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French Pages 174 [176] Year 1986
ΙϋΜΜΜΜΣΑ
S
LEXICOGRAPHICA Series Maior Supplementary Volumes to the International Annual for Lexicography Suppléments à la Revue Internationale de Lexicographie Supplementbände zum Internationalen Jahrbuch für Lexikographie
Edited by Sture Allén, Pierre Corbin, Reinhard R. K. Hartmann, Franz Josef Hausmann, Hans-Peder Kromann, Oskar Reichmann, Ladislav Zgusta
13
Published in cooperation with the Dictionary Society of North America (DSNA) and the European Association for Lexicography (EURALEX).
Jean-Claude Boulanger
Aspects de l'interdiction dans la lexicographie française contemporaine With an English summary
Max Niemeyer Verlag Tübingen 1986
Conformément à l'usage général pour les ouvrages de référence nous
avons
renoncé
à
toute
mention des brevets,
marques de fabrique et des raisons sociales.
des modèles
scientifiques, déposés,
L'absence d'une telle
des
indica-
tion ne signifie donc pas que le produit ou le terme mentionné ne soit p a s protégé.
C I P - K u r z t i t e l a u f n a h m e d e r D e u t s c h e n Bibliothek Boulanger, Jcan-CAaudc: A s p e c t s d e l ' i n t e r d i c t i o n d a n s la l e x i c o g r a p h i e f r a n ç a i s e c o n t e m p o r a i n e / J e a n - C l a u d e B o u l a n g e r - T u b i n g e n N i e m e y e r , 1986 ( L e x i c o g r a p h i c a S e n e s m a i o r , 13) NE· L e x i c o g r a p h i c a / S e r i e s m a i o r ISBN 3-484-30913-x
ISSN 0175-9264
© M a x N i e m e y e r Verlag T ü b i n g e n 1986 Alle R e c h t e v o r b e h a l t e n O h n e G e n e h m i g u n g d e s Verlages ist e s n i c h t g e s t a t t e t , d i e s e s Buch o d e r Teile d a r a u s p h o t o m e c h a n i s c h z u v e r v i e l f ä l t i g e n P r i n t e d in G e r m a n y D r u c k W e i h e r t - D r u c k G m b H , D a r m s t a d t
TABLE M S MATIERES
Page
Avant-propos
vi,i
Abréviations
3
1.
Les dictionnaires et la société
5
2.
Une approche de la situation d'interdiction lexicographique
8
3.
Vers une définition de 11 interdiction lexicographique
13
4.
Quelques causes de l'interdiction lexicographique
18
5.
Les principales interdictions : des choses aux mots
27
6.
5.1
L'interdiction culturelle
28
5.2
L'interdiction sexuelle
30
5.3
L'interdiction sociale
34
5.4
L'interdiction politique
38
5.5
L'interdiction religieuse
41
5.6
L'interdiction artistique
42
5.7
L'interdiction littéraire
43
5.8
L'interdiction onomastique
47
Typologie linguistique des interdictions lexicographiques
56
6.1
Les néologismes
57
6.2
Les terminologismes
63
6.3
Les régionalismes
65
6.4
Les enprunts
78
6.5
Les vulgarismes et les argotismes
81
vi
7.
6.6
Les dérivés cnomastiques (gentilés, anthroponymismes, toponymismes)
86
6.7
Les autres interdictions
92
Les mythes lexicographiques
95
7.1
Le nythe de la permanence
95
7.2
Le mythe de l'unicité
98
7.3
Le mythe de la durabilité
99
7.4
Le mythe de l'objectivité
100
7.5
Le mythe de la norme
100
8.
Peut-être une conclusion?
102
9.
Vers une nouvelle lexicographie
111
Résuma en anglais [Aspects of the Bannirq of Taboo Words in Contemporary French Dictionaries, Summary] Bibliographie
115 125
1.
Lexicographie
125
2.
Linguistique
129
Index des notions
131
Index des mots, des affixes et des noms propres
145
Index des dictionnaires
164
Liste des tableaux
166
AVANT-PROPOS
Le livre qu'on va lire est une photographie de l'un des aspects cachés et intrigants de la lexicographie française générale du début des années 80.
A partir d'un œrpus d'ouvrages lexicographiques représentatifs de la
langue française jusqu'en 1982, il détecte des failles dans le traitement micro- et macrostructura 1 de certains mots ou groupes de mots que l'on classe communément sous l'étiquette de tabou ou d'interdiction lexicograpihique.
L'univers dietionnairique est saisi à un moment décisif du renou-
veau lexicograpihique en cours depuis 1975.
Déjà, en cette fin de 1984, des
modifications, des perfectionnements ou des ouvertures encore inenvisagés il y a peu, sont perceptibles dans ce que deux linguistes français, Pierre et Danielle Cbrbin, appellent "le monde étrange des dictionnaires".
Etrange
univers en effet, qui oonsigne une bonne part du savoir humain véhiculé par le langage.
Le monde et les dictionnaires évoluent l'un et l'autre à des vitesses variables, qui placent toujours les dictionnaires à la remorque de l'actualité et des événements du monde, au lieu d'en faire des témoins instantanés. Bien entendu, le dictionnaire est un témoin de la civilisation; nais avant tout, il rend conpte de la civilisation dans l'histoire.
Le temps s'inpose
donc comme une donnée fondamentale pour qui étudie les rapports entre le contenu des dictionnaires et les réalités sociales qu'ils évoquent.
Le
facteur temporel est prépondérant et il influence grandement les résultats des recherches de ceux qui ignorent cette contrainte au moment de leurs analyses.
Cette variable est d'autant plus fragile, qu'à une époque
récente, les dictionnaires ent commencé à se multiplier pour atteindre un rythme et un volume de publication sans cesse provignant. Une part considérable des productions lexicographiques actuelles est ainsi reléguée hors de portée du lecteur le plus avide ou du chercheur le plus consciencieux.
viii Il a (tone paru opportun de rappeler que la rédaction de ce livre était terminée au printemps de 1982.
La matière lexicale qui a constitué
l'échantillon de recherche avait alors un caractère d'actualité lexicographique marqué.
Depuis, l'effervescence dictionnairique s'est encore accrue
et de nouveaux dictionnaires ou de nouvelles éditions de dictionnaires plus anciens sont venus s'ajouter au stock d'ouvrages déjà disponibles sur le marché.
Certains ont pu apporter quelques correctifs plus ou moins impor-
tants dans l'organisation micro- et macrostructurale des articles.
Sauf
exception notable et signalée en temps et lieu dans le corps du livre, ces changements sont insuffisants pour infirmer les résultats de nés constatations.
D'ailleurs, les lacunes ou les carences identifiées et discutées
dans ces pages l'ont été précisément pour que les lexicographes y remédient au plus tôt. Néanmoins, afin d'éviter des interprétations erronées du paramètre temps en lexicographie, il est essentiel pour le lecteur de resituer mes conclusions dans leur contexte général de 1982.
C'est la seule nanière
d'en saisir toute la portée.
Je laisse aussi au lecteur profane ou aguerri le soin de contrôler luimême les véritables améliorations dans les dictionnaires.
Certains indices
démontrent clairement que la lexicographie française contemporaine s'est engagée sur la voie de la désinterdiction totale ou partielle. constitue un énorme progrès.
Et cela
Les lexicographes savent fort bien qu'ils
doivent répondre aux exigences du monde moderne.
Ils poursuivent le temps
et tentent de réduire de plus en plus l'écart entre la réalité et le dictionnaire.
L'outillage
lexicographique
d'aujourd'hui
permet
tous les
espoirs, à l'heure où le dictionnaire terminalisé s'apprête à envahir les foyers.
Partout dans la francophonie, en espère que la lexicographie réus-
sira soi virage électronique et donnera accès au savoir total, y compris sa face interdite.
Cette nosaîque de réflexions sur les interdictions lexicographiques n'aurait pu voir le jour sans la compétence, l'aide inestimable et surtout l'amitié de Jean-Yves Dugas, pour qui les nots les plus étranges sent sans doute les plus vivants, puisqu'ils recèlent les grands secrets de la véritable raisen d'être de l'humanité.
ix Je dois un grand merci à madame Lynda Vézina et, plus particulièrement, à madame Angela Koulomzine qui ont "traité" ce texte avec une habileté et une technique remarquables.
Québec, le 20 septembre 1984
Jean-Claude Boulanger
[...] des dizaines, des centaines de nets que l'on entend tous les jours, et qu'on chercherait en vain dans tous les Robert réunis (Michel Cournot, Le Nouvel observateur, n° 517, 1974: 81).
ABREVIATIONS
abrév.
abréviation
adj.
adjectif
jap.
japonais
adv.
adverbe
lat.
latin
afr.
français d'Afrique
m.
nasculin
à10
injur.
injurieux
algérien
maj.
majuscule
ail.
allemand
n.
nom; note
amér.
américain anglais
néol. n o(s)
néologie; néologisme
angl. ar.
arabe
P·
page(s)
arg.
argot
péj./péjor.
péjoratif
art.
article
pl.
pluriel
auj.
aujourd'hui
pol.
polonais
cf.
confer ( carparez )
pop.
populaire
chin.
chinois
prép.
préposition
numéro(s)
class.
classique
pron.
pronom
coll.
collection
quai.
qualificatif
deb.
début
québ.
français québécois
dénigr.
par dénigrement
région.
régional
dér.
dérivé
s.
siècle
esp.
espagnol
sanscr.
sanscrit
etc.
et cetera
sib.
sibérien
ethnol.
ethnologie
s.p.
sans pagination
ex.
exemple(s)
t.
tome
fam.
familier
triv.
trivial
fig.
figuré
v.
verbe; vers
hongr.
hongrois
V.
voir
ind.
indéfini
vol.
volume(s)
vulg.
vulgaire
1.
LES DICTIONNAIRES BT ΙΑ SOCIETE
DICTIONNAIRE. - Fh dire : N'est fait que pour les ignorants (Gustave Flaubert, Bouvard et Pèeuohet). Insérés depuis plusieurs siècles dans la société dont ils sent un miroir réfléchissant, les dictionnaires sont oonsidérés coirne "des produits et des outils 'naturels', sans origine et seins opacité, ou comme des mirages. [... ] en y puise, en les oonsulte, comme des horaires ou des oracles : ce qu'on pense y trouver n'est pas un discours, irais des conditions préalables de tout discours, et du plus beau" (Rey 1977:11).
ffelheur au dictionnaire
qui ne répand pas aux attentes de l'utilisateur qui le consulte.
S'il n'est
qu'une aorte de mirage séduisant, il est voué par avance à la condamnation, tel un miroir brisé.
Dans la société d'aujourd'hui et pour la plupart des
usagers non professionnels des dictionnaires, ceux-ci sont devenus des bibles,
et même, à bien y
penser,
la Bible, c'est-à-dire
le grand
livre unique, irremplaçable, magnifié, soumis aux dieux de la norme lexicale, de la norme grammaticale et de la norme sociale.
Livre précieux,
gardien de la langue et du bon usage, le dictionnaire, puisque le plus souvent il s'agit d'un seul, est rassurant, sécurisant.
Il repose sur une
quasi-déification de ses auteurs, parce que habituellement ceux-ci sait des personnages inconnus et anonymes pour le grand public.
Qui se souvient de
Pierre Larousse, pédagogue avant d'être lexicographe?
Seuls les "langa-
giers"
(linguistes,
traducteurs,
terminologues) prêtent attention à de
telles anecdotes.
Les lexicographes ne fait d'ailleurs pas grand chose pour détremper les publics qu'ils se sont donnés au fil des années.
Pour le vérifier, il n'y
a qu'à se reporter aux préfaces de quelques-uns parmi les dictionnaires les plus célèbres pour s'apercevoir que chacun est le meilleur, le plus moderne, qu'il est plus à jour et plus contemporain que celui du concurrent le plus immédiat et le plus loyal, qu'il consigne tous les mots courants de la
6 langue française, qu'il n'est pas censuré, qu'il est constamment mis à jour et enrichi, et ainsi de suite de la litanie publicitaire inachevée. Tbut cela circonscrit les répertoires lexicographiques à des microcosmes artificiels et crée des illusions entretenues de bienséance, de courtoisie, de concurrence saine et de reflet juste des réalités de l'univers. Or, qu'en est-il en réalité de ces attitudes considérées comme tout à fait normales?
Elles sont illusoires certes, et qui plus est, totalement
déconstruites par la science lexicographique elle-même et surtout par le nanibre de dictionnaires de qualités diverses qui envahissent sans cesse le marché.
Le nonde des dictionnaires est aussi un univers de batailles non
seulement linguistiques mais économiques.
Ces mises en garde faites, il est maintenant juste d'admettre enfin et d'enseigner que le dictionnaire est non seulement un produit intellectuel mais aussi un produit commercial soumis à des critères de nécessités linguistiques et extralinguistiques, ces derniers prenant parfois le pas sur les premiers. Nonobstant les remarques précédentes, il n'en reste pas moins que "les dictionnaires sent des objets manufacturés dont la production, importante dans les sociétés développées, répond à des exigences d'information et de commercialisation" (J. et C. Dubois 1971:7).
Il faut donc les
replacer parmi les biens de consommation courants et concurrentiels de la société actuelle. D'un point de vue interne et en répondant à des exigences d'information et de communication, les ouvrages lexicographiques tentent de faire 1'inventaire de la civilisation française à travers le vocabulaire.
Ils se veulent
donc un texte par lequel se fera la description de la culture.
Cette des-
cription non innocente s'appuiera sur des contraintes dont l'une des plus importantes se réfère à un modèle ou une norme culturelle qui sera aeriforme à l'idéologie de la classe sociale dominante.
C'est à partir de cette idéo-
logie que vent s'élaborer les jugements de valeur avoués ou inavoués du dictionnaire.
Le modèle socioculturel une fois défini composera une vision
du monde qui ne saurait cependant être que parcellaire, puisqu'elle variera suivant les lexicographes et les publics. le Lexis
qui
n'est
pas
le Logos qui
Le Petit Robert n'est pas n'est
pas
le Oiationnaire
Haahette de la langue française. Mais dans l'ensemble, les dictionnaires restent le véhicule et le reflet des opinions les plus communément admises.
7 C'est
ici qu'est détruit
le nythe de l'opacité et celui de l'origine
presque divine du dictionnaire, nythes que signalait Alain Rey il y a un mcxnent.
A première vue, le dictionnaire véhicule un lêtngage clair, aisément
décodable.
Chacun propose une idéologie de fonctionnement qu'il essaie de
tenir de bout en bout.
De par les multiples choix qu'il a à faire, il est
donc un élément subjectif dépendant d'un ensemble de facteurs assez variés conine le choix d'une norme culturelle, les pressions sociales d'une classe dominante à un moment donné ou à un autre, le lieu de sen élaboration, etc. Cette subjectivité lui fera occulter ou interpréter volontà i rement ou non un certain nombre de concepts et de mots pourtant quotidiennement transmis dans les communications interindividuelles.
Il suffit de penser par exemple à
certains groupes de mots taûsous, à certaines activités cachées (la thanatologie, le oonmerce de la mort, la guerre), à certaines images des encyclopédies
(naguère
d'autres encore.
souvent
asexuées
ou
tronquées),
aux
mots
nouveaux
et
Du fait qu'il est un produit commercial, qui se manie, qui
se vend, qui se aonsomme, qui circule en somme, le dictionnaire, aussi un produit
intellectuel oomme on vient de l'évoquer, sera amené à censurer.
Ces censures dirigistes que le public impose, que les institutions forcent et que les lexicographes font, ne sont pas toujours volontaires, naïves ou innocentes,
tant s'en faut d'ailleurs.
Elles n'en existent pas moins à
l'heure où la plupart des médias de communication paraissent plus libres de s'exprimer. la
liberté
Sous couvert d'éviter des faux pas à la société, de préserver d'une communauté linguistique,
les dictionnaires prennent
risque de niveler, d'immobiliser ou d'ostraciser le lexique. verrouille
toute
issue, d'une façon souvent
le
"L'ostracisme
invisible et sournoise, mais
toujours redoutable et efficace" (Boudot 1973:473).
Le black-out lexicographique a d'autres causes nultiples. rons d'y faire un peu de lumière. lisationnel
qui
doit
dire
le
Nous essaie-
C'est en tant qu'objet culturel et civivrai
qu'on
dictionnaire dans les propos qui suivent.
voudra
bien
aonsidérer
le
2.
UNE APPROCHE DE IA SITUATION D'INTERDICTION LEXIOOGRAPHIQUE
[...] l'interdit n'est jeûnais qu'une digue, un réservoir d'énergies (Pierre Klossowski, Le eouffleuv ou le théâtre de eoaiété, XII).
Le dictionnaire est le produit d'une recherche savante, sérieuse et rigoureuse qui s'est affinée au fil des années tant au plan lexicographique lui-même, acuirne par exemple avec les méthodes du dégroupement ou du regroupement
(Lexie, DFC^-), qu'au
plan
technologique,
comme
par
exem-
ple avec l'introduction de l'informatique pour le traitement des données lexicales dent l'énorme quantité devient de plus en plus difficilement maniable.
L'aboutissement de plusieurs siècles de recherche a permis d'éta1
blir et d organiser des bases et des principes logiques et permanents pour l'élaboration des dictionnaires.
Il en va ainsi de la macrostructure dispo-
sée selon l'ordre alphabétique oontinu ou discontinu et du rangement, presque invariable d'un dictionnaire à l'autre, des informations du discours lexicographique sous la forme d'une dizaine de rubriques (prononciation, catégorisation lexicale et grammaticale, datation, sens, etc.) dont l'ordre de présentation
est constant et itératif.
C'est ce que l'on appelle
l'article ou encore la microstructure du dictionnaire.
Rares sont les
répertoires de la langue générale qui rampent avec cette tradition (voir le DHLP qui reporte à la fin des articles la rubrique étymologique et qui supprime les datations).
L'organisation même du dictionnaire est donc défi-
nie préalablement par des critères historiques extralinguistiques qui constituent en quelque 9orte le modèle, ou le moule, si l'on préfère, sur lequel le lexicographe prendra appui.
1
Voir la bibliographie à la fin de l'ouvrage pour les dictionnaires cités en abrégé. A moins d'indication contraire, les sigles des dictionnaires renvoient à la dernière édition des répertoires utilisés, la date limite étant 1982.
9 1
Cette quasi-rigidité de la structure du dictionnaire n enpeche pas les anomalies au niveau de la nacrostructure et de la microstructure. premières anomalies nous retiendrons davantage que les secondes.
Les
Le dic-
tionnaire décrit à la fois une part de données lexicales jamais réellement utilisées en performance et il lui manque des données essentielles effectivement réalisées à un très haut degré de performance et par un très grand notitore de gens.
Par exemple,
il semble logique de croire que mec
{PR), absent du DUI, est plus tion
inter individuelle
fréquent et utile à la communica-
que
jojoba
(DUI),
absent
du
PR.
Sur une plus grande échelle et d'un point de vue plus historique, il faut songer à Iittré qui décrivait dans son dictionnaire surtout le lexique du 17e siècle et une faible partie de celui du 18e et du 19e siècles.
De
par son programme de travail, Littrê écartait ou occultait donc une grande part de l'usage langagier de la seconde moitié et de la fin du 19e siècle. Heureusement, il s'est un peu rattrapé dans son Supplément. Des données mortes encombraient les volumes précédents prenant la place due au lexique vivant.
Ce choix idéologique de Littré se retrouvera sous diffé-
rentes formes chez les lexicographes contemporains.
Ce souci du passé con-
tinue de préoccuper les fabricants de dictionnaires, entre autres, ceux du GLLF et ceux du TLF. ralité et
(voir
Ce qui n'empêche nullement une certaine libé-
bander
dans
le
GLLF,
le
Lexia,
le
TLF
le GRS, attesté chez Baudelaire, Léautaud, Nimier; aussi ban-
deuT
dans
Goncourt;
eon
le
Leaier
eoîter
attesté
relevé diez Michelet).
chez
Comme en
Flaubert le voit,
et
les
le modèle
idéal plus ou moins innocent est transgressable à des niveaux divers.
Les critères idéologiques entrent cependant en ligne de oonpte dès que le lexicographe planifie son dictionnaire et en entreprend l'élaboration. Il peut difficilement en être autrement puisqu'il se voit confronté à une extraordinaire nasse de mots appartenant à une multitude de champs d'activités humaines, masse lexicale dans laquelle il devra trancher, le plus souvent dans le vif d'ailleurs.
Le français étant l'une des principales
langues de civilisation, il a produit au cours de ses quelque douze siècles de développement une infinité d'éléments lexicaux variés se superposant en plusieurs grandes couches synchroniques que toute une vie ne suffirait pas à recenser.
Sans parler ici des variantes géolinguistiques.
Vfelther
Wartburg,
von
sc«
célèbre
FEW,
s'est
étendue
L'oeuvre de sur
plus
de
cinquante ans; elle ne desine qu'un fragment de la langue française et elle
10 n'est pas encore achevée;
le TLF a été planifié pour
dizaines et des dizaines d'années.
s'étendre
sur des
Dans l'océan de mots français dont la
dernière partie synchronique que nous vivais présentement est seule disponible pour l'actualisation, le lexicographe devra puiser afin non seulement de satisfaire la curiosité, mais encore de répondre aux besoins langagiers pressants du public qu'il a au préalable défini.
Il est impensable de tout
sélectionner, car le dictionnaire exhaustif du français actuel atteindrait des proportions si vastes qu'en n'en verrait sans doute jamais la fin.
Des
générations de lexicographes, et par le fait même d'idéologies différentes, se succéderaient à la tête d'une telle entreprise. exemple
d'une
aventure
lexicographique
On n'a qu'à prendre pour
moderne,
celle
du
TLF.
Les
modifications successives qu'il a subies depuis sa mise en chantier effective ne se comptent plus (changement de directeur, changement d1orientation, changement de contenu
sur le plein quantitatif, changement dans l'organi-
sation interne des articles).
Même si elles paraissent mineures,
indiquent néanmoins des infléchissements idéologiques.
elles
Certaines équipes-
satellites régionales (celle de Kiris entre autres) ait même dû se retirer de la rédaction peur ces raisons idéologiques.
Et le grand dictionnaire du
français n'ai est qu'au neuvième volume paru (1981) de la première tranche synchronique traitée, celle qui va de 1789 à 1964. revirement
de
l'aventure du TLF, Klincksieck,
Qifin, dernier et récent
qui
avait
assuré
la dif-
fusion des huit premiers volumes, a dû se retirer en raison de difficultés financières.
Désormais, c'est le CNRS qui s'occupera de la diffusion du
TLF, en plus de l'édition.
D'une manière plus limitée et d'un tout autre point de vue, il convient de faire une autre renarque supplémentaire.
A savoir que malgré leurs ten-
dances et leurs désirs de demeurer dans les limites de la description, les dictionnaires du français d'aujourd'hui endossent, volontairement cu non, la responsabilité d'une normalisation partielle du lexique synchronique français.
Dès 1968, Georges ffetoré posait parfaitement bien les prémisses du
problème qui nous retiendra ci-après.
Pour lui, le véritable but des dic-
tionnaires "n'est pas de présenter un tableau fidèle et authentique du français à ime certaine époque, mais de oonstituer un recueil de mots acceptés, "fixés", 1'emission d'un mot étant, dans la pensée de beaucoup de lexicographes Cet nous pourrions ajouter dans la pensée de la plupart des usagers], une condamnation inplicite" (Matoré 1968:200). lexicographe
fournit,
"Les répenses que le
il ne les donne pas directement en tant que sujet
11 d'énonciation, mais comme médiateur de ce sujet d'énonciation collectif qui est la société elle-même. Le lexicographe devient alors le sujet idéal d'un énoncé que la société tout altière produit.
Aussi les lecteurs s'identi-
fient-ils au lexicographe, le sujet parlant idéal : les réponses fournies sont des 'oracles' de la crxnmunauté culturelle" (J. et C. Dubois 1971:49). Le lexicographe devient, à travers son anonymat, le garant de la norme et de la connaissance, ce qui signifie que ce qu'il endosse canne responsable d'un dictionnaire est le fait linguistique à accepter à l'exclusion des autres. L'interdiction peut donc devenir institutionnelle sans choquer le moins du monde la conscience populaire.
Mais le lexicographe rte rend pas toujours
entièrement compte du réel linguistique de la communauté socioculturelle française, ou pour mieux dire francophone, qu'il sert.
Le discours pédago-
gique du dictionnaire se trains forme en discours idéologique dirigiste dont l'action consciente et régulière revêt parfois la forme d'une véritable répression linguistique.
Garant de la norme idéale, par l'intermédiaire de
l'histoire et d'une éthique sociale, le dictionnaire réglemente et régente tout à la fois puisqu'il impose une image ooncertée.
L'ostracisme, conine
nous le verrons amplement, se manifeste selon des directions miltiples et à des niveaux divers de même que dans des proportions variées.
L'objet de notre recherche concerne au premier chef l'interdiction totale ou partielle pour certaines catégories de mots d'avoir un accès libre aux dictionnaires modernes.
Le dictionnaire quel qu'il soit, du plus diri-
giste au plus affranchi, recèle toujours au niveau de la macrostructure et du traitement des unités lexicales dans la microstructure une foule d'interdits ou de tabous. Les terminologismes, les néologismes, les régionalismes, les erprunts (xénismes et pérégrinismes), les vulgarismes et naintes autres catégories de mots bannissables font partie à des degrés variables des exclus lexicögraphiques.
Pourtant,
il est
facile d'observer que ces
ensembles lexicaux sont véhiculés dans l'usage quotidien de la plupart des francophones.
Nous ne nous intéresserons pas dans la suite de œ
texte à
certains types de mots comme les archaïsmes, les dialect i smes, les mots hors d'usage ou appartenant à d'autres couches synchroniques, les idiolectismes, les mots réservés à un ncntbre infime de locuteurs, ainsi de suite. L'exclusion de tels vocables d'un dictionnaire descriptif d'un état synchronique *
collectif de la langue française va de soi, ou presque. le
mot
bonitaire
(Proudhon),
ou
enregistré
encore
par
l'excellent
le
TLF
et
Ά titre d'exemple,
néologisme
d'auteur
e'autopeluredebananieer,
création
12 d'un ministre québécois en 1981, ne peuvent être retenus tant qu'ils n'auront pas été pris en charge par la collectivité francophone.
En
attendant, ils vont rejoindre les dictionnaires de nots sauvages, comme celui de Maurice Rieims, aux côtés d'"émules" lexicaux comme allongeguiboler(e')
(Clébert),
bonnetdeaotonner
vatefairefoutrieme
(Balzac),
maeeaahueeeter
(Audiberti), (Audiberti)
ou
déeenencore
inaombuetibilieationnellement (Loujte), tous recensés par le OMS. Les développements récents des études sur la néologie, la terminologie, les français régionaux et la lexicographie nous amènent à nous intéresser et à nous arrêter un moment sur des catégories de mots souvent écartés des dictionnaires.
L'étude et la défense de ces "demi-civilisés" lexicographi-
ques permettraient sans doute d'amorcer de nouvelles recherches en lexicographie aontemporaine, de lui insuffler des élans inédits engendrant ainsi dans sen sillage la formation de nouveaux lexicographes.
3.
VERS UNE DEFINITION DE L'INTERDICTION LEXIOOGRAPHIQUE
[... ] les mots empruntent leur force signifiante à une relation triple et mouvante entre les hommes qui en usent, le monde qu'ils signifient et enfin tous les autres signes qui les entourent dans l'exercice de la parole (Alain Rey, GRS : IX).
L'interdiction n'est certes pas une mesure nouvelle, une émanation de notre monde contemporain? encore moins est-elle une invention de la linguistique.
C'est une mesure juridique très ancienne, donc légale, qui frappe
certaines personnes ou certains groupes humains en les privant du droit d'exercer certaines activités en vue de protéger la société.
Les interdic-
tions apparaissent dès lors comme des legislations dirigées oontre les désirs les plus fondamentaux et les plus intenses de l'hcmme.
Dans le
domaine anthropologique, c'est une prohibition qui s'inpose de soi ou qui se justifie par des rationalisations secondaires.
Elle manifeste alors direc-
tement une idée ou un sentiment d'impureté puisqu'elle pose et définit les limites non transgressables; s'il passe outre, l'individu n'est plus dans l'ordre soutenu par le groupe social.
Le transgresseur constitue alors un
danger pour la société; il menace la vie individuelle et collective.
"Plus
profondément, 1'interdit est une manière de ocncevoir et d'instaurer un pouvoir et un ordre social. Quelles qu'en soient les motivations politiques objectives, 1'interdit conserve dans le vécu collectif une dimension affective
essentielle"
{DGSH-.511).
Les
divers
systèmes
d'interdictions
s'insèrent dans un ensemble de classifications qui, pour chaque culture, organise systématiquement le réel (les choses, les événements, ...) en vue de le mieux contôler.
Ils offrent alors un domaine privilégié pour mani-
fester une pensée dans sa forme classificatrice et contraignante.
14 L'image du pouvoir alliée à certaines normes sociales peut facilement être transposée dans le champ des dictionnaires.
Il n'y a qu'un pas facile
à franchir pour passer de l'anthropologique au lexicographique, puisque le dictionnaire est un nouvel objet anthropologique par excellence. En
lexicographie,
on
pourrait
appeler
interdiction
l'ensemble
des
procédés utilisés pour écarter, bloquer, censurer, stigmatiser et modeler l'enregistrement de certaines catégories de mots usuels ou de leurs emplois dans les dictionnaires en vue de respecter une norme culturelle conforme à l'idéologie d'une classe sociale dominante à un mcment donné.
L'interdic-
tion aomprendra donc les unités linguistiques plus ou moins périphériques du noyau lexical? elles serait rejetées parce qu'elles ne correspondent pas au modèle accepté qui inclut "les éléments courants et, par voie de conséquence, les stéréotypes les plus étroits, les formulations les plus banales, ρ
les images d'Epinal" (J. et C. Dubois 1971:99) que les lecteurs inposent et qu'ils veulent retrouver.
L'histoire regorge d'exemples qui démontrent à
l'envi que lorsque le discours devance la société, il institue chez elle le refus de la réalité, celle-ci fût-elle impossible à contredire.
Le souvenir
de Galilée qui fut condamné par le tribunal de l'Inquisition perdure encore aujourd'hui.
Il dut abjurer pour avoir dévoilé trop vite une vérité qui
ébranlait la culture de son temps issue du discours parathéologique. Et avant lui, son #modèle Cbpernic, dent les idées furent écartées parce que contraires aux Ecritures.
Le modèle socioculturel ainsi défini comme le
consommateur idéal du dictionnaire, constitue la première cause de la proscription de certaines démarche
initiale
catégories de mots des dictionnaires.
prévisible,
la
société
censure
qu'elle réprouve et elle en interdit l'usage.
Dans
d'abord des
une
concepts
A la suite de quoi, par
contagion, les sujets ainsi tabouisés, puis tus, rendent à leur tour tabous les mots qui les désignent ainsi que l'organisation du discours sur cette matière.
C'est dans une seconde démarche que le mouvement se généralise et
devient déterminant. dont
la
double.
fonction
"La pression sociale se manifeste dans le dictionnaire
est
essentiellement
pédagogique.
Cette pression
est
Dans le domaine conceptuel, elle tabouise certains mots dangereux
(sexualité, politique, religion ...).
Dans le domaine langagier, elle stig-
matise les mots et les emplois déviants, tantôt par rapport au système actuel,
tantôt
par
rapport
à
l'usage
antérieur
emprunts, sens nouveaux)" (Rey-Debove 1970:32).
(composés
mal
formés,
15 La société change à ni rythme de plus en plus accéléré et parfois même troublant. Les dictionnaires, reflets culturels et langagiers de la société et du norde en général, doivent suivre le mouvement. Quoique avec un peu de recul, ils changent eux aussi. Ils s'adaptent afin de transmettre le plus fidèlement possible l'image sociale qu'ils sont supposés refléter. Ils suivent les mêmes voies de la tolérance ou de l'intolérance que la société. Ce qui leur était hier interdit, devient aujourd'hui acceptable, sinon reconnu par les principaux utilisateurs de la langue. Il n'y a qu'à prendre pour exemple les « jurons, hier réservés aux hommes, aujourd'hui utilisés par les femmes. A un changement social intervenu, correspond une modification des habitudes linguistiques. Néanmoins, le tabou lexicographique existe toujours dans les dictionnaires les plus modernes dont le discours organise parfois la méfiance à 1"égard des nots. Ce qui a changé, c'est son caractère, les prémisses qui lui servent de base et les aauses de son existence. Aujourd'hui, il est évident que l'omission de nots fréquents, exclusion qui peut se répéter d'édition en édition des dictionnaires, ne peut plus être interpretee comme un oubli, naguere excellent moyen de détourner X1 attention ou de retarder une prise de position. Si de tels oublis surviennent et sont réparés, aucun problème ne se pose. Dans le cas contraire, celui de l'oubli réitératif, la volonté déblibérée d'exclure et la prescription idéologique resurgissent et marquent implicitement la condamnation. L'interdiction linguistique peut prendre plusieurs formes allant du tabou pur et simple jusqu'à l'euphémisme qui n'est qu'une forme de substitution pour une forme éjectée de l'usage (voir Widlak 1965). Illustrons ces propos par quelques exemples. Faut-il occulter devant des enfants les termes de la sexualité en feint ine ou au contraire dire peu sous une forme déguisée et caramélisée, ou encore tout taire, atrophie linguistique peu reoommandable au Québec, pays du silence pendant des générations. Entre vagin
et
tirelire,
ment
voie
de
développpement,
développée,
retardée,
et
Clonvient-il mieux de dire paye
juste milieu? en
robinet
entre
paye
paye pauvres
paye en
peu
développement ou
paye
en
pênie,
est
eoue-développé e,
développée, lee
où
paye moine
développement
le
paye
ineuffieam-
avancée,
paye
pour
signi-
fier la misère et la pauvreté tiersmondistes qui vont en s'accroissant, la courbe linguistique allant à contrecourant de la courbe énonomique? Est-il préférable de parler de balayeur de rue ou enoore de teahnieien de eurfaee7 Est-il plus clair de dire être menetruée, avoir eee
16 ou
jours, le
annoncer
(sardinal
eet
: eentir (p.
couche (p.
XLIV),
ahemiee
Monseigneur
le Dictionnaire les
contre-coups
XLIV), compagne
eouaoupe perpétuelle
(p. XLV), contenance
l'élément
pour
combustale
Taschereau
eet
en
ou
ville,
Et que penser des expressions suivantes que
en ville?
l'on trouve dans 1660
que
dee
précieuses
de
l'amour
permis
de
Semaize publié pour
pour
inférieure dee
morte
et
utille
dee
damee
quand
écran
(p. XLVII)?
être
chaise des elles
Ces
en en
percée
vivante
pour
sont
devant
expressions
ne
feraient-elles pas plutôt la gloire des cruciverbistes? Le va et vient constant entre le désir d'euphémiser et le fatal développement du procédé de l'euphémisme débouche souvent, en fin de parcours, sur la révélation du tabou, puis sur la pétrification de l'interdiction. enfants, par exemple, ent m
Les
impérieux et perpétuel besoin des mots, des
noms des (toses pour appréhender leur monde fragile et celui des adultes qui leur paraît si terrible.
Ils répètent pendant des heures et des heures des
mots, des scies, des comptines jusqu'au vertige parfois et surtout jusqu'à l'obsession, lassant les parents en mal de logique adulte.
Les enfants,
comme les membres de certaines oouches sociales moins favorisées, s'accrochent aux témoignages linguistiques des adultes ou des mieux nantis linguistiquement.
Ils se reposent sur ceux capables de faire des liens indubi-
tables entre les mots et ce qui existe dans la réalité.
C'est à ce niveau
que se fait souvent sentir le pouvoir eu le droit de préemption sur le langage.
Celui-ci
est manoeuvré, administré par des "possesseurs" qui
s'attribuent le privilège de nommer ou de ne pas nanmer, d'affirmer l'existence d'un mot cu de la nier, parfois même malgré l'évidence de l'usage, ou encore de dévier le discours par le recours à 1'euphémisme. des
interdictions sur le langage.
extralinguistiques,
A l'imitation d'autres
Ils imposent interdictions
"les mots tabous sont ceux qui nient une réalité, ou
veulent la supprimer, par le fait de ne pas la nanmer" (Guiducci 1976:87) ou de la mal nommer. Ce qui nous retiendra ici, ce sent les étiquettes de tabou, ou plutôt d'interdiction linguistique et lexicographique et non 1'euphémisme ou les tabous anthropologiques ou ethnologiques tels les gestes, les oenportements, les coutumes, les meurs, certains aspects des religions et de la politique, les mythes,
la magie ou les superstitions.
Toutes ces manifestations
relèvent également des caractères sacrés ou rituels.
17 Le mot alors que
tabou pénètre
dans
les langues occidentales
les civilisations européennes
au
18e
siècle
instaurent un humanisme moderne
modelé sur des valeurs éthiques, morales et culturelles qui pavent la voie aux
interdictions.
qui
signifiait
commun". PR).
Il a été
"interdit,
Le
mot
a
emprunté au vocabulaire polynésien tapu
sacré," ou encore
pénétré
en
français
"séparé, retiré de l'usage en
1785
de son passage aux Iles Hawaii ai 1769.
Lexie
et
Gomme seules les manifestations
lexioographiques et linguistiques nous intéressent utiliser tabou.
(cf.
Il serait dû au célèbre Capitaine Cbok qui l'aurait rapporté lors
les
termes
Celui-ci
interdiction
n'inclut
motivation idéologique.
pas
et
interdit
la notion de
ici, nous préférerais plutôt
rationalité,
que ni
le
terme
celle de
La psychanalyse relie plutôt le tabou à 1'impureté
à partir de conflits inconscients qui sont projetés, quoique le lien du tabou avec l'impureté ne soit pas constant et absolu.
Dans le domaine plus
proprement anthropologique, celui de la religion par exenple, le tabou est aussi une forme de relation au divin, relation œnçue de diverses manières selon les lieux.
La règle de l'interdit comporte un aspect ratione1 et
réfléchi qui réside dans sa fonction propre d'opposition érigée en système par une société.
QUELQUES CAUSES DE L'INTERDICTION LEXIOOGRAPHIQUE
4.
