j’y rêve avec une mélancolie inexprimable, parce qu’il y eut là un moment de ma jeunesse, un dernier et fragile moment où ma jeunesse s’embrasait d’un feu que je ne devais plus retrouver et qui, maintenant, a le charme doux-amour des choses à jamais enfouies. (189)25

Le paragraphe qui suit est tout entier au passé : « Je roulais généralement vers la corniche. Là, nous nous 25

Ibid.

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asseyions et regardions la mer […] Marie n’aimait rien tant que s’asseoir ici et regarder la mer, la regarder jusqu’à n’en pouvoir plus » (189-90). Pourtant, le paragraphe qui vient après celui-là est entièrement au présent : La mer est très belle, très chatoyante, quand on la regarde de la corniche : elle est glauque sur les bords, mariant le bleu du ciel au vert lustré des cocotiers et des palmiers de la côte, et frangée d’écume, frangée déjà d’irisations ; au-delà, elle est comme entièrement nacrée. Les îlots à cocotiers qu’on aperçoit au loin dans une lumière légèrement voilée, vaporeuse, ont une tonalité si douce, si délicate, qu’on en a l’âme comme transportée. Et puis il vient du large une brise qui, bien faible, ne rompt pas moins la chaleur d’étuve de la ville. (190) 26

On se demande la raison pour laquelle tout le paragraphe est écrit au présent, ce que l’on ne retrouve nulle part ailleurs dans le texte, sauf dans les rares cas où Camara Laye évoque certaines coutumes qui demeurent intemporelles. Ce choix délibéré suggère sans doute une nostalgie si intense que le passé se métamorphose en présent, au point où la mer est là, sous les yeux de Camara Laye au moment où il écrit. Parti sur le chemin de la mémoire, Laye est si bien ancré dans le passé que la scène se décrit comme spontanément, au présent, et dévoile un glissement syntaxique traduisant le temps ralenti ou, peutêtre, figé par rapport à celui du monde extérieur. Tout se passe comme si Camara Laye était prisonnier de ce merveilleux moment, pour lui non révolu, pour lui encore bien présent, et qui l’oblige à rester tourné vers le moment vécu. Le temps du présent immortalise ce lieu qui le hante,

26

Ibid.

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cette image idyllique qu’il garde en lui, ce passé qu’il vit au présent. C’est la distinction que Gérard Genette fait dans sa théorie de la narratologie, une discipline qui analyse les composantes et les mécanismes du récit, entre deux temps : celui de l’histoire, c’est-à-dire le moment où l’écrivaine ou l’écrivain écrit son histoire et où la tendance est d’utiliser le présent.27 L’autre temps de la narratologie est le temps du récit, qui est la narration au moment où se passait l’histoire, donc au passé. Souvent, il y a une alternance entre le temps de l’histoire et celui du récit et c’est ce qu’on observe dans les exemples ci-dessus. Dans ce cas, il s’agit d’une narration « intercalée », ce type complexe de narration lie la narration ultérieure, ou ce qui est arrivé dans le passé, avec la narration simultanée où le narrateur raconte l’histoire au moment même où elle se produit. La narration intercalée est donc un moment où le narrateur raconte, après-coup, ce qu’il a vécu dans le passé en même temps, insère ses impressions du moment sur ces mêmes événements. Camara Laye manie bien ce genre de narration. Il faut enfin remarquer la prédilection de l’auteur pour le subjonctif à toutes les formes du passé : « Et il arrivait fatalement que les serpents pénétrassent dans la concession » (14). « Mais au juste, qu’était-ce qu’un génie ? Je ne me l’expliquais pas clairement, encore que je n’eusse cessé de croître dans leur intimité » (16). « Si notre chant avait été moins puissant, nous eussions perçu le bruit familier des fins de journées » (67). Si le 27

Gérard Genette, « Discours du récit », dans Figures III, Paris, Seuil, 1972.

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subjonctif passé s’utilise peu, en général, il donne pourtant au texte de Camara Laye un niveau de langue soutenu qui n’enlève rien à l’intelligibilité du texte. f. Les particularités du langage Comme on peut le constater dans le glossaire à la fin d’Un monde à découvrir, Camara Laye utilise beaucoup de mots malinké. Ces mots que l’auteur nous explique directement dans son texte avec beaucoup de naturel et de dextérité ne sont pas inclus pour une simple couleur locale. Ils reflètent une réalité et des concepts spécifiquement malinké, difficiles à rendre dans la langue française parce qu’ils n’existent pas dans les sociétés occidentales. En effet, comment parler des noms que l’on donne aux jumeaux, Bô, et aux enfants qui les suivent, sayon, sans le dire en malinké ? L’enfant noir est aussi balisé de mots qui relèvent du vocabulaire africain, tels boubou ou canari, ou du vocabulaire colonial qui a perduré en Afrique, comme concession ou féticheur. En général, le vocabulaire de Camara Laye est simple, mais il lui arrive d’utiliser des mots savants ou habituellement réservés au langage poétique. Le chapitre 6 nous en offre plusieurs exemples : – « Mais quand nous leur tirions les cheveux, elles ne se contentaient plus de lazzi, elles se défendaient avec bec et ongle » (82). – « Il suffisait qu’un cultivateur possédât une bête vicieuse, on était assuré de voir la bête rallier notre troupeau — ce que la ladrerie tout au moins explique ! » (86).

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– « … Si on craignait de demeurer le ventre creux et l’escarcelle vide, les coups redoublaient ; ils redoublaient à vrai dire avec une telle munificence et à un rythme si endiablé qu’un sourd eut compris que, s’ils pleuvaient si dru, ce n’était pas seulement pour activer nos mains, mais encore, mais surtout pour nous extorquer nourriture et argent » (89-90). 28 Quel que soit le champ sémantique, Camara Laye, qui manie admirablement la langue française, est toujours à la recherche du mot juste. Son vocabulaire est riche et étonnamment précis. Ses phrases poétiques et rythmées donnent un incomparable mouvement au récit. Connaissant toutes les conventions formelles de la langue française, Camara Laye a su, sans s’en écarter, créer un beau texte à saveur malinké. L’enfant noir est assurément un modèle réussi de style. g. L’importance des dialogues Les dialogues sont nombreux et rappellent le langage parlé, marque de l’orature. Ces divers dialogues permettent à l’auteur de dévoiler toute une gamme de sentiments. Certains sont sérieux, comme le passage où le père explique à son fils l’origine et la place du serpent noir dans sa vie (17-21) ; d’autres sont plutôt légers, telle la conversation entre les jeunes garçons à Tindican (48-49) ; quelques-uns sont tristes ou poignants, comme le dialogue entre le père, le fils et la mère lorsque cette dernière s’oppose au départ de Laye pour la France (215-18) ; plusieurs sont affectueux et remplis de tendresse tels les 28

L’enfant noir, Camara Laye © Plon, 1953.

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dialogues entre Laye et sa mère, entre Laye et ses amies Fanta et Marie. Les dialogues dévoilent, en partie, les talents de Camara Laye en tant que conteur. h. Les effets sensoriels La description des perceptions sensorielles prédomine dans certains passages de la narration, comme au chapitre 4 peignant la moisson. Cette option esthétique de l’auteur nous permet d’utiliser tous nos sens au cours de la lecture. On peut même dire qu’elle facilite la rencontre entre le narrateur, décrivant son univers, et la lectrice ou le lecteur qui le partage. La dimension évocatrice d’images, de sons, de textures, de goûts et de senteurs enrichit la description inhérente à l’écriture romanesque et rend l’œuvre plus vivante. Ces sensations sont nombreuses, comme en témoignent les exemples suivants : – « En décembre, tout est en fleur, tout sent bon » (57). – « La joie est partout, elle explose et dans chaque cœur retentit » (57). – « La fraîcheur de l’eau se glissait en moi, rayonnait subitement en moi » (59). – « La chaleur malgré tout pesait, l’air pesait ; et la fatigue s’insinuait… » (62) – « J’étais frappé, délicieusement frappé, délicieusement ravi par la douceur, l’immense, l’infinie douceur de leurs yeux… » (62-63) – « La même âme les reliait, les liait ; chacun et tous goûtaient le plaisir, l’identique plaisir d’accomplir une tâche commune » (63). – « Les fleurs, que l’approche du soir réveillait, hâlaient de nouveau tout leur parfum et nous 62

enveloppaient comme de fraîches guirlandes » (67).29 i. Les propos élogieux de Léopold Sédar Senghor En faisant l’éloge de L’enfant noir, Senghor fait remarquer « la correction de la langue » qu’utilise Camara Laye et « la sobriété élégante du style ». L’une des forces de ce livre réside dans la description des sentiments et dans celle méticuleuse des détails de la vie quotidienne. L’auteur emploie diverses ressources de la narration : style direct, indirect, dialogues, monologues intérieurs, passages descriptifs. Le récit est caractérisé par la simplicité de l’histoire rehaussée par un style à la fois recherché et clair, transparent et presque lumineux. La prose est souvent poétique et hautement descriptive.

29

Ibid.

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IV. LE RÉSUMÉ DES CHAPITRES, PASSAGES ET TRAVAUX DIRIGÉS

Cette section présente les rubriques suivantes : – Résumé du chapitre – Questions sur le chapitre – Passages tirés du chapitre – Questions sur les passages – Questions à choix multiples sur les passages – Questions sur tout le chapitre pour la discussion en classe

CHAPITRE 1 Résumé du chapitre Âgé de cinq ou six ans, le narrateur joue près de la case de son père. Il aperçoit un serpent et enfonce un roseau dans la gueule du reptile pour s’amuser. Saisi de peur, un des apprentis de son père prévient les adultes. Laye se retrouve dans les bras d’un ami de son père au moment fatidique où la gueule du serpent est périlleusement proche de ses doigts. Il y a plus de peur que de mal. Le danger cause beaucoup de panique, surtout chez sa mère à qui il promet de ne plus jamais recommencer. Suite à cet incident, Laye avertit sa mère à chaque fois qu’il voit un serpent. Celle-ci l’examine toujours attentivement. S’il s’agit d’un serpent ordinaire, elle l’assomme. Si c’est le génie du père, elle n’y touche pas. Elle rassure Laye, lui disant que le serpent va tout simplement rendre visite au père et qu’il n’y a aucun danger. Finalement, après plusieurs années, Laye décide de poser des questions à son père sur ce mystérieux serpent. Quoiqu’il n’ait que douze ans à ce moment-là, son père lui explique que le serpent est le génie de sa race et représente pour lui un guide, une force spirituelle. À ce moment-là, il prédit que son fils choisira l’école des Blancs et que le serpent, qui joue un rôle primordial dans sa vie à lui, ne jouera jamais le même rôle dans la vie de son fils. Répondez aux questions suivantes sur le chapitre 1. Qu’est-ce qui attire l’attention de Laye quand, enfant, il joue près de la case de son père ? 2. À quel danger s’expose-t-il à cause de son insouciance ? 66

3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19.

20. 21.

Relevez les mots qui décrivent la progression du serpent vers les doigts de l’enfant. Pourquoi les habitants de la concession protègentils le serpent noir ? Comment le serpent noir se présente-t-il au père la première fois ? Pourquoi le père hésite-t-il à répondre à son fils ? Qu’est-ce que le père de Laye lui apprend au sujet du serpent noir ? Que faudrait-il pour que le serpent noir se présente à Laye ? Que prédit le père de Laye ? Décrivez la mère de Laye. Décrivez le père de Laye. Décrivez l’atelier du père. Pourquoi le père est-il plus connu que les autres forgerons ? Décrivez la case du père. Qu’est-ce qui semble remarquable dans la description de la case du père ? À quoi servent les gris-gris ? Que fait le père avant de se coucher ? Pourquoi Laye a-t-il une connaissance limitée des croyances traditionnelles ? La surprise et la confusion de Laye se manifestent à deux endroits dans ce chapitre. Trouvez ces deux exemples et expliquez-les. Quel est le conflit du narrateur à la fin du chapitre ? Relevez les mots ou groupes de mots que Laye utilise pour rendre les descriptions captivantes.

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PASSAGES Passage n°1 Sitôt après le repas du soir, quand, les palabres terminées, mon père eut pris congé de ses amis et se fut retiré sous la véranda de sa case, je me rendis près de lui. Je commençais par le questionner à tort et à travers, comme le font les enfants, et sur tous les sujets qui s’offraient à mon esprit ; dans le fait, je n’agissais pas autrement que les autres soirs ; mais, ce soir-là, je le faisais pour dissimuler ce qui m’occupait, cherchant l’instant favorable où, mine de rien, je poserais la question qui me tenait si fort à cœur, depuis que j’avais vu le serpent noir se diriger vers l’atelier. Et tout à coup, n’y tenant plus, je dis : ─ Père, quel est ce petit serpent qui te rend visite ? ─ De quel serpent parles-tu ? ─ Eh bien ! du petit serpent noir que ma mère me défend de tuer. ─ Ah ! fit-il. Il me regarda un long moment. Il paraissait hésiter à me répondre. Sans doute pensait-il à mon âge, sans doute se demandait-il s’il n’était pas un peu tôt pour confier ce secret à un enfant de douze ans. Puis, subitement, il se décida. ─ Ce serpent, dit-il, est le génie de notre race. Comprends-tu ? ─ Oui, dis-je, bien que je ne comprisse pas très bien. ─ Ce serpent, poursuivit-il, est toujours présent ; il apparaît à l’un de nous. Dans notre génération, c’est à moi qu’il s’est présenté. (17)30

Répondez aux questions suivantes sur ce passage 1. Les questions du fils et les réponses du père ne viennent pas spontanément. De quelle manière l’auteur montre-t-il ces hésitations et comment sontelles résolues ? 30

Ibid.

68

2. Qu’est-ce que ce passage révèle de la relation entre Laye et son père ? Questions à choix multiples 1. Quel sentiment cette conversation entre père et fils révèle ? a. la peur b. le malaise c. le cynisme d. la joie 2. La question que Laye pose à son père est a. aisée b. réfléchie c. naïve d. impulsive Passage n°2 ─ J’ai peur, j’ai bien peur, petit, que tu ne me fréquentes jamais assez. Tu vas à l’école et, un jour, tu quitteras cette école pour une plus grande. Tu me quitteras, petit… Et de nouveau il soupira. Je voyais qu’il avait le cœur lourd. La lampe-tempête, suspendue à la véranda, l’éclairait crûment. Il me parut soudain comme vieilli. ─ Père ! m’écriai-je. ─ Fils… dit-il à mi-voix. Et je ne savais plus si je devais continuer d’aller à l’école ou si je devais demeurer dans l’atelier : j’étais dans un trouble inexprimable. ─ Va maintenant, dit mon père. Je me levai et me dirigeai vers la case de ma mère. La nuit scintillait d’étoiles, la nuit était un champ d’étoiles ; un hibou ululait, tout proche. Ah ! où était ma voie ? Savais-je encore où était ma voie ? Mon désarroi était à l’image du ciel : sans

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limites ; mais ce ciel, hélas ! était sans étoiles… J’entrai dans la case de ma mère, qui était alors la mienne, et me couchai aussitôt. Le sommeil pourtant me fuyait, et je m’agitais sur ma couche. (20-21)31

Répondez aux questions suivantes sur ce passage 1. Quel est l’état d’esprit de Laye ? 2. Examinez les procédés stylistiques qui révèlent l’état d’esprit de Laye. Questions à choix multiples 1. Dans ce passage, le narrateur est… a. optimiste b. joyeux c. angoissé d. moqueur 3. Le soupir du père de Laye suggère… a. le soulagement b. la pitié c. le dégoût d. le chagrin Questions sur le chapitre pour la discussion en classe 1. Comparez la relation de Laye avec son père et avec sa mère. 2. Pourquoi le père de Laye est-il l’élu du génie de la race ?

31

Ibid.

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3. Averti en rêve, le père de Laye sait déjà quand et où il va rencontrer le serpent. Décrivez les émotions dominantes du père lors de cette rencontre. 4. Qu’est-ce que le serpent noir vient apporter au père de Laye ? 5. Expliquez le merveilleux dans l’univers de Laye dans ce chapitre. 6. Comment expliquez-vous cette phrase de Camara Laye : « Bien que le merveilleux me fût familier, je demeurai muet tant mon étonnement était grand » (16) ? 7. À quel dilemme le narrateur fait-il face à la fin du chapitre ? Expliquez.

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CHAPITRE 2 Résumé du chapitre 2 Dans ce chapitre, Laye décrit le rituel du travail de l’or dans l’atelier de son père. Il y présente les richesses de la tradition orale et la flatterie coutumière du griot. Le travail du forgeron est plus qu’une activité matérielle ; il incorpore une opération magique à laquelle Laye prend plaisir. La présence du serpent, les incantations, les grisgris, les rituels de purification et la participation du griot font de ce processus de création une activité particulière. Pourtant, la mère de Laye ne se réjouit pas comme les autres de ce travail qui nuit à la santé de son mari. Répondez aux questions suivantes sur ce chapitre 1. Pourquoi Laye aime-t-il le travail de l’or que fait son père ? 2. Pourquoi la femme, qui désire qu’on lui fasse un bijou, vient-elle accompagnée d’un griot ? 3. Qu’est-ce qu’un griot ? 4. Que chante le griot dans la forge ? 5. Quel effet les chansons du griot ont-elles sur le bijoutier et sur Laye ? 6. Que fait le père pendant que l’or fond ? 7. Pourquoi Laye ne connaît-il pas les incantations prononcées par son père ? 8. Selon Laye, pourquoi le père a-t-il besoin de l’aide des génies ? 9. Que doit faire le bijoutier avant de travailler l’or ? 10. Comment le griot participe-t-il au travail de l’or ? 11. Qu’est-ce que la « douga » ?

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12. Pourquoi la mère n’approuve-t-elle pas le travail de son mari ? 13. Que pense Laye du métier de son père ? 14. Citez un exemple de personnification, de comparaison et de métaphore dans ce chapitre. Passage n°1 Quelles paroles mon père pouvait-il bien former ? Je ne sais pas ; je ne sais pas exactement : rien ne m’a été communiqué de ces paroles. Mais qu’eussent-elles été, sinon des incantations ? N’était-ce pas les génies du feu et de l’or, du feu et du vent, du vent soufflé par les tuyères, du feu né du vent, de l’or marié avec le feu, qu’il évoquait alors ; n’était-ce pas leur aide et leur amitié, et leurs épousailles qu’il appelait ? Oui, ces génies-là presque certainement, qui sont parmi les fondamentaux et qui étaient également nécessaires à la fusion. (29)32

Répondez aux questions suivantes sur ce passage 1. Examinez la fonction des éléments de la nature. 2. À quoi servent les incantations ? 3. Quel temps grammatical Camara Laye utilise-t-il dans la phrase suivante : « Mais qu’eussent-elles été, sinon des incantations ? » 4. Les explications viennent-elles de Laye enfant ou de Laye adulte ? Expliquez. Questions à choix multiples 1. Les éléments de la nature contribuent à… a. concevoir un projet b. opposer les génies c. formuler des incantations d. fusionner des forces différentes 32

Ibid.

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2. Les incantations dans le travail du père servent à a. coopérer avec la nature b. assurer la réussite du travail c. surveiller le rituel d. contrôler les mélanges Passage n°2 L’opération qui se poursuivait sous mes yeux n’était une simple fusion d’or qu’en apparence ; c’était une fusion d’or, assurément c’était cela, mais c’était bien autre chose encore : une opération magique que les génies pouvaient accorder ou refuser ; et c’est pourquoi, autour de mon père, il y avait ce silence absolu et cette attente anxieuse. Et parce qu’il y avait ce silence et cette attente, je comprenais, bien que je ne fusse qu’un enfant, qu’il n’y a point de travail qui dépasse celui de l’or. J’attendais une fête, j’étais venu assister à une fête, et c’en était très réellement une, mais qui avait des prolongements. Ces prolongements, je ne les comprenais pas tous, je n’avais pas l’âge de les comprendre tous ; néanmoins, je les soupçonnais en considérant l’attention comme religieuse que tous mettaient à observer la marche du mélange dans la marmite. (29-30)33

Répondez aux questions suivantes sur ce passage 1. Comment les génies aident-ils le père de Laye dans son métier ? 2. Pourquoi Laye pense-t-il que le travail de l’or est une opération magique ? 3. Pourquoi Laye décrit-il ce travail avec un superlatif ? 4. Quel temps grammatical Camara Laye utilise-t-il dans la phrase suivante : « bien que je ne fusse qu’un enfant » ? 33

Ibid.

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5. Pourquoi Laye croit-il que l’attention portée au travail de l’or est comme religieuse ? Question à choix multiples 1. Laye pense que le travail de l’or est supérieur à tout parce qu’il est… a. scintillant b. joyeux c. miraculeux d. accessible 2. À quoi est dû le silence qui règne dans l’atelier ? a. l’anticipation b. la participation c. la peur d. le soupçon Passage n°3 La commère à laquelle le bijou était destiné et qui, à plusieurs reprises déjà, était venue voir où le travail en était, cette fois revenant pour de bon, ne voulant rien perdre de ce spectacle, merveilleux pour elle, merveilleux aussi pour nous, où le fil que mon père finissait d’étirer se muerait en bijou. Elle était là à présent qui dévorait des yeux le fragile fil d’or, le suivait dans sa spirale tranquille et infaillible autour de la petite plaque qui lui sert de support. Mon père l’observait du coin de l’œil, et je voyais par intervalles un sourire courir sur ses lèvres ; l’attente avide de la commère le réjouissait. ─ Tu trembles ? disait-il. ─ Est-ce que je tremble ? disait-elle. Et nous riions de sa mine. Car elle tremblait ! Elle tremblait de convoitise devant l’enroulement en pyramide où mon père insérait, entre les méandres, de minuscules grains d’or. Quand

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enfin il terminait l’œuvre en sommant le tout d’un grain plus gros, la femme bondissait sur ses pieds. Non, personne alors, tandis que mon père faisait lentement virer le bijou entre ses doigts pour en étaler la régularité, personne n’aurait pu témoigner plus ample ravissement que la commère, même pas le griot dont c’était le métier, et qui, durant toute la métamorphose, n’avait cessé d’accélérer son débit, précipitant le rythme, précipitant les louanges et les flatteries à mesure que le bijou prenait forme, portant aux nues le talent de mon père. Au vrai, le griot participait curieusement — mais j’allais dire : directement, effectivement — au travail. Lui aussi s’enivrait du bonheur de créer ; il clamait sa joie, il pinçait sa harpe en homme inspiré ; il s’échauffait comme s’il eût été l’artisan même, comme si le bijou fût né de ses propres mains. Il n’était plus le thuriféraire à gages ; il n’était plus cet homme dont chacun et quiconque peut louer les services : il était un homme qui crée son chant sous l’empire d’une nécessité tout intérieure. Et quand mon père, après avoir soudé le gros grain qui achevait la pyramide, faisait admirer son œuvre, le griot n’aurait pu se retenir plus longtemps d’énoncer la “douga”, ce grand chant qui n’est chanté que pour les hommes de renom, qui n’est dansé que par ces hommes. (33-34)34

Répondez aux questions suivantes sur le passage 1. Précisez les étapes qui marquent le processus de la création du bijou. 2. Comment le père de Laye termine-t-il le bijou de la commère ? 3. Comment les gestes des personnages reflètent-ils leurs émotions ? 4. Qu’est-ce que la douga ? 5. Examinez le parallèle entre la métamorphose de l’or, celle du père, celle de la commère et celle du griot.

34

Ibid.

76

Questions à choix multiples 1. Qu’est-ce qui caractérise le processus de la création du bijou ? a. le rituel de la douga b. la danse de la commère c. la participation de tous d. le chant du griot 2. La commère tremble parce qu’elle a. ne peut plus rester assise b. désire le bijou c. veut rentrer chez elle d. a envie de danser Questions sur le chapitre pour les discussions en classe 1. Quels sont les objets employés dans le travail de l’or ? Comment peut-on qualifier ces objets ? 2. Expliquez le processus scientifique du mélange des métaux. 3. Quelles sont les conséquences de ce travail pour l’écologie ? 4. Quelles sont les conséquences de ce travail pour la santé ? 5. Que représentent les bijoux pour la cliente ? 6. Quel est le rôle du griot dans la société guinéenne ? 7. Quelles sont les particularités du travail chez les cultivateurs de Tindican ? 8. Où avez-vous l’habitude de passer vos vacances ? 9. Quels sont les effets bénéfiques ou maléfiques des vacances et qu’est-ce qu’elles représentent pour vous ? 10. En quoi l’enfance de Laye ressemble-t-elle ou diffèret-elle de la vôtre ? 77

CHAPITRE 3 Résumé du chapitre 3 Laye met en évidence une énorme admiration pour la vie pastorale lorsqu’il raconte son voyage et son arrivée à Tindican pour les vacances. Il y respire le bonheur dans le cadre familial de ce village. Sa grand-mère est continuellement aux petits soins pour lui. Il partage son plaisir de se retrouver au milieu des champs, entouré d’animaux et de nombreux enfants. Il décrit la grande concession de son oncle Lansana, la case de sa grand-mère et les moments passés en compagnie de Bô, son autre oncle qui brille souvent par son absence. Les aventures mystérieuses de cet oncle, pigeon voyageur qu’il connaît peu, stimule son imagination. Cependant, il apprécie la vie sédentaire, calme et noble de l’oncle Lansana qui s’oppose à la vie mouvementée de son frère jumeau. Se sentant aimé et choyé, Laye passe d’agréables moments avec ses compagnons de jeu et prend plaisir à assister aux veillées animées par des conteurs, maîtres de l’orature. Répondez aux questions suivantes sur le chapitre 1. À l’aide d’adjectifs appropriés, décrivez la grandmère maternelle de Laye. 2. Pourquoi Laye aime-t-il aller à Tindican ? 3. Que voit Laye en se rendant à Tindican ? 4. En quoi la vie à Tindican est-elle différente de la vie à Kouroussa ? 5. Décrivez les merveilles de la campagne selon Laye. 6. Décrivez l’accueil qu’on réserve à Laye à Tindican. 78

7. 8. 9. 10. 11. 12. 13.

Faites le portrait de l’oncle Lansana et de Bô, son frère jumeau. Comment les enfants participent-ils aux travaux des champs ? Examinez les rapports entre Laye et ses camarades de jeux. Quels sont les éléments qui prédisent l’aliénation future de Laye ? En quoi consiste la conversation des enfants ? Quel est le ton de la narration dans ce chapitre ? Comment les journées à Tindican se terminentelles ?

