Antisionisme = antisémitisme ? from Racismes de France [1 ed.]
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ANTISIONISME = ANTISÉMITISME ? Dominique Vidal in Omar Slaouti et al., Racismes de France La Découverte | « Cahiers libres » 2020 | pages 215 à 230 ISBN 9782348046247 Article disponible en ligne à l'adresse :

Antisionisme = antisémitisme ? Dominique Vidal

« Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’État français. » Cette phrase de Jacques Chirac, prononcée le 16 juillet 1995, a profondément transformé la cérémonie anniversaire de la rafle du Vél d’Hiv. Jusque-là célébration formelle d’un crime sans coupable, elle est devenue un rappel vivant de l’horreur perpétrée par Vichy et les hommes de la Collaboration, en premier lieu policiers et gendarmes. C’est dans cette perspective qu’Emmanuel Macron a inscrit son discours lors de la commémoration du soixante-­ quinzième anniversaire de la rafle, le 16 juillet 2017. Sauf que, pour la première fois, y était invité le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, cependant que le président français lui donnait du « cher Bibi » et déclarait, à la fin de son allocution : « Nous ne céderons rien à l’antisionisme, car il est la forme réinventée de l’antisémitisme. » Jamais un président de la République, même pas Nicolas Sarkozy ni François Hollande, dont on sait l’attachement à l’État d’Israël, n’avait repris à son compte cet étrange amalgame  : Emmanuel Macron confond en effet dans une même réproba‑ tion un délit – le racisme antijuifs, condamné par la loi comme toutes les autres formes de racisme  – et une opinion. Cette dernière conteste, comme son nom l’indique, l’affirmation par Theodor Herzl de l’impossible assimilation des juifs et donc de la nécessité d’un État où ils se retrouveraient tous. Il ne s’agit évidemment pas, comme le répète une certaine propagande, de détruire l’État d’Israël. Avant la Seconde Guerre mondiale et le judéocide, les antisionistes rejetaient l’État juif projeté, mais alors 215

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inexistant. Après sa création, la plupart d’entre eux prônent sa « désionisation », c’est-à-dire sa transformation d’« État juif » en « État de tous ses citoyens ». Dans la première période comme dans la seconde, la quasi-totalité des antisionistes sont juifs : les qualifier d’antisémites est donc une contre-vérité historique.

Les thermomètres de l’antisémitisme L’antijudaïsme puis l’antisémitisme – théorisé par le journa‑ liste allemand Wilhelm Marr en 1879 – traversent l’histoire de l’Europe, plus d’ailleurs que celle des autres régions du monde, notamment le monde arabo-musulman. Ils s’y sont traduits, des siècles durant, par des discriminations, des expulsions et des massacres, des croisades aux « pogroms ». Apogée de cette tragédie, la Shoah au cours de laquelle la moitié des juifs d’Europe est exterminée, soit un tiers de la population juive mondiale. Le génocide nazi, faut-il le rappeler, visait aussi les malades mentaux, les Tsiganes, les homosexuels et plus généra‑ lement les Slaves, mais les juifs constituaient le seul groupe destiné à être éradiqué jusqu’au dernier de ses membres. En France, le régime de Vichy et sa police ont organisé la déportation et la mort de 75 000 juifs – sur 330 000, français et étrangers, soit la plus forte proportion de survivants de toute l’Europe occupée, laquelle ne doit rien au hasard. D’un côté, donc, un antisémitisme d’État, de l’autre un puissant mouve‑ ment de solidarité. C’est aussi pourquoi cette idéologie n’a cessé de reculer depuis la guerre : selon toutes les enquêtes, elle est aujourd’hui marginale, alors que l’islamophobie par exemple bénéficie d’un certain consensus. La meilleure preuve, c’est –  premier thermomètre  – la réponse de nos compatriotes à la question  : « Les juifs sont-ils des “Français comme les autres” ? » En 1946, seul un tiers répond par l’affirmative à l’Ifop 1. Soixante et onze ans plus tard, d’après une enquête d’Ipsos 2, la proportion atteint 92 % ! 1 2

« La lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie. Rapport 2016 », CNCDH, 2017. Brice Teinturier, Étienne Mercier et Mathieu Gaillard, « L’évolution de la relation à l’autre au sein de la société française », enquête préparée pour la Fondation du judaïsme français, Ipsos, novembre 2016.

