Apprenez à respirer à vos enfants 9782759818976

Fruit d’une longue expérience, ce livre qui se veut avant tout pratique est le vade-mecum destiné à tout éducateur : par

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French Pages 216 Year 2015

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Table of contents :
L’auteur
Contre-madrigal
Sommaire
Préfaces
Introduction
Partie 1. La respiration
PREMIER CHAPITRE Pourquoi améliorer la respiration ?
DEUXIÈME CHAPITRE Comment bien respirer
TROISIÈME CHAPITRE La pathologie pulmonaire
Partie 2. L’ORL
PREMIER CHAPITRE Quelques notions d’anatomie
DEUXIÈME CHAPITRE Les manifestations pathologiques en ORL
TROISIÈME CHAPITRE Le thermalisme
Partie 3. Connaître son corps
Introduction
PREMIER CHAPITRE Hygiène générale
DEUXIÈME CHAPITRE La Sophrologie et la relaxation
Conclusion
Petit lexique
Bibliographie
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Apprenez à respirer à vos enfants
 9782759818976

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Jean-Paul ALLAUX

Apprenez à respirer à vos enfants Rhumes, otites, bronchites, asthme, malformations dento-maxillaires

5e édition

Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés, réservés pour tous pays. La loi du 11 mars 1957 n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article 41, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective », et d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (alinéa 1er de l’article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du code pénal.

ISBN : 978-2-7598-1044-4 © EDP Sciences, 2014

À Nane, dont la patience a permis la réédition de ce livre. À Sophie et Emmanuelle, nos enfants, À Marin, Augustin, Théau, Barthélémy, Esther, Charles, Joséphine et Constantin, nos petits-enfants… À tous ces enfants que j’aime et qui ont motivé la rédaction de cet ouvrage

Merci à Maryvonne Fournier, à Emmanuelle Lederlé et Jean Claude Maupas, pour leurs précieux conseils

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L’auteur Né en 1942, Jean-Paul Allaux est kinésithérapeute de formation. Après des études à l’hôpital Necker Enfants Malades de Paris, il se spécialise en rééducation cardio-vasculaire et respiratoire sous la direction du professeur Maurice Cara de l’Académie de médecine de Paris. Responsable pendant plusieurs années de la rééducation respiratoire dans le service de pneumologie du centre hospitalier de Pau, il a exercé pendant plus de 40 ans dans une clinique de cardiologie, à Aressy, près de Pau, ainsi qu’en libéral. Après avoir créé une « école du souffle » aux Thermes de Cambo il continue à enseiJean-Paul Allaux gner la Kinésithérapie respiratoire et la Relaxation thérapeutique. Sa longue expérience au contact des enfants et des adolescents (scoutisme et directeur d’une maison d’enfants à caractère sanitaire au Mont Dore), l’amène à faire un travail axé sur la prévention, principalement dans les problèmes O.R.L. et Cardio-respiratoire. Articles, conférences, mais aussi interventions au niveau scolaire le conduisent à publier divers ouvrages consacrés à ces problèmes. Conscient de l’angoisse générée par les affections cardio-vasculaires et respiratoires, par-delà la technicité, Jean-Paul Allaux complète sa formation par une approche psychosomatique. Dans le prolongement d’un travail analytique, il se forme aussi à différentes thérapies psycho-corporelles. Sa rencontre avec le pneumologue Jacques Courchet le sensibilise entre autres à la relaxation sophrologique. Il est membre de la société française pour l’étude, la recherche et la prévention en kinésithérapie respiratoire et cardio-vasculaire, ainsi que de la société française de relaxation psychothérapique et de l’institut de psychosomatique de Montpellier.

Contre-madrigal Pourquoi vous targuez-vous, Laïs, d’un vain succès Et pourquoi contez-vous partout avec excès Que, blessé par vos traits et vaincu par vos charmes, Après un doux combat mon cœur vous rend les armes ? Lorsqu’à votre balcon l’autre soir à minuit Vous avez pensé que, pour charmer votre nuit, Follement amoureux de votre beauté blonde, Je conduisais vers vous tous les oiseaux du monde, Ce gazouillis galant, concert mélodieux, Ne venait point du tout, j’en atteste les dieux, D’oiseaux chanteurs, hélas ! Vos illusions bronchent ? Ce n’était simplement que sifflet de mes bronches. Aussi quand près de vous le hasard me conduit Pourquoi vous obstiner à me croire séduit ? Si j’ai le cœur battant, le souffle étreint de spasmes, Ce n’est pas de l’amour, Laïs, non, c’est de l’asthme. MONT-DORE 1931 (Écrit et offert par un patient)

Sommaire Préfaces …………………………………………………………………………

XI

Pneumologie …………………………………………………………………………………

XI

ORL ………………………………………………………………………………………………

XIII

Orthodontie ……………………………………………………………………………………

XIV

Introduction ………………………………………………………………… XVII VII

Partie 1. La respiration Pourquoi améliorer la respiration ? ………………………………

3

Histoire des gymnastiques respiratoires ………………………………………

3

Vers un idéal respiratoire ………………………………………………………………

5

Il faut apprendre à respirer ……………………………………………………………

8

Comment bien respirer …………………………………………………

11

La mécanique respiratoire ……………………………………………………………

11

Prescriptions générales…………………………………………………………………

16

La pathologie pulmonaire ………………………………………………

23

Les diverses affections pulmonaires ……………………………………………

23

Prévenir et soulager la crise d’asthme …………………………………………

35

Apprenez à respirer à vos enfants

Sommaire

Partie 2. L’ORL

VIII

Quelques notions d’anatomie ………………………………………

41

Le nez ……………………………………………………………………………………………

41

Le pharynx ……………………………………………………………………………………

43

Les oreilles, la trompe d’Eustache …………………………………………………

44

La bouche, les dents, la langue ……………………………………………………

46

Le larynx – la voix …………………………………………………………………………

50

Les manifestations pathologiques en ORL ……………………

53

Les entraves à une bonne respiration ……………………………………………

53

Le mouchage …………………………………………………………………………………

59

Jouons avec la langue ……………………………………………………………………

72

Le thermalisme ……………………………………………………………

95

Stations thermales pour les voies respiratoires ……………………………………………………………

96

La cure thermale …………………………………………………………………………

98

Les soins thermaux ……………………………………………………………………… 100

Partie 3. Connaître son corps Apprendre son corps …………………………………………………………………… 108 Réveillons nos muscles ! ……………………………………………………………… 127

Hygiène générale ………………………………………………………… 147 Se laver partout …………………………………………………………………………… 148 Bien dormir ………………………………………………………………………………… 149 Maintenir une température ambiante raisonnable ………………………… 150

Sommaire

Éviter les facteurs allergènes ou irritants ……………………………………… 151 Bannir l’anxiété et le caprice ………………………………………………………… 152 Quelques précautions pour le sport et les voyages ……………………………………………………………………………… 153 Fumeurs, non-fumeurs, respectons nos libertés ………………………… 153 La télévision ………………………………………………………………………………… 157

La Sophrologie et la relaxation ……………………………………… 159 Qu’est ce que la Sophrologie ? ……………………………………………………… 159 Qu’est-ce que se relaxer ? …………………………………………………………… 161 Pourquoi relaxer les enfants ? ……………………………………………………… 161 Le gros câlin ………………………………………………………………………………… 162 Prendre conscience du schéma corporel et respiratoire ……………… 163

Conclusion …………………………………………………………………… 173 Petit lexique ………………………………………………………………… 179 Bibliographie ………………………………………………………………… 189

Apprenez à respirer à vos enfants

IX

Dessin : Jean-François ALLAUX

Préfaces PNEUMOLOGIE Un des aspects les plus frappants de la société contemporaine est, au-delà de la victoire sur la maladie, la recherche d’un équilibre général qui est la condition d’un certain bien-être. Dans le contexte culturel actuel, ainsi s’épanouit, comme un fait relativement nouveau, le concept de santé en traits positifs. C’est cette « soudaine amitié dans laquelle les humains reprennent leur corps », comme l’explique François Nourissier. On cherche à préserver et à développer la « santé mentale », la « santé respiratoire ». Cette dernière est source d’équilibre et de bien-être. Elle aide à l’épanouissement culturel chez l’adulte ; elle aide à retarder le vieillissement. Chez l’enfant, la santé respiratoire est absolument fondamentale et l’harmonie physique, l’équilibre biologique, interviennent de toute évidence dans l’acquisition et le développement des connaissances. Ils favorisent l’écoute et l’accueil pédagogiques. Le handicap respiratoire chez l’enfant et l’adolescent comporte presque toujours une importante composante intellectuelle, plus particulièrement scolaire : difficultés d’adaptation à l’enseignement, inattention, absentéisme, retard de la compréhension, indisponibilité à une écoute attentive et régulière. « Le souffle, c’est la vie », proclame le Comité national français contre les maladies respiratoires, mais c’est aussi, à tout âge, la vie de l’esprit et chez l’enfant son épanouissement.

Apprenez à respirer à vos enfants

XI

Préfaces

L’ouvrage de Jean-Paul Allaux s’inscrit exactement dans cette perspective d’une éducation, c’est-à-dire d’une rectification des désordres respiratoires favorisant et permettant une utilisation maximale des fonctions pour l’harmonie du corps et de l’esprit. C’est un ouvrage positif, l’apprentissage d’une sorte d’art de vivre que l’auteur mène avec clarté, talent et une simplicité bien conforme aux objectifs recherchés. Sa démarche est fondée sur une immense expérience, expérience de ce qu’il a personnellement acquis, et de ce qu’il a enseigné pendant de nombreuses années. Il connaît son public et il a su trouver les termes, les secrets, bref le style approprié, pour chacun de ceux dont il assume la charge. Il sait s’insérer avec le propre langage de l’enfant, dans ses propres jeux pour être mieux compris et mieux suivi. J’ai vu cette expérience naître et s’affirmer au sein de l’équipe de l’hôpital Laënnec où je l’ai connu il y a bientôt 35 années et à laquelle il appartenait. Je peux mesurer, avec ce recul, ce que cette expérience a produit grâce à l’intelligence et à l’enthousiasme de l’auteur et grâce à d’exceptionnels talents humains. L’ouvrage de Jean-Paul Allaux est ainsi unique en son genre. Sa lecture m’a passionné et m’a enseigné avec une minutie précieuse bien des points sur lesquels mon attention avait parfois glissé et qui m’apparaissent aujourd’hui comme essentiels.

XII En le lisant, on comprend qu’il n’y ait pas, travaillant séparément, des médecins et des auxiliaires médicaux, mais une seule et même équipe faite de participants égaux, soudés autour d’une même action, et maîtrisant tous les aspects de la prise en charge d’un jeune patient. Chacun y apporte l’originalité et la spécificité de son domaine. Chacun y est irremplaçable en soi. Je forme le vœu que cet excellent ouvrage appartienne à la bibliothèque de tout spécialiste des voies respiratoires, qu’il s’agisse des oto-rhino-laryngologistes ou des pneumologues dont l’auteur a montré à juste titre l’unité et la coordination des actions. Son audience dépasse en fait largement le cadre des spécialistes médicaux. Il est un instrument de réflexion et de travail pour tout omnipraticien ainsi que pour tout pédiatre. Il est un élément de référence fondamental pour tout kinésithérapeute. Il est de plus une remarquable source d’informations et de données pratiques pour tous ceux, éducateurs et parents, que préoccupe la santé respiratoire de l’enfant. Chacun, j’en suis sûr, y trouvera des éléments précieux de réflexion et d’action, et aucun ne regrettera sa mise. Professeur Jacques Chrétien Professeur de clinique de pneumophtisiologie, Médecin de l’hôpital Laënnec.

Préfaces

ORL La respiration ne peut se résumer par le simple énoncé : rejets de gaz carbonique et enrichissement en oxygène. Elle met en œuvre une admirable petite horlogerie, depuis les narines jusqu’aux alvéoles pulmonaires, en passant par les muscles et la muqueuse respiratoire. Certains ont la chance d’avoir une « horloge qui marche toute seule ». Ils en utilisent instinctivement toutes les possibilités. On peut établir une comparaison significative avec les sports de combat : la brute n’a pas besoin d’apprendre à se battre, elle trouve d’elle-même les gestes nécessaires à l’attaque et à la défense. C’est différent pour le brave garçon dénué de méchanceté qui doit faire face à un agresseur, il doit apprendre à esquiver et à frapper, apprendre à se battre. Or, cet apprentissage ne fait appel à aucun don particulier, il consiste simplement à faire prendre conscience, au sujet, des possibilités de son corps et à créer des automatismes. Donc, pour la respiration comme pour les sports de combat, il faut travailler. Encore faut-il travailler efficacement et travailler si possible sans ennui. C’est le grand mérite de Jean-Paul Allaux d’avoir œuvré dans ces deux sens. Travailler efficacement consiste à essayer, d’une part, de faire comprendre aux parents et, de ce fait, à l’enfant, le mécanisme de la respiration ; tenter, d’autre part, ce qui est plus complexe, de faire prendre conscience à l’enfant des possibilités de son propre corps. Travailler sans ennui, c’est proposer des exercices qui risque d’être fastidieux sous la forme de jeux, depuis le petit lapin ou le petit cochon jusqu’au « gendarme qui se fâche » ! Je suis sûr que ce livre va apprendre quantité de choses aux lecteurs et plus encore va arracher de leur esprit les fausses vérités qui y sont enracinées. Ces fausses vérités sont particulièrement tenaces en ce qui concerne la respiration nasale. Le nez et le grand méconnu des organes des sens. Il est difficile de communiquer à propos de la respiration et plus encore de l’odorat, nous manquons de vocabulaire, nous manquons d’éléments de comparaison. Que les parents lisent avec soin ce livre. On peut dire qu’il constitue un véritable « manuel de conversation adultes/enfants ». Part des schémas expressifs, par le choix de mots évocateurs, Jean-Paul Allaux parvient à établir un mode de communication particulièrement adaptée à l’enfant. Professeur Guy Jost ORL Professeur au collège de médecine des hôpitaux de Paris

Apprenez à respirer à vos enfants

XIII

Préfaces

ORTHODONTIE Le rôle de la respiration est capital dans la constitution de la face et depuis ces vingt dernières années, les praticiens qui s’occupent de corriger les troubles de « rangement des dents », l’orthodontie, ont pris conscience que le développement facial harmonieux allait de pair avec une ventilation exclusivement nasale. Ils ont appris, grâce à une étude menée sur l’ensemble du territoire national à l’initiative du professeur Denise Romette, que 72 % des enfants de 11 à 13 ans souffraient de troubles de l’occlusion dentaire et de malformations dento-maxillaires consécutifs, pour la plus grande partie, à des perturbations des fonctions oro-faciales : ventilation, déglutition, phonation et posture linguale. Quand les maxillaires n’ont pas eu un développement normal, ils ne peuvent recevoir en bon ordre les dents qu’ils devraient contenir et il est nécessaire, si on veut remédier au désordre dentaire, de sacrifier un certain nombre de dents définitives pour réaliser un alignement esthétiquement acceptable.

XIV

C’est la solution qui a longtemps été choisie quand les traitements orthodontiques étaient entrepris tardivement, c’est-à-dire après l’évolution des dents définitives vers la douzième année. Cette solution qui apportait une solution esthétique au désordre dentaire, ne soignait pas la cause de ce désordre : le manque de développement maxillaire et la déviation des fonctions oro-faciales. Pourtant les physiologistes avaient montré depuis de nombreuses années que le développement du maxillaire supérieur ne pouvait se produire que grâce à la ventilation nasale et que ce manque de développement était à l’origine de la plupart des troubles orthodontiques. La prise en charge des troubles de la ventilation doit être précoce de manière à relancer la croissance faciale. Pour comprendre comment se développe le maxillaire, il faut se remettre en mémoire un peu d’anatomie. Le maxillaire supérieur est un os ventilatoire avant d’être un os manducateur, porteur de dents. Le maxillaire est entièrement creusé de cavités pneumatiques : les fosses nasales et les sinus maxillaires, ce n’est que dans sa partie inférieure qu’il existe une base osseuse porteuse des dents.

Préfaces

D’autre part, le maxillaire supérieur est séparé de la base du crâne par deux éléments osseux, l’ethmoïde et le sphénoïde qui sont eux aussi, creusés de cavités qui contiennent de l’air : les cellules ethmoïdales et le sinus sphénoïdal. En avant et au-dessus du maxillaire, l’os frontal est aussi excavé d’un volumineux sinus. Ce qui fait que toute la face moyenne est constituée, pour l’essentiel de son volume, de cavités contenant de l’air et ces cavités débouchent toutes dans les fosses nasales. Au moment de l’inspiration d’air par les fosses nasales, l’air contenu dans ces différentes cavités se mélange à l’air extérieur qu’il vient réchauffer et est remplacé dans ces cavités par de l’air frais. Le premier avantage de cette ventilation nasale est que l’air inspiré est réchauffé par l’air de ces cavités pneumatiques, qu’il circule dans les fosses nasales en tourbillonnant grâce aux chicanes que constituent les trois cornets (de chaque côté), qu’il est humidifié par son contact avec la muqueuse nasale et débarrassé de ses impuretés qui, piégées par les cils vibratoires, restent prisonnières du mucus nasal. C’est-à-dire que l’air inspiré arrive sur les bronches et les poumons, réchauffé, humidifié et purifié, ce qui n’est pas le cas, bien au contraire, quand l’air est inspiré par la bouche. Le second avantage de la ventilation nasale, est que l’air contenu dans ces cavités pneumatiques, qui se trouvent sous la base du crâne, est chargé des calories émises par le cerveau, qui sont ainsi évacuées, ce qui évite à cet organe essentiel de monter en température. Le cerveau, qui produit plus de calories que le muscle à poids égal, est un organe qui supporte très mal l’élévation de température. Nous en avons tous fait l’expérience quand nous sommes « enrhumés du cerveau », nous perdons notre vigilance, nous n’avons pas les idées claires : en deux mots, nous nous sentons abrutis. Notre cerveau ne peut plus évacuer les calories qu’il produit par la ventilation nasale quand le nez est bouché : il monte en température et ses performances diminuent. L’enfant qui respire par la bouche est constamment dans cet état de mauvaise régulation thermique du cerveau et en subit les conséquences : baisse de la vigilance, mauvaises performances intellectuelles et fatigabilité accrue. Enfin, il est remarqué que les respirateurs buccaux ont un sommeil agité et, qu’au matin, leur lit est complètement défait. Ceci vient du fait, qu’en raison de leur respiration buccale, ces enfants font des petites apnées du sommeil au cours de leur nuit ; leur

Apprenez à respirer à vos enfants

XV

Préfaces

respiration s’arrête un court instant, ils se réveillent à moitié sans s’en rendre compte, se retournent et froissent leurs draps. Dans leur cycle du sommeil, ils n’arrivent pas au stade du « sommeil profond », et c’est justement, pendant le sommeil profond, que l’hormone de croissance est le plus sécrétée. À tous les inconvénients associés à la ventilation buccale, vient s’ajouter celui d’un déficit de croissance, qui heureusement, chez le jeune enfant, se rattrapera dès que la ventilation nasale sera rétablie, à condition, bien entendu, qu’il persiste un potentiel de croissance, c’est-à-dire que l’intervention de rétablissement de cette ventilation soit précoce. Le traitement orthodontique en agissant sur le maxillaire par l’intermédiaire des dents, va permettre de redonner à l’arcade dentaire et, par conséquent, au maxillaire qui la supporte une forme et une taille normales, entraînant de ce fait une augmentation du volume des fosses nasales. Cette augmentation va permettre immédiatement une meilleure perméabilité des fosses nasales, encore faut-il que l’enfant reprenne le chemin de la ventilation nasale et c’est là qu’intervient l’indispensable apprentissage de la ventilation nasale et le renforcement des éléments musculaires qu’elle nécessite.

XVI

Il faut « apprendre à respirer aux enfants » car le rétablissement d’une ventilation exclusivement nasale de jour comme de nuit est la vaccination contre la maladie orthodontique mais aussi parce que son retentissement sur la croissance et la santé physique et intellectuelle des enfants est considérable. L’ouvrage de Jean-Paul Allaux va dans le sens de cet apprentissage. Nous l’en remercions. Professeur Claude Duchateaux Ancien chef du département d’orthopédie dento-faciale à l’UFR d’odontologie de Nantes, Directeur du Collège d’enseignement post-universitaire en orthopédie dento-faciale, Spécialiste qualifié en orthopédie dento-faciale, Docteur en sciences odontologiques

Introduction « Quand j’approche un enfant il m’inspire deux sentiments : celui de la tendresse pour le présent, celui du respect pour ce qu’il peut être un jour. » Pasteur La pratique journalière auprès des jeunes enfants atteints de rhino-pharyngites, de bronchiolites, de rhinites, d’asthme bronchique, de malformations orthodontiques, de retard staturo-pondéral et de multiples autres affections, m’a amené à chercher et à tenter de comprendre les causes de leurs problèmes afin d’y remédier par des méthodes simples d’hygiène et de techniques corporelles, outils donnés à chacun d’entre nous. J’ai observé qu’une grande partie de ces troubles découle souvent d’une mauvaise éducation de la ventilation nasale. La vertu magique des médicaments et l’emploi parfois abusif que nous en faisons, nous, parents, favorisent bien souvent un désintéressement ou une capitulation devant ces troubles de l’arrivée de l’air. Il y a aussi ces maux contemporains bien connus, la pollution atmosphérique, les appartements surchauffés ou enfumés

Apprenez à respirer à vos enfants

XVII

Introduction

par des parents tabagiques, les cuisines ou arrière-cours malodorantes, les rues des villes saturées de gaz d’échappement… Mais prenons-nous suffisamment de temps pour moucher les petits « morveux » et développer leur psychomotricité par des pratiques d’expression corporelle ou sportive ? Ce petit livre est donc destiné à l’éducation respiratoire de votre enfant, mais il est avant tout le vôtre car, pour lui communiquer ce « nouveau souffle », il faut vous en être vous-même imprégné. Vous l’amènerez ainsi à mieux prendre conscience d’un corps qui a du mal à grandir harmonieusement. Mon métier de thérapeute dans ce domaine si particulier qu’est « l’angoisse du souffle » m’a amené bien souvent à reconsidérer notre rôle d’éducateur. On ne peut pas se contenter d’être le simple enseignant d’une technique bien structurée ou à la mode. Notre disponibilité est primordiale. Elle permet l’écoute de l’autre. Par l’observation et la canalisation des témoignages du corps qu’elle véhicule, elle nous permettra d’adapter notre enseignement. Cet amour et ce plus d’être que nous leur apportons sera la clé qui leur permettra de dénouer leur cordon air et de s’épanouir à la vie !

XVIII

… Voici deux jours qu’il pleut. On dit même qu’il neige sur les sommets des montagnes. En un coup de vent et une averse, l’automne a effacé l’été, comme un coup d’éponge sur la première leçon de choses au tableau noir de l’école. Les vacances sont finies pour tous ces enfants qui, déjà, « mouchent et toussent ». Comme si la rentrée y était pour quelque chose ! C’est mercredi ! À la porte de mon cabinet, Bérengère, petite fille charmante, des nattes rehaussées de rubans, encore bronzée des vacances… et déjà emmitouflée dans un anorak, le cou serti d’une écharpe ! Bérengère renifle entre deux efforts de toux et, intimidée, cherche une cachette sous la manche de l’imperméable de sa maman. « Bonjour Bérengère ! – Allons Bérengère, dis bonjour au « docteur ». – Je ne suis pas docteur, mais un monsieur comme ton maître d’école qui va t’apprendre plein de choses… Tu veux bien que je t’apprenne plein de choses ? – Oh, oui, monsieur. » Bérengère quitte son abri et me donne la main. Sous l’œil attendri et à la fois inquiet de sa mère, nous nous dirigeons vers mon bureau.

Introduction

Bérengère s’assied d’autorité dans un fauteuil en invitant sa mère à en faire autant… Bérengère est une petite fille de sept ans. Depuis sa naissance, elle a toujours été plus ou moins enrhumée. « Le médecin dit qu’elle fait des rhino-pharyngites qui lui donnent de temps en temps des otites. » « Ça vient surtout à l’automne et au printemps. Mais, vous savez, cela dépend, ça vient aussi l’hiver quand elle prend froid » reprend sa maman. Bérengère a habitué ses parents à tant de rhumes répétés que, progressivement, la hantise de retomber dans ce cercle vicieux les a amenés à « tout faire ». Bérengère dispose ainsi d’une pharmacie digne de la caverne d’Ali Baba, ce qui ne l’empêche pas de manquer l’école une semaine sur deux. « Elle pourrait s’y enrhumer à nouveau » précise sa maman ! Bérengère partage donc son temps entre une chambre surchauffée et l’école où, lorsque par miracle elle retourne, c’est une petite esquimaude qui prend place au milieu des autres élèves ! Les poches pleines de bonbons, mais pas de mouchoir ! Alors, Bérengère renifle, toussote, elle a une respiration nasale bruyante et précipitée ; elle ronfle la nuit, elle a du mal à se concentrer, à apprendre ses leçons.

XIX

« Elle est dans les nuages » dit sa maîtresse. Et quand elle joue, elle s’essouffle vite. Dernièrement, elle a consulté avec sa maman un médecin qui, après l’avoir examinée, me l’a confiée, pensant qu’il fallait lui apprendre à respirer et surtout à se servir de son nez. Pendant que sa maman me donne des indications sur l’évolution de ses rhino-pharyngites, de ses otites, de ses bronchites, Bérengère me regarde, l’air lointain. Le « ronron » de l’entretien des adultes la berce, son dos s’arrondit, sa bouche s’entrouvre davantage, la pointe de sa langue cherche le contact de sa lèvre inférieure. Son reniflement et le geste prompt de sa mère pour lui « essuyer » le nez l’interrompent momentanément dans sa torpeur. « Viens me voir, Bérengère » dis-je. Elle hésite, regarde sa maman qui la déshabille pour l’examen. « Tu ne te déshabilles pas toute seule ? – Oh ! vous savez, elle est si souvent malade, me rétorque sa mère, et puis, c’est pour aller plus vite ! »

Apprenez à respirer à vos enfants

Introduction

Bérengère est là, plantée devant moi, un doigt plongé dans sa bouche, un autre entortillant l’une de ses grandes boucles blondes échappées de ses nattes. Nos regards se croisent. Je laisse échapper un sourire. Le contact est établi. Ses yeux s’illuminent. Elle retire le pouce de sa bouche. « Qu’est-ce que tu vas me faire ? » me dit-elle d’une voix nasillarde traduisant son obstruction nasale. Pendant que j’explique d’une façon imagée nos futurs entretiens, je prospecte d’un œil critique, comme le sculpteur devant son œuvre, la silhouette de Bérengère, m’attardant par endroits, notant les différents points qui constitueront notre rééducation. Je constate entre autres qu’elle ronge ses ongles et cligne des yeux. En observant Bérengère, l’image d’autres enfants me revient en mémoire et me fait penser à cette affirmation d’un maître de Faculté : « L’obstruction nasale exerce une action « frénatrice » sur la croissance squelettique. » (Ziem).

XX

Il est exact que l’attitude de tous les enfants présentant une insuffisance respiratoire nasale est semblable. Bérengère en est le reflet : ses « reins » sont creux, son dos est voûté et, comme pour rééquilibrer l’ensemble, sa tête cherche désespérément à se redresser. Sa poitrine étroite en « entonnoir » paraît fichée dans ce ventre de patriarche qu’elle arbore fièrement. Afin de procéder à un test narinaire me permettant d’établir le degré de son insuffisance respiratoire nasale, je demande à Bérengère de se moucher. Sa maman se précipite pour lui essuyer à nouveau le nez. « Elle ne sait pas. Elle est encore petite, vous savez ! » Je prends un mouchoir en papier et le donne à Bérengère. Elle souffle violemment par la bouche en émettant le bruit que font les chevaux en soupirant. Elle me regarde fièrement : « Z’ai moussé toute seule ! » Bérengère a besoin de s’affirmer, de se valoriser. C’est l’élément clé de notre rôle d’éducateur et d’enseignant. Il permet de canaliser et de développer la personnalité de ces enfants en les aidant à bâtir eux-mêmes leur savoir. Je demande à Bérengère de respirer plusieurs fois et rapidement par son nez. Très vite, sa bouche s’ouvre, heureuse de pouvoir prendre l’air à nouveau sans contrainte ! En examinant sa bouche, une odeur nauséabonde me parvient. « Tu te laves les dents ? »

Introduction

C’est sa maman qui me répond : « On n’a pas toujours le temps. Vous savez, je travaille. Le matin, je l’amène à l’école, elle reste à la cantine, et le soir il faut faire vite. Il y a les devoirs, le repas à préparer… Mais « on » les lui lave le dimanche ». Bérengère a les dents cariées, mal implantées, un palais très profond et une béance antérieure forée par la succion de son pouce. « Tu vois le dentiste ? » Sa maman répond à nouveau pour elle : « Elle a encore des dents de lait, ce n’est pas la peine… » En m’approchant de Bérengère pour ausculter ses bronches, des effluves de tabac mêlés de parfum émanent de ses cheveux. « Tu fumes, Bérengère » dis-je d’un ton amusé. Bérengère rit, puis son visage s’obscurcit et d’un œil lancé à sa mère, elle dénonce la tabagie de ses parents : « C’est maman ! Elle a fumé dans la voiture… Papa, aussi, y fait pareil ! » La maman se confond en explications et en excuses. Je profite de la situation créée par cette accusation pour expliquer, non pas les dangers du tabac pour le fumeur (l’information rigoureuse télévisée et radiophonique s’en charge) mais l’importance du risque que font courir les parents de Bérengère à leur fille. La fumée qu’inhale Bérengère est tout aussi « agressive » pour son nez et ses bronches que celle qu’aspirent ses parents. Elle paralyse l’action des cils vibratiles, donc du rôle immunitaire du mucus produit par les muqueuses de ses poumons. « Tu veux écouter l’air qui passe dans tes poumons ? » Bérengère, intriguée, hoche affirmativement la tête. J’adapte le stéthoscope à ses oreilles et glisse l’embout sur son thorax en m’arrêtant sur les zones les plus encombrées. Elle ouvre de grands yeux et en me rendant les « écouteurs », me dit : « Ça gargouille ! » J’en profite, là aussi, pour lui faire comprendre l’intérêt de nettoyer ses poumons en apprenant à cracher. Bérengère se rhabille… Seule. Nous prenons le temps. C’est important. « Je viens demain chez toi à l’école ? » me dit-elle en sortant de mon bureau.

Apprenez à respirer à vos enfants

XXI

Introduction

L’impatience à concrétiser notre entretien par des faits l’amène à me reposer plusieurs fois la question. « À très bientôt, Bérengère. Nous allons nous revoir. »

Observons l’enfant Peut-être avez-vous reconnu dans Bérengère votre propre enfant ? Son aspect chétif ou carrément rondelet, hypotonique, constamment fatigué par ses rhumes qui n’en finissent plus… C’est un enfant qui, avant tout, a des troubles de la ventilation, c’est-àdire une contrainte d’origine respiratoire aussi bien quand il inspire que lorsqu’il souffle. Cette ventilation intéresse l’ensemble de l’arbre pulmonaire et des voies d’accès. L’origine peut être restrictive ou obstructive, parfois les deux, et engendrer, entre autres, des perturbations de la voix et de l’odorat.

XXII

Que pouvons-nous découvrir ? X une bouche ouverte, la langue reposant sur le lit de son maxillaire inférieur ; X une aspiration des « ailes » du nez ; X un nez souvent bouché quand il inspire ou quand il souffle (une narine ou les deux) ; X parfois une asymétrie faciale (l’équilibre du visage est rompu) ; X une respiration rapide et sommaire avec parfois un « tirage » au niveau du cou. L’enfant se sert des muscles de son cou pour « soulever » sa cage thoracique et « aspire » son ventre ; X une cage thoracique rarement en harmonie avec la morphologie d’ensemble : soit étroite en « pain de sucre », soit, au contraire, volumineuse, dilatée à ses sommets ; X un enfoncement du centre de la poitrine peut être observé (on a l’impression qu’il est aspiré vers l’intérieur) ; X des épaules enroulées, accentuant la déformation thoracique ; X un dos rond (cyphose dorsale). Combien de fois avez-vous eu envie de lui dire : « Rentre ton ventre, redresse-toi ! » L’ensemble de sa silhouette donne l’impression qu’il porte le « poids du monde sur ses épaules ». C’est la ventilation qui va conditionner l’équilibre de votre enfant. Cet aspect morphologique ne revêt évidemment qu’un caractère d’ensemble extérieur. Par ailleurs, nous nous apercevons que l’enfant ronfle parfois la nuit ou même le jour, qu’il mouille son oreiller de salive, qu’il réclame souvent un verre d’eau « pour s’endormir ». N’a-t-il pas non plus un petit problème orthophonique : le « chuintement »

Introduction

ou le « zézaiement » ? Dans la journée, il donne l’impression à son entourage d’être « dans la lune ». Parfois, il présente un essoufflement à l’effort ou déclenche dès qu’il s’active une quinte de toux… qui provoque, chez certains enfants asthmatiques, un essoufflement sifflant ou une hypersécrétion bronchique. D’une façon générale, l’enfant peut présenter des difficultés respiratoires passagères, comme dans certaines allergies, par exemple, et se porter merveilleusement bien la plupart du temps ; ou bien une petite insuffisance respiratoire qui perturbera sa croissance et son développement, et, parallèlement, soutiendra votre inquiétude, voire même votre angoisse. Cette impotence fonctionnelle respiratoire découle ou s’accompagne de troubles associés que nous allons décrire et développer au cours de ce livre. La consultation chez votre médecin ou le pédiatre confirmera ou démentira certaines affections ORL ou pulmonaires, et permettra, entre autres, de déceler les différentes entraves à une bonne ventilation. Enfin, l’expérience acquise auprès d’enfants présentant une trisomie 21 m’amène à souligner l’importance que peut revêtir, chez eux, une telle éducation psychomotrice respiratoire et corporelle. Ils présentent, en effet, un retard staturo-pondéral et une hypotonie posturale, des troubles respiratoires et de la motricité avec, au niveau ORL, l’architecture de la cavité buccale perturbée (palais ogival, atrésie du maxillaire supérieur), l’ensemble de la structure bucco maxillaire hypotonique, la protrusion de la langue provoquant lors de la déglutition des fausses routes (dysphagie), les fosses nasales peu développées et donc sujettes à l’infection, enfin des troubles cognitifs et comportementaux et un retard psychomoteur... L’éducation motrice précoce, la prise en charge respiratoire de ces enfants sont avec la psychomotricité et l’orthophonie un des facteurs majeur de réussite, diminuant ainsi sensiblement ces différents troubles. « Il n’est sans doute pas exagéré de dire que le niveau de développement et de fonctionnement intellectuel ultime atteint par l’enfant peut être largement favorisé par les parents, l’entourage et les éducateurs. » Ainsi, comme pour tout autre enfant, la prise en charge éducative va « permettre de faire émerger les compétences et la singularité » de chaque enfant.

Apprenez à respirer à vos enfants

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P R E M I È R E PA RT I E

La respiration

« N’est-ce pas votre souffle qui a érigé et endurci la structure de vos os ? » Kalhil Gibran (Le Prophète)

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PREMIER CHAPITRE

Pourquoi améliorer la respiration ? HISTOIRE DES GYMNASTIQUES RESPIRATOIRES

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our mieux comprendre et se laisser pénétrer par cette respiration des uns et des autres, essayons d’aborder quelque peu l’historique de l’éducation sportive et respiratoire à travers les siècles. Depuis l’Antiquité, l’éducation corporelle suit diverses fluctuations ; elle se développe avec force dans la Grèce antique pour aboutir à la naissance des Jeux olympiques qui, depuis l’an 776, eurent lieu, durant douze siècles, tous les quatre ans. Dans l’empire romain, le corps ne fut plus l’expression de la beauté et de la santé mais l’instrument à combattre. Durant le développement du christianisme et au Moyen-Âge, le corps fut relégué au rang de l’inutile, exception faite de la chevalerie où il fallait l’entretenir pour être en mesure de combattre et d’exceller dans ce domaine.

Apprenez à respirer à vos enfants

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PREMIÈRE PARTIE : LA RESPIRATION

Ce n’est qu’aux XVe et XVIe siècles que l’on retrouve un intérêt pour l’effort physique. On préconise à nouveau les exercices corporels et la vie au grand air. J.-J. Rousseau, en 1762, dans son ouvrage l’Émile, invite l’homme à se fondre à la nature dont il est issu, précisant que c’est le seul moyen de développer, en étroite symbiose, l’esprit et le corps. Puis différents pays développent des méthodes d’entraînement physique à des fins militaires et, au début du XIXe siècle, Pierre Ling, suédois d’origine, crée à travers son propre vécu (il se guérit d’une impotence fonctionnelle d’un bras en faisant de la gymnastique) une méthode qui se développera dans le monde entier et qui est toujours d’actualité, la gymnastique suédoise. En France, un siècle plus tard, Georges Hébert, officier de marine, par un esprit d’observation, s’inspire des pratiques physiques de différentes ethnies vivant dans des conditions naturelles où la loi de la jungle les amène constamment à lutter, sauter, courir, nager, grimper... Par l’analyse et la canalisation de ces observations, il développe sa propre méthode de « gymnastique naturelle » qui porte son nom, « l’hébertisme ».

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La rapide mécanisation et le confort qui en découle nous amènent à limiter de plus en plus nos efforts physiques. Mais, à l’opposé des civilisations qui nous ont précédés, notre société industrielle polluante supprime un élément compensatoire vital : un univers sain. Les contraintes devenant plus nombreuses et leurs somatisations ne pouvant être éliminées par une activité physique qui stimule notre souffle et régularise ainsi notre équilibre psychique, nous nous forgeons des cuirasses qui, bientôt, si nous n’y prenons garde, nous scléroseront, nous étoufferont ! Que faire ? Prenons soin de notre corps. Corps meurtri, « corps bafoué », corps en mal d’être. Pour l’aider, apportons-lui un nouvel art de respirer. Redonnons-lui son souffle originel et redécouvrons une nouvelle vie. Un nouveau courant paraît poindre à l’horizon. Non comme une mode, mais plutôt comme un besoin vital, l’homme se tourne vers l’Orient, en quête de sagesse, d’équilibre et d’harmonie physiologique et psychologique... C’est ainsi que le yoga et différentes techniques dérivées de ce dernier se développent de plus en plus en Occident, et plus particulièrement le « prâna », c’est-à-dire le souffle. La notion de respiration diaphragmatique physiologique est précisée dès l’année 1953 par le professeur Maurice Cara, après une étude radioscopique. Un entretien, ces dernières années avec un ethnologue, m’a confirmé l’existence de ce mode respiratoire abdominal chez les peuplades primitives. Nous pouvons, nous-mêmes, constater le bien fondé de ce type de respiration, à la vue de ces clichés merveilleux qui nous sont

Premier chapitre : Pourquoi améliorer la respiration ?

proposés dans certaines revues de reportages ou de géographie : y voyons-nous des Apollons ? Non ! Simplement des hommes, harmonieusement développés et dont le ventre et le thorax forment une courbe régulière, du pubis jusqu’à la base de leur cou ! Courbe comparable, d’ailleurs, à celle du jeune enfant qui, au gré de sa croissance, va installer de mauvaises habitudes respiratoires, en favorisant une respiration paradoxale (voir page 44). Basée pendant longtemps sur de fausses conceptions physiologiques, la gymnastique respiratoire que nous avons apprise dès notre plus jeune âge (à l’école ou à la maison) est rigoureusement à l’opposé de ce qu’il faut faire. Nos maîtres d’éducation physique ou supérieurs militaires façonnaient leurs élèves à l’aspect morphologique de l’Apollon, pratique qui est encore d’actualité dans nos écoles.