Passage n°1 C’était une grande femme aux cheveux toujours noirs, mince, très droite, robuste, jeune encore à dire vrai et qui n’avait cessé de participer aux travaux de la ferme, bien que ses fils, qui suffisaient amplement à la tâche, tentassent de l’en dispenser ; mais elle ne voulait pas du repos qu’on lui offrait, et sans doute était-ce dans cette activité suivie que gisait le secret de sa verdeur. Elle avait perdu son mari très tôt, trop tôt, et moi, je ne l’avais pas connu. Il arrivait qu’elle me parlât de lui, mais jamais longtemps ; des larmes interrompaient bientôt son récit, si bien que je ne sais rien de mon grand-père, rien qui le peigne un peu à mes yeux, car ni ma mère ni mes oncles ne me parlaient de lui : chez nous, on ne parle guère des défunts qu’on a beaucoup aimés ; on a le cœur trop lourd sitôt qu’on évoque leur souvenir. (38-9)35

35

Ibid.

79

Répondez aux questions suivantes sur le passage 1. Les fils de la grand-mère approuvent-ils le fait que cette dernière travaille dans les champs ? Pourquoi ou pourquoi pas ? 2. Quels sont les avantages que la grand-mère tire des travaux des champs ? 3. Décrivez les traits de caractère de la grand-mère. 4. Pourquoi Laye ne sait-il presque rien de son grandpère maternel ? 5. Avec des exemples précis, identifiez les thèmes, les procédés linguistiques et les temps grammaticaux du chapitre. Questions à choix multiples 1. La grand-mère semble jeune parce qu’ a. elle a perdu son mari tôt b. on lui propose de se reposer c. elle adore les jeunes d. elle participe aux travaux de la ferme 2. La grand-mère de Laye est tout sauf a. agréable b. veuve c. fainéante d. simple Passage n°2 Peut-être, dans le cas de mes oncles, est-ce le second jumeau qui se fût imposé, car il ne manquait ni de prestige ni d’autorité, mais il n’y pensait même pas : il avait peu de goût pour la terre, et on le voyait rarement à Tindican ; il était une fois ici, une fois là ; en vérité le hasard seul et ses lointaines visites faisaient connaître où il était ; il avait le goût de l’aventure dans le sang. Pour moi, je ne l’ai rencontré qu’une fois : il était revenu à

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Tindican il y avait quelques jours et déjà ne songeait qu’à repartir. J’ai conservé le souvenir d’un homme extrêmement séduisant et qui parlait beaucoup, qui n’arrêtait pas de parler, et qu’on ne se lassait pas d’écouter. Il racontait ses aventures, qui étaient étranges, qui dépaysaient, qui m’ouvraient des horizons surprenants. Il me combla de cadeaux. S’était-il spécialement mis en frais pour l’écolier que j’étais, ou n’obéissait-il qu’à sa nature ? Je ne sais pas. Quand je le vis repartir vers de nouvelles aventures, je pleurai. Quel était son nom ? Je ne m’en souviens plus ; peut-être ne l’ai-je jamais su. Je l’avais appelé Bô, durant les quelques jours qu’il était demeuré à Tindican, et c’était le nom aussi que je donnais à mon oncle Lansana, car ainsi surnomme-t-on habituellement les jumeaux, et ce surnom efface le plus souvent leur véritable nom. (45-6)36

Répondez aux questions sur le passage 1. Quelles sont les deux raisons pour lesquelles le jumeau de l’oncle Lansana est souvent absent ? 2. Pourquoi Laye ne connaît-il pas le nom du jumeau de l’oncle Lansana ? 3. À qui donne-t-on le nom de Bô chez les Malinké ? Questions à choix multiples 1. Au départ de son oncle, Laye pleure parce qu’il a. désire des cadeaux b. aime sa compagnie c. veut partir avec l’oncle d. a l’aventure dans le sang 2. L’oncle Bô est a. nomade b. hardi c. étrange d. imposant 36

Ibid.

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Questions pour la discussion en classe 1. Expliquez le droit d’aînesse dans L’enfant noir. Quelle est l’origine du terme « droit d’aînesse » ? 2. Quelle est la raison pour laquelle la concession de l’oncle Lansana est vaste ? 3. Vous êtes-vous déjà trouvé dans un milieu où vous vous êtes senti étranger à cause de votre apparence ? Relatez cet incident et comparez cette expérience à celle de Laye dans ce chapitre. 4. Quels sont vos souvenirs les plus mémorables de vacances ? 5. Expliquez la différence entre une identité culturelle et une identité individuelle. Comment ces deux notions s’appliquent-elles à L’enfant noir ? 6. À votre avis, pourquoi la grand-mère appelle Laye son petit époux ? 7. D’après vous, qu’est-ce que Laye entend par « chez nous » dans cette phrase : « … chez nous on ne parle guère des défunts qu’on a beaucoup aimés ; on a le cœur trop lourd sitôt qu’on évoque leur souvenir » (39) ? Est-ce la même chose chez vous ?

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CHAPITRE 4 Résumé du chapitre 4 Laye décrit le rituel de la moisson à Tindican, village natal de sa mère. Il dépeint le travail des paysans, le rôle des moissonneurs, des enfants, des femmes et de la nature dans cet univers où chacun a sa place. Il parle de sa fascination pour la vie paysanne pleine de dignité, de son admiration pour l’oncle Lansana qui l’initie à la moisson et pense à la vie errante de son autre oncle Bô. On y découvre la civilité, les bonnes manières, la politesse, le respect de la liberté des autres — toutes des qualités humaines qui prouvent que ces paysans sont loin d’être frustes. Ce chapitre aborde les croyances des paysans et souligne le conflit du protagoniste concernant la voie à choisir. Laye est finalement partagé entre la forge de son père, les champs de Tindican et l’école française. Ceci accentue son incertitude vis-à-vis de l’avenir. Répondez aux questions suivantes sur le chapitre 1. De quels éléments dépend la date de la moisson ? 2. Quel est le rituel qui marque le début de la moisson ? 3. Expliquez l’usage de ce rituel. 4. Pourquoi Laye ignore-t-il l’origine de cet usage ? 5. À quel moment le tam-tam retentit-il ? 6. De quelle manière la nature participe-t-elle à la réussite de la moisson ? 7. Expliquez l’aspect collectif du travail. 8. Comment Laye contribue-t-il à la fête de la moisson ?

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9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18.

Qu’est-ce qui empêche Laye d’être paysan ou forgeron ? Pourquoi l’oncle Lansana dit-il à son neveu qu’il ne fera jamais le travail des champs ? Pourquoi le jumeau de l’oncle Lansana intrigue-t-il Laye ? Qu’est-ce que les moissonneurs ont en commun ? Quelle est l’étiquette de la moisson ? En quoi la ville se distingue-t-elle du village ? Pourquoi ne faut-il pas siffler durant la moisson ? Quelles sont les sensations ressenties par Laye ? À quoi pense Laye en regardant la longue file des moissonneurs ? De quelle figure de style cette phrase est-elle un exemple ? « … Je demeurais frappé, délicieusement et un peu douloureusement frappé » (64).

Passage n°1 Je ne sais d’où vient que l’idée de rusticité — je prends le mot dans son acception de manque de finesse, de délicatesse — s’attache aux champs : les formes de civilité y sont plus respectées qu’à la ville ; on y observe un ton cérémonieux et des manières que, plus expéditive, la ville ne connaît pas. C’est la vie, la vie seulement, qui y est plus simple, mais les échanges entre les hommes — peut-être parce que tout le monde se connaît — y sont plus strictement réglés. Je remarquais dans tout ce qui se faisait une dignité dont je ne rencontrais pas toujours l’exemple à la ville ; et on ne faisait rien à quoi on n’eût été au préalable invité, même s’il allait de soi qu’on le fît : on y montrait en vérité un extraordinaire souci de la liberté d’autrui. Et pour l’esprit, s’il était plus lent, c’est que la

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réflexion précédait la parole, mais aussi la parole avait-elle meilleur poids. (65) 37

Répondez aux questions suivantes sur le passage 1. Relevez les contrastes entre la vie rurale et la vie urbaine. 2. Expliquez l’expression « aller de soi » dans « même s’il allait de soi qu’on le fît » (65). 3. Comment la liberté des autres était-elle respectée ? 4. Pourquoi certains paysans sont-ils lents à répondre aux questions qu’on leur pose ? Questions à choix multiples 1. Qu’est-ce qui caractérise la vie rurale dans ce passage ? a. le matériel et le spirituel b. la liberté et l’individualisme c. le respect et la courtoisie d. la connaissance et la familiarité 2. Laye suggère dans ce passage que les paysans sont a. rustiques b. raffinés c. libres d. impolis Passage n°2 Au-dessus de nous, les hirondelles déjà volaient plus bas, bien que l’air fût toujours aussi transparent, mais la fin du jour approchait. Nous rentrions heureux, las et heureux. Les génies nous avaient constamment secondés : pas un de nous qui eût été 37

Ibid.

85

mordu par les serpents que notre piétinement dans les champs avait délogés. Les fleurs, que l’approche du soir réveillait, exhalaient de nouveau tout leur parfum et nous enveloppaient comme de fraîches guirlandes. Si notre chant avait été moins puissant, nous eussions perçu le bruit des fins de journée : les cris, les rires éclatants mêlés aux longs meuglements des troupeaux rejoignant l’enclos ; mais nous chantions, nous chantions ! Ah ! que nous étions heureux, ces jours-là ! (67)38

Répondez aux questions suivantes sur le passage 1. Comment ce passage indique-t-il l’harmonie entre l’homme et la nature ? 2. Relevez et expliquez les figures de style que l’on trouve dans ce passage. 3. Relevez les mots et expressions qui indiquent les sensations de Laye. Questions à choix multiples 1. Quel est le sujet de ce passage ? a. la communion entre les humains et la nature b. l’harmonie entre les humains c. le dialogue entre les humains d. les différences entre les humains 2. Le ton de ce passage indique a. la transparence b. le charme c. la gloire d. la satisfaction

38

Ibid.

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Questions sur le chapitre pour les discussions en classe 1. Quelles sont les caractéristiques de la moisson ? 2. Quel est le rôle des chants pendant le travail ? 3. Quelles sont les responsabilités des femmes et celles des hommes dans ce chapitre ? 4. Comparez le style de vie de l’oncle Lansana à celui de l’oncle Bô. 5. Qu’est-ce qui contribue au bonheur des jeunes ?

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CHAPITRE 5 Résumé du chapitre 5 Laye évoque la vie familiale incluant les apprentis que ses deux parents traitent comme leurs propres enfants. Il décrit son amitié pour l’un d’entre eux qui s’appelle Sidafa et qui dort à côté de lui dans la case de sa mère. Il souligne le rôle de ses parents pendant le repas et le savoir-vivre dicté par les valeurs traditionnelles. Laye parle des pouvoirs surnaturels que possède sa mère en vertu de l’ordre de sa naissance et de la caste dont elle est issue, tout en hésitant à en dire trop. Il s’apitoie, à la fin du chapitre, sur la disparition de certaines coutumes ancestrales. Répondez aux questions suivantes sur le chapitre 1. Expliquez le concept de la famille étendue dans ce chapitre. 2. Contrastez le rôle du père et de la mère dans le fonctionnement de la famille. 3. Expliquez la répartition des cases de la concession et les raisons de ces divisions. 4. Pourquoi le père de Laye a-t-il beaucoup d’apprentis ? 5. Qui est Sidafa ? 6. Pourquoi Laye est-il attaché à Sidafa ? Décrivez leur relation. 7. Quels sont les qualités et les défauts de la mère ? 8. Citez quelques exemples des pouvoirs mystiques de la mère. 9. Pourquoi les crocodiles n’attaquent-ils pas la mère ? 88

10. 11. 12. 13. 14. 15.

Qu’est-ce qu’un sayon ? Quelles particularités attribue-t-on à un sayon ? Décrivez l’étiquette du repas. Faites le portait de l’oncle Lansana. Quel est le ton de la fin du chapitre ? Qu’est-ce qui marque le passage de l’enfance à l’âge adulte ?

Passage n°1 Mais le monde bouge, le monde change, et le mien plus rapidement peut-être que tout autre, si bien qu’il semble que nous cessons d’être ce que nous étions, et que déjà nous n’étions plus exactement nous-mêmes dans le moment où ces prodiges s’accomplissaient sous nos yeux. Oui, le monde bouge, le monde change ; il bouge et change à telle enseigne que mon propre totem — j’ai mon propre totem aussi — m’est inconnu. (80) 39

Répondez aux questions suivantes sur le passage 1. De quoi parle Camara Laye dans ce passage ? 2. Pourquoi Laye pense-t-il que son monde change plus rapidement que celui des autres ? 3. Qu’est-ce que Laye veut dire par : « nous n’étions plus exactement nous-mêmes » ? 4. Identifiez les répétitions et analysez les effets qu’elles produisent. Questions à choix multiples 1. Quelle est la préoccupation de Laye dans ce passage ? a. la connaissance variée des êtres 39

Ibid.

89

b. l’évolution constante du monde c. le changement infini des totems d. le caractère statique du monde 2. Ce passage est caractérisé par a. la litote b. la comparaison c. la répétition d. la métaphore Questions sur le chapitre pour les discussions en classe 1. Pourquoi Laye parle-t-il à peine de ses frères et sœurs dans ce chapitre ? 2. Quelle est l’importance des frères et sœurs dans la vie d’un individu ? 3. Faites le portrait de la mère de Laye dans ce chapitre. 4. Quel rôle attribue-t-on à un sayon dans la société malinké ? 5. À votre avis, qu’est-ce que Camara Laye entend par « un diseur de choses cachées » ? (78). 6. Discutez la notion du totem dans ce chapitre. 7. Si vous pouviez choisir votre propre totem, lequel choisiriez-vous et pourquoi ?

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CHAPITRE 6 Résumé du chapitre 6 L’école française est pour Laye un lieu où les élèves sont passionnés par l’acquisition de nouvelles connaissances. Elle est aussi un lieu de terreur. Laye est maltraité par le maître qui lui inflige toutes sortes de punitions et par le directeur qui le soumet à des corvées. Il subit la cruauté des plus grands élèves qui le frappent et lui prennent goûter et argent. Encouragé par la punition que le père de Kouyaté fait subir au bourreau de son fils, Laye se confie à son père qui a recours à ses apprentis et à ses propres forces pour venger son fils. Enfin, Laye évoque la tendresse de Fanta, une des camarades de sa sœur, à son égard. Répondez aux questions suivantes sur le chapitre 1. Quels sont les deux types d’école que Laye fréquente ? 2. Quelle est la différence entre ces deux écoles ? 3. Quelle est la relation entre garçons et filles à l’école des Blancs ? 4. Décrivez Fanta. 5. Expliquez la relation entre Fanta et Laye. 6. Analysez la relation entre les grands et les petits élèves. 7. Quelles sont les punitions que le maître inflige aux élèves ? 8. Pourquoi Kouyaté, un camarade de Laye, se plaintil à son père ? 9. Qui est Himourana ? 10. Comment Himourana est-il puni ? 91

11. Après la punition de Himourana, pourquoi les grands élèves giflent-ils Laye ? 12. Qui console Laye ? 13. Comment Laye décide-t-il de se venger de ses bourreaux ? 14. Décrivez l’attitude du directeur de l’école. 15. Pourquoi le père de Laye attaque-t-il le directeur ? 16. Que prédit le père de Laye après sa bagarre avec le directeur ? 17. Pourquoi le directeur devient-il soudainement aimable avec Laye et sa sœur ? 18. Pourquoi le directeur change-t-il de poste ? 19. Choisissez deux sentiments que Laye éprouve dans ce passage et décrivez-les. Passage n°1 Voyant que le travail n’avançait pas comme le directeur l’attendait, les grands, plutôt que de s’y atteler avec nous, trouvaient plus commode d’arracher des branches aux arbres et de nous en fouetter. Ce bois de goyavier était plus flexible que nous ne l’eussions souhaité ; bien manié, il sifflait aigrement, et c’était du feu qui nous tombait sur les reins. La peau cuisait cruellement ; les larmes nous jaillissaient dans les yeux et tombaient sur l’amas de feuilles pourrissantes. Pour fuir les coups, nous n’avions d’autre échappatoire que celle de glisser à nos bourreaux les savoureuses galettes de maïs et de blé, les couscous à la viande ou au poisson que nous avions emportés pour notre repas de midi ; et si de surcroît nous possédions quelque menue monnaie, les pièces changeaient de poche sur-le-champ. Si on négligeait de le faire, si on craignait de demeurer le ventre creux et l’escarcelle vide, les coups redoublaient à vrai dire avec une telle munificence et à un rythme si endiablé, qu’un sourd eût compris que, s’ils pleuvaient si dru, ce n’était pas seulement pour activer nos

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mains, mais encore, mais surtout pour nous extorquer nourriture et argent. (89)40

Répondez aux questions suivantes sur le passage 1. Quelle est la situation décrite dans ce passage ? 2. Choisissez deux métaphores du passage et analysez leurs effets. 3. Comment Laye décrit-il les châtiments corporels que les petits élèves subissent ? 4. Que font les plus jeunes élèves pour échapper aux coups des plus grands ? 5. Que veut dire l’expression « sur-le-champ » ? 6. Les mots « escarcelle » et « munificence » sont des mots qui relèvent du vocabulaire recherché. Trouvez des synonymes de ces mots qu’on utiliserait dans la langue parlée. Questions à choix multiples 1. Qu’est-ce qui caractérise ce passage ? a. la tyrannie des grands b. la coopération des petits c. la saveur des galettes d. le partage des repas 2. Qu’est-ce qui enrichit ce passage ? a. la personnification b. l’allégorie c. la comparaison d. la reprise

40

Ibid.

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Questions sur le chapitre pour les discussions en classe 1. De manière comparative, décrivez ce que représente l’école française pour la mère et pour le père de Laye ? 2. Que pensez-vous de la méthode que le père de Kouyaté emploie pour obtenir justice pour son fils ? 3. Comparez le comportement de Laye à celui du père de Kouyaté. 4. Est-ce qu’il est permis aux maîtres et aux directeurs d’agir de la même façon aujourd’hui dans les écoles ? Pourquoi ou pourquoi pas ? 5. Comparez le comportement des garçons et des filles à celui des jeunes de votre époque.

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CHAPITRE 7 Résumé du chapitre 7 La rencontre imminente avec Kondén Diara ou la cérémonie des lions hante Laye durant toute la journée qui précède la fête du Ramadan. C’est le jour où les futurs circoncis vont participer à la cérémonie des lions. Réconforté par les encouragements de son père qui lui donne une leçon de bravoure, Laye subit l’épreuve des lions dirigée par les aînés. Dans une atmosphère de musique et de danse, hommes, femmes et jeunes filles fêtent cette rencontre mystérieuse entre Kondén Diara et les futurs initiés. Une fois les femmes et les jeunes filles rentrées chez elles, les jeunes hommes suivent les aînés au lieu sacré pour la redoutable rencontre. Ils sont terrifiés, mais doivent dominer leur peur. Laye réussit cette épreuve qui n’est qu’une préparation au rite de passage qu’est la circoncision. Répondez aux questions suivantes sur le chapitre 1. Comment Laye imagine-t-il Kondén Diara ? 2. Pourquoi Laye a-t-il peur ? 3. Comment le père réconforte-t-il son fils ? 4. Quelles sont les festivités qui précèdent l’épreuve des lions. Quelle est leur fonction ? 5. Kondén Diara est-il vraiment un lion qui rugit dans la nuit ? Expliquez. 6. Quelle est l’importance de l’épreuve des lions ? 7. Comment se manifeste la peur des femmes et des jeunes filles ? 8. Comment se manifeste la peur des futurs initiés ?

95

9.

10. 11. 12. 13.

14.

Les jeunes gens arrivent-ils à expliquer la présence des fils blancs qui entourent les fromagers ? Pouvez-vous l’expliquer ? Résumez la légende de Kondén Diara. Relevez les mots ou expressions qui accentuent le mystère de la nuit. Expliquez cette phrase : « Si le secret était éventé, la cérémonie perdrait beaucoup de son prestige » (122). Contrastez les réactions du père et de la mère de Laye quand ce dernier revient à la maison après la cérémonie. Qu’est-ce qui prouve que le monde traditionnel est en train de changer ?

Passage n°1 Pas une seconde je ne mets en doute la présence du monstre. Qui pourrait rassembler, certaines nuits, une troupe aussi nombreuse, mener pareil sabbat, sinon Kondén Diara ? « Lui seul, me dis-je, lui seul peut ainsi commander aux lions… Éloigne-toi, Kondén Diara ! Éloigne-toi ! Retourne dans la brousse ! … » Mais Kondén Diara continue son sabbat, et parfois il me semble qu’il rugit au-dessus de ma tête même, à mes oreilles même. « Éloigne-toi, je t’en prie, Kondén Diara !… » (112)41

Répondez aux questions suivantes sur le passage 1. Où Laye pense-t-il que Kondén Diara se trouve ? 2. Qu’est-ce que Laye entend par « sabbat » dans ce passage ? 3. Expliquez la puissance de Kondén Diara sur l’imaginaire de Laye. 41

Ibid.

96

4. Quel est l’état d’esprit de Laye ? 5. Quel moyen stylistique Camara Laye utilise-t-il pour indiquer sa terreur ? Questions à choix multiples 1. Le sabbat correspond à a. la nuit de la circoncision b. la préparation de la circoncision c. la fin de la circoncision d. la cérémonie de la circoncision 2. Laye parle à Kondén Diara a. en personne b. en groupe c. dans son imagination d. dans un rêve effrayant Questions sur le chapitre pour les discussions en classe 1. Décrivez la nuit de Kondén Diara. 2. Quel est l’objectif de la nuit de Kondén Diara ? 3. Quel est le rôle de la musique et de la danse pendant cette nuit-là ? 4. Quelles sont les valeurs que l’on enseigne aux jeunes gens pendant ces rites ? 5. Expliquez la signification de ces interrogations : « Mais au vrai qu’en subsiste-t-il à l’heure où j’écris ? Le secret... Avons-nous encore des secrets ? » (122) 6. Que pensez-vous du fait que Camara Laye a révélé le secret de la nuit de Kondén Diara ?

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7. Est-ce que vous vous êtes déjà trouvé dans une situation où il fallait faire preuve de bravoure ? Expliquez.

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CHAPITRE 8 Résumé du chapitre 8 Ce chapitre détaille les rites de la circoncision de Laye et de ses compagnons. Les préparatifs de la cérémonie commencent sept jours à l’avance par la danse, activité principale des futurs circoncis. Pendant ces danses spéciales, ces derniers se déhanchent pour exhiber le foulard offert par leur petite amie attitrée. Ils reçoivent des bœufs, du riz, du mil et du maïs offerts par les amis de leurs parents. La coutume veut que les femmes, en dansant, montrent le symbole de la condition sociale des futurs circoncis. C’est généralement une houe qui symbolise le travail des champs. Toutefois, pour Laye, la deuxième femme de son père exhibe un cahier et un stylo. Il en est plutôt embarrassé. Après une nuit blanche, le son des tam-tams soutient et entraîne les jeunes gens qui doivent s’isoler dans la brousse pour l’épreuve de la circoncision décrite avec beaucoup d’émotion. Laye nous fait sentir la peur de l’épreuve, la rapidité de l’opération et les douleurs de la convalescence. Il reçoit régulièrement la visite de son père. Sa mère, elle, n’a droit qu’à une seule visite. Une fois guéri, il retourne chez lui. Il est devenu un homme et pourra désormais habiter dans sa case personnelle. Répondez aux questions suivantes sur le passage 1. En quoi l’épreuve des lions diffère-t-elle de l’épreuve de la circoncision ? 2. Expliquez la différence entre les manifestations publiques et les manifestations privées et même secrètes dans le rituel de la circoncision. 99

3. 4. 5. 6.

7. 8. 9. 10. 11. 12. 13.

Analysez la mort symbolique du circoncis et la notion d’une deuxième naissance. Que font les femmes et les jeunes filles avant et après le rituel de la circoncision ? Que font les pères durant l’épreuve de la circoncision ? Quels sont les rôles du tam-tam et de la danse dans les préparatifs qui précèdent la cérémonie de la circoncision ? Expliquez les différentes étapes du rituel de la circoncision. Que dit le narrateur de ses sentiments pour Fanta ? Quelle est la fonction des surveillants des nouveaux circoncis ? Quel est le rôle du guérisseur ? Qu’est-ce que les circoncis apprennent pendant leur initiation ? Comment la mère de Laye accueille-t-elle son fils revenu à la maison après la circoncision ? Décrivez les sentiments de Laye concernant le passage de son statut d’enfant à son statut d’homme.

Passage n°1 Mais quelle que soit l’angoisse et quelle que soit la certitude de la souffrance, personne pourtant ne songerait à se dérober à l’épreuve — pas plus et moins encore qu’on ne se dérobe à l’épreuve des lions — et pour ma part je n’y songeais aucunement. Je voulais naître, renaître ! Je savais parfaitement que je souffrais, mais je voulais être un homme, et il ne semblait pas que rien fût trop pénible pour accéder au rang d’homme. Mes compagnons ne pensaient pas différemment : comme moi, ils étaient prêts à payer le prix du sang. Ce prix, nos aînés l’avaient payé avant nous ; ceux qui naîtraient après

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nous le paieraient à leur tour ; pourquoi l’eussions-nous esquivé ? La vie jaillissait du sang versé ! (125)42

Répondez aux questions suivantes sur le passage 1. Analysez les sentiments qui dominent dans ce passage. 2. Comment devient-on un homme dans la société de Laye ? 3. Que signifie le « prix du sang » dans ce passage ? Questions à choix multiples 1. Laye et ses compagnons voulaient naître et renaître pour a. plaire aux filles b. être plus forts c. devenir adultes d. éviter l’angoisse 2. Dans ce passage le narrateur éprouve un sentiment a. de détermination b. d’abandon c. de tristesse d. de solidarité Passage n°2 Nos mères pouvaient multiplier les sacrifices à notre intention, et elles n’y manquaient pas, aucune n’y manquait, cela ne nous réconfortait qu’à demi. L’une d’elles parfois, ou quelque autre parent très proche, se mêlait à la danse et souvent, en dansant, brandissait l’insigne de notre condition ; c’était généralement une houe — la condition 42

Ibid.

