Aspects de l'interdiction dans la lexicographie française contemporaine 9783111347332, 9783484309135


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French Pages 174 [176] Year 1986

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TABLE DES MATIÈRES
AVANT-PROPOS
ABRÉVIATIONS
1. LES DICTIONNAIRES ET LΑ SOCIÉTÉ
2. UNE APPROCHE DE LA SITUATION D’INTERDICTION LEXIOOGRAPHIQUE
3. VERS UNE DÉFINITION DE L’INTERDICTION LEXICOGRAPHIQUE
4. QUELQUES CAUSES DE L’INTERDICTION LEXICOGRAPHIQUE
5. LES PRINCIPALES INTERDICTIONS: DES CHOSES AUX MOTS
6. TYPOLOGIE LINGUISTIQUE DES INTERDICTIONS LEXICOGRAPHIQUES
7. LES MYTHES LEXICOGRAPHIQUES
8. PEUT-ÊTRE UNE CONCLUSION?
9. VERS UNE NOUVELLE LEXICOGRAPHIE
RÉSUMÉ EN ANGLAIS / ASPECTS OF THE BANNING OF TABOO WORDS IN CONTEMPORARY FRENCH DICTIONARIES, SUMMARY
BIBLIOGRAPHIE
INDEX DES NOTIONS
INDEX DES MOTS, DES AFFIXES ET DES NOMS PROPRES
INDEX DES DICTIONNAIRES
LISTE DES TABLEAUX
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Aspects de l'interdiction dans la lexicographie française contemporaine
 9783111347332, 9783484309135

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ΙϋΜΜΜΜΣΑ

S

LEXICOGRAPHICA Series Maior Supplementary Volumes to the International Annual for Lexicography Suppléments à la Revue Internationale de Lexicographie Supplementbände zum Internationalen Jahrbuch für Lexikographie

Edited by Sture Allén, Pierre Corbin, Reinhard R. K. Hartmann, Franz Josef Hausmann, Hans-Peder Kromann, Oskar Reichmann, Ladislav Zgusta

13

Published in cooperation with the Dictionary Society of North America (DSNA) and the European Association for Lexicography (EURALEX).

Jean-Claude Boulanger

Aspects de l'interdiction dans la lexicographie française contemporaine With an English summary

Max Niemeyer Verlag Tübingen 1986

Conformément à l'usage général pour les ouvrages de référence nous

avons

renoncé

à

toute

mention des brevets,

marques de fabrique et des raisons sociales.

des modèles

scientifiques, déposés,

L'absence d'une telle

des

indica-

tion ne signifie donc pas que le produit ou le terme mentionné ne soit p a s protégé.

C I P - K u r z t i t e l a u f n a h m e d e r D e u t s c h e n Bibliothek Boulanger, Jcan-CAaudc: A s p e c t s d e l ' i n t e r d i c t i o n d a n s la l e x i c o g r a p h i e f r a n ç a i s e c o n t e m p o r a i n e / J e a n - C l a u d e B o u l a n g e r - T u b i n g e n N i e m e y e r , 1986 ( L e x i c o g r a p h i c a S e n e s m a i o r , 13) NE· L e x i c o g r a p h i c a / S e r i e s m a i o r ISBN 3-484-30913-x

ISSN 0175-9264

© M a x N i e m e y e r Verlag T ü b i n g e n 1986 Alle R e c h t e v o r b e h a l t e n O h n e G e n e h m i g u n g d e s Verlages ist e s n i c h t g e s t a t t e t , d i e s e s Buch o d e r Teile d a r a u s p h o t o m e c h a n i s c h z u v e r v i e l f ä l t i g e n P r i n t e d in G e r m a n y D r u c k W e i h e r t - D r u c k G m b H , D a r m s t a d t

TABLE M S MATIERES

Page

Avant-propos

vi,i

Abréviations

3

1.

Les dictionnaires et la société

5

2.

Une approche de la situation d'interdiction lexicographique

8

3.

Vers une définition de 11 interdiction lexicographique

13

4.

Quelques causes de l'interdiction lexicographique

18

5.

Les principales interdictions : des choses aux mots

27

6.

5.1

L'interdiction culturelle

28

5.2

L'interdiction sexuelle

30

5.3

L'interdiction sociale

34

5.4

L'interdiction politique

38

5.5

L'interdiction religieuse

41

5.6

L'interdiction artistique

42

5.7

L'interdiction littéraire

43

5.8

L'interdiction onomastique

47

Typologie linguistique des interdictions lexicographiques

56

6.1

Les néologismes

57

6.2

Les terminologismes

63

6.3

Les régionalismes

65

6.4

Les enprunts

78

6.5

Les vulgarismes et les argotismes

81

vi

7.

6.6

Les dérivés cnomastiques (gentilés, anthroponymismes, toponymismes)

86

6.7

Les autres interdictions

92

Les mythes lexicographiques

95

7.1

Le nythe de la permanence

95

7.2

Le mythe de l'unicité

98

7.3

Le mythe de la durabilité

99

7.4

Le mythe de l'objectivité

100

7.5

Le mythe de la norme

100

8.

Peut-être une conclusion?

102

9.

Vers une nouvelle lexicographie

111

Résuma en anglais [Aspects of the Bannirq of Taboo Words in Contemporary French Dictionaries, Summary] Bibliographie

115 125

1.

Lexicographie

125

2.

Linguistique

129

Index des notions

131

Index des mots, des affixes et des noms propres

145

Index des dictionnaires

164

Liste des tableaux

166

AVANT-PROPOS

Le livre qu'on va lire est une photographie de l'un des aspects cachés et intrigants de la lexicographie française générale du début des années 80.

A partir d'un œrpus d'ouvrages lexicographiques représentatifs de la

langue française jusqu'en 1982, il détecte des failles dans le traitement micro- et macrostructura 1 de certains mots ou groupes de mots que l'on classe communément sous l'étiquette de tabou ou d'interdiction lexicograpihique.

L'univers dietionnairique est saisi à un moment décisif du renou-

veau lexicograpihique en cours depuis 1975.

Déjà, en cette fin de 1984, des

modifications, des perfectionnements ou des ouvertures encore inenvisagés il y a peu, sont perceptibles dans ce que deux linguistes français, Pierre et Danielle Cbrbin, appellent "le monde étrange des dictionnaires".

Etrange

univers en effet, qui oonsigne une bonne part du savoir humain véhiculé par le langage.

Le monde et les dictionnaires évoluent l'un et l'autre à des vitesses variables, qui placent toujours les dictionnaires à la remorque de l'actualité et des événements du monde, au lieu d'en faire des témoins instantanés. Bien entendu, le dictionnaire est un témoin de la civilisation; nais avant tout, il rend conpte de la civilisation dans l'histoire.

Le temps s'inpose

donc comme une donnée fondamentale pour qui étudie les rapports entre le contenu des dictionnaires et les réalités sociales qu'ils évoquent.

Le

facteur temporel est prépondérant et il influence grandement les résultats des recherches de ceux qui ignorent cette contrainte au moment de leurs analyses.

Cette variable est d'autant plus fragile, qu'à une époque

récente, les dictionnaires ent commencé à se multiplier pour atteindre un rythme et un volume de publication sans cesse provignant. Une part considérable des productions lexicographiques actuelles est ainsi reléguée hors de portée du lecteur le plus avide ou du chercheur le plus consciencieux.

viii Il a (tone paru opportun de rappeler que la rédaction de ce livre était terminée au printemps de 1982.

La matière lexicale qui a constitué

l'échantillon de recherche avait alors un caractère d'actualité lexicographique marqué.

Depuis, l'effervescence dictionnairique s'est encore accrue

et de nouveaux dictionnaires ou de nouvelles éditions de dictionnaires plus anciens sont venus s'ajouter au stock d'ouvrages déjà disponibles sur le marché.

Certains ont pu apporter quelques correctifs plus ou moins impor-

tants dans l'organisation micro- et macrostructurale des articles.

Sauf

exception notable et signalée en temps et lieu dans le corps du livre, ces changements sont insuffisants pour infirmer les résultats de nés constatations.

D'ailleurs, les lacunes ou les carences identifiées et discutées

dans ces pages l'ont été précisément pour que les lexicographes y remédient au plus tôt. Néanmoins, afin d'éviter des interprétations erronées du paramètre temps en lexicographie, il est essentiel pour le lecteur de resituer mes conclusions dans leur contexte général de 1982.

C'est la seule nanière

d'en saisir toute la portée.

Je laisse aussi au lecteur profane ou aguerri le soin de contrôler luimême les véritables améliorations dans les dictionnaires.

Certains indices

démontrent clairement que la lexicographie française contemporaine s'est engagée sur la voie de la désinterdiction totale ou partielle. constitue un énorme progrès.

Et cela

Les lexicographes savent fort bien qu'ils

doivent répondre aux exigences du monde moderne.

Ils poursuivent le temps

et tentent de réduire de plus en plus l'écart entre la réalité et le dictionnaire.

L'outillage

lexicographique

d'aujourd'hui

permet

tous les

espoirs, à l'heure où le dictionnaire terminalisé s'apprête à envahir les foyers.

Partout dans la francophonie, en espère que la lexicographie réus-

sira soi virage électronique et donnera accès au savoir total, y compris sa face interdite.

Cette nosaîque de réflexions sur les interdictions lexicographiques n'aurait pu voir le jour sans la compétence, l'aide inestimable et surtout l'amitié de Jean-Yves Dugas, pour qui les nots les plus étranges sent sans doute les plus vivants, puisqu'ils recèlent les grands secrets de la véritable raisen d'être de l'humanité.

ix Je dois un grand merci à madame Lynda Vézina et, plus particulièrement, à madame Angela Koulomzine qui ont "traité" ce texte avec une habileté et une technique remarquables.

Québec, le 20 septembre 1984

Jean-Claude Boulanger

[...] des dizaines, des centaines de nets que l'on entend tous les jours, et qu'on chercherait en vain dans tous les Robert réunis (Michel Cournot, Le Nouvel observateur, n° 517, 1974: 81).

ABREVIATIONS

abrév.

abréviation

adj.

adjectif

jap.

japonais

adv.

adverbe

lat.

latin

afr.

français d'Afrique

m.

nasculin

à10

injur.

injurieux

algérien

maj.

majuscule

ail.

allemand

n.

nom; note

amér.

américain anglais

néol. n o(s)

néologie; néologisme

angl. ar.

arabe



page(s)

arg.

argot

péj./péjor.

péjoratif

art.

article

pl.

pluriel

auj.

aujourd'hui

pol.

polonais

cf.

confer ( carparez )

pop.

populaire

chin.

chinois

prép.

préposition

numéro(s)

class.

classique

pron.

pronom

coll.

collection

quai.

qualificatif

deb.

début

québ.

français québécois

dénigr.

par dénigrement

région.

régional

dér.

dérivé

s.

siècle

esp.

espagnol

sanscr.

sanscrit

etc.

et cetera

sib.

sibérien

ethnol.

ethnologie

s.p.

sans pagination

ex.

exemple(s)

t.

tome

fam.

familier

triv.

trivial

fig.

figuré

v.

verbe; vers

hongr.

hongrois

V.

voir

ind.

indéfini

vol.

volume(s)

vulg.

vulgaire

1.

LES DICTIONNAIRES BT ΙΑ SOCIETE

DICTIONNAIRE. - Fh dire : N'est fait que pour les ignorants (Gustave Flaubert, Bouvard et Pèeuohet). Insérés depuis plusieurs siècles dans la société dont ils sent un miroir réfléchissant, les dictionnaires sont oonsidérés coirne "des produits et des outils 'naturels', sans origine et seins opacité, ou comme des mirages. [... ] en y puise, en les oonsulte, comme des horaires ou des oracles : ce qu'on pense y trouver n'est pas un discours, irais des conditions préalables de tout discours, et du plus beau" (Rey 1977:11).

ffelheur au dictionnaire

qui ne répand pas aux attentes de l'utilisateur qui le consulte.

S'il n'est

qu'une aorte de mirage séduisant, il est voué par avance à la condamnation, tel un miroir brisé.

Dans la société d'aujourd'hui et pour la plupart des

usagers non professionnels des dictionnaires, ceux-ci sont devenus des bibles,

et même, à bien y

penser,

la Bible, c'est-à-dire

le grand

livre unique, irremplaçable, magnifié, soumis aux dieux de la norme lexicale, de la norme grammaticale et de la norme sociale.

Livre précieux,

gardien de la langue et du bon usage, le dictionnaire, puisque le plus souvent il s'agit d'un seul, est rassurant, sécurisant.

Il repose sur une

quasi-déification de ses auteurs, parce que habituellement ceux-ci sait des personnages inconnus et anonymes pour le grand public.

Qui se souvient de

Pierre Larousse, pédagogue avant d'être lexicographe?

Seuls les "langa-

giers"

(linguistes,

traducteurs,

terminologues) prêtent attention à de

telles anecdotes.

Les lexicographes ne fait d'ailleurs pas grand chose pour détremper les publics qu'ils se sont donnés au fil des années.

Pour le vérifier, il n'y

a qu'à se reporter aux préfaces de quelques-uns parmi les dictionnaires les plus célèbres pour s'apercevoir que chacun est le meilleur, le plus moderne, qu'il est plus à jour et plus contemporain que celui du concurrent le plus immédiat et le plus loyal, qu'il consigne tous les mots courants de la

6 langue française, qu'il n'est pas censuré, qu'il est constamment mis à jour et enrichi, et ainsi de suite de la litanie publicitaire inachevée. Tbut cela circonscrit les répertoires lexicographiques à des microcosmes artificiels et crée des illusions entretenues de bienséance, de courtoisie, de concurrence saine et de reflet juste des réalités de l'univers. Or, qu'en est-il en réalité de ces attitudes considérées comme tout à fait normales?

Elles sont illusoires certes, et qui plus est, totalement

déconstruites par la science lexicographique elle-même et surtout par le nanibre de dictionnaires de qualités diverses qui envahissent sans cesse le marché.

Le nonde des dictionnaires est aussi un univers de batailles non

seulement linguistiques mais économiques.

Ces mises en garde faites, il est maintenant juste d'admettre enfin et d'enseigner que le dictionnaire est non seulement un produit intellectuel mais aussi un produit commercial soumis à des critères de nécessités linguistiques et extralinguistiques, ces derniers prenant parfois le pas sur les premiers. Nonobstant les remarques précédentes, il n'en reste pas moins que "les dictionnaires sent des objets manufacturés dont la production, importante dans les sociétés développées, répond à des exigences d'information et de commercialisation" (J. et C. Dubois 1971:7).

Il faut donc les

replacer parmi les biens de consommation courants et concurrentiels de la société actuelle. D'un point de vue interne et en répondant à des exigences d'information et de communication, les ouvrages lexicographiques tentent de faire 1'inventaire de la civilisation française à travers le vocabulaire.

Ils se veulent

donc un texte par lequel se fera la description de la culture.

Cette des-

cription non innocente s'appuiera sur des contraintes dont l'une des plus importantes se réfère à un modèle ou une norme culturelle qui sera aeriforme à l'idéologie de la classe sociale dominante.

C'est à partir de cette idéo-

logie que vent s'élaborer les jugements de valeur avoués ou inavoués du dictionnaire.

Le modèle socioculturel une fois défini composera une vision

du monde qui ne saurait cependant être que parcellaire, puisqu'elle variera suivant les lexicographes et les publics. le Lexis

qui

n'est

pas

le Logos qui

Le Petit Robert n'est pas n'est

pas

le Oiationnaire

Haahette de la langue française. Mais dans l'ensemble, les dictionnaires restent le véhicule et le reflet des opinions les plus communément admises.

7 C'est

ici qu'est détruit

le nythe de l'opacité et celui de l'origine

presque divine du dictionnaire, nythes que signalait Alain Rey il y a un mcxnent.

A première vue, le dictionnaire véhicule un lêtngage clair, aisément

décodable.

Chacun propose une idéologie de fonctionnement qu'il essaie de

tenir de bout en bout.

De par les multiples choix qu'il a à faire, il est

donc un élément subjectif dépendant d'un ensemble de facteurs assez variés conine le choix d'une norme culturelle, les pressions sociales d'une classe dominante à un moment donné ou à un autre, le lieu de sen élaboration, etc. Cette subjectivité lui fera occulter ou interpréter volontà i rement ou non un certain nombre de concepts et de mots pourtant quotidiennement transmis dans les communications interindividuelles.

Il suffit de penser par exemple à

certains groupes de mots taûsous, à certaines activités cachées (la thanatologie, le oonmerce de la mort, la guerre), à certaines images des encyclopédies

(naguère

d'autres encore.

souvent

asexuées

ou

tronquées),

aux

mots

nouveaux

et

Du fait qu'il est un produit commercial, qui se manie, qui

se vend, qui se aonsomme, qui circule en somme, le dictionnaire, aussi un produit

intellectuel oomme on vient de l'évoquer, sera amené à censurer.

Ces censures dirigistes que le public impose, que les institutions forcent et que les lexicographes font, ne sont pas toujours volontaires, naïves ou innocentes,

tant s'en faut d'ailleurs.

Elles n'en existent pas moins à

l'heure où la plupart des médias de communication paraissent plus libres de s'exprimer. la

liberté

Sous couvert d'éviter des faux pas à la société, de préserver d'une communauté linguistique,

les dictionnaires prennent

risque de niveler, d'immobiliser ou d'ostraciser le lexique. verrouille

toute

issue, d'une façon souvent

le

"L'ostracisme

invisible et sournoise, mais

toujours redoutable et efficace" (Boudot 1973:473).

Le black-out lexicographique a d'autres causes nultiples. rons d'y faire un peu de lumière. lisationnel

qui

doit

dire

le

Nous essaie-

C'est en tant qu'objet culturel et civivrai

qu'on

dictionnaire dans les propos qui suivent.

voudra

bien

aonsidérer

le

2.

UNE APPROCHE DE IA SITUATION D'INTERDICTION LEXIOOGRAPHIQUE

[...] l'interdit n'est jeûnais qu'une digue, un réservoir d'énergies (Pierre Klossowski, Le eouffleuv ou le théâtre de eoaiété, XII).

Le dictionnaire est le produit d'une recherche savante, sérieuse et rigoureuse qui s'est affinée au fil des années tant au plan lexicographique lui-même, acuirne par exemple avec les méthodes du dégroupement ou du regroupement

(Lexie, DFC^-), qu'au

plan

technologique,

comme

par

exem-

ple avec l'introduction de l'informatique pour le traitement des données lexicales dent l'énorme quantité devient de plus en plus difficilement maniable.

L'aboutissement de plusieurs siècles de recherche a permis d'éta1

blir et d organiser des bases et des principes logiques et permanents pour l'élaboration des dictionnaires.

Il en va ainsi de la macrostructure dispo-

sée selon l'ordre alphabétique oontinu ou discontinu et du rangement, presque invariable d'un dictionnaire à l'autre, des informations du discours lexicographique sous la forme d'une dizaine de rubriques (prononciation, catégorisation lexicale et grammaticale, datation, sens, etc.) dont l'ordre de présentation

est constant et itératif.

C'est ce que l'on appelle

l'article ou encore la microstructure du dictionnaire.

Rares sont les

répertoires de la langue générale qui rampent avec cette tradition (voir le DHLP qui reporte à la fin des articles la rubrique étymologique et qui supprime les datations).

L'organisation même du dictionnaire est donc défi-

nie préalablement par des critères historiques extralinguistiques qui constituent en quelque 9orte le modèle, ou le moule, si l'on préfère, sur lequel le lexicographe prendra appui.

1

Voir la bibliographie à la fin de l'ouvrage pour les dictionnaires cités en abrégé. A moins d'indication contraire, les sigles des dictionnaires renvoient à la dernière édition des répertoires utilisés, la date limite étant 1982.

9 1

Cette quasi-rigidité de la structure du dictionnaire n enpeche pas les anomalies au niveau de la nacrostructure et de la microstructure. premières anomalies nous retiendrons davantage que les secondes.

Les

Le dic-

tionnaire décrit à la fois une part de données lexicales jamais réellement utilisées en performance et il lui manque des données essentielles effectivement réalisées à un très haut degré de performance et par un très grand notitore de gens.

Par exemple,

il semble logique de croire que mec

{PR), absent du DUI, est plus tion

inter individuelle

fréquent et utile à la communica-

que

jojoba

(DUI),

absent

du

PR.

Sur une plus grande échelle et d'un point de vue plus historique, il faut songer à Iittré qui décrivait dans son dictionnaire surtout le lexique du 17e siècle et une faible partie de celui du 18e et du 19e siècles.

De

par son programme de travail, Littrê écartait ou occultait donc une grande part de l'usage langagier de la seconde moitié et de la fin du 19e siècle. Heureusement, il s'est un peu rattrapé dans son Supplément. Des données mortes encombraient les volumes précédents prenant la place due au lexique vivant.

Ce choix idéologique de Littré se retrouvera sous diffé-

rentes formes chez les lexicographes contemporains.

Ce souci du passé con-

tinue de préoccuper les fabricants de dictionnaires, entre autres, ceux du GLLF et ceux du TLF. ralité et

(voir

Ce qui n'empêche nullement une certaine libé-

bander

dans

le

GLLF,

le

Lexia,

le

TLF

le GRS, attesté chez Baudelaire, Léautaud, Nimier; aussi ban-

deuT

dans

Goncourt;

eon

le

Leaier

eoîter

attesté

relevé diez Michelet).

chez

Comme en

Flaubert le voit,

et

les

le modèle

idéal plus ou moins innocent est transgressable à des niveaux divers.

Les critères idéologiques entrent cependant en ligne de oonpte dès que le lexicographe planifie son dictionnaire et en entreprend l'élaboration. Il peut difficilement en être autrement puisqu'il se voit confronté à une extraordinaire nasse de mots appartenant à une multitude de champs d'activités humaines, masse lexicale dans laquelle il devra trancher, le plus souvent dans le vif d'ailleurs.

Le français étant l'une des principales

langues de civilisation, il a produit au cours de ses quelque douze siècles de développement une infinité d'éléments lexicaux variés se superposant en plusieurs grandes couches synchroniques que toute une vie ne suffirait pas à recenser.

Sans parler ici des variantes géolinguistiques.

Vfelther

Wartburg,

von

sc«

célèbre

FEW,

s'est

étendue

L'oeuvre de sur

plus

de

cinquante ans; elle ne desine qu'un fragment de la langue française et elle

10 n'est pas encore achevée;

le TLF a été planifié pour

dizaines et des dizaines d'années.

s'étendre

sur des

Dans l'océan de mots français dont la

dernière partie synchronique que nous vivais présentement est seule disponible pour l'actualisation, le lexicographe devra puiser afin non seulement de satisfaire la curiosité, mais encore de répondre aux besoins langagiers pressants du public qu'il a au préalable défini.

Il est impensable de tout

sélectionner, car le dictionnaire exhaustif du français actuel atteindrait des proportions si vastes qu'en n'en verrait sans doute jamais la fin.

Des

générations de lexicographes, et par le fait même d'idéologies différentes, se succéderaient à la tête d'une telle entreprise. exemple

d'une

aventure

lexicographique

On n'a qu'à prendre pour

moderne,

celle

du

TLF.

Les

modifications successives qu'il a subies depuis sa mise en chantier effective ne se comptent plus (changement de directeur, changement d1orientation, changement de contenu

sur le plein quantitatif, changement dans l'organi-

sation interne des articles).

Même si elles paraissent mineures,

indiquent néanmoins des infléchissements idéologiques.

elles

Certaines équipes-

satellites régionales (celle de Kiris entre autres) ait même dû se retirer de la rédaction peur ces raisons idéologiques.

Et le grand dictionnaire du

français n'ai est qu'au neuvième volume paru (1981) de la première tranche synchronique traitée, celle qui va de 1789 à 1964. revirement

de

l'aventure du TLF, Klincksieck,

Qifin, dernier et récent

qui

avait

assuré

la dif-

fusion des huit premiers volumes, a dû se retirer en raison de difficultés financières.

Désormais, c'est le CNRS qui s'occupera de la diffusion du

TLF, en plus de l'édition.

D'une manière plus limitée et d'un tout autre point de vue, il convient de faire une autre renarque supplémentaire.

A savoir que malgré leurs ten-

dances et leurs désirs de demeurer dans les limites de la description, les dictionnaires du français d'aujourd'hui endossent, volontairement cu non, la responsabilité d'une normalisation partielle du lexique synchronique français.

Dès 1968, Georges ffetoré posait parfaitement bien les prémisses du

problème qui nous retiendra ci-après.

Pour lui, le véritable but des dic-

tionnaires "n'est pas de présenter un tableau fidèle et authentique du français à ime certaine époque, mais de oonstituer un recueil de mots acceptés, "fixés", 1'emission d'un mot étant, dans la pensée de beaucoup de lexicographes Cet nous pourrions ajouter dans la pensée de la plupart des usagers], une condamnation inplicite" (Matoré 1968:200). lexicographe

fournit,

"Les répenses que le

il ne les donne pas directement en tant que sujet

11 d'énonciation, mais comme médiateur de ce sujet d'énonciation collectif qui est la société elle-même. Le lexicographe devient alors le sujet idéal d'un énoncé que la société tout altière produit.

Aussi les lecteurs s'identi-

fient-ils au lexicographe, le sujet parlant idéal : les réponses fournies sont des 'oracles' de la crxnmunauté culturelle" (J. et C. Dubois 1971:49). Le lexicographe devient, à travers son anonymat, le garant de la norme et de la connaissance, ce qui signifie que ce qu'il endosse canne responsable d'un dictionnaire est le fait linguistique à accepter à l'exclusion des autres. L'interdiction peut donc devenir institutionnelle sans choquer le moins du monde la conscience populaire.

Mais le lexicographe rte rend pas toujours

entièrement compte du réel linguistique de la communauté socioculturelle française, ou pour mieux dire francophone, qu'il sert.

Le discours pédago-

gique du dictionnaire se trains forme en discours idéologique dirigiste dont l'action consciente et régulière revêt parfois la forme d'une véritable répression linguistique.

Garant de la norme idéale, par l'intermédiaire de

l'histoire et d'une éthique sociale, le dictionnaire réglemente et régente tout à la fois puisqu'il impose une image ooncertée.

L'ostracisme, conine

nous le verrons amplement, se manifeste selon des directions miltiples et à des niveaux divers de même que dans des proportions variées.

L'objet de notre recherche concerne au premier chef l'interdiction totale ou partielle pour certaines catégories de mots d'avoir un accès libre aux dictionnaires modernes.

Le dictionnaire quel qu'il soit, du plus diri-

giste au plus affranchi, recèle toujours au niveau de la macrostructure et du traitement des unités lexicales dans la microstructure une foule d'interdits ou de tabous. Les terminologismes, les néologismes, les régionalismes, les erprunts (xénismes et pérégrinismes), les vulgarismes et naintes autres catégories de mots bannissables font partie à des degrés variables des exclus lexicögraphiques.

Pourtant,

il est

facile d'observer que ces

ensembles lexicaux sont véhiculés dans l'usage quotidien de la plupart des francophones.

Nous ne nous intéresserons pas dans la suite de œ

texte à

certains types de mots comme les archaïsmes, les dialect i smes, les mots hors d'usage ou appartenant à d'autres couches synchroniques, les idiolectismes, les mots réservés à un ncntbre infime de locuteurs, ainsi de suite. L'exclusion de tels vocables d'un dictionnaire descriptif d'un état synchronique *

collectif de la langue française va de soi, ou presque. le

mot

bonitaire

(Proudhon),

ou

enregistré

encore

par

l'excellent

le

TLF

et

Ά titre d'exemple,

néologisme

d'auteur

e'autopeluredebananieer,

création

12 d'un ministre québécois en 1981, ne peuvent être retenus tant qu'ils n'auront pas été pris en charge par la collectivité francophone.

En

attendant, ils vont rejoindre les dictionnaires de nots sauvages, comme celui de Maurice Rieims, aux côtés d'"émules" lexicaux comme allongeguiboler(e')

(Clébert),

bonnetdeaotonner

vatefairefoutrieme

(Balzac),

maeeaahueeeter

(Audiberti), (Audiberti)

ou

déeenencore

inaombuetibilieationnellement (Loujte), tous recensés par le OMS. Les développements récents des études sur la néologie, la terminologie, les français régionaux et la lexicographie nous amènent à nous intéresser et à nous arrêter un moment sur des catégories de mots souvent écartés des dictionnaires.

L'étude et la défense de ces "demi-civilisés" lexicographi-

ques permettraient sans doute d'amorcer de nouvelles recherches en lexicographie aontemporaine, de lui insuffler des élans inédits engendrant ainsi dans sen sillage la formation de nouveaux lexicographes.

3.

VERS UNE DEFINITION DE L'INTERDICTION LEXIOOGRAPHIQUE

[... ] les mots empruntent leur force signifiante à une relation triple et mouvante entre les hommes qui en usent, le monde qu'ils signifient et enfin tous les autres signes qui les entourent dans l'exercice de la parole (Alain Rey, GRS : IX).

L'interdiction n'est certes pas une mesure nouvelle, une émanation de notre monde contemporain? encore moins est-elle une invention de la linguistique.

C'est une mesure juridique très ancienne, donc légale, qui frappe

certaines personnes ou certains groupes humains en les privant du droit d'exercer certaines activités en vue de protéger la société.

Les interdic-

tions apparaissent dès lors comme des legislations dirigées oontre les désirs les plus fondamentaux et les plus intenses de l'hcmme.

Dans le

domaine anthropologique, c'est une prohibition qui s'inpose de soi ou qui se justifie par des rationalisations secondaires.

Elle manifeste alors direc-

tement une idée ou un sentiment d'impureté puisqu'elle pose et définit les limites non transgressables; s'il passe outre, l'individu n'est plus dans l'ordre soutenu par le groupe social.

Le transgresseur constitue alors un

danger pour la société; il menace la vie individuelle et collective.

"Plus

profondément, 1'interdit est une manière de ocncevoir et d'instaurer un pouvoir et un ordre social. Quelles qu'en soient les motivations politiques objectives, 1'interdit conserve dans le vécu collectif une dimension affective

essentielle"

{DGSH-.511).

Les

divers

systèmes

d'interdictions

s'insèrent dans un ensemble de classifications qui, pour chaque culture, organise systématiquement le réel (les choses, les événements, ...) en vue de le mieux contôler.

Ils offrent alors un domaine privilégié pour mani-

fester une pensée dans sa forme classificatrice et contraignante.

14 L'image du pouvoir alliée à certaines normes sociales peut facilement être transposée dans le champ des dictionnaires.

Il n'y a qu'un pas facile

à franchir pour passer de l'anthropologique au lexicographique, puisque le dictionnaire est un nouvel objet anthropologique par excellence. En

lexicographie,

on

pourrait

appeler

interdiction

l'ensemble

des

procédés utilisés pour écarter, bloquer, censurer, stigmatiser et modeler l'enregistrement de certaines catégories de mots usuels ou de leurs emplois dans les dictionnaires en vue de respecter une norme culturelle conforme à l'idéologie d'une classe sociale dominante à un mcment donné.

L'interdic-

tion aomprendra donc les unités linguistiques plus ou moins périphériques du noyau lexical? elles serait rejetées parce qu'elles ne correspondent pas au modèle accepté qui inclut "les éléments courants et, par voie de conséquence, les stéréotypes les plus étroits, les formulations les plus banales, ρ

les images d'Epinal" (J. et C. Dubois 1971:99) que les lecteurs inposent et qu'ils veulent retrouver.

L'histoire regorge d'exemples qui démontrent à

l'envi que lorsque le discours devance la société, il institue chez elle le refus de la réalité, celle-ci fût-elle impossible à contredire.

Le souvenir

de Galilée qui fut condamné par le tribunal de l'Inquisition perdure encore aujourd'hui.

Il dut abjurer pour avoir dévoilé trop vite une vérité qui

ébranlait la culture de son temps issue du discours parathéologique. Et avant lui, son #modèle Cbpernic, dent les idées furent écartées parce que contraires aux Ecritures.

Le modèle socioculturel ainsi défini comme le

consommateur idéal du dictionnaire, constitue la première cause de la proscription de certaines démarche

initiale

catégories de mots des dictionnaires.

prévisible,

la

société

censure

qu'elle réprouve et elle en interdit l'usage.

Dans

d'abord des

une

concepts

A la suite de quoi, par

contagion, les sujets ainsi tabouisés, puis tus, rendent à leur tour tabous les mots qui les désignent ainsi que l'organisation du discours sur cette matière.

C'est dans une seconde démarche que le mouvement se généralise et

devient déterminant. dont

la

double.

fonction

"La pression sociale se manifeste dans le dictionnaire

est

essentiellement

pédagogique.

Cette pression

est

Dans le domaine conceptuel, elle tabouise certains mots dangereux

(sexualité, politique, religion ...).

Dans le domaine langagier, elle stig-

matise les mots et les emplois déviants, tantôt par rapport au système actuel,

tantôt

par

rapport

à

l'usage

antérieur

emprunts, sens nouveaux)" (Rey-Debove 1970:32).

(composés

mal

formés,

15 La société change à ni rythme de plus en plus accéléré et parfois même troublant. Les dictionnaires, reflets culturels et langagiers de la société et du norde en général, doivent suivre le mouvement. Quoique avec un peu de recul, ils changent eux aussi. Ils s'adaptent afin de transmettre le plus fidèlement possible l'image sociale qu'ils sont supposés refléter. Ils suivent les mêmes voies de la tolérance ou de l'intolérance que la société. Ce qui leur était hier interdit, devient aujourd'hui acceptable, sinon reconnu par les principaux utilisateurs de la langue. Il n'y a qu'à prendre pour exemple les « jurons, hier réservés aux hommes, aujourd'hui utilisés par les femmes. A un changement social intervenu, correspond une modification des habitudes linguistiques. Néanmoins, le tabou lexicographique existe toujours dans les dictionnaires les plus modernes dont le discours organise parfois la méfiance à 1"égard des nots. Ce qui a changé, c'est son caractère, les prémisses qui lui servent de base et les aauses de son existence. Aujourd'hui, il est évident que l'omission de nots fréquents, exclusion qui peut se répéter d'édition en édition des dictionnaires, ne peut plus être interpretee comme un oubli, naguere excellent moyen de détourner X1 attention ou de retarder une prise de position. Si de tels oublis surviennent et sont réparés, aucun problème ne se pose. Dans le cas contraire, celui de l'oubli réitératif, la volonté déblibérée d'exclure et la prescription idéologique resurgissent et marquent implicitement la condamnation. L'interdiction linguistique peut prendre plusieurs formes allant du tabou pur et simple jusqu'à l'euphémisme qui n'est qu'une forme de substitution pour une forme éjectée de l'usage (voir Widlak 1965). Illustrons ces propos par quelques exemples. Faut-il occulter devant des enfants les termes de la sexualité en feint ine ou au contraire dire peu sous une forme déguisée et caramélisée, ou encore tout taire, atrophie linguistique peu reoommandable au Québec, pays du silence pendant des générations. Entre vagin

et

tirelire,

ment

voie

de

développpement,

développée,

retardée,

et

Clonvient-il mieux de dire paye

juste milieu? en

robinet

entre

paye

paye pauvres

paye en

peu

développement ou

paye

en

pênie,

est

eoue-développé e,

développée, lee



paye moine

développement

le

paye

ineuffieam-

avancée,

paye

pour

signi-

fier la misère et la pauvreté tiersmondistes qui vont en s'accroissant, la courbe linguistique allant à contrecourant de la courbe énonomique? Est-il préférable de parler de balayeur de rue ou enoore de teahnieien de eurfaee7 Est-il plus clair de dire être menetruée, avoir eee

16 ou

jours, le

annoncer

(sardinal

eet

: eentir (p.

couche (p.

XLIV),

ahemiee

Monseigneur

le Dictionnaire les

contre-coups

XLIV), compagne

eouaoupe perpétuelle

(p. XLV), contenance

l'élément

pour

combustale

Taschereau

eet

en

ou

ville,

Et que penser des expressions suivantes que

en ville?

l'on trouve dans 1660

que

dee

précieuses

de

l'amour

permis

de

Semaize publié pour

pour

inférieure dee

morte

et

utille

dee

damee

quand

écran

(p. XLVII)?

être

chaise des elles

Ces

en en

percée

vivante

pour

sont

devant

expressions

ne

feraient-elles pas plutôt la gloire des cruciverbistes? Le va et vient constant entre le désir d'euphémiser et le fatal développement du procédé de l'euphémisme débouche souvent, en fin de parcours, sur la révélation du tabou, puis sur la pétrification de l'interdiction. enfants, par exemple, ent m

Les

impérieux et perpétuel besoin des mots, des

noms des (toses pour appréhender leur monde fragile et celui des adultes qui leur paraît si terrible.

Ils répètent pendant des heures et des heures des

mots, des scies, des comptines jusqu'au vertige parfois et surtout jusqu'à l'obsession, lassant les parents en mal de logique adulte.

Les enfants,

comme les membres de certaines oouches sociales moins favorisées, s'accrochent aux témoignages linguistiques des adultes ou des mieux nantis linguistiquement.

Ils se reposent sur ceux capables de faire des liens indubi-

tables entre les mots et ce qui existe dans la réalité.

C'est à ce niveau

que se fait souvent sentir le pouvoir eu le droit de préemption sur le langage.

Celui-ci

est manoeuvré, administré par des "possesseurs" qui

s'attribuent le privilège de nommer ou de ne pas nanmer, d'affirmer l'existence d'un mot cu de la nier, parfois même malgré l'évidence de l'usage, ou encore de dévier le discours par le recours à 1'euphémisme. des

interdictions sur le langage.

extralinguistiques,

A l'imitation d'autres

Ils imposent interdictions

"les mots tabous sont ceux qui nient une réalité, ou

veulent la supprimer, par le fait de ne pas la nanmer" (Guiducci 1976:87) ou de la mal nommer. Ce qui nous retiendra ici, ce sent les étiquettes de tabou, ou plutôt d'interdiction linguistique et lexicographique et non 1'euphémisme ou les tabous anthropologiques ou ethnologiques tels les gestes, les oenportements, les coutumes, les meurs, certains aspects des religions et de la politique, les mythes,

la magie ou les superstitions.

Toutes ces manifestations

relèvent également des caractères sacrés ou rituels.

17 Le mot alors que

tabou pénètre

dans

les langues occidentales

les civilisations européennes

au

18e

siècle

instaurent un humanisme moderne

modelé sur des valeurs éthiques, morales et culturelles qui pavent la voie aux

interdictions.

qui

signifiait

commun". PR).