Dans la masse inépuisable des phrases écrites et prononcées, de celles qui se disent ou vont se dire, le lexicographe choisit, élabore, construit in modèle de la langue (Alain Rey, GRS : IX). L'interdiction lexicographique repose sur un certain nonbre de causes qu'il sied d'énumérer et d'expliciter un peu avant de passer en revue les catégories d'interdits lexicaux.
Ces causes cnt plusieurs origines parmi
lesquelles nous retiendrais celles qui sont relatives aux aspects économique, pédagogique, idéologique et puriste. 4.1
L'une des premières raisons souvent évoquée pour ne pas faire figurer
tel ou tel mot dans la nomenclature d'un dictionnaire est évidemment la contrainte économique dont le principal corollaire est le manque de place. Cette aause est d'origine extralinguistique, ce qui permet de rejeter sur elle bien des emissions de mots ou de justifier l'élimination "arbitraire" de catégories de nots qui sont socialement marqués.
Dès l'élaboration du
programme d'un dictionnaire, le nombre de signes typographiques est déjà fixé et la limite de la reliure arrêtée. 21 millions de caractères,
Ainsi le PR contient environ
le DHLF autour, de
12 millions,
le PR2
quelque 18 millions et le DFC environ 7 millions dans la première édition.
Pour le DHLF, les éditeurs cnt limité l'épaisseur du volume à
un maximum de 7 cm.
Un rapport équilibré entre le volume et le prix d'un
dictionnaire doit pouvoir être respecté. Iii effet, les dictionnaires en un volume sont peu coûteux ; ce sent ceux qui auront la chance d'atteindre les plus gros tirages et les plus vastes publics.
Plusieurs entreprises lexi-
cographiques savent fort bien utiliser de tels slogans pour mousser leurs ventes. Le dictionnaire en un volume est plus aisément maniable qu'une encyclopédie de dix ou vingt volumes de grands formats.
En conséquence du
19 choix du \rolume unique, les dictionnaires offrent donc une place limitée. Les
nomenclatures
actuelles
approximativement quelques
s'échelonnent
(cf.
exceptions
PR,
comme
entre
L e x i s , DFC,
le
50
000
et 75
DHLF, DFV
le
000
Logoe), et
mots avec
MR
le
qui
recensent des nomenclatures un peu plus réduites, entre 25 000 et 35 000 unités lexicales décrites.
Certains ouvrages se situent entre ces deux
extrêmes et accueillent des nomenclatures de 40 000 à 45 000 mots, aerane le PLI
et
DUI.
le
Les
chiffres
mentionnés
renvoient
exclusivement
contenu des dictionnaires et concernent la partie "langue générale". n'incluait pas Logoe
les noms propres.
Il est utile de
fait exception à la règle du volume unique.
remarquer
au Ils
ici que le
Il en comporte trois.
Mais sa nomenclature est sensiblement équivalente aux ouvrages de la même catégorie, soit environ 60 000 éléments traités. Lexis de
Soulignons aussi que le Larousse
avait été publié en deux volumes en 1977, sous le titre la
langue
tionnaires
française.
Quoi qu'il en soit, les nomenclatures des dic-
tendent
à
augmenter
DFC : 25 000 à 33 000;
Lexis
sans
(PR
cesse
: 50
de
la
nouvelle
à
s 70 000· à 76 000, etc.).
édition du PR a accru de 200 le nombre de ses pages, croissement
000
édition
du
DUI
fut
55
La
seconde
tandis que
de plus
de
300
000; l'ac-
pages.
Mais le format, le nombre de pages, le nombre de caractères, les rapports entre le volume et le prix contraignent les rédacteurs à des choix et par conséquent obligent à des renoncements.
(Voir le tableau des nomenclatures
des principaux dictionnaires oontenporains sur le marché.)
4.2
La deuxième cause évoquée réside dans la vocation pédagogique du dic-
tionnaire.
Depuis
le
18 e
siècle,
les
dictionnaires
ent
augmenté en nombre mais ils ont ventilé leur diffusion. des élites aux 16 e et 17 e siècles,
non
seulement
D'abord réservés à
ils seront de plus en plus destinés
à un public général, puis introduits dans les écoles.
L'aventure de Pierre
Larousse qui fut pédagogue a marqué les débuts véritables de cette éclosion. Dès lors, la mission des dictionnaires prendra une allure de plus en plus pédagogique et cette mission se répercutera dans leur "action plus normative et plus répressive et multipliera les interdits lexicaux" (Girardin 1979: 91).
Le dictionnaire se transforme donc en outil de formation, et surtout
de la bonne formation de ses utilisateurs.
Son didactisme naturel se dé-
veloppe et il est le produit d'une pression sociale oonstante. imposera
des
entérineront
censures de par
de plus
en plus
mribreuses
leur position de prestige
que
et que
les les
Le public institutions
lexicographies
20 Tableau des nomenclatures de quelques dictionnaires français contemporains
Dictionnaires
1.
2.
Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française Le Robert (6 vol. : 1958-1964)
- 58 000
. Supplément (1970)
~ 12 600
Dictionnaire dee mote nouveaux (1971) . Dictionnaire des mote contemporains (1980)
3.
Articles
~
5 000
-
8 000
29 872
Dictionnaire du françaie contemporain (1966) . Nouveau dictionnaire du françaie contemporain illuetré (1980)
4.
Dictionnaire du françaie vivant (1972)
~ 33 000
~ 34 000
(45 000 mots et locutions)
. Dictionnaire du françaie vivant (1979)
~ 34 000
(45 000 mots et locutions)
5.
Dictionnaire encyclopédique Laroueee (1979)
6.
Dictionnaire encyclopédique Quillet (8 vol. : 1968-1970)
72 117
~ 155 000
. Supplément 1 (1971) . Supplément 2 (197?) . Supplément 3 (1977) 7.
Dictionnaire Hachette (1980)
~ 70 000
(48 000 noms communs)
8.
Dictionnaire Hachette de la langue française (1980)
- 50 000
21
Articles
Dictionnaires
9.
Oiotionnaive novd-amêriaain de la langue française (1979)
~ 60 000
10.
Oiotionnaive univeveel dee nome propvee (4 vol. : 1974)
~ 40 000
11.
Oiotionnaive ueuel illuetvé Quillet/Flammarion (1981)
~ 76 000
12.
Gvand diotionnaive enoyolopédique Lavoueee (10 vol • . tome
:
1982 -1985)
1
18 350 articles
. tome 2
19 201 articles
. tome
3
18 784 articles
. tome 4
15 908 articles
. tome
5
19 324 articles
. tome 6
20 183 articles
7
20 317 articles
. tome 8
19 831 articles
. tome
191 288
. tome 9 : 20 460 articles . tome 10
13.
18 930 articles
Gvand Lavoueee enoyolopédique (10 vol. : 1960-1964)
. tome
1
. tome
2 : 14 962 articles
. tome 3 . tome
14 590 articles
16 223 articles
6 : 18 341 articles
. tome 7 . tome
14 843 articles
4 : 15 772 articles
. tome 5 . tome
165 270
16 671 articles
8 : 17 627 articles
. tome 9
17 923 articles
. tome 10 : 18 318 articles
. Supplément 1 (1968)
12 801
. Supplément 2 (1975)
11 541
22 Articles
Dictionnaires
14.
Grand Laroueee de la langue française (7 vol. : 1971-1978) tome 1
15.
74 091
10 115 articles
tome 2
11 517 articles
tome 3
12 758 articles
tome 4
11 203 articles
tome 5
9 498 articles
tome 6
11 317 articles
tome 7
7 683 articles
Lexie (1975)
70 000
. Lexie (1979)
16.
Logoe (3 vol. : 1976)
17.
Micro Robert (1971)
~ 76 000
60
000
~ 30 000
. Miaro Robert (1980)
30 000
18.
Nouveau Laroueee dee débutante (1977)
~
19.
Nouveau Laroueee élémentaire (1969)
- 33 000
20.
Ornnie (1977)
32 330
21.
Petit Laroueee illustré (1982)
75 740
22.
(partie langue,
51 406 articles)
(partie histoire,
24 334 articles)
Le Petit Robert (1967)
. Le Petit Robert (1977)
16 000
50 000
~ 55 000
23 Articles
Dictionnaires
23. Le Petit Robert 2 (1974)
~ 40 000
40 000
. Le Petit Robert 2 (1980)
24.
53 226
Pluridiotionnaire Laroueee (1975)
36 020
25. Le Robert méthodique (1982) (34 290 mots et 1 730 éléments)
Remarques:
1. Les chiffres pour les dictionnaires Larousse nous ont été aimablement communiqués par Monsieur Claude Dubois imcien responsable des encyclopédies chez Larousse.
2.
Le signe
~
indique une nomenclature approximative.
Ces
chiffres proviennent des présentations des dictionnaires ou de renseignements puisés dans les écrits sur la lexicographie.
Ils s'écartent de la réalité dans des proportions
variables, voire même surprenantes.
Ils sont souvent liés
à des impératifs commerciaux et se maintiennent en conséquence toujours au-dessus d'un seuil psychologique, selon la taille du dictionnaire.
24 confirmerait, puis contribueront à répandre.
Les censures linguistiques
servent de prétexte pour occulter non seulement certains types de mots, mais encore les dioses non acceptées, non reçues par la société et qui se cachent derrière les nots devenus choquants. alors des
contextes
Les ^probations lexicales naissent
extralinguistiques
tabouisés ou
interdits par la
société. Ces idées réprobatrices n'ont aucune difficulté à s'infiltrer dans les dictionnaires.
Or, à ce stade-ci, il convient de se rappeler que
l'élève, l'apprenant ou l'usager sait en règle générale plus sensibles "aux lacunes de la nomenclature qu'à ses audaces néologiques" (Beaujot 1977:43) ou à ses définitiais ou ses exemples crus.
La portée pédagogique s'en
ressent également à un autre niveau puisque "l'absence d'un mot dans le dictionnaire n' aboutit pas seulement à un déficit d'informatioi pour le lecteur : elle rejette aussi la question aomme ncn-valide, déplacée; elle reproduit d'une certaine façon le refus de réponse auquel se heurte trop souvent l'enfant dans sa famille ou à l'école" (Désirât 1977:6). Le lexicographe est coincé entre le besoin de dire la vérité, sans voiler le langage vivant et la nécessité sociale d'adopter une oonduite noraie, c'est-à-dire un comportement non répréhensible qui débouche sur la normalisation, transgressant le rôle descriptif pur du dictionnaire.
4.3
La troisième cause de rejet est à rattacher à l'idéologie personnelle
des lexicographes chargés de décrire le lexique français.
Issus eux-mêmes
de milieux sociaux et géographiques diversifiés, formés à des époques et en des lieux cù les idées cnt évolué et ont été influencées différemment, les fabricants de dictionnaires adoptent des comportements individuels qui répercutent leur propre passé.
C'est, comme le souligne Jean-Claude Cbrbeil,
"le problème plus global de l'anthropologue et de son attore : l'inpossibili té de faire abstraction de ses propres modèles et de sa propre culture en observant et en décrivant l'autre" (Corbeil 1983:294).
Par la sijiple obser-
vation des contenus et des orientations des dictionnaires, il est facile de constater que les lexicographes de la maison Räbert, ceux de la maison Bordas, ceux de la maison Larousse, ceux de la maison Quillet, etc., ont des attitudes différentes, voire cpposées, devant certaines catégories de mots. Le Pi? se veut plus près du discours quotidien usuel et dégagé des contraintes; il choisit le langage parlé par la majorité des gens instruits et par les étudiants avancés; il se veut au fait des progrès scientifiques, pédagogiques, politiques, etc; il se pose en témoin sans voile du vocabulaire de la vie quotidienne des francophones, ou du moins d'une bonne partie
25 d'entre
eux.
Le Logoe s'adresse plutôt à des adultes et à des
scola-
risés des classes supérieures doit le vernis de culture classique transparaît et guide le lexicographe; il est un représentant moderne de l'Académie, de Richelet, de Littré, leur héritier classique du 20 e siècle en quelque sorte,
le
protecteur
d'une
langue
très
purisante.
Le
OUI
vise
un
public exclusivement français, oubliant les zones marginales importantes de la francophonie non hexagonale. 1 part.
Les dictionnaires Iarousse sont un peu à
A cause de leur éventail, il s'avère difficile de leur coiférer une
orientation idéologique propre.
Qi outre, beaucoup de lexicographes tra-
vaillent diez Iarousse et ce travail plus collectif qu'ailleurs annihile en quelque sorte les idéologies dictionnaire.
Le
Lexie
individuelles et anonymise la production du
représente
seins
doute
le
l'amalgame indifférencié en matière lexicographique. premier
meilleur
témoin
de
C'est d'ailleurs le
indice de sa personnalité propre.
personnalisé
de
la
lexicographie
française,
Q*i creusant a fond cet aspect des
étiquettes
ayant
valeur
sociale et même politique pourraient aisément être attribuées aux uns et aux autres lexicographes sans risque de s'y tromper beaucoup. 4.4
La quatrième cause, fortement liée aux deux précédentes est relative au
purisme.
Il ne s'agit pas ici de faire le procès du purisme, d'une part
parce que ce n'est pas le lieu, d'autre part parce que ce procès ne saurait être objectif et impartial étant donné les activités linguistiques néologiques et chorolexicologiques
qui nous occupent depuis plusieurs
années.
Mais il reste que l'attitude puriste a oomme effet de geler l'évolution de la langue, de pétrifier l'évolution du lexique.
Ce qui entraîne carme con-
séquence première que le contenu des dictionnaires élaborés par des puristes ou des autorités reconnues oomme éteint d'obédience puriste, se modifie très peu au fil des éditions successives, puisqu'il est fixé sur un modèle passéiste non transgressable.
La nomenclature se stabilise et tourne à peu
près oonstaimnnent autour d'une même masse lexicale immobilisée depuis bien longtemps et peu perméable aux innovations linguistiques ou encore aux nots qui appartiennent à des registres sociolinguistiques un peu trcp marqués. Nous ferais appel à Alain Hey pour souligner les dangers du purisme en matière 1
lexicographique.
L'édition lismes.
1983
du
la sélection trop rigoureuse des DUI
incorpore
quelques
centaines
nomenclatures de
régiona-
26 lexicographiques qui écartent une part très vivante de la langue familière à certains enfants, peut contribuer au rejet scolaire, même si le modèle parfait de la langue n'est pas entièrement maîtrisé au cours des études primaires.
Tout en se préoccupant sérieusement de la norme qui représente
un modèle de la langue prédéfini par une partie de la société, il n'est pas inutile de préciser et, surtout, d'attirer 1'attention sur le fait que dans le domaine du dictionnaire, "un purisme trop exigeant va à l'encontre des buts qu'il se prepose, en creusant le fossé qui existe entre la langue réelle et celle que l'en souhaite enseigner" (Rey 1971:XIV). Meme si 1'intention des puristes n'est pas nécessairement orientée de telle sorte qu'ils tiennent absolument à faire parler les autres acmme ils parlent, ou à écrire la langue qu'ils écrivent, il n'ai demeure pas moins qu'ils
sont écoutés et que des dangers existent.
Le purisme culpabilise
certains usagers du langage que ce soit les élèves, encore très fragiles aux observations qui leur sont faites, ou les professionnels de la langue, pourtant des manieurs aguerris des mots.
Le purisme contribue souvent à les
réduire les uns oomrne les autres au silence.
Ainsi en va-t-il de certains
traducteurs ou de certains terminologues qui, quand cela est nécessaire, n'osent pas innover en matière de langue. Les attitudes puristes confirment les hiérarchies socioculturelles et idéologiques "encarcannantes".
5.
LES PRINCIPALES INTERDICTIONS : DES CHDSES AUX M7TS
Il manquait l'essentiel. L'essentiel manquait toujours dans le dictionnaire - la réponse à tous les mots obscurs, aux consultations clandestines (A. Guiducci 1976:12). La structure de l'âme humaine est ainsi faite qu'elle ne saurait se passer d'inderdit, ni se constituer sans lui (Pierre Klossowski, Un ei funeste déeiv, I).
Avant d'entreprendre la partie plus descriptive de cette recherche, une mise au point est essentielle.
On ne peut parler des interdictions ou des
tabous dans un langage fleuri et poétique.
Cacher un coin du tableau de la
réalité langagière, c'est déjà le signe du refus et la linguistique y perdrait.
Les sujets parlants adoptent un langage pour communiquer.
L'occul-
ter à notre tour, ce serait nous écarter d'eux et nous poser en puriste ou en normalisateur.
On voudra donc bien voir dans la suite de ces propos la
position du linguiste qui observe et décrit la langue à partir de œ qu'elle est, de ce qu'elle vit et de ce qui lui permet d'évoluer.
L'euphémisme
n'aura donc point cours ici.
Avant de passer aux interdits linguistiques eux-mêmes, il est nécessaire de faire un survol des principaux types de mots tabouisés ou bannis pour des raisons extralinguistiques.
Nous poserons donc quelques balises directrices
illustrées de nombreux exemples puisés à même les dictionnaires de langue les plus communément consultés par les francophones de tous horizons, du moins quand cela s'est avéré possible puisque certains mots ne se trouvent dans aucun dictionnaire.
Plusieurs de ces interdictions peuvent figurer
dans plus d'une catégorie.
Nous les incorporons dans le groupe qui
28 p a r a î t l e mieux leur convenir.
L'ordre dans lequel nous les passerons en
revue n ' e s t pas h i é r a r c h i s é , ni l e f r u i t d'une logique quelconque. 5.1
L'interdiction culturelle L ' i n t e r d i c t i o n c u l t u r e l l e se manifeste par le r e j e t des nots qui e x p r i -
ment une culture non standardisée, autres
informations
métalinguistique
par l a censure de l a définition ou des
lexicographiques
de
leur
niveau
ou encyclopédiques,
d'utilisation
ou par
par
l e marquage
des contextes
dé-
viants .
le
Le
syntagme
PR
ainsi
Nulle
le
bande.
la
la
mots
ballon
PR
ballon
et :
bande
daté
du
BD
(voir
identique
pour
cité
et
est
1,2°
défini moins
20
dans
siècle.
e
DMC), le
dans
ni
au
DUI,
le
l'article
discrète.
BD a
mais l a d é f i n i t icari r e s t e cantonnée au syntagme bande) de
de)
Le
bulle
qui
BD :
marqué (fam.)
"Espace
est
situation
définition
(Abrév.
sous
usuel
est
est
l'entrée
Cet énoncé e s t
linguistique :
PLI 82,
il
sigle
syntagme
(sous
Voici
où
au
situation
le
le
dessinée
BD.
née".
:
apparaît
dessiné
faite
à une entrée l i b r e ,
bande de
sous La
Lexie Dans
dessinée
n'est
bédéiste.
DHLF, droit
que
allusion
dérivé
bande
et
"Fam. il
sigle
est
BD a
par
Âbrév.
de
accompagné
bande
dessi-
consiste en une phrase méta-
respectivement délimité
néanmoins
conduit
à
définis
une
courbe
vérifier
ainsi
fermée,
les
par
à
le
proximité
de l a bouche d'un personnage de bande dessinée, qui contient ses paroles ou ses
pensées.";
bulle
:
"Ligne
un personnage d e s s i n é . " enregistrés le
mot
par bulle
fermée
qui
Sans développer,
l e PR pour
le
apparaît
entoure
le
texte
attribué
à
signalons que les deux mots sont
domaine de
l a bande dessinée,
dans
Lexis,
le
le
PLI
que
seul
et
le
DHLF e t que l e DUI l e s ignore totalement. Un autre exemple du langage vivant e t c o n t r e - c u l t u r e l permettra de juger de l ' a c t u a l i t é des d i c t i o n n a i r e s . Punk PR,
DUI,
MA (sans "adj.
n'est
enregistré DHLF,
définition)
par
aucun
Lexis, et
dans
des
DMC. le
PLI
dictionnaires Il
avec
figure la
définition
suivants dans
:
les
suivante
:
et η. Se d i t d'une mode apparue vers 1975, c a r a c t é r i s é e surtout par
29 l'agressivité et la dérision".
Cette définition appelle quelques remarques.
terme mode dans
L'utilisation du
la définition
laisse entendre que
phénomène est passager et qu'il s'inscrit dans l'univers dont le rejet va presque de soi. restrictive. provoque
la définition est en outre beaucoup trop
De plus, en appuyant sur les effets négatifs que la mode punk
(voir
les
agressivité
mots
au rejet automatique du phénomène. punk
le
oontre-culturel
désigne
également
dévision),
et
elle
contribue
Enfin, il est utile de signaler que
la personne qui
s'identifie
à cette node.
La
polysémie du not doit donc être envisagée et traduite par le dictionnaire. Un dernier exemple choisi dans le domaine des drogues permettra de clore le
volet
dans
le
couru.
culturel. PR67
et
Nous
évoquerais
le PR? 7
dans
afin
le
traitement
de
mesurer
du
stupéfiant
mot
tout
le
chemin
par-
Seule 1'acceptiai substantívale sera considérée.
Le PR67 n'élabore pas un discours détaillé sur stupéfiant - n.m.
(déb.
XIXe).
stupéfiant.
"Le
"Le travail
aussi
est
Narcotique. tabac,
ce
V.
Drogue.
stupéfiant"
un stupéfiant"
: Trafic
de
(Goncourt).
Fig.
(Mauriac).
Dix ans plus tard dans le PR?7 en trouve le discours suivant : (déb. XIX e ).
- n.m.
Toute
substance
toxique agissant
sur
le
sys-
tème nerveux, soit comme narcotique*, soit comme euphorisant*, et dont l'usage abusif provoque des perturbations graves, physiques et mentales,
et un état de dépendance et d'accoutumance.
dépendance,
toxicomanie.
le
indien
chanvre
marijuana, tabac,
ae
stupéfiant"
L'opium
sont
narcotique. stupéfiant"
des
et
ses de
Fig.
"Le
Riarnaoo-
la
cocaine,
dérivés,
stupéfiants.
Trafic
(Goncourt).
V.
Haschisch,
V. stupéfiante. travail
"Le aussi
est
un
(Mauriac).
D'une définition glosée ou quasi synonymique, ambiguë même, et qui ne recouvrait pas complètement la notion en 1967, en passe dix ans plus tord à un énoncé définitoire très précis premier signe de la "désinterdiction". développement informations
de
l'article
se poursuit par
lexioograpjhiques,
principalement
l'enrichissement par
des
Le
autres
le perfectionnement
du
30
réseau analogique.
Sur les exemples d1 emplois il y a peu à dire sinon que
la citation des Gcncourt semble avoir pris un coup de vieux; son intérêt demeure uniquement historique. analogiques
du
PR77
A noter, par ailleurs, que l'un des renvois
(phavmacodêpendanoe) ne
cune entrée (cf. PLI qui l'a).
fait
l'objet
d'au-
Enfin le caractère masqué des mots et
des concepts est encore percevable par l'examen de l'entrée narcotique dans les deux éditions du PR.
Voir ausssi l'évolution des mentalités
envers le concept de "drogue" dans les dictionnaires. L'expression
culturelle, y
compris
son antonyme
oanplémentaire
la
contre-culture, n'est pas encore totalement libre dans les dictionnaires. La conception elitiste de la culture oblige à exclure des répertoires lexicographiques, ou à les maquiller, des pratiques pourtant familières à certains groupes sociaux.
5.2 L'interdiction sexuelle L'interdiction sexuelle est sûrement le domaine tabou par excellence. Ce type d'interdiction concerne les organes sexuels des humains et des animaux, les phases de la procréation, les gestes amoureux, les fonctions excrétoires ou les misères physiologiques quotidiennes ainsi que leurs produits, la scatologie, les comportements sexuels, les associations malpropres .
Le déblocage lexicographique est extrêmement lent même si les dictionnaires récents sont plus hospitaliers à ce genre de vocables.
Les compor-
tements varient d'un extrême à l'autre : des ouvrages retiennent un grand nonibre de œ s termes, d'autres scait plus que discrets. On aura donc affaire à toutes sortes d'échappatoires pour éviter de prendre position : définitions circulaires, ignorance des mots, définitions scientifiques, définitions détournées et censurées, renvois à d'autres mots de la nomenclature jusqu'à œ que l'en revienne au premier mot, etc. Voyons quelques exemples. Rectum
et
anus
sont
re jetés de
la première
édition
du DFC.
L'exclusion était motivée il va de soi par un "fait de refoulement du tabou" (Gueunier
1974:142).
L'édition
récente
du
DFC,
le NDFCI, lève
31 partiellement l'interdit puisqu'elle introduit les deux mots dans la nomenclature .
Iteis en même temps, elle continue l'interdiction en masquant les
définitiais.
Ocmparons :
NDFCI :
anue
: "Orifice du rectum."
reotum
: "Dernière partie du gros intestin, qui aboutit à l'anus."
PR
:
crnue
: "Orifice du rectum qui donne passage aux matières fécales."
veotum
: "Portieri terminale du gros intestin, faisant suite au côlcn pelvien et s'étendant jusqu'à 1'anus.
Les
définitions
chaque cas font
que
Lexis
du
situer
auxquelles
en
peut
Et
le
seul
à
celles
référents
celles
tandis
que
celles
sait,
de
plus,
DHLF,
du
NDFCI.
du
Dans
Celles du NDFCI ne PR,
du
descrip-
Elles n'éludait pas les explications. onanisme,
fellation,
DUI.
les
adjoindre
P r é s e r v a t i f ,
identiques
sont quasi circulaires.
anatomiquement
tives et fonctionnelles.
aoîter,
sont
les définitions
eon,
aunnilingue
Condom
a o u i l l e ,
sont
qu'on
trouve
s o u i l l o n ,
carrément
dans
ce
absents
dictionnaire
du
est
un
chef-lieu d 1 arrondissement sur la Baîse (qu'il faut surtout bien prononcer [ba'iz] selon le même dictionnaire) qui est un affluent de la Garonne. ces mots, PR
le
y
compris
et
dans
f e l l a t i o n ,
oondom,
possèdent
PLI
le
le
et
d'entrées
aoîter·);
(sauf
aunnilingue
statut
oondom
tandis
n'ont
pas
Itous
libres que
dans
seuls
rejoint
les
colonnes du DHLF.
Le
mot
Sodomie,
sodomie
et
eodomieer
ses et
dérivés
subissent
sodomite
sont
divers dans
traitements.
le
DUI
mais
les définitions sont occultées et n'apprennent pas grand-chose au consultant
: voir
détail. tion
de
tique et
du
sodomie
Les eodomie coït
sodomite
mêmes
: "Rapports sexuels coltre nature", mots
n'est anal"
sont
dans
pas déguisée et
oubliant
"Coït
le
anal".
eodomieer
DHLF et
: en trouve Le ,
PLI;
la
défini-
respectivement
: "Pra-
Pi? ne
sodomique
le
sans nul autre
signale ou
que
sodomie
eodomitique
32 qu'a
retenu
le
qui
Lexie,
donne en plus
deux définitions
à
sodomie.
Dans le cas de cette famille lexicale, en notera une censure des definitions la
(DUI),
non-incorporation
une division
sémantique
de
mots
Tous
(Lexie).
(PR
les
:
et
eodomieer·)
dictionnaires
ent
négligé
eodomieation et eodomieê. et
Exaieion
désignent
infibulation
tous
deux
des
interventions
d'ordre chirurgical rattachées à divers comportements rituels dans certaines sociétés. demaine
Les pas
quoique
d'emploi naires. 1.
mots
ethnologique.
paraît DUI,
deux
:
Exaieion,
dans ce
sent
le
et
fort
bien
dans
son
sens
anthropolog ique,
le
PLI,
dernier
ethnol.
au PR
à
est
Infibulation
le
Lexie,
l'entrée
dans
dans
les
une
quatre
le
n'ap-
et
DHLF,
mentionne
exaieion traité
définis
le aire
diction-
Cn remarque trois catégories de définitions pour œ mot : Une
définition
chirurgicale
et
qui
explique
qu'il
qui
en .daine
les
s'agit
d'une
conséquences,
opération c'est-à-dire
1'empêchement des relations sexuelles (voir PLI). 2.
Une
définition
qui
explique
chirurgicale,
qui
conséquences,
c'est-à-dire
(voir
DHLF,
décrit
la
et
PR
qu'il
s'agit
d'une
méthode utilisée
l'empêchement
des
ce
Lexier
et
opération
qui
donne
relations
les
sexuelles
dernier
atténue
cependant les procédés auxquels i l faut recourir). 3.
Une définition de même structure que la précédente nais qui utilise un discours lex i cograph ique beaucoup plus savant et beaucoup plus développé.
De plus,
elle recourt à une gamine de renseignements
encyclopédiques qui remontent jusqu'à l'Antiquité en passant par les condamnations
de
cette
internationaux (voir
pratique
prononcées
par
des
organismes
DUI).
Enfin, nous avons cru intéressant d'examiner un terme médical, ou plutôt un couple de termes médicaux qui sont dans la langue depuis longtemps, mais dont le transfert dans la langue générale est plus récent.
Ces deux mots
sont
une
vaeeatomie
(1933)
et
vaeotomie
(1959) .
comportement des dictionnaires est instructif.
Encore
fois
le
33
Vaeeatomie : PR, Lexie, DHLF, PL11 absent du DUI. Vaeotomie : PR, Lexie, DHLF; absent du DUI et du PLI. Dans
le
PR
les
deux
mots
ont
des
définitions
légèrement
différentes : vaeeatomie : "Résection partielle du canal déférent"; vaeotomie : "Section du canal déférent". Dans de
le
Lexie,
vaeeatomie dont
vaeotomie la
est
dé fini tic«
donné
est
:
comme
synonyme
"Opération
qui
vieilli
consiste
à
sectionner les canaux déférents." Dans
le
DHLF,
vaeeatomie
et
variantes graphiques pour une mène entrée.
vaeotomie
sont
des
La définitiai est : "Section du
canal déférent, destinée à provoquer la stérilité masculine." Enfin, c'est dans le PLI que l'homme tourmenté retrouvera toute sa sécurité et tous ses pouvoirs, puisque la vaeeatomie est la "résection chirurgicale des canaux déférents, rendant l'homme stérile sans modifier son comportement sexuel". Pour
clore ce débat
PLI ait
prêté
fertile, ajoutais que seuls le Lexie et le
attention
au
dérivé
verbal
vaeeotomieev et
qu'aucun
dictionnaire ne donne les substantifs vaeeatomieé et vaeeatomiete. Les cas d'unités lexicales ainsi traitées pourraient s'additionner en une litanie interminable. andvopauee/ménopauee, le reviendrais rejetais
plus
loin
morphologiques
sur
Il faudrait par exemple étudier le oouple terme
inaeete, et bien
le mot
oaistituent
ahier doit ni
plus
ni
nous
d'autres. verrons
moins
qu'une
Nous que les "chiée
lexicale". L'absence de ce genre de mots des dictionnaires notifie le refus de la démocratisation du savoir moderne, lequel appartient autant aux enfants qu'aux adultes.
Certains des dictionnaires témoins des exemples précédents
sont des outils pédagogiques, destinés donc aux apprenants.
Ils sont des
plus normatifs et des plus sélectifs lorsqu'ils rejettent cu définissent de manière absconse ou tautologique des mots qui pourraient réveiller eu
34 éveiller
des
idées
inconvenantes
chez
les
jeunes.
Les mots tabous,
les
i n t e r d i c t i o n s recèlent des charges a f f e c t i v e s auxquelles s o i t sensibles
les
enfants; e l l e s peuvent avoir des influences sur leur développement o o g n i t i f e t œ l a n ' e s t pas n é g l i g e a b l e .
V o i l e r ces r é a l i t é s ,
c ' e s t refuser une part
de v i e à tous l e s ê t r e humains.
5.3
L'interdicticn
sociale
Nous regrouperons sous c e t t e é t i q u e t t e tout ce qui concerne l e s rapports entre
l e s hommes e t
exenple, preints
la
de haine,
ressentiment, Ce
les
femmes,
le
sexisme,
féminisation des t i t r e s ) , les
fourre-tout
de mépris, injures,
l e s changements sociaux
l'homosexualité,
de dédain,
certaines
d1 ánimosité,
de malveillance,
conduites asociales
de
ou désagréables.
s o c i a l ne saurait ê t r e e x p l o i t é dans son e n t i e r .
exemples é c l a i r e r a i t l e aanportement des d i c t i o n n a i r e s .
(par
l e s sentiments em-
Quelques
L'extrapolation
ira
de soi par l a s u i t e .
Ainsi
macho
défini
familièrement
:
"Latino-américain
qui
fait
s e n t i r sa s u p é r i o r i t é de mâle", puis par extension : "Homme p h a l l o c r a t e " par le
est
PR,
donné
comme
péjoratif
par
le
et
Lexie
le
PLI
"Hcmme considéré sous l e rapport de sa s u p é r i o r i t é en tant que mâle". DHLF quant et
péjoratif
à
lui :
enregistre
mis
macho
il
le
marque
comme
que en
d'un
côté' le
relation
établit
une
avec
PR e t son
relation
les
deux d i c t i o n n a i r e s
caractère
de
immédiate
entre
l e silence est t o t a l ,
DUI,
familier
"Homme qui a f f e c t e l e s dehors de la v i r i l i t é brutale,
a f f i c h e ime a t t i t u d e de s u p é r i o r i t é à 1'égard des femmes". naie
l'homme
que de
et
les
l e mot n'ayant pas été
qui
On remarquera
Larousse mettent
tandis
: Le
l'autre
femmes.
l'homme l e DHLF Dans
le
jugé digne de p a r a î t r e
à l a nomenclature.
L'une des conduites réprouvées par la s o c i é t é e t des plus malsaines à ses yeux concerne naires DHLF, ce
suivants PLI,
concept
répertoires termes
très
DUI), des
qui un
plus
concentrent
: "action,
certainement nous seul
le
suicide.
servent tente
interdits. 1'information
une Hormis
de
Parmi l e s cinq repère
explication le
PR,
définitionnelle
les
(PR,
dictionLexie,
éclairante quatre
à peu près
geste v o l o n t a i r e de se donner l a mort ou de l e
de
autres en
ces
tenter".
35 Cbmparons la
Aucune autre explication d'ordre psychologique n'est fournie, définition du PR qui ouvre des voies nouvelles :
"Action de causer volontairement sa propre rrort (ou de le tenter), pour échapper à une situation psychologique intolérable, lorsque cet acte, dans l'esprit de celui qui le commet doit entraîner à coup sûr la mort." La
réprobation
sociale
euiaidé
l'article
rejoint
dans
la
PR
le
réprobation
et
le
lexicographique
Lexie
où
l'on
à
donne
comme exemples lexicographiques les deux phrases que voici : PR
s Cil refuse la sépulture chrétienne aux personnes suicidées.
Lexie
: L'Eglise refuse la sépulture religieuse aux personnes suicidées.
L'utilisation
du
pronom
on
indéfini
par
PR
le
laisser planer le doute sur les responsables de 1' anathème, Lexie,
permet
de
lundis que le
en identifiant ranmément l'Eglise comme responsable du refus de la
sépulture religieuse aux suicidés, individualise l'actant et le pointe du doigt.
Simultanément, la condamnation du suicide qui perce à travers les
énoncés discursifs choisis par les deux dictionnaires, annihile l'entrée et plus particulièrement sa définition. Si en se tourne maintenant du côté du phénomène de l'homosexualité, qui souffre toujours de 1'interdiction et de la condamnation par la plus grande partie de la société, en fera quelques remarques à propos de certains mots qui
sont
propres
à
cette
collectivité
sociale
souvent
cataloguée
de
marginale.
Le
mot
gai,
ainsi
que
sa
forme
féminine
gaie,
est
absent
de
tous les dictionnaires mentionnés lors de notre exemple précédent, quelle que
soit
forme est
la graphie
empruntée gay
connu
dans
: la fiarme adaptée gai/e
utilisée en France.
toute
la
au Québec ou la
Pourtant ce mot emprunté à
francophonie
et
attesté
l'américain
fréquemment
littérature d'autant plus qu'il est de souche française.
dans
la
Nous en avons
nous-même observé une attestation écrite sur l'un des murs extérieurs de la cathédrale de Tburs en 1978.
Ce mot du langage homosexuel devrait pouvoir
36
se nicher t ô t ou tard auprès de son homonyme dans l e s d i c t i o n n a i r e s l e s plus ouverts.
Même l e
l'attente,
ni
le
très
sérieux
non moins
DFNC ne
sérieux
l'a
DMC.
pas
mis
au purgatoire
Lesbianieme
quant
de
à lui
n'a
pas é t é retenu par l e DHLF. Un autre selon
les
mot
("Homosexuel le
PLI,
DHLF, PR.
très
courant
dictionnaires. passif")
par
vulgaire
et
populaire Il
ne
et
reste
plus
comme
tapette
Ignoré le
du
subit
DUI,
Lexie,
il
un
est
populaire
sort
différent
catalogué
argot
("Homosexuel")
par
vieilli
("Homosexuel
passif")
par
le
vulgaire
("Pédéraste
passif")
par
le
l'écheveau
niveaux
qu'à
démêler
des
de
langues
a t t r i b u é s e t à p r é c i s e r l e sémantisme exact du mot. Examinais
enfin
un dernier
mot du langage
gai
qui
est
l ' i n s t a n t de tous l e s d i c t i o n n a i r e s à c i r c u l a t i o n courante. mot
fagot
résurgence
1'expression étaient
sentir
autrefois
le
d'une fagot
condamnés
époque :
"être
antérieure suspect
au bûcher)"
du
français
d'hérésie
(PR)
ou
absent
pour
I l s ' a g i t du (les
encore
(voir
hérétiques
"se
dit
d'une
personne ou d'une chose qui e s t en opposition avec l e s opinions couramment admises, C'est
qui
par
frise
l'hérésie
l'intermédiaire
français.
texte
de
s'expose
l'anglais
à une condamnation"
que l e
mot r e v i t
(Lexie)).
aujourd'hui
ai
Mais a - t - i l vraiment q u i t t é l e lexique usuel de c e r t a i n e s p e r -
sonnes pendant un temps? Lexie,
et
l'examen
de
Mis à part
quelques
l e sème d' 'opposition'
dictionnaires
moins
courants
noté par
et
d'un
paru récemment dans une revue s p é c i a l i s é e apporte des
le
court
informations
complémentaires. Le fagot
DGP et
enregistre
dans
l'expression
daine une première d é f i n i t i a i h é r i t é e
é t a i t punie du bûcher. l a première et e l l e question
fagot
:
cù
le
l'hérésie
La seconde d é f i n i t i o n e s t une extension de sens de
conduit tout d r o i t
"S'avérer
de l'époque
sentir
non conformiste
au groupe s o c i a l sur
dont i l
un plan moral,
p o l i t i q u e , r e l i g i e u x . . . ou même i n i t i a t i q u e " .
est
ici
philosophique,
F à u t - i l v o i r dans l e s points
de suspension l e dernier tronçon qui r e s t e à parcourir pour aboutir au sens homosexuel de Quant troisième
au sens
fagot? DFNC, nous
il
relève
retiendra
un
fagot instant
dans :
trois
sens.