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paysanne en Guinée est de loin la plus commune — pour témoigner que le futur circoncis était bon cultivateur. Il y eut ainsi un moment où je vis apparaître la seconde épouse de mon père, un cahier et un stylo dans la main. J’avoue que je n’y pris guère plaisir et n’en retirai aucun réconfort, mais plutôt de la confusion, bien que je comprisse parfaitement que ma seconde mère ne faisait que sacrifier à la coutume et dans la meilleure intention de la terre, puisque cahier et stylo étaient les insignes d’une occupation qui, à ses yeux, passait celles du cultivateur ou de l’artisan. Ma mère fut infiniment plus discrète : elle se contenta de m’observer de loin, et même je remarquai qu’elle se dissimulait dans la foule. Je suis sûr qu’elle était pour le moins aussi inquiète que moi, encore qu’elle apportât tous ses soins à n’en rien laisser paraître. Mais généralement l’effervescence était telle, je veux dire : si communicative, que nous demeurions seuls avec le poids de notre inquiétude. (130-31)43

Répondez aux questions suivantes sur le passage 1. Les objets représentent souvent des symboles. Choisissez deux objets qui, dans le passage, ont une valeur symbolique et expliquez ces valeurs. 2. Pourquoi Laye est-il gêné par les objets que sa deuxième mère présente ? 3. Comment les sentiments de la mère de Laye sont-ils exprimés ? 4. Qu’est-ce que l’expression des sentiments de la mère nous révèle de son caractère ? 5. Analysez l’ambivalence des émotions de Laye dans ce passage.

43

Ibid.

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Questions à choix multiples 1. Qu’est-ce qui cause les émotions de Laye dans ce passage ? a. le désir d’être cultivateur b. la peur de l’avenir c. la conscience de sa différence d. l’inquiétude de la foule 2. Selon le passage, la majorité des habitants de Kouroussa a. aime danser b. sacrifie à la coutume c. manifeste son inquiétude d. travaille la terre Questions sur le chapitre pour les discussions en classe 1. Quels sont les détails qui indiquent la douleur physique de la circoncision ? 2. Comment les rites de passage changent-ils la vie de Laye ? 3. De quoi la communauté fait-elle preuve durant ces rituels et comment ? 4. Comparez l’attitude la deuxième mère de Laye à celle de la mère de Laye pendant la danse. 5. Êtes-vous pour ou contre les pratiques de la circoncision et de l’excision ? Expliquez vos raisons.

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CHAPITRE 9 Résumé du chapitre À l’âge de quinze ans, Laye va à Conakry pour continuer ses études. La mère commence les préparatifs une semaine à l’avance. Elle fait des provisions, exécute des sacrifices, implore l’aide des ancêtres et donne des potions magiques à son fils. Le père, quant à lui, offre un talisman pour le protéger des mauvais esprits, et toute la communauté participe au repas d’adieu. Fanta, sa sœur et ses frères l’accompagnent jusqu’à la gare. Il passe la nuit à Mamou, s’arrête à Kindia avant d’arriver à Conakry où il est accueilli par son oncle Mamadou qui vit avec son jeune frère Sékou, ses deux femmes et ses enfants. Laye découvre la capitale de son pays et fait l’expérience d’une nouvelle école. L’oncle Mamadou lui conseille de faire des études techniques. Il tombe bientôt malade, doit être hospitalisé et reste malade pendant tout le reste de l’année scolaire. Il retourne avec joie à Kouroussa pour les grandes vacances. Répondez aux questions suivantes sur le chapitre 1. À quelle occasion Laye quitte-t-il ses parents pour la première fois ? 2. Comment se manifestent l’état d’esprit de Laye et celui de sa mère la nuit qui précède le départ pour Conakry ? 3. Que fait la mère pour assurer le succès de son fils à Conakry ? 4. Analysez les sentiments de la mère au départ de Laye.

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5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. 21. 22. 23.

Pourquoi Laye demande-t-il à sa mère de ne pas l’accompagner à la gare ? Quelle mesure le père prend-il pour la protection de son fils ? Qu’est-ce que Laye apprend du passé de son père ? Comparez le parcours de Laye à celui de son père. Pourquoi le père de Laye ne l’accompagne-t-il pas à la gare ? Quel est l’état d’esprit de Laye avant son départ de Kouroussa et durant son voyage à Conakry ? Qui participe au festin la veille du départ de Laye pour Conakry ? Pourquoi ? Quels effets les louanges des griots produisentelles sur Laye ? Quel terme littéraire Laye emploie-t-il pour qualifier les louanges des griots ? Pourquoi ? Analysez le malaise existant entre Laye et Fanta. Quelles sont les phrases qui donnent au départ de Laye un caractère définitif ? Décrivez l’état d’esprit de Laye juste avant de prendre le train. Quelle comparaison Laye fait-il pour décrire Conakry en l’apercevant pour la première fois ? Décrivez la maison de l’oncle Mamadou. Décrivez la nouvelle famille de Laye. Quelle relation Laye a-t-il avec les différents membres de sa nouvelle famille ? Qu’est-ce que Laye pense de sa nouvelle école ? Que lui conseille l’oncle Mamadou ? Quelle opinion Laye avait-il d’un ouvrier avant sa conversation avec l’oncle Mamadou ?

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24. Selon l’oncle Mamadou, qu’est-ce qui distingue un ouvrier d’un technicien ? 25. Qu’est-ce qui suggère que l’Oncle Mamadou est un homme pratique ? 26. Qu’est-ce qui indique le côté pratique de l’oncle Mamadou ? 27. Faites le portrait de l’oncle Mamadou et celui de l’oncle Sékou. 28. À quoi Laye compare-t-il Marie ? Pourquoi ? Passage n°1 ─ Fais-y grande attention ! Chaque matin, avant d’entrer en classe, tu prendras une petite gorgée de cette bouteille. ─ Est-ce l’eau destinée à développer l’intelligence ? dis-je. ─ Celle-là même ! Et il n’en peut exister de plus efficace : elle vient de Kankan ! J’avais déjà bu de cette eau : mon professeur m’en avait fait boire, quand j’avais passé mon certificat d’études. C’est une eau magique qui a nombre de pouvoirs et en particulier celui de développer le cerveau. Le breuvage est curieusement composé : nos marabouts ont des planchettes sur lesquelles ils écrivent des prières tirées du Coran ; lorsqu’ils ont fini d’écrire le texte, ils l’effacent en lavant la planchette ; l’eau de ce lavage est précieusement recueillie et, additionnée de miel, elle forme l’essentiel du breuvage. Acheté dans la ville de Kankan, qui est une ville très musulmane et la plus sainte de nos villes, et manifestement acheté à haut prix, le breuvage devait être particulièrement agissant. Mon père, pour sa part, m’avait remis la veille, une petite corne de bouc renfermant des talismans ; et je devais porter continuellement sur moi cette corne qui me défendrait contre les mauvais esprits. (157-58)44

44

Ibid.

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Répondez aux questions suivantes sur le passage 1. Qu’est-ce que la mère de Laye lui demande de faire chaque matin ? 2. Quelle est la fonction du contenu de la bouteille ? 3. Que lui avait donné son professeur avant qu’il ne passe le certificat d’études, et pour quelle raison ? 4. Que pensez-vous du fait que le professeur lui-même donne cela à son élève ? 5. Quelle est la particularité de la ville de Kankan ? 6. Qu’est-ce que le père de Laye lui offre avant le départ pour Conakry ? 7. À quoi servira ce cadeau de son père ? 8. En quoi les cadeaux de la mère diffèrent-ils de celui du père ? Questions à choix multiples 1. Pour garantir le succès dans les études, les parents de Laye comptent sur tout sauf : a. le savoir des maîtres b. la force d’une eau magique c. le soutien d’un talisman d. l’assistance des ancêtres 2. L’eau magique a le pouvoir de : a. se transformer en miel b. rendre plus éveillé c. donner une plus belle écriture d. chasser les esprits malsains Passage n°2 J’allai dire au revoir aux vieilles gens de notre concession et des concessions voisines, et j’avais le cœur gros. Ces hommes, ces femmes, je les connaissais depuis ma plus tendre enfance, depuis toujours je les ai vus à la place même où je les voyais, et

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aussi j’en avais vu disparaître : ma grand-mère paternelle avait disparu ! Et reverrais-je tous ceux auxquels je disais à présent adieu ? Frappé de cette incertitude, ce fut comme si soudain je prenais congé de mon passé même. Mais n’était-ce pas un peu cela ? Ne quittais-je pas ici toute une partie de mon passé ? (158)45

Répondez aux questions suivantes sur le passage 1. Que signifie « avoir le cœur gros » ? 2. Quel est le plus grand souci de Laye dans ce passage ? 3. Que veut dire Laye en parlant de l’incertitude ? 4. Expliquez ce que Laye entend par « Ce fut comme si je prenais congé de mon passé même. » (158) Questions à choix multiples 1. Quel est le sentiment qui domine dans ce passage ? a. le regret de partir b. la lassitude du présent c. l’anticipation du futur d. la nostalgie du passé 2. Quelle figure de style est utilisée dans ce passage ? a. la juxtaposition b. l’allégorie c. la litote d. l’euphémisme

45

Ibid.

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Questions sur le chapitre pour les discussions en classe 1. Comment les cadeaux offerts à Laye avant son départ pour Conakry représentent-ils la vision du monde de ses parents ? 2. Pourquoi l’Oncle Mamadou favorise-t-il les études techniques ? 3. Discutez le rôle que jouent l’Oncle Mamadou et les tantes Awa et N’Gady dans la vie de Laye. 4. Pourquoi Laye est-il heureux de retourner à Kouroussa pour les vacances ? 5. D’habitude, que ressent-on au moment des adieux ? Donnez des exemples précis. 6. Pensez-vous que les eaux magiques et les talismans peuvent aider les élèves à réussir dans leurs études ? Justifiez votre réponse.

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CHAPITRE 10 Résumé du chapitre 10 Après les vacances à Kouroussa, Laye revient à Conakry et trouve des changements positifs dans son école : un nouveau directeur et de nouvelles salles de classe. Il rencontre Marie, une jeune métisse qui passe les dimanches dans la famille de son oncle. Il tombe amoureux d’elle et les tantes, heureuses de cette amitié, encouragent les jeunes tout en les taquinant dès qu’elles en ont l’occasion. En même temps, Laye travaille dur pour se présenter à l’examen du Certificat d’Aptitude Professionnelle qu’il doit recevoir après trois années d’études. Quoique très bon élève, il demande pourtant à sa mère d’obtenir l’aide des marabouts pour assurer sa réussite. Ses tantes ainsi que Marie sollicitent aussi l’assistance des marabouts. Laye réussit brillamment à l’examen. Répondez aux questions suivantes sur le chapitre 1. Que pense Laye de l’enseignement au collège technique ? 2. Faites le portrait de Marie. 3. À l’aide d’exemples précis, illustrez les sentiments de Laye pour Marie ? 4. Comment les deux jeunes gens passent-ils leur temps ensemble ? 5. Comment Laye définit-il l’amour ? 6. Pourquoi Laye est-il attiré par la mer ? 7. Quelle sorte d’élève est Laye ? 8. Comment les deux tantes manifestent-elles leur affection pour Laye à la fin du chapitre ? 110

Passage n°1 … Je ne savais rien de la mer ! Je m’étais bien aventuré sur le Niger, mais la mer avait une autre puissance. Le Niger coulait avec une force paisible ; il était paisible ; il ne se fâchait un peu qu’en temps de crue. La mer, elle, n’était jamais paisible : elle n’interrompait pas de se dresser avec une force rebelle. ─ Nous pourrions demander à des pêcheurs de nous y conduire, disais-je. ─ Pourquoi le leur demander ? disait Marie. Tu n’as pas besoin d’eux pour y aller. Tu n’as même pas besoin de barque : il te suffit de regarder ! Si tu regardes les îlots longtemps, si tu peux en regarder un sans ciller, le regarder assez longtemps pour le voir trembler, c’est comme si tu avais abordé : tu es dans l’îlot. (191)46

Répondez aux questions suivantes sur le passage 1. Quelle figure de style Camara Laye emploie-t-il dans la première partie de ce passage ? 2. Comparez le fleuve Niger à la mer. 3. Comparez la manière dont Laye et Marie se proposent d’atteindre les îlots. Questions à choix multiples 1. À la lecture de ce passage, Laye pense que : a. la mer est une cause de rébellion b. le Niger est moins féroce que la mer c. des gens habitent sur les îlots d. les pécheurs arrivent au rivage 2. Il est évident que Laye : a. a toujours le ventre creux b. mange suffisamment 46

Ibid.

111

c. aime la cuisine familiale d. mange plus que Marie Passage n°2 C’est que j’arrivais chaque fois le ventre creux, effroyablement creux, d’abord parce que j’avais naturellement bon appétit et ensuite parce que je n’avais rien mangé encore depuis le matin : un jour de sortie, c’eut été péché de toucher à la tambouille de l’école ; aussi je n’y touchais pas, jugeant qu’il suffisait amplement des six autres jours de la semaine ! Mes tantes qui, ces jours-là, soignaient spécialement leur cuisine, eussent voulu que je partageasse le repas de Marie ; mais le pouvais-je ? Non, je ne me le serais pas permis, et je ne crois pas non plus que Marie le désirait : nous aurions certainement eu honte de manger l’un en face de l’autre. Telle était en vérité notre pudeur — incompréhensible et presque offusquant aux yeux de mes tantes, mais que Marie et moi ne mettions même pas en discussion — et tel notre respect des règles. Nous ne commencions à penser à nous rejoindre, qu’après le repas. (185-86)47

Répondez aux questions suivantes sur le passage 1. Pourquoi Laye arrivait-il presque affamé chez son oncle le dimanche ? 2. Pourquoi Laye appelle-t-il les repas de l’école « tambouille » ? Trouvez un synonyme de ce mot. 3. Selon vous, est-ce que ce genre de repas est typique des établissements scolaires ? Justifiez votre réponse. Questions à choix multiples 1. Les jours de sortie, Laye ne mange pas le repas de l’école parce que : 47

Ibid.

112

a. Marie l’attend pour manger b. l’Oncle Mamadou le lui a interdit c. ses tantes préparent des mets exceptionnels d. ses maîtres n’ont pas encore mangé 2. Laye et Marie ne se retrouvent qu’après le repas parce qu’ils : a. ne veulent pas partager leur repas b. ont honte de manger ensemble c. préfèrent les repas de l’école d. désirent faire plaisir aux tantes Questions sur le chapitre pour les discussions en classe 1. Dans quelles circonstances se révèlent les croyances dans ce chapitre ? 2. Comment se manifeste l’amitié entre Laye et Marie ? 3. Est-ce que l’amitié entre garçons et filles d’aujourd’hui est comparable à celle de Marie et de Laye ? Elaborez votre réponse. 4. Quelle est la place de l’amitié dans votre vie ?

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CHAPITRE 11 Résumé du chapitre 11 De retour à Kouroussa pour les grandes vacances, Laye décrit la transformation de sa case. Pour réjouir son fils, la mère prend soin d’ajouter des éléments qui rapprochent la case traditionnelle d’une chambre européenne, tel un divan-lit, la rendant ainsi plus confortable pour le citadin que son fils est devenu. Laye passe ses soirées en compagnie de ses amis ou amies sous les regards indiscrets de la mère. Quand il s’agit de la visite des jeunes filles, elle n’hésite pas à chasser celles qui ne lui plaisent pas. Dans ce même chapitre, Laye décrit les souffrances physiques et psychologiques que Check endure à un jeune âge. La maladie et la mort de Check sont des épisodes tragiques racontés de façon poignante. Laye révèle ses pensées sur les médecines traditionnelle et occidentale et médite sur les mystères de la vie et de la mort. Répondez aux questions suivantes sur le chapitre 1. Que fait la mère pour rendre le séjour de Laye à Kouroussa plus agréable ? 2. Comment et avec qui Laye passe-t-il son temps quand il est en vacances à Kouroussa ? 3. Comment la mère essaie-t-elle de contrôler les fréquentations de son fils ? 4. Notez les aspects comiques dans la façon dont la mère traite certaines jeunes filles qui viennent rendre visite à son fils. 5. Pourquoi l’œil vigilant de la mère peut paraître amusant aujourd’hui ? 114

6. Que pense Laye des guérisseurs ? 7. Quels sentiments Laye et Kouyaté éprouvent-ils à la mort de Check ? 8. Comment Laye tente-t-il d’accepter la mort de son ami ? Passage n°1 J’avais le sang plus chaud, avec l’âge, et je n’avais pas que des amitiés — ou des amours — timides ; je n’avais pas que Marie ou que Fanta, encore que j’eusse d’abord Marie et d’abord Fanta. Mais Marie était en vacances à Béla, chez son père ; et Fanta était mon amie en titre : je la respectais ; et quand bien même j’eusse voulu passer outre, et je ne le voulais pas, l’usage m’eut ordonné de la respecter. Le reste... Le reste était sans lendemain, mais ce reste néanmoins existait. Est-ce que ma mère ne pouvait pas comprendre que j’avais le sang plus chaud ? Mais elle ne le comprenait que trop ! Souvent elle se relevait en pleine nuit et venait s’assurer que j’étais bien seul. Elle faisait généralement sa ronde vers minuit ; elle frottait une allumette et elle éclairait mon divan-lit. Quand il m’arrivait d’être encore éveillé, je feignais de dormir ; puis, comme si la lueur de l’allumette m’eut gêné, je simulais une sorte de réveil en sursaut. (200-201)48

Répondez aux questions suivantes sur le passage 1. Qu’est-ce qui caractérise l’amitié ou l’amour dont parle Laye dans ce passage ? 2. Comment Laye explique-t-il sa relation avec Fanta ? 3. Expliquez l’expression « sans lendemain » dans le passage. 4. Qu’est-ce qui motive les actions de la mère ? 48

Ibid.

115

5. Pourquoi Laye dit-il qu’il avait « le sang plus chaud » ? 6. Comment interprétez-vous le fait que Laye fait semblant de se réveiller en sursaut quand sa mère vient le surveiller en pleine nuit ? Questions à choix multiples 1. Les adjectifs suivants décrivent tous la mère de Laye, sauf : a. ambitieuse b. prudente c. méfiante d. protectrice 2. La mère de Laye se méfiait : a. de Marie b. de Fanta c. de toutes les filles d. des filles légères Passage n°2 Je ne sais si Check avait grande confiance dans les guérisseurs, je croirais plutôt qu’il en avait peu : nous avions maintenant passé trop d’années à l’école, pour avoir encore en eux une confiance excessive. Pourtant tous nos guérisseurs ne sont pas de simples charlatans : beaucoup détiennent des secrets et guérissent réellement ; et cela, Check certainement ne l’ignorait pas. Mais il avait aussi dû se rendre compte que cette fois, leurs remèdes n’agissaient pas, et c’est pourquoi il avait dit : « Cela partira sans doute comme c’est venu », comptant plus sur le temps que sur les tisanes et les massages. Ses paroles nous rassurèrent quelques jours, puis elles cessèrent brutalement de

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nous rassurer, car Check commença réellement à souffrir : il avait des crises à présent et pleurait de mal ». (205-06)49

Répondez aux questions suivantes sur le passage 1. Quelle est l’ambivalence que Laye et ses amis ressentent par rapport aux guérisseurs ? Pourquoi ? 2. Quelle est la différence entre un charlatan et un guérisseur ? 3. Pourquoi Check dit-il que sa maladie partira comme elle est venue ? 4. Expliquez pourquoi les amis de Check perdent progressivement l’espoir que Check guérira. Questions à choix multiples 1. Check ne croit plus tellement aux guérisseurs parce qu’ils : a. n’ont pas toujours des remèdes efficaces b. ne veulent pas retourner à l’école c. ne sont pas toujours rassurants d. ne veulent pas partager leurs secrets 2. Check pleure parce qu’il est : a. bouleversé par ses souvenirs b. ému par les visites de ses amis c. rongé par sa souffrance d. vexé par la peur de ses amis Passage n°3 Quand je songe aujourd’hui à ces jours lointains, je ne sais plus très bien ce qui m’effrayait tant, mais c’est sans doute que je ne pense plus à la mort comme j’y pensais alors : je pense plus simplement. Je songe à ces jours, et très simplement je pense 49

Ibid.

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que Check nous a précédés sur le chemin de Dieu, et que nous prenons tous un jour ce chemin qui n’est pas plus effrayant que l’autre, qui certainement est moins effrayant que l’autre… L’autre ? … L’autre, oui : le chemin de la vie, celui que nous abordons en naissant, et qui n’est jamais que le chemin momentané de notre exil. (209) 50

Répondez aux questions suivantes sur le passage 1. À quoi pense Laye dans ce passage ? 2. De quels jours lointains parle-t-il ? 3. À quel moment Laye réfléchit-il sur la signification de la vie et de la mort ? 4. Selon Laye, où Check est-il allé après sa mort ? 5. Qu’est-ce que Laye entend par le mot « exil » dans la dernière phrase de ce passage ? Questions à choix multiples 1. Laye trouve que les chemins de la vie et de la mort sont : a. un songe b. similaires c. une abstraction d. lointains 2. Quel changement s’opère dans la façon de penser de Laye dans ce passage ? a. sa conception de l’avenir b. sa conception de la mort c. sa crainte de Dieu d. sa crainte de la vie

50

Ibid.

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Questions sur le chapitre pour les discussions en classe 1. Au-delà des quatre murs de l’école, qu’est-ce que Laye apprend sur la vie pendant les grandes vacances ? 2. Pensez-vous que les relations entre garçons et filles doivent être basées sur le respect ? Expliquez vos raisons. 3. Quel est le rôle de la médecine traditionnelle dans votre culture ? 4. La médecine traditionnelle peut-elle remplacer la médecine moderne ? 5. Dans quelle mesure l’individu est-il obligé de choisir entre les pratiques traditionnelles et modernes ? 6. Les expériences douloureuses ont la capacité de rendre plus mûr ou plus fort. Comment cela est-il le cas pour Laye ? 7. Racontez un évènement qui s’est passé en dehors de l’école, qui vous a profondément marqué et dont vous avez tiré une leçon.

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CHAPITRE 12 Résumé du chapitre 12 Muni de son Certificat d’Aptitude Professionnelle, Laye retourne à Kouroussa où il est accueilli chaleureusement comme les autres fois, mais cette fois-ci avec une pointe supplémentaire de fierté et un peu plus d’enthousiasme. Il annonce joyeusement la possibilité de son départ pour la France. Le père y consent tout en éprouvant du chagrin. Sachant que c’est la destinée de son fils, il lui fait promettre de revenir chez lui : « Il y a dans notre pays tant de choses à faire… On aura besoin ici sous peu d’hommes comme toi » (213-14). Le père et le fils abordent la mère pour qu’elle accepte l’idée du voyage. Elle s’y oppose immédiatement, proteste violemment, mais comprend que ce voyage est inévitable et finit par donner son consentement à contrecœur. Carte de métro en poche, Laye part de Conakry vers une nouvelle vie en compagnie de Marie qui, elle, s’arrête à Dakar. Répondez aux questions suivantes sur le chapitre 1. L’école de Conakry offre une bourse à Laye pour finir ses études en France. Qu’en pensent ses oncles de la capitale ? 2. Quelle est la valeur du diplôme de Laye aux yeux de la mère ? 3. Pourquoi la mère s’oppose-t-elle à ce départ ? 4. Que représente le voyage en France pour la mère ? 5. Pourquoi le père se sent-il contraint d’accepter le départ ? 6. Qu’est-ce que Laye promet à son père ? 7. Expliquez l’ambivalence des sentiments du père. 120

8. Quels sont les conseils du père ? 9. Que symbolise le plan du métro ? Passage n°1 ─ Chacun suit son destin, mon petit ; les hommes n’y peuvent rien changer. Tes oncles aussi ont étudié. Moi — mais je te l’ai déjà dit : je te l’ai dit, si tu te souviens quand tu es parti pour Conakry — moi, je n’ai pas eu leur chance et moins encore la tienne… Mais maintenant que cette chance est devant toi, je veux que tu la saisisses ; tu as su saisir la précédente, saisis celle-ci aussi, saisis-la bien ! Il reste dans notre pays tant de choses à faire… Oui, je veux que tu ailles en France ; je le veux aujourd’hui autant que toi-même : on aura besoin ici sous peu d’hommes comme toi… Puisses-tu ne pas nous quitter pour trop longtemps !... Nous demeurâmes un long bout de temps sous la véranda, sans mot dire et à regarder la nuit ; et puis soudain mon père dit d’une voix cassée : ─ Promets-moi qu’un jour tu reviendras ? ─ Je reviendrai ! dis-je. ─ Ces pays lointains… dit-il lentement. (213-14)51

Répondez aux questions suivantes sur le passage 1. Quelle différence le père de Laye établit-il entre son fils et lui-même ? 2. Quelle chance Laye et ses oncles ont-ils eue ? 3. Donnez deux raisons qui motivent le père à laisser partir son fils. 4. Pourquoi le père et le fils gardent-ils le silence ? 5. Que suggère la fin de ce passage ?

51

Ibid.

121

Questions à choix multiples 1. Selon le père de Laye, la Guinée aura bientôt besoin de personnes qualifiées parce que : a. le pays est maintenant indépendant b. c’est le début de la colonisation c. les jeunes vont à l’Ecole normale d. le pays est en pleine mutation 2. Laye reviendra en Guinée parce qu’il : a. souhaite suivre son destin b. en fait la promesse à son père c. veut faire comme ses oncles d. n’aime pas les pays lointains Passage n°2 ─ N’aurai-je donc jamais la paix ? dit-elle. Hier, c’était une école à Conakry ; aujourd’hui, c’est une école en France ; demain… Mais que sera-ce demain ? C’est chaque jour une lubie nouvelle pour me priver de mon fils ! … Ne te rappellestu déjà plus comme le petit a été malade à Conakry ? Mais toi, cela ne te suffit pas : il faut à présent que tu l’envoies en France ! Es-tu fou ? Ou veux-tu me faire devenir folle ? Mais sûrement je finirai par devenir folle ! … Et toi, dit-elle en s’adressant à moi, tu n’es qu’un ingrat ! Tous les prétextes te sont bons pour fuir ta mère ! Seulement, cette fois, cela ne va plus se passer comme tu l’imagines : tu resteras ici ! Ta place est ici ! … Mais à quoi pensent-ils dans ton école ? Est-ce qu’ils se figurent que je vais vivre ma vie entière loin de mon fils ? Mourir loin de mon fils ? Ils n’ont donc pas de mère, ces gens-là ? Mais naturellement ils n’en ont pas : ils ne seraient pas partis si loin de chez eux s’ils en avaient une ! (216 - 17)52

52

Ibid.