Il a été

"interdit,

Le

mot

a

emprunté au vocabulaire polynésien tapu

sacré," ou encore

pénétré

en

français

"séparé, retiré de l'usage en

1785

de son passage aux Iles Hawaii ai 1769.

Lexie

et

Gomme seules les manifestations

lexioographiques et linguistiques nous intéressent utiliser tabou.

(cf.

Il serait dû au célèbre Capitaine Cbok qui l'aurait rapporté lors

les

termes

Celui-ci

interdiction

n'inclut

motivation idéologique.

pas

et

interdit

la notion de

ici, nous préférerais plutôt

rationalité,

que ni

le

terme

celle de

La psychanalyse relie plutôt le tabou à 1'impureté

à partir de conflits inconscients qui sont projetés, quoique le lien du tabou avec l'impureté ne soit pas constant et absolu.

Dans le domaine plus

proprement anthropologique, celui de la religion par exenple, le tabou est aussi une forme de relation au divin, relation œnçue de diverses manières selon les lieux.

La règle de l'interdit comporte un aspect ratione1 et

réfléchi qui réside dans sa fonction propre d'opposition érigée en système par une société.

QUELQUES CAUSES DE L'INTERDICTION LEXIOOGRAPHIQUE

4.

Dans la masse inépuisable des phrases écrites et prononcées, de celles qui se disent ou vont se dire, le lexicographe choisit, élabore, construit in modèle de la langue (Alain Rey, GRS : IX). L'interdiction lexicographique repose sur un certain nonbre de causes qu'il sied d'énumérer et d'expliciter un peu avant de passer en revue les catégories d'interdits lexicaux.

Ces causes cnt plusieurs origines parmi

lesquelles nous retiendrais celles qui sont relatives aux aspects économique, pédagogique, idéologique et puriste. 4.1

L'une des premières raisons souvent évoquée pour ne pas faire figurer

tel ou tel mot dans la nomenclature d'un dictionnaire est évidemment la contrainte économique dont le principal corollaire est le manque de place. Cette aause est d'origine extralinguistique, ce qui permet de rejeter sur elle bien des emissions de mots ou de justifier l'élimination "arbitraire" de catégories de nots qui sont socialement marqués.

Dès l'élaboration du

programme d'un dictionnaire, le nombre de signes typographiques est déjà fixé et la limite de la reliure arrêtée. 21 millions de caractères,

Ainsi le PR contient environ

le DHLF autour, de

12 millions,

le PR2

quelque 18 millions et le DFC environ 7 millions dans la première édition.

Pour le DHLF, les éditeurs cnt limité l'épaisseur du volume à

un maximum de 7 cm.

Un rapport équilibré entre le volume et le prix d'un

dictionnaire doit pouvoir être respecté. Iii effet, les dictionnaires en un volume sont peu coûteux ; ce sent ceux qui auront la chance d'atteindre les plus gros tirages et les plus vastes publics.

Plusieurs entreprises lexi-

cographiques savent fort bien utiliser de tels slogans pour mousser leurs ventes. Le dictionnaire en un volume est plus aisément maniable qu'une encyclopédie de dix ou vingt volumes de grands formats.

En conséquence du

19 choix du \rolume unique, les dictionnaires offrent donc une place limitée. Les

nomenclatures

actuelles

approximativement quelques

s'échelonnent

(cf.

exceptions

PR,

comme

entre

L e x i s , DFC,

le

50

000

et 75

DHLF, DFV

le

000

Logoe), et

mots avec

MR

le

qui

recensent des nomenclatures un peu plus réduites, entre 25 000 et 35 000 unités lexicales décrites.

Certains ouvrages se situent entre ces deux

extrêmes et accueillent des nomenclatures de 40 000 à 45 000 mots, aerane le PLI

et

DUI.

le

Les

chiffres

mentionnés

renvoient

exclusivement

contenu des dictionnaires et concernent la partie "langue générale". n'incluait pas Logoe

les noms propres.

Il est utile de

fait exception à la règle du volume unique.

remarquer

au Ils

ici que le

Il en comporte trois.

Mais sa nomenclature est sensiblement équivalente aux ouvrages de la même catégorie, soit environ 60 000 éléments traités. Lexis de

Soulignons aussi que le Larousse

avait été publié en deux volumes en 1977, sous le titre la

langue

tionnaires

française.

Quoi qu'il en soit, les nomenclatures des dic-

tendent

à

augmenter

DFC : 25 000 à 33 000;

Lexis

sans

(PR

cesse

: 50

de

la

nouvelle

à

s 70 000· à 76 000, etc.).

édition du PR a accru de 200 le nombre de ses pages, croissement

000

édition

du

DUI

fut

55

La

seconde

tandis que

de plus

de

300

000; l'ac-

pages.

Mais le format, le nombre de pages, le nombre de caractères, les rapports entre le volume et le prix contraignent les rédacteurs à des choix et par conséquent obligent à des renoncements.

(Voir le tableau des nomenclatures

des principaux dictionnaires oontenporains sur le marché.)

4.2

La deuxième cause évoquée réside dans la vocation pédagogique du dic-

tionnaire.

Depuis

le

18 e

siècle,

les

dictionnaires

ent

augmenté en nombre mais ils ont ventilé leur diffusion. des élites aux 16 e et 17 e siècles,

non

seulement

D'abord réservés à

ils seront de plus en plus destinés

à un public général, puis introduits dans les écoles.

L'aventure de Pierre

Larousse qui fut pédagogue a marqué les débuts véritables de cette éclosion. Dès lors, la mission des dictionnaires prendra une allure de plus en plus pédagogique et cette mission se répercutera dans leur "action plus normative et plus répressive et multipliera les interdits lexicaux" (Girardin 1979: 91).

Le dictionnaire se transforme donc en outil de formation, et surtout

de la bonne formation de ses utilisateurs.

Son didactisme naturel se dé-

veloppe et il est le produit d'une pression sociale oonstante. imposera

des

entérineront

censures de par

de plus

en plus

mribreuses

leur position de prestige

que

et que

les les

Le public institutions

lexicographies

20 Tableau des nomenclatures de quelques dictionnaires français contemporains

Dictionnaires

1.

2.

Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française Le Robert (6 vol. : 1958-1964)

- 58 000

. Supplément (1970)

~ 12 600

Dictionnaire dee mote nouveaux (1971) . Dictionnaire des mote contemporains (1980)

3.

Articles

~

5 000

-

8 000

29 872

Dictionnaire du françaie contemporain (1966) . Nouveau dictionnaire du françaie contemporain illuetré (1980)

4.

Dictionnaire du françaie vivant (1972)

~ 33 000

~ 34 000

(45 000 mots et locutions)

. Dictionnaire du françaie vivant (1979)

~ 34 000

(45 000 mots et locutions)

5.

Dictionnaire encyclopédique Laroueee (1979)

6.

Dictionnaire encyclopédique Quillet (8 vol. : 1968-1970)

72 117

~ 155 000

. Supplément 1 (1971) . Supplément 2 (197?) . Supplément 3 (1977) 7.

Dictionnaire Hachette (1980)

~ 70 000

(48 000 noms communs)

8.

Dictionnaire Hachette de la langue française (1980)

- 50 000

21

Articles

Dictionnaires

9.

Oiotionnaive novd-amêriaain de la langue française (1979)

~ 60 000

10.

Oiotionnaive univeveel dee nome propvee (4 vol. : 1974)

~ 40 000

11.

Oiotionnaive ueuel illuetvé Quillet/Flammarion (1981)

~ 76 000

12.

Gvand diotionnaive enoyolopédique Lavoueee (10 vol • . tome

:

1982 -1985)

1

18 350 articles

. tome 2

19 201 articles

. tome

3

18 784 articles

. tome 4

15 908 articles

. tome

5

19 324 articles

. tome 6

20 183 articles

7

20 317 articles

. tome 8

19 831 articles

. tome

191 288

. tome 9 : 20 460 articles . tome 10

13.

18 930 articles

Gvand Lavoueee enoyolopédique (10 vol. : 1960-1964)

. tome

1

. tome

2 : 14 962 articles

. tome 3 . tome

14 590 articles

16 223 articles

6 : 18 341 articles

. tome 7 . tome

14 843 articles

4 : 15 772 articles

. tome 5 . tome

165 270

16 671 articles

8 : 17 627 articles

. tome 9

17 923 articles

. tome 10 : 18 318 articles

. Supplément 1 (1968)

12 801

. Supplément 2 (1975)

11 541

22 Articles

Dictionnaires

14.

Grand Laroueee de la langue française (7 vol. : 1971-1978) tome 1

15.

74 091

10 115 articles

tome 2

11 517 articles

tome 3

12 758 articles

tome 4

11 203 articles

tome 5

9 498 articles

tome 6

11 317 articles

tome 7

7 683 articles

Lexie (1975)

70 000

. Lexie (1979)

16.

Logoe (3 vol. : 1976)

17.

Micro Robert (1971)

~ 76 000

60

000

~ 30 000

. Miaro Robert (1980)

30 000

18.

Nouveau Laroueee dee débutante (1977)

~

19.

Nouveau Laroueee élémentaire (1969)

- 33 000

20.

Ornnie (1977)

32 330

21.

Petit Laroueee illustré (1982)

75 740

22.

(partie langue,

51 406 articles)

(partie histoire,

24 334 articles)

Le Petit Robert (1967)

. Le Petit Robert (1977)

16 000

50 000

~ 55 000

23 Articles

Dictionnaires

23. Le Petit Robert 2 (1974)

~ 40 000

40 000

. Le Petit Robert 2 (1980)

24.

53 226

Pluridiotionnaire Laroueee (1975)

36 020

25. Le Robert méthodique (1982) (34 290 mots et 1 730 éléments)

Remarques:

1. Les chiffres pour les dictionnaires Larousse nous ont été aimablement communiqués par Monsieur Claude Dubois imcien responsable des encyclopédies chez Larousse.

2.

Le signe

~

indique une nomenclature approximative.

Ces

chiffres proviennent des présentations des dictionnaires ou de renseignements puisés dans les écrits sur la lexicographie.

Ils s'écartent de la réalité dans des proportions

variables, voire même surprenantes.

Ils sont souvent liés

à des impératifs commerciaux et se maintiennent en conséquence toujours au-dessus d'un seuil psychologique, selon la taille du dictionnaire.

24 confirmerait, puis contribueront à répandre.

Les censures linguistiques

servent de prétexte pour occulter non seulement certains types de mots, mais encore les dioses non acceptées, non reçues par la société et qui se cachent derrière les nots devenus choquants. alors des

contextes

Les ^probations lexicales naissent

extralinguistiques

tabouisés ou

interdits par la

société. Ces idées réprobatrices n'ont aucune difficulté à s'infiltrer dans les dictionnaires.

Or, à ce stade-ci, il convient de se rappeler que

l'élève, l'apprenant ou l'usager sait en règle générale plus sensibles "aux lacunes de la nomenclature qu'à ses audaces néologiques" (Beaujot 1977:43) ou à ses définitiais ou ses exemples crus.

La portée pédagogique s'en

ressent également à un autre niveau puisque "l'absence d'un mot dans le dictionnaire n' aboutit pas seulement à un déficit d'informatioi pour le lecteur : elle rejette aussi la question aomme ncn-valide, déplacée; elle reproduit d'une certaine façon le refus de réponse auquel se heurte trop souvent l'enfant dans sa famille ou à l'école" (Désirât 1977:6). Le lexicographe est coincé entre le besoin de dire la vérité, sans voiler le langage vivant et la nécessité sociale d'adopter une oonduite noraie, c'est-à-dire un comportement non répréhensible qui débouche sur la normalisation, transgressant le rôle descriptif pur du dictionnaire.

4.3

La troisième cause de rejet est à rattacher à l'idéologie personnelle

des lexicographes chargés de décrire le lexique français.

Issus eux-mêmes

de milieux sociaux et géographiques diversifiés, formés à des époques et en des lieux cù les idées cnt évolué et ont été influencées différemment, les fabricants de dictionnaires adoptent des comportements individuels qui répercutent leur propre passé.

C'est, comme le souligne Jean-Claude Cbrbeil,

"le problème plus global de l'anthropologue et de son attore : l'inpossibili té de faire abstraction de ses propres modèles et de sa propre culture en observant et en décrivant l'autre" (Corbeil 1983:294).

Par la sijiple obser-

vation des contenus et des orientations des dictionnaires, il est facile de constater que les lexicographes de la maison Räbert, ceux de la maison Bordas, ceux de la maison Larousse, ceux de la maison Quillet, etc., ont des attitudes différentes, voire cpposées, devant certaines catégories de mots. Le Pi? se veut plus près du discours quotidien usuel et dégagé des contraintes; il choisit le langage parlé par la majorité des gens instruits et par les étudiants avancés; il se veut au fait des progrès scientifiques, pédagogiques, politiques, etc; il se pose en témoin sans voile du vocabulaire de la vie quotidienne des francophones, ou du moins d'une bonne partie

25 d'entre

eux.

Le Logoe s'adresse plutôt à des adultes et à des

scola-

risés des classes supérieures doit le vernis de culture classique transparaît et guide le lexicographe; il est un représentant moderne de l'Académie, de Richelet, de Littré, leur héritier classique du 20 e siècle en quelque sorte,

le

protecteur

d'une

langue

très

purisante.

Le

OUI

vise

un

public exclusivement français, oubliant les zones marginales importantes de la francophonie non hexagonale. 1 part.

Les dictionnaires Iarousse sont un peu à

A cause de leur éventail, il s'avère difficile de leur coiférer une

orientation idéologique propre.

Qi outre, beaucoup de lexicographes tra-

vaillent diez Iarousse et ce travail plus collectif qu'ailleurs annihile en quelque sorte les idéologies dictionnaire.

Le

Lexie

individuelles et anonymise la production du

représente

seins

doute

le

l'amalgame indifférencié en matière lexicographique. premier

meilleur

témoin

de

C'est d'ailleurs le

indice de sa personnalité propre.

personnalisé

de

la

lexicographie

française,

Q*i creusant a fond cet aspect des

étiquettes

ayant

valeur

sociale et même politique pourraient aisément être attribuées aux uns et aux autres lexicographes sans risque de s'y tromper beaucoup. 4.4

La quatrième cause, fortement liée aux deux précédentes est relative au

purisme.

Il ne s'agit pas ici de faire le procès du purisme, d'une part

parce que ce n'est pas le lieu, d'autre part parce que ce procès ne saurait être objectif et impartial étant donné les activités linguistiques néologiques et chorolexicologiques

qui nous occupent depuis plusieurs

années.

Mais il reste que l'attitude puriste a oomme effet de geler l'évolution de la langue, de pétrifier l'évolution du lexique.

Ce qui entraîne carme con-

séquence première que le contenu des dictionnaires élaborés par des puristes ou des autorités reconnues oomme éteint d'obédience puriste, se modifie très peu au fil des éditions successives, puisqu'il est fixé sur un modèle passéiste non transgressable.

La nomenclature se stabilise et tourne à peu

près oonstaimnnent autour d'une même masse lexicale immobilisée depuis bien longtemps et peu perméable aux innovations linguistiques ou encore aux nots qui appartiennent à des registres sociolinguistiques un peu trcp marqués. Nous ferais appel à Alain Hey pour souligner les dangers du purisme en matière 1

lexicographique.

L'édition lismes.

1983

du

la sélection trop rigoureuse des DUI

incorpore

quelques

centaines

nomenclatures de

régiona-

26 lexicographiques qui écartent une part très vivante de la langue familière à certains enfants, peut contribuer au rejet scolaire, même si le modèle parfait de la langue n'est pas entièrement maîtrisé au cours des études primaires.

Tout en se préoccupant sérieusement de la norme qui représente

un modèle de la langue prédéfini par une partie de la société, il n'est pas inutile de préciser et, surtout, d'attirer 1'attention sur le fait que dans le domaine du dictionnaire, "un purisme trop exigeant va à l'encontre des buts qu'il se prepose, en creusant le fossé qui existe entre la langue réelle et celle que l'en souhaite enseigner" (Rey 1971:XIV). Meme si 1'intention des puristes n'est pas nécessairement orientée de telle sorte qu'ils tiennent absolument à faire parler les autres acmme ils parlent, ou à écrire la langue qu'ils écrivent, il n'ai demeure pas moins qu'ils

sont écoutés et que des dangers existent.

Le purisme culpabilise

certains usagers du langage que ce soit les élèves, encore très fragiles aux observations qui leur sont faites, ou les professionnels de la langue, pourtant des manieurs aguerris des mots.

Le purisme contribue souvent à les

réduire les uns oomrne les autres au silence.

Ainsi en va-t-il de certains

traducteurs ou de certains terminologues qui, quand cela est nécessaire, n'osent pas innover en matière de langue. Les attitudes puristes confirment les hiérarchies socioculturelles et idéologiques "encarcannantes".

5.

LES PRINCIPALES INTERDICTIONS : DES CHDSES AUX M7TS

Il manquait l'essentiel. L'essentiel manquait toujours dans le dictionnaire - la réponse à tous les mots obscurs, aux consultations clandestines (A. Guiducci 1976:12). La structure de l'âme humaine est ainsi faite qu'elle ne saurait se passer d'inderdit, ni se constituer sans lui (Pierre Klossowski, Un ei funeste déeiv, I).

Avant d'entreprendre la partie plus descriptive de cette recherche, une mise au point est essentielle.

On ne peut parler des interdictions ou des

tabous dans un langage fleuri et poétique.

Cacher un coin du tableau de la

réalité langagière, c'est déjà le signe du refus et la linguistique y perdrait.

Les sujets parlants adoptent un langage pour communiquer.

L'occul-

ter à notre tour, ce serait nous écarter d'eux et nous poser en puriste ou en normalisateur.

On voudra donc bien voir dans la suite de ces propos la

position du linguiste qui observe et décrit la langue à partir de œ qu'elle est, de ce qu'elle vit et de ce qui lui permet d'évoluer.

L'euphémisme

n'aura donc point cours ici.

Avant de passer aux interdits linguistiques eux-mêmes, il est nécessaire de faire un survol des principaux types de mots tabouisés ou bannis pour des raisons extralinguistiques.

Nous poserons donc quelques balises directrices

illustrées de nombreux exemples puisés à même les dictionnaires de langue les plus communément consultés par les francophones de tous horizons, du moins quand cela s'est avéré possible puisque certains mots ne se trouvent dans aucun dictionnaire.

Plusieurs de ces interdictions peuvent figurer

dans plus d'une catégorie.

Nous les incorporons dans le groupe qui

28 p a r a î t l e mieux leur convenir.

L'ordre dans lequel nous les passerons en

revue n ' e s t pas h i é r a r c h i s é , ni l e f r u i t d'une logique quelconque. 5.1

L'interdiction culturelle L ' i n t e r d i c t i o n c u l t u r e l l e se manifeste par le r e j e t des nots qui e x p r i -

ment une culture non standardisée, autres

informations

métalinguistique

par l a censure de l a définition ou des

lexicographiques

de

leur

niveau

ou encyclopédiques,

d'utilisation

ou par

par

l e marquage

des contextes

dé-

viants .

le

Le

syntagme

PR

ainsi

Nulle

le

bande.

la

la

mots

ballon

PR

ballon

et :

bande

daté

du

BD

(voir

identique

pour

cité

et

est

1,2°

défini moins

20

dans

siècle.

e

DMC), le

dans

ni

au

DUI,

le

l'article

discrète.

BD a

mais l a d é f i n i t icari r e s t e cantonnée au syntagme bande) de

de)

Le

bulle

qui

BD :

marqué (fam.)

"Espace

est

situation

définition

(Abrév.

sous

usuel

est

est

l'entrée

Cet énoncé e s t

linguistique :

PLI 82,

il

sigle

syntagme

(sous

Voici



au

situation

le

le

dessinée

BD.

née".

:

apparaît

dessiné

faite

à une entrée l i b r e ,

bande de

sous La

Lexie Dans

dessinée

n'est

bédéiste.

DHLF, droit

que

allusion

dérivé

bande

et

"Fam. il

sigle

est

BD a

par

Âbrév.

de

accompagné

bande

dessi-

consiste en une phrase méta-

respectivement délimité

néanmoins

conduit

à

définis

une

courbe

vérifier

ainsi

fermée,

les

par

à

le

proximité

de l a bouche d'un personnage de bande dessinée, qui contient ses paroles ou ses

pensées.";

bulle

:

"Ligne

un personnage d e s s i n é . " enregistrés le

mot

par bulle

fermée

qui

Sans développer,

l e PR pour

le

apparaît

entoure

le

texte

attribué

à

signalons que les deux mots sont

domaine de

l a bande dessinée,

dans

Lexis,

le

le

PLI

que

seul

et

le

DHLF e t que l e DUI l e s ignore totalement. Un autre exemple du langage vivant e t c o n t r e - c u l t u r e l permettra de juger de l ' a c t u a l i t é des d i c t i o n n a i r e s . Punk PR,

DUI,

MA (sans "adj.

n'est

enregistré DHLF,

définition)

par

aucun

Lexis, et

dans

des

DMC. le

PLI

dictionnaires Il

avec

figure la

définition

suivants dans

:

les

suivante

:

et η. Se d i t d'une mode apparue vers 1975, c a r a c t é r i s é e surtout par

29 l'agressivité et la dérision".

Cette définition appelle quelques remarques.

terme mode dans

L'utilisation du

la définition

laisse entendre que

phénomène est passager et qu'il s'inscrit dans l'univers dont le rejet va presque de soi. restrictive. provoque

la définition est en outre beaucoup trop

De plus, en appuyant sur les effets négatifs que la mode punk

(voir

les

agressivité

mots

au rejet automatique du phénomène. punk

le

oontre-culturel

désigne

également

dévision),

et

elle

contribue

Enfin, il est utile de signaler que

la personne qui

s'identifie

à cette node.

La

polysémie du not doit donc être envisagée et traduite par le dictionnaire. Un dernier exemple choisi dans le domaine des drogues permettra de clore le

volet

dans

le

couru.

culturel. PR67

et

Nous

évoquerais

le PR? 7

dans

afin

le

traitement

de

mesurer

du

stupéfiant

mot

tout

le

chemin

par-

Seule 1'acceptiai substantívale sera considérée.

Le PR67 n'élabore pas un discours détaillé sur stupéfiant - n.m.

(déb.

XIXe).

stupéfiant.

"Le

"Le travail

aussi

est

Narcotique. tabac,

ce

V.

Drogue.

stupéfiant"

un stupéfiant"

: Trafic

de

(Goncourt).

Fig.

(Mauriac).

Dix ans plus tard dans le PR?7 en trouve le discours suivant : (déb. XIX e ).

- n.m.

Toute

substance

toxique agissant

sur

le

sys-

tème nerveux, soit comme narcotique*, soit comme euphorisant*, et dont l'usage abusif provoque des perturbations graves, physiques et mentales,

et un état de dépendance et d'accoutumance.

dépendance,

toxicomanie.

le

indien

chanvre

marijuana, tabac,

ae

stupéfiant"

L'opium

sont

narcotique. stupéfiant"

des

et

ses de

Fig.

"Le

Riarnaoo-

la

cocaine,

dérivés,

stupéfiants.

Trafic

(Goncourt).

V.

Haschisch,

V. stupéfiante. travail

"Le aussi

est

un

(Mauriac).

D'une définition glosée ou quasi synonymique, ambiguë même, et qui ne recouvrait pas complètement la notion en 1967, en passe dix ans plus tord à un énoncé définitoire très précis premier signe de la "désinterdiction". développement informations

de

l'article

se poursuit par

lexioograpjhiques,

principalement

l'enrichissement par

des

Le

autres

le perfectionnement

du

30

réseau analogique.

Sur les exemples d1 emplois il y a peu à dire sinon que

la citation des Gcncourt semble avoir pris un coup de vieux; son intérêt demeure uniquement historique. analogiques

du

PR77

A noter, par ailleurs, que l'un des renvois

(phavmacodêpendanoe) ne

cune entrée (cf. PLI qui l'a).

fait

l'objet

d'au-

Enfin le caractère masqué des mots et

des concepts est encore percevable par l'examen de l'entrée narcotique dans les deux éditions du PR.

Voir ausssi l'évolution des mentalités

envers le concept de "drogue" dans les dictionnaires. L'expression

culturelle, y

compris

son antonyme

oanplémentaire

la

contre-culture, n'est pas encore totalement libre dans les dictionnaires. La conception elitiste de la culture oblige à exclure des répertoires lexicographiques, ou à les maquiller, des pratiques pourtant familières à certains groupes sociaux.

5.2 L'interdiction sexuelle L'interdiction sexuelle est sûrement le domaine tabou par excellence. Ce type d'interdiction concerne les organes sexuels des humains et des animaux, les phases de la procréation, les gestes amoureux, les fonctions excrétoires ou les misères physiologiques quotidiennes ainsi que leurs produits, la scatologie, les comportements sexuels, les associations malpropres .

Le déblocage lexicographique est extrêmement lent même si les dictionnaires récents sont plus hospitaliers à ce genre de vocables.

Les compor-

tements varient d'un extrême à l'autre : des ouvrages retiennent un grand nonibre de œ s termes, d'autres scait plus que discrets. On aura donc affaire à toutes sortes d'échappatoires pour éviter de prendre position : définitions circulaires, ignorance des mots, définitions scientifiques, définitions détournées et censurées, renvois à d'autres mots de la nomenclature jusqu'à œ que l'en revienne au premier mot, etc. Voyons quelques exemples. Rectum

et

anus

sont

re jetés de

la première

édition

du DFC.

L'exclusion était motivée il va de soi par un "fait de refoulement du tabou" (Gueunier

1974:142).

L'édition

récente

du

DFC,

le NDFCI, lève

31 partiellement l'interdit puisqu'elle introduit les deux mots dans la nomenclature .

Iteis en même temps, elle continue l'interdiction en masquant les

définitiais.

Ocmparons :

NDFCI :

anue

: "Orifice du rectum."

reotum

: "Dernière partie du gros intestin, qui aboutit à l'anus."

PR

:

crnue

: "Orifice du rectum qui donne passage aux matières fécales."

veotum

: "Portieri terminale du gros intestin, faisant suite au côlcn pelvien et s'étendant jusqu'à 1'anus.

Les

définitions

chaque cas font

que

Lexis

du

situer

auxquelles

en

peut

Et

le

seul

à

celles

référents

celles

tandis

que

celles

sait,

de

plus,

DHLF,

du

NDFCI.

du

Dans

Celles du NDFCI ne PR,

du

descrip-

Elles n'éludait pas les explications. onanisme,

fellation,

DUI.

les

adjoindre

P r é s e r v a t i f ,

identiques

sont quasi circulaires.

anatomiquement

tives et fonctionnelles.

aoîter,

sont

les définitions

eon,

aunnilingue

Condom

a o u i l l e ,

sont

qu'on

trouve

s o u i l l o n ,

carrément

dans

ce

absents

dictionnaire

du

est

un

chef-lieu d 1 arrondissement sur la Baîse (qu'il faut surtout bien prononcer [ba'iz] selon le même dictionnaire) qui est un affluent de la Garonne. ces mots, PR

le

y

compris

et

dans

f e l l a t i o n ,

oondom,

possèdent

PLI

le

le

et

d'entrées

aoîter·);

(sauf

aunnilingue

statut

oondom

tandis

n'ont

pas

Itous

libres que

dans

seuls

rejoint

les

colonnes du DHLF.

Le

mot

Sodomie,

sodomie

et

eodomieer

ses et

dérivés

subissent

sodomite

sont

divers dans

traitements.

le

DUI

mais

les définitions sont occultées et n'apprennent pas grand-chose au consultant

: voir

détail. tion

de

tique et

du

sodomie

Les eodomie coït

sodomite

mêmes

: "Rapports sexuels coltre nature", mots

n'est anal"

sont

dans

pas déguisée et

oubliant

"Coït

le

anal".

eodomieer

DHLF et

: en trouve Le ,

PLI;

la

défini-

respectivement

: "Pra-

Pi? ne

sodomique

le

sans nul autre

signale ou

que

sodomie

eodomitique

32 qu'a

retenu

le

qui

Lexie,

donne en plus

deux définitions

à

sodomie.

Dans le cas de cette famille lexicale, en notera une censure des definitions la

(DUI),

non-incorporation

une division

sémantique

de

mots

Tous

(Lexie).

(PR

les

:

et

eodomieer·)

dictionnaires

ent

négligé

eodomieation et eodomieê. et

Exaieion

désignent

infibulation

tous

deux

des

interventions

d'ordre chirurgical rattachées à divers comportements rituels dans certaines sociétés. demaine

Les pas

quoique

d'emploi naires. 1.

mots

ethnologique.

paraît DUI,

deux

:

Exaieion,

dans ce

sent

le

et

fort

bien

dans

son

sens

anthropolog ique,

le

PLI,

dernier

ethnol.

au PR

à

est

Infibulation

le

Lexie,

l'entrée

dans

dans

les

une

quatre

le

n'ap-

et

DHLF,

mentionne

exaieion traité

définis

le aire

diction-

Cn remarque trois catégories de définitions pour œ mot : Une

définition

chirurgicale

et

qui

explique

qu'il

qui

en .daine

les

s'agit

d'une

conséquences,

opération c'est-à-dire

1'empêchement des relations sexuelles (voir PLI). 2.

Une

définition

qui

explique

chirurgicale,

qui

conséquences,

c'est-à-dire

(voir

DHLF,

décrit

la

et

PR

qu'il

s'agit

d'une

méthode utilisée

l'empêchement

des

ce

Lexier

et

opération

qui

donne

relations

les

sexuelles

dernier

atténue

cependant les procédés auxquels i l faut recourir). 3.

Une définition de même structure que la précédente nais qui utilise un discours lex i cograph ique beaucoup plus savant et beaucoup plus développé.

De plus,

elle recourt à une gamine de renseignements

encyclopédiques qui remontent jusqu'à l'Antiquité en passant par les condamnations

de

cette

internationaux (voir

pratique

prononcées

par

des

organismes

DUI).

Enfin, nous avons cru intéressant d'examiner un terme médical, ou plutôt un couple de termes médicaux qui sont dans la langue depuis longtemps, mais dont le transfert dans la langue générale est plus récent.

Ces deux mots

sont

une

vaeeatomie

(1933)

et

vaeotomie

(1959) .

comportement des dictionnaires est instructif.

Encore

fois

le

33

Vaeeatomie : PR, Lexie, DHLF, PL11 absent du DUI. Vaeotomie : PR, Lexie, DHLF; absent du DUI et du PLI. Dans

le

PR

les

deux

mots

ont

des

définitions

légèrement

différentes : vaeeatomie : "Résection partielle du canal déférent"; vaeotomie : "Section du canal déférent". Dans de

le

Lexie,

vaeeatomie dont

vaeotomie la

est

dé fini tic«

donné

est

:

comme

synonyme

"Opération

qui

vieilli

consiste

à

sectionner les canaux déférents." Dans

le

DHLF,

vaeeatomie

et

variantes graphiques pour une mène entrée.

vaeotomie

sont

des

La définitiai est : "Section du

canal déférent, destinée à provoquer la stérilité masculine." Enfin, c'est dans le PLI que l'homme tourmenté retrouvera toute sa sécurité et tous ses pouvoirs, puisque la vaeeatomie est la "résection chirurgicale des canaux déférents, rendant l'homme stérile sans modifier son comportement sexuel". Pour

clore ce débat

PLI ait

prêté

fertile, ajoutais que seuls le Lexie et le

attention

au

dérivé

verbal

vaeeotomieev et

qu'aucun

dictionnaire ne donne les substantifs vaeeatomieé et vaeeatomiete. Les cas d'unités lexicales ainsi traitées pourraient s'additionner en une litanie interminable. andvopauee/ménopauee, le reviendrais rejetais

plus

loin

morphologiques

sur

Il faudrait par exemple étudier le oouple terme

inaeete, et bien

le mot

oaistituent

ahier doit ni

plus

ni

nous

d'autres. verrons

moins

qu'une

Nous que les "chiée

lexicale". L'absence de ce genre de mots des dictionnaires notifie le refus de la démocratisation du savoir moderne, lequel appartient autant aux enfants qu'aux adultes.

Certains des dictionnaires témoins des exemples précédents

sont des outils pédagogiques, destinés donc aux apprenants.

Ils sont des

plus normatifs et des plus sélectifs lorsqu'ils rejettent cu définissent de manière absconse ou tautologique des mots qui pourraient réveiller eu

34 éveiller

des

idées

inconvenantes

chez

les

jeunes.

Les mots tabous,

les

i n t e r d i c t i o n s recèlent des charges a f f e c t i v e s auxquelles s o i t sensibles

les

enfants; e l l e s peuvent avoir des influences sur leur développement o o g n i t i f e t œ l a n ' e s t pas n é g l i g e a b l e .

V o i l e r ces r é a l i t é s ,

c ' e s t refuser une part

de v i e à tous l e s ê t r e humains.

5.3

L'interdicticn

sociale

Nous regrouperons sous c e t t e é t i q u e t t e tout ce qui concerne l e s rapports entre

l e s hommes e t

exenple, preints

la

de haine,

ressentiment, Ce

les

femmes,

le

sexisme,

féminisation des t i t r e s ) , les

fourre-tout

de mépris, injures,

l e s changements sociaux

l'homosexualité,

de dédain,

certaines

d1 ánimosité,

de malveillance,

conduites asociales

de

ou désagréables.

s o c i a l ne saurait ê t r e e x p l o i t é dans son e n t i e r .

exemples é c l a i r e r a i t l e aanportement des d i c t i o n n a i r e s .

(par

l e s sentiments em-

Quelques

L'extrapolation

ira

de soi par l a s u i t e .

Ainsi

macho

défini

familièrement

:

"Latino-américain

qui

fait

s e n t i r sa s u p é r i o r i t é de mâle", puis par extension : "Homme p h a l l o c r a t e " par le

est

PR,

donné

comme

péjoratif

par

le

et

Lexie

le

PLI

"Hcmme considéré sous l e rapport de sa s u p é r i o r i t é en tant que mâle". DHLF quant et

péjoratif

à

lui :

enregistre

mis

macho

il

le

marque

comme

que en

d'un

côté' le

relation

établit

une

avec

PR e t son

relation

les

deux d i c t i o n n a i r e s

caractère

de

immédiate

entre

l e silence est t o t a l ,

DUI,

familier

"Homme qui a f f e c t e l e s dehors de la v i r i l i t é brutale,

a f f i c h e ime a t t i t u d e de s u p é r i o r i t é à 1'égard des femmes". naie

l'homme

que de

et

les

l e mot n'ayant pas été

qui

On remarquera

Larousse mettent

tandis

: Le

l'autre

femmes.

l'homme l e DHLF Dans

le

jugé digne de p a r a î t r e

à l a nomenclature.

L'une des conduites réprouvées par la s o c i é t é e t des plus malsaines à ses yeux concerne naires DHLF, ce

suivants PLI,

concept

répertoires termes

très

DUI), des

qui un

plus

concentrent

: "action,

certainement nous seul

le

suicide.

servent tente

interdits. 1'information

une Hormis

de

Parmi l e s cinq repère

explication le

PR,

définitionnelle

les

(PR,

dictionLexie,

éclairante quatre

à peu près

geste v o l o n t a i r e de se donner l a mort ou de l e

de

autres en

ces

tenter".

35 Cbmparons la

Aucune autre explication d'ordre psychologique n'est fournie, définition du PR qui ouvre des voies nouvelles :

"Action de causer volontairement sa propre rrort (ou de le tenter), pour échapper à une situation psychologique intolérable, lorsque cet acte, dans l'esprit de celui qui le commet doit entraîner à coup sûr la mort." La

réprobation

sociale

euiaidé

l'article

rejoint

dans

la

PR

le

réprobation

et

le

lexicographique

Lexie



l'on

à

donne

comme exemples lexicographiques les deux phrases que voici : PR

s Cil refuse la sépulture chrétienne aux personnes suicidées.

Lexie

: L'Eglise refuse la sépulture religieuse aux personnes suicidées.

L'utilisation

du

pronom

on

indéfini

par

PR

le

laisser planer le doute sur les responsables de 1' anathème, Lexie,

permet

de

lundis que le

en identifiant ranmément l'Eglise comme responsable du refus de la

sépulture religieuse aux suicidés, individualise l'actant et le pointe du doigt.

Simultanément, la condamnation du suicide qui perce à travers les

énoncés discursifs choisis par les deux dictionnaires, annihile l'entrée et plus particulièrement sa définition. Si en se tourne maintenant du côté du phénomène de l'homosexualité, qui souffre toujours de 1'interdiction et de la condamnation par la plus grande partie de la société, en fera quelques remarques à propos de certains mots qui

sont

propres

à

cette

collectivité

sociale

souvent

cataloguée

de

marginale.

Le

mot

gai,

ainsi

que

sa

forme

féminine

gaie,

est

absent

de

tous les dictionnaires mentionnés lors de notre exemple précédent, quelle que

soit

forme est

la graphie

empruntée gay

connu

dans

: la fiarme adaptée gai/e

utilisée en France.

toute

la

au Québec ou la

Pourtant ce mot emprunté à

francophonie

et

attesté

l'américain

fréquemment

littérature d'autant plus qu'il est de souche française.

dans

la

Nous en avons

nous-même observé une attestation écrite sur l'un des murs extérieurs de la cathédrale de Tburs en 1978.

Ce mot du langage homosexuel devrait pouvoir

36

se nicher t ô t ou tard auprès de son homonyme dans l e s d i c t i o n n a i r e s l e s plus ouverts.