VERS UN IDÉAL RESPIRATOIRE

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es moyens de communication comme la télévision permettent à grand nombre d’entre nous de suivre de près les efforts des athlètes. Sport de compétition, sport d’équipe. Chaque discipline nous amenant à observer, en « suspendant » parfois notre propre souffle, celui haletant du footballeur ou du coureur de 100 mètres, puissant du lanceur de poids, rythmé du marathonien, concentré de Novak Djokovic, contrôlé du plongeur en apnée et combien d’autres... Nous faisons ainsi le constat que tout athlète base sa condition physique sur l’hygiène respiratoire. En écrivant ce livre, et plus singulièrement ce chapitre sur la respiration, j’ai pensé qu’il serait intéressant de poser directement la question aux intéressés et de vous faire partager cet échange. Ainsi, à l’écoute d’athlètes, de tous âges et diverses disciplines, j’ai découvert que la respiration pouvait être différente d’un athlète à l’autre, d’une génération à l’autre. Ces interviews datent de la première édition, mais elles sont toujours d’actualité, même si les athlètes ont changé, d’autant que les performances n’ont fait qu’augmenter ! Le grand Mimoun fut l’exemple même de la respiration spontanée des Spartiates : « Tous les enfants qui naissent sont des sportifs en herbe. Pas besoin d’apprendre à respirer, en revanche, développer l’éducation physique à l’école qui permettrait à nos gosses de développer leur respiration. J’ai eu de la chance d’avoir des instituteurs qui aimaient et qui pratiquaient le sport. Je leur dois beaucoup, car ils m’ont donné ce goût... », précisait-il lors de l’interview. Mimoun, ancien champion olympique du marathon et de nombreuses compétitions internationales est toujours resté un homme rigoureux et sage. Sa foi dans la jeunesse

Apprenez à respirer à vos enfants

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PREMIÈRE PARTIE : LA RESPIRATION

qu’il a entraînée dans le sport tout au cours de sa vie, nous donne encore aujourd’hui un précieux témoignage. « Et vous, monsieur Poulidor, comment avez-vous développé votre souffle ? » Raymond Poulidor répond avec la gentillesse et la patience qui le caractérisent : « Moi, on ne m’a jamais appris à respirer, je le regrette un peu, car j’aurais pu certainement en tirer, comme certains l’ont fait, d’énormes avantages. Mon souffle, je l’ai acquis surtout dans mon enfance. J’étais à la campagne, mes parents étaient paysans. La vie était saine. Il fallait très tôt participer aux durs travaux de la ferme, mais aussi, et c’est important, l’école était loin de la maison, trois, quatre kilomètres, et il n’y avait pas de moyen de locomotion comme maintenant. À pied par tous les temps. C’était du sport par la force des choses. Mon premier moyen de transport fut la bicyclette... L’exemple de mes trois frères aînés m’a stimulé... Vous connaissez la suite. Je conseillerais vivement à tous les enfants d’apprendre à respirer et à faire beaucoup d’efforts physiques... ». Quant au football et au rugby, sport d’équipe par excellence, Jean-François Larrios et Robert Paparemborde avaient accepté aimablement de me parler de leur entraînement et du rôle que tient la respiration dans leur sport respectif.

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Ainsi, Jean-François Larrios, ancien joueur de Saint-Étienne et de l’équipe de France, me précisa que le football est davantage une affaire de technique et de résistance que d’endurance. « Dans le foot, ce n’est pas un effort continu. Il nous faut donc une grande capacité de récupération. On court très vite pendant dix, quinze, vingt secondes, on s’arrête et on repart. C’est une adaptation cardio-respiratoire très importante. Depuis quelque temps, nous avons tendance à évoluer vers des techniques de respiration plus contrôlée, entre autres par la relaxation. » « Dans le rugby, c’est avant tout l’endurance » me précisait Robert Paparemborde, ancien ténor de la Section Paloise qui, tout au long de l’année, parcourait des centaines de kilomètres en footing. « ...La respiration se développe naturellement au cours de cet entraînement. Il s’agit de pouvoir prolonger un effort ». – Quel conseil donneriez-vous à tous ces enfants qui souffrent d’un manque de souffle ? – Mais tout simplement qu’ils aient la liberté et l’espace pour jouer à l’extérieur comme moi j’ai pu le faire dans les champs, loin des postes de télévision et des appartements douillets... »

Premier chapitre : Pourquoi améliorer la respiration ?

Et pour le ski, le souffle a-t-il une grande importance ? « Certes, me répondait Annie Famose, ancienne championne olympique et créatrice d’une école de ski pour tout petits à Avoriaz, il est très important, mais je ne l’ai jamais travaillé en tant que tel. La pratique régulière d’un entraînement complet et obligatoire nous amène à le développer systématiquement. Le ski est un sport de « levier », c’est davantage vers une musculation et un assouplissement que nous préparons nos compétitions. Néanmoins, une large part a été donnée aux techniques de relaxation et de respiration que certains d’entre nous ont pu développer ». Je me suis donc tourné vers Jean-Claude Killy, ancien champion olympique de ski et président aujourd’hui, du Comité national olympique et de la commission de coordination des jeux olympiques d’hiver du CIO, président exécutif du directoire des mondiaux de ski alpin de Val-d’Isère. Il fut l’un des premiers à bénéficier de techniques de relaxation basées sur la respiration, comme le yoga et la sophrologie : « ... le ski est un sport violent, très rapide et de haute précision. L’essoufflement est extrême car nous descendons souvent respiration bloquée. Notre attention est continuellement en éveil. Il y aurait un champ de recherche énorme à réaliser au niveau du souffle. La respiration dans les techniques de relaxation nous amène à récupérer plus vite et à compenser notre effort qui, lui-même, a été préparé par un entraînement basé sur l’endurance et la résistance ». « Vos enfants ? Leur imposez-vous le même rythme de vie sportive que vous ? – Il faut qu’ils sortent et je les habitue progressivement à l’effort (footing, ballon, vélo, etc.) et j’insiste sur une chose qui me paraît essentielle dans leur condition physique et respiratoire : il n’y a pas de chauffage dans leur chambre de la tombée du jour au lever du soleil. » Je pensais qu’en me tournant vers Jean Luc Rougé, ex-champion international de judo et entraîneur de l’équipe de France, je découvrirais une particularité dans la recherche du souffle et de la relaxation... « La respiration dans le judo est spontanée, mais elle n’est pas cultivée... C’est un sport d’endurance et de résistance exigeant une forte concentration et une récupération rapide. C’est un sport qui développe davantage le sang-froid et la maîtrise de soi... » Alors, me revenant en mémoire que, journellement, je conseille la natation aux parents de mes jeunes élèves, je me suis adressé à Gilbert Bozon, ancien champion olympique qui, plus de vingt-cinq ans après, continuait d’entraîner chaque jour des centaines d’enfants en piscine, dont le tiers avait des difficultés respiratoires. Il me disait alors : « ...J’ai découvert la natation tout à fait par hasard, en juillet 1947 à Troyes, dans un trou d’eau de gravière. Ce contact avec l’eau m’a ému et depuis

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PREMIÈRE PARTIE : LA RESPIRATION

je nage ! J’adore ce sport en tant que forme d’expression pour moi-même, mais j’ai aussi découvert des voies parallèles comme la natation médicale. Nous réadaptons aussi bien les « insuffisants respiratoires » que les « cardiaques »... Je ne saurais pas donner de conseil à vos enfants et à leurs parents, mais un avis : sachez que j’ai de très grands amis sportifs qui sont « asthmatiques » et qui s’en sortent par la natation... Nous sommes en effet sans cesse confrontés avec ce problème de la respiration. Si dans de nombreux sports la respiration est spontanée, développée par l’effort fourni, chez nous, elle doit être contrôlée et travaillée, car, sinon, on se noie ! On est obligé de respirer... ». Si nous devons, sur l’eau, contrôler notre respiration pour éviter simplement la noyade, en plongée sous-marine, nous devons parfaitement la maîtriser. La plongée exige une capacité respiratoire irréprochable et une maîtrise non moins parfaite du corps... « L’homme dauphin », Jacques Mayol, premier « apnéiste » au monde parvenu à descendre à plus de 100 mètres de fond, défiant toutes les lois de la physique, grâce à un contrôle respiratoire rigoureux basé sur le yoga. « Les hommes demandent aux Dieux la santé, mais ils oublient qu’elle dépend d’eux... »

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Je laissais le soin de conclure à Maurice Herzog, alpiniste de renom, vainqueur de l’Annapurna, symbolisant, il me semble, entre tous les différents sports, l’essence, l’essentiel de l’adaptation de la respiration. « ... La notion précise que j’ai ce n’est pas tellement la capacité thoracique par exemple ou les capacités pulmonaires qui comptent, c’est surtout la manière de s’en servir... J’ai vu des alpinistes extraordinaires qui avaient un souffle à « tout casser » avec seulement 4,5 litres et qui en remontraient à des gens qui en avaient plus de 7... Donc, ça fait partie d’une certaine éducation, d’une certaine discipline et même, disons-le, d’une certaine technique. »

IL FAUT APPRENDRE À RESPIRER

C

ette affirmation ne vous apparaît-elle pas comme un paradoxe ?

Respirer, n’est-ce pas vivre notre rapport à l’espace, dès que notre mère nous a « donné le jour » ? Ce jour où le placenta, avec son cordon ombilical, furent expulsés, ne jouant plus leur rôle d’échange des substances contenues dans le sang de celle-ci, dont le dioxygène

Premier chapitre : Pourquoi améliorer la respiration ?

et le dioxyde de carbone...C’est ainsi que la première respiration nous a demandé un gros effort physique pour gonfler nos poumons, déployant d’un coup les millions d’alvéoles et pousser notre premier cri « libérateur » ! Observons un bébé qui pleure... N’avons-nous jamais entendu les anciens dire : « laissez-le pleurer... Il « fait » ses poumons, ce petit ! » Au cours de sa croissance, l’enfant va nécessairement développer son souffle mais aussi ses sens et nous devons l’aider à cela si nous ne voulons pas qu’il les perde... Les stress de notre civilisation amènent tout être humain à inverser sa ventilation physiologique. « Un bruit important inhabituel » Que se passe-t-il ? Le saisissement va engendrer une angoisse, un sentiment de peur qui développera une série de troubles momentanés (élévation du rythme cardiaque, de la tension artérielle, du tonus musculaire, de la fréquence ventilatoire ou parfois une apnée – « cette émotion m’a coupé le souffle ! » – constriction des vaisseaux, ralentissement du transit intestinal...), mais qui, à la longue, pourra entraîner des désordres psychosomatiques et cette respiration paradoxale. Notre respiration « superficielle » va, par une mauvaise ventilation alvéolaire, nous rendre plus sensible au stress et créer très vite un cercle vicieux. Regardons autour de nous. Qui n’a pas son comprimé pour s’endormir, qui ne se plaint pas de telle ou telle douleur, de fatigue, d’essoufflement à la moindre montée d’escalier. Les lycées sont encombrés de scooters ou de motos, les écoles d’automobiles au fur et à mesure que les villes se développent et les distances augmentent. Nous mettons nos enfants à notre propre rythme et projetons sur eux nos propres angoisses. L’équilibre de la cellule familiale se trouve lui-même rompu. Alors que notre enfant désire s’affirmer au niveau de son corps et développer son souffle, nous l’enfermons dans un cocon. Nous le surprotégeons. Le manque d’effort physique, la pollution et les diverses variations climatiques favoriseront l’installation de l’infection, des maladies, sur un corps mal préparé à lutter. Ma pratique journalière m’a amené à constater, en outre, que bien des enfants sont le reflet du conflit familial : combien m’ont été envoyés pour une toux chronique, souvent associée à des tics, des tensions musculaires, ne cédant à aucune thérapeutique ! Et pourtant, le simple rétablissement d’une bonne synergie respiratoire diaphragmatique, associée aux techniques de relaxation en est venu à bout ! « Mon enfant a mal au ventre et il n’a pas de fièvre. Pourtant, il n’a plus son appendice. Il n’a pourtant rien mangé de mauvais... » Que de conflits se cachent derrière ces tensions abdominales !

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DEUXIÈME CHAPITRE

Comment bien respirer 11

« Reste assis tranquillement, respire doucement, avec de longues expirations et que ta force reste dans ton bas ventre » Okaba

LA MÉCANIQUE RESPIRATOIRE

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omme un chauffage central est composé d’une turbine, d’une tuyauterie, de radiateurs, l’appareil respiratoire a des conduits aériens (voies aériennes supérieures) dont la fonction est de conduire l’air extérieur depuis les narines (et la bouche – voie de suppléance – accessoirement) jusqu’aux poumons (voies aériennes profondes) au nombre de deux, situés de part et d’autre du cœur dans la poitrine (ou thorax), cage, dont les barreaux sont les côtes, cylindrique et mobile qui diminue ou augmente de volume en fonction de la respiration ou de l’attitude que l’on prend, le mouvement de la colonne vertébrale pouvant intervenir.

Apprenez à respirer à vos enfants

PREMIÈRE PARTIE : LA RESPIRATION

Découvrons tout d’abord les « voies aériennes profondes » pour mieux comprendre ce que nous venons de voir.

Voies aériennes profondes Le contenant : la cage thoracique. Le contenu : nos deux poumons. Les organes entrant en jeu : X le diaphragme ; X les viscères ; X les muscles abdominaux. Le but de la respiration est de fournir à l’organisme de l’oxygène et de drainer ses déchets sous forme de gaz carbonique. Afin de vous aider à mieux connaître cette mécanique, je vous propose cette petite expérience enseignée fréquemment à nos enfants en sciences naturelles : X

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un bocal, un bouchon dans lequel on a introduit deux tubes de verre, le fond du bocal a été brisé et remplacé par une membrane en caoutchouc. Après avoir introduit un ballon dans l’un des tubes en verre, on retire l’air du flacon par l’autre tube et on le bouche. Si l’on tire la membrane du fond du flacon, le ballon se gonfle... Le bocal : le thorax ; le ballon : nos poumons ; la membrane en caoutchouc : notre diaphragme.

Deuxième chapitre : Comment bien respirer

Nos poumons Pour amener l’air de l’extérieur à l’intérieur de nos poumons, quels sont les conduits ? Après le larynx, un gros tuyau appelé la trachée qui descend dans le cou et pénètre dans le thorax, qui se divise en deux autres tuyaux pour alimenter les deux poumons. Chacun de ces tuyaux se divise à son tour en bronches, en segments de bronches et ainsi de suite. Pour mieux comprendre, observons un arbre à la fin du printemps, plaçons-le à l’envers : X le tronc représente notre trachée (l’écorce est épaisse comme les cartilages de notre trachée) ; X les branches : nos bronches (l’écorce devient plus fine) ; X les petites branches : nos bronchioles (pas d’écorce, mais une fine membrane comme les muscles entourant nos bronchioles) ; X les feuilles : nos alvéoles pulmonaires (ayant un pouvoir d’osmose comme les feuilles). Il en existe à peu près 300 millions et leur pouvoir « d’échange » gazeux est en moyenne de 80 m2 en surface ! Entre autres, l’intérieur de nos bronches est tapissé, comme dans nos fosses nasales, nos trompes d’Eustache et notre pharynx, d’une muqueuse ayant un pouvoir fantastique grâce au mucus qu’elle sécrète, et des cils vibratiles qui, par leurs mouvements, permettent une épuration de l’air en dissolvant ou en remontant vers le larynx, les poussières inhalées (1 cm/min)...un véritable tapis roulant ! C’est la protection immunitaire de tout notre système respiratoire : « Nez-Poumons = un seul organe »... Nous saisirons cette occasion pour expliquer à l’enfant le rôle important des arbres dans la qualité de l’air et la similitude de ces échanges avec nos fonctions respiratoires. En effet, la ressemblance ne réside pas seulement dans la forme mais aussi dans les mécanismes : nos alvéoles vont servir de lieu d’échange gaz carboniqueoxygène, il en est de même pour les végétaux, avec la différence que nous

Je plante un arbre pour mieux respirer

Apprenez à respirer à vos enfants

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PREMIÈRE PARTIE : LA RESPIRATION

consommons de l’oxygène et que les feuilles vont se « nourrir » du gaz carbonique que nous rejetons pour le recycler grâce à la photosynthèse. Profitons-en pour apporter une note écologique à cet ouvrage et inviter les enfants à reboiser chaque fois qu’un arbre est coupé !

Le diaphragme

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Lorsque ce grand muscle en forme de dôme, le diaphragme, se contracte, s’abaisse, déplaçant le vide entre les poumons et notre cage thoracique, il permet à ces derniers de se gonfler d’air (il est « aspiré » dans les poumons, comme dans un aspirateur). Sous la poussée du diaphragme, les viscères poussent à leur tour l’abdomen en avant, puis enfin les basses côtes s’écartent entraînant, par les cartilages costaux, le sternum en avant : c’est l’inspiration. Pour faire ressortir l’air correctement, il faudra donc penser à se tenir droit, à bien relâcher les épaules, à serrer les côtes et enfin à rentrer le ventre en soufflant, ce dernier poussera les viscères qui, à leur tour, pousseront le diaphragme en le ramenant à une position haute maximale ce qui lui permettra à nouveau d’assurer une bonne inspiration : c’est l’expiration. Si vous possédez quelques notions de mécanique, cela pourrait vous faire penser au piston, à la bielle et au vilebrequin de votre voiture (c’est d’ailleurs pourquoi les physiologistes ont défini le diaphragme comme le « piston » du corps humain). En résumé, « pour que la contraction du diaphragme soit efficace, il faut qu’il ait été déplacé, à l’expiration, vers sa position haute maximale par une augmentation de la pression abdominale, sinon sa contraction est inefficace » (Pr Maurice CARA). Les mouvements du diaphragme sont donc dépendants des muscles du ventre (antagonistes), en particulier celui qu’on appelle « le transverse de l’abdomen » qui réalise une hyperpression abdominale utile à l’expiration active.

Deuxième chapitre : Comment bien respirer

↗ MOYEN MNÉMOTECHNIQUE X

X

L’écharpe rouge du Pelotari en Pays basque correspondant à ce muscle transverse !... Utiliser pour mémoriser cette expiration active le mot « SEVE », principe idéo-moteur vous permettant ce conditionnement expiratoire : Soufflez, Encore, Videz, Encore.

S.E.V.E.

À l’expiration : en dehors de la mécanique externe permettant, par l’intermédiaire de l’abdomen et des côtes, une vidange pulmonaire, il faut souligner que les bronchioles se resserrent à mesure que l’expiration se déroule. À l’inspiration : l’abaissement du diaphragme, le relâchement du thorax, lié à son élasticité, mais aussi à la contribution de certains muscles, permettent aussi un relâchement du tonus bronchique, amenant l’air à pénétrer librement dans les alvéoles pulmonaires.

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Il ne faudra jamais oublier le mécanisme physiologique de la respiration. Pour ce faire, il est important de donner le moyen à l’enfant de l’assimiler et de l’intégrer à tout exercice.

Une comparaison Pour mieux comprendre l’intérêt d’une bonne respiration, représentons-nous deux bocaux identiques. L’un est aux trois-quarts plein d’eau sale. L’autre est rempli au quart de sa contenance par la même eau sale. Si nous terminons de remplir le premier avec de l’eau propre et faisons de même avec le second, en comparant les deux bocaux, nous constatons bien évidemment que l’eau contenue dans le second est bien plus propre que celle contenue dans le premier. C’est à peu près la même chose qui se produit lorsque nous respirons mal ou que nous respirons bien. Le premier bocal correspond à l’air de nos poumons lorsque nous respirons « à l’économie » ou à « l’envers », le second aux échanges corrects (en effet, les poumons étant sous tension, il reste toujours un peu d’air vicié qui s’équilibre avec l’air ambiant).

Apprenez à respirer à vos enfants

PREMIÈRE PARTIE : LA RESPIRATION

Le maintien de trop d’air vicié va entraîner, entre autres, une certaine fatigabilité et une fragilité plus grande de la muqueuse bronchique. Les alvéoles ne seront plus ventilées correctement. Un autre exemple : celui de notre chauffage central. La turbine fonctionne bien, mais le radiateur est « saturé ». Que se passe-t-il ? La turbine continue à tourner, les tuyauteries seront chaudes, mais communiqueront très peu d’eau chaude au radiateur...

PRESCRIPTIONS GÉNÉRALES

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’est donc, comme nous venons de le démontrer, sur un travail expiratoire que nous devons développer nos exercices. Cherchez à vous remettre en mémoire le fonctionnement de la ventilation des poumons et surveillez bien le profil de votre enfant lorsqu’il commencera le mouvement respiratoire. Il risque en effet de l’inverser en voulant bien faire. Pourquoi ? Regardez les dessins dans le chapitre « Des images pour bien comprendre » (page 18).

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Habituellement, nous inspirons en rentrant le ventre et en soulevant les côtes ; pour souffler, nous faisons l’inverse, nous relâchons le ventre qui se gonfle et serrons les côtes. Par conséquent, si vous demandez à votre enfant de respirer en gonflant son ventre, il risque fort d’abaisser ses côtes et de faire le contraire en soufflant, c’est-à-dire de rentrer le ventre – ce qui est bien – mais ce mouvement va soulever sa poitrine, ce qui ne va pas.

Pour bien procéder Installez-le au début devant une glace et demandez-lui de commencer toujours son mouvement respiratoire par une expiration, si possible en émettant un son (faites-le siffler longuement, par exemple). Pour le plus petit, faites-lui mettre le doigt sur la bouche en disant « chut ! », le plus longtemps possible, comme la maîtresse lorsqu’elle veut imposer le silence, tout en l’aidant à contrôler, avec l’autre main, son ventre qui se dégonfle ». En le faisant procéder de la sorte, il rééduquera l’orbiculaire de sa bouche et il contrôlera auditivement son souffle, ce qui lui permettra de pousser plus loin son expiration.

Deuxième chapitre : Comment bien respirer

↗ DES IMAGES POUR FAIRE COMPRENDRE

Ou, encore : « en soufflant, je fais danser la flamme d’une bougie en rentrant mon ventre, tout en relâchant mes épaules, ce qui permet de serrer mes côtes... je relâche mon ventre et ma poitrine comme un grand ressort qui se détend, en laissant l’air rentrer tout seul dans mes poumons. »

POUR LES TOUT PETITS « Je sens une fleur, mon ventre se gonfle comme le ballon que je tiens » « Je souffle une bougie, mon ventre se dégonfle comme le ballon que je tiens. » « J’inspire en gonflant mon ventre (a) et ma poitrine (b). » « Je souffle en rentrant mon ventre (a) et en baissant mes côtes (b). » Dans la même position « chasser l’air ». « Prends une bonne position pour dormir – d’un côté ou de l’autre. » « Cherche à respirer souvent par ton ventre. »

Apprenez à respirer à vos enfants

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PREMIÈRE PARTIE : LA RESPIRATION

LA RESPIRATION « A » La plus courante. Lorsque vous inspirez, vous gonflez la poitrine et vous rentrez le ventre. Pour souffler, vous « relâchez tout ». C’est donc la poitrine qui s’affaisse et le ventre qui se gonfle.

LA RESPIRATION « B »

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Méfiez-vous, en voulant corriger la respiration A, de ne pas tomber dans le même type de respiration paradoxale. Car, si vous gonflez le ventre en inspirant, c’est bien, mais si, durant le même mouvement, vous ne cherchez pas, dans un deuxième temps, à gonfler la poitrine, c’est le même circuit que vous entretenez dans vos poumons. C’est-à-dire un taux de gaz carbonique important.

LA RESPIRATION « C » Elle sera donc la plus physiologique.

EXERCICES

DES

JEUX QUI AIDENT À CONTRÔLER LE DÉBIT DE SON SOUFFLE

LA PAILLE DANS LA BOUTEILLE Une bouteille à demi-pleine d’eau et une paille. L’enfant assis ou debout devant une table ou à genoux au sol, souffle dans une paille pour faire des bulles le plus longtemps possible ; puis, toujours le plus longtemps possible mais avec des bulles les plus petites possibles. Contrôler discrètement avec un chronomètre et demander à l’enfant pour lequel de ces deux exercices il a eu l’impression de souffler le plus longtemps. Une variante permettant des progrès plus importants : c’est le même type d’exercice, mais effectué avec un bout de tuyau de caoutchouc, dont l’extrémité est plongée dans un grand récipient ou un lavabo rempli d’eau.

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LES AIGRETTES DU PISSENLIT

Comme le dessin de couverture du premier « Larousse », faites souffler votre enfant sur les aigrettes d’un pissenlit ayant terminé sa floraison. L’intensité de son souffle l’amènera à une dispersion partielle ou totale de celles-ci : “plus je souffle fort et longtemps, plus un grand nombre d’aigrettes vont se disperser !”

EXERCICES

LES BULLES DE SAVON Un peu d’eau savonneuse (un liquide vaisselle – une dose pour quatre dose d’eau – est une bonne base pour faire des bulles) dans un flacon dans lequel on trempe un anneau relié à un bâtonnet...il ne reste plus qu’à souffler et faire ainsi de belles bulles à condition de contrôler son souffle !

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JEU DE LA BALLE DE PING-PONG À sept, ou mieux à quatre, une balle de ping-pong étant mise sur une table, chaque enfant essaie de renvoyer vers l’autre ou les autres, la balle qui vient sur lui, en soufflant fort et longtemps sur elle. Cet exercice favorise de surcroît le redressement du corps quand il faut reprendre une inspiration puissante sans lever les épaules mais en les projetant en arrière. CHEZ LE TOUT PETIT Faire faire des bulles de savon, le faire rire. Faire souffler sur une bougie sans l’éteindre et faire danser la flamme le plus longtemps possible. Faire jouer de la flûte, etc.

EXERCICES

JEU DU BALLON DE BAUDRUCHE Un ballon de baudruche (au début gonflé par un adulte, car il faut tenir compte des possibilités d’accident pour un enfant jeune et non entraîné) est repoussé sans cesse vers le haut par le souffle des enfants face à face au départ s’ils sont deux ou en cercle s’ils sont plusieurs. Petit à petit, ceux-ci seront amenés à « récupérer » le ballon même au ras du sol, d’où des attitudes très variées du corps pendant cette expiration.

LE SOUFFLET Augmente l’amplitude de sa respiration. Exercice respiratoire très relaxant permettant à l’enfant de prendre conscience du mouvement de bascule de son bassin lors de sa respiration, une fois les exercices précédents bien intégrés. Comme les montants du soufflet qui s’ouvrent et se referment, jouons avec nos jambes. Couchés sur le dos, débutez l’exercice avec les jambes écartées. Les pieds sont serrés. Soufflez en serrant les genoux, en rentrant le ventre et en baissant les côtes. Le bas du dos se colle au sol (A). Puis, laissez l’air rentrer pendant que les genoux retombent (B) de chaque côté, ce qui va favoriser un léger décollement du bas du dos et un gonflement du ventre et de la poitrine. Réalisez cet exercice plusieurs fois : à la maison ou à l’école. À l’école, les enfants seront couchés en cercle, se tenant par la main, les pieds à l’intérieur. Au moment de l’inspiration, on leur demandera sans lâcher leurs mains de porter leurs bras en arrière et d’écarter les genoux. À l’expiration, ils rabattront leurs bras le long du corps en serrant les genoux. La figure géométrique mobile pourra symboliser une fleur qui s’ouvre et se referme.

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EXERCICES

LE CHEVAL À BASCULE Inspirer en gonflant le ventre. Souffler en le rentrant et en basculant le bassin À la maison, mais peut se faire à l’école sous forme de jeu, car c’est un exercice extrêmement relaxant. Mêmes indications que pour l’exercice « le pont », en ajoutant la prise de conscience de la « bascule » de son bassin. L’enfant est couché sur le sol, bras et jambes allongés dans le prolongement du corps. Demandez-lui de souffler en rentrant le ventre et en « écrasant » le creux ou le bas du dos sur le sol. Faites-lui constater la traction qu’il a exercée sur son bassin qui a « roulé » vers lui (dessin A). Faites relâcher le tout en respirant et en gonflant le ventre (dessin B), qu’il constate le décollement du bas de son dos et du roulement de son bassin vers l’avant. Laissez le mouvement de la tête se faire librement pour ne pas contrarier le jeu harmonieux du ventre et des côtes.

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Là encore, cet exercice se fera une dizaine de fois lentement en accompagnant le mouvement du ventre de votre main, posée délicatement sur celui-ci ; il se terminera par un moment de calme, yeux fermés « comme pour dormir », votre main détendue, toujours à plat sur son ventre, pendant quelques instants. C’est la main qui fera apprécier la détente et la chaleur provoquées par l’exercice.

LE PONT Inspirer en gonflant le ventre. Souffler en le rentrant en conservant le bassin « décollé ». Hygiène respiratoire et digestive. Mêmes indications que pour le précédent. Si votre enfant se plaint du ventre et que votre médecin n’a rien décelé de pathologique, ou s’il rentre de l’école fatigué et énervé, couchez-le sur le dos et demandez-lui de poser ses deux pieds bien à plat sur le sol, bien écartés ainsi que ses genoux, et de soulever ses fesses. En maintenant ainsi ce « pont », invitez-le à respirer plusieurs fois « avec son ventre » comme il l’a appris. Il arrive fréquemment que très vite des « borborygmes » (bruits de ventre) se manifestent, traduisant un rétablissement de son transit. Puis invitez-le à se relaxer quelques instants et à s’étirer avant de se relever.

TROISIÈME CHAPITRE

La pathologie pulmonaire LES DIVERSES AFFECTIONS PULMONAIRES Les bronchites

E

n particulier, les bronchites aiguës de l’enfant. Elles sont souvent d’origine virale et fréquemment déclenchées par des rhino-pharyngites, transmettant l’infection à l’arbre pulmonaire (trachéo-bronchite). Elles apparaissent surtout l’hiver et dans des climats humides. L’enfant a une toux sèche, surtout la nuit, qui, progressivement, va évoluer vers une toux « grasse » et productive (il expectore). L’enfant n’a pas nécessairement de la fièvre. Cette toux parfois « sifflante » peut faire penser à un « asthme », d’où le nom de « bronchite dyspnéisante » ou « bronchite asthmatiforme ». Cette toux pourra être accompagnée de vomissements, libérant l’enfant pour quelque temps de ses

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PREMIÈRE PARTIE : LA RESPIRATION

mucosités : la contraction intense du ventre et l’expiration active qui l’accompagne vont « drainer » les poumons tout en purgeant l’estomac des mucosités qu’il a pu déglutir.

Les bronchiolites ou « broncho-pneumopathies à virus » Comme leur nom l’indique, il s’agit d’une « atteinte distale broncho-alvéolaire » (atteinte des bronchioles). Elles sont à 80 % d’origine virale (Virus Respiratoire Syncytial – VRS – très contagieux !), et précédées pendant les trois ou quatre premiers jours par une infection de la sphère ORL (rhino-pharyngite) et des yeux (otites, conjonctivites) ; puis la toux intervient. Elle est sèche, persistante, pouvant faire penser à une coqueluche. La respiration devient difficile et sifflante. L’enfant va « forcer » pour prendre davantage d’air, sa poitrine se distend, ses lèvres parfois bleuissent, évoquant sa détresse respiratoire. Là aussi, l’enfant peut avoir beaucoup de fièvre ou ne pas en avoir du tout. Ces maladies apparaissent surtout durant les six premiers mois de la vie, plus fréquemment l’hiver et au printemps.

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Les signes cliniques (sifflement, dilatation du thorax...) peuvent faire penser à un asthme bien que l’on ne puisse parler de « bronchospasme » ou d’asthme vrai qu’après 18 à 24 mois. Chez le nourrisson, en effet, les fibres musculaires de la bronchiole (péri-bronche) sont encore très pauvres et donc le diagnostic est difficile. Néanmoins, 25 à 32 % des enfants ayant fait une bronchiolite développent plus tard un asthme bronchique (Wittig). L’évolution est souvent favorable, même dans les cas apparemment les plus sévères ; mais, bien évidemment, cela dépend du virus qui est en cause. Dans ces deux atteintes (bronchite, bronchiolite), le désencombrement des bronches et des bronchioles, le nettoyage de la sphère ORL, associés à une ventilation aidée peuvent considérablement améliorer le pronostic si la prise en charge est précoce (voir p. 28 et suivantes) tout en évitant les risques d’aggravation. À ce propos, nous conseillons vivement aux parents qui placent leur enfant dans une crèche d’éviter, même une fois l’enfant guéri, de l’y renvoyer pendant quelque temps, à moins d’être assurés qu’aucun risque d’épidémie n’est possible. En effet, très souvent l’enfant rechute, « recontaminé » par les autres.

Les dilatations des bronches Elles sont très souvent la conséquence des maladies de l’enfance : primo-infection, coqueluche, rougeole, mais aussi des différentes pathologies évoquées plus haut et négligées, telles les infections du rhino-pharynx et des sinus, les infections bronchopulmonaires du nourrisson.

Troisième chapitre : La pathologie pulmonaire

Elles se caractérisent, comme leur nom l’indique, par une dilatation de certains territoires bronchiques, faisant penser à ces « nœuds » ou « verrues » que l’on peut observer sur les branches d’un arbre. Ces dilatations sont de véritables réserves de pus qu’il faut à tout prix évacuer. Là encore, le désencombrement est plus que nécessaire.

L’asthme de l’enfant C’est la « maladie » spasmodique des bronchioles. Il diffère quelque peu de celui de l’adulte. Même si certaines crises sont « sèches » et d’origine psychosomatique ou allergique, elles sont souvent chez l’enfant la résultante d’une bronchite obstructive, de rhino-pharyngites descendantes, et/ou déclenchées par la toux (due à l’infection, mais aussi consécutive à un effort ou à l’agitation et à l’énervement de l’enfant). D’une façon générale, l’enfant sera hypersensible à toute agression psychique et physique (voir exercices p. 36 et suivantes). Le mécanisme : le plus souvent, sous l’effet d’un agent extérieur : environnement défavorable dans la rue ou à la maison produisant des allergènes, mais aussi comme nous l’avons déjà précisé, d’un agent infectieux, la bronchiole au moment de se contracter se spasme et l’enfant étouffe. Il ne va plus pouvoir vider convenablement l’air de ses poumons et, si ce spasme persiste, l’inflammation (qui va congestionner les petites bronches) et l’encombrement par le mucus vont ralentir les échanges d’air aussi bien à l’expiration qu’à l’inspiration. Cette contraction « exagérée » (spasme) et le sifflement produit peut faire penser à un ballon de baudruche dont on a pincé l’embout : l’air va sortir en sifflant. Enfin, des facteurs allergiques purs peuvent occasionnellement venir perturber le flux aérien (rhume des foins, par exemple). Dans ce cas, la muqueuse nasale ou bronchique, devenue hypersensible, va se trouver pendant quelques instants ou quelques jours hypertrophiée. Le spasme entraîné pourra provoquer, entre autres, une hypersécrétion de la muqueuse. Le nez va couler, l’enfant va éternuer (rhinorrhée) ou tousser et siffler (asthme). Comme nous venons de le voir, tous ces troubles peuvent être intimement intriqués, découler l’un de l’autre ou être isolés, parfois sur un terrain plus ou moins allergique. Le « Peak Flow meter » ou en français « Débitmètre de pointe » est un petit appareil destiné à mesurer la vitesse maximale du souffle (Débit Expiratoire de Pointe), d’une personne souffrant d’asthme ou d’insuffisance respiratoire, lors d’une expiration forcée. Il est très pratique et facile à utiliser. Pour les enfants ayant de l’asthme il leur

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PREMIÈRE PARTIE : LA RESPIRATION

permettra d’évaluer l’importance de leur crise et de mieux adapter la conduite à tenir.

La mucoviscidose C’est, la plus fréquente des maladies génétiques graves. Trois millions de Français en portent le gène, sans le savoir. Il existe parfois des formes qui se révèlent tardivement, souvent moins graves, mais néanmoins la mucoviscidose s’exprime généralement dès la petite enfance, parfois dès la naissance.

Le Peak Flow meter

Elle est mieux connue à ce jour, car si la recherche permet actuellement à ces enfants une plus grande espérance de vie (du stade de nouveau né à l’âge de sept ans en 1965, à près de cinquante ans aujourd’hui!), elle le doit en partie à la « Virade de l’Espoir » (créée en 1985 en Auvergne par un parent d’enfant atteint de la mucoviscidose), ce qui a permis de mieux faire connaître cette maladie génétique tout en aidant la recherche par son aide financière !).

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Plus de 5 500 enfants en France en sont atteints et frappe un enfant sur 3 500 naissances... Les enfants porteurs de cette affection chronique, qui n’est pas contagieuse, souffrent d’une insuffisance cardio-respiratoire provenant de l’obstruction des bronches par un mucus particulièrement visqueux et difficilement mobilisable, à laquelle viennent s’associer des troubles digestifs (fibrose kystique du pancréas) qui freinent entre autre la croissance harmonieuse de l’enfant. Nous comprenons donc que le traitement de premier plan de cette maladie est, en association au traitement médical, une discipline respiratoire et ventilatoire nécessitant l’aide des parents et du Kinésithérapeute Respiratoire afin de drainer avec un maximum d’efficacité les bronches obstruées. On utilisera aussi des fluidifiants sous aérosols qui permettront d’augmenter l’hydratation des mucosités et donc de permettre une meilleure mobilisation. En effet, il est important d’une part d’aider l’enfant, (comme l’adolescent ou l’adulte) à se drainer seul par les moyens actifs d’expectoration (chasse de l’air) et de ventilation, mais aussi de favoriser la transformation et la progression dans l’arbre bronchique des mucosités par des mobilisations thoraciques, des percussions (clapping), des vibrations manuelles ou produites à l’aide de petits vibreurs. Les séances devront se faire au rythme de 2 à 3 par jour minimum.

Troisième chapitre : La pathologie pulmonaire

En résumé, l’intégration à la vie quotidienne de séances de drainage et de ventilation, en association à des fluidifiants et agents mouillants locaux, vont jouer un rôle préventif contre l’obstruction et contre le risque infectieux, tout en favorisant la croissance de l’enfant. Il est évident que ce handicap et cette discipline indispensable pourront avoir des répercussions psychologiques tant momentanées qu’à long terme (marginalisation en famille, à l’école et dans la société). La relaxation, la visualisation positive et le sport adapté sont une aide efficace pour mieux accepter la maladie et l’aider à vivre mieux. Pour mieux connaître cette maladie : Association française de lutte contre la mucoviscidose, 181, rue Tolbiac, 75013 Paris. Tél. 01 40 78 91 91. Fax 01 45 80 86 44.

Le reflux gastro-œsophagien (R.G.O.) Il survient dans la première année de la vie et sa fréquence est de une sur 500 naissances, en moyenne. Les manifestations pathologiques sont d’ordre digestif (mauvais fonctionnement de l’œsophage), avec répercussion respiratoire. La muqueuse œsophagienne peut être irritée. Il y a alors une aspiration bronchique du liquide gastrique. C’est dans les six premiers mois de la vie que sa manifestation clinique respiratoire ou ORL survient. L’enfant peut se cyanoser, parfois sa respiration peut être bloquée (apnée) ; sur le plan ORL, il toussera la nuit (toux spasmodique). Il pourra faire des rhino-pharyngites avec otites. Deux signes peuvent faire suspecter ce problème : X l’enfant s’encombre après chaque biberon ; X les parents sont alertés par une régurgitation des biberons. L’activation du flux expiratoire va favoriser la désobstruction des bronches et de la trachée. Il faudra, néanmoins, dans ce cas, prendre la précaution d’installer l’enfant à 45°, voire même en position assise. L’appui abdominal, lors du drainage, sera faible pour éviter un brassage du contenu gastrique. A ce propos, l’enfant, une fois prit son biberon et portant des couches trop serrées, risque davantage de faire un reflux après l’avoir langé.

Apprenez à respirer à vos enfants

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EXERCICES

N E T T O YA G E

DE LA TRACHÉE ET DES POUMONS

LA BUÉE SUR LA GLACE Apprenez à votre enfant à sortir l’air de ses poumons, bouche ouverte, comme pour réchauffer ses doigts ou pour faire de la buée sur une glace : « hâh, hoûh... » Sensibilisez-le en le faisant dessiner sur la buée qu’il a lui-même émise. S’il est petit, racontez-lui l’histoire du loup qui, enrhumé, n’a pu venir à bout de la maison des trois petits cochons qu’en sortant l’air très, très fort de sa gueule, si fort que son rhume fut ainsi guéri. Tout content, il devint l’ami des petits cochons et reconstruisit leur maison détruite. Demandez-lui de maintenir son buste droit, il fera ainsi travailler ses muscles intercostaux, ce qui favorisera une « remontée » de ses sécrétions bronchiques et trachéales. Il pourra s’aider en croisant les bras sur la poitrine et en fixant les mains sur chaque épaule. À chaque expiration, il comprimera le thorax avec les coudes.

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S’il est petit, prenez-le sur vos genoux et comprimez, à chaque expiration ou chaque fois qu’il tousse, son ventre et sa poitrine (au niveau du sternum, appuyez en bas et en dedans). Cette aide pourra aussi être pratiquée s’il fait une « fausse route » après l’absorption d’un aliment compact ou d’un corps étranger (cf. méthode de Heimlich).

EXERCICES

Si vous avez du mal à le faire tousser, s’il ne comprend pas ce que vous lui demandez de faire, si ses poumons sont très encombrés, faites-le rire en lui faisant des chatouilles et en le couchant à plat ventre sur vos genoux comme pour lui donner une fessée ! La contraction abdominale et thoracique engendrée par le rire de l’enfant va systématiquement le faire tousser et expectorer. Si les sécrétions sont épaisses, visqueuses, gélatineuses, vous pouvez modifier leur structure afin de les rendre liquides et donc plus facilement mobilisables en faisant sur la poitrine de l’enfant des vibrations. Dans la majorité des cas, les vibrations manuelles lors du travail expiratoire associées aux exercices décrits précédemment sont suffisamment efficaces. L’appui de la pulpe des doigts entre les côtes lors de la chasse de l’air ou de la toux peut favoriser le drainage. Néanmoins, dans le cas de mucosités très épaisses, difficilement mobilisables (mucoviscidose, par exemple), on pourra alterner avec un « clapping », c’est-à-dire des percussions sur la poitrine de l’enfant au moyen du bout des doigts d’une main venant frapper « comme un tambour », les autres doigts reposant à plat sur la partie du thorax que l’on souhaite drainer. Différentes positions pourront être prises afin d’agir avec un maximum d’efficacité (voir dessins et photos). Ce type d’expiration pourra se faire en posture couchée afin « d’affiner » le drainage ou encore assis en jouant « au bûcheron » ou même « à quatre pattes », en imitant l’agneau.