122

Répondez aux questions suivantes sur le passage 1. Relevez et analysez les accusations de la mère. 2. Expliquez les procédés stylistiques par lesquels Camara Laye transmet les émotions de sa mère. Questions à choix multiples 1. La mère de Laye souhaite provoquer chez son fils tous ces sentiments sauf : a. la trahison b. la paix c. l’ingratitude d. la culpabilité 2. Selon la maman de Laye, les maîtres de l’école de son fils n’ont pas de mère parce qu’ils sont sans : a. enfants b. cœur c. vie d. pays Questions sur le chapitre pour les discussions en classe 1. Historiquement, quel était le rôle de Dakar dans le développement de l’Afrique occidentale française ? 2. Qu’est-ce Laye doit obtenir pour pouvoir aller en France ? 3. Étant donné que le père a une belle carrière de bijoutier à Kouroussa et qu’il est respecté de tous, pourquoi pense-t-il que son fils et ses frères ont eu plus de chance que lui ? 4. Pensez-vous que faire des études signifie trahir les valeurs traditionnelles ? Pourquoi ou pourquoi pas ? 123

5. Que-ce qui se passe-t-il dans l’histoire de la Guinée à l’époque où Laye va en France et qui fait dire au père que le pays « aura besoin ici sous peu d’hommes comme toi » ou encore « Il reste dans notre pays tant de choses à faire » ?

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V. PHOTOS

La forge du père de Camara Laye

(photos Armelle Riché)

Le fleuve Niger

(Flickr)

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VI. LES PERSONNAGES

1. LE DIAGRAMME DES PERSONNAGES Les personnages

2. LA PRÉSENTATION DES PERSONNAGES Laye Camara Laye, auteur, narrateur et protagoniste, est présent à travers tout le récit. La lectrice et le lecteur assistent à son évolution émotionnelle, sociale et intellectuelle de cinq ans jusqu’à son départ pour la France. Son développement est perçu tout au long de cet ouvrage de formation. Enfant insouciant et naïf qui joue innocemment avec un serpent au début du livre, il devient un jeune homme déterminé et réfléchi, prêt à faire face à son avenir. La révélation du secret du serpent noir déclenche une série de questions par rapport aux tournants que prendra sa vie. D’autre part, la circoncision doit normalement marquer le passage de l’enfance à l’âge adulte. Pourtant, Laye se demande si un tel changement est possible en si peu de temps. Cette réflexion montre son degré de maturité. Laye découvre son pays. D’abord, il passe ses vacances avec sa grand-mère et ses oncles à Tindican. Il fait ensuite la découverte de Conakry entouré de ses oncles, ses tantes et ses cousins, voit la mer pour la première fois et apprend les mœurs de la ville. Avant le départ pour Paris, Laye voyage en train dans la région et visite Kankan, la ville sainte. Enfin, ce sera le départ pour la France. Entre l’enfance et le départ pour la France, Laye grandit sur le plan physique bien évidemment, mais aussi sur les plans mental, intellectuel et émotionnel. Il est témoin de la souffrance et de la mort. Il connaît les joies de l’amour et l’attente de l’avenir. C’est pour toutes ces raisons que L’enfant noir peut être lu comme un roman initiatique.

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La mère Femme courageuse et vertueuse comme elle le proclame avant de faire lever un cheval que rien ni personne ne pouvait faire bouger, la mère est au centre de la vie familiale. Elle possède des pouvoirs, au-delà de l’humain, qu’elle exerce même sur des animaux. À la maison, elle est avant tout soucieuse du bien-être physique et moral de son fils. Quoiqu’elle respecte les traditions, elle n’en est pas esclave. Elle critique certaines pratiques, comme la rencontre avec Kondén Diara qui met son fils à rude épreuve et le prive de sommeil. Elle n’hésite pas à aller à l’encontre de son mari quand elle n’est pas d’accord avec lui. Elle lui fait des remontrances à propos du travail de l’or qui pourrait affecter sa santé. Elle s’oppose au voyage de son fils pour la France parce qu’elle n’aura pas le plaisir de l’avoir à ses côtés et parce qu’elle se préoccupe de ce qu’il mangerait et de ce qui lui arriverait s’il tombait malade. En s’opposant au départ de son fils, la mère s’oppose indirectement à l’éducation française qui écarte Laye de sa famille et de ses traditions. Le père Le père est humble et généreux. Il est respecté dans sa communauté pour son caractère exemplaire, son travail exceptionnel et ses pouvoirs surnaturels. En père responsable, il répond aux besoins matériels de sa famille. Il reste fidèle à la tradition et aux valeurs de sa société. Ayant reconnu très tôt les talents et l’intelligence de son fils, il le pousse dans ses études et l’encourage à suivre son destin. Laye n’a que 12 ans lorsque le père déclare avec consternation que son fils quittera la concession familiale 129

et que sa vie sera complètement différente de la sienne. Le père de Laye sait que l’on ne négocie pas avec le destin. Pourtant, il ne succombe pas à une résignation béate. Il fait preuve d’intelligence et de perspicacité. La grand-mère La grand-mère maternelle de Laye réside à Tindican, village que le petit garçon affectionne : « Je me rendais là avec un plaisir extrême, car on m’y aimait fort, on me choyait, et ma grand-mère particulièrement, pour qui ma venue était une fête ; moi, je la chérissais de tout mon cœur » (38). Laye est fortement attaché à sa grand-mère. Leurs retrouvailles, pendant les vacances sont toujours chargées d’émotion lorsqu’ils s’enlacent tous les deux : « Avant même d’atteindre Tindican, j’apercevais ma grand-mère venue à notre rencontre… je courais vers elle… Elle me soulevait et me pressait contre sa poitrine, et moi, je me pressais contre elle, l’entourant de mes bras, comme éperdu de bonheur » (42). A peine arrivé à Tindican, la grand-mère le promène dans tout le village comme si elle exhibait un trophée. « Bonnes gens » dit-elle, « voici mon petit époux qui est arrivé ! » (43). Elle l’appelle affectueusement « mon petit époux » et le taquine toujours en disant qu’il est bien trop maigre. Elle le nourrit copieusement pour qu’il n’ait pas que la peau sur les os, car elle le veut « convenablement remplumé » avant son retour à Kouroussa. Non seulement Laye adore sa grand-mère, il l’admire aussi et en fait un portrait laudatif : « C’était une grande femme aux cheveux toujours noirs, mince, très droite, robuste, jeune encore à dire vrai et qui n’avait cessé de participer aux travaux de la ferme… sans doute était-ce dans cette activité suivie que 130

gisait le secret de sa verdeur » (38). Il s’agit très peu de la grand-mère dans l’autobiographie quoiqu’il soit impossible d’occulter la force des sentiments qui lient ces deux personnages. L’Oncle Lansana L’Oncle Lansana est une présence calme et rassurante qui fait découvrir à Laye la fidélité à la terre et l’amour de la nature. Cet oncle le rassure lorsque son neveu a des complexes de citadin par rapport à sa famille et ses amis de Tindican. L’Oncle Lansana lui fait comprendre que chacun a son métier. Laye admire particulièrement la capacité de silence et de réflexion de son oncle dont le regard « demeurait tout fixé sur ce rêve intérieur poursuivi sans fin dans les champs » (52). Son admiration se porte sur les qualités de son oncle, tandis que ce dernier le comble d’amour et d’affection, tant discrètes que profondes. Quand les repas nous réunissaient, souvent je tournais les yeux du côté de mon oncle et généralement, au bout d’un moment, je réussissais à rencontrer son regard ; ce regard me souriait, car mon oncle était la bonté même et puis il m’aimait ; il m’aimait, je crois bien, autant que ma grand-mère ; je répondais à son sourire discret et parfois, moi qui mangeais déjà très lentement, j’en oubliais de manger (52).53

Fanta Fanta est une amie d’enfance qui a pour Laye une affection presque amoureuse bien qu’innocente alors que Laye n’a pour elle qu’une affection quasi fraternelle. Elle est la camarade de la sœur de Laye et attire son attention 53

Ibid.

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par sa gentillesse. Laye la respecte, mais ne ressent pas de forte émotion pour elle. Fanta est juste une camarade et il est touché par ses attentions. Il est évident que Fanta serait heureuse si Laye faisait plus attention à elle et lui témoignait plus d’affection. Kouyaté Kouyaté est un camarade de Laye avec qui il partage les bancs de l’école à Kouroussa. Plus tard, ils subiront ensemble les épreuves de la circoncision. Cette amitié va au-delà des deux jeunes gens, car ils sont marqués par les actions de leurs parents respectifs qui leur servent de modèles. Le père de Kouyaté confronte le directeur d’école déraisonnable. Inspiré par cet acte de courage, Laye se soulève contre l’élève, plus grand que lui, qui le maltraite à l’école. Pourtant, c’est beaucoup plus tard, après leur départ pour faire des études loin de la ville natale, que l’amitié grandit entre Laye et Kouyaté. Ils forment un trio avec Check et deviennent inséparables. Laye a beaucoup de considération pour Kouyaté. En dehors de ses parents, cet ami, ce confident, est le seul à qui il confie ses projets de voyage pour la France. L’Oncle Mamadou Laye fait un portrait détaillé de son oncle et de son parcours intellectuel (173). L’Oncle Mamadou est un homme instruit qui vit aisément dans la capitale. Quoique ce ne soit pas toujours le cas dans les situations polygamiques, ses deux épouses s’entendent à merveille et partagent tâches ménagères et plaisanteries. L’Oncle Mamadou passe avec aisance du milieu occidental, comme 132

l’exige sa profession, au monde traditionnel dans sa vie privée, trouvant ainsi un équilibre entre les deux cultures. En homme visionnaire, il comprend vite la diversité des métiers qui seront nécessaires au développement de son pays. Il perçoit la nécessité d’être formé non seulement à l’école normale, mais encore à l’école technique pour recevoir une formation concrète à mettre au service de la société. En mentor attentionné, il a une énorme influence en ce qui concerne la scolarité de son neveu et suit de près les progrès de ce dernier. Grâce à l’amour et l’affection que Laye reçoit au sein de la famille de son oncle, son séjour à Conakry lui est agréable sur le plan humain et profitable sur les plans intellectuel et professionnel. Marie Laye est épris de Marie dont il ne cesse d’admirer la beauté physique, l’intelligence et la douceur. Elle est pleine d’imagination et le démontre au cours d’une promenade lorsqu’elle dit à Laye qu’il pourrait aller sur une île rien qu’en regardant intensément cette île. Elle est discrète et aimante. Laye est fier d’être en compagnie de cette jeune fille et se sent privilégié de recevoir son attention. Encouragée par les deux tantes, leur amitié se développe dans la discrétion. L’affection que Marie porte à Laye et son désir de le voir réussir sont évidents.

3. L’INTERACTION DES PERSONNAGES La mère et le fils Il existe une énorme tendresse entre Laye et sa mère, attristée par la transformation de son fils après la 133

circoncision. Bien qu’il ne soit pas encore tout à fait un homme, une certaine gêne entoure la mère et l’enfant à ce moment-là. Ils ne peuvent plus se toucher en vertu de la tradition et des normes sociétales qui obligent Laye à se comporter comme un homme sachant maîtriser ses émotions. En revanche, loin des regards indiscrets, lorsque Laye revient à la maison après sa guérison, ses deux parents le serrent fortement dans leurs bras. La mère vit l’occasion offerte à Laye de poursuivre des études avancées en France comme un complot contre elle et en veut tant à son mari qu’à son fils de vouloir y participer. En général, Laye est touché par l’attention que lui témoigne sa mère, mais trouve excessifs ses efforts pour contrôler le choix de ses amies, car il pense qu’elle ne comprend pas qu’il a le sang plus chaud. Laye est l’objet de la totale dévotion de sa mère. Elle est remplie de pensées affectueuses et protectrices pour son fils et n’apprécie pas les voyages qui, à son avis, risquent de ne jamais s’arrêter : « N’aurai-je donc jamais la paix » ? s’écrie-t-elle. « Hier, c’était une école à Conakry ; aujourd’hui, c’est une école en France ; demain… Mais que sera-ce demain ? C’est chaque jour une lubie nouvelle pour me priver de mon fils ! … » (216). L’amour filial que Laye porte à sa mère est fort et il redoute la séparation tout en la souhaitant. Le père et le fils Laye est fortement attaché à son père et lui voue une admiration sans limite. Le souci principal de son père est d’apprendre à son fils comment devenir un homme digne et respecté. Il lui donne des conseils avant son départ pour la France pour qu’il soit et demeure un homme honnête 134

avec lui-même et intègre avec les autres. Le père veut pour son fils ce que la vie ne lui a pas donné à lui. Il a connu une vie difficile après la mort de son propre père et il croit que c’est son devoir de tout faire pour que son fils ait une vie meilleure que la sienne. Il comprend que son univers se limite à la plaine de Kouroussa, mais prévoit que son fils restera attaché à l’école des Blancs et pourra être au service de son pays une fois ses études terminées. Il lui dit ceci au moment des adieux : « Je savais bien qu’un jour tu nous quitterais ; le jour où tu as pour la première fois mis le pied à l’école, je le savais. Je t’ai vu étudier avec tant de plaisir, tant de passion… » (213). Laye et l’Oncle Mamadou L’Oncle Mamadou oriente les études de son neveu de façon à ce que ce dernier fasse briller ses compétences. Les jeunes visent l’école normale. L’oncle fait comprendre à son neveu la nécessité de se distinguer des autres. « Tous les élèves qui viennent de Kouroussa ont toujours dédaigné l’école technique, toujours ils ont rêvé d’une carrière de gratte-papier. Est-ce une telle carrière que tu ambitionnes » ? (177) demande l’Oncle Mamadou à Laye. À la manière socratique, c’est sous forme de questions que l’oncle invite son neveu à la réflexion et l’amène à prendre des décisions adéquates. Laye et Marie Marie est le premier véritable amour de Laye. Il la rencontre pendant son adolescence, à un âge où l’on découvre l’amour. Marie représente pour lui beauté, intelligence et douceur. Elle éveille en lui de profonds 135

sentiments qui réchauffent son cœur sous le ciel gris de Paris. « Quand il m’arrive de penser à cette amitié, et j’y pense souvent, j’y rêve souvent - j’y rêve toujours ! —, il me semble qu’il n’y eut rien, dans le cours de ces années, qui la surpassât, rien, dans ces années d’exil, qui me tint le cœur plus chaud » (182). Marie lui rend cet amour de façon discrète — une discrétion qui n’enlève rien à la profondeur de ses sentiments.

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VII. LES THÈMES

1. LA FAMILLE ET LA COMMUNAUTÉ Le Petit Robert définit ainsi la famille : « Les personnes apparentées vivant sous le même toit, le père, la mère et les enfants ». Cette définition s’accorde peu à la famille traditionnelle africaine puisque les tantes, les oncles, les cousins, les grands-parents vivent dans la même concession y compris, souvent, les co-épouses et leurs enfants. La famille s’étend au-delà du père, de la mère et des enfants, car loin d’être basée sur la famille nucléaire, elle est fondée sur la famille étendue. Dans L’enfant noir, la famille comprend les jeunes apprentis du père que ses parents considèrent comme leurs propres enfants et traitent même avec plus d’indulgence. « Ces apprentis qui étaient loin de leurs parents, ma mère, mon père aussi leur donnaient une entière affection ; très réellement ils les traitaient comme des enfants qui auraient eu besoin d’un surcroît d’affection, et — je l’ai plus d’une fois remarqué — certainement avec plus d’indulgence que nous-mêmes » (69). Parlant de sa mère, Laye écrit : « Je crois bien qu’elle avait meilleure patience pour les apprentis que pour nous ; je crois qu’elle se contraignait plus pour les apprentis que

pour nous » (69). Malgré sa bonté, la mère est sévère et son autorité ne passe pas inaperçue. Elle joue un rôle discret, mais capital dans le rituel du repas : « Je ne puis dire exactement que ma mère présidait le repas : mon père le présidait. C’était la présence de ma mère pourtant qui se faisait sentir en premier » (71). Laye parle peu de ses frères et sœurs. Il les mentionne la toute première fois au chapitre 5 en nous apprenant qu’ils dorment dans la case de la grand-mère paternelle à qui la mère les a confiés aussitôt sevrés. De même, on apprend le décès de cette grand-mère uniquement quand Laye fait ses adieux aux vieilles gens de la concession et du voisinage avant son départ pour Conakry. On en sait un peu plus sur la cadette de la famille, la camarade de Fanta, car elle va à l’école avec Laye. C’est seulement au moment du départ pour Conakry qu’on comprend que les liens fraternels sont étroits, lorsque les frères et sœurs accompagnent Laye à la gare. La sœur cadette de Laye assume un rôle presque maternel : « Souviens-toi que tu passes ta première nuit à Mamou : le train s’arrête, la nuit, à Mamou » (163) ; ou encore : « Garde tes bagages à portée et, de temps en temps, compte-les. Tu me comprends : aie l’œil dessus ! » (164). En écrivant plus tard, Laye déclare qu’au moment de monter dans le train, « ma sœur sans doute me fit une dernière recommandation aussi vaine que les précédentes » (165). Quant aux jeunes frères, ils gardent leurs mains dans celles de Laye, qui ressent un sentiment de culpabilité. « Il m’arrivait souvent de les négliger : quand je partais pour l’école, les plus petits dormaient encore, ou bien on les baignait, et quand je rentrais de l’école, je n’avais pas toujours grand temps à leur donner ; mais maintenant je ne regardais qu’eux » 138

(165). Cela prouve que, malgré tout, il existe entre membres de la fratrie une affection tangible. Quoique Laye nous présente une société unie et solidaire, on remarque tout de même une séparation des genres. La différence entre les hommes et les femmes dans L’enfant noir est indéniable. On constate qu’il y a peu d’interactions entre eux. Le père et la mère de Laye vivent dans des cases séparées et on les voit rarement ensemble, en tout cas jamais seuls, tous les deux. En effet, cette société est marquée par une division de l’espace selon les sexes. En plus de la division spatiale de la concession, cette division s’étend à de nombreuses circonstances. Durant la moisson, les femmes travaillent entre elles et les hommes entre eux. De même, pendant les fêtes qui précèdent la circoncision, les jeunes hommes dansent entre eux tandis que les femmes et jeunes filles les observent. Après la danse, les femmes sont isolées et ne peuvent participer à cette cérémonie. Bien plus tard dans le récit, quand Laye raconte les moments passés avec Marie, il évoque combien ils dansent avec réserve et explique que « ce n’est pas la coutume chez nous de s’enlacer » (186). Laye souligne les liens étroits entre la famille et la communauté qui représentent un grand soutien pour l’individu. De même qu’un enfant dépend de sa mère, les individus trouvent leur force dans la communauté. On observe l’esprit communautaire pendant le travail des champs, et notamment lors de la récolte du riz : « La moisson se faisait de compagnie et chacun prêtait son bras à la moisson de tous, les invitant alors à commencer le travail » (58). Aux champs, les cultivateurs sont unis par la musique qui rythme les semailles et encourage leur labeur : « …leurs voix s’accordaient, leurs gestes 139

s’accordaient…unis par un même chant… la même âme les reliait, les liait » (62). Il est à noter que c’est pendant les rites de passage que Laye se considère comme un membre à part entière de sa communauté, loin des tiraillements causés par les deux mondes entre lesquels il vacille. Les amis des parents offrent des cadeaux pour célébrer la transition entre l’enfance et l’âge adulte. Toute la communauté participe aux rites de la circoncision. Tout le monde chante et danse pour soutenir et encourager les jeunes. Ainsi, l’épreuve de la circoncision se fait en deux temps : le rite public, auquel participe toute la communauté, et le rite secret, qui ne concerne que les futurs circoncis et leurs initiateurs. Si l’objectif de la moisson est d’unir la communauté dans le travail, pendant les cérémonies de Kondén Diara et de la circoncision, les garçons, éloignés de leur famille, deviennent solidaires et tissent de nouveaux liens d’amitié. Ainsi, avec d’autres jeunes du même âge, Laye vit une expérience unique. Les évènements de Kondén Diara et de la circoncision traduisent l’envergure du courage et de la retenue, qualités valorisées chez les Malinkés. Bien que Laye ait peur des bêtes sauvages, il se rappelle que son père lui a enseigné le courage et la bravoure. Ce fait l’aide à dominer sa peur. Les rites de passage présentent une occasion pour organiser des festivités communautaires. À travers ce rituel, Laye assume sa place au sein de sa communauté. Pourtant ce même rituel assure son individualité. Il a désormais sa propre case et ne dort plus dans celle de sa mère, ce qui est censé lui donner une plus grande indépendance. Apprendre que Kondén Diara n’existe pas est un secret qui l’écarte des femmes et des enfants et le 140

rapproche des hommes. Devenir un homme éloigne Laye de sa mère et ses nouveaux habits confirment sa nouvelle identité. C’est pour cela que la mère sourit tristement en lui montrant sa nouvelle demeure bien qu’elle ait du mal à accepter la « perte » de son fils. Ainsi, l’ouverture d’une nouvelle page s’annonce. Lorsque Laye revient de Conakry, son père comprend qu’il passe par une nouvelle étape de la vie. Par contre, sa mère veut encore le protéger au point de se mêler outrancièrement de sa vie privée. On ignore l’origine de la nuit de Kondén Diara et de la circoncision. Déjà, pour les rituels des moissons, Camara Laye écrit : « Il arrive que l’esprit seul des traditions survive, et il arrive aussi que la forme, l’enveloppe, en demeure l’unique expression ». (56) Ces rituels, transmis d’une génération à une autre, font partie du patrimoine de la communauté et influencent la vie personnelle de chacun : « Ce prix, nos aînés l’avaient payé avant nous ; ceux qui naîtraient après nous, le paieraient à leur tour ; pourquoi l’eussions-nous esquivé ? La vie jaillissait du sang versé ! » (125). Cette hiérarchie se trouve également dans la notion de classe d’âge. Avant d’être circoncis, Laye appartient à la classe d’âge des enfants. La veille de la circoncision, juste avant de s’isoler dans la forêt où s’opère l’ablation du prépuce, le père de Kouyaté, choisi à cause de son ancienneté, est le seul habilité à entonner le chant du coba. Il apprend aux futurs circoncis le chant et la danse du coba avant de faire le tour de la place. C’est alors que les hommes se dégagent pour leur frayer le passage : « Les hommes se rangeaient au fur et à mesure que nous avancions ». (136) Le nombre important des hommes qui les accompagnent marque la dimension de cette 141

cérémonie : « La haie que les hommes formaient sur notre passage était épaisse, était compacte » (136). Enfin, le fait que les futurs circoncis doivent chanter trois fois le matin et trois fois le soir, met en relief la répétition de l’action qui est une caractéristique du rituel : « Trois fois dans la journée, nous sommes ainsi apparus sur la grande place pour danser le ‘coba’ ; et dans la nuit, trois fois encore, à la clarté des torches ; et chaque fois les hommes nous ont enfermés dans leur vivante haie » (137). Comme il se doit, former une haie, comme on formerait une haie d’honneur, est un hommage à ces jeunes gens valeureux et une invite exclusive à entrer dans le cercle des hommes, car « ‘le coba’ est affaire d’hommes. » (136) Se référant au rituel de la nuit de Kondén Diara, Laye évoque la continuité entre le passé et le présent, tout comme l’évolution des coutumes. Le lieu sacré en est un exemple. Autrefois, il était peut-être interdit d’y entrer. Ce n’est plus le cas, sauf durant l’exécution du rite de passage. Camara Laye résume cette constatation en une phrase : « En temps habituel, aucun interdit n’en défend l’accès ; mais sans doute n’en a-t-il pas toujours été ainsi, et quelque chose, autour de l’énorme tronc du fromager, plane encore de ce passé que je n’ai pas connu ; je pense qu’une nuit comme celle que nous vivons, ressuscitait certainement une part de ce passé » (125). Après la circoncision, Laye passe à la classe d’âge des circoncis, donc des aînés, de ceux qui, ayant enduré le rite de passage, ont été transformés en hommes, sur le plan symbolique tout au moins. C’est l’une des raisons pour lesquelles l’âge et tout le savoir qu’il suggère, sont souvent hautement appréciés et vénérés dans les cultures africaines comme en témoigne ce proverbe malinké : « Ce 142

que le vieillard voit en étant assis, le jeune homme qui est debout ne le voit pas. » La communauté est liée par des croyances et des pratiques partagées par tous, à travers des rituels. Les plus développées dans L’enfant noir sont essentiellement la cérémonie des lions et de la circoncision. Il y en a d’autres qui, tout en étant individuelles, sont au service de la communauté telles les incantations et les paroles secrètes du bijoutier. Le rituel se trouve également dans les repas gouvernés par des règles strictes et dans le travail des champs où la moisson est bonne, grâce au labeur des paysans et grâce aux génies protecteurs et bienfaisants. La communauté est une extension de la famille étendue et comble la vie des enfants quand ils sont loin de leurs parents. À Conakry, Laye est choyé chez l’Oncle Mamadou. Après une première nuit de tristesse, il est vite intégré dans sa nouvelle famille. Il devient le frère de ses jeunes cousins et le fils de ses tantes, ce qui lui permet de dire : « Les deux tantes s’ingénièrent à remplacer ma mère et elles persévérèrent durant tout le temps de mon séjour. Elles poussèrent même l’indulgence jusqu’à ne jamais me reprocher une maladresse, si bien qu’il m’arriva d’en demeurer tout confus » (172). Lorsque Laye tombe malade à Conakry et se retrouve à l’hôpital, ses oncles viennent converser avec lui et lui tiennent compagnie tandis que ses tantes lui apportent des repas. De même, quand Check tombe malade, tout le monde se sent concerné. Tout au long de l’ouvrage, nous constatons les liens forts et la grande solidarité entre les membres des communautés de Kouroussa, Tindican et Conakry. Le souci du bien-être d’un enfant est partagé par tous les adultes, qui ne font aucune différence entre leurs propres 143

enfants et ceux d’autrui, comme nous le voyons dans le cas des apprentis du père. De même, Laye trouve une chaleur familiale chez l’Oncle Mamadou. Il est traité comme les enfants de la maison : « Mes tantes Awa et N’Gady se prirent d’affection pour moi dès le premier soir et demeurèrent dans ce sentiment au point que, bientôt, elles ne firent plus de différence entre leurs propres enfants et moi-même » (172). L’avenir de Laye a une telle importance pour les tantes qu’elles vont voir des marabouts pour assurer sa réussite aux examens. En somme, Laye sait aimer parce qu’il est entouré de l’amour témoigné par la communauté. Il en reçoit abondamment de tous. Sa mère s’occupe de son bien-être avec affection, même quand elle lui fait des remontrances. Son père le met sur le droit chemin. Sa grand-mère maternelle le dorlote. Ses tantes à Conakry jouent spontanément le rôle de mères aimantes en l’absence de sa mère. Ses oncles le conseillent et ses amis lui témoignent un amour fraternel. C’est sans doute pour cette raison qu’à son tour il donne beaucoup d’amour à sa famille, à ses amis et à Marie qu’il aime et respecte. Laye déborde d’amour pour ces êtres chers et pour son pays dont il décrit les paysages avec force détails qui cartographient son environnement et les mœurs avec une extrême sensibilité, nous donnant une image esthétique de sa culture. Quelles qu’en soient les apparences, l’individu n’est jamais seul. Les cadeaux des amis aux familles des circoncis contribuent à la grande dépense qui consiste à nourrir toute une foule pendant une semaine entière de préparation et de réjouissances. À la fin de L’enfant noir, en pensant à ses oncles et tantes de Conakry, Laye se rend compte de l’ampleur du 144

soutien de toute sa famille durant tout son parcours. « Sans eux, sans elles » dit-il, « j’eusse été vraiment misérable, vraiment abandonné ». (179) Et ceci rappelle le proverbe africain maintenant célèbre aux USA qui affirme que « C’est tout un village qui élève un enfant. »54 C’est grâce à cette communauté que Laye a pu trouver ses lignes de conduite et d’action sur le chemin de la vie.