Même l e

l'attente,

ni

le

très

sérieux

non moins

DFNC ne

sérieux

l'a

DMC.

pas

mis

au purgatoire

Lesbianieme

quant

de

à lui

n'a

pas é t é retenu par l e DHLF. Un autre selon

les

mot

("Homosexuel le

PLI,

DHLF, PR.

très

courant

dictionnaires. passif")

par

vulgaire

et

populaire Il

ne

et

reste

plus

comme

tapette

Ignoré le

du

subit

DUI,

Lexie,

il

un

est

populaire

sort

différent

catalogué

argot

("Homosexuel")

par

vieilli

("Homosexuel

passif")

par

le

vulgaire

("Pédéraste

passif")

par

le

l'écheveau

niveaux

qu'à

démêler

des

de

langues

a t t r i b u é s e t à p r é c i s e r l e sémantisme exact du mot. Examinais

enfin

un dernier

mot du langage

gai

qui

est

l ' i n s t a n t de tous l e s d i c t i o n n a i r e s à c i r c u l a t i o n courante. mot

fagot

résurgence

1'expression étaient

sentir

autrefois

le

d'une fagot

condamnés

époque :

"être

antérieure suspect

au bûcher)"

du

français

d'hérésie

(PR)

ou

absent

pour

I l s ' a g i t du (les

encore

(voir

hérétiques

"se

dit

d'une

personne ou d'une chose qui e s t en opposition avec l e s opinions couramment admises, C'est

qui

par

frise

l'hérésie

l'intermédiaire

français.

texte

de

s'expose

l'anglais

à une condamnation"

que l e

mot r e v i t

(Lexie)).

aujourd'hui

ai

Mais a - t - i l vraiment q u i t t é l e lexique usuel de c e r t a i n e s p e r -

sonnes pendant un temps? Lexie,

et

l'examen

de

Mis à part

quelques

l e sème d' 'opposition'

dictionnaires

moins

courants

noté par

et

d'un

paru récemment dans une revue s p é c i a l i s é e apporte des

le

court

informations

complémentaires. Le fagot

DGP et

enregistre

dans

l'expression

daine une première d é f i n i t i a i h é r i t é e

é t a i t punie du bûcher. l a première et e l l e question

fagot

:



le

l'hérésie

La seconde d é f i n i t i o n e s t une extension de sens de

conduit tout d r o i t

"S'avérer

de l'époque

sentir

non conformiste

au groupe s o c i a l sur

dont i l

un plan moral,

p o l i t i q u e , r e l i g i e u x . . . ou même i n i t i a t i q u e " .

est

ici

philosophique,

F à u t - i l v o i r dans l e s points

de suspension l e dernier tronçon qui r e s t e à parcourir pour aboutir au sens homosexuel de Quant troisième

au sens

fagot? DFNC, nous

il

relève

retiendra

un

fagot instant

dans :

trois

sens.

"Terme d ' i n j u r e

Le

plaisante.

37

Voyou, vaurien". contexte

Sans rejeter entièrement œtte définition, l'examen du

énumératif

fourni par

nouvelle sur la définition.

les auteurs

jette peut-être une lumière

Il pourrait facilement être interprété comme

appartenant au champ lexical de 1'homosexualité.

Voici ce contexte :

J'en ai eu deux : deux saligauds, Deux tant's, deux filous, deux fagots, Deux vach's, deux cochons, deux tapettes Qui gueulaient ... qui m'foutaient des coups. A. Bruant, Dans la rue, p. 124.

C'est

par

réintroduit

l'anglais

en

américain Dans

fagot

article

publié

se

serait

Bevdaahe1

(n° 23, septembre 1981, p. 5) et intitulé

: "A prcpos des

'fagots' -

Quelques

les

suivantes.

linguistiques",

un

que

dans

notes

français.

faggot

en

trouve

explications

Fagot désignait au Mayen Age des présumés homosexuels mis au bûcher en compagnie de

des

tendance

faggot.

sorcières.

Par

homosexuelle.

Aujourd'hui

extension, L'anglais

faggot

a

acquis

fagot a écrit une

désigné

aussi

bien

acception

les hommes fagot

que

particulière.

"Pour les anglophones gais d'Amérique, ce not a été utilisé pour caractériser

l'homosexuel

efféminé,

ewieh

("folle")

queen

ou

1'efféminité [...]."

qu'il

("grande")

soit

nelly

selon

la

("femmelette"),

classification

de

Le mot aurait par ailleurs une connotation péjorative

pour la plupart des Américains.

Les dictionnaires américains les plus récents consignent les mots de cette famille lexicale dont l'usage semble répandu :

fag

: "a male homosexual" (WNWD)•

faggot

: "a male homosexual" {WNWD). Cf. aussi le dérivé faggoty;

faggoty or faggy : "effeminate, homosexual" (BDNE); faggotvy

: "homosexuality" (BDNE);

faggotvy

: "male homosexuality" (6,000W).

Enfin, 1

l'ultime

information

sur

Journal de l'Association pour Québec.

cette

notion

nous

viendra

du RC

les droits de la communauté gaie du

38 qui

traduit

On y

faggot. de

pêdê. ne

(fagot)

français/anglais

pêdê ,

ni

cependant gay

une pas

aourtisent.

1980 : "Actuellement Kramer

intitulé

série encore

Faggot

la

ne

est

de

défini

: un pédéraste"

(p.

dans

169).

ou

équivalent homosexuel,

et

gay

le

ni

fag

comme

gay

dictionnaires

ainsi

à

qu'à

déviations, les

pêdê,

dictionnaire,

renvoient

présence

Fags dans sa ver sien

Renaissance en 1981.

du

renverra

de dans

par

faggot

ne

tante

notera

sont

et

pêdê

partie

Mais Par

homo. les

la ni

homosexuel,

par

fag

Dans

tante.

faggot

français,

mis

glossaire

ils

de Hjston

(Voir l e roman de Larry

française parue aux Presses de la

Le t i t r e américain é t a i t

Faggote.)

L ' i n t e r d i c t i o n sociale existe encore bel et bien comme l ' i l l u s t r e n t exemples précédents. riner

des pratiques

certains

éléments

les

Les dictionnaires seront toujours réticents à entésociales

de cette

répandues mais moralement dangereuses pour même société.

On pourrait

encore

analyser

d'autres phénomènes, d'autres comportements que la société place au rang des déviations silence. toires

et que les dictionnaires condamnait ou sur lesquels Ainsi,

ils

font

la prostitution qui est très mal t r a i t é e dans les réper-

lexicographiques,

l e concept de " c o n f l i t des générations" particu-

lièrement mis à la mode après Nfei 1968 et dixit aucun des quatre dictionnaires

suivants

:

compte, ni sous aonflit 5.4

PR,

Lexis,

ni sous

et

DHLF

PLI,

ne

rend

génération.

L'interdiction politique Les lexicographes interdisent parfois l'accès à leurs dictionnaires aux

termes qui désignent une doctrine ou des concepts fondamentaux d'une doct r i n e sous prétexte q u ' i l s remettent en cause l ' i d é o l o g i e dominante. cette

catégorie

racisme,

d'interdits,

on peut ranger

les groupes ethniques,

parmi les mots désobligeants, illustreront œ v o l e t .

la guerre,

les

etc.

Parmi

systèmes politiques,

le

Quelques exemples glanés

féroces, p é j o r a t i f s ,

moqueurs ou insultants

D'autres mots empruntés au vocabulaire politique ou

guerrier compléteront les premiers. Le PB,

terme

PLI,

nuancées; ( l e

injurieux Lexie,

youpin

DHLF

apparaît

avec

des

dans

quelques

définitions

DUI n'a pas l e not dans sa nomenclature).

dictionnaires plus

ou

:

moins

39 PR

:

"Par· dénigr.

Juif".

"(Injurieux)

(Un tirage de 1980 donne

Juif".) PLI

:

"Pop.

Lexis

:

"Terme vulgaire et raciste pour désigner un juif".

DHLF

:

"Injur,

Terme raciste utilisé pour désigner un juif".

et vacíete

Juif".

Les deux représentants de la maison Larousse ont recours à la définition métalinguistique brutale,

qui

évite

la

définition

substantielle

directe,

dent la fonctionnalité pourrait être reprochée au

plus

lexicographe.

Ils n'assument donc pas le mot au premier niveau définiticnnel. La plupart marqués

par

bioot,

des

les

mots

acmme youpin

lexicographes

e i d i ,

amerlot,

à

qui

l'aide négro

désignent

des

niveaux

(dans

des personnes de

le

langue

Lexie

sont

(voir

:

seule-

ment), etc.).

L'évolution dernières années

des

comportements

a conduit

la définitie« du not nègre.

à modifier

sensiblement

Il n'est guère de

ces

réper-

toire lexicographique qui ne dessine une définition plutôt métalinguistique ou qui n'attire l'attention sur la façon de voir et de oonprendre le concept aujourd'hui. PR

:

"Vieilli

ou péj.

Homme, femme de race noire, dite

'mélano-africaine' (divisée en cinq groupes : soudanais, guinéen, aongolais, nilotique, sud-africain ou zambézien)." Lexie

:

"Hcnnne, femme de la race noire (mot péjor. et injurieux dans la langue commune, remplacé auj. par NOIR, E; en ce sens s'écrit le plus souvent avec une maj.)"

DHLF

:

"Vieilli

(souvent employé avec une intention péjor.)

Personne de race noire." PLI

:

"Personne appartenant à la race noire (mot péjor., remplacé par NOIR)."

DUI

:

"Mot péjor. et raciste, à éviter, désignant une personne de 'race' noire."

40

Ce

portrait

analysant

du

chacune

not

des

nègre

pourrait

définitions

plus

davantage

être

développé

scrupuleusement,

en

en

particulier

l ' é n o n c é anthropologique du PR. Le

vocabulaire

exemple,

le

Lexie,

le

(repris

du

a

coco,

DHLF,

aussi

pour

le

DMC) ,

lui-même). derrière

politique

mot

mot

éléments

faaho,

abréviation

Certains

ses

communiste

dans

fasciste,

condamnent

(voir

fascisme

et

fasciste).

le

le

le

PR

mot

fascisme

implicitement Ces

par

PR,

dans la

l e mot t a n d i s que d ' a u t r e s s e aontentent d'une simple

descriptive

(voir

le

seulement

de

dictionnaires

troubles

,

prises

chose

définitiai

de

position

varient seien les dictionnaires et seien les occasions. Des

syntagmes

comme

lutte

des

classes

et

bureau

qui n ' o n t évidemment p a s l e s honneurs d'une e n t r é e l i b r e , faire 1,

l'objet

sens

lutte

3

:

des

bureau l'objet sens

2

ou 2)

mention

sens

2

:

"lutte

: des

politique

tion

comme et

c'est

le

lutte

des

classes);

cornine "La

exemple

lutte

classes";

encyclopédique bureau

le

politique

du

cas

(voir PLI et

sous

PR,

classe

sens (cf.

7

PR,

(cf. 2,

(cf. faire

DHLF,

sous

classe

I,

sous

bureau

:

sous

peuvent

PR,

bureau

sous

sens

4

:

"le

II,

sens

2:

i l s peuvent f a i r e 1 ' o b j e t d'aucune informabureau

politique

cependant

de

Politburo

où le

ils

classes";

Lexis,

parti";

sous

encyclopédique

lexicographique

des

parfois

classe,

partielle

développement

d'un

DUI;

définition

peuvent

Lexis,

sous

d'un

"Bureau p o l i t i q u e d'un p a r t i " ) ; PLI

(cf.

DUI,

encore

:

I,

élaborée

classes, d'une

ou

lutte

d'une

bureau

des

sens

sous

classe

définition

lutte

classes)

II,

PLI,

d'une

politique,

il

est

même

mot

défini dans

le

dans

le

dans

à

l'aide DUI

de

glosé

DHLF,

la à

le

section l'incluant l'aide

du

syntagme f r a n ç a i s dans l a p a r e n t h è s e étymologique). Pour c r e u s e r p l u s à fond l a pensée d e s l e x i c o g r a p h e s f r a n ç a i s à l ' é g a r d du v o c a b u l a i r e p o l i t i q u e tive,

e t pour mesurer l e u r

idéologie politique

respec-

i l s e r a i t i n t é r e s s a n t e t p r o f i t a b l e de comparer quelques mots dans l e s

divers

dictionnaires

:

droite

gauchiste

;

prolétariat

bourgeois

;

liberté

;

et

et

gauche;

gauchisme

p r o l é t a i r e / b o u r g e o i s i e

ségrégation ,

etc.

et et

41 5.5

L'interdiction religieuse La religio« judéo-chrétienne a donine la civilisation ouest-européenne

depuis près de deux mille ans. interdits

religieux

soient

Aussi n'est-il pas surprenant que les

transposés

jusque

dans

le dictionnaire,

en

particulier ceux qui concernent d'autres religions que le christianisme. Le

religion

mot

dans

PR

le

est

mis

en

relation,

dans

le

premier groupement de sens, avec le Dieu des chrétiens et non pas avec la puissance PLI,

divine

ai

Certains quelques

termes péjoratifs,

nomenclatures, auvaillon

sont

ou

le

sacré

(cf.

le

DUI,

DHLF,

le

le

Lexie).

le

Ainsi

général

absents

du

familiers ou populaires

ou encore certains de

ou

auveton,

DUI,

tandis

le que

leurs sens sont

sens le

sont éjectés de

péjoratif

PR

et

le

ignorés. eurê

de

Lexie

l'ensemble et que le DHLF ne retient que l'allusion péjorative de

notent curé.

C'est à la révolution islamique iranienne très répressive que l'on doit l'entrée

mot ayatollah

du

dans

les dictionnaires

et non aux

qualités

religieuses du principal chef religieux chiite dont il est ici question. Ayatollah

est

dans

tous

les

dictionnaires,

y

aanpris

le PR,

consigne dans un tirage récent (1981) et non dans l'édition 1977.

qui

le

Il est

défini de la manière suivante : DUI

:

PLI

:

"Chef spirituel musulman chiite." "Titre honorifique donné aux principaux chefs religieux de l'islam chi*ite."

DHLF :

"Dignitaire musulman chiite."

PR

"Dans 1'Islam, titre porté par certains religieux d'une

:

haute autorité; le religieux lui-même." Seul

le

PLI

enregistre

la forme plurielle chiitee.

l'orthographe PR et Lexie

ahï'ite,

cnt aussi

les

autres

citant

ehiite. 0

On a

vu

lors du volet

catholique punit le suicide.

sur

l'interdiction

sociale

comment

l'Eglise

Nous ne reviendrons donc pas sur le caractère

également religieux de cette condamnation.

42

L1interdiction artistique

5.6

I l s ' a g i t i c i pour nous du r e j e t des d i c t i o n n a i r e s des mots a c t u e l s e t très

oourants en matière d ' a r t s

visuels,

de cinéma,

de photographie,

de

musique e t de danse contemporains. Quelques

exemples

choisis

dans

le

dcniaine

des

arts

visuels

nous

suffirais. D'abord plus,

du

Arts

le moins

visuels

arts.

Le

les

terme au

de

Québec,

syntagme

PLI,

visuels le

l'Université

principaux

OHL?,

arts

arts Il

terme arte

lavai),

visuels

répertoires

OUI).

lui-même

en

qui

n'a

qui

remplace

plastiquée avait

pas

va

de

encore

même

(cf.

évincé

lexicographiques

de

l'Ecole

le

droit

plus

terme de

(PR,

d'autres

mots

pour

dans

la

communication

interindividuelle

et

dans Lexis,

domaine c r é é s autour de 1970 sous 1 ' i n f l u e n c e de 1'américain e t quotidiennement

des

beaux-

cité

français

en

de

ce

véhiculés dans

les

journaux. Artiste

visuel,

installation, sont

marqués

au

C'est

le

dictionnaires. Lexis,

un peu p l u s

(voir

sous

corps

sous

dona ine

des

ouvert, 1)

et

arts

donne

aussi

installation

de

cas

du

esquisse .

forme

performance

performance PR, des

PLI

du

body

définit

OUI

sous

performer/ tous

du

DHLF.

date

la

de

palme

: art

(sous

art,

,

pour art

accueille art)

land

presque

et

qu'il

remporte

environnement

(qu'il

pour

définitions

puisqu'il

anglaise

et

art),

l'interdit

environnement Le

contemporains

la

(body

,

coin

pour

environner)

art, et

corporei

environnement

performeur

(voir

art

Le

corporel v.

1970

pour

corporel

corporel),

(donnés

comme

action

dont

les

ce (il land

synonymes) il

fait

un

synonyme).

Voir

encore

(expressionnisme PLI

et

Jackson en a r t .

parfois Pollock).

d'autres abstrait,)

mentionnés Voir

termes

comme

action

gestuelle

,

peinture dans aussi

des la

articles famille

du

painting catalogués

onomastiques terme

(voir

au PR2·.

dématêrialisation

43 5.7

L'interdiction littéraire

L'idéologie lexicographique peut aussi se manifester par la sélection des écrivains que les lexicographes utilisent pour mettre de la chair sur le squelette des mots. le sens des mots. mot.

Les extraits d'oeuvres littéraires viennent illustrer

Cbrollairement, le public acceptant l'auteur acceptera le

Dans le cas d'un refus de l'auteur, il y aura soit refus du not, soit

désapprobation.

Tel lexicographe développera un goût préférentiel pour des

écrivains de gauche, tel autre pour des auteurs de droite, tel autre exclura les femmes écrivains, tel autre enoore sortira de la littérature traditionnelle pour

introduire des énoncés de presse et même du discours parlé

recueilli à la radio ou à la télévision.

Nous voudrions maintenant foca-

liser notre attention sur un aspect des choix littéraires des lexicographes. Le Petit Robert servira enoore de messager.

Une mini-expérience a été aonduite à partir de la deuxième édition du PR et à propos des auteurs

retenus pour les 19e et 20e siècles.

La

lettre M, située en plein milieu de l'alphabet, a servi d'échantillon. Nous nous saranes arrêté à relever les occurrences des citations de œrtains auteurs

reconnus pour leur valeur et leur représentativité

littéraires.

Sans que l'analyse fusse poussée réellement à fond, voici quelques résultats et quelques constatations à propos des maîtres de la prose française.

Par

la suite en fera les extrapolations que l'en veut.

Mais d'abord, il est essentiel de fournir quelques informations utiles pour

éclairer

nos

réflexions.

quelque 64 écrivains pour le 19 Gueunier 1974:143).

La e

première

édition

du

siècle et 129 pour le 20

PR e

catalogue

siècle (voir

On peut extrapoler que la deuxième édition n'a pas

beaucoup modifié ces chiffres et que le faible taux de variabilité n'a guère de poids ici puisque à l'augmentation du nombre d'auteurs,

il faudrait

conparer l'augmentation du nombre des citations pour ceux que nous avons retenus.

La

lettre M répertorie

3050 entrées

type surtout variantes graphiques.

libres ou entrées

renvois du

Elle occupe les pages 1123 à 1251, eoit

128 pages, c'est-à-dire 5,89% du total des pages dévolues à la nomenclature ou enoore 5,55% de la macrostructure évaluée approximativement à 55 000 unités lexicales.

44 Nous Balzac

avons

et

très

Zola

et

consci eminent un du

e

20

retenu

siècle

deux

en

géants

du

la personne

19 e

siècle

de Gide.

en

Malgré

l'absence prolongée de Zola dans les dictionnaires Robert, car ce n'est que dernièrement qu'il fut réhabilité, nous présumions une très grande fréquence de citations pour ces trois écrivains qui représentent leur époque et qui ont atteint sans nul doute une notoriété littéraire universelle.

Nous ne

«

nous sommes pas trompé comme en le verra.

A ce premier bloc d'auteurs, nous

en avons adjoint un second et cela pour d'autres raisons.

Céline,

Anteil io, Gary, Sartre sexit aussi célèbres que leurs devanciers.

San

Mais ces

garnements de la littérature

sait plus ou moins acceptés, plus ou mains

tolérés par

sociales.

certaines

castes

Ces

auteurs

sont d'autant

plus

intéressants pour nous qu'ils confirment quelques-unes de nos hypothèses sur lesquelles nous reviendrons plus loin après avoir signalé quelques observât ions à propos de notre premier échantillonnage. Le repérage systématique des citations de Balzac, de Zola et de Gide nous aura apporté les résultats suivants : Balzac est cité 102 fois, Zola 72 fois et Gide 58 fois pour un total de 232 citations.

A eux trois,

ils

représentent un peu plus de 7,6% des citations, taux qu'il faudrait vérifier et penderer puisqu'il arrive qu'un auteur soit cité plus d'une fois dans un article, rarement plus de deux cependant (voir Sartre, cité trois fois sous mort):

il

arrive

également

fréquemment

qu'il

littéraire pour un grand nombre d'articles. d'une citation par article. trois, 20

e

ils

constituent

siècles

L'écart

qui

ait

pas

de

citation

D'où nos preibablilités moyennes

Or, si nous en revenons à nos auteurs, à eux

1,5%

des

apparaissent

193

dans

entre la représentativité

citations est exorbitant.

n'y

écrivains

le

tableau

représentant établi

par

les N.

19 e

et

Gueunier.

totale des écrivains et le nombre des

Ainsi, Balzac, Zola, Gide obtiennent à eux trois

une moyenne de 77,33 citations chacun.

Ce taux dépasse largement la moyenne

générale qui serait atteinte si les 193 auteurs avaient été retenus et cités à

la

lettre M,

soit

15,8

apparitions

par

auteur.

Le rapport

dispro-

portionné est de l'ordre de 1 à 5 en faveur du trio témoin.

Ce problème des citations nous

adjoignons

à

ces

littéraires prend encore de l'envergure si

remarques

quelques

glanées au passage lors du dépouillement. Flaubert,

Hugo,

Gautier

(pour

le

19 e

observations

supplémentaires

Nous avons noté par exemple que

siècle)

et

Ftomains

(pour

le

20 e

siècle, ce qui ne cesse pas de nous étonner) étaient cités très souvent, que

45 les écrivains Montherlant,

ele la

seoonde moitié du 20

Navarre,

etc.,

ne

faisaient

beaucoup d'écrivains n'apparaissaient

e

siècle comme Camus,

que

de

Malraux,

rares apparitions,

que

que de loin en loin, que plusieurs

étaient parfois plus ou moins connus et peu lus (tels Benda (1867-1956) : moquer,

Pergaud

mort,

(1882-1915)

: mordillage,

Madelin

(1871-1956)

s mosaïque,

Sorel

(1847-1922)

:

motif,

mythe),

Comte

(1798-1857)

:

Seignobos

(1854-1942)

:

que

de

rarissimes

autres

étaient des témoins extrahexagonaux comme Ducharme, Hébert, que les femmes n'étaient pas nombreuses sur le podium littéraire

(outre Nfallet-Joris, de

Beauvoir, Hebert, quelques présences du passé comme t-fedame de Staël, Sand). A côté de la littérature officielle, en a remarqué que des citations proviennent

d'écrits

le domaine (sous

de

la

divers

telle

linguistique

millésime),

tel

le

la

avec

domaine

Bible

ibrtinet

de

la

(sous

moissonner),

(sous monème)

politique

avec

et

tel

Hatzfeld

Trudeau

(sous

multiculturalisme).

Ce simple survol à l'oeil de l'élément littéraire du dictionnaire laisse clairement entrevoir que la littérature dixneuviémiste et hexagonale tient encore et de loin le haut du pavé citationnel.

Cette conclusion tangible

a son importance, même si nous n' avons pas tenu compte des écrivains antérieurs

au

19 e

siècle.

Plusieurs d'entre eux sont évidemment

cités, de

Montaigne à Voltaire, de ï&belais à Rousseau en passant par Cbmeille et La Fontaine.

Une étude plus approfondie pourrait

soutenir

et préciser nos

avancés.

La langue vivante de cette fin du 20 e siècle s'appuie en grande partie sur

des

valeurs

littéraires

sûres dent

la majorité,

qu'il

resterait

à

évaluer en pourcentage précis, occupe un créneau temporel situé entre le deuxième tief s du 19 e siècle et la première moitié du 20 e siècle.

C'est

là une constatation à la fois positive, de par l'élément de sécurité qu'elle apporte aux lexicographes, et négative, de par la non-représentativité des écrivains

très contemporains.

Les auteurs vivants et encore productifs

doivent céder le pas aux écrivains morts.

Cela tend-il à entériner l'idée

que le dictionnaire est un cimetière de mots?

D'un autre point de vue, nous pensions que certains écrivains étaient fortement connotés ou marqués au coin des idées réprouvées par la société, à tout le moins non entièrement partagées par la classe dominante.

Les idées

46

de ces écrivains ou la langue dont i l s se servent p l u t ô t que leur é c r i t u r e elle-même sont l ' o b j e t des c r i t i q u e s bourgeoises. nos yeux comme des modèles

I l s apparaissaient donc à

idéals qui pouvaient

servir

pour

illustrer

c e r t a i n s mots désapprouvés par la bonne société ou qui f a i s a i e n t p a r t i e de champs lexicaux cù des idées de malversation, de s a l e t é , de réprobation, de sexe, de non-conformité sociale ou p o l i t i q u e dcminaient.

A œ t e f f e t nous

a v i á i s élu quelques écrivains non académiciens comme Sartre, San Antonio, Céline e t Gary, pour lesquels l e comptage des c i t a t i o n s f u t exhaustif, e t de Beauvoir e t Genet, pour lesquels l e comptage f u t plus ponctuel.

Boudard

a v a i t é t é sélectionné, mais aucune occurrence de sa l i t t é r a t u r e n ' a p p a r a î t à la l e t t r e M du PR. Deux auteurs ne nous cnt pas gâté. tou,

masee,

Gary

avec

mentalement,

une

seule

notre hypothèse. cité

une

mettre

(dans

métrage

(maison)

sont

ici

(mater);

de

l'expression

milieu.

Sartre,

Beauvoir

on

les

met)

malgré

la

remporte la palme du ron-conventionnalisme. sartriennes laire

de

( s e ) ,

de la

la

lettre

f o i s ) , mou,

M, quinze

désapprobation.

martyriser,

merde,

et

orthodoxes

musette) et

ne

Les autres cnt répondu à nos a t t e n t e s .

fois

mentionnons

Céline avec cinq c i t a t i o n s (mani-

minable,

et

moche:

double

les

dans termes

mescaline, pour

citation

mauvais,

méchant,

morne,

morpion,

le

pas

San Antonio e s t

pour

Sur les t r e n t e - s i x

entrent

Voici

l'est

et

servent

champ du : maculer,

Genet

à

mère,

citations vocabumagner mendicité,

mort

( t r o i s

mystifier.

Cette manière de procéder n ' e s t pas innocente. Elle manifeste des choix de la p a r t du lexicographe. I l peut par l à approuver ou désapprouver l'écrivain. I l peut l e c i t e r comme témoin de son temps ou dorane accusé. Quelles seraient l e s réactions du public bien-pensant s i tfeuriac ou Claudel remplaçaient Sartre pour l a plupart de ces quinze vocables? Sans doute f o r t d i f f é r e n t e s ! Pour en savoir plus sur ces procédés, i l faudrait développer l e s recherches e t aboutir à des r é s u l t a t s complets. Nous n ' a v a i s f a i t que poser quelques questions. Le préjugé l i t t é r a i r e qui touche des auteurs aomme San Antonio, Boudard,

47 Gary ou qui atteint d'autres écrivains, ne prendra pas fin du jour au lendemain.^ Bien des auteurs valables sont encore absents ou quasi absents des dictionnaires;

ils sent relégués au purgatoire de la récupération

sociale (Y. Navarre en est un).

Il en va ainsi de quelques auteurs de

romans policiers, de remans d'espionnage, de renions de science-fiction ou du discours bédéiste.

Ce train de remarques pourrait s'allonger indéfiniment

pour creuser encore plus les idéologies littéraires des lexicographes. Mous avens voulu montrer que tout cela contribue à perpétuer la demi nation de la "bonne littérature" dans les dictionnaires.

L'écrasante présence des

discours littéraires passés et actuels reflète même encore aujourd'hui des systèmes de valeur passéistes qui suffisent "à caractériser un itDdèle très spécifique par rapport au modèle hypothétique, mais forcément plus général, de la langue" (Rey/Delesalle 1979:16).

5.8 L'interdictien onomastique Cette catégorie d'interdiction ccncerne au premier chef le rejet des dictionnaires encyclopédiques (ou de la partie encyclopédique de certains dictionnaires de langue) de nems de personnalités (politiques, littéraires, scientifiques, etc.), d'événements historiques eu actuels, de personnages littéraires ou bédéiens universellement connus, de nems de lieux importants, d'oeuvres cu de faits particulièrement marquants pour l'histoire du monde, pour 1'evolution de l'humanité cu encore essentiels au bagage culturel de l'homme contempora in. A

titre d'exemples d'interdiction, nous avons sélectionné quelques

éléments du domaine de la bande dessinée (héros et créateurs), du demaine de la littérature marginale (personnages et auteurs), plus spécifiquement de la littérature policière, d'espionnage ou de jeunesse.

Le domaine plus

"sérieux" de la lexicographie a servi de contrepoids à une petite expérience, par ailleurs subjective et empirique.

Les élus sont répartis dans

trois tableaux qui serviront de point de départ aux commentaires qui suivent (les tableaux sont regroupés à la fin du chapitre).

L'origine géographique

des personnages réels ou fictifs, vivants ou morts est diversifiée. 2

La

Vérification faite dans le vénérable DMC, deux romans de R. Gary ent été dépouillés (Lee Racines du ciel, prix Goncourt 1956, et Chien blana, 1970), quatre romans de San Antonio publiés entre 1958 et 1969 et un ouvrage sur l'argot par A. Boudard, ouvrage écrit en collaboration et publié en 1970.

48 plupart appartiennent cependant au continent européen ou au continent américain. Ving-sept créations littéraires ou bédéiennes scxit les témoins de notre premier groupe de "fictifs" (cf. tableau 1). On en retrouvera quelques-uns sous

l'article

les plus connus.

bande

dans

le

DB



une

illustration

rassemble

Vingt-quatre témoins forment le groupe représentant les

créateurs (cf. tableau 2); tandis que quatorze célébrités du mande des dictionnaires constituent le groupe de lexicographes (cf. tableau 3). Même si le naribre des ouvrages choisis a été limité à cinq dictionnaires en un volume, le corpus d'exclusion (ou d1inclusion) établi est représentatif.

Qi

effet, quatre entreprises lexicographiques différentes y sont représentées, soit Iarousse, Robert, Hachette et Quillet/Flammarion.

Les nomenclatures

onomastiques des cinq dictionnaires soit à peu près comparables. Les ouvrages

témoins

sont

le

PLI,

le

DUI,

le

PR2,

le

DB

et le DEL.

L'observation attentive des tableaux ncntre que l'interdiction onomastique se manifeste de façon quasi totale pour le groupe littéraire (tableaux 1 et 2) tandis que les témoins lexicographiques sont acceptés avec un peu moins de réticence (tableau 3).

Une lecture croisée, horizontale ou verti-

cale, des tableaux apporte des informations révélatrices sur les attitudes lexicographiques françaises actuelles à l'égard de quelques groupes sociaux représentés ici par la ED, la littérature de détente et la lexicographie elle-même. Pour la bande dessinée et les personnages littéraires de nos tableaux, seuls

Béaaesine

rence),

Holmes,

(avec

2

occurrences),

Mickey

et

Tarzan'

Maigret (avec

(avec 4

1

occur-

occurrences

chacun) rejoignent les colonnes des dictionnaires au titre d'entrées libres faisant l'objet d'un article. l'échantillonnage. nombre

net

Ce groupe représente un peu moins de 20% de

La représentation francophone est réduite au minimum en

(axe vertical),

de

même

qu'en

Bêaaeeine et Maigret) (axe horizontal).

naribre occurrentiel Aucun

personnage

(voir

ou héros

ne fait l'unanimité du corpus de vérification retenu si ce n'est que vingtdeux d'entre eux sent totalement exclus des cinq dictionnaires.

Il est à

noter que quelques personnages littéraires sent cependant mentionnés dans les articles consacrés à leur créateur, lorsqu'il y a lieu.

Le plus

49 souvent, ils constituent des types, des caractères remarquables. va-t-il

de

Rouletabille,

de

Poirot,

de

Ainsi en

Lupin,

de

Tarzan.

Quant

aux

créateurs

des

personnages

littéraires

ou

bédéiens

du

tableau 1, leur accession aux dictionnaires n'est guère plus fréquente que celle de leurs rejetais.

Sur les vingt-quatre témoins sélectionnés pour le

tableau

Christie,

2,

seuls

occurrences

A.

chacun),

M.

W.

Leblanc

Disney,

(avec

4

G.

Leroux

occurrences)

(avec

et

F.

5

Dard

(avec 1 occurrence) soit acceptés dans les dictionnaires encyclopédiques où ils ont les honneurs d'un article indépendant. de 20% de 1'échantillonnage.

Ils représentent un peu plus

Les francophones 1'emportent de peu avec trois

présences contre deux pour leurs collègues anglo-saxons. qu'un

seul

et A.

francophone

Christie

photographies de

signaler

sont

à

fait

l'appui

aussi

l'uncinimi té

unanimement dans

du

admis par

alors

les cinq

l'un d'entre

que W. Disney est

corpus

eux

comme

F.

Dard

est

à

que W. Disney

ouvrages,

(le DUI).

le seul dessinateur

à avoir été accueilli dans le temple lexicographique. contemporain

Pfeis en remarquera

retenir

d'ouverture à autre chose qu'au classicisme

avec

Il ou

des

convient

concepteur

La timide percée d'un

comme

indice

littéraire,

certains comme au grand plaisir d'autres sans doute.

d'un

début

au grand dam de

Il faut enfin nuancer

ces réflexions et supposer que la plupart des auteurs ou créateurs élus doivent leur accession aux dictionnaires à la célébrité de leur personnage et aux types de caractères qu'ils campent.

Sans les renommées des person-

nages, il n'y aurait probablement pas eu d'article pour le géniteur ou la génitrice.

Enfin, une dernière remarque concernera le rapport lexicographique entre le

personnage

et

Miakey

et

son

forment

ce

auteur. que

Dans

l'on

nos

échantillons,

pourrait

qualifier

de

seuls W. Disney couple

lexico-

graphique (créateur et créature), étant accueillis l'un et l'autre de façon presque

unanime

par

les

dictionnaires;

seul

Aucun autre oouple n'apparaît dans les grilles. certainement

le

DUI

rejette

Miakey.

Il serait intéressant et

instructif de refaire les tableaux en ayant

soin de sélec-

tionner en ranbre égal les personnages et les auteurs afin d'effectuer des études

parallèles

sur

leur

traitement

lexicographique.

Nos

exemples

n'avaient pour but que de comparer des groupements de façon empirique et non pas d'établir des statistiques scientifiques.

Nous voulions tâter le pouls

50

de la lexicographie actuelle à partir d'une idée générale que nous avions sur le comportement de cette science en face de certains phénomènes culturels contemporains.

Il est probable que dans leur ensemble les résultats ne

seraient pas infirmés par un examen plus détaillé, plus poussé et plus rigoureux d'un échantillonnage de témoins et de dictionnaires. incorporer

dans

cette

recherche

des

vedettes

du

monde

On pourrait animal

comme

Laeeey, Rintintin, Milou, Flipper·, etc. Nous ne pouvons terminer cette section de 1'interdiction onomastique sans rappeler que œrtains des personnages ou des créateurs qui figurent dans nos listes sont, ou ait été, plus connus dans le mende que Jésus, Bouddha, ffehomet ou de Gaulle, qu' ils ait des millions de lecteurs ou de contemplateurs, qu'ils sent traduits et diffusés dans la plupart des grandes langues

de

civilisation,

y

compris

le

latin

(cf. Aetërix), langue

morte, et que plusieurs parmi les personnages mènent une vie extralivresque sous la forme de multiples gadgets et autres biens de consommation courants. Il semble que seuls les dictionnaires leur demeurent étrangers. l'essai d'Alain Rey sur la bande dessinée (Rey 1978).

(Voir

Les index de nans

d'auteurs et d'oeuvres rassemblent 245 entrées distinctes1)

Le troisième tableau qui réunit des lexicographes, illustre une attitude plus "permissive" du dictionnaire à l'égard de ce groupe social. Du fait de leur caractère historique et de leur répartition diachronique, ces savants forment presque l'unanimité et occupent largement les colonnes des répertoires de mots.

Seul Paul Robert fait hésiter

trois dictionnaires.

Mais sa mort récente devrait lui donner accès aux ouvrages récalcitrants très bientôt.

L'hésitation également observée à l'égard de A. Quillet

et de L. Hachette s'explique par le fait qu'ils apparaissent dans les colonnes de leur dictionnaire respectif à titre d'éditeurs d'encyclopédies et de dictionnaires plutôt qu'à titre de lexicographes de terrain.

Il est

par ailleurs curieux d'observer le sort réservé à deux lexicographes de la langue anglaise : l'unanimité s'est faite et pour l'un et pour l'autre : Samuel Johnson a

droit

aux

éloges

lexicographiques

tandis

que Noah

Webetev est simplement écarté par tous les répertoires du corpus (cf. le GLE, où

il est

répertorié).

Louis Guilbevt n'étant

pas

consi-

déré comme lexicographe mais plutôt comme linguiste, il est laissé de côté, malgré ses efforts accomplis chez Larousse, surtout lors de la réalisation du GLLF.

51 Deux

lexicographes

du

19

e

siècle

(Lavoueee

droit à l'iconographie dans plus d'un dictionnaire. Littvé photo

n'est dans

absente DB

et

que

du

PR2.

DH

tandis

Signalons

que

enfin

et

Littvé)

ont

La photographie de

Lavoueee que

n'a

pas

quelques

de

lexico-

graphes français du 17 e siècle sont répertoriés parce qu'ils évoquent une période apparaît

d'effervescence dans

le

littéraire.

DUI

alors

Pour

qu'aucune

cette

allusion

raison

Th.

n'est

Corneille

faite

à

ses

travaux de lexicographie. Quant aux lexicographes contemporains vivants, leur humilité les pousse à patienter encore un peu avant d'entrer au panthéon dictionnairique;

à

moins que ce ne soit le nythe de l'anonymat qui se poursuive tout en demeurant soigneusement entretenu?

Gomme en vient de le voir par quelques exemples êvocateurs, les interdictions lexicographiques peuvent se regrouper en deux grandes classes : 1. celles qui

concernent

les

interdictions

qui découlent

discours dans la société par les institutions"

"du contrôle des

(Girardin 1979:89), comme

c'est le cas des discours politiques, économiques, philosophiques, gieux, culturels et esthétiques;

reli-

2. celles qui concernent les interdictions

qui découlent du discours sur la sexualité et ses fonctions. La barrière nen linguistique des interdits lexicographiques constitue sans nul doute l'un des mythes les plus persistants de la vie courante. glissement furtif des choses vers les mots ne date pas d'hier.

Le

Depuis que

les hommes utilisent le langage pour communiquer, il existe un grand nombre de rots que l'on s'interdit d'employer. moins à écrire. (Huston 1980:21).

Tbut n'est pas bai à dire et encore

"Les mots tabou sont la catastrophe naturelle du langage" Et la lexicographie contemporaine est encore marquée par

ces mythes dont elle se détadhe difficilement.