LE BÛCHERON La main droite à plat sur les basses côtes du côté gauche, la main gauche en appui sur la nuque, l’avant-bras collé sur la joue, on « chasse » l’air (hoûh) en effectuant une rotation-flexion du tronc, comme le bûcheron avec sa cognée, une ou plusieurs fois de suite. Puis on recommence de l’autre côté, en changeant les mains de place.

L’AGNEAU À quatre pattes en appui sur les avant-bras, on respire avec le ventre et puis « chassez l’air ».

COUCHÉ SUR LE CÔTÉ On chasse l’air pour vider les bronches du côté gauche. Faire la même chose du côté droit.

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PREMIÈRE PARTIE : LA RESPIRATION

En ce qui concerne les nourrissons Depuis quelques années, la pratique du « drainage du nourrisson » est remise en cause par certains médecins et organismes de santé, et liée dans la plupart des cas à la banalisation de cet acte délicat et pourtant si efficace ! Lors d’une réunion de consensus, pour les professionnels de santé concernés, il y a quelques années, j’avais déjà précisé la particularité de cette pratique en intitulant mon exposé, « par-delà la technique à la recherche du sens » :

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«... Certains d’entre nous ne se sentent-ils pas interpellés en kinésithérapie respiratoire courante par la manière dont ils pratiquent le drainage d’un nourrisson, de sa sphère O.R.L., où la technique employée peut être sujette à caution et, même si elle est correctement pratiquée, la relation à l’enfant est souvent absente. Prenons-nous le temps de parler, d’expliquer aux nourrissons et aux parents ce que nous allons lui faire ? Il serait bon que certains de nos confrères lisent Dolto, qui souligne, « l’importance de la parole que l’adulte peut adresser à l’enfant sur ce qui le concerne... », ils seraient surpris et choqués de voir à quel point une méthode, si bonne soit-elle, appliquée sans discernement, peut traumatiser à vie un enfant. Sont-ils conscients de ce manque de relation entre le toucher et le verbe ? Si, par

Activation du flux expiratoire

Troisième chapitre : La pathologie pulmonaire

surcroît, ils appliquent des manœuvres psychologiquement éprouvantes et parfois contestables, comme de lui fermer la bouche (geste qui fait taire, geste qui étouffe... alors que nous cherchons à lui rendre le souffle ! ! !)... ». Il s’agit donc d’une méthode efficace, dès lors où elle n’est pas employée systématiquement, mais avec discernement. D’une façon générale, le désencombrement se fera l’enfant couché sur le dos. Pour provoquer un drainage efficace, vous alternerez une chasse active de l’air (drainage des grosses bronches et de la trachée) avec une expiration plus longue pendant laquelle la vibration manuelle aura toute son efficacité pour libérer les petites bronches. La « chasse de l’air » (accélération du flux expiratoire) se fera en fonction de votre main dominante (droitier ou gaucher). Celle-ci se placera en effet sur la partie haute de la poitrine de l’enfant, afin de pouvoir la faire vibrer. L’autre main empaumera, quant à elle, l’abdomen, partie basse. On observera alors la respiration de l’enfant, de sorte à ne pas la contrarier et à utiliser le moment expiratoire à bon escient. C’est lors de cette phase expiratoire que la main empaumant le thorax dans ses trois dimensions (en respectant les axes) provoquera une chasse énergique de l’air d’autant plus efficace que la main empaumant l’abdomen refoulera la masse viscérale vers le haut permet-

Vibration

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PREMIÈRE PARTIE : LA RESPIRATION

tant, par élévation du diaphragme, une réduction complète du volume des poumons, comme une éponge que l’on essore. Le même exercice sera réalisé d’une façon beaucoup plus progressive en prolongeant le temps expiratoire et avec lui la vibration thoracique, par tétanisation ou tremblement de l’avant-bras et de la main, afin de décoller et faire progresser les mucosités vers le larynx. Ne vous inquiétez pas des « gargouillements » produits lors de cet exercice : ils caractérisent le passage de bulles d’air à travers les sécrétions stagnantes dans les bronches et ce signe audible sera justement l’occasion d’encourager l’enfant à continuer. Ne vous alarmez pas si l’enfant ne crache pas au début. On peut expectorer (sortir des poumons) sans nécessairement cracher (sortir de la bouche). Il s’ensuivra quand même un mieux. La déglutition-succion du jeune enfant fera qu’il aura du mal à sortir de sa bouche les mucosités. La compression rapide et répétée de la pulpe du pouce sous le cou (voir p. 61 : mouchage) propulsera les sécrétions au bord des lèvres. Pour les plus grands, les exercices de la langue (du caméléon) aideront à ne pas les avaler.

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Si l’enfant n’a pas de problème bronchique, l’exercice d’expiration active aura néanmoins le pouvoir de « modeler » harmonieusement son thorax à condition de le pratiquer le rachis en rectitude.

La toux Elle consiste en une libération de l’air contenu dans les poumons, par contraction forcée des muscles expiratoires après fermeture de la glotte. Elle doit être éduquée pour rester efficace : favoriser une expulsion valable. Il en est de même pour le nez avec l’éternuement. D’origine rhino-pharyngée, provoquée par une évacuation des mucosités des fosses nasales dans le pharynx, elle peut être due aussi à une inflammation et un encombrement pulmonaire. Elle est un acte réflexe qui permet de défendre nos poumons de toute agression. Débutant souvent par une phase sèche à laquelle succède parfois, soit un essoufflement sifflant (dyspnée asthmatiforme), soit une toux grasse et productive (remontée des sécrétions qui pourra être aidée par l’absorption d’un liquide chaud). L’important, donc, est de respecter la toux et de ne pas systématiquement s’inquiéter parce que votre enfant tousse la nuit. Chaque effort de toux lui permet de drainer durant le sommeil les mucosités qui encombrent ses bronches ou son rhinopharynx.

Troisième chapitre : La pathologie pulmonaire

Par contre, si les réflexes de toux sont purement locaux, si la toux est sèche, irritative, voire « asphyxiante » et improductive (trachéite ou pharyngite par exemple), faites-le « renifler » (comme si il voulait retenir une goutte perlant de son nez) très brièvement et très exceptionnellement à deux ou trois reprises en lui faisant relâcher ses épaules et gonfler le ventre à chaque fois (en effet, le reniflement est à proscrire d’une manière générale !). D’autre part, un verre d’eau sucrée sera souvent tout aussi efficace qu’un sirop.

33 Provoquer la toux chez le nourrisson et le jeune enfant. Lorsque votre enfant a des difficultés à expectorer, aidez-le en utilisant le réflexe trachéal. Lorsqu’il fait une « chasse » de l’air, comprimez avec un doigt la partie située au sommet de son sternum, de part et d’autre des insertions des muscles du cou (sterno-cléïdo-mastoïdiens) et légèrement vers le bas.

Asphyxie par inhalation d’un corps étranger ↗ OBSERVONS L’ENFANT

Il est agité, portant une main à son cou (ou parfois sidéré, le regard fixe...). Dans ce cas, l’enfant se cyanose (son visage prend une coloration bleutée), il fait des efforts pour respirer sans que l’air ne puisse rentrer ni sortir. ↗ DEUX TENTATIVES DE DÉSOBSTRUCTION

A faire en alternance jusqu’à désobstruction des voies aériennes et l’arrivée des secours. 1°) Méthode de Mofenson (à partir d’un an) Asseyez vous et placez l’enfant à plat-ventre, pieds vers vous (à califourchon sur votre avant-bras reposant sur votre cuisse) tout en maintenant sa tête avec votre main

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PREMIÈRE PARTIE : LA RESPIRATION

(légèrement plus basse que son corps), puis du plat de la main libre, très légèrement incurvée pour la circonstance (cela permet de créer un coussin d’air, évitant le risque de fracture), frapper son dos entre les omoplates cinq fois. Pour les plus grands vous pouvez adopter la position de drainage (voir p. 28). Si votre action est efficace, vous récupérerez le corps étranger délicatement dans la bouche de l’enfant en prenant bien soin de ne pas le réintroduire au fond de sa gorge !

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2°) En cas d’échec, c’est alors que vous emploierez la Méthode de Heimlich : Retourner l’enfant plat dos et avec deux doigt (index et majeur) appuyez énergiquement vers le haut, avec la pulpe sur une zone se situant à la base du sternum (creux épigastrique) ou, si il est plus grand, assis sur vos genoux, son dos contre votre abdomen et votre poitrine (voir p. 28), mais, pour cette manœuvre, placer vos mains comme ci-après : vous enveloppez son thorax de vos bras, tout en mettant un poing fermé à hauteur de l’estomac (creux épigastrique) puis vous placerez l’autre main par-dessus ce poing. Vous exercerez alors de fortes tractions vers vous et vers le haut, afin de pousser la masse des viscères vers le haut, faisant ainsi remonter le diaphragme (voir p. 18, cas C) et favorisant ainsi une chasse très importante de l’air qui propulsera le corps étranger vers l’extérieur. Si il y a expulsion du corps étranger c’est l’apparition de la toux et la respiration reprend alors. Il faut parler à l’enfant, le rassurer ... Même si celui-ci va mieux et qu’il paraît tout à fait rétabli, demander toujours un avis médical, soit à votre médecin, soit si il est indisponible, aux services des urgences du centre hospitalier de votre lieu d’habitation ou en téléphonant au 18 (pompiers). Il s’agit d’un geste de premiers secours qui permet, si la première tentative (méthode de Mofenson) a échoué, la libération des voies aériennes chez l’enfant de plus de deux ans, mais aussi chez l’adulte. Nous la devons depuis 1974 au Docteur Henry J. Heimlich. Cette manœuvre est importante à connaître car elle peut éviter le pire lorsqu’un enfant, lors d’une fausse route, inhale un aliment trop important et solide (cacahuètes, viande non mâchée, bonbons, etc...) ou un objet (bille, élément de jeux ou autre...) Garder son calme, soyez attentifs et à l’écoute !, ce qui permettra à l’enfant de moins angoisser et rendre l’efficacité de la manœuvre plus facile. Le corps étranger pourra se dégager progressivement, voire rapidement au cours des différentes tentatives : Si l’enfant tousse, c’est que l’air circule, donc, observez l’évolution sans pratiquer d’emblée une autre manœuvre.

Troisième chapitre : La pathologie pulmonaire

Une précision importante : cette méthode sera exclusivement utilisée que si l’enfant est en état d’asphyxie, c’est à dire que la circulation de l’air ne se fait plus.

PRÉVENIR ET SOULAGER LA CRISE D’ASTHME

A

idez votre enfant en l’invitant à se relaxer en même temps que vous, en le massant, par simple contact de toute la main à hauteur du rein droit et dans le sens des aiguilles d’une montre, l’autre main à plat, à hauteur de l’estomac (plexus solaire), ou en appuyant fortement avec vos pouces de chaque côté de la colonne vertébrale, à deux travers de doigts (se référer à la largeur de ses doigts) entre la troisième et la quatrième vertèbre dorsale (cf. dessin p. 36). Dans ce type de contrainte respiratoire, dès les premiers signes d’essoufflement, prenez conscience du type de « sibilance » (à l’inspiration ou à l’expiration). Le premier pouvant être dû à un simple encombrement trachéal ou bronchique et, dans ce cas, une simple expiration active viendra à bout de cette gêne. Le second ou les deux à la fois traduisent un « bronchospasme » qui pourra être arrêté ou calmé par différents exercices contrôlant le travail diaphragmatique : siffler ou faire « chuttt »... le plus longtemps possible, « comme la maîtresse demandant le silence dans la classe » ou, mieux encore, prononcer la consonne « S » de la même façon. Cet exercice, en provoquant un freinage de l’air dans les bronches, permet une diminution du spasme bronchique, et par conséquent, une plus grande évacuation de l’air des alvéoles pulmonaires et favorisant une meilleure ventilation. D’autre part, le « bruit » qu’il fera avec sa bouche détournera son attention des « sifflements » bronchiques et lui permettra, entre autres, de mieux contrôler la régularité et le débit de son expiration. N’oubliez pas de lui demander de « rentrer » son ventre lorsqu’il expire. La respiration a le privilège d’être à la fois involontaire et contrôlable. C’est pourquoi la persévérance dans le contrôle de la respiration en cas de crise, surtout lorsqu’il est effectué dès son début, aura de grandes chances d’aboutir à un succès. On cherchera à annuler ou à diminuer le travail des muscles accessoires de l’inspiration (ceux qui servent, surtout au niveau des épaules, du cou, de la nuque et du thorax, à « ouvrir » davantage lors d’un effort), ce qui aura pour effet de diminuer la consommation d’oxygène dans une respiration qui a des échanges difficiles, mais aussi de libérer la respiration abdominale.

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EXERCICES

LA SIRÈNE DU BATEAU À la maison, lors des crises, mais intéressant à l’école pour calmer les enfants. En cas de crise d’asthme ou d’encombrement avec difficulté d’expectorer, demandez à l’enfant d’émettre le son « POMM » : comme la sirène du bateau qui rentre au port, bouche ouverte, puis de fermer progressivement la bouche, lèvres pincées et de sentir avec ses mains les vibrations émises, puis de transmettre ces vibrations à sa poitrine (cela détourne l’attention de l’enfant, diminue le bronchospasme par « freinage » de l’air, facilite l’expectoration). Position de la main : l’une sur le ventre pour contrôler la contraction abdominale, l’autre sur la poitrine pour « sentir » les vibrations.

LA CARPE

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En fin d’expiration, demandez à l’enfant d’aspirer rapidement par la bouche (cet exercice va permettre de l’éduquer dans l’inhalation – spray – des médicaments prescrits par le médecin), de maintenir un temps d’apnée inspiratoire, c’est-à-dire un arrêt respiratoire, puis, en se relâchant, de laisser « fuser » l’air lentement... (pschiii...). À faire faire plusieurs fois.

LES POINTS EN CRISE D’ASTHME

À deux travers de doigts de part et d’autre de l’espace entre la 3e et la 4e vertèbre dorsale (astérisques sur le dessin). Appuyez fortement avec les pouces.

EXERCICES

L’HARMONICA* Dans le même principe d’éducation à l’inhalation de produits médicamenteux par une « chambre d’inhalation », on demandera à l’enfant d’émettre des sons avec un harmonica. L’intérêt de cet instrument de musique est de pouvoir éduquer aussi bien l’expiration que l’inspiration. L’émission de sons de plus en plus longs permettant d’une manière très ludique d’aider l’enfant à rééduquer son souffle mais aussi d’être plus performant dans la prise de ses inhalations. NB. : bien entendu, par mesure d’hygiène, l’harmonica sera personnel et en aucun cas ne pourra être prêté à l’entourage.

LE TUNNEL Exercice permettant une libération des tensions vertébrales. Pour cela, mettre les bras en appui sur une table, soit croisés si la crise est « avancée », soit tendus, en réelle extension, si la crise vient de s’amorcer. L’étirement des muscles, inspirateurs accessoires – ceux dont il se sert habituellement lors d’un effort (course, etc.) – et de sa colonne vertébrale au niveau dorsal pourront là encore, en libérant la respiration abdominale, aider l’enfant à calmer sa crise.

On s’appuie sur une table ou un bord de fenêtre à hauteur de l’estomac et on siffle comme le serpent en faisant le « S » tout en rentrant le ventre. On inspire par le nez en relâchant le ventre qui se gonfle.

* « Ateliers du souffle », hôpital d’enfants de Nancy-Brabois.

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EXERCICES

LE JOUEUR DE FOOT N’avez-vous jamais observé sur un terrain de foot certains joueurs, essoufflés après avoir couru derrière le ballon, récupérer dans la position du goal attendant le ballon ? Comme l’exercice précédent, on recherchera l’immobilité de la ceinture scapulaire en posant les mains sur les genoux, légèrement fléchis, bras tendus. Je siffle comme le serpent en faisant le « S »tout en rentrant mon ventre. J’inspire par mon nez en relâchant mon ventre qui se gonfle. »

LE COCHER DE DILIGENCE 38

À la maison ou à l’école, excellente posture de relaxation. Toujours en cas de crise d’asthme. Faites asseoir l’enfant, pieds à plat et écartés ainsi que ses genoux sur lesquels il posera ses coudes, mains et tête pendantes. Il diminuera ainsi son effort inspiratoire : il a du mal à souffler et il s’efforce vainement de « prendre » l’air alors que ses poumons en sont pleins. Cette position libérera sa respiration abdominale, car elle favorise le relâchement de la musculature du thorax et de l’abdomen particulièrement contractée dans les crises d’asthme. Il respirera ainsi sans « à-coups » et le calme se rétablira petit à petit. Là aussi, je respire comme précédemment : « Je siffle en faisant le « S » en rentrant mon ventre. J’inspire par mon nez en relâchant mon ventre qui se gonfle. »

Assis, en appui sur les coudes, tête et mains tombantes, on aide la respiration à se calmer en se relaxant. Relâcher les muscles du visage, comme lorsque l’on a sommeil, relâcher les épaules, la tête, elles se font très lourdes ainsi que les mains. Plus elles se font lourdes, plus les sifflements disparaissent. Se laisser bercer par le mouvement lent du ventre. On est comme le cocher de diligence qui, sous son grand chapeau, s’endort au soleil, laissant ses chevaux le conduire...

D E U X I È M E PA RT I E

L’ORL Connaître et soigner les affections du nez, de la gorge et des oreilles

« J’ouvre des yeux énormes, j’écarte les narines et je dresse les oreilles. » Jules Vallès (L’enfant)

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PREMIER CHAPITRE

Quelques notions d’anatomie LE NEZ Le Triptyque O.R.L. « Nez, gorge, oreilles »

S

i l’ouïe est devenue moins sensible par l’excès de bruit, qui est quasiment constant, notre odorat « se perd ».

Au cours de son évolution, l’homme a, petit à petit, perdu l’odorat, sens, qui autrefois, lui permettait de suivre, au flair, les animaux qu’il chassait, de percevoir d’infimes variations climatiques, de choisir un chemin à travers la nature sauvage. Ses sens étaient parfaitement développés. L’odorat, puis le goût et le toucher (perceptions trop « viscérales » pour le petit d’homme de notre ère intellectualisée) se sont sclérosés peu à peu.

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DEUXIÈME PARTIE : L’ORL

Notre sens de l’olfaction est sans cesse agressé par la pollution, qu’elle soit apparente comme celle de l’automobile par exemple, ou plus subtile comme celle des parfums synthétiques : du désinfectant de notre salle de bains au bonbon que nous donnons à notre enfant. Et ce qui est naturel, en revanche, n’a plus d’odeur. Que sentent les fleurs de votre fleuriste ? Ces sens perdus sont devenus un langage et non l’expression d’un réel vécu. À telle enseigne que le mot « sentir » s’emploie bien plus au figuré qu’au sens propre. « J’ai senti qu’il avait du nez » (du savoir, de la connaissance). Ce senti, sensation perçue et exprimée, montre bien le rapport étroit de la ventilation nasale et de l’odorat avec certaines perceptions du corps, donc du comportement psychique de l’individu. 1 - Fosses nasales et cornets (supérieur, moyen, inférieur) 2 - Orifice de la trompe d’Eustache 3 - Amygdale pharyngienne (située dans le cavum ou rhino-pharynx) 4 - Langue 5 - Bulbe olfactif 6 - Sinus frontal 7 - Sinus sphénoïdal 8 - Voile du palais 9 - Cordes vocales 10 - Trachée 11 - Épiglotte 12 - Œsophage

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Voies aériennes supérieures Transformons-nous en « Tom Pouce » et installons-nous dans une particule d’air et d’oxygène en conservant en main le plan de la visite. En pénétrant par les portes de nos narines, notre merveilleux véhicule se trouve tout d’un coup épousseté et lavé sur toutes ses entournures comme notre automobile en lavage automatique dans une station-service. Brillant de mille feux, il nous entraîne dans nos fosses nasales (1) à l’intérieur desquelles il s’épanouit comme un véritable feu d’artifice, laissant à notre cerveau – comme le spectacle merveilleux qu’il a pu nous offrir quelques secondes – l’image des effluves dont il s’était chargé (région de l’olfaction : 5).

Premier chapitre : Quelques notions d’anatomie

Les fosses nasales Elles sont divisées en deux par une cloison osseuse et cartilagineuse et tapissées d’une muqueuse appelée pituitaire, constituée de cellules nerveuses richement vascularisées, ce qui explique l’importance des réactions inflammatoires face aux agressions infectieuses. La pénétration de l’air dans ces fosses nasales est tributaire des modifications de calibre que lui offrent les ailes du nez et de la muqueuse en se dilatant, modifications qui peuvent être inversées et donc provoquer les insuffisances dont nous avons parlé. Le réchauffement et l’hydratation de l’air sont tributaires des multiples vaisseaux tapissant cette muqueuse ainsi que du mucus qu’elle sécrète. Les cornets du nez (sorte de tunnel sur trois niveaux) sont tapissés d’une grande quantité de récepteurs nerveux qui permettent de déceler, surtout au niveau supérieur, toutes les variations et les propriétés de l’air grâce aux turbulences qu’ils provoquent. En empruntant différents canaux aboutissant dans ces fosses nasales, nous découvrons plusieurs sortes de diverticules, creusés dans les os de la face et du crâne : ce sont les sinus. Pour les plus courants : X les frontaux : juste entre les sourcils ; X les maxillaires : au-dessus des maxillaires supérieurs, à hauteur des pommettes du visage. Ce sont eux qui sont souvent mis en cause chez les enfants. C’est fréquemment leur manque d’aération ou une inflammation de la muqueuse voisine qui provoque la « sinusite ».

LE PHARYNX

R X

X X

etrouvons notre particule d’air et d’oxygène et laissons-nous entraîner vers notre pharynx, carrefour entre les conduits d’arrivée d’air et d’aliments, et réparti en trois étages : rhino-pharynx en haut, ou cavum (3) : nous y découvrons l’orifice des trompes d’Eustache ainsi qu’une amygdale (3) (de Lutchka), celle qui, chez l’enfant, est souvent hypertrophiée, donnant ainsi les végétations adénoïdes. En regardant le dessin, on voit très bien que cette hypertrophie peut obstruer totalement le passage de l’air et compromettre ainsi la respiration nasale : oro-pharynx au milieu ; laryngo-pharynx en bas.

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DEUXIÈME PARTIE : L’ORL

Le voile du palais C’est une « valve musculo-membraneuse » qui prolonge la voûte palatine et empêche la communication de la bouche avec la cavité nasale postérieure. Le voile peut prendre différentes positions comme, par exemple, la position horizontale lors de la déglutition et permettre alors de faire passer le moule alimentaire dans le pharynx en interdisant l’entrée des fosses nasales. La luette est l’appendice qui se situe en son milieu. De chaque côté du voile descendent deux colonnes ou piliers qui vont s’insérer en avant sur les côtés de la langue et en arrière sur le pharynx. Entre les deux, de chaque côté, se trouvent les amygdales palatines. Ces filières du voile, de par leurs formes, constituent « l’isthme du gosier » et jouent un rôle important dans la déglutition, mais aussi dans l’ouverture de la trompe d’Eustache.

LES OREILLES, LA TROMPE D’EUSTACHE 44

N

ous avons maintes fois vérifié le lien étroit entre le nez, la gorge et les oreilles, par exemple lorsque nous sommes en montagne et que nous montons ou que nous descendons. Il en est de même en plongée sous-marine. Nos oreilles se bouchent. La pression extérieure (altitude ou profondeur) pousse le tympan vers l’intérieur, ce qui le rend concave et douloureux, en fonction de la pression subie (en avion non pressurisé ou en plongée, il peut y avoir une perforation du tympan). Nous avons la sensation que nos oreilles se bouchent. Le même phénomène se produit lorsque nous passons rapidement en train sous un tunnel. Nous avalons alors notre salive ou nous soufflons dans notre nez que nous avons pincé pour le boucher ; c’est ce que l’on appelle la technique de Valsalva. La pression de l’air communiquée à la trompe d’Eustache par le rhino-pharynx jusque dans la caisse du tympan permet d’équilibrer la pression entre l’oreille externe et l’oreille moyenne, c’est la décompression et tout rentre dans l’ordre ; nous entendons à nouveau parfaitement. Ce lien, c’est la trompe d’Eustache, canal cartilagineux et osseux qui relie la caisse du tympan et le cavum. Sa première fonction est de s’ouvrir lors de la déglutition (mais aussi occasionnellement : le bâillement), ce qui permet une aération et une équilibration barométrique de l’oreille moyenne. Le relâchement musculaire et l’élasticité de la trompe d’Eustache permettent sa fermeture en dehors de la déglutition et du bâillement.

Premier chapitre : Quelques notions d’anatomie

Sa deuxième fonction est celle du drainage de la trompe. En effet, comme pour la muqueuse nasale ou pulmonaire, elle est tapissée de cellules sécrétant un mucus et de cils vibratiles battant dans le sens du cavum et permettant son épuration. Continuons à descendre et parvenons à notre « gorge ». C’est l’oro-pharynx où siègent les amygdales (palatines), celles que nous voyons lorsque nous ouvrons la bouche, de part et d’autre de la voûte palatine, le foyer de l’angine (8). Enfin, plongeons à la verticale en bifurcant vers l’avant, laissant derrière nous l’œsophage (12), caressant l’épiglotte au passage (11) et prenons la direction de la trachée (10). Nous arrivons dans le pharynx laryngé qui, comme son nom l’indique, est en contact avec le larynx, siège des cordes vocales (9) et enfin nous plongeons dans la trachée (10) et dans l’arbre bronchique jusqu’aux alvéoles pulmonaires.

À quoi sert votre nez ? Que diriez-vous à votre enfant s’il rentrait les pieds crottés de l’école, par une journée de pluie dans l’appartement entretenu avec soin ? « Essuie-toi les pieds avant d’entrer. » Il en est de même pour l’air que nous respirons. Il est chargé de particules de poussières et notre nez, les poils à l’intérieur de nos narines ainsi que le mucus sont là pour les arrêter. D’où l’intérêt déjà de nettoyer souvent le paillasson, donc de se moucher. Une fois filtré par ces poils et ce mucus protecteur, l’air vient se réchauffer et s’humidifier dans les fosses nasales – où les muqueuses sont richement innervées et vascularisées – informe notre zone olfactive par ses effluves et parvient enfin dans nos poumons à une température voisine de celle du corps. Imaginez maintenant que votre enfant rentre chez vous sans s’essuyer les pieds en laissant la porte et les fenêtres ouvertes : quel spectacle de désolation dans votre appartement ! C’est à peu près la même chose qui se produit à l’intérieur de ses poumons quand l’enfant respire par la bouche. Parallèlement, le défaut de ventilation de ses fosses nasales va entraîner une stase (un arrêt) des mucosités qui vont réduire les possibilités de défense de la muqueuse et favoriser ainsi l’infection. Celle-ci va modifier l’activité des cils vibratiles et diminuer le « mouchage postérieur », c’est-à-dire le mouchage intérieur. Face à cette agression, la muqueuse nasale va se congestionner, donc s’hypertrophier. C’est un véritable cercle vicieux qui s’installe, car la congestion de cette muqueuse entraîne à son tour l’obstruction nasale et celle-ci se complique des différents troubles que nous avons énumérés précédemment. Il en sera de même pour les bronches si l’encombrement gagne les poumons (rhinopharyngites « descendantes »). La stagnation des mucosités va favoriser la pullula-

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DEUXIÈME PARTIE : L’ORL

tion microbienne. L’encombrement bronchique deviendra purulent, déclenchant une hypercapnie (augmentation du gaz carbonique) et diminuant l’hématose (échange gazeux du sang dans les poumons), ce qui risque fort d’augmenter l’encombrement… et ainsi de suite. Vous comprenez à présent l’importance que revêt l’entretien de cette région.

LA BOUCHE, LES DENTS, LA LANGUE La bouche ou cavité buccale

C

’est une zone d’équilibre. Au repos et physiologiquement, elle se présente fermée en avant par la juxtaposition des lèvres, sur les côtés par les joues. Regardons notre bouche ouverte, devant une glace : elle est fermée en arrière par la base de la langue (11), du voile du palais et de la luette (8).

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Elle contient les arcades dentaires maintenues par des sangles musculaires, un peu comme les cordages du mât d’un voilier, elle constitue l’équilibre du visage, du crâne, et participe à l’équilibre harmonieux du corps.

Les dents Elles sont destinées à la mastication des aliments et jouent aussi un rôle important dans la phonation. Une mauvaise implantation dentaire est souvent tributaire du développement inharmonieux des maxillaires. Comme nous l’avons vu, elle peut avoir une grave répercussion au niveau nasal et réciproquement.

« Croquer la vie à pleines dents »

Une spécialité de la chirurgie dentaire, qui porte le nom d’Orthodontie, permet donc de corriger les défauts d’alignement des dents en exerçant sur chacune d’elles des forces de traction ou d’appui par un appareillage spécifique et des calculs extrêmement précis.

Premier chapitre : Quelques notions d’anatomie

En début de traitement, la plaque palatine ou « faux palais » (amovible), est souvent utilisé. Parfois, l’Orthodontiste peut ajouter une « cage à langue » dans le cas d’une succion du pouce (« grille » empêchant ainsi la protrusion de la langue sur les incisives). Lorsque le décalage entre les mâchoires est très important, le traitement multibagues, aidé parfois par la pose d’élastiques (appareil fixe) sera utilisé, associés à une éducation respiratoire, neuro-musculaire et orthophonique, traitement qui permettra à chaque dent de s’aligner ou de changer d’orientation ; il concerne souvent les deux arcades. L’ensemble de cette thérapeutique favorisera, entre autre, un rééquilibrage du visage mais aussi de l’équilibre du corps, la position de la mandibule conditionnant la position cervico-scapulaire. Ces déformations sont nombreuses et complexes. et, l’origine de ces défauts, par delà la succion du pouce, la déglutition primaire avec interposition de la langue entre les dents, peut être liée aussi à un facteur génétique. Les orthodontistes ont répertorié les malocclusions dentaires en trois « classes » : X Classe I : l’occlusion est quasi normale, ce qui n’empêche pas de trouver des dents de tailles diverses ou des rotations dentaires.

Béance antérieure

Béance latérale

Plaque palatine amovible

Cage à langue

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DEUXIÈME PARTIE : L’ORL

X

X

Classe II : la mandibule est plus courte que le maxillaire supérieur (rétrognathie) et l’orientation des incisives vers l’avant pourra par ailleurs créer une « béance antérieure ». Classe III : c’est le phénomène inverse, la mandibule est proéminente (prognathie).

La langue En dehors de son rôle primordial dans la déglutition et la phonation, elle conditionne par sa position l’évolution de la morphologie faciale de l’enfant. Elle est liée, en grande partie, à la perméabilité du nez. Prenons comme exemple la rivière en crue : elle sort de son lit, elle déborde lorsqu’il pleut ; il en est de même pour la pointe de la langue. L’enfant est enrhumé, il ne respire plus par son nez, sa langue quitte son lit (physiologiquement, le palais), et comme la rivière en crue, va rechercher le contact de la lèvre inférieure ou être carrément protrusive (voir lexique).

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Langue protrusive avec béance et proalvéolie supérieure

Des lèvres hypotoniques vont favoriser ce positionnement. La langue de vos enfants se trouve la plupart du temps en position horizontale, ce qui crée là aussi un frein à la respiration nasale, la langue obstruant à un degré plus ou moins important le carrefour aérien. Nous verrons à quel point cette position physiologique de la langue devra être aussi contrôlée lors de la déglutition. Nous « avalons » d’une manière réflexe près de 1 800 à 2 000 fois par jour, rarement de façon correcte, en conservant la déglutition-succion du nouveau-né. Une image pour faire comprendre : observons les pins au bord de la méditerranée… Ils sont tous tournés vers la mer. En grandissant, ils ont subi la poussée du mistral… Il en est de même pour nos enfants dont la langue pousse les dents durant leur croissance…

Premier chapitre : Quelques notions d’anatomie

Parfois l’enfant peut présenter un frein de langue très court, modifiant la déglutition, la rendant « infantile » puisqu’elle ne peut pas balayer la voûte palatine ce qui peut être à l’origine de malformations maxillo-faciales, mais aussi perturber certaines fonctions oro-faciales. La frénectomie* sera alors envisagé. Pour mémoire on peut aussi constater, parfois, un frein labial supérieur ou inférieur trop court. Si celui-ci n’est pas trop important, certains exercices pourront l’assouplir (la guenon p. 83). Depuis de nombreuses années les chirurgiens dentistes se sont penchés, par delà l’aspect héréditaire, sur un phénomène de société, la « malbouffe ». Conscient des méfaits de la nourriture industrielle (trop gras, trop salé, trop sucré, carencée la plupart du temps en sels minéraux, calcium, vitamines, Encombrement dentaire : Dysharmonie Dento-Maxillaire etc.), leur inquiétude s’est plutôt portée vers la manière dont nous mangions et particulièrement celle de nos enfants. Dès l’âge du berceau et par commodité pour les parents qui travaillent, bon nombre de ceux-ci ont nourri leur progéniture d’aliments en petits pots, rien de grave à cet âge, mais dès lors où les enfants passent au stade de la « mastication » (2/3 ans), ils continuent à les nourrir de plats surgelés, souvent très mixés, entretenant chez eux une déglutition « primaire » (succion). Les mâchoires, ne se développent alors pas normalement (atrésie des maxillaires) et, lors de la croissance, les dents ne trouvent plus leur place, sans compter que lors de la déglutition l’enfant continue à se servir de sa langue comme un instrument de succion (pouvant créer par exemple Palais ogival un « palais ogival »).

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DEUXIÈME PARTIE : L’ORL

Par-delà l’encombrement dentaire, la langue peut faire des ravages, créant une mauvaise occlusion ! L’articulé dentaire se trouve, en effet, perturbé par la force d’occlusion qui s’exerce pendant la mastication et la déglutition et d’autre part par la force d’éruption les dents qui lors de leur croissance, vont rencontrer leur contact antagoniste. Celles-ci étant désorganisées, il y aura la mise en place, par exemple, d’une « supraclusion » (recouvrement excessif des incisives inférieures par les incisives supérieures). Rien d’étonnant que cette spécialité se développe avec succès, au grand soulagement de tous, afin de réorganiser cet instrument si nécessaire à notre équilibre alimentaire et à la croissance de nos enfants !

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Appareil dentaire à bague

Plaque palatine

LE LARYNX – LA VOIX « La voix doit venir du ventre. » Okada

Importance de l’air dans la parole

L

a voix est comme un instrument à vent. Elle est composée d’organes phonatoires dont l’élément essentiel est le larynx qui contient les cordes vocales. Toute la sphère ORL est aussi concernée (un peu comme un violon ou un luth) puisqu’elle va constituer la caisse de résonance (oro-pharynx, rhino-pharynx ou cavum, etc.).

Premier chapitre : Quelques notions d’anatomie

Par ailleurs, la langue, le voile du palais et la mâchoire inférieure (mandibule) constituent un élément essentiel, car ils modifient, en fonction de leur position, la qualité de la voix (comme la position des doigts du violoniste). La respiration fournit la pression nécessaire à la vibration des cordes vocales. En règle générale, il suffit d’une capacité respiratoire moyenne pour parler (un demi-litre d’air suffit), c’est-à-dire émettre des mots pour communiquer. Néanmoins, le rythme de la respiration permet, en fonction de notre capacité respiratoire, de ponctuer notre discours. La durée de l’expiration varie constamment. Le développement d’une respiration costale et abdominale est donc nécessaire pour parvenir à une bonne dynamique vocale, aussi bien dans la voix parlée que chantée.

Les troubles de la voix L’aphonie est le trouble le plus rencontré du nourrisson, dont les cris ont rendu la voix rauque, au jeune enfant qui, dans la cour de l’école, à la récréation, aime exprimer sa participation aux jeux en criant. Mais on rencontre aussi les problèmes infectieux débutant par l’enrouement et évoluant très vite vers l’aphonie. En effet, les rhino-pharyngites à répétition, les sinusites, les trachéites spasmodiques, les angines, le reflux gastro-œsophagien, peuvent affaiblir l’enfant et l’obliger à un effort laryngé. L’encombrement muqueux purulent a également des effets négatifs sur la caisse de résonance (voix voilée, nasillarde, etc.). Par ailleurs, les volumes thoraciques, oro-pharyngé et rhino-pharyngé (fosses nasales, cavité pharyngienne, cavité buccale) modifient leur caisse de résonance en se développant. Différents auteurs précisent que 50 % des enfants souffrent de dysphonie entre cinq-six ans et la puberté, en dehors de perturbations particulières, comme la mue par exemple. Si votre enfant a subi une intervention chirurgicale (végétations adénoïdes ou amygdales), vous avez pu constater les difficultés qu’il pouvait avoir ensuite à s’exprimer. Sa voix est « nasillarde » et il n’ose pas parler. Le même type de troubles de la résonance existe chez des enfants présentant des déformations (rhino-pharynx trop petit, voûte palatine ogivale, etc.). Ces symptômes peuvent traduire des troubles de l’audition ou être liés à une déshydratation passagère des muqueuses durant la nuit si l’enfant dort la bouche ouverte. En outre, une situation qui trouble et intimide celui-ci (récitation d’une leçon, interrogation au tableau à l’école...) se manifeste par une voix voilée, un enrouement passager.

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DEUXIÈME PARTIE : L’ORL

Enfin, il nous paraît important de souligner la place prépondérante de la respiration et du contrôle de la tonicité dans le bégaiement. Il y a deux types de bégaiement : phonique ou clonique. Afin d’éviter l’installation d’un comportement obsessionnel, on peut induire un changement de comportement moteur mais aussi psychologique et linguistique à travers un contrôle du souffle indirect. On pourra par exemple demander à l’enfant ou à l’adolescent d’échanger avec l’adulte un discours calme et monocorde, favorisant une baisse de la tonicité périphérique (mouvement de la tête, crispation du visage, des membres, agitation parfois généralisée), de la tonicité pharyngienne et du mécanisme respiratoire qui est, en fait, la clé du bégaiement. On pourra par ailleurs lui demander de lire un petit texte imagé (la représentation d’images paisibles renforçant le calme recherché). La relaxation psychomotrice a une place essentielle dans ce domaine. Si votre enfant présentait un problème de cet ordre qui, malgré vos efforts, semble insurmontable, consultez l’orthophoniste ou le (la) psychotricien(ne) qui sauront en venir à bout.

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DEUXIÈME CHAPITRE

Les manifestations pathologiques en ORL LES ENTRAVES À UNE BONNE RESPIRATION « Le voilà donc ce nez qui des traits de son maître a détruit l’harmonie ! Il en rougit, le traître ! » Edmond Rostand : Cyrano de Bergerac

Les causes restrictives

L

a pénétration de l’air est alors limitée par des causes mécaniques dont l’origine peut être infectieuse ou traumatique, génétique, parfois ethnique ou embryologique, mais parfois aussi psychologique, et dont les plus courantes sont :

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DEUXIÈME PARTIE : L’ORL

X

X X

une déviation de la cloison nasale et, parfois, une asymétrie maxillo-faciale ou mandibulaire (en langage clair, un mauvais développement des mâchoires et de certains os du crâne) ; des narines peu développées et inactives ; un thorax étroit et peu développé diminuant la capacité respiratoire.

Par quel mécanisme ces entraves peuvent-elles s’installer ou évoluer ? La peau « contient » notre corps : constituée de propriocepteurs, c’est-à-dire de terminaisons nerveuses extrêmement sensibles que l’on retrouve aussi dans nos muscles, nos tendons, nos articulations, elle renvoie à notre cerveau les tensions, les pressions, etc. ; ce peut être aussi le fait d’éléments « mécaniques » (tendons, articulations, muscles), de l’attitude que nous prenons, de mouvements que nous effectuons. Une adaptation et un rééquilibrage s’ensuivent.

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Nous découvrons à quel point ces « afférences » (voir lexique) peuvent, dans certains cas, modifier notre corps. Pour mieux comprendre, prenons un exemple simple, celui du caillou dans un soulier qui va entraîner une rétraction du pied, donc une mauvaise démarche et une nouvelle attitude de la charpente osseuse. Une mauvaise chaussure pourrait finir par fixer un défaut (voir § « Se sentir droit »). La position de la mâchoire inférieure (mandibule) et de la langue va influencer la position du voile du palais et du pharynx, donc l’équilibre de l’oro-pharynx et la respiration nasale. Le nez bouché va être remplacé par la bouche et entraîner à la longue une perte des afférences (sensations) physiologiques de la langue, une mauvaise déglutition et une déformation du palais (de rond à l’ogival). Chez l’enfant asthmatique, les contraintes de la respiration modifient le thorax et le profil facial. Si l’enfant s’habitue à respirer par la bouche, l’équilibre de sa sphère ORL est rompu et entraîne un grand désordre avec répercussions sur l’ensemble de son corps. « La position de la mandibule est liée directement à celle de la tête et donc indirectement à la statique générale de l’enfant » (Gudin). D’où l’importance d’une bonne position de la langue au palais, favorisant l’agrandissement du pharynx et une bonne ventilation. Une origine psychologique est également possible à ces déformations (dysmorphoses), généralement à base de mimétisme. Un enfant adopté voudra ressembler à ses parents. Un autre voudra ressembler à son idole, à son héros favori. Un autre voudra imiter le tic d’un membre de sa famille. Si le visage des parents adoptifs, du héros favori ou d’un membre de leur famille est déséquilibré (par exemple, avec une poussée de la mâchoire en avant), l’enfant va créer lui-même sa déformation.