2. L’AMITIÉ Tout comme la famille et la communauté, les amis sont une source de partage, de soutien et de réconfort. On constate qu’à Tindican, les compagnons de jeu de Laye lui témoignent « plein de gentillesse » quand ils viennent le voir. À Kouroussa, Laye trouve en Kouyaté un ami sincère qui sait écouter ses problèmes, compatir à ses soucis et avec qui il partage sa nourriture. De même, Fanta offre à Laye ses galettes et sait le réconforter quand les grands élèves le maltraitent. Revenu de Conakry pendant les grandes vacances, Laye passe la plupart de son temps avec ses amis, Kouyaté et Check. Une solidarité sincère lui fait éprouver un immense plaisir quand ces derniers reçoivent leur brevet d’instituteur. Mécontent du comportement de sa mère envers certaines copines, il s’en ouvre à ses deux meilleurs 54

En effet, ce proverbe a été rendu célèbre par Hillary Clinton qui publie un best-seller, It takes a village, utilisant la première portion du proverbe « It takes a village to raise a child » aux Éditions Simon & Schuster, à New York. Ce livre a connu une deuxième version pour son 10e anniversaire en 2006 et une troisième édition sous la forme d’un livre d’enfant, illustré par Maria Frasee en 2017.

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amis qui lui font comprendre que sa mère n’agit ainsi que parce qu’elle l’aime. Quand ses amis doivent partager le repas familial, sa mère a tendance à mieux le soigner. Laye apprécie ce geste, mais préfère qu’elle prépare les repas comme tous les jours. C’est peut-être parce qu’il estime que ses amis ne doivent pas être traités comme des invités, car, à ses yeux, ils sont des membres de la famille. Lorsque Check tombe malade, Laye et Kouyaté sont angoissés et font tout pour lui venir en aide. La mort de cet ami les attriste profondément. L’ombre du défunt semble les suivre et occuper leurs pensées. À part cet incident tragique, les amis contribuent pleinement à l’enfance heureuse que Laye décrit avec tendresse. Leur amitié revêt une complicité absolue et une entraide constante. Ils ont une oreille attentive les uns pour les autres et se donnent des conseils. En revanche, dès le début, Fanta est beaucoup plus attirée par Laye qui, lui, ne fait pas tellement attention à elle. Sur le chemin de l’école, les bandes de garçons s’attaquent aux filles et à leur tour, elles attaquent les garçons. Fanta ménage Laye qui lui-même n’épargne que sa sœur. Elle lui fait remarquer son indifférence envers elle, après quoi il lui témoigne un peu plus de gentillesse. Lorsque les grands élèves attaquent Laye, Fanta feint de ne pas le voir pleurer pour protéger son amour-propre. Accablée de tristesse et versant de chaudes larmes au moment où Laye part pour Conakry, le chagrin de Fanta nous touche, même s’il ne s’agit que d’une amitié purement idyllique. Pourtant, très vite séduit par Marie, qu’il trouve belle, Laye devient exceptionnellement timide en sa présence. Au-delà de l’apparente amitié, Laye avoue être amoureux 146

de Marie, objet de sa fierté et qui suscite l’envie de ses camarades. Des années plus tard, Laye évoquera Marie avec une nostalgie à la fois douce et douloureuse : Je ne me le rappelle pas par vantardise, encore qu’à l’époque je fusse assez fiérot de ma chance ; non, je m’en souviens avec une poignante douceur, je m’en souviens et j’en rêve, j’en rêve avec une mélancolie inexprimable parce qu’il y eut là un moment de ma jeunesse, un dernier et fragile moment où ma jeunesse s’embrasait du feu que je ne devais plus retrouver et qui, maintenant, a le charme doux-amère des choses à jamais enfouies. (189) 55

On suppose que les sentiments de Laye sont partagés et que Marie, elle aussi, tient à lui. La preuve la plus indubitable est qu’elle va voir un marabout pour assurer la réussite de Laye aux examens. Aristote affirme que l’amitié est nécessaire à la vie. Selon lui, il existe trois sortes d’amitié dont les objets respectifs sont le bon, l’agréable et l’utile, qualités que nous retrouvons chez les amis de Laye. Check et Kouyaté sont utiles à Laye par leur constante compagnie et leurs conseils. Cette amitié est née de la découverte d’affinités. Quant à Fanta, elle incarne le bon à cause de la gentillesse particulière qu’elle lui accorde. Finalement, Marie stimule agréablement le regard de Laye par sa beauté. Il s’agit là du plaisir d’être avec une jeune fille aimante, modeste, intelligente et admirée de tous.

3. LES CROYANCES TRADITIONNELLES Certaines pratiques chez les Malinkés remontent à plusieurs siècles, bien avant l’arrivée de l’islam au 55

Ibid.

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VIIe siècle. Généralement, les gens vivent en harmonie et trouvent un équilibre entre les croyances africaines et la foi musulmane, croyances selon lesquelles on peut communiquer avec un esprit ou un génie. Le mysticisme africain, héritage familial, se manifeste sous forme de rêves, d’incantations, de potions magiques et de gris-gris. Cet univers est souvent contrôlé par les caprices des génies. Les croyances traditionnelles sont une force cosmique guidée par des esprits étroitement liés aux humains, car les ancêtres détiennent une place majeure dans la vie quotidienne. La spiritualité du père de Laye vient d’un serpent noir hérité de sa lignée familiale. « Ce serpent… est toujours présent ; toujours il apparaît à l’un de nous. Dans notre génération, c’est à moi qu’il s’est présenté » (17). Le père voit d’abord le serpent en rêve avant qu’il ne devienne une présence matérielle. L’intimité entre le père et le génie de sa race est mise en évidence par le ressenti de Laye : « Cette caresse et le frémissement qui y répondait — me jetaient chaque fois dans une inexprimable confusion : je pensais à je ne sais quelle mystérieuse conversation ; la main interrogeait, le frémissement répondait… » (22-3). De plus, le serpent avertit le père de ce qui va se passer ultérieurement. Il sait qui viendra le voir et ce qu’il faut faire dans certaines situations. « Mon père, averti en rêve, avait pu prendre ses précautions dès l’aube » (35). Il est aussi à noter que la réussite de son travail dépend également du serpent. « Il ne manquait jamais de caresser discrètement le petit serpent lové sous sa peau de mouton ; on ne pouvait douter que ce fût sa façon de prendre appui pour ce qui demeurait à faire et qui était le plus difficile » (32). 148

Le griot, comme le père, se protège des personnes mal intentionnées avec des gris-gris. Il ne faut pas être sans armes, car on ne sait jamais quand l’ennemi va attaquer. « Comme mon père, il s’était alors enduit le corps de grisgris et s’était rendu invulnérable aux mauvais génies que la « douga » ne pouvait manquer de déchaîner, invulnérable encore à ses confrères mêmes qui, jaloux peut-être, n’attendaient que ce chant, l’exaltation, la perte de contrôle qu’entraîne ce chant, pour lancer leurs sorts » (35). Aussi bien que son père, la mère de Laye a hérité des pouvoirs mystiques qu’elle tient de son propre père forgeron. À part le fait que cette caste possède des pouvoirs exceptionnels, la mère est puînée des jumeaux, ce qui signifie qu’elle a une autorité particulière sur les êtres humains et sur les animaux. Elle voit en songe les auteurs des mauvais sorts et « sa voix, dans le matin, portait loin ; elle allait frapper le jeteur de sorts contre qui la menace avait été proférée » (77). Par ailleurs, Laye mentionne la caste de sa mère qui fournit au groupe « bon nombre de diseurs de choses cachées » (78). Il se demande si son oncle Lansana, dont on a noté l’attrait pour le silence et la méditation, n’est pas, lui aussi, un diseur de choses cachées. Laye se rend à Conakry avec l’eau magique de Kankan offerte par sa mère et le gris-gris que son père lui a procuré pour se défendre des mauvais esprits. Il faut aussi noter qu’au moment de passer les examens, Laye n’hésite pas à demander à sa mère d’obtenir l’aide des marabouts. Les croyances traditionnelles sont donc liées à la nature, à la présence constante des ancêtres et à une force cosmique qui détient tous les pouvoirs. 149

En plus, pour avoir une bonne récolte, il est coutume de prier les esprits de la terre, car, selon les cultivateurs, il existe une connexion entre les esprits et la nature. On évite le malheur en prenant certaines précautions. Laye explique : « … si nous menions grand bruit à notre accoutumée, nous nous gardions néanmoins de siffler, car on ne doit ni siffler ni ramasser du bois mort durant tout le temps que dure la moisson : ce sont des choses qui attirent le malheur sur le champ » (66). Camara Laye fait une distinction, que l’on retrouve souvent dans le récit, entre les croyances occidentales et les croyances africaines. Il souligne le fait que, chez les Africains, il y a beaucoup de phénomènes que les Européens trouvent incompréhensibles ou inexplicables, voire irrationnels et même absurdes, mais qui existent : – « J’hésite un peu à dire quels étaient ces pouvoirs et je ne veux même pas les décrire tous : je sais qu’on accueillera le récit avec scepticisme » (73). – « Chez nous, il y a une infinité de choses qu’on n’explique pas, et ma mère vivait dans leur familiarité » (74). – « Je dis très simplement, très fidèlement, ce que j’ai vu, ce que mes yeux ont vu, et je pense en vérité que c’est incroyable, mais la chose est bien telle que je l’ai dite… » (75). – « Je ne veux rien dire de plus et je n’ai relaté que ce que mes yeux ont vu » (80).56 Les critiques étrangers aux cultures africaines, caribéennes et sud-américaines, ont qualifié à tort ces éléments du merveilleux de « réalisme magique. » Il n’en 56

Ibid.

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est rien. C’est plutôt parce qu’ils n’arrivent pas toujours à comprendre que le merveilleux côtoie quotidiennement la réalité et constitue une partie intégrale de la vie des cultures précitées. Laye ne s’engage pas dans le débat quant à la fausseté ou à la véracité des faits. Il raconte fidèlement ce dont il a été témoin.

4. LA COLONISATION ET LE CHOC DES CULTURES Récurrent et central dans la littérature africaine à l’époque où Camara Laye écrit son autobiographie, le thème de la colonisation n’est pas explicite dans L’enfant noir. Pour autant, l’influence de la colonisation se ressent à travers les changements sociaux, la vie de certains personnages et certaines institutions, notamment l’école française. Le fait qu’elle soit implantée à l’école constitue le bouleversement le plus apparent et le plus lourd de conséquences. Élevé dans une famille traditionnelle, Laye s’interroge souvent sur les valeurs occidentales qui dominent son existence et deviennent une source de tiraillement. Quoiqu’il prenne le chemin de l’école des Blancs, il regrette son manque de participation aux pratiques traditionnelles : « Je continuais d’aller à l’école ! Pourtant j’aurais voulu, j’aurais tant voulu poser à mon tour ma main sur le serpent, comprendre, écouter à mon tour ce frémissement, mais j’ignorais comment le serpent eût accueilli ma main et je ne pensais pas qu’il eût maintenant rien à me confier, je craignais bien qu’il n’eût rien à me confier jamais… » (23). Néanmoins, Laye n’ignore pas que le travail d’un individu détermine sa place au sein de la communauté. 151

Ainsi, son choix professionnel signale un monde en évolution qui l’éloigne de la forge de son père et des champs de sa famille maternelle. Choisir entre la vie des colons et celle des ancêtres devient une source de conflit pour Laye qui, comme son père et son oncle Lansana, se rend compte de l’inévitabilité du changement. Et Laye de reconnaître que « ... le monde bouge, le monde change, et le mien plus rapidement peut-être que tout autre, et si bien qu’il semble que nous cessons d’être ce que nous étions, qu’au vrai nous ne sommes plus ce que nous étions, et que déjà nous n’étions plus exactement nous-mêmes dans le moment où ces prodiges s’accomplissaient sous nos yeux » (80). Cette constatation rappelle la réflexion de Samba Diallo, protagoniste de L’aventure ambiguë lorsqu’il dit : « Je ne suis pas un pays des Diallobé distinct, face à un Occident distinct . . . Je suis devenu les deux. Il n’y a pas une tête lucide entre deux termes d’un choix. Il y a une nature étrange, en détresse de n’être pas deux. »57 Ces paroles font ressortir un déchirement culturel que plusieurs personnages ressentent dans L’enfant noir. Laye lui-même, certes, et aussi son père, dont la peine et le déchirement apparaissent dès les premières pages de l’autobiographie, à travers des paroles qui valent la peine d’être répétées tant elles sont prophétiques et poignantes : « J’ai peur, j’ai bien peur, petit, que tu ne me fréquentes jamais assez. Tu vas à l’école et, un jour, tu quitteras cette école pour une plus grande. Tu me quitteras, petit… » (20). La mère, elle aussi, est consciente de ces changements qui ont pour résultat le renversement de l’ordre établi, la 57

C.H. Kane. L’aventure ambiguë, p.162-163.

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dislocation de la famille et la déchirure du tissu social. C’est pour cela qu’elle s’oppose aux voyages successifs de Laye. Ces voyages l’éloignent de la maison familiale au profit de l’école où on lui inculque un savoir exogène qui risque de le remplir de mœurs nouvelles ne cadrant pas avec les valeurs traditionnelles qu’elle respecte et chérit. Selon Laye, les croyances et les systèmes de valeur deviennent moins conséquents quand on fréquente l’école et qu’on est influencé par la logique cartésienne. Lorsque Check tombe malade et met du temps à guérir, les jeunes écoliers commencent à douter des connaissances des guérisseurs qui sont de plus en plus remplacés par des médecins. Le pouvoir de ces guérisseurs se trouve amoindri alors que, dans le passé, leurs talents étaient considérés infaillibles. Ainsi, à cause des nouvelles connaissances apprises sur les bancs de l’école, produit de la colonisation, Laye ne vivra pas comme son père et s’éloignera de sa ville natale pour s’intégrer à une vie moderne où les maisons remplacent les cases, comme chez l’oncle Mamadou, à Conakry, qui vit dans une maison d’architecture européenne. Ainsi, Laye et ses amis entament une vie marquée par des changements culturels et sociaux. Les règles de la bienséance traditionnelle ne sont pas respectées à l’école française étant donné que la colonisation impose un système différent affectant les valeurs les plus fondamentales et les plus anodines. Par exemple, contrairement à ce qui se fait dans les convenances traditionnelles, l’écart entre les deux sexes se resserre. À l’école, filles et garçons sont mêlés, s’étonne Laye. Bien au contraire, dans une société traditionnelle, les deux genres sont séparés durant une assemblée, même quand il s’agit des membres d’une 153

même famille. La bienséance veut qu’ hommes et femmes mangent séparément, comme cela se passe pendant les repas chez Laye, à Kouroussa. « Il y avait un plat pour les hommes, et un second pour ma mère et pour mes sœurs », dit-il (71). Toutefois, on remarque que ses tantes proposent que Laye mange avec Marie. Est-ce l’influence de la ville ou est-ce le caractère taquin des tantes qui savent que Marie comme leur neveu en seraient embarrassés ? La colonisation touche donc tous les aspects de la vie guinéenne. Elle est le point de tension qui se forme entre les valeurs anciennes et les valeurs occidentales imposées qui, par l’entremise de l’école, s’implantent subrepticement en Guinée. Camara Laye le montre de façon intentionnellement subtile, quoiqu’il n’ait pas voulu s’engager dans les débats politiques contre la colonisation, débats qui figuraient fortement tant dans la vie militante que dans la littérature de combat à ce moment de l’histoire des peuples africains. Il faut tout de même noter que la question identitaire, traitée de façon implicite dans L’enfant noir, se trouve développée, surtout par rapport à l’Autre destructeur, dans les autres écrits de Camara Laye à telle enseigne que son dernier ouvrage, Le Maître de la parole. Kouma Lafôlô Kouma, s’ouvre sur un poème dont les derniers vers sont : Âme nègre, mystérieuse Âme nègre ! Éveille-toi, lève-toi, élève-toi ! Clame à l’univers la puissance de ton génie créateur, Ô Âme nègre !58

58

Camara Laye, Le Maître de la parole. Kouma Lafôlô Kouma. Paris, Éditions Plon, 1978, p.9.

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Se demanderait-on encore si Camara Laye a adhéré à la philosophie de la négritude, la lecture de ce poème permet de répondre par l’affirmative, car l’injonction « Éveilletoi, lève-toi, élève-toi ! » en est un aspect. De plus, son exhortation : « Clame à l’univers la puissance de ton génie créateur » rejoint bien le programme de revendication culturelle prôné par les tenants de la négritude. À y regarder de près, on trouve dans L’enfant noir des relents de la négritude, car le fait de dire, de décrire, de clamer et de proclamer sa culture et d’en être fier est la clé de voûte de ce mouvement.

5. L’ÉCOLE L’éducation de Laye se fait à l’école traditionnelle, à l’école coranique et à l’école française. L’école traditionnelle, c’est la concession, lieu où le père transmet à son fils les traditions familiales en lui confiant les secrets qui entourent le serpent noir et le comportement nécessaire pour l’attirer vers soi. Par sa conduite et son exemple, le père enseigne à son fils le sens de la famille, la générosité, la compréhension, l’humilité et la fierté du travail bien fait. La mère, d’autre part, enseigne l’étiquette des repas et renforce certains préceptes tels que la dignité dans le comportement. L’école traditionnelle, c’est aussi la forge du père, là où l’enfant regarde attentivement son père exercer le métier de bijoutier, là où, avec cet apprentissage, il aurait pu par mimétisme devenir bijoutier à son tour. L’école traditionnelle, c’est la brousse où la cérémonie du lion sert à apprendre la valeur du courage. C’est dans cette optique 155

que le père conseille à son fils : « Tu dois mater ta peur, te mater toi-même… Même si tu as peur, ne le montre pas » (105). L’école traditionnelle, c’est le lieu sacré, la clairière dans la brousse où se déroule la cérémonie de la circoncision. Outre les danses et chants divers, un enseignement hautement moral est dispensé aux jeunes, de génération en génération : « Ces leçons, les mêmes que celles qui furent données à tous ceux qui nous ont précédés, se résumaient à la ligne de conduite qu’un homme doit avoir dans la vie : être franc absolument, acquérir les vertus qui en toutes circonstances font l’honnête homme, remplir nos devoirs envers Dieu, envers nos parents, envers les notables, envers le prochain » (145). À Tindican, les habits d’écolier distinguent Laye des autres enfants. Voyant qu’il est gêné par cette différence, son oncle Lansana le rassure en ces termes : « …Ce n’est pas ton travail de faucher. Je ne crois pas que ce sera jamais ton travail » (60). Laye lui-même comprend que son oncle a raison, cependant il exprime son désarroi : « Mais où était ma vie ? Et je tremblais devant cette vie inconnue. N’eût-il pas été plus simple de prendre la suite de mon père ? L’école… l’école…, pensais-je ; est-ce que j’aime tant l’école ? Mais peut-être la préférais-je ? » (61). Il est vrai que l’école française n’est pas toujours agréable pour Laye, car il y connaît des misères : le directeur traite ses élèves comme des domestiques, le maître est sévère et les grands élèves sont injustes. Pour autant, Laye et ses camarades de classe sont enthousiasmés par l’école et les connaissances qu’ils y découvrent. Laye explique : « Pour tous, quelques jeunes que nous fussions, l’étude était une chose sérieuse, 156

passionnante ; nous n’apprenions rien qui ne fût étrange, inattendu et comme venu d’une autre planète ; et nous ne lassions jamais d’écouter » (84). Laye écoute si bien que ses efforts sont récompensés quand il obtient une bourse pour continuer ses études à Argenteuil. Si l’école française rapproche Laye de l’oncle Mamadou, elle l’éloigne du reste de la famille et des traditions. Le père, en sa qualité de sage, le comprend fort bien et, lors de la première conversation concernant le serpent noir, il dit à son fils : « J’ai peur, j’ai bien peur, petit, que tu ne me fréquentes jamais assez. Tu vas à l’école et, un jour, tu quitteras cette école pour une plus grande. Tu me quitteras, petit… » (20). Ainsi donc, Laye va à l’école française sans pour autant oublier les leçons apprises par le biais des valeurs traditionnelles. Souvent confronté à des dilemmes, Laye se demande s’il aura le loisir de choisir puisque son destin semble être déjà tracé, déjà déterminé, comme le suggèrent son père et sa deuxième mère. Peut-être est-il opportun de citer une fois de plus L’aventure ambiguë où le maître des Diallobé situe bien le problème de l’école des Blancs par rapport aux connaissances ancestrales : « Si je leur dis d’aller à l’école nouvelle, ils iront en masse… Mais apprenant, ils oublieront aussi. Ce qu’ils apprendront vaut-il ce qu’ils oublieront ?… Peut-on apprendre ceci sans oublier cela, et ce qu’on apprend vaut-il ce qu’on oublie ? »59 Au risque d’oublier les traditions ancestrales, Laye suit les conseils de l’oncle Mamadou et va à l’école technique avant de continuer ses études en France, se distinguant 59

C. H. Kane. L’aventure ambiguë, p. 45.

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ainsi des autres jeunes de Kouroussa : « Tous les autres venant de Kouroussa ont rêvé d’une carrière de grattepapier », lui dit son oncle, « Est-ce telle carrière que tu ambitionnes ? Une carrière où vous serez perpétuellement treize à la douzaine ? » (177). Cependant, pour le père, la morale recèle autant de valeur que les études. C’est pour cela que, avant le départ du fils pour la France, il exhorte ce dernier à ne pas déroger aux vertus de l’honnêteté : « Garde-toi de ne jamais tromper personne, sois droit dans ta pensée et dans tes actes ; et Dieu demeurera avec toi » (214). En allant à l’école, Laye s’éloigne des croyances et des pratiques ancestrales. Contrairement à ses parents, Laye ne recevra pas d’héritage mystique, bien qu’il soit le fils aîné de ses parents. Néanmoins, il admet l’efficacité de certains usages dont les anciens détiennent les secrets. Il reconnaît que l’école est cause de scepticisme : « Je ne sais pas si Check avait grande confiance dans les guérisseurs, je croirais plutôt qu’il en avait peu : nous avions maintenant passé trop d’années à l’école, pour avoir encore en eux une confiance excessive » (205-06). Ce thème préfigure le départ et la séparation qui sont esquissés tout au long de l’autobiographie. Étant donné que les valeurs individuelles de Laye le distinguent de celles des autres, il doit trouver son propre chemin : va-t-il succéder à son père et être le gardien du serpent noir, génie de leur race ? Va-t-il aller à l’école des Blancs ou jouir des enseignements de son père et de sa communauté ? Saura-t-il jamais travailler l’or ? Suivra-t-il les pas de ses oncles de Tindican afin de connaître les travaux des champs ? Va-t-il partir à Conakry ou rester à Kouroussa ? Fréquentera-t-il l’école normale ou l’école 158

technique ? Partira-t-il en France ou restera-t-il en Guinée ? Telles sont les questions qui reviennent comme un leitmotiv et qui sont toujours au centre des préoccupations de Laye. Ces questions tiennent lieu d’introspection dont les réponses donneront un sens à son existence.