"Terme d ' i n j u r e
Le
plaisante.
37
Voyou, vaurien". contexte
Sans rejeter entièrement œtte définition, l'examen du
énumératif
fourni par
nouvelle sur la définition.
les auteurs
jette peut-être une lumière
Il pourrait facilement être interprété comme
appartenant au champ lexical de 1'homosexualité.
Voici ce contexte :
J'en ai eu deux : deux saligauds, Deux tant's, deux filous, deux fagots, Deux vach's, deux cochons, deux tapettes Qui gueulaient ... qui m'foutaient des coups. A. Bruant, Dans la rue, p. 124.
C'est
par
réintroduit
l'anglais
en
américain Dans
fagot
article
publié
se
serait
Bevdaahe1
(n° 23, septembre 1981, p. 5) et intitulé
: "A prcpos des
'fagots' -
Quelques
les
suivantes.
linguistiques",
un
que
dans
notes
français.
faggot
en
trouve
explications
Fagot désignait au Mayen Age des présumés homosexuels mis au bûcher en compagnie de
des
tendance
faggot.
sorcières.
Par
homosexuelle.
Aujourd'hui
extension, L'anglais
faggot
a
acquis
fagot a écrit une
désigné
aussi
bien
acception
les hommes fagot
que
particulière.
"Pour les anglophones gais d'Amérique, ce not a été utilisé pour caractériser
l'homosexuel
efféminé,
ewieh
("folle")
queen
ou
1'efféminité [...]."
qu'il
("grande")
soit
nelly
selon
la
("femmelette"),
classification
de
Le mot aurait par ailleurs une connotation péjorative
pour la plupart des Américains.
Les dictionnaires américains les plus récents consignent les mots de cette famille lexicale dont l'usage semble répandu :
fag
: "a male homosexual" (WNWD)•
faggot
: "a male homosexual" {WNWD). Cf. aussi le dérivé faggoty;
faggoty or faggy : "effeminate, homosexual" (BDNE); faggotvy
: "homosexuality" (BDNE);
faggotvy
: "male homosexuality" (6,000W).
Enfin, 1
l'ultime
information
sur
Journal de l'Association pour Québec.
cette
notion
nous
viendra
du RC
les droits de la communauté gaie du
38 qui
traduit
On y
faggot. de
pêdê. ne
(fagot)
français/anglais
pêdê ,
ni
cependant gay
une pas
aourtisent.
1980 : "Actuellement Kramer
intitulé
série encore
Faggot
la
ne
est
de
défini
: un pédéraste"
(p.
dans
169).
ou
équivalent homosexuel,
et
gay
le
ni
fag
comme
gay
dictionnaires
ainsi
à
qu'à
déviations, les
pêdê,
dictionnaire,
renvoient
présence
Fags dans sa ver sien
Renaissance en 1981.
du
renverra
de dans
par
faggot
ne
tante
notera
sont
et
pêdê
partie
Mais Par
homo. les
la ni
homosexuel,
par
fag
Dans
tante.
faggot
français,
mis
glossaire
ils
de Hjston
(Voir l e roman de Larry
française parue aux Presses de la
Le t i t r e américain é t a i t
Faggote.)
L ' i n t e r d i c t i o n sociale existe encore bel et bien comme l ' i l l u s t r e n t exemples précédents. riner
des pratiques
certains
éléments
les
Les dictionnaires seront toujours réticents à entésociales
de cette
répandues mais moralement dangereuses pour même société.
On pourrait
encore
analyser
d'autres phénomènes, d'autres comportements que la société place au rang des déviations silence. toires
et que les dictionnaires condamnait ou sur lesquels Ainsi,
ils
font
la prostitution qui est très mal t r a i t é e dans les réper-
lexicographiques,
l e concept de " c o n f l i t des générations" particu-
lièrement mis à la mode après Nfei 1968 et dixit aucun des quatre dictionnaires
suivants
:
compte, ni sous aonflit 5.4
PR,
Lexis,
ni sous
et
DHLF
PLI,
ne
rend
génération.
L'interdiction politique Les lexicographes interdisent parfois l'accès à leurs dictionnaires aux
termes qui désignent une doctrine ou des concepts fondamentaux d'une doct r i n e sous prétexte q u ' i l s remettent en cause l ' i d é o l o g i e dominante. cette
catégorie
racisme,
d'interdits,
on peut ranger
les groupes ethniques,
parmi les mots désobligeants, illustreront œ v o l e t .
la guerre,
les
etc.
Parmi
systèmes politiques,
le
Quelques exemples glanés
féroces, p é j o r a t i f s ,
moqueurs ou insultants
D'autres mots empruntés au vocabulaire politique ou
guerrier compléteront les premiers. Le PB,
terme
PLI,
nuancées; ( l e
injurieux Lexie,
youpin
DHLF
apparaît
avec
des
dans
quelques
définitions
DUI n'a pas l e not dans sa nomenclature).
dictionnaires plus
ou
:
moins
39 PR
:
"Par· dénigr.
Juif".
"(Injurieux)
(Un tirage de 1980 donne
Juif".) PLI
:
"Pop.
Lexis
:
"Terme vulgaire et raciste pour désigner un juif".
DHLF
:
"Injur,
Terme raciste utilisé pour désigner un juif".
et vacíete
Juif".
Les deux représentants de la maison Larousse ont recours à la définition métalinguistique brutale,
qui
évite
la
définition
substantielle
directe,
dent la fonctionnalité pourrait être reprochée au
plus
lexicographe.
Ils n'assument donc pas le mot au premier niveau définiticnnel. La plupart marqués
par
bioot,
des
les
mots
acmme youpin
lexicographes
e i d i ,
amerlot,
à
qui
l'aide négro
désignent
des
niveaux
(dans
des personnes de
le
langue
Lexie
sont
(voir
:
seule-
ment), etc.).
L'évolution dernières années
des
comportements
a conduit
la définitie« du not nègre.
à modifier
sensiblement
Il n'est guère de
ces
réper-
toire lexicographique qui ne dessine une définition plutôt métalinguistique ou qui n'attire l'attention sur la façon de voir et de oonprendre le concept aujourd'hui. PR
:
"Vieilli
ou péj.
Homme, femme de race noire, dite
'mélano-africaine' (divisée en cinq groupes : soudanais, guinéen, aongolais, nilotique, sud-africain ou zambézien)." Lexie
:
"Hcnnne, femme de la race noire (mot péjor. et injurieux dans la langue commune, remplacé auj. par NOIR, E; en ce sens s'écrit le plus souvent avec une maj.)"
DHLF
:
"Vieilli
(souvent employé avec une intention péjor.)
Personne de race noire." PLI
:
"Personne appartenant à la race noire (mot péjor., remplacé par NOIR)."
DUI
:
"Mot péjor. et raciste, à éviter, désignant une personne de 'race' noire."
40
Ce
portrait
analysant
du
chacune
not
des
nègre
pourrait
définitions
plus
davantage
être
développé
scrupuleusement,
en
en
particulier
l ' é n o n c é anthropologique du PR. Le
vocabulaire
exemple,
le
Lexie,
le
(repris
du
a
coco,
DHLF,
aussi
pour
le
DMC) ,
lui-même). derrière
politique
mot
mot
éléments
faaho,
abréviation
Certains
ses
communiste
dans
fasciste,
condamnent
(voir
fascisme
et
fasciste).
le
le
le
PR
mot
fascisme
implicitement Ces
par
PR,
dans la
l e mot t a n d i s que d ' a u t r e s s e aontentent d'une simple
descriptive
(voir
le
seulement
de
dictionnaires
troubles
,
prises
chose
définitiai
de
position
varient seien les dictionnaires et seien les occasions. Des
syntagmes
comme
lutte
des
classes
et
bureau
qui n ' o n t évidemment p a s l e s honneurs d'une e n t r é e l i b r e , faire 1,
l'objet
sens
lutte
3
:
des
bureau l'objet sens
2
ou 2)
mention
sens
2
:
"lutte
: des
politique
tion
comme et
c'est
le
lutte
des
classes);
cornine "La
exemple
lutte
classes";
encyclopédique bureau
le
politique
du
cas
(voir PLI et
sous
PR,
classe
sens (cf.
7
PR,
(cf. 2,
(cf. faire
DHLF,
sous
classe
I,
sous
bureau
:
sous
peuvent
PR,
bureau
sous
sens
4
:
"le
II,
sens
2:
i l s peuvent f a i r e 1 ' o b j e t d'aucune informabureau
politique
cependant
de
Politburo
où le
ils
classes";
Lexis,
parti";
sous
encyclopédique
lexicographique
des
parfois
classe,
partielle
développement
d'un
DUI;
définition
peuvent
Lexis,
sous
d'un
"Bureau p o l i t i q u e d'un p a r t i " ) ; PLI
(cf.
DUI,
encore
:
I,
élaborée
classes, d'une
ou
lutte
d'une
bureau
des
sens
sous
classe
définition
lutte
classes)
II,
PLI,
d'une
politique,
il
est
même
mot
défini dans
le
dans
le
dans
à
l'aide DUI
de
glosé
DHLF,
la à
le
section l'incluant l'aide
du
syntagme f r a n ç a i s dans l a p a r e n t h è s e étymologique). Pour c r e u s e r p l u s à fond l a pensée d e s l e x i c o g r a p h e s f r a n ç a i s à l ' é g a r d du v o c a b u l a i r e p o l i t i q u e tive,
e t pour mesurer l e u r
idéologie politique
respec-
i l s e r a i t i n t é r e s s a n t e t p r o f i t a b l e de comparer quelques mots dans l e s
divers
dictionnaires
:
droite
gauchiste
;
prolétariat
bourgeois
;
liberté
;
et
et
gauche;
gauchisme
p r o l é t a i r e / b o u r g e o i s i e
ségrégation ,
etc.
et et
41 5.5
L'interdiction religieuse La religio« judéo-chrétienne a donine la civilisation ouest-européenne
depuis près de deux mille ans. interdits
religieux
soient
Aussi n'est-il pas surprenant que les
transposés
jusque
dans
le dictionnaire,
en
particulier ceux qui concernent d'autres religions que le christianisme. Le
religion
mot
dans
PR
le
est
mis
en
relation,
dans
le
premier groupement de sens, avec le Dieu des chrétiens et non pas avec la puissance PLI,
divine
ai
Certains quelques
termes péjoratifs,
nomenclatures, auvaillon
sont
ou
le
sacré
(cf.
le
DUI,
DHLF,
le
le
Lexie).
le
Ainsi
général
absents
du
familiers ou populaires
ou encore certains de
ou
auveton,
DUI,
tandis
le que
leurs sens sont
sens le
sont éjectés de
péjoratif
PR
et
le
ignorés. eurê
de
Lexie
l'ensemble et que le DHLF ne retient que l'allusion péjorative de
notent curé.
C'est à la révolution islamique iranienne très répressive que l'on doit l'entrée
mot ayatollah
du
dans
les dictionnaires
et non aux
qualités
religieuses du principal chef religieux chiite dont il est ici question. Ayatollah
est
dans
tous
les
dictionnaires,
y
aanpris
le PR,
consigne dans un tirage récent (1981) et non dans l'édition 1977.
qui
le
Il est
défini de la manière suivante : DUI
:
PLI
:
"Chef spirituel musulman chiite." "Titre honorifique donné aux principaux chefs religieux de l'islam chi*ite."
DHLF :
"Dignitaire musulman chiite."
PR
"Dans 1'Islam, titre porté par certains religieux d'une
:
haute autorité; le religieux lui-même." Seul
le
PLI
enregistre
la forme plurielle chiitee.
l'orthographe PR et Lexie
ahï'ite,
cnt aussi
les
autres
citant
ehiite. 0
On a
vu
lors du volet
catholique punit le suicide.
sur
l'interdiction
sociale
comment
l'Eglise
Nous ne reviendrons donc pas sur le caractère
également religieux de cette condamnation.
42
L1interdiction artistique
5.6
I l s ' a g i t i c i pour nous du r e j e t des d i c t i o n n a i r e s des mots a c t u e l s e t très
oourants en matière d ' a r t s
visuels,
de cinéma,
de photographie,
de
musique e t de danse contemporains. Quelques
exemples
choisis
dans
le
dcniaine
des
arts
visuels
nous
suffirais. D'abord plus,
du
Arts
le moins
visuels
arts.
Le
les
terme au
de
Québec,
syntagme
PLI,
visuels le
l'Université
principaux
OHL?,
arts
arts Il
terme arte
lavai),
visuels
répertoires
OUI).
lui-même
en
qui
n'a
qui
remplace
plastiquée avait
pas
va
de
encore
même
(cf.
évincé
lexicographiques
de
l'Ecole
le
droit
plus
terme de
(PR,
d'autres
mots
pour
dans
la
communication
interindividuelle
et
dans Lexis,
domaine c r é é s autour de 1970 sous 1 ' i n f l u e n c e de 1'américain e t quotidiennement
des
beaux-
cité
français
en
de
ce
véhiculés dans
les
journaux. Artiste
visuel,
installation, sont
marqués
au
C'est
le
dictionnaires. Lexis,
un peu p l u s
(voir
sous
corps
sous
dona ine
des
ouvert, 1)
et
arts
donne
aussi
installation
de
cas
du
esquisse .
forme
performance
performance PR, des
PLI
du
body
définit
OUI
sous
performer/ tous
du
DHLF.
date
la
de
palme
: art
(sous
art,
,
pour art
accueille art)
land
presque
et
qu'il
remporte
environnement
(qu'il
pour
définitions
puisqu'il
anglaise
et
art),
l'interdit
environnement Le
contemporains
la
(body
,
coin
pour
environner)
art, et
corporei
environnement
performeur
(voir
art
Le
corporel v.
1970
pour
corporel
corporel),
(donnés
comme
action
dont
les
ce (il land
synonymes) il
fait
un
synonyme).
Voir
encore
(expressionnisme PLI
et
Jackson en a r t .
parfois Pollock).
d'autres abstrait,)
mentionnés Voir
termes
comme
action
gestuelle
,
peinture dans aussi
des la
articles famille
du
painting catalogués
onomastiques terme
(voir
au PR2·.
dématêrialisation
43 5.7
L'interdiction littéraire
L'idéologie lexicographique peut aussi se manifester par la sélection des écrivains que les lexicographes utilisent pour mettre de la chair sur le squelette des mots. le sens des mots. mot.
Les extraits d'oeuvres littéraires viennent illustrer
Cbrollairement, le public acceptant l'auteur acceptera le
Dans le cas d'un refus de l'auteur, il y aura soit refus du not, soit
désapprobation.
Tel lexicographe développera un goût préférentiel pour des
écrivains de gauche, tel autre pour des auteurs de droite, tel autre exclura les femmes écrivains, tel autre enoore sortira de la littérature traditionnelle pour
introduire des énoncés de presse et même du discours parlé
recueilli à la radio ou à la télévision.
Nous voudrions maintenant foca-
liser notre attention sur un aspect des choix littéraires des lexicographes. Le Petit Robert servira enoore de messager.
Une mini-expérience a été aonduite à partir de la deuxième édition du PR et à propos des auteurs
retenus pour les 19e et 20e siècles.
La
lettre M, située en plein milieu de l'alphabet, a servi d'échantillon. Nous nous saranes arrêté à relever les occurrences des citations de œrtains auteurs
reconnus pour leur valeur et leur représentativité
littéraires.
Sans que l'analyse fusse poussée réellement à fond, voici quelques résultats et quelques constatations à propos des maîtres de la prose française.
Par
la suite en fera les extrapolations que l'en veut.
Mais d'abord, il est essentiel de fournir quelques informations utiles pour
éclairer
nos
réflexions.
quelque 64 écrivains pour le 19 Gueunier 1974:143).
La e
première
édition
du
siècle et 129 pour le 20
PR e
catalogue
siècle (voir
On peut extrapoler que la deuxième édition n'a pas
beaucoup modifié ces chiffres et que le faible taux de variabilité n'a guère de poids ici puisque à l'augmentation du nombre d'auteurs,
il faudrait
conparer l'augmentation du nombre des citations pour ceux que nous avons retenus.
La
lettre M répertorie
3050 entrées
type surtout variantes graphiques.
libres ou entrées
renvois du
Elle occupe les pages 1123 à 1251, eoit
128 pages, c'est-à-dire 5,89% du total des pages dévolues à la nomenclature ou enoore 5,55% de la macrostructure évaluée approximativement à 55 000 unités lexicales.
44 Nous Balzac
avons
et
très
Zola
et
consci eminent un du
e
20
retenu
siècle
deux
en
géants
du
la personne
19 e
siècle
de Gide.
en
Malgré
l'absence prolongée de Zola dans les dictionnaires Robert, car ce n'est que dernièrement qu'il fut réhabilité, nous présumions une très grande fréquence de citations pour ces trois écrivains qui représentent leur époque et qui ont atteint sans nul doute une notoriété littéraire universelle.
Nous ne
«
nous sommes pas trompé comme en le verra.
A ce premier bloc d'auteurs, nous
en avons adjoint un second et cela pour d'autres raisons.
Céline,
Anteil io, Gary, Sartre sexit aussi célèbres que leurs devanciers.
San
Mais ces
garnements de la littérature
sait plus ou moins acceptés, plus ou mains
tolérés par
sociales.
certaines
castes
Ces
auteurs
sont d'autant
plus
intéressants pour nous qu'ils confirment quelques-unes de nos hypothèses sur lesquelles nous reviendrons plus loin après avoir signalé quelques observât ions à propos de notre premier échantillonnage. Le repérage systématique des citations de Balzac, de Zola et de Gide nous aura apporté les résultats suivants : Balzac est cité 102 fois, Zola 72 fois et Gide 58 fois pour un total de 232 citations.
A eux trois,
ils
représentent un peu plus de 7,6% des citations, taux qu'il faudrait vérifier et penderer puisqu'il arrive qu'un auteur soit cité plus d'une fois dans un article, rarement plus de deux cependant (voir Sartre, cité trois fois sous mort):
il
arrive
également
fréquemment
qu'il
littéraire pour un grand nombre d'articles. d'une citation par article. trois, 20
e
ils
constituent
siècles
L'écart
qui
ait
pas
de
citation
D'où nos preibablilités moyennes
Or, si nous en revenons à nos auteurs, à eux
1,5%
des
apparaissent
193
dans
entre la représentativité
citations est exorbitant.
n'y
écrivains
le
tableau
représentant établi
par
les N.
19 e
et
Gueunier.
totale des écrivains et le nombre des
Ainsi, Balzac, Zola, Gide obtiennent à eux trois
une moyenne de 77,33 citations chacun.
Ce taux dépasse largement la moyenne
générale qui serait atteinte si les 193 auteurs avaient été retenus et cités à
la
lettre M,
soit
15,8
apparitions
par
auteur.
Le rapport
dispro-
portionné est de l'ordre de 1 à 5 en faveur du trio témoin.
Ce problème des citations nous
adjoignons
à
ces
littéraires prend encore de l'envergure si
remarques
quelques
glanées au passage lors du dépouillement. Flaubert,
Hugo,
Gautier
(pour
le
19 e
observations
supplémentaires
Nous avons noté par exemple que
siècle)
et
Ftomains
(pour
le
20 e
siècle, ce qui ne cesse pas de nous étonner) étaient cités très souvent, que
45 les écrivains Montherlant,
ele la
seoonde moitié du 20
Navarre,
etc.,
ne
faisaient
beaucoup d'écrivains n'apparaissaient
e
siècle comme Camus,
que
de
Malraux,
rares apparitions,
que
que de loin en loin, que plusieurs
étaient parfois plus ou moins connus et peu lus (tels Benda (1867-1956) : moquer,
Pergaud
mort,
(1882-1915)
: mordillage,
Madelin
(1871-1956)
s mosaïque,
Sorel
(1847-1922)
:
motif,
mythe),
Comte
(1798-1857)
:
Seignobos
(1854-1942)
:
que
de
rarissimes
autres
étaient des témoins extrahexagonaux comme Ducharme, Hébert, que les femmes n'étaient pas nombreuses sur le podium littéraire
(outre Nfallet-Joris, de
Beauvoir, Hebert, quelques présences du passé comme t-fedame de Staël, Sand). A côté de la littérature officielle, en a remarqué que des citations proviennent
d'écrits
le domaine (sous
de
la
divers
telle
linguistique
millésime),
tel
le
la
avec
domaine
Bible
ibrtinet
de
la
(sous
moissonner),
(sous monème)
politique
avec
et
tel
Hatzfeld
Trudeau
(sous
multiculturalisme).
Ce simple survol à l'oeil de l'élément littéraire du dictionnaire laisse clairement entrevoir que la littérature dixneuviémiste et hexagonale tient encore et de loin le haut du pavé citationnel.
Cette conclusion tangible
a son importance, même si nous n' avons pas tenu compte des écrivains antérieurs
au
19 e
siècle.
Plusieurs d'entre eux sont évidemment
cités, de
Montaigne à Voltaire, de ï&belais à Rousseau en passant par Cbmeille et La Fontaine.
Une étude plus approfondie pourrait
soutenir
et préciser nos
avancés.
La langue vivante de cette fin du 20 e siècle s'appuie en grande partie sur
des
valeurs
littéraires
sûres dent
la majorité,
qu'il
resterait
à
évaluer en pourcentage précis, occupe un créneau temporel situé entre le deuxième tief s du 19 e siècle et la première moitié du 20 e siècle.
C'est
là une constatation à la fois positive, de par l'élément de sécurité qu'elle apporte aux lexicographes, et négative, de par la non-représentativité des écrivains
très contemporains.
Les auteurs vivants et encore productifs
doivent céder le pas aux écrivains morts.
Cela tend-il à entériner l'idée
que le dictionnaire est un cimetière de mots?
D'un autre point de vue, nous pensions que certains écrivains étaient fortement connotés ou marqués au coin des idées réprouvées par la société, à tout le moins non entièrement partagées par la classe dominante.
Les idées
46
de ces écrivains ou la langue dont i l s se servent p l u t ô t que leur é c r i t u r e elle-même sont l ' o b j e t des c r i t i q u e s bourgeoises. nos yeux comme des modèles
I l s apparaissaient donc à
idéals qui pouvaient
servir
pour
illustrer
c e r t a i n s mots désapprouvés par la bonne société ou qui f a i s a i e n t p a r t i e de champs lexicaux cù des idées de malversation, de s a l e t é , de réprobation, de sexe, de non-conformité sociale ou p o l i t i q u e dcminaient.
A œ t e f f e t nous
a v i á i s élu quelques écrivains non académiciens comme Sartre, San Antonio, Céline e t Gary, pour lesquels l e comptage des c i t a t i o n s f u t exhaustif, e t de Beauvoir e t Genet, pour lesquels l e comptage f u t plus ponctuel.
Boudard
a v a i t é t é sélectionné, mais aucune occurrence de sa l i t t é r a t u r e n ' a p p a r a î t à la l e t t r e M du PR. Deux auteurs ne nous cnt pas gâté. tou,
masee,
Gary
avec
mentalement,
une
seule
notre hypothèse. cité
une
mettre
(dans
métrage
(maison)
sont
ici
(mater);
de
l'expression
milieu.
Sartre,
Beauvoir
on
les
met)
malgré
la
remporte la palme du ron-conventionnalisme. sartriennes laire
de
( s e ) ,
de la
la
lettre
f o i s ) , mou,
M, quinze
désapprobation.
martyriser,
merde,
et
orthodoxes
musette) et
ne
Les autres cnt répondu à nos a t t e n t e s .
fois
mentionnons
Céline avec cinq c i t a t i o n s (mani-
minable,
et
moche:
double
les
dans termes
mescaline, pour
citation
mauvais,
méchant,
morne,
morpion,
le
pas
San Antonio e s t
pour
Sur les t r e n t e - s i x
entrent
Voici
l'est
et
servent
champ du : maculer,
Genet
à
mère,
citations vocabumagner mendicité,
mort
( t r o i s
mystifier.
Cette manière de procéder n ' e s t pas innocente. Elle manifeste des choix de la p a r t du lexicographe. I l peut par l à approuver ou désapprouver l'écrivain. I l peut l e c i t e r comme témoin de son temps ou dorane accusé. Quelles seraient l e s réactions du public bien-pensant s i tfeuriac ou Claudel remplaçaient Sartre pour l a plupart de ces quinze vocables? Sans doute f o r t d i f f é r e n t e s ! Pour en savoir plus sur ces procédés, i l faudrait développer l e s recherches e t aboutir à des r é s u l t a t s complets. Nous n ' a v a i s f a i t que poser quelques questions. Le préjugé l i t t é r a i r e qui touche des auteurs aomme San Antonio, Boudard,
47 Gary ou qui atteint d'autres écrivains, ne prendra pas fin du jour au lendemain.^ Bien des auteurs valables sont encore absents ou quasi absents des dictionnaires;
ils sent relégués au purgatoire de la récupération
sociale (Y. Navarre en est un).
Il en va ainsi de quelques auteurs de
romans policiers, de remans d'espionnage, de renions de science-fiction ou du discours bédéiste.
Ce train de remarques pourrait s'allonger indéfiniment
pour creuser encore plus les idéologies littéraires des lexicographes. Mous avens voulu montrer que tout cela contribue à perpétuer la demi nation de la "bonne littérature" dans les dictionnaires.
L'écrasante présence des
discours littéraires passés et actuels reflète même encore aujourd'hui des systèmes de valeur passéistes qui suffisent "à caractériser un itDdèle très spécifique par rapport au modèle hypothétique, mais forcément plus général, de la langue" (Rey/Delesalle 1979:16).
5.8 L'interdictien onomastique Cette catégorie d'interdiction ccncerne au premier chef le rejet des dictionnaires encyclopédiques (ou de la partie encyclopédique de certains dictionnaires de langue) de nems de personnalités (politiques, littéraires, scientifiques, etc.), d'événements historiques eu actuels, de personnages littéraires ou bédéiens universellement connus, de nems de lieux importants, d'oeuvres cu de faits particulièrement marquants pour l'histoire du monde, pour 1'evolution de l'humanité cu encore essentiels au bagage culturel de l'homme contempora in. A
titre d'exemples d'interdiction, nous avons sélectionné quelques
éléments du domaine de la bande dessinée (héros et créateurs), du demaine de la littérature marginale (personnages et auteurs), plus spécifiquement de la littérature policière, d'espionnage ou de jeunesse.
Le domaine plus
"sérieux" de la lexicographie a servi de contrepoids à une petite expérience, par ailleurs subjective et empirique.
Les élus sont répartis dans
trois tableaux qui serviront de point de départ aux commentaires qui suivent (les tableaux sont regroupés à la fin du chapitre).
L'origine géographique
des personnages réels ou fictifs, vivants ou morts est diversifiée. 2
La
Vérification faite dans le vénérable DMC, deux romans de R. Gary ent été dépouillés (Lee Racines du ciel, prix Goncourt 1956, et Chien blana, 1970), quatre romans de San Antonio publiés entre 1958 et 1969 et un ouvrage sur l'argot par A. Boudard, ouvrage écrit en collaboration et publié en 1970.
48 plupart appartiennent cependant au continent européen ou au continent américain. Ving-sept créations littéraires ou bédéiennes scxit les témoins de notre premier groupe de "fictifs" (cf. tableau 1). On en retrouvera quelques-uns sous
l'article
les plus connus.
bande
dans
le
DB
où
une
illustration
rassemble
Vingt-quatre témoins forment le groupe représentant les
créateurs (cf. tableau 2); tandis que quatorze célébrités du mande des dictionnaires constituent le groupe de lexicographes (cf. tableau 3). Même si le naribre des ouvrages choisis a été limité à cinq dictionnaires en un volume, le corpus d'exclusion (ou d1inclusion) établi est représentatif.
Qi
effet, quatre entreprises lexicographiques différentes y sont représentées, soit Iarousse, Robert, Hachette et Quillet/Flammarion.
Les nomenclatures
onomastiques des cinq dictionnaires soit à peu près comparables. Les ouvrages
témoins
sont
le
PLI,
le
DUI,
le
PR2,
le
DB
et le DEL.
L'observation attentive des tableaux ncntre que l'interdiction onomastique se manifeste de façon quasi totale pour le groupe littéraire (tableaux 1 et 2) tandis que les témoins lexicographiques sont acceptés avec un peu moins de réticence (tableau 3).
Une lecture croisée, horizontale ou verti-
cale, des tableaux apporte des informations révélatrices sur les attitudes lexicographiques françaises actuelles à l'égard de quelques groupes sociaux représentés ici par la ED, la littérature de détente et la lexicographie elle-même. Pour la bande dessinée et les personnages littéraires de nos tableaux, seuls
Béaaesine
rence),
Holmes,
(avec
2
occurrences),
Mickey
et
Tarzan'
Maigret (avec
(avec 4
1
occur-
occurrences
chacun) rejoignent les colonnes des dictionnaires au titre d'entrées libres faisant l'objet d'un article. l'échantillonnage. nombre
net
Ce groupe représente un peu moins de 20% de
La représentation francophone est réduite au minimum en
(axe vertical),
de
même
qu'en
Bêaaeeine et Maigret) (axe horizontal).
naribre occurrentiel Aucun
personnage
(voir
ou héros
ne fait l'unanimité du corpus de vérification retenu si ce n'est que vingtdeux d'entre eux sent totalement exclus des cinq dictionnaires.
Il est à
noter que quelques personnages littéraires sent cependant mentionnés dans les articles consacrés à leur créateur, lorsqu'il y a lieu.
Le plus
49 souvent, ils constituent des types, des caractères remarquables. va-t-il
de
Rouletabille,
de
Poirot,
de
Ainsi en
Lupin,
de
Tarzan.
Quant
aux
créateurs
des
personnages
littéraires
ou
bédéiens
du
tableau 1, leur accession aux dictionnaires n'est guère plus fréquente que celle de leurs rejetais.
Sur les vingt-quatre témoins sélectionnés pour le
tableau
Christie,
2,
seuls
occurrences
A.
chacun),
M.
W.
Leblanc
Disney,
(avec
4
G.
Leroux
occurrences)
(avec
et
F.
5
Dard
(avec 1 occurrence) soit acceptés dans les dictionnaires encyclopédiques où ils ont les honneurs d'un article indépendant. de 20% de 1'échantillonnage.
Ils représentent un peu plus
Les francophones 1'emportent de peu avec trois
présences contre deux pour leurs collègues anglo-saxons. qu'un
seul
et A.
francophone
Christie
photographies de
signaler
sont
à
fait
l'appui
aussi
l'uncinimi té
unanimement dans
du
admis par
alors
les cinq
l'un d'entre
que W. Disney est
corpus
eux
comme
F.
Dard
est
à
que W. Disney
ouvrages,
(le DUI).
le seul dessinateur
à avoir été accueilli dans le temple lexicographique. contemporain
Pfeis en remarquera
retenir
d'ouverture à autre chose qu'au classicisme
avec
Il ou
des
convient
concepteur
La timide percée d'un
comme
indice
littéraire,
certains comme au grand plaisir d'autres sans doute.
d'un
début
au grand dam de
Il faut enfin nuancer
ces réflexions et supposer que la plupart des auteurs ou créateurs élus doivent leur accession aux dictionnaires à la célébrité de leur personnage et aux types de caractères qu'ils campent.
Sans les renommées des person-
nages, il n'y aurait probablement pas eu d'article pour le géniteur ou la génitrice.
Enfin, une dernière remarque concernera le rapport lexicographique entre le
personnage
et
Miakey
et
son
forment
ce
auteur. que
Dans
l'on
nos
échantillons,
pourrait
qualifier
de
seuls W. Disney couple
lexico-
graphique (créateur et créature), étant accueillis l'un et l'autre de façon presque
unanime
par
les
dictionnaires;
seul
Aucun autre oouple n'apparaît dans les grilles. certainement
le
DUI
rejette
Miakey.
Il serait intéressant et
instructif de refaire les tableaux en ayant
soin de sélec-
tionner en ranbre égal les personnages et les auteurs afin d'effectuer des études
parallèles
sur
leur
traitement
lexicographique.
Nos
exemples
n'avaient pour but que de comparer des groupements de façon empirique et non pas d'établir des statistiques scientifiques.
Nous voulions tâter le pouls
50
de la lexicographie actuelle à partir d'une idée générale que nous avions sur le comportement de cette science en face de certains phénomènes culturels contemporains.
Il est probable que dans leur ensemble les résultats ne
seraient pas infirmés par un examen plus détaillé, plus poussé et plus rigoureux d'un échantillonnage de témoins et de dictionnaires. incorporer
dans
cette
recherche
des
vedettes
du
monde
On pourrait animal
comme
Laeeey, Rintintin, Milou, Flipper·, etc. Nous ne pouvons terminer cette section de 1'interdiction onomastique sans rappeler que œrtains des personnages ou des créateurs qui figurent dans nos listes sont, ou ait été, plus connus dans le mende que Jésus, Bouddha, ffehomet ou de Gaulle, qu' ils ait des millions de lecteurs ou de contemplateurs, qu'ils sent traduits et diffusés dans la plupart des grandes langues
de
civilisation,
y
compris
le
latin
(cf. Aetërix), langue
morte, et que plusieurs parmi les personnages mènent une vie extralivresque sous la forme de multiples gadgets et autres biens de consommation courants. Il semble que seuls les dictionnaires leur demeurent étrangers. l'essai d'Alain Rey sur la bande dessinée (Rey 1978).
(Voir
Les index de nans
d'auteurs et d'oeuvres rassemblent 245 entrées distinctes1)
Le troisième tableau qui réunit des lexicographes, illustre une attitude plus "permissive" du dictionnaire à l'égard de ce groupe social. Du fait de leur caractère historique et de leur répartition diachronique, ces savants forment presque l'unanimité et occupent largement les colonnes des répertoires de mots.
Seul Paul Robert fait hésiter
trois dictionnaires.
Mais sa mort récente devrait lui donner accès aux ouvrages récalcitrants très bientôt.
L'hésitation également observée à l'égard de A. Quillet
et de L. Hachette s'explique par le fait qu'ils apparaissent dans les colonnes de leur dictionnaire respectif à titre d'éditeurs d'encyclopédies et de dictionnaires plutôt qu'à titre de lexicographes de terrain.
Il est
par ailleurs curieux d'observer le sort réservé à deux lexicographes de la langue anglaise : l'unanimité s'est faite et pour l'un et pour l'autre : Samuel Johnson a
droit
aux
éloges
lexicographiques
tandis
que Noah
Webetev est simplement écarté par tous les répertoires du corpus (cf. le GLE, où
il est
répertorié).
Louis Guilbevt n'étant
pas
consi-
déré comme lexicographe mais plutôt comme linguiste, il est laissé de côté, malgré ses efforts accomplis chez Larousse, surtout lors de la réalisation du GLLF.
51 Deux
lexicographes
du
19
e
siècle
(Lavoueee
droit à l'iconographie dans plus d'un dictionnaire. Littvé photo
n'est dans
absente DB
et
que
du
PR2.
DH
tandis
Signalons
que
enfin
et
Littvé)
ont
La photographie de
Lavoueee que
n'a
pas
quelques
de
lexico-
graphes français du 17 e siècle sont répertoriés parce qu'ils évoquent une période apparaît
d'effervescence dans
le
littéraire.
DUI
alors
Pour
qu'aucune
cette
allusion
raison
Th.
n'est
Corneille
faite
à
ses
travaux de lexicographie. Quant aux lexicographes contemporains vivants, leur humilité les pousse à patienter encore un peu avant d'entrer au panthéon dictionnairique;
à
moins que ce ne soit le nythe de l'anonymat qui se poursuive tout en demeurant soigneusement entretenu?
Gomme en vient de le voir par quelques exemples êvocateurs, les interdictions lexicographiques peuvent se regrouper en deux grandes classes : 1. celles qui
concernent
les
interdictions
qui découlent
discours dans la société par les institutions"
"du contrôle des
(Girardin 1979:89), comme
c'est le cas des discours politiques, économiques, philosophiques, gieux, culturels et esthétiques;
reli-
2. celles qui concernent les interdictions
qui découlent du discours sur la sexualité et ses fonctions. La barrière nen linguistique des interdits lexicographiques constitue sans nul doute l'un des mythes les plus persistants de la vie courante. glissement furtif des choses vers les mots ne date pas d'hier.
Le
Depuis que
les hommes utilisent le langage pour communiquer, il existe un grand nombre de rots que l'on s'interdit d'employer. moins à écrire. (Huston 1980:21).
Tbut n'est pas bai à dire et encore
"Les mots tabou sont la catastrophe naturelle du langage" Et la lexicographie contemporaine est encore marquée par
ces mythes dont elle se détadhe difficilement.
Par des actes de censure
volontaires ou involontaires qui trahissent les embarras des lexicographes, elle altère la réalité des choses et rend coupable le semant i sme des mots et,
corollairement,
d'ailleurs.
les
usagers
se
culpabilisent,
souvent
sans
raison
L'absence d'un élément lexical des dictionnaires ou son impro-
bation est un indice de la non-appartenance de cette unité linguistique au français standard cu normé défini par une certaine classe dominante de la société.
Le oonsulteur de dictionnaires doit-il donc s'en tenir aux seules
52
limites imposées puis entretenues par l'éthique sociale dans les domaines religieux, politique, culturel, sexuel, etc.?
Ne pas l'avertir du jeu des
dictionnaires, n'est-ce pas devenir le complice de la société?