Deuxième chapitre : Les manifestations pathologiques en ORL

Les causes obstructives Elles siègent la plupart du temps au niveau des fosses nasales (les cornets) et du rhino-pharynx ou du cavum (voir § « Quelques notions d’anatomie », p. 41). L’atteinte de l’un de ces organes entraîne des réactions en chaîne sur tout le voisinage, poumons compris. En effet, la muqueuse qui tapisse ces régions a un rôle purificateur, humidifiant et réchauffant. Sa fragilité l’expose sous l’influence de facteurs agressifs, irritants ou allergènes (voir lexique) à s’infecter, à s’hypertrophier (épaississement de la muqueuse). Chez l’enfant, parmi les éléments les plus responsables, nous trouvons les végétations adénoïdes ou les amygdales hypertrophiées (angines), les rhino-pharyngites, les otites, les sinusites et les trachéites. ↗ LES VÉGÉTATIONS ADÉNOÏDES HYPERTROPHIÉES

Combien de fois avez-vous entendu : « ce petit devrait voir un docteur » ou « parlez-en à votre médecin, c’est sûrement les végétations ou les amygdales » ! Bon conseil ! En effet, la filière nasale devient plus étroite à partir du cavum, région mieux connue sous le nom de rhino-pharynx (voir § « Quelques notions d’anatomie », p. 41) car à ce niveau siège une amygdale (pharyngienne) qui, en s’hypertrophiant, donne les végétations adénoïdes (à l’inverse, elles s’atrophient pour disparaître en général à la puberté). Mais, entre-temps, elles peuvent constituer un frein considérable à la respiration nasale, obstruant quasiment tout le rhino-pharynx et entraînant les déformations que nous avons déjà expliquées. Elles peuvent aussi être un excellent foyer d’infection, tout d’abord local. L’orifice de la trompe d’Eustache se trouvant à proximité, cette infection locale peut se propager à l’oreille moyenne et donner une otite aiguë ou séreuse, pouvant devenir chronique et entraîner parfois une surdité. En outre, l’enfant pourra se plaindre des yeux car il existe une relation étroite entre les fosses nasales et le canal lacrymal. Observez un enfant enrhumé : ses yeux sont congestionnés. Cette infection locale pourra entraîner, entre autres, une formation de polypes (petites excroissances bénignes) qui atteignent surtout les enfants d’âge pubertaire et leurs aînés et qui, très souvent, siègent au niveau des sinus maxillaires et s’étendent jusqu’au cavum, obstruant les fosses nasales. ↗ LES RHINO-PHARYNGITES

Elles peuvent être isolées ou descendantes, c’est-à-dire venant ensemencer les poumons (bronchites), ou encore hypertrophier les amygdales palatines (celles que l’on perçoit de chaque côté du fond de la gorge). Ces dernières ont un rôle immunitaire très important, elles permettent, entre autres, de lubrifier ce que nous avalons. Elles sont le siège des

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DEUXIÈME PARTIE : L’ORL

angines, affections parfois pathologiques qui, non traitées énergiquement, peuvent être à l’origine d’affections rénales ou cardiaques, plus particulièrement chez l’enfant, de rhumatisme articulaire aigu. Dans des cas très précis, le diagnostic du médecin se fera en faveur d’une ablation de ces organes( amygdalectomie) mais souvent, le foyer d’origine étant traité (ablation des végétations), tout rentre dans l’ordre. Cette infection entretenue par les végétations anédoïdes peut devenir chronique et entraîner à la longue une anosmie (voir lexique). En effet, la situation des cornets du nez crée, lors du passage de l’air, des « turbulences » qui favorisent la stimulation de l’odorat et permettent grâce aux molécules odorantes qui se solubilisent dans le mucus, l’analyse de toutes les qualités et de toutes les variations du contenu de l’air transmises au cerveau par les neurones olfactifs. Le manque de stimulation de cette zone olfactive (le bulbe olfactif dont les ramifications nerveuses passent au travers de la lame criblée de l’ethmoïde) peut avoir un retentissement psychique important : l’enfant sera fatigué, triste. À l’école, ses fonctions intellectuelles seront diminuées. Il aura du mal à suivre.

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Le conditionnement incomplet de l’air entravera les autres fonctions comme celles d’avaler, de mastiquer… se répercutant ainsi désavantageusement sur son alimentation donc sur sa croissance. Certains de ces jeunes enfants, impotents nasals, sont boulimiques. Nous savons bien que le nez est l’organe régulateur de notre estomac. Si l’enfant a le nez libre, il mangera plus lentement pour mieux apprécier le goût, et pourra ainsi recevoir le message de satiété. Nous voyons à quel point le goût et l’odorat sont intimement liés. Les œnologues vous diront « qu‘ils gouttent avec leur nez ».Une personne présentant une anosmie peut donc dans plus de 80 % des cas se retrouver avec une perte du goût !... Ainsi sont en cause tous les processus inflammatoires des fosses nasales dont les plus fréquemment rencontrés sont les rhinites, les pharyngites, ou les deux associés (rhino-pharyngites). ↗ LES OTITES

L’otite séreuse est l’une des plus fréquentes dans la petite enfance (trois-quatre ans). Elle se caractérise par un écoulement plus ou moins épais et visqueux. On la retrouve souvent associée aux rhino-pharyngites. Elles sont souvent liées, comme pour toute la pathologie ORL, aux conditions de vie actuelle, pollution, chambres d’enfant trop chauffées. Si elles ne portent pas à conséquence et disparaissent souvent

Deuxième chapitre : Les manifestations pathologiques en ORL

rapidement, elles peuvent, néanmoins, avoir une évolution plus ennuyeuse. C’est l’otite séromuqueuse. Le mouvement des cils vibratiles ne permet pas d’évacuer le liquide séromuqueux. Il forme alors une stase dans l’oreille moyenne et cette stase amène ce liquide à se surinfecter et provoquer des otites moyennes aiguës suppurées. Le tympan ne peut plus assurer sa fonction. On parle alors d’hypoacousie. L’enfant n’entend plus ou entend mal. À l’école, il sera « ailleurs ». Parfois s’installeront des troubles du langage. La répétition de ce type d’affections amène la muqueuse de la trompe d’Eustache à s’épaissir. La dépression de la caisse du tympan renforce la fermeture de la trompe. Il s’installe donc une véritable chronicité. Les exercices proposés plus loin (p. 63 et suivantes) ont pour but de favoriser l’ouverture de la trompe d’Eustache et de la libérer ainsi de son encombrement. Si ce n’était pas le cas, le médecin ORL pourra poser des « diabolos » ou drains afin d’aérer la caisse du tympan avec la recommandation de porter des « bouchons lors de bain ». Il est très important de prendre soin des oreilles comme du reste et d’observer l’enfant. Une surdité pourra être ainsi dépistée à l’école ou à la maison. Attention aux gifles qui pourraient perforer un tympan mais aussi, dans un autre domaine, et pour les mêmes raisons, au coton-tige.

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Inflammation et/ou infection de la muqueuse rhino-sinusienne Elle provoque un gonflement de la muqueuse bloquant l’orifice de drainage sinusien ; elles peuvent être chroniques ou aiguës, et s’accompagnent, lors d’infection microbienne ou virale, de mucosités purulentes. Souvent maxillaires (à hauteur des pommettes) chez le « grand enfant » (en effet, il faudra attendre la fin de la préadolescence pour que tous les sinus soient formés), elles peuvent entraîner, si elles ne sont pas traitées, ne serait-ce que par un mouchage fréquent, associé à des lavages de nez, une « dilatation des bronches » par l’écoulement de mucus épais et purulent sécrété par les sinus irrités (n’oublions pas qu’il s’agit d’une muqueuse ciliée, identique à la muqueuse pulmonaire). La rhinite allergique proprement dite, a de nombreuses origines : X elle peut être « périodique » ou « saisonnière » (au moment de la pollinisation par exemple) X liée à d’autres facteurs allergisants comme par exemple, les moisissures, les acariens, la poussière de maison, etc. X mais aussi alimentaire ou médicamenteuse

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X

enfin, son origine peut être aussi liée à des phénomènes vasomoteurs, parfois psychosomatique, ou sans cause particulière.

↗ LES TRACHÉITES – L’ENROUEMENT OU L’APHONIE

Ils sont occasionnés par les coulées parfois purulentes du mucus le long de la gorge (paroi postérieure du pharynx) et sur les cordes vocales. L’aphonie peut venir d’un défaut de résonance des fosses nasales infectées. À la longue, progressivement, ces manifestations altèrent le développement psychophysiologique de l’enfant, d’autant que des troubles digestifs peuvent s’y associer. Toutes ces inflammations et infections où pullulent les germes microbiens risquent d’évoluer vers une infection de la trachée et des bronches, favorisant la récidive de trachéites et de bronchites pouvant devenir asthmatiformes. Il est bien évident que le jeune enfant acquiert au travers de ces différents épisodes infectieux une certaine immunité, à condition que cette infection soit exceptionnelle et non chronique.

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↗ COMMENT PEUT S’INSTALLER UNE DÉFORMATION THORACIQUE CHEZ L’ENFANT ?

Tentons l’expérience suivante : notre enfant est torse nu, face à nous. Nous lui bouchons le nez et, bouche fermée, nous lui demandons d’essayer de respirer. Que se passe-t-il ? Nous constatons que l’entrée de l’air ne pouvant s’effectuer, il y a dépression de la cage thoracique qui va « s’enfoncer » en son centre. Étant donné que, lorsque nous dormons, la respiration physiologique est normalement nasale, l’obstruction nasale va entraîner un déséquilibre respiratoire oscillant de la respiration buccale à la respiration nasale et provoquant le ronflement, frein considérable et mutilant quand il devient chronique. C’est dire toute l’importance de l’hygiène nasale et respiratoire chez nos enfants. Cette prise de conscience va ainsi nous permettre de lutter efficacement contre les infections, les déformations et les troubles du psychisme. ↗ OBSTRUCTION NASALE, RONFLEMENT ET APNÉE DU SOMMEIL

Chez les enfants, l’obstruction ou la congestion nasale et l’hypertrophie des végétations peuvent créer un ronflement et donc parfois un syndrome d’apnée du sommeil. Après l’ablation des végétations adénoïdes et/ou des amygdales, dans la plupart des cas, le problème disparaît.

Deuxième chapitre : Les manifestations pathologiques en ORL

Il est à noter néanmoins que la relation entre l’obstruction nasale et le ronflement semble plus complexe, dès lors où la position de la mâchoire inférieure, peu développée, de l’enfant (cf. orthodontie) va favoriser une obstruction pharyngée (par sa langue qui se collabe sur le pharynx) durant le sommeil. Parfois, une chirurgie du nez chez les ronfleurs ou apnéiques « donne des résultats très variables selon les causes d’obstruction (anomalies osseuses, obstruction nasale, anomalies des muqueuses, nez bouché « subjectif » ou inconfort nasal, parfois séquelles chirurgicales...) et selon les traitements proposés ». Elles sont donc considérées, par beaucoup d’auteurs, « comme un cofacteur et non pas comme un facteur de risque qu’il y est ou non une obstruction nasale, la respiration buccale peut entrainer, même chez l’enfant, des apnées du sommeil... » N’oublions jamais que l’air est le premier « médicament » pour traiter la muqueuse nasale ! Une hygiène de vie (alimentaire, éducative, respiratoire, sportive...) permettra une nette amélioration. Un enfant qui respire bien est avant tout un enfant qui sait se servir de son nez. Car, d’une façon ou d’une autre, simple hygiène respiratoire ou intervention chirurgicale pour libérer le conduit nasal, « on lui rend la voie nasale, mais il ne sait pas l’utiliser. C’est un instrument inconnu que vous lui mettez entre les mains et dont il ignore la manière de se servir » (Lermoyez).

LE MOUCHAGE

L

’enfant qui ne sait pas se moucher a tendance à renifler, gêné par l’écoulement de son nez, reniflement qui peut être responsable d’une pression négative dans l’oreille moyenne et d’une rétraction du tympan.

Comme nous l’avons déjà dit, nous devons donc à tout prix établir un libre passage de l’air dans le nez de l’enfant. Commençons donc par éliminer tous les facteurs pouvant provoquer des entraves fonctionnelles, en commençant par ne pas utiliser dans le nez, de façon systématique et sans avis médical, de gouttes ou de vaporisateur médicamenteux. Conformons-nous à la prescription du médecin ou du pédiatre de l’enfant. Nous sommes souvent tentés, lorsque le nez est bouché, de mettre des gouttes et même « un peu plus de gouttes », sans savoir que plus on en met, plus le nez se bouche…

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Tentons plutôt de faire avec lui les quelques exercices pratiques et simples qui suivent. Quand doit-on se moucher ? Je pourrais vous poser la question sous une autre forme : quand entretenez-vous votre appartement ? Attendez-vous que la poussière se soit accumulée pour faire le ménage ? Il en est de même pour le nez de votre tout petit, le vôtre aussi. N’attendez pas d’être enrhumé pour vous moucher. Chaque fois que vous faites votre toilette, pensez à nettoyer votre nez, même s’il vous paraît propre. Cela vous permettra d’éliminer les poussières et d’éduquer votre souffle. Veillez à ce que votre enfant ait toujours sur lui un mouchoir. « Où est ton mouchoir, Florence ? – Je l’ai dans mon manteau. » … Et le manteau est au vestiaire ou est resté dans la voiture… Un mouchoir qui, bien souvent, est entortillé et sale, ce qui ne fait qu’entretenir l’infection chaque fois que l’enfant le porte à son nez… Veillez donc à le changer chaque jour ou faites en sorte qu’il se trouve dans une poche de pantalon ou de robe pour que l’enfant l’ait toujours sur lui.

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Les mouchoirs en papier me paraissent être plus pratiques… mais il faut apprendre à l’enfant à les jeter après usage.

Apprentissage du mouchage...

Je sais maintenant me moucher seul !

Deuxième chapitre : Les manifestations pathologiques en ORL

Comment se moucher ? Une narine après l’autre en diminuant le calibre de la narine que l’on nettoie au fur et à mesure qu’elle nous apparaît propre. En effet, les mucosités ou les poussières tapissent les parois et l’on a souvent l’impression d’avoir le nez propre alors qu’il est encore encombré. Vous obtiendrez ainsi un parfait nettoyage. Si l’enfant est très enrhumé, demandez-lui, en le mouchant, de se boucher les oreilles, il diminue ainsi les pressions au niveau de sa trompe d’Eustache et évite une douleur tympanique, car la caisse du tympan est en rapport avec la caisse formée par le cavum.

Comment moucher le nourrisson ? La désobstruction rhinopharyngée. Passé le temps héroïque où l’on aspirait les mucosités à travers un mouchoir en papier, nous conseillons vivement aux parents d’utiliser le mouche-bébé qui permet un drainage très efficace, surtout si les mucosités ont été préalablement humidifiées.

Aspirateur nasal

Mettre, sans le comprimer, un morceau de coton dans le bouchon d’aspiration. Introduire l’embout nasal dans la narine et aspirer par l’embout buccal. Dans le cas d’infection importante, il y a possibilité d’introduire au fond du réservoir un coton imbibé d’un liquide antiseptique conseillé par votre médecin ou votre pharmacien. Si l’aspirateur nasal (Belvital ou autre) aide beaucoup de parents à désobstruer le nez de leur enfant, il peut arriver que ce nettoyage ne suffise pas, car l’encombrement est postérieur.

Recueil des mucosités chez le nourisson

Vous pouvez alors l’aider en comprimant une partie du cou (entre le menton et la glande thyroïde avec la pulpe du pouce tandis que la paume de la main et les doigts reposeront délicatement sur le côté du visage de l’enfant.

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Cet appui pourra se faire de deux façons : 1. soit dans l’optique d’un mouchage postérieur. Vous choisirez alors la fin de l’expiration pour comprimer, par à-coups, le dessous de la langue, la bloquant ainsi sur le palais et favorisant la vibration du voile et le nettoyage du rhino-pharynx ; 2. même appui, mais la compression se fera sur le sommet de l’inspiration, provoquant ainsi une chasse de l’air importante par le nez. L’enfant mouche alors « normalement » avec votre aide. NB. : attention, il ne s’agit pas de fermer la bouche à l’enfant, ce qui l’amènerait à un reniflement et non à cette vibration du voile et qui serait psychologiquement éprouvant ! La trompe d’Eustache de l’enfant est horizontale jusqu’à l’âge de cinq-six ans, où elle effectue une rotation. Cette horizontalité peut, lors d’un reniflement, provoquer une otite par ensemencement de la trompe. Si l’enfant tousse pendant ces différentes manœuvres, il nous sera possible de faire remonter et sortir les sécrétions en comprimant rapidement, plusieurs fois, avec le pouce la partie du cou, juste en dessous du menton pour amener les crachats du fond de la gorge aux lèvres.

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EXERCICES

LE JEU DU MOUCHOIR Les enfants sont assis en cercle. L’un d’entre eux reste debout et tourne autour du cercle. Il doit déposer derrière le dos de l’un de ses petits camarades un sachet de mouchoirs en papier. L’enfant choisi, trouvant derrière lui la poche de mouchoirs, doit se lever et tenter de rattraper celui qui l’a déposée avant que celui-ci n’arrive à lui « chiper » sa place assise. Celui qui est rattrapé ou n’est pas arrivé à rattraper l’autre doit alors prendre un mouchoir dans le sachet et se moucher « correctement » devant les autres.

LA TOILETTE DES FOSSES NASALES Elle a pour but de faire acquérir (à votre enfant comme à vous-même d’ailleurs) un développement de la respiration nasale et pulmonaire, même si, après une opération (amygdales ou végétations) ou une désensibilisation (après une allergie), les conduits paraissent libérés. Car il n’est pas rare que quelques semaines ou mois après l’opération, le cercle vicieux de l’infection chronique s’installe à nouveau. C’est pourquoi il faut rééduquer l’enfant à la respiration. Après une journée de jeux, vous invitez votre enfant à se laver, pour que les pores de sa peau redeviennent perméables. Ces gestes de la toilette vont aussi l’amener – et c’est très important – à prendre conscience de son corps : les réflexes provoqués par l’eau favorisant cette conscience tactile (nous en reparlerons au sujet du toucher). Il faut avoir les mêmes principes d’éducation concernant la respiration. Car l’irrigation du nez et du cavum, et en cas de besoin de la gorge, avec du sérum physiologique (voir plus loin ce qu’est le sérum), permet : X un nettoyage fort appréciable des fosses nasales ; X une stimulation de la muqueuse nasale, développant ainsi l’odorat et les facultés intellectuelles. En effet, l’action de l’eau sur les muqueuses nasales va permettre une stimulation des terminaisons nerveuses qui s’y trouvent et agir de ce fait comme une véritable « sympathico-thérapie ». Un médecin du début du siècle, le Dr A. Leprince, après le Dr P. Bonnier qui dressa une cartographie nasale (comme en acupuncture, des points ont été répertoriés), souligna l’importance du système neuro-végétatif dans la pratique des touches nasales. Il l’appela « Le grand guérisseur de l’organisme ». Par ailleurs, le cinquième nerf crânien, dont les terminaisons aboutissent dans les fosses nasales, a une grande importance en ce qui concerne notre travail ; sa fonction est double : il est sensitif pour la face, le front, le nez, la bouche, la partie antérieure de la langue et les dents (certaines névralgies faciales sont en relation avec ce nerf) ; il est moteur pour les muscles de la mastication. Rien d’étonnant à ce que nos enfants et nous-mêmes éprouvions une sensation eupnéique (sensation d’éveil, de mieux respirer, de bien-être général), après une irrigation, d’autant que cette dernière va favoriser étonnamment la concentration !

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EXERCICES

LE NETI – LA PIPETTE – LE SÉRUM PHYSIOLOGIQUE Le nettoyage peut être réalisé avec ces trois objets ; pour les jours de bousculade ou lorsque le temps manque ou encore si l’enfant est trop petit, nous conseillons le Sterimar (eau de mer en aérosol) ou tout autre sérum physiologique en dosette ou en aérosol. La pratique du Neti nous vient vraisemblablement de l’Inde où, depuis des siècles, on l’emploie. C’est un petit récipient en forme de théière (Kafa) permettant une irrigation des fosses nasales (voir p. 161).

Sérum physiologique

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La pipette, version occidentale du Neti, est un petit tube de verre ou en plastique, renflé en son milieu et effilé à sa partie supérieure et inférieure. Elle sert habituellement soit de compte-gouttes, soit de tâte-vin… Il est vrai que d’un parfum ou d’une liqueur, le nez n’est guère loin !

LA PIPETTE Les souffleurs de verre ont transformé la pipette classique pour en faire un instrument ad hoc. Toujours nantie d’un gros ventre mais avec, comme embout, un léger renflement permettant lors de son introduction dans la narine une obstruction parfaite. On l’utilise dans certaines stations thermales (Luchon, Cauterets, Eaux-Bonnes, Cambo-Les-Bains). C’est donc avec ces objets que l’on va faire circuler dans les fosses nasales le sérum physiologique que l’on prépare de la façon suivante : X faites tiédir un peu d’eau minérale (Volvic ou Évian par exemple, ou toute autre eau ayant les mêmes propriétés) à la température approximative d’un biberon, avec un peu de sel (comme pour saler du potage) ; X utilisez de préférence du sel marin non raffiné en proportion d’une cuillerée à café rase pour un demi-litre d’eau. N.B. : Dans l’idéal cette préparation doit être à température et au goût de chacun, évitant ainsi toute douleur (trop chaud, trop froid ou trop ou pas assez salée).

EXERCICES

COMMENT PROCÉDER ? Une fois que votre enfant s’est mouché correctement, faites circuler l’eau salée d’une narine dans l’autre. Placez sa tête suffisamment inclinée sur le côté et légèrement en avant afin d’éviter un écoulement dans l’oreille (conduit de l’oreille moyenne), ce qui pourrait lui faire mal. Pendant ce temps, l’enfant doit garder la bouche ouverte avec laquelle il respirera (exceptionnellement). L’eau doit couler comme d’une fontaine pénétrant dans une narine, circulant de l’une à l’autre, baignant les fosses nasales et entraînant les mucosités par l’autre narine. Faites-lui ensuite expulser l’air et l’eau violemment par le nez (avec les deux narines à la fois), en tournant la tête à droite, à gauche, vers le bas, le haut, etc. Procédez de la même façon avec l’autre narine.

La pipette

Il est en effet très important de bien assécher les narines et les fosses nasales.

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KÉ-KÉ-KÉ OU LA MACHINE À LAVER LE LINGE » ! NETTOYAGE DU CAVUM ET DE LA GORGE. Placez la tête de votre enfant bien en arrière et faites-lui prononcer pendant tout l’exercice : « ké, ké, ké… » sans discontinuer, en versant un peu de sérum physiologique dans une narine puis dans l’autre. Lui faire comprendre qu’en pratiquant de cette façon il fait tourner l’eau au fond de son nez et de sa gorge, « comme le tambour de la machine à laver le linge ». Alors seulement, en se penchant rapidement en avant, votre enfant expulsera l’air et l’eau par les deux narines. Recommencez de l’autre côté. Demandez-lui ensuite de respirer rapidement par le nez, d’abord la

EXERCICES

tête en arrière, puis droite, et enfin en avant. Une pause de quelques instants, la tête droite, les yeux fermés, sera respectée pour permettre à l’enfant d’apprécier la sensation agréable et confortable que lui procure ce nettoyage. Cette respiration rapide se fera les dents serrées, lèvres pincées, langue au palais. Ces exercices sont très rapidement faits dès que l’habitude en est prise. Ils pourront être complétés par l’exercice du « gorille ». D’une façon générale, apprenez aussi à votre enfant à se gargariser. Certaines amygdales sont cryptiques, c’est-à-dire constituées de petites cavités, et le gargarisme permet un excellent nettoyage de ces régions. En cas de surinfection de ces zones (angine ou rhino-pharyngite par exemple), votre médecin pourra vous conseiller d’utiliser un bac à lavement et un embout assez étroit ou un appareil à jet de nettoyage dentaire à très faible pression (cf. Thermalisme pp. 103-104). Après ces ablutions, l’enfant pourra (dans la même journée) faire une véritable purge de son rhino-pharynx en faisant des exercices de la langue et des mouvements de déglutition. Pour le nourrisson On emploiera le Sterimar (ou autre) ou une solution nasale de chlorure de sodium en ampoule (en pharmacie). Le mouchage s’effectuera avec l’aide d’un mouche-bébé Belvital (voir § « Le mouchage », p. 61).

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HYGIÈNE

NASALE E T R É É D U C AT I O N T U B A I R E Cette kinésithérapie de la trompe d’Eustache est mal connue et donc peu utilisée... Pourtant, elle permet d’améliorer considérablement la ventilation de l’oreille moyenne (caisse du tympan, trompe d’Eustache), par un travail plus spécifique des muscles impliqués dans l’ouverture de la trompe. Ces exercices pourront être complétés par des manœuvres « d’auto insufflation ». Les exercices qui suivent vont favoriser la respiration nasale et la perméabilité de la trompe. Il s’agit de la meilleure indication concernant les différentes pathologies de l’oreille moyenne : X otites séro-muqueuses : (otites moyennes aiguës de l’enfant, otites séro-muqueuses chroniques à tympan fermé) qui nécessitent une ventilation de l’oreille moyenne. La cure thermale et les exercices vélo-pharyngés sont une aide précieuse pour reperméabiliser la trompe d’Eustache par l’action mécanique de l’aérosol et de l’insufflation tubaire.

EXERCICES

LE PETIT TRAIN

Les enfants sont en file indienne. Ils tiennent l’extrémité d’un bâton dans chaque main. En avançant, ils balanceront leurs bras alternativement et dans le même temps frapperont leurs pieds sur le sol en suivant le rythme de chaque expiration nasale (dents serrées, lèvres pincées ou le bouton entre les lèvres).

L’ÉTONNÉ En levant les sourcils pour plisser le front et en ouvrant très fort les yeux. À l’inspiration, faites prendre conscience à l’enfant de la meilleure pénétration de l’air et du rafraîchissement de ses fosses nasales que procure le mouvement. À l’expiration, l’enfant relâche la crispation du front et du visage. À exécuter plusieurs fois de suite.

« L’étonné » favorise l’ouverture des narines

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EXERCICES

LE GORILLE

Pour sensibiliser l’enfant et lui faire prendre conscience de l’intérêt du passage de l’air dans son nez, demandez-lui de prendre chaque narine entre le pouce et l’index, et de les étirer tout en les écartant (en baissant la tête, le menton sur la poitrine). Proposez-lui alors de respirer plusieurs fois de cette façon.

Le gorille

68 LE PETIT LAPIN L’exercice – capital – consiste à faire des mouvements d’ouverture des narines, en imitant les mouvements du nez du petit lapin. S’il avait quelques difficultés (les petits muscles des ailes du nez sont souvent inactifs chez nous autres « civilisés » !), demandez-lui de pincer son nez et de le relâcher aussitôt en respirant, ce qui aura pour effet de provoquer un réflexe narinaire, c’est-à-dire une ouverture réflexe des narines. S’il n’y parvenait pas, demandez-lui de frictionner entre le pouce et l’index, ou en les chatouillant, les ailes du nez : cette sensibilisation va provoquer une dilatation. Faites-lui constater cette dilatation lorsqu’il éternue, puis demandez-lui de provoquer la ventilation en dilatant ses narines à chaque inspiration. Le petit lapin Ce petit exercice permet, outre un meilleur rendement de la respiration nasale, d’éviter, lors d’une inspiration, que les narines ne se collent, provoquant ou accentuant une déformation thoracique.

EXERCICES

LE PIED DE NEZ La sensibilité nasale acquise, vous pourrez maintenant apprendre à votre enfant à respirer par le nez. Proposez cet exercice à l’enfant, dans le même but que l’exercice précédent. Le pouce, placé comme pour faire un pied de nez, bouche l’orifice d’une narine sans l’écraser (contrairement à l’exercice du « petit Chinois »). L’enfant souffle par la narine restant libre (il souffle d’abord, même si c’est peu, pour vider les poumons) ; puis, il déplace le pouce sur l’autre orifice en inspirant par celle qu’il vient de dégager. Il y a un va-et-vient du pouce d’une narine sur l’autre, associé à l’inspiration et à l’expiration. Comme c’est toujours la même narine qui inspire ou expire, il faut, au bout d’une dizaine de fois, inverser le rôle des narines. Ce type d’exercice est intéressant pour développer les réflexes nasaux, mais c’est aussi un excellent exercice de coordination. L’enfant le pratiquera en respectant sa respiration abdomino-thoracique qu’il contrôlera de sa main libre.

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Savoir pour comprendre. Faire comprendre...

Comprendre pour pouvoir

EXERCICES

LE PETIT COCHON

Comme pour le nourrisson où l’appui mentonnier a permis la vibration du voile et le mouchage, on demande au plus grand de « ronfler » (aspirer par la bouche à demi-ouverte) sans renifler. D’autre part, on pourra compléter l’exercice en demandant à l’enfant de plisser, durant l’exercice, son nez, ce qui lui permettra en même temps, de faire travailler les muscles releveurs du nez et les dilatateurs des narines.

LE PETIT CHINOIS

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Sous forme de danse, dites à l’enfant de boucher l’orifice de sa narine droite avec l’index droit, puis d’inspirer par la narine libre en effectuant un ample mouvement de son bras gauche. Faites-le souffler par la même narine en ramenant son bras (excellent en groupe, à l’école). Puis, sans aucun temps d’arrêt, il passe à la narine gauche qu’il bouche avec l’index gauche tandis que le bras droit exécute le mouvement. Faites prendre alors conscience à l’enfant de l’ouverture du thorax en rapport avec la narine par laquelle il fait entrer l’air.

Le petit Chinois, seul ou en groupe

EXERCICES

PETITS MASSAGES L’observation des jeunes enfants suçant leur pouce et souffrant parfois d’obstruction nasale m’a amené à constater que leur index venait instinctivement caresser le dos de leur nez… Il est curieux de vérifier que le frottement de cette région libère le nez ! Donc, quand l’enfant a le nez bouché, prendre l’arrête du nez entre la pulpe de l’index et du pouce, juste à l’intersection de l’os et du cartilage, le masser doucement sans appuyer par de très petits mouvements circulaires ou, ce qui serait encore mieux, faire vibrer les doigts. Très vite, son nez va se dégager. Il arrive que la vibration du nez fasse éternuer l’enfant : la chasse d’air est telle qu’elle constitue, elle aussi, un excellent nettoyage du nez mais aussi des poumons. C’est pourquoi il arrive qu’un asthmatique en crise se libère de son broncho-spasme en éternuant (ou en vomissant). D’autres régions peuvent bénéficier de ce petit massage : de chaque côté des narines, juste au niveau du pli de la narine et de la lèvre, et en descendant le long de la base des pommettes ; ou à la racine de nez, juste entre les deux sourcils, avec la pulpe de l’un des doigts ; ou à la racine du nez avec index et pouce de chaque main en les écartant et en les rapprochant ; ou encore sur une zone qui se situe à la base de l’occiput sur toute sa largeur et le long des muscles de la nuque et à leur partie externe. L’enfant qui se sentira « libéré » ne tardera pas à pratiquer seul ces exercices. S’il est énervé ou accablé d’une rhinite ou d’un asthme, placez une main à plat avec une extrême douceur enveloppant le front, son occiput reposant sur votre autre main.

JOUONS AU MIME Nous savons que la mimique est pour nous l’expression des aspects si changeants de notre physionomie : joie, tristesse, agressivité, mépris, douleur, délice, jouissance, etc. Nos enfants présentent parfois, lorsqu’ils sont enrhumés (et c’est fréquent), un faciès peu expressif, traduisant la peine qu’ils ont à respirer (dit faciès adénoïdien). Après les exercices de langue et d’expectoration qui lui auront permis de se « faire propre en dedans », de « nettoyer l’intérieur de sa maison », nous l’inviterons donc à mimer certaines personnes, jouant ainsi sur son esprit d’observation. Le jeu en famille de ces mimiques les plus courantes permettra de développer certains muscles peauciers de la face. Tous ces exercices sont à faire dans la journée, et même à l’école dans les moments de détente, les récréations par exemple, ou pour couper une attention trop soutenue. À l’intérieur et à l’extérieur.

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DEUXIÈME PARTIE : L’ORL

JOUONS AVEC LA LANGUE « Une mauvaise position de la langue au repos ne se manifeste pas uniquement par un déséquilibre dento-maxillaire. De par ses attaches à l’os hyoïde, elle a des répercussions sur la posture et le tonus général de l’enfant. » Maryvonne Fournier

S

i tous les exercices que nous venons de voir sont importants, ils concernent surtout les troubles de l’arrivée de l’air aussi bien nasal que pulmonaire. Néanmoins, en dehors de toute pathologie spécifique, ils préviendront la maladie et aideront votre enfant à se développer harmonieusement.

Les exercices qui suivent sont particuliers aux malocclusions (Orthodontie) mais aussi aux dysfonctions de la trompe d’Eustache (ORL). Là aussi, même si votre enfant n’a pas actuellement de problèmes dentaires, ils favoriseront une meilleure implantation de ses dents. Le but est de permettre le développement harmonieux de la zone constituée de la langue, des lèvres et des joues, nécessaire à la croissance équilibrée des mâchoires et donc des dents. De concert, ils agiront soit à titre préventif, soit en traitement dans les pathologies de l’oreille moyenne.

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Comme nous l’avons déjà souligné dans les généralités, la langue est la pièce maîtresse de cet équilibre et son activité constante dans la déglutition (près de 2 000 fois par jour) le déstabilise si la déglutition primaire persiste : c’est celle du nouveau-né qui se sert de sa langue, qui est alors volumineuse et toujours en avant, comme d’un « organe d’aspiration ». Il tète. La déglutition physiologique n’apparaît que vers l’âge de 18 mois approximativement. La langue n’agit plus alors comme un organe de succion, mais, par son appui sur le palais et sa contraction, comme une sorte de cuillère permettant au bol alimentaire, après mastication, de franchir correctement le pharynx. Lorsque l’on sait que la poussée de la langue a une force qui est évaluée à 700 g/cm2, on comprend mieux les dégâts qui peuvent être occasionnés lorsque la déglutition infantile persiste. Un test pour vous rendre compte de la déglutition de votre enfant : demandez-lui simplement d’avaler sa salive et observez ce qu’il se passe : si sa déglutition est primaire, soit il sortira carrément la langue entre les lèvres au moment d’avaler, soit les lèvres restant fermées (il prend appui sur ses lèvres alors que ses mâchoires ne sont pas fermées), la pointe de la langue aura tendance à s’infiltrer entre les dents de devant. C’est d’ailleurs ce qui se passe lorsque l’enfant, déjà grand, a tendance à préférer une alimentation mixée sous prétexte qu’il ne veut pas faire l’effort de mastiquer : « Ça tourne dans sa bouche, vous comprenez, et puis s’il ne recrache pas le morceau entier, il l’avale sans le mâcher… alors autant l’aider, comme cela il mange ! » Le fait de lui supprimer toute difficulté ne sera pas, là non plus, lui rendre service. La respiration et la gymnastique de la langue, de la bouche et de la face permettront de redonner à la langue sa véritable place tant au repos que dans sa dynamique naturelle et à l’enfant une bonne articulation phonétique.

Deuxième chapitre : Les manifestations pathologiques en ORL

Néanmoins, d’autres problèmes peuvent se greffer sur ses troubles fonctionnels (dyslexie, etc.) et l’orthophoniste saura alors vous conseiller. Elle (il) lui apprendra à « connaître » sa bouche en lui faisant exécuter différents exercices de phonation dont l’un, que nous connaissons tous pour nous avoir amusés durant notre enfance, et qui permet de favoriser le travail de la langue dans ses positions essentielles (« ch » contre une hyperactivité, « s » contre une hypotonie [baisse de tonus], « t » et « d » pour le placement de la langue au palais) : « les chaussettes de l’archiduchesse sont-elles sèches, archisèches ? »…

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Apprenez à respirer à vos enfants

EXERCICES

LE TROT DU CHEVAL Sensibilisation pour une bonne position de la langue sur le palais. Intéressant à l’école où l’on pourra demander aux enfants de mimer à tour de rôle ou par petits groupes le cheval rentrant à l’écurie ou le départ de la course, etc. L’enfant va faire « claquer » sa langue au palais comme le bruit que font les sabots du cheval au trot sur le pavé.

LE CHAR ROMAIN

POUR LES PLUS JEUNES. Les enfants sont par trois, deux devant, un derrière retenant le chandail des deux premiers. Ils mimeront en trottinant le trot du cheval en faisant claquer leur langue au palais.

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LE CAMÉLÉON Rhino-pharyngites, trachéites spasmodiques, otites et en orthodontie. 1. Installez votre enfant devant une glace, la bouche ouverte (elle restera grande ouverte pendant tout l’exercice), la tête légèrement penchée en arrière. Demandez-lui de tirer la langue et de la rentrer le plus loin possible en arrière, en laissant sa pointe droite. Faites exécuter l’exercice trois ou quatre fois puis demandez-lui d’avaler sa salive. Il n’est pas impossible que le mouvement de « tiroir » de la langue que font constamment certains enfants (ceux qui tètent leur langue) ne corresponde pas à la recherche d’un nettoyage du rhino-pharynx (mouchage naturel intérieur). Le deuxième exercice se pratique lui aussi la bouche grande ouverte : faites-lui tirer la langue, droite puis sensibiliser l’enfant à la découverte de son palais :

EXERCICES

– petites bosses à la racine des dents ; – creux et lisse au milieu ; - lisse et mou au fond. Lui faire prendre conscience que la position de sa langue doit être sur les alvéoles, c’est-à-dire les petites bosses du palais à la racine des dents. Puis, faites-la lui rentrer en balayant énergiquement la pointe sur le palais, jusqu’à la luette (voir photos) comme le caméléon après avoir attrapé un insecte. Faites faire l’exercice trois ou quatre fois et demandez à l’enfant de déglutir. Puis lui faire balayer énergiquement, avec la pointe de sa langue, le palais de l’avant vers l’arrière. 3. Enfin, demandez-lui de laisser la pointe de la langue « collée » au palais puis, la bouche entrouverte, de déglutir de nouveau.

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Après chaque exercice, faites constater combien sont nombreuses les mucosités qui encombrent son arrière-nez et dont il doit se libérer. Ces trois exercices, extrêmement simples, peuvent pourtant être difficiles à pratiquer les premières fois par l’enfant qui n’a pas une bonne conscience de son schéma corporel, et qui n’a pas non plus, comme nous l’avons souligné précédemment, un bon contact naturel, en position de repos, de la lèvre supérieure et de la lèvre inférieure (la bouche reste très souvent légèrement entrouverte). Restez patient et encouragez-le. Très bons exercices pour le drainage de toute la partie postérieure des voies respiratoires nasales : rhino-pharynx, trompe d’Eustache, oro-pharynx, laryngo-pharynx (voir § « Quelques notions d’anatomie », p. 41). Le nez se trouve comme libéré. Pratiqués régulièrement, ils éviteront bien souvent les otites si redoutées des mamans. Très bon aussi pour soigner certaines aphonies. En cure : ces exercices sont recommandés en particulier lors de l’inhalation de gaz thermaux. Enfin, vous pourrez constater que ces exercices font bâiller votre enfant… et le calment !

EXERCICES

LE LÉCHAGE DE LA CUILLÈRE Cet exercice va aider l’enfant à muscler sa langue vers le palais. Utiliser une cuillère à soupe, la partie concave vers la bouche de l’enfant. Demandez lui de lécher la cuillère de bas en haut plusieurs fois (attention il ne doit pas bouger la cuillère, ni la tête qui doivent rester fixe, c’est la langue qui se mobilise) le sensibilisant ainsi à une bonne motricité de sa langue (au début, pour les plus jeunes, enduisez le fond de la cuillère avec un peu de chocolat). Lécher la cuillère

LA GRENOUILLE

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La grenouille Elle muscle et favorise une bonne position de la langue sur le palais : bouche et maxillaires fermés, l’enfant écrase la pointe de la langue sur les bosses du palais, puis relâche la pression et recommence ainsi plusieurs fois. On lui fera constater que le dessous de son menton gonfle comme celui de la grenouille chaque fois qu’il appuie sa langue sur le palais. D’autre part, il pourra renforcer ce travail en appuyant avec le pouce sous son menton afin d’opposer une résistance.