Par des actes de censure

volontaires ou involontaires qui trahissent les embarras des lexicographes, elle altère la réalité des choses et rend coupable le semant i sme des mots et,

corollairement,

d'ailleurs.

les

usagers

se

culpabilisent,

souvent

sans

raison

L'absence d'un élément lexical des dictionnaires ou son impro-

bation est un indice de la non-appartenance de cette unité linguistique au français standard cu normé défini par une certaine classe dominante de la société.

Le oonsulteur de dictionnaires doit-il donc s'en tenir aux seules

52

limites imposées puis entretenues par l'éthique sociale dans les domaines religieux, politique, culturel, sexuel, etc.?

Ne pas l'avertir du jeu des

dictionnaires, n'est-ce pas devenir le complice de la société?

53 Tableaux des personnages, auteurs et lexicographes 1.

Personnages

"""———_______dictionnaires Personnages

PLI DUI PR 2 DH

DEL

1. Astérix

0

0

0

0

0

2. Bécassine

+

0

0

0

+

3. Charlie Brown

0

0

0

0

0

4. Nestor Burma

0

0

0

0

0

5. Donald

0

0

0

0

0

6. Fantomas

0

0

0

0

0

7. Fantôme

0

0

0

0

0

8. Goldorak

0

0

0

0

0

9. Sherlock Holmes

+

+

+

0

+

10. Lucky Luke

0

0

0

0

0

11. Arsène Lupin

0

0

0

0

0

12. Maigret

0

0

+

0

0

13. Mandrake le Magicien

0

0

0

0

0

14. Mickey Mouse

+

0

+.

+

+

15. Bob Moräne

0

0

0

0

0

16. Obélix

0

0

0

0

0

17. Peanuts

0

0

0

0

0

18. Pieds Nickelés (les)

0

0

0

0

0

19. Hercule Poirot

0

0

0

0

0

20. Popeye

0

0

0

0

0

21. Rouletabille

0

0

0

0

0

22. San Antonio

0

0

0

0

0

23. Spirou

0

0

0

0

0

24. Superman

0

0

0

0

0

25. Tarzan

+

0

+.

+.

+

26. Tintin

0

0

0

0

0

27. Zorro

0

0

0

0

0

Rem. : Le point indique la présence d'une photographie.

2.

Auteurs —

auteurs

'

dictionnaires ^ ^

PLI DUI PR 2 DH

DEL

1. Marcel Allain

0

0

0

0

0

2. Pierre Boileau

0

0

0

0

0

3. Claire Brétécher

0

0

0

0

0

4. Agatha Christie

+

+. +

+

+

5. Frédéric Dard

0

0

0

+

0

6. Walt Disney

+

+. +

+

+

7. Charles Exbrayat

0

0

0

0

0

8. Lee Falk

0

0

0

0

0

9. Bud Fischer

0

0

0

0

0

10. Louis Forton

0

0

0

0

0

11. René Goscinny

0

0

0

0

0

12. Hergé

0

0

0

0

0

13. Mauric Leblanc

0

+

+

+

+

14. Gaston Leroux

+

+

+

+

+

15. Léo Malet

0

0

0

0

0

16. Morris (Maurice de Bévère)

0

0

0

0

0

17. Thomas Narcejac

0

0

0

0

0

18. Alexander Raymond

0

0

0

0

0

19. Albert Simonin

0

0

0

0

0

20. Pierre Souvestre

0

0

0

0

0

21. Stanislas-André Steeman

0

0

0

0

0

22. Pat Sullivan

0

0

0

0

0

23. Albert Uderzo

0

0

0

0

0

24. Henri Vernes

0

0

0

0

0

Rem· : Le point indique la présence d'une photographia

3.

Lexicographes

^ ^ ^ ^ dictionnaires Lexi cographes "—•—

PLI DUI PR2 DH

DEL

1. Th. Corneille

+

+

+

+

+

2. A. Darmesteter

0

+

+

+

0

3. A. Furetière

+

+

+

+

+

4. L. Guilbert

0

0

0

0

0

5. L. Hachette

0

0

0

+.

0

6. A. Hatzfeld

+

+

+

+

0

7. S. Johnson

+

+

+

+

+

8. P. Larousse

+.

+.

+

+

+.

g. É. Littré

+.

+.

+.

+

+.

10. A. Quillet

0

+.

0

+.

0

11. C.-P. Richelet

+

+

+

+

+

12. P. Robert

0

0

+.

+

0

13. W. von Wartburg

+

+

+

+

+

14. Ν. Webster

0

0

0

0

0

Rem. : Le point indique la présence d'une photographie

6.

TYPOLOGIE LINGUISTIQUE DES INTERDICTIONS LEXIOOGRAPHIQUES

L'usage contemporain est le premier et principal objet d'un dictionnaire. C'est ai effet pour apprendre comment aujourd'hui l'on parle et l'on écrit, qu'un dictionnaire est consulté par chacun. Il inporte de constater cet usage aussi complètement qu'il est possible; mais cette constatation est cpuvre délicate et difficile (Emile Littré, Dictionnaire de la langue française, t. 1, p. III).

La plupart des préfaces, des avant-propos ou des introductions des dictionnaires de langue les plus connus et les plus couramment consultés »

expliquent les critères de sélection des nomenclatures. texte est développé laconique (cf. PLI).

(cf. PR),

mais le plus souvent

A l'occasion le l'explication est

Par ailleurs, les raisons des exclusions, c'est-

à-dire des not s non retenus, sont plus souvent qu'autrement assez équivoques, puisqu'il ne aonvient pas de s'expliquer clairement sur les rejets dent les incidences, qu'elles soient économiques, idéologiques ou autres, pourraient être incalculables.

Les mêmes raisons expliquent les difficultés

de connaître les mots retirés des dictionnaires de mise à jour en mise à jour.

Il faut que l'utilisateur reste sur l'inpress ion que l'expression

mie

jour,

à

signifient voilées

revu, toujours

(NDFCI, p.

effaçant dès avant

augmenté

ou

"addition".

encore que Aussi,

III) gouvernent-ils

le

terme nouvelle

le silence

(PLI),

édition

les paroles

la conduite des lexicographes,

la nomenclature la critique et le rôle pédagogique

essentiel du dictionnaire.

En brûlant

le discours d'entrée ai cette

matière, le dictionnaire prend une tangente et trahit son public.

Il

l'accule à penser que rejeter, censurer, interdire, sont des rôles normaux, privilégiés et exclusifs des fabricants de dictionnaires.

Et le signe d'une

culpabilité pour ceux qui utiliseront les nots tabouisés, mis au ban.

Nous

57 aurons l'occasion de revenir au fur et à mesure que se déroulera cette typologie sur les opinions des lexicographes à propos de chacun des types de mot.

Les

interdictions

linguistiques

lexicographiques

les plus apparentes

sont les suivantes : les néologismes (y compris les norphologismes), les terminologismes, les régionalismes, les emprunts (y compris les xénismes et les pérégrinismes), les vulgarismes et les argotismes (ou si l'on veut le vocabulaire non conventionnel

: les non-conventionnalismes), les dérivés

onomastiques (gentiles, anthroponymismes, tcponymismes).

D'autres censures,

rattachées surtout aux définitiais et aux marques de niveaux de langues, seront évoquées à l'occasion, puisque le discours lexicographique lui-même est objet d'interdiction et de déviation.

À des degrés divers les éléments

énumérés ci-dessus se recoupent, se chevauchent même, puisque, par exemple, un régionalisme pourrait également être un terminologisme néologique savant emprunté a une autre langue et adapté graphiquement

(ex.

pér*ipathologie

créé au Qiébec à partir de l'américain per>ipat (h) ology et qui désigne la rééducation des handicapés visuels).

Pour classer les exemples dans une

catégorie ou une autre nous essaierais de nous situer par rapport aux éléments les plus immédiatement pertinents et évocateurs des mots.

Nous nous intéresserais donc à des franges du lexique qui dérangent nais qui à notre avis ornementent agréablement les dictionnaires de langue.

Aux

mots qui fleurissent dans l'usage quotidien du manoeuvre, du col blanc, du politicien,

de

l'écrivain,

de

l'intellectuel

et des

femmes,

sans que

1'énumération qui vient d'être faite soit exclusive cu hiérarchisée.

Nous

voudrions dédouaner des franges périphériques du vocabulaire, oblitérées parfois depuis plusieurs siècles par le nur infranchissable de certains dictionnaires.

Nous aimeriois esquisser un portrait alléchant de la langue

française, sans aucun "apartheid linguistique".

6.1

Les néologismes

Si

l'en considère

manière suivante

que le terme néologisme peut être défini de la

: "Emploi d'un not nouveau (soit créé, soit obtenu par

déformation, dérivation, composition, emprunt, etc.) ou emploi d'un mot dans un

sens

nouveau"

(Pi?), nous

obtenons

{PR),

ou

encore

une bonne

"mot

définition

nouveau; du

sens

concept

nouveau"

"néologisme"

58 aujourd'hui. utilise PR.

Il est à remarquer que la première de ces deux définitions

l'incluant Le

emploi

glissement

et

qu'elle

sémantique

est

d'"emploi"

datée vers

de

1800

"mot

dans

nouveau"

le

s'est

effectué plus tardivement.

Sur la base de ces deux définitions, en serait en droit de se demander pourquoi

il

est

dictionnaire?

si

difficile

de

faire

accéder

ces

sortes

de

rots

au

D'autant que tout le monde, les lexicographes les premiers,

s'accorde pour reconnaître que le lexique se modifie sans cesse, que de nouveaux domaines d'activité naissent

fréquemment et qu'il faut des mots

pour

On

nommer

les

nouvelles

dioses.

peut

en

prendre

à

témoin

les

accroissements récents des nomenclatures de quelques dictionnaires (voir le tableau

des

nomenclatures

accroissements

de

la

au

chapitre

nouvelle

4).

édition

Les du

modifications

DEC

(le

et

J1DFCI,

les

1980)

font passer la nomenclature originale de 1966 de 25 000 à 33 000 rots, dont 3200

termes

PR67, a mots,

nouveaux

fait

55

000

un bond en

(Avant-propos, qui

1977

p.

5).

Le

contre

50

000

en

1967.

1981,

augmente de

vieille de 25 ans. le DMN

fils

Le Lexie79

76 000 rots contre 70 000 pour sen cadet de 1975. en

PR77,

du

l'a enrichi de 200 pages et de plus de 5000

300 pages par rapport

enregistre

Le DUI, mis à jour

à l'édition antérieure déjà

Même les dictionnaires de néologismes s'enrichissent :

(1971) avec

5000 entrées

est

relégué

aux oubliettes

néologiques

et son successeur le DMC (1980) accueille 8000 entrées.

Personne ne conteste la nécessité d'enregistrer

les innovations lexi-

cales entérinées par les usagers et sanctionnées par la société.

Parfois

cependant en manoeuvre en plein cercle vicieux, l'usager attendant 1'approbation de l'inverse,

la société qui le dictionnaire

attend elle-même retenant

les

l'accord du dictionnaire.

rots

à partir

de

la

A

fréquence

d'usage met souvent ceux-ci au purgatoire de l'attente puisque le néologisme qui n'est pas courant est plus proche du statut de non-mot que de celui de "lexicalisme",

c'est-à-dire

de rot ayant

plein droit au statut d'entrée

lexicale libre dans le dictionnaire.

Si l'on jette un oourt regard sur l'histoire de la langue, en s'aperçoit qu'après une période sombre surtout durant le classicisme vaugelasien et au moment

des querelles

moitié du 19

e

sur

la néologie,

les

lexicographes

de la première

siècle (1800 à 1850) retrouvent l'éclat des créateurs de la

59 Renaissance (tels Jtonsard, Ifebelais) et néologisent volontiers.

Ce qui par

une reaction inverse est loin d'être le cas de leurs successeurs immédiats de la fin du 19 e

siècle.

Ces derniers "observent à l'égard des nêolo-

gismes une attitude non seulement expectante mais

sévère"

(Matoré

1968:203).

Ainsi

(ce qui est compréhensible)

le positiviste

Littré

a

attendu

d'être contraint par "l'usage" avant de se montrer plus accueillant pour les néologismes. lexicales

Il n'a entrebaillé la porte de son dictionnaire aux nouveautés que

general

(1890)

Littré,

les

dans a

Supplément

son

admis

innovations

avec

en

réserve,

1877.

quoique

de

linguistiques du temps.

Dictionnaire

Le façon plus

large

Mais Josette

que

Rey-Debove

rappelle fort à propos qu'au 19 e siècle un retard de cinquante ans dans la consignation d'un mot n'était pas une rareté (voir Ftey-Debove 1971:101).

Le

OG attribuant lui-même l'étiquette de néologisme à des mots qu'il date du 18 e

siècle.

pendant 1890, (1808), 20 e

ce p.

Pour siècle

"sont

XIII).

abat-ecm

siècle

avec

19 e

le

siècle

accompagnés

Ainsi

(1863).

:

Il

l'entreprise

de

la

que

mention

abasourdissant

aura du

OG indique

le

fallu

Grand

les

mots

patienter

(DG,

'néologisme'"

abat-foin

(1866),

Robert

créés

jusqu'au

dans

milieu

l'immédiat

du

après-

guerre, pour observer un affranchissement très net de l'attitude de méfiance envers le néologisme,

ffeis ce n'est là qu'une première ouverture.

Ce n'est

pas encore le laxisme lexical effréné, le dictionnaire conservant toujours son image didactique et surtout ne perdant jamais de vue le critère quantitatif de la nomenclature.

Le nombre de irots étant fixé par avance le

lexicographe ne peut que difficilement remanier sa nomenclature en cours d'élaboration.

Aussi

les lexicographes

recourent-ils à toutes

Prenons

l'exemple des dérivés morphologiques

rapport

avec les éléments de

sortes de dérivatifs.

nouveaux qui seront mis

formation qu' ils comportent

et voyons

en les

attitudes de la lexicographie moderne à leur égard. Les prises de position nettes

sont exceptionnelles

diez les

graphes et très circonscrites à propos des dérivés morphologiques. de

lexicographes

s'expliquent dans leur introduction.

lexicoTrès peu

"Les not s affixés

sait tantôt systématiquement enregistrés ou délaissés, tantôt recueillis de manière

épisodique,

sans

l'autre.

Les

mots

privatifs

construits

plus en

de

justification dans

-age,

avec

dé-,

un

cas

comme

dans

ou

les

-able,

-ment,

etc.

dee-,

in-,

etc.

repré-

60

sentent les catégories les plus inégalement traitées" (Quemada 1967:280). Parfois ces dérivés sait recensés parce qu'ils sont des néologismes récents, parfois parce qu'ils s'insèrent dans une famille lexicale déjà existante. Dans ce cas, un critère sémantique joue puisque le lexicographe table sur les rapports sémantiques qui lient les mots d'une même famille et qu'il compte sur la connaissance a priori du sens des éléments affixaux par 1'usager.

"Les affixes ayant rang d'adresse sont très rares dans les ouvrages anciens" (Quemada 1967:281). l'exemple 1704).

de

-able

dans

On en trouve qu'à titre exceptionnel, tel Trévoux

18 e

(déb.

s.

: à partir

de

Aujourd'hui, les dictionnaires cnt tendance à inclure de plus en

plus des affixes, soit dans la nomenclature, soit sous la forme de tableaux séparés de la ncmenclature, soit un mélange des deux méthodes, sans que le contenu des tableaux se retrouve exhaust i ventent dans la ncmenclature ou vice-versa.

Les affixes retenus dans la ncmenclature d'un dictionnaire sont

le plus souvent assortis de définitions ou de commentaires.

Nbis ces défi-

nitions ne sont pas toujours complètes et les commentaires n'expliquent pas toujours les oonibinatoires dérivatives et structurales des affixes qui font Le PR

pourtant partie intégrante du rôle pédagogique du dictionnaire.

et le DFV, par exemple, ne signalent pas le sens "fait de langue" pour le suffixe -¿eme.

Nous avons dressé un tableau comparatif de quelques

affixes et éléments de formation choisis un peu au hasard afin de confronter les conportements de cnze dictionnaires usuels du français."'·

Nous avons

vérifié la présence ou constaté l'absence de ces éléments morphologiques dans la ncmenclature.

Il n'a pas été tenu compte des tableaux séparés

apparaissant dans d'autres parties des ouvrages.

Un rapide coup d'oeil sur

nos dictionnaires et nos affixes témoins permet de constater deux grands phénomènes : (PLI)

à

1. La sélection se promène de la discrétion quasi complète

l'ouverture

généreuse

(DFV).

2.

Aucun

affixe

ne

fait

1 ' uncinimi té, ni quant à sen inclusion, ni quant à sen rejet.

Nous voudrions enfin attirer l'attention sur un danger dans œ des affixes. 1

cfcmaine

La pratique de la separatio! des affixes productifs pour les

Cette étude avait été complétée plusieurs mois avant la sortie du Robert méthodique. Un rapide examen du RM montre que tous les éléments figurant dans le tableau cnt été retenus par ce dictionnaire. Le traitement de certains d'entre eux (-isation, -phobe/ -phobie, -phonej-phonie) cause quelques difficultés.

61 Tableau de quelques affixes et de quelques éléments affixaux

""""•---^dictionnaires PR affixes —

Lexis DHLF

GLLF

LOGOS DUI PLI NDFCI MR

DFV DMC

1. -able

+

+

+

0

0

0

0

0

+

+

0

2. -age

0

0

0

0

+

0

0

0

0

+

0

3. de-/dé-/des-/dés-

+

+

+

+

+

+

0

+

0

+

+

4. -ement

0

0

0

0

0

0

0

0

0

+

0

5. -erie

0

0

0

0

0

0

0

0

0

+

0

6. in-

+

0

+

+

+

+

+

+

+

0

+

7. -in

+

+

+

0

+

0

0

0

0

+

0

8. -isant

0

+

0

0

0

0

0

0

0

+

+

9. -isation

+

0

0

0

0

0

0

0

0

0

+

10. -isme

+

+

+

0

+

0

0

0

0

+

0

11. -iste

+

+

+

0

+

0

0

0

0

+

0

12. -ment

0

+

+

0

+

0

0

0

0

+

0

13. -phile

+

+

5

+

5

0

+

+

0

0

+

+

5

0

14. -philie

+

+

5

+

5

0

+

0

0

0

+

+

5

0

15. -phobe

+

+

+

0

+

0

0

0

+

+

16. -phobie

+

3

+

3

+

3

0

+

+

0

0

+

3

+

3

0

17. -phone

+

4

+

6

+

4

0

+

0

0

0

+

4

+

6

0

18. -phonie

+

4

+

6

+

4

0

+

+

0

0

+

4

+

6

0

19. vidéo-

+

+

0

0

0

0

Rem. :

1. 2. 3. 4. 5.

Sous Sous Sous Sous Sous

-iame. -phile. -phobe. phon-. phil(o)-.

1

2

0

6. 7. 8· 9.

1

+

Sous Sous Sous Sous

phon(o)-. phobie. -ieant. -phone.

1

2

3

9

7

4

0

2

8

0

0

+

62 faire figurer au rang d'adresse peut aonduire à des abus dont le moindre ne serait pas de ne plus mentionner les dérivés de mots de base ou certaines catégories de mots oonsidérés canute des émanations des autres.

Le rejet ou

la réduction sous la forme de la formule affixale de certains groupes de mots, manifeste

le besoin extralexicographique d'économiser de la place.

Mais même si l'absence d'un mot, volontaire ou non, reste un élément plus ou moins contestable dans l'analyse du contenu, il n'en demeure pas moins que le lexicographe prête le flanc à la critique. Il convient peut-être ici de faire une incursion du côté de la marque d'usage

nêol.

marque

nêol.

et

d'en

dire

un

apparaissait

not.

Jusque

fréquemment

identifier les mots nouveaux-nés.

vers

dans

les

1975

environ,

dictionnaires

la pour

Depuis cette date, un consensus assez

général semble s'être établi entre les différentes maisons qui

fabriquent

des dictionnaires de langue pour faire disparaître une étiquette chargée d'histoire.

En effet, cette marque, héritée du passé, servait à attirer

l'attention sur l'aspect nouveauté du not.

Qi même temps, elle en attestait

par euphémisme le caractère plus ou moins condamnable.

Elle

influençait

l'utilisateur davantage vers le jugement de rejet du mot plutôt que sur son caractère néologique, c'est-à-dire de pénétration récente dans le lexique usuel. des

Elle servait également au lexicographe à camoufler son jugement sous

apparences

scientifiques.

De

plus

ai

nêol.

plus,

est

donc

rem-

placée par la simple date d'apparition du mot dans la langue, date susceptible de reculer avec la découverte d'attestations antérieures.

La date a

néanmoins le mérite de situer le mot réellement dans le temps par rapport aux usagers et par rapport au reste de la nomenclature échelonnée tout au Ayatollah

long de l'histoire du français. de

1981

mais

PR

du

qui

musulman

a

daté

siècle.

Les

(1974),

sous

pour n'est

peut

pénétré mêmes

filiations et

pas

biomasse

en

rapport en

siècle

western

cependant

mis

français

16e

du

mercaticien

bipêdie,

être en

et

sous

avec

meraatique

(1974), disparue

mécanicien

daté daté

(sens

pour La

11e

ueeterm-eoja (1973), nêol.

marque

dictionnaires. 5°)

1823 avec

du

loubar(d)

etc. des

de

maizin,

forme

faites

pour

complètement et

la

Sarrazin

être

PR,

le

muezzin

avec

1568

peuvent

dans

daté de 1978 dans le tirage

dans

Voir le

PR.

Peur montrer 1'évolution de la langue même à l'égard du vocabulaire propre à la

néologie,

concurrence

il à

faudrait

néologie

étudier

vient

le

terme

embrouiller

néonymie

les

cartes

qui

en

fai saint

terminologiques.

63 Nêanymie, définit "étude des mots nouveaux" par les uns et "étude de la néologie terminologique" par les autres, se frayera-t-il un chemin jusqu'aux grands

répertoires?

Pour

le

moment,

il

fourmille

d'impatience

dans

500MN en attendant quelque hypothétique feu vert lexicographique.

6.2

Les terminologismes

Le

terme

terminologisme fut

proposé

par

louis

Guilbert

ai

1975

(cf. Guilbert 1976:18).

Il n'a pas parcouru tout le chemin qu'il aurait

peut être dû parcourir.

Il désigne toute unité lexicale appartenant aux

terminologies spécialisées des sciences et des techniques.

Le lexicographe

est obligé de sélectionner sévèrement parmi un nombre considérable de termes techniques et scientifiques afin de compléter une zone importante dans son dictionnaire, celle des mots terminologiques.

Le choix porte sur une masse

lexicale pour ainsi dire infinie, de l'ordre de plusieurs millions de terminologismes.

Les critères de sélection ou de rejet de ces termes par les lexicographes sont loin d'être toujours clairs.

Ainsi, dans le NDFCI, cri a

laissé de côté les termes restreints à des milieux

socioprofessionnels

étroitement spécialisés, ou encore ceux qui appartiennent à un vocabulaire proprement scientifique.

On a choisi d'intégrer les terminologismes vulga-

risés, "comme les dénominations usuelles des animaux, des plantes, des appareils,

etc."

{NDFCI, p.

V).

rôle de garde-fou est très utile?

Qu'y

a-t-il

dans

cet

età. dont

le

On remarquera que le choix des termino-

logismes est ainsi limitatif d'un côté ou expansif de l'autre.

Le eto.

peut servir à ouvrir délibérément le contenu comme il peut l'occulter.

Pour le PR, les terminologismes sont nécessaires dans la mesure où leur

diffusion

présence

d'un

sociale

est

vocabulaire

inportante

passablement

(voir étendu

p. pour

XVIII).

De



la

des domaines comme

1 ' informatique et l'automatique, les sciences biologiques, la médecine, les techniques de pointe (dent le détail n'est pas mentionné). PR adopte la positien suivante

Somme toute, le

: diffuser le vocabulaire spécialisé le

plus frappant de la vie contemporaine.

Ce vocabulaire après avoir été

employé par les spécialistes se déploie et pénètre dans l'usage habituel du grand public grâce aux procédés modernes de communication et de vulgarisation

(presse

écrite, presse

électronique, audiovisuel, etc.).

Les

64 dictionnaires contemporains manqueraient à leurs devoirs s ' i l s ne tenaient pas de

compte

de

terminologie

mots

comme

(tous

dans

ayatollah, le

module les

PR 81,

et

lunaire

deux

derniers

module

étant

cités

sous module). D'autres te ahnolo

mots

plus

g i e,

ou moins

bureautique,

plupart des dictionnaires. apparaît

robotique 1960.

Pour

et

Lexie

comme apprenant,

robotique,

le

bio-

télématique,

sont passés dans l1usage commun sans être

vidêomatique

v.

spécialisés

intégrés dans

la

De ces six exemples relativement anodins, seul

dans

mémoire,

DHLF, trois

le

Lexis

les

mots

(sous



robot)

ont

été

vérifiés

dictionnaires

qui

véhiculent

il

dans

est le

des

daté le

PR,

nomencla-

tures de plus de 50 000 irots et qui s'adressent précisément au public que ces mots intéressent. Une autre brochette d'exemples nous sera fournie par le terminologisme et

vidéo Le

plus

sous

PR

particulièrement

l'entrée

terminologiques est

très

élevé.

cinq

l'élément

donne

vidéo-

comme

Ces

terminologismes

vidéofréquenae, dérivés

l'entrée

libre.

(abrégé

aussi

de vidéo-,

Leur

statut et

vidéo)

dans

le

νidéoaass

ette

gramme, et

vidéemie.

de

de

dérivés

formation

exemples

,

sont

trois demeure

de

vidéo-.

formations

et

vidéo-

se

calcule

et

n'cxit pas

la

vidéo-

videophone.

reconnaissance

Seuls

jouissent

du

de

vidéofréquenae

statut

lexica-

Les seuls autres dérivés que l'on

le

sont

DHLF

vidéodisque, Pourtant

usuelle

vidéocassette,

incertain.

vidéophone

Lexis

:

vidéographe

l i s é et forment des articles distincts. trouve

de

récentes cinq dérivés dent 1'indice d'utilisation

oommunication, De ces

par

vidé

vidéoeompos personne par

ne

it e ,

contestera

dizaines,

ophoni

cette

que

e,

vidéole

technique

neenbre ayant

littéralement envahi à la vitesse de l ' é c l a i r les fcyers et presque toutes les activités humaines.

A ce chapitre,

on constatera avec une lucidité

toute naïve que les dictionnaires ent un recul considérable sur la réalité. Ces terminologismes nouveaux soit pourtant nécessaires et n'appartiennent plus exclusivement aux terminologies ultraspécialisées. terminologisme conme

de

audiophonie

et

et

de

didaetiaiel

de

sa

famille

didaathèque

I l en va de même du

lexicale

qui

ne

provignante,

sauraient

se faufiler dans les dictionnaires qui se disent à la page.

tout

tarder

à

65 Malgré les profondes lacunes constatées à partir des quelques exemples précédents,

le tableau des apparitions récentes en français paraît satis-

faisant dans les dictionnaires les mieux diffusés.

Que dire par ailleurs

des dictionnaires qui ne suivent qu'avec répugnance le mouvement lexical et qui traitent Tel

les terminologismes au hasard et selon les aléas du marient?

fut naguère

Littrê.

le cas dans les dictionnaires de l'Académie et dans le

Mais aujourd'hui de telles attitudes sont plus rares.

"La lexi-

cographie moderne, sauf à passer pour anachronique et faillir à sa mission pédagogique,

ne [peut] s'en tenir aux

interdits d'autrefois"

(Oollignon/

Glatigny 1978:82).

6.3

Les régionalismes^

Du point de vue linguistique en général et sémantique en particulier, le concept de

"régionalisme",

et plus spécifiquement

lexical", est amplement ambigu. infinie

à

ce propos

dans

celui de

"régionalisme

Les lexicographes observent une discrétion

leurs

écrits

théoriques.

Les

quelques

rares

réflexions qui sont concrétisées dans ces textes sont disséminées et dissimulées dans une masse d'informations

qui n'enveloppent

qu'une partie du

concept, c'est-à-dire celle qui concerne d'une manière quasi exclusive les régionalismes de France.

Les écrits "commerciaux" des lexicographes, autre-

ment dit les introductions et les présentations des dictionnaires de langue, sent aussi fort laconiques sur ce sujet et souvent même en contradiction avec le contenu de la nomenclature. même

Au surplus, aujourd'hui, la définition

de régionalieme est plus qu'équivoque.

Josette

Fey-Debove

a déjà

posé et examiné rapidement le problème dans sen étude sur les dictionnaires publiée en 1971 (voir Rey-Debove 1971:92).

Elle constate que la plupart des

régionalismes usuels qui expriment des concepts courants ayant un équivalent non marqué dans le lexique central sont écartés des nomenclatures moyennes des dictionnaires de langue. aux macrostructures, leur

"régionalité"

S'il arrive que des nots régionaux accèdent

ils perdent alors leur caractère proprement régional, en

quelque

sorte.

Ils

se

transforment

en

emprunts

internes, tout en conservant dans le dictionnaire une trace de localisation ou

d'origine

aaÏeu 2

ou

géographiques

aayeu

(Picardie)).

(waeeingue A

(Nord),

l'occasion,

veeaapê

(Hainaut),

l'origine

excentrique

Ce sous-chapitre est intégr£ à un article paru dans Lexique, nP 3, 1985, sous le titre : "A propos du ooncept de 'régionalisme'", p. 125-146.

66

non francienne est renforcée par une marque de classement comme (régional) région.

: voir

fada,

région.

(Canada) dans le PR.

(Midi),

far

région.

do ah e β,

D'un autre côté, lorsque des mots

régionaux désignent des phénomènes ou des particularités régionales et qu'ils 9ont sélectionnés par le lexicographe, "c'est alors pour la chosenommée et non pour le signe-nommant" (Rey-Debove 1971:92). abondent (breton), (béarnais).

:

aber faro

(breton), (wallon),

baetide

Les exemples

(provençal),

névé

(savoyard),

biniou piperade

Le constat de Josette Rey-Debove est surtout géographiquement

limité aux régional i smes intràhexagonaux.

Mais une grande partie de ses

observations peut être étendue et appliquée aux régionalismes extrahexagonaux, c'est-à-dire aux mots qui proviennent d'autres territoires francophones que la France, comme la Suisse, la Belgique et le Québec. Une ultime remarque fait dire à la lexicographe robertienne que le "not régional ai tant que tel est rare à la nomenclature des dictionnaires français, et joue un faible rôle dans les divergences de nomenclature" (Rey-Debove 1971:92). L'opinion date déjà de plus de dix ans et aucune étude récente n'est venue infirmer ou reconfirmer cette idée. Or, depuis ce temps, les lexicographes français cnt sensiblement nodifié leurs vues.

Ils ait diversifié quelque

peu les provenances des unités lexicales en allant puiser dans des réservoirs langagiers multiples. poeeiblement,

dépendamment,

Ainsi des régionalismes québécois comme poser

un

geste,

épluahette,

etc., ait commencé à retenir l'attention puis à se frayer un chemin vers les dictionnaires élaborés ai France. L'ouverture de la lexicographie française aux nots régichaux francophones pose en conséquence une série de questions d'ordre théorique et pratique qu'il sera nécessaire d'étudier sérieusement et résolument dans un avenir rapproché; il faudra examiner la question dans des perspectives autres que celles de 1'interdiction lexicographique, aspect qui nous retient plus particulièrement ici. Qu1 entend-on aujourd'hui par

régionalisme?

Pour répondre à cette question simple en apparence, nous élaborerons trois définitions que la lexicographie générale pourrait mettre à profit. Mais auparavant, il est approprié d'examiner la sitution actuelle en scrutant les définitions données par trois dictionnaires de langue qui serviront de témoins.

Ces répertoires qui méritent la confiance du public sont

récents, bien connus' et largement diffusés.

Il s'agit en l'occurrence du

67

PR, du

Lexie

et

du

DHLF.

Chacun

tradition lexicographique indéniable. preuves tant en France qu'à l'étranger.

représente

à

sa manière

une

Ces dictionnaires ait fait leurs Ils devraient donc être en mesure

de bien informer leurs lecteurs sur ce qu'est un régionalisme linguistique. 1.

PR

: régionalisme : "Locution, tour qui ne s1emploie que dans certaines régions."

2.

Lexie : régionalisme : "Mot, locution propre à une région."

3.

DHLF : régionalisme : "Locution, mot, tour propre à une région."

Au premier regard, les trois définitions alignées ci-dessus se ressemblent, tout en se révélant plutôt pauvres du point de vue sémantique. Mime si une légère allusion à la syntaxe y point dans deux d'entre elles (voir tour

dans

le

PR

et

le

DHLF),

elles

1'aspect lexical du concept de "régionalisme".

ne

que

Dans 1'étude de cette grande

question, cet aspect est le plus apparent certes. important de notre point de vue.

circonscrivent

C'est aussi le plus

Quoique la teinte lexicale dans le PR

semble plutôt estompée, elle n'en existe pas itoins, puisqu'elle est reportée sur

le mot

locution.

Au contraire de ses deux concurrents,

es cairote donc le not mot de la définition.

le PR

Le procédé est soit volon-

taire, soit l'objet d'une inadvertance. Oie fois ces premières observations admises, considérons une autre facette des définitions présentées.

Les

trois énoncés définitionnels donnent nettement 1'impression de ne retenir que l'aspect formel (le signifiant) des régionalismes et de reléguer aux oubliettes les régionalismes sémantiques.

Qui plus est, les définitions

sous-entendent que le régionalisme est toujours rattaché à la langue parlée ou qu'il est considéré comme relevant de ce niveau d'emploi, et cela même si le PR fournit des attestations d1emplois littéraires pour certains des mots régionaux qu'il consigne.

Qi outre, les définitions relationnelles

retenues par les lexicographes constituent un exemple évident de détournement de sais, puisque si l'en étudie attentivement le semant i sme du mot région dans

le PR, par

diatement perceptibles :

exemple,

les phénomènes

suivants

sont

immé-

68 1.

Aucune des quatre définitiais élaborées par ce dictionnaire ne convient pour expliquer le concept linguistique de "région".

2.

La première de ces définitions tombe dans le piège de la circularité étroite,

car

elle

comporte

elle-même

le

mot

région

dans

son

énoncé. 3.

Aucun des exemples d'emploi forgés par le lexicographe ou attestés dans la littérature et qui étayent les définitions ne peut être rattaché à l'aspect linguistique du concept de "région".

4.

Aucune allusion à la francophonie ne transparaît.

Autrement dit, il

n'y a pas de référence quelconque notée entre les positions excentriques des territoires francophones par rapport à la France. dans

le discours des linguistes,

souvent

dénommées

par

région linguistique

les

ces entités géographiques

chercheurs

à

(de la francophonie).

l'aide

de

Or, sont

l'expression

Il existe bel et bien

des régions linguistiques comme il existe des langues régionales. Les région

résultats dans

le

qui PR,

sont ne

livrés

sont

pas

suite

à

l'examen

exclusifs

à

ce

des

sens

du

dictionnaire.

mot La

situation est rigoureusement identique dans les deux autres dictionnaires de référence

du minicorpus.

Le

traitement

du not région

n'est ni

meil-

leur ni pire dans le Lexie et dans le DHLF. Ce long détour analytique nous ramène maintenant au concept de départ. L'impression première qui est retenue laisse croire que le terme régionalisme,

défini métalinguistiquement par les trois dictionnaires de con-

trôle, est bien incomplet du point de vue sémantique dans le domaine de la linguistique et que son taux de rendement est ainsi réduit au minimum. Il est

isolé et ai quarantaine par rapport aux autres membres de la même

famille lexicale.

La définition relationnelle ne joue pas entièrement son

rôle puisqu'elle aboutit à 1'incomplétude de la compréhension du aoncept et qu'elle débouche sur m tation qui

est sans

vide pour ainsi dire absurde. équivoque,

montre que

Une seconde consta-

le concept de

"régionalisme

lexical" est bien restreint au territoire français et à lui seul.

Ώι effet,

jamais on a l'impression que le mot régional accepté dans une nomenclature n'a d'autre provenance que la France.

Cette restriction géographique est

69

évidemment d'origine historique et elle s'explique aisément pour le passé. Nous avons néanmoins là 1'expression vive de l'interdiction lexicographique qui se situe au niveau métalinguistique, ou plutôt métalexicographique. L'interdiction de l'objet régionalisme passe par le nivellement de la définition

du

mot

régionalisme.

ostracise les référents.

Le

traitement

lexicographique

du

mot

Volontairement ou non, le dictionnaire s'auto-

interdit l'accès à une partie du lexique vivant utilisé en dehors des frontières de la France. Afin de remédier quelque peu au malaise conceptuel qui vient d'être évoqué, nous proposons à notre tour une série de définitions pour le concept de "régionalisme".

Seul le strict plan lexical sera aonsidéré. Les aspects

phonétiques et syntaxiques sont volontairement négligés.

Nous parlerais de

série, parce que, à notre avis, le terme est polysémique.

Nous soumet-

tons ces définitions à l'étude et à la critique en attendant que des recherches plus poussées sur d'autres concepts de ce domaine de recherche puissent permettre de les préciser davantage et de les interrelier.

Régionalisme : 1.

'"Bout fait de langue (mot, expression, ou leur sens) propre à l'un ou à l'autre des français de France, à l'exception de celui de la région parisienne qui constitue le français central ou de référence et à l'exclusion également des français de tous les autres territoires francophones."

2.

"Tout fait de langue (mot, expression, ou leur sens) propre à l'un ou à l'autre des français hors de France, à l'exception du français de la région parisienne qui constitue le français central ou de référence et à l'exclusion également des français de toutes les autres parties de la France."

3.

"Tout fait de langue (mot, expression, ou leur sens) propre à l'un ou à l'autre des français intra- ou extrahexagonaux, à l'exception du français de la région parisienne qui constitue le français central ou de référence."

70

Les trois définitions précédentes intègrent dans leur formulation la facette terminologique des régionalismes aussi bien que la référence à la langue d'usage général.

Pareillement, elles incluent l'aspect sémantique

jusque-là souvent négligé, étant entendu qu'à 1'aspect d'habitude uniquement formel du régionalisme, il est essentiel d'ajouter la possibilité pour un signifiant du français général (ou commun, ou parisien, etc.) d'être emprunté par une région de la francophonie où il générera un sens proprement régional.