6. LE TRAVAIL Comme on le constate dans L’Enfant noir, le travail d’un individu est déterminé dès le jeune âge, car c’est souvent un mimétisme du travail des parents. Ainsi, le choix professionnel de Laye, différent des normes traditionnelles, annonce un monde en évolution qui l’éloignera de la forge de son père et des champs de sa famille maternelle. Tout d’abord, sa mère s’oppose à ce qu’il soit présent durant la fabrication des bijoux dans la forge de son père, et à Tindican l’oncle Lansana lui dit : « Ce n’est pas ton travail de faucher. Je ne crois pas que ce sera jamais ton travail » (60). Le monde du travail dans L’Enfant noir de Camara Laye est souvent lié à des croyances traditionnelles. Le succès du père, par exemple, dépend non seulement de son savoir-faire et de son talent de forgeron, mais aussi des incantations qu’il murmure dans une atmosphère de silence complet, invoquant la faveur, la bienveillance, l’appui des génies du feu, de l’or et du vent, car leur aide est indispensable à la fusion. Il s’agit d’une « opération magique que les génies pouvaient accorder ou refuser ; et c’est pourquoi, autour de mon père, il y avait ce silence et cette attente anxieuse » (29). Afin de conjurer les mauvais 159

sorts pour garantir les faveurs des génies et celles d’autres forces supérieures de la nature, le père doit parfois s’abstenir de rapports sexuels, se frictionner le corps de substances magiques et porter des gris-gris : « Prévenu en rêve par son génie noir de la tâche qui l’attendait dans la journée, mon père s’y était préparé au saut du lit et était entré dans l’atelier en état de pureté, et le corps enduit de surcroît des substances magiques celées dans ses nombreuses marmites de gris-gris » (33). Le père n’est pas le seul à dépendre de la faveur des génies pour son travail. À Tindican, la réussite de la moisson ne dépend pas uniquement du travail non plus : « Peut-être dépendait-elle plus encore de la volonté des génies du sol, qu’on ne pouvait se passer de consulter. La réponse était-elle favorable, il ne restait plus, la veille de la moisson, qu’à demander à ces mêmes génies un ciel serein et leur bienveillance pour les moissonneurs » (55). Ajouté à l’intégration des croyances, l’art joue un rôle dans le travail du père, occasion de se détendre et de se distraire, et même de servir de spectacle comme on le voit dans l’atelier lors de la création d’un bijou. « Ce travail était chaque fois comme une fête, c’était une vraie fête, qui interrompait la monotonie des jours » (24). On pourrait facilement imaginer, comme dans un film, l’entrée en scène de la femme suivie de son griot, kora en main, prêt à s’engager dans les louanges de l’ascendance du bijoutier. « Où le griot puisait-il ce savoir ? Dans une mémoire particulièrement exercée assurément, particulièrement nourrie aussi par ses prédécesseurs, et qui est le fondement de notre tradition orale » (25-6). Tandis que le bijoutier exécute le travail, le griot l’aide en l’encourageant, tant et si bien qu’il semble avoir un rôle 160

actif dans la création du bijou. Le bijoutier comme le griot déploient leur talent. Laye explique : « Au vrai, le griot participait curieusement, mais j’allais dire : directement, effectivement au travail. Lui aussi s’enivrait du bonheur de créer ; il clamait sa joie, il pinçait sa harpe en homme inspiré ; il s’échauffait comme s’il eût été l’artisan même, comme si le bijou fût né de ses propres mains » (34). Le grand moment arrive quand le griot entame la « douga », ce chant de renom qui incite le père, cet homme de renom, à danser. « À l’énoncé de la “dougaˮ, mon père se levait, poussait un cri où, à parts égales, le triomphe et la joie se mêlaient, et brandissait de la main droite son marteau, insigne de sa profession, et de la gauche une corne de mouton emplie de substances magiques, il dansait la glorieuse danse » (35). Le père exécute cette danse redoutable et célèbre pour clore le travail bien accompli et en ressentir la joie. Toute cette scène de la création du bijou rappelle que la danse et la musique sont en communion avec la création artisanale. Le travail devient un spectacle. La scène est narrée avec tant de vivacité qu’elle a un caractère cinématographique. La narration captive au point de dynamiser l’imagination et c’est comme si on pouvait voir toutes ces images se dérouler une à une.

7. LA MUSIQUE ET LA DANSE Dans la culture malinké, au-delà de la représentation d’une sublime beauté, agréable au sens, l’art joue un rôle fonctionnel. Le son du tam-tam annonce l’ouverture d’un évènement, que ce soit l’épreuve de Kondén Diara, la 161

circoncision ou la moisson. Au lancement de la cérémonie de Kondén Diara, les futurs initiés sont accueillis par une foule vibrante avant de se rendre dans un lieu sacré de la brousse. La musique aidant, les jeunes arrivent à dominer leur peur. La circoncision en elle-même ne dure que quelques secondes. Toutefois, parce que l’on sait la douleur qui les attend, la plus grande partie de la cérémonie est précédée par la danse et la musique pour alléger tout sentiment d’anxiété. Elles ont donc un effet psychologique sur les futurs initiés et marquent le caractère communautaire de cette cérémonie. D’une part, la musique inspire et encourage les villageois dans leur travail. Elle les unifie et les met en communion les uns avec les autres pendant qu’ils chantent et travaillent ensemble. La moisson, travail fastidieux, devient un événement joyeux exécuté en communauté au rythme du tam-tam et peut même être ludique, car les jeunes « lançaient leurs faucilles en l’air et les rattrapaient au vol, poussaient des cris, esquissaient des pas de danse à la suite des joueurs de tam-tam » (57). Grâce aux chants et à la musique, nous dit Laye, « la fatigue s’envolait, la chaleur s’atténuait » (62). Il s’applique à nous faire comprendre à quel point le chant aide à supporter le manque de bien-être : « Mais la chaleur malgré tout pesait ; et la fatigue s’insinuait : les lampes d’eau ne suffisaient plus à l’éloigner, et c’est pourquoi nous la combattions en chant » (62). D’autre part, le griot joue un rôle considérable dans les arts en tant que poète et souvent en tant que musicien qui, en pays malinké, s’accompagne d’un instrument de musique à vingt et une cordes appelé la kora. Formé à l’art de la parole, le griot a pour rôle de mémoriser les 162

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coutumes et les expériences de son peuple, de réciter et de transmettre l’histoire de son ethnie d’une génération à l’autre. Il est aussi un chanteur professionnel de louanges ou de critiques. Dans son dernier ouvrage intitulé Le Maître de la parole, Camara Laye affirme que « le griot, un des membres importants de l’ancienne société bien hiérarchisée, avant d’être historien, détenteur par conséquent de la tradition historique qu’il enseigne, est, avant tout, un artiste et, en corollaire, ses chants, ses épopées et ses légendes, des œuvres d’art ».60 Les traditions vivantes durant l’enfance de Camara Laye sont transmises par les griots, les griottes, les conteurs et les conteuses. Elles existent encore aujourd’hui et les passeurs de ces traditions orales possèdent un immense répertoire de contes, de légendes, d’épopées, de devinettes, de poésies, de chants destinés à instruire en même temps qu’à distraire. Dans L’Enfant noir, le jeune oncle qui accompagne Laye durant le trajet de Kouroussa à Tindican l’initie à l’orature : « Mon oncle me racontait comment le singe s’y était pris pour dindonner la panthère qui s’apprêtait à le dévorer, ou comment le rat palmiste avait fait languir l’hyène toute une nuit pour rien. C’étaient des histoires cent fois entendues, mais auxquelles je prenais toujours plaisir » (42). Cette utilisation du bestiaire dans les contes fait penser à Jean de la Fontaine. On ne peut nier que ce genre littéraire a toujours eu une place particulière dans toutes les civilisations, des plus anciennes aux plus modernes. La Fontaine s’est imposé comme le plus célèbre des fabulistes de son temps. Quant à lui, Camara Laye évoque avec 60

Camara Laye, Le Maître de la parole, p. 21.

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plaisir les contes de son enfance. Ces contes font partie de l’orature qui a certainement influencé sa plume. L’orature est aussi manifestée dans les chants qu’apprennent les futurs circoncis. Ils consacrent de nombreuses heures à les mémoriser, car la connaissance de ces chants prouve qu’ils vont bien passer par le rituel de la circoncision. Nos aînés, à présent, entreprennent notre initiation ; tout le reste de la nuit, ils vont nous enseigner les chants des incirconcis ; et nous ne bougeons plus ; nous reprenons les paroles après eux, l’air après eux ; nous sommes là comme si nous étions à l’école, attentifs, pleinement attentifs et dociles. (113-14)61

L’orature regorge de chants moqueurs pour ceux qui ont manqué de courage et qui ne se sont pas rendus à la nuit de Kondén Diara : « Quand nous passions devant une concession où l’un ou l’autre avait manqué de courage pour se joindre à nous, un chant de moquerie s’élevait de nos rangs » (117). Comme le dit si bien Nelson Mandela, « … le courage n’est pas l’absence de peur, mais la capacité de la vaincre ». Pour exprimer le chant du coba, Laye ne peut s’empêcher de recourir au malinké puisque c’est dans la langue du terroir que l’initiation est faite. À la manière du griot, le père de Kouyaté lance impérieusement et très haut le chant du coba : Coba ! Aye coba, lama ! (136) qui signifie : « Grandes choses, faites de très grandes choses », ou encore : « Grand évènement, créez de très grands évènements. » Dans le langage figuré des Malinkés, le chant incite les jeunes gens à soulever une montagne. Ce chant d’encouragement exhorte au dépassement de soi tout 61

L’enfant noir, Camara Laye © Plon, 1953.

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en étant un cri d’optimisme annonçant le comportement digne que ces jeunes gens auront dans un futur proche l’épreuve de la circoncision, et plus tard dans leur vie d’homme. Coba ! Aye coba, lama ! est répété sept fois au cours de trois pages de narration. Ainsi, cette multiplicité de répétitions dans un intervalle narratif très court marque l’intensité de l’action. La répétition, mode central de l’orature, donne au texte un caractère théâtral et crée une atmosphère de prégnante solennité.

8. LES FORMES DE COMMUNICATION La communication est au cœur de toute société et sert de lien entre les êtres. Art de transmettre une information à une autre personne, elle s’exprime dans L’Enfant noir sous différentes formes. On la distingue à différents niveaux, comme à travers les dialogues entre les personnages. Néanmoins, on y trouve une autre forme plus complexe, liée inextricablement à la culture, comme celle du tam-tam qui, sans aucune parole, informe d’un évènement, tel le début de l’initiation ou le commencement de la moisson : « Le jour venu, à la pointe de l’aube, chaque chef de famille partait couper la première javelle dans son champ. Sitôt ces prémices recueillies, le tam-tam donnait le signal de la moisson » (55-56). Les incantations magiques sont aussi une forme de communication que le père de Laye utilise pour s’entretenir avec son totem et autres génies ancestraux. On remarque également que le serpent noir transmet des messages au père par son frémissement et à travers le rêve. Les génies communiquent aussi avec la mère par l’intermédiaire des rêves. De plus, elle arrive à 165

parler aux animaux et même à se faire entendre d’un cheval têtu. Selon Le Petit Larousse, la communication est la « transmission de l’information au sein d’un groupe, considérée dans ses rapports avec la structure de ce groupe ». Par conséquent, elle occupe une place majeure dans toute société. Connu pour sa fonction de communicateur, acteur de poids dans la culture, le griot constitue un intermédiaire entre le passé et le présent. Ce rôle de communicateur incombe au griot, à la fois historien, conseiller, chanteur d’éloges et commentateur social. Le griot, par excellence, préserve le patrimoine culturel grâce à l’art de la parole. Pour donner plus de poids et de beauté à ses paroles, il chante et joue de la kora, instrument de musique cher aux Malinkés. On constate, dans le deuxième chapitre, qu’une femme arrive avec un griot pour inspirer l’artisan et Laye décrit ses propres émotions en entendant l’histoire de sa famille et les éloges de ses ancêtres paternels : « C’était comme un grand arbre généalogique qui se dressait, qui poussait ses branches ici et là, qui s’étalait avec ses cent rameaux et ramilles devant mon esprit » (25). Dans L’Enfant noir, les descriptions l’emportent souvent sur les dialogues. Cette démarche pourrait signifier deux choses : d’une part, culturellement, elle suggère le manque de conversation directe entre les personnes. Elle peut aussi indiquer les habitudes socioculturelles où l’on observe plus que l’on ne parle et où il est souvent malséant d’exprimer tapageusement ses sentiments. Par ailleurs, la décision d’écrire ce livre, témoignage d’une vie, d’une culture et d’une époque, est un moyen de 166

communication qui nous permet de découvrir un univers souvent inconnu. Laye décrit parfaitement l’atmosphère de son enfance, avec une telle intensité que l’on se trouve captivé par le récit, et c’est comme si on était là, présents, aux côtés de l’auteur. Ainsi peut-on conclure que Laye sert de communicateur talentueux entre sa culture malinké et d’autres cultures. On pourrait par conséquent ajouter que Camara Laye est un griot moderne. Nul ne peut nier que L’Enfant noir est un moyen de préserver les traditions. L’auteur transmet son histoire à travers l’écriture bien qu’il puise dans l’orature. L’influence des traditions orales est largement apparente. Camara Laye n’a ni chant, ni kora, mais il fait danser les mots de telle manière qu’il retient l’attention du lectorat. Grâce à ses talents d’écrivain, Camara Laye nous transporte dans la première moitié du XXe siècle par l’imaginaire, afin de communiquer des expériences et des idées qui lui tiennent à cœur. Ironiquement, à cette époque-là, les moyens de télécommunication en Guinée ne sont pas assez développés pour permettre à Laye de communiquer facilement avec sa famille de Kouroussa quand il est à Conakry et encore moins quand il est en France. Toujours est-il que par la beauté de sa plume, Laye a su communiquer son enfance et son adolescence en Guinée, avec la ferme volonté de transmettre sa culture à la mémoire, afin de ne pas la laisser disparaître.

9. LE VOYAGE Les voyages sont une source de nouvelles expériences, car, comme le dit un proverbe berbère, « qui voyage ajoute 167

à sa vie ! » Émile Zola exprime le même précepte en affirmant que « rien ne développe l’intelligence comme les voyages ». Thème essentiel dans L’Enfant noir, le voyage est étroitement associé au destin qui pousse Laye à s’éloigner de la concession familiale pour des déplacements physiques, mentaux et affectifs. Chaque voyage le rapproche de sa destination finale qui changera à jamais sa vie. Pourtant, c’est sur le chemin de Tindican, où il aime se rendre pendant les vacances scolaires, que Laye découvre les merveilles du voyage. À part le plaisir d’être physiquement déplacé de son milieu habituel, il effectue un voyage mental qui le fait rêver à des horizons illimités. Bô, le frère jumeau de l’oncle Lansana, qui a « le goût de l’aventure dans le sang », influence Laye en ce sens. Cet homme séduisant et généreux lui fait comprendre qu’il y a tout un monde à découvrir et à conquérir : « Il racontait ses aventures, qui étaient étranges, qui dépaysaient, qui m’ouvraient des horizons surprenants » (46). C’est pour cette raison que Laye songe à se comparer à son oncle, que l’on considère comme un oiseau pourvu d’une immense liberté, se déplaçant comme bon lui semble d’un endroit à un autre. Tout en travaillant aux côtés de Lansana, son autre oncle, Laye pense à son avenir et à l’oncle Bô, pour qui le ciel n’a pas de limites. Cette pensée le séduit et il se demande : « Et moi, serai-je aussi, un jour, comme l’oiseau » ? (62). Ainsi, cette réflexion de Laye évoque ce que Gérard Genette appelle une amorce, c’est-à-dire un détail dont la valeur sera reconnue plus tard dans la narration. C’est une forme d’indice de ce qui se passera plus tard, car Laye deviendra, lui aussi, à son tour, un oiseau. Il franchira maintes contrées avant d’être transporté par un oiseau de fer en France. En attendant de 168

découvrir le monde du voyage qui le conduira vers d’autres cieux, Laye prend chaque jour le chemin de l’école, qui sert de tremplin pour des voyages qui l’éloignent encore plus de son village. Après les tristes adieux à Kouroussa, il admire la beauté de la nature de Mamou à Kindia et découvre la mer à Conakry. Cette mer, qu’il aime contempler en compagnie de Marie, est une « plaine liquide » qui lui rappelle la grande plaine de Haute Guinée, dont il est issu. Marie comprend bien le concept du voyage mental et elle confie ceci à Laye : « Si tu regardes les îlots longtemps, si tu peux en regarder un sans ciller, le regarder assez longtemps pour le voir trembler, c’est comme si tu avais abordé : tu es dans l’îlot ! » (191-192). À travers des descriptions, le contraste entre le milieu urbain et le milieu rural est frappant dans L’Enfant noir, que ce soit dans les mœurs ou dans l’environnement. L’action se déroule à Kouroussa, Tindican et Conakry. Si les gens de Kouroussa et de Tindican vivent dans des cases, l’oncle Mamadou de Conakry vit dans une maison spacieuse et moderne, dont l’architecture et le décor sont influencés par l’époque coloniale. Les expériences de Laye dans des milieux urbains et ruraux l’exposent déjà à la diversité, atout qui sera sans doute à son avantage quand il se rendra en France. Il découvre le monde des paysans à Tindican, le monde merveilleux des forgerons à Kouroussa et un monde relativement moderne à Conakry. Pour la mère de Laye, Conakry, situé à 600 km de Kouroussa, est une terra incognita ou terre inconnue, inexplorée où on ne mange pas à sa faim. C’est la raison pour laquelle elle approvisionne son fils avec toutes sortes de nourritures. En revanche, un des griots venu au festin 169

d’adieu pense que Conakry est synonyme de terre promise, de terre de réussite. « À Conakry, tu t’associeras parmi les plus illustres » (62), annonce-t-il à Laye. Qu’il soit associé aux grands de Conakry ou non, il faut retenir les paroles de Marcel Proust qui disait que « le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux ». Certes, le voyage à Conakry fait découvrir à Laye les paysages des différentes régions et la diversité physique et linguistique de son pays, mais il avait déjà de nouveaux yeux, ouverts par son oncle Bô à Tindican, et tout laisse à présager qu’il continuera d’avoir de nouveaux yeux pour profiter au maximum de tous les voyages qui s’offriront à lui. Malgré l’appréhension du départ, de la séparation, d’un début de rupture d’avec les traditions ancestrales, Laye s’embarque pour le grand voyage en France qui commence avec la carte du métro. Le directeur la déplie devant lui et Laye identifie la gare des Invalides, la gare Saint-Lazare et la manière d’arriver jusqu’à Argenteuil. C’est l’amorce d’un nouveau voyage culturel pour Laye, tandis que, pour nous lectrices et lecteurs, c’est l’aboutissement du voyage culturel en terre guinéenne dans laquelle Laye nous a admirablement embarqués et maintenus, en nous tenant en haleine tout au long du récit.

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VIII. LES EXERCICES SUPPLÉMENTAIRES

A. QUESTIONS POUR LA DISCUSSION DE L’ŒUVRE 1.

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À travers le récit de L’Enfant noir, le narrateur fait des réflexions ou donne des explications qui reflètent parfois ses pensées en tant qu’enfant ou en tant qu’adulte se repenchant sur le passé. Trouvez deux exemples précis de ces réflexions ou explications et analysez-les. Analysez les expériences qui contribuent au développement psychologique de Laye. Laye explique qu’il est officiellement un homme puisqu’il est initié. Mais il ajoute qu’il ne se considère pas encore comme un homme. Justifiez sa pensée. À votre avis, que faut-il pour être un homme ? Quelle est votre interprétation de cette phrase d’un critique littéraire : « En nous dévoilant son enfance, c’est l’absence que décrit Laye. » Justifiez votre réponse à l’aide d’exemples précis tirés du roman. Après avoir visionné le film de Laurent Chevallier, discutez des techniques de l’adaptation du livre à l’écran. À votre avis, est-ce que Chevallier a pu transmettre les points essentiels du livre ?

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Les rites de passage marquent généralement une expérience inoubliable. Comment ces rites contribuent-ils à former le caractère de Laye ? Comparez ces expériences à des rites de passage dans votre société. Comment l’oncle Mamadou a-t-il influencé l’avenir de Laye ? Y a-t-il quelqu’un qui vous a influencé dans un choix ou des choix de votre vie ? Expliquez comment. Êtes-vous d’accord ou non avec le proverbe africain qui proclame que « C’est tout un village qui élève l’enfant » ? Justifiez votre réponse. Laye se trouve devant un dilemme qu’il doit résoudre en faisant un choix. Examinez un choix que vous avez dû faire dans votre vie et les conséquences de ce choix. Comment l’épreuve de la circoncision change-telle la vie du narrateur ? Illustrez vos commentaires avec des exemples précis tirés du texte. À votre tour, examinez une expérience que vous avez faite et qui a changé votre vie. Camara Laye est fier de sa culture. Analysez quelques valeurs de cette culture et la manière dont elles lui ont été transmises. Êtes-vous fier de votre culture ? Expliquez pour quelles raisons. Le manque de technologie durant la première moitié du XXe siècle affecte la vie des gens. Expliquez dans quelle mesure cela s’applique à L’enfant noir. Quels sont les avantages et les inconvénients de la vie urbaine et de la vie rurale ? 172

16. Quel est le rôle de l’art dans la vie quotidienne des personnages dans L’enfant noir ? L’art a-t-il un impact dans votre vie de tous les jours ? Expliquez. 17. Examinez la place de l’amitié dans la vie de Laye et dans la vôtre. 18. Comparez les effets de l’école dans la vie de Laye et dans la vôtre. 19. La famille et la communauté sont des thèmes récurrents tout au long de L’enfant noir. Expliquez leur rôle dans la société de Camara Laye. Comment ces institutions ressemblent-elles ou diffèrent-elles des vôtres ? 20. Expliquez la réaction de la mère de Laye à l’annonce du départ imminent de son fils pour poursuivre des études en France. Pensez-vous que votre mère aurait réagi de la même façon si vous étiez dans la même situation ? Pourquoi ou pourquoi pas ? 21. Trouvez des exemples du merveilleux à travers L’enfant noir. 22. Examinez la distinction entre merveilleux et le merveilleux. 23. Expliquez comment le contenu de L’enfant noir prouve que le monde change.

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B. RÉPONSE AUX MESSAGES ÉLECTRONIQUES Lisez attentivement le message. Écrivez une réponse appropriée et répondez à toutes les questions et les requêtes. Demandez des détails. N’oubliez pas qu’il faut commencer avec une salutation et terminer avec une formule de politesse. 1. L’oncle Mamadou reçoit un message électronique du directeur de l’école de Conakry pour annoncer la maladie de Laye et y répond. Destinataire Expéditeur Objet

M. Camara Lamine Silla Maladie Cher M. Camara, Nous regrettons de vous annoncer que votre neveu, Camara Laye, ne se porte pas bien. Ses pieds sont enflés et il semble qu’il ait un ulcère. Je vous prie de me signaler si je dois appeler un médecin ou si vous souhaitez venir le chercher. J’attends votre réponse et vous prie d’accepter, cher monsieur, mes sincères salutations. Lamine Silla Directeur de l’école George-Poiret

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Lisez attentivement le message. Écrivez une réponse appropriée et répondez à toutes les questions et les requêtes. Demandez des détails. N’oubliez pas qu’il faut commencer avec une salutation et terminer avec une formule de politesse. 2. Laye reçoit une lettre d’acceptation du doyen de l’université d’Argenteuil et il écrit une réponse. Destinataire Expéditeur Objet

Camara Laye Alain Bonchamps Admission à l’université d’Argenteuil Cher étudiant potentiel, Félicitations. Nous sommes heureux de vous offrir une place comme boursier à l’université d’Argenteuil l’année prochaine. Le directeur de votre lycée à Conakry a été très élogieux à votre propos et ce sera un plaisir de vous accueillir. Aimeriez-vous habiter en résidence universitaire ou ailleurs ? Nous disposons de plusieurs options et souhaitons connaître vos préférences. Veuillez confirmer votre acceptation et votre choix de résidence au bout de deux mois au plus tard, car nous avons de nombreux étudiants sur notre liste d’attente. Nous vous prions d’accepter l’expression de nos sincères salutations. Alain Bonchamps, doyen

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Lisez attentivement le message. Écrivez une réponse appropriée et répondez à toutes les questions et les requêtes. Demandez des détails. N’oubliez pas qu’il faut commencer avec une salutation et terminer avec une formule de politesse. 3. Laye écrit à M. Dupont, un ami français de son oncle Mamadou, pour demander conseil. Écrivez une réponse à la lettre. Destinataire Expéditeur Objet

M. Dupont Camara Laye Adaptation à la vie française Cher M. Dupont, Mon oncle, Mamadou Camara, m’avait dit de vous écrire si j’avais des difficultés en France. Je pense qu’il vous avait envoyé une lettre avant mon arrivée à Argenteuil. Je me sens dépaysé ici et j’ai du mal à m’adapter à la vie française. Je vous écris pour vous demander conseil. D’après vous, comment pourrais-je mieux m’adapter sur le plan académique et sur le plan social ? Dans l’attente de votre réponse, je vous prie d’agréer, cher Monsieur, l’expression de mes sentiments les plus sincères. Camara Laye

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Lisez attentivement le message. Écrivez une réponse appropriée et répondez à toutes les questions et les requêtes. Demandez des détails. N’oubliez pas qu’il faut commencer avec une salutation et terminer avec une formule de politesse. 4. Laye reçoit ce message électronique de Mme Tabouret chez qui il va habiter en France. Écrivez une réponse à ce message. Destinataire Expéditrice Objet

Camara Laye Marie Tabouret Pension Cher M. Camara, C’est avec un grand plaisir que nous avons reçu une lettre de l’université d’Argenteuil nous informant que vous souhaitez vivre dans notre famille. Nous serons heureux de vous accueillir. Voici un petit portrait de notre famille. Nous avons trois enfants : Cloé a 6 ans et va à l’école. Pierre et Paul sont des jumeaux et ont 3 ans. Ils passent la journée à la maison avec moi. Est-ce que vous aimez les enfants ? M. Tabouret, mon époux, part très tôt le matin et revient assez tard le soir. Nous voudrions que vous sachiez que nous avons trois chats et nous espérons que vous n’êtes pas allergique aux chats. Nous espérons avoir de vos nouvelles sous peu. Nous serons heureux d’en savoir un peu plus sur vous et sur votre famille. Veuillez croire en l’expression de nos meilleurs sentiments. Marie Tabouret

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Lisez attentivement le message. Écrivez une réponse appropriée et répondez à toutes les questions et les requêtes. Demandez des détails. N’oubliez pas qu’il faut commencer avec une salutation et terminer avec une formule de politesse. 5. Laye écrit au directeur de son programme d’Argenteuil pour exprimer son désir de retourner en Guinée parce que son père est malade. Vous êtes le directeur. Écrivez une réponse à la lettre de Laye. Destinataire Expéditeur Objet

M. Bonchamps Camara Laye Permission Cher M. Bonchamps, Je vous écris pour vous informer de la triste nouvelle que je viens de recevoir de la Guinée. Mon père est gravement malade du poumon et il souhaite me revoir. Je voudrais que vous m’accordiez la permission de me rendre dans mon pays. Je vais devoir m’absenter pendant quelques semaines. À votre avis, est-ce que je dois demander à mes professeurs de me soumettre une liste de travail ou est-ce mieux d’essayer de me rattraper à mon retour en France ? De plus, je ne suis pas sûr de pouvoir revenir avant les examens de fin d’année. Que me conseillezvous si tel est le cas ? Je vous prie d’agréer, Monsieur le Directeur, mes sentiments les plus respectueux. Camara Laye

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Lisez attentivement le message. Écrivez une réponse appropriée et répondez à toutes les questions et les requêtes. Demandez des détails. N’oubliez pas qu’il faut commencer avec une salutation et terminer avec une formule de politesse. 6. Laye écrit à une compagnie de technologie de transformation pour s’enquérir du travail de l’or dans les ateliers modernes. Destinataire M. Garnier Expéditeur Camara Laye Objet Renseignements Cher M. Garnier, Je vous prie de bien vouloir me fournir des renseignements sur la modernisation des ateliers où l’on travaille l’or. Mon père a un atelier en Guinée et il ruine sa santé avec des méthodes qui donnent d’excellents résultats, mais qui sont anciennes et demandent beaucoup trop de temps. Je souhaiterais aider mon père à moderniser son atelier afin de fournir un travail plus rapide et moins épuisant. Dans l’attente de votre réponse, je vous prie d’agréer, cher Monsieur Garnier, l’expression de ma sincère gratitude. Camara Laye

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C. LETTRES À RÉDIGER 1. Laye retourne à Kouroussa pour les grandes vacances. Sa mère écrit aux deux tantes à Conakry pour se plaindre du fait que Laye n’est jamais à la maison et reçoit des jeunes filles dans sa case. Écrivez la réponse des deux tantes dans laquelle elles donnent des conseils à la mère. 2. Imaginez que vous êtes Laye et que vous écrivez à vos parents une lettre dans laquelle vous décrivez vos premières impressions de Paris et des Parisiens. 3. Vous êtes Laye et vous écrivez à votre ami Kouyaté pour décrire le milieu universitaire à Argenteuil. 4. Vous êtes Laye et vous êtes maintenant à Paris. Comparez votre nouvelle vie à celle de Conakry dans une lettre adressée à un correspondant belge. 5. Marie et Laye se séparent à Dakar. Deux semaines plus tard, Laye écrit une lettre à Marie dans laquelle il évoque les souvenirs du passé et raconte sa nouvelle vie. 6. À son arrivée à Paris, Laye écrit une lettre à Marie pour lui parler de projets d’avenir les concernant tous les deux. 7. Laye écrit une lettre à Fanta, son amie d’enfance, pour la remercier de sa gentillesse envers lui.