EXERCICES

SLURP OU LA SOUPE Sensibilisation pour une bonne position de la langue sur le palais. Aspiration de la salive, bouche entrouverte, langue au palais. Proposer à l’enfant de boire un liquide chaud dans un bol, ou mieux dans une cuillère. La chaleur du liquide va l’amener à aspirer le liquide en faisant le « slurp » des bandes dessinées (la pointe de la langue va se placer avec force sur le palais).

LA SONNETTE Comme le son de la sonnette, faire vibrer la pointe de la langue le plus longtemps possible : drrrrring… (attention : pas avec la luette, mais avec la pointe de la langue vibrant sur les bosses, comme le « R » espagnol).

77 LE BONBON L’enfant est debout, les mains dans le dos, pieds légèrement écartés. Un morceau de ficelle de cuisine dans la bouche, le reste descendant jusqu’au sol, un bonbon attaché à l’extrémité. Invitez des petits amis et faites-leur faire la « course à celui qui arrivera le premier à amener le bonbon dans la bouche »… ou le chewing-gum sans sucre, ce qui serait encore mieux.

EXERCICES

CHANTONS ENSEMBLE Les lettres qui font « monter » la langue : Les « lettres qui chantent » Habituez l’enfant à prononcer la lettre L puis N en laissant « traîner le son » lorsque la langue a touché les petites bosses du palais. Les « lettres qui éclatent » Faire prendre conscience à l’enfant que les lettres D et T ne pourront sortir correctement que si la langue a été bloquée contre les bosses de son palais, empêchant l’air de sortir momentanément. Sa libération par le relâchement brusque de la langue va entraîner le son « éclaté » des lettres D et T. Ensuite, faites-lui chanter un air qu’il aime en prononçant le la : la, la, la… Il rééduque ainsi, en s’amusant, la position de la langue dans la bouche (en haut). Une fois qu’il a bien acquis la position haute de la langue, faites-lui chanter de la même façon toutes les syllabes palatales (da na ta). Faites-lui lire à haute voix un texte composé d’une dominante de « palatales ». Rappelons-nous qu’une bonne position de la langue (sur le palais) favorise un écartement des maxillaires et un agrandissement du pharynx. Puis les sifflantes, S, CH. Faites-lui prononcer des mots et des phrases : le saucisson, le cheval…

78 JOUONS AVEC L’AIR Tout exercice ou tout jeu devra commencer par une stimulation des fonctions respiratoires et se terminer par un retour au calme de ces mêmes fonctions. L’expression vocale nous paraît d’un grand intérêt car elle stimule et apaise. Invitons l’enfant à faire des expirations longues et bruyantes (afin de mieux les contrôler) sous la forme du bruit de la mer (tout d’abord, calme, puis en tempête, ce qui va permettre une stimulation progressive du souffle…). Mais aussi, il y a le vent dans la forêt, le sifflement de l’oiseau ou du serpent… Laissez faire l’imagination des enfants, surtout lorsqu’ils sont en groupe. Demandez-leur, par exemple, de mimer à travers l’expression de leur corps la voix des animaux de la forêt ou de la ferme. L’enfant va très vite se prêter aux jeux d’autant que son sens de l’observation est très développé.

DÉVELOPPONS LE CHANT… APPRENONS-LEUR À JOUER D’UN INSTRUMENT À VENT Le chant choral est d’une grande importance pour l’équilibre des plus petits jusqu’aux plus grands, surtout à notre époque où les bruits de la vie moderne et les nombreuses vibrations négatives émises par les radios, les baffles branchés à tue-tête ont pour conséquence une

EXERCICES

augmentation de surdité chez les jeunes entraînant une plus grande difficulté à se situer dans l’espace et dans le temps. Au contraire, les vibrations internes émises par la voix sont régulatrices : soit stimulantes, soit relaxantes (voir p. 50). Avant de commencer la classe, faisons chanter les enfants et terminons de la même façon. Cela favorisera une dynamique aussi bien corporelle que respiratoire et ils seront bien plus équilibrés. Dessin de Sophie, 10 ans

À la maison ou à l’école de musique si cela vous est possible, faites-les jouer d’un instrument à vent (flûte à bec, saxo, trompette…).

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Chanter ensemble

Souffler dans un instrument à vent

Pour les plus grands, des exercices plus spécifiques peuvent être proposés, toujours sous forme de jeux. Il est important de préciser que la quasi-totalité de ces exercices se fera en respiration libre et non « bloquée ». C’est le rythme respiratoire qui imposera le rythme des exercices, des mouvements. Nous avons vu que l’éducation d’une bonne respiration est synonyme de bonne tenue : soulignons l’importance que revêt l’expiration (l’inspiration se développant d’elle-même par extension du rachis), d’autant que le jeune enfant ne souffle jamais à fond.

EXERCICES

LES

LÈVRES

LE BOUTON Oblige l’enfant à respirer par le nez et favorise la musculation des lèvres. Lorsque nous observons notre enfant, la bouche fermée au repos, nous constatons que l’une de ses lèvres vient parfois recouvrir le bord de l’autre. Donc, toujours au repos, placez sa médaille, s’il en a une, ou un grand bouton peu épais que vous aurez pris soin auparavant de lui attacher avec une laine autour du cou – elle casse plus facilement lors des jeux entre enfants – contre la lèvre proéminente (les mâchoires mises en fermeture avant l’exercice). Demandez-lui de pincer les lèvres et de maintenir un certain temps la médaille, ou le bouton, parfaitement horizontal. Excellent à l’école en écoutant le maître ou dans la voiture et même… surtout en regardant la télévision.

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Attention, l’enfant ne doit pas tenir le bouton entre ses dents.

EXERCICES

LA TROMPETTE

L’enfant gonfle ses joues d’air, pinçant ses lèvres comme s’il jouait d’un instrument à vent. Pour renforcer l’exercice il peut aussi comprimer ses joues gonflées avec la pulpe de ses doigts et résister au niveau des lèvres pour ne pas laisser passer l’air...

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La trompette

LE GROS BAISER, LE SIFFLET, LE BÉBÉ SANS DENT Musculation des lèvres, travail des mâchoires. Muscle et favorise la fermeture de la bouche (occlusion). Demandez à l’enfant d’avancer ses lèvres comme pour faire un gros baiser ou pour siffler (voir photo, page suivante). Ou, au contraire, de rentrer ses lèvres pour cacher ses dents et ressembler au bébé qui n’a pas encore de dents. Ou encore demandez-lui de placer la première phalange de ses petits doigts à l’intérieur de la bouche de part et d’autre des commissures des lèvres, puis d’écarter sa bouche comme pour l’agrandir en lui faisant remarquer que ce sont les doigts qui exécutent le travail ; puis c’est la bouche qui s’anime à son tour et qui doit devenir motrice en rapprochant avec force les doigts qui doivent se traîner sur les lèvres avec résistance.

EXERCICES

Le gros baiser

les « chuintantes » : le ch et le j

Le sifflet

Le bébé sans dent

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EXERCICES

Musculation des lèvres

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LA GUENON Débridage des lèvres :

La guenon : bulle en bas

bulle au milieu

bulle en haut.

EXERCICES

LES LETTRES QUI FONT « FERMER LES LÈVRES » Comment bien serrer les lèvres en parlant ? B, P, M, F, V : Ces consonnes se nomment des « Labiales » :. Prononcer en articulant bien et en prenant conscience de l’occlusion des lèvres les lettres « M.P.B ». Là aussi, prendre conscience, comme avec les palatales, des lettres qui « chantent » (M) et qui « éclatent » (P et B). Pour cela, faites-lui prononcer en articulant la phrase composée de palatales et de labiales : « La maman et le papa promènent le bébé dans le landau. »

LE JEU DU YAOURT Sensibilise l’enfant à la fermeture de sa bouche. En collectivité ou à la maison avec des petits amis.

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Les enfants sont deux par deux, les yeux bandés, chacun tient une cuillère à la main et un pot de yaourt. Il doit essayer de faire manger l’autre en évitant de le salir. La localisation du point d’impact de la cuillère sur le visage va amener chaque participant à guider l’autre en fonction de ce qu’il ressent jusqu’à sa bouche. La fermeture de la bouche lors de la « prise » de la cuillère sera particulièrement bien perçue par l’enfant.

LE GENDARME QUI SE FÂCHE Travail des mâchoires et des lèvres. Demandez à l’enfant de serrer sa mâchoire et de la relâcher en conservant l’occlusion (fermeture de la bouche et des mâchoires) en faisant bien attention que celle-ci soit parfaite, c’est-à-dire que les mâchoires se superposent dans un bon « articulé ». Le meilleur contrôle, c’est lui qui le fera en portant la pulpe de ses index sur l’angle des deux mâchoires (c’est l’Articulation Temporo-Maxillaire, à la hauteur du lobe de ses oreilles et à deux travers de doigts en avant). Vous associerez à cet exercice le travail d’occlusion complète de la bouche. Lorsque les mâchoires sont fortement serrées et que les index de l’enfant sont repoussés vers l’extérieur par la contraction des « masséters » (muscles de fermeture des mâchoires), demandez-lui de « pincer » les lèvres l’une sur l’autre, puis relâcher la contraction des muscles de la bouche et des mâchoires.

EXERCICES

Dans la journée, demandez-lui plusieurs fois de « prendre l’air sévère ». Une variante permet d’associer à ce travail d’occlusion une bonne position de la langue au palais. Faites faire le même exercice de contraction des muscles de la mâchoire et de la bouche, sans contrôle des index, mais en opposant une résistance sous le menton.

85 CHIEN DE GARDE

Comme le chien qui grogne, l’enfant va serrer ses molaires et montrer les dents en relevant ses lèvres. Pour aider l’enfant à réaliser cet exercice, commencer par le faire sourire, puis ramener progressivement les lèvres dans la position indiquée. Puis, l’enfant va rentrer ses lèvres à l’intérieur comme pour cacher ses dents (voir p. 82 le bébé sans dent).

Le chien de garde

EXERCICES

CHIEN ET CHAT

Bouton en résistance. Matériel : deux boutons – une ficelle. Deux enfants se font face et tentent de maintenir le bouton qu’ils tiennent entre leurs lèvres, tandis qu’ils cherchent à s’écarter l’un de l’autre. Chien et chat

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LA CUILLÈRE

Favorise la fermeture de la bouche. À l’école ou en collectivité. À réaliser à plusieurs sous forme de compétition. L’enfant est à « quatre pattes », une cuillère à café (légère) dans la bouche. À l’intérieur de la cuillère est posée une bille. Lui faire parcourir une certaine distance sans faire tomber la bille.

La cuillère

EXERCICES

LE COW-BOY Favorise une bonne position de la mandibule. Si votre enfant présente un menton en retrait, c’est-à-dire une « rétrognathie » de la mandibule, faites-lui faire cet exercice : demandez-lui de fermer lentement la bouche en opposant une résistance grâce à deux doigts placés au niveau de ses incisives inférieures. La mandibule sera projetée vers l’avant durant le travail musculaire et permettra une bonne fermeture de la bouche. Par mimétisme, l’enfant pourra se rééduquer seul en s’amusant à imiter la « mâchoire virile » du redresseur de torts. Le Cow-boy On pourra, éventuellement, dans certains cas précis de relâchement musculaire de la mâchoire (masséters), inviter l’enfant à mâcher du chewing-gum sans sucre. C’est peu esthétique et peut-être pas merveilleux pour la digestion, mais c’est efficace !

87 LE SOUPIR DU CHAMEAU Pour prendre conscience de ses lèvres ou pour les détendre lorsqu’elles sont hypertoniques ou simplement fatiguées par certains exercices (musculation des lèvres). Comme le chameau fatigué ou en colère qui blatère, souffler dans les lèvres en les faisant vibrer et en faisant du bruit.

Le Chameau : je souffle dans mes lèvres

EXERCICES

SOURIEZ « Il suffit de peu pour engendrer un sourire et il suffit d’un sourire pour que tout devienne possible ». G. Cesbron Un enfant présentant une déglutition atypique aura tendance à se servir de ses lèvres pour avaler... apprenez lui à faire un large sourire, en serrant ses mâchoires dans une bonne occlusion tout en montrant ses dents. L’enfant pourra aussi mimer les différents sourires des personnes qu’il a rencontrées dans la journée.

Tous ces exercices devront se faire au début devant la glace (voir photos).

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LA

DÉGLUTITION

La sensibilisation de l’enfant à la place constante de la langue sur le palais, aux lèvres et au fonctionnement correct des mâchoires, aboutit enfin à l’apprentissage d’une bonne déglutition, élément essentiel de ce travail.

Elle se fera en trois stades : 1. serrer les dents du fond dans un bon articulé ; 2. appuyer fortement la pointe de la langue sur les bosses du palais ; 3. avaler en faisant un large sourire (de sorte que les lèvres soient relâchées et sans contact au début). Observations : a) si l’enfant, au moment de déglutir, rapproche vivement les lèvres pour empêcher le liquide de s’écouler (il y a alors relâchement de l’occlusion des mâchoires et

EXERCICES

interposition de la langue entre les dents), c’est que le réflexe n’est pas encore acquis et l’enfant doit persévérer dans ses exercices ; b) si l’enfant, au contraire, réalise ces trois stades sans laisser couler de liquide de sa bouche, on peut considérer que les réflexes sont acquis mais doivent néanmoins être entretenus lors de chaque déglutition, jusqu’à ce qu’il le fasse naturellement. Les exercices respiratoires et de la langue (avec contrôle de la déglutition) devront être réalisés tous les jours. Afin de créer de nouveaux automatismes pour une bonne position de la langue au palais vous pouvez lui proposer de tenir quotidiennement un « carnet de bord » en notant chaque jour (par des croix, par exemple) le nombre de fois où il a pensé à mettre sa langue sur les bosses de son palais. De cette façon, par delà le fait de le responsabiliser, il pourra ainsi constater par ce conditionnement une évolution favorable de sa déglutition et d’une position correcte de sa langue au repos, donc d’une amélioration de ses problèmes dentaires.

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Déglutition

Le carnet de contrôle

EXERCICES

LES

OREILLES

Prévention des otites Tous les exercices du nez, de la gorge et de la langue sont nécessaires pour aider à une bonne perméabilité tubaire. Néanmoins, il nous paraît important d’indiquer ici des exercices plus spécifiques.

LE CHANTEUR D’OPÉRA Déclencher le bâillement et l’ouverture de la trompe d’Eustache.

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Tirer la langue, bouche grande ouverte ; puis émettre un « A » chanté, tandis que l’enfant reculera sa langue sur son plancher buccal (basse) le plus loin possible vers l’arrière.

Le chanteur d’opéra

EXERCICES

LE PENSEUR

L’enfant pousse sa mâchoire inférieure vers le bas en résistant avec son poing comme le penseur de Rodin. Même exercice à gauche et à droite, en avant, en arrière et en bas (voir le cow-boy). Ainsi la mâchoire inférieure (mandibule) travaille, ce qui permet à l’enfant de la tonifier mais aussi de libérer la trompe d’Eustache.

91 Le penseur

LE CHEWING-GUM Ces exercices se font en tournant la mandibule d’un côté puis de l’autre, comme le cow-boy mâchant son chewing-gum.

EXERCICES

LES BABINES DU CHAT

Les babines du chat

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Sortir la langue et essuyer fortement les lèvres dans un mouvement de rotation, en haut, en bas, à droite, à gauche puis de gauche à droite. Après les lèvres proprement dites, le faire autour des lèvres (à l’extérieur), comme pour essuyer les moustaches du chat.

UN BOL D’AIR… POUR MIEUX ENTENDRE ! Nous avons vu, dans un chapitre précédent, l’importance de l’aération de la trompe d’Eustache pour éviter bien des otites. Bâillement et déglutition permettent l’ouverture de cette trompe. Ces exercices permettent de faire prendre conscience à l’enfant de cette relation entre son rhino-pharynx et ses oreilles et de les « aérer ».

EXERCICES

VALSALVA Méthode employée fréquemment en plongée sous-marine pour « décompresser ». On demande à l’enfant de boucher son nez, puis, après avoir pris un « bol d’air », de souffler dans celui-ci. La surpression dans le rhino-pharynx va forcer l’air à pénétrer dans l’oreille moyenne par la trompe. Comme vous pourrez le constater, c’est une manœuvre passive au niveau de l’oreille.

MISURYA Cette méthode est plus active car elle va utiliser la déglutition (principe actif) pour ouvrir la trompe. Après avoir fait monter de la salive dans sa bouche, l’enfant bouche son nez avec deux doigts, ferme sa bouche et gonfle ses joues. Au moment d’avaler sa salive, il comprimera ses joues avec l’autre main. L’air, alors emmagasiné dans la bouche, pourra pénétrer sans forcer dans l’oreille moyenne. À ne pratiquer qu’après un nettoyage efficace de son nez et de sa gorge.

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TROISIÈME CHAPITRE

Le thermalisme « Loué soit mon Seigneur, pour sœur eau, qui est si utile, humble, précieuse et chaste. » Saint-François d’Assise

L

e thermalisme est l’ensemble de tout ce qui a rapport avec la station thermale (village), le personnel médical et paramédical. C’est aussi une thérapeutique qui aide le malade à réagir lui-même contre la maladie. À l’ère de la conquête de l’espace, du numérique, d’internet, du téléphone portable, des découvertes médicales fantastiques, du rallongement de la vie de l’être humain..., peut-on parler encore du thermalisme comme d’une thérapeutique crédible ? Souvent, parce que emprunt d’empirisme, il fut déconsidéré et à notre époque de certitude, il apparaît comme une thérapie incertaine et si lointaine ! Pourtant des vestiges datant de l’ère préhistorique témoignent du pouvoir incontestable des eaux thermales.

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L’eau thermale Thermes de Cambo-Les-Bains

Récemment, cette thérapeutique a acquis ses lettres de noblesse, à travers l’Association Française pour la Recherche Thermale (AFRETh), qui a pour objectif commun « le financement de la recherche scientifique et l’évaluation du Service Médical Rendu par la médecine thermale ». Depuis, elle est entrée à l’Université : Enseignement d’Hydrologie et de Climatologie Médicales (Bordeaux, Toulouse, Clermont Ferrand, etc.) et fait l’objet de nombreuses thèses.

Apprenez à respirer à vos enfants

DEUXIÈME PARTIE : L’ORL

Une grande partie des stations thermales furent développées en France au IIe siècle par les Romains, puis vers le Ve siècle avec la décadence de Rome et l’invasion barbare, elles tombèrent plus ou moins dans l’oubli. C’est au début du XIXe siècle qu’elles sortirent de leur léthargie sous l’impulsion de nombreux chercheurs et de chimistes qui entreprirent une étude rationnelle des eaux thermales. Cette étude a permis de comprendre leurs actions, de les classifier et d’en préciser les indications afin qu’elles soient développées au niveau social, les preuves de leurs bienfaits ayant été établies. Même si la cure ne peut donner d’emblée l’assurance d’une guérison, elle peut suppléer bien souvent à l’insuffisance des autres thérapeutiques ou être leur complément. Elle permet, entre autres, et c’est essentiel à l’efficacité de la cure, une bonne prise en charge kinésithérapique. L’eau thermale est une eau de source naturelle provenant d’eaux de pluie qui ont été modifiées par leur infiltration dans différentes couches de terrains ou de roches, et d’eaux provenant de roches volcaniques. Les eaux mixtes sont un mélange de ces eaux.

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STATIONS THERMALES POUR LES VOIES RESPIRATOIRES

C

omme nous l’avons déjà précisé, les muqueuses nasale et bronchique sont comparables, donc, les eaux servant à leur traitement sont identiques.

Ces eaux ont différentes actions. Elles peuvent avoir une fonction de désinfection et d’assèchement des voies respiratoires, mais certaines ont aussi une action eupnéique. Elles vont aider l’organisme à réagir par ses propres moyens. Il y a les eaux sulfureuses, les plus importantes dans ce domaine, qui désinfectent et assèchent la muqueuse respiratoire et qui se répartissent en deux catégories : les eaux sulfurées « fortes » (congestives par leur activité) et les eaux sulfurées calciques qui, par leur teneur en gaz carbonique, ont un effet eupnéisant. Il y a, d’autre part, les eaux chloro-bicarbonatées sodiques qui, elles, agissent comme antispasmodiques sur les bronches, ainsi que les eaux arsénicales dont les effets sont très sensibles sur l’asthme et les déficiences bronchiques. Les eaux chlorurées sodiques, pour leur part, ont une action tonique respiratoire.

Troisième chapitre : Le thermalisme

Quelles sont les stations thermales qui conviennent le mieux au cas de votre enfant ? L’âge, la résistance de votre enfant, le diagnostic établi par votre médecin seront les données de base pour le choix de la station (choix parfois difficile). En effet, l’asthme ou la rhinite pourront être intriqués, c’est-à-dire associés à une infection et le choix de la station sera déterminant. Luchon, Cauterets, les Eaux-Chaudes, Les Eaux Bonnes, Cambo-Les-Bains qui traitent toutes inflammations et infections de la sphère ORL (rhinites, rhino-pharyngites, laryngites, sinusites, etc.). Leurs eaux sont sulfurées, sodiques et radioactives. Elles traitent aussi les affections pulmonaires (rhino-pharyngites descendantes, bronchites récidivantes). Le Mont-Dore est, par excellence, la capitale de l’asthme et des allergies respiratoires. C’est le facteur spasmodique et congestif des affections des bronches qui peut être traité de la même façon que les manifestations analogues des voies aériennes supérieures (comme le coryza allergique). Certaines désensibilisations semblent, entre autres, être facilitées par le traitement thermal. La Bourboule est identique au Mont-Dore, mais ses eaux sont plus riches en arsenic. En dehors des stations thermales proprement dites, il est important de préciser aussi l’intérêt et les indications de la cure dite « climatique », comme Font-Romeu, par exemple, permettant à l’enfant, en particulier allergique, de quitter durant une certaine période un environnement défavorable.

Principales stations ↗ EN ORL

Haute-Garonne : Luchon.

Isère : Uriage, Allevard.

Hautes-Pyrénées : Cauterets, Barèges, Bagnères-de-Bigorre.

Nièvre : Saint-Honoré.

Puy-de-Dôme : Le Mont-Dore, la Bourboule.

Pyrénées-Orientales : Amélie-les-Bains, Molitg.

Pyrénées-Atlantiques : Eaux-Bonnes, Eaux-Chaudes, Cambo-les Bains.

Val-d’Oise : Enghien-les-Bains

Ariège : Ax-les-Thermes.

Haute-Savoie : Marlioz, Saint-Gervais.

Savoie : Challes.

Landes : Tercis.

Haute-Provence : Gréoux.

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DEUXIÈME PARTIE : L’ORL

↗ EN PNEUMOLOGIE

Haute-Garonne : Luchon.

Haute-Savoie : Marlioz.

Hautes-Pyrénées : Cauterets.

Isère : Allevard, Uriage.

Puy-de-Dôme : Le Mont-Dore, la Bourboule.

Pyrénées-Orientales : Amélie-les-Bains.

Pyrénées-Atlantiques : Eaux-Bonnes, Cambo-les Bains.

Gard : Les Fumades.

Ariège : Ax-les-Thermes.

Nièvre : Saint-Honoré. Bouches-du-Rhône : Vernet-les-Bains.

Savoie : Challes. Toutes les stations thermales traitant les affections respiratoires sont équipées pour traiter les voies aériennes supérieures et auditives.

LA CURE THERMALE 98

F

ébrilement, la maman d’Hervé prépare le trousseau de son fils. Dix slips, cinq chemises, deux pantalons… les bottes pour la pluie, sans oublier surtout l’indispensable manteau ou l’anorak et la non moins indispensable écharpe pour son retour chaque matin de la cure. Les parents d’Hervé ont en effet décidé cette année d’envoyer leur fils en cure, suivant le conseil de leur médecin qui les a dirigés sur la station correspondant le mieux à son cas.

L’an passé, Hervé, neuf ans, était venu en vacances dans la région. Le grand air lui avait fait du bien et l’on pensait à juste titre qu’il serait peut-être intéressant pour son asthme d’y associer une cure thermale. La décision fut prise. Hervé irait en maison d’enfants. Il eut le choix parmi la liste descriptive que ses parents avaient obtenue au syndicat d’initiative de cette station thermale (Le Mont-Dore). À son arrivée aux « Myrtilles », Hervé avait le cœur gros et son visage était fermé. Pour la circonstance, une crise d’asthme le tenaillait. Pris en charge par l’infirmière, sa monitrice et les enfants déjà installés, notre grand bonhomme, après de nombreuses promesses et recommandations, abandonne ses parents pour vingt-et-un jours. Le soir même de son arrivée, par des projections et les commentaires des « anciens », Hervé connaissait déjà tout sur les appareils et les eaux qui allaient constituer l’essentiel de sa cure.

Troisième chapitre : Le thermalisme

Le lendemain matin, encore endormi, il vit poindre les premiers rayons du soleil sur sa première journée de cure. Des chants tyroliens accompagnés des souhaits de toute l’équipe d’encadrement mirent à la fois l’étonnement et un sourire dans son regard. Après une toilette sommaire et un premier breakfast, c’est le départ pour la cure. Tout le monde est fin prêt. Emmitouflé dans son anorak, les mains plongées dans ses poches, le bonnet enfoncé par-dessus les oreilles et l’écharpe masquant son visage, Hervé est prêt ! Suivons ensemble notre jeune ami à travers les dédales des thermes. Afin de mettre en forme l’état général du petit curiste, la cure commence souvent par l’absorption de différentes eaux. Selon la station et l’indication posée par le médecin de cure, nos jeunes enfants se dirigeront vers différents services pour y suivre des traitements locaux qui sont en somme l’essentiel de la cure. Après un nettoyage de la muqueuse du pharynx réalisé par des gargarismes, des pipettes et des irrigations nez-pharynx avec des eaux ayant une action salvatrice, notre jeune Hervé va passer au traitement proprement dit de sa muqueuse nasale et bronchique : douche pharyngée, pulvérisations, nébulisations, humages, aérosols soniques ou non, gaz thermaux, durant lequel il mettra en pratique les exercices respiratoires qu’il a appris afin de donner à ce traitement le maximum d’efficacité. Hervé a pu, entre autres, constater en observant autour de lui que d’autres enfants plus grands, « asthmatiques », bénéficiaient, parallèlement au même traitement que lui, de bain hyperthermal, d’affusion thoracique, de douche au jet ou à la vapeur qui leur permettaient de détendre leur thorax si souvent dilaté par leurs crises (voir p. 101). Ses ablutions terminées, nous retrouvons à présent Hervé dans un cadre de vacances. En effet, si la cure thermale constitue l’essentiel du traitement, elle ne mobilise en fait qu’une petite partie de la journée. Hervé s’est recouché pour deux heures durant lesquelles il pourra dormir et récupérer de cette fatigue matinale avant de profiter pleinement de ses vacances. Dans ce contexte médical, la situation de la station offre bien souvent au jeune curiste un cadre de vie agréable et le climat comme l’atmosphère saine viennent parfaire les bienfaits de la cure. Les longues promenades en moyenne altitude, les jeux de plein air ou créatifs, les responsabilités données à chaque enfant hors du contexte familial, un rythme de vie différent, loin du bruit et du « ronron » des postes de télévision ont amené Hervé à prendre tant d’assurance que, le jour de son

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DEUXIÈME PARTIE : L’ORL

départ, l’exclamation qu’il porte à l’adresse de ses parents témoigne du mieux-être de cet enfant : « Déjà ! » Ainsi, la cure permettant une réduction considérable du recours aux médicaments majeurs, peut aussi aider l’enfant dans son développement, psychologique surtout – si j’en crois ma propre expérience – quand celle-ci se déroule dans le cadre d’une petite maison d’enfants. L’ambiance familiale permettra de mieux suivre chacun en fonction de ses propres problèmes. Cet appui l’aidera ainsi à prendre de l’assurance et à mieux s’épanouir, rendant sa cure moins fastidieuse et plus efficace. Les contre-indications de la cure thermale pour les voies respiratoires sont rares, mais il est important de les connaître. Ainsi, il faut attendre une certaine période, plus ou moins longue (votre médecin décidera de son opportunité), après un virage de cuti-réaction. Lors d’une primo-infection tuberculeuse, mais aussi dans les affections plus graves telles qu’une tuberculose évolutive ou un état aigu, elle est formellement contre-indiquée.

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LES SOINS THERMAUX Selon les stations thermales

La cure interne C’est la cure de boissons aux différentes sources.

La cure externe Elle fait appel à des techniques balnéologiques destinées à agir de façon réflexe sur l’ensemble de l’appareil respiratoire (affusion thoracique, par exemple), ou d’autres techniques plus localisées dans le but d’amener l’eau minérale directement au contact de la muqueuse des voies respiratoires supérieures (ORL) ou inférieures (bronches).

Analysons ces pratiques pour mieux les connaître Quelles sont les techniques balnéologiques les plus courantes ? Les bains sont les plus courants. Selon les stations, certains ont des spécificités détaillées ci-dessous.

Troisième chapitre : Le thermalisme

Les bains (collectifs ou individuels) X

X

Le demi-bain hyperthermal (42 °C) dont l’eau vient directement du griffon. Il consiste à plonger les membres inférieurs et le bassin pendant quelques minutes afin de favoriser leur vaso-dilatation et créer ainsi une dérivation circulatoire. L’aéro-bain, comme son nom l’indique, est réalisé par du gaz carbonique pulsé dans l’eau thermale du bain ; les « petites » ou « grosses » bulles émises permettent une action sédative sur les dystonies neuro-végétatives (effet surtout circulatoire).

Les douches X

X

X

X

Au jet direct (pénétrante ou demi-brisé) : elles sont généralement localisées, de température variable et ont une action sur la circulation mais aussi réflexe ; toujours dans ce type de traitement, nous trouverons, selon la station, des pratiques spéciales. La douche « baveuse » ou l’affusion thoracique (Le Mont-Dore) est une douche de très faible pression sous forme de nappe étalée que l’on fait circuler sur l’ensemble du thorax pendant quelques minutes et dont la température est progressivement croissante (de 37 à 40 °C). La douche « collerette » : pratiquée de la même manière, mais localisée au niveau laryngé. La douche vapeur : consiste à projeter un jet de vapeur à température élevée sur le thorax, de face et de dos pendant quelques minutes.

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La douche « baveuse »

Traitement de la muqueuse Rhino-pharyngée et bronchique ↗ LE BAIN NASAL

Avec la pipette de Depierris. Il s’agit de nettoyer et traiter les fosses nasales et le cavum, par un contact direct avec l’eau thermale que l’on fait pénétrer, sans pression, au moyen d’une pipette.

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DEUXIÈME PARTIE : L’ORL

Pipette

KéKé

↗ NÉBULISATIONS (PULVÉRISATIONS NASALES ET PHARYNGÉES)

Elles permettent, comme leur nom l’indique, de pulvériser l’eau chaude thermale à l’aide d’un appareil dans les fosses nasales ou la gorge de l’enfant. Brouillard en aérosol, de température relativement élevée et saturé en vapeur d’eau. Constitué de fines gouttelettes ; il sera léger et sec, permettant une grande pénétration.

Photo : C. Mossière

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Nébulisations

↗ LES IRRIGATIONS NASO-PHARYNGÉES OU LES DOUCHES PHARYNGÉES OU LARYNGÉES

Elles permettent, à l’aide de divers appareils, et selon la station (pipette, bocal ou siphon, etc.), d’amener directement l’eau thermale au contact de la muqueuse sinusale,

Troisième chapitre : Le thermalisme

Photo : C. Mossière

rhino-pharyngée et laryngée ; les techniques de nettoyage utilisées dans cet ouvrage sont inspirées de ces techniques.

Irrigations pharyngées

Irrigations nasales

↗ LES DOUCHES NASALES DE GAZ THERMAUX

Elles se font à l’aide de canule de buis et traitent la muqueuse nasale ; elles peuvent être employées dans le traitement de l’oreille moyenne : ce sont les insufflations tubaires (voir exercices de la langue permettant une plus grande pénétration). ↗ LES INSUFFLATIONS TUBAIRES

Douche nasale de gaz thermaux

Elles permettent de désobstruer les trompes d’Eustache, de drainer vers le cavum les sécrétions qui les encombrent et d’apporter à la muqueuse tubo-tympanique les gaz sulfurés obtenus à partir de l’eau thermale.

↗ LE GARGARISME

Il permet, entre autres, de traiter la région oro-pharyngée, en particulier les amygdales.

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Photo : C. Mossière

DEUXIÈME PARTIE : L’ORL

Le gargarisme

La boisson d’eau thermale

↗ LES AÉROSOLS

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Ils sont individuels ou collectifs, et leur intérêt thérapeutique est fonction de leur humidité et de leur température. Lorsqu’ils sont individuels, ils se font à l’aide d’un appareil nommé aéroliseur, permettant, après une brumification (transformation de l’eau thermale en une forme de particules très fines, de brouillard), pour une application thérapeutique, de l’amener directement au contact de la muqueuse nasale et bronchique : Ils peuvent être « simples » (permettant d’aller jusqu’aux bronches) ou « soniques ou manosoniques » (les gouttes sont parfaitement homogènes, très fines, bénéfiques au niveau des voies aériennes supérieures) La teneur en vapeur d’eau sera fonction de la transmission du brouillard : « Le dépôt des particules d’eau thermale dépend de la vitesse de déplacement de celles-ci. » (Dr. H. Bertrand) ↗ COMMENT BIEN PRATIQUER SES AÉROSOLS ?

Une respiration contrôlée, lors d’un aérosol, est donc très importante car elle va permettre une meilleure impaction ou de sédimentation selon le mode respiratoire. En effet, la pénétration et le dépôt de l’aérosol (thermal ou médicamenteux) dépendent du mode de ventilation et de l’état des voies aériennes ORL et pulmonaires (avant tout aérosol penser à se moucher et à expectorer si nous sommes « encombrés » de mucosités !)

Troisième chapitre : Le thermalisme

Lorsque la vitesse d’aspiration est rapide, comme pour le nez par exemple (traitant le rhino-pharynx), les dépôts se feront par « impaction » c’est-à-dire que les gouttelettes composant le brouillard inhalé, frappent la surface de la muqueuse et favorise par osmose le passage des composants thermaux ou chimiques du médicament, traitant ainsi la muqueuse ORL, alors qu’en décroissant dans leur intensité, ils se feront par « sédimentation » (action de la pesanteur) particulièrement dans les bronches. Une légère apnée (deux ou trois secondes) en fin d’inspiration permettra de traiter plus en profondeur les bronchioles et les alvéoles. Pendant la durée de l’aérosol, (dix minutes en moyenne), l’aérosol sera réalisé en alternance avec une minute de ventilation « contrôlée », suivie de une minute de ventilation « normale ». Il est important en effet, sous prétexte de vouloir bien faire en respirant profondément, de ne pas créer une hyperventilation qui serait néfaste, dans le sens où elle pourrait favoriser une alcalose* et les désagréments qui en découlent !

Photo : C. Mossière

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Les aérosols

↗ VAPORARIUM OU INHALATION COLLECTIVE

Comme son nom l’indique, il s’agit de bain de vapeur. En salle collective, votre enfant trouvera un peu les mêmes variations de brouillard : dense et humide, composé de grosses gouttelettes. Elle permet l’inhalation, dans une salle spécialement conçue à

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DEUXIÈME PARTIE : L’ORL

cet effet, des particules d’eau thermale. . Les inhalations sont appelées au Mont-Dore « aspirations ». ↗ LES HUMAGES OU INHALATIONS INDIVIDUELLES

Brouillard en aérosol, de température relativement élevée et saturé en vapeur d’eau. Leur indication se fera en fonction de la région à traiter, soit ORL, soit pulmonaire. Vous comprenez mieux à présent comment le brouillard humide d’une région peut influencer la muqueuse nasale ou bronchique. Car, si un brouillard « thérapeutique » peut être salutaire à sa guérison, celui des grandes villes est toxique, non pas par sa fraîcheur mais par la concentration des impuretés en suspension dans l’air ! ↗ MÉTHODE DE DÉPLACEMENT DE PROETZ

Le procédé de lavage des sinus par cette méthode permet de faire pénétrer dans ces derniers, inaccessibles à la ponction, l’eau thermale. Après remplissage des fosses nasales par celle-ci, on crée une dépression qui permet l’aspiration de l’air des sinus et donc le remplissage des sinus par l’eau thermale.

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T RO I S I È M E PA RT I E

Connaître son corps

« …C’est construire en moi l’homme nouveau dans la fidélité à ce qu’est l’homme. » Pr Paul Chauchard

TIENS-TOI DROIT Dans l’aise ou dans la gêne, Dans la misère ou l’opulence. La maladie ou la santé, Tiens-toi droit et souris.

Devant les justes au cou raide, Les juges aux vertus sanglantes, Les importants qui se démènent, Tiens-toi droit et souris.

Parmi ceux qui se précipitent, Ceux qui s’agitent dans le vide Ou se cognent l’un contre l’autre, Tiens-toi droit et souris.

Qu’on fasse ton éloge, Qu’on te crache à la face, Tiens-toi droit et souris.

Parmi les gens qui jouent des coudes, Ceux qui tendent les mains pour prendre, Ou bien qui rampent et louvoient, Tiens-toi droit et souris. Parmi ceux qui discutent, Et ceux qui s’injurient, Ceux qui serrent les poings, Ceux qui lèvent les armes, Tiens-toi droit et souris. Au jour de la colère Et de la débandade, Lorsque tout croule et flambe, Toi seul debout dans la panique, Tiens-toi droit et souris.

Chez toi parmi tes proches, Tiens-toi droit et souris. Devant ta bien-aimée, Tiens-toi droit et souris. Dans les jeux et les danses, Tiens-toi droit et souris. Dans la veille et les jeûnes, Tiens-toi droit et souris Seul dans le haut silence, Tiens-toi droit et souris. Au bord du grand voyage, Même si tes yeux pleurent, Tiens-toi droit et souris. Lanza del Vasto

APPRENDRE SON CORPS

J

ean, ne trouves-tu pas que Sophie se tient mal ? Elle m’inquiète. Il faudrait lui faire faire de la gymnastique.

– Pas du tout, réplique Jean à Annie. Elle est superbe notre fille… Laisse-la donc vivre ! – Alors, toi aussi, tu te ranges du côté de la faculté ! – Pédiatres et médecins scolaires sont unanimes pour dire qu’elle n’a aucune déformation et qu’elle se tient très bien. Pourtant, je t’assure que son amie, Emmanuelle, est bien plus « droite » qu’elle . – Emmanuelle ? – Oui, tu sais, cet enfant qui ressemble comme deux gouttes d’eau à cette superbe petite fille d’une réclame à la télévision… » Jean et Annie ont en quelque sorte raison tous les deux. L’un pour ne pas dramatiser et laisser s’épanouir Sophie comme elle l’entend. L’autre pour s’interroger sur ses périodes de fatigue. En fait, c’est la question que nous nous posons tous fassent à ces chers petits, objets de tous nos soins qui, souvent, nous inquiètent, à cause d’un certain lymphatisme. Par contre, Jean a tort de « laisser faire la nature ». Sophie a un âge où sa vitalité doit être canalisée afin de tirer le maximum d’elle-même. Il en est de même pour Annie. Il ne

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TROISIÈME PARTIE : CONNAÎTRE SON CORPS

s’agit pas de s’inquiéter parce que Sophie ne correspond pas aux normes… Mais quelle est la vie de Jean et d’Annie ? Quelle image d’eux-mêmes donnent-t-ils à leur fille ? Ne sont-ils pas, en grande partie, responsables ? Depuis sa petite enfance, Sophie n’a cessé d’entendre cette litanie des temps modernes, même si elle part de « bons sentiments » : « Attention, ne joue pas avec ça, tu vas te faire mal. » « Ne sors pas, il fait froid, tu vas t’enrhumer. » « Ne cours pas, tu vas tomber. » « Redresse toi, tiens-toi droite… » Comment Sophie pourrait-elle se tenir droite si, dès ses premiers pas, ses parents ne cessent de l’inquiéter et de développer ainsi chez elle un sentiment d’angoisse qui freine son épanouissement et des inhibitions qu’elle conservera bien souvent à l’âge adulte ? Un enfant a besoin de bouger ; dès le plus jeune âge, le mouvement est indispensable pour harmoniser sa croissance.