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Selon le rapport  2018 de la Commission nationale consulta‑ tive des droits de l’homme (CNCDH) sur « La Lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie », « les juifs sont la communauté la mieux considérée dans l’opinion publique, et ce, depuis les années 2000 3 ». Second thermomètre : la persistance de préjugés à l’encontre des juifs, bien qu’en net recul. Toujours selon Ipsos, de 38 % à 53 % des sondés pensent que « les juifs sont plus attachés à Israël qu’à la France », qu’ils « ont beaucoup de pouvoir », qu’ils « sont plus riches que la moyenne des Français » ou encore qu’ils « sont un peu trop (sic) présents dans les médias ». D’autres préjugés visent les Corses, les Bretons ou les Auvergnats : parle-t‑on pour autant de racisme anti-Corses, anti-Bretons ou anti-Auvergnats ? L’affaire Ilan Halimi montre toutefois qu’un préjugé peut tuer : Youssouf Fofana, le chef du gang des Barbares, croyait que la famille du jeune juif qu’il avait enlevé pourrait payer une rançon… Chaque année, la CNCDH publie un rapport –  troisième thermomètre  – portant sur l’évolution des actes et menaces racistes, à partir des statistiques des ministères de l’Intérieur et de la Justice. Cette catégorie de « menace » inclut aussi bien un courriel d’insulte qu’une lettre anonyme ou un graffiti sur la voie publique, nous préférons donc nous référer aux « actes ». Entre 2001 et 2002, le rapport précité révèle une véritable flambée : le nombre de violences racistes est multiplié par quatre et le nombre de violences antisémites par six. Dès 2003, on observe néanmoins un net reflux. S’agissant des violences antijuives, il se poursuit – irrégulièrement – les années suivantes. En revanche, les violences racistes persistent et triplent même en 2015, année des attentats djihadistes, mais elles reculent de près de 60 % en 2016. Selon le ministre de l’Intérieur, les faits antijuifs augmen‑ tent fortement en 2018  : +  74 % soit 541 mais ils demeurent 3

« Rapport sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie. Rapport  2018 », CNCDH, 2019. L’indice de tolérance, créé en 2008 par le chercheur Vincent Tiberj, a atteint en 2018 un pic, augmentant de 13 points en cinq ans. S’il se fixe en moyenne à 67, il atteint 79 pour les Noirs, 77 pour les juifs, 73 pour les Maghrébins, 61 pour les musulmans et… 35 pour les Rroms.

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inférieurs par rapport à 2014 : 851. De plus, précisons ceci : le recensement des violences racistes et antisémites est probléma‑ tique. Les victimes, en particulier, ne portent pas toutes plainte : on imagine aisément qu’un jeune issu de l’immigration arabe ou africaine, a fortiori un jeune Rrom, hésitera davantage qu’un jeune juif à franchir la porte d’un commissariat. Dans un article stimulant, Samuel Ghiles-Meilhac note 4 : Ce défi de la mesure des opinions et actes hostiles à l’égard d’un groupe a notamment été étudié par Michel Wieviorka, pour qui « il n’est pas toujours aisé de faire la part des choses, et d’apprécier sans excès ni défaut l’importance du racisme dans telle ou telle société à un moment donné de son existence historique », notamment en raison du fait que « la capacité de mobilisation des groupes victimes du racisme est extrê‑ mement variable : les plus actifs sont susceptibles de contri‑ buer à l’image d’une forte réalité du phénomène lorsqu’il les affecte, tandis que les plus démunis, moins à même d’accéder à l’espace public et aux médias, ne contribueront guère par eux-mêmes à donner une image informée et démonstrative de la haine ou des préjugés dont ils souffrent 5 ».

Y a-t‑il un « antisémitisme musulman » ? Depuis une quinzaine d’années, certains intellectuels dénoncent, en outre, un « antisémitisme musulman ». Cette thèse a même fait l’objet d’un procès 6. L’historien Georges Bensoussan ayant, lors de l’émission Répliques d’Alain Finkielkraut diffusée le 10 octobre 2015 sur France Culture, affirmé : « Dans les familles arabes, […] l’antisémitisme [se] tète avec le lait de la mère. » Blanchi par la justice, celui qui était aussi le responsable éditorial du Mémorial de la Shoah a néanmoins fait l’objet d’une mise en garde de la part du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Ce dernier a estimé que « certains » de ses « propos […] sont susceptibles d’encourager 4 5 6

Samuel Ghiles-Meilhac, « Mesurer l’antisémitisme contemporain  : enjeux politiques et méthode scientifique », Revue d’histoire moderne  &  contemporaine, vol. 2/3, n° 62, 2015, p. 201‑224. Ces citations sont extraites de Michel Wieworka, Le Racisme, une introduction, La Découverte, Paris, 2012. Gilles Manceron, « À propos du procès de Georges Bensoussan », blog Mediapart, 10 février 2017.