Nfeis, encore là, il faut veiller à faire la part des choses entre

l'enrichissement sémantique d'un signifiant du français commun, alors répercuté

dans

la

polysémie

(cf.

académique

québ.

(PR))

et

l'éven-

tuelle création régionale parallèle, c'est-à-dire de la création à la fois d'un signifiant et d'un signifié régionaux indépendants de l'unité lexicale hexagonale. (cf.

A ce niveau, il s'agirait du phénomène de l'homonymie régionale

québ.

aoupe-vent

{PR)

et

québ.

dépanneur·)

.

Au

sur-

plus, dans tout cela, il importe de tenir compte de l'aspect diachronique aussi bien que de 11 aspect synchronique du phénomène de reconnaissance ou d'apparition d'un régionalisme.

Enfin, pour ocmpléter le portrait multi-

forme du régionalisme, retenons qu'il est possible pour un signifié du français général de correspondre à la fois à un signifiant du français parisien et à un signifiant d'un français régional, établissant ainsi une relation de synonymie due"

:

(Roeaoéee) utilisé

géographique France à pour

landau

PR

: "voiture

d'enfant

à

caisse

suspen-

Québec

aavoeee·,

"arbuste

ou

arbre

épineux

(cf. /

fleurs odorantes blanches ou roses, à floraison précoce, les haies

vives

[...]"

: France

aubépine

/

Québec

aenetliev).

Ainsi, d'une manière schématisée,

tout en simplifiant également le

phénomène extrêmement complexe et multiforme de la création hotonymique parallèle, un régionalisme peut donc être issu de l'une ou l'autre des combinaisons suivantes dent la réunion constituera une minitypologie pratique et qui ne prétend pas à l'exhaustivité. 1.

Régionalisme



français +

afr.

2.

Régionalisme



régional

(ex. québ.

avoûte·,

appui-tête).

sa régional lié + sé régional (ex. québ. dépanneur;

afr.

authenticité).

71 3.

Régionalisme

->- sä

régional

afr.

téléroman; 4.

Régionalisme

-*· sä

libre

régional



régional

(ex.

quêb.

bigreur).

+

çante Ì afr.

+



français

(ex.

québ.

ber-

aventures).

Telles qu'elles sont présentées, les quatre équations linguistiques sont pratiques.

Elles donnent une bonne idée de la difficulté et de l'envergure

des études sur les régionalismes et les français régionaux.3 Des

trois

définitions

du

terme

établies

régionalieme

avant

la

digression typologique, c'est la dernière qui convient davantage à la situation présente dans le domaine lexicographique de la c'est-à-dire de l'étude des régionalismes lexicaux.

"chorolexicologie",

Cette définition que

nous reprenons ici - "tout fait de langue (mot, expression, ou leur sens) propre à l'un ou à l'autre des français intra- ou extra hexagonaux, à l'exception du

français de la région parisienne qui constitue

le

français

central ou de référence" - permettra de préciser la définition du terme région

qui mérite m

enrichissement sémantique néologique adéquat afin de

répondre aux réalités linguistiques d'aujourd'hui.

Le sens suivant pourrait

être adjoint aux dictionnaires de langue ainsi qu'aux dictionnaires de linguistique, les uns comme les autres ayant négligé le concept jusqu'à ce jour : /

:

région

"Zone géographique

(pays. Etat, territoire) de la franco-

phonie caractérisée par la présence de la langue française dont les modalités d'utilisation sont soumises à des conditions ou des contraintes sociolinguistiques variables". Cette définition pose par ailleurs de nombreuses autres interrogations. Elle

laisse

entendre

que

le

terme

francophonie

bénéficie

lui-même

d'une définition acceptable qui circonscrit correctement le concept (cf. celle

du

PR),

que

le

terme

langue

française

ou

français

possède lui aussi une définition moins nébuleuse dans les dictionnaires courants, 3

ce qui est malheureusement

loin d'être toujours

le cas

(cf.

L'explication détaillée des équations est donnée à l'article cité, p. 132-136.

72

PR, ne

Lexis décrit

plus

et

le concept

explicite

çais.

DHLF à

qui

proposent

d'une

manière

définitions

satisfaisante).

langue

l'article

des

et

il

n'offre

dont

aucune

Le OL n'est pas

guère fran-

d'article

À toutes fins pratiques et une fois les définitions des concepts

de base que sont "français" et "région" bien délimitées et bien acceptées, le

syntagme

français

régional

régional

: "Ensemble de faits de langue (not, expression ou

pourrait

être

défini

à

son

tour

comme

suit : français

leur sens) caractéristique de l'un ou de l'autre des français intra- ou extrahexagonaux, à l'exception

du

français

parisien,

considéré

comme

le

français central ou de référence, mais y compris les

emprunts

intégrés,

qu'ils

proviennent

des

substrats, des superstrats ou des adstrats". La définition proposée ne revendique que le contenu lexical du concept de "français régional" tant dans la perspective de la langue écrite que dans celle de la langue parlée.

Elle intègre ai outre les ccrposantes diachro-

niques et synchroniques dans les perspectives de la variation linguistique. Cette dernière volets,

théorie pose elle-même une problématique normative à deux

l'un qui renvoie à la supranorme

(France, et plus

spécifiquement

Paris et l'Ile-de-France) et l'autre qui renvoie à une ou à des infranormes (le Québec, dans le cas présent). Historiquement, dictionnaires

"en

écartant

participaient,

la

avec

la

plupart

des

termes

centralisation

régionaux,

les

administrative,

le

développement de 1'instruction publique et une certaine standardisation des genres de vie et formes d'activité, à l'unification du français sur la base du parler parisien" (Collignon/Glatigny 1978:85).

Cette phase nécessaire de

stabilisation et de normalisation de la langue française a duré plusieurs siècles. par

L'imperméabilité des dictionnaires n'a cependant pas été totale,

nécessité

pourrait-on

insinuer.

Une

impensable et surtout presque irréalisable.

autarcie

centralisatrice

était

Au cours des années qui ont

précédé une période charnière que nous situerais aux alentours de 1970-1975, les solutions adoptées par la plupart des dictionnaires de langue courants consistaient

donc

à

intégrer

des

régionalismes

hexagonaux

dont

la zone

d'emploi ou d'influence s'était sensiblement élargie (voir la définition 1.

73

de

comme

régionalisme),

(Nice),

ou

tomette

(Rouergue),

aven ou

tommette

pissaladière

(Dauphinois),

tomète

tous

accueillis dans les principaux dictionnaires de langue actuels. Une liste d'environ 1200 de ces régionalismes a été compilée par Pierre Guiraud il y a une quinzaine d'années (voir Guiraud:1968) à partir du dictionnaire étymologique de Cauzat et de celui de Bloch et Vfertburg. Klle couvre toutes les grandes périodes de l'histoire de la langue française. Quelques rots d'origine extráhexagonale y figurent; nais presque toutes les entrées

sent d'origine

(bleime,

borin) On

dir). et

un

faux

d'autres

y

a

européenne. et

repéré

québécisme

formes

des deux ou

hybrides

sont

catalanismes

faux

comme

(provençal-espagnol),

saut

Ce

surtout des

helvêtismes

{abricot

canadianisme tartane

et

(orignaa)

bréaubergine)

à

travers

(provençal-italien),

soubre-

(Antilles-Ouest).

liane

wallonismes

(arpette,

Ces mots

con-

servent toujours les mêmes sources historiques à l'exception de

orignaa

dont

de ce

l'origine

dernier mot est

est basque

selon

le PS.

La

forme

actuelle

orignal.

L'une des caractéristiques dominantes de ces régionalismes est sans aucun doute leur appartenance à la catégorie des terminologismes, du moins pour un bon nombre d'entre eux. appelle leur "voie d1emprunt".

C'est ce que le compilateur de la liste

D'autres sent des synonymes de rots français

parisiens ou île-de-franciens ou encore ils appartiennent au vocabulaire de l'argot général ou militaire.

Aujourd'hui «icore, le court répertoire de

Guiraud forme le noyau des régionalismes consignés par les dictionnaires de langue.

Autour de lui s'articulent les acquisitions plus récentes dent en

ne possède qu'une faible idée de l'ordre de grandeur, car leur recension exhaustive et leur classement systématique restent à faire.

La liste des

mots français de provenance dialectale ou régionale mérite certainement une mise à jour et surtout un enrichissement non seulement hexagonal mais aussi extrahexagonal.

Une nouvelle liste augmentée des nouveaux arrivés depuis

1940, date du plus récent rot cité par Guiraud, fournirait un matériel d'étude fort intéressant et fort utile pour déterminer des critères d'inclusion et d'exclusion de ces unités linguistiques des dictionnaires de langue. En nous fondant sur l'inventaire de Guiraud, signalons, pour mémoire et en guise d'exemple de travaux à accomplir, quelques remarques à propos de cette liste.

74 La liste de 1968 comprend dix mots ayant une datation d'emprunt précise pour le 20e siècle.

Nous les donnons ci-après.

Ils sont accompagnés de

leur étiquette d'emploi ou de leur seis, quand (provençal, aagna

1928,

(provençal,

"servi

par

(provençal, terme

argot),

les

1915,

:

argot

fées"),

1930,

technique

(mines)

braderie

"jeu :

"puits"),

"échappé"),

(Quercy,

houles"),

(champenois, 1914, argot).

"vente

fada(e) 1906,

puahe

reeaapé

resquiller

il y a lieu

1925,

militaire),

igue

de

(Nord,

soldes"),

(provençal,

géologie),

(normand

(wallon,

: baratin

de

et

1906,

(provençal,

1940,

pétanque

picard,

terme

1930,

1907,

technique

argot),

toto

Afin de mesurer les changements qui sont sur-

venus dans le traitement de ces mots dans les éditions récentes des dictionnaires de langue, m u s nous sommes livré à quelques petites vérifications dans

le PR.

L'examen

demeure

superficiel,

mais

il montre

qu'il y aurait pour la lexicographie à le pousser plus à fond.

l'intérêt

Les dix mots

précités et empruntés au cours de la première moitié du 20e siècle sont toujours consignés dans les dictionnaires

les plus récents,

qui les a tous retenus dans sa deuxième édition.

tel le PR

Deux d'entre eux subissent

un recul de date d'apparition qui les fait remonter au 19e siècle (braderie

s 1925

-*• 1867

(voir

cependant

Lexie qui

indique

oagna : 1915 —*• 1883).

1926;

reequiller : 1930 — •

selon

le

aagna

perd

1927r son

toto

: 1914

étiquette

(baratin : 1928 —•

—»- 1902).

hexagonale

et

Toujours devient

emprunt non plus au provençal, mais à l'annamite (Viêt-nam). régional daté

de

le plus 1940

récent

(PR

1780) ;

Un simple recul de date d apparition sans chan-

gement de siècle affecte trois autres régionalismes

PR,

vers

1

de

donne

la 20

e

liste de Guiraud siècle

la date d'apparition du mot en provençal

et

est fada(e) qui est

le Lexie

: 1580).

un

L'emprunt

ne

fournit

que

Un écart de plus de

quarante ans sépare ce régionalisme des dictionnaires de langue élaborés au cours des dernières années.

A lui seul cet écart temporel justifierait un

nouvel examen des régionalismes consignés dans les editions récentes des dictionnaires.

De

nombreux

mots

régionaux

ont

en

effet

pénétré

en

"français" depuis le milieu du vingtième siècle.

Les dictionnaires de

néologismes

le

réalisés

par

Pierre

Gilbert

(cf.

DMN

et

le

DMC)

en regorgent.

Jusqu'au milieu des années 70, les régionalismes extrahexagonaux étaient systématiquement écartés des dictionnaires de langue (voir la définition 2.).

Depuis cette époque, il y eut un léger assouplissement et les diction-

75 naires cnt aanmencé à introduire des régionalismes extrahexagonaux, essentiellement Lexie

et

les

québécismes,

DFV).

Les

les

belgicismes

africanismes

n'ayant

et pas

les

helvétismes

encore

bénéficié

(PR, d'un

traitement systématique encombrent de plus en plus les seil les d'attente des dictionnaires. et

Quelques

appui(e)-tête

mais

dans

mots

le

PR

il est difficile d'affirmer

isolés ont

comme

reçu

palabre

un

dans

traitement

le

DHLF

convenable;

s'ils appartiennent véritablement à la

catégorie des homonymes ou à celle des unités polysémiques, le rapport des groupes homonymie/polysémie et français/français régional n'ayant pas encore fait 1'objet de recherches très poussées.

Les créolismes de leur côté sont

à peine considérés, l'étude de ces derniers n'étant guère avancée et surtout ne

pouvant

bénéficier

d'un

répertoire

d'appui

le

moindrement

étoffé,

contrairement aux africanismes dont la description est en cours par l'entremise du projet d'inventaire du français d'Afrique.^

Avant 1975, les lexico-

graphes se préoccupèrent donc fort peu des régionalismes lexicaux vivant ai dehors des frontières françaises.

Seuls étaient admis quelques emprunts aux

langues régionales de Prance, emprunts qui venaient se nicher auprès du français parisien et île-de-francien poursuivant ainsi la concrétisation d'une mainmise centralisatrice et d'un pouvoir normalisateur sur la langue française.

Même aujourd'hui, ce regard sur la langue française n'est pas

complètement dissous. Dans la perspective de 1'interdiction lexicographique et à la lumière de notre deuxième définition d'il y a un moment, voyons aomment se ocmporte la lexicographie française des dix dernières années à l'égard des régionalismes extrahexagonaux.

Trois attitudes fondamentales sont à retenir.

Elles cnt

déjà été esquissées dans un opuscule publié en 1980 (voir Boulanger 1980:19 et suivantes). 1.

Nous les reprenons ici, tout en les précisant.

Les dictionnaires incorporent les régionalismes (mots et sens) dans la macrostructure en quantité plus ou moins grande.

Il n'est guère pos-

sible de connaître le nombre exact de rrots retenus, aucune liste n'étant disponible.

Le PR

en

compte

quelques

centaines,

limite à des listes officielles comme les Canadianiemea (CBA) de l'Office de

la langue

française du Québec,

tée de quelques éléments glanés au hasard des modes. 4

L'inventaire est terminé et publié.

le Lexie

se

de bon aloi liste augmen-

Cette liste des

76 CBA contient

62

mots;

date déjà de 1969.

elle

a considérablement

vieillie

puisqu'elle

Elle ne répond plus guère aux besoins les plus

modernes en matière de réalités linguistiques québécoises. siterait une sérieuse toilette.

Elle néces-

Cette première attitude est la plus

progressive. Elle se situe sur une gamme cillant de la témérité avisée à la prudence réfléchie. 2.

Les dictionnaires refoulent les régionalismes en annexe dans des listes séparées de la nomenclature.

Ce procédé utilisé par le DFV dénote

tout à la fois une extrême circonspection en face du ¡Siênomène et une perpétuation de 1'option lexicographique qui se rattache à une normalisation centralisatrice qui perçoit les variations comme condamnables. 3.

Les dictionnaires écartent totalement les régionalismes du dictionnaire, tant de la macrostructure que des annexes.

Cette attitude atteste soit

l'ignorance du phénomène, soit le désintéressement, soit l'expectative. C'est le cas pour certaines entreprises lexicographiques ayant engagé récemment des travaux d'élaboration de dictionnaires nouveaux ou des travaux

de

et

DUI.

le

réfection Le

d'ouvrages Logos

plus

quant

à

anciens, lui

ocnime pour

informe

le DHL F

clairement

les

lecteurs qu'ils ne trouveront pas "les vocables eu les enplois propres à la Suisse, à la Belgique, au Canada" (Préface, p. IX). Les attitudes qui ont divergé au cours de la brève période qui s'étend de 1970 à 1980, tendent indéniablement vers l'uniformisation.

En fait, le

choix n'existera bientôt plus pour les dictionnaires dont les tendances ne sont pas trop puristes et dont l'ouverture sur le mende est conséquente des événements qui s'y déroulent. lismes

de

toutes

Les lexicographes introduirait des régiona-

les provenances géographiques

francophones dans

leurs

répertoires respectifs (voir la définition 3.). Les aspects économiques et commerciaux contribuent de tout leur poids à de telles décisions, car il ne faut pas oublier que le dictionnaire est un produit de aonsommation concurrentiel·, qui, pour survivre, doit se renouveler de temps en temps afin de conserver son caractère d'actualité et donc se vendre, ces raisons ne suffisent pas.

tfeis à elles seules,

Il faut aussi envisager les pressions exté-

rieures régionales qui participent au mouvement de renouvellement par leurs aspects

politiques

et culturels.

Au

surplus, des besoins

pédagogiques

pressants et le développement des communicat ions interfrancophones incitent

77

les lexicographes à agir de la sorte. Québec,

Si l'on prend un cas concret, le

par exemple, ai pourrait exiger que pour être recommandé

comme

matériel pédagogique officiel par le ministère de l'Education, les dictionnaires

fabriqués en France doivent comporter une proportion adéquate de

québécismes et d'autres régionalismes.

Déjà, plusieurs maisons d'édition

offrent des adaptations "canadiennes" de leurs dictionnaires.

Ces adapta-

tions ne sait pas toutes d'un intérêt égal, ayant été réalisées à l'aide de s

procédés allant des plus empiriques jusqu'aux plus réfléchis.

A la décharge

de ces dictionnaires, il faut faire remarquer qu'il n'existe pas encore de description du lexique québécois qui soit à la fois générale et satisfaisante.

Par ailleurs, l'évolution des recherches ai lexicographie française

actuelle participe à ce mouvement d'unification des pleins de contenu macrostructural de la plupart des dictiainaires français. Voilà daic un type d'interdiction lexicographique qui semble en voie d'atténuation, voire en voie d'être levée.

Mais comme en l'a vu, le concept

de "régionalisme" demeure toujours sans définition officielle valable. supporte d'ailleurs une image plutôt péjorative, cons idérat ions stricte

politiques

définition

ou

géographiques

linguistique.

Le

ou

terme

Il

se débattant entre des soc ioéconcmiques

végianalieme

et

une

lui-même

est

soumis présentement à des critiques de la part de certains linguistes qui ne le

trouvent

plus

adéquat.

L'éclairage

de

la théorie de

linguistique y changera peut-être quelque chose.

la variation

Eh attendant, les discours

de présentation des lexicographes à ce sujet ne sait guère plus explicites dans les dictionnaires eux-mêmes. purement plus

documentaire"

typiques"

Français général

(DFV72,

(DFV72, p.

p.

1303)

"puissent voir en quoi français"

Les régionalismes sait donnés "à titre XI)

ou

parce

ou encore pour

qu'ils que

"ont

les

paru

lecteurs

les non-

leur vocabulaire diffère du vocabulaire

(DF772, p. XI).

(Ces remarques centralisatrices

disparu de l'édition de 1979 du DFV marquant par

ait

là une évolution des

mentalités et un début de prise de conscience de la variation linguistique francophone. )

Pour

le PR,

il s'agissait

d'expliquer

aux

lecteurs

non

originaires de la région visée "la valeur de[s] termes qui pourraient être mal

compris"

sélection pour

(p. XIX).

Le

Lexie

quant

à

lui

le domaine qu'il appelle dialectal

a

été

limité

dans

sa

"par le petit naiibre

de travaux écrits et par les noiibreuses variantes orthographiques" (p. VIII des

éditions

de

1975

et de

1979).

Dans

le DHLF, en relève que

les

mots régionaux sont "d'une inappréciable saveur" (Note de l'éditeur, s.p.)

78

sans que le lecteur en sache plus à ce propos. d'introduction,



des

termes

comme

Ces bribes des discours

typique,

fréquent,

diffi-

aulté d'aeaèe reviennent souvent, masquent les réelles difficultés auxquelles se heurtent les lexicographes dans la sélection des régionalisntes. En

l'absence de

critères

scientifiques

déterminés

et

rigoureux

et »1

l'absence d'une théorie du régionalisme et de la variation linguistique qui soit acceptable, en comprendra que la situation perdurera encore un moment malgré les progrès accomplis dans l'analyse du phénomène. se pose-t-il maintenant pratiquement.

Aussi le problème

Il serait souhaitable d'entreprendre

une étude approfondie sur les critères d'introduction des particularismes régionaux dans les macrostructures des dictionnaires français fabriqués en France et d'en tracer les limites. en termes sociopolitiques.

Ce problème "se pose très ouvertement,

Les communautés concernées sent souvent divisées

sur le modèle de norme à promouvoir et rejettent ou revendiquent inégalement leurs particularismes" (Rey 1977:144).

6.4 Les emprunts

Une langue qui désire survivre ne peut absolument pas vivre en autarcie linguistique.

Elle doit emprunter d'une manière raisonnable des vocables

aux autres langues.

L'acte de 1'emprunt linguistique est historique et très

ancien.

Le français emprunte depuis qu'il est né officiellement au 9 e

siècle.

Le phénomène est inéluctable encore aujourd'hui dans notre société

contemporaine en expansion technique et scientifique perpétuelle.

Il n'ira

guère en s'affaiblissant dans les années à venir; d'autant plus, que les contacts de langues ent tendance à s'accroître aussi.

Ce qui ne signifie

pas que l'emprunt ne puisse pas être contrôlé. Il est

évident

que face à l'afflux constant de mots étrangers ai

français, les dictionnaires doivent choisir. rejettent emprunt,

aussi.

Ils en intègrent mais ils ai

Lorsqu'il décide de conserver, puis de consigner un

le lexicographe le marque toujours d'un sceau qui avertit le

"consulteur" (le mot est d'Alain Hey) du dictionnaire qu'il a affaire à un mot étranger, si par hasard il n'a pas remarqué l'apparence graphique ou phonétique (de

insolite

l'allemand),

darbouka

(de

ezlachta

(mot

de

ces

macho

l'arabe)

mots (de

dans

polonais)

et

dans

sa

langue

l'espagnol), le

PR,

puezta

(voir Weltanschauung

datcha

kwashiorkor (mot

(du (du

hongrois)

russe)

et

bantou), dans

le

79

Lexis, ou encore ostiak (mot s i b é r i e n ) e t kshatriya (mot sanscrit) dans l e DHLF). Certains emprunts sont contestés par l e s l e x i c o g r a p h e s eux-mêmes: PR s w a t e r p r o o f : a n g l i c i s m e ; walkie-talkie ou talkie-walkie : américanisme; DHLF : know-how: anglicisme critiqué. La r é a l i t é dissimulée d e r r i è r e l e mot peut demeurer étrangère (dataha, dazibao, a y a t o l l a h , khamein "vent brûlant du désert") mais être connue dans l a francophonie. Elle peut aussi pénétrer dans n o t r e c i v i l i s a t i o n ( t e e - s h i r t ou T - e h i r t , walkman, l o f t , kakémono "peinture japonaise"). Le lexicographe accueillera assez facilement le not renvoyant à un concept nouveau qui correspond à une chose étrangère. C'est 1'emprunt appelé xénieme. Les exemples du p r e m i e r groupe c i t é s ci-dessus (dataha, dazibao, ayatollah, khamein) sont des xénismes. Tout en demeurant hors des zones d'influences francophones, l e s enprunts peuvent donner lieu à certaines adaptations, comme par exemple l a d é r i v a t i o n ( a y a t o l l a h + -eeque —• ayatollesque) ou une r é u t i l i s a t i o n figurée (dazibao • nom d'une galerie d ' a r t à Nbntréal). Par a i l l e u r s , s i l e concept nouveau trouve des racines «1 France, ou offre un caractère francophone universel, i l se créera nie résistance dont l a source est l a norme sociale. Cette résistance entraînera une proposition française (ex. kitchenette • auisinettej windsurf • pianahe à voile', windsurfer • véliplanchiste (DHLF); skateboard • pianahe a roulettes). Les mots étrangers très aourants serait donc re j e t é s oartme non nécesaires. Tandis que des enprunts techniques moins fréquents seront accommodés ( b a r r a n c o (mot espagnol) "ravin", t e l l (mot a r a b e ) " c o l l i n e a r t i f i c i e l l e " , puszta (mot hongrois) "plaine inculte", tous dans le Lexis). (Voir l e tableau des prononciations des enprunts c i t é s dans oes deux derniers paragraphes. ) Le lexicographe n' a donc pas l a liberté de e l i s i r s ' i l doit retenir ou non des emprunts; i l doit inclure dans son dictionnaire des enprunts de luxe ou de nécessité, ces derniers prenant l e pas sur les premiers. I l doit en outre les définir et ce faisant, i l acoonplit vu acte plus ou moins normat i f . Cans certains cas, i l délivre un c e r t i f i c a t de naturalisation française à des mots étrangers (voir l a prononciation de certains emprunts comme punk : [pynk] en France et [porik] au Québec; macho : [mat J o] ou

80 Tableau des prononciations des emprunts

-

ayatollah

(ar.)

: PR81

-

barranco

(esp.)

: Lexie?9

-

darbouka

(alg.)

: PR81

-

datcha

-V [ajatola] [ barato] ->-

: PR 81

(russe)

[daRbuka] [datja]

: (non consigné, sauf dans MA, sans prononciation, et dans SBDNE, qui donne [ ' da :dz ¡ : ' bau ] pour l ' a n g l . )

(chin.)

-

dasibao

-

kakemono ( j a p . )

: PR8Í

[ kakemono ]

-

khamsin ( a r . )

: PR81 Lexis?9

[xamsi n] [ rams ¡ η ]

(amér.)

-

kitchenette

-

know-how ( angl. )

-

kehatriya

(sanscrit)

-

kwashiorkor·

-

loft

-

nacho (esp.

->

: PR81 DHLF

-V ->-

[kitjenet ] [ kit Janet ]

: PR81 DHLF

->-

[ roaw ] [ noa u ]

: DHLF

->-

[kJatRi ja ]

: DHLF Lexie?9

(bantou)

(angl.) d'Amér.)

[kwaJjoRkoR] [kwasjorkor]

PLI82

[ loft]

PR81

[mat Jo]

-

oetiak

(sibérien)

PR81

[ostjak]

-

puesta

(hongr.)

DHLF

[pusta ]

-

skateboard

DHLF Lexis?9

[sketboRd] [sketbord ]

-

ezlachta

-

tee-shirt/T-shirt

-

tell

-

walkie-talkie/talkie-walkie (amér.)

(amér.) (pol.) (amér.)

(ar.)

( angl. )

- Weltanschauung - windsurf - windsurfer

Remarques :

[slajta]

PR81

[tiJœRt]

PR81

- walkman ( a n g l . ) - wate rproof

Lexis?9

(amér.)

[tel] [wokitoki]/[tokiwoki] [tokiwoki ] [toik i wo 1k ï]

PLI82

(pas de prononciation

PR81 Lexie79 Lexis?9

indiquée)

[wat eRpRiif ]

PR81

(all.)

(amér.)

->-

PR81 DHLF Lexie79

->-

[ve 1 tanJawuQ ] [veltanjawug]

-y [w i ndsœrf]

(non consigné)

1· Les s l g l e s indiquent les dictionnaires de référence. 2. Lexis

: [ r ] = PÄ et DHLF CR].

3. Pour connaître la prononciation des signes, dictionnaires eux-mêmes.

voir

les

81

[majo]

cu

gas-oil),

l'adaptation écrite de certains autres comme gazole marchandisage

(angl.

(angl.

Tandis

merchandising).

que

dans d'autres cas, il ne délivre qu'un permis de résidence temporaire supputant une espérance de vie linguistique courte avant que 1'emprunt ne cède sa place à un équivalent français ou encore calculant une rapide disparition du acncept qui entraînera avec lui le not ou la série de rots qui l'exprime. Nonobstant

les

interventions

scientifiques

des

lexicographes,

des

motivations de deux ordres peuvent freiner l'entrée des emprunts dans les dictionnaires.

D'abord des difficultés réelles d'intégration au système

phonétique français, raison avant tout d'ordre linguistique. l'histoire

du

not

Ensuite,

design.

c'est le cas au Québec.

un

réflexe

On connaît

nationaliste

comme

"L'emprunt ne fait plus alors figure de libre

fantaisie, de snobisme, mais de sujétion insidieuse; la pénétration massive des faits de langue étrangers est ressentie comme les effets d'un impérialisme linguistique dent les bases sont politiques et économiques" (ReyDebove 1971:103). 6.5 Les vulgarismes et les argotismes On rangera parmi ces mots, les mots grossiers, les jurons, les termes qualifiés de triviaux, de scatologiques, d'erotiques, de même que les mots de la langue verte.

Pour mieux nous situer, nous les appellerons des

non-conventionnaliemee. Au

fil du temps, très peu de non-conventionnalismes ent réussi à

franchir la barrière de la censure pour se frayer un chemin jusqu'aux dictionnaires "réalisés par des gens doctes et de bonne compagnie" (Matoré 1968:211) parlant eux-mêmes un langage académique.

Mais la situation évolue

rapidement sous la poussée de la société qui modifie ses attitudes traditionnelles et sous l'influence des nécessités de la communication. christ,

nos

salisse,

nos

hostie

et

nos

ostensoire

Si nos n'ont

pas encore droit de cité dans les dictionnaires français, ils devraient cependant être décrits et pris en charge par un éventuel québécois

de la langue française,

Dictionnaire

du moins dans une certaine masure qu'il

resterait à évaluer puisque le nombre de ces jurons québécois est de l'ordre de plusieurs milliers.

Il faudrait en interdire quelques-unsI

82

Nous nous sommes penché sur une famille lexicale très productive en français contemporain.

Mous voulions étudier le sort que les dictionnaires

lui

Il

avaient

réservé.

s'agit

du

not

et

ohiev

d'autres membres de cette prolifique famille.

de

ses

dérivés

ou

La fréquence d'utilisation de

ces vocables ne saurait être mise ai doute par quiconque.

Plutôt que

d'énumérer cette brochette de nebíes mots, nous en avons dressé un tableau qui permettra de visualiser l'ensemble.

Une série de dictionnaires, douze

au total, publiés entre 1971 et 1981 ent été dépouillés.

Nous les regrou-

perons en quatre sous-ensembles : 1.

Les dictionnaires de langue pour les adultes : PR, Lexie, Logoe,

2.

Les dictionnaires de langue pour les jeunes : PLI,

3.

DHLF,

GLLF. DUI.

Les dictionnaires de langue à vocation scolaire : NDFCI, DFV, MR.

4.

Les dictionnaires spéciaux : DFNC, DI.

Dix-neuf mots ent été retenus (voir le tableau). famille

ne

ahialev

sont

pas

considérés

pour

Ceux de la sous-

11 instant

puisque

dictionnaires ne s'entendent pas sur son origine étymologique : le

les

le

fait

PR

de

venir dér.

forme

dialectale

diminutif

ohiaillev,

"probabl. 128).

d'une de

[...],

ahiau

de

de

chiot

Quand

ahiev.

avec

interférence

de

au

Lexie

et

(ahiau)

le 5

BW

ahiev"

: (p.

Dans le doute, nous nous abstenons.

Afin de compléter

le tableau, voici quelques observations.

Le FEU

(vol. 4, p. 16 à 21) consacre plus de dix colonnes complètes au not latin Des centaines de mots gallorcmans de la famille sent donnés tout

aaaave.

au long de ces dix colonnes. Dans telles triv.

certains :

recueils,

a r> g . ,

les mots

-oui g . ,

sont

f am . ,

affublés tree

de marques d'usage ν ut g . ,

p o p . ,

Il est évident qu'une famille semblable ne peut pas échapper à ce

genre de jugement ou de classification par renvoi à un niveau de langue ou d'utilisation.

83 Tableau de CBIER et de sa famille lexicale

Groupe 1. l^ictionnaires PR mots- ^ — .

Lexis DHLF

^'Groupe 2!^

LOGOS GLLF

Groupe 3.''Groupe 4.

PLI DUI NDFCI DFV MR

DFNC

DI

1. caca

+

+

+

+

+

+

0

+

+

+

0

+

2. chiade

0

+

0

0

+

0

0

0

0

0

0

0

3. chiadé

0

+

+

0

+

0

0

0

0

0

+

+

4. chiader

+

+

+

0

+

+

0

0

0

+

+

+

5. chiadeur

0

+

0

0

+

+

0

0

0

0

0

0

6. chiant

+

+

+

0

0

+

0

+

0

0

+

+

7. chiard

+

+

0

0

0

0

0

0

0

0

+

+

8. chiasse

+

+

+

+

+

.+

0

+

0

+

+

+

9. chiasseux

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

+

0

10. chiatique

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

+

+

11. chié

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

+

+

12. chiêe

+

+

0

0

+

+

0

0

0

0

+

+

13. chiêment

0

0

0

0

0

0

0

0

0

0

+

0

14. chienlit

+

+

+

+

+

+

+

+

+

+

0

+

15. chier

+

+

+

+

+

+

0

+

+

+

+

+

16. chierie

+

+

+

0

+

0

0

0

0

0

+

+

17. chieur

0

0

0

0

+

0

0

0

0

0

0

+

18. chiotte(s)

+

+

+

0

+

0

0

+

0

+

+

+

19. chiure

+

+

+

+

+

+

+

+

+

+

0

+

11

14

10

5

13

9

2

7

4

7

13

15

84 Certains DI : ahiadev

irots

de

la

et chiure,

famille

apparaissent

en

sous-entrées

dans

le

par exemple.

Nous n'avons pas tenu compte des expressions ou des locutions formées à partir de ces mots. complet, DI)

en

dans

Mais les dictionnaires an fournissent un assortiment

particulier

lesquels

deux

sont

dictionnaires

rassemblés

de

spéciaux

dignes

DNFC et

(le

émules

de

leurs

le

mots

de

base. Quant au tableau lui-même, en remarquera au premier examen qu'aucun not ne fait l'unanimité des douze répertoires; qu'aucun dictionnaire n'accueille l'ensemble en

des

dix-neuf

chienlit

tout

mots;

que

ohiuve

et

le DUI

qui

ne

en

sont

contient pas

le noins

très

: deux

dangereux

pour

la morale, d'autant que le premier est complètement démotivé au regard de soi origine

étymologique;

le DI

que

suivi immédiatement par le Lexie DUI

Le Lexie

le

DI.

est plus

Par

donc

le

dictionnaire

"permissif",

ailleurs

le

en contient

le plus,

9oit

quinze,

avec quatorze.

si

contenu

l'on des

le

plus

excepte

deux

"interdisant"

le

dictionnaire du DFV est

éditions

et

le

spécial rigoureu-

sement identique; aucun ajout n'enrichit cette famille lexicale dans la mise à

jour de 1979.

NPLI

de

1956,

alliasse

(dont

chienlit

et

De fait, un retour en arrière de vint-cinq ans dans le nous

le

fait

constater

premier

ohiuve)

sens

soit

est

deux

la

présence

cependant fois

plus

tionnaire le plus récent de notre corpus.

de :

»

quatre

"Ecume

que

le

mots

des DUI,

{aaaa,

métaux" ), le

dic-

La désinterdiction sera longue

pour ce dictionnaire. Ce coup de sende dans le passé permet également de souligner que le NPLI de 1956 - avec quatre mots - double sa nomenclature au chapitre de notre

famille

dans

le PLI

une augmentation de 125%. un peu plus

récente,

rapporté

sept

ah i e ni

it ,

soit

ah i e ν ,

de

1981

: neuf

nots y

sont consignés,

soit

Un autre sondage nous faisant remonter à une date en

mots

1967 dans

la première

( a a a a ,

ah i ο t t e β

édition du

a h i a d e v , et

ah i u ν e ) .

PR,

a

a h i a s β e , Le

PR,

déjà plus laxiste que les autres, augmente ebne sa moisson d'environ 50% en dix eins, puisque la seconde édition date de 1977.

85 Ces mots un peu spéciaux qui font néanmoins partie du langage habituel (voir

merde/marde,

bèooeee(e)

,

oui,

au

Québec)

se

sont répandus depuis le 18 e siècle dans presque toutes les couches de la société française.

G. ffetoré ne rapporte-t-il pas l'anecdote suivante, à

savoir que la marquise de Pompadour, qui fut la protectrice de la philosophie, des lumières, des arts et des lettres sous le règne de louis XV en plein aoeur du 18 e siècle, appelait deux grandes dames de ses amies l'une mon

torchon

et

et certains

l'autre

contemporains

l'écart des réalités. "un

ma

silence

pudique"

ealopei

ferment

Seuls

les yeux

les

lexicographes

du

temps

et restent volontairement

à

Ils observent même pour reprendre les mots de ffetoré (Matoré

1968:219)

et

condamnateur

en

refusant

d'héberger ces mots.

Ce langage, il ne faut pas se le cacher, est employé

par

cultivées

tous,

personnes

d'université. mots

comme

ignares,

cadres

comme

professeurs

Qui au Québec n'a jamais entendu surgir à ses oreilles des

comme

marde,

oui,

et

même

maudite

marde

de

oui.

langage vert et franc n'est pas si "non conventionnnel" qu'il y paraît.

Ce Il

doit être décrit en tant que langue vivante et témoin d'un moment de vie d'une société.

Si les linguistes n'avaient pas recueillis soigneusement les

inscriptions des ruines de Pompei, y compris celles des latrines, il manquerait quelques éléments fondamentaux pour la connaissance d'une civilisation à l'origine de la nôtre et, qui plus est, pour la connaissance de l'histoire de la langue française et des langues romanes.

Les

treize

littéraires.

mots

du

DFNC

sont

agrémentés

de

nombreux

exemples

Parmi ces témoignages écrits on citera ceux de R. Fället, ρ

L.-F. Céline, S. de Beauvoir, A. Boudard (enfin), M. Audiard, O. Mirbeau, E. Ajar (enfin aussi), R. Dorgelès, J. Genet, L. Aragon, G. Arnaud.

Ces hommes

et ces femmes écrivains sont à d'autres moments de dignes représentants de la belle langue française, certains ont même reçu le prix Goncourt, d'autres font partie ou cnt fait partie d'académies littéraires, d'autres «icore figurent dans des anthologies et plusieurs d'entre eux sont passés à la postérité

lexicographique

en rejoignant

les colonnes encyclopédiques des

dictionnaires, souvent avec une photographie à l'appui. Pour

terminer

cette section sur le vocabulaire moins

conventionnel,

laissons la parole à Alain Rey qui explique la position du Pi? à propos des mots interdits argotiques ou malsonnants.

"Il nous a semblé que l'évo-

lution des moeurs devait être reflétée, ne serait-ce que pour répondre aux

86 besoins de compréhension les plus évidents. eaves

Sans prétendre fournir aux

les moyens d'une lecture exhaustive de Simonin et de Boudard, et en

attendant qu'un dictionnaire décrive plus scientifiquement certains vocabulaires

argotiques

ou

incongrus,

Petit

le

Robert

s'est

donné

acrome

objectif de ooribler les lacunes les plus criantes de l'éducation officielle" (p. XVIII).