53 Tableaux des personnages, auteurs et lexicographes 1.
Personnages
"""———_______dictionnaires Personnages
PLI DUI PR 2 DH
DEL
1. Astérix
0
0
0
0
0
2. Bécassine
+
0
0
0
+
3. Charlie Brown
0
0
0
0
0
4. Nestor Burma
0
0
0
0
0
5. Donald
0
0
0
0
0
6. Fantomas
0
0
0
0
0
7. Fantôme
0
0
0
0
0
8. Goldorak
0
0
0
0
0
9. Sherlock Holmes
+
+
+
0
+
10. Lucky Luke
0
0
0
0
0
11. Arsène Lupin
0
0
0
0
0
12. Maigret
0
0
+
0
0
13. Mandrake le Magicien
0
0
0
0
0
14. Mickey Mouse
+
0
+.
+
+
15. Bob Moräne
0
0
0
0
0
16. Obélix
0
0
0
0
0
17. Peanuts
0
0
0
0
0
18. Pieds Nickelés (les)
0
0
0
0
0
19. Hercule Poirot
0
0
0
0
0
20. Popeye
0
0
0
0
0
21. Rouletabille
0
0
0
0
0
22. San Antonio
0
0
0
0
0
23. Spirou
0
0
0
0
0
24. Superman
0
0
0
0
0
25. Tarzan
+
0
+.
+.
+
26. Tintin
0
0
0
0
0
27. Zorro
0
0
0
0
0
Rem. : Le point indique la présence d'une photographie.
2.
Auteurs —
auteurs
'
dictionnaires ^ ^
PLI DUI PR 2 DH
DEL
1. Marcel Allain
0
0
0
0
0
2. Pierre Boileau
0
0
0
0
0
3. Claire Brétécher
0
0
0
0
0
4. Agatha Christie
+
+. +
+
+
5. Frédéric Dard
0
0
0
+
0
6. Walt Disney
+
+. +
+
+
7. Charles Exbrayat
0
0
0
0
0
8. Lee Falk
0
0
0
0
0
9. Bud Fischer
0
0
0
0
0
10. Louis Forton
0
0
0
0
0
11. René Goscinny
0
0
0
0
0
12. Hergé
0
0
0
0
0
13. Mauric Leblanc
0
+
+
+
+
14. Gaston Leroux
+
+
+
+
+
15. Léo Malet
0
0
0
0
0
16. Morris (Maurice de Bévère)
0
0
0
0
0
17. Thomas Narcejac
0
0
0
0
0
18. Alexander Raymond
0
0
0
0
0
19. Albert Simonin
0
0
0
0
0
20. Pierre Souvestre
0
0
0
0
0
21. Stanislas-André Steeman
0
0
0
0
0
22. Pat Sullivan
0
0
0
0
0
23. Albert Uderzo
0
0
0
0
0
24. Henri Vernes
0
0
0
0
0
Rem· : Le point indique la présence d'une photographia
3.
Lexicographes
^ ^ ^ ^ dictionnaires Lexi cographes "—•—
PLI DUI PR2 DH
DEL
1. Th. Corneille
+
+
+
+
+
2. A. Darmesteter
0
+
+
+
0
3. A. Furetière
+
+
+
+
+
4. L. Guilbert
0
0
0
0
0
5. L. Hachette
0
0
0
+.
0
6. A. Hatzfeld
+
+
+
+
0
7. S. Johnson
+
+
+
+
+
8. P. Larousse
+.
+.
+
+
+.
g. É. Littré
+.
+.
+.
+
+.
10. A. Quillet
0
+.
0
+.
0
11. C.-P. Richelet
+
+
+
+
+
12. P. Robert
0
0
+.
+
0
13. W. von Wartburg
+
+
+
+
+
14. Ν. Webster
0
0
0
0
0
Rem. : Le point indique la présence d'une photographie
6.
TYPOLOGIE LINGUISTIQUE DES INTERDICTIONS LEXIOOGRAPHIQUES
L'usage contemporain est le premier et principal objet d'un dictionnaire. C'est ai effet pour apprendre comment aujourd'hui l'on parle et l'on écrit, qu'un dictionnaire est consulté par chacun. Il inporte de constater cet usage aussi complètement qu'il est possible; mais cette constatation est cpuvre délicate et difficile (Emile Littré, Dictionnaire de la langue française, t. 1, p. III).
La plupart des préfaces, des avant-propos ou des introductions des dictionnaires de langue les plus connus et les plus couramment consultés »
expliquent les critères de sélection des nomenclatures. texte est développé laconique (cf. PLI).
(cf. PR),
mais le plus souvent
A l'occasion le l'explication est
Par ailleurs, les raisons des exclusions, c'est-
à-dire des not s non retenus, sont plus souvent qu'autrement assez équivoques, puisqu'il ne aonvient pas de s'expliquer clairement sur les rejets dent les incidences, qu'elles soient économiques, idéologiques ou autres, pourraient être incalculables.
Les mêmes raisons expliquent les difficultés
de connaître les mots retirés des dictionnaires de mise à jour en mise à jour.
Il faut que l'utilisateur reste sur l'inpress ion que l'expression
mie
jour,
à
signifient voilées
revu, toujours
(NDFCI, p.
effaçant dès avant
augmenté
ou
"addition".
encore que Aussi,
III) gouvernent-ils
le
terme nouvelle
le silence
(PLI),
édition
les paroles
la conduite des lexicographes,
la nomenclature la critique et le rôle pédagogique
essentiel du dictionnaire.
En brûlant
le discours d'entrée ai cette
matière, le dictionnaire prend une tangente et trahit son public.
Il
l'accule à penser que rejeter, censurer, interdire, sont des rôles normaux, privilégiés et exclusifs des fabricants de dictionnaires.
Et le signe d'une
culpabilité pour ceux qui utiliseront les nots tabouisés, mis au ban.
Nous
57 aurons l'occasion de revenir au fur et à mesure que se déroulera cette typologie sur les opinions des lexicographes à propos de chacun des types de mot.
Les
interdictions
linguistiques
lexicographiques
les plus apparentes
sont les suivantes : les néologismes (y compris les norphologismes), les terminologismes, les régionalismes, les emprunts (y compris les xénismes et les pérégrinismes), les vulgarismes et les argotismes (ou si l'on veut le vocabulaire non conventionnel
: les non-conventionnalismes), les dérivés
onomastiques (gentiles, anthroponymismes, tcponymismes).
D'autres censures,
rattachées surtout aux définitiais et aux marques de niveaux de langues, seront évoquées à l'occasion, puisque le discours lexicographique lui-même est objet d'interdiction et de déviation.
À des degrés divers les éléments
énumérés ci-dessus se recoupent, se chevauchent même, puisque, par exemple, un régionalisme pourrait également être un terminologisme néologique savant emprunté a une autre langue et adapté graphiquement
(ex.
pér*ipathologie
créé au Qiébec à partir de l'américain per>ipat (h) ology et qui désigne la rééducation des handicapés visuels).
Pour classer les exemples dans une
catégorie ou une autre nous essaierais de nous situer par rapport aux éléments les plus immédiatement pertinents et évocateurs des mots.
Nous nous intéresserais donc à des franges du lexique qui dérangent nais qui à notre avis ornementent agréablement les dictionnaires de langue.
Aux
mots qui fleurissent dans l'usage quotidien du manoeuvre, du col blanc, du politicien,
de
l'écrivain,
de
l'intellectuel
et des
femmes,
sans que
1'énumération qui vient d'être faite soit exclusive cu hiérarchisée.
Nous
voudrions dédouaner des franges périphériques du vocabulaire, oblitérées parfois depuis plusieurs siècles par le nur infranchissable de certains dictionnaires.
Nous aimeriois esquisser un portrait alléchant de la langue
française, sans aucun "apartheid linguistique".
6.1
Les néologismes
Si
l'en considère
manière suivante
que le terme néologisme peut être défini de la
: "Emploi d'un not nouveau (soit créé, soit obtenu par
déformation, dérivation, composition, emprunt, etc.) ou emploi d'un mot dans un
sens
nouveau"
(Pi?), nous
obtenons
{PR),
ou
encore
une bonne
"mot
définition
nouveau; du
sens
concept
nouveau"
"néologisme"
58 aujourd'hui. utilise PR.
Il est à remarquer que la première de ces deux définitions
l'incluant Le
emploi
glissement
et
qu'elle
sémantique
est
d'"emploi"
datée vers
de
1800
"mot
dans
nouveau"
le
s'est
effectué plus tardivement.
Sur la base de ces deux définitions, en serait en droit de se demander pourquoi
il
est
dictionnaire?
si
difficile
de
faire
accéder
ces
sortes
de
rots
au
D'autant que tout le monde, les lexicographes les premiers,
s'accorde pour reconnaître que le lexique se modifie sans cesse, que de nouveaux domaines d'activité naissent
fréquemment et qu'il faut des mots
pour
On
nommer
les
nouvelles
dioses.
peut
en
prendre
à
témoin
les
accroissements récents des nomenclatures de quelques dictionnaires (voir le tableau
des
nomenclatures
accroissements
de
la
au
chapitre
nouvelle
4).
édition
Les du
modifications
DEC
(le
et
J1DFCI,
les
1980)
font passer la nomenclature originale de 1966 de 25 000 à 33 000 rots, dont 3200
termes
PR67, a mots,
nouveaux
fait
55
000
un bond en
(Avant-propos, qui
1977
p.
5).
Le
contre
50
000
en
1967.
1981,
augmente de
vieille de 25 ans. le DMN
fils
Le Lexie79
76 000 rots contre 70 000 pour sen cadet de 1975. en
PR77,
du
l'a enrichi de 200 pages et de plus de 5000
300 pages par rapport
enregistre
Le DUI, mis à jour
à l'édition antérieure déjà
Même les dictionnaires de néologismes s'enrichissent :
(1971) avec
5000 entrées
est
relégué
aux oubliettes
néologiques
et son successeur le DMC (1980) accueille 8000 entrées.
Personne ne conteste la nécessité d'enregistrer
les innovations lexi-
cales entérinées par les usagers et sanctionnées par la société.
Parfois
cependant en manoeuvre en plein cercle vicieux, l'usager attendant 1'approbation de l'inverse,
la société qui le dictionnaire
attend elle-même retenant
les
l'accord du dictionnaire.
rots
à partir
de
la
A
fréquence
d'usage met souvent ceux-ci au purgatoire de l'attente puisque le néologisme qui n'est pas courant est plus proche du statut de non-mot que de celui de "lexicalisme",
c'est-à-dire
de rot ayant
plein droit au statut d'entrée
lexicale libre dans le dictionnaire.
Si l'on jette un oourt regard sur l'histoire de la langue, en s'aperçoit qu'après une période sombre surtout durant le classicisme vaugelasien et au moment
des querelles
moitié du 19
e
sur
la néologie,
les
lexicographes
de la première
siècle (1800 à 1850) retrouvent l'éclat des créateurs de la
59 Renaissance (tels Jtonsard, Ifebelais) et néologisent volontiers.
Ce qui par
une reaction inverse est loin d'être le cas de leurs successeurs immédiats de la fin du 19 e
siècle.
Ces derniers "observent à l'égard des nêolo-
gismes une attitude non seulement expectante mais
sévère"
(Matoré
1968:203).
Ainsi
(ce qui est compréhensible)
le positiviste
Littré
a
attendu
d'être contraint par "l'usage" avant de se montrer plus accueillant pour les néologismes. lexicales
Il n'a entrebaillé la porte de son dictionnaire aux nouveautés que
general
(1890)
Littré,
les
dans a
Supplément
son
admis
innovations
avec
en
réserve,
1877.
quoique
de
linguistiques du temps.
Dictionnaire
Le façon plus
large
Mais Josette
que
Rey-Debove
rappelle fort à propos qu'au 19 e siècle un retard de cinquante ans dans la consignation d'un mot n'était pas une rareté (voir Ftey-Debove 1971:101).
Le
OG attribuant lui-même l'étiquette de néologisme à des mots qu'il date du 18 e
siècle.
pendant 1890, (1808), 20 e
ce p.
Pour siècle
"sont
XIII).
abat-ecm
siècle
avec
19 e
le
siècle
accompagnés
Ainsi
(1863).
:
Il
l'entreprise
de
la
que
mention
abasourdissant
aura du
OG indique
le
fallu
Grand
les
mots
patienter
(DG,
'néologisme'"
abat-foin
(1866),
Robert
créés
jusqu'au
dans
milieu
l'immédiat
du
après-
guerre, pour observer un affranchissement très net de l'attitude de méfiance envers le néologisme,
ffeis ce n'est là qu'une première ouverture.
Ce n'est
pas encore le laxisme lexical effréné, le dictionnaire conservant toujours son image didactique et surtout ne perdant jamais de vue le critère quantitatif de la nomenclature.
Le nombre de irots étant fixé par avance le
lexicographe ne peut que difficilement remanier sa nomenclature en cours d'élaboration.
Aussi
les lexicographes
recourent-ils à toutes
Prenons
l'exemple des dérivés morphologiques
rapport
avec les éléments de
sortes de dérivatifs.
nouveaux qui seront mis
formation qu' ils comportent
et voyons
en les
attitudes de la lexicographie moderne à leur égard. Les prises de position nettes
sont exceptionnelles
diez les
graphes et très circonscrites à propos des dérivés morphologiques. de
lexicographes
s'expliquent dans leur introduction.
lexicoTrès peu
"Les not s affixés
sait tantôt systématiquement enregistrés ou délaissés, tantôt recueillis de manière
épisodique,
sans
l'autre.
Les
mots
privatifs
construits
plus en
de
justification dans
-age,
avec
dé-,
un
cas
comme
dans
ou
les
-able,
-ment,
etc.
dee-,
in-,
etc.
repré-
60
sentent les catégories les plus inégalement traitées" (Quemada 1967:280). Parfois ces dérivés sait recensés parce qu'ils sont des néologismes récents, parfois parce qu'ils s'insèrent dans une famille lexicale déjà existante. Dans ce cas, un critère sémantique joue puisque le lexicographe table sur les rapports sémantiques qui lient les mots d'une même famille et qu'il compte sur la connaissance a priori du sens des éléments affixaux par 1'usager.
"Les affixes ayant rang d'adresse sont très rares dans les ouvrages anciens" (Quemada 1967:281). l'exemple 1704).
de
-able
dans
On en trouve qu'à titre exceptionnel, tel Trévoux
18 e
(déb.
s.
: à partir
de
Aujourd'hui, les dictionnaires cnt tendance à inclure de plus en
plus des affixes, soit dans la nomenclature, soit sous la forme de tableaux séparés de la ncmenclature, soit un mélange des deux méthodes, sans que le contenu des tableaux se retrouve exhaust i ventent dans la ncmenclature ou vice-versa.
Les affixes retenus dans la ncmenclature d'un dictionnaire sont
le plus souvent assortis de définitions ou de commentaires.
Nbis ces défi-
nitions ne sont pas toujours complètes et les commentaires n'expliquent pas toujours les oonibinatoires dérivatives et structurales des affixes qui font Le PR
pourtant partie intégrante du rôle pédagogique du dictionnaire.
et le DFV, par exemple, ne signalent pas le sens "fait de langue" pour le suffixe -¿eme.
Nous avons dressé un tableau comparatif de quelques
affixes et éléments de formation choisis un peu au hasard afin de confronter les conportements de cnze dictionnaires usuels du français."'·
Nous avons
vérifié la présence ou constaté l'absence de ces éléments morphologiques dans la ncmenclature.
Il n'a pas été tenu compte des tableaux séparés
apparaissant dans d'autres parties des ouvrages.
Un rapide coup d'oeil sur
nos dictionnaires et nos affixes témoins permet de constater deux grands phénomènes : (PLI)
à
1. La sélection se promène de la discrétion quasi complète
l'ouverture
généreuse
(DFV).
2.
Aucun
affixe
ne
fait
1 ' uncinimi té, ni quant à sen inclusion, ni quant à sen rejet.
Nous voudrions enfin attirer l'attention sur un danger dans œ des affixes. 1
cfcmaine
La pratique de la separatio! des affixes productifs pour les
Cette étude avait été complétée plusieurs mois avant la sortie du Robert méthodique. Un rapide examen du RM montre que tous les éléments figurant dans le tableau cnt été retenus par ce dictionnaire. Le traitement de certains d'entre eux (-isation, -phobe/ -phobie, -phonej-phonie) cause quelques difficultés.
61 Tableau de quelques affixes et de quelques éléments affixaux
""""•---^dictionnaires PR affixes —
Lexis DHLF
GLLF
LOGOS DUI PLI NDFCI MR
DFV DMC
1. -able
+
+
+
0
0
0
0
0
+
+
0
2. -age
0
0
0
0
+
0
0
0
0
+
0
3. de-/dé-/des-/dés-
+
+
+
+
+
+
0
+
0
+
+
4. -ement
0
0
0
0
0
0
0
0
0
+
0
5. -erie
0
0
0
0
0
0
0
0
0
+
0
6. in-
+
0
+
+
+
+
+
+
+
0
+
7. -in
+
+
+
0
+
0
0
0
0
+
0
8. -isant
0
+
0
0
0
0
0
0
0
+
+
9. -isation
+
0
0
0
0
0
0
0
0
0
+
10. -isme
+
+
+
0
+
0
0
0
0
+
0
11. -iste
+
+
+
0
+
0
0
0
0
+
0
12. -ment
0
+
+
0
+
0
0
0
0
+
0
13. -phile
+
+
5
+
5
0
+
+
0
0
+
+
5
0
14. -philie
+
+
5
+
5
0
+
0
0
0
+
+
5
0
15. -phobe
+
+
+
0
+
0
0
0
+
+
16. -phobie
+
3
+
3
+
3
0
+
+
0
0
+
3
+
3
0
17. -phone
+
4
+
6
+
4
0
+
0
0
0
+
4
+
6
0
18. -phonie
+
4
+
6
+
4
0
+
+
0
0
+
4
+
6
0
19. vidéo-
+
+
0
0
0
0
Rem. :
1. 2. 3. 4. 5.
Sous Sous Sous Sous Sous
-iame. -phile. -phobe. phon-. phil(o)-.
1
2
0
6. 7. 8· 9.
1
+
Sous Sous Sous Sous
phon(o)-. phobie. -ieant. -phone.
1
2
3
9
7
4
0
2
8
0
0
+
62 faire figurer au rang d'adresse peut aonduire à des abus dont le moindre ne serait pas de ne plus mentionner les dérivés de mots de base ou certaines catégories de mots oonsidérés canute des émanations des autres.
Le rejet ou
la réduction sous la forme de la formule affixale de certains groupes de mots, manifeste
le besoin extralexicographique d'économiser de la place.
Mais même si l'absence d'un mot, volontaire ou non, reste un élément plus ou moins contestable dans l'analyse du contenu, il n'en demeure pas moins que le lexicographe prête le flanc à la critique. Il convient peut-être ici de faire une incursion du côté de la marque d'usage
nêol.
marque
nêol.
et
d'en
dire
un
apparaissait
not.
Jusque
fréquemment
identifier les mots nouveaux-nés.
vers
dans
les
1975
environ,
dictionnaires
la pour
Depuis cette date, un consensus assez
général semble s'être établi entre les différentes maisons qui
fabriquent
des dictionnaires de langue pour faire disparaître une étiquette chargée d'histoire.
En effet, cette marque, héritée du passé, servait à attirer
l'attention sur l'aspect nouveauté du not.
Qi même temps, elle en attestait
par euphémisme le caractère plus ou moins condamnable.
Elle
influençait
l'utilisateur davantage vers le jugement de rejet du mot plutôt que sur son caractère néologique, c'est-à-dire de pénétration récente dans le lexique usuel. des
Elle servait également au lexicographe à camoufler son jugement sous
apparences
scientifiques.
De
plus
ai
nêol.
plus,
est
donc
rem-
placée par la simple date d'apparition du mot dans la langue, date susceptible de reculer avec la découverte d'attestations antérieures.
La date a
néanmoins le mérite de situer le mot réellement dans le temps par rapport aux usagers et par rapport au reste de la nomenclature échelonnée tout au Ayatollah
long de l'histoire du français. de
1981
mais
PR
du
qui
musulman
a
daté
siècle.
Les
(1974),
sous
pour n'est
peut
pénétré mêmes
filiations et
pas
biomasse
en
rapport en
siècle
western
cependant
mis
français
16e
du
mercaticien
bipêdie,
être en
et
sous
avec
meraatique
(1974), disparue
mécanicien
daté daté
(sens
pour La
11e
ueeterm-eoja (1973), nêol.
marque
dictionnaires. 5°)
1823 avec
du
loubar(d)
etc. des
de
maizin,
forme
faites
pour
complètement et
la
Sarrazin
être
PR,
le
muezzin
avec
1568
peuvent
dans
daté de 1978 dans le tirage
dans
Voir le
PR.
Peur montrer 1'évolution de la langue même à l'égard du vocabulaire propre à la
néologie,
concurrence
il à
faudrait
néologie
étudier
vient
le
terme
embrouiller
néonymie
les
cartes
qui
en
fai saint
terminologiques.
63 Nêanymie, définit "étude des mots nouveaux" par les uns et "étude de la néologie terminologique" par les autres, se frayera-t-il un chemin jusqu'aux grands
répertoires?
Pour
le
moment,
il
fourmille
d'impatience
dans
500MN en attendant quelque hypothétique feu vert lexicographique.
6.2
Les terminologismes
Le
terme
terminologisme fut
proposé
par
louis
Guilbert
ai
1975
(cf. Guilbert 1976:18).
Il n'a pas parcouru tout le chemin qu'il aurait
peut être dû parcourir.
Il désigne toute unité lexicale appartenant aux
terminologies spécialisées des sciences et des techniques.
Le lexicographe
est obligé de sélectionner sévèrement parmi un nombre considérable de termes techniques et scientifiques afin de compléter une zone importante dans son dictionnaire, celle des mots terminologiques.
Le choix porte sur une masse
lexicale pour ainsi dire infinie, de l'ordre de plusieurs millions de terminologismes.
Les critères de sélection ou de rejet de ces termes par les lexicographes sont loin d'être toujours clairs.
Ainsi, dans le NDFCI, cri a
laissé de côté les termes restreints à des milieux
socioprofessionnels
étroitement spécialisés, ou encore ceux qui appartiennent à un vocabulaire proprement scientifique.
On a choisi d'intégrer les terminologismes vulga-
risés, "comme les dénominations usuelles des animaux, des plantes, des appareils,
etc."
{NDFCI, p.
V).
rôle de garde-fou est très utile?
Qu'y
a-t-il
dans
cet
età. dont
le
On remarquera que le choix des termino-
logismes est ainsi limitatif d'un côté ou expansif de l'autre.
Le eto.
peut servir à ouvrir délibérément le contenu comme il peut l'occulter.
Pour le PR, les terminologismes sont nécessaires dans la mesure où leur
diffusion
présence
d'un
sociale
est
vocabulaire
inportante
passablement
(voir étendu
p. pour
XVIII).
De
là
la
des domaines comme
1 ' informatique et l'automatique, les sciences biologiques, la médecine, les techniques de pointe (dent le détail n'est pas mentionné). PR adopte la positien suivante
Somme toute, le
: diffuser le vocabulaire spécialisé le
plus frappant de la vie contemporaine.
Ce vocabulaire après avoir été
employé par les spécialistes se déploie et pénètre dans l'usage habituel du grand public grâce aux procédés modernes de communication et de vulgarisation
(presse
écrite, presse
électronique, audiovisuel, etc.).
Les
64 dictionnaires contemporains manqueraient à leurs devoirs s ' i l s ne tenaient pas de
compte
de
terminologie
mots
comme
(tous
dans
ayatollah, le
module les
PR 81,
et
lunaire
deux
derniers
module
étant
cités
sous module). D'autres te ahnolo
mots
plus
g i e,
ou moins
bureautique,
plupart des dictionnaires. apparaît
robotique 1960.
Pour
et
Lexie
comme apprenant,
robotique,
le
bio-
télématique,
sont passés dans l1usage commun sans être
vidêomatique
v.
spécialisés
intégrés dans
la
De ces six exemples relativement anodins, seul
dans
mémoire,
DHLF, trois
le
Lexis
les
mots
(sous
où
robot)
ont
été
vérifiés
dictionnaires
qui
véhiculent
il
dans
est le
des
daté le
PR,
nomencla-
tures de plus de 50 000 irots et qui s'adressent précisément au public que ces mots intéressent. Une autre brochette d'exemples nous sera fournie par le terminologisme et
vidéo Le
plus
sous
PR
particulièrement
l'entrée
terminologiques est
très
élevé.
cinq
l'élément
donne
vidéo-
comme
Ces
terminologismes
vidéofréquenae, dérivés
l'entrée
libre.
(abrégé
aussi
de vidéo-,
Leur
statut et
vidéo)
dans
le
νidéoaass
ette
gramme, et
vidéemie.
de
de
dérivés
formation
exemples
,
sont
trois demeure
de
vidéo-.
formations
et
vidéo-
se
calcule
et
n'cxit pas
la
vidéo-
videophone.
reconnaissance
Seuls
jouissent
du
de
vidéofréquenae
statut
lexica-
Les seuls autres dérivés que l'on
le
sont
DHLF
vidéodisque, Pourtant
usuelle
vidéocassette,
incertain.
vidéophone
Lexis
:
vidéographe
l i s é et forment des articles distincts. trouve
de
récentes cinq dérivés dent 1'indice d'utilisation
oommunication, De ces
par
vidé
vidéoeompos personne par
ne
it e ,
contestera
dizaines,
ophoni
cette
que
e,
vidéole
technique
neenbre ayant
littéralement envahi à la vitesse de l ' é c l a i r les fcyers et presque toutes les activités humaines.
A ce chapitre,
on constatera avec une lucidité
toute naïve que les dictionnaires ent un recul considérable sur la réalité. Ces terminologismes nouveaux soit pourtant nécessaires et n'appartiennent plus exclusivement aux terminologies ultraspécialisées. terminologisme conme
de
audiophonie
et
et
de
didaetiaiel
de
sa
famille
didaathèque
I l en va de même du
lexicale
qui
ne
provignante,
sauraient
se faufiler dans les dictionnaires qui se disent à la page.
tout
tarder
à
65 Malgré les profondes lacunes constatées à partir des quelques exemples précédents,
le tableau des apparitions récentes en français paraît satis-
faisant dans les dictionnaires les mieux diffusés.
Que dire par ailleurs
des dictionnaires qui ne suivent qu'avec répugnance le mouvement lexical et qui traitent Tel
les terminologismes au hasard et selon les aléas du marient?
fut naguère
Littrê.
le cas dans les dictionnaires de l'Académie et dans le
Mais aujourd'hui de telles attitudes sont plus rares.
"La lexi-
cographie moderne, sauf à passer pour anachronique et faillir à sa mission pédagogique,
ne [peut] s'en tenir aux
interdits d'autrefois"
(Oollignon/
Glatigny 1978:82).
6.3
Les régionalismes^
Du point de vue linguistique en général et sémantique en particulier, le concept de
"régionalisme",
et plus spécifiquement
lexical", est amplement ambigu. infinie
à
ce propos
dans
celui de
"régionalisme
Les lexicographes observent une discrétion
leurs
écrits
théoriques.
Les
quelques
rares
réflexions qui sont concrétisées dans ces textes sont disséminées et dissimulées dans une masse d'informations
qui n'enveloppent
qu'une partie du
concept, c'est-à-dire celle qui concerne d'une manière quasi exclusive les régionalismes de France.
Les écrits "commerciaux" des lexicographes, autre-
ment dit les introductions et les présentations des dictionnaires de langue, sent aussi fort laconiques sur ce sujet et souvent même en contradiction avec le contenu de la nomenclature. même
Au surplus, aujourd'hui, la définition
de régionalieme est plus qu'équivoque.
Josette
Fey-Debove
a déjà
posé et examiné rapidement le problème dans sen étude sur les dictionnaires publiée en 1971 (voir Rey-Debove 1971:92).
Elle constate que la plupart des
régionalismes usuels qui expriment des concepts courants ayant un équivalent non marqué dans le lexique central sont écartés des nomenclatures moyennes des dictionnaires de langue. aux macrostructures, leur
"régionalité"
S'il arrive que des nots régionaux accèdent
ils perdent alors leur caractère proprement régional, en
quelque
sorte.
Ils
se
transforment
en
emprunts
internes, tout en conservant dans le dictionnaire une trace de localisation ou
d'origine
aaÏeu 2
ou
géographiques
aayeu
(Picardie)).
(waeeingue A
(Nord),
l'occasion,
veeaapê
(Hainaut),
l'origine
excentrique
Ce sous-chapitre est intégr£ à un article paru dans Lexique, nP 3, 1985, sous le titre : "A propos du ooncept de 'régionalisme'", p. 125-146.
66
non francienne est renforcée par une marque de classement comme (régional) région.
: voir
fada,
région.
(Canada) dans le PR.
(Midi),
far
région.
do ah e β,
D'un autre côté, lorsque des mots
régionaux désignent des phénomènes ou des particularités régionales et qu'ils 9ont sélectionnés par le lexicographe, "c'est alors pour la chosenommée et non pour le signe-nommant" (Rey-Debove 1971:92). abondent (breton), (béarnais).
:
aber faro
(breton), (wallon),
baetide
Les exemples
(provençal),
névé
(savoyard),
biniou piperade
Le constat de Josette Rey-Debove est surtout géographiquement
limité aux régional i smes intràhexagonaux.
Mais une grande partie de ses
observations peut être étendue et appliquée aux régionalismes extrahexagonaux, c'est-à-dire aux mots qui proviennent d'autres territoires francophones que la France, comme la Suisse, la Belgique et le Québec. Une ultime remarque fait dire à la lexicographe robertienne que le "not régional ai tant que tel est rare à la nomenclature des dictionnaires français, et joue un faible rôle dans les divergences de nomenclature" (Rey-Debove 1971:92). L'opinion date déjà de plus de dix ans et aucune étude récente n'est venue infirmer ou reconfirmer cette idée. Or, depuis ce temps, les lexicographes français cnt sensiblement nodifié leurs vues.
Ils ait diversifié quelque
peu les provenances des unités lexicales en allant puiser dans des réservoirs langagiers multiples. poeeiblement,
dépendamment,
Ainsi des régionalismes québécois comme poser
un
geste,
épluahette,
etc., ait commencé à retenir l'attention puis à se frayer un chemin vers les dictionnaires élaborés ai France. L'ouverture de la lexicographie française aux nots régichaux francophones pose en conséquence une série de questions d'ordre théorique et pratique qu'il sera nécessaire d'étudier sérieusement et résolument dans un avenir rapproché; il faudra examiner la question dans des perspectives autres que celles de 1'interdiction lexicographique, aspect qui nous retient plus particulièrement ici. Qu1 entend-on aujourd'hui par
régionalisme?
Pour répondre à cette question simple en apparence, nous élaborerons trois définitions que la lexicographie générale pourrait mettre à profit. Mais auparavant, il est approprié d'examiner la sitution actuelle en scrutant les définitions données par trois dictionnaires de langue qui serviront de témoins.
Ces répertoires qui méritent la confiance du public sont
récents, bien connus' et largement diffusés.
Il s'agit en l'occurrence du
67
PR, du
Lexie
et
du
DHLF.
Chacun
tradition lexicographique indéniable. preuves tant en France qu'à l'étranger.
représente
à
sa manière
une
Ces dictionnaires ait fait leurs Ils devraient donc être en mesure
de bien informer leurs lecteurs sur ce qu'est un régionalisme linguistique. 1.
PR
: régionalisme : "Locution, tour qui ne s1emploie que dans certaines régions."
2.
Lexie : régionalisme : "Mot, locution propre à une région."
3.
DHLF : régionalisme : "Locution, mot, tour propre à une région."
Au premier regard, les trois définitions alignées ci-dessus se ressemblent, tout en se révélant plutôt pauvres du point de vue sémantique. Mime si une légère allusion à la syntaxe y point dans deux d'entre elles (voir tour
dans
le
PR
et
le
DHLF),
elles
1'aspect lexical du concept de "régionalisme".
ne
que
Dans 1'étude de cette grande
question, cet aspect est le plus apparent certes. important de notre point de vue.
circonscrivent
C'est aussi le plus
Quoique la teinte lexicale dans le PR
semble plutôt estompée, elle n'en existe pas itoins, puisqu'elle est reportée sur
le mot
locution.
Au contraire de ses deux concurrents,
es cairote donc le not mot de la définition.
le PR
Le procédé est soit volon-
taire, soit l'objet d'une inadvertance. Oie fois ces premières observations admises, considérons une autre facette des définitions présentées.
Les
trois énoncés définitionnels donnent nettement 1'impression de ne retenir que l'aspect formel (le signifiant) des régionalismes et de reléguer aux oubliettes les régionalismes sémantiques.
Qui plus est, les définitions
sous-entendent que le régionalisme est toujours rattaché à la langue parlée ou qu'il est considéré comme relevant de ce niveau d'emploi, et cela même si le PR fournit des attestations d1emplois littéraires pour certains des mots régionaux qu'il consigne.
Qi outre, les définitions relationnelles
retenues par les lexicographes constituent un exemple évident de détournement de sais, puisque si l'en étudie attentivement le semant i sme du mot région dans
le PR, par
diatement perceptibles :
exemple,
les phénomènes
suivants
sont
immé-
68 1.
Aucune des quatre définitiais élaborées par ce dictionnaire ne convient pour expliquer le concept linguistique de "région".
2.
La première de ces définitions tombe dans le piège de la circularité étroite,
car
elle
comporte
elle-même
le
mot
région
dans
son
énoncé. 3.
Aucun des exemples d'emploi forgés par le lexicographe ou attestés dans la littérature et qui étayent les définitions ne peut être rattaché à l'aspect linguistique du concept de "région".
4.
Aucune allusion à la francophonie ne transparaît.
Autrement dit, il
n'y a pas de référence quelconque notée entre les positions excentriques des territoires francophones par rapport à la France. dans
le discours des linguistes,
souvent
dénommées
par
région linguistique
les
ces entités géographiques
chercheurs
à
(de la francophonie).
l'aide
de
Or, sont
l'expression
Il existe bel et bien
des régions linguistiques comme il existe des langues régionales. Les région
résultats dans
le
qui PR,
sont ne
livrés
sont
pas
suite
à
l'examen
exclusifs
à
ce
des
sens
du
dictionnaire.
mot La
situation est rigoureusement identique dans les deux autres dictionnaires de référence
du minicorpus.
Le
traitement
du not région
n'est ni
meil-
leur ni pire dans le Lexie et dans le DHLF. Ce long détour analytique nous ramène maintenant au concept de départ. L'impression première qui est retenue laisse croire que le terme régionalisme,
défini métalinguistiquement par les trois dictionnaires de con-
trôle, est bien incomplet du point de vue sémantique dans le domaine de la linguistique et que son taux de rendement est ainsi réduit au minimum. Il est
isolé et ai quarantaine par rapport aux autres membres de la même
famille lexicale.
La définition relationnelle ne joue pas entièrement son
rôle puisqu'elle aboutit à 1'incomplétude de la compréhension du aoncept et qu'elle débouche sur m tation qui
est sans
vide pour ainsi dire absurde. équivoque,
montre que
Une seconde consta-
le concept de
"régionalisme
lexical" est bien restreint au territoire français et à lui seul.
Ώι effet,
jamais on a l'impression que le mot régional accepté dans une nomenclature n'a d'autre provenance que la France.
Cette restriction géographique est
69
évidemment d'origine historique et elle s'explique aisément pour le passé. Nous avons néanmoins là 1'expression vive de l'interdiction lexicographique qui se situe au niveau métalinguistique, ou plutôt métalexicographique. L'interdiction de l'objet régionalisme passe par le nivellement de la définition
du
mot
régionalisme.
ostracise les référents.
Le
traitement
lexicographique
du
mot
Volontairement ou non, le dictionnaire s'auto-
interdit l'accès à une partie du lexique vivant utilisé en dehors des frontières de la France. Afin de remédier quelque peu au malaise conceptuel qui vient d'être évoqué, nous proposons à notre tour une série de définitions pour le concept de "régionalisme".
Seul le strict plan lexical sera aonsidéré. Les aspects
phonétiques et syntaxiques sont volontairement négligés.
Nous parlerais de
série, parce que, à notre avis, le terme est polysémique.
Nous soumet-
tons ces définitions à l'étude et à la critique en attendant que des recherches plus poussées sur d'autres concepts de ce domaine de recherche puissent permettre de les préciser davantage et de les interrelier.
Régionalisme : 1.
'"Bout fait de langue (mot, expression, ou leur sens) propre à l'un ou à l'autre des français de France, à l'exception de celui de la région parisienne qui constitue le français central ou de référence et à l'exclusion également des français de tous les autres territoires francophones."
2.
"Tout fait de langue (mot, expression, ou leur sens) propre à l'un ou à l'autre des français hors de France, à l'exception du français de la région parisienne qui constitue le français central ou de référence et à l'exclusion également des français de toutes les autres parties de la France."
3.
"Tout fait de langue (mot, expression, ou leur sens) propre à l'un ou à l'autre des français intra- ou extrahexagonaux, à l'exception du français de la région parisienne qui constitue le français central ou de référence."
70
Les trois définitions précédentes intègrent dans leur formulation la facette terminologique des régionalismes aussi bien que la référence à la langue d'usage général.
Pareillement, elles incluent l'aspect sémantique
jusque-là souvent négligé, étant entendu qu'à 1'aspect d'habitude uniquement formel du régionalisme, il est essentiel d'ajouter la possibilité pour un signifiant du français général (ou commun, ou parisien, etc.) d'être emprunté par une région de la francophonie où il générera un sens proprement régional.
Nfeis, encore là, il faut veiller à faire la part des choses entre
l'enrichissement sémantique d'un signifiant du français commun, alors répercuté
dans
la
polysémie
(cf.
académique
québ.
(PR))
et
l'éven-
tuelle création régionale parallèle, c'est-à-dire de la création à la fois d'un signifiant et d'un signifié régionaux indépendants de l'unité lexicale hexagonale. (cf.
A ce niveau, il s'agirait du phénomène de l'homonymie régionale
québ.
aoupe-vent
{PR)
et
québ.
dépanneur·)
.
Au
sur-
plus, dans tout cela, il importe de tenir compte de l'aspect diachronique aussi bien que de 11 aspect synchronique du phénomène de reconnaissance ou d'apparition d'un régionalisme.
Enfin, pour ocmpléter le portrait multi-
forme du régionalisme, retenons qu'il est possible pour un signifié du français général de correspondre à la fois à un signifiant du français parisien et à un signifiant d'un français régional, établissant ainsi une relation de synonymie due"
:
(Roeaoéee) utilisé
géographique France à pour
landau
PR
: "voiture
d'enfant
à
caisse
suspen-
Québec
aavoeee·,
"arbuste
ou
arbre
épineux
(cf. /
fleurs odorantes blanches ou roses, à floraison précoce, les haies
vives
[...]"