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des comportements discriminatoires ». Le Mémorial a, lui, décidé de se passer des services de Georges Bensoussan. Au-delà de la posture idéologique de l’auteur des Territoires perdus de la République 7 qui, lors de la parution de l’ouvrage en 2002, utilisait un pseudonyme, la thèse précitée repose aussi sur un pseudo-sondage réalisé en 2014 par la Fondation pour l’innovation politique 8 selon lequel les musulmans seraient plus antisémites. Nonna Mayer avait alors réagi en appelant à « parler d’antisémitisme avec rigueur ». Au-delà de ses critiques métho‑ dologiques, la chercheuse s’interrogeait plus généralement « sur la pertinence du concept de “nouvel antisémitisme” », notam‑ ment défini par les « travaux de Pierre-André Taguieff » qui, écrivait-elle, « voit un antisémitisme masqué derrière la critique d’Israël et du sionisme » 9. Pour la première fois depuis 1945, des juifs ont été assas‑ sinés en tant que tels. En témoignent les huit victimes juives de Mohammed Merah à Toulouse (2012) et d’Amedy Coulibaly à l’Hypercacher (2015), mais aussi les meurtres d’Ilan Halimi (2006), Lucie Attal-Halimi (2017) et Mireille Knoll (2018). Dans ces trois derniers crimes, d’autres éléments –  crapuleux, voire psychiatriques – semblent se mêler à l’antisémitisme. Reste que dans son dernier rapport, la CNCDH note ceci : La progressive montée de la tolérance, selon un mouvement ininterrompu depuis plusieurs années, ne fait pas obstacle à un regain des actes racistes provenant de personnes demeu‑ rant hostiles : les actes de menaces ou de violences […] n’ont pas diminué avec la diminution de l’intolérance 10.

Ces réalités n’ont cependant rien à voir avec la « terreur » et l’« épuration ethnique » évoquées par Philippe Val dans son « Manifeste des 300 11 », qui cache mal une obsession identi‑ taire française supposée menacée par l’islam et les musulmans. Emmanuel Brenner (dir.), Les Territoires perdus de la République. Antisémitisme, racisme et sexisme en milieu scolaire, Mille et Une Nuits, Paris, 2002. 8 Dominique Reynié, « L’antisémitisme dans l’opinion publique française. Nouveaux éclairages », Fondapol, novembre 2014. 9 Nonna Mayer, « Il faut parler d’antisémitisme avec rigueur », LeMonde.fr, 4 décembre 2014. 10 Ibid. 11 « Manifeste “contre le nouvel antisémitisme” », LeParisien.fr, 21 avril 2018. 7

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« Tout ce qui est excessif est insignifiant », affirmait Talleyrand. Pas question, pourtant, de sous-estimer des phénomènes réels qui appellent une lutte intransigeante contre l’antisémitisme et tous les racismes. Lutte qui doit être menée avec sang-froid, sans jamais hiérarchiser les racismes. Les haines raciales et la propagande négationniste doivent être combattues et sanction‑ nées comme les lois antiracistes de 1881, de 1972 et le code pénal le permettent. Encore faudrait-il les appliquer. Pendant des années, Dieudonné ou Alain Soral ont ainsi pu mobiliser impunément l’antisémitisme et le négationnisme. Depuis qu’ils sont poursuivis et condamnés, l’un et l’autre utilisent ce que les nazis appelaient la Tarnsprache (langue de camouflage)  : au lieu de « juif », ils disent « sioniste » et, à la place d’« antisémitisme », ils parlent d’« antisionisme ». De tels propos ne doivent cependant pas nous conduire à renoncer à ces termes dès lors qu’ils sont utilisés à bon escient et avec vigilance. Quant à ceux qui professent des idées antisionistes, ils doivent savoir que le moindre « dérapage » aura des conséquences majeures pour eux-mêmes et la cause qu’ils défendent. À des degrés divers, la situation française de l’antisémitisme ressemble à celle des autres pays d’Europe occidentale. Il n’en est pas de même dans plusieurs États dits de l’Est, et ce pour deux raisons principales. La première tient aux racines populaires, plus profondes et plus anciennes de la haine des juifs là-bas. La seconde relève de la prégnance de celle-ci au sein des élites y compris à l’époque communiste puisque ces régimes n’en sont pas venus à bout. Pis encore, certains d’entre eux l’ont exploitée, notamment en Pologne. Depuis trois ans, les dirigeants de Varsovie et de Budapest, en particulier, forts de leur alliance avec Tel-Aviv, expriment ouvertement leur antisémitisme. Ainsi le Premier ministre hongrois Viktor Orbán fait-il l’apologie du dictateur Miklós Horthy, allié de l’Allemagne nationale-socialiste et auteur des lois antisémites qui conduisirent 450 000  juifs hongrois à la mort. Il a également organisé contre le milliardaire George Soros une campagne digne du journal nazi Der Stürmer. Quant à Jarosław Kaczyński, le président du parti au pouvoir en Pologne, il a fait adopter une loi interdisant d’évoquer la colla‑ boration polonaise – massive, on le sait – avec l’occupant nazi… 220