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Le corps est d’actualité, certes, mais il ne s’agit nullement d’une mode : l’inactivité physique liée en grande partie au progrès technologique a considérablement modifié nos habitudes de vie courante (transport, etc.) et plus que jamais une bonne hygiène de vie est nécessaire pour faire face aux risques cardio-vasculaire et respiratoire qu’elle entraine. La sédentarité est le cancer de notre société. À titre d’exemple, la progression constante des maladies respiratoires et particulièrement la BPCO (Broncho-Pneumopathie-Chronique-Obstructive) de l’adulte, souvent liée au tabagisme, qui amène ces patients à un déconditionnement (l’essoufflement créant une démotivation pour tout effort physique, il s’ensuit une fonte musculaire, avec une capacité d’effort cardio-respiratoire considérablement réduite, et donc à une augmentation de leur essoufflement. Le réentrainement à l’effort, par une activité physique adaptée, va permettre à ces patients de retrouver une réelle autonomie en optimisant au maximum leurs capacités ventilatoires diminuées. L’OMS (Office mondiale de la santé) nous donne la réponse en ne cessant d’insister sur la nécessité de développer le goût pour les activités physiques dès le plus jeune âge. Même si les enfants pratiquent plus volontiers que les adultes une activité physique il n’en demeure pas moins que, aujourd’hui, à 10 ans, ses devoirs de classe terminés (quand ils sont terminés), votre enfant se vautre dans un fauteuil, la tablette ou la commande d’un jeu vidéo en main devant le récepteur de télévision, souvent en compagnie de son goûter ou de bonbons et, lorsque ses parents le réprimande, il se fait l’écho de leur propre langage : « je suis fatigué… J’ai travaillé… J’ai le droit de me détendre ! » . Corps paresse, corps tristesse... C’est notre rôle de parents et d’éducateur de favoriser une motivation afin d’installer de nouvelles habitudes par un nouveau mode de vie !

Apprendre son corps

Donnez-lui donc alors le « droit » de pouvoir s’épanouir à travers une hygiène corporelle. La cellule familiale n’est-t-elle par le lieu privilégié où l’enfant devrait trouver son plein épanouissement ? Sachons, par notre hygiène de vie, favoriser dans le cadre familial cette démarche. Avant de poser un œil critique sur la « bonne » ou la « mauvaise » attitude de notre enfant, il nous paraît important d’apporter certaines précisions sur la « morphologie » (étude des formes du corps humain). La forme de notre corps est liée à différents facteurs : la charpente osseuse (notre squelette), les muscles et les graisses la recouvrant. Nos glandes endocrines qui assurent contrôle et croissance, sont le gérant de ces éléments ; le grand patron étant notre hérédité et notre groupe ethnique. Ainsi, nous serons (et) ou auront des enfants « longilignes et secs », ou « joufflus et arrondis », ou « musclés et forts »… Plus nous avançons dans le temps, plus nos petits citadins ont une tendance fâcheuse à ressembler au type « osseux », c’est-à-dire grand et maigre ou, de corpulence dépassant la norme, ce qui ne correspond pas toujours à leur évolution physiologique. À noter qu’une alimentation déséquilibrée (fast-foods par exemple), des boissons riches en glucide, le manque d’activité physique peuvent amener l’enfant et l’adolescent à des carences nutritionnelles engendrant une obésité, un retard staturo-pondéral avec troubles de développement cognitif et comportemental, des caries dentaires, une chronicité de certaines maladies... Un mode de vie sain et une alimentation équilibrée, les repas pris en famille qui concilient le plaisir et la convivialité, contribueront à limiter les risques à l’âge adulte de maladies cardio vasculaires, de diabète II, etc. L’homme n’a cessé de grandir au cours des siècles (observons la hauteur des portes des siècles précédents). Il est possible aussi que, contrastant avec notre époque, le travail de force que l’on réclamait des plus jeunes perturbait ou retardait leur développement. Cela pouvait se vérifier encore il y a quelques années dans certaines campagnes peu mécanisées. Lorsque l’école n’était pas obligatoire jusqu’à 16 ans et que les enfants aidaient leurs parents aux champs ou dans d’autres travaux de la ferme, portant des charges beaucoup trop lourdes pour leur âge osseux.

Développons notre esprit d’observation Mesurons les différentes lignes de force du corps. La région la plus sollicitée à l’effort, donc la plus tonique, est avant tout notre bassin et nos membres inférieurs (nous sommes bipèdes, il ne faut pas l’oublier). Si cette force existe en bas, en haut elle devient souplesse. Pour relier et maintenir ces deux régions, il faut un système musculaire tonique en arrière et élastique en avant.

Apprenez à respirer à vos enfants

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TROISIÈME PARTIE : CONNAÎTRE SON CORPS

Il s’agira donc de veiller à ne pas « redresser » systématiquement telle ou telle partie du corps qui, à première vue, pourrait avoir l’apparence d’une déformation car elle n’est pas forcément la plus importante et parce qu’elle appartient à un ensemble déficient. Nous devons déjà reconnaître certains reflets du caractère de notre enfant par l’expression de son visage (timide ou exubérant, fier ou honteux, etc.), mais aussi par ces différentes attitudes. Sachons l’observer non pas comme une sculpture du musée du Louvre, mais plutôt à la dérobée. Dans sa vie de tous les jours, si possible lors de sa toilette, seul moment – excepté, l’été à la plage ou dans le jardin – où nous ayons accès à sa nudité (difficile dans la période prépubère). Ainsi, la façon de poser ses pieds, de tenir sa tête nous amènera à apprécier son degré de tonicité. Est-il « hypotonique » ? avec ou sans déhanchement, le ventre partant en avant, le rein creux, le dos rond entraînant les épaules en avant, la tête renversée en arrière ou au contraire, « hypertonique » ? les courbures vertébrales étant estompées et les membres semi-rigides…

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Cette première impression de l’aspect général du corps mis en évidence (son modelé, ses proportions), sachons en apprécier la symétrie. Pour nous aider, étudions ensemble les différents aspects du corps, de la rectitude à la déformation en soulignant les bonnes et mauvaises attitudes.

Qu’est-ce qu’un enfant bien droit ? Nous serions tentés de dire que c’est un enfant qui « habite » son corps, qui a la chance d’aimer son corps, quelle que soit sa morphologie, qui connaît la sensation de bonne ou mauvaise tenue et pourrait donc se situer entre « l’hyper et l’hypotonie ». « C’est avec son corps, à partir de son corps que l’individu gère sa vie et en fait sa production essentielle. » Pr Yves Pélissier, Psychomotricité et relaxation, J. de Fontaine (Masson). Cette connaissance ne peut être acquise que si son environnement familial, mais aussi éducatif, lui donne le moyen de s’épanouir.

Qu’est-ce qu’un enfant présentant une mauvaise attitude ? L’attitude est la manière habituelle dont chacun d’entre nous se tient. Elle varie d’une personne à l’autre en fonction de son hérédité, de sa morphologie, de sa profession, de son mode de vie…

Apprendre son corps

L’attitude est aussi la position que prend spontanément le corps avec le minimum de contraction musculaire. On la retrouve au repos quand on se laisse aller, qu’on se sent bien, tout en conservant un certain équilibre. La mauvaise attitude sera la fixation momentanée dans une position non conforme à l’harmonie du corps et qui, progressivement favorisera, si l’on n’y prend garde, l’installation d’une réelle déformation qui, elle, sera permanente : celle de l’école, par exemple, à sa table de travail. Cette mauvaise attitude peut se développer de différentes façons. Elle est due en grande partie à une hypotonie musculaire (affaiblissement de la fibre musculaire). La meilleure façon de la prévenir est d’en connaître l’origine. C’est pourquoi nous anticiperons sur le chapitre concernant l’hygiène. Il s’agit bien là de prévention.

L’origine vestimentaire On la retrouve aussi bien dès le berceau qu’à la période post-pubertaire et même à l’âge adulte. Le simple fait de langer un nouveau-né est un acte très important pour l’avenir du jeune enfant. Une couche supplémentaire favorisera l’écartement des cuisses et, par la même, entraînera un positionnement correct de ses hanches. Attention néanmoins de ne pas trop serrer la couche pour ne pas provoquer un reflux gastro-oesophagien (RGO), surtout après la prise d’un biberon... Plus tard, les jeans et les vêtements trop étroits entraveront la respiration et l’aisance dans le mouvement, ce qui pourra à la longue, créer de mauvaises attitudes : observons la démarche de certains adolescents ou de jeunes adultes, engoncés dans des jeans trop étroits ou des chemises cintrées par exemple ! Rappelons-nous nos grandsmères qui portaient des corsets... pour avoir une taille de guêpe ! L’expression « ce vêtement le moule trop » exprime bien la manière dont celui-ci va modeler le corps ! Néanmoins, depuis quelques temps, leurs vêtements deviennent uniformes et surtout plus lâches, taille basse comme pour laisser l’abdomen libre de toutes contraintes et permettant à nos jeunes de mieux respirer... question de mode sans doute, mais celle-ci ne suit-elle pas une société en perpétuelle « mutation » ?... Des chaussures mal adaptées aux jeunes enfants pourront, elles aussi, amener des malformations des pieds et, par voie de conséquence, sur toute la charpente osseuse. Ne pas mettre systématiquement des chaussures aux nouveau-nés, comme on le

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TROISIÈME PARTIE : CONNAÎTRE SON CORPS

voit si souvent. Attendons ses premiers pas. Là aussi, prenons le temps de choisir, de bien les adapter à son pied et non à notre goût ! Ne pas nous inquiéter, non plus, si nous découvrons que notre enfant a apparemment les pieds plats. Avant quatre ans, pratiquement tous les enfants ont une voûte plantaire aplatie, les chevilles et les genoux en dedans (valgus et valgum). Passée cette période, si cela persistait, le pédiatre saura vous conseiller. Mais, dans la plupart des cas, une petite gymnastique bien conduite, la marche en terrain accidenté et une bonne hygiène alimentaire viendront à bout de son « hyperlaxité » (voir les exercices des amortisseurs, p. 135), bien mieux que des semelles orthopédiques ou des attelles nocturnes qui ne devraient être qu’exceptionnelles.

Inconfort... ou trop de confort ? Une mauvaise hauteur de chaise peut favoriser un déséquilibre du tronc, également l’attitude avachie dans un fauteuil en regardant la télévision, un lit trop mou, une position assise prolongée pour les enfants d’âge scolaire (observons, du fond de la classe, en fin de journée, nos petits élèves), que de dos ronds et déviés ! ! !

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Alors que l’Éducation nationale cherche désespérément à trouver des rythmes scolaires idéaux, pourquoi ne pas intégrer durant les cours, plusieurs fois dans la journée, des exercices de maintien associés à la respiration et à la relaxation ? Nos enfants seraient mieux tenus et bien moins fatigués et… les enseignants moins surmenés ! ! !

Physiologie et psychologie L’école est le centre de la vie de l’enfant. C’est pourquoi les relations entre le médecin de famille et l’enseignant sont très importantes. L’activité scolaire mal adaptée (mauvaise répartition des temps de travail et de vacances) demande à l’enfant une attention soutenue neuf mois dans l’année ; il faut donc compter avec la fatigue, fatigue liée au petit déjeuner insuffisant et « pris sur le pouce », à la quantité de sommeil insuffisante, aux sollicitations constantes de l’environnement extra familial, à l’absence d’activité physique ou au contraire à une surcharge d’activité annexe (judo, danse, football, ski, musique, etc.). Ainsi, bon nombre d’enfants sont surmenés et nerveux présentant une morphologie de gringalet au teint pâle, très sensible aux maladies de l’enfance, parfois même aux états dépressifs, surtout dans le secondaire. Néanmoins, il faut reconnaître que, depuis de très nombreuses années, certaines améliorations ont été apportées dans l’enseignement général : de la première classe de

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neige (1953), aux classes vertes et de mer pour les plus jeunes, jusqu’au secondaire, avec la possibilité pour les passionnés de sport, d’associer entraînement sportif voire même compétition, à leurs études. Enfin, il ne faut pas négliger non plus le facteur héréditaire. Dans ce domaine très complexe, beaucoup d’éléments peuvent entrer en jeu, notamment la taille et la morphologie des parents et grands-parents, celle des frères et sœurs, ainsi que les conditions socio-économiques de la famille et les problèmes psycho-affectifs posés par l’enfant. Certains retards de croissance ou morphologiques pourront ainsi s’expliquer. Cependant, en dehors de cas très précis relevant de la médecine, l’origine des anomalies de croissance est généralement alimentaire : carence et malnutrition. Nous soulignerons, en particulier, le rachitisme (carence en vitamines D) qui entraîne une hypotonie musculaire, une malformation osseuse très souvent associée à une insuffisance respiratoire due à la rigidité de la cage thoracique, ce qui prédispose ce type d’enfant, aux infections broncho-pulmonaires. Faisons une comparaison : la colonne vertébrale serait le mât d’un navire, les muscles, les haubans (cordages). Si les haubans se détendent, le mât peut encore tenir la verticale par temps calme, mais attention à la houle ou à la véritable tempête ! Pour la colonne vertébrale de notre enfant, c’est un processus semblable : si sa musculature est relativement entretenue et, tant qu’il se trouve dans un milieu qui lui permet de s’épanouir, son dos ne souffrira que très peu. En revanche, à la moindre fatigue, maladie, problème relationnel, scolaire ou familial, etc., ce sera la tempête, et alors gare à la catastrophe ! C’est ce que l’on appelle « l’attitude asthénique ». L’enfant présente une exagération des courbures vertébrales lombaires, ce qui l’amène à pousser le ventre en avant et a reporter son dos en arrière lui faisant ainsi le « dos rond » ; la nuque, s’inclinant alors vers l’avant, se creuse à son tour pour permettre à la tête de se redresser et de conserver l’horizontalité du regard (c’est la cypho-lordose). On peut craindre aussi l’attitude « hanchée » (se tenir sur une jambe afin de conserver son équilibre) qui crée une courbure latérale de la colonne vertébrale (et si elle s’associe à une rotation des vertèbres, c’est la scoliose !).

Qu’est-ce qu’un enfant présentant une déformation ? Déviations ou déformations ? Elles peuvent être la résultante d’une mauvaise attitude qui s’est fixée : c’est le mât du navire après la tempête. On tente de retendre les cordages, mais le mât a souffert. Il y a modelage ou rotation des vertèbres.

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TROISIÈME PARTIE : CONNAÎTRE SON CORPS

Elles peuvent être aussi congénitales. Elles sont souvent l’aboutissement d’une attitude dont on ne s’est pas préoccupée, d’une mauvaise hygiène, de carences alimentaires, de troubles glandulaires, de troubles de la croissance (maladie de Scheuermann). Les déviations concernent la colonne vertébrale et se constatent soit de profil soit de face. DE PROFIL

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Trois types de déviations : soit une exagération des courbures physiologiques, soit une inversion de ces dernières, soit encore un effacement. C’est ainsi que nous verrons apparaître un dos rond, cyphose, des « reins creux », lordose, et des dos plats. Ces différents types de déformation sont bien souvent la conséquence d’un relâchement de l’abdomen et d’une rétraction musculaire, qui se répercute au niveau dorsal entraînant une dépression des côtes basses (elles ressortent) et une poitrine en « pain de sucre ». De surcroît, il arrive que par l’hyper-laxité des ligaments, les courbures s’inversent à la position assise. N’oublions pas que nos enfants restent assis très longtemps, cette mauvaise position peut se fixer à moins qu’elle n’évolue vers une déformation plus terrible, la scoliose ; de toutes façons, avec l’âge, elle risque de devenir douloureuse : les plateaux vertébraux vont se modeler et très vite engendrer lombalgie et sciatique... DE FACE

Les déviations latérales de la colonne avec une ou plusieurs courbures (scoliose) pourront entraîner une déformation du thorax : les vertèbres subissant une rotation vont favoriser une position très particulière des côtes jusqu’à faire apparaître de véritables bosses sur le tronc de l’enfant (surtout en flexion antérieure, les jambes étant tendues, les pieds serrés). Les recherches médicales ont beaucoup progressé dans ce domaine, mais seule la prévention peut véritablement les éviter.

Autres déformations Elles en sont soit le facteur déclenchant, soit la conséquence. DÉFORMATIONS DES PIEDS X X X

voûtes plantaires affaiblies (pieds plats) ; pieds valgus (en dedans) ; pieds varus (en dehors) qui construisent une mauvaise attitude de la colonne.

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DÉFORMATION AU NIVEAU DES GENOUX X X X X

valgum (en dedans, normal entre deux et six ans) ; varum (les genoux en dehors, les pieds étant serrés) ; flexum (l’extension est difficile) ; recurvatum (l’extension est trop importante).

BASCULE LATÉRALE DU BASSIN

Lié à une différence de longueur des membres inférieurs (retard de croissance, fractures mal consolidées, luxation de la hanche, etc.). À L’AUTRE PÔLE, AU NIVEAU DE LA TÊTE, DES ÉPAULES

Torticolis congénital, mauvaise position de l’écolier à son bureau ou dans le transport de son cartable « bourré » (les valises à roulettes pourraient être une aide efficace pour soulager le dos de nos enfants car même le sac à dos est rarement porté sur les deux épaules...), problèmes auditifs chez certains enfants (surdité unilatérale entraînant une tension de l’oreille saine vers la provenance du son). Dans la profession ou dans les loisirs du jeune adulte (travail à l’étau, pratique de certains instruments de musique : flûte traversière, violon... certains sports tels le tennis). Déformation du thorax liée directement à la déviation vertébrale ou à une mauvaise respiration nasale ou tout simplement congénitale (entonnoir xiphoïdien, pectus excavatum, ailerons de Sigaud, etc.). Déformation ou malformation des voies d’accès de l’air, soit parce que l’enfant est souvent enrhumé (rhino-pharyngite, etc.), soit parce qu’il présente une malformation des mâchoires et du palais. Ces deux éléments provoquent une mauvaise position de la langue, l’amènent à une respiration buccale enclenchant un déséquilibre de la tête, ce qui déplace le centre de gravité et perturbe l’équilibre vertébral. En résumé, des dysfonctions squelettiques peuvent entraîner des dysmorphoses maxillo-mandibulaires et réciproquement, des troubles de l’arrivée de l’air peuvent aussi engendrer des malformations squelettiques.

Pectus excavatum et ailerons de Sigaud

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Le développement physique Rappelons les grandes étapes de la croissance d’un enfant durant laquelle son corps va évoluer et se transformer : celle de la « petite enfance » qui va de la naissance à deux ans et demi, puis, vient la « moyenne enfance » qui, elle, se situe entre deux ans et demi et sept ans (formes rebondies), la « grande enfance » qui va de sept ans à la puberté non comprise (forme plus allongée, une « dysharmonie » remplaçant l’aspect « poupon et joufflu » de la précédente) ; l’adolescence qui comprend les différents stades pubertaires ; enfin la période post-pubertaire qui conduit à l’âge adulte. Il faut souligner à travers l’énumération de ces différents stades celui de la «grande enfance » où l’enfant s’allonge très rapidement, surtout des membres, sa musculature a du mal à suivre, ses proportions ne sont guère harmonieuses, c’est la caricature du préadolescent (cf. « le grand Duduche » de Cabu) Il se voûte. Il est maladroit, « empoté », et rechigne bien souvent : c’est l’âge ingrat. Nous devons davantage le surveiller et l’inciter aux activités de plein air d’un grand intérêt sur un plan psychomoteur.

Qu’est-ce que le tonus ? 118

On parle souvent de tonus. L’image que nous nous en faisons est celle que nous renvoient l’expression populaire ou les médias. Tonus est souvent synonyme de santé : « pour conserver votre tonus, manger le chocolat untel ». « Jean n’a pas de tonus aujourd’hui, il n’est pas efficace dans son travail, il paraît fatigué ». Dans une expression ou une autre, c’est le muscle qui est en cause. La définition exacte, nous l’empruntons au Pr Charles Foix : « C’est un état de tension active des muscles, permanent, involontaire, variable dans son intensité, suivant les diverses actions qui l’inhibent ou le renforcent. » En clair, le tonus est donc une contraction légère du muscle, entretenue de façon permanente, excepté dans la phase profonde de notre sommeil. Nous l’avons maintes fois constaté lorsqu’il nous arrive de prendre dans les bras, notre enfant endormi. Soit, il s’accrochera à notre cou tout en donnant l’impression de dormir, soit nous aurons l’impression de tenir une poupée de chiffon.

Il existe différentes formes de tonus Comme pour le tonus de repos dont la fonction est de maintenir en place les différents os formant notre squelette, les muscles jouent le rôle de « ligaments » actifs.

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Il y a aussi le tonus d’attitude qui est un phénomène réflexe, et dont le point de départ est essentiellement proprioceptif, luttant contre l’action de la pesanteur et maintenant le corps en station verticale. Enfin, le tonus de soutien qui s’exerce durant la contraction musculaire et renforce la contraction statique. Dès les premiers jours de sa vie, votre enfant prendra peu à peu conscience de son corps par la communication tactile que vous entretiendrez avec lui. Chaque geste que vous ferez pour le laver, le caresser, l’habiller, seront autant d’éléments positifs dans la structuration de son schéma corporel, surtout si ces gestes sont prodigués avec patience et amour. Par la suite, en grandissant, le nourrisson commence par découvrir visuellement et toujours tactilement toutes les parties de son corps : mains, pieds, visage, etc. par des petits exercices passifs (massage-étirements), puis actifs (exercice de préhension). Nous ne saurions que vous conseiller de parcourir, « Shantala », livre de Frédérick Leboyer, gynécologue-obstétricien, qui nous initie à la pratique ancestrale du soin apporté à l’enfant... Comprenons bien l’importance de toutes ces stimulations, donc des exercices physiques. Dans l’idéal, cette « gymnastique » devrait commencer très tôt au sein de la famille, et se poursuivre à la crèche ou les haltes-garderies lorsque l’enfant y est placé, puis à la maternelle et à l’école primaire. C’est pourquoi, nous décrivons des exercices globaux d’échauffement valables à tout âge, mais détachons particulièrement les exercices pour la période de la petite enfance en milieu familial ou en milieu de garde, et ceux destinés à la période de l’enfance correspondant à l’école primaire. Les deux milieux alors doivent être complémentaires pour une évolution harmonieuse : l’école et la maison.

Se tenir et se sentir droit « Un enfant qui se tient mal est déjà un “insuffisant respiratoire” alors qu’un enfant qui se sert correctement de son souffle a toute les chances de parvenir au plein épanouissement de son corps. » Après cette sensibilisation à l’éveil de sa respiration, et pour les plus grands (à partir de six-sept ans), l’enfant va pouvoir mieux prendre conscience de sa verticalité et particulièrement, situer dans l’espace les différentes parties de son corps. Il prend conscience de son schéma corporel qui est la représentation que chaque personne se fait de son corps afin de lui permettre de se situer dans l’espace. « C’est une perception individuelle de notre « Moi Peau ». Il exprime la façon dont le corps s’organise dans l’espace ».

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« Cette orientation qui lie étroitement le corporel et le mental, présente l’avantage de mettre en évidence comment l’affectif et le fonctionnel interviennent de façon indissociable pour modeler l’attitude du corps » (Dr Jean Le Boulch). Auparavant, l’enfant devra les mobiliser par des exercices, dits d’échauffement, qui seront en fait des exercices préparatoires à cette prise de conscience. Il nous faut rappeler que la notion de schéma corporel (connaissance et représentation de son propre corps dans l’espace et dans le temps) s’élabore par l’intermédiaire de données extéroceptives, intéroceptives et proprioceptives : X extéroceptives : par toutes les sensations nous venant de l’extérieur donc par l’intermédiaire de tous les sens (vision, audition, olfaction, goût et toucher) ; X intéroceptives : par toutes les sensations intérieures de notre corps, comme les sensations viscérales (cœur, poumon, etc.) ; X proprioceptives : par l’intermédiaire des parties profondes, des os et des articulations.

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Ainsi, dès le début, on essaiera de lui faire faire ces exercices face à une glace afin que le contrôle puisse être opéré visuellement, puis on s’efforcera petit à petit de les lui faire pratiquer sans le contrôle visuel afin que les sensations viennent « de l’intérieur ». Il sera aussi très important de faire remarquer à l’enfant, tant dans le relâchement que dans la contraction, les différentes compensations qu’il peut réaliser comme, par exemple, de trop redresser le dos, ce qui risque de provoquer un ventre rond ou, à l’inverse, de rentrer le ventre avec excès et provoquer un dos rond. Puis, l’exercice est fait sans contrôle visuel. Il essaiera de percevoir que les différentes articulations sont étirées, rééquilibrées et mises en place pour permettre au corps de se tenir en station rectifiée. Nous insisterons tout particulièrement sur la bascule du bassin et la correction de la tête qui permettra un véritable rééquilibrage de la charpente osseuse. Les exercices d’échauffement feront donc appel à ces différentes données, mais plus particulièrement à la famille des exercices à facteur essentiellement extéroceptif. 1. Se tenir droit devant une glace, contrôler que ses épaules sont au même niveau et que les jambes sont écartées de la même façon, que les doigts sont au même niveau des deux côtés, que la tête est droite, que le dos n’est pas voûté, que les « reins » ne sont pas creusés, et que le ventre n’est pas ressorti. Lorsque cette position est acquise et contrôlée (quand cela est possible par une deuxième glace en arrière ou deux glaces sur le côté comme dans les armoires de toilette), on contracte progressivement pendant quelques secondes (de cinq à vingt par exemple) sans rien bouger, tous les muscles des pieds, puis tour à tour des jambes et cuisses, fessiers et du ventre, de tout le dos, des épaules et bras (en

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arrière) de la nuque, du visage (faire la grimace)… Ceci se fera le temps d’une inspiration, celle-ci favorisera la prise de conscience du thorax qui est alors mis en tension. Il ne s’agit donc pas là d’un exercice respiratoire en tant que tel. Lorsqu’il relâchera cette tension d’abord d’un seul coup, puis progressivement de la tête aux pieds, il soufflera d’abord fortement et rapidement (bouche-nez), puis plus lentement en fonction du relâchement. Il ne recommencera l’exercice qu’après quelques inspirations-expirations profondes. Le même exercice s’effectuera petit à petit, les yeux fermés, le contrôle visuel dans la glace étant permis de temps en temps, jusqu’à ce qu’il s’aperçoive qu’après avoir expiré, la ligne des épaules, la position générale du corps aient repris leur position normale sans besoin du contrôle visuel. L’exercice est poursuivi en essayant de sentir intérieurement le moment de tensiondétente de tous les organes viscéraux (cœur, poumons, compte tenu de l’abdomen). L’exercice est fait sans contrôle visuel en essayant de percevoir que les différentes articulations sont étirées, rééquilibrées, et mises en place pour permettre au corps de se tenir en station rectifiée. Nous insisterons tout particulièrement sur la bascule du bassin et la correction de la tête qui permettra un véritable rééquilibrage de la charpente osseuse (bascule du bassin, cf. p. 22). Cet échauffement peut débuter en position couchée ou en position assise-tailleur, assis-crochet, à genoux, assis-talons, à genoux, assis entre les chevilles, etc. (voir le chef sioux, p. 131). Il peut aussi être utilisé comme exercices de relaxation dynamique (p. 163), aidant l’enfant à se concentrer sur le phénomène de « récupération », c’est à dire sur les sensations exprimées par son corps.

Il nous paraît aussi important de faire sentir, au petit enfant, la correction de son corps par un toucher, lui faire constater les contractions sur lui-même, ou sur ses camarades (en groupe) : la main sur le ventre, par exemple, pour « sentir » qu’il se rentre (cf. colin-maillard, p. 167). Après cette description, on comprendra que les « vrais » exercices de statique, de redressement, en un mot de gymnastique, ne pourront pas commencer avant l’âge de six-sept ans et même à ce moment-là, devront-ils être globaux sans recherche de mouvement analytique très spécifique ; il n’apporterait rien à l’enfant, étant donné la maturation en cours de son système nerveux et donc du contrôle volontaire de sa motricité, en particulier pour solliciter le redressement du corps. En revanche, les exercices globaux à base de certains automatismes sont utiles à la vie de relation et à la vie normale tout court.

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↗ EXERCICE DE SENSIBILISATION

Avec un ballon puis une balle, essayez de passer sur toutes les parties du corps y compris le dos ; les enfants ayant des difficultés devront dire tout haut quelles parties du corps sont touchées.

Variations utiles à la connaissance du corps et au redressement

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Un ballon est lancé en direction de l’enfant, celui-ci devra le rattraper en recherchant l’impact sur différentes parties du corps (dessus de la main, avant-bras, bras, épaule, tête, visage, nuque, dos, fessiers, cuisses, genoux, jambes, pieds, etc.). En position debout : la même prise de conscience devra être faite. L’enfant commencera par voir si ses pieds reposent de la même façon au sol (sent-il ses pieds bien à plat, sent-il des creux et des bosses, sent-il son bassin bien équilibré, sent-il sa colonne vertébrale bien étirée vers le haut et non affaissée, se sent-il presque étiré vers le haut comme si on lui soulevait la tête ?). Faire participer les muscles et les articulations à cet étirement (vers la rectitude) puis relâcher tout, tout en restant bien droit (relaxation). En contrôle : se mettre debout, le dos contre un mur et essayer de faire toucher, sur le mur, les différentes parties du corps qui ne pourraient pas le toucher normalement ; en même temps que le relâchement, souffler et se détendre.

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Autrefois, lors de ce type de gymnastique, l’enfant était pris en charge par un adulte qui lui faisait faire des exercices, parfois même des mouvements passifs qui se voulaient redresseurs ou correcteurs. Il s’agit maintenant d’une démarche où l’enfant n’a plus un rôle passif, mais actif : c’est lui qui est à l’origine de ses mouvements et de ses déplacements ; il agit volontairement dans la décision et dans l’exécution. Le docteur Le Boulch spécialiste d’éducation psychomotrice, indique que pendant que s’instaure la relation avec l’adulte ou l’autre enfant, avec les tâches à accomplir, ou tout simplement avec des objets, le développement fonctionnel s’effectue, surtout au niveau de deux sortes de fonction : les fonctions d’ajustement et les fonctions perceptives : X les fonctions d’ajustement se développent d’abord selon un ajustement global, par exemple, dans ce qui peut être appelé la coordination dynamique générale (pendant la petite enfance, la motricité a été exploitée dans sa globalité), puis plus finement pour acquérir dextérité et coordination oculo-manuelle (œil, action). Ces mêmes fonctions d’ajustement s’effectueront par une représentation mentale de plus en plus précise ; X les fonctions perceptives, avec en premier lieu, la perception du corps propre qui se fera d’abord en statique puis en dynamique (comme on a on l’a vu page 113 à propos du schéma corporel). La preuve en est faite quand l’enfant peut se dessiner d’abord en position statique (en arrêt) puis, plus tard (vers 10/11 ans), en position dynamique (en mouvement). Tous les adultes devraient essayer ce « test » pour voir s’ils en sont capables. Pendant ce temps-là aussi, on assiste à un perfectionnement des données extérieures qui consistent en la perception de plus en plus importante de l’espace et celle de plus en plus affinée du temps (durée, cadence, rythme). Nous retrouvons là les bases de la psychomotricité, s’adressant à l’enfant dans une démarche globalisante, « prenant en compte ses différents aspects affectifs, cognitifs et moteurs ». Celui-ci va acquérir la notion d’espace par les diverses perceptions (informations tactiles, visuelles, auditives...) qui l’aideront à appréhender le monde extérieur et son propre corps. Nous pourrons ainsi le sensibiliser par des percussions corporelles (taper des mains, des doigts, des pieds, etc.) mais aussi par l’utilisation d’instruments à percussion (rythmiques et mélodiques). En lui faisant découvrir le rythme, au travers les perceptions qu’il reçoit ainsi de son corps et de l’environnement, « nécessaire à l’organisation du geste et élément structurant du mouvement et de la relation », il sera amené à élargir ainsi la connaissance de ses limites corporelles et de ses possibilités motrices, de conquérir et d’approfondir, la conscience de son schéma corporel, par l’expression de son corps en mouvement.

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TROISIÈME PARTIE : CONNAÎTRE SON CORPS

Les percussions

La danse

CHEZ LES PLUS GRANDS, À PARTIR DE CINQ-SIX ANS

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Il s’agit, suivant le schéma du docteur Le Boulch, spécialiste d’éducation psychomotrice, de proposer une série d’exercices qui ne seront possibles et valables que s’il y a une « bonne » relation avec l’adulte et avec les autres. Cela peut sembler curieux d’insister sur cette condition dans le cadre de la famille où la relation est théoriquement bonne. Mais celle-ci peut être altérée quand l’adulte veut « faire faire » quelque chose à l’enfant. La meilleure façon, est de « faire ensemble » une gymnastique du groupe familial. 1. Marche de tout le groupe en évitant de se cogner les uns aux autres et en essayant d’aller partout dans la pièce. 2. À un signal donné, tantôt par l’un, tantôt par l’autre (taper dans les mains par exemple), on s’arrête dans la position exacte où l’on se trouve et l’on garde quelques instants cette pose. 3. Même exercice, mais cette fois-ci, celui qui donne le signal s’arrête dans une position rectifiée, pieds écartés à la largeur des hanches, bassin le plus en équilibre possible : ventre un peu rentré et bas du dos sans courbure exagérée, épaules basses et doigts des mains détendus et à la même hauteur des deux côtés, tête droite, mais nuque décontractée, les autres font de même. Exercice de mobilisation active de tous les segments puis « rééquilibration ». Fléchir en avant, en arrière la tête ; rééquilibrer. X Tourner à fond la tête à droite, à gauche (sans tourner les épaules) ; rééquilibrer. X Faire un mouvement complet de la tête dans un sens (circumduction) puis rééquilibrer. Même chose dans l’autre sens (voir relaxation dynamique, p. 165). X

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X

Même exercice mais cette fois-ci avec extension préalable de la colonne cervicale. Demander à l’enfant de sentir que sa tête est tirée vers le plafond ; pour les tout petits, de faire « comme si » ils dessinaient ou peignaient au plafond avec un crayon ou un pinceau fixé sur leur tête. Dès que possible, ces exercices seront faits les yeux fermés pour permettre une rééquilibration en position droite de la tête.

PLACE DU CHEVAL DANS L’APPRENTISSAGE DU CORPS

Dès le paléolithique supérieur, l’art pariétal (peinture sur la roche des cavernes) témoigne des relations existantes entre l’homme et le cheval ; les peintures des grottes de Lascaux et d’autres encore, nous montrent déjà qu’à l’époque préhistorique la place du cheval était dominante dans la vie de l’homme, et l’a toujours été dans l’histoire du monde. Par delà « l’outil » qu’il a pu représenter au cours des siècles (travail agricole, moyen de transport, armée, etc.), il est devenu un fidèle compagnon et cette relation affective va permettre à l’enfant de trouver dans ce rapport à l’animal le moyen de se structurer dans son corps mais aussi de s’épanouir psychologiquement.

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« Le cheval est un bon maître, non seulement pour le corps, mais aussi pour l’esprit et pour le cœur » (Xénophon, Ve siècle)

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La relation de l’enfant à l’animal ressemble beaucoup à celle du primitif à l’animal. L’enfant ne présente pas la moindre trace d’orgueil qui, par la suite, pousse l’Homme civilisé adulte, à séparer sa propre nature de tout le règne animal, par une ligne de démarcation tranchée. Sans hésiter, il accorde à l’animal d’être pleinement un égal, reconnaissant sans inhibition ses besoins ; il se sent, sans doute davantage, parent de l’animal que de l’objet, qui est vraisemblablement énigmatique pour lui, précise Sigmund Freud dans « Totem et Tabou » ( Petite bibliothèque Payot). Elle peut être donc aussi être une véritable thérapie en psychomotricité, que ce soit pour des problèmes moteurs ou psychologiques permettant de favoriser l’adaptation de l’enfant (ou, de l’adolescent et de l’adulte) dans son environnement à travers la multiplicité des expériences psychocorporelles.

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« La psychomotricité avec le cheval, en sollicitant les sens, les émotions, les compétences motrices et intellectuelles, agit sur le tonus musculaire, le schéma corporel, l’équilibre, la confiance en soi, l’autonomie, la relation à l’autre… » (Pauline Gabillard, Psychomotricienne).

J’apprends à prendre soin de mon ami

RÉVEILLONS NOS MUSCLES !

A

u lieu, là aussi, de susciter et de proposer des exercices stéréotypés et inintéressants comme dans la « gymnastique » – ce qui n’exclut pas que certains soient nécessaires –, il nous paraît important d’utiliser certains supports: ballon, balle, banc de bois, etc., pour les faire sous forme de jeux. À l’école, l’enfant va passer du jeu libre de la petite enfance aux jeux de règles, du jeu de règles aux jeux sportifs collectifs. Pour les exercices du type « Hébertisme » il est important de privilégier un milieu ouvert, la nature plutôt que la salle de gymnastique ou la classe en particulier. Ne pas

Réveillons nos muscles !

négliger les facteurs espaces-temps-rythme, et le facteur socialisant puisque c’est l’âge-clé pour la socialisation de l’enfant. Dans la classe ou dans une salle spécialisée L’utilisation du matériel de classe sera particulièrement intéressante : chaises, bancs, tableaux... À l’extérieur de la classe Tout le matériel, tous les éléments doivent servir à lancer, attraper, se déplacer, porter seul, à deux, en groupe. Du jeu individuel et libre, on va passer au jeu de groupe, structuré. Il viendrait à l’esprit d’utiliser des sports tels que le volley-ball, le basket-ball ou les étirements vers le haut qui sont de règle pour des enfants que l’on désire « bien droits ». Pourtant, il faut être prudent, car l’esprit de compétition bloque et contracte les muscles. Mieux vaux quelquefois attendre un peu avant de faire ce type de sport. La natation est parfaite (p. 141). Il faut s’étirer mais dans la souplesse et la détente Les jeux s’organiseront donc depuis les simples déplacements sur et sous les obstacles ; les objets seront lancés d’un côté comme de l’autre ; les enfants seront portés : le saute-mouton, le porter à deux, le porter à quatre… Il s’agit là d’un retour aux anciens jeux qui ont souvent été abandonnés parce que « trop faciles » donc « inutiles » ! Les lancers de ballons se feront d’abord librement puis, sous forme de balle au chasseur, ou de passe à 10 (en commençant par deux, puis trois, etc.). Dans l’optique du redressement du corps, seuls les jets de balle vers le haut seront efficaces. Le jeu individuel est peu enrichissant, c’est la notion de groupe qui a de la valeur. Notre souci au départ était de rendre tel enfant « bien droit », celui qui a un profil à corriger, mais pourquoi toute une classe n’en profiterait-elle pas ?

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EXERCICES

TONIFIER L’ABDOMEN,

LE THORAX

ET LE DOS

ÉQUILIBRER LA COQUE DU NAVIRE Le travail à deux est toujours plus intéressant de part la responsabilité et, donc, de l’esprit d’observation qu’il implique. Ces mouvements de musculation de l’abdomen et du dos seront pratiqués avec une adaptation à chaque type d’enfant et en suivant scrupuleusement une progression. En ce qui concerne la musculation de l’abdomen, il faut avant tout comprendre le mécanisme qui rentre en jeu pour éviter les erreurs à ne pas commettre. Si nous considérons le corps allongé « comme les bras d’une balance » et que nous plaçons le fléau au niveau du bassin, nous constaterons que la masse la plus importante sera du côté du tronc ; il nous faudra donc pour débuter ces exercices, utiliser le bras de levier le plus fort, c’est-à-dire le tronc. En outre, une position correcte des bras (en chandelier) favorisera une fixation des omoplates et une ouverture des épaules permettant de lutter contre les forces qui pourraient accentuer l’enroulement.

128 Tonification de l’abdomen et développement du thorax

Débuter le mouvement, jambes pliées, ramenées sur la poitrine, bras en « chandelier ». Inspirer en tendant les jambes serrées à la verticale, expirer en les ramenant sur la poitrine. Puis, même exercice en écartant les jambes tendues. Recommencer plusieurs fois les deux exercices. Même type d’exercice que le premier, mais en y associant une dynamique du dos et du thorax avec l’aide d’un bâton. Position de départ : l’enfant est couché sur le dos, un bâton dans ses mains, tenu aux extrémités. Les genoux sont ramenés sur la poitrine, le bâton par-dessus les genoux. Les bras sont tendus.

EXERCICES

À l’inspiration, l’enfant se déroulera en tendant ses bras à l’horizontale et les jambes (serrées) à la verticale. À l’expiration, il ramènera l’ensemble à la position de départ. Puis, même exercice, jambes écartées.

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Tendre les cordages du mât En ce qui concerne le travail de la colonne vertébrale proprement dite, tous les exercices d’enroulement et de déroulement ainsi que de placement des omoplates et des épaules, feront partie de cette prise de conscience essentielle qu’est la rectitude. Néanmoins, il est nécessaire de fortifier les haubans. L’enroulement n’est effectué que pour mieux appréhender l’extension qui est l’essentiel de l’exercice. Très important pour la prise de conscience du maintien en classe. En effet notre corps est constamment sollicité vers l’avant, ce qui favorisera la flexion. D’abord debout, jambes écartées, laissez tomber les bras et le buste en avant en soufflant et en se relevant au maximum (les bras doivent être relâchés).