Voilà à notre sens une déclaration ferme qui illustre non

seulement les progrès récemment réalisés en matière lexicographique française, m i s qui devient une prise de position pédagogique nette en faveur du décloisonnement

contrôlé du dictionnaire.

le PR en avance

propulse

sur

Une bouffée d'air

frais qui

la plupart de ses concurrents

contempo-

rains. 6.6

Les dérivés onomastiques (gentiles, anthroponymismes, tcponymismes) D'entrée de jeu, pour cette partie, les dictionnaires nous laissent en Eii effet, si nous trouvons facilement le terme toponyme

plan.

dans la

plupart des dictionnaires, nous n'avons pas rencontré le terme parallèle anthvoponyme DRLF, nom

ni de

ni dans

lieu,

dans le

PR,

le

PLI,

ni

anthvoponyme

ni

dans

désigne

dans

le

Lexis,

le

DUI.

le

non

de

dans

le

Toponyme

ni

désigne

le

personne.

Mais

pour

désigner les différents types de dérivés et de composés des noms propres nous

avions

besoin

de

termes

nouveaux.

Aussi

un

certain

nombre

de

néologismes apparaissent-ils dans notre discours: . Onomaetisme

: désigne tout dérivé ou composé de non propre (lieu, personne,

etc.).

montaignophile . Gentile

Ex.

;

:

montvëalophobe

hungarophone

;

;

polonisme.

: désigne tout dérivé ou composé qui sert à dénommer les habitants d'un lieu village, tile

région, province, etc.).

est déjà vieux.

dictionnaires PLI930

FEW).

et

ethnique, concept.

nom sont

ville, gen-

Le terme

Il a été aonsigné dans les

jusque

dictionnaires. autres

(continent, pays,

vers

Il Les des

davantage

n'a

1930 plus

termes habitante

Littré,

(voir cours

dans

ethnique, et

utilisés pour

les nom

quelques désigner

ce

Il est récemment revenu à la surface à

87 l'occasion de recherches sur le sujet à la Cbramission de toponymie du Québec. Ruthénois

(Rodez);

Campivalleneien

Ex.

Audonien

:

Québécois;

(Saint-Ouen);

(Valleyfield)?

Caetelpontain

(Pent-du-Château, Puy-du-Dôme).

. Anthroponymisme : désigne tout dérivé ou oemposé de non de personne. Ex.

:

ahaplinesque

;

vyannerie;

queneauphilietej

guilbevtien;

xùuetévien·, noetradamite. . Toponymieme

: désigne tout dérivé ou composé de nom de lieu. Ex.

:

a f r i a ani e at i on ,

usaZfiaation;

mexiaanitéi

panthêonieation;

galloi-

sant.

Le terme onomaetieme constitue le générique dont les trois autres sont des spécifiques.

Gentile est de plus un spécifique de topony-

mieme . D'autres

termes

nouveaux

comme

ahoronymieme

et

ethnieme

pourraient tout aussi bien être utilisés à la place de toponymieme et de gentilê.

Mais nous laissons aux spécialistes de l'onomastique le

soin de fixer leur terminologie. Toutes les catégories d1 onomastismes prolifèrent dans la langue française acuirne an s'en doutera à l'énoncé des exeirples précédents.

Ils ne

jouissent cependant pas tous d'un traitaient de faveur de la part des lexicographes.

En réalité, il règne une espèce d'anarchie dans la sélection de

ceux-ci pour leur

introduction dans

les dictionnaires à nomenclatures

générales.

La première question que se posent le lexicographe et le linguiste à propos des enomastismes porte sur le statut de not ou de non-mot de ces éléments du langage.

Josette Rey-Dèbove avait déjà remarqué aux débuts des

années 70 les hésitations des lexicographes à propos précisément des problèmes que causent ces dérivés sur le plein linguistique.

Elle souligne plus

particulièrement qu'en "écartant les ncxns propres, en démotive tous leurs

88

derives à 1'intérieur du dictionnaire.

Les adjectifs [et les substantifs]

dérivés de noms propres sont toujours sacrifiés du point de vue sémantique" (Rey-Debove 1971a:372). Pourtant,

mauviaaien,

comme 8 at

il n'est pas de jour où l'on ne lise ou n'entende des mots

ion,

littvêen

gieaavdie,

fvana et

des

dans l'usage.

ophonie

lieahtensteinoie,

η ,

centaines

québéai-

p o l o n i t u d e ,

d'autres.

Ces

dérivés

t r i β tane sont

β que

dûment

,

attestés

Ils parsèment toute la littérature (même celle des Académi-

ciens et des lexicographes les plus sérieux), toute la paresse quotidienne et périodique de toute tendance s'en empare, toutes les conversations en sent émaillées.

Toute communication orale et écrite de quelque nature qu'elle

soit, véhicule de ces dérivés dont le grand public a besoin de plus en plus urgemment de connaître

le sens,

la forme graphique ou encore

l'origine.

Mais l'accès aux dictionnaires de langue leur est encore interdit, du moins sous une forme systématique. mots

marginaux

phiques.

Car, soyons honnête, un certain nombre de ces

(marginalismes?)

sont

intégrés

aux répertoires

lexicogra-

Cependant, quand il y a consignation, la méthode de sélection est

loin d'être systématique, peu s'en faut d'ailleurs, et les critères de choix sont

plutôt

vagues,

imprécis,

ne

faisant

la

plupart

du

temps

l'objet

d'aucune règle scientifique absolue.

Aucune entre eux.

façon oommune de procéder ne lie les différents dictionnaires Sans doute est-ce le signe d'un malaise généralisé?

Parfois les

onomastismes sont rangés à leur place alphabétique dans la macrostructure d'un

dictionnaire

(D H L F ,

DUI,

PLI,

GLLF);

parfois

ils sont notés dans les articles consacrés aux natis propres, surtout aux noms

de

lieux,

PR2) ; parfois

ils

dans font

un

l'objet

(DUI,

dictionnaire de

listes

séparées

PLI,

et

très

DH,

sélectives

annexées à la fin de l'ouvrage ou insérées à l'intérieur même de la nomenclature la

(Lexie,

p.

nomenclature

NDFCI,

DFV)

ou

684-685);

alphabétique encore

parfois et

dans

ils

listés le

corps

à

soit la du

inclus

fin

du

à

fois

dans

dictionnaire

(PR,

classement

la

alphabétique.

Les listes distinctes de la macrostructure sont la plupart du temps plus riches quantitativement que les nots enregistrés à leur place alphabétique. La dernière catégorie constitue la solution la plus souvent adoptée par les lexicographes.

89

La dispersion de oes ensembles lexicaux excentriques du noyau lexical français sous des formes variées et en des lieux différents rébute les lecteurs peu habitués à fouiller systématiquement les dictionnaires pour y

cueillir

les renseignements divers qu'ils contiennent.

De vieilles

habitudes, des stimuli anciens les amènent d'un jet à se contenter de consulter l'ordre alphabétique qui n'est qu'un principe didactique arbitraire, certes utile, mais néanmoins devenu une règle contraignante pour les usagers non professionnels.

Certaines personnes n'ont même jamais remarqué

les éléments qui entourent la nomenclature des dictionnaires : tableaux, grammaire, annexes diverses.

Ainsi, pas moins de 68 annexes sait rassem-

blées dans le troisième volume du Logoe.

Ces hésitations ne sont pas

pour rassurer 1'ensemble des consommateurs de dictionnaires sur le statut de ces dérivés qui évoluent le plus souvent en périphérie du lexique général habituellement manié par les fabricants de dictionnaires. se doit d'être rassurant pour le consulteur.

Le dictionnaire

De sorte que l'effet de

ballottement lexical laisse entendre que les dictionnaires entérinent les onanastismes de la macrostructure et rejettent, ou à tout le moins ne recommandent pas, nais tolèrent, ceux qui figurent sur les listes.

N'étant pas

enfermés dans le cercle nomenclatural et disséminés au travers leurs semblables lexicaux, ils sont mis en évidence par le listage.

Ils forment un bloc

ononiasiologique, plus facile à juger globalement que des unités réparties alphabétiquement selon des critères sémasiologiques.

D'où par une circula-

rité attendue et par lien de cause à effet, les condamnations de toutes sortes qui affectent ces déportés lexicograpihiques.

La seconde question qui peut être posée à propos de ces mots demicivilisés se ramène pour la plupart des lexicographes à une excuse à double volet, l'un économique, l'autre linguistique. lexicographes évoquent le manque de place.

Pour la première excuse les Pour la seconde, ils évoquent

l'absence d'une théorie générale du lexique qui soit suffisamment précise et développée pour inclure ce genre de mots.

Cette dernière lacune ne paraît

cependant pas justifier la mise entre parenthèses du problème qui demeure d'une grande actualité aujourd'hui, au nattent où la lexicographie s'autoanalyse.

Il est plus que probable que ce problème n'a jamais été vraiment

abordé pour lui-même et d'une manière positive, mais uniquement et historiquement en relation avec l'exclusion de ces catégories de lexemes des dictionnaires.

Il n'y a pas vraiment eu de questionnement sérieux sur les

règles à établir qui régiraient 1'inclusion des cnomastismes.

Seul "un

90 critère sémantique permet de ne prendre en considération que les formations dont

le sáneme offre d'autres sèmes que ceux du système"

(Rey 1977:30);

autrement dit ne figureront à l'ordre alphabétique dans la macrostructure que les dérivés qui transcendent leur origine étymologique qui réside dans le nom propre qui sert de base à la dérivation ou à la composition.

Il faut

donc que le mot ainsi formé aille au-delà de sa désignation propre.

Ainsi,

homérique

ne

ubueeque

à

se

réfère

plus

et à fferx, einsteinium mieux

retenus

PR

GLLF).

et

et de leur

seulement

balzacien

Ubu,

produisent polysémie

à

îtomère,

à

nouveaux

une

sens

garantie

de

Luther, à

Les cas de ce genre sait de

et

luthérien

freudo-marxisme

Balzac,

à Einstein.

qu'ils Leur

à

d'autant cornélien,

(voir

leur

Freud

lexicalisation

"généralisation" linguistique et, oonséquemment, offre un avis

favorable à l'insertion.

Les autres dérivés qui ne se conforment pas à ce

critère sémantique, malgré leur importance fonctionnelle dans le discours ou leur intérêt morphologique pour la langue seront carrément éliminés ou exiAinsi, miche langele

lés sur les listes séparées de la nomenclature. renvoie

exclusivement

picaeeien

à

2135-2136).

Picasso

à

(tous

eineteinien

Michel-Ange, sur

la

liste

à

Einstein,

hors-nomenclature

Pour Alain Rey tous les critères ne sont pas

eque

du

PR,

p.

satisfaisants

totalement dans la mesure où "toute réalisation lexicale nérite de figurer dans une description correcte" (Rey 1977:30). Il

existe bien

une

sorte

1'intuition

du

d'échelle

de

lexicographe,

valeurs la

dont

assises

sont

courant,

le besoin de désignation d'une réalité donnée

terminologies spécialisées) et la modernité.

fréquence,

les

meilleures

le

caractère

(surtout dans les

Ces raisons évoquées par le

PR (p. X) s'allient cependant à des contraintes de dimension des dictionnaires (voir le chapitre 4). Dans

la

présentation

du

PR

qu'a

rédigée

Alain

Rey,

celui-ci

ex-

plique que pour ce dictionnaire, "les dérivés des noms propres de lieux ou de personnes n' ont été retenus que si leur classait à part" (p. X).

importance ou leur

sens les

Eh note, il précise que les autres dérivés "qui ne

présentent qu'un intérêt morphologique ou pratique, font l'objet d'une liste à la fin du dictionnaire" mot

sur

sa conduite

à

(p. X, n. 2).

Tandis que le DHLF ne souffle

l'égard des cnomastismes,

le Lexis

précise quant

à lui que sont traités "à leur ordre alphabétique certains nans et adjectifs ethniques ou formés sur un non propre de personne.

La liste de ceux-ci

91

étant quasiment infinie, nous nous sommes limités aux plus courants et à ceux qui présentaient une difficulté de formation ou d'orthographe" (p. Trois raisons sont avancées donc par le Lexie,

VIII).

une raison

extralinguistique, 1'importance du nere propre derrière le not, une raison linguistique, sa fréquence, et une raison grammatico-lexicographique, les difficultés morphologiques ou orthographiques posées par le dérivé. Pour juger de l'importance du phénomène au Québec, nous prendrons pour exemple et pour preuve 1'onomastisme gentiléen Quêbêooie qui a perdu au fil des années une certaine innocence ou immobilité lexicale pour entreprendre une nouvelle carrière linguistique. En moins de vingt ans, le terme Quêbêooie a presque évincé, au Québec en tout cas, son concurrent le plus immédiat Canadien-f vançais et cela pour des raisons d'origines politique, sociale, littéraire et culturelle. Ce n'est certainement pas pour des raisons d'usure sèmatique du not. Le gentilé aoie,

Quêbêooie,

de

même

que

la

forme

adjectivale

quêbê-

ait acquis au oours de ces années un caractère politique si fort et

si marqué qu'ils se sont arpares d'une partie importante du sémantisme de Canadien-français, de cette lexie.

modifiant considérablement la signification originelle D'une part, le sens du terme a été refoulé à son aspect

presque exclusivement géographique avec la référence au Cänada.

D'autre

part, le sens politique a été restreint et limité à tout oe qui n'est pas le Québec dans le Canada.

Dans l'usage culturel et intellectuel en général,

Canadien-français ne s'emploie plus au Québec, ce sens est devenu rapidement obsolète. Lorsque le sens en question demeure encore, il s'est réfugié dans l'argumentation politique fortement teintée par une idéologie fédéraliste; tandis que Quêbêooie fait référence, pour ces mêmes utilisateurs, à une'renvendication d'idéologie nationaliste canalisée à travers le Parti québécois et ses membres ou sympathisants. Au moment de la révolution tranquille, 1'influence des intellectuels québécois d'une certaine partie de la société aura permis au terme Quêbêooie, et par la suite à d'autres dérivés québêoitê,

de

la

base

quêbêoieation,

Quêbeo

(tels quêbéoieev,

quêbêoitude, quêbêooieerie)

auêbêoieme, de

surgir littéralement du néant pour occuper le devant de la scène politique, culturelle et, par conséquent, linguistique.

Depuis quelques années en remarque aussi l'émergence d'un élément

92 -beo,

suffixal

dernière

syllabe

Québec.

de

Cet

élément

reprend

l e semantisme complet du mot de base et s'accole à d'autres nots ou éléments lexicaux

pour

raisons

sociales

Bonbeo,

former

etc.)·

anglophone,

ou

nouveaux

des

mots;

marques

De passif

qu'il

il

apparaît

déposées était

notamment dans

(ex.

face

à

Telbee,

Sanibea,

certaine

domination

:

une

des

le Cânadien-français du Québec est devenu un Québécois actif et

revendicateur. lexical

de

Le mot a suivi

le renversement des

et sémantique est le signal,

idées.

Ce transfert

l a marque que nommer c'est posséder.

Québécois est précisément ce genre de "mot philosophai" qui f a i t basculer l'histoire

en la bousculant.

l'histoire, oserait

s'est

accomplie

prétendre

que

La transformation,

maintenant inscrite dans

en une demie génération.

l'utilisation

de

Qui,

Quèbeaoie

ou

aujourd'hui, Canadien-

de

f vangate (au Québec et au sens de "Québécois") ne iranifeste pas une idéologie et un caractère politiques oonnotés se f e r a i t rapidement lapider, ce domaine, i l n'y a plus de neutralité linguistique, ni d'hésitation.

ai Cela

ne relève plus de la lexicographie, mais cela intéresse le lexicographe qui doit rendre compte du sens des mots dans l ' h i s t o i r e et dans l ' a c t u a l i t é .

6.7

Les autres interdictions Des censures encore possibles,

aux définitions. recours

à une glose,

définition 5°)

:

il

faut mentionner celles qui cnt t r a i t

La notion est occultée et partiellement

c ' e s t - à - d i r e à un synonyme simple qui n'est pas une

élaborée

"arabe";

interdite par l e

au

PLI

:

premier ahier

niveau

:

(ex.

"déféquer").

PR

:

Ce

:

melon

processus

(sens "abou-

t i t à exclure les mots ainsi traités du système, p u i s q u ' i l s scxit 'traduits' et

non définis

1979:B8).

aomme le

La glose,

sont

les

mots de l a

langue

standard"

puisque c ' e s t de ce procédé q u ' i l s ' a g i t ,

(Girardin peut aussi

survenir au second niveau, c ' e s t - à - d i r e renvoyer à un nouveau synonyme (ex. PR,

emmousaaillev

ennuyer") "ennuyer" chagrin",

ou

:

encore

—»· ennuyev 2.

"emmerder"

n'aboutir :

ennui,

rien de

emmevdev DUI

(ex.

l'ennui"

: :

—• ennui

"embêter, emmevdev :

1.

"malaise moral que cause le désoeuvrement ou l'absence

intérêt quelconque", 3. au p l . de

à

"éprouver

—•

aucune

"importuner").

ne

"souci, contrariété".

convient

pour

retrouver

:

"vif d'un

Des trois définitions le

sens

de emmevdev

La technique qui consiste à qloser les unités lexicales par

des synonymes va à 1'encontre des méthodes préconisées en lexicographie pour d é f i n i r les entrées.

l a définition, si e l l e doit tenir en une seule phrase,

93 doit aussi comporter un minimum de mots, soit deux.

La glose est davantage

utile aux dictionnaires de traduction bi- ou nultilingues ou encore aux dictionnaires qui recensent les nots d'une époque antérieure de la langue. La définition peut être encore une censure de la notion lorsqu'elle est très analytique, hautement spécialisée, compréhensible par le consultant. des

définitions

DUI

ou

celui

encore

celui

aonjugé

de

épietatique

de

et

d i f f é r e n t i e l l e dans

de

allélomorphe

de

(sens

très terminologique eu encore peu

Ainsi, tenter de suivre le cheminement

4)

et

dans

PR,

le

ou

encore

d i f f é r e n t i e l l e dans

de

le

DHLF

le

constitue un tour de force peu commun pour le lecteur nen averti.

Le dis-

cours définitionnel est alors hors de la portée immédiate des non-initiés, à moins qu'ils ne parcourent tout le réseau de définitiais du dictionnaire. L'utilisation dans la définition de nots un peu savants et moins répandus que les termes à définir ou encore de formules mathématiques ou scientifiques, sert donc à détourner l'attention des usagers, la persévérance à ce niveau ayant ses limites.

Cependant, le recours à ni discours définitoire

d'un haut niveau se justifie pleinement dans un dictionnaire terminologique.

Enfin, 1' information définitionnelle ne peut être que la neutralisation des syntagmes en sous-entrées par un not simple ou une courte phrase explicative DUI

ou :

PR

:

encore

sodomie vere

class,

une

"rapports

libre(β)

de

comparer

:

définitie«

la

aussi

evasive, sexuels

(sous

libre)

versification";

DHLF

les

de

définitions

générale contre

: :

"non au

concept

nature" ; soumis

leviathan

pégase,

du

: sens

(ex.

DHLF

: et

aux

règles

"monstre

marin";

nythologique,

dans

PR et DHLF). D'autres censures que l'on pourrait qualifier âe tenporaires affectent parfois les dictionnaires.

Il s'agit en réalité des oublis, des mots que le

lexicographe a simplement abandonnés dans ses fichiers ou qui sont disparus en

cours d'élaboration

ahette

du

dictionnaire.

C'est

ainsi

que

êplu-

le mot

mentionné comme nouvelle entrée régionale par Alain Hey dans la

présentation

du PR77

Cette erreur

fut réparée dans les tirages subséquents.

dépendance

renvoi

pas

d'entrée.

été

constatés.

(p. XVIII)

analogique

Dans

le TLF

Ainsi

avait

cité

à

quelques

sous

débander

été oublié l'article absents (TLF,

dans

stupéfiant

la

nomenclature.

Aussi

qui

n'a

ou oubliés de marque

ont

6)

et

pharmaao-

l'expression

popu-

94

sans

laire

débander,

rédacteur. (TLF,

6)

La

au

même

pourtant que

viation par

qui

une

doute

arrivée

particulièrement

du

dérivé

au

mot

le

vocabulaire

dans

(inexcuabré-

une

dérivé

à

(TLF,

6)

expressions

très

courantes

en

y

importante

dans

attestation

contre-nature nature.

sans

les tiroirs

dêr.,

comprend

correspond

exemple

est

fréquent,

est restée dans

Cette absence est d'autant plus inexplicable

TLF

le

erotique,

aventure

très

de la linguistique. sable?)

sens

la

liste

dêr.

de

cherche

rubrique

en

des

sous

derivable)1

vain

quelque

moeurs,

comme

abréviations

(voir

Quant allusion

péché,

à

viae

à des

contre-

Mais est-on ici «icore dans le domaine de l'oubli ou à la fron-

tière fragile de 1'exclusion? Une

forme

particulière

de non-consignation

revêt plutôt

l'aspect

de

l'hésitation, de sorte qu'ai ne peut savoir précisément s'il est question d'oubli ou de rejet.

Il s'agit de mots complémentaires de familles lexi-

cales dont un certain nombre de représentants sent répertoriés. cas

des

PR

néologue

mots

néologie

et

ainsi

qui

que

sont

du

néologiste

et

absents

DHLF;

ils

le discours linguistique.

appartenant

à

la

des

récentes

éditions

du

sont

pourtant

abondamment

C'est le

famille Lexie

de

et

utilisés

du dans

D'autant qu'il semble y avoir une concurrence

entre les deux mots actuellement.

Ces oublis sont curieux, d'une part parce

que les deux nots existent depuis longtemps et qu'ils furent déjà enregistrés

dans

que

les

quelques

logue

dictionnaires dictionnaires

{PR)

et

NPLI

(voir

consignent

des

terminologue

sont beaucoup plus récentes

de

(PR),

(1842 pour

1956);

d'autre

mots-cousins, dont

le premier

part

parce lexico-

comme

les

naissances

et vers 1960 pour

le

second). Enfin, l'insertion de dérivés dans le corps de la microstructure lorsque le dictionnaire ne recourt pas à la méthode du regroupement, constitue un autre genre d'interdiction dont procédé

est

fiques

ou

utilisé

techniques

matronymat sous

et

ménisque,

transparence

par

de

le degré est cependant plus nuancé.

le PR pour (ex.

médiatisation

matronymique

sous

mythifiaation leur

sémantisme,

certains dérivés de

sous ces

termes

types

méniscal

mythifier) . aisément

scientimédiatiser,

sous matronyme, sont

Ce

Par

compris.

la Le

procédé a 11 avantage d'économiser de la place, mais il soustrait des rots importants aux regards du consultant peu familiarisé avec le fonctionnement des dictionnaires.

7.

LES MYTHES LEXICOGRAPHIQUES

L'Homo lexiaue est une vue de l'esprit, ou plutôt un mythe (G. ffetoré 1968:201). La suite d'éléments déviants qui viennent d'être passés en revue constitue ni plus ni moins que la barrière interne des interdits lexicaux contre laquelle l'usaqer habituel du dictionnaire se heurte à tout marient.

La

barrière des tabous représente sans doute un des mythes les plus persistants et les plus entretenus de la lexicographie française actuelle.

Nfeis il en

est d'autres qui détournent aussi l'attention de l'utilisateur. Ceux-là cnt un caractère plus externe à l'objet même du dictionnaire. Le dictionnaire est un outil de référence qui fait autorité en matière de langue.

C'est en réalité le principal support didactique de la langue.

On le consulte souvent, en fait beaucoup plus fréquemment qu'une grammaire. On le voit comme un vademecum de la vie quotidienne.

Il y a sans doute là

un danger à le oonsidérer comme l'unique ouvrage de référence pour les questions d'ordre linguistique, tant lexicales que grammaticales ou orthographiques.

Ce oode multidimensionnel entretient des mythes d'origine extralexi-

cographique. 7.1

Nous en verrais quelques-uns.

Le mythe de la permanence Le mythe de la permanence du dictionnaire est puissant et entretenu avec

soin.

Pour la plupart des gens, il est évidemment nécessaire de posséder

un dictionnaire dans la maison. gardera presque toute sa vie durant. comme un objet ordinaire. conservera.

Pour ces gens, ce sera le même qu'on On le jettera quand il sera usé, brisé

Mais tant qu'il demeurera en ben état, en le

Il coûte assez cher à l'achat, par rapport aux autres livres

ordinairement lus.

Aussi quand on en possède un, c'est pour longtemps.

D'ailleurs les gens croient généralement que le dictionnaire est un livre

96

étemel,

unique,

irremplaçable,

la Bible

un peu comme

qui

n'a pas de

concurrent, du noins dans la religion catholique judéo-chrétienne, eu si peu.

Tout au plus entendra-t-on à travers les branches que Larousse renou-

velle

le PLI.

Mais guère plus.

Pour

une bonne partie des gens

le

dictionnaire est un livre qui ne vieillit pas, qui n'en a pas le droit, dont les not s et les définitions restent les mêmes. autre.

un phénomène constant et nécessaire. l'autre

le

Lexie79

(p.

de lah

Or, la réalité est tout

Les dictionnaires passent camme les printemps. aontenu

1980 du dans

1205)

change. est

Lexis

même

à

D'une édition à l'autre, d'un tirage à le mot mozartien

Ainsi,

remplacé

la même

qui

le not mozzarelle

par

un court article de 4

Leur mise à jour est

page.

L'apparition

lignes dans

figurait

dans

un

ayatol-

du mot

un tirage de

au

tirage du PR

1981

à la page 147 a obligé le déplacement des 4 dernières lignes de la colonne b

azote

(articles

disponible

azoté)

et

à

la

sur cette page puisqu'il

L'insertion

de

épluahette

(p.

page

s'agit de

674),

oublié

148, la

dans

l'espace

étant

fin de la lettre A. les

premiers

tirages

de la nouvelle édition du PR, a amené les modifications suivantes: - colonne a : épithalame

qui

comptait

6

lignes

n'en conserve que 4 à partir de 1979.

dans

PR77

le

L'élément supprimé

est une citation de Chateaubriand qui se répartissait sur 3 lignes.

Le gain net est donc de 2 lignes.

- œ l o n n e b : epitome

passe

en

colonne

a

tandis

changé

:

quelques

partie qu'un est

de

mot

la de

remplacé

colonne la

b

à

définition

par

dee;

permet de réduire l'article de 4 à 3 lignes.

ce

la est qui

Le gain net

est donc de 1 ligne. - colonne b : éplucher·

est

réduit

d'une

ligne

par

le

remplacement

d'une citation de Flaubert (4 lignes) par une autre citation du même auteur qui n'occupe plus que 3 lignes.

Le

gain net est donc de 1 ligne. Les

4

lignes nécessaires

pour

insérer

l'article épluahette

ont été

gagnées par des coupures ou des modifications mineures qui n'ont pas débordé la page 674.

Les changements sont rendus possibles ici par le jeu sur les

exemples d 1 emploi.

97 La rieurs

suppression

de

à

la

1979

de

l'article refente

vivoir

du PS

(p.

a

2105)

entraîné

des

les

tirages

posté-

remaniements

sui-

vants afin de combler le vide de 4 lignes laissé par la disparition de vivoir : - œ l o n n e a : vivier·, qui occupait 7 lignes en 1977, passe à 8 lignes par l'entremise d'une substitution de la citation de R. Fblland par une autre du itene auteur.

1 ligne est

ainsi gagnée. - colonne b : vivifiant est augmentée de 2 lignes alors que la citation de Caillois est complétée. - colonne b : vivoter

subit

renvoi

une

analogique

ailleurs,

modification à

végéter

la définition

de

est

structure. introduit.

est élargie par

Un Par

l'ajout

d'un

membre de phrase qui permettra de gagner 1 ligne : "Vivre au ralenti, avec de petits moyens" > "Vivre au ralenti, faute de santé ou avec de petits moyens". Les

4

lignes

récupérées par la disparition de vivoir ont donc été

colmatées par des procédés divers : substitution de citation, allongement du texte d'une citation, insertion d'un renvoi analogique, développement de la définition. Ce sont là quelques moyens utilisés par les lexicographes pour la mise à jour ou la correction des dictionnaires. L'édition langue

(102

1982 mots

du PLI

contient

nouveaux,

26

156

ajouts

acceptions

majeurs

nouvelles

dans

et

28

la

partie

expressions

nouvelles) qui ne sc«t pas sans avoir des incidences sur le contenu de l'édition

1981.

de pages.

Le PLI82

et

le PLI81

comportent

le même

nombre

Les modifications aurait donc lieu à l'intérieur même de la

microstructure.

Quelques

exemples

illustreront

les procédés

utilisés,

procédés que seul un examen complet, attentif et comparatif des deux éditions

permettrait

ardhetier, les

qui

changements

entièrement dans

la

de

déceler.

occupent

dans

colonne

3

suivants

L'ajout

lignes :

à

la

l'article

des

deux

page

58

mots

araheterie

{PLI82),

ara-en-oiel

loge

a

et

entraîné

maintenant

la colonne a de la page 58 au lieu de se poursuivre b

comme

dans

l'édition

1981;

la

définition

de

98 arahéen a été raccourcie, libérant ainsi l'espace nécessaire aux deux nouvelles entrées. 11

lignes

Par ailleurs, la définition de archétype passe de

(PLI 81) à

13

lignes

en

1982.

L'ajout

de

loft dans

l'édition 1982 a imposé quant à elle les réajustements suivants à la page 587, aolonne

α

: la définition de

loess passe de 3 à 2 lignes;

une partie de la définition de logement est reportée dans la aolonne b.

L'ajout de

ludothèque à

contenu de la colonne a.

la page

591 ne modifie

en rien le

La place pour une nouvelle entrée a pu être

trouvée en rétrécissant simplement l'espace attribué à l'illustration de l'entrée saires

à

luciole-,

le

rétrécissement

équivaut

aux

l'entrée ludothèque et à sa définition.

deux

lignes néces-

La colonne passe

donc aisément de 23 à 24 entrées.

7.2 Le mythe de l'unicité Greffé à cette préoccupation de la permanence du dictionnaire dans le temps, en retrouvera aussi le irythe.de l'unicité, c'est-à-dire l'idée qu'il n'existe qu'un seul dictionnaire pour la langue française. on les gens parler des dictionnaires au pluriel.

î&rement entend-

Chacun parle surtout du

dictionnaire au singulier renvoyant ainsi par ce discours au caractère d'autorité dont est investi le dictionnaire.

Il ne peut y avoir deux ou

plusieurs autorités qui ait valeur égale ou compétence partagée.

"Quand

quelqu'un ne possède qu'un dictionnaire, ce dictionnaire devient vite pour

lui

le dictionnaire,

c'est-à-dire

la

source

des

renseignements

péremptoires qui dispensent d'une réflexion personnelle" (Beaujot 1977:42). Il n'y a pas que Iarousse et Robert qui font des dictionnaires.

Pour ces

deux éditeurs, il s'agit bien entendu d'une préoccupation prioritaire, ibis presque toutes les grandes maisons d'édition française fabriquent des répertoires lexicographiques.

Bordas, Quillet, Flammarion, Hachette figurent

parmi les têtes de pent de la lexicographie française à grands tirages. Leur regain de vie récent en témoigne amplement.

La publicité développée

autour des nouvelles productions lexicographiques insiste d'ailleurs sur cet honorable passé.

Dans le DHLF, la note de l'éditeur commence par une

référence au "célèbre « Littré » édité par la Libraire Hàchette" (s.p.). Il s'agit là non seulement d'un rattachement au passé lexicographique de cette maisen d1édition, mais aussi des retrouvailles d'une tradition littréenne.

L'impression de l'unicité est orchestrée par une bonne publicité et une

99 excellente réputation pour certains ouvrages qui sont sur le marché depuis tellement longtemps qu'ils fcnt véritablement partie de l'histoire de la langue française.

Il n'y a qu'à voir comment des générations d'élèves cnt

été influencées et eduquées par ces dictionnaires de petits formats à couvertures orangées, puis grises, qui les ait suivis tout au laig du premier cycle de leur scolarisation. jeune femme qui

soufflait

Chacun peut penser avec nostalgie à cette

sur un pissenlit

mûr.

La devise du PLI :

"Je sène à tout vent" fut la première devise apprise avant même le "Je me souviens" québécois.

Le design de la récente édition ne rejoint-il pas

l'imagerie ancienne mise de l'avant par le courant rétro?

Les générations d'élèves sont identifiables à la couleur de la couverture de leur PLI : orangée renvoie aux années 50, grise aux années 60, rouge aux années 70 et kaki aux années 80.

7.3

Le mythe de la durabilità

Il faut entendre par là l'idée qui fait croire que la nanenclature du dictionnaire qu'on connaît ne change pas à travers le temps, que le stock de mots est continuellement le même.

C'est pour cette raison qu'en ne juge pas

le dictionnaire qui ne comporte pas le not qu'ai cherche, ai juge plutôt le mot, le plus souvent en le condamnant et en l'éjectant de sa propre performance.

Oi sait maintenant par expérience que le lexique change de 20 à 25%

tous les dix ans, du moins dans sa frange périphérique, le noyau demeurant relativement stable.

Nos pères ne parlent pas comme leurs parents ni comme

nous.

Chaque année, il entre des milliers de mots dans la langue et un certain contingent pénètre dans les dictionnaires.

Mais encore là les différents

dictionnaires ne choisissent pas les mânes mots. quantité, il en meure aussi. évacués des dictionnaires. un

jour

retirée

du

Si des mots naissent en

Ces mots morts, vieillis, vieillissants sont

Ainsi l'ancienne terminologie du cheval fut-elle

PLI pour

être

plus adaptées au monde contemporain.

remplacée par

celle

de

L'image de la durabilité des mots

demeure chez l'usager malgré les mouvements opposés du lexique. aperçu que

lors de

trois colonnes?

la

refonte de

techniques

1968,

Qui s'est

le PLI est passé de deux à

Cet artifice typographique ayant permis d'offrir au public

environ 70 000 entrées en comparaison des 50 000 entrées des éditions anté-

100 rieures.

L'apparence extérieure du PLI est restée à peu près la même,

geste sécurisant, rassurant, m i s la nomenclature s'est enflée de 20 000 mots, une auqmentaticn de 40%, ce qui n'est guère négligeable.

7.4 Le mythe de l'objectivité Le dictionnaire est souvent perçu comme un livre neutre, fabriqué par des êtres anonymes.

Mais ce mythe ne résiste pas lui noi plus à l'analyse.

Aujourd'hui et de plus en plus, les dictionnaires sent fabriqués par des machines, les ordinateurs.

Mais ils sont pensés par des hommes.

Et ces

lexicographes ont des idées, des orientations politiques, des convictions religieuses diverses.

Ils s'identifient à des idéologies.

Ce sont des gens

de tendances bourgeoises, des hommes de droite, de gauche, des marxistes, des antireligieux, des pourfendeurs ou des pourfendeuses du machisme, du phallocratisme, du féminisme, etc.

Chacun est humain à sa façon : les uns

sait plus humanistes, les autres plus philosophes? d'autres encore sont des scientifiques, des mathématiciens; d'autres soit même linguistes ou philologues.

Le oontenu des dictionnaires reflète ces images mises en valeur tout

au long de la pénible tâche d'élaboration d'un dictionnaire.

L'objectivité

se transforme vite en subjectivité par 1'intervention personnelle du lexicographe.

"La production du dictionnaire n'est pas une operation innocenter

il s'y forme une image où se projettent des fantasmes, où des volontés se dévoilent.

Chaque lexicographe, porte-parole d'une classe, truchement d'une

idéologie, croit sans doute re-présenter fidèlement un ensemble de formes, diversement oonçu seien les linguistes.

Mais il n'y a pas de fidélité

possible, de dessin si léché qu'il n'abolisse le modèle" (Fey 1977:88).

7.5 Le mythe de la norme Enfin le mythe de la norme sur lequel nous nous étendrons fort peu sinon pour effleurer l'une de ses particularités lexicographiques.

Les diction-

naires sont, on l'a répété, des objets pédagogiques et culturels, chargés d'un discours multiple.

Ils sont donc par vocation destinés à décrire la

langue d'abord et avant tout. raient être normatifs.

De ce fait, ils ne se veulent, ni ne sau-

Mais au constat, on s'aperçoit bien, qu'ils le sont

dans une certaine mesure. D'abord par la sélection obligatoire de la nomenclature eu égard aux ressources infinies du lexique, d'où acception et rejet des nots, puis par le choix des exemples et les modalités pour les rendre,

101 soit la référence littéraire, soit le discours du lexicographe lui-même, soit le discours scientifique ou technique, ensuite par les indications des niveaux de langue socioculturels et socioprofessionnels, et bien d'autres raisons encore.

Ils sont également normatifs à un autre niveau, celui de

leur programme qui définit la clientèle.

Ils influencent et dirigent les

lecteurs de différentes couches sociales : enfants, élèves, étudiants, gent cultivée, etc.

A ce niveau, en acmprendra que le dictionnaire mime s'il est une construction descriptive, projette un modèle normatif, modèle qui inpose des interdits.

D'autant plus que les utilisateurs ent tendance à réduire la

réalité lexicale au strict contenu du ou des dictionnaires qu'ils consultent épisodiquement.

8.

PEOT-ETRE UNE CONCLUSION?

Par des tabous en peut gouverner l'homme, non le cultiver (Vaino Linna, Culture et démocratie, 1967). Le dictionnaire de langue puise dans une pluralité d'informations lexicales le faible stock qui lui servira de nomenclature.

Il s'agit de songer

un instant aux millions d'occurrences disponibles pour un dictionnaire corarte le TLF (70 millions pour la littérature des 19e et 20e siècles, 20 millions pour les discours scientifiques et techniques) pour s'apercevoir que le dosage lexicographique n'est certes pas chose aisée.

C'est même un

fardeau très lourd à assumer. Certains mots seront toujours là et dans tous les dictionnaires.

Ces élus par acclamation, pourrait-on dire, scxit bien

connus, encadrés, admis, cajolés. Bien entendu, il y a des exclus. Ce sont ceux-là qui nous cnt intéressé dans les pages précédentes. On y aura remarqué des interdictions totales, causées par le consensus des dictionnaires, des

interdictions

plus

partielles, heureusement

les plus

fréquentes.