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L’alya par choix… ou par absence de choix ? Historiquement, la naissance du sionisme est une réponse à l’antisémitisme grandissant de la fin du xixe siècle. À Vienne, Theodor Herzl s’affichait assimilationniste, voire conversion‑ niste. Pourquoi, nommé correspondant de la Neue Freie Presse à Paris, devient-il sioniste ? En raison de la multiplication des pogroms en Russie (1881 et 1884) et de l’affaire Dreyfus (1894) qui éclate en France, là où, un siècle plus tôt, la Révolution française avait émancipé les juifs. Contrairement à ce qu’on lit souvent dans les manuels scolaires, il ne s’agit pas uniquement d’une polémique entre intellectuels. Dans Le Moment antisémite, Pierre Birnbaum a montré que des foules haineuses défilent alors dans de nombreuses villes de France et s’en prennent souvent aux juifs ou/et à leurs biens 12. De ces événements, Theodor Herzl conclut  : les juifs ne seront jamais assimilés et ils doivent donc disposer d’un État. Cette thèse nouvelle est exposée en 1896 dans son livre L’État des Juifs, lequel inspire, un an plus tard, le Premier Congrès sioniste mondial qui se tient à Bâle. Son programme affirme  : « Le sionisme s’efforce d’obtenir pour le peuple juif en Palestine un foyer reconnu publiquement et garanti juridiquement 13. » Le fondateur du mouvement occulte ce fait majeur  : l’existence, là-bas, d’un peuple arabe autochtone qui représente alors les neuf dixièmes de la population du territoire et que le sionisme va progressivement priver de tous ses droits. Jusqu’à sa mort en 1904, Herzl a cherché en vain un « sponsor » pour son projet, rencontrant le Kaiser, le sultan ottoman, les ministres (pogro‑ mistes) du tsar, le pape, etc. Vingt ans après le Congrès de Bâle, Haïm Weizmann, qui lui succédera à la tête du mouvement sioniste, réussit là où Herzl a échoué. Le 2  novembre 1917, il obtient du gouvernement britannique la déclaration Balfour qui fait sien le projet de Foyer national juif en Palestine. En 1922, Londres obtient le mandat de la Société des Nations. Lorsque l’on écoute Emmanuel Macron, on est stupéfié par son ignorance de cette histoire  : jusqu’à la Seconde Guerre 12 Pierre Birnbaum, Le Moment antisémite, Fayard, « Pluriel », Paris, 2015. 13 « Le premier congrès sioniste mondial : Bâle, septembre 1897 », Akadem.org, .

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mondiale, et malgré l’engagement de la Grande-Bretagne, première puissance à l’époque, le projet sioniste demeure ultra-minoritaire parmi les communautés juives. Et pour cause : presque tous les mouvements juifs s’y opposent. Les communistes juifs d’abord, très influents à l’est de l’Europe, estiment que la solution de la question juive réside dans la révolution socialiste. Dès 1903, Lénine présente comme « absolument inconsistante au point de vue scientifique » l’idée d’un « peuple juif spécial » qui est en outre, à ses yeux, « par sa portée politique réaction‑ naire » 14. Sociale-démocrate, l’Union générale des ouvriers juifs de Lituanie, Pologne et Russie, plus connu sous le nom de Bund, est également hostile au projet d’État juif et prône l’autonomie culturelle des juifs dans les pays où ils vivent. Pour cette organi‑ sation, le sionisme est « une réaction de la classe bourgeoise contre l’antisémitisme et la situation anormale du peuple juif 15 ». Quant aux religieux, l’idée même d’un État juif avant l’arrivée du Messie leur semble un blasphème –  seul le petit mouve‑ ment Mizrahi coopère avec les sionistes. Enfin, n’oublions pas la grande bourgeoisie juive, qui n’a aucune envie de cultiver la terre dans les kibboutzim de Palestine. Rien d’étonnant dès lors si, parmi les 3,5 millions de juifs qui quittent l’Europe de 1881 à 1924 16, la plupart d’entre eux se rendent aux États-Unis alors qu’en 1939, la Palestine manda‑ taire ne compte que 460 000  juifs, soit 2,9 % de la popula‑ tion juive mondiale 17. De plus, il faut préciser qu’une bonne partie des olim (immigrants) qui s’installent en Palestine vient d’Allemagne. En raison de la montée du nazisme, l’immigration juive en Palestine, de 1932 à 1939, concerne 247 000 personnes, 30 000 par an, soit quatre fois plus que depuis la fin de la Première Guerre mondiale ! Il s’agit donc moins d’un « choix 14 Vladimir Ilitch Lénine, Œuvres, tome 7, Éditions du Progrès, Moscou, 1974, p. 98‑99. 15 Cité in Henri Minczeles, Histoire générale du Bund. Un mouvement révolutionnaire juif, Denoël, Paris, 1999, p. 68. 16 Nancy Green, « Juifs d’Europe orientale et centrale », dossier, Musée de l’his‑ toire de l’immigration. 17 Alain Dieckhoff, « La communauté juive de Palestine dans l’entre-deuxguerres  : consolidation et confrontation », Les Cahiers de la Shoah, n°  1, 1994 ; « En 2015 la population juive mondiale retrouve le niveau de 1939 », JForum.fr, 26  juin 2015.