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D. CONSEILS POUR LA RÉDACTION D’UN ESSAI La fonction principale d’un essai littéraire est d’évaluer un ou plusieurs aspects d’une œuvre et de mieux comprendre cette œuvre dans sa totalité. La rédaction d’un essai permet aussi d’améliorer la compréhension d’un sujet et exige un système d’organisation. Il existe plusieurs méthodes pour la rédaction d’un essai, mais nous vous proposons le modèle qui suit. Pour commencer 1. Bien lire et bien examiner le sujet de l’essai. 2. Souligner les mots-clés du sujet. 3. Écrire les idées qui viennent à l’esprit. 4. Faire un plan qui comprend : – le sujet proposé ; – l’introduction ; – le corps du sujet ou développement de l’essai ; – la conclusion. Ce plan vous permettra de structurer vos idées et de noter ce que vous allez mettre dans chaque partie. L’introduction doit 1. Inclure une thèse pour indiquer de quoi l’essai traitera. 2. Répondre aux questions qui ? où ? quand ? pourquoi ? pour guider la lectrice et le lecteur. 3. Inclure et définir la thèse qui soutiendra votre position. 4. Mettre en évidence l’idée dominante que vous allez développer dans l’essai. 181

Le corps du sujet ou le développement doit 1. Contenir plusieurs paragraphes qui représentent une explication ou une discussion de chaque point et des sous-points de la thèse proposée. 2. Équilibrer les paragraphes et les harmoniser tout en incluant des mots ou des phrases de transition. 3. Considérer comment l’auteur fait ressortir ses idées et illustrez-les à l’aide d’exemples précis tirés de l’œuvre. La conclusion doit 1. Résumer le point de vue sans répéter exactement ce que vous avez écrit dans le corps du sujet. 2. Rattacher le sujet à une question plus vaste d’ordre littéraire, artistique, moral ou autre. 3. Se terminer par trois ou quatre phrases captivantes. La relecture doit 1. Servir à corriger les fautes d’orthographe et de grammaire. 2. Répondre aux questions suivantes : – L’idée principale ou la thèse de l’essai est-elle bien articulée ? – Y a-t-il des parties hors sujet à supprimer ou à corriger ? – Est-ce que l’ensemble de l’essai est cohérent et peut retenir l’attention ? – Y a-t-il des passages où l’organisation doit-être révisée ou changée ? – Y a-t-il des passages où les idées doivent être clarifiées ?

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– Les phrases coulent-elles en douceur de l’une à l’autre avec des mots de transition ? Dernier conseil pour bien écrire La meilleure façon de bien écrire c’est de lire le plus possible en dehors des cours et ceci, le plus souvent possible. C’est ainsi que vous pourrez développer votre imagination, acquérir du vocabulaire vous permettant d’écrire des phrases originales, de vous familiariser avec la structure de la langue et de composer des phrases grammaticalement correctes. Quelques expressions à considérer dans l’introduction – Un problème dont il est souvent question est celui de… – Nombreux sont ceux qui s’accordent pour dire que / pour penser que… – Nul ne peut nier le fait que… Quelques expressions pour commencer un développement – Il faut tout d’abord reconnaître / admettre que… – Il serait utile d’examiner… – La première constatation qui s’impose est que… – Prenons comme point de départ le… – Il serait intéressant de voir aussi si… – D’une part… – D’autre part… – Mais en fait, il serait plus juste de dire que…

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Pour organiser ou souligner un argument – À ce propos, – À cet égard, – À vrai dire, – Bref, – D’ailleurs, – De plus, – De toute façon, – De toute manière, – En ce qui a trait à… – En ce qui concerne… – En effet, – Ensuite, – Finalement, – Il est clair que… – Il est évident que… – Il faut aussi voir… – Par ailleurs, – Pour ce qui est de / de la / des… – Quant à… Pour conclure un essai – Autrement dit, – De toute façon, – En guise de conclusion, on peut affirmer que… – Il convient de dire en dernière analyse que… – Il semble donc que… – Pour ces raisons / donc / on peut voir que…

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Autres mots utiles exprimant Le contraste : cependant pourtant En complément : de plus Le résultat : aussi alors L’explication : parce que Le temps : quand aussitôt (que) pendant (que) Après une action : ensuite

par contre mais en outre donc par conséquent car lorsque tant que autrefois après (que)

quoique bien que aussi ainsi puisque dès (que) après (que) avant que enfin

E. SUJETS POUR LES ESSAIS 1.

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La nostalgie est un trait dominant de L’enfant noir. Montrez comment elle se manifeste dans le fond et dans la forme tout au long de l’ouvrage. Par quel moyen le narrateur parvient-il à présenter le merveilleux dans le monde qui l’entoure ? Utilisez des exemples précis. Souvent, dans la littérature, les personnages principaux se trouvent devant un dilemme et doivent arriver à un choix. Dans un essai bien organisé, examinez le dilemme de Laye, le choix qu’il fait et l’importance de ce choix. L’éducation est cruciale pour le développement personnel et professionnel d’un individu, mais elle peut aussi être une source de conflits. Dans la perspective de ces deux possibilités, traitez le thème de l’éducation dans L’enfant noir. Comparez la vie de Laye à Kouroussa et à Conakry.

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Quelles sont les personnes qui ont influencé Laye à Tindican et comment ? La vie à Kouroussa et à Tindican présente une société bien organisée où chacun a sa place. Commentez et illustrez ce fait à partir de deux personnages de votre choix. Expliquez pourquoi et comment la vie de Laye est au carrefour de la tradition et de la modernité. Selon Le Petit Robert, « La mère est une femme qui donne des soins maternels et qui fournit de l’assistance. Elle est la première source, la cause et l’origine. » À l’aide d’exemples précis, analysez le rôle de la mère de Laye dans L’enfant noir et montrez si son rôle correspond à cette définition ou non. « Chez nous, la coutume ressortit à une foncière indépendance, à une fierté innée ; on ne brime que celui qui veut bien se laisser brimer, et les femmes se laissent très peu brimer » (73). À partir d’exemples précis, montrez comment cette citation illustre ou non le caractère de la mère de Laye. Comment l’épreuve de la circoncision change-telle la vie du narrateur ? Illustrez vos commentaires avec des exemples précis tirés du texte. Un thème fréquent dans la littérature est celui de l’amitié. Examinez le rôle de l’amitié dans L’enfant noir. Un proverbe français affirme que : « Partir, c’est mourir un peu. » Analysez le thème du départ et de la séparation en vous basant sur ce proverbe.

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14. Le thème de l’ambivalence est souvent présent dans les textes littéraires. Choisissez deux personnages ou deux situations qui illustrent cette ambivalence dans L’enfant noir et analysez-les. 15. Laye se demande : « Est-ce que la vie était ainsi faite, qu’on ne pût rien entreprendre sans payer tribut aux larmes ? » (209). Analysez l’expérience douloureuse de Laye par rapport à cette citation. 16. L’aliénation est un thème fréquent dans la littérature. Examinez comment ce thème se manifeste dans L’enfant noir. 17. Examinez le symbole du serpent dans différentes cultures du monde : dans la Bible, chez les Égyptiens, les Fons de Dahomey, les vodouisants d’Haïti et de la Louisiane aux États Unis.

F. CONSEILS POUR LA PRÉSENTATION ORALE La présentation orale permet de livrer une thèse avec conviction devant un public. Pour réussir ce travail, il faut avoir une idée claire de ce que vous voulez dire. La préparation des points que vous allez soulever et la méthode que vous allez utiliser garantiront l’attention des auditeurs et le succès de votre exposé. Il faut surtout éviter de rédiger ou de mémoriser votre présentation. Parlez de façon naturelle. Rappelez-vous qu’on ne retient pas plus de trois éléments dans un exposé. Il vous faut préciser les idées-clés et vous concentrer sur ces idées. Vous aurez 10 à 15 minutes pour la présentation orale.

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La présentation orale doit 1. Susciter l’intérêt de l’auditoire à travers a. l’organisation des idées ; b. l’absence de contradiction ; c. la cohérence. 2. Expliquer, informer et convaincre. 3. Organiser la présentation qui comprendra : a. un titre intéressant et percutant qui accroche l’auditoire ; b. une introduction dans laquelle se trouve la thèse expliquant ce qu’on a l’intention de dire ; c. un développement du sujet à l’aide d’une illustration de chaque point cité ; d. une conclusion, qui pourrait être une répétition de l’idée principale formulée de façon différente. 4. Montrer qu’une présentation orale n’est pas une improvisation. Pour cela il faudra : a. préparer le plan en soulignant les grandes lignes ; b. utiliser un langage correct, dépourvu de jargon et de détails inutiles. 5. Avant la présentation il faudra : a. rester calme pour éviter le trac ou le stress ; b. contrôler votre langage corporel. 6. Lors de la présentation il faudra : a. garder le contact visuel ; b. Utiliser des supports visuels si possible ; c. parler – de façon intelligible en soignant votre diction ; – lentement et calmement ; – en montrant de l’enthousiasme pour le sujet ; d. respecter le temps accordé ; e. s’entraîner, si possible ; 188

f. se rappeler que plusieurs des conseils recommandés pour le travail écrit s’appliquent également à l’oral. Derniers conseils pour bien parler La meilleure façon de bien parler c’est d’écouter attentivement des discours prononcés par de grands orateurs qui ne sont pas forcément contemporains et ceci le plus souvent possible. C’est ainsi que vous pourrez développer votre diction, acquérir du vocabulaire, vous exprimer avec des phrases originales et vous familiariser avec la structure de la langue orale.

G. SUJETS POUR LES PRÉSENTATIONS ORALES 1.

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Préparez une présentation dans laquelle vous comparez l’expérience familiale de Laye avec la vôtre. Expliquez le rôle du serpent noir dans la vie du père ? À l’aide d’exemples précis, analysez le rôle de la mère de Laye et comparez-le au rôle de votre mère. Examinez le rôle de l’amitié dans la vie de Laye et dans la vôtre. Un proverbe africain dit que : « C’est tout un village qui élève un enfant. » Dans quelle mesure cela est-il vrai dans L’enfant noir et dans votre communauté ? Laye se trouve devant un dilemme qu’il doit résoudre. Examinez ce dilemme, le choix qu’il fait et l’ampleur de ce choix. Comparez-le à un choix 189

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que vous avez fait et discutez quelles en ont été les conséquences. Les pratiques traditionnelles sont fondamentales pour Laye même s’il lui arrive de les remettre en question. Partagez-vous son attitude vis-à-vis de votre propre culture ? Justifiez votre réponse. Analysez deux valeurs de la culture de Laye et la manière dont elles lui ont été transmises. Trouvez deux valeurs de votre culture et expliquez comment elles vous ont été transmises. Examinez le symbole du totem dans L’enfant noir et comparez-le à une représentation similaire dans une autre culture. Analysez le thème du départ et de la séparation dans L’enfant noir. Comparez ce thème à une expérience que vous avez vécue, un livre que vous avez lu ou un film que vous avez vu. Examinez et comparez la valeur de l’éducation dans la vie de Laye et dans la vôtre. Comparez l’expérience scolaire de Laye à Kouroussa avec la vôtre. Examinez le thème du voyage dans L’enfant noir et comparez ce thème avec un voyage que vous avez déjà entrepris ou que vous souhaitez effectuer. Comment le séjour à Conakry a-t-il changé la vie de Laye ? Racontez un évènement qui a changé votre vie. La vie de Laye se trouve à l’intersection de la tradition et de la modernité. Comment la tradition et la modernité se rencontrent-elles dans votre vie ? Quel est rôle ce de l’art dans L’enfant noir. Quelle est son importance dans votre vie ? 190

17. Par quel moyen Laye parvient-il à présenter le monde surnaturel qui l’entoure ? Est-ce que ce monde correspond au vôtre ? Choisissez des exemples précis. 18. Laye revient de Paris après ses études. Présentez les arguments qu’il donne à son père pour le convaincre de moderniser son atelier.

H. PROJET LITTÉRAIRE APPLIQUÉ Vous avez lu L’enfant noir de Camara Laye. Vous écrirez votre propre autobiographie en suivant le modèle de Laye avec des suites chronologiques liées les unes aux autres et qui mènent à un dénouement. Écrivez une autobiographie captivante et engageante. Dans votre autobiographie, vous devez inclure des thèmes auxquels Camara Laye fait allusion tels l’enfance, l’innocence, les joies, les peines, l’amitié, l’éducation. Dans votre narration, pensez à inclure la description des lieux, des personnages (portrait physique et moral) et des émotions. Le début de votre autobiographie doit indiquer un moment déclencheur, c’est-à-dire une action ou une situation qui a changé ou marqué votre vie. En développant votre récit, narrez l’impact de cette action, ses conséquences et les scènes qui conduisent au dénouement de l’histoire. Tout le monde a une histoire à raconter. L’histoire constitue le fond, et la forme, c’est-à-dire la manière dont on raconte un récit avec des figures de style, un vocabulaire approprié et varié, et une syntaxe correcte rendra votre travail esthétiquement plaisant. On ne peut pas dissocier le fond de la forme. A vrai dire, le fond doit 191

être captivant et riche en descriptions, certes, mais la forme fait la différence. C’est elle qui détient le secret de la réussite d’un texte. Il s’agit d’un travail créatif et littéraire. Donc, faites attention au langage et au choix des mots. Évitez d’écrire comme vous parlez, sauf dans les dialogues. 1. Donnez un titre à votre autobiographie. 2. Commencez votre autobiographie par un évènement qui vous a marqué en tant qu’enfant. 3. Parlez d’un membre ou de membres de votre famille qui vous a/ont influencé et dites pourquoi. 4. Votre récit doit être étoffé d’exemples, d’anecdotes, d’événements ayant marqué votre vie et qui reflètent des thèmes précités. 5. Pour ce qui est de la forme, votre récit devrait alterner les parties descriptives et les dialogues. Il devrait aussi contenir des procédés littéraires distincts. Veuillez consulter la liste des figures de style.

I. LES FIGURES DE STYLE Nous avons préparé une liste pour vous aider à adopter un style littéraire élégant afin de rendre votre autobiographie agréable à lire et retenir l’attention de la lectrice et du lecteur. Vous y trouverez des exemples pour une meilleure compréhension et une meilleure utilisation de ces figures de style. [Notez que dans les mots/ les sections qui suivent n.f. = nom féminin, nfpl. = nom féminin pluriel, n.m.= nom masculin, n.m.pl= nom masculin pluriel, v. = verbe ; adv. = adverbe, adj. = adjectif et expr. = expression] 192

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Accumulation, n.f. : des mots pour approfondir la pensée afin de l’enrichir ou l’agrandir. Exemple : « Devant eux, sur de petites tables carrées ou rondes, des verres contenaient des liquides rouges, jaunes, verts, bruns, de toutes les nuances ». (Guy de Maupassant) Allégorie, n.f. : une allégorie est la représentation concrète d’une idée abstraite grâce à une histoire, ou une image. Exemple : les chaînes sont une allégorie de l’esclavage ; dans les fables de Jean de La Fontaine, le lion est une allégorie du pouvoir. Antiphrase, n.f. : une idée exprimée par son contraire dans une intention ironique pour signifier le contraire de ce que l’on pense. Exemple : « Quel temps magnifique ! » pour dire qu’il pleut trop à mon goût ! Antithèse, n.f. : procédé stylistique qui sert à opposer, dans une même phrase, deux mots ou un groupe de mots de sens opposé pour mettre en relief une idée. Exemple : « Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie. » (Louise Labé) Comparaison, n.f. : figure de style qui consiste à exprimer la similitude en utilisant un terme de la comparaison (comme, tel, pareil). Exemple : « Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle… » (Charles Baudelaire) Dénouement, n.m. : le dénouement défait le nœud d’un récit. C’est la fin de l’intrigue où ayant surmonté l’obstacle, la crise ou l’épreuve, le personnage arrive au bout de son aventure. Dans le cas de L’enfant noir, le dénouement s’opère lorsque Laye est certain de partir pour la France. 193

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Euphémisme, n.m. : atténuation dans l’expression des faits ou des idées dont la réalité aurait quelque chose de brutal ou de déplaisant. Exemple : « Il s’est éteint, il est parti pour un monde meilleur » au lieu de « il est mort ». Énumération, n.f. : figure de style qui consiste à passer en revue toutes les manières, toutes les circonstances, toutes les parties. Exemple : « Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons, formaient une harmonie telle qu’il n’y en eut jamais en enfer. » (Voltaire) Humour, n.m. : manière de souligner le caractère comique, ridicule, absurde ou insolite de certains aspects de la réalité. Exemple : « Je me presse de rire de tout de peur d’être obligé d’en pleurer. » (Beaumarchais) Hyperbole, n.f. : figure de style qui consiste à exagérer pour impressionner. C’est une exagération de la pensée. Exemple : « Manger l’herbe d’autrui ! Quel crime abominable ! » (Jean de La Fontaine) Idylle, n.f. : petite aventure amoureuse, naïve et tendre. Exemple : « Il a mis pied à terre et sa main m’a touché. » (Paul Verlaine) Ironie, n.f. : manière de se moquer de quelqu’un ou de quelque chose. Exemple : « Quand on observe la nature, on y découvre les plaisanteries d’une ironie supérieure : elle a, par exemple, placé les crapauds près des fleurs. » (Honoré de Balzac) Leitmotiv, n.m. : idée qui revient de façon constante dans une œuvre littéraire. Dans L’enfant noir, le thème de l’école est un leitmotiv ; la 194

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réflexion sur l’avenir de Laye et de son pays est aussi un leitmotiv. Litote, n.f. : figure de style qui consiste à dire moins pour faire entendre plus. Exemple : « Va, je ne te hais point. » Chimène à Rodrigue pour signifier qu’elle l’aime toujours. (Corneille) Merveilleux, n.m. : ce qui étonne par son caractère inexplicable, magique, surnaturel. Exemple : Dans les contes africains, nous avons des animaux ou des objets qui parlent. C’est du merveilleux. Métaphore, n.f. : comparaison sous-entendue où l’on transfère la signification d’un terme ou d’une idée par un autre terme ou une autre idée qui signifie normalement autre chose sans utiliser les mots de comparaison (comme, tel, pareil). Exemple : Le soleil couchant, cet or du soir émerveillait les enfants ; « Un gros serpent de fumée noire. » (Guy de Maupassant) Oxymore, n.m. : figure de style qui consiste à juxtaposer des termes contradictoires. Exemple : « Cette obscure clarté qui tombe des étoiles. » (Pierre Corneille) Paradoxe, n.m. : opinion qui est à l’encontre de l’opinion communément admise. Exemple : « Estil exact que vous ayez dit et écrit ceci : ce qu’il y a de plus profond dans l’homme, c’est la peau ? » (Paul Valéry) Personnification, n.f. : attribue des caractéristiques humaines à des animaux, des choses ou des abstractions. Exemple : « Le Destin charmé suit tes jupons comme un chien. » (Charles Baudelaire) ;

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dans les contes africains et dans les fables, les animaux sont personnifiés. 20. Répétition, n.f. : le fait d’être dit, exprimé plusieurs fois pour donner à la phrase un certain rythme ou mettre de l’emphase. Exemple : « Apparaît un jazz orphelin qui sanglote, sanglote, sanglote. » (Léopold S. Senghor). Dans les contes africains la répétition sert aussi de moyen mnémotechnique. 21. Reprise, n.f. : une répétition amplifiée d’un mot, d’une phrase ou d’une idée. Exemple : « La mer… cette grande plaine… Oui peut-être cette plaine liquide me rappelait-elle une autre plaine… » Camara Laye. 22. Symbole, n.m. : signe figuratif, être animé ou chose, qui représente un concept, qui en est l’image, l’attribut, l’emblème : le drapeau est le symbole de la patrie ; Un symbole peut aussi être une personne qui incarne de façon exemplaire une idée, un sentiment. Exemple : Le père de Camara Laye est le symbole de la générosité.

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IX. VOCABULAIRE TIRÉ DU TEXTE

à fond, expr. : entièrement. à juste titre, expr. : avec raison. à notre accoutumée, expr. : selon nos habitudes. à peu près englouti, expr. : presque avalé. à portée de, expr. : assez près pour être touché. à son gré, expr. : à son goût. accabler, v. : écraser, opprimer. affûter, v. : rendre tranchant ; tailler. aguerrir, v. : habituer aux dangers. aigu, adj. : perçant (voix) ; vif (douleur). aiguiser, v. : rendre tranchant (objet) ; rendre plus vif (émotion, conflit). alentours, n.m.pl. : environs. alléguer, v. : prétexter ; citer une autorité sans preuve. amas, n.m. : tas. antinomie, n.f. : contradiction. assaillir, v. : attaquer. attiédi, adj. : à demi refroidi.

au préalable, adv. : tout d’abord. avenant, adj. : aimable. avoisinant, adj. : des environs. bel et bien, expr. : réellement. brimer, v. : tourmenter. bu, de boire, v. : absorbé. buée, n.f. : vapeur, brume. buter, v. : se heurter. casse-cou, adj. : /n.m. qui ne craint pas le danger. chaume, n.f. : paille longue utilisée pour couvrir les maisons. clairière, n.f. : endroit vide d’arbres dans une forêt. cogner, v. : frapper. concevoir /se concevoir, v. : comprendre / se comprendre. contestation, n.f. : désaccord. convenir, v. : se mettre d’accord. convoiter, v. : désirer. crânement, adv. : courageusement, fièrement. creux, adj. : dont l’intérieur est vide. croissance, n.f. : action de grandir. croître, v. : grandir, se multiplier. cru, adj. : direct, brutal. crûment, adv. : brutalement ; de façon directe. cuisson, n.f. : action, manière de préparer des aliments ou temps de la préparation. 198

d’emblée, adv. : immédiatement. de surcroît, adv. : de plus. déchaîné, adj. : (chose) violent, très agité ; (personne) sans aucune retenue. défaillance, n.f. : faiblesse. défrichement, n.m. : préparation de la terre pour la culture en enlevant les mauvaises herbes. dépisté, adj. : découvert. dépouiller, v. : dénuder. dérisoire, adj. : insignifiant. dévisager v. : regarder de haut en bas. dindonner, v. : tromper, duper. doigté, n.m. : habileté manuelle ou savoir-faire. dûment, adv. : comme il faut, selon l’ordre. éblouir, v. : projeter une lumière trop vive ; frapper par sa beauté. écarter, v. : éloigner. écorce, n.f. : enveloppe protectrice de l’arbre. élan, n.m. : impulsion. emboîter le pas, v. : marcher juste derrière encadrer, v :. entourer. enfoncer, v. : pénétrer profondément. enfreindre, v. : ne pas respecter (une règle, une loi), transgresser. énoncer, v. : exprimer. 199

entamer, v. : commencer. entassement. n.m. : accumulation. entendement, n.m. : compréhension. entonner, v. : commencer un chant. entraver, v. : mettre un obstacle. éperdu, adj. : qui éprouve très vivement un sentiment. épousseter, v. : enlever la poussière. épuisé, adj. : terminé, très fatigué. escalader, v. : monter avec effort. escarcelle, n.f. : portefeuille. esquisser, v. : commencer un geste, un mouvement sans le terminer ; tracer le plan d’une œuvre à grands traits, en donner un premier aperçu, décrire sans approfondir. esquiver, v. : éviter adroitement. étirer, v. : allonger. étourdiment, adv. : sans faire attention. étreindre, v. : serrer. éventé, adj. : révélé. exaction, n.f. : acte de violence. expéditif, adj. : rapide, prompt. feindre, v. : faire semblant. fougue foncière, expr. : passion profonde. fringale, n.f. : faim irrésistible. garni, adj. : couvert, rempli. gauchissement, n.m. : déformation. 200

glèbe, n.f. : sol, terre. gravier, n.m. : petits cailloux. grisé, adj. : enivré, exalté. guetter, v. : attendre avec impatience. haie, n.f. : alignement d’arbres et d’arbustes qui marque la limite entre deux propriétés ou deux champs. (On dit aussi haie vive) ; former une haie : se disposer en une rangée de personnes le long d’une voie, d’une rue ; faire une haie d’honneur à qq : se ranger en file pour rendre hommage à une personne importante. hardi, adj. : courageux. hauts faits, n.m.pl. : exploits. havre, n.m. : refuge. hormis, adv. : à l’exception de. impitoyable, adj. : sans pitié. inéluctable, adj. : inévitable. inlassable, adj. : infatigable. insensé, adj. : fou, ridicule. intarissable, adj. : inépuisable. intransigeant, adj :. dur ; qui n’admet pas de compromis. inviolabilité, n.f. : comme sacré ; protection spéciale donnée à certaines personnes. javelle, n.f. : grosse poignée de céréales. jeter son dévolu, v. : fixer son choix. ladrerie, n.f. : avarice sordide. languir, v. : attendre impatiemment. 201

lazzi, n.m. : parole moqueuse. le cas échéant, expr. : éventuellement ; si le cas se présente. lourdaud, adj. : maladroit. malaxer, v. : mélanger. maléfice, n.m. : pratique magique qui a pour but de nuire à quelqu’un. marteler, v. : battre à coups de marteau ; frapper plusieurs fois. mater, v. : réprimer. maudire, v. : vouer au malheur. méfait, n.m. : mauvaise action, mauvais résultat de quelque chose. menu, adj. : très petit. meuglement, n.m. : cri des bœufs. mirador, n.m. : tour d’observation. moelleux, adj. : doux et agréable. munificence, n.f. : générosité. mutisme, n.m. : attitude de celui qui garde le silence. narrer par le menu, expr. : raconter en détail. offusquer, v. : choquer. ordonnateur, n.m. : organisateur. pairs, n.m.pl. : égaux ; personnes de même situation sociale, de même titre ou de même fonction. palissage, n.m. : mur ou clôture fait de roseaux entrelacés. pétri, adj. : malaxé, travaillé. 202

planer, v. : peser d’une façon menaçante. plantureux, adj. : copieux, abondant. pour peu que, adv. : si peu que. prendre ses jambes à son cou, expr. : s’enfuir à toute vitesse. prodige, n.m. : miracle. prolongement, n.m. : suite. quasiment, adv. : presque. raccommoder, v. : réparer des vêtements ou des objets. ralliement, n.m. : rassemblement. ramper, v. : se placer à même le sol. randonnée, n.f. : promenade. rauque, adj. : rude, enroué. rebondi, adj. : de rebondir ; v. se rétablir. recru, adj. : épuisé de fatigue. redoutable, adj. : qui fait peur. remuer, v. : bouger, secouer, changer. renifler, v. aspirer par le nez avec bruit. répartir, v. : partager. repérer, v. : découvrir. retentir, v. : résonner. révolu, adj. : passé, vieilli. rôder, v. : traîner (avec une intention hostile). roseau, n.m. : tige sèche d’une plante aquatique.