Lorsqu'elles sait délibérées et caiscientes, ces interdictions manifestent ouvertement un parti pris; tandis que lorsqu'elles sent non délibérées, elles relèvent plutôt de l'inconscient et seraient à rapprocher d'un phénomène qu'ai pourrait savamment appeler la "scotonisatian lexicale".

Certaines interdictions lexicographiques ait leurs causes dans les tabous sociaux.

Ces dernières sait donc clairement définies.

D'autres

exclusions dont sont victimes des mots ou des noms propres reposent sur une série de raisons dont les unes ne sont pas élucidées, les autres imaginaires ou même inexistantes.

En effet, on l'a bien montré, "le lexicographe,

porteur de 1'innombrable message du discours social, n'est pourtant pas innocent.

Il lui appartient de gommer, d'appuyer, de choisir, de commenter

..." (Rey Delesalle 1979:18).

De même, en aura noté que s'il est facile de

discerner quelques règles élémentaires d'inclusion pour la nonenclature, il

103 est très difficile de dégager cu de cerner des critères jugés sérieux pour d'autres règles, comme celles du rejet.

Les lexicographes à ce niveau adop-

tent deux attitudes : l'une qui renvoie au aontenu même des dictionnaires et l'autre au oontenant.

D'un côté, ils restent muets ou partiellement muets

"dans les déclarations d'intention que sont les préfaces de dictionnaires" (Girardin 1979:86) dont certaines sent si bien ciselées qu'elles prennent l'allure de véritables discours politiques et diplomatiques, nais le plus souvent les effets en demeurent nuls.

D'un autre côté, les lexicographes

s'appuient sur le oontenant et stipulent largement que les règles édictées correspondent à différentes contraintes économiques comme la nécessité de se conformer à un format précis, à un prix maximum, à un tirage estimé, ainsi de suite. L'idéologie des fabricants de dictionnaires n'est pas inoffensive.

Au

contraire, c'est un masquage dont le caractère offensif ou défensif peut être aisément perçu selon

la position de

chacun des

intervenants

dans

l'échelle socioculturelle et la situation qu'il occupe par rapport au discours linguistique lui-même

(conservateur, puriste,

laxiste, progressif).

L'idéologie conduira parfois même à des violences feutrées, à des prises de positions inattendues dans un dictionnaire (voir certains mots racistes : juif,

nègr>e).

L'examen

du

phénomène

des

interdictions

linguisti-

ques ou plutôt lexicographiques en aura révélé quelques-unes. l'idéologie

des

lexicographes

est

inséparable

d'une

prise

de

De fait, position

formelle, avouée ou inavouée, à propos des tabous traditionnels ou nouveaux que l'on trouve dans la société et qui se répercutent dans les répertoires de mots.

La morale sociale devient le plus souvent la voix de la oonscience

du lexicographe. faire

éclater

française.

La multiplication récente des dictionnaires a permis de la

barrière

monopolistique

d'une

certaine

lexicographie

Une situation de dépendance qui s'était construite au fil des

années se nodifie et permet d'espérer une situation lexicographique nouvelle qui évitera une lecture trop standardisée du monde.

La concurrence force le

consommateur à poser des questions, comme elle pousse les fabricants de dictionnaires à investir des fortunes ai publicité pour perpétuer 1'idée du plus fort, de l'unique.

Et cela est bien pour la réflexion.

Nous avons voulu attirer l'attention sur deux grands problèmes lexicographiques concepts

actuels,

analysés

celui

dans

de

toute

l'objectivité leur envergure

et celui de sémantique.

la normativité, L'éventail

de

104 dictionnaires passés ai revue et le décloisonnement de certains mythes qui y sent recelés aurait permis de secouer quelques idées reçues; à tout le moins ils auront été l'occasion de poser des questions. Comme ση l'a amplement nontré à l'aide d'un portrait nuit i forme de certaines interdictions lexicographiques, les nomenclatures des dictionnaires loin d'être toujours objectives, révèlent des transgressions par rapport à 1*1 modèle scientifique de description auquel le public devrait s'attendre. "Des mots de haute fréquence et de forte disponibilité qui fonctionnent comme unités de langue en sont absents, quelle que soit leur dimension" (Girardin 1979:87), rompant ainsi la cohésion nécessaire pour faire l'équilibre entre la microstructure et la nacrostructure du dictionnaire, cette dernière éteint "gravement amputée d'éléments linguistiques essentiels" (Fey-Debove 1971:108). L'interdiction lexicographique ressortit plutôt de contraintes culturelles subjectives définies par l'idéologie dominante ou imposés inconsciemment par elle. Les mots interdits ne doivent donc pas être situés au niveau du système abstrait de la langue, nais bien plutôt au niveau de l'actualisation du système, de la performance du discours, de la realisation des actes de parole, de la concrétisation des énoncés.

C'est en effet dans la relation entre le not sous sa figure de

signifiant et le concept-ob jet sous sa figure de réfèrent, relation le plus souvent concrète, que s'interposent ou se superposent les éléments idéologiques, culturels et autres qui conduisent, à travers 1'indispensable signifié,

à

l'interdiction.

Le

signifiant

oui ou

le

signifiant

aon ne

sent pas des éléments interdicteurs par eux-mêmes.

Quant à l'aspect de la normativi té, il est difficile d'y échapper. surgit à draque détour de l'analyse lexicographique.

Il

Son absence est un

mythe tout oomme l'est l'objectivité. Même si l'analyste veut se situer sur les pleins descriptif et didactique purs en donnant des moyens de faire, de créer des mots, d'en signaler l'usage effectif en fonction de réemplois ultérieurs non culpabilisant, il finit par rencontrer le nur de la norme toujours présente.

Le dictionnaire est un lieu pédagogique, une classe de

français en modèle réduit.

A ce titre, comme le fait chaque professeur, il

devrait enseigner le permis et non l'occulter. à écrire en toute liberté et non interdire.

Il devrait donner à dire et Mais ce rôle est loin d'être

réellement rempli. Les mots qui sont rejetés des dictionnaires sont presque automatiquement condamnables pour le public parce que le lexicographe, qui

105 est leur porte-parole, paraît agir ainsi.

Qui plus est, pour beaucoup de

lecteurs de dictionnaires, un not n'est purement français que s'il est enregistré dans leur dictionnaire, car en général, comme en l'a déjà évoqué, un locuteur ne possède pas une grande variété de dictionnaires chez lui.

La

possession d'un seul répertoire de nets renforce à outrance l'idée que le dictionnaire possédé est le seul existant; donc que la référence à la langue ne saurait être que normative, le jugement inplacable et définitif. sence d'un not du dictionnaire est ainsi vue.

L'ab-

Elle ne signifie pas néces-

sairement que le ocnsulteur porte ou portera un jugement défavorable d'incomplétude à l'égard du répertoire lexicographique qu'il a entre les mains. Le aonsulteur lie plutôt d'une manière plus ou moins consciente le contenu du dictionnaire à l'idéologie de son fabricant, et il n'a pas complètement tort.

Le dictionnaire de langue se situe sur un plan implicitement descriptif mais explicitement normatif de par la diffusion qu1 il a.

A œ

niveau, "la

norme est une 'convention' sociale et résulte d'un faisceau de jugements dépréciatifs, destinés à projeter une image fantasmatique et aonvenue des rapports humains en langage" (Rey 1981:29).

Un texte de l'envergure de celui que nous avons présenté ne peut prétendre à parcourir tout le réseau des interdictions possibles en lexicographie française actuelle.

Nous nous sommes surtout arrêté sur des aspects sélec-

tionnés en fonction d'autres recherches que nous marions par ailleurs, soit la néologie sous toutes ses formes, les régionalismes, tant par rapport aux études lexicales qu'ils inspirent présentement que par rapport à la mise en chantier

de quelques

répertoires

lexicographiques qui les concernent ou

encore par rapport à 1'élaboration d'une théorie de la variation linguistique dans le cadre plus global de l'aménagement des langues. Nous aurions pu certes aborder plus ai profondeur certaines catégories de mots interdits acmme les mots sauvages dont la fréquence d'utilisation relèvent souvent plus de l'hapax legemenon que d'autre chose. ou créatures d'auteurs répondent à des besoins momentanés. éphémères la plupart du temps. peluvedebananieev

prononcé par

Ces créations

Mais elles sont

Il serait étonnant que le mot e'autoun ministre québécois

en 1981 et repris

par quelques médias écrits et électroniques passe jamais à l'histoire du

106 lexique par l'intermédiaire d'un dictionnaire.

Il se réfugiera plutôt dans

les fichiers lexicaux d'un linguiste qui scrute les modes de formation des unités nouvelles ou dans un dictionnaire spécial.

De même, le discours

féminin qui s'avère sans doute l'un des plus récents et des plus honteux interdits linguistiques qui soit n'a été qu'effleuré.

Son développement

prodigieux, qu'il soit du ressort des mouvements de la société en général eu des mouvements féministes, ne saurait tarder à influencer le discours lexicographique lui-même. contre

Déjà la oolère gronde et se manifeste ouvertement

les lexicographes mâles.

Mais en cette matière,

il faudrait se

garder des prises de position extrémistes et antinomiques qu'on voit poindre présentement au Québec et ailleurs.

Elles risquent d'aboutir à une déstruc-

turation de la langue française et à la désarticulation de la ccmmunication si

elles

tombent

dans

le

révolutionnarisme

linguistique.

La

prudence

1

s impose, car il serait suicidaire pour la langue française en général et au Québec en particulier qu'il se crée une nouvelle polémique qui déboucherait sur une querelle semblable à celle qui a mis le jouai de l'avant.

Les

ennemis du français en profiteraient pour le dévorer et se repaître de son cadavre, acrome cela se passe présentement au Québec sur le plan politique. Le discours

féminin,

le discours scientifique,

le discours régional, la

laxisation même du discours lexicographique, cela fait beaucoup de combats à mener de front pour la survie du français.

Sans parler des réminiscences

d'une certaine aventure bergeronnienne au Québec qui n'est que le jeu conscient d'un farfelu mais dont les incidences sont gênantes et retardataires. Si les orientations se parallélisent au lieu de converger, si elles s'affrontent au lieu de pacifier, alors, il faudra sonner l'alarme suprême pour la langue française et peut-être même son glas.

Les dictionnaires de femmes

semblent vouloir poindre à l'horizon et cela est bien.

Nfais il ne faudrait

pas tariber dans le piège du prétexte, c'est-à-dire du rejet total du passé lexicographique presque exclusivement mâle. historique.

Remplacer

C'est là le fait de l'évolution

une mauvaise attitude par une autre

extrême ne jettera qu'un peu plus d'huile sur le feu.

tout aussi

Des changements sont

déjà en cours pour adapter les dictionnaires à tous les discours humains de la société actuelle.

Ces efforts peuvent certes augmenter pour le bien de

la langue française, mais pour rien d1 autre, surtout pas pour sa destruction.

Il s'agit d'entériner de nouvelles manières de faire la langue et non

pas de la défaire. D'un tout autre point de vue, nous aurions pu encore examiner les unités

107 syntagmatiques cantonnées ou repoussées au rôle des sous-entrées dans les dictionnaires de langue quand ce n'est pas au simple niveau d'une mention sous la forme d'un exemple d'emploi.

Les syntagmes

libres manifestent

également leur droit à la vie lexicographique autonome par l'accès au statut d'entrée.

Couvriériste

parlementaire,

relatione

publiques

ne

constituent-ils pas des syntagmes dont 1'autonomie sémantique est en ne peut plus claire?

Une autre face cachée du dictionnaire est la suppression des

mots des ouvrages d'édition en édition. supprime en masse.

Car si l'on ajoute en nasse, on

Ainsi le PLI a ajouté par la refonte plus de 6 000

mots ou sens nouveaux en 1981 et plus de 2 000 retraits de nots ou de sens ont eu lieu.

Gemment se rendre compte de ses mises au rancart puisqu'en

cette matière les lexicographes sont muets comme des tombes? Enfin, nous voudrions faire une dernière remarque à propos de la littérature dans les dictionnaires.

"Le préjugé littéraire pèse sur la lexico-

graphie depuis le XVIII e siècle; au point qu'il paraîtrait sacrilège en France qu'un grand dictionnaire (et cela vaut pour le G.L.L.P. comme pour le T.L.F.) n'illustrât point la valeur d'emploi la plus carairune du verbe le plus usuel par une citation de Hugo, de Huysmans, de Claudel ou de Nfelraux" (Wagner 1975:94).

En sacrifiant à l'excès à la beauté et à la nécessité

littéraire, les dictionnaires perdent un peu d'efficacité et aussi de place pour d'autres mots. par

le

PR

suivants:

et à,

Nous avons dressé un petit tableau des auteurs cités

le

Lexie

avoir,

pour

de,

les

être,

mots le

outils

et

ou

tout

les

(voir

auxiliaires

le

tableau).

Quelques remarques explicatives permettront de parcourir le tableau avec plus d'aisance. Lexie.

Nous avons tenu aanpte de la rubrique alaee. dans le

Nous avons établi la parité entre les deux dictionnaires lorsque

ceux-ci recouraient au dégroupement.

Au total, quatre-vingt-cinq auteurs

différents ent été recensés dans les deux dictionnaires pour les six mots choisis d'une

comme fois

tout).

Cet

Aqe à nos

échantillons.

(voir

Molière,

aréopage

7

Plusieurs

d'entre

fois

être,

d'écrivains

sous

eux et

et d'écrivaines

sont

Hugo,

7

cités

plus

fois

sous

s'échelonne du

jours, de François Villon à Jean-Marie Le CLézio.

Mayen

Comme il

fallait s'y attendre, les représentants du 20 e siècle dominent largement le groupe. tion

du

Il est par ailleurs étrange de constater la faible représenta18 e

siècle

avec

seulement

quatre

Beaumarchais, Mantesquieu et Saint-Simon. première

vue,

le PR

semble consacrer

auteurs,

soit

d'Alembert,

Fhfin, une dernière remarque : à plus de place aux écrivains

que

108 Tableau des auteurs cités sous: à, avoir, de, être, le, tout dans le PR et le texte

PR

à (prép.)

Alain-Fournier, Duhamel, Maurois, Rolland

Lexie La Bruyère, Corneille, Racan, Racine (2), Retz, Scarron, Th. de Viau PR

avoir· (V.)

de Beauvoir, Gide, Molière (3), Musset (2), Queneau, Sarraute

Lexie Aragon, Butor, Corneille, Daudet, Duhamel, Gide, Retz, Vaugelas PR

de (prép.)

Lexis

PR

être (V.)

Ambrière, Arnoux, Aymé, La Bruyère, Constant, Flaubert, Malraux (5), Mauriac, Molière, Musset, Queneau, Zola Bossuet, La Bruyère, Du Buisson, Duhamel (5), Gide (2), Malherbe, Malraux (2), Molière (2), Montherlant, Racine (2), Madame de Sévigné (4) Aragon (3), Baudelaire (2), Bernardin de Saint-Pierre, La Bruyère, Claudel, Corneille (2), Courier, D'Alembert, Descartes, Duhamel, Gide (2), Molière, Montesquieu, Racine (2), Sand, Sartre (2), Valéry, Villon

Lexie Bossuet, La Bruyère, Chateaubriand, Courteline, Gide, Giraudoux, Mandiargues, Martin du Gard, Mauriac, Molière (7), Proust, Renan, Retz (2), Saint-Simon, Madame de Sévigné (2), Vaugelas PR

le (art.)

Aymé, Corneille, Flaubert, France, Gide, Lamartine, Musset, Pascal, Rolland, Romains, Zola

Lexie Giono, Martin du Gard tout (adj.quai. & ind.; pron.ind.; adv.; η.m.)

PR

Lexie

Remarque:

Alain, Aragon, Arven, Aymé, Balzac (2), Barrés, Beaumarchais, de Beauvoir, Chateaubriand (3), [Code civil]. Corneille, Daudet, Dorgelès, Duhamel (3), Farrère, Flaubert (4), France (3), Gide (2), Hugo (7), La Fontaine (3), Lamartine (2), Lanson, Larbaud, Loti, Mallarmé, Maupassant (2), Mauriac (3), Mérimée, Michelet, Molière (5), Montesquieu, Pascal, Paulhan, Perret, Proust, Queneau, Ramuz, Rolland, Romains (5), Sainte-Beuve (3), Sartre (2), Vallès, Verlaine, Vildrac, Zola (2) Céline, Le Clézio (2), Corneille (3), Descartes, Giono (2), Gracq, La Fontaine, Molière (4), Retz, Simenon, Triolet, Vailland, Vian

Le chiffre entre parenthèses indique le nombre de fois que l'auteur est cité sous le mot vedette.

109 le Lexis, continuant En

contre-partie,

en cela une tradition

le Lexie

utilise

lexicographique

davantage

littréenne.

l'exemple

lexicogra-

phique.

Le préjugé

littéraire de ce type, tout oomme celui que nous avons

examiné antérieurement (voir 5.7), n'est pas prêt de disparaître.

Mais le

rôle de la littérature non littéraire s'accentue de mise à jour en mise à jour, d'édition en édition dans les dictionnaires. varié puisque (Logoe)

à

prennent

déjà

les dictionnaires

un

laxisme le

not

Cependant, le rythme est

vont d'un conservatisme presque absolu

contrôlé

{PR).

littérature dans

Quelques

son

sens

dictionnaires

néologique

le

plus

large oomme le PR ("tout usage esthétique du langage, même non écrit") ou encore par emprunt de sens à l'américain ("toute documentation écrite").

Bien qu'il demeure encore sensible dans certains domaines, le constat récent fait voir un recul de plus en plus net de l'interdiction lexicographique . phie

"Le déblocage relatif de la situation d'interdit dans la lexicogra-

contemporaine

a

d'ailleurs

été

récemment

étudié"

(Rey

L'étude synchronique à elle seule est cependant insuffisante.

1983:560).

Même si elle

permet d'identifier certains facteurs, elle demeure lacunaire. Seule une "étude diachronique et carparat i ve du traitement lexicographique des mots interdits sélectionnés permet de déterminer l'époque à laquelle la censure s'établit, son degré de force et sen évolution, l'introduction ou l'exclusion de ces mots des dictionnaires étant significative de la 'mentalité' d'une époque" (Girardin 1979:93).

Les itDts interdits cheminent d'abord dans les dictionnaires spéciaux, dictionnaires

de néologismes,

dictionnaires de mots non conventionnels,

etc., où ils peuvent végéter plus ou moins longtemps.

Certains y termine-

rait une carrière éphémère tandis que d'autres iront rejoindre des élites lexicales pour finir leurs jours en banne compagnie, s'inscrivant dans la longue histoire officielle du lexique.

Les dictionnaires, qui sont des

témoins privilégiés des transformations incessantes de la société, de la culture et des idéologies, sent mis à jour de plus en plus régulièrement. Ils se rapprochent donc de la vie dont le reflet qu' ils tracent est de plus en plus réel, de moins en moins trouble.

On voit poindre ixie nouvelle

ère du dictionnaire qui, "en se mettant à l'heure de l'informatique aura

110 définitivement perdu son innocence"

(Feldman 1981:36) pour enfin corres-

pondre à une véritable vision du monde.

la compréhension et le décodage des

discours sociaux réels ne sauraient être parfaitement envisagés que dans le cadre de 1'inclusion de plusieurs milliers d 1 interdits lexicographiques dans les dictionnaires de langue.

La prise en charge de ces mots par les réper-

toires lexicographiques redonnera aux oonsulteurs la libre jouissance de la langue jusqu'ici restreinte au moyen des prohibitions érigées en une sorte de législation où règne néanmoins l'arbitraire.

Il s'agit en somme de

revoir à l'aide d'un éclairage neuf la profonde collusion entretenue entre la langue et la tradition répressive que l'on cbserve dans maintes civilisations, y compris surtout notre propre civilisation où la répression morale %

est loin d'être effacée.

A moins que l'on construise de plus en plus de

dictionnaires non conventionnels qui dans le fend ne sont rien d'autre que de très conventionnels ouvrages pour beaucoup de locuteurs.

La levée des

interdits lexicographiques dépend bien plus de la philosophie sociale que de * la linguistique elle-même.

A toute fin pratique, le problème qui nous a

occupé jusqu'ici n'est probablement qu'une simple vue de l'esprit et rien d'autre.

9.

VERS UNE NOUVELLE LEXICOGRAPHIE

On fait, défait, refait ce beau Dictionnaire Qui, toujours très bien fait, sera toujours £ faire (Lebrun-Pindare, Epigvammee).

Les divers éléments abordés, les multiples images brassées lors de ce long et méandreux périple lexicographique n'ont pas résolu d'une manière définitive toutes les questions qui fourmillent dans les têtes ou qui surgissent

à chaque détour de

la consultation d'un dictionnaire.

Au

contraire, les réflexions mises en lumière ont provoqué de ncnibreuses interrogations nouvelles sur le phénomène à peine défriché de l'interdiction lexicographique dent l'origine est plusieurs fois séculaire.

La poussière

des siècles s'y était accumulée et en dissimulait les manifestations variées et oubliées.

Nous avcais tenté de briser des silences coupables, d'extirper

et d'évoquer quelques-unes de ces manifestations parmi les plus vives et les plus tenaces.

Puis, de les situer en priorité sur un axe synchronique

étroit qui s'étend de 1970 à 1982.

Cette démarche fragmentée paraissait

préalable à l'examen du problème des interdictions linguistiques et lexicographiques dans. toute soi envergure diachronique et synchronique.

Plus

urgente aussi, parce que des besoins précis d'éclaircissements et des attentes d1explications filtraient de gauche et de droite.

Les langagiers

utilisent les dictionnaires récents qui appartiennent à une strate temporelle très près d'eux.

Il fallait répondre d'une manière pressante à un

certrain nombre de leurs questions et atténuer des craintes.

Néanmoins, il

ne faut pas perdre de vue que les débuts de l'ostracisme lexicographique sont indissolublement reliés à l'émergence de la lexicographie unilingue française à l'époque des grands humanistes de la Renaissance.

Dès son appa-

rition sous une forme non traductionnelle ou glosante, le dictionnaire s'est institué comme le porte-étendard

idéal pour diffuser

les prescriptions

112 linguistiques arrêtées par la classe dominante de la société d'alors et par celles qui ont suivi. Il va de soi que notre position de départ s'alignait sur quelques principes idéologiques personnels, principes qui nous cnt permis au cours des années

de

"lever",

d'identifier,

et

d'essayer

d'expliquer

un

ensemble

d'interdictions volontaires ou involontaires mais toujours entretenues dans la lexicographie

française

oonteitporaine.

Pour

ce qui

est du domaine

proprement linguistique, ces positions idéologiques peuvent être ramenées, d'une manière non exhaustive, à des préoccupât ions de recherche en matière de néologie, de français régionaux, de variation linguistique, de lexicographie générale et spécialisée, en somme à des préoccupât ions d'aménagement terminologique et linguistique qui laissent peu de place au purisme.

De

sorte que dès les prémisses de cette réflexion sur les tabous linguistiques, dont nous venons de livrer les meilleurs fruits sous les formes juxtaposées et complémentaires de la théorie et de l'exemple pratique, nous savions toute

la difficulté de respecter .les règles déifiées de

règles qui cnt été édictées par d'autres.

l'objectivité,

Nbus avons très consciemment

transgressé ces règles anciennes et versé dans une certaine subjectivité. Les lecteurs en cnt sûrement trouvé des indices claires et des traces à profusion à travers les interdictions compilées et analysées dans ce livre. L'idéologie

personnelle

principe actif. dès le départ.

de quiconque

traite

un

tel

sujet constitue

un

Les résultats sont en effet en grande partie prévisibles La réaction est à l'opposé de la tradition héritée du passé;

celle-ci est remise en question et objet de la dénonciation. Ce qui importe, malgré la prévisibilité tout au moins partielle de la démarche, c' est la manière de parcourir le réseau subtil des censures du dictionnaire afin d'y repérer et ferrer l'élément discordant, désordonné, pour ensuite le soupeser et le réinsérer dans soi contexte actuel.

Là' réside la volonté d'agir et

l'originalité du tracé: identifier la méthode d'intervention et dessiner, ici à grands traits et non pas en un tracement léché et terminal, une manière personnelle d'appréhender l'objet de la recherche, de réinterpréter la description linguistique, c'est-à-dire, somme toute, d'être aussi normatif.

Bref, de concourir à une normativité différente qui apparaisse aux

yeux des linguistes et des lexicographes contemporains comme une façon de rendre compte des événements qu'ils cnt à analyser et à expliquer. cercle

est

inévitablement

vicieux:

choisir

un procédé de

Le

description

différent, neuf, inédit, c'est choisir une autre normalisation que celle qui

113 était déjà entérinée par la majorité qui aompose la classe dominante de la société.

Il s'agit en fait de tenter de percevoir le moment et les raisons

qui font que cette nasse d'individus basculera dans une autre norme, qu'elle reconnaîtra et cautionnera jusqu'à ce que la chaîne réactionnelle se remette en mouvement et déclenche un nouveau processus normalisateur, inenvisagé ai ce moment.

Pour l'instant, il nous semble que les constats que nous avons

faits sont les symptômes qui manifestent, à travers les malaises mis en évidence, qu'une évolution est en aours. directions

inexplorées

d'aujourd'hui.

et

attrayantes

Nous avais cherché à indiquer des pour

la

lexicographie

française

Un soupçon d'avant-garde étalé ne peut être que bénéfique

pour une société qui se transforme en permanence.

Le dictionnaire ne peut

évidemment pas tout récupérer des changements trop rapides.

Mais il doit

tenter 1'impossible. Enfin, un but didactique est présent dans ce livre.

S'il n'est pas

carrément avoué, il se profile ai filigrane d'un bout à l'autre du texte. Il a guidé nos réflexions et nous a aidé à construire la charpente de l'ouvrage.

Bien entendu, nous avons scruté les dictionnaires dans une

perspective critique, parfois même sévère, mais noi point en vue de détruire l'image qu'ai s'en fait généralement.

Nous n'avions nulle envie non plus de

les accuser d'incompétence au regard de leur mission privilégiée qui est celle de témoigner de la multitude des activités du monde moderne a travers le véhicule de communication idéal que constitue la langue d'une uuiuuunauté linguistique.

En ce qui regarde ces livres précieux que sont les diction-

naires, notre intention était simplement de retoucher le portrait gauchi par le temps et par les idéologies diverses, peu importe où elles prennent leurs sources.

Nous avons voulu situer notre voix à côté d'autres qui clamaient

leur vérité depuis bien longtemps.

Si cette voix paraît novatrice, c'est

sans doute parce qu'elle dérange, et cela est bien pour la lexicographie qui s'annonce. Nous espérons donc que les réflexions et les mises en garde rassemblées dans les pages précédentes créeront une nouvelle vision des dictionnaires. Nous espérais que l'opacité du dictionnaire ait pu perdre quelque peu de son épaisseur,

que les mythes créés autour des dictiomaires cessent d'être

mystifiants, que les tabous soient détabouisés, que les interdictions soient désinterdites enfin.

Et surtout, nous espérais que ce voyage dans les

méandres dictionnairiques suscite la réflexion concertée envers l'un de nos

114 plus loyaux compagnons de cheminement intellectuel, le seul peut-être qui lie les scientifiques et les chercheurs de tous les horizons, par delà les secteurs de recherche individuels et par delà l'isolement des laboratoires. En dépit de leurs petits ou de leurs grands défauts, la majorité des dictionnaires mérite amplement la confiance du public qui les consulte. Ce qui fait leur succès, ce ne sont pas leurs défauts, nais leurs qualités. Après tout, avec les parents, c'est la première école que les enfants fréquentent. Les dictionnaires, les premiers, nous ont enseigné la culture, la civilisation, l'univers, la vie.

Venus pour expliquer l'obscur, pour révéler

l'inconu, pour améliorer les connaissances et pour entretenir le savoir, les dictionnaires demeureront présents et fidèles tout au long de l'existence de la plupart des êtres humains.

Aspects of the Banning of Täboo Words in Contemporary French Dictionaries

Summary

1.

Introduction

•mis book describes a hidden and intriguing aspect of non-specialized French lexicography

in the early 1980s.

Using a body of dictionaries

representative of the French language up to 1982, the author uncovers irregularities, emissions and misrepresentations in the micro- and macrostructural treatment of certain words or groups of words usually classified as lexicographically "taboo" or, more correctly, prohibited.

At a decisive

time, the world of dictionaries has been struck by a renewal in French lexicography that began in the mid-seventies.

Changes, refinements and

liberties in "the strange world of dictionaries" that were unthinkable not very long ago can already be observed in 1986. The total or partial lifting of prohibitions or taboos constitutes remarkable and necessary progress. Lexicographers are fully aware that they must meet the demands of the nodern world and of their market : dictionary users pay for a product that will adequately reflect its time.

2. Subject satter

The book is divided into nine chapters, which we shall review in order. It should first be noted that the book includes a tvro-part bibliography: 1. a list of dictionaries researched and studied; 2.

a list of related works used.

The usual supplementary information follows the bibliography: 1.

an index of main concepts;

2.

an index of words and proper names;

3.

an index of dictionaries;

4.

a list of tables.

116 Chapter 1 deals with dictionaries and society : relationships between the dictionary as an industrial product and society as an influence on consumption.

The dictionary is described as a great book that takes cn, or

is invested with, Biblical attributes : it is unique, irreplaceable, revered and always dominated ty a trinity (in this case, lexical, grammatical and societal

standards).

While

the dictionary

is a capitalist

industrial

product, it also emerges as a defender of the language and a guardian of proper usage.

The fact that manufacturers aim for highly profitable market

sectors also confirms the dictionary as a key product in industry and the economy.

Granted,

the

world

of

dictionaries

is

one

of

linguistic

skirmishes, but it is also part of a very keen competitive field, where true lexical content often gives way to financial concerns.

Each dictionary

is based en a dominant ideology that dictates its development and market distribution.

The sociocultural models put forward by individual lexico-

graphers constitute views of the world that do have something in ααπποη : in its own way, each of these views reflects the opinions most commonly held by French-speaking dictionary users.

These basic premises

identify the

dictionary product as a reflection of French civilization and language.

The

chapter ends by discussing the principle of the inevitable subjectivity of dictionaries, which leads to censure.

Prohibitions and lexical ostracism

will always exist in areas of subjective behaviour. Chapter 2 is an introduction to lexicographical prohibition and defines the main aspects to be analysed in the text that follows : irregularities in the macrostructure, that is, lexical units that are actually used in speech but rarely or never found sis dictionary entries. of

these

units

is distorted

In sane cases, the meaning

in the entries.

The author wanders what

motivates lexicographers to perpetuate the use of "dead" information at the expense of actual, living usage by the majority of the population.

Ptor

ideological reasons, lexicographers eliminate a great many prohibited terms from

dictionary

macrostructures,

liberated the dictionary may be. varies.

regardless

of

how

interventionist

or

However, the extent of this elimination

The terms eliminated may be specialized terms, new words, regional

expressions,

vulgar

expressions

or borrowings.

These

lexical

discards

nevertheless make up a considerable portion of Francophones' usual speech.

Chapter 3 attempts to define lexicographical prohibition and gives a brief overview of the concept of prohibition, a comparison with the concept

117 of taboo, and the author's choice of terminology.

Prohibition is defined as

[translation] "all processes used to exclude, block, censure, stigmatize and stylize dictionary entries of certain categories of commonly used words or their usage, in order to respect a cultural standard in keeping with the ideology of a dominant

social class at a given time".

The process of

prohibition starts with concepts and works toward words.

Society first

targets

of

and

censures

disapproves.

the

actual

manifestations.

Dictionaries

follow

intolerance as does society. graphical

taboos

prefers

to

with

limit which

[prohibition], rationality

objects

and

thoughts

which

It then prohibits the use of lexical units naming

and

the

himself the

ideological

trends

To avoid confusing

anthropological has

same

to

the

single of

motivation.

tolerance

linguistic or

or ethnological

advantage

of

Prohibition

or

lexico-

cries, the

term

oorribining

it

these

author

intevdistion

the is

concepts a

rule

of

whose

function is to oppose something systematically set up fcy society.

Chapter prohibition. 1.

4

reviews

some

of

the

reasons

leading

to

lexicographical

Four procedures are examined:

economic limitations, which ccrne from outside the language and are often used

to

justify

the

emission

from

categories of socially narked words. based en the budgets available

dictionaries

of

words

or

some

Hie justification for doing so is

for producing dictionaries

: lexico-

graphers nust make a selection fron an available and reliable lexical pool; 2.

the teaching function of dictionaries influences lexicographers' choice of nomenclature.

The contents must be as close as possible to the

standard

recognized

schools.

In this situation, the lexicographical model selected is more

and

conveyed fcy society,

particularly

in

the

repressive; it increases the number of lexical prohibitions in order to premote "proper training" of users or "proper usage".

In this way, some

current usage is masked fcy the morality imposed en the lexicographers standardizing vocabulary who, as a result, overstep the dictionary's traditionally descriptive role; 3.

the influence of lexicographers' personal ideology is indisputable.

It

is unimaginable for them to ignore their own models, knowledge

and

118 culture in observing and describing others.

Lexicographer ideology

marks every dictionary and is a key indicator in accurately analysing the distinctive character of one work in comparison with one or another of its competitors ; 4. purism is a type of conservative, undeviating behaviour.

Taken to

extremes, it works directly against its stated objective of protecting the language and widens the existing gap between a living, evolving language and a more rigid language that purists wish were taught.

The

tendency toward purism of some contemporary lexicographers confirms the existence of socioculturai, ideological and sociolinguistic hierarchies. Chapter 5 deals with the major prohibitions and their progress from objects to words; it describes eight categories of prohibitions originating in behaviour patterns that correspond to the dominant social model.

Wbrds

are prohibited for other than linguistic reasons : they are subjected to the same fate as prohibited objects, which are targeted first.

1. Cultural prohibition

is evidenced

in the rejection of everything

that does not express a standardized culture : for example, ocmic books, the punk counterculture or drugs.

The elitist concept of culture

requires that familiar or usual practices in seme social groups nevertheless be excluded from or disguised in dictionaries. 2. Sexual

prohibition

is

certainly

the

prime

taboo.

The

main

misrepresentations relate to the sexual organs of humans and animals, the various stages of procreation, acts of love, excretory functions and

products,

scatology,

deviant

sexual

behaviour

and

indecent

associations. 3. Social prohibition is a handy label under which may be classified the relationships between men and women, as well as a host of other phenomena such as sexism, social upheavals, homosexuality, feelings of hatred, scorn, disdain, dislike, malice and resentment insults and antisocial behaviour. 4. Political prohibition gives lexicographers the opportunity to nip in the bud the doctrines or basic concepts of a political theory, cn the

119 unacknowledged pretext that they weaken or challenge the dominant ideology.

Political systems themselves, racism, ethnic groups and weir

are considered the main areas in which lexical ostracism is highly visible. 5. Religious prohibition has

its basis

in the behaviour patterns

imposed fcy the Judeo-Christian religion that has dominated Western European civilization for two millenia. As a result, dictionary entries concerning other religions and their various characteristics suffer from the overwhelming predominance of Christianity.

6. Artistic prohibition

affects

very

topical activities

such as the

visual arts, film, photography, music and dance. 7. Literary prohibition affects the selection of excerpts from literary works or written documents viiose function is to illustrate the meaning of words.

Lexicographers have established criteria to guide them in

selecting quotations to put meat on the bones of the words : these criteria include whether an author is well known, writes and uses the language well, is French, or belongs to a representative era. factors are also influenced fcy society's literary standards.

These

However,

it does happen that writers whose ideas society brands as reprehensible are quoted.

In such cases, excerpts from selected works most often

illustrate the use of one category or another of prohibited words. This is true notably of very famous writers such as Sartre, de Beauvoir, Camus, Celine, San Antonio, Genet and Gary.

In addition, literature

labelled "marginal" is hardly ever considered fcy lexicographers.

The

doctrine in effect forces lexicographers to reject quotations from science fiction novels, detective novels, spy novels, suspense stories and conic-book dialogue. 8. Oncnastic prohibition

is primarily concerned with eliminating from

encyclopedic dictionaries (or from the encyclopedia sections of nultipurpose dictionaries) the names of political, literary, scientific, artistic and other persons, historical or current events, universally recognized literary or acmic-book characters, important place names, and works or events that are significant in the history of mankind car the

120 evolution of the world or the universe, or essential to the cultural background of a contemporary adult. Cbmic books, sensational literature and lexicography itself were investigated in analysing this category of prohibition. This chapter shows that the insidious shift of disapproval from objects to words is not a recent discovery,

the examples of disapproval given may

be grouped under two main headings : prohibition resulting from the institutional control of language in society, and that concerned with the language of sexuality and its functions. Chapter 6 gives a linguistic classification of lexicographical prohibitions and examines various categories of words lexicographers leave cri the cutting-room floor or partially censure, leaving definitions that are abbreviated or flagged to indicate level of language.

1. Most new words

are

excluded

from dictionaries,

in spite of the

undeniable fact that they provide immediate indications of social and therefore linguistic change. into dictionaries.

Only a few rare specimens find their way

Lexicographers have always mistrusted

lexical

innovations; they aire barely beginning to admit the need for a more flexible attitude toward word coinage.

The author's analysis is

supported ty examples : some affixes and the explanatory note néol. 2. Specialized

terms are

included only to the extent that they are

easily and widely recognized in society.

Sane specialized areas of

activity are given particular attention : computer science, medicine, biology and audio-visual and other state-of-the-art technology.

A

datonstration of how dictionaries treat specialized terminology is backed by an assortment of examples based en the term vidéo. 3. Regional

expressions

dictionary entries.

account

for

only

a

small

percentage

of

One reason is certainly the ambiguity of the

concepts of "region" and "regional expression".

these concepts are

therefore examined in light of semantic information taken from language dictionaries, a process that does little to reduce this ambiguity - far from

it.

After defining these aoncepts and that of "the French

language", the author summarizes the treatment ty French dictionary

121 publishers fren the early 1970s to the early 1980s of regional expressions fran outside continental France. 4. Deciding which borrowings to include in dictionaries causes enormous difficulties.

This is a category of words that are always narked : by

pronunciation, by etymological indications

(identifying the lending

language) or by the wording of the definition, particularly in the case of unassimilated foreign words.