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sioniste » que d’une fuite liée aux persécutions et facilitée par l’accord dit Haavara (transfert), conclu par l’Organisation sioniste mondiale avec le gouvernement nazi le 25 août 1933. Contrairement aux autres juifs allemands qui partent sans un Mark en poche, ceux qui vont en Palestine peuvent récupérer une partie de leurs biens sous forme de produits exportés par le Reich. Le génocide nazi bouleverse la situation. Six millions de juifs ont été exterminés et des centaines de milliers de survivants ne veulent pas ou ne peuvent pas retourner chez eux, notamment en Pologne, où ceux qui reviennent et réclament leur logement et/ou leur boutique paient souvent cette revendication de leur vie. De plus, les États-Unis n’accordent des visas qu’au comptegouttes. Nombre de juifs émigrent alors en Palestine, puis, à partir du 14 mai 1948, vers Israël où la guerre de 1947‑1949 a chassé 800 000  Arabes. Comme pendant l’entre-deux-guerres, à côté d’une minorité sioniste militante, la majorité des juifs se rend là-bas moins par adhésion au projet « sioniste » que par obligation. De même lors de la seconde vague d’immigration des juifs arabes. Certains sont expulsés, comme en Égypte. D’autres sont « importés » par les autorités israéliennes en quête de maind’œuvre et de soldats, depuis le Maroc, le Yémen, l’Éthiopie et l’Irak. Entre 1948 et 1970, seul un petit nombre gagne Israël par choix idéologique. Dix-neuf ans plus tard, c’est également le cas des juifs soviétiques, dont une forte proportion n’est d’ail‑ leurs pas juive. Mais se dire juif et demander à partir en Israël est alors la seule manière légale de quitter l’URSS, grâce à la promesse faite par Mikhaïl Gorbatchev à George H.  W. Bush au sommet de Malte en décembre 1989. Soixante et onze ans après sa création, Israël compte ainsi 6,5  millions de juifs et, avec les territoires occupés, le même nombre de Palestiniens. La majorité des 16  millions de juifs du monde vit donc ailleurs. De plus, en Occident, leur intégra‑ tion va de pair avec une majorité de mariages avec des nonjuifs. Enfin, entre 600 000 et 1  million de juifs israéliens ont quitté leur pays. Rien qu’à Berlin, ils seraient plusieurs dizaines de milliers. Même parmi les juifs français qui, ces dernières années, ont effectué leur alya –  en hébreu « montée », c’est223

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à-dire émigration en Israël  – par peur de l’antisémitisme, une forte proportion revient en France.

Assimiler antisémitisme et antisionisme : une manœuvre politique dangereuse Faut-il considérer ces millions de juifs qui, de génération en génération, ont résisté aux sirènes du sionisme comme des antisémites ? Ou bien plutôt comme des citoyens qui préfèrent demeurer dans leur pays où ils vivent souvent depuis très longtemps ? Historiquement, la petite phrase du président de la République est donc absurde. Une majorité de Français ne s’y trompe d’ailleurs pas. Selon la dernière enquête de l’Ifop 18, 57 % d’entre eux ont une « mauvaise image d’Israël », 69 % une « mauvaise image du sionisme » et 71 % pensent que ce pays a « une lourde respon‑ sabilité dans l’absence de négociation avec les Palestiniens ». Sont-ils pour autant antisémites ? Évidemment non. Sous le titre « Un antisionisme qui ne se transforme pas en antisémitisme », l’enquête montre que les sympathisants de La France insoumise et du Parti communiste sont à la fois les plus critiques de la politique d’Israël ET les plus résistants aux préjugés antisémites 19. « Au niveau individuel, cette même enquête montre qu’il n’y a pas de relation évidente entre l’antisionisme et l’antisémitisme. » Sur le site Akadem, Brice Teinturier, qui présente l’enquête, note : « On ne peut pas, rapidement et un peu caricaturalement, dire que l’un dissimulerait l’autre 20. » La petite phrase d’Emmanuel Macron est lourde de menaces pour la liberté de pensée et d’expression. Elle répond à une demande des dirigeants israéliens et de leurs inconditionnels français  : criminaliser toute critique de leur politique. Car, même réélus chez eux, ils se savent isolés au plan international. 18 19 20