Enroulement-déroulement

EXERCICES

Le redressement se fera lentement à partir du bas du dos, vertèbre par vertèbre, en remontant jusqu’à la nuque. Faire le même exercice à genoux. En position « assis-crochet », on essaiera d’être le plus rond possible puis, on déroulera pour reposer les différentes parties du corps au sol et dont on devra prendre conscience. Les points de contact (de Gerda Alexander, en eutonie) L’enfant étant couché sur le dos doit faire l’inventaire des différentes parties du corps qui touchent réellement le sol, comme si après s’être relevé, ces parties restaient imprimées. Dans un deuxième temps, on essaiera de percevoir plus de choses en plaquant au maximum le corps au sol sur une inspiration et on le détendra (relâchera) sur une expiration. Certaines parties du corps, creux des reins par exemple, peuvent ne pas toucher le sol : on s’efforcera alors d’appuyer cette partie (en basculant en arrière le bassin). Parfois, la prise de conscience de ses parties non appuyées sur le sol peut être obtenue par l’utilisation d’objets glissés dans les parties creuses : petit sac de sable, de marrons, etc. Premier exercice II se fera à plat ventre. L’enfant aura les bras en « chandelier » pour un bon placement de ses épaules et de ses omoplates. Si sa cambrure lombaire est importante vous disposerez sous son ventre un petit coussin.

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À l’inspiration, il « décollera » légèrement le tronc et la tête (en faisant un « double menton ») après avoir préalablement, et avant toute extension, bien pris le soin de serrer les pieds, les genoux, les fesses (véritable bras de levier) permettant une extension dorsale et une musculation de tout le dos ; car, s’il y a relâchement des membres inférieurs, c’est le contraire qui se produirait : une accentuation, donc une aggravation de la courbure lombaire ! Deuxième exercice Ce même type d’exercice pourra se faire avec une position de départ à genoux, assis sur les talons, en partant de la position verticale à une position légèrement inclinée en maintenant la rectitude de la colonne vertébrale, l’axe se situant au niveau de l’articulation des hanches. Troisième exercice Même exercice, en position debout, contre un mur, les pieds légèrement écartés et à quelques centimètres du mur d’appui. La position des bras se fera toujours mains aux épaules, la tête faisant le « double menton » pour libérer la nuque qui doit toujours se trouver dans le prolongement du corps.

EXERCICES

LE CHEF SIOUX Tonification du dos Comme le chef sioux lors du grand conseil, les enfants seront assis en tailleur, en cercle, mains posées sur les genoux. En émettant un son (favorisant l’expiration), ils s’enrouleront progressivement. Puis, se redresseront en inspirant profondément, en plaçant correctement leur tête, leurs épaules, leur dos avec ce sérieux du grand chef sioux cherchant à imposer sa personne ! À répéter plusieurs fois. Pour les enfants ayant le bas du dos arrondi (les reins) même lorsqu’ils se redressent, placer un livre de quelques centimètres sous leurs fesses.

131 JEUX DE BALLON La fleur qui s’ouvre Exercices à faire en groupe. Premier exercice X Inspirer en levant le ballon. X Expirer en ramenant le ballon au centre.

La fleur qui s’ouvre

EXERCICES

Deuxième exercice Faire passer un ballon par-dessus la tête d’avant en arrière et d’arrière en avant Faire passer un ballon sur la côté en tournant le thorax au maximum Cet exercice pourra se faire assis sur un banc.

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Troisième exercice Faire passer un ballon entre les jambes en essayant de conserver le dos plat, puis se redresser.

EXERCICES

LE RAMEUR Mimant le rameur d’une barque, l’enfant assis, jambes tendues, portera le tronc légèrement vers l’arrière en même temps que ses mains à la poitrine et en conservant le dos bien droit pour mieux faire avancer son embarcation

Le rameur

LA FOURMI ET LE LÉZARD Vers la fin de la petite enfance et au début du stade de la moyenne enfance, la différenciation neuromusculaire n’est pas encore achevée, c’est pourquoi les exercices psychomoteurs sont essentiels. C’est l’âge aussi où l’enfant n’a pas la maîtrise du geste, ni un tonus de soutien. Il se trouve aussi bien par terre quand position verticale (les exercices de reptation et de quadrupédie seront donc intéressants à développer).

La fourmi

Comme une fourmi au travail, véhiculant ses œufs, l’enfant a quatre pattes va, en avançant, pousser avec sa tête un ballon. Il devra le diriger vers un endroit qu’on lui aura indiqué (entre les pieds d’une chaise par exemple).

Cet exercice pourra se pratiquer aussi à l’école sous forme de jeux, soit en suivant un parcours sinueux, soit d’un point à un autre, sans rompre à aucun moment le contact du ballon avec la tête.

Le lézard

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EXERCICES

LASSIE S’ÉTIRE La fidèle Lassie, cette gentille chienne, merveilleuse compagne des enfants, s’étire après un long sommeil, sur ses pattes de devant... L’enfant, étant à genoux, va étirer ses bras devant lui, favorisant ainsi une ouverture considérable du thorax. À faire surtout pour un thorax étroit ou déformé (enfoncement xiphoïdien).

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LE PRESSE-LIVRES Deux enfants, si possible de la même taille, se tournent le dos, les pieds légèrement écartés, les jambes tendues. Ils chercheront à exercer une poussée au niveau des différents points d’appui (tête, épaule, colonne dorsale, bassin). Ce même exercice pourra se réaliser en plaçant, entre les deux enfants, un grand carton ou une mince planche de contreplaqué. Ils devront ainsi se déplacer dans un sens puis dans l’autre sans faire tomber leur « livre ».

EXERCICES

RÉVISONS LES AMORTISSEURS Exercice des voûtes plantaires. Les voûtes plantaires sont de véritables amortisseurs. Sachons les entretenir. Bien heureux les enfants qui vivent au bord de la mer… Qu’ils marchent souvent pieds nus dans le sable ! Pour les petits citadins, quelques exercices : X dans un premier temps, et pour les plus petits, chercher à agripper des objets (crayon par exemple) avec les orteils ; X marcher sur les talons en faisant la griffe avec les orteils ; X marcher sur les bords externes des pieds toujours en faisant la griffe avec les orteils ; X marcher sur la pointe des pieds.

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MASSONS NOS PIEDS ET RENFORÇONS NOS CHEVILLES X X X X

monter sur la pointe des pieds, puis passer sur les talons plusieurs fois en prenant conscience du déroulement du pied sur le sol ; faire rouler doucement une balle en mousse sous un pied, puis sous l’autre ; marcher de côté sur une corde déroulée au sol, les orteils et les talons devant toucher par terre ; pour nos pieds comme pour notre système cardio-respiratoire, sauter à la corde.

EXERCICES

LE FLAMANT

Prise de conscience de l’équilibre et travail du train porteur. Appui unipodal (sur une jambe), l’autre étant à demi fléchie. Fermer les yeux. Prendre conscience de l’équilibre du corps. Puis, changer de côté.

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Dans un deuxième temps, renforcer l’équilibre du bassin en suivant avec la pointe du pied resté libre, différentes arabesques que vous aurez dessinées préalablement sur le sol autour de lui. Là aussi, recommencer de l’autre côté.

L’ÉQUILIBRISTE X X X

Marcher sur un trait tracé à la craie sur le sol. Marcher sur un banc. Marcher sur des pavés de bois ou de pierre comme pour franchir un ruisseau.

Augmenter la difficulté de l’exercice en tenant en équilibre sur la tête, un petit livre ou n’importe quel objet comme le font les petits africains ou orientaux, tenant leur cartable sur la tête !

EXERCICES

L’ÉCLUSIER

Fait travailler particulièrement les muscles du ventre. Peut se faire à deux ou en groupe. Les enfants se tournent le dos et tire une corde passant sur l’une de leurs épaules. Comme pour haler une péniche, ils tireront sur la corde avec les pieds bien ancrés dans le sol.

L’éclusier

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LE SÉMAPHORE Pour les plus petits Position de départ : à genoux, assis, ou debout, jambes écartées. 1. Élever les bras tendus latéralement jusqu’à l’horizontale, paumes des mains vers le bas (les épaules restant basses). 2. Les élever jusqu’à la verticale en tournant les paumes des mains vers le haut. 3. Même exercice, bras tendus devant soi, les paumes des mains se faisant face. On pourra varier l’exercice en faisant porter les mains soit derrière la nuque, sur la tête, à la poitrine ou aux hanches.

EXERCICES

Pour les plus grands Pour une meilleure prise de conscience du schéma corporel. L’exercice se fait d’abord devant une glace. Les jambes sont écartées, les bras pendants le long du corps. Premier temps : lentement, l’enfant porte le poids du corps sur la jambe droite qui devient alors perpendiculaire au sol. La jambe gauche se trouvant étirée par un rétablissement du bassin, l’appui de cette jambe gauche se fera sur l’extrémité du pied. Dans ce même temps, le bras droit s’élèvera latéralement jusqu’à parvenir dans le même axe que la jambe gauche. Puis, retour à la position initiale (appui sur les deux jambes, bras pendants). Deuxième temps : même exercice de l’autre côté. Troisième temps : les jambes sont écartées, les deux bras s’élèvent en même temps latéralement pour former un X. Une fois l’exercice bien visualisé, les trois temps se referont les yeux fermés. Il est très important de faire prendre conscience à l’enfant de la position correcte de son dos et de ses épaules.

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Le sémaphore

EXERCICES

LE PARCOURS DE MOWGLI Il est important, surtout au stade de la moyenne enfance, que l’enfant soit en contact avec les éléments de son milieu. Rappelez-vous cette délicieuse histoire de la jungle où Mowgli, petit d’homme vivant au milieu des animaux, courant, sautant, grimpant à la corde, à un arbre, escaladant une colline, marchant à quatre pattes, rampant, se jouant des obstacles, jonglant, faisant de l’équilibre, se suspendant, tractant et accomplissant bien d’autres exercices encore aussi séduisants pour l’enfant du XXIe siècle, surtout s’il n’a pas la chance de vivre à la campagne ! Pourtant, il suffirait de bien peu de choses pour que notre « petit citadin » retrouve son frère Mowgli, même au cœur d’une jungle d’immeubles ! Un peu d’imagination, la récupération de vieilles boîtes en carton ou de conserves, de sacs d’emballage ou de bouteilles en plastique et bien d’autres feront d’excellents accessoires qui se substitueront aisément aux éléments et aux obstacles naturels ; de surcroît cela permettra à l’enfant de découvrir que l’on peut ne pas gaspiller, ou créer à partir de pas grand-chose. Ces exercices pourront se faire à tout âge et, aussi, être rendus très vivants par le jeu et le mime : par exemple par l’imitation de la démarche de certains animaux ou insectes...

139 LE KANGOUROU Accroupis, les bras entre les cuisses, l’enfant se projette en avant par bonds successifs. Même exercice les jambes ou les pieds dans un sac ou un carton.

EXERCICES

LA MARCHE DES INDIENS Exercice favorisant l’étirement. Comme les Sioux, l’enfant fait un pas puis fléchit à 90° le genou de la jambe qui est en avant, ce qui exerce un étirement de la jambe opposée, laquelle, elle, se trouve en arrière, et ainsi de suite.

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Marche indienne

LE CANARD Marcher, accroupi, mains aux hanches

Le canard

EXERCICES

LE COMBAT DE COQS Les enfants se font face, accroupis, les paumes des mains en contact. Sans se redresser, ils chercheront à se pousser. Ces exercices font travailler les fessiers et redressent le bassin dans une bonne position surtout s’il y a un relâchement du ventre.

141 LA GRENOUILLE Le réflexe de nage : Si vous tenez votre jeune enfant dans l’eau sur le ventre, la face dans l’eau, il va effectuer des mouvements, agiter les bras et les jambes « comme pour nager ».

J’aime la mer !...

EXERCICES

Lorsque l’enfant se retrouve, dès les premiers mois de sa naissance plongé dans l’eau chaude (35° à 37°) de son bain, c’est à la fois une forme de retour au liquide amniotique mais, aussi et surtout, ce contact avec l’eau, sera le début de sa construction corporelle (cf. shéma corporel). Elle se fera associée à des contacts comme celui avec l’eau, mais surtout celui de « peau à peau », celui du contact avec sa mère. L’apprentissage dans l’eau est très important. Il serait souhaitable qu’au début, le jeune enfant soit tenu, en rectitude dans les bras du père ou de la mère, ou d’une personne qui lui soit familière Le fait de le porter pour lui faire découvrir le milieu aquatique est un élément majeur, d’autant que vous le ferez en « vis à vis », à la même hauteur du regard de celui-ci et « peau contre peau ». Il s’agit, en effet, de le sécuriser non pas seulement physiquement mais affectivement. Ne jamais forcer un enfant à aller dans l’eau surtout si celui-ci résiste à votre invitation. Donner lui le temps de s’adapter. En regardant les autres, dans une piscine par exemple, il vous sollicitera lui-même pour s’y rendre. Les premières expériences de « bébé-nageurs » ont été réalisées par Myrta MacGraw. (1939), qui mit en évidence trois phases dans le développement du comportement aquatique de l’enfant : X des mouvements réflexes de natation (la nage du petit chien par exemple), X un comportement désorganisé, X des mouvements volontaires ou délibérés.

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Lorsque l’enfant a le visage dans l’eau, il va, par réflexe, faire des mouvements de bras et de jambes « comme pour nager ». Sous l’eau, il retiendra sa respiration, c’est le réflexe d’apnée et il ouvrira aussi spontanément ses yeux. Apparemment, les réactions de l’enfant plongé dans l’eau sont désorganisées et globales, mais si le lieu d’immersion est « aménagé » et si, les parents s’occupent de lui, l’enfant nagera de façon organisée pour se diriger vers l’un ou l’autre.

L’aide de Papa

Avec Papa et Maman, je n’ai pas peur!

L’entraînement à l’immersion sera donc très progressif ; si on le brusque ou qu’il ne se sente pas sécuriser, l’enfant va se mettre d’emblée en apnée, en se raidissant et en s’arc boutant au cou de ses parents. Nous lui apprendrons donc avec patience et tendresse, à maîtriser le milieu et à avoir un bon contrôle de son corps dans l’eau. Une fois qu’il aura acquis cette confiance, nous pourrons suivre alors tout un processus éducatif, en insistant tout d’abord sur la respiration. Il est important de lui faire découvrir le

EXERCICES

milieu aquatique en utilisant, comme au début de ce livre, des exercices sous forme de jeux. Ces derniers vont lui permettre de transformer son inquiétude, voire son angoisse en plaisir lui permettant d’y faire face : Comme l’exercice de la balle de ping-pong (p. 18) mais, cette fois-ci, le corps immergé et la tête à fleur d’eau, demander lui de souffler sur celle-ci. Puis lors de la progression, lui demander de : X Faire des bulles en soufflant dans l’eau, le visage immergé. X Puis, progressivement, lui demander de faire le même exercice mais en mettant la totalité de la tête sous l’eau. X Même exercice, mais on lui demandera de souffler par le nez. X Un peu plus tard, lui demander d’ouvrir les yeux dans l’eau (en groupe on pourra lui demander de reconnaître sous l’eau ses parents, ses amis, etc.). X Jouer au cachalot en rejetant l’eau par la bouche qu’il aura préalablement remplie. Puis viendrons les sauts dans l’eau qui se feront toujours volontairement ; ils devront être faits en toute sécurité (c’est à dire en présence d’un adulte).

DES JEUX D’EAU POUR NE PAS AVOIR PEUR

143

EXERCICES

Profiter des moments de la toilette, de la douche, du bain (habituez le à recevoir de l’eau sur les yeux). Pendant les promenades et si le cadre le permet, organisez des jeux où il pourra patauger ; d’eux-mêmes, les enfants sont attirés par l’eau. N’avez vous jamais observé où, après une période de pluie, le soleil montrant son nez, votre enfant va de lui-même patauger dans les quelques flaques d’eau laissées par la pluie... !

Des premiers bains à la maison... premier apprentissage

... à la piscine.

Natation : Faire la brasse

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Dans la pratique de la natation la brasse est sans doute l’exercice idéal. Elle met en jeu toutes les parties du corps. Elle permet de les faire travailler à un rythme régulier et parfaitement symétrique. C’est donc un exercice naturel qui fait intervenir le triptyque de santé : travail musculaire, cardiaque et respiratoire (cf. témoignage G.Bozon p. 7).

La brasse

Je sais nager

PREMIER CHAPITRE

Hygiène générale 145

L

a vie trépidante que nous menons nous fait oublier bien souvent certaines règles d’hygiène élémentaires, mais pourtant indispensables si nous souhaitons que notre enfant se développe dans les meilleures conditions.

Apprenez à respirer à vos enfants

TROISIÈME PARTIE : CONNAÎTRE SON CORPS

SE LAVER PARTOUT La peau N’oublions pas que la propreté est un facteur essentiel de santé. La peau respire. Elle élimine des éléments nuisibles à la nutrition. Il faut penser souvent à se laver les mains, à se brosser les ongles. Chez les enfants, les ongles courts sont préférables. Combien d’enfants passent leurs journées avec le doigt dans le nez, entretenant ainsi leur infection nasale. Essayez aussi de ne pas les habituer trop à l’eau chaude. Comment faisait-on autrefois dans les campagnes ? Les professeurs des écoles (autrefois les instituteurs) prennent-ils le temps de réprimander, comme autrefois, les enfants peu soigneux d’eux-mêmes ?

Les dents

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« Dents blanches, haleine fraîche »… La publicité nous amène trop à croire que l’esthétique et ce que j’appellerai le « camouflage aromatique » suffisent à l’entretien d’une bonne hygiène dentaire. Des dents mal brossées permettent à la « plaque dentaire » de s’installer (les communautés microbiennes [bactéries, levures, virus, etc.] adhèrent aux divers solides présents dans la bouche). Les très nombreux microbes dont elle est formée vont transformer les débris alimentaires et les sucres en un acide corrosif. La constitution de cette réaction chimique va attaquer, comme la rouille sur les métaux, l’émail des dents et provoquer des caries. En l’absence de traitement, ce phénomène va continuer, tarauder les supports vivants de la base et faire mourir les dents. Ce manque d’hygiène peut entretenir l’infection rhino-pharyngée et plus tard des problèmes cardiaques. Il faut donc que chaque membre de la famille ait sa propre brosse à dents et qu’il la change souvent. Brossez régulièrement vos dents, un minimum de trois minutes après les repas et ne mangez pas de bonbons ou de sucreries avant le coucher. Pour les plus petits, dès que les premières dents ont fait leur apparition, ne pas donner de biberon de lait ou d’eau sucrée avant de s’endormir... Faites examiner les dents de votre enfant régulièrement, même s’il ne souffre pas. Ce n’est pas un luxe, c’est une prévention. Même les caries du jeune enfant doivent être soignées.

Premier chapitre : Hygiène générale

Ce n’est pas parce qu’elles doivent « tomber » et être remplacées par les dents définitives qu’elles ne doivent pas être traitées ! ↗ LA BROSSE À DENTS

L’hygiène dentaire fait partie de l’hygiène cardio-respiratoire.

Je me brosse les dents après chaque repas

Les caries sont sources d’infection

147

BIEN DORMIR

C

ouchez vos enfants tôt le soir. Il est rare que les émissions télévisées réservées aux enfants soient programmées les soirs d’école. Ne conservez donc cette distraction que pour les jours de vacances et, ce qui serait préférable encore, uniquement les jours de pluie. Un enfant a besoin d’un minimum de 10 à 12 heures de sommeil pour son équilibre physique et psychique. Faites en sorte que la chambre de votre enfant soit exposée une grande partie de la journée au soleil. Aérez-la souvent, surtout si elle est humide. D’autre part, il est à noter l’importance que revêt l’étirement matinal. Observons autour de nous les animaux, un chat, un chien par

Apprenez à respirer à vos enfants

TROISIÈME PARTIE : CONNAÎTRE SON CORPS

exemple. Après chaque assoupissement, si momentané soit-il, l’animal s’étire. Qu’en est-il de nos enfants et de nous-mêmes ? Le réveil sonne. Pris par le temps, nous « sautons » du lit, titubant jusqu’à notre salle de bains, et favorisons ainsi un état de fatigue permanent. Il nous suffirait de nous accorder une ou deux minutes, chaque matin au réveil, pour prendre conscience de notre corps en éveil par des étirements et de profondes respirations, nous préparant aux activités de la journée. Il existe dans le fonctionnement de notre cerveau une phase relais entre la conscience, dite « active », la veille, et le sommeil par lequel nous passons tous, le soir en nous endormant. Cette phase est la même lors du réveil et nous devons la respecter.

MAINTENIR UNE TEMPÉRATURE AMBIANTE RAISONNABLE 148

C

ela me rappelle une anecdote qui depuis s’est renouvelée bien trop souvent. C’était au printemps. Il y avait un soleil radieux. Le thermomètre s’allongeait comme aux plus beaux jours de l’été. Benoît, qui souffrait de rhino-pharyngites descendantes, vint me voir à mon cabinet couvert comme un explorateur de l’Alaska. Un anorak, un bonnet de laine, une écharpe, deux pull-overs, une chemise de laine, un sous-pull, enfin un maillot de corps ! Inutile de vous dire que Benoît était « en eau »… Évitons de trop couvrir nos enfants. Nous leur rendons de mauvais services, nous les fragilisons. Nous avons l’impression de nous donner bonne conscience, de nous sécuriser en les couvrant. « Je ne comprends pas qu’il s’enrhume tout le temps, me disait une maman, il est toujours bien couvert ! » D’autre part, veillez à ce que les vêtements soient amples. Notre peau ayant besoin de respirer, veillons, sous prétexte de nous simplifier la tâche, à ne pas trop utiliser de fibres synthétiques. Ces dernières, selon leur qualité, leur forme, si l’enfant transpire, sont une véritable serre qui l’amène à prendre froid. Il en est de même pour son pyjama et ses draps. Il dormira mieux dans des fibres naturelles. Nous sommes déjà suffisamment chargés d’électricité statique par notre environnement : immeubles en béton armé (véritables cages de Faraday), moquettes, plastiques

Premier chapitre : Hygiène générale

de toutes sortes, vêtements qui créent une douche écossaise électrique permanente déséquilibrant notre système nerveux. Évitez toutes moquettes, synthétiques ou non, dans les chambres. Elles retiennent un grand nombre d’allergènes que la rotation d’air chaud due au chauffage amènera en suspension dans l’air de la chambre. Profitez des conditions avantageuses consenties pour les économies d’énergie pour faire installer une minuterie sur votre chauffage central. Il est en effet beaucoup plus sain de dormir dans une chambre non chauffée. Ce type d’appareil permet au chauffage de s’arrêter dans la soirée et de se remettre en marche, seul, au petit matin : vous vous réveillerez dans un appartement à bonne température. Votre enfant ne se découvrira plus. Il vaut mieux le couvrir lorsqu’il n’y a pas de chauffage que peu le couvrir dans une chambre surchauffée. Il serait bon de ressortir les bassinoires et les bonnets de nuit de nos ancêtres ! Bien des gens s’enrhumeraient moins. La légère humidité produite par l’arrêt du chauffage évitera à la poussière des tapis, des meubles, de la literie, d’évoluer dans la chambre et de provoquer la toux, surtout si l’enfant dort la bouche ouverte.

ÉVITER LES FACTEURS ALLERGÈNES OU IRRITANTS

B X X

ien sûr et avant tout le tabac, polluant et le plus dangereux. D’une façon générale, ils peuvent être de plusieurs origines : X végétales et animales (chiens, chats, moutons, plumes contenant des acariens que l’on retrouve dans les matelas, oreillers, etc.) ; chimiques : certains médicaments (aspirine, par exemple) ; alimentaires : chocolats, poissons (surtout crustacés), œufs.

On trouve encore : X le salpêtre, les champignons produits par une trop grande humidité ; X les aérosols domestiques ; X la poussière sous toutes ses formes : poussière de maison (attention aux nids à poussière sous les meubles, les lits, les vieilles tentures) mais aussi tous les polluants émis dans l’atmosphère.

Apprenez à respirer à vos enfants

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TROISIÈME PARTIE : CONNAÎTRE SON CORPS

BANNIR L’ANXIÉTÉ ET LE CAPRICE

P

renez garde à l’extériorisation de votre inquiétude, à votre attitude hyperprotectrice qui vous amènera à créer un isolement, une véritable tour d’ivoire où l’enfant finira par se complaire, refusant tout effort personnel et développant en quelque sorte une mentalité d’assisté. C’est ainsi que vous favoriserez chez lui l’absentéisme scolaire, la limitation des jeux, du sport au détriment de sa maturation psychophysiologique. Pléthore d’enfants, en effet, sont inquiets, anxieux, parce que nous projetons sans cesse sur eux notre propre inquiétude face à leurs petits problèmes. « Comment vas-tu, aujourd’hui, Frédéric – Ça va pas, je suis encore malade ! – Pourquoi es-tu malade ? – Parce que je tousse. – Depuis quand tousses-tu ? – Hier, parce que j’étais au ski… c’est maman qui me l’a dit ! »

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Donc, si votre enfant éprouve des difficultés à l’effort ou même au repos en raison de son asthme, de ses bronchites répétitives ou de ses « rhinos », ne le considérez pas comme un infirme. Selon son caractère, un enfant aura besoin de s’affirmer, aidez-le dans ce sens ; tandis qu’un autre aura au contraire tendance à « exploiter » sa crise ou son handicap… Ne cédez pas systématiquement à ses caprices ! Car il arrive souvent que cet enchaînement psychophysiologique entraîne un problème relationnel parents-enfants. Essayez donc de percevoir la façon dont votre enfant ressent son handicap et la « nécessité » pour lui d’être aidé. Sommes-nous motivés, nous-mêmes, ici et maintenant, pour nous rendre suffisamment disponibles et répondre à sa quête éventuelle ? Si oui, alors continuons cet ouvrage et développons ensemble les exercices qui pourront l’aider à transformer son souffle.

Premier chapitre : Hygiène générale

QUELQUES PRÉCAUTIONS POUR LE SPORT ET LES VOYAGES

A

u lieu d’interdire de façon systématique aux jeunes enfants de se baigner l’hiver, on devrait plutôt généraliser l’utilisation de grands appareils soufflants (comme ceux pour sécher les mains dans les restaurants) pour sécher leurs cheveux. Il faudrait les inviter à porter des bonnets de bain ou des bouchons dans les oreilles, ce qui leur éviterait certaines otites. Il est fréquent de voir les enfants sortir des piscines couvertes tête mouillée alors qu’il neige. « Je ne l’envoie plus à la piscine, il revient chaque fois avec un rhume ! » Même si ces précautions sont prises, la brusque variation de température et d’humidité a aussi un effet néfaste. N’abdiquez pas ! Car cette natation en piscine couverte peut être d’un grand secours, en particulier dans le cas de l’asthme. Alors, comme s’il sortait des thermes, lors d’une cure, couvrez-le bien : bonnet, anorak, et surtout écharpe sur le visage. Écharpe qu’il portera aussi sur le visage lorsqu’il fait du vélo l’hiver. Attention aux fenêtres ouvertes dans les voitures : sinusites et certaines otites n’ont souvent pas d’autre origine.

FUMEURS, NON-FUMEURS, RESPECTONS NOS LIBERTÉS

P

etit guide à l’usage de ceux qui fument et qui ne veulent pas déranger les non-fumeurs, et vice versa.

Une mesure de prévention majeure

Les effets du tabac sur la santé sont connus et de graves maladies, cancéreuses et cardio-vasculaires notamment, lui sont directement imputables. X Depuis une dizaine d’années, les risques pour la santé entraînés par l’exposition passive des non-fumeurs à la fumée du tabac sont démontrés. Le tabagisme passif expose à un risque réel et non seulement à un simple désagrément. X Les effets du tabagisme passif ont été démontrés chez les enfants de parents fumeurs (fréquence accrue des angines, des rhino-pharyngites, des bronchiolites, des bronchites et des pneumonies). X L’objectif principal du décret du 29 mai 1992 pris en application de la loi du 10 janvier 1991 est de protéger les non-fumeurs. La bonne application de cette mesure n’exclut

Apprenez à respirer à vos enfants

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TROISIÈME PARTIE : CONNAÎTRE SON CORPS

X

pas évidemment que la courtoisie et la tolérance continuent à régir les rapports entre fumeurs et non-fumeurs. La liberté des fumeurs de fumer est préservée, lorsqu’ils ne gênent pas d’autres personnes, puisqu’il est possible de réserver des emplacements aux fumeurs.

D’une façon générale, « l’interdiction de fumer dans les lieux affectés à un usage collectif prévue par l’article 16 de la loi du 9 juillet 1976 s’applique dans tous les lieux fermés et couverts accueillant du public ou qui constituent les lieux de travail » (article 1er titre I du décret).

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Les textes de référence L’article 16 de la loi Évin du 10 janvier 1991 publiée au J.O. du 12 janvier 1991 relative à la lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme est libellé de la manière suivante : « Il est interdit de fumer dans les lieux affectés à un usage collectif, notamment scolaire et dans les moyens de transport collectif, sauf dans les emplacements expressément réservés aux fumeurs. Un décret en Conseil d’État fixe les conditions d’application de l’alinéa précédent. »

Premier chapitre : Hygiène générale

X

X

Le décret du 29 mai 1992 paru au J.O. du 30 mai 1992 fixant les conditions d’application de l’interdiction de fumer dans les lieux affectés à un usage collectif et modifiant le code de la santé publique. La date d’application du décret est le 1er novembre 1992.

Le décret du 15 novembre 2006 (applicable depuis le 1er février 2007) modifie la loi Évin et étend l’interdiction de fumer à d’autres lieux à usage collectif : X tous les lieux fermés et couverts accueillant du public ou qui constituent des lieux de travail ; X établissements de santé ; X dans l’ensemble des transports en commun ; X dans toute l’enceinte (y compris les endroits ouverts comme les cours d’école) des écoles, collèges et lycées publics et privés, ainsi que des établissements destinés à l’accueil, à la formation ou à l’hébergement des mineurs. Certaines catégories d’établissements (débits de boissons, hôtels, restaurants, débits de tabac, casinos, cercles de jeux et discothèques) ont eu jusqu’au 1er janvier 2008 pour s’adapter à la nouvelle réglementation. En France, cette interdiction de fumer dans les lieux publics est une grande victoire. Elle est l’un des aboutissements de la dynamique de dénormalisation du tabagisme, marquée par plusieurs temps forts : X le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) sur les conditions d’application d’une interdiction ; X la mission parlementaire sur l’interdiction présidée par Claude Évin (conclusion rendue le 3 octobre 2006) ; X l’implication quotidienne des associations antitabac : Alliance contre le tabac, l’Office français de prévention du tabagisme (OFT), le Comité national contre le tabagisme (CNCT), les Droits des non fumeurs (DNF) etc. et des experts ; X l’opinion publique majoritairement favorable à l’interdiction (76 % des Français en novembre 2006). ↗ LA POLITIQUE DE SANTÉ PUBLIQUE X

X

Cette lutte contre le tabagisme était également inscrite dans le plan triennal 1999-2002 de lutte contre les drogues et de prévention des dépendances. Ce plan gouvernemental inclut notamment le tabac et l’alcool dans le champ de l’usage des « drogues » au-delà de la dimension licite ou illicite du produit. Depuis 2002 et « la guerre au tabac » déclarée par le Président de la République Jacques Chirac dans le cadre du Plan cancer, et depuis 2004, création de l’Institut

Apprenez à respirer à vos enfants

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TROISIÈME PARTIE : CONNAÎTRE SON CORPS

national du cancer par la loi de santé publique du 9 août, la dénormalisation du tabagisme s’est largement développée. ↗ LA RÉGLEMENTATION

Dans les moyens de transport collectif La répartition fumeurs/non-fumeurs s’appuie en général sur des calculs de pourcentages, à l’exception des cas d’interdiction totale : X transports routiers collectifs ; X transports urbains (métro, RER) ; X voiture-bar des trains. Dans les établissements scolaires

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Jusqu’au collège compris et pour les locaux accueillant des jeunes de moins de 16 ans, seuls les enseignants et les personnels pourront fumer dans des salles particulières. À partir du lycée, lorsque les locaux sont distincts de ceux des collèges, des salles pourront être ouvertes à tous les usagers. Dans tous les cas, l’interdiction de fumer s’applique même aux lieux découverts (cours de récréation, stades…). Dans les établissements sanitaires Il appartient aux chefs d’établissements de veiller à faire observer les mesures énoncées par le décret. La mission particulière qui leur est dévolue limite les lieux où il sera possible de fumer. Les interdictions de fumer s’appliquent tant au personnel et aux malades qu’aux visiteurs. Sur les lieux de travail L’employeur est tenu, avant toute décision d’aménagement, de consulter le médecin du travail, le comité d’hygiène et de sécurité ou, à défaut, les délégués du personnel. Cette procédure de concertation a pour objectif de parvenir à un consensus adapté à chaque entreprise. Pour les locaux affectés à l’ensemble du personnel, tels que : X les locaux d’accueil et de réception ; X les locaux affectés à la restauration collective ; X les salles de réunion et de formation ; X les salles et espaces de repos.

Premier chapitre : Hygiène générale

La règle est la même que dans les restaurants. L’interdiction de fumer est de règle. L’employeur peut, le cas échéant, aménager des espaces spécifiques pour les fumeurs. Dans les bureaux individuels, la liberté est totale. La coexistence pacifique Dans les bureaux ou ateliers collectifs, le droit du non-fumeur de ne pas être gêné par la fumée doit être respecté ; il s’agit donc, dans ces lieux, de faire coexister fumeurs et non-fumeurs. Cette coexistence prend la forme d’un aménagement ou d’un plan d’organisation des lieux ou du travail (pause, répartition des bureaux, utilisation des espaces de circulation et des autres lieux non couverts et non clos). En tout état de cause, l’important est d’adapter les solutions à retenir, au cas par cas, dans la concertation, en fonction des circonstances de terrain.

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LA TÉLÉVISION

U

n rapport du vingt-quatrième colloque de la Société de psychologie médicale de langue française, dont le thème était « Télévision et comportement », insiste sur l’influence pernicieuse qu’exerce la télévision sur nos enfants du fait des « habitudes de vie malsaines exposées dans les films et les feuilletons : nombre de personnes ne mangent pas ou vite, ne boivent que de l’alcool ou du café, fument, ne dorment pas. La santé est directement perturbée par le fait de regarder la télévision ». D’autre part, l’alimentation des enfants assaillis par les publicités vantant les sucreries s’est appauvrie et déséquilibrée. Enfin, observez votre enfant lorsqu’il regarde la télévision : avachi, bouche ouverte, fasciné par l’image ; ces attitudes ne vont guère l’aider à combattre ses insuffisances musculaires et respiratoires. « Finalement, ne serait-il pas plus judicieux de restreindre l’accès au divertissement de nature médiatique pour les enfants, comme au cinéma, où la limitation des âges de visionnage est clairement définie par la loi et où la présence parentale permet des

Apprenez à respirer à vos enfants

TROISIÈME PARTIE : CONNAÎTRE SON CORPS

discussions constructives en famille par la suite ? Ne serait-il pas préférable que les parents interdisent l’accès de la télévision à leurs enfants avant un certain âge pour favoriser l’apprentissage au moyen d’autres ressources ? ». (Cécilia Craviotto, Martine Fournier, Carolina Labbé – Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education – Université de Genève)

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DEUXIÈME CHAPITRE

La Sophrologie et la relaxation

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« Paix à vos nerfs par une bonne respiration. » Patanjali

QU’EST CE QUE LA SOPHROLOGIE ?

S

on étymologie est grec : sos, l’équilibre, l’harmonie ; phren, la conscience, l’esprit ; logos, l’étude, le langage. C’est en quelque sorte, l’étude de la conscience en harmonie.

Apprenez à respirer à vos enfants

TROISIÈME PARTIE : CONNAÎTRE SON CORPS

Pour y parvenir, la sophrologie va utiliser différentes techniques de relaxation, tant occidentales qu’extrême-orientales (épurées de tout aspect philosophique, mystique ou religieux et ne conservant que l’aspect neurophysiologique de celles-ci). Ces techniques de relaxation sont passives ou actives, et leur origine orientale est le yoga, le bouddhisme traditionnel (tibétain) et le zen japonais. Leur origine occidentale est la méthode de Schultz, de Jacobson, de Vittoz, de Bergès et Wintrebert, de Gerda Alexander, Feldenkrais, etc. et qui recherche l’harmonie physique et mentale de la personne. Nous pourrions dire que la sophrologie, par delà son évolution à visée thérapeutique et psychothérapique, est un « yoga occidental ». Elle a été fondée par le professeur Alfonso Caycedo, neuropsychiatre, à Madrid puis à Barcelone (Espagne), à partir de son expérience sur l’hypnose clinique et de son observation neurophysiologique lors de son séjour de 18 mois en Inde, au Tibet et au Japon entre les années soixante et 67 où elle se structure. Par ailleurs, son fondement philosophique est à base de phénoménologie.

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Outre les bienfaits qu’une relaxation adaptée apporte à l’homme du XXIe siècle, qui a réellement besoin d’un mieux-être, d’un mieux vivre, je dirai pour reprendre l’affirmation de Jean-Paul II... reprise aussi par Françoise Dolto : « n’ayez pas peur ! ». Retrouvez les talents qui sont en vous et la confiance qui ne demande qu’à germer... La sophrologie est utilisée en médecine dans les différentes spécialités : gynécologie obstétrique, cardio-pneumologie, stomatologie, pédiatrie, algologie, etc., mais aussi dans l’enseignement et dans l’entraînement du sportif. Nous avons adapté à cette rééducation respiratoire et gymnique, la relaxation dynamique de Caycedo (RDC), base de la sophrologie. Elle est intéressante car très ludique et donc facile pour les enfants. Dans son livre « Des enfants qui réussissent » (éditions épi), Micheline Flak, exprime tout à fait le sens des exercices que nous allons faire pratiquer à nos enfants : « L’apparente facilité des exercices pratiques proposés recouvre bien plus que des recettes. Au plein sens du terme, ils sont des “exercices” : ils éduquent à une nouvelle manière de vivre et distillent des quintessences tout en restant simples comme un BON-JOUR ! »

Deuxième chapitre : La Sophrologie et la relaxation

QU’EST-CE QUE SE RELAXER ?

Q

uel intérêt la relaxation peut-elle avoir dans la réadaptation de la respiration, dans la gestion du stress, des émotions et de la douleur ? Étymologiquement, le mot « relaxer » vient de « laxare » en latin, qui signifie « libérer », « relâcher », « remettre en liberté » (on « relaxe » un prisonnier)…

Sommes-nous « prisonniers » de nos « chaînes » musculaires, de nos douleurs, de nos soucis, de nos angoisses, de notre « mal être » ? La relaxation serait donc « l’antidote » du stress, de la fatigue, de l’angoisse… Mais aussi, elle peut être une aide précieuse dans le contrôle de la douleur…

POURQUOI RELAXER LES ENFANTS ?

P

our nos enfants « mal-respirants », la relaxation est un apport précieux aux différents traitements, d’autant que nous cherchons à l’utiliser dans un but éducatif.

Elle favorisera la correction, par une sensibilisation du schéma corporel des zones concernées, d’un fonctionnement respiratoire altéré, mais aussi de prévenir d’une façon rapide et efficace ce type de dysfonction. Elle permettra à votre enfant de fixer les bonnes habitudes prises lors des exercices respiratoires et musculaires précédents : ils ne présenteront tout leur intérêt que si l’enfant les intègre à son schéma respiratoire et corporel. En outre, le rôle d’enseignant et de guide que vous, parents, éducateurs, pouvez avoir par cet apprentissage sera perçu intensément par lui. La relaxation va lui permettre de vivre, au niveau sensitif, ce que vous lui avez enseigné, et cette sensibilisation aura pour effet de le valoriser. Si, jusqu’à six ans, l’enfant s’adapte au monde extérieur à travers ses parents d’une manière instinctive, c’est autour de l’âge de sept ans qu’il va commencer à raisonner, à comprendre, à argumenter. C’est ce que nous qualifions dans le langage populaire « l’âge de raison » ! C’est donc vers cette période que cette relaxation prendra toute sa dimension, même si les « tout petits » peuvent apprécier et bénéficier d’une relaxation « adaptée » (voir bibliographie : D. Chauvel - C. Noret, Apprenez à relaxer vos enfants de 2 à 7 ans, Retz 1980).

Apprenez à respirer à vos enfants

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TROISIÈME PARTIE : CONNAÎTRE SON CORPS

L’intérêt de la relaxation sophrologique est de concentrer l’attention, d’une part sur le schéma corporel pendant les exercices et la récupération musculaire qui s’ensuit et, d’autre part, sur les différents sens qui nous relient au monde. L’odorat, le toucher, le goût, l’ouïe, la vue, reçoivent des « stimulations » extérieures. C’est leur accueil au niveau corporel que nous cherchons à favoriser chez l’enfant. Avec le « respir », source éternelle de vie, le toucher me paraît tout aussi important. La peau n’est-elle pas notre troisième poumon ? Par elle, nous respirons. Comme notre nez, elle met en évidence deux fonctions. Cette « enveloppe » est en effet le siège d’une respiration*. Elle est aussi celle « d’être au monde ». Le contact de son nez, de ses lèvres, de ses mains avec le sein maternel, les caresses de la mère vont permettre à l’enfant, dès sa naissance, de construire son schéma corporel et de se situer dans l’espace. Vos mains, que vous utilisez pour être présent à votre enfant, devront être sensibles et attentives à son corps, à ses tensions, à son émotion. Elles devront être aussi habiles afin de rétablir en certains lieux de son corps, la vitalité. Elles pourront être silencieuses, discrètes, laissant libre cours à la tendresse, ou accompagnées de votre voix calme et rassurante**.