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rugir, v. : pousser le cri du lion. s’abîmer, v. : se ruiner. s’abreuver, v. : boire. s’accroître, v. : devenir plus grand en nombre. s’acharner, v. : poursuivre avec hostilité ou lutter fort pour avoir quelque chose. s’attarder, v. : prendre son temps. s’ébruiter, v. : devenir public. s’en tenir à, expr. : ne pas aller au-delà. s’engouffrer, v. : disparaître rapidement dans une ouverture. se dévider, v. : se dérouler. se fier à, v. : avoir confiance en / dans ; faire confiance à. se hâter, v. : se dépêcher. se parer, v. : mettre des vêtements et des ornements élégants. se ruer, v. se précipiter. se tramer, v. préparer en secret. seuil, n.m. : entrée. sévir, v. : punir. sournois, adj. : dissimulé, hypocrite. soutirer, v. obtenir par ruse. supplanter, v. : écarter pour prendre la place de. sur-le-champ, expr. : immédiatement. surcroît, n.m. : supplément, complément. surgir, v. : apparaître brusquement. 204

surmené, adj. : fatigué à l’excès. surplomber, v. : être au-dessus de. talonner, v. : poursuivre de près. tambouille, n. f. : mauvaise cuisine. tamiser, v. : diminuer la lumière. tant bien que mal, expr. : avec difficulté. tant que, adv. : aussi longtemps que. tapage, n.m. : bruit accompagné de désordre. terrasser, v. : jeter par terre. thuriféraire, adj. : flatteur. tirailler, v. : tirer dans plusieurs directions à la fois. tranchant, adj : coupant. tressaillir, v. : avoir un brusque mouvement involontaire du corps, en particulier sous le coup d’une émotion. troquer, v. : échanger. truffer, v. : emplir. turlupiner, v. : tracasser ou tourmenter.

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X. GLOSSAIRE62

1. VOCABULAIRE AFRICAIN EN LANGUE MALINKÉ Bô, nom que l’on donne aux jumeaux. coba, « une danse réservée, comme celle du « soli », aux futurs circoncis, mais qui n’est dansée que la veille de la circoncision » (135). Cette danse est accompagnée d’un chant qui porte le même nom. coros, « ces sortes de minuscules pirogues qu’on bat avec un bout de bois. On les bat avec des baguettes pour accompagner la musique » (104). daman, caste de la mère de Camara Laye qui est fille de forgeron. diara, lion.

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Ce glossaire est largement adapté ou tiré du Dictionnaire Universel, 3e édition, Paris, Hachette/Edicef/ AUPELF/UREF, 1995. Contrairement aux dictionnaires classiques, le Dictionnaire Universel donne une place importante au vocabulaire africain de langue française. Le glossaire est composé de deux parties. La première comprend les mots malinkés que l’auteur incorpore dans son œuvre en donnant souvent des définitions de ces mots à l’intérieur du texte, et la deuxième partie comprend les mots français qui relèvent du vocabulaire africain.

douga, « chant qui n’est chanté que pour les hommes de renom, qui n’est dansé que par ces hommes » (34). fady fady, « danse de bravoure » (141). kondén, les aînés, parmi les circoncis. sayon, nom que l’on donne à l’enfant qui suit les jumeaux. sema, guérisseur. soli, « danse des futurs circoncis » (26).

2. VOCABULAIRE AFRICAIN EN LANGUE FRANÇAISE balafonnier, n.m. : joueur de balafon. Le balafon est un instrument à percussion que l’on trouve en Afrique de l’Ouest. On le compare souvent au xylophone. Il est fait avec des lames de bois fixées sur des calebasses servant de caisses de résonance. Ici, l’auteur a modifié l’orthographe du mot balafon (balafon) et a choisi d’utiliser le mot balafonnier au lieu de balafoniste qui est plus courant. beurre de karité, n.m. : matière grasse, à odeur forte, extraite de l’amande de la noix de karité. La noix de karité est le fruit du karité. Le karité est un arbre d’Afrique de l’Ouest, parfois appelé arbre à beurre. Le beurre de karité est comestible et est aussi utilisé pour la fabrication des cosmétiques. boubou, n.m. : vêtement ample qui ressemble à une tunique ou un caftan. Le boubou est souvent orné de magnifiques broderies. Il y a des boubous d’homme et des boubous de femmes.

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calebasse, n.f. : fruit de la gourde. Vide et séché, ce fruit sert de récipient appelé calebasse. canari, n.m. : récipient en terre cuite. Selon la taille et la forme du canari, on s’en sert pour faire la cuisine ou pour conserver ou transporter des liquides, de l’eau en particulier. case, n.f. : habitation traditionnelle, généralement ronde, faite avec de la terre battue et recouverte d’un toit de paille. cauri, n.m. : coquillage du groupe des porcelaines, originaire de l’océan Indien, qui a servi autrefois de monnaie en Afrique et qui est encore utilisé pour la divination et pour orner les masques, les coiffures et les parures. concession, n.f. : ensemble d’habitations sur un même terrain. Traditionnellement, les membres de la famille élargie vivent tous sur un grand terrain, chacun dans leur habitation. Quand Laye passe du statut d’enfant à celui d’adulte, il a sa propre case dans la concession de son père. cora, n.f. : instrument de musique d’Afrique de l’Ouest. La cora (ou kora) a entre 21 et 26 cordes. La cora malinké a 21 cordes. Camara Laye compare la cora à la harpe. Coran, n.m. : livre saint des musulmans. couscous, n.m. : mets composé de semoule de blé dur (en Afrique du Nord) ou de farine de mil (en Afrique de l’Ouest) cuite à la vapeur. Ce mets est préparé avec des légumes et de la viande. diseur de choses cachées, n.m. : un voyant. féticheur, n.m. : selon le dictionnaire, « individu qui possède des pouvoirs magiques dans les religions africaines ». Ce mot, venu du vocabulaire colonial, ne reflète pas une réalité 209

inconnue des cultures occidentales. Le « féticheur » est à la fois médecin et devin, psychiatre et psychologue et remplit parfois des fonctions religieuses. Il connaît les plantes médicinales ayant des pouvoirs bénéfiques ou maléfiques. La plupart des Africains préfèrent utiliser le mot de leur langue nationale, comme le fait parfois Camara Laye en employant « séma », mot malinké. fromager, n.m. : le fromager que l’on appelle aussi un « faux kapokier » est un grand arbre que l’on trouve en Afrique de l’Ouest. Le tronc du fromager est souvent utilisé pour construire des pirogues. goyavier, n.m. : arbre qui produit la goyave, fruit comestible dont la chair blanche ou rose est très parfumée. griot, n.m. : membre de la caste des poètes musiciens, dépositaires des traditions orales dans certaines ethnies d’Afrique de l’Ouest. gris-gris, n.m. : amulette, talisman et aussi porte-bonheur. guérisseur, n.m. : personne qui traite, sans avoir le titre de médecin, par des méthodes extra-médicales. incantation, n.f. : récitation de formules destinées à produire des sortilèges. kapok, n.m. : fibre végétale légère produite par le kapokier et souvent utilisée pour divers rembourrages. kapokier, n.m. : grand arbre, proche du fromager, que l’on trouve en Afrique de l’Ouest. marabout, n.m :. mystique musulman qui mène une vie contemplative et se livre à l’étude du Coran. Afrique : guérisseur musulman. 210

néré, n.m. : arbre d’Afrique tropicale à usage médicinal. noix de kola ou cola : graine du kolatier, riche en caféine que l’on mastique en Afrique pour ses vertus stimulantes et que l’on utilise comme teinture. La cola est aussi utilisée pour de nombreuses cérémonies sociales ou religieuses. Elle symbolise l’amitié et l’hospitalité. Camara Laye dit que les noix de kola sont la « menue monnaie de la civilité guinéenne » (36). palabre, n.m. ou f. (souvent pluriel, palabres) : assemblée coutumière où l’on discute des sujets concernant la communauté. Échange de paroles. peau de prière : cuir (généralement une peau de mouton) qui sert de tapis sur lequel les musulmans font leur prière. ramadan, n.m. : neuvième mois de l’année lunaire musulmane, pendant lequel le jeûne est prescrit du lever au coucher du soleil. Sayon : nom que l’on donne à un enfant qui suit les jumeaux. Tabaski, n.f. fête de l’Aïd-el-Kebir ou nouvel an de l’Islam, aussi appelée fête du mouton. C’est la commémoration du sacrifice d’Abraham et chaque famille sacrifie un mouton ce jour-là. tam-tam, n.m. : tambour africain utilisé comme instrument de musique et traditionnellement comme moyen de communication à distance. totem, n.m. : animal protecteur d’un groupe ethnique ou d’une famille et qui fait souvent l’objet d’un tabou. On n’a le droit ni de le tuer, ni de le manger.

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TABLE DES MATIÈRES

PRÉFACE .......................................................................................... 11 AVANT-PROPOS.............................................................................. 17 I. LE PROFIL DE L’AUTEUR .......................................................... 21 1. La vie et l’œuvre de Camara Laye ............................................. 21 2. La Guinée, pays de Camara Laye............................................... 25 a. Carte de la Guinée par rapport au continent africain.............. 25 b. Carte de la Guinée par rapport aux pays limitrophes ............. 25 3. La littérature africaine à l’époque de Camara Laye ................... 30 II. LE PROFIL DE L’ŒUVRE .......................................................... 37 III. LES RÉFÉRENCES STYLISTIQUES ........................................ 41 1. La composition de l’œuvre......................................................... 41 a. Le monde de l’enfance ........................................................... 45 b. Le domaine culturel ............................................................... 46 c. Laye avec ses parents ............................................................. 47 d. La nostalgie d’un passé qui change ....................................... 48 e. L’école française .................................................................... 49 f. Le départ et la séparation ........................................................ 50 2. Le style ....................................................................................... 50 a. La narration ............................................................................ 50 b. Les techniques stylistiques..................................................... 51 c. La richesse sémantique : métaphores et comparaisons .......... 52 d. La verve poétique .................................................................. 55 e. La complexité grammaticale .................................................. 57 f. Les particularités du langage .................................................. 60 g. L’importance des dialogues ................................................... 61 h. Les effets sensoriels ............................................................... 62 i. Les propos élogieux de Léopold Sédar Senghor..................... 63

IV. LE RÉSUMÉ DES CHAPITRES, PASSAGES ET TRAVAUX DIRIGÉS ............................................. 65 V. PHOTOS...................................................................................... 125 VI. LES PERSONNAGES ............................................................... 127 1. Le diagramme des personnages................................................ 127 2. La présentation des personnages .............................................. 128 3. L’interaction des personnages .................................................. 133 VII. LES THÈMES .......................................................................... 137 1. La famille et la communauté .................................................... 137 2. L’amitié .................................................................................... 145 3. Les croyances traditionnelles ................................................... 147 4. La colonisation et le choc des cultures ..................................... 151 5. L’école ..................................................................................... 155 6. Le travail .................................................................................. 159 7. La musique et la danse ............................................................. 161 8. Les formes de communication ................................................. 165 9. Le voyage ................................................................................. 167 VIII. LES EXERCICES SUPPLÉMENTAIRES ................................ 171 A. Questions pour la discussion de l’œuvre ................................. 171 B. Réponse aux messages électroniques ...................................... 174 C. Lettres à rédiger ....................................................................... 180 D. Conseils pour la rédaction d’un essai ...................................... 181 E. Sujets pour les essais ............................................................... 185 F. Conseils pour la présentation orale .......................................... 187 G. Sujets pour les présentations orales ......................................... 189 H. Projet littéraire appliqué .......................................................... 191 I. Les figures de style ................................................................... 192 IX. VOCABULAIRE TIRÉ DU TEXTE ......................................... 197 X. GLOSSAIRE ............................................................................... 207 1. Vocabulaire africain en langue malinké ................................... 207 2. Vocabulaire africain en langue française ................................. 208

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Critique et études littéraires aux éditions L’Harmattan Dernières parutions L’eau et la terre dans l’univers romanesque de Claude Simon L’obsession élémentaire

Kotowska Joanna

La fascination humaine pour les quatre éléments de la nature remonte aux temps des premières intuitions scientifiques. Claude Simon, un «alchimiste des mots» contemporain, nous propose un regard original sur deux puissances élémentaires qui structurent son univers romanesque : l’aquatique et le tellurique. Ce jeu incessant entre l’existence et le néant substantiel invite le lecteur à (re)découvrir le potentiel émotionnel émanant de l’eau et de la terre chez Claude Simon. (Coll. Espaces Littéraires, 25.50 euros, 256 p.) ISBN : 978-2-343-13075-0, ISBN EBOOK : 978-2-14-005253-8 Les écritures de la faim Éléments pour une ontologie de la faim

Lucereau Jérôme

Comment aborder les problématiques de la faim dans les littératures ? L’auteur cerne de façon synthétique les principales topiques de la faim, puis il différencie et définit les concepts de faim et d’affamé. Enfin il s’efforce d’élaborer un mythe de la faim en puisant les mythes fondateurs sans éviter les assises dogmatiques et religieuses (de la faim et du jeûne) et les problématiques pathologiques (anorexie/ boulimie), ni le rapport au Pouvoir. Une ontologie de la faim pourrait modifier considérablement le paradigme contemporain de la faim dans le monde. (Coll. Critiques Littéraires, 35.00 euros, 404 p.) ISBN : 978-2-343-13373-7, ISBN EBOOK : 978-2-14-005397-9 Études sur le théâtre d’A. Césaire, A. Camus et B. Zadi Zaourou

Soro Aboudou N’golo

Ce livre décrypte les théâtres d’Albert Camus, d’Aimé Césaire et de Bernard Zadi Zaourou en révélant les effets tragiques en relation avec les implications sociales. Le premier axe de recherche montre comment l’espace dramatique dans Une tempête d’Aimé Césaire traduit les tensions sociales qu’il y représente. Le second axe de réflexion porte sur le personnage dramatique chez Albert Camus et Bernard Zadi Zaourou. (Coll. Harmattan Côte-d’Ivoire, 16.50 euros, 154 p.) ISBN : 978-2-343-13230-3, ISBN EBOOK : 978-2-14-005269-9

Communications et analyse des relations interpersonnelles de la femme dans le roman africain francophone

Mfoumou Marie Zoé

Cet ouvrage prend appui sur une sélection d’une vingtaine de romans africains francophones écrits entre 1881 et 2003. De leur analyse émergent deux figures de la femme africaine : celle qui sait communiquer et qui entretient des relations harmonieuses avec son entourage - assimilée à une «bonne» femme - et celle rejetée, considérée comme une «mauvaise» femme et avec qui les relations sont antagoniques. Il passe également en revue les critères d’appréciation de la femme en Afrique, au fur et à mesure de la modernisation de ce continent. (Coll. Logiques sociales, 27.00 euros, 258 p.) ISBN : 978-2-343-13138-2, ISBN EBOOK : 978-2-14-005400-6 Les Palikares grecs et leurs avatars

Breuillot Martine, Debaisieux Renée-Paule, Terrades Marc

Ce sont ces figures grecques du palikare que présente cet ouvrage : d’abord le klephte (ce bandit des grands chemins), ayant pris les traits d’un vaillant guerrier, encensé par les écrivains, ensuite le personnage plein de bravoure, pour terminer sur la figure parodique du palikare-polisson, qui ne rappelle plus que de loin ses ancêtres glorieux. La gloire se transporte du côté des pitreries et du jeu, un jeu qui garde toutefois, en arrière-plan, la notion de défense de la patrie. (Coll. Études grecques, 14.00 euros, 120 p.) ISBN : 978-2-343-13544-1, ISBN EBOOK : 978-2-14-005344-3 Processus de la catégorisation en linguistique

Nishimura Takuya - Préface de Frank Alvarez-Pereyre

Les sept textes de cet ouvrage présentent quelques réflexions sur la question de la catégorisation linguistique. Il s’agit d’études sur l’état d’un élément qui n’a pas d’appartenance absolue à une catégorie donnée ; cette ambiguïté de relation entre un élément et sa catégorie se situe sur des processus de la catégorisation. Dans ce cadre, on analyse des faits représentatifs de plusieurs langues telles que le japonais, le turc, le vietnamien, le hongrois, l’aïnou, le pomo, etc., sans oublier le français. (Coll. Langue et parole - Recherches en Sc. du Langage, 23.50 euros, 232 p.) ISBN : 978-2-343-12943-3, ISBN EBOOK : 978-2-14-005343-6 Sociolinguistique urbaine, sociolinguistique d’intervention : apports et innovations Hommage scientifique à Thierry Bulot

Dirigé par Gudrun Ledegen

À la suite de la Journée d’hommage scientifique à Thierry Bulot, ses collègues et étudiants présentent ici différentes facettes de ses recherches en sociolinguistique urbaine et prioritaire, en éclairant les enjeux et apports de cette nouvelle école sociolinguistique, son inscription sur les terrains africain, algérien, vietnamien, guernesiais, marocain, ainsi qu’avec la méthodologie de la documentarisation. Tou.te.s viennent exemplifier cette approche fructueuse et toujours engagée. (Coll. Espaces discursifs, 20.00 euros, 188 p.) ISBN : 978-2-343-13485-7, ISBN EBOOK : 978-2-14-005309-2

L’Ésotérisme d’Edgar Poe

Joguin Odile

Tardivement reconnu par la critique de son pays qui l’a vilipendé au lendemain de sa mort, épris de Beauté et d’Unité, Poe s’est interrogé passionnément sur les mystères de l’univers et de l’au-delà. Lui, dont la visée artistique était «l’ordre métaphysique», s’est en particulier tourné vers le réservoir d’images et de symboles que lui ont offert les différents ésotérismes (franc-maçonnerie, arcanes du Tarot, alchimie, arithmosophie...). L’étude est consacrée à explorer cette piste encore peu empruntée. (32.00 euros, 322 p.) ISBN : 978-2-343-13385-0, ISBN EBOOK : 978-2-14-005137-1 Le Déchiffrement du monde La gnose poétique d’Ernst Jünger

D’Algange Luc-Olivier

L’œuvre d’Ernst Jünger ne se réduit pas à ses récits et journaux de guerre. C’est une méditation originale sur le Temps, les dieux, les songes et symboles. Elle mène de l’art de l’interprétation au rapport des hommes au végétal et à la pierre, elle est aussi une rébellion contre l’uniformisation, incarnée dans la liberté supérieure de l’Anarque envers tous les totalitarismes. Cet ouvrage qui met en regard la pensée de Jünger et celles de ses maîtres, de Novalis à Heidegger, entend rendre compte de son dessein poétique et gnostique. Il donne à voir le monde visible comme l’empreinte d’un sceau invisible. (Coll. Théôria, 18.00 euros, 166 p.) ISBN : 978-2-343-13346-1, ISBN EBOOK : 978-2-14-005021-3 Quel oiseau-mouche te pique ? L’éclosion d’une compagnie théâtrale atypique

Hervez-Luc - Préface de Laure Adler

Voici le récit de l’itinéraire atypique de Luc Vandewèghe dit Hervez-Luc. Histoire d’une vie qui aboutit à la création d’une compagnie théâtrale non moins singulière Quel oiseau-mouche te pique ? Dans un langage teinté de poésie, Hervez-Luc retrace les étapes de sa vie depuis son enfance jusqu’aux premiers pas professionnels de la compagnie théâtrale qui a pignon sur rue aujourd’hui à Roubaix et qui sillonne la France entière et de nombreux pays à l’étranger. (14.00 euros, 126 p.) ISBN : 978-2-343-13190-0, ISBN EBOOK : 978-2-14-004979-8 Les redondances prédicatives en français parlé

Depoux Philippe

Français parlé, redondance, prédication, télévision : quels liens unissent ces termes qui semblent avoir bien peu de propriétés en commun ? En mettant en relation milieux sociaux, époques d’enregistrement et types de reformulation, cet ouvrage tente d’expliquer l’usage préférentiel de tel ou tel type de redondance par telle ou telle catégorie de locuteurs. (Coll. Langue et parole - Recherches en Sciences du Langage, 30.00 euros, 292 p.) ISBN : 978-2-343-13301-0, ISBN EBOOK : 978-2-14-005188-3

André Malraux ou Les Métamorphoses de Saturne

Lantonnet Évelyne - Préface de Brian Thompson

Peu d’études critiques ont accordé une place au mythe dans la pensée de Malraux. Autodidacte, ce dernier est allé au-devant de la culture ; il n’a pas été formé par l’institution. D’Antigone à Prométhée, quelques figures fascinent Malraux. Cependant, Saturne est la seule instance mythique, qui domine tout un livre. Saturne : un mythe personnel ? Il interpelle d’abord Malraux en tant que penseur. Celui-ci voit en ce monstre dévorateur une parabole de la condition humaine. Mais Saturne l’interroge aussi en tant qu’esthéticien. Il semblerait que Malraux ait inventé les métamorphoses de Saturne. (Coll. Espaces Littéraires, 30.00 euros, 290 p.) ISBN : 978-2-343-13112-2, ISBN EBOOK : 978-2-14-005078-7 Initiation à la linguistique diachronique de la langue française

Diedhiou Fidèle

Cet ouvrage poursuit un double objectif, à la fois théorique et pratique. Il présente pour chaque chapitre une définition des notions essentielles, avec éventuellement des remarques complémentaires. Sur le plan pratique, il fournit pour chaque cas étudié une fiche retraçant l’histoire phonétique de mots-types du latin au français moderne. Il comprend 15 chapitres permettant de replacer chaque phénomène dans le cadre de son évolution complète, accompagnés de nombreux exercices d’application. (Harmattan Sénégal, 21.50 euros, 219 p.) ISBN : 978-2-343-12898-6, ISBN EBOOK : 978-2-14-005084-8 Paroles, paroles ! Pour quoi parlons-nous ? Essai

Bourse Michel

Qu’est-ce qui est mis en œuvre dans l’acte de parler ? Dans la parole adressée à autrui se joue en fait une relation spécifique, au travers de laquelle tout individu se structure. Celle-ci devient alors l’instrument essentiel d’une intersubjectivité possible, c’est-à-dire d’une relation créatrice qui nous constitue comme sujet dans notre relation à l’autre. Parler aurait donc une fonction véritablement politique : s’y joue en définitive le rapport de chacun d’entre nous au monde. (Coll. Langue et parole - Recherches en Sciences du Langage, 27.00 euros, 262 p.) ISBN : 978-2-343-13219-8, ISBN EBOOK : 978-2-14-004955-2

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Autour de L’enfant noir de Camara Laye a été conçu pour accompagner la lecture de ce chef-d’œuvre de la littérature africaine. Écrit à quatre mains, il peut servir d’outil pour l’analyse et la réflexion dans des cours de français, pour les niveaux secondaires et universitaires, et pour tous ceux qui aiment la littérature en général ou qui veulent s’initier à la littérature africaine. Cet ouvrage met l’accent sur la langue, la culture et l’analyse littéraire. Il contient divers travaux dirigés pour améliorer et enrichir l’expression écrite, y compris une création littéraire consistant à écrire une autobiographie. L’expression orale, quant à elle, permettra l’organisation des idées et le développement du sens critique. De plus, des questions d’analyse stimulent la compréhension lexicale, syntaxique, stylistique et culturelle, et encouragent une lecture active et attentive de l’autobiographie de Camara Laye. Née en Haïti, Elsie AUGUSTAVE est diplômée en études de littérature et en langues étrangères des universités de Middlebury College dans le Vermont et Howard University à Washington DC. Boursière de la prestigieuse institution Fulbright, elle a travaillé en tant que chorégraphe du Théâtre national du Zaïre (aujourd’ hui RDC), ainsi que professeure de danse à l’Institut national des arts de Kinshasa. Après une longue carrière de professeure de français et d’espagnol aux États-Unis, elle se consacre désormais à l’ écriture suite au succès de son roman The Roving Tree. D’origine béninoise, Irène ASSIBA D’ALMEIDA est professeure émérite de lettres africaines et d’ études féminines à l’université d’Arizona. Elle est l’auteure, entre autres publications, du premier ouvrage de critique littéraire, en anglais, analysant les œuvres des écrivaines de l’Afrique francophone : Francophone African Women Writers: Destroying the Emptiness of Silence [Écrivaines africaines tuant le vide du silence. Irène Assiba d’Almeida est aussi traductrice et poète.

Photographie de couverture de Koffi Yves Parfait. ISBN : 978-2-343-14745-1

18 €

Elsie AUGUSTAVE et Irène ASSIBA D’ALMEIDA

Un monde à découvrir

Elsie AUGUSTAVE et Irène ASSIBA D’ALMEIDA

Autour de L’enfant noir de Camara Laye Un monde à découvrir

Autour de L’enfant noir de Camara Laye

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