Ifop, « Les Français et les 70 ans d’Israël », enquête pour l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), mai 2018. 68 % de mauvaise opinion d’Israël contre 42 % pour la moyenne des Français, 23 % d’affirmations antisémites contre 28 % pour la moyenne des Français (et 47 % pour le Front national). Brice Teinturier, « Antisionisme/antisémitisme : les français font la différence, surtout à gauche », conférence, Akadem.org, mai. 2018.

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La reconnaissance croissante de l’État de Palestine en témoigne puisqu’il est entré à l’Unesco (2011), à l’Assemblée générale des Nations unies (2012) et à la Cour pénale internationale (2015). De plus, le 17  décembre 2018, lors du dernier vote de ­l’Assemblée générale sur « le droit à l’autodétermination du peuple palestinien, y compris son droit à un État indépen‑ dant 21 », 172 États ont voté pour et 6 contre (Israël, les ­États-Unis, le Canada, les Îles Marshall, les États fédérés de Micronésie et Nauru). Quel État en conflit a jamais compté aussi peu de défenseurs déclarés sur la scène internationale ? Cet isolement a peu de chances de se réduire. La droite et l’extrême droite au pouvoir à Tel-Aviv sont en effet engagées dans un inquiétant processus de radicalisation que leur victoire aux élections du 9  avril 2019 a renforcé. La loi du 5  février 2017 permet d’ores et déjà de passer de la colonisation de la Cisjordanie à son annexion, dont Benyamin Netanyahou a annoncé la mise en œuvre, sur la base du plan Trump, au début de l’été  2020. La solution dite des deux États est enterrée au profit d’un seul État, où les Palestiniens, annexés avec leurs terres, ne jouiront pas du droit de vote. La nouvelle loi fonda‑ mentale, « État nation du peuple juif », adoptée le 19  juillet 2018, officialise ce tournant. « Le droit à exercer l’autodéter‑ mination nationale au sein de l’État d’Israël appartient au seul peuple juif », est-il écrit. La Déclaration d’indépendance (14 mai 1948) est ainsi violée : elle affirmait que le nouvel État « assurera une complète égalité de droits sociaux et politiques à tous ses citoyens, sans distinction de croyance, de race ou de sexe ». Inquiets des effets de cette radicalisation pour l’image d’Israël, les dirigeants israéliens et leurs relais français voudraient interdire toute contestation de la politique intérieure et extérieure de Tel-Aviv. Premier objectif  : la condamnation de la campagne Boycott-Désinvestissement-Sanction (BDS). Aucune loi ne la proscrivant, ses censeurs s’appuient sur une circulaire ministérielle de Michèle Alliot-Marie datée de 2010, reprise par quelques tribunaux et un arrêt de la Cour de cassation 21 « Sur recommandation de sa Troisième Commission, l’Assemblée générale adopte 53 résolutions, dont le nouveau Pacte mondial sur les réfugiés », Nations unies, « Couverture des réunions », AG/12107, 17 décembre 2018.

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susceptible d’être condamné par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). De plus, l’ex-haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini, répétait : L’Union européenne se positionne fermement pour la protec‑ tion de la liberté d’expression et de la liberté d’association, en cohérence avec la Charte des droits fondamentaux, qui est applicable au territoire des États membres, y compris en ce qui concerne les actions BDS 22.