Lexicographers nust include choice

borrowings, but must be more careful with borrowings of necessity (unassimilated foreign words), since they name concepts that do not exist in French, or rather French-speaking, society. 5. VlxLgar expressions and

slang

expressions

designate

words and crude, scatological and erotic terms unconventional lexical units. fate

of

terms

based

on

curses, coarse

: in other words,

To illustrate dictionary treatment, the the

word

ohiev

[to

ehit]

in .four

types of works (language dictionaries for adults, children and students, and specialized dictionaries) was carefully examined.

6. Oncmastic derivatives (gentiles; personal and place names) raise the question of whether or not these units have the status of words. Onomastic derivatives (words derived from or composed of proper names) are often excluded

from dictionaries because lexicographers do not

consider them motivated.

In most cases, their semantic status depends

solely cn the original proper name.

Since this semantic relationship is

not always clear, indecision rages over which ones to include.

When

some of these units do succeed in slipping into dictionaries, selection methods are

far from systematic and

selection criteria are still

extremely vague. Classification methods also differ from cne dictionary to another.

Sometimes these derivatives are included as entries;

sometimes they are consigned to separate, selective appendixes at the end of the work; sometimes they only appear in articles cn proper names in the encylopedia part of certain dictionaries; and sometimes all three treatments are used.

7. Other prohibitions

are

censures

contained

in definitions

(for

example, merely including a word in an explanatory note as a synonym, using highly

specialized

wording

in the definition, abbreviating,

122 completely neutralizing a word by including cnly the generic term), various emissions

(for example, in listings of expressions, cross-

references and lists of synonyms and antonyms) and words hidden in microstructures.

Chapter 7 deals with lexicographical nyths and lists several simplified ideas that dictionary users create or accept. 1. The myth of permanence assumes that dictionaries are books whose contents are immutable, that need be purchased cnly once in a lifetime and whose possible replacement is of no concern. 2. "Rie myth of uniqueness is based cn the idea that there is a single dictionary for the French language, or that aie is as good as the next. Users will thus speak of the dictionary

in the singular, rarely

considering it as a plural object, this speech pattern is the result of widespread acceptance of dictionaries as prescriptive authorities.

3. Β » myth of durability suggests that nomenclature is fixed and does not vary with time and social change.

The current image is cne of a

work that requires no updating and reflects a unified, or at least a single, standard. 4. The myth of objectivity uses the principle of

lexicographers'

anonymity to suggest that all dictionaries are neutral and alike and describe the world in the same way.

This is not at all true, since all

lexicographers apply their personal convictions to the dictionaries they produce. 5. The

myth

function.

of

the

standard

highlights

dictionaries'

selective

By choosing to describe cne word or another or cne meaning

or another, lexicographers make a choice cn behalf of users.

Users

conclude that dictionaries standardize the truth and refute error. Therefore it is understandable that although dictionaries are descriptive

works,

prohibítiens.

they

project

a

prescriptive

image

that does

inpose

123 Chapter

8

is a

tentative

conclusion

and

shows how

lexicographers,

confronted fcy a nass of lexical data, nust make use of their personal view of the world to eliminate words, select definitions, write terminological explanatory notes and discreetly support their preferences.

Lexicographers

aire hearers of the countless messages of speech in society : they are not guiltless.

On the contrary, their offensive is based cn their individual

positions in the aocioculturai hierarchy and their perception of language itself.

In fact, lexicographers'

ideology is inseparable from a formal

stand. Whether conscious or not, on traditional arid new prohibitions; traces of these prohibitions show up in society and, inevitably, in dictionaries. Social morality is thus most often an expression of the lexicographer's conscience. However, the author notes a recent encouraging development that allows him to hope for a new lexicographical situation that will avoid an overly standardized reading of the world.

Competition between dictionaries and

consumer pressure are encouraging lexicographers to determine the public's real

needs.

subjective

Obviously,

lexicographical

prohibition

is

cultural constraints defined or unconsciously

dominant social group.

the

result

of

imposed by the

Prohibited words do not occur at the level of the

abstract system of language, but rather at the level at which the system is implemented, materializes.

speech

is performed,

speech

acts

occur

and

expression

It is often in the usually concrete relationship between

the word as "signifiant" or concept, and the conceptualized object as a referent, that ideological, cultural and other distinctions intervene or are superimposed; by means of the inevitable "signifié" or manifestation of the concept in word form, these distinctions lead to prohibition. Por users to regain the free use of the language, which has been limited by prohibitions that are systematized and almost legalized in a way that is arbitrary to say the least, dictionaries' view of the world nust be reconsidered and they mast accept several thousand prohibited words.

In

the end, lifting lexicographical prohibitions depends much sore cn social philosophy than cn linguistics. Chapter author's

9

envisions

personal

pretations.

a new

ideology

style of

: the

active

lexicography and principles

sets out

guiding his

the

inter-

From a linguistic point of view, the author's positions are

124 based en interest in research in the areas of word coinage, regional French expressions,

linguistic variations and language management.

roan for any form of purism.

They leave no

Nevertheless, this rejection of purism does

not inply laxity to the point of ignoring the benefits of "some" standardization.

The avant-garde tene of this book is largely due to the interpreta-

tion of social phenomena that are subjected to constant change. and

rapidly

disseminate

the

lexical

reflections

of

social

1t> glean change,

dictionaries must attempt the impossible.

After

his

parents,

culture,

civilization,

obscure,

reveal

dictionaries the

the unknown

universe and

are

a

and

life.

child's

first

Created

teachers to explain

: of the

inprove, maintain and enrich knowledge,

dictionaries are always there, faithful through nost humans' lives, and this is why no one should be indifferent to their fate.

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A

abréviation,

40, 94

acception, —

37

nouvelle,

adjectif, —

97

88

ethnique,

adresse,

60, 62

adstrat, affixe,

90

72 60

africanisme,

75

aire d'emploi,

32

aménagement —

des langues,



linguistique,



terminologique,

américain,



112

79

36, 37

américain,

anglicisme,

37

79

anthrcponymisme,

57, 86, 87

apartheid linguistique, archaïsme, argot,

— Τ

57

11

47, 73, 74

argotisme, article,

112

42, 57, 109

américanisme, anglais,

105

57, 81 8, 10, 28, 29, 35, 44, 48, 49, 64, 72, 88, 93, 96, 97

onomastique,

42

Eñ raison du nombre considérable de ses occurrences, ticmnaive ne figure pas dans l'index notionnel.

le terme

dia-

132 autarcie linguistique, auteur,

78

5, 37

auxiliaire,

107

Β base,

91

belgicisme,

75

besoin —

langagier,



pédagogique,

ben usage

10 76

V. usage

C canadianisme, catalanisme,

73 73

catégor i sat ion —

grammaticale,



lexicale,

8

8

censure linguistique, champ lexical,

chorolexicologie, circularité, citation,

24

37, 46 71

68

30, 43, 44, 45, 46, 96, 97

classement alphabétique,

88

communauté linguistique,

113

conposé,

14, 86, 87

composition,

57, 90

contact de langue, contexte,

28, 37

ccxitre-culture,

30

corpus d'exclusion, créolisme,

48

75

critère sémantique, culture,

78

90

6, 13, 24, 28, 30

133 D datation,

8, 74

date d'apparition, 74 définition,

24, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 35, 36, 37, 38, 40, 42, 57, 58, 60,

65, 66, 67, 68, 69, 70, 71, 72, 74, 75, 77, 92, 93, 96, 97, 98 —

circulaire,



descriptive,



mêtalinguistique,



relationnelle,



scientifique,



substantielle,

dégroupement, dérivation, dérivé,

30, 31 40 39

67, 68 30 39

8, 107 57, 79, 90

28 , 31, 60 , 62 , 64, 82 , 86, 87 , 88 , 89 , 90 , 91, 94



morphologique,



onomastique,



verbal,

59 57, 86

33

désinterdiction,

VIII, 29, 84

développement encyclopédique, dialectisme,

40

11

diminutif,

82

discours,

5, 14, 15, 16 , 29 , 51, 56 , 68, 86 , 90, 98, 100, 101, 103, 104,

106 —

bédéiste,

47



culturel,

51



définitionnel,



définitoire,

93 93



de présentation,



d'introduction,

77 78



économique,

51



esthétique,

51



féminin,



idéologique,



lexicograpihique,



linguistique,



littéraire,



parathéologique,

106 11 8, 32, 57, 106

94, 103 47 14

134 —

parlé,

43



pédagogique,



philosophique,



politique,



quotidien,



régional,



religieux,



scientifique,



social,



technique,

11 51

51 24 106 51 101, 102, 106

102, 110

disponibilité,

101, 102 104

élément —

affixai,



de formation,

60



lexical,

59, 60, 64

9, 51, 92



linguistique,

104



morphologique,

60



suffixal,

emploi, emprunt,

91-92

14, 58, 67, 72, 74, 76 11, 14, 57 , 72 , 73 , 74, 75 , 78, 79 , 81



de luxe,



de nécessité,

79



de sens,

109



interne,

65



linguistique,



régional,



technique,

encyclopédie,

79

78

74 79

7, 18

énoncé —

définitionnel,



définitoire,

entrée,

67 29

28, 30, 32, 33, 35, 58, 64, 92, 93, 98, 99, 107



libre,



renvoi,

euphémisme,

28, 31, 40, 43, 48, 58, 64 43 15, 16, 27, 62

135 exemple,

24, 27, 35, 57, 64, 65, 66, 79, 87, 100



d'emploi,



lexicographique,



littéraire,

expression,

30, 68, 96, 107 35, 40, 109

85

16, 36, 69, 71, 72, 82, 94



nouvelle,

97



populaire,

93

fait de langue,

69, 71, 72, 81

famille lexicale,

32, 37, 60, 64, 68, 82, 84, 94

forme dialectale,

82

français,

9, 10, 17, 36, 37, 60, 62, 65, 69, 72, 74, 75, 78, 104, 105, 106



actuel,



central,



commun,

10 69, 71, 72 70



aontemporain,



d'Afrique,

82

75



d'aujourd'hui,



de France,

10



de la régie« parisienne,



de référence,



extrahexagonal,

69 69, 71, 72



général,



hors de France,



île-de-francien,

69, 71, 72

70



intráhexagonal,



normé,



parisien,



régional(-aux),



standard,

69 73, 75 69, 71, 72

51

francophone,

70, 72, 73, 75 12, 70, 71, 72, 75, 112

51

11, 24, 27, 49, 68, 69, 79

francophonie, fréquence,

69, 71

25, 35, 68, 71, 79

91



d'usage,



d'utilisation,

58 105

136 G

générique, gentile,

87 57, 86, 87, 91

glissement sémantique, glose,

58

92, 93

glossaire,

38

grammaire,

89, 95

H

hapax legomenon, helvétisme, homonyme, homonymie, —

105

73, 75 36, 75 75

régionale,

70

I

iconographie, idéologie,

51

6 , 7, 10, 14 , 24 , 25 , 38 , 91, 92, 100, 103, 104, 105, 109, 112,

113 —

lexicographique,



littéraire,



politique,

idiolectisme,

43

47 40

11

impérialisme linguistique, impröbaticn lexicale, incluant,

81

24

40, 58

information —

définitionnelle,



encyclopédique,



lexicographique,

infranorme,

34, 93 28 28, 29

72

innovation —

lexicale,



linguistique,

interdiction,

58 25, 59

11, 13, 14, 16, 17, 27, 30, 31, 34, 35, 47, 51, 57, 69, 75,

92, 94, 102, 104, 105, 112, 113

137

— artistique,

42

— culturelle, 28 — extralinguistique, 16 —

lexicographique,

VII, VIII, 16, 18 , 51, 66 , 69 , 77, 102, 103, 104,

109, 111 —

linguistique,

15, 16, 57, 103, 111

— littéraire, 43 — onomastique, — politique,

47, 48, 50 38

— religieuse, 41 — sexuelle, 30 — sociale, interdit,

8, 11, 13, 17, 27, 30, 38, 42, 65, 101, 109

— lexical, —

34, 38, 41 18, 19, 95

lexicographique,

— linguistique,

51, 110

27, 106

— religieux, 41

jouai, 106 jurai,

langage,

15, 81

7, 16, 24, 25, 27, 51, 85, 87, 105, 109

— académique, 81 — gai, 36 — homosexuel,

35

— vivant, 24, 28 langagier, 5, 14, 15, 111 langue, 5, 17, 18 , 25 , 26 , 27 , 32, 46, 47 , 57 , 58 , 70, 78, 93 , 95 , 99, 100, 104, 105, 106, 110, 113 — anglaise, 50 — commune, 39 — de civilisation, — écrite, 72

9, 50

138 —

française,



générale,

VII, 6, 9, 11, 57, 71, 72, 73, 75, 85, 87, 98, 99, 106



parlée,



purisante,

25



régionale,

68, 75



romane,



standard,



verte,



vivante,

latin,

50 ·

8, 19, 32 67, 72

85 92

81 45, 85

laxisme lexical, lexème,

59

89

lexicalisation, lexicalisme,

90

58

lexicographe,

VIII, 5, 6, 7 , 8, 9, 10, 11, 12, 18, 19 , 24, 25 , 38 , 39 , 40,

43 , 45 , 46 , 47 , 48 , 50, 51, 56 , 57 , 58, 59 , 60, 62 , 63 , 65 , 66 , 67 , 68, 75 , 76 , 77 , 78 , 79 , 81, 85 , 87 , 88 , 89 , 90, 92 , 93 , 97, 100, 101, 102, 103, 104, 106, 107, 112 lexicographie,

VIII, 12, 14, 47 , 48, 50 , 51, 59 , 65 , 66 , 74, 89 , 92, 107,

109, 111, 112, 113 —

française,

lexie,

VII, VIII, 25, 75, 77, 95, 98, 103, 105, 112, 113

91

lexique,

7, 9, 25, 57, 58, 89, 99, 100, 105, 109



centrali,



français,



général,



québécois,



usuel,



vivant,

linguiste,

10, 24 89 77

36, 62 9, 69

5, 68, 77, 85, 87, 100, 105, 112

littérature, locution,

65

43, 45, 46, 47, 88, 102, 107, 109

67, 82

M macrostructure,

8, 9, 11, 43, 65, 75, 76, 78, 88, 89, 90, 104

marquage métalinguistique, marginalisme,

88

28

139

marque,

57, 62

— de classement, 66 — déposée, 92 — d'usage,

62, 82

microstructure,

8, 9, 11, 94, 97, 104

norpholog i sme, 57 mot,

vii, viii, 1, 7 , 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19 , 24 , 25,

26 , 27 , 28 , 29 , 30 , 31, 32 , 33 , 34, 35 , 36 , 37 , 38 , 39 , 40 , 41, 42 , 43, 46 , 51, 56 , 57 , 59 , 60 , 62 , 64, 66 , 67 , 68 , 69 , 71, 72 , 73 , 74 , 75 , 76, 78 , 79 , 81, 82 , 84, 85 , 87 , 88 , 89 , 90 , 91, 92 , 93 , 94 , 96 , 97 , 99, 100, 102, 103, 104, 105, 107, 109, 110 — affixé, 59 — tanni, 27 — courant, 5 — de base,

62, 92

— étranger,

78, 79



10, 73

français,

— galloroman, 82 — grossier, 81 — interdit, 85, 104, 105, 109 — marginal, 88 — nouveau,

7, 57, 58, 63, 97, 107

— outil, 107 — péjoratif, —

régional,

— sauvage, — tabou,

39 65, 66, 67, 68, 74, 77 12, 105

7, 16, 34, 51

— tabouisé, 27, 56 — terminologique, 63 — usuel, 14 mot-aousin, 94 mythe,

7, 51, 95, 100, 104, 113

— de la durabilità, 99 — de la norme, 100 — de la permanence, 95 — de l'objectivité, 100 — de l'opacité, 7 — de l'unicité, 98

140 Ν

néologie,

12, 58, 62, 63, 105, 112

néologiser,

59

néologisme,

11, 57, 58, 59, 60, 74, 86

niveau(χ) de langue, non,

36, 39, 57, 82, 101

16



de lieu,

47, 86, 87, 88



de personne,



ethnique,



propre,

nommer,

86, 87

90 19, 86, 87, 88, 90, 91, 102

16, 58, 92

nomenclature,

18, 19 , 24, 25 , 30, 31, 34 , 38 , 41, 43 , 56 , 58 , 59 , 60 , 62,

64, 65, 66, 68, 76, 84, 88, 89, 90, 93, 99, 100, 102, 104 —

générale,

87



onomastique,

48

ncn-conventionnalisme, non-mot,

46, 57, 81

87

normalisateur, 27 normalisation, normativité, norme,

10, 24, 72, 76, 112 103, 104, 112

11, 26, 78, 104, 105, 113



culturelle,

6, 7, 14



grammaticale,



lexicale,



sociale,

5

5 5, 14, 79

nouveauté lexicale, noyau lexical,

59

14, 89

O

objectivité,

103, 104, 112

onomastique,

87

onanastisme,

87, 88, 89, 90



gentiléen,

91

ordre alphabétique, origine étymologique, orthographe,

41, 91

8, 89, 90 82, 84, 90

141 ostracisme, —

11

lexicographique,

oubli,

111

15, 93, 94

ouvrage lexicographique,

6

Ρ

parenthèse étymologique, parler parisien, particularisme, —

78

régional,

pérégrinisme, philologue,

78 11, 57

100

polysémie,

29, 70, 75, 90

pouvoir normalisateur, prononciation, public,

40

72

75

8, 79

5 , 6, 7, 10, 18, 19 , 25 , 46 , 56 , 63 , 64, 66 , 88 , 99, 104, 112, 113

purisme,

25, 26

puriste,

25, 26, 27, 76, 103

Q

québécisme,

73, 75, 77

R

réfèrent,

104

régionalisme, —

11, 25, 57, 65, 66, 67, 69, 70, 71, 73, 74, 76, 77, 78, 105

de France,

65



extrahexagonal,



hexagonal,



intrahexagonal,

66, 74, 75

72



lexical,



linguistique,



québécois,



sémantique,



usuel,

65

régionalitê,

65

66

65, 68, 71, 75 66

66 67

142 région linguistique,

68

registre sociolinguistique, regroupement,

8, 94

renvoi analogique, répertoire, —

25

30, 93, 97

8, 34, 50, 63, 66, 73, 75, 76, 84, 103, 105

lexicographique,

réseau analogique,

6, 30, 38, 39, 42, 88, 98, 105, 110

29

révolutionnarisme linguistique, rubrique, —

106

8, 107

étymologique,

8

S science lexicographique, séraantisme, sème,

36, 51, 67, 91, 92, 94

36, 90

sémème, sens,

6

90 8, 32 , 36 , 39 , 41, 43 , 67 , 68 , 69 , 70 , 71, 72 , 74, 75 , 84 , 88 , 90,

91, 92, 93, 94, 107 —

néologique,



nouveau,



péjoratif,

sigle,

109

14, 57, 107 41

8, 28

signifiant,

67, 70, 71, 104

signification, signifié,

91

70, 71, 104

sous-entrée,

84, 93, 107

sous-famille, spécifique,

82 87

subjectivité, substantif, substrat, suffixe,

112 33

72 60

superstrat,

72

supranorme,

72

synonyme,

33, 42, 73, 92

synonymie géographique, syntagme, —

70

28, 40, 42, 72, 93, 107

libre,

107

143 syntaxe;

67

système phonétique,

81

Τ tabou,

11, 15, 16, 17, 27, 30, 95, 102, 103, 113



anthropologique,



ethnologique,



lex icographique,



linguistique,



social,

terme,

16

16 VII, 15

112

102

15, 17 , 28 , 30 , 33 , 38 , 42 , 56 , 63 , 68 , 69 , 71, 77 , 78 , 81, 86 , 87,

91, 93, 94 —

familier,

41



médical,

32



nouveau,

58, 86, 87

— péjoratif, —

populaire,



régional,



technique,

terminologie,

74

12, 63, 64, 87, 90, 99

terminologue, tour,

41 72

terminologisme, toponymisme,

41

11, 57, 63, 64, 65, 73 5, 26

57, 86, 87

67

traducteur,

5, 26

U unité,

84



de langue,



lexicale,

104 11, 19, 33, 43, 63, 66, 70, 92



linguistique,



nouvelle,



polysémique,



syntagmatique,

usage,

14, 51, 73

106 75 106-107

11, 14, 15, 16 , 56., 59, 63 , 70, 88, 91, 104

144 bon —

,

5



commun,



langagier,

usager,

64 9

5, 10 , 24, 26, 58, 60, 62, 89, 93 , 95

utilisateur de la langue,

15

variante —

gêolinguistique,



graphique,



orthographique,

9

33, 43 77

variation linguistique, verbe,

72, 77, 78, 105, 112

107

vocable,

11, 30, 46, 76, 82

vocabulaire,

6, 17, 24, 57, 62, 63, 73, 77, 78,



argotique,

86



de la désapprobation,



de la linguistique,



guerrier,

38



non convent ionnel,



politique,

38, 40

vulgarisme,

11, 57, 81

wallonisme,

73

xênisme,

46 94

11, 57, 79

57

INDEX EES M7TS, CCS AFFIXES ET DES NOMS PROPRES

A à,

107, 108

abasourdissant, abat-foin, abat-sen, aber,

59

59 59

66

-able,

59, 60, 61

abricot,

73

académique, action,

70

42

action painting (amer.), africanisation,

87

-age, 59, 61 agressivité,

29

Allain (Marcel), allélomorphe,

54

93

allongeguiboler (s1), amerlot,

39

andrepause,

33

anthroponyme,

86

anthroponymisme, anus,

87

30, 31

apprenant,

64

appui(e)-tête, arc-en-ciel, archéen,

97

98

archeterie, archetier,

70, 75

97 97

12

42

146 archétype, arpette,

98

73

art corporel,

42

artiste visuel,

42

arts plastiques, arts visuels, Astérix,

42

42

50, 53

aubépine,

70

aubergine,

73

audiophonie,

64

Audonien,

87

augmenté,

56

authenticité,

70

autopeluredébananiser (s'), aven,

11, 105

73

aventures, avoir,

71

107, 108

avoir ses jours,

15

ayatollah (ar.),

41, 62, 64, 79, 80,

ayatollesque, azote,

96

azoté,

96

79

Β

balayeur de rue, ballon,

28

balzacien, bande,

90

28, 48

bande dessinée, bander,

9

baratin,

74

barranco (esp.), bastide,

66

28

beaux-arts, -bec,

28

9

bandeur,

BD,

15

92

42

79, 80

%

147 Bécassine,

48, 53

bécosse(s),

85

bédéiste,

28

berçante,

71

Bévère (Maurice de), bicot,

54

39

bigreur,

71

biniou,

66

biomasse,

62

biotechnologie, bipédie,

64

62

bleime,

73

body art (amér.),

42

Boileau (Pierre),

54

Boribec,

92

bonitaire, borin,

11

73

bourgeois,

40

bourgeoisie, braderie, brédir,

40

74 73

Brétécher (Claire), Brown (Charlie), bulle,

54

53

28

bureau,

40

bureau politique, bureautique,

40

64

Burma (Nestor),

53

C

caca,

83, 84

cacare (lat.), cagna,

74

caleu,

65

calisse,

82

81

Campivallensien, Canadien-français,

87 91, 92

148 carosse,

70

Castelpontain, cayeu,

87

65

cenellier,

70

chaise percée, chaplinesque, chemise,

87

16

chiade,

83

chiadé,

83

chiader,

83, 84

chiadeur,

83

chiailler,

82

chialer,

82

chiant,

83

chiard,

83

chiasse,

83, 84

chiasseux,

83

chiatique,

83

chiau, chié,

16

82 83

tíhiée, 83 cihiánent,

83

chienlit,

83, 84

chier,

33, 82, 83, 84, 92

chierie,

83

chieur,

83

cihiite,

41

chï'ite,

41

chiites,

41

chiot,

82

chiotte(s), cäiiure,

83, 84

83, 84

choronymisme, cihrist,

87

81

Christie (Agatha), classe, coco, coïter,

40 40 9, 31

49, 54

149 communiste,

40

compagne perpétuelle des morts et des vivants, con,

16

9, 31, 104

condom,

31

Condom,

31

conflit,

38

conjugé,

93

contenance utille des dames quand elles sont devant l'élément combustible, 16 contre-nature,

94

Corneille (Thomas), cornélien, corporel, corps,

51, 55

90 42

42

oouille,

31

couillon,

31

coupe-vent,

70

courriériste parlementaire, croûte,

70

curaillon, curé,

41

41

cureton,

41

cuisinette, cul,

79

85, 104

cunnilingus,

31

D darbouka (ar.),

78, 80

Dard (Frédéric),

49, 54

Darmesteter (Arsène), datdha (russe),

78, 79, 80

dazibao (chin.)» de,

79, 80

107, 108

de-,

61

dé-,

59, 61

débander,

93

dématérialisation, dépanneur,

70

55

42

107

150 dépendamment, dér.,

94

dérision,

29

derivable, dérivé, des,

66

94

94

96

des-,

59, 61

dés-,

61

déseribonnetdecotonner design (angl.), dessiné,

81

28

dialectal,

77

didacthèque,

64

didacticiel,

64

différentielle,

93

difficulté d'accès, Disney (Walt), Donald,

53

droite,

40

49,

E écran,

16

einsteinien,

90

einsteinium,

90

-ement,

61

emmerder,

92

emmouscailler, emploi, ennui,

92

58 92

ennuyer,

92

environnement, environner, épistatique, épithalame, epitomé,

42

42 93 96

96

éplucher, épluchette,

96 66, 93,

-erie,

61

-esque, etc.,

79

63

ethnique,

86

ethnisme,

87

être,

107, 108

être ai aouche,

16

être menstruée,

15

Exbrayat (Charles), excision,

54

32

expressionnisme abstrait, F facho,

40

fada(s),

66, 74

fag (ainér.),

37, 38

faggot (amér.), fagot,

37, 38

36, 37, 38

fagot (amér.),

37

faggotry (amér.), faggoty (amér.), faggy (amér.), Falk (Lee), Fantanas,

37 37, 38

37

54

53

Fantôme, 53 fardoches, faro,

66

66

fascisme,

40

fasciste,

40

fellation,

31

Fischer (Bud), Flipper,

54

50

Porten (Louis), français,

54

71, 72

français régional, francophonie, franccçhonien,

71 88

72

152 fréquent,

78

freudo-marxisme,

90

Furetière (Antoine),

55

G gai,

35

gaie,

35

galloisant,

87

gas-oil (angl.), gauche,

81

40

gauchisme,

40

gauchiste,

40

gay (amer.)» gazole,

35, 38

81

génération, gentile,

38

86, 87

giscardie, Goldorak,

88 53

Goscinny (René),

54

Guilbert (Louis), guilbertien,

50, 55

87

H Hachette (Louis), Hatzfeld (Adolphe), Hergé,

homérique,

90

38

homosexuel, hostie,

38

81

hungarophone, I igue,

55

54

Holmes (Sherlock), homo,

50, 55

74

86

48, 53

-in,

61

in-,

59, 61

inceste,

33

inconbustibilisatiorinellement, infibulation,

32

installation,

42

interdiction,

14, 17

interdit,

17

-isant,

61

-isation,

60 n. 1, 61

-isme,

60, 61

-iste,

61

J Johnson (Samuel), jojóba, juif,

50, 55

9 103

Κ kakémono (jap.), khamsin (ar.),

79, 80 79, 80

kitchenette (amér.), know-how (angl.),

79, 80

79, 80

kshatriya (sanscr.),

79, 80

kwashiorkor (bantou),

79, 80

L land art,

42

landau,

70

langue,

72

langue française, Larousse (Pierre), Lassey, le,

71 51, 55

50

107, 108

Leblanc (Maurice),

49, 54

154 le cardinal est en ville, Leroux (Gaston), lesbianisme, leviathan,

93

lexicologue, liane,

94

73

liberté, libre,

49, 54

36

40

93

liechtensteinois, littérature,

88

109

Littré (Bnile), littréen,

88

locution,

67

51, 55

loess (ail.),

98

loft (amér.),

79, 80, 98

logement,

98

loubar(d), luciole,

62 98

ludothèque,

98

Luke (Lucky),

53

Lupin (Arsène), luthérien, lutte,

49, 53

90

40

lutte des classes,

40

M

M,

43, 46

macho (esp.), maculer,

46

magner (se), Maigret,

34, 78, 79,

46

48, 53

maison,

46

maizin,

62

Malet (Léo),

54

Mandrake le fbgicien, manitou,

46

marchandisage,

81

53

155 marde,

85

martyriser,

46

massachusseter, masse,

46

mater,

46

matronymat,

12

94

matronyme,

94

matronymique,

94

maudite marâe de cul, mauriacien, mauvais, mec,

85

88

46

9

mécanicien, méchant,

62

46

médiatisation, médiatiser, melon,

94

94

92

mendicité,

46

méniscal,

94

ménisque,

94

ménopause, -ment,

33

59, 61

mentalement,

46

mercaticien,

62

mercatique,

62

merchandising (angl.), merde, mère,

81

46, 85 46

mescaline, métrage, mettre,

46 46

46

mexicanité,

87

michelangelesque, Mickey Mouse, milieu,

46,

millésime, Milou, minable,

45

50 46

90

48, 49, 53

156 mis à jour, moche,

56

46

node,

29

module,

64

module de terminologie, module lunaire,

64

moeurs oontre-nature, moissonner, monème,

64 94

45

45

Monseigneur Tàschereau est en ville, montaignophile,

86

montréalophdbe,

86

moquer,

45

Morane (Bob), mordillage, norne,

45

46

morpion,

46

Morris, mort,

54 44, 45, 46

mosaïque, mot,

45

67

motif, mou,

53

45 46

mozartien,

96

mozzarelle, muezzin,

96

62

multiculturalisme, musette,

46

musulman, mystifier, mythe,

45

62 46

45

mythificatlon, mythifier,

94

94

Ν Narcejac (Themas), narcotique,

30

54

16

nègre,

39, 40, 103

négro,

39

nelly (amér.)i néol.,

37

62

neologie,

62, 94

néologisme,

57

néologiste,

94

néologue,

94

néonymie,

62, 63

névé,

66

nom des habitants, ncm ethnique,

86

86

non-conventionnalisme, nostradamite,

81

87

nouvelle édition,

56

O Obéiix, on,

53

35

onanisme,

31

en les met,

46

onomastisme, orignac,

73

orignal,

73

ostensoire,

86, 87

81

ostiak (sib.),

78, 80

Ρ palabre,

75

panthéonisation,

87

pays en développement,

15

pays en développement les moins avancés, pays en voie de développement, pays insuffisamment développés, pays pauvres,

15

pays peu développés,

15

15 15

158 pays retardés,

15

pays sous-développés, Peanuts,

15

53

péché aontre-nature, pédé,

94

38

pégase,

93

peinture gestuelle, pénis,

42

15

performance, performer,

42 42

performeur,

42

péripathologie,

57

peripat(h)ology (amér.)» pétanque,

74

pharmacodépendance, -phile,

30, 93

61

-philie,

61

phil(o)-,

61

-phdbe,

60 n. 1, 61

phobie,

61

-phobie, phcn-,

60 n. 1, 61

61

-phone,

57

60 n. 1, 61

-phonie,

60 n. 1, 61

phon(o)-, picassien,

61 90

Pieds Nickelés (Les), piperade,

pissaladière,

73

planche à roulettes, planche à voile,

79

79

Poirot (Hercule),

49, 53

Politburo (russe),

40

Pollock (Jackson),

42

polonisme, polonitude,

53

66

86 88

Pcpeye, 53 poser un geste,

66

159 possiblement,

66

prolétaire, 40 prolétariat,

40

préservatif,

31

puche,

74

punk (amér.),

28, 29, 79

puszta (hongr.),

78, 79, 80

Q Québec,

91, 92

québécisation, québéciser,

91

québécisme,

91

québécité,

88, 91

91

québécitude,

91

québécois,

91

Québécois,

87, 91, 92

québéooiserie,

91

queen (amér.),

37

quelques,

96

queneauphiliste,

87

Quillet (Aristide),

50, 55

R Raymond (Alexander), rectum,

30, 31

région,

67, 68, 71

région.,

54

66

régionalisme,

65, 66, 67, 68, 69, 71, 73, 77

région linguistique (de la francophonie), relations publiques, religion, rescapé,

41 65, 74

resquiller, revu,

74

56

Richelet (C.-P.),

55

107

68

160 Rintintin,

50

Robert (Paul), robinet, robot,

50, 55

15 64

robotique,

64

Rouletabille,

49, 53

Ruthénois,

87

ryannerie,

87

S

salope (ma),

83

San Antonio,

53

Sanibec,

92

sans débander, Sarrazin,

94

62

ségrégation,

40

sentir le fagot,

36

sentir les contre-aoups de l'amour permis, série, sidi,

69 39

Simonin (Albert),

54

skateboard (amér.), sodomie,

31, 32, 93

sodcmique,

31'

sodomisâtion, sodomisé,

32

32

sodomiser,

31, 32

sodomite,

31

sodcmitique, soubresaut,

31 73

soucoupe inférieure, Souvestre (Pierre), Spirou,

79, 80

16 54

53

Steeman (Stanislas-André), stiç>éfiant, suicidé,

29, 93

35

Sullivan (Pat),

54

54

16

Superman,

53

swish (amér.),

37

szlachta (pol.),

78, 80

Τ tabou,

17

talkie-walkie (amér.)» tante,

79,

38

tapette,

36

tapu (polynésien), tartane, Tarzan,

17

73 48, 49, 53

technicien de surface, tee-shirt (amér.), Telbec,

15

79, 80

92

télématique, télércman,

64 71

tell (ar.),

79, 80

terminologisme, terminologue, Tintin,

63 94

53

tirelire, toroète,

15 73

temette,

73

tommette,

73

teponyme,

86

tqponymisme,

87

torchon (mon),

85

toto,

74

tour,

67

tout,

107, 108

T-shirt (amér.), tristanesque, typique,

78

88

79, 80

162 U ubuesque,

90

Oderzo (Albert), usaîfication,

54

87

V vagin,

15

vasectomie,

32, 33

vasectomisé,

33

vasectomiser,

33

vasectomiste,

33

vasotomie,

32, 33

vatefairefoutrisme, végéter,

véliplanchiste,

79

Vernes (Henri),

54

vers libre(s),

93

viae contre-nature, vidéo,

12

97

94

64

vidéo-,

61, 64

vidéocassette,

64

vidéocotnmunication, vidéocomposite', vidéodisque,

64

64

vidéofréquence,

64

vidéogramme,

64

vidéographe,

64

vidéomatique, vidéonie,

64

64

vidécçiTone,

64

vidéophonie, vivier,

97

vivificint, vivoir, vivoter,

64 97

97 97

64

163 W walkie-talkie (amér.)/ walkman (amér.)»

79, 80

79, 80

Wartburg (Walther von), wassingue,

waterproof (angl.), Webster (Noah),

79, 80

50, 55

Weltanschauung (all.)» western (angl.), western-soja,

62

windsurf (amér.), wustérien, Υ

Ζ

xénisme, youpin, Zorro,

87

79 38, 39 53

78, 80

62

windsurfer (amér.),

Χ

55

65

79, 80 79, 80

INDEX EES DICTIONNAIRES^

BDNE,

37

BW 5 ,

82

CEA,

75, 76

500MS,

63

DEL,

48

DEC,

8, 18, 19, 30, 58

DEHC, DFV,

36, 82, 84, 85 19 , 60, 75 , 76 , 77 , 82 , 84, 88

DG,

59

DGP,

36

DGSH, EH,

13 48, 51, 88

DHLF,

7 , 8, 18, 19 , 28 , 31, 32 , 33 , 34, 36 , 38 , 39 , 40 , 41, 42, 64, 67 , 68,

72 , 75 , 76 , 79 , 82 , 86 , 88, 90, 93 , 94, 98 DI,

82, 84

Dictionnaire de la langue française Dictionnaire des précieuses DL,

V. Littré

V. Somaize

72

DMC,

28, 36, 40, 47, 58, 74

DMN,

58, 74

DMS,

12

DUI,

9, 19 , 25 , 28, 31, 32 , 33 , 34, 36 , 39 , 40 , 41, 42 , 48 , 49 , 51, 58 , 76,

77, 82, 84, 86, 88, 92, 93

FEH, 1

9, 82, 86 Les attestations dans les tableaux ne sont pas indiquées. lution des sigles, voir la bibliographie.

Pour la réso-

165 GLE,

50

GLLF, GR,

9, 50, 82, 88, 90, 107

59

GRS,

9, 13, 18

Larousse de la langue française Lexis,

V. Lexis

7, 8, 9, 17, 19, 25, 28, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 38, 39, 40, 41, 42,

58 , 64, 67 , 68 , 72 , 74 , 75 , 77 , 79 , 82 , 84 , 86 , 88 , 90 , 91, 94 , 96, 107, 109 Littré,

56, 65, 86

Littré Supplément, Logos, MA,

28

MR,

19, 82

NDPCI,

30, 31, 56, 58, 63 , 82, 88

NPLI, PLI,

9, 59

7, 19, 25, 76, 82, 89, 109

84, 94 19 , 28 , 30 , 31, 32 , 33 , 34, 36 , 38 , 39 , 40 , 41, 42 , 48 , 56 , 60 , 82,

84, 86, 88, 92 , 96, 97 , 98, 99, 100, 107 PL,

86

PR,

7 , 9, 17, 18, 19 , 24 , 28 , 29 , 30 , 31, 32 , 33 , 34 , 35 , 36 , 38 , 39 , 40,

41, 42 , 43 , 46 , 56 , 57 , 58 , 62 , 63 , 64 , 66 , 67 , 68 , 70 , 71, 72 , 74 , 75, 77, 78, 79, 82, 84, 85, 86, 88, 90, 92, 93, 94, 96, 97, 107, 109 PR2,

18, 42, 48, 51, 88

RC,

37

RM,

60

6,OOOW,

37

Scmaize, TLF,

9, 10, 11, 93, 94, 102, 107

Trévoux, WNWD,

16

37

60

LISTE DES TABLEAUX

Page

- Tableau des nomenclatures de quelques dictionnaires français contemporains

20

- Tableaux des personnages, auteurs et lexicographes 1.

Personnages

53

2.

Auteurs

54

3.

Lexicographes

55

- Tableau de quelques affixes et de quelques éléments affixaux

61

- Tableau des prononciations des emprunts

80

- Tableau de CHIER et de sa famille lexicale

83

- Icibleau des auteurs cités sous : à, avoir, de, être, le, tout, dans le PR et le Lexie

108