: France
aubépine
/
Québec
aenetliev).
Ainsi, d'une manière schématisée,
tout en simplifiant également le
phénomène extrêmement complexe et multiforme de la création hotonymique parallèle, un régionalisme peut donc être issu de l'une ou l'autre des combinaisons suivantes dent la réunion constituera une minitypologie pratique et qui ne prétend pas à l'exhaustivité. 1.
Régionalisme
sä
français +
afr.
2.
Régionalisme
sé
régional
(ex. québ.
avoûte·,
appui-tête).
sa régional lié + sé régional (ex. québ. dépanneur;
afr.
authenticité).
71 3.
Régionalisme
->- sä
régional
afr.
téléroman; 4.
Régionalisme
-*· sä
libre
régional
sé
régional
(ex.
quêb.
bigreur).
+
çante Ì afr.
+
sé
français
(ex.
québ.
ber-
aventures).
Telles qu'elles sont présentées, les quatre équations linguistiques sont pratiques.
Elles donnent une bonne idée de la difficulté et de l'envergure
des études sur les régionalismes et les français régionaux.3 Des
trois
définitions
du
terme
établies
régionalieme
avant
la
digression typologique, c'est la dernière qui convient davantage à la situation présente dans le domaine lexicographique de la c'est-à-dire de l'étude des régionalismes lexicaux.
"chorolexicologie",
Cette définition que
nous reprenons ici - "tout fait de langue (mot, expression, ou leur sens) propre à l'un ou à l'autre des français intra- ou extra hexagonaux, à l'exception du
français de la région parisienne qui constitue
le
français
central ou de référence" - permettra de préciser la définition du terme région
qui mérite m
enrichissement sémantique néologique adéquat afin de
répondre aux réalités linguistiques d'aujourd'hui.
Le sens suivant pourrait
être adjoint aux dictionnaires de langue ainsi qu'aux dictionnaires de linguistique, les uns comme les autres ayant négligé le concept jusqu'à ce jour : /
:
région
"Zone géographique
(pays. Etat, territoire) de la franco-
phonie caractérisée par la présence de la langue française dont les modalités d'utilisation sont soumises à des conditions ou des contraintes sociolinguistiques variables". Cette définition pose par ailleurs de nombreuses autres interrogations. Elle
laisse
entendre
que
le
terme
francophonie
bénéficie
lui-même
d'une définition acceptable qui circonscrit correctement le concept (cf. celle
du
PR),
que
le
terme
langue
française
ou
français
possède lui aussi une définition moins nébuleuse dans les dictionnaires courants, 3
ce qui est malheureusement
loin d'être toujours
le cas
(cf.
L'explication détaillée des équations est donnée à l'article cité, p. 132-136.
72
PR, ne
Lexis décrit
plus
et
le concept
explicite
çais.
DHLF à
qui
proposent
d'une
manière
définitions
satisfaisante).
langue
l'article
des
et
il
n'offre
dont
aucune
Le OL n'est pas
guère fran-
d'article
À toutes fins pratiques et une fois les définitions des concepts
de base que sont "français" et "région" bien délimitées et bien acceptées, le
syntagme
français
régional
régional
: "Ensemble de faits de langue (not, expression ou
pourrait
être
défini
à
son
tour
comme
suit : français
leur sens) caractéristique de l'un ou de l'autre des français intra- ou extrahexagonaux, à l'exception
du
français
parisien,
considéré
comme
le
français central ou de référence, mais y compris les
emprunts
intégrés,
qu'ils
proviennent
des
substrats, des superstrats ou des adstrats". La définition proposée ne revendique que le contenu lexical du concept de "français régional" tant dans la perspective de la langue écrite que dans celle de la langue parlée.
Elle intègre ai outre les ccrposantes diachro-
niques et synchroniques dans les perspectives de la variation linguistique. Cette dernière volets,
théorie pose elle-même une problématique normative à deux
l'un qui renvoie à la supranorme
(France, et plus
spécifiquement
Paris et l'Ile-de-France) et l'autre qui renvoie à une ou à des infranormes (le Québec, dans le cas présent). Historiquement, dictionnaires
"en
écartant
participaient,
la
avec
la
plupart
des
termes
centralisation
régionaux,
les
administrative,
le
développement de 1'instruction publique et une certaine standardisation des genres de vie et formes d'activité, à l'unification du français sur la base du parler parisien" (Collignon/Glatigny 1978:85).
Cette phase nécessaire de
stabilisation et de normalisation de la langue française a duré plusieurs siècles. par
L'imperméabilité des dictionnaires n'a cependant pas été totale,
nécessité
pourrait-on
insinuer.
Une
impensable et surtout presque irréalisable.
autarcie
centralisatrice
était
Au cours des années qui ont
précédé une période charnière que nous situerais aux alentours de 1970-1975, les solutions adoptées par la plupart des dictionnaires de langue courants consistaient
donc
à
intégrer
des
régionalismes
hexagonaux
dont
la zone
d'emploi ou d'influence s'était sensiblement élargie (voir la définition 1.
73
de
comme
régionalisme),
(Nice),
ou
tomette
(Rouergue),
aven ou
tommette
pissaladière
(Dauphinois),
tomète
tous
accueillis dans les principaux dictionnaires de langue actuels. Une liste d'environ 1200 de ces régionalismes a été compilée par Pierre Guiraud il y a une quinzaine d'années (voir Guiraud:1968) à partir du dictionnaire étymologique de Cauzat et de celui de Bloch et Vfertburg. Klle couvre toutes les grandes périodes de l'histoire de la langue française. Quelques rots d'origine extráhexagonale y figurent; nais presque toutes les entrées
sent d'origine
(bleime,
borin) On
dir). et
un
faux
d'autres
y
a
européenne. et
repéré
québécisme
formes
des deux ou
hybrides
sont
catalanismes
faux
comme
(provençal-espagnol),
saut
Ce
surtout des
helvêtismes
{abricot
canadianisme tartane
et
(orignaa)
bréaubergine)
à
travers
(provençal-italien),
soubre-
(Antilles-Ouest).
liane
wallonismes
(arpette,
Ces mots
con-
servent toujours les mêmes sources historiques à l'exception de
orignaa
dont
de ce
l'origine
dernier mot est
est basque
selon
le PS.
La
forme
actuelle
orignal.
L'une des caractéristiques dominantes de ces régionalismes est sans aucun doute leur appartenance à la catégorie des terminologismes, du moins pour un bon nombre d'entre eux. appelle leur "voie d1emprunt".
C'est ce que le compilateur de la liste
D'autres sent des synonymes de rots français
parisiens ou île-de-franciens ou encore ils appartiennent au vocabulaire de l'argot général ou militaire.
Aujourd'hui «icore, le court répertoire de
Guiraud forme le noyau des régionalismes consignés par les dictionnaires de langue.
Autour de lui s'articulent les acquisitions plus récentes dent en
ne possède qu'une faible idée de l'ordre de grandeur, car leur recension exhaustive et leur classement systématique restent à faire.
La liste des
mots français de provenance dialectale ou régionale mérite certainement une mise à jour et surtout un enrichissement non seulement hexagonal mais aussi extrahexagonal.
Une nouvelle liste augmentée des nouveaux arrivés depuis
1940, date du plus récent rot cité par Guiraud, fournirait un matériel d'étude fort intéressant et fort utile pour déterminer des critères d'inclusion et d'exclusion de ces unités linguistiques des dictionnaires de langue. En nous fondant sur l'inventaire de Guiraud, signalons, pour mémoire et en guise d'exemple de travaux à accomplir, quelques remarques à propos de cette liste.
74 La liste de 1968 comprend dix mots ayant une datation d'emprunt précise pour le 20e siècle.
Nous les donnons ci-après.
Ils sont accompagnés de
leur étiquette d'emploi ou de leur seis, quand (provençal, aagna
1928,
(provençal,
"servi
par
(provençal, terme
argot),
les
1915,
:
argot
fées"),
1930,
technique
(mines)
braderie
"jeu :
"puits"),
"échappé"),
(Quercy,
houles"),
(champenois, 1914, argot).
"vente
fada(e) 1906,
puahe
reeaapé
resquiller
il y a lieu
1925,
militaire),
igue
de
(Nord,
soldes"),
(provençal,
géologie),
(normand
(wallon,
: baratin
de
et
1906,
(provençal,
1940,
pétanque
picard,
terme
1930,
1907,
technique
argot),
toto
Afin de mesurer les changements qui sont sur-
venus dans le traitement de ces mots dans les éditions récentes des dictionnaires de langue, m u s nous sommes livré à quelques petites vérifications dans
le PR.
L'examen
demeure
superficiel,
mais
il montre
qu'il y aurait pour la lexicographie à le pousser plus à fond.
l'intérêt
Les dix mots
précités et empruntés au cours de la première moitié du 20e siècle sont toujours consignés dans les dictionnaires
les plus récents,
qui les a tous retenus dans sa deuxième édition.
tel le PR
Deux d'entre eux subissent
un recul de date d'apparition qui les fait remonter au 19e siècle (braderie
s 1925
-*• 1867
(voir
cependant
Lexie qui
indique
oagna : 1915 —*• 1883).
1926;
reequiller : 1930 — •
selon
le
aagna
perd
1927r son
toto
: 1914
étiquette
(baratin : 1928 —•
—»- 1902).
hexagonale
et
Toujours devient
emprunt non plus au provençal, mais à l'annamite (Viêt-nam). régional daté
de
le plus 1940
récent
(PR
1780) ;
Un simple recul de date d apparition sans chan-
gement de siècle affecte trois autres régionalismes
PR,
vers
1
de
donne
la 20
e
liste de Guiraud siècle
la date d'apparition du mot en provençal
et
est fada(e) qui est
le Lexie
: 1580).
un
L'emprunt
ne
fournit
que
Un écart de plus de
quarante ans sépare ce régionalisme des dictionnaires de langue élaborés au cours des dernières années.
A lui seul cet écart temporel justifierait un
nouvel examen des régionalismes consignés dans les editions récentes des dictionnaires.
De
nombreux
mots
régionaux
ont
en
effet
pénétré
en
"français" depuis le milieu du vingtième siècle.
Les dictionnaires de
néologismes
le
réalisés
par
Pierre
Gilbert
(cf.
DMN
et
le
DMC)
en regorgent.
Jusqu'au milieu des années 70, les régionalismes extrahexagonaux étaient systématiquement écartés des dictionnaires de langue (voir la définition 2.).
Depuis cette époque, il y eut un léger assouplissement et les diction-
75 naires cnt aanmencé à introduire des régionalismes extrahexagonaux, essentiellement Lexie
et
les
québécismes,
DFV).
Les
les
belgicismes
africanismes
n'ayant
et pas
les
helvétismes
encore
bénéficié
(PR, d'un
traitement systématique encombrent de plus en plus les seil les d'attente des dictionnaires. et
Quelques
appui(e)-tête
mais
dans
mots
le
PR
il est difficile d'affirmer
isolés ont
comme
reçu
palabre
un
dans
traitement
le
DHLF
convenable;
s'ils appartiennent véritablement à la
catégorie des homonymes ou à celle des unités polysémiques, le rapport des groupes homonymie/polysémie et français/français régional n'ayant pas encore fait 1'objet de recherches très poussées.
Les créolismes de leur côté sont
à peine considérés, l'étude de ces derniers n'étant guère avancée et surtout ne
pouvant
bénéficier
d'un
répertoire
d'appui
le
moindrement
étoffé,
contrairement aux africanismes dont la description est en cours par l'entremise du projet d'inventaire du français d'Afrique.^
Avant 1975, les lexico-
graphes se préoccupèrent donc fort peu des régionalismes lexicaux vivant ai dehors des frontières françaises.
Seuls étaient admis quelques emprunts aux
langues régionales de Prance, emprunts qui venaient se nicher auprès du français parisien et île-de-francien poursuivant ainsi la concrétisation d'une mainmise centralisatrice et d'un pouvoir normalisateur sur la langue française.
Même aujourd'hui, ce regard sur la langue française n'est pas
complètement dissous. Dans la perspective de 1'interdiction lexicographique et à la lumière de notre deuxième définition d'il y a un moment, voyons aomment se ocmporte la lexicographie française des dix dernières années à l'égard des régionalismes extrahexagonaux.
Trois attitudes fondamentales sont à retenir.
Elles cnt
déjà été esquissées dans un opuscule publié en 1980 (voir Boulanger 1980:19 et suivantes). 1.
Nous les reprenons ici, tout en les précisant.
Les dictionnaires incorporent les régionalismes (mots et sens) dans la macrostructure en quantité plus ou moins grande.
Il n'est guère pos-
sible de connaître le nombre exact de rrots retenus, aucune liste n'étant disponible.
Le PR
en
compte
quelques
centaines,
limite à des listes officielles comme les Canadianiemea (CBA) de l'Office de
la langue
française du Québec,
tée de quelques éléments glanés au hasard des modes. 4
L'inventaire est terminé et publié.
le Lexie
se
de bon aloi liste augmen-
Cette liste des
76 CBA contient
62
mots;
date déjà de 1969.
elle
a considérablement
vieillie
puisqu'elle
Elle ne répond plus guère aux besoins les plus
modernes en matière de réalités linguistiques québécoises. siterait une sérieuse toilette.
Elle néces-
Cette première attitude est la plus
progressive. Elle se situe sur une gamme cillant de la témérité avisée à la prudence réfléchie. 2.
Les dictionnaires refoulent les régionalismes en annexe dans des listes séparées de la nomenclature.
Ce procédé utilisé par le DFV dénote
tout à la fois une extrême circonspection en face du ¡Siênomène et une perpétuation de 1'option lexicographique qui se rattache à une normalisation centralisatrice qui perçoit les variations comme condamnables. 3.
Les dictionnaires écartent totalement les régionalismes du dictionnaire, tant de la macrostructure que des annexes.
Cette attitude atteste soit
l'ignorance du phénomène, soit le désintéressement, soit l'expectative. C'est le cas pour certaines entreprises lexicographiques ayant engagé récemment des travaux d'élaboration de dictionnaires nouveaux ou des travaux
de
et
DUI.
le
réfection Le
d'ouvrages Logos
plus
quant
à
anciens, lui
ocnime pour
informe
le DHL F
clairement
les
lecteurs qu'ils ne trouveront pas "les vocables eu les enplois propres à la Suisse, à la Belgique, au Canada" (Préface, p. IX). Les attitudes qui ont divergé au cours de la brève période qui s'étend de 1970 à 1980, tendent indéniablement vers l'uniformisation.
En fait, le
choix n'existera bientôt plus pour les dictionnaires dont les tendances ne sont pas trop puristes et dont l'ouverture sur le mende est conséquente des événements qui s'y déroulent. lismes
de
toutes
Les lexicographes introduirait des régiona-
les provenances géographiques
francophones dans
leurs
répertoires respectifs (voir la définition 3.). Les aspects économiques et commerciaux contribuent de tout leur poids à de telles décisions, car il ne faut pas oublier que le dictionnaire est un produit de aonsommation concurrentiel·, qui, pour survivre, doit se renouveler de temps en temps afin de conserver son caractère d'actualité et donc se vendre, ces raisons ne suffisent pas.
tfeis à elles seules,
Il faut aussi envisager les pressions exté-
rieures régionales qui participent au mouvement de renouvellement par leurs aspects
politiques
et culturels.
Au
surplus, des besoins
pédagogiques
pressants et le développement des communicat ions interfrancophones incitent
77
les lexicographes à agir de la sorte. Québec,
Si l'on prend un cas concret, le
par exemple, ai pourrait exiger que pour être recommandé
comme
matériel pédagogique officiel par le ministère de l'Education, les dictionnaires
fabriqués en France doivent comporter une proportion adéquate de
québécismes et d'autres régionalismes.
Déjà, plusieurs maisons d'édition
offrent des adaptations "canadiennes" de leurs dictionnaires.
Ces adapta-
tions ne sait pas toutes d'un intérêt égal, ayant été réalisées à l'aide de s
procédés allant des plus empiriques jusqu'aux plus réfléchis.
A la décharge
de ces dictionnaires, il faut faire remarquer qu'il n'existe pas encore de description du lexique québécois qui soit à la fois générale et satisfaisante.
Par ailleurs, l'évolution des recherches ai lexicographie française
actuelle participe à ce mouvement d'unification des pleins de contenu macrostructural de la plupart des dictiainaires français. Voilà daic un type d'interdiction lexicographique qui semble en voie d'atténuation, voire en voie d'être levée.
Mais comme en l'a vu, le concept
de "régionalisme" demeure toujours sans définition officielle valable. supporte d'ailleurs une image plutôt péjorative, cons idérat ions stricte
politiques
définition
ou
géographiques
linguistique.
Le
ou
terme
Il
se débattant entre des soc ioéconcmiques
végianalieme
et
une
lui-même
est
soumis présentement à des critiques de la part de certains linguistes qui ne le
trouvent
plus
adéquat.
L'éclairage
de
la théorie de
linguistique y changera peut-être quelque chose.
la variation
Eh attendant, les discours
de présentation des lexicographes à ce sujet ne sait guère plus explicites dans les dictionnaires eux-mêmes. purement plus
documentaire"
typiques"
Français général
(DFV72,
(DFV72, p.
p.
1303)
"puissent voir en quoi français"
Les régionalismes sait donnés "à titre XI)
ou
parce
ou encore pour
qu'ils que
"ont
les
paru
lecteurs
les non-
leur vocabulaire diffère du vocabulaire
(DF772, p. XI).
(Ces remarques centralisatrices
disparu de l'édition de 1979 du DFV marquant par
ait
là une évolution des
mentalités et un début de prise de conscience de la variation linguistique francophone. )
Pour
le PR,
il s'agissait
d'expliquer
aux
lecteurs
non
originaires de la région visée "la valeur de[s] termes qui pourraient être mal
compris"
sélection pour
(p. XIX).
Le
Lexie
quant
à
lui
le domaine qu'il appelle dialectal
a
été
limité
dans
sa
"par le petit naiibre
de travaux écrits et par les noiibreuses variantes orthographiques" (p. VIII des
éditions
de
1975
et de
1979).
Dans
le DHLF, en relève que
les
mots régionaux sont "d'une inappréciable saveur" (Note de l'éditeur, s.p.)
78
sans que le lecteur en sache plus à ce propos. d'introduction,
où
des
termes
comme
Ces bribes des discours
typique,
fréquent,
diffi-
aulté d'aeaèe reviennent souvent, masquent les réelles difficultés auxquelles se heurtent les lexicographes dans la sélection des régionalisntes. En
l'absence de
critères
scientifiques
déterminés
et
rigoureux
et »1
l'absence d'une théorie du régionalisme et de la variation linguistique qui soit acceptable, en comprendra que la situation perdurera encore un moment malgré les progrès accomplis dans l'analyse du phénomène. se pose-t-il maintenant pratiquement.
Aussi le problème
Il serait souhaitable d'entreprendre
une étude approfondie sur les critères d'introduction des particularismes régionaux dans les macrostructures des dictionnaires français fabriqués en France et d'en tracer les limites. en termes sociopolitiques.
Ce problème "se pose très ouvertement,
Les communautés concernées sent souvent divisées
sur le modèle de norme à promouvoir et rejettent ou revendiquent inégalement leurs particularismes" (Rey 1977:144).
6.4 Les emprunts
Une langue qui désire survivre ne peut absolument pas vivre en autarcie linguistique.
Elle doit emprunter d'une manière raisonnable des vocables
aux autres langues.
L'acte de 1'emprunt linguistique est historique et très
ancien.
Le français emprunte depuis qu'il est né officiellement au 9 e
siècle.
Le phénomène est inéluctable encore aujourd'hui dans notre société
contemporaine en expansion technique et scientifique perpétuelle.
Il n'ira
guère en s'affaiblissant dans les années à venir; d'autant plus, que les contacts de langues ent tendance à s'accroître aussi.
Ce qui ne signifie
pas que l'emprunt ne puisse pas être contrôlé. Il est
évident
que face à l'afflux constant de mots étrangers ai
français, les dictionnaires doivent choisir. rejettent emprunt,
aussi.
Ils en intègrent mais ils ai
Lorsqu'il décide de conserver, puis de consigner un
le lexicographe le marque toujours d'un sceau qui avertit le
"consulteur" (le mot est d'Alain Hey) du dictionnaire qu'il a affaire à un mot étranger, si par hasard il n'a pas remarqué l'apparence graphique ou phonétique (de
insolite
l'allemand),
darbouka
(de
ezlachta
(mot
de
ces
macho
l'arabe)
mots (de
dans
polonais)
et
dans
sa
langue
l'espagnol), le
PR,
puezta
(voir Weltanschauung
datcha
kwashiorkor (mot
(du (du
hongrois)
russe)
et
bantou), dans
le
79
Lexis, ou encore ostiak (mot s i b é r i e n ) e t kshatriya (mot sanscrit) dans l e DHLF). Certains emprunts sont contestés par l e s l e x i c o g r a p h e s eux-mêmes: PR s w a t e r p r o o f : a n g l i c i s m e ; walkie-talkie ou talkie-walkie : américanisme; DHLF : know-how: anglicisme critiqué. La r é a l i t é dissimulée d e r r i è r e l e mot peut demeurer étrangère (dataha, dazibao, a y a t o l l a h , khamein "vent brûlant du désert") mais être connue dans l a francophonie. Elle peut aussi pénétrer dans n o t r e c i v i l i s a t i o n ( t e e - s h i r t ou T - e h i r t , walkman, l o f t , kakémono "peinture japonaise"). Le lexicographe accueillera assez facilement le not renvoyant à un concept nouveau qui correspond à une chose étrangère. C'est 1'emprunt appelé xénieme. Les exemples du p r e m i e r groupe c i t é s ci-dessus (dataha, dazibao, ayatollah, khamein) sont des xénismes. Tout en demeurant hors des zones d'influences francophones, l e s enprunts peuvent donner lieu à certaines adaptations, comme par exemple l a d é r i v a t i o n ( a y a t o l l a h + -eeque —• ayatollesque) ou une r é u t i l i s a t i o n figurée (dazibao • nom d'une galerie d ' a r t à Nbntréal). Par a i l l e u r s , s i l e concept nouveau trouve des racines «1 France, ou offre un caractère francophone universel, i l se créera nie résistance dont l a source est l a norme sociale. Cette résistance entraînera une proposition française (ex. kitchenette • auisinettej windsurf • pianahe à voile', windsurfer • véliplanchiste (DHLF); skateboard • pianahe a roulettes). Les mots étrangers très aourants serait donc re j e t é s oartme non nécesaires. Tandis que des enprunts techniques moins fréquents seront accommodés ( b a r r a n c o (mot espagnol) "ravin", t e l l (mot a r a b e ) " c o l l i n e a r t i f i c i e l l e " , puszta (mot hongrois) "plaine inculte", tous dans le Lexis). (Voir l e tableau des prononciations des enprunts c i t é s dans oes deux derniers paragraphes. ) Le lexicographe n' a donc pas l a liberté de e l i s i r s ' i l doit retenir ou non des emprunts; i l doit inclure dans son dictionnaire des enprunts de luxe ou de nécessité, ces derniers prenant l e pas sur les premiers. I l doit en outre les définir et ce faisant, i l acoonplit vu acte plus ou moins normat i f . Cans certains cas, i l délivre un c e r t i f i c a t de naturalisation française à des mots étrangers (voir l a prononciation de certains emprunts comme punk : [pynk] en France et [porik] au Québec; macho : [mat J o] ou
80 Tableau des prononciations des emprunts
-
ayatollah
(ar.)
: PR81
-
barranco
(esp.)
: Lexie?9
-
darbouka
(alg.)
: PR81
-
datcha
-V [ajatola] [ barato] ->-
: PR 81
(russe)
[daRbuka] [datja]
: (non consigné, sauf dans MA, sans prononciation, et dans SBDNE, qui donne [ ' da :dz ¡ : ' bau ] pour l ' a n g l . )
(chin.)
-
dasibao
-
kakemono ( j a p . )
: PR8Í
[ kakemono ]
-
khamsin ( a r . )
: PR81 Lexis?9
[xamsi n] [ rams ¡ η ]
(amér.)
-
kitchenette
-
know-how ( angl. )
-
kehatriya
(sanscrit)
-
kwashiorkor·
-
loft
-
nacho (esp.
->
: PR81 DHLF
-V ->-
[kitjenet ] [ kit Janet ]
: PR81 DHLF
->-
[ roaw ] [ noa u ]
: DHLF
->-
[kJatRi ja ]
: DHLF Lexie?9
(bantou)
(angl.) d'Amér.)
[kwaJjoRkoR] [kwasjorkor]
PLI82
[ loft]
PR81
[mat Jo]
-
oetiak
(sibérien)
PR81
[ostjak]
-
puesta
(hongr.)
DHLF
[pusta ]
-
skateboard
DHLF Lexis?9
[sketboRd] [sketbord ]
-
ezlachta
-
tee-shirt/T-shirt
-
tell
-
walkie-talkie/talkie-walkie (amér.)
(amér.) (pol.) (amér.)
(ar.)
( angl. )
- Weltanschauung - windsurf - windsurfer
Remarques :
[slajta]
PR81
[tiJœRt]
PR81
- walkman ( a n g l . ) - wate rproof
Lexis?9
(amér.)
[tel] [wokitoki]/[tokiwoki] [tokiwoki ] [toik i wo 1k ï]
PLI82
(pas de prononciation
PR81 Lexie79 Lexis?9
indiquée)
[wat eRpRiif ]
PR81
(all.)
(amér.)
->-
PR81 DHLF Lexie79
->-
[ve 1 tanJawuQ ] [veltanjawug]
-y [w i ndsœrf]
(non consigné)
1· Les s l g l e s indiquent les dictionnaires de référence. 2. Lexis
: [ r ] = PÄ et DHLF CR].
3. Pour connaître la prononciation des signes, dictionnaires eux-mêmes.
voir
les
81
[majo]
cu
gas-oil),
l'adaptation écrite de certains autres comme gazole marchandisage
(angl.
(angl.
Tandis
merchandising).
que
dans d'autres cas, il ne délivre qu'un permis de résidence temporaire supputant une espérance de vie linguistique courte avant que 1'emprunt ne cède sa place à un équivalent français ou encore calculant une rapide disparition du acncept qui entraînera avec lui le not ou la série de rots qui l'exprime. Nonobstant
les
interventions
scientifiques
des
lexicographes,
des
motivations de deux ordres peuvent freiner l'entrée des emprunts dans les dictionnaires.
D'abord des difficultés réelles d'intégration au système
phonétique français, raison avant tout d'ordre linguistique. l'histoire
du
not
Ensuite,
design.
c'est le cas au Québec.
un
réflexe
On connaît
nationaliste
comme
"L'emprunt ne fait plus alors figure de libre
fantaisie, de snobisme, mais de sujétion insidieuse; la pénétration massive des faits de langue étrangers est ressentie comme les effets d'un impérialisme linguistique dent les bases sont politiques et économiques" (ReyDebove 1971:103). 6.5 Les vulgarismes et les argotismes On rangera parmi ces mots, les mots grossiers, les jurons, les termes qualifiés de triviaux, de scatologiques, d'erotiques, de même que les mots de la langue verte.
Pour mieux nous situer, nous les appellerons des
non-conventionnaliemee. Au
fil du temps, très peu de non-conventionnalismes ent réussi à
franchir la barrière de la censure pour se frayer un chemin jusqu'aux dictionnaires "réalisés par des gens doctes et de bonne compagnie" (Matoré 1968:211) parlant eux-mêmes un langage académique.
Mais la situation évolue
rapidement sous la poussée de la société qui modifie ses attitudes traditionnelles et sous l'influence des nécessités de la communication. christ,
nos
salisse,
nos
hostie
et
nos
ostensoire
Si nos n'ont
pas encore droit de cité dans les dictionnaires français, ils devraient cependant être décrits et pris en charge par un éventuel québécois
de la langue française,
Dictionnaire
du moins dans une certaine masure qu'il
resterait à évaluer puisque le nombre de ces jurons québécois est de l'ordre de plusieurs milliers.
Il faudrait en interdire quelques-unsI
82
Nous nous sommes penché sur une famille lexicale très productive en français contemporain.
Mous voulions étudier le sort que les dictionnaires
lui
Il
avaient
réservé.
s'agit
du
not
et
ohiev
d'autres membres de cette prolifique famille.
de
ses
dérivés
ou
La fréquence d'utilisation de
ces vocables ne saurait être mise ai doute par quiconque.
Plutôt que
d'énumérer cette brochette de nebíes mots, nous en avons dressé un tableau qui permettra de visualiser l'ensemble.
Une série de dictionnaires, douze
au total, publiés entre 1971 et 1981 ent été dépouillés.
Nous les regrou-
perons en quatre sous-ensembles : 1.
Les dictionnaires de langue pour les adultes : PR, Lexie, Logoe,
2.
Les dictionnaires de langue pour les jeunes : PLI,
3.
DHLF,
GLLF. DUI.
Les dictionnaires de langue à vocation scolaire : NDFCI, DFV, MR.
4.
Les dictionnaires spéciaux : DFNC, DI.
Dix-neuf mots ent été retenus (voir le tableau). famille
ne
ahialev
sont
pas
considérés
pour
Ceux de la sous-
11 instant
puisque
dictionnaires ne s'entendent pas sur son origine étymologique : le
les
le
fait
PR
de
venir dér.
forme
dialectale
diminutif
ohiaillev,
"probabl. 128).
d'une de
[...],
ahiau
de
de
chiot
Quand
ahiev.
avec
interférence
de
au
Lexie
et
(ahiau)
le 5
BW
ahiev"
: (p.
Dans le doute, nous nous abstenons.
Afin de compléter
le tableau, voici quelques observations.
Le FEU
(vol. 4, p. 16 à 21) consacre plus de dix colonnes complètes au not latin Des centaines de mots gallorcmans de la famille sent donnés tout
aaaave.
au long de ces dix colonnes. Dans telles triv.
certains :
recueils,
a r> g . ,
les mots
-oui g . ,
sont
f am . ,
affublés tree
de marques d'usage ν ut g . ,
p o p . ,
Il est évident qu'une famille semblable ne peut pas échapper à ce
genre de jugement ou de classification par renvoi à un niveau de langue ou d'utilisation.
83 Tableau de CBIER et de sa famille lexicale
Groupe 1. l^ictionnaires PR mots- ^ — .
Lexis DHLF
^'Groupe 2!^
LOGOS GLLF
Groupe 3.''Groupe 4.
PLI DUI NDFCI DFV MR
DFNC
DI
1. caca
+
+
+
+
+
+
0
+
+
+
0
+
2. chiade
0
+
0
0
+
0
0
0
0
0
0
0
3. chiadé
0
+
+
0
+
0
0
0
0
0
+
+
4. chiader
+
+
+
0
+
+
0
0
0
+
+
+
5. chiadeur
0
+
0
0
+
+
0
0
0
0
0
0
6. chiant
+
+
+
0
0
+
0
+
0
0
+
+
7. chiard
+
+
0
0
0
0
0
0
0
0
+
+
8. chiasse
+
+
+
+
+
.+
0
+
0
+
+
+
9. chiasseux
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
+
0
10. chiatique
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
+
+
11. chié
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
+
+
12. chiêe
+
+
0
0
+
+
0
0
0
0
+
+
13. chiêment
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
+
0
14. chienlit
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
0
+
15. chier
+
+
+
+
+
+
0
+
+
+
+
+
16. chierie
+
+
+
0
+
0
0
0
0
0
+
+
17. chieur
0
0
0
0
+
0
0
0
0
0
0
+
18. chiotte(s)
+
+
+
0
+
0
0
+
0
+
+
+
19. chiure
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
0
+
11
14
10
5
13
9
2
7
4
7
13
15
84 Certains DI : ahiadev
irots
de
la
et chiure,
famille
apparaissent
en
sous-entrées
dans
le
par exemple.
Nous n'avons pas tenu compte des expressions ou des locutions formées à partir de ces mots. complet, DI)
en
dans
Mais les dictionnaires an fournissent un assortiment
particulier
lesquels
deux
sont
dictionnaires
rassemblés
de
spéciaux
dignes
DNFC et
(le
émules
de
leurs
le
mots
de
base. Quant au tableau lui-même, en remarquera au premier examen qu'aucun not ne fait l'unanimité des douze répertoires; qu'aucun dictionnaire n'accueille l'ensemble en
des
dix-neuf
chienlit
tout
mots;
que
ohiuve
et
le DUI
qui
ne
en
sont
contient pas
le noins
très
: deux
dangereux
pour
la morale, d'autant que le premier est complètement démotivé au regard de soi origine
étymologique;
le DI
que
suivi immédiatement par le Lexie DUI
Le Lexie
le
DI.
est plus
Par
donc
le
dictionnaire
"permissif",
ailleurs
le
en contient
le plus,
9oit
quinze,
avec quatorze.
si
contenu
l'on des
le
plus
excepte
deux
"interdisant"
le
dictionnaire du DFV est
éditions
et
le
spécial rigoureu-
sement identique; aucun ajout n'enrichit cette famille lexicale dans la mise à
jour de 1979.
NPLI
de
1956,
alliasse
(dont
chienlit
et
De fait, un retour en arrière de vint-cinq ans dans le nous
le
fait
constater
premier
ohiuve)
sens
soit
est
deux
la
présence
cependant fois
plus
tionnaire le plus récent de notre corpus.
de :
»
quatre
"Ecume
que
le
mots
des DUI,
{aaaa,
métaux" ), le
dic-
La désinterdiction sera longue
pour ce dictionnaire. Ce coup de sende dans le passé permet également de souligner que le NPLI de 1956 - avec quatre mots - double sa nomenclature au chapitre de notre
famille
dans
le PLI
une augmentation de 125%. un peu plus
récente,
rapporté
sept
ah i e ni
it ,
soit
ah i e ν ,
de
1981
: neuf
nots y
sont consignés,
soit
Un autre sondage nous faisant remonter à une date en
mots
1967 dans
la première
( a a a a ,
ah i ο t t e β
édition du
a h i a d e v , et
ah i u ν e ) .
PR,
a
a h i a s β e , Le
PR,
déjà plus laxiste que les autres, augmente ebne sa moisson d'environ 50% en dix eins, puisque la seconde édition date de 1977.
85 Ces mots un peu spéciaux qui font néanmoins partie du langage habituel (voir
merde/marde,
bèooeee(e)
,
oui,
au
Québec)
se
sont répandus depuis le 18 e siècle dans presque toutes les couches de la société française.
G. ffetoré ne rapporte-t-il pas l'anecdote suivante, à
savoir que la marquise de Pompadour, qui fut la protectrice de la philosophie, des lumières, des arts et des lettres sous le règne de louis XV en plein aoeur du 18 e siècle, appelait deux grandes dames de ses amies l'une mon
torchon
et
et certains
l'autre
contemporains
l'écart des réalités. "un
ma
silence
pudique"
ealopei
ferment
Seuls
les yeux
les
lexicographes
du
temps
et restent volontairement
à
Ils observent même pour reprendre les mots de ffetoré (Matoré
1968:219)
et
condamnateur
en
refusant
d'héberger ces mots.
Ce langage, il ne faut pas se le cacher, est employé
par
cultivées
tous,
personnes
d'université. mots
comme
ignares,
cadres
comme
professeurs
Qui au Québec n'a jamais entendu surgir à ses oreilles des
comme
marde,
oui,
et
même
maudite
marde
de
oui.
langage vert et franc n'est pas si "non conventionnnel" qu'il y paraît.
Ce Il
doit être décrit en tant que langue vivante et témoin d'un moment de vie d'une société.
Si les linguistes n'avaient pas recueillis soigneusement les
inscriptions des ruines de Pompei, y compris celles des latrines, il manquerait quelques éléments fondamentaux pour la connaissance d'une civilisation à l'origine de la nôtre et, qui plus est, pour la connaissance de l'histoire de la langue française et des langues romanes.
Les
treize
littéraires.
mots
du
DFNC
sont
agrémentés
de
nombreux
exemples
Parmi ces témoignages écrits on citera ceux de R. Fället, ρ
L.-F. Céline, S. de Beauvoir, A. Boudard (enfin), M. Audiard, O. Mirbeau, E. Ajar (enfin aussi), R. Dorgelès, J. Genet, L. Aragon, G. Arnaud.
Ces hommes
et ces femmes écrivains sont à d'autres moments de dignes représentants de la belle langue française, certains ont même reçu le prix Goncourt, d'autres font partie ou cnt fait partie d'académies littéraires, d'autres «icore figurent dans des anthologies et plusieurs d'entre eux sont passés à la postérité
lexicographique
en rejoignant
les colonnes encyclopédiques des
dictionnaires, souvent avec une photographie à l'appui. Pour
terminer
cette section sur le vocabulaire moins
conventionnel,
laissons la parole à Alain Rey qui explique la position du Pi? à propos des mots interdits argotiques ou malsonnants.
"Il nous a semblé que l'évo-
lution des moeurs devait être reflétée, ne serait-ce que pour répondre aux
86 besoins de compréhension les plus évidents. eaves
Sans prétendre fournir aux
les moyens d'une lecture exhaustive de Simonin et de Boudard, et en
attendant qu'un dictionnaire décrive plus scientifiquement certains vocabulaires
argotiques
ou
incongrus,
Petit
le
Robert
s'est
donné
acrome
objectif de ooribler les lacunes les plus criantes de l'éducation officielle" (p. XVIII).
Voilà à notre sens une déclaration ferme qui illustre non
seulement les progrès récemment réalisés en matière lexicographique française, m i s qui devient une prise de position pédagogique nette en faveur du décloisonnement
contrôlé du dictionnaire.
le PR en avance
propulse
sur
Une bouffée d'air
frais qui
la plupart de ses concurrents
contempo-
rains. 6.6
Les dérivés onomastiques (gentiles, anthroponymismes, tcponymismes) D'entrée de jeu, pour cette partie, les dictionnaires nous laissent en Eii effet, si nous trouvons facilement le terme toponyme
plan.
dans la
plupart des dictionnaires, nous n'avons pas rencontré le terme parallèle anthvoponyme DRLF, nom
ni de
ni dans
lieu,
dans le
PR,
le
PLI,
ni
anthvoponyme
ni
dans
désigne
dans
le
Lexis,
le
DUI.
le
non
de
dans
le
Toponyme
ni
désigne
le
personne.