Son successeur, Josep Borrell, ira-t‑il dans le même sens ? Cette volonté de criminaliser le boycott d’Israël n’est pas, faut-il le préciser, une spécificité française. Le lobby pro-israélien fait également pression dans d’autres pays, aux États-Unis notam‑ ment où vingt-six États ont voté une loi anti-BDS ; treize autres seraient susceptibles de les suivre. C’est dire l’importance de l’avis de la Cour européenne des droits de l’homme qui, le 11  juin 2020, a reconnu le boycott comme un droit citoyen, portant un rude coup aux prétentions liberticides d’Israël et de ses inconditionnels. Second objectif, auquel le propos d’Emmanuel Macron risquait d’ouvrir la voie : l’interdiction de l’antisionisme propre‑ ment dit. Dès novembre  2017, le président du Conseil repré‑ sentatif des institutions juives de France (Crif), Francis Kalifat, exigeait du Premier ministre l’adoption d’une législation à cet effet 23. Si cette proposition n’était pas aussi grave, on pourrait presque en rire. Imagine-t‑on les communistes demander l’inter‑ diction de l’anticommunisme, les gaullistes celle de l’antigaul‑ lisme, les néolibéraux celle de l’altermondialisme ? Cette volonté des ultra-sionistes est une atteinte fondamentale à la liberté d’expression. Une telle loi serait sans doute censurée par le Conseil consti‑ tutionnel. Dans le cas contraire, ce serait la première fois, depuis la guerre d’Algérie, que la France rétablirait le délit d’opinion. Or l’article  10 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26  août 1789 affirme  : « Nul ne doit être inquiété 22 « Appel au boycott : la Cour européenne des droits de l’homme demande des explications à la France », Middleeasteye.net, 18 avril 2017. 23 Newsletter du Crif, 6 novembre 2017.

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pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifes‑ tation ne trouble pas l’ordre public établi par la Loi. » Quant à la Constitution de la Cinquième République, son article premier assure que la France « respecte toutes les croyances ». Enfin, la Convention européenne des droits de l’homme stipule dans son article 9 : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion. » Sans doute est-ce l’une des raisons qui ont conduit Emmanuel Macron, lors du dîner du Crif le 20 février 2019, à renoncer au projet de loi précité alors que, deux jours auparavant, Sylvain Maillard, le député La République en marche (LREM) qui préside le groupe d’études de l’Assemblée nationale sur l’anti‑ sémitisme, s’était prononcé en faveur de son adoption. Non seulement la plupart des juristes y étaient opposés, mais aussi nombre de politiques, y compris des proches du président, parmi lesquels Richard Ferrand, Jean-Michel Blanquer et Nicole Belloubet. Rappelons enfin que 69 % des Français ont une « mauvaise image du sionisme », ce qui a sans doute aussi contribué au revirement présidentiel. Emmanuel Macron décla‑ rait en effet : « Je ne pense pas que pénaliser l’antisionisme soit une solution 24. » Impossible pour lui, cependant, de ne pas offrir au Crif un lot de consolation. D’où son soutien à la « définition » de l’anti‑ sémitisme arrêtée par l’International Holocaust Remembrance Alliance (IHRA). Élaboré le 26  mai 2016 à Budapest, ce texte définit ainsi l’antisémitisme : L’antisémitisme est une certaine perception des juifs qui pourrait s’exprimer à travers la haine envers les juifs. Les manifestations verbales et physiques d’antisémitisme peuvent être dirigées à l’encontre de juifs ou de non-juifs ainsi ­qu’envers leurs biens, envers des institutions de la commu‑ nauté juive ou des bâtiments religieux 25. Le Monde avec l’AFP et Reuters, « Emmanuel Macron défavorable à la pénali‑ sation de l’antisionisme », LeMonde.fr, 19 février 2019. 25 « La définition opérationnelle de l’antisémitisme utilisée par l’IHRA », International Holocaust Remembrance Alliance, Bucarest, 26 mai 2016, dispo‑ nible à l’adresse suivante  : . 24

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À cette définition indigente, extrêmement vague et qui ne met absolument pas en relief les spécificités de l’antisémitisme s’ajoutent plusieurs « exemples » présentés comme des « illustra‑ tions » sans valeur juridique. L’un d’entre eux est ainsi conçu : L’antisémitisme peut se manifester par des attaques à l’encontre de l’État d’Israël lorsqu’il est perçu comme une collectivité juive. Cependant, critiquer Israël comme on criti‑ querait tout autre État ne peut pas être considéré comme de l’antisémitisme.

Que signifie « comme on critiquerait tout autre État » ? Depuis cinquante-deux ans, l’État d’Israël est le seul à coloniser par la force des territoires où vivent désormais plus de 700 000 colons cependant que s’impose un système d’apartheid, puisque les juifs y jouissent évidemment de droits politiques, ce qui n’est pas le cas des Arabes 26. Une telle situation viole plusieurs résolutions importantes des Nations unies. Il n’empêche que le Conseil européen, le Parlement européen et huit États ont d’ores et déjà adopté cette « définition » destinée à intimider, voire à justifier la répression des mouvements de solidarité avec la Palestine. Quant à Emmanuel Macron, il persévère en affirmant, toujours au dernier dîner du Crif : Je l’ai dit lors du 75e  anniversaire de la rafle du Vél d’Hiv, l’antisionisme est une des formes modernes de l’antisémi‑ tisme. C’est pourquoi je confirme que la France mettra en œuvre la définition de l’antisémitisme adoptée par l’IHRA. Il ne s’agit pas de modifier le Code pénal. Il s’agit de préciser et raffermir les pratiques de nos magistrats ou de nos ensei‑ gnants 27.