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La relaxation permet d’établir ou de rétablir cette communication, cet échange des énergies en parfaite symbiose avec l’autre.

LE GROS CÂLIN

C

âlinons notre enfant le plus souvent possible, prenons le temps de le faire, et peut-être verrons-nous certaines rhinites, rhino-pharyngites, toux et bien d’autres perturbations (l’asthme) s’estomper. Ashley Montagu, anthropologue américain, dit que « prendre dans ses bras quelqu’un qui a une crise d’asthme est susceptible d’apaiser cette crise ou même de l’arrêter*** ». Cette réflexion concerne aussi tous ces enfants dont l’« impotence » nasale ou pulmonaire fixe en eux l’inquiétude, les rend parfois plus irritables, renforçant ainsi leur blocage. Nous ne prenons plus le

* Lors du carnaval de Rio, certaines personnes entièrement badigeonnées de peinture meurent asphyxiées. Il en est de même pour les très grands brûlés. ** Shantala le massage des enfants, Dr F. Leboyer, Le Seuil *** La peau et le toucher, Ashley Montagu, Le Seuil

Deuxième chapitre : La Sophrologie et la relaxation

temps de leur transmettre cet élément essentiel : le toucher, au point qu’eux-mêmes, arrivés à l’âge adulte, n’auront en mémoire qu’un langage exprimant l’action de faire et non d’être, en certains lieux de leur corps par cette communication silencieuse, pleine de tendresse et d’amour. L’enfant a besoin, dès sa naissance, d’être touché, de toucher, ce qui l’amène à mieux se fixer dans l’espace. Mais ce besoin va beaucoup plus loin car il exprime l’éveil et le développement des sens, et à travers eux le désir. Ne nous méprenons pas. Il ne s’agit pas de rétablir ou d’entretenir un quelconque « cordon ombilical » qui serait néfaste à notre enfant et à son évolution, mais de le sensibiliser sur ce point qui paraît fondamental si nous voulons lui donner le maximum de chance de s’épanouir.

PRENDRE CONSCIENCE DU SCHÉMA CORPOREL ET RESPIRATOIRE

L

a première perception du schéma corporel se fera par une stimulation de la zone olfactive par un lavage du nez (cf. « La toilette des fosses nasales », pp. 64-65) avec l’aide d’un Kafa, d’une pipette ou de sérum physiologique en dosette ou en diffuseur (sterimar par exemple) et rechercher cette sensation « eupnéique ».

Kafa : Le Professeur A. Caycedo montrant la position à adopter...

Apprenez à respirer à vos enfants

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EXERCICES

LE PUZZLE « Maintenant que tu as entendu et reconnu tous les sons autour de toi, tu vas essayer de sentir et de reconnaître ce qui se passe dans ton corps. » « Aujourd’hui, nous allons jouer au « puzzle ». Chaque fois que nous découvrons un morceau qui s’accorde avec un autre morceau du jeu, nous les assemblons. Lorsque nous les avons tous rassemblés, nous trouvons une belle image. C’est un peu la même chose que tu vas faire pour sentir et reconnaître l’image de ton corps. Alors commençons à jouer. Pour mieux ressentir ces parties, tu vas faire « comme si » tu étais Pinocchio, tu sais, la jolie marionnette ; et moi, « comme si » j’étais Gepetto. Je vais toucher ta tête (soulevez un peu la tête, puis reposez-la doucement), tu sens ta tête. Je vais toucher ton bras droit – ou gauche selon la latéralité de l’enfant (soulevez un peu le bras au niveau du coude en agissant sur les trois articulations, poignet, coude, épaule et laissez-le retomber délicatement). «Tu as senti ton bras droit. » Faire de même avec le bras opposé. « Je vais toucher ta jambe droite (prenez le genou afin d’agir au niveau de l’articulation de la cheville, du genou et de la hanche, puis relâcher). Tu as senti ta jambe droite. » Là encore, faire de même avec la jambe gauche. « Je vais toucher ton dos, derrière ta poitrine (mettez-vous debout, jambes écartées, de chaque côté de l’enfant et soulevez très légèrement son tronc, les mains de chaque côté du thorax, cela provoque une hyper-extension du rachis et termine la prise de conscience globale du corps). »

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« Te voilà comme Pinocchio, détendu comme une vraie marionnette... C’est bon d’être tout mou. On sent mieux l’air qui rentre et l’air qui sort... (un temps de silence). Il est l’heure maintenant de quitter Pinocchio. Nous le retrouverons plus tard. Peut-être ce soir avant de dormir. Tu pourras faire « comme si » tu étais Pinocchio. Maintenant, respire et étire-toi. Ouvre les yeux, fais un large sourire et regarde derrière toi, devant, à droite, à gauche, au-dessus et au-dessous. » Après cette « introduction » à la relaxation et la prise de conscience par l’enfant de son schéma corporel, les autres séances se feront au niveau de l’éveil par une relaxation dynamique, relaxation qui fait alterner des périodes de mouvements avec des périodes de détente ou de récupération. C’est-à-dire que l’enfant sera amené, après l’exercice, à se concentrer sur la sensation produite par la récupération musculaire. Chaque exercice de relaxation dynamique va introduire le développement d’un sens, donc une perception nouvelle du corps en relation avec l’espace. Il lui permettra, entre autres, de mieux percevoir ce « nouveau langage du corps ». Comme vous avez pris l’habitude maintenant de le faire, débutez la séance tous en famille en réalisant un nettoyage des fosses nasales et quand cela s’avère nécessaire de l’oro-pharynx (gorge).

EXERCICES

LIBÉRER

L A R E S P I R AT I O N

LE RÉVEIL DE PINOCCHIO Chaque contraction sera associée à une inspiration et chaque relâchement à un soupir... Vous débuterez la séance de la même façon que la première, mais, au lieu de toucher l’enfant, vous lui demanderez de contracter progressivement les régions énumérées, à savoir la tête qu’il appuiera par terre en crispant les muscles de son visage. Il relâchera ensuite l’ensemble. Cet exercice sera pratiqué trois fois de suite et suivi d’un temps de récupération durant lequel vous inviterez l’enfant à apprécier les sensations de poids, de chaleur, « comme si » Pinocchio s’animait, segment par segment, d’un coup de baguette magique qui leur donnerait la vie. Il tendra ensuite son bras droit le long de son corps, le poing serré le plus longtemps possible, puis le relâchera, cela trois fois de suite. Demandez-lui de prendre conscience de la récupération (en comparant le bras qu’il vient de faire travailler avec l’autre). Le même exercice sera exécuté trois fois de suite, avec le bras opposé, puis avec les jambes, alternativement. Enfin, proposez-lui de tirer sur sa tête, ses bras, ses jambes et sur toute la colonne vertébrale comme s’il s’étirait, puis de relâcher l’ensemble (trois fois de suite). Lors de la récupération globale qui suivra, libérée de toute crispation, la respiration physiologique va s’installer. « Le corps de Pinocchio commence à s’éveiller, et comme pour lui donner vie, d’un dernier coup de baguette magique, la fée bleue montre à Pinocchio comment se déroule sa respiration : son ventre se gonfle et se dégonfle, comme les mouvements de la mer sur la plage... Alors, tout d’un coup, Pinocchio, par cet air léger qui pénètre tout seul dans son nez, se transforme en un vrai petit garçon, plein de vie et de sagesse qui bâille, qui s’étire et qui ouvre ses yeux tout neufs sur le monde. » Il me paraît nécessaire de préciser qu’en état de relaxation profonde, l’enfant retrouve très souvent ses fonctions physiologiques (sa respiration devient libre et sans contrainte ainsi que la position de sa langue). C’est pourquoi il est capital d’attirer son attention à cette phase sur ce langage particulier du corps. En outre, si l’enfant est encombré, vous pouvez constater qu’il réalise un véritable « drainage » de ses bronches « sans forcer ».

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EXERCICES

Il est très important pour les enfants, surtout chez les plus petits, de faire appel à leur imagination. L’image et sa verbalisation leur permettront par mimétisme d’adhérer à leur propre représentation. À l’école, par exemple, il serait intéressant de leur raconter, quelques jours avant de commencer ces exercices, l’histoire de Pinocchio, puis, à la suite d’une activité soutenue, de leur faire faire ce type de relaxation, soit couchés, soit assis à leur table de travail, les deux pieds bien posés sur le sol, les bras à plat sur leur bureau, le dos en appui sur leur chaise. Les contacts sont très importants. N’oublions pas qu’ils servent à l’enfant à se situer dans l’espace, et qu’il pourra ainsi tirer un grand profit de sa relaxation.

SENSIBILISER

L E G O Û T E T L ’ O D O R AT

JOUONS AVEC L’AIR

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Les jambes légèrement écartées, les mains croisées dans le dos, fléchissons le tronc en avant et soufflons très fort par le nez : tête en bas, sur le côté, en haut, sur l’autre côté, en bas, etc., plusieurs fois. Puis revenons à la position droite d’équilibre. Après un temps de récupération, faisons une respiration rapide, tête en arrière, droite, puis en avant. Après ces ablutions et ce réchauffement du corps, aidons-le, aidons-nous à prendre conscience du passage de l’air au niveau nasal. La verbalisation est ici importante (faire « comme si on rêvait »). « Doucement, tu fermes les yeux, tu relâches ton visage comme si la main d’une personne que tu aimes très fort et qui t’aime très fort te caressait le visage, puis tu relâches ton cou, tes épaules, tes bras aussi mollement qu’une poupée de chiffon... ou comme Pinocchio quand il était encore une marionnette... » Nous essaierons de retrouver dans cet exercice l’arbre et la « sève » qui le nourrit. L’intégration de certains exercices en état de relaxation amène l’enfant à vivre l’intime relation de sa langue avec son palais, mais aussi le rapport étroit de son odorat et des propriétés gustatives (l’eau salée favorise cette prise de conscience).

EXERCICES

RECHERCHER

L E S C H É M A R E S P I R AT O I R E

L’ARC-EN-CIEL

« Te voici debout, tes deux pieds dans le sol, comme les racines d’un bel arbre. Le tronc de ce bel arbre est réchauffé par le soleil (les exercices respiratoires rapides lui ont permis de « réchauffer » son ventre par un travail musculaire et circulatoire important). Tu sens ton ventre chaud. Tu as la tête dans les feuilles de cet arbre et là tu te sens bien, tu sens l’air qui rentre et l’air qui sort par ton nez. Tiens ! il est tout froid quand il rentre et tout chaud quand il ressort. Amusons-nous à sentir jusqu’où il va tout froid... Dans le nez ? Dans la gorge ?... Qu’il fait bon dans ton arbre. Que cet air est frais et léger ! D’où vient-il ? Pour savoir d’où il vient, tu tournes la tête à droite, puis à gauche, plusieurs fois... ensuite en bas et en haut, plusieurs fois... Tiens ! Y a-t-il encore un peu d’eau qui coule le long de ta gorge ? Cela te fait-il du bien ? Quel goût a-t-elle ? Cela t’aide à sentir ta gorge et cela te fait plaisir. Tu ne sais toujours pas d’où vient cet air frais. Alors, pour le savoir, tu vas tourner doucement la tête en rond, comme si ta tête était un grand crayon de couleur et tu dessines un bel arc-en-ciel dans le ciel. L’air frais sent bon, que sent-il ? Tu le sens partout, il sent bon et il te fait du bien partout. Chic ! aujourd’hui, tu seras bien partout car l’air froid qui sent bon continuera à rentrer par ton nez qui est tout heureux de pouvoir jouer avec lui. C’est un nouvel ami... Maintenant tu respires fort plusieurs fois, sens comme ton nez est heureux de pouvoir prendre l’air. Puis tu t’étires et tu ouvres les yeux. »

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EXERCICES

PRISE DE CONSCIENCE DE LA CAVITÉ BUCCALE Même démarche que la première : après avoir fait prendre conscience à l’enfant de sa sensibilité nasale (air froid, air chaud – odorat, goût), vous l’amenez à prendre conscience de sa bouche.

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« ... Aujourd’hui, tu vas faire la connaissance de nouveaux amis. Tu sais, lorsque l’on joue à Colin-maillard et que l’on essaie de reconnaître un petit camarade, les yeux bandés, avec seulement ses mains. Eh bien, aujourd’hui, c’est ta langue qui va essayer de reconnaître ton palais. Doucement, tu caresses le devant du palais, juste avant les dents du haut. Il y a plein de petites bosses toutes dures, comme des montagnes... Puis, en caressant vers l’arrière, vers le fond de la gorge, c’est tout plat et tout mou comme la plaine. Cela fait plaisir de mettre sa langue en haut pour caresser son palais. Voilà deux bons amis avec lesquels tu vas pouvoir jouer souvent dans la journée... À nouveau, tu sens l’air frais qui rentre dans ton nez et qui sent bon, et l’air qui est tout chaud et qui ressort. Cela te berce comme lorsque tu étais petit et que tu allais t’endormir. D’ailleurs, ta langue se couche dans le « lit du palais », tout près des montagnes. Mais il n’est pas l’heure pour toi de dormir... Il y a encore beaucoup de belles et bonnes choses à faire aujourd’hui... Alors, maintenant, tu respires très fort, plusieurs fois, sens à nouveau comme ton nez est heureux de pouvoir prendre l’air... Tu t’étires bien fort, comme le petit chat ou le petit chien lorsqu’il a fait sa sieste et maintenant tu ouvres les yeux. »

NB. : les différents mouvements de la tête vont amener l’enfant à mieux suivre la situation de sa langue dans sa bouche et du meilleur passage de l’air qu’elle provoque : par exemple, la tête en avant va favoriser un « placement » de sa langue au palais, permettant un agrandissement de sa cavité pharyngienne.

EXERCICES

SENSIBILISER

AU TOUCHER

COLIN-MAILLARD Après avoir réchauffé son corps par les préliminaires que nous venons d’exposer (« Jouons avec l’air »), l’enfant, debout, tourné vers le dos de son voisin, va, les yeux fermés, toucher doucement le visage de celui-ci, puis son cou, sa nuque, ses épaules, ses bras, ses mains, son dos, sa colonne vertébrale, s’attardant aux petites bosses que forme la colonne vertébrale. Puis, le thorax, le ventre où il s’attardera davantage, en comparant d’une main sur son ventre sa propre respiration, son propre rythme respiratoire, à ceux du corps de l’autre qu’il découvre. Puis, viennent les jambes, les pieds... Ensuite, les rôles sont inversés. L’enfant se fera toucher par l’autre. Enfin, l’enfant découvrira lui-même son propre corps en procédant de la même façon, du visage jusqu’aux pieds. Ce type d’exercice me paraît intéressant à l’école où l’enfant va pouvoir se mettre en relation avec l’autre d’une façon plus étroite et à travers cette relation découvrir son propre corps. À la maison, nous aurons souvent l’occasion de rétablir ce toucher sans que l’enfant soit surpris par ce contact oublié. Nous chercherons à éveiller d’abord en lui le sens du toucher en lui demandant, les yeux fermés, de reconnaître différents objets : leur forme, mais aussi leur matière.

LA POMPE À CHALEUR L’enfant est debout les yeux fermés, les jambes légèrement écartées. On lui demande d’inspirer en soulevant les épaules, les poings serrés, bras tendus le long du corps, comme pour puiser le bon air, de la plante de ses pieds jusqu’au sommet de sa tête. Puis il souffle énergiquement, en descendant ses bras et en imaginant qu’il rejette par le même trajet l’air vicié, mais aussi toutes les tensions qu’il a pu accumuler. L’exercice se fera plusieurs fois rapidement. Puis, lors du retour au calme, invitez l’enfant à apprécier la chaleur agréable qui vient habiter sa poitrine et son ventre et la légèreté de sa respiration. (« L’air qui rentre et qui ressort tout seul et qui nous fait plaisir... »). Il est important de suggérer à l’enfant au cours de chaque « récupération » la relation étroite qu’il y a entre son nez, son ventre et sa poitrine :

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EXERCICES

« Ton ventre rentre doucement et abaisse gentiment ta poitrine tandis que l’air qui sort vient réchauffer ton nez... ton ventre se relâche et se gonfle tout seul ainsi que ta poitrine qui se soulève doucement et tout cela pendant que l’air rentre et rafraîchit ton nez... »

LA CIBLE Exercice laissant l’enfant exprimer toute son agressivité et éduquant son expiration. Faites-lui imaginer que, devant lui, les yeux fermés, il y a un énorme ballon de baudruche dans lequel il a mis tout ce qui l’ennuie, tout ce qui le contrarie. Puis, demandez-lui de frapper très fort avec un poing d’abord, puis, après un temps de récupération, avec l’autre poing comme pour faire éclater le ballon, puis avec les deux à la fois.

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Chaque fois que l’enfant frappe le ballon imaginaire, demandez-lui de souffler très fort par le nez. Cet exercice se termine par une récupération globale en position couchée.

EXERCICES

SE

S I T U E R D A N S L ’ E S PA C E

LE FAUCHEUR L’enfant, les yeux fermés, les jambes écartées, va tourner le tronc d’un côté puis de l’autre, laissant ses bras s’enrouler et se dérouler autour de lui par la force centrifuge. Sa respiration restera calme et libre. Puis après un temps de retour au calme, on passera à l’exercice suivant.

LE BALANCIER DE LA PENDULE Toujours les jambes écartées, l’enfant porte ses mains au-dessus de sa tête, bras tendus, et bascule d’un côté, puis de l’autre, les yeux fermés, la respiration restant toujours très libre. Retour au calme et enchaînement par l’exercice du pantin.

LE PANTIN Les yeux toujours fermés, les pieds joints, l’enfant saute sur la pointe des pieds en laissant ses épaules et ses bras complètement relâchés. On termine ces trois exercices en position couchée, laissant libre cours à la sensation de récupération : « ... Mon corps devient tout lourd et chaud comme réchauffé par le soleil... et ma respiration devient calme, fraîche et légère... » L’essoufflement lié à l’exercice ayant créé une suppléance buccale, nous lui faisons prendre conscience que progressivement, avec la récupération musculaire, sa respiration se calme et que son nez prend le relais naturellement.

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Conclusion 171

« Faire, aimer faire, comprendre ce que l’on aime faire. » R. Steiner Les années ont passé. Une belle jeune fille demande à me rencontrer. « Vous ne me reconnaissez pas, monsieur ? – À vrai dire, non ! Et pourtant, ton sourire m’amène à croire que je t’ai déjà vue quelque part. – Ici, monsieur, me dit-elle en riant, je suis Bérengère ! » Il m’était évidemment difficile de la reconnaître après une telle métamorphose, surtout dans cette tranche d’âge où l’enfant passe de l’enfance à l’adolescence. Bérengère, sept années plus tard, venait me rendre visite « parce qu’elle passait par là »… et qu’elle voulait connaître mon avis sur le sens qu’elle avait décidé de donner à sa vie en s’orientant après son baccalauréat vers le CREPS (Centres de ressources, d’expertise et de performances sportives).

Apprenez à respirer à vos enfants

Conclusion

« Vous savez, c’est formidable ! J’ai continué à travailler un peu chaque jour avec mes parents, puis toute seule lorsque j’étais un peu plus grande. Je l’ai montré à plusieurs de mes amis qui avaient la même chose que moi, eh bien, ça marche ! Ils vont mieux eux aussi. Ils sont beaucoup moins enrhumés. Et puis, vous savez, mes parents m’ont inscrite à la « gym » et à la natation. Je ne suis pas mauvaise, hein ? dit-elle en hochant la tête. – Sans doute, tu es même très bonne, Bérengère. Car à t’observer depuis un moment, je constate que tu respires merveilleusement bien par ton nez, que tu as une silhouette élégante et équilibrée. – Je peux rester un peu ? – Bien sûr, tant que tu veux. » Alors Bérengère s’installe et à son tour, par des gestes simples et un regard plein de tendresse pour les enfants présents, leur communique son expérience bâtie sur la ténacité et la volonté de guérir.

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Le cas de Bérengère est le cas de milliers d’enfants. Nous devons les aider à respecter cet organe qu’est leur nez, à travers un épanouissement respiratoire. Il est en effet intéressant de noter que cette respiration nasale, les techniques de relaxation et une gymnastique globale sont de toute nécessité dans le traitement de diverses pathologies (pathologie respiratoire infectieuse, asthme, problèmes dentaires, déformation thoracique et vertébrale). Ces exercices peuvent avoir un retentissement important sur l’état général de l’enfant mais aussi, sur son épanouissement psychologique (meilleure adaptation au milieu social, amélioration du travail scolaire, enfant plus ouvert, audibilité accrue dans certains cas). Il serait souhaitable pour cette raison de développer cette hygiène respiratoire générale et plus précisément nasale chez tous les enfants présentant des troubles psychomoteurs (l’expérience dans une classe intégrée avec des enfants trisomiques l’a démontré). Il ne faudra en rien négliger le reste, telle l’hygiène en général, une alimentation équilibrée, la vie au grand air… et surtout le besoin d’amour. C’est même l’essentiel. Ainsi, cette éducation respiratoire et gymnique favorisera l’acquisition de la santé du corps et de l’esprit sous la forme d’un « jeu pour mieux grandir » en l’adaptant à la vie de chaque jour. « Notre corps est notre maison » dit Thérèse Bertherat dans son livre « Le Corps a ses raisons ». Pour bâtir sa maison, il faut des outils et des matériaux. Ils viendront de différents apports extérieurs. En revanche, une seule personne sera responsable de la construction.

Conclusion

Il en est de même pour la croissance de notre enfant. Sachons mettre à sa portée tous les moyens dont nous disposons : jeux de créativité, d’adresse, de rythme (respiratoires, gymniques, musicaux), jeux sensoriels, intellectuels, mais aussi les sports, l’hébertisme (gymnastique naturelle) ; tous convergent vers un parfait développement de son corps. Soyons conscients que l’enfant est le principal responsable de cette évolution qui, grâce aux moyens mis à sa disposition pour renforcer sa personnalité, le conduira vers une parfaite maîtrise de lui-même. Il faudra avant tout qu’à travers la variété de ces « exercices », votre enfant puisse trouver joie et plaisir. En effet, la manière dont il les percevra canalisera le tempérament « battant » des plus jeunes. Afin de ne pas non plus le lasser trop rapidement, sachons varier souvent les exercices et l’y intéresser. Donnons-lui la possibilité de gérer lui-même sa séance. Nous ne saurions trop insister sur le fait qu’une large part des exercices pratiqués à la maison ou en collectivité (école, colonie, scoutisme, etc.) feront partie intégrante de l’environnement naturel de l’enfant. Il aura ainsi la possibilité de s’exprimer et de s’épanouir physiquement et psychologiquement tout en développant son désir de créativité. Mettons, le plus souvent possible, à sa portée les quatre éléments, essence même de notre existence. Si par des jeux, une activité sportive, il revient sale et plein de terre, ne le réprimandez pas. En compensation, exprimez-lui votre satisfaction en lui faisant constater que l’état dans lequel il se trouve vous prouve qu’il a su tirer pleinement profit de son activité. Profitez en pour l’encourager à se laver. L’enfant doit le plus tôt possible prendre en charge « l’entretien » de son corps. Aimer être dans l’eau, c’est déjà aimer son corps. Pour lui faire découvrir l’importance de sa respiration, pour le sensibiliser à cette relation étroite avec l’air et par delà les exercices enseignés, ouvrez dès son réveil toutes grandes les fenêtres de sa chambre. Le contraste entre l’air confiné et la fraîcheur de l’air extérieur favorisera un réflexe d’éveil et une forte prise de conscience corporelle. Au lieu de lui interdire de toucher aux allumettes : « attention, tu vas te brûler », faites souvent du feu dans la cheminée plutôt que de mettre en marche la télévision ; ou s’il n’y a pas de cheminée, allumez tout simplement des bougies, par exemple à la table familiale les soirs de week-end : c’est la fête, on est ensemble, on écoute, on parle, on rêve. Regardez l’expression de votre enfant devant un gâteau d’anniversaire :

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Conclusion

beaucoup plus que le gâteau, ce sont les flammes qui l’émerveillent. C’est la meilleure façon d’ouvrir la relation aux autres et de développer la réflexion, de « se retrouver », de se relaxer. Le scoutisme est l’une des activités collectives où ces éléments sont utilisés avec un maximum d’intensité.

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La veillée au camp

(Gouache de Jean-Pierre Allaux)

Dans ce domaine, les conseils ne manquent pas. Le seul sur lequel nous pourrions insister est de retrouver d’abord vous-même cette hygiène de vie, à la rechercher à travers la nature, à travers une vie saine et pleine d’espoir.

Conclusion

Ce petit livre n’est donc pas un plaidoyer pour une technique. Il signifie simplement que vous, parents, enseignants, pédagogues, médicaux et paramédicaux, pouvez élargir votre champ d’investigations au travers de méthodes simples d’hygiène qui développeront chez tous les enfants et grâce à votre aide, un nouvel art de vivre par la redécouverte de leur voie nasale et par là, de leur corps tout entier. Ce qui leur permettra de développer leurs sens et, à travers eux, leur relation « d’être au monde ».

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Petit lexique 177

Petit lexique permettant aux parents de mieux connaître les mots « savants ». D’une façon générale en médecine, les noms d’organe ou de région du corps se terminant par le suffixe « ite » précisent une inflammation des régions citées. Par exemple : X bronchite : inflammation des bronches ; X laryngite : inflammation du larynx ; X otite : inflammation de l’oreille moyenne ; X pharyngite : inflammation du pharynx ; X rhinite : inflammation du nez (coryza) ; X sinusite : inflammation des sinus ; X trachéite : inflammation de la trachée, etc. D’autre part, les noms se terminant par « tomie » précisent une ouverture, une incision (thoracotomie : ouverture chirurgicale du thorax) et le suffixe « ectomie » indique, lui, l’ablation de cet organe (amygdalectomie : ablation des amygdales).

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Petit lexique

A Aérosol manosonique La fonction « manosonique » dans l’aérosol permet d’ajouter une surpression à l’aérosol sonique pour créer une pression positive, au moment de la déglutition, dans le circuit d’inhalation des fosses nasales ce qui va permettre de traiter la trompe d’Eustache. Il est employé dans le traitement des dysfonctions tubaires, des otites séromuqueuses de l’enfant dès l’âge de trois ans. Afférent Afférences En rapport avec le système nerveux central. Se dit des récepteurs nerveux périphériques qui renvoient l’information au cerveau qui, à son tour, va adresser des ordres efférents aux muscles réglant l’équilibre morphologique du sujet. Alcalose Baisse de la pression partielle de dioxyde de carbone, provoquant vertige, malaise, tétanisation, liés à l’hyperventilation.

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Alvéolie (en orthodontie) Concerne l’os alvéolaire. Amygdale pharyngienne Située dans le cavum ou rhino-pharynx (voir p. 41) qui en s’hypertrophiant donne les végétations adénoïdes. Angine Inflammation aiguë de la gorge localisée souvent au niveau des amygdales palatines. Anosmie Traduit la diminution ou la perte de l’odorat. Aphonie Déformation de la voix par une perte plus ou moins complète de la « résonance » habituelle et liée à divers facteurs. Atrésie Fermeture complète ou incomplète, d’origine congénitale ou acquise, d’un orifice ou d’un conduit de l’organisme.

Petit lexique

B Béance Liée souvent à la succion du pouce qui entraîne une « déglutition-succion » et qui provoque un écartement entre les incisives avec souvent associée une « pro-alvéolie ». Elle peut être antérieure mais aussi latérale. Les dents ne sont plus en occlusion. Borborygme « Gargouillement » abdominal provoqué par le passage des gaz dans les intestins. Lié souvent, en dehors de toute cause pathologique, à un état nerveux (voir ventre, centre des émotions). Bronchite asthmatiforme L’inflammation bronchique a provoqué une réaction de la muqueuse bronchiolaire (voir bronchospasme) qui va réagir à l’agression. Bronchodilatateur Un bronchodilatateur est une substance destinée à dilater les bronches pour améliorer la ventilation pulmonaire (voir bronchospasme). Bronchospasme La trachée et les bronches, sont formées par des anneaux cartilagineux permettant à l’air de circuler librement. Les bronchioles, pour leur part, ne possèdent pas ces anneaux semi-rigides mais une paroi fine constituée de petits muscles. Lors de l’expiration normale, ces petits muscles se contractent en laissant en fin de contraction un passage à l’air. Le bronchospasme est une exagération de ce travail musculaire associée à une réaction de la muqueuse bronchique qui se dilate et qui hyper-sécrète. L’air est donc emprisonné dans ces alvéoles. L’asthmatique a du mal à souffler. La muqueuse étant la même au niveau nasal, la réaction sera la même. Il y aura un œdème de la muqueuse et hypersécrétion (voir coryza). Bulbe olfactif Analyse l’aspect quantitatif et qualitatif de l’air inhalé. Il se situe au sommet des fosses nasales (voir § « Quelques notions d’anatomie », p. 41).

C Cage de Faraday Cage métallique formant un « écran » protecteur contre les phénomènes électrostatiques qui se produisent à l’extérieur de la cage. La cage métallique étant conductrice, ce mécanisme peut évidemment s’inverser et c’est ce qui se passe dans nos immeubles de « béton armé » garnis à l’intérieur de plastique et de moquettes synthétiques. Ne vous êtes-vous jamais « déchargé » sur les poignées de portes métalliques de vos appartements ? Il en est de même pour les automobiles.

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Petit lexique

Cils vibratiles Ce sont des filaments microscopiques baignant dans un mucus et tapissant les muqueuses bronchiques. Leurs mouvements, comme ceux d’un « mille-pattes » permettent une « remontée » des poussières inhalées. Cordes vocales Formations fibreuses servant à la phonation et se situant dans le larynx. Cornets Comme son homonyme instrumental, le cornet nasal est formé d’une lame osseuse contournée sur elle-même en forme de cornet. Ils sont au nombre de trois et permettent les turbulences nécessaires au réchauffement de l’air et à son analyse qualitative. Coryza Obstruction nasale aiguë entraînant une perte d’odorat transitoire. Elle peut être de cause infectieuse ou allergique. CREPS Centre régional d’éducation physique et sportive.

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Crise (d’asthme) Voir bronchospasme.

D Désensibilisation Lorsqu’il y a une sensibilité anormale ou une intolérance à un allergène, on adapte progressivement le malade à son allergène. Dysmorphose Déformation oro-labiale durant la croissance osseuse liée à un déséquilibre musculaire et aux différentes contraintes énoncées dans ce livre. Dysphonie Trouble de la phonation. Dysplasie Trouble du développement. Dyspnée Difficulté à respirer, liée à un état inflammatoire lors d’une maladie et ayant rapport à un trouble respiratoire obstructif ou restrictif (bronchite ou pleurésie, par exemple) ou à un problème cardiaque.

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E Encombrement dentaire Lié souvent à un hypodéveloppement des arcades dentaires. L’occlusion est imparfaite. Les dents poussent dans tous les sens. L’orthodontiste va guider l’éruption des dents ou, dans des cas très précis et rarement, extraire celles qui gênent l’occlusion. Endo (en orthodontie) Vers l’intérieur. Entonnoir xyphoïdien Voir pectus excavatus Épiglotte Située sous la base de la langue au dessus du larynx. Elle protège les voies respiratoires lors de la déglutition (voir § « Quelques notions d’anatomie », p. 41). Eupnéique C’est la façon de bien respirer sans contrainte. Élément favorisant ce type de respiration.

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Exo (en orthodontie) Vers l’extérieur. Expectorer Sortir de sa poitrine, de ses poumons, les mucosités ou un corps étranger, ce qui n’est pas nécessairement « cracher ». Exteroceptif Voir proprioceptif

F Fosses nasales Elles sont le siège du sens de l’olfaction et communiquent avec les sinus. Elles sont constituées d’une charpente osseuse et cartilagineuse et tapissées d’une muqueuse ciliée. Elles permettent le réchauffement et l’humidification de l’air. Frénectomie Dans le cas présent il s’agit de l’excision chirurgicale du frein lingual (filet sous la langue). Mais elle peut aussi se réaliser lorsque le frein labial (sous la lèvre supérieure ou inférieure) est trop court.

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Petit lexique

G Gnathie (en orthodontie) Concerne l’os maxillaire.

H Hébertisme Il s’agit d’une méthode naturelle d’entraînement du corps développée par Georges Hébert, officier de Marine et éducateur. Lors de ses voyages dans le monde et à la rencontre de diverses ethnies, son observation des indigènes dans leur activités quotidiennes, l’amena à développer une méthode qu’il décrit avec précision : marche, course, la natation, grimper, sauter, lancer, lever des charges, quadrupédie, l’équilibre, la défense... Hématose Échange gazeux au niveau des poumons entre le sang veineux et le sang artériel.

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Hypercapnie Excès de gaz carbonique dans le sang. Hypoxie Diminution de l’oxygène dans le sang Hypotonie Diminution du tonus musculaire ; relâchement.

I Impaction Lorsque la vitesse d’aspiration est rapide, lors d’un aérosol, comme pour le nez par exemple (traitant le rhino-pharynx), les dépôts se feront par « impaction » (choc) c’est à dire que les gouttelettes composant le brouillard inhalé, frappent la surface de la muqueuse et favorise par osmose le passage des composants thermaux ou chimiques du médicament, traitant ainsi la muqueuse ORL. Interoceptif Voir proprioceptive. Infra (en orthodontie) Recouvrement insuffisant (infraclusion).

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K Kinesthésique Kinesthésie vient du grec « kinesis » signifiant mouvement et « aisthesis » : sensibilité. Ce terme est utilisé souvent à la place de proprioception. La kinesthésie est une perception consciente de la position et des mouvements des différentes parties du corps.

L Langue Constituée de plusieurs muscles (dix-sept dont huit pairs et un impair). Sa muqueuse est couverte de papilles, organes de goût. Ses différentes fonctions sont la déglutition, la respiration, la phonation et la gustation. Larynx Organe de la phonation. Il se situe entre le pharynx et la trachée. Il joue un rôle de prévention des voies respiratoires (voir épiglotte et § « Quelques notions d’anatomie », p. 41). Linguo (en orthodontie) Vers la langue.

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M Maladie de Scheuermann ou Epiphysite vertébrale de croissance C’est une atteinte douloureuse des cartilages vertébraux, principalement dorsaux, survenant pendant la croissance de l’adolescent (entre 11 et 17 ans). Manœuvre de Heimlich Elle permet de déloger un objet ou un aliment, coincé dans la gorge d’un adulte ou d’un enfant, et qui l’empêche de respirer. Misurya Manœuvre d’équilibrage consistant à maintenir une équipression atmosphérique de part et d’autre du tympan (plongée sous-marine, milieu aérien, traitement du catarrhe tubaire).

O Occiput Partie postérieure et inférieure de la tête. Occlusion (en orthodontie) Recouvrement dentaire.

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Petit lexique

Œsophage Muscle lisse permettant la propulsion de la nourriture du pharynx vers l’estomac (voir § « Quelques notions d’anatomie »). Ogival (palais) « Qui est en forme d’ogive ». Palais en forme de nef de cathédrale. Olfaction En rapport avec l’odorat. OMS Organisation mondiale de la santé. Orifice de la trompe d’Eustache Voir § « Quelques notions d’anatomie », p. 41. Oro-pharynx Voir § « Quelques notions d’anatomie », p. 41. Orthodontie Spécialité en chirurgie dentaire traitant les différentes dysmorphoses.

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P Pectus excavatum Le Pectus excavatum ou entonnoir xyphoïdien est la déformation la plus fréquente du thorax (la base du sternum et l’appendice xyphoïde ont un enfoncement plus ou moins prononcé) son origine peut être congénitale ou se développer au cours de la croissance. Il est en général idiopathique. Une respiration paradoxale (asthme) pourra l’aggraver en augmentant la dépression du thorax. Pharynx Il joue un rôle important dans la respiration et la déglutition. Il se situe entre les fosses nasales, la frontière avec la cavité buccale et l’œsophage (voir § « Quelques notions d’anatomie », p. 41). Pneumoallergène Allergène en suspension dans l’air que nous respirons. Pro (ou rétro) alvéolie (en orthodontie) Bascule en avant ou en arrière de l’alvéole dentaire. Pro (ou rétro) gnathie (en orthodontie) Pulsion en avant ou en arrière du maxillaire ou de la mâchoire (mandibule).

Petit lexique

Protrusive Se dit en orthodontie lorsque la langue, à la recherche de ses afférences, est hyperactive et apparaît comme très développée. Proprioceptif Désigne la sensibilité nerveuse de l’ensemble des récepteurs, voies et centres nerveux, propre aux muscles, aux articulations, aux ligaments, aux os, aux organes internes. C’est la perception de soi-même, de la position des différents membres et de leur tonus, en relation avec la situation du corps (posture, équilibre...) Elle peut être « exteroceptive » (qui concerne la peau, les muscles, les articulations, etc.) ou « interoceptive » (qui concerne les viscères).

R Rhinorrhées Écoulement du mucus nasal. Rhinolalie Voix « nasonnée », liée à l’obstruction nasale.

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S Sédimentation C’est l’inverse de l’impaction (choc). Lors d’un aérosol, l’eau thermale ou le médicament vont décroître dans leur intensité ; on parlera alors de « sédimentation » c’est à dire l’action de la pesanteur particulièrement dans les bronches. Une légère apnée (2/3 secondes) en fin d’inspiration permettra de traiter plus en profondeur les bronchioles et les alvéoles Sibilance Sifflement plus ou moins aigu du passage de l’air dans les bronches et bronchioles lié à une réduction du calibre bronchique (asthme, bronchite). Sinus frontal, maxillaire, sphénoïdal et éthmoïdal Cavités pneumatiques dans le massif osseux servant de caisse de résonance (voir § « Quelques notions d’anatomie », p. 41). S.E.V.E. Ce principe « idéo-moteur » a été créé par le Dr Jacques Courchet dans sa Clinique de réadaptation cardio-respiratoire à Callas du Var, pour permettre à ses patients, asthmatiques ou présentant une BPCO, de mémoriser ce travail du diaphragme. Il a obtenu pour cette recherche le 1er Prix international de la réadaptation respiratoire en 1972.

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Petit lexique

Sterimar Eau de mer. D’une composition très riche (92 corps simples et tous les oligo-éléments), elle assure un véritable nettoyage des muqueuses obstruées ou infectées et respecte l’intégrité de la muqueuse nasale. S‘achète en pharmacie. Supra (en orthodontie) Recouvrement dentaire excessif (supraclusion).

T Trachée Tuyau semi-rigide (il est rigidifié par des anneaux cartilagineux) conduisant l’air du larynx aux bronches (voir § « Quelques notions d’anatomie », p. 41). Trompe d’Eustache Conduit reliant le cavum à l’oreille moyenne (voir § « Quelques notions d’anatomie », p. 41).

V 186

Valsalva Manœuvre de décompression en plongée sous-marine. Vascularisation Irrigation par les vaisseaux sanguins. Vaso-constriction Contraction nerveuse des vaisseaux. Vaso-dilatation Dilatation nerveuse des vaisseaux. Végétations adénoïdes Hypertrophie de l’amygdale pharyngée. Version (en orthodontie) Mouvement d’inclinaison dentaire. Vestibulo (en orthodontie) Vers le vestibule. Voile du palais C’est le prolongement postérieur de la voute palatine il est constitué d’une membrane et de muscles, la luette y est attachée.

Bibliographie 187

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Bibliographie

Où se renseigner pour les actions de prévention dans votre département ? L’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) est un établissement public administratif (EPA) français, placé sous la tutelle du Ministère chargé de la santé. Créé par la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des maladies et à la qualité du système de santé, il s’est constitué à partir de la transformation du Comité Français d’Education pour la Santé (CFES ou CODES), auquel il se substitue. Comité français d’éducation pour la santé (CFES ou CODES) 2, rue Auguste Comte – BP 51 92174 Vanves cedex Tél. 01 41 33 33 33. Comité national contre les maladies respiratoires et la tuberculose 66, boulevard Saint-Michel 75006 Paris Tél. 01 46 34 58 80.

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Association française de lutte contre la mucoviscidose 181, rue Tolbiac, 75013 Paris Tél. 01 40 78 91 91 Fax 01 45 80 86 44. Nous remercions X Le laboratoire Evoluteeth et la clinique Predentis pour l’autorisation de publier les photos de « Cage à langue » et de « Plaque palatine amovible » p. 47. X Le Dr.Isabelle Gilbet Maudet pour nous avoir confié les quatre clichés sur la béance et la langue protrusive pp. 47-48. X La Chaine Thermale du Soleil pour les photos (2012/2013) de C. Mossière. X La société Sissel France pour la photo du Peak Flow, p. 26. La généralité des photos et les croquis sont de l’auteur. Dessins de Jean-François Allaux, de Jean-Pierre Allaux et de J. Taillefer.

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