Mais
pour
désigner les différents types de dérivés et de composés des noms propres nous
avions
besoin
de
termes
nouveaux.
Aussi
un
certain
nombre
de
néologismes apparaissent-ils dans notre discours: . Onomaetisme
: désigne tout dérivé ou composé de non propre (lieu, personne,
etc.).
montaignophile . Gentile
Ex.
;
:
montvëalophobe
hungarophone
;
;
polonisme.
: désigne tout dérivé ou composé qui sert à dénommer les habitants d'un lieu village, tile
région, province, etc.).
est déjà vieux.
dictionnaires PLI930
FEW).
et
ethnique, concept.
nom sont
ville, gen-
Le terme
Il a été aonsigné dans les
jusque
dictionnaires. autres
(continent, pays,
vers
Il Les des
davantage
n'a
1930 plus
termes habitante
Littré,
(voir cours
dans
ethnique, et
utilisés pour
les nom
quelques désigner
ce
Il est récemment revenu à la surface à
87 l'occasion de recherches sur le sujet à la Cbramission de toponymie du Québec. Ruthénois
(Rodez);
Campivalleneien
Ex.
Audonien
:
Québécois;
(Saint-Ouen);
(Valleyfield)?
Caetelpontain
(Pent-du-Château, Puy-du-Dôme).
. Anthroponymisme : désigne tout dérivé ou oemposé de non de personne. Ex.
:
ahaplinesque
;
vyannerie;
queneauphilietej
guilbevtien;
xùuetévien·, noetradamite. . Toponymieme
: désigne tout dérivé ou composé de nom de lieu. Ex.
:
a f r i a ani e at i on ,
usaZfiaation;
mexiaanitéi
panthêonieation;
galloi-
sant.
Le terme onomaetieme constitue le générique dont les trois autres sont des spécifiques.
Gentile est de plus un spécifique de topony-
mieme . D'autres
termes
nouveaux
comme
ahoronymieme
et
ethnieme
pourraient tout aussi bien être utilisés à la place de toponymieme et de gentilê.
Mais nous laissons aux spécialistes de l'onomastique le
soin de fixer leur terminologie. Toutes les catégories d1 onomastismes prolifèrent dans la langue française acuirne an s'en doutera à l'énoncé des exeirples précédents.
Ils ne
jouissent cependant pas tous d'un traitaient de faveur de la part des lexicographes.
En réalité, il règne une espèce d'anarchie dans la sélection de
ceux-ci pour leur
introduction dans
les dictionnaires à nomenclatures
générales.
La première question que se posent le lexicographe et le linguiste à propos des enomastismes porte sur le statut de not ou de non-mot de ces éléments du langage.
Josette Rey-Dèbove avait déjà remarqué aux débuts des
années 70 les hésitations des lexicographes à propos précisément des problèmes que causent ces dérivés sur le plein linguistique.
Elle souligne plus
particulièrement qu'en "écartant les ncxns propres, en démotive tous leurs
88
derives à 1'intérieur du dictionnaire.
Les adjectifs [et les substantifs]
dérivés de noms propres sont toujours sacrifiés du point de vue sémantique" (Rey-Debove 1971a:372). Pourtant,
mauviaaien,
comme 8 at
il n'est pas de jour où l'on ne lise ou n'entende des mots
ion,
littvêen
gieaavdie,
fvana et
des
dans l'usage.
ophonie
lieahtensteinoie,
η ,
centaines
québéai-
p o l o n i t u d e ,
d'autres.
Ces
dérivés
t r i β tane sont
β que
dûment
,
attestés
Ils parsèment toute la littérature (même celle des Académi-
ciens et des lexicographes les plus sérieux), toute la paresse quotidienne et périodique de toute tendance s'en empare, toutes les conversations en sent émaillées.
Toute communication orale et écrite de quelque nature qu'elle
soit, véhicule de ces dérivés dont le grand public a besoin de plus en plus urgemment de connaître
le sens,
la forme graphique ou encore
l'origine.
Mais l'accès aux dictionnaires de langue leur est encore interdit, du moins sous une forme systématique. mots
marginaux
phiques.
Car, soyons honnête, un certain nombre de ces
(marginalismes?)
sont
intégrés
aux répertoires
lexicogra-
Cependant, quand il y a consignation, la méthode de sélection est
loin d'être systématique, peu s'en faut d'ailleurs, et les critères de choix sont
plutôt
vagues,
imprécis,
ne
faisant
la
plupart
du
temps
l'objet
d'aucune règle scientifique absolue.
Aucune entre eux.
façon oommune de procéder ne lie les différents dictionnaires Sans doute est-ce le signe d'un malaise généralisé?
Parfois les
onomastismes sont rangés à leur place alphabétique dans la macrostructure d'un
dictionnaire
(D H L F ,
DUI,
PLI,
GLLF);
parfois
ils sont notés dans les articles consacrés aux natis propres, surtout aux noms
de
lieux,
PR2) ; parfois
ils
dans font
un
l'objet
(DUI,
dictionnaire de
listes
séparées
PLI,
et
très
DH,
sélectives
annexées à la fin de l'ouvrage ou insérées à l'intérieur même de la nomenclature la
(Lexie,
p.
nomenclature
NDFCI,
DFV)
ou
684-685);
alphabétique encore
parfois et
dans
ils
listés le
corps
à
soit la du
inclus
fin
du
à
fois
dans
dictionnaire
(PR,
classement
la
alphabétique.
Les listes distinctes de la macrostructure sont la plupart du temps plus riches quantitativement que les nots enregistrés à leur place alphabétique. La dernière catégorie constitue la solution la plus souvent adoptée par les lexicographes.
89
La dispersion de oes ensembles lexicaux excentriques du noyau lexical français sous des formes variées et en des lieux différents rébute les lecteurs peu habitués à fouiller systématiquement les dictionnaires pour y
cueillir
les renseignements divers qu'ils contiennent.
De vieilles
habitudes, des stimuli anciens les amènent d'un jet à se contenter de consulter l'ordre alphabétique qui n'est qu'un principe didactique arbitraire, certes utile, mais néanmoins devenu une règle contraignante pour les usagers non professionnels.
Certaines personnes n'ont même jamais remarqué
les éléments qui entourent la nomenclature des dictionnaires : tableaux, grammaire, annexes diverses.
Ainsi, pas moins de 68 annexes sait rassem-
blées dans le troisième volume du Logoe.
Ces hésitations ne sont pas
pour rassurer 1'ensemble des consommateurs de dictionnaires sur le statut de ces dérivés qui évoluent le plus souvent en périphérie du lexique général habituellement manié par les fabricants de dictionnaires. se doit d'être rassurant pour le consulteur.
Le dictionnaire
De sorte que l'effet de
ballottement lexical laisse entendre que les dictionnaires entérinent les onanastismes de la macrostructure et rejettent, ou à tout le moins ne recommandent pas, nais tolèrent, ceux qui figurent sur les listes.
N'étant pas
enfermés dans le cercle nomenclatural et disséminés au travers leurs semblables lexicaux, ils sont mis en évidence par le listage.
Ils forment un bloc
ononiasiologique, plus facile à juger globalement que des unités réparties alphabétiquement selon des critères sémasiologiques.
D'où par une circula-
rité attendue et par lien de cause à effet, les condamnations de toutes sortes qui affectent ces déportés lexicograpihiques.
La seconde question qui peut être posée à propos de ces mots demicivilisés se ramène pour la plupart des lexicographes à une excuse à double volet, l'un économique, l'autre linguistique. lexicographes évoquent le manque de place.
Pour la première excuse les Pour la seconde, ils évoquent
l'absence d'une théorie générale du lexique qui soit suffisamment précise et développée pour inclure ce genre de mots.
Cette dernière lacune ne paraît
cependant pas justifier la mise entre parenthèses du problème qui demeure d'une grande actualité aujourd'hui, au nattent où la lexicographie s'autoanalyse.
Il est plus que probable que ce problème n'a jamais été vraiment
abordé pour lui-même et d'une manière positive, mais uniquement et historiquement en relation avec l'exclusion de ces catégories de lexemes des dictionnaires.
Il n'y a pas vraiment eu de questionnement sérieux sur les
règles à établir qui régiraient 1'inclusion des cnomastismes.
Seul "un
90 critère sémantique permet de ne prendre en considération que les formations dont
le sáneme offre d'autres sèmes que ceux du système"
(Rey 1977:30);
autrement dit ne figureront à l'ordre alphabétique dans la macrostructure que les dérivés qui transcendent leur origine étymologique qui réside dans le nom propre qui sert de base à la dérivation ou à la composition.
Il faut
donc que le mot ainsi formé aille au-delà de sa désignation propre.
Ainsi,
homérique
ne
ubueeque
à
se
réfère
plus
et à fferx, einsteinium mieux
retenus
PR
GLLF).
et
et de leur
seulement
balzacien
Ubu,
produisent polysémie
à
îtomère,
à
nouveaux
une
sens
garantie
de
Luther, à
Les cas de ce genre sait de
et
luthérien
freudo-marxisme
Balzac,
à Einstein.
qu'ils Leur
à
d'autant cornélien,
(voir
leur
Freud
lexicalisation
"généralisation" linguistique et, oonséquemment, offre un avis
favorable à l'insertion.
Les autres dérivés qui ne se conforment pas à ce
critère sémantique, malgré leur importance fonctionnelle dans le discours ou leur intérêt morphologique pour la langue seront carrément éliminés ou exiAinsi, miche langele
lés sur les listes séparées de la nomenclature. renvoie
exclusivement
picaeeien
à
2135-2136).
Picasso
à
(tous
eineteinien
Michel-Ange, sur
la
liste
à
Einstein,
hors-nomenclature
Pour Alain Rey tous les critères ne sont pas
eque
du
PR,
p.
satisfaisants
totalement dans la mesure où "toute réalisation lexicale nérite de figurer dans une description correcte" (Rey 1977:30). Il
existe bien
une
sorte
1'intuition
du
d'échelle
de
lexicographe,
valeurs la
dont
assises
sont
courant,
le besoin de désignation d'une réalité donnée
terminologies spécialisées) et la modernité.
fréquence,
les
meilleures
le
caractère
(surtout dans les
Ces raisons évoquées par le
PR (p. X) s'allient cependant à des contraintes de dimension des dictionnaires (voir le chapitre 4). Dans
la
présentation
du
PR
qu'a
rédigée
Alain
Rey,
celui-ci
ex-
plique que pour ce dictionnaire, "les dérivés des noms propres de lieux ou de personnes n' ont été retenus que si leur classait à part" (p. X).
importance ou leur
sens les
Eh note, il précise que les autres dérivés "qui ne
présentent qu'un intérêt morphologique ou pratique, font l'objet d'une liste à la fin du dictionnaire" mot
sur
sa conduite
à
(p. X, n. 2).
Tandis que le DHLF ne souffle
l'égard des cnomastismes,
le Lexis
précise quant
à lui que sont traités "à leur ordre alphabétique certains nans et adjectifs ethniques ou formés sur un non propre de personne.
La liste de ceux-ci
91
étant quasiment infinie, nous nous sommes limités aux plus courants et à ceux qui présentaient une difficulté de formation ou d'orthographe" (p. Trois raisons sont avancées donc par le Lexie,
VIII).
une raison
extralinguistique, 1'importance du nere propre derrière le not, une raison linguistique, sa fréquence, et une raison grammatico-lexicographique, les difficultés morphologiques ou orthographiques posées par le dérivé. Pour juger de l'importance du phénomène au Québec, nous prendrons pour exemple et pour preuve 1'onomastisme gentiléen Quêbêooie qui a perdu au fil des années une certaine innocence ou immobilité lexicale pour entreprendre une nouvelle carrière linguistique. En moins de vingt ans, le terme Quêbêooie a presque évincé, au Québec en tout cas, son concurrent le plus immédiat Canadien-f vançais et cela pour des raisons d'origines politique, sociale, littéraire et culturelle. Ce n'est certainement pas pour des raisons d'usure sèmatique du not. Le gentilé aoie,
Quêbêooie,
de
même
que
la
forme
adjectivale
quêbê-
ait acquis au oours de ces années un caractère politique si fort et
si marqué qu'ils se sont arpares d'une partie importante du sémantisme de Canadien-français, de cette lexie.
modifiant considérablement la signification originelle D'une part, le sens du terme a été refoulé à son aspect
presque exclusivement géographique avec la référence au Cänada.
D'autre
part, le sens politique a été restreint et limité à tout oe qui n'est pas le Québec dans le Canada.
Dans l'usage culturel et intellectuel en général,
Canadien-français ne s'emploie plus au Québec, ce sens est devenu rapidement obsolète. Lorsque le sens en question demeure encore, il s'est réfugié dans l'argumentation politique fortement teintée par une idéologie fédéraliste; tandis que Quêbêooie fait référence, pour ces mêmes utilisateurs, à une'renvendication d'idéologie nationaliste canalisée à travers le Parti québécois et ses membres ou sympathisants. Au moment de la révolution tranquille, 1'influence des intellectuels québécois d'une certaine partie de la société aura permis au terme Quêbêooie, et par la suite à d'autres dérivés québêoitê,
de
la
base
quêbêoieation,
Quêbeo
(tels quêbéoieev,
quêbêoitude, quêbêooieerie)
auêbêoieme, de
surgir littéralement du néant pour occuper le devant de la scène politique, culturelle et, par conséquent, linguistique.
Depuis quelques années en remarque aussi l'émergence d'un élément
92 -beo,
suffixal
dernière
syllabe
Québec.
de
Cet
élément
reprend
l e semantisme complet du mot de base et s'accole à d'autres nots ou éléments lexicaux
pour
raisons
sociales
Bonbeo,
former
etc.)·
anglophone,
ou
nouveaux
des
mots;
marques
De passif
qu'il
il
apparaît
déposées était
notamment dans
(ex.
face
à
Telbee,
Sanibea,
certaine
domination
:
une
des
le Cânadien-français du Québec est devenu un Québécois actif et
revendicateur. lexical
de
Le mot a suivi
le renversement des
et sémantique est le signal,
idées.
Ce transfert
l a marque que nommer c'est posséder.
Québécois est précisément ce genre de "mot philosophai" qui f a i t basculer l'histoire
en la bousculant.
l'histoire, oserait
s'est
accomplie
prétendre
que
La transformation,
maintenant inscrite dans
en une demie génération.
l'utilisation
de
Qui,
Quèbeaoie
ou
aujourd'hui, Canadien-
de
f vangate (au Québec et au sens de "Québécois") ne iranifeste pas une idéologie et un caractère politiques oonnotés se f e r a i t rapidement lapider, ce domaine, i l n'y a plus de neutralité linguistique, ni d'hésitation.
ai Cela
ne relève plus de la lexicographie, mais cela intéresse le lexicographe qui doit rendre compte du sens des mots dans l ' h i s t o i r e et dans l ' a c t u a l i t é .
6.7
Les autres interdictions Des censures encore possibles,
aux définitions. recours
à une glose,
définition 5°)
:
il
faut mentionner celles qui cnt t r a i t
La notion est occultée et partiellement
c ' e s t - à - d i r e à un synonyme simple qui n'est pas une
élaborée
"arabe";
interdite par l e
au
PLI
:
premier ahier
niveau
:
(ex.
"déféquer").
PR
:
Ce
:
melon
processus
(sens "abou-
t i t à exclure les mots ainsi traités du système, p u i s q u ' i l s scxit 'traduits' et
non définis
1979:B8).
aomme le
La glose,
sont
les
mots de l a
langue
standard"
puisque c ' e s t de ce procédé q u ' i l s ' a g i t ,
(Girardin peut aussi
survenir au second niveau, c ' e s t - à - d i r e renvoyer à un nouveau synonyme (ex. PR,
emmousaaillev
ennuyer") "ennuyer" chagrin",
ou
:
encore
—»· ennuyev 2.
"emmerder"
n'aboutir :
ennui,
rien de
emmevdev DUI
(ex.
l'ennui"
: :
—• ennui
"embêter, emmevdev :
1.
"malaise moral que cause le désoeuvrement ou l'absence
intérêt quelconque", 3. au p l . de
à
"éprouver
—•
aucune
"importuner").
ne
"souci, contrariété".
convient
pour
retrouver
:
"vif d'un
Des trois définitions le
sens
de emmevdev
La technique qui consiste à qloser les unités lexicales par
des synonymes va à 1'encontre des méthodes préconisées en lexicographie pour d é f i n i r les entrées.
l a définition, si e l l e doit tenir en une seule phrase,
93 doit aussi comporter un minimum de mots, soit deux.
La glose est davantage
utile aux dictionnaires de traduction bi- ou nultilingues ou encore aux dictionnaires qui recensent les nots d'une époque antérieure de la langue. La définition peut être encore une censure de la notion lorsqu'elle est très analytique, hautement spécialisée, compréhensible par le consultant. des
définitions
DUI
ou
celui
encore
celui
aonjugé
de
épietatique
de
et
d i f f é r e n t i e l l e dans
de
allélomorphe
de
(sens
très terminologique eu encore peu
Ainsi, tenter de suivre le cheminement
4)
et
dans
PR,
le
ou
encore
d i f f é r e n t i e l l e dans
de
le
DHLF
le
constitue un tour de force peu commun pour le lecteur nen averti.
Le dis-
cours définitionnel est alors hors de la portée immédiate des non-initiés, à moins qu'ils ne parcourent tout le réseau de définitiais du dictionnaire. L'utilisation dans la définition de nots un peu savants et moins répandus que les termes à définir ou encore de formules mathématiques ou scientifiques, sert donc à détourner l'attention des usagers, la persévérance à ce niveau ayant ses limites.
Cependant, le recours à ni discours définitoire
d'un haut niveau se justifie pleinement dans un dictionnaire terminologique.
Enfin, 1' information définitionnelle ne peut être que la neutralisation des syntagmes en sous-entrées par un not simple ou une courte phrase explicative DUI
ou :
PR
:
encore
sodomie vere
class,
une
"rapports
libre(β)
de
comparer
:
définitie«
la
aussi
evasive, sexuels
(sous
libre)
versification";
DHLF
les
de
définitions
générale contre
: :
"non au
concept
nature" ; soumis
leviathan
pégase,
du
: sens
(ex.
DHLF
: et
aux
règles
"monstre
marin";
nythologique,
dans
PR et DHLF). D'autres censures que l'on pourrait qualifier âe tenporaires affectent parfois les dictionnaires.
Il s'agit en réalité des oublis, des mots que le
lexicographe a simplement abandonnés dans ses fichiers ou qui sont disparus en
cours d'élaboration
ahette
du
dictionnaire.
C'est
ainsi
que
êplu-
le mot
mentionné comme nouvelle entrée régionale par Alain Hey dans la
présentation
du PR77
Cette erreur
fut réparée dans les tirages subséquents.
dépendance
renvoi
pas
d'entrée.
été
constatés.
(p. XVIII)
analogique
Dans
le TLF
Ainsi
avait
cité
à
quelques
sous
débander
été oublié l'article absents (TLF,
dans
stupéfiant
la
nomenclature.
Aussi
qui
n'a
ou oubliés de marque
ont
6)
et
pharmaao-
l'expression
popu-
94
sans
laire
débander,
rédacteur. (TLF,
6)
La
au
même
pourtant que
viation par
qui
une
doute
arrivée
particulièrement
du
dérivé
au
mot
le
vocabulaire
dans
(inexcuabré-
une
dérivé
à
(TLF,
6)
expressions
très
courantes
en
y
importante
dans
attestation
contre-nature nature.
sans
les tiroirs
dêr.,
comprend
correspond
exemple
est
fréquent,
est restée dans
Cette absence est d'autant plus inexplicable
TLF
le
erotique,
aventure
très
de la linguistique. sable?)
sens
la
liste
dêr.
de
cherche
rubrique
en
des
sous
derivable)1
vain
quelque
moeurs,
comme
abréviations
(voir
Quant allusion
péché,
à
viae
à des
contre-
Mais est-on ici «icore dans le domaine de l'oubli ou à la fron-
tière fragile de 1'exclusion? Une
forme
particulière
de non-consignation
revêt plutôt
l'aspect
de
l'hésitation, de sorte qu'ai ne peut savoir précisément s'il est question d'oubli ou de rejet.
Il s'agit de mots complémentaires de familles lexi-
cales dont un certain nombre de représentants sent répertoriés. cas
des
PR
néologue
mots
néologie
et
ainsi
qui
que
sont
du
néologiste
et
absents
DHLF;
ils
le discours linguistique.
appartenant
à
la
des
récentes
éditions
du
sont
pourtant
abondamment
C'est le
famille Lexie
de
et
utilisés
du dans
D'autant qu'il semble y avoir une concurrence
entre les deux mots actuellement.
Ces oublis sont curieux, d'une part parce
que les deux nots existent depuis longtemps et qu'ils furent déjà enregistrés
dans
que
les
quelques
logue
dictionnaires dictionnaires
{PR)
et
NPLI
(voir
consignent
des
terminologue
sont beaucoup plus récentes
de
(PR),
(1842 pour
1956);
d'autre
mots-cousins, dont
le premier
part
parce lexico-
comme
les
naissances
et vers 1960 pour
le
second). Enfin, l'insertion de dérivés dans le corps de la microstructure lorsque le dictionnaire ne recourt pas à la méthode du regroupement, constitue un autre genre d'interdiction dont procédé
est
fiques
ou
utilisé
techniques
matronymat sous
et
ménisque,
transparence
par
de
le degré est cependant plus nuancé.
le PR pour (ex.
médiatisation
matronymique
sous
mythifiaation leur
sémantisme,
certains dérivés de
sous ces
termes
types
méniscal
mythifier) . aisément
scientimédiatiser,
sous matronyme, sont
Ce
Par
compris.
la Le
procédé a 11 avantage d'économiser de la place, mais il soustrait des rots importants aux regards du consultant peu familiarisé avec le fonctionnement des dictionnaires.
7.
LES MYTHES LEXICOGRAPHIQUES
L'Homo lexiaue est une vue de l'esprit, ou plutôt un mythe (G. ffetoré 1968:201). La suite d'éléments déviants qui viennent d'être passés en revue constitue ni plus ni moins que la barrière interne des interdits lexicaux contre laquelle l'usaqer habituel du dictionnaire se heurte à tout marient.
La
barrière des tabous représente sans doute un des mythes les plus persistants et les plus entretenus de la lexicographie française actuelle.
Nfeis il en
est d'autres qui détournent aussi l'attention de l'utilisateur. Ceux-là cnt un caractère plus externe à l'objet même du dictionnaire. Le dictionnaire est un outil de référence qui fait autorité en matière de langue.
C'est en réalité le principal support didactique de la langue.
On le consulte souvent, en fait beaucoup plus fréquemment qu'une grammaire. On le voit comme un vademecum de la vie quotidienne.
Il y a sans doute là
un danger à le oonsidérer comme l'unique ouvrage de référence pour les questions d'ordre linguistique, tant lexicales que grammaticales ou orthographiques.
Ce oode multidimensionnel entretient des mythes d'origine extralexi-
cographique. 7.1
Nous en verrais quelques-uns.
Le mythe de la permanence Le mythe de la permanence du dictionnaire est puissant et entretenu avec
soin.
Pour la plupart des gens, il est évidemment nécessaire de posséder
un dictionnaire dans la maison. gardera presque toute sa vie durant. comme un objet ordinaire. conservera.
Pour ces gens, ce sera le même qu'on On le jettera quand il sera usé, brisé
Mais tant qu'il demeurera en ben état, en le
Il coûte assez cher à l'achat, par rapport aux autres livres
ordinairement lus.
Aussi quand on en possède un, c'est pour longtemps.
D'ailleurs les gens croient généralement que le dictionnaire est un livre
96
étemel,
unique,
irremplaçable,
la Bible
un peu comme
qui
n'a pas de
concurrent, du noins dans la religion catholique judéo-chrétienne, eu si peu.
Tout au plus entendra-t-on à travers les branches que Larousse renou-
velle
le PLI.
Mais guère plus.
Pour
une bonne partie des gens
le
dictionnaire est un livre qui ne vieillit pas, qui n'en a pas le droit, dont les not s et les définitions restent les mêmes. autre.
un phénomène constant et nécessaire. l'autre
le
Lexie79
(p.
de lah
Or, la réalité est tout
Les dictionnaires passent camme les printemps. aontenu
1980 du dans
1205)
change. est
Lexis
même
à
D'une édition à l'autre, d'un tirage à le mot mozartien
Ainsi,
remplacé
la même
qui
le not mozzarelle
par
un court article de 4
Leur mise à jour est
page.
L'apparition
lignes dans
figurait
dans
un
ayatol-
du mot
un tirage de
au
tirage du PR
1981
à la page 147 a obligé le déplacement des 4 dernières lignes de la colonne b
azote
(articles
disponible
azoté)
et
à
la
sur cette page puisqu'il
L'insertion
de
épluahette
(p.
page
s'agit de
674),
oublié
148, la
dans
l'espace
étant
fin de la lettre A. les
premiers
tirages
de la nouvelle édition du PR, a amené les modifications suivantes: - colonne a : épithalame
qui
comptait
6
lignes
n'en conserve que 4 à partir de 1979.
dans
PR77
le
L'élément supprimé
est une citation de Chateaubriand qui se répartissait sur 3 lignes.
Le gain net est donc de 2 lignes.
- œ l o n n e b : epitome
passe
en
colonne
a
tandis
changé
:
quelques
partie qu'un est
de
mot
la de
remplacé
colonne la
b
à
définition
par
dee;
permet de réduire l'article de 4 à 3 lignes.
ce
la est qui
Le gain net
est donc de 1 ligne. - colonne b : éplucher·
est
réduit
d'une
ligne
par
le
remplacement
d'une citation de Flaubert (4 lignes) par une autre citation du même auteur qui n'occupe plus que 3 lignes.
Le
gain net est donc de 1 ligne. Les
4
lignes nécessaires
pour
insérer
l'article épluahette
ont été
gagnées par des coupures ou des modifications mineures qui n'ont pas débordé la page 674.
Les changements sont rendus possibles ici par le jeu sur les
exemples d 1 emploi.
97 La rieurs
suppression
de
à
la
1979
de
l'article refente
vivoir
du PS
(p.
a
2105)
entraîné
des
les
tirages
posté-
remaniements
sui-
vants afin de combler le vide de 4 lignes laissé par la disparition de vivoir : - œ l o n n e a : vivier·, qui occupait 7 lignes en 1977, passe à 8 lignes par l'entremise d'une substitution de la citation de R. Fblland par une autre du itene auteur.
1 ligne est
ainsi gagnée. - colonne b : vivifiant est augmentée de 2 lignes alors que la citation de Caillois est complétée. - colonne b : vivoter
subit
renvoi
une
analogique
ailleurs,
modification à
végéter
la définition
de
est
structure. introduit.
est élargie par
Un Par
l'ajout
d'un
membre de phrase qui permettra de gagner 1 ligne : "Vivre au ralenti, avec de petits moyens" > "Vivre au ralenti, faute de santé ou avec de petits moyens". Les
4
lignes
récupérées par la disparition de vivoir ont donc été
colmatées par des procédés divers : substitution de citation, allongement du texte d'une citation, insertion d'un renvoi analogique, développement de la définition. Ce sont là quelques moyens utilisés par les lexicographes pour la mise à jour ou la correction des dictionnaires. L'édition langue
(102
1982 mots
du PLI
contient
nouveaux,
26
156
ajouts
acceptions
majeurs
nouvelles
dans
et
28
la
partie
expressions
nouvelles) qui ne sc«t pas sans avoir des incidences sur le contenu de l'édition
1981.
de pages.
Le PLI82
et
le PLI81
comportent
le même
nombre
Les modifications aurait donc lieu à l'intérieur même de la
microstructure.
Quelques
exemples
illustreront
les procédés
utilisés,
procédés que seul un examen complet, attentif et comparatif des deux éditions
permettrait
ardhetier, les
qui
changements
entièrement dans
la
de
déceler.
occupent
dans
colonne
3
suivants
L'ajout
lignes :
à
la
l'article
des
deux
page
58
mots
araheterie
{PLI82),
ara-en-oiel
loge
a
et
entraîné
maintenant
la colonne a de la page 58 au lieu de se poursuivre b
comme
dans
l'édition
1981;
la
définition
de
98 arahéen a été raccourcie, libérant ainsi l'espace nécessaire aux deux nouvelles entrées. 11
lignes
Par ailleurs, la définition de archétype passe de
(PLI 81) à
13
lignes
en
1982.
L'ajout
de
loft dans
l'édition 1982 a imposé quant à elle les réajustements suivants à la page 587, aolonne
α
: la définition de
loess passe de 3 à 2 lignes;
une partie de la définition de logement est reportée dans la aolonne b.
L'ajout de
ludothèque à
contenu de la colonne a.
la page
591 ne modifie
en rien le
La place pour une nouvelle entrée a pu être
trouvée en rétrécissant simplement l'espace attribué à l'illustration de l'entrée saires
à
luciole-,
le
rétrécissement
équivaut
aux
l'entrée ludothèque et à sa définition.
deux
lignes néces-
La colonne passe
donc aisément de 23 à 24 entrées.
7.2 Le mythe de l'unicité Greffé à cette préoccupation de la permanence du dictionnaire dans le temps, en retrouvera aussi le irythe.de l'unicité, c'est-à-dire l'idée qu'il n'existe qu'un seul dictionnaire pour la langue française. on les gens parler des dictionnaires au pluriel.
î&rement entend-
Chacun parle surtout du
dictionnaire au singulier renvoyant ainsi par ce discours au caractère d'autorité dont est investi le dictionnaire.
Il ne peut y avoir deux ou
plusieurs autorités qui ait valeur égale ou compétence partagée.
"Quand
quelqu'un ne possède qu'un dictionnaire, ce dictionnaire devient vite pour
lui
le dictionnaire,
c'est-à-dire
la
source
des
renseignements
péremptoires qui dispensent d'une réflexion personnelle" (Beaujot 1977:42). Il n'y a pas que Iarousse et Robert qui font des dictionnaires.
Pour ces
deux éditeurs, il s'agit bien entendu d'une préoccupation prioritaire, ibis presque toutes les grandes maisons d'édition française fabriquent des répertoires lexicographiques.
Bordas, Quillet, Flammarion, Hachette figurent
parmi les têtes de pent de la lexicographie française à grands tirages. Leur regain de vie récent en témoigne amplement.
La publicité développée
autour des nouvelles productions lexicographiques insiste d'ailleurs sur cet honorable passé.
Dans le DHLF, la note de l'éditeur commence par une
référence au "célèbre « Littré » édité par la Libraire Hàchette" (s.p.). Il s'agit là non seulement d'un rattachement au passé lexicographique de cette maisen d1édition, mais aussi des retrouvailles d'une tradition littréenne.
L'impression de l'unicité est orchestrée par une bonne publicité et une
99 excellente réputation pour certains ouvrages qui sont sur le marché depuis tellement longtemps qu'ils fcnt véritablement partie de l'histoire de la langue française.
Il n'y a qu'à voir comment des générations d'élèves cnt
été influencées et eduquées par ces dictionnaires de petits formats à couvertures orangées, puis grises, qui les ait suivis tout au laig du premier cycle de leur scolarisation. jeune femme qui
soufflait
Chacun peut penser avec nostalgie à cette
sur un pissenlit
mûr.
La devise du PLI :
"Je sène à tout vent" fut la première devise apprise avant même le "Je me souviens" québécois.
Le design de la récente édition ne rejoint-il pas
l'imagerie ancienne mise de l'avant par le courant rétro?
Les générations d'élèves sont identifiables à la couleur de la couverture de leur PLI : orangée renvoie aux années 50, grise aux années 60, rouge aux années 70 et kaki aux années 80.
7.3
Le mythe de la durabilità
Il faut entendre par là l'idée qui fait croire que la nanenclature du dictionnaire qu'on connaît ne change pas à travers le temps, que le stock de mots est continuellement le même.
C'est pour cette raison qu'en ne juge pas
le dictionnaire qui ne comporte pas le not qu'ai cherche, ai juge plutôt le mot, le plus souvent en le condamnant et en l'éjectant de sa propre performance.
Oi sait maintenant par expérience que le lexique change de 20 à 25%
tous les dix ans, du moins dans sa frange périphérique, le noyau demeurant relativement stable.
Nos pères ne parlent pas comme leurs parents ni comme
nous.
Chaque année, il entre des milliers de mots dans la langue et un certain contingent pénètre dans les dictionnaires.
Mais encore là les différents
dictionnaires ne choisissent pas les mânes mots. quantité, il en meure aussi. évacués des dictionnaires. un
jour
retirée
du
Si des mots naissent en
Ces mots morts, vieillis, vieillissants sont
Ainsi l'ancienne terminologie du cheval fut-elle
PLI pour
être
plus adaptées au monde contemporain.
remplacée par
celle
de
L'image de la durabilité des mots
demeure chez l'usager malgré les mouvements opposés du lexique. aperçu que
lors de
trois colonnes?
la
refonte de
techniques
1968,
Qui s'est
le PLI est passé de deux à
Cet artifice typographique ayant permis d'offrir au public
environ 70 000 entrées en comparaison des 50 000 entrées des éditions anté-
100 rieures.
L'apparence extérieure du PLI est restée à peu près la même,
geste sécurisant, rassurant, m i s la nomenclature s'est enflée de 20 000 mots, une auqmentaticn de 40%, ce qui n'est guère négligeable.
7.4 Le mythe de l'objectivité Le dictionnaire est souvent perçu comme un livre neutre, fabriqué par des êtres anonymes.
Mais ce mythe ne résiste pas lui noi plus à l'analyse.
Aujourd'hui et de plus en plus, les dictionnaires sent fabriqués par des machines, les ordinateurs.
Mais ils sont pensés par des hommes.
Et ces
lexicographes ont des idées, des orientations politiques, des convictions religieuses diverses.
Ils s'identifient à des idéologies.
Ce sont des gens
de tendances bourgeoises, des hommes de droite, de gauche, des marxistes, des antireligieux, des pourfendeurs ou des pourfendeuses du machisme, du phallocratisme, du féminisme, etc.
Chacun est humain à sa façon : les uns
sait plus humanistes, les autres plus philosophes? d'autres encore sont des scientifiques, des mathématiciens; d'autres soit même linguistes ou philologues.
Le oontenu des dictionnaires reflète ces images mises en valeur tout
au long de la pénible tâche d'élaboration d'un dictionnaire.
L'objectivité
se transforme vite en subjectivité par 1'intervention personnelle du lexicographe.
"La production du dictionnaire n'est pas une operation innocenter
il s'y forme une image où se projettent des fantasmes, où des volontés se dévoilent.
Chaque lexicographe, porte-parole d'une classe, truchement d'une
idéologie, croit sans doute re-présenter fidèlement un ensemble de formes, diversement oonçu seien les linguistes.
Mais il n'y a pas de fidélité
possible, de dessin si léché qu'il n'abolisse le modèle" (Fey 1977:88).
7.5 Le mythe de la norme Enfin le mythe de la norme sur lequel nous nous étendrons fort peu sinon pour effleurer l'une de ses particularités lexicographiques.
Les diction-
naires sont, on l'a répété, des objets pédagogiques et culturels, chargés d'un discours multiple.
Ils sont donc par vocation destinés à décrire la
langue d'abord et avant tout. raient être normatifs.
De ce fait, ils ne se veulent, ni ne sau-
Mais au constat, on s'aperçoit bien, qu'ils le sont
dans une certaine mesure. D'abord par la sélection obligatoire de la nomenclature eu égard aux ressources infinies du lexique, d'où acception et rejet des nots, puis par le choix des exemples et les modalités pour les rendre,
101 soit la référence littéraire, soit le discours du lexicographe lui-même, soit le discours scientifique ou technique, ensuite par les indications des niveaux de langue socioculturels et socioprofessionnels, et bien d'autres raisons encore.
Ils sont également normatifs à un autre niveau, celui de
leur programme qui définit la clientèle.
Ils influencent et dirigent les
lecteurs de différentes couches sociales : enfants, élèves, étudiants, gent cultivée, etc.
A ce niveau, en acmprendra que le dictionnaire mime s'il est une construction descriptive, projette un modèle normatif, modèle qui inpose des interdits.
D'autant plus que les utilisateurs ent tendance à réduire la
réalité lexicale au strict contenu du ou des dictionnaires qu'ils consultent épisodiquement.
8.
PEOT-ETRE UNE CONCLUSION?
Par des tabous en peut gouverner l'homme, non le cultiver (Vaino Linna, Culture et démocratie, 1967). Le dictionnaire de langue puise dans une pluralité d'informations lexicales le faible stock qui lui servira de nomenclature.
Il s'agit de songer
un instant aux millions d'occurrences disponibles pour un dictionnaire corarte le TLF (70 millions pour la littérature des 19e et 20e siècles, 20 millions pour les discours scientifiques et techniques) pour s'apercevoir que le dosage lexicographique n'est certes pas chose aisée.
C'est même un
fardeau très lourd à assumer. Certains mots seront toujours là et dans tous les dictionnaires.
Ces élus par acclamation, pourrait-on dire, scxit bien
connus, encadrés, admis, cajolés. Bien entendu, il y a des exclus. Ce sont ceux-là qui nous cnt intéressé dans les pages précédentes. On y aura remarqué des interdictions totales, causées par le consensus des dictionnaires, des
interdictions
plus
partielles, heureusement
les plus
fréquentes.
Lorsqu'elles sait délibérées et caiscientes, ces interdictions manifestent ouvertement un parti pris; tandis que lorsqu'elles sent non délibérées, elles relèvent plutôt de l'inconscient et seraient à rapprocher d'un phénomène qu'ai pourrait savamment appeler la "scotonisatian lexicale".
Certaines interdictions lexicographiques ait leurs causes dans les tabous sociaux.
Ces dernières sait donc clairement définies.
D'autres
exclusions dont sont victimes des mots ou des noms propres reposent sur une série de raisons dont les unes ne sont pas élucidées, les autres imaginaires ou même inexistantes.
En effet, on l'a bien montré, "le lexicographe,
porteur de 1'innombrable message du discours social, n'est pourtant pas innocent.
Il lui appartient de gommer, d'appuyer, de choisir, de commenter
..." (Rey Delesalle 1979:18).
De même, en aura noté que s'il est facile de
discerner quelques règles élémentaires d'inclusion pour la nonenclature, il
103 est très difficile de dégager cu de cerner des critères jugés sérieux pour d'autres règles, comme celles du rejet.
Les lexicographes à ce niveau adop-
tent deux attitudes : l'une qui renvoie au aontenu même des dictionnaires et l'autre au oontenant.
D'un côté, ils restent muets ou partiellement muets
"dans les déclarations d'intention que sont les préfaces de dictionnaires" (Girardin 1979:86) dont certaines sent si bien ciselées qu'elles prennent l'allure de véritables discours politiques et diplomatiques, nais le plus souvent les effets en demeurent nuls.
D'un autre côté, les lexicographes
s'appuient sur le oontenant et stipulent largement que les règles édictées correspondent à différentes contraintes économiques comme la nécessité de se conformer à un format précis, à un prix maximum, à un tirage estimé, ainsi de suite. L'idéologie des fabricants de dictionnaires n'est pas inoffensive.
Au
contraire, c'est un masquage dont le caractère offensif ou défensif peut être aisément perçu selon
la position de
chacun des
intervenants
dans
l'échelle socioculturelle et la situation qu'il occupe par rapport au discours linguistique lui-même
(conservateur, puriste,
laxiste, progressif).
L'idéologie conduira parfois même à des violences feutrées, à des prises de positions inattendues dans un dictionnaire (voir certains mots racistes : juif,
nègr>e).
L'examen
du
phénomène
des
interdictions
linguisti-
ques ou plutôt lexicographiques en aura révélé quelques-unes. l'idéologie
des
lexicographes
est
inséparable
d'une
prise
de
De fait, position
formelle, avouée ou inavouée, à propos des tabous traditionnels ou nouveaux que l'on trouve dans la société et qui se répercutent dans les répertoires de mots.
La morale sociale devient le plus souvent la voix de la oonscience
du lexicographe. faire
éclater
française.
La multiplication récente des dictionnaires a permis de la
barrière
monopolistique
d'une
certaine
lexicographie
Une situation de dépendance qui s'était construite au fil des
années se nodifie et permet d'espérer une situation lexicographique nouvelle qui évitera une lecture trop standardisée du monde.
La concurrence force le
consommateur à poser des questions, comme elle pousse les fabricants de dictionnaires à investir des fortunes ai publicité pour perpétuer 1'idée du plus fort, de l'unique.
Et cela est bien pour la réflexion.
Nous avons voulu attirer l'attention sur deux grands problèmes lexicographiques concepts
actuels,
analysés
celui
dans
de
toute
l'objectivité leur envergure
et celui de sémantique.
la normativité, L'éventail
de
104 dictionnaires passés ai revue et le décloisonnement de certains mythes qui y sent recelés aurait permis de secouer quelques idées reçues; à tout le moins ils auront été l'occasion de poser des questions. Comme ση l'a amplement nontré à l'aide d'un portrait nuit i forme de certaines interdictions lexicographiques, les nomenclatures des dictionnaires loin d'être toujours objectives, révèlent des transgressions par rapport à 1*1 modèle scientifique de description auquel le public devrait s'attendre. "Des mots de haute fréquence et de forte disponibilité qui fonctionnent comme unités de langue en sont absents, quelle que soit leur dimension" (Girardin 1979:87), rompant ainsi la cohésion nécessaire pour faire l'équilibre entre la microstructure et la nacrostructure du dictionnaire, cette dernière éteint "gravement amputée d'éléments linguistiques essentiels" (Fey-Debove 1971:108). L'interdiction lexicographique ressortit plutôt de contraintes culturelles subjectives définies par l'idéologie dominante ou imposés inconsciemment par elle. Les mots interdits ne doivent donc pas être situés au niveau du système abstrait de la langue, nais bien plutôt au niveau de l'actualisation du système, de la performance du discours, de la realisation des actes de parole, de la concrétisation des énoncés.
C'est en effet dans la relation entre le not sous sa figure de
signifiant et le concept-ob jet sous sa figure de réfèrent, relation le plus souvent concrète, que s'interposent ou se superposent les éléments idéologiques, culturels et autres qui conduisent, à travers 1'indispensable signifié,
à
l'interdiction.
Le
signifiant
oui ou
le
signifiant
aon ne
sent pas des éléments interdicteurs par eux-mêmes.
Quant à l'aspect de la normativi té, il est difficile d'y échapper. surgit à draque détour de l'analyse lexicographique.
Il
Son absence est un
mythe tout oomme l'est l'objectivité. Même si l'analyste veut se situer sur les pleins descriptif et didactique purs en donnant des moyens de faire, de créer des mots, d'en signaler l'usage effectif en fonction de réemplois ultérieurs non culpabilisant, il finit par rencontrer le nur de la norme toujours présente.
Le dictionnaire est un lieu pédagogique, une classe de
français en modèle réduit.
A ce titre, comme le fait chaque professeur, il
devrait enseigner le permis et non l'occulter. à écrire en toute liberté et non interdire.
Il devrait donner à dire et Mais ce rôle est loin d'être
réellement rempli. Les mots qui sont rejetés des dictionnaires sont presque automatiquement condamnables pour le public parce que le lexicographe, qui
105 est leur porte-parole, paraît agir ainsi.
Qui plus est, pour beaucoup de
lecteurs de dictionnaires, un not n'est purement français que s'il est enregistré dans leur dictionnaire, car en général, comme en l'a déjà évoqué, un locuteur ne possède pas une grande variété de dictionnaires chez lui.
La
possession d'un seul répertoire de nets renforce à outrance l'idée que le dictionnaire possédé est le seul existant; donc que la référence à la langue ne saurait être que normative, le jugement inplacable et définitif. sence d'un not du dictionnaire est ainsi vue.
L'ab-
Elle ne signifie pas néces-
sairement que le ocnsulteur porte ou portera un jugement défavorable d'incomplétude à l'égard du répertoire lexicographique qu'il a entre les mains. Le aonsulteur lie plutôt d'une manière plus ou moins consciente le contenu du dictionnaire à l'idéologie de son fabricant, et il n'a pas complètement tort.
Le dictionnaire de langue se situe sur un plan implicitement descriptif mais explicitement normatif de par la diffusion qu1 il a.
A œ
niveau, "la
norme est une 'convention' sociale et résulte d'un faisceau de jugements dépréciatifs, destinés à projeter une image fantasmatique et aonvenue des rapports humains en langage" (Rey 1981:29).
Un texte de l'envergure de celui que nous avons présenté ne peut prétendre à parcourir tout le réseau des interdictions possibles en lexicographie française actuelle.
Nous nous sommes surtout arrêté sur des aspects sélec-
tionnés en fonction d'autres recherches que nous marions par ailleurs, soit la néologie sous toutes ses formes, les régionalismes, tant par rapport aux études lexicales qu'ils inspirent présentement que par rapport à la mise en chantier
de quelques
répertoires
lexicographiques qui les concernent ou
encore par rapport à 1'élaboration d'une théorie de la variation linguistique dans le cadre plus global de l'aménagement des langues. Nous aurions pu certes aborder plus ai profondeur certaines catégories de mots interdits acmme les mots sauvages dont la fréquence d'utilisation relèvent souvent plus de l'hapax legemenon que d'autre chose. ou créatures d'auteurs répondent à des besoins momentanés. éphémères la plupart du temps. peluvedebananieev
prononcé par
Ces créations
Mais elles sont
Il serait étonnant que le mot e'autoun ministre québécois
en 1981 et repris
par quelques médias écrits et électroniques passe jamais à l'histoire du
106 lexique par l'intermédiaire d'un dictionnaire.
Il se réfugiera plutôt dans
les fichiers lexicaux d'un linguiste qui scrute les modes de formation des unités nouvelles ou dans un dictionnaire spécial.
De même, le discours
féminin qui s'avère sans doute l'un des plus récents et des plus honteux interdits linguistiques qui soit n'a été qu'effleuré.
Son développement
prodigieux, qu'il soit du ressort des mouvements de la société en général eu des mouvements féministes, ne saurait tarder à influencer le discours lexicographique lui-même. contre
Déjà la oolère gronde et se manifeste ouvertement
les lexicographes mâles.
Mais en cette matière,
il faudrait se
garder des prises de position extrémistes et antinomiques qu'on voit poindre présentement au Québec et ailleurs.
Elles risquent d'aboutir à une déstruc-
turation de la langue française et à la désarticulation de la ccmmunication si
elles
tombent
dans
le
révolutionnarisme
linguistique.
La
prudence
1
s impose, car il serait suicidaire pour la langue française en général et au Québec en particulier qu'il se crée une nouvelle polémique qui déboucherait sur une querelle semblable à celle qui a mis le jouai de l'avant.
Les
ennemis du français en profiteraient pour le dévorer et se repaître de son cadavre, acrome cela se passe présentement au Québec sur le plan politique. Le discours
féminin,
le discours scientifique,
le discours régional, la
laxisation même du discours lexicographique, cela fait beaucoup de combats à mener de front pour la survie du français.
Sans parler des réminiscences
d'une certaine aventure bergeronnienne au Québec qui n'est que le jeu conscient d'un farfelu mais dont les incidences sont gênantes et retardataires. Si les orientations se parallélisent au lieu de converger, si elles s'affrontent au lieu de pacifier, alors, il faudra sonner l'alarme suprême pour la langue française et peut-être même son glas.
Les dictionnaires de femmes
semblent vouloir poindre à l'horizon et cela est bien.
Nfais il ne faudrait
pas tariber dans le piège du prétexte, c'est-à-dire du rejet total du passé lexicographique presque exclusivement mâle. historique.
Remplacer
C'est là le fait de l'évolution
une mauvaise attitude par une autre
extrême ne jettera qu'un peu plus d'huile sur le feu.
tout aussi
Des changements sont
déjà en cours pour adapter les dictionnaires à tous les discours humains de la société actuelle.
Ces efforts peuvent certes augmenter pour le bien de
la langue française, mais pour rien d1 autre, surtout pas pour sa destruction.
Il s'agit d'entériner de nouvelles manières de faire la langue et non
pas de la défaire. D'un tout autre point de vue, nous aurions pu encore examiner les unités
107 syntagmatiques cantonnées ou repoussées au rôle des sous-entrées dans les dictionnaires de langue quand ce n'est pas au simple niveau d'une mention sous la forme d'un exemple d'emploi.
Les syntagmes
libres manifestent
également leur droit à la vie lexicographique autonome par l'accès au statut d'entrée.
Couvriériste
parlementaire,
relatione
publiques
ne
constituent-ils pas des syntagmes dont 1'autonomie sémantique est en ne peut plus claire?
Une autre face cachée du dictionnaire est la suppression des
mots des ouvrages d'édition en édition. supprime en masse.
Car si l'on ajoute en nasse, on
Ainsi le PLI a ajouté par la refonte plus de 6 000
mots ou sens nouveaux en 1981 et plus de 2 000 retraits de nots ou de sens ont eu lieu.
Gemment se rendre compte de ses mises au rancart puisqu'en
cette matière les lexicographes sont muets comme des tombes? Enfin, nous voudrions faire une dernière remarque à propos de la littérature dans les dictionnaires.
"Le préjugé littéraire pèse sur la lexico-
graphie depuis le XVIII e siècle; au point qu'il paraîtrait sacrilège en France qu'un grand dictionnaire (et cela vaut pour le G.L.L.P. comme pour le T.L.F.) n'illustrât point la valeur d'emploi la plus carairune du verbe le plus usuel par une citation de Hugo, de Huysmans, de Claudel ou de Nfelraux" (Wagner 1975:94).
En sacrifiant à l'excès à la beauté et à la nécessité
littéraire, les dictionnaires perdent un peu d'efficacité et aussi de place pour d'autres mots. par
le
PR
suivants:
et à,
Nous avons dressé un petit tableau des auteurs cités
le
Lexie
avoir,
pour
de,
les
être,
mots le
outils
et
ou
tout
les
(voir
auxiliaires
le
tableau).
Quelques remarques explicatives permettront de parcourir le tableau avec plus d'aisance. Lexie.
Nous avons tenu aanpte de la rubrique alaee. dans le
Nous avons établi la parité entre les deux dictionnaires lorsque
ceux-ci recouraient au dégroupement.
Au total, quatre-vingt-cinq auteurs
différents ent été recensés dans les deux dictionnaires pour les six mots choisis d'une
comme fois
tout).
Cet
Aqe à nos
échantillons.
(voir
Molière,
aréopage
7
Plusieurs
d'entre
fois
être,
d'écrivains
sous
eux et
et d'écrivaines
sont
Hugo,
7
cités
plus
fois
sous
s'échelonne du
jours, de François Villon à Jean-Marie Le CLézio.
Mayen
Comme il
fallait s'y attendre, les représentants du 20 e siècle dominent largement le groupe. tion
du
Il est par ailleurs étrange de constater la faible représenta18 e
siècle
avec
seulement
quatre
Beaumarchais, Mantesquieu et Saint-Simon. première
vue,
le PR
semble consacrer
auteurs,
soit
d'Alembert,
Fhfin, une dernière remarque : à plus de place aux écrivains
que
108 Tableau des auteurs cités sous: à, avoir, de, être, le, tout dans le PR et le texte
PR
à (prép.)
Alain-Fournier, Duhamel, Maurois, Rolland
Lexie La Bruyère, Corneille, Racan, Racine (2), Retz, Scarron, Th. de Viau PR
avoir· (V.)
de Beauvoir, Gide, Molière (3), Musset (2), Queneau, Sarraute
Lexie Aragon, Butor, Corneille, Daudet, Duhamel, Gide, Retz, Vaugelas PR
de (prép.)
Lexis
PR
être (V.)
Ambrière, Arnoux, Aymé, La Bruyère, Constant, Flaubert, Malraux (5), Mauriac, Molière, Musset, Queneau, Zola Bossuet, La Bruyère, Du Buisson, Duhamel (5), Gide (2), Malherbe, Malraux (2), Molière (2), Montherlant, Racine (2), Madame de Sévigné (4) Aragon (3), Baudelaire (2), Bernardin de Saint-Pierre, La Bruyère, Claudel, Corneille (2), Courier, D'Alembert, Descartes, Duhamel, Gide (2), Molière, Montesquieu, Racine (2), Sand, Sartre (2), Valéry, Villon
Lexie Bossuet, La Bruyère, Chateaubriand, Courteline, Gide, Giraudoux, Mandiargues, Martin du Gard, Mauriac, Molière (7), Proust, Renan, Retz (2), Saint-Simon, Madame de Sévigné (2), Vaugelas PR
le (art.)
Aymé, Corneille, Flaubert, France, Gide, Lamartine, Musset, Pascal, Rolland, Romains, Zola
Lexie Giono, Martin du Gard tout (adj.quai. & ind.; pron.ind.; adv.; η.m.)
PR
Lexie
Remarque:
Alain, Aragon, Arven, Aymé, Balzac (2), Barrés, Beaumarchais, de Beauvoir, Chateaubriand (3), [Code civil]. Corneille, Daudet, Dorgelès, Duhamel (3), Farrère, Flaubert (4), France (3), Gide (2), Hugo (7), La Fontaine (3), Lamartine (2), Lanson, Larbaud, Loti, Mallarmé, Maupassant (2), Mauriac (3), Mérimée, Michelet, Molière (5), Montesquieu, Pascal, Paulhan, Perret, Proust, Queneau, Ramuz, Rolland, Romains (5), Sainte-Beuve (3), Sartre (2), Vallès, Verlaine, Vildrac, Zola (2) Céline, Le Clézio (2), Corneille (3), Descartes, Giono (2), Gracq, La Fontaine, Molière (4), Retz, Simenon, Triolet, Vailland, Vian
Le chiffre entre parenthèses indique le nombre de fois que l'auteur est cité sous le mot vedette.
109 le Lexis, continuant En
contre-partie,
en cela une tradition
le Lexie
utilise
lexicographique
davantage
littréenne.
l'exemple
lexicogra-
phique.
Le préjugé
littéraire de ce type, tout oomme celui que nous avons
examiné antérieurement (voir 5.7), n'est pas prêt de disparaître.
Mais le
rôle de la littérature non littéraire s'accentue de mise à jour en mise à jour, d'édition en édition dans les dictionnaires. varié puisque (Logoe)
à
prennent
déjà
les dictionnaires
un
laxisme le
not
Cependant, le rythme est
vont d'un conservatisme presque absolu
contrôlé
{PR).
littérature dans
Quelques
son
sens
dictionnaires
néologique
le
plus
large oomme le PR ("tout usage esthétique du langage, même non écrit") ou encore par emprunt de sens à l'américain ("toute documentation écrite").
Bien qu'il demeure encore sensible dans certains domaines, le constat récent fait voir un recul de plus en plus net de l'interdiction lexicographique . phie
"Le déblocage relatif de la situation d'interdit dans la lexicogra-
contemporaine
a
d'ailleurs
été
récemment
étudié"
(Rey
L'étude synchronique à elle seule est cependant insuffisante.
1983:560).
Même si elle
permet d'identifier certains facteurs, elle demeure lacunaire. Seule une "étude diachronique et carparat i ve du traitement lexicographique des mots interdits sélectionnés permet de déterminer l'époque à laquelle la censure s'établit, son degré de force et sen évolution, l'introduction ou l'exclusion de ces mots des dictionnaires étant significative de la 'mentalité' d'une époque" (Girardin 1979:93).
Les itDts interdits cheminent d'abord dans les dictionnaires spéciaux, dictionnaires
de néologismes,
dictionnaires de mots non conventionnels,
etc., où ils peuvent végéter plus ou moins longtemps.
Certains y termine-
rait une carrière éphémère tandis que d'autres iront rejoindre des élites lexicales pour finir leurs jours en banne compagnie, s'inscrivant dans la longue histoire officielle du lexique.
Les dictionnaires, qui sont des
témoins privilégiés des transformations incessantes de la société, de la culture et des idéologies, sent mis à jour de plus en plus régulièrement. Ils se rapprochent donc de la vie dont le reflet qu' ils tracent est de plus en plus réel, de moins en moins trouble.
On voit poindre ixie nouvelle
ère du dictionnaire qui, "en se mettant à l'heure de l'informatique aura
110 définitivement perdu son innocence"
(Feldman 1981:36) pour enfin corres-
pondre à une véritable vision du monde.
la compréhension et le décodage des
discours sociaux réels ne sauraient être parfaitement envisagés que dans le cadre de 1'inclusion de plusieurs milliers d 1 interdits lexicographiques dans les dictionnaires de langue.
La prise en charge de ces mots par les réper-
toires lexicographiques redonnera aux oonsulteurs la libre jouissance de la langue jusqu'ici restreinte au moyen des prohibitions érigées en une sorte de législation où règne néanmoins l'arbitraire.
Il s'agit en somme de
revoir à l'aide d'un éclairage neuf la profonde collusion entretenue entre la langue et la tradition répressive que l'on cbserve dans maintes civilisations, y compris surtout notre propre civilisation où la répression morale %
est loin d'être effacée.
A moins que l'on construise de plus en plus de
dictionnaires non conventionnels qui dans le fend ne sont rien d'autre que de très conventionnels ouvrages pour beaucoup de locuteurs.
La levée des
interdits lexicographiques dépend bien plus de la philosophie sociale que de * la linguistique elle-même.
A toute fin pratique, le problème qui nous a
occupé jusqu'ici n'est probablement qu'une simple vue de l'esprit et rien d'autre.
9.
VERS UNE NOUVELLE LEXICOGRAPHIE
On fait, défait, refait ce beau Dictionnaire Qui, toujours très bien fait, sera toujours £ faire (Lebrun-Pindare, Epigvammee).
Les divers éléments abordés, les multiples images brassées lors de ce long et méandreux périple lexicographique n'ont pas résolu d'une manière définitive toutes les questions qui fourmillent dans les têtes ou qui surgissent
à chaque détour de
la consultation d'un dictionnaire.
Au
contraire, les réflexions mises en lumière ont provoqué de ncnibreuses interrogations nouvelles sur le phénomène à peine défriché de l'interdiction lexicographique dent l'origine est plusieurs fois séculaire.
La poussière
des siècles s'y était accumulée et en dissimulait les manifestations variées et oubliées.
Nous avcais tenté de briser des silences coupables, d'extirper
et d'évoquer quelques-unes de ces manifestations parmi les plus vives et les plus tenaces.
Puis, de les situer en priorité sur un axe synchronique
étroit qui s'étend de 1970 à 1982.
Cette démarche fragmentée paraissait
préalable à l'examen du problème des interdictions linguistiques et lexicographiques dans. toute soi envergure diachronique et synchronique.
Plus
urgente aussi, parce que des besoins précis d'éclaircissements et des attentes d1explications filtraient de gauche et de droite.
Les langagiers
utilisent les dictionnaires récents qui appartiennent à une strate temporelle très près d'eux.
Il fallait répondre d'une manière pressante à un
certrain nombre de leurs questions et atténuer des craintes.
Néanmoins, il
ne faut pas perdre de vue que les débuts de l'ostracisme lexicographique sont indissolublement reliés à l'émergence de la lexicographie unilingue française à l'époque des grands humanistes de la Renaissance.
Dès son appa-
rition sous une forme non traductionnelle ou glosante, le dictionnaire s'est institué comme le porte-étendard
idéal pour diffuser
les prescriptions
112 linguistiques arrêtées par la classe dominante de la société d'alors et par celles qui ont suivi. Il va de soi que notre position de départ s'alignait sur quelques principes idéologiques personnels, principes qui nous cnt permis au cours des années
de
"lever",
d'identifier,
et
d'essayer
d'expliquer
un
ensemble
d'interdictions volontaires ou involontaires mais toujours entretenues dans la lexicographie
française
oonteitporaine.
Pour
ce qui
est du domaine
proprement linguistique, ces positions idéologiques peuvent être ramenées, d'une manière non exhaustive, à des préoccupât ions de recherche en matière de néologie, de français régionaux, de variation linguistique, de lexicographie générale et spécialisée, en somme à des préoccupât ions d'aménagement terminologique et linguistique qui laissent peu de place au purisme.
De
sorte que dès les prémisses de cette réflexion sur les tabous linguistiques, dont nous venons de livrer les meilleurs fruits sous les formes juxtaposées et complémentaires de la théorie et de l'exemple pratique, nous savions toute
la difficulté de respecter .les règles déifiées de
règles qui cnt été édictées par d'autres.
l'objectivité,
Nbus avons très consciemment
transgressé ces règles anciennes et versé dans une certaine subjectivité. Les lecteurs en cnt sûrement trouvé des indices claires et des traces à profusion à travers les interdictions compilées et analysées dans ce livre. L'idéologie
personnelle
principe actif. dès le départ.
de quiconque
traite
un
tel
sujet constitue
un
Les résultats sont en effet en grande partie prévisibles La réaction est à l'opposé de la tradition héritée du passé;
celle-ci est remise en question et objet de la dénonciation. Ce qui importe, malgré la prévisibilité tout au moins partielle de la démarche, c' est la manière de parcourir le réseau subtil des censures du dictionnaire afin d'y repérer et ferrer l'élément discordant, désordonné, pour ensuite le soupeser et le réinsérer dans soi contexte actuel.
Là' réside la volonté d'agir et
l'originalité du tracé: identifier la méthode d'intervention et dessiner, ici à grands traits et non pas en un tracement léché et terminal, une manière personnelle d'appréhender l'objet de la recherche, de réinterpréter la description linguistique, c'est-à-dire, somme toute, d'être aussi normatif.
Bref, de concourir à une normativité différente qui apparaisse aux
yeux des linguistes et des lexicographes contemporains comme une façon de rendre compte des événements qu'ils cnt à analyser et à expliquer. cercle
est
inévitablement
vicieux:
choisir
un procédé de
Le
description
différent, neuf, inédit, c'est choisir une autre normalisation que celle qui
113 était déjà entérinée par la majorité qui aompose la classe dominante de la société.
Il s'agit en fait de tenter de percevoir le moment et les raisons
qui font que cette nasse d'individus basculera dans une autre norme, qu'elle reconnaîtra et cautionnera jusqu'à ce que la chaîne réactionnelle se remette en mouvement et déclenche un nouveau processus normalisateur, inenvisagé ai ce moment.
Pour l'instant, il nous semble que les constats que nous avons
faits sont les symptômes qui manifestent, à travers les malaises mis en évidence, qu'une évolution est en aours. directions
inexplorées
d'aujourd'hui.
et
attrayantes
Nous avais cherché à indiquer des pour
la
lexicographie
française
Un soupçon d'avant-garde étalé ne peut être que bénéfique
pour une société qui se transforme en permanence.
Le dictionnaire ne peut
évidemment pas tout récupérer des changements trop rapides.
Mais il doit
tenter 1'impossible. Enfin, un but didactique est présent dans ce livre.
S'il n'est pas
carrément avoué, il se profile ai filigrane d'un bout à l'autre du texte. Il a guidé nos réflexions et nous a aidé à construire la charpente de l'ouvrage.
Bien entendu, nous avons scruté les dictionnaires dans une
perspective critique, parfois même sévère, mais noi point en vue de détruire l'image qu'ai s'en fait généralement.
Nous n'avions nulle envie non plus de
les accuser d'incompétence au regard de leur mission privilégiée qui est celle de témoigner de la multitude des activités du monde moderne a travers le véhicule de communication idéal que constitue la langue d'une uuiuuunauté linguistique.
En ce qui regarde ces livres précieux que sont les diction-
naires, notre intention était simplement de retoucher le portrait gauchi par le temps et par les idéologies diverses, peu importe où elles prennent leurs sources.
Nous avons voulu situer notre voix à côté d'autres qui clamaient
leur vérité depuis bien longtemps.
Si cette voix paraît novatrice, c'est
sans doute parce qu'elle dérange, et cela est bien pour la lexicographie qui s'annonce. Nous espérons donc que les réflexions et les mises en garde rassemblées dans les pages précédentes créeront une nouvelle vision des dictionnaires. Nous espérais que l'opacité du dictionnaire ait pu perdre quelque peu de son épaisseur,
que les mythes créés autour des dictiomaires cessent d'être
mystifiants, que les tabous soient détabouisés, que les interdictions soient désinterdites enfin.
Et surtout, nous espérais que ce voyage dans les
méandres dictionnairiques suscite la réflexion concertée envers l'un de nos
114 plus loyaux compagnons de cheminement intellectuel, le seul peut-être qui lie les scientifiques et les chercheurs de tous les horizons, par delà les secteurs de recherche individuels et par delà l'isolement des laboratoires. En dépit de leurs petits ou de leurs grands défauts, la majorité des dictionnaires mérite amplement la confiance du public qui les consulte. Ce qui fait leur succès, ce ne sont pas leurs défauts, nais leurs qualités. Après tout, avec les parents, c'est la première école que les enfants fréquentent. Les dictionnaires, les premiers, nous ont enseigné la culture, la civilisation, l'univers, la vie.
Venus pour expliquer l'obscur, pour révéler
l'inconu, pour améliorer les connaissances et pour entretenir le savoir, les dictionnaires demeureront présents et fidèles tout au long de l'existence de la plupart des êtres humains.
Aspects of the Banning of Täboo Words in Contemporary French Dictionaries
Summary
1.
Introduction
•mis book describes a hidden and intriguing aspect of non-specialized French lexicography
in the early 1980s.
Using a body of dictionaries
representative of the French language up to 1982, the author uncovers irregularities, emissions and misrepresentations in the micro- and macrostructural treatment of certain words or groups of words usually classified as lexicographically "taboo" or, more correctly, prohibited.
At a decisive
time, the world of dictionaries has been struck by a renewal in French lexicography that began in the mid-seventies.
Changes, refinements and
liberties in "the strange world of dictionaries" that were unthinkable not very long ago can already be observed in 1986. The total or partial lifting of prohibitions or taboos constitutes remarkable and necessary progress. Lexicographers are fully aware that they must meet the demands of the nodern world and of their market : dictionary users pay for a product that will adequately reflect its time.
2. Subject satter
The book is divided into nine chapters, which we shall review in order. It should first be noted that the book includes a tvro-part bibliography: 1. a list of dictionaries researched and studied; 2.
a list of related works used.
The usual supplementary information follows the bibliography: 1.
an index of main concepts;
2.
an index of words and proper names;
3.
an index of dictionaries;
4.
a list of tables.
116 Chapter 1 deals with dictionaries and society : relationships between the dictionary as an industrial product and society as an influence on consumption.
The dictionary is described as a great book that takes cn, or
is invested with, Biblical attributes : it is unique, irreplaceable, revered and always dominated ty a trinity (in this case, lexical, grammatical and societal
standards).
While
the dictionary
is a capitalist
industrial
product, it also emerges as a defender of the language and a guardian of proper usage.
The fact that manufacturers aim for highly profitable market
sectors also confirms the dictionary as a key product in industry and the economy.
Granted,
the
world
of
dictionaries
is
one
of
linguistic
skirmishes, but it is also part of a very keen competitive field, where true lexical content often gives way to financial concerns.
Each dictionary
is based en a dominant ideology that dictates its development and market distribution.
The sociocultural models put forward by individual lexico-
graphers constitute views of the world that do have something in ααπποη : in its own way, each of these views reflects the opinions most commonly held by French-speaking dictionary users.
These basic premises
identify the
dictionary product as a reflection of French civilization and language.
The
chapter ends by discussing the principle of the inevitable subjectivity of dictionaries, which leads to censure.
Prohibitions and lexical ostracism
will always exist in areas of subjective behaviour. Chapter 2 is an introduction to lexicographical prohibition and defines the main aspects to be analysed in the text that follows : irregularities in the macrostructure, that is, lexical units that are actually used in speech but rarely or never found sis dictionary entries. of
these
units
is distorted
In sane cases, the meaning
in the entries.
The author wanders what
motivates lexicographers to perpetuate the use of "dead" information at the expense of actual, living usage by the majority of the population.
Ptor
ideological reasons, lexicographers eliminate a great many prohibited terms from
dictionary
macrostructures,
liberated the dictionary may be. varies.
regardless
of
how
interventionist
or
However, the extent of this elimination
The terms eliminated may be specialized terms, new words, regional
expressions,
vulgar
expressions
or borrowings.
These
lexical
discards
nevertheless make up a considerable portion of Francophones' usual speech.
Chapter 3 attempts to define lexicographical prohibition and gives a brief overview of the concept of prohibition, a comparison with the concept
117 of taboo, and the author's choice of terminology.
Prohibition is defined as
[translation] "all processes used to exclude, block, censure, stigmatize and stylize dictionary entries of certain categories of commonly used words or their usage, in order to respect a cultural standard in keeping with the ideology of a dominant
social class at a given time".
The process of
prohibition starts with concepts and works toward words.
Society first
targets
of
and
censures
disapproves.
the
actual
manifestations.
Dictionaries
follow
intolerance as does society. graphical
taboos
prefers
to
with
limit which
[prohibition], rationality
objects
and
thoughts
which
It then prohibits the use of lexical units naming
and
the
himself the
ideological
trends
To avoid confusing
anthropological has
same
to
the
single of
motivation.
tolerance
linguistic or
or ethnological
advantage
of
Prohibition
or
lexico-
cries, the
term
oorribining
it
these
author
intevdistion
the is
concepts a
rule
of
whose
function is to oppose something systematically set up fcy society.
Chapter prohibition. 1.
4
reviews
some
of
the
reasons
leading
to
lexicographical
Four procedures are examined:
economic limitations, which ccrne from outside the language and are often used
to
justify
the
emission
from
categories of socially narked words. based en the budgets available
dictionaries
of
words
or
some
Hie justification for doing so is
for producing dictionaries
: lexico-
graphers nust make a selection fron an available and reliable lexical pool; 2.
the teaching function of dictionaries influences lexicographers' choice of nomenclature.
The contents must be as close as possible to the
standard
recognized
schools.
In this situation, the lexicographical model selected is more
and
conveyed fcy society,
particularly
in
the
repressive; it increases the number of lexical prohibitions in order to premote "proper training" of users or "proper usage".
In this way, some
current usage is masked fcy the morality imposed en the lexicographers standardizing vocabulary who, as a result, overstep the dictionary's traditionally descriptive role; 3.
the influence of lexicographers' personal ideology is indisputable.
It
is unimaginable for them to ignore their own models, knowledge
and
118 culture in observing and describing others.
Lexicographer ideology
marks every dictionary and is a key indicator in accurately analysing the distinctive character of one work in comparison with one or another of its competitors ; 4. purism is a type of conservative, undeviating behaviour.
Taken to
extremes, it works directly against its stated objective of protecting the language and widens the existing gap between a living, evolving language and a more rigid language that purists wish were taught.
The
tendency toward purism of some contemporary lexicographers confirms the existence of socioculturai, ideological and sociolinguistic hierarchies. Chapter 5 deals with the major prohibitions and their progress from objects to words; it describes eight categories of prohibitions originating in behaviour patterns that correspond to the dominant social model.
Wbrds
are prohibited for other than linguistic reasons : they are subjected to the same fate as prohibited objects, which are targeted first.
1. Cultural prohibition
is evidenced
in the rejection of everything
that does not express a standardized culture : for example, ocmic books, the punk counterculture or drugs.
The elitist concept of culture
requires that familiar or usual practices in seme social groups nevertheless be excluded from or disguised in dictionaries. 2. Sexual
prohibition
is
certainly
the
prime
taboo.
The
main
misrepresentations relate to the sexual organs of humans and animals, the various stages of procreation, acts of love, excretory functions and
products,
scatology,
deviant
sexual
behaviour
and
indecent
associations. 3. Social prohibition is a handy label under which may be classified the relationships between men and women, as well as a host of other phenomena such as sexism, social upheavals, homosexuality, feelings of hatred, scorn, disdain, dislike, malice and resentment insults and antisocial behaviour. 4. Political prohibition gives lexicographers the opportunity to nip in the bud the doctrines or basic concepts of a political theory, cn the
119 unacknowledged pretext that they weaken or challenge the dominant ideology.
Political systems themselves, racism, ethnic groups and weir
are considered the main areas in which lexical ostracism is highly visible. 5. Religious prohibition has
its basis
in the behaviour patterns
imposed fcy the Judeo-Christian religion that has dominated Western European civilization for two millenia. As a result, dictionary entries concerning other religions and their various characteristics suffer from the overwhelming predominance of Christianity.
6. Artistic prohibition
affects
very
topical activities
such as the
visual arts, film, photography, music and dance. 7. Literary prohibition affects the selection of excerpts from literary works or written documents viiose function is to illustrate the meaning of words.
Lexicographers have established criteria to guide them in
selecting quotations to put meat on the bones of the words : these criteria include whether an author is well known, writes and uses the language well, is French, or belongs to a representative era. factors are also influenced fcy society's literary standards.
These
However,
it does happen that writers whose ideas society brands as reprehensible are quoted.
In such cases, excerpts from selected works most often
illustrate the use of one category or another of prohibited words. This is true notably of very famous writers such as Sartre, de Beauvoir, Camus, Celine, San Antonio, Genet and Gary.
In addition, literature
labelled "marginal" is hardly ever considered fcy lexicographers.
The
doctrine in effect forces lexicographers to reject quotations from science fiction novels, detective novels, spy novels, suspense stories and conic-book dialogue. 8. Oncnastic prohibition
is primarily concerned with eliminating from
encyclopedic dictionaries (or from the encyclopedia sections of nultipurpose dictionaries) the names of political, literary, scientific, artistic and other persons, historical or current events, universally recognized literary or acmic-book characters, important place names, and works or events that are significant in the history of mankind car the
120 evolution of the world or the universe, or essential to the cultural background of a contemporary adult. Cbmic books, sensational literature and lexicography itself were investigated in analysing this category of prohibition. This chapter shows that the insidious shift of disapproval from objects to words is not a recent discovery,
the examples of disapproval given may
be grouped under two main headings : prohibition resulting from the institutional control of language in society, and that concerned with the language of sexuality and its functions. Chapter 6 gives a linguistic classification of lexicographical prohibitions and examines various categories of words lexicographers leave cri the cutting-room floor or partially censure, leaving definitions that are abbreviated or flagged to indicate level of language.
1. Most new words
are
excluded
from dictionaries,
in spite of the
undeniable fact that they provide immediate indications of social and therefore linguistic change. into dictionaries.
Only a few rare specimens find their way
Lexicographers have always mistrusted
lexical
innovations; they aire barely beginning to admit the need for a more flexible attitude toward word coinage.
The author's analysis is
supported ty examples : some affixes and the explanatory note néol. 2. Specialized
terms are
included only to the extent that they are
easily and widely recognized in society.
Sane specialized areas of
activity are given particular attention : computer science, medicine, biology and audio-visual and other state-of-the-art technology.
A
datonstration of how dictionaries treat specialized terminology is backed by an assortment of examples based en the term vidéo. 3. Regional
expressions
dictionary entries.
account
for
only
a
small
percentage
of
One reason is certainly the ambiguity of the
concepts of "region" and "regional expression".
these concepts are
therefore examined in light of semantic information taken from language dictionaries, a process that does little to reduce this ambiguity - far from
it.
After defining these aoncepts and that of "the French
language", the author summarizes the treatment ty French dictionary
121 publishers fren the early 1970s to the early 1980s of regional expressions fran outside continental France. 4. Deciding which borrowings to include in dictionaries causes enormous difficulties.
This is a category of words that are always narked : by
pronunciation, by etymological indications
(identifying the lending
language) or by the wording of the definition, particularly in the case of unassimilated foreign words.
Lexicographers nust include choice
borrowings, but must be more careful with borrowings of necessity (unassimilated foreign words), since they name concepts that do not exist in French, or rather French-speaking, society. 5. VlxLgar expressions and
slang
expressions
designate
words and crude, scatological and erotic terms unconventional lexical units. fate
of
terms
based
on
curses, coarse
: in other words,
To illustrate dictionary treatment, the the
word
ohiev
[to
ehit]
in .four
types of works (language dictionaries for adults, children and students, and specialized dictionaries) was carefully examined.
6. Oncmastic derivatives (gentiles; personal and place names) raise the question of whether or not these units have the status of words. Onomastic derivatives (words derived from or composed of proper names) are often excluded
from dictionaries because lexicographers do not
consider them motivated.
In most cases, their semantic status depends
solely cn the original proper name.
Since this semantic relationship is
not always clear, indecision rages over which ones to include.
When
some of these units do succeed in slipping into dictionaries, selection methods are
far from systematic and
selection criteria are still
extremely vague. Classification methods also differ from cne dictionary to another.
Sometimes these derivatives are included as entries;
sometimes they are consigned to separate, selective appendixes at the end of the work; sometimes they only appear in articles cn proper names in the encylopedia part of certain dictionaries; and sometimes all three treatments are used.
7. Other prohibitions
are
censures
contained
in definitions
(for
example, merely including a word in an explanatory note as a synonym, using highly
specialized
wording
in the definition, abbreviating,
122 completely neutralizing a word by including cnly the generic term), various emissions
(for example, in listings of expressions, cross-
references and lists of synonyms and antonyms) and words hidden in microstructures.
Chapter 7 deals with lexicographical nyths and lists several simplified ideas that dictionary users create or accept. 1. The myth of permanence assumes that dictionaries are books whose contents are immutable, that need be purchased cnly once in a lifetime and whose possible replacement is of no concern. 2. "Rie myth of uniqueness is based cn the idea that there is a single dictionary for the French language, or that aie is as good as the next. Users will thus speak of the dictionary
in the singular, rarely
considering it as a plural object, this speech pattern is the result of widespread acceptance of dictionaries as prescriptive authorities.
3. Β » myth of durability suggests that nomenclature is fixed and does not vary with time and social change.
The current image is cne of a
work that requires no updating and reflects a unified, or at least a single, standard. 4. The myth of objectivity uses the principle of
lexicographers'
anonymity to suggest that all dictionaries are neutral and alike and describe the world in the same way.
This is not at all true, since all
lexicographers apply their personal convictions to the dictionaries they produce. 5. The
myth
function.
of
the
standard
highlights
dictionaries'
selective
By choosing to describe cne word or another or cne meaning
or another, lexicographers make a choice cn behalf of users.
Users
conclude that dictionaries standardize the truth and refute error. Therefore it is understandable that although dictionaries are descriptive
works,
prohibítiens.
they
project
a
prescriptive
image
that does
inpose
123 Chapter
8
is a
tentative
conclusion
and
shows how
lexicographers,
confronted fcy a nass of lexical data, nust make use of their personal view of the world to eliminate words, select definitions, write terminological explanatory notes and discreetly support their preferences.
Lexicographers
aire hearers of the countless messages of speech in society : they are not guiltless.
On the contrary, their offensive is based cn their individual
positions in the aocioculturai hierarchy and their perception of language itself.
In fact, lexicographers'
ideology is inseparable from a formal
stand. Whether conscious or not, on traditional arid new prohibitions; traces of these prohibitions show up in society and, inevitably, in dictionaries. Social morality is thus most often an expression of the lexicographer's conscience. However, the author notes a recent encouraging development that allows him to hope for a new lexicographical situation that will avoid an overly standardized reading of the world.
Competition between dictionaries and
consumer pressure are encouraging lexicographers to determine the public's real
needs.
subjective
Obviously,
lexicographical
prohibition
is
cultural constraints defined or unconsciously
dominant social group.
the
result
of
imposed by the
Prohibited words do not occur at the level of the
abstract system of language, but rather at the level at which the system is implemented, materializes.
speech
is performed,
speech
acts
occur
and
expression
It is often in the usually concrete relationship between
the word as "signifiant" or concept, and the conceptualized object as a referent, that ideological, cultural and other distinctions intervene or are superimposed; by means of the inevitable "signifié" or manifestation of the concept in word form, these distinctions lead to prohibition. Por users to regain the free use of the language, which has been limited by prohibitions that are systematized and almost legalized in a way that is arbitrary to say the least, dictionaries' view of the world nust be reconsidered and they mast accept several thousand prohibited words.
In
the end, lifting lexicographical prohibitions depends much sore cn social philosophy than cn linguistics. Chapter author's
9
envisions
personal
pretations.
a new
ideology
style of
: the
active
lexicography and principles
sets out
guiding his
the
inter-
From a linguistic point of view, the author's positions are
124 based en interest in research in the areas of word coinage, regional French expressions,
linguistic variations and language management.
roan for any form of purism.
They leave no
Nevertheless, this rejection of purism does
not inply laxity to the point of ignoring the benefits of "some" standardization.
The avant-garde tene of this book is largely due to the interpreta-
tion of social phenomena that are subjected to constant change. and
rapidly
disseminate
the
lexical
reflections
of
social
1t> glean change,
dictionaries must attempt the impossible.
After
his
parents,
culture,
civilization,
obscure,
reveal
dictionaries the
the unknown
universe and
are
a
and
life.
child's
first
Created
teachers to explain
: of the
inprove, maintain and enrich knowledge,
dictionaries are always there, faithful through nost humans' lives, and this is why no one should be indifferent to their fate.
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INDEX IES NOTIONS1
A
abréviation,
40, 94
acception, —
37
nouvelle,
adjectif, —
97
88
ethnique,
adresse,
60, 62
adstrat, affixe,
90
72 60
africanisme,
75
aire d'emploi,
32
aménagement —
des langues,
—
linguistique,
—
terminologique,
américain,
—
112
79
36, 37
américain,
anglicisme,
37
79
anthrcponymisme,
57, 86, 87
apartheid linguistique, archaïsme, argot,
— Τ
57
11
47, 73, 74
argotisme, article,
112
42, 57, 109
américanisme, anglais,
105
57, 81 8, 10, 28, 29, 35, 44, 48, 49, 64, 72, 88, 93, 96, 97
onomastique,
42
Eñ raison du nombre considérable de ses occurrences, ticmnaive ne figure pas dans l'index notionnel.
le terme
dia-
132 autarcie linguistique, auteur,
78
5, 37
auxiliaire,
107
Β base,
91
belgicisme,
75
besoin —
langagier,
—
pédagogique,
ben usage
10 76
V. usage
C canadianisme, catalanisme,
73 73
catégor i sat ion —
grammaticale,
—
lexicale,
8
8
censure linguistique, champ lexical,
chorolexicologie, circularité, citation,
24
37, 46 71
68
30, 43, 44, 45, 46, 96, 97
classement alphabétique,
88
communauté linguistique,
113
conposé,
14, 86, 87
composition,
57, 90
contact de langue, contexte,
28, 37
ccxitre-culture,
30
corpus d'exclusion, créolisme,
48
75
critère sémantique, culture,
78
90
6, 13, 24, 28, 30
133 D datation,
8, 74
date d'apparition, 74 définition,
24, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 35, 36, 37, 38, 40, 42, 57, 58, 60,
65, 66, 67, 68, 69, 70, 71, 72, 74, 75, 77, 92, 93, 96, 97, 98 —
circulaire,
—
descriptive,
—
mêtalinguistique,
—
relationnelle,
—
scientifique,
—
substantielle,
dégroupement, dérivation, dérivé,
30, 31 40 39
67, 68 30 39
8, 107 57, 79, 90
28 , 31, 60 , 62 , 64, 82 , 86, 87 , 88 , 89 , 90 , 91, 94
—
morphologique,
—
onomastique,
—
verbal,
59 57, 86
33
désinterdiction,
VIII, 29, 84
développement encyclopédique, dialectisme,
40
11
diminutif,
82
discours,
5, 14, 15, 16 , 29 , 51, 56 , 68, 86 , 90, 98, 100, 101, 103, 104,
106 —
bédéiste,
47
—
culturel,
51
—
définitionnel,
—
définitoire,
93 93
—
de présentation,
—
d'introduction,
77 78
—
économique,
51
—
esthétique,
51
—
féminin,
—
idéologique,
—
lexicograpihique,
—
linguistique,
—
littéraire,
—
parathéologique,
106 11 8, 32, 57, 106
94, 103 47 14
134 —
parlé,
43
—
pédagogique,
—
philosophique,
—
politique,
—
quotidien,
—
régional,
—
religieux,
—
scientifique,
—
social,
—
technique,
11 51
51 24 106 51 101, 102, 106
102, 110
disponibilité,
101, 102 104
élément —
affixai,
—
de formation,
60
—
lexical,
59, 60, 64
9, 51, 92
—
linguistique,
104
—
morphologique,
60
—
suffixal,
emploi, emprunt,
91-92
14, 58, 67, 72, 74, 76 11, 14, 57 , 72 , 73 , 74, 75 , 78, 79 , 81
—
de luxe,
—
de nécessité,
79
—
de sens,
109
—
interne,
65
—
linguistique,
—
régional,
—
technique,
encyclopédie,
79
78
74 79
7, 18
énoncé —
définitionnel,
—
définitoire,
entrée,
67 29
28, 30, 32, 33, 35, 58, 64, 92, 93, 98, 99, 107
—
libre,
—
renvoi,
euphémisme,
28, 31, 40, 43, 48, 58, 64 43 15, 16, 27, 62
135 exemple,
24, 27, 35, 57, 64, 65, 66, 79, 87, 100
—
d'emploi,
—
lexicographique,
—
littéraire,
expression,
30, 68, 96, 107 35, 40, 109
85
16, 36, 69, 71, 72, 82, 94
—
nouvelle,
97
—
populaire,
93
fait de langue,
69, 71, 72, 81
famille lexicale,
32, 37, 60, 64, 68, 82, 84, 94
forme dialectale,
82
français,
9, 10, 17, 36, 37, 60, 62, 65, 69, 72, 74, 75, 78, 104, 105, 106
—
actuel,
—
central,
—
commun,
10 69, 71, 72 70
—
aontemporain,
—
d'Afrique,
82
75
—
d'aujourd'hui,
—
de France,
10
—
de la régie« parisienne,
—
de référence,
—
extrahexagonal,
69 69, 71, 72
—
général,
—
hors de France,
—
île-de-francien,
69, 71, 72
70
—
intráhexagonal,
—
normé,
—
parisien,
—
régional(-aux),
—
standard,
69 73, 75 69, 71, 72
51
francophone,
70, 72, 73, 75 12, 70, 71, 72, 75, 112
51
11, 24, 27, 49, 68, 69, 79
francophonie, fréquence,
69, 71
25, 35, 68, 71, 79
91
—
d'usage,
—
d'utilisation,
58 105
136 G
générique, gentile,
87 57, 86, 87, 91
glissement sémantique, glose,
58
92, 93
glossaire,
38
grammaire,
89, 95
H
hapax legomenon, helvétisme, homonyme, homonymie, —
105
73, 75 36, 75 75
régionale,
70
I
iconographie, idéologie,
51
6 , 7, 10, 14 , 24 , 25 , 38 , 91, 92, 100, 103, 104, 105, 109, 112,
113 —
lexicographique,
—
littéraire,
—
politique,
idiolectisme,
43
47 40
11
impérialisme linguistique, impröbaticn lexicale, incluant,
81
24
40, 58
information —
définitionnelle,
—
encyclopédique,
—
lexicographique,
infranorme,
34, 93 28 28, 29
72
innovation —
lexicale,
—
linguistique,
interdiction,
58 25, 59
11, 13, 14, 16, 17, 27, 30, 31, 34, 35, 47, 51, 57, 69, 75,
92, 94, 102, 104, 105, 112, 113
137
— artistique,
42
— culturelle, 28 — extralinguistique, 16 —
lexicographique,
VII, VIII, 16, 18 , 51, 66 , 69 , 77, 102, 103, 104,
109, 111 —
linguistique,
15, 16, 57, 103, 111
— littéraire, 43 — onomastique, — politique,
47, 48, 50 38
— religieuse, 41 — sexuelle, 30 — sociale, interdit,
8, 11, 13, 17, 27, 30, 38, 42, 65, 101, 109
— lexical, —
34, 38, 41 18, 19, 95
lexicographique,
— linguistique,
51, 110
27, 106
— religieux, 41
jouai, 106 jurai,
langage,
15, 81
7, 16, 24, 25, 27, 51, 85, 87, 105, 109
— académique, 81 — gai, 36 — homosexuel,
35
— vivant, 24, 28 langagier, 5, 14, 15, 111 langue, 5, 17, 18 , 25 , 26 , 27 , 32, 46, 47 , 57 , 58 , 70, 78, 93 , 95 , 99, 100, 104, 105, 106, 110, 113 — anglaise, 50 — commune, 39 — de civilisation, — écrite, 72
9, 50
138 —
française,
—
générale,
VII, 6, 9, 11, 57, 71, 72, 73, 75, 85, 87, 98, 99, 106
—
parlée,
—
purisante,
25
—
régionale,
68, 75
—
romane,
—
standard,
—
verte,
—
vivante,
latin,
50 ·
8, 19, 32 67, 72
85 92
81 45, 85
laxisme lexical, lexème,
59
89
lexicalisation, lexicalisme,
90
58
lexicographe,
VIII, 5, 6, 7 , 8, 9, 10, 11, 12, 18, 19 , 24, 25 , 38 , 39 , 40,
43 , 45 , 46 , 47 , 48 , 50, 51, 56 , 57 , 58, 59 , 60, 62 , 63 , 65 , 66 , 67 , 68, 75 , 76 , 77 , 78 , 79 , 81, 85 , 87 , 88 , 89 , 90, 92 , 93 , 97, 100, 101, 102, 103, 104, 106, 107, 112 lexicographie,
VIII, 12, 14, 47 , 48, 50 , 51, 59 , 65 , 66 , 74, 89 , 92, 107,
109, 111, 112, 113 —
française,
lexie,
VII, VIII, 25, 75, 77, 95, 98, 103, 105, 112, 113
91
lexique,
7, 9, 25, 57, 58, 89, 99, 100, 105, 109
—
centrali,
—
français,
—
général,
—
québécois,
—
usuel,
—
vivant,
linguiste,
10, 24 89 77
36, 62 9, 69
5, 68, 77, 85, 87, 100, 105, 112
littérature, locution,
65
43, 45, 46, 47, 88, 102, 107, 109
67, 82
M macrostructure,
8, 9, 11, 43, 65, 75, 76, 78, 88, 89, 90, 104
marquage métalinguistique, marginalisme,
88
28
139
marque,
57, 62
— de classement, 66 — déposée, 92 — d'usage,
62, 82
microstructure,
8, 9, 11, 94, 97, 104
norpholog i sme, 57 mot,
vii, viii, 1, 7 , 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19 , 24 , 25,
26 , 27 , 28 , 29 , 30 , 31, 32 , 33 , 34, 35 , 36 , 37 , 38 , 39 , 40 , 41, 42 , 43, 46 , 51, 56 , 57 , 59 , 60 , 62 , 64, 66 , 67 , 68 , 69 , 71, 72 , 73 , 74 , 75 , 76, 78 , 79 , 81, 82 , 84, 85 , 87 , 88 , 89 , 90 , 91, 92 , 93 , 94 , 96 , 97 , 99, 100, 102, 103, 104, 105, 107, 109, 110 — affixé, 59 — tanni, 27 — courant, 5 — de base,
62, 92
— étranger,
78, 79
—
10, 73
français,
— galloroman, 82 — grossier, 81 — interdit, 85, 104, 105, 109 — marginal, 88 — nouveau,
7, 57, 58, 63, 97, 107
— outil, 107 — péjoratif, —
régional,
— sauvage, — tabou,
39 65, 66, 67, 68, 74, 77 12, 105
7, 16, 34, 51
— tabouisé, 27, 56 — terminologique, 63 — usuel, 14 mot-aousin, 94 mythe,
7, 51, 95, 100, 104, 113
— de la durabilità, 99 — de la norme, 100 — de la permanence, 95 — de l'objectivité, 100 — de l'opacité, 7 — de l'unicité, 98
140 Ν
néologie,
12, 58, 62, 63, 105, 112
néologiser,
59
néologisme,
11, 57, 58, 59, 60, 74, 86
niveau(χ) de langue, non,
36, 39, 57, 82, 101
16
—
de lieu,
47, 86, 87, 88
—
de personne,
—
ethnique,
—
propre,
nommer,
86, 87
90 19, 86, 87, 88, 90, 91, 102
16, 58, 92
nomenclature,
18, 19 , 24, 25 , 30, 31, 34 , 38 , 41, 43 , 56 , 58 , 59 , 60 , 62,
64, 65, 66, 68, 76, 84, 88, 89, 90, 93, 99, 100, 102, 104 —
générale,
87
—
onomastique,
48
ncn-conventionnalisme, non-mot,
46, 57, 81
87
normalisateur, 27 normalisation, normativité, norme,
10, 24, 72, 76, 112 103, 104, 112
11, 26, 78, 104, 105, 113
—
culturelle,
6, 7, 14
—
grammaticale,
—
lexicale,
—
sociale,
5
5 5, 14, 79
nouveauté lexicale, noyau lexical,
59
14, 89
O
objectivité,
103, 104, 112
onomastique,
87
onanastisme,
87, 88, 89, 90
—
gentiléen,
91
ordre alphabétique, origine étymologique, orthographe,
41, 91
8, 89, 90 82, 84, 90
141 ostracisme, —
11
lexicographique,
oubli,
111
15, 93, 94
ouvrage lexicographique,
6
Ρ
parenthèse étymologique, parler parisien, particularisme, —
78
régional,
pérégrinisme, philologue,
78 11, 57
100
polysémie,
29, 70, 75, 90
pouvoir normalisateur, prononciation, public,
40
72
75
8, 79
5 , 6, 7, 10, 18, 19 , 25 , 46 , 56 , 63 , 64, 66 , 88 , 99, 104, 112, 113
purisme,
25, 26
puriste,
25, 26, 27, 76, 103
Q
québécisme,
73, 75, 77
R
réfèrent,
104
régionalisme, —
11, 25, 57, 65, 66, 67, 69, 70, 71, 73, 74, 76, 77, 78, 105
de France,
65
—
extrahexagonal,
—
hexagonal,
—
intrahexagonal,
66, 74, 75
72
—
lexical,
—
linguistique,
—
québécois,
—
sémantique,
—
usuel,
65
régionalitê,
65
66
65, 68, 71, 75 66
66 67
142 région linguistique,
68
registre sociolinguistique, regroupement,
8, 94
renvoi analogique, répertoire, —
25
30, 93, 97
8, 34, 50, 63, 66, 73, 75, 76, 84, 103, 105
lexicographique,
réseau analogique,
6, 30, 38, 39, 42, 88, 98, 105, 110
29
révolutionnarisme linguistique, rubrique, —
106
8, 107
étymologique,
8
S science lexicographique, séraantisme, sème,
36, 51, 67, 91, 92, 94
36, 90
sémème, sens,
6
90 8, 32 , 36 , 39 , 41, 43 , 67 , 68 , 69 , 70 , 71, 72 , 74, 75 , 84 , 88 , 90,
91, 92, 93, 94, 107 —
néologique,
—
nouveau,
—
péjoratif,
sigle,
109
14, 57, 107 41
8, 28
signifiant,
67, 70, 71, 104
signification, signifié,
91
70, 71, 104
sous-entrée,
84, 93, 107
sous-famille, spécifique,
82 87
subjectivité, substantif, substrat, suffixe,
112 33
72 60
superstrat,
72
supranorme,
72
synonyme,
33, 42, 73, 92
synonymie géographique, syntagme, —
70
28, 40, 42, 72, 93, 107
libre,
107
143 syntaxe;
67
système phonétique,
81
Τ tabou,
11, 15, 16, 17, 27, 30, 95, 102, 103, 113
—
anthropologique,
—
ethnologique,
—
lex icographique,
—
linguistique,
—
social,
terme,
16
16 VII, 15
112
102
15, 17 , 28 , 30 , 33 , 38 , 42 , 56 , 63 , 68 , 69 , 71, 77 , 78 , 81, 86 , 87,
91, 93, 94 —
familier,
41
—
médical,
32
—
nouveau,
58, 86, 87
— péjoratif, —
populaire,
—
régional,
—
technique,
terminologie,
74
12, 63, 64, 87, 90, 99
terminologue, tour,
41 72
terminologisme, toponymisme,
41
11, 57, 63, 64, 65, 73 5, 26
57, 86, 87
67
traducteur,
5, 26
U unité,
84
—
de langue,
—
lexicale,
104 11, 19, 33, 43, 63, 66, 70, 92
—
linguistique,
—
nouvelle,
—
polysémique,
—
syntagmatique,
usage,
14, 51, 73
106 75 106-107
11, 14, 15, 16 , 56., 59, 63 , 70, 88, 91, 104
144 bon —
,
5
—
commun,
—
langagier,
usager,
64 9
5, 10 , 24, 26, 58, 60, 62, 89, 93 , 95
utilisateur de la langue,
15
variante —
gêolinguistique,
—
graphique,
—
orthographique,
9
33, 43 77
variation linguistique, verbe,
72, 77, 78, 105, 112
107
vocable,
11, 30, 46, 76, 82
vocabulaire,
6, 17, 24, 57, 62, 63, 73, 77, 78,
—
argotique,
86
—
de la désapprobation,
—
de la linguistique,
—
guerrier,
38
—
non convent ionnel,
—
politique,
38, 40
vulgarisme,
11, 57, 81
wallonisme,
73
xênisme,
46 94
11, 57, 79
57
INDEX EES M7TS, CCS AFFIXES ET DES NOMS PROPRES
A à,
107, 108
abasourdissant, abat-foin, abat-sen, aber,
59
59 59
66
-able,
59, 60, 61
abricot,
73
académique, action,
70
42
action painting (amer.), africanisation,
87
-age, 59, 61 agressivité,
29
Allain (Marcel), allélomorphe,
54
93
allongeguiboler (s1), amerlot,
39
andrepause,
33
anthroponyme,
86
anthroponymisme, anus,
87
30, 31
apprenant,
64
appui(e)-tête, arc-en-ciel, archéen,
97
98
archeterie, archetier,
70, 75
97 97
12
42
146 archétype, arpette,
98
73
art corporel,
42
artiste visuel,
42
arts plastiques, arts visuels, Astérix,
42
42
50, 53
aubépine,
70
aubergine,
73
audiophonie,
64
Audonien,
87
augmenté,
56
authenticité,
70
autopeluredébananiser (s'), aven,
11, 105
73
aventures, avoir,
71
107, 108
avoir ses jours,
15
ayatollah (ar.),
41, 62, 64, 79, 80,
ayatollesque, azote,
96
azoté,
96
79
Β
balayeur de rue, ballon,
28
balzacien, bande,
90
28, 48
bande dessinée, bander,
9
baratin,
74
barranco (esp.), bastide,
66
28
beaux-arts, -bec,
28
9
bandeur,
BD,
15
92
42
79, 80
%
147 Bécassine,
48, 53
bécosse(s),
85
bédéiste,
28
berçante,
71
Bévère (Maurice de), bicot,
54
39
bigreur,
71
biniou,
66
biomasse,
62
biotechnologie, bipédie,
64
62
bleime,
73
body art (amér.),
42
Boileau (Pierre),
54
Boribec,
92
bonitaire, borin,
11
73
bourgeois,
40
bourgeoisie, braderie, brédir,
40
74 73
Brétécher (Claire), Brown (Charlie), bulle,
54
53
28
bureau,
40
bureau politique, bureautique,
40
64
Burma (Nestor),
53
C
caca,
83, 84
cacare (lat.), cagna,
74
caleu,
65
calisse,
82
81
Campivallensien, Canadien-français,
87 91, 92
148 carosse,
70
Castelpontain, cayeu,
87
65
cenellier,
70
chaise percée, chaplinesque, chemise,
87
16
chiade,
83
chiadé,
83
chiader,
83, 84
chiadeur,
83
chiailler,
82
chialer,
82
chiant,
83
chiard,
83
chiasse,
83, 84
chiasseux,
83
chiatique,
83
chiau, chié,
16
82 83
tíhiée, 83 cihiánent,
83
chienlit,
83, 84
chier,
33, 82, 83, 84, 92
chierie,
83
chieur,
83
cihiite,
41
chï'ite,
41
chiites,
41
chiot,
82
chiotte(s), cäiiure,
83, 84
83, 84
choronymisme, cihrist,
87
81
Christie (Agatha), classe, coco, coïter,
40 40 9, 31
49, 54
149 communiste,
40
compagne perpétuelle des morts et des vivants, con,
16
9, 31, 104
condom,
31
Condom,
31
conflit,
38
conjugé,
93
contenance utille des dames quand elles sont devant l'élément combustible, 16 contre-nature,
94
Corneille (Thomas), cornélien, corporel, corps,
51, 55
90 42
42
oouille,
31
couillon,
31
coupe-vent,
70
courriériste parlementaire, croûte,
70
curaillon, curé,
41
41
cureton,
41
cuisinette, cul,
79
85, 104
cunnilingus,
31
D darbouka (ar.),
78, 80
Dard (Frédéric),
49, 54
Darmesteter (Arsène), datdha (russe),
78, 79, 80
dazibao (chin.)» de,
79, 80
107, 108
de-,
61
dé-,
59, 61
débander,
93
dématérialisation, dépanneur,
70
55
42
107
150 dépendamment, dér.,
94
dérision,
29
derivable, dérivé, des,
66
94
94
96
des-,
59, 61
dés-,
61
déseribonnetdecotonner design (angl.), dessiné,
81
28
dialectal,
77
didacthèque,
64
didacticiel,
64
différentielle,
93
difficulté d'accès, Disney (Walt), Donald,
53
droite,
40
49,
E écran,
16
einsteinien,
90
einsteinium,
90
-ement,
61
emmerder,
92
emmouscailler, emploi, ennui,
92
58 92
ennuyer,
92
environnement, environner, épistatique, épithalame, epitomé,
42
42 93 96
96
éplucher, épluchette,
96 66, 93,
-erie,
61
-esque, etc.,
79
63
ethnique,
86
ethnisme,
87
être,
107, 108
être ai aouche,
16
être menstruée,
15
Exbrayat (Charles), excision,
54
32
expressionnisme abstrait, F facho,
40
fada(s),
66, 74
fag (ainér.),
37, 38
faggot (amér.), fagot,
37, 38
36, 37, 38
fagot (amér.),
37
faggotry (amér.), faggoty (amér.), faggy (amér.), Falk (Lee), Fantanas,
37 37, 38
37
54
53
Fantôme, 53 fardoches, faro,
66
66
fascisme,
40
fasciste,
40
fellation,
31
Fischer (Bud), Flipper,
54
50
Porten (Louis), français,
54
71, 72
français régional, francophonie, franccçhonien,
71 88
72
152 fréquent,
78
freudo-marxisme,
90
Furetière (Antoine),
55
G gai,
35
gaie,
35
galloisant,
87
gas-oil (angl.), gauche,
81
40
gauchisme,
40
gauchiste,
40
gay (amer.)» gazole,
35, 38
81
génération, gentile,
38
86, 87
giscardie, Goldorak,
88 53
Goscinny (René),
54
Guilbert (Louis), guilbertien,
50, 55
87
H Hachette (Louis), Hatzfeld (Adolphe), Hergé,
homérique,
90
38
homosexuel, hostie,
38
81
hungarophone, I igue,
55
54
Holmes (Sherlock), homo,
50, 55
74
86
48, 53
-in,
61
in-,
59, 61
inceste,
33
inconbustibilisatiorinellement, infibulation,
32
installation,
42
interdiction,
14, 17
interdit,
17
-isant,
61
-isation,
60 n. 1, 61
-isme,
60, 61
-iste,
61
J Johnson (Samuel), jojóba, juif,
50, 55
9 103
Κ kakémono (jap.), khamsin (ar.),
79, 80 79, 80
kitchenette (amér.), know-how (angl.),
79, 80
79, 80
kshatriya (sanscr.),
79, 80
kwashiorkor (bantou),
79, 80
L land art,
42
landau,
70
langue,
72
langue française, Larousse (Pierre), Lassey, le,
71 51, 55
50
107, 108
Leblanc (Maurice),
49, 54
154 le cardinal est en ville, Leroux (Gaston), lesbianisme, leviathan,
93
lexicologue, liane,
94
73
liberté, libre,
49, 54
36
40
93
liechtensteinois, littérature,
88
109
Littré (Bnile), littréen,
88
locution,
67
51, 55
loess (ail.),
98
loft (amér.),
79, 80, 98
logement,
98
loubar(d), luciole,
62 98
ludothèque,
98
Luke (Lucky),
53
Lupin (Arsène), luthérien, lutte,
49, 53
90
40
lutte des classes,
40
M
M,
43, 46
macho (esp.), maculer,
46
magner (se), Maigret,
34, 78, 79,
46
48, 53
maison,
46
maizin,
62
Malet (Léo),
54
Mandrake le fbgicien, manitou,
46
marchandisage,
81
53
155 marde,
85
martyriser,
46
massachusseter, masse,
46
mater,
46
matronymat,
12
94
matronyme,
94
matronymique,
94
maudite marâe de cul, mauriacien, mauvais, mec,
85
88
46
9
mécanicien, méchant,
62
46
médiatisation, médiatiser, melon,
94
94
92
mendicité,
46
méniscal,
94
ménisque,
94
ménopause, -ment,
33
59, 61
mentalement,
46
mercaticien,
62
mercatique,
62
merchandising (angl.), merde, mère,
81
46, 85 46
mescaline, métrage, mettre,
46 46
46
mexicanité,
87
michelangelesque, Mickey Mouse, milieu,
46,
millésime, Milou, minable,
45
50 46
90
48, 49, 53
156 mis à jour, moche,
56
46
node,
29
module,
64
module de terminologie, module lunaire,
64
moeurs oontre-nature, moissonner, monème,
64 94
45
45
Monseigneur Tàschereau est en ville, montaignophile,
86
montréalophdbe,
86
moquer,
45
Morane (Bob), mordillage, norne,
45
46
morpion,
46
Morris, mort,
54 44, 45, 46
mosaïque, mot,
45
67
motif, mou,
53
45 46
mozartien,
96
mozzarelle, muezzin,
96
62
multiculturalisme, musette,
46
musulman, mystifier, mythe,
45
62 46
45
mythificatlon, mythifier,
94
94
Ν Narcejac (Themas), narcotique,
30
54
16
nègre,
39, 40, 103
négro,
39
nelly (amér.)i néol.,
37
62
neologie,
62, 94
néologisme,
57
néologiste,
94
néologue,
94
néonymie,
62, 63
névé,
66
nom des habitants, ncm ethnique,
86
86
non-conventionnalisme, nostradamite,
81
87
nouvelle édition,
56
O Obéiix, on,
53
35
onanisme,
31
en les met,
46
onomastisme, orignac,
73
orignal,
73
ostensoire,
86, 87
81
ostiak (sib.),
78, 80
Ρ palabre,
75
panthéonisation,
87
pays en développement,
15
pays en développement les moins avancés, pays en voie de développement, pays insuffisamment développés, pays pauvres,
15
pays peu développés,
15
15 15
158 pays retardés,
15
pays sous-développés, Peanuts,
15
53
péché aontre-nature, pédé,
94
38
pégase,
93
peinture gestuelle, pénis,
42
15
performance, performer,
42 42
performeur,
42
péripathologie,
57
peripat(h)ology (amér.)» pétanque,
74
pharmacodépendance, -phile,
30, 93
61
-philie,
61
phil(o)-,
61
-phdbe,
60 n. 1, 61
phobie,
61
-phobie, phcn-,
60 n. 1, 61
61
-phone,
57
60 n. 1, 61
-phonie,
60 n. 1, 61
phon(o)-, picassien,
61 90
Pieds Nickelés (Les), piperade,
pissaladière,
73
planche à roulettes, planche à voile,
79
79
Poirot (Hercule),
49, 53
Politburo (russe),
40
Pollock (Jackson),
42
polonisme, polonitude,
53
66
86 88
Pcpeye, 53 poser un geste,
66
159 possiblement,
66
prolétaire, 40 prolétariat,
40
préservatif,
31
puche,
74
punk (amér.),
28, 29, 79
puszta (hongr.),
78, 79, 80
Q Québec,
91, 92
québécisation, québéciser,
91
québécisme,
91
québécité,
88, 91
91
québécitude,
91
québécois,
91
Québécois,
87, 91, 92
québéooiserie,
91
queen (amér.),
37
quelques,
96
queneauphiliste,
87
Quillet (Aristide),
50, 55
R Raymond (Alexander), rectum,
30, 31
région,
67, 68, 71
région.,
54
66
régionalisme,
65, 66, 67, 68, 69, 71, 73, 77
région linguistique (de la francophonie), relations publiques, religion, rescapé,
41 65, 74
resquiller, revu,
74
56
Richelet (C.-P.),
55
107
68
160 Rintintin,
50
Robert (Paul), robinet, robot,
50, 55
15 64
robotique,
64
Rouletabille,
49, 53
Ruthénois,
87
ryannerie,
87
S
salope (ma),
83
San Antonio,
53
Sanibec,
92
sans débander, Sarrazin,
94
62
ségrégation,
40
sentir le fagot,
36
sentir les contre-aoups de l'amour permis, série, sidi,
69 39
Simonin (Albert),
54
skateboard (amér.), sodomie,
31, 32, 93
sodcmique,
31'
sodomisâtion, sodomisé,
32
32
sodomiser,
31, 32
sodomite,
31
sodcmitique, soubresaut,
31 73
soucoupe inférieure, Souvestre (Pierre), Spirou,
79, 80
16 54
53
Steeman (Stanislas-André), stiç>éfiant, suicidé,
29, 93
35
Sullivan (Pat),
54
54
16
Superman,
53
swish (amér.),
37
szlachta (pol.),
78, 80
Τ tabou,
17
talkie-walkie (amér.)» tante,
79,
38
tapette,
36
tapu (polynésien), tartane, Tarzan,
17
73 48, 49, 53
technicien de surface, tee-shirt (amér.), Telbec,
15
79, 80
92
télématique, télércman,
64 71
tell (ar.),
79, 80
terminologisme, terminologue, Tintin,
63 94
53
tirelire, toroète,
15 73
temette,
73
tommette,
73
teponyme,
86
tqponymisme,
87
torchon (mon),
85
toto,
74
tour,
67
tout,
107, 108
T-shirt (amér.), tristanesque, typique,
78
88
79, 80
162 U ubuesque,
90
Oderzo (Albert), usaîfication,
54
87
V vagin,
15
vasectomie,
32, 33
vasectomisé,
33
vasectomiser,
33
vasectomiste,
33
vasotomie,
32, 33
vatefairefoutrisme, végéter,
véliplanchiste,
79
Vernes (Henri),
54
vers libre(s),
93
viae contre-nature, vidéo,
12
97
94
64
vidéo-,
61, 64
vidéocassette,
64
vidéocotnmunication, vidéocomposite', vidéodisque,
64
64
vidéofréquence,
64
vidéogramme,
64
vidéographe,
64
vidéomatique, vidéonie,
64
64
vidécçiTone,
64
vidéophonie, vivier,
97
vivificint, vivoir, vivoter,
64 97
97 97
64
163 W walkie-talkie (amér.)/ walkman (amér.)»
79, 80
79, 80
Wartburg (Walther von), wassingue,
waterproof (angl.), Webster (Noah),
79, 80
50, 55
Weltanschauung (all.)» western (angl.), western-soja,
62
windsurf (amér.), wustérien, Υ
Ζ
xénisme, youpin, Zorro,
87
79 38, 39 53
78, 80
62
windsurfer (amér.),
Χ
55
65
79, 80 79, 80
INDEX EES DICTIONNAIRES^
BDNE,
37
BW 5 ,
82
CEA,
75, 76
500MS,
63
DEL,
48
DEC,
8, 18, 19, 30, 58
DEHC, DFV,
36, 82, 84, 85 19 , 60, 75 , 76 , 77 , 82 , 84, 88
DG,
59
DGP,
36
DGSH, EH,
13 48, 51, 88
DHLF,
7 , 8, 18, 19 , 28 , 31, 32 , 33 , 34, 36 , 38 , 39 , 40 , 41, 42, 64, 67 , 68,
72 , 75 , 76 , 79 , 82 , 86 , 88, 90, 93 , 94, 98 DI,
82, 84
Dictionnaire de la langue française Dictionnaire des précieuses DL,
V. Littré
V. Somaize
72
DMC,
28, 36, 40, 47, 58, 74
DMN,
58, 74
DMS,
12
DUI,
9, 19 , 25 , 28, 31, 32 , 33 , 34, 36 , 39 , 40 , 41, 42 , 48 , 49 , 51, 58 , 76,
77, 82, 84, 86, 88, 92, 93
FEH, 1
9, 82, 86 Les attestations dans les tableaux ne sont pas indiquées. lution des sigles, voir la bibliographie.
Pour la réso-
165 GLE,
50
GLLF, GR,
9, 50, 82, 88, 90, 107
59
GRS,
9, 13, 18
Larousse de la langue française Lexis,
V. Lexis
7, 8, 9, 17, 19, 25, 28, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 38, 39, 40, 41, 42,
58 , 64, 67 , 68 , 72 , 74 , 75 , 77 , 79 , 82 , 84 , 86 , 88 , 90 , 91, 94 , 96, 107, 109 Littré,
56, 65, 86
Littré Supplément, Logos, MA,
28
MR,
19, 82
NDPCI,
30, 31, 56, 58, 63 , 82, 88
NPLI, PLI,
9, 59
7, 19, 25, 76, 82, 89, 109
84, 94 19 , 28 , 30 , 31, 32 , 33 , 34, 36 , 38 , 39 , 40 , 41, 42 , 48 , 56 , 60 , 82,
84, 86, 88, 92 , 96, 97 , 98, 99, 100, 107 PL,
86
PR,
7 , 9, 17, 18, 19 , 24 , 28 , 29 , 30 , 31, 32 , 33 , 34 , 35 , 36 , 38 , 39 , 40,
41, 42 , 43 , 46 , 56 , 57 , 58 , 62 , 63 , 64 , 66 , 67 , 68 , 70 , 71, 72 , 74 , 75, 77, 78, 79, 82, 84, 85, 86, 88, 90, 92, 93, 94, 96, 97, 107, 109 PR2,
18, 42, 48, 51, 88
RC,
37
RM,
60
6,OOOW,
37
Scmaize, TLF,
9, 10, 11, 93, 94, 102, 107
Trévoux, WNWD,
16
37
60
LISTE DES TABLEAUX
Page
- Tableau des nomenclatures de quelques dictionnaires français contemporains
20
- Tableaux des personnages, auteurs et lexicographes 1.
Personnages
53
2.
Auteurs
54
3.
Lexicographes
55
- Tableau de quelques affixes et de quelques éléments affixaux
61
- Tableau des prononciations des emprunts
80
- Tableau de CHIER et de sa famille lexicale
83
- Icibleau des auteurs cités sous : à, avoir, de, être, le, tout, dans le PR et le Lexie
108