Cependant, ni cette « définition » ni les « exemples » employés ne mentionnent… l’antisionisme ! Frédéric Potier, le préfet qui dirige la Délégation interministérielle à la lutte contre 26 L’ex-ambassadeur de France aux États-Unis, Gérard Araud, estime que, dans le cadre d’une annexion de la Cisjordanie, « [les Israéliens] ne feront pas d’eux [les Palestiniens] des citoyens d’Israël. Donc ils vont devoir officialiser la situation qui est, nous le savons, une situation d’apartheid », in R. Bx., « Pour l’ex-ambassadeur français Gérard Araud, “Israël est un État d’apartheid” », LeParisien.fr, 22 avril 2019. 27 « Le discours du président Emmanuel Macron au 34e dîner du Crif », Crif.org, 22 février 2019.

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le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah), est plus franc : L’apport de cette définition est qu’elle parle de la haine d’Israël en tant que collectivité, même si le mot d’« antisio‑ nisme » ne figure pas en tant que tel. Elle permettra cependant de qualifier d’antisémites une partie des propos antisionistes 28.

S’il s’agissait seulement de poursuivre les antisémites camouflés en antisionistes, à quoi bon cette innovation ? En octobre  2019, en vertu des lois existantes, Alain Soral a été à nouveau condamné, cette fois à un an de prison ferme, et, en juillet, l’un des insulteurs d’Alain Finkielkraut à deux mois avec sursis. Visiblement, certains amis européens de Benyamin Netanyahou attendent bien autre chose de l’officialisation de la « définition de l’IHRA » : pouvoir harceler quiconque critique la politique de l’État d’Israël, a fortiori le boycotte. C’est pourquoi le Crif a fait des pieds et des mains afin que l’Assemblée nationale adopte une résolution reprenant la défini‑ tion de l’IHRA. Mais la montagne a accouché d’une souris : la résolution votée le 3 décembre n’a, par définition, aucune valeur juridique ; son texte ne mentionne pas l’antisionisme 29, mais seulement la définition de l’IHRA ; la plupart des « exemples » accompagnant celle-ci a disparu ; seuls 154 députés sur 577 l’ont votée ; et il a fallu le renfort des Républicains pour qu’elle passe, le groupe LREM étant trop divisé. Le combat pour la liberté d’opinion et d’expression doit donc se poursuivre. Avec deux acquis de taille : l’échec du projet de loi criminalisant l’antisionisme que le président du Crif exigeait depuis des mois 30 et la légitimation du droit au boycott. Mais face à un nouveau danger  : celui de la manipulation de la résolution de Sylvain Maillard pour tenter de diffamer toute mobilisation contre la droite et l’extrême droite israéliennes. Qu’on le mesure bien : en défendant inconditionnellement la 28 Thomas Mahler, « Entretien avec Frédéric Potier : “Il y a deux formes d’anti‑ sémitisme très virulent” », LePoint.fr, 22 février 2019. 29 Il est cependant évoqué dans l’exposé des motifs, lequel n’a évidemment pas été soumis au vote des députés. 30 Dominique Vidal, « Le Crif exige une loi interdisant l’antisionisme », blog Mediapart, 7 novembre 2017.

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politique israélienne au nom des juifs français, le Crif ne peut qu’alimenter l’antisémitisme et désarmer la lutte contre celui-ci. Pour aller plus loin Hannah Arendt, Sur l’antisémitisme. Les origines du totalitarisme, Seuil, « Points Essais », Paris, 2005. Michel Dreyfus, L’Antisémitisme à gauche, La Découverte, Paris, 2009. Samuel Ghiles-Meilhac, Le Crif. De la Résistance juive à la tentation du lobby, Robert Laffont, Paris, 2011. Walter Laqueur, Histoire du sionisme, Gallimard, Paris, 1994. Dominique Vidal, Antisionisme =  Antisémitisme ? Réponse à Emmanuel Macron, Libertalia, Montreuil, 2018. Dominique Vidal, Le Mal-Être juif. Entre repli, assimilation et manipulation, Agone, Marseille, 2003. Michel Wieworka, L’Antisémitisme expliqué aux jeunes, Seuil, Paris, 2